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LES CLUBS
CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
OULLECTION DE DOCUMENTS RELATIFS A L'HISTOIRE DE PARIS
PENDANT LA nÉVOLDTION FRANÇAISE
Publiée sous le patronage du Conseil municipal.
LES CLUBS
CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
CERCLES, COMITÉS, SOCIÉTÉS, SALONS, RÉUIVMS,
CAFÉS, RESTAURANTS ET LIRRAÏRIES
PAR
AUGUSTIIN CHALLAMEL
Conservateur honoraire de la Bibliothèque Sainte-Geneviève.
=\\^
PARIS "' '
il
L. CERF I CHARLES NOBLET
13, RUE DE MÉDICIS I 13, RUE CUJAS
MAISON QUANTIN
7, RUE SAINT-BENOIT
1895
LES CLUBS
CONTRE-RÉYOLUTIONNAIRES
INTRODUCTION
I
Les historiens de la Révolution ne se sont guère occupés,
jusqu'à ce jour, que des clubs révolutionnaires, notamment de
ceux des Jacobins et des Cordeliers, dont l'influence a été très
grande sur les événements de l'époque. Ils ont déterminé cette
influence avec plus ou moins d'impartialité, sans jamais nier
leur importance, tant à cause des hommes qui les fréquentè-
rent et devinrent célèbres, que par suite des actes accomplis à
leur instigation.
Gomme la Société des Jacobins, en plusieurs circonstances,
tint pour ainsi dire en échec, et successivement, l'Assemblée
constituante, l'Assemblée législative et la Convention nationale;
comme elle a eu de nombreuses affiliations, faisant franche-
ment et hautement la propagande; comme elle a publié un
journal de ses séances (I), incomplet mais néanmoins très cu-
rieux à consulter, beaucoup de gens ont pu se rendre compte,
jusqu'à un certain point, du rôle qu'elle a joué de 1789 à 1794.
Quoique moins étudiée et moins connue, la Société des
Cordeliers, où figurèrent des personnages hors ligne, princi-
palement Danton et Camille Desmoulins, a laissé de grands
souvenirs et s'est identifiée avec l'âme ardente des premiers
partisans de la République. Elle aussi a travaillé publiquement,
sans redouter les attaques, ni les calomnies, ni les injures. On
l'a accusée de violence à ses débuts, d'indulgence vers sa fin,
et longtemps elle a marché d'accord avec les Jacobins, pour
(1) Voir, dans la Collection des documents relalifo à l'Histoire de Paris
pendant la Révolution française, la Société des Jacobins, par M. P. A. Aulard.
1
2 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
combattre énergiquement toutes les réactions, soit raonarchi-
ques, soit modérées, contre le républicanisme.
D'autres clubs suivirent les courants révolutionnaires, émi-
rent ou soutinrent des doctrines diverses, sans acquérir une
notoriété comparable à celle des Jacohi7is et des Gordelien. Ils
se distinguèrent par des excentricités qui leur attirèrent sou-
vent les plaisanteries des réactionnaires, mais ne les empêchè-
rent pas de travailler à l'œuvre commune et de commettre, par
exaltation, des fautes que l'on se plut à imputer à crimes, et
que les pouvoirs constitués blâmèrent quelquefois vigoureuse-
ment, quand la mesure leur paraissait comble. Ces clubs pa-
tronnèrent des utopies aussi généreuses que peu réalisables,
et, chose étonnante, ils survécurent aux sociétés dont ils étaient
les satellites; ils furent les précurseurs du socialisme, encore
sur la brèche aujourd'hui (1).
Dès avant 1789, les idées nouvelles en philosophie, en htte-
rature, en sciences, en politique, avaient fait surgir des groupes,
des sociétés, des salons où l'on discutait pour ou contre le
mouvement irrésistible qui entraînait les plus hautes mtelli-
gences. On se combattait avec une égale vivacité. Les uns
tournaient leurs regards vers l'avenir et se livraient à l'espé-
rance de voir le triomphe du progrès auquel ils travaillaient;
les autres ne pouvaient ou ne voulaient se détacher du passe,
et s'appuyaient sur les vieilles institutions qui croulaient de
toutes parts, sur les préjugés séculaires dont la foule commen-
çait à ridiculiser l'existence, en attendant qu'elle en redoutât
le retour offensif.
Les théories faisaient place à l'action, surtout dans la poli-
tique, laquelle, étendant chaque jour davantage son domaine,
pénétrait dans les hôtels somptueux aussi bien que dans les
demeures des bourgeois et des paysans à demi émancipés.
Les réunions les moins politiques en apparence contenaient en
^erme, celles-ci des opposants aux nouveautés, celles-là des par-
tisans du progrès continu. Seulement, remarquons-le, chez les
révolutionnaires l'attaque était plus franche que chez les contre-
révolutionnaires, usant d'armes cachées et bientôt pixels a
conspirer contre les pouvoirs pubHcs, au nom de 1 autorité,
(\ ) Les clubs Monarchique et des Feuillants, et la Société de 1789, ont eu
b.ln\noLs que ceux ées'jacobins et des Cordeliers, des n.pnmes relatifs
à leurs délibérations.
t,t
INTRODUCTION 3
des droits de la monarchie, de la toute-puissance royale. Ils
voulaient faire la contre-révolution par Tintérieur, comme
d'autres cherchèrent à la faire par l'extérieur. On les appelait,
dans quelques écrits, des « Jacobins blancs ».
En 1789, selon Ferrières, les aristocrates, noblesse, haut
clerg-é, partie du clergé inférieur, parlement, financiers, « s'oc-
cupaient des moyens de renverser la Révolution par des ma-
nœuvres sourdes et des attaques indirectes : ils formaient
des associations, recevaient des signatures, et les bruits qui
couraient de guerre civile, de projets de contre-révolution,
n'étaient pas tout à fait dénués de fondement. » Souvent les
soupçons paraissaient vagues ou sans valeur; plus souvent ils
appelaient la sérieuse attention des patriotes : ils étaient très
motivés.
Des clubs politiques existaient depuis longtemps en Angle-
terre; chez nous, ils s'ouvrirent dès que les Etats-Généraux
eurent tenu leur première séance, et les clubistes s'efforcèrent
d'imiter, de suivre , de contre-balancer les discussions de l'Assem-
blée nationale. Beaucoup de gens se firent politiciens par pa-
triotisme ou par amour-propre, devançant les députés pour les
motions graves et énergiques, blâmant certains décrets, en ap-
prouvant d'autres, traitant les questions à fond lorsqu'on les
avait à peine effleurées parmi les représentants de la nation,
aimant les luttes passionnées qui s'accordaient avec l'état des
esprits si prompts à s'émouvoir, si justement ombrageux.
« C'est le peuple éclairé de Paris au milieu de journaux et de
pamphlets, qui a tout fait », écrit l'agronome et voyageur an-
glais Arthur Yung.
Remarquons, tout d'abord, que les clubs modérés n'eurent
qu'un très faible retentissement dans le public, et que, nonobs-
tant leur prétention à la sagesse et à Timpartialité, ils es-
sayaient en vain de calmer les enthousiasmes populaires. La
plupart des amis de la révolution, d'ailleurs, se défiaient de
ces sages, de ces impartiaux conseillant au peuple « de n'aller
pas plus loin », et refusant d'admettre les conséquences logiques
de l'action révolutionnaire. Beaucoup de patriotes détestaient
les « enragés de modération. »
Il parut même un projet d'association patriotique sous le
nom de Gluhs des Amis de la Patrie et du Roi^ dont l'objet serait
de former entre les honnêtes gens de toutes les classes et de
toutes les parties du royaume une correspondance qui aurait
4 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
pour but de réunir en un point central, pour les répandre de
toutes parts, les connaissances sur les moyens de réparer les
pertes et les sacrifices que nous a occasionnés la Révolution ;
d'assurer de la manière la plus imperturbable les subsistances
des peuples ; de redonner de l'énergie au commerce, aux ma-
nufactures et aux différentes branches d'industrie ; de ramener
enfin l'ordre, la paix, la sûreté et le bonheur en France, par
le sieur Pawlet, fondateur de l'Ecole gratuite des orphelins
fils d'anciens militaires de tous les grades (I).
Ce projet ne reçut pas d'exécution. Les adhérents man-
quèrent.
Quiconque s'occupait de politique fréquentait non seulement
les clubs, mais aussi les cabinets de lecture nés en même
temps que les clubs; il y trouvait à lire, pour une somme in-
fime, journaux et brochures dans les petites échoppes où sur
des tables s'étalaient toutes sortes d'écrits nouvellement parus.
Bien souvent, au cabinet de lecture, comme au club, comme
au café, comme au salon ou chez un libraire, des discussions
graves s'élevaient. On discutait, on s'invectivait, on se battait,
à propos de tel ou tel fait, pour l'attaque ou la défense de tel
ou tel personnage en vue. A la lueur d'une lampe fumeuse,
même d'un simple quinquet, on cherchait là des aliments à la
passion politique, et l'on sortait préparé à soutenir les luttes
de la rue.
II
En maintes occasions, des publicistes s'élevèrent contre les
clubs, et, dans les assemblées délibérantes, on les craignit,
on les regarda comme funestes à la tranquillité du pays. Révo-
lutionnaires ou non, ils furent l'objet de critiques plus ou
moins sincères. Afin d'atteindre les premiers, des écrivains,
royahstes au fond, manifestèrent contre les seconds. Un Jour-
nal desGluhs parut en 1790-91 (2).
Le 29 septembre 1791^ l'Assemblée nationale adopta le dé-
(i) Bibliothèque nationale, Le* 2348, pièce sans date, in-8° de 8 pages.
(2) Journal des clubs ou sociétés patriotiques, dédié aux Amis de la
Constitution, membres des différents clubs de Franco, rédigé par les
citoyens Leroux et Revol, Paris, 1790 et J791.
INTRODUCTION 5
cret suivant, proposé par Le Chapelier au nom de l'ancien Co-
mité de constitution.
« L'Assemblée nationale, considérant que nulle société, club,
association de citoyens, ne peut avoir, sous aucune forme, une
existence politique, ni exercer aucune influence ou inspection
sur les actes des pouvoirs constitués et des autorités légales,
que sous aucun prétexte ils ne peuvent paraître sous un nom
collectif pour former des pétitions ou des députations, pour
assister à des cérémonies publiques, soit pour tout autre objet,
décrète ce qui suit :
« xVrticle premier, — S'il arrivait qu'une société, club ou
association se permît de demander quelques fonctionnaires
publics, ou de simples citoyens, ou d'apporter obstacle à l'exé-
cution d un acte de quelque autorité légale, ceux qui auront
présidé aux délibérations ou fait quelque acte tendant à leur
exécution, seront, sur la poursuite du procureur-général-syn-
dic du département, condamnés par les tribunaux à être rayés
pendant deux ans du tableau civique, et déclarés inhabiles à
exercer pendant ce temps aucune fonction publique.
« Art. 2. — En cas que lesdites sociétés, clubs ou associations
fassent quelque pétition en nom collectif, quelques députations
au nom de la société, et généralement tous les actes où elles
paraîtraient sous les formes de l'existence publique, ceux qui
auront présidé aux délibérations, porté les pétitions, composé
ces députations ou pris une part active à l'exécution de ces
actes, seront condamnés, par la même voie, à être rayés pen-
dant six mois du tableau civique et suspendus de toutes fonc-
tions publiques, déclarés inhabiles à être élus à aucune place
pendant le même tems.
« Art. 3. — A l'égard des membres qui, n'étant point ins-
crits sur le tableau des citoyens actifs, commettront les délits
mentionnés aux articles précédents, ils seront condamnés par
corps à une amende de 1,200 livres, s'ils sont Français, et de
3,000 livres, s'ils sont étrangers.
« Art. 4. — L'Assemblée nationale décrète que le rapport de
son ancien Comité de constitution sera imprimé et publié,
comme instruction, avec la présente loi » (1).
(1) Moniteur universel, année 1791, n" 273.
6 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Dans une Adresse d'un bon citoyen à ses frères, brochure in-S",
parue en 1791, nous lisons :
« CLUBS
« Je ne serai pas long sur cet article. J'opine pour les anéan-
tir tous, et avoir leur mémoire en exécration. Je vous prédis,
mes frères, que cela ne tardera point à être exécuté. C'est bien
dommage , car, autant ces établissements sont criminels et
atroces par l'usage que l'on en fait, autant ils seraient néces-
saires, utiles, agréables, si les hommes avaient en vertu ce
qu'ils ont en dépravation de mcetirs » (1).
La presse réactionnaire partageait l'avis « du bon citoyen » ;
le droit de réunion lui déplaisait, d'autant plus que les Fran-
çais, surtout les Parisiens, loin de suivre les séances des clubs
de son opinion, s'efforçaient de les empêcher.
Dans une brochure de l'époque, nous lisons cette appréciation
significative :
« Les clubs furent de tous les temps l'antre de la politique :
lorsque la sagesse et la décence en ont été les modérateurs, ces
caractères impérieux fixaient la vénération; mais lorsque des
projets régicides rassemblent des hommes, lorsque des atten-
tats parricides et le crime en font la mission, leur proscription
en est le fruit » (2).
Dans la même brochure, les membres de l'Assemblée natio-
nale sont traités de Frontins Ligurgue; le duc d'Orléans est
appelé Néron, et Barnave, Nèronnet.
A plus forte raison craignait-on les clubs d'hommes armés.
Le Journal de Paris annonça, en décembre 1790 :
« MUNICIPALITÉ DE PARIS
« Le Corps municipal vient de rendre une proclamation par
laquelle, conformément au décret de l'Assemblée nationale re-
latif aux corps armés, il défend aux Vainqueitrs de la Bastille de
s'assembler et de prendre aucunes déhbérations » (3).
(1) Bibliothèque de la Chambre des députés, Bf'" 222, t. I d'un recueil
factice.
(2) Bibliothèque de la Chambre des députés, Les intrigues dévoilées, ou
les trente-trois factieux dénoncés ; le duc d\.., les Lameth, substituts du
ci-devant Mirabeau, Barnave, etc.
(3) Journal de Paris, numéro du 30 décembre 1790.
INTRODUCTION 7
A propos de la presse réactionnaire, il importe de ne pas
oublier que les journaux royalistes donnèrent, les premiers,
l'exemple du stjde injurieux et cynique, employé par le père
Duchesne. C'est vainement que des historiens ont prétendu le
contraire.
Il parut, en 1790, une brochure : de l'Imprimerie du sieur
Motier (La Fayette). Et se trouve chez madame Bailly, rue
Trousse-Yache. Tout le travail est à l'avenant, rempli d'injures
grossières, d'ignobles imputations touchant à la vie privée.
III
Pour défendre l'aristocratie, pour attaquer la démocratie
naissante, les journalistes ne manquèrent pas, soldés ou non
par les opposants. Leur plume traduisit presque constamment
le dédain qu'ils éprouvaient à propos des hommes et des évé-
nements de l'époque. Rivarol et Ghamfort avaient des imita-
teurs, qui comptaient trop sur l'esprit pour avoir raison de la
vérité palpable, pour amoindrir, dénaturer ou nier les faits les
plus évidents.
Le monarchisme, dans la presse, ne cessa de lancer des flè-
ches sur le peuple, au risque de le blesser, parfois avec l'inten-
tion de l'irriter et de le porter aux excès. Un mot piquant, une
expresion ironique, une calomnie dénuée de tout fondem.ent,
suffisaient à eng-endrer des haines redoutables, entretenaient le
feu de la discorde, rendaient les émeutes fréquentes, et c'était
justement que Danton appelait l'abbé Royou « le Marat de la
monarchie », quand VAmi du Roi^ qui commença de paraître
le 1" juin 1700, devint tout à fait agressif et violent. On pré-
tendait que le « pape Royou » se cachait au fond d'une cave,
en juin 1791, et que son journal se distribuait la nuit.
Les Actes des Apôtres dataient leur apparition de VAn zéro de
la liberté. C'était chez la marquise de Chambonas que les ré-
dacteurs de cette feuille tenaient conseil ; Rivarol, Champcenetz,
le vicomte de Mirabeau et le Comte de Tilly s'y inspiraient pour
vilipender les patriotes. Ensuite, ils faisaient ordinairement
leur journal chez le restaurateur Beauvilliers, ou chez Mafs,
au Palais-Royal. Dans ces dîners, dits évangéliqu^s, les initiés
seuls étaient admis, se mettaient à causer entre eux. Les « apô-
8 LES CLUBS CONÏRE-RÉVOLUTIONNAIRES
très » écoutaient attentivement, écrivaient la conversation en
cours sur un coin de table.
Ainsi se trouvait rédigé, mystérieusement, le numéro du
journal les Actes des Apôtres. Ce numéro était laissé sur la
carte du restaurateur; du restaurateur, il passait aussitôt chez
un libraire dont la boutique avoisinait l'établissement de Beau-
villiers, et qui se nommait Gathey (I).
Nous aurons plus d'une fois, dans ce livre, l'occasion de faire
des rapprochements entre les menées mystérieuses des roya-
listes et les critiques imprimées qui paraissaient en même temps,
et qui étaient publiées sous forme de journaux, de brochures,
d'affiches, d'estampes avec ou sans texte.
C'étaient des provocations sur lesquelles comptaient les mo-
narchistes pour amener des émeutes, dont souvent ils furent
les victimes involontaires, les battus par imprudence.
Dans le tome quatrième du Journal de Louis XVI et de son
peuple., ou le Défenseur de Vaiitel, du trône et de la patrie., un
rédacteur s'attaquait au côté gauche ou sinistre de l'Assemblée
constituante. Ce journal, commencé en 1790, vécut jusqu'à la
fm de ladite Assemblée, soutenant la monarchie avec une âpreté
excessive, sans se soucier des faits accomplis, des besoins de
l'époque, des abus passés.
Les Actes des Apôtres ne tarirent pas en insultes adressées
aux patriotes, depuis 1789 jusqu'en 1791. Son prospectus por-
tait pour épigraphe :
« Qiiid Domini facient, audent cum talia fures.
« Liberté, g^aieté, démocratie royale. »
Le l*"" octobre de la même année parut A deux liards, à deux
liards mon journal (2), dans lequel nous lisons, au début :
« Je n'emploierai que quelques lig-nes à me mettre au cou-
rant de la nouvelle Assemblée nationale. Elle a débuté sur le
théâtre du Manège le 1*' octobre 1791, l'an IIl de la révolte,
en langage vulgaire l'an 1791, vérifié ses pouvoirs en deux
jours, juré trois fois, insulté le Roi, la garde nationale, le pu-
blic, bafoué les ministres, et gagné 150.000 francs. »
(1) Voir, plus bas, Salons, cafés, redawants , libraires.
(2; Ce journal eut des imitateurs, qui iio brillèrent pas toujours par
l'esprit.
INTRODUCTION 9
Nous lisons, au premier mois, ii° 11, page 2 : « L'Assemblée
a renoncé à être honorable et honorée. J'aime à voir qu'elle se
rend justice. »
Deuxième mois, n° 30, page 3 : « Nos révolutionnaires sont
fiers d'avoir réussi à intéresser l'univers entier à les voir pen-
dus. »
Les Sahats jacohites [sic), par Marchant, journal publié en
1791 et en 17.J2, contenait dans son cinquantième numéro les
phrases suivantes :
« Parlons des Jacobins. Je vais donner le précis d'une de leurs
plus belles séances, celle du 28 août de la troisième année de
la canaillocratie » (1),
La Chroniqice dxo Manège, du même Marchant, écrite dans bî
genre des Actes des Apôtres, avait été publiée en 1789.
Le Babillard, en juillet 1791, parlait du « joug clubinocra-
tique )) ; il parlait aussi des républicoquins.
Ce journal « du Palais-Royal et des Tuileries », rédigé par
Joseph-Alphonse Esménard, du 5 au 30 octobre 1791, eut un
supplément, le Chant du coq, feuille encore plus ultra-monar-
chique (2).
A la veille de la réunion de l'Assemblée législative, le Jour-
nal dit Soir ou le Petit Page, terminait sa carrière en impri-
mant :
« Bulletin de la séance dliier et d'aujourd'hui.
« Il a été décrété que la liste des gredins qui doivent rempla-
cer ceux-ci serait imprimée; qu'ils entreraient en pleine et en-
tière activité le 1" octobre prochain, et qu'ils voleraient, pille-
raient et égorgeraient, feraient voler, piller et égorger, jusqu'à
ce qu'il plaise à Dieu d'en ordonner autrement » (3).
Le journal V Apocalypse^ commencé en janvier 1791, et qui a
eu cinquante numéros, portait pour épigraphe : Ad majorem
liegis gloriam. En effet, il sacrifiait tout à la volonté absolue
de Louis XYL
(1) Les Sabats jacobites, 2« volume, p. 39o. — La Chronique du Manège,
in-8", eut 24 numéros.
(2) Esménard s'enfuiL au 10 août 1792, offrit ses services au conile de
Provence, à l'étranger, rentra en France en 1797, collabora à Xa Quotidienne,
et fut banni au 18 fructidor.
(3) In-S" publié du 22 au 26 septembre 1791 ; numéro du 2G septembie,
p. o.
10 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
La Rocamiole des Journaux ou Histoire aristo-capucino-cc-
mù/ne de la Mévolution, rédigée par Dom Regius antijacobincs
ET C^ inscrivait au frontispice de son cinquième numéro :
(( Une Foi^ ime Loi, un Roi. »
Une feuille qui n'eut que quatre numéros, parus en 1790,
était intitulée : Affiches de V Aristocratie ^ ou Journal Aristo-
cratique.
L Anti-Marat (1/91) était l'œuvre d'une société de gens de
lettres royalistes. Le Gontre-révolutio7inaire justifiait son titre ;
le Contre-poison des Jacobins était signé par Moreau et Jardin.
Du Rosoy, dans sa Gazette de Paris, commencée le 3 no-
vembre 1789, terminée le 10 août 1792, faisait une guerre
perpétuelle au nouvel ordre de choses, et, en mai 1792, Royou,
dans son Ami du Roi, annonçait comme certaine la résurrection
de l'ancien régime. Les Actes des Apôtres appelaient la guillo-
tine « la Mirabelle », par allusion au grand orateur.
Dans le Journal de la Cour et de la Ville (Petit Gauthier),
Gauthier osait écrire, en 1792 :
« Qu'attendez-vous ? Faut-il que le sang ruisselle de toutes
parts? Ne perdez pas de tem[)S, mettez double charge dans
vos fusils, faites marcher vos canons ! Volez à l'affreux repaire
des Jacobins, et exterminez-les tous jusqu'au dernier (1)! »
Bien d'autres organes du monarchisme ont laissé des traces,
généralement incomplètes, dans les bibliothèques et dans les
archives, pour l'époque révolutionnaire. Nous n'avons dû indi-
quer ici que les plus essentiels, afin de ne pas multiplier inu-
tilement les titres des journaux n'ayant fait que paraître et
disparaître, les titres de brochures passées inaperçues, dont
l'énumération sortirait de notre plan.
Qu'il nous suffise des citations précédentes. Elles caracté-
risent l'esprit des hommes d'opposition au progrès révolution-
naire, depuis 1789 jusqu'à la fin de 1792, c'est-à-dire dans la
première période de réaction, pendant laquelle les Feuillants
et les modérés de toutes nuances mêlaient souvent leur voix à
celle des royalistes, en ne voulant pas aller plus loin que la
Constitution de 171)1, en demeurant simplement Co?25/?^z^-
tionnels, ou libéraux ayant le Roi à leur tête.
(1) Le Journal général de la Cour et de la Ville parut du 13 septembre 1789
au 10 août 1792.
INTRODUCTION H
Les royalistes essayèrent de corrompre des clubistes popu-
laires; mais ce fut sans succès.
On trouva dans l'armoire de fer une note indiquant que les
assemblées et clubs coûtaient quatorze mille livres, les intelli-
gences à conserver dans les clubs onze mille livres, plus quatre
orateurs dans chaque section à trois cents livres, soit quarante-
trois mille deux cents livres. Pour une pareille somme, la ma-
jorité des clubistes ne pouvait être entamée.
A de rares exceptions près, les réactionna-ires, les partisans
de la royauté absolue, ne réussirent pas à acheter des cons-
ciences. Leur plan fut vite deviné par les masses. Le parti de
la cour était appelé Parti de l'Œil-de-Bmif^ à Versailles,
comme il le fut à Paris (I). Il agissait beaucoup^ mais sans
effets réels. Il produisait un courant contraire à ses vues,
entravait le mouvement, mais ne parvenait pas à l'arrêter. Loin
de là, il faisait naître l'union temporaire des amis de la Révo-
lution, lors des grandes journées, — le 14 juillet, le 4 août 1 789,
la fuite du Roi, le 20 juin et le 10 août 1792, la proclamation
de la République, et le décret qui déclarait la « Patrie en
danger ».
IV
Telle fut la première période de réaction, allant de 1789 à
1793, uniquement monarchique, religieuse et nobiliaire,
repoussée de toutes parts, énergiquement, par les patriotes
encore unis dans la même pensée d'émancipation.
Cette période de réaction fut très sérieuse, car elle grossit
de jour en jour, accrue tantôt par les émigrés, tantôt par les
prêtres insermentés, tantôt par les insurgés de l'Ouest, tantôt
enlin par les mécontents que faisait la réussite des partis
vainqueurs, des Jacobins^ des Cordeliers, des membres de la
Commune^ des patriotes suivant leur voie malgré l'Europe
coalisée, déliant les souverains étrangers, résolus à périr ou à
assurer le triomphe de la démocratie. Période intéressante et
assez longue.
A diverses reprises, les émigrés, les prêtres insermentés et
les insurgés de la Bretagne et de la Vendée s'entendirent, de
(1) Voir, plus bas, Comiiù autrichien.
12 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
leur côté, pour enrayer la Révolution; trop souvent les rebelles
à la loi, par ambition ou entêtement, contribuèrent consciem-
ment ou inconsciemment à créer des embarras politiques dont
l'effet principal fut de pousser les gouvernements successifs aux
violences et à l'arbitraire. Journalistes, clubistes, administra-
teurs, tous les Français voués à la politique s'engagèrent
dans une série de luttes où chacun finit par perdre le calme
nécessaire aux hommes qui dirigent les affaires d'un pays. La
mêlée faisait présager des années effroyables.
Le point de départ de la Terreur est, quoi qu'on ait pu dire,
la première période de réaction, pendant laquelle, déjà, des
trahisons à l'intérieur et aux armées, des provocations perpé-
tuelles adressées aux patriotes, des paniques causées par les
alarmistes rendirent tout accord impossible et firent dévier
plus d'un caractère honorable. Des gens d'espèces les plus di-
verses, qui vivaient de leurs relations avec les aristocrates,
étaient essentiellement contre-révolutionnaires.
Quand arriva la seconde période, — de 1793 à la moitié de
l'année I 794, — comprenant la tragique lutte des Girondins avec
les Montagnards et le triomphe des Robespierristes, jusqu'à la
réaction thermidorienne, l'opposition des clubs royalistes cessa
tout d'abord, (^elle des Girondins, tombés du pouvoir, continua
sourdement à la veille du 31 mai 1793. Puis, sous le nom
à'IndîUgents, plusieurs révolutionnaires bien connus pour leur
ardeur et leur audace soutinrent le choc des partisans exclusifs
de Robespierre, de Couthon et de Saint-Just, — le Tfkmiviral^
— qui les accusèrent de tremper dans la réaction, d'être modé-
rés, ambitieux, hommes d'Etat, même royalistes.
Donc, réactionnaires furent les hommes de la Gironde en
face des hommes de la Montagne, puisqu'ils n'adoptaient pas
la marche suivie par leurs adversaires; réactionnaires furent
les JDantonistes, puisqu'ils s'arrêtèrent, eux aussi, devant les
Robespierristes, et devinrent les modérés de la Montagne,
puisqu'ils voulurent terminer la Révolution par la clémence.
Mais rien ne prouve qu'ils conspirèrent avec d'Orléans et Du-
mouriez, qu'ils se vouèrent au fédéralisme, qu'ils eurent la
pensée de rétablir la monarchie, de détruire la représentation
INTRODUCTION 13
nationale et le g-ouvernement républicain ( 1 ). Ils étaient, en
quelque sorte, des imprudents qui voulaient endiguer un tor-
rent qu'ils avaient d'abord suivi dans sa course.
Les Girondins avaient prêté le flanc aux Montagnards, à
cause du point d'appui qu'ils cherchaient dans les départe-
ments, on l'a pu croire, pour chercher à organiser de petites
répubhques fédératives, et à rompre l'unité nationale que la
Convention en majorité entendait sauvegarder. Après la journée
du 31 mai, ils avaient formé un gouvernement insurrectionnel
contre la Convention, sous le titre à'AssemUée des départements
réunis ; leur petite armée, dans le Calvados et l'Eure, qui était
commandée par Wimpfen, se composait principalement de
royalistes.
Aucun club ne suivit la politique girondine, dont les adeptes
se réunissaient surtout dans le salon de madame Roland de la
Platière, dès le moment où le parti qu'illustra Yergniaud
acquit une puissance redoutée par les Montagnards,
Puis, quand ceux-ci furent de force à l'emporter, le Comité
Valazé, d'abord non en vue, presque secret, mais déjà dénoncé
par Marat, prit la tournure de complot (2) et n'aboutit pas.
Chez Lucile Desmoulins, on vit nombre de Cordeliers, notam-
ment Danton, coudoyant Robespierre. Il y eut scission. Robes-
pierre céda la place, en cette réunion, aux Indulgents^ qui péri-
rent sur l'échafaud comme les Girondins, noyés dans le torrent.
Alors, la presse des opposants actifs se tut, ou à peu près.
Exceptionnellement, certains journaHstes jouèrent leur tète en
écrivant contre le parti dominant, devenu implacable. Les
feuilles royalistes ou aristocratiques avaient disparu ; leurs
rédacteurs s'étaient réfugiés à l'étranger pour attaquer encore
la Convention et faire chorus avec les émigrés.
VI
Lorsque Robespierre eut succombé, une troisième période
de réaction fiit la conséquence de sa chute. Cette situation,
toujours troublée, mais surtout confuse, rendit le courage aux
(1) Voir, plus bas, Comité orléaniste.
(2) Voir, plus bas, Comité Valazé.
14 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
monarchistes et aux nobles qui avaient survécu, possédaient des
adeptes jusque dans la Convention, et s'estimaient heureux
d'avoir assisté à la Réaction thermidorienne.
Mais ces g-ens-là, craignant d'être regardés comme suspects,
n'exposaient plus leurs opinions en public. Secrètement, dans
les salons, dans les boudoirs, oii ne se rencontraient que des
amis éprouvés et sûrs, y lisant les journaux, les nouvelles à la
main, ils espéraient toujours voir un temps meilleur; un suc-
cesseur de Louis XVI, ramené par les souverains coalisés; la
France délivrée des révolutionnaires et reprenant le bon ton
et les plus jolies manières.
Ils avaient des clubs à huis- clos, des officines de conspirations
où s'étaient réfugiés les derniers débris de la noblesse et du
clergé encore debout. Ils guettaient les républicains, s'apprê-
taient à profiter de leurs fautes, se liguaient, au besoin, avec
des thermidoriens, recevaient les renégats à bras ouverts, res-
taient émigrés à l'intérieur, résolus à fraterniser avec les émi-
grés de l'extérieur qui allaient bientôt rentrer. On pouvait les
regarder comme des rebelles de clubs, de cercles, de salons,
poussant aux manifestations plus ou moins inoffensives, prome-
nant leur politique sur les boulevards, dans les foyeré de
théâtre, chez le glacier Garchi, dans quelques cafés et restau-
rants qui s'étaient transformés en petits clubs contre-révolu-
tionnaires.
La population parisienne perdait en partie les convictions
républicaines; l'orientation de la politique variait d'un jour à
l'autre ; les hommes et les choses changeaient presque à vue
d'œil.
Sous le Directoire, succédant à la Convention décimée, res-
semblant à une monarchie représentative, la troisième période
de réaction redevint principalement royaliste comme la pre-
mière, à cause de la faiblesse du gouvernement. Des clubs
actifs se rouvrirent avec le but avoué de renverser le pouvoir,
qui se réclamait encore de la République. Les ClicJiyens se pro-
clamaient (( honnêtes gens », menaçaient les jacobinières et
couraient sus aux « buveurs de sang, » comme disaient les
monarchistes unis aux thermidoriens, démocrates équivoques.
Afficher les opinions royalistes devint une mode; sous prétexte
de poursuivre les Jacobins, on organisa la propagande en fa-
veur du comte de Provence (depuis, Louis XVIIl).
Peu à peu, les émigrés et les prêtres insermentés se mon-
INTRODUCTION 15
trèrent, trouvèrent des protecteurs puissants, malgré la loi, et
purent entrevoir la réalisation de leurs espérances ajournées
plus tard sous le Consulat et l'Empire, pour reparaître en 1814.
On parla sans crainte dans les hôtels aristocratiques.
VII
Le gouvernement lui-même servit imprudemment la réaction
royaliste, en se figurant qu'il consolidait ainsi sa puissance, à
l'aide de ralliés. Trompé par les apparences, il sévit à la fois,
dans les premiers temps de son existence, contre les réunions
républicaines ou anti-républicaines, indistinctement.
Un arrêté du Directoire parut (1), quelques mois après les
journées de prairial et de vendémiaire, comme pour placer les
contre-révolutionnaires sur le même pied que les derniers
Montagnards. Cet arrêté, le public le lut sans trop d'émotion.
Yoici sa teneur :
« Le Directoire exécutif arrête ce qui suit :
« Article premier. — La réunion formée dans le local connu
sous les noms de Salon des Princes et de Salon des Arts^ bou-
levard des Italiens ;
« La réunion formée dans la maison de Sérilly^ vieille rue
du Temple ;
« La réunion formée dans le palais Egalité, sous le nom de
Société des Écliecs ;
« La réunion formée dans le ci-devant couvent des Génové-
fains et connu sous le nom de Société du Panthéon ;
« La réunion dite des Patriotes^ formée rue Traversière,
numéro 804 ;
« Sont déclarées illégales et contraires à la tranquillité pu-
blique.
« Leurs emplacements respectifs seront fermés dans les
vingt-quatre heures, et les scellés seront apposés sur les pa-
piers y existant.
« Art 2. — Le théâtre dit de la nce Feydeau, et l'édifice connu
sous le nom à' Église de Saint-André des Arts, seront pareille-
ment fermés dans les vingt-quatre heures.
(1) Du 8 ventôse an IV (28 février J796).
16 LES CLUBS CONTRE- RÉVOLUTIONNAIRES
({ Le ministre de la police générale est chargé de l'exécution
du présent arrêté.
« Signé : Letourneur, président.
« Lagarde, secrétaire-général . »
YIII
Par la journée du 18 fructidor le Directoire fut ébranlé,
bouleversé. Les insurrections, les complots au profit de la
royauté le menaçaient très sérieusement.
Successivement, une commission extraordinaire de police,
une loi de police contre les émigrés avaient été votées ; en dé-
cembre 1797, la police prit les mesures les plus énergiques
contre « les brigands royalistes ». Mais, en dépit du sens vrai-
ment républicain, le Directoire poursuivit surtout les babou-
vistes, les ardents révolutionnaires regardés comme étant
séditieux. La conspiration de Babeuf ou du camp de Grenelle
le troubla plus encore que celle de la Villeheurnois et con-
sorts , et il usa envers ceux-ci d'une clémence inutile, car ils
ne cessèrent pas leurs attaques contre la République.
La troisième période de réaction devait avoir des consé-
quences fatales.
Dans le courant de cette période, aussi bien vers la fin de
la réaction thermidorienne que sous le Directoire, les réaction-
naires persévérants ne s'en tinrent pas à la polémique de la
presse, des clubs et des salons. Profitant des luttes qui divi-
saient la Convention et des convulsions terribles de l'intérieur;
exploitant avec habileté les fautes du Directoire, la confusion
qui existait dans son sein, ils accumulèrent les complots.
Ils ne manquèrent pas de s'attaquer ouvertement aux con-
ventionnels, dont la majorité s'acharnait trop sur les derniers
montagnards; et, par leur fait, l'insurrection ensanglanta Paris.
Quand Laurent Lecointre dénonça à ses collègues les com-
plices de Robespierre, ils cherchèrent à prendre leur revanche;
pendant deux jours, les carrosses se pressèrent à la porte des
dénonciateurs. Les réactionnaires de toute nuance regardèrent
la Révolution comme non avenue. Le sabre les vainquit. On
sait le reste, — comment le Consulat voulut les amadouer,
comment l'Empire se les attacha en partie, ressuscitant le passé
au profit de Napoléon Bonaparte.
INTRODUCTION M
Après le 9 thermidor, les pamphlets royalistes et contre-ré-
volutionnaires avaient employé de plus en plus l'injure, la ca-
lomnie et la menace, à mesure que les événements s'aggra-
vaient. Un décret de la Convention défaillante avait porté :
« Quiconque sera convaincu d'avoir composé ou imprimé. des
ouvrages ou écrits périodiques provoquant la dissolution de la
représentation nationale, le rétablissement de la royauté... sera
puni de mort. »
On s'était plaint beaucoup, sous la Terreur, de la licence et
du libertinage de la presse, des calomnies, des dénonciations,
des injures, des menaces que les journalistes répandaient dans
le public.
IX
Quelque temps après, néanmoins, la nouvelle Constitution
(du 22 août 1795 au 5 fructidor an III) respecta la liberté de
la presse.
Elle contient cet article ;
« Nul ne peut être empêché de dire, écrire, imprimer et pu-
blier sa pensée. — Les écrits ne peuvent être soumis à aucune
censure avant leur publication. — Nul ne peut être responsable
de ce qu'il a écrit ou publié que dans les cas prévus par la
loi. »
11 restait à déterminer par des prescriptions législatives jus-
qu'où irait la liberté de la presse, et s'il n'y aurait pas une
sorte de censure après la publication des écrits. Ce correctif
annulait presque le principe.
Quant aux réunions politiques, elles se bornèrent aux as-
semblées primaires ou communales. Il n'y en eut plus de per-
manentes : les oppositions au gouvernement se manifestèrent
par la plume.
Aussitôt, les journaux et les pamphlets, principalement les
feuilles royalistes, redoublent d'audace, de sarcasmes et d'iro-
nies cruelles, publient les mots lancés dans les salons, ou dans
certains cafés de la capitale que fréquente la jeunesse dorée. La
« bourse des Chouans », pour l'agiotage, se tient effrontément^
au café de Chartres, de onze heures à trois heures.
Le Directoire, agissant comme tous les gouvernements t'ai-''
18 LES CLUBS CONTUE-RÉVOLUTIONNAIUES
bles et tiraillés, abuse du droit de se défendre, et veut des me-
sures répressives. Le coup d'Etat du 18 fructidor (5 sep-
tembre 1797) suspend, ou plutôt supprime la liberté de la
presse.
En effet, le conseil des Cinq-Cents déclare alors : « Les jour-
naux, les autres feuilles périodiques et les presses qui les im-
priment sont mis pendant un an sous l'inspection de la police
qui pourra les prohiber, aux termes de l'art. .353 de l'acte cons-
titutionnel. y>
D'après un rapport, les journalistes sont les complices de la
conspiration royale, auteurs de tous les crimes contre la société
et les institutions du pays; ils reçoivent des articles à insérer;
ils acceptent l'arg-ent des conspirateurs et des contre-révolution-
naires. Il faut les châtier sévèrement et promptement. A cet
effet, des visites domiciliaires sont ordonnées. La commission
établie pour frapper la presse propose de déporter les proprié-
taires, entrepreneurs, auteurs, rédacteurs et collaborateurs de
soixante-sept journaux, soit à Paris, soit dans les départe-
ments. Plusieurs députés, même, opinent pour qu'on les dé-
porte en masse.
Un vote intervint. Quarante-cinq journalistes furent dépor-
tés, cinq furent rayés, dix-sept furent renvoyés à nouvel exa-
men. Dupont de Nemours, philosophe, économiste, rédacteur
de V Historien^ membre du conseil des Cinq-Cents, ancien dé-
puté à l'Assemblée constituante, eut son imprimerie détruite.
Ne voulant pas être ainsi discuté, il donna sa démission de
membre des Anciens, et s'exila volontairement aux Etats-Unis.
Barbé-Marbois, l'abbé Sicard, La Harpe, Fontanes, et d'autres
écrivains furent déportés ou proscrits. « Convaincu de la réa-
lité de la conspiration, le Directoire décerna des mandats d'ar-
rêt contre les auteurs du Bulletin des armées coalisées^ la Pari-
sienne^ la Quotidienne (1), le Courrier de' Paris, le Miroir, le
Grondeur^ le Démocrate, les Hommes libres, le Défenseur des
princi2)es, la Feuille du jour^ le Nécessaire, le Défendeur de la
Patrie (2) ». Les scellés furent apposés sur leurs presses. Le
Directoire demanda en outre une loi répressive des abus de' la
presse, ou plutôt contre les polémistes qui le gênaient.
(1) Parue pour la première fois le 22 seplenibre 1702, Jour où la Hcpu-
blique avait été proclamée. Cette feuille, souvent supprimée, reparaissait
Avec un autre titre.
(2) En vertu de l'article 14i> de la Constitution.
INTRODUCTION ly
En 1796, Gracchus Babeuf, rédacteur du Tribun dio Peicple^
accusé d'attaques contre le Directoire et les conseils, fut tra-
duit devant la Haute Cour nationale, siég^eant à Yendôme. Kn
juillet 1799, les rédacteurs de onze journaux hostiles au Direc-
toire, surtout à l'abbé Sieyès, furent incarcérés. Le martyro-
loge de la presse fut presque complet.
De 1789 à 1799, naquirent près de cinq cents journaux; les
uns moururent faute d'abonnés, les autres par suppression,
d'autres, enfin, par la mort de leurs rédacteurs.
Personne n'ignore que, malgré l'art. 353 de la Constitution
de 1795, le gouvernement directorial frappa non seulement les
clubs, qui étaient fermés quand cette constitution parut, mais
les journaux et les imprimés de toutes sortes, quand ils lui por-
.taient ombrage.
X
Au Directoire exécutif, composé de cinq membres plus ou
moins d'accord; à un gouvernement transitoire, impuissant et
très décrié, lequel cherchait incessamment sa voie, succéda
l'autorité d'un général victorieux, environné du prestige mili-
taire, ayant une popularité énorme, et prêt à saisir le pouvoir
pour lui seul, — avec deux assesseurs, absorbés par sa person-
nalité rayonnante.
Un gouvernement quasi monarchique se constitua sous forme
de Consulat, composé de trois hommes dont le maître était un
militaire, à la fois héros de l'armée d'Italie et du 13 vendé-
miaire.
Bonaparte, qui s'était dit républicain, déclara, après le 18 bru-
maire : « Pour gouverner, il faut des bottes et des éperons. »
Le Premier Consul renchérit sur le Directoire, dans ses atta-
ques à la liberté de réunion et à la liberté de la presse. Comme
Robespierre et le Comité de salut public avaient « ajourné cette
dernière liberté jusqu'après la guerre », lui, dont la guerre
était l'élément, s'empara de Tidén en se cachant sous le masque
de la République.
Un arrêté parut, ainsi conçu : «Les consuls de la République,
considérant qu'une partie des journaux qui s'impriment dans
le département de la Seine sont des instruments dans les
mains des ennemis de la République, etc., arrêtent : Article
20 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
piemier : le ministère de la police ne laissera, pendant toute la
durée de la guerre, imprimer, publier et distribuer que les
journaux ci-après désignés : Le Mordteur miiversel, le Journal
des Débats (1), le Journal de Paris, le Bien informé, le Publi-
cisle, Y Ami des Lois^ la Clef des Cabinets, le Citoyen français^ la
Gazette de France, le Journal des Hommes libres, le Journal du
Soir^ le Journal des Défenseurs de la Patrie^ la Décade philoso-
phique, et les journaux s'occupafiû exclusivement des sciences, *
arts, littératjire, etc., etc. Le ministre de la police devra pré-
senter un rapport sur tous les journaux qui s'impriment dans
les autres départements, et il veillera à ce qu'il ne s'imprime
aucun nouveau journal. Les propriétaires et rédacteurs devront
se présenter à la police pour justifier de leur qualité de citoyens
français, de leur domicile, de leur signature, ei promettre fidé-
lité à la Constitution. Seront supprimés sur-le-champ tous les
journaux qui inséreront des articles contraires au respect dû
au Pacte social (2), à la souveraineté du peuple et à la gloire
des armées, ou qui publieront des invectives contre les gou-
vernements et les nations amies ou alliées de la République,
lors môme que ces articles seraient extraits de feuilles pério-
diques étrangères (3) ».
La Constitution du 23 frimaire an Y III ne parla pas de la
liberté de la presse; le sénatus-consulte organique delà Cons-
titution du 16 thermidor an X (4 août 1802) n'en parla pas
davantage; en septembre 1803, la presse fut soumise à la
censure.
Il n'y avait pas lieu d'interdire les clubs : le Directoire avait
fait cette besogne complètement. Bonaparte surveilla les salons,
royalistes ou autres, qui s'opposaient à sa toute-puissance, ou
qui se permettaient de gloser sur sa personne.
XI
Jamais rien de plus oppressif n'avait été édicté depuis l'As-
semblée constituante, pour entraver préventivement la discus-
(1) Kt pointant, Bonaparte accusait )e Journal des Débats d'être vendu
aux émigrés de Londres. Mais il préférait les loyalistes aux vrais répu-
Itlicains.
(2) C'est-à-dire au coup d'Étal du 18 brumaire.
(3) Arrêté du 27 nivôse an VIIL
INTRODL'CTION ^>1
sioii des actes d'un gouvernement. Tout en paraissant prendre
des mesures d'une égale sévérité contre les ennemis de la
République, les Directeurs et les Consuls visaient plus direc-
tement les hommes fidèles aux principes révolutionnaires que
les partisans du militarisme à outrance. Lorsqu'on examine à
fond la manière dont les lois furent appliquées, on peut se
convaincre aisément que les chefs des pouvoirs directorial et
consulaire montrèrent beaucoup de tolérance à l'égard des
contre-révolutionnaires, en frappant fort sur les derniers dé-
mocrates.
Il convient d'appuyer sur ce point, de montrer aussi que les
royalistes, amis du trône et de l'autel, profitèrent amplement
de la position. Ils espéraient trouver dans le Premier Consul
un Monck français, et, loin de lui faire une opposition déclarée,
une opposition de journaux et de clubs, ce que, d'ailleurs, il
n'aurait pas souffert, ces habiles prodiguèrent les louanges au
restaurateur de la religion, mais ne l'épargnèrent pas dans la
plupart de leurs salons.
A peine rouvertes, les sacristies devinrent des foyers latents
de royalisme. A peine rentrés, les nobles émigrés transformè-
rent leurs hôtels en lieux de pohtique secrète, où ils se réjouis-
saient des luttes parfois heureuses de la Vendée, des succès
de l'étranger. Leur objectif étant la restauration du roi légitime,
rien ne les arrêtait pour y contribuer; il n'y avait pas eu de
solution de continuité dans leurs intrigues à l'intérieur et à
l'extérieur.
Le Consulat forme la quatrième période de la contre-révo-
lution.
A défaut de clubs, de journaux opposants, il y eut des sa-
lons anticonsulaires, des conciliabules secrets. Une réunion
de muscadins (I) royaHstes fut un foyer de conspiration. On
l'appelait « le sénat de Pilnitz. »
Contre Bonaparte, travaillant pour lui-même et se targuant
de républicanisme en persécutant les républicains, contre le
Premier Consul qui n'avait pas accepté le rôle de Monck, l'op-
position ne ménagea rien, répondit à la force par la ruse, jus-
qu'à l'époque impériale, pendant laquelle une partie de la
noblesse et du clergé se contenta de bouder.
En outre, des salons libéraux, ne succédant aux salons de
M) Voir, plus bas, Cluh de Clichy.
•22 LES CLUBS CONTHE-RÉVOLUTIONNATRES
la révolulioii que sous bénélice d'inventaire, accueillirent
nombre de personnages tout disposés à reconnaître un roi
constitutionnel ou à briguer l'honneur de iigurer à la cour de
Napoléon I". Que de renégats de l'Assemblée constituante,
de la Convention, delà Terreur, de la réaction thermidorienne,
du gouvernement directorial et du Consulat!
XI I
Résumons-nous. L'histoire des clubs contre-révolutionnaires,
si intimement liée à celle de la presse, à celle des réunions
privées et des salons, contribue à jeter de la lumière sur
l'époque mémorable dont beaucoup de contempteurs ont tiré
leur bien-être actuel, en la payant d'ingratitude. Elle accuse
la mauvaise foi de ceux qui croient avoir tout dit en ne par-
lant que de persécutions et d'holocaustes; die établit l'état
fanatique de ceux auxquels elle n'a rien appris et qui se sont
retranchés dans leurs convictions comme dans des forteresses
inexpugnables, sans tenir compte des événements et du temps,
des causes qui ont amené la Révolution.
Qu'on ne s'étonne pas de trouver dans ce livre, à côté des
détails relatifs aux clubs et aux réunions diverses, des citations
d'imprimés du temps, satiriques ou autres. Elles expliquent
bien des craintes, bien des audaces, bien des événements dont
l'origine semble parfois incompréhensible.
Pour les partis royaliste et aristocratique, nous pouvons,
sans faire de procès de tendance, établir que dans leurs réu-
nions mondaines ils restèrent la plupart du temps prôneurs du
passé, frondeurs du présent, effrayés de Tavenir, et qu'ils con-
servèrent soigneusement Tesprit de caste, de manière à attirer
sur eux l'attention des novateurs, jusqu'au jour où beaucoup
d'entre eux, surpris par les événements, n'échappèrent pas à
la suspicion et terminèrent leur vie au-delà des frontières ou
dans les prisons et sur l'échafaud. Leur obstination fut telle
que, à l'époque la plus terrible de la Révolution, ils tinrent des
sortes de clubs au fond des cachots en bravant la mort avec
courage. Vaincus et vainqueurs, alors, se distinguèrent par la
virilité de leurs actes, ce qui donne tant de relief à la généra-
INTRODUCTION j;^
tiou qui a paru sur Ja scène politique en France, depuis 1789
jusqu'à I80i.
Les variations des esprits opposants ont été si nombreuses,
quelquefois de si courte durée, qu'on se perd dans la foule des
expressions en usage pour désigner successivement les factions
contre-révolutionnaires ou réactionnaires pendant une quin-
zaine d'années.
Ce furent les Aristocrates^ les Royalistes^ noms communément
attribués à tous les réacteurs dès le début de la grande crise ;
— les Ci- devants, nobles ou anciens foctionnaires de la mo-
narchie; — les Noirs; — les Alarmistes^ toujours prêts à pro-
pager les mauvaises nouvelles, et, au besoin, à en inventer; —
les Apitoyeurs, qui affectaient de plaindre le sort des émigrés,
des prêtres réfractaires et des contre-révolutionnaires en géné-
ral ; — la Agents de Pitt oio de Cobourg. ou les Pitlisies, payés
par l'étranger ; — la Faction de Vétranger^ outre les Salariés de
Cobourg; — les Hommes de Coblentz et les Emigrés; — les
Condëens, en relation avec l'armée de Condé ; — les Héros de
cinq cents livres (chevaliers de Saint-Louis) ; — les Kgor'genrs
ou Compagnons de Jéliu^ dans le Midi, et les Chifonisles^
membres de la Cldfone^ royalistes d'Arles; — les Cheraliers
du poignard^ auteurs d'une conspiration monarchiste; — les
membres du Comité autrichien (1); — la Faction des dévotes^ ne
voyant en toutes choses que les intérêts de la religion ; — les
Christocoles, de même opinion; — les Calotins, amis du clergé;
— les Vendéens et les Chouans; — les Corneurs de la Vendée ;
— les Orléanistes, appartenant au parti du duc d'Orléans (2),
et les Phllippotins ; — les Robinocrates ou AristG-robino-craleSy
rêvant l'autorité pour les hommes de robe, magistrats ou avo-
cats ; — les Accapareurs, spéculant sur la cherté des grains ;
— les Affameurs, détruisant les objets d'alimentation, pour
exaspérer le peuple; — les Corrupteurs, ou acheteurs de cons-
ciences; — les Epauleltïers, officiers de la Garde nationale ; —
les Endormeurs, conseillant les voies de douceur et travaillant
pour eux-mêmes; — les Fayettisles; — les Impartiaux (3); —
les Feuillants (l); — les Modérés ; — les Insouciants, ou indif-
(1) Voir CoTïtité autrichien.
(2) Voir Comité orléaniste.
(3) Voir Club des Impartiaux,
(4) Voir Club des Feuillants,
24 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
férénts en matière politique ; — les Péiionistes, partisans du
maire de Paris; — les Holandins ou Rolanclistes, dévoués au
ministre Koland et à sa femme; — \q% Fédéralistes^ du groupe
des Girondins; — les Aboyeurs, ou crieurs de journaux, de ca-
nards, de pamphlets aussi bien pour les royalistes que pour les
révolutionnaires.
Puis, sous la Convention, les noms de réactionnaires va-
rièrent encore. Ce furent : les Suspects; — les Indulgents, adop-
tant les idées de clémence émises par Camille Desmoulins; —
les Hommes d'État^ ou députés de la (lironde et leurs parti-
sans; — les Intrigants ; — les Dantonisles; — les Crapauds du
Marais, ou les Marécageux, ou 1^ Ventre, c^est-à-dire les irré-
solus de l'Assemblée; — les Diffamateurs, sous toutes les
formes.
Enfin, après le 9 th^irmidor, ce furent : les Thermidoriens;
— les Réagisseurs ; — les Victimes^ membres des familles que
la Révolution avait frappées; — la Jeunesse de Fréron^ ou les
Fréronhtes, ou les Messieurs à bâton, ou la Jeunesse dorée; —
les Collets noirs et les Collets verts; — les Muscadins, immolant
tout au plaisir; — les Agioteurs^ faisant des fortunes scanda-
leuses à la Bourse, per fas et 7iefas; — les Clichyens (I); — les
Salmichiens, ou Sahmstes, ou Salmigondis, an club de Salm['ï)\
— les Vendémiaristes, sectionnaires qui marchèrent contre la
Convention; — les Vainqueurs de Germinal, qui mirent Paris
en état de siège, — et les Constitutionnels, défenseurs de la
Constitution de l'an III. soupçonnés de conspirer contre le Di-
rectoire et de vouloir rétablir une monarchie tempérée.
XIII
Cette longue énumération prouve les fluctuations de l'opi-
nion publique pendant quinze années de notre histoire; elle
montre la nation en travail pour conquérir ses droits, malgré
de continuelles alarmes, des mauvaises volontés successives;
elle établit la force des regrets chez les hommes du passé, les
enthousiames et les impatiences chez les hommes de progrès;
(1) Voir Club de Clichy.
2) Voir ("lui) (le Salin.
INTRODUCTION 25
elle fait comprendra la rapidité avec laquelle les événements
modifient les caractères sans principes fixes, agissant avec légè-
reté ou par ambition.
Il est fâcheux que le temps ait fait disparaître des docu-
ments, des traditions, à plus forte raison des actes officiels
permettant de retracer l'histoire complète des clubs contre-ré-
voliUionnaires à Paris pendant la Révolution. Les Archives de
la préfecture de police n'existent plus, et c'est grand dommage;
elles devaient être précieuses.
Nous espérons que notre travail, fruit de consciencieuses
recherches, présentera un intérêt véritable à nos lecteurs. Il
est bon que Ton connaisse les tentatives de toutes sortes qui
ont été faites pour entraver les élans du peuple français et le
ramener à l'ancien régime. Il importe aussi que l'on suive les
errements des politiques de lutte, tantôt révolutionnaires à ou-
trance, tantôt modérés, tantôt réactionnaires sans vergogne, et
que l'on puisse établir une différence entre les hommes convain-
cus et les ambitieux effrénés de la grande époque, à laquelle
ils ont donné un dénouement militaire.
Les dépôts publics, les collections particulières, les journaux
et les mémoires aident à reconstruire, dans la mesure du pos-
sible, les différentes réactions qui se sont produites de 1789 à
1804. La Bibliothèque nationale et celle de la Chambre des
députés renferment des trésors dans lesquels nous avons large-
ment puisé, ainsi que dans les Archives nationales. Nous
n'avons négligé ni les brochures, ni les petites pièces^ ni les af-
fiches, ni les estampes se rapportant à notre sujet, sans oublier
que nombre d'historiens ont dédaigné de consulter ces détails,
sous un prétexte vain, parce que, disent-ils, il faut suspecter
les témoignages des contemporains. Nous pensons que les faits
parlent d'eux-mêmes : les passions des acteurs du drame ré-
volutionnaire ne défigurent pas plus la vérité que les opinions
de parti pris, que les jugements rendus sans entendre les té-
moins à charge et à décharge, que les diatribes ou les apolo-
gies qui surgissent après coup.
Au reste, ce sont les documents de toute sorte qui nous ont
passé sous les yeux, quant aux clubs contre-révolutionnaires
de Paris, que nous exposons ici, et qui, selon nous, tiennent
une large part dans l'histoire, en indiquant l'état de ]'o|tinion
publique au jour le jour.
2fi LKS CLUBS CONTHE RKVOLlJTTONNAlRliS
XIV
La division de ce Iravail est toute tracée par l'ordre chronolo-
gique des événements, — à quelques mois, à quelques années
près.
Elle comprend, nous le répétons, trois périodes, pendant les-
quelles des clubs représentant les réactions successives ont
agité des questions politiques ou ont fait de la propagande
contre les hommes qui détenaient le pouvoir ou qui le vou-
laient ressaisir.
Certains clubs, de nuances différentes, mais poursuivant le
même but, ont existé simultanément, ont semblé s'accorder
entre eux.
A la première période appartiennent les clubs de Valois, —
de VHôlel de Massiac^ — des Impartiaux, — Monarchique ou
des Amis de la Constitution monarchique^ — des Feuillants, —
du Salon français, — des Fédérés^ — de la Sociélé ou Clnlj
de 1789, — de la Sainte-Chapelle.
La deuxième période comprend le Comité Valazé et le Club
de la Réunion., qui n'ont pas de séances publiques.
Dans la troisième période se placent les clubs de Clichy, —
de Salm, — et les Cercles constitutionnels , réunions d'hommes à
doctrines, plutôt que de partisans décidés à l'action sur l'esprit
des masses.
A la suite de ces trois périodes, nous donnons, comme an-
nexe indispensable, et lorsque nous ne rencontrons plus de
clubs politiques à Paris, l'historique des comités, sociétés., réu-
nions diverses, — privés ou publics., — pendant la Révolution,
tels que le Comité autrichien, avec des dépendances de ce
comité, — le Comité orléaniste, — les Réunions de Bagatelle
et de Bellevue], — les Salo?is de la princesse de Latïhballe, —
d'autres salons notables, des réunions privées, plus ou moins
politiques, — des Conciliabules intermittents ^ — des lieux de
rendez-vous^ etc.
Puis, nous signalons des sociétés, clubs et cercles divers., la
plupart non politiques, datant d'avant 1789, et dont quelques-
uns se sont mêlés quelque peu, pendant la Révolution, aux
mouvements qui se succédaient et auxquels les Parisiens ne
pouvaient rester indifférents.
INTRODUCTION 27
Enfin, nous indiquons des cafés et des restaurants où le pu-
blic était nonnbreux; où les événements du jour motivaient
parfois des querelles; où les contre-révolutionnaires, princi-
palement, alors que l'amour des plaisirs et de l'agiotage régnait
par dessus tout, se groupaient afin de frapper les républicains
encore énergiques, et même les partisans du Directoire; où
les Consuls semblaient coupables de penser aux choses graves
de la guerre qui ne cessait pas. Nous parlons des libraires et
des imprimeurs, qui, à toutes les époques, attirèrent l'attention
publique et tinrent des officines politiques. Nous ne passons
pas sous silence la part que prirent au mouvement des esprits
les chambres de lecture et les cabinets littéraires, peu nom-
breux sous Louis XV[, mais plus importants sous la Révolu-
tion, quand les masses s'occupèrent des questions qui les
intéressaient, soit pour critiquer les actes du gouvernement,
soit pour les approuver et les soutenir.
XV
Nous remercions, avant de quitter la plume, toutes les per-
sonnes qui nous ont prêté leur bienveillant concours, qui nous
ont aidé dans nos recherches avec une complaisance extrême,
notamment MM. Thierry-Poux et Blanchet, de la Bibliothèque
nationale; M. Laurent, l'éminent bibliothécaire de la Chambre
des députés, et M. Faucon, qui a continué M. Cousin à l'Hôtel
Carnavalet. Nous avons trouvé partout, dans les dépôts publics
dans les collections particulières, des facilités pour notre
travail difficile, dont le sujet n'a pas encore été traité et qui
ne sera pas indigne, nous l'espérons, de figurer dans la belle
et importante Collection de Documents relatifs à ridstoire de
Paris pendant la Révolution française^ publiée sous le patro-
nage du Conseil municipal.
I
PREMIÈRE PÉRIODE
CLUB DE VALOIS
Fondé le 11 Févi-ier- 1789
LeCli(/f de Valois ûtuitsiUié au Palais-Royal, aiTado (il passage de
Valois, 11° 177. Un des principaux fondateurs élait Tabbé Sieyès, alors
partisan du duc d'Orléans (1). Ce club, le premier du Palais-Royal,
leçut du duc, tout naturellement, asile et protection : de là sa répu-
tation d'orléaniste, quoiqu'il semblât neutre.
Il s'établit, le 11 février 1780, dans un grand local appartenant aux
sieurs Frestel et Menneville, lesquels n'en tn-ent pas partie; ils en
étaient seulement les « entrepreneurs ».
D'après l'/l/ma^acA du Club de Valois pour 1790(2), celte réunion
comprenait 616 membres. On y lisait 35 <( papiers publics », ou
feuilles périodiques, les unes politiques, les autres littéraires et
financières, plusieurs venant de l'étranger.
La noblesse d'épée ou de robe, ainsi que la haute bourgeoisie, se
rencontraient dans ce club, où la politique active ne faisait guère
ligure, mais où les opinions les plus diverses avaient des représen-
tants.
Parmi les membres, un assez grand nomijre, les plus reinar([ués,
n'ont pas tardé à appartenir au Cluh monarchique , Quelques-uns
s'inscrivirent sur la liste (les/4)w/s de la Constitution, même desJaco-
hins; quelques autres se mirent avec les Feuillants. Beaucoup émi-
grèrent; plusieurs portèrent leur tète sur l'échafaud, ou, tout au
mmns, furent empi'isonnés, soit comme conspirateurs, soit comme
suspects.
Si une foule de gens, dans ce groupe, sont restés obscurs, inconnus,
1) Mémoires de Malouel, t. I, |). ITJ.
,ù) Hôtol Carnavalet, Hibli..tho(|iif, cle :>6,'J1.S.
32 LES CLUBS CUNTRE-RÉVOLUTIONNAIRKS
oubliés, certains ont acquis, par la suite, une grande célébrité. Citons
La Fayette, Talleyrand, Sieyès, Biron, Bergasse, Bougainville.
Chamfort, Condorcet. les Lameth, etc. Sieyès y présenta Montlosier.
« C'était le seul club peut-être où la similitude des opinions ne fôt
pas une condition rigoureuse d'admission (1) », selon le chancelier
Pasquier.
Assurément, dès son origine, le Club de Valois n'aflicha pas des
idées rétrogrades, et, parmi les hommes de lettres ou les savants qui
s'y trouvèrent, on peut dire que la majorité suivit le mouvement phi-
losophique et scientifique de la iin du dix-huitième siècle. A ce point
de vue, il forme une sorte de transition entre les sociétés purement
littéraires et celles qui se livrèrent presque exclusivement à la poli-
ti(}ue; il prélude aux assemblées militantes.
Ce club tenait, à la fois, de la simple réunion de personnes qui
voulaient jouir des plaisirs de la conversatioji, se distraire en com-
mun, et de la réunion choisie de membres de l'Assemblée nationale,
en dehors de l'enceinte politique; de députés « ne payant aucune ré-
tribution », comme membres, ainsi qu'on le veri'a par les détails
donnés dans V Almanach reproduit ci-dessous.
Au fond, l'opinion royaliste dominait. « Je passais ma vie au Club
de Valois, dit le chancelier Pasquier, club composé, en grande partie,
d'hommes partageant mes opinions et avec lesquels j'échangeais mes
tristes appréhensions (2) »... « Notre réunion de Valois... a eu cela de
remarquable que, pendant les quatre années de sa durée, des que-
relles assez vives ont eu lieu dans son sein, et par suite des proposi-
tions de duel assez facilement accommodées, mais qu'il n'en est sorti,
ni pendant, ni après, aucun acte qui ait compromis aucun de ses
membres. On s'y disputait sur la foi des gentilhommes, et lorsque,
durant le règne du Comité de sûreté générale, la liste des abonnés
fut demandée comme très propre à servir d'élément à celle des sws-
pects, elle se trouva perdue, et ne fut suppléée par la mémoire d'au-
cun des domestiques de l'établissement (3). »
L'existence du Club de Valois a été de trois années environ, 1789,
1790, 1791. Le chancelier Pasquier, seul, lui donne quatre années .
d'existence.
Sa disparition ne lit pas de bruit. Les politiques l'avaient négligé
pour se rendre plus assiduement à d'autres clubs, ce qui le transfor-
{\) MéDioires du chancelier Pasquier, l. î, p. til), in-S", l'aris, l.SOo.
{■2) Mémoires du chancelier Past/uier, t. T, p. 12.
{'•]) Mémoires du chancelier Pasf/uier, t. I, p. 75.
CLUB DE VALOIS 33
mait en cabyjet de lecture, en cercle de Valois, comme on en trouvait
plusieurs dans Paris (1).
Il nous a paru bon d'annoter beaucoup de noms, d'indiquer soit la
naissance, soit la position sociale, soit la carrière politique, soit la
mort de membres qui ont joué un rôle pendant l'époque révolution-
naire, même sous l'Empire et les deux Restaurations.
Le Club de Valois touchait certainement à l'aristocratie, lorsque
s'ouvrirent les États généraux.
Donnons maintenant des détails complets, puisés à bonne source,
sur sa formation, ses règlements, avec la liste de ses membres :
II
ALMANACH
du Club de Valois pour l'année 1790,
passage de Valois, arcade du Palais-Royal, n" 177. 1790 (2).
« LE CLUB
« Cette Société n'est pas la première de ce genre qui se soit formée
à Paris, mais la nouveauté de son établissement, loin de lui nuire,
doit concourir à sa perfection, en la mettant à portée d'adopter, re-
jetter [sic) les avantages et les inconvénients de celles qui l'ont pré-
cédée.
« Le Club fut fondé par dix personnes, qui en choisirent entre elles
cent quinze autres. Cette Société, ainsi composée de cent vingt-cinq
Membres, s'établit, le 11 février 1789, au Palais-Royal, dans le local
qu'elle occupe, appartenant aux sieurs Frestel et Menneville (3).
« Dans la première assemblée, on annonça à chacun des Membres
qu'il avait le droit d'en nommer un nouveau, afin de porter la Société
à deux cent cinquante Membres. On procéda ensuite, par la voie du
scrutin, à l'élection de cinq commissaires pour dresser les statuts et
règlements.
« Dans la seconde assemblée générale, MM. les Commissaires ren-
dirent compte de leur travail, firent lecture d'un projet d'engagement
à souscrire par les sieurs Frestel et Menneville, entrepreneurs du
Club.
" Après avoir examiné si le Club s'administrerait lui-même, ou se-
(1) Voir plus loin, Chambres de lecture et Cabinets littéraires.
(2) Cet Ahuanach, que nous avons trouvé à l'Hôtel Carnavalet et à la Bibliothè-
(jue nationale, fournit le seul document dont nous puissions nous servir pour ré-
tablir l(!s règlements du Club de Valois, et pour donner la liste des membres (lui
le composaient. (Hôtel Carnavalet, cote 26, 918.)
(3) Très beau local, ayant une grande façade sur le jardin.
34 LES CLUBS CONTRE-RÉ VOLUTlONxXAIRES
rait laissé à Tentreprise, le dernier parti fut adopté à la presque una-
nimité; et Ton peut dire que le zèle, les soins assidus des entrepre-
neurs pour rembellissement, la décoration et les commodités du
local ont justifié la sagesse de cet arrêté.
« Par une Délibération du 27 février, il fut décidé que le nombre
des Membres serait augmenté de cent nouveaux; et, pour y procéder,
on nomma vingt Électeurs parmi lesquels les cinq premiers com-
missaires se trouvèrent.
« Cette Délibération fut exécutée, et les noms des nouveaux Mem-
bres furent proclamés dans la séance du 3 mars suivant.
« La cinquième assemblée générale, tenue le 15 avril, fut marquée
par l'adoption unanime du dixième article des Règlemens, concer-
nant l'admission des Députés à l'Assemblée nationale au Club, sans
payer de cotisation, et sur la simple présentation d'un Membre de la
Société (1).
« Dans cette assemblée, MM. les Commissaires ayant mis sur le bu-
reau le projet du Règlement dont ils avaient été chargés, avec invita-
tion à l'assemblée de nommer vingt nouveaux commissaires pour les
examiner, modifier et rédiger, il a été décidé unanimement que les
vingt Électeurs seraient chargés de cet examen. Il fut encore arrêté,
dans cette séance, que les Électeurs seraient autorisés à compléter les
cent nouveaux Membres qu'ils avaient dû nommer, et à y ajouter tel
nombre qu'ils jugeraient convenable.
« Enfin, MM. les Commissaires, ayant fini leur travail sur les rè-
glemens, M. le Président indiqua l'assemblée générale des Membres
du Club au 7 novembre 1789.
« Ce jour, la majeure partie des Membres assemblés, M. le Président
fit lecture des Règlemens; après quelques amendemens, ils furent
approuvés dans tout leur contenu, et l'assemblée en ordonna la
pleine et entière exécution, ainsi qu'il suit :
RÈGLEMENS DE LA SOCIÉTÉ
Dans le chapitre 1", il est question de la destination du Club en
général, etc. On y lit :
(l) Chapitre V, article X : « Tout citoyen député à FAssemblée nationale n'aura
besoin, pour être admis dans le club, que d'être présenté par un membre de la
Société. Tant que l'Assemblée nationale durera, il ne paiera aucune contribution;
et si, quand elle sera séparée, il veut entrer dans la Société, il ne subira aucun
ballottage : il n'est personne qui ne doive se trouver heureux de procurer quel -
ques heures de délassement et de repos à ceux qui seront chargés du grand tra-
vail de la félicité publique, et c'est une marque de respect due à la Nation que
de ne pas soumettre à un scrutin particulier ceux que le scrutin des peuples aura
revêtus de la confiance générale. »
CLUB DE VALOIS 35
« L'objet du Club étant de réunir, au milieu d'une Société choisie
dans les différentes classes des Citoyens, tout ce qui peut concilier.»
l'instruction avec l'agrément, le loisir avec la dignité, et les commo-
dités de la vie avec les lois de l'ordre et de la décence, la distribution
du local sera faite de la manière suivante, et l'on observera dans
chaque partie l'ordre qui va être prescrit.
(' ARTICLE PREMIER.
' A l'une des extrémités de l'appartement du premier, sera un ca-
binet consacré à la lecture, dans lequel on trouvera les gazettes, jour-
naux, papiers publics, dictionnaires, enfin, tous les livres dont le Club
pourra faire l'acquisition. On y trouvera des tables, de l'encre, du
papier, des plumes, et toute conversation à haute voix sera interdite
dans cet endroit. _
« ARTICLE 2.
« Les trois pièces qui suivent seront salions d'assemblée et de
conversation, etc.
« Tables d'échecs et de dames, billard. »
Étaient proscrits tous autres jeux que les échecs, les dames, le tric-
trac, le piquet, le whist, le Iresset, le reversis, le boston et l'ombre.
On y dînait, soupait, recevait les étrangers. — Boite aux let-
tres, etc.
Dans les assemblées générales, les membres qui étaient pour
l'affirmative disaient tous ensemble, oui; ceux qui étaient pour la
négative disaient tous ensemble, non.
En note du règlement, à propos de cet article, une note remar-
quait : « Cela se pratique ainsi au Parlement d'Angleterre. »
m
Liste de MM. les Membres de la Société^ suivant l'ordre alphabétique,
avec leurs demeures.
A
Adelbert de PÉRI60RD (M. le comte). Hôtel de Périgord, rue de l'Uni-
versité.
Agoust (M. le marquis d'), rue Chabannois, 3.
Agoust (M. le comte d'),rue Neuve des Pelils-Champs, 3. A fait partie
du club de V Hôtel de Massiac. Garde du corps.
Agoust (M. le vicomte d'), rue de Bourgogne, faubourg Saint-Ger-
main, 44. A fait partie du club de VHôtel de Massiac A fait partie
(lu Club monarchique.
36 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
AiGBEMOiNT (M. le chevalier d'), rue des Champs-Élisées, 5.
Jl Aiguillon (M. le duc d"), rue de l'Université, 103 (1). Député de la no-
I blesse d'Agen aux États généraux. Colonel des chevau-légers de
•« Louis XVI.
»
' Alexandre de Neufyermeil (M.), Maître des Requêtes, rue Saint-Sau-
veur, 57.
Allarde (M. le baron d'), député de la noblesse de Saint-Pierre le
Moutier à l'Assemblée nationale, rue Meslée. S'occupait surtout
de finances.
Ameil (M.), avocat au Parlement, rue Neuve Saint-Eustache.
Arblai (M. le chevalier d'), rue de Bourgogne, 44.
Archambault de Périgord (M. le comte), rue Saint-Dominique, 127 (2).
Colonel à la suite du régiment de chasseurs d'Alsace.
Aremberg (M. le duc d'), rue de Richelieu, Hôtel des États généraux.
Député de la noblesse aux États généraux.
Aremberg (M. le prince d'), rue et faubourg Saint-Honoré, 61. Membre '
correspondant de l'Assemblée constituante.
Arlet (M. le comte d'),.rue Blanche, chaussée d'Antin.
Ars (M. le marquis d'), lieutenant des vaisseaux du Roi, rue de Bour-
bon-Villeneuve. Membre de l'Assemblée des trois ordres, qui
nomma les députés aux États généraux.
Artaud (M.), Arcades du Palais-Royal, 59. Censeur royal, écrivain
royaliste, rédacteur aux Actes des Apôù^es.
AuDRAS (M.), rue Vivienne, en face de la Caisse d'Escompte.
AuGEARD (M.), boulevard Montmartre. Fermier général, secrétaire des
commandements de la Reine.
Une lettre de Barnave annonçant l'arrestation de M. Augeard, le
secrétaire des commandements de la Reine, « chez lequel on a trouvé
un plan de conduite, écrit de sa main, pour rétablir l'ancien ordi-e
de choses, et mentionnant la convocation extraordinaire du Comité
des recherches de l'Assemblée qui tient les lîls de plusieurs intrigues
relatives aux désordres de Paris. » — 27 octobre 1789 (3).
(1) A fait partie du club des Amis de la Constitution. 11 écrivit au Comité des
recherches, le 17 janvier '1790, une lettre demandant qu'il fût procédé à une
instruction « au sujet des calomnies absurdes dont il était excédé. » (A, Tuetey.
Répertoire général des sources manuscrites de l'Histoire de Paris pendajit la Révo-
lution française, 1890, gr. in-8*. — Minute signée, S ex., Arch. nat. , DXXIX'SO,
n" 297.) Emigré en 1792, le duc d'Aiguillon mourut à Hambourg, le 4 mai 1800.
(2) Arrêté le 22 mai 1791, par la municipalité de Saint-Quentin, avec Alexandre
de Périgord. (Arch. Nat., DXXIX" 36, n» 376.)
(3) Autographe (incomplet). A. N., W12, 3« dossier, n" 207 (Tuetey).
CLUB DE VALOIS 37
Une information fut faite, au Châtêlet, contre M. Augeard, l'un des
fermiers généraux du Roi, ses complices et ses adhérents (6 novem-
bre 1789j (1).
D après les Mémoires secrets, page 2151, un mémoire anonyme, pré-
senté au Comité des recherches par l'abbé Fauchet, Augeard était
accusé d'avoir reçu à Buzancy, dont le château lui appartenait, au
mois de septembre (1789), le maréchal de Broglie, le prince de Lam-
l)esc, M. de Besenval, et d'avoir tramé des conspirations contre l'État.
Sur la production de ce mémoire, « Brunville, le procureur du Roi,
fut assez inique, assez bas, pour, à l'instigation de l'abbé Fauchet,
ordonner une addition d'information. » — /i'"'-4 décembre 1789 (2).
Augeard fut détenu à l'Abbaye. San procès compte parmi les plus
scandaleux de la Révolution. Le Châtêlet l'acquitta. Les Révolulions
de Paris^ n" XXXV, page 19, et VAmi du 'peuple, n" CXVI, page 5,
tirent de sérieuses observations à propos de son acquittement.
Camille Desmoulins, dans ses Révolulions de France et de Bradant,
dédia aux juges cette sorte d'adresse :
Vous qui lavez Broglie, Augeard,
Qui lavez Bezenval, qui laveriez la peste,
Vous êtes le papier-brouillard :
Vous enlevez la tache, et la tache vous reste.
Dans le Courrier de Versailles à Paris (n" 24, p. 389), Gorsas con-
sacra un article à Augeard qui, peu après son acquittement, sortit
de Paris, se retira dans sa propriété de Buzancy, et, 'après la fuite de
Varennes, redouta tellement des poursuites nouvelles qu'il se réfugia
à Bruxelles, alla à Coblentz et prit part à toutes les intrigues roya-
listes. Il rédigea lui-même le manifeste des princes daté de Bruxelles,
qui protesta contre la Constitution de 1791. Il ne rentra que sous le
Consulat.
AuAioNr (M. le duc d'), rue de Caumartin, 36. Favorisa plus tard l'éva-
sion de Louis XVI, émigra peu après. Membre de l'Assemblée
générale des Électeurs de Paris.
AuTiCHAMP (M. le comte d'), le jeune, au Palais-Bourbon. Émigra,
fut considéré comme conspirateur avec le maréchal de Broglie, en
1789.
AuTUN (Mgr l'évêque d'), rue de l'Université. C'était le fameux Talley-
rand-Périgord, qui semblait alors très fervent pour les idées libé-
rales.
(1) Minute slgiR'C, A. iN. DXXIX" 37, n" 384 (Tuetcy).
[1) Minutes (2 p.), A. N., DXX1X% n» 384 (Tuetey).
38 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
ÂYEN (M. le duc (V), rue Saint-Honoré, 451. Faisait la partie de whist
avec Louis XVI. Capitaine des gardes du corps, membre de TAs-
semblée des trois ordres, pensionné.
IV
B
Barbantane (M. le chevalier de), rue Basse-du-Rempart, au coin de
celle de Caumartin.
IUrbantane (M. le marquis de), idem.
Barbantane (M. le comte de), au Palais-Royal, cour des Fontaines (1).
Membre de l'Assemblée des trois ordres qui nomma les députés
aux États généraux, député suppléant.
Bar (M. le vicomte de), rue des Filles du Calvaire, 16. A fait partie
du Cluh monarchique.
Baru (M. de), trésorier de Tordre de Saint-Lazare, rue du Gros-Chenet.
Barthès (M.), médecin, Chaussée d'Antin. Auteur d'un opuscule, paru
en 1789 : Libre discours sur la prérorfativc que doit avoir la no-
blesse dans la Constitution et les Etats généraux de la France. Mo-
narchiste, médecin de Louis XVI.
Baselaire (M. le marquis de), place Louis XV.
Bazoncourt (M. de) (lire Bazancourt). Ofticier aux gardes de Val-
lonnés, major de la 6' division de la Garde nationale.
BÉAGUE (M. le comte de), rue Chariot, 40. Maréchal de camp.
Becdelièvre (M. le vicomte de). Hôtel de Bretagne, rue Ci'oi\-des-
Petits-Champs. Emprisonné, plus tard, comme émigré.
Béfort (M.), rue de Richelieu, 148.
Bélanger (M.), rue Poissonnière, près les Menus-Plaisirs. Architecte,
. royaliste ardent, construisit Bagatelle pour le comte d'Artois. En
1795, il dessina le portrait du Dauphin (Louis XVII), prisonnier
au Temple.
BÉLANGER (M. de), rue de Touraine, 7. Gentilhomme ordinaire du Roi.
A fait partie du Club monarchique ?
Belderbusch (M. le comte de), rue Neuve des Mathurins, 9. Ministre
de l'Électeur de Cologne.
Bellerose (M. de). Appartint à l'armée de Condé.
Belzunce (M. le comte Alexandre de) (2), Marché d'Aguesseau. Major
en second du régiment de Bourbon, massacré à Caen par ses sol-
dats, en 179Q.
(1) A fait partie du club des Amis de ta Conslilulion.
(2) Faisait la partie de reversi avec, Louis XVL
CLUB DE VALOIS 39
Berçasse (M.). Avocat au Parlement, député de Lyon aux États
généraux, auteur de nombreuses brochures contre-révolution-
naires. A fait partie du Club monarchiqve. Pensionné par le roi
Charles X (1).
Bernièreo (M. le chevalier de), rue de Choiseul, % Capitaine d'infan-
terie. A fait partie du Club monarchique.
Bertrand (M. l'abbé), rue des Prouvaires. Conseiller au Grand-Con-
seil.
BiRON (M. le duc de) ou duc de Lauzun^ rue de Grenelle, faubourg
Saint-Germain, 55. Député de la noblesse du Quercy aux États
généraux. Mort sur l'échafaud en janvier 1794,
Birousle (M. de), rue de Buffaut, faubourg Montmartre.
Bissy (M. le comte de), rue et faubourg Saint-Honoré.
Blaire (M. de), rue de Buffaut, faubourg Montmartre. A fait partie du
club de VHôiel de Massiac.
Blome (M. le baron de), rue de Choiseul, près le boulevard. Envoyé
extraordinaire du roi de Danemark,
Blosac (M. de),
BoiNviLLE (M. de), rue Vézelay. Receveur général des finances,
BoiSGELTN (M. le comte de), rue de Varenne, faubourg Saint-Germain,
Maréchal de camp et maître de la garde-robe. Guillotiné pendant
la Terreur (2).
BoissEULH (M. le comte Jules de), rue de Belle-Chasse.
BosGARY (M. de), rue Faydeau. Administrateur de la Caisse d'Es-
compte,
BouGAiNViLLE (M. de), barrière Blanche, 12. Chef d'escadre, membre
de rAssem])lée des trois ordres à Paris.
Boula d'Orvillb (M.), rue Royale, butte Saint-Roch. A fait partie du
Club monarchique.
Boullets (M. le marquis des), rue et faubourg Saint-Honoré, vis-à-vis
l'Hôtel de madame la duchesse de Bourbon.
BoDLLONGNE DE Magnanville (M. de), au Palais-Royal, 9,
Bourdon de la Motte (M.), au Luxembourg. Médecin et Intendant du
cabinet de Monsieur, attaché à Madame Victoire, tante du Roi.
Bourelter (M. l'abbé), à Belle-Chasse. Grand vicaire.
Boursag (M. le vicomte de), rue d'Anjou Saint-Honoré, 24. A fait par-
tie du Club monarchique.
BouzoLS (M. le marquis de), rue du Sépulcre, .'J3.
(1) Collaborateur aux Arles des Apôtres.
(2) A fait partie du Club monarchique.
40 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
BoYD (M. de), rue d'Amboise, près les Italiens.
Bozon-Talleyrand (M. le comte de), rue de Bourbon, chez M. larche-
vêque de Reims,
Brégy (M. le comte de), rue Sainte-Anne, 5i.
Brissard (M. l'abbé), Hôtel de madame la princesse de Ghimay, porte
Saint-Honoré.
Brisson (M.), rue Sainte-Avoye.
Broglie (M. le prince de), rue de Varenne, 66. Député de la noblesse
de Colmar et de Schelestadt aux États de 1789, guillotiné le
27 juin 1794.
Broglie (M. le comte Joseph de), rue Saint-Dominique, 42. Favorisé
par Marie-Antoinette.
BouRQUENs (M. de), rue Saint-André des Arcs.
Brousse (M.), rue des Quatre-Fils, au Marais (1).
Broutin (M.), rue Notre-Dame des Victoires, 8.
Bruyères (M. le comte de), rue des .Jeûneurs, o, capitaine de vaisseau^,
emprisonné pendant la Terreur.
BuLKELEY (M. le comte de), rue des Jeûneurs, 8.
G
Cadignan (M. le baron de), rue Notre-Dame des Victoires, 14. Premier
fauconnier et chef des oiseaux du cabinet de Monsieur.
Caillebot DE LA Salle (M. le marquis de), rue de Grenelle, faubourg
Saint-Germain, 247.
Galonné (M. Tabbé de), rue et faubourg Saint-Honoré, vis-à-vis rHôtel
Beauveau. Frère du contrôleur-général, émigré, mort au Canada.
Galvaruso (M. le prince de), au Palais-Royal, 216.
Gauway (M. le vicomte de), rue de la Michaudière, 8.
Gapello (M. le chevalier de), porte Saint-Martin, 75.
Garaman (M. le vicomte de), rue Saint-Dominique, 9. Émigré, fut
arrêté par le peuple, à Alençon, en octobre 1789, comme aristo-
crate.
Garaman (M. le chevalier Maurice de), rue des Fdles Saint-Thomas.
A fait partie du Club monarchique.
Carré (M.), rue de Richelieu, 15.
Gastellane (M. le comte de), rue d'Anjou, faubourg Saint-Honoré (2).
(1) A fait partie du Club des Feuillants.
(2) Celui qui, probablement, signa l'arrêté du Comité permanent de l'Hôtel de
Ville ordonnant la démolition de la Bastille (16 juillet 1789).
CLUB DE VALOIS 41
Castellane (M. le comte Joseph de),, rue du Bacq, faubourg Saint-Ger-
main. A fait partie du Club monarchique.
Castellane (M. le vicomte de), rue de Grenelle, ^55. Membre de TAs-
semblée des trois ordres, à Paris.
Castries (M. le duc de), député à l'Assemblée nationale, rue de Va-
renne, 42 (1). Député de la noblesse, de la prévôté et vicomte de
Paris aux États généraux. Émigré.
Caumartin de Saint-Ange (M. de). Intendant de Besançon, rue Sainte-
Avoye, 90.
Caylds (M. le duc de), Hôtel de Castries, rue de Varenne. Protesta, au
nom des nobles de Saint-Flour, contre toute renonciation aux
privilèges pécuniaires.
Chabanon (M. de), de l'Académie française, rue Caumartin, 17. On a
une lettre de Chabanon, de l'Académie française, à Louis XVI, lui
indiquant une formule d'acceptation de la Constitution qui puisse
se concilier avec la protestation du 21 juin. — 28 août 1791 (2).
Chabot (M. le duc de), rue de Seine, faubourg Saint-Germain, -42.
Chabot (M. le comte Charles de), idem.
Champcenetz (M. le marquis de). Fils du gouverneur des Tuileries, un
des premiers valets de chambre du Roi, collaborateur, avec Riva-
roi, aux Actes des Apôtres, de Suleau ; exécuté le 23 juillet 1794.
Champfoht (M. de), au Palais-Royal, 18. Lecteur du comte d'Artois,
secrétaire du prince de Condé, membre de l'Académie fran-
çaise (3).
CiiAMPiGNELLE (M. le marquis de), rue du Foin, au Marais.
Ciiamplatrel'X (M. le président de), rue Saint-Dominique, faubourg
Saint-Germain, 55. A fait partie du Club monarchique.
Chanvrier (M. de), receveur-général des finances, rue Basse du Rem-
part, 20.
Charrin (M.), commissaire ordonnateur des guerres, rue Saint.e-Anne,
60.
Chartres (Mgr le duc de), au Palais-Royal (4). Depuis, le roi Louis-
Philippe I".
Chatelet (M. le marquis du), Hôtel de la Bresse, quai des Théatins.
A fait partie du Club monarchique. Guillotiné le 23 frimaire an II.
(1) Connu comme aristocrate, se battit en duel avec Charles de Lameth, en 1790.
Son iiôtel fut pillé.
(2) Autographe, A. N., C18o, n» 430 (Tuetey).
(3) A fait partie du club des Amis de la Constitution, demeura rue de Chaban-
nois, n» 10.
(4) A fait partie du club des Amis de ta Constitution.
42 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Chastenoy (M. le comte de), rue Cadet, 8,
Chaumont (M. de), chez M. le duc d'Aumont, rue de Caumartin.
Chauvelin (M. le marquis de), Hôtel d'Ammécourt, rue Boudereau.
Maître de la garde-robe du Roi en 1789, emprisonné sous la Terreur.
Cherer (M.), absent.
Cheret (M.), rue de Cléri.
CnÉvEhU (M.), rue du Paradis, au Marais, 14.
Chevilly (M. de), rue de Cléri, 94.
Choderlos (M. de), Hôtel d'Angleterre, rue des Filles Saint-Thomas.
Secrétaire des commandements du duc d'Orléans (1).
Chofseul-Staikville (M. le duc de), rue d'Artois, 1. Colonel du Royal-
Dragons. Il émigra. On a de lui une lettre écrite à Louis XVI, des
prisons de Verdun, mettant aux pieds du Roi le renouvellement
du serment de lidélité qu'il lui a prêté (20 juillet 1791) (2). Il leva
un régiment de hussards, avec lequel il servit sous le drapeau
anglais contre la France.
Un décret de l'Assemblée nationale décida que MM. de Damas et
Choiseul, colonels-commandants des deux régiments ci-devant Mon-
sieur et Royal-Dragons, ainsi que les sieurs de Floirac, capitaine, et
Remy, quartier-maître, détenus dans les prisons de Verdun, « y reste-
ront en état d'arrestation jusqu'à ce que l'Assemblée ait pris des me-
sures à l'égard des personnes qui peuvent avoir favorisé la fuite du
Roi. » — 25 juin 1791 (3).
Une lettre de M, Catoire, commissaire du Roi près le tribunal de
Verdun, au ministre de la justice, fit connaître l'arrestation de
MM. de Choiseul et Damas, « qui ont failli être victimes de la fureur
du peuple des campagnes », et la saisie, à Montmédy, de deux voi-
tures chargées d'effets appartenant à M. de Choiseul. — 24-27 juin
1791 (4).
Choiseul-d'Aillecourt (M. le comte de), rue de Choiseul.
Clermont d'Amboise (M. le marquis de), rue de Montholon, barrière
Sainte-Anne.
Clermont-Tonnbrre (M. le comte de), au Luxembourg. Député de la
(1) A fait partie du Club des A7nis de la Constitution. A r^-digé le journal des
Aynis de la Constitution.
(2) Original, A. N., C184, n- 246 Ins.
(3) Minute, A. N., C71, n" 699, et Archives parlementaires, 1" série, t. XXVIl.
p. 521 (Tuetey).
(4) Originaux (2 p.), Archives du Ministère de la Justice.'
. CLUB DE VALOTS 43
noblesse de Paris aux États généraux (1). Fonda, avec Malouet, le
Club monarchique. En 1791, on l'accusa d'avoir aidé à la fuite de
Louis XVI. Massacré par la populace, le 10 août 1792.
Clonard (M. le comte de), barrière du Roule, 22.
Clonard (M. le chevalier de), absent.
CoADE (M.), médecin.
Coigny(M. le marquis de), rue Saint-Nicaise. Fut premier écuyer de
Louis XVI, député aux États généraux. Vota avec la minorité
royaliste de l'Assemblée. Émigra en 1792. Combattit dans l'armée
de Condé.
CoLBBRT (M. le comte de), rue du Croissant, 4. A fait partie du Club
monarchique.
CoMEVRAS (M. de), avocat au Parlement, rue de Cléri, 73. Auteur d'un
Mémoire à consulter et consultation pour Louis-Philippe-Joseph
d'Orléans (Paris, 29 octobre 1790). Mort vers 1798.
CoMTEVAL (M. de), rue de Richelieu, 79.
CoNDORGET (M. Ic marquis de), Hôtel delà Monnaie. Secrétaire de l'Aca-
démie des sciences, membre de l'Académie française. Membre de
la Société des A^nis des noirs, en 1789. Girondin. Mort le 29 mars
1794, non le 27.
CoPE (NL), à l'abbaye de Pentemont, rue de Grenelle, faubourg Saint-
Germain.
CoRMERÉ DE Chitenay (M. de), rue de Choiseul, 73.
CoRMERÉ (M. le baron de), rue Chabanais, 50. A fait partie du Club
monarchique. Publia un plaidoyer pour le marquis de Favras, son
frère.
CoRiNT (M. Étis de), rue de la Chaussée d'Antin, 18. Procureur du roi
et de la Ville.
CoswEL (IVL), Hôtel Royal, rue Neuve Saint-Marc.
CoTTiN (M.), rue et Chaussée d'Antin, 6. Régisseur général des vivres.
A fait partie du Club monarchique.
CoTTiN fds, rue de la Chaussée d'Antin, 6, banquier.
CouRÇAis (M. l'abbé de), rue Colbert.
CouRNOLs (M. de), rue de l'Éperon, au coin de la rue du Battoir. Avo-
cat au Parlement.
Crafort (M. de), rue de Cléri.
Crénolle (M. le comte de), rue du Bac, 42.
Créqui (M. le marquis de), rue do Grenelle, faubourg Saint-Germain,
(l) Voir plus bas, Club monarchique.
44 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
304. Premier maître d'hôtel de Madame. Fut arrêté et conduit au
Temple, en messidor an VL
Ckillon (M. le comte de), grand-bailli d'épée de Beauvaisis, député
de la noblesse à la Constituante, place Louis XV.
Croismares (M. le comte de), rue Saint-Florentin, 4.
Croix (M. le comte de), rue Neuve Saint-Augustin, 11.
Croix i^M. le comte de), rue idem. Vota, en 1789, pour la délibération
par ordre.
Crosby (M. de), rue de Verneuil.
Crussol (M. le Bailly de), au Temple. Capitaine des gardes du comte
d'Artois, puis brigadier de cavalerie, puis maréchal de camp, dé-
puté de la prévôté et vicomte de Paris. Protesta contre la sup-
pression de la croix de Saint-Louis (1). Ëmigra en 1791. Devint
lieutenant-général à l'armée des princes. Mort ci Paris, le 17 dé-
cembre 1815, étant pair de France.
Ci'STiNES (M. le marquis de), rue et faubourg Saint-Honoré, 10:2. Dé-
puté de la noblesse de Metz à la Constituante. Proposa « que nul
ordre émané du pouvoir exécutif ne fût obligatoire pour aucun
fonctionnaire public, s'il n'était contresigné par les ministres
actuellement en fonctions » (21 juin 1791) (2). Exécuté le 28 août
1793.
D
Dalrimpl (M. le général). Hôtel et rue de l'Université.
Damas (M. le comte de), rue et fatibourg Saint-Honoré, 109 (3). Gen-
tilhomme d'honneur de Monsieur. Émigré.
Damas-Crux (M. le chevalier Charles de), cOur des Fontaines, au Pa-
lais-Royal. Colonel du régiment du Vexin. Émigré.
Damas (M. l'abbé), rue de Grenelle, 211. Membre de l'Assemblée des
trois ordres à Paris.
Dangirahd (M.), banquier, rue et Chaussée d'Antin, 71.
Darjuzon (:\L) fils, rue d'Aguesseau, faubourg Saint-Honoré.
De Laage de Belle-Faye (M.), rue Neuve Grande-Batelière, au coin du
boulevard.
Dernandes (M. l'abbé), Hôtel d'Hambourg, rue Jacob.
(1) A fait partie du Club monarchique, et a protesté contre la Constitution
de 1791.
(2) Minute, Arch. Nat., C71,n<>686, ai Archives parlementaires, l"-" série, t. XXVU,
p. 372. 11 fit partie du CAub des Feadtanls.
(3) A fait partie du Club mqnarchicjue. A .été arrêté avec Louis XVI, jï Varennçs.
CLUB DE VALOIS ^h
Desanurouins (lM. le vicomte), rue Chantereine.
Desentelles (M.), aux Menus-Plaisirs, rue Bergère.
Desmollières (M.), place Louis XV. Administrateur des domaines. A
été membre des Cinq-Cents.
Despomelles (M. le chevalier).
Després (M.), rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain.
Dewonshire (M. le duc), Hôtel et rue de l'Université.
Deux-Ponts (M. le prince Maximilien de), Hôtel de la Reine, au Pa-
lais-Royal.
Dhiere (M.), rue Jacob, 17. Conseiller à la Cour des Aides.
DiEi!BA.CH (M. le comte de), rue des Sauvages, ^.
DiLLON (M. le chevalier Franck), rue Neuve des Mathurins.
DiLLON (M. le comte Arthur), rue et porte Saint-Honoré, 9. Gentil-
homme d'honneur du comte d'Artois. Député de la Martinique à
la Constituante (1). Guillotiné en 1794.
DiLLON (M. l'abbé de), rue de Miroménil.
DiLLON (M. le chevalier Théobald), rue de Grenelle, faubourg Saint-
Germain.
DoRSET (M. le duc de), faubourg du Roule. Ambassadeur d'Angleterre,
DouMERE, rue et faubourg Saint-Denys, vis-à-vis Saint-Lazare. Régis-
seur général.
Drée (M. le comte de).
Dubuc-Ddfferet (M.), rue de Cléri, 94.
Do Couedig (M.), rue des Amandiers, faubourg Saint-Antoine.
Ducrest (M. le marquis), rue de Richelieu, vis-à-vis celle de Colbert.
Frère de madame de Genlis, chancelier du duc d'Orléans, avec
lequel il eut plus tard un procès. Colonel-commandant des grena-
diers royaux. Émigra.
Duclos-Ddfresnoy (M.), rue Vivienne (2). Notaire.
DuLAU (M. le comte Armand), rue Notre-Dame des Champs. Ancien
colonel du régiment de Champagne.
DuLAU (M. le marquis),.irfçm.
DoMAS (M.), rue Thévenot. Soupçonné plus tard, dans YOratèur du
Peuple, « d'être admis dans la confidence du parti patriote (Bar-
nave, Lameth, d'Aiguillon) pour mieux le trahir. »
DuMAY (M. le baron), rue dé l'Université.
DuPLEix DE Mézi (M.), rue des Petites Écuries du Roi.
(1) Prit la défense des colons contre les Amis des noirs.
(2) Député de Paris aux Etats-Généraux. Il fit prêter à Louis XVI, en 1788, par
la compagnie des notaires, la somme de six millions. Mort sur l'échafaud en 1794.
46 LES CLUBS CONTRE-hÉVOLUTIONNAlRES
DuPLEix (M.), rue Poissonnière, S. A fait partie du Club monarcJiique.
Dltort (M.), rue du Grand Chantier, au Marais (1). Conseiller au Par-
lement, député de Paris à la Constituante, accusé de royalisme
après le 10 août 1792, et arrêté à Melun.
DuPRÉ DK Salnt-Maur (M,), rue Culture Sainte-Catherine. Conseiller
d'État. A fait partie du Chih monarchique.
Duras (M. le comte de), rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain, 272.
Connu pour ses opinions aristocratiques.
DuRFORT (M. le vicomte de), rue du Rempart Saint-Honoré. Attaché à
la cour depuis sa jeunesse.
Ddrfort (M. le chevalier de), au Palais-Royal.
DuTREY (M.), rue Richer.
E
Entraigues (M. le marquis d'), rue de Miroménil. Émigré.
Ermenonville (M. le vicomte d'), rue Sainte-Anne, 34.
EsGARTS (M. le baron d'), rue d'Artois. Premier maître d'hôtel, en sur-
vivance. Député de la noblesse de Châtellerault.
EsPAGNAG (M. l'abbé d'), rue d'Anjou Saint-Honoré, 14 (2).
EsPiNCHAL (M. le comte d'), rue Neuve des Mathurins, G. A fait partie
du Club monarchique.
EsTAiNG (M. le comte d'), rue Sainte-Anne. Guillotiné le 28 avril
1794 (3).
VU
F
Fargès (M. de). Conseiller d'État, rue de l'Université, 132.
Farrer (M.), cour des Fontaines, au Palais-Royal.
Faucher (M. Constantin de), député à l'Assemblée nationale, Hôtel de
Noailles-Mouchi, rue de l'Université, lOG.
Faucher (M. César de), député à l'Assemblée nationale. Idem.
Favernay (M. le comte de), capitaine de cavalerie. Absent.
Fenoyl (M. le marquis de)^ quai d'Anjou, 23.
Ferrette (M. le commandeur de). Hôtel de Valois, rue de Richelieu.
Ferrier (M. de), maréchal de camp, cour des Fontaines, au Palais-
Royal. Fait lieutenant-général le 7 septembre 1792. Protégé du
duc d'Orléans.
(i) A fait partie du Club des Amis de la Consliialion.
(2) Exécuté en 1794. A fait partie du Club des Amis de la CoiistîLulion.
(3) Commandant en chef de la garde nationale de Versailles, en 1789,
CLUB DE VALOIS 47
Perrière (M. le marquis de), rue Barbette, 4. Député de la noblesse
de Saumur. S'opposa à la réunion des trois ordres.
Fbrsen (M. le comte de), rue de Miroménil. Fut colonel du régiment
de Royal-Suédois. Très attaché à Marie-Antoinette.
Il existe, en effet, à la date du 22 juin 1791, aux Archives, un
« Ordre des comités des recherches et des rapports réunis au dépar-
tement de Paris, à l'effet de faire retenir les lettres qui pourraient
arriver à l'adresse de la famille royale, de M. de Fersen, de M, Mallet
du Pan et de toutes personnes attachées à cette famille, actuellement
absentes (1). »
F1TZ-GÉRA.LD (M. de), député à l'Assemblée nationale, rue Saint-Domi-
nique, près celle d'Enfer (2).
FoissY (M. de), aux Écuries d'Orléans, rue Saint-Thomas du Louvre.
FoNTBRUNE (M. de). Hôtel de la Reine, rue des Bons-Enfans.
FoNTENiLLES (M. le marquis de), rue du faubourg Saint-Honoré, chez
M. le marquis de Clermont.
FoNTETTE (M. de), Maître des Requêtes, rue et Chaussée d'Antin. A
fait partie du Club monarchique.
FoNTETTE (M. le chevalier de), rue de Bourbon, faubourg Saint-
Germain.
FoRNiER (M. de), rue des Jeûneurs, 6.
Fronsag (M. le duc de), rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain, 99.
FouGY (M. Cromot de), Surintendant des finances de Monsieur, au
Luxembourg.
G
Gall (M. le major), rue Basse, porte Saint-Denys, 13.
Gauthier (M.), rue des Capucines, 21. Garde du corps. A fait partie
du Club monarchique.
Genlis (M. le marquis de), rue et porte Montmartre. Familier du duc
d'Orléans. Il tint, avec le marquis de Sillery, Latouche et Choder-
los de Laclos, des conciliabules à Montrouge.
GiAMBONNE (M. de), banquier, rue de Bondy, 26.
Girard (M.), rue des Bons Enfans, 42.
GiRARDiN (M. le chevalier de), rue Sainte-Anne, 54.
GiRARDOT (M. A. L.), Chaussée d'Antin.
GiRAULT-PousLAViE (M. l'abbé), Plape Maubert. Littérateur, historien.
(1) Copie conforme, A. N., DXXIX" 35, n» 366.
(2) A fait partie du club des Amis de la Constitution.
48 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
GONTAULT (M. le marquis de), rue Louis-le-Grand.
Gordon (M. le colonel Cosmo), Hôtel et rue de TUniversité.
GouvERNET (M. le comte de), puis marquis de la Tour-du-Pin, rue
Grange -Batelière (1). Envoyé en Hollande en 1791, comme mi-
nistre de France. Plus tard, pair de France.
Gouy-d'Arsy (M. le marquis de), rue de Provence (2). Condamné à
mort, comme étant de la faction du duc d'Orléans. Exéeulé le
3 juillet 1794.
Grammont (M. le marquis de), Hôtel de Noailles, rue Saint-Honoré,
451. Beau-frère de La Fayette.
Grandgour (M. le baron de), rue Poissonnière, 56.
Granvelle (M. Raillard de), rue Saint-Nicolas, près celle de l'Arcade,
Chaussée d'Antin.
Grand (M. le chevalier de), à Saint-Joseph, rue Saint-Dominique.
Grave (M. le chevalier de), rue Neuve des Mathurins, 1. Premier
écuyer du duc de Chartres.
Gréville (M. de), Hôtel de Moscovie, rue des Petits Augustins.
Greffulhe (M. de), banquier, rue Bergère, 16.
Grûuchy (M. le comte de), rue d'Anjou Saint-Honoré, 123.
Grouvelle (M. de), rue Neuve des Petits Champs, 83.
GuER (M. le chevalier de), Hôtel des Asturies, rue du Sépulcre. Con-
seiller au parlement de Rennes. Émigré.
GuiBERT (M. le comte de), rue de Grammont, 16. Maréchal de camp.
Gdiche (M. le duc de), rue du Regard. Capitaine des gardes du corps,
en survivance (3).
GuiLLOTiN (M.), médecin, rue Croix des Petits Champs, 55 (4).
GuiMPS (M. le chevalier de), rue des Bons-Enfans, 43. A fait partie du
Cluh monarchique.
GtiMPS (M. de). Idem.
GuNiNG (M.), Hôtel de l'Empereur Joseph H, rue do Tournon.
(1) A été commandant ou second de la garde nationale de Versailles.
(2) Colonel de cavalerie, député de Saint-Domingue, maréchal de camp en 1791,
guillotiné à Paris, le 23. juillet 1794.
(3) 11 existe une lettre, à la date du S octobre 1789, dans laquelle il prie la muni-
cipalité de Versailles de mettre à sa disposition toutes les forces militaires, et
particulièrement les gardes du corps. (Original, Bibliothèque de Versailles, auto-
graphes, no 812.) Il fut, plus tard, un des familiers de la cour du prétendant,
comte de Provence, à Mittau.
(4) A été député de Paris à la Constituante. Mort en 1814, après avoir été le fon-
dateur et le président de l'Académie de médecine.
CLUB DE VALOIS /.O
VIII
H
Hanneucouht (M. d'), rue de la Ville-rÉvèque.
Hargenvillier (M. le chevalier d'), lieutenant-colonel du régiment de
Penthièvre, Hôtel des Notables, rue de la Jussienne.
IIaymann (M. le général), rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain, 5o.
A été maréchal de camp de M. de Bouille. A la date du 15 juillet
1791, un décret de l'Assemblée nationale porta « qu'il y a lieu à
accusation contre le sieur de Bouille, ses complices et adhérents,
notamment les sieurs d'Heymann, de Klinglin et d'Ophise, maré-
chaux de camp de son armée ; Goguelas, aide de camp ; Bouille
Mis, major d'hussards; le duc de Ghoiseul-Stainville, colonel du
l'"' régiment de dragons; le sieur de Mandell, lieutenant-colonel
de Royal-Allemand ; le comte de Fersen, colonel de Royal-Suédois ;
les sieurs de Valory, de iMalledent et de Moustier, gardes du corps,
prévenus d'avoir favorisé le complot de Bouille, déclarant que
leur procès sera fait par la Haute Cour d'Orléans, et maintenant
en état d'arrestation les sieurs de Damas, Remy, Floirac, d'Âu-
doins, de Lacour, officiers de dragons; de Moracin et Tinlot,
du régiment Royal- Allemand; de Vellecour, commissaire des
guerres; Tschoudy, sous-lieutenant au régiment de Castella, et la
dame de Tourzel, gouvernante des enfants de France (1). »
Heer (M.), Hôtel et rue de l'Université.
Hénin (M. le prince d'), rue Royale-Montmartre. Capitaine des gardes
du corps du comte d'Artois. Exécuté en l'an 11.
Hérault de Séchelles (M.), Avocat-général, rue Basse du Remparl.
Parent des Contades et de la duchesse de Polignac.
Hbsse (M. le prince Georges de). Absent.
Hesse (M. le prince Charles de), rue Verte. Maréchal de camp.
HoGGNER (M.), rue Vivienne, chez M. Haller.
HuREL (M.), payeur des rentes, rue Sainte-Avoye, 20.
J
Jarnac (M. le comte de), rue de Monsieur.
Jaugourt (M. le comte François de), rue de Varenne, 81 (2).
(1) Minute signée de Muguet de Nanthou, A. .V., (Mi, ^72^. — Archives parle-
mentaires. Ire série, t. XXVlll, p. 33o.
(2) A fait partie du club des Amis de la Constitution et des Feuillants, député
de Seine-et-Marne à la Législative, démissionnaire après le 10 août 1792; émigré;
appartint à Tannée de Condé, et fut plus tard ministre sans département du pré-
tendant, romte de Provence, à Mittau.
50 LES CLUBS CONTRE RKVOLUTIONNAIRES
.UuGE (M.), banquier, Chaussée d'Antin, 6. Arrêté sous la Terreur
comme complice de l'étranger. Guillotiné le 29 prairial an II (1).
JouTts (VL le chevalier de), rue de Provence.
Jc'MiLiiAC (M. le marquis de), rue Saint Marc. Devint lieutenant-colo-
nel de la garde constitutionnelle de Louis XVL Émigré.
K
Kéary (M.), médecin, Hôtel de Vendôme, rue des P(>tils Auguslins.
Kek (M.), banquier, rue de Grammont, 9.
KersaTiNT (M. le comte de), boulevard Italien, 17 (2).
Kery (le lord), rue des Champs-Elysées.
IX
li
Lardan (M. l'abbé), au Palais-Bourbon.
La Blache (M. le comte de), député du Dauphiné aux Ëtats gén(''raux.
Chaussée d'Antin, 51. A fait partie du Clah monarrltùjuc ?
La Borde de Wéréville (M. de), rue d'Artois, 0. Garde du trésor royal.
A été membre du Cbib des Feuillants (3).
La Bourdonnaye (M. le vicomte de). Hôtel d'Orléans, rue des Petits
Augustins. Émigra en 1792, puis combattit parmi les Vendéens.
La Bourdonnaye (M. le marquis de), rue Boudereau, Chaussée d'An-
tin (4).
La BussiÈRE (M. de), aux Écuries d'Orléans, rue Saint-Thomas du
Louvre. A fait partie du Club monarchique.
La Calprenède (M. le chevalier de), rue et Chauss.^e d'Antin, 00.
(1) Il existe aux Archives, à la date du 2i août 1789, une « Reconnaissance du
Comité provisoire de l'Hôtel de Ville, portant que le sieur Jauge, banquier, a
mis à la disposition de la Ville un crédit de 200,000 écus pour la préserver de la
famine. » (Arch. Nat., copie, W.389.) 11 a fait partie du club des Feuillants.
(2) A fait partie du club des Amis de la Constitution; a présidé, en 1780, l'as-
semblée électorale du département de Paris; le 1" janvier 1793, à la Convention,
il demanda et fit adopter l'établissement d'un Comité de Défense générale.
Guillotiné le 4 décembre 1793 : les Montagnards ne lui pardonnèrent pas d'avoir
voté la réclusion de Louis XVI jusqu'à la paix, et d'avoir envoyé sa démission au
président de la Convention^ le jour de la condamnation du roi. En outre, il se
montrait partisan des Girondins.
(3) Il fut député d'Etampes à l'Assemblée nationale. Il existe un Compte rendu
de l'emploi d'une somme de 30,000 livres offerte par lui à litre de don patriotique,
pour frais de recherches des crimes de lèse-nation. (Minute, Arch. Nat., D.XXiX''40,
n» 410,27 septembre 1791.) Fils de Laborde de Méréville, ancien banquier de la
cour, guillotiné en 179't.
(4) Un La Bourdonnaie a été accusé d'avoir participé à l'affaire des C/ievaliers
(ht poignard.
I
CLUB DE Valois lii
La Calprenède (M. de), rue et Chaussée d'Antin , CG.
La Clos (M. de), Secrétaire des commandements de Mgr le duc d'Or-
léans, cour des Fontaines, au Palais-Royal. Littérateur. A fait
partie de la Société des Amis de la Comfitution et en a rédigé le
journal. Deux fois emprisonné.
La Colombe (M. de), Hùtel de La Fayette, rue de Bourbon.
La Coste (M. de), député de Saint-Domingue, rue Neuve Saint-Augus-
tin, 25.
La Crételle (M de), avocat au Parlement, rue Feydeau, 38. Député
suppléant aux États généraux de 1789; député de Paris à l'Assem-
blée législative. Membre du Club des Feuillants.
La Croix (M. de), avocat au Parlement, rue des Blancs-Manteaux, 50.
Guillotiné en 1794.
La Croix (M. de), rue de la Ville-l'Évèque. A fait partie du Cluh mo-
narchique?
Ladebat (M. de).
La Fayette (M. le marquis de), rue Bourbon, 81. Membre de la So-
ciété des Amis des noirs, en 1789, Arrêté à Namur en août 1792.
Laffon (M. l'abbé de), rue Croix des Petits Champs, près la place des
Victoires.
La Guiche (M. le marquis de), rue du Regard.
Lajarre (M. Fabbé), rue et Hôtel Tavannes.
Lally-Tolendal (M. le comte de), rue Saint-Hyacinthe (1).
La Marck (M. le comte), rue et faubourg Saint-Honoré. Député de la
noblesse du Quesnoy. A été un des exécuteurs testamentaires de
Mirabeau, et membre de la Société de I 789.
Lambe'itye (M. le comte Emmanuel de), place Vend^imo. A fait partie
du Club monarchique. Député du Poitou.
(1) A été député de la noblesse de Pai-is aux Etats-Généraux de 1780. Fils du
f^onverneur de Pondichéry décapité en place de Grève. 11 fut aidé par Voltaire
pour obtenir la réhabilitation de son père, et ses démarches eurent un grand
retentissement. D'abord partisan des idées nouvelles, le 31 août 1789 il fit un
compte rendu sur la motion que les districts de Paris lui avaient apportée pen-
dant la nuit, et qui tendait « à renvoyer plusieurs députés, qualifiés d'ignorants.
de corrompus et de suspects, et à partir sur-le-champ pour Versailles, afin d'arrêter
l'effervescence aristocratique. » ^Extrait du Journal de l'Assemblée nationale, Arch.
Nat, KK 662, fol. 470. — Archives parlementaires, 1" série, t. VIII, p. 512.) Après
les 5 et 6 octobre, il abandonna son poste avec Mounier, et tous deux se reti-
rèrent à Coppet, en Suisse. Il avait voté pour le veto absolu, et s'était plaint des
concessions faites par la noblesse le 4 août 1789. H opinait pour l'établissement
de deux Chambres. En 1792, revenu eu Finance, il essaya d'arrêter la marche de
la Uévoliilion, de concert avec Moutmorin, Bertrand de Mollcville et Malouet; et
il passa en Angleterre. Il a publié, en 170"). un Plaicfoi/pr jioiir Louis A'IV.
B2 ■ LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRliS
Lameth (M. le chevalier Alexandre de), cul-de-sac de Notre-Dame des
Champs. Député de la noblesse de Péronne aux États généraux.
Colonel du régiment d'artillerie Royal-Lorraine, après avoir par-
ticipé à la guerre d'Amérique (1).
Lameth (M. le chevalier Théodore de), cul-de-sac de Notre-Dame des
Champs. Colonel du 7" régiment de cavalerie, président de l'admi-
nistration du Jura, et député de ce département à la Législa-
tive (2).
Lameth (M. le comte Charles de), cul-de-sac de Notre-Dame des
Champs (3). Colonel de cuirassiers. Député de la noblesse d'Artois
aux États généraux.
Lameth (M. le marquis de), cul-de-sac de Notre-Dame des Champs.
Lanab (M.), Hôtel de la Compagnie des Indes, rue de Grammont.
Landaborous (M. de), Hôtel de l'Empereur, au Palais-Royal.
Langeac (M. le chevalier de), rue Poissonnière, au coin du boulevard.
Langeron (M. le comte de), Hôtel de la Vaupalière. Poète. Secrétaire
d'ambassade sous Louis XVL Journaliste royaliste, collaborateui*
aux Actes des Apôtres (4).
Laplesse (M. de), rue de Touraine, au Marais, 2.
Larochedumaine (M. le marquis de), rue de Sève (Sèvres), vis-à-vis les
Incurables.
La Rochefodcault (M. le duc de), député de la noblesse de Paris aux
États généraux, rue de Seine, faubourg Saint-Germain (5).
(1) II s'unit au tiers état, vota rabolitiou des privilèges, combattit le vélo du
roi; mais, après l'arrestation de Varennes, il se rapprocha de la cour. En 1792, il
servit sous Lucknèr, puis sous La Fayette, avec lequel il fut arrêté à Nannir
en août 1792.
(2) A fait partie du club des Jwu's de la Conslitulion. Célèbre par son duel avec
Cazalès, qu'il blessa, et surtout par son autre duel avec de Castries, qui l'atteignit
très grièvement. En juillet 1791, il s'opposa, comme président de l'Assemblée, à
ce qu'on mît en délibération la question de la déchéance de Louis XVI. Après le
10 août 1792, étant maréchal de camp, il fut arrêté pendant un mois, mais parvint
à se réfugier à Hambourg. La découverte du Livre rouge révéla qu'il avait reçu du
roi une libéralité de 60,000 livres, qu'il s'empressa d'ailleurs de rembourser.
(3) Constitutionnel et feuillant, il réclama, en septembre 1792, la mise en juge-
ment des massacreurs de septembre. Sous la Terreur, il se i"éfugia en Suisse.
En 1797, il tenta de faire du Jura une nouvelle Vendée, et revint en France
après le 18 brumaire.
(4) Il a combattu contre la France pendant les guerres de la Révolution et de
l'Empire.
(5) Fut un des premiers nobles qui se réunirent au tiers état en juin 1789. Il signa
l'arrêté du Comité permanent de l'Hôtel de Ville, ordonnant la démolition de la
Bastille (16 juillet 1789); mais il vota la loi martiale, la motion faite par la droite
de déclarer nationale la religion catholique, la suspension de Pétion et de .Manuel.
Devenu impopulaire, il fut massacré à Gisors en 1792.
CLUB DE VALOIS 53
La Salle (M. le chevalier del, rue de Grenelle, faubourg Saint-Ger-
main, Ml.
La Touche (M. le comte de), rue des Bons Enfants. Député deMontar-
- gis. Chancelier du duc d'Orléans. Vota, en 1789, pour la délibéra-
tion par ordre.
Laumur (M. le chevalier de), rue Thérèse, 1.
LxiuriAT (M. de), cour des Fontaines, au Palais-Royal.
Lauraguais (M. le chevalier de), rue de Richelieu, Hôtel des États
généraux. Littérateur. Amateur des sciences chimiques et de
l'anatomie. Il donna de nombreux articles de finances aux Actes
des Apôtres. Il a écrit sur le procès de Louis XVI (1).
Laussat (M. de), receveur-général des finances, rue de Caumartin, 10.
Député des Basses-Pyrénées (2).
Laval (M. le vicomte de), rue Notre-Dame des Champs. Émigra. Il
jouait ordinairement le billard, le tric-trac et le whist avec
Louis XVI.
Laval (M. le marquis Adrien de), rue de Tournon, 12. Monarchiste
avéré.
La Vallette (M. le comte de). Hôtel de Gontaut, rue Louis-le-
Grand (3).
La Vadp^lière (M. le marquis de), rue du faubourg Saint-Honoré.
Membre de l'Assemblée des trois ordres, à Paris (4).
La Vieo ville (M. le chr. de), rue Notre-Dame des Victoires, 13.
Le CoiGNEix DE Belabbe (M. l'abbé). Conseiller au Parlement, rue
Basse du Rempart, 2.
Le Couteulx de la Noraye (M.), rue Montorgueil. Banquier. Trésorier
de l'Extraordinaire.
Le Godteulx de Moley (M.), rue Montorgueil.
Le Couteulx de Cantaleu (sic) (M.), rue des Filles Saint-Thomas.
Échevin de Rouen, député de cette ville à l'Assemblée nationale.
Le Doux (M.), architecte, rue Neuve d'Orléans, près la porte Saint-
Martin (o).-
Le Gris (M.), rue Royale, l)utte Saint-Roch.
(1) Bibliothèque Nationale, Bu, L" il/327.
(2) n'a otô paycur-génôral à l'armée des Pyrinées-Oci!i(lentalï>s, apivs avoir cl»'
un instant arn'té eu 179;5.
(3) Protesta contre la journée du 20 juin 1792, et marcha, le 10 août, à la
défense du château des Tuileries, en tête de sa section. Il dut s'enrôler dans la
légion des Alpes pour échapper à la proscription.
(4) A fait partie du Cluf) monarrhique. Il soupait souvent iliez la pi-incesse de
Lainballe, dit Talleyrand dans ■^c^f. Mémoires.
''■)) .Mttuarchisle, oinprisonné en 1793.
54 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
Le Hoc (M.), au château du Coq, barrière Blanche. Inleudanl des
finances du duc d'Orléans.
LÉON (M. le prince de), rue de Seine, -42 (1).
Le Roi de Camilly (M.), payeur de rentes, rue Saint-Marc, 23.
LESSJiRT (M.), banquier, rue Coq-Héron, 58 (2).
Lesterpt (M. l'abbé de), rue Férou, 25.
Létang (M. de), place Louis XV.
Lévis (M. le marquis de), rue et faubourg Saint-Honoré, 85. Capi-
taine des gardes du corps de Monsieur.
Levis (M. le comte Antoine de), rue et faubourg Saint-Honoré, 85.
Levis (M. le duc de), député de Sentis à l'Assemblée nationale, rue de
Bourbon, 96 (3). Rentre sous le Consulat. Pair de r'rance en 1814.
Lezardière (M. le marquis de).
LiANGODRT (M. le duc de), rue de Varennes, 35. Grand-maître de la
garde-robe. Député de la noblesse de Clermont en Beauvaisis.
Voulait la délibération par ordre, en 1789.
Limon (M. l'abbé de), passage de Valois, au Palais-Royal.
Limon (M. de), passage de Valois, au Palais-Royal. Contrôleur des
linances du duc d'Orléans. Émigra (4).
Lisle (M. l'abbé de), au Collège royal (5).
Lo.uis (iM.), Architecte, rue de la Michodière.
Louis (M l'abbé). Conseiller au Parlement, rue Christine. Émigi-a.
Lucenay (M. le marquis de), rue Taitbout, 8.
Luxembourg (M. le duc de), aux Champs-Elysées. Capitaine des gardes
du corps. Député de la noblesse du Poitou aux États généraux (6).
LuYNES (M. le duc de), rue Saint-Dominique, faubourg Saint-Germain.
Maréchal de camp, colonel-général des dragons. Député de la no-
(1) Membre de la société des Amis des Noirs. Député sui>pléant de Paris.
(2) Etienne Delessert provoqua, en 1782, la création de la première caisse
d'escompte à Paris, la première compagnie d'assurances contre l'incendie. Em-
prisonné sous la Terreur.
{'■i) Emigra après le 10 août 1792, servit dans les armées contre la France et fut
blessé à Quiberon. Il fit, le 28 décembre 1789, à la Constituante, une motion « de-
mandant que le Comité des recherches fût chargé de se concerter avec celui de
la Ville, pour déposer dans le plus bref délai le rapport de l'atfaire de M. de
Eavras. (Minute, Arch. Nat., C 33, n° 285. — Musée des Archives Nationales.
p. 696.)
(4) Ou l'accusa, en 1789, d'être allé en Hollande et en Flandre emprunter de
l'ai'gent pour soudoyer 30,000 honnnes à enrégimenter dans le parti d'Oi-léans.
(5) Jacques Delille, professeur de poésie latine au Collège de France, membre
de l'Académie française.
(6) Démissioima en août 1789, alla eu Angleterre, puis porta l(>s armes contre
l4 France,
CLUB DE VALOIS 55
blesse de Touraine, il protesta contre la délibération par léte, en
1789. A fait partie du Club monarchique.
LuzYGNEM (M. le marquis de), rue de Choiseul. Député de la noblesse
de Paris. A fait partie du Club monarckiquo.
Maillé (M. le marquis de), rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain.
Malartie de FoiNDAT ( M. de ) , Conseiller au Parlement, passage des
Petits Pères, 7. A fait partie du Club monarchique (1).
Malboissiêre (M. l'abbé de), rue de Richelieu, 103.
Mallet (M. Paul-Henry), rue de Richelieu, près le boulevard. Histo-
rien suisse ; ses liaisons aristocratiques le forcèrent à quitter son
pays en 1792.
Mallet (M.), fils aîné, rue Montmartre.
Malvaur (M. de), rue Poissonnière, 40.
Mabgengï (M. de), Régisseur-général, rue Verdelet, 21.
Martin (M.), maison de mademoiseOe Michelon, rue de Miromesnil,
près la rue Verte.
Maubec (M. le marquis de), rue des Francs -Bourgeois, 7. Membre de
l'Assemblée des trois ordres, à Paris.
Médavy (M. le comte de), rue de Bourbon, faubourg Saint-Gei-niain, 77.
Meilhan (M. de), rue des Fossoyeurs, 26.
Meilhan (M. de), fils aîné. Idem.
Meilhan (M. Gabriel de), fils. Idem. Émigré.
Melfort (M. le comte de), rue de l'Université, 81.
Menou (M. le baron de), rue des Filles Saint-Thomas (2). Député de
la noblesse de Touraine aux États généraux de 1789. Concourut à
la fondation du Club des Feuillants.
Men'ou (M. le comte de), rue de Louis XV.
Menod (M. le chevalier de). Hôtel des Asturies, rue du Sépulcre.
Menou (M. le comte Victoire de). Hôtel de la Première Présidence, au
Palais.
Merkou (M. de), rue de Marivaux.
Mestre (M. le baron de), rue Saint-Louis, au Marais.
MiERRE (M. le comte de), maison de M. Tissot, arcades du Palais-
Royal.
(l'i A fait partie de la Sorirtr d*'s Amis des Noirs. A rh'- maître dos refiuôlcs
•Il n89.
(2) A lait partie du rliib dos Atnis de lu Cunstilidion.
56 LES CLUBS GONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
MoGKS (M. le comte de), rue et faubourg Saint-Honoré.
Monaco (M. le prince Joseph de), Hôtel de Monaco, rue deVarenne, 75.
MoNNOT (M ), rue des Bons Enfans, 36. Intendant des finances du duc
d'Orléans.
Montal(M. l'abbé), chanoine de la Sainte-Chapelle, cour du Palais.
MoNTBAZON (M. le duc de), rue Saint-Augustin, 21.
MoNTBorssiEK (M. le baron de), rue de Richelieu. Député de Clermont-
Ferrand. A fait partie du Club monarchique. 11 émigra.
MoNTBRETOiN (M. de), Receveur-général des finances, place Vendôme.
A fait partie An Club monarchique.
MoNTCiEL (M. le marquis de), rue du Bac, 231.
MoMCLARE (M. le marquis de), rue d'Artois, Chaussée dAntin.
MoNTESQUioo (M. le marquis de), aux Écuries de Monsieur, rue de
l'Université. Député de la noblesse de Paris aux États généraux.
De l'Académie française. Premier écuyer de Monsieur.
MoNTESQUiou (M. le baron de). Idem. Premier écuyer de Monsieur, en
survivance.
MoNTiGNY DU ÏIAIEUR (M.), boulévard Saint-Martin, près l'Opéra.
Montmorency (M. le comte de', rue du Bac. Capitaine des gardes du
comte d'Artois, en. survivance.
MoNTPENSiER (S. A. S. M. le duc de), au Palais-Royal.
Montz (M. de), banquier, rue Bergère, l(i.
MoNViLLE (M. de), rue d'Anjou Saint-Honoré, 22.
MoQDET (M. le chevalier de).
MoRAiNViLLE (M. le comtc de), rue de la Ferme des Mathuriiis.
MoRETON-Chabrillan (M. le comte de), rue du Cherche-Midi, 58 (1),
Ex-colonel du régiment de La Fère. Membre de la Commune de
Paris, en 1789.
MoRKis (M.), Gouverneur, IbHel et rue de Richelieu.
Moi'STiER (M. le comte de), rue du Rochechouart. Garde du corps.
F" ut chargé d'accompagner Louis XVI dans sa fuite. Il devint colo-
nel de l'empereur de Russie en 1815. Il a publié une relation du
voyage royal.
MULLtR (M.).
N
Narbonne (M. le comte Louis de), au Luxembourg. Chevalier d'hon-
neur de madame Adélaïde de France, et colonel d'un régiment (2).
(1) A fait partie du rlub des Amis de lu Constilutkm.
(2) Il fut déprché k Paris par Mesdames, après leur arrestation eu 179t. Après
le 10 août 1792. il fut décrété d'accusation, mis hors la loi. et il se réfugia en
I
CLUB DE VALOIS hl
NASSAU-SiÉpuEN (M. le prince de).
Nény (M. de), au Palais-Royal, 100.
NoAiLLES (M. le vicomte de)j Hôtel de Mouchy, rue de TCniver-
sité, 106 (1). Grand bailli d'épée et colonel des chasseurs d'Alsace.
NoGENT (M. le comte de), rue Saint-Honoré, vis-à-vis celle de la Sour-
dière.
O
Oppède (M. le marquis d"), rue Rousselet.
Oraison (M. le chevalier d'), rue de Grenelle, faubourg Saint-Ger-
maiq, oo. Bienvenu dans la maison d'Orléans, disent les Crimt's
de Paris.
Orléans (S. A. S. M. le duc d"), en son Palais-Royal. Guillotiné le
6 novembre 1793.
OssuN (M; le comte d'), rue des Saints-Pères, 4-5. Madame d'Ossun
était dame d'atours de Marie-Antoinette.
0 Tool (M. le comte). Hôtel du Parlement d'Irlande, rue de Beaune.
XI
P
Parabère (M. le comte Alexandre de), quai Malatiuais, 3. A fait paitie
du Club monarchique.
Paris-Dilens (M.), rue de Vieilles Audriettes, 10.
Paris de Treffo.m (M.), Conseiller au Parlement, rue de la Ceri-
saie, 30.
PARSEVAL-DESGHiiSNES (M. de), quai des Tournelles, 8.
PASQUiERlils(M.)," Conseiller au Parlement, rue Bourg-l'Abbé. 56 (:2).
Payln (M.), Commissaire des guerres de S. M. Catholique, Hôtel d('
Marbeuf, rue du faubourg Saint-Honoré, 110.
Péreau (M.). Absent.
Pérignon(M.), Avocat au conseil, rue Plâtrière,24. Membre du Comité
permanent de l'Hôtel de Ville.
Perregaux (M.), banquier, rue du Sentier, 19 (3).
PEnaiÉ (M.), Hôtel des Trois Évèchés, rue" des Filles Saint-Tliomas.
Aiigleterie, d'où il envoya plus tard, lors du procès du roi, une Déclaration en
faveur de Louis XVL (Bib. Nat.," Lb 41/32L) '
(1) Député de la nolslessc de Nemours aux Etats-Généraux de 1789. A fait partie
du club des Amis de la Constitution.
(2) Etienne-Denis Pasquicr, emprisonné sous la Terreur, libéré au l» thertnidor.
ministre sous la Restauration, président de la Chambre des Pairs sous F.ouls-
Philippe l", puis chancelier et membre rie rAcadémie fran(;aisc.
(3) -Electeur opposé à la réunion des trois ordres.
58 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Périer (M.), ancien notaire, rue Boucherai, 13.
Perhier (M.), de rAcadémie des sciences. Chaussée d'Antin, 72 (1).
Pestalozzy (M. le comte de), rue Paradis, 4. Colonel du 6" régiment
de hussards.
Pëtitval (M. le Roi de), Régisseur-général, passage des Petits
Pères, 7.
Pétrie (M.), banquier, Hôtel Royal, rue Neuve Saint-Marc.
PeyssoiNNel (M. de), Hôtel des Victoires^ rue des Fossés-Moiilmartre.
PiENNES (M. le duc de), rue Neuve des Capucines, 18. Premier gentil-
homme de la Chambre.
Pio (M. le chevalier), Secrétaire d'ambassade de Naples, rue et fau-
bourg Saint-Honoré, 106 (2).
Poix (M. le prince de), Hôtel de Mouchy, rue do TUniversité, HU». Ca-
pitaine des gardes du corps. Député de la noblesse d'Amiens aux
États généraux de 1789 (3).
POLLARD (M.).
Pons (M. le vicomte de), rue Notre-Dame des Champs.
Pont (M. de). Conseiller au Parlement, rue des Filles Saint -Tho-
mas, 11.
PoNTÉGOULANT (M. le comtc de), rue d'Anjou Saint-Honoré, 123. Sous-
lieutenant aux gardes du corps (4).
PoTERAT (lM. le marquis de). Hôtel de Valois, rue de Richelieu.
Praslin (lM. le duc de), rue de Bourbon, faubourg Saiiit-Cerniain. Dé-
puté aux États généraux de 1789 (5),
Praslin (M. le comte de), rue du Bac, 97. Député du Maine aux Étals
généraux de 1789.
PiiÉDiGANT (M.), rue du Petit Lion Saint-Sauveur.
Presle (M. de), i*ue du Sentier, 24.
Provost (M.), rue Baillif, 8.
PuisiGNEUX (M. le chevalier de), quai d'Orset [sic).
PuYsÉGUR (M. le chevalier de), rue de Bourbon, 103. Gentilhomme
d'honneur du comte d'Artois.
PuYSÉGUR (M. le marquis de), rue de Bourbon, 84 ((>).
(1) A l'ait partie du club des Aniid de la Cunstitutiun.
(2) A fait partie du club des Amis de la Constitution.
(3) Pensionné. Arrêté après le 10 août 1789.
(4) Membre de la Société des Amis des Noirs en 1789, ot, en 1790, de la Soriélé
de 1789.
(îj) Emprisonné comme suspect en 1793. Mort en 1808.
(6) Un Puységur a été considéré comme conspirateur, avec le maréchal de
Broglie. Il tenait des propos incendiaires au Palais-lloyal.
CLUB DE VALOIS 59
Q
QuERRiEU (M. le marquis de), rue Jacob, 38.
XII
R
Uebourguil (M, de), rue de Richelieu, 4(i.
RiiGNiEft (M.), rue du Doyenné. Écrivain royaliste. Rédacteur aux
Actes des Apôtres?
Rezy (M. le chevalier de), rue Sainte-Croix de la Bretonnerie.
Reul (M. le chevalier de), chez le prince d'Aremberg, rue et faubourg
Saint-Honoré, 61.
Revel (M. le prince de), rue de Bourbon, faubourg Saint-Germain.
Riauderie (M le marquis de), rue et faubourg Montmartre,
RiccÉ (M. le comte de), rue d'Aguésseau, 21 (J). Envoyé en Prusse, en
1791; il refusa,
RiCHEBOURG (M. de), rue Neuve du Luxembourg. Secrétaire du caidnet
du Roi.
RocHAMBBAu (M. le vicomtc de), rue des Vieilles Tuileries, GO. Célèl)re
par ses cruautés envers toutes les classes d'indigènes à Saint-Do-
mingue, après la mort du général Leclère (2)i.
RoLL (M. le chevalier de), rue Basse du Rempart,
RosLiN (M,), Fermier-général, rue Basse du Rempart, 10.
RoMANET (M. le vicomte de).
RoNCHEROLLES (M. le vicomtc de), rue Saint-Dominique, 161.
RouFFiÈBES (M. de). Hôtel de Marigny, place du Louvre.
RouvRAY (M. le marquis de), maréchal de camp, rue de Bellechasse.
Député de Saint Domingue.
RouvRAY (M. le comte de). Idem.
RuLHiÈRE (M. le chevalier de), rue du Dauphin, 21, Rédacteur aux
Actes des Apôti^es?
RzEWUSKY (M. le comte de), arcades du Palais-Royal, 154.
S
Sabattier DE Cabre (M, de), rue de l'Université, Conseiller au Parle-
ment, Dévoué au duc d'Orléans, Emprisonné sous la Terreur.
Sabattier (M. l'abbé), rue de la Michodière, 8. « Bas-valet de tous
les grands », selon Fréron.
(1) A fait partie du club des Amis de la Constitution.
(2) Successivement capitaine au régiment dWuvorgne, colonel au réj^Muicnt dt
Bourbonnais, maréchal de camp.
60 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Saiffert (M.), premier médecin de S. A. S. Mgr le duc d"Orléans, ar-
cades du Palais-Royal, 156.
Saint-Blancard (M. le marquis de), rue Louis-le-Grand, 15. Ëmigré
en 1792. A fait partie du Club monarchique.
Sainte-Croix (M, le chevalier de), rue du faubourg Poissonnière, \.
A fait partie du Club monarchique? Parent de Sémonville.
Saint-Farre (M. l'abbé de), rue et faubourg Montmartre, 1. Commis-
saire-rédacteur du cahier da clergé, à Paris.
Salnte-Foy (M. de), rue Basse-du-Rempart.
Saint-Firmin (M. de), capitaine de chasseurs, rue Sainte-Anne, 79.
Saint-Hylaire (M. de), rue de Gléry.
Saint-Légeii (M. de), colonel.
Saint-Martin (M. le chevalier de), rue Croix des Petits-Champs, f»-2.
Lieutenant de maire au département de la Garde nationale.
Saint-Maurice (M. le prince de), rue et faubourg Saint-Honoré. A fait
partie du Club monarchique ?
Saint-Prest (M. de), Maître des requêtes, rue de l'Écharpe, place
Royale.
Saint-Prifst (M. le vicomte de), rue et faubourg Saint-Honoré. A fait
partie du Club monarchique?
Saint-Sornin (M. de), rue Croix des Petits-Champs, tlùtel de la Ma-
rine.
Saint-Vingent (M. de), rue des Mathurins, 8. Conseiller au Parlement.
Émigré. A fait partie du Club monarchique?
Saisseval (M, le marquis de), rue de Bourbon, 68.
Saisseval (M. le comte de), rue Rousselet, barrière de Sève [ùc).
Salm-Salm (M. le prince Emmanuel de), rue de Bourbon, faubourg
Saint-Germain. A fait partie de la Société des Amis des Noirs.
Salmour (M. le comte de), envoyé de Saxe, rue Mallet.
Sartine (M. de), rue Caumartin, 17. A fait partie du Club monarchi-
que. Émigra.
Savallette de Lange (M. dç), rue Sainl-Honoré, li'29. Garde du Trésor
royal. Membre de l'Assemblée des trois ordres, à Paris. Capitaine
au bataillon de Saint-Roch.
Savigny (M. de), rue Royale, butte Sainl-Roch, 11.
Scheldon (lord). Hôtel de Dillon, rue Saint-Dominique.
Sciieldon (M.).
Sfgcr (M. le vicomte de), rue Bcautreillis, 8. Membre (h- l'AssenVbléç
des trois ordres, à Paris.
StMONViLLE (M. de), CiOiisciller au Parlerneiil. rue Viviriiiie. Député
suppléant du comté de Heauharnais aux Etats géiu'raux de 1789.
GLUn DE VALOIS 01
Il ne siégea pas. Fils de Huguet de Santaran, secrétaire du Roi et
du Conseil (1).
Sengensse (M. de), chirurgien de madame la princesse de Lamballe,
aux écuries de S. A. S , rue de Richelieu.
Sérent(M. le vicomte de), rue de Bourbon, faubourg Saint-Germain,
107.
Sérent (M. le comte de). Idem. Député royaliste aux États généraux
de 1789. Émigré.
Sérent (M. Jules de), Chaussée d'Antin, 70. Le marquis, puis duc de
Sérent, a été gouverneur des enfants du comte d'Artois, du duc
d'Angoulême et du duc de Berry. Sa femme était dame d'honneur
de madame Elisabeth.
Servat (M. de), l)oulevard Montmartre.
Short (M.), chez M. de JafTerson, rue Neuve de Berry.
SiAU (M.), rue des Capucines, 74.
Sieyes (M. l'abbé), rue Saint-Honoré, 273. Membre de la Société des
Amis des Noirs, en 1789. Membre du club des Jacobins, puis de la
Société de 17S9. Plus tard, sénateur, puis pair de France. Mort
en 18:îC.
SiLLERY (M. le marquis de), à la Pologne (2). Intime confident du duc
d'Orléans et capitaine de ses gardes.
SOUFLOT (M.).
SouzA fM. le comte de), rue de Caumartin, 2.
Spinola (M. de), rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain.
Staël (M. le baron de], Ambassadeur de Suède, l'ue du Bac, 90. Ti'ès
protégé par Marie-Antoinette.
Stuard (milord), arcades du Palais Royal, du côté de la rue Vivieinie.
SiUART (M.), Hôtel de Luxembourg, rue des Petits Augustins.
Syaiolin (M. de), rue Basse-du-Rempart.
XIIl
T
Talon (M.), Conseiller au Parlement, rue de Thorigny, 5. Lieutenant
civil auChâtelet en 1789. Député suppléant à l'Assemblée natio-
nale. Royaliste ardent.
Tarente (M. le prince de), rue Saint-Dominique, 131.
Target (M.), avocat au Parlement, rue Sainte-Croix de la Breton-
(i) Pair de France sous la Restauration. Mort en 18.3'.).
(2) A fait partie du club des Amis de la ConslHution. Député du bailliage de
Reims. Guillotiné le 31 octobre 179.3.
02 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRKS
nerie. Avocat consultant de Monsieur, Conseiller du comte d'Ar-
tois (1).
Thiard (M. le comte de), au Palais-Royal. Premier écuyer du duc d'Or-
léans. Condamné à mort. Il avait été blessé en défendant les Tui-
leries, dans la journée du 10 août 1792.
TiNSEAU (M. l'abbé), Hôtel et rue de Ventadour.
TiTON fils (M.), Conseiller au Parlement, rue Poissonnière, 60. A fait
partie du Club monarchique (2).
TouLONGEON (M. le vicomte de), député à l'Assemblée nationale, rue du
Luxembourg, 3(>. Se défendit d'avoir fait partie du Club monar-'
chique,
TouRNEHEiM (M. le barou de), rue du Sentier, 3i.
TouvENET (M. de), rue de Beaune.
Trémoille (M. l'abbé de la), rue Saint-Dominique.
TaÉMOiLLE (M. le duc de la), Idem. Émigré.
Tronchin (M.), Envoyé de Genève, rue d'Antin, 9.
Trudaine (M.), rue des Francs-Bourgeois. A fait partie du Club mo-
narchique.
Trudaine de la Sablière (M.). Idem. Les frères Trudaine étaient amis
d'André dé Cbénier.
Truguet(M. le cbevalier de), Major de vaisseaux, Hôtel de Brogiie,
rue de Varenne, 64. Incarcéré comme suspect sous la Terreur.
Mort en 1839.
TuRTOT (M. le comte de), place Vendôme, Kl.
V
Vaines (M. de). Receveur général des finances, rue Louis XV, 2o.
Membre de la Société des Amis des Noirs, en 1789. Emprisonm''
pendant la Terreur. Mort en 1803.
Valence (M. Je marquis de).
Valence (M. le vicomte de), rue et Chaussée d'Antin, 70. Gendre de
madame de Genlis. A fait partie du Club monarchique?
Vauban (M. le comte de), aux écuries de Mgr le duc d'Orléans, rue
Saint-Thomas du Louvre. Colonel du régiment Orléans-infanterie.
Émigré.
Vaudreuil (M. le vicomte de), rue de Varenne. Ami de Chamfort.
Emigré. A été considéré comme conspirateur, avec le maréchal de
Brogiie, en 1789.
(i) Nommé juge du département de Paris; en 1790.
(2) Guillotiné on l'an III.
CLUB DE VALOIS G3
Vérag (M. le vicomte de), rue du Sépulcre, 0.
Verdîère (M. le marquis de), Maréchal de camp, rue du Clos-Geor-
geot, 7.
Vkrgennes (M.), Maître des requêtes, rue Neuve Saint-Eustache, 4 (1).
Verneuil (M. le marquis de), rue des Filles Saint-Thomas, 10. Pre-
mier échanson du Roi.
Vertîlhac (Verteilhac) (M. le marquis de), rue de Verneuil, il. A ap-
partenu à l'armée de Condé.
ViNTiMiLLES (M. le prince de), rue de Richelieu, Hôtel de Sicile.
VisMRs (M. de), rue de Clichy.
VouiGNY (lM. de), rue Saint-Dominique, 48.
■w
Wall (M. le comte de), à Saint-Joseph, rue Saint-Dominique.
Wall (M. de). Colonel, cul-de-sac de la Corderie.
Wambaerl (M. le haron de), rue Louis-le-Grand, 5.
WûESTiNE (M. le marquis de la), rue de Provence.
XIV
SUPPLÉMENT
Election du 13 décembre 1789 :
CossiGNY (M. de), Hôtel de Strasbourg, rue Neuve Saint-Eustache.
EsGiiERNY (M. le comte d'), Chambellan de S. M. Prussienne, rue de
Clichy.
La TouR-MAUBoaRG (M. le chevaher de), rue Saint-Dominique, 'l'}.
Député du Puy-en-Velay (2).
PoMMERY, l'ainé (M. de), rue Basse-du-Rempart.
PoMMERY, le jeune (M. de). Idem.
Saint-Remy (M. le chevalier de), Capitaine d'artillerie, Hùtel Noire-
Dame, rue de Grenelle Saint-Honoré [S),
Sëgur (M. le comte de), rue Saint-Florentin, .'i.
Touz\RD d'Olbec (M. de), rue du Sentier, 20.
Le 20 décembre :
BREREroN (M.), rue de Caumartin, 3.').
Desportes (M.), rue de la Perle, 4.
(1) Nommé délégué par le district de Saint-^lagioire pour faire partie de In
députation envoyée au roi par l'Assemblée des Electeurs (lG-18 juillet 1789).
(Arch. Nat., pièces manuscrites.)
(2) Latour-.Maubourg fut envoyé par l'Assemblée constituante à Varennes, avec
Pétion et Barnave, le 22 juin IT.M.
(li) A fait partie du club des Ain'n de la C iiiMlIliitlon'.'
(ii LES CLUBS CONTRE RÉVOLUTIONNAIRES
Fontaine (M. de), Conseiller au Parlement de Rouen
Lamoignon (M. le marquis de), rue de Grenelle, faubourg Saint-Ger-
main, 22G.
Peyrat fils (M.), rue Poissonnière, près le boulevard.
OaiNSON (M. de), rue d'Artois, près le boulevard.
XV
papiers publics qui sk trouvent au club tous les jours
Journal de Paris (ne parlant guère que de littérature, de nouvelles,
de spectacles et d'anecdotes).
Cbronique de Paris (qui parut du 24 août 1789 au Sri août nO.'{ .
Le Modérateur (1).
Le Moniteui- universel (encore non ofliciel).
Gazette universelle (2).
Affiches et Avis divers.
Le Point du Jour (par Barèro, paru du 10 juin 1789 au 21 octobre
1791).
Le Procès-Verbal de l'Assemblée nationale.
Le Cours des Effets et du Cbange.
Lundi,
Le Courrier du Bas-Rhin (qui parut de 1778 à 1792).
L'Union, ou le Journal de la Liberté.
Mardi.
La Gazette de France (organe de l'ancien régime jusqu'en 1791).
La Gazette de Leyde (3).
Le Courrier de Provence. (Principaux rédacteurs : Chamfort, Lamou-
relte, Clavière, Méjean et Dumont.)
Mi'rcri'di.
L'Union, ou le Journal de la Libei'té.
Ji'iidi.
La Gazette de Bruxelles.
Le Courrier de Provence.
Le Courrier du Bas-Rhin.
Vendredi.
La Gazette de France.
(i) Dont Fontanes était rôdactt'ur; qui nîprésentail l'opinian des .Mounierot ilos
Lally-Tolendal.
(2) Ou Papier nouvelles de tous les pays el de tous les Jours. Cerisier, principal
rédacteur.
(3) Qui parut en 1762, et fut très en vogue après la guerre d'Amérique.
CLUB DE VALOIS 65
LUnioii, ou le Journal de la Libeiié.
Samedi.
La Gazette de Leyde.
Le Journal de la Librairie.
Le Mercure de France (rempli de poésies, d'historiettes et de récits^
Dimanche.
La Gazette de Bruxelles.
Le Courrier de Provence.
Jours indélermini's, deu-c fois la semaine.
Le Joui-nal Politique-National.
Le Courrier de l'Europe .
La Gazette de Francfort.
La Gazette Espagnole.
Papiers anglais.
The London's Magazine.
The Morning Post and Daily Advertiser.
The London Chronicle.
The Morning Herald.
Tous les mois.
L'Esprit des Journaux (1 .
Journal de Physique.
Journal des Savans.
iV. /y. — Un Libraire est chargé de donner en lecture, au club, les
livres nouveaux.
Une grande partie des membres du Cluf/ de Valois a été mêlée aux
événements politiques sous les gouvernements qui se sont succédé
depuis 1789.
Dans une Liste des aristocrates conjurés, désarmas chez le roi, par la
garde nationale y parue en 1791, on trouve beaucoup de membres du
Clud de Valois (2). Nous citerons :
De Bar, Cormeré, Sabaltier de Cabre, Trudaine, Boula, Champla-
treux, Sainte Foix, Champcenetz, de Comeyras, de La Vallctte, Ma-
lartie, de Poix, Sartine, de "Vaudreuil, de Piennes, de Melfort, de
Lambertye, de Boisgelin, de Maubec, d'Ayen,de LaVieuville, de Puy-
ségur, de Guimps, d'Ars, de Saint-Vincent, de Caraman.
(1) Publié à Paris, dès 1782, par le libraire Vaiailo. Uucuoil liistori(|iie et litl/-
raire.
(2) Liste (tes aristocrates conjurés, désarmés, chez le roi, par ta garde nationale,
— et suite. ln-8«, Paris, l'an second de la liberté. Bib. Nat., Lb 39, 4,637 et 9,756.
5
66 LES CLUBS ÇpNTHJi-HÉVQLyTlONNAlRES
Parmi ceux-ci, plusieurs, ainsi qu'on Ta vu pliis haut, ont fait
partie du Club monarchique.
Le chancelier Pasquier, dans ^^a^ Mémoires, indique comme memhre
du Club de Valoir le sieur La Briffe, officier dans le régiment du Hoi,
g\ qui étajt éiîijgré.
Au surplus, la liste que nous avons reproduite a dû subir (}uel(|ues
modifications par suite de l'émigration et des démissionnaires^ ceux-
ci voulant entrer dans d'autres clubs.
I
CLUB DE L'HOTEL DE MASSIAC
Fondé tli Par-is, le 20 Août 1789.
Dès 1787, il se rornui à Paris une association, ililc SocuUé des .[mis
des nairs, pour s'occuper du sort des nègres, et aussi des moyens
d'abolir la traite qu'on faisait d'eux dans les colonies.
A rencontre des efforts tentés par les Amis des noeV.v, un cluh des
Colons blancs s'installa à l'Hôtel de Massiac, à Paris, le 20 aoiU 17HU.
L'Hôtel de Massiac (ancien Hôtel de Pomponne) était situé sur la
Place Louis XIV (Place des Victoires), G, au bout de la rue du
Petit-Reposoirjà l'angle de celle des Fossés-Montmartre (aujourd'hui,
rue d'Aboukir). Cet hôtel devint plus tard, provisoirement, laBancjue
de France (en 1806), et ensuite l'habitation du célèbre industriel
Ternaux. Il était remarquable par le vaste plain-pied des apparte-
ments construits entre cour et jardin, et avait vue sur la place (1). \\
a disparu avec la rue Pagevin, sur laquelle il donnait, lorsque, dans
ces dernières années, on a percé la rue Etienne-Marcel.
Le Club de Massiac se proposa pour but de combattre la Société
des Amis des noirs, fondée par Brissot, et dont faisaient partie des
philanthropes, notamment l'abbé Grégoire, Condorcet, Mirabeau, de
Pontécoulant, de Vaines, Sieyès, La Fayette, Barnave, etc. Les mem-
bres du Club de Massiac, riches colons de Saint-Domingue, attaquè-
rent, en écrits et en paroles, Brissot et l'abbé Grégoire. Ils dénon-
cèrent « la perfidie des intentions de Barnave », ils maudirent « la
secte des Amis des Noirs », ils qualilièrent Brissot, CiOndorcet vi
l'abbé Grégoire de « Donquichottes (sic) des hommes de couleur ».
L'ahb« Grégoire, selon eux, « perdant de vue ^ inodpfation «pii
(1) Il l'ut .1 vudrc 2(M)j)00 livcf's .ui Tiin V {l'etitei-Af/lr/ies d.- fructidor an V).
G8 LES CLUBS CONTUE-RÉVOLUTIONN AIRES
(levait le caractériser, salit sa plume par des fureurs qui le déslioiio-
j-aient, comme législateur, comme ministre des autels, et éiilin
comme écrivain philosophe ». Ils signalèrent à lanimadversion des
colons blancs « Barnave, qu'on a presque déifié, poursuivant avec
un cruel acharnement le projet de bouleverser les Colonies... » Bar-
nave fut peint dans une caricature très ressemblante, dit Dufresne
en note, avec un double visage, « simbole (sic) de la duplicité de son
instruction, tendant par devant une main à un mulâtre et de l'autre
par derrière à l'Anglettère [sic] qui y versaient de l'or » (1).
Le Club de Massiac s'appliquait à entraver les bonnes dispositions
de l'Assemblée nationale à l'égard des noirs. Barbaroux, plus tard,
parla des « affreux systèmes » de cette société dans ses Mé-
moires.
De nombreux écrits, publiés par des hommes de liberté et d'huma-
nité, en France, en Angleterre, en Danemark et dans presque tous
les États de l'Europe, occupèrent alors l'opinion publique. L'ouvrage
de Frossard sur Vesclavage des nègres, sa lettre sur son voyage à
Wastrom, à la côte de Guinée, et le mémoire de l'abbé Grégoire en
faveur des hommes de couleur, étaient corroborés par les adresses
des sociétés de Londres, d'Amérique et d'Angers, réclamant leur
émancipation.
Les membres du Club de Massiac opposaient à tout cela leurs
droits de propriété, soutenus aux colonies par des assemblées qui
ressemblaient aux assemblées provinciales de France, et par des gou-
verneurs qui représentaient le pouvoir royal. Ils ne voulaient pas
plus admettre les prétentions des mulâtres que celles des noirs à
l'égalité. Par conséquent, leur réunion avait des côtés politiques très
sérieux, des côtés sociaux et internationaux.
Ils étaient colons de Saint-Domingue, une des plus importantes
colonies de la France, contenant 32,050 blancs, 7,055 mulâtres et
249,098 esclaves nègres (2), et payant 3 millions de livres environ de
contribution en 1784.
Plusieurs propriétaires de biens aux colonies approuvaient de
toutes leurs forces le but du Club de Massiac (3). Bien qu'ils ne s'y
(1) Considérations politiques sur la révolution des colonies frannaisrs, mais par-
ticulièrement sur celle de Saint-Dominyue, par G. Th. Dufresne, colou de cette
Isle. (Bib. Nat., manusc. 1805, fraïu-ais, nouvelles acquisitions, n» 3,472.)
(2) D'après le rceenseuient de 1779.
(3) Le comte de Vaudrcuil, par exemple, dont toute la fortune consistait en
propriétés situées à Saint-Domingue. 1! était grand fauconnier de France, et il
émigra avec le comte d'Artois. Citons aussi Jacques-François Bégouon, né h
Saint-Domingue, et manufacturier au Havre, député du bailliage de ('.aux aux
CLUB DE L HOTEL DE MASSIAC 69
fussent pas aftiliés, soit à cause de leur éloignement, soit parce que
leurs fonctions ou leurs affaires les en empêchaient, ils étaient dt»
cœur et d'àme avec ses membres, et, pour la plupart, ils apparli*-
naient au parti monarchique, de nuance absolutiste.
Nul doute que le Club de Massiac fût en relations avec VAsaembléfi
coloniale de Sainl-Marc, émanation de celle qui avait été fondée ;i
Saint-Domingue en février 1790. lu Assemblée coloniale de Saint-Marc
se tenait place Louis XIV. En décembre 1790, la section invita ses
membres à se retirer; ce qu'ils firent. Les Amis des noirs gagnaient
du terrain.
Une Société on Club des Colons, organisée par des Américains, se
rassemblait au premier étage des bâtiments neufs du Palais-Royal,
au-dessus du Café de Valois (1). Elle avait ses statuts et des commis-
saires pour les faire observer... Pour y être admis, il fallait prouver
que l'on était possesseur d'une habitation aux Iles.
Là encore, la question de propriété l'emportait sur toute autre
considération. Les hommes de couleur étaient des choses, des pièces,
en langage de commerce, dont les blancs devaient pouvoir se servir
à leur gré, dont ils avaient même le droit d"abuser, malgré les règle-
ments administratifs, que l'on violait souvent dans les colonies.
Les propriétaires avaient des intérêts positifs, qu'ils ne voulaient
pas immoler à ce qu'ils appelaient l'utopie des philanthropes.
Tout ce qui se rapporta à la position des nègres prit de grandes
proportions en France et en Europe. Le 13 mai 1791, l'Assemblée
constituante ayant ordonné « que l'homme, quelle que fiU sa couleur,
serait libre et jouirait des droits de citoyen actif », la lutte s'envenima
entre les Amis des noirs et les propriétaires d'esclaves.
Le Club de VHôtcl de Massiac entretint correspondance avec les
commerçants et fabricants d'Amiens, de Bordeaux, de Calais, de
Dunkerque, du Havre, de La Rochelle, de Marseille, de Nantes, de
Rochefort, de Rouen, de Sens, de Saint-Malo(2). Il reçut fréquem-
ment des communications, des caisses, des lettres, des adresses de
Saint-Domingue et des gens qui défendaient les colons blancs contre
les colons noirs. Il fut en relation suivie avec la Société correspon-
dante des colons français à Bordeaux.
Néanmoins, il ne prospéra pas; le nerf de la guerre lui manqua,
ce qui étonne, quand on songe à la richesse des propriétaires (|ui le
Kl.its généraux <le 1789. Bégouen a fait des publications Jéfcndaiit l<'.- intéivis
(Je sa cause.
(1) Voir plus bas, Cafés.
(2) Arcli. Nat... pasftini.
70 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIHES
fréquentaient ou en profitaient. En novembre 1789, il avait un délieil;
il faisait appel à ses membres pour qu'ils payassent leur contribu-
tion. Aussi fut- il question alors de bâtir la salle du théâtre de Mon-
sieur à FHùtel de Massiac (l). En juin 1791, il arrêta de réduire
ses dépbrises, considérant « qu'il ne pourrait plus soutenir son exis-
teiicé ». Le zèle de ses associés ne se manifestait pas par de grandes
ottrarides. P. Pr. î)idot le jëutie, imprimeur de Moi}f<ioiu\ faisait pour
le club nombre d'impressions.
Ce n'était pas par faute d'activitî qu'il périclitait. Les membres
qui, par intérêt ou conviction, s'opposaient à toute motion de l'As-
semblée nationale eii faveur des Noirs, gravitaient incessamment
autour du Club de VHûtel de Mnssiac, et lui envoyaient des ouvrages
coiiçus selon ses ddctriiiës, ses « affreux systèmes ».
bu 20 août 1780 âtl 29 septembre de là riiême année, il tint vingt-
six séances. Cette société, correspondante dé colons français, ne négli-
gea cluciin moyen de propagande. Elle envoya deux députés, M. le
comte Dùquëstié et M. biival, «pbur aller à l'assemblée des Colons de
la Martinique qui se tietit chez M. Dubuc du Ferret, rue du Sentiei',
pour leur témoigner la satisfactioti qUe l'assemblée a dé les voir se
réunir à eux, et le désir qu'elle a de profiter de leurs lumières » (21.
II
Nous n'avons pu retrouver une liste complète des membres du
Club de VHôtel de Massiac; mais les Archives nationales nous ont
fourni assez de documents pour que nous citions les noms des mem-
bres principaux, signataires de procès-verbaux, qui représentent
beaucoup de familles nobles françaises :
Billard, président.
Belin-Vilieneuve, kôssignol de Grandmoiit, Vicè-Présidehis.
Comte d'Agotilt. À fait paiHie du Club de Valois. Membre actif du
Club de Massiac.
Thenel.
De Maissemy.
ïtoherjot, LartigUes (membres très actifs).
De Chabautl.
Le marquis de La Roche jaquelin.
(1) Arch. Nat., ()' 500, folio 626, Lo projet fut abandoiihé.
(2) Narré tle la séance du 20 août 1789. (Arch. Nat.)
CLUB DE J.'HOTEL DE MASSIAG 71
Duval Sanadon (Auteur d'un Précis sur rEsclavàtjo des hi'firos^
in-8», 1789).
Fleuriot de Touchelonge.
Bérard.
Contaut de Castelin.
L'abbé de Paroy.
Lucas de Blaire.
De Saint-Julien.
Gourraud de Belleviie.
Bigot de Bellemarre.
Decourt de La Tonnelle (Lieutenant du roi, à Salins) (1).
Deslandes (membre très actif).
Simonnette de Maisonneuve (Par une lettré en date dii le ttiài 17^2,
il n'accepta pas d'être commissaire dans la société (^).
De Grandmaison.
Vicomte de Léaumont.
Comte de Guiton.
Gaschet de Saint-Léon.
Duplessis Mauduit.
Delattre.
Marquis de Massiac.
Dutbugerais.
Lohier.
L'héritier de Brutelles.
Thevenin de Melizey.
Cormier (Avait une grande intluenee dans la Société).
Marquis Dupuy Montbrun.
De Soubira.
De La Garde.
Libot de la Barossière.
L'abbé Leclerc de Saint-Etrain.
Limoges.
Marrier de Chanteloup.
Marquis de Gallifet. (En 171)1, le camp le plus sérieux des révoltés
se tenait sur son habitation au Cap.)
De La Rochette.
*
Marcou Latour.
Mortot.
(1) Voir plus bas, p. 74, 13 et 1C.
<%) Ai'ch. Nat , Club de Massiac.
72 LES CLUBS CONTRE -RÉVOLUTIONNA 1RES
De Ghalandray.
Penin de L'Épine.
Paschere de L'Estrade.
De Montarcher.
De Perigny fds.
Le Sénéchal de Kercado.
Charles d'Agoult. A fait partie du Club de Valois ?
Comte d'Orfeuil.
Lafosse .
(iabriel Berard.
Vinches.
Vicomte de Butter.
Barré de Saint-Vennnt.
L'abbé D'Osmond.
Dacosta.
Fournier de Belleviie, laine [i).
Fourni er de Belleviie, le jeune.
(Ihancerel.
Durfort de Duras.
De Maigrel.
De Bourbon-Bussel .
De Paroy.
De la Prunarède.
Bacon de la Chevalerie.
Sejournet.
Roberjet Du De/.erl.
De Charmilly.
Abeille.
Billion.
111
(3n envoyait à la Société des brochures ou des livres pour qu'elle
les fit distribuer à ses membres. Nous avons trouvé, dans les Archives
nationales, plusieurs documents qui établissent le lait. Ils expliquent
la surveillance que la municipalité exerça sur le Club négrophobe et
sur les réunions diverses poursuivant le même but que lui, mais bien
moins ostensiblement. Voici ces documents :
(1) Le 13 juillet 1789, une olfre patriotique fut faite au district de Saint-Martin
I)ar deux gentilshommes de Saint-Domingue (le marquis de Fournier et le comte
de IJellevue), de leur personne et de leur fortune pour concourir à la tranquilIKr
de Paris cl au bien de la nation. fArcli. \at., minutes. 2 pir^ee;;. (". Kit. do;^?. (i )
CLUB DE L'HOTEL DE MA8S1AC 73
« Paris, Hôtel de Massiac, le 1" septembre 1789.
u M. BoissEL, avocat, rue BaiUif\ n" 12.
« L'assemblée Coloniale, à qui vous avez adressé, Monsieur, Votre
ouvrage intitulé Le Catéchisme du Genre humain et plusieurs Exem-
plaires de votre adresse aux États généraux, Vous prie d'En agréer
tous ses Remerciemens : Elle se propose De faire de vos Lumières
L'usage qui pourra Lui Être avantageux.
« Nous avons L'honneur d'Être bien Sincèrement,
« Monsieur,
<< Vos très humbles serviteurs.
<' J^es membres de la Société correspondante De Colons français.
" Par Mandement de la société (J \ »
La question de l'abolition de l'esclavage entrait dans le domaine
des faits. Des colons blancs publièrent : Réclamations et observations
dex Colons sur J' abolition de la traite di's \èf/res (2). C'était une ré-
ponse aux hommes qui avaient pris la défense des noirs, à Barnave,
à Condorcet, à Brissot, à Mirabeau, à l'abbé Grégoire et à d'autres
négrophiles; à l'abbé Grégoire parlant « de faire un grand abattis
dans la forêt des abus. »
Le Club de l'Hôtel de Massiar devenait suspect à ce point que, dans
la nuit du 6 au 7 novembre 1789, le baron de Mordant, commandant
t'ii second de la garde nationale <le Vernon, fut arrêté dans riiùlel, el
élargi sur sa parole.
Mais continuons la série des envois au club :
Un fi (lie t de M. Morean de Saint-Ménj, du 30 décembre 1789, porta :
« Moreau de Saint-Méry a l'honneur DEnvoier [sic] à Messieurs De
l'Hôtel de Massiac, Cent exemplaires de ses observations sur le mé-
moire de M. l'abbé Grégoire pour les Gens de Couleur. »
Moreau de Saint-Méry avait fait tout i-écemment un voyage à Saint-
Domingue. Il travaillait sur les lois et constitutions des colonies fran-
çaises de l'Amérique Sous-le-Venl.
Dans une lettre écrite de Bordeaux, le 5 janvier 1790, M. David
Gradis, président, annonça :
« Nous avons Reçu les Cent exemplaires de l'ouvrage Conire b's
(1) Arch. N.it., Club de Massiai-.
2) Hruchiiro in-8". septfnibre llSÎ).
74 LES CLUBS CONTRE RÉVOLUTIONNAIRES
amis des Noirs, et nolis allons lès distr'ibuer aux Colons françois Ré-
sidens à Bordeaux. »
De Bordeaux, le 16 janvier 1790. Lettre de M. Cradis, où l'on voit
cotte note en post-scriptum :
« Ayant appris, par les papiers publics, que les Comédiens de Mon-
sieur avoient loué l'Hôtel de Massiac, nous vous prions do nous don-
noi" votre nouvelle adresse. »
« Paris, le 20 fi^vrier 1790.
<i M. DE MiLLY, avocat au Parlement, rut> de la Michodière ^ n° 4,
à Paris.
« La Société Des Colons français, Monsieur, reçoit avec reconnais-
sance l'excellent discours dont vous lui avez envoyé grand nombre
d'exemplaires; la Cause des Colonies ne pouvait être en de meil-
leures mains; vous ne vous êtes pas contenté de la défendre par
votre éloquence, votre zèle a été plus loin, et vous avez voulu encore
aller vous-même la plaider auprès des autres districts: veuillez agréer
nos Sincères remerciements.
<( Le Succès a Couronné vos Soins comme défenseur des Colonies,
vous vous êtes acquis les plus grands droits à la reconnaissance do
tous les Colons, nous aimons à ajouter à ces Sentiments ceux d'es-
time et d'attachement dont nous Sommes particulièrement pénétrés
pour un compatriote dont le zèle et les lumières nous ont été si utiles.
« Nous avons l'honneur d'être, etc. »
" M. Deneux a l'honneur d'envoyer à Monsieur Cormier 30 Exehi-
plaires d'une Lettre (jue M. Payen Boisneuf a fait imprimer et qu'il
prie Monsieur Côi-miier d'avoir la bonté de faire distribuer ft MM. les
Membres de la Société de l'Hôtel Massiac.
« Ce 20 janvifr 1792 (1). »
IV
Cette correspondance, cette propagande achevait do discréditer le
club aux yeux des partisans de la Révolution, même les plus modérés.
Le 28 février 1791, quand des gentilshommes royalistes pénétrè-
rent dans le château des Tuileries, Court de la Tonnelle, lieutenant
du roi à Salins, voulait assassiner le roi, disaient-ils. Ils vonaionl,
(1) Arch. Nat., Club do Massiiac.
CLbB DE L'HOTEL DE MASSlAG 75
par suite, (léremlre Loitis XVI. Courl de la Tonnelle fui arrêté. Le
Club de Massiac s'assembla.
<i Elirait des registres des délibérations de la Société coii'espondant^
des colons français séante à Paris, Hôtel de Massiac.
« Séance extraordinaire du lundi 27 féviier 1791, cinq heures du soir.
« La Société correspondante des colons françois réunis , Paris,
Hôtel de Massiac, convoquée extraordinairement, délibérant en co-
mité, vu l'urgence du cas;
« Sur le bruit qui vient de se répandre de l'arrestation de M. de
Court de la Tonnelle (1), l'un de ses membres, au château des Tui-
leries ;
« Considérant que la cause de cette arrestation paroissant être de
ce qu'il avoit à sa ceinture un petit couteau-de-chasse à bayonnelte,
de la forme de ceux dont le roi se sert à la chasse, ou dans les petits
voyages;
« A arrêté unanimement qu'il serait sur-le-champ député l'un des
membres du comité, pour se rendre vei's MM. les députés municipaux,
;i l'effet :
« 1° De déclarer qu'il est à la connaissance de la société, qu'il y a
environ un an que M. de Court de la Tonnelle fut attaqué dans une
rue de Paris ; que, depuis cette époque, il a été dans l'usage journa-
lier de porter à sa ceinture le couteau-de-chasse dont il est question;
que, nombre de fois il a déclaré dans la conversation qu'il porloit
cette arme pour sa défense, en rentrant chez lui le soir;
« 2° Que la société, qui, depuis dix-huit mois, voit dans son sein
M. de Court de la Tonnelle, et qui a reconnu en lui toute la probité
et la sagesse d'un bon citoyen fidèle à la nation, à la loi et au roi, et
«l'un honnête père de famille, s'empresse d'offrir une caution jura-
toire, pour prévenir la détention de son membre, à la charge de le
représenter toutes et quantes fois il sera requis par la municipaliti'
ou autres juges.
« M. Cormier a été nommé comrtiissîiirè pour remplir, au nom de l<i
société, la mission ci-dessus, et à été ihvitë d'eii tendre cdmpte
demain matin : en conséquence le coiiiité à été cbhvciqùé pour demain
midi précis. »
La réunion eut lieu.
(1) Chevalier de Saint-Luuis. u Marquis de Court », écrit Marat.
7fi LES CLUBS CONTHE RÉVOLUTIONNAIRES
« Séance du mardi l" mars 1791, onze heures du matin.
« M. le Président a ouvert la séance. M. Cormier, ayant la parole, a
(lit (|ii'il s'étoit présenté hier soir devantMM. les officiers municipaux ;
(ju'il avoit rempli la mission dont il avoit été chargé, et en avoit
requis acte; mais que néanmoins il prévenoit le comité, que le bruit
public étoit que M. de Court de la Tonnelle avoit été conduit à
TAbbaye.
« Sur quoi délibérant,
« 11 a été arrêté à l'unanimité, que six commissaires seroient de
nouveau envoyés vers MM. les officiers municipaux, pour réitérer les
déclarations et faire les offres susdites; et, pour en assurer d'autant
yjlus les effets à la municipalité, les soussignés composant le comité
ont offert la caution juratoire, et se sont soumis à la représentation
«le M. de Court de la Tonnelle, lorsqu'ils en seront requis.
« Au moyen de tout ce que dessus, la municipalité est suppliée de
p! ononcer l'élargissement de M. <le Court de la Tonnelle.
« Les commissaires nommés sont MM. Billion, président, Annibal
d'Agoult, Deslandes, Thenet, Cormier, Robegot (Roberjot), Tartigue
(Lartigue) (1). »
Malgré les réclamations de Malouet et de Cormier, M. de Court de
la Tonnelle fut conduit à la Conciergerie. Néanmoins, l'affaire ne
paraît pas avoir eu de suites.
Ce n'est pas pour cet incident, d'ailleurs, que le Club de Massiai;
eût encouru l'impopularité. Évidemment, les royalistes avaient
cherché un faux prétexte à la « Journée des Poignards ».
Les réunions des colons blancs déplaisaient aux Parisiens, aux
Français qui réclamaient la liberté pour tous, blancs ou hommes de
couleur, aux colonies comme dans la métropole, sans se soucier des
intérêts matériels qui faisaient agir les opposants, dont la ténacil»'
était extrême.
Le Club de l'Hôtel de Massiac n'avait pas tardé à être attaqué pai-
les journaux patriotes, à cause de son influence dans les colonies.
Lorsque l'insurrection des nègres à Saint-Domingue éclata, le
2ÎJ août 1701, bien des gens sollicitèrent et obtinrent du club leur
passage pour aller dans cette île où leurs propriétés avaient été
(1) Journal des Amis de la Conslilaturi monarchique, t. IF, u' l.i, du samedi
12 mars 1791. p. 78. 79. 80.
I
r
CLUB DE LHOTICL DE MASSIAC 77
iiiceiidiëes au Cap. Par suite d'un décret de rAssemblée constituante,
déclarant que les gens de couleur libres seraient admis dans les
assemblées coloniales, mais que les non libres n'auraient aucun
changement d'état sans le vœu préalable des colonies, les nègres se
révoltèrent. Six cents sucreries et caféieries furent incendiées, les
maîtres et leurs familles massacrés; la ville de Port-au-Prince fut
brûlée et ruinée.
Lorsque l'expédition de Saint-Domingue fut décidée, le Club de
i tfùtel de Massiac eut une influence plus ou moins directe, mais assez
puissante, sur les mesures du gouvernement. Il se mit en règle avec
la municipalité de Paris, à laquelle il avait adressé cette lettre :
« Paris, le 9 août 1791.
« Messieurs,
" La Société Correspondante des Colons français séante à l'Hùlel
(le Massiac, place Louis Quatorze, au moment de sa formation, le
^0 août 1789, en informe M. le Maire et M. le Commandant Général
de la Garde nationale.
« Depuis cette Époque, Messieurs, la Société des Colons français a
tenu régulièrement ses séances, sous la protection de la loi, néan-
moins pour satisfaire au Décret, rendu à l'égard des assemblées par-
ticulières, elle a l'honneur de vous prévenir qu'elle continue à
s'occuper des intérêts de la Colonie, toujours sous la même dénomi-
nation.
(' Les Membres de la Société Correspondante des Colons fran-
çais (l).
« MM. les Officiers municipaux. »
Le marquis de Gouy d'Arcy, alors volant d'ordinaire avec les amis
de la liberté, se mit pourtant du côté des opposants à la Constituante.
Guadet, en 1791, dit, dans l'Assemblée : « Quel trait de lumière
(en lisant une lettre de M. de Gouy), quel trait de lumière dans ce
peu de lignes écrites sous les yeux des colons rassemblés à l'Hôtel
Massiac et en présence de MM. Barnave et Malouet, qui, comme le
dit encore M. de Gouy (2), étaient venus mêler leur douleur à la
sienne et gémir sur le sort des infortunés blancs auxquels on faisait
la dure loi de partager le droit de citoyens avec des hommes libres
comme eux! »
(1) Arch. Nat., Cluh de Massiac.
(2) Le marquis de Gouy d'Arcy, déput'- de Saint-Doiuioguc à la CousUtuaut"'.
a.fiist'-. plus tard, d'appartenir à la far-tiou d'Orléans. Guillotiné !<• :{ juillet t79l.
TS LES CfATBS GONTRK-RÉVOLUTIONNAIRES
Théodore de Laincth interrompit : « J'affirme que M. Baruayc n'a
jamais été à l'Hôtel de Massiac... » il).
Selon toute probabilité, Théodore de Lameth avait raison. Cepen-
dant, il est impossible de contrôler son assertion, et nous ne possé-
dons aucun procès-verbal de la séance du Cluh de V Hôtel de Massiac
où il aurait paru.
Quant à Malouet, n'oublions pas qu'il vota contre la Oéclaralion
des droits de l'homme, que toute sa carrière politique fut celle d'un
réactionnaire avéré, et qu'il publia, en i788, un ouvrage intitulé :
Mémoires sur l'Esclavage des nègres, après avoir passé cinq années à
Saint-Domingue en qi^alité d prdonpate\ir et de compiissai|:'e (2).
Il va sans dire que les colons français rejetèrent sur les noirs toute
la responsabilité des événements. Ils approuvèrent une publication
de Moreau de Saint-Méry, membre du conseil judiciaire près du
ministère de la justice : Considérations •présentées aux Vrais Amis du
repos et du Bonheur de la France, à l'occasion des nouveaux mouve-
mens de quelques soi-disant Amis des noirs (3).
Le Patriote français annonça :
« Les colons de l'Hôtel Massiac ont fait placarder à tous les coins
de rue de la capitale des nouvelles très alarmantes de Saint-
Domingue. Le peuple n'est pas la dupe de cette ruse infei-nale, (|ui
n"a pour but que d'exciter une baisse considérable dans les deiwées
des colonies (4). »
Dans ses Annales patriotiques, Carra écrivit :
« Il existe dans la capitale plusieurs conciliabules d'aristocrates.
L'un se tient à l'Hôtel de Massiac; il est composé des princes colons
et d'une foule d'intrigans qui travaillent à faire concourir les désor-
dres des colonies au plan général de contre-révolution en France (o). »
Cette feuille ajouta, quatre jours après :
« Les princes colons et députés extraordinaires de la colonie de
Saint-Domingue, composans le tripot politique de l'Hôtel de Massiac,
etfrayés de l'accusation de haute trahison portée, par le citoyen
Brissot, contre l'assemblée coloniale de cette isle, ont répandu et
(1) Souvenirs de Malhieu Dumas, t. II, p. 44.
(2) Voir Club des Impartiaux et Club monarchique.
(3) Moreau de Saint-Mëri/, 1 vol. in-S", Paris, 1791.
(4) Patriote français, il" 823, H novembre 17!)!.
(.5) Annales patrioliffues. n" 794* 5 décembre 1791.
CLUB U^ h^Om^ I4E MASSIAC 79
allichû tjes milliers de pjacanls injin'ieuîi: cpiUre cet a^stp^e palriote :
le public iiidigné a déchire ces placards (1). »
VI
De leur cùté, les colons se remuaient. Ils écrivaient au président
de l'Assemblée nationale :
.< Paris, It' 7 dccoiubre 171)1.
« Monsieur le Président de VAsxemhlé*' nationale.
« Monsieur le Président,
<< Des colons de Saint-Domingue résidans à Paris ont eu l'honneur
de se présenter à votre porte ce matin, et n'ont point été assez heu-
reux pour vous trouver chez vous.
« Leur mission, Monsieur le Président, était de vous prier de leur
indiquer l'heure où ils poui-ront demain être admis à la barre (le
l'Assemblée nationale pour y présenter une pétition qu'il est essep-
tiel que l'Assemblée veuille bien entendre avant le raport du Comité
colonial qui doit se faire samedi matin ; ils osent se flatter (jue vous
voudrez bien leur ï-a\v^ connaître l'intention de l'Assemblée à cet
égî^rd.
'< Nous sommes avec Respect.
« Monsieur le Président.
" Vos très humbles et très obéissans serviteurs [t). »
Brissot, dans le Palri.ole français, se lit l'écho du mécontentement
public, à propos de l'expédition :
« Ce sont ces messieurs de l'Hôtel Massiac qui ont dicté au ministi'e
de la marine le choix des officiers chargés de l'expédition de Saint-
Domingue ; il ne faut donc plus s'étonner que les patriotes de Brest
aient été scandalisés de ces choix (3). »
Brissot remarquait encore :
« Que diront les braves habitants de Brest, (juand ils apprendront
(jue le ministère, pour expier sa faute d'avoir nommé des réfugiés à
Goblentz au commandement de l'expédition de Saint-Domingue, va
la confier au fameux Arthur Dillon et Malouet? Cette nomination
(1) Annales pal rio tiques, U" 798, 9 décembre 1791.
(2) Arch. Nat., Club do Massiaci
(3) Patriote français, a' 830, 8 <léceiiibrc 1791.
80 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
honorable est due au vertueux patriotisme de IRùtel Massiac, où le
dernier s'escrime chaque jour dans les ingénieuses compositions dont
cet hôtel régale l'Assemblée nationale (l). »
Et Carra, de même, frappait fort sur les membres du club, en
repoussant énergiquement les choix dont il était question. Nous
savons ce qu'était Malouet; nous savons aussi que le général Arthur
Dillon, député de la Martinique à l'Assemblée constituante, défen-
dait les colons de Saint-Domingue contre les Amis des noi7's.
« Les princes colons du tripot Massiac sont parvenus, dit-on, à
faii'c nommer par le roi les sieurs Maloukï et Artiilu Dillon comman-
dans de lexpédilion (jiii doit rétablir la paix à Saint-Domingue {"1;. »
VII
Lesmembi'es du Chih de Massiac^ ne se contentant pas de deniandei'
une audience au président de l'Assemblée nationale, voulurent pré-
senter au roi uiu' adresse; du commerce d'Amiens. Il leur fut répondu :
» Paris. 21 décembre 1791.
« J'ai rendu compte au lioi. Monsieur, du désir qu'ont MM. les
Colons réunis à l'HiHel Massiac d'obtenir une audience de Sa Majesté
pour lui présenter une Adresse du Commerce D'Amiens relative aux
événemens de Saint-Domingue.
« Le Roi ayant déjà reçu différentes fois des Députations à cet
égard, et ayant témoigné de vive voix ses sentimens à MM. les Colons,
Sa Majesté m'a autorisé à recevoir d'eux l'adresse dont il s'agit, et à
la mettre sous ses yeux.
« Le Minisirf de la marine : ïh: Rertrand.
« M. Cormier (3). »
Roussel de Blanchelande, commandant pour le roi, gouverneur de
Saint-Domingue, ennemi des nègres, ami des contre -révolutionnaires,
et qui avait provoqué en partie les soulèvements par ses mauvaises
mesures, entretenait correspondance avec la Société de l'Hôtel
de Massiac. Il était lié avec les principaux meneurs parmi les colons
blancs.
(1) l'ulriole f'ruuruis, rii 8134. 12 décembre 1191.
(2) Annales patriotiques, n° 804, 15 décembre 1791.
(:]) Areh. Nat., Club de Massiac^
CLUB DE L'HOTEL DE MASSIAC «l
Jilanchelande, maréchal de camp, fut plus tard condamné à mort,
comme convaincu d'avoir ordonné, à Saint-Domingue, des arresta-
tions illégales et des déportations arbitraires; d'avoir adhéré à un
parti dont les intentions étaient d'armer les citoyens les uns contre
les autres et soufflé le feu de la guerre civile. Il est certain ([u'il
avait résisté aux ordres de l'Assemblée et conx;u le projet de rétahlir
l'ancien régime à Saint-Domingue (1).
Nous reproduisons une lettre qu'il adressait aux membres de la
Société correspondante des Colons français. Elle montre jusqu'à (|ucl
point il servait les intérêts des blancs :
« Au Gap, le 26 avril 1702.
« Jay Reçu, Messieurs, Il y a peu de Jours, La Lettre cpie vous
m'avés fait L'honneur de m'Ecrire le 27 Novembre Dernier.
« Je suis Inhniment tlaté de ce que vous voulés bien me Dire D'obli-
geant de la part de MM. les Membres de la Société correspondante
des Colons françois. J'aurais bien souhaité pouvoir Remplir vos Dé-
sirs d'une manière plus utile, Mais J'ay si constamment Eprouvé des
Contrariétés et des Entraves que mes Viies, mes Démarches, mes Sa-
crifices et mes Efforts ont Été Impuissans.
« Je M'Empresseray, Messieurs, de faire part aux Officiers Généraux,
Supérieurs et Particuliers, que vous Dénommés dans Votre Lettre, de
L'article qui les concerne; H est bien vray que ces MM. ont montré
un Zèle, un Courage et un Dévouement pour la Colonie bien Dignes
dEloges et de la Reconnoissance (|ue vous manifestés à leur Egard.
' Jai Llutnneur D'Être, avec un Respectueux attachement,
'< Messieurs,
<' Votre ti'ès humble et très Obéissant Serviteur.
« Rlanchklanuk.
'- MM. Les membres de la Société correspondante des Cohnis fran-
çois, à Paris !2\ ->
Vlll
A propos des affaires de Saint-Domingue, la presse et les clubs
|)ali"iotes ne manquèrent pas de mettre en cause le Cluh dn CllùlcÀ de
Massiac. Les esclaves, ayant été abandonnés par l'Assemblée consti-
tuante, n'écoutaient plus rien; des luttes épouvantables avaient lieu.
(1) Exécuté sur la place de la Uéuuiou, k Paris, le 1.'. avril i7!t;{.
2) Arch. Nat.. r.lnh do .Uassiac (cité tfxtuellement}.
82 LES CLUBS CONTRE RÉVOLUTIONNAIRES
Peu s'en éUiit l'allu que l'Assemblée de Saiiil-DoniiMti,ue ne se séparât
tic la niélropole. Vainement, en France, les législateuj's avaient
admis tous les habitants libres aux droits politi(jucs : noirs, blancs
et mulâtres se livraient à d'horribles représailles. La ville de Port-au-
iVince était brûlée et ruinée.
Le Patriote français imprima :
« On a trouvé dans la poche d'un nèf;re, prisonnier, une lettre en
espagnol, dans laquelle on encourageoit les insurgens, et on leur
pi'omettoit du secours au nom de l'Espagne. Nous défions rHôtel
Massiac de nier ce fait (1). »
On accusait le club d'intrigues anti-françaises, quand les Espagnols
et les Anglais convoitaient l'Ile.
Le 3 février 1792, Doppet (François-Amédée) présenta à la Société
des Jacobins un citoyen de Saint-Domingue, « victime de l'Hôtel de
Massiac, et qui a été arraché de ses foyers pour avoir voulu, à
l'exemple de plusieurs paroisses, protéger les gens de couleur ».
Doppet pria les députés de l'appuyer auprès de l'Assemblée nationale.
Doppet et Ramond furent nommés commissaires pour entendre des
éclaircissements sur ce qui se passait dans les colonies (2).
Mais les Colons blancs ne cessaient de chercher à mettre de leur
ciHé les pouvoirs publics.
Ils s'adiiîssaient au ministre de la marine :
<< Paris, lo 31 juillet \VM.
« Monsieur,
« Le Comité de la Société des Colons réunis à l'Hôtel de Massiac
étant chargé par elle d'avoir l'honneur de vous voir, a arrêté, par
délilx'ration, qu'il se rendroit auprèsde vous dimanche prochain,
entre une heure et deux, à moins que vous ne lui fassiez sçavoir (|u'il
vous seroit impossible de le recevoir.
« Je suis, avec respect,
« Monsieur, etc.
« M. du Bouchage, Ministre de la Marine (."{). >>
(1) Palriule français, i:» 888, du lu janvier 1192.
(2) Séance du vendredi 3 février 1792. — Vini' )a Suciété (/es Jat-obiits, par
-Al. A. Aulard, t. III, p. 3G3.
(.'!) Arcli. Xat., Club de Massiac. — KrauçoisJusopli Gralet. vicomte Du Boucliape.
éniigié après le 10 août 1792, rentra eu France sous le Consulat; fut impliqué,
en 1806, dans une conspiration: recouvra le portefeuille de la marine en ISl.'î.
et fut nonuiié pair de France en 1817. Moi'l en 1821.
CLUli DE L'HOTEL DE MASSIAC S3
.Nous ignorons si le Comité fut reçu par le niiiiislre, mais nous
n'oublions pas que, à ce moment, Dubouchage conseillait au roi de
repousser la force par la force contre les hommes du 10 août 179:2.
Pair de France sous la Restauration, il fit une proposition en faveur
des colons blancs de Saint-Domingue. En 18:25, une ordonnance
royale stipula une indemnité pour les Français expropriés.
Après la journée du 10 août, le Club de rHôtd de Masstac, vu sa
composition, fut véhémentement accusé, dans le public, non seule-
ment d'être royaliste, mais encore de conspirer. On lit dans le Journal
de Carra .•
« Paris, le 17 août. — On a arrêté MM. Thierrij^ Wittgenstein,
Vitenkoff, et quelques autres conjurés. On a mis les scellés à THôtel
MasHiac et au Club Valoh (1). »
Quelques mois plus tard, les accusations devinrent encore plus
graves. Prudhomme imprimait :
« On assure même qu'on engage à THùtel Massiac pour le parti
royaliste. C'est à l'administration de police à surveiller exacte-
ment (2). »
Mais dans le ii" 185 du même recueil parut une réclamation.
't Réclamai ion.
<' Le citoyen Lamothc, colonel du huitième régiment de hussards
de la Républi(iue française, demeurant à ribttel Massiac, place ci-
devant des Victoires, réclame contre l'article du n" 18;}, page 112, où
il est dit : On assure qu'on engage à rHôtel Mass'ac pour le parti
royaliste. Le citoyen Lamothe proteste de son attachement à la Répu-
blique, qu'il assure être partagé par le corps qu'il commande ; il nous
prie, en conséquence, de démentir l'assertion du n" 183, et de publier
qu'il lient son commandement d'un décret de la Convention natio-
nale, qui a reconnu son patriotisme (3). »
Tout cela démontre le fond de la politique suivie par la société.
Si les amis des noirs regardaient les colons comme des réaction-
naires dangereux, les ardents amis des blancs trouvaient le Club de
Massiac trop timide, et ils accusaient de faiblesse les députés de
Saint-Domingue, les(juels n'osaient pas braver l'opinion publique en
France. Ils s'exclamaient :
(1) Annales palriotiqiteii, n' 231, 18 août 1792. (Voir Club île Valois.)
(■2) mvolullons (le Paria, n" 183, du o au 12 janvier 1793.
(:i) liévolutions de l'aris, n" 18o, du 19 au 26 janvier 1793*
8^1 LES CLUBS GONTRE-Hl'îVOLUTlONNAlIlES
<( Et vous, colons indolens, qui perdez des journées précieuses, en
temporisant à l'Hôtel de Massiac ou en tâchant de vous distraire dans
les divers spectacles, qu'on ne cesse de multiplier comme des hochets,
pour vous étourdir sur vos maux passés et présents, que ne retournez-
vous dans vos îles, rendre à votre gouverneur toute l'autorité qui lui
l'ut confiée par le Roi; autorité que des êtres également repoussés par
vous et par vos esclaves, s'efforcent continuellement d'avilir?... (1). »
Ces récriminations outrepassaient la mesure, car, depuis une année,
le Comité des affaires étrangères, gagné par les partisans du Club de
Massiac, avait proposé, sous la Constituante, qu'aucune loi ne fût
votée sur l'état des personnes, aux colonies, sans avoir été demandée
par les assemblées coloniales.
Les événements du Cap et de Port-uu-Princc n'eussent pu être
empêchés par les cluhistes de Paris.
Vlll
Malgré les efforts des colons blancs contre les noirs, le gouverne-
ment de la République voulut prendre des mesures pour pacifier les
colonies. La Convention, qui venait de juger Louis XVI, écartait
toute idée de laisser les choses s'envenimer à Saint-Domingue; elle
prévoyait d'affreux malheurs, qui, peut-être, profiteraient aux Anglais
ou aux Espagnols. Les nègres étaient déchaniés.
Loin de se laisser prendre aux agissements du Chih de VHôlcl de
Massiac, elle essaya de calmer l'irritation de la population noiie à
Saint-Domingue, sans adopter des mesures radicales.
Dans la séance du 17 février 1793, sept heures du soii", au Comité
de défense nationale, le ministre de la marine proposa d'examiner
quels étaient les moyens d'apaiser la révolte des nègres et de reiulre
le calme à nos colonies.
Ou soumit à la discussion les moyens suivants :
1" Ouverture des ports;
iJ° Envoi de compagnies franches de naturels des colonies;
3" Adoucissement au sort des noirs;
(1) Cri de Vhonneut' et de la vérité (1792), brochure, par Joseph <h' Barrucl-
Heauvcrt. Bibliothèque de la Chambre des députés, Bf" 222 (t. XXXIX).
Le comte de Barruel-Beauvert, écrivain royaliste, était parent de Rivarol et
collabora aux Actes des Apôtres. Il figura parmi les gens qui, après la fuite de
Louis XVI, s'offrirent pour être les otages du roi fugitif. Auteur des Carirutures
politiques.
CLUB DE LHOTEL DE MASSIAC 85
4" Envoi de troupes, irim bon commandant, d'un bon comniis-
>;iire;
5° Sévérité contre les contre-révolutionnaires.
L'ouverture des ports fut adoptée; le surplus fut ajourné (1).
Dans la séance du 22 février, au même comité, il fut décidé qu'un
projet de décret ferait rassembler le plus grand nombre possible
<]" hommes libres de Saint-Domingue pour les envoyer dans cette île.
Quant à la question de l'adoucissement de l'esclavage des noirs, il
fut convenu qu'on l'agiterait de nouveau, et qu'alors on appellerail
les colons dignes de confiance qui étaient en ce moment îi Paris (2;.
Le Conseil exécutif fut autorisé à prendre toutes les mesures néces-
saires pour la défense des colonies.
Dans la séance du 23 février 1793, au Comité de Défense générale.
Page, commissaire de Saint-Domingue (Voir Moniteur^ XVII, 590;
XTX, 649; XXI, o67, 585; XXII, 442; XXIII, G95; XXV, 4), commu-
niqua ses réflexions sur Saint-Domingue. « Il existe, dit-il, deux partis
dans cette île; il faut tâcher de les rapprocher et faire exécuter la loi
dîins toute sa rigueur, etc. (3). » "~
'« COMITl'; niî DKFBNSE UKNKRALK
(> Dimanche, 3 mars 1793, midi.
« D'après le rapport que font au Comité trois citoyens venant de
Saint-Domingue, au 3 janvier, leur départ [sic] de cette île, les nègres
révoltés manquaient de tout et demandaient à rentrer dans leurs
ateliers, de manière qu'à moins de nouvelles dissensions, qui n'étaient
l'as probables, la révolte doit avoir élé ('■Iciiilc dnns lît quinzaine qui
;) suivi le départ des trois citoyens.
« D'après le même rapport, les hommes de couleur se sont conduits
pai'faitement dans toutes hes circonstances et dans celles mêmes où
ils ont (^té le plus maltraités.
« Les troupes françaises périssent par l'humidité, les grandes
chaleurs et l'usage des cannes à sucre, et leur nombre se trouve, à ce
qu'il paraît, réduit au tiers et peut-être au quart. Cet inconvénient
rend préférable à tout autre le parti d'employer des naturels du
pays à la défense des colonies (4). » •
(1) llecueil des actes du Comité de Salut public, etc., publié pir V. A. Aulard,
I. 11, p. 15o. Imprimerie nationale (1889), in-S".
(2) Recueil des actes du Comité de Sahit publie, etc., pnbli<'' par K. A. Aiilanl.
t. 11, p. 173.
(3) Idejn, ibid., p. 185 et 186.
('*) Idem, ibid., p. 24o et 246.
8(i LES CLUnS CONTRE-llÉVOLUTlONNAlRKS
IX
Avec sa réputation bien établie de société contre-révolutionnaire^
le Clul) (le Massiac ne cessa pas d'être visé davantage, à mesure (|ue
les Montagnards de la Convention devinrent plus forts. La loi des
suspects (17 septembre 1793) atteignait les gens « qui avaient signé
des pétitions contre-révolutionnaires, ou qui avaient fréquenté des
clubs et sociétés anti- civiques ». Gouy d'Arsy avait été l'objet d'un
mandat d'arrêt lancé par le Comité de sûreté générale. Ordre avait
été donné de le mettre h l'Abbaye et d'apposer les scellés sur ses
papiers.
Dans la séance du 19 ventôse an II (9 mars 1794), à la ConvtMilion
nationale, Gonpilleau (de Montaigu) dit :
« Citoyens, je dénonce à la Convention une mesure contre-révolu-
tionnaire imaginée par les colons de Saint-Domingue logés î\ Paris,
à l'Hôtel de Massiac. Le citoyen Joznet (1), dont vous connaissez le
civisme, vient d'être nommé par le ministre de la guerre pour com-
mander les forces que le gouvernement envoie à Saint-Domingue
pour faire exécuter le décret sur l'abolition de l'esclavage des nègres.
Eh bien ! au moment où il se disposait à partir, ce citoyen vient
d'être jeté dans les prisons. Je demande que les députés de Saint-
Domingue, de concert avec le Comité de sûreté générale, recherchent
h's auteurs de cette intrigue (2). »
Diifays (député de Saint-Domingue) dit :
<* J'ai connu à Saint-Domingue le citoyen .Jozjjet; son pati'iofjsme
le faisait estimer de tous les bons républicains. J'ignore les motifs de
sîi détention. »
Puis, Clauzel (député de l'Ariège) :
« Un renvoi au Comité de sûreté générale entraînerait des lon-
gueurs qui empêcheraient la prompte exécution du décret que vous
avez rendu en faveur des nègres. Je demande que le patriote Joznet
soit amené à la barre, pour iiish'uire la Convention des motifs de son
arrestation. »
Celte proposition est «lécrétée
(1) Joznel, (lit Lavinletle.
(i') Cliarlfs-Aiim'- (Joupilloau. nuLaiiv à Montaiçrn, (ir-pul/' ilf la Vionno i"i la
Conveiilioii.
CLUB DE L'HOTEL DE MASSIAC S7
Tfniriot : « Je (lomaiide (iu"en même temps ([u'oii exécutera 1<ï
ilccret que vous venez de rendre, le Comité de sûreté f<énéralepreini(^
des renseignements auprès de la police et des comités de surveil-
lance sur les motifs de l'arrestation tlu citoyen Joznel. »
Fai/au (député de la Vendée) : « J'annonce à l'Assemblée qu'il y a
dans les Sociétés populaires des sections de Paris des hommes qui se
disent colons, et (jui ne sont connus dans les colonies que par les
vexations qu'ils y ont exercées. Je demande qu'on les surveille, car
ils intriguent pour empêcher l'exécution du décret qui rend la liherlé
aux nègres. »
f.a proposition de Thminl est adoptée (1).
A', /y. — A la fin de la séance du 19 ventt'tse, le citoy(in Joznet a
paru à la barre; il a dit avoir été mis en état d'arrestation par ordre
de l'administration de police de Paris, sur la demande faite pai' le
Comité révolutionnaire de Xantes. — Une discussion s'est engagée, à
la suite de laquelle le décret suivant a été reiulu :
« La Convention nationale décrète :
« Article premier. — Tous les colons ([ui ont été membres de l'as-
semblée de Saint-Marc et de celle connue depuis sous le nom d'assem-
bli-e coloniale^ les agents de ces assemblées et les membres des Clubs
de Massiac et des Colonies, aciuellemenf en France, sont nn's en élal
d'arrestation.
" IL — Les scellés seront apposés sur les papiers de tous les colons
résidant à Paris.
« III. — Les signataires des dénonciations faites au Comité ri'vo-
lutionnaire de Nantes contre le général Joznet seront mis en état
d'arrestation et traduits devant le Comité de sûreté gén(''rale de la
Convention.
« IV. — j^es dénoiH'ialions et les pièces y relatives (b'posi'es au
Comité revolutioniuiii'i.' de .Nantes, seront a[)portées au Coinit('' de
sûreté générale.
« V. — Les citoyens lioulin et Chaux, meuihi'es du Comité révolu-
tionnaire de Xantes, se rendront auprès du Comité de sûreté géné-
l'ale pour y donner les renseignements qui leur seront demandés.
" VI. — La Convention renvoie au Comité de salut public pour
prononcer sur la mise en liberté du général Joznet.
"' Vil. — Le présent (h'crel sera porté pai' un coui'i'iei' exlrnor-
(I inaire. »
n Tliuriut était mcnibri' du Cuniilé de Salut puljlic, député do la Manif.
88 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Après avoir reproduit ce qui précède sur cette partie de la séance,
le Moniteur universel ajoutait :
« Le Club Massiac, ainsi appelé de Fhôtel où se tenaient des colons
de Saint-Domingue, n'était composé que de colons ennemis de l'éman-
cipation et généralement de toutes les mesures révolutionnaires; ce
club existait depuis le commencement de la Révolution (1). »
X
Les scellés furent apposés, peu après, sur les locaux occupés par
les membres de la société.
Nous avons vu, aux Archives, une « Notte des Registres et au-
tres Papiers, concernant le Club des Colons Blancs, tenant à THôtel
Massiac, trouvés sous des scellés apposés au dit hôtel; Lesquels
ont été Remis au Comité de Surveillance du Département de Paris
J*ar La Division des Émigrés à l'Administration du département de
Paris (2) ».
Mais ces registres et papiers n'ont pas été c<mservés. On sait seule-
ment qu'il y avait une Adresse au roi contre un décret proposé par
Hrissot.
«' Signé: Vardon, J.-M. Musset, Ingrand, Michaud, Borda, Archier. >
Quand le Club de l'Hôtel de Massiac eut cessé de fonctionner.
riicUel fut occupé par une société financière, après le 9 thermidor.
I^llc émit des billets de banque.
On raiiiionca ainsi dans le Journal de Paris. :
"Il vi(Mit de s'ouvrir une Caisse d'esronipte à la maison Massiac,
jtlace des Victoires. Elle escompte le pa])ier solide à un modicpie
intérêt, etc. (3). »
Le même journal, l'année suivant»», annonça encon^ :
« Plusieurs journaux ont publié que la Caisse des comptes courants,
établie Hôtel Massiac, avait été dissoute par le gouvernement. Cet
établissement, qui jouit dans le public d'un»; ti'ès grande contianc*',
n'a pas souffert la moindre atteinte (4). »
Quelques jours après, il imprimait :
« H vient de s'(''tablir, place des Victoires, un cercb' de ni'gocians.
(1) Note du Moniteur universel, sigiiôc L. (4.
(2) Arch. Nat., Club de .Massiac.
(:t) Journal de Paris, 19 juillet 1796.
('0 l/fern, numéro du 5 octobre 1797.
CI.UB DE i; HOTEL DE MA8SIAC 89
Pour y être a4mis, il faut : 1" être négociant; 2" n'avoir jamais
manqué à ses engagements (1). «
C'est donc par un établissement financier que fut remplacé le Club
de V Hôtel de iMassiac, dont les membres se dispersèrent en France
ou aux colonies, après avoir vainement cherché à empêcher Taffran-
chissement des nègres et à conserver les vieilles prérogatives des
blancs, propriétaires d'esclaves comme de troupeaux et d'habitations.
On sait que le premier Consul voulut, en 1801, la soumission com-
plète de Saint-Domingue et la restauration de l'esclavage, comme il
le fit à la Martinique et à la Guadeloupe; on sait qu'il entreprit une
expédition malheureuse, et que le général Leclerc s'empara de Tous-
saint-Louverture, quand celui-ci, ayant mis fin à la guerre civile,
acceptait la suzeraineté de la France.
(1) Journal de l'nris, 13 orlobro 1797.
CLUB DES IMPARTIAUX
l^'on*!.- î\ PnT-i^^, n ]n Hn do VnuvM-u- 1789.
1
Sur l'emplacorruMil, du niai'cli('' de la Vallrc, aujourd'hui disparu,
st'dovail, depuis le milieu du Ircizièmo siècle, un couveni, de moines
<lil,s (irnnds-AïKjiistins. Là s'étaienl réunies plusieurs fois, les assem-
blées du Parlement et des l^lals-(^fén(''raux. sous l'aneienne monar-
chie.
Quelques vastes salles des Grands-Auguslins avaient aussi servi de
lieu de réunion pour le haut clergé tous les dix ans, pour les cheva-
liers du Saint-Esprit, et pour les assemblées des Comptes, de cinq
ans en cinq ans.
Le couvent était situé au bas du Pont-Neuf, sur le quai portani
encore le nom des religieux, qui étaient dispersés.
Malouet et quelques-uns de ses amis y réunirent des « modérés »,
des membres du cAté droit de l'Assemblée nationale, pour les opposer
aux « avancés » du Club Breton, fondé à Versailles, dans le /ir?/)oso/r.
Aussi, le î) janvier 1700, le journal V Observateur (1) contenait cette
appréciation : « Il existe à Paris, depuis un mois, deux associations
libres, dont Tune s'occupe sans relâche du bonheur de la nation, et
l'autre du bien-être de quelques particuliers. La première, fondée
par les députés de Bretagne, se rassemble aux Jacobins de la rue
Saint-lfonoré ; la seconde, formée par des évêques et de gros béni'-
liciers, se rassemble aux Grands-Augustins. Les bons citoyens ci-ai-
gnent l'Augustine, les mauvais ont peur de la Jacobine, »
Cette association de mod('n's se constitua à l'imitation des Jaco-
(I) IMJhserouleiir, u" 70, par Kcydfl ; journal <|ni (larul du l" août nSO au
12 octobre 1790.
9-2 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
hins. Pour ne pas paraître anti-patriotes, ces clubistes laissèrent en
dehors Maury, d'Éprémesnil et le vicomte de Mirabeau, tout à fait
opposants, déterminés royalistes. Ils s'attachèrent, à côté deMalouet,
qui avait voté pour la réunion des trois ordres, le comte de Virieu,
député du Dauphiné, La Fare, évèque et député de Nancy (1); Fran-
çois-Louis Hutteau, avocat, lequel, quoique partisan des idées nou-
velles, votait souvent avec la minorité; le chevalier de Boufllers,
membre de l'Académie française et député de Nancy, poète de salon :
Rulhières, qui avait écrit pour l'instruction du dauphin (Louis XVI)
une Histoire des troubles de la Pologne ; Mallet du Pan, journaliste
qui, avec Linguet, avait rédigé les Annales politiques et littéraires; et
peut-être le poète Fontanes, dont VEpilre à Louis XVI sur redit eu
faveur des non catholiques avait été couronné par l'Académie et avait
fait quelque bruit parmi les partisans de la tolérance religieuse.
Les meneurs, en réalité, eurent avec eux, lors de leur première
réunion, presque tout le côté droit, qu'ils divisèrent. « On fit l'obser-
vation, dit Bûchez (2), qu'ils s'occupèrent des moyens d'assurer la
conservation de ce qui resterait des biens ecclésiastiques, après le
prélèvement des 400 millions ordonné par l'Assemblée nationak*;
on nota aussi avec plaisir les échecs qu'ils éprouvèrent. Ils avaient
appelé le cardinal de Rohan : celui-ci se retira en déclarant qu'il ne
voulait point faire partie d'une réunion instituée dans le but unique
de faire de l'opposition. »
Michelet a parfaitement saisi, lui aussi, le principal but des fonda-
teurs, au début du club. « Ils demandaient, dans leur déclaration,
écrit-il, qu'on rendit force au roi, et qu'on subordonnât l'alir-nation
des biens du clergé à la volonté des provinces (.'^). »
D'ailleurs, ils se targuaient déjà <rimpartialité, bien que leur modé-
ration fût de l'esprit de parti.
Tout en assurant que Louis XVI et Madame Adélaïde, fille aînée de
Louis XV, embrassaient sincèrement la doctrine des Impartiaux,
Malouet « certifiait que la cour n'avait été pour rien dans la forma-
tion du club ».
Comme le couvent des Grands-Augustins était situé sur le territoire
du district de l'Abbaye Saint-Germain des Prés, le district s'assembla
(1) Prédicateur de la cour, qui s'était écrié en chaire, le 4 mai 1789 : « Sire, le
peuple sur lequel vous régnez a donné des preuves non équivoques de sa pa-
tience... C'est un peuple martyr, à qui la vie semble n avoir été laissée que pour
le faire souffrir plus longtemps. »
(2) Hisloire partenienlalre de la Révolution.
(.'{) J. Michelet, Histoire, de la Révolutiov franmise. t. I, chap. iv, p. 199.
CLUB DES IMPARTIAUX «j;^
et décida que la réunion des modérés ne pouvait être considéi-ée que
comme un attroupement, qu'elle serait dissipée par la force, à moins
qu'elle ne consentit à délibérer en présence de quatre commissaires
nommés par le district. La foule huait les membres de la réunion.
Bienl«M décriés, des Grands-Augustins les modérés s'en allèrent
former, à la Chaussée-d'Antin, le Club des Im'pariiaux. Leurs assem-
blées continuèrent, mais rue de la Michodière, n" 8 (1). Elles protes-
taient contre les tendances des Jacobins, elles donnaient au peuple
l'enseignement du côté droit (2). Elles eurent un journal, dit Journal
des Impartiatu., rédigé par M. Salles de la Salle (3), et portant pour
épigraphe : Justice, Vérité, Constance. Le premier numéro est pré-
cédé de deux écrits intitulés, — le premier, Club des Impartiaux;
exposé des motifs qui ont porté les impartiaux à se réunir, et récit
des circonstances qui ont précédé cette réunion ; — le deuxième.
Principes des Impartiaux.
De droit étaient membres tous les représentants qui signaient la
déclaration de principes; était reçue membre adjoint, ayant droit de
proposer des motions, avec voix consultative, toute autre personne
présentée par un sociétaire, agréée par le Directoire, et qui signait la
même déclaration. Le Directoire, chargé de l'administration, se com-
posait du bureau et de sept membres, se renouvelant par moitié tous
les quinze jours. Une garde, composée d'adjoints désignés par le
Directoire, était constamment présente au club, assez bien organisé.
Clermont-Tonnerre présenta aux Impartiaux un discours, l'elali-
vement à celui ([ue le roi était venu prononcer le 4 février (1790). à
l'Assemblée nationale.
« Cette société l'agréa, le lit imprimer. » Elle se montrait ainsi
royaliste, quand Louis XVI promettait de respecter et de sauvegarder
la liberté constitutionnelle, de préparer son fils au régime nouveau :
quand le côté droit était consterné, en voyant la majorité applaudir
en môme temps que les tribunes, et jurer de maintenir la Constitu-
tion que les députés décréteraient, que Louis XVI accepterait.
Cazalès demanda alors, pour cause de troubles, trois mois de dicta-
ture pour le roi, et ne fut pas écouté, malgré son éloquence.
Les Jmj/nrtiaux approuvèrent les brochures, les articles de joui-
naux prêchant la modération, mettant sur le même pied l'Assemblée
(1) En eflet, le Babillard, dans son numéro du 13 août 1791, parle « d'un duh
de la rue de la Michodière. »
(2) Louis Blanc, Histoire de la Révolution, t. V, cliap. v, p. 98.
(3) ln-8". Parut du i février au 17 avril 1791. -- Jtddi'>f/ra/drir do .M. .Maurice
Tournoux.
04 LliS CLUBS CONTHli-UÉVOLUTlONNAlUES
iiatioiuilc ol 1(! roi, devenu constitutionnel. Ils publièrent des écrits
({ui tenaient le juste milieu entre la souveraineté royale et les droits
respectables des représentants de la nation. Donnons un exemple :
Extraits de V Apologie de l'égoïsme, brochure des Impartiaux :
« ... L'égoïsme vicieux par excellence est celui des hommes « (lui
bouleverseraient, s'il le fallait, un empire, pour contenter leur ambi-
tion démesurée : ils emploient les détours de l'intrigue, les poisons
de la calomnie pour parvenir à leurs lins; ils masquent leurs vues
criminelles du voile du bien public ; le patriotisme dont ils font parade
est sur leurs lèvres et non dans leurs cceurs; ils sont égoïstes, mais
leur égoïsme destructeur, bien loin de leur être avantageux, iinit
souvent par les précipiter eux-mêmes dans l'abîme qu'ils avaient
creusé pour les autres.
« L'égoïste vertueux n'est d'aucun parti, d'aucune faction, d'aucun
complot. Les supérieurs le considèrent, ses égaux l'aiment, ses infé-
rieurs le respectent : il est heureux...
« ...Je dirai aux artisans et aux agriculteurs : n'abandonnez plus
vos ateliers, pensez que vous avez une femme et des enfants à nourrir,
ne confondez pas la liberté naturelle et raisonnable avec la licence
eiï'rénéc : la véritable liberté consiste à ne pas faire à autrui ce <|ue
vous ne voudriez pas (lu'oii vous fit. Je loue votre zèle pati-iotique,
nuiis ne passez pas les bornes (jue la raison et votre intérêt même
vous prescrivent.
« Je dirai à tous les Français : Ne troublez plus la tranijuillité,
l'harmonie et les opérations de l'auguste Assemblée qui s'occupe de
la nouvelle Constitution (1). »
L'auteur espérait arrêter les atlaijues des châteaux et les coiillits
avec les chefs militaires.
V l'aide de leur journal, les Jmparlîau.r tirent de la |)ropagande
dans les provinces, comme on le voit par la lettre (}ui suit :
" LcHr<'. du rrdacienr du Journal des Impartiaux à M. le l'rocurciir
de la commune d'Uzerchi'.
« Monsieui'.
<( Le Club des Impartiaux, en insérant la délibération de la com-
mune d'Uzerche dans son journal, a remarqué les justes plaintes que
vous faites de l'infidélité, de la partialité et de l'exagération de la
(I) Apologie de l'égoïsme, broi^hurc pai'uo en 1700 j piussun, brochure publiée
«ans d<jute i»ar un Impurlial^
C LU B DES 1 M t'A RTJ A U X ' •..
plupai'l dos jom-iiaiiv i'(''paiiilus dans votre i)i()viiice. Le sien ayant
été, depuis son origine, rédigé dans des principes d'une uiodération
constante, le club a pensé que vous le recevriez avec plaisir. Il me
charge de vous en adresser les dix premiers numéros (1). »
Le 27 mai 1790, la municipalité de Poitiers dénonça une adresse
(les dé'putés « dits du (îluh des Impartiaux », ipii l'excitait à protester
contre les déci'ets de l'Assemblée nationale.
II
l)onc le club, composé de modérés, réclamant sans cesse le caluu'.
la ti'anquillité, l'ordre public, présentait un type qui s'est perpétué
pendant et après la Révolution, jusqu'à nos jours. Beaucoup de ses
membres étaient « enragés de modération ».
On imprima une curieuse lettre adressée au rédacteur du Journal
des Impartiaux :
« Letfrf au rédacteur du Journal des Impartiaux.
« Paris, lo février 1790.
" Tous les bons citoyens, Monsu:l'K, ont applaudi à la formation
d'un club destiné à professer dans toute sa i)ureté la doctrine publiée
sous le titre de Principes impartiaux. Tous ont vu paraître avec
platsir un journal portant le même nom, et je m'y suis abonné sans
perdre un seul moment. Mais, par l'intérêt que je prends à vos
succès, Monsieur, de grâce, ah! de grâce, n'insérez rien dans votre
journal qui puisse en démentir le titre, qui puisse faire tort à la
société qui vous a choisi pour son organe. »
La lettre est signée : Un Abonné. L'auteur attacjue fort l'adresse
ré<ligée par l'évêque d'Autun, sous le titre de Y Assemblée nationale
aux Français.
Il termine :
<< Impartial de principes, mais étranger au Club des Impartiaux.
j'ai cru devoir adresser à leur journaliste les réflexions pénibles qu'a
fait naître en moi une adresse que je ne croyais destinée à en pro-
duire que de douces. Il (ui fera l'usage (pie son impartialité lui pres-
crira. . »
N. H. — Lm s:''véi-il('' (les principes de M. Salles de la Salle ne lui
I) .louiiml des li/i/Miiliatix. ii" 10 (mars ll'JO).
96 LES CLUBS CONTHE-hÉVOLUTlONNAlRES
ayant pas permis (Linsérer cette lettre dans son journal, l'auteur
s'est obstiné à la publier pour son propre compte (1).
Néanmoins, l'abonné au Journal des Impartiaux Taisait l'éloge de
cette l'euille, en approuvait, en recommandait d'adopter la doctrine.
Les Itévolutions de Paris « se firent un devoir de prévenir leurs
concitoyens contre les surprises qu'on aurait pu leur faire par le
saint mot iVimparlialité ».
Elles remarquèrent que Malouet « n'avait accepté le titre de ciief
de la nouvelle coalition que sous la condition que MM. Maury, d'Epré-
Hjesnil et le vicomte de Mirabeau en seraient exclus; ils auraient trop
décrié la société.
« M. de Gazalès (:2i, qu'on y auroit reçu avec plaisir, a généreuse-
ment refusé; il a préféré passer pour aristocrate, et ne point mentir
sur ses opinions et ses sentimens.
« A l'exception de ces quatre membres, tout le parti aristocratique
l'orme le Club des Impartiaux. Les (quatre commissaires que le district
patriote de Saint-Germain des Prés se proposoit d'envoyer à leurs
assemblées, les a effrayés ; ils se sont réfugiés rue de la Michodière, n°H,
et ils ont envoyé deux députés au district des Filles-Saint-Thomas,
pour le prévenir de l'existence et du but de leur association; ils
étoient sCirs d'être accueillis par un comité financier. '
« La preuîière opération de cette coalition a été de publier, sous le
titre de Principes imparlian.r, un symbole en quinze articles, (]u"ils
ont déjà défendus contre ceux qui les ont attaqués, par cin(| à six
l)rocliures... »
« Les impartiaux ont donné une singulière explication dans leurs
brocliures à l'article 11 (mais on doit prendre tous les tempéramens
convenables pour concilier, à l'égard des anciens magistrats, ce fpie
la nécessité commande et ce que l'équité réclame).
(' Dans l'hypothèse où il n'y auroit pas de ressource pour rem-
i)ourser les anciens magistrats, leur destruction ne seroit pas prati-
cable... »
« Nous ne pouvons finir cet article sans rapporter la teneur d'un
placard qui fut affiché clandestinement dans la nuit du samedi au
dimanche, contre les députés patriotes. Nous n'affirmons pas qu'il
soit l'ouvrage des impartiaux, mais il nous paroit être du même
caractère que toutes les brochures publiées sous le nom des impar-
tiaux.
(1; «il). Nal., Lb ay/2y8u, iu-S" de 10 pages.
(i) C'.azalès passait alors pour '"Iro luonarchiste-lilnTal.
CLUB DES IMPARTIAUX UT
« AVIS AU PUBLIC
« Changement de domicile.
« Les ci-(ievanl enragés de rassemblée préviennent Messieurs et
dames de la nation, qu'ils s'assembleront dorénavant au couvent de«
Jacobins, à la salle des anciens ligueurs, près la cellule de saint
Jacques-Clément, leur patron ; et, quittant le nom d'enragés, ils s'ap-
pelleront désormais Jacobites; ils ne répondront qu'aux adresses
qui leur parviendront sous ce nom. »
« Nota. — Le cabinet du président est dans la cellule de feu
Jacques Clément. »
« ... Il n'est pas besoin de faire de commentaire sur cette impar-
tiale plaisanterie, qui paroit avoir été conçue au même moment où
les aristocrates se transferoient des Grands-Augustins à la rue de la
Michodière (1). »
Les Impartiaux publièrent nombre de brochures contre les Jaco-
bins, qu'ils accusèrent d'avoir des correspondants attitrés dans les
provinces. Les Jacobins et les amis de la Révolution, à leur tour,
appelèrent les Impartiaux Malouelistcs^ du nom de leur président,
Malouetistes ou Malouetins. Ceux-ci formaient un club « que son nom
seul, dit le marquis de Ferrières, rendait suspect aux aristocrates »,
et qui, « attaqué lui-même comme aristocrate masqué, par les Jaco-
bins, quoique composé des hommes les plus probes et les plus
instruits de l'Assemblée, ne put soutenir la concurrence ('2). »
D'autre part, les Actes des A-pôtres proposèrent un jour de changer
le nom de la Rue des Deux-Portes en celui de Rue des Impartiaux.
Et nous lisons, dans un Avis aux aristocrates du côté droit, par un
Démocrate du côté r/auche (3), les lignes suivantes :
« Je vous ai abandonné pour me ranger dans le parti des impar-
tiaux. Je n'y suis pas resté longtemps, parce ({ue j'ai toujours ouï
dire qu'il falloit être quelque chose, et que je n'ai pas tardé à voir
qu'ils n'étoient rien. Je me suis ennuyé de n'avoir jamais que des
avis dictés par les circonstances. »
Claude Redon, député de Riom à la Constituante, un des fondateurs
<les Impartiaux., votait généralement avec la droite; il signa notam-
ment la protestation du Ii2 septembre 1791 contre la Constitution,
(1) Héoolulions de I-aris, n° 30.
[1) Mémoires de Ferrières, t. II, liv. viii.
(:!) Brochure iii-8' (7 i).). lUb. de la Chambre des députés. IJ<"', 222 (t. LV).
7
98 LES CLUBÏ5 CUNTUE-UEVOLUTlONxNAlUES
en jugeant que, dans le cours de sa session, l'Assemblée avait outre-
passé ses pouvoirs.
111
Les Imparilau.r rendirent publics : \'I'Jx]iosi' des motifs fpii les '
avait portés à se réunir, — leur Iléijlemenl et leurs Prinàprs. Ces
trois curieux documents importent à leur histoire. Ils proclament
linvariabilité de leur conduite politique.
« Exposé des motifs qui ont porté les Impartiaux à se rôunir, cl rccil
des circonstances qui ont précédé cette réunion.
« ... 11 se tient, dans la maison des Jacobins de la rue Saint-llo-
noré, des assemblées fréquentes qui ont succédé à celles qui se te-
naient à Versailles, sous le nova àe comité breton. Cette réunion habi-
tuelle excita un nombre assez considérable de membres du clergé, de
la noblesse et des communes à s'assembler, de leur côté, aux Grands-
Augustins. Dans cette assemblée, la seule qui se soit tenue aux Au-
gustins, on s'occupa des moyens de ramener l'ordre et la tranquillité;
on nomma quinze commissaires, du nombre desquels fut M. Malouet,
quoiqu'il n'eut point assisté à cette assemblée.
« Dès que ce député eut été informé de la mission dont on l'avait
honoré, il écrivit pour la refuser...
« Il fut résolu, en conséquence, par le petit nombre de ceux qui
agissaient d'après les principes de tous les autres, qu'on mettrait la
plus grande publicité dans toutes les démarches, qu'on ne se rassem-
blerait en grand nombre qu'après avoir manifesté l'objet et les motifs
d'une telle assemblée, et que même M. le commandant de la milice
de Paris en serait le premier instruit.
■ « M. Malouet se rendit donc chez lui le 29 décembre (1789), et lui
dit: « L'amour de la patrie et le désir de contribuer au salut de l'i'^lat
me conduisent ici. Les maux du royaume sont effrayants; la division
est extrême; l'aigreur des esprits augmente chaque jour; l'exagéra-
tion des idées en sens contraires multiplie les troubles, accroît et
propage l'anarchie. Plusieurs membres de l'Assemblée nationale, qui
n'ont jamais varié dans leur amour pour la liberté et l'ordre public,
pénétrés du danger de la situation actuelle des affaires, ont résolu
de faire les derniers efforts pour ramener tous les esprits à des idées
de modération et de paix. Il n'est pas de meilleurs citoyens en
France ni d'hommes plus purs dans l'assemblée, que ceux au nom
desquels j'ai l'honneur de vous parler; ignorés, calomniés et oppri-
CLUB DES IMPARTIAUX 09
niés jusqu'à présent, ils onl résolu do ne plus l'être. Une conduite
franche, des principes patriotiques et des explications loyales, voilà
les moyens de succès qu'ils comptent employer et sur lesquels ils se
fondent. »
'( M. Malouet fit ensuite le récit de ce qui s'était passé dans l'assem-
blée unique tenue aux Grands-Augustins, puis il ajouta :
« Nous avons toujours désiré une Constitution libre; nous la vou-
lions plus paisible, persuadés que la seule force de l'opinion publi-
(|ue pourrait suffire pour l'opérer. Nous voulions qu'on évitât les vio-
lences et tous les maux de détail que l'impérieuse nécessité n'exigeait
pas...
<( Je vous invite donc, monsieur, à vous mettre à la tète des hommes
modérés, qui veulent la liberté, la paix et la justice pour tout le
monde. »
« M. de La Fayette reçut cette ouverture avec sensibilité ; il annonça
les mômes sentiments, la même conviction et la nécessité de rétablir
la paix et la confiance, et de rendre au pouvoir exécutif toute son
énergie ; il montra le désir de rapprocher tous les esprits par des con-
férences conciliatoires... Cette perspective de paix dans le royaume,
de modération dans l'Assemblée, d'une tendance unanime à une heu-
reuse conciliation, réunit tous les vœux, il fut arrêté qu'on rendrait
compte respectivement à ses amis, et qu'on se réunirait chez M. le duc
de La Rochefoucauld.
« Le même jour, vingt-cinq députés se réunirent et invitèrent à
leur assemblée MM. de Virieu, l'évêque de Nancy et le chevalier de
Boufflers, qui marchaient sur la même ligne qu'eux, ainsi que beau-
coup d'autres. M. Malouet rendit compte de son entrevue avec le
mar(iuis de La Fayette et annonça la conférence qui avait été con-
venue et indi([uée. L'assemblée nomma, pour y assister, MM. l'évêque
de Nancy, le chevalier de Bouffiers, de Yirieu, Redon, La Chèze et
Malouet. La conférence eut lieu, en efi'et, le IJl, chez M. le duc de La
Rochefoucauld. MM. le duc de Liancourt et de La Rochefoucauld, le
maniuis de La Fayette, de La Goste et de la Tour-Maubourg s'y trou-
vèrent (1). »
MM. Thouret et de la Tour-Maubourg y furent appelés et désirés.
Les conférences tenues chez le duc d(! La Rochefoucauld précc'-
dèrent l'exposé des principes des Imparl'taiw^ que les rédacteurs du
Mercure « regardaient eux-mêmes comriie ceux de tous les bons
citoyens ».
(1) ■loiirnul des l/n/uifliaux, t. 1, p. 1.
100 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIHES
IV
« Rèf/lenienl adopté par les Impartiaux.
« Los Impartiaux, dont l'objet principal, en se réunissant, a été
(le professer et publier les principes qu'ils ont adoptés, et que chacun
d'eux a signés, considérant combien il leur importe que la publicité
des conventions de leur société éloigne d'elle toute idée d'intrigue et
de cabale, à laquelle leurs principes et leur esprit se refusent égale-
ment, se sont promis de propager de tous leurs moyens les senti-
ments patriotiques qui les animent, de les répandre dans les pro-
vinces par leurs correspondances, et de rallier partout les bons
esprits aux vrais principes de la Constitution.
« Et pour leur organisation intérieure, ils sont convenus des arti-
cles suivants :
« Aj'ticle premier.
« Tous les députés de l'Assemblée nationale (jui adopteront et
signeront les principes impartiaux inscrits en tète du registre, seront
membres de la société.
« Art. IL
« Toutes autres personnes présentées par un des membres de la
scjciété, et agréées par le directoire, seront admises en (jualité àad-
joinls., en se conformant à l'article premier.
« Art. III.
« Toutes personnes présentées par un memhre de la société pour-
ront assister aux assemblées générales.
« Art. IV.
« La^ adjoints n'auront pas voix délibérative; mais ils pourj'ont,
sur leur demande, agréée par le directoire, être admis à proposer
des motions, et à les discuter.
« Art. V.
« Les assistons n'étant par leur nature, ni membres de la société,
ni adjoints., n'auront de voix dans aucun cas.
« Art. Vl.
« La société aura un président, deux vice-présidens, quatre secré-
taires, un trésorier et sept commissaires, lesquels composeront son
di?^ec taire.
« Art. VIL
« Les ofliciers seront renouvelés par moitié, tous les (piinze Jours.
CLUB DES IMPARTIAUX 10 1
Le trésorier ne sera renouvelé que tous les trois mois, et pourra être
continué.
.< ArL Vin.
« Le directoire sera chargé de régler Tordre du travail; il pronon-
cera sur l'admission à<d'& -adjoints et des motions à proposer par eux.
Il sera juge provisoire dans tous les autres cas qui intéresseront la
société, ot sept membres suffiront pour prendre une délibération.
« Art. IX.
« Le directoire noxnvcvQY^ tous les jours un membre ou adjoint^ pour
être de garde au club depuis 11 heures du matin jusqu'à trois, et un
autre depuis 6 heures du matin jusqu'à 10.
« Art. X.
« Tous les membres et adjoints de la société auront le droit de
demander au commissaire du jour la communication du registre et
de toutes les propositions faites au directoire et arrêtées par lui.
« Art. XL
« Les membres et adjoints de garde seront nommés à tour de rcMe
sur la liste : ils pourront se faire suppléer, mais en s'assurant que
leur service sera fait exactement.
« Art. XII.
« Il y aura assemblée générale à 6 heures du soir, tous les jours
que l'Assemblée nationale n'a point adoptés pour ses séances, et à
11 heures du matin les dimanches et fêtes.
« Art. XllI.
« Les Impartiaux observeront la plus grande exactitude aux séances
de l'Assemblée nationale; ils ne les quitteront pas qu'elles ne soient
levées par le président; ils donneront toujours l'exemple de l'ordi'e
et du silence : et si l'un d'eux se permettait de le troubler, il en serait
averti par le président de la société, à la -séance prochaine; en cas
de récidive, il en serait fait mention sur le registre.
« Art. XIV.
« La conduite des Impartiaux devant être invariable comme leurs
principes^ tout membre de la société qui s'en écarterait dans les dis-
cussions intérieures, en attaquant les décrets constitutionnels, auv-
fjuels tout citoyen doit se soumettre, sera rappelé à l'ordre par le pn'*-
sident.
« Art. XV. ■
« Toute motion tendante à changer ou altérer quelque ai'licle du
Î02 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
pi'ésoul règlemoiit, sera pi'éalal)lement discutée, et la délibération ù,
cet égard ne pourra être prise qu'à la séance suivante (1). »
La nomination d'un membre ou adjoint ^owc être de garde au club
pendant un certain nombre d'heures, indique l'activité des membres
de la société.
« Après la lecture et l'admission du règlement, un des membres a
proposé d'établir une correspondance dans les provinces, avec ceux
cpii, ayant adopté et signé les principes du c/uZ», demanderaient à y
être associés.
(^ La motion a été ajournée.
« La plupart des membres ayant paru désirer la création d'un
Journal drs Impartiaux^ publié au nom di^ la société, M. le président
a présenté quelques idées l'tîlalives à cet établissement. Après quel-
((ues discussions, il a été décidci que le directoire serait cbargé' de
présenter à ce sujet le résultat de ses opinions [t). »
Finalement, le journal en question fut créé, comme on l'a vu; de
même, quant à la correspondance, elle s'établit de fait, soit au moyen
de lettres adressées par tel ou tel membre à des adversaires, soit par
les articles insérés dans le Journal des Jmpai'tmua-^ de telle sorte que
la propagande de ce club fut pendant un temps retentissante.
V
« Principes des Impartiaux (li).
« Nous, membres de l'Assemblée nationale, ennemis de toutes
mesures violentes et exagérées, séparés de tout intérêt personnel,
réunis par le patriotisme, et dévoués entièrement à la cause de la
liberté nationale et du salut public, professons et déclarons les prin-
cipes suivants :
« ARTICLE PREMIER
« Fidèles à notre devoir, et invariablement attacliés auv véritables
intérêts du Peuple, nous ne cesserons de nous opposer, jusqu'à la
fin, à tout projet qui tendroit à l'égîirer ou à compromettre ses droits,
(1) Journal des hnpaiiiaux, t. 1, p. 1^,
(2) Journal des Impartiaux, t. 1, p. 16.
(3) Dans la version donnée par le Mercure de France (9 janvior 1790), les para-
graphes ne sont pas numérotés de la même manière, ce qui importe peu; mais
des mots, même des phrases, sont changés ou ajoutés. Nous indiquons en
notes ces variantes. — Ndus re|)roduisons la brochure de 1790, (Bib. Nat..
Lb .•(9/3870.)
I
CLUB DES IMPARTIAUX 103
suit en excitant insidieusement sa défiance, et en l'invitant au désordre,
soit en le portant au mépris de la Constitution et de l'autorité légitime.
II.
« Tout Citoyen doit se soumettre à la Constitution (1). Ce qu'elle
pourroit avoir de défectueux, le temps et l'expérience le manifeste-
ront à la Nation, qui le changera ou le modifiera k son gré.
III.
« 11 est plus que tems de ramener l'ordre, la paix et la sécurité :
c'est le seul moyen de sauver la Patrie, de garder la foi promise et
duc aux Créanciers de l'État, de ranimer le commerce et de rétablir
la perception des revenus publics, sans lesquels on verroit bientôt
périr la Constitution elle-même et la liberté,
IV.
«( Le maintien de la Constitution et de la liberté dépend essentiel-
lement de l'observation des loix^ et l'observation des loix ne peut
être garantie que par une puissance active, protectrice de tous les
droits. Il faut donc se hâter de rendre au Roi l'exercice du pouvoir
e.vécutif suprême, conformément au vœu solennel de la Nation et aux
principes monarchiques, reconnus et consaci'és par la Constitution,
V.
« Nous défendrons de tout notre pouvoir, sans acception de rang
ni de personne, les droits de l'homme et du citoyen (i), trop souvent
violés aujourd'hui avec impunité.
VI.
" La Constitution ayant aboli la distinction politique des ordres,
un même titre doit réunir tous les François, celui de Citoyens.
Vil.
« Il est d'une saine politique (3) d'attacher tous les co'urs à la
Constitution. Si son complément commandoit encore de grandes
réformes, il est indispensable d'éviter dans l'exécution tous moyens
violens; ils alarment les Citoyens, aigrissent les esprits, menacent les
propriétés, multiplient les malheureux, et ne peuvent qu'accroître la
détresse du Peuple.
(1) La Constitution doit être maintenue (vorsiou du Mercure, de France).
(2) Droits sacrés méconnus trop longlomps {version du Mercure de France).
(:!) Il est d'une saçje politique d'attacher tous les citoyens à la Constitution
(version du Men-ure île France).
lOi LES GLURS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
YIII.
« Nul sans doute ne doitêtre-inquiété pour ses opinions religieuses,
ni pour le culte rendu en commun à la Divinité; mais Texpérience
des siècles passés n'a que trop appris combien la tranquillité et l'in-
térêt même de l'État exigent que la religion catholique continue à
jouir seule, dans le royaume, à titre de Religion Nationale, de la
solennité du culte public.
IX.
« Pour assurer dans tous les cas et contre tous les événemens la
dépense du culte public, l'entretien de ses ministres et les secours
dus aux pauvres, et fondés pour eux, il est essentiel de conserver aux
Églises une dotation territoriale. En conséquence, jusqu'à ce que la
dotation nécessaire ait été déterminée et solidement assurée, il ne
doit pas être fait d'autre aliénation des biens de l'Église que celle
décrétée le 10 décembre dernier, comme secours extraordinaire (1).
X.
« Conformément au Décret du 2 Novembre précédent, aucune dis-
position relative, soit à l'aliénation, soit à la répartition des biens
ecclésiastiques, ne doit avoir lieu que (Topros les instrurl ions et sous la
survflllr/nrr des prorinces respectivement intéressées.
XI.
« Une nouvelle constitution veut un autre ordre judiciaire, dans
lequel les nouveaux Tribunaux soient restreints au seul pouvoir de
juger. Mais on doit prendre tous les tempéramens convenables pour
concilier, à l'égard des anciens Magistrats, ce que la nécessité com-
mande et ce que l'équité réclame (2).
XII.
« Chez un peuple libre, et qui veut continuer de l'être, la liberté de
la presse doit être constamment protégée; mais l'ordre public, l'hon-
neur et la sûreté de chaque Citoyen demandent que la licence de la
presse soit réprimée. Rien n'est donc plus instant que de provoquer
et faire rendre sur cet objet une loi sage et prudemment motivée.
Xlll.
« Toute force armée deviendroit redoutable à la liberté publique,
et seroit le fléau des particuliers, si elle n'étoit contenue par la Cons-
M) .lui^qu'à ce que la dotation nérossairo ait été (liHerminée (version <hi Mercure
lie Franre.].
(2) La nécessité' avec la justice (version du Mercure de France).
CLUB DES IMPARTIAUX 105
tilulioii el toujours dépendante du pouvoir exécutif, conservateur de
l'ordre (1). Il faut donc que, subordonnément à Tordre établi par les
principes constitutionnels, l'armée et les Gardes-Nationales soient
soumises au Monarque, comme le monarque lui-même doit être sou-
mis à la Loi.
XIV.
« Nous réunirons tous nos efîorts pour obtenir la plus prompte
expédition des atTiiires, accélérer la conclusion si désirable de nos
travaux, et surtout pour maintenir l'union entre toutes les parties de
ce vaste Empire dont l'intérêt est si essentiellement de former un
seul et même corps sous la protection et la dépendance delà Loi et
du Roi.
XV.
« Pour parvenir au but que nous nous proposons, nos moyens
sont la justice, la vérité, la constance. »
<-ette déclaration de principes est signée : les Impartiaux.
VI
Dans la correspondance relative au club, nous devons reproduire
la lettre suivante :
(( Lettre de M. le duc de La Rochefoucauld (2; , Député de Paris,
à l'Auteur de la Partie Politique du Mercure de France.
« Le compte que vous avez rendu , Monsieur, dans deux Numéros
du Mercure du mois de Janvier, de deux conférences qui ont eu lieu
cbez moi, et de la fondation du Club de^ Impartiaux que vous avez
paru lier à ces conférences, a été répété dans beaucoup de Journaux,
commenté par quelques Libellistes, et m'a valu aussi plusieurs
lettres particulières. Persuadé que l'on doit, le moins possible, occu-
per le Public de soi, j'ai balancé long-temps à prendre la plume, et
si je m'y détermine aujourd'hui, c'est que plusieurs de mes amis sont
intéressés comme moi à établir l'exactitude des faits, et surtout
parce qu'ayant l'honneur d'être hommes publics, nous devons à nos
Concitoyens compte de nos opinions et de nos démarches, lorsqu'elles
ont rapport à nos fonctions.
« Le premier Numéro d'une Feuille périodique, intitulée Journal
(1) Si elle n'était contenu<^ par des rt-glemonts sévères et entièretnont subor-
donnée au pouvoir exécutif suprême, conservateur des droits de tous (version du
Mercure, de Franre).
(2) Le duc de Larochefoucauld appartint an Club de Valoix (voir pins liaul).
106 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
des Impartiaux., a rapporté plus en détail que les autres ces deux con-
férences, suite d'une visite que fit M. Malouet à M. de La Fayette, le
29 décembre (1789) : ce dernier, dont on connoit le patriotisme,
accepta la conversation proposée, parce qu'on semblait l'envisager
comme un moyen assuré de produire d'heureux effets; il indiqua le
rendez-vous chez moi pour le 3 janvier (1790), et m'en prévint, ainsi
que quelques autres de ses amis
« Nous nous réunîmes donc le 3, MM, de La Fayette, de La Coste,
de La Tour-Maubourg, de Liancourt (1) et moi; MM. Malouet, de Vi-
rieu, l'Evêque de Nanci, le chevalier de Bouftlers, La Chèze et Rhe-
don y arrivèrent, et le premier ouvrit la conversation par un discours
à-peu- près semblable à celui qu'il avoit tenu le 29 Décembre à M. de
La Fayette, et que l'on trouve imprimé avec des guillemets dans le
Journal des Impartiaux. Un de mes amis lui répondit que les situa-
lions respectives étaient différentes, puisque ces Messieurs s'annon-
çoient comme chargés d'une mission, tandisque nous n'étions que
pour notre compte. On observa encore que 'nous ne pouvions pas
reconnoitre l'existence de deux partis dans l'Assemblée Nationale,
en avouant pourtant que nous gémissions souvent de la division qui
s'y manifestoit dans beaucoup d'occasions; que l'établissement d'une
négociation du genre de celle qui nous étoit proposée nous paraissoit
impossible, parce que, nous bornant à suivre ce que notre conscience
et nos lumières nous dictoient, nous n'étions ni chefs ni prosélytes
d'un partie et que nous ne pouvions nous charger de répondre que de
nous-mêmes.
« La conversation roula vaguement sur plusieurs objets; on nous
proposa de nous revoir le (i, ce que nous acceptâmes, et d'y invitei'
quelques-uns de nos amis; mais aucun du petit nombre de ceux à
qui nous en parlâmes, n'ayant désiré s'y trouver, la seconde conver-
sation fut composée des mêmes personnes que la première. Elle fut
vague aussi, et quoique ces Messieurs nous parlassent beaucoup de la
nécessité de rétablir le Pouvoir exécutif, ils ne nous spécifièrent pas
quels étaient leurs moyens pour y parvenir, et se bornèrent à nous
dire que c'étoit le dernier objet dont on.devoit s'occuper.
« On leur répondit, et je me rappelle leur avoir dit, et avoir été
approuvé par mes amis, que c'étoit bien notre avis, et certainement
même la volonté générale, de donner au Pouvoir exécutif toute
l'étendue et toute la force nécessaires au salut d'un grand Empire :
(1) Le duc de Liancourt faisait partie du Cluh de Valois (voir plus haut), ainsi
(|ue la Tour-Maubourg et La Fayette.
CLUB DES IMPARTIAUX 107
mais que ce ne seroit pas une suite de Décrets faits en peu de joui's
qui établiroit cette force constitutionnelle; que plusieurs des rela-
tions du Pouvoir exécutif avec le Corps législatif, les Municipalités et
les Assemblées administratives étoient déjà déterminées, que l'on
détermineroit successivement les autres à mesure que Ton formeroit
les différentes parties de la Constitution, et que la collection des arti-
cles qui, dans chacun des chapitres, traiteroient du Pouvoir exécutif,
composeroit celui dans lequel ses fonctions et ses prérogatives seroient
constitutionnellement fixées ; mais que ce chapitre devoit être le der-
nier, parce que le Pouvoir exécutif étoit la clef de la voûte, qui ne
peut être placée que lorsque toutes les autres parties de l'édifice oui
reçu leur forme et leur disposition.
« Ces Messieurs nous annoncèrent leur projet de rendre compte
au Public de ce qui s'étoil passé, d'arrêter et de publier une Déclara-
tion de principes Impartiaux, et de former un Cbib^ dans lequel
seroient admis tous ceux qui feroient profession de penser comme
eux. Nous nous séparâmes, et il n'y eut point d'autre conférence
indiquée.
M Voilà, Monsieur, le récit de ces deux conversations aussi exact
que ma mémoire peut me les rappeler ; car je vous avouerai que je
n'en ai pas tenu note, ne croyant point être dans le cas de faire
imprimer. Ce sont les interprétations peu fidèles de divers journaux
qui m'y engagent; et comme c'est le vôtre qui le premier en a parlé,
je vous prierai de vouloir bien y insérer ma lettre, qui sera la pre-
mière et la dernière sur cet objet.
« Depuis le 6 janvier (1790) nous avons vu paraître les Principes
impartiaux et le Club se former; mais tout en rendant justice aux
vues patriotiques des Membres de ce Club^ tout en adoptant plusieurs
de leurs principes, il y en a quelques-uns sur lesquels nous sommes
certainement d'avis différent; aussi leur profession de foi politique
n'a-t-elle été ni adoptée, ni signée par aucun de nous.
« Le Duc dk la Rûchbfquc.auld (1). »
Le duc de La Rochefoucauld, après avoir voté l'affranchissement
des noirs, réclama la liberté de la presse, se prononça contre les
ordres religieux, et jouit d'une grande popularité; mais il se rallia
à la droite pour déclarer nationale la religion catholique, puis il
(1) Gazette nalioïKile, ii" CO. ilu inorcrodi lOmai's 171(0.
108 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
demanda la suspension de Pétion et de Manuel, et devint très impo-
pulaire (l'i.
VII
Un mouvement pacifique de modérés se produisait partout, dans
les écrits et dans les paroles. Mais les haines se multipliaient.
Servan, avocat général du parlement de Grenoble, avait refusé,
pour cause de santé, le litre de député aux États-Généraux. Il publia,
en décembre 1789, une brochure (in-S" de 68 pages) intitulée : Adrcs^p
niix A^nis de la paix, coïncidant avec son Essai sur la formation des
Asseinhlres nationales, provinciales et municipales.
Le 2 janvier 1790, parut une Lettre des Impartiaux aux Amis de la
paix :
« Chers camarades, vous êtes ce que nous sommes, et nous sommes
ce que. vous êtes; vous voulez la paix et la liberté; nous voulons la
liberté et la paix. Mais notre ami, M. Servan, a oublié de nous dire
par quelle voie raisonnable on y arrivait; et, s'il est impossible de
rien ajouter à la pureté de ses vues, à la sagesse de ses observations,
au charme de son style, il est très nécessaire de vous conduire au
but plus directement, et sans perte de temps.
<( Il convient d'abord que vous sachiez, amis de la paix, que nous,
les Impartiaux, qui avons l'honneur de vous écrire, formons la plus
malheureuse portion de l'Assemblée nationale. — Nous avons débuté
par être également détestés des démocrates et des aristocrates ; car
vous n'ignorez pas, amis de la paix, que les hommes passionnés ont
une singulière aversion pour les hommes modérés; ceux d'entre
nous qui ont essayé de développer leurs principes ont été sur-le-
champ dénoncés au peuple comme ses ennemis, aux jolies femmes
comme des hommes sans moyens, et les beaux esprits n'ont pas
manqué de nous ranger à une grande distance des temps héroïques
où nous sommes parvenus. — Les francs aristocrates n'avaient pas
pour nous moins de mépris; et, si la fortune avait favorisé leurs
armes, nous aurions été traités comme les Tartares de l'armée
vaincue. — Messieurs les ministres, et gens de la cour, ne faisaient
pas plus d'attention à notre modeste bataillon, et nous n'avons eu
nouvelle de notre importance qu'en nous voyant inscrits dans les
listes de proscriptions.
« Il faut cependant vous avouer, amis de la paix, qxu'. sans nous
(1) Massacré à Gisors en 1792.
CLUB DES IMPARTIAUX 101)
lïiclier el sans injurier personne, nous éprouvions alternalivement de
la pitié et de l'indignation des sottises de la cour, de celles des aris-
tocrates, et des extravagances philosophiques des métaphysiciens et
des matérialistes, qui ne nous aiment pas. — Par matérialistes, nous
n'entendons pas désigner le dogme, mais seulement l'enveloppe :
car, il faut le dire, il y a eu dans cette afîaire, comme à la création
du monde, une première impulsion ; et, le mouvement dé rotation
une fois imprimé, les satellites tournent autour de leur soleil dans
un même cercle, avec cette différence que les corps célestes exécu-
tent paisiblement leurs révolutions, au lieu que ces corps sublu-
naires ont un mouvement bruyant, et de fréquentes explosions.
« Pour nous, amis de la paix, nous n'avisons que d'aujourd'hui de
nous déclarer une puissance; mais aussitôt qu'elle sera bien connue,
elle sera irrésistible ; car c'est celle de la raison et de la justice.
« Or, voici notre plan d'attaque et de défense, ou plutôt de restau-
ration ; car tout s'ébranle et se détruit, et nous voulons sauver du
naufrage la constitution, la royauté, la religion, les mueurs et ce qui
reste de pi*opriétés intactes
« Premièrement, nous consentons à laisser à ces messieurs qui
frappent du pied, battent des mains, et font des lois à la clameur de
haro, nous leur laisserons tous les honneurs du spectacle qu'ils
donnent tous les jours gratis aux galeries. — Nous voulons continuer
à nous faire remarquer par une contenance paisible et impassible,
(jui finira par être celle du vrai patriotisme.
« Nous continuerons à écrire dans nos provinces qu'il faut se
calmer et obéir aux lois, au roi, et n'offenser personne ; de telle sorte,
([u'au jour du jugement chacun de nous puisse dire : Je suis le
député du canton où il y a eu le moins de châteaux brûlés et le moins
de sang répandu; ce qui, dans la compensation des titres et mérites,
écjuivaudra, au moins, à un éloge de journaliste.
" Nous ne prétendons aussi faire usage que ce jour-là des lettres
anonymes, des listes de proscriptions et de toutes les couronnes de
martyre que nous ont obtenues nos opinions, conformes à celles de
M. de Mirabeau sur le veto royal et la Constitution, en Assemblée
nationale, ainsi que notre doctrine sur les deux Chambres.
« Ces opinions, qui ne sont plus pour nous que des souvenii-s pré-
cieux de nos devoirs accomplis, sont maintenant subordonnées à
d'autres principes constitutifs que nous voulons maintenir, pai'ce (jue
la paix publique y est attachée.
« Nous ne voulions pas une révolution à feu et à sang, et nous ne
pensons pas encore qu'elle lïit nécessaire, attendu (pie, lorscpie les
110 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
représcuLants d'une nation sont assemblés, et qu'ils ont sa conllance,
ils ont une puissance absolue pour réprimer les abus et rétablir les
droits du peuple dans toute leur étendue. Or, c'était là notre mission,
et chacun de nous a tout le courage nécessaire pour la remplir com-
plètement.
« Mais la révolution est faite; et ce qu'on appelle une contre-révo-
lution est une absurdité en spéculation, et serait un malheur affreux
si (juelque imbécille {sic) osait la tenter.
« Or, nous vous assurons, amis de la pai\, que nous sommes des
ij,ens très sensés, et qu'il y en a parmi nous qui savent aussi bien ce
((lie c'est qu'un gouvernement que ceux qui viennent d'en faire un
neuf. Il s'agit maintenant de le faire aller, et nous entendons pour
cela en raffermir le grand rouage, qui est la royauté.
« Nous voulons que le pouvoir exécutif reprenne toute l'énergie
dont il est susceptible par la constitution, et que ses agens soient
responsables de quelque chose; car nous ne concevons pas ce qu'on
peut leur demander, et ce qu'ils ont à faire dans ce moment-ci. —
Il est même extraordinaire que l'honorable membre, qui poursuit le
livre rouge, passe sous silence les appointements des secrétaires
d'État depuis qu'ils sont en vacance.
(' Nous voulons que le roi soit plus puissant que le maire de Paris ;
(juc les municipalités et les gardes nationales lui obéissent, ainsi (juc
l'armée de terre et celle de mer.
« Nous réprouvons le gouvernement fédératif et tout ce qui res-
semblerait à la ligue Âchéenne et Ionienne dont le roi de Macédoine
vint aisément à bout.
« Nous empêcherons que le portefeuille des affaires étrangères soit
mis, comme le Journal de Paris, à la discrétion des tribunes et des
galeries.
« Nous voulons ((ue toutes les assemblées administratives soient
dans la dépendance du roi, et ([u'elles ne puissent rien sans son con-
sentement.
« Nous voulons que toute désobéissance à ses ordres, quand les
ordres du roi ne contrarient point la loi, soit punie comme forfaiture.
« Nous voulons que la splendeur du trône soit rétablie, et que le
roi ait toutes les jouissances qui peuvent contribuer à son bonheur
personnel et au maintien de la dignité de la famille royale; qu'en
conséquence, il ordonne et règle sa maison militaire, ainsi que bon
lui semblera, sans qu'aucun district puisse le trouver mauvais.
« Nous nous opposons à la liberté de lous les cultes publics. —
P'après les divisions qu'ont produit {sic) parmi nous la diversité
CLUB DES IMPARTIAUX III
(ropiiiioiis politiques, celle des religions nous mettrait dans un état de
gueiTc perpétuelle, et notre amour pour la paix nous fait désirer de
conserver à la religion de nos pères une grande prépondérance, sauf
à convertir en mosquées, en synagogues, tous les boudoirs de Paris,
ce qui nous est indifférent.
« Nous aurions désiré qu'on eût mis vingt années à détruire tout
ce qui a été détruit en quelques heures; mais ce qui est fait est fait,
nous voulons laisser debout ce qui n'est pas encore renversé. — En
conséquence, nous oserons déplaire aux gazetiers, en mettant une
circonspection raisonnable dans les dispositions subséquentes au
décret du 2 novembre sur les biens ecclésiastiques.
« Notre intention est d'abord d'assurer les frais du culte et la sub-
sistance des ministres, ainsi que celle des pauvres, tout autrement
(jue par des calculs hypothétiques.
« Nous ne croyons ni juste, ni utile de salarier les prêtres en argent;
de les dépouiller d'une dotation territoriale.
<( Nous consentirons à toutes les suppressions et réductions raison-
nables, à l'aliénation de quatre cents millions; mais nous ne dépas-
serons pas ce terme.
'< Et cependant, nous ne voulons point d'ordre, ni de résurrection
d'ordre, aussitôt que l'ordre des avocats sera enterré.
(' Nous estimons que la suppression des parlements est une opéra-
tion nécessaire, mais à charge de remboursement.
« Nous serons fort aises de voir MM. les maitres des requêtes et
conseillers d'État, employés dans les municipalités, de préférence aux
avocats et procureurs; mais nous n'avons point d'article arrêté pour
ce qui les regarde.
« Nous prenons un intérêt très vif au commerce, à l'agriculture, à
la navigation, aux colonies ; nous provocjuerons et nous accueillerons
avec transport toutes les lois (jui encourageront le travail et l'indus-
ti'ie.
« Nous désirons un système raisonnable d'imposition et de liiuince;
et, après l'avoir longtemps attendu, nous prendrons la liberté d'en
proposer un, si le comité ne se dépêche.
'< Finalement, nous désirons justice, protection, liberté, sûreté
jxjur tous, sans en exclure le Pape et son comtat d'Avignon, que
M. Bouche convoite amoureusement. — Nous nous opposerons à l'in-
vasion, ainsi qu'à la destruction de l'ordre de Malthe {sic).
« Quant aux chanoinesses, et à tous les chapitres nobles, nous les
verrions subsister sans inquiétude, et supprimer sans chagrin,
moyennant les mesures et les égards convenables pour les titulaires;
1(2 LES CLUBS GONTRE-RÉVOLUTIONNAIHLS
en général, nous n'aimons point l'impétuosité, la précipitation, la
colère, dans les fonctions législatives. — Nous sommes plus disposés
à absoudre qu'à condamner, à concilier qu'à diviser. Le comité des
recherches, et tous les complots qu'il a imaginés, ou découverts, ou
poursuivis, nous paraissent d'absurdes et d'iniques moyens de régé-
nération. Nous travaillerons à faire disparaître cette page de notre
histoire.
« Lorsqu'on nous dénoncera une cocarde noire, nous lèverons les
épaules.
« Nous ferons établir, aussitôt que nous le pourrons, un poteau à
carcan pour les libellistes, sans entendre proscrire les plaisanteries
aimables qu'on pourrait se permettre sur notre compte. — Mais toute
espèce d'imposture est un poison pour le peuple, et la grossièreté
une chose dégoûtante pour les honnêtes gens.
« Du reste, amis de la paix, nous abandonnons le fauteuil et toutes
les dignités auxquelles on parvient par la combinaison des nombres;
et notre bataillon sera toujours prêt à s'ouvrir pour recevoir un aris-
tocrate pénitent ou un enragé converti.
« Nous ne faisons point serment de nous lever ou de nous asseoir
au commandement d'un officier-major qui fait faire l'exercice à la
Prussienne; fidèles à nos principes, s'il plaisait aux parties adverses
de les adopter, "et aux alliés de les oublier, ou si, dans les articles
imprévus, nous apercevons tort ou raison dans l'une ou l'autre extré-
mité de la salle, nous refuserons le salut au tort, et nous ferons la
révérence à la raison.
« Apprenez maintenant, amis de la paix, que telle est notre con-
duite depuis le o mai, sans nous en être écartés un instant, et qu'au-
paravant, il n'y a pas un de nous, véritables impartiaux, qui eût fléchi
le genou devant le véritable despotisme ; tandis qu'on assure que
plusieurs hommes, libres d'hier, faisaient fonctions d'esclaves avant
hier.
« Or donc, amis de la paix, laissez là la brochure du jour, même
celle-ci, qui vaut peut-être mieux qu'une autre; prenez vos cannes et
vos chapeaux, sans oublier la cocarde, et allez-vous-en de rang en
rang, de place en place, pour nous chercher d'honnêtes gens; mon-
trez-leur nos conditions, nos principes, et dites, avec assurance : Là
l'U la paix, la justice, la vérité ; bonnes gens, ralliez-vous à ces ensei-
gnes.
« Dites aux officiers municipaux, aux comités permanens, aux
gardes nationales, qu'il y aura toujours des sottises, mais qu'il n'y a
plus de complots redoutables; (pi'il faut que les vaincjueurs et les
CLUB DES IMPARTIAUX 113
vaincus se réunissent cordialement, et que c'est à la force qu'il con-
vient de ne point abuser de la victoire ; qu'il n'y a de révolution utile-
ment consommée que celle qui met un terme à la violence, aux
outrages, à la défiance, à l'inimitié ;
« Qu'aussitôt que la bienveillance et la bonté se manifestent dans
un tems de trouble, il arrive ce que l'on voit clans les jours orageux,
lorsqu'un souffle pur chasse les nuages et nous rend le soleil dans
tout son éclat.
« Amis de la paix, remettez doucement chacun à sa place, le magis-
trat sur son siège, le procureur dans son étude, l'ouvrier dans son
atelier et le soldat dans ses cazernes {sic) ; ils ont assez longtemps
habité les cafés et les places publiques.
(' Dites aux gardes nationales qu'ils dépensent un million par jour;
car la diminution du travail est précisément celle de l'argent, des
subsistances des denrées et des marchandises ;
« Qu'ils laissent donc reposer leurs fusils jusqu'à ce que les puis-
sances ennemies chargent les leurs.
« Dites aux politiques métaphysiciens que nous avons besoin main-
tenant de faire un cours de physique expérimentale, et que nous
reviendrons à eux à la suite de ce cours.
« Dites aux courtisans que la leçon est dure, mais qu'il faut (pi'ils
en profitent.
« Dites aux ministres de prendre une attitude ministérielle, et (jue
nous les aiderons pour le bien.
« Dites au clergé, par la voix insinuante de son agent, qu'il faut
en linir; que nous n'entendons point abandonner au pillage et le
prêtre et l'autel ; mais qu'il n'y a plus d'ordre et plus d'abbaye pour
personne. — Du reste, amis de la paix, mettez une grande impor-
tance à concilier aux ministres de l'Église, qu'on outrage impuné-
ment, le respect et la confiance des peuples.
« Dites aux parlemens que leur dernière heure est arrivée; (lu'il
faut se résigner et faire une belle mort, d'autant que nous aurons
soin de leurs héritiers, et que nous n'entendons point les supprimer
sans les rembourser.
« Dites au peuple, aux citadins, aux districts, que, s'ils continuent
à se mêler de tout, ils bouleverseront tout : car il y a fort peu
d'hommes très capables de gouverner les autres. Enfin, amis de la
paix, n'oubliez rien de ce qu'a oublié M. Servan; et son home ie,
jointe à la vôtre, sera un ouvrage parfait; comme il est lui-même un
parfait citoyen et un excellent écrivain, que nous chérissons, ainsi
que le petit nombre de ceux qui lui ressemblent.
114 LES CLUBS CONTRE RÉVOLUTIONNAIRES
, « Sur ce, amis de la paix, nous prions Dieu (ju'il bénisse vos efforts
et les nôtres ; nous continuerons à être vos plus lidèles coopéraleurs,
« Lks Impartiaux (1). »
Mil
La lettre ci-dessus reproduite ne pouvait contenter les parlemen-
taires, dont elle faisait bon marché, ni les hommes que les premiers
actes de la Révolution atteignaient sérieusement dans leurs privilèges
et leurs intérêts. Aussi, un monarchiste publia une Réponse à In lettre
des Impartiaux (2), où Ton remarquera, entre autres critiques, ces
reproches véhéments :
« ... Vous venez aujourd'hui nous annoncer des sentiments plus
modérés; mais avez-vous abandonné les principes qui ont dirigé jus-
(ju'à présent l'Assemblée? Non, vous les professez encore.
« Avez-vous le projet de revenir sur vos pas, de réparer vos erreurs,
de rétablir ce que vous avez détruit? Non, vous annoncez, au con-
traire, de nouveaux projets de destruction : il ne reste plus que les
Parlemens, et vous voulez les abolir...
«... Avouez-le, Messieurs, le but que vous vous proposez est de
vous rallier des partisans pour faire reparoitre votre projet chci'i,
votre Chambre haute, qui ne seroit autre chose qu'une Cour plénière
aussi facile à corrompre, et plus dangereuse que celle que Brienne et
Lamoignon nous avoient proposée... » ~
Loménie de Brienne était l'homme de Marie-Antoinette; il s'était,
lui que Louis XVI appelait le « prêtre athée », rendu impopulaire
par sa lutte contre les parlements, et il avait dû démissionner en
août 1788. Lamoignon avait, comme Brienne, voulu faire enregistrer
les édits du timbre et de la subvention territoriale, et, comme
Brienne encore, il avait été brûlé en effigie sur le Pont-Neuf.
Le district de Saint-Jacques l'Hôpital s'émut et prit ini arrêté :
« DISTRICT DE SAINT -JACQUES -L'HOPITAL
« ASSEMBLÉE GÉNÉRALl-)
« Séance du mercredi 3 février 1790.
u Dénong[at[ON d'un Imprimé, ayant pour titre :
u' Li:s Impartiaux.
t< De ta Délibération de ce jour a été extrait littéralement ce qui suit :
« L'Assemblée générale du District de Saint-Jacques l'Hôpital, sur
(1) Bib. Nat., Lb 39/27i4.
(2) Réponse à lu lettre des Impartiaux, brochure sans (lato, trù;? probablement
.le 1790. Bib. de la Chambre des députés, recueil factice, Bf 222 (t. XXXYII).
CLUB DES IMPARTIAUX H 5
la dénonciation qui lui a été faite d'un Imprimé sans nom d'Auteur
et d'Imprimeur, adressé à son Président, ayant pour titre : Les Impar-
tiaux, et distribué avec profusion dans les Comités des Districts de
Paris, et en ayant pris connaissance, estime que l'Auteur de cet
Ouvrage n'a pu avoir en vue que d'exciter le Peuple à désapprouver
les décrets de l'Assemblée Nationale, à jetter {sic) une défaveur dan-
gereuse sur ses opérations et exciter le trouble sous le vain appas de
l'ordfe de la paix ; que c'est faire un outrage à l'Assemblée Nationale
que de laisser errer des soupçons sur quelques-uns de ses Membres,
ainsi qu'a voulu le faire l'Auteur en commençant son ouvrage par ces
mots : Nous, Membres de rAssevihlée Nationale.
« Les Citoyens du District étant intimement persuadés qu'il ne
peut exister dans le sein de cette auguste Diette {sic) des Membres
assez mal intentionnés pour tendre, sous le voile du mystère, des
pièges au Peuple,
« 11 a été, en conséquence, arrêté qu'il serait nommé deux Députés
pour se retirer par-devant MM. les Représentants de la Commune en
Assemblée générale, à l'efTet de les prier de s'occuper à rechercher
les Auteurs de cet imprimé anonyme et dangereux; que cet arrêté
serait envoyé à M. le Président de l'Assemblée Nationale, en le priant
de le communiquer à l'Assemblée comme une preuve du respect du
District de Saint-Jacques l'Hôpital, et qui sera adressé au {sir) 59 Dis-
tricts le plus promptement possible pour éviter les efl'ets dangereux
des principes que cet Imprimé renferme.
<- Efpour porter cet Arrêté, l'Assemblée a député :
" MM. Sergent, Président;
« Parquoy, Commissaire du Comité Permanent .
'< Pour extrait conforme audit Arrêté, délivré par nous Secrétaire
(ireffier du District, étant sous registre des Délibérations en notre
possession, ce jourd'hui, i février 1790.
« BLANC, Secntairc-Grefficr [V). »
H était évident ({ue le Club des Impartiaux se recrutait parmi les
membres du centre de l'Assemblée natioiiclle, et le prenait de haut
vis-à-vis de la majorité ; qu'il aspirait à faire nommer deux chambres^,
une haute, l'autre basse, selon le système anglais.
(1) Bil). \at. (inauuscrils). Nouvelles ;ic(|iiisiUoa.s tVaii(;uises, a" 2()i)8i
MO LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
JX -
La presse patriote publia des articles sur le club des Impartiaux^
à propos duquel Prudhomme imprima une sorte de réquisitoire qui
lut lu avidement par les masses parisiennes :
« Dès la première séance, la faction a élu pour président, par accla-
mation, son altesse éminentissime ^ illustrissime monseigneur Hu-
teau (vic), avocat, député du tiers état de Paris (1); et la preujière
matière mise en délibération a été la conservation des biens ecclé-
siastiques,
« Il s'est trouvé dans le nombre des assistants quelques honorables
membres qui n'étoient pas venus pour chercher des moyens de
mettre des entraves aux opérations de l'Assemblée nationale. M. le
cardinal de Rohan dit expressément : « Lorsqu'on m'a invité à venir
ici, on m'a assuré qu'on ne s'occuperoit que d'objets qui auroient
trait à l'intérêt général, et je vois qu'il s'agit des aflaires particulières
du clergé. Occupons-nous du bien commun. Cette assemblée ne peut
avoir d'autre objet sans crime et sans danger. » Sa remontrance ne
fut point écoutée. Il fut décidé que le parti aristocratique se diviseroit
en deux branches; que MM. Maury, d'Esprémenil [sic) et le vicomte de
Mirabeau, avec une trentaine d'autres privilégiés, continueroient à se
montrer ouvertement les ennemis du peuple, de la révolution et de
toute sage réforme, pendant que MM. Malouet et Virieu se mettroient
à la tète du reste de la faction, et prendroient le nom respectable
d'impartiaux (2). »
En réponse, dans la Lettre d'un impartial à M. Prudhomme , auteur
des Révolutions de Paris, on remarque ces explications très dévelop-
pées :
« Je suis impartial. Monsieur, et j'ai lu ce que vous dites de notre
société dans votre 28" n". Vous nous dénoncez comme des aristo-
crates; vous nous prodiguez les invectives les plus atroces. Je ne ré-
ponds point à des invectives; et le public jugera bientôt si nous
sommes des aristocrates : mais vous rappelez nos principes pour les
combattre, et vous annoncez des faits inexacts. C'est uniquement
pour défendre nos principes et pour rétablir les faits que, je vous
écris cette lettre. Vous dites que nous nous assemblons aux Auguslins ;
{{) Hulteati, quoique partisan des idées nouvelles, vota souvent avec la minorité
réactionnaire.
(2) Jiévolulions de Paris, 1790, n» 28, p. il et 12.
CLUB DES IMPART [AUX 117
que le district de rabbaye Saint-Germain regarde cette assemblée comme
ïin attronpement qui doit être dissipé, à moins que les aristocrates
attroupt's ou conjurés ne reçoivent quatre commissaires pour surveiller
ce qui se -passera dans rassemblée. Ces quatre lignes sont un tissu
d'erreurs. Nous nous assemblons rue de la Michodière, n" 8 ; nous
avons envoyé au district des filles Saint-Thomas deux députés pour
prévenir ces messieurs de l'existence et du but de notre association,
leur remettre des exemplaires de nos principes, et inviter à nos
séances ceux de ses membres à qui il conviendroit d'y assister. Le
président du district a reçu nos députés avec les égards dus à une
réunion de bons citoyens ; réunion que la loi approuve, et que vous
avez tort de calomnier. Voilà les faits auxquels j'ajoute que le cin-
quième article de notre règlement porte : que toute personne pré-
sentée par un membre pourra assister à nos séances ; d'où je vous
somme de conclure que nos intentions sont pures, et que vous-même,
M. Prudhomme, vous pouvez vous présenter à nos assemblées, et
que vous nous ferez plaisir.
« Dans l'analyse de nos principes, vous parodiez quelquefois, et
vous ne raisonnez pas souvent.
« Lorsque nous disons que nous renonçons aux opinions par les-
quelles, dans les discussions, quelques-uns de nous ont pu combattre
les principes que l'Assemblée nationale a décrétés, vous dites que l'on
doit nous en savoir gré ; cela n'est ni piquant ni profond. Vous me
dispenserez d'y répondre.
« Lorsque nous disons que nous ne voulions pas une révolution à
feu et à sang, vous dites que nous la voulions à Yea\i rose, comme
celle de Cro/n?/'e//; cela n'est ni de bon goût ni de bon sens; vous me
dispenserez dy répondre.
« Lorsque nous disons que nous voulons que le pouvoir exécutif
reprenne toute son énergie, vous dites que les patriotes le veulent
aussi. Dieu veuille que vous ne soyez pas démenti par tous ceux que
vous appelez patriotes ; et je n'aurai rien à vous répondre.
« Lorsque nous disons que nous nous opposerons à la liberté de
tous les cultes publics, vous ne combattez cette assertion que par
l'exemple de l'Amérique, de Strasbourg et de Bordeaux. — Je vous
réponds que nous avons expliqué cette phrase dans nos principes
impartiaux, qu'en accordant le culte commun, nous nous bornons à
désirer que la solennité du culte soit réservée à la religion catholique,
(jue l'Assemblée nationale a sans doute reconnue nationale (1), puis-
(1) '< Ou la roliaion catholiquo est uno associfitinn libro, ou fllo osl \\n (>(abli!*-
♦ 18 LES Cr.UUS CONTRE-HÉVOLUTIONNAIRES
qu'elle a déclaré ses biens à la disposition de la nation, comme appar-
lenans à un établissement public. Enfin, je vous observe que Thu-
meur qui repiirait en Languedoc ne prouve que trop qu'il faut laisser
mûrir les nations, et ne pas compromettre la tranquillité publique.
" Lorsque nous annonçons que nous voulons borner aux 4{K) mil-
lions décrétés les alithiations des biens du Clerr/é, vous dites... Voilà le
ffraud mot lâché. 11 n'y a rien à répondre à cette raison. Vous ajoutez
qu'on ôtera à VAhbè Maury ses huit cents fermes, qu'on lui en laissera
uner ou deux pour vivre jusqu'à ce qu'il trouve une paroisse qui
veuille de lui pour vicaire. — A cela je réponds qu'il ne faut voler
personne, même VAhbé Maury; et que l'homme qui propose de dé-
pouiller, même un Aristocrate., n'a ni principes, ni probité.
« Lorsque nous disons que nous soutiendrons l'ordre de Malthe,
vous nous dites que, ne connaissant pas les raisons de M. Camus,
nous ne pouvons pas savoir si elles ne seront pas bonnes. Je réponds
que, du moins, nous connaissons l'ordre de Malthe, ses droits et ses
propriétés, les raisons qu'il y a pour défendre un établissement qui
protège notre commerce du Levant, et qui est de la plus grande
utilité politique; enlln, que nous connaissons M. Camus [i), si nous
ne connaissons pas ses raisons.
« Lorsque nous annonçons notre indifférence pour 1(!S chapitres
nobles, vous dites que ces établissements sont dispendieux et inutiles
î\ l'état; je réponds que cela est loin d'être prouvé, mais que leur
inutilité même démontrée ne nous condamne pas, puisque nous
renonçons à les défendre.
«' Voilà cependant, Monsieur, ce que vous avez cru devoir atta<iuer;
et c'est après cette série de raisonnements que vous dites : là est l'as-
tuce, le mensonge et rhypocrisie. M. Prudhomme, vous n'êtes pas im-
partial.
(( J'ai l'honneur d'être, etc.
« Un Imi'ahtial. »
X
I^a polémique des Impartiaux avec les journaux patriotes devenail
de plus en plus vive. Les modérés se disaient calomniés, faussemeni,
hypocritement accusés d'aristocratie. Les patriotes s'apercevaient
sonipnt public ot national ; dans lo premier cas, la nation n'a aucun droit sur ses
biens; dans le second cas, on ne peut lui contester la faveur et l'existence d'une
religion nationale; il n'y a pas moyen de soi'tir de ce dilême (sic). >>
[l) Camus fut avocat du cleroré de Krance avant la Révolution.
CLUB DES IMPARTIAUX H9
que les Impartiaux^ en bons termes avec la plupart des représentants
des pouvoirs publics, se croyaient appelés à peser sur le gouverne-
ment, à parler sans cesse au nom du roi et de ses droits légitimes.
Ils répondirent à Camille Desmoulins, qui les attaquait vertement,
par une nouvelle profession de foi :
.. LETTRE
« d'un impartial
« A M. CAMILLE DESMOULINS,
'< Anlritr (les /i('-volii lions de Brnlinnt (I;.
« M
" .l'hésitois à vous écrire; je me disois : Qu'y a-t-il, que peut-il y
avoir entre Camille Desmoulins et la société des Impartiaux? Je me
rappellois ce qu'a dit un de nos membres à Versailles : Il y a loin du
fer de l'assassin au cœur de l'honnête homme; mais, puisqu'entin
vous avez franchi l'espace, puisque vos calomnies nous atteignent, il
faut bien qu'on vous réponde.
« Il est faux que nous soyons des aristocrates; nos principes ne
sont et ne seront jamais les leurs; nous obéissons à la constitution
qu'ils attaquent ; nous reconnaissons (art. II) que la nation seule peut
la changer ou la modifier.
« Nous reconnaissons (art. III) qu'il faut garder la foi promise el
due aux créanciers de l'état.
« Nous demandons (art. IV) pour le Roi, non pas une autorité illi-
mitée, mais le pouvoir exécutif suprême, conforme au vœu solennel
de la nation, et aux principes monarchiques reconnus et consacrés
par la constitution.
« Nous jurons (art. Vj de défendre les droits de l'homme et du
citoyen.
« Nous reconnaissons (art. XI) qu'une nouvelle constitution veul
un autre ordre judiciaire, dans lequel les nouveaux tribunaux soient
restreins au seul pouvoir de juger.
« Nous voulons (art. XIII) que l'armée et les gai'des-nationales
soient soumises au monarque, comme le monarque, lui-même, doit
être soumis aux lois.
« Voilà, Monsieur, la doctrine de ceux que vous appelez aristo-
crates. MM. Duv. d'Espr., de Caz...et Mau... la signeront peut-être un
(1) Révohdlons de France et de Brahmit. Cp journal oui 86 numéros, sous la
direction de Camille Desmoulins, et obtint un j^rand sum'-s. Il parut depuis le
28 novembre 1789 jusqu'au 18 juillet 1791.
lyu LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIUES
jour; mais, jusqu'à présent, ils ne l'ont pas signée, et nul ne peut
être (sic) de notre société qu'il n'ait signé ces articles.
« IVous ne voulons que la paix et l'afFermissement de la constitu-
tion, et nous croyons fortement que l'une et l'autre ne peuvent
s'opérer que par un amour constant de la vérité et de la justice.
Indulgent [sic) pour les erreurs, nous sommes implacables pour les
cabales; nous haïssons les brigands qui font usage de la lanterne ;
nous exécrons les ambitieux qui font usage des brigands, et nous
méprisons les journalistes qui se vouent à louer les ambitieux, les
brigands et la lanterne.
« Inébranlables dans nos principes, nous ne craignons pas la
lumière ; tout honnête homme peut être admis à nos séances, s'il est
présenté par un membre : si vous ne trouvez personne qui veuille
vous y présenter, je vous promets une exception, vous pouvez venir
votre journal à la main, et le président ou un secrétaire vous feront
donner une place.
« Je vous ai fait. Monsieur, notre profession de foi; j'y ajoute, pour
votre instruction, que nous respectons toutes les autorités légitimes,
que nous regardons, avec l'Assemblée nationale et d'après ses décrets,
la personne du roi comme inviolable ; que, persuadés que les vertus
privées sont les garans et les compagnes inséparables des vertus
publiques, nous respectons dans notre roi les qualités de bon père,
et de bon mari; que nous nous interdisons soigneusement de
l'aftliger dans ses affections ; et qu'ainsi, jamais un Impartial ne rira
de vos indécentes plaisanteries sur le Roi, que vous appelez M. Veto,
ni sur la reine, que vous appelez avec affectation la femme du roi, à
qui vous refusez le titre de Majesté, et dont vous regardez le prétendu
ressent imnit comme un argu lient sans rêpHqije, en faveur de celui
que vous en croyez l'objet.
« Je me borne à ce peu de mots, mais je vous promets que si la
société entreprend jamais l'analyse des libelles qui ont infecté la ca-
pitale, je me chargerai avec résignation de celle de vos maximes
anarchiques.
« J'ai l'honneur d'être, etc.
« Un Impartial (l). »
S'attaquer à Camille Desmoulins, plein de verve, d'esprit, d'élo-
quence passionnée, de violence endiablée, c'était rompre complèle-
ment avec les hommes d'action. Depuis le mois de juillet 1789,
(1) Bib. Nat., Lb 39/3042.
CLUH DES IMPARTIAUX 121
époque où il avait jeté pour la première fois, dans le Palais-Royal, le
cri : Aux armes! Camille exerçait une grande influence sur le peuple
de Paris qui lui faisait cortège dans les rues.
Le Club des Impartiaux sembla réactionnaire au suprême degré,
non plus seulement modéré comme il prétendait l'être. Les avancés
de toute nuance se plurent à dénoncer, chaque jour, avec plus d'in-
sistance, son attitude aristocratique et monarchique ; il se trouva pris
entre deux feux, moqué par les royalistes purs, accablé par les (-or-
deliers et les Jacobins.
XI
Le mot même d'impartial souleva une polémique. Un pamphlétaire
apostropha ainsi les membres du Club des Imparliaax^ incapables de
résister à tant d'ennemis clairvoyants :
« Non, Messieurs les Impartiaux, ne l'espérez pas : quelque facile à
tromper que soit le bon peuple de France, vous ne parviendrez pas
à le séduire. Votre masque patriotique ne vous servira de rien : on
vous connoît; vous êtes ces tristes Sénateurs déjoués dans leurs
projets, qui s'étoient flattés de s'asseoir dans la Chambre haute, et
d'y devenir les heureuses souches d'une nouvelle race de patriciens.
Vous êtes les exécuteurs de ce vaste projet enfanté par Brienne, cor-
rigé, perfectionné depuis son départ.
«... Vous vous glorifiez d'avoir été inscrits sur les listes de pros-
cription ; quelques-uns de vous assurent même qu'on a voulu les
traiter comme les Foulons et les Berlhiers.
« Messieurs les Impartiaux, vous vous vantez, personne ne vous a
fait l'honneur de songer à vous pendre ; mais vous aviez peur, on
s'en apercevoit; et en vous parlant de la lanterne, on s'assuroit de
vos suffrages.
« Vous vouliez une révolution ; mais vous eussiez désiré d'employer
vingt ans éi détruire; vous vouliez savourer ce plaisir délicieux :
j'avoue de bonne foi que j'aime mieux les Enragés » (1).
Un autre pamphlétaire les définissait à sa manière :
« Impartiaux : mot très nouvellement inventé, et très justement
appliqué à une association de zélés patriotes, qui viennent de se con-
fédérer pour le bien public qu'ils désirent. Cette association est
appelée le club des impartiaux; elle est composée des honorables
(1) Voulez-vous sauver rÉla'.' Ptenez et. lisez. Jîmr'liiire do 42 p.. lu-8". 1790.
12? LKS CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
membres, déjà célèbres et célébrés sous le nom d'Avgiistlns. Ils ont
(les principes invariables qu'ils ont exposés dans leurs invariables
statuts, où ils annoncent qu'il est plus que tems, pour ramener la
paix et sauver la France, de conserver au clergé un domaine territo-
rial, et de mettre en vigueur le pouvoir exécutif suprême. M, de
Malouet, si avantageusement connu par son civisme, est, dit-on, pré-
sident-né de ce cliib! Ali ! que d'associations qui veulent votre
bien (1) ! »
Le Moniteur universel publia, sous la rubrique Variétés, Réflexions
sur VEspril de parti, un article contenant ce paragraphe :
« Quant aux Ln/.artianr, je ne leur parlerai point; j'attends qu'ils
prennent un parti ; car entre o^d et non, je ne vois pas trop de mi-
lieu, et il y a une différence notable entre ces deux choses, prendre
vn parti, ou être d'un parti (2). ->
Dans cet article, le Moniteur lui-même, réputé pour sa modération,
ou du moins pour ga neutralité habituelle, lançait une flèche à des
gens qui laissaient à deviner leurs véritables intentions et qui no
montraient pas franchement leur cocarde, qui louvoyaient entre it
roi et l'Assemblée nationale.
Répondant à un article de VOhserimteur, le Journal des Impartiaux
déclarait :
« V impartialité consiste, non à ne prendre aucun parti ni pour ni
contre la révolution, ni pour ni contre l'Assemblée nationale, mais à
respecter la constitution, à obéir aux lois, à vouloir que tout le
monde vive en paix sous leur égide, à ne point exciter la défiance du
peuple, à ne point l'encourager au désordre, à ne point lui répéter
sans cesse qu'il est juge et souverain.
« Par exemple, un Impartial Ruro\t remis MM. Foulon, Berthier,
entre les mains de leurs juges naturels. Un Impartial attendra patiem-
ment que le Châtelet prononce sur M. de Favras; un Impartial res-
pectera les décrets de l'Assemblée nationale, même quand ils auroient
été rendus contre son opinion. — Un Im/artial, iidèle à la nation, à
la loi et au roi, votera selon sa conscience, s'il est membre du corps
législatif; il prononcera suivant l'étjuité et la loi, s'il est juge; il
remplira ses devoirs de citoyen, quelque poste que le hasard ou la
fortune lui aient assigné. — Dans les élections, un Impartial n'écou-
(1) Diriionnaire national et anecdotique, et'-., par M. de YEpith'dp, cir. (1790),
au mot Impartiaux. (Bib. de la Chamhvo des députés, If 264.)
(2) Moniteur )i>iiversel, nuniéi'o du 21 avril 1790.
CLUB DES IMPARTIAUX m
tera que sa conscience, sera inaccessible à la brigue et à la cabale.—
Dans les moments de crise qui ont amené la révolution, un Impartial
auroit distingué Ténergie de la violence, et l'insurrection légitime
des fureurs incendiaires et gratuites. — Maintenant que la révolution
est faite, un Impartial ne croira point que l'expédition des Invalides
et de la Bastille puisse être, pour un peuple policé, une règle habi-
tuelle de conduite. Un Impartial, enfin, pense aujourd'hui 5 février
1790, et pense, avec satisfaction, que la nouvelle constitution, des-
tinée à se perfectionner sans cesse, n'a pas besoin, pour se maintenir,
des libellistes ni des séditieux.
u L'Observateur qui a occasionné cette courte réponse affecte de
substituer partout le mot Impartial au mot Aristocrate. D'autres
journalistes traduisent le mot Impartial par celui à'enragé; cela
prouve que le mot Impartial, d'après ces différentes traductions, et
malgré leurs auteurs, ne signifie qu'Impartial (1). »
Par contre, le public donnait au mot le sens de réactionnaire ou
d'intrigant.
Dans une brochure publiée probablement en 1791, contre les clubs,
nous trouvons ces lignes :
« Je le demande, non pas aux impartiaux, car ce nom est devenu
une injure, également prodiguée par les aristocrates et les démo-
crates, à ceux qui ne sont ni l'un ni l'autre; je le demande, dis-je,
aux partisans désintéressés de la liberté et de notre constitution, à
quoi servent ces clubs politiques qui se font aujourd'hui une guerre
si cruelle? (2) »
XII
En réalité, les Impartiaux croyaient posséder à eux seuls la sagesse
politique, distribuaient çà et là le blâme ou l'éloge, toujours au nom
de la Constitution que les députés élaboraient. C'étaient des théori-
ciens en face d'hommes pratiques : affectant le désintéressement,
niant presque les mouvements de la Révolution, tels que la prise de
la Bastille et la nuit du 4 août; ne tenant compte ni des entraînements
de la noblesse et du clergé, ni des enthousiasmes populaires qui se
terminaient par des excès compréhensibles, sinon excusables.
Ils n'admettaient pas que Ton pût improuver les refus de sanction
(1) IJ Observateur, n* 79. — Journal (/es Impartiaux, a" 1.
(2) Des rliifjs ji'A liqu<'.< et fli's lihelles. (Hib. XaL. Lb .'J9/i29J .)
124- LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
par Louis XVI, qu'on préférât la loi dans les conflits entre le roi et
l'Assemblée nationale.
Dans les Réflexions d'vn Jmpartial sur la séance du 30 janvier
(1790), nous lisons, pages 4 et o :
« On a professé, sans réclamations, dans l'Assemblée nationale,
une doctrine contraire à la constitution.
« On a fait un reproche au prévôt général de Provence de n'avoir
point obéi au décret du 8 décembre, non sanctionné par le Roi. Ce
l'eproche est injuste et contient un principe faux. L'obéissance n'est
due, en matière de législation, qu'aux décrets sanctionnés par le Roi.
Ce principe, consacré dans notre constitution, est la sauve-garde de
l'autorité royale et de la liberté publique. L'erreur contraire à ce
principe n'auroit pas été professée sans contradiction si l'assemblée
eùl été plus calme ou plus attentive.
« Un Impartial (I). »
Dans la séance du 5 février 1790, le discours que Louis XVI avait
prononcé la veille ù l'Assemblée nationale fut le premier objet qui
occupa les Imparliaux. On en fit une lecture raisonnée. Un membre
le commenta, et son discours fut imprimé et publié dans le Journal
des impartiaux {'2).
Cependant, le club végétait. A plusieurs de ses membres il fallait
une accentuation d'opinion qui n'était pas son fait. Le Mercnrr de
France constatait :
« La Société des Impartiaux^ dont nous avons exposé l'origine, la
formation et les principes, a déjà eu tous les honneurs de la guerre,
c'est-à-dire qu'elle peut se glorifier de l'animadversion des Partis
extrêmes. Les Énergumènes qui catéchisent la Nation de Paris, ont
gagné leur argent en insultant cette Société qui n'insulte personne.
C'est un scandale de plus que ces brutales hostilités, dont le ton dé-
cèle des Auteurs bien pervers, ou bien ignorans. Il suffit, en efTet, de
jeter un coup d'œil sur les principes des fmpartianx, pour se con-
vaincre que, sous peine de subversion prochaine, il faudra bientôt
venir se reposer sur ces bases de tout Gouvernement libre; mais
libre comme peut l'être un Empire de 24 millions d'âmes. On se dou-
tera bien que si quelques-uns font semblant de croire les Impartiaux
des sectateurs de la Démocratie, les fameux Apôtres de celle-ci les
intitulent des Aristoerat<'.<. Des Aristocrates qui consacrent l'égalité
(1) I5ib. Nat., Lb 39,2868.
(2) Vuir plus haut. ii. 9.'{.
CLUB DES IMPARTIAUX 125
des Droits et des Personnes, l'obéissance à la Constitution, la préro-
gative inaliénable du Peuple de la réformer, si l'expérience et la rai-
son nécessitent des changemens! Des Aristocrates qui subordonnent
les Corps Militaires au seul suprême, inamovible et héréditaire Repré-
sentant DE LA Souveraineté Nationale, qui demandent pour ce Repré-
sentant suprême un pouvoir limité, responsable, mais suffisant à
prévenir l'Aristocratie de cent mille autorités particulières et celle
des factions! Des Aristocrates, enfin, qui, en soumettant le Roi à la
Loi, lui confient, comme au seul Pouvoir de l'État capable de l'opérer,
le maintien de cette Loi qui fonde la liberté et la sûreté de tous! Ah!
que ce mot d'A7nstocrate a de commodité pour les sots qu'il dispense
d'avoir des idées, et pour les brigands qui pillent les Châteaux (1)! »
En mai 1790, le journal de Prudhomme remarquait :
"... Les im/?ar^iawa: d'aujourd'hui n'osent pas s'intituler l'oyalislcs,
pai-ce que ce mot trahiroit leur but et leurs desseins. Ce sont des
hommes qui, perdant peu à l'extinction des aristocraties, et qui,
ayant plus à espérer des faveurs de la cour que du retour de l'ancien
régime, dont plusieurs points leur étoient nuisibles, travaillent et tra-
vailleront chaque jour davantage à agrandir le pouvoir royal ou mi-
nistériel, parce que plus le pouvoir exécutif aura de pensions, d'am-
bassades, de grades, de bénéfices, de traitemens à donner, plus ils
auront à recevoir ('2). «
Le Club des Impartiaux disparut bientôt, victime de sa propre im-
puissance. Quelques-uns de ses membres, nettement royalistes, n'at-
tendirent pas que l'autorité le fermât; ils s'en allèrent dans d'autres
réunions, par exemple au Club monarchique (3). Le reste cessa de se
rassembler rue de la Michodière^ en gardant ses "principes^ à peu de
chose près pareils à ceux des Feuillants ou des membres du Salon
français et de la Société de 1789 (4).
Le côté droit de l'Assemblée nationale essayait d'avoir ses cluhs
dans Paris, malgré les huées et les menaces de la foule. Il n'y avait
<|u'à choisir, pour les Impartiaux.
(1) Mercure de France, ir 6, du 6 février 1790.
(2) Révolutions de Paris, n» 43, du 1" au 8 mai 1790.
(3) Voir plus bas, Club monarchique.
(t) -Voir plus bas, Club des Feuillants, Salon français, Société de I7<S'K
CLUB MONARCHIQUE
ou
DES AMIS I)E Ik CONSTITUTION MONARCHIQUE
ï'ondé eo 1790.
I
Lorsque, daiis la salle du Jeu de Paume, à Versailles, le :20 juin
1789, même avant la fusion complète des trois ordres, les députés
prononcèrent un serment solennel en déclarant qu'ils se réuniraient
partout où les circonstances l'exigeraient, qu'ils ne se sépareraient
pas avant d'avoir établi une Constitution, il n'y eut qu'un seul oppo-
sant. A dater de ce jour, les représentants des communes devinrent
peu à peu une majorité puissante, imposèrent leurs volontés aux
nobles et aux ecclésiastiques. L'absolutisme royal dut disparaître;
la nation et la loi passèrent avant le roi ; la monarcbie n'exista plus,
en fait, qu'à l'état de monarcliie constitutionnelle, ce que les fanati-
([ues du pouvoir absolu ne voulaient pas admettre.
A la grande joie du peuple français, les députés se mirent à l'œuvre,
rendirent des décrets constitutionnels, et, enfin, votèrent la Consti-
tution de 1791, qu'ils tirent accepter par Louis XVL
Les prérogatives séculaires de la royauté, celles de la noblesse et
du clergé furent détruites. Roi, nobles et prêtres réagirent plus ou
moins pour ressusciter l'ancien régime. On combattit, chez les réac^
tionnaires comme chez les partisans de la Révolution, par les écrits
et par la parole. Des clubs s'ouvrirent contre les idées nouvelles, et
la défense des prétendus droits de Louis XVI y fut présentée sous
deux aspects. Los uns, invoquant la Constitution, ne s'intitulèrent
pas absolument monarchiques ou aristocratiques, mais simplement
constitutionnels, faisant la part du roi en même temps «jue celle de
128 LES CLUBS CONTRE RÉVOLUTIONNAIRES
la loi et de la nation. Un autre alla plus loin et prit le titre de Club
des Amh de la Constitution monarchique^ ne séparant pas la cause
royale de la -cause constitutionnelle, n'admettant celle-ci que subor-
donnée à celle-là.
Le Club dont nous allons retracer les vicissitudes incessantes parut
et devint, dès ses débuts, le Club monarchique, aux yeux de la foule
et du gouvernement nouveau, qui devinèrent les arrière pensées de
ses membres, lui firent la guerre pendant quatre années. Le gouver-
nement toléra parfois une réunion qui portait défi aux hommes et
aux actes de la Révolution; mais le peuple la regarda comme une.
redoutable machine de réaction vers le passé abhorré, et, instinctive-
ment, ne voulut pas la laisser fonctionner.
Le Club monarchique fut un organe malheureux de ceux qui conti-
nuaient à placer le roi sur le premier rang, avant la nation et la loi.
il convient, pour bien faire comprendre son but, de rappeler les cir-
constances qui amenèrent sa formation, ainsi que les polémiques
antirévolutionnaires qui accompagnèrent ses premiers efforts.
Aussitôt que la convocation des États généraux fut décidée, les
classes privilégiées pressentirent quelques résultats dangereux pour
leurs prérogatives; de même Louis XVI redoutait une institution quL
n'avait pas fonctionné depuis 1614, et dont la réapparition lançait le
gouvernement royal dans l'inconnu
Les ecclésiastiques et les nobles cherchèrent à s'entendre pour
échapper au naufrage auquel « la tempête révolutionnaire », fort
menaçante, les exposerait peut-être. En mai juin 1789, les ecclésias-
tiques et les nobles, électeurs de Paris, tenaient des réunions incom-
plètes, plus ou moins clandestines, tantôt dans un endroit, tantôt
dans un autre, parfois chez le président Oudet (1), du district de
Notre-Dame, un des délégués pour faire partie de la députation en-
voyée au roi par l'assemblée générale des électeurs.
Tout d'abord, il ne s'éleva guère de discussions sur la question
royale, sur les privilèges de la noblesse et du clergé. Les cahiers des
États (février-avril 1789) s'en occupaient suffisamment; d'ailleurs, les
États généraux ne devaient s'assembler que le 5 mai, n'avaient pas
encore parlé ni agi, et l'on ne pouvait que se livrer à des conjectures
sur la conduite des députés des trois ordres.
En mai 1789, écrit Alexandre de Lameth (2), des nobles et des par-
(1) Jean-Baptiste Oudet, ancien avocat, notable i'i la Ville. Électeur de 1789,
demeurant Cloître de Notre-Dame, n" 23.
(2) Histoire fie VAssemhIce constituante t. I. j». 3.'i.
CLUB MONARCHIQUE 129
lemenlaires, qui avaient, depuis deux ans, l'habitude de s'assembler
pour parler politique, louèrent à Viroflay, au bout de l'avenue de
Versailles, une maison où ils tinrent une sorte de club qu'on appelait
Club de Viroflay. Clermont-Tonnerre était l'un d'eux, Clermont-Ton-
nerre dont il sera beaucoup parlé.
En 1789, on placarda dans les galeries du Palais-Royal une affiche
portant que les rois, en France, « ne tenaient leur couronne que de
Dieu et de leur épée. >»
Le royalisme s'agita, à mesure que le tiers état prit plus de consis-
tance. A peine les députés de la Constituante eurent agi au nom de la
Nation, eurent placé, dans leur devise, la Nation avant la Loi et le
Roi, répétons-le, que le système réactionnaire commença d'être ap-
pliqué, que nombre de nobles et de prêtres se réunirent pour prendre
la défense du trône et de l'autel, soit par conviction, soit par intérêt.
11
La réunion des trois ordres fit accentuer la résistance des privi-
légiés ; la prise de la Bastille les exaspéra. Les uns pensèrent à
émigrer, les autres à lutter contre les patriotes dans l'intérieur du
pays, à Paris et en province. Déjà, alors, plus d'un modéré, craignant
les conséquences de la Révolution qui s'accomplissait, s'efforçait
d'obtenir avant tout la sécurité publique, et l'Assemblée générale des
électeurs parisiens recevait des adresses de province pour activer
son zèle (1).
Ladite assemblée, le 26 juillet de la même année, 1789, reçut d'un
sieur de Maille, avocat au Parlement et fils du lieutenant-général de
Laon, une lettre qu'elle transmit à La Fayette pour l'informer « que
le parti aristocratique était loin de se croire terrassé et méditait sour-
dement une seconde trame, non moins odieuse que la première... »(2).
On parlait d'une tentative des aristocrates contre Paris, machinée
par le comte d'Artois, 1« prince de Condé, le prince de Lambesc et le
maréchal de Broglie (3).
Vingt jours auparavant, Clermont-Tonnerre avait écrit, de Ver-
sailles, une pièce adressée Aux nobles de Paris^ signée par le duc de
La Rochefoucauld, le marquis de Montesquiou, le comte de Roche-
(1) La garde natioualo remplit le rôUî de défenseur de l'ordre et de la tran-
quillité publique.
(2) C.h. L. Chassin, Les Élertions et les Cahiers de Paris en I7S.9, t. III, p. 611.
(3) Andi. Nat., C 134 (dos. 14), indiquée par M. Alexandre Tuetey.
9
130 LES CLUBS CONTRE-HËVOLUTIONN AIRES
chouart, le comte de Lally-Tollendal, du Port, de Lusignan, le pré-
sident de Saint-Fargeau et le comte de Mirepoix, députés de Paris (1).
Ces gentilshommes ne cessaient de se considérer comme supérieurs
aux députés du tiers état, tout en votant parfois avec ceux-ci. Le
journaliste Peltier, auteur du Domine saliuini fac regem^ remarquait,
en présence de Montlosier : « On a beau dire, la noblesse a un carac-
tère particulier. »
Du 16 au- 19 octobre 1789, Paris fut infecté de libelles. Les agents
de l'aristocratie y prenaient tous les tons , soutenaient le clergé,
l'autorité despotique, la noblesse et les parlements, en décriant tous
les actes de l'Assemblée nationale, en cherchant à ridiculiser les dé-
putés patriotes, les décrets et la garde nationale. Le peuple voyait
sans trop de colère ces pamphlets que les libraires étalaient dans
leurs boutiques ; mais il ne tolérait pas les réunions des aristocrates,
ni leur apparition en groupes dans Paris; il huait, il menaçait les
royalistes ou « royalomanes », dont les écrits qualifiaient de « fé-
roces » les membres de l'Assemblée.
Il y avait les royalistes tempérés et les royalistes exclusifs. Ceux-ci
n'admettaient aucune espèce de transaction ; ils affectaient de
nommer Louis XVI « le premier gentilhomme de France ». A Yer-
saillcs, des officiers, parmi lesquels le comte d'Autichamp, parlaient
du plaisir qu'ils auraient de jeter toute cette préliniaille d'états-géné-
raux par la fenêtre ; ils ajoutaient : « Ils nous en ont bien fait, mais
cette fois nous avons aiguisé nos couteaux (2). »
En 1790 parut la brochure : Bon Dieu! qu'ils sont hèles ces Fran-
çais (3) ! Dans une autre brochure, Rendez vos comptes, l'auteur
accusa l'Assemblée nationale, en disant : « Pourquoi n'avez-vous
jamais laissé parler, à votre tribune, que les fous, les intriguants {sic),
et les factieux? » (4). Une autre, intitulée L'antidote contre le schisme,
contre les prêtres insermentés, datait de « la seconde année de la
persécution » (5). Dans les Bienfaits de la liévolulion^ pamphlet ano-
nyme, sans date, on lisait : « Et comme la nuit ne peut être le jour,
de même le caractère naturel et la conscience nationale des véritables
Français ne peuvent être les mêmes que ceux des scélérats, qui por-
tent en écrit dans leur cœur et sur leur front : Sept cents despotes^
(1) Bib. (le la Chambre des députés, W" 222 (l.XXXT).
(2) Mémoires de Monttosicr, t. I, p. 196.
(3) Df l'imprimerip d'un royaliste (1790).
(4) liib. do la Chambre des députés, W'"> 222, t. XI. Broclnire de 1 p. iii-80j
s. 1. ni d.
(5) Bib. (le la Chambre des députés, Bf" 222, t. Xll.
CLUB xMONARGHlQUE 131
vingl-qualre millions d'enclaves et plus de roi ^^ (1). Dans un imprimé,
daté de « l'an 2 de la tyrannie », ayant pour titre : Les trois régicides^
Jacques Clément, Ravaillac et Damien, au club des Jacobins, l'auteur,
anonyme, faisait dire à Robespierre : « Vous, MM. les Cartouches,
les Mandrins, les Desrues, n'étiez que de petits garçons près de
nous » (2).
Les royalistes appelaient le club des Jacobins « le Sénat clé-
mentin », par allusion à Jacques Clément, qui appartenait a l'ordre
des Jacobins. Leurs pamphlétaires affectaient, pour provoquer les
patriotes, de dater les opuscules d'une façon grotesque, d'indiquer
des imprimeries de fantaisie.
Une brochure : Lettres du marquis de Favras, etc., se terminait
ainsi :
« De l'imprimerie du sieur Hi:nri Samson, Exécuteur des Jugements
criminels, et pensionné du Domaine, rue neuve Saint-Jean (1790). »
Voici ce que l'on lisait à la lin d'une autre brochure, Grands
tableaux magiques des fameuses suppressions faites par la très grande
et très infaillible assemblée prétendue nationale, efc. :
« A Paris, de l'Imprimerie de Roger Rontemps, l'un des sup-
primés.
« L'an deux de l'anéantissement de tout ordre. »
Un avis de l'éditeur, dans Les Crimes de Paris^ porta :
« L'auteur de ce poëme n'est point homme de lettres dans l'accep-
tion ordinaire, et par conséquent n'est pas connu, cependant, si
quelque zélé patriote venoit à le découvrir, nous le prions, s'il lui
prenoit une noble envie de le tuer, de faire une réflexion, c'est de
tuer plutôt la vérité, elle est seule coupable. »
C'est un poème, dont les \qt's> flétrissent Mirabeau, Rarnave, etc.
L'adresse aux François de toutes les classes, victimes de la /{évo-
lution, — Une foi, un roi, une loi, était « le cri de l'ancienne cheva-
lerie françoise (1790.). »
On y lisait : « Vingt Ravaillacs et Jacques Cléments n'eussent point
autant déshonoré, par des forfaits abominables, le trône de nos Rois,
(ju'il l'a été par les conjurés sanguinaires, trop connus maintenant,
aux journées effroyables du 5 et 6 octobre dernier (3). »
(1) Bib. do la Chambre des députés, Bf" 222, t; I;
(2) Idem, IK'" 222, t. I. Brochure iu-S".
Çè) Idem, Bf" 222, t; XX et XXIX.
132 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Un colporteur vendit clandestinement, au Palais-Royal, un pam-
phlet aristocratique intitulé : Mort et passion de Louis XVL roi des
Juifs et des Français (1790).
Un journal annonçait :
« Les grands comédiens de la salle du Manège donneront aujour-
d'hui le Roi dépouillé^ pièce ancienne et redemandée (1). »
« La seconde pièce sera YHonnête criminel, en deux actes et en
prose d'États-généraux, ce qui vaut bien des vers. Le comte de Mira-
beau le joue. Son confident sera l'étonnant Barnave^ jeune homme
de la plus grande espérance (2). »
Dès le lendemain de la prise de la Bastille, Metz, placée sous
le commandement de Bouille, fut choisie par les aristocrates pour y
conduire le roi. Pour favoriser la fuite de Louis XVI, on entreprit de
lever un corps de troupes, sous le nom de Gardes du roi surnu-
méraires. L'abbé Douglas et compagnie étaient les recruteurs de cette
petite armée (3). Des soldats, en 1790, crièrent dans Belfort : Vive le
roi ! Vive la reine ! Au diable la nation !
Les écrivains monarchistes, anonymes ou se servant de pseudo-
nymes, plaçaient au bas des titres de leurs élucubrations : De l'im-
primerie d'un royaliste., à Politicopolis, — de Vimprimerie du sujet
fidèle, à l'enseigne du bon roi, — Sur les bords du Gange, au bureau
de l Ami du Roi, rue Saint-André des Arcs, n° 37, l'an 2 de la
tyrannie, etc.
On voyait, dans le Nouveau dictionnaire françois (4), cette appré-
ciation de la Constituante, en juin 1790 :
((Assemblée dite NATIONALE. Tout y est absurde, jusqu'au nom qu'elle
s'est donnée {sic) contre le vœu de la Nation et contre le sens com-
mun. C'est un amalgame de brigands, de poltrons et d'imbécilles,
qui nous coûtent tous les jours beaucoup plus qu'ils ne valent, et
dont la mauvaise foi, l'insolence et la nullité ne peuvent être compa-
rées qu'à la honteuse patience et au stupide aveuglement des pro-
vinces. ))
Une brochure, parue la même année, avait pour titre : Nullité et
(1) L'Assemblée nationale avait pris possession, le 9 novembre 1789, de la salle
du Manège, aux Tuileries.
(2) Le Spectacle de la Nation, journal qui a commencé de paraître en 1789.
(3) Voir, en outre, pour les journaux et pamphlets monarchiques, notre Intro-
duction, p. 6 et suiv.
(4) Bib. de la Chambre des députés, Uf" 222 (t. XXII).
CLUB MONARCHIQUE 133
despotisme de rassemblée prétendue nationale. Une autre était intitulée :
Les mille et un tyrans.
h'Horoscope de V Assemblée nationale déclarait :
« La France est et ne peut être qu'une monarchie.
« Le roi est votre maître; vous ne devez obéir qu'à lui^ ceux qui
vous disent le contraire sont des rebelles (1). »
Usurpation et attentats de l'Assemblée nationale, tel était le titre
d'une brochure, « de l'imprimerie d'un royaliste », parue en 1790, à
Genève (2).
La Corruption de l'Assemblée nationale et les crimes de ses membres.^
par un Ami de la Vérité, avait pour épigraphe :
Le salut de l'État nous a rendus parens ,
Scellons notre union du sang de nos tyrans (3).
Des caricatures, en outre, représentaient les différentes séances
de l'Assemblée, avec le portrait-charge des députés, qui en Arlequins,
qui en Pierrots, qui en portières ; d'autres avec des tètes de cerf, de
cochon, de boule-dogue, de coq, de taureau.
Non contents de lancer des attaques par la plume ou les estampes,
les monarchistes entrèrent dans la discussion politique active, s'in-
génièrent à fonder une société nouvelle, alors que le club de 1789 et
celui des Impartiaux (4) faisaient de la réaction modérée. Des débris
de ces deux clubs ils voulurent former, pour affermir les idées de
contre-révolution, une Société des Amis de la constitution monarchique,
qui serait exclusivement dévouée à l'autorité royale, mise en regard
avec l'autorité des députés.
Des conférences, tenues chez La Rochefoucauld, avaient préparé,
on l'a vu, l'existence du Club des Impartiaux. Clermont-Tonnerre
fut, de même, l'initiateur du Club monarchique.
III
Chez Clermont-Tonnerre et chez d'autres nobles royalistes, de mai
1789 à 1790, on se concerta, on continua à Paris, par fractions, les
réunions du Club de Virofla]i, près Versailles, que nous avons indi-
(1) Hib. de la Chambre des députés, B"" 222 (t. XVIII). Brochure do 8 p. in-8°,
parue en 1790.
(2) Idem, Bf" 222 (t. XVIII). Brochure de 28 p. in-8 '.
(3) Idem, Bf" 222 (t. XVIII). Paris, 1790.
(4) Voir Impartiaux et Société de 1789.
134 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
quées plus haut. Des salons aristocratiques servirent de lieux de
rendez-vous.
Les journalistes patriotes s'émurent à propos de pareils concilia-
bules. Gorsas imprima, à rencontre des démentis :
(( Il est pourtant certain, au moins tout concourt à le faire croire,
qu'il y a eu, ces jours derniers, un concile clandestin au couvent des
Augustins : ce concile était composé, assure-t-on encore, d'Ecclésias-
tiques et de quelques Nobles. Quel étoit le motif qui étoit le but de
cette Assemblée?... Le bien public, sans doute, il faut le croire, par
amour de la paix (1). »
Cette nouvelle, lancée par la presse, ne déconcerta pas la réaction.
Une occasion se présenta, en avril 1790, pour inciter les monar-
chistes à protester solennellement contre un décret de l'Assemblée
nationale, déclarant qu'il n'y avait pas lieu de délibérer sur une mo-
tion de Dom Gerle, relativement à la religion catholique, reconnue
comme religion de la nation. L'archevêque d'Aix, Cazalès (2), d'Épré-
mesnil, le vicomte de Mirabeau, Montlosier, irrités, organisèrent des
conciliabules aux Capucins de la rue Saint-Honoré, entre cette rue et
le jardin des Tuileries.
Le côté droit affirmait partout que l'Assemblée nationale voulait
anéantir le catholicisme. Croyant faire taire ces accusations d'impiété,
Dom Gerle, le 12 avril 1790, eut l'imprudence de proposer la décla-
ration que « la religion catholique est et sera toujours la religion de
la nation. »
« Dès le soir, dit Camille Desmoulins, assemblée générale des aris-
tocrates (plus de deux cents députés de la droite), aux Capucins de
la rue Saint-Honoré, dans le chœur de l'église. On lit le plan d'atta-
que pour le lendemain, pour faire déclarer la religion catholique
« religion de l'État »... Tous les Noirs se rendront à la salle (l'Assem-
blée nationale) à neuf heures... Maury et trois autres parleront
seuls... S'ils ne réussissent pas, ils déposeront une protestation pré-
parée et signée .. Ils se rendront chez le roi pour avoir son approba-
tion, et se répandront dans les rues pour instruire le Peuple du dan-
ger qui menace la religion... Si le roi refuse de prendre la querelle
du ciel, on écrira aux provinces pour leur dénoncer la faiblesse du
prince... — Mais les Capucins dénoncent eux-mêmes à l'instant le
conciliabule au district, et le lendemain matin, on crie à Paris <* l'as-
(1) Courrier de Gorsas, numéro du 28 décembre 1789.
(2) Cazalès, en février 1790, avait eu la hardiesse do demander k l'Assemblée
nationale trois mois de dictature pour le roi, L'Assemblée ne l'écouta pas.
CLUB MONARCHIQUE 135
semblée des qrislocrates aux Capucins! Le nouveau complot décou-
vert! »
Au lieu de réunions clandestines, il s'agissait d'assemblées presque
solennelles, faites au vu et au su de tous les Parisiens.
Le C(Hé droit ouvrait, aux Capucins, une sorte d'enseignement pu-
blic. Le peuple, en foule, hua les orateurs, que les journaux rail-
lèrent en prose et en vers.
Quelques jours après, les journaux rendirent compte de ces réu-
nions. Loustalot, Corsas, Carra, racontèrent ainsi les faits :
« Les aristocrates ecclésiastiques s'assemblèrent lundi soir dans
l'église des Capucins Saint-Honoré, avec Cazalès, d'Éprémesnil, Vi-
rieu, Montlausier, Mirabeau le vicomte et autres mauvais citoyens, à
qui il ne manquoit, pour les mettre de niveau à ce que tous les siècles
ont produit d'hommes pervers, que de couvrir leurs infâmes projets
du voile de la religion.
« Là, Montlausier prononça un discours dans lequel il établit le
plan qu'on devoit suivre dans la séance du lendemain : demander
que la religion catholique fût déclarée religion nationale exclusive;
que les biens du clergé fussent uniquement consacrés à l'entretien de
cet établissement national, et, dans le cas où ce parti seroit rejeté
par les patriotes, faire une protestation contre le décret, et la porter
au roi pour la lui faire sanctionner.
« Là, Maury osa dire que si le roi avoit la pusillanimilé de ne pas
sanctionner leur protestàluni, il faudroit la faire imprimer sur-le-
champ, et la répandre dans les rues, afin de faire connoHre au peuple
(j^iCii était gouverné par un imbécille de roi qui ne maintenait pas le
culte de ses pères.
« Là, les patriotes de l'Assemblée nationale furent traités, par ceux
môme qui avoient déposé le matin au Châtelet, ou qui dévoient dé-
poser le lendemain, d'assassins, de régicides, de brigands qui avaient
voulu tuer la Reine.
« Là, fut faite et signée la protestation, ou déclaration de foi des
aristocrates; là, ils prirent la résolution de se rendre à l'assemblée le
lendemain, armés, et habillés de manière à pouvoir se présenter chez
le roi, dans le cas où il faudroit faire usage de la protestation » (1).
Le Courrier de Gorms, du dimanche 18 avril 1790, publia :
« Résultat du dernier conciliabule tenu aux Capucins par la majo-
rité du clergé, président (sic) par l'arc/ievéque d'Aix.
i\) Révolutions de Paris, n» 40, du 12 au 17 avril 1790.
136 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« Il paroit, par un récit publiquement avoué et signé, que la majo-
rité du clergé, réunie pour la deuxième ou troisième fois aux Capu-
cins, afin de protester contre le décret rendu par l'Assemblée natio-
nale, relativement à la motion de Dom Gerle, a présenté le projet de
déclaration qui suit :
« La société des amis du peuple (1) ayant fait tous ses efforts et
épuisé tous les moyens qui étoient en sa puissance, pour obtenir de
l'Assemblée nationale que la religion catholique, apostolique et ro-
maine, fût déclarée religion nationale et dominante, seule autorisée à
professer un culte solennel, vo'u exprimé dans tous les cahiers, se
croiroit coupable envers Dieu et la Nation, si, gardant un silence cri-
minel, elle ne dénonçoit à toute la France que l'Assemblée Nationale
a refusé formellement de prononcer ce décret, et combien elle a
montré d'indifférence à s'occuper de la religion ; que quoique la reli-
gion catholique, apostolique et romaine, soit plus tolérante, cela
n'empêche pas l'Assemblée Nationale de recourir à la calomnie la
plus séduisante, et de prêter à la pureté des consciences et des inten-
tions des membres du clergé, les desseins les plus coupables ; qu'en
conséquence nous croyons qu'il est de notre devoir de faire connoitre
aux François les dangers qui menacent la religion de leurs pères, qui,
si elle avoit été déclarée nationale et dominante, n'auroit pu inquiéter
les opinions religieuses de chaque individu, par le caractère de tolé-
rance qu'elle porte avec elle. Qu'en conséquence le clergé feroit im-
primer sa déclaration avec la motion de dom Gerle, et décret de
l'Assemblée nationale sur cette matière.
« M. l'abbé Maury prit la parole après la lecture de ce projet de
déclaration. Il l'a trouvé trop faible pour faire impression sur l'esprit
des peuples.
« En vain, MM., a-t-il dit, les ennemis de la religion, V Assemblée
Nationale, l'accuseront d'intolérance, lorsque nous leur prouverons
qu'elle est plus tolérante que celle de tous les royaumes qui nous
avoisinent. Elle n'exclue d'aucunes charges publiques les individus
de toute secte quelconque, puisque dans les municipalités, dans le
sein même de l'Assemblée Nationale on trouve des protestans ; tandis
que les Anglois, les Prussiens et les peuples les plus tolérans du
nord, privent de ces avantages tous les non-conformistes... La tolé-
rance publique peut seule être admise ; mais la sainte religion pros-
crit essentiellement la tolérance religieuse. Tout pasteur a le droit de
surveiller la conduite de ceux qui sont dans le sein de la religion ca-
(1) Tel est le nom que se donne cette société. {Note de Gorsas.)
CLUB MONARCHIQUE 137
tholique, apostolique et romaine, et de les contraindre à en remplir
les devoirs; que les mauvais chrétiens, les philosophes du siècle,
pour se soustraire à ces devoirs, ne rougiroient pas, d'après les prin-
cipes adoptés par l'Assemblée nationale, de se déclarer protestans
pour s'y soustraire, et que le protestantisme seroit le sur-tout de
l'athéisme. » — On peut juger des véritables sentimens de l'honnête
homme qui, après avoir assisté à cette assemblée clandestine, au lieu
de soulever les citoyens, les appelle au contraire à l'indulgence :
<( Soyez en garde, citoyens, contre le piège qu'ils veulent vous
tendre ; mais plaignez-les, priez même pour eux ; voilà ce que la vraie
piété vous enseigne. Songez que le pardon des offenses est un des
plus saints et des plus beaux devoirs d'un chrétien. Si vous n'avez pu
contenir quelques mouvemens que vous a arraché {sic) un premier
moment d'indignation, reconnoissez à présent, que loin de leur faire
outrage, vous devez les protéger contre toute espèce d'insultes.
Imitez le noble exemple que vous ont donné vos frères de notre garde
nationale. Ramenez ces hommes égarés, à force de modération et de
prudence, et montrez-vous le peuple le plus doux, le plus généreux
et le plus humain, comme vous êtes à présent le plus libre et le plus
brave. »
Au dire de Gorsas, on porta aussitôt, à Paris, des cannes à sabre,
qu'on appelait crosses épiscopales, depuis le conciliabule des Capu-
cins, auquel plusieurs prélats s'étoient rendus armés de ces cannes.
Des articles et des brochures plaisantèrent ces « amis du peuple »,
dont la modération ne sautait pas aux yeux de la foule, et qui pour-
suivaient peut-être, au nom de la religion, un but hostile aux parti-
sans du mouvement révolutionnaire accepté par la plupart des Pari-
siens.
IV
Cependant, la municipalité craignit une sérieuse émeute. La
Fayette et Bailly firent doubler tous les postes ; toutes les avenues de
la salle des séances de l'Assemblée nationale furent couvertes de
gardes nationaux pour protéger les députés.
« L'afftuence est prodigieuse, dit Loustalot, composée de bour-
geois principalement. L'impatience est extrême, le silence profond,
l'inquiétude universelle. « Ces calotins et ces insolents de nobles », y
dit-on, n'ont aucun droit d'être à l'Assemblée nationale : ils ne re-
présentent pas la nation puisqu'elle ne les a pas choisis; ils ne repré-
sentent pas des ordres, puisqu'il n'y a plus d'ordres. Nous n'aurons
138 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTlONNAiRES
pas de paix et l'Assemblée nationale ne pourra pas l'aire sa besogne
tant qu'on ne les aura pas chassés... Ils ne sont point inviolables I »
Le 13 avril, les députés de la droite firent tous leurs efforts pour
obtenir que le catholicisme fût déclaré religion d'État. La liberté de
conscience et l'égalité des religions, déjà proclamées par la Déclara-
tion des droits, furent de nouveau consacrées par l'Assemblée natio-
nale, après un débat solennel, quoique souvent orageux. Au sortir de
la séance, les membres de la droite furent hués, siffles, menacés.
Le soir, ils se rassemblèrent encore au couvent des Capucins, mais
ils renoncèrent à leur projet de protestation, et décidèrent qu'ils
feraient seulement une déclaration de principes.
Leur déclaration ne changea rien à l'opinion des députés, et la
motion de dom Gerle échoua.
Le 14 avril, l'Assemblée nationale décida que, « conformément au
décret d'hier », on commencerait sans délai l'ordre du jour. La partie
droite s'opposa à son exécution. Le tumulte régna presque aussitôt
parmi les députés. Le président mit cette question aux voix. A la
première partie, la grande majorité se leva ; à la contre-partie, les
membres de la droite ne se levèrent pas et dirent « qu'ils ne délibé-
reraient pas. »
Voici comment les Annales patriotiques rendirent compte de l'as-
semblée tenue aux Capucins :
« En effet, citoyens, écoutez ce qu'ils ont tramé hier, et frémissez.
« Le clergé, et plusieurs ci-devant nobles, se sont assemblés aux
Capucins de la rue Saint-Honoré. Montlausier y a lu le projet d'at-
taque qui doit avoir lieu aujourd'hui. Tous les noirs se rendront à la
salle, habillés, à neuf heures. Quatre membres seulement, Maury,
Cazalès, Montlausier, Mirabeau le cadet, prendront la parole ; ils
tâcheront d'obtenir le décret que la religion catholique est la religion
nationale, en écartant tous les amendements qu'on pourroit faire, en
refusant la question préalable. S'ils ne réussissent pas, ils déposeront
la protestation qu'ils ont tous signée et qu'ils ont juré de soutenir,
au péril même de leur vie, et se rendront chez le roi pour avoir sa
sanction : de là ils se répandront dans les rues, dans les places, pour
instruire le peuple du danger prétendu qui menace la religion, « Si
le roi refuse de se prêter à nos désirs, a dit l'abbé Maury, nous ferons
connoitre dans les provinces par quel prince faible nous sommes
gouvernés (1). »
(1) Annales patriotiques de Carra, numf'ro du 16 avril 1790.
CLUB MONARCHIQUE 139
Il était impossible aux membres de la droite de moins réussir,
après avoir fait tant de bruit autour de leur réunion.
Le Courrier de Goi'sas^ du mardi 20 avril 1790, contint cet article :
<( Quatrième conciliabule avx Capucins Saint-Honorè.
«... Il avoit été résolu dans des comités particuliers qu'on tiendroit
dimanche soir une 4" séance. Cette séance devoit être ouverte à tout
le peuple : on devoit réveiller la motion de dom Gerle. Des discours
préparés dévoient être prononcés : tout ce que l'éloquence a do plus
séduisant, tout ce que la religion avoit de plus saint devoit être mis
en œuvre pour émouvoir le peuple. Des larmes dévoient couler des
yeux des Coré^ des Dathaii, des Abù'ou; et Maury, ce serpent limo-
neux, né de la fange dont les eaux du Nil avoient infecté les terres de
TÉgyple, devoit parler le langage pur de la religion et des mœurs.
« L'événement n'a pas justifié l'attente de nos Mathan ; en vain les
Mirabeau, les Cazalès (1) avoient-ils appelé dans cette enceinte une
foule de spadassins, que quelques-uns de nos cafés aspirent et vomis-
sent sans cesse : leurs efforts ont été inutiles; leurs menaces n'ont
pas même soulevé l'indignation; le mépris et le ridicule, voilà les
seules armes avec lesquelles on a dissipé cette cohorte. En deux
mots, c'est au bruit des sifflets qu'on a chassé cette phalange (2).
« Hier, ils ont voulu se réunir de nouveau, mais l'église des Capu-
cins leur a été fermée, pour éviter une émeute dans le peuple, qui est
véritablement indigné. »
Le lendemain, le même journal publia un nouvel article, plus
développé.
« Courrier de Gorsns, 1790, n° 16, 21 avril.
« Récit frauduleux de ce qui s'eut passé dimanche aux- Capucins,
suivi de quelques questions aux bons François.
(1) Cazalès avait prononcé à l'Assemblée nationale, le 19 mars 1790, un discours
en faveur ries religieux qui n'apostasieruient pus.
(2) '( La foule étoit immense. M. de Virieux est monté dans la chaire, d'abord
pour demander place et silence ; voyant qu'on n'accordoit ni place ni silence, il
s'écrie : Peuple! peuple! on vous égare! Des huées ont empêché l'orateur de con-
tinuer, et un hautbois s'est mis à jouer l'air : Malborough s'en va-t-en guerre. Le
noir sénat a voulu se réunir dans le cœur {sic) et dans la sacristie, mais bientôt
il a été obligé de se séparer, et la garde nationale s'est empressée de contenir le
peuple, au grand regret de ces messieurs; car leur projet seroit que quelqu'un
d'entre eux fût insulté. On devine la raison. » {Note de Qorsas.)
140 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
« La minorité de l'Assemblée nationale avoit annoncé qu'elle se
réuniroit dimanche 18 avril, dans l'église des Capucins, le chœur où
elle avoit tenu ses premières assemblées ne pouvant contenir le pu-
blic qui avoit désiré y être admis.
« Vers six heures, quelques députés s'y sont rendus, et déjà
l'église étoit pleine, ainsi que la tribune, dont les dispositions
paroissoient favorables à l'assemblée; car le vicomte de Mirabeau,
qui arriva un des premiers, fut extrêmement applaudi (1).
« M. de Virieux monta dans la chaire, et demanda qu'on voulût
bien laisser une enceinte marquée pour les députés. On eut Vair
d'accueillir sa proposition.
« Un quart d'heure après, l'abbé de la Rochefoucauld se présenta à
la tribune ; les huées et les sifflets l'assaillirent avant qu'il ouvrît la
bouche, et il lui fut impossible de se faire entendre.
« Deux partis alors se manifestèrent ouvertement dans l'église :
l'un pour soutenir l'assemblée, et l'autre pour empêcher qu'elle eût
lieu.
« MM. Blin, Cottin, Lacoste, Schmith, Landine et autres députés
majeurs, qu'on a reconnus, sembloient avoir le département de la
nef (2), et M. de Saint-Huruge s'étoit, dit-on, chargé de celui de la
tribune. On distribuoit à la porte des écus pour gager les siffleurs, et
plusieurs domestiques des prétendus aristocrates ont gagné six livres
à huer leurs maîtres.
« M. de Cazalès n'a pu obtenir un moment de silence, et les huées
qui l'ont accueilli à la chaire ne l'ont abandonné que lorsqu'il est
descendu et a été rendu au sein du tumulte même.
« On a renoncé à tenir une assemblée au milieu de ce sabat infer-
nal, et chacun a regagné ses foyers, étourdi deg cris de vive les assi-
gnats ou les assassinats (3) ; car il étoit impossible de distinguer les
cris payés, dont les prétendus aristocrates ont été assourdis. On s'est
assemblé cependant dans le chœur, et on a délibéré sur les moyens de se
réunir plus sûrement.
« On demande, d'après ce simple et fidèle exposé! qui trompe le
peuple? ou celui qui désire raisonner son opinion en sa présence, qui
s'en environne, qui appelle à son jugement, de celui d'une majorité
(1) « Le vicomte de Mirabeau étoit ivre, et il a été applaudi à peu près comme
les Bacchantes applaudissent à Silène. » (Note de (iorsas.)
(2) « On demande aux personnes sensées si l'on présume que ces membres se
sont ainsi compromis. » {Note de Gorsas.)
(3) » Méprise tout à fait adroite ! » [Note de Gorsas.)
CLUB MONARCHIQUE 141
despote, qui ne demande qu'à être entendue, et ne peut l'obtenir, ni
au sein d'une assemblée prétendue libre, ni au milieu d'un peuple
qui se dit idolâtre de la liberté.
« Ou, celui qui paye des émeutes pour empêcher la réunion des ci-
toyens qui n'ont pas la même opinion que lui, qui met en œuvre les
moyens les plus bas pour faire insulter ses adversaires, et les traiter
de manière à provoquer les gens ardens à intimider les gens foibles
et à amener des scènes d'horreurs.
« On demande si la liberté d'opinions existe dans une assemblée,
à la porte de laquelle une populace soldée en demande insolemment
compte, après l'avoir improuvée dans la salle ; si cette même liberté
d'opinions étant poursuivie jusque dans une assemblée particulière,
qui n'est que l'imitation de celle des Jacobins, et où se préparent tous
les décrets, rendus ensuite par la majorité de l'Assemblée Natio-
nale (1), on demande, dis-je, si les provinces ne doivent pas être
allarmées sur leurs intérêts, et sur le sort des députés auxquels elles
les ont confiés?
« On demande encore si ces mêmes provinces ne devroient pas
l'appeler leurs députés, ou du moins déterminer les moyens gui peuvent
assurer leur sûreté et la liberté de leurs suffrages (2). »
En Variétés, le Moniteur universel parla ainsi de l'affaire :
« Tous les papiers publics ont rendu compte de l'assemblée publi-
que tenue aux Capucins de la rue Saint-Honoré, cette semaine, par
des membres de l'Assemblée nationale, et du peu d'accueil qu'ils ont
reçu de la part des assistans. Parmi les ordres que la police avait
donnés pour éviter tout tumulte, on doit remarquer la consigne de
ne point laisser entrer les dames dont les tabliers auraient pu cacher
des pommes cuites. Il y a lieu de croire que les dames des halles
avaient laissé percer le dessein d'en assaillir ceux des membres
qu'elles auraient regardés comme de mauvais citoyens; et leur mé-
prise à cet égard pouvait être fort considérable.
« On a répandu que, dans les comités préalables de celte Assem-
blée, il avait été arrêté une déclaration ou protestation contre les
derniers décrets du Corps législatif, et que cet écrit avait été envoyé
dans les provinces; mais ces décrets, sanctionnés par S. M., y arri-
veront aussi-tôt que la protestation; et le zèle national qui s'est ma-
nifesté par-tout pour l'exécution des décrets, n'éprouvera aucune
(1) « Cela est vrai; mais dans cette Assemblée si l'on discute la question du
lendemain, on ne cherche point à anéantir le décret de la veille. «
(■1) « Voyez la motion de l'abbé Maury. » {Note de Gumun.)
142 LES CLUBS GONTRE-RÉVOLUTlONNAIRES
altération d'une démarche aussi contraire à l'esprit de paix, en sup-
posant toutefois qu'elle ait eu lieu (1). »
A propos du Récit frauduleux reproduit plus haut, MM. Cottin, La-
coste, Schmith et Landine ne réclamèrent pas; mais le député Blin
adressa au Courrier la lettre qui suit :
« M. Blin, député à l'Assemblée Nationale, à l'auteur du Courrier.
« Paris, 23 avril 1790.
« Votre journal, Monsieur, annonce, n" XVI, p. 243, que plusieurs
membres de l'Assemblée Nationale se sont distribués dans les diffé-
rentes sections de l'église des Capucins, pour interrompre ou faire
interrompre une assemblée qui devoit s'y tenir. Quoique cet article
de votre journal porte le nom de récit frauduleux^ et que vous aviez
mis au bas de la page où je suis nommé une note bien propre à faire
disparoîlre tout soupçon, vous me rendrez cependant service d'in-
sérer dans le premier N° de votre journal où il se trouvera un espace
vide, la déclaration formelle que je fais de n'avoir de ma vie entré
dans l'église des Capucins de la rue Saint-Honoré.
<( Je suis, etc. (2). »
VI
L'assemblée tenue aux Capucins fit éclore des plaisanteries, rendit
même les monarchistes ridicules; mais elle affirma l'existence de leur
société en voie de formation.
Il parut, en 1790, un journal intitulé : L'Assemblée des aristocrates
aux Capucins, in-8, 4 numéros, insignifiants (3).
Parmi les pamphlets qui s'attaquèrent alors aux hommes de la
droite, citons :
« Conciliabule de la Société des Amis du peuple, tenu dans le
chœur des révérends pères capucins, sanglés, déchaussés, décapu-
chonnés et défroqués, par le frère Saint-Claude, coupe-choux, garde
marmite, premier secrétaire de la société des Amis du peuple, Paris,
de l'imprimerie de M. Veto, au Marc d'Argent, galerie du Louvre^
n° 54 j et se trouve dans t Arsenal roi/al de Teygat (Gattey), libraire
(1) Moniteur universel, dii 22 avril 1790.
(2) Courrier de Gorsas^ w 26, du samedi 1*'' mai 1790i
(3) Saus date.
CLUB MONAHGIÎIQ)UE 143
apostolique iw/al, au Palais-Royal et chez les autres marchands de
nouveautés (1) ;
« Le De profuudis de r aristocratie^ etc. De l'imprimerie des révé-
rends et patriotiques Pères Capucins de la rue Saint-Honoré. »
L'impromptu suivant circula :
De nos graves prélats déplorons les destins,
Et la disf;;râce peu commune :
Dépouillés de leur or, délaissés des catlns,
Ils sont forcés d'aller aux Capucins
Pour y chercher une bonne fortune (2),
Une pièce parut, sous le titre : Nouvelle assemblée des aristocrates
aux Capucins^ etc., , présidée par Tarchevêque d'Aix (le do avril
1700) (3).
297 députés de la droite avaient violemment protesté contre les
décisions qui écartaient la religion d'État. L'opinion publique leur
était si hostile que Louis XVI, à qui ils voulaient présenter leur pro-
testation, leur fit savoir qu'il ne la recevrait pas.
VII
La continuation des conciliabules aux Capucins était à peu près
impossible, car les Parisiens apprenaient que les agissements de la
droite excitaient des troubles graves dans le Midi. Les protestataires
durent se résigner à chercher un autre lieu d'assemblée.
Une nouvelle série de déboires commença pour eux. Qui voudrait
leur louer ou leur prêter une salle ?
« Nouvelle tentative du Clergé.
« La majorité du Clergé, réunie avec le vicomte de Mirabeau, les
Cazalès, les d'Eprémesnil, les Montlausier, les Foucaud, etc., a fait
de nouveaux efforts pour tenir des assemblées nocturnes. Tous ses
efforts se sont réduits à se réunir en comités particuliers. On assure
qu'ils se sont présentés à la Sorbonne, pour tenir ce qu'on appelle à
Paris le sabat des noirs ou des Marates; mais les amis du peuple ont
affaire à un ingrat qui ne mérite pas les tendres sollicitudes qu'ils
prennent pour son bonheur. Le maudit district de la Sorbonne ne
(1) Bib. Nat., Le 2/383, 1790, in-8» de 8 p. — Voir plus bas, Librairies.
(2) Bib. Nat., pi.Ve 3282 du Catalogue, Lb 39^
(3) Bib. Nat., Lb 39/3301. Brochure in-S-» de lb p.
144 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
s'est-il pas avisé de prier ces MM. de ne pas s'exposer à troubler
l'ordre public... ? (1) »
En efTet, le Journal de Paris reçut l'avis suivant :
« Aux Auteurs du Journal de Paris.
« Messieurs,
« Quelques papiers publics ayant annoncé comme fait positif que
l'Assemblée ci-devant tenue aux Capucins s'étoit transférée en la
maison de Sorbonne , nous vous prions d'insérer dans votre plus
prochaine feuille que les districts de Sorbonne et des Mathurins se
sont informés du fait, et qu'ils ont acquis la certitute absolue que rien
n'est plus faux. Ils peuvent même assurer le public qu'il n'y a aucune
proposition faite à cet égard.
<( Nous avons l'honneur d'être, etc.
<( JozEAU (2), Président du district des Mathurins ;
« Renard (3), Commandant du bataillon de Sorbonne. »
Sur les séances des monarchistes à la Sorbonne, séances prétendues
véritables, reproduisons cet article curieux du Moniteur universel :
« Paris, ce 22 avril 1790.
« Variétés
« Le gardien des Capucins de la rue Saint-Honoré s'est rangé à la
majorité des assistans à l'Assemblée particulière des députés, qui
avoit tenu quelques séances dans l'Église de son Couvent. On sait que
cette majorité avoit été décidément contre les Membres de l'Assem-
blée à qui le Peuple avoit obstinément refusé la parole, sous prétexte
qu'une insurrection quelconque contre les Décrets rendus à la grande
pluralité de voix dans l'Assemblée Nationale, et sanctionnés par le
Roi, ne pouvoit avoir qu'un mauvais effet, et troubler l'harmonie né-
cessaire au complément de la nouvelle Constitution. Ce Peuple, d'ail-
leurs, ne voyoit pas sans déplaisir qu'une mineure partie des Députés
s'assemblât exprès pour altérer sa juste confiance envers les Décrets;
enfin, il soupçonnoit violemment que l'intérêt public n'étoit pas le
vrai motif des démarches de la minorité, et d'après ces principes, il
lui avoit ôté la parole ; et le sage gardien des Capucins a compris bien
(1) Courrier de Gorsas, u» 17, du jeudi 22 avril 1790.
(2) Jozeau (Mathurin-Pierre), avocat, assesseur du juge de paix de la section
des Thermes dfe Julien.
(3) Renard, avocat au Parlement, commandant du 8"= bataillon de la première
division de la garde nationale.
CLUB MONARCHIQUE 145
vite que ce qui n'étoit pas digne d'être écouté par la Nation avec
faveur, pouvoit fort bien être, au moins, inutile à dire, et il a fermé
son Église aux Députés et aux auditeurs.
« Ces Députés, qu'un zèle ardent distingue, ont pris le parti
d'abandonner le quartier Saint-Honoré, où ils se trouvoient pressés
entre l'Assemblée nationale et le Club des Jacobins; ils ont passé
l'eau, et ils sont allés se ranger en Sorbonne, sous l'ombre du célèbre
Cardinal de Richelieu, qu'on a soupçonné bien à tort d'être an-
tiché [sic] d'aristocratie, tandis qu'il est de fait qu'il n'a jamais été
que despote. »
Un papier public rend compte, en ces termes, de la séance tenue
cette nuit par la minorité dans une des salles de la Sorbonne. Nous
sommes obligés d'avertir nos Lecteurs que nous croyons ce procès-
verbal un peu apocryphe ; quoi qu'il en soit, le voici :
« Cejourd'hui, 21 avril 1790, à 11 heures du soir, se sont assem-
blés en la ville de Paris, maison de la Sorbonne, les zélés et
bons citoyens partisans de la cause juste, restes des infortunés des
fidèles sujets du Roi et de la Monarchie, qui renouvellent ici leur ser-
ment de résister jusqu'au dernier soupir aux innovations désas-
treuses qui tendent au renversement de l'Empire. Protestant contre
tous les décrets de l'Assemblée nationale, et notamment celui du
14 du courant, qui spolie le clergé, le regardant comme impie, sacri-
lège et attentatoire à ses droits sacrés.
« Après cette profession de foi, le Président, qu'on dit être i'Évêque
de N..., a dit : « Messieurs, je ne conçois pas comment vous avez pu
imaginer qu'il fût nécessaire de lire à Paris publiquement vos pro-
testations déjà rédigées. Envoyez bien vite cette pièce précieuse dans
les Provinces, et hâtez-vous d'éclairer le Peuple sur l'injustice qui
nous accable... Ne négligez pas plus longtemps de lui ouvrir les yeux,
et que dans son indignation il punisse ses instigateurs des fautes
qu'ils lui ont fait commettre. »
« Un autre Membre étoit d'avis qu'à la protestation fussentjointes
des instructions pour tous les Curés et Prêtres du Royaume, avec
injonction de déployer toute l'autorité de leur ministère pour forcer
les âmes chrétiennes,.. L'opinant étoit un Archevêque.
« Un Vicomte a répliqué : Ce que vient de dire le préopinant n'a
pas le sens commun. — Pardon, Messieurs, vous parlez d'injonction
lorsque le frein de l'obéissance est rompu, et vous voulez faire
prêcher les Curés, tandis qu'on brûle les Presbytères !
« Je pense comme M. le Vicomte, a dit un autre Membre; il n'est
10
146 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
pas encore tems de nous servir de la Religion pour opposer une bar-
rière au Décret et à l'établissement de la Constitution; vous ne con-
noissez pas toutes vos forces, Messieurs, ni les moyens de les em-
ployer à propos.
« Un Évêque... Une crainte m'afflige, c'est qu'après les insultes
que nous avons reçues aux Capucins, et que mille pamphlets ont déjà
rendues publiques, il est bien difficile que l'opinion générale puisse
jamais nous devenir favorable.
« Eh! qu'importe l'opinion, s'écrie un homme de loi, sur le Décret
de l'Assemblée et le Décret lui-même, s'il n'a pas son exécution ! Il
ne l'aura pas, Messieurs. Les créanciers s'appercevront de l'incer-
titude du gage qui leur est offert. Opposez aux acheteurs les risques
qu'ils auront à courir de la part des créanciers hypothécaires du
Clergé; nous jugerons ces procès, voilà la marche à suivre; le succès
est certain.
« Un Éloquent Abbé {i)... Non seulement je suis de l'avis du Préo-
pinant, mais je demeure fermement persuadé que cette considéra-
tion retiendra l'avidité de nos ennemis. Joignons nos forces (si,
comme moi, vous êtes dévorés de l'ambition de triompher), joignons-
les pour ne pas discontinuer ou contrarier les opérations de l'Assem-
blée Nationale, de la mettre en contradiction avec elle-même... Vous
avez été témoins de ma fermeté à braver le Peuple provoqué contre
nous, et qui m'a poursuivi jusque dans la rue Sainte-Anne ; je cherche
le même danger pour déclarer que nous ne sommes pas libres, et
toute mon ambition est plutôt de mourir que de renoncer à mon opi-
nion et à mes Bénéfices. Oui, je jure
« Ici, le dénouement a exigé sans doute une fiction ; l'Orateur est
interrompu par l'apparition du spectre qui tenoit d'une main un
flambeau et de l'autre un goupillon. En vain un assistant veut l'ar-
rêter, l'épée à la main; le spectre s'arrête au milieu de l'Assemblée,
et, d'une voix sépulcrale, il fait une courte conjuration et lance son
flambeau et son goupillon au milieu de l'Assemblée. L'épouvante
s'accroît; enfin, on reconnoît que le spectre n'est autre chose qu'un
Docteur à qui la Révolution a tourné la tête, et on n'en a plus
peur.
« Ce procès-verbal, nous le répétons, pourroit bien n'être qu'un
pamphlet, malgré l'air de vérité qui se montre dans quelques phrases
des interlocuteurs, et dans l'espèce de leurs principes. Mais le tems
ne peut manquer de détruire ou de vérifier ce soupçon. Quand la Sa-
(1) Allusion à l'abbé Maury.
CLUB MONARCHIQUE 147
tyre {sic} Ménippée parut, on y remarqua des traits qui passèrent
alors pour incroyables, et qui n'en étoient pas moins vrais (1). »
Quoi qu'il en soit, que Ton considère cette lettre comme sérieuse
ou comme une simple plaisanterie, elle montre l'état des esprits,
l'impopularité des députés de la droite, nobles et prélats. On n'en
voulait pas entendre parler, dans le peuple; plus les patriotes les
ridiculisaient, plus les Parisiens se disposaient à les traiter en enne-
mis.
Déjà, des velléités de républicanisme existaient, même chez nombre
de modérés, ne conservant de respect que pour la personne de
Louis XVI.
Gorsas, lui aussi, ne manqua pas de plaisanter :
« Courrier de Gorsas, 1790, n° 8, mercredi 12 mai.
« Changement de domicile.
« Nous avons reçu plusieurs lettres par lesquelles on nous demande
ce que sont devenus les 297 membres de l'Assemblée nationale qui
ont essayé de s'assembler plusieurs fois aux Capucins Saint-Honoré?
Toutes ces lettres nous témoignent les plus grandes inquiétudes à ce
sujet. Pour satisfaire autant qu'il est en nous les personnes curieuses
ou intéressées, nous nous empressons de leur répondre collective-
ment, que Messieurs les 297 auteurs de la déclaration, après avoir
tenté différens domiciles, se réunissent, depuis samedi, hôtel de la
Briffe, quai des Théalins (2). »
Dans le public se répandit une pièce satirique ayant pour ti-
tre :
« Le De profundis de l'aristocratie ou Procès-verbal de la séance
tenue aux Capucins, le dimanche 18 avril. Vendu pour faire dire une
messe de Requiem pour le repos de l'âme de nos frères les aristo-
crates, qui sont morts ou qui mourront enragés. Imp. des révérends
et patriotiques capucins de la rue Saint-Honoré (3). »
(1) Moniteur universel, numéro du 23 avril 1790.
(2) «Uu membre de l'Assemblée nationale, M. Dinochau [sic), dont on connoit
la sévérité des principes, et même du style, vient d'imprimer à ce sujet : Qu'il
est fait très expresses inhibitions et défenses de troubler cette honorable Assem-
blée par aucuns sifflets ou cornes à bouquin. » {Note de Gorsas.) — Samuel Dino-
chaud, avocat, était député de Blois.
(3) Bib. Nat., Lb 39/3301, in-8» de 15 p., sans date.
148 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRbiS
Les patriotes appelèrent la réunion V Harmonica des aristocruches
ils rirent beaucoup des aristobêies.
Les Révolutions de Paris publièrent cette épigramme :
Él'IGRAMME
Cazalès, Montlauzier, Virieu, Mirabeau (cadetj,
Et les trois cents, et Bergasse et Foucault,
Aux Capucins cherchoient, dans leur tête troublée,
Un moyen sûr qui pût dissoudre l'Assemblée ;
Tous péroroient, Maury, cet insigne vaurien,
Pestoit, juroit, sacroit, et ne concluoit rien.
Impatient, un quidam leur cria :
Hé! que Las Wous f...
Pendez-vous tous, elle sera dissoute.
On dit qu'ils vont suivre cet avis- là (1).
VIII
Jusqu'alors, point de collisions dans les rues, point de troubles
motivant l'intervention de la municipalité.
Le Club des Amis de la Constitution monarchique n'en était qu'à
l'état embryonnaire. Son action, très restreinte, n'effrayait pas les
pouvoirs publics ; à peine égalait-elle celle des Impartiaux en pas-
sant du centre de l'Assemblée nationale à la droite.
Cependant, Stanislas, comte de Clermont-Tonnerre, colonel avant
la Révolution, député de la noblesse de Paris aux États généraux de
1789, faisait parler de lui (2). Il était membre du Club de Valois (3),
lorsqu'on le remarqua, à cause de son éloquence, dès les premières
séances de l'Assemblée nationale (4). Il avait des instincts de
libéralisme, mais il était, avant tout, dévoué au roi, et figura au
Club des Ini'parliaux^ qui ne satisfaisait pas entièrement ses aspira-
tions.
Clermont-Tonnerre, dont les tergiversations et la mobilité d'esprit
étaient reconnues, se déclarait partisan de la Constitution anglaise (5).
11 rassembla bientôt dans son hôtel, rue du Petit Vaugirard, au coin
de la rue de Bagneux, des amis de la monarchie.
(1) Révolutions de Paris, n" 47, du 29 mai au S juin 1790.
(2) Qualifié l'Ombrageux, dans le pamphlet Les Chevaux au Manège.
(3) Voir Club de Valois.
(4) Ses Opinions et discours, réunis, ont été publiés en 4 vol. in-8°. Paris, 1791.
(5) Il a écrit une Analyse raisonnée de la Constitution française.
CLUB MONARCHIQUE 149
Les Archives nationales ont conservé une
« Lettre de M.Bailly à M. Cochon de Lapparent,avec note signalant
les agissements d'une société contre-révolutionnaire se réunissant
rue de Vaugirard, sous la présidence de M. de Clermont-Tonnerre. »
Elle est datée du 3 décembre 1790 (1).
Clermont-Tonnerre, voulant rester sur le terrain légal, prit alors
une permission de la municipalité, à l'effet de transformer ses réu-
nions en club, de transférer les séances des Amis de la monarchie
aux Grands Jésuites^ rue Saint-Antoine.
Ces Amis de la monarchie s'y assemblaient le soir du 28 janvier
1791 (2). Ils devinrent lutteurs décidés, propagandistes.
« Ce club, dit le marquis de Ferrières, était un tiers parti entre les
aristocrates et les jacobins, qui, sans admettre en entier le système
des premiers, voulait un gouvernement basé à peu de choses près
sur le gouvernement anglais. Clermont résolut non seulement de
combattre les Jacobins à Paris, mais encore de les combattre dans
les départements : il établit, sous différents noms, des affiliations de
son club monarchique... On convint que les associés donneraient,
en se faisant recevoir, une somme d'argent proportionnée à leurs
facultés... Clermont-Tonnerre, ne voulant pas qu'on pût lui repro-
cher, dans l'établissement de son club, la plus légère contravention
à la loi, alla prendre une permission de la municipalité... Le Club
monarchique s'ouvrit sous les plus heureux auspices; il eut, dès ses
premières séances, six cents souscripteurs (3). »
Tout aussitôt, Jean-René Loyseau, jurisconsulte, membre de la
Société des Amis de la Constitution, séante aux Jacobins, publia une
brochure commençant par cette phrase : « Le Club monarchique est
une association anti-constitutionnelle. »
Ainsi, comme l'observe Louis Blanc : vers la fin d'octobre 1790,
le Club des Impartiaux (4), qu'on avait cru mort, « ressuscita tout à
coup, et avec une organisation plus complète, avec des moyens plus
puissants. »
Ajoutons : avec une couleur de royalisme plus tranchée ; en tout
cas, avec des allures plus agressives.
Bientôt, un arrêté de la municipalité, après des désordres, défendit
(1) Minute (2 p.), D.XXIX' 32, n» 328.
(2) Journal des Clubs, t. I, p. 345.
(3) Mémoires de Ferrières, t. Il, liv. 8.
(4) Voir Club des Impartiaux.
150 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
aux membres du club de se réunir. Dans ce club se fondit celui des
Fédérés, dissous par la loi (1).
Les patriotes ne se trompèrent pas sur les intentions des membres
du Club monarchique ou des Amis de la Constitution monarchique . On
le voit bien dans la pièce suivante, intitulée : Liste des aristocrates de
toutes les couleurs, composant le Club monarchique (2), laquelle courut
dans le public, laquelle est le seul document sur les membres de
cette Société.
Elle contient cette appréciation :
« Quelle est donc cette secte opiniâtre, qui s'intitule les Amis de la
Constitution monarchique? Quelle est sa composition?...
«(Quels sont donc ces hommes qui s'annoncent avec tant de fracas,
qui font de si pompeuses charités, et qui distribuent des imprimés
d'une main, et de l'argent de l'autre, et qui alarment enfui les amans
de la Liberté?...
« Telles sont les questions que se faisait à lui-même un vçai Pa-
triote. Tourmenté par ses pensées, il court, il cherche, il questionne,
pourconnoître ces amis si chauds de la Monarchie, ou plutôt des viles
douceurs de l'esclavage; mais en vain il s'agite, il ne rencontre que
des notions vagues et incertaines. Enfin, le hasard et sa bourse le
conduisent auprès d'un des Agioteurs subalternes de ce Club impor-
tant : le marché est bientôt conclu, et notre Patriote emporte la liste,
aussi content qu'un héros de cour qui vient d'acquérir un comman-
dement avec cent courbettes. Il s'empresse d'en faire part à ses con-
citoyens. Ils verront que cette honorable assemblée est composée, en
grande partie, d'aristocrates fieffés et connus pour tels, des hypo-
crites du Club de 89 (3) , de plusieurs intriguans [sic] , de quelques
citoyens trompés, et de beaucoup de trompeurs. »
IX
Bientôt, on répandit dans le public la liste suivante :
NOMS DES ARISTOCRATES
COMPOSANT LE CLUB MONARCHIQUE
PRÉSIDENT.
DuBERGiER, Avocat de Rordeaux, ci-devant Membre du Comité miU-
taire de l'Hôtel-de-Ville; Orateur fallacieux et impératif.
(1) Voir Club des Fédérés. 11 s'agit d'un (;lub non déniocraUque, naturellement.
(2) Bib. Nat., Lb 39/3392. Pièce parue en décembre 1790 ou en janvier 1791.
(3) \o\T Société dç 1789,
CLUB MONARCHIQUE
151
Vice-Président.
Hamelin, Commandant du Bataillon des Récolets; ancien Volontaire
de Dragons ; se disant Chevalier ; Membre du défunt Club des Fédé-
rés; Guerrier fameux par ses Victoires remportées à Paris, dans les
Tripots et sur le cœur de quelques filles entretenues. Il a été cassé
par son Bataillon ; mais il ne s'est pas tenu pour battu : il a dit
hautement à des Volontaires qu'il les commanderoit malgré eux,
et (il faut l'avouer) il leur tient parole.
Membres du Directoire.
D'Hautefort, d'Agier, Rossy, Stanislas de Clermont-Tonnerre, député.
Secrétaire.
Armand de Cormier, Commissaire destitué de la Section de la Place
Vendôme (1).
Honorables membres.
Messieurs,
Montalembert.
Chapelier (Réclama. V. plus bas,
p. 219).
Marguerite, député?
De Foucaut, député du Péri-
gord(2)?
Régnant (Réclama. V. plus bas,
p. 219).
De Poix.
De Beauharnois, l'ahié, député?
De Mathan.
Guilhermy.
Dufraisse.
Plainville (Réclama. V. plus bas,
p. 220).
De Maubourg (Réclama. V. plus
bas, p. 219).
Saint-Cyr.
Delà Galissonnière, député d'An-
jou.
Messieurs,
Malouet, député.
Du Gluzel.
Petit.
Dagrain.
D'Ambly. Émigra.
De Vinezac, Major de Division.
RouUeau (Aide-Major au batail-
lon des Récollets).
D'Estourmel (chevalier).
De Tuzy {sic) (Réclama. V. plus
bas, p. 219).
De Macaye.
De Parabère.
Desvieux.
De Bonneval.
Riollet.
Mirepoix.
Belon.
Bergasse, député de Lyon.
De Boisgélin.
(1) N'iJtait-ce pas ce Corniier qui avait une grande iullueiico au Club de l'Hùtel
de Massiac? (Voir plus haut.)
(2) Émigra et fit campagne dans l'armée de Condé.
152
LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Deschamps.
De Murinais (1).
Év. de Chartres.
Év. de Clermonl.
Saint-Vincent.
Du Rosoy.
Mathias.
Duchâtelet.
De Fontenay.
Év. de Châlons.
Saint-Priest.
De Lautrec.
Mondot (Officier du centre au
bataillon des Récollets).
De la Châtre.
Dupont (Réclama. V. plus bas,
p. 219).
Routiers, député de Nancy.
Tourtain.
De Ségur.
Év. d'Arles.
Év. de Saintes.
De Custine, député de Metz?
Mailli.
Filleul.
Le Moyne (Réclama. V. plus bas,
p. 218).
Thyéri.
Dubuisson.
Tourteau.
Daymar (Réclama. V. plus bas,
p. 219).
Poissonier (Réclama. V. plus bas,
p. 220).
De Forget.
Dublaisel.
Abbé Royou (auteur de VAmi du
Roi).
De la Croix.
De Vergennes (Émigra).
Messemy (Réclama. V. plus bas,
p. 221).
Dorvilliers.
Rover.
Sinetti.
De Lusignem (Membre du CluO
de Valois).
Buttafoco.
Év. de Beauvais.
Tronchet (Réclama. V. plus bas,
p. 219).
Desmeuniers (Réclama. V. plus
bas, p. 219).
De Folleville.
De Faucigny (2).
De Bonnay.
La Bussière.
Le Brun.
Le Tellier.
De la Queuille.
Charton (Réclama. V. plus bas,
p. 221).
De Montcalm.
Duval.
L. Bonnefoy.
Courtomer.
De Saint-Simon.
Longpré.
(1) Le chevalier de Murinais, maréchal de camp, député du Dauphiiié ù la
Constituante, protégea les prêtres réfractaires, repoussa la proposition d'accorder
le droit de cité aux hommes de couleur, et fit la motion de poursuivre les Jaco-
bins. Mais, lors de la fuite du roi, il prêta le serment de fidélité à l'Assemblée.
« Plusieurs des membres paraîtront peut-être inconnus au lecteur, parce que,
par prudence ou autrement, ils ne se sont fait inscrire que par leur nom de fa-
mille. » (Note de l'auteur de la liste.)
(2) Faucigny-Fabre, député de ]}ourg-en-Bresse à la Constituante. Émigra.
CLUB MONARCHIQUE
153
De Loras.
De Brésé (Grand-Maitre des céré-
monies sous Louis XVI).
D"Âigalliers.
De la Blache (Membre du Club
de Valois).
Lambertye.
Millet.
Év. de Goutances.
Monbreton.
Ludieu.
Rouvenac.
Lalande.
Meunier (Réclama. V. plus bas,
p. 220).
De Ghampeaux.
De Saint-Maurice.
Salle de Ghoux.
De Gastellane.
Dagout [sic).
Dalby.
De Saint-Albin.
Mortemar [sic). Émigra.
Froment.
De Landine (Littérateur).
De Gypières.
Tixedos.
Le Febvre.
Grosbois.
De Caraman. Émigra.
De Gand.
Montfort.
J. le Doulcet.
Daguesseau (Réclama. V. plus
bas, p. 221).
Gampan (Mari de la femme de
chambre de Marie-Antoinet-
te).
Juigné (Archevêque de Paris).
De Lassigny.
Deaubonne {sic).
Le Glerc.
De Brignon.
Augeart [sic] (Membre du Club
de Valois).
Év. de Bourges.
Duc de Luynes (député de la no-
blesse de Touraine).
De Guimps.
De Rastignac.
Montazet.
Aubert.
Gh. Herbert.
Toulongeon (Réclama. V. plus
bas, p. 219).
H. de la Boissièrc.
De Villequier (1).
Bonnevie.
Grussol, Pair de France sous la
Restauration.
Belbœuf.
Du Fresne.
Champion.
De la Concy.
Royer.
De la Luzerne (Émigra).
Agents aux gages de la Société.
Arnould, perruquier.
Hyans, dit MoNTREuiL, ancien Officier de maison.
WuLMiN, Gabaretier.
(1) Le duc (le Villequior fut, plus tard, premiei" gentilhomme de la Chambre à
Mittau, à la cour du prétendaut, comte de Provence,
154 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
DupiN, Metteur en Œuvre.
« La totalité des Membres n'étant pas encore parfaitement connue,
nous donnerons la suite au Numéro prochain. » (Note du publiciste.)
Fin effet, une deuxième liste a été publiée. Comme dans la pre-
mière, on va le voir, les membres de la noblesse et du clergé y sont
très nombreux. Toutefois, des bourgeois, des roturiers y figurent,
honorés sans doute de se trouver en si bonne compagnie, de passer
pour aristocrates, pour iidèles sujets de Louis XVL
Cette liste se composait ainsi :
N» 2.
SUITE DE LA LISTE DES ARISTOCRATES
dl"] toutes les couleurs,
composant le club monarchique,
Actuellement rue Saint-Antoine.
« M. Malouet (1), cet ennemi juré de la liberté de la presse, a osé
dire et imprimer qu'il ne subiroit point le joug des Jacobins. Certes,
il faut l'avouer, ce tour oratoire est très-adroit. Aujourd'hui, les
Aristocrates, pour se rendre intéressans, crient à l'oppression. A qui
ferez-vous croire, mon cher Monsieur Malouet, que les Amis de la
Constitution, que des hommes qui n'ont d'autre puissance que la per-
suasion, d'autre autorité que l'exemple, sont des tyrans? Les Jaco-
bins ne peuvent ni ne veulent imposer de joug à personne, mais ils
veulent achever d'anéantir celui de vos pareils... Ils connoissent,
ainsi que tout le monde, vos principes : ils savent que vous êtes le
Maréchal-des-Logis en chef de la cabale aristocratique, que vous
aviez logée d'abord aux Capucins, puis rue Royale, ensuite à la Sor-
bonne, et que vous colportez aujourd'hui dans tous les coins de
Paris, sous le titre pompeux des Amis de la Constitution monarchi-
que. On dit que, partout refusé, éconduit, vous allez vous réfugier
au Fauxbourg Saint-Antoine, dans l'ancienne maison des Jésuites :
(1) Malouet écrivait, le 30 janvier 1791, dans une brochure :
« ... On croira bien que je ne saurois être membre très actif d'aucun club ;
mais précisément parce qu'il y en a un tout-puissant, je pense qu'il en faut un
autre qui ait le courage de contrarier cette toute-puissance et d'éclairer l'opinion
publique sur ses abus... »
CLUB MONARCHIQUE 15b
certainement, vous ne pouviez faire un meilleur choix; cette maison
est digne de vous et de vos Associés. »
NOMS DES ARISTOCRATES
COMPOSANT LE CLUB MONARCHIQUE.
Daguin.
Romance.
Debar.
de Mézières.
D'Agieu.
Perrot.
Dampière (Réclama. V. plus bas,
THéritier.
p. 222).
de Bertemont.
D'Agoult (I).
Coubert.
Albert.
du Tremblay.
Arnault.
de la Bussière (Réclama. V.
plus
Dartaignant [sic).
bas, p. 220).
Aubarède.
d'Evry.
Aubry.
Vandœuvre (Réclama. V.
plus
Auger.
bas, p. 222).
Authier.
de la Vaupalière.
Azon.
de Ricé (Réclama. V. plus
bas,
de Bassompierre.
p. 219).
de Bavière.
Malartie {sic).
Beaumarchais (Ne réclama pas,
de Boursac.
comme il le fit à propos du
de Sainte-Croix.
Club de la Sainte-Chapelle).
Dufrane.
de Beaufort.
le Breton.
de Beaulieu.
Piébot.
de Beaumanoir,
Belhomme.
de Beaumont.
La Viefville.
de Beaureceuil.
BouUanger.
de Beauvais.
Monfermail.
Béhague.
de Valence.
Colbert.
Benoit.
Bélanger.
de Bérenger.
de Fresne.
de Bernières.
Barras.
de Berthelot.
J. Barbier.
de Béthune.
de Barmont.
Davesne.
de Barzal.
de Lambert.
de Bcllegarde.
de Lange.
(1) Aide-major des gardcs-du-corps.
156
LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
de Saint-Blancard.
d'Houdelot {sic).
de Damas. Émigra.
de Sorrant.
d'EspinchaL
de Gauges.
de Sartine (Membre du Club de
Valois).
Bataille,
de Santeul.
Lemoine (Réclama. V. plus bas,
p. 218).
Pigeau.
Lutton.
Jolimet.
Berthelot.
Cottin.
Guéri n.
Jarry.
A. Durand,
le Vacher.
Gobin.
Evrat.
Crampon.
Dumelz.
de Persans.
Lambert.
Joinville.
Ferrand.
Dupré de Saint-Maur.
Hocquart.
Blondel.
Montboissier.
Péronneau.
Robineau.
de Mouchy (Maréchal de France).
Bienaimé.
Duval.
Jullienne.
Robin.
Anquetil.
de Perpirolle.
Bernard.
de Beaudouin.
Sergent.
Bourgeois.
Chambon.
de Ligneul.
Mallet (Membre du Club de Va-
lois).
le Mercier.
le Long.
Jullien.
le Boullanger.
de la Guillaumie {sic).
Richard,
de Brunville.
Hérault.
de Laurencel.
Vasse.
Miller.
Bignon.
de Romainvilliers.
Langlard.
le Couturier.
de Farouville.
Champlatreux.
Card. de la Rochefoucauld.
Titon (Membre du Club de Va-
lois).
Pacquet.
l'Escalopier.
de Pomeuse.
Tandeau.
Cormeré,
de Mauperché.
le Coigneux.
Foulon.
de Bandeville.
Angran.
de Soisy.
des Maillis.
CLUB MONARCHIQUE
157
Diet, Officier de la Reine.
Trudaine (Réclama. V. plus bas,
Didier.
d'Anjou.
Valadon.
p. 220).
le Blanc,
de Beaulieu.
de Neuville.
Agard.
le Bret.
Boula.
Gilbert.
GeofFrois.
Pinon.
Rolland.
de Morangis.
Chartier.
BéruUe.
de Barème.
Sauveur.
d'Aligre. Émigra.
Saint-Vincent.
Rousseau.
de Vaudeuil.
Gauthier.
de Glatigny.
de Minière.
Ghuppin,
Masson.
de Fontenay.
Remy.
Gigault.
le Normand.
Sabatier.
Clément.
Barbier.
de Sèze (1).
de Boulainvilliers.
de Bannes.
Jacquier.
Boucher d'Argis (
Réclama
. V.
d'Anthily.
F. Perrotin.
plus bas, p. 219).
de Fontelle.
Dupleix.
Mandat (2).
Bureaux (Réclama,
p. 220).
, V
. plus
bas,
de la Roquette,
le Chanteur.
Mesnard.
Salamon.
Dumont.
le Rebours.
Angély (Réclama.
p. 219).
de Vouges.
V.
plus
bas.
Morel.
Goislard.
d'Héricourt,
de la Marre.
le Roy.
deCorberon.
Ferry.
de Saint-Moris.
Fournil.
de Vilmilan.
Paris.
Esmangart.
de Gourgue.
de Nicolay [sic) (Émigra\
Berlin.
(1) Avocat, qui fit acquitter Bozenval, et plus tard défendit Louis XVI devant
la Convention.
(2) Ancien capitaine aux gardes-françaises, qui commanda la garde nationale
la veille du 10 août 1192.
158 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Moron. de Solligny.
Griffon. de Poujaud.
de Saint-Cyr. Renou.
Pieffort. d'Assouville.
de Varenne. de Saint-Vigor.
Mende-Monpas. Bazin (Réclama. V. plus bas,
de la Livaudière. p. 220).
Beaumanoir. le Carpentier.
de la Source. de la Touche.
Thibault du Loisir. Wariner.
du Chemin. d'Harméville (1).
Bellamourt.
DE l'imprimerie PATRIOTIQUE
La seconde liste renferme un nombre de noms supérieur à celui de
la première.
XI
L'emblème du Club monarchique était une balance en équilibre
parfait, dont l'un des plateaux supportait le bonnet de la liberté et
l'autre la couronne de France.
A peine installé, ou plutôt aggloméré ça et là, il imita le club des
Jacobins, se fit un centre de propagande, et correspondit avec une
foule de sociétés contre-révolutionnaires. A Perpignan, le 5 dé-
cembre 1790, une Société des Amis de la paix siégeait à côté de la
Société des Amis de la Constitution. Le soir, deux coups de fusil
furent tirés des fenêtres de la première sur des citoyens qui sortaient
du lieu où se réunissait la seconde. Il y eut deux blessés, et la ville
fut troublée pendant plusieurs jours.
Le Club des Amis de la Constitution monarchique distribua des
(1) « Beaucoup de ces messieurs, quoique absents de Paris, sont affiliés à l'as-
sociation. » {Note de l'auteur.)
Ces deux listes, assui-ément non authentiques, se vendaient très bon marché.
On les avait tirées à un grand nombre d'exemplaires. Beaucoup de personnes
y désignées crurent devoir se défendre publiquement de faire partie du Ctiih
monarchique. Les journaux publièrent, à cet égard, des réclamations que nous
enregistrons plus bas.
Nous n'avons pas trouvé de liste officielle. On remarquera que bien des noms
sont mal orthographiés, et plusieurs répétés
CLUB MONARCHIQUE 159
pamphlets, parfois gratis, en janvier 1791. Il fonda, partout où cela
lui fut possible, des clubs des Amis de la paix et des Amis du roi. Il
s'aboucha avec des Amis de la patrie, des Amis de la paix et de la
religion, des Défenseurs de la religion, des personnes et des propriétés.
Ses affiliations en province déterminèrent les Jacobins et leurs
partisans à soulever le peuple de France contre les divers clubs
monarchiques, pendant l'année 1791 et dans la première moitié
de l'année 1792.
A Paris, principalement, il organisa des distributions de pain, de
vêtements, même d'argent. On verra ce qu'il en advint.
Il eut des cartes d'entrée, comme les autres clubs. Gorsas écrivit
dans son journal :
« Nous avons une de ces cartes (d'entrée) sous les yeux ; en voici
la forme :
« En tête est un écusson ovale aux armes de France; sur le sommet
de cet écusson repose une balance: dans l'un des plats de cette ba-
lance est le bonnet de la liberté ; dans l'autre , une couronne. Une
branche de chêne et de laurier se croisent en bas de l'écusson. Entre
un double filet qui circonscrit l'écusson, on lit ces deux mots : libres
ET fidèles; de sorte que le mot libres se trouve du côté de la liberté,
et fidèles du côté de la couronne.
« Ce qui est inscrit de plus sur cette carte, est le numéro, le nom
du récipiendaire, la date de sa réception et la vérification des com-
missaires de la soirée. Sur le verso de la carte, il n'y a rien de gravé;
enfin elle est parfaitement conforme aux cartes que nous avons dit
avoir été envoyées à telles et telles personnes, avec des circulaires ;
de l'une desquelles circulaires et cartes nous avions déjà reçu com-
munication (1). »
La circulaire était envoyée à toutes les personnes supposées d'a-
voir les mêmes principes que ceux professés par cette Société, à
laquelle on les invitait de se rendre de la manière la plus pres-
sante.
Le Club monarchique ne négligeait, d'ailleurs, aucun moyen de
propagande anti-révolutionnaire.
En but à de vigoureuses attaques, il invoquait la loi, et était
dénoncé par la presse plus ou moins avancée, notamment par les
Révolutions de Paris (2).
(1) Courrier de Gorsas, u* 28, du 29 décembre 1790.
(2) Révolutions de Paris, n' 77, du 25 décembre 1790 au 1" janvier 1791.
160 LES CLUBS GONTRE-RËVOLUTlONxNAIRES
« Dénonciation du Club monarchique.
« Une Société vient de s'élever à Paris, sur les ruines des défunts
Clubs de 1789., des Fcdénh et des Impartiaux. Elle porte le titre de
Société des Amis de la Constitution monarchique,
« Nous l'aurions laissée dans l'oubli, mourir de sa belle mort, si
elle ne cherchoit pas à égarer, à soulever le peuple de la capitale et
des départemens sous la couleur mensongère de la bienfaisance et
de la pureté des principes. On a pu voir, dans notre dernier numéro
(N° 76), un échantillon de la doctrine des monarchistes , tiré de l'em-
blème dont ils décorent le frontispice de leurs diplômes et de leurs
brochures.
« Les fondateurs sont des aristocrates gangrenés, des frondeurs
connus des opérations de l'assemblée nationale, des partisans achar-
nés du veto et de tous les abus du gouvernement anglais: les sieurs
Stanislas Clermont-Tonnerre et Mulouet. Ils attendent en renfort
MM. Mounier et Lally-Tolendal, qui ont promis de venir si les choses
tournent à bien. Pour auxiliaires, ils ont recruté les restes épars du
club de la rue Royale, tous les spadassins de l'opéra, et les pilliers (sic)
de tripots du Palais-Royal. La devise de cette nouvelle troupe de sy-
cophantes est liberté, fidélité. Nous remarquerons, en passant, qu'elle
est tirée de la brochure : Quintius Capitolinus aux Romains, dont les
rédacteurs du journal monarchique n'ont fait une critique modérée
que pour avoir l'air de s'éloigner des principes de M. Tollendal, tan-
dis qu'ils sont parfaitement d'accord ensemble; a peu près comme
deux avocats rient après l'audience des injures qu'ils se sont adres-
sées pour la cause de leurs clients.
<( Pour première opération, ils ont envoyé un manifeste en forme
de prospectus, dans les 83 départemens, par lequel ils s'annoncent
comme les défenseurs des principes abandonnés de la monarchie expi-
rante; ils déclarent la guerre à la société des Jacobins, qui sera tou-
jours regardée comme celle des vrais amis de la constitution monar-
chique, telle qu'elle a été décrétée par l'Assemblée nationale, et non
telle que voudraient la faire concevoir les monarchistes S'ils sont les
véritables amis de la constitution française, pourquoi ne se réunis-
sent-ils pas à la société des Jacobins, qui s'impose un respect si pro-
fond pour les décrets de l'Assemblée, qu'il n'est plus permis de les
discuter dans son sein lorsqu'ils sont rendus et sanctionnés? Pour-
quoi, à l'aurore d'un nouveau culte, d'une religion aussi sainte que
celle de la liberté, donnent-ils l'exemple d'un schisme dangereux?
Pourquoi, dans un moment où la nation, fatiguée des convulsions
CLUB MONARCHIQUE 161
qu'elle a éprouvées dans le passage de l'ancien au nouveau régime,
s'érigenl-ils en ambitieux sectaires? Pourquoi s'annoncent-ils comme
les fauteurs des opinions oubliées de quelques hommes diffamés qui
ont déserté leur patrie au moment où la chose publique étoit en dan-
ger, à lïnstant où les dissentions {sic) civiles, qu'ils avoient eux-
mêmes excitées, étoient sur le point de la ravager? Certes, si comme
ils osent s'en vanter, leurs intentions sont pures, leur conduite est
bien imprudente.
« Comme les missionnaires de toutes les sectes, ils cherchent à sé-
duire par de petites charités, pompeusement distribuées, le peuple
qu'ils veulent abuser sur les principes. Ils ont des émissaires dans les
48 sections de Paris, chargés de se concerter avec les commissaires
de police, afin de faire distribuer cent livres de pain par semaine aux
indigens de la section, à un sou la livre (1). C'est ainsi qu'ils essaient
de persuader au peuple que le pain doit être diminué; c'est ainsi que
les conspirateurs de Lyon s'y étoient pris pour tâcher de faire sou-
lever le peuple en faveur des princes; avec les mêmes principes, ils
mettent en usage les mêmes moyens. Les sections ont vu le piège;
ils ont senti tout le danger qu'il y avoit à laisser donner le pain à un
sou chez quelques boulangers, tandis que chez d'autres il se vendroit
deux sous; elles ont refusé la lihérarité inof'fîcieusp dea monarchistes.
« Citoyens! défiez-vous de ceux qui, en décriant le patriotisme,
viennent à vous les mains pleines; défiez- vous des principes despo-
tiques qu'ils cherchent à étayer par une bienfaisance illusoire et de
pure ostentation. Les monarchistes vous diront, vous écriront, pour
se faire valoir, que la société des Jacobins les a attaqués, qu'elle a
fait des tentatives auprès des sections de Paris pour dissoudre leurs
assemblées. Cela est faux, et l'atrocité est digne de ceux qui l'ont in-
ventée. Les Jacobins reconnoissent que tous les citoyens, même ceux
qui sont ennemis de la constitution, ont le droit de se réunir paisi-
blement et sans armes. Ils ont arrêté de prémunir leurs sociétés affi-
(i) « Le sif^ur Cormier, l'un dfs adeptos de la société monarchiste, s'est présenté,
il y a quelques jours, de la pai't de ses confrères, à la section de la place Ven-
dôme; après avoir jeté un regard douloureux sur la misère publique, il a vanté
la bienfaisance des monarchistes ; il a dit qu'il était autorisé de leur part à offrir
chaque semaine à la section une sonnue réglée pour doiuier le pain à. un sou la
livre. La section, sur l'avis de M. Le Clerc, a dénoncé cette machination à la
municipalité. Cependant, un boulanger de la Chaussée d'Antin a distribué quelques
livres de pain sur les cartes de la société: lorsqu'il a voulu réclamer son payement,
le sieur Cormier lui a chen^hé chicane; il lui a reproché d'avoir ébruité la muni-
ficence clandestine de la société; il a fini par lui dire : Allez chercher votre paye-
ment rue de Vaugirard. Il y est allé, et n'a pas été plus heureux que chez le sieur
Cormier. » (Voir Clnh de l'Hôtel de Massiac.)
Il
162 LES CLUBS GONTRE-BÉVOLUTIONNAIRES
liées contre les émanations empoisonnées de faux amis de la consti-
tution monarchique, ils ont dénoncé leurs manœuvres coupables
pour capter et séduire le peuple ; enfin ils les ont signalés comme des
ennemis dont il fallait respecter les personnes en détestant leurs
erreurs. On peut dire avec vérité des monarchistes : Vetiiunl ad vos
in vesiimentis ovium, intrinsecùs aulem sunt lupi rapaces. Jls viennent
à vous comme des brebis, et ce ne sont que des loups dévorans. »
Dénoncé pour avoir donné le pain à un sou, le Club monarchique
essaya vainement de se justifier. Il apparut comme un « complot mi-
nistériel et aristocratique contre la constitution », observe le marquis
de Ferrières, dans ses Mémoires.
XII
Les monarchistes trouvèrent un local à leur convenance.
Voici la profession de foi adressée alors à Bailly et à La Fayette par
les Amis de la Constitution monarchique :
« Les citoyens soussignés, tant en leurs noms qu'en celui de plu-
sieurs autres, réunis à eux sous le nom d'amis do la constitution mo-
narchique, ont l'honneur de prévenir M. le maire, qu'en conformité de
l'article de la Déclaration des Droits de l'Homme, qui permet la libre
manifestation des opinions, et des décrets qui autorisent les citoyens
à s'assembler, après avoir averti MM. les officiers municipaux, leur
intention est de se réunir en Société ou Club, sous la dénomination
d'Amfs de la Constitution Monarchique^ dans l'une des salles de l'édi-
fice connu sous le nom de Panthéon et situé rue de Chartres; ils pro-
testent de nouveau de leur soumission aux décrets de l'Assemblée
nationale, acceptés ou sanctionnés par le Roi; et ils attendront des
dépositaires de la force publique la surveillance et la protection qui
sont dues à tous les citoyens paisibles, lorsqu'ils se renferment dans
la soumission due à la loi. »
Aussitôt parut une Lettre d'un patriote à un de ses amis, au sujet
de la dissolution et du rétablissement du Club monarchique (1). Lettre
assez insignifiante et peu répandue.
Le Journal des Clubs publia les articles suivants, relatifs au pain à
bon marché et à trois nouveaux membres du clul) :
« Depuis quelque tems, il s'est élevé à Paris, au Panthéon (2), rué
(1) lîib. Nat; (pièce), Lb 39/4309;
(2) Le Panthéon, ('-tabli dans l'angle irrégulier formé par la rue Saiat-Tlioirias
CLUB MONARCHIQUE 163
de Chartres, un club, sous le nom des amis de la constitution monar-
cfdque. Une épithète donnée à la constitution a causé de l'ombrage,
a fait naître des soupçons, et l'on a cru voir dans cette alFectation
une nudité aristocratique, qui cherchoit à se revêtir du manteau
royal. On a dit : Pourquoi se distinguer? Être ami de la constitution,
c'est être ami de la monarchie, puisque l'assemblée nationale a dé-
crété que la France est et resteroit monarchique. A cette première
inconséquence, ou cette première levée de boucliers, les membres du
nouveau club en ont ajouté une autre; c'est de procurer à un certain
nombre d'indigens, à quatre sols, d'autres disent à six sols, les quatre
livres du pain qui se paient communément neuf sols, ce qui a causé
une rumeur qu'il étoit facile de prévoir... » (p. 325 et suiv.)
« La formation et la suspension du club monarchiqui3 ont donné
lieu à un événement fâcheux. M. Hamelin, commandant du bataillon
des Récollets (1), M. Mondot, officier du centre, et M. Rouleau,
aide-major de ce môme bataillon, s'y étoient, dit-on, fait recevoir.
La défaveur jettée sur ce club retlua sur eux. La section s'assembla,
ainsi que le bataillon ; on y dénonça et le club et les membres, et
particulièrement le sieur Hamelin. On trouva fort mauvais qu'un
commandant de bataillon fût membre d'une association accusée d'a-
ristocratie ; on le déclara incapable de commander des citoyens
patriotes, et on procéda à la nomination de son successeur... »
(p. 385) (2).
La publication du Journal du Club des Amis de la Constitution mo-
narchique amena des réclamations plus ou moins fondées. Voici celle
que le Moniteur universel (3) inséra :
« Le prospectus d'un journal intitulé les Amis de la Constitution
monarchique annonce que M. Fontanes doit en être le rédacteur. Cette
annonce est confirmée par l'annonce du 1" numéro de cette feuille
périodique. Mais un avis imprimé à la fin du second N", et une lettre
que M, Fontanes nous a écrite, le disculpent complètement. Nous
nous hâtons de lui rendre justice, en publiant, comme il le désire,
qu'il ne rédige pas ce journal » (4).
du Louvre ot la ruo dn Chartres, entre les numéros li et IG, devait tenir lieu,
pendant l'hiver, du Wauxhall de la foire Saint-Germain, abattu en 1784. Devint
le Vaudeville en 1792. A disparu plus tard, quand on déf>agea le Louvre.
(1) Voir, plus haut, la liste des membres du club, p. 151.
(2) Journal des Clubs, t. I, p. 32") et suiv., p. .'}85.
(3) Moniteur universel du 28 décembre 1790, n" 3G2.
(4) Fontanes, Suard, et d'autres écrivains monarchistes, rédifj;èrerit le Modé-
rateur, journal qui ne vécut pas.
164 LES CLUBS CONTHE-REVOLUTIONNAIRES
Mais si le doute existe à propos de Fontanes, il est certain que ce
premier numéro contint des articles de Clermont-Tonnerre et de
Mathieu; que le n" 3 contint un article de M. Hautefort.
Le 17 décembre 1790, Clermont-Tonnerre prononça dans la So-
ciété un discours, dont les membres du Club décidèrent l'impression
dans leur journal (1). Il était le patron actif du club, où son talent de
parole lui donnait une place tout à fait prépondérante. Son libéra-
lisme s'évanouissait peu à peu, et le peuple parisien le rendit en
quelque sorte responsable des incidents qui suivirent.
Dans sa séance du 18 décembre 1790, le Club monarchique établit
une caisse à l'effet de pouvoir distribuer aux pauvres, dans les sec-
tions, du pain à un sou et demi la livre.
On peut lire encore dans le prospectus du Journal de cette société
une afhrmation du but qu'elle se proposait :
« La Société des Amis de la Constitution monarchique a des prin-
cipes invariables, et ne se découragera pas.
« Le moment où se sont manifestées des opinions dangereuses
pour l'autorité légitime du Roi et de la Constitution monarchique
décrétée par l'Assemblée nationale, a été celui de sa naissance. Des
efforts constants pour la propagation des bons principes, et l'établis-
sement d'une correspondance suivie avec un grand nombre de
citoyens, amis de l'ordre et de la liberté, ont été ses premiers
travaux,
« Aussi loin des préjugés de l'ancien régime que des passions des
novateurs, la devise de ses membres est : lihertr et fidéliir.
« Ils regardent comme la loi des Français la Constitution par
laquelle il est établi que :
« Le Gouvernement français est monarchique ; qu'il n'y a pas en France
d'autorité supérieure à la loi; que le Roi ne règne que par elle; que ce
n'est qu'en vertu des lois qu'il peut exiger r obéissance;
« La Constitution par laquelle
« L'Assemblée nationale a reconnu et déclaré comme points fonda-
mentaux de la monarchie, que la personne du Roi est inviolable et sacrée ;
que le trône est indivisible, ei que la couronne est héréditaire dans la race
régnante, de mâle en mâle, par ordre de primogéniture, à l'exclusion
absolue des femmes et de leur descendance.
« S'il se trouvait des décrets dont les dispositions semblassent
contraires à l'intérêt public, c'est des seuls moyens légaux et consti-
(1) Clcriuont-Tonncrrc, Opinions et discouru, t. IV, p. 28 et suiv.
CLUB MONARCHIQUE 165
tutiônnels que la société pense qu'il en faut attendre et obtenir la
réformation.
« La société voit avec une profonde indignation, et repoussera avec
une constance imperturbable, les efforts que l'on fait depuis long-
temps pour anéantir la Monarchie.
« La société s'attachera à combattre les écrivains incendiaires et
les hommes plus coupables qu'eux, dont ils sont les instrumens.
<( Le Journal de la Société parait le samedi de chaque semaine.
« Le prix de la souscription est de 24 livres pour l'année, franc de
port par tout le royaume, et de 13 livres 4 sous pour six mois.
« Le Bureau de souscription est ouvert chez madame Valade, impri-
meur, rue des Noyers, et chez tous les Directeurs des Postes et les
principaux Libraires du royaume. »
Le 17 novembre 1790, le Club monarchique avait ajouté à la publi-
cité de ses séances la fondation de ce Journal de la Société des Amis
de la Constitution monarchique^ dont le prospectus reproduisit un
« Extrait des refjistres de la Société des Amis de la Constitulio)i
monarchique.
« ARRÊTÉ DE LA SOCIÉTÉ, DU 17 NOVEMBRE 1790.
« Un Membre a fait une motion tendante à ce que la société com-
mençât incessamment à tenir des séances publiques, dans lesquelles
tous les citoyens pussent juger ses intentions et ses principes, et où
l'on pût opposer une résistance d'opinions à toutes les tentatives
dirigées contre l'autorité légitime et constitutionnelle du Roi, et la
constitution monarchique.
« La Société a arrêté que la première séance publique seroit encore
différée, mais que pour faire connoître dès à présent son but et ses
principes, et combattre d'une manière efficace les opinions dange-
reuses, il sera publié un Journal avoué par la Société et rédigé par
M. de Fontanes, l'un de ses membres. A cet effet, la Société a auto-
risé M. de Fontanes à publier dans les numéros de ce Journal des
fragmens de la correspondance de la Société, ses principes et son
règlement. Signés : Decrkcy, Derossy, Stanislas de Clermont-Ton-
N'ERRE, Cormier, Commissaires (1).
(l) Joutmal des Amis de la Constitution monarchique, n" 1, du samedi 18 dé-
combre 1790. Prospectus. Co journal, hebdomadaire, eut 27 numéros. Chaque
numéro a une pagination distincte, porte le cachot de la société, — les armes de
France supportant une balance dans un des plateaux de laf4uelle est un bonnet
de la liberté, et dans l'autre la couronne royale. En exergue : libres et fidèles:
sur le tout est une ban<leroUe avec le nom do la société; on bas de l'écu, dans
un médaillun, le millésime : 1790.
166 LES CLUBS CONTRE -RÉVOLUTIONNAIRES
XIII
Lemonnier prononça, dans la séance du 25 décembre 1790, aux
Jacobins, présidés par Miral)eau l'aîné, un discours dans lequel il
appréciait ainsi, au début, le nouveau club :
« Vous savez, Messieurs, que l'aristocratie, désespérée d'avoir vu
tous ses complots découverts, toutes ses sombres manœuvres mises
au jour, a cru avoir inventé un moyen infaillible pour anéantir tout
ce que nos législateurs ont fait pour la stabilité de l'empire français :
c'est l'établissement d'un club sous le nom de Constitution monar-
chique. Plaisante dénomination ! Comme si tous les clubs patrio-
tiques, en particulier celui des Amis de la constitution, n'avaient pas
le but de fonder une constitution vraiment et essentiellement monar-
chique, mais une monarchie légale, une monarchie qui aura pour
base les lois et pour objet le salut de la nation,
« Ce n'est point pour ridiculiser cette folle institution que j'ai eu
l'honneur de vous demander la parole, mais pour vous dénoncer les
premières opérations de cette assemblée vraiment inconstitution-
nelle : elle a conçu le plan de mettre le trouble dans cette capitale,
et par la suite dans le royaume entier. Voici le sûr moyen que ces
hommes fallacieux ont cru devoir employer. Ils ont nommé quarante-
huit commissaires pour se répandre dans les quarante-huit quartiers
de Paris; c'est le cheval de bois qui vomit les guerriers grecs pour
renverser les murs de Troie. Vous verrez que les Grecs se sont
répandus dans la capitale, et si cette capitale n'a que d'imbéciles
Troyens pour défendre ses murs... »
Lemonnier ajouta que Cormier, un des commissaires, s'était pré-
senté à la section de la place Vendôme, et que d'auti'cs s'étaient pré-
sentés dans d'autres sections; que Cormier, muni d'une carte signée
Clermont-Tonnerre (1), avait fait l'offre de distribuer par semaine
detix cents livres de pain aux pauvres de la section, à un sou la
livre; que, heureusement, M. Leclerc, ancien commissaire des
guerres et chevalier de Saint-Louis, avait riposté : « Puisque vous
voulez obliger les pauvres, donnez en argent à chaque section qui,
avec notre surveillance, si vous l'exigez, distribuera le pain à ceux
que la section connaîtra en avoir le plus de besoin. » A quoi l'émis-
(1) Carte plus grande qu'une carte ordinaire, ayant au nnlicu h; nom du roi,
et à côté de ce nom une balance, en haut une guirlande avec le titre du club.
CLUB MONARCHIQUE 167
saire n'a pas voulu consentir, trouvant « étonnant que des gens pré-
posés pour procurer les avantages de la section refusassent les
secours offerts à la mendicité. »
C(U'mier ajouta que déjà treize sections avaient accepté. Leclerc
lui demanda de laisser par écrit l'engagement qu'il voulait con-
tracter, avec toutes les clauses. Cormier donna dans le piège, laissa
par écrit sa soumission avec la carte, qui furent placées dans le
bureau du président de la section, puis portées à la police de la
ville (1).
Ainsi, le Club monarchique attirait l'attention des Jacobins et
entrait dans la lutte politique^ non pas seulement par l'énoncé des
sentiments intimes de ses membres, mais par des moyens actifs. De
plus, il paraissait disposé à ne pas céder aux menaces populaires, ni
aux injonctions de l'autorité municipale, à en appeler, s'il le fallait, à
la justice des représentants de la nation pour continuer d'exposer ses
vœux en faveur de la royauté, de la noblesse et du clergé. 11 était
plus franc que les réunions de certains modérés.
Des difficultés s'étant élevées sur les droits des sociétés monarchi-
ques correspondantes, au commencement du premier numéro du
Journal de la Société des Amis de la constitution monarchique^ fut placé
un
(■ Extrait du 'procès-verbal de V Assemblée Nationale, du samedi au soir,
treize novembre mil sept cent quatre-vingt-dix .
« L'Assemblée Nationale, après avoir entendu son Comité des rap-
ports, déclare que les Citoyens ont le droit de s'assembler paisible-
mont, et de former entre eux des sociétés libres, à la charge d'obser-
ver les loix qui régissent tous les Citoyens; qu'en conséquence, la
Municipalité de Dax n'a pu troubler la société formée dans cette ville,
sous le nom de Société des amis de la Constitution; que ladite société
a le droit de continuer ses séances, et que ses papiers doivent lui être
rendus.
« CoUationné à l'original, par nous, Secrétaire de l'Assemblée na-
tionale. A Paris, le lOjanv. 1791. Armand, La Metuerie, Bion, Latyl,
Prêtre de l'Oratoire, Secrétaire; Oudot, Curé de Savigny; Cl. An.
L'Eleu.
(1) Ce discours, imprimi'' par l'ordro de la société des Amis de la Constitution,
séante aux Jacobins, se trouve à la Bibliothèque nationale; il forme 7 pages iu-S",
sans date.
168 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« Nous, Commissaires du Comité des Décrets^ certifions que le décret
ci-dessus est sanctionné du J9 novembre 1790.
« Fait au Comité, le i 0 janvier 1791. Bouche. »
Plus les idées avancées se firent jour, plus la presse patriote se
montra sévère dans ses appréciations sur la Société, qui devenait
agressive, qui lui paraissait dangereuse. A Paris et en province, les
polémiques abondèrent.
Gorsas écrivit :
« Le club monarchique, dont nous avons parlé ces jours derniers,
est ouvert depuis quelque tems ; le but avoué de ce club est de s'op-
poser à l'esprit de Républicanisme qui germe, disent ses membres,
dans toutes les têtes (assertion aussi fausse qu'absurde), le but secret
est de former une scission parmi les citoyens de la Capitale. Les
cartes d'entrée portent ces mots : Amis de la constitution monarchique ;
c'est sous ce titre respectable que les membres espèrent exciter une
diversion dont les suites funestes sont incalculables. »
« ... L'intention du Club Monarchique est de renverser celui des
amis de la constitution et toutes les autres sociétés de ce genre... (4) »
Gorsas ne se méprenait pas sur les intentions véritables des mo-
narchistes.
Les Révolutions de Paris (2) interprétèrent la devise du Club monar-
chique :
w Emblème du club monarchique.
« Ce club est un réchauffé de 89 (3), dont nous ne pouvons main-
tenant citer que le titre et analyser que l'emblème.
« L'hiéroglyphe de cette société est une balance en équilibre par-
fait, par la charge des deux bassins, dont l'un porte le bonnet de la
liberté, c'est-à-dire la Nation, et l'autre la couronne de France, c'est-
à-dire le Roi; ce qui signifie que la Nation est égale au Roi, et que le
Roi est égal à la Nation; d'où les sociétaires monarchistes font résulter
sans doute cette doctrine que, si les droits de la Nation sont impres-
criptibles, ceux du RoiXo, sont aussi, et que, par conséquent, la Nation
et le Roi, ou le Roi et la Nation, sont inattaquables l'un par l'autre;
que l'imprescriptibilité de l'un et de l'autre ne pouvant dériver que du
même principe, il s'ensuit que la nation étant souveraine de droit na-
turel, c'est aussi de droit naturel que le Roi est souverain ; que tout
(1) Courrier de Gomas, u° 20, du lundi 20 dcceuibrc 1790.
(2) Révoluiions de Paris, n" 76, du 18 au 25 décembre 1790.
(:i) Voir, plus bas, Société de -1789.
CLUB MONARCHIQUE 169
ce que peut la nation de ce côté, le Roi le peut aussi du sien ; que
l'un pèse autant que l'autre (ce qui, par exemple, est trop fort) ; et
qu'enfin, en droit originel, en force et en volonté, un est égal à vingt-
cinq MILLIONS. Voilà le système du veto expliqué, et ses analyses men-
tales révélées.
« Cette hérésie politique, que les monarchistes n'osent encore pro-
fesser qu'en gravures, doit être terrassée par les simples propositions
de la saine doctrine.
« La NATION est tout dans la nation, c'est-à-dire, rien n'est au-dessus
d'elle, tout individuellement, et le Roi, comme les autres, est au-
dessous d'elle. La nation est le souverain ; le Roi n'est pas le souve-
rain. La nation fait la loi et l'abroge; le Roi ne peut ni l'un ni l'autre.
La nation peut abroger la royauté ; le Rot ne peut pas abroger la
NATION. La NATION cxistc par elle-même; le Roi n'existe que par la
NATION. La NATION est un corps indépendant qui sort du sein de la
nature; le Roi est une convenance de la loi faite par la nation.
« Les monarchistes n'entendent donc rien aux emblèmes. Leur ba-
lance n'a point de justesse, et s'ils veulent continuer à tenir en équi-'
potence la nation et le Roi, ils sont ou des ignorans ou des mauvais
citoyens. »
Et Carra fit chorus, d'une façon très violente, en prenant à partie
Clermont-Tonnerre.
« Il paroît, depuis peu de temps, un Journal des Amis de la Consti-
tution, qui doit sa naissance à la délibération prise par la société qui
porte ce nom de publier sa correspondance. Ce journal patriotique a
donné l'idée aux anti-patriotes de répandre leurs perfides principes
sous un titre à peu près semblable, celui de Journal des Amis de la
Constitution monarchique (1). Nous prévenons nos lecteurs que le pre-
mier de ces journaux est le véritable antidote du Mercure, et que le
second n'en est qu'un insipide supplément. » Chronique de Paris.
Voir cet autre article, du même :
« Une société, sous le titre des Am?'i- de la constitution monarchique,
vient de se former dans cette capitale. On jugera aisément de ses
principes et de son but quand on saura qu'elle est fondée par Stanislas
Clerniont-Tonnetre, et qu'elle est composée de tout ce qu'il y a de
roués, d'escrocs, de joueurs, d'intrigans et de partisans de l'ancien
régime à Paris (2). »
(1) Annales patriotiques, uo 440, du 26 décembre 1790.
(2) Annales /jalriotigues, ir 431, du 27 déceuibrc 1700.
170 LES CLUBS COÎsTRE-RÉVOLUTlONNAIRES
Et cet autre :
« Supposons que le club des monarchieiis de Paris, et ses corres-
pondans établis dans tous les postes importans de l'empire,
veuillent, sous les dehors spécieux de la bienfaisance, soudoyer et
s'attacher deux millions de citoyens, à un sou par livre de pain, il en
coûtera aux sociétés monarchiennes deux millions de sous, ou
100 mille francs par jour, ou 3 millions par mois (1). »
La bienfaisance avait déjà été pratiquée politiquement eu pro-
vince.
Il avait existé, en juin 1790, à Dijon, une Socirté de la lireliro^ dans
laquelle on prodiguait de l'argent à des citoyens pauvres ou avides
qui adhéraient à une profession de foi aristocratique. Les patriotes
dijonnais dispersèrent les membres de cette société.
Le 30 décembre 1790 (n° 46-4 des Annales), Carra ajoutait :
<( Remarquez, je vous prie, qu'en même temps que nos ennemis
projettoient dans dilTérentes villes de l'empire une contre-révolution
à main armée, ils en méditoient une autre sur les esprits faibles, en
formant tout-à-coup et partout des sociétés sous différens noms, tels
que ceux de Club monarchique ,• (VAmis du Roi; A'Amis du Roi et de
la paix ; AWmi$ du Roi, de la Noblesse et du Clergé; (VAmis de l'ordre
et du bien, etc., etc.. »
XIV
Toujours pour imiter, mais aussi pour combattre la Société des Ja-
cobins, le Club monarchique faisait une active propagande en 1790;
il correspondait avec les sociétés des Amis de la paix qui, à Per-
pignan, à Aix et ailleurs, venaient de soulever la colère du peuple.
Nous avons donné là-dessus quelques détails (2).
Il avait recruté, disent les Révolutions de Paris; les restes épars du
club de la rue Royale, tous les spadassins de VOféra, et piliers de
tripot du Palais-Roi/al (3). Ajoutons que les dames de la halle, en
très grande partie, étaient royalistes, et que plusieurs désavouèrent
les journées des 5 et 6 octobre 1789. Marie-Antoinette les reçut, à
Paris, mais à distance, et elles s'enorgueillissaient néanmoins de
cette réception.
(1) Annales patriolifjues de CaiTa, n" 453, du 29 décembre 1790.
(2) Voir plus haut, p. 129.
(3) Révolutions de Paris, n" 77, p. 627.
CLUB MONARCHIQUE 171
Eu décembre 1790, il se formait un club d'A^nis de tordre et de la
paix à Metz, dont les membres portaient sur le cœur des cocardes
blanches attachées à la doublure de Thabit. Il s'en formait un aussi,
société des Afnis de la Paix, à Limoges (décembre).
Un partisan du Club monarchique imprima une circulaire Aux
Amis de la paix, dans laquelle il disait : « Tenez vous sur vos
gardes ; défiez-vous de ceux qui se disent Amis de la Constitution; ce
sont des loups revêtus d'une peau d'agneau, qui se masquent pour
vous dévorer plus sûrement... (1). »
La section des Tuileries demanda la dissolution du Club monar-
chique, dont les réunions amenaient des attroupements qui trou-
blaient la tranquillité publique.
« Section des Tuileries
« Extrait des registres des délibérations de l'assemblée générale
du ^8 décembre 1790.
... « L'assemblée, considérant que la dénomination fastueuse des
amis de la Constitution monarchique que prend cette société, annonce
un attachement exclusif et de préférence à une seule partie de la
constitution, et contredit la profession de foi de cette même çociété,
de sa soumission aux décrets de l'Assemblée nationale, acceptés ou
sanctionnés par le roi ;
« Considérant que le principal but de cette société, manifesté dans
un discours prononcé par un de ses membres, et inséré dans le
journal de ses séances, est d'opposer une masse de résistance à une
société composée d'hommes connus par le patriotisme le plus pur et
le plus éclairé, entièrement dévoués au maintien et à la défense de la
liberté, et appliqués sans relâche à préparer et à combiner les maté-
riaux du grand édifice de la constitution ;
« Considérant que cette société a la folle présomption, ainsi que
l'annonce ce même discours, de défendre la constitution monar-
chique, comme si elle étoit attaquée, comme si elle n'étoit pas une
partie essentielle de la constitution générale, que tous les François
ont juré de défendre et de maintenir, même au prix de leur sang;
qu'elle porte le délire jusqu'à vouloir favoriser et appeller de tous ses
moyens le retour de la paix, le retour de l'ordre public, comme si
ces précieux avantages pouvoient être l'ouvrage des prétendus amis
de la constitution monarchique, et n'étoient pas le résultat et l'ac-
(1) Bib. x\at. (pièce), Lb 39/3191.
172 LES CLUBS GONTRE-HEVOLUTIONNAIRES
complissement de la loi à laquelle nous avons tous juré d'être
fidèles ;
« Considérant que c'est une charité bien redoutable et bien per-
fide, que celle qu'avoit commencé à exercer cette société, lorsque,
sous le voile de la bienfaisance, elle a arrêté une distribution de pain
à ses frais, à un prix inférieur au prix ordinaire, en faveur des pau-
vres de la capitale, qu'elle vouloit ainsi soudoyer pour se les atta-
cher, et qui seroient venus recevoir, dans un morceau de pain, un
aliment empoisonné ;
<( Considérant enfin que ce nouveau club est la même société
chassée d'abord de la maison des Capucins, poursuivie ensuite rue
Royale, proscrite enfin partout où elle a cherché à s'établir, qui se
reproduit aujourd'hui sous un nouveau titre; qu'Q peut faire
craindre les plus grands dangers pour la capitale, et y amener les
scènes d'horreurs dont gémissent encore la ville d'Aix, celle de Per-
pignan et autres, où se sont établis de pareils clubs, sous les noms
(Vamis du roi, d'amis du clergé; que cette dernière considération sol-
hcite puissamment la surveillance de la section, et qu'elle ne croie
pas avoir un moment à perdre pour prévenir de semblables
malheurs :
(( A arrêté unanimement d'exprimer le vœu le plus formel pour la
dissolution de la société ou club connu sous la dénomination des
Amis de la constitution monarchique, qu'il sera en conséquence
enjoint aux propriétaires ou principaux locataires du Panthéon, rue
de Chartres, d'empêcher qu'il soit tenu aucune séance de la société
dont il s'agit dans les dépendances de cet édifice.
« A arrêté, en outre, que la présente délibération sera imprimée et
affichée, et envoyée aux quarante-sept autres sections, avec invitation
expresse d'y adhérer; de veiller à ce que la société ne tienne ses
assemblées dans aucun lieu de leur arrondissement, et à ce qu'il ne
se forme aucune association pareille dans leur sein ;
(( Que la présente délibération... sera notifiée à M. du Bergier,
comme s'étant annoncé président de la société des prétendus amis de
la constitution monarchique, et aux propriétaires ou principaux loca-
taires du Panthéon; et que, pour y donner la plus grande publicité
possible, elle sera envoyée aux rédacteurs des journaux patriotes,
pour être insérée dans leurs plus prochains journaux...
« Signé : Bertemy. »
Une autre section, celle de l'Observatoire, fit une réclamation ana-
logue.
CLUB MONARCHIQUE 173
Le 28 décembre 1790, « sur la dénonciation faite par la section de
rObservatoire de quelques faits tendant à troubler la tranquillité
publique, attribués à la société appelée les Amis de la Coustilulion
monarchique^ le Corps municipal ordonne que le procureur de la
Commune prendra les renseignements les plus étendus et les plus
exacts sur ces faits et rendra compte incessamment de ce qui sera
parvenu à sa connaissance ; comme aussi, le Corps municipal ordonne
que, jusqu'à ce qu'il ait statué sur le compte à rendre par le procu-
reui' de la Commune, l'assemblée dite des Amis de la Constitution
monarchique discontinuera ses séances; enfin, ordonne que le présent
arrêté sera notifié demain par le procureur de la Commune à M. Cler-
mont-Tonnerre, se qualifiant président de ladite société (1). >>
C'était demander la dissolution du club. Mais ses membres ne ces-
sèrent pas de s'assembler, ou tout au moins de se concerter. Les
distributions de pain continuèrent. Les patriotes regardèrent leur
philanthropie comme étant un moyen politique. On assurait que les
monarchistes chargeaient des sœurs de distribuer du « pain monar-
chique ». Le fait déplaisait; ses résultats paraissaient dangereux.
Le Mercure national imprimait :
«... Cette assemblée coupable, présidée par Stanislas Clermont (2),
tient ses séances du côté de la place Vendôme : elle a arrêté de la
rendre publique et fait serment de poursuivre, en son nom, tous les
écrivains qui parleraient contre le système monarchique (3). »
(( Les monarchistes, dit encore le Mercure national (même date),
font des billets qu'ils distribuent abondamment, et avec lesquels les
particuliers vont chez les boulangers qui le leur donnent ;le pain) à
un sou (la livre). Ces billets sont signés Lally-Tolendal. »
Remarquons ici que le nom de Lally-Tollendal ne se trouve pas sur
les listes que nous avons transcrites plus haut. Mais il figurait parmi
les memJires du Club de Valois (4). Ses votes récents le faisaient
considérer comme monarchiste avant tout.
Corsas entretint ses lecteurs de ce qui s'était passé aux alentours
de la salle de la rue de Chartres.
« La balance du club monarchique avoit perdu l'équilibre avant-
(1) Procès-verbaux manuscrits, 28 décembre 1790. — Cité par M. Paul Kobiquot,
dans son ouvrage sur le Personnel municipal de Paris pemiant la Révolution, cic,
p. 5o3.
(2) « C'est tout dire. » [Note du rédacteur.)
(;{) Mercure national, numéro du vendredi 31 décembre 171)0.
(4) Voir, p. :jt, Cluh de Valois.
474 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
hier au soir. Le sou de pain mis sans précaution dans le bassin qui
soutenoit le bonnet de la liberté, a emporté celui où reposoit la cou-
ronne, — Pour parler sans figure, les membres de ce club ont voulu
s'assembler avant-hier, suivant leur coutume; mais l'inquiétude
qu'avoit causé ce rassemblement a provoqué une a|sez énergique
insurrection dans la rue de Chartres, et MM. du club monarchique se
sont retirés un peu plus vite qu'ils n'auroient voulu, après avoir
ce-pendant et au préalable^ jette un coup d'œil du côté d'un certain
district qui leur avoit promis, en cas de besoin, protection et secours.
Quelques membres s'étant permis de dire qu'ils reviendroient en
force, la réserve de l'hôtel de-ville est accourue (1). »
Devant les attroupements, les monarchistes s'étaient dispersés.
Corsas annonça aussitôt :
« La dissolution du Club monarchique a fait avant-hier un éclat
assez violent pour inquiéter le Roi et sa famille (2), »
On savait les sympathies de la cour pour cette société; on les exa-
gérait peut-être. En tout cas, les zélés la compromettaient. Sur feu
le Club monarchique^
Villate écrivit :
« Le Club monarchique n'a séduit personne, pas même ceux aux-
quels on promettoit le pain à un sou la livre, »
Alors, les défections, les plaisanteries accablèrent plus que jamais
la défunte société. Les affiliations cessèrent.
Par une lettre du 3 janvier 1791, adressée à M. Robert, rédacteur
du Mercure National, Hugou (de Rassville), soldat citoyen de la sixième
division, se défendit d'appartenir au Club monarchique.
Madame Louise Robert, dans le même journal, à la date du 7 jan-
vier 1791, écrivit : « Vois à Paris môme ce club monarchique ; quels
sont les dieux qu'on y encense? le fanatisme et la royauté. »
Dans le même journal encore, à la date du 1" février 1791, nous
trouvons :
« Extrait d'une lettre de Corbeil, en date du 27 janvier.
« Vous saurez, monsieur, qu'il s'étoit établi un club à Coi^beil^
affilié à celui des Jacobins de Paris. M. de Clermonl-Tonnerre a voulu,
dit-on, qu'il fût affilié à son club monarchique, et sur le refus, il n'a
pas voulu le laisser subsister, sous prétexte qu'il ne faut pas de club
(1) Courrier de Gorsas, n" 30, du vendredi 31 décembre 1790;
(ii) Courrier de Gorsas, w 1, du l'' janvier 1791.
CLUB MONARCHIQUE 173
dans les petites villes. Je vous envoie sa lettre à ce sujet, et des cou-
plets qui ont été chantés dimanche dernier, à une fête qu'il a
donné [sic] à cinq cent cinquante hommes de la garde nationale des
environs, dont il est commandant, dans son château, près Corbeil. Il
étoit révéré généralement avant son discours, et la ville est partagée
actuellement pour et contre. Les couplets sont du curé d'Ivry, connu
pour un grand aristocrate. — Voici un de ces couplets.
Air : Vive Henri IV.
Brave Tonnerre, j
Nous suivrons tes drapeaux. > 6/^.
Eu paix, en guerre, )
Ils seront nos signaux,
Brave Tonnerre,
Nous suivrons tes drapeaux,
« Que l'on me dise encore que Stanislas n'est point un chef de
conjurés... »
Clermont-Tonnerre et ses amis perdaient leur prestige. Carra
s'empressait d'insérer cette phrase dans son journal :
« Le club des Monarchiens ou des Monarchieux, (jui soulevoit le
peuple en mettant à un sou la livre de pain, vient d'être dissous, au-
tant par le mépris que par l'indignation publique... (1). »
On chansonna beaucoup feu le club monarchique, surtout à propos
de Clermont-Tonnerre, que l'on surnommait Jean-Farine.
Bonis rimes remplis par M. de Clermont-Tonnerre., président du
feu Club monarchique.
Sur, défunt, le cluô Monar-chique ^
Les Annales et la Chronique
S'évertuant à qui mieux mieux,
Dans une finale cynique (2)
Enterrent ce club piloyeux.
Messieurs, dit d'une voix étique
Clermont, jadis le Tonnerrrr' ique.,
Efn renversant le pique nique,
De mes Monar... tant souffreteux,
Ah! daignez leur laisser le.., chique (3),
(i) Annales pat riolùj nés, n» 4"i8, du 3 janvier 1791.
(2) « Les auteurs do la Chronique et des Annales se sont permis impiinémenl
de changer la finale du mot inoua.rchique, et d'appeler ce club mona.r -cfiien,
numar-chieux ; or, la réclamation de M. de Clermont-Tonnerre a pour objet ce
changement. 11 demande avec raison qu'on restitue le chique enlevé à l'épithète
thérie du club dont il est le président. » {Note de Gonas.)
(3) Courrier de (iorsas, ïi° 4, du 4 janvier 1791;
176 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Pendant que Malouet, après avoir présidé le club des Impartiaux^
défunt aussi, se déclarait champion de Clermont-Tonnerre, une
lettre du 24 janvier 1791, signée par de Broglie, -président, Villers,
G. Bonnecarrère, Alex. Beauharnais, Voydel, secrétaires, adressée
aux Amis de la Constitution, accusait le Cluh monarchique de cher-
cher à exciter des troubles.
Lorsque, le 25 du même mois, une affaire sanglante eut lieu à La
Chapelle, près Paris, Carra et les Jacobins assurèrent que le Club
monarchique était fauteur de la bataille qui coûta la vie à plusieurs
citoyens, et qu'il fut d'accord, sur ce point, avec le Comité autri-
chien (1).
Les dénonciations pullulaient.
Le 23 décembre 1790, Lemonnier (2) prononça, nous venons de le
dire, un discours aux Jacobins contre le Club monarchique. Le 30,
la section de Bondy dénonça ses agissements. Le 20 janvier 1791,
survinrent les dénonciations faites par les sections des Gravilliers, du
Louvre et de la Halle au blé ; le 28, celles des sections des Lombards
et du Louvre. Le 31, la section de la rue Beaubourg délibéra et s'éleva
contre les menées du Cluh des Amis de la Constitution monarchique.
Six jours avant, la section des Champs Élysées avait inculpé cette
société, à propos de l'affaire de la Chapelle Saint-Denis, et une pro-
testation d'un membre monarchiste accusa les Jacobins.
Le 13 février 1791, il y eut, à la section du faubourg Montmartre,
une motion d'un nommé Moelle contre les membres du Club monar-
chique.
XV
Dans ces circonstances délicates, les monarchistes ne se tinrent
pas pour battus. Ils réclamèrent contre la suspension de leurs
séances, en invoquant la loi et la liberté.
A la fin de décembre 1790, le président du Club s'adressa au pro-
cureur-syndic de la Commune.
« Discours de M. le président de la société des Amis de la constitu-
tion monarchique, à M. le procureur-syndic de la commune :
« Monsieur,
« Le directoire de la société des amis de la constitution monar-
(1) Annales patriotiques, ii" 480, siippl. du 23 janvier 1791. — Voir Comité
autric/iien. — Voir Club des Impartiaux.
(2) Dcmcuraut rue du Bac, n" 244, ou rue Ncuve-Saiiit-Eustache, u" 12. -— Voir
plus haut, p. 166.
CLUB MONARCHIQUE 177
chique a l'honneur de représenter à M. le procureur-syndic de la
commune qu'il est instant que Tordre arbitraire qui a suspendu ses
séances soit incessamment révoqué.
« La liberté est un bien que l'homme ne peut aliéner; il est autant
de son devoir que de son droit d'être et de demeurer libre.
« La liberté civile consiste à pouvoir faire tout ce que la loi ne dé-
fend pas; et personne ne peut contraindre à faire ce que la loi n'or-
donne pas, ou empêcher de faire ce qu'elle permet.
« Rappeler ces principes à M. le procureur-syndic de la commune,
c'est reporter son attention sur les intérêts et les droits des citoyens
(}ui composent la société des Amis de la constitution monarchique.
« On nous défend de nous réunir : cette défense est illégale; il
n'appartenoit qu'à la loi de la prononcer. Nous avons obéi; mais celte
obéissance est un titre de plus à la justice la plus prompte. Nous
avons fourni tous les documens qui pouvoient paroitre utiles; nous
avons fait plus môme que nous ne devions, puisque les papiers qui
contiennent nos opinions, ces opinions dont la liberté est constitu-
tionnellement établie, ont été remis par nous à M. le procureur-syn-
dic de la commune. Nous avons cherché des objections pour y
répondre; nous avons pleinement éclairci le jugement du corps mu-
nicipal : nous prions, en conséquence, M. le procureur-syndic de la
commune de le hâter, et nous lui observons que chaque instant qui
s'écoule depuis que, par le corps municipal, et non par la loi, notre
liberté est restreinte, ajoute au délit social contre lequel nous avons
droit de réclamer (1). »
Le discours fut publié, comme on le voit. Le Journal des Clubs im-
prima ces lignes :
« La Révolution avait eu lieu. Des patriotes se réunissent aux Jaco-
bins sous le titre d'amw de la constitution ; une autre société, tirée
presque entièrement du sein de la première, prend le titre de club de
1789, année de notre liberté ; les sections ont leurs clubs ; les dépar-
temens imitent la capitale; enfin, il se forme à Paris une dernière
association, celle des amis de la constilulion monarchique.
« Ce club paroît sous de sinistres auspices; on lui imprime, dès sa
naissance, le sceau de la réprobation; il fait une lourde faute qui
sème l'inquiétude; tout s'arme contre lui, les clubs l'attaquent, les
sections le dénoncent, les assemblées de café le menacent; les jour-
naux crient à l'aristocratie, à la contre-rçvolution; le peuple éprouve
(1) Journal de la Société des Amis de la Constitution inonarchic/ue, U" 4, du
30 décciubre 1790.
12
&
178 LES CLUBS GONTRE-Rr<]VOLUtlONNAlHES
sticcessitement et rapidement la défiance, Id crainte; un pas de plus,
il se litfoit à la fureur et reribùVelloit petit-être ces scènes affli-
geantes...
« Le club monarchique rësiste aiix attaques; la loi est iilvoquée;
les magistrats du peuple rie voient d'abord que le danger des eitoyens ;
la suspension du nouveau club est ordonnée (le 29 décettlbre 1790);
les informations se font; Tœil sévère de la justice s'arrête aux faits
et ne profonde point jusqu'aux intentions; la municipalité condamne
une distribution de pain au-dèssoiis du prix courant.
« Le directoire du club déclare qu'il renonce à ce mode inquiétant
de distribution; alors, la loi étant formelle sUi* le droit accordé il
tous citoyens, ne faisant point corporation, de s'assembler paisible-
ment et sans armes, après en avoir donné avis à la municipalité, le
corps municipal, par un arrêté du samedi 8 janvier 1791, rend au
club monarchique la liberté de tenir ses séances (1). »
« Extrait du Registre des Délibérations du Corps Municipal.
« Du 8 janvier nSL
« Le Corps Municipal, ouï le rapport de ses Commissaires, après
avoir entendu le Substitut-Adjoint du Procureur de la Commuflè, sui*
les informations ordonnées par l'arrêté du 28 Décembre 1790, et lec-
ture faite de la déclaration de ladite Société de la Constitution Mottar-
chique, déclare que rien n'empêche qu'elle reprenne ses séances.
« Sifjy^é : Bailly, Maire; De Joly, Secrétaire-Greffier.
« Pour extrait conforme à l'original, signé : De Joly, Secrétaire-
Greffier {"i). ))
(( Les papiers publics^ lisons-nous dans le Journal des Clubs, ont
annoncé la mort de la Société des amis de la constitution monarchi-
que, et cependant elle n'a cessé d'être en activité depuis le 8 janvier
(1791) que la municipalité lui permit de reprendre ses séances (3). >>
Le 6 janvier, une fête donnée le jour des Ëois, près dU caiiip de
Jalès, était, disait-on, organisée pai* le Club monarchique étaMi en
cette ville. Après le dtner, distribution de pain, de vin, de viandes et
d'argent « faite au pauvre peuple ». Le soir, sUr un transparent, Oh
lisait : Vivons., mourons pournotre roi (i)! Malgré les dénégations du
(1) Journal des Cliifis, t. I, p. 411, U2 et 413.
(2) Lettre d'un patriote à un de ses amis, etc. (Bib. Nat., pièce, Lb 39/4509.)
(3) Journal des Clubs, t. I, p. 609.
(4) Journal général de France.
CLUB MONARCHIQUE 179
Journal de la Société des amis de ta constitution monarchique (1), le
fait demeura constant pour les ennemis de cette société.
En octobre 1790, Voidel, membre du Comité dés recherches de
l'Assemblée nationale, avait dénoncé de nombreux aristocrates (2).
Bàrnave, en janvier 1791, prononça un discours qui contenait aussi
une dénonciation contre le club monarchique, à l'Assemblée natio-
nale. Il s'écria :
« Tandis que les uns regrettent des abus irréligieux, s'appuient du
nom sacré de la religion, une autre secte s'élève : elle invoque la
constitution monarchique; et sous cette astucieuse égide, quelques
factieux cherchent à nous entourer de divisions, à attirer des citoyens
dans des pièges, en donnant au peuple un pain empoisonné... Ce
n'est pas ici le moment de traiter ce qui concerne Cette insidieuse,
perhde et factieuse association... Sans doute, les magistrats chargés
de veiller à la tranquillité publique auront pris les précautions
qu'exige cette tranquillité. Sans doute, le comité des recherches ins-
truira bientôt l'Assemblée de Ces manœuvres factieuses, de ces dis-
tributions de pain à moitié prix, destinées à porter le trouble dans le
peuple et à en armer, et vous dénoncera dénominativement ceux qUi
ne craignent pas de se montrer et de paraître les auteurs de ces ma-
nœuvres et les chefs de cette faction... »
Murinais (3), Malouet, et d'autres membres de la droite s'agitèrent
fort pour interrompre le discours de Barnave.
Malouet parla ensuite : « Je demande, dit-il, que la liberté, que la
sûreté publiques et individuelles ne soient pas impunément outra-
gées dans cette tribune... Je demande (jue la dénonciation (jui a été
faite soit consignée dans le procès-verbal... Je demande que l'Assem-
blée nous indique un tribunal... Je demande que le préopinant dé-
ploie sa dénonciation sur le bureau... »
Murinais s'éleva contre le « membre qui a appelé le coutelas des
assassins sur la tète des hommes honnêtes. » Il dénonça la société
des Jacobins. Et Malouet, dans le même sens, demanda « comment
faire cesser les désordres dont gémissent les bons citoyens, tant qu'il
régnera sur la France un club dominateur »? Il dénonça, lui aussi, le
club des Jacobins.
(1) .loufiialulc la Société dcfi Aml.s de la ConslUiUiun munarchique, t. 1, n" 8,
p. 64.
(2) Rapport de VoldcI, dU 26 octobre 1790.
(.3) Nous citons, plus bas, IR sâlou alistocratiqui' de madauic de Murinais.
(Voir plus bas, Salons, etc.)
180 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
L'Assemblée ne tint pas compte des amendements de Murinais et
de Malouet (1).
Celui-ci inséra, dans le Journal monarchique, une réponse à Bar-
nave :
(( J'avois vu des crimes impunis, des hommes avides de pouvoir,
s'élever par toutes sortes d'intrigues; j'ai connu des princes despotes,
des ministres absolus; mais la tyrannie dans toute son audace, je ne
la connoissois pas ; et je ne conçois pas qu'il y ait des hommes assez
vils pour fléchir devant la tyrannie qui se masque du nom de patrio-
tisme. Ah! si c'est un droit sacré que celui de résister à l'oppression,
que tous les hommes généreux brisent, comme moi, le joug qu'on
leur impose; car ce n'est pas le joug des loix, c'est celui des tyrans,
des factieux, que je ne subirai jamais.
« Je ne sais si le tumulte des camps et le bruit des armes présen-
tèrent jamais plus d'alimens à la discorde que ces scènes affreuses,
où des représentans du peuple, unissant leurs cris et leurs applau-
dissemens à ceux des spectateurs, accueillent avec des transports de
joie, quoi? un acte d'humanité, de justice et de bienfaisance ? non :
des paroles de sang, des calomnies et des outrages à ceux qu'on op-
prime!
« Vous voilà donc, François, obligés de vous affilier tous au club
des Jacobins, sous peine d'être traités en ennemis de la constitution.
Et vous, membres de la société monarchique, qui avez osé rivaliser
avec le club dominateur, et qui, déjà chassés d'un quartier dans un
autre, interdits par la municipalité, n'avez obtenu votre réhabilita-
tion qu'en vous soumettant humblement au plus rigoureux examen,
vous voilà dénoncés par M, Barnave comme des hommes perfides^
insidieux^ distribuant aux pauvres un pain empoisonné.
« Si huit ou neuf cents citoyens, du nombre desquels j'ai l'honneur
d'être, ainsi traités, à la grande satisfaction des tribunes et de la ma-
jorité de l'Assemblée nationale, n'obtiennent pas la réparation de
cette injure, M. Barnave me permettra de lui demander ce qu'il ap-
pelle la constitution, l'heureuse révolution, et, surtout, la liberté (2). »
Malouet avait proposé d'organiser une taxe des pauv7'es, selon Mi-
chelet, des bureaux de secours et de travail, dont les premiers fonds
seraient faits par les établissements de charité, le reste par un impôt
sur tous, et par tm emprunt.
(1) Murinais ne tarda pas à disparaître de la scène politique.
(2) Hépo?ise de M. Malouet à la dénonciation du Club de la Conslilulion monar-
chique par M. Bar/iuue.— Journal inonarc/iique, du 22 janvier 1791.
CLUB MONARCHIQUE 181
XVI
Le Cluh monarchique renonça à distribue)' lui-même des bons de
pain, et communiqua cette résolution au Corps municipal. Était-ce
l)ien vrai? On en douta dans le public; à plus forte raison aux Jaco-
bins.
Alors, le Club monarchique délibéra^ ainsi que le constatent les do-
cuments qui suivent :
« DélibAration du comité de la Société de;; amis de la constitution
monarchique (24 janvier 1791 ).
« Les citoyens soussignés, membres du Comité de la Société de?
Amis de la Constitution monarchique, instruits que les ennemis di.
repos public répandent que la Société continue à distribuer du pain
aux indigens à un prix inférieur au taux ordinaire, nonobstant la
déclaration faite au Corps municipal qu'elle renonce à ces modes de
distribution, déclarent et attestent, sur leur honneur, à M. le Procu-
reur-Syndic de la Commune qu'il est faux que le Comité fasse ou ait
fait, depuis ladite déclaration, aucune distribution de pain à un prix
inférieur au taux commun. Les susdits citoyens demandent acte à
M. le Procureur-Syndic de 4a Commune, de la présente déclaration,
et le préviennent en même tems que le Comité, fatigué des absurdes
et calomnieuses inculpations qu'on ne cesse de diriger contre la So-
ciété, s'est décidé à charger ses Commissaires de remettre, demain, à
M. le Procureur-Syndic de la Commune la somme de onze mille cinq
cent quarante-neuf liv., montant des contributions volontaires que la
Société a ramassées, et qu'elle destinoit à des actes de bienfaisance.
La liste des pauvres inscrits sera en même temps remise à M. le Pro-
cureur-Syndic; et le Comité s'en rapporte, pour la distribution, aux
Comités des Sections de Paris, dont le patriotisme pourra s'exercer
d'une manière moins pénible et plus digne d'elles, que dans la discus-
sion des nombreuses et odieuses délations dont on les occupe.
« Le Comité réserve à la Société le droit de prendre, à l'égard des
actes de bienfaisance qu'elle voudroit faire à l'avenir, le parti qui lui
semblera convenable, lorsque la tin d'une nouvelle persécution dont
elle est l'objet lui permettra de reprendre ses séances,
« DuBERGiER, Président i Hamelin, Vice-Président ; Cormier, dHau-
tefort, de Rossy, Clermont-Tonnerre et Debar, membres du Comité. »
182 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
M. le procureur-syndic de la commune a répondu par la pièce sui-
vante :
« MUNICIPALITÉ DE PARIS
« Procureur de la commune.
« Du 24 ianvier 1791, 10 heures du soir.
« J'ai reçu de MM. les commissaires de la Société des amis de la
constitution monarchique une déclaration qu'ils sont disposés à me
remettre la somme de 11,549 livres, provenant d'une contribution
volontaire faite par les membres de la Société, pour en faire la distri-
bution aux pauvres, dont la liste me sei'a donnée ; el j'ai eu l'honneur
de déclarer à MM. les commissaires que je ne pourrois me char^çer de
la somme offerte qu'autant que j'y serois autorisé par le corps muni-
cipal.
« B. C. Cahier. »
Le lendemain, deux commissaires ont porté à M. le maire la somme
de 11,549 livres et la liste des pauvres inscrits, qui se montent à
2348.
De plus, le Club monarchique s'adressa à l'Assemblée nationale
pour protester contre le « pain empoisonné » dont Barnave avait
parlé.
Dans la séance du 27 janvier 1791 (matin), M. Leleu de la Ville-
aux-Bois, secrétaire., fit lecture de la lettre suivante, de la Société des
amis de la Constitution monarchique :
« Monsieur le président,
« Nous avons été outragés, hier, dans le sein de l'Assemblée natio-
nale; nous demandons aujourd'hui d'y être entendus.
« Nous sommes, avec respect. Monsieur le président, etc.
<( Les commissaires de la Société des Amis de la
Constiiutio)i monarchique. »
Gaultier-Biauzat dit : « Quand nous donnons du pain, nous le don-
nons (entièrement gratis ».
Clermonl-Toiinerre déclara : « On n'a pas disLr'ibué de pain ».
L'Assemblée passe à l'ordre; du jour (1).
(I) J. Mavidal et Laurent, Arnliives parlementaires, t. XXÏT, p. 506.
GÏ.UB MONARCHIQUE 183
XVII
Cependant, l^s monarchistes trouvèrent un Iqcal, après avoir long-
temps cherché, comme ce|a était arrivé précédemment (I).
Leur Société passa, avec le sieur Mélan, l'acte suivant :
« Je, soussigné, suis convenu de louer pour l'espace d'un mois, à
compter de ce jour, à M. Dagieu, commissaire de la Société des amis
de la constitution monarchique, et stipulant en son nom et pour elle,
la salle de mon vauxhall d'été et le café qui est au-dessous seulement
du sallon, les foyers qui ont communication dans la salle; comme
aussi de fournir les chaises et tahles nécessaires, ainsi que les lustres
dont ces messieurs pourront se servir, me réservant le jeudi pour
disposer et jouir de mon établissement, moyennant le prix et somme
de mille livres, que j'ai présentement reçue de mondit sieur; bien
entendu qu'il ne se traitera dans lesdites assemblées rien qui ne
puisse être avoué, et qui puisse être contraire à la loi ni au roi. Car
ainsi a été convenu.
« Fait double entre nous, à Paris, ce lî) janvier 1791.
« Signé : Melan. »
Le?l, la séance a eu lieu; puis, un des membres du directoire n
reçu du sieur Melan la lettre suivante :
« Co 23 janvier 1791.
« Monsieur,
(( Je compte devoir vous prévenir d'une opposition que j'ai reçue des
syndics de mes créanciers à ce que je reçusse davantage votre Société
chez moi. Ces gens sont malheureusement des entrepreneurs, et les
mêmes que peux qui ont bâti le Pauthéon^ et qui ont été effrayés lors
de l'altercation que vous avpz eue avec la municipalité. IVe trouveriez-
vous poiut prudent, avant cjue yotn* SoPieté soit bien jnstalée (sic)
chez moi, et lorsque cela n'est pas pncore bien connu du public, de la
transporter dans un autre local, sous le prétexte du trop grand éloi-
gnement du mien, et d'éviter par là l'apparence d'une appréhension
de ma part vis-à-vis du public, lorsque, le mois étant expiré, je ne
vous renouyellerois point la location de ma salle. J'ai obtenu de ^\ës
créanciers qu'ils ne vous feraient aucunes signilications juridiques,
et je leur ai promis de prendre, là-dessus, votre avis, et de vous prier
de prendre en considération Ips observations que j'ai T^PPueur dp
(1) Voir plus liant, p. 14-'! et sulv.
184 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
vous faire. Vous auriez le tems, d'ici à votre prochaine assemblée, de
prévenir votre président actuel, que je ne connois pas, pour qu'il la
convoque dans un autre local. Déjà tous les papiers incendiaires
crient après moi; et peut-être auroit-on évité ces clameurs si l'on
avoit fait afficher davantage, et surtout sur les murs de mon édifice,
le placard de la municipalité, qui m'auroit servi du moins de bou-
clier contre ces espèces de gens toujours disposés à tout envenimer.
J'attendrai avec confiance votre décision, persuadé que vous pren-
drez les précautions nécessaires pour me mettre à l'abri du dommage
que je pourrois éprouver de la part du peuple que l'on se plaît si sou-
vent à aveugler.
« J'ai l'honneur d'être, avec respect,
« Monsieur,
<( Votre très humble et obéissant serviteur.
« Signé : Melan, »
Ce membre du directoire a annoncé qu'il répondroit le lendemain :
le môme soir, le sieur Melan lui a adressé la lettre suivante :
« Monsieur,
(( Dans ce moment encore, je suis assailh par plusieurs personnes
de mon quartier et du district voisin, qui me préviennent du danger
que je cours pour mercredi prochain : car on sait déjà que votre as-
semblée est pour ce jour-là. Je suis prêt à sacrifier ma vie pour tenir
l'engagement que j'ai pris avec vous, mais je ne dois point risquer
le gage de mes créanciers, et le bien de mes enfans. La fermentation
est telle que la garde de mon quartier ne se dérangeroit point pour
venir à mon secours dans le cas d'une rumeur publique. En consé-
quence, telle chose qui doive m'arriver, j'ai l'honneur de vous pré-
venir qu'il m'est impossible de laisser faire l'assemblée mardi pro-
chain, et que je ferai garder mes portes pour empêcher tout accès.
Si cependant d'ici à ce tems-là vous voulez bien me promettre que
l'assemblée sera décommandée, afin de ne point fixer les yeux du
public sur votre Société, je n'y mettrai point de gardes. Je voudrais
que tout le monde qui est effrayé de vos assemblées eût assisté à
celle que vous avez tenue vendredi, il seroit rassuré comme moi ;
mais dois-je risquer toute ma fortune et celle d'un tas d'honnêtes
gens auxquels je dois, pour essayer de vaincre l'opinion publique
dans un quartier surtout aussi isolé de tout secours! Si la personne
qui a le double de mon marché veut venir (car je ne sais point son
adresse), je lui remettrai son double du marché et le billet que j'ai
CLUB MONARCHIQUE 185
reçu; mais je suis bien décidé, quoi qu'il dût m'en arriver, à ne point
recevoir l'assemblée, mercredi.
« J'ai l'honneur d'être, etc.
« Monsieur,
« Signé : M élan. »
Il fut répondu à Melan ; voici dans quel sens :
« Le directoire a fait au sieur Melan une sommation d'avoir à faire
jouir la Société des lieux loués à elle par ledit sieur; sur son refus,
Ta cité devant le juge de paix, à l'effet de le faire condamner à ce que
provisoirement le bail soit exécuté.
« Le directoire ne fait aucune réflexion sur la marche que l'on suit
à son égard : il a invité les membres du club à ne point tenir la
séance annoncée pour mercredi ; il suivra la marche légale, il espère
lasser la patience de ses persécuteurs, et annonce que la sienne est
à toute épreuve. — Il faut qu'enfin il soit décidé en France, si ce que
la loi nHnterdit pas, peut être empêché jjar quelqu'un. Nous mettrons
à résoudre ce problème : cette question décidée, nous sommes libres
ou nous ne le sommes pas. »
Au club on s'indignait, en invoquant la loi, et le directoire
déclara :
« Le lendemain, le sieur Melan, d'après les menaces qu'il dit lui
avoir été faites, a signifié son refus d'ouvrir notre salle. Cependant,
ayant pris une permission de la municipalité, le comte de Clermont-
Tonnerre avait loué et payé d'avance le Wauxhall d'été. »
Chassés du Wauxhall, ou plutôt cédant devant les instances du
propriétaire, qui craignait leur réunion, les membres du club monar-
chique louèrent une autre maison, où ils tinrent leurs séances. C'était
l'hôtel de Richelieu.
« Société des Amis de la Constitution MONARCHIQUE
« Telle est l'inscription qu'on lit au haut d'un placard affiché hier
à Paris. An-dessous est écrit l'extrait du procès-verbal de l'Assemblée
Nationale du 13 novembre, qui déclare : « que les citoyens ont droit
de s'assembler paisiblement, et de former entre eux des sociétés
libres, à la charge d'observer les lois qui régissent tous les citoyens;
qu'en conséquence, la municipalité de Dax n'a pas dil troubler la
société formée dans cette ville sous le nom de société des Amis de la
Constitution ; que ladite société a le droit de continuer ses séances. »
« Et encore au-dessous est écrit le jugement municipal, qui déclare
186 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
quo la Société des amis de la Constitution Monarchique est autorisée
à reprendre ses séances. »
... « Ce club, ami de la constitution rnonarchique, au surplus,
vient, nous mande-t-on, de prendre à loyer l'hôtel de Richelieu (1).
On ne s'étonneroit pas, ajoute celui qui nous écrit, que le ci-devant
duc de ce nom eût donné asyle à ses amis monarchiques ; mais ce
qu'on ne verroit pas sans surprise, ce seroit la section des Filles
Saint-Thomas, qui depuis 18 mois occupe une partie de cet hôtel,
habiter sous le même toit avec une congrégation d'hommes que
l'opinion publique a jugés... »
« En note, la personne qui a écrit la lettre ajoute, sur l'hôtel de
Riclioli(ni: « ... C'est à cet hôtel que s'étoit établi, au commencement
de juillet 1789, le quartier général de l'armée Broglie; c'est de là que
le chef de cette armée fut éconduit un peu brusquement le lundi
matin 13 du même mois. Dieu sait, et je devine, et je gage que
vous devinez ce qui attend dans ce même lieu ses successeurs et ses
amis, et peut-être ses co-monarchiques (2). »
XVIII
Le club n'avait pas épuisé la série des mauvaises cliances. Aussi
bien à l'hôtel de Richelieu qu'ailleurs, il se sentait menacé; la iVç^n-
quillité publique, dont répondait le corps municipal, ne semblait pas
permettre qu'on laissât les monarchistes braver la majorité de l'As-
semblée nationale.
C'est ce que Corsas constate en quelques lignes :
« Le club MONARCHIQUE, pour des raisons qu'on devine, n'occupera
pas, dit-on, l'hôtel de Richelieu. Il s'étoit présenté au Panthéon, où
il vouloit tenir sa première séance. Refus. Il s'est présenté dans
d'autres locals [sic). Refus. Enfin il a tenu sa l'" et sslïis doute sa
dernière séance au Wauxhall d'été, boulevard du Temple, chez
Melan,
« Au club des Amis de la Constitution, M. Melan, architecte, s'est
justifié « d'avoir profané un seul jour le Wauxhall, en permettant
que la société Monarchique s'y assemblât ; il en témoigne tous ses
regrets aux amis de la Constitution (3). »
(1) Voir aux Lieux de réunions publiques et privées, hôtel de Richelieu.
(2) Courrier de Gorsas, n" 21, du 21 janvier 1791.
(IJ) Courrier de Gnrsas, n"22, du 22 janvier 1791.
CLUB MONARCHIQUE 187
Sur le refus de laisser entrer les membres au Panthéon, ceux-ci
sont allés dans le jeu de paume de la rue de Grenelle Saint-Hono^'é,
et ils ont suspendu leur séance, sur un ordre du directoire du dépar-
tement.
Nouvelles plaintes adressées par le président du Club au Corps
municipal. Les monarchistes invoquent encore la loi et la liberté; ils
arguent de leur soumission aux dépositaires de la loi, de leur sépa-
ration volontaire, tout en annonçant qu'ils useront de leurs droits.
« DISCOURS prononcé à VHôtel-de-Ville pm- le Président du Club
Monarchique.
« A Monsieur le Maire,
« Monsieur,
« Président d'une société que la loi autorise et que les factieux
peuvent redouter, je viens en ce moment, au nom de son directoire,
vous remettre le récit des faits qui doivent être connus de vous.
« Hier, M. Clermont-Tonnerre a reçu un paquet à son adresse,
contenant une lettre signée Cahier, et une expédition d'une délibé-
ration du corps municipal.
« Dans la délibération, il est parlé d'une (Jénonciation faite par
une section de la capitale, mais cette dénonciation n'est pas copiée
dans la délibération.
« Cette délibération contient un ordre de discontinuer nos séances.
M. Clermont-Tonnerre y est qualifié de se disant président du club
de la constitution monarchique.
« M. Clermont-Tonnerre, qui n'est, qui ne se qualifie président
de la société, auroit pu sans doute renvoyer à M. Cahier le paquet
qui lui a été adressé sous une qualité qui ne lui appartient pas.
« Cependant, son patriotisme et l'amour de l'ordre l'ont décidé à
me transmettre sur-le-champ le paquet; je ne l'ai néanmoins reçu
qu'à quatre heures, et n'ai pu en prévenir que le directoire.
« Les membres du club, n'ayant pu conséquemment connoitre
l'avis de la délibération du corps municipal, se sont rendus au Pan-
théon ; ils en ont trouvé la porte fermée, quoiqu'en leur qualité de
n^embres de la Société des amis de la constitution monarchique, et
celle de membres 4u club des étrangers, elle dût leur être ouverte.
Aucune opposition légale ne leur étpit présentée. Ils ont hésité entre
le cri de la liberté, que les vexations rendent encore plus impérieux,
et l'amour éclairé de l'ordre, sentiment qui caractérise notre Société,
sentiment qui interdit la violence même la plus juste, lorsque la loi
18S LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
peut être invoquée. — Ils se sont donc enfin décidés à se réunir dans
une maison voisine, et à envoyer chez un de nous s'informer de ce
qui pouvoit être arrivé. — Le propriétaire de cette maison a eu des
inquiétudes, et il faut que vous, Monsieur, qui êtes chargé de veiller
au nom de la loi, sachiez que des commencemens d'attroupemens
rendroient les inquiétudes légitimes. Nos membres ne les ont pas par-
tagées, mais, fidèles à leurs principes de modération et de respect
pour l'ordre public, ils ont voulu soustraire ce particulier à toute
espèce de danger. Ils se sont alors transportés dans la rue de Grenelle,
et là, un jeu de paume leur a paru propre à y continuer leur séance.
C'est dans cet azyle, dont le nom est déjà glorieusement connu dans
les fastes de la liberté françoise, que l'avis de la délibération munici-
pale a été porté à notre Société ; ses membres ont cru devoir provisoi-
rement lui obéir, ils se sont paisiblement retirés avec la douce satis-
faction d'avoir donné le témoignage le plus authentique de leur
soumission aux dépositaires de la loi.
« Mais, Monsieur, en se séparant d'après votre ordre, l'assemblée
s'est ressouvenue qu'elle a un président et un directoire chargés du
dépôt de ses droits, et qui sauront légalement les soutenir.
« Nous vous prévenons donc, Monsieur, que nous allons remettre
à M. le procureur général syndic de la commune les renseignemens
les plus positifs; que nous lui demanderons communication de la dé-
nonciation qui nous outrage, que nous poursuivrons par tous les
moyens consacrés par la constitution et la loi, la réparation de tant
de vexations illégales, la punition de nos calomniateurs, et la révoca-
tion d'un ordre qui ne peut pas subsister dans un état libre (1).
« DUBERGIER. »
Nous allons voir que la question resta longtemps en suspens, que
les dénonciations ne cessèrent pas, que les sections (quand les 60 dis-
tricts eurent été remplacés par 48 sections) (2) se montrèrent hostiles,
non sans raison, au Club monarchique.
XIX
Dans la séance du 29 janvier, aux Jacobins, une députation de la
section de la rue des Lombards apporta un arrêté contre le Club mo-
narchique et sa dénonciation au Conseil général de la Commune.
(1) Bib. Nat., Lb 39/4731.
12) D'après la loi du 21 mai 1790.
CLUB MONARCHIQUE 189
Une autre députation, de la section des Arcis, apporta aussi un arrêté
dénonçant le club au Conseil général de la Commune.
La municipalité devait pourvoir à Tordre public, tenir compte de
pareils faits.
Le directoire du Cluh monarchique, pour hâter la décision de la
municipalité, a écrit à M. le maire la lettre suivante :
« Lettre à M. le Maire.
« Vous ne désapprouverez certainement pas, monsieur, notre im-
patience d'obtenir une décision de la municipalité, sur l'objet de la
déclaration que nous avons remise à M. le procureur-syndic de la
commune, le Vi du courant (janvier 1791). Nous vous prions ins-
tamment de hâter cette décision, et nous avons l'honneur de vous
observer que les circonstances la rendent très importante.
« Dans des tems tranquilles, la pureté de nos intentions et la publi-
cité de nos moyens suffiroient pour nous rassurer contre les manœu-
vres et les calomnies de nos ennemis. Mais dans ces momens d'effer-
vescence préparée, il faut que tous les bons citoyens soient rassurés
par nous, sur nous et pour nous.
« Si les commissaires de la Société distribuent chez eux les cartes
pour des livraisons gratuites de pain, on ne manquera pas de dire
qu'ils provoquent des attroupemens ;
« Qu'ils vont chacun chercher l'indulgence (1) dans les greniers
qui la recèlent; on les accusera de faire des enrôlemens.
« Lorsque le produit des contributions volontaires qu'ils ont recueil-
lies pour secourir la misère sera réparti par la municipalité entre les
sections, et distribué par elles aux malheureux, la méchanceté sera
réduite à se taire ou à inventer des calomnies si absurdes, qu'elles se
détruiront d'elles-mêmes.
« Notre demande est un nouvel hommage du respect de la Société
pour les loix, de son amour pour Tordre, de sa confiance en ceux qui
sont chargés de le maintenir; et personne n'est plus fait que vous
pour l'accueillir et la faire valoir.
« Nous avons l'honneur d'être, avec autant d'attachement que de
considération, monsieur, vos, etc. (2). »
D'autre part, le 22 janvier, le club continuait de s'assembler.
I) Lisez : l'indif/ence.
{2) Journal de la Suciélé des Amis de la Conslilulion monurchigue, ïi" 7, du
samedi 29 janvier 1791.
190 LES CLUBS G0NTRE-RÉV0LUTI0NNAIRE8
(( Séance de la Société des amis de la constitution monarchique.
« Du 22 janvier 1791.
« La société a ouvert sa séance par le discours suivant, de M. Du-
bergier, son président
« Discours du président.
« Messieurs,
« Avant de soumettre à votre discussion les divers objets qui doi-
vent vous occuper dans cette séance, qu'il me soit permis d'arrêter
un instant vos regards sur les causes qui ont provoqué notre sépara-
tion, sur les circonstances qui l'ont accompagnée, et sur la marche
franche et loyale que votre directoire, pénétré de vos principes, a cru
devoir opposer aux menées sourdes, aux basses intrigues de ses per-
sécuteurs.
. « Je ne vous parlerai point des vexations particulières que quel-
ques-uns de vos membres ont éprouvées : assis au milieu de vous,
honorés de votre confiance, ils sont assez vengés. Mais il existe des
faits tellement liés aux intérêts de votre Société, que votre directoire
a jugé qu'il étoit important de vous en instruire. Une bouche plus
éloquente s'est chargée du soin de vous les présenter : je ne pourrois,
en vous en parlant moi-même, qu'affaiblir l'impression qu'il est en
droit d'en attendre.
« Une Société dont la loi consacre tous les principes, dont la vertu
avoue tous les moyens, et dont le but est le rétablissement de l'ordre,
devoit être un sujet d'effroi pour les factieux. Ennemis de la vertu
qu'ils outragent, ennemis de la loi qui pourroit les punir, ils ne
voient, dans le retour de l'ordre, qu'une époque alarmante pour leur
ambition, tandis que l'anarchie qu'ils favorisent leur présente un
moyen sûr de prolonger leurs coupables succès. Il étoit juste que de
pareils hommes s'élevassent contre la Société des amis de la consti-
tution monarchique; nous nous applaudirons toujours de mériter
leur haine.
« Mais la loi, qui pouvoit seule prononcer notre dissolution, leur
offroit-elle un moyen d'y réussir? Protectrice des droits de l'homme,
elle avoit établi les nôtres. Nos principes étoient trop purs, trop pu-
bliquement établis, pour qu'il n'y eût pas quelque danger à les com-
battre. Il ne leur restoit qu'à calomnier nos intentions : c'est ce qu'ils
ont fait. La religion de la municipalité a été surprise; l'ordre de
suspendre nos séances a été prononcé; et cette erreur des déposi-
taires de la loi a fait présager des triomphes à nos adversaires.
CLUB MONARCHIQUE 191
« Mais bette pt'Oscriptiori mdffletltanëe n'enchaîtloit pas votre direc-
toire, chargé de maintenir vos droits. Il a itivdqué les principes, il a
détruit les préventiotis, il a dissipé les inquiétudes; et là municipalité
s'est empressée de retirer son ordre.
« Fermons les yeux sur le désespoir de ceux qui s'étoieht flattés de
nous détruire, oublions leurs manœuvres et leurs intrigues, dédai-
gnons leurs attaques, et suivons avec persévérance le but honorable
auquel nous tendons tous. La prospérité de la nation, le triomphe de
la loi, la conservation de la monarchie, seront tout à la fois et le
terme et le prix de nos efforts. »
« La Société a arrêté l'impression de ce discours dans son journal ;
elle a voté des remerciemens à son directoire.
« Elle a décidé qu'il seroit adressé aux correspondans une lettre dé-
taillée sur les divers symptômes d'anarchie qui se renouvellent dans
les départemehs, et sUi' la nécessité d'opposer partout aux factieUx
l'exemple de l'obéissance à la loi, et le développement des principes
purs et constitutionnels.
« Il a été proposé d'envoyer aUx quarante-huit sections les pièces
justilicatives qui ont été placées sous les yeux du corps municipal
lors de la suppression de nos séances. Cette proposition n'a point été
admise, parce qu'il a été représenté que les sections ne sont plus des
corps délibérans et permanens, puisque, convoquées en assemblées
primaires, elles ne doivent traiter aucun objet étranger aux élections,
et que les fractions de la commune ne peuvent se réunir constitution-
nellement pour délibérer que sur la pétition de cinquante citoyens.
— La Société, soumise en tout à la loi, a pensé que ses principes
seroient bientôt sufhsamment connus, et que la révocation de l'ordre
illégal qu'elle a combattu est une justihcation péremptoire (1). »
Pour' le pain, la Société publia des
« Observations sur le mode de bienfaisance quavoit adopté le direc-
toire àa la Société des amis de la Constitution monarchique. »
« Le directoire observe qu'il y avoit 2348 pauvres inscrits, que
plusieurs s'étoient fait inscrire avec des adresses [différentes, que la
vérification de besoins et de qualités requises n'étoit point faite ;
« Qu'on peut présumer qu'après cette vérification, il s'en seroit
trouvé un tiers ou un quart de moins;
i< Mais qu'en supposant même que la totalité des 2o48 eût été dans le
(1) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchique, n» 1; du
samedi 29 janvier 1791.
192 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
cas de profiter de cette bienfaisance, on eût donné pendant plus d'un
mois une livre de pain à chacun ;
« Que les 2348 pauvres, à une livre de pain par jour, pendant un
mois, font 76,440 livres de pain;
« Et que les 11,549 livres fournissent environ 95,000 livres de pain.
« Le directoire a, de plus, écrit à MM. les présidons de sections la
lettre suivante (1) :
« Nous avons l'honneur de vous prévenir, monsieur, en vous priant
d'en rendre compte à la section que vous présidez, que la Société des
amis de la constitution monarchique vient de déposer, chez M. le pro-
cureur syndic de la commune, la somme de 11,349 livres.
« Cette somme, à laquelle se monte le total des contributions vo-
lontaires recueillies jusqu'à ce jour dans ladite Société, étoit desti-
née à être employée en distributions de pain, totalement gratuites,
aux indigens déjà inscrits par les commissaires de la Société. Mais
d'après des réflexions ultérieures, et sur-tout d'après les calomnies
atroces qui ne cessent de représenter ces distributions comme un
moyen de préparer des attroupemens dangereux, la Société a pris le
parti ci-dessus, et la somme qu'elle a déposée sera répartie entre les
sections pour, par elles, être distribuée aux pauvres inscrits, dont la
liste a été remise, en même tems que l'argent, à M. le procureur
syndic.
<( Nous sommes,
« Monsieur, etc. (2). »
« La Société, parce moyen, se trouve forcée de renoncer, du moins
pour le moment, à la faculté de combiner elle-même le mode de bien-
faisance qu'elle auroit adopté; elle n'aura pas la satisfaction douce de
communiquer sans intermédiaire avec les objets de sa sollicitude ;
cependant, elle doit être contente, les pauvres seront soulagés; des
fonctionnaires publics estimés veilleront à une répartition exacte du
foible tribut que de bons citoyens offrent à leurs frères. — La Société
doit cependant déclarer ici que les perfides insinuations, que les ca-
lomnies colportées, n'ont pas égaré, n'ont pas animé contre elle ce
bon peuple de Paris, auquel les factieux qui la craigne (sic) pré-
tendent faire croire qu'elle a déplu. — Tous les indigens que les
(1) «L'envoi de cette lettre a été tUH'éré, jusqu'à ce que la Société ait eounais-
saocede l'arrêté, nou encore rendu, de la municipalité. » (Note du Journal de la
Société des Amis de la Constitution monarchique.)
(2) Journal de la Société des Amis de la Constilulion monarchique, n" 7, du
samedi 29 janvier 1791, p. 13, 14 et 15.
L
CLUB MONARCHIQUE 193
commissaires ont reçus se sont conduits avec modération et dé-
cence : ils paroissent tous disposés à recevoir, sans bassesse et
sans insolence, ce qu'on leur offroit sans faiblesse et sans orgueil.
— Chaque jour a prononcé et prononce que le vœu de Paris, que
l'esprit de Paris est bien distinct de ce prétendu vœu, de ce pré-
tendu esprit public que les mêmes hommes vont le matin puiser dans
une seule maison, et reporter le soir dans tous les cafés de la capitale,
ou dans les grouppes (sic) de carrefours. »
Le Club monarchique attaquait indirectement une bonne partie du
peuple de Paris, parlait de factieux, se montrait froissé de voir ré-
partir, par des fonctionnaires publics, les secours donnés « par de
bons citoyens à leurs frères ».
XX
En même temps, les monarchistes entrèrent en discussion avec le
journaliste et député Audoin ou Audouin; un d'eux publia une
« Réponse aux grandes questions -proposées à la Société des amis de la
constitution monarchique^ dans le n" 4.26 du journal universel ou révo-
lutions des royaumes, par P. J. Audoin, du bataillon des Carmes.
<( Samedi, 22 janvier 1791.
« Il n'y a, dans toute la France, qu'une constitution, sans épithète;
mais à Paris il y a une constitution monarchique, ou, du moins, une
société d'amis de la constitution monarchique, qui s'autorise pour
s'assembler d'un décret de l'Assemblée nationale, en faveur de la So-
ciété des amis de la constitution tout court, établie à Dax. Voici les
questions qu'on peut faire à ces monarchiens. Comme le patriote
Corsas m'a prévenu, et comme il m'est impossible de ne pas me ren-
contrer avec lui en interrogeant ces messieurs, j'emprunte tout bon-
nement ses expressions, qui rendent parfaitement ce que j'avois
résolu d'écrire. Qu'importe que ce soit lui ou moi qui parle, puisque
nos idées sont absolument les mêmes sur ce point? « Quels sont les
membres que cette Société des amis de la constitution monarchique
a dans son sein? N'en est-il pas qui professent hautement des prin-
cipes opposés à ceux que la constitution avoue seuls, et qu'il est né-
cessaire de propager, lors même qu'on pourroit leur supposer un
vice radical que la prochaine législature saura bien extirper?
« Comment cette Société interprète-t-elle son amitié pour la consti-
13
194 LES CLUBS GONTRE-RÉVOLUTIONNAJRES
lution monarchique? Entend-elle par constitution monarchique la
constitution telle qu'elle a été décrétée? La nation est-elle libre et
souveraine? La nation a-t-elle seule le droit de faire les loix auxquelles
elle entend que son roi soit lui-même soumis, en lui confiant le droit
de les faire exécuter?... Par constitution monarchique, n'entendroit-
elle pas une constitution purement monarchique, c'est-à-dire où le
roi auroit seul le droit de faire les loix, et de régner par les loix, dont
il seroit en même temps l'auteur et l'arbitre? Voilà les questions sur
lesquelles il importe que cette Société s'explique clairement et sans
détours; si elle ne le fait pas, il est du devoir des écrivains patriotes
de la renverser, de la détruire, etc. »
« Je demande, avant tout, la permission à M. Audoin de mettre
dans sa plus grande valeur son propre ouvrage, soin qu'il eût pris
sans doute lui-même, et avec bien plus de succès que moi, si la qua-
lité de journaliste, dispensant dans ces productions éphémères de
toute régularité comme de tout scrupule, ne lui eût fait négliger
cette utile attention.
« Je remettrai donc l'article qu'il nous a consacré dans Tordre
qu'il doit avoir; je ne placerai point l'accessoire avant le principal;
je ne présenterai point les questions légères avant les questions plus
importantes, et je donnerai aux demandes et aux réponses la marche
qu'elles doivent avoir pour que nous soyons toujours, de cette sorte,
mieux attaqués par M, Audoin, et dans un plus grand embarras de
nous défendre, si notre cause est mauvaise.
« Après ce court exorde, je ferai encore, avant d'entrer en matière,
la motion expresse qu'il soit voté par les amis de la constitution mo-
narchique et par tous les honnêtes gens de France, des remerciemens
à M. Audoin pour avoir enfin donné le louable exemple de traiter
avec nous comme avec des hommes, de n'avoir point préfér<! les poi-
sons de la noire calomnie, ou les horreurs de la dégoûtante injure,
aux procédés de l'humanité, à la marche de la raison, au droit des
gens et à la voix de la justice; des remerciemens encore pour s'être
ressouvenu, du moins envers nous, du moins dans ce n" 426 de son
journal, que des accusés sont eux-mêmes respectés par la société
dont ils sont membres, jusqu'à ce qu'ils soient jugés et condamnés,
et que pour honorer cette constitution même, que M. Audoin croît
aimer et défendre mieux que nous, il faut parler de ses frères et à ses
frères comme à des hommes libres, et non comme à un troupeau
d'esclaves avilis ou de brutes féroces.
CLUB MONARCHIQUE 195
« Gj-andes queslions proposées à la Société des amis de la constilulion
monarchique par le journal universel de M. Audoin.
« Lesdites questions remises dans l'ordre qui leur convient et qui
leur est le plus avantageux.
« Question première,
« Comment cette Société interprèfe-t-elle son amitié pour la consti-
tution moiiarchique?
« Réponse.
« Ce n'est certainement pas M. Audoin lui-môme qui nous l'ait
cette question. 11 a laissé proposer celle-là par son secrétaire ou son
valet-de-chambre. 11 seroit impossible que M. Audoin voulût avouer
qu'il s'est érigé en censeur et correcteur des amis de la constitution
monarchique, sans avoir aucune notion directe et positive de ce qui
concerne cette Société. Or, ce seroit véritablement n'avoir pas la pre-
mière notion sur cette Société que d'ignorer l'authentique profession
de foi contenue dans son prospectus, le développement si clair et si
étendu de cette profession de foi, présenté dans un discours qui a
couru Paris sous le nom d'extraits des registres de la Société des
amis, etc.; l'énoncé rapide et énergique de ses principes dans une
réponse à M. Gorsas,, et dans un discours de M. Hamelin; ce rappel
de ces mêmes principes dans le discours de M. le maire, par le prési-
dent de cette Société; nos mille et une défenses contre les cent une
mille attaques qu'on nous a déjà faites ; l'exposition si précise de nos
sentimens et de nos intentions offerte à chaque page de nos jour-
naux, etc.
« L'interprétation de notre amitié pour la constitution monarchique
peut-elle, après tout cela, rester encore équivoque? et n'est-il pas
évident que cette question ne peut pas nous avoir été proposée par
M. Audouin lui-même?
« Question II.
« Entend' elle par constitution monarchique la constitution telle
qu'elle a été décrétée?
<( Réponse.
« Encore une question qui n'est pas de M. Audoin, et par toutes les
mêmes raisons que je viens de présenter ci-dessus.
« Mais j'ajouterai ici, à tout ce que M. Audoin doit si bien savoir,
pour être convaincu, que ce que nous entendons par constitution mo-
narchi(}ue est la constitution monarchique telle ([u'ellc a été décrétée :
196 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
que cette seule régularité sévère de notre part repousse de notre sein
tous les grands aristocrates ; et que si nous voulions faiblir le moins
du monde dans le rigorisme des principes que nous nous sommes
prescrits à cet égard, nous ne suffirions pas à recevoir tous les ci-
toyens qui viendroient se réunir à nous.
« Je prie nos savans et vertueux ennemis de remarquer en passant
combien cette sévérité morale et cette soumission politique seroient
adroites et naturelles à des contre-révolutionnaires! combien elles
feroient partie d'un code de brigands, enrôleurs pour contre-révolu-
tion! Passons à la troisième question.
« Question III.
« La nation est-elle libre et souveraine?
« Réponse.
« Quelqu'un peut-il opposer le moindre doute à une semblable
question? Mais les divisions, les distinctions et les développemens en -
sont si magnifiques et si étendus pour un homme un peu versé dans
ces matières, que je me garderai bien de me livrer en entier à toutes
les pensées qu'elle m'inspire.
« Sans doute qu'une nation est et doit toujours être libre et sou-
veraine.
« Une nation est souveraine par son volonté générale, et libre par
sa sagesse particulière.
« Elle est toujours libre quand elle est sagement souveraine.
« Elle est toujours souveraine quand elle est modérément et léga-
lement libre.
« Sa liberté fortifie sans cesse sa souveraineté, quand cette liberté
est environnée des immuables principes de la morale universelle.
« Sa souveraineté consolide chaque jour sa liberté, lorsque sa sou-
veraineté est circonscrite dans les maximes de la politique indispen-
sable.
« Elle devient souveraine, lorsqu'elle sait par quels principes, par
quels moyens une nation peut rester ou redevenir souveraine, lors-
qu'elle n'ignore plus que le despotisme de tous est bien effectivement
le contraire, mais non pas le remède du despotisme d'un seul.
« Elle demeure libre lorsqu'elle ne prend point l'état d'anarchie
pour un état de puissance; lorsqu'elle est convaincue que la liberté
naturelle est la plus grande ennemie de la liberté politique ; lors-
qu'elle est parvenue à sentir que de toutes les libertés particulières se
forme la plus terrible servitude universelle, lorsque ces libertés par-
ticulières, au lieu d'être concentriques, sont excentriques, lorsqu'elles
CLUB MONARCHIQUE 197
isolent au lieu de réunir, lorsqu'elles conduisent chaque individu à
un but personnel, au lieu de ramener tous les individus à un seul but
général.
« Mille pardons à M. Audouin ; j'en resterai là sur cette question,
s'il veut bien mé le permettre.
<( Question IV.
« La nation a-t-eUe seule h droit de faire lea loix auxquelles elle en-
tend se soumettre^ auxquelles elle entend que son roi lin-même soit
soumis, en lui confiant le droit de les faille exécuter?
« Réponse.
« Autre question à l'occasion de laquelle je sens dans mon cœur
l'impétuosité d'un torrent, et dans ma tête le possible enfantement ,
d'un in-folio. Mais je tâcherai de préserver mes lecteurs, ainsi que
moi, et du torrent et de l'enfantement.
« Une nation libre et souveraine, telle que je viens de là représen-
ter, une nation agissant par sa pleine et parfaite volonté générale, a
et doit incontestablement avoir le droit de faire les loix auxquelles
elle veut se soumettre. Mais je a'entends point du tout le mot seule,
employé dans cette question : A-telle seule le droit, etc.? S'ew/eveut-il
dire là sans le secours des peuples voisins? Cela seroit absurde, et on
ne peut pas présumer une absurdité dans l'auteur auquel nous répon-
dons. 11 me semble qu'une nation est toujours seule, est essentielle-
ment seule, lorsqu'elle exerce le droit de faire ses loix. Seule vou-
droit-il dire, peut-être, sans le secours d'un roi? Mais alors cette
phrase est encore bien plus inintelligible pour moi : car une nation, ou
n'a point encore de roi, ou a déjà un roi. Si elle n'a point encore de roi,
elle est bien assurément seule dans toute la plénitude du sens que
notre adversaire sémbleroit attacher à ce mot; et celui qui pourra
devenir roi fait certainement, en attendant, partie de la nation. Si
elle a déjà un roi, ce roi est bien du moins un citoyen tout comme
un autre, et fait essentiellement partie de cette même nation. Ainsi,
le mot seule est incompréhensible pour moi.
« Loix auxquelles elle entend que son roi lui-même soit soumis?
« D'après ce que je viens d'établir, cela marche tout seul, et n'est
susceptible d'aucune contestation. Car, le roi faisant essentiel-
lement partie de la nation, lorsque la nation se sera donné des loix
et se sera soumise à ces loix, le roi, comme partie essentielle et inté-
grante de la nation, s'y sera nécessairement soumis de même.
« Question V.
(' Par constitution MOîi\^cmQijK,n'entendroit-elle pas une constitution
198 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
PUREMENT MONARCHIQUE, c'est-à-dire où le roi auroit seul le droit de faire
les loix et de régner par les loix, dont il seroit en même tems /'auteur
et /'arbitre?
« Iil':PONSE,
« A cette question je ne répondrai qu'un mot. Ou je suis dans la
plus profonde ignorance des principes de cette société, tout membre
de son directoire que j'ai l'honneur d'être, ou j'ose garantir que si,
par une fatalité imprévue, il renaissoit tout h coup un ordre de
choses dans lequel un seul homme, et trop souvent un homme vi-
cieux ou ignorant, dût être le seul instituteur, le seul auteur, le seul
arbitre des loix, il n'y a point en France de citoyen actif, point de
démagogue, point de club, point de jacobite, point de district, point
de département, point de section, point de journaliste, point de
Prudhomme, point de Martel, point de Marat, qui opposât une plus
forte, une plus véritable résistance à ce funeste ordre de choses, à ce
retour d'un despotisme absolu et arbitraire, que la Société des amis
de la constitution monarchique.
« Question VI.
« Quels sont les membres que cette Société des amis de ta constitution
monarchique a dans son sein?
« RÉPONSE.
« Après tout ce que j'ai exposé ci-dessus, ma réponse à cette nou-
velle question est bien faite assurément; mais nous voulons com-
plaire en tout à M. Audouin et à ses ayant-cause. Je ferai donc encore
une réponse particulière à cette demande. Pour la faire avec la par-
faite franchise et la parfaite loyauté que je me suis imposées pour
toujours, je répondrai relativement à l'esprit, et non relativement
à la lettre, parce que la lettre tue et l'esprit vivifie. Je répondrai
relativement à la règle, et non point relativement à l'exception; rela-
tivement à la grande majorité, et non point relativement à quelques
individus.
<( Les membres qui composent cette Société des amis de la consti-
tution monarchique sont de bons François, qui ont tous l'espoir mu-
tuel de n'avoir accueilli dans leur sein que d'honnêtes gens, et la
certitude positive et invariable d'être ennemis de la république et de
l'anarchie,
« Question VU.
« N'en est-il point qui professent hautement des principes opposés à
ceux que la constitution avoue seuls^ et qu'il est nécessaire de propager,
CLUB MONARCHIQUE 199
lors même quon pourrait leur supposer un vice radical, que la pro-
haine législature saura bien extirper?...
« Réponse.
« Professent hautement ; je l'ignore ou ne me le rappelle en aucune
manière dans cet instant. Nourrissent en secret; je ne me rendrai
certainement inquisiteur ou garant ni du pour ni du contre; mais je
dirai bien affirmativement qu'il ne s'agit ou ne peut s'agir que des
principes généralement professés et avoués par la Société; et que
dans l'un ou l'autre cas supposés ci-dessus, elle ne peut et ne doit
être tenue à aucune responsabilité. J'ai connu des athées à l'académie,
des libertins aux chartreux, des despotes à la halle, des sages à Cha-
renton, des impies en Sorbonne, et des républicains au château de
Versailles. Ces exceptions n'ont point altéré la règle, et il n'est venu
dans l'esprit de personne de décréter une responsabilité solidaire à
cet égard.
<( Et quil est nécessaire de propager., lors même qu'on pourrait leur
supposer un vice 7'adical., qne la prochaine législature mura bien
e.Ttirper.
« Gomment, M. Audouinl comment donc, M. Audouin! c'est vous
qui parlez de vice radical et d'e.rtirpation à faire dans les principes
de la constitution par La prochaine législature! Ah! je suis bien ras-
suré! Et je vois bien que, de vous ou de moi, ce n'est pas moi qu'il
faudra remettre à l'ordre.
« De Rossi (1). »
Rappelons que de Rossi ou Rossy était membre du Comité du club.
Il parut un
« MANIFESTE relatif a la Sogiktk des Amis de la Constitution mo-
NARCIIIQUE,
« Envoyé à l'Assemblée nationale, à la Municipalité, aux Sections
et même aux Jacobins,
" Accompagné d'un Avertissement aux Patriotes Parisibnh, trop sou-
vent disposés à mépriser la loi il l'autorité publique pour ne suivre que
leur impétuosité personnelle et leur autorité particulière.
« Par un Membre du Directoire de ladite Société.
« Frappe, maïs écoute.
<' A Paris, sans date.
(i) Journal fie la Société des Amis fie In Constittition moyiarchique, t. I, n" 7,
p. 32 et suiv.
200 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« Par de Rossi, accusé de conspiration, « comme un traître à la
Patrie, comme un ennemi du bien public ».
Il parle, dans ce Manifeste, de la tyrannie des Jacobites; il déclare
qu' « un homme de son caractère seroit donc bien peu propre à être
l'instrument servile d'un Monarchiste, mais bien moins encore,
pourroit-il jamais devenir l'esclave d'un Jacobin » ; il n'est pas
l'homme de quelqu'un^ etc. (1).
XXI
D'une part, les Amu de la Constitution ow. Jacobins envoyèrent à
leurs correspondants une Lettre relative à une émeute qui avait eu
lieu à la Chapelle-Saint-Denis; d'autre part, les Amis de la Constitu-
tion monarchique envoyèrent aux leurs une réponse.
Les deux lettres furent publiées, mises en regard l'une de l'autre.
« Lettre
De la Société des Amis de la
Constitution.
Paris, le 24 janvier 1791.
Frères et amis.
On pourrait peut-être égarer les
citoyens de vos contrées, par le récit
d'un très petit événement qui s'est
passé à La Chapelle, banlieue de Pa-
ris, aujourd'hui lundi 24 de ce mois ;
on pourroit vous dire que la chose
publique est en danger : ne le croyez
pas. Cependant, notre sollicitude
pour tout ce qui intéresse la patrie
nous engage à vous écrire afin de
vous rassurer sur les allarmes qu'on
cherche à répandre dans l'âme de
tous les citoyens.
Quelques chasseurs, préposés à la
garde des barrières, ont, dans une
dispute assez vive, tué ou blessé dix
ou douze personnes, sous prétexte
d'empêcher la contrebande. On en
a arrêté plusieurs, et déjà ils ont
« Lettre
Aux correspondants de la Société
des Amis de la Constitution mo-
narchique.
Cert (C'est) avec l'indignation
la plus vive que nous avons lu
la lettre ci-jointe, rendue pu-
blique par une Société qui se dit
Amie de la Constitution, et signée
par plusieurs de ses membres.
Xous déplorons l'événement
malheureux, arrivé à La Cha-
pelle, et nous ne l'appelons pas
un très petit événement, parce que
la mort et les blessures de plu-
sieurs citoyens et soldats, et
l'infraction faite à la loi ne sont
pas un très petit événement aux
yeux des Amis de la Constitution
monarchique.
Nous déclarons à ceux qui
disent que la société des Amis
de la Constitution monarchique
(1) Bib. de la Chambre des députés, B' 241.
CLUB MONARCHIQUE
déclaré qu'on les avait payés pour cherche à exciter des
commettre le crime dont ils se sont
rendus coupables. Mais nous ne de-
vons pas nous dissimuler que nous
sommes aussi menacés des troubles
que cherche à exciter une société
connue sous le nom des Amis de la
Constitution monarchique : nous ne
les redoutons pas sans doute, mais
comme il est bon de surveiller les
ennemis de la Révolution, nous
avons délibéré que nos séances se
tiendront tous les jours jusqu'à nou-
vel 07'dre, et tous nos bi'aves col-
lègues, dans un mouvement de pa-
triotisme, aussi prompt que celui
d'une insurrection inopinée, ont fait
le serment solemnel de surveiller les
ennemis de la chose publique, de les
dénoncer à tous les bons patriotes
et de se rallier tous, dans un mo-
ment de calamité, au drapeau de la
liberté, pour la défendre et pour la
maintenir.
Nous sommes, etc..
Victor Broglie, président; Yil-
lars; G. Bonnecarrerc; Alexandre
Beauharnois; Voydel, secrétaire. »
« Extrait du procès-verbal de la
séance du lundi 24 janvier
1791.
Après les débats également utiles
et précieux pour la tranquillité pu-
blique sur la motion d'un honorable
membre que tous les Amis de la
Constitution fissent le serment de
défendre de leur fortune et de leur
sang tout citoyen qui aurait le cou-
rage de se dévouer à la dénonciation
des traîtres à la patrie et des conspi-
rateurs contre la liberté, à l'instant
201
troubles ,
qu'elle ne s'est réunie que pour
s'opposer de tout son pouvoir
à ce que les troubles existassent.
Nous donnons aux auteurs de
cette calomnie le démenti le plus
formel ; nous les défions d'en
fournir une preuve., ni même un
indice, et nous les attendons aux
tribunaux.
Puisse bientôt quelque déla-
teur, encouragé par le serment
q-u'ont fait tous les jacobins de
le défendre de leur fortune et de
leur sang, nous attaquer ouver-
tement devant la loi : nous lui
devrons le triomphe de la vé-
rité.
Nous déclarons qu'amis de la
Constitution monarchique, dé-
crétée par l'Assemblée nationale
et acceptée par le roi, notre seul
crime, celui que nous avons com-
mis et que nous commettrons
constamment, est de ne pas ployer
la tête sous le joug des jacobins.
Nous annonçons à tous ceux qui
ne veulent obéir qu'à la loi, que
les Amis de la Constitution mo-
narchique périront tous avant de
reconnaître une puissance qui
n'est pas celle de la loi.
François, demeurez paisibles
spectateurs de cette lutte entre
deux clubs dont l'un veut régner
et l'autre n'être pas esclave. Nous
vous jurons que les jacobins nous
laisseront enfin tranquilles, ou
qu'il sera démontré à toute l'Eu-
rope que les jacobins régnent sur
la France, et que nous étions les
202 LES CLUBS GONTRli-REVOLUTIONNAIRES
la Société entière a prêté ce nouveav derniers hommes dignes d'une
serment et a arrêté unanimement véritable liberté,
qu'il en fût fait mention dans son Bubergier, président; Hamelin,
procès-verbal. vice-président; Cormier- Haute-
Victor BroKlie, président; Vil- f^^t; de Rossy; d'Aqier; Stanislas
lars ; Alexandre Beauharnois ; ^, ^
Voydel; G. Bonnecarrere, secré- Clermont- Tonnerre, membres du
tmre{l). » directoire.»
Jacobins et monarchiens devenaient de plus en plus acharnés les
uns contre les autres, soit par paroles ou écrits, soit en actes sérieux.
Rappelons les faits auxquels se rapportent les lettres reproduites
ci-dessus.
Le lundi 24 janvier 1791, il y eut une grave affaire à la Chapelle,
où des chasseurs soldés se battirent avec des citoyens, en tuèrent et
blessèrent plusieurs.
« Le combat de la Chapelle, dit VOratrur du peuple, est une tenta-
tive de la cour bt du club monarchique. Il faut donc que le sieur
Stanislas Clermont soit arrêté sur-le-chnmp, pour être jugé comme
criminel de lèze- nation... »
XXU
On a vu précédemment que le Club monarchique, quand il man-^
quait de local, ne cessait pourtant pas de s'assembler non publique-
ment.
A l'hôtel de Clermont-Tonnerre se trouvait le groupe le plus
persévérant des monarchistes qui, à défaut de local public, se réunis-
saient chez le comte, le plus zélé des membres, le plus remarqué
aussi, avec Dubergier et de Rossi pour compagnons très militants.
Un arrêté de la section de la Croix-Rouge se joignit à la section de
rObservatoire (2) pour dénoncer les « attroupements alarmants »
autour de l'hôtel de Clermont-Tonnerre, et les inscriptions faites
sous prétexte d'aumônes et de distributions de pain (3).
Pendant plusieurs jours, il ne fut question dans Paris que des
(1) Voldel autorisa le rédacteur «lu Journal des Amis de la Constitution motiar-
r.lùcpie à déclarer que la signature Voidel, apposre au pied de cette lettre, n'était
pas la sienne, et qu'il signait ordinairement Charles Voidel.
(2) Voir plus haut, p. n;5 et suiv.
(3) Extrait conforme, Arch. Nat., 1) XXXIX" :13, n° 331». Du 22 janvier 1791. -
Voir Journal général de la Cour et de la Ville, n" 26, p. 212.
CLUB MONARCHIQUE 203
agissements des amis de Clermont-Tonnerre, nommé président du
Clul) monarchique le 27 janvier 1791,
La veille, un arrêté de la section du Roule, relatif aux menées de
ce club, prétendu patriotique^ s'occupa de ses distributions dans diffé-
rents quartiers de sommes et de cartes pour avoir du pain au-dessous
du cours (l). Le journal le Patriote français assura qu'il distribuait,
outre du pain, des habits et de l'argent. La feuille de Brissot ajou-
tait : « On présume que ce club avait quelque part aux placards afh-
chés pour exciter les habitans du faubourg Saint-Antoine, et que le
cruel combat qui a eu lieu hier pour la contrebande (2) avoit un tout
autre motif, mais secret (3) ».
Une pièce, avec date du 23 janvier 1791 (4), s'exprime assez lon-
guement sur l'agitation produite par les monarchistes, auxquels elle
est favorable.
Nous en extrayons les passages suivants, qui se rapportent aux
distributions de bons de pain :
« Je passois ce matin dans la rue des Tuilleries, il y avoit des
groupes de pauvres qui tous marchoient vers l'hôtel de Clermont-
Tonnerre. Je les suis avec inquiétude; la porte s'ouvre; j'entre dans
la cour et j'y vois douze cents personnes. — J'interroge, j'écoute et
voilà ce que j'entends dire :
(( L'un dit : c'est un aristocrate qui veut faire une révolution, qui
appelle des pauvres chez lui pour les faire périr : sa cour est minée,
elle va faire sauter et tuer tous les bons citoyens. Je hausse les
épaules et je parle à un autre; celui-ci dit : c'est un aristocrate qui
veut faire une contre-révolution; il nous donne du pain, et c'est avec
un million qu'il a gagné à l'Assemblée nationale. — Je souris et je
parle à un autre.
« Celui-là me dit : Je ne sais pas ce que c'est; on a répandu dans
toutes les sections qu'il falloit que tous les pauvres vinssent ici, et
j'y viens; je n'en sais pas davantage. — Je réfléchis et je passe à un
autre.
«... Vous voyez. Monsieur, que nous ne dispns rien à ces honnêtes
gens qui puisse allarmer le patriotisme : vivre libre et ne troubler pas
l'ordre^ voilà le seul conseil que la Société joigne à ses actes de bien-
faisance... »
(1) Arch. Nat., D XXIX' ;J3, n° ;J39.
(2) Voir l'affaire do la Chapelle, p. 200 et suiv.
(3) Patriote français, w 536, «lu 26 janvier 1791.
(4) Pourquoi y a-l-il tant de monde chez M. Clermont-Tonnerre ? Pièce in-8"
de 3 p. (Bib. Nat., Lb 39/4531.)
204 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Par contre, les Révolutions de Paris (1) accusaient gravement la
Société, dans un article intitulé :
« Le Club monarchique^ ressuscité depuis j 5 jours.
« Des distributions de pain et d'argent se faisoient dans la rue des
Vieilles Tuileries. On demandoit à ceux à qui on en donnoit s'ils étoient
en état de porter les armes. On charge le club des monarchistes de
toutes ces manœuvres, et avec d'autant plus de raison qu'il renou-
velle ses distributions de pain à un sou la livre. Le sieur Stanislas
Clermont-Tonnerre, président de la Société, a déjà fait inscrire dans
ses registres plus de quinze mille pauvres, auxquels on promet des
secours pécuniaires, en les endoctrinant des principes aristocrati-
ques (2). Il n'est pas jusqu'aux femmes qui n'aient semblé vouloir
prendre part aux intrigues contre-révolutionnaires : il existe une
société de dévotes qui tient en réserve plusieurs millions pour fournir
aux frais de la guerre ».
XXIII
Le peuple de Paris voyait dans le Club monarchique un complot
ministériel et aristocratique permanent contre la Constitution, tout
en invoquant la Constitution elle-même, dont le roi acceptait au fur
et à mesure les dispositions votées par l'Assemblée nationale (3).
Le 27 janvier 1791, la multitude attaqua, pour ainsi dire, l'hôtel de
Clermont-Tonnerre. Une lettre du sieur Dufour, secrétaire de la mai-
rie, annonça le départ du maire pour protéger la maison et la per-
sonne de M. de Clermont-Tonnerre (4). Bailly accourut pour empê-
cher l'émeute. Mais, à son arrivée, cette troupe était dispersée.
Le lendemain, Clermont-Tonnerre remercia l'Assemblée nationale,
des précautions qu'elle avait fait prendre pour protéger sa maison.
Les dénonciations se multiplièrent de plus l)elle.
Dans la séance du vendredi 28 janvier 1791, au Club des Jacobins,
(1) Révolutions de Paris, du 22 au 29 jauvior 1791.
(2) « La société des Amis de la Conslitution a fait un serment, le jeudi 27 janvier,
d'exclure de son sein tous ceux qui seroient reconnus pour être membres de la
société des Amis de la Constitution monarchique ; et tous les membres se sont
engagés de proposer à leurs sections de renvoyer de la garde nationale tous ceux
qui seroient reconnus pour être monarchistes. » (Note du rédacteur.)
(3) La Constitution ne fut terminée que le 3 septembre 1791, acceptée par lettre
de Louis XVI que dix jours après.
(4) Minute, Arch. Nat., C54, n- 535. — Lettre datée du 27 janvier 1791.
CLUB MONARCHIQUE 205
« plusieurs personnes témoignèrent des inquiétudes sur des appa-
rences qu'on voudrait enlever le roi; un membre dit que le Club mo-
narchique étoil assemblé aux Jésuites, rue Saint-Antoine..» Dans la
môme séance d'autres dénonciations se succédèrent. Une délégation
de la section de la Bibliothèque présenta un arrêté portant dénoncia-
tion au procureur de la Commune du Club monarchique. Une dépu-
tation de la section des Quatre-Nations, et une autre, de la Fontaine
de Grenelle, dénoncèrent le Club. Elles ne voyaient, « pour les
pauvres, aucune portion venant de mains aussi impures. »
Selon VOrateitr du peuple, le Club monarchique « faisait tout ce
qu'il pouvait pour irriter le peuple. Il achetait chez les boulangers le
pain à un sol la pièce, pour le distribuer dans la capitale et payait
en cachets où étaient gravés trois fleurs de lis (1). »
Un arrêté de la section des Lombards, apporté par une délégation
aux Jacobins le samedi 29 janvier 1791, était motivé, contre le Club
monarchique, sur ce que ce club, « prenant seulement et exclusive-
ment le sens de la constitution au mot monarchique, paroît annon-
cer qu'il s'attache uniquement à la couronne, sans s'embarrasser
de la nation et de la toi^ » etc., etc.
Le 29 janvier 1781, d'après la dénonciation de Barnave (2), le di-
rectoire du Club monarchique écrivit la lettre suivante au président
de l'Assemblée nationale :
« Monsieur le président,
« Nous avons été outragés hier dans l'Assemblée nationale; nous
demandons à y être entendus. »
« Si l'assemblée eût admis le directoire à la barre, il auroit dit :
« Messieurs,
« Des citoyens paisibles se sont réunis aux termes de la loi ; les
calomnies les plus atroces les ont poursuivis. Hier, M. Barnave nous
a dénoncés comme une collection d'ennemis de la constitution, et le
comité des recherches a été cité dans la tribune comme devant vous
Caire incessamment une dénonciation nominative de ceux qu'il ap-
pelle les chefs et les principaux membres de cette société.
« Tant que les pei'sécutions dirigées contre les amis de la constitu-
tion monarchique se sont manifestées hors de l'Assemblée nationale,
nous n'avons pas cru devoir nous présenter devant le corps législatif,
(1) L'Orateur du Peuple, t. IV, p. 64.
(2j A l'Assciublûo nationale.
206 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
ni solliciter une protection que la constitution que nous avons juré
de défendre doit à tous les citoyens. Nous avons paru devant les ma-
gistrats, nous leur avons rendu compte de noire conduite, de nos
principes, et de ces aumônes tant exagérées par la perversité qui
leur impute son caractère : nous avons obtenu des magistrats la jus-
tice qu'ils nous dévoient; et quoiqu'elle ne nous ait pas préservés
d'une nouvelle attaque, nous n'accusons pas son impuissance. Mais
un membre de l'Assemblée nationale se fait notre accusateur; le co-
niité des recherches est annoncé comme devant appuyer cette accu-
sation. Et nous, messieurs, nous venons vous dénoncer la dénoncia-
tion calomnieuse de M. Barnave, et demander pour lui et pour nous
un tribunal qui nous juge, et nous invoquons tout le zèle de votre
comité des recherches pour éclairer la procédure.
« DuBERGiER, président. »
L'Assemblée nationale passa à l'ordre du jour. « Elle est trop juste
pour refuser d'entendre des hommes qu'elle regarderoit comme accu-
sés; elle a donc prouvé par sa décision le peu de cas qu'elle fait de
la dénonciation de M. Barnave (1). » Malgré les réclamations de Ma-
louet et de Clermont-Tonnerre, l'ordre du jour fut voté (2). Le 28 jan-
vier, Clermont-Tonnerre voulut rendre compte de ce qui lui était
arrivé ; mais l'Assemblée passa encore à l'ordre du jour.
Quoi que fit le Club monarchique pour obtenir une sauvegarde de
la part des députés, la majorité ne voulait pas le soutenir. Leur der-
nier vote exaspéra les monarchistes, partisans, membres ou non du
club.
Malouet prit la plume et fut très véhément contre Barnave et ses
amis.
A la iîn de janvier 1791 parut une Réponse de M. Malouet à la dé-
nonciation du Club de la Constitution monarchique '})ar M. Barnave.
« J'avois vu des crimes impunis, des hommes avides de pouvoir,
s'élever par toutes sortes d'intrigues; j'ai connu des princes despotes,
des ministres absolus; mais la tyrannie dans toute son audace je ne
la connoissois pas; et je ne conçois pas qu'il y ait des hommes assez
vils pour fléchir devant la tyrannie qui se masque du nom de patrio-
tisme. Ah! si c'est un droit sacré que celui de résister à l'oppression,
que tous les hommes généreux brisent comme moi le joug qu'on leur
(1) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarrhicjue, t. I, n" 7,
p. 31, 32 et 33.
(2) Moniteur universel, du 21> janvier 1791.
CLUB MONARCHIQUE 207
impose; car ce n'est pas le joug des loix, c'est celui des tyrans, des
factieux que je ne subirai jamais.
« Je ne sais si le tumulte des camps et le bruit des armes présen-
tèrent jamais |àlus d'alimens à la discorde que ces scènes affreuses,
où les représentans du peuple, unissant leurs cris et leurs applaudis-
semens à ceux des spectateurs, accueillent avec des transports de
joie, quoi? un acte d'humanité, de justice et de bienfaisance? non :
des paroles de sang, des calomnies et des outrages à ceux qu'on op-
prime î
« Vous Voilà donc, François, obligés de vous affilier tous au club
des Jacobins, sous peine d'être traités en ennemis de la constitution.
Et vous, membres de la société monarchique, qui avez osé rivaliser
avec le club dominateur, et qui, déjà chassés d'un quartier dans un
autre, interdits par la municipalité, n'avez obtenu votre réhabilita-
tion qu'en vous soumettant humblement au plus rigoureux examen,
vous voilà dénoncés par M. Barnave comme des hommes perfides,
insidieux, dish^ibuant m i.r pauvres lui pain empoisonné.
« Si huit ou neuf cents citoyens, du nombre desquels j'ai l'honneur
d'être, ainsi traités à la grande satisfaction des tribunes et de la ma-
jorité de l'Assemblée nationale, n'obtiennent pas la réparation de
cette injure, M. Barnave me permettra de lui demander ce qu'il ap-
pelle la constitution, l'heureuse révolution, et surtout la liberté.
« Il étoit de droit, ou du moins d'usage, que je n'eusse pas le droit
de lui répliquer; mais il seroit plus difficile de m'empêcher de dire à
toute la France que si la nation ne peut former qu'un seul club, sous
la présidence de M. Barnave, en conséquence des droits de l'homme,
je demande à n'être pas de ce club; si, au contraire, il est permis à la
nation d'en former deux, je suis de l'autre; et malgré la dénonciation
et le comité des recherches, que je n'aime point, mais que je ne
crains pas davantage, j'assisterai à ce club monarchique plus assi-
duement que par le passé, si on ne nous interdit pas le feu et
l'eau.
« Je ne sais ce que signifie cette histoire de pain distribué aux
pauvres, dont on a fait tant de bruit : s'il en a été question dans une
séance publique, je n'y étois point; si ce sont les commissaires de la
Société qui ont fait l'aumône en son nom, je ne suis pas du nombre
des commissaires; mais comme je connois parfaitement leur honnê-
teté, et l'esprit de la Société, et sa très modique recette, je déclare
que c'est une horrible imposture que de soutenir que la Société ait
fait distribuer du pain à des milliers d'ouvriers : on en porte le nom-
bre à trente mille.
208 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« Dans quel malheureux tems vivons-nous donc, si, pour distribuer,
de l'aveu même de la police, le plus faible secours aux misérables,
on est dénoncé au peuple comme son ennemi?
« Et que prétendez-vous, messieurs, en multipliant a^nsi, dans toute
la France, la haine, les soupçons et les ressentimens? Voulez-vous
vous faire aimer et vous faire craindre? Je réponds que si tout le
monde est de mon avis, vous n'obtiendrez ni l'un ni l'autre. La na-
tion ne peut être encore longtemps abusée. Pendant qu'on lui vante
la douceur de nos loix, ses mœurs deviennent sensiblement atroces ;
les prisons se remplissent; les victimes sont entassées dans les ca-
chots; on brûle, on massacre, on intercepte les lettres; d'infâmes
écrivains ont toujours la hache levée, et professent hautement la
doctrine des cannibales; ils sont tolérés, protégés; les injures, les
calomnies sont impunies. On ose dire dans l'Assemblée que cette cou-
pable licence est utile à la révolution. Enfin, pour mettre le comble
à tant de violences et d'absurdité politiques, après avoir favorisé
tous les désordres et tourmenté toutes les classes de citoyens, il suffit
aujourd'hui d'être attaché à la constitution monarchique pour deve-
nir un objet de scandale et être dénoncé dans la tribune de l'Assem-
blée nationale.
« On se sert, a dit M. Barnave, de ce que les hommes ont de plus
sacré pour soulever les esprits; c'est au nom de la reUgion que
nous chérissons tous; c'est en invoquant les droits de la propriété
que nous respectons, et l'attachement à la monarchie qui est dans le
cœur de tous les François, qu'on alarme les citoyens, et que les
ennemis du bien public ourdissent leurs coupables trames d'un bout
du royaume à l'autre. — Une Société de prétendus amis de la consti-
tution monarchique ose, dans le sein de la révolution, au milieu de
la capitale, s'élever contre la constitution même, et distribuer au
peuple un pain empoisonné... »
« Je réponds à M. Barnave que je suppose aux loix nouvelles les
meilleures intentions; je ne leur impute aucun tort, sans me charger
"toutefois de leur apologie; mais je ne sais ce qu'elles commandent et
ce qu'elles sont devenues : je ne vois nulle part l'action des loix, je
vois celle d'un ouragan dévasteur.
« La loi commande de nouvelles formes pour la discipline ecclé-
siastique, mais elle ne commande pas la fureur de la sédition dans
les églises; elle ne commande pas à des hommes féroces de menacer
leurs pasteurs de la potence, de les arracher de l'autel s'ils ne prêtent
pas le serment. Ainsi tel homme honnête qui, dans là paix et la liberté
de sa conscience même, crut pouvoir se soumettre à la loi nouvelle.
CLUB MONARCHIQUE 2Ôâ
repousse avec indignation les violences qui s'exercent en son nom.
« C'est donc au nom sacré de la loi que des brigands, d'un bout
du royaume à Tautre, commettent d'épouvantables excès contre la
religion et ses ministres.
« Saiis doute il étoit permis aux ecclésiastiques et aux nobles dé-
pouillés d'invoquer eu leur faveur ce qui avoit été considéré jusqu'à
présent comme droit de propriété. La nouvelle loi, par des définitions
plus sévères, a circonscrit et limité tous les droits anciens; et si les
parties intéressées ont fait entendre leurs réclamations, on n'a vu
nulle part ni résistance active, ni projet de résistance; les délations,
les accusations se sont multipliées; la plus détestable inquisition
. s'est exercée contre les nobles et contre les prêtres, et on n'a pu encore
en faire pendre qu'un seul par la main du bourreau. Mais combien
de massacres et d'incendies désolent encore ce malheureux royaume !
— Il est donc permis d'invoquer le respect dû à la propriété, sans
offenser la nouvelle loi, qui n'assure encore à personne ni la liberté,
ni la propriété, ni la sûreté individuelle; et lorsqu'on prostitue le
titre de patriotes à des brigands, il est naturel que les honnêtes
gens aient horreur d'un tel patriotisme.
« Vous dites que les François sont attachés à la monarchie; je le
crois comme vous; mais c'est par cette raison qu'il est tems d'en
sauver les débris. Et lorsque vous appeliez ceux qui se disent amis
de la constitution monarchique des hommes perfides, insidieux, qui
empoisonnent le peuple, il faut que vous prouviez cette assertion,
ou bien il nous sera facile d'en prouver l'intention. La voici.
« Le Club des Jacobins prépare tous les décrets et gouverne toute la
France par ses correspondans. — Il n'est pas de grande ni de petite
ville où cette Société n'exerce la plus odieuse aristocratie; car le
peuple, qui ne connoit pas le sens de ce mot, doit apprendre qu'il
n'y eut jamais d'autres aristocrates que ceux qui se réunissent et se
coalisent pour disposer de toute l'autorité, de toutes les élections, de
toutes les places et des fonctions publiques. Or, il me semble que
grammatiquement et politiquement, c'est bien là le signalement des
Jacobins. — Indépendamment de cette influence fédérative, celle sur
l'opinion publique s'exerce par les écrivains, les pamphlets, les jour-
naux affiliés, les dénonciations en titre d'office. Cependant vous
savez qu'upe très grande partie de la nation se lasse de votre joug,
et que vous ne pouvez le perpétuer qu'en lui montrant toujours
l'épouvantail d'une contre révolution et en vous présentant toujours
' comme des sentinelles vigilans {sic) qui avertissent des approches de
l'ennemi.
14
210 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« Si, dans de telles circonstances, tous les bons citoyens pouvoient
convenir enlr eux de leur respect mutuel pour les loix, de leur amour
pour la liberté, de leur horreur pour le crime et la licence, de leur
attachement à la constitution monarchique, dès lors votre aristo-
cratie et le vernis de patriotisme qui la couvre sont en grand danger.
— Mais votre dénonciation, et le triomphe momentané qu'elle a
obtenu, ne vous en préserveront pas, car vous voilà forcés ou de
prouver légalement votre accusation, ou de nous détruire par la
force, si nous avons la faiblesse de nous laisser attaquer sans nous
défendre. — Si vous ne voulez pas prouver, nous prouverons; si l'on
nous attaque, j'espère que nous userons des droits de l'homme. —
Dans les deux cas, la France entière sera bien avertie des vues paci-
fiques, patriotiques et monarchiques de votre dénonciation. — Voilà
donc une imprudence, une impéritie politique qui contrarie tous les
principes de la théorie d'une révolution : car il ne faut jamais faire
un pas en avant qui en nécessite deux en arrière. — Cromwell ne se
laissoit point ainsi entraîner aux applaudissemens des tribunes. Il
n'attaqua les monarchistes qu'après avoir fait décréter par son par-
lement que la Grande-Bretagne se constituoit en république. — Il
falloit donc attendre le succès de la doctrine de M. Robert (1), qui
nous prouve invinciblement que la France est destinée, par sa nature,
à former une république.
«Je ne sais, dans cette grande contestation, quel parti vont prendre
les brigades du Palais-Royal ; quelles évolutions leur seront comman-
dées contre notre société dispersée. Mais mon avis est que sa pre-
mière démarche soit de paroitre à la barre de l'Assemblée nationale,
et de demander la permission d'y exposer ses principes et de les faire
juger, sauf à poursuivre ensuite M. Barnave, pour réparation de l'in-
jure qu'il lui a faite.
« Mon avis est que la Société continue à s'assembler, même sans
l'agrément de M. Barnave; et que l'on publie dans tout le royaume
la tyrannie qu'on exerce dans la capitale contre des citoyens paisi-
bles qui professent leur attachement à la constitution monarchique
décrétée par l'assemblée nationale et journellement attaquée par des
factieux (2). »
La violence de Malouet, son appel au royaume pour combattre la
tyrannie dans la capitale, ne firent qu'augmenter le noml)re des
(1) Voir plus haut, p. 174.
(2) En raison de l'ardeur avec laquelle Malouet défendait les principes du Club
monarchique, ou donnait aussi ;ï cette société le nom de « Club Malouetiste. »
CLUB MONARGHIQnE 211
membres des Jacobins et des Cordeliers, que décupler les haines
contre les Amis de la Constitution monar claque. Mais le club renchérit
sur les avis de Malouet, et il voulut résister aux « factieux », en
appeler aux « bons citoyens », défier les « infâmes écrivains », déli-
bérer malgré Barnave, tenir tête aux Jacobins « préparant tous les
décrets et gouvernant la France par ses correspondans. »
Le directoire du Club monarchique écrivit à ses adhérents :
« Paris, le 1"" février 1791.
« Messieurs,
« Votre directoire, indigné comme vous des manœuvres aussi
lâches qu'infâmes que Ton multiplie pour vous empêcher de vous
rassembler, s'occupe des moyens de vous procurer un local dont la
loi, qui autorise vos séances, nous assure également la possession.
« Il doit en même tems réunir tous ses efforts pour éclairer sur les
principes de votre Société l'opinion publique, que des hommes mé-
dians égarent, parce qu'ils connoissent trop la pureté de votre
patriotisme pour ne pas le redouter, mais qui ne sauroit longtems
errer, parce que le peuple distingue à la fin ses vrais amis à des
signes certains, l'amour de la paix et de l'union.
M II doit surtout mettre en garde les bons citoyens contre l'art
insidieux avec lequel les chefs des Jacobins cherchent à confondre
leur cause et celle de la révolution, comme si la révolution avoit
besoin d'eux et de leurs calomnies; comme si les délateurs qu'ils
encouragent et les haines qu'ils fomentent étoient bien propres à
cimenter cette douce fraternité qui devroit unir tous les François !
« Mais laissons à nos ennemis les armes qu'ils savent si bien em-
ployer; laissons-les semer le mensonge et l'esprit de discorde, et ne
leur opposons jamais que l'égide de la loi et le miroir de la vérité,
« Déjà une proclamation de la municipalité, en date du 27 janvier,
justifie le démenti formel que nous avons donné aux assertions
calomnieuses contenues dans la lettre des soi-disant amis de la
constitution, en date du 24 janvier.
« Nous espérons que la loi nous vengera bientôt également des
imputations fausses, des dénonciations absurdes qu'on s'est per-
mises contre nous dans quelques sections, et dont nous poursuivrons
les signataires devant les tribunaux.
« Nous mettrons tout en œuvre pour présenter la vérité dans son
jour le plus éclatant, et faire triompher le véritable patriotisme,
celui qui, loin de fomenter les troubles, ne veille que pour les calmer
ou les prévenir.
212 - LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« Si des hommes pervers cherchent à exciter de tous côtés des
émeutes, auxquelles il leur imporleroit de vous faire servir de pré-
texte ou d'instrument, nous nous efforcerons de les démasquer et de
déjouer leurs projets désastreux.
« Tels sont les devoirs que nous imposent, et l'esprit qui nous
anime, et le choix dont vous nous avez honorés, et le désir de bien
mériter de la patrie.
« Nous avons l'honneur d'être, etc.
« DuBERGiER, Président; Armand, Cormier, Hautefort, de Rossy,
Dagieu, Stanislas Clermont-Tonnerre, membres du Direc-
toire (1). »
Il résulte de cette lettre que le directoire du Club cherchait encore
un local.
Le même jour, les monarchistes s'adressèrent au procureur-syndic
de la Commune :
« Paris, le 1" février 1791.
« Lettre à M. le 'procureur-syndic de la Commune.
« Monsieur, " '
« Les citoyens, soussignés, informés que, sur les dénonciations ca-
lomnieuses qui ont été dirigées contre la Société des Amis de la Cons-
titution monarchique, dénonciations dont elle se réserve de pour-
suivre légalement les auteurs, le corps municipal vous auroit chargé
de prendre, à ce sujet, tous les renseignemens convenables, s'adres-
sent directement à vous, monsieur, pour obtenir la confirmation ou
la dénégation de ce fait.
« Dans le cas où cet arrêté auroit été pris, nous vous déclarons,
monsieur, que fidelle à son principe de modération constante, sûre
de la pureté de ses vues et de l'innocence de ses démarches, la Société-,
à qui personne ne peut ôter le droit de se réunir, veut bien suspen-
dre elle-même et spontanément ses séances, jusqu'à ce que votre
rapport ait éclairci tous les doutes et provoqué une décision tellement
notoire, que les hommes trompés nous connoissent, et que les impos-
teurs se taisent.
« Nous nous flattons, monsieur, que par cette preuve nouvelle et
volontaire de notre amour pour la paix, nous écarterons de nous
tout soupçon, nous démontrerons jusqu'à l'évidence que nous ne
(1) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchique, t. I, n» 8,
du 5 février 1791.
CLUB MONARCHIQUE 213
voulons être ni la cause, ni le prétexte, ni l'instrument d'un trouble
quelconque. Pendant que votre sagesse examinera de nouveau les
principes et les démarches d'une Société à laquelle le corps municipal
à déjà rendu justice, pendant que vous apprécierez les délations de
cette autre Société que le corps municipal a déjà déclarée calomnia-
trice, nous parlerons à l'opinion publique, nous lui dirons la vérité,
toute la vérité, et rien que la vérité.
« Nous vous déclarons encore que, sur les refus de quelques sec-
tions, auxquelles nous avions envoyé des fonds destinés à des au-
mônes, refus dont quelques-uns ont été accompagnés de circons-
tances ou d'expressions outrageantes, si le délire pouvoit outrager,
nous avons offert ces mêmes fonds à la Société philanthropique; et
que si cette Société ne pouvoit accepter le poids de cette distribution,
nous suspendrons toutes distributions jusqu'à la reprise de nog
séances, et que nous rendrons cettç lettre publique , ainsi que toutes
nos démarches ultérieures.
« Nous sommes, etc. »
En vain les Amis de la Constitution monarchique affirmaient qu'ils
avaient le « désir de bien mériter de la patrie. »
Dans une lettre, du 31 janvier 1791, la Société des Jacobfns, après
l'affaire de La Chapelle (24 du même mois), disait :
« Le club des Amis de la Constitution monarchique, dont les prin-
cipes seront toujours suspects à quiconque ne croit pas que l'attache-
ment à la constitution puisse admettre des modifications et des
réserves, et qui a donné lieu d'attaquer sa conduite par un mode de
distribution qu'il lui est impossible de justifier, âvoit excité des in-
quiétudes. L'opinion publique, éclairée, a suffi pour les dissiper.
a Dénoncé à l'Assemblçe nationale, dénoncé par presque toutes les
sections de Paris, ce club est connu et surveillé, et, dès lors, il a
perdu toute son importance... (1) »
. Jamais, jusqu'alors, une accusation aussi grave que celle dont les
événements de La Chapelle étaient. la cause n'avait été portée contre
le Club monarchique. Non seulement, pensait-on, il se -créait des
adhérents en distribuant du pain; mais il cherchait à' irriter le peu-
ple, pour profiter des excès qui pourraient être commis.
(1) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchique, t. II, ir 10,
(lu samedi 19 février 1791.
214 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
XXIV
Dans plusieurs départements, comme à Paris, certaines sections
manifestèrent en faveur des Jacobins et de leurs principes. Qu'il nous
suffise de citer quelques exemples entre beaucoup d'autres, prouvant
l'acuité des reproches adressés au Club monarchique, et combien les
diverses dénonciations faites par les sections, ou les sociétés pa-
triotiques, ou les journalistes avancés, rendaient difficile la situation
des monarchistes, et de leur seul club soutenant la suprématie
royale.
La Société des amis de la constitution de Morlaix, « justement indi-
gnée de la création d'un club, se disant monarchique, qui a osé
insulter au civisme de celui des Jacobins, s'est portée, dans sa séance
du 28 janvier 1791, « à prêter le serment solennel de défendre, au
péril de sa fortune et de son sang, tous et chacun de ses membres,
affiliés au club des Jacobins, qui se dévoueroient à dénoncer tous les
traîtres à la patrie et autres ennemis de la constitution... »
Le 4 février, une députation de la Société des Jeunes amis de la Li-
berté, établie rue du Bac, prononça, aux Jacobins, un discours dont
ceux-ci ordonnèrent l'impression. Dans ce discours, elle déclarait se
réunir aux Amis de la Constitution pour déjouer les projets impies
des faux patriotes, « combattant pour le despotisme, sous l'égide de
la liberté », voulant « ressusciter parmi nous l'aristocratie aulique »,
d'une Société w se faisant gloire de rendre le despotisme l'objet de son
culte religieux (1). »
Dans la séance du 11 février, au club des Jacobins, un député du
club de Colmar dénonça le Club monarchique comme « envoyant à
Strasbourg des feuilles et écrits incendiaires, sans doute pour fomen-
ter une contre-révolution (2). »
De divers côtés, les patriotes faisaient des manifestations, et s'éton-
naient de la longanimité avec laquelle la municipalité en agissait vis-
à-vis de tels fauteurs de troubles.
Alors, à Paris, on s'empressa de refuser les offres d'argent faites
par Clermont-Tonnerre et ses partisans (3). Dès le 26 janvier 1791, une
(1) Paris, 1791, in-8° de 7 p.
(2) Le Lendemain, journal contre-révolutionnaire, anonyme. Il parut le 10 oc-
tobre 1790, et cessa sa publication le lendemain de la fuite du roi à Varennes.
(N" du 14 février 1791.)
(3) Voir plus haut, p. 176.
CLUB MONARCHIQUE 215
déclaration de la section de la Croix- Rouge porta « que M. de Gler-
mont-Tonnerre ne lui avait remis aucune somme d'argent pour être
distribuée à titre de secours aux indigents qui se pressaient autour
de son hôtel (1). » Le 31 janvier, la section des Quatre-Nations refusa,
en assemblée générale, « la subvention offerte par le Club monarchi-
que. » Le 3 février, une députation de la section du Luxembourg aux
Jacobins exprima son mépris pour une offrande « faite par les sup-
pôts de l'esclavage », laquelle ne pouvait « convenir à des hommes
libres. » Elle annonça une contribution volontaire de la section, plus
forte que la somme proposée. Le 7 février, la section de Notre-Dame
ou de l'Ile refusa la somme offerte par les monarchistes. Le 22 février,
l'assemblée générale de la section de la Croix-Rouge agit de même.
Voici, d'ailleurs, un
« Extrait du registre des délibérations de l'assemblée générale
de la section du Luxembourg.
« L'assemblée, instruite par son Comité de l'envoi fait par la Société
des Amis de la Constitution monarchique d'une somme de 1027 livres
3 sous 6 deniers, avec une liste de nécessiteux auxquels cette somme
était destinée; considérant quelles peuvent être les causes et quels
seraient les effets de cette fastueuse bienfaisance, a, par un mouve-
ment unanime, refusé d'y prendre aucune part, et a chargé son Co-
mité, formé de citoyens qui ont toute son estime et toute sa confiance,
de renvoyer promptement à la Société des Amis de la Constitution
monarchique ; la somme qui lui a été remise : a arrêté en outre que
la présente délibération serait imprimée, affichée, envoyée à la mu-
nicipalité et à toutes les sections. Lablée, président; Lebois, secré-
taire.
« Pour extrait conforme à l'original, Lebois.
« N. B. — La section du Théâtre Français a pris la même délibéra-
tion (2). »
Le Courrier de Gorsas assurait que le Club monarchique « avait of-
fert son offrande à deux ou trois sociétés philanthropiques, qui
l'avaient refusée (3). »
Gorsas remarquait, en outre :
« La section du Luxembourg, en rejettant l'offre de M. de Cler-
(1) Extrait conforme, Arch. Nat., D XXIX" 33, n" 339.
(2) Moniteur universel, du 7 février 1791.
(3) Courrier de Gorsas, u" IX, du 9 février 1791.
216 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
mont-Tônnerre, a gardé sa liste. Elle a fait constater par des com-
missaires l'état de détresse de ceux qui y étoient portés, et de cette
vérification est résulté, qu'en général, tous les inscrits étoient forts,
vigoureux et en état de travailler. Il eût été beau à M. de Clermont
que cette liste. fût composée de boiteux, de culs- de-jattes, de man-
chots, d'aveugles. Comme cela auroit déjoué les intentions qu'on lui
prête (1)! »
Le Patriote français avait imprimé :
« Le Club monarchique paroît dissous pour la seconde fois. Avant
de se dissoudre, son président a remis au comité d'une section envi-
ron 12,000 livres, qui lui restoient pour actes de bienfaisance. Cette
somme mesquine est un peu éloignée de sept millions qu'on suppo-
soit dans la caverne de cette. Société ténébreuse (2J. »
On revint sur la lettre du 24 janvier (3), que nous avons citée en
même temps que la réponse des monarchistes.
Corsas écrivit :
« Le directoire du Club monarchique a tenté auprès des six tribu-
naux de Paris d'exercer des poursuites contre les amis de la consti-
tution, à raison de leur lettre du 24. Les six tribunaux ont fort mal
accueilli les honorables députés dans les formes, et ils les ont renvoyés
à se pourvoir au fond auprès de la municipalité.
« Le club monarchique a envoyé aux sections du Luxembourg et
de la Fontaine de Grenelle, des Quatre-Nations, etc., des sommes
plus ou moins considérables pour être distribuées aux pauvres, sur
les cartes et mandats de ces Messieurs. {Refus partout.) L'une de ces
sections a répondu que cet argent étoit. maudit comme les 30 deniers
que Judas avoit reçus- des Pharisiens. En général, ces sedtions se sont
cottisées [sic) pour remplir les sommes projettées {sic), et, si les pau-
vres sont secourus, ce sera du denier du juste (4). »
En cette circonstance, la presse patriote approuva la conduite de
la municipalité et des sections.
On lut, dans les Révolutions de Paris :
« Les 48 sections de Paris ont vu la chose autrement; elles ont
refusé les 12,000 livres que le Club monarchique avoit envoyé {sic) à
la ville pour être distribuées aux indigens. Il est vrai que le mode de
(1) Courrier deGorsas, n» V, du S février 1791.
(2) Le Patriote françois, n° 539, du 29 janvier 1791.
(3) Voir plus haut, p. 200 et suiv.
(4) Courrier de Gorsas, u° 4, du 3 février 1791.
CLUB MONARCHIQUE 217
distribution auquel on les astreignoit étoit suspect. Plusieurs sections
ont arrêté de réaliser entre elles la somme qu'elles n'ont point voulu
devoir à la munificence du club (1). »
• Le conseil général de la Commune refusa onze mille livres offertes
à la municipalité pour les pauvres.
Les Annales patriotiques prévinrent le public contre les monar-
chistes ou monarchiens :
« Les monarchiens font semblant aujourd'hui de vouloir suspendre
leurs assemblées pour ramener, disent-ils, la paix et la tranquillité
dans Paris ; mais en même temps ils se préparent à faire bâtir dans
le faubourg Saint-Honoré une superbe salle, où ils recommenceront
de plus belle leurs lubies monarchiennes et conspiratrices... (2) »
Lk même feuille annonça :
«;La liste des membres du Club des monarchiens ou prétendus Amis
de la Constitution monarchique paroît ; on y trouve les aristocrates les
plus forcenés du côté droit, accouplés avec une bande d'escrocs et de
chevaliers d'industrie (3). »
XXV
Plusieurs personnes, dont les noms figuraient dans cette liste, as-
surèrent qu'elles n'étaient pas membres du Club monarchique.
Elles s'adressèrent à différents journaux, notamment au Journal
de Paris et au Moniteur universel. Nous donnons leurs rectifications,
par ordre chronologique, en observant que ces exceptions et le silence
des autres personnes nommées dans la liste peuvent faire penser,
avec juste raison, que les autres indications de membres composant
le club ont certainement une valeur relative.
Le Journal de Paris inséra les lettres suivantes :
« Ce 3 février 1791.
« Aux Auteurs du Journal.
« Messieurs,
« Quelques ennemis de la Constitution, qui, incapables de se pro-
curer aucune réputation ni aucun crédit par la raison et par la jus-
(1) Révolutions de Paria, n" 82, du 29 janvier au 5 février 1791.
(2) Annales patriotiques de Carra, n" 491, du 5 février 1791.
(.3) Annales patriotiques de Carra, n» 490, du 4 février 1791, — Voir plus haut
cette liste, non officielle, p. 150 et suiv.
218 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
tice, cherchent à usurper tous les pouvoirs par la terreur, et dénon-
cent aux animosités, même aux vengeances tumultuaires, tous les
hommes honnêtes qui joignent à l'amour de la liberté des travaux
utiles à son affermissement et le courage de témoigner du dégoût
pour le meurtre et pour l'incendie, me font l'honneur de me pour-
suivre avec un acharnement dont je leur sais un gré véritable. Ils
placèrent, il y a plusieurs mois, mon nom dans une Liste des Mem-
bres de l'Assemblée nationale qu'ils supposoient avoir quitté sa
séance pour ne pas dire leur opinion, un jour où j'avois dit la mienne
que je ne cache jamais, et qu'ils n'approuvoient pas quoiqu'elle eût
été celle de l'Assemblée. Aujourd'hui ils ont fait imprimer une pré-
tendue lÂste du Club de la Constitution monarchique^ dans laquelle ils
ont encore inséré mon nom, parce qu'ils imaginent que c'est un
moyen de nuire aux personnes qu'ils désignent. Je ne suis pas de ce
Club, non plus que plusieurs autres membres de l'Assemblée nationale
dont on a pareillement mis le nom dans cette même Liste, et qui ont
déjà réclamé par la voie de votre Journal. Je dois, comme eux, vous
prier de permettre que je l'emploie pour répéter aux faussaires que
cet usage habituel du mensonge a quelque chose de très bas, et que
de plus il est très maladroit. Quand on se voue à la méchanceté, il
ne faut pas qu'elle soit impuissante et stérile. Ces Messieurs faisoient
mieux autrefois (1).
« Du Pont, Député de Nemours. »
Dupont de Nemours s'occupait de questions financières. Il était
ultra-modéré. Un député de Paris, bien moins connu, écrivit :
« Mon nom est commun à tant d'individus, qu'il n'est pas impos-
sible qu'il se trouve dans la prétendue Liste du Club monarchique.
« Trois Députés de l'Assemblée nationale portent ce nom, et il pa-
roit que ce Club n'est pas composé des seuls Membres de cette As-
semblée.
« La vérité, c'est que ce n'est pas
« Le Moine, Député de Paris (2). »
Quiconque réclamait, en niant son affiliation au Club des Amis de
la Constitution monarchique, se disait calomnié.
Le Moniteur universel publia :
« Mon nom, Monsieur, se trouve dans une liste imprimée des mem-
bres du club qui se dit monarchique. Je félicite les auteurs de ce
(1) Journal de Paris, iiiiméro du 5 février 1791.
(2) Journat de Paris, numéro du 5 février ITJl.
CLUB MONARCHIQUE 219
libelle; une telle calomnie annonce de grandes combinaisons et des
calculs bien favorables à la liberté publique.
« Démeunibr, Député de la ville de Paris. «
« Note du rédacteur. — MM. Tronchet, Regnauld, député de Saint-
Jean d'Angély, et Aymar, député de Forcalquier, nous ont adressé la
même réclamation : ils expriment la même indignation (1), »
« Quelques-uns de mes collègues, Monsieur, pour lesquels je suis
plein d'estime, ont pris la peine de repousser la calomnie qui place
leurs noms sur la prétendue liste du club monarchique.
« Ils me forcent d'imiter leur exemple, parce que mon silence
pourrait cette fois paraître avoir une autre cause que le mépris pro-
fond que j'ai voué aux libellistes, et surtout à ceux qui les inspirent
ou qui les payent. « Le Chapelier. »
« Dans une liste. Monsieur, dictée par une lâche malveillance, on
a imprimé que M. Maubourg (Moubourg) était membre d'un club dit
de la Constitution monarchique. Il est mon ami, il est absent; cette
double raison m'oblige à déclarer que cette assertion est aussi fausse
qu'absurde.
« M. Maubourg, qui ne fut jamais ambitieux ni courtisan, qui des
premiers a travaillé pour la révolution, M. Maubourg, ami ardent et
irréprochable de la Constitution, n'est membre d'aucun club.
« Lacoste, Député à V Assemblée nationale (2). »
« Je vous prie de trouver bon. Monsieur, que je me serve de votre
journal pour me plaindre de ce que mon nom a été inséré dans une
liste des personnes qui composent le club monarchique; je suis
membre de la Société des Amis de la Constitution, dont je fais pro-
fession d'honorer les principes et le patriotisme ».
<( RiCGÉ (1). »
« On m'a dit, Monsieur, que mon nom se trouve aussi employé dans
la liste supposée du Club monarchique. Ce n'est qu'un fait faux, je le
démens. Et cependant je hais patriotiquement les ambitieux, intri-
gans, persécuteurs et despotes.
* « TouLONGEON, Député à V Assemblée nationale. »
« Note du Rédacteur. — MM. Bureau-Pusy (aîc), député à l'Assem-
(1) Moniteur universel, du 2 février 1791.
(2) Moniteur universel, du 3 février 1791.
(3) Moniteur universel, numéro du 5 février 1791. — Le coiute Se Riccé flgure
sur la liste des Jacobins publiée par M. l'\ A. Aulard.
220 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
blée nationale, M. Plainville, adjudant-major général de la garde
nationale Parisienne, Pierre Poissannier (Poissonnier) et Meutnier
(Meusnier), nous ont fait parvenir sur le même sujet la même décla-
ration (1). »
« Je viens de trouver, Monsieur, mon nom compris dans une liste
imprimée des aristocrates de toutes les couleurs composant le Club mo-
narchique; c'est une suite des bontés dont quelques journalistes m'ont
honoré depuis environ un an. Aidez-moi, en imprimant ma lettre
dans votre première feuille, à détromper l'auteur et à lui apprendre
que je ne suis d'aucun club, et que je ne vais à aucune assemblée
politique, autre que celle de ma section ; c'est la seule que les dpcrets
de l'Assemblée Nationale m'aient indiquée pour y délibérer Sur les
affaires publiques.
« Bougher-Dargis, ci-devant magistrat, et actuellement
, homme de loi (2). »
« Dans une prétendue liste du club monarchique, je suis nommé;
comme membre de cette Société ; en quoi l'auteur de ce libelle a
menti. « Charles Trudaine. »
« Je déclare. Monsieur, que je suis très sincère et très zélé par-
tisan de \di, monarchie, mais que je ne suis pas membre du Club monar'-
chiquCy et qu'à dater d'aujourd'hui je ne le serai jamais d'aucun.
« J.-X. Bureaux-Puzy, Député à l'Assemblée nationale. »
« Note du rédacteur. — MM. Bazin et Pelerin-Labucière, députés du
département du Loiret à l'Assemblée nationale, nous ont adressé la
même réclamation (3). »
« Mon nom se trouve inscrit sur une fausse liste, au nombre des
membres du Club des Amis de la Constitution monarchique. Je dois
annoncer hautement que je n'y suis, ni ne veux y être affdié d'aucune
manière. Mes principes connus, et ceux que j'ai manifestés tout
récemment en demandant l'exclusion de ceux qui fréquentent cette
Société de celle dont j'ai l'honneur d'être membre, devaient m 'éviter
la peine de me disculper; mais, élevé par la confiance de mes con-
citoyens à la place que j'occupe, je veux écarter de moi toute impres-
sion défavorable. '
« H. -P. Dampierre, Président du département de VAube (4). »
(1) Moniteur universel, numéro du 5 février 1791.
(2) Moniteur universel, numéro du 7 février 1791.
(3) Mofiiieum universel, numéro du 7 février 1791.
(•i) Moniteur universel, numéro du 9 février 1791. La même. lettre fut envoyée au
CLUB MONARCHIQUE 221
Revenons au Journal de Paris.
« Aux Auteurs du Journal.
« Messieurs,
« On m'a porté sur la Liste du Club monarchique. Je vous prie
d'informer le Public que je ne suis d'aucun Club, et que je ne veux
être d'aucun. « Queyssat, Capitaine de Chasseurs. »
« Mon nom se trouve dans un écrit intitulé : Liste des Aristocrates
de toutes les couleurs composant le Club monarchique .
« J'ignore quel motif doit porter à démentir ce libelle plutôt que
les autres ; mais puisque bien des gens estimables l'ont fait, je m'em -
presse de suivre leur exemple, en déclarant que je ne suis d'aucun
Club. « Charton, Chef de la première Division. »
« Note des Rédacteurs. — Le bruit qui s'est répandu que le Clul)
Monarchique doit tenir ses séances aux Grands Jésuites, est destitué
de fondement. Nous avons reçu de MM. les Commissaires de la Sec-
tion une Lettre par laquelle ce fait est démenti , et qui annonce que
ce bruit a pu être occasionné par des assemblées que tiennent, dans
une des salles de Saint-Louis la Culture, avec l'agrément de la Muni-
cipalité, MM. les Employés aux Fermes, pour y délibérer relative-
ment à des répétitions à faire sur MM. les Fermiers-généraux (I). »
« Un imprimé. Messieurs, contenant une prétendue Liste d'Aris-
tocrates composant le: Club monarchique^ "vient de tomber entre mes
mains. Mon nom s'y trouve inscrit. Est-ce ma personne qu'on a voulu
désigner? Je l'ignore. En tout cas, je déclare hautement que je no
suis, ni n'ai jamais été de ce Club.
« Daguesseau, Conseiller d'Etat. »
« Je viens de trouver mon nom dans une prétendue Liste imprimée
des Membres du Club appelle Monarchique. Je déclare que cette liste
est fausse en ce gui me concerne, et que je ne suis, ni n'ai jamais été
Membre de ce Club.
« Poitevin Maissemy, Commandant de la Garde Nationale du
Canton de Guiscard, Département de l'Oise (2). »
Courrier de Gorsas, qui l'inséra dans son numéro 13, du 13 février 1791. Ello se
teriTiinaii par cette phrase : « Veuillez permettre, Monsieur, que votre journal
reçoive ma profession de foi. » C'était la seule variante.
(1) Journal de Paris, numéro du 6 février 1191.
(2) Journal de Paris, numéro du 6 février 1791,
2'22 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTJONNAIRES
(( Aux Auteurs du Journal.
« Messieurs,
« Mon nom se trouve inscrit sur une Liste fausse, au nombre des
Membres du Club des Amis de la Constitution monarchique. Je dois
annoncer hautement que je n'y suis, ni ne veux y être affilié d'aucune
manière: mes principes connus et ceux que j'ai manifestés tout
récemment, en demandant l'exclusion de ceux qui fréquentent cette
Société de celles dont j'ai l'honneur d'être membre, dévoient m'é-
viter la peine de me disculper; mais élevé par la confiance de mes
Concitoyens à la place que j'occupe, je veux écarter de moi toute
impression défavorable.
« H. -P. Dampierre, Président du Département de l'Aube (1). »
(( Ce 6 février 1791.
« Aux Auteurs du Journal.
« Messieurs,
(( Je viens de trouver mon nom compris dans une Liste imprimée
des Aristocrates de toutes les couleurs, composant le Club 7nonar chique ;
c'est une suite des bontés dont quelques Journalistes m'ont honoré
depuis environ un an. Aidez-moi, je vous prie, en imprimant ma
Lettre dans votre premier Numéro, à apprendre à l'Auteur que je ne
suis d'aucun Club, et que je ne vais à aucune assemblée politique
autre que celle de ma Section, c'est la seule qu^ les Décrets de l'As-
semblée Nationale m'ayent indiquée pour y délibérer sur les affaires
publiques.
« Boucher d'Argts, ci-devant Magistrat, et actuellement Homme
de loi (2). »
« Aux Auteurs du Journal.
« Messieurs,
« Mon nom se trouve sur une fausse Liste imprimée des Membres
du Club monarchique. Je vous prie de permettre que mon désaveu
soit consigné dans votre Journal.
« Vandeuvre^ Président de V Administration du District
de Bar-sur-Aube (3). »
(1) Journal de Paris, numéro du 7 février 1791.
(2) Journal de Paris, numéro du 8 février 1791.
(3) Journal de Paris, numéro du 11 février 1791.
CLUB MONARCHIQUE 223
XXVI
Une curieuse brochure de Duval d'Eprémesnil, rancien conseiller
au Parlement, apprécia ainsi le Club monarchique ^ regardé comme
compromettant, dont tant de gens se défendaient de faire partie et
de figurer sur une liste qu'ils déclaraient -prétendue, c'est-à-dire
inexacte :
« Quant au club monarchique, je n'en suis pas. J'applaudis à son
courage, ses dangers me conviennent, mais ses principes! non. Ses
principes, hélas! les a-t-il déclarés? les connoit-il bien lui-même?
Je rends justice aux intentions de ceux qui le composent : elles sont
pures, elles sont nobles : mais je crains qu'ils ne soient pas dans le
secret de leurs destinées.
« ...Je conjure les amis de la constitution monarchique de
n'avancer qu'avec précaution sur un terrain qu'ils ne connoissent
pas, de s'expliquer avec leurs fondateurs, de ne penser que par eux-
mêmes, et de ne pas chercher le salut de l'État ailleurs que dans les
vieux principes et les vrais appuis de la monarchie (1). »
Les zélés du Club monarchique ne désarmaient pas. Faute de pou-
voir s'assembler régulièrement, ils travaillaient en dessous.
Le 14 février 1791, au Club des Jacobins, on lut la copie d'une
lettre du club de Niort au Club monarchique, en réponse à celle que
le Club monarchique lui avait écrite pour l'engager à se coaliser avec
lui. C'était un refus, très énergiquement motivé. Un membre des
Jacobins monta ensuite à la tribune et prévint ses collègues qu'il y
avait des membres du Club monarchique qui s'étaient fait recevoir à
celui des Jacobins. Selon lui, il y en avait deux pour lesquels il don-
nerait les preuves les plus certaines. Il engageait ses collègues à se
procurer une « liste vraie et fidèle du Club monarchique », où on
trouverait les noms des individus déjà reçus et ceux des postulants
pour être au Club des vrais Amis de la Constitution (2).
Nous ne savons pas si, selon le désir du membre de la Société des
Jacobins, il existait une liste « vraie et fidèle ». Nous constatons que,
chez beaucoup de modérés, même royalistes, la désaffection était
grande, sans doute à cause des menées souterraines du club.
(1) Déclaration de M. d'Eprémesnil, 13 février 1791. — Bib. de la Chambre
(les députés, Rf 268.
(2) Le Lendemain, numéro du 17 février 1791.
224 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
L'influence occulte du Club monarchique ne gardait plus de mesure,
ainsi qu'on le doit remarquer. Ses partisans provoquaient les patriotes
par écrits, par paroles et par actes.
La Chronique scandaleuse^ feuille royaliste, faisait une rude guerre
aux hommes de la Révolution ; elle imprimait :
J'appelle un chat un chat, et Rolet un fripon...
Et Philippe (d'Orléans) un poltron...
Et Barnave un gredin...
Et Champcenetz un drôle, etc.. (1).
Une brochure : Grand détail des projets de conspiration concernant
le club monarchique, favorable, malgré son titre, à là Société contre-
révolutionnaire, contenait ces phrases dialoguées :
« Madame X... — Mais dites-moi donc ce que c'est que l'entête-
ment de ces monarchiens^ de vouloir s'assembler?
« Madame K... — Celui de vouloir que la loi s'exécute pour eux
comme pour d'autres, ou qu'il soit bien prouvé que les seuls Jacobins
sont la nation (2). »
Nos lecteurs peuvent aussi juger, par la lettre suivante, de l'obsti-
nation des monarchistes.
« Lettre des commissaires de la Société des Amis de la Constitution
monarchique, à M. Barnave.
« Vous nous avez dénoncés à l'Assemblée nationale ; un membre a
demandé que votre dénonciation fût déposée sur le bureau, et vous
ne l'y avez pas déposée.
« Nous avons demandé à répondre à vos assertions calomnieuses;
et l'Assemblée nationale n'a point admis notre demande; elle a passé
à l'ordre du jour.
(( Votre qualité de représentant du Peuple français nous défend de
vous poursuivre, devant les tribunaux ordinaires, pour des discours
prononcés dans la tribune.
« Placés entre les tribunaux qui ne peuvent pas atteindre notre
calomniateur et le corps législatif, qui refuse de délibérer sur la ca-
lomnie, nous vous citons au tribunal de l'opinion publique. Si vous
croyez pouvoir justifier votre dénonciation, prouvez-en la vérité dans
tous ses détails. Si, au contraire, oubliant votre caractère et votre
dignité de représentant du Peuple, vous n'avez été, dans cette occa-
(1) La Chronique scandaleuse, parue en 1791, a eu trente-trois numéros.
(2) Brochure de 11 p. in-S», parue en 1791. (Bib. Nat., Lb 39/4655.)— Champcenetz
gouverneur des Tuileries, père du pamphlétaire royaliste.
CLUB MONARCHIQUE 225
sion, qu'un jeune homme imprudent (i), dévoué à une secte fanati-
que , et non suffisamment exercé dans l'art sanguinaire des dénon-
ciations politiques, hâtez-vous de vous rétracter.
« DuBERGiER, président; Hautefort, Dagiku, Cormier, De Rossy,
Armand, Stanislas de Clermont-Tonnerre. »
Les séances, suspendues, ne reprenaient pas, jusqu'à présent,
d'une manière fixe. La municipalité différait sa décision.
« Municipalité de Paris.
« Sur le rapport fait par les commissaires précédemment nommés,
des réclamations qui se sont élevées contre la Société des Amis de la
Constitution monarchique :
« Le corps municipal, considérant, d'une part, que cette Société
déclare qu'elle suspendra elle-même ses séances, jusqu'à ce que le
rapport ait éclairci tous les doutes;
« Considérant encore que les informations ne sont pas complettes
(s«c), et que plusieurs sections n'ont pas encore répondu aux diffé-
rentes demandes qui leur ont été faites ;
« A arrêté que le comité des recherches, conjointement avec le pro-
cureur de la Commune, continueront à recueillir les informations re-
latives à cette affaire, et, néanmoins, ajourne la question jusqu'après
le rapport du comité des recherches (2). >>
La municipalité ne cessait pas d'être embarrassée, en présence des
manifestations de l'opinion publique et par suite des désordres que
chaque réunion des monarchistes causait dans Paris, où le Club mo-
narchique était continuellement attaqué par des hommes considé-
rables, par des journaux, par des sections. En voici une preuve :
« Les caries OMmonzères de ces messieurs ne sont plus signées d'eux,
mais par des boulangers affidés. Enfin, ils veulent donner du pain
aux pauvres : il n'y a pas de mal à cela. Nous avons plusieurs de ces
cartes sous nos yeux.
« Nous avons déclaré hier à tout le Monarchisme que nous avions
imprimé l'ouvrage de M. Loyseau, et M. Loyseau leur a fait signifier
aujourd'hui, par l'acte suivant, qu'il en étoit l'auteur. Telle est la
franchise des hommes francs et droits, et la conduite des brigands est
de faire de plats libelles anonymes.
« L'an mil sept cent quatre-vingt-onze, et le 17 du mois de février,
à la requête de Jean-Réné Loyseau, jurisconsulte-citoyen, et membre
(1) Barnave avait alors trente ans.
(2) Le Conseil général a adopté cet arrêté le 10 février 1791.
15
226 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
de la Société des Amis de la Constitution, rue du Mail, n° 39, paroisse
Saint -Eustache, Je... {les noms et qualités de V huissier)^
« Répondant à la sommation extrajudiciaire qui a été faite, le jour
d'hier, 16 du présent mois, de la part des sieurs du Bcrgiei\ Hamelin,
Hautefort et Stanislas Clermont-Tonnerre ^ se disant, tous quatre,
membres du directoire d'un prétendu club monarchique, à l'efFet de
savoir s'il est, ou non, l'auteur d'une brochure de 48 pages, impri-
mée dans l'imprimerie de M. A. J. Corsas, auteur du Courrier de
Paris dans les 83 départemens , rue Ticquetonne , n° 7 ; ladite bro-
chure commençant par ces mots : Le Club monarchique est une asso-
ciation ayiti-constitutionnelle^ et finissant par ceux-ci : les moyens de
maintenir la tranquillité... Ai déclaré auxdits sieurs du Bergier., Ha-
melin., Hautefort et Stanislas Clermont-Tonnerre^ qui ont élu domicile
cliez le sieur Gohier Buplessis, huissier-audiencier, en la Prévôté de
l'hôtel, rue Saint-Denis, paroisse Saint-Jacques-de-la-Boucherie et des
Innocens, que le requérant est, en effet, l'auteur de la brochure dont
il s'agit; qu'il soutient les principes qu'il y a établis; qu'il en avoue
toutes les conséquences, et qu'il se livre, avec d'autant plus de rési-
gnation à la poursuite desdits sieu^'s du Bergier., Hamelin, Hautefort
et Clermont-l'onnen^e {ses moyens de défense réservés au contraire),
que cette attaque , de leur part , lui paroît une occasion très impor-
tante de discuter, en présence de la loi, les utiles principes de la
liberté de la presse. Le requérant les a déjà développés, comme
écrivain patriote, dans une lettre à M. de Gondorcet, imprimée en
86 pages, à l'imprimerie du Patriote françois, place du Théâtre ita-
lien. Il sera fort empressé de les soutenir devant les tribunaux. Ainsi,
bien loin que le requérant ait à se plaindre des dispostions où sont
les sus-nommés contre lui, il les en remercie très cordialement, et,
afin qu'ils n'en ignorent, je, huissier susdit, en parlant à... (1) »
Le Club monarchique fut visé, en même temps, par la section des
Thermes de Julien et par celle de Sainte-Geneviève :
« La section des Thermes de Julien vient d'arrêter, cejourd'hui 17,
que tout citoyen de ladite section qui sera reconnu pour être du Club
monarchique., sera suspendu de toutes ses fonctions civiles et militaires,
jusqu^à ce qu'il ait renoncé audit Club monarchien ; et que ladite déli-
bération sera communiquée aux quarante-sept autres sections de la
capitale. Il n'y a nul doute qu'elle sera suivie universellement (2). »
« La section de Sainte-Geneviève se propose de faire une adresse
(1) Courrier de Gorsas, n» XVIII, du 18 février 1791.
(2) Annales patriotiques de Carra, n° 504, du 18 février 1791.
CLUB MONARCHIQUE 227
au peuple, pour le prémunir contre les insinuations de ce club. Gela
est assez inutile, puisqu'il est tombé dans- une telle flétrissure que la
dernière classe du peuple en prononce le nom comme le nec plus ultra
de l'injure. Un décroteur demandoit à son camarade : où prend donc
ce vilain club l'argent qu'il distribue à, la canaille? Hé! hé! tu ne
sais donc pas, dit l'autre, qu'il est associé avec les escamoteurs de
portefeuilles et de chapeaux ronds du coin de la rue Vivienne. Hier,
ce noble club a fait crier : la grande colère du patriote Gorsas contre
les colporteurs. Le but de cette bêtise est de soulever contre nous les
colporteurs, comme si les colporteurs faisoient cause commune avec
les brigands qui colportent les rapsodies injurieuses de la bande (1). »
Le Club monarchique se déclara calomnié et répondit aux attaques
par une sorte d'annexé qu'il plaça dans son journal,
(( Arrêté du directoire de la Société des Amis de la Constitution
monarchique, du i 9 février 1791 .
« Les commissaires de la Société des Amis de la Constitution mo-
narchique, voulant suppléer autant qu'il est en eux à l'inactivité mo-
mentanée des travaux de la Société, retardés par la suspension de ses
séances, et donner une nouvelle preuve de leur amour pour la vérité
et leur empressement à éclairer l'opinion publique, ont arrêté :
« Qu'à chaque numéro du journal sera joint un supplément, sous le
titre de contre-poids à la calomnie^ lequel sera gratuitement envoyé
aux souscripteurs du journal ;
« Que toutes les personnes qui se croiront injustement accusées par
• des clubs ou des libelles, pourront faire parvenir à l'adresse des rédac-
teurs du journal, chez madame Valade , imprimeur, rue des Noyers,
toutes les pièces justificatives et documens nécessaires;
« Que lesdites pièces seront examinées sévèrement, et qu'aucune
justification ne sera placée dans le journal, .sans que le résultat de
cet examen ait présenté le caractère de l'évidence, et que les justifi-
cations admises y seront insérées gratuitement;
« Que chaque paquet remis sera numéroté, en présence du poi'teur,
auquel il sera donné une carte portant le numéro semblable à celui
du paquet, afin que les pièces puissent être rendues au propriétaire
lorsqu'il rapportera la carte qu'il aura prise (2). »
(1) Courrier de Gorsas, n- XX, du 20 février 1791.
(2) Le Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchique imprima,
on e£fct, dans des numéros qui suivirent, le Contre-poids à la calomnie. Nous en
reproduisons quelques articles.
228 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Le Club monarchique porta plainte contre M. Victor de Broglie et
les autres signataires, à propos de la lettre du 24 janvier 1791 (1).
Cette plainte fut présentée devant plusieurs juges de paix ou com-
missaires de police. Quelques-uns refusèrent de la recevoir^Un, entre
autres (2), déclara qu'il ne connaissait pas le club, et ne pouvait, par
conséquent, recevoir la plainte de ceux qui s'en disaient les membres.
Ce commissaire de police, nommé Matthieu Chiniac, refusa par écrit,
le 21 février 1791.
Le Club publia un
« Discours prononcé au conseil municipal par les commissaires de la
Société des Amis de la Constitution monarchique^ le 2i février
179i.
« Messieurs,
« Instruits par l'arrêté du corps municipal, qui ajourne la décision
relative à la Société des amis de la constitution monarchique, ses
commissaires viennent invoquer votre justice.
« Libres par la loi, inattaquables devant la loi, nous pourrions
sans doute user de la liberté qu'elle nous assure ; mais les véritables
amis de la liberté, les véritables amis de la loi savent faire des sacri-
fices à l'ordre public, et demeurer quelque tems en deçà de leurs
droits.
« Cependant, messieurs, il est un moment où le sentiment de ses
droits, où la conscience de ses intentions rend tout à fait insuppor-
table le poids de la persécution, et où ce seroit abjurer la liberté que
de céder à l'injustice.
« Nous ne sommes que calomniés; il n'existe contre nous ni accu-
sation légale, ni accusateur responsable. Des citoyens prévenus ont
accueilli des bruits absurdes ; et l'impossibilité de fournir des preuves
n'est que trop démontrée par la lenteur que l'on met à répondre à
vos demandes. Cependant, des affiches scandaleusement multipliées
nous désignent au peuple comme des conspirateurs; et si ces tables
de proscription, où nous sommes nominativement inscrits, n'ont pas
encore appelle [sic) sur nos têtes les vengeances populaires, nous le
devons à la modération du peuple et à l'invraisemblance des calom-
nies.
« Nous vous supplions, messieurs, de hâter l'instant qui doit fixer
l'opinion publique.
(1) Voir plus haut, p. 200 et suiv.
(2) Commissaire de police de la section de la Croix-Rouge.
CLUB MONARCHIQUE 229
« Vous savez bien que nous n'avons point encore enrôlé quarante
mille hommes, comme l'ont dit et affiché les citoyens de la section des
Tuileries.
« Vous savez bien que nous n'avons pas distribué du pain à bas
prix depuis notre jugement sur la première vexation que nous avons
éprouvée, comme l'ont dit et affiché les citoyens de la même section.
« Vous savez bien que nous n'avons point délibéré sur les moyens
de dissoudre l'Assemblée nationale, comme l'ont dit et imprimé les
citoyens de la section de la rue Beaubourg.
« Vous savez bien que nous n'avons point projette (sic) d'attaquer
les sections à main armée, comme l'ont dit et imprimé les citoyens
de la même section.
« Vous savez bien que nous n'avons point distribué aux pauvres un
pain empoisonné, comme l'onE publié des affiches, et comme l'ont ré-
pété des libelles.
« Vous savez bien, et tout le monde le sait avec vous, combien sont
absurdes et incroyables les reproches que nos ennemis nous ont
faits; ils n'en ont prouvé et ils n'en prouveront aucun.
« Mais ce que nos calomniateurs ne peuvent obtenir par des preuves
légales, souffrirez-vous qu'ils l'obtiennent par leur lenteur à produire
leurs inculpations et leurs griefs? Nous exposerez-vous, nous livrerez-
vous à tous les retards, à tous les délais que la délation emploie
quand elle ne veut qu'accuser, et qu'elle désespère de convaincre?
« Poursuivis, outragés, vexés, nous attendons de vous justice;
nous ne craignons pas qu'elle soit sévère ; mais nous vous rappelions
{sic), messieurs, qu'au moment où vous serez suffisamment éclairés,
aucune considération ne doit empêcher qu'elle soit prompte,
« DuBERGiER, président ; UAM.EUN, vice-président ; ConmER, Dagieu,
Hautefort, Stanislas Clermont-Tonnerre, membres du Di-
rectoire. »
M. le maire, qui présidoit le conseil municipal, a assuré la députa-
tion de la célérité qui seroit mise à l'examen de cette affaire (1) .
Hamelin adressa à Gorsas la lettre qui suit :
« Lettre de M. Hamelin, membre du directoire du Club monarchique,
à l'auteur du Courrier.
« Comme nous ne voulons pas que M. Hamelin s'imagine que nous
[i) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchique, t. II, n" 11,
du samedi 26 février 1791, p. 1 à 4.
230 LES CLUBS GO.NTRE-REVOLUTIONNAIRES
lui en voulons en aucune manière, à cause de cette petite sommation
donnée à M. Loyseau et à nous, tant en son nom qu'en celui de
M. Stanislas de Clermont-Tonnerre, Bergier et autres membres du
Club monarchique, nous nous empressons de consigner ici sa lettre
du 17 de ce mois.
« Si, dans votre n° du 15 de ce mois, Monsieur^ vous vous borniez
à dire quelques-unes de ces politesses que vous prodiguez à tous les
ennemis de la faction, je me garderois de vous répondre ; mais vous
me qualifiez de ci-devani commandant du bataillon des Récolets {sic) :
cette qualification est une erreur ou une impostiire; je suis encore
commandant du bataillon; je n'ai pas donné ma démission, et la
municipalité, dont j'attends le jugement avec la plus vive impatience,
n'a point encore prononcé sur les vexations dont j'ai été un mo-
ment l'objet.
« Je vous prie d'insérer ma lettre dans votre journal, et je vous
préviens que, sur votre refus, je la rendrai publique en l'adressant à
des rédacteurs moins partiaux.
« Je suis, Monsieur, votre très humble serviteur.
i^ Signé : Hamelin, Commandant du bataillon des Récolets (1). »
Corsas avança, en répondant à la lettre dans son Courrier, que
Hamelin était à Caen « pour y jetter [sic) les fondemens d'un club
monarchique. » Il est certain qu'un club monarchique s'organisa
dans Cambrai et un autre à Carpentras (2).
Hamelin fut remplacé dans son grade de commandant. H fut exclu.
Le journal du Club monarchique imprima :
« La section de la Croix -Rouge s'est permis le placard ci-
après :
« Assemblée générale du 22 février 1791.
« L'assemblée générale de la section de la Croix-Rouge, légale-
ment convoquée ;
« Lecture faite d'un placard déposé sur le bureau, portant en tête :
Société des Amis de la Constitution monarchique, en date du 18 de ce
mois;
« Déclare que si elle n'a pas voulu se charger des secours offerts
par cette Société, c'est qu'elle a pensé qu'en acceptant ses offres, ce
(1) Courrier de Gorsas, u" XXII, du 22 février 1791.
(2) Avis aux François sur les clubs, pamphlet royaliste, sans lieu ui date, in-8<»
(Je 58 p. (Paru probablement en mars 1791.)
CLUB MONARCHIQUE 231
seroit reconnoître un caractère légal à une Société déjà flétrie dans
l'opinion publique,
« Déclare en outre qu'elle ne reconnoît pour amis de la Constitu-
tion, que les citoyens attachés à la constitution décrétée par l'Assem-
blée nationale et sanctionnée ou acceptée par le roi.
« Et sera le présent arrêté imprimé en placard et affiché dans tout
l'arrondissement de la section.
« Fait et arrêté en l'assemblée générale, ledit jour mardi 22 fé-
vrier 1791.
<( Boucher, président; Poupard, secrétaire; Gobau, secrétaire (1). »
« Nous avons dénoncé cet attentat à la Municipalité par la lettre
ci-après :
« 6 mars 1791.
« Messieurs,
« Les citoyens soussignés, outrageusement désignés dans l'affiche
qu'ils remettent sur votre bureau, vous demandent une justice écla-
tante.
« La section de la Croix-Rouge n'est point dépositaire de l'hon-
neur des citoyens. Imprimer, afficher qu'une Société est flétrie, lors-
qu'aucun jugement ne l'inculpe, est un attentat que les loix doivent
punir; et ce n'est qu'en réprimant sévèrement de tels excès, que l'on
peut exiger de l'homme outragé de ne pas désespérer de la loi, et de
croire à son influence.
« Nous concluons à ce qu'il vous plaise déclarer nul, illégal et
attentatoire l'arrêté que nous vous dénonçons, et à ce qu'il nous soit
permis d'afficher la décision que votre justice prononcera. »
xxvn
La lutte entre le Club monarchique et ses ennemis arriva à un haut
degré d'acuité.
« On continue dans tous les journaux soi-disant patriotiques à
insulter et calomnier les Amis de la Constitution monarchique. Avant-
hier, un afficheur qui appliquoit une affiche faite par cette Société, a
été grièvement blessé par des brigands qui se sont réclamés des Jaco-
bins (2). >)
(1) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchique, t. II, n-» 13,
numéro du 12 mars 1791, p. 3.
(2) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchique, t. II, n" 11,
du samedi 26 février 1791 , p. 45.
232 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
Ces lignes se trouvaient dans un numéro du journal publié par le
Club monarchique. Il ne fut pas répondu à cette note. Mais un grand
mouvement d'opinion contre les monarchistes avait lieu, soit à Paris,
soit dans les départements. Les Jacobins dénonçaient leurs actes ou
ceux des personnes qui les soutenaient.
Gorsas écrivait :
« Ce club (monarchique) ne parle plus que par des bulletins li-
belles, et des libelles imprimés., par exemple : Un mot à Voreille des
honnêtes gens, 4 ou 5 libelles par jour (1). — Les différentes sections,
principalement celle du Théâtre-Français, ont fait afficher hier leurs
arrêtés contre le Club monarchique (2). »
Le même Gorsas annonçait, le 7 février, que M. de Vénézac, major
de la 3' division, en était membre.
Puis, en février 1791, le Club monarchique de Toulouse faisait de
l'agitation. Il y avait des troubles suscités par les royalistes dans le
midi de la France; leur attitude inquiétait la population parisienne.
La conspiration des poignards augmenta la haine des patriotes
contre les membres du Club monarchique.
Le 28 février 1791, vers dix heures du soir, plusieurs centaines
d'individus, nobles ou tout au moins contre-révolutionnaires, en
partie membres du Club monarchique, pénétrèrent dans les apparte-
ments des Tuileries. Ces gentilshommes répandirent une fausse nou-
velle, la mort de La Fayette pendant l'insurrection de Vincennes; ils
prétendirent que le peuple du faubourg Saint-Antoine, en armes,
allait venir attaquer le château. Ils dirent au roi : « Sire, c'est votre
noblesse qui accourt auprès de votre personne sacrée pour la dé-
fendre ». Louis XVI leur répondit : « Votre zèle est indiscret; rendez
vos armes et retirez-vous; je suis en sijreté au milieu de la garde
nationale ». D'autre part, La Fayette, bien vivant, arrive aux Tuile-
ries. « Il reproche aux nobles, en termes peu ménagés, leur coupable
entreprise, exige qu'ils lui remettent leurs armes. Les nobles résis-
tent; ils n'étaient pas les plus forts; les grenadiers de la garde
nationale s'étaient emparés de tous les postes et remplissaient tous
les appartements. La Fayette s'adresse au roi, lui parle de l'indigna-
tion de la garde nationale, lui montre les inconvénients d'un refus;
le roi, intimidé, confirme l'ordre de La Fayette, invite les nobles à
déposer leurs armes sur deux grandes tables placées dans l'anti-
chambre. Ils obéissent (3). »
(1) Courrier de Gorsas, n° IX, du 9 février 1791.
(2) Courrier de Gorsas, n" VII, du 7 février 1791.
(3) Mémoires de Ferrières, t. II, p. 239.
CLUB MONARCHIQUE 233
Villequier et Duras, gentilshommes de la chambre, avaient intro-
duit les conspirateurs. On les traita, dans une affiche, de « chefs de
la domesticité. »
A propos de Berthier de Souvigny, fils de l'intendant et membre
du Club monarchique^ le Courrier de Gorsas entretenait le public du
rôle joué par ce monarchiste (1). Toutefois, le nom de Berthier ne
figure pas sur les listes reproduites ci-dessus.
Dans les Révolutions de Paris, on lisait :
« Voici les noms des plus mutins qui ont été conduits à l'Abbaye :
les sieurs de La Bourdonnaye, Fauchet, Champine, Godard de Dou-
ville, Berthier de Souvigny, Dubois de la Motte, Lillers (2). »
Le bruit courait qu'un grand nombre de « chevaliers du poignard »
appartenaient au Club monarchique. C'était probable : s'ils n'en fai-
saient pas partie, ils s'en inspiraient tout au moins, on pouvait le
croire.
Mais les royalistes, notamment ceux du Club monarchique^ préten-
dirent que « l'événement du 28 février 1791 avait été un moyen de
renouveller {sic) la fermentation, de rendre désormais impossible la
mesure de se réunir au château, et d'inspirer à la garde nationale
une défiance dont on avait le projet d'user (3). »
En mars 1791, à la section des Quatre-Nations, on dénonça des
conciliabules tenus chez M. de La Roche-Aymon, au palais abbatial
de Saint-Germain (4).
Le Club monarchique adressa, sur ces entrefaites, la lettre sui-
vante à la municipalité :
« Lettre à MM. les officiers municipaux, du 9 mars i791 .
« Nous avons reçu avec une respectueuse reconnoissance les assu-
rances que vous nous avez données d'apporter au jugement que vous
avez à prononcer toute la célérité que la justice vous demande. Les
jours s'écoulent; les plus lâches outrages sont accumulés contre
nous, et la patience avec laquelle nous les dévorons coinmence à
peser sur notre conscience.
« Nous vous supplions de nouveau de faire cesser un ajournement
qui donne de trop grands avantages à nos ennemis. Si nous vous
(1) Courrier de Gorsas, t. XXII, p. 39.
(2) Révolutions de Paris, n» 86, p. 368.
(3) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchique, t. II, n* 13,
du 12 mars 1791, p. 32 et 33.
(4) Le Thermomètre de V opinion publique ou Journal des sections de Paris, in-8°,
1791.
234 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
paroissons des conspirateurs, donnez-nous des tribunaux; si vous
nous trouvez irréprochables, hâtez-vous, messieurs, de le dire au
peuple, sur la confiance duquel votre zèle et votre patriotisme vous
ont donné de justes droits. »
« Nous, etc. (1). »
Six jours se passèrent sans que le jugement fût prononcé. Les
membres du Club se résolurent à reprendre sous peu leurs séances.
Ils en avertirent le maire de Paris, par une lettre qui accuse les
membres du corps municipal de « partialité cruelle. »
« Le 15 mars 1791.
« Lettre du directoire de la Société des Amis de la Constitution
monarchique^ à M. le maire.
« Monsieur,
« Nous attendons depuis un mois la décision du corps municipal.
« Si nous étions coupables à ses yeux, il nous auroit déjà mis
entre les mains des tribunaux. Son patriotisme est trop connu pour
qu'on puisse l'accuser d'insouciance sur de véritables délits. Mais,
monsieur, si l'on ne peut sans une sorte de complicité retarder la
punition du crime, on ne peut pas davantage, sans une partialité
cruelle, retarder la justification de l'innocence.
« Quoi qu'il en soit, monsieur, nous ne pouvons ni ne voulons
faire dépendre plus longtems l'exercice d'un droit sacré, de l'attente
d'une décision que nos demandes réitérées n'ont encore pu nous
obtenir. La Société peut sans doute se rassembler, sans que pour
cela les poursuites des sections accusatrices rencontrent le moindre
obstacle. Aucun de nous n'a le désir de se soustraire à leur effet; et
vous avez pu voir, monsieur, que depuis les premières attaques nous
avons mis autant d'empressement à être jugés que nos calomniateurs
ont mis de lenteur et de faiblesse à provoquer une décision sur
laquelle la conscience de leur iniquité et de votre justice ne permet
pas d'être aussi rassurés que nous.
« Ces considérations nous décident à reprendre nos séances sous
peu de jours. Fidèles au système de loyauté et d'amour pour l'ordre
que nous avons toujours suivi, nous avons l'honneur de vous pré-
venir de notre résolution. Nous vous indiquerons d'une manière
positive l'époque et le lieu de nos séances, afin que la protection qui
(1) Journal de ta Société des Amis de la Constitution mo7iarchifjtie, t. 11, n" 13
du 12 mars 1791, p. 2.
CLUB MONARCHIQUE 235
nous est due nous soit accordée, si toutefois elle est encore néces-
saire, depuis que les lâches excès de nos ennemis et la publicité de
nos principes et de notre conduite ont éclairé l'opinion.
« Nous sommes, avec respect,
« Monsieur,
« DuBERGiER (1), président; Hautefort, Dagieu, de Rossy,
Armand, Stanislas de Glermont-Tonnerre, membres du
directoire. »
En annonçant qu'il indiquerait d'une manière positive l'époque et
le lieu de ses séances, le Club monarchique mettait les autorités en
demeure de se prononcer et se flattait d'avoir éclairé l'opinion
publique. Ses ennemis ne lâchaient pas prise, car, contrairement à
ce qu'il assurait, le peuple de Paris voyait toujours en lui une réunion
contre-révolutionnaire au premier chef.
Gomme contre-poida à la calomnie., le Journal du Club monarchique
imprimait, dans son numéro 14, du 19 mars 1791 :
« C'est avec surprise que nous voyons, dans le numéro 13 du jour-
nal de la cour et de la ville, la lettre ci-après :
« Pour faire cesser les propos qu'on tient sur mon compte, relati-
vement au désir qu'on me suppose d'être évêque de Paris, je vous
prierai d'annoncer au public qu'on vient de me recevoir au Club mo-
narchique en qualité d'aumônier.
« Signé : Claude Fauchet, aumônier du Club monarchique.
— « Nous certifions que le Club des Amis de la Constitution monar-
chique n'a point d'aumônier, et nous ne trouvons pas sur la liste de
nos membres le nom de M. Claude Faucuet (2). »
On pouvait croire à l'affihation de Fauchet, quand plusieurs Jaco-
bins étaient suspectés par leur club. Le nom de Fauchet se trouve
sur la liste que nous avons reproduite.
Le journal de Brissot contenait cette phrase :
« Sur une nouvelle secte politique qui s'' élève en France.
« La secte qu'on dénonce ici, et qui n'est qu'un cran au-dessus des
Monarchiens ou Clermontistes., existe, et prend des forces dans l'as-
(1) Dubergier était qualifié, en mai 1791, par un journal jacobin, de « ténébreux
missionnaire d'iniquité ». Le journal invitait les sociétés affiliées « à veiller à ce
que le peuple ne se porte à aucun excès sur sa personne ».
(2) Claude Fauchet, qui avait été d'abord prédicateur du roi, devint un partisan
de la Révolution, un membre modéré de la Convention. Exécuté le 31 octgbre 1793,
avec les Girondins.
236 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
semblée; c'est à elle qu'on est redevable des décrets sur le trésor pu-
blic et sur l'hérédité de la régence; beaucoup de Jacobins, fervens en
apparence, lui appartiennent secrètement (1). »
Le corps municipal délibéra, à propos de la lettre envoyée par le
directoire du Club monarchique.
« Corps Municipal.
« Extrait du registre des, délibérations du corps municipal, du 2 5 mars
mil sept cent quatre-vingt-onze.
« M. le maire a fait lecture d'une lettre des président et commis-
saires de la Société des Amis de la Constitution monarchique, qui
instruisent le corps municipal que la première séance de cette Société
se tiendra lundi vingt-huit de ce mois, à six heures du soir, dans le
lieu appartenant ci-devant à la loge de l'Amitié, rue des Petites-Écu-
ries du roi.
(' Le corps municipal, après avoir entendu la lecture de cette lettre,
a déclaré persister dans son arrêté du dix février dernier, et, cepen-
dant, a ordonné que le comité des recherches lui feroit incessamment
le rapport des nouveaux renseignemens qui lui seroient parvenus.
« Signé : Bailly, maire ; Royer (2) , secrétaire-greffier adjoint.
« Pour extrait conforme à l'original,
« Dejoly, secrétaire-greffier (3). »
Ce nouvel attermoiement, motivé par la crainte de désordres dans
la rue, n'arrêta pas les monarchistes, qui écrivirent une
« Lettre du directoire de la Société des Amis de la Constitution
monarchique à M. le maire.
« Monsieur,
« M. Dubergier, président de la Société, a eu l'honneur de vous
remettre notre lettre du 15 mars, par laquelle nous vous annonçons
le projet de nous rassembler.
« Fidèles à l'engagement que nous avons pris avec le corps muni-
cipal, nous avons l'honneur de vous instruire que notre première
(1) Patriote français, n» 594, du 23 mars 1791.
(2) Pierre-Paul Royer-Collard, secrétaire de la première Commune de Paris,
philosophe et homme politique, fut député de la Marne aux Cinq-Cents, député
de la Marne sous la Restauration, et chef des Doctrinaires.
(3) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchique, t. II, n° 16,
du samedi 2 avril 1791, p. 1 et 2.
CLUB MONARCHIQUE 237
séance se tiendra lundi 28 de ce mois (mars), à six heures du soir,
dans le lieu appartenant ci-devant à la loge de l'Amitié^ rue des
Petites-Écuries du roi.
« Nous sommes avec respect,
« Monsieur,
« DuBERGiER, président; Hautefort, Dagieu, Cormier, De Rossy,
Armand, Stanislas de Clermont-Tonnerre, membres du di-
rectoire. »
Le Club monarchique avait trouvé un nouveau local, rue des Petites-
Écuries du roi, dans le faubourg Saint-Denis.
A la lettre ci-dessus reproduite, le maire Bailly répondit :
« Paris, le 26 mars 1791.
« Lettre de M. le maire au directoire de la Société des Amis
de la Constitution monarchique.
« J'ai mis, messie^irs, sous les yeux de la municipalité la lettre que
vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 23 du courant. Le corps
municipal, après avoir entendu la lecture, a déclaré, par la délibéra-
tion ci-jointe, qu'il persiste dans son arrêté du 10 février dernier.
« Le maire de Paris, Bailly. »
Le Club monarchique ne s'exécuta pas, peut-être parce que la
missive municipale lui arriva indirectement et trop tard, comme l'as-
sure la réponse suivante :
« A M. LE MAIRE, 28 mars i79i.
« Votre lettre du 26 de ce mois, adressée à M. Dubergier, a été ap-
portée chez M. de Clermont-Tonnerre, à huit heures du matin,
aujourd'hui. Le directoire de la Société, voulant donner une nouvelle
preuve de sa persévérance dans les principes de modération qu'il
professe, auroit voulu pouvoir avertir, à tems, tous les membres qui
doivent se rendre à la séance de ce soir; ne le pouvant pas, il se
borne à envoyer deux personnes à la salle, afin de prévenir les mem-
bres à mesure qu'ils s'y rendront, et de leur communiquer l'arrêté
municipal. Nous avons l'honneur de vous prévenir de ce fait, afin
qu'aucune calomnie ne puisse s'attacher à notre conduite, et que,
dans votre prudence, vous puissiez pourvoir à tout.
« Nous sommes, avec respect, etc.
« Signé .--Armand, Cormier, Stanislas Clermont-Tonnerre. »
238 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
XXVIII
Peu à peu, ce qui avait été d'abord attroupement contre la Société
devint trouble réel, dans Paris, où les esprits se surexcitaient facile-
ment.
Le 28 mars 1791, l'émeute assiégea à coups de pierres le Club mo-
narchique^ et il en chassa les membres. Clermont-Tonnerre fut arrêté
et dut la vie à un décret de l'Assemblée nationale.
Les commissaires du Club rendirent compte de l'émeute au corps
municipal. Nous transcrivons la lettre plus bas.
Par un coup d'autorité, le corps municipal terminait la lutte exis-
tante entre lui et le Club monarchique.
Le 28 mars 1791, en effet, à la suite de cette nouvelle émeute, le
Club monarchique, qui, par une seconde tentative, s'était reconstitué
rue des Petites-Écuries, fut définitivement fermé par ordre de l'auto-
rité municipale (1), en vertu d'une ordonnance de police, et « à cause
des troubles dont il était l'occasion. »
Mais la lutte avec les anti-monarchistes ne cessait pas, ainsi que le
montrait Carra, dans ses Annales patriotiques. Il déclarait :
« Plusieurs lettres des départemens. annoncent que les monar-
chiens correspondans de ceux de la capitale ont pullulé en divers
lieux sous le nom d'Amis du roi, de la paix, de vrais François, etc., et
qu'ils ne cessent d'y ourdir des trames criminelles contre la Société
des Amis de la Constitution, et contre la Constitution elle-même. Le
point central de ces conspirateurs est à Paris... (2). »
Le Club monarchique ne manqua pas de mettre à profit la journée
du 28 mars. Après avoir été calomnié, remarquait-il, il était persé-
cuté.
« Lettre écrite par les commissaires de la Société des Anns de la Consti-
tution monarchique au corps municipal (29 mars 1791).
'( Messieurs,
« L'événement d'hier nous oblige à vous présenter de nouvelles
observations, et à vous réitérer la demande d'un jugement qui eût
prévenu cette nouvelle émeute, qui eût épargné à nos ennemis cette
(1) Moniteur du 30 mars 1791, n" 90. — Correspondance de Mirabeau, par de
Bacourt, t. I, p. 251.
(2) Annales patriotiques de Carra, n° 546. Du 1"' avril 1791.
CLUB MONARCHIQUE 239
indécente et coupable manœuvre, et qui eût enfin fixé l'opinion pu-
blique, qu'il est de notre devoir de ne pas laisser s'égarer.
« C'est le 14 mars que nous avons eu l'honneur de vous écrire que
la Société alloit reprendre ses séances. Nous avons attendu votre ré-
ponse jusqu'au 24, et votre long silence a dû nous convaincre que
vous ne voyiez aucun danger dans notre rassemblement.
« Le 24 mars, nous vous avons annoncé notre première séance
pour le 28. Trois jours, quatre jours se sont encore écoulés sans avoir
reçu de réponse. C'est le 28 mars au matin que l'on a apporté à l'un
de nous la lettre de M. le maire, et l'arrêté du corps municipal. On
nous explique ce retard par l'ignorance où l'on étoit de l'adresse de
notre président. Nous observons qu'au moins celles de plusieurs de
nos membres étoient connues.
« Celui qui a reçu votre arrêté et la lettre de M. le maire s'est hâté
d'avertir les deux premières personnes qu'il lui a été possible de ras-
sembler; tous trois ont examiné ces pièces : nous vous prions, mes-
sieurs, de vous rappeler ce qu'elles disent. Vous ne nous défendez
pas de nous réunir; aucune loi ne vous y autorise : vous ne nous
exhortez pas à ne point nous réunir; cette mesure même vous aura
paru trop forte. Vous nous rappelez votre arrêté du 10 février; vous
déclarez y persister : et qu'est-ce que cet arrêté? Un véritable ajour-
nement, une déclaration que vous avez reçu notre consentement à
différer nos séances. Quelque indirecte que fût cette manière de vous
exprimer, quelque inapplicable qu'elle fût à la circonstance présente,
puisque nous avons retiré, par la lettre du 14 mars, le consentement
que nous avions donné avant l'arrêté du 10 février, nos commissaires
cependant ont cru devoir deviner ce que vous ne disiez pas : ils ont
cru devoir proposer à la Société un nouvel acte de déférence, ils ont
cru n'être point désavoués en persistant, jusqu'à l'opiniâtreté, dans
le système d'une modération que notre Société adopte. Ils ont écrit à
M. le maire et à MM. du département de police les lettres dont nous
vous envoyons copie (1); ils ont envoyé à leur salle deux commis-
saires, en conformité de ces lettres, afin de communiquer aux mem-
bres de la Société les pièces qui indiquoient les intentions munici-
pales. Les commissaires se sont transportés au lieu de la séance.
Pendant assez lougtems, tout y a été calme : les personnes, arrivées
successivement, ont fait lecture des lettres et se sont retirées sans
murmurer. Ce n'étoit point à ce résultat que vouloient arriver nos
ennemis. Vers les cinq heures, tout étant parfaitement calme dans
(1) Nous n'avons pas retrouvé ces lettres.
240 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
les rues, un homme, revêtu d'une redingote bleue, s'est approché de
la porte de la salle, y a vu entrer plusieurs de nos membres, est sorti
de la rue un moment après et revenu avec trois autres personnes,
auxquelles il a dit : Voilà enfin le repaire de ces monarchiens décou-
vert! Est-ce que nous ne leur fou,..rons pas une danse? Il a posté là
ses trois compagnons ; il a apperçu à Tautre extrémité de la rue une
patrouille vraie ou fausse; il lui a fait (de la main) le signe de ne pas
encore avancer; elle a retourné sur ses pas. Le même homme est en-
suite allé chercher un nouveau grouppe, avec lequel il est revenu
quelque tems après.
« Voilà, messieurs, le moyen, la source d'un attroupement évidem-
ment commandé.
« Des femmes, des enfans se sont bientôt amassés; quelques cris,
des huées exécutées avec plus de docilité que de chaleur, ont succes-
sivement accueilli tous ceux des membres qui arrivoient à la salle de
la Société; aucun d'eux n'a été arrêté par cet obstacle, et tous ont
obéi à la lecture de votre arrêté. De très nombreuses patrouilles sont
alors successivement arrivées : on a mandé à la section le portier de
notre maison; on lui a demandé la communication de vos ordres;
nos commissaires l'ont chargé de répondre qu'ils ne pouvoient et
n'étoient chargés de communiquer aucun ordre municipal; que
toutefois si MM. de la section vouloient connoître votre arrêté, qui
n'étoit pas un ordre, ils étoient prêts de le montrer à ceux qui se
présenteroient de leur part. MM. de la section n'ont point insisté; il
a existé du tumulte jusqu'à 7 heures, malgré les soins de M. le com-
mandant de bataillon, dont nous devons louer le zèle et l'activité.
A 7 heures, tous nos membres étoient sortis, et les portes de l'assem-
blée fermées; il n'y a point eu de séance. C'est surtout en traversant
les rues adjacentes, pour se retirer, que quelques individus ont été
outrageusement traités : un ecclésiastique a été frappé, un autre
membre a reçu un coup de plat de sabre sur la tête ; et aucune pro-
vocation de leur part ne peut excuser ces excès.
« On a remarqué, messieurs, qu'aucune personne du quartier n'a
pris part à l'attroupement; ses auteurs sont venus par grouppes, et
ils avoient tellement compté sur l'indifférence du peuple, qu'une
nouvelle troupe de séditieux, précédée de femmes ivres et d'émis-
saires qui ne l'étoient pas, ont été rencontrées par plusieurs d'entre
nous; elles s'en sont retournées sur la nouvelle que tout étoit fini.
« Voilà donc, messieurs, encore une de ces émeutes de commande,
qui seroit la honte de votre administration, si vous en permettiez le
retour. Il est impossible qu'en en suivant exactement les circons-
CLUB MONARCHIQUE 241
lances, vous ne vous apperceviez pas qu'on a voulu armer le peuple
contre nous, et nous forcer à la résistance, résistance que l'on eût
bientôt qualifiée d'assassinat; résistance dans laquelle on auroit
bientôt vu toute une contre-révolution (1) : le papier coupable et
calomnieux, que nous déposons sur le bureau, démontre les inten-
tions de nos ennemis. Le ciel ne l'a pas permis, et nous pouvons sans
doute ne remercier que lui lorsque tant de fureurs nous environnent
et que les loix humaines sont si lentes à nous justifier.
« Nous concluons, messieurs, à ce qu'il vous plaise prononcer
enfin le jugement dont le retard devient si funeste à la tranquillité
publique.
« Nous vous dénonçons les délits dont nous venons de vous
instruire. Repoussés partout quand nous avons voulu dénoncer les
jacobins, et ignorant si le cours des informations ne les replacera
pas encore dans cette affaire, nous nous en rapportons à ce que fera
M. le procureur de la Commune, et nous appelions contre les cou-
pables, quels qu'ils soient, toute la sévérité de son ministère.
« Nous sommes, avec respect, etc.,
« Messieurs. »
En outre, le président du Club monarchique donna une explication
sur la journée du 28 mars :
« Lettre de M. Dubergier à M. Bailly, maire de Paris.
« Monsieur,
« Le Directoire de la Société des Amis de la Constitution monar-
chique a eu l'honneur d'écrire à la municipalité sur les événemens
du 28 mars, et comme membre du directoire j'ai signé la lettre.
« Mais, comme président de cette Société, monsieur, je dois à la
confiance dont elle m'honore de vous demander compte à vous-
même des causes secrètes d'un événement qui a pu devenir bien
funeste à plusieurs de ses membres.
« L'assemblée générale étoit convoquée pour le lundi 28 mars ; le
directoire avoit eu l'honneur de vous en instruire par sa lettre du 24,
et la municipalité, à qui vous l'avez communiquée, a pris, le lende-
main 2.0, un arrêté dont le but sembloit être de nous inviter à sus-
pendre encore nos séances, avec promesse d'un jugement très pro-
chain. Cet arrêté, monsieur, est resté trois jours dans vos bureaux,
et c'est cette négligence coupable que je vous dénonce.
(1) Note du rédacteur. — Journal de la Société des Amis de la Constilulion
monai'clùque, t. II, n* 16, du samedi 2 avril 1791, p. 3 à 8.
16
2'i2 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« Vous ne pouviez pas ignorer qu'en ne me faisant passer votre
lettre que dans la matinée du 28, il me seroit impossible de satisfaire
aux vues indiquées par la municipalité; que les distances de la capi-
tale s'opposoient nécessairement à ce que je pusse prévenir tous les
membres de la Société; que la plupart d'entre eux se rendroient à
l'assemblée, et que cette désobéissance apparente les feroit paroître
coupables aux yeux de la loi.
« Mais le véritable délit, c'est d'avoir placé des citoyens sans
défense sous le couteau des assassins, et de n'avoir pris aucune
mesure efficace pour les soustraire aux fureurs de ces brigands
soudoyés, dont on met si faussement les forfaits sur le compte du
peuple.
« Qu'il me soit permis de vous rappeller, monsieur, que lorsque,
le 21 août 1790, je votois à la section des Tuileries pour vous confier
le pouvoir que vous exercez aujourd'hui, je croyois assurer à la tran-
quillité publique un appui, et à mes concitoyens un protecteur. Le
désir que vous cpnservez sans doute de justifier mon attente me
fait croire encore que mes espérances ne seront pas trompées.
« DuBERGiER, rue Saini-Honoré, n" 67, vis-à-vis les Jacobins. •»
Un journal spécial rendit compte ainsi de la journée du 28 mars
1791 :
<( Le Club monarchique, las de son inaction, avoit informé la
municipalité qu'il alloit reprendre ses séances. Le jour fut indiqué,
ensuite remis, à ce qu'on prétend; mais plusieurs membres ignorant
le contre-ordre, se rendirent le 28 (mars 1791) aux petites écuries du
roi, faubourg Saint-Denis, lieu du rendez vous. Le peuple s'y rendit
aussi; il se fâcha, il maltraita ceux qui vouloient se rassembler en
club ; il fut question de lanterne. La garde nationale sauva ceux que
l'on menaçoit. Tels sont en substance les faits constatés par le direc-
toire même du Club monarchique. Il ne manque pas d'ajouter que les
acteurs étoient des gens soudoyés. Mais nous nous permettons de
n'ajouter foi à cette inculpation, commune aux deux partis opposés,
que lorsque nous verrons des preuves certaines (1). »
En effet, suivant ce Journal des Clubs^ on disait, dans plusieurs
sections de Paris, que le Club monarchique donnait de l'argent à des
hommes, chargés d'occuper les tribunes de l'Assemblée nationale,
(1) Journal des Clubs, t. II, p. 3;{3 et 334»
CLUB MONARCHIQUIO 243
« pour influer, autant que faire se peut, sur les délibérations du corps
législatif (1). »
Le même journal publia aussitôt les
« Conclusions des commissaires rapporteurs dans Va/faire du Club
monarchique.
« Comme dans toutes les imputations faites au Club monarchique,
il n'y a que des dénonciations qui peuvent conduire à découvrir de
grandes vérités, mais pas une preuve qui constate un corps de délit;
comme il seroit possible que, dans le cas où les preuves seroient ac-
quises, (elles) ne fissent reconnoître que quelques membres de la So-
ciété, et non pas toute la Société; comme le Club monarchique déclare
que de sa propre volonté il suspend ses séances, ce qui doit aussi sus-
pendre toutes les craintes; comme la municipalité ne doit pas même
être soupçonnée de blesser en rien les droits et la liberté des citoyens,
nous concluons à ce que le corps municipal arrête :
« 1" Que, conformément à la déclaration de la Société des Amis de
la Constitution monarchique, les séances du Club soient suspendues
jusqu'à ce que les informations que le corps municipal va prendre
sur le champ puissent le mettre dans le cas de prononcer;
« 2° Que les dénonciations des sections soient remises au comité
des recherches qui, conjointement avec le procureur de la Commune
et ses substituts, feront, d'après ces dénonciations, toutes les infor-
mations nécessaires;
« 3° Que l'affaire soit ajournée jusqu'au moment où le comité des
recherches et le procureur de la Commune en feront le rapport. »
« Ces conclusions ont été adoptées par le corps municipal ; le rap-
port et l'arrêté ont été portés au conseil général de la Commune qui
a applaudi au premier et confirmé le second (2). »
Le 28 mars 1791, Voidel dénonçait à la Société fraternelle (3) un
conciliabule aristocratique rassemblé dans une maison de la Petite
Pologne attenant à la caserne des chasseurs (41.
(1) Journal des Clubs, t. II, p. 25.
(2) Journal des Clubs, t. II, p. 25.
(3) Dans la section des Enfauts-Rouges, rue Vieille-du-Temple. Club fondé en
janvier 1791 par Tallien, qui en était le président.
(4) Les Sabbats jacobites, t. I, p. 197.
244 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
XXIX
Quelques autres journaux apprécièrent aussi la journée du 28 mars
1791. Le Moniteur universel imprima :
« Les membres du Club monarchique avaient loué,'rue des Petites
Écuries du Roi, un local connu sous le nom de loge de l'Amitié ; ils
- se proposaient d'y tenir leur assemblée, dont l'ouverture avait été
lixée à lundi 28 de ce mois. Vers six heures du soir, l'arrivée d'un
grand nombre de voitures fixa l'attention de quelques personnes,
qui remarquèrent que plusieurs de ceux qui arrivaient portaient une
cocarde blanche. Cette remarque communiquée augmenta la foule,
qui murmura contre cet acte d'incivisme. On invita plusieurs de ces
messieurs à s'en défaire ; ceux-ci résistèrent, alors on la leur arracha,
et leur résistance a occasionné quelques insultes. La garde nationale
est arrivée et a rétabli l'ordre.
« Le Club monarchique voulait reprendre ses séances; on sait
dans quel esprit. Les chefs ont un langage fier. On a pu, disent-ils,
mettre un homme ou deux à la lanterne; mais six ou sept cents
gentilshommes, bons serviteurs du roi, tous bien armés et très dis-
posés à fondre sur les aggresseurs, ne peuvent pas courir la même
chance... (1). »
Stanislas Clermont-Tonnerre réclama, dans une lettre insérée au
Moniteur le 3 avril. Pas de cocardes blanches, pas d'armes, assura-t-il.
On ne le crut guère, même parmi les modérés.
A ce moment, sans doute, parut la brochure intitulée :
« Grand Détail de l'arrestation de plusieurs membres du Club mo-
narchique, qui ont été poursuivis hier au soir par le peuple pour
avoir pris la cocarde blanche, et un d'entre eux aurait été pendu si
la garde nationale de la section de Saint-Lazare n'en avait empê-
ché (:2). »
Le Journal de Paris, avait inséré cette lettre, le 2 avril 1791 :
« Paris, ce l^^ avril 1791.
« Variété.
« Aux Auteurs du Journal.
((Je vous prie, Messieurs, de vouloir bien insérer dans votre
(1) Moniteur universel, (3e Paris, 29 mars 1791.
(2) Bib. Nat., Lb 39/4747, pièce saus date, in-S-, de 4 p.
CLUB MONARCHIQUE 24b
Feuille la lettre ci-jointe que j'ai écrite au Rédacteur du Moniteur.
« J"ai l'honneur d'être, etc.
« Stanislas Clermont-Tonnerre. »
« J'ai lu, Monsieur, l'article inséré dans votre N" 90, sur le Club
monarchique dont je suis membre.
« Il est faux qu'aucune des personnes qui se sont rendues à la
séance du 28 aient porté des cocardes blanches; tous les autres dé-
tails copiés par vous outragent également la vérité que nous rétabli-
rons bientôt légalement. Vous dites que nous sommes six à sept cents
Gentilshommes ; nous sommes plus de mille Citoyens. Vous dites que
nous sommes armés; notre billet de convocation porte l'invitation
expresse de ne pas l'être. Vous nous appelez de bons Serviteurs du
Roi; nous sommes fidèles à la Nation, à la Loi et au Roi. Vous parlez
de notre esprit connu; notre esprit est l'amour de la Liberté et le
mépris des Factieux. Vous dites que nos Chefs sont fiers; nous
n'avons point de Chefs, mais nous acceptons tous ce reproche : on
est fier de la haine des méchans, et de la crainte que leurs excès
mêmes trahissent.
« Je vous prie. Monsieur, d'insérer ma lettre dans votre Journal.
Peut-être ceux que votre récit a pu tromper apprendront-ils avec
quelque intérêt la vérité que je certifie (1). »
Les Annales patriotiques de Carra lancèrent cette violente apos-
trophe :
« Paris, 29 mars.
« Hier, les monarchiens s'étoient rassemblés mystérieusement dans
un cul-de-sac détourné, et y tenoient leur sabbat : le peuple s'est
rassemblé autour de la caverne, et demandoit à grands cris la dis-
persion de ces cabaleurs aristocrates. Le juge de paix de la section
s'y est transporté, et a invité l'assemblée monarchienne à vouloir
bien se dissoudre pour éviter le scandale et le tumulte qu'elle alloit
occasionner; les monarchieux ont obtempéré. En sortant de leur re-
paire, ils ont trouvé les citoyens qui se chauffoient à un grand feu de
joie, alimenté par les journaux, pamphlets, libelles et autres bribes
aristocratiques que la gueule monarchienne vomit chaque jour par
milliers contre la Constitution et ses amis. Le grand monarque Sta-
nislas-Clermont n'a pas été témoin de cette fête donnée à ses fidèles
sujets..". (2). ))
(1) Journal de Paris, uuinéro du 2 avril 1791.
(2) Annales palrioliques de Carra, n° 544, du 30 luars 1791.
2i6 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Dans les /{évolutions de Paris parut cet article :
« Déconfiture du Club monarchique.
« Le Club monarchique a voulu renaître de ses cendres; mais sa
seconde existence a avorté tout comme la première.
« Les monarchistes avoient loué, rue des Petites Écuries du Roi, un
local, connu sous le nom de Loge de l'Amitié; ils se proposoient d'y
tenir leur première séance le 28 mars, jour périodique de la scène
des poignards aux Tuileries. Vers les six heures du soir, arrive grand
nombre de voitures; la longue fde obstruoit la rue, elles attirèrent
l'attention publique. On remarqua que plusieurs de ceux qui en des-
cendoient portoient la cocarde blanche. Ce signe de révolte et de sé-
dition indigne les spectateurs ; on prie très civilement les cocardiers
de s'en défaire, ils résistent; alors, le peuple se met en devoir de
l'arracher. Cependant, malgré leur insolence, il n'y a pas eu de sang
répandu, et ces messieurs en ont été quittes pour quelques horions...
« Quelques minutes après la bagarre, de jeunes patriotes, qui ont
voulu s'amuser aux dépens de ceux quisurvenoient sans être au cou-
rant de la déroute de leurs complices, se sont placés en sentinelle à
la porte de la salle, et leur demandoient leur carte et leur adresse.
Plusieurs l'ont donnée tout bonnement, et il s'est trouvé, vérification
faite, que ces prétendus paladins sont des officiers de bouche, des in-
tendans de maison, des praticiens et autres gens de pareil acabit...
«... C'est pour la seconde fois que nous dénonçons le Club monar-
chique...
«... Aujourd'hui qu'il est démontré que les monarchistes ont des
intentions perfides, suivies d'un commencement d'exécution., il y auroit
de la stupidité à leur permettre de s'assembler... (1) »
Le 30 mars parut une
« Lettré à M. Dubergier, président de la Société des Amis de la
Constitution monarchique.
« Monsieur,
« Il se répand, comme à l'ordinaire, des écrits calomnieux sur ce
qui s'est passé à la réunion du Club monarchique, rue des Petites-
Écuries du Roi, le 28 de ce mois. Ne sachant rien de cette journée
que ce qui me concerne, j'en rends compte au public par cette lettre,
que je vous prie d'insérer dans votre journal.
(1) Révolutions de Paris, n° 90, du 26 mars au 2 avril ITOL
CLUB MONARCHIQUE 247
« Je suis sorti des Thuileries à six heures du soir, pour me rendre
au Club monarchique; j'ai rencontré dans la rue des Fossés-Mont-
martre un officier de la garde nationale de ma connoissance, qui m'a
demandé si j'allois au Club monarchique; sur m'a réponse, il m'a
prévenu que la municipalité avoit commandé des troupes pour
assurer notre tranquillité. J'ai continué ma route, et n'ai point ren-
contré de patrouilles. J'ai trouvé dans la rue des Écuries du Roi quel-
ques personnes devant les portes, mais je n'ai apperçu aucun mou-
vement. Je suis arrivé jusqu'à la porte du Club monarchique dans
une parfaite tranquillité; je me suis présenté pour y entrer; la senti-
nelle ne m'a pas répondu, mais un homme du peuple m'a crié que la-
séance étoit levée, et que personne n'avoit afTaire-là [sic). Sans aucune
réplique de ma part, j'ai cherché à me retirer. Mais dans le même
instant je me suis trouvé enveloppé et fortement pressé par vingt-
cinq ou trente gens de toute espèce, parmi lesquels j'ai reconnu
quatre ou cinq personnes revêtues de l'habit national, ayant le sabre
dans son fourreau à la main (je suppose que c'est dans ce moment
que l'on m'a dérobé ma montre); mais j'ai entendu dans le moment
crier à Faristocrate ! à la lanterne! et j'ai vu dans les yeux de ces
forcenés le dessein de se procurer ce spectacle. Indigné jusqu'à l'excès,
n'ayant point d'armes, j'ai rassemblé toute ma force et mon courage
pour me séparer de cette troupe. J'ai reçu par derrière des coups de
sabre sur la tête de la part de quelques-uns des gardes nationaux, des
coups de poing et de bâton de la part de la populace; et m'étant
débarrassé d'elle, j'ai cherché, par la fuite la plus prompte, à me
soustraire à ces odieux traitemens. La vitesse de ma course les empê-
chant de me rejoindre, ils m'ont lancé des pierres, dont une m'a
atteint à la tête et m'a grièvement blessé. Dans l'intervalle de ma
course, j'ai reçu des coups de droite et de gauche par ces brigands,
qui n'avoient d'autre but que de m'assassiner. Je suis tombé deux
fois; mais, relevé promptement, je n'ai essuyé que quelques coups
dans ces chutes. J'ai renversé plusieurs de ces gens-là sur mon pas-
sage, et j'ai eu le bonheur enfin de rencontrer une patrouille de
gardes nationaux qui m'ont sauvé de la fureur du peuple et m'ont
conduit chez le commissaire de police, de la part duquel, ainsi que
de la garde nationale, je n'ai reçu que soins obligeans, honnêtetés et
intérêt sur les mauvais traitemens dont ils ont bien reconnu que
j'étois injustement la victime. J'ai pu écrire hier à un de ces mes-
sieurs, que l'on nomme M. de la Fontaine, et qui est peintre de
l'académie, pour le remercier, ainsi que ces messieurs, des secours
qu'ils m'ont donnés et auxquels je dois la vie.
248 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« Je suis loin de penser que ceux qui étoient revêtus du même
habit et qui ont eu la bassesse de me frapper, soient véritablement
dans la garde nationale; je suis loin de penser que ce peuple, tout
enragé qu'il m'a paru l'être, se soit porté de lui-même à de pareils
excès, s'il n'y a pas été excité.
« Je borne là, monsieur, le récit de mon aventure, sans aucune
observation ultérieure; la partie saine du public les saura bien faire.
« J'ai l'honneur d'être,
« Monsieur,
« Votre très humble et très obéissant serviteur,
(( PiGRAIS.
« P.-S. — Je ne puis vous écrire de ma main, mon chirurgien
s'étant apperçu ce matin que j'avois un os de cassé dans la main
droite (1). »
Il se vendit un imprimé dans lequel on lisait :
« (1791)... Hier au soir, les membres du Club monarchique s'étoient
rassemblés dans un petit jardin dit de l'Amilié, situé rue des Pe-
tites Écuries, fauxbourg Montmartre. »
XXX
Les choses prenaient une tournure très grave; l'irritation des
monarchistes était comparable à celle du peuple qui leur prêtait des
projets dangereux, non seulement pour la tranquillité publique,
mais pour l'avenir de la nation.
Dans la séance du 3 avril 1791, aux Jacobins, une députation de
la section du Théâtre-Français et une du Club des Cordeliers, dénon-
cèrent le Club monarchique. L'orateur annonça qu'il s'y était ourdi
une conspiration qui devait éclater le 28 mars précédent, que ses
membres voulaient assaillir les Jacobins, égorger la garde natio-
nale, etc., que le chef était Clermont-Tonnerre, et que ce monar-
chiste répandait un argent immense. On engageait les Jacobins « à
faire périr tous les membres du Club monarchique (2). »
(1) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchique, t. II, n" 16,
du samedi 2 avril 1791, p. 8 à IL— Le nom de Pigrais ne figure pas sur les listes
des membres de la Société.
Ç2) Le Lendemain, 3 et 6 avril 1791,
CLUB MONARCHIQUE 249
Voilà ce qui résultait des provocations que les soutiens du trône
et de Tautel multipliaient, quand leur nombre diminuait de jour en
jour.
Le public ne doutait pas de leur entente avec les émigrés et les
étrangers, qui présentement menaçaient la France. Des deux côtés
on se livrait aux violences; il semblait que la guerre civile allait
éclater.
Le décret relatif à la constitution civile du clergé ajoutait aux
prétentions de la noblesse une certaine couleur de fanatisme reli-
gieux.
Malouet écrivit la lettre suivante, qui ne pouvait amener l'apaise-
ment :
« Lettre de M. Malouet à MM. les commissaires du Club
monarchique.
« N'ayant pu, messieurs, vous trouver réunis, j'ai l'honneur de
vous écrire pour vous faire part de mes observations sur la position
de la Société dont vous êtes commissaires et dont j'ai l'honneur d'être
membre.
« M. de Clermont-Tonnerre m'ayant conynuniqué lundi matin
la lettre de la municipalité, je n'allai point à la séance indiquée,
mais je n'en ressens pas moins , vivement les outrages et les vio-
lences exercés ce jour-là contre ceux de nos membres qui, n'étant
point avertis du contre-ordre, se sont trouvés au rendez-vous. Je ne
vous dissimulerai point, messieurs, qu'on se plaint de vous, parce
qu'on ne peut pas se persuader que vous avfez fait toutes les démar-
ches qui dévoient vous procurer justice et protection de la munici-
palité.
« J'ai eu personnellement trop de preuves de votre zèle et de l'in-
fatigable activité avec laquelle vous avez défendu les droits de la
Société, pour adopter cette prévention : mais la dernière aventure
vous impose, si vous me permettez de le dire, d'autres devoirs; car
il faut qu'on nous ait l'obligation de la solution du problème :
SOMMES-NOUS Ubres ou dominés par des tijrans? — On nous a calomniés
de toutes les manières; les plus grossières absurdités ont été
employées par les jacobins et leurs adhérens; la populace a été-
excitée contre nous; le comité des recherches s'est mis aussi en
campagne; et pendant qu'on renouvelle les anecdotes de cocarde
blanche et de contre-révolution, M. Voidel prépare un rapport où
vous êtes, dit-on, compromis. On a arrêté des hommes distribuant
de l'argent et des pamphlets. Mon avis est, messieurs, que' vous accé'
2o0 LKS CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
lériez le dénouement, en attaquant premièrement la municipalité
devant le directoire de département, et ensuite devant l'Assemblée
nationale, car un délit plus certain que tous ceux qui alimentent le
comité des recherches, est l'injustice atroce que nous éprouvons. —
On s'avise non seulement de juger, mais de diffamer nos intentions;
et parce que quelques brigands soudoyés inquiètent une Société, elle
sera dénuée de protection, livrée à toutes leurs fureurs, et les magis-
trats qu'ils réclament n'en seront pas responsables ! Mon avis est de
poursuivre les magistrats jusqu'au déni de justice inclusivement; et
s'il arrive, je crois que vous devez, messieurs, dresser une pétition à
l'Assemble nationale, la déposer chez un notaire, et inviter publique-
ment tous les membres de la Société à venir en prendre connaissance
et à la signer. — Cette pétition sera la physique expérimentale de la
Constitution et de la liberté, dont nous ne connoissons encore que la
métaphysique. — .Si l'on ne vous prouve pas que vous êtes dans un
état de forfaiture et de révolte contre les loix, si les dissentimens qui
nous séparent de la doctrine jacobite sont un prétexte suffisant pour
défendre nos assemblées ou pour ne pas les protéger contre des
assassins, il nous restera un dernier acte à faire, celui de notre dis-
solution, et je vous demanderai de m'admettre comme coopérateur
à la rédaction. Il importe véritablement à la paix publique, que tous
les jeux cruels de l'intrigue et de la scélératesse soient authentique-
ment dévoilés, et que l'on sache à quelles conditions il est permis
maintenant à un citoyen françois de vivre en sûreté dans le lieu de
son domicile. Cependant, messieurs, si le destin de la France per-
mettoit, avant notre réunion, la dissolution de tous ces clubs fana-
tiques et factieux qui la désolent, j'espère bien que vous penserez,
comme moi, que nous ne devons pas en laisser subsister la trace
dans notre Société, qui ne me paroît utile que pour constater qu'il
reste des hommes qui ne veulent connoître d'autres maîtres que les
loix.
« J'ai l'honneur d'être, avec un respectueux attachement,
« Messieurs,
« Votre très humble et très obéissant serviteur,
« Malouet (1). »
La réponse à cette lettre ne calma pas, non plus, les esprits surex-
cités.
(1) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchique, du samedi
9 avril 1791, u" 17, t. H, p. 1 à b.
CLUB MONARCHIQUE 251
« Réponse des commissaires de la Société des Amis de la Constitution
monaixhique à M. Malouet.
« Vous ne devez pas douter, monsieur, de notre empressement à
justifier la confiance de la Société des Amis de la Constitution monar-
chique : certes, il faut faire décider si nous sommes libres ou domi-
nés par des tyrans; et c'est pour obtenir cette décision que nous
sollicitons, avec autant d'ardeur que de zèle, le jugement de la muni-
cipalité. Si la loi qui consacre la pureté de nos principes ne nous
protège pas, alors il sera démontré qu'il n'y a plus, ou, pour mieux
dire, qu'il n'y a pas encore en France de liberté. Nous sentons, mon-
sieur, tout le poids des injustices qu'on accumule contre nous; nous
plaignons bien sincèrement la faiblesse de la municipalité et l'aveu-
glement de la partie du peuple que l'on peut encore égarer; mais
nous vous observons que si le moment et la force ont suffi pour briser
les fers de l'ancien despotisme, le tems seul et l'opinion pourront
repousser les chaînes que de nouveaux oppresseurs nous présentent,
parce qu'il est peut-être plus difficile de démasquer les tyrans que de
les renverser.
« Quant au comité des recherches, le moment où il s'attaqueroit à
des hommes aussi courageux qu'irréprochables seroit probablement
plus dangereux pour lui que pour nous. Il n'appartient ni à M. Voidel,
ni à aucun des agents du ministère jacobite, de compromettre un
honnête homme. Nous n'avons rien fait, nous ne ferons jamais rien
que nous ne puissions avouer , et nous ne craignons ni les dénoncia-
teurs ni les espions.
«Vous désirez savoir quelle marche nous proposerons à la Société,
et comment nous accélérerons le dénouement?
« Nous n'avons eu, jusqu'ici, qu'une seule arme : voyez comme
nos ennemis la craignent! Nous avons toujours eu raison, ayons
toujours raison, et vous verrez que cela finira bien. Nous ne devons,
nous ne pouvons dénoncer la municipalité que lorsqu'elle aura fait
un déni de justice entier. Jusqu'ici, elle n'a été que faible; si elle de-
vient coupable, nous saurons bien l'attaquer; ce ne sera pas, comme
les clubs privilégiés, par des affiches indécentes et séditieuses, mais
par des pétitions légales.
« Vous pensez biQn, monsieur, que l'on ne s'avance pas au point où
nous sommes lorsqu'on est décidé de reculer. Eh! n'avons-nous pas
déjà fait des sacrifices? Nous avons affronté la haine de tous les jaco-
bites, les calomnies de leurs écrivains soudoyés, les outrages des
hommes qu'ils trompent et des brigands qu'ils payent; nous avons
252 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
vu le peuple que nous servens, pour lequel nous travaillons, mécon-
noître nos efforts, et nous regarder comme des factieux ; et cependant,
nous sommes encore le Directoire de la Société des Amis de la Consti-
tution monarchique. Chacun de nous s'honore de placer son nom au
bas de ces papiers dénoncés, comme les bons citoyens s'honoroient,
sous les triumvirs, de voir leurs noms placés sur les listes de pros-
cription. Ces principes dirigeront toujours notre conduite.
« Depuis l'événement du 28 mars, nous ne nous sommes pas ou-
bliés : nous avons rendu compte au peuple, par un écrit signé de
nous; nous avons mis sous les yeux de la muaicipalité un pre-
mier précis des faits que nous avons recueillis. Depuis ce tems, nous
en avons rassemblé de nouveaux; nous allons les dénoncer tous, et
demander que l'on informe sur les véritables assassinats qui ont eu
lieu dans cette journée.
« C'est d'après la réponse que nous recevrons que nous réglerons
notre conduite ultérieure.
« Quant à notre dissolution, l'instant où elle pourroit être volon-
taire paroît malheureusement très éloigné ; et si nous savons faire
aux circonstances le sacrifice momentané de l'usage de nos droits,
nous n'en sommes pas moins déterminés à n'en jamais faire le sacri-
fice complet à la force.
« Nous vous remercions, monsieur, de la manière franche et loyale
dont vous nous avez fait passer votre opinion ; nous désirons que tous
les membres de la Société veuillent bien contribuer à éclairer notre
marche et nous communiquer leurs observations; nous nous ferons-
une loi de leur répondre avec exactitude, et de leur soumettre notre
conduite.
« Signé :J)uhergier, p7'ésident ;}\3iïnG\'m, vice-pi'ésident ;D^ k^icu^
De Rossy, Cormier, Hautefort, Armand, Stanislas Cler-
mont-Tonnerre (1). »
Il convient de reproduire ce document :
« Pétition des commissaires, de la Société des Amis de la Constitution
monarchique à MM. les officiers municipaux (2).
« Messieurs,
« Les citoyens, soussignés, commissaires et membres de la Société
des Amis de la Constitution monarchique, voue demandent, pour la
(1) Journal de la Société des Amis de la Cojisiitution monarchique, t. II, n° 18,
p. 1 à n, du 16 avril 1791.
(2) Idem, numéro du samedi 16 avril 1791.
CLUB MONARGHIQL'E 253
dernière fois, la justice qu'il est de votre devoir de rendre à tous les
citoyens.
« Une simple exposition des faits doit précéder les réflexions que
nous avons à vous présenter.
« Veuillez vous souvenir, en nous lisant, que nous sommes des ci-
toyens, et que nous sommes persécutés, que vous êtes des magistrats,
et que la France est libre.
« Nous nous sommes formés en société en vertu de la loi; nous
vous avons fait connoitre notre existence par une déclaration du
mois de novembre 1790.
« Nous avons tenu quelques assemblées sans éprouver aucun
trouble : dans l'une d'elles, nous arrêtâmes de faire aux pauvres de
la capitale une distribution de pain. Dans la même séance, nous
annonçâmes le projet de dénoncer aux dépositaires de l'autorité, et
de poursuivre devant les tribunaux, les auteurs des libelles infâmes
qui, outrageant l'Assemblée nationale et le roi, conseilloient au
peuple de désobéir et d'abolir la royauté.
« La première de ces résolutions servit de prétexte à la haine que
la seconde avoit suscitée contre nous; la cabale coupable qui exerce,
au nom de la liberté, la plus odieuse tyrannie, le Club des Jacobins
agit sur les sections et fit dénoncer le mode de distribution que nous
avions adopté. Il ne négligea pas des moyens qui lui sont encore plus
familiers que les dénonciations légales; on nous menaça du peuple;
on effraya le propriétaire du Panthéon dont nous avions loué la salle.
La séance étoit indiquée pour le 29 décembre (1790), à cinq heures
du soir. Ce fut à peu près vers les deux heures du même jour, que
l'un de nous reçut un arrêté municipal qui nous défendoit de la tenir.
Vous savez l'empressement que mit le directoire à communiquer vos
ordres à la Société; vous vous rappelez aussi que la Société obéit à
votre ordre, quoiqu'elle eût pu lui résister, personne n'ayant le droit
d'interdire ce que la loi ne défend pas, et, à plus forte raison, ce que
la loi autorise expressément.
« Quoiqu'il en soit, et malgré la rigueur du principe, nous étions
accusés et nous voulûmes nous justifier. On ne pouvoit attaquer que
le mode de distribution de pain: après avoir victorieusement prouvé
qu'il n'étoit susceptible d'aucune inculpation, et qu'employé dans
plusieurs circonstances antérieures, il avoit obtenu de justes éloges,
nous vous déclarâmes que nous consentions à l'abandonner, et nous
vous demandâmes une justice éclatante des calomnies dont nous
étions environnés.
« Votre arrêté du 8 janvier (1791) nous permit de reprendre nos
254 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
séances : la fermentation ne fut point calmée par votre arrêté ; les
journalistes aux gages de nos ennemis continuèrent à nous attaquer.
Nous méprisâmes des traits aussi faibles, et nous tînmes une séance
dans la salle du Vaux-Aal [sic) d'été. Cette séance ne fut point trou-
blée; il ne s'y passa rien de contraire à Tordre public ni au respect dû
à la loi; cependant, elle excita de nouvelles alarmes chez nos enne-
mis. Nous fûmes dénoncés aux Jacobins; nous le fûmes par eux de-
vant toute la France, nous le fûmes devant l'Assemblée nationale par
un Jacobin (M. Barnave), nous le fûmes devant vous par quelques
sections influencées par les Jacobins.
« Notre marche fut simple : nous méprisâmes la dénonciation faite
aux Jacobins ; nous opposâmes la vérité et un démenti formel à la
dénonciation qu'ils avoient envoyée dans tous les départemens; et ce
rapprochement leur arracha bientôt la plus lâche des rétractations;
nous opposâmes le même démenti à M. Barnave, avec une offre de
nous justifier ; et son silence nous en évita la peine ; nous vous adres-
sâmes toutes les pièces qui établissoient noire défense, et nous vous
priâmes de vouloir bien, par un jugement authentique et motivé,
mettre fin à la plus injuste des persécutions et fixer l'opinion publi-
que.
« Nous ignorons encore ce qu'ont pu vous dire nos délateurs :
nous savons que par une lettre du 1 1 février, M. le procureur-syndic
les pressa de fournir leurs preuves. Vous savez combien nous avons
désiré et demandé votre jugement. Vous aviez prononcé un véritable
ajournement, et votre arrêté nous donne acte de la déclaration que
nousvousavons faite de suspendre nosséances jusqu'au jugement dé-
finitif. Certes, nous ne devions pas nous attendre que cette déclaration
pût devenir un moyen de nous priver de l'exercice de nos droits, et de
rendre indéfini un ajournement qui ne pouvoit être que très prochain.
« Pendant que nous attendions votre jugement, vous vous rap-
peliez combien de persécutions furent dirigées contre nous, et sur-
tout contre l'un de nos commissaires, à l'occasion de la distribution
du pain dont nous avions changé le mode, sur laquelle nous avions
consulté votre département de police, de laquelle nous avions prié
successivement et vous et les sections de vouloir bien se charger.
« Une affiche insidieuse de la section de la Croix-Rouge excita la
plus dangereuse fermentation, exposa les propriétés et peut-être la
personne de ce commissaire; et cet incident n'étoit peut-être pas une
des moindres raisons dont vous voyiez que l'opinion publique avait
besoin.
« Pendant que nous attendions ce jugement avec respect, la section
GLUn MONARCHIQUE 255
de la Croix-Rouge s'est permis de le présumer : elle a fait placarder
une affiche dans laquelle elle déclare flétrie la Société des Amis de la
Constitution monarchique. Nous vous avons dénoncé ce délit, et nous
n'avons reçu de vous ni réponse ni justice.
« Fatigués d'un aussi long délai, nous vous avons écrit le 15 mars
que nous n'entendions pas suspendre plus longtems nos séances ,
et que nous demandions un jugement. Nous n'avons eu de vous ni
réponse ni jugement.
« Le 24 mars, nous vous avons écrit une seconde lettre, pour vous
annoncer que nous reprendrions nos séances le 28 ; le 27 au soir nous
n'avions pas encore de réponse ; le 28 au matin, l'un de nous (M. de
Clermont-Tonnerre) a reçu dans le même paquet et votre réponse à
notre lettre du l.o, et un arrêté municipal du 25. Le prétexte de ce
retard fut l'ignorance où l'on étoit de l'adresse de notre président.
« Quoi qu'il en soit, les membres qui eurent connoissance de votre
arrêté firent tout ce qui dépendoit d'eux pour en instruire la Société.
« Le 29, nous nous rendîmes compte des faits; nous vous deman-
dâmes justice des violences exercées contre quelques-uns de nous,
et nous vous dénonçâmes les manœuvres qui les avoient préparées.
Nous sommes au 14 avril, et nous n'avons reçu de vous ni de réponse
ni de justice.
« Voilà les faits, messieurs, nous vous les dénonçons à vous-
mêmes, et nous les dénonçons à toute la France. Est-ce là ce que des
citoyens doivent attendre de leurs mandataires, des magistrats
revêtus de la confiance du peuple? Vous ne devez pas laisser diva-
guer l'opinion, laisser les préventions se grossir, les complots se pré-
parer et les attentats s'exécuter impunément. Vous êtes responsables
du mal que vous n'empêchez pas. Tout calcul pusillanime est un
calcul coupable; la sédition qui suit une sédition non réprimée de-
vient alors votre ouvrage ; et l'on peut vous dire ce que le sévère
Montausier disoit à Louis XIV, qui se plaignoit de vingt meurtres
commis par un scélérat à qui il avoit pardonné le premier : « Sire,
lui dit Montausier, vous vous trompez ; il n'en a tué qu'un. » « Et qui
donc a tué les autres? » dit le roi. « Vous, » lui répondit Montausier.
Nous avons le droit de vous rappeller aux seuls principes qui con-
viennent aux magistrats d'un peuple libre, impartialité, justice et
courage.
« Nous allons vous donner une occasion d'exercer ces trois vertus.
Nous avons recueilli les faits relatifs à la journée du 28 mars, et nous
allons vous les dénoncer.
« Le sieur Pigrais, vieillard respectable, a été enveloppé et assailli
256 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
par vingt-cinq ou trente personnes, à la porte de la salle; il en a re-
connu quatre ou cinq, vêtus de l'uniforme national, ayant à la main
leur sabre dans le fourreau; sa montre lui a été volée; il a été frappé
par derrière de coups de sabre sur la tête, de coups de poing et de
bâton par la populace; il a fui et a été poursuivi à coups de pierres,
dont une Ta grièvement blessé à la tête; il est tombé deux fois sous
les coups. Il a un os cassé dans la main droite; une patrouille lui a
sauvé la vie, en le conduisant chez le commissaire de police. Nous
vous demandons qu'il soit informé contre les assassins du sieur Pi-
grais; que l'on fasse entendre des témoins, et notamment le sieur
Delafontaine, cité par M. Pigrais pour l'avoir généreusement secouru
sans le connoître.
« Le sieur Daricourt (1), qui n'est arrivé qu'à neuf heures du soir,
tems où le tumulte étoit passé, a été arrêté en entrant dans la maison
par un grenadier jeune, de la taille d'environ cinq pieds sept pouces,
armé seulement d'un sabre, lequel lui a demandé son billet d'entrée.
Ce même grenadier lui a demandé sa demeure et puis une canne à
sabre qu'il avoit (2). Ayant remis cette canne, le même grenadier
voulut en casser la lame, et en fut empêché par d'autres, qui lui di-
rent qu'il falloit conserver 'précieusement cette preuve.
« Le sieur Daricourt observa que ces cannes étoient permises; on
lui répondit que non. Le même grenadier lui dit que s'il remetloil ja-
mais le pied dans le Club monarchique , et surtout avec une pareille
canne, il la lui passeroit au travers du corps et seroit son premier bou-
cher.
« Plusieurs personnes ont insulté le sieur Daricourt; après une
longue délibération entre eux, deux volontaires et un chasseur l'ont
conduit au district de Saint-Lazare. Ces trois hommes n'avoient pas
de fusil et n'étoient pas conduits par un sous-officier de service. Arrivé
au corps-de-garde de Saint-Lazare, il a essuyé de nouvelles railleries ;
on l'a exhorté d'entrer au Club des Jacobins; présenté au commis-
saire de la section, ses conducteurs l'ont accusé d'être du Club mo-
narchique. L'officier civil l'a fait mettre en liberté, a ordonné qu'on
lui remît sa canne, qui ne lui a pas été rendue.
« Nous vous dénonçons la conduite illégale et coupable du grena-
dier, qui a insulté et menacé le sieur Daricourt ; son arrestation irré-
(1) Ce nom ne figure pas sur les listes citées plus haut.
(2) « Notre premier projet ayant été de nous rassembler le vendredi précédent, on
avoit joint aux lettres l'indication de ne point porter d'armes, pour se conformer
à la proclamation de la municipalité. Cette proclamation ayant été retirée, l'invi-
tation ne fut pas mise aux billets du lundi. » fNote des commissaires.)
CLUB MONARCHIQUE 257
gulière par trois hommes qui n'étoient point de service, ou n'en
avoient point les marques, et le vol de la canne à sabre qui ne lui a
pas été rendue,
« M. Guyet-Laprade (1) a été environné par plusieurs hommes mal
intentionnés; un d'entre eux s'est jette sur lui, il l'a repoussé. Cet
homme excitait le peuple à se saisir de lui. M. de Montjourdin, com-
mandant le bataillon de Saint-Lazare, le débarrassa par le courage
avec lequel il s'est lui-même dévoué ; il a été conduit au corps-de-
garde de la rue Poissonnière; il a été proposé de le fouiller; il y a été
détenu pendant cinq heures; on y a dressé un procès-verbal.
« Nous demandons qu'il soit informé contre ceux qui ont entouré
et assailli le sieur Laprade, contre celui qui les excitoit, et que vous
fassiez représenter le procès-verbal qui a été rédigé au corps-de-
garde de la rue Poissonnière.
« Une lettre signée par un de nos membres contient encore les faits
suivans :
« A six heures du soir, il y avoit assez de monde dans la rue; la
maison étoit assiégée d'un bon nombre d'hommes, quelques femmes
et quelques enfans ; une patrouille nombreuse étoit arrêtée dans une
rue latérale, assez près de la maison. Les premiers membres sortis
ont été hués : deux ou trois personnes crièrent que les aristocrates
avoient des cocardes blanches; d'autres remarquèrent qu'elles étoient
aux trois couleurs; ils ne furent point écoutés, et cette calomnie de-
vint le prétexte de la fermentation. Deux patrouilles, cependant, se
croisoient dans la rue et ne dissipoient pas l'attroupement. 11 arriva
une voiture de place, chargée de quatre personnes. Le peuple l'arrête;
un gros homme se montre à la portière; aussitôt, plusieurs voix
s'écrient qu'on le reconnoit, qu'il est des Jacobins, qu'il est du district
de Saint-Lazare, qu'il est excellent patriote. Cet homme exige du si-
lence et est obéi. Il fait une sortie contre les aristocrates rnonarchiens,
approuve la justice qu'on paraissoit disposé à en faire, ajoute qu'elle
est d'autant plus méritée que ces MM. se sont assemblés malgré la dé-
fense de la municipalité. Il propose de lire la loi qu'ils ont enfreinte;
il tire de sa poche une feuille de papier à tellière, il ht cette première
phrase : « Monsieur, nous avons eu l'honneur de vous prévenir que la
Société reprendra ses séances le lundi 28 de ce mois ». A ce peu de
mots, il a reconnu son erreur et a voulu s'interrompre pour chercher
un autre papier; on le force à continuer. Alors, en balbutiant, il
achève la lecture du papier, qui étoit notre lettre à M, le maire ; lettre
(1) Ce nom ne figure pas sur les listes citées plus haut.
17
258 LES CLUBS GONTRE-REVOLUTIONNAIRËS
dans laquelle nous annoncions les mesures prises par le directoire de
la Société, pour empêcher la tenue de la séance. L'orateur s'est
esquivé après sa lecture, qui a convaincu de sa mauvaise foi ceux qui
étoient à portée de l'entendre, mais qui parut aux plus éloignés la loi
même que cet émissaire nous accusoit d'avoir enfreinte.
« C'est après cette lecture que le sieur Pigrais a été frappé, comme
nous l'avons dit précédemment. Quelques-uns de ses assassins ont
rapporté une cocarde qu'ils disoient avoir prise à son chapeau. Elle
étoit aux trois couleurs; mais, pour faire croire qu'elle étoil blanche,
ils la montrèrent du côté de la doublure.
« L'attroupement étant augmenté, plusieurs personnes témoi-
gnèrent le regret d'être arrivées si tôt. Si i\ous n'étions venues quà
huit heures^ dirent-elles^ nous aurions trouvé tous ces gredins réunis,
et il ne nous en aurait pas échappé un seul.
« Quelques momens après, un grouppe nombreux, à la tête duquel
étoit un jeune grenadier, a pénétré dans l'intérieur de la maison ;
un moment après, M. Bailly a paru à la porte, et un officier a fait en-
trer une patrouille dans la maison. Plusieurs personnes ont encore
été maltraitées ou insultées par le peuple; aucune patrouille ne se
trouvoit dans les rues latérales au moment où se commettoient ces
excès. Enfin M. Bailly est sorti de la salle, a assuré qu'il n'y avoit
plus personne que les gens de la maison. Il a dit: J'ai promis de so?'-
tir le dernier, me voici, je tiens parole; ainsi je pense que nous n'avons
plus rien de mieux à fœre que de nous en aller chacun chez nous; allons,
mesdames, engagez ces messieurs à se retirer. Les dames ont refusé
d'abord de convenir qu'elles eussent du crédit sur l'esprit de ces mes-
sieurs; cependant, après une assez longue conversation avec M. le
maire, l'attroupement s'est dissipé.
<( Sur ce récit, nous demandons qu'il soit informé contre les auteurs
de l'attroupement et des différentes violences exercées contre les
auteurs de la calomnie relative à la cocarde blanche; contre le qui-
dam venu, lui quatrième, dans une voiture de place, et ayant excité
le peuple contre nous, en nous accusant faussement d'avoir désobéi
à la loi. Nous demandons, de plus, que M. le maire veuille bien s'ex-
pliquer avec vous et avec nous, sur la conduite qu'il a tenue dans
cette journée, et notamment sur la circonstance par laquelle l'homme
venu dans la voiture de place, et qui excitoit le peuple contre nous,
s'est trouvé porteur de la lettre ou de la copie de la lettre écrite par
notre directoire à M. le maire, le matin du 28 mars, et que nous
n'avions communiquée à personne.
« Le concierge du bâtiment certifie qu'un grouppe est entré dans
CLUB MONARCHIQUE 259
la maison, a cassé le treillage du bout du jardin, que l'on a pris les
bougies qui étoient dans les lustres, que l'on en a cassé un, que l'on
a pris, dans une table à lui, une montre, un médaillon et autres ba-
gatelles de cuivre; qu'enfin la garde restée dans la maison a dit à
plusieurs membres qui arrivoient successivement, après leur avoir
demandé leurs cartes, leurs noms et leur demeure, qu'il n'y avoit
point d'assemblée, que c'étoit pour la troisième fois qu'on leur sau-
voit la vie, mais qu'à la quatrième on n'en répondoit pas (1).
« Nous demandons qu'il soit informé contre les auteurs des dégâts
et des vols ci-dessus mentionnés, et sur la conduite des soldats de
garde qui ont arbitrairement vexé des citoyens, et ne leur ont pas
donné les secours qu'ils dévoient en attendre. Nous vous observons
que vous êtes responsables des dégâts commis, parce que vous n'avez
pas fait ce qui étoit nécessaire pour les empêcher.
« Voilà, messieurs, l'ensemble des faits relatifs à la journée du
28 mars, et que nous vous dénonçons. Nous ne sommes coupables
d'aucun délit, et nos adversaires sont prévenus de délits graves. A
peine chez les peuples les plus esclaves trouveroit-on l'exemple d'une
soumission à la volonté du despote égale à notre constante défé-
rence aux intentions du corps municipal. Nous avons, pendant des
mois entiers, fait le sacrifice de nos droits ; nous savions bien que,
même pour vous, les circonstances étoient difficiles ; mais nous es-
périons qu'un jour vous en triompheriez. Il ne nous est échappé
contre vous aucune plainte, aucun reproche; on ne nous a pas vus,
comme le club des Cordeliers, afficher des placards séditieux et vous
dénoncer au peuple. Peut-être cette constante modération méritoif-
elle de votre part au moins une prompte justice; aujourd'hui nous
vous demandons justice et vengeance. Nous vous dénonçons les dé-
sordres que vous auriez pu prévenir en nous jugeant, l'émeute que
vous auriez évitée en nous envoyant deux jours plus tôt la lettre
qui n'est arrivée que le 28 mars, et les attentats contre la sûreté
individuelle, que vous auriez •empêchés en montrant la ferme réso-
lution d'user de la force publique.
(1) « Un caporal d'un bataillon de la garde nationalo, dont les volontaires de
cette môme garde avoient pris le nom par subterfuge, lorsqu'il s'était présenté
pour demander à parler à un membre du Club monarchique, a été dénoncé à
son bataillon comme membre du Club monarchique; et sur cette dénonciation,
son bataillon a pris l'arrêté de le dégrader à la tête du corps. L'exécution du
jugement n'a pas été réalisée, parce que le hasard l'avoit fait se démettre de son
grade quelques jours avant celui oîi il s'étoit présenté pour demander quelqu'un
de la Société, rue des Petites- Écuries. »
260 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
« Nous vous offrons, sur la première réquisition qui nous en sera
faite, (le répondre à tous les reproches, de confondre tous les déla-
teurs, de vous donner tous les renseignemens qui peuvent éclairer
votre décision. Depuis trois mois, notre procès s'instruit dans les
ténèbres de votre comité des recherches; depuis trois mois nous
sommes tourmentés et vexés ; nous ne voulons décidément plus l'être.
Un plus long délai de votre part seroit un véritable déni de justice,
et alors nous vous prévenons que notre intention est de nous pour-
voir devant le Directoire du département de Paris. Nous sommes
décidés à parcourir tous les degrés de la hiérarchie des pouvoirs
administratifs, nous chercherons la justice jusqu'à ce que nous
rayions trouvée, et si partout on nous la refuse, il sera démontré à
toute la France que la liberté n'y existe pas; car il n'y a point de
liberté partout où il n'y a point de justice.
« Signés : Dubergier, président; Hamelin, vice-président;
D'Agieu, de Rossy, Cormier, Hautefort, Armand, Sta-
nislas Glermont-Tonnerre. »
XXXI
Glermont-Tonnerre devenait le point de mire des attaques jaco-
bines. Une députation de la Société des Amis des Droits de l'homme,
au faubourg Saint-Antoine, réclama « les honneurs de la lanterne »
en sa faveur. 11 laissait subsister ses armoiries sur le fronton du
château de Ghamplâtreux, sur les murs de l'église; il avait établi un
club monarchique dans une petite ville voisine (1), assurait-on.
Dans une séance de l'Assemblée nationale, la majorité décida
qu'Avignon ne serait pas réuni à la France, et Glermont-Tonnerre,
à la sortie de cette séance, fut malmené. L'affaire fut racontée ainsi
par un monarchiste :
« Paris.
« Lettre aux Rédacteurs du Journal.
(C Témoin, messieurs, de ce qui est arrivé hier à M. de Glermont-
Tonnerre en sortant de la séance de l'Assemblée nationale, j'ai cru
devoir consigner dans un journal, connu par son exactitude à n'ad-
mettra que des faits vrais, ceux que plusieurs folliculaires vont sans
doute dénaturer, et qu'il est très important que l'on connoisse.
(1) Séance du 8 mai 1791, au club des Jacobins. — Le Lendemain, numéro du
10 mai 1791.
CLUB MONARCHIQUE 261
« A Tissue de la séance d'hier M. de Clermont-Tonnerre est sorti
par la petite porte qui donne sur la terrasse des Feuillans. Une femme
lui a dit : « Cela est-il fini? » Il a répondu : « Oui, madame. » Elle
lui a dit : « Qu'a-t-on décidé? » Il a répondu : « Qu'Avignon ne seroit
pas réuni à la France. » Et il a continué son chemin sans ajouter un
seul mot, ni faire un seul geste. Un homme vêtu d'une redingotte
nationale, que j'ai entendu nommer Saturnin, a dit : « C'est lui qui a
fait le décret, c'est un scélérat, un gueux, etc., etc., il faut le
pendre... » Le même cri a été répété par plusieurs autres. M, de
Clermont n'a rien répondu, ne s'est pas même retourné, et a con-
tinué son chemin sans doubler le pas. Les cris ont augmenté, on
disoit : « A la lanterne, pendez-le, au bassin, au chat, etc., etc. »
Mais la contenance de M. de Clermont-Tonnerre étoit tellement tran-
quille, il paroissoit même si étranger à ce qui se passoit, que les
grouppes qui se formulent de part et d'autre auprès de lui se deman-
doient les uns aux autres : « Où est-il? Montrez-nous le donc? etc. »
Il étoit auprès d'eux.
« Il n'y avoit que huit ou dix personnes qui voulussent échauffer
le grouppe, et notamment une vieille femme et l'homme en redin-
gotte bleue. Enfin la masse entière s'est ébranlée; on a saisi des
chaises; d'autres étoient armés de bâtons; tous ont couru sur M. de
Clermont-Tonnerre; il n'a eu que le temps d'entrer chez le suisse
qui est à la porte de la cour du Manège.
« Un officier de la garde nationale et trois ou quatre autres per-
sonnes l'ont aidé à sortir de chez le suisse et l'ont conduit, à l'aide
de six cavaliers de la garde nationale, jusqu'à un fiacre qui passoit
dans la rue de l'Échelle. M. de Clermont y est monté au milieu d'une
foule très considérable, de laquelle partoit {sic) beaucoup de cris de
lanterne et des menaces de tous les genres. L'officier de la garde
nationale et un autre garde national en uniforme que je ne connois
pas, sont montés dans le fiacre; les six cavaliers l'ont escortés (sic)
jusqu'à la rue des Vieilles-Tuileries. La foule a suivi le fiacre et s'est
grossie pendant la route; une demi-heure après, elle a brisé la porte
de sa maison, s'est précipitée dans l'avenue; plusieurs femmes por-
toient des cordes; les six cavaliers qui étoient dans la cour ont à eux
seuls fait rétrograder toute la foule, et ont constamment défendu la
porj^. Pendant tout l'après-midi la maison a été environnée d'hommes
attrouppés; les renforts de gardes, qui sont successivement arrivés,
ont eu la contenance la plus ferme et ont évité tout désordre. M. de
La Fayette a pris toutes les précautions possibles; M. le Maire s'est
porté au lieu de l'attroupement. Tous les témoins de cette scène, tous
262 LES CLUBS GONïRE-RÉVOLUTIONN AIRES
les amis de l'ordre, doivent rendre justice au zèle et à l'activité de la
garde nationale.
« J'observe que c'est pour avoir parlé à la tribune, pour y avoir
prononcé une opinion que l'Assemblée nationale a adoptée à une
pluralité de quatre cent quatre-vingt-dix-sept voix contre trois cent
seize; que c'est deux jours après qu'il a eu parlé, dans la même
Assemblée, avec beaucoup de force contre ceux qu'il accuse de déna-
turer et de souiller la révolution, qu'un législateur est insulté, attaqué
au milieu de la capitale. Certainement il n'y aura de liberté que
lorsque le peuple de Paris saura respecter les loix et se défendre de
tous les brigands qui le séduisent.
« J'ai l'honneur d'être bien sincèrement,
« Monsieur,
« Votre très humble et très affectionné serviteur,
« Petit.
« A Paris, le 5 mai 1791 (1). »
Dans une lettre publiée par la même feuille, môme numéro, Cler-
mont-Tonnerre donne le nom de l'officier : Durocher. Au n" 22, il
indique le nom du citoyen qui a pris sa défense avec Durocher : c'est
M. Lecrac, domestique de M. Delfaut, rue de Bourbon Saint-Germain,
n» 125. Il cite, en outre, un perruquier de la rue Aumaire, nommé
Devienne, et M. Châtelain, ci-devant grenadier au régiment d'An-
goulême.
Selon beaucoup de gens, Clermont-Tonnerre et le Club monar-
chique projetaient la contre-révolution. Le journal du Club prit sa
défense, quand on accusait les membres de la Société royaliste de
chercher à fomenter des troubles. Il imprimait :
« Contrepoids a la calomnie.
« On nomme deux des personnes arrêtées commes chefs ou agens
des chefs d'un projet de contre-révolution. On les dit mis en œuvre
par le Club monarchique; accusation qui peut être vraie, mais qui
peut être fausse, comme il y en a eu tant. On nomme aussi pour
dénonciateur de ce projet un sieur Rutaud, que l'on dit fils du prote
de M. Langlois, imprimeur. Les sieurs Thévenault et Lacombe lui
avoient remis quarante mille livres en assignats, afin d'acheter des
rebelles. Le sieur Rutaud s'est prêté à tout pour tout connoître""; et
dès qu'il a été au fait du complot, il s'est rendu à la section des
(1) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarcltique, du samedi
7 mai 1791, n-ai, t. III, p. là 4.
CLUB MONARCHIQUE 263
Carmes, qui a reçu les assignats en dépôt, la déclaration du sieur
Rutaud, et qui a pris le dernier sous sa garde spéciale, afin de le
garantir des projets de vengeance qu'il peut avoir à craindre. L'épouse
de M. Lacombe est gardée à vue. L'indignation qu'excite ce projet est
générale, et elle est légitime si le projet est avéré. M. de Clermont-
Tonnerre est fort compromis dans les discours publics. Gardera-t-il
un silence suspect et même coupable sur des inculpations aussi
graves que celles dont il est entouré? »
— « 11 me semble qu'un homme, sans devenir ni suspect ni cou-
pable, peut se taire sur une calomnie qui n'a ni probabilité ni fonde-
ment. Je n"ai rien à dire aux auteurs d'une infamie qui certes ne
croyent pas ce qu'ils publient; mais je réponds volontiers au jour-
naliste honnête, dont je connois la bonne foi et l'impartialité. Je suis
totalement étranger à l'affaire à laquelle on attache mon nom. Je n'ai
jamais donné un denier dont je doive désavouer l'usage. Les seuls
fonds appartenans à la Société monarchique dont j'aie été momen-
tanément chargé, sont les onze mille et quelques cents livres em-
ployées à la distribution de pain faite il y a plus de deux mois. Ceux
qui me connoissent savent bien que ma fortune, peu considérable il
y a deux ans, et réduite encore depuis cette époque, ne me permet
aucune dépense. Telle qu'elle est, je serois encore prêt à la partager
^vec celui qui viendroit m'apprendre que nous sommes véritablement
libres sous la loi, et qu'il n'y a plus ni délateurs ni factieux.
« Stanislas Glermont-Tonnerre. »
Le Journal de Paris inséra, le 6 mai 1791, une lettre de ce député.
« 4 mai 1791.
« Aux Auteurs du Journal.
« Messieurs,
« Dans les circonstances où je me suis trouvé aujourd'hui en sor-
tant de l'Assemblée nationale, accueilli par les outrages et les me-
naces atroces d'une foule d'hommes que je n'avois pas provoqués,
j'ai éprouvé un sentiment bien doux et que je m'empresse de mani-
fester.
« Au moment où je suis entré chez le suisse des Tuileries pour me
soustraire à ceux qui me poursuivoient, j'ai vu un jeune Officier de
la Garde nationale se précipiter dans cette même pièce, me jurer
qu'il mourroit avant que l'on insultât devant lui un Membre du Corps
législatif. Mon frère, a-t-il dit, est mort en faisant son devoir et main-
tenant l'ordre public, je veux imiter son exemple. Cet estimable jeune
264 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
homme se nomme du Rocher; il ne m'a point quitté qu"il ne m'ait
reconduit chez moi.
« Au même moment un autre Citoyen m'a fait une offre semblable,
s'est de même attaché à mes pas et m'a conduit chez moi : j'ignore
son nom; il m'a quitté dès que je n'ai plus eu besoin de lui, en me
disant seulement qu'il étoit domestique chez une personne dont je
n'ai pas bien entendu le nom. Je désire que cet honnête Citoyen
veuille bien se faire connoitre à moi. En tout j'ai à rendre à la Garde
Nationale l'hommage de reconnoissance le plus mérité : six Cava-
liers ont sauvé ma personne et ma maison de la foule qui, ayant
brisé ma porte, a pénétré dans ma cour.
(( J'ai l'honneur d'être, etc.
« Stanislas Clermont-Tonnerre. »
Le 21 juin 1791, il annonça à plusieurs de ses collègues de l'As-
semblée nationale qu'il avait été arrêté par le peuple dans les Tui-
leries.
Le journal du Club avait reçu du même cette réclamation :
« Au Rédacteur.
« Monsieur,
« Quelques journaux, et notamment le Journal général de France,
dans son n° 133, paroissent m'attribuer un ouvrage intitulé : Heureux
effets de la Révolution et de la Constitution ^ chez Gattey (1).
« Je ne suis point l'auteur de cet ouvrage, que je n'ai pas même
lu, et que je ne connois que par la note de ce journal.
« Je vous prie d'insérer ce désaveu dans votre feuille.
« Je suis, monsieur,
« Votre très humble et très obéissant serviteur,
« Stanislas Clermont-Tonnerre.
« Ce n mai 1791 (2). >-
XXXII
Ajoutons aux événements les écrits pour ou contre la Révolution.
Dans le cours de l'année 1791, la polémique entre les patriotes et
(1) Voir plus bas, Librairies.
(2) Journal de la Société des A7nis de la Constitution monarchique, du sameili
31 mai 1791, u» 23, t. III, p. 1 et 2.
CLUB MONARCHIQUE -265
les monarchistes fut très ardente. Tous les Parisiens s'en occupaient,
lisaient avidement journaux et brochures de Tun ou l'autre camp,
ce qui entretenait les animosités.
Le Tarif des députés à V Assemblée nationale contenait cette phrase :
« Le Club monarchique vaut tout autant que 4 Champenois (1). »
Un libelle des plus violents, intitulé : Vie publique et privée de
Honoré-Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau, était dédié aux Amis
de la Constitution monarchique (2).
Une brochure, Y Assemblée des Noirs (3), assiégée hier au soir par le
peuple, rue Royale, annonçait :
« Errans depuis la funeste aventure des Capucins, partout repous-
sés, la constance peu commune des Noirs les avait logés rue Royale,'
n» 28, Ils s'y sont assemblés en catimini... Il étoit environ sept
heures. Plusieurs voitures obstruoient la rue Royale (4). »
Corsas écrivait, en mars 1791, un article satirique sur la réception
de Riquetti Mardi-Gras au Club monarchique.
Le journal VAmi de la Constitution, fondé le 1" octobre 1791, se
déclara monarchiste, d'accord avec la Constitution, menaça de pour-
suivre « avec une opiniâtreté honorable tous ceux qui seraient tentés
d'élever leur fortune et leur puissance sur les débris du trône (5). »
Voilà pour les opposants au Club monarchique; voyons maintenant
les élucubrations des hommes qui, plus ou moins, marchaient d'ac-
cord avec lui. Généralement, elles prenaient le ton de l'ironie, s'ins-
piraient des Actes des Apôtres.
C'était, en premier lieu :
« LES CRIMES DU CLUB MONARCHIQUE
« Le Club monarchique est haï des aristocrates et des jacobins.
« Qu'est-ce qu'il a fait aux aristocrates?
« Il leur a dit : Vous êtes des imbécilles et des rebelles.
« Des rebelles, parce que vous désobéissez à la Constitution que
tous les François veulent avoir.
(1) Hatin.
(2) Brochure datée de 1791 (Paris, hôtel d'Aiguillon). — Bib. de la Chambre
des députés, Bf 250.
(3) Rappelons qu'on appelait les Noirs ou les Chevaux noirs les membres vêtus
de noir qui siégeaient à droite de l'Assemblée nationale.
(4) Brochure de 7 p. (Bib. Nat., Lb 39/4749.)
(o) Ce journal disparut le 10 mai 1792, à son 230" numéro, et fut réuni à la
Correspondance patriotique.
266 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
« Des imbécilles, parce que vous voulez ressusciter ce qui esl mort,
et détruire ce qui durera plus que vous.
« Il n'a pas redemandé les parlemens.
« 11 n'a pas parlé du clergé.
« Il ne soutient pas la noblesse.
:< Il ne regrette et ne réclame aucun abus,
« Voilà, aux yeux des aristocrates, les crimes du Club monar-
chique.
« Qu'est-ce qu'il a fait aux Jacobins?
« 11 ne les a point adorés.
« Il a dit qu'il vouloit la monarchie décrétée par l'Assemblée natio-
nale.
« Il a dit qu'il vouloit le roi adoré par tous les François.
« Il a dit que M. Barnave en avoit menti, et l'a prouvé.
u 11 a dit que M. Broglio (1) avoit menti, et l'a prouvé.
« 11 a même dit que M. Choderlot {sic) avoit menti, et l'a prouvé.
« Il a raconté toutes les sottises des petits clubs jacobins de pro-
vince.
« Il a dit qu'il n'obéiroit qu'à la loi, et jamais aux Jacobins.
« Voilà, aux yeux des Jacobins, les crimes du Club monarchique.
« Mais a-t-il fait quelque chose au peuple? — Oui.
« Il a nourri deux mille pauvres pendant un mois.
« Il leur a dit : Ne vous mêlez pas de disputes qui ne vous regar-
dent point; travaillez,. soyez tranquilles, ne faites point d'émeute, et
nous vous aiderons de notre mieux.
« Voilà, les seuls crimes du Club monarchique à l'égard du
peu])le.
« Mais a-t-il fait quelque chose contre la Révolution? — Non.
« Il a dit qu'elle avoit bien fait de détruire tous les abus, mais
qu'il ne falloit ni tuer, ni vexer, ni insulter ceux qui en jouissoient
autrefois.
« Il a dit que l'on pouvoit être libre sans suivre, comme des chiens
à la piste, une demi-douzaine de faquins qui, n'ayant fait qu'un saut
de l'antichambre du roi à la tribune de la nation, sont insolens avec
leur maître depuis qu'il est le plus foible, comme ils étoient insolens
en son nom quand il étoit le plus fort.
« Il a dit que si la loi étoit respectée, l'ordre public maintenu, le
calme renaîtroit bientôt, et que les François libres et tranquilles se-
roient le premier peuple de la terre.
(1) Victor de Broglie. (Voir plus haut, p. 200 et suiv.)
CLUB MONARCHIQUE 267
« Voilà les seuls crimes du Club monarchique contre la Révolution.
« François! réfléchissez sur les crimes du Club monarchique (1). «
C'était la glorification, en tout et pour tout, du club qui avait
excité les colères des patriotes les plus modérés en plaçant les droits
de la royauté avant ceux de la souveraineté du peuple.
Quelquefois, les auteurs s'attaquaient à une personnalité connue,
ou prêchaient la contre-révolution armée.
On lit, dans la Réception de Cara (Carra) au Club monarchique :
« Le Monarcuiste. — Sachez donc que le véritable patriotisme est
au Club monarchique.
« Gara. — Allons donc, allons donc, vous vous moquez de moi.
« Le Monarcuiste. — Voilà mon homme qui n'avait pas de préven-
tion.
« Cara. — Un club dont les séances sont mistérieuses [sic] !
« Le Monarchiste. — Les vôtres sont-elles publiques? D'ailleurs ce
reproche est mal fondé : vous n'aviez qu'à ne pas le persécuter, il
eût depuis longtems tenu ses séances publiquement, et il vous eût
donné un exemple que vous n'auriez certainement pas suivi.
« Cara. — Un club qui se qualifie de monarchique!
« Le Monarchiste. — La monarchie n'est-elle pas décrétée? Est-ce
agir contre le patriotisme que de soutenir la constitution?
•« Cara. — Un club où l'on donne du pain !
« Le Monarchiste. — L'humanité est-elle anti-patriotique? n'est-ce
pas un devoir que de soulager ses frères?...
« Cara. — ... Un club qui vouloit rivaliser avec les Jacobins!
« Le Monarchiste. — Ah! voilà le grand crime... (2). >>
Dans une brochure : Tôt ou tard la raison reprend ses droits^ l'au-
teur imprimait une adresse aux Bretons, où nous lisons :
« Marchez droit à ce Louvre, dont ils ont fait la prison de la Famille
Royale; écartez ces misérables geôliers, qui ont osé se revêtir des
livrées de l'honneur; ne craignez rien d'eux, ils ne sont forts que
de la faiblesse des autres. Jamais des traîtres ne pourront résister
à des François qui sauvent leur roi : enlevez ce Prince foible, mais
bon, qu'ils ont la barbarie de rendre malheureux; cette Reine dont
les revers ont montré toute l'énergie; cet Enfant qui deviendra le
vôtre, et qui sourira à vos généreux efforts (3;. »
(1) Brochure iu-8» de 4 p., s. 1. n. d. (1791?). — (»ib. x\at., Lb :{9/4750.)-
(2) Dialogue. (Blb. Nat., Lb 39/4617.)
(.3) Bib. de la Chambre des députés, W" 222, t. 11.
268 LES CLUBS CONTRE-RÉ VOLUTIONN AIR liS
Une autre brochure, ayant pour titre : Ah! Parisiens, quavez-vous
fait? contenait cette affirmation presque aussi provocatrice que la
précédente :
« Paris, superbe cité! quels objets vous offrez à nos regards!
N'êtes vous plus qu'une arène de bêtes féroces qui n'attendent qu'un
signal pour se dévorer? Quoi! bientôt, peut-être, vous ne serez plus
qu'un affreux tombeau!...
«... Peuple inconséquent, irrésolu, lâche, foible, crédule! oui,
vous reverrez vos princes avec enthousiasme... (1). »
Nous trouvons dans le Catéchisme des aristocrates :
« D. — Qu'est-ce que le Club monarchique?
« R. — C'est une Société d'hommes sages et courageux, formée
pour s'opposer aux attentats des Jacobins et sauver la Monarchie,
et que pour cette raison on a cherché à détruire, malgré le mot de
liberté que leurs ennemis ont sans cesse à la bouche.
« D. — Cette Société est-elle bien nombreuse?
« R. — Elle est composée de tout ce qu'ily a de gens sensés, d'hon-
nêtes et de véritables François dans tout le Royaume.
« D. — Mais alors, pourquoi a-t-elle si peu d'influence?
« R. — Eh! que peut le courage^et la raison contre une multitude
égarée? Mais l'effervescence diminue tous les jours, et le temps ap-
proche où le Trône des Tyrans Démagogues va crouler et les écraser
sous ses propres ruines... (2). »
Citons aussi l'intitulé d'une brochure : Contre les horreurs du jour,
à tous les vrais François, par un Ami de l'Autel, du Trône et de la
Patrie,
« A l'école de la vérité, la troisième année de la tyrannie des cons-
ciences, des crimes de Lèze-Majesté divine et humaine, de Lèze-
Patrie, de la licence la plus effrénée, et de la plus cruelle persécu-
tion (3). »
Du dehors venaient en France quelques libelles à l'adresse des
monarchistes.
Dans la brochure : Adresse des bons Français au Roi, parue à
Bruxelles le 15 août 1791, on lisait :
« Votre capitale offre, il est vrai, le spectale le plus déchirant.
(1) Bib. de la Chambre des députés, fif" 222, t. XXXVII.
(2) Catéchisme des Aristocrates, etc. (1791). — Bib. Nat., Lb 39/4560.
(3) Brochure in-8° de 32 p. (1791). (Bib. de la Chambre des députes, B' 268.)
CLUB MONARCHIQUE 269
Elle s'est transformée en un volcan qui couvre la France de ses cen-
dres et qui répand au loin ses vapeurs meurtrières : mais, Sire, ses
convulsions ne sont pas celles de votre bon peuple de Paris. Comme
vous, il est dans les fers... (1). »
Le Journal à deux liards imprimait : « J'ai vu ce David (le peintre)
si bête, si méchant et si véritablement marqué du sceau de la répro-
bation. On n'est pas plus hideux et plus diaboliquement laid. S'il
n'est pas pendu, il ne faut pas croire aux physionomies (2). »
Lorsque le bonnet rouge apparut, vers le milieu de 1791, le Journal
de la Cour et de la Ville dit, en parlant de la Nation :
Elle arbore le bonnet rouge,
En attendant le bonnet vert.
Le journal comptait six mille abonnés parmi les vingt mille abon-
nés des journaux royalistes.
La cour lui préférait le Journal à deux liards^ qu'elle trouvait
moins ordurier. L'un et l'autre se valaient, au point de vue de la
propagande anti-révolutionnaire.
Enfin, dans le Moniteur universel, Romainvilliers déclara qu'il
n'était pas du Club monarchique (3) ; Fontenay et Custine réclamè-
rent contre l'insertion de leurs noms sur la liste du Club monar-
chique (4). Ils le regardaient comme trop compromettant. Le général
Custine s'était opposé, néanmoins, aux décrets contre les émigrés,
ce qui avait mis les patriotes en défiance à son endroit.
Toutes les réclamations n'empêchaient pas les monarchistes persé-
vérants de plaider pour leur club. Loin de là, ils tinrent tête aux
représentants de la nation et aux membres de la municipalité obligée,
parfois, de s'interposer entre les partis pour éviter les violences.
Le 23 février, Bailly écrivait à M. de Gouvion, major-général de la
garde nationale, une lettre l'invitant à défendre de toute insulte
l'évêque de Nîmes, logé à l'Hôtel d'Uzès (5).
Tout en invoquant la loi qui était pour eux, les monarchistes
essayèrent, pubhquement ou secrètement, de faire pression sur les
(1) Bib. de la Chambre des députés, B"" 222, t. LXIV.
(2) Les monarchistes ne pardonnaient pas à Jacques-Louis David d'employer
son pinceau et son crayon à retracer des scènes de la Révolution, à laquelle il
applaudissait.
(3) Moniteur universel, numéro du 9 février 1791.— Romainvilliers, placé parmi
les membres du Club monarchique, réclama, mais approuva les idées du club.
(4) Moniteur universel, numéro du 10 février 1791.
(5) Copie, Bib. Nat., Mss, fonds français, 11697.
270 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
autorités, et ils engagèrent çà et là une polémique vigoureuse contre
leurs adversaires. On assurait que la Société des Amis de la Constitu-
tion monarchique s'était assemblée à l'Observatoire (1).
Quoi qu'il arrivât, les membres du Club monarchique se déclaraient
toujours calomniés. Ils attaqliaient même le comité des recherches.
Leur journal annonça ainsi une pièce importante de ce comité,
rédigée par Sillery, deux fois coupable à leurs yeux, comme orléa-
niste et comme siégeant sur les bancs de la gauche à l'Assemblée
nationale :
« Il paroît enfin chez Baudoin (2), imprimeur de l'Assemblée natio-
nale, le grand rapport de M. Sillery, au nom du comité des recher-
ches, relativement au Club monarchique et à l'affaire de MM. Théve-
nault et Lacombe. Nous invitons tous ceux qui étudient la calomnie
à se procurer ce rapport; ils verront comme il faut qu'elle ne soit pas
faite quand on veut qu'elle réussisse (3). »
Certes, les accusations portées contre le Cluh monarchique n'étaient
pas toutes fondées, mais on ne pouvait douter du danger auquel il
exposait le parti patriote et la cour de Louis XVI elle-même par ses
affiliations au dedans et au dehors.
Non seulement en France, sous l'inspiration du Cluh monarchique ^
s'étaient formés nombre de clubs royalistes^ loyalistes^ monarchistes,
étrangers, opprimés^ amis de la paix, amis de l'ordre, amis du peuple,
amis de la religion, amis de la noblesse, club de la résurrection, etc.,
mais les monarchiens entretenaient correspondance avec les émigrés.
Il se fonda, à Coblentz, une Société des Amis de la monarchie. Les
gendarmes,, chevau-légers et mousquetaires de la maison du roi y
furent réorganisés sous le nom de Compagnies rouges, et commandés
par Montboissier, qui faisait partie du Club monarchique (4). Les
émigrés appelaient cette ville « la capitale de la France extérieure 5) ;
le comte de Provence y rétablissait l'ancienne maison militaire
du roi.
Le Club se livrait à des intrigues sourdes, aune propagande secrète
(1) Dans la première quinzaine de février 1791. — Courrier de Gorsas, u» XII,
(lu 12 février 1791.
(2) François-Jean Baudouin fut député suppléant de Paris, membre du club des
Jacobins. Il fut arrêté plus tard. On l'accusait d'avoir touché des fonds provenant
de la liste civile.
(3) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchique, du samedi
18 juin 1791, n" 27, t. III, p. 2. — Voir plus haut, p. 262 et 263.
(4) Le baron de Montboissier, député de Glermont-Ferrand, appartint d'abord
au Club de Valois. — Voir plus haut, p. 56.
CLUB MONARCHIQUE 27t
et publique tout à la fois. Beaucoup de généraux étaient abonnés au
Journal de Paris, à VAmi du Roi, au Journal de la Cour et de la
Ville.
Vergniaud ne tarda pas à parler « des preux de la prérogative
royale », qui s'étaient ralliés à Coblentz.
La section de l'Observatoire revint même sur la question du pain
à un sou la livre :
« Extrait du registre des délibérations de la section de V Observatoire.
« Séance du mardi 28 décembre 1791.
« L'assemblée générale, après avoir rempli l'objet de la convoca-
tion du corps municipal, s'est constituée en assemblée délibérante,
sur la demande de plus de cinquante citoyens; et après la nomina-
tion d'un président, elle a, sur la proposition d'un de ses membres,
pris l'arrêté suivant :
« Attendu le danger de laisser subsister plus longtems une Société
se disant des Amis de la Constitution monarchique., dont les principes
anti-constitutionnels sont consignés dans plusieurs papiers publics,
que la section s'oblige de représenter au besoin ;
« Attendu notamment le fait certain que plusieurs membres do
cette association se sont présentés avec des cartes portant le sceau
de la Société, chez des boulangers qui, sur le vu de ces cartes,
donnent le pain à un sou la livre ; manœuvre qui, déguisée sous le
nom de bienfaisance, n'en est que plus dangereuse ;
« La municipalité sera requise, dès ce soir, d'employer toute l'au-
torité dont elle est dépositaire, pour opérer, dès demain, la dissolu-
tion de cette prétendue Société, dont l'existence alarme tous les bons
citoyens et pourroit troubler la tranquillité publique.
« L'assemblée a nommé MM. Bosquillon (1) et Patris (2) pour
porter sur le champ la présente délibération à la municipalité ou au
procureur de la Commune.
« Certifié conforme :
« Signé : Damajou, secrétaire-greffier (3). »
(1) Charles-Pierre Bosquillon, avocat, juge de paix de la section de l'Observa-
toire eu 1790, électeur en 1791, massacré à l'Abbaye le 2 septembre 1792.
(2) Charles Frobert Patris, instituteur, assesseur du juge de paix de la section
de l'Observatoire en 1790, électeur en 1789, 1791 et 1792.
(3) Imprimé dans le Journal de la Société des Amis de la Constitution monar-
c/tique.
272 LES CLUBS GONTRE-RICVOLUTIONN AIRES
XXXIII
Cela n'empêcha pas les partisans du Club monarchique de pour-
suivre de leurs sarcasmes les patriotes pendant les premiers mois de
l'année 1792. Des conciliabules aristocratiques se tenaient à l'Hôtel
de Marigny. Tout leur servait de sujet pour exhaler leur haine.
Une brochure était datée ainsi : « Ce 8 février 1792, les assignats
perdant 62 pour cent. »
Et on lisait dans le Mercure national :
« ... Se dire ami de la Constitution monarchique est un crime de
lèse-nation (1). «
Un peu plus tard, le baron de Wimpfen proposa d'établir une
démocratie royale. Le mot réussit, mais non pour longtemps.
Les chansons de la Révolution étaient répétées dans le camp des
émigrés. On mettait des paroles royalistes sur le Chant du départ., la
Marseillaise et la Carmagjiole (2).
Dans VÉpigamie des Brigands ou la Lairomanie ^ satire apologé-
tique-antithétique de la rébellion, dite Révolution de France, on
lisait :
Dans un débordement de bile,
Qui fluoit par haut et par bas,
PI uton dégobilla CamzV/e
Et chia Brissot et Gorsas (3).
Le style du Père Duchêne avait passé la frontière. Nous avons dit
avec raison que les monarchistes, les premiers, commencèrent à
tremper leurs plumes dans le vinaigre, parfois dans le vitriol. Ils pra-
tiquèrent la forme ordurière.
Carra s'émut des agissements, devenus dangereux, des royalistes
qui, loin de désarmer, prenaient maintenant l'offensive. Il les signala
d'une façon très nette, comme travaillant à organiser des soulève-
ments :
« Les membres du Club monarchique veulent se réunir au nombre
de plus de deux mille. Leur projet est d'imprimer et d'afficher pla-
cards., pétitions^ avis et adresses contre V Assemblée nationale., contre
les Jacobins et les sociétés patriotiqu's en général {A\ »
(1) Mercure national, numéro du 4 janvier 1792.
(2) Ma Jeunesse (1814-1830), par le comte d'Haussouville, Paris, 1885, p. 31.
(3) Coblentz, 1792, 200 p. 10-8°. Cité par la Feuille de correspondance du libraire
année 1792. (Bib. Nat., Q. n» 5097.)
(4) Annales patriotiques de Carra, n» 784, du 25 novembre 1791.
CLUB MONARCHIQUE 273
V Indicateur ^ iourndX royaliste,dontBaert, député, était un des prin-
cipaux rédacteurs, était envoyé gratuitement à un grand nombre de
fonctionnaires, malgré leurs refus et leurs protestations (1). On leur
forçait la main, pour ainsi dire, la plupart du temps en pure perte.
Sans arrêter le mouvement révolutionnaire, les monarchistes
insultaient leurs ennemis.
Nous trouvons dans
« Le nouveau Dictionnaire pour servir à l'intelligence des termes mis
en vogue par la Révolution;
« Dédié aux amis de la Religion^ du Roi et du sens commun :
« CLUBS
« Associations qu'a fait éclore la nouvelle Constitution, qui ne veut
pas d'associations.
« Celles-ci sont engendrées partout ; elles réunissent tout le pou-
voir législatif, tout le pouvoir exécutif, tout le pouvoir administratif,
tout le pouvoir judiciaire. Les amis des droits de l'homme, de l'es-
pèce particulière de ceux que l'ancien régime se plaisait à constituer
ès-lieux vulgairement appelles, tantôt prisons, tantôt cachots, sont
tous membres de clubs... »
« PANTHÉON FRANÇOIS
« Nouveau Montfaucon national.
« Les premiers qui en ont eu l'honneur sont Mirabeau et Voltaire. »
« PATRIOTE
« Animal bipède qui fait peur aux honnêtes gens timides, et qui a
peur des honnêtes gens courageux. »
« PHILOSOPHES
« Souffleurs dans la tragi-atroci-absurdo-comédie-parade appelée
la révolution. »
« RÉVOLUTION FRANÇOISE
« Bouleversement qui s'est opéré en i 789 dans les têtes de France,
et qui a fait de cette terre un vaste Bedlam... (2). »
Dans le n" XI du Journal de M. Suleau (1792), l'auteur s'adressait à
Camille Desmoulins, en imprimant :
« P. S. — Mille choses gracieuses à ta femme; elle est vraiement
(1) L'Indicateur, fondé eu 1792, ne parait pas avoir survécu à la journée du
10 août.
(2) Uib. de la Chambre des députés. Bf" 222, t. XXXIX.
18
274 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
jolie ci très intéressante : ne seroit-ce pas dommage c^ue l'un de ces
quatre matins elle devint la veuve d'un pendu et la proie d'un pan-
dour? »
Il était difficile de lancer une plus forte impertinence, une plus
cruelle injure. Lucile Desmoulins était sympathique, et ces méchan-
cetés devaient irriter toutes les personnes qui fréquentaient chez
elle (1).
En 1792, le Journal Français osait parler ainsi des Jacobins aux-
quels Paris était livré :
« La calomnie est la monnaie courante du pays, l'audace est un sCr
passeport pour entrer sur cette terre déshonorée, et les menaces
sont le pouvoir exécutif de cette aggrégation anarchique.
« La liberté a abandonné aux furieux ce lieu, où jadis elle était
adorée.
« Les écrits dictés par la raison ou le patriotisme y sont lacérés et
brûlés au milieu des vociférations des cannibales abâtardis. Ces sin-
ges-tigres voudraient nous faire regretter le despotisme, puisqu'ils
renchérissent à l'envi sur ses monstrueuses conceptions. »
En 1792, YAlmanach des honnêtes gcns^ composé par un aristocrate,
et tout rempli de sentiments aristocratiques, faisait des prédictions
bizarres et des prophéties menaçantes
Dans le Mercure de France^ de Mallet-Dupan, on pouvait lire : « Les
Huns, les Hérules, les Vandales et les Goths ne viendront ni du Nord
ni de la mer Noire : ils sont au milieu de nous (2). »
Ces écrits eurent du retentissement dans le monde royaliste et
aristocratique jusqu'au 20 juin et au 10 août 1792.
En juillet de cette année, l'Assemblée législative apprenait qu'un
chef contre-révolutionnaire voulait soulever le département de l'Ar-
dèche avec plusieurs milliers d'hommes armés. Ce chef s'intitulait
« Lieutenant général de l'armée des princes. » Le 4 de ce même
mois, un gendarme national faisait, aux Jacobins, cette dénonciation :
« Il se tient à l'École militaire un club nocturne où se forgent les
complots que l'on cherche à mettre en exécution le jour. C'est de là
qu'ont été lâchés les émissaires qui ont cherché à produire des mou-
vements dimanche dernier (l'^'" juillet). On en envoie d'autres dans
les départements, où l'on fait courir le bruit que la vie du roi est en
danger... (3). »
(1) Voir plus bas, Sociétés, comités, clubs et cercles divers, etc.
'(2) Numéro du 14 janvier 1792.
(3) Société des Jacobins, séance du 4 juillet 1792.
CLUB MONARCHIQUE 273
Il était question aussi d'envoi de deux députés à Louis XVI par le
directoire du département de la Somme, lui offrant le secours des
gardes nationales du département (1); on parlait de la fuite du roi
sous huit jours; on disait que son sellier travaillait à la voiture qui
devait lui servir.
Une entente semblait exister entre les émigrés de l'extérieur et de
l'intérieur, agissant contre les volontés de la nation. Le Journal de la
Correspondance politique^ le Journal des émigrés, le Journal ro>/aliste
paraissaient.
Mais après le 10 août 1792 et la fin tragique de Clermont-Tonnerre;
après l'émigration de Malouet et de Cazalès ; après les journées de sep-
tembre, la proclamation de la République et l'exécution de Louis XYI ;
après la création du tribunal révolutionnaire et pendant les luttes de
la Convention, il ne pouvait plus être question de clubs monarchi-
ques. L'insurrection vendéenne, les troubles sanglants du Midi, l'émi-
gration et ses représentants à côté des armées coalisées, mettaient
néanmoins en action la pensée royaliste, dont les fervents propaga-
teurs attendirent, pour reprendre leur polémique, les époques de la
réaction thermidorienne, du Directoire exécutif et du Consulat.
Toutefois, le souvenir du Club monarchique fit suspecter d'autres
clubs dont nous allons parler, et qui, sous couleur de réunions mo-
dérées ou constitutionnelles, tendirent parfois à renouer la chaîne
des temps, à reprendre les traditions du passé, à renier non seule-
ment 1793, mais encore 1789.
Étrange la destinée du Club m.onarchique , dont on a tant parlé,
qui n"a pas eu une existence réelle bien déterminée, mais qui, sur-
tout à cause de son titre et de ses polémiques, a marqué dans les
fastes de la Révolution ! Beaucoup de ses membres ont succombé
pendant les luttes révolutionnaires; d'autres ont échappé à la Ter-
reur; d'autres, enfin^ ont pactisé avec Bonaparte premier consul, ou
avec Napoléon empereur.
(1) Moniteur universel, t. XII, p. 758.
CLUB DES FEUILLANTS
Fondé en 1791.
I
D'abord Club breton, formé exclusivement de députés de la Breta-
gne, et installé dans la ville de Versailles, dans le salon de l'opposi-
tion nobiliaire, disent Bûchez et Roux (t), ou dans le café Amaury,
situé près de l'Hôtel des Menus, à l'entresol. Les députés de Bretagne
s'y consultaient avant les séances. Dès le principe, on remarquait
parmi ses membres Gleizen, avocat au Parlement de Rennes; Le Cha-
pelier, avocat à Rennes; Lanjuinais, avocat et professeur en droit
canon dans la même ville^ et Corroller du Moustoir, procureur du roi
à Hennebont.
Le Club breton ne resta pas exclusivement composé de députés élus
par la province de Bretagne. Vinrent bientôt s'y adjoindre le duc d'Ai-
guillon, Sieyès, Barnave, les Lameth (Charles et Alexandre), Mira-
beau l'aîné, Pétion, Volney, l'abbé Grégoire, Goupil de Préfeln^
Maximilien Robespierre, des députés élus par la province de Franche-
Comté, La Réveillière-Lépeaux, des députés élus par la province
d'Anjou, Bouche, avocat, député d'Aix, le marquis de Lacoste, député
du Charolais, et d'autres encore.
Gleizen (2) présida probablement les premières séances; le 1" juil-
let 1789, le duc d'Aiguillon fut président. Furent présidents aussi Le
Chapelier et Bouche.
Selon Dubois-Crancé (3), la Cour n'épargna aucun inoyen de cor-
ruption à l'égard des membres du Club breton, dans lequel s'intro-
(1) Histoire parlementaire de la Révolution, t. II, p. 36.
(2) Avocat, député du tiers état de Rennes aux Etats-Généraux.
(.3) Analyse de la Révolution française, p. 49.
278 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
duisirent quelques faux frères, pendant que les monarchistes tenaient
des conciliabules secrets chez la reine, Monsieur, madame de Tessé,
le duc de Luxembourg, l'archevêque d'Aix et autres.
Lorsque l'Assemblée nationale fut transférée, en octobre 1789, à
Paris, le Club breton la suivit, Il choisit et loua la salle de la biblio-
thèque du couvent des Jacobins, rue Saint-Honoré. En février 1790,
il prit le nom de Société des Amis de la Constitution (1). Le 21 sep-
tembre 1792, il décida de s'intituler Société des Jacobins^ amis de la
liberté et de Végalité.
Sous la monarchie constitutionnelle, il s'appela 5ocie/^' des Amis de
la Constitution, séants aux Jacobins, à Paris. Il se glorifiait de ce
nom de Jacobins, que les ennemis de la Révolution lui donnèrent pai'
dérision, afin de ridiculiser ses membres, de les faire regarder comme
une faction.
Il y eut promptement scission parmi les Amis de la Constitution.
La Fayette, Bailly, Duport (Adrien), les Lameth (Alexandre et
Charles), La Rochefoucauld-Liancourt, demeurés royalistes constitu-
tionnels, fondèrent un club au Palais-Royal, club bientôt transféré
dans l'ancien couvent, vaste et somptueux , des Feuillants, non loin
de la salle du Manège, en face de la place Vendôme, près des Tuile-
ries et du couvent de l'Assomption (2). Dandré, député de la noblesse
de Provence aux États généraux, Beugnot, ancien lieutenant du pré-
sidial de Bar, et devenu député à la Législative, Dumas, qui organisa
la garde nationale avec La Fayette (3), Le Chapelier, Pastoret, qui fut
procureur syndic du département de la Seine, Vaublanc et Mirabeau
l'ainé, appartinrent au Club des Feuillants, dont les débris du club
de 1789 formèrent le noyau (4). Ce fut encore une réunion de modé-
rés, ne voulant pas aller plus loin que la monarchie constitutionnelle;
d'Amis de la Constitution, séante aux Feuillants,
11 faut remarquer, tout d'abord, que, dès le commencement de la
(1) Voir, pour plus de détails, la Société des Jacobins, Introduction, t. I, ouvrage
publié par M. F. A. Aulard, dans la CoUecUon de documents relatifs à VHistoire
de Paris pendant la Révohdion.
(2) En 1804, la rue de Rivoli a fait disparaître rép,iise et le couvent des Feuillants.
L'enclos du monastère occupait l'espace compris entre la rue Saint-Honoré et la
terrasse septentrionale du jardin des Tuileries, dite « terrasse des Feuillants. » Le
bureau des archives de la Constituante était à la Bibliothèque du couvent des
Feuillants. Le local des Feuillants était magnifique. Ces clubistes voulaient faire
abattre le maître-autel de la chapelle du couvent, ou vue de la tenue de leurs
séances. On ne sait pas s'ils exécutèrent ce projet. (Arch. Nat., 21 septembre 1791,
2 pièces, F'" 611«.)
(3) La Fayette, surnommé Gilles-César ou Gilles-le-Grand Tpa.r le duc de Choiseul.
(4) Voir Société de 1789. . ,
CLUB DES FEUILLANTS 279
Révolution, le district des Feuillants, auq^uel l'ancien couvent avait
donné son nom, se montrait favorable aux modérés, notamment à
Bailly. Le bataillon des Feuillants était formé des gens du quartier qui
avoisinait la place Vendôme. Lorsque^ le 17 septembre 1789, il y eut
du bruit chez les boulangers, et lorsque la rumeur publique accusait
Bailly à ce propos, le district des Feuillants s'arma pour la sûreté du
maire de Paris.
Quelques jours auparavant, le 7 septembre, le bataillon des Feuil-
lants avait fait bénir ses drapeaux à Saint-Roch, et madame Bailly
avait quêté. Un dîner du bataillon avait eu lieu au pavillon de Flore.
En avril 1790, il se préoccupa de l'assemblée aristocratique décou-
verte aux Capucins de la rue Saint-Honoré (1).
La Fayette et Bailly avaient les mêmes partisans et les mêmes
ennemis, qui les accouplaient dans tous leurs discours et dans tous
leurs écrits. On prétendait qu'ils s'entendaient, au fond, avec la cour,
et on les déclarait responsables de ce qui se faisait, à Paris, contre
les patriotes d'action, contre les gens qui adoptaient les principes des
Jacobins ou des Cordeliers. La Fayette et Bailly étaient les héros de
la bourgeoisie parisienne, commettant à tout instant des actes qui les
rendaient impopulaires. Les avancés n'oubliaient pas qu'ils avaient
fondé la Société de 1789 ; ils regardaient comme équivoque leur con-
duite à l'égard des monarchistes et du Club monarchique. La loi
martiale, votée le 20 octobre 1789, compromettait les officiers muni-
cipaux ainsi que les gardes nationales, par conséquent La Fayette et
Bailly, lors de son exécution en cas de rassemblements et d'émeutes.
Entraînés par leur enthousiasme commun pour la cause révolu-
tionnaire, les membres du Club des Amis de la Constitution restèrent
unis, ou à peu près, jusque vers le milieu de l'année 1791.
La première question qui divisa les Jacobins fut celle de la rééligi-
bilité des députés, dont Robespierre, Buzot et Pétion ne voulaient
pas, et que voulaient Lameth, Barnave et Duport (mai 1791).
Puis la fuite du roi ajouta aux discordes. Le 15 juillet 1791, le
schisme éclata. Il y eut, le lendemain, assemblée aux Feuillants. La
Constituante, ayant pour ainsi dire absous Louis XVI, après l'arres-
tation à Varennes, une pétition réclama la déchéance du roi et fut
couverte de signatures. Nombre de Jacobins et de Cordeliers approu-
vèrent cette pétition, œuvre de l'orléaniste Laclos; d'autres membres
du Club des Jacobins n'en voulaient pas assumer la responsabilité et
invoquaient l'inviolabilité de Louis XVI, à l'encontre de la déchéance.
(l) Voir, plus haut, Club monarchique, p. 126 et suiv.
280 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Le déploiement du drapeau rouge au Champ de Mars (17 juillet
1791) combla la mesure. La Fayette, Bailly surtout, perdirent leur
popularité.
Aussitôt se forma le Cluh des Feuillants , qui suivit la ligne poli-
tique des hommes approuvant la loi martiale, malgré le sang versé
par les gardes nationaux que Marat appelait « les mouchards de La
Fayette. » Les membres du nouveau club n'admettaient pas que Ton
pétitionnât pour la déchéance du roi.
Peu à peu, le Club des Feuillants était devenu le refuge des réac-
tionnaires. Il demeura presque désert, en déclinant de jour en jour,
à dater de la mort de Mirabeau, et il s'éteignit après la journée du
10 août 1792. A une certaine époque, il n'y eut plus que oG députés
parmi les Feuillants, tandis que, à leur début, ils en comptaient 2Ci.
Le Feuillant avait donc disparu dès que les premiers mots de ropubli-
(pie furent prononcés, soit dans les assemblées populaires, soit dans
la Constituante, soit dans la presse et dans le public. Il se déclara
essentiellement « constitutionnel », c'est-à-dire résolu à maintenir
la royauté, le pouvoir exécutif de Louis XVI. Lacretelle fit adopter
dans son club la devise : « La constitution, toute la constitution, rien
que la constitution! » Le Feuillant espérait que les hommes de la
veille et les hommes du lendemain s'accorderaient entre eux. Il tenait
par bien des côtés, par des affections profondes à l'ancien régime.
Aussi, presque tous les historiens Tont-ils traité de « Jésuite poli-
tique. »
Nous remarquons que l'avocat Bouche, constituant, demeurant à
l'Hôtel de Valois, rue de Richelieu, a été président des Feuillants,
après l'avoir été précédemment aux Jacobins. Nous remarquons en-
core que les Feuillants fréquentaient beaucoup le café de Valois, au
Palais-Royal, café mal famé au point de vue des idées nouyelles'(l).
Bouche envoya, le 21 juillet 1791, au Moniteur^ une lettre ainsi
conçue :
w Au Itédacleur.
« Il vient, Monsieur, de me tomber sous la main un imprimé inti-
tulé : Société des Amis de la Constitution, de Paris, séante aux Jaco-
bins, rue Saint-Ho7ioré, Paris, I 7 juillet i 79 j , commençant par ces
mots : Frères et amis, et finissant par ceux-ci : Autorisés j)ar la loi.
Cet imprimé, qui ne contient qu'une page, au haut de laquelle est un
fleuron, dans le centre duquel on lit ces mots : Vivre libre ou mourir,
(1) Voir plus bas, Cafés.
CLUB DES FEUILLANTS 281
et à l'entour duquel est cette inscription : Société des Aîm's de la Cons-
titution, est terminé ainsi : Signé : Bouche, président.
« Je déclare que je n'ai point assisté à cette prétendue déclaration
ou lettre du 17 juillet, ni à aucune subséquente; que je n'ai rien
signé de pareil; que ma signature, apposée comme caution au bas de
cet imprimé, est un faux des plus révoltans dont je poursuivrai les
auteurs, si je puis les connaître; que j'ai l'honneur d'être président
de la Société des Amis de la Constitution, séante aux Feuillants, rue
Saint-Honoré, et que je ne le suis d'aucune autre. Les vrais amis de
la Constitution ne sont point des faussaires. Ceux qui ont écrit ou
fait imprimer mon nom au bas de cette prétendue déclaration ou
lettre sont des faussaires insolens qu'on doit signaler comme de véri-
tables ennemis de la Constitution.
« Je vous prie. Monsieur, d'insérer dans votre journal le désaveu
de cet imprimé, dans la partie qui me concerne, afin que toutes les
sociétés des Amis de la Constitution du royaume et les bons citoyens
sachent qu'on cherche à les surprendre pour les égarer.
«■ Bouche, membre de V Assemblée nationale et président de la
Société des Amis de la Constitution séante aux Feuillants (1).
« Paris, le 21 juillet.»
Il ne pouvait renier avec plus d'audace sa participation aux actes
des Jacobins avant de se rendre aux Feuillants. Son exemple était
suivi par des nobles et des bourgeois fort connus, devenus plus tard
de pur caméléons politiques, les uns allant à la droite de l'Assemblée
législative, les autres siégeant sur la montagne, à la Convention,
quelques-uns formant le centre ou le Marais des assemblées qui se
succédèrent.
On est étonné, en effet, de voir Barère et d'autres républicains
passer aux Feuillants, où, d'ailleurs, ils ne restèrent pas longtemps.
Il ne fallait pas laisser ignorer la vérité des faits; il fallait confon-
dre Bouche, et les Jacobins n'y manquèrent pas.
Le Moniteur et les autres journaux imprimèrent cette réponse :
« Monsieur,
« M. Bouche a fait insérer dans votre feuille une réclamation très
amère à l'occasion de son nom et de celui de MM. Salles et Antoine (2),
(1) Charles-François Bouche est mort membre du Tribunal de cassation, eu
août 1793. Il éjtait, eu 1791, avocat du roi, sénéchaussée d'Aix, constituant.
(2) Probablement François-Paul-Nicolas Anthoine, d'abord constituant, puis
conventionnel. Secrétaire du Club des Feuillanls eu 1791.
282 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
qui se trouvent au bas d'un arrêté de la Société, en dale du 17 de
ce mois. Il s'est cru permis de traiter de faux matériel cet usage de
son nom, et de qualifier de faussaires insolens ceux qui se le sont
permis.
« Il déclare, en même temps, qu'il n'est président d'aucune autre
société que la Société des Amis' de la Constitution séante aux Feuil-
lans, dont MM. Salles et Antoine se trouvent secrétaires.
« Nous devons mettre le public à portée d'apprécier la justesse, la
véracité, et, surtout, la modération des reproches de M. Bouche. Nous
ne nous en permettrons aucun contre lui dans le moment où nous
sommes disposés à faire les plus grands sacrifices pour réunir la So-
ciété divisée; nous ne dirons que le fait justificatif sans aucune res-
triction.
« M. Bouche a été élu, le l*"^ juillet, président de la Société des
Amis de la Constitution, séante aux Jacobins; MM. Salles et Antoine
ont été élus secrétaires à la même époque.
■ « M. Bouche présida le mercredi 13; le vendredi 15, il ne vint point
à la Société. M. Antoine prit le fauteuil. Le dimanche 17^ MM. Bouche
et Antoine étant absens, un autre secrétaire les remplaça.
« L'usage de la Société est de mettre au bas de ses arrêtés le nom
du président et des secrétaires du mois. Cet usage a été invariable-
ment observé jusqu'ici. (Il est d'ailleurs consacré par un arrêté de la
Société pris sous la présidence de M. Voidel.)
<( Nous étions avertis, il est vrai, qu'une partie des députés de l'As-
semblée nationale s'étaient réunis aux Feuillans et voulaient y for-
mer une autre Société des Amis de la Constitution; mais nous ne
l'étions point que MM. Bouche, Salles et Antoine eussent transféré
l'exercice de leurs fonctions aux Feuillans. S'ils avaient cru devoir, à
des frères et à des amis qu'ils abandonnaient, assez d'égards pour les
prétenir de leur retraite, assurément la Société n'eût pas fait Tin-
conséquence d'employer leur nom au bas de son arrêté, et elle
regrette très sincèrement cette méprise, qui méritait d'autant moins
une sortie aussi vive de la part de M. Bouche, qu'il ne tenait qu'à lui
de la prévenir, en signifiant sa translation à la nouvelle Société des
Feuillans.
« Un fait qui vient encore à l'appui de cette explication est que, le
17 au matin, date de l'arrêté, M. Bouche a envoyé au trésorier de la
Société (iVL Deffîeux) 200 cartes signées de lui pour le renouvellement
du trimestre.
« L. V. DuFOURNY, président par intérim;
RÉGNIER, neveu, L. Paroghel, secrétaires. »
CLUB DES FEUILLANTS 283
II
Selon Pétion, parmi les Jacobins affiliés aux Feuillants, « les uns
en voulaient, disaient-ils, à la Société des A^nis de la constitution, pour
(les reproches grossiers vomis contre eux dans son sein; les autres
lui reprochaient le peu de liberté qu'ils y avaient éprouvé plusieurs
lois d'émettre leur opinion, lorsqu'elle semblait opposée à l'opinion
f^énérale de la Société. Ils lui reprochaient l'ironie amère de la pro-
position faite dans la dernière séance de porter à la présidence de
l'Assemblée nationale un homme dont le nom n'avait jamais été
prononcé dans cette Société qu'avec dégoût (1). »
Il importe d'y joindre la démarche des Jacobins pour la pétition
du Champ de Mars.
« Le projet des Feuillans était sans doute de rallier autour d'eux
toutes les sociétés affiliées, dit Pétion, pour les accoutumer, sous le
voile de la liberté, au système d'oppression qu'ils méditaient de faire
sur tout l'empire. »
Pétion prévoyait l'envoi, par les Feuillants, d'adresses aux sociétés
affiliées, ce qui arriva. Très peu, en somme, adhérèrent aux Feuil-
lants, disant qu'ils voulaient se borner à préparer, à discuter les tra-
vaux de l'Assemblée nationale, sans rien voter.
A la séance du 18 juillet, aux Jacobins, Feydel (2) dit que les dé-
putés retirés aux Feuillans étant les fondateurs de la Société, il con-
venait de leur remettre le local et la correspondance. Laclos appuya
la motion, que Robespierre ne combattit pas. Feydel avait proposé
d'envoyer une députation à l'assemblée des Feuillants. Robespierre
faisait adopter une adresse à l'Assemblée nationale, aux constituants
vraiment patriotes.
Le journal de la correspondance des Amis de la Constitution fut
continué par les Feuillants, depuis le n° XXXV jusqu'au n° XLI.
On annonça : « Ce journal de la première Société des Amis- de la
Constitution^ séant d'abord aux Jacobins, puis aux Feuillants, con-
(1) Plusieurs membres de la Société avaient proposé de porter l'abbé Maury k
la présidence de l'Assemblée nationale; Danton avait demandé qu'on offrît des
cartes d'entrée à MM. Maury et Cazalès. (Séance du vendredi 15 juillet 1791, aux
.lacobins.)
(2) Feydel, avocat du roi k Cahors, membre de l'Assemblée nationale, secrétaire
des Jacobins en décembre 1790.
284 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
tient les discours qui ont été prononcés dans le sein de la Société, et
la correspondance avec les sociétés affiliées. »
Choderlos de Laclos, l'homme du duc d'Orléans, directeur de ce
journal, avait cessé toute coopération depuis le n° XXXIV. Des trente
membres dont se composait le comité de correspondance aux Jaco-
bins, vingt-sept l'avaient quitté, vingt-cinq étaient venus aux Feuil-
lants (1). Le Journal de la Société des Amis de la Constitution demeura
l'organe de la Société scissionnaire. Il cessa de paraître le 20 sep-
tembre 1791. Le Club des Feuillants ne parait pas avoir eu, depuis,
d'autre organe accrédité. Le nommé Beaulieu fut l'auteur du Journal
du soir du Club des Feuillants.
Choderlos, ci-devant de Laclos, avait donc passé au Journal des
Amis de la Constitution, séante aux Jacobins, qu'il fut autorisé à pu-
blier périodiquement.
Pendant les premiers mois de son existence, le Club des Feuillants
tint uniquement des séances privées; il ne les rendit publiques que
vers la fin de décembre de l'année 1791. Quand même la loi n'eiH
pas obligé ses membres à ouvrir leur salle au contrôle public et mu-
nicipal, il dut le faire à cause des bruits qui commençaient à courir
sur les doctrines que l'on y professait, et qui étaient les idées consti-
tutionnelles de Jean-Joseph Mounier, député démissionnaire, ayant
quitté la France après les journées des 5 et 6 octobre 1789 (2).
Ce qu'il y a de certain, c'est que les Feuillants suivirent Barnave,
les Lameth, Duport et autres, pour former un parti modéré dont la
haute bourgeoisie s'arrangeait bien, mais qui semblait contraire aux
intérêts de la Révolution. Un arrêté des Feuillants décida que les ci-
toyens actifs seraient seuls admis parmi eux.
Tout le temps qu'ils se réunirent sans admettre d'étrangers, la
presse s'en occupa seulement pour manifester des suspicions à leur
égard; aussitôt qu'ils ouvrirent leurs portes au public, les journaux
révolutionnaires se mirent à les attaquer vivement, d'autant plus que
ces scissionnaires du Club des Amis de la Constitution ne tardèrent
pas à guerroyer contre leurs anciens collègues.
En quittant ceux-ci, les Feuillants avaient pu prendre copie des
listes contenant les noms des sociétés correspondantes des Amis de la
(1) Bûchez et Roux, Histoire parlementaire de la Révolution, t. XI, p. 152.
(2) Par ordre du Club des Feuillants, on imprima les Observations sur l'état passé,
présent et futur de la ?iation, et de l'influence du publiciste Mably sur la Révolu-
tion, par M. Mousnier (sicj. (Bib. Nat., in-8», sans date, de 27 p., Lb 40/801.) On
réclama, en pleine séance, la publicité des séances et l'impression de la liste des
membres du club.
CLUB DES FEUILLANTS 285
Constitution séante aux Jacobins. Ils se servirent de ces listes pour
annoncer leur fondation, pour leur demander à entretenir des rela-
tions avec lesdites sociétés. Les Jacobins répondirent par une adresse
à l'Assemblée nationale.
La lutte entre les Feuillants et les Jacobins devint bientôt très
\ive. L'adresse envoyée par les premiers aux sociétés affiliées était
datée du 17 juillet 1791, jour du massacre du Champ de Mars, —
signée du nom de Salles, — lancée sous le couvert d'un ministre.
« On y afTectait (aux Feuillants), observe liOustalot, de se proposer
les mêmes objets, de débattre les mêmes questions qu'aux Jacobins;
mais on y ajouta d'autres avantages et agréments, tels que de bons
dîners, des soirées splendides, un luxe royal. »
Ils voulaient, disait-on, reviser la Constitution et remplacer l'As-
semblée par une Convention, « à laquelle ils répondaient de se faire
élire. » Ils s'élevaient contre les clubs avancés, ce qui faisait dire aux
rédacteurs de Y Orateur du peuple : « Les feuillantins, qui voudroient
qu'on égorgeât les sociétés patriotiques... (1) » Ils se croyaient appelés
à être non des conciliateurs, mais des gouvernants dans toute la
force du terme, avec le concours de la garde nationale et des autorités
constituées.
Les mots feuillants et feuillantisme demeurèrent pour désigner cer-
taine nuance d'aristocrates ou de modérés, ambitieux avec des façons
et des paroles mielleuses.
Le journal les Actes des Apôtres appela La Fayette « le grand gé-
néral des Feuillants. » Dans les caricatures, on les représenta vêtus
à landenne mode, rouillarde au côté, canne à la main, boucles aux
lins souliers, trottinant et disant d'un ton pacifique : « On mattend
aux Feuillants », tandis que les Jacobins se dépêchaient fiévreuse-
ment pour aller sans retard à leur Société, et disaient : « J'y vais aux
Jacobins .. Tout va bien (2). »
Corsas cite, en juillet 1791, un quatrain imprimé dans le Journal
de la cour et de la ville :
Pour arranger les Jacobins,
Et les Feuillans, autres gredins,
Messieurs, quels moyens sont les vôtres? —
Du canon pour les uns, du bâton pour les autres.
« Les Feuillants ou feuilles mortes », lisons-nous dans Carra.
On les appela Barnaviens ; on employa l'expression « se feuillan-
(1,1 Orateur du l^euple, t. XII, n" 12.
(2) A. Challauiel, Histoire-Musée de la République française, iii-8% 1842, t. I,
1>. 123 et 12i.
286 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
tiner >^ ; on tlétrit « l'aristocratie feuillantine >>, les intrigues « autri-
chio-feuillantines » et les « aristocratico-feui liants » ; on les traita
d' « Amis de la liste civile ».
Les Parisiens chantèrent une chanson dont le refrain était :
Nous irons tous aux Feuillans,
Car ce sont de bonnes gens :
La bonne aventure, ô gué! etc.. (1).
En 1791, les royalistes confondaient, dans leur haine, Jacobins et
Feuillants. Ils firent courir dans le public une caricature provocante,
intitulée : Danse qa'ih danseront. Un jacobin et un feuillant étaient
pendus, et « dansaient un pas de deux. »
Le prospectus du Tableau général des crimes des répulAlques an-
ciennes et modernes contient cette phrase :
« A tout prendre, le système des Jacobitks est infiniment plus con-
séquent que celui des Feuillans., Monarchistes., Moxjennistes , ou
Constiiutionnaires ; ces derniers novateurs sont, à notre avis, des
scélérats plus adroits, et par là même plus dangereux (2). »
III
Les Feuillants brillèrent tout d'abord par leur nombre.
La Premikre listk des Feuillants, datée des IG et 18 juillet 1791 (3),
contient 365 noms. Elle déclare :
« Les Membres de l'Assemblée nationale, fondateurs et membres de
la Société des Amis de la Constitution, séante aux Jacobins, àl'aris,
ont arrêté de transporter leurs séances dans un autre lieu, et de les
continuer dans la maison des Feuillans, rue Saint-Honoré. A Paris,
le 16 juillet 1791.
« Signé : BoucuE, président; François-Paul-Nicolas Anthoine,
Salle (ou Salles), secrétaires. »
Armand, député.
Alquier, député. Aubry, député.
Angô [sic). Audier-Massillon.
Anson, député. Augier.
Anthoine, député.
(1) Cité dans le Journal des Amis de la Constitution, n' 39;
(2) Bib. de la Chambre des députés, Rf" 222, t. XVIL
(3) Bib. Nat., Lb 40/3284, in-8».
CLUB DES FEUILLANTS
Babey, député.
Baco, député.
Baillot, député.
Barnave, député.
Barrère-Vieuzac.
Basquiat, député.
Bazin.
Baudouin (imprimeur) (1).
Baudouin, député.
Beauharnois (Alexandre) (2), dé-
puté.
Besnard, député.
Benoist, député.
Beauperrey, député.
Bialle-Germont, député.
Biauzat, député.
Bidault, député.
Bignan, député.
Billette, député.
Bion, député.
Biron (3).
Blancard, député.
Boislandry.
Boissy-d'Anglas (4), député.
Bonnet, député.
Bouche, député.
Bouche fils.
Bouchette, député.
BouUé.
Bourdon.
Bouron.
Boussion, député.
Boutaric.
Bouteville.
Bouvier.
Bourran.
Boissy.
Branche.
Brevet Beaujour, député.
Briois-Beaumez.
Broglie (5).
Brostaret, député.
Brunet-la-Tuque.
Buschey, député.
Burnequez, député.
Garondelet, député.
Castaignède, député.
Castelanne, député.
Castellanet, député.
Chabroud, député (6).
Chaillon.
Chambon, député.
Charon (sic), député.
Chasset, député.
Châteauneuf-Randon
Cherrier.
Chevalier, député.
Choiseul-Praslin fils.
Chombart.
Christin.
Claude, député.
(1) AccuHié d'avoir touché des fonds provenant de la liste civile, il fut arrêté.
Mort en 1838.
2) Condamné à mort pour inaction devant Mayence, exécuté le 23 juillet 1794.
(3) Devenu suspect et exécuté le 1" janvier 1794.
(4) Déporté le 18 fructidor. 11 habitait rue du Bouloy, n° 33.
(3) Arrêté comme suspect et exécuté le 27 juin 1794?
(6) Avocat, auteur d'un rapport sur les 5 et 6 octobre, en faveur du duc d'Or-
léans. On l'appela Chabroud le blanchisseur.
(7) Plus tard membre de la Montagne, envoyé en mission à Lyon; commandant
de -Maycncc sous le Directoire; préfet à Nice après le 18 brumaire, et révoqué.
288 LES CLUBS CONTRE
Clerget, député.
Cochard.
Cochelet.
Cochon, député.
Collaud la Salcelte (1).
Colonna, député.
Cottin.
Coudere, député.
Couppé, député.
Creuzé-la-Touche (2).
Cussy.
D. R. d'Aiguillon, député.
D'Aoust (3), député.
D'Arche, député.
D'Aubert, député.
Dauchy ;4).
D'Avost.
Decretot, député.
Defay.
Defermon (5).
Delastre, député.
Delbhecq.
Dellay (d'Agier), député.
Delplanque.
Demandre, député.
Desmeunier, député.
-RÉVOLUTIONNAIRES
Desandrouins, député.
Des Mazières.
Despatys,
Destagniol.
De Villiers.
Dillon (curé).
Dillon (Arthur) (6), député.
Dinocheau (Jacques-Samuel), dé-
puté, secrétaire de l'Assemblée
constituante.
DOrléans (L. Ph.).
Dosfant, député.
Druillon.
Dubois de Crancé (7).
Dufau, député.
Dufaure-Satillieu.
Du Maire.
Dumas-Gautier.
Du Port (8), député.
Du Pré, député.
Du Sers.
Duval Grand-Pré, député.
E
Estin.
F
Fisson-Jaubert.
Fouquier.
(1) Chanoine de Saint-Dié, député à la Constituante, à la Convention et aux
Cinq-Cents.
(2) Avocat, député à la Constituante, à la Convention, aux Cinq-Cent? et aux
Anciens.
(3) Plus tard, député à la Convention, il rendit compte à l'Assemblée du siège
et de la défense de Lille.
(i) Arrêté au 18 fructidor. Membre du Conseil des Cinq-Cents.
(5) Plaça un fauteuil à la barre de la Convention, dont il fut membre, pour
Louis XVI y comparant.
(6) A la Constituante, il prit la défense des colons contre les Amis des Noirs.
(7) Réclama, dés 1789, le service obligatoire pour tous, et sans dispense. Lors
de l'épuration de la Société des Jacobins, il voulait qu'on demandât à chaque
membre épuré « ce qu'il avait fait pour être pendu en cas de contre-révolution ».
Mort à Rethel eu 1814. Il demeurait rue Gaillon en 179.3.
(8) Fut accusé de royalisme, au 10 août 1792, et s'enfuit en Suisse. Mort en 1798.
CLUB DES FEUILLANTS
François, député. Guillot.
Francowille {sic), député. Guillotin^ député.
Fricaud, député. Guinebaud, député.
Fricot. Guittard.
Frochot (1), député. H
289
Gallot, député.
Gérard de Bretagne.
Gérard de Saint-Domingue.
Gassendy.
Gautier des Orières [sic).
Geoffroy (2), député.
Gerle.
Gillet de la Jacqueminière.
Giraud.
Girerd, député.
Girot {sic), député.
Gobel, Év. de Paris.
Goudard (3), député.
Gounot.
Goupilleau, député.
Goupil Préfelne {sic) (4), député.
Gouy (5).
Graffau {sic), député.
Grégoire, Év. de Blois (6).
Grenier.
Grenot, député.
Guillaume.
Huguet, député.
Hébrard (d'Aurillac).
Hell (7).
Hernoux.
Hondelette.
Huot-Goncourt, député.
J
Jac.
Jarry (8).
Jeaume, député.
Joubert, député.
Julien (l'abbé).
K
Kauffmann, député.
Kervelegan (9), député.
L
Laborde Méreville (10).
La Charmille {sic), député.
Laclaverie {sic)^ député.
Lacoste (H).
La Cour d'Ambésieux.
La Fayette.
(1) Ami de Mirabeau, auquel il servit de défenseur officieux, et dont il fut
l'exécuteur testamentaire.
(2) Emigré, membre du Conseil des Cinq-Cents.
(3) S'occupa spécialement de questions d'exportation, de douanes et de finances.
Se noya dans la Seine en février 1799.
(4) Tantôt monarchiste, tantôt républicain, il appuya plus tard le 18 brumaire.
(5) Accusé d'être complice de la faction d'Orléans, il fut exécuté le 3 juillet 1794.
(6) Michelet l'a appelé Tête de fer.
(7) Arrêté comme suspect en 1793, et condamné à mort le 3 floréal an II.
(8) Protesta contre la journée du 31 mai 1793.
(9) Fut Girondin et membre de la Commission des Douze, décrété d'accusation.
Membre, plus tard, des Anciens, des Cinq-Cents, du Corps législatif, jusqu'en 1815.
(10) Fils du comte de Laborde, ancien banquier de la cour.
(H) Eniigra, fut arrêté en 1795.
19
290 LES CLUBS GONTRE-
Laignier, député.
Laipaud.
Lambel, député.
Lameth (Alexandre), député.
Lameth (Charles), député.
La Métherie, député.
Lancelot, curé, député.
Lanjuinais (1), député.
La Poule.
La Revellière, député.
La Rochefoucauld, député.
Lasnon, député.
La Terrade.
Latyl (2).
La Touche.
Lavie, député.
Laville le Roux,
Le Breton (3), député.
Le Carlier, député.
Le Chapelier, député.
Le Dean, député.
Le Deist Botidoux.
Lefloch, député.
Le Gendre.
Le Guen, député.
Le Grand, député.
Le Leu, député.
Le Maréchal.
Le Poutre, député.
Lestert {sic), l'aîné, député.
RÉVOLUTIONNAIRES
Lesterpt (Benoist), député.
Lenglier.
Livré, député.
Lofficial (4).
Lombard-Taradeau, député.
Lucas Bourgerel.
M
Malès, député.
Marie, député.
Marquis.
Martin (5), député.
Massieu, Évéque au département
de l'Oise, député.
Maupassant.
Mauriet.
Ménard-Lagroye, député.
Ménager.
Menou.
Merle.
Merlin, député.
Meurinne.
Mévolhon.
Meynier (6), député.
Milanet.
Milet-la-Mambre, député.
Millanois, député.
Mollien, député.
Montmorency (7), député.
Moreau de Saint-Méry (8), dép.
(1) S'éleva, à la Coustituaate, contre le décret qui déclarait nationaux les biens
du clergé.
(2) Son intolérance religieuse le fit condamner à mort en août 1794.
(3) Protesta contre le 31 mai 1793, et sortit alors de la Convention.
(4) Essaya de sauver Louis XVI, en amenant à la Convention son collègue
Duchâtel, qui se présenta en robe de chambre et en boimet de nuit pour y
déposer son vote.
(5) Le seul député du tiers qui ne voulut pas prêter le serment du Jeu de
Paume.
(6) Se déclara partisan des Girondins, et fut exécuté le 15 mai 1794.
(7) Emigra en Suisse, quelque temps après la journée du 10 août 1792.
(8) Décrété d'accusation après le 10 août 1792.
CLUB DES FEUILLANTS
291
N
Moriii.
Mortier, député.
Moyot, député.
Muguet, député.
]
Nioche, député.
Noailles.
NolfF, député.
C
Oudot, député.
Pain, député.
Palasne.
Pampelonne.
Parisot, député.
Patin.
Papin, député.
Payen-Boisneuf.
Pellerin la Bussière.
Peloux.
Pemartin, député.
Pérès (Médecin), député.
Pérès, député.
Périsse du Luc (1).
PerneL
Pervinquière, député.
Petiot.
Petit.
Petit-Mangin.
Pflieger.
Pilastre.
Pincepré, député.
Poncet Delpech, député.
Populus, député.
Possin.
Poncin.
Pougeard du Limbert, député.
Poullain (Célestin), député.
Poulain-Corbion.
Poutrin, député.
Prévost, député.
Prieur, député.
R
Rabaut (2).
Regnauld d'Épercy.
Regnaud de Saint-Jean d'Angély,
député.
Regneault de Nancy.
Reymond-Grand.
Renaud d'Agen, député.
Reubell, député.
Riberolles, député.
Ricard de Toulon, député.
Rocca, député.
Rodât, député.
Roger, député.
Rose.
Rostaing, député.
Roussilhou (sic), député.
S
Saliceti.
Salle (3), député.
Schmits.
Sieyès, député.
Sillery (4).
(1) Imprimeur, prit parti en 1793 pour les insurgés de Lyon contre la Convention,
et fut condamné à mort après le siège de cette ville.
(2) A été, en 1793, membre de la Commissmi des Douze. Exécuté en dé-
cembre 1793.
(3) II ne voulait pas l'abolition des formes monarchiques et était dévoué à La
Fayette. Partisan des Girondins, il fut exécuté à Bordeaux le 20 juin 1794.
(4) Soutenait les droits du duc d'Orléans à la couronne. Exécuté le 31 oc-
tobre 1793.
292 LES CLUBS CONTRE
Simon, député.
Soustelle, député.
Talleyrand-Périgord (1).
Tellier, député.
Thermes.
Thibault, député.
Treilhard.
Trouillet.
U
Ullery.
-REVOLUTIONNAIRES
V
Vadier.
Varrin.
Verchères.
Verguet (2).
Vernier, député (3).
Vielliard.
Viellart.
Vimal Flouvat.
VouUand, député.
VoideL
Liste des Membres reçus à la séance du i 8 juillet.
Andrieux.
Aubert, député.
B
Bouchetton.
Binot.
Boery.
C
Caion de Lat (prêtre).
Campmas.
Cavailhès.
Château-Renaud.
Grillon (Balbe) (4).
Grillon, jeune.
D
Dandré (5), député.
Daremberg de la Marque {sic),
député.
Darnaudat, député.
Dauchet.
Daude.
Defontenay, député.
Delavigne, député.
Deluze-Létang.
Demarsay.
Drevon, député.
Devisme.
Dupont de Nemours.
Duquesnoy, député.
£
Emmery.
Enjubault-la-Roche.
F
Flaust.
G
Garesché.
Gidoyn.
Guyardin.
(1) Bientôt compromis par suite des papiers trouvés dans l'armoire de fer au
château des Tuileries.
(2) Parla en faveur de Montmorin en 1791, et fut accusé d'avoir délivré un
passeport à Marie-Antoinette, lors de sa fuite.
(3) Girondin, proscrit, il s'enfuit en Suisse, et fut réintégré dans la Convention
en 1794.
(4) Fut accusé de correspondance avec les émigrés en 1792.
(5) Emigra après le 10 août 1792.^
CLUB DES FEUILLANTS
293
Herwyn, député.
J
Jessé (1).
L
Laborde.
Larade, député.
Laurendeau.
Lavenue (2), député.
Lebrun, de Dourdan.
Le Couteulx-Canteley (sic) (3).
Lelay-de-Grantugen, député.
Lemercier, député.
Liancourt (4), député.
Lusignem, député.
M
Maillot, député.
Maupetit, député.
Melon.
Monnel, député.
Morel.
Mougins-Roquefort.
Mougins-Roquefort (C).
Moutier.
N
Nau-Belisle, député.
P
Perrée (5).
Pezous.
Phelines.
Poippe.
Pouret, député.
R
Rangeard.
Ratier.
S
Salomon, député.
Schwendt.
V
Viard (6).
Valentin-Bernard.
DE L'IMPRIMERIE NATIONALE
IV
Une seconde liste et une liste supplémentaire parurent en octobre
1791, à l'époque où ce club modéré était en pleine vigueur, c'est-à-
dire une année environ après sa formation.
Seconde liste des Feuillants, sans date, suivie d'une liste supplé-
mentaire, en date du 4 octobre 1791. Total, 798 noms (7),
(1) En 1791, il combattit la réclamation relative à la séquestration des biens
des émigrés.
(2) Protesta contre le 31 mai, à Bordeaux, et fut exécuté le 2 novembre 1793.
(3) A été membre du Conseil des Anciens.
(4) A été un des membres les plus actifs du club.
(5) A été député de la Manche au Conseil des Anciens, puis membre du Tribunal,
enfin conseiller à la Cour des comptes,
(6) Fut accusé, en 1792, d'avoir menacé la garnison de Verdun de la faire
fusiller, si elle résistait aux Prussiens.
(7) Bib. Nat., Lb 40/805, in-8°. Le Comité de police et de surveillance trouva la
294 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Liste des membres composant le Club des Feidllans, dont d'André
étoit président :
A
Angot (Louis-Hector-Amédée), député, rue de Lafayetle.
Aubry-Dubochet, député, rue Caumartin, 18.
Allart-Thévenin, entrepreneur de bâtiments, rue d'Argenteuil, 139.
Aubert, député, rue de l'Université, hôtel de Rome.
Armand, député, rue Saint-Honoré, 339.
Alquiert (sic), député, rue de Richelieu, hôtel de la Paix.
Audinet (Antoine), rue du Roule, 21.
Allut, député, rue Montmartre, hôtel d'Angleterre.
Adam, député, hôtel de Picardie, rue de Seine, faubourg Saint-Ger-
main.
Adam de Sarguemisnes, député de la Mozelle, rue tie Rohan, 2.
Allart {sic], député de la Vienne.
André (Jean-Jacques), hôtel d'Espagne.
Allart, député, rue Saint-Honoré, café Militaire (1).
Admirault, négociant, rue Saint-Marc, 15.
Agasse, employé à l'Assemblée nationale, rue Croix-des-Petits-
Champs, 51.
Audinet, ecclésiastique, rue du Roule, 21.
Arnaud de Corio, hôtel de Valois, rue de Richelieu.
Abeille, négociant, rue Porte-Foin. 14.
André de Nisme, hôtel d'Espagne, rue de Richelieu.
André de Gênes, hôtel des États de Réarn, rue Faydeau.
Amiot, rue Faubourg-Poissonnier, 17.
seconde liste dans les papiei's des Feuillants, le 18 août 1792, comme l'indique la
mention ci-dessous, imprimée à la fin de cette liste :
« Cejourd'hui, 18 août 1792, l'an 4° de la liberté, le 1" de l'égalité, en vertu des
ordres qui nous ont été donnés par les citoyens-administrateurs du Comité de police
et de surveillance, nous nous sommes transpoi'tés chez M. l'Evêque, rue de Cau-
martin, n" 20, d'après sa déclaration; il nous a remis trois registres et une liasse
de papiers, qu'il nous a déclaré être chez lui les seuls papiei's appartenant à la
Société des Feillans (sic).
« En vertu de quoi nous avons dressé procès-verbal qu'il a signé avec nous.
K Signé : VÉvêque, Mignard, Bouillon.
« Certifié conforme à l'original, par nous, administrateurs de police, séant à la
mairie.
« Signé : Lenfant, Duffort, Punis, Sergent, Jowdeuil, Deforgues, Pierre-Jacq,
Dupluin. »
(1) Professeur de droit, combattit, à la Législative, toutes les propositions ten-
dant à l'établissement de la République, protesta contre le 10 août 1792, publia
des écrits royalistes, fut condamné à mort et exécuté en février 1794.
CLUB DES FEUILLANTS 295
Ameille, rue Neuve Saint-Eustache, 28.
Abbema, banquier, rue de Menars, 5.
AUcaume, notaire, rue Croix-des-Petits-Champs, 56.
Anfry, homme de loi, rue de la Jussienne, hôtel de Louis-le-Grand.
B
Boussion (Pierre), député, cloître Saint-Honoré, maison de l'abbé
Champeaux (1).
Besnard-Duchêne, député, hôtel Vendôme, rue des Capucines.
Bion (Jean-Marie), député, hôtel de Londres, rue de Seine, 15.
Bignan, député.
Bouchet de la Getière, ci-devant inspecteur-général des haras, rue
du Doyenné, 301.
Billette, député, rue Saint-Honoré, 261.
Billecocq, électeur du département de Paris, rue de Ventadour, 13 (2).
Benoist, député, rue et porte Saint-Bernard, café du Garde-Meuble.
Bouchette, député, rue Neuve des Petits-Champs, 31,
Biaille-Germon, député, rue Saint-Thomas-du-Louvre, oi.
Bidault, député, rue Caumartin, 31.
Burnequez, député, rue Saint-Honoré, 291.
Boissy-Dauglas (d'Anglas), député, cour du Manège, 571.
Blancard, député, rue de Richelieu, Bain royal.
Basquiat, député, rue du Colombier, hôtel d'Angleterre.
Babey, député, rue Caumartin, 31 (3).
Biauzat, député, rue de l'Université, 26.
Bonnet, député, rue Saint-Honoré, 16.
Beauperrey, député, hôtel de Bouillon, quai des Théatins.
Beauharnois (Alex.), député, rue des Petits Augustins, 33.
Baillot, député, rue Plumet, faubourg Saint-Germain.
Bazantin, chevalier de Saint-Louis, chez M. Charles Lameth.
Baudoin-Maison-Blanche, député, rue Traversière, hôtel d'Angle-
terre.
Bonjour, premier commis de la Marine, rue Royale -place-Louis XV, 17.
Becherel, député, hôtel des Indes, rue Traversière.
Buschey-Dersnoës, député, hôtel Charon, rue Saint-Honoré, 343.
Brevet-Beaujour, hôtel d'Espagne, rue de RicheUeu.
(1) Né en Suisse, en 1733, mort à Liège, en 1828.
(2) Suspect pendant la Terreur, proscrit le 13 vendémiaire an IV comme pré-
sident de la section de Saint-Roch.
(3) Protesta, à la Convention, contre l'arrestation des Girondins, et dut prendre
la fuite.
296 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Besson, employé dans les bureaux des vivres de la Marine, rue Saint-
Honoré, 291.
Brostaret, député, rue Saint-Tliomas-du-Louvre, hôtel de l'Union.
Baco, député, hôtel de France, rue Coqueron {sic) (1).
Barnier, principal commis de la Marine, grande rue Verte, 1130.
Bouche, député, rue de Savoie, 6.
Béraud, ancien mercier, rue Saint-Honoré, près Saint-Roch, 272.
Beaulieu, homme de lettres, cour des Jacobins Saint-Honoré.
Boisneuf, garde national, rue Porte-Foin.
Bertaud, chirurgien-major, rue de Bourgogne, 5.
Biétrix de Sault, rue Neuve des Capucines, 70.
Béatrix de Rosières, idem.
Boinville, rue Saint-Lazare, 8.
Blanchard, député, rue Saint-Honoré, 313.
Balluc, député, hôtel de Malthe, rue Saint-Nicaise.
Boissel fils, rue Guillaume, faubourg Saint-Germain.
Buob, juge de paix, rue Basse-Porte-Saint-Denis, 7.
Baigneres, rue des Champs-Elysées, 3.
Bergon, rue de la Michaudière.
Bouchett, chevalier de Saint-Louis, rue du Doyenné, 301.
Breteuil, ancien mousquetaire, rue des Rosiers-au-Marais, 37,
Bonfils, député, place des Victoires, 3.
Brulley, député de Sezannes, rue du Petit Carreau, 27.
Beaupin, homme de loi, hôtel des États-Unis, rue Gaillon.
Baert, député.
Boiettard, député, rue de Chartres, 347.
Brunck, député, hôtel Vendôme, rue Neuve des Capucines, 65.
Bruley (Prudent), député, hôtel Verneuil, rue des Filles-Saint-Tho-
mas.
Béjot, député, hôtel d'Angleterre, vis-à-vis le Palais-Royal.
Bernier, député.
Boulogne, Chaussée d'Antin, 18.
Baumlin, député, rue Saint-Honoré, 291.
Barnave.
Bertrand (Louis-Marie), député, grand hôtel des Tuileries, rue Saint-
Honoré.
Bayard, hôtel de Loi, rue Saint-Honoré, 374,
(1) Fut accusé plus tard de fédéralisme, incarcéré à l'Abbaye jusqu'au 9 ther-
midor,
CLUB DES FEUILLANTS 297
Boscary, négociant, rue Feydeau, 14 (1).
Borie, chef d'escadre de l'Académie des sciences, quai Gonti, 6.
Brunet, architecte, quai de Grevres (sic), 18.
Belle, député, rue et vis-à-vis l'hôtel de l'Université, 28.
Beugnot, député, rue Traversière Saint-Honoré, 19 (2).
Bergera, député, rue Saint-Victor, 136.
Bounemese, député.
Becquet, député, rue de l'Échelle Saint-Honoré, 18.
Boisrot-la-Gour, député, rue Bourbon Saint-Germain, 37.
Brunet (Charles- François-Camille-Cantin), vérificateur des droits de
l'enregistrement, rue Jean- Robert, 22.
Broglie (Joseph), rue Saint-Dominique, près Saint-Thomas-d'Acquin.
Bertrand, vieille rue du Temple, 75.
Bénigne Cœur-de-Moi, rue de l'Arbre-Sec, 82.
Badin, électeur, rue Croix des Petits-Champs.
Bocquillon, juge de paix, à l'Estrapade.
Boyer, rédacteur de la Gazette universelle, rue Saint-Honoré, 317.
Bart, rue de la Soudière {sic), 36.
Bresson (Casimir), négociant, rue de Richelieu, hôtel de Chartres, 31 .
Bayneres, hôtel de la Grande-Bretagne, rue Jacob.
Brousse Desfaucherets, rue de Paradis au Marais, 7 (3).
Brouin, rue du Vert-Bois, 60.
Beaurepaire, rue de Bussy, maison du notaire.
Berard l'aîné, rue de Grammont, 10.
Barthélémy, négociant, rue de Chabanois, 3.
Boissel, député.
Behic, place Vendôme, 16.
Bergeras, député, rue Saint- Victor.
Bailly, membre du tribunal de cassation.
Bréard, rue et île Saint-Louis, 18.
Bertinazi, dit Carlin, rue de Mirabeau, 67.
Bénard, homme de loi, à l'Arsenal.
Baert, député, rue de Mirabeau, 18.
Blanchet (Martin), marchand de vin, faubourg Saint-Denis, 47.
Branthomme, homme de loi, hôtel et rue de Lameth.
(1) Boscary fut dénoncé comme accapareur au Club des Jacobins, le 24 jan-
vier 1792.
(2) Dénonça Marat et sou journal; siégea avec les constitutionnels.
(3) Littérateur, membre de la municipalité de Paris, etc., quitta la vie politique
après le 10 août 1792.
?98 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Bonomé, notaire, rue de Chabanois, 13.
Bourgueil, rue Feydeau, 16.
Barrin, rue de Touraine au Marais, 3.
Bochet, régisseur de l'enregistrement, rue faubourg Montmartre, 19.
Boulogne, rue de Mirabeau, 18.
Berthicr, adjudant-général, hôtel de la Guerre, rue Grangue(s/c)-Ba-
telière (1).
Balduc, agent de l'administration des domaines, rue Croix des Petits-
Champs, 35.
Butot, banquier, rue Feydeau, 28.
Barre de Saint-Venant, chevalier de Saint-Louis, rue de Bourbon
Saint-Germain, 32,
Buffault, rue Chariot au Marais, 13.
Benard (Pierre-François), orfèvre, rue Saint-Martin, 17.
Barranon, régisseur de l'enregistrement, place Victoire.
Bondeville, négociant, ancien officier municipal, liAtel de la Cour de
France, rue Vivienne, 16.
Boulland, architecte expert, rue de la Feuillade, 2.
Bonneau, commis à l'administration de la ville, rue Neuve des Petits-
Champs, 131.
G
Cavailhès, député, hôtel de la Dauphine, rue Cocqhéron.
Chamseru, médecin, rue du Hasard, 12.
Château-Renaud, député, rue Gunégaut (sic), 28.
Carondelet, député, rue de Bourbon, 120.
Chazot, secrétaire de juge de paix, rue des Lavandières, 38.
Chevalier, député, rue Caumartin, 31,
Couppé, député, hôtel d'Angleterre, rue Traversière.
Chaisnoux de Bagneux, député, hôtel de Suède, rue de l'Université.
Cochon, député, hôtel de Nisme, rue de Grenelle-Saint-Honoré.
Castellanet, député, rue Favart, 2.
Chabroud, député, rue Sainte-Anne, 9.
Colonna, député, rue Neuve Saint-Eustache.
Claude, député, rue de Lasourdière {sic)^ 13.
Chassey, député, rue Saint-Florentin, 2.
Champas, député, hôtel de Penthièvre.
Cellier, marchand de couleurs, rue Saint-Honoré, vis-à-vis celle des
Bons-Enfants.
(1) Fut ministre de la guerre sous le Consulat et maréchal sous l'Empire.
CLUB DES FEUILLANTS 299
Chambon, député, rue Croix-des-Petits-Champs, hùtel du Dauphin.
Coudere, député, rue de Mirabeau, 64.
Gluzel, apothicaire, au Palais-Royal, cour des Fontaines.
Combert, garde-national, rue Saint-Honoré, 344.
Chavoix, député, rue Mazarine, hôtel Brunswick.
Castaignède, député, hôtel Necker, rue de Richelieu.
Grillon, le jeune, député^ place Louis XV.
Cointreau, de la Bibliothèque nationale, rue Golbert, 280.
Gombette, bachelier en droit, secrétaire-greffier de la justice de paix
de la section du Roule, rue Verte, H30.
Courandin (Aimé), procureur de la commune d'Angers, hôtel d'Es-
pagne, rue de Richelieu.
Garné, pâtissier, rue Neuve Saint- Roch, 11.
Garoillon-Vaudeuil, citoyen, rue de Bourbon, 152.
Castellane, député, rue d'Anjou-Saint-Honoré.
Gomps, citoyen de Paris, hôtel de Gharol, faubourg Saint-Honoré.
Glerget, député, rue Mêlée, 68.
Gomteval, chevalier de Saint-Louis, rue Vivienne, 30.
Ghabot, capitaine de cavalerie, hôtel de la Rochefoucault, rue de
Seine, faubourg Saint-Germain.
Choisy, citoyen actif, hôtel de Genève, rue Saint-Thomas-du-Louvre.
Ghâteau-Neuf-Randon, rue Basse-Porte-Saint-Denis, 16.
Goudere de Lyon.
Ghouard, chez M. Leboucher, commandant de la garde-nationale du
Val de la Haie, sur le port, à Rouen.
Ghesnier (sic) (André), rue du Ghanticr, 24.
Ghéron, député, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 116 (1).
Ghéron, fils, homme de loi, idem.
Gastel, député, rue de la Ville-l'Évêque, 47.
Gottin, ancien aide-de-camp de Lafayette, rue Mirabeau, 6.
Goustou, fds, ancien correcteur des comptes, place du Louvre.
Gannac-Saint-André, faubourg Saint-Martin, 40.
Gartier-Dovineau, député, rue Louis-le-Grand, 2.
Grillon (Balbe), rue Ville-l'Évêque, 52.
Ghatenay-Lanty, ancien député, rue Royale-Louis XV, 18.
Ghazot, député, rue et hôtel J. J. Rousseau.
Gomteval, capitaine de dragons, rue Vivienne, 30.
Gasatix, rue Groix des Petits-Ghamps, hôtel de Bourbon.
(1) Littôrateur, incarcéré pciulaiit la Terreur jusqu'au 9 thermidor; mort préfet
lie la Vienue, eu 1807.
300 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Croichet, député, hôtel et rue Saint-Thomas-du-Louvre.
Champion, député, hôtel et rue Saint-Thomas-du-Louvre.
Chasteau, député, rue des Petits-Augustins, hôtel d'Orléans.
Cinot, négociant, rue de la Verrerie, 37.
Gottin, chef d'escadron.
Claye, député, rue d'Argenteuil, 14.
Chas, homme de lettres, rue Haute-Feuille, 31.
Collet, député, rue des Fossés Monsieur le Prince, hôtel d'Harcourt.
Constans, rue de Bourgogne, 21.
Crottet, chez M. Drugeon, notaire, rue Sainte-Marguerite.
Cernon, ex-député, hôtel de Hollande, rue de BouUoy.
Chirat, député, rue des Champs-Elysées, 8.
Cramail, père, rue de Moulins, 35.
Chompré, homme de lettres, rue Neuve des Capucins, 18 (1).
Cerisier, homme de loi, rue Saint-Honoré, 317.
Chanovrier, rue des Fossés-Montmartre, 29.
Carteron, négociant, rue des Mauvaises Paroles.
Chauchard, payeur de rentes, rue du Temple, 45.
Caille, médecin, rue de Tournon, 6.
Coubé, député, hôtel de Calais, rue Cocquillière.
Canap, marchand, rue Saint-Martin, 324.
Certain, rue Neuve Saint-Eustache, 28.
Coquebert-Montbret, consul de France, rue de Tournon, 5.
Cholet, rue Royale, porte Saint-Honoré, 17.
Charton, capitaine, rue des Saints-Pères, au coin de celle Ver-
neuil.
Couecou, médecin, rue Saint-Marc, 14.
Carteron-Barmond, rue Saint-Thomas-du-Louvre, 51.
Coffmhal.
Cheffontaine, capitaine de la deuxième division des chasseurs, rue
de Mesnil-Montant, 3.
Casaux, homme de lettres, hôtel de Bourbon, rue Croix-des-Petits-
Champs.
Courtin, député, quai de la Mégisserie, 28.
Chauvin, hôtel Wasingthon, rue du Chantre-Saint-Honoré.
Cavillon, négociant, rue des Fossés-Saint-Germain-UAuxerrois, 62.
Cavaignac, greffier des bâtiments, rue de la Planche-Mibray.
Caron, grenadier-volontaire, rue Saint-Honoré, 112.
(1) Fils de Pierre Chompré, l'auteur du Dictionnaire de la Fable; il a été consul
à Malaga en 1793.
CLUB DKS FEUILLANTS 301
Ghomel, négociant, place Victoire, 6.
Choron, ancien notaire, rue Saint-Se vérin, ou rue Saint-Dominique-
Faubourg-Saint-Germain, 27.
Carmentraud, homme de loi, rue du Fouare.
Gain, marchand épicier, rue de la Poterie-Saint-Méry.
Ghampbelt, étudiant en droit, hôtel du Lycée, rue Saint-Honoré.
Gouret, imprimeur, rue Christine, 2.
Carie, ancien commandant du bataillon d'Henri IV, place Dauphine.
Clermont, député, rue et hôtel Ventadour.
Daoust, député, rue du Faubourg-Montmartre, 17.
Dandré, député, rue Royale-Butte-Saint-Roch (1).
Darembert-de-Lamark, député, hôtel de Gharol, rue du Faubourg-
Saint-Honoré.
Dufau, député, rue Neuve Saint-Roch, 48.
Doraison, député, rue de Grenelle-Saint-Germain, 55.
Delattre, député, rue de Richelieu, 118.
Drevon, député, rue de Bourbon-Faubourg-Saint-Germain, 152.
Duval-Grandpré, député, hôtel de Malthe, rue de Richelieu.
Desaulnay, garde de la Bibliothèque nationale, à la Bibliothèque.
Defontenay, député, hôtel de Bouillon, quai de Voltaire.
Dumesnil, membre du tribunal de Cassation, rue de Seine, 4.
Daubert, député, hôtel de Béarn, rue de Richelieu, cour Saint-Guil-
laume.
Dupré, député, hôtel de la Paix, rue de Richelieu.
Dosfant, député, rue de l'Arbre-Sec.
Decretot, député (de Rouen), rue Neuve des Bons-Enfants, 7 (2).
Desandrouins, député, rue Ghantereine, hôtel Desandrouin.
Delavigne, député, rue du Plâtre-Saint-Jacques, 12.
Dumas, chevalier de Saint-Louis, rue Croix-des-Petits-Champs, 26.
Dedellay, député, rue Grenelle-Saint-Honoré, 35.
Darche, député, au café du Palais-Royal.
Darnaudat, député, passage des Petits-Pères, 5.
Ducouedic, cultivateur, rue Jacob, 21.
Demeunier, député, rue Sainte-Anne, 87.
Dillon (Arthur), député, hôtel de Bourbon, rue Jacob.
(1) Dandré fut dénoncé comme accapareur au Club des Jacobins, en janvier 1792.
(2) Fut un des premiers commerçants qui oli'rirent de l'argent au Directoire
pour organiser une descente en Angleterre.
302 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
Dumangin, médecin, rue des Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois, au
cul-de-sac.
Detremouillcs, assesseur du juge de paix de la section du RouUe, rue
de Valois, faubourg du Roulle.
Delaporte , sellier-carrossier , rue de l'Anglade , au coin de celle
l'Évêque.
Destutt de Tracy, député, rue de Bourbon, faubourg Saint-Germain,
Ai (1).
Desperiers, militaire d'Orbecq, place Louis XV, chez M. Perronnet.
Ducancel, homme de lov, rue de la Harpe, 20.
Delarue, garde national, rue Thevenot, 37.
Degay, ingénieur de la marine, rue Neuve des Petits-Champs, 99.
Dherbes, vicaire de l'évèque de Paris, à l'hôpital militaire au Gros-
Gailloù.
Ducos, rédacteur du Journal des Débats, rue Saint-Thomas du Louvre,
hôtel de la Réunion.
Duport, député, ri;e du Grand-Chantier, au Marais.
Decombis, major de vaisseaux, rue Saint-Pierre-Montmartre, hôtel de
la Providence.
Duquesnoy, député.
Dumesnil fils, rue de Seine, 4.
Duplanil, médecin, rue de Bourbon, 162.
Depont, citoyen, rue des Filles-Saint-Thomas, 11.
Deverey, homme de loi, rue Mazarine, 41.
Daiguillon [sic], député, rue de l'Université.
Demandre, député, rue Saint-Honoré, 291.
Deliancourt [sic), ancien député, rue de Varennes.
Delalain fils, libraire, rue Saint-Jacques.
Depange, place de la Nation, 7.
Domergues de Beauregard, député, rue et hôtel J. J. Rousseau.
Delon, député, rue du faubourg Saint-Denis, 2, à l'Écu.
Deuzy, député, rue Saint-Honoré, 313.
Deraime, ordonnateur de la marine, rue Saint-Florentin, 4.
Dubois fils, rue des Champs-Elysées.
Depinay (George), régisseur des douanes nationales, rue Saint-Ho-
noré, 346.
David, chevalier de Saint-Louis, rue Saint-Honoré, maison du Notaire,
vis-à-vis les Feuillans.
(1) En 1791, il demanda à rAsscmblée de déclarer illégale l'arrestation de
Mesdames à Arnay-le-Duc, Mort membre de l'Institut, en 1832.
CLUB DES FEUILLANTS 303
Debelair, chef de légion de Paris, rue Sainte-Croix delà Brelonnerie.
Dufresne, agent de change, rue Yivienne, maison du Notaire.
Dupertuis, député, hôtel d'Angleterre, rue Traversière-Saint-Ho-
noré .
Delarue, garde national, rue Thévenot, 37, aide-de-camp.
Debray, député, rue Mirabeau, 3.
Dalmas, député, rue des Frondeurs, hôtel Montpensier.
Dussy, citoyen, rue du Théâtre-Français, 3.
Demonchanin, liquidateur, place Vendôme.
Dallot, député, rue de la Sourdière, 8.
Dumolard, député, rue Saint-Thomas du Louvre, 124 (1).
Dongois, député, rue Saint-Honoré, 492.
Dufresne de Saint-Léon, liquidateur, place Vendôme.
Destrée, député, hôtel d'Auvergne, rue Saint-Honoré,
Dolomien (Dolomieu), commandeur de Malthe, Jardin du Roi (2).
Defranc, citoyen, rue de l'Antéchrist.
Desportes, député, rue de Chartres, hôtel de Nantes.
Delamardelle, commandant de la garde nationale, rue du Mail, hôtel
\ des Indes.
Damarie, rue Neuve N. D. des Victoires, 11.
Devaisnes fds, rue Royale.
Delaferté, Chaussée d'Antin, 52.
Demestre, capitaine de gendarmerie, rue du Colombier.
Delafleury, lieutenant de grenadiers des Filles-Saint-Thomas, rue de
Louvois, 1.
Delarivière, juge de paix, au Palais.
Dubois (Alex.), rue des Champs-Elysées, 9.
Duprat, chevalier de Saint-Louis, rue de Bondy.
Dangirard, administrateur de la Compagnie des Indes, rue de Mira-
beau, 71.
Datilly, rue Saint-Antoine, 311.
Destor, employé à la mairie, rue Montmartre, 262.
Desenne, ofhcier de garde nationale, rue de Richelieu, 180.
Dijon, canonnier volontaire.
Delaroue, négociant, rue Sainte-Anne.
Dumas-Fulcrand, rue Thévenot.
Duchanoy, médecin, rue Saint-Marc, 14.
(1) Voir plus bas, Club de Clichy.
(2) Tancrède de Gratet-Dolomieu, minéralogiste, membre de l'Institut dès sa
fondation.
304 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Deponti, hôtel de Lussan, rue Croix-des-Petits-Champs.
Deville l'aîné, place Vendôme, 17.
Desoteux, médecin, rue Colbert.
Daubignan, cour du Palais, vis-à-vis la Sainte-Chapelle.
Dewitt, rue de Mirabeau, 75.
Dutailly, marchand bonnetier, rue Champ-Fleury.
Dupuis le jeune, rue Saint-Louis, 62.
Demontmoran, député extraordinaire, présenté par M. Gilles pour
M. Grillon.
Desjobert, commissaire à la conservation des forêts, rue du Jardinet.
Desaulnay (Gard).
Dechaseaux, négociant, rue Saint-Sauveur, au coin de celle des Deux
Portes.
Defranc, citoyen, rue de la Magdelaine, 7.
Disbarrast, place Vendôme, 16.
Decourouble^ receveur du droit d'enregistrement, rue du Gros-Che-
net, 5.
Destimoville, capitaine de gendarmerie, rue du Faubourg-du-Roulle,
158.
Debray, député, rue Mirabeau, 3.
Delacoste, ex-député, rue du Mont-Parnasse.
Datais, chevalier de Saint-Louis, hôtel de Bourbon, rue Croix-des-
Petits-Champs.
Dupereux, lieutenant de gendarmerie nationale, rue du Faubourg-
Saint-Martin, 2.
Drugeon, notaire, rue Sainte-Marguerite, faubourg Saint-Germain.
Dutaillis, rue Poissonnière, 169.
E
Expilly, député, place du Palais-Royal (1).
Exjubault de la Roche, député, hôtel du Roi au Carrouzel.
Esmenard, homme de loi, rue Traversière.
Emmery, ancien député, rue Saint-Honoré, 163.
Escanye, député, hôtel d'Artois, rue Traversière.
Esperon, député, hôtel de Calais, rue Coquillière.
Espolard, chez M. Mautord, rue Vivienne, 30.
F
François, député , hôtel de Saxe, rue du Colombier.
(.1, Accusé de fétléralismc, l'évoque Expilly fut guillotiné en 1794.
CLUB DES FEUILLANTS 305
Franconville, député, rue de l'Arbre-Sec, -41.
Feydel, homme de lettres, rue Saint-Honoré, 262.
Foniier, citoyen de Paris, rue des Jeûneurs, 6.
Fulchiron, banquier, rue Sainte-Anne, 105.
Fermond, député, rue Saint-Nicaise, 302 (1).
Fricaud, député, rue Feydeau, 21.
Frochot, député, rue de FUniversité, 19 (2).
Forest, secrétaire -commis de l'Assemblée nationale, rue Sainte-
Anne, 37.
Fontaine (Gaspard), ci-devant administrateur des finances de M. d^Or-
léans, rue Neuve des Petits-Champs, 83.
Froidure, secrétaire-commis de l'Assemblée nationale, rue Saint-Ho-
noré, vis-à-vis Saint-Eustache.
Fassin, député extraordinaire, hôtel d'Angevilliers, près le Louvre, 15.
Formey, ancien payeur de rentes, place du Louvre.
Fâche, député, rue Saint-Honoré, 310, chez M. Moreau, ancien no-
taire,
FayoUe, député, rue des Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois, 43.
Ferri, homme de lettres, rue Saint-Dominique, hôtel d'Aguesseau.
Froudière, député, quai Gonti, 8, près l'hôtel de la Monnoie.
Fénis-Saint-Victour père, rue de Ménars, 9.
Fénis-Saint-Victour lils, idem.
Fulcran-Dumas, rue Thévenot, 19,
Formé père, rue de l'Observance, 8.
Fournier, agent de change, rue Feydeau, 28,
Fassin, médecin, hôtel Conti, rue d'Angiviller.
Félix, citoyen, rue Sainte-Anne, 41.
Fournier, liquidateur, rue des Vieilles -Thuileries, 120.
Fontenay (Devin) fils, rue et tle Saint-Louis, 89.
Fourcault, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie.
Ferrers (Pierre-Marie), homme de lettres, rue du Croissant, 4.
Fleuriel, employé chez le ministre de la justice, à l'abbaye Sainte-
Geneviève.
Finguerlin, banquier à Lyon, rue Neuve des Mathurins, 46,
Gidoin, député, rue d'Argenteuil, 14.
Gassendy, député, hôtel de Provence, rue Traversière.
(1) Accusé (le modcrantisiiic, dénoncé par Marat; i: a été comte de l'Empire.
{■1) A été préfet et cuiute de l'Empire.
20
306 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Girerd, député, rue Saint-Martin, 207.
Gallot, député, hôtel d'Anjou, rue Dauphine.
Gilles, limonadier, rue du Faubourg-Saint-Honoré.
Gautherot, professeur de musique, rue de la Vrillière, 11.
Gorguereau, juge au département de Paris, rue Bar-du-Bec, 7.
Geoffroy, député, rue Saint-Honoré, vis-à-vis le café des Amis de la
loi (1).
Girod (le jeune), député, rue de Clioiseul, 15.
Grenot, député, rue du Bacq, 18.
Guincbaud, député, rue des Petiles-Écuries-du-roi, 25.
Girot, député, rue Saint-Honoré, 30().
Graffan, député, rue Neuve Saint-Eustache, 40.
Goudart, député.
Greling, député extraordinaire, hùtel de Valois, rue de Richelieu.
Guillotin, député, rue Croix-des-Petits-Champs.
Goupilleau, député, hôtel de Nisme, rue Grenelle-Saint-Honoré.
Grivel, banquier, rue Sainte-Anne, 105.
Gallois, député extraordinaire, rue Saint-Jacques, 25.
Guinguené (.sic), homme de lettres, rue Neuve des Petits-Champs,
83(2).
Goupil-Préfelne, hôtel de l'Assemblée nationale, rue Saint-Thomas-
du-Louvre.
Gougenot, administrateur de la Compagnie des Indes, cul-de-sac
Saint-Hyacinthe.
Goetz fils, ci-devant receveur particulier des finances, rue de la Sour-
dière, 35.
Guinot, marchand épicier, rue du Faubourg-Saint-Germain, en face
de la Foire.
Ginoux, directeur de l'enregistrement, place du Petit Carrouzel.
Grillon-Deschapelles, payeur de rentes, rue Montmorency, 8.
Gentil (Louis), député, rue de Richelieu, près le Boulevard, 150.
Granet de Toulon, député, hôtel Wasington, rue du Chantre.
Girardot, banquier, rue Mirabeau, 6.
Goujon, député, rue Traversière-Saint-Honoré, hôtel des 13 Cantons.
Gouy-d'Arcis [sic], ex-député, rue de Provence.
Guillion, député, hôtel Vendôme, vis-à-vis les Feuillans.
Gausseraud, député, cour des Capucins-Saint-Honoré, 426.
Gressier, hôtel de la Marine, rue Croix-des-Pelits-Champs.
(1) Émigréj il fut suspenda de ses fonctions de députéi
(2) Arrêté eu 1793; il a été membre du ïribuuut;
CLUB DES FEUILLANTS 307
Guiraudet (Toussaint), rue Royale-place-Louis XV, hôtel de la Ma-
rine (1).
Grammont, garde national, hôtel de Noailles, rue Sainl-Honoré, 8.
Gondonin, citoyen, rue de Cléry, 38.
Grenier, négociant, rue Saint-Louis-au-Palais, 78.
Girault, hôtel de Bullion, rue J. J. Rousseau.
George-d'Épinay, régisseur des douanes nationales, rue Saint-Ho-
noré, 341.
Gomhault, liquidateur, rue Hauteville, 397.
Grenus, négociant, boulevard Montmartre.
Gauthier, banquier, rue Neuve des Capucines, 21.
Gendrier, citoyen, colonnades de la place Louis XV, 2.
Gerin, négociant, rue Neuve Saint-Méry, 30.
Gobert(Gh. Jos. Bernard), liquidateur, rue projetée Michodière, i.
Guérin, assesseur du juge de paix, rue Basse-Porte-Saint-Denis, 7.
Garnier, commissaire du roi, rue Saint-Florentin, 678.
Guérin, liquidateur, rue Neuve Saint-Martin, 49.
Gaubert, étudiant en médecine, hôtel de Suède, rue Feydeau.
Gramagnac, négociant, rue Saint-Honoré, 324, vis-à-vis le petit hôtel
de Noailles.
H
Hugonnenc, négociant, hôtel de la Paix, rue de Richelieu.
Herwyn, député, hôtel des Trois-Evêchés, rue des Filles-Saint-Tho-
mas (2).
Muguet, député, rue de Lafayette, 2.
Huot-Goncourt, député, rue du Bacq, hôtel de Bourgogne.
Hautier, employé au garde-meuble de la couronne, rue Saint-Ho-
noré, 372.
Hombron (Bernard), citoyen, rue du Petit-Pont, 22.
Hélais, homme de loi, rue Traversiez, 61,
Hurel, payeur de rentes, rue Sainte-Avoye, 2(3.
Huart-Duparc, homme de loi, rue Saint-Benoist, 29.
Hondelette, secrétaire de l'Assemblée nationale, à F Abbaye-Saint-
Germain.
Huet-Froberville, député, rue Saint-Honoré, 213 (3).
Heyden, patriote hollandais, Palais-Royal, 160.
(1) Littérateur, mort à Dijon en 1804. Traducteur de Machiavel.
(2) Agronome, chef de bataillon do la garde nationale, arrêté pendant quelques
mois en 1793. Il a été sénateur, comte de l'Empire et pair de France*
(■'{) Écrivain et législateur!
308 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Houin, peintre de Monsieur, marché des Innocents, 10.
Hébett, député, rue des Bons-Enfants, 19.
Hébert-Deprecy, député, rue de Bourbon, 33.
Hochet, garde national, faubourg Saint-Honoré, 535.
Huguet, chez M. Alleaume, notaire, rue Croix-des-Petits-Champs.
Hulin, capitaine de chasseurs, rue des Petites-Écuries-du-Roi, au
coin de celle de Mertet, 8.
Hautefeuille, négociant, rue de Beaune, au coin de celle de Verneuil.
Hautefeuille l'aîné, ancien négociant, rue d'Argenteuil, 27.
Jaucourt.
Jourdan, ci-devant président du district des Petits-Augustins, rue
Taranne, 2.
Joubert, député, hôtel du Roi, place du Carrouzel.
Jac, député, hôtel de la Paix, rue de Richelieu.
Jaume, député, rue Traversière-Saint-Honoré, 21.
Jacot, architecte, rue de la Madelaine-Faubourg-Saint-Hoiioré.
Jouve, homme de loi, rue de Richelieu, hôtel des Deux-Siciles.
Jahan, député, rue de Seine, hôtel de Picardie, faubourg Saint-Ger-
main.
Jobert, rue du Four-Saint-Honoré, 10.
Jounault [sic], député de Thouars, hôtel d'Orléans, rue des Petits-
Augustins (1).
Juglar, député, hôtel Wasington, rue du Ghantre-Saint-Honoré.
Jouffret, député, rue de Chartres, hôtel de Bordeaux, 87.
Jollivet, député, rue de Bourbon-Saint-Germain, 53 (2).
Jauge, chaussée d'Antin, 6 (3).
Jourdan (Charles), député-suppléant, cloître Saint-Méry, 177.
Jully, régisseur des domaines nationaux, rue de Mirabeau,. 7.
JeaufFret, auteur de la Gazette des Tribunaux, rue des Mathurins-Sor-
bonne.
Kervelegan, député, hôtel de la Marine, rue Gaillon.
Kauffmann, député, rue de Duras-Faubourg-Saint-Honoré.
(1) Officier de gendarnici-ic, s'opposa à rarmemeut de piques pour les citoyens.
(2) Constitutionnel, dénonça les préparatifs d'insurrection du Club des Jacobins,
à la veille du 10 août 1792. Il fut conseiller d'État après le 18 brumaire.
(3) A fait partie du Club de Valois. Guillotiné le 29 prairial au II, comme com-
plice de la conspiration de l'étranger.
CLUB DES FEUILLANTS 309
Lehouclier (Michel), libraire, rue Saint-Honoré, près Sainl-Rocli, 278.
Leleu (Claude-René), député, rue Saint-Honoré, 339.
Lallemand-Defontenoy, électeur, rue du Vieux-Colombier, 7.
Larade, député, rue Saint-Thomas-du-Louvre, 23.
Livré, député, rue Saint-Honoré, 317.
Lecarlier, député (1).
Larevellière, député, hôtel de Picardie, butte Saint-Roch.
Lavalette, citoyen, rue Saint-Honoré, 692.
Lasnon, député, hôtel de Hollande, rue du Boulloy.
Lelay, député, rue de Rohan, i20.
Lavenue, député, rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés (2).
Lâchasse, médecin, rue Montmartre, 272.
Lefloch, député, quai de la Ferraille, 8.
Lanjuinais, député, rue Saint-Nicaise, 502.
Larue, directeur de l'enregistrement, rue du Rocher, 487.
Lametherie, député, rue Saint-Nicaise, 10.
Lavie, député, rue Caumartin, 29.
Leleu, négociant de Paris, rue Thévenot, 32.
Ledéan, député, rue Gaillon, hôtel de la Marine.
Lucas-Bourgerel, député, hôtel Warvich, rue du Chantre.
Lepoutre, député, hôtel de la Réunion, rue des Moineaux.
Lacharmie, député, rue de Seine, 4.
Lesterp aîné, député, rue de la Limace, 21 (3).
Lacroix (Théodore), rue de Grammont, 6.
Lechapelier, député, cul-de-sac de la Corderie, en face de la rue de
la Sourdière (4).
Legrand, député, rue du Colombier, 1.
Lacépède, de l'Académie des sciences, au Jardin des Plantes.
Lépidor, homme de loi, cul-de-sae Saint-Jacques.
Laguiante, commis à la trésorerie nationale, passage des Petits-
Pères, 5.
Leguen, député, rue Caumartin, 30.
Lancelot, député, rue la Madelaine-Ville-l'Évêque, 20,
(1) A été ininistro de la police sous le Directoire.
(2) Protesta contre les événements du 31 mai. Arrêté comme fédéraliste et exé-
cuté à Bordeaux, le 2 novembre nO.'L
(3) Accusé de fédéralisme, fut guillotiné le 31 octobre 1793.
(4) Condamné à mort comme constitutionnel réactionnaire, exécuté le 3 lloréal
an TT.
310 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Liancourt, député, rue de Varennes.
Lambel, député,
Lesterpt (Benoîtj, député, rue des Saints-Pères. 12.
Larochefoucault (La Rochefoucault), député, rue de Seine, faubourg
Saint-Honoré, -42.
Lebreton, député, rue et grand hôtel Mirabeau (1).
Laignier, député, rue des Vieilles-Étuves, hôtel de Lusignan.
Leroy, de l'Académie des sciences, Galleries du Louvre.
Lemercier, député, hôtel Montpensier, rue des Frondeurs (2).
Lecomte (Jean), négociant, passage de Beaujolais et Palais-Royal, 137,
Lefebvre, notable, rue du Pot-de-Fer.
Lacretelle, cadet, hôtel de Suède, rue Feydeau (3).
Lameth (Charles), député, cul-de-sac Notre-Dame-des-Ghamps.
Lombard-Taradeau, député, rue et hôtel Ventadour.
Lusignem, député, place Vendôme, 8.
Lehodey, citoyen, rue des Bons-Enfants, 42,
Lelegard, rue des Champs-Elysées, 3,
Lauzeran de Fressac, député, rue et hôtelJ. J. Rousseau.
Lafont, boulevard de la Magdeleine.
Lecouteux-Canteleu, commissaire à la caisse de l'extraordinaire.
Leroy, rue du Bouloy, 29,
Labaher, ancien négociant, rue de Cléry, 8,
Lancel (Jean-Antoine), rue Sainte-Appoline, 13.
Lepayen de Metz, petit hôtel d'Arras, place du Carrouzel.
Lo])joy, député, rue du Bacq, hôtel de la Correspondance des Arts.
Laurent le Couteul.
Larroque-Labécède, député, maison Bidel, rue de la Barillerie.
Lacretelle, député, hôtel de Suède, rue Feydeau (Constitutionnel).
Lameth (Alexandre),
Lavallette, commandant en second du bataillon de l'Oratoire,
Lecouteux de la Noraye, place Vendôme,
Leroy de Bayeux, député, hôtel Fleury, rue Sainte-Anne.
Laureau, député, rue de la Michaudière, 4.
Laborde-Méreville.
(1) Protesta contre le 31 mai. Attaché aux Girondins, il dut sortir de la Con-
vention, où il ne rentra qu'après le 9 thermidor.
(2) Plus tard, il présida les Anciens et aida Bonaparte, le 18 brumaire. Il fut
sénateur et comte de l'Empire.
(.3) Collaborateur au Journal des Débuts, au 13 vendémiaire, combattit la Con-
vention dans le Précurseur; emprisonné. Membre du bureau de la presse en 1801,
censeur dramatique.
CLUB DES FEUILLANTS 311
Lefrancq. député, rue Saint-Honoré, 377.
Lucas, député, hôtel des Victoires, rue des Fossés-Montmartre.
Lefebvre, agent de change, rue Thérèse, 11.
Levavasseur, député, rue Neuve des-Petits-Champs, 129.
Lahhaerd, ancien négociant, rue de Cléry, 38.
Lecoq, citoyen, rue Saint-Honoré, 335.
Lamardelle, rue des Prouvaires, 54.
Lesbeaupin, homme de loi, rue Gaillon, hôtel des États-Unis.
Luce, rue du Doyenné, sous-chef de l'administration des contribu-
tions publiques.
Langibon, citoyen, rue du Mail, 41.
Larochette, député, hôtel d'Auvergne, rue Saint-Honoré.
Lahousse, ancien mousquetaire, rue des Rosiers au Marais, 37.
Lucas, négociant, rue Saint-Honoré, 226.
Lacombe, hôtel d'Aligre, rue Saint-Honoré, 9.
Lavit, négociant, passage des Petits-Pères, hôtel d'Europe, rue
Notre-Dame des Victoires.
Larochefoucault, garde national, rue de Cléry, 9t).
Lameth (Théodore), député.
Lagausse, secrétaire de Théodore Lameth.
Lacoste, régisseur des domaines nationaux, rue Caumartin, 6.
Labroue, rue Guénégaud, 22.
Levacher-Duplessis, rue du Temple, vis-à-vis le Temple.
Lafont, chez M. le Coûteux, place Vendôme.
Lubin, avoué, rue du Chaume, 4.
Lebrun, architecte de l 'Hôtel-Dieu, à l'Hôtel-Dieu.
Lesourd, rue Saint-Honoré, 332.
Legendre, entrepreneur de la manufacture des cuirs anglais, rue des
Fossés-Montmartre, 27.
Leprince, rue Faubourg-Poissonnière, 18.
Ligier, grenadier volontaire, bataillon des Petits-Pères, rue de la
Feuillade.
Lefoin, soldat volontaire de la section de Montmorency, rue Mont-
martre, 164.
Leroi-Fontigny, major du bataillon des vétérans, rue Phélipeaux, 13.
Latané, député, hôtel des Deux-Siciles, rue de Richelieu.
Lepigeon, député, rue Saint-Thomas du Louvre, à l'hôtel de l'Union.
Letellier, secrétaire de correspondance au département de la justice,
rue Caumartin, 31.
Labrosse, prêtre, ci-devant agent aux Capucins Saint-Honoré, rue
Saint-Louis au Marais, 1.
312 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
M
Mortier, député, rue des Moineaux, hôtel de la Réunion (1).
Merlin, député, rue Saint-Honoré, 510.
Maupetit, député, rue Saint-Honoré, 27, ci-devant 420,
Monnel, député, hôtel de Rome, rue de l'Université.
MoUien, député, hôtel de Hollande, rue du Boullois.
Moyot, député, rue Saint-Nicaise, 502.
Millanois, député de Lyon, rue Saint-Honoré, 343.
Maugras, de l'académie de chirurgie, rue d'Argenteuil, 57.
Mousnier, abbé, rue du Hazard, 2.
Milel-la-Membre, député, rue Saint-Honoré, 4C3.
Méjean, homme de lettres, rue Neuve Saint-Roch, 18.
Maillot, député, petite rue Saint-Roch, 4.
Menard-Lagroye, député, rue Sainte-Anne, 1 (2).
Maison, médecin, rue du Roule, 5.
Maret, rédacteur du Moniteur, rue du Dauphin, 597 (3).
Maies, député, rue des Mauvaises-Paroles, G.
Montmorency, député.
Martin, député, rue Saint-Honoré, passage du Grand-Charois, 291.
Meynier, député, rue des Jeûneurs, 6 (4).
Massien, député, hôtel de Lameth, rue Notre-Dame des Champs.
Moreau de Saint-Merry, député, rue Caumartin, 3,
Muguet, député, rue Saint-Honoré, vis-à-vis les Jacobins (5).
Merceret, député, rue et hôtel Saint-Thomas du Louvre.
Menuret, médecin, rue Saint-Honoré, près celle de l'Échelle, 510.
Miot, commis de la guerre, rue Montmartre, 90.
Muguet de Morron, rue Bergère, 16.
Montmirel, rue Croix des Petits-Champs, 15.
Menard, député, faubourg Saint-Denis.
Moutard, libraire, hôtel de Cluny, rue des Mathurins.
Meinvielle, citoyen, rue Thérèse, 13.
Morel, député, rue du Petit-Carreau, 72.
Mathieu (Jacques), député du Bas-Rhin, rue Ville-l'Évêque.
Merveiljeux, député, hôtel d'Orléans, rue des Augustins, 59.
(1) Père (lu maréchal Mortier.
(2) Fut conseiller au présidial du Mans. 11 devint président de la cour d'Aufïer?.
(3) Plus tard secrétaire du Consulat et de Napoléon, et duc de Bassano, acadé-
micien, ministre, etc.
(4) Se déclara pour les Girondins, et fut exécuté lo 13 mai 1791.
(3) Membre du Comité des recherches.
CLUB DES FEUILLANTS 313
Maison, médecin.
Marin, député, au Bain d'Albert, quai d'Orçay.
Montault des Isles, député, rue Clos-Jourgeot, 3.
Michon, député, hôtel d'Artois, rue du Coq-Saint-Honoré.
Morivaux, député, hôtel de Louis XVI, rue de Richelieu.
Marie, député, hôtel d'Artois, rue Traversière.
Montesquiou, ex-député, hôtel de Roquefort, rue de Grenelle.
Mouysset, député, rue de Rohan, 25 (1).
Michoux, député, rue Saint-Honoré, petit hôtel de Vendôme.
Masson, capitaine d'infanterie, rue du Mail, 25.
Menou, ex-député, boulevard, vis-à-vis l'hôtel Montmorency.
Mouette, citoyen, rue du Temple.
Marseille, négociant, rue Chabanois.
Michel, député, rue de Bellefont, 4.
Metman, homme de lettres, rue de Seine, 112.
Mourgues, de la Société d'agriculture, rue Grammont, 17.
Michault, homme de lettres, hôtel de la Réunion, rue des Moi-
neaux.
Malleville, président du tribunal de cassation, rue de la Harpe, 54.
Moulnier, rue du Hazard, 6.
Minvielle, ancien négociant, rue Thérèse, 13.
Marialla, rue Neuve Saint-Roch, 40.
Mejan (Etienne), rue de la Sourdière, 14.
Meignotte, agent de change, place Victoire, 18.
Marignier père, place Vendôme, 3.
Marinier fils, même demeure.
Morin, électeur de 1791, rue du Colombier, 27.
Manet, homme de loi, rue du Mail, 28.
Masson, rue de la Ferme des Mathurins, 13.
Maraise, rue Mêlée, 31.
Michel, négociant, rue Aux-Fers, 50.
Maillet (Antoine), rue Croix-des-Petits-Champs, 62.
Magnan, rue Neuve des Mathurins, Chaussée d'Antin, 47.
Maron, ministre protestant, rue Saint-Roch-Poissonnière, 9.
Musnier-Desclozeaux, rue de Fourcy-Saint-Antoine, 5.
Monclard, capitaine d'artillerie, grande rue de Chaillot, 178.
Marsilly, chevalier de Saint-Louis, rue Mirabeau, 54.
Mautort, notaire, rue Vivienne, 30.
Maloigne (Jean-René), rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur, 7,
(1) Ju»e au tribunal de Villenouvp.
314 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Metman, premier clerc de notaire, chez Etienne, notaire, rue Saint-
Jacques.
N
Naudeville, électeur de 1791, première porte cochère quai de la Mé-
gisserie, près le Pont-Neuf,
Nioche, député, rue de l'Échelle, 13 (1).
Nolf, député, h(Hel de la Réunion, rue des Moineaux.
Nau-Belisle, député.
Nadal de Paintrac, député, rue Sainte-Anne, 21.
Niel, assesseur déjuge de paix, rue de l'Université, 19 (2).
Nogaret, député, rue de Bourgogne, 421.
Nicolle, rue du Four-Saint-Germain, 147.
o
Oudot, député (3j.
P
Pervinquière, député, luHel de Nismes, rue Grenelle-Saint-Honoré.
Prieur, député, rue Notre-Dame-dcs-Victoires, 20.
Pain, député, hôtel Vendôme, rue et près les Capucines,
Pinccpré, député, rue Royale-Louis XV, 17.
Pères, député, petit hùtel Vauhan, rue de Richelieu.
Pelfieger, député, hôtel des Indes, rue Traversière.
Pincemaille, ci-devant sous-directeur du bureau des passeports, ù
Thôtel des Fermes, rue Saint-Florentin, 2.
Pémartin, député, rue Saint-Honoré. 235.
Pignere-de-la-Boulloy, ancien trésorier de France, rue des Tour-
nelles, 47,
Pouret, député, rue Saint-Hyacinthe, 4.
Pomaret père, banquier, hôtel de Chartres, rue de Richelieu, 31 .
Pourcher, député, rue Croix-des-Petits-Champs, 45.
Perisse-Duluc, député de Lyon, rue Neuve Saint-Marc, hôtel d'Or-
léans (4).
Parisot, député, rue Saint-Honoré, 590(5).
(1) Refusa, dans la Couveation, de se prononcer comme juge dans le procès
de Louis XVL
(2) Désavoua son inscription sur la liste par une lettre adressée, le 16 dé-
cembre 1792, à la section de la Fontaine-de-Grenelle.
(3) Était, avant la Révolution, commissaire du roi du tribunal de Beaunc.
(4) Imprimeur, membre du Comité de Constitution.
(5) Nommé, en 1792, capitaine de la garde constitutionnelle du roi, qu'il défendit
au 10 août; il fut blessé dans cette journée.
CLUB DES FEUILLANTS 31b
Pougeard-Dulimbert, député, rue Sainte- Anne , hôtel de la Répu-
blique de Gènes (1).
Périer, entrepreneur de la manufacture d'armes blanches, rue Neuve
des Capucines.
Poutrain, député, hôtel de la Chine, rue Neuve des Petits-Champs.
Prévost, député, place Vendôme, 8.
Paris, citoyen, rue Montmartre, 151.
PouUain (Célestin), député, rue Chariot, 37.
Poncet-Delpech, député, hôtel Pondichéry, rue Traversière-Saint-
Honoré.
Pères, député, hôtel des treize Cantons, rue Traversière-Saint-Honoré.
Pomaret (Jules), commis de banquier, rue de Richelieu, 31.
Papin, député, rue Neuve des Petits-Champs, 31.
Pinchinal, maître des comptes, rue Traversière, 32.
Pezous, député, rue de la Poterie, 10.
Ponce, graveur, rue Saint-Jacques, 238.
Pétrie, député extraordinaire de Tabago, rue Neuve des Capucins, 6.
Populus, député, rue des Petits-Augustins, 22.
Pressac-Desplanches, député, hôtel Bourgogne, rue Croix-des-Petits-
Champs.
Payen, rue Faubourg-Saint-Honoré, hôtel en face de la rue d'Anjou.
Pieyre, député, hôtel d'Espagne, rue de Richelieu (2).
•Pitra, électeur de 1789, rue Croix-des-Petits-Champs, 55.
Parisot (Marc-Antoine), abbé, place Louis XV, 2.
Petit, homme de loi, rue des Vieilles-Ëtuves-Saint-Honoré.
Paigis, député, rue des Grands-Augustins, 31,
Poitevin, député, hôtel Wasington, rue du Chantre-Saint-Honoré.
Perroteau-de-la-Nause, négociant, rue Montmartre, 219.
Praslin, ex-député, rue du Bacq, 469.
Poncet, rue des Filles-Saint-Thomas, 6.
Picquais, citoyen, rue Neuve des Petits-Champs, Si.
Plainville, chevalier de Saint-Louis, rue Montmartre, 243.
Périer, administrateur du département d'Eure-et-Loir, rue Mirabeau.
Parent, rue Sainte-Anne, 64.
Prault-Saint-Martin, imprimeur, hôtel de la Trésorerie, cour de la
Sainte-Chapelle.
(1) Avocat, fut, par la suite, préfet de la Chareuto, membre du Tribunat, préfet
de l'Allier sous l'Empire, député sous la Restauration.
(2) Poète, auteur dramatique ; siégeait au côté dioit. Après le 9 thermidor, il
fut procureur-syudic du district de Nîmes, puis préfet de Lot-et-Garoune, et, sous
l'Empire, préfet du Loiret.
316 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Puget, rue Saint-Martin, 384.
Petit, rue Saint-Pierre-Montmartre, 8.
Pache, rue Bergère, vis-à-vis les Menus.
Penuchet, maitre perruquier, rue de Richelieu, 139.
Pilet (sic), rue du Parc-Royal, 3.
Pecoul, cul de sac du Doyenné, 7.
Prony, ingénieur des ponts et chaussées, aux Invalides (1).
Plassan, lihraire, rue du Cimetière-Saint-André, 11.
Prudhomme, rue Pavée-au-Marais, 13.
Procter, professeur de langues, rue Basse-du-Rempart, 13.
Peyre, architecte, et ancien aide-de-camp de Lafayette, rue des Poi-
tevins, 18.
Petit-Radel, architecte, rue Bourhon-Villeneuve, 49,
Pemoret, homme de loi, hùtel d'Angleterre, rue Saint-Honoré.
Petit, liquidateur, rue Basse du-Rempart-de la-Madelaine, 17,
Perignon, notaire, rue Saint-Honoré, bâtiment des Feuillans.
Quesnay, juge de Saumur, rue de Grenelle-Saint-Honoré, hôtel d'Or-
léans.
Quéru de Lacoste, député, rue de la Madelaine, 26.
Quatremère-de-Quincy, député, rue des Fossés-du-Temple, 23 (2).
Quinquet, vicaire de Notre-Dame-de-Lorette, rue de Provence.
Rose, huissier à l'Assemblée nationale, rue Basse-du-Rempart, 21.
Riccé, adjudant-général, rue de Grammont.
Ricard de Toulon, rue de Guénegaud.
Roger, député, hùtel de Monsieur, rue du Petit-Bourbon.
Regneault (Charles), député, hôtel d'Antin, rue Gaillon.
Régnier, député, rue Feydeau, hôtel des États du Béarn (3).
Ricard de Castres, député, hôtel de Châtillon, rue du Petit-Bourbon.
Riberolles, député, rue Saint-Florentin, 2.
Rewbell, député, rue de la Ville-l'Evéque, au coin de celle d'Anjou,
faubourg Saint-Honoré.
Roca, député, rue Neuve Saint-Eustache, hôtel Carignan.
Rostain, député, rue Bourbon-Villeneuve, 49.
(1) Cf'ilèbre mathématicien, plus tard membre de l'Institut,
(2) Soutint la royauté constitutionnelle en 1791.
(3) Prit part au coup d'État du 18 brumaire, fut nommé Grand-Juge en 1802,
puis ministre de la justice.
CLUB DES FEUILLANTS 317
Ramond, homme de lettres, rue de Clichy, 351.
Uoussillon, député, hôteV de Béarn, cour Saint-Guillaume, rue de
Richelieu (1).
Rousselot, député, rue de TUniversité, hôtel de Rome, 10.
Renaud de Saint-Jean-d'Angely, député, rue Caumartin, 30.
Rivet, entrepreneur des bâtiments du roi, rue Neuve et près Saint-
Roc h.
Roche, ci-devant agent de change, petite rue Neuve Saint-Roch-
Poissonnière, 4.
Renaud d'Agen, député, rue Saint-Honoré, vis-à-vis les Jacobins, 454.
Rodât, député, hôtel des Etats de Béarn, rue Feydeau.
Ringard, homme de loi, rue de la Bucherie, 8.
Rataud, député, place Vendôme, 12.
Rochoux, député, rue Saint-Honoré, 439.
Riot.
Rabusson-Lamothe, député, rue Fromanteau, hôtel du Louvre.
Rubat, député du département de TAin, rue et faubourg Saint-Ho-
noré, 17.
Raffin, député, hôtel de Valois, rue Ventadour.
Roucher, auteur, rue des Noyers, 24.
Ruet, député, rue de Chartres, hôtel de Bordeaux.
Rogniat, député, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 3.
Ravel (Louis), banquier, rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur, 9.
Ravel (Antoine), banquier, rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur, 9.
Rondel, chirurgien-major de la cavalerie, place de Grève, 35.
Renard, député, quai des Ormes, au grand Balcon.
Raguet, régisseur-général, rue Ventadour, 9.
Rilliet (Hubert), rue Montmartre, 145.
Raguideau, notaire, rue Saint-Honoré, 332.
Rouiller (François), ancien négociant, rue Montmartre, 319.
Roullier, ancien négociant, rue Montmartre, 219.
Rigaud (Jean), grenadier volontaire, place Vendôme, 16.
Rulhièfe, rue Mêlée (^ic), 29.
Rogier (Guillaume), homme de loi, rue de la Huchette, 13.
Rebecour, député, place Vendôme, 8.
Rillet aine, négociant, rue Montmartre 157.
Ravart, rue Saint-Denis, maison de M. Quartier, près l'ancien Chà-
telet.
Rogeard, négociant, rue Saint-Méry, ou cloitre Saint-Médéric.
(1) .\ccusaplus tard Robespierre d'entretenir une correspondance avec ["armée.
318 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Rouille Ducoudray, lieutenant-général des armées françaises, place
Royale.
S
Soustelle, député, rue du Bacq, 8.
Simon de Troyes, homme de lettres, rue Traversière-Saint-Honoré,68.
Sclîwend, député, rue Caumartin, 31.
Salle, député, rue Gaillon, hôtel des États-Unis.
Salicetti, député, hôtel de Strasbourg, rue Neuve-Saint-Eustache.
Salomon, député, cloître Notre-Dame, chez M. Chap.
Six, architecte, rue d'Anjou-Dauphine, 6.
Simon de Troyes, iils, grenadier volontaire, rue Traversièrc-Sainl-
Honoré, 68.
Soubeyran, citoyen actif, rue de Savoye, 2o.
Simon le jeune, député extraordinaire, rue de Richelieu, hôtel
Louis XVI.
Saillant, rue Vivienne, 11 (1).
Sage, député, rue du Bouloy, 02, vis-à-vis la Douane.
Sainemard, citoyen de Paris, au Palais-Royal, 100.
Sian {sic), ancien négociant, rue des Capucines, 74.
Sancerre, député, cour des Jacobins, chez M. Perchet.
Serisiat, homme de loi, rue des Saints-Pères, 124.
Sevene, député, rue de la Croix, 13.
Sneedorff, professeur d'histoire à Coppenhague, rue de Louvois, hô-
tel Henri IV.
Serre de Saint-Romans, capitaine au dixième régiment de cavalerie,
rue Vivienne, 11.
Servelle, rue Quincampoix, 23.
Sinot, négociant, rue de la Verrerie, 37.
Saint-Tray, capitaine de gendarmerie, rue des.Gravilliers.
Serson, ci-devant homme de loi, rue Saint-Hyacinthe,
Saugrain, rue du Jardinet, 9.
Simonot, bibliothécaire du dépôt de la guerre, rue Thévenot, 37.
Salvan, rue des Filles-Saint-Thomas, 15.
T
Thibault, député, rue de la Michaudière, 7 (2).
(Ij Ou du Saillant (lo comte), plus tard un des organisateurs du camp de Jalès.
Tué à Bannes, dans l'Ardèche, avec plusieurs de ses complices.
(2) Curé de Souppes, donna, on 1793, sa démission d'évêque constitutionnel. 11
accueillit avec faveur le coup d'État du 18 brumaire, et fut pendant quelque temps
membre du Tribunat: -
CLUB DES FEUILLANTS 319
Thomassin, marchand de draps, rue Saint-Honoré, 665.
Trchot-Clermont, député, rue Neuve du Luxembourg, 25
Tellier, député, rue Caumartin, 30.
Trudaine, commandant de bataillon, colonnade place Louis XV, ;2,
Tuzin, homme de loi, rue des Bons-Enfants, 42.
Ternois, contrôleur de l'entreprise des voitures anglaises, rue Neuve
des Capucines.
Turrel, homme de loi, rue Neuve-des-Petits-Champs, 110.
Travanel, président du district de Gonesse, rue de Grammont, à son
hôtel.
Thuet, maître charron, rue de Duras, faubourg Saint-Honoré.
Troubat-Chabert, citoyen, rue de la Sourdière, 11.
Trudon, administrateur du département, rue Sainte-Anne, 70.
Thelusson, chaussée d'Antin, chez M. Laferté.
Trudon (Charles), membre du département, rue Sainte-Anne, 70.
Thiériot, député.
Turin, homme de loi, petite rue Saint-Louis, près le Palais-Royal.
Thorel, payeur des rentes, rue du Gros-Chenet, 11.
Tastel, rédacteur du Journal des Débats, rue Sains-Tliomas-du-
Louvre, 237.
Thévenin, rue J. J. Rousseau, 38.
Tassin, commandant de bataillon, rue des Petits-Champs.
Texier, rue et faubourg Poissonnier, 15.
Trudon (Joseph), officier municipal, rue de TArbre-Sec.
Thouret, ex-député, hôtel de Bouillon, quai de Voltaire.
Tassin (Louis), officier municipal, rue Neuve des Petits-Champs.
Tannevot, membre du tribunal de paix du premier arrondissement,
rue Neuve du Luxembourg, 23.
Thion de la Chaume, administrateur du déparlement, rue de Reuilly.
Thory, agent de change, cloître Saint-Merry, Maison-Neuve.
Thouret, médecin, commissaire des hôpitaux du département de
Paris, rue Pavée au Marais, 12.
V
Vergnet, député, cloître des Bernardins.
Varin, député, rue Montorgueil, près le passage du Saumon (1).
Vouland, député, hôtel Dauphin, rue Croix-des-Petits-Champs.
Vyaud-Baudreuille, député, rue des Bons-Enfants, 39.
(1) Avocat de Rennes, il fit décréter qu'il n'y avait pas lieu à accusation contre
le comte de Toulouse-Lautrec, quij disait-on, avait fait circuler de faux assignats
.'i tlerlin.
320 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Villars, homme de lettres, rue Neuve des Petits-Pères, 1.
Vieillard, député de Coutances, rue Vivienne, hôtel de l'Empire.
Vernier, député, rue Caumartin, 31.
Vauchelle, premier commis de la guerre, rue de Miraheau, 10^2.
Vesset, citoyen, quai de la Mégisserie, 8.
Vampraet [sic], garde de la Bibliothèque du roi, à la Bibliothèque.
Vieillard, administrateur du département, rue Traversière, 35.
Vallart, député.
Voisin, député, grand hôtel des Thuileries, rue Saint-Honoré.
Vincent, député, rue des Bons-Enfants, 42 (1).
Vivier, député, hôtel de l'Amérique, rue de Chartres, 85.
Vimar, député, rue de Richelieu, 305.
Vallier, député de l'Isère, rue Neuve-Saint-Augustin, 14.
Valadier, rue de Paradis, faubourg Poissonnier.
Vidal, président de l'administration du district de Senar, départe-
ment de l'Aveiron, rue de Bourgogne, 421.
Vincent, directeur général de la Caisse d'escompte, rue Sain t-Marc, 15.
Vieillart, membre du tribunal de cassation, rue des Saints-Pères, 124.
Vergennes, administrateur au département, rue Neuve-Saint-Eus-
tache, 4.
Vasselin, rue Neuve des Mathurins, vis-à-vis le n" 19.
Viallon, bibliothécaire de Sainte-Geneviève, à Sainte-Geneviève.
Vandoeuille, administrateur de la Caisse d'escompte, rue de Bourbon,
faubourg Saint-Germain, 152.
Il semble presque inutile de faire remarquer que, chez les Feuil-
lants plus que chez d'autres membres de clubs, nombre d'hommes
politiques, affdiés ou non à la Société , marchaient avec eux. C'é-
taient des modérés dans le camp monarchique. Nommons, par exem-
ple, le comte de Vaublanc qui, en novembre 1791, rédigea et porta à
Louis XVI le message qui menaçait de la guerre les souverains étran-
gers. Nous pourrions citer bien d'autres personnages parmi les mo-
dérés, impartiaux, monarchistes, membres de la Société de 1789, etc.
Si l'on compare la seconde liste des Feuillants avec la première, on
se rend compte du nombre de .lacobins qui figurent dans la première,
mais non dans la seconde, c'est-à-dire qui sont revenus dans la So-
ciété des Amis de la Constitution séante aux Jacobins. Nous y voyons :
Barère. — Boissy d'Anglas. — Châteauneuf-Randon. — Cochon. —
(1) Protesta contre la loi du 31 mai, et l'ut proscrit lui-même. 11 siégea au conseil
des Anciens.
CLUB DES FEUILLANTS 321
Dubois-Crancc. — GobeL — Grégoire. — Le duc d'Orléans. — Prieur
(de la Marne). — Rabaut Saint-Étienne. — Sieyès. — Talleyrand, etc.
Rewbel et Salicetti restèrent membres du Club des Feuillants.
Dans les deux listes, que de noms oubliés ou inconnus! Nous
avons reproduit ces listes telles quelles, avec les fautes d'orthographe
dans les noms, sans y rien changer.
Nous arrivons à la liste supplémentaire.
IV
Liste des députés qui, de V Assemblée nationale, réunis dans l'église
des Feuillans, le dimanche 4 octobre i 791, ont pris la résolution de
se présenter à la Société des Amis de la Constitution :
Département de l'Aisne : MM. Fâche. — L'Objoy. — Bei*nier. — Le
carlier.
Département de l" Allier : MM. Jouffret. — Ruet. — Destrée. —
Boisrot-la-Cour.
Département des Hautes-Alpes : MM. Amat. — Faure. — Dougeois.
Déparlement des Basses Alpes : Raffîn. — Ghauvet. — Inglad.
Département de rArdèche : M. Dalmas.
Département des Ardennes : M. Golzart.
Département de Vxiriège : M. Cambèze.
Département de VAveiron : M. Nogaret.
Département du Calvados : MM. Leroy de Bayeux. — Castel.
Département du Cantal : M. Henry.
Département de la Charente- Inférieure : M. Merveilleux.
Département de la Creuse : M. Voisin.
Département du Gard : MM. Delon — Menard. — AUut. — Pieyre,
— Leiris. — Giraudy.
Département de la Haute Garonne : MM. Cailhasson. — Dorliac. —
Rouede. — Gonin. — Gazes de Saint-Béat.
Département de Lindre (sic) : MM. Collet. — Turquet de Mayesne.
— Crublier. — Dupertuis. — Rochoux. — Vivier.
Département de Lindre (sic) et Loire : MM. Bruley. — Adam. —
Jahan. — Cartier Doineau. — Belle.
Département de Vhère : MM, Rogniat. — Guillioud. — Michoud, —
Dumoulard.
Département du Jura : MM. Champion, — Croichet, — Dallaz, —
Théodore Lameth. — Maurivaux — Clermont.
21
322 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Département du Loir en Cher (sic) : M. Savonneau.
Département delà Loire Inférieure : M. Benoiton.
Département du Loiret : MM. Genty. — Huet de Proberville.
Département du Lot : M. Dupuy-Montbrun.
Département du Lot et Garonne : M, Mouyssen.
Département de la Lozère : MM. Moiiestier, — Lozuray de Fressac.
— Ghazot. — Sevène. — Domesgne de Beauregard.
Département de Maine et Loire : MM. Quesnay. — Bonne-Mère.
Département de la Manche : MM. Euvreiner. — Letellier. — Lepi-
geon de Boival.
Département de la Marne : MM. Morel. — Bruley de Sezanne. —
Dorizy.
Département de la Mayene (sic) : MM. Paigis. — Richard de Villiers.
Département de la Mozelle : MM. Marin. — Adam.
Département du Vard (sic) : M. Coppens.
Département de VOise : M. Goujon.
Département de Paris : MM. Gouvion. — Quatremer de Quincy. —
Ramont. — Delbry. — Lacrelelle.
Département du Pas-de-Calais : MM. Wallar. — Legressier. — Le-
franc. — Deusy. — Baert. — Blanchard.
Département du Puy de Dôme : M. Robiisson-la-Mothe.
Département des Hautes-Pyrénées : M. Darneuilh.
Département du Haut-Rhin : MM. Schirmer. — Baumlin.
Département du Bas-Rhin : MM. Mathieu. — Brunck.
Département de Rhône et Ivoire: MM. Sage. — Lemontey. — Miciion.
Département de la Haute-Saône : M. Creslin.
Département de Seine et Oise : MM. Hua. — Dumas. — Courtin. —
Legras. — Cheron.
Département de la Seine hiftrieure : MM. Ducastel. — Chrislinal. —
Hochet. — Langlois. — Vimar. — - Letailleur. — Boulenger. — Fron-
dière. — Levasseur. — Desportes. — Lucas.
Département de Seine et Marne : MM. Hébert de Précy. — Sédillez.
— Jaucourt. — Renard Claudin. — JoHvet. — Vaublane. — Rataud.
— Bejon.
Département des Deux Sèores : MM. Chasteau. — Jouneau.
Département de la Somme : MMi Dehaussy-Robecourt. — Massey. —
t)ebray-Chamont. — Balluc.
Département du Tarn : MM. Gausserand. — Sancerre. — Goubé. —
Èsperon. — Larôque-Labécède.
Département du Var : MM. Muraire. — Phihbert. — Roubeaud. —
Granen de Toulon. — Poitevin.
CLUB DES FEUILLANTS 323
Déparlement de la Vendée : MM. Thierriot. — Giraiul.
Département de la Vienne : MM. Allard. — Pressac des Planches. —
Montault.
Département des Vosges : M. Delpierre.
Département de l'Yonne : MM. Laureau. — Davigneau. — Bonne-
rot. — Fayolle. — Malus.
Département du Finistère : M. Bonestard.
Département de l'Aube : M. Beugnon.
Département des Basses-Pyrénées : M. Bergeras.
Département de V Ain : M. Rubat.
Département d'Eure et Loire (sic) : M. Claye.
Département de la Haute-Marne : M. Bequet.
Département des Pyrénées Orientales : MM. Marie. — Escanye.
Département de VOrne : M. Beugnon.
Département de l'Eure : M. Hébert.
Cette liste, indiquant des députés, avec les noms de leurs départe-
ments respectifs, parut après la première séance de l'Assemblée
législative.
Le grand nombre d'adhérents au Club des Feuillants eut pour
résultat de rendre les modérés très confiants dans leur réussite à
venir, d'encourager leurs prétentions à vaincre les Jacobins.
Nous avons dit plus haut (1) la première cause de la scission dans
la Société des Amis de la Constitution^ issue de l'ancien Club breton.
Entrons maintenant dans les détails de la lutte qui suivit cette scis-
sion, dont les journalistes, d'opinions diverses, se préoccupèrent à
tout instant, depuis la naissance du schisme établi entre les citoyens
qui se déclaraient également défenseurs des principes constitution-
nels, véritables amis de la Constitution sans épithète, séant les uns
aux Jacobins, les autres aux Feuillants.
Le 17 juillet 1791, le Club des Feuillants envoya aux sociétés cor-
respondantes des Jacobins l'adresse suivante, sorte de manifeste hos-
tile aux membres qui continuaient à siéger dans le couvent des Jaco-
bins :
« Adresse de la Société de% Amis de la Constitution, séante aux
Feuillants, aux sociétés qui lui sont affiliées,
(t Frères et amis, une circonstance importante, dont nous avons
jugé nécessaire de vous informer sur-le-champ, nous a obligés de
(1) Voir plus haut, pi 279;
324 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
prendre hier (16 juillet) l'arrêté dont vous trouverez ci joint copie.
Son objet principal est de ramener la Société des Amis de la Consti-
tution de Paris à sa formation originaire et primitive; de lui assurer
les avantages que les députés, ses fondateurs, avaient eu en vue en la
formant; de conserver à cette institution la destination utile de pré-
parer les travaux de l'Assemblée nationale ; de s'y borner à discuter
les questions, sans rien arrêter par les suffrages; de propager les
lumières, de servir de centre commun aux opinions constitution-
nelles; enfin, de donner dans la capitale l'exemple, si glorieusement
imité depuis dans toutes les parties de l'empire, de la plus entière
liberté d'opinion lors de la discussion des projets de loi, mais du
plus profond, du plus inaltérable respect pour les lois faites.
« Ces principes ont été religieusement observés aux Jacobins, jus-
qu'au moment où, étant devenue extrêmement nombreuse par l'ad-
mission de personnes étrangères, même à l'empire, cédant à des
influences exagérées, elle a combattu ouvertement les principes
constitiïtionnels, s'est portée à des actes en opposition directe avec
des décrets rendus, et s'est, par là, entièrement écartée de l'esprit de
son institution,
« Dans ces circonstances pénibles, sans doute, les députés de l'As-
semblée nationale, fondateurs de cette Société, n'écoutant que leur
devoir, et fidèles au titre d'Amis de la Constitution, n'ont cru avoir
d'autre parti à prendre que de se réunir aux Feuillants, auprès de
l'Assemblée nationale, et de s'y rassembler sous la présidence du
même député qui avait obtenu les suffrages dans la Société des Amis
de la Constitution, séante aux Jacobins.
« Ils ont conservé pour secrétaires et pour membres du comité de
correspondance, ceux de leurs collègues qui l'étaient aussi dans la
Société des Jacobins, et les ont chargés de continuer, avec les Sociétés
des Amis de la Constitution affiliées, les relations fraternelles et
intimes qui ont existé jusqu'à ce moment, et dont l'interruption, ne
fût-elle que momentanée, serait, dans les circonstances actuelles, tout
à la fois contraire au vœu des vrais amis de la Constitution, et nui-
sible à la chose publique.
« Nous espérons, frères et amis, que cette communication franche
de nos démarches, de nos sentiments, que cette déclaration authen-
tique de notre dévouement inaltérable pour une constitution que
vous avez si utilement servie, établira entre nous des relations plus
intimes que jamais, que nous nous ferons un devoir d'entretenir, et
qui nous assurera de nos droits à votre estime.
« Signé: Boucue, président; Salle, F.-P.-N. Antoine, secrcf ««■?*,■,
CLUB DES FEUILLANTS 325
« p, S. — Vous voudrez bien nous adresser vos lettres à la Société
des Amis de la Constitution, séante aux Feuillants, rue Saint-Ho-
noré. »
L'arrêté dont il est parlé dans cette lettre porte qu'il sera fait un
scrutin épuratoire pour écarter de la Société les étrangers connus
pour ne pas professer sa doctrine (1).
Le journal V Orateur du Peuple écrivait : « Bailly, La Fayette, les
Lameth, Barnave, Goupil, et toute la clique contre -révolution-
naire (2). » Il les traitait « d'infâmes coquins vendus au parti autri-
chien. » Huit ou dix membres des Feuillants étaient soupçonnés
« d'être en même temps les directeurs du comité autrichien (3). »
Le Club des Feuillants invoquait la liberté d'opinion, en même
temps que l'idée des fondateurs de la Société des Amis de la Cons-
titution.
La Chronique de Paris, qui avait l)eaucoup de lecteurs, inséra :
« Presque tous les membres de l'Assemblée nationale qui étaient
de la Société des Amis de la Constitution se sont retirés et s'assem-
blent aux Feuillants. On leur a adressé une députation pour leur
faire connaître la pétition, qui, dit-on, n'est pas contraire aux prin-
cipes de la Constitution (4). »
La feuille de Millin et de Noël semblait vouloir rester neutre.
Le Babillard (supplément du n° du 19 juillet 1791) approuva les
Feuillants; le Journal de la Révolution (n° 341, mardi 19 juillet 1791)
les blâma, et espéra une « réconciliation parfaite », ce que nombre
de Jacobins désiraient, ce que peu de Feuillants pouvaient espérer.
Pas de réconciliation possible, soit en considération des principes,
soit en considération des personnes. Dans l'un et l'autre camp, il y
avait des personnalités rivales; dans l'un et l'autre camp, on parlait
au nom de principes contraires, en voulant que les uns l'emportas-
sent sur les autres.
Les journaux modérés, ou royalistes, inclinaient vers les Feuillants,
à quelques exceptions près.
D'autre part, le Patriote françois, journal de Brissot, défendit les
Jacobins contre les accusations portées par les Feuillants, sans aller
aussi loin que ï Orateur du peuple, mais non moins vigoureusement.
(1) Journal des CIu/js, t. III, p. S21 à 527.
(2) Tome VII, n» 8.
(1!) Voir plus bas, Comité autrichien.
(i) Chronique (te faris, numéro du 18 juillet 1701.
326 LKS CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« A tous les Jacobins, sur le schisme qu'on élève parmi eux.
« Un schisme scandaleux s'est tout à coup (^péré parmi les Amis
(le la Constitution de Paris : il faut en dévoiler et les causes et les
auteurs,
« On le doit aux intrigues de ces ambitieux qui, désespérés d'avoir
perdu leur crédit dans la Société, cherchent à s'en venger.
« Ils accusent la Société d'être tumultueuse et intolérante. L'ont-ils
quittée, quand elle était intolérante dans leur sens et à leur gré?
(( Ils accusent les clubs d'être des foyers de sédition, et, dans cette
accusation, ils enveloppent môme cette Société. Mais avez-vous donc
cessé un seul momient de respecter et de maintenir la Constitution?
Un décret a été rendu contre les principes que vous avez défendus.
Vous avez arrêté d'obéir au décret, mais vous en avez blâmé les
bases. Obéir est le devoir d'un bon citoyen; juger et censurer un
droit de l'homme libre : voudroit-on nous enlever le droit de cen-
sure? Mais vous ne seriez plus libres, vous ne seriez plus que de
misérables esclaves, forcés de vous agenouiller devant la tyrannie de
vos représentans. Les Anglois, on le sait, sont loin de la hauteur oti
nous avons porté la liberté, et cependant ils ont conservé l'inalié-
nable faculté de censurer les lois du parlement, d'en demander cons-
tamment la réforme jusqu'à ce qu'elle soit obtenue...
« Les députés patriotes qui se sont réunis aux Feuillans sont
dupes ici de l'intrigue de quelques hommes que la soif de dominer
tourmente. Ils ont longtemps voulu régner sous le nom du peuple :
alors ils vantoient sa souveraineté; ils veulent aujourd'hui régner
sous le nom d'un fantôme de roi, qu'ils retiennent prisonnier, après
l'avoir déclaré inviolable, et ils prêchent son inviolabilité absolue.
Ils vouloient régner par les clubs et ils vantoient les clubs. Ils les
dénoncent, ils les persécutent, aujourd'hui qu'ils sont démasqués.
Lorsqu'ils défendoient la bonne cause, ils prêchoient la réunion entre
tous les patriotes ; ils excitoient tous les esprits contre une société
schismatique qui se formoit. Aujourd'hui ils arborent eux-mêmes
l'étendard du schisme; et pourquoi? Parce que vous n'avez pas
adopté aveuglément leur opinion, parce que vous avez eu l'audace
d'en avoir une autre ; dès lors ils vous appellent des hérétiques et des
factieux. J'avois, depuis longtemps, prévu le dénouement de la co-
médie qu'ils jouaient. Un patriote, disais-je, qiii sacrifie une seule
fois la cause de la liberté,- la sacrifiera dans tous les cas où son intérêt
le lui commandera. Déliez-vous, ajoutai-je, des hommes qui, sous le
prétexte de raisons d'état, capitulent avec les principes; c'est le ca-
CLUB DES FEUILLANTS 327
ractère du faux patriote; le vrai patriote est inflexible, invariable
dans sa conduite; cette homogénéité de principes et de conduite,
cette constante probité est son trait distinctif.
« L'événement a démasqué ces faux patriotes et ne laisse plus à
découvert que leur ambition de dominer. On vouloit, par vous, com-
mander l'opinion publique. Cette opinion se déclare contre eux, et
aussitôt ils veulent briser l'ouvrage même de leurs mains ; ils veulent
élever autel contre autel...
«... Vous n'avez donc rien à redouter de ce schisme; il dévoile vos
adversaires; il prouvera votre force...
»< Ne redoutez donc rien des manœuvres de la coalition : l'incapa-
cité, les perfidies, les intérêts opposés de ses chefs les renverseront
très promptement...
«... Laissez encore l'intrigue s'agiter au dehors pour tromper, et
les départemens, et nos sociétés affiliées...
«... Or, dans cette question, la lumière a été portée au plus haut
degré : elle l'a été par les journaux dans lesquels les départemens
ont placé leur confiance; car, et je dois m'en féliciter ici avec tous
les amis de la liberté, il n'y a qu'un cri sur cette question parmi tous
les journalistes patriotes; le reste, composé de feuilles infectées par
l'aristocratie, ou de feuilles sans couleur ou insignifiantes, déshonore
plus nos adversaires en les louant, »|u'en les blâmant (1). »
Peu de jours après, le 27 juillet 1791 (2), la même feuille récrimi-
nait ainsi sur l'envoi d'une adresse des Feuillants aux Sociétés des
départements :
« Qui est-ce qui a payé les frais de l'envoi des courriers de la
Société des Feuillans dans les quatre-vingt-trois départemens? est-
ce le salaire de la députation? est-ce la liste civile, ou la caisse de
l'extraordinaire ? Au reste, ces courriers n'ont pas été généralement
bien reçus. On a suspecté cet empressement.
« La Gazette universelle a déjà annoncé comme un grand triomphe
l'affihation d'uNE société de département aux Feuillans. >>
La Société des Amis de la Constitution séante aux Jacobins ne pou-
vait manquer d'affirmer, elle aussi, le bien fondé de son attitude et
de publier les raisons qui militaient en sa faveur.
Les Jacobins avaient, le 17 juillet 1791, pris un arrêté et rédigé
une Adresse de leur Club aux patriotes de France, auxquels ils décla-
(1) Patriote françois, n» 709, 19 juillet 1791.
(2) Patriote français, n" 717. 27 juillot 1791.
328 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
raient catégoriquement l'influence de certaines personnalités dans la
scission, en s'élevant contre les calomnies dont eux-mêmes étaient
l'objet :
« La question de la royauté a divisé en deux parties la Société des
Amis de la Constitution, séante aux Jacobins. Ceux que l'exagération
outrée de l'esprit de la Société a forcés à se retirer, ont formé une
seconde Société d'Amis de la Constitution séante aux Feuillans.
L'ancienne Société ménage peu la nouvelle; suivant elle, MM. Bar-
nave, Duport, Lamelh^ etc , ont établi un schisme parce qu'ils ne
pouvoient plus dominer. Sans examiner encore la justesse de ces re-
proches, après avoir remarqué que la nouvelle Société est en ce mo-
ment environnée de l'approbation des bons patriotes et vrais amis
de la Constitution, nous nous bornerons à présenter l'arrêté de l'an-
cienne Société dans sa séance du 17, avec l'adresse qu'elle envoie aux
sociétés des départemens, et l'adresse qu'envoie de son cCAô la nou-
velle Société aux mêmes sociétés des départemens. »
«■ Arrêté de la Société séante aux Jacobins, du f 7 .
« La Société des Amis de la Constitution, délibérant sur les cir-
constances présentes ; considérant que les ennemis du bien public
ont profité de cette occasion pour redoubler leurs calomnies contre
des citoyens uniquement et constamment dévoués au salut de la
chose publique; considérant qu'on a particulièrement répandu avec
profusion, comme des productions de la Société, plusieurs imprimés,
ou entièrement faux, ou insidieusement falsifiés : déclare qu'elle dé-
ment formellement et ces faux bruits et ces faux imprimés. Déclare,
de plus, que les membres qui composent ladite Société, fidèles à l'en-
gagement que leur impose le titre qu'ils ont pris d'Amis de la Cons-
titution, jurent de nouveau de la maintenir de tout leur pouvoir, et
d'être, ainsi qu'ils l'ont toujours été, soumis aux décrets rendus par
l'Assemblée nationale. — En conséquence, elle a arrêté, à l'unani-
mité, d'envoyer la présente déclaration à toutes les sociétés qui lui
sont affiliées, et de lui donner la plus grande publicité par la voie des
journaux et par tous les autres moyens autorisés par la loi. »
« Dans la même séance, il a été arrêté encore qu'il seroit envoyé
une adresse aux sociétés affiliées.
« Adresse de la Société des Amis de la Constitution aux Sociétés
affiliées.
« Au moment où nous croyions, après avoir vaincu tous les enne-
mis de la Constitution, voir l'Assemblée nationale toucher au tei'me
CLUB DES FEUILLANTS 329
de ses grands travaux, un triste événement vient suspendre notre
joie et nos espérances. Un schisme se manifeste au sein même de
cette Société, qui se glorifioit de posséder dans son sein les plus intré-
pides défenseurs de la Révolution, et de rallier autour d'elle les vœux
de toutes les sociétés patriotiques de la France. En vous en exposant
les causes, pardonnez-nous de jeter un voile sur la plupart; il est
triste pour des amis de la patrie d'accuser ceux qu'ils ont chéris
comme leurs frères. — Vous avez vu les combats soutenus sur la
grande question de l'évasion du roi et son inviolabilité absolue.
L'opinion de la Société vous est connue; elle se glorifie de la parta-
ger avec presque toutes les Sociétés du royaume. — Constante dans
la marche loyale et franche qu'elle a toujours suivie dans ses discus-
sions, elle avoit ouvert une arène libre à toutes les opinions. Le
parti pour lequel penchoit la Société n'étoit pas celui qui triomphoit
dans les comités. La plupart de leurs membres se sont abstenus d'y
paroilre. Le décret a été rendu contre les principes soutenus par la
Société. — Soumise aux décrets, elle a respecté la décision de l'As-
semblée nationale. Mais ce succès n'a point découragé les hommes
qui, désespérés d'avoir perdu dans la Société un ascendant qui n'est
dû qu'à la raison, ont cherché à se venger en essayant de briser
l'autel même sur lequel ils avoient tant de fois soutenu la cause de
la patrie. Se fondant sur une protestation contre les décrets (protes-
tation qui n'a jamais existé), ils ont effrayé, égaré les esprits des
membres de l'Assemblée nationale qui étoient restés attachés à cette
Société, et, dans une séance particulière tenue aux Feuillans, la scis-
sion a été résolue. Elle nous a affligés, sans nous décourager. Ce
schisme est le fruit de la surprise, de l'erreur, et l'erreur n'a qu'un
tems. L'Assemblée nationale renferme dans son sein une masse res-
pectable de patriotes vertueux qui veulent sincèrement la Constitu-
tion : or, il est impossible qu'éclairés sur les manœuvres par les-
quelles ils ont été séduits, entraînés par l'exemple de ces députés
qui ont toujours été fidèles aux vrais principes, des Pétion, des Ro-
bespierre, etc., qui nous restent invariablement unis, ces Amis de la
Constitution se séparent longtemps d'une Société qui peut se glorifier
d'avoir été son berceau, d'avoir été constamment son boulevard, qui
persévère et persévérera toujours dans les mêmes principes. Non,
nos frères ne croiront pas qu'une Société qui a donné des preuves
aussi frappantes de son patriotisme les efface en un moment et dé-
chire son propre ouvrage. Nous vous conjurons donc, au nom de la
patrie, de ne point précipiter votre décision sur ce schisme, d'at-
tendre les lumières que l'avenir vous fournira, de comparer notre
330 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
conduite, nos principes, avec ceux de nos adversaires. Nous vous
conjurons de continuer une correspondance si nécessaire, dans un
temps où nos divisions peuvent relever les espérances des ennemis
de la chose publique. Son salut tient à la réunion de tous à la Cons-
titution. Que ce mot nous serve de ralliement : il ne peut nous égarer.
Nous avons juré de mourir fidèles à cette Constitution. Vous avez
prêté le même serment. Des frères qui n'ont que le même objet ne
peuvent rester longtemps désunis... (1). »
VI
La presse révolutionnaire, se mettant de la partie, ne parlait pas
plus haut de patriotisme que ne le fit la presse contre-révolutionnaire.
Le Babillard écrivit :
(( Société des Amis de la Constitution^ séante aux Feuillans.
« Tous les membres patriotes de l'Assemblée nationale, à l'excep-
tion de cinq ou six, se sont réunis à cette Société. Les dernières
séances des Jacobins n'ont pas ou cent personnes : tous les honnêtes
gens étaient depuis longtemps fatigués de l'empire que les factieux
avaient usurpé, et tous, avec le plus vif empressement, ont aban-
donné la place à cette bande effrénée. Les véritables Amis de la
Constitution s'assemblent aux Feuillans, oîi les sociétés des départc-
mens vont bientôt reconnaître les seuls affdiés et les seuls correspon-
dans qu'il leur importe de conserver (2). »
Cette assertion était absolument contraire à la vérité, ainsi qu'on
l'a vu plus haut. Le mot de factieux., ceux de hande effrénée trompaient
le public patriote.
Dans la séance du 18 juillet 1791, aux Jacobins, Pétion annonça,
comme « l'opinion particulière de quelques-uns des membres des
Feuillants, que l'intention de ces messieurs était d'admettre parmi
eux les membres des Jacobins qui voudraient se soumettre à la for-
malité d'usage pour la réception (3). » L'objet fut ajourné; personne
ne prit la parole en faveur de cette opinion.
Quelques jours après, \e Babillard démasquait ses batteries; il ne
(1) Adresse de la Société des Amis de la Constitution séante aux Jacobins de
Paris, aux Sociétés affiliées (17 juillet 1791). — Le Patriote français, du 20 juil-
let 1791, reproduit cette adresse, avec quelques; variantes dans la rédaction.
(2) Le Babillard, numéro du 21 juillet 1791.
(3) Séance du 18 juillet 1791 aux .lacnbins, présidence de M. Bouche.
CLUB DES FEUILLANTS 331
pensait qu'aux prérogatives de la royauté, en fait de régime consti-
tutionnel, et il traçait l'apologie de Le Chapelier dans les phrases
qui suivent (1):
« Société des Amis de In Constitution, séante aux Feuillans. Dans la
séance du 19 du courant, M. Chapelier a fixé l'attention de l'Assem-
blée sur les mesures à prendre pour assurer la liberté du roi, quand
on lui présentera l'acte constitutionnel. Il a dit que le comité de cons-
titution présenterait un projet de décret par lequel l'Assemblée natio-
nale déclarerait à toute l'Europe que Louis XVI est libre d'accepter
ou de refuser la charte constitutionnelle du peuple françois; l'As-
semblée déclarerait encore à Louis XVI qu'il est libre de conserver la
couronne ou d'y renoncer, de choisir telle ville du royaume qu'il
jugera convenable pour y examiner l'acte constitutionnel, et de
prendre pour la sûreté de sa personne telle garde qu'il jugera néces-
saire.
« Les Amis de la Constitution, en applaudissant à ces mesures, ont
montré des inquiétudes sur la liberté qu'on laissait au roi de s'envi-
ronner d'un nombre infini de gardes qui ne seraient pas désignés.
MM. Salles et Chassey ont observé que si les aristocrates et les contre-
révolutionnaires pouvaient entourer Louis XVI, ils dicteraient sa
réponse et se rendraient maîtres de toutes ses volontés. M. Chapelier
a répondu que le roi ne devait pas avoir la faculté de choisir ses
gardes parmi les ennemis de la France qui sont aussi les siens; mais
seulement parmi les citoyens armés qui composent la force publique.
Cette explication a dissipé toutes les craintes, et l'opinion de M. Chn-
pelier est devenue celle de la Société. »
A moins d'être décidés à se lancer dans la réaction, les dissidents
devaient regretter parfois leur acte séparatiste.
Plusieurs Feuillants demandèrent à rentrer dans la Société des
Amis delà Constitution^ séante aux Jacobins. Sur la motion de Robes-
pierre, appuyé par le girondin Guadet, la Société vota à l'unanimité
l'exclusion de ses membres devenus Feuillants.
11 y eut pourtant des pourparlers entre les deux Sociétés. On espé-
rait toujours une réconciliation complète ou partielle.
A la lin de juillet, YOrateur du peuple imprima : « Barnave, La-
meth, fondateurs du Club des Jacobins, sont parvenus à semer la
division parmi celte Société. Clermont-Tonnerre, qui a eu à sa solde,
pendant l'hiver dernier, dix à douze auteurs faméh'ques, à .'JOO li-
(1) Le Bahlllard, numéro du 2.3 août 1791.
332 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
vres par mois, est membre de ce nouveau Club monarchique (1). »
Le 20 juillet 1791, les Jacobins nommèrent une première députa-
tion pour se rendre aux Feuillants. C'étaient Mendouze (2) et Ker-
saint (3). Le premier avait formulé et fait adopter cette motion :
« Que les membres composant la Société séante aux Feuillans soient
rappelés aux Jacobins, et qu'il soit nommé trente commissaires, dont
quatorze appartenant à l'Assemblée nationale, pour procéder à la
réforme du régime intérieur du Club. » Le second partageait l'opi-
nion de Mendouze, mais sans enthousiasme.
Cette avance prouvait la bonne volonté des Jacobins, regrettant la
division, et revenant sur leur décision indiquée plus haut, disposés
à vivre en bonne intelligence avec les personnes, sans rien céder
quant aux principes.
Comment répondit la Société des Feuillants? Par un moyen
dilatoire imaginé par Goupil de Préfeln, qui avait présidé les Jaco-
bins en mai 1791, et dont les opinions, pendant toute sa vie, ont
été tantôt monarchiques, tantôt républicaines; qui, plus tard,
siégea au Tribunal, après avoir appuyé le coup d'État du 18 bru-
maire.
Goupil de Préfeln présidait alors le Club des Feuillants. Il répondit
que la Société n'était pas assez nombreuse en ce moment pour déli-
bérer sur un objet si important; qu'elle examinerait, dans sa pro-
chaine séance, la proposition des Jacobins.
La députation rendit compte immédiatement de sa mission. C'était
le mercredi 20 juillet 1791. Les Jacobins virent bien que leurs an-
ciens collègues, devenus Feuillants, affectaient à leur égard l'indiffé-
rence et le mépris, que la majorité s'obstinait.
Le 22 juillet, un membre des Jacobins proposa d'envoyer une se-
conde députation aux Feuillants. Santerre et plusieurs membres
représentèrent cette mesure comme indigne de la Société. Bourdon,
deux jours après, lut un projet d'adresse aux Feuillants. Robespierre
exposa que l'on devait « décider, avant tout, que la Société avait été
et serait toujours celle des Amis de la Constitution. »
Le 24 juillet, aux Jacobins, on comprit que la Société des Feuil-
lants « se considérait comme la vraie et légitime Société des Amis de
(1) L'Orateur du Peuple, t. VU, n" 9. — Voir plus haut, Club monarchique.
(2) Mendouze faisait partie, aux Jacobins, du comité de présentation et de
vérification.
(.3) Armand Guy, comte de Kersaint, futur conventionnel. Guillotiné le 4 dé-
cembre 1793.
CLUB DES FEUILLANTS 333
la Constitution. » La réponse des Feuillants au président des Jaco-
bins l'ut lue :
« Monsieur, la Société des Amis de la Constitution, délibérant sur
les propositions qui lui ont été faites de la pari de celle que vous pré-
sidez, a décidé qu'elle ne pouvait pas les admettre. Elle a cru cepen-
dant devoir prendre des moyens faciles et sûrs pour recevoir dans son
sein ceux d'entre vous qui pourraient désirer de s'y réunir. La Société,
Monsieur, vous fait passer un extrait des articles qu'elle a arrêtés,
dans cette intention, à sa dernière séance, afin que vous en donniez
connaissance à la Société que vous présidez.
« Goupil-Préfkln, ^)m?'(/e/j/. »
Cela ressemblait fort à un refus.
Parmi les articles dont parlait Goupil de Préfeln, on trouvait celui-
ci : « Les seuls citoyens actifs seront reçus par les Feuillants. »
Ceux-ci excluaient donc les « pauvres », observait-on. La presse pa-
triote s'occupa des tentatives de réconciliation, des conditions incon-
venantes faites par les Feuillants.
Le Courrier de Gorsas contenait ces phrases dans un de ses nu-
méros :
« La Société des Amis de la Constitution réunis aux Jacobins dé-
puta, avant-hier, plusieurs de ses membres vers le Club des Feuil-
lans pour les (sic) proposer de mettre lin à toutes les divisions.
« Nous sentons, a dit à peu près l'orateur, la nécessité de purger
notre Société d'un amas d'intrigans et d'aristocrates; mais quelques
membres gangrenés ne doivent pas relâcher les liens des vrais amis
de la Constitution. Nous vous supplions, frères et amis, de ne pas
perpétuer un schisme funeste pour la cause publique. Réunissons-
nous, et, par le moyen d'un scrutin épuratoire, repoussons les mem-
bres suspects qui pourroient nous diviser encore. » — M. Bouche,
président de la Société, répondit que « l'on délibéreroit sur cette
demande. Puisse une démarche aussi louable n'être pas infruc-
tueuse!... (1). »
Mais, d'après une lettre adressée à Corsas, les Feuillants firent la
réponse suivante aux Jacobins, réponse remise par un commission-
naire à un censeur :
« Nous ne pouvons acquiescer à vos propositions. Nous vous
envoyons notre règlement... (2). »
(1) Courrier de G.orsas, 1791, 22 juillet, ii" XXII.
(2j Courrier de Gorsan, 1791, 29 juillet, ii" XXiX.
334 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Los Annales patriotiques constatèrent : « Le Club des Jacobins a
t'ait, pour la réunion, les propositions les plus amicales et les plus
justes à celui des Feuillants. Elles ont été rejetées avec hauteur par
ces derniers. Quelle sera la suite de cette scission? Je Tignore, Mais
je dois dévoiler aux Sociétés des départements le projet secret et
(juc je puis affirmer. On veut dissoudre tous les clubs de France, leur
vigilance importune. Que les amis de la liberté, dans ces clubs, se
rallient autour des principes et s'opposent à cette dissolution. Ce
serait le signal de la perte de la liberté (1) »
Le môme jour, le Patriote franmis invitait toutes les Sociétés des
départements à correspondre avec les deux de Paris et à imiter celle
de Versailles, qui a témoigné qu'elle resterait attachée à celle des
deux qui serait « la plus fidèle aux principes de la Constitution, fon-
dée sur la déclaration des droits. »
La veille, le Journal de la Révolution émettait cet avis : — «... Si
la réunion ne s'opère pas, les Jacobins, par leurs rapprochements
fraternels, se seront mis du moins à l'abri de tous reproches. Si les
dissidents persistent à faire schisme, il est vraisemblable qu'il s'éten-
dra sur tout le royaume, et qu'ainsi les liens qui, d'un bout de la
France à l'autre, unissaient tous les amis de lat^onstitution et entre-
tenaient sur la surface de l'empire une masse imposante de lumières,
de vigilance et de patriotisme, il est probable, disons-nous, que ces
liens seront brisés; et c'est ce que nos ennemis désirent et préparent
depuis si longtemps En effet, parmi les sociétés affdiées, les unes
pourront s'attacher aux Feuillants, les autres aux Jacobins, d'autres
rester neutres; et, dès lors, plus d'union, plus de cette correspon-
dance suivie, qui, d'un moment à. l'autre, surveillait, éclairait les
complots perfides, et en a tant déjoué depuis le commencement de la
Révolution... (2). »
Imitant les Feuillants, les Jacobins épurèrent leur Société; ils vou-
lurent que ses membres donnassent des gages d'attachement com-
plet aux principes qu'ils professaient.
On lit dans les Révolutions de Paris^ du 23 au 30 juillet 1791,
n" 107 :
« La Société des Amis de la Constitution, séante aux Jacobins, a
arrêté que tous les membres qui désirent rester dans son sein seront
tenus de signer la déclaration suivante :
(1) Annales patriotiques de Carra, numéro du 25 juillet 1791.
(à) Journal de ta Révolution, numéro du 24 juillet 1791;
CLUB DES FEUILLANTS 335
w Je déclare que j'ai l'intention de rester membre de la Société des
« Amis de la Constitution, séante aux Jacobins, et que je me soumets
« à tout mode d'épreuve épuratoire déterminé par elle. »
« En vain la coalition a-t-elle déserté cette Société, elle n'en a em-
porté que les erreurs et les préjugés, le patriotisme y est resté. Les
coalisés réunis aux Feuillans calomnient de toutes parts la Société
des Jacobins... »
Tout individu qui voulut faire partie du Club des Jacobins dut
préalablement adhérer à la note ci-dessus, citée aussi par le Courrier
de Gorsas, qui publia cet avis :
« Avis à loutes les Sociéli's affiliées aux Jacobins.
« Les sociétés affdiées qui désirent que leurs paquets parviennent
aux Jacobins et non aux Feuillans, sont priées de mettre l'adresse
suivante : « A l'adresse des Amis de la Constitution, séante aux
Jacobins. » — Sans cette précaution les paquets s'engloutissent dans
la boëte des amis de la liste civile. — Les journaux patriotes sont
priés d'insérer cet avis (1). »
Parmi les Sociétés de province, les unes demandèrent la réunion
des Jacobins et des Feuillants; d'autres adhérèrent à ceux-ci, d'autres,
enfin, continuèrent leur affiliation avec les Jacobins seuls.
Comparons les totaux — pour la réunion, — pour les Feuillants,
— pour les Jacobins.
Jusqu'au 31 juillet, pour la réunion se prononcèrent les Sociétés
d'Artonne, de Versailles, de Melun, du Havre, de Poitiers, d'Aire, de
Villeneuve -le-Roi, de Rennes, de Bernay, de Beaune, de Noyon, de
Beaugency, de Riom, de Semur, de Louviers, d'Alençon, de Verneuil,
de Dijon, de Valence, de Lorient, de Saint-Sever, de Valan, de Mon-
tauban, d'Huningue, de Givry, de Chartres, d'Orléans, de Maubeuge,
d'Autun, de Saint-Malo, de Troyes, de Courtenay, de Bordeaux,
d'Angers, de Bléré, de Grenoble, de Saint-Etienne, de Beauvais, de
Sèvres, de Faouet, de Château-Renard, d'Argentan, de Bergerac, de
Villefranche (Rhône-et-Loire), de Tournus, de Saint-Denis, de Baycux,
de Nantes, de Belfort, de Chinon, de Port-Louis, de Besançon, de
Mer, de Pont-de-Vaux, de Meyssac, de Mugron, de Montpellier, de
Romans, de Saint-Servan, de Charolles, d'Ornans, de Guingamp, de
Turenne, d'Annonay, de Saint-Brieuc, de Saint-Gengoux-le-Natio-
nal, de Condrieux, de Cadillac, de Beausset, de Castelnaudary, de
(1) Courrier de Oumas, du 31 juillet 1791, ii° XXXI.
336 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Tonneins, de Mâcon, de Guérande^ de l'Ile-en-Jourdain, de Reims,
de Bœchiseiler, d'Alais, de Soissons, d'Aubagne.
Soit au moins soixante-dix-neuf Sociétés de province.
Firent adhésion aux Feuillants les Sociétés : de Chàlons-sur-Marne,
de Tours, de Lyon, de Nevers, d'Auxerre, de Brie-Comte-Robert, de
Valognes de Bar-sur-Seine, de Cherbourg, de Saint-Omer, de Pé-
ronne, de DiMe, de Les Riceys, de Saint-Dié, d'Agen, de Cholet, de
Marmande, de Vienne, de Vimoutier, de Colmar, de Verneuil, de
Villeneuve-d'Agen, de Merin, d'Alby, de Fontenay-le-Comte, de
Souillac, de Nimes, de Bagnols, d'Auch, de Saint-Lô, de Guéret, de
Muretj de Toulouse, de Tarascon, de Calais, de Clairac, de Castél-
Sarrazin, de Rouen, de Mirande, de Limour, de Tartas, de Mont-
faucon.
Le 14 août, quatre Sociétés se rallièrent aux Feuillants : celles de
Rouen, de Commercy, de Cambray, et d'une ville indiquée par ces
mots : proche Cambray.
Soit, au total, quarante-six Sociétés.
Plusieurs Sociétés de province attaquaient vivement les Feuillants,
reprochaient à l'Assemblée nationale de garder dans son sein quatre-
vingt-quinze députés qui avaient voté contre ses décrets après la
fuite du roi.
Firent union pure et simple avec les Jacobins : les Sociétés de
Châlon-sur-Saone, d'Effiat, de Brest, la Société populaire de Lyon,
les sociétés de Tulle, de Riom, de Versailles (déclaration du
29 juillet), de Pontoise, de Chàteaudun, de Strasbourg, d'Artonne
(qui prit parti pour les Jacobins), de Nogent-le-Rotrou, d'Amiens,
d'Argental, de Moissac ; (it enfin plusieurs Sociétés de Paris. Ajoutons
que d'autres Sociétés se prononcèrent nettement : Meaux, Marseille,
Toulouse, Lille, Toulon, Bordeaux, Nancy, Limoges, Saint-Omer,
Metz, Evreux, Dieppe. Le nombre des affiliations augmenta de jour
en jour.
Les Sociétés de Calais et de Chinon, faisant des vamx pour la réu-
nion, correspondirent provisoirement avec les Feuillants et les
Jacobins.
Les Nomopkiles envoyèrent, en août 1791, une adresse aux Jaco-
bins et aux Feuillants pour les engager « à se tendre réciproquement
les bras. »
Mais la querelle s'envenimait, aussi bien dans la presse que dans
les deux clubs.
Les Feuillants se croyaient sûrs de la victoire, et ils appuyèrent
sur l'exclusion des Jacobins de leur Société, n'imaginant pas que
CLUB DES FEUILLANTS 337
celle-ci éprouverait des défections. Mais les choses tournèrent à leur
désavantage.
Le Courrier de Gorsas (1791, n" V, 5 août) annonça :
« Sociélé des Feuillans.
« La Société des Feuillans ayant arrêté qu'on ne pouvoit pas
appartenir en même temps à la Société séante aux Jacobins, plu-
sieurs membres se sont retirés; de ce nombre sont MM. Kerve-
legan (1), Buzot, Anthoine et l'évêque de Blois (2), etc. (Ils étoient en
môme temps des deux Sociétés.) Ce qui les a encore déterminés à
prendre ce parti, est le résultat du scrutin épuratoire, au moyen du-
quel la Société des Jacobins se trouve complètement purgée. »
Ce fait est rapporté aussi par Carra (3). .
Aux Jacobins tentant une réconciliation, les Feuillants répondi-
rent qu'ils n'admettraient parmi eux que les Jacobins qui accepte-
raient leurs nouveaux règlements. Or, nous le savons, un des articles
de ces règlements interdisait de recevoir quiconque n'était pas
« citoyen actif », ne payait pas d'impôt direct. C'est alors que, selon
la motion de Robespierre, les Jacobins adressèrent à leurs corres-
pondants de province une adresse établissant que la scission entre
les deux clubs provenait de l'exclusion des « pauvres « par les Feuil-
lants. Un règlement nouveau des Jacobins épura et réorganisa leur
club, qui prit une extension de plus en plus considérable.
En août 1791,1e Courrier de Gorsas proclamait le triomphe des Ja-
cobins, auxquels les Feuillants « éclairés enfin » se rendaient en
grand nombre, comme on l'a vu par la comparaison de la première
liste avec la deuxième (4).
« Les Feuillans sont presque entièrement abandonnés, remarquait
le Patriote Français. Les chefs du schisme n'y reparoissent plus, les
meilleurs patriotes se sont réunis aux Jacobins, et il faut espérer
qu'avant peu de temps on se souviendra à peine qu'il a existé un
schisme (5). »
Néanmoins, les dissidents eurent encore un regain de succès, à
cause de leurs relations avec l'autorité municipale de Paris. Plusieurs
(i) Constituant; plus tard conventionnel, membre du conseil des Anciens, des
Cinq-Cenis et du Corps législatif.
(2) L'abbé Henri Grégoire, évêque constitutionnel de Blois.
(3) Annales patriotiques.
(4) Listes imprimées plus haut, p. 286 et suiv.
(5) Le Patriote français, 21 août 17'J1, p. "42.
22
338 LES CLUBS GONTRE-RKVOLUTIONNAIRES
journaux modérés leur prêtèrent assistance, ne leur ménagèrent pas
les réclames, comme on dirait aujourd'hui. ,
La Gazette nationale^ favorable aux Feuillants, inséra la déclara-
tion suivante :
« La Société des Amis de la Constitution séante à Châlons, dépar-
tement de la Marne, déclare qu'à compter de ce jour^ elle n'entre-
tiendra plus de correspondance avec aucune Société de l'empire, si ,
ce n'est avec la Société des Amis de la Constitution, séante aux Feuil-
lans, et les autres Sociétés qu'elle considérera comme lui étant
affiliées (1). »
D'autre part, la Société des Jacobins d'^Effiat déclara qu'elle restait
avec la Société-mère ; celles de Chartres, de Brest, de Dieppe, de
Sezanne, de Beaugency, de Poitiers, de Lesparre, d'Aire, de Lyon et
d'Orléans, opinèrent de même. La Société de Strasbourg- décida
qu'elle correspondrait et avec les Feuillants et avec les Jacobins
(juillet 1791).
A la fin de juillet, la Société de Riom annonça aux Jacobins qu'une
partie de ses membres avait arrêté de correspondre avec les Feuil-
lants, et que, alors, les vrais Amis de la Constitution s'étaient retirés
dans la maison des Génovéfains et priaient les Jacobins de corres-
pondpe avec eux (2).
Il paraît que la propagande feuillantine outrepassait de justes
bornes. Vavin, architecte, écrivit qu'il rétractait formellement sa si-
gnature apposée à la déclaration des Feuillants, qu'on lui avait pré-
sentée chez un limonadier, sans lui donner le, temps de la lire.
VU
De graves accusations furent portées contre ces modérés qui s'en-
tendaient avec le monde officiel, ou du moins qui trouvaient des
appuis dans les fonctionnaires du gouvernement, humbles ou élevés.
« On sait maintenant, imprimait, le 31 juillet, le Patriote Francah^
et ce fait est certain, que c'est M. Delessart (3) qui a payé les frais
des courriers extraordinaires envoyés par les Feuillants pour tromper
tous les départements. »
Les Feuillants participèrent à la diplomatie à partir du mois
(1) Gazette nationale, du 27 juillet 1791.
(2) Sçance du mercredi 27 juillet, au Club des Jacobins.
(.'}) Ministre de Tintérieur jusqu'au 30 novembre 1791.
CLUB DES FEUILLANTS 330
d'aoùL 1791. Et cependant leur influence allait s'amoindrissant. « Les
Feuillants commencent à jouer de leur reste », écrivait Dusaul-
choy (1).
En même temps, leurs .partisans se permirent de critiquer leur
façon d'agir, de leur donner des conseils pour arriver au grand
public et pour ne pas rester en arrière des clubs rivaux les plus
fréquentés.
Un journal du Palais-Royal et des Tuileries, rédigé par Esmenard,
monarchiste, et déjà plusieurs fois cité par nous, les critiquait, im-
primait ces lignes :
. « On parle beaucoup de la Société deg Amis de la Constitution,
sécante aux Feuillans. On se plaint avec raison de ce qu'une assem-
blée où se réuAissent 400 députés et tout ce qu'il y avait d'hommes
honnêtes, éclfiirés, vraiment patriotes, dans le Club des Jacobins, ne
publie pas le résultat de ses séances. Plusieurs personnes dési-
reraient que le public y fût admis, ou du moins qu'il fût instruit par
un journal des délibérations qu'on y prend. On sait que la révision
des décrets doit y être discutée au premier jour. Cette matière est d'un
intérêt universel, et l'opinion de la Société ne peut être indifférente.
Les Jacobins publient la liste vraie ou fausse des clubs dont ils ont
conservé la correspondance ; mais puisque le plus grand nombre a
demandé raffîliation à la Société des Feuillans, celle-ci devrait bien
faire connaitre les véritables amis de la Constitution et des lois (2). »
D'autres journaux, de nuances diverses, s'occupaient toujours de
la scission, constataient les phases de la lutte et ne manquaient pas
de montrer combien les Jacobins déployaient d'activité afin de l'em-
porter sur les Feuillants qui les avaient quittés, et dont ils se
p'assaient. »
Contrairement à ce que prétendait le Babillard sur le nombre des
affiliés aux Feuillants, la Chronique de Paris se plaisait à constater :
« ... Les Feuillants vont rentrer dans le sein maternel et se
i(!Joindre aux Amis de la Constitution et de l'étroite observance, et
les Feuillants se trouveront réduits à cette mincjrité de noblesse qui
avait corrompu les Jacobins pour y dominer et avait voulu les perdre
depuis quelle n'y dominait plus... (3). »
(1) Révolutions de France et <le ISrahant, n" 87, p. 15 et .suiv.
(2) Le Babillard, du 2 août 1791.
(.3) Numéro du 14 août 1791. La Chroni(/ue de Paria parut depuis le 24 août 1780
jusqu'au 23 août 1793.
340 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
C'était faire le procès aux meneurs des modérés. Ce journal se
iigurait déjà, prématurément dans tous les cas, que la plus grande
partie des dissidents reviendraient bien vite à résipiscence et repren-
draient leurs places parmi les citoyens plus avancés, en reniant les
chefs de la Société feuillantine, qui se bornaient à préparer, par leurs
discussions, les travaux de l'Assemblée nationale, sans rien voter,
qui formèrent la droite de la nouvelle Assemblée.
Carra annonça :
« il fut question (dans la séance du 17 août, aux Jacobins) de savoir
si la Société admettroit en masse le Club des Feuillans, qui se pro-
posoit de venir se réunir à nous dans la même soirée. La proposition
étoit délicate ; la Société désiroit bien recevoir en masse ceux auxquels
on avoit adressé des lettres particulières d'invitation; mais elle vou-
loit réfléchir sur l'admission des autres, et principalement de ceux
qui avoient prolesté dans un libelle contre la Société-mère; de sorte
qu'elle a pris le parti de passer à l'ordre du jour, en maintenant
cependant son arrêté sur les invitations particulières, dont le nombre
sera augmenté à mesure qu'on connoitra les membres aux(juels cette
invitation doit être adressée (1). «
Le Patriote français publia cet article :
« Les Jacobins, pour remplir le vœu des Sociétés des départemens,
ont tenté un dernier effort pour se réunir aux Feuillans. Ils ont offert
de laisser rentrer en masse tous les députés, quoique beaucoup d'entre
eux méritassent d'être à jamais exclus, par leur apostasie des prin-
cipes, et par les calomnies qu'ils ont répandues contre la Société.
Les députés feuillans ont demandé plus; ils veulent faire rentrer
avec eux, et sans scrutin épuratoire^ la horde d'étrangers qui les a
suivis... Les Jacobins veulent absolument, pour ces externes, un
scrutin purificatoire, et ils ont raison; sans cela, le désordre régne-
roit bientôt dans la Société (2). »
Dans la séance du 21 août, aux Jacobins, M. Chevalier (3) annonça,
par une lettre, l'intention de revenir dans la Société-mère.
Un arrêté du même jour porta que les députés à l'Assemblée natio-
nale, <( maintenant séants aux Feuillants, sont invités à rentrer au
sein de la Société-mère : ils n'auront besoin, pour y être admis,
(1) Annales patriotiques de Carra, du 20 août 1791; n- G87.
(2) Le Patriote français, 1791, 26 août, no 747.
(3) Son nom se trouve sur les deux listes des membres du Club des Feuittants.
(Voir p. 287 et 298.)
CLUB DES FEUILLANTS 341
d'autre titre que celui de membre de la Société. » Ceux qui n'étaient
pas députés seraient réadmis après avoir signé la déclaration et s'être
soumis à un scrutin préparatoire.
Dans la séance du 22 août, on résolut d'envoyer aux Feuillants
cette lettre : « Frères et amis, la patrie est en danger. Le salut public
vous appelle au sein de la Société. Toutes les Sociétés du royaume
vous y invitent. Vos frères vous attendent. » Durand de Maillane dit
que les commissaires jacobins avaient été bien reçus par les Feuil-
lants.
« Les Amis de la Constitution, séans aux Jacobins, ont fait une
nouvelle et honorable démarche auprès des Feuillant pour les inviter
à une réunion que les circonstances critiques où se trouve la chose
publique exigent impérieusement. MM. Barnave, Lameth et leurs
amis ont ajourné à quinzaine cette proposition amicale et civique.
Qu'on juge à présent où sont les vrais amis de la Constitution, de la
concorde et de la paix! Les aristocrates et les intrigans se flattent
que cette scission amènera la dissolution de toutes les sociétés patrio-
tiques : ils se trompent, elles croîtront et multiplieront en raison di-
recte des persécutions ministérielles qu'on leur fera éprouver (1). »
« Nous avons annoncé la dernière et honorable démarche des Amis
de la Constitution, séans aux Jacobins, auprès des feuillantins ou
feuilles mortes : plusieurs bons patriotes de cette dernière Société
vouloient qu'à l'instant la réunion se fit. MM. Barnave et Lameth,
qui détestent les Jacobins, depuis l'instant où leurs opinions anti-
morales et anti-humaines sur nos malheureux frères les gens de cou-
leur libres des colonies leur ont fait perdre l'empire t7'ès tyrannique
qu'ils exerçoient dans cette Société; MM. Barnave et Lameth ont
rejette, avec une hauteur insultante, la proposition amicale de réu-
nion. Leur refus a été secondé, aux Feuillans, par beaucoup d'hommes
que l'on accuse de boire à la fontaine [miraculeuse de la liste civile.
Mais les honorables députés qui n'avoient été entraînés que par
erreur aux Feuillans^ ou qui s'étoient rendus dans ce club pour y
observer les manœuvres et tempérer, par leur influence, celle de la
liste civile; ces députés, indignés du despotisme du petit B (Barnave)
et des rois de la quatrième race, ont quitté le parc des feuilles mortes
et se sont réunis en grand nombre aux vrais Amis de la Constitution
séans aux Jacobins. »
M. Anthoine, député, dit, aux Jacobins : « Messieurs, depuis quel-
(l) Annales patriotir/ues de Carra, ilu 2fi août iVM, n" 69:L
342 LES CLUBS CONTHE-REVOLUTIONNAIRES
que temps, plusieurs personnes qui ont concouru à lascmion^ qui se
plaçoient ordinairement parmi nous, à une extrémité de la salle [de
l'Assemblée), ont pris le parti de se mettre dans un des bas-côtés. De
là, ces messieurs régnent; ils font entendre leurs volontés au prési-
dent. Hier, ils ont fait signe à la partie droite [les noirs) de se lever^,,
et, en effet, nous avons remarqué que la partie droite du président
{les deux cens (sic) quatre-vingt-dix protestateurs) qui, depuis un mois,
s'étoit abstenue scrupuleusement de voter, s'est levée presque toute
entière; sans elle, nous l'eussions emporté. » Il s'agissait du décret
sur, d'autres disent contre la liberté de la presse (1).
Attaqués par les Feuillants, les patriotes engagèrent avec eux une
polémique assez vive. On lit, dans la Réponse de M. Chas à M. Carra,
un des auteurs des Annales patriotiques et littéraires (2), l'apprécia-,
tion passionnée des malheurs causés par les journalistes révolution-
naires et par les clubs autres que celui des Feuillants, composé
« d'hommes honnêtes », suivant le Babillard :
« Plût à Dieu que le législateur eût le courage de créer une loi
pour chasser tous ces journalistes vils et stipendiés, et pour détruire
ces clubs anti-sociaux qui usurpent les droits de l'autorité et entra-
vent tous les pouvoirs. Tant que ces sociétés existeront, nous n'au-
rons ni Constitution, ni paix, ni liberté. C'est de ce volcan que par-
tent les foudres qui embrasent la France.
« {En note) : Je ne parle point de la Société séante aux Feuillants,
les membres qui la composent sont les véritables défenseurs de la-
Constitution et les amis de la paix. J'y vois réunis les vertus, -les lu-
mières, les talens et la pureté du patriotisme. Je sais que dans la So-
ciété séante aux Jacobins il y a des citoyens instruits, sages et pru-
dens; mais j'y vois aussi, malgré le scrutin épuratoire, des hommes
sans conscience et sans mœurs, des politiques ignorants et stûpides,
des motionnaires séditieux, des déclamateurs forcenés, et des répu-
blicains féroces (3). » '
Il n'avait pas encore été tracé un tableau aussi exagéré, aussi inju-
rieux de la Société des Jacobins.
Ceux-ci avaient beau jeu, d'après la réalité des faits qui se produi-
sirent et dont l'opinion publique se préoccupait.
Les Feuillants, commfe Barnave, s'intéressaient à la reine (1791),
(1) Annales patriotiques de Carra, du 29 août 1791, n» 696.
(2) Brochure in-S» de 16 p., Pai'is, 14 septembre 1791.
(3) Bib. de la Chambre des députés, recueil, t. LXII Bf-- 222.
CLUB DES FEUILLANTS ' 343
après la fuite de Louis XVI. Cela ne faisait pas de doute. Plusieurs
d'entre eux ne s'en cachaient pas, au risque de paraître monar-
chistes.
Le message du 13 septemhre 1791, par lequel Louis XVI fit con-
naître à l'Assemblée qu'il acceptait la Constitution, était rédigé par
des Feuillants. La conduite du roi y était expliquée en ce sens que
son éloignement de Paris venait de ce qu'il avait perdu l'espérance
de voir se rétablir l'ordre et le respect de la loi. Mais comme l'Assem-
blée avait réprimé le désordre et modifié certains articles de la Cons-
titution, il promettait de la maintenir.
Ainsi pensaient les Feuillants. Sur la motion^ de La Fayette, l'As-
semblée avait mis en liberté les individus détenus à l'occasion de la
fuite du roi.
Sur presque toutes les questions traitées par les députés, leS opi-
nions feuillantines semblaient de plus en plus réactionnaires, inspi-
rées soit par la cour, soit par la municipalité de Paris. Elles venaient
directement ou indirectement du Club des Feuillants, moindre en
nombre d'adhérents, mais ne perdant aucune de ses prétentions et
comptant sur la majorité de l'Assemblée nationale, même de celle qui
lui succéderait.
Malouet et Barnave furent principalement honnis par les amis des
Jacobins pour leur conduite aux Feuillants. Dans une Lettre des
Amis de la Constitution d'hsoire, on lisait :
« ... Passez, passez du côté de Malhouet, ou plutôt disparaissez du
sanctuaire de législation... C'en est fait, vos noms sont efTacés du
tableau de la Révolution... (1). »
Charles Lameth, aussi, fut renié, rayé d'une liste de la Société de
Pontoise.
Le Patriote français publiait cette lettre :
« Copie de la lettre écrite à M. Charles Lameth par la Société des Amis
de la Constitution de Pontoise, en le rcLyant du tableau de ses
membres.
« Monsieur, la Société établie à Pontoise a toujours été et est
toujours attachée à celle dés Jacobins. Vous êtes de celle des Feuil-
lans, en conséquence elle a arrêté de vous rayer du tableau de ses
membres.
« Signé : Délaissement, vice-président^ Leclerc, secrétaire (2). »
(1) Patriote français, n° 780, du 29 septembre 1791,
(2) Séance du mercredi, 7 septembre, aux Jacobins.
344 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
En juillet 1791, Feydel écrivait que sur deux mille quatre cents
membres dont était composé le Club des Amis de la Constitution,
dix-huit à dix-neuf cents s'étaient retirés des Jacobins, dont un tiers
aux Feuillants, et que les six cents restés aux Jacobins s'épuraient.
Dans quel sens s'épuraient-ils? Dans le sens avancé, sans équi-
voque, en marchant dans la voie révolutionnaire, en ne voulant pas
de compromis avec le roi et la cour, en ne soutenant pas, quand
même, tel ou tel ministère.
En août-septembre, cinquante-six députés seulement persévé-
rèrent dans le feuillantisme, qui ne cessait pas de lutter contre les
avancés. Il était représenté encore par Lameth, Barnave, Duport et
quelques autres hommes de valeur.
Dans les premiers mois de l'Assemblée législative (octobre, no-
vembre, décembre), les Feuillants attaquèrent, dans l'Assemblée, les
pétitions plus ou moins révolutionnaires présentées collectivement.
Leurs vœux furent en partie réalisés. Leur influence ne disparaissait
pas. Elle tenait pourtant à peu de chose, car la composition de l'As-
semblée législative ne ressemblait pas à sa devancière, dont les
membres s'étaient déclarés inéligibles.
VIII
Le Club des Feuillants qui, jusqu'alors, avait agi dans la pénombre,
s'assembla au grand jour. Carra et d'autres journalistes annoncèrent
ce changement d'allures. Les Annales 'patriotiques en prirent acte;
elles imprimèrent :
« Les Feuillants ont été enfin forcés de se soumettre au vohi du
peuple : leurs séances seront publiques et leurs intentions seront
connues. Ils ont inspiré de la méfiance, parce qu'on les croit beau-
coup plus amis de la cour et des ci-devant grands, que de la décla-
ration des droits et de l'égalité, bases de la Constitution. Si leurs
opinions et leur conduite surtout viennent à démentir ces justes
soupçons, tant mieux; les patriotes se réjouiront d'avoir trouvé des
frères là où ils craignaient de trouver l'intrigue et les chefs d'une
fraction accusée de vouloir ressusciter la noblesse, et de profiter
de la guerre pour établir, par une médiation armée, une seconde
chambre législative, une chambre de nobles, un sénat à la Mou-
nier (1). »
(1) Annales patriotiques de Carra, du 15 décembre 1791.
CLUB DES FEUILLANTS 345
La loi obligeait d'ailleurs les Feuillants, comme les autres clu-
bistes, à ouvrir leur salle au contrôle municipal et public.
V Orateur du peuple remarqua :
« La Société des Feuillans, que tout le monde sait être le rassem-
blement des ministériels, tiennent à présent leurs séances publiques. ..
Ces messieurs (les députés ministériels) tiennent des séances publi-
ques aux Feuillans, pour dire au peuple ce qu'ils ne pensent pas,
tandis que, d'un autre côté, ils forment un conciliabule où ils con-
certent les moyens de l'enchaîner (1). »
Il ajouta, quelques jours après : « Le peuple, qui est persuadé que
la Société des Feuillans n'a que le masque du patriotisme, que les
séances publiques que ces messieurs tiennent ne les empêchent pas
de se réunir chaque soir à la fin de leurs travaux imposteurs, le peu-
ple, dis-je, a résolu sa dissolution, comme il avoit résolu celle des
sociétés aristocratiques des capucins et des monarchicns : il s'est
transporté en foule à la séance de vendredi dernier, y a reproduit les
scènes et les sarcasmes des séances précédentes; c'est-à-dire que les
auteurs de l'affiche ministérielle du Chant du coq ont été accueillis
par des co, co, co, codet (2). »
Le Chant du coq était un supplément du Babillard, dont il a été
question plus haut.
Cependant, le 6 décembre 1791, la feuillante madame de Staël, qui
était fort éprise d'un ami de La Fayette, le comte Louis dé Narbonne-
Lara, contribua à faire un ministre de ce seigneur spirituel, avanta-
geux et brave.
La promotion de Narbonne aux fonctions de maréchal de camp et
de ministre de la guerre fut attribuée à la « coterie » Barnave, La-
meth, Duport, etc. N'oublions pas que Narbonne était chevalier de
Madame Adélaïde; on le considérait, avec quelque raison, comme un
modéré, bien qu'il résistât à Bertrand de Molleville, ministre de la
marine, au point d'être bientôt soudainement révoqué, par suite des
obstacles que lui opposaient les ministres à la discrétion de Marie-
Antoinette.
Plus que jamais le Club des Feuillants se trouva mis en évidence.
« La meute des Jacobins, écrivait, au même temps, Royou, semble
avoir quitté la piste des aristocrates pour se jeter à la poursuite d'un
(1) Orateur du Peuple, t. IX, ii" 3r..
(2) Orateur <hi Peuple, t. IX, ii" M.
346 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
autre gibier: elle donne maintenant la chasse aux Feuillans (1). »
En effet, ces modérés, ces« conspirateurs », — ainsi les appelaient
leurs adversaires, — n'échappaient pas au contrôle quotidien de
ceux-ci.
On eut pu croire que, faute de membres, le Club des Feuillants
allait disparaître en septembre 1791. Les choses ne se passèrent pas
de cette manière. Le Patriote français annonça, le 30 novembre de
la même année : ' .
« On assure que M. Barnave est à Paris, et qu'il assiste tous les
soirs au coucher du roi (2). — Il se forme des clubs monarchiques
dans tous les quartiers. Celui des Feuillants vient de ressusciter. »
En effet, le 7 octobre, aux Jacobins, Rœderer disait :
« Les intrigants de l'ancienne législature ont ajourné à ce soir la
résurrectiondes Feuillants. »
Le même journal, du 15 décembre 1791, renferme l'article sui-
vant :
« Sur la tactique des Feuillants.
« Les ennemis de la liberté sont parvenus à ressusciter la Société
des Feuillans, et à y attirer un grand nombre de membres de l'As-
semblée nationale. Cette Société n'a pour objet que d'assurer au châ-
teau des Tuileries un corps d'armée aux .ordres des comités corrom-
pus qui les '/iirigent. Quelques intrigants bien connus sont à la tête
de ces Feuillans. — Le but de ces honnêtes gens est d'avoir l'air de
commander un parti, pour se vendre plus sûremeat au ministère, et
en obtenir argent ou places... Parmi eux, il n'y a pas un homme de
génie ni même de talent un peu fort dans ces Feuillans; c'est que le
génie et le talent n'habitent point avec l'intrigue... » N" 8o7 du
Patriote Français [S).
Le journal rappelle qu'il y a, par suite de cette tactique, beaucoup
de Feuillansprésidens ou vice-présidens de l'Assernblée nationale.
Quatre jours après, il ajoute :
« Comme il y avait eu quelques attroupements au dehors de leur
salle, com"mç le public ^es tribunes troubla les séances des Feuillants,
le député Chéron (4), président du Club, écrivit au maire de Paris
<
(1) L'Ami du Roi, iiuinrro du 29 décembre 1791.
(2) Après l'arrestation de Louis XVI à Vareimes.
(3) Patriote français, numéros du 30 novembre 1791 et du 15 décembre de la
même année.
(4) Chéron (Louis-Claude), littérateur, membre du Directoire du département
de la Seine, député à la Législative.
CLUB DES FEUILLANTS * 347.
pour être autorisé à requérir un commissaire civil d'assister aux
séances. Il déclarait : « Deux cent soixante-quatre députés et environ
huit cent quatre-vingts autres citoyens qui ont prêté le serment civi-
que, et payé leurs impositions, composent, pour le présent, bette
Société dont tpus les membres sont prêts à mourir pour la Constitu-
tion (1). » Chéron avait tenté d'organiser la résistance (fin novembre
1701) contre le décret sur les prêtres insermentés.
Le maire Pétion répondit le même jour (^1 décembre 1791) à
M. Chéron :
(( ... Au moindre tapage, faites avertir la garde, et 'elle s'empressera
de rétablir l'ordre; écrivez un mot au commissaire de la section, et il
se rendra aussitôt; écrivez à un administrateur de police, et il se
rendra aussitôt. Si le commissaire consent volontairement à se trou-
ver, même tous les jours, à vos séances, que son temps le lui per-
mette, rien de niieux, je suis très éloigné de m'y opposer; mais je ne »
peux pas lui en imposer l'obligation; je ne peux pas lui dire qu'il se
rende à votre réquisition. Si chaque Société demandait un commis-
saire, voyez dans quel embarras nous nous trouverions : à peine
sont^ils en assez grand nombre pour faire avec exactitude le service
du spectacle.
« Signé : Petion (2). »
Non seulement il se fit du tumulte chez les Feuillants, le 21 dé-
cembre, mais le 23, d'après un procès-verbal envoyé au maire par le
commissaire de police, les citoyens des tribunes se plaignaient»
d'avoir été provoqués par un membre de la Société, iet de ce que plu-
sieurs membres étaient armés et affectaient de provoquer en duel (3).
Les citoyens des tribunes accusaient les Feuillants de professer des
principes anti-constitutionnels.
Point de désordres le 24 ni le 25.
Le 26 du même mois, M. Chéron écrivit une autre lettre au maire
de Paris. On y lit :
'« Notre devise renferme tous nos principes; la Constitution, toute
la Constitution, rien que la Constitution. C'est la vôtre, sans doute,
monsieur, et celle de tous lès François qui ont le parjure en horreur
et veulent le salut de leur pays. » Il terminait : « Devise effrayante
pour les partisans de l'ancien régime et les faux amis du nouveau. »
(1) Le 21 décembre 1791.
(2) Bib. Nat., imprimé Lb 39/56.31.— Pétion était membre du Club des Jacobins.
(3) Bûchez et Roux, Histoire parlementaire de la Révolution, t. XII, p. 349.
348 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Il annonçait que ses co-secrétaires se rassembleraient publique-
ment, le soir, à six heures.
« Lettre de M. le Maire à M. Chéron., en date du 36 décembre^
neuf heures et demie du matin.
« Monsieur,
« Aussitôt la réception de votre lettre, j'ai donné des ordres pour
prévenir les troubles que vous craignez. J'ai appris hier que beaucoup
de membres de la Société que vous présidez doivent se rendre, armés,
au lieu des séances; que le public, instruit de cette disposition, de-
voit également se rendre en armes, tant dans les tribunes qu'à l'ex-
térieur de la salle. Je crois l'un et l'autre bruit également faux; mais
s'ils étaient vrais, voyez combien cette position seroit cruelle; je fré-
mis d'y penser. Il paroit qu'à la dernière séance, le tumulte a com-
mencé par la provocation d'un lieutenant des canonniers, qui, de
l'intérieur de la salle, a nargué le public. Il paroit que plusieurs
sociétaires étoient armés, et que cela a beaucoup déplu. Je vois bien
qu'ensuite les spectateurs se sont portés à des excès répréhensibles.
En grâce! qu'on évite jusqu'au moindre prétexte d'agitation, et je ne
négligerai rien pour vous procurer paix et tranquillité. Secondez mes
efforts; je vais vous parler avec toute franchise : il est parmi vous un
grand nombre d'amis de l'ordre et de la Constitution; il en est aussi,
je puis me tromper, mais je le pense, qui sont ennemis de cette Cons-
titution, qui ne veulent que du bruit pour avoir occasion de se plain-
dre, qui ne désirent que du scandale et de l'éclat pour paroître per-
sécutés (1).
« Signé : Pétion. »
Chéron répondit aussitôt à Pétion :
« Monsieur, j'ai frémi en lisant votre réponse, du danger auquel
des citoyens seraient exposés si l'on ajoute foi aux bruits qui vous
sont parvenus. Je puis répondre du patriotisme de mes collègues; je
répondrais de tous, si l'expérience n'apprenait trop malheureusement
qu'il est des parjures, comme il est des parricides, et qu'il se glisse
des faux frères dans les sociétés tant soit peu nombreuses, quelles
que soient d'ailleurs leur intimité et la pureté de leurs intentions.
Mais, monsieur, je ne répondrais pas que, si la loi se montrait encore
insuffisante à protéger notre liberté constitutionnelle, il n'arrivât
quelque malheur. Ma conscience est pure, mes vues droites, mon pa-
(1) Bib. Nat., Lb :}9/3631.
CLUB DES FEUILLANTS 349
Iriotisme ardent, mon courage inaltérable. S'il ne s'agissait que de
moi, je m'immolerais à la Constitution. Oportet unum mori pro po-
pulo serait ma dernière devise; mais ici, j'exposerais mes collègues,
que je ne puis prévenir assez à temps, quoique rien ne me donne le
droit de mettre leur prudence en doute; j'exposerais mes concitoyens
,et j'en frémis. Je prends donc sur moi, d'après l'avis de quelques-uns
de mes collègues qui m'entourent en ce moment, de vous prier de
vouloir bien donner des ordres pour que personne ne soit admis ce
soir à notre Société, qu'en justifiant de sa carte de député ou de celle
d'affilié : il suffirait que vous nous permissiez de faire placer une
sentinelle à la porte du couloir qui conduit à notre salle, et de lui en
faire donner la consigne la plus expresse. Je vous prie aussi de faire
donner des ordres pour qu'aucun attroupement ne puisse obstruer
l'entrée de la salle.
« Il est à désirer que vos ordres soient donnés avant quatre beures.
« C'est sous la protection de la loi que je remets, monsieur, la
liberté de mes collègues et la mienne.
« Comme nous ne voulons pas échapper à la publicité, toutes per-
sonnes, adressées par vous, monsieur, seront admises. »
L'essentiel était d'empêcher les sociétaires d'arriver avec des
armes. Le maire de Paris savait que le public se présenterait armé,
si les sociétaires devenaient provocateurs.
Chéron reçut de Pétion le billet qui suit :
« A l'instant, M. le commandant de la Garde nationale se rend
chez vous; il va conférer sur les mesures prises pour prévenir toute
espèce de trouble et de désordre (1). »
S'il n'y eut pas de trouble ni de désordre à l'entrée de la salle où
les Feuillants s'assemblèrent, ce calme ne dura que quelques jours.
Le public comprit les difficultés de la situation pour le maire de
Paris, mais il se tint prêt à opposer la force à la force, dans le cas
où des armes apparaîtraient dans les mains des sociétaires.
Beaucoup de gens croyaient que, à cause des circonstances, le
Cluh des Feuillants cesserait, ou du moins interromprait ses séances.
Mais Chéron avait parlé de « liberté constitutionnelle », avait déclaré
qu'il « mourrait pour le peuple », s'il le fallait. Probablement, le pu-
blic n'entra dans la salle qu'avec une carte de député ou d'affilié. Une
sentinelle veilla à l'observation de la consigne.
(1) Ces pièces out été extraites par Bûchez et Roux de la Mairie de Pétion,
p. :jl-44.
350 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Le Patriote français fit un compte rendu très succinct d'une des
séances. Il annonça :
, « Les Feuillans continuent de s'assembler. Dans une des dernières
séances, M. Dandré a beaucoup déclamé contre les accaparemens;
M. Chapelier a loïiguement prêché contre la fureur du jeu; M. Bar^
navc s'est profondément étendu contre l'intrigue. — La séance était
publique (1). » Dandré, votant avec les patriotes, ménageait la droite.
On l'appelait « le couteau à deux tranchants >>. Il se plaisait à parler
contre les clubs et les clubistes; les journaux avancés le traitaient
d'intrigant.
Le 25 décembre, le, Patriote Français imprima :
.<( Hier il y eut grand tumulte (au Club des Feuillants); on appela
gardes nationales, commissaires ; on verbalisa. Les observateurs
croyent que ces Jjraves modérés ont eu la méchanceté de se faire la-
pider, pour calomnier les Jacobins. Stanislas Clermont (Tonnerre)
leur auroit-il légué sa tacti(]ue (2) ? »
Assurément, la tranquillité publique était compromise, il conve-
naît d aviser.
IX
A une séance «extraordinaire de l'Assemblée législative, ce qui se
passait aux Feuillants émut beaucoup de députés. Quelques-uns
lâchèrent d'obtenir un décret contre les Sociétés, en défendant aux
membres de l'Assemblée d'y assister. Cette tentative ne réussit })as.
Le Moniteur universel rend ainsi compte de la séance (3) :
« Présidence de M. François de Neufahâteau.
« M... — J'annonce à l'Assemblée qu'il y a du trouble aux Feuil-
lants. Je demande qu'on y envoyé des commissaires de la salle pour
savoir ce qui s'y passe. (On murmure.)
« M. CiiÉRON. — Je demande, moi, qu'on passe à l'ordre du jour.
«M. MoNTEAU. ^- Je prends la parole pour dénoncer un fait qui
Vient de m'arriver. En passant près des Feuillans, la sentinelle m'a
demandé ma carte. J'ai montré celle de député. La sentinelle m'a dit
que sa consigne ne lui permettait pas de laisser entrer avec celle
(1) Patriote français, u" 861, 19 décembre 1791. -
(2) Patriote français, u° 867, 25 décembre 1791.
(8) Moniteur universel, séance extraordinaire du lundi soir, 26 décembre 1791;
CLUB DES FEUILLANTS 351
carte, et qu'il fallait avoir celle de la Société des Feuillans. (On mur-
mure.) Je demande si nous avons la police de notre enceinte ou si
nous ne l'avons pas. Si nous l'avons, il est bien extraordinaire qu'on
donne de telles consignes aux sentinelles.
« M... — Il me semble que le membre qui a été arrêté aurait dû se
faire conduire, par la sentinelle, à l'officier qui a donné cette con-
signe. (On murmure.)
« On demande qu'il soit passé à l'ordre du jour.
(( M..'. — - Je fais la motion que le commandant du posie soit à l'ins-
tant appelé à la barre, pour déclarer les raisons qui l'ont engagé à
donner cette consigne.
« Il s'élève des débats tumultueux au milieu desquels on entend
plusieurs voix réclamer l'ordre du jour.
« M. Ducos. — Il est indécent de faire perdre dans une pareille
scène-une séance destinée à des objets très importans.
« M. Cambon. — Je réclame l'ordre du jour.
«. M. Maillot. — ■ Je demande que l'Assemblée interdise à tous ses
membres la faculté de s'assembler dans aucune société particulière.
(On murmure.)
'« M. Daverhoult. — Je suis étonné qu'on fasse une motion qui ne
peut en aucune manière regarder l'Assemblée, car- l'assemblée n'a
rien à' connaître dans la vie privée de chacun de ses meànbres.
« M. Lacrolv. — Je m'étonne, avec le préopinant, qu'un membre
ait pu.proposer à l'Assemblée de prononcer sur ce qui se passe hors
de son sein. Je demande non seulement que sur cette motion on
passe à l'ordre du jour, mais que celui qui la faite soit rappelé
à l'ordre. Cette proposition a été faite pour donner le change sur un
délit commis par un membre de cette Assemblée, président de la
Société des Feuillàns; (Les tribunes applaudissent avec transport.)
c'est lui qui a donné cette consigne. Je demande que l'officier de
garde soit mandé à la barre pour nous en rendre raison. (Les
applaudissements des tribunes recommencent.)
« M... — Je deniande que M. Lacroix soit rappelé à l'ordre. (On
murmure.)
« M. CiiÉRON. — Pour répondre à M. Lacroix, j'insiste sur la propo-
sition de faire venir l'officier de garde à la barre. Quant aux injures
de M. Lacroix, je me réserve d'y répondre. (On murmure.)
« M.„Cambon. — Allons donc, l'ordre du jour.^
« M. RoBKcouHT. — La consigne regarde les commissaires inspec-
teurs de la salle, et je vous proteste qu'ils n'ont point donné la con-
signe dont un membre s'est plaint.
352 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
<( M. RouLuiÈs. — L'Assemblée s'occupe depuis trop longtemps (run
fait qui écarte l'objet de la délibération. Je demande que l'on passe
tout de suite à l'ordre du jour, (On murmure.)
« Après une assez longue agitation, l'Assemblée décrète que l'offi-
cier de garde sera mandé pour savoir qui lui a donné la consigne.
« On introduit successivement deux officiers de la garde nationale,
qui déclarent que le poste où était la sentinelle dont on dénonce la
consigne ne les regardait pas.
« On en amène un troisième.
« M. le Président lui demande s'il est vrai qu'il ait donné la con-
signe dont on se plaint.
« L'officier. — Il est vrai qu'à l'entrée des Feuillans, j'ai donné la
consigne de ne laisser entrer qu'avec des cartes rondes et triangu-
laires, parce que je connais l'une pour être la carte de député et
l'autre celle de la Société des Feuillans. Si j'ai donné cet ordre, c'était
pour interdire l'entrée aux malveillans. (On murmure.) Mais je n'ai
pas donné d'ordre qui regardât l'Assemblée en aucune manière,
« L'Assemblée passe à l'ordre du jour.
« M. Merlin (1). — Je demande la parole pour une motion d'ordre.
(On réclame l'ordre du jour.) Personne n'a le droit de m'empêcher
de parler, quand je veux faire une motion d'ordre. (On murmure.) Je
demande qu'il soit décrété qu'aucune force publique n'approchera de
l'Assemblée et des établissemens qui la concernent, qu'à une distance
d'au moins cinquante toises. (On murmure.)
(c M. Bazire. — M. Merlin a la parole, je demande qu'elle lui soit
continuée.
« M. Merlin. — Je sortais avec M. Grangeneuve, pour me rendre
au Comité de surveillance,, lorsqu'au passage qu'on appelle le chœur
des Feuillans, j'ai trouvé, je ne sais si ce sont des sbires ou des janis-
saires. (On murmure.) (Plusieurs voix : au fait, au fait.] J'y suis. Si
vous ne voulez pas m'en tendre à la tribune, je descends à la barre.
(On murmure.)
« Il s'élève une longue et violente agitation.
« M. Merlin. — Je dis qu'en allant au Comité de surveillance, j'ai
été arrêté par des sbires qui m'ont déchiré mon habit. (On murmure.)
C'est la garde nationale qui m'a sauvé des mauvais traitemens dont
j'aurais été peut-être la victime. (On murmure.)
(1) Merlin (de Douai;, futur conventiounei.
CLUB DES FEUILLANTS 353
« M. Lacroix. — Je demande que ce délit soit dénoncé. (Les tri-
bunes applaudissent.)
« L'agitation redouble.
« M. Merlin. — J'ai demandé si j'étais dans le sanctuaire des droits
de l'homme et du citoyen, et tandis qu'on m'assurait qu'oui, une
multitude effrénée tombait sur moi et m'arrachait du chœur des
Feuillans.
« Quelques voix. — Il faut prouver tout ce que vous dites.
« On demande d'un côté que M, Grangeneuve soit entendu ; d'un
autre, que l'affaire soit renvoyée aux commissaires de la salle pour
en présenter le rapport.
« M. GiRARDiN. — Je demande que MM. les commissaires de la salle
se retirent à l'instant pour s'assurer des faits. M. le président, la
Constitution vous charge de la police intérieure et extérieure de la
salle; vous devez donner des ordres pour qu'aucune force publique
ne s'apprOche de cette enceinte, sans votre aveu. Il est temps de ter-
miner des scènes qui déshonorent l'Assemblée. Il est temps de
prendre des précautions pour qu'elles ne soient plus reproduites.
« M. Lacroix. — Je vais plus loin que M. Girardin. Je reconnais,
comme lui, que la police de la salle et de ce qui l'environne n'appar-
tient qu'au corps législatif, puis je demande en outre que l'Assem-
blée décrète qu'aucun club, aucune Société particulière ne pourra se
réunir dans cette enceinte. (On applaudit.)
« M. Jaucourt. — Je demande que les commissaires de la salle
prennent connaissance des faits. Le public a été témoin de ces détails,
j'ose dire, indignes de l'Assemblée nationale ; il doit aussi connaître
les mesures que vous prendrez pour faire cesser ce scandale. Je dis
que le Club des Feuillans a sans doute la prétention d'être dévoué à
la Constitution. (On murmure.) Mais enfin il s'élève dans Paris une
rivalité dangereuse de patriotisme qui ne peut être qu'un ferment de
discorde et de trouble pour tout le royaume. Tant que les députés se
pareront d'autres couleurs que des couleurs nationales, tant qu'ils se
livreront au dehors à l'esprit de parti, jamais il n'y aura de tranquil-
lité dans l'Assemblée. Je demande donc, non pas comme décret, non
pas comme règlement, mais comme un gage de la fraternité qui doit
nous unir, comme un témoignage de la confiance qui doit nous
animer; je demande, au nom de la paix, au nom de la patrie, que
tous les députés se soumettent à ne jamais paraître dans aucune So-
ciété particulière. (L'Assemblée et les tribunes applaudissent.)
« M. Grangeneuve. — Un député à ^Assemblée nationale, se rendait
à son Comité. Il a été arrêté par des hommes armés...
23
354 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« M... — Je demande la permission d'interrompre ici l'opinant,
parce que cela est faux. (On murmure.)
« L'agitation recommence et devient tumultueuse.
u M. LE Président. — Je prie rAssemblée de garder le silence, sans
quoi je ne pourrai pas continuer de présider.
« M. GiRARDiN. — Je demande qu'on lève la séance, et qu'il n'y en
ait plus le soir.
« M. Grangeneuve. — Un député, allant à son comité, a été arrêté
par des hommes armés; un membre m'a dit que cela était faux : je
demande qu'il soit rappelé à l'ordre. (On murmure.) Est-il possible,
est-il tolérable que dans l'enceinte où sont placés les bureaux de l'As-
semblée, un membre ne soit pas en sûreté? Est-il tolérable que ce
membre soit conduit devant cette Société?
« Une voix. — Cela n'est pas vrai; il a demandé à y entrer. (On
murmure.)
« M. Grangeneuve. — Est-il possible qu'un représentant de la na-
tion... (On murmure.) Qu'un représentant de la nation... (On mur-
mure.) — L'orateur, se tournant à la droite du président : Si vous ne
me laissez pas achever, je vous dénoncerai tous; oui, vous tous. (Les
tribunes applaudissent à plusieurs reprises.) Les véritables bornes de
l'Assemblée sont celles de l'empire français. Je demande la vengeance
d'un outrage fait à un membre qui se rendait à son devoir, dans
l'enceinte de l'Assemblée. Il s'agit de savoir si l'Assemblée aura moins
d'égards pour les députés que pour le Club des- Feuillans. (Les ap-
plaudissements des tribunes recommencent.) L'officier de garde exté-
rieure a présenté la bayonnette sur la poitrine d'un député. Je
demande qu'il soit à l'instant amené à la barre. (Les applaudissements
des tribunes redoublent.)
« Le tumulte recommence.
« M. Lacretelle. — Je viens d'apprendre qu'un commissaire de
police, qui assistait à la séance des Feuillans, a dressé un procès-
verbal. Je demande que ce commissaire soit mandé pour nous en
donner connaissance. (On murmure.)
« L'Assemblée décrète que ce commissaire sera amené à la barre.
(On applaudit.)
« M. le Président. — On m'annonce que la garde était uniquement
commandée pour les Feuillans, et qu'il n'y a plus à la Société ni mem-
bres, ni gardes.
« On demande le renvoi de l'affaire aux commissaires de la salle.
« Ce renvoi est décrété.
« La séance est levée à neuf heures et demie. »
CLUB DEà FEUILLANTS 355
Le mardi 27 décembre 1791, aux Jacobins, Merlin rendit compte
de ce qui lui était arrivé. On passa à l'ordre du jour « sur ces détails
affligeants pour de véritables patriotes. » Les questions relatives aux
émigrés, à la guerre, aux prêtres insermentés étaient bien plus im-
portantes.
Chéron publia une brochure, au lieu de se tenir pour battu. De là
une
« Réponse de M. le maire à l'écrit de M. Chéron intitulé : Conduite
de M. Chéron^ à Voccasion de la Société des Feuillans, ou quelques
petites erreurs glissées dans une feuille imprimée et distribuée gra-
tuitement à la porte de l'Assemblée nationale, intitulée : Conduite de
M. le maire de Paris.
« Monsieur, vous vous plaignez de quelques petites erreurs qui se
sont glissées dans l'impression de vos lettres; ces erreurs sont, en
effet, très petites.
« J'ai remis, et vos lettres et celles de M. le commandant-général
de la Garde nationale, et celle de M. le commissaire de police et les
miennes, dans l'ordre de leurs dates, à un commis pour les copier,
et en lui disant : « Retranchez de la fin tout ce qui est de compliment
et de cérémonie. » Rien, en effet, n'est plus étranger au fond, rien
n'est plus inutile et plus insipide pour le public : aussi n'en est-il au-
cune, soit des vôtres, soit des miennes, où il soit resté des formules
d'étiquette.
« Je n'ai cru blesser en cela ni les convenances, ni votre délica-
tesse.
« Quant aux mots que le copiste a sautés, ils ne sont d'aucune im-
portance; ils ne changent en rien vos idées, vos principes et les faits...
Il est facile de s'en convaincre par le rapprochement de nos deux
écrits.
« Je vous avoue franchement que je n'ai pu relire ce que le copiste
a fait; mon temps étoit pris par des occupations urgentes et multi-
pliées. Ce n'est pas moi, non plus, qui ai vu l'épreuve : elle fut ap-
portée, le soir, lorsque j'étois à la municipalité. Une personne de
connoissance, qui se trouvoit à la mairie, prit ce soin.
« Rien, au surplus, n'est moins digne d'attention que tout cela, et
il n'a pas pu vous entrer dans la tête que ce soit à plaisir ou à des-
sein qu'on ait voulu faire la plus légère altération à vos lettres. Une
imprudence aussi absurde seroit inconcevable.
« Vous avez remarqué des mots en italique dans ma lettre du 2G...
356 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Je suis très éloigné de les désavouer ; mais ce n'est pas moi qui ai
le mérite de les avoir marqués de ce caractère distinctif.
« Votre dernière lettre n'a pas été insérée, parce qu'elle est arrivée
trop tard, et que la composition étoit faite ; car il ne m'en eût pas
plus coûté de la mettre que les premières.
« Je n'ai pas non plus inséré mon petit mot de réponse , deux
lettres que j'ai écrites, l'une à M. le Commandant-général de la garde,
l'autre à M. le commissaire de police, ainsi que des pièces qui me
sont parvenues depuis.
« Il seroît, je pense, inutile d'en dira davantage sur un aussi mince
sujet; j'ignore comment il a pu vous occuper un seul instant.
« Le maire de Paris : Pétiiion (1). »
Les Révolutions ajoutent : « Il a paru encore sur le même objet
une Dernière réponse de M. Péthion à M. Chéron. En vérité, M. le
maire de Paris est bien bon de répondre par deux fois aux mauvaises
chicanes que lui fait le député ministériel. »
On n'en avait pas fini avec le Club des Feuillants^ môme à l'Assem-
blée législative.
«( Séance du mardi 27 décembre, à l'Assemblée législative.
« Un de MM. les secrétaires fait lecture d'une lettre de M. Pétion;
elle est ainsi conçue : •
« Paris, 27 décembre.
« Monsieur le Président, il m'était difficile de prévoir que des me-
sures sollicitées avec instance par des membres de l'Assemblée natio-
nale, exigées pour le maintien de l'ordre, deviendraient un sujet de
plainte. Depuis plusieurs jours, placé entre le peuple et les Feuillans,
entre la loi et l'opinion, je remplis un devoir bien pénible. Le décret
sur la police municipale porte que ceux qui voudront former des
Sociétés seront tenus, sous peine d'une amende de 200 livres, de
déclarer à la municipalité le lieu et les jours de leurs séances. 11 ré-
sulte que ces Sociétés sont sous la surveillance du corps municipal.
Est-il de la convenance, est-il de la dignité des Représentans du
peuple, d'exercer la police ailleurs que dans l'enceinte de l'Assem-
blée? Mais si la Société des Feuillans se trouve réunie dans l'enceinte
de l'Assemblée nationale, c'est à elle à exercer cette police. Je vous
prie, Monsieur le Président, d'engager l'Assemblée à décider prompte-
ment si elle regarde le lieu où se réunit la Société clés Feuillans comme
renfermé dans son enceinte. »
(1) Révolutions de Paris, n» 130, du 30 décembre 1791 au 7 janvier 1792.
CLUB DES FEUILLANTS 357
« M... — Je répète aujourd'hui la motion que j'ai faite hier, qu'au-
cun club, aucune Société, ne pourra se réunir dans l'enceinte de
l'Assemblée nationale. (On applaudit.)
« M. GoupiLLEAU. — J'appuie avec d'autant plus de raison, que la
porte du Club des Feuillans est contiguë à celle du Comité de sur-
veillance. Hier, la porte du Comité était obstruée par une foule de '
gens armés. De deux choses l'une : ou il faut chasser le Club des
Feuillans, ou il faut chasser le Comité de surveillance.
ft M. Lacroix. — Je propose de décréter qu'aucune Société ne
pourra désormais se former ni se réunir dans les bâtimens dépen-
dans des ci-devant Feuillans et Capucins. (On applaudit.)
« M... — Et des ci-devant Jacobins... (On murmure.)
« M. Lkopold. — Je demande qu'on ajourne au moins jusqu'après
le rapport des commissaires de la salle. (On murmure.)
« M. Haussi-Robégourt fait, au nom du Comité des inspecteurs de
la salle, un rapport dans lequel il notifie les ordres du maire et du
général, d'après lesquels des gardes ont été placés dans le local des
Feuillans; il ajoute que la partie de ce local qui ne sert pas au Comité
de l'Assemblée nationale a été remise par les commissaires inspec-
teurs aux administrateurs des domaines nationaux. Il propose un
projet de décret qui est adopté en ces termes :
« L'Assemblée nationale, après avoir entendu le rapport de ses com-
missaires inspecteurs, les charge de prendre les mesures convenables
pour que, dans l'enceinte des bâtimens des ci-devant Feuillans et
Capucins, il ne soit établi aucune Société particuhère, et que les par-
ties laissées à la disposition des administrateurs des domaines natio-
naux ne soient louées qu'à des citoyens dont le genre de commerce
ou le métier ne puisse incommoder l'Assemblée ni les travaux des
Comités. »
Les députés estimaient que le voisinage, pour ne pas dire la com-
munauté avec le Club des Feuillants^ semblait les compromettre en
ayant un air quasi officiel;
« Un membre de l'Assemblée a annoncé que des sentinelles inter-
disoient le passage à ceux qui n'avoient pas de cartes à trois pointes.
Pour entendre ce qu'il vouloit dire, il faut savoir que la Société des
Amis de la Constitution, séante aux Feuillans, a des cartes de cette
forme pour faire reconnoître ses membres.
« Une voix a réclamé un décret interdisant à tous les membres de
l'Assemblée d'être d'aucun Club (1). »
(1) Journal de Paris, 28 décembre 1791.
358 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
X
Le journal de Prudhomme, dans le même temps, prétend qu'un
nommé Dijon, lieutenant des canonniers du bataillon des Filles-
Saint-Thomas, « poussa l'insolence jusqu'à provoquer, de son sabre,
les citoyens spectateurs, qui, plus sages que ceux qu'ils honoroient
de leur présence, ne répondirent à ses bravades que par le plus pro-
fond mépris (1). »
Les Feuillants se conduisaient en maîtres, malgré leur impopula-
rité, et leurs adversaires, les uns, monarchistes purs, les autres, fu-
turs républicains^ devaient bien s'en apercevoir. L'Assemblée avait
raison de décider qu'aucune Société particulière ne serait établie
dans l'enceinte des bâtiments des ci-devant Feuillants et Capucins.
Qu'allait faire le Club modéré?
«... Nous autres Feuillans, sans pouvoir être contens de la maison
qu'on nous a bâtie (2), nous voudrions trouver le moyen de nous y
arranger tant bien que mal, plutôt que de rester encore longtemps
en plein air, exposés à toutes les injures de la saison, c'est-à-dire
sans aucune autorité vraiment tutélaire, en butte à tous les désordres
de l'anarchie, à toutes les violences de l'esprit factieux, à toutes les
entreprises des fous et des brigands (3). »
Les Feuillants revendiquaient le droit de se réunir ailleurs que
dans l'ancien couvent, dépendance de l'Assemblée législative. Per-
sonne ne le leur refusait; seulement, la tranquillité publique pouvait
être de plus en plus troublée par eux, et l'on craignait des scènes
semblables à celles qu'avait occasionnées le Club monarchique. Ils
étaient certainement plus redoutables, aux yeux des députés, que les
amis de Clermont-Tonnerre, parce qu'ils s'entendaient davantage
avec les hommes du gouvernement, avec le pouvoir exécutif, et qu'ils
étaient en passe de prendre le pouvoir dans l'occasion.
Des journaux très répandus ne cessaient d'exalter leurs mérites.
En février 1792 (n" du 22), la Gazette universelle imprimait que si
les Feuillants « méritaient quelque reproche, c'était de ne pas mon-
trer assez d'énergie. »
(1) Révolutions de Paris, n° 129, du 24 au 31 décembre 1791. Dijon figure parmi
les Feuillants, sur la seconde liste. (Voir plus haut, p. 303.)
(2) Allusion à la Constitution.
(3) Entretien d'un Feuillant et d'un Jacobin, Paris, 1792. (Bib. Nat., Lb 39/3710.)
CLUB DES FEUILLANTS 359
Les Indépendants tentèrent la ruine des clubs, y compris celle des
Feuillants, et ceux-ci votèrent, à l'Assemblée, la proposition de
Mouysset sur ce sujet. Ils voulaient empêcher le Club des Jacobins
d'exister, même au prix de leur propre club. Ils imputaient les désor-
dres aux Sociétés populaires, autant qu'aux conspirations monar-
chistes, et continuaient la guerre qui exista contre les réunions poli-
tiques fixes pendant la Révolution.
Le Cosmopolite^ journal dont le belge Proly, fils naturel du prince
de Kaunitz, passait pour être le rédacteur, publia un article curieux.
Selon lui, en février 1792, un assez grand nombre de députés, parmi
lesquels Charlier (1), Lamarque, Jean Debry (2) et Maille, Jacobins,
et Hua, Chéron et Lagrévole, Feuillants, se réunirent dans la salle de
l'Assemblée législative, et, de là, dans celle du comité de division.
Maille proposa de se trouver dans la salle de l'Assemblée, tous les
jours qu'il n'y aurait pas de séance le soir, et d'y discuter, en confé-
rence, les matières importantes qui devraient être débattues par les
députés. Il n'y aurait aucune délibération, point de procès-verbal ;
les députés seuls y seraient admis, et le doyen d'âge préside-
rait (3).
Aucun de ces projets ne reçut d'exécution. Cependant, la Société
feuillantine allait errer, sans perdre son existence.
Pour cause d'attroupements, en effet, il fut ordonné aux Feuillants
de se transférer dans un autre local. A dater de ce moment, leurs
séances devinrent désertes et leur influence décrut encore. Une très
vive discussion eut lieu, le 6 janvier 1792, aux Jacobins. Il s'agissait
de savoir si un individu ayant fait partie du Club des Feuillants pour-
rait être reçu au Club des Jacobins (4). Collot d'Herbois, le même
jour, prononçait un discours où l'on trouve ces phrases : « Parmi les
personnes qui ont été aux Feuillants, il en est un grand nombre qui
sont très repentants, et qui voudraient pouvoir effacer des jours de
leur vie les jours qu'ils ont passés aux Feuillants. D'ailleurs, ceux qui,
y ayant été, disent qu'ils n'y ont pas été, prouvent bien par là qu'ils
sont honteux de leur démarche, puisqu'ils n'osent pas l'avouer. » Il
inclinait pour l'admission. Mais Robespierre insista fortement « pour
qu'aucun des membres qui s'étaient présentés aux Feuillants no piU
(1) Ce député, élu par la Marne à la Législative, siégeait à rcxtrêine gauche.
(2) Député de l'Aisne, siégeant à l'extrême gauche.
(3) Le Cosmopolite, numéro du 22 février.
(4) Bûchez et Roux, Histoire parlementaire de la Révolution, t. XIII, p. 14^5.
Séance du vendredi G janvier 1792, sous la présidence de M. Antonellc. — La
Société des Jacobins, par F. A. Aulard, t. III, p. IJ13.
360 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
jamais être admis dans la Société des Jacobins »; et sa motion fut
adoptée à l'unanimité.
On était loin du temps où la réconciliation semblait possible.
Le 13 janvier 1792, M. Recourt demanda, dans le Club des Jaco-
bins, à faire une motion d'ordre au sujet de M. Feuillant, directeur
du Journal du soir et membre des Jacobins, lequel s'était permis, en
parlant du bruit qui avait eu lieu aux Feuillants^ de dire que ce bruit
avait été occasionné par les Jacobins. 11 proposa la radiation de
M. Feuillant sur la liste des Jacobins; mais l'affaire fut renvoyée au
Comité de présentation, d'après l'avis de Real.
Dans une adresse des Jacobins à leurs sociétés affdiées, le 17 jan-
vier, on lit : « Les Feuillants ont une existence très précaire, et ne
perdent cependant point de vue leurs grands projets. Ils sont errants
depuis quelque temps, et ne se rassemblent qu'en petit comité. Ils
se proposent d'acquérir un vaste local, et d'attirer une grande af-
fluence à leurs discussions ; mais il se passera quelque temps avant
que ce bel établissement se réalise, et nous croyons qu'ils ne sont
point pressés d'avoir le peuple de Paris pour témoin de leurs délibé-
rations. Leur devise fastueuse n'en impose à personne : La Constitu-
tion, toute la Constitution, rien que la Constitution ; c'est comme s'ils
disaient : La liste civile, toute la liste civile, rien que la liste civile. »
«Les Feuillants, annonça bientôt .Carra, vont reprendre leurs
séances; ils font préparer à cet efTet l'église Saint-Honoré. Le consti-
tuant Duport, qui gouvernait le château et le ministère du temps de
Lessart, sera, dit-on, président de ce club; le fameux Rarnave, qui a
quitté le midi de la France depuis que les Marseillais y ont rétabli
l'empire de la liberté, et qui arrive à Paris tout courant, sera secré-
taire ou vice-président du club feuillant (1). »
Le Patriote français annonçait, lui aussi : « Les Feuillans vont
reprendre leurs séances; ils se rassembleront dans l'église de Saint-
Honoré. M. Adrien Duport doit être, dit-on, président, et M. de Rar-
nave, qui est de retour à Paris, secrétaire (2). »
Le 23 février 1792, il y avait eu un grand tumulte à l'Assemblée,
législative sur la proposition faite par Mouysset de former un club
dans la salle les après-midi, lorsqu'il n'y aurait pas de séance, et
d'empêcher les députés d'aller aux Jacobins ou aux Feuillants (3).
(1) Annales patriotiques, du 1" avril 1792, n° 92.
(2) Patriote français, du 31 mars 1792, n» 964.
(3) Répertoire ou Almanach historique de la Révolution française, Paris, 1798.—
Mouysset fut plus tard commissaire du gouvernement consulaire, et conserva ces
fonctions sous l'Empire.
CLUB DES FEUILLANTS 361
XI
Pour la première fois, en février 1792, la presse distingua, par
leurs noms propres, les fractions de l'Assemblée : Feuillants, Indé-
pendants, Patriotes- Jacobins (parti de Brissot) et la Montagne (1).
Les députés de la Gironde formaient déjà un parti, qui, pour l'ave-
nir, se préparait à enlever aux Feuillants leur dernière force.
Narbonne, Duport-Dutertre et Cahier de Gerville (2) étaient feuil-
lants à divers degrés ; l'influence de ces ministres devait bientôt céder
à celle des Girondins, plus avancés, républicains de cœur, alors
décidés à l'action révolutionnaire.
Le directoire de Paris se composait de feuillants, presque en tota-
lité. Le procureur-général-syndic Rœderer était feuillant. Celui-ci
eut l'occasion, plus tard, de sauver Louis XVL II fournissait des arti-
cles au Journal de Paris.
Mais le parti feuillant avait eu le dessous dans les élections munici-
pales. Le parti de la Gironde gagnait du terrain, et, lui aussi, s'adres-
sait à une classe de citoyens opposés aux Jacobins et aux Cordeliers.
Les Feuillants et les Girondins étaient unis dans l'intérêt commun
de la bourgeoisie; mais les Feuillants pensaient que la bourgeoisie
ne pouvait triompher qu'avec l'appui des classes privilégiées contre
le peuple, et les Girondins estimaient que ce triomphe dépendrait
d'une alliance avec le peuple contre les classes privilégiées. Souvent,
les députés de ces deux partis votaient ensemble.
De même que les émigrés en 1792, les Feuillants invoquaient le
salut du roi, ce qui les rendait odieux au peuple. A mesure que le
courant devenait plus révolutionnaire, leurs principes constitution-
nels avaient moins de chance de succès. Les émigrés voyaient en eux,
malgré tout, une sorte de Jacobins voulant ménager les modérés; le
peuple les confondait avec les étrangers. Quoi qu'ils tentassent pour
le bien de la Cour, pour l'affermissement du trône, Louis XVI et son
entourage n'avaient aucune confiance en eux. Ils se proclamaient
sans cesse purs constitutionnels, honnêtes gens au suprême degré;
mais le peuple les accusait de trahison à son égard. Les Feuillants se
(1) Patriote français, numéro du 24 février 1792.
(2) Vcrgiiiaud, Ducos et Graugcncuve le harcelaient saus cesse, le trouvaient
tiède. Il quitta le ministère le 15 mars 1792 ; il était dépopularisé.
362 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
compromettaient de manière à être victimes des Jacobins ou des
émigrés, si les uns ou les autres, parmi ceux-ci, l'emportaient.
Rendre au roi sa puissance, telle qu'elle existait naguère, n'était
pas leur but, comme celui des royalistes et des aristocrates, mais
ils songeaient à dominer sous Louis XVI amoindri, selon les contre-
révolutionnaires, par la Constitution.
Carra les démasquait :
« Les Feuillans d'aujourd'hui ne sont que les ci-ÙG\aLni monarchieux
de Stanislas Clermont-Tonnerre; mais ce chef, le petit Gouy, les
Lameth, les Barnave et autres compères ont su grossir leur parti
d'un certain nombre de badauds de bonne foi, au moyen de la de-
vise, la Constitution^ toute la Constitution, rien que la Constitution.
Ces mots, en eux-mêmes très légaux, signifient en termes d'argot :
point d'égalité; une chambre de nobles; demi-contre révolution (1). »
En avril 1792, à propos de la fête célébrée en l'honneur des soldats
de Châteauvieux, on publia : le Coup de grâce des Feuillants, etc. (2),
et la Grande éclipse du soleil jacobiniste et de la lune feuillantine...
par la Liberté, en l'an IV de son nom, dédiée à la Terre (3).
Dans les Révolutions de Paris, ils n'étaient pas mieux traités, car
ce journal allait jusqu'à voir un dictateur en La Fayette, à préférer
un gouvernement monarchique selon la Constitution à un gouver-
nement aristocratique.
« Oui, plutôt que de voir détruire la liberté sous les couleurs de la
philosophie et du patriotisme, il faut arracher aux Feuillans leur an-
cienne devise, et l'écrire sur la poitrine des véritables patriotes : La
Constitution, toute la Constitution, rien que la Constitution. Mieux
vaut Louis XVI i^oi, que La Fayette dictateur; mieux vaut la Consti-
tution monarchique qu'un gouvernement aristocratique; mieux vaut
mourir que de faire une deuxième révolution pour la manquer en-
core, et ne la faire qu'au profit d'une misérable faction (4) ! »
Le 10 avril 1792, aux Jacobins, une lettre de Strasbourg démentit
ce que l'on avait annoncé dans un écrit, et déclara que, jusqu'à ce
(1) Annales pairioliques, du 24 mars 1792, n" 84.
(2) Bib. Nat., Lb 39/5875. — Le Coup de grâce des Feuillants, ou les soldats de
Châteauvieux traités comme ils le méritent. Dialogue dans lequel est le précis de
l'affaire de Nancy et l'ordre de la fête civique des martyrs de la liberté, avec les
strophes qui seront chantées aux différentes stations de la cérémonie. L'an IV
de la liberté, in-8', 16 p.
(3) Non signé, mais par Olympe de Gouges. (Bib. Nat., Lb 39/10533. Brochure
de 16 p. in-8v)
(4) Révolutions de Varis, 1792, du 12 au 19 mai, n» 149.
CLUB DES FEUILLANTS 363
jour, il n'y avait entre la Société des Feuillants et celle des Jacobins
qu'un projet de « réunion individuelle » et non une incorporation
entière de la Société feuillantine avec celle « des Vrais et Bons Amis
de la Constitution ».
Dans la séance du 6 mai 1792, aux Jacobins, l'abbé Danjou, accusé
par Robespierre d'avoir passé un des premiers aux Feuillants, dé-
clara : « Je ne suis pas Feuillant ; je n'ai jamais été aux Feuillants et
je n'irai jamais aux Feuillants : je serai toujours Jacobin et rien que
Jacobin. » Néanmoins, il fut censuré (1), malgré sa notoriété comme
révolutionnaire.
Les Jacobins mettaient presque sur la môme ligne les Feuillants,
les Girondins et les aristocrates.
En mai 1792, la fête décernée à Simoneau, maire d'Étampes, fut
fastueusement célébrée par les Feuillants, les Brissotins et les Giron-
dins. Le peuple ne participa point à la pompe officielle. La fête, dont
les dépenses étaient payées par une souscription individuelle et vo-
lontaire, et qu'on intitula : Fête de la Loi^ répondait à celle de la
Liberté, en l'honneur des Suisses de Châteauvieux, que le feuillant
Dupont de Nemours qualifiait de Fête des assassins.
Feuillants et Girondins s'entendirent bientôt pour faire décréter
d'accusation Marat.
On cria en mai dans les rues : « Complot infernal des Feuillants
découvert, et innocence reconnue des Jacobins (2). »
11 fut question des Feuillants dans la séance du 17 juin 1792, à
l'Assemblée législative. « Le Bureau de police de la Municipalité de
Paris adressa à l'Assemblée des déclarations de plusieurs citoyens
qui affirmaient avoir reçu des offres d'argent pour aller applaudir
dans les tribunes les membres du parti Feuillant. — Cette lettre
annonçait qu'un officier public était compromis dans ces déclara-
tions. » L'Assemblée en ordonna le renvoi au Comité de surveillance.
Les Feuillants se voyaient donc accuser non seulement de propa-
gande, mais encore d'embauchage, pour arriver à leurs fins, pour
parvenir à la conquête du pouvoir.
Le Patriote français parlait d'une réunion des Feuillants au Club
de 1789 (3), où ils avaient signé « une belle pétition, rédigée par le
célèbre M. Piira; ils y adhéraient à la lettre du département de Paris
(1) Prêtre et instituteur, Jean-Pierre-André Danjou a été membre de la Com-
nmne révolutionnaire du 10 août, commissaire du Conseil exécutif.
(2) Ed. Lockroy, Journal d'un Bourgeois pendant la Révolution, in-12, Paris, 1881,
p. 97. Lettre du 19 mai 1792.
(3) Voir plus bas, Société de 1789,
364 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
à M. Roland, et à celle de M. La Fayette à l'Assemblée natio-
nale (1). » Pitra avait été conseiller-administrateur du domaine de la
Ville, personnage important du corps municipal, mêlé à plusieurs
discussions de la Municipalité concernant des troubles, et partisan
du général La Fayette.
Enfin, \q Patriote français les gourmandait, à propos de leurs idées
sur les membres qu'ils admettaient :
« Veut-on connaître la doctrine à nud de MM. les Feuillans et la
bonne envie qu'ils ont d'accaparer aux propriétaires et bourgeois le
droit de défendre la patrie, afin d'avoir celui de l'opprimer pour leur
compte, écoutez un de leurs professeurs :
« Le citoyen hors d'état de se procurer un fusil n'est pas présumé
citoyen actif, il ne peut apporter que du trouble et de la confusion
dans les rangs (2). »
Un reproche plus grave que celui-là ne pouvait être adressé aux
Feuillants, quand la patrie allait être proclamée en danger, quand
la guerre était déclarée à l'Autriche, quand les hostilités étaient
commencées.
Et les Annales patriotiques signalaient, le 27 juin, ce fait particulier :
« Dans la séance d'aujourd'hui (26), la Société des Jacobins a rayé
de la liste de ses membres cet intrépide député de la Dordogne,,
M. Bel faux (3), qui, le matin, avoit lu à la tribune de l'Assemblée
nationale la diatribe que lui avoient composée les Feuillans sur les
Sociétés populaires. Sifflé le matin au sein du Corps législatif, exilé
le soir du sein des Amis de la Constitution, il a sans doute des droits
à être reçu dans le Club des Feuillans sans passer au scrutin (4.). »
Royalistes avant le 20 juin 1792, les Feuillants cherchèrent à tirer
parti de cette journée. Ils demandèrent à l'Assemblée législative la
dissolution du Club des Jacobins (25 juin) ; mais les députés, refusant
en majorité, passèrent à l'ordre du jour. La Fayette, lui, demandait
la fermeture de tous les clubs, et ce général, on le sait, était comme
le patron militaire des modérés, — Feuillants, membres de la Société
de 1789 et autres réunions, faisant échec aux avancés.
Le Journal de Paris et la Gazette universelle, dévoués aux Feuil-
lants et portés vers la réaction, étaient tympanisés par les Annales
(1) Le PaMoie français, 1792, 21 juin, n» 1046.
(2) Le Patriote français, 1792, 27 juiu, n» 1052.
(3) Annales patriotiques de Carra, <lu 27 juin 1792, n» 179.
(4) Delfau (Guillaume) fut plus tanl dénoncé comme suspect.
CLUB DES FEUILLANTS 365
'patriotiques, ù propos des fédérés venus à Paris pour fêter la troi-
sième fédération :
« Hier, 16 juillet, plusieurs de ces fédérés, indignés de l'audace
coupable des libellistes autrichiens, ont fait des auto-da-fé du Journal
de Paris et de VInfâme Gazette universelle qu'ils ont apperçus dans
quelques cafés. Ces braves patriotes ont un peu purgé le Palais-Royal
de la vermine aristocratique qui l'infectait depuis quelque temps. »
Elles ajoutaient :
Les sections de Paris se rassemblaient pour « solliciter de l'Assem-
blée nationale la punition exemplaire et solennelle des Feuillans qui
composent le comité central (1). » Elles craignaient certainement
l'action contre-révolutionnaire de ce club ; c'est une des raisons
qui expliquent pourquoi, le 25 juillet suivant, elles se déclarèrent en
permanence, à l'instigation de Danton qui, pour augmenter leur
force, fit voter par la section du Théâtre-Français (2) l'invitation aux
« citoyens passifs », c'est-à-dire aux non-électeurs, de s'associer à ses
délibérations. Pour échapper à l'influence que les Feuillants exer-
çaient encore sur le pouvoir exécutif, les Jacobins, par l'organe de
Robespierre, réclamèrent une Convention nationale élue parle peuple
entier, non pas seulement par les citoyens payant une certaine cote
d'impôt. Robespierre voyait dans les Français présentement exclus
des élections les vrais, les fidèles défenseurs de la Révolution.
XII
Quelques jours après, les fédérés marseillais se battaient dans les
Champs-Elysées avec une troupe de gardes nationaux royalistes.
L'insurrection du 10 août survint, en dehors des Girondins.
A l'Assemblée, le 11 août 1792, le président lut une lettre du co-
mité de la section des Tuileries, annonçant que soixante-dix soldats
suisses, recueillis dans le bâtiment des Feuillants adjoint au local de
l'Assemblée, couraient risque d'être enlevés par le peuple. Ces sol-
dats suisses avaient déposé les armes.
L'Assemblée législative décréta qu'à l'avenir et pour la prochaine
Convention, « tout citoyen âgé de 25 ans, vivant de son travail et
domicilié depuis un an, serait admis à voter dans les assemblées
(i) Annales patriotiques do Carra, du 18 juillet 1792, n° 200.
(2) Les Cordeliers, l'École de Médecine.
366 LES CLUBS GONTRE-RÉVOLUTlONNAlftES
primaires ». Elle rappela au ministère Roland, Clavière et Servan;
elle donna le portefeuille de la marine à Monge, celui des affaires
étrangères à Lebrun, celui de la justice à Danton. Elle introduisit
le vote universel à deux degrés d'élection.
Voilà ce que les Feuillants avaient amené, à rencontre de leurs
projets. Ils étaient absorbés par les Girondins et par les Jacobins.
« Les sots feuillantins , sur le moule d'enfantin, croient que le
peuple va les dévorer. Comme ils ont tous conspiré contre lui, avec
leur barbare modérantisme, et que les signataires contre Pétion sont
vus de très mauvais œil, ils ont peur(l). » Telle est la remarque d'une
contemporaine.
Le 2 septembre 1792, la section Grange-Batelière (ou Mirabeau)
arrêta qu'il fallait faire marcher avec les volontaires parisiens les
citoyens ayant assisté aux « Clubs monarchique, des Feuillants, de
la Sainte-Chapelle. » On devait les placer entre des patriotes chargés
de les surveiller (2).
C'en était fait de la « faction feuillantine. » Si on ne la persécutait
pas, on s'en méfiait complètement. La Fayette avait prolesté contre
le 10 août, avait songé à soulever, en faveur de Louis XVI, l'armée
et les départements; puis, voyant son plan découvert, il avait aban-
donné ses troupes et s'était dirigé incognito vers la Hollande.
Le 21 septembre 1792, les Jacobins décidèrent que le titre de
Société des Amis de la Constitution serait changé en celui de Société
des Jacobins, Arnis de l'égalité et de la liberté. En effet, depuis ce jour,
le journal du Club porta cette inscription.
Lorsque la Convention proclama la République, toute idée de
royauté constitutionnelle devint une attaque contre la souveraineté
du peuple, et les Feuillants, qui s'en tenaient encore à la Constitu-
tion de 1791, n'en furent pas moins exposés, quoiqu'ils fussent des
individualités effacées pour la plupart, à de graves suspicions. Les
républicains virent en eux des conspirateurs, capables d'étouffer
leurs anciens sentiments libéraux, s'il en était besoin, pour profiter
des crises politiques afin de revenir aux prétentions de la bourgeoisie
dirigeante. Beaucoup payèrent de leur tète leur influence passée ;
beaucoup aussi tergiversèrent pendant nombre d'années, et, finale-
ment, apostasièrent.
Après la journée du 10 août 1793, et la conduite de La Fayette
(1) Ed. Lockroy, Journal d'un Bourgeois pendant la Révolution, p. 300. Lettre
du 6 septembre 1792.
(2) Registres des sections parisiennes pendant les premières Journées de sep-
tembre 1793. Cité par Mortimer Tcrnaux, Histoire de la Terreur, t. III, p. 476.
CLUB DBS FEUILLANTS 367
cherchant un asile à l'étranger, le royalisme des Feuillants ne fit plus
de doute pour personne. Il éclata lorsqu'il fut question de juger
Louis XVI. Le général de Wimpfen se défendit, en novembre, d'être
allé aux Feuillants, où beaucoup de ses amis se trouvaient.
« Mais la horde des aristocrates, des Feuillans, des modérés, lit-
on dans les /{évolutions de Paris, tous ces cœurs féroces qui n'ont
pas donné une larme aux victimes infortunées des fureurs de Louis-
Néron, s'apitoient aujourd'hui sur son sort... (1). »
Lorsque le médecin Chambon de Montaux fut candidat pour rem-
placer Pélion comme maire de Paris, un citoyen de la section de la
Halle au Blé écrivit aux Jacobins pour le dénoncer, l'accuser d'être
« un Feuillant, un modéré, un fayettiste. »
En décembre de la même année, une lettre des commissaires pour
l'organisation du Mont-Blanc fut adressée à la Convention. Elle con-
tenait cette phrase :
« On prétend cependant que, dans la multitude des patriotes révo-
lutionnaires, il s'est glissé une certaine quantité de Feuillants^ de ces
esprits infirmes ou pervers qui voudroient corrompre la masse, mais
ils n'y parviendront pas plus qu'ailleurs...
« Signé : Grégoire, Hérault, Jagot, Simon (2). »
Le 1" janvier 1793, le citoyen Le Gros remarqua, aux Jacobins :
« Un Jacobin doit peser plus que dix mille Feuillants! » Était-ce une
plaisanterie, une exagération?
Robespierre aine dit, aux Jacobins, à propos de l'appel au peuple
en faveur de Louis XVI :
« Je dis que les Vergniaud, que les Brissot, que les Gensonné, que
les Guadet et tous les coquins de cette espèce, n'appellent point au
peuple, mais à tous les aristocrates, à tous les Feuillants, qu'ils ral-
lient sous leurs bannières (3). »
Le 13 janvier 1793, Monestier, aux Jacobins, aurait dit, selon le
Patriote français : « Je déclare, pour mon compte, que je suis en
insurrection et que, si j'aperçois un aristocrate, un Feuillant, un
Rolandiste, ou un autre gredin de ce genre, je l'assassine à l'instant. »
L'exécution de Louis XVI, l'établissement du tribunal révolution-
(1) Révolutions de Paris, a- 171, du 13 au 20 octobre 1792.
(2) Lettre datée de Chambéry, 18 décembre 1792, citée daus le Recueil des actes
du Comité de Salut public, etc., publié par M. F. A. Aulard, t. I.
(3) Séance du 1er janvier 1793.
368 . LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
naire, la journée du 31 mai 1793, la loi des suspects, le régime de la
Terreur, enfin , dispersèrent ces modérés qui n'avaient pas voulu
accepter les conséquences de la Révolution commencée en 1789,
qui avaient été supplantés tour à tour par les Girondins et les Mon-
tagnards.
Le 2 juin 1793, le conseil général de la Commune de Paris invita
les sections à expulser de leurs comités révolutionnaires et civils,
ainsi que des tribunaux de paix, tous les signataires des pétitions de
huit mille et de vingt mille, plus les clubistes de la Sainte-Chapelle et-
des Feuillants (1). C'était agir contre les anciens défenseurs de la
Constitution de 1791, autant que contre les royalistes.
Le 14 octobre 1793, les députés de la Société populaire de Mont-
médy, joints à ceux de Sedan, de Givet et de Philippeville, furent
admis à la barre de la Convention et réclamèrent que tous les Feuil-
lants fussent déclarés suspects, et que l'on mit en état d'arrestation
tout homme cherchant à avilir, par un système combiné de diffama-
tion, le Comité de salut public.
De même pour les électeurs signataires des pétitions monar-
chiques.
(1) Moniteur universel, n" 1S6, juin Ïl'è^. — Almanach historique de la Révolution
française.
SALON FRANÇAIS
Fondé en Avril 1790.
I
Ce club s'ouvrit en avril 1790, rue Royale, butte Saint-Rocb, n" 29,
dans une maison appartenant à M. Vandenyver (1), banquier, qui
avait loué pour neuf années cette maison à un sieur Lewal, le 26 mai
1786. Lewal sous-loiia le premier étage et le second aux noirs, ou
députés de la droite.
Le club était nettement aristocratique, contre-révolutionnaire. Il
donna lieu, dès ses premières réunions, à des attroupements popu-
laires et à des troubles assez sérieux. La Municipalité de Paris dut
intervenir; elle déclara que les assemblées du Salon français n'étaient
point contraires aux lois, et elle prit le club sous sa protection. Les
réunions continuèrent, non sans violences de la part de quelques
membres. Alors le Tribunal de police fut saisi de l'affaire et fit dé-
fense au club de s'assembler, à l'avenir, dans la maison de la rue
Royale. Il ne pouvait, disait-il, « être protégé que par des moyens
violents. »
Le lendemain du jour où cette sentence fut notifiée, les attroupe-
ments cessèrent, le 15 mai 1790; malgré la dissolution officielle du
Salon français, ses membres ne renoncèrent pas, eux, à se réunir. Il
se transporta au Palais-Royal, puis aux Capucins, s'il faut en croire
Montlosier.
Ce club eut des attaches avec le comte de Vaudreuil, qui avait
émigré avec le comte d'Artois; il envoya même une lettre au frère de
Louis XVI, annonçant le prochain départ du roi. Louis XVI" comptait
(1) Vandenyver était trésorier de la Société de 1789. (Voir plus bas, p. 391
et suiv.)
24
370 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
beaucoup sur les agissements du Salon français, dont le comte de
Vaudreuil se défiait, à cause du manque de direction et de chefs qu'il
constatait, et de l'inexpérience d'une foule de jeunes gens qui s'y
trouvaient.
Quoi qu'il en soit, cette réunion n'eut pas une grande influence sur
les événements de 1790. Ses membres ne tardèrent pas à se dis-
perser, après la fuite de Louis XVI et aux jours de l'émigration.
Voyons, maintenant, ce que fut l'existence du Salon fronçais, où la
noblesse de la cour et de la ville se porta en foule.
L'avocat Lavaux, auteur d'une brochure intitulée : « Les Campa-
gnes d'un avocat, ou Anecdotes 'pour servir à V Histoire de la Révolu-
tion (1) », s'attribue la fondation du Salon français. Selon lui, les
rassemblements spontanés de royalistes qui se formaient chez le
libraire Gathey (2) lui en fournirent le fonds. Il ajoute que le Salon
français s'établit d'abord dans un vaste appartement de la rue Royale,
butte Saint-Roch, se transporta ensuite au Palais-Royal, dans un
appartement situé au second étage, et qu'il ne s'est dissous que par
l'émigration d'environ 600 sociétaires qui le composaient.
Christophe Lavaux offrit, en 1792, de partager avec Malesherbes
les fonctions de conseil de Louis XVI devant la Convention.
D'après Montlosier, le Salon français dut son origine aux dîners
qui avaient lieu au Palais-Royal, chez le restaurateur Masse, et aux-
quels assistaient assiduement le vicomte de Mirabeau et plusieurs
membres du côté droit de l'Assemblée nationale. Le nombre des con-
vives permanents ayant augmenté, on chercha à donner à ces réu-
nions une consistance plus régulière, et on loua, chez ce même
Masse, au Palais-Royal, une partie de son appartement. Le Salon
français se transporta ensuite aux Capucins (3).
Peut-être Montlosier ne parle-t-il que du club transporté de la rue
Royale au Palais-Royal, après la sentence rendue par le Tribunal de
police.
. A peine ouvert, le Salon français éprouva des tribulations, à peu
près comme le Club monarchique à son début. Le peuple de Paris,
principalement le peuple habitant le quartier de la butte Saint-Roch,
s'éleva contre les gens qui fréquentaient le local loué par la dame
Level ou Lewal. Il s'attroupa, il les hua, il les menaça chaque jour.
Assurément, il s'agissait de menées monarchiques.
(1) Paris, Panckoucke, 1815, in-8o, p. 7, 10 et 50.
(2). Voir plus bas, JÀbraires.
(3) Montlosier, Mémoires, t. II, p. 309.
SALON FRANÇAIS 371
Au commencement de 1790, aussitôt après la formation de la So-
ciété, le duc de Villequier vint avertir les membres du Salon français
que Santerre, à la tête des patriotes du faubourg Saint-Antoine, vou-
lait attaquer la famille royale. Beaucoup se rendirent au château des
Tuileries, avec des poignards et des pistolets sous leurs vêtements.
11 n'en résulta rien de grave, mais le public eut connaissance de
l'équipée, ce qui contribua à rendre le club antipathique aux masses.
Quand rémotion populaire et les façons des membres du club
firent dégénérer les agitations en troubles, l'autorité municipale
pensa qu'il fallait s'enquérir des faits, ainsi qu'on le voit par des
procès-verbaux des commissaires de police, intitulés :
« Procès-verbaux relatifs aux troubles survenus dans la rue Royale,
à propos de la réunion contre-révolutionnaire du Salon français,
avec un précis des faits, lettres de M, Bailly, lettres et ordonnances
du Département de police, arrêté du district de Saint-Roch et statuts
imprimés de la Société du Salon français (14 mai 1790) (1). »
Certainement, l'ordre était troublé, et l'on pouvait craindre que
des menaces il serait bientôt passé aux coups, si l'on en juge par la
pièce suivante :
« Procès-verbal d'arrestation, dans l'attroupement de la rue Royale,
d'un jeune garçon qui invectivait la Garde nationale et avait dit
« qu'il jouerait à pair ou non la vie du vicomte de Mirabeau », lequel,
relâché après vingt-quatre heures passées au violon, tint de nouveau
les mêmes propos (14 mai 1790) (2). »
Le peuple ne cessa de poursuivre l'assemblée de la rue Royale
plusieurs jours durant. Il organisait de véritables charivaris, afin de
l'obliger à déguerpir. Les membres du Salon français s'obstinèrent.
Il fallut que l'autorité redoublât d'efforts, que la presse dévouée à la
Révolution, même la presse la moins avancée, s'attaquât au Club
aristocratique.
L'Observateur français imprima aussitôt : « Le peuple, au mois de
mai 1790, a déniché un club d'aristocrates qui se tenait rue Royale,
butte Saint-Roch... C'est un rendez-vous de financiers, de robins et
de prêtres qu'assemble l'espoir d'une contre-révolution. Une dame
de Level leur loue le premier et le second étages de sa maison, à
raison de mille écus par mois... Pendant toute cette semaine, il a tenu
(1) Minutes (1 doss.). Archives de la Police, sections de Paris, procès-verbaux
dos commissaires de police (Butte des Moulins).
(2) Minutes (2 p.). Archives de la. Poi-icb;, sections de Paris, procès-vorbaux
des commissaires do police (Butte des Moulinsj.
372 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
ses conciliabules au milieu des sifflets et des huées, et ayant toujours
une garde nombreuse à Tentour de la maison. « Voilà des aristocrates
qui en gardent d'autres », disait la foule... Bailly se rendit là jeudi,
et assura au peuple, ce qui ne le contenta point, que cette assemblée
n'avait aucun mauvais dessein. Le lendemain, une ordonnance qui
l'autorisait fut affichée... Mais, dans la soirée même, on y courut...
Le traiteur qui apportait à manger fut repoussé et forcé de retourner
sur ses pas. L'abbé Maury, la veille, avait craché sur le peuple, du
haut d'une croisée : il fut conspué à son tour. Le gros Mirabeau tira
ses pistolets (1). »
Les choses eussent pu devenir très sérieuses. Une interdiction for-
melle de la police survint, qui empêcha le Club français de continuer
ses séances.
Quoique simple journal des spectacles et des frontières, la Chro-
nique de Paris imprima ces phrases :
« L'Assemblée de la rue Royale, dite Club français, est toujours
troublée par le peuple qui ne cesse défaire charivari, malgré une pro-
clamation de la police. Il a embrené le marteau de la porte, il jette
des ordures dans les croisées; enfin, malgré tout ce qu'on peut dire
de cesabat {sic) aristocratique, il ne veut pas croire qu'il n'a pas le
droit de troubler des hommes assemblés pour lui donner une jolie
petite guerre de religion. Avec ses accompagnemens, le propriétaire
ne veut plus leur louer; la milice nationale s'ennuie du service jour-
nalier qu'il faut faire à leur porte. Il paroît qu'ils seront forcés de
déguerpir, et de s'assembler rue de Seine, dans la cave. Le peuple
qui les hue, proteste toujours que son intention n'est pas de leur
faire aucun mal, mais qu'il ne veut pas les laisser jouer de leur aris-
tocraeerie (2). »
Cette attaque était rude, car elle accusait le club en question d'avoir
une attitude à la fois politique et religieuse, alors que l'Assemblée
constituante rendait ses décrets abolissant les vœux monastiques,
supprimant les droits féodaux; alors que le Club des Impartiaux^ lé
Club monarchique, le Club des Feuillants, et la presse royaliste bat-
taient en brèche les hommes avancés dont le but était de rompre
entièrement avec l'ancien régime.
La Chronique de Paris commenta la sentence de police :
« Le Tribunal de police vient de rendre une ordonnance (3) pour
(l) V Observateur français, u" 222.
{^) Chronique de Paris, numéro du 16 mai 1790, p. 542.
(3) Arch. Nat., Répertoire général de M. A. Tuetey, 2= vol., n° 1127.
SALON FRANÇAIS 373
défendre à l'assemblée connue sous le nom de Sallon [sic) français^
de se tenir désormais rue Royale. Entre autres motifs sages qui ont
décidé cette ordonnance, on remarque que les membres de cette
assemblée ont menacé plusieurs fois la Garde nationale, placée là
pour la défendre : on cite cette belle réponse d'un citoyen-soldat,
qui, voyant un de ces furieux diriger son pistolet contre lui, lui a
répondu : Frappe^ malheureux ^ mes concitoyens me vengeront. Nous
savons de plus que Mirabeau-Tonneau a craché par une fenêtre sur
la Garde nationale, et n'a répondu que par des injures grossières,
qu'il faut sans doute rejetter sur son ivresse habituelle, à l'aide-de-
camp qui lui représentoit, d'une manière honnête et modérée, le
danger auquel il s'exposoit. Sans doute, il doit être libre à tout
citoyen de s'assembler; mais quand la liberté de quelques individus
est opposée à la liberté de tous, quand ils ne s'assemblent que pour
tramer des complots contre elle, nous croyons que c'est un devoir
sacré pour le ministère public de prendre des mesures pareilles à
celles que la prudence et le patriotisme viennent d'inspirer au tri-
bunal de police (1). »
Gorsas mêla la note comique aux observations toutes politiques
d'autres feuilles :
« Plusieurs quartiers de Paris recèlent des maisons de conjurés aux-
quelles on ne daigne pas faire attention ; on se contente de les connoître
et de se tenir sur ses gardes. Il n'en apas été de même avant-hier rue
Royale, butte Saint-Roch. Un engorgement de voitures a forcé le
peuple à se ramasser en quelque sorte malgré lui. Les personnages
qui arrivoient successivement, ceux qui étoient déjà rassemblés, et
qu'on avoit vu entrer, étoient trop connus pour ne pas éveiller les
soupçons : alors la foule s'est augmentée et paroissoit très décidée à
rompre le conciliabule. L'effroi a gagné MM. les proiestans., et on les
vit successivement défiler; les uns en affectant une morgue insolente,
les autres avec tous les symptômes de la peur. Le peuple, dont les
intentions étoient très pacifiques, s'est borné à les poursuivre par des
huées. Ce qui a rendu cette scène infiniment comique, c'est que
plusieurs personnes, du voisinage sans doute, sont allé chercher des
chaudrons, des poêles et autres instrumens, avec lesquels ils faisoient
un charivari infernal. Ce tapage, qui amusoit ceux qui en connois-
soient la source, jetta une telle épouvante dans l'intérieur de l'hôtel,
que plusieurs membres en sortirent égarés, et ne sachant qu'elle [sic)
(1) Chronique de Paris, numéro du 17 mai 1790, p. 546.
374 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
contenance tenir, ni où se réfugier; d'autres, assure-t-on, se sont
tapis comme ils ont pu, jusqu'à la fin de la pièce, dont la Garde
nationale a amené le dénouement avec une prudence et une célérité
qui mérite les plus grands éloges.
« Cet événement a eu lieu mardi au soir, à peu près sur les sept
heures et demie (1). »
La Chronique de Pjaris rappela que des relations avaient existé
entre le sieur Lew^al et le marquis de Favras, récemment pendu pour
trahison :
« La maison où s'assembloient les noirs^ rue Royale, butte Saint-
Roch, est occupée par ce sieur Lewal {sic), où le sieur de Favras avoit
donné rendez-vous, au mois de juillet dernier, au sieur Turcati, offi-
cier d'infanterie, et où il lui avoit parlé pour la première fois de son
projet de contre-révolution; ils y déjeunèrent ensemble...
« 11 est bon d'observer que le sieur Lewal est un des contrôleurs-
généraux de la Chambre aux deniers du comte d'Artois (2). »
Le Moniteur universel publia un long article sur ce qui s'était passé
rue Royale, sur la conduite de la Municipalité et sur la sentence du
Tribunal dé police (3) :
« Nous avons déjà parlé de l'attroupement qu'occasionnait, dans la
rue Royale, butte Saint-Roch, une association connue sous le nom de
Salon français. Le peuple avait cru distinguer dans le nombre de
ceux qui s'y rendaient, .quelques-unes des personnes publiquement
connues par leur opposition aux décrets de l'Assemblée nationale.
Son inquiétude augmenta; et l'exactitude des membres aux heures
de l'assemblée, malgré les huées et les murmures de la multitude,
semblait le convaincre que des intérêts de parti en étaient l'objet, et
que, encore une fois, on conspirait contre sa liberté.
« Le district de Saint-Roch, dans l'arrondissement duquel se trouve
la rue Royale, persuadé que tous les individus d'un empire ont le
droit de se réunir paisiblement, sentit qu'il était de son devoir de
contenir la multitude assemblée ; il prêta le secours de la force aux
membres du Club, et fît garder la porte par un détachement de son
bataillon. Il crut aussi que cette marque de confiance dans les inten-
tions de cette assemblée suffirait pour les engager à sacrifier à la
(1) Courrier de Gorsas, t. XII, p. l.'JO et 131.
(2) Chronique de Paris, numéro du 20 mai 1790, p. 559.— Vuir plus haut, p. 369.
(3) Moniteur universel, du 23 mai 1790 : Municipalité de Paris et Tuiuunal ue
POLICE.
SALON FRANÇAIS 375
tranquillité du quartier, troublé depuis plusieurs jours, quelques
moments de plaisir, et à suspendre leur Société pour quelque tems.
« Mais l'assemblée persista : le district n'en continua pas moins
sa protection, et la Garde nationale, ferme dans ses devoirs, s'inter-
posa toujours entre le peuple et les membres du Club, pour conserver
à ceux-ci la liberté d'entrer et de sortir à volonté,
« Si la puissance publique doit protection aux individus, elle doit
aussi tranquillité, sûreté, repos à la ville. Le district prit un arrêté
pour témoigner à ces messieurs son intention, comme corps de po-
lice, de les voir dissoudre, ou du moins suspendre leur rendez-vous.
« Députation de ceux-ci à M. le maire et à l'administration. Ils se
plaignent que la liberté n'est point respectée, invoquent le décret de
l'Assemblée nationale, et continuent de s'assembler. On leur continue
secours et protection.
« Cependant, l'administration de la police, pressée entre le respect
illimité de la loi et la volonté bruyante d'une partie du peuple, ne
balance point à consacrer les principes, et fait afficher, le vendredi
soir, une proclamation où elle dit formellement « que la violation de
la liberté naturelle des citoyens est un attentat qu'aucune circons-
tance ne peut commander, qu'une opinion défavorable, ou fausse ou
fondée, ne peut donner lieu de déroger aux principes sur lesquels
reposent les droits de la Société entière et des individus ; que priver
sans autre motif qu'un préjugé, un homme ou une société d'hommes,
d'une faculté que la loi accorde à tous, serait un acte de tyrannie;
que la puissance publique ne pourrait se le permettre sans crime;
qu'elle ne doit pas davantage souffrir que ce despotisme soit exercé
par les citoyens dont les inquiétudes ne peuvent motiver une prohi-
bition.
« En conséquence, déclare que la Société, existant depuis plusieurs
mois sous le nom de Salon français^ et qui tient ses assemblées dans
la rue Royale, butte de Saint-Roch, n" 29, n'est point contraire aux
lois, et qu'ainsi elle est sous leur protection.
« Que tous ceux qui se rassembleront pour troubler, insulter, ou
maltraiter quelques-uns de ses membres, ou violer la maison qu'elle
occupe, feraient un acte criminel et punissable comme tel.
« Néanmoins, l'attroupement augmente. Le peuple se plaint des
menaces qu'on lui fait; on saisit des armes entre les mains des mem-
bres qui allaient à l'assemblée; M. l'aide-major-général porte à l'hôtel
de la mairie les pistolets dont il s'est emparé, et un soldat de la Garde
nationale est menacé, un pistolet sur la poitrine, d'être assassiné par
un membre qu'il sauvait dans ses bras des insultes du peuple.
376 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« Alors les bourgeois, les citoyens du quartier, des banquiers, des
hommes publics, des marchands, se plaignent du trouble de cette
Société, des dangers auxquels eux, leurs domestiques et leurs pro-
priétés sont exposés ; ils invoquent à leur tour la protection de la
cité dont ils font partie. Les plaintes, les réclamations sont commu-
niquées au procureur-syndic de la commune, et comme chargé des
intérêts de la Ville, on exige des devoirs de son ministère qu'il re-
quiert (sic) de la puissance publique la clôture d'une maison où, sans
rechercher ce qui s'y passe, se tient une Société qui compromet la
sûreté, la vie des habitants du quartier et de toute la ville.
« Ils représentent que l'intérêt de trente mille individus paisibles
et citoyens de la capitale, ne doit point être sacrifié aux amusemens
de société de quelques individus ; que la troupe effraie et bouche les
avenues des rues, et qu'il est contre le vœu de la loi que l'oppression
et la gêne du grand nombre soient commandées pour favoriser les
droits de quelques personnes.
« Il fallait céder à cette justice, et M. Mitouflet de Beauvais, dans
son réquisitoire, en fait sentir toute l'évidence par ces paroles que
nous devons conserver :
« Nous l'avouerons avec douleur, la persévérance de cette assem-
blée au milieu des troubles qu'elle produit, quelle que soit l'opinion
des membres qui la composent, nous paraît au moins fort indis-
crette {sic). Il nous semble que le patriotisme leur commandait le
sacrifice de leurs jouissances, dès que leur réunion inspirait des
:< craintes; mais loin de là, les procès-verbaux contiennent des
preuves de violences coupables, des menaces criminelles de la
part de quelques-uns des membres de cette association. La loi cesse
dès lors de lui devoir sa protection, et la plus sainte, la plus sacrée
des lois, le salut et la tranquillité publique compromis^ réclament
contre cette assemblée. Si le premier devoir de la police est de pro-
téger la hberté individuelle, c'en est un non moins impérieux pour
elle de veiller à ce que l'exercice de cette faculté n'entraîne ni trou-
bles, ni désordres publics.
<( Sur quoi le Tribunal faisant droit, attendu qu'il est prouvé, tant
par le mémoire présenté au district de Saint-Roch, au nom d'un
grand nombre d'habitants de la rue Royale et autres, que par les
procès-verbaux rédigés au comité du district, et Vairêté dudit co-
mité, que l'assemblée qui se tient dans la rue Royale est une occa-
sion de trouble et de désordre, donne lieu à des attroupemens que
la puissance publique ne pourrait faire cesser que par des moyens
violens, dont la protection d'une association de plaisirs ne peut
SALON FRANÇAIS 377
« motiver l'emploi; que plusieurs de ses membres ont été saisis por-
« leurs d'armes à feu, et ont menacé d'en faire usage, même contre la
« Garde nationale placée pour leur sûreté ; que par cette conduite ils
« cessent d'être dans le cas de réclamer l'application des termes de
« la déclaration des droits; que la voie publique est obstruée, les mai-
ce sons inquiétées, le repos troublé par la troupe même qu'il faut em-
« ployer, etc. ; fait défense à ladite Société, connue sous le nom de
« Salon français, de s'assembler, à l'avenir, dans la maison de la rue
« Royale, butte Saint-Roch, n" 29. »
« Cette sentence a été signifiée au principal locataire, portier,
membres de la Société qui auraient pu s'y trouver; et le lendemain,
samedi 15 au soir, il n'y avait plus d'attroupement.
« Je finirai en répétant que la Garde nationale s'est conduite, dans
toute cette affaire, avec une raison, un courage, une patience, une
sagesse qui ajoutent encore à tous les droits qu'elle a déjà si bien
acquis, au respect, à la confiance, à l'estime, à l'amour public. » (Cet
article est de M. Peuchet) (1).
En même temps, le Moniteur du 17 mai 1790 faisait des observa-
tions qui semblaient atténuer l'attitude du club incriminé par le Tri-
bunal de police :
« Les attroupemens qui ont eu lieu pendant plusieurs jours dans
la rue Royale, butte Saint-Roch, sont entièrement dissipés ; les
citoyens voisins de la Société qui s'y était établie sous le nom de
Salon français^ et qu'elle tenait dans de continuelles inquiétudes, ont
obtenu du département de police qu'elle fût supprimée. Nous donne-
rons demain les détails circonstanciés des motifs qui ont déterminé
ce tribunal à un procédé qu'il a jugé lui-même porter atteinte à la
liberté publique. «
Mais si, le 15, il n'y avait plus d'attroupements populaires dans la
rue Royale, les monarchistes protestaient. De là, une « Lettre de
M. de Gouvion (2), major-général de la Garde nationale, à M. Railly,
le prévenant de la réunion illégale que se proposent de tenir, dans
leur ancien local de la rue Royale, les membres du Salon français
(16 mai 1790) (3). »
(1) Jacques Peuchet, administrateur de la Commune de Paris, se rapprocha
des monarchistes après les journées des 5 et 6 octobre 1789. Il fut proscrit pour
ses opinions royalistes après le 18 fructidor an V. Il a contribué puissamment
à la création du Moniteur, où il travailla toute^ sa vie.
(2) Jean-Baptiste Gouvion, colonel au moment de la Révolution, fut député de
Paris à la Législative. Ami de La Fayette.
(3) Copie, Bib. Nat., Mss., fonds français, n» 11697.
378 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
En efFet, le club n'abandonnait pas la partie. Loin de là, en cessant
d'alarmer le major-général de la Garde nationale parce qu'il changea
de local, il travailla plus que jamais contre la Révolution.
II
Il eut, d'ailleurs, un but déterminé: il trempa dans les intrigues
organisées pour favoriser l'évasion de Louis XVI.
En i 790 , le Salon français , régulièrement constitué selon les
formes du temps, avait pour principale préoccupation de sauver la
famille royale. « Une société de zélés royalistes du haut rang, dit
l'abbé Guillon, formée à Paris sous le titre de Salon français, possé-
dait trois hommes capables de concevoir un bon projet pour remplir
les intentions du Roi. Ces hommes étaient : M. le chevalier des Pom-
melles, M. de Jarjayes et M. le marquis de Chaponay, d'une des plus
anciennes et des plus respectables familles du Lyonnais. Le premier
d'entre eux rédigea le plan, après l'avoir concerté avec les deux
autres, et ce plan fut porté, vers la fin de juillet 1790, par M. le mar-
quis de Laqueille et M. de Sabran, évêque de Laon, à Madame Elisa-
beth, qui le goûta fort et le remit au Roi (1). »
Le témoignage de l'abbé Guillon a d'autaut plus de valeur que ce
prêtre était aumônier, lecteur et bibliothécaire de la princesse de
Lamballe.
Dans le plan d'évasion du roi, conçu en 1790 par la Société du
Salon français, une partie de chasse devait être organisée à Fontai-
nebleau. Louis XVI, sous ce prétexte, courait à Avallon, où l'atten-
daient des Pommelles, de Jarjaye et de Chapponay, qui devaient
l'escorter jusqu'à Lyon.
Les membres du club correspondaient avec l'émigration, principa-
lement avec le comte d'Artois.
« Sous l'influence des émigrés qui lui arrivaient en foule (à Turin),
le comte d'Artois prenait son point d'appui, non aux Tuileries, mais
dans un club contre-révolutionnaire de Paris, le Salon français (2). »
(1) Mémoires de Vabbé Guillon, édition de 1824, p. 67. — On sait que Tabbo
Guillon (Marie-Nicolas-Sylvestre), né à Paris en 1760, mort en 1847, fut en vain
promu, par Louis-Philippe I", aux évêchés de Cambrai et de Beauvais; il avait
encouru la censure de l'archevêque de Paris, pour avoir, malgré les règles cano-
niques, administré l'abbé Grégoire mourant.
(2) Correspojidance intime du comte de Vaudreuil et du comte d'Artois, t. 1,
Introduction, p. 36. (In-S", Paris, 1889.)
SALON FRANÇAIS 379
Voilà ce qui établissait l'importance d'une Société qui ne fut qu'un
essai de club, mais qui agit beaucoup pour Louis XVI.
Vaudreuil écrivait, en juillet 1790, au comte d'Artois :
« Je ne peux me refuser à penser que le Salon Français médite
quelque chose en faveur de la liberté du Roi, d'où s'ensuivrait le ré-
tablissement de la monarchie. Ils sont assez nombreux, assez puis-
sants et assez fournis d'argent pour pouvoir opérer utilement, s'ils
ont une bonne direction et de l'ensemble (1). »
Cette manière de voir, ce vœu de Vaudreuil devaient être partagés
par le Comité autrichien. Marie-Antoinette voulait tout diriger,
d'après ses conseillers favoris (2).
11 y eut, en 1790, un envoyé du Salon français au comte d'Artois.
Une lettre de ce club annonçait le prochain départ du Roi, et indi-
quait que le roi et la reine voulaient faire jouer au comte un rôle
secondaire.
Ce que le comte de Vaudreuil espérait, n'arriva pas. Il cessa
bientôt d'avoir confiance dans le club.
« Au fait, écrit Vaudreuil le 7 août 1790, le Salon français est com-
posé d'une grande quantité de jeunes gens, pleins de zèle et d'hon-
neur, mais ardents, mais sans chefs, sans direction (3). »
Vaudreuil écrivait encore au comte d'Artois qu'il fallait se défier
des informations que ce club transmettait sur la Reine, « que le club
était composé de beaucoup de jeunes gens sans expérience, sans pru-
dence, et que dans le nombre il devait y avoir nécessairement plus
d'un faux frère ; que ce n'est pas à lui qu'il appartient de vous
diriger, mais que c'est à vous à le conduire, à le contenir (4). » « Le
Salon français prend trop vivement à l'espoir ou au décourage-
ment. »
Louis XVI, assurait-on, fit dire au Salon français « qu'il se livrait
à lui et comptait sur lui. » Ce qui montre, une fois de plus, l'indéci-
sion qui paralysait les agissements de la Cour : à tout instant, les
gens les plus dévoués au roi se divisaient. Aucune des tentatives
taites pour l'évasion de Louis XVI ne réussit, sans que l'ardeur des
membres du Salon français se démentit, où qu'il tint ses réunions.
Toutefois, après la fuite de Varennes, et quand la suspension du
(1) Correspondance intime du cotnte de Vaudreuil et du comte d'Artois, t. I,
p. 229.
(2) Voir plus bas, Comité autrichien.
(.'<) Vaudreuil, Correspondance, etc., t. 1, p. 261.
(4) Vauilrouil, Correspondance, etc., t. I, p. 263,
380 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
roi fut prononcée, la Société végéta, incessamment suspecte aux pa-
triotes. L'exécution de Louis XVI ajouta à la dispersion de ses mem-
bres, ayant perdu leur but principal. Du 21 janvier 1793 au
27 juillet 1794, pendant les grandes luttes de la Convention, on ne
parla plus d'eux.
Après la Terreur, les membres du Salon français présents à Paris
étaient réduits à six, ou plutôt ils durent se résigner à disparaître
comme club, ainsi que les autres Sociétés royalistes ou constitution-
nelles.
L'infime reste de la réunion se réfugia dans les cercles ou les cafés
qui existaient encore au Palais-Égalité, dans des lieux de rendez-vous
qui passaient pour lieux d'amusements, mais où se réfugiaient des
ennemis de la Convention, des Thermidoriens, comme des derniers
Montagnards, en attendant une restauration monarchique.
Le Salon politique et le Club des Échecs, au Palais-Égalité, reçurent
pour affiliés des membres du Salon français, notamment l'avocat
Lavaux, qui y passait ses soirées.
La Convention fit fermer le Salon politique et le Club des Echecs.
Comme Lavaux se présentait à la première de ces réunions, un fac-
tionnaire lui demanda où il allait : « C'est là que je veux entrer, ré-
pondit l'avocat. — Tu le peux, citoyen, répondit le soldat ; mais tu en
sortiras comme tu pourras; ceux qui s'y trouvaient sont en arresta-
tion, et on ramasse leurs papiers. »
De même au Club des Echecs (1).
(1) Voir plus bas, Salon des Échecs.
CLUBS DES FÉDÉRÉS
Plusieurs clubs de fédérés étaient démocratiques. Ils n'entrent pas
dans le cadre que nous avons adopté.
De même, nous n'avons pas à nous occuper de l'assemblée géné-
rale des Vainqueurs de la Bastille, tenue dans l'église des Quinze-
Vingts, le 25 juin 1790, et présidée par le maire de Paris; de la grande
Confédération entre les Bretons et les Vainqueurs de la Bastille, ni
des débats qui existèrent entre ceux-ci et les ci-devant gardes-fran-
çaises, ni enfin des mauvais procédés que les Vainqueurs de la Bas-
tille éprouvèrent de la part des autres citoyens. Leurs assemblées
paraissaient illicites.
Le Club des Fédérés^ dont il est question ici, n'inspirait aucune
confiance aux amis de la Révolution. Les journaux et les brochures
du temps n'en ont presque pas parlé.
Néanmoins, un journal très répandu remarqua, dès le mois d'oc-
tobre 1790 :
« Fédérés des départemens assemblés aux Petits-Pères.
« Il ne suffisoit pas d'avoir accaparé les Fédérés le 14 juillet, d'avoir
employé tout le temps de leur séjour à Paris à des évolutions, à des
revues aussi inutiles que mal combinées, aussi favorables au projet
de diriger leur sentiment que contraires à l'intérêt de la Révolution;
c'étoit peu de les avoir rassemblés dans des lieux clos pour les amu-
ser et les séduire par des délibérations, il falloit encore que les enne-
mis du bien public, après avoir inventé des moyens de fourvoyer les
citoyens, trouvassent ceux de perpétuer l'erreur et d'en propager
l'influence. C'est pour cela qu'on a retenu à Paris un certain nombre
de ces députés de la fédération^ à qui l'on a inspiré de se réunir en
assemblée délibérante.
« Bientôt, on les a fait présider par de francs aristocrates, et les
pires de tous, c'est-à-dire par ceux qui, n'ayant rien à perdre et
382 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
voulant faire ressource, se vendent à ceux qui achètent les cons-
ciences et les bouches perverses. Or, le peuple n'achète rien de tout
cela. Ceux qui servent sa cause la servent pour rien.
<( Que font ici ces Fédérés? Ont-ils une mission de leurs départe-
mens? Ce ne peut être qu'après l'avoir sollicitée, et les départemens
n'ont su ce qu'ils faisoient quand ils ont donné des pouvoirs à cet
effet, en supposant toutefois qu'ils en aient donné. A la charge de
qui sont-ils ici? On ne vit pas à Paris gratuitement quand on a ses
foyers dans les départemens du royaume.
« Disons vrai : il importe aux mal intentionnés, aux royalistes
esclaves, aux dictateurs, à l'état-major parisien, à tous ceux enfin qui
ne cherchent qu'à égarer l'opinion, qu'à énerver le civisme; il im-
porte, dis-je, à tous ces gens-là d'avoir à Paris une association de
citoyens armés pris dans tous les coins du royaume, qui, ayant mé-
rité peut-être dans un temps la confiance de leurs concitoyens, puis-
sent séduire et abuser leurs patries respectives et leurs pays, en y
faisant passer, par leurs avis, leurs nouvelles et leur correspondance,
l'esprit qu'on leur souffle dans la capitale. Il falloit avoir encore un
centre où les mal intentionnés pussent trouver des renseignemens
sur le fort et le foible, et sur les variations de telle et telle partie du
royaume, afin d'agir en conséquence : nous ne voyons que trop quels
sont les fruits de ce système de séduction et d'espionnage tout en-
semble.
« Que font, en un mot, ces Fédérés coalisés et assemblés dans la
capitale? Que peut-on espérer d'une association où l'on arrête qu'il
sera fait un service auprès de la fersonne du Roi et du général La
Fayette^ composé d'une garde de deux députés fédérés qui auront le
nom et la qualité d'aides-de-camp du général; que ces aides-de-camp
prendront les ordres immédiats du Roi et du général pour les faire
passer dans les départemens? Sans doute, ceci n'est qu'une conception
ridicule, qu'une folie des chefs et des agens que Ton met à la tête
des Fédérés, et qui donnent carrière à leur sotte vanité que l'on flatte.
Mais s'il faut tirer des inductions de tout cela, on peut démêler aisé-
ment que cette association a un esprit totalement opposé à la Révo-
lution. On doit penser que l'influence de chacun de ces Fédérés, écri-
vant du centre où la constitution se fait, à la circonférence qui l'at-
tend, doit être d'un grand poids dans les divers cantons de la monar-
chie. Il n'a fallu souvent qu'une lettre d'un de ces Fédérés, qui, de
loin, ont l'air d'être quelque chose, et d'être bien instruits, pour
produire dans tel pays du relâchement, lorsqu'on a voulu y donner
beau jeu aux complots des aristocrates. C'est par des menées de
CLUBS DES FÉDÉRÉS 383
cette espèce que nos ennemis nous travaillent et portent la désunion
dans les pays les mieux disposés à la concorde, et la licence où la
liberté est la mieux entendue.
« Pour connoître le véritable esprit de cette association, il ne faut
qu'être instruit de \Si patriotique motion que fit dernièrement le sieur
deMilange, capitaine de la Garde nationale de Riom, de prendre pour
article fondamental du projet d'organisation de la Garde nationale,
que ces messieurs préparent, qu'on ne comprendra dans cette garde
que \q^ nobles et les bons bourgeois; ce sont ses termes; qu'il faut en
écarter les artisans et les paysans, et les désarmer. Apprenez donc,
citoyens des quatre-vingt-trois départemens, qu'il existe dans Paris
une Société de vos compatriotes, où l'un des membres profère impu-
nément de tels blasphèmes; connoissez-les, et sachez rejeter loin de
vous leurs perfides suggestions. Il n'y eût peut-être point eu de sang
versé dans telle ou telle ville sans la correspondance de cette société
dangereuse (I). »
Le Club des Fédérés tenait ses séances aux Petits-Pères, près la
place des Victoires.
Dès son ouverture, sous le nom de Société des Gardes nationaux des
départemens de France^ il donna de l'ombrage à nombre de citoyens,
surtout aux anti-fayettistes, prétendant qu'elle conspirait contre la
liberté.
D'où venait cette réputation, pour le club, de pencher vers le roya-
lisme? Il s'en défendit dans un Compte rendu par la Société des Gardes
nationaux à l'armée parisienne et aux quatre-vingt-trois départemens
de France (2). Mais citons des faits.
Le 13 juillet 1790, une députation des Fédérés avait été admise
près du roi, à qui La Fayette avait lu une adresse dans laquelle se
trouvait cette phrase :
« Les gardes nationales de France jurent à Votre IN.'ajesté une
obéissance qui ne connaîtra de borne que la loi, un amour qui n'aura
de terme que celui de notre vie (3). «
Plusieurs députations avaient loué extraordinairement Louis XVI
devant l'Assemblée nationale. C'était, d'ailleurs, le temps où les
gardes nationales cherchaient à dominer partout, où un membre de
la Société de 1789 écrivait: « Que sont les gardes nationales? Ce
(1) Révolutions de Paris, numéro du 30 octobre au 6 novembre 1790, n" 69.
(2) A Paris, chez Champigny, imprimeur-libraire, et chez tous les libraires du
royaume.
(3) Mavidal et Laurent, Archives parlementaires, t. XVII', p. 83.
384 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
sont tous les citoyens actifs sous les armes; par conséquent, ce sont
tous ceux que la loi juge en état d'avoir et d'exprimer une volonté,
armés pour la faire exécuter; c'est la force publique elle-même^ pro-
tégeant la volonté publique (1). » La partie armée de la nation comp-
tait des ennemis acharnés contre les épaulettiers^ les bleus comparés
à de la faïence bleue qui ne va pas au feu, contre Bailly et La Fayette,
qui, disaient-ils, voulaient royaliser la France, en rassemblant toutes
les gardes nationales pour en faire un « tout respectable, fort, consi-
déré. »
11 ne faut pas oublier que, lors de la Fédération du 14 juillet 1790,
si les fédérés marseillais, par exemple, s'étaient signalés par leur ar-
deur révolutionnaire, d'autres, tels que ceux de la Touraine, s'étaient
nettement déclarés amis du roi. En effet, les fédérés tourangeaux
avaient apporté à Louis XVI un anneau qu'Henri IV avait donné au-
trefois à leurs compatriotes pour reconnaître leur fidélité. De plus,
beaucoup d'envoyés des départements étaient visiblement enthou-
siastes de Louis XVI et de La Fayette.
Le 15 juillet 1790, des journaux récriminèrent contre l'adoration
de La Fayette par les fédérés, contre le refus du roi de venir à l'autel
de la Patrie prêter le serment qu'il avait prononcé dans sa tribune,
sous sa tente. Pour la première fédération, il faut remarquer que
Louis XVI était « chef suprême des gardes nationales de France », et
La Fayette « major-général de la Fédération », recevant et exécutant
les ordres du roi.
Un Journal des Fédérés était royaliste. On souscrivait chez Gattey
(sic) et Senneville, rue Sainte Apolline, n" 18, au bureau, et rue
Sainte-Anne, n° 11, chez Dodoucet (2).
Déjà différentes villes s'étaient fédérées en particulier, et les pa-
triotes avancés voyaient un danger dans le fait de joindre ensemble
par un lien commun tous ces faisceaux divers, formés à Orléans, à
Troyes, à Dijon, à Lille, etc.
La première grande fédération, de 1790, laissa de profondes ra-
cines à Paris, non pas seulement au point de vue de la simple fra-
ternisation, mais comme donnant l'idée du fédéralisme, c'est-à-dire
du système consistant à faire des quatre-vingt-trois départements
autant de petits États égaux entre eiix, se secourant, en cas de né-
cessité, d'un bout à l'autre de la France, à l'exemple des États-Unis
d'Amérique.
. (1) Article du député Guiraudet, dans le Journal de la Société de 1789.
(2) Bib. Nat., Le 2/429, sans date. Le dernier numéro se termina par une ode
contre le duc d'Orléans.
CLUBS DES 1<'ÉDÉRÉS 385
Une adresse ou lettre ayant été envoyée à la Société des Amis de la
Constiliition^ cette Société saisit cette occasion pour manifester son
opinion sur les gardes nationales, et ce fut Barnave qu'elle chargea
de rédiger sa réponse.
Le 3 décembre 1790, Barnave répondit à la Lettre de la Société
des Gardes nationaux établie à Paris aux Petits Pères, sous le litre
de Société des Gardes nationaux de France (1), Il y exposait les prin-
cipes de la Société des Amis de la Constitution (Jacobins) sur les
gardes nationales.
« Nous avons cru, dit-il, que l'exposition des principes de la So-
ciété était la seule réponse que nous dussions faire à voire lettre.
« Les Amis de la Constitution ne pensent point que les gardes na-
tionales forment en France un corps séparé de celui du peuple ; ils
croient que le droit de défendre la Constitution, sous les drapeaux
de la patrie, appartient également à tous les citoyens, et que l'insti-
tution qui le réserverait à une classe particulière établirait le plus
injuste et le plus dangereux des privilèges. Pénétrés d'estime et de
reconnaissance pour ceux qui les premiers se sont réunis pour la dé-
fense de la Révolution, ils sont intimement convaincus qu'aucun
d'eux n'a conçu la pensée de s'en faire un titre, d'établir, une corpo-
ration, de renouveler en quelque sorte ces distinctions que les prin-
cipes de l'égalité ont fait disparaître, et, après avoir été les premiers
défenseurs de la liberté, d'en devenir le dernier écueil. Les Amis de
la Constitution ne reconnaissent donc aucun représentant, aucune
représentation des gardes nationaux de France. Une telle représen-
tation serait à leurs yeux celle de la nation même, et la nation ne
l'a placée que dans l'Assemblée nationale. Ce n'est point d'ailleurs
sous un caractère guerrier et sous le costume des armes, que les ci-
toyens doivent se réunir et former entre eux des associations délibé-
rantes. Chacun, à titre de citoyen, a le droit d'exprimer son opi-
nion; chacun, à titre de citoyen, a l'usage libre de [ses droits, de sa
volonté politique ; mais sous un titre militaire, aucun ne peut être
que l'instrument passif de la loi, sans autre guide que la voix du
magistral qui en est l'organe. Les hommes libres sont fiers quand ils
exercent leurs droits individuels ; mais ils ne connaissent plus qu'une
soumission religieuse sous le caractère qui met dans leurs mains le
dépôt imposant de la force publique. Les hommes libres sont soldats
à la voix de la patrie' qui les appelle; mais ils s'empressent de ren-
trer sous le régime de la paix, pour recueillir les fruits de la liberté
(1) Lettre eu date du 1" déceiabrc 1190.
20
386 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
qu'ils ont défendue, pour agiter les intérêts publics, pour mêler
l'expression de leurs vœux à la volonté générale. Les hommes libres
croiraient trahir leur patrie et eux-mêmes, si, .jaloux de vains hon-
neurs, ambitieux d'un pouvoir que la loi ne leur aurait pas conféré,
ils osaient y faire servir cet appareil militaire que la nation ne leur
a donné que pour en imposer à la tyrannie.
« Ces opinions, Messieurs, vous indiquent assez ce qiia nous pen-
sons de Tinstilution de votre Société. Il est inutile de vous dire que
le patriotisme dont sont animés tous les gardes nationaux de France,
nous rassure pleinement sur le sort et les progrès de cette institu-
tion; et qu'instruits qu'elle n'est formée que par l'assentiment indivi-
duel d'un petit nombre de personnes, c'est moins à son importance
qu'au désir de manifester notre pensée, (jue nous avons cru devoir
le développement de ces principes.
« Les Membres de la Société des Amis de la Consliluiion (i). »
La réponse de Barnave aux Fédérés était signée par Mirabeau
l'aîné, frésident^ Feydel, Villars, H. Fr. de Verchère et Alexandre
Beauharnais, secrétaires.
Dans leur lettre aux Amis de la Constitution., « les Fédérés mani-
festaient leurs dispositions et le vœu d'être admis à offrir une garde
au Roi et à l'Assemblée nationale. »
Fréron publia aussitôt un article très vif contre les chefs des
Fédérés. On y lisait :
« Le général (La Fayette) s'attendoit si bien à être dénoncé comme
Fauteur, l'instigateur, le protecteur du club dangereux, criminel,
inconstitutionnel des Fédérés, lequel prend dans ses lettres le titre
ambitieux de Société des Gardes nationaux de France., qu'il envoya le
soir même aux Jacobins son aide-major-général la Colombe (2).
Qu'advint-il à ce brave Satellite du sieur Moitié (La Fayette)? La plus
mortifiante mésaventure ; il fut prié par les censeurs de sortir à l'ins-
tant de la salle, n'ayant pas l'honneur d'être de la Société; ce qu'il
exécuta. C'est un fait dont tous les assistans furent témoins. Quel
dommage qu'on l'eût fait sitôt déguerpir? il auroit pu rendre à son
chef les propres expressions de Barnave et de Mirabeau sur son
compte ; il lui auroit dit comme quoi le premier, parlant avec toute
l'énergie qui caractérise ce jeune et brave député, il dénonçoit M. La
Fayette et demandoit qu'il fut tenu de s'expliquer au sujet des pré-
Ci) Mo?ii leur universel, du vendredi 10 décembre 1790.
(2) M. de La Combe, un des trois aides-majors généraux de La Fayette*
CLUBS DES FÉDÉRÉS 387
tendus Fédérés, autorisés par lui à monter la garde chez le roi, à
lormer entr'eux une assemblée délibérante, quoique armée, et, pour
comble de scandale, à la faire présider par un nommé Saint-Amand,
son aide-de camp ; il lui auroit encore appris cette autre particula-
rité : on donnoit à l'assemblée communication d'un libelle atroce
contre les Lameth, les d'Aiguillon, les Robespierre, libelle écouté
sans aucune marque d'improbation, excepté le passage où vint le
lourde M. Mottié... (1). »
L'opinion publique suivait deux courants : l'un qui acceptait sans
aucune opposition les actes de la Mairie et de l'État-major de la
Garde nationale parisienne, qui se manifesta en fondant des clubs
royalistes-constitutionnels, comme ceux des ImpM'tiaux et des Feuil-
lants; l'autre suspectant tout ce qui venait de La Fayette et de
Bailly, chargés d'assurer l'ordre et la tranquillité dans la capitale,
en relations fréquentes, parfois officielles, avec l'entourage de
Louis XVI et les royalistes déclarés.
Le samedi, 11 décembre 1790, deux députés de la Société des
Gardes nationaux des départements de France, M. M/a»(/e, capitaine
de la Garde nationale de Riom, et M. Duvernier, capitaine de la Mi-
lice nationale de Caen, furent annoncés et introduits devant le Con-
seil général du département de la Seine (2). L'un d'eux, portant la
parole, a dit :
« Messieurs,
« Nous venons nous acquitter, auprès de la Municipalité de Paris,
d'une mission dont a bien voulu nous honorer, auprès d'elle, la
Société des Gardes nationaux dos difîérens départeiiiens. Nous nous
empressons de lui apprendre que, d'après les décrets de l'Assemblée
nationale sur l'organisation et la distribution de la force publique,
cette Société, jalouse de montrer son respect, son obéissance à la Loi,
a unanimement arrêté de se dissoudre et de ne plus s'assembler. Elle
a obtenu. Messieurs, lors de sa formation, une approbation de M. le
Maire ; aujourd'hui elle se fait un devoir, en cessant ses séances, de
vous prévenir, et de lui renouveler, ainsi qu'à vous. Messieurs, les
sentimens d'estime et de respect que vous lui avez inspirés. »
MM. les députés ont fait ensuite lecture de l'arrêté de leur Société,
com'u en ces termes :
(1) L'Orateur du Peuple, t. III, p. 473 et 476.
(2) Le Moniteur universel consacre quelques lignes seulement à cette réceptiuu
des i^ardes nationaux fédérés à l'Hôtel de Ville*
388 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« Exlrail des recjistres de la S.ociété des Gardes nalionaux
des dé'partemens de France.
« La Société considérant que, d'après le décret de l'Assemblée na-
tionale, sur l'organisation et la destination de la force publique,
« Elle ne peut ni ne doit se réunir et s'assembler davantage ; et
voulant montrer son patriotisme, son respect et son obéissance à la
Loi ; désirant donner l'exemple à toutes les associations militaires de
ce genre qui peuvent exister dans l'Empire, a unanimement arrêté :
« Que dès ce moment elle se dissout, et ne s'assemblera plus à
l'avenir ; que cet arrêté sera communiqué aux chefs civils et militaires
de la capitale.
« Collationné sur l'original.
« Skjnés : Cuédi:villi2, président; Niel, vice-présidenl;
SÉumKR, FoNBONNE, Secrétaires. »
M. le Maire a répondu :
« Messieurs,
« J'ai applaudi à votre association, mais le Conseil ne peut qu'ap-
prouver une séparation dont vous offrez des raisons si légitimes. Il
admirera toujours que les citoyens armés qui ont donné tant de
preuves de courage, donnent, les premiers, l'exemple de la soumis-
sion aux Loix (1). »
MM. les députés ont été invités à assister à la séance.
« Le Conseil général a arrêté l'impression du discours de M. le
Maire, de la prestation du serment des ministres du Roi (2), de la dé-
marche de la Société des Gardes nationaux ; il en a ordonné l'envoi
tant aux quatre-vingt-trois ilépartemens qu'aux quarante-huit sec-
tions et aux soixante bataillons de la capitale.
« Signé : Bailly, Maire.,
T)e Joly, Secrétaire-greffier . »
Le samedi suivant, 18 décembre, « le maire informa le Conseil que
la Société des Gardes nationaux de France, qui s'était déjà présentée
pour annoncer sa soumission à la loi et sa dissolution, avait mani-
festé, au Co^'ps municipal, le désir de lui offrir et de déposer à
(1) Bib. Nat., Lb 40/1173.
(2) Quatre ministres du roi, ambassadeurs ou pléuipotciitiaircs, avaient prêté,
dans la môme séance, leur serment civique.
CLUBS DES FÉDÉRÉS 389
THôtel de Ville le drapeau qui, jusqu'à ce jour, lui avait servi de
point de ralliement (1). »
Le maire ajouta que le Corps municipal avait accepté cet hommage,
et qu'en le déférant au Conseil général, il avait arrêté qu'il lui serait
présenté dans la séance de ce jour.
L'assemblée ayant applaudi à cette décision, MM. les commissaires
nommés par la Société des Gardes nationaux furent annoncés et
introduits. L'un d'eux, celui qui portait l'étendard, M. Marrier, dit ;
« Monsieur le Maire, Messieurs,
« Les commissaires nommés par la Société des Gardes nationaux
de France s'empressent aujourd'hui de vous donner une preuve nou-
velle et non équivoque de ses principes. Toujours soumise à la loi, la
Société dépose au milieu de vous, Messieurs, dont le patriotisme est
si connu, l'étendard de l'union et de la liberté. Nous avons juré de
maintenir la Constitution, et aucun de nous ne sera parjure. Organes
de la Société entière, nous venons renouveler ici nos serments, et
nous promettons de nous rallier sous cet étendard, toutes les fois que
la chose publique sera en danger. »
L'assemblée applaudit unanimement au discours et au nouveau
témoignage de patriotisme et de soumission à la loi que venait «le
donner la Société des Gardes nationaux de France.
M. le Maire répondit :
« Messieurs,
« Nous retrouvons en vous, avec une grande satisfaction, plusieurs
des gardes nationaux des départemens qui, fédérés avec nous, le
14 juillet, ont juré, avec nous, la Constitution et le Roi. Réunis, à
Paris, par une association qu'une loi nouvelle défend aux citoyens
armés, vous venez, en vous séparant, déposer, à cet Hôtel de Ville,
le signe de votre union patriotique. La Commune le reçoit et le con-
servera précieusement, comme un des gages de la fraternité de tous
les départemens avec nos Concitoyens.
M La Commune, qui connoit votre courage, apprécie votre soumis-
sion à la Loi. Puisse l'exemple de cette soumission être partout imité !
Puisse l'union que nous renouvelons ici être toujours durable! Avec
une Constitution libre, sous un Roi juste et chéri, notre but et notre
gloire doivent être désormais d'offrir à nos ennemis un peuple indi-
visible. »
(1) Extrait du registre des délibérations du Cnnspil r/é)iér(d, du sanie.'/l Ifi dé-
'^embre ITOO. (Bib. Nat., Lb 40/1173.)
390 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« A cet instant, MM. les commissaires ont remis entre les mains de
M. le Maire, et placé à côté du bureau, le drapeau qu'ils sont venus
offrir à la Commune, M. le Maire les a invités à assister à la séance, et
le Conseil général a arrêté l'impression et l'envoi aux sections et aux
soixante Bataillons du discours de MM. les Commissaires et de la r.'--
ponse de M. le Maire.
« Signé : Batlly, maire.
De Joly, secrétaire-fjreffier. »
Les forts de la Halle aussi, armés depuis peu par la Municipalité,
déposèrent plus tard leur drapeau à l'Hôtel de Ville (1).
D'un décret de l'Assemblée nationale, il ressortait qu'il fallait être
sans armes, non incorporé dans l'armée pour avoir le droit de s'as-
seinbler, de formet* tin club ; que nul corps armé ne pouvait déli-
bérer, ainsi qiie cela se trouva déclaré dans la Constitution de 1791,
laquelle plaça dans son article 1" : « Le royaume est un et indivi-
sible. »
La crainte de l'idée fédéraliste, bientôt préconisée par Buzot, Bris-
sot et nombre de Girondins, a probablement porté les autorités pari-
Siennes à changet" le nom de la section de la Place Royale el des Fé-
dérés eh section de V Indivisibilité .
On peut penser aussi que les citoyens de Paris ne voulaient pas
laisser les gardes nationaux des départements peser, en certaines
occasions, sur l'opinion publique dans la capitale. Nous avons dit
pourquoi.
Toujours est-il que le Club des, Fédérés, dont on se défia, eut à
peine trois mois d'existence, et qu'en disparaissant il laissait les
Feuillants, les Fayetiistes et la Société de 1789 représenter seuls le
modérantisme, jusqu'au temps où les Girondins devinrent les modérés
pour les Montagnards, après avoir été regardés longtemps comme
des avancés.
Aucune liste des membres du Club des Fédérés n'a été dressée, que
nous sachions; aucun règlement, aucune déclaration de principes
n'existent. Des collectivités s'y rencontraient, le plus souvent, d'une
façon tetnporaire, pour quelques jours, au passage de Fédérés ù
Paris.
(1) Extrait du rer/istre des délibérations du Conseil riénéral de la Commune de
Paris, du dimanche 10 juillet 1701. (Bib. Nat., Lb 40/1173.)
SOCIÉTÉ DR 1789
Fondée lo 12 Avr-il 1790.
I '
La Société ou Cluh do 1789 s'ouvrit le 12 avril 1790. Suivant l'opi-
nion de quelques historiens, c'était le Cluh des 89 ou des populaires
modérés, nom qui serait venu du chiffre de dissidents par lesquels
il fut formé.
La Fayette, Bailly, Miraheau, Rœderer, Dupont de Nemours, Le
Chapelier, l'évèque d'Autun, le duc de La Rochefoucauld, l'abhé
Siéyès, qui en furent les chefs, appartenaient originairement au
Club des Jacobins, ainsi qu'on le constata tout d'abord.
Ses mem])res se séparèrent à grand bruit de leurs anciens col-
lègues. Ils espéraient que Louis XVI, rompant avec son entourage,
se réunirait à eux, et accepterait de bonne foi la Constitution. Ils
voulaient maintenir le gouvernement dans la voie prise en 1789, re-
poussaient pour la plupart la souveraineté du peuple, et se propo-
saient de protéger la monarchie appuyée sur la Constitution.
En lisant les Règlements de la Société de 1789, on voit qu'il s'agis-
sait d'une réunion d'hommes désireux de faire passer à l'application
leurs théories politiques et sociales, et que celte réunion ressemblait
à un club fermé, presque à une académie.
Peu de clubs ont eu, d'ailleurs, une organisation aussi complète.
Il faut regretter que les procès-verl)aux de ses séances ne nous soient
pas parvenus. ^
« RÈGLEMENS DE LA SOCIÉTÉ DE 1789 ET LISTE
DE SES MEMBRES (1).
« AVERTISSEMENT.
« La Société de 1789, en publiant ses règlemens particuliers, croit
(1) A Paris, de l'Imiiriinerif Lfjay iils, l'uc (!<• I"Écliello Sainl-Ilonoiv, 1790. —
392 LES CLUBS CONTHERÉVOLDTIONNAIRES
devoir rappeler les principes et le vrai but de son institution; c'est
pour cela qu'elle a jugé convenable de faire précéder ces règlemens
par' le prospectus de son journal, où ces objets fondamentaux sont
suffisamment indiqués.
« Jl est, pour les individus, un art d'assurer et d'augmenter leur
bonheur : il a consisté jusqu'ici dans la philosophie morale, que les
anciens portèrent à une sorte de perfection.
« Il doit exister aussi, pour les nations, un art de maintenir et d'é-
tendre leur félicité : c'est ce (ju'on a nommé Vart social.
« Cette science, pour laquelle travaillent toutes les autres, ne pa-
roit pas avoir été encore étudiée dans son ensemble. L'art de culti-
ver, l'art de commercer, l'art de gouverner, l'art de raisonner même,
ne sont que des parties de cette science; elles ont pris chacune à
part une sorte d'accroissement; mais, sans doute, ces membres isolés
ne parviendront à leur développement complet que lorsqu'ils au-
ront été rapprochés, et qu'ils formeront un corps bien organisé.
« Réunir tant de matériaux épars et inconsistans, rechercher dans
les sciences économiques leurs rapports mutuels, et surtout la liai-
son commune qu'elles peuvent avoir avec la science générale de la
civilisation, tel est l'objet de Varl social.
« Ce n'est ni un, ni plusieurs hommes, ni même une seule nation,
c'est le concert des peuples qui peut assurer à cet art des progrès
efficaces; mais ces progrès seront moins longs, dès que tous les es-
prits suivront partout un ordre de travail constant et uniforme.
«. Il faut donc créer cette méthode commune. Or, avant qu'elle soit
fixée, perfectionnée et généralement adoptée, il étoit naturel que les
bases en fussent posées par une association, qui, communiquant à
d'autres sociétés semblables les principes et l'espj'it qui l'animent,
pût, ainsi qu'elles, rallier à des systèmes pareils les divers travaux
de tous les. hommes éclairés, en quelque lieu qu'ils existent, et qu'ils
veillent pour le bien de l'humanité.
« Tel est le plan sur lequel s'est formée la Société de 1789.
« Elle a pensé qu'on avait jusqu'à présent retiré trop peu d'avan-
tages de ces instrumens de communication, par lesquels nous pou-
vons nous rendre si supérieurs aux anciens, et qui doivent étendre
le commerce de la pensée comme celui de toutes les autres ri-
chesses du globe. Elle a donc voulu multiplier entre les nations les
échanges réciproques des connoissances humaines.
Bib. Nat., Lb 40/2403. — Nous reproduisons cos Règlements tels, qu'ils ciut Hè
publiés, avec leurs imperfections typographiques ou autres.
SOCIETE DE 1789 393
« C'est pour cela qu'une partie essentielle de son institution est
une correspondance suivie avec toutes les sociétés et tous les indivi-
dus, tant nationaux qu'étrangers, qui voudront coopérer à une si
noble entreprise.
« Ainsi, la Société de 1789 doit être considérée comme un centre
de correspondance pour tous les principes généraux, et non pas
comme un foyer de coalition pour les opinions particulières. Ce n'est
ni une secte ni un parti, mais une compagnie d'amis des hommes, et,
pour ainsi dire, d'agens du commerce des vérités sociales.
« Développer et répandre les principes d'une constitution libre,
est sans doute le premier devoir d'une institution qui datte [sic] de
l'époque de la liberté françoise: la Société de 1789 sera fidelle {sic) à
ce devoir. En même temps que ses travaux se dirigeront vers son
principal but, qui est la recherche des principes et des moyens du
perfectionnement de l'ari social, elle consacrera aussi ses veilles à
faire une heureuse application de ces principes à la constitution et à
la félicité nationale.
« Pour remplir ces différentes vues, le premier moyen devoit être
la publication d'un journal (1) qui ne fût point une collection de nou-
velles, de faits et de pièces, mis au jour sans choix et sans liaison, à
mesure qu'ils se présentent , mais plutôt un recueil des mémoires
sur les diverses parties et sur tout l'ensemble de l'économie sociale,
ou même d'observations sur les événemens qu'intéressent les prin-
cipes et les progrès de cette science, aussi nouvelle qu'elle est éten-
due.
« Le journal de la Société de 1789 a été conçu dans cette idée. 11
sara divisé en cinq chapitres, dont les litres différens indiquent les
divers objets.
« Chapitre prkmikr.
« Art social.
« Ce chapitre contiendra des dissertations, des mémoires, des re-
marques sur les principes des constitutions, des corps législatifs, des
gouvernemens, des administrations, sur l'agriculture, le commerce.
(1) Voir plus bas, passim. —Les abouueinents au Journal se faisaient : Chez le
ri'Miacteur, n» 59, au Palais-Royal; chez Desenne, madame Vaufleury et Denné,
libraires, au Palais-Royal; chez Lejay, rue de l'Échelle Saint-Honoré. Prix de
labounement : 24 livres par an, 27 livres pour la province, 12 livres par six
mois, rendu franc de port dans tout le royaume. — On s'abonnait aussi chez
tous les directeurs des postes, et chez les principaux libraires du royaume et de
l'étranger. Lejay était l'iraprimour du .Journal de la Société.
394 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
les finances, l'enseignement public, sur les loix et les tribunaux;
enfin sur tous les élémens du système social, et leur accord avec le
vœu de la nature et le bonbeur des bommes.
« CUAPITRi: II.
« Correspondance nationalr.
« On y rendra compte des travaux des différentes sociétés patrio-
tiques, ainsi que des établissemens publics qui se formeront dans
tous les départemens du royaume. Les difficultés qui se présenteront
dans l'exécution des loix qui vont régir la France, soit relativement
à l'organisation actuelle du royaume, ou sous tout autre rapport, y
seront exposées, discutées, et on essaiera de les résoudre, d'après les
principes constitutifs du nouveau droit public français, et surtout
d'après les règles invariables puisées dans la nature des cboses et
dans les droits des citoyens.
« CUAPITRl'; 111.
« Correspondance étrangère.
« Les principaux événemens politiques qui intéressent les deux
bémisphères, les traités, les forces respectives et les vues présumées
des puissances ; la situation actuelle, tant intérieure qu'extérieure,
des différentes nations, surtout leur avancement dans l'art social ;
l'utilité et les dangers de leurs institutions particulières y seront pré-
sentés, en considérant les intérêts des gouvernemens, surtout dans
leurs rapports avec l'intérêt des gouvernés, et les relations des cabi-
nets dans leur influence sur le bonbeur ou le malbeur des peuples (1).
« CllAPITRli IV.
« Assemhlée nationale.
« Sans s'astreindre à la marcbe de ses travaux, on en donnera les
résultats les plus importans, on en développera les principes^ soit en
présentant, par une analyse rapide, le tableau de la discussion con-
tradictoire, soit en expliquant l'esprit des décrets par de nouvelles
considëi'âtions.
« Chapitre V.
« Variétés.
« Une notice des ouvrages utiles dans toutes les langues, les en-
(1) Sur la demande des Sociétés correspondantes, le directoire se <îhargea de
leur faire passer les écrits nouveaux et périodiques, mais elles devaient faire les
fonds d'avance de ces envois, atlranchir les envois et les paquets, entre les mains
du rédacteur du Journal de la Société.
SOCIÉTÉ DE 1789 395
couragemens à donner aux arts et aux talens, en France et chez
l'étranger, la description et le dessin des machines et découvertes les
plus remarquables ; enlin différens morceaux de morale bu de philo-
sophie, où le précepte sera revêtu des formes et des couleurs de
l'imagination, entreront dans ce chapitre. On y proposera aussi quel-
quefois des questions sur divers points de législation et d'économie
politique : on publiera, soit en détail, soit par analyse, les diverses
opinions propres à répandre la lumière sur ces questions (1).
« REGLEMENS.
« Article premier.
« Composition de la Société.
« Le nombre des membres de la Société n'excédera point celui de
six cent soixante; leurs noms seront inscrits sur un tableau qui sera
déposé dans le salon de l'assemblée.
« Article II.
« Admission.
« On ne pourra être reçu dans la Société qu'au scrutin. Pour y être
admis, il faudra être présenté par un des associés, et appuyé par
quatre; une liste sur quatre colonnes offrira le nom et la demeure de
l'aspirant, la signature du présentateur et celle des répondans. Les
noms des candidats seront numérotés dans l'ordre où ils auront été
inscrits sur la liste.
« Article III.
'« Sci'utin.
« Le scrutin n'aura lieu que pendant huit mois de l'année, du pre-
mier noverhbre au premier juillet suivant. La liste sera fermée le
20 de chaque mois par la signature d'un des Commissaires de la So-
ciété, et le scrutin, ouvert le premier dimanche du mois suivant, ne
sera clos que le lundi à 7 heures du soir.
« Mais pendant l'année 1790 seulement, il sera dérogé à cette règle,
et il pourra se faire deux présentations et deux scl-utitts par mois, les
premiers dimanches de chacune des deux quinzaines ; en observant
toujours de fermer les listes de manière à laisser un intei>valle de
dix jours entre leur chUure et le scrutin.
« Pour procéder à ce scrutin, chaque membre de la Société, en ins-
(1) Cet AveHissement a paru dans lo Journal de la Société de 1789, \\° 1, du
5 juin 1790.
396 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
crivant son nom sur un registre tenu à cet effet, recevra du concierge
un bulletin datte, signé d'un commissaire, et partagé en deux co-
lonnes, en tête desquelles seront d'un côté le mot admission^ et de
l'autre le mot rejection (l). Les membres votans inscrivent sur l'une
ou l'autre de ces deux colonnes le numéro désignatif des candidats
qu'ils voudront rejeter ou admettre. Les bulletins seront déposés dans
une boîte qui ne sera ouverte qu'au moment déterminé par ce rè-
glement.
« L'ouverture et le dépouillement du scrutin seront faits par trois
commissaires ; ils annuleront tout bulletin qui contiendroit deux
fois le même numéro.
« Tout candidat qui ne réunira pas en sa faveur les 1) dixièmes des
votes positifs ne sera point admis; mais il pourra être présenté de
nouveau, jusqu'à deux fois dans la même année.
«Article IV.
« Cotlisation {sic'j.
« La cottisation des membres de la Société sera de trois louis par
année. Chaque membre paiera de plus pour une fois seulement deux
louis pour deniers d'entrée. Chaque membre admis dans la Société
sera tenu de réaliser sa cottisation dans l'espace d'un mois pour tout
délai, sinon il sera présumé avoir renoncé à la Société, et il ne pourra
plus être admis qu'après un nouveau scrutin.
« Les membres reçus avant le mois de novembre de l'année 1700
renouvelleront leur cottisation avant la fin de l'année ; mais les mem-
bres reçus postérieurement au mois d'octobre ne seront tenus à payer
leur cottisation que pour l'année 1791. '
« Dans les années qui suivront celle-ci, les membres reçus avant le
mois de juin renouvelleront leur cottisation avant le 31 décembre de
chaque année pour l'année suivante, et les membres reçus aux scru-
tins de novembre et de décembre ne seront obligés de payer que pour
Tannée qui suivra celle de leur réception.
« Ceux qui n'auront pas réalisé la cottisation ou le renouvellement
au 31 décembre seront censés avoir renoncé à la Société, et leur nom
sera rayé du tableau; mais ceux qui auront été malades ou absens
pourront se faire réintégrer dans la Société sans nouvelle présenta-
tion, en payant la cottisation de chacune des années qui se seront
écoulées depuis leur radiation.
(1) Nous avons copié textuellement, avec certaines fautes d'orthographe, avec
des noms propres quelquefois un peu dénaturés.
SOCIÉTÉ DE 1789 397
<( Article V.
« Scrulin d'épreuve.
« Il sera fait, tous les ans, un scrutin d'épreuve à l'effet d'exclure
de la Société les membres qui pourroienl ne pas lui convenir.
« Le jour de l'ouverture et de la clôture de ce scrutin sera déter-
miné dans l'assemblée générale qui se tiendra le premier dimanche
de décembre.
« Ceux qui voudront y prendre part recevront du concierge, en
inscrivant leur nom sur le registre, un billet datte et signé d'un com-
missaire, sur lequel sera imprimé le mot exclusion. Chacun pourra
écrire sur son bulletin le numéro du tableau des membres de la So-
ciété correspondant au nom de celui qu'il voudra exclure, et il dépo-
sera son bulletin dans la boite du scrutin. 11 sera nommé au scrutin
(juatre commissaires chargés de ce dépouillement, lesquels, avant
d'y procéder, compteront les bulletins : si leur nombre n'excède pas
la majorité de la Société, ils les brûleront et en donneront leur décla-
ration par écrit à la Société. Cette déclaration servira de preuve que
la majorité de la Société ne veut point faire usage de ce scrutin.
« Mais si les bulletins excèdent la majorité de la Société, les com-
missaires en feront le recensement, et dans le cas où quelques numé-
ros réuniroient les neuf dixièmes des votes, ils les inscriront sur
une feuille qu'ils signeront; si, au contraire, aucun numéro ne réunit
les neuf dixièmes des votes, les commissaires en donneront à l'assem-
blée une déclaration qu'ils signeront. Dans tous les cas, les scruta-
teurs garderont le plus profond secret sur le scrutin, et brûleront les
bulletins avant de se séparer.
« Article VI.
« Administration intérieure.
« La Société, pour son administration intérieure, pour la direction
des dépenses, pour la police ordinaire du local, et la régularité du
service, nommera au scrutin un comité composé de douze commis-
saires et d'un trésorier. Les commissaires seront renouvelles par
moitié tous les ans. Le trésorier sera nommé à la même époque, et
pourra être continué pourvu qu'il ait rendu son compte.
« Quatre de ces commissaires seront toujours en activité, et leurs
noms inscrits sur un tableau particulier, exposé dans le sallon d'as-
semblées.
« Ces commissaires procureront à la Société les journaux, les ou-
vrages périodiques et les livres nouveaux que l'opinion publique dis-
398 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRblS
tinguera. Et, dès qu'il se trouvera des fonds libres^ ils y joindront les
bons ouvrages relatifs aux travaux que la Société se propose.
« Les commissaires veilleront sur tout ce qui compose la biblio-
thèque de la Société.
« Le comité accordera ou refusera à son gré les demandes qui se-
ront faites par les membres de la Société sur divers objets, à moins
que ces demandes ne soient signées par quinze personnes, auquel
cas les commissaires seront tenus de prendre le vœu de l'assemblée
générale.
« Chaque semaine, les commissaires seront tenus de se réunir le
jour qui sera convenu. Le président, ou trois d'entre eux pourront,
lorsqu'ils le jugeront utile, convoquer le comité entier en assemblée
extraordinaire.
« Article VIL
« Comptabilitr.
« Toutes les dépenses seront arrêtées au comité, qui ne pourra
rien statuer s'il n'est composé de trois membres au moins.
« Le trésorier rendra son compte tous les ans, au commencement
de mai, aux douze commissaires. Lorsque la vérification en aura été
faite par eux, ce compte sera exposé dans le sallon d'assemblée, au
plus tard le 10 mai, et, quinze jours après, il sera appuré dans une
assemblée générale convoquée à cet effet.
« Article VIII.
« Travaux de la Société.
« Pour concourir aux travaux qui forment le but véritable de son
institution, la Société est partagée en trois sections :
« 1" Celle du Journal. Les objets qu'elle embrasse ont été développés
dans son prospectus.
« 2" Celle de correspondance. Elle correspond, au nom de la Société
de 1789, avec les personnes ou les autres Sociétés qui auront témoi-
gné de lier et d'entretenir avec elle ce commerce de fraternité et d'ins-
truction, lesquelles personnes et Sociétés devront être expressément
agréées dans une assemblée générale sur le rapport du directoire do
la section,
« 3° Celle iVencouragemenl. Elle a pour objet de rechercher toutes
les inventions utiles au progrès de l'art social^ et d'encourager celles
qui se font dans toutes les sciences, de recueillir toutes les idées rela-
tives aux établissements publics, soit de bienfaisance, soit d'éduca-
tion, enfin d'observer, de réunir et de propager tout ce que l'esprit
humain peut imaginer pour le perfectionnement de l'homme.
SOCIÉTÉ UE 1789 399
« Article IX.
« Sections et Directoires.
« Chacun des membres de la Société sera tenu de s'inscrire dans
Tune de ces trois sections ; chacune d'elles, ainsi formée, nommera à
la pluralité et au scrutin douze membres pour composer son direc-
toire.
« L'élection des membres du directoire se fera tous les six mois,
mais les mômes personnes pourront être continuées.
« Celui de ces membres qui aura réuni le plus de voix sera prési-
dent de la section ainsi que du directoire; il sera remplacé, en son
absence, par celui qui, après lui, aura eu un plus grand nombre de
voix.
« Ces présidens convoqueront les sections. Ils seront dépositaires
des papiers appartenans à la section ; ils devront demander aux com-
missaires de la Société les fournitures et autres choses qui seront
nécessaires, et seuls ils pourront donner des ordres aux commis.
« Les membres des sections pourront assister aux séances des
directoires, avec voix consultative.
« Le plan pour Texécution des travaux confiés à chaque section
devra être agréé par l'assemblée générale de la Société.
« Article X.
« Assemblée générale et Président.
« A l'assemblée générale appartient le droit de statuer sur les inté-
rêts de la Société, et de régler ses travaux. Les comités et les sections
n'agissent qu'autorisés par elle.
« L'assemblée générale se tiendra tous les dimanches, à six heures
du soir. Elle ne sera réputée telle, que lorsqu'elle sera composée déplus
de quarante membres. Elle entendra les rapports des commissaires de
la Société et des divers secrétaires, ainsi que les propositions des
membres de la Société, sur lesquelles elle délibérera si elle le juge
convenable.
« Elle nommera, tous les quinze jours, un président et trois secré-
taires; ceux-ci rédigeront les délibérations et les signeront après le
président.
« Le président ouvrira les séances, et, dans les discussions qui
pourront s'établir, il posera les questions, donnera la parole, prendra
les voix, et généralement observera et fera observer les règles ordi-
nairement suivies dans les assemblées délibérantes.
« Mais dans les questions générales de tout genre, sur lesquelles
-400 LES CLUBS GONTRE-RÉVOLUTIONNAIHLS
la Société a décidé qu'on n'iroit point aux voix, elle a aussi arrêté
qu'elle ne se priveroit point d'entendre l'opinion de son président, et
qu'il pourroit prendre la parole dans ces sortes de discussions.
« Article XI.
« Les salles qui composent le local de la Société seront ouvertes
tous les jours, depuis huit heures du matin jusqu'à minuit.
« Tous les membres pourront y faire la lecture de tous les jour-
naux et de tous les livres qui forment la bibliothèque de la Société.
« Mais aucunes de ces feuilles, aucuns de ces volumes ne pourront
être prêtés ni emportés hors des salles.
« Les membres des Sociétés correspondantes, ou même les corres-
pondants particuliers de la Société de 1789 qui se trouveront momen-
tanément à Paris, pourront, en se faisant reconnaitre par les com-
missaires, fréquenter la Société pendant la durée de leur séjour,
pourvu qu'elle n'excède pas trois mois.
« Article XIL
u Le présent règlement sera imprimé, et un exemplaire en sera
remis à chacun des membres de la Société.
« Aucun des articles qui le composent ne pourra être changé,
aucun autre ne pourra être ajouté, si ces changemens ou additions
n'ont été arrêtés dans une assemblée générale convoquée extraor-
dinairement pour cet objet ; et dans ce cas, les articles changés ou
ajoutés devront être imprimés à part et distribués à tous les membres
de la Société.
<( Commissaires : Vandermonde (1), Duvillard, Ganilii (2). »
Suit la liste des membres, dont un bon nombre appartenait ou
avait appartenu à d'autres clubs, plus ou moins politiques, plus
ou moins modérés.
II ' •
liste des membres.
A
Abbema, rue Neuve des Malhurins^ 48 (Membre du Club des Feuil-
lants).
(1) Alexandre-Tlu'ophile Vandcrmomle, membre de l'Académie des Sciences,
plus tai'd remplacé par Carnot à l'Institut.
(2) Charles Ganilh, économiste, nommé Tribun après le 18 brumaire.
SOCIÉTÉ DE 1789 401
Agasse, rue Pavée Sain t-André-des- Arts, 12 (Membre du Club des
Feuillants).
Albisson, rue Neuve des Capucines.
Alexandre, bôtel du Roi, au Carrouzel (Membre du Club des Jacobins).
Amelot, rue Neuve des Mathurins.
André, rue de Richelieu, 91 (Membre des Clubs des Feuillants et des
Jacobins).
Anson, rue de Bracq (Membre du Club des Feuillants) (1).
Artaud, Palais Royal, 59.
Auguste (ils, place du Carrouzel.
Autran, place des Victoires.
Baert, Palais-Royal, 98 (Membre du Club des Feuillants).
Bailly, hôtel de la Mairie (Membre du Club des Jacobins).
Barbantane, au Palais-Royal (Membre des Clubs de Valois et des Ja-
cobins).
Barère, rue des Filles-Saint-Thomas (Membre du Clul) des Jacobins).
Barrin, rue de Touraine au Marais, 3.
Bassoncourt, rue de Grammont, 5 (Membre du Club de Valois).
Baudoin (sic), rue du Foin Saint-Jacques, 31 (Membre du Club des
Jacobins).
Baux, rue Traversière, 40 (2j (Membre du Club des Jacobins).
Beauchesne, rue et Écuries de Monsieui'.
Beauharnois, rue des Petits-Augustins, 33 (Membre des Clubs des
Feuillants et des Jacobins).
Beaumé, rue Thévenot, 8.
Beaumetz, rue Saint-ïlonoré, 45.
Benard, cour de 1 Arsenal (Membre du Club des Feuillants).
Benfield, rue et hôtel de l'Université.
Berard, l'aîné, rue de Grammont, hôtel de la compagnie des Indes
(Membre du Club des Feuillants).
Berard, le jeune, rue de Grammont.
Bergerot, hôtel des Fermes.
Bergon, rue de la Michodière, 9.
Bidermann, rue des Jeûneurs, 3.
Biencourt, rue Neuve-des-Petits-Champs, 49.
(1) Receveur des finances et littérateur.
(2) Plusieurs rues, places, impasses, etc., indiquées dans cette liste, n'existent
plus. Même remarque pour les demeures des membres d'autres clubs.
26
402 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Bitaubé, rue Sainte-Anne, 62 (Membre du Club des Jacobins).
Blin, quai de l'École, H.
Biron, rue de Grenelle-Saint-Germain (Mem])re du Club des Feuil-
lants) .
Blondel (Antoine), rue Sainte-Avoye.
Blondel, rue des Vieux-Augustins, 26.
Bodkin Fitz-Gérald, rue Saint-Dominique, près celle d'Enfer.
Boetzelair, rue Faubourg Poissonnière, 159.
Boyd, rue de Grammont, 9.
Bullion, rue de l'Université, 137.
Broussonnet, rue des Blancs-Manteaux, 20 (Membre du Club des Ja-
cobins) (1).
Bruis, rue de Richelieu, 39.
Bry, rue Neuve-des-Petils-Champs.
Bourgoing, rue des Filles-Saint-Thomas, hôtel d'Angleterre.
Boursier, rue Beaurepaire, 23.
Brantzen, rue du Faubourg-Poissonnière, près la rue Bergère.
Brissot, rue de Grétry, 1.
Broglie, rue Saint-Dominique, 42 (Membre des Clubs do Valois et des
Feuillants).
Broglie, rue de Varennes, 66 (Membre des Clubs de Valois et des
Jacobins).
Brousse, rue des Quatre-Fils (Membre du Club des Jacol)ins).
Bouillard, rue Sainte-Croix-de la-Bretonnerie.
Bouillon, quai Malaquais.
Boulogne, au Palais-Royal, 9.
Bost, rue des Deux-Portes-Saijit-Sauveur.
Boscheron, rue Pavée-Saint-André-des-Arcs.
Boscary (J.-B.), rue Feydeau.
Boscary, rue Feydeau, 14 (Membre du Club des Feuillants),
Bory, quai Conty, 6 (Membre du Club des Jacobins).
Boissy, rue de l'Université, 10 (Membre du Club des Jacobins).
Bondeville, rue Vivienne, 16 (Membre du Club des Feuillants).
Bonfils, place des Victoires, 3 (Membre du Club des Feuillants).
Cabanis, place Vendôme, 8 (Membre du Club des Jacobins).
Caffin, rue Saint-Jacques (Membre du Club des Jacobins).
Caille, rue de Tournon, 6 (Membre du Club des Feuillants).
(i) Un des rédacteurs de la Feuille du Cultivateur.
SOCIÉTÉ DE 1789 403
Caillaut, rue
Cannac, faubourg Saint-Martin, 40 (Membre du Club des Feuillants).
Canonville, rue du Pot-de-Fer.
Canuel, Chaussée-d'Antin.
Capellen, rue du Marché, faubourg Saint-Honoré.
Carré, au Palais-Royal, 156.
Castellane, rue d'Anjou, faubourg Saint-Honoré (Membre des Clubs
de Massiac, de Valois et des Feuillants).
Cavaihès, rue des Fossés-Montmartre, 30 (Membre du Club des Feuil-
lants).
Cazaux, hôtel de Bourbon, rue Croix-des-Petits-Champs (Membre des
Clubs des Jacobins et des Feuillants).
Certain, rue Neuve-Saint-Eusfache, 28.
Chabot, hôtel de la Rochefoucauld, rue de Scine-Saint-Cermain
(Membre des Clubs de Valois et des Feuillants).
Champfort. au Palais-Royal, 18 (Membre du Club des Jacobins).
Chanlaire, rue Geoffroy-l'Angevin, 25.
Chapellier, hôtel des Princes, rue de Richeheu.
Charpentier, rue des Filles du-Calvaire
Charrin, rue Saint-Anne, 00 (Membre du Club de Valois).
Charton, Isle-Saint-Louis.
Charton, au Temple.
Château-Giron, IkHcI Montmorency, Chaussée-d'Antin.
Chaudot, rue Plàtrière.
Chauvcau, à Passy, près les Eaux (Membre du Club des Jacobins).
Chauvelin, rue de Trudon, hôtel d'Amecourt.
Chauvet, rue du Chaume.
Chennevière, père, rue
Chénier, rue de Corneille (1).
Chenier, en Angleterre.
Cheret, rue Saint-Germain l'Auxerrois, 3 (Membre du Club des Jaco-
bins).
Clavier, rue des Tournelles, 30.
Clives, rue Jacob, hôtel de Bourbon.
Colonb, boulevard d'Antin, près le Dépôt.
Collot, hôtel de la Chine, rue de Richelieu.
Comeyras, rue de Clérv, 73 (Membre du Club de Valois).
(1) André de Chénier publia, dans les Mémoires de la Société de -178.9, uu im-
portant article, Avis au Peuple français, n" 13; 28 août 1790; II y eut un tirage à
part, répaudu à grand nombre.
404 LES CLUBS GONTRE-RÉVOLUTiONNAIRES
Comteval, rue de Richelieu, 73 (Membre des Clubs de Valois et des
Feuillants).
Condorcet, hôtel de la Monnoie (Membre du Club de Valois) (1).
Gopineau, rue Fromenteau, 16.
Cottin, père, Chaussée-d'Antin, 6.
Gottin, fils, Ghaussée-d'Antin, 6 (Membre des Glubs de Valois et des
Feuillants).
Gretot, rue de Richelieu, 115.
Grillon, ru€ de la Ville-l'Évèque (Membre du Glub des Feuillants).
Grillon, place Louis XV (Membre des Glubs de Valois et des Feuil-
lants).
Gustinc (de), rue du Faubourg-Saint-Honoré, 102.
Dacier, rue de Ghabanois, 18.
Dampierc, rue Sainte-Avoye, près la rue Sainte-Anne.
Dangirard, cul-de-sac Tailbout (Membre des Glubs de Valois et des
Feuillants).
Dantonay, rue Guénégaud.
Daoust, rue du Faubourg-Montmartre, 17 (Membre du Glub des Feuil-
lants).
Darblay, rue de Bourgogne.
D'Argenson, rue de Bourbon, près celle du Bacq.
Dartagnan, rue
Dartenay, rue de Richelieu, près le boulevard.
D'Aubusson, rue des Marais-Saint-Germain.
D'Aumont, rue de Gaumartin.
David, rue des Frondeurs, hôtel de Montpensier.
Decretqt, rue Neure-des-Bons-Enfants, 7 (Membre des Glubs des Ja-
cobins et des Feuillants),
Dedrée, rue du Golombier, hôtel du Parc-Royal.
Degruyère, rue des Fontaines, 9.
Delaage, rue Grange-Batelière (Membre du Glub de Valois).
Delaitre, hôtel de Bretonvillie'rs, Isle-Saint-Louis.
Delarue, rue de Provence, près la Ghaussée-d'Antiii.
Deleon, rue de la Harpe, 20.
Démeunier, rue Sainte-Anne (Membre du Glub des Feuillants).
(1) A public, dans le Journal de la Société de 1789, deux articles « sur le pré-
jugé qui suppose Une contrariété d'intérêts entre la capitale et les provinces ».
(N«» 6 et 7.)
SOCIÉTÉ DE 17Srj 405
Depinay, rue Saint-Honoré, vis-à-vis les Capucins (Membre du Club
des Feuillants).
Depont; rue des Filles-Saint-Thomas (Membre du Club des Jacobins).
Deprez, place Vendôme, 23.
Deschapelles, rue de Montmorency, 8.
Desfaucherets, rue de Paradis.
Desmottes, hôtel de La Fayette.
Desmousseaux, place du Chevalier-du Guet.
Desprades, rue Croix-des-Petits-Champs, 55.
Desrenaudès, rue des Jacobins, hôtel d'Hambourii;.
Devins-Fontenay, Isle Saint-Louis.
Deymar, rue Taitbout, hôtel de Cereste.
Dionis du Séjour, rue Sainte-Avoye.
Doazan, père, rue Saint-Honoré, près Thôtel de Noailles.
Doazan, fils, rue Saint-Honoré, près l'hôtel de Noailles.
Dosfant, quai de l'École (Membre du Club des Feuillants).
Dubignon, rue Notre-Dame-des-Victoires, 25 (Membre du Club des
Jacobins).
Duchâtelet, quai Malaquais, hôtel de la Briffe (Membre du Club de
Massiac).
Duchemin, cloître Saint-Merry.
Ducoulmier, rue Coqhéron.
Dufresne de Saint-Léon, au Contrôle (Membre du Club des Feuil-
lants).
Dufresne, rue Villedot, 13.
Dufresnoy, rue Vivienne.
Dumouchel, au collège de la Marche, Montagne-Sainte-Geneviève.
Dupaty, rue de Gaillon, 9.
Dupont de Nemours, père, rue du Petit-Musc, 17 (Membre du Club
des Feuillants).
Dupont, fils aine, rue du Petit-Musc, 17.
Dupont, fils cadet, rue du Petit-Musc, 17.
Duquesnoy, rue des Gourdes, à Chaillot (Membre du Club des Feuil-
lants (1).
Durand, fils, hôtel de Bretonvilliers.
Duroveray, rue l'Évêque, 1.
Dutour, rue du Faubourg-Saint-Martin, 57.
Duvernay, rue Sainte-Anne, 60 (Membre du Club des Jacobins).
Duveyrier, rue Saint-Jacques, 41 (Membre du Club des Jacobins).
(1) Un des rédacteurs de VAmi des Patriotes.
406 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Emmery, rue d'Anjou, faubourg Saint-Honoré (Meml)re du Club des
Feuillants).
F
Fargès, rue de l'Université (Membre du Club de Valois).
Fenouillot, rue Favart, 3 (Membre du Club des Jacobins).
Fergusson, rue de Granimont, 0 (Membre du Club des .Jacobins).
Fery {sic), rue Saint-Dominique, bùtel d'Aguesseau (Membre du Club
des Feuillants).
Feuillet, rue de Seine.
Fontenay, liôtel de Bouillon, quai Malaquais (Menibn; du Club de
Massiac).
Fontenilles, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 65 (Membre du Club de
Valois).
Fornier, rue des Jeûneurs, G (Membre du Club des Feuillants).
Francklin, rue Coqhéron, hôtel de la Dauphine.
Freminville, aux Invalides.
Foujols, rue Saint-Tbomas-du-Louvre, bùtel de la Prév(Hé.
Fulcbiron, rue Sainte-Anne, lOo (Membre du (]lul) des Feuillants).
G
Gallier, rue Bourbon-Villeneuve, près celle Saint-Claude.
Gallois, rue du Cimetière-Saint-André.
Ganilh, rue du Bouloy, 49.
Garât, jeune, rue Louis-le-Grand (1).
Garnier, rue des Vieilles-Étuves.
Gautier (.sic), rue des Capucines, 21 (Membre des Clubs de Valois
et des Feuillants).
Gay, rue de Richelieu, hôtel de Talaru.
Geélvinck, rue Neuve-des-Mathurins, Chaussée-d'Antin.
Geoffroy, rue des Deux-Portes Saint-Jean.
Gerardin, rue de Grammont, vis-à-vis celle de Chabanois.
Germain, rue Sainte-Anne, 105.
Ginoux, rue de Richelieu, vis-à-vis la fontaine.
Girardin, rue Sainte -Anne.
Girardet, hôtel Colbert, rue Vivienne.
Godard, rue des Blancs-Manteaux, 56.
(1) Littérateur, député à la Constituante, succéda à Danton, ministre de la
justice.
SOCIETE DE 1789 407
Goddiri, Palais-Royal, 100.
Gombaut, rue de Grammont^ au coin de celle de Menard.
Gouvernet, hôtel de la Guerre, rue Grange-Batelière (Membre du Club
de Valois).
Gouvion, Cour des Princes, aux Thuileries (Membre du Club des
Jacobins).
Gramont, rue Saint-Honoré, hôtel de Noailles (Membre des Clubs de
Valois et des Feuillants).
Grand, rue Neuve-des-Capucines.
Grand, fds, rue Neuve-des-Capucines,
Grandmaison, rue Saint-Honoré, 444 (Membre du Club des Jacobins).
Granger, rue Sainte-Anne, 100 (Membre du Club des Jacobins).
Granvelle, rue Saint-Nicolas, Chaussée-d'Antin (Membre du Club de
Valois).
Grave, rue Saint-Dominique, à Saint-Joseph (Membre des Clubs de
Valois et des Jacobins).
Greffulhe, rue Bergère, 16 (Membre du Club de Valois).
Grenus, boulevard Montmartre, vis-à-vis le pavillon Chinois (Membre
du Club des Fouillants).
Grivel, rue Sainte-Anne, 105 (Membre du Club des Feuillants).
Grouchy, rue d'Anjou, faubourg Saint-Honoré, 123 (Membre du Club
de Valois).
Grouvelle, rue Neuve-des-Petils-Champs, 83 (Membre des Clubs de
Valois et des Jacobins) (1).
Guerchy, rue Saint-Dominique-Saint-Germain, 05.
Guillotin, rue Croix-des-Pelits-Champs (Membre des Clubs de Valois
et des Feuillants).
Guiraudet, rue de Tournon, 2 (Membre du Club des Jacobins).
Guiraultj rue Saint-Dominique, hôtel d'Aguesseau.
H
Haller, rue d'Artois, 22.
Hassenfratz, rue des Bourdonnois (2),
Hebray, rue Saint-Dominique.
Hesse, rue de Verneuil.
Heyden, Palais-Royal, 164 Membre du Club des Feuillants).
Hogguer, rue d'Artois, 22 (Membre du Club de Valois).
(1) Auteur de ÏEsnai nur l'autorité de Montesquieu et d'un ouvrage sur le Duel
et sur le Point d'honneur, rédacteur fécond du Journal de la Société de 178!).
(2) Jean-Henri Hassenfratz, chimiste distingué, a publié dos articles dans le
Journal de la Société de 1780, notamment sur la soude et la fonte des cloches.
408 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
Huber, rue Notre-Dame-des-Victoires, hôtel de l'Europe.
Hurel, rue Sainte-Avoye, 20 (Membre des Clubs des Jacobins, de Va-
lois et des Feuillants).
Huskisson, rue du Sépulchre, 28.
J
Jaucourt, rue de Varennes, 81 (Membre des Clubs des Jacobins, de
Valois et des Feuillants).
Jauge, Chaussée-d'Antin, 6 (Membre des Clubs de Valois et des
Feuillants).
Jaume, rue Traversière, 21 (Membre du Club des Feuillants).
Junca, rue Neuve-Saint-Eustache, 14.
Jullien, rue des Marais, faubourg Saint-Germain, 4.
K
Ker, rue de Grammont, 9 (Membre du Club de Valois).
Keralio, rue de Grammont, 17.
Kersain {sic), à la Comédie-Italienne (Membre des Clubs de Valois et
de la Société des Jacobins).
L
Lal)arl)ée, rue Croix-des-Petits-Champs, 59.
Labhard [sic), rue de Cléry, 38 (Membre du Club des Feuillants).
Lablache, Chaussée-d'Antin, 15 (Membre des Clubs de Valois cl Mo-
narchique).
Labourdonnaye, rue des Petits-Âugustins, hôtel d'Orléans (Membre
du Club de Valois).
Lacépède, au Jardin du Roi (Membre des Clubs des Jacobins et des
Feuillants).
La Chapelle, au Louvre.
Lacolombe, hôtel de La Fayette (Membre du Club de Valois).
Lacôte, rue du Cherche-Midi, en face celle du Regnard (sic).
Lacoste, rue de Caumartin (Membre du Club des Feuillants).
Lacretelle, rue Feydeau, 18 ( Membre des Clubs de Valois et des
Feuillants).
La Fayette, rue de Bourbon, faubourg Saint-Germain (Membre des
Clubs du Salon et des Feuillants).
La Frété, Chaussée-d'Antin, près la barrière, 52.
Lafond {sic), rue Croix-des-Petits-Champs, 74 (Membre du Club de
Valois).
Lagervezais, rue Traversière, hôtel de Malthe.
Lalanne, rue Vivienne, 26 (Membre du Club des Jacobins).
SOCIÉTÉ DE 1789 409
Lamande, rue de Richelieu,
Lallemand, rue de Bourbon-Saint-Germain, 96 (Membre du Club des
Jacobins).
Lamarck, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 34.
Lametherie, rue Saint-Nicaise, 10 (Membre des Clubs des Jacobins et
des Feuillants).
Langiez, place Dauphine, 10.
Larive, au Gros-Caillou (Membre du Club des Jacobins).
Laroche, rue Poissonnière, 1.
La Rochefoucauld, rue de Seine (Membre du Club de Valois).
La Rochefoucauld, rue de Varenne.
La Rochefoucauld, rue de Cléry, hôtel de Chastulé (Membre du Club
des Feuillants).
La Rochette, rue des Vieux-Augustins, 26.
La Trémouille, rue Saint-Dominique-Saint-Germain.
Lavalette, place Vendôme, 6 (Membre des Clubs des Jacobins et des
Feuillants).
Lavoisier, à l'Arcénal {sic), cour des Salpêtres.
Lazoski, rue de Varenne.
Lechapellier [sic]^ rue Favart.
Lecoq, rue de la Michodière, 7.
Lecouteulx, l'ainé, rue de Richelieu, près le boulevard.
Lecouteulx, place Vendôme, 16 (Membre du Club des Feuillants).
Lecouteulx de Cauteleux (Membre des Clubs de Valois et des Feuil-
lants).
Lecouteulx de la Noraye, rue Montorgueil (Membre du Club de Valois).
Lefaucheux, à l'Arcénal (sic).
Lehoc, rue du Coq, Chaussée-d'Antin (Membre du Club de Valois).
Lepousseur, hôtel royal, place du Palais-Royal.
Leroi, galerie du Louvre (Membre du Club des Feuillants).
Lessert fds, rue Coquéron {sic) (Membre du Club de Valois).
Lévi, rue de Bourbon, faubourg Saint-Germain, 96.
Lhoste.
Liancourt, pavillon de Marsan, aux Thuileries.
Lom, rue des Filles-Saint-Thomas, hôtel des Trois-Évêchés.
Louis, rue Christine.
Luzignem, rue de Choiseul, 2 (Membre des Clubs de Valois et de Mas-
siac).
M
Maillet, rue Croix-des-Petits-Champs, 62 (Membre du Club des Feuil-
lants).
410 LES CLUBS G0NTRE-Rl<:V0LUT10NNAIHES
Maisoncelle, rue de la Vieille-Estrapade, au coin de celle des Poules.
Malartic, passage des Petits-Pères (Membre des Clubs de Valois et
Monarchique).
Malboissière, rue de Richelieu, 103 (Membre du Club de Valois).
Mallet, rue de Richelieu, près le boiilevard.
Mallet jeune, rue de Richelieu, près le boulevard (Membre du Club do
Valois).
Mallet fils, rue Montmartre, près Tégout (Membre du Club de Valois).
Mandrillon, rue des Jeûneurs, 26.
Maranzac, rue Saint-Dominique, près celle d'Enfer.
Marcilly, rue du Jardinet.
Marigner, père, place Vendôme, 3 (Membre du Club des Feuillants).
Marigner {sic), fils, place Vendôme, 3 (Membre des Clubs des Jacobins
et des Feuillants).
Maron {sic), rue Saint-Roch-Poissonnière, 9 (Membre du Ciul) des
Feuillants) (1).
Marsilly, rue Chaussée-d'Antin, 5-4 (Membre des Clul)s des Jacobins
et des Feuillants).
Martin.
Masson, rue du Mail, 25 (Membre du Club des Feuillants).
Maucune, hôtel Dauphin, rue Croix-des-Pelits-Champs.
Mazzey, rue du Regard, 30.
Melon, rue d'Artois, hôtel d'Aubeterre.
Méricourt, rue du Mail, 29.
Mestre, rue du Colombier.
Mezy, rue des petites Écuries, près celle Poissonnière.
Michel, petit hôtel de Houillon, quai des Théatins.
Mirabeau, l'aîné, Chaussée-d'Antin, 09 (Membre du Club des Jaco-
bins).
Mirât, rue Croix-des-Petils-Champs.
Mollien, rue de la Michodière, 9.
Mommorency {sic), rue Saint-Dominique, hôtel de Luynes,
Monneron, hôtel de Longueville.
Monestier, chez M. Louis Jullien, rue Simon-le-Franc (Membre du
Club des Jacobins).
Montz, rue Bergère, 6.
Moreau de Saint-Mery, rue Plâtrière, 12 (Membre du Club des Feuil-
lants).
(1) Prononça, le 18 juillet 1790, dans l'Oratoire des pi'otestants, ou musée de
la rue Dauphine, un discours « sur les avantages que l'homme et la société doivent
retirer de la liberté civile et religieuse ».
SOCIÉTÉ DE 1789 411
Morel, rue Bardubec, 9.
Monge, rue des Petits-Augustins, 28.
Montagu.
Mourgue, rue de Grammont, 17 (Membre du Clul) des Feuillants).
N
Narbonne, au Luxembourg (Membre du Club de Valois).
P
Pajou, au Louvre.
Pange, rue Vivienne, 19 (1),
Paris, rue et hôtel de Richelieu (Membre du Clul) des Jacobins).
Pastoret, colonnade de la place Louis XV (2\
Payen, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 9 (Membre des Clubs de Va-
lois et des Feuillants).
Péchevin, rue des Filles-Saint-Thomas, passage des Petits-Pères
(Membre du Club des Jacobins) .
Perier (.«c), Chaussée-d'Antin, 72 (Membre des Clubs des Jacobins,
de Valois et des Feuillants).
Périgord, hôtel de Grammont, rue de Bourbon-Saint-Germain.
Périgord, évoque d'Autun, rue de l'Université, vis-à-vis celle de
Beaune.
Pérignon, rue Plâtrière (Membre du Club de Valois).
Perrochel, rue Saint-Dominique, à côté de Belle-Chasse.
Peyrac {sic), rue Poissonnière, 162 (Membre du Club de Valois).
Pillet, rue du Parc-Royal (Membre du Club des Feuillants).
Pilos, rue Sainte-Apolline.
Pinon, rue de Cléry, 64 (Membre du Club des Jacobins).
Pinsot, rue du Mail, 30.
Piquet, place Vendôme, 23.
Piscatory, rue Saint-Thomas-du-Louvre, -49.
Pitra, hôtel de Gèvres, rue Croix-des-Petits-Champs (Membre du Club
des Feuillants).
Poignot, rue Saint-Denis, près l'Apport-Paris.
Pomard.
Pomaret fils, rue de Richelieu, hôtel de Chartres (Membre des Clubs
des Jacobins et des Feuillants).
(1) Le chevalier de Pange a publié un article « sur le crime de lèse-nation »
dans le Journal de la Société de 1789.
(2) A publié, dans le Journal de la Société de 1789, un article ayant pour titre:
De la poursuite des crimes et de Vaccusation publique.
412 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
Pommery, rue Bassc-du-Rempart, 6 (Membre du Club de Valois)
Pontécoulant, rue d'Anjou-Saint-Honoré, 123.
Potier, rue Rochechouart, 9.
Praslin, rue du Bacq, 9 (Membre du Club de Valois).
Prëdicant, rue du Petit-Lion (Membre du Club de Valois).
Prony, Hôtel des Invalides (Membre du Club des Feuillants).
Q
Quillet, rue des Saints-Pères, h(Hel de Pons.
Ramond, rue de Clicby, barrière Blanche, iO (Membre du Club .des
Feuillants) (1).
Ravel, rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur (Membre du Club des
Feuillants).
Ravel (Louis), rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur (Membre du Club
des Feuillants).
Reboul, rue Favart, 2.
Recamier, rue Neuve-des-Bons-Enfants, 14.
Reibaz, rue des Portes, près celle du Cheval- Vert.
Resnier (sic), rue du Doyenné, 28 (Membre du Club de Valois).
Rhulières (*«c), boulevard Saint-Martin (Membre du Club des Feuil-
lants).
Ribeyre, rue des Filles-Saint-Thomas, hôtel des Trois-Évêchés.
Rich^ard,. rue Saint-Honoré, vis-à-vis Saint-Roch.
Rilliet, l'aine, rue Montmartre, près celle des Jeûneurs (Membre du
Club des Feuillants).
Rilliet, jeune, rue Montmartre, près celle des Jeûneurs (Membre du
Club des Feuillants).
Rougemont, rue Croix-des-Petits-Champs.
Ro'derer, rue Montmartre, près Thôtel d'Uzès.
Rouillé, aux colonnades de la place Louis XV.
Ruysch, hôtel de Montpensier, Palais-Royal.
S
Sabatier, place Vendôme, 23.
Salvan, rue des Filles-Saint-Thomas, 15 ( Membre du Club des
Feuillants).
Sancé, rue d'Enfer, 119.
(1) Publia, en Variétés, dans le Journal de la Société de. 1789, une lettre sur la
fédération de Strasbourg. (N* îi.)
SOCIÉTÉ DE 1789 413
Saux, à FHôtel-Dieu.
Savalette, rue Saint-Honoré.
Sainte-Croix, rue du Faul:>ourg-Poissonnière, 18 (Membre des Clubs
de Valois et Monarchique).
Saint-Gervais.
Saint-Martin, rue des Fossës-Saint-Victor, 12.
Scherer, hôtel de l'Europe', rue Notre-Dame-des-Victoires.
Second, rue de Caumartin, 21 (Membre du Club des Jacobins).
Semonville, rue Taitbout.
Senovert, ancien hôtel de Cavannac.
Séran, rue de Bourbon-Saint-Germain, 165.
Sesseval, rue de Bourbon.
Shée, Palais-Royal.
Short, ancienne Bari-ière de Chaillot (Membre du Clul) de Valois).
Siau (sic), rue Neuve des-Capucines, li (Membre du Club des Feuil-
lants/.
Sicardy, rue Notre-Dame-des-Victoires, 19.
Sieyes, rue Saint-Honoré, 90 (Membre du Club de Valois et des
Feuillants).
Suard, rue de Louis-le-Grand, 7.
Talon, rue Saint-Florentin, 6.
Tassin, l'aîné, rue Neuve-des- Petits-Champs (Membre du Club des
Feuillants).
Tellez d'Âcosta, rue des Trois-Pavillons.
Telusson {sic), rue de Paradis, faubourg Poissonnière.
Texier, rue de Banne Nouvelle (Membre du Club des Feuillants).
Thi«ry, rue Saint-Dominique, faubourg ?aint-Germain, 27 ( Membre
du Club des Jacobins).
Thouin, au Jardin du Roi (Membre du Club dés Jacobins).
Thouret, quai Malaquais (Membre du Club des Feuillants).
Thouret, rue Pavée, au Marais (Membre du Club des Feuillants).
Toulongeon, rue Neuve-du-Luxembburg, 56 (Membre du Club de
Valois).
Tourolle, rue du Temple, près l'Égout
Tracy, rue de Bourbon, 41.
Treilhard, rue des Maçons, 25 (Membre du Club des Feuillants).
Trial, rue Favart.
Tronchin, rue d'Antin (Membre du Club de Valois).
Trudaine, place Louis XV (Membre du Club de Valois).
414 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Trudaine de la Sablière, place Louis XV (Membre du Club de Va-
lois).
Trudon, rue de l'Arbre-sec (Membre du Club des Feuillants).
Trudon dos Ormes, rue Sainte-Anne, 70 (Membre du Club des Feuil-
lants).
Valekiers, rue d'Angoulème, faubourg Saint-Honoré.
Valence, Chaussée-d'Antin (Membre des Clubs de Valois et Monar-
chique).
Vandenyver (Aug.), rue Vivienne, 24.
Vandenyver, père, rue Vivienne, 24.
Vandenyver, fils, rue Vivienne, 24 (Membre du Club des Jacobins).
Vandermonde, rue de Gharonne (Membre du Club des Jacobins).
Vanstaphort, hôtel de Beaujolais, Palais-Royal.
Vieillard, à Passy.
Verdina, rue Xotre-Dame-des Victoires, 8 (^Membre du Clul) des Ja-
cobins).
Verrier, cul-de-sac des Petit-Pères.
Villard, rue d'Amboise, hôtel de la Compagnie d'Assurance, 12.
Villeminant, rue de Bondy, 50.
Villeminot, rue Vivienne, 24.
Villette, près le Pont royal (Membre du Club des Jacobins).
Voisin, rue Dauphine, 4.
Virly, rue Neuve-Saint-Augustin, hôtel Danemark.
w
Witt, rue Neuve-des-Mathurins, 48.
II
Cotte Société avait, comme le Club des Jacobins, un comité où se
discutaient et s'arrêtaient les différents projets relatifs à la Consti-
tution dont s'occupait l'Assemblée nationale. Ces projets étaient en-
suite portés à la réunion générale du club. Les membres dudit club
désiraient une Constitution monarchique mixte. Ils battirent en
brèche les Jacobins, dont le radicalisme révolutionnaire ne s'accor-
dait pas avec leur modération ; ils rivalisèrent avec eux.
On lit) dans un pamphlet de V Imprimerie des Amis du Roi, pam-
SOCIÉTÉ DE 1789 il5
phlet intitulé : « Catéchisme des Aristocrates, à l'usage de tous les
gens sensés, par demandes et réponses :
« D. — Pourquoi beaucoup de révolutionnaires disent-ils du mal
des Jacobins?
« R. — C'est qu'ils sont membres du Club de 89, partisans de
M. de La Fayette, ou installés dans les places du nouveau régime.
« D. — Pourquoi ces trois sortes de personnes sont-elles ennemies
des Jacobins?
« R. — C'est que le Club de 89 étant une division des Jacobins, la
jalousie les a rendus ennemis; que M. de La Fayette redoute la fac-
tion d'Orléans, et que les Jacobins s'étant dérigés (.^ic) en surveillants
de tous les gens en place, ceux-ci nécessairement doivent les dé-
tester.
« D. — M. de La Fayette n'a-t-il pas été un membre des Jacobins?
« R. — Sans doute, mais il s'en sépara, et fut un des co-fonda-
teurs du Club de 89, pour se créer une faction et opposer club à
club (1). »
André de Chénier s'affilia un des pi'emiers à la Société de i789^
dirigée par Malouet, et dont faisaient partie, déjà, Condorcet, le che-
valier de Pange, ami d'André de Chénier, Grouvelle, de Kersaint.
Pas tore t et Roucher. On y vit encore Mirabeau, Clavière, Marmontel,
Frochot (plus tard, préfet de la Seine), Durovray et Pitra, des philo-
sophes, des académiciens, des hommes de lettres, des financiers, des
capitalistes. Dandré en fut un des piliers.
Le club s'installa d'abord dans une superbe maison de la rue de
Richelieu, puis dans un très bel appartement du Palais-Royal, au
no i08 (2), au premier étage, au-dessus du Cirque. Il payait gros
loyer, s'assemblait avec grand fracas, dans des salons étincelants,
ayant balcons et jardins. 11 cherchait à attirer la multitude au
moyen de fleurs, de musique et de vins exquis. Un salon était spécial
pour la lecture des papiers publics. Les membres y banquetaient
assez souvent, à vingt livres par tête.
Les dames de la Halle y vinrent complimenter Railly, La Fayette,
Le Chapelier et, enfin, le comte de Mirabeau. Cependant, il n'exerça
aucune action sur les masses.
(1) Bib. Xat., Lb 39/4360.
(2) Mémoires de Fen'ières, t. II, liv. vu, p. 123. — Sou local, dit Louis Passy*
était sccrôtoment payé par le ministère.. (Voir Frochot, iu-8", Paris, 1874, p. 48
et 49;)
416 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Formée des membres les plus modérés du Club des Amis de la
Constitution, la Société de i789 était qualifiée « Club de la propa-
gande » par les Actes des Apôtres. Dans l'Assemblée nationale, ces
clubistes votèrent généralement avec le côté droit. « Maudit soit,
écrivit Camille Desmoulins, l'hérésiarque qui a fondé 89!... » Mais il
ajouta : « Le schisme qui d'abord avait si fort affaibli, parait aujour-
d'hui n'avoir que nettoyé l'aire et séparé l'ivraie du bon grain (1). »
Quant aux Révolutions de Paris., elles reconnaissaient que la So-
ciété de i 789 avait de grands noms et de grands talents « qui ne leur
en imposaient pas ». M. de Casaux, membre auxiliaire de ce club, y
lut des « Réflexions sur la dette dite exigible et sur les moyens pro-
posés pour la rembourser (2). »
Il suffit de jeter les yeux sur la liste des membres de la Société
de 1789, pour comprendre l'accusation portée alors contre les mo-
dérés, contre les « Machiavels et les Gromwells modernes », contre
« l'aristocratie municipale ». Reaucoup de savants et de littérateurs
connus, illustres même, s'y retrouvaient.
Reprenons, d'ailleurs, quelques noms principaux, (|ui ne sont pas
tous sur la liste, mais qui peut-être sont ceux de membres posté-
rieurement acceptés, ou de membres qui sortirent de la Société.
L'abbé Sieyès (3). Ru'derer.
L'évêque d'Autun. Fermont.
Dupont (de Nemours). Emmery.
Desmeuniers. Crillon (Membre, aussi, du Club
Chapelier. de Valois) ,
Railly. Lusignan.
La Fayette (Mem"bre, aussi, du <<astellane (Membre du Club de
Club de Valois). Valois).
Thouret. Jessé.
La Rochefoucauld (Membre du Décretot.
Club de Valois). Duquesnoy.
Liancourt (Membre du Club de Jaunie.
• Valois). Rarrère de Vieusac.
Ruréau-de-Puzy. Le Coulteux (Membre du Club de
Rabaud. Valois.
Reaumetz.
(1) Révolutions de France et de Jirabant, n" 41.
(2) Bib. de la Chambre des députés, Bf" 222 (t. XXXVIII).
(3; Robespierre donnait à Sieyès le suriioia de « taupe de la Révolution
SOCIETE DE 1789 417
Auxiliaires.
Condorcet. Grouvelle.
Champforl (Membre du Club de Artaud.
Valois). Lacépède. -
De Caseaux. Lavoisier.
Brissot. Keralio.
Cérutti.
Trésoriers.
Germain. Vandenyver.
BuUiet. Dufresnoy.
Boscary. Le Couiteux (1),
Plusieurs membres étaient en même temps membres des Jacoi)ins.
La Fayette essaya d'amener les deux clubs à se réunir; mais il
échoua. 11 parut un Projet de paix entre le Club de I 789 et la So-
ciété des Amis de la Constitution, par un membre de V Assemblée natio-
nale ^ de l'imprimerie du Patriote français (2).
Au Clul) de 1789 s'était agrégée la plus grande partie de la Muni-
cipalité de Paris et de la Garde nationale, des gens riches, des écri-
vains distingués, et beaucoup de membres réputés modérés dans le
coté gauche (3). Il ne s'y présenta aucun membre du côté droit, non
seulement du parti absolu (Maury, D'Éprémesnil, Cazalès), mais en-
core du parti monarchien (Malouet, Virieu, Clermont-Tonnerre).
Sans doute ces royalistes le trouvaient compromettant, acceptant
trop le fait accompli depuis 1789.
Il se rassemblait avec ostentation dans son local des bâtiments du
Palais-Royal. Il avait plutôt l'air d'une maison d'agrément et d'un
réfectoire, que d'une réunion occupée de politique. Les banquets s'y
succédaient fréquemment; la vie confortable, large, joyeuse, que ses
membres y menaient, pouvait bien les faire taxer d'aristocratie.
On remarquait nombre de modérés constitutionnels dans cette So-
ciété. Le 18 mai 1790, elle célébra son installation sous le nom de
Société patriotique de 1 7 89. Son but, disait-elle, était « de s'occuper
de tout ce qui peut concourir au perfectionnement de l'art social ».
Il y eut un grand dîner de cent vingt-quatre couverts. On quêta,
avant de se mettre à table, et l'on recueillit un peu moins de 600 li-
(1) Mémoires de Mo7iUosier, Extraits des Actes des Apôtres, t. II, p. 'lOo.
(2) Uriiish Muséum (Fi-ench Révolution), 344, 2.
(3) Mémoires de Montlosier, t. I, p. 331.
418 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAlRES
vres ; à la fin du repas, on porta des toasts : — à la Révolution, à la na-
tion, à la loi, au roi. Sieyès proposa de boire « à la meilleure Cons-
titution, aux États-Unis d'Amérique, aux Françaises patriotes, etc. »
Dans le jardin, la foule entendait le choc des verres, voyait les lus-
tres allumés. Elle lit du bruit, d'abord, elle cria; puis, des députés
.qu'elle respectait s'étant mis aux fenêtres, elle applaudit.
Le Club de 1789 s'ajourna, pour sa seconde séance, au 17 juin 1700.
Le 17 juin 1790, il se réunit pour célébrer, par un dîner au Palais
Royal, l'anniversaire du 17 juin 1789, jour où les députés du tiers
état s'étaient constitués en Assemblée nationale.
Parmi les quelques invités était le Corse Paoli. Il y avait cent
(|uatre-vingt-dix sociétaires La fête fut somptueuse. Un orchestre
considérable se fit entendre. Les membres du banquet se présentèrent
plusieurs fois aux fenêtres et furent applaudis par la foule qtii se
trouvait dans le jardin. On porta des toasts, ou reçut une députation
des dames de la Halle, on chanta des couplets do PiiSj que l'on ré-
péta pour la foule, du haut d'une fenêtre :
(Air : Des De t les.)
Les traîtres à la nation
Craignent la Fédération:
C'est ce qui les désole;
Mais aussi depuis plus d'un an,
La liberté poursuit son plan :
C'est ce qui nous console.
L'instant arrive où pour jamais
Vont s'éclipser tous leurs projets ;
C'est ce qui les désole ;
Et l'homme enfui va cette fois
Rétablir l'homme dans ses droits :
C'est ce qui nous console.
11 arrive souvent qu'au bois
On va deux pour revenir trois,
Dit la chanson frivole;
Trois ordres s'étaient assemblés,
Un sage abbé les a mêlés :
C'est ce qui nous console.
Quelques-uns regrettent leurs rangs,
Leurs croix, leurs titres, leurs rubans ;
C'est ce qui les désole;
Ne brillons plus, il en est temps,
Que par les mu3iirs et les talens '.
C'est ce qui nous console.
SOCIÉTÉ DE 1789 41'.!
Sans doute on fera moins de cas
Et des cordons et des crachats i
C'est ce qui les désole;
Mais les lauriers, mais les épis,
Les feuilles de chêne ont leur prix :
C'est ce qui nous console.
On en a vu qui, tristeirient,
N'ont fait qu'épeler leur serment :
C'est ce qui nous désole ;
On va le faire à haute voix,
De bouche et de cœur à la ibis :
C'est ce qui nous console (1).
Le clul) (loiiiui uiio véritable fête, fort critiquée dans le pul)lic; par
(les temps de misère, ce luxe semblait scandaleux.
i' La veille du dtner, la Société avait arrêté que ceux de ses mchi-
bres qui pnurrai(;nt donner des logetnents aux députés t\ la fédéra-
tion s'inscriraient sur un registre, et que ce registre serait ensuite
envoyé à l'hôtel de la mairie pour que les districts, ((ui avaient tous
montré le môme zèle, fussent soulagés d'autant (2). »>
IV
Mais la haute bourgeoisie, et plusieurs nobles qui affectaient de né
pas être royalistes, s'y intéressaient.
(( La Société de 1789 devient chaque jour plus nombreuse et plus
brillante : elle compte parmi ses membres beaucoup de députés à
l'Assemblée nationale, d'hommes de lettres distingués, et de per-
sonnes qui ont donné, dans la Révolution, des preuves de patriotisme
et de zèle. Son but est d'encourager les arts utiles, de répandre les
vrais principes de constitution et de liberté, et de concourir, par tous
les moyens qu'une semblal)le réunion et une correspondance étendue
lui peuvent donner, au perfectionnetnent de l'art social. Son journal
vient de paraître: le mérite connu de ceux qui le rédigent doit faire
présumer qu'il sera bien accueilli. On souscrit chez le Jay fils, rue de
l'Échelle (3). »
La Chronique de Paris faisait le panégyrique du club et lui cher-
chait de nouveaux adhérents. La presse modérée l'adoptait, pour
(1) Journal de la Sm-iété de 17 Hh, u" 4, du 28 juitt 1790.
(2) Journal de lu Société de 17H9, W" 4, du 20 juin 1790,
(3) Chronique de l'ai'is, lluUioro du 15 julu ITJO, pi 862 et 863.
420 LES CLUBS GONTRK-RÉVOLLITIONNAIRES
ainsi dire; le marquis tie Villette, qui avait brûlé ses lettres de no-
blesse, qui avait renoncé par anticipation à ses droits féodaux, se
plaisait à y rencontrer Gondorcet, le biographe de Voltaire, et,
quoique membre des Jacobins, y jouait un rôle actif. Par exemple, il
y proposa :
« Motion de M. de Villette au Club de 1789 (1).
« Messieurs,
« Me seroit-il permis de faire une motion? Ce seroit qu'au jour so-
lennel du 14 juillet, lorsque les députés des troupes de ligne, des
gardes nationales de toutes les régions de la France, viendront jurer
le pacte fédératif à la face des représentans de la nation et sous les
yeux du monarque, au lieu de ces cris vive le Roi! qui ont si long-
temps fatigué nos oreilles sans entrer dans nos cœurs, on criât d'une
voix unanime : Louis Empereur! Ce titre nouveau conviendroit par-
faitement au nouvel ordre de choses. Prononcé par le président de
l'Assemblée nationale, il seroit sanctionné par cinq cent mille qui le
répéteroient à la fois. L'Empereur de la Chine a, dit-on, un million
de soldats; Louis XVI en a le double. Charlemagne fut proclamé Em-
pereur des Français^ et convoquoit la nation dans le Champ de Mars.
Après mille ans, elle a repris sa gloire et ses droits. Louis XVI doit
donc reprendre un titre d'honneur que les rois fainéans ont laissé
passer chez nos voisins. EfTaçons les noms de roi, de royaume, de su-
jets^ qui ne s'uniront jamais bien avec le mot de liberté. Les Français
qui ont la souveraineté et qui l'exercent, sont soumis à la loi et ne
sont sujets de personne. Le prince est leur chef, et non leur maître :
Imperat, non régit. Qu'il revienne donc du Champ de Mars, la cou-
ronne impériale sur la tête, et que son auguste épouse soit, comme
sa mère, saluée du nom d'impératrice (2). »
L'étrange proposition du marquis de Villette ne fut pas, ne pouvait
pas être admise, et la Fédération du 14 juillet 1790 n'aboutit pas à
la couronne impériale placée sur la tête de Louis XVI. Loin de là,
pour les avancés, elle établissait, malgré les serments, un antago-
nisme durable entre les constitutionnels et les révolutionnaires con-
séquents dans leurs principes.
Le Journal de Paris, où ont paru plusieurs articles d'André de Ché-
nier, professait une opinion à peu près conforme aux idées de la
Société de i 7 89 ; mais celle-ci voulut avoir un organe spécial, dont
(1) « Cette motion n'a point été faite aux Jacobins, comme on l'a dit dans
quelques papiers. » (Note de la Chronique de Paris.)
(2) Chronique de Paris, numéro du 24 juin 1790, p. 097 et G98.
SOCIÉTÉ DE 1789 421
la polémique lui serait dévouée, et qui publierait, çà et là, des articles
approuvés par elle, et dus à des écrivains non appartenant à son
groupe enrégimenté.
Le club eut un Journal de la Société de 1 789 (par Condorcet, Du-
pont de Nemours, Kersaint, de Larochefoucauld, Roucher, Pastoret,
Grouvelle, André de Chénier et autres, qui parut du 5 juin au 13 sep-
tembre 1790). Vers la fin de juin de la même année, Sieyès fut
l'objet d'une sorte d'ovation populaire au Palais-Royal : plusieurs dé-
putés y célébraient le jour où ils s'étaient constitués en Assemblée
nationale.
Le journal changea de titre et prit celui de : Mémoires de la Société
de 17 89, à dater du 21 août 1790, n° 12.
Railly présidait le club en mai 1790, La Rochefoucauld en juin,
Mirabeau en juillet.
Le Journal de la Société de 1789 contient, à la date de juillet 1790,
un discours de Mirabeau.
Ce discours se termine ainsi : « Nous faisons, en effet, profession
de croire que le vrai courage enseigne la modération loin de l'exclure,
qu'au lieu d'adopter ceux qui voulaient la paix publique par des
exagérations incendiaires, les Amis de la Constitution doivent les
regarder comme les plus redoutables ennemis, parce qu'ils la défigu-
rent, la retardent et même la décrient ; que si l'audace et même Tim-
pétuosité sont utiles pour conquérir une révolution, la mesure seule
peut la consolider, et qu'enfin les conceptions sont encore plus néces-
saires que les mouvements à rétablissement de la liberté publi-
que (1). »
Le 13 août de la même année, Gouget-Deslandres prononça, à la
Société de 1789, un discours sur les finances, le crédit des assignats,
la circulation de l'argent et la baisse de l'intérêt de l'argent (2).
Dans le n° 13 du Journal de la Société de 1789 (août 1790) parut
VAvis aux François sur leurs véritables ennemis, par André de Ché-
nier. VAvis fit sensation, et le public s'imagina, avec quelque raison,
que c'était le factum de la Société. Il fut réimprimé en brochure, et,
répandu à profusion, il obtint un immense succès. Le roi Stanislas-
Auguste de Pologne ordonna de le traduire en polonais, et André de
Chénier reçut de ce souverain une médaille d'or. André de Chénier
s'était réuni à la Société de 1789, sans en faire activement partie. Il
habitait, avec son père, au quartier Montmartre.
(1) N'. 53, du 10-au 17 juillet 1790.
(2) In-8°, Paris, 171)0, 40 pa^jes.
42? LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Bientôt, les IÎ('voli(tions de Paris imprimèrent :
<( ,,, Les intrigans, les ambitieux d'argent ou de pouvoir se saisi-
rent d'un Club de i7H9, qui existait déjà obscurément, et y attirèrent
plusieurs membres de celui des Jacobins, en leur persuadant qu'ils
n'y avoient pas assez d'intluence, ou que ce Club était vendu au ixirti
d'Orlt'ans.
« Dès qu'ils eurent réuni un assez grand nombre de députés, non
connus pour aristocrates, le Club de 1789 vint s'étaler pompeusement
au Palais-Royal, dans un superbe appartement et avec tout le fracas
nécessaire pour attirer, pour frapper les regards de la multitude.
« Le Club de 1789 affecta de se proposer les mômes objets que celui
des Jacobins, des discussions politiques; mais on y ajouta d'autres
avaniaijes ri agrrmeiis^ tels que de bons dîners, dont on entendait
bien tirer parti.
« La discussion sur la guerre et la paix avoit signalé les intrigans,
qui, sous l'apparence de la popularité et du patriotisme, servoient le
ministère pour leur propre intérêt. Ils n'avojent plus rien à risquer
en levant le masque; ils fjreat décréter, à leur Club, que les députés
ù l'Assemblée nationale, non domiciliés à Paris, pourroient être reçus
à titre d'associi's^ et seroient invités à délibérer dans ses assemblées
de discussion, ainsi qu'à jouir de tous les avantages et agrémens de la
Société^ pendant le temps que durera l'Assemblée nationale, et que
lesdits associés ne pourront point payer de cotisation.
w Cependant ce Club a un loyer considérai)le et qu'on dit être de
2i,()0l) livres; les banquets y sont à un louis par tête (1),vce qui exi-
geroit que chaque part-pi'enant fit une cotisation, si la bourse minis-
térielle ne subvenoit avec des assignats aux frais de cet établissement.
« Certes, il est indifférent à des gens qui veulent discuter des ma-
tières politiques d'être dans une salle qui leur coûte cent écus ou
(1) uCct arrêté du club est du 28 mai; et avaot le iû juin, plus de cent niembres
de l'Assemblée nationale se présentèrent (plus de cent vingt membres, selon le
Journal^ et furent associés. Je voudrois bien savoir quels sont ces cent goinfres
qui ont été se faire endoctriner pour un dîner; je les dénoncerais à leurs dépar-
tcmeus. >i "ont-ils pas de quoi vivre avec 18 francs, sans aller compromettre leur
opinion pour un dîner? » — Ils étaient admis par la voie du scrutin, fait entre
douze commissaires nommés à cet effet, et ils pouvaient no pas payer de coti-
sation.
SOCIÉTÉ Dl^ 1789 423
mille louis; c'est même pour eux un avantage bien évident d'être dans
un lieu tranquille et retiré. Mais il n'étoit pas indifféretit aux succès
des vues ministérielles que le public nombreux qui fréquente le Palais-
Royal vit aux croisées des salles de ce Club La Fayette^ /Jailli/^ Mi-
rabeau^ Le Chapelier, et autres personnages qu'il s'est habitué à
regarder et qu'il regardera encore quelques mois comme ses défen-
seurs. Il falloit;, pour surprendre l'opinion publique et lui faire adopter
les résolutions dictées par la cour à ce Club, qu'il ne parût autre
chose, aux yeux d'une multitude irréfléchie, que le Club des Jaco-
})ins, mais épuré des prétendus factieux qu'on disoit les ennemis de
la Monarchie et les partisans de la République,
« Mais l'heure de la réflexion, qui arrive toujours tard pour les
Français, arrivera enfin; et la honteuse, la dangereuse formation de
ce Club ne sera plus un mystère pour eux : ils verront que des
hommes qui seroient les amis du peuple et de l'humanité, ne débour-
seroient pas, au milieu des calamités publiques, tant d'argent pour
louer un lieu d'assemblée ; et qu'au lieu de venir afficher avec tant de
magnificence leurs discussions populaires à un premier étage au
Palais-Royal, ils se seroient retirés dans l'enceinte silentieuse {sic)
d'un des couvens nationaux ; qu'au lieu de splendides banquets et de
quêtes mesquines, ils feroient des quêtes abondantes et des repas
frugaux; qu'au lieu de venir se faire claquer aux fenêtres, ils se dé-
roberoient avec modestie à des témoignages d'attachement ou d'ad-
miration qu'ils n'ont même pas mérités (1).
« C'est du Club de 1789 que nous est venu le décret sur la guerre et
sur la paix, le décret qui a donné au roi la faculté de s'adjuger
2u millions; c'est du Club de 1789 qu'est venue la proposition de
laisser aux évoques un traitement beaucoup plus fort que l'énorme
traitement qu'on leur a donné, et celle de mander les Marseillais à la
barre; c'est du Club de 1789 que nous viendront toutes les pro-
positions, tous les décrets qui pourront mettre entre les mains du
pouvoir exécutif les moyens de satisfaire les appétits des inlriguail-
leurs qui mènent ce Club, c'est-à-dire du pouvoir, de l'argent et des
(1) c< Quand l'ancien uiiuistère, l'ancienne police vouloit faire paroitre que l'opi-
nion publique se déclaroit pour quelque chose, ils avoient des femmes prêtes i'i
jouer le rôle de dames de la Halle. Le Comité de police usa, il y a quelque temiis,
de ce stratagème contre la liberté de la presse et les gens de lettres {Vide w 15,
p. 6). Le club de 1789 a joui des mômes honneurs, ou a usé de la même ruse: des
dames de la Halle y sont venues faire un compliment au génie de M. Bailly, un à
notre bo?i général; à M- Mirabeau, qui dit de si belles choses ; et à M. Le Chapelier,
qui, sans cesser d'être Breton, est devenu bon Parisien. Boue Deun! »
424 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
soldats. Beaucoup de jeunes ci-devant seigneurs et nos gens de
lettres à pensions sous l'ancien régime se sont jetés dans le Club
de 17^50. Rien n'est plus simple : cette voie mènera à la fortune. »
Cette Société était influencée par les ministres ou par la Cour de
Louis XVL
« Si ce clapier ministériel (1) n'étoit pas désolé par les patriotes, un
jour viendroit où la Cour y trouveroit à son aise assez d'individus
pour garnir le Corps législatif, qui lui vendroit, dans les législatures
suivantes, la liberté publique et individuelle à beaux deniers comp-
tants. Mais guerre, guerre éternelle aux vils esclaves de la Cour, aux
ambitieux et aux faux patriotes'.
« Ce n'est pas qu'il n^y ait dans cette Société quelques honnêtes
gens, qui n'ont pas vu d'abord qu'ils étoient dupes; mais peu à peu
leurs yeux se désillent [sic] ; ils désertent le Club; et convaincus que
toutes les délibérations bruyantes de ces Sociétés sont à peu près
inutiles, ils vont étudier dans la retraite les moyens de réparer les
décrets inconstitutionnels qu'ils ont eu la foiblesse d'appuyer. »
La Gazette nationale ou Moniteur wneuerse/ apprécia ainsi le Club
dont il s'agit, en s'occupant des fêtes dont nous avons parlé plus
haut :
« Il s'est formé à Paris une Société, sous le nom de Société de i 789,
comme pour consacrer l'année de la Révolution en France. Le but
principal que l'on s'y propose est de développer, de défendre et de
propager les principes d'une constitution libre, et plus généralement
de contribuer de. toutes ses forces aux progrès de l'art social.
« Cette Société a célébré jeudi, 12 mai, son installation dans son
nouveau local au Palais-Royal, par un banquet composé de cent trente
personnes, parmi lesquelles se sont trouvés, comme membres de la
Société, M. le Maire et M. le Commandant-général. On y a porté les
santés suivantes :
« 1° A notre Révolution ;
« 2° A la Nation, à la Loi et au Roi ;
« 3° A la première Assemblée nationale ;
« A° A la meilleure Constitution ;
« oo A la liberté et à l'union fraternelle de tous les peu])les de la
terre ;
<( 6° Aux Milices nationales de France ;
« 7° A la Ville de Paris et à la Garde parisienne ;
(1) On pensait que les membres du club espéraient voir sortir de ce centre un
nouveau ministère.
SOCIÉTÉ DE 1789 425
« 8° Au patriotisme des troupes réglées ;
« 9" Au civisme de la prochaine législature ;
« 10° Aux patriotes français ;
« 11" A la Société de 1789 et au Clul) de la Révolution de Londres.
« 12° Aux écrivains qui, par leurs ouvrages, ont préparé la Révo-
tion, et particulièrement à l'auteur de Qu'est-ce que le Tier&-Etat?
(M. l'abbé Sieyès.)
« 13° Aux États-Unis de l'Amérique. Un membre s'est levé et a dit :
« Je porte la santé des indigens ; car il n'y a point de patriotisme sans
charité ». Il est inutile de dire que la santé a été généralement
accueillie ; nous ajouterons qu'elle a été suivie d'un secours pécu-
niaire, destiné à leur soulagement, et qui a été remis dans les mains
de M. le Alaire.
« Vers la lin du diner, une multitude de citoyens s'est assemblée
sous les fenêtres du local de la Société ; elle a demandé à voir M. le
Maire et M. le Commandant-général, qui se sont présentés et ont
remercié le public au milieu des applaudissemens. Une musique mi-
litaire, placée dans l'intérieur, à une des fenêtres, a exécuté différens
morceaux qui ont ajouté à l'allégresse commune,
« La Société, avant de se séparer, s'est ajournée, pour un ban-
quet pareil, au 17 juin, jour de la constitution de l'Assemblée natio-
nale (1). »
Bailly et La Fayette, ainsi que Sieyès, Mirabeau et Le Chapelier,
étaient les hommes principaux du club, dont Condorcet apprécia
l'importance dans une lettre qu'il est bon de reproduire :
« Vous désirez, Monsieur, connaître l'origine et l'esprit de cette
Société de 1789, à laquelle votre estime pour quelques-uns de ses
membres vous fait prendre un intérêt dont elle s'honore.
« Vous voulez savoir par quelle fatalité, dans ces écrits dont le
style et les principes annoncent si bien à quelle classe de lecteurs la
corruption ou la malignité les destinent, on accuse d'être ennemie de
la liberté une Société où se réunissent ceux qui en ont été les apôtres
les plus zélés, les plus fermes, les plus éclairés, dans ces temps où
elle avait parmi nous si peu d'adorateurs. Vous ne les soupçonnez
pas d'avoir changé : vous croyez à la raison et à la vertu. Je vais sa-
tisfaire à vos questions.
« Dès le mois d'octobre 1789, quelques citoyens, dont la plupart
n'avaient pas attendu l'annonce des États-généraux pour méditer sur
(i) Monilertr universel, numéro du 13 mai 1790.
426 I^ES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
les principes des sciences politiques, formèrent une Société dans la-
quelle ils devaient s'occuper des moyens de rétablir l'ordre, de con-
server la paix, et de donner aux lois fmnçaises toute la perfection à
laquelle les progrès de l'art social perniottaient d'atteindre; car il y
a pour chaque degré de civilisation une perfection réelle, comme pour
chaque degré de lumières une perfection idéale, dont nous sommes
destinés par la nature à nous rapprocher sans cesse, sans pouvoir
jamais l'atteindre,
« On vit bientôt que, dans un moment où la nécessité des affaires
ne laissait à personne la libre disposition de son temps, une associa-
tion peu nombreuse ne pouvait avoir d'activité; et on résolut de
former, sur un plan plus vaste, une grande Société dont l'objet serait
d'approfondir, de développer, de répandre les principes d'une cons-
liLulion libre, et plus généralement de chercher les moyens de per-
fectionner l'art social considéré dans toute son étendue,
« Cette nouvelle association a pris le nom de Société de 17 89.
(( ,,, Nous avons regardé l'art social comme une véritable science,
fondée, comme toutes les autres, sur des faits, sur des expériences,
sur des raisonnements et sur des calculs ; susceptible, comme toutes
les autres, d'un progrès et d'un développement indéfini, et devenant
plus utile à mesure que les véritables principes s'en répandent da-
vantage; et nous avons jugé qu'il était bon qu'une Société dbommcs
libres dans leurs opinions, indépendants dans leur conduite, s'occu-
passent d'accélérer les progrès de cette science, d'en hâter les déve-
loppements, d'en répandre les vérités.
<( Il existe donc une différence essentielle entre la Société de 1780
et celles que les citoyens pourraient former dans l'intention de réunir
leurs forces pour le succès d'une réforme dans la Constitution et dans
la législation de leur pays.
« De telles Sociétés sont utiles sans doute, mais elles ne sont pas
les seules utiles.
« Il est nécessaire qu'une Société comme la nôtre reste isolée, pour
conserver une indépendance entière ; ce qui n'exclut point une cor-
respondance, une fraternité, comme celles qui existent entre les So-
ciétés savantes de l'Europe. Elles s'envoient réciproquement leurs
ouvrages; les académiciens qui voyagent sont admis aux séances des
Sociétés étrangères; elles se consultent réciproquement, et il leur
arrive même quelquefois de se concerter pour des travaux impor-
tants... Une Société, plus philosophique encore que politique, doit
surtout professer une tolérance qui peut blesser les esprits inquiets
et violents.
SOCIÉTÉ DE 1789 427
« Consacrée h la défense des principes d'une constitution libre, et
à la perfection de l'art social, sans doute elle doit proscrire les opi-
nions évidemment incompatibles avec sa liberté, comme avec Toxis-
tence d'une Société bien ordonnée. Mais il faut que cette incompati-
bilité paraisse telle h la généralité des hommes éclairés. Car cette
intolérance qui voit des scélérats ou des hommes corrompufi, des
factieux ou des esclaves, dans ceux qui ne sont pas de notre avis, a
toute la folie, tout le danger de l'intolérance religieuse et n'en a pas
l'excuse, celle d'une illumination surnaturelle, qui donne du moins
des droits à l'indulgence do la raison,
« Si la tolérance est nécessaire dans le sein d'une Société, la faci-
lité pour admettre serait funeste, Il faut une forme d'admission qui
puisse répondre de cette convenance dans la manière de penser, sans
laquelle toute discussion dégénère en dispute. Cette disconvenance
qui empêche les hommes de s'éclairer mutuellement, parce qu'elle
les empêche de s'écouter, ne se borne point h une opposition de prin-
cipes sur les objets ordinaires île la discussion ; mais elle s'étend
jusqu'à une division prononcée sur d'autres objets, lorsque celte
division a les caractères de l'esprit de secte. Supposons qu'en Alle-
magne les théologiens protestants eussent voulu établir des confé-
rences dans l'intention de s'éclairer sur les moyens de réfuter les
controversistes de la religion romaine; ou que les prêtres français
eussent eu le dessein de se concerter sur ceux de résoudre les diffi-
cultés que les protestants leur opposaient ; croit-on que, si le» uns
avaient réuni dans la même chambre des luthériens et des sacra-
mentaires, les autres des jansénistes et des molinistes, ils eussent
immolé la haine qui les séparait à l'intérêt de la défense commune ?, . .
« L'exagération des opinions est un autre danger dont toute Société
doit soigneusement se préserver; il est plus aisé d'exagérer l'opinion
d'autrui que d'en avoir une h soi ; et quand, par ce moyen facile, on
peut s'acquérir une réputation de patriotisme et de courage, beau-
coup de gens sont tentés de l'employer. Une Société où un certain
nombre de membres y auraient recours, ou par goût ou par l'impuis-
sance d'en trouver de meilleur, au lieu de faire des progrès dans la
route de la raison, finirait, au contraire, par s'en écarter à chaque
instant.
« Dans une Société indépendante et libre, tous les membres doi-
vent être égaux; elle ne doit jamais reconnaître de chefs. Vouloir
faire dominer ses opinions personnelles, c'est affecter la tyrannie
dans une république. Les lumières, les talents doivent sans doute y
obtenir ce pouvoir que la nature leur a donné; mais ce pouvoir ne
428 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
doit s'exercer que par l'usage même des talents et des lumières.
C'est surtout contre la médiocrité intrigante que l'on doit avoir re-
cours à l'ostracisme; c'est contre ces hommes qui veulent être chefs
de parti, parce qu'ils ne peuvent être chefs d'opinion, et gouverner
par adresse ceux à qui ils ne peuvent commander au nom de la rai-
son. Le despotisme du génie est toujours plus doux; et les hommes
de cette trempe, s'ils étaient quelques instants sensibles au plaisir
de dominer, le sacrifieraient bientôt à celui de produire.
« Enfin, une telle Société doit conserver le droit de discuter les
lois, même lorsqu'elles ont reçu le sceau de la puissance publique,
d'en faire sentir les défauts, d'en montrer les inconvénients Car ce
sont les principes d'une Constitution libre qu'elle doit développer ou
répandre, et non les lois d'une Constitution particulière. L'autorité
en politique est le premier pas vers l'esclavage; et. les hommes qui
ne voudraient voir de liberté que dans les opinions adoptées par la
législation qu'ils ont établie, ressembleraient à ces prêtres qui pré-
tendent qu'on ne peut être honnête homme si on ne sacrifie pas
dans leur temple.
« Tels sont. Messieurs, les principes qui ont dirigé la Société de
1789 dans son institution, dans ses règlements, dans sa con-
duite.
« Elle a cru devoir offrir l'entrée de ses séances aux députés de
l'Assemblée nationale qui, n'étant pas établis à Paris, ne pouvaient
appartenir à la Société comme membres ordinaires. Elle s'est pro-
posé de discuter de préférence, dans ses assemblées, les objets qui
devaient l'être dans celle des législateurs. C'était un moyen de
rendre ses travaux d'une utilité plus présente, plus immédiate.
Mais elle s'est bornée sagement aux questions générales qui tien-
nent essentiellement à la législation générale ; les réclamations par-
ticulières ont été soigneusement écartées (1). »
Condorcet, partisan d'un gouvernement républicain, disciple de
Diderot et de Voltaire, ami de Turgot, jugeait bien favorablement la
Société de 1789. Comme lui, diverses feuilles suivaient avec intérêt
son développement, et rendaient compte de son action sur l'opinion
publique. Condorcet entraîna de son côté nombre de citoyens plus
philosophes qu'hommes politiques, modérés, mais non réaction-
naires.
(1) A Monsieur*", sur la Société de 1789. OEuvres de Condorcet. Edition
A. Condorcet O'Connor et M. F. Arago, t. X, p. 67 et siiiv. F, Didot frères, iu-8",
Paris, 1847.
SOCIÉTÉ DE 1789 429
Le Moniteur universel publia cet article :
« La Société de 1789 a célébré jeudi dernier, dans son local au
Palais-Royal, l'anniversaire de la constitution de la Chambre des
communes en Assemblée nationale, le 17 juin 1789. L'anniversaire
de cette journée mémorable, véritable époque de la liberté française,
méritait bien sans doute de devenir un jour de fête patriotique pour
une Société vouée au développement et à la défense des principes
d'une constitution libre.
« Dans un banquet composé de cent quatre-vingt-dix personnes,
où M. Paoli avait été invité par une voix unanime, et où étaient,
comme membres de la Société, M. le Maire, M. le Commandant-géné-
ral, et M. l'abbé Syeyes {sic)^ président de l'Assemblée nationale,
qu'entouraient avec tant de gloire ces souvenirs et ces expressions
de constitution et de liberté, on a porté les santés suivantes, dont
l'admiration et la reconnaissance ont su faire, avec justice, les appli-
cations individuelles :
« 1" A la Constitution de la Chambre des communes en Assemblée
nationale, et à celui qui en a conçu l'idée ;
« 2° A la grande Fédération du li juillet prochain;
« 3" A tous ceux qui ont travaillé pour la liberté de leur pays et
(jui ont souffert pour elle;
« 40 Hommage aux mânes de Benjamin Franklin, compagnon
imprimeur, ministre plénipotentiaire des États-Unis en France, et
principal agent de la liberté de la Patrie;
« o" Aux gardes nationales du royaume et à ceux (jui en ont pro-
pagé l'institution.
u Un membre de la Société a ensuite proposé une distribution pécu-
niaire, en faveur des infortunés détenus pour mois de nourrice. Son
vœu a été accueilli avec les acclamations de l'humanité, et le secours
(jui en est résulté s'élève, dit-on, à la somme de 900 livres, qui a été
remise dans les mains de M. le maire.
« Le dîner a été terminé par différents morceaux de musique mili-
taire, au milieu desquels M. de Piis a chanté une chanson analogue ù
la circonstance. Un grand nombre de citoyens, rassemblés sous les
fenêtres du local de la Société, a demandé, à diverses reprises, à
voir M. le maire et M. le Commandant-général, MM. l'abbé Syeyes,
Mirabeau, Chapelier, l'évêque d'Autun et Paoli. Ils se sont présentés
et ont remercié le public au milieu des applaudissemens (1) »
(l) Monileiir nnici'rsel, u" du mardi 22 juin 171K).
430 LES CLUBS CONTHE-UÉVOLUTIONNAIRES
VI
Gorsas, dans son Courrier^ imprima ces quelques phrases apologé-
tiques, qui lie durent plaire ni aux avancés ni aux ttionarchlstcB
purs ;
« .S'ur Vanniversaire c('l('ffi^r par le Sallon de i 789, en atiendant
des di^iaih plus ('tendus.
« Sans doute on vous rendra compte, Messieurs, de l'anniversaire
célébré au Club de 17Hi); mais ce cpiil sera impossible de vous pein-
dre, c'est l'élan du patriotisme, c'est le spectacle attendrissant de la
Iralernité qui régnoit parmi tous ses membres. L'abbé Syeyes, Bailly,
Paoli, La Fayette; en vérité, ces quatre présidens de la fête, si sim-
ples dans leurs habitudes et d'une familiarité si aimable, ajoutent
encore à l'horreur qu'on a pour l'insolente aristocratie, C'étoit à qui
payeroit son tribut de gaieté et de bienfaisance, et j'estime que nos
pauvres concitoyens en toucheront environ cent louis. Notre bon
général nous a aitîené soixante musiciens, clarinettes, cors de chasse,
hautbois; c'était une harmonie toute céleste. Si l'on me demandoit
ce que c'est que le magnétisme? Le voilà. .
« Vous avez certainement reçu l'Adresse des marchandes de Heurs,
et les chansons sur la liberté, qui sont charmantes. Toutes ces diffé-
rentes saillies ont été terminées par cet impromptu de M. de Villette :
« Dans le club de Qaalre-tinyl-veuf,
L'esprit et le talent se sont prêté main-forte ;
Mais ce qui toujours sera neuf,
C'est que jamais Droleuil n'en fermera la porte (I). »
Selon V Orateur du peuple, Mirat)eau, Thouret, Le Chapelier (juil-
tèrent la Société pour rentrer aux Jacobins. Les Rroolutions de Paris
parlèrent de la fusion du Cluh de 1789 dans celui des Jacobins, où
« il a empoisonné la source du patriotisme. » Malgré ses efforts pour
obtenir cette fusion, toutefois, La F'ayette n'y était pas parvenu.
Mirabeau faisait partie de l'un et l'autre club (2).
h& Société de 4789 n'exerça aucune influence sur les masses, bien
(1) Il Brctouil était un des partisans de la résistance, dans les consoiis do
Louis XVI. » (Courrier (te Gorsds, 1790, 19 juin, n" 16.)
(2) Mirabeau, mal reçu aux Jacobins, s'épuisa en triomphant de ropposition
qu'il y rencontrai et mourut deUX mois après.
SOCIÉTÉ DE 1789 431
que le Journal de Versatiles annonçât, dans son nUttiéro du 6 juin
1790, qu elle acquérait chaque jour une congislance plus imposante,
et que le Club des Jacobins perdait plusieurs de ses membres (1).
Le succès de la Sociéti^ de 1789 était aussi contestable, au fond,
que l'insuccès des Jacobins, lesquels comptaient 1211 membres le
15 novembre 1791.
Madame de Staël, après avoir énuméré les forces que possédait le
Clu/j de 1789, « des amis de Tordre et de la liberté », écrit : « Pour^
tant, il fut désert en peu de temps, parce qu'aucun intérêt actif n'y
appelait personne. On était là pour conserver, pour réprimer, pour
arrêter; mais ce sont là les fonctions d'un gouvernement, et non pas
celles d'un club. Les monarchistes, c'est-à-dire les partisans d'un roi
et d'une constitution, auraient dû naturellement se rattacher à ce
Club de 1789; mais Sieyès et Mirabeau, qui en étalent, n'auraient
consenti, pour rien au monde, à Se dépopulariser en se rapprochant
de Malouet, de Clermont-Tonnerre, de ces hommes qui étalent aussi
opposés à l'impulsion du moment que d'accord avec l'esprit du
siècle (2), »
Ce club, (jui se réunissait chez le premier restaurateur du Palais^
Royal, à côté des jeux, était, en effet, élégant, somptueux, mais nul
d'action. « Conciliateur, il croyait, dit Michelet, marier la Monarchie
et la Révolution. » Son nerf était Un bon restaurateur; son but était
une doctrine que les événements pouvaient rendre illusoire,
Condorcet publia^ dans le Jovrnal de ta Société de 1789, plusieurs
articles : son Adresse à t Assemblée contre la loi du marc d'argent , —
/ks lois constitutionnelles sur l'administration des finances ; — Dés dé-
tails sur ta fête anniversaire du 17 juin; — sur V Admission des
femmes au droit de cité; — sur le Préjugé qui suppose une contrariété
d'intérêts entre ta capital'^ et les provinces; — sur les 7Vibunaux d'ap-
pel; — Aux Amis de ta liberté^ sur les moyens d'en assurer la
durée, etc. (3).
Benjamin Franklin, l'illustre citoyen des Etats-Unis d'Amérique,
était mort le 17 avril 1790. L'Assemblée nationale prit le deuil pen-
dant trois jours.
« Après une lecture faite sur Franklyn [sic) par M. de La Rochefou-
cauld, à la Société de 1789, le 13 juin 1790, W. de Liancourt a fait la
motion que les membres de la Société portassent le deuil décrété par
(1) Annales palriolifjues de Carra, dit 8 juin 1790,
(2) Considérations sur ta Kévolntion française, t. I, pi 399.
(H) Vundoiwet, sa vie et son lemi'e, [yavlc dodteur Robinet, in-8", Parie, 18934
432 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
l'Assemblée nationale, et que le buste de Franklyn (par lui offert) fût
placé dans la salle d'assemblée, avec cette inscription :
« Hommage rendu par le vœu unanime de la Société de 1789 à Ben-
jamin Franklyn, objet de Vadmiralion et des regrets des Amis de la
liberté.
« Cette motion a été adoptée à l'unanimité. M. de La Rochefou-
cauld a offert alors, à la Société, un buste de Benjamin Franklyn, et
l'assemblée lui a voté des remerciemens (1). »
A propos d'un diner patriotique, Lanthenas remarque le bon mar-
ché de la souscription : six livres.
Il ajoute :
<' Cette remarque n'est pas inutile dans un moment où un club, qui
prétend se réunir pour répandre partout la libkrté, prend un loyer
de i(),0()0 livres par an, un cuisinier, etc., et n'a point de banquet au-
dessous de 12 livres ou 24 livres... ('2). »
Malgré tout, le club avait deux rudes adversaires, celui des Jacobins
et celui des Cordeliers, qui le regardaient comme entaché d'aristocra-
tie, demeuré en arrière du progrès, trop exclusivement borné aux
idées de 1789, stationnaire, par conséquent réactionnaire. Voilà pour-
quoi l'avaient quitté plusieurs membres dont nous avons parlé.
Parmi les travaux de la Société de 1789, nous remarquons :
Des Réflexions sur la dette dite exigible et sur les moyens proposés
pour la rembourser, adressées et lues le l*"' septembre, par M. de Ca-
zaux, membre de la Société; — un morceau sur Benjamin Fran-
klin^ lu par M. de La Rochefoucauld ; — une Motion de M. de Villette,
faite le 17 juin 1790, à l'effet de décerner à Louis XVI, le jour de la
Fédération, le titre d'empereur (3); — un Discours prononcé par
M. Huskisson, Anglais, et membre de la Société, dans la séance du
29 août 1790, sur les assignats; — des Mé flexions sur les assignats et
sur la question de la dHte exigible ou arriérée, lues le môme jour par
M. Lavoisier, député suppléant du bailliage de Blois; — une ^lotion
sur Vabrogation des testaments en ligne directe, le J9 septembre 1790,
par Jean- Pierre Pezous, député du département du Tarn ; — et entin,
une Opinion énoncée sur les lois constitutionnelles , etc., lue le 9 jan-
vier 1791, par L. Ramond (4).
(1) Extrait du Journal de la Société de 1789.
(2) Patriote français, W 319, le 23 juin 1790.
(3) Voir plus haut, p. 420.
(4) Bib Nat.. Lb 40/2401; Lb 40/2402; Lb 40/831 ; Lb 40/832; Lb 40/2408; Lb 40/846.
SOCIÉTÉ DE 1789 433
Dans la séance du 18 juillet 1790, une députation de la Société des
Amis de la Constitution de Nantes se présenta à l'assemblée géné-
rale présidée par Mirabeau, l'aîné, et demanda d'être associée à la
Société de 1789, qui avait « adopté les principes les plus sains, pen-
soit avec tant de raison que la mesure et la modération étoient les
moyens les plus efficaces de les faire goûter par les vrais amis de la
liberté. » Nous avons cité la fin du discours que Mirabeau pro-
nonça (1).
En juillet encore, on envoya d'Amsterdam au Journal de la Société
de 1789 des vers sur la liberté.
A propos de la révolte des Suisses de Cliâteauvieux, à Nancy, la
Société de 1789 manifesta, comme le montre un
« Extrait du procès-verbal des séances de la Société de 1789,
du vendredi 3 septembre 1790 (2).
« La Société a arrêté, à l'unanimité, qu'il seroit fait une adresse de
félicitations et de remerciemens au directoire du département de la
Meurtbe, à la municipalité de Nancy (3), et, principalement, aux mi-
lice!? nationales et aux troupes de ligne, dont la fidélité courageuse
a rétabli la paix et les loix dans la ville de Nancy :
« Adresse de la Société de 1789, au directoire du déparlement
de la Meurtlie^
A la municipalité de Nancy,
Et principalement aux milices nationales et aux Ironpes de ligne
dont la fidélité courageuse a rétabli la paix et les loix
dans la ville de Nancy.
« Réunis par l'amour de la Patrie et de la Constitution, nous
n'avons pu apprendre vos belles actions sans laisser éclater les trans-
ports de notre reconnoissance et de notre admiration.
« De quels désordres , de quels dangers vous avez garanti la
France !
« Anéantir toute puissance légale en diffamant tout fonctionnaire;
appeler patriotes les séditieux, et conspirateurs les vrais patriotes;
rendre odieux au peuple les magistrats consacrés par son propre
cboix; lui rendre même ses représentans suspects, en les forçant à
(1-) Voir plus haut, p. 421.
(2) Mémoires de la Société de 1789, w lo, du 13 septembre 1790.
(3) La municipalité do Nancy était aristocrate.
434 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
déployer une rigueur nécessaire; enfin, n'ayant pu corrompre la
volonté nâtiôiiaie, diviser au moins la force publique et metti-e aux
mains tous les François, citoyens ou soldats : tel est, sans doute, lé
dernier espoir, le dernier plan des ennemis pervers et implacables du
peuple et des nouvelles institutions.
« Système atroce, manifestfetnént suivi dans toutes les parties de la
France, mais enfin mis en pratique avec un cruel succès dans l'in-
fortunée ville de Nancy.
« fiés soldats égarés, noii seulement avoietit niécôrtiiti là discipline,
mais aussi fouloient aux pieds la loi suprême, le décret national. Des
citoyens trompés embra&soient leur querelle; des brigands avides
encourageoient la rébellion, tandis que la nation incertaine, en dé-
fiance contre tous les agens du pouvoir, craignoit, en punissant la
révolte, de favoriser la tyrannie. Toutefois, le législateur, se ralliant
à la loi, appelle la force publique au secours de Tordre public. Mais
où étoit-clle, cette force? Où trouver des soldats, des citoyens, des
frères, qui voulussent réprimer la licence de leurs frères? Quel cbef
consentiroient-ils à suivre? Il falloit d'abord que leur raison repous-
sât de vains soupçons, que leur vertu étoufTùt une répugnance na-
turelle à combattre des ennemis si chers. Cependant les soldats
et les citoyens, justifiant par leur confiance un général en vain
calomnié, marchent sous l'étendai'd de la paix, contre les drapeaux
de la révolte, dans l'espoir de soumettre plutôt que de vaincre. Il
faudra môme qu'on les force de combattre. Mais ces infracteurs des
lois, ceux-là sont encore des François? Ils ont rompu le pacte social,
ce sont des barbares hostilement armés. Des frères, dont le bras me-
nace ou déchire le sein de la mère commune, n'ont-ils pas abjuré les
droits du sang? Punir des enfans parricides, c'est le devoir sacré des
vrais et fidèles enfans de la patrie.
(( Tels furent vos sentimens, qui ont éclaté dans vos héroïques ac-
tions, dignes guerriers de la garnison de Metz ; vous, surtout, géné-
reuses milices! Que vous avez noblement justifié ce nom de natio-
nales, qui présente la vaste idée des devoirs imposés à vos cœurs par
les sermens civique et fédératif ! Et dans quelle circonstance? Déjà,
peut-être, l'explosion des plus funestes complots alloit interrompre
le cours de la régénération de l'empire, et engloutir, avec la liberté
même, toutes nos espérances et celles mêmes de tant de nations, dont
notre sort doit faire la destinée.
« Que fussiez-vous devenus, si votre bravoure tutélaire n'eût fait
avorter ce schisme naissant: si les armes, aiguisées par l'anarchie,
ne se fussent émoussées contre les armes de la loi !
SOCIETE DE 1789 433
« Braves soutiens des pouvoirs légitimes, recevez donc nos félicita-
tions civiques, riôil sur votive victoire, trop chtreménl achetée par
tant de sang et laiit dé mot*ts, iiiais siir ces fruits sâltitaifés, là paix
rétablie, la Constitution sauVée, la confiance pOpulàir-e rendue aux
amis du peuple, la pérlîdie de ses ennemis traduite au grand jour;
enfin, les troubles prévenus paf toUte la France, et leUr remède le
pltis efticace préparé pour l'avenir.
« Car telle est, telle doit être daiis la suite la fructueuse influence
de bët exploit du patriotisme. Votre conduite n'est pas seulement une
grande action, elle est encore Un mémbrablé exéiriplë, utie leçoti
frappante dôririée à tous les François, àfihés par là Cbtistitiitibti et
pour elle-même.
'<. En est-il en effet aujourd'hui qui puisse balancer à suivre là route
que vous avez tracée ? En est-il qui ne regarde désorniais l'inexécu-
tion d'une loi comme sa propre injure, comme la violation de ses
propres droits, qui ne s'arme, ne marche, ne combatte et ne meure
pour elle?
« Ils auront donc faussement prophétisé, ces hommes foibles,
inquiets et mécontens, esclaves de nature (s'il est vrai que l'habitude
soit une autre nature): pai'ce qu'ils ont vu longtems le despotisme
obtenir l'obéissance stupide de la terreur, la libre ddtilite de là con-
fiance leur paroit impossible et inespérable. Accoiitumés à ne voir le
gouvernement que dans la force, et la force que dans la contrainte
arbitraire, ils prédisent que les François ne saurôient plus êli*e gou-
vernés.
« Si nous les en croyons , la puissance manquera sans cesse à
la loi : les passions individuelles vont seules régner. L'administra-
tion périra, privée d'ensemble et d'unité; avec elle përii'oht lés tra-
vaux, les fevenus, les richesses, les propriétés, la Société entière.
Ainsi, disent-ils, s'évanouira, comme un songe philosophique, cette
constitutiorl jut-ée par toutes les bouches, et adoptée pài* tous les
cœurs.
« Non, sans doute, voire courage, administrateurs du département
de la Meurthe, magistrats de la municipalité de Nancy, votre cbii-
duite respectable et exemplaire, seule, démentiroit assez ces craintes
injurieuses pour la nation. Non, l'ordre et la paix n'invoqueront point
en vain une autorité surveillante, iine puissance protectrice. Nous
vous en attestons, Aririée de la liberté, qui étés devenue l'Âritiée de
la loi, la première qui ait combattu pour le maintien de l'ordre et de
la paix publique. Nous en attestons môme ce généreux Desiles {sic],
qui vouloit moUrir plutôt que de voir les rebelles consommer leur
436 LES CLUBS CONTRE- RÉVOLUTIONNAIRES
crime, dont le désespoir vertueux, dont l'héroïque dévouement auroit
dû désarmer leur férocité. Nous en attestons surtout vos morts glo-
rieuses, vous dont le sang a payé le salut de la France, citoyens,
frères intrépides, que pleure en ce moment toute la famille natio-
nale : ces plaies qui saignent encore, ce deuil de cent familles, ces
funérailles solemnelles (1), ces hommages éclatans de l'admiration
puhlique, ce décret consolateur, expression d'un sentiment universel ;
voilà des garants sacrés, d'irrécusables témoins, que l'appui de la
force commune ne manquera point aux décrets de la volonté géné-
rale, qu'un patriotisme infatigable et solidaire veille dans tous les
points de l'Empire au succès de cette r(''V()lulion, époque immortelle
dans l'histoire du genre humain.
« Pourquoi donc ne rouvririons-nous pas nos cœurs à la con-
liance? Pourquoi désespérer de la perception des subsides, de l'éta-
blissement des tribunaux, enfin, d'une heureuse et prochaine conso-
lidation de l'édifice politique,
« Si, dans la hiérarchie des pouvoirs qui vont régler nos destinées,
un corps réfractaire contrarie l'action d'un autre, n'existe-t-il pas
une puissance suffisante pour les mettre tous en harmonie? Quel
citoyen, appelé à la défense de la loi violée, refusera désormais
sa force et ses armes ?
« Que sera-ce, lorsque la Constitution affermie, déployant son
influence morale, aura formé cette coalition tacite du peuple, des
loix et des législateurs, qui rend le gouvernement si facile et l'ordre
si naturel ?
« Ainsi nous avons vu dans Nancy le patriotisme tourner au profit
de l'union un désordre préparé pour la dissolution générale de l'Em-
pire; ainsi nous avons vu les bras de tous aux ordres du législateur,
pour faire agir la volonté de tous. Voilà comment vos exemples nous
rassurent même pour l'avenir, sages administrateurs, vigilans ma-
gistrats, courageuses milices de Metz, de Toul et de Pont-à-Mousson,
fidèles guerriers de la garnison de Metz, vous-même, vaillant général,
dont aujourd'hui la renommée civique relève et anoblit encore la ré-
putation militaire ; oui, c'est vous tous, généreux citoyens, qui avez
fait renaître ces consolantes espérances, heureux effet du signal de
zèle donné par vous à tous les Français, qui vous a mérité doublement
les tributs de la publique gratitude.
« Tels sont les sentimens que n'a pu renfermer une Société accou-
(l) L'Assemblée nationale vota des remerciements à Bouille, une fête funèbre
en mémoire des gardes nationaux et des soldats de l'armée de Bouille.
SOCIETE DE 1789 437
tumée à regarder, ainsi que doit le faire un peuple libre, le triomphe
des loix comme le sien propre. Et peut-être leur effusion vive et sin-
cère fera pénétrer dans vos âmes, encore enveloppées de deuil, quel-
que rayon de consolation et de joie.
« Signé : Pasïorkt, président.
« GuiRAUDEï, CociiELEV, Grouvelli:, secrétaires. »
On ne pouvait entrer plus nettement dans le mouvement contre-
révolutionnaire.
VII
Cette adresse dithyrambique ne servit qu'à discréditer davantage
la Société de 1789 aux yeux des hommes avancés. Elle chercha à se
rendre populaire par un acte suivi d'effet.
Le Journal de Paris, le 11 novembre 1790, annonça :
« Municipalité de Paris
« Conseil général de la Commune.
<' Une députation de la Société de 1789 s'est présentée au Conseil
général pour lui demander qu'il voulût s'occuper des moyens de faire
transférer à Paris, de l'Abbaye où elle a été déposée, la cendre de
Voltaire, pour que les restes de l'homme qui a le plus lionoré son
siècle et son pays reposassent dans la ville qui l'a vu naître. Le Con-
seil général a répondu, par la voix de M. le Maire, qu'il prcMidroit en
grande considération une pétition qui devoit intéresser particulière-
ment les citoyens de Paris. »
\S Apothéose de Voltaire, par suite d'un décret de la Constituante,
eut lieu le 11 juillet 1791.
Une estampe, J7S9 aux /i'/f/'ers, personnilia (l'90), aux yeux de
nombre de gens, la Société comparaissant devant le tribunal des en-
fers, après les ombres de Loustalot et d'un « impartial. »
La Société, dans la séance du 2 janvier 1791, avait pris, sur la
proposition de M. Condorcet, un de ses membres, l'arrêté suivant,
que tous les journaux répétèrent :
« La Société de 1789, ayant pour objet de développer et de perfec-
tionner les principes d'une Constitution libre et d'accélérer les pro-
l
438 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
grès (\e l'art social, doit regarder comme absolument incompatible
avec ses vues, celles de toute association qui, méconnaissant les
progrès possibles dess lumières et de la perfectibilité hppiaines et ap-
ciales,et se vouant à repousser toute espèce d'opinion vraie ou fausse
qui ne serait pas exclusivemerit favora^ile à unç forme particulière
de la Constitution, annpnceroit l'intention de protéger un des pou-
voirs qui en font partie.
« Fondée par l'amour de la vérité qui ne peut se séparer de celui
de la liberté, elle doit soigneusement rejetter toute idée de dépen-
dance ou d'attachement exclusif, soit à un individu, soit aux préro-
gatives de telle place en particulier. Elle croit donc, sans nuire à
l'indépendance personnelle de ses membres, indépendance qu'elle
fait profession de respecter jusqu'au scrupule, pouvoir non seule-
iflent exiger d'euîi mie venopciation ab^plvie à toute association dont
ils ne pourroient adopter les principes sans renoncer à ceux de la
Société, mais se réserver le droit de leur désigner ces associations,
lorsqu'elle seroit instruite de leur existence.
« En conséquence, elle déclare :
« !•> Que ses membres rer^oncent à tpiite association, dont les prin-
cipes ne peuvent se concilier avec le but que la Société s'est pro-
posé ;
« 2" Que le Club des Amis de la Constitution monarchique est une
de ces associations, et qu'ainsi on u(\ peut être, h la fois, membi-e de
ce Club et de la Société de 1789;
« 3° Qu'elle regardera, en conséquence, l'admission dans le Club
de la Constitution monarchique comme une renonciation à la Société
deJ789^1);
(( 4» Qu'il sera donné communicatipn de cet arrêté à tous ceux qui
se présenteront pour être admis à la Société de 1789 (2). »
La déclaration de la SocvHr dp 1789 fut annoncée pai* Çlorsas en
ces termes :
« Un mernbre de ce club (1789) nons engage à annoncer un arrêté
pris il y a denx jours par pefte Société, dpnt Ypici l'pjijet : l-e Ç|vi])
de 89, pour évitpr que le public \\e^ se. f^éprît sur son pivisme, fi^PS |in
moment où les citoyens ne peuvent exprimer d'une manière trop
solemnelle leurs sentimens sur tout ce qui pourroit contrarier la
(1) Voir le Journal dest Clubs, et le Moniteur universel, n" du G février 1791.
(2) Condorcct quitta bientôt la Soriéié de 1789 pour entrer au Club des Jaco-
bins.
I
SOCIÉTÉ DE 1789 439
Constitution et le vijju national pour sa conservation, a déclaré, à la
plus grande majorité, que ceux de ses membres qui auroient pu se
faire inscrire sur la liste du Club monarchique] seront tenus d'opter
entre ces deux Sociétés (1). »
Elle aussi, la Société de 1789 chercha à obtenir de la popularité en
s'occupant des pauvres de Paris. Elle ne délivra pas des bons de
pain, comme le Cluh monarchique (2), mais elle pensa à se joindre,
avi moyen d'une souscription, aux efforts de la Municipalité pour se-
courir les indigents. Toutefois, nous ne voyons pas que l'idée qui lui
en fut suggérée ait été mise à exécution. Rappelons que quelques
quêtes avaient eu lieu dans les banquets organisés par elle. Un jour-
nal publia l'avis suivant :
« Un des membres de cette Société lui a soumis ses réflejcjons :
Idées de circonstance (in-4° de 8 pages), pour fçiire ouyrir chez tous
les notaires une souscription dont les résultats seroient versés toutes
les semaines dans les mains d'un comité composé d'un membre du
Bureau de charité de chaque paroisse, et présidé par M. le Maire,
pour être ensuite, sur l'avis de ce comité, réparti selon la connais-
sance des besoins, aux différentes paroisses. »
Il s'agissaij; de secourir les indigents de Paris, ala^inés par le refus
qu'avaient fait plusieurs ciirés de Paris de prêter |e serment (3).
Les membres du Club monarchique ripostèrent :
« Le Club de 1789 n'était célèbre que par sa nullité, disait, en 1791,
le directoire du Cluh monarchique ; sa fastueuse déclamation contre
les monarchistes nous annonce, ajoutait-il, un tribunal de perfectibi-
lité pour toutes les constitutions du monde, dont la supr^ématte réside
dans la Société de 1789 ; et c'est pour n'avoir pas pris son attache,
pour avoir osé parler de constitution monarchique, avant que ce
puissant club l'eût soumise à la question préalable, qu'il nous retran-
che de sa communion, et qu'il avertit le genre humain qu'il n'y a
point d'autres bornes à poser que celles qu'il posera à la perfectibilité
des lois et des constitutions politiques (4). »
Autre appréciation du journal de Corsas :
« Ce club esf, peut-être le plus sage de tous. A l'exception de son
(1) Courrier de Gorscis, n" ti, du 5 février HOl.
(2) Voir plus haut, Club monarchique, p. 178 H suiv.
^.3) Journal des Clubs, t. I, p. 456.
(4) Journal de la Société des Amis de la Constitution monarchirpte, t. I, n° 9, du
samedi 12 février 1791 .
440 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
arrêté relatif au Club monarchique, nous n'avons pas appris qu'il
eût fait aucune singerie d'éclat. Piano! Piano! Il est bien vrai que
par ci, par là, il fait des petits coups à la sourdine; mais c'est si dou-
cement coulé qu"on ne s'en aperçoit pas... La Société de Beaune
s'étoit affiliée ai 89. Elle n'a pas cru reconnoitre tout à fait, dans sa
correspondance, les principes rcgénôrateurs (c'est son expression).
Elle lui a fait ses adieux. »
La Société de Metz voulait bien correspondre avec ce club, « mais
par l'entremise des Amis de la Constitution, séant aux Jacobins.*(Pas
possible!) (1). »
Probablement Ilœderer, ancien conseiller au Parlement de Metz
et député d'Alsace, revint alors aux Jacobins, dont il avait été un des
secrétaires, en juin 1790 (2).
Parmi les ouvrages inspirés par la Société de 1789, ou tout au
moins composés dans le sens de cette Société, le Journal de Pariai
(14 mars 1791) annonça :
« LIVRES DIVERS
« Opinion énoncée à la Société de 1789 sur les lois constitution-
nelles, leurs caractères distinctifs, leur ordre naturel, leur stabilité
relative, leur révision solemnelle, par L. Hamond (de Carbonnières),
membre de cette Société. Première partie.
« A Paris, chez Belin, libraire, rue Saint-Jacques, près Saint-Yves
(in-8'' de 60 pages). »
L'émeute de janvier 1791 contre le Club monarchique., un mois
après l'acceptation de la constitution civile du clergé, et le départ
pour l'étranger de Mesdames tantes du roi, en février de la même
année, nuisirent beaucoup à la Société de 1789, dont les membres ou
partisans passèrent de plus en plus pour être des monarchistes dé-
guisés, tels que les Impartiaux et les Feuillants. En avril J791, Ca-
mille Desmoulins écrivait :
« ... Et Club 89, Club monarchique, mouchards, satellites de
Moitié, municipaux... tous se sont coalisés ,.
« La composition du directoire du département de Paris avait
ajouté aux espérances du Club de 89 et des monarchiens : les mem-
bres du directoire sont MM. Larochefoucault, Pastoret, Crété de Pâ-
li) Courrier de Gorsas, m XX VU, du 17 févi-ior 1791.
(2) \(iii' plus bas, p. 441
SOCIÉTÉ DE 1789 441
liiel. Garnier, Glot, Daix, Mirabeau, Dacourt, Anson, Sieyès, l'elixir
de 89, composaient le directoire (1). »
Les patriotes avancés se défiaient des deux amis Bailly et La
Fayette (Mottié) (2), même des Lameth et de Barnave, membre du
Club des Jacobins; ils craignaient les trahisons, surtout après le re-
tour du roi, arrêté à Varennes; ils doutaient, à plus forte raison, de
Sieyès et de Chapelier. L'afiaire sanglante du Champ de Mars (17 juil-
let 1791) les exaspérait, leur faisait prendre en haine les « munici-
paux )>. Gorsas, en septembre 1791, ne raisonnait plus comme précé-
demment à l'égard de la Socirté de 1789. Il écrivait :
« 89, repaire où se tient le conciliabule de la coalition.
« Les aristocrates et les intrigans, qu'on y trouve en nombre, en-
traînent des électeurs ignorans et crédules. >>
Il craignait les agissements des membres de cette Société pendant
les élections pour l'Assemblée législative.
Pendant plusieurs mois, la Société fut honnie par les hommes de
la gauche. En avril 1792, CoUot-d'Herbois, membre du Comité de
correspondance aux Jacobins, reprocha à Rœderer d'avoir quitté les
Jacobins pour aller à ^.9. Il déclara (3) :
« Quant au Club 89, oui, Rhœderer y a été ; mais je n'y ai été, dit-il,
que pour fuir le despotisme des Lameth ; et, membre de 89, j'ai tou-
jours opiné avec les Jacobins. Il est bon de savoir que M. l'abbé
Syeys {sic), que MM. Chapelier, Duquesnoy (4), La Fayette, que Mira-
beau lui-même, ont allégué cette excuse de leur retraite des Jacobins.
M. le procureur-général-syndic est donc un patriote de la trempe de
MM. Chapelier, Duquesnoy, La Fayette? Le bon Jacobin! »
A quelques exceptions près, on ne se lavait guère de la faute qu'on
avait commise en paraissant à la Société de 1789.
(1) Révolulions de France et de tinibant, n" LXVII.— Aucun de ces personnages
n'avait figuré sur la liste des Jacobins.
(2) On lit dans le Nouvelliste de France, numéro du vendredi 18 décembre 1791 :
« Les Amis de la Constitution de Marseille, justement inquiets des menées
sourdes qui se pratiquent, des mouvements qui ont lieu dans certaines provinces,
demandent fraternellement aux Amis de la Constitution de Paris des éclaircisse-
ments sur la conduite de M. de La Fayette, et des documents sur le patriotisme
de ce général, capables de dissiper les soupçons que l'on répand sur lui jusques
à l'autre bout du royaume... »
(.'{) Révolutions de Paris, n' 145, du 14 au 21 avril 1792.
(4) Adrien Duquesnoy, constitutionnel, membre du Club de 1789, et dont le
nom fut trouvé dans l'armoire de fer sur la liste des personnes payées par la
cour, se noya dans la Seine en 1808. 11 rédigeait VAmi des Patriotes, jcmrnal
ultra-modéré.
442 LES CLUBS GONTRE-RÉVQLUTIONNAIRES
J^es Révolutions de Paris (i792, n" lo4). du 16 au 23 juin, parlent
d'un traité de paix proposé en i79i eptre les Jacobins, d'une part, et
le C\\ih 89 et ï^a Fayette de l'autre. Il cite une pièce « tracée de la
riiain PfoPfP 4H ët^P^r^-l >'• P^îl? cette pièce, nous lisons :
« Je pourrai avoir, upe ou deux fois la semaine, quelques comités
des plipfs de 89 |^ l'hôtel de Larocliefoviçault, pour leur inspirer les
idées adoptées entre nous (avec les Jacobins), et quand M. L. F. fera
des motions, elles passeront sans difficulté des deux côtés, sauf aux
deux clubs à se disputer sur les questions ordinaires ; mais, dans les
importantes, les Jacobips pourront s'expliquer, et, sans paraître à
89, on les fera appuyer de manière à les faire adopter... »
La Fayette, disent les Révolutions^ « vouloit faire adopter toutes
ses motions, tant par le Club des 4q,cpbir^s que par le Club de ^9. »
Maig La Feiyettç n'avait aucun crédit sur ceux-ci depuis le déploie-
ment du drapeau rouge; à plus forte raison depuis que, dans une
lettre à l'Assemblée législative, il avait attaqué « la faction jaco-
bjne », depuis la journée du 20 jvi'n 179^ et renvahissei^ent des Tui-
leries.
La Société de 1789 disparut, en même temps que ses fondateurs
perdirent leur popularité II fut, vers la fin de 1791, le noyau du Club
des Feuillants (1). Tous deux représentèrent le modérantisme ; tous
deux luttèrent vainement contre les Jacobins, et succombèrent quand
la Montagne l'emporta sur la Gironde, quand les membres de l'une et
de l'autre réunion constitutionnelle passèrent à l'état de suspects.
On peut lire, en l'an II, dans le Mercure national,
« Quelques réflexions sur Iç, Club d^es Jacobins et sur le Club 89.
« Pour avoir une idée des principes de ces deux Sociétés, il fî^ut se
rappeller que tous les décrets populaires ont été préparés chez les
Jacobins, et les décrets royaux au Club de 89; que les Jacobins ont
voté pour le droit de paix et de guerre, et 89 contre; que les assignats
sont l'ouvrage des Jacobins, et que ^9 vouloi(; des quittapces de
finances; que les Jacobins ont également préparé la décision sur
l'affaire du 6 octobr^, et que le Club de 89 vouloit immoler les inno-
cens accusés ; que les Jacobins siègent modestement sur des bancs
de bois à la lueur de trois mèches humides, et que niesseigneurs du
Club de 89 sont fièrement assis sur le velours, entoufés de lambris
dorés et éclairés par mille et une bougies. »
L'auteur de l'article emploie cette expression : « l'infâme séjour
(1) Voir, plus haut, CJiih ries Feuillants.
SOCIÉTÉ DE 1789 443
de 89 »... « Nous l'engageons à revenir à nous; si nous ne réussissons
pas, je jure de ne rien épargner pour le perdre, et je croirai que j'y
serai parvenu, quand j'aurai imprimé la liste de ses membres. —
Robert (!]. «
(1) Pierre-François-Joseph Robert, député de Paris à la Convention, collabora
au Mercure natio7uil et aux Hévohi lions de Paris. En 1789, il publia une brochure
Le Républicanisme adapté ù la France, qui produisit un o^rand effet. Il était membre
du Club des Cordeliers.
d
CLUB DE LA SAINTE-GHÂPRLLE
For^mé eii 1791
Lorsque les élections des députés à l'Assemblée législative curent
lieu, beaucoup d'électeurs de 1791 se réunirent à la Sainte-Chapelle.
Ils y formèrent un Club. Une liste imprimée des membres de ce Club
fut publiée durant l'année 1791.
LISTE DES ÉLECTEURS DE LA SAINTE-CHAPELLE, AVEC LEURS QUALITÉS,
LE LIEU DE LEUR RÉSIDENCE, EN 1791.
Section des Thuileries.
Delafosse, graveur en taille douce, rue du Carousel, 536.
Bigot de Prémeneux (Préameneu), juge du tribunal du quatrième
arrondissement, cul-de-sac Dauphin (1).
Panières, assesseur du juge de paix, rue Saint-Honoré.
Raulin, docteur-médecin, rue de l'Echelle.
Leroy, de l'Académie des sciences, galeries du Louvre.
Pecoul, entrepreneur, rue du Doyenné.
Roi.
Pluchet, charron du roi, rue du Petit-Carouzel.
Bizet, huissier-priseur, assesseur du juge de paix, rue Saint-Honoré.
Decle, rue de l'Echelle.
Baudouin, imprimeur de l'Assemblée nationale, rue Saint-Honoré (2).
(1) A été député à la Législative, ministre des cultes sous l'Eiiipire. Il disparut
de la scène politique après le 10 août 1792, mais n'émigra point.
(2) Rue du Foin Saint-Jacques.
446 LES CLUBS GONTHE-RÉVOLUTIONNAIUES
Section des Champs-Elysées.
Pastoret, procureur-syndic du département.
Baignières. médecin, rue des Champs-Elysées, 12.
Trudaine, commandant du bataillon des Capucinsl-Saiiit-Hotlbré.
Benières, curé de Chaillot.
Cardot, officier municipal.
Section du Roule.
llamond, rue de Clichi, 351.
Fontaine de Saint-Freville^ chef d'une maison d'éducation, rue du
Rancis (sic).
De la tremouille, assesseur du juge de paix, rue de Valois, faubourg
Saint-Honoré.
Lebreton de Corbelin, homme de loi, rue de la Ville-l'Evèque, 10.
Labiloir, rue Roquepine.
Robert, horloger, rile du faubourg Saitit-Honoré;
Section de la Butte des Moulins.
Fauveau, payeur des rentes.
Hardy, homme de loi, officier municipal, rue Saint-Honoré, i)6.
Delahante, premier commis-vérilicateur à la Régie générale, rue des
Moineaux, 11.
Vieillard, ancien consul de France à la Chine, administrateur du ci-
devant département dé PàHs.
Bart, homme de loi, rue de la Sourdière, 36.
Graux, ancien huissier-priseur, rue d'Argenteuil, 72.
Billecoq, homme de loi, administrateur de la Loterie nationale de
France, rue Vantadour, 13,
Lefèvre, agent de change, rue Thérèse, 11.
Goetz, ancien receveur particulier des finances, rue de la Sour-
dière, 35.
Lucas, négociant, rue Saint-Honoré, 226.
Fulchiron, négociant, rue Sainte-Anne, 105.
Allard, négociant, rue de Richelieu.
Boulard, imprimeur, rue Neuve-Sain t-Roch, 51.
Balle, homme de loi, rue idem^ A.
Viliemorin {sic), pépiniériste du roi, quai de la Mégisserie.
Thuaut, ancien directeur des recettes générales des finances^ quai
de l'Ecole, A.
Leroi, procuretii^ àù bi-dëVâiit t^àHëmeiitj riie Éertîn-Poirée, 19*
CLUB DE LA SAINTE GtîAPELLE 447
Moreau de Mersan, juge de paix, rue du Clievaliei* dli ÎGiiet; 35.
Devillars, négociant, rue Betisy.
Petit de la Fosse, ancien avocat au Conseil., rue de la Monnoye, 34.
Julliot, homme de loi, membre du Conseil général de la Commilile,
quai de l'Ecole, 13.
Duvergier, l'ainé, joaillier, quai de TEcole, 14.
Dupuis, assesseur du juge de paix, rue dli Chevalier dii Giiet, 33.
Rubis, jeutie, marchand dràpiei-, placé des Trois Mariés.
Francotay, l'ainé, marchand joaillier, rue des Petits-Augiisliiis, 10.
'Section des Gardes- françaises .
Boursier, assesseur dii jlige de paix, rué (lii Rbîile, 3t).
Barnon, marchand drapier, rue des Bourdonnois, au coin de celle de
la Limace.
Desetang, homme de loi, rue de l'Arbre-sec, 17.
Renaudin, rue Saint-Honoré, au coin de celle de Jean-Saint-Denis.
Monnot, notaire, rue de l'Arbre-sec, 11.
Gentil, marchand de soie, rue des Bourdonnois, 6.
Trevilliers, commandant de bataillon, Tweidem^ 22.
Huguet, homme de loi, rue Idem, 20.
Section de la Balle-au-Blr.
Seguin, négociant, i*ue de Grétielle-Sàîht-kbnoré.
Regnault, lieutenant du bataillon de Saint-Honoré, rue Croix-des-
Petits-Champs.
Constansin, chapelher, rue Saint-Honoré.
Baron, juge de paix, rue de Grenelle-Saint-Honoré.
Quatremère, notaire, rue du Bouloi.
Badin, homme de loi, rue Croix-des-Petits-Champs.
Montainant, assesseur du juge de paix, rue du Bouloi.
Saint-Venant, commissaire de police, rue Saint-Honoré.
Âllaume, notaire, rue Croix-des-Petits-Ghamps.
Avice, capitaine du bataillon de Saint-Honoré, rue idem.
Silly, notaire, commandant de bataillon, rue du Bouloi.
Claudot.
Borie, officier municipal, rue de Grenelle-Saint-Honoré,
Datis, plumassier du roi, rue idem.
Section du Contrat-SociaL
Girault, rue Jeàri-Jacques-Rousseau;
Chaudot, notaire, rue idem.
448 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Sauvage, de rAcadémie de peinture, rue idem.
PouparL, curé de Saint-Eustache (1).
Legier, juge de paix, rue J.-J. Rousseau.
Alcan, de rAcadémie de ciiirurgie, rue Moiilmarlre, ^^2.
S(ction du Mail.
Boulan, archilecte, rue de la Feuillade, 1.
Frondeville, aide-major du bataillon des Petits-Pères, rue Coquil-
lière, 8.
Seguy, architecte, rue des Vieux-Augustins, 38.
Cliauffrey, négociant, rue des Fo?sés-Montmartre, 0.
Boby, homme de loi, rue Saint-Pierre-Montmartre.
Section de Molière et La Fonlainc.
Chevalier, ancien négociant, rue Montmartre, 219.
Maisoncelle, ancien directeur des fermes, rue du Petit-Cai"reau, 27.
Brelu-de-la-Grange, notaire, rue Montmartre, 208.
Motet, ancien chef de correspondance des fermes, rue idetn., 264.
Gravier-Devergennes, ancien maître des requêtes, rue Neuve-Sain t-
Eustache, 4.
Legrand, homme de loi, rue Montmartre, 182.
Rousseau, banquier, rue idem, 5.
Chenier (Joseph-Marie), homme de lettres, rue de Cléry, 73.
Section de Bonne-Nouvelle.
Mahieu, commandant de bataillon, rue Saint-Denis, 53G.
Pharoux, architecte, rue de Cléri, 15.
Goujon.
Petit-Radel, architecte, rue Bourbon -Villeneuve, 49 (2).
Tiron, notaire, rue Saint-Denis, 492.
Section du Contrat Social.
Daumain, huissier, rue Saint-Denis, 179.
Romand, receveur des fermes, rue Saint-Martin, 283.
Boucheron, jeune, rue Saint-Martin, 285.
Patry, juge de paix, rue Sainte-Apoline, 30.
Aubertin, l'aîné, marchand plumassier, rue Saint-Denis, 175.
Bellier, rue Saint-Denis, 1.
^1) Confesseur de Louis XVI; il faisait partie de la chapelle du roi. II demeurait
rue Montmartre, w 144.
{•2) Né à Paris en 1740, mort en 1818. 11 a bâti le grand abattoir du Houle.
CLUB DE LA SAINTE-CHAPELLE 449
Section de Bonconseil.
Lapoëze, architecte, rue Mauconseil, 69.
Gallemand, orfèvre, rue Comtesse d'Artois, 43.
Lepoi.
Lavoiepierre, ancien négociant, rue Mauconseil, 69.
Denis.
Main, négociant, rue Saint-Sauveur, 63.
Blanc, commissaire de police, rue Française, 16.
Section des Halles.
Cantier, négociant, rue Saint-Denis, 246.
Quatremere, marchand de drap, et membre du Conseil général de
la Commune, même rue.
Herbaux-Despavaux, juge de paix, rue de l'Aiguillerie, 11.
Roullet, mercier, rue aux Fers.
Gibert, l'aîné, notaire, Cloître-Sainte-Opportune.
Terrasse, archiviste du Parlement, rue Saint-Denis, 317.
Carron, marchand de drap, rue idem.
Martin, mercier, rue idem.
Bisson, marchand de drap, rue idem.
Section des Balles.
Morel, négociant, rue des Arcis.
Besson, curé de Saint-Leu, rue Saint-Denis.
Desanteuil, greffier du ci-devant Parlement.
Duchêne, négociant, rue Saint-Denis.
Aubery-Desfontaines, membre du bureau de paix du troisième ar-
rondissement, rue Quincampoix.
Lemoine, négociant, rue des Lombards.
Larcher, notaire, rue des Lombards.
Mallet, capitaine de grenadiers, rue Quincampoix.
Bricogne, négociant, rue Saint-Denis.
Pluvinet, droguiste, rue des Lombards.
Lecomte, négociant, rue Salle au Comte.
Godefroi, idem, rue Saint-Denis,
Delondre, père, idem, rue des Arcis.
Sec 1 1071 des Arc's,
Deroussy, orfèvre, place de Grève, 33.
Lefevre-Deginau, professeur, rue Saint-Jacques-la-Bouclierie.
Brunet, architecte et capitaine, quai de Gèvres.
■29
i50 LES CLUBS COI^TRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Cavaignac, capitaine, greffier des bàtimens, rue Planche-Mibray.
Cahours, marchand bonnetier, rue idem.
Dosmond, architecte, juge des bàtimens, quai Pelletier.
Collard, orfèvre, quai Pelletier.
De Saint-Amand, ancien négociant, rue de la Verrerie.
Blerzy, doreur, même rue.
Hersent, orfèvre, quai Pelletier.
Section du fauxbourrj Monlmarlre.
Lesene [sic) -Desmaisons, juge de paix, rue Papillon-Poissonnière (1).
Seclioti Poissonnière.
Chartard, rue Basse-Saint-Denis, 6.
Leprince, marbrier, rue Poissonnière, 18.
Boquet, sculpteur, cul-de-sac de Saint-Laurent, 3.
Lefèvre, orfèvre, fauxbourg Saint-Denis, -io.
Cochin-Delatour, rue des Petites-Écuries, 48.
Scciion de liondy.
Sortre, docteur en droit, faux])ourg Saint-Denis, \i).
Grandin, négociant, ^V/ew, oG.
Delorc, charpentier, idem., 40.
Robin, capitaine, idem, 50.
Lemarchand, homme de loi, idem., 50.
Section du Temple.
Guichard, musicien, assesseur du juge de paix, rue Fontaine-au-
Roi, 32.
Pargnez, idem, enclos du Temple.
Quatremère de Quincy, rue des Fossés-du-Temple, 25.
Piat, négociant, boulevard du Ternple.
Russinger, rue Fontaine-au-Eoi, à la manufacture de porcelaine.
Taloir, médecin, enclos du Temple.
Lefèvre, épicier, rue de Bretagne, 57.
Delaporte, assesseur du juge de paix, rue de Malthe au Marais du
Temple.
Boucheron, architecte, assesseur du juge de paix, rue de Ven-
dôme, 24.
(1) Fut obligé de se cacher, sous la Terreur. 11 fut secrétaire-général de la liste
civile en 1804 jusqu'à sa mort, arrivée en 1808. A écrit une Histoire politique de
ta Révolvrum (1789).
CLUQ DE LA SAINTE-CHAPELLE 451
Section de Popincoiirl .
Escourbiac, chirurgien-major, rue du Chemin-Vert, i3.
Adam, officier, rue Saint-André-Fontarabie, 3.
Vaudermonde, académicien, rue de Charonne, 22.
Tourrion.
Colin-de-Camey, commandant de bataillon, rue de la Roquette, 43.
Section de MontreuiL
Deverzille, marchand, rue de Charonne, 151.
Bonnaud, commandant de bataillon, rue de Montreuil, 07.
Belletante, épicier, grande rue du fauxbourg Saint-Antoine, 54.
Beaumarchais, boulevard de la Porte^-Saint-Antoine.
Section des Gravilliei's.
Cellier, tanneur, rue Frépillon, 21.
Villemsens , négociant, rue du Cimetière - Saint - Nicolas -des -
Champs, 10.
Boscari, jeune, négociant, rue idem.
Mermilliod, idem, rue Phelipeaux, 15.
Foullet, marchand de vin, carré Saint-Martin, 13.
Saurin, orfèvre, rue Phelipeaux, 3fi,
Roussy, agent de l'Ile d'Orélon {sic), rue Meslée, 20.
Caubert, entrepreneur, rue idem, 35.
Delafontaine, maçon, rue des Gravilliers, 5,
Guillard, menuisier, rue Notre-Dame-Nazareth, 30.
Delasavonnière, assesseur du juge de paix, idem, 107-.
Jossier, juge de paix.
Garnier, homme de loi, rue des Fontaines, G.
Lhermelot, apothicaire, carré Saint-Martin, 11.
Dumanoir, négociant, passage de la Marmitte.
Grouvelle père.
Naturani, négociant, rue des Gravilliers, 8-4.
Reboul, caissier de la contribution patriotique, rue Mi^slée, 6(L
Bacoffe, apothicaire, rue du Temple, 140.
Iluard, homme de loi, passage de Rome, rue des Gravilliers.
Section du fauxbourg Saint-Denis.
Delon, négociant, fauxbourg Saint-Denis.
Levasseur, épicier, Ideoi.
Demoy frères, trésorier de la Sainte-Chapelle, et l'autre, curé;
452 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Kenouard (Nicolas-Adrien), fabricant de gaze, fauxbourg Saint-De-
nis.
Lemoine, ancien maire de Dieppe, fauxbourg Saint-Denis.
Section de la Réunion.
Davous, membre du directoire du département, rue Saint-Merry,
hôtel Jabac.
Dailly, négociant, assesseur du juge de paix.
Chiboux, idem, rue Saint-Martin, 113.
Robin, homme de loi, rue Beaubourg, 8.
Bordin, distillateur, rue Simon-Lefranc.
Leverdier, juge de paix, rue de Montmorency, 1.
Michaux, ci-devant conseiller au Ghàtelet, assesseur du juge de paix,
rue Chapon.
Raveaut, grefher du premier arrondissement, rue Sainte-Avoye, 75.
Lalloitte, ci-devant avocat au conseil, rue Beaubourg, 23.
Charpentier, ci-devant procureur au Châtelet, rue Saint-Merry.
Gibert de Liste, notaire, idefff, hôtel de Jabac.
Havart, assesseur du juge de paix, cloître Saint-Merry.
Jacquemard, négociant, rue Saint-Merry, hôtel de Jabac.
Travaud, assesseur du juge dapaix, rue des Menestriers, 4.
Polie de Cresne, ci-devant procureur au Parlement, rue Saint-Merry,
vis-à-vis celle du Renard.
Cayer {sic) de Gerville, ministre, rue Beaubourg, 13.
Section du Marais.
Godard, défenseur officieux, rue des Blancs-Manteaux, 56.
Bouillard, commandant de bataillon, rue Sainte-Croix-de-la-Breton-
nière [sic], 57.
Follenfans, juge suppléant, rue des Blancs-Manteaux, 61.
Carré, homme de loi, assesseur du juge de paix, rue de Paradis, 10.
Hurel, payeur des rentes, rue Sainte-Avoye, 20.
Dormesson, chef de la cinquième division de la Garde nationale, rue
d'Orléans, 9.
Geoffroy d'AfFry, ancien caissier de la recette des finances, rue de
Paradis, 1 .
Section des droits de Vliomme.
Decharnoy, notable, rue des Deux-Portes-Sainl-Jean.
Guyet, juge du premier arrondissement, rue Tiron, 9.
Gorugereau, juge du cinquième arrondissement, rue du Bardubecq
[sic), 7.
CLUB DE LA SAINTE-CHAPELLE 453
Toullet, épicier, rue de la Verrerie, 111.
Gérard, juge du premier arrondissement, rue Saint-Antoine, oO.
Mussey, capitaine, rue des Juifs, 7.
Bouchard, notable adjoint, idem, 9.
Billaudel, avoué, rue Cloche-Perche, 2.
Herbaud, capitaine, rue Saint-Antoine, 64.
Chappuis, commandant de bataillon, idem, 16.
Verpi, huissier-priseur, rue de la Tixeranderie, 108.
Fayel, juge de paix, rue des Écouffes.
Morel de Vinddé, juge du premier arrondissement, rue Bar-du-Beci
9(1).
Section de la Maison Commune.
Blacque, assesseur du juge de paix, rue Saint-Antoine, 316.
Leroy, idem, rue du Monceau-Saint-Gervais, 22.
Saugrin, huissier-priseur et capitaine du bataillon de Saint-Gervais,
38.
Bellon, architecte, rue de la Mortellerie, 142.
Daubonne, bourgeois, idem, 162.
Claye, négociant, rue du Monceau-Saint-Gervais, 7.
Mignonville, assesseur du juge de paix, rue Geolïroi-Lasnier, 44.
Dumont, membre du département, rue de la Mortellerie, 130.
Voilquin, municipal, rue GeoffroiLasnier, 41.
Gault, tailleur, rue de la Mortellerie, 151.
Lesould, négociant, municipal, rue du Monceau-Saint-Gervais, 23.
Soreau, municipal, rue des Barres-Saint-Gervais, 10.
Section des Fédérés.
Prêtre, homme de loi, vieille rue du Temple, 8.
Fremin, ancien mousquetaire de la garde du roi, rue Saint-Louis-au-
Marais, 88.
Yvon, homme de loi, rue Saint-Antoine, 122.
Section de l'Arsenal.
Comperot, marchand de vin, rue Beautreillis.
Vavasseur des Perières, architecte, rue Saint-Paul.
Virvaux, commissaire de police, rue Saint-Paul, 42.
Masson, rue Saint-Antoine, 306.
Brugières, curé de Saint-Paul.
Trecourt, passage de Lesdiguières.
(1) Mort pair de France en 1842.
454 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
HuUin.
Dubos Chevalier, juge de paix, rue Sairit-Ahtoirle, 305.
Franchet, homme de loi, rue de l'Étoile, quai des Ormes.
Section de In Cité.
Vauchet, horloger, rue Saint-Pierre-aux-Bœufs.
Normand, architecte, parvis Notre-Dame.
Ghappe, avoué, cloître Notre-Dame.
Delachenaye, commandant du bataillon de Noire-Dame.
Vergnaux, entrepreneuf 'de bâtimens, rue Saint-Landry, 3.
Buisson, apothicaire, au Marché-Neuf, 37.
Boudait, marchand de vin, fue de la Juiverie^ 14.
Section dn Poht-Neiif.
Carie, commandant de bataillon, mort.
Delhonoré, orfèvre, place Dauphine.
Prault de Saint-Martin, imprimeur, cour de la Sainte-Chapelle.
Grenier, négociant, rue Saint-Louis, au Palais.
Gibert, orfèvre, cour neuve du Palais.
Etienne de la Rivière, juge de paix, mort à Orléans.
Section des ïnvalideÉ.
Lepidorre, juge de paix, rue Saint-Domingue (Dominique), au Gros-
Caillou.
Guerre, fermier à Grenelle.
Rolin, instituteur, rue de Sèves [sic).
Guyatix, capitaine, rue de Boufgogne.
Section fontaine de Grenelle.
Trotignon, membre du Conseil général, rue de Bourbon, 70. •
Delleville, rue de Verneuil, 25.
Paule, chirurgien, rue du Bacq, 59.
Chàlons, capitaine, idem, 231.
Ch. Villete, quai de Voltaire.
Section des Quatre- Nations.
Michel, médecin ordinaire du dernier roi.
Jouard-de-Baumeuil, juge du sixième arrondissement, rue Jacob, 30.
Devercy, homme de loi, rue Mazarine, 41.
Fosseau, marchand de vin, rue Sainte-Marguerite, 63.
Benoit-Duportail, juge de paix, à l'Abbaye, passage Saint-Benoît.
CLUB DE LA SAINTE-CHAPELLE 455
Picard, homme de loi, rue de Seine, 101.
Vilmet, bonnetier, cour de l'Abbaye.
Auvray, rue du Four, 118.
Devirmont, idem.
Delaperrotière, homme de loi, rue Jacob, 8.
Lejeune, marchand mercier, rue du Four-Saint-Germain, 129.
Quentin, idem, rue de Bussy, 17.
Morin, caissier de la manufacture d'Amboise, rue du. .
Dumenil, du tribunal de cassation, rue de Seine, 4.
Bouchard, juge suppléant du cinquième arrondissement, rue du
Four, 95.
Bayen, du collège de pharmacie, idem.
Charité, peaussier, rue de Bussy.
Hurel, marchand drapier, cour des Religieux, à l'Abbaye.
Dousseur, épicier, rue de Seine, 82.
Dejonquières, homme de loi, rue des Marais, 17.
Mouton, marchand drapier, rue de Bussy, 16.
Secliun de la Croix-Rouge.
Duperroy, homme de loi, rue Plumet.
Royer le jeune, sculpteur, rue des Vieilles-Thuileries, 45.
Beauvais-Dépréaux, docteur en médecine, juge de paix, rue et chaus-
sée de Sèves {sic).
Chigot, médecin, rue de la Chaise, au coin de celle de la Planche.
Desmoulins, homme de loi, rue du Bacq, 142.
Garnaux, serrurier, rue de Sèves [sic), 180.
Royer l'aîné, peintre, rue idem, 132.
Section du Luxembourg.
Lefevre, notable, rue du Pot de Fer.
Armand, juge de paix, rue du Petit-Bourbon, 13.
Trianon, marchand traiteur, rue du Vieux-Goloml)ier.
Detouches, conseiller au Chàtelet.
Brusse, ancien écuyer du roi, rue du Vieux-Colombier, 8.
Montison, architecte, rue de Bourbon, 14.
Royer, peintre en bàtimens, rue du Four-Saint-Germain, 34.
Désarges, marchand épicier, rue du Four, au coin de celle des Ca-
nettes.
Vitel, fondeur, rue du Vieux-Colombier, 29.
Lallemand-Fontenoy, homme de loi, rue idem., 5.
Desbordes, ciseleur, rue Guisarde.
436 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Section de Beaurepaire.
Dansart, maître de pension, rue de la Parcheminerie, 16.
Caffin, capitaine, rue Saint-Jacques, 169.
Chatria, entrepreneur du roulage, rue d'Enfer, 123.
Lesage, pâtissier, rue de la Harpe, 78.
Faure, commissaire du roi, cloître Saint-Benoit,
Melin, épicier, rue de la Harpe, 30.
Bouillon, épicier, rue idem^ 10.
Leblanc-Debeaulieu, curé de Saint-Severin.
Behours, homme de loi, rue des Maçons, 25.
Lapousielle, accusateur public, rue Hiacinthe, 46.
Section du Panthéon français.
Quillau, imprimeur, rue du Fouare, 3.
Saillant, médecin, rue de Bièvre, 37.
Fénier.
Durouzeau, juge de paix, rue des Noyers, 24.
Delamotte, avoué, rue de Bièvre, 21.
Bruet, secrétaire de la section, rue Saint-Jean-de-Beauvais, 12.
Balin, homme de loi, rue des Carmes, collège de Prêle (sic).
Moinat, homme de loi.
Roucher, homme de lettres, rue des Noyers, 24 (1).
Desauches, géographe du roi, rue des Noyers, 37.
Collet.
Champagne, principal du collège Louis-le-Grand.
Boulier.
Jaquinot, avoué, rue des Noyers, 38.
Maillard, marchand épicier, rue Sainte-Geneviève.
Turquet, commissaire de police, rue Saint-Jean-de-Beauvais, 12.
Dessemette, médecin, rue Saint-Jacques, au collège Louis-le-Grand.
Binet, recteur de l'Univers {sic) (2).
Gallois, menuisier, rue du Plâtre-Sàint-Jacques.
Delavigne, juge et député à l'Assemblée législative.
Section de l'Observatoire,
Bosquillon, juge de paix, mort.
(1) A été président du club, à rétablissement duquel il contribua avec beaucoup
de zèle.
(2) Dernier recteur de l'aucicnne Université; né près de Bcauvais, en 1729, mort
en 1812.
CLUB DE LA SAINTE-CHAPELLE 457
Collette, assesseur du juge de paix.
Fouquet, commissaire de section, fauxbourg Saint-Jacques, 124.
Capitaine, idem, rue de Cassini.
Favre, commis de section, fauxbourg Saint-Jacques.
Dupoux, commissaire de section, fauxbourg Saint-Jacques.
Legros, membre de la Commune, rue Longue-Aveine.
Delonchamp, commissaire de section, rue Mouffetard.
Combeau, électeur, rue du fauxbourg Saint-Jacques. 208.
Section des Sans -culottes.
Ames, rue du Paon-Saint-Victor, 14.
Aimet-en-Lisle, négociant, quai des Miramionnes.
Laribardiere, négociant, rue des Bernardins, 33.
Auvray, quai des Miramionnes.
Debout, rue Saint-Victor.
Brognard, curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
Défaut, couvreur, rue des Bernardins.
Rainville, marchand de bois, quai de la Tournelle.
Dupont, rue Saint-Victor.
Baucher.
Sirot, négociant, quai Saint-Bernard.
Chabouillé, architecte.
Naudon, commissaire de police, rue des Fossés-Saint-Bernard, 4.
Menard, rue Copeau, 168.
Guerrier, épicier, rue idem, 12.
Section du Finistère.
Leprince.
D'Hervilly, négociant, assesseur du juge de paix, rue Mouffetard.
Poëleu, négociant, même rue, près le pont aux Tripes.
Després, commissaire, près Saint-Médard.
Détiens, capitaine, rue Mouffetard.
Causette, électeur, hôtel des Goblins {sic).
Acloque, chef de légion (1).
Thorillon, député à l'Assemblée législative, rue des Fossés-Saint-
Marcel, 4.
Desvignes, ancien représentant de la Commune, boulevard de l'Hô-
pital (2).
(1) Brasseur du faubourg Saint-Antoiue.
(2) Bibliothèque de l'hôtel Carnavalet, brochure in-8" de 31 pages, Paris, impri-
merie de P. J. Duplain, imprimeur de la Mairie. Cote n" 10826.
458 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Cependant, le public s'occupa beaucoup des querelles existantes
entre les Électeurs de 1791. Ceux qui s'étaient assemblés à la Sainte-
Chapelle furent attaqués par les membres du Club de VEtêché^ et ils
expliquèrent les calisés de leur conduite en publiant la pièce sui-
vante :
« COMPTE RENDU DES SÉANCES ÉLECTORALES DE 1791^ et de la
division du Corps électoral en deux Sociétés, sous les noms de
Club de l'Évéché, Club de la Sainte-Chapelle, etc., par un Élec-
teur de 1791, avec cette épigraphe :
« Calamum impendere vero
Glddium Patria' (1).
<( Depuis que l'on se plaît à répandre les doutes, les inquiétudes^
même la calomnie sur une partie des Électeurs réunis à la Sainte-
Chapelle ; depuis que dans les journaux, dans les Sociétés, dans les
Clubs, dans les Cafés, même dans les Sections et Assemblées pri-
maires, on sème avec autant d'acharnement que de profusion les
bruits d'incivisme, d'impatriotisme contre ces mêmes Électeurs, il est
inconcevable qu'au milieu de tant de bons citoyens, de tant de véri-
tables Amis de la Constitution, aucun ne se soit soulevé contre une
imputation aussi sérieuse.
« Que l'on n'ait pas dit à ces prôneurs, à ces endoctrineurs de Café,
ft vous nous faites voir dans les Électeurs de la Sainte-Chapelle de
mauvais citoyens, des gens qui veulent le mal ; quel intérêt ont-ils à le
faire ?
« Ils sontpai/és. — Où, en est la preuve ? Nous n avons jamais entendu
personne de la Sdinte-Chapellé dire du mai de vous. Us n'ont jamais
rien répondu à tout ce que voUs dites contre eux. Attendons poUr porter
un jugement quils parlent aussi., et nous jugerons conséqUérfihient.
« Ce langage, qui est le plus simple, étoit aussi le plus juste. En
effet, personne encore de la Sainte-Chapelle n'a pensé à répondre à
tant de calomnies, on a laissé crier, murmurer, semer les brtiits par
tous les moyens possibles; pour toute réponse, on a cherché à bien
faire; si on a réussi, c'est ce que l'expérience prouvera; si l'on s'est
trompé dans son choix, c'est un grand malheur, sans doute; mais
(1) Bibliothèque de l'hôtel Carnavalet, brochure in-8° de 44 pages. Paris, no-
vembre 1791. Cote 19444*. — Chez la veilve Hérissant, imprimeur des bâtimeiits
du Roi. — Ou trouvait quelques exemplaires chez Desenno, libraire, au Palais-
Royal, n»' 1 et 2.
CLUB DE LA aAlNTE-GHAPELLE 45^
quel reproche peut se faire l'honnête homme qui se trompe avec sa
conscience, quand il a tout fait pour Téclairer?
« On ne se reprochera jamais du moins de calomnier ni son propre
ouvrage, ni celui des autres, et de prématurer un jugemettt que l'ex-
périence seule peut donner.
« On se félicitera même du choix qu'aura fait le parti opposé, si le
tems fait voir que ce choix est bon.
« L'envie de bien faire, et le silence ont donc été les seules armes
qu'aient opposées les Électeurs de la Sainte-Chapelle aux outrages de
ceux de l'Ëvêché; jamais aucun arrêté n'a été pris pour répotldre (1).
— Mais à la dernière séance du Club de l'Évêché, le présidetit, M. t)U-
bois de Crancé, lut à l'assemblée un projet qui a pour titre : Adresse
d'une partie des Electeurs de Paris, réunis en Club a tEvêbhê^ à letirs
Concitoyens. La rédaction approuvée, ce projet a été laissé silr le bu-
reau, avec invitation de le signer avant de se séparer, poiir l'imprimer
et le répandre ensuite. Cent sept Électeurs de ce Club y oiit apposé
leurs signatures; cette Adresse paroit aujourd'hui et se répand par-
tout.
« Les Électeurs de la Sainte-Chapelle, moins prévoyans, moins dé-
sireux peut-être d'occuper d'eux le public, n'imagiiiant pafe d^aiîletirs
qu'on pût aller jusqu'à imprimer des suppositions, des présomptions,
dt les dohner comme des faits, se sont séparés après la dernière no-
mination; ils n'avoient plus rien à faire... »
Après avoir indiqué les séances de l'Assemblée Électorale de 1791,
après avoir parlé de l'établissement du Club de l'Évêché, l'auteur du
Compte rendu déclare que l'on avait faussement dit que « tous ceux
qui avoient donné leurs voix au Club de la Sainte-Chapelle ne pou-
voient y être admis » ; il ajoute des détails sur la formation de cette
dernière Société, il écrit :
« On avoit fait son plan en se réunissant, on étoit convenu de dis-
cuter les candidats sans partialité, sans passion, avec cette modéra-
tion qui convient à des hommes qui veulent le bien, tpii se réjouissent
de le trouver, et qui gémissent de l'apparence d'un reproche fondé.
On étoit convenu en même tems, pour que la discussion conservât
ce calme, cette marche égale, effet naturel de l'absence des passions,
de n'admettre, dans cette nouvelle Société aucun de nos collègues
en qui on avoit remarqué cette pétulance d'idées, cette soif exclu-
(1) « Il a déjà paru un imprimé sous ce titre : Les Éleateurs formant la Société
de l'Évéché à leurs commettans. » (Note de l'Électeur de 1791 .)
460 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
sive, inextinguible de la parole, cette exaltation, enfin, qui faisoit
que des Électeurs, que des patriotes s'emportoient malgré eux, au
point de troubler l'Assemblée. Les admettre, en admettre un seul,
eût été s'exposera retomber dans Tinconvénient qu'on vouloit éviter;
on n'en reçut aucun. On a vu la cause de l'abandon du local; on voit
la cause de la séparation des membres.
« La salle où nous étions étoit trop petite pour le nombre d'Élec-
teurs qui aftluoient; on nous proposa, comme plus convenal)le,
l'église de la Sainte-Chapelle. Messieurs de la Section de Henri IV,
qui y tiennent leurs assemblées, voulurent bien nous l'offrir, et dès
le lendemain, vers le 22 septembre, on s'y installa, des cartes furent
distribuées, l'on n'admit de nouveaux candidats que ceux qui étoient
présentés par deux de ses Membres.
« Le jour suivant, M. Calhières de l'Étang monta à la tribune pour
dénoncer à l'Assemblée la division du Corps Électoral, la réunion de
la majorité, où? disoit-il, dans un caveau, dans une cave, sans chan-
delle, pour opérer des miracles! Il assaisonna sa dénonciation de
toute cette chaleur qui lui est propre et de tout le ridicule qu'il put
trouver. Cette question n'eut aucune suite. Les discussions à la
Sainte-Chapelle se continuèrent dans le même calme; quelques no-
minations s'ensuivirent... inde iric.
« C'est ici que commence la persécution, c'est ici qu'a éclaté une
explosion qui a retenti dans tous les cafés, dans toutes les Sociétés,
dans tous les clubs, etc. On a dit, on dit encore que tous les Électeurs
réunis à la Sainte-Chapelle sont des aristocrates, des mauvais
citoyens, des ministériels, des gens payés par la liste civile; c'est de
ce moment que, dans l'Assemblée Électorale, on a vu des Électeurs
s'oublier au point de jurer, de menacer, de frapper, de parler en
montrant les poings, de provoquer, et le tout, parce que la majorité
des Électeurs n'a point voulu être menée par une minorité qui étoit
d'accord sur des candidats, et qui seroit devenue la maîtresse de faire
seule tout ce qu'elle auroit voulu.
« Il est tems de répondre aux deux plus fortes objections que fasse
le Club de l'Évêché.
« Pourquoi n'avez-vous pas voulu nous admettre? Pourquoi n'ad-
mettez-vous personne à vos séances, pendant que les nôtres sont pu-
bliques?
« On a déjà répondu à la première objection : on vouloit, à la
Sainte-Chapelle, une discussion calme, par des citoyens calmes; or,
nos collègues de l'Évôché sont des Citoyens, mais ils ne sont point
calmes. Ceci n'est point une injure, c'est une vérité; or, il résulte, et
CLUB DE LA SAINTE CHAPELLE 461
toujours sans vouloir injurier, que nos Collègues de l'Évêché, n'étant
point calmes, sont exaltés, comme il résulte de ce que les Électeurs
de la Sainte-Chapelle, qui aiment le calme, sont modérés...
« Pourquoi les séances ne sont-elles pas publiques à la Sainte-Cha-
pelle? Voilà ce qu'il aurait fallu savoir avant de débiter tant de... sur
ce prétendu mystère. Pourquoi? D'abord, c'est que ce local, tout dif-
férent de celui de l'Évêché, qui, étant fait pour cela, est bien éclairé,
qu'il y a des gradins en mi-ellipse, que l'on entend, que l'on voit
bien partout; que l'autre, au contraire, est sombre, long, sur un ter-
rain plane et uniforme; que ceux qui seroient venus n'auroient pu
être placés qu'à l'extrémité, sur des chaises toutes de niveau, qu'ils
n'auroient ni vu, ni entendu, et qu'on n'auroit pu les séparer ni les
reconnoître dans les opinions par assis et levé. — Première raison
bonne.
a Une seconde, meilleure, c'est que cette Chapelle est, comme on
l'a dit plus haut, le lieu ordinaire des assemblées de la Section de
Henri IV, et que, très souvent, il falloit que le club s'établit dans le
sallon de M. de la Rivière, parce que la section ou bien le bataillon
étoit assemblé. Que fût devenu alors le public curieux des séances?
Seroit il monté dans le sallon, lorsque les membres du club ne pou-
voient y tenir?... Ah! voilà ce qu'on ne savoit pas; voilà ce qui auroit
épargné bien des calomnies à d'honnêtes gens, si on l'avoit su.
« Autre raison, plus forte : c'est que les Électeurs de la Sainte-Cha-
pelle... peuvent bien se tromper, mais ils sont encore persuadés au-
jourd'hui que le candidat que l'on discute sans son aveu, qui ne s'est
point oft'ert ni soumis à la discussion, comme l'a fait si loyalement
M. la Crételle [sic), ne doit point être dépouillé en public. On le ré-
pète, cela peut faire tort au crédit, à la fortune du Négociant, du
Marchand, ou de tout autre qui a besoin de la confiance publique,
parce que, dans la discussion, une inquiétude, un soupçon, peuvent
être pris pour un fait...
« On a dit de la Sainte-Chapelle : « Il suffit d'avoir eu dans la Ré-
volution un caractère équivoque, quelques relations avec la Cour, un
état de maison, pour y obtenir des éloges, et, le lendemain, deux
cents suffrages. » Quelle injustice!... »
Parmi les membres du club, nous remarquons une foule d'hommes
de loi, beaucoup de marchands et de financiers, un certain nombre
d'officiers municipaux, quelques chefs de garde nationale, des prêtres,
des gens de lettres, des médecins, très peu d'artistes.
A la fin du Compte- rendu, on trouve une liste des Electeurs de la
462 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Sainte-Chapelle, moins complète que celle dont nous ayons cru devoir
faire la réimpression. Manquent les noms de Bigot de Préameneu, de
Pastoret, de la Trémouille, Fontaine de Saint-Freville, Cardot, Dela-
liante, Villemorin, Henaudin, llegnault, Sauvage, Poupart, J^egier,
AlcaUj Romaud, Palry, Gallemand, LaYoiepier|*e , Denis, Blanc, Bes-
son, Coclîin-Delatour, Grandin, Guichard, Bonnaud, I^eaumarchais,
Geoffroy d'Affry, Prêtre, Yvon, Curé, Guyaux, Jouard-de-Bamneuil,
Benoit-Duportailj Delaperrotière, Trianon, Brusse, Desbortjes, Pé-
sarges, Faure, Lapousielle.
Toutefois, quarante-deux électeurs de cantons y figurent, outre
ceux des sections. Ce sont les cantons :
De Nanterre. — M. Guesdon ;
De Passy. — Saint-Martin, Devcze, Leveillard ;
De Colombe. — Roussel ;
De Clichy. — Billard ;
De Saint-Denis. — Meusnier ;
De Pierre-Fitte. — Vielly, Fauconpré ;
De Pantin. — Cottereau, Mauviel ;
De Belle- Ville. — Potier;
De Vincennes. — Billaudel, Folliot, Boudin, Grimprcl, JJulour,
Contour, Boulanger, Ficlion, Gambon, Paulard;
De Charenton, — Cressac, Diot, Colard ;
De Ville-Juif. — Gauger, Threil, Pardailland;
De Choisy-le-Roi. — Berney, Barrier;
Du Bourg-la-Reine, — Glot, Corancé, Jaques, Courtois, Dupuis,
Filassier;
D'Issy. — Guillebon, Dupont, Boisset;
De Châtillon. — Loison, Dolbec, Pousals, Billoré, Dedouvre.
« Il peut y avoir quelques noms transposés de sections », fait re-
marquer Fauteur du Compte rendu. Ajoutons que l'orthographe de
ces noms est généralement très différente, danp Tune et l'autre bro-
chures. La seconde établit un total de 364 électeurs dans les sections
et de 42 électeurs dans les cantons, soit 400 électeurs.
Les avancés accusèrent les membres du Club de la Sainte-Chapelle
de suivre une route tout à fait réactionnaire, d'être ultra-modé-
rés, d'avoir plus d'ambition que de patriotisme, d'aspirer aux pla-
ces, etc.
Les dernières semaines de l'année 1791 et les premiers mois de
1792 virent s'accentuer les accusations, ^it dans le Club de l'Évê-
ché, soit dans les Sociétés et les journa^ix patriotes.
CLUB DE LA SA1NTï:-GHAPELLE 463
Dans I9, séance du 27 avril 1792,' présidée par Lasource, au Club
des Jacobins, Daubigny (1) déclara :
« Nous avons h vous dénoncer des faits qui se sont passés à l'as-
semblée du corps électoral. Vous savez, Messieurs, qu'il faut être
ennemi de la patrie pour être admis au Club de la Sainte-Chapelle.
Ainsi vous n'êtes pas surpris que les membres nombreux (car ils
étaient près de huit cents) de ce Club aient nommé accusateur public
M. Duport^ l'ex-ministre (2). En vain avons-nous réclamé contre
cette nomination; en vain avons-nous représenté que la responsabi-
lité pesait sur sa tête, que des malversations lui étaient imputées.
Nous fîmes les mêmes réclamations contre le président de l'Assem-
blée, M. Cahier de Gerville : celui-ci écumait de rage; il sortit même
de sa place. Mais nous n'avons pu l'emporter sur ceux de la gaiqte-
Chapelle, forts de leur nombre, tandis que nous ne comptions de
notre côté que cent trente membres. Il ne nous reste de parti que
celui de nous adresser à l'Assemblée nationale. »
Assurément, les deux listes que nous avons reproduites, la j^vq-
m'ière in-exteuso , la seconde incomplète, tout en indiquant quarante-
deux électeurs de cantons suburbains, contenaient des noms de per-
sonnes qui ne persévérèrent pas dans les vues du Club de la Sainte-
Chapelle^ de personnes qui réclamèrent, parce que la réunion était
signalée comme réactionnaire depuis sa formation, comme rcyp-liste
après le 10 août 179:2.
Le sieur Renouard, en août, réclama contre l'insertion de son
nom (3).
Beaumarchais déclara n'avoir jamais paru au Club de la Sainte-
Chapelle, et il écrivit au rédacteur du Moniteur :
« J'apprends, Monsieur, que mon nom, comme électeur, est im-
primé dans les listes de ceux qui ont été au Club de la Sainte-Cha-
pelle.
« Je déclare que, de ma vie, je n'ai mis le pied dans aucun club.
On m'a vu à la Commune, lorsque j'y étais député de ma section, et à
(1) J. L. Marie ViUain Paujjiguyj aucieu procureur au Parleilleut de Paris et
ami de DaiUop, déporté aux îles SeycheHes après l*explosion de la. machine infer-
nale, uiourut dans ces îles en 1808i
(2) Duport-Dutertro, garde des sceaux depuis le ^0 noveiribre 1790 jusqu'à la
constitution du ministère girondin en 1792, fut accuse d'avoir attenté à la liberté
de la presse.
(3) Moniteur universel, numéro du 26 août 1792.
464 LES CLUBS GOiNTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
la grand'salle de l'Evêché, comme électeur des membres de TAssem-
blée nationale ; mais jamais nulle part ailleurs.
« Caron Beaumarchais (1).
« Ce 30 août 1792. »
Pour ses traités d'armes et de grains, Beaumarchais était peu
estimé.
Pastoret protesta, à la section des Champs-Elysées, contre l'ins-
cription de son nom sur une liste, le 5 septembre.
Le Moniteur, cinq jours après, inséra encore celte réclamation :
« M. François Romand, électeur de 1790, de la section du Ponceau,
déclare à ses concitoyens qu'il n'a jamais été du Club de la Sainte-
Chapelle, et que c'est par erreur ou par calomnie que son nom se
trouve sur une liste affichée dans Paris.
« François Romand (2). »
Remarquons que Romand, receveur des Fermes, était assesseur du
juge de paix de sa section.
Charles Villette avait, antérieurement, réclamé aussi, en avouant
toutefois, « qu'au moment où ce club s'était formé, il avait suivi le
torrent qui l'y entrainait; mais il déclarait qu'il s'en élait éloigné
lorsqu'il avait vu qu'il n'était pas dans la Sainte-Chapelle de la
liberté (3). » Il ne plaisait pas à cet ex-marquis, qui avait épousé une
nièce du philosophe de Ferney, et dont un garçon reçut en baptême
le nom de Voltaire- Villette, de paraître partager les opinions de gens
que l'on surnommait « électeurs feuillants » de la Sainte-Chapelle (4).
Villette, qui appartenait au Club des Jacobins, se sentait compromis
d'autant plus qu'un de ses frères, garde du corps, avait été tué à
Versailles, le 6 octobre 1789.
En effet, les membres de ce Club étaient des modérés fort mili-
tants, des ministériels plus attachés au roi qu'à la nation, des
« métis du patriotisme », suivant l'expression du Jacobin Philibert
Simond.
(1) Mûniteur universel, numéro du 3 septembre 1792. -— Lo 24 août 1789, on
avait protesté, dans le district des Filles-Saint-Thomas, contre la présence de
Beaumarchais parmi les Représentants de la Commune; le 20 août de la même
année, un arrêté du district des Récollets avait félicité ceux-ci d'avoir éloigné «le
sieur Beaumarchais. »
(2) Moniteur universel, numéro du 13 septembre 1792.
(3) Patriote français, n" 879, du 6 janvier 1792.
(4) Voir Ctiih des Feuillants.
CLUB DE LA SAINTE-CHAPELLE 465
Lors des élections à l'Assemblée législative, le Club de la Sainte-
Chapelle attaqua très vivement Condorcet. Les réactionnaires et les
Feuillants, ainsi que des agents du ministère, s'y étaient massés
(juin 1791).
M. Bosquillon, du Club de la Sainte-Chapelle^ fit assigner Pierre
Manuel, nouveau procureur de la Commune (décembre 1791) pour
prouver tous ses titres de domicile, de garde national et de contri-
bution (1). Il perdit son procès, fut condamné à cinquante livres
d'amende au profit des pauvres.
Pierre Manuel fut défendu par le Patriote français^ qui imprima :
« M. Bosquillon, l'un des coryphées du Club aristocrato-ministé-
riel des Electeurs de la Sainte-Chapelle, vient de faire assigner
P. Manuel, nouveau procureur de la Commune, pour prouver tous
ses titres de domicile, de garde national et de contribution. P. Manuel
a répondu avec la dignité d'un homme libre à cette démarche dictée
par la plus basse jalousie: Si c'est par respect pour la Constitution,
a-t-il dit à l'huissier, que M. Bosquillon m'assigne, je souhaite qu'il
ait ma place pour récompense; si c'est par intrigue, je souhaite qu'il
Tait encore pour punition. Je répondrai à la loi. »
Bosquillon était un avocat de la place de l'Estrapade, un modéré
dévoué à Bailly et à La Fayette. Beaucoup d'électeurs faisaient,
comme lui, de l'opposition à Manuel, alors chaud partisan de la Ré-
volution ; à Manliel qui « n'aimait pas les rois », mais qui devait plus
tard, à la Convention, défendre énergiquement Louis XVI, donner des
éloges à Marie-Antoinette et voter l'appel au peuple.
Un boucher de Paris, Legendre, habitant la rue des Boucheries,
au faubourg Saint-Germain, homme d'action, populaire, influent
dans les faubourgs, se prononça.
Legendre remarqua, dans la séance du mardi 27 décembre 1791,
aux Jacobins, que, dans les dernières élections, on avait fait beau-
coup de choix pour les notables parmi les Électeurs du Club de la
Sainte-Chapelle. Il en avait la liste, dont il proposait de faire la lec-
ture, lecture que Robespierre et la Société repoussèrent, comme s'ils
pressentaient le rôle de dénonciateur que, plus tard, le violent bou-
cher remplit contre les Jacobins robespierristes, dont il devait fermer
le club au 9 thermidor. -
(1) Patriote français, numéros des 9 et 31 décembre 1791. — Charles-Pierre
Bosquillon, électeur de la section de TObservatoire en 1790, avait publié, en 1788,
un Code national, dédié aux États généraux,
30
460 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Carra, dans ses Annales patriotiques^ constata :
« Les sections de la capitale, assemblées pour reviser la liste des
notables qu'elles avoient (ra])ord élus, en ont rayé quelques-uns,
membres du fameux Club de la Sainte-Chapelle. Ce club, composé de
près de la moitié des Électeurs du département de Paris, est accusé
de ministérialisme ou feuillantisme ; il s'étoit signalé, pendant les
élections à l'Assemblée nationale, par son aversion pour les patriotes
Brissot, Condorcet, Clavière, etc., et c'est lui qui vouloit nous donner
le bon André, le cher André ^ pour procureur-syndic du départe-
ment (1). »
Le même journaliste apprit au public, trois mois après (2) :
« La Section de Henri IV a fait fermer le local où se rassembloit le
fameux club ministériel, dit de la Sainte-Chapelle, ce club d'où sont
sortis les Rarnond et quelques autres députés de Paris, que l'on dit
être les amis de tous les ministres passés, présens et futurs (3). »
II
A mesure que les événements se précipitaient, le Club de la Sainte-
Chapelle était plus mal noté. L'autorité communale s'en préoccupa,
en môme temps que la presse patriote. En août 1792, le Conseil de la
Commune déclara « que tous les membres suspects, ceux qui avaient
siégé dans le Club de la Sainte-Chapelle, avaient été éloignés de
toutes les places. » La section de Mirabeau arrêta, le même mois, de
n'admettre dans les élections aucun des citoyens qui auraient été
membres des Clubs monarchique, de la Sainte-Chapelle et autres
dont les principes étaient très connus.
Les Révolutions de Paris, à propos du club, prirent à partie le
compositeur Gossec, chef de musique de la Garde nationale de Paris.
Elles le dénonçaient.
«... Gossec, dont le talent musical est plus sûr que les principes
(1) Annales patriotiques de Carra, n" 1, du !'=■■ janvier 1792.
(2) Annales patriotiques de Carra, n° 77, du 17 mars 1792.
(3) Ramond de Carbonni'eres (baron de), géologue, membre de l'Assemblée
législative, demanda, le 29 octobre 1791, que les communes pussent à leur gré
choisir un prêti'e qui eût ou non prêté le serment; le 29 mai 1792, il prit la
défense des insermentés. Nommé membre de l'Institut en 1802, il mourut le
14 mai 1827, conseiller d'État honoraire. Il était partisan de la monarchie consti-
tutionnelle.
CLUB DE LA SAINTE-CIIAPELLE 467
qu'il manifesta on prenant place dans le Clul) do la ])asse Sainte-Clia-
pelle... (1). »
" M. Gossec, musicien, réclame aussi contre le même article, et
défie qui que ce soit de prouver qu'il ait jamais été au Club de la
Sainte-Chapelle. Nous aimons à croire, ainsi que le dit M. Gossec,
qu'il a toujours été guidé dans ses démarches par des intentions
civiques (2). »
Il s'agit de l'article publié dans le même numéro, oîi les Révolutions
de Paris imprimaient :
«... Nos Électeurs ont chassé d'entre eux trois ou quatre faux
frères, dont les noms se trouvaient sur le répertoire du Club de la
Sainte-Chapelle et des Feuillans... (3). »
Les Annales patriotiques contenaient, le 26 août, cette nouvelle qui
fit sensation :
« 25 août. — La Commune de Paris a pris un arrêté pour écarter
des élections les membres des Clubs des Feuillans, de la Sainte-Cha-
pelle^ et enfin tous ceux qui ont signé des pétitions contre-révolu-
tionnaires (4) », notamment celle contre la journée du 20 juin. La
Commune prescrivit le vote à haute voix et la publicité des séances
du corps électoral.
Paris nommait Robespierre, Marat, Danton, Camille Desmoulins,
Panis, Sergent, Billaud-Varennes, Tallien, Fréron, Collot-d'Herbois;
les départements nommaient Roland, Cambon, Vergniaud, et d'autres
Girondins. Ceux-ci paraissaient triompher.
Au commencement de 1793, la section des Halles refusa un certi-
ficat de civisme au citoyen Gibert, l'ainé, notaire, sur le fondement
qu'il avait assisté au Club de la Sainte-Chapelle, et qu'il avait reçu
chez lui la pétition dite de Guillaume... (8 et 20 mille) Thomas Gi-
bert demeurait dans le cloître Sainte-Opportune.
Le Conseil général de la Commune, le 12 février 1793, décida néan-
moins que le certificat de civisme lui serait délivré.
En juin do la même année, les membres du Club de la Sainte-
Chapelle furent expulsés des comités révolutionnaires (5). Les Giron-
(1) Révolutio7is de Paris, n" 164, du 2b août au l" septembre 1792.
(2) Révolutions de Paris, n" 163, du 1" au 8 septembre 1192,
(.•J) Révolutions de Paris, n" 16.3, du 1" au 8 septembre 1792. — Nous n'avons
pas trouvé le répertoire dont il est question ici.
(4) Annales patriotiques de Carra, n" 2.39, du 26 août 1792.
(u) Moniteur universel, n" 136, juin 1793.
468 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
dins succombaient ; les modérés furent compris dans le grand nombre
des suspects.
Peu après, aux Cordeliers, un membre « demanda qu'on fit lec-
ture d'une liste des signataires et des clubistes de la Sainte-Cha-
pelle, parce que, disait-il, s'il faut sonner le tocsin et frapper, il est
bon de les connaître. La Société improuva par de violens murmures
cette proposition qui n'eut pas de suite (1). »
Inutile de dire que le Club de la Sainte-Chapelle cessait de se
réunir, depuis qu'une loi, du 12 août 1793, décrétait l'arrestation des
suspects. Il convient de le ranger parmi les Sociétés éphémères, nées
à propos d'incidents politiques où les ambitions personnelles étaient
en jeu.
(1) Moniteur universel, n" 179, an II.
I
DEUXIÈME PÉRIODE
COMITÉ VALAZÉ
For^mé en 1792
Avant le 10 août 1792, dès 1791, les députés de la Gironde con-
vinrent de se voir trois fois la semaine, avant l'heure où l'Assemblée
nationale ouvrait sa séance. Bientôt, des déjeuners politiques eurent
lieu, à peu près tous les jours, au numéro 5 de la place Vendôme, à
quelques pas du Manège, chez une dame Dodun, « femme honnête,
opulente, qui pouvait sans se gêner leur prêter un appartement com-
mode dont ils étaient libres de se servir, même en son absence (1). »
Les Girondins ne faisaient que commencer alors à former un parti.
Brissot était le meneur de ce « comité de la place Vendôme. » Il
dirigeait les B7nssotins. Il demeurait rue de Grétry, n° 1.
Plus tard, Pétion donnait à ses amis des « dîners politiques. » Sa
popularité était grande. On le surnommait « le vertueux. »
Le «Comité Valazé))(2) réunissait trois fois ou quatre par semaine,
et quelquefois une seule fois, trente-huit à quarante Girondins, dont
les plus assidus étaient Brissot, Guadet, Gensonné, Buzot, Barba-
roux (3), Bergoeing, Duprat, des Montagnards devenus Girondins,
Lacaze, Lesage (4), Mollevault, Hardy, plus tard dévoué au Direc-
toire, Salles, Duperret, Chambon, Lidon, qui traita Robespierre de
factieux et de calomniateur.
« Quand neuf heures sonnaient, on allumait du feu et des bougies;
on annonçait successivement Buzot (de l'Eure), Salles (de laMeurthe),
et ils étaient reçus dans le salon par ma tanle (madame Valazé),
femme du meilleur monde. Les députés délil)éraient «ur les affaires
(1) Mémoires de madame Roland, premier ministère, an début.
(2) Rue (l'Orléans-Saint-Honoré, no 19. On appelait Valazé « le Caton de la
Gironde ». Marat le qualifiait de « chef des hommes d'État ».
(3) Demeurant rue Mazarine, u" 20, il était reçu dans l'intimité de M. et madame
Roland.
(i) Plus tard thermidorien.
472 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
publiques; ils ne se retiraient pas avant minuit (1). » Buzot demeu-
rait quai Malaquais, n" 3.
Ils préparaient les discussions pour l'Assemblée nationale.
Chaumette, au procès des Girondins, reprocha à Valazé « d'avoir
tenu des conciliabules nocturnes. »
Marat dénonça (21 mai) leur complot liberticide. Il parla, pour
le prouver, d'un billet envoyé à Lacaze par Dufriche-Valazé, billet
ainsi conçu :
« A la Convention nationale^ à dix heures du maiin^ avec le plus de
collègues qu'il se pourra. »
Il donna à la. réunion le nom de « Directoire des hommes d'État
de la faction liberticide. » Hébert accusa Roland de vouloir cor-
rompre tous les écrivains à prix d'argent, et madame Roland d'avoir
voulu acheter sa feuille, le Père Duchêne.
En réponse à Marat, "Valazé disait :
« On ne nous défendra pas sans doute des conférences amicales,
surtout lorsqu'elles ont pour but de déjouer des complots atroces. »
Ces« conférences amicales» s'inspiraient de madame Roland, dont
le salon, dont nous parlerons, était semi-officiel.
Salles (Jean-Baptiste) avait naguère, dans l'Assemblée constituante,
parlé contre l'abolition des formes monarchiques, et déclaré :
« On me poignarderait plutôt que de me faire consentir à ce que
le gouvernement passât entré les mains de plusieurs... »
Valazé (Charles-Eléonor Dufriche de), maire d'Essai, dans le dépar-
tement de l'Orne, avait été lieutenant dans le régiment d'Argenton,
était revenu dans ses foyers, s'occupait d'agriculture, quand on le
nomma député à la Convention. Il était donc un homme nouveau
en politique.
Mais Brissot, Guadel (2), Gensonné, Buzot et Salles avaient déjà
siégé à la Constituante ou à la Législative. Barbaroux avait été
député extraordinaire de Marseille à la Législative et affilié aux Jaco-
bins. Chambon, on le sait, était maire de Paris en décembre 1792.
MoUevault était maire de Nancy, lors de l'insurrection de la gar-
nison en 1790. Lacaze entretenait une correspondance antijacobine
avec Valazé.
(1) Desgenettes '(René-Nicolas Dufriche) a laissé des Souvenirs de la fin du
dix-huitième siècle. 11 était neveu de Valazé, et devint baron après s'être distingué
comme médecin militaire en Italie, en Egypte et dans les campagnes de l'Empire,
(2) Guadet demeurait dans la rue du Faubourg-Saiut-llonoré, n" 30.
COMITÉ VALAZÉ 473
Valazé, conventionnel, avait, un des premiers, engagé la lutte
contre Marat, Robespierre et la Commune. Ceux-ci ne l'oubliaient
pas, et leur énergie pour répondre aux Girondins devint d'autant
plus grande que leurs adversaires employaient, dans l'occasion,
des moyens qu'il fallait découvrir, et qui rompaient toute entente
républicaine entre le fédéralisme, pouvant l'emporter sur l'indivisi-
bilité de la République, et ceux qui ne voulaient pas laisser toucher
à cette indivisibilité. Les Montagnards craignaient d'être pris au
dépourvu.
Marat, irrité contre « le roi Roland », déclara qu'il ne connaissait
d'autre conspiration que celle qui se tramait dans les conciliabules
des hommes d'Etatréxxm^ tous les jours chez Valazé. Un comité insur-
rectionnel, dit de VArchevêché, comité ultra-montagnard, était fort
surexcité à propos de ses ennemis, les Girondins, qui faisaient partie
du Comité Valazé. Hébert écrivit : « Le roi coco Roland. »
Les réunions, chez ce député, étaient secrètes; les hommes poli-
tiques qui s'y rendaient formaient un personnel très peu nombreux,
comprenant la gravité des circonstances, sachant qu'il y avait pour
eux une question de vie ou de mort. Aussi ne commettaient-ils guère
d'indiscrétions.
On n'a pas de détails précis sur les discussions du Comité Va-
lazé. Elles étaient probablement confuses, sans méthode ni déci-
sion :
« Nous cherchions, dit Meillan, les moyens de mettre un terme à
nos divisions, et de prévenir les malheurs qu'elles ne pouvaient man-
quer de produire. Nous nous perdions dans nos recherches et ne
savions à quoi nous fixer. »
Amar, au contraire, dans l'acte d'accusation par lui dressé contre
les Girondins, comme membre du Comité de sûreté générale, parla
de harangues préparées, revues et sanctionnées chez Roland, « ou
dans des conciliabules ténébreux qui se tenaient ordinairement chez
Dufriche-Valazé et chez Pétion. » Marat, Guffroy et Thirion pensaient
de même.
Les membres de ce Comité se figuraient qu'ils pourraient non seu-
lement résister aux Montagnards, mais encore triompher d'eux. A un
moment donné, ils furent l'âme de la Gironde.
Le Comité Valazé comprenait, répétons-le, environ quarante mem-
bres. Selon madame Roland, il ne sortait jamais de la réunion que
« beaucoup de courage pour soutenir les principes, pour braver les
clameurs, pour se dévouer généreusement. »
474 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Valazé écrivait à ses commettants :
« Sachez que nul n'y est admis, qu'il n"ait donné des preuves de
civisme. »
Il citait principalement Buzot, Salles, Grangeneuve et Barbaroux,
plus hommes d'action que ceux qui se groupaient autour de Ver-
gniaud et de Brissot.
Vergniaud, après le 21 janvier 1793, s'était placé parmi les mo-
dérés, avait parlé contre l'institution du Tribunal révolutionnaire;
il possédait un admirable talent de parole, qui forçait l'admiration
de ses adversaires sans parvenir à les convaincre. Or, les Impartiaux,
les Modérés, les modérateurs semblaient maintenant des aristocrates
d'autrefois.
Pétion déposait chez Valazé les brochures qu'il faisait paraître,
la Réponse à Robespierre, les Lettres aux Parisiens, etc. (1).
Assurément, le Comité Valazé était un conciliabule, selon l'expres-
sion de Chaumette. Un autre conciliabule, dont nous allons parler,
ne se montrait pas moins hostile à la Montagne. Il avait pour titre :
Club de la Réunion.
(1) Arch. Nat., section du séquestre, F. 7. 4629.
CLUB DE LA RÉUNIOIN
Fondé en 1792.
Les Girondins fondèrent, en 1792, le Club de la Réunion, qui tint
ses séances à huis-clos, et se plaça en dehors du Club des Jacobins,
dont quelques membres, probablement Henri-Maximin Isnard, vin-
rent s'affîlier à ce petit groupe.
Le Club de la Réunion « se prêta aux événements du 20 juin 1792,
que les Jacobins n'approuvaient pas, parce qu'ils ne les considéraient
que comme une mesure partielle (1) », et parce qu'ils voulaient un
mouvement général contre la royauté. Chabot en fit partie, pour
tirer des explications de Brissot, disait-il.
Dans la soirée du 30 juillet, on vint apprendre aux membres du
Club de la Réunion que Robespierre avait prononcé un grand dis-
cours aux Jacobins, et l'on en rendit compte. Ce discours faisait
allusion à la conduite de Brissot et de ses amis, aux ambitions de la
Gironde. L'impression en avait été ordonnée (2).
Aussitôt Isnard prit la parole, s'engagea, par une sorte de serment,
à dénoncer Robespierre et Ânthoine, et à faire tout le possible pour
les envoyer devant la Cour d'Orléans, Haute-Cour instituée par la
Constitution de 1791.
Brissot parla ensuite, plus vivement encore, en appuyant cette
motion. Il renchérit sur cet engagement et cette menace.
Le député Dubois de Bellegarde (3) assistait à la séance. Il se leva,
protesta, déchira sa carte d'entrée, et déclara qu'il ne reviendrait
plus dans cette Société.
(1) Projet de circulaire du Comité de correspondance à toutes les Sociétés affi-
liées, lu aux Jacobins le 14 octobre 1792.
(2) Il parut dans le n" II du Défenseur de la Constitution, p. 518 à 548.
(3) Tout porte à croire que ce député appartenait au Club des Feuillants. (Voir
ce club.)
476 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Brissot était de plus en plus attaqué. Le député de la Gorrèze,
Brival, rapporteur à la Convention sur les papiers trouvés chez Ro-
land^ cita une lettre adressée par Brissot à madame Roland, dont
nous extrayons ce passage :
« ... Je serai libre samedi et aux ordres de madame Roland. Je lui
envoie pour son mari et pour Lanthenas une liste de patriotes à
placer; car il doit toujours avoir une pareille liste sous les yeux...
Tout aux amis... (1). »
Cette lettre montre Tinfluence du chef de la Gironde. 11 donnait
presque des ordres aux ministres qu'il avait contribué à faire nom-
mer.
Dcsfieux et Merlin de Thionville, ainsi qu'un troisième Jacobin
dont le nom n'a pas été indiqué, attestèrent les faits ci-dessus rap-
portés (2). On raya Brissot de la liste des Jacobins.
On assura, aux Jacobins, qu'Isnard et Brissot s'étaient chargés de
demander à l'Assemblée législative un décret d'accusation contre
Robespierre et Anthoine, coupables d'avoir provoqué à la déchéance
de Louis XVL
Le Journal des Amk de la Paix et du Bonheur de la Nation était
l'organe du Club de la Réunion, que soutenaient les feuilles giron-
dines.
A Lyon, il existait un club dit « de la Grande-Côte, » d'opinon
girondine.
Le Thermomètre, journal d'abord dévoué aux principes des Jaco-
bins, était devenu un des organes des Girondins ; il reçut, en deux
fois, de Roland, ministre de l'intérieur, la somme de 452 livres dix
sous (3), et ce fut sous le couvert de ce journal que Roland fit expé-
dier en province, le 18 septembre 1792, six cents exemplaires de sa
lettre à Santerre, à Pétion, et à la Convention. Lanthenas invita les
administrations des postes à n'exiger de Dulaure, pour cet envoi,
que le prix ordinaire de sa feuille, en s'en rapportant à son affirma-
tion (4).
Gorsas appelle Club de la Réunion le cabinet littéraire situé au
(1) Voir Histoire parlementaire de la Révolution, par Bûchez et Roux, t. XXVIII,
p. 99.
(2) Journal des débats et de la correspondance de la Société, n" 242, séance
du 1" août 1792. — Histoire parlementaire, t. XXX, p. 43.
(3) Compte rendu de Roland à la Convention.
(4) Catalogué de docw7ients historiques sur la Révolution française, de J. Charavay
aîné, 1862, n» 153, p. 109. Cité par M. Tourneux.
CLUB DE LA REUNION 477
Palais-Royal, vestibule Radziwil, emplacement de l'ancien café mé-
canique, arcades de Tissot, n° 101. Ce club fut ouvert le 15 mai 1793,
et n'est pas le même que celui dont nous venons de rappeler l'exis-
tence, sans pouvoir donner des détails sur son organisation.
En résumé, soit chez Valazé, soit au Club de la Réunion^ les
réunions, étant secrètes, n'exerçaient aucune action sur le public ;
elles servaient seulement à entretenir chez les Girondins, les Bris-
sotins et les Rolandistes, une entente contre la Montagne, si bien
que leurs adversaires les qualifiaient de conspirateurs.
Aux approches de la journée du 31 mai 1793, principalement, ces
réunions préludèrent aux dernières luttes, entre Girondins et Monta-
gnards, qui eurent lieu dans le sein de la Convention.
Les Girondins étaient véhémentement attaqués depuis plusieurs
mois. Anacharsis Clootz, en novembre 1792, parlait des « diatribes
rolando-brissotines », et Dubois-Crancé écrivait à ses commettants
contre Brissot et Roland. Camille Desmoulins traçait V Histoire des
Brissotins au commencement de 1793. Le l"mars de la même année,
P. A. Garrau prononçait un discours, à la Société des Amis de la
liberté et de l'égalité, contre le fédéralisme, et surtout contre Brissot.
Le 2 mars, ce club envoyait aux Sociétés affiliées une Adresse contre
les Girondins. Le 19 avril, il envoyait une circulaire contre la faction
d'Orléans, Brissot et Dumouriez. Quelques jours avant, le 7 avril,
dans la section de Bon-Conseil, on rédigeait une Adresse à la Con-
vention contre Dumouriez et les Girondins (1). Le 29 mai, la section
des Arcis présenta à la Convention nationale une ^dresse contre Jes
Girondins; et un Dernier mot de Phulpin, juge de paix de ladite
section, adopté à l'unanimité le 2 juin, fut envoyé aux quarante-sept
autres sections, aux Sociétés populaires et à la Convention (2). Un
rapport de la section du Faubourg Montmartre conclut contre les
Girondins, le 24 juin; la même section déclara la guerre aux modérés
le 23 février 1794.
En même temps paraissait VAnti-Biissotin., journal du soir (oc-
tobre 1793 à février 1794).
Plusieurs membres des réunions girondines, — Bergoeing, Molle-
vault, — • firent partie de la Commission des douze, créée par la Con-
vention le 18 mai 1793, élue le 21, laquelle ordonna l'arrestation
d'Hébert, pour un article de son Pèi^e Duchêne, provoquant au mas-
sacre des Girondins. La Commission des douze semblait être le pér-
il) Bib. Nat., Lb 40/1723.
(2) Bib. Nat., Lb 40, n"* 1693 et 1694.
478 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
sonnel d'un coup d'Etat. Les sections et la Convention demandèrent
que (( vingt-deux députés girondins se retirassent comme coupables
de félonie envers le peuple souverain. »
Après le 31 mai, Buzot et d'autres proscrits organisaient dans le
Calvados une A ssemblée des drpartemenls réunis à Caen^ ou une Assem-
blée centrale de résistance à V oppression, ayant ses séances régulières,
ses discussions, ses délibérations, ses arrêtés, et publiant un recueil
périodique intitulé : Bulletin des autorités constituées réunies à Caen.
Ils publièrent une Adresse sous le titre de : Déclaration /jue fait à la
France entière V assemblée centrale des déparlements du nord-ouest sur
les motifs et l'objet de sa formation.
Tels étaient les actes des hommes que les Jacobins appelaient
la « faction du fédéralisme ». Huit départements de la Bretagne et
trois de la Normandie se proposaient de marcher sur Paris, d'accord
avec les partisans du Comité Valazé et du Club de la Réunion, qui
s'associaient, en diverses circonstances, aux Feuillants, qui les atti-
raient à eux.
En vain le groupe s'était défendu de soutenir des opinions con-
traires à l'indivisibilité.
« \ït-on, disait Barbaroux, a-t-on, dans la Convention nationale,
soutenu quelque opinion en faveur de la république fédérative? Les
députés de quelques départements ont-ils reçu mandat de voter pour
cette sorte de gouvernement? Les tribunes des Sociétés populaires
ont-elles retenti de cette erreur politique? Enfin, a-t-on soutenu pu-
bliquement, ou même dans des Sociétés particulières, ce système de
désorganisation? Non, rien de tout cela n'est arrivé. On criait aux
portes de l'Assemblée que ffous voulions un gouvernement fédératif,
et la Convention nationale tout entière se levait pour décréter l'unité
de la République. »
Le nom de fédéraliste l'emporta sur celui de royaliste^ en 1793,
pour faire grossir la liste des condamnés à mort.
Quand le bruit se répandit que le Comité de Salut public devait
proposer à la Convention un projet d'amnistie en faveur des Giron-
dins mis en arrestation, Valazé (1) et Vergniaud repoussèrent toute
amnistie.
Vergniaud avait été, en 1792, accusé de complicité avec la Cour.
Dans une lettre de ce Girondin à la Convention, nous lisons :
« On m'a accusé d'être entré avec mes collègues détenus et le gé-
(1) Monileur universel, des 7 et 8 juin 1793. — N°203 du Républicain français.
CLUB DE LA REUNION 479
néral Dillon dans un complot pour mettre sur le thrône {sic) le fils
(le Marie-Antoinette.
« Ce complot était une chimère... (1). »
Les Montagnards avaient beau jeu pour accuser les Girondins de
faire des assemblées souterraines, de conspirer contre la Convention,
ou tout au moins contre le Comité de Salut public.
A côté des deux réunions que nous venons de signaler, il convient
de placer les salons de madame Roland et de Condorcet, qui, d'abord
purement littéraires, devinrent ensuite des foyers de politique giron-
dine (2), surtout quand Roland occupa le ministère, et quand les
opinions émises chez lui, et adoptées, donnèrent lieu à des résolu-
tions semi-officielles.
Le ministre de l'intérieur faisait les frais de la Sentinelle^ rédigée
par J, B. Louvet (3), journal-affiche dont plusieurs numéros furent
tirés à plus de vingt mille exemplaires. « La très modeste fortune de
Louvet n'aurait pas suffi », et Pétion, selon madame Roland, n'avait
pas même d'argent pour la police. Il eût été, ajoute-t-elle, « difficile
d'en obtenir de l'Assemblée. »
Enfin, dans les circonstances critiques où ils se trouvaient peu
avant le 31 mai, Vergniaud (4), Condorcet, Sieyès, Fonfrède, Ducos,
Gensonné se rencontraient rue Saint-Lazare ou à Clichy, tantôt chez
une femme dont on ignore le nom, tantôt chez Fonfrède.
En résumé, le Club de la Réunion, de même que le Comité Valazé,
se tenait à huis-clos, ne publiait ni listes de membres ni comptes
rendus de délibérations.
(1) Arch. Nat., AF H. 46.
(2) Voir plus bas, Salons,
(3) Mémoires de Louvet, édit. Aulard, t. I, p. 50.
(4) Vergniaud demeura place Vendôme, n° 7, dans les bâtiments où se trouve
fÉtat-Major de la place de Paris,
TROISIÈME PÉRIODE
31
CLUB DE CLICHY
Fondé en 1794
I
Sous le Directoire existait un vieux royaliste qui demeurait au bas
de la rue deClichy. Sa maison, sorte de masure, d'aspect mystérieux,
lui permettait de vivre dans la retraite, jusqu'au jour où il l'offrit à
un groupe d'amis, qui en firent uu lieu de réunion politique, n'ayant
qu'un but indéfini et ne publiant rien de ses discussions. Le nombre
des adhérents à cette réunion s'accrut avec rapidité pendant les an-
nées 1795, 1796 et 1797.
On l'appela le Club de Clichy. Il se composait dliommes profes-
sant les opinions les plus opposées, mais tous ou presque tous réac-
tionnaires : royalistes de nuances diverses, émigrés revenus en France,
mécontents en nombre, bourbonniens, orléanistes, modérés, absolu-
tistes, partisans d'une constitution à l'anglaise, etc. Des monarchistes
purs y coudoyaient d'anciens républicains ralliés au royalisme. Parmi
les orateurs figuraient surtout des émigrés et des étrangers, et parmi
les membres les plus marquants, on cite : le général Pichegru, soup-
çonné à juste titre de trahison, et rentré dans la vie privée; Royer-
CoUard, député de la Marne aux Cinq-Cents, qui avait défendu, à la
tribune, les émigrés, les proscrits et les prêtres; Camille Jordan,
surnommé Jourdan-les-Cloches, député des Bouches -du -Rhône aux
Cinq-Cents, qui approuvait fort les influences religieuses; Clausel de
Coussergues, et Hyde de Neuville.
Quelques gens donnaient aux membres du club le nom de Clichiois.
La réaction thermidorienne permettait à la réunion de se montrer
contre-révolutionnaire, en affichant ses opinions hostiles non seule-
ment aux derniers Montagnards, mais encore aux républicains les
plus modérés.
Ajoutons que, dans plusieurs sections, celles du Mont-Blanc et du
484 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Muséum, par exemple, des motions étaient faites contre les terro-
ristes et les robespierristes. Dans la première, Cadet-Gassicourt se
signala par son affirmation; dans la seconde, le citoyen Penet ne
fut pas moins énergique.
Après le décret du 23 août 1795, fermant les clubs, celui de Clicby
se maintint par le fait des royalistes, malgré la loi.
C'était dans un pavillon élevé au milieu d'un jardin, communi-
quant avec la rue de Clichy, en 1796, dans un pavillon qui avait été
habité par le duc de Richelieu, et qui s'appelait maison Boutin (1)
ou pavillon la Bouèxiôre, que les Clichyens se rassemblaient. Gilbert
des Molières l'avait loué sous le Directoire, et y recevait environ trois
cents royalistes.
Un écrivain, qui a publié YHutoire du 18 fructidor^ parle ainsi de
ce club, dont il Ht partie :
« Il ne se composait que d'environ quatre-vingts membres des
deux conseils. Nommer les généraux Pichegru, Willot, Mathieu-
Dumas, Meurinais (2), Villaret-Joyeuse, etc. ; MM. de Marbois, Por-
tails, Pastoret, Vaublanc, Siméon, Boissy d'Anglas, Quatrertière de
Quincy, Tronçon du Coudray, Lafon-Ladebat, Jourdan des Bouches
du Rhône, Jourdan de la Nièvre, Cardonnel, Gomicourt, Piet, Du-
brcul. Ronchon, Henri la Rivière, Henri de Longuève, André, Dauchy,
Grangier, Lascours, Lemérer, Tronchet, Imbert-Colomès, Camille
Jordan, Royer-Collard, Couchery, Praire de Montant, etc., c'est faire
connaître suffisamment les principes qui nous dirigeaient, et l'ascen-
dant que la réunion de talents aussi distingués et de caractères aussi
nobles devait obtenir des deux conseils. Il est à remarquer que nos
adversaires n'ont jamais eu connaissance de cette assemblée, quoi-
qu'elle se tînt trois fois par semaine, et qu'elle n'ait été dissoute que
le 18 fructidor (3). «
Assertion fausse, car ce club était très surveillé. Les jours, les
heures des réunions étaient connus de tous les députés, lesquels se
préoccupaient beaucoup de son action à cause de la valeur person-
nelle de ses membres.
Pichegru, qui était la pensée et le bras du club, avait accepté,
depuis mai 1793, les propositions officielles du prince de Condé et
(1) Le fils de Boutin avait épousé mademoiselle de Malesherbes.
(2) Le chevalier d'Auberjon-Murinais, qui avait, depuis 1789, attaqué tour à tour
Mirabeau, Philippe-Égalité et Robespierre, s'affilia au Club de Clichy. Déporté
à Simiamari, il y mourut.
(3) De Larue, Histoire du 18 fructidor, t. I, p. 259, 260.
CLUB DE CLIGHY 485
les subsides de l'agence royaliste (1). Après Thermidor, l'abbé Delille
disait : « Les Montagnards mettent de l'eau dans leur sang. « Quel-
ques-uns, en effet, avaient définitivement tourné le dos à la Révo-
lution, et n'étaient pas les moins ardents parmi les contre-révolu-
tionnaires.
On lit dans une instruction de Babeuf (20 floréal an IV, 9 mai 1795),
rédacteur du Tribun du peuple (2), communiste, réclamant la loi
agraire :
« Les chouans du Corps législatif se réunissent tous les jours rue
de Clichy, maison Boutin ou de la Bouèxière. Ils sont, dit-on, au
nombre d'environ trois cents; ce rassemblement a lieu une partie de
la nuit. On peut prendre le plan de cette maison. En la cernant, il
en échapperait très peu. »
Babeuf exagérait, mais des modérés actifs, feuillants, gii'ondins,
figuraient dans la réunion.
II
Disons dans quelles circonstances se fonda le club de Clichy,
Quelques mois après le 9 thermidor, le député Legendre, d'ardent
Montagnard devenu Thermidorien (3) furieux, avait, par ordre du
Comité de Salut public, renouvelé, chassé les anarchistes de la salle
de leurs séances, fermé les portes du club (des Jacobins), dont il
avait présenté les clefs à la Convention. Le lendemain, un décret de
l'Assemblée avait déclaré que les séances de la Société des Jacobins
seraient suspendues. C'était le 2 novembre 1794, Dès ce moment,
remarque Dulaure, le Club de Clichy fut sans objet. Il n'en subsista
pas moins.
La Convention avait cherché, en môme temps, à ramener les
chouans par la douceur, et alors les contre-révolutionnaires étaient
regardés, dans le monde parisien, comme des « honnêtes gens »,
tandis que les partisans de la Révolution, même modérés, étaient
appelés « buveurs de sang. »
Les salons dorés de la réaction thermidorienne faisaient de la
propagande, et la jeunesse, avide de plaisirs, ennemie des Jacobins
(1) Fauchc-Borel, Mémoires, t. II, p. 217, 220. — Iii-8°, Paris, 1821.
(2) Journal qui parut du 14 voudémiaire an III au 3 floréal au IV.
(3) Martaiuvillc fut secrétaire de Legeudre.
486 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
qui la traitaient de « messieurs », les muscadins, les lions ou niais,
étalaient, au dire du conventionnel Ruamps, « les 30,000 livres que
leur avait donnés le comité du gouvernement » (3 avril 1795). Les
muscadins s'étaient fait du théâtre Feydeau une espèce de club, tout
au moins u-n lieu de réunion. Ils affirmaient leurs idées de réaction.
Des femmes de la haute société portaient des poignards d'or en
guise d'épingles, pour encourager les assassinats des compagnies de
Jéhu qui ensanglantaient le Midi et avaient à leur tète la jeunesse
dorée.
' Le 29 brumaire an II, le club central des électeurs dénonça au
Conseil général de la Commune une assemblée qui se tenait dans le
local de l'Évêché, sous le nom de Comité central, et dont les séances
n'étaient pas publiques; il invitait le Conseil à surveiller ce comité
secret.
Sous l'inspiration de Fréron, qui naguère avait poursuivi avec
ardeur les royalistes et les fédéralistes, et qui maintenant poursui-
vait les terroristes, il s'était formé une sorte d'association qui rem-
plit Paris d'agitations et de vengeances. Ce fut par la jeunesse dorée
de Fréron que le Club des Jacobins fut dispersé et fermé.
Les réactionnaires cessaient de porter un masque dont ils n'avaient
plus besoin. La foule se laissait facilement aller à les applaudir dans
leurs actes, comme elle se plaisait à lire leurs pamphlets, tels que
les « Marchands d'infamies » contre le Club des Jacobins (1), et « les
Jacobins hors la loi ^\ par Martainville (2).
Le 12 septembre 1795, Peltier (3) publiait une parodie du Hé oeil
du Peuple, où l'on trouvait ce couplet :
Un Dieu seul a créé la terre;
Un soleil seul fait les beaux jours ;
Les astres n'ont dans leur carrière
Qu'une loi qui règle leur cours.
Il ne faut dans chaque ménage
Qu'un maître, qu'un père, un époux.
Puisse, nous tirant d'esclavage,
Un seul Bourbon nous sauver tous!
L'administration centrale, peu après, autorisa le commissaire Real
(1) Bib. Nat., Lb 39/9774, in-S», sans date, do 8 p.
(2) Bib. Nat., Lb 41/1262, in-8", sans date, de 12 p.
(3) Cet ancien rédacteur des Actes des Apôtres publia, d'Angleterre où il s'était
réfugié, une série de pamphlets, sous le titre de Tableau de Paris depuis Vannée
1794 jusqu'à 1803; plus, en 1803, un journal intitulé l'Ambigu, fait de concert
avec les émigrés.
CLUB DJ5 GLIGHY 487
à dénoncer à l'accusateur public près le département de la Seine, les
auteurs, imprimeurs et colporteurs de l'écrit intitulé : Pendez les
Jacobins.
C'était un incroyable débordement de brochures contre-révolu-
tionnaires, attaquant à la fois les robespierristes, les dantonistes, les
républicains de toute sorte, même des thermidoriens avérés.
Alphonse Martainville publia, en 1793, une brochure intitulée :
Nous mourons de faim, le peuple est las, il faut que ça finisse (1). Il
fut dans les premiers rangs de la jeunesse dorée de Fréron. Son
vaudeville, le Concert de la rue Feydeau, joué en 1795, attaqua très
vivement le parti jacobin. Cet ultra-royaliste ne changea pas d'opi-
nion jusqu'à sa mort.
La même année, le patriote Palloy envoyait aux représentants du
peuple une médaille commémorative de la chute de Robespierre (2),
et commençait ses palinodies nombreuses.
Les royalistes mutilaient, pendant la nuit, des arbres de la liberté,
ou ils les sciaient, ou ils les arrosaient de vitriol. Çà et là, ils faisaient
disparaître les emblèmes de la Révolution, en comptant sur l'impu-
nité. Le trouble général des esprits les enhardissait.
A Paris, plus encore que dans les départements, la réaction levait
hautement la tête. Le parc de Tivoli servait de lieu de rendez-vous.
Le quartier général de la Jeunesse dorée était la section Le Pele-
tier, anciennement des Filles Saint-Thomas. La Seclion de la Rutte-
des-Moulins était notoirement royaliste (3).
Les muscadins eurent pour organe VOrateurdu Peuple, de Fréron,
D'où un de leurs noms, les fréronistes. C'étaient encore les petits
sucrés, les fier s-à- bras de Fréron, les hommes dorés.
La section Le Peletier, en vendémiaire an IV (septembre 1795),
envoyait dans nombre de villes des émissaires, annonçant que dans
huit jours les habitants de Paris devaient arrêter les membres de la
Convention, former un gouvernement provisoire, et appeler un roi.
On lit dans les Souvenirs de Mathieu Dumas., à l'époque du Direc-
toire, après vendémiaire :
« Nous formâmes une réunion de douze individus, dans laquelle
se trouvaient les principaux membres de la minorité du conseil
(1) Bib. Xat., Lb 41/1235, s. l. n. d., in-8° de 8 p. — Alphouse-Louis-Dieudonnc
Martainville, né à Cadix en 1776, de parents français, mort à Sablonville, près
Paris, le 27 août 1830.
(2) Lettre d'envoi, Bib, Nat., Histoire de France, supp., chap. 111, n" 4494,
(3) Au 13 vendémiaire, on y arracha la cocarde nationale.
^
488 LKS CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
des Cinq-Cents, tels que Siméon, Gilbert Desmolières, Dumolard.
Cette réunion avait lieu deux fois par semaine, une fois chez Barhé-
Marbois, où nous dînions en pique-nique, et l'autre fois chez Gilbert
Desmolières, où nous passions la soirée. Cette espèce de comité fut
toujours unanime sur les principes et sur les moyens; il n'y eut
jamais d'arrière-pensées, jamais d'intrigues ni d'influences étran-
gères. 11 n'est pas vrai, quelles que fussent au fond nos opinions
monarchiques, que nous ayons servi la cause royale... (1).»
Après avoir été, durant plusieurs années, un rendez-vous pour les
patriotes, le Palais-Royal devint un foyer contre-révolutionnaire.
Les muscadins insultaient aussi les habits bleus, ou soldats républi-
cains, même blessés, qu'ils rencontraient dans les rues.
Chabot les avait nommés muscadins du haut de la tribune de la
Convention, ces jeunes gens à bas blancs, à collets noirs, armés d'un
bâton qu'ils appelaient en riant leui* pouvoir exécutif, avec lequel ils
assommaient les collets verts. Avec les Mayolets, agioteurs du Perron
Vivienne, au Palais-Égalité, se mêlaient les Incroyables, portant la
cravate êcrouélique à triple tour, qui embéguinait leur menton et
caressait le bord de leur lèvre inférieure. Les muscadins se joignaient
aux « petits émigrés » cachés chez les fdles. Aussitôt qu'une effer-
vescence quelconque se produisait, ils apparaissaient, poussaient au
désordre, espérant pêcher en eau trouble.
Dans la journée du l^»" prairial (20 mai 1795), on a cru, non sans
quelque raison, que les royalistes, sous le masque du jacobinisme,
excitèrent le peuple, en espérant noyer la République dans le sang,
en amenant l'anarchie. On les appelait « contre-révolutionnaires en
bonnet rouge. »
Tout semblait bon aux réactionnaires pour conspuer, même pour
frapper les hommes fidèles à la foi républicaine.
Dans la journée du 3 prairial an III, les comités firent distribuer,
au dépôt des Feuillants, des armes à toute la jeunesse dorée, pour
attaquer le faubourg Saint-Antoine (2). « Oh! beaux jeunes gens! »
s'écrièrent des femmes. Mais les rebelles, qu'ils ne combattirent pas,
murmuraient : « Ce sont les grenadiers de La Fayette! » Joannot
commandait le bataillon des muscadins, qui prétendaient noyer
(1) Tome m, p. 73. Mathieu Dumas fut enveloppé plus tard, avec Barbé-Marbois,
daus la proscription du 18 fructidor an V.
(2) Histoire du bataillon des Jeunes citoyens à l'attaque du faulmurg Saint-
Antoine, le 4 prairial an IH, par Louis Costaz (in-S", chez Dcrenne, Palais-
Égalité, 1795).
CLUB DE GLIGHY 489
dans sa cave San terre, le « général du houblon », et firent une
simple promenade militaire bien courte, avec repas et plaisante-
ries.
Les manifestations muscadines, fort nombreuses, faisaient accuser
de complicité les thermidoriens maîtres du pouvoir, déjà divisés.
Pourquoi, disaient d'anciens Montagnards, pourquoi n'empèche-t-on
pas ces factieux d'agir à ciel découvert? Pourquoi n'applique-t-on
pas la Constitution de l'an III?
Et l'insurrection de prairial se préparait parmi le peuple des fau-
bourgs.
Dans le Dànocrite, on Journal de Midi, Brutus Magnier s'éleva
avec indignation contre les thermidoriens, en l'an III de la Répu-
blique qu'il appelait « problématique ». Grâce à eux, écrivait-il, le
royalisme renait, les gouvernants ne continuent plus la guerre que
contre les Montagnards, les pièces de théâtre contre-révolutionnaires
abondent, les écrivains-abbés reprennent la plume, les renégats sont
tout-puissants : Faublas-Louvet, Royal-Fréron, Vampire-Legendre,
César Dubois-Crancé, Mandrin-Dumont, Merlin (de Douai) le mielleux,
Delacroix montagno-plaini-marécageux, Brouillon de l'Oise, etc. (1).
Convenons que les sobriquets donnés par Magnier étaient mé-
rités.
Quoique le reste des Montagnards pût dire, la jeunesse dorée trou-
vait des soutiens dans la presse autrefois feuillantine ou girondine,
prête à jeter bas la République. Un journal imprimait :
« Depuis quelques jours, il s'est fait dans Paris des rassemble-
ments de jeunes gens qui, réunis, se sont portés successivement dans
différents quartiers de la ville. Ils ont visité, en général, les caffés
dont les enseignes changées, ou par esprit d'intérêt, ou par politique
pour leur propre sûreté, avoient pris les différens noms à l'ordre de
Robespierre. Partout leur conduite, dirigée par l'amour de l'ordre,
le respect pour les autorités constituées, et particulièrement pour la
Convention, n'a excité aucune plainte fondée. Ils ont invité les diffé-
rens limonadiers et autres de ce genre, à se considérer eux-mêmes
comme des êtres libres, et à quitter les signes de l'esclavage. Cette
invitation a eu son effet, et déjà plusieurs ont repris leur ancienne
(i) Démocrite, ou Journal de Midi, vingt-ciuq numéros, dont plusieurs ont des
suppléments (du 24 pluviôse au 23 ventôse).— Cartons des Archives nationales,
C. W- a 48. — Magnier (Antoine-Louis-Bernard-Lepelletier, Beaurepaire Brutus).
Une commission militaire le condamna à la déportation, comme auteur du plan
d'insurrection de prairial; il resta à Caycnne jusqu'au décret d'amnistie.
490 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
dénomination; quelques sections avoient déjà donné cet exemple,
de façon que bientôt tous ces noms, signes de ralliement pour les dif-
férens parties {sic), disparoitront entièrement (1). »
Le Journal de Paris approuvait donc les muscadins, 1' « aristocra-
tie jacobine », comme disait l'artiste Jault, à la section de Bonne-
Nouvelle.
VOrateur du peuple les apostropha. Ils répondirent en déclarant
qu'ils étaient « les hommes du 14 juillet et du 10 août. »
Cette réponse, ils la lurent à haute voix dans le café de Foy (2).
Peu après, ils" brûlèrent un mannequin représentant un jacobin;
ils en jetèrent les cendres dans l'égout Montmartre, aux cris de
Vive la République! Vive la Convention! A bas les Jacobins! A bas les
terroristes! A bas les buveurs de sang! Ils voulaient y graver cette
inscription :
« Panthéon des Jacobins du IX Thermidor. »
III
Les thermidoriens ne songeaient pas à entraver ces manifesta-
tions. Au contraire, à l'anniversaire du 10 août, en 1795, on chanta
le chant révolutionnaire : Le Réveil du Peuple.
En 1705 parurent V Ami de la Convention, contre les Jacobins, et le
Ventriloque ou le Ventre affamé, journal royaliste.
L'armée, en cette occurrence, commença de s'émouvoir.
A l'anniversaire du 10 août (23 thermidor), les toasts du banquet
annonçaient des projets hostiles. Le général Ney : « ^m maintien de
la République! Grands politiques de Clichy, daignez ne pas nous forcer
à faire sonner la charge. » Le général Chérin : << Aux membres du gou-
vernement qui feront respecter la République!.., »
On fit circuler dans l'armée et dans l'intérieur des couplets ironi-
ques intitulés : « Hommage de l'armée de Sambre et Meuse au Club
de Clichy (3). »
Le Club de Clichy exerçait une grande influence sur les deux con-
seils. Les Clichyens comptaient sur la commission des inspecteurs
nommés par les Anciens et les Cinq-Cents, commission dont ils
(1) Journal de Paris, 18 janvier 1793,
(2) Voir plus bas, Cafés.
(3) Mémoires de Thibaudeau, t. II, chap. 23, p. 239 et 2iO.
CLUB DE GLIGHY 4<Jl
avaient fait étendre les attributions, dont ils avaient accru l'impor-
tance par l'adjonction des généraux Pichegru et Willot (1). Cette
commission tenait ses séances au château des Tuileries, dans le pa-
villon de Marsan. Bientôt, elle se transforma en véritable club, com-
posée qu'elle était des habitués de Clichy et de leurs adhérents. Elle
agit sérieusement, lors de la conspiration du 18 fructidor an V
(4 septembre 1797).
Les Clichyens, depuis quelque temps, progressaient, neutralisaient
les victoires des généraux de la République; ils portaient ombrage,
notamment et principalement, à Bonaparte , général en chef de
l'armée d'Italie. Lannes, ami de Bonaparte, fit sous ce rapport une
manifestation pendant la fête du 14 juillet (26 messidor an V) . Il tosta,
dans un diner :
« A la destruction du Club de Clichy! Les infâmes! ils veulent
encore des révolutions. Que le sang des patriotes qu'ils font assas-
siner retombe sur eux. »
L'insurrection des sections royalistes contre la Convention, le
13 vendémiaire an IV (5 octobre 179o), puis Tinsurrection et la défaite
de ces mêmes ennemis du gouvernement républicain, dans le Berry,
en avril 1796, enfin la conspiration de Lavilleheurnois, Brotier,
Poly, etc., coïncidèrent avec les agissements des Clichyens, que l'on
accusait de pousser ferme à la réaction.
Il est certain, d'ailleurs, que le Club de Clichy avait ses meneurs
et ses dupes, et que ces derniers n'y voyaient pas de royalisme, mais
prenaient peur des révolutionnaires résolus à lutter encore. Les me-
neurs du club ne négligeaient aucun moyen pour entretenir et forti-
fier cette peur folle. Suivant eux, hors des Clichyens, tout était jaco-
bin.
D'autre part, le gouvernement directorial voyait que; hors des Ré-
publicains, tout était royaliste ou allait le devenir.
11 y avait donc, véritablement, un « parti clichyen », un parti mili-
tant. On devait s'en méfier.
Dans un Message du Directoire aux Cinq -Cents, du 9 ventôse
an IV, nous lisons ces phrases, assez commentées par le public des
clubs :
« Le Directoire exécutif vient d'accomplir la sévère obligation que
cet article (360 de la Constitution de l'an III) lui impose, en ordon-
(D Le général comte Aiuédée Willot réprima une émeute des Jacobins à Mar-
seille.
492 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
nant la fermeture de plusieurs réunions ou Sociétés politiques dont
l'organisation et le régime lui ont paru mettre la République en
danger.
« Impassible comme la loi, dont l'exécution lui est confiée, il a dû
envelopper dans les mêmes mesures, et celles de ces réunions où l'on
professe ouvertement le royalisme, et celles où, sous les debors falla-
cieux d'une popularité apparente, quelques hommes immoraux et
consumés d'ambition s'efforcent d'égarer les citoyens de bonne foi
qui s'y rendent.
«... Partout où le Directoire ne voit pas des républicains sincères,
il voit des royalistes : il démêle le même principe, il aperçoit les
mêmes résultats, il reconnaît les mêmes ennemis, et dans ceux qui
marchent directement à leur but contre-révolutionnaire, et dans ceux
qui tendent au même point de la circonférence, en prenant en appa-
rence une route diamétralement opposée (1). »
La faiblesse du Directoire augmenta l'audace des Clichyens, s'éle-
vant contre les pourris^ contre les mouches de Bairas, — police parti-
culière de ce Directeur.
Dans le Club de Clichy, « la majorité était menée par un comité
secret, qui, sous les dehors de l'humanité et de la justice, travaillait
à organiser la contre-révolution. Les mauvais effets qui résultèrent
de ce conciliabule, même après qu'un très grand nombre de membres
du Corps législatif, qui s'apperçurent qu'ils étaient trompés, s'en fu-
rent retirés, furent incalculables; il pervertit l'opinion publique, en^
couragea les écrivains contre-révolutionnaires, de toutes les nuances,
et principalement les journalistes, qui ne conservèrent plus ni pu-
deur ni retenue... (2). »
Les royalistes redoublèrent de zèle en faveur du prétendant
(Louis XVIII).
Il s'établit à Paris « un bal où on ne pouvait être admis qu'en fai-
sant preuve d'émigration, ou que l'on était de familles jadis présentées
à la Cour, et où l'on se qualifiait hautement des titres proscrits par
la Constitution (3). »
Alors, des toasts militaires furent adressés au Directoire : « Qu'il
anéantisse les contre-révolutionnaires ! — A la réémigration des émi-
grés rentrés ! — A la destruction du Club de Clichy ! »
(1) Bib. de la Chambre des députés, recueil BMiô.
(2) Histoire du Directoire constitutionnel, etc., par un ex-Représentant du
peuple, Paris, an VllI, p. 49.
(3) Idem, p. 51.
CLUB DE CLIC H Y 493
Cependant, le Club de Clichy dégénéra bientôt en assemblée insi-
gnifiante, après avoir été une puissance, avoir même entretenu des
intelligences presque avouées avec le parti royaliste. Les Clichyens
avaient en vain fait des avances à Lazare Carnot, qui disait : « Je
vois des royalistes derrière la toile; je ne veux pas être pendu. »
Mais, en dehors du club, les plus hardis de ses membres conti-
nuaient à saper l'autorité dictatoriale. Camille Jordan, par exemple,
Lafond-Ladebat, Royer-Collard (1), et quelques autres, se distin-
guaient, soit dans les Conseils, soit dans des réunions particulières,
en traitant des questions qui touchaient à la religion et aux émigrés,
en marchant d'accord avec les contre-révolutionnaires.
^De tous côtés, des caricatures, des pamphlets, des articles de jour-
naux ridiculisaient le gouvernement qui portait le titre de gouverne-
ment républicain, et qui avait succédé à celui de la Convention, après
la réaction thermidorienne. La Jeunesse de Fréron mettait à la mode
les écrits et les estampes contre-révolutionnaires.
En 1796, les ennemis du Directoire le criblaient de calembours. Ils
affirmaient :
« Que le Luxembourg devait avoir pour enseigne : Magasin de sires
à frotter; qu'il n'avait garcLé de son magnifique jardin qu'une plate-
bande; qu'on ne pouvait continuer la guerre avec cinq cartouches ;
« Que si on manquait de munitions, on trouverait toujours cinq
cartouches au gouvernement;
« Que si la France n'avait plus saint Louis, elle avait toujours cinq
fiacres (nom donné aux cochers) ;
« Que le Corps législatif était une réunion de cinq cents bûches
qu'on ne livrait quà la corde pour un louis (Louis XVIII),
« Le Directoire, selon V Alphabet du jour, en 1799, était A I (haï);
les Cinq cents étaient K G (cassés); le premier consul était M E
(aimé); les conspirations étaien' C G (cessées); nos soldats étaient
des RO (héros); le pouvoir était C D (cédé); le peuple était E B T
(hébété), M etc.
En novembre 1796, on lisait dans le Journal de Paris :
« .,. On dit que le Vaudeville est le rendez-vous des cadenettes,
c'est-à-dire des contre-révolutionnaires... (2). »
Le foyer du Théâtre Montansier, très suivi sous le Directoire, était
(i) Royer-Collard, exclu des Cinq-Cents au 18 thermidor, se lia avec les membres
d'un conseil secret que Louis XVIll entretenait à Paris.
(2) Journal de Paris, numéro du 20 novembre 1796.
494 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
rempli, tous les soirs, de jolies femmes, d'incroyables, de gens de
lettres, de vaudevillistes, de journalistes. C'était un arsenal d'où sor-
taient, dit Merle, les traits décochés au gouvernement. Plus tard, ou
y combla d'éloges le premier consul.
Les « jeunes gens à lunettes » gardaient les boulevards, chassaient
les Jacobins des jardins publics, frappaient « les têtes rondes à la
Brutus » dans le jardin du Palais-Royal.
A en croire Lacretelle, « quinze ou vingt d'entre eux, et c'étaient
les plus accrédités dans l'opinion, se réunissaient habituellement.
Rien n'était plus gai, plus ouvert ni plus franc, que les délibérations
de ces jeunes monarchistes... Ils préparaient les suffrages pour les
comices nouveaux : aussi se voyaient-ils sollicités et flattés par les
plus illustres candidats. » {Histoire du Directoire.)
Il était de bon ton d'affecter des sentiments monarchiques, de faire
de l'opposition aux gouvernants.
Sous le Directoire, le boulevard de Coblentz ;des Italiens) (1) était
une sorte de promenade-club contre-révolutionnaire, un club des hon-
nêtes gens, disaient les réacteurs, un monde royaliste boudant et
narguant la République. Les promeneurs se reconnaissaient en tirant
de la poche de leur gilet un talisman de plomb ou de bois, formant
en silhouette les figures de Louis XVI et de Marie-Antoinette, ou par
dix-huit boutons à leur habit carré (Louis XVIII), ou à un bouton
sur l'épaule. Ils fredonnaient le Réveil du peuple. Les femmes avaient
des éventails symboliques, laissant voir Louis XVI, la reine et le
dauphin.
11 existait une opposition vive, mais presque impalpable. On ven-
dait les Almanachs des émigrants, de Coblentz, des Aristocrates, de
Vabbê Maury, pour 1796, chez tous les libraires royalistes, « des
vrais royalistes ».
Au Palais-Royal,, les royalistes ou Jacobins blancs parlaient mysté-
rieusement de leurs espérances monarchiques, du prochain écrase-
ment des derniers républicains.
Appuyons ici sur le royalisme d'un grand nombre de Clichyens.
Citons Mathieu Dumas :
Avant fructidor, « quelques membres influents du Conseil des Cinq-
Cents formèrent une réunion dans l'ancienne maison de M. Berlin
(1) Le nom de boulevard de Coblentz fut donné par les royalistes à la partie
méridionale du boulevard des Italiens, s'étendant de la rue Grange-Batelière à
celle de la Chaussée-d'Antin, pour rappeler la ville de Coblentz, où se tenaient
une foule d'émigrés.
CLUB DE CLIGHY 495
(Boutin}, rue de Glichy. Dans cette réunion, quelques membres du
nouveau tiers essayèrent de former un parti royaliste : ils croyaient
pouvoir exciter des troubles sérieux dont ils auraient profité pour
opérer une contre-révolution et rappeler la maison de Bourbon. Ils
cachaient assez mal leurs desseins sous un langage constitutionnel,
et travaillaient à exaspérer Igs esprits contre le Directoire. Mes amis
et moi, nous nous rendions assidûment à ces réunions, et nous nous
appliquions à tempérer TefTervescence qui allait toujours croissant.
Ce petit nombre de royalistes n'avait en réalité aucun moyen d'action :
leurs déclamations ne faisaient qu'irriter le Directoire, et lui fournir
des prétextes pour recourir à des mesures de salut public, c'est-à-
dire à la force brutale, en s'appuyant sur l'armée. Malheureusement,
nos conseils étaient froidement accueillis par des esprits trop ardents,
qui, moins éclairés que nous sur les dangers de la situation, ne se
méfiaient pas assez du piège qui leur était tendu. Notre prudence
était taxée de timidité (l). »
Dumolard annonça au Club de Clichy qu'il dénoncerait le général
de l'armée d'Italie et le Directoire exécutif, qui voulaient tirer ven-
geance des Pâques véronaises. On ne put le détourner de ce dessein.
Il s'y obstina, et lit sa motion au Conseil des Cinq-Cents.
Peu de ses collègues acceptèrent la responsabilité de cette motion ;
les autres considéraient peut-être que, naguère, député à l'Assem-
blée législative, Dumolard avait constamment voté avec les partisans
de la royauté.
Quoi qu'il en soit, Dumolard proposa aux Cinq-Cents de demander
des renseignements au Directoire sur Bonaparte et ses actes envers
Gênes et Venise.
Bonaparte offrit sa démission. Il joignit à sa lettre un stylet et se
déclara décidé à vivre tranquille, « si toutefois, disait-il, les poignards
de Clichy voulaient bien le laisser vivre. » Selon lui, le discours de
Dumolard était un « manifeste soldé par l'Angleterre. »
« Cette dénomination de poignards de Clichy faisait allusion à une
réunion, composée en grande partie de députés opposants, qui tenait
SCS séances à Clichy, et dans laquelle Dumolard, si étrangement tra-
vesti en Catilina, avait annoncé son intention d'interpeller le Direc-
toire. De là à poignarder le général Bonaparte il y avait encore du
chemin... »
(1) Souvenirs de Mallneu Dumas, t. III, p. 87 et
496 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Dans des notes, Bonaparte se répandait en menaces contre les
membres du Club de Clichy, et les apostrophait ainsi:
<( Mais, je vous le prédis, et je parle au nom de quatre-yingt mille
soldats, le temps où de lâches avocats et de misérables bavards fai-
saient guillotiner les soldats est passé, et, si vous les y obligez, les
soldats d'Italie viendront à la barrière de Clichy avec leur général :
mais malheur à vous! »
Bonaparte dit encore : « Je vois que le Club de Clichy veut marcher
sur mon cadavre pour arriver à la destruction de la République. »
Il demandait qu'on fermât le Club de Clichy (1).
La proposition de Dumolard fut renvoyée à une commission. Elle
avait été concertée avec quelques Clichyens. Duverne de Presle dési-
gnait, d'ailleurs, la Société de Clichy comme dévouée à Louis XVIII
et composée de ses partisans (2).
De son côté^ Mallet du Pan revendiquait l'honneur d'avoir inspiré
la motion de Dumolard. « On lut mes lettres," a-t-il écrit, avant de les
répandre, on décida de lancer la bombe. De là les motions de Pasto-
ret et de Dumolard : vous avez vu que ce dernier n'a fait que para-
phraser mes lettres (3). »
Dans la deuxième déclaration de Duverne de Presle ou Dunant., an-
nexée au registre secret du Directoire exécutif ( l 1 ventôse an Fj, on
lit:
« Nous ne connaissons pas les membres du Corps législatif qui sont
de notre parti. Lemerer et Mersan étaient nos seuls intermédiaires;
mais les autres sont les membres de la réunion de la rue de Clichy,
ou du moins la plus grande partie de ceux qui la forment... »
IV
Cette réunion, répétons-le, avait ses meneurs et ses dupes. Les dupés
n'y voyaient pas de royalisme; ils avaient quelque peur, et les meneurs
ne négligeaient rien pour entretenir et fortifier les membres du Club,
surtout au moment où le député Hardy fit une sortie contre eux, en
déclarant qu'il les trouvait dignes des éloges qu'en faisait Louis XVIII,
(1) Lanfrey, Histoire de Napoléon, t. \, passim,
(2) Moniteur universel de l'an V, n" 353.
(3, Mallet du Pau, Mémoires, t. II, p. 313, !«' juillet 1797.
CLUB DE CLIGHY 497
et quand il leur reprochait la protection accordée aux émigrés et aux
prêtres (1). En 17,97, Lally-Tollendal publia une Défense des émigrés
français adressée au peuple.
L'homme de loi Dumolard portait ombrage à Bonaparte, principa-
lement, et le général envoya des adresses de tous les corps de l'ar-
mée, ofticiers et soldats, au Directoire : il y parlait des calomnies des
journaux royalistes, qualifiait de « tas d'atrocités » la motion de
Dumolard ; il disait :
« Citoyens directeurs, il est imminent que vous preniez un parti :
si vous avez besoin de forces, appelez les armées. La cour de Vienne
traîne en longueur les négociations, pour attendre la décision de
votre crise intérieure. Si vous voulez la paix, faites briser les presses
des journaux de Louis XYIII, des journalistes vendus à l'Angleterre,
et fermer le Club de Clichy (2). »
Le Moniteur universel reproduisit en août des adresses de l'armée
d'Italie au Directoire contre les conspirateurs du Club de Clichy,
« qui tentent d'ôter au gouvernement la considération dont ses vic-
toires l'ont investie, et tous les moyens de faire subsister les ar-
mées (3). »
En 1797, les Clichyens composèrent. le bureau des Cinq-Cents avec
leurs créatures. Pichegru fut président. Vinrent ensuite Dumolard et
Henri de Larivière, préféré au général Jourdan ; Henri de Larivière,
ancien membre de la commission girondine des Douze qui défendait
tous les complots royalistes et se signalait par ses excès révolution-
naires.
Hs s'étaient bientôt relevés de l'espèce d'étourdissement qu'ils
avaient éprouvé en mai de cette année. Et toujours ils se montraient
amis des royalistes, tout en ne combattant pas la Constitution de
l'an III, mais en profitant de l'art. 301 de cette Constitution portant
« qu'aucune assemblée de citoyens ne peut se qualifier de société
populaire. » Ils ne se regardaient pas comme formant une société
populaire; loin de là, ils s'élevaient, disaient- ils, contre les crimes
de la Révolution.
« Ils s'efforçaient dans des pamphlets d'intimider les hommes
faibles, et de déconsidérer les plus courageux dans le parti constitu-
tionnel. Ils avaient de l'opiniâtreté, restaient unis et ne disséminaient
(1) Moniteur universel de l'an V, u" 154.
(2) Adresses du 12, du 27-28 messidor (13 et 16 juillet 1797).
(:j) Moniteur universel, août 1797.
32
498 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
pas leurs forces; ils employaient toutes les ruses familières aux. fac-
tions, et surtout celle des pétitions. A chaque séance, ils en fai-
saient présenter pour solliciter la liberté des prêtres, la restitution
des presbytères, le rétablissement du culte catholique et l'usage des
cérémonies^extérieures... (1) »
Dans le Cri général^ brochure (Je 8 pages, nous lisons :
« Ah! réunissons-nous tous, replaçons Louis XVllI sur le trùne de
ses ancêtres, c'est alors que tiniront nos malheurs. Ouvrons-lui nos
cœurs; que l'effusion de notre joie lui fasse oublier, s'il est possible,
que c'est par des Français et au milieu des Français que sa famille
infoi-tunée a été assassinée. N'en doutons pas, il oubliera tout, pour
ne s'occuper que de notre bonheur (2). »
VAlmanach dès gens de bien, pour 1797, avait cette épigraphe :
République et misère,
Apophtegme de Saint- Just.
En 1797 parut la Tribune publique ou Journal des élections, qui ne
cessait de publier des articles contre les Jacobins. Elle constata :
« En 1797, les sociétés littéraires pullulent comme les clubs en 93;
même génie, même gatté, meilleures intentions. » Elle cita la Société
litléraire d'Emulation, tenant séance dans l'ancienne salle du Musée.
Les Clichyens ne contredisaient pas ces publications; cela expli-
quait les craintes de Lannes, de quelques généraux, d'officiers et de
soldats.
Dans une adresse « des citoyens composant l'infanterie légère fran-
çaise, en station dans la Lombardie, au Directoire exécutif (Milan,
26 messidor an V), on lit : ' .
« Eh ! quoi, parce que l'armée contre-révolutionnaire est nom-
breuse, parce que son quartier-général est à Clichy, et que nous
sommes en Italie, vous seriez intimidés? Ah ! non, non : nous savons
estimer votre courage; il doit trouver son énergie dans celui des
armées... (3). »
D'autre part, le 19 juia 1797 (i"''' messidor), le Journal de Paris pu-
bliait cet article :
« Sur les Clubs.
« ... Il existe depuis longtemps un Club de députés. On l'a nommé
(1) Thibaudeau, Mémoires sur la Révolution française, 2" (jdit., 1827, 1. 11, p. 188.
(2) Bib. Nat., Lb 42/2.326.
(3) Moniteur universel, an V de la République, ii* 326.
CLUB DE GLIGHY 1^)9
lu Club de C'iichy, parce que, dans l'origine, il s'est tenu à Clicliy.
« On parle depuis huit jours d'un nouveau Club qui s'établit, dit-
on, à l'hôtel de Salin, en opposition avec le Club de Clichy.
« On parle aujourd'hui d'un troisième Club qui va, dit-on, s'établir
en opposition avec le Club de l'hôtel de Salm... (1). »
Ces concurrences faites aux Clichyens ne suffisaient pas pour ras-
surer le gouvernement directorial, qui s'énervait dans les divisions in-
térieures. Au lieu de favoriser ceux qui lui seraient utiles, aux dépens
de ceux qui le combattaient, ou qui, du moins, le soutenaient molle-
ment, il prit une mesure attentatoire à la liberté de réunion, avec le
concours des deux Conseils ; il s'attaqua à tous les Clubs en général,
il visu des cercles et des salons fréquentés.
Le 6 thermidor (24 juillet) les Cinq-Cents votèrent l'interdiction
provisoire de « toute Société particulière s'occupant de questions po-
litiques ». Les Anciens sanctionnèrent ce vote, et le Journal de Paris
imprima, sous la rubrique Clubs :
« Pastoret vieut de faire un discours excellent contre les Clubs ; ce
discours est nourri, nerveux, pressant, victorieux. Tout ce qu'il dit
s'applique également à Clichy et au Cercle constitutionnel. Il n'y
manque qu'une chose, c'est de rassembler les arguments qui s'élè-
vent particulièrement contre Clichy, et qui renforcent, relativement
à ce Club, les argumens communs à tous les Clubs. Il pouvoit montrer
qu'il étoit plus contraire à la Constitution qu'aucun autre, 1° par ce
que pour en être, il faut être député, et que la Constitution défend,
article..* d'imposer aucune condilion d't'digibilité, etc.. (2). »
Tout portait à croire que le Directoire chercherait à empêcher les
Clichyens de se réunir, parce qu'ils devenaient dangereux, soit qu'ils
s'assemblassent comme Club ostensible, soit qu'ils délibérassent
d'une façon latente ou presque secrète.
ft Non contents de leur réunion de Clichy, les royalistes en avaient
une moins publique chez Gibert-Desmolières. On assurait qu'elle
était composée d'un député de chaque département, et que, pour
centraliser son action et mieux dissimuler sa marche, elle avait ima-
giné de nommer un comité de quarante membres qui s'étaient
réduits successivement à vingt, et de vingt à neuf individus qui
(1) Journal de Pdris, uuiuéfo du 19 juin 1797. — Voir, plus basj Club de Salm.
{I)- Journal de Paris, numéro du 25 juillet 1797. — Pastoret fut désigné pour la
déportation, quelques jours après. Ses sentiments royalistes n'étaient ignorés
de pcrîfonuc. ' *
500 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
avaient le secret du parti, et faisaient agir à Glichy et dans les Con-
seils, conformément au plan convenu (1). »
La réunion de Gibert des Molières faisait présager un coup poli-
tique, résultat de conspirations contre une partie du Directoire.
En fructidor (an V), un i)on nombre de Clichyens, collectivement
ou individuellement, parlaient d'armer les émigrés et les chouans
nombreux que Paris renfermait alors, et de faire cause commune
avec eux contre le Directoire. Plusieurs jours avant le 18 de ce même
mois, des réunions avaient lieu, non seulement chez Giberl des Mo-
lières, mais chez Tronçon-Ducoudray. On proposa, chez ce dernier,
l'arrestation de Barras, de Rewbell et de La Réveillère-Lépeaux.
Dans un discours, Tronçon-Ducoudray terminait parcette phrase :
« Directeurs, la patrie vous censure. >-
V
Le dix-huil fruclidor survint. Le Directoire ferma le Club de Glichy
et déporta une partie de ses membres, notamment Dumolard, Gibert
des Molières, Tronçon-Ducoudray, sans oublier le vieillard qui avait
donné asile aux Clichyens; Pichegru fut emprisonné, puis envoyé à
Sinnamari,
Les journalistes Fiévée, Michaud et Lacretelle furent frucAidonsés,
ainsi que les Clichyens les plus connus : Boissy d'Anglas, Villaret-
Joyeuse, Willot, Mersan, Lemerer, Lafond-Ladebat, Imbert-Golomès,
Camille Jordan, Vaublanc, Murinais, etc.
Dans un rapport présenté par Jean Debry aux Cinq-Cents, le
20 fructidor an V, on lit :
« Des hommes qui n'avoient ambitionné le pouvoir populaire que
pour en user contre le peuple, travaiUoient depuis longtemps à l'exé-
cution de cet exécrable projet : la plupart, chef des révoltés de ven-
démiaire, enhardis par l'impunité, avoient repris le fil de leurs
trames; ils correspondoient plus audacieusement que jamais avec les
a-ens du prétendu Louis XVIII : les aveux de l'un de ces agens
royaux (Duverne de Praîle) (,s?c) en font foi. Leurs lettres surprises
à Venise, leurs intelligences avec les émigrés et les principaux re-
(1) Gibert des Molières, membre des Cinq-Cents en l'an IV, fut compris dans la
loi du 18 fructidor an V (1797) et condamné à la déportation. Mort à la Guyane
en juin 1799. — Voir Mémoires de Thibaudeau, t. 11, p. 182.
CLUB DE GLIGHY 501
belles, le prouvent : toutes les pièces sont rendues publiques. Leurs
moyens étoient :
« 1" L'anéantissement de tout esprit public national;
« 2° L'assassinat de tout ce qu'ils appeloient ,9ws/)^c/.« de patriotisme,
et l'impunité accordée aux assassins par des tribunaux vendus au
royalisme ;
« 3" L'extinction des ressources financières de l'Etat;
« 4° L'avilissement du gouvernement et des institutions républi-
caines ;
« T)° La guerre civile allumée sur divers points de la République ;
« G" La sûreté intérieure détruite et les routes interceptées;
« 7" La misère du rentier, de l'ouvrier, du soldat ;
H 8° Enfin l'active fabrication de toutes les lois éversives de la
Constitution.
« Ce but et ces moyens ne vous étonneront pas, lorsque vous
apprendrez par les pièces authentiques trouvées, que leurs nomina-
tions, ordonnées d'avance et réglées par des bureaux particuliers de
contre-révolution dans presque tous les départemens, dérivoient d'un
plan général, formé, organisé sous le nom de Société des fils légi-
times ; société dont une des règles étoit le plus absolu, le plus aveugle
dévouement de ses membres aux ordres que leur donnoient des
chefs inconnus... (1). »
Le Club de Clichy, définitivement frappé à mort, ne pouvait nier
son attache royaliste.
Lemerer et Mersan (2) étaient les intermédiaires habituels par les-
quels les agens de Louis XVIII correspondaient avec le Club de Clichy.
Évidemment, les Clichyens avaient grandement participé aux me-
nées dont le coup d'Etat du 18 fructidor eut raison.
Le Directoire envoya un Message aux Cinq-Cents. Il y disait :
« Oui, citoyens représentants, à Paris même se préparait la royale
proclamation qui appeloit les François au redressement du trône,
qui les invitoit à reconnoître le pouvoir de Louis XVIII, et à espérer
dans sa clémence; à Paris se rédigeoit [sic) les circulaires monarchi-
ques qui dévoient servir de précurseur k la royauté. Des presses
(1) En l'ail V, lors des élections, V Association des fils légitimes commanda les
nominations au nom de la royauté (Journal de Paris, an VI). Eu ventôse an VI,
le même journal publia un article ayant pour titre : Camille Jordan ait.v Fils
légitimes de ta Monarchie et de l'Eglise, pour les élections.
(2) Lemerer et Mersan furent proscrits après le 18 fructidor. .Mersan fut rappelé
après le 18 brumaire.
502 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
»
parricides en ont déjà répandu dans les départemens, et, dans ce
moment, plusieurs milliers encore étoient préparées (i). »
Dans une lettre écrite par Talleyrand (30 fructidor an V), et adres-
sée à Bonaparte, nous trouvons cette phrase :
« Les membres de Clichy et le cabinet de l'empereur (d'Autriche)
avaient pour objet commun et manifeste le rétablissement dun roi
en France, et une paix honteuse par laquelle l'Italie devait être ren-
due à ses anciens maîtres (2), »
D'une part, en l'an V, les Clichyens ne cessaient de provoquer des
dénonciations contre les généraux, dénonciations lancées par des
préposés de la trésorerie, en particulier contre Lazare Hoche; d'au-
tre part, les adresses envoyées par les armées dénonçaient la « cons-
piration de Clichy », ainsi que nous venons de le voir, et, sous
prétexte d'affermir le gouvernement directorial, Barras, La Réveil-
lère-Lépeaux et Rewbell frappaient des républicains qui leur étaient
opposés.
Il parut, en 4797, le Siôge de Paris (m les Deux Conspirations, facé-
tie au sujet des Clichyens (3).
Citons aussi : Conspiration infâme découverte par le Directoire, etc.
— Liste générale et noms des conspirateurs, etc. (4).
Hoche était coupable, aux yeux des Clichyens, pour avoir célébré
l'anniversaire du 10 août, pour avoir dit à ses troupes :
« Avant de déposer les armes, peut-être aurons-nous à assurer la
paix intérieure contre des fanatiques et des rebelles aux lois républi-
caines, qui méditent de rendre la France à l'esclavage dont vous l'a-
vez affranchie pour toujours. — Ils visent à une dissolution sociale...;
mais, j'en suis certain, votre présence et la fermeté du gouvernement
suffiront à sauver la Constitution, que je jure avec vous de mainte-
nir. »
Le Club de Clichy n'existait plus, mais les Clichyens, appartenant
aux Conseils, s'agitaient toujours, tantôt dans d'autres réunions, tan-
tôt dans les salons.
Durant deux années, le Directoire dut surveiller les Clichyens,
ceux qui avaient échappé à la proscription, et ceux qui, nouveaux,
s'entendaient complètement avec les royalistes. L'audace de ces
(1) Extrait du Message du Directoire aux Cinq-Cents, le 29 fructidor an VU.
(2) Mémoires de Thibaiideau, t. IT, chap. 29, p. 297.
(3) J5ib. Nat., Lb 42/1477, s. d. Imprimerie de VÊtoile du Soir, in-8" de 8 p.
(4) Bib. Nat., Lb 42/1554, in-8" de 8 p.
CLUB DE (ILICHY 503
contre-révolutionnaires s'accrut, au lieu de diminuer,' et en l'an VII,
qui était indiqué par beaucoup comme le terme du gouvernement
directorial, on se mit non seulement à faire la guerre aux clubs,
mais à signaler des livres et des journaux hostiles.
Dans les observatfons d'Engerran (1), sur les clubs, aux Cinq-
Cents, séance du 9 messidor an VII, ce député remarquait :
« Il faut donc que la loi fasse ce que les sociétaires ne voudroient
ou ne pourroient peut-être pas faire sans danger, soit pour leurs vies,
soit pour leurs propriétés; il faut qu'elle empêche les émissaires des
puissances étrangères, les parents d'émigrés, les chefs de chouans,
les ex-nobles, sauf les justes, quoique déjà très nombreuses excep-
tions admises pour ceux-ci, d'être encore les directeurs des sociétés
s'occupant de questions politiques, et d'en faire dans plusieurs en-
droits des ateliers de crimes et de contre-révolution... (2) »
Le Miroir^ par Beaulieu (3), journal paru le 11 floréal an IV, pros-
crit le 18 fructidor, fut repris le 13 messidor an VII avec cette épi-
graphe :
« A vaincre sans péril on triomphe sans gloire. >■>
Et il débute ainsi : « La liberté de la presse vient d'être rendue au
peuple français ; de plats coquins l'avaient paralysée depuis le
18 fructidor : je reprends la plume. »
C'était un des organes ardents de la contre-révolution. Il n'eut
que quarante-sept numéros.
Les Cinq Tyrans ou le Présent et, V Avenir., brochure de 16 pages
in-8«, datent de 1790.
«Le royalisme, disait Rollin, dans un rapport aux Cinq-Cents,
séance du 16 thermidor an VII, conspire à face découverte, tient ses
clubs et ses séances dans des palais, dans des hôtels pompeux... (4).
« ... Il vous importe, disait Jean Debry, au même Conseil (séance
du 26 thermidor an VII), de développer simultanément tous les
moyens d'énergie et toutes les mesures de sagesse ; hors de là, vous
manquez votre but, et votre éternel ennemi, le royalisme, ne l'ignore
(1) Engerrand, fléputé de la Manche h. la Convention et aux Cinq-Cents, avait
pris parti pour les Girondins, môme après le 31 mai 1793.
(2) Bib. de la Chambre des députés, recueil Bf 146.
(3) Claude-François Beaulieu, qui fut principal rédacteur du journal Nouvelles
de Versailles, dont le premier numéro parut le 23 juin 1789 et qui prit plus tard
le nom à' Assemblée nationale, où l'on défendait la monarchie tempérée, a été un
des premiers membres du Club des Feuillants. (Voir Club des FemUants.)
('») Bib. de la Chambre des députés, recueil B*" 146.
504 LES CLUBS CONTKE RÉVOLUTIONNAIRES
pas. Habile à saisir tous les masques et tous les costumes, c'est lui
qui pousse aux excès pour avoir un prétexte de réaction... (1). »
Parmi ces moyens d'énergie et ces mesures de sagesse, bien des
gens comprenaient la fermeture des clubs, quels qu'ils fussent, favo-
rables ou non au gouvernement directorial.
Hello (des Côtes-du-Nord) opina, aux Cinq-Cents, le 20 fructidor
an VII, sur les Sociétés s'occupant de questions politiques.
Il voulait qu'on exigeât des membres de réunions à former :
« Nous, soussignés, déclarons tenir des séances publiques dans tel
local, tels jours, à telle heure, à l'effet de nous occuper de questions
politiques.
« Nous déclarons que nous avons en cela pour but de concourir
au maintien de la République et de la Constitution de l'an III, de
nous opposer de tout notre pouvoir au rétablissement de la royauté
en France et de toute espèce de tyrannie.
« Nous déclarons que tous nos discours, nos écrits et nos actes
tendront au maintien de l'ordre, de la paix, au respect pour les auto-
rités constituées et à l'obéissance aux lois. »
Copie, en gros caractères, de cette déclaration devrait être affichée
dans l'endroit le plus apparent de la salle de réunion (2).
Après son retour d'Egypte, Bonaparte confondait, on le sait, les
royalistes et les républicains, regardés par lui comm.e des obstacles
à ses projets ; il profitait de la lutte toujours existante entre les uns
et les autres, ardents ou modérés dans leurs journaux et leurs bro-
chures.
Lui non plus ne voulait pas de clubs. Il n'admettait pas la liberté
de la presse, et se promettait bien d'aller plus loin que le Direc-
toire. X
Richer-Sérizy (3), qui avait, en 1795, rédigé avec une certaine verve
V Accusateur public ^ pamphlet odieux plutôt que journal, renégat qui
attaquait avec violence le parti républicain, et dont les Bourbons
furent les protecteurs, lorsque, condamné à la déportation, il s'é-
chappa et s'enfuit à l'étranger, se démenait peu avant le 18 bru-
maire.
(1) Bib. de la Chambre des députés, recueil fif 146.
(2) Bib. de la Chambre des députés, recueil Bf 146.
(.3) N'é à Caen eu 1764, mort en Angleterre en 1803, cet ancien ami de Camille
Desmoulins fut chargé par les Bourbons, en 1801, d'une mission secrète à Ma-
drid.
CLUB DE CLIGHY , 505
A la veille du coup d'État, il demandait à Lacretelle ce qu'il vou-
lait. « Nous voulons la Constitution actuelle qu'on fortifiera par de-
grés et qu'on approchera le plus possible des formes monarchiques.
— Je reconnais dans ce programme, répondait Richer, un peu de
niaiserie feuillantine (1). »
Quelques membres du Club de Clichy, après le 18 fructidor, se
rassemblèrent rue de Varennes, au faubourg Saint-Germain, et
cette conspiration permanente ne fut anéantie que par le 18 bru-
maire. L'opposition de l'ancienne noblesse dut agir avec prudence
devant un homme décidé à frapper ceux qui chercheraient à lui bar-
rer le passage.
Encore devons-nous constater que les royalistes furent loin de res-
ter muets et inactifs, malgré le coup d'État. Ils s'attaquèrent au pre-
mier consul.
« ... Tout à coup un homme a dicté ses volontés aux factieux, le
pas de charge et sa voix nous ont débarrassés du Directoire et des
conseils, et sur leurs débris s'est élevé le Consulat. C'est-à-dire qu'à
des autorités criminelles succède une autorité usurpatrice. C'est-à-
dire que 755 tyrans sont remplacés par trois despotes.
«... Gouvernans, gouvernés, votre intérêt vous ordonne de rede-
venir les sujets de Louis XVIII; c'est en recevant votre pardon aux
pieds de son trône, que vous ferez luire sur vous l'aurore du bon-
heur (2). »
En 1800, les royalistes répandirent dans Paris des feuilles secrètes,
telles que V Invincible, V Avant-Coureur ou le Retour à Vordre. Ils éta-
blirent une contre-police.
De l'étranger vinrent des brochures qui s'élevaient> à la fois, contre
le régime républicain et contre le premier consul Bonaparte, pris à
partie.
On lit dans VEloge du gouvernement monarchique., ou Exposition
des principes et des faits qui démontrent la nécessité de rétablir la
royauté en France (3) :
L'Assemblée constituante, « Téternelle honte des Français » ; la
Garde nationale, « institution odieuse sous tous les rapports » ;
« Bonaparte est l'imitateur de Cromwel; mais on imite mal ceux
(1) Voir Club des Feuillants.
(2) Les trois consuls, ou Réflexions d'un royaliste sur la Journée de SaintCloud,
brochure de 16 p. in-8°. Paris, 1799, p. .3, 4 et 14. (Bib. Nat., Lb 42.'810.)
(3) Londres, 1800, in-8». (Bib. Nat., Lb 43/4.38.)
506 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
dont on n'a pas le génie. La fidélité se réveille, et tous les cœufs
sont aux Princes de la maison de Bourbon.
« L'idée absurde d'établir une république en France n'est admis-
sible sous aucun rapport; cette forme de gouvernement est essen-
tiellement mauvaise; elle ne peut convenir qu'aux habitans d'un
très petit État... »
CLUB DR SALM
Fondé en Juillet 1797.
1
Il s'agit ici d'un salon politique transformé on club pou nombreux
mais très actif, réactionnaire quant à ses doctrines modérées, mais
non anti-républicain , surtout à sa naissance, et célèbre par ses va-
riations.
L'Hôtel de Salm, construit en 1786 pour le prince Frédéric III de
Salm-Kirbourg, était situé dans la partie occidentale du faubourg
Saint-Germain, rue de Lille. Le prince de Salm-Kirbourg, né à Lim-
bourg en 1740, descendait d'une ancienne maison souveraine d'Alle-
magne. Il était venu s'établir à Paris, quelques années avant la ré-
volution, et il se mêla aux mouvements de cette époque. En 1787, le
ministre Galonné le chargea d'une mission auprès des Hollandais in-
surgés; mais, réfugié à Utrecht, Salm-Kirbourg laissa prendre la
ville par les Prussiens.
Il ne put payer son architecte; celui-ci garda l'hôtel, que le
prince, revenu à Paris, habita comme simple locataire, et dans le-
quel il fonda une réunion que l'on appela plaisamment Club de Sal-
migondis^ parce qu'on y rencontrait des gens rassemblés au hasard,
s'entretenant des choses du jour, mais sans suite ni liaison. La répu-
tation du prince n'était pas meilleure au point de vue politique que
comme particulier. C'était un aristocrate fort dépensier.
Sous la Terreur, Frédéric III de Salm-Kirbourg fut regardé comme
suspect. En 1794, son hôtel fut acheté par le marquis de Boisregard,
célèbre escroc du nom de Lieuthraud, qui étonna tout Paris, après le
9 thermidor, par ses fêtes et ses prodigalités (1). Lieuthraud, ou le
(l) Au commencement de l'Empire, l'hôtel fut acheté par le gouvernement pour
y installer l'ordre de la Légion d'honneur, qui s'y trouve encore aujourd'hui.
'608 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
marquis de Boisregard, recevait la société la plus élégante, qui sou-
pait somptueusement chez lui. Longtemps prévenu d'intelligence
avec les ennemis de l'État, ce fameux propriétaire vit la police en-
trer dans son hôtel. On l'arrêta : il fut gardé à vue dans son domi-
cile pendant un mois. Il parvint à se tirer de cet embarras et s'é-
chappa. Il était complice, disait-on, de la conspiration de Brotier et
de Lavilleheurnois.
Lieuthraud avait afîecté jusqu'alors de faire croire qu'il avait été
autrefois garçon perruquier, afin qu'on ne pût le soupçonner « d'être
opposé à un ordre de choses qui l'avait fait passer du plat à barbe à
une fortune immense; il est certain maintenant que c'est un ci-de-
vant noble; on a donné les ordres les plus précis pour le faire arrê-
ter de nouveau (1) ». Il avait, selon la rumeur générale, une corres-
pondance secrète fort compromettante qui fut saisie, avec le plan
d'une nouvelle conspiration royaliste dont il était le chef. Des pou-
voirs illimités, signés de Louis XVIII, étaient cachés dans la dou-
blure d'un de ses habits.
En l'an VII il fut arrêté comme faussaire, mis en jugement, con-
damné par le tribunal criminel de la Seine à la marque et à quatre
ans de fers pour avoir vendu au gouvernement des charbons qui ne
lui appartenaient pas.
Madame de Staël, fille de Necker, libérale, mais non républicaine,
avait écrit en faveur de Marie-Antoinette, après l'exécution de
Louis XVI. Elle commença à s'occuper de politique aussitôt après la
journée du 9 thermidor, et ne tarda pas à exercer une certaine in-
fluence sur des personnages remarquables (2).
A l'époque du 13 vendémiaire an IV, elle prononça un discours
dans une soirée où elle avait réuni beaucoup de royalistes et de
constitutionnels.
« Je savais, dit Lacretelle, qu'elle condamnait le mouvement des
sections; je m'en étonnais, et j'en étais presque courroucé... Elle
donnait un diner nombreux, et lé choix des convives était tel qu'elle
devait se trouver à peu près le seul avocat de la Convention (3). »
Elle s'exprima avec abondance. Voici un passage de sa harangue :
« Vous parlez d'en finir avec la Révolution, et vous prenez la meil-
leure marche pour la recommencer... Ces disciples de Danton, ces
(1) Moniteur universel, du 1" thermidor an VL
(2) Voir plus bas, Salons.
(3) Mémoires de Lacretelle, p. 251. Voir aussi son Histoire du Directoire.
CLUB DE SALM 50'J
vieux Cordeliers ne voyent-ils pas qu'il s'agit ici, pour eux, de vie
et de mort? Ils vous combattront avec un pouvoir absolu qu'ils
gardent encore, et avec des armes que vous ne connaissez pas,
celles de révolutionnaires. Tout à l'heure, M. de La Harpe ne dou-
tait pas de la victoire, parce que l'opinion publique est de votre
côté. Je demlinde à M. de La Harpe de quel calibre sont les canons
de l'opinion publique. »
Benjamin Constant partageait ces sentiments.
Ce publiciste célèbre, qui devint secrétaire du Club de Salm, et
plus tard tribun, publia une brochure intitulée : Des réactions poli-
tiques, dans laquelle il raillait les cercles où se rassemblaient les
anciens constitutionnels et les royalistes. Il disait d'eux : « Ces
êtres d'un jour, qui n'ont qu'une existence artificielle, des mouve-
ments copiés, des mots de ralliement, ces êtres travestis burlesque-
ment en dispensateurs de la gloire, qui veulent ressusciter l'empire
des salons, le tribunal de la mode. »
Madame de Staël abandonnait le Club de Clichy, mais avec l'in-
tention d'en adopter un autre, et d'y régner.
On peut croire que l'abbé Sieyès, sur lequel un certain prêtre,
Chrysostome Poule, avait tiré un coup de pistolet le 20 juin 1797,
fut le premier inspirateur d'un de ces cercles constitutionnels, et qu'il
s'accorda avec Benjamin Constant pour admettre le Club de Salm.
Ce fut donc à l'Hôtel de Salm que madame de Staël réunit, sous le
Directoire, un conciliabule de personnages politiques, parmi lesquels
figurait Benjamin Constant. Celui-ci contribua à fonder le Club de
Salm, en juillet 1797. Le club prit son nom de l'hôtel oii il se tint, et
eut pour but de combattre le Club de Clichy, où les royalistes s'étaient
fait un centre.
Tout d'abord, chez Benjamin Constant se rassemblèrent les pre-
miers membres de cette réunion constitutionnelle.
« Vous avez vu dans les papiers, écrivait-il à son oncle, des détails
bien défigurés sur un cercle qui a commencé par un dîner chez moi
et qui est composé actuellement de plus de six cents personnes, parmi
lesquelles se trouve tout ce qu'il y a d'estimable et de distingué dans
le parti républicain. Le gouvernement encourage fort cette réunion,
et déjà à présent elle sert à relever l'esprit public (1). »
(1) Lettre de Benjamin Constant, du 11 juillet 1797. — Mort le 30 décembre 1830.
510 LKS CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
11
Les adhérents au club étaient appelés par le peuple sabnisfes,
salmichiens ou salmigondis. Originairement, ces appellations ironi-
ques s'appliquaient, nous l'avons dit, au salon politique tenu par
Frédéric III de Salm-Kirbourg, pendant les premières années de la
Révolution.
La nouvelle réunion eut un caractère bien autre, très sérieux,
quoique ses véritables tendances ne fussent pas tout à fait délinies.
Le ministère du 17 juillet 1797 fut une émanation du Club de Salm.
Lenoir-Laroche, rédacteur au Journal de Perlel, au Mercure, au
Moniteur, membre du club, fut ministre de la police et ne resta que
huit jours en fonction. François de Neufchàteau, placé à l'intérieur;
Talleyrand , ministre des relations extérieures ; Préville-le-Pelley ,
ministre de la marine, appartenaient au club. Ce ministère était loin
d'avoir de l'homogénéité.
Une gravure de VAccumtour public, rédigé par Richer-Sérisy,
représenta le Club de Salm: « Des Jacobins aiguisent des poignards
sur des meules. Le président, le nez coiffé d'une énorme paire de
lunettes, reçoit des mains d'un des Directeurs, qui se glisse par la
porte entre-baillée, un sac d'écus (1). »
D'après Mallet du Pan, les trois Directeurs : Rewbell, Barras,
Là Réveillère^Lépeaux, hostiles aux conseils des Anciens et des
Cinq-Cents, s'accordèrent avec le club et « décidèrent deux grands
coups : l'un de renvoyer les ministres honnêtes et de les remplacer
par leurs complices; l'autre, de faire approcher de Paris de nou-
velles troupes (2). »
A ce inoment, le Club de Salm entra complèternent dans l'action
politique.
V Eclair, ou Journal de la France et de VEizrope, devint son
organe. Un service de cabriolets fut imaginé pour répandre cette
feuille dans le Nord et en Belgique. Elle s'imprimait rue des Prêtres
Saint-Germain l'Auxerrois.
Dans une de ses séances, il vota des mesures importantes : — garnir
de gens sûrs les tribunes des deux Assemblées, — provoquer l'éta-
(1) VAccusaleur public, n" XXXII.
(2) A. Micheli Correspondance iàédlle de Multel du l'an, t. II, p. 300.
CLUB DE SALM 311
hlissemcnt de cercles nouveaux et correspondre avec ceux des dépar-
"tements, — « répandre toujours force affiches et pamphlets », ce qui,
estimait-il, « valait mieux que des décrets », — demander « l'im-
pression et l'ajournement, quelque proposition que l'on fasse, et
réclamer l'appel nominal (1). »
Il eut une grande part dans les préparatifs du 18 fructidor, journée
dans laquelle furent compromis beaucoup de Clichyens, et qui affer-
mit pour quelque temps le Directoire et la Répubhque. Bien des gens
appelaient madame de Staël Notre-Dame de Fructidor.
Les républicains savaient gré à cette réunion de lutter contre le
Club de Cllchy. La vérité est qu'on y voyait des partisans du gouver-
nement directorial, des Jacobins modérés ou renégats, et des libé-
raux de 1789. Il formait une sorte d'alliance contre les exaltés du
Club de Clichy et les royalistes constitutionnels, tels que Talleyrand
et Montesquiou.
« C'est du Club de Salm et de ses principaux auteurs que partit le
premier plan d'une déportation... Ce mot de déportation plut beau-
coup à tous les partis; il fit une grande fortune... La mesure de
Talleyrand (qui en avait eu l'idée) parut neuve, ingénieuse et pleine
d'humanité (2). » Presque aussitôt, la déportation fut substituée à la
peine de mort.
. Parmi les discours prononcés dans ce club, on remarque surtout
celui de Benjamin Constant (3) sur la nécessité de s'unir en vue des
élections de l'an VI (9 avril 1798).
Point de liste des membres qui fréquentaient le Club de Sahn^
point de journal rapportant d'une manière complète ses délibéra-
tions. On a vu que ses adhérents avaient, pour la plupart, des arrière-
pensées, puisqu'ils passèrent en notnbre du côté des contempteurs
de la Révolution.
(1) Cournev républicain, du 26 juillet 1797, p. 50. Ce journal continua le Courrier
français, fondé eu juin 1789 par Poncelin; Poucelin de la Roche-Tilhac fut déporté
au 18 fructidor.
(2) Mémoires de Bart/iéleimj, p. 72.
(U) Du 27 février 1798.
CERCLE CONSTITUTIONNEL
Fondé en Juillet 1797.
I
Ce club fut formé sous le Directoire, et par le Directoire, pour com-
battre les Glichyens. 11 s'assemblait rue de l'Université, 932.
Le Cercle constitutionnel tenait le milieu entre les Clicliyens et les
républicains. Dans le conseil des Cinq-Cents, Le Marchant de Gomi-
court fit un rapport sur la destruction des loups. Il trouva plaisant,
dit Dulaure, « de mettre en parallèle ces animaux dévorants avec les
membres des cercles constitutionnels. »
Il dit ensuite :
« Des renseignements postérieurs au premier rapport que je vous
ai soumis ont instruit votre commission que ces animaux féroces
commencent à donner de justes inquiétudes ; que voyant sans doute
quelques moutons (les Clichyens) se réunir, ils ont cru devoir en faire
autant. Mais, citoyens, vous saurez protéger les porteurs de laine,
et, peut-être, pour anéant'r leurs ennemis, adopterez-vous le projet
de résolution que je présente à la discussion. >>
Le titre même de la réunion annonçait la résolution de défendre
la constitution républicaine contre les royalistes.
Dans le conseil des Cinq-Cents, on comptait, parmi les plus zélés
membres du Cercle, Pastoret, Boissy d'Anglas, Jourdan des Bouches-
du-Rhône, Henri Larivière, Lemerer, Camille Jordan, Pichegru, De-
larue, Demerson, etc ; dans le conseil des Anciens, c'étaient Tronçon-
Ducoudray, Siméon, Emery, Portails, Barbé-Marbois, Dumas et
Déranger.
D'autre part, le journal VAmi des lois imprimait (1), trois semaines
avant l'ouverture du club :
(1) N° 678, 22 messidor au V.
33
514 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« Le Cercle constitutionnel devient tous les jours plus nombreux.
Déjà trois cents aspirants attendent avec impatience que la réunion
les admette dans son sein. Tous ceux qui se présentent sont des
hommes connus par leur modération, leur sagesse, leurs lumières et
leur attachement sincère au gouvernement. Clichy est effrayé de cet
empressement... Plusieurs communes du département se disposent
à imiter un si bon exemple. Le Cercle constitutionnel est très sévère
dans son choix : il n'admet que des hommes irréprochables et très
éclairés; il rejette tous ceux dont l'esprit turbulent voudrait préci-
piter ces mesures et nous rejeter dans de nouvelles révolutions. Le
Cercle ne veut rien détruire ni renverser; il veut conserver, fortifier
la Constitution, et empêcher, par une force morale, tout ce qui pour-
rait l'altérer et lui nuire. »
Cette réunion devait, en effet, acquérir promptement de linfluence.
Riouffe, protégé de madame de Staël, prononça, le 14 juillet 1797,
à l'ouverture du Cercle constitutionnel, un discours qui ressemblait à
une déclaration de guerre (1). Les Clichyens accusèrent les constitu-
tionnels de se vendre au Directoire, qui avait parmi ceux-ci de chauds
défenseurs. Riouffe, ancien girondin, avait fait l'éloge de Louvet,
mais, comme bien d'autres, il ne tenait plus à travailler pour la cause
républicaine (2).
Bientôt, le Directoire fit fermer le Club constitutionnel, quand cette
réunion prit une couleur de plus en plus différente de la sienne,
quoique ce Cercle l'eût bien secondé contre le Club de Clichy.
Ginguené était membre du Cercle constlutionnel. Dans un article
inséré dans le Journal de Paris, il rappela « qu'une réunion de la mi-
norité des deux conseils, d'hommes de lettres et de militaires distin-
gués s'étoit formée, il y a trois mois, sous le nom de Cercle constitu-
tionnel (3), »
Boulay de la Meurthe, dans un rapport au conseil des Cinq-Cents
(séance du 6 thermidor an V), déclara ce qui suit :
« Il s'est formé, à Paris, une Société sous la dénomination de Cercle
constitutionnel, Société qui, par degré, est devenue très nombreuse,
qui a déjà répandu des manifestes, des apologies, et paroît avoir affi-
ché de grandes prétentions (4). »
(1) Riouife a été, plus tard, préfet de l'Empire.
(2) Honoré Riouffe a été tribun sous le Consulat et préfet sous l'Empire.
(3) Journal de Paris, numéro du 23 septembre 1797.
(4) Bib. de la Chambre des députés, recueil, Rf 146,
CERCLE CONSTITUTIONNEL 515
Ces prétentions consistaient à peser sur la politique directoriale.
Viénot-Vaublanc prononça un discours aux Cinq-Cents; nous y
lisons :
« Mais, représentants, daignez jeter, les yeux sur le maniement du
Cercle constitutionnel. J"y trouve cette phrase remarquable : Après
une révolution, et sous un gouvernement nouvellement établi, il est
rare qu'il y ait encore des clubs; car une partie des motifs qui les
avaient fait établir pendant la Révolution existe encore pour beau-
coup de gens : les regrets du passé, la haine du gouvernement et
l'espoir de le renverser (1). »
Lenoir-Laroche, qui avait publié un travail intitulé : De l'esprit de
la Constitution qui convient le mieux à la France (2), observait, à
propos du Cercle constitutionnel et des clubs en général : « Un club
contre appelle toujours un oXwh pour; c'est la loi inévitable des réac-
tions. Qu'on ne demande donc plus pourquoi le Cercle constitutionnel
existe; c'est parce que le club de Clichy n'est point dissous. »
Il disait, de plus :
« Les citoyens qui se réunissent au Cercle constitutionnel n'ont
d'autre but que de concourir de tout leur pouvoir au maintien de la
Constitution, d'autres sentiments que l'amour de l'ordre et l'obéis-
sance aux lois... Point de registres, point de président, point de se-
crétaires, point de correspondance ni d'affiliations. Lire les papiers
publics, et se communiquer ses idées sur des questions qui ont droit
d'intéresser tout homme libre : voilà l'objet et la forme de cette
Société... »
On voit, par les Réflexions de Lenoir-Laroche, que le Cercle n'avait
point d'organisation véritable, qu'il ressemblait à un salon ouvert
plutijt qu'à un club dans toute l'acception du mot.
II
L'idée des cercles constitutionnels faisait son chemin, et les roya-
listes les appelaient « Jacobinières (3). » Il en surgit un bon nombre
à Paris et dans les départements. Il s'en forma à Blois, à Vendôme,
(1) Séance du 3 tlienuidor an V. - Bilj. de la Chambre des députés, reeucilj
Bf 146.
(2) Monileur universel de l'an VI, n° 156.
(3) Le Thé, ou le Journat des Dix-Huit, n° 71.
516 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRLS
au Mans, à Chinon, à Auxerre, à Strasbourg, à Clermonl-Ferrand, à
Riom, à Issoire et â Périgueux.
Le Directoire s'efTaroucha. Une loi prohiba provisoirement, en
1797, les Sociétés particulières qui s'occupaient de politique. En
Tan VI, un arrêté du Directoire «xécutif porta :
« Le Directoire exécutif, informé que, sous le nom de Cercle consti-
tutionnel, il se tient, rue du Bacq, à Paris, un club dans lequel on a
manifestement professé des principes contraires à la Constitution de
l'an III:
<( Considérant que s'il importe pour les progrès de la liberté et des
lumières de maintenir les réunions qui, en s'occupant d'objets poli-
tiques, ne terîdeiit qu'à fortifier l'esprit public et à rallier tous les
citoyens au gouvernement républicain, il n'est pas moins nécessaire
d'arrêter les funestes effets que produisent celles de ces réunions où
l'on tendrait au renversement de la.Constitution, au bouleversement
de la République, et où l'on éloignerait les citoyens du gouvernement
républicain, en égarant les uns et en frappant les autres de crainte,
« Arrête, en vertu de l'article 37 de la loi du 19 fructidor, que le
club qui se rassemble rue du Bacq, à Paris, sera fermé (1). »
Cependant, les membres du Cercle se déclaraient patriotes éprouvés
et bons républicains.
Dans un Résumé, fait au nom d'une commission d'instruction, en
exécution du règlement, un membre rappelait sommairement les
travaux du Cercle constitutionnel de la rue du Bac, « depuis son
organisation jusqu'au 8 ventôse an VI de la République. »
Il observait que ce Cercle était né sous'd'heureux auspices, après
la journée du 18 fructidor, au moment où la faction du Prétendant
(Louis XVIII) venait d'essuyer une défaite.
« La partie saine du corps législatif et du Directoire avait, disait-il,
sauvé la chose publique par une de ces grandes mesures qui deman-
dent une main hardie, en même temps qu'elles imposent, pour la suite,
l'obligation d'une vigilance persévérante. La journée du dix-liuit fruc-
tidor avait rouvert les Sociétés politiques, dont l'ombre seule avait
fait trembler la tyrannie des Carnot, des Pichegru, des Dumolard et
autres oppresseurs du peuple, qui, au nom de Louis XVIII, en ordon-
nèrent despotiquement la clôture universelle. »
Il ajoutait que ce Cercle avait été formé par le rapprochement des
(1) Moniteur univeriscl de l'an VI (8 mars 1798), a" 168.
CERCLE CONSTITUTIONNEL 317
« républicains éprouvés », se maintenant « dans les limites constitu-
tionnelle»»; que le premier soin de ses membres avait été de régu-
lariser la tenue de leurs séances par un ordre de délibération propre
à activer, à féconder et à utiliser leurs travaux ; que le règlement du
Cercle était basé tout entier sur les dispositions de la loi du 19 fruc-
tidor; que l'on n'avait pas dû circonscrire le nombre des membres
parce que leur enceinte resserrée était une limite naturelle et forcée.
Selon le résumé, « les royalistes, des salons insurveillés ou clan-
destins (1), se liguaient pour le crime », les membres du Cercle
s'étaient associés, « sous la surveillance de la loi, pour le triomphe
de la vertu. »
On y lisait :
« Malheur à qui ne se serait glissé parmi vous qu'avec des senti-
mcns hostiles! ses desseins seront en pure perte, parce que vous ne
souffrirez jamais qu'aucun membre s'écarte de la ligne constitution-
nelle... Vous avez institué une commission d'instruction, spéciale-
ment chargée de mûrir ou de préparer les travaux du Cercle; elle pèse
les propositions qui lui sont renvoyées; elle balance leurs avantages
avec leurs inconvéniens. Rien n'est livré à l'impression, rien ne sort
de cette enceinte que la commission ne l'ait revu avec soin, dans le
calme et le silence d'un examen approfondi, qu'elle ne l'ait confronté
avec les lois, avant de le soumettre à votre délibération. Chaque
membre est appelé à lui communiquer ses vues... Pleins de respect
pour les lois, vous avez statué que le code constitutionnel serait. sans
cesse présent à vos yeux, qu'il serait sans cesse déposé sur le bureau
pour prévenir les écarts involontaires, vous servir de règle de con-
duite et de réponse à la calomnie... »
Ces principes avaient été consacrés par le règlement, et l'organi-
sation du Cercle avait été complète pour la séance du 16 pluviôse. Ils
étaient modérés.
Le Résumé constatait les travaux du Cercle dans les pages qui
suivaient; il rappelait que ses membres n'avaient pas souffert
« qu'aucun étranger s'introduisît dans leurs séances » ; il s'élevait
contre la malveillance et contre les calomnies des royalistes (2).
Quoi qu'il prétendit, le Cercle constitutionnel était hostile aux actes
du Directoire et lui portait ombrage. Bien des gens le regardaient
(1) Voir plus bas, Salons.
(2) Résumé des travaux du Cercle consLitulionnel de la rue du Bacq, etc. Bib. Nat.
Lb 40/2363, brochure in-8' do 16 p.
518 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
comme réactionnaire, si (Vautres ne doutaient pas de la loyauté de
ses membres, au point de vue républicain.
Précédemment, quelques jours avant l'arrêté directorial, une cir-
culaire avait paru, et était ainsi reproduite par un journal :
« MINISTKKE IH: LA POLICE GKNKRALK.
« Une circulaire adressée par le ministre de la police générale aux
administrations centrale et municipale, le 17 pluviôse, aj)pèle {sic]
la surveillance des administrations sur les clubs ou cercles consiilu-
tionnrls (1). »
Outre la disparition du Cercle constitutionnel de la rue du Bac,
signalons des arrêtés qui fermèrent ceux de la province (2), et qui
ont à peu près la même date.
Quant au cercle constitutionnel d'Auxerre, le Direcloii'c doim;i
pour motif une raison qu'appuya le Journal de Paris :
« On y professait des principes désorganisateurs et propres à égarer
l'opinion pul)lique ».
Le fait est que, à Paris comme; dans les départements, ces réunions
tendaient à jeter la division parmi les Directeurs eux-mêmes, et que,
sous le couvert de leurs titres, elles laissaient percer des attaches au
royalisme. Elles étaient suspectes.
(1) Journal de Paris, numéro du 2G février 1198.
(2) Arrêtés du 13 ventôse an 17 (ti mars 17118).
ANNEXE
COMITÉS, SOCIÉTÉS, RÉUNIONS DIVERSES
PRIVÉS OU PUBLICS,
Forâmes pendant la Révolution.
Nous avons park^, jusqu'ici, des clubs proprement dits, des asso-
ciations politiques visant ouvertement à la propagande. Notre travail,
pour retracer les actes de la contre-révolution après 1789, serait
incomplet si nous laissions de côté les comités, les sociétés, les réu-
nions diverses, les conciliabules plus ou moins latents, en un mot
les manières d'association employées comme des forces, qui s'établi-
rent aussitôt que l'Assemblée nationale eut commencé son œuvre de
rénovation politique, de guerre aux abus.
Le principal comité contre-révolutionnaire, ayant un caractère
privé, profondément occulte, mais presque officiel en fait, qui appa-
raît pendant la Révolution, est, sans contredit, le Comité autrichien,
dont on a vainement nié l'existence, aujourd'hui à peu près re-
connue.
COMITÉ AUTRICHIEN
1789- 1790-1701-1792
Sans avoir le nom, sans avoir l'organisation d'un club, le Comité
autrichien ne manqua pas de direction, visa un but déterminé, tendit
par tous les moyens à sauvegarder les prérogatives de Louis XVI et
de la famille royale, résista secrètement aux décrets de l'Assemblée
nationale devenue constituante.
XuQ Comité autynchien recueillit des adeptes zélés en France et à
l'étranger, chercha à corrompre des députés, eut ses agitations, ses
fluctuations, ses ardentes querelles, et influa considérablement sur la
conduite et le sort de Louis XVI et de Marie-Antoinette, qu'il perdit
en voulant les sauver.
Assurément on ne saurait trouver une liste des personnes qui le
composèrent pendant les années 1789, 1790, 1791 et 1792. Elles n'ont
pas fait connaître, à quelques exceptions près, d'une manière nette,
à plus forte raison d'une manière oflicielle, leur passage dans les
conciliabules des Tuileries. Cependant, des documents sérieux, —
correspondances, articles de journaux, aveux indirects, brochures,
pamphlets, pièces diverses, etc., — prouvent que les contemporains
ne se trompaient pas quand ils dénonçaient le Comité autrichien aux
partisans de la Révolution, quand ils en redoutaient la fatale
intluence,
Lorsqu'on songe, d'ailleurs, à la situation précaire de la monarchie
à la mort de Louis XV, aux craintes des courtisans eh voyant le
public demander, exiger même la réforme des abus, il n'y a rien que
de logique dans ces assemblées secrètes d'un groupe de gens unis
pour conserver les privilèges dont ils jouissaient impunément depuis
un temps immémorial, pour ne pas transiger avec les nouvelles doc-
trines, pour s'appuyer, au besoin, sur la diplomatie étrangère,
notamment sur celle de l'Autriche qui, en raison de l'alliance con-
524 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
due entre Marie-Antoinette et Louis XVI, devait s'efforcer de tra-
vailler au maintien de la royauté absolue en France.
Tout démontre que, avant de recourir aux coalitions armées, les
souverains de l'Europe voulaient enrayer la propagande des idées
nouvelles en essayant de moyens pacifiques, et que, avec eux, la
noblesse et le clergé des divers pays se croyaient solidaires de notre
clergé et de notre noblesse, qui en avaient dans l'aile.
Plus tard, ne réussissant pas, ni par la diplomatie, ni par les
menaces, les uns et les autres en appelèrent aux armes. La contre-
révolution affirma, au-dedans, ses espérances par des menées se-
crètes ou par des clubs politiques; au dehors, par l'émigration qui
se joignit aux souverains coalisés.
Dans ces circonstances, le Comité autrichien ne cessa pas d'agir,
de conspirer; et des négociations secrètes avec l'étranger, négocia-
tions soupçonnées seulement d'abord, puis dévoilées d'une façon
irréfutable, compromirent au plus haut point le roi Louis XVI et
Marie Antoinette. Les courtisans, dangereux amis de leur maître,
contribuèrent à perdre celui'dont ils cherchaient, soit par intérêt,
soit par attachement, à restaurer l'omnipotence.
Voyons quelles furent les différentes phases du Comité autrichien,
ce qui le précéda, et ses développements successifs.
Dès que Marie-Antoinette, archiduchesse d'Autriche, fut mariée au
dauphin de France (depuis Louis XVI), il exista du trouble à la cour
■de Versailles. Le mariage, imposé pour ainsi dire par Marie-Thérèse,
eut lieu le 18 mai 1770. Aussitôt il se forma, parmi les courtisans, et
même parmi les membres de la famille royale,.un groupe très hostile
à la jeune princesse. Ses tantes par alliance, mesdames Adélaïde et
Victoire, ses beaux-frères, le comte de Provence et le comte d'Artois,
son cousin, le duc d'Orléans, se signalèrent par leurs attaques.
A Meudon, madame Adélaïde chanta :
Petite reine de vingt ans,
Vous qui traitez si mal les gens.
Vous repasserez la frontière!
Après huit années de mariage, la reine accoucha de son premier
enfant. Le comte d'Artois, qui aspirait à la succession au trône pour
le sien, s'acharna de plus en plus contre sa belle-sœur. Des pam-
phlets ignobles parurent : Y Autrichienne en goguette, les Amours de
Chariot et de Toinette, les Amusements d^ Antoinette, etc., avilirent la
reine au point que Louis XVI acheta ces libelles pour les faire dispa-
raître. Les princes furent soupçonnés de les avoir inspirés.
COMITÉ AUTRICHIEN 525
Le parti qui considérait l'union de Louis XVI et de Marie-Antoinette
comme contraire aux sentiments et aux intérêts de la France, s'aug-
menta parmi les courtisans. Madame Adélaïde était à la tête des mé-
contents :'ce fut elle, déjà, qui avait surnommé VAuti'ickienne la fille
de Marie-Thérèse arrivant à Versailles. Le comte d'Artois changea
alors de rôle, devint le « thermomètre sûr de la faveur de la prin-
cesse », dont certains nobles appelaient l'entourage « canaille aristo-
cratique ».
Ces intrigues de cour transpiraient dans le public, par suite des
pamphlets répandus, par suite de l'affaire du collier et des accusa-
tions que le comte de Provence avait lancées contre la reine.
Quelques années s'écoulèrent, sans grands changements dans l'at-
titude respective des princes et des courtisans. Lorsque la politi(jue
commença de préoccuper les masses, celles-ci s'empressèrent
d'adopter le surnom que des familiers du château avaient donné à
Marie-Antoinette, non plus seulement à cause de la légèreté, des
inconséquences, de l'amour des plaisirs que l'on reprochait à la
reine, mais pour sa conduite vis-à-vis des hommes et des choses de
la Révolution. Elles prirent ce surnom en très mauvaise part et l'in-
tligèrent comme une injure à iMarie-Antoinette, surtout lorsque cir-
culèrent des bruits de guerre avec l'Autriche, qui soutenait les inté-
rêts des émigrés.
Le peuple cria tous les jours, à Paris : A bas l'Autrichienne! et il
maudit V autrichianisme , à propos des réunions de princes et de cour-
tisans qui se tenaient au château de Bagatelle et ailleurs (1). Aussi
lisons 'nous, dans la (Chronique de Paris :
« Il y a eu jeudi, 10 juin 1790, une assemblée nombreuse et très
secrète à Bagatelle. Toutes les portes ont été fermées. »
A n'en pas douter, sous la pression des événements, Marie-Antoi-
nette, dauphine encore ou devenue reine, et ayant reçu, en 1781, la
visite de son frère Joseph II, s'enhardit et composa son entourage avec
la coterie autrichienne. Elle renseigna la cour de Vienne sur les vues
de celle de Versailles, éleva aux emplois, grâce à son influence sur
Louis XVI, des hommes déférents à l'Autriche, et bientôt orienta la
politique du gouvernement français dans le sens des intérêts autri-
chiens. Elle écrivit à Marie-Thérèse, le 5 mai 1778, que « c'était l'af-
faire la plus importante de sa vie (2) ». Elle fut bientôt l'âme de tous
(1) Voir plus bas, Réuniuns de Da{/atelle et de Bellevite.
(2) DArnoth et Geffroy, Murie-Anluinelte, t. 111, p. 199.
526 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
les conseils dans le château des Tuileries, lorsque le roi et sa famille
vinrent habiter l'ancienne demeure des rois.
A mesure que les événements se précipitèrent, s'opposèrent aux
prérogatives du roi et de la reine, lorsque l'émigration commencée
par les princes, comtes d'Artois et de Provence, se fit dangereuse
avec les Polignac, le marquis de Bouille, le marjchal de Broglie (1),
Galonné, surtout avec le prince de Condé, « jurant de s'ensevelir
sous les ruines de la monarchie, annonçant à la France une ligue
de toutes les aristocraties et de toutes les monarchies de l'Europe »,
les courtisans restés à Paris se livrèrent à des intrigues politiques.
Ils entretinrent des relations suivies avec ceux qui avaient quitté la
France, qui formaient, après la prise de la Bastille, un rassemble-
ment assez considérable près d(' nos frontières, sous le nomd'uarmée
de Condé ».
Le comte Mathieu Dumas, qui se trouvait à Versailles à la fin de
septembre 1789, a écrit : « Je partageais avec mes amis les intrigues
(jui se tramaient au château (2) ».
Après les journées des 5 et G octobre, les intrigues de Versailles
se continuèrent à Paris.
La coterie se transforma en un groupe actif, qui tint des séances
fréquentes dans lappartement de Marie-Antoinette. Là, on peut
croire que ce fut sous la présidence nominale de la reine, sinon en sa
présence, que le groupe se réunissait. Il avait pour but d'attirer les
armées étrangères sur le sol de la patrie, afin de rétablir le
roi dans tous ses droits et dans toutes ses prérogatives. Plusieurs
ministres furent justement soupçonnés d'en faire partie, entre autres
Montmorin. Peu après, on disait « que le sceptre de Louis XVI n'était
plus que la quenouille de l'Autrichienne, » et le comte de Viricu
appelait Marie- Antoinette « la Magicienne ».
Certainement, elle était l'agente la plus active du cabinet au'ri-
chien (3) : à dater de mai 1787, la reine gouverna ostensiblement,
assistant à tous les conseils de Louis XVI. En 1790, lors de la Fédé-
ration, yirieu, montrant la reine àMontlosier, disait : «Je ne compte
pas sur le roi, mais je compte sur celle-ci. Voyez-la; c'est une ma-
(1) Ministre de la guerre, commandant les forces militaires que Louis XVI
voulait réunir contre la Révolution
(2) Souvenirs du lieutenant-général comte Mathieu Dumas, de 1770 à 1836,
publiés par son fils, Paris, 1839, t. I, p. 450.
(3; La Correspondance secrète entre Marie-Thérèse et le comte de Mercy-Aryenteau,
par MM. d'Arneth et A. Gctfroy.
COMITÉ AUTRICHIEN 527
gicienne. >> Virieu, on le sait, était un des fondateurs du Club des
Impartiaux (J).
Le Comité autrichien faisait répandre à profusion, dans tout le
royaume, des libelles et des journaux hostiles aux idées nouvelles.
Louis XVI lui-même s'en inquiéta, à la suite de la publication d'une
lettre écrite confidentiellement par lui au roi d'Angleterre. Il ordonna
une enquête contre le Comité autrichien^ qui dirigeait d'une façon
occulte k politique de la France, retenait ou communiquait sa cor-
respondance la plus secrète auprès des gouvernements étrangers.
Celte enquête ne parait pas avoir eu de suites, et pour cause : la reine
elle-même eût été gi-avement compromise.
Le Comité aulriclnen tenait quelquefois nuitamment ses séances à
Saint-Denis, à Auteuil, et dans l'intérieur dé Paris. Alors il se ras-
semblait par portions chez quelques grands personnages.
D'octobre 1789 à mars 1790, on découvrit à peu près un complot
par mois, ayant des ramifications avec la cour (Augeard, Favras,
Maillebois, etc.). Le baron de Besenval appartenait à la coterie autri-
chienne. Il était l'homme de la reine, l'ex-confident des plaisirs de
Trianon. Le comte de Maillebois fit un plan de contre-réyolution.
Favras vivait dans l'intimité du comte de Provence. Augeard était
secrétaire des commandeïnents de Marie-Antoinette, membre du
Club de Valois^ et très probablement du Club monarchique (2).
fjC comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur de Vienne à Paris,
très dévoué à la royauté et à Louis XVI, conseiller secret, sorte de
mentor de Marie-Antoinette, fut compromis par une lettre de d'Es-
taing, dans le complot pour la tra^nslation du roi à JVletz, désigné
comme étant le directeur du Comité autrichien, et obligé de quitter
Paris en 1790 à cause des accusations dont il était l'objet. Il savait
par Fabbé de Vermond, auquel rien ne pouvait échapper, ce que la
reine aurait cherché à lui cacher (3).
Citons encore le comte de la Marck, qui entretint les rapports de
Mirabeau avec la cour, le comte de Fersen, le comte de Vaudreuil,
Bertrand de Molleville, le ministre Montmorin. Chacun de ces per-
sonnages, à des titres différents et par des moyens plus ou moins
avouables, soutenait le parti de la cour, apportait son opinion dans
(1) Voir, plus haut. Club des Impartiaux.
(2) Voir, plus haut, Club de Valois et Club des Amis de la Constitution monar-
chique.
(3) Correspondance secrète du comte de Mercy-Arr/enteau avec l'empereur Jo-
seph II et te prince de Kaunitz, Introduction, p. LXXXV. Paris, Imprimerie natio^
ual, 1891.
528 LES CLUBS GONTRE-RÉVOLUTIOMNAIRES
l'entourage de Louis XVL Chacun avait son complot tout préparé, et
chaque petit complot avait ses affiliés (1). De là nomhre de diver-
gences dans les vues, et, par suite, manque d'unité dans l'action;
des divulgations imprudentes, mettant le public en éveil, et, sou-
vent, des rivalités de zèle ou des actes d'intérêt personnel qui nui-
saient à l'amvre d'évasion de Louis XVL
Le 1" décembre 1789, Vaudreuil écrivait au comte d'Artois :
« J'ai des raisons pour croire que la Cour a un plan qu'il ne faut
pas croiser par des démarches qui effraieraient et causeraient peut-
être de nouvelles insurrections et les plus redoutables malheurs (2).»
Madame Elisabeth, sœur du roi, patronnait l'idée de transporter la
cour à Lyon; elle s'efforça de l'inculquer à Louis XVL Elle écrivit à
madame de Bombelles,donl le mari, ambassadeur en Portugal, démis-
sionnaire, émigré, servait dans l'armée de Condé :
« Je regarde la guerre civile comme nécessaire ».
Lyon était un point stratégique important, assez rapproché de
Turin, capitale de l'émigration naissante. Lyon renfermait beaucoup
de mécontents, et l'on y conspirait en même temps que les émigrés
conspiraient à Turin ; sa garnison renfermait des groupes d'officiers
contre-révolutionnaires. Des émigrés y paraissaient fréquemment.
A l'intérieur comme à l'extérieur, le Comité autrichien agissait. En
octobre 1789, Mirabeau écrivait, dans une note à la cour : « Le roi
est-il en sûreté? Je ne le crois pas. »
Mirabeau avait un plan de démocratie royale^ lorsque le comte de
La Marck parvint à lui ménager un rapprochement secret avec la
cour. La première de ces notes date du l*"" juin 1790; sans doute, on
chercha à lui cacher les projets de fuite. La cour ne voyait en lui
qu'un conspirateur. De là l'échec du plan de Mirabeau, non suivi dans
ses appréciations.
Il disait : « Le roi n'a qu'un homme, c'est sa femme ». Marie-
Antoinette et ses plus fidèles se concertaient en dehors des hommes,
des courtisans qui craignaient de trop dangereuses imprudences.
Montmorin écrivait à Mercy :
« Il était indispensable que le Roi et la Reine eussent un conseil
(1) Correspondance du gouverneur Morris, t. H, p. 221.
(2) Correspondance intime du comte de Vaudreuil, t. I, p. 48. — Creutz, donnant
des Conseils à Gustave 111, roi de Suède, pour son voyage en France, lui disait
que M. de Vaudreuil « disposait de l'opinion de la Reine. » (Gustave III, Jugé
cjmme roi et comme homme, par le, baron de Beskow. lu-S'', Stockholm, 1868.)
COMITE AUTRICHIEN 529
ignoré de tout le monde et qui eût dirigé leur conduite particulière
et publique, et il aurait fallu pouvoir la combiner avec le dehors... «
Cette combinaison était tentée. Le conseil de Montmorin était
adopté. Quatre personnes seulement étaient dans le secret du projet
de fuite du roi : Breteuil, Mercy, Bouille et Fersen (1). Ajoutons
Montmorin, et probablement le gouverneur des Tuileries, M. de
Champcenetz (2).
Les habiles meneurs comptaient sur la réussite du projet, surtout
à cause du petit nombre de gens qui en avaient connaissance.
Itoy a lis te fougueux, Hyde de Neuville, «tout jeune, faisait partie de
plusieurs réunions, de sociétés politiques où Ton ne cessait de rêver
chaque jour la contre-révolution... Le marquis de Champcenetz,
gouverneur des Tuileries, me lit délivrer, écrit-il, une carte pour
pouvoir entrer à toute heure au château... »
11
Au lendemain de la Fédération, le 2G juillet 1 790, un pamphlet sans
nom d'auteur, assurément de Marat, et intitulé : C'en est fait de
nous! appelait les citoyens aux armes pour garderie roi et le Dau-
phin, emprisonner VAutnchienne et Monsieur (comte de Provence),
arrêter les ministres, la municipalité et La Fayette. Il n'avait pas
tout à fait tort.
Dans une lettre, datée du 3 mars t791, Arnauld de Laporte, ministre
de la maison du roi, informa Louis XVI de la rupture déclarée entre
Mirabeau et les chefs des Jacobins :
« Ceux-ci paroissent décidés à le pousser à bout, dans l'espérance de
le regagner en l'effrayant. Cet avis me vient de leur directoire secret,
n n'est donc question que de soutenir M. de M... (Mirabeau) dans la
résolution qu'il paroît avoir prise de son côté de rompre toutes les
mesures de ces forcenés ., (3). »
Marat dénonçait journellement tous ces gens-là comme des traîtres.
Il n'était pas le seul à soupçonner la cour de nouer des relations
avec l'étranger, contrairement aux intérêts de la France.
(1) Axel do Ferson, Suédois, vint jeune eu Franco, où il commanda le régiment
Royal-Suédois.
(2) Père de Louis de Champcenetz, le pamphlétaire et le chansonnier, officier
des gardes-françaises, collaborateur aux Actes des Apôtres.
(.3) Arch. Nat.,C. ll.i;}3, dans les pièces recueillies pour le procès de Louis XVI.
3'J-
530 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Dans une lettre datée du 3 décembre 1790, Louis XVI demanda au
roi de Prusse de former un congrès, appuyé d'une force armée. Il
espérait, écrivait-il, que ce souverain « lui garderait le secret le plus
absolu sur la démarche qu'il faisait près de lui (1). »
Dès le mois de mai 1791, Louis XVI s'entendait secrètement avec
l'Autriche contre la nation française, par l'entremise du comte de
Durfort (2) (conférence de Mantoue).
En juillet de la même année, le comte de Provence, émigrant,
avait, en qualité de régent, les pouvoirs du roi pour traiter avec
l'étranger.
Puis Augeard, acquitté sur le chef de complot tendant à l'évasion
de Louis XVI, alla à Francfort trouver Léopold (3), de la part de la
reine, pour demander son intervention, 11 s'agissait d'ailleurs de
faire fuir Louis XVI à Metz et à Montmédy. Augeard rédigea lui-
même le manifeste des princes, daté de Bruxelles, protestant contre
la Constitution.
Outre l'intervention de l'empereur d'Autriciie, le Comitr autrichien
songeait à obtenir aussi celle de la cour de Berlin. Marie-Antoinette
avait de sinistres pressentiments et ne voyait de salut que dans la
contre-révolution opérée par la noblesse française et les rois de
l'Europe.
L'auteur des Réflexions sur la rëvoluiion de France, livre lu dans
toutes les cours de l'Europe, l'anglais Edmond Burke, correspondait
avec Marie-Antoinette. Il conseillait au roi et à la reine de ne pas
accepter la Constitution; il pressait l'Autrichienne de défendre la
cause de tous les souverains enveloppée dans la sienne ; il lui écri-
vait : « La fermeté seule vous sauvera. »
Louis XVI devait s'enfuir et aller rejoindre Bouille qui l'attendait
avec son régiment Roi/al-Allemand. Ce fut l'ambassadeur russe qui
délivt'a un passeport à Marie-Antoinette au nom de la baronne de
Korff. Le passeport était signé par le roi et contre-signe par Mont-
morin. Donc Louis XVI ne fut pas enlevé ; il s'enfuit de bon vouloir
à l'étranger, par suite des trames ourdies dans son entourage.
L'arrestation du roi à Varennes ne changea rien aux menées du
Comité autrichien et à ses correspondances avec l'étranger.
(1) Lettre trouvée dans les archives de la chancellerie de Berlin.
(2) Etienne, comte de Durfort, lieutenant-général, attaché à la cour depuis su
jeunesse, devint aide-de-camp du comte d'Artois.
(3) On sait que Léopold II, favorable à Louis XVI, voulait empêcher la Consti-
tuante de toucher à la prérogative royale en France.
COMITÉ AUTRICHIEN 531
Le '26 septembre 1791, Marie-Antoinette écrivait à Fersen :
« Les folies des princes et des émigrants nous ont forcés dans nos
démarches; il était essentiel, en acceptant, d'ùter tout doute que ce
n'était pas de bonne foi... Plus nous avancerons, plus ces gueilx-ci
sentiront leur malheur. Peut-être en viendront-ils à désirer eux-
mêmes les étrangers... (1). «
Il arriva à la reine, voulant pousser tout au pire, de préférer
Pétion à La Fayette, d'engager les royalistes à voter pour Pétion
comme maire de Paris.
Elle se jeta plus encore dans les intrigues de conciliabules; elle
compta sur Léopold 11 et le roi de Prusse, sur la déclaration de
Pilnitz, promettant des secours à l'armée de Condé.
Pendant les mois d'octobre et de novembre 1791, les lettres de
Marie-Antoinette au comte de Fersen roulèrent sur la nécessité du
congrès armé et sur les moyens de le faire réussir. De son côté, Fer-
sen lui indiquait un plan de conduite, et lui traçait le canevas de ses
diverses lettres. Pour engager Marie-Antoinette à suivre ses conseils,
il lui montrait les frères du roi et les émigrés décidés à agir (2).
La reine écrivait, le 25 novembre :
« Nous désirons arriver à un état de choses supportable, mais qui
ne peut pas s'établir par des Français. 11 faut donc que les puissances
viennent à notre secours. »
Lorsque, en 1792, François II, fils et successeur de Léopold II,
commença d'être, avec l'Angleterre, le principal agent delà coalition
des gouvernements européens contre la France, le Comité autrichien
devint plus actif que par le passé, et Louis XVI, loin d'ignorer ses
agissements, marcha d'accord avec lui. Le roi et la reine expédièrent
aussitôt un envoyé secret à leur neveu François II.
Ce qui lit dire à Pétion, en août 1792 :
« Le chef du pouvoir exécutif est le premier anneau de la chaîne
Contre-révolutionnaire. »
Les négociations secrètes de Louis XVI et du baron de Breteuil avec
la cour de Berlin, de décembre 1791 à juillet 1792, prouvent que le
roi et la reine de France provoquèrent l'invasion de leur royaume
par l'étranger. Marie-Antoinette avait, depuis longtemps déjà, l'idée
(1) Lettre à h'erseii, 2G septembre. Fersen, t. I, p. 192.
• (2) Ktinctiwostrom, Le comte de Fersen et la Cour de Fraucej Paris, 1878) t. I,
* p: 233 et suiv. — Le comte de FefscU avait débuté, eu France, comme intime
dans la cour de ïrianon;
53-2 LES CLUBS CONTRE-REVOLUÏIONNAlREfc^
(luii congrès européen armé; elle eut aussi l'idée, un peu plus lard,
d'un manifeste menaçant adressé à la France par les puissances coa-
lisées contre la Révolution (1).
Mallet Du Pan, envoyé par Louis XVI au nouvel empereur d'Au-
triche et au roi de Prusse, présenta à ces souverains un projet de
manifeste déclarant « qu'ils s'armaient contre les factieux et non
contre la nation ». Marie-Antoinette écrivit à Mercy que le manifeste
devait rendre l'Assemblée nationale responsable de la vie du roi
et de sa famille. Mercy lui répondit <i (|u'il y aurait une déclaration
menaçante. »
Le manifeste de François II émanait évidemment de la cour et du
Comité aulricliien. Ce fut la cause de l'adoption par l'Assemblée de
l'acte d'accusation contre Delessart, « plutôt ministre de Léopold que
de Louis XYl », dit Girardin. En effet, Delessart s'était opposé à la
déclaration de guerre contre l'Autriche. 11 avait succédé à Montmorin,
dans le ministère des affaires étrangères.
Daté de Coblentz (25 juillet 1792), signé par le duc de Rrunswick-
Lunebourg, le manifeste dit de /h'unswick eut pour réponse, chez
nous, la proclamation de la patrie en danger.
Alors le Comité autrichien ne recula pas devant les trahisons. Ses
correspondances avec l'ennemi devinrent plus pressantes.
Le gouvernement autrichien avait été mis au courant des plans de
campagne formés par Dumouriez. Un agent secret de Louis XVI et de
Marie-Antoinette avait appris à François II que « la faction (jui maî-
trisait le royaume voulait, sans délai, faire deux attaques à la fois
dans l'Empire germanique et sur le territoire de Sardaigne. Il impor-
tait essentiellement que les forces du roi de Hongrie et du roi de
Prusse marchassent en avant sans attendre la déclaration des autres
puissances et se réunissent immédiatement sur le Rhin. »
La reine avait écrit (2) à Mercy le projet de Dumouriez de prévenir
la marche des troupes étrangères par une attaque sur la Savoie et
une autre sur le pays de Liège. « C'est l'armée de La Fayette qui doit
servir à cette dernière attaque. Voilà, ajoutait Marie-Antoinette, le
résultat du conseil d'hier. »
Or, Mercy aA'ait une influence occulte sur ce conseil, et, de
Bruxelles où il gouvernait la Belgique pour l'Autriche, il ne cessait
de correspondre avec la reine. Il lui exposait le plan que l'empereur
d'Autriche voulait proposer aux puissances. ' 4
(1) .Iules Flammeriuout, Négociations secrètes de Louis XVI et du baron de *
Breleuil avec lu Cour de Berlin. — passim. Paris, iii-S" de iil p.. 1885. '
(2) Lettre datée du 26 mars 1792.
COMITÉ . AUTRICHIEN 533
Monlmorin, resté conseiller de Louis XVI et de Marie-Antoinette,
engagea les généraux autrichiens à s'attacher plus particulièrement
à l'armée de La Fayette, afin que « quelque échec honteux fit éva-
nouir ce fantôme constitutionnel » au profit de la vraie monarchie (1).
Cependant, les appréhensions des amis de la Révolution se tradui-
saient non seulement en soupçons, mais presque en certitude. On
dénonça au public le Comité autrichien.
Dès avril 1791, les colporteurs criaient dans les rues de Paris « La
grande trahison du roi des Français », qui cherchait à s'enfuir. Une
lettre de Mercy à la reine fut interceptée et transmise au Comité des
recherches de l'Assemblée nationale :
« il faudrait, disait le conseiller de Marie-xVntoinette, faire des sa-
crifices... favoriser les vues du roi de Sardaigne sur Genève et lui
céder quelque territoire dans la partie française des Alpes et sur le
Var. Il faudrait pareillement céder à l'Espagne quelque terrain du
côté de la Navarre, et offrir quelques avantages en Alsace aux princes
allemands qui y avaient des fiefs... Mais, le préalable à tout, c'est la
fuite du roi... Tout serait perdu si cette mesure manquait (2). »
Cette révélation ne fut pas rendue publique. Cependant, elle trans-
pira, et la presse redoubla d'ardeur pour prémunir les patriotes
contre les menées de la Cour, que depuis longtemps elle trouvait
vraisemblables.
De 1789 à 1793, les Révolutions de Paris ne cessèrent de dénoncer
le Comité autrichien^ assemblée de conspirateurs, dont l'Autrichienne
Marie-Antoinette est l'âme, qui est prête, avec les émigrés revenant
à Paris, à faire un « coup de main », et qui compte à sa tète Mont-
morin et Bertrand de Molleville.
En 1791, un article de VOrateur du peuple (3) révéla « /e.v horreurs
soutej'reinea [sic) et ministérielles du Cabinet OMtrichien des Tuileries.,
par demandes et réponses. En mai 1792, Carra apostropha ainsi le
Gazetier universel, qui niait l'existence du Comité autrichien :
« Le fourbe Gazetier universel demande, avec sa niaiserie ordinaire,
où est le Comité autrichien qu'il appelle un rêve. Mais ce Comité n'est
pas toujours au château; il est tantôt chez Montmorin, tantôt chez
Bertrand, tantôt chez d'autres membres de ce même Comité; et c'est
(1) Lettre datée du 19 mai 1792. put)li6e à la suite do la Correspondanco de
Mirabeau avec le comte de Lamarck.
(2) Lettre datée du 7 mars 1791.
(.•?) Tome VIII: iT 41.
534 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
tantôt d'un lieu, tantôt d'un autre que les courriers secrets portent
la correspondance de ce Comité. Que. la police fasse épier les conci-
liabules qui se tiennent tantôt à Auteuil, dans une certaine maison
où va certaine dame, et tantôt dans quelques autres maisons de cam-
pagne des environs, et l'on saura parfaitement à quoi s'en tenir sur
ces conciliabules (1). »
Carra dénonça le Comté autrichien, et dans ses écrits et à la tribune
des Jacobins. Il annonça que Montmoi'in et Bertrand de Molleville en
faisaient partie, étaieut à sa tète, avec Barnave, Duport, Lamelb,
Chapelier, Duportail, Duport-Dutertre, Laporte, Durosoy, Clermont-
Tonnerre, Saint-Priest, et plusieurs anciens ministres.
Barnave, qu'une caricature déclarait « l'homme de la Cour ->. Du-
port et Lameth, comme lui d'abord Jacobins, passaient donc pour
transfuges, conquis par la reine.
« C'est la Cqur, disait Camille Desmoulins, qui fermente parmi nous
ce schjsïue, et qui a inventé ce moyen perfide de perdre le parti po-
pulaire ; elle connaît bien les Lameth, les La Fayette, les Barnave,
les Duport et autres premiers figurants de la Société des Jacobins.
Qx\e voulaient tous ces courtisans? s'est-elle dit. Ils ne voulaient
qu'être portés aux grandes places par les flots de la multitude et par
le vent de la popularité, des commandements, des ministères, surtout
de l'or... »
Le schisme, c'était la scission des Feuillants et des Jacobins (2). On
ne peut nier qu'il aidait aux projets du Comité autrichien, qu'il venait
de gens préférant la souveraineté royale à la souveraineté du peuple.
D'ailleurs, d'autres défections devaient être prévues.
Gensonné établit l'existence du Comité autrichien, d'après des ren-
seignements officiels parvenus au Comité de surveillance, et prouvant
la réunion, à Paris, d'un grand nombre de ci-devant privilégiés, qui
ont ouvertement annoncé dans leur département qu'ils s'y rendaient
pour contenir l'autorité dn roi, l'enlever, s'il était nécessaire, et dis-
sondre l'Assemblée nationale. Il résulte de ces pièces, qu'il se fait
}iq,bituellement des rassemblemens nombreux de ces nouveaux émi-
gTçés avec les gens de la Cour, à Saint-Denis, à Auteuil, à Bagatelle;
et parmi les affiliés de ces conciliabules, on cite presque toujours
Bertrand (de Molleville) et Montmorin. L'abbé de Vermond venait
(1) Annales patriotiques de Carra, numéro du lu mai 1792.
(2) Voir, plus haut, Club des Feuillants.
COMITÉ AUTRICHIEN 535
dans le salon do la reine, avec Breleuil et Mercy-\rii;enteau, créa-
ture de Kaunitz, tous Autrichiens.
Après Gensonné, Brissot dit :
« J'ai dénoncé Texistence du Comité autrichien : je vais prouver
qu'il a existé, qu'il existe encore; je vais appeler la vengeance des
lois sur un coupable, la lumière sur ses complices. Il importe de fixer
d'abord le caractère de ce Comité autrichien ; ensuite je vous lir^i les
pièces qui constatent son existence.
« Qu'entend-on par Comité autrichien? C'est une faction d'enne-
mis de la liberté qui, tantôt gouvernant au nom du roi qu'ils trom-
paient, tantôt dirigeant son ministère, ont constamment trahi le
peuple et sacrifié les intérêts de la nation à ceux d'une famille. L'as-
servissement de ce Comité à la maison d'Autriche est son signe prin-
cipal, et sous ce rapport il n'est qu'une branche du parti qui domine
lii France. Les intrigues de ce parti datent du funeste traité de 1756,
traité que nous devons à la perfidie du ministre Kaunitz. Esclaves
de ce système autrichien, les Montmorin et Delessart n'ont été tour
à tour que des mannequins dont les fils étaient à Vienne : c'est
M. Merci (1) qui dirigeait le cabinet de France, lorsque le peuple a
renversé la Bastille ; c'est lui qui le dirige encore à présent. Voilà ce
qu'on a appelé le Comité autrichien; c'est, en d'autres ternies, le
conseil clandestin qui jusqu'ici a favorisé tous les projets c|es en-
nemis extérieurs de la Constitution. »
BrissQt fixe les traits caractéristiques du Comité autrichien :
« 1" Dévouement absolu à ce que l'on appelle la prérogative royale
et aux intérêts de l'Autriche;
« 2° Nulle alliance avec la Prusse et l'Angleterre, malgré le rappro-
chement d'intérêts;
« 3" Indulgence envers les rebelles émigrés ;
« 4° Opposition à la guerre d'Autriche, après l'avoir provoquée;
« 5p Projet d'établir deux chambres. » « Les conspirations de ce
genre, dit-il, ne s'écrivent pas. » Jl voit les prei^ves de celle-pi dans
les correspondances des ministres; il fait grâce à Montmorin des faits
antérieurs an premier juin, et mênie du passeport donn« par Un 4 H
reine, sous le nom de madanie de Kprff. U cite nne lettre 4e lui à
(I) Voir la Correspondance secrète du comte Mercy-Argenteau avec l'empereur
Joseph II et le comte de Kaunitz, par M. Jules Flauirperinoiit, pulDliép dan^ la
Collection des documents inédits relatifs à l'ïlistoire de France, gr. iiî-S», Paris,
1889, Trapriinerio nationale.
536 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
Noailles, ambassadeur à Vienne, du 3 août 1791, dans laquelle Monl-
morin disait :
<( Les meilleurs esprits de l'Assemblée nationale, ceux qui, jusqu'à
présent, y ont eu le plus d'influence, se sont réunis avec les véritables
serviteurs du roi, pour soutenir la monarchie, et rendre à sa Majesté
le pouvoir et l'autorité nécessaires pour gouverner... Il ne s'écoulera
pas quinze jours avant que l'état affligeant oîi se trouvent le roi et la
famille royale ait cessé. . »
Et plus bas...
« Des mesures sévères ont été prises avec eux pour réprimer les
factieux que nous avons h combattre... »
On reconnaît là, suivant lui, la marche du Comité autrichien, son
dévouement servile au roi, la preuve indubitable de son existence à
l'époque de la revision, et son projet d'augmenter l'autorité royale.
Quant à son dévouement à l'Autriche, Montmorin éci'ivait, le 30 avril,
à Noailles : « Les meilleurs esprits apprécient les avantages de cette
alliance, et l'on travaillera àen resserrer les liens aussitôt après le réta-
blissement de l'autorité du roi. On ne voudra pas s'écarter des principes
suivis jusqu'à présent, et on s'en tiendra à l'alliance avec l'Autriche.
Cet objet me tient infiniment à cœur (1).
Brissot conclut en disant :
« J'ai prouvé l'existence du Comité autrichien ; j'ai prouvé que
M. de Montmorin y jouait le principal rôle; j'ai prouvé qu'il avait
trahi les intérêts de la France, etc., etc. La loi pénale est formelle
sur tous ces crimes; il n'y a donc pas à hésiter : il faut le décréter
d'accusation, et appeler le plus grand jour sur le Comité autrichien, »
III
Selon Chabot, dans la séance du 4 juin 1792, à l'Assemblée légis-
lative, il existe un Comité secret : il en a été tenu plusieurs à Sainl-
Denis, Saint-Ouen, Auteuil, chez le prince Montbarrey (2) ; Rivaldy,
officier de l'empereur ; de Nivernois (3) ; le ci-devant évêque de La-
rochefoucauld ; Vienne, architecte ; Daguesseau, etc.
(1) Analyse du Moniteur universel, numéro du 24 mai 1792, séanco du 23 mai.
(2) Ancien ministre de la guerre, qui émigra en Suisse.
(.3) Le due de Nivernois. ancien conseiller de Louis XVÎ.
COMITÉ AUTRICHIEN 537
Ribbes, député de la droite, dénonce d'Orléans, Dumouriez, Bon-
ne-Carrèr^, comme les vrais membres du ComiU autrichien.
Verron veut qu on déclare que l'opinion de Ribbes est le résultat
d'une imagination en délire.
Assurément, c'était aller trop loin dans les dénonciations. Malgré
leur invraisemblance, elles se comprenaient pourtant, dans le dé-
sarroi où se trouvèrent les esprits au moment où la royauté se mou-
rait, où la guerre menaçait d'accabler le pays, déjà trahi çà et là par
ceux qui auraient dû le défendre.
Quand La Fayette, sortant de l'Assemblée législative, où il parut le
28 juin 1792, après la journée d'insurrection, alla aux Tuileries, le
roi le reçut froidement. Quand il se retira, madame Elisabeth
s'écria :
« Il faut oublier le passé, et nous jeter avec contiance dans les bras
du seul homme qui puisse sauver le roi et sa famille. »
Marie-Antoinette répondit :
« Mieux vaut périr que d'être sauvé par La Fayette et les constitu-
tionnels (1). » Son avis prévalut.
Antérieurement, lorsque Servan, ministre de la guerre, proposa à
l'Assemblée d'établir un camp de vingt mille hommes sous Paris,
camp formé avec cinq gardes nationaux de chaque canton de la
France, les Feuillants et Robespierre combattirent le projet de
Servan. Alors Brissot et les journaux girondins accusèrent Robes-
pierre d'être d'accord avec le Comité' autrichien (2).
Les dénonciations allèrent leur train, pendant que les comités exa-
minaient celle qu'avaient formulée Brissot et Gensonné.
En juillet 1792, Joseph Chénier communiqua aux Jacobins une
lettre à lui adressée de Metz, en date du 26 de ce mois. On y lisait :
« Le maréchal-de-camp Berthier (3) a été à Paris prendre langue
avec le Comité autrichien; on l'appelle ici respioii de la reine {\). »
En 1792, le Journal de Paris publia en Variétés des articles sur le
Comité autrichien et sur ses dénonciateurs. Leurs auteurs en nièrent
l'existence; « ce nom, écrivaient-ils, répété par tant d'imbéciles ou
de fous, n'a pu être inventé que par un homme d'esprit... » Ils réfu-
(1) Mémoires de La Fayette , t. 111, p. 33G; Mémoires de madame Campan. t. Il,
p. 222.
(2) Dans les premiers jom-s de juin 1792.
(3) Depuis maréchal d'Empire, prince de Neufchcltel, connétable, enfin pair do
France et commandant une compagnie des ofardes-du-corps de Louis XVIII.
(4) Journal des Jacobins, n" 2.
538 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
lèrent Gensonné, ils défendirent Montmorin. Mais bientôt Guadel eut
une entrevue secrète, la nuit, avec le roi et la reine.
Marie-Antoinette écrivait, en juillet, ce billet :
« Je me sens plus que jamais enorgueillie d'être née Allemande (1). »
KUe communiquait elle-même à son frère les plans des généraux
français (2), et voulait, à tout prix, sortir de Paris, quitter la France,
ou reprendre sa vie d'autrefois, au milieu de ses amies et de ses
courtisans.
Revenir au passé était impossible, car les dépenses royales ne pou-
vaient plus être les mêmes. On les surveillait.
D'après le Livre rour/e, 228 millions avaient été accordés généreu-
sement aux gens de la Cour (3). Des sommes considérables avaient
été employées poiir acbeter des consciences. Duquesnoy, disait-on,
avait son journal l'H»»» des patriotes payé par la liste civile (4). l\ ré-
sulte de pièces de comptabilité saisies cbez Laporte, que les frais
d'impression et de distribution des Folirs d'un moi^ étaient supportés
par la cassette du roi (5).
De plus, les gens du Comité autricbien avaient été très souvent
volés par les intermédiaires dont ils se servaient pour tâcher de cor-
rompre les chefs révolutionnaires. Après la journée du 20 juin, tout
le monde faisait de petites tracasseries dans le château des Juileries,
et le public en savait bien (Quelque chose.
Dans une lettre adressée au peintre du roi, Boze, avant le 10 août,
Vergniaud, Guadet, Brissot et Gensonné donnaient des conseils au
roi, ce qui les fit accuser de! complicité avec la Cour. Joseph Bpze,
alors, fut dénoncé pour une négociation entre Louis XVI et plusieurs
députés girondins, mais donna des explications si satisfaisantes qu'il
fut admis aux honneurs de la séance.
Les Parisiens ne croyaient plus aux serments du roi, qui n'avaient
aucune durée et que contredisaient les vétos. Ils appelaient la por-
tion 4vi jïH'fliïi 4es Juilefies réservée îJUx prpnienq,(les de la fî^mille
roy^^le « le territoire f^utrichiep », « \e territoire de Cptdèntz »• |ls
(1) Feuillet de Conches, Louis XYI, Marie-Antoinette et Madame Elisabeth,
tome VI.
(2) Georges Cogordan, Le Ministère des Affaires étranç/eres pendant la période
révolutionnaire. (Revue des Deux-Mondes, 15 août 1877, p. 222.)
(3) Robert, député, disait : « Stanislas Clermont (Tonnerre), pensionné (le |a
cour, salarié par un seul homme, pour traîner à sa suite une vie inutile. »
(4) Voir, plus haut, Société de 1789, p. 389 et suiv.
(5) Publiées par ordre de l'Assemblée législative. Voir la Bibliof/rap/iie de
M. Maurice Tourneux, t. I, n' 360.5, et t. 11, n" 10719.
COMITÉ AUTRICHIEN 539
remarquaient que la cocarde noire, adoptée par beaucoup de roya-
listes, était une « cocarde autrichienne. »
Et, plus tard, le conventionnel Thuriot dit à madame Mathieu
Dumas, quand son mari fut sur le point d'être arrêté à Soisy, en
1793 : « Citoyenne, ton mari est un aristocrate, un membre du Comitô
autrichien^ mais c'est un brave homme qui aur^tit bien servi la ré-
publique s'il avait voulu... (1). »
Les efTorts des royalistes pour sauver Louis XVI par la force popu-
laire, au besoin par la guerre civile, étaient évidents. Il était distribué
dans l'armée, au commencement de janvier 1793, un factum en faveur
du roi, avec cette épigraphe :
« Ton maître est dans les fers; on le ti-aine au supplic(>, soldaf : et
tu te tais ! . . . »
Ce factum avait pour titre : Adresse a l'armée française, par un
officier français émigré .
Lorsque Louis XVI fut emprisonné au Temple avec sa famille, le
Comité autrichien disparut, et le royalisme se réfugia dans les com-
plots des émigrés de l'extérieur et de l'intérieui-.
Comme dépendances de ce comité, ajoutons que la Cour établit,
par l'entremise du ministre Bertrand de MoUeville, un Club national
dans une maison du Carrousel. Son titre pouvait tromper. C'était
une réunion anti-révolutionnaire, composée de royalistes, de gardes
parisiennes vendues, dans laquelle on fit entrer sept à huit cents
ouvriers choisis k qui Ton donnait une paye de deux à cinq livres par
jour, que l'on ne manqua pas d'armer de piques, de coiffer du bonnet
rouge (2). Les frais d'établissement de ce club coûtèrent 9,000 livres
environ, et ceux de son entretien 1,000 livres par jour.
Après avoir quitté le ministère, Bertrand de MoUeville fonda à *
Paris un autre club, semblable à celui du Club national. « Il y réunit,
dit Dulaure, une troupe d'hommes intrépides, propres aux coups de
main, et mit à leur tête un nommé Lieutaud, connu à Marseille pour
sa violente opposition aux principes de la liberté. »
Autres dépendances du Comité autrichien, après sa disparition :
Dès 1794, le comte de Provence, régent, forma à Paris une agence
royaliste, correspondant avec son conseil de Vérone, où se trouvaient
Flaschlanden, Jaucourt et La Vauguyon.
Cette agence, où l'on voyait l'abbé Brotier, Despomelles, la Ville-
(1) Mathieu Dumas avait donné sa démission de directeur-général du dépôt do
la guerre. Il recouvra sa liberté. — Souvenirs, t. III, p. 25.
(2) Bertrand de MoUeville, Mémoires, t. Il, chap. xxix, p. 303.
540. LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
heurnois et Duvcrne de Presles, recevait des fonds considérables de
la cour de Russie. Elle inspirait les délibérations du Club de Cli-
cliy (1). Jaucourt était colonel de l'armée de Condé : La Vauguyon
avait le titre de ministre de Louis XVIII.
Les princes couvrirent d'agences la France entière: ces agences
coûtaient des sommes énormes. L'Angleterre y pourvut pour beau-
coup. Louis XVIII chercha à obtenir de la Russie des subsides néces-
saires, disait-il, « pour alimenter le royalisme en France (2). » Mallet
du Pan trouvait la cliose dangereuse, jetant sur la cause royale de la
défaveur, de la confusion et du mépris (3).
(1) Voir, plus haut, Cluh de Clichy.
(2) Lettres de Louis A' 177/ au comte de Siaint-I'riest. p. 41.
(3) Mallet (lu Pan. Mémoires, t. I. p. 160.
COMITE ORLÉANISTE
D'abord très populaire, prince faisant de l'opposition, comme tous
les d'Orléans passés, présents et futurs^ le duc d'Orléans ne tarda
pas à être soupçonné de n'agir que dans son intérêt personnel et par
ambition. Aussi, malgré ses affirmations de patriotisme, il compta
des ennemis acharnés parmi les révolutionnaires avancés comme à
la cour de Louis XVI II fut accusé même d'appartenir au Comité au-
trichien (1), sans doute à cause de son rang dans la famille des
Bourbons, de son mariage avec la sœur du prince de Lamballe.
Dès les premiers temps de la Révolution, on signala l'existence
d'un parti, d'une « faction orléaniste » ; il y eut des orléanistes
avérés, des a philipotins » ; et l'on accola au nom de d'Orléans toutes
sortes d'épithètes injurieuses : on l'appela « le prince Philippe -
Rouge, » par allusion à ses accointances avec des Jacobins. Au palais
du duc, il existait des conciliabules, une sorte de conspiration à
portes ouvertes, que voilaient les réunions littéraires.
Selon le chancelier Pasquier, ce fut dans un diner chez Trudaine
(juc l'abbé Sabattier, assez intimement lié avec le duc d'Orléans, et
qui passait pour être un de ses conseillers secrets, prononça pour la
première fois le mot d'États-Généraux. Il s'agissait alors de faire acte
d'opposition aux courtisans qui ne parlaient que d'assemblée des
Notables.
Le duc d'Orléans, député de Crépy, allait se mêler aux députés
des communes.
Nul doute qu'il se soit formé un ou plusieurs comités, travaillant
pour seconder les projets que l'on prêtait au duc d'Orléans, tout au
moins pour le défendre contre ses ennemis, lesquels l'accablaient de
sarcasmes, soit quand le peuple porta son buste en triomphe dans
(1) Viiir plus haut, Cymité autrichien.
o42 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
les rues de Paris, à la veille de la prise de la Bastille, soit à propos
des journées des 5 et 6 octobre, qu'on l'accusa d'avoir provoquées,
soit entin quand l'Assemblée constituante déclara qu'il y avait lieu à
accusation contre lui, après sa prétendue mission en Angleterre, exil
volontaire que ses amis lui avaient conseillé, que La Fayette avait
jugé nécessaire, car il considérait le duc comme un prétendant.
Un parti tout dévoué à la personne du duc d'Orléans, approuvant
ses actes les plus inconséquents, essaya de l'aire durer la popularité
de ce prince. Mirabeau, d'abord porté pour le duc, abandonnait cette
cause, et se rapprochait du comte de Provence et de la Cour.
Le principal comité du parti d'Orléans était établi à Montrouge ; il
donnait l'impulsion au mouvement du parti contre la Cour. Ce conci-
liabule, dans le principe, était composé de Mij'abeau, de Sieyès, de
Laclos, du comte de la Touche, et de quekjues autres orléanistes.
C'est là qu'on traçait au prince la conduite qu'il avait à tenir.
En juillet 1789, le comité lui conseillait de demander à Louis XVI
la place de lieutenant -général du royaume. Le duc n'osa pas,
demanda seulement, par l'intermédiaire du baron de Breteuil, la
permission de passer en Angleterre, ce qui lui fut accordé sans difli-
culté(l). La Fayette lui avait dit, dans le salon de madame de
Coigny, qu'il lui fallait partir pour l'Angleterre, « parce qu'on abusait
de son nom pour exciter le désordre. »
Depuis longtemps, déjà, il avait une sorte de cour qui fréquentait
les appartements du Palais-Royal, dont madame de Genlis, éducatrice
des enfants du duc, faisait l'ornement par ses talents agréables*
Cette femme le poussait dans son opposition aux actes royaux, lui
qui s'était signalé dans sa protestation faite, de concert avec les
princes, contre les édits de Maupeou.
Dès 1776, le duc d'Orléans devint le cheï du. parti des p^-uices conh-Q
le parti de la reine, quand Marie-Antoinette s'avisa de lui manquer
d'égards et de s'attirer sa haine. En 1787, il avait autour de lui, dans
des conciliabules nocturnes, les jeunes conseillers du Parlement;
d'où son exil à Villers-Cotterets. Il présidait la Loge de% Neuf^Sœurs,
située rue Dauphine.
Bien des pamphlets, bien des brochures attaquèrent le duc d'Or-
léans, en 1789, surtout après les journées des 5 et 6 octobre. Dans un
d'eux, il est appelé le Prince Rouge-Gorge, Laclos est appelé Loscla,
et Mirabeau Iramba.
(1) Bcaulicu; liéouUdiun de France, t. ï. p. 345 et 346, in-S"., Paris, an lX-1801.
COMITÉ ORLÉANISTE 543
On lit, dans le Martyrologe national, cette oraison dominicale :
« Notre père d'Orléans, qui êtes à Londres, que votre nom soit
glorifié, que votre règne arrive, que votre volonté soit faite dans tout
le royaume, comme elle s'est faite à Paris et à Versailles. Donnez-
nous aujourd'hui autant d'argent que nous en avons reçu de vous
par le passé; pardonnez à vos ennemis comme Louis XVL vous a
pardonné lui-même; et ne nous induisez flus en tentation on déli-
vrez-nous du mal. Ainsi soil-il (1). »
Un pamphlet, ayant pour titre : Aon, d'Orléans, tu ne régneras,
pas! lui jette à la face ses prétentions au trùne, et contient ces
phrases extrêmement injurieuses :
« Monstre que l'enfer a vomi pour le malheur des humains...
« Ton meneur en intrigues, ton précepteur en scélératesse, ton
compagnon Laclos... (2).
« Rotondo, l'infâme Hotondo, ton aide de camp...
« Sillery, oui Sillery, l'intendant de tes honteux plaisirs et ton
lieutenant dans tes criminels exploits... (3). »
Lorsque le duc d'Orléans fut promu divisionnaire, le quatrain sui-
vant courut de bouche en bouche :
Pour consoler dans sa disgrâce
Mons d'Orléans, on va, dit-on,
Le proclamer chef de division;
Il n'aura pas changé de place.
La Chronique scandaleuse, journal royaliste, paru en 1791, conte-
nait ces phrases :
J'appelle un chat un chat, et Rolet un fripon...
Et Philippe un poltron...
Et Barnave un gredin...
Et Champcenetz un drôle...
Et Talleyrand un gueux...
Et Ghampfort un plat-pied..., etc.
Aux Derniers les bons ou le Trou d'enfer-, au caveau du Palais-
Royal, brochure, par Desmarets, sergent^ rue des Prouvaires, s'éle-
vait contre la faction orléaniste.
(1) Le Martyrologe, n" 2. — Bib. de la Chambre des députés, W 251.
(2) Secrétaire et confident du duc d'Orléans; deux fois emprisonné plus tard
comme orléaniste.
(.3) Brocimre de 8 p. ia-8', sans date, mais très probablement parue à la fin
d'octobre 1789. — Rotondo, arrêté en 1791, par ordre du Comité des recherches,
comme agitateur dans Paris.
544 LES CLUBS GONTRE-RÈVOLUTIONNAIRES
Dans les Crimes de Pai'is, poème paru en 1790, le duc d'Orléans,
La Touche et La Clos furent violemment attaqués.
Un individu fut arrêté au Palais-Royal, en juillet 1790, comme
porteur de brochures avec gravures obscènes, parmi lesquelles la Vie
du duc d'Orléans.
On l'accusait d'avoir « payé » les gens qui saccagèrent la manufac-
ture de papiers peints que Réveillon possédait. On disait qu'il « con-
sultait le diable dans les carrières de Montrouge (1). »
A propos de la maladie de Louis XVI, avril 1791, il parut plusieurs
pamphlets contre le duc d'Orléans, notamment : « Les monstres pen-
sent déjà à la régence! (2; »
Plus tard, on publia :
« l'assassinat Dt: la familli: royale.
(( Plan présenté à Monseigneur le duc d'Orléans par le marquis
de ***, trouvé sous le portail du Louvre, près le jardin de l'In-
fante (3). »
Plus tard, encore, une pièce s'attaqua à « la Cabale d'Orléans »,
une autre :
(( Au régicide d'Orléans (4). »
II
Les partisans du duc répondirent aux pamphlets et aux brochures ;
de plus ils se concertèrent pour soutenir avec vigueur le duc et Mi-
rabeau.
La Clos, le principal meneur, proposant la déchéance de Louis XVI
en juillet 1791, voulait faire appeler le duc d'Orléans à la régence. Il
déclara qu'il « voulait une monarchie... pour éviter l'oligarchie (5). »
Le 25 août 1791, le duc monta à la tribune de l'Assemblée pour
protester contre l'article constitutionnel qui déclarait les membres de
la famille des Bourbons incapables d'exercer les droits de citoyen.
S'il était adopté, il aurait le droit d'opter entre le titre de citoyen
(1) Chateaubriand. Mémoires d" Outre-Tombe, t. 111, p. 99. ln-8°; Paris, 1849.
(2) S. 1. n. d., iu-8^ 8 p. (Bib. Nat.. Lb. 39/9815.)
(3) Brochure in-8o de 8 p. (sans date). — Bib. de la Chambre des députés,
IJf" 222 (t. LVII).
(4) Brochure in-S" de 4 p. (sans date). — Idem.
(.■)) Journal des Amis de ht C'>usfif,nlio», n» 33 (12 juillet au II).
COMITE ORLEANISTE 545
français et son droit éventuel au trône. Dans ce cas, il renonçait au
trône. Sillery fit des allusions à la situation du duc. Ce fut le seul
acte d'ambition directe tenté par le parti d'Orléans, dont le chef res-
tait indécis.
En décembre 1792, Robespierre aîné se demandait comment Sil-
lery, confident de la maison d'Orléans, ou plutôt d'Egalité, n'aban-
donnait pas la société de Brissot et de Pétion, comment Louvet
l'accusait, lui, Robespierre, de « vouloir donner la couronne à d'Or-
léans ? »
Un citoyen, aux Jacobins, disait que d'Orléans « avait un parti, que
tous ses amis allaient se rallier à lui pour le défendre (1). » Thuriot
prétendait le contraire.
Le Sans-Quartier, ou le Hogomiste national, attaquait le duc d'Or-
léans, que Louis XVI nomma amiral de France, quoiqu'il fût membre
du Club des Jacobins. Bientôt lié avec les Cordeliers et les membres
de la Commune, membre de la Convention, ayant perdu l'espoir de
régner, il ne négligea rien pour garder son influence personnelle,
jusqu'au jour où, devenu suspect, il fut jugé comme girondin et con-
damné à mort. Le général Biron, son ami, fut guillotiné deux mois
après lui.
Certains historiens ont eu mauvaise grâce à nier l'existence du
Comité orléaniste. Son chef, suivant l'usage traditionnel, voyait avec
joie les embarras de Louis XVI ; ses prédécesseurs sur les degrés du
trône s'étaient toujours empressés, eux aussi, de mettre à profit les
fautes ou les malechances de leurs parents au faîte du pouvoir. Ils
avaient conspiré, en ayant soin d'obtenir grâce en raison de leur
situation de famille. Rien n'étonne donc dans les agissements de
Philippe-Égalité, préférant le titre de citoyen à celui de prince, mais
nourrissant toujours l'espérance de régner, et, pour cela, cherchant
à se réconcilier plusieurs fois avec Louis XVI et n'y parvenant pas,
en conséquence des sentiments que les purs royalistes manifestaient
à son égard.
Sur la politique active le Comité orléaniste n'exerça que très peu
ou point d'influence. Malgré ses apparences, le parti d'Egalité fut
contre-révolutionnaire.
Rappelons que, le matin du jour où des Parisiens promenèrent
dans les rues les bustes de Necker et du duc d'Orléans, les partisans
de celui-ci firent crier une motion par laquelle il proposait qu'on se
cotisât pour le soulagement des pauvres, et s'inscrivait pour trois
(l) Séance du dimanche. 16 décembre 1792.
546 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
cent mille livres. Plus tard, entre Montagnards et Girondins, VOrléa-
nismc fut l'injure mortelle.
Relatons un fait, qui se rapporte à la lutte établie entre Danton
et Robespierre, au plus fort de la Terreur.
Danton, dans sa maison de campagne située sur le coteau de
Sèvres, recevait des confidents intimes qui méditaient des coups
d'Etat, contraires aux Robespierristes, sans s'accorder avec les idées -
des Girondins; son secrétaire, Miger, fut chargé par lui do voir le
duc d'Orléans pour l'élever « au trône de la Révolution », dit Lamar-
tine. Philippe-Égalité refusa sa coopération et son nom à l'entreprise.
En février 1794, la Société républicaine de PAmi du peuple envoya
à ses correspondantes un arrêté relatif à la cabale connue sous le
nom de Philippolins (Fabre d'Eglantine, Chabot, Proly, etc.) (1).
On ne s'en tint pas au duc d'Orléans, on prétendit que les Jaco-
bins faisaient des efforts pour placer le fils de ce prince sur le
trône (2).
(1) Bib. Nat., Lb 40/2194, iii-4o. sans date, 4 p.
(2) Bib. Nat., Lb 2/2376, pièce, in 8', sans dale, 7 p.
RÉUNIONS DE BAGATELLE
ET DE BELLEVUE
SALONS Db: \A PRINCESSE DE LAMBALLE, ETC.
Sur la lisièi'e du Bois de Boulogne, non loin de la Seine, non loin
du cliâlcau de Bellevue, construit par madame de Pompadour, et
habité par les tantes du roi, mesdames Adélaïde et Victoire, le comte
d'Artois avait fait bâtir, en 177Î), le château de Bagatelle, entre
Longchamps et Madi-id.
Bagatelle plaisait beaucoup à ce prince. Le château était élégam-
ment décoré, avait des jardins pittoresques, présentait des points de
vue variés et charmants. Il servait quelquefois de lieu de réunion aux
afliliés du Comité autrichien (1). Ravagé, après l'émigration des
princes, il appartint, pendant la Révolution, à des particuliers. Un
traiteur l'acheta {"i). On y donna des fêtes publiques (3), et il fut le
rendez-vous de la société élégante.
En 1789, le parti de la reine et du comte d'Artois, hostile à Necker,
avait transformé Bagatelle en lieu de conférences politiques, quand
ce château avait d'abord été un lieu de galanterie et de prodigalités.
Des courtisans s'y rassemblèrent encore, après l'émigration du frère
de Louis XVI, et il y eut là, selon la rumeur publique, un foyer de
conspiration royaliste.
En 1792, il parait qu'une multitude de voitures se rendaient toutes
les nuits à Bagatelle, et que des gens se promenaient au Bois de
Boulogne avec des cocardes blanches (4).
Au château de Bellevue se tenaient aussi des conciliabules dans
lesquels paraissait le comte d'Artois.
Le 3 février 1791, Malouet, membre du conseil intime de Louis XVI,
fit la déclaration suivante :
(1) Voir plus haut, p b2.'! et suiv.
(2) Censeur des Jouimaux (juin 1797).
(3) Sous la Restauration, il fut rendu au comte d'Artois. Le due de Bordeaux,
mort comte de Ctiambord, y fut élevé.
(4) Séance du 23 mai 1792, au Club des Jacobins.
548 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
« On a dit hier au Comité de marine, pendant que je n'y étois pas,
et on a imprimé dans quelques libelles, que gallois habiluoAlemenl à
Bellevue, et que favois des conférences secrètes avec Mesdames. Je mé-
priserois cette imposture, comme beaucoup d'autres, si ellene tendoit
à compromettre des personnes augustes, dont la haute vertu méri-
teroit nos respects, quand même elles n'auroient pas d'autres droits
à nos hommages. Je déclare donc que j'ai été, il y a quatre ans, pour
la première fois, à Bellevue, et que je n'y ai pas retourné depuis ;
qu'il y a erreur ou mensonge de la part de ceux qui soutiennent le
contraire.
« Dès le mois de juin 1789 , on avoit payé des porteurs de
chaises qui se tenoient à la porte des États-Généraux, et me mon-
troient aux passans en leur disant : qu'ils me portoient toutes les
nuits chez M. le comte d'Artois, à qui je n'ai jamais eu l'honneur de
parler, et chez madame de Polignac, que je n'ai jamais vue : ils
s'adressèrent, pour cette confidence, au nommé Bisson, mon domes-
tique, qu'ils ne connoissoient pas; celui-ci, aidé d'un de ses amis,
leur répondit de manière à leur faire avouer qu'ils avoient eu ordre
de répandre cette imposture. Il est probable qu'elle se renouvelle
aujourd'hui par les mêmes moyens et d'après la même impulsion ;
car il y avoit dès ce tems-là des gens à grands projets et à grandes
manœuvres (l). »
Madame Victoire habita Bellevue, qu'elle dut quitter.
L'entourage du comte d'Artois était puissant et, comme lui, affichait
les idées de contre-révolution. Le duc de la Trémoille et le prince
d'Hénin (2) tenaient de mauvais propos, même d'indécents, contre
les représentants de la nation, ce qui faisait croire, non sans raison,
à une conspiration de la Cour. Le comte d'Artois faisait toujours
mettre un noble à chacun de ses côtés, chez la duchesse de Polignac,
où il dînait tous les jours. Il ne traitait bien que les nobles, dit
Besenval dans ses Mémoires. Hébert donnait au comte d'Artois le
sobriquet de « héros de Bagatelle (3). »
Il existait certainement une intrigue permanente, ourdie entre les
prélats aristocrates et la société de Marie-Antoinette et du comte
d'Artois, connue sous le nom de « Comité Polignac ». La comtesse
(1) Journal des Amis de la Constitution monarchique, t. I, n" 9, du samedi
12 février 1791.
(2) Le duc de la Trémoille et le prince d'IIéniu faisaieut partie du Club de
Valois. — Voir plus haut, Club de Valois.
(3) Voir le l'eve Duchesne.
REUNIONS DE BAGATELLE ET DE BELLEVUE 549
Diane de Polignac brillait par son esprit et avait de l'influence sur la
duchesse.
Celle-ci fut insultée en effigie, sur la place Dauphine, par le peuple
qui, peut-être, eût aussi couvert de huées un mannequin représen-
tant Marie-Antoinette, amie de la duchesse (1787).
*
* *
SALONS DE LA PRINCESSE DE LAMBALLE, ETC.
La princesse de Lamballe (Marie- Louise de Savoie -Carignan),
surintendante et amie de la reine Marie-Antoinette, était une amie
compromettante. Après les journées des o et 6 octobre 1789, elle
s'installa au château des Tuileries, où elle occupa le rez-de-chaussée
du pavillon de Flore.
Là se tinrent des conférences, « dont l'objet était de réunir les
différents chefs de parti, afin de se concerter et de s'entendre pour
sauver la Constitution, l'État et le Roi (1). » La princesse semblait
former autour d'elle un centre de courtisans intransigeants, et, de
plus, elle trônait dans le salon de Marie-Antoinette, qui la qualifiait
d'angélique. Beaucoup de nobles, peu de prêtres venaient au pavillon
de Flore; ils étaient futiles, indiscrets, dangereux, y colportaient les
satires et les chansons. On y hsait les Actes des Apôtres.
Ce salon servait à Marie-Antoinette pour recevoir, plus ou moins
secrètement, des membres de l'Assemblée nationale que la i'eine
voulait gagner, des écrivains royalistes, des hommes politiques com-
promis et impopulaires. Cela fit regarder la princesse de Lamballe
comme un féminin chef de faction. Réellement, elle remplissait le
rôle d'agente, cherchant à opérer au milieu d'une société assez
mêlée. On prétendait que ses soirées étaient organisées seulement
dans un but d'information et de conciliation. La reine présida quel-
ques-unes de ces réunions où, vers la fin de 1791, se rencontraient
des fonctionnaires publics et des hommes politiques, que madame
de Lamballe avait charge de corrompre ou de surveiller.
Veuve de Louis-Alexandre de Bourbon-Penthièvre, madame de
Lamballe était fort estimée par Louis XVI, qui lui envoya un pré-
cieux volume, VOffice de la semaine, en écrivant de sa main sur la
lettre d'envoi cinq lignes ainsi conçues :
« Madame ma cousine, c'est aujourd'hui vostre fête; je vous prie
(1) Joseph Wober, Mémoires concernant Marie-Antoinette, t. II, p. 61 (Londres,
1806-1807, Paris, 1822, in-8").
550 LES CLtJBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
(le recevoir ce livre qui vient de ma mère et où j'ai appris à prier
Di(>u; je le prie pour vous, il })énit vos vertus (1). «
A cette occasion encore, Marie-Antoinette lui adressa une lettre
commençant par ces mots :
« Mon cher cœur, etc. », et une autre lettre, terminée ainsi :
«... Adieu, ma chère Lamballe, je vous embrasse du meilleur de
mon cœur comme je vous aimerai toulte [sic] ma vie (2). »
Quand la reine fut enfermée au Temple, madame de Lamballe
demanda à partager sa captivité.
Le 1"'' janvier 1793, un aflilié aux Jacobins annonça dans le club
qu'on lui avait écrit que madame de Lamballe avait déposé avant sa
mort une somme de 400,000 francs en numéraire. La lettre devait
être portée au Comité de surveillance, pour qu'il prit les renseigne-
ments nécessaires (3).
Si nous descendons des habitations princières aux salons dorés de
l'ancienne noblesse, nous voyons que ceux-ci exercèrent une in-
fluence immense, que rien n'y était négligé pour attirer et convertir,
sinon corrompre, des hommes qui, séduits d'abord par les idées nou-
velles, n'avaient pas une conviction assez forte, une énergie assez
éclairée pour résister à de trompeuses amorces.
Dans ces salons, datant d'avant la Révolution, se coudoyaient les
élégants, les lettrés, les savants de l'ancien régime, avec les rudes
novateurs.
C'est ainsi que, à l'approche de 1789, les aristocrates, les jeunes
d'entre eux, surtout, portèrent un unifoi'me de ralliement : habit
vert, collet rose, veste, culotte, souliers à boucles. Ils avaient quel-
quefois des boutons d'habits sur lesquels étaient gravés ces mots :
Ventre libre ou mourir, par allusion à Vivre libre ou mourir. Ils adop-
tèrent des cocardes anti-patriotiques, — petits flocons formés d'un
seul ruban rayé; ils en eurent de mécaniques, habilement faites,
qui, de tricolores dans les promenades de Paris, passaient blanches
dans leurs cavalcades, aux environs de Ragatelle (4) ; ils curent des
boutons contre-révolutionnaires, des bagues avec cette devise :
Domine, salvum fac regem.
{l) Bibliothèque du comte de Lignerolles, vendue après sa mort à l'hôtel Drouot,
en février 1894.
(2) Idem, Autographes.
(3) Société des Jacobins, séance du mardi. 1"" janvier 1793.
(4) Voir plus haut, p. 247.
RÉUNIONS DE BAGATELLE, SALONS, ETC. 551
Ils créèrent un ordre dont les croix étaient àliuit pointes, espacées
de tleurs de lys surmontées de la couronne de France, représentant
en leurs médaillons le marquis de Favras sortant du tombeau. Cet
ordre, ils l'appelèrent l'ordre de la Résurrection de la Contre-Révo-
lu lion.
Dans quelques bals de la haute société, on vit des cavaliers coiffés
à la contre-révolution, en grand crêpé terminé par deux boucles en
demi-cercle, les cheveux du haut du toupet rabattus sur le front, et
séparés à la naissance de l'épi.
Une brochure circulait parmi les royalistes, V Association des qua-
rante heures pour demander à Dieu le rétablissement de la foi, des
mœurs et du règne de Jésus-Christ en France. Une autre, plus tard,
intitulée : Périssent les tyrans destructeurs de la France, était lancée
contre les enragés de l'Assemblée nationale (1).
Avec quel plaisir les aristocrates, de toutes les nuances, ou sim-
plement les indifférents ou les amateurs d'élucubrations moqueuses,
propageaient dans leurs réunions des plaisanteries, des pamphlets,
que le peuple ne lisait que peu ou point!
Quelques salons recevaient principalement des dévots, qui se réu-
nissaient chez madame de la Marck, chez la maréchale de Noailles (2),
chez le duc de Nivernais (3), chez madame de Luxembourg (4) et chez
l'archevêque de Lyon.
Il va sans dire que, dans ces assemblées, la question religieuse
dominait tout, et que ce n'étaient pas les moins contre-révolution-
naires, les moins ardentes pour blâmer les réformes, pour combattre
les idées nouvelles, pour vouer à l'exécration le duc d'Orléans, grand-
maître des francs-maçons de France, pour maudire les députés qui
votèrent la Constitution civile du clergé, pour flétrir les prêtres
constitutionnels, pour propager enfin les opinions des hommes qui
faisaient appel aux insurrections afin de défendre Dieu et le Roi.
(1) Brochure in-8" de 15 p., 1792.
(2) Née de Cossé-Brissac, morte sur l'échafaud, le 4 thermidor an II, à l'âge
do soixante-dix ans.
(3) Mort en 1798.
(4) Dont le mari émigra.
SALONS,
RÉUNIONS PRIVÉES, LIEUX DE RENDEZ-VOUS
Pendant la Révolution et avant.
I
Nous venons d'indiquer plusieurs réunions militantes, prenant leur
source en haut lieu, plus que politiques, quasi gouvernementales.
Les luttes pour ou contre la Révolution ne furent pas avivées par
les Clubs et les Comités seulement, mais aussi par les salons, les
réunions privées et les lieux de rendez-vous, autres que les Clubs, les
librairies, les cafés et les restaurants. Ces assemblées agissaient d'une
façon latente sur les événements du jour. Les femmes et les prêtres y
apitoyaient les nobles sur le sort malheureux des amis du roi et de la
religion.
Bien souvent on se fournissait là, clandestinement, des armes pour
le combat, et les contre-révolutionnaires surtoul, sous Louis XVI,
pendant les séances de la Convention, sous la réaction thermido-
rienne, à l'époque du Directoire comme à celle du Consulat, usèrent
de ces moyens de s'entendre, parce que la publicité ne leur était pas
possible, ou parce qu'ils ne s'avisaient pas de faire de l'opposition à
ciel découvert, de machiner des complots, même d'organiser la pro-
pagande de leurs idées.
Il fallait néanmoins compter avec « les colères de salons », où les
invités soufflaient le feu de la discorde, après s'être rassemblés
d'abord sans but politique, pour devenir ensuite amphibies.
En 1789, le premier salon de Paris se tenait chez madame Necker,
dans son hôtel de la rue M^ichel-le-Comte, où venaient Sieyès, Parny,
Condorcet, Talleyrand, Alexandre de Lameth, Mathieu de Montmo-
rency, de Laborde de Méréville, etc., et madame de Staël, qui avait
alors vingt-trois ans. Le vendredi, il y avait les réceptions publiques,
presque officielles, à cause de la haute situation de Necker. Le mardi,
334 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
c'étaient surtout des réunions littéraires, où l'on voyait la duchesse
de Lauzun, Delille et Lemierre(l). A onze heures, la politique occu-
pait les invités, après que les domestiques avaient disparu et que les
portes étaient fermées. Quelques députés s'y essayèrent, y lurent les
discours qu'ils devaient prononcer à la Constituante.
Le salon de madame Necker, devenu réactionnaire à cause de sa
modération, cessa ses réunions après le 10 août 1792, et la plupart
des gens qui l'avaient fréquenté se lancèrent dans le mouvement^
soit à gauche, soit à droite, jouèrent de la Révolution ou en mou-
rurent.
Protectrice des savants et des artistes, madame Necker fonda un
hospice qui porte son nom. Elle eut sa place parmi les publicistes,
écrivit des Réflexions sur le divorce et des Mélanges, et contribua à
faire réformer les abus qui s'étaient introduits dans les prisons et les
hôpitaux. Elle suivit, en Suisse^ son mari que les Jacobins avaient
attaqué.
En 1789 encore, le salon de Deauharnais fut très fréquenté- On y
adoptait, modérément, les idées nouvelles. « L'Égalité et la Liberté y
présidaient, a écrit Dorat-Cubières ; la Liberté et l'Égalité sont les
dames d'atour de madame de Beauharnais w. Parmi les habitués, ci-
tons Dorât, Colardeau, Grébillon, Dusaulx, Cailhava (2), Bailly,
Mably, et même le sauvage Jean-Jacques Rousseau.
Chez Montmorin et les divers ministres, comme chez Necker, chez
la duchesse d'Aiguillon, mesdames de Beaumont et de Sérilly, toutes
les illustrations de la France se coudoyaient (3). La Société aristo-
cratique fréquenta surtout les salons de mesdames de Foix, d'Hénin,
de Simiane, de Vaudreuil, et de quelques magistrats.
Dans le salon de madame Panckoucke, rendez-vous des auteurs
les plus distingués de la fin du dix-huitième siècle, salon tout litté-
raire d'abord, car le mari de cette femme était imprimeur-libraire,
propriétaire du Mercure de France, la politique s'introduisit quand
Panckoucke lit paraître le Moniteur universel. Barère de Vieuzac y
amena l'élément révolutionnaire, qui céda bientôt à l'influence des
modérés. Les dîners de madame Panckoucke étaient renommés
(1) Mort à Saînt-Geriuaiu-en-Laye, en 1793.
(2) Auteur de la Descenu de Bonaparte en Éqtjpte. Mort en 18i;j.
(;j) Gliatcaubriand; Mémoires d' Outre-Tombe, t. II, p. 95.
SALONS, RÉUNIONS PRIVÉES, ETC. 555
en 1789. Barère fondait, pendant cette année, le Point du Jour, et,
avec Loiivet, le Journal des di'bals et décrets, ce qui rompit nécessai-
rement ses relations avec Panckoucke. Geltii-ci créa plus tard la Clef
du cabinet des souverains, feuille républicaine très modérée, qui dis-
parut, supprimée, sous le Consulat, après une longue existence.
En 1789 encore, le salon de madame de Sabran avait une couleur
tout à fait aristocratique, comme ceux de madame de Laval, de ma-
dame d'Aslorg, de la baronne d'Escars, de madame de Coigny, arbitre
de la mode et du goût (1), de madame de Simiane, de madame de
Vauban^ de madame de Murinais, de madame de Bercheny, de ma-
dame de Gonlaut, qui Oorissaient un peu avant la Révolution. Ceux
de madame d'Angivilliers, dont le mari avait une grande influence
sur Louis XVI, de la comtesse de Tessé et de la marquise de Cham-
bones (2), étaient des lieux de réunion pour les rédacteurs des Actes
des Apôtres. Chez madame de Sabran, Bouftlers (8) et Séguf lisaient
de petits vers; on donnait de « petits spectacles ». Le comte de Sa-
bi'an, d'abord partisan des idées nouvelles, finit par émigrer.
Dans ces salons, on raillait beaucoup les bourgeois parvenus, àUx-
(|uels on ne pardonnait pas d'avoir pris de hautes positions politi-
ques. La moquerie était leur principal moyen d'attaquer les novateurs.
Le « salon bleu >> de madame de Genlis était célèbre [k). Son mari,
le marquis de Sillery, fut commandant des gardes du duc d'Orléans,
et d'importants personnages l'entourèrent. Brissot et Camille Des-
moulins se montrèrent dans ce salon, mais bien peu; les amis, les
partisans du duc d'Orléans y tenaient la première place, ainsi que
Latouche et Choderlos de La Clos, familiers du dUc, qui organisèrent
leurs conciliabules orléanistes, essentiellement politiques, à Mont-
rouge (5). Barère, lettré, fut accueilli par madame de Genlis, et par
elle introduit dans la familiarité du duc d'Orléans.
(1) Marie-Antoinette dit un jour : « Je ne suis que la reine de Versailles; c'est
madame de Coigny qui est la reine de Paris. » La Fayette fréquentait ce salon.
(2) Opposée à sou mari, qui admettait les idées nouvelles, elle recevait les
rédacteurs des Actes des Apôtres. — Voir Introduction, p. 7.
(3) Le joyeux Boufflers, dit plus tard l'auteur du pamphlet Les Chevaux au
Manège.
(4) Madame de Genlis se posait en adversaire des philosophes. Elle sortit de
France, après avoir été regardée comme suspecte, rentra en 1800, et fut, plus tard,
pensionnée par Napoléon. L'hôtel de Sillery-Genlis était dans l'impasse Conti.
{',')) Voir, plus haut, Comité orléaniste, et conférez.
556
LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
« Nous étions seuls, un jour, écrit Desmoulins, dans le salon de
madame de Sillery ; le vieux Sillery avait frolté lui-même le parquet
du salon, de peur que le pied ne glissât aux charmantes danseuses.
Madame de Sillery venait de chanter sur la harpe des vers où elle
invitait à l'inconstance... Quelle fut ma surprise, au moment où la
gouvernante-magicienne opérait avec le plus de force sur mon ima-
gination et où la porte était fermée aux profanes, de voir entrer...
qui ? un aide-de-camp de La Fayette, venu là tout exprès, et qu'on fit
asseoir auprès de moi pour me convaincre que La Fayette était rede-
venu l'ami de la maison !... » — « Il serait fort singulier que Philippe
d'Orléans ne fût pas de la faction d'Orléans! Mais la chose n'est pas
impossible ; la faction cependant existe, et elle siège dans le côté
droit avec les Girondins. «
De littéraire et artistique qu'il était d'abord, le salon de madame
de Sillery-Genlis devint politique, quand elle noua des relations avec
Dumouriez, quand elle fit des voyages avec ce général. Il lui fallut
émigrer.
Madame de Sillery-Genlis, belle-mère du général Valence, les ducs
de Chartres et de Monlpensier, se trouvaient au quartier-général de
Dumouriez un peu avant sa trahison. Si Dumouriez n'arborait pas
ouvertement le drapeau orléaniste, on pouvait croire qu'en secret il
pensait à une monarchie révolutionnaire.
L'exécution de Philippe-Égalité rendit madame de Genlis tout à
fait réactionnaire. Elle erra dans plusieurs contrées de l'Europe, et,
après le 18 brumaire, elle prodigua les louanges à Bonaparte. Sil-
lery passait avec raison pour être agent du duc d'Orléans, dont il
soutint les droits de succéder à la couronne. Sillery fut exécuté
comme complice de Dumouriez (31 octobre 1793).
En 1789, on se réunissait, généralement dans un but politique, et
avec une attitude militante, chez Clavière, banquier à Paris, ami de
Mirabeau, ennemi de Necker ; chez La Rochefoucauld, esprit libéral
et éclairé, modéré, opposé aux violences ; chez La Fayette, qui, plus
tard, devait réclamer la fermeture des clubs et devenir contre-
révolutionnaire ; chez le financier Delessert, qui avait provoqué la
création de la première Caisse d'escompte et fondé la première
compagnie d'assurances contre l'incendie; chez Mallet du Pan, qui
avait rédigé avec Linguet les Annales politiques et littéraires^ et que
l'on connaissait comme un adversaire décidé de la Révolution ; chez le
SALONS, RÉUNIONS PRIVÉES, ETC. 557
docteur de la Roche, célébrité de l'époque; chez Brissot de Warville,
marié à une femme de l'entourage de la duchesse d'Orléans, etc.
Etienne Clavière, girondin, ministre, se poignarda en décembre
1793. On sait aussi le sort de La Rochefoucauld, de La Fayette, de
Linguet, de Mallet du Pan et de Brissot.
Madame Suard (1) recevait Michaud et La Harpe. On appelait
M. et madame Suard « le petit ménage ». Suard écrivit dans les
Indépendants, journal monarchique. Sa femme lui dit un jour, plus
tard, qu'elle avait cessé de l'aimer. Lui, sceptique et heureux, d'ail-
leurs, répondit avec calme : « Cela reviendra » ; et, madame Suard
ayant ajouté : « C'est que j'en aime un autre », il répliqua : « Cela
passera. »
Michaud écrivait dans les journaux feuillantins ; royaliste de fait,
il fonda la Quotidienne.
La Harpe, auteur acclamé de la tragédie le Comte de Warivick,
n'avait pas de convictions bien arrêtées, fut incarcéré sous la Ter-
reur, devint un des adversaires du parti philosophique, et finalement
se convertit au catholicisme pratiquant. Il était en correspondance
littéraire avec le grand-duc de Russie, depuis 177-4 jusqu'à 1789.
Quant à Suard, censeur royal en 1774, il appartenait à l'Académie
française, et, au début de la Révolution, il était partisan ultra-
modéré des idées nouvelles.
Le salon de madame Suard, « où l'on s'ennuyait fort littéraire-
ment, » accommodait volontiers les mœurs de l'ancien régime avec
le mouvement politique du temps où ce régime disparaissait. Au
fond, il était monarchique.
Chez Adrien Duport, conseiller au Parlement (2), on voyait Mira-
beau, Target (3) et Rœderer (4). Ennemi du parti de la Cour et du
parti de Marie-Antoinette, il réunissait des députés pour prendre des
décisions quand les événements le commandaient. Adrien Duport
passa pour être vendu à la Cour, après le retour de Varennes.
Le Logographe fut imaginé, en 1790, par Adrien Duport, les
(1) Elle demeurait rue Royale-Saint-Honoré, u" 13.
(2) Député aux États généraux, il fit décréter l'institution du jury; mais, après
le 10 août 1792, il fut accusé de royalisme, arrêté, sauvé par Danton; il émigra,
rentra en France après le 9 thermidor, et émigra de nouveau après le 18 fruc-
tidor.
(3) Target était avocat et membre de l'Académie française.
(4) Rœderer défendit la famille royale dans le Journal de Pariti.
558 LES CLUBS CONTRE-RÈVOLUTlONNAIRES
Liimeth eL leurs amis, qui en firent les premiers frais. Mais les re-
celtes de ce journal ne pouvaient couvrir ses dépenses. Les Lameth
s'étant rapprochés du roi, le déterminèrent à faire un fonds pour le
soutenir. Les papiers trouvés dans l'armoire de fer prouvèrent que
le Logographe, dévoué à la Cour, avait reçu 34,500 livres sur la liste
civile du roi, en trois mois. La Législative fît briser ses formes le
17 août 1792. Fondé par Le Hodey, ce journal, on le voit, était mo-
narchique. Le Hodey devint, en 1790, chef de bureau de « Tesprit
public » à la police générale.
. En mai 1790, après son traité avec la Cour, Mirabeau prit un train
de maison dans son petit hôtel de la rue de la Chaussée-d'Antin ; il
eut voiture et table ouverte. Mais ses réceptions ne fîrent pas grand
bruit, sans doute parce qu'il craignait les indiscrétions, parce qu'il
ne voulait pas rendre sa trahison trop vraisemblable en conviant
trop de monde à ses réunions (1).
Chez madame de Pasloret, femme de Claude-Emmanuel Pastorel,
avocat, littérateur, administrateur puis procureur-syndic du dépar-
tement de Paris, député, ministre de l'intérieur en 1790, la société
était mêlée, suivait principalement les principes très modérés du
maître de la maison. M. de Vaisnes, l'un des survivants de la société
du duc de Choiseul à Chanteloup, allait souvent dans le salon de
madame de Pasloret, qui ne partagea pasles opinions de son mari, au
débutdela Révolution, etqui s'écoutait un peu trop parler, disait-on.
En 1797, le salon de madame de Pastoret réunissait beaucoup de
Clichyens, dont Pastoret adoptait les opinions. Pastoret, d'abord
partisan modéré de la Révolution, avait pris la fuite après le 10 août
1792. Elu aux Cinq-Cents, il montra des sentiments royalistes et
corabattit le Directoire jusqu'au 18 fructidor, époque où il figura sur
la liste de proscription, et, prévenu, put se réfugier en Suisse. Il
reparut sur la scène politique après le 18 brumaire.
Il
Avant la Révolution, Railly s'était acquis une grande réputation
comme astronome. Il siégeait à l'Académie des sciences, à l'Académie
des inscriptions et à l'Académie française.
Dans le salon de madame Railly, à côté de savants et de littérateurs,
(1) Voir, plus haut, Comité autrichien, p. 528 et 529.
SALONS, RÉUNIONS PRIVÉES, ETC. 559
ou voyait (les hommes politiques appartenant à Topinion modérée,
des fayettistes et quelques royalistes constitutionnels, rêvant l'accord
du roi avec l'Assemblée nationale. Celui de l'abbé Morellet était fré-
quenté par Laborde, Pastoret, Trudaine le jeune, Lacretelle, etc. On
y était partisan de la monarchie constitutionnelle.
Le couvent des Miramiones, situé sur le quai de ce nom (aujour-
d'hui quai de la Tournelle), passait pour être un des principaux
foyers du fanatisme royaliste. Madame de La Fayette, mesdames de
Noailles etd'Agen y venaient fréquemment. Les Miramiones, en 1701.
refusèrent de se soumettre aux mesures qui frappaient le clergé.
Elles disparurent.
Camille Desmoulins prétendait que le bourreau de Paris, Sanson,
recevait des aristocrates à ses « petits soupers « (1). Sanson fit assi-
gner Desmoulins à comparaître devant le tribunal de police pour être
condamné à des dommages-intérêts, à titre de « réparation d'hon-
neur »
l^eu de réceptions, grandes (»u petites, échappaient à l'examen, à
la surveillance, aux dénonciations parfois exagérées.
A mesure que les partis avancés se déclarèrent, des salons et des
réunions qui eussent passé pour être franchement dévoués à la Ré-
volution si la royauté avait continué d'exister, furent bientôt, par la
force des choses, regardés comme réactionnaires.
De ces salons, de ces réunions, il en est peu qui, avec des phases
diverses, aient duré ou aient reparu, après les crises les plus vio-
lentes, en exerçant toujours une certaine influence. Assurément, les
complots de salons ne cessèrent pas; les réunions anti-révolution-
naires ou tout au moins réactionnaires, se cachèrent du mieux qu'elles
purent, pour braver la loi des suspects, pour échapper aux investi-
gations des Comités de Salut public et de Sûreté générale, de la police
directoriale et de la police consulaire.
Au palais de la Monnaie, quai Gonti, se trouvait le salon du marquis
(le Condorcet, qui occupait cinq ou six pièces, à l'entresol; salon eu-
ropéen, qu'on a appelé le « foyer de la république >>. Condorcet
appartenait à la loge maçonnique des Neuf sœurs.
Madame de Condorcet, née Grouchy, n'avait pas été chanoinesse,
(1) Révolutions de France et de Brabant.
560 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
comme le croit Michelet, mais elle possédait une beauté virginale
jointe à la jeunesse ; elle était pleine de grâce, paraissait moins en-
core une dame qu'une noble demoiselle. Son salon était un centre de
l'Europe éclairée, où l'on faisait plus de littérature que de politique,
et où les étrangers de marque abondaient. Des aristocrates, tout au
moins des aristocrates d'intelligence, y coudoyaient des hommes
dévoués à la Révolution, plus portés à penser qu'à agir, et générale-
ment philanthropes. Madame de Condorcet partageait les opinions de
son mari, qui votait le plus souvent avec les Girondins. Le jour où
celui-ci fut mis hors la loi, le premier « foyer de la république »
s'éteignit (1).
En 1789, Camille Desmoulins était besoigneux. Il logeait à Vhôtel
de Pologne, en face de Vhôtel de Nivernais. Après son mariage (29 sep-
tembre 1790), il eut plus d'aisance, grâce à la dot de sa femme et à
ses publications.
Lucile Desmoulins, dans son logis de la cour du Commerce, n» 1,
ou dans sa demeure de la rue de l'Odéon, recevait, en petit comité,
M. et madame Danton, Stanislas Fréron, Brune (2), le futur maréchal
de France, Laurent Lecointre (de Versailles), Antoine Merlin (de
Thionville), etc. Au début, ce salon était révolutionnaire ardent, si
l'on peut dire ainsi; le Club des Cordeliers y était largement repré-
senté, et la charmante Lucile pensait à l'unisson des avancés.
Mais, lorsque le Vieux Cordelier de Camille Desmoulins fit regarder
le mari de Lucile comme un indulgent, un contre-révolutionnaire,
on ne vit plus Robespierre chez Desmoulins, que Hébert accusait de
tenir « le langage des muscadins qu'il fréquentait », d'être « l'ami
des comtes et des marquis ». Camille et Lucile périrent : ils n'avaient
eu pour objectif que la clémence, et ils furent victimes de leur hu-
manité, tardive, il faut l'avouer.
Lucile Desmoulins parut devant le tribunal révolutionnaire comme
coupable d'avoir conspiré contre la sûreté du peuple ; d'avoir voulu
égorger la Convention ; d'avoir eu pour but de replacer sur le trône
de France le fils de Louis XVI.
(1) Le salon de Condorcet, les rciceptions de Lucile Desmoulins, les réunions
qui avaient lieu chez madame Roland, eurent, à un moment donné, tant d'im-
portance, qu'on peut les regarder comme des comités, sinon comme des clubs,
et les rattacher, conséquemment, au Comité Valazé et au Club de la Réunion,
dont il a été question plus haut, p. 471 et suiv.
(2) Brune a dessiné un portrait de Lucile Desmoulius, d'après nature. 11 était
alors prote d'imprimerie.
SALONS, RÉUNIONS PRIVÉES, ETC. 561
Plus lancée que Lucile Desmoulins dans le mouvement politique,
Marie-Jeanne Phlipon, femme de Roland de la Platière, eut de véri-
tables réceptions.
Madame Roland, qui habitait au troisième étage d'un petit hôtel de
la rue Guénégaud (hôtel Britannique), près de la Monnaie, était née
quai de l'Horloge. Elle forma un salon presque exclusivement
girondin. Brissot, Pétion, Grégoire, Buzot, etc., s'y donnaient rendez-
vous, et y rencontrèrent quelquefois Robespierre et Camille Desmou-
lins. L'attrait principal était la beauté gracieuse et l'esprit énergique
de la maîtresse de la maison, si bien qu'on prétendit qu'elle avait
sur son entourage une influence corruptrice. Robespierre n'y parut
pas longtemps.
Ce salon, les Montagnards l'appelaient « le boudoir de la Péné-
lope », et madame Roland était, selon Danton, « la Circé de la Répu-
blique ». Lorsque les politiques y venaient, madame Roland ne se
mêlait guère aux discussions que si on en appelait à elle. On parla
beaucoup des rolandistes^ delà politique rolandine^ dont on l'accusait
d'être l'âme ; on accusa Roland d'avoir fondé un établissement sous
le nom de Bureau de la formation de l'esprit public, tout à fait contre-
révolutionnaire.
A la suite du premier ministère girondin, quand Servan, Clavières
et Roland furent remplacés par Mourgues, Dumouriez et Beaulieu,
Roland alla habiter dans une maison de la rue de la Harpe, sous les
toits, peu avant la journée du 20 juin 1792. Là vinrent Brissot, Ver-
gniaud, Guadet, Gensonné, Condorcet, Pétion, Lanthenas, Valazé,
Pache, Grangeneuve, Louvet, Chamfort, Carra, Joseph Chénier,
Dusaulx et Mercier.
Après la victoire de Valmy, Dumouriez, venu à Paris, dîna chez
Roland. En entrant dans le salon du girondin, ministre pour la
seconde fois, il présenta un bouquet de fleurs de laurier-rose à ma-
dame Roland, et s'assit, à table, entre elle et Vergniaud.
Cette femme avait, en quelque sorte, une position de reine, — ou
tout au moins de triomphatrice républicaine. Le soir de la procla-
mation de la République par les conventionnels, les principaux
girondins se rassemblèrent chez elle.
Précédemment, elle avait reçu Camille Desmoulins, Robespierre,
Grégoire ; elle avait, après l'évasion du roi, contribué à la fondation
du journal le Républicain.
36
562 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
III
Chez le tragédien Talma, rue Chantereine, dans l'hôtel habité plus
tard par le général Bonaparte, lors de son retour d'Egypte, une
société brillante se rassemblait :
« Je ne vous parlerai pas, dit Marat, d'une douzaine de nymphes à
taille svelte, dont des vues politiques n'avaient pas, vraisemblable-
ment motivé la réunion ; je ne vous parlerai pas d'un grand nombre
d'officiers de la Garde nationale parisienne qui venaient faire leur
cour au grand général (Dumouriez) ; je ne vous parlerai pas du
maître de la maison, vêtu en histrion; mais je vous parlerai de
quelques masques que j'ai reconnus : c'étaient des messieurs de la
Gironde, c'était Kersaint, c'était Chénier, c'était Lasource, c'était
enfin le galopin libelliste Gorsas. Un spectacle douloureux m'a
frappé : un patriote que j'estime, dont les vues, à la vérité, ne sont
pas profondes, le commandant général de la garde nationale pari-
sienne, faisait les fonctions de laquais ou d'introducteur. Dès l'ins-
tant qu'il m'aperçut, il s'est hâté de m'annoncer, indiscrétion qui
m'a un peu peiné, parce qu'elle a donné le temps à certains masques
de s'éclipser (1). »
Il y avait là Rohan-Chabot et Moreton. Guadet vit Dumouriez chez
Talma, qui recevait Riouffe et les littérateurs La Harpe, Pougens,
Chamfort et Murville.
Marat troubla la fête soudainement. Il était accompagné de Mon-
taut et de Bentabole. Il demanda à Dumouriez des renseignements
sur deux bataillons de volontaires de Paris, inculpés par lui. Quel-
ques paroles furent échangées, après lesquelles Dumouriez tourna
brusquement le dosa Marat.
On voyait, chez Talma, le chimiste Lavoisier, le poète Roucher,
Legouvé, et beaucoup d'autres personnages connus dans le monde
des artistes, des lettrés et de la politique ; somme toute, ce salon
paraissait aristocratique. Plusieurs journaux parlèrent du souper
fameux qui eut lieu chez Talma, lors du séjour de Dumouriez à Paris,
en janvier 1793.
Plus tard, Bonaparte y vit la ci-devant danseuse Julie Talma. Il se
lia intimement avec l'illustre tragédien, et ce fut de ce salon qu'il
dirigea son coup d'État du 18 brumaire.
(1) Séance du Club des Jacobins, du mercredi 17 octobre 1792.
SALONS, RÉUNIONS PRIVÉES, ETC. S63
De fort jolies femmes, — les dames de Sainte-Amaranlhe, — avaient
un salon à Paris, dans l'hôtel bâti par Helvétius. Elles habitèrent
aussi Sucy-en-Brie. Chez elles, le royalisme se mêlait parfois au
républicanisme, parce qu'on y jouait fort. Leurs mœurs étaient équi-
voques. Royalistes ou patriotes, orléanistes ou girondins s'y délec-
taient. On y voyait surtout le comédien Fleury, le chanteur Elleviou,
dans leur salon qui était d'abord un lieu d'intrigues et de plaisirs.
Ces dames laissaient les portraits du roi et de la reine sous les yeuK
des joueurs. Mirabeau vint chez elles, de même que Sieyès, Pétion,
Chapelier, Buzot, Louvet et Vergniaud. Le fils de M. de Sartines
épousa la fille de madame de Sainte-Amaranthe.
Bientôt on y put rencontrer Camille Desmoulins, deux fois. Félix
Lepelletier de Saint-Fargeau fut un des habitués de leurs réceptions,
notamment à Sucy ; mais il se montra plus rarement après l'assas-
sinat de son frère. Plus tard, Proly, Hérault de Séchelles et Danton
y parurent. Le dernier, selon Saint-Just, y fit un « souper conspira-
teur (1). » On a prétendu même que Robespierre alla un soir chez
les dames de Sainte-Amaranthe, y soupa, s'enivra, et laissa échapper
« de redoutables secrets ». La famille de Sainte-Amaranthe fut im-
pUquée dans la conspiration du baron de Batz. Ces dames furent
exécutées pour avoir participé à l'affaire des chemises rouges.
La maison des dames de Sainte-Amaranthe passa pour être un
foyer où l'on méditait le soulèvement des prisons, selon un rapport
d'Élie Lacoste (2).
En 1793 et en 1794, les prisons renfermaient des sortes de clubs.
On prétendit qu'il y avait des « conspirations de prisons », à la fin
de la Terreur. Lorsque Danton et Camille Desmoulins furent arrêtés
et conduits à la prison du Luxembourg, Lucile Desmoulins parvint
à gagner un porte-clefs et à correspondre avec quelques accusés,
rêvant de délivrer son mari. L'accusateur public, au tribunal révo-
lutionnaire, lut devant les prévenus un rapport de police sur cette
conspiration. Huit jours après l'exécution des Dantonistes, les pré-
tendus conspirateurs, parmi lesquels Lucile Desmoulins, la veuve
Hébert, Chaumette, l'évêque constitutionnel Gobel et le porte-clefs
de la prison du Luxembourg, furent guillotinés. Le 24 juin 1794,
Hermann adressa un rapport au Comité de salut public. « Tous les
complices des anciennes conspirations de prisons vivent encore, di-
sait-il ; il faut purger les prisons. »
(i) Rapport de Saint-Just, du 12 germinal an II.
(2) Moniteur universel, numéro du 15 juin 1794.
564 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Les détenus de Sainte-Pélagie instituèrent une espèce de club.
Pour en faire partie, il ne fallait être ni faux témoin, ni fabricant de
faux assignats.
Bientôt les réactionnaires de salons allaient se donner libre car-
rière.
IV
Après le 9 thermidor, les salons politiques se constituèrent en
petites sociétés secrètes, ayant leur mot d'ordre et leur consigne,
composées de Clichyens, de Coblenciers, de jeunes habitués du café
Garchy, lesquels se distinguaient par leurs usages, leur langage et
leur costume.
Le salon de madame de Vaines, femme de l'ancien receveur des
finances, s'ouvrit. La Révolution y était exécrée. On y faisait de dé-
licieux soupers. Madame Hamelin, femme du riche fournisseur aux
armées, réunissait chez elle des financiers et des personnages à la
mode. Les hommes et les femmes parlaient politique dans les petites
collations du soir, ou thés^ qui donnaient occasion de recevoir une
société nombreuse.
A l'hôtel de Stainville, rue de la Chaussée-d'Antin, n° 3, s'ouvri-
rent les salons de madame Tallien.
Madame Tallien, pour l'amour de laquelle son mari avait, disait-on,
risqué la révolution du 9 thermidor, et qui habitait Chaillot, vou-
lait ramener les beaux jours de la mode et de la galanterie. Ses amis
l'appelaient Notre-Dame de Bon-Secours, Notre-Dame de Thermidor ;
ses ennemis l'appelaient Notre-Dame de Septembre, par allusion aux
massacres des prisons en 1792. Elle s'en souciait peu, s'enivrait de
bals, de concerts et de fêtes, ne gardant de l'époque révolutionnaire
que le goût du costume antique : tunique grecque, cothurne, dia-
mants aux doigts des pieds. Elle fréquentait madame de Beauhar-
nais, nombre de femmes charmantes et d'hommes de la dernière
élégance. Quoiqu'elle ne s'occupât guère de politique, on en faisait
chez elle, à cause de son mari. Celui-ci tirait quelque profit du salon
de sa femme, où il intriguait fort. « Nous ne parlerons point des
dîners particuliers de Tallien, non plus que des députés de Cli-
chy, etc. », disait un journaliste (1). Notre-Dame de Thermidor opéra,,
on le sait, une véritable contre-révolution dans les mœurs républi-
caines.
(1) Journal de Paris, 30 juillet 1796.
SALONS, RÉUNIONS PRIVÉES, ETC. 565
Ticher-Sérisy, que Merlin de Thionville appela une « poupée
royaliste », était contre-révolutionnaire. Il travailla aux Actes des
Apôtres, quoique lié avec Camille D^smoulins. Après thermidor, il
publia le journal r Accusateur public. Tallien l'accusa à la tribune
(19 septembre 1793) d'être, avec Ponsin et Poujade-Ladevèze, un
des principaux conspirateurs contre la République. Merlin de Douai
(6 octobre 1795) le signala comme président d'une commission cen-
trale qui s'organisait à la section Lepelletier, rue Vivienne, comme
un chef de révolte.
Des menées de ce genre motivèrent l'insurrection des faubourgs
le 1" prairial ; elles aboutirent à l'insurrection des sections roya-
listes le 13 vendémiaire.
Parlant du 13 vendémiaire, Napoléon Bonaparte a dicté à Las
Cases ces appréciations :
« Une épouvantable réaction affligea la république... Les salons
étaient ouverts, on discourait sans crainte ; le parti de l'étranger, qui
s'étayait du prétexte du rétablissement des Bourbons, acquérait
chaque jour de nouvelles forces. La perte de la république se tramait
ouvertement. »
Dans les salons thermidoriens, lorsque l'arrestation de Cambon fut
ordonnée (1), on chanta ces couplets :
Hélas ! que le monde est méchant,
Dans ce siècle de calomnie!
On nomme et voleur et brigand
Cambon, l'ami de la patrie.
C'est de la France le soutien.
Il est exempt de tout reproche;
Mais parce qu'il veut notre bien,
On dit qu'il le met dans sa poche.
D'homme de sang on a traité
Ce républicain débonnaire.
Cet ami de l'humanité.
De nos trésors dépositaire.
Les faits parlent pour lui; je crois
Qu'il est exempt de tels reproches :
Comment tuerait-il, dites-moi.
Quand il a ses mains dans nos poches? (2)
(1) Cambon fut mis hors la loi après le 9 thermidor, et compris dans la conspi-
ration du 1er prairial. Il bénéficia de l'amnistie du 4 brumaire an IV.
(2) Mémorial, ou Journal historique de la Révolution de France, par P. J. Le-
comte (an IX).
566 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Aucun républicain, s'il ne suivait les maîtres du jour, n'était
épargné par d'anciens collègues, et la réaction, avec le temps, alla,
dans la société officielle ou ric^^e, jusqu'à nier les mérites des hommes
qui avaient le mieux servi la France, de 1789 à 1794.
Sous le Directoire, Carnot recevait dans une mansarde du palais
du Luxembourg. Barras y affichait, au contraire, un grand luxe, et
madame Tallien y trônait, lors des fêtes officielles, en compagnie
des dames de l'ancienne France, de Châteauregnault, de Contades,
de Nanteuil, de Chauvelin, de Noailles, de Beaumont, de Vassy, de
Villette, de Listenay, de Fleurieu, de Vigny, de Grandmaison, de
Puységur et autres. Le plaisir y amenait une sorte d'égalité. Des
nobles s'apprêtaient à fusionner avec les sommités nouvelles ; d'autres
continuaient de bouder, même de conspirer.
De nombreux cercles, opposés aux tendances du pouvoir, s'étaient
formés — chez le marquis d'Antonelle, l'ex-montagnard ; — chez le
duc de Fitz-James, madame de Lameth,la duchesse d'Aiguillon, ma-
dame de Viennai, pour les royalistes. Les salons de Dumas Saint-Ful-
cran et de Mathieu Dumas étaient mixtes ; plusieurs se contentaient
d'exploiter les événements, sans les préparer ni les combattre.
Des royalistes se rassemblaient aussi, sous le Directoire, chez la
marquise d'Esparbès : VaublaHC, Henri Larivière, Imbert-Colomès,
Lemerer, Camille Jordan, Mersan, Pastoret, le marquis de Clermont-
Gallerande, La Harpe, et autres, s'y entretenaient des affaires publi-
ques. Parmi ces habitués du salon de la marquise d'Esparbès, plu-
sieurs furent compromis le 18 fructidor.
Madame Récamier, femme du banquier Jacques-Rose Récamier,
demeurant rue du Mail, n° 19 (1), fut une des reines de la société pa-
risienne sous le Directoire. Elle eut beaucoup de relations sociales
avec madame de Staël. Puis elle demeura au château de Clichy-la-
Garenne (1799). Enfin, dans son hôtel de la rue du Mont-Blanc se
trouvèrent confondus les Boufflers, les Chénier, les Montmorency,
les Sieyès, les Bouille, les Laval, les Talleyrand, les Narbonne, les
(1) Dans la maison qui fut depuis le presbytère de Notre-Dame-des-Victoires.
— Madame Récamier habita aussi rue de la Chausséc-d'Antin, n" 7, dans un
hôtel splendide, consti'uit par Cherpitel, et où elle donna des bals luxueux aux
Incroyables,
SALONS, RÉUNIONS PRIVÉES, ETC. 567
Ségur, etc. Société fort mêlée. Plus tard, elle habita successivement
la rue Basse-du-Rempart, la rue d'Anjou, et la rue de Sèvres, à
l'Abbaye-aux-Bois.
La politique ne tint pas, d'abord, une grande place dans le salon
de madame Récamier, si célèbre par sa beauté et son esprit; mais,
peu à peu, elle s'y montra, à cause des rapports que la maîtresse de
la maison entretenait avec des hommes qui traversèrent les régimes
du Consulat, de l'Empire et de la Restauration. Chez madame Réca-
mier, des libres-penseurs étaient reçus; on y fit de l'opposition à
Bonaparte. Madame Récamier quêta à Saint-Roch, en 1800, le jour
de Pâques.
Au contraire, dans les salons de Talleyrand, de Fouché, de Sieyès,
de Joseph et de Lucien Bonaparte, on conspira pour préparer le
18 brumaire. Sieyès demeurait dans la rue du Rocher; Fouché avait
son hôtel dans la rue Verte.
Enfin, rue Chantereine (ou de la Victoire), chez Bonaparte, général
de l'armée d'Italie, se forma, vers la fin du Directoire, un salon pure-
ment littéraire et scientifique en apparence.
Mais « dès les premiers jours de brumaire, de fréquents concilia-
bules eurent lieu entre le général Bonaparte et d'autres personnages
marquants, soit du gouvernement, soit de l'armée; une correspon-
dance secrète et active, dont j'étais souvent l'intermédiaire, me fit
soupçonner qu'il se préparait un grand événement (1). »
Brumaire avait réussi, première étape de la fortune politique pour
Bonaparte. A plus forte raison, après ce succès, les réunions du pre-
mier consul, soit à la Malmaison, soit à Saint-Cloud, soit au château
des Tuileries, furent importantes. Elles se tenaient en grande pompe
le mercredi et le vendredi. Il s'y faisait nombre de présentations
d'hommes politiques, et il semblait que la solennelle existence mo-
narchique eût déjà reparu. Ce n'étaient que domestiques à livrée,
huissiers à chaîne d'or, valets de chambre, officiers et soldats en
tenue de gala. Toutefois, l'ancienne noblesse ne s'y montra pas
encore.
Sous le Consulat, les salons de Cambacérès et de Lebrun, qui
avaient de grandes réceptions les mardis et samedis, attirèrent fran-
çais et étrangers.
Les ambassadeurs près du premier consul reçurent beaucoup aussi,
principalement ceux d'Angleterre, d'Espagne, de Russie, d'Autriche,
(1) Mémoires du Prince Eugène, t. I, p. 76 et 77, publiés par A. Ducasse, in-S", -
Paris, 1858.
568 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
de Prusse, de Turquie, des Deux-Siciles et des États-Unis. Dès que
tel ou tel pays n'était pas en guerre avec la France, les étrangers
abondaient dans les salons de Bonaparte.
VI
Certaines réunions, qui dataient d'avant la Révolution, ou qui
avaient pris naissance au début de ce mouvement immense, s'étaient
transformées plusieurs fois, ainsi que nous l'avons dit.
Rappelons en quelques mots celles de madame de Staël (1) et de
La Harpe, qui se mirent en hostilité avec l'homme du 18 brumaire, et
qui, la première surtout, eurent l'honneur de l'irriter, comme l'avait
irrité le Club de Clichy, quand il gagnait ses batailles d'Italie.
Sous la Révolution, le salon de madame de Staël fut très influent.
On y rencontrait Barnave, Talleyrand, Lan;ieth, Duport, Boissy-
d'Anglas, Portails, Siméon, Tronçon du Coudray, Pontécoulant,
Thibaudeau, Ghénier, Rœderer, Benjamin Constant. Ils discutaient
les décrets, ils décidaient des nominations importantes. Le jacobin
Deperret voyait dans la fille de Necker la plus « intrigante de toutes
les femmes. » Son mari était fort aimé de Marie-Antoinette; mais les
négligences de toilette de la baronne la rendaient ridicule à la Cour.
On parlait des décadis de madame de Staël, qui joua en 1791, parmi
les Feuillants, le même rôle ou à peu près que madame Roland
parmi les Girondins. Elle fit de Narbonne un ministre de la guerre,
et, après le 10 août, elle l'aida à avoir un passeport pour aller en
Angleterre.
Madame de Staël, feuillante, devint royaliste à la chute de Nar-
bonne, renversé par les Girondins. Elle rédigea un plan d'évasion
pour la famille royale et l'adressa à Montmorin. On disait que Nar-
bonne était son amant. Elle représentait alors le parti anglais semi-
aristocrate, voulant les deux chambres. Au demeurant, ses opinions
politiques étaient vacillantes, et elle n'alla pas plus loin que le libé-
ralisme.
Peu avant thermidor, Mathieu Dumas dinait chez madame de Staël :
« Eh bien ! lui dit-elle, lorsqu'il parut au milieu du cercle où se trou-
vaient des orateurs des deux partis, vous avez fait aujourd'hui beau-
coup de poussière! — Pas beaucoup, répondit-il, mais encore cela
vaut-il mieux que de faire de la boue ». C'était une allusion à un dis-
(l) Madame de Staël est morte rue Royale, n" 6.
SALONS, RÉUNIONS PRIVÉES, ETC. 569
cours de Mathieu Dumas sur la nécessité de rétablir la Garde natio-
nale (1).
Elle écrivit un plaidoyer pour la défense de Marie-Antoinette, et
son salon ne convenait ni aux Montagnards, ni aux simples républi-
cains, parce qu'elle n'était pas républicaine elle-même, parce qu'elle
se rallia, plus tard, seulement à la cause de la République régulière.
Legendre, à la Convention, donnait à entendre que madame de
Staël était « la plus grande protectrice des émigrés. » ... « Il n'est
pas un membre de cette assemblée qui n'ait reçu des invitations
fréquentes d'aller chez cette femme dont je me méfie; j'en ai reçu
moi-même, ainsi que mon collègue Dumont et plusieurs autres. »
Marchenna, qui fréquentait ce salon, rédigeait rAmi des lois^
journal réactionnaire. Il demandait, dans des affiches, le rappel des
émigrés. On le reconduisit, de brigade en brigade, jusqu'à la fron-
tière espagnole.
Chez madame de Staël, nombre d'invités préparèrent le 18 fruc-
tidor; cependant, il ne paraît pas qu'ils y conspirassent ouvertement.
D'ailleurs, madame de Staël se défendit d'avoir pris part à la journée
du 18 fructidor. Son salon seul fut coupable. Devaines, parlant d'elle,
dit :
« C'est une excellente femme, qui noierait tous ses amis, pour
avoir le plaisir de les péchera la ligne (2). »
« Le Directoire, imprima le Journal de Paris^ a franchement et
simplement déclaré, dans une proclamation affichée hier, que la
conspiration du 18 fructidor est l'ouvrage des anarchistes. Le rapport
du ministre de la police le constate complètement (I^j. »
Malgré les protestations de madame de Staël, malgré la proclama-
tion directoriale, la journée du 18 fructidor passa pour avoir été en
partie l'œuvre des opposants qui fréquentaient le salon de la fille de
Necker.
Dans tous les cas, si madame de Staël ne pactisa pas avec les roya-
listes, elle ne s'accorda pas non plus avec les fauteurs du 18 bru-
maire, tels que Sieyès et Talleyrand. Celui-ci, en 1796, avait été,
grâce à elle, rayé de la liste des émigrés et poussé au ministère des
relations extérieures. Ni l'un ni l'autre ne lui gardèrent de la recon-
naissance, même de la sympathie, quand leurs ambitions furent de
plus en plus excitées.
(1) Souvenirs, t. III, p. 109 et 110.
(2) Sophie Gay, Salons célèbres, p. 7. Paris, 1864.
(3) Journal de Paris, numéro du 1" septembre 1796 (15 fructidor an V).
570 LES CLUBS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES
Son salon représentait^ alors, à quelques nuances près, l'espril du
cercle constitutionnel de l'hôtel de Salm (1). Parras, le seul des
membres du Directoire qui y fût admis, subissait encore un peu l'in-
fluence de la baronne, quoiqu'il eût secondé Bonaparte en vendé-
miaire, quoiqu'il prêtât l'oreille à des propositions faites par l'étranger
et le parti royaliste. L'hôtel de madame de Staël était, somme toute,
le rendez-vous des gens libéraux qui redoutaient le retour d'un gou-
vernement autoritaire, à plus forte raison d'un gouvernement mili-
taire. Benjamin Constant défendait leur opinion.
C'était une petite coterie, qui eut une assez grande influence,
lors du 18 fructidor, et qui persista, accentua son opposition sous le
Consulat, quand Bonaparte ne soufl'rait plus d'obstacles. Madame
de Staël put faire cesser la proscription de son père en thermidor
an VI.
Le domicile de madame de Staël était alors rue de Lille, n° 540.
Elle reçut principalement, non seulement Benjamin Constant,
mais Garât, Andrieux, Daunou, Rœderer, Sauvo, Talma, Gérard,
Lucien et Joseph Bonaparte. Société fort mêlée, on le voit, à la fois
politique, artistique et littéraire.
Après le 18 brumaire, elle crut qu'il lui serait permis de critiquer
à huis clos les actes du nouveau gouvernement. Dans son salon, on
appela idéophobe le premier consul. Bonaparte prétendit que l'on
avait commencé le procès de Louis XVI chez Necker; que madame de
Staël avait intrigaillé occultement après le 9 thermidor, et figuré en
sous-ordre dans les orgies du Directoire (2). On menaça ses amis, on
mit son salon en interdit. Vainement Lucien et Joseph Bonaparte
essayèrent d'intervenir : leur frère leur reprocha d'avoir de l'engoue-
ment pour une virago (3).
Le salon de madame de Staël tua le Tribunat. En effet, un décret
ayant ôté la parole aux membres du Tribunat, Benjamin Constant
releva spirituellement et solidement la pensée qui faisait de ce corps
de l'État une simple commission aux ordres du gouvernement. Pour
se venger, Bonaparte, par l'intermédiaire de Fouché, ordonna à ma-
dame de Staël de quitter Paris; il la soupçonnait d'avoir inspiré le
discours d'opposition à Benjamin Constant. Les membres du Tri-
bunal avaient continué à se réunir chez elle. « Ce n'est point un
salon, disait Bonaparte, c'est un club. »
(1) Voir plus haut, Cluh de Salin, p. 507.
(2) Lucien Bonaparte, Mémoires, t. II, p. 245.
(3) Lucien Bonaparte, Mémoires, t. II, p. 237.
SALONS, RÉUNIONS PRIVÉES, ETC. 571
C'est vrai que les membres de la minorité du Tribunat se répan-
daient, chez madame de Staël, en bons mots et en épigrammes, et
que dans son salon on voyait, entre autres émigrés de retour, Ma-
thieu de Montmorency, le duc Adrien de Laval, le comte Louis de
Narbonne, le chevalier de Boufflers et le comte de Sabran.
Madame de Staël, d'abord retirée à Saint-Brice, près d'Écouen,
chez madame Récamier, ne tarda pas à se rendre à Weimar, où elle
fit la connaissance de Gœthe, de Wieland et de Schiller. Bonaparte
ne pouvait supporter cette « pie séditieuse ». Devenu empereur, il
eut encore plus de haine, si c'était possible, contre madame de
Staël. Le 31 décembre 180G, il écrivait à Fouché, ministre de la police
générale : « Ne laissez pas approcher de Paris cette coquine de ma-
dame de Staël. Je sais qu'elle n'en est pas éloignée (1). » On a re-
marqué que, en 1814, le duc de Wellington parut un instant dans
son salon.
D'autres femmes éprouvèrent les rigueurs du premier consul, à
cause des menées sourdes qu'elles entretenaient contré lui.
En 1802, madame de Champcenetz et madame de Damas furent
exilées, celle-ci hors du territoire français, celle-là en Batavie. Dans
le salon de la princesse de Vaudemont, née Montmorency, on rece-
vait des gens de tous les partis, outre Fouché, Talleyrand et La
Valette; on y voyait des royalistes intransigeants, aspirant à renverser
Bonaparte, ou du moins à fronder ses actes.
Sous le Consulat, les salons de La Harpe (2) faisaient la guerre à
Bonaparte, qui l'accusait de « nourrir et entretenir chez lui le caque-
tage de quelques coteries (3). » La violence de ses déclamations
contre la Révolution l'avait fait proscrire au 13 vendémiaire et au
18 fructidor.
Or, le nouveau maître ne voulait ni « bavards », ni « brouillons »,
ni « idéologues ». Encore moins tolérait-il les royalistes non ralliés.
Aux premiers jours du Consulat, circulaient à Paris plus de
0,000 émigrés... « Il existe bien un comité royal dirigé, dit-on, par
l'abbé de Montesquiou, mais il est comme invisible (4). »
L'abbé de Montesquiou avait été jugé par Mirabeau de la manière
suivante : « Méfiez-vous de lui, ce petit serpent vous séduira! » Sous
(1) Lettre publiée par la Nouvelle Revue, et communiquée par M. de Brotonne
(février 1894).
(2; La Harpe demeurait rue Montmartre en 1777. Delille le surnomma «le chien
hargneux ».
(■'{) Mémoires inédits du comte de Montalembert,
(4) Correspondance, t. VII, p. 398,
572 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
la Restauration, il fut membre du gouvernement provisoire, minisire
de l'intérieur, pair de France, membre de l'Académie française. Il
mourut en 1832.
VII
Avant d'indiquer les réunions qui eurent lieu dans quelques éta-
blissements institués avant la Révolution, dans les cafés, dans les
restaurants et dans les librairies, ajoutons quelques détails sur des
conciliabules intermittents que la presse patriote ou la police signa-
lèrent de temps à autre.
Dans le jardin du Palais-Royal, dans les bâtiments qui entou-
raient ce jardin, dans le quartier aussi, on agitait publiquement les
questions politiques, avec ou sans fermentation. Tous les papiers à
nouvelles s'y vendaient, y étaient commentés, non seulement par
des patriotes, mais encore par des royalistes.
Un placard-affiche. Dénonciation des groupes du Palais-Royal et
des Tuileries, portait, entre autres choses :
«... Gardes nationaux!... Demandez, avec instance, la dissolution
de tous les clubs. Jacobins, Feuillans, Monarchiens, Royalistes
même... (1). »
La Société dite du Ai/ais-^oya/ s'assemblait chez M. de Sainte-Foy,
au n" 56 des arcades; elle comprenait parmi ses membres : Talley-
rand, Dumouriez, Montmorin, Rayneval et le duc de Biron.
Le pavillon d'Hanovre et l'hôtel de Richelieu étaient regardés
comme des rendez-vous d'aristocrates.
Un pamphlétaire publia :
« Le Pavillon d'Hanovre et l'hôtel de Richelieu, ou le Quartier
général des monstres et des bourreaux de la France, découvert nou-
vellement, et publié par un bon citoyen, ennemi de tous les mé-
chants, pour servir de complément au Crime dévoilé, à la Conspira-
tion découverte, aux Forfaits du maréchal de Broglie, ministre de
trente-six heures, à tout ce qui a paru contre le prince de Lambesc,
les barons de Breteuil, de Besenval, etc. (2). »
Cette brochure parut en 1789.
Le Patriote français annonça, en 1791 :
« On assure que la Cour compte beaucoup sur le comité qui s'est
(1) Bib. Nat., pièce, Lb 39/5947.
(2) Bib. Nat. [s. l n. d., in-S» de 13 p.), Lb 39/1989.
SALONS, RÉUNIONS PRIVÉES, ETC. 573
formé à l'hôtel de Richelieu, des débris des hréprochables comités de
constitution et de révision, et d'une trentaine de membres de la
nouvelle assemblée (Législative), entachés de ministérialïsme... (1). »
D'autre part, le journal de Fréron imprima :
« Tous les soirs, entre neuf et dix heures, il se rassemble une très
grande quantité de ci-devant marquis , comtes et barons, rue de
Richelieu, n° 86^, la seconde porte cochère à gauche, en entrant par
le boulevard.
« Quelques mauvais sujets de l'Assemblée nationale, du côté droit,
s'y rendent à dix heures.
« Ceux dont on est convaincu de Taristocralie, on leur donne une
carte, sur laquelle il est écrit : Club bntannique.
« Quelquefois l'on y tient tripot... (2). »
La même feuille contenait ces lignes :
« Assemblées du club monarchique à l'hôtel de Richelieu, annoncées
par placards et affiches.
« Voilà donc enfin le club monarchique qui s'annonce par des pla-
cards affichés sur tous les murs de la capitale ! C'est une tournure
indirect {sic) et hardie pour encourager les mécontens à venir se
rallier en grand nombre sous la bannière royale. L'obstination des
membres de ce club à reprendre leurs séances, et à braver l'opinion
publique, prouve qu'ils méditent quelques scènes d'éclat, et qu'ils
se croyent en forces; sous peu de jours, ils mettent la main à
l'œuvre (3). »
On se méfiait des réunions privées, comme d'officines, plus ou
moins importantes, d'intrigues et de conspirations. La publicité sem-
blait nécessaire aux clubs, si peu vivaces qu'ils fussent pour la sécu-
rité des citoyens.
Partout, dans Paris, les réunions n'admettant pas le public, avaient
le renom de complots. Il y avait du vrai dans cette appréciation.
Une brochure fut intitulée :
« Grande dénonciation d'un nouveau club de conspirateurs^ rue
Jacob (4). »
(1) Patriote français, n° 820, du 8 novembre 1791 .
(2) Orateur du Peuple, t. IV, n» XLV.
(3) Orateur du Peuple, n« XXXIII. — Voir Club des Amis de la Constitution
monarchique.
(4) Bib. Nat., pièce, n" 4714 et 4715.
574 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Une autre annonça :
« Le complot manque des aristocrates réunis, sous le prétexte d'un
concert, à l'hôtel d'Esclignac, pour enlever le roi dans la nuit du
18 avril (1791) (1). »
Il n'y avait pas eu de concert. On avait trouvé quelques instru-
ments de musique seulement... Les gens présents portaient tous une
cocarde blanche. Les femmes étaient vêtues en amazones.
Le 29 juillet 1791, le sieur Petit, corroyeur, rue Guénégaud, fit
une déclaration au sujet de la rédaction, par le sieur Baudy, son lo-
cataire, d'une feuille intitulée : Gazette des cours de l'Europe^ le
Royaliste, ami de l'humanité^ et des allées et venues clandestines de
prêtres chez cet individu.
La Gazette des cours de V Europe parut de septembre 1791 à
août 1792 (2).
Les Annales patinotiques publièrent cette nouvelle :
« Hier, les citoyens rassemblés au Palais-Royal ont demandé que
le pavillon où se rassemblaient les aristocrates fût renversé, ou que
du moins il fût purifié par le signe de la révolution et de la liberté,
et que le pavillon aux trois couleurs fût planté sur le dôme : ac-
cordé {2). »
L'année suivante, Carra annonça à ses lecteurs :
« Du 20 avril 1 792. — Nous sommes informés, et très bien in-
formés, que ce matin, entre sept et huit heures, il y a eu dans une
maison du faubourg Saint-Marceau un conventicule d'aristocrates
déguisés sous l'habit national. Dans ce conventicule on a juré la
mort et passion de tous les sans-culottes de Paris, et on y a dit en
propres termes : « 11 faut aller aux jacobins., non pas avec des canons
et des fusils, mais avec nos sabres, et tailler en pièces, jusqu'au der-
nier, tous ces f... g... (4). »
Aux Halles, les poissardes étaient en grande partie royalistes.
Elles aimaient le bon roi et la bonne reine. Le 25 août 1793, elles
insultèrent les couleurs nationales. Elles envoyèrent à Marie-Antoi-
nette, prisonnière au Temple, les plus beaux de leurs fruits, et, dans
leurs petits conciliabules, elles organisaient la propagande en
faveur de la famille royale.
(1) Bib. Nat., pièce, Lb 39, n» 4825. Brochure de 8- pages.
(2) Alexandre Tuetey, Répertoire des sources manuscrites, etc.; t. II, n° 2878.
(3) Annales patriotiques de Carra, n» 686, du 19 août 1791.
(4) Annales patriotiques de Carra, du 21 avril 1792.
SALONS, RÉUNIONS PRIVÉES, ETC. 575
Julie Bêcheur, marchande de fleurs aux Halles, surnommée Rose
de Mai et Reine de Hongrie, avait une grande admiration pour Marie-
Antoinette, et elle manifesta son enthousiasme (1).
Précédemment, elles avaient fait preuve de patriotisme et de charité,
quêtaient entre elles pour les pauvres. Les poissardes se ressentirent
des opinions émises, plus tard, par la section de la Halle aux blés,
qui réclama la répression des terroristes.
Autant de halles, autant de petites réunions ou clubs, variables
dans leurs buts, où la contre-révolution se glissait parfois sous des
façons patriotiques, et dont la police ne pouvait guère atteindre les
membres hypocrites.
A l'étranger, on ne se gênait pas pour entretenir des correspon-
dances avec les monarchistes de l'intérieur.
Le marquis de Fournès « s'était fait comme le recruteur de Co-
blentz, où il faisait de fréquents voyages. » Il engageait les députés
de la droite qui se réunissaient chez M. de la Tour du Pin à se dis-
soudre et à émigrer » (septembre 1790) (2).
En 1791, nombre d'officiers français émigrés se réfugièrent à
Bruxelles. Ils endossaient de temps en temps leur uniforme et arbo-
raient publiquement la cocarde blanche. Quelques-uns formèrent un
club.
Beaucoup de faux-frères, à Paris, se glissaient dans les réunions
patriotiques en apparence. Nous lisons, dans une feuille plus que
modérée de la Révolution :
« COMMUNE DE PARIS.
« Le Club des hommes du 10 août fut accusé, en brumaire an II,
d'être composé en partie d'hommes entachés d'aristocratie et même
d'hommes reconnus très suspects... »
« Un membre fait l'éloge du patriotisme des citoyens qui compo-
sent ce Club; mais il observe que dans ce moment certains individus,
dont la conduite n'est pas des plus pures, se font recevoir dans des
Sociétés populaires pour être réputés patriotes (3). »
« Dans plusieurs hôtels de Paris, ceux des aristocrates qui n'ont pu
s'échapper depuis l'affaire du 10 (août 1792), tuent leur temps auprès
d'une petite guillotine en acajou qu'on apporte sur la table au des-
(1) Elle fut exécutée plus tard.
(2) Papiers d'un émigré, le baron de Guilhermy, Paris, 1886, p. 34.
(3) Journal de Paris, numéro du 25 brumaire an IL
576 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
sert. On y fait passer successivement plusieurs poupées dont la tête,
faite à la ressemblance de nos meilleurs ma^strats, en tombant
laisse sortir du corps, qui est un flacon, une liqueur rouge comme
du sang. Tous les assistants, les femmes surtout, se hâtent de tremper
leurs mouchoirs dans ce sang, qui se trouve être une eau ambrée
très agréable (1). »
Les royalistes entretenaient ainsi la haine des citoyens contre les
républicains.
Dumouriez, bientôt, fut démasqué dans ses agissements, en même
temps que le général Biron.
« Nouvelles. — Depuis dix jours, le grand général Dumourier (sic)
a quitté son armée pour venir intriguer à Paris. Il y a huit jours qu'il
tient des conciliabules secrets chez sa nymphe, n» 23, rue Neuve-
Saint-Marc ; chez celle de Barot, rue Bayette, maison du vitrier, au
fond de la cour, et chez celle de Rouret, n° 8, rue d'Orléans-l'Égalité.
Le général Biron et tous les membres de la faction y assistent régu-
lièrement depuis huit heures du soir jusqu'à deux heures de la nuit.
Le but de ces conciliabules est de machiner réellement contre Pache
et de feindre de renvoyer Roland. On prétend qu'il y fut aussi ques-
tion de gagner les nationaux des départemens pour faire arracher le
tyran au supplice (2) . »
En 1793, « ceux qui avaient signé des pétitions contre-révolution-
naires, ou fréquenté des clubs et sociétés anti-civiques, » furent con-
sidérés comme suspects.
Des rapports de police signalaient les faits suivants à l'attention
des gouvernants :
En mai 1793, les prêtres réfractaires continuaient leurs assemblées
aux Missions Étrangères, rue du Bac. On n'y entrait que par billets
deux ou trois fois la semaine (3).
Le séminaire des Missions-Étrangères avait été supprimé en 1792.
Autre rapport :
« Il existe à Yvry {sic] des ci-devant qui méritent d'être surveillés,
entre autres le ci-devant seigneur et une ci-devant marquise (4). »
Dans le Petit-Château d'Ivry-sur-Seine est morte la duchesse
d'Orléans, mère de Louis-Philippe I".
(1) Révolutions de Paris, numéro du 8 septembre 1792.
(2) Journal de la République française, n" XCXVI, janvier 1793.
(3) Rapport de la police, du 24 au 25 mai 1793.
(4) Rapport de la police, du 8 septembre an II.
SALONS, RÉUNIONS PRIVÉES, ETC. 577
Autre rapport :
« Il existe un rassemblement de gens suspects des deux sexes au
Palais-Égalité, dans ce local qu'occupait le club de 1789 ou de l'abbé
Syes (Sieyès) ; l'ordonnateur de ce club est un nommé la Grive, de
Lyon, très suspect par ses propos. Des Lyonnais de la même trempe
s'y rendent assidûment (1). ».
Qui peut dire où s'arrêtait le rôle inoflfensif des gens qui s'opposaient
à la Révolution? Ils avaient la prétention de n'être pas dangereux,
d'agir avec modération, et, soupçonnés de comploter depuis la prise
de la Bastille, ils n'imaginaient pas qu'on pût ne pas les laisser libres,
en surveillant les révolutionnaires.
Les clubs et les réunions populaires furent, à diverses époques,
l'objet des attaques des réactionnaires, qui s'indignaient des violences
commises par les patriotes au Palais-Royal, ou par les clubs des
Jacobins et des Gordeliers.
Le 28 février 1791, le marquis Foucault de Lardimadie, député de
la noblesse du Périgord, demanda la suppression des sociétés popu-
laires. On passa à l'ordre du jour. « Puisqu'on passe à l'ordre du
jour, dit le chevalier de Murinais, député de la noblesse du Dauphiné,
n'espérons pas avoir la tranquillité dans le royaume tant que vous
aurez le Club des Jacobins (2). »
Quelques mois auparavant, il fut fondé un Club ou Société des
Neuf-Sœurs, dont les membres promettaient, en entrant, de s'inter-
dire toute opinion sur la conduite des ministres et autres agents du
pouvoir exécutif, sur le Commandant, sur l'état-major de la Garde
nationale, en un mot sur tous les gens en place (3). Ses membres,
dispersés, fondèrent, en l'an III, à l'Oratoire du Louvre, la Société
libre des sciences, lettres et arts de Paris.
Il exista un club joyeux de Midi à quatorze heures, où se rassem-
blaient, entre autres membres, Laujon, Philipon de la Madeleine,
Vial père et Gailly. Plusieurs ennemis de la Révolution s'y glissaient.
En 1791, cédant à la mode du jour, Beffroy de Reigny s'avisa de
faire représenter au Théâtre de Monsieur (salle Feydeau) une petite
pièce en deux actes et en vers. C'était un ouvrage fort modéré, dans
(1) Rapport de la police, du 19 septembre an II.
(2) Journal logographique, par Le Hodey, t. XXII, p. 124. — Foucault émigra,
servit dans l'armée de Condé, rentra en France en 1802.
(3) Révolutions de Paris, n° 73, du 27 novembre au 4 décembre 1790. Eti note.
37
578 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
lequel l'auteur rêvait une révolution sans la moindre violence, même
une réconciliation générale. Jouée le 24 septembre, à la fin de ce mois
la pièce causa plusieurs fois du tumulte parmi le public. Elle disparut
de Taffiche après la septième représentation. Beffroy de Reigny, le
Cousin Jacques, s'était exposé à paraître contre-révolutionnaire aux
yeux des avancés.
D'une part, dans un but de propagande républicaine, les réunions
exaltaient les esprits; d'autre part, quand le gouvernement devint
réactionnaire en fait, elles l'effrayèrent. Un temps vint où le pouvoir
ne toléra pas plus celles qui étaient dans le sens des idées révolu-
tionnaires que celles qui combattaient la République. La réaction
marchait à grands pas.
Le Directoire ferma (mars 1795) les réunions politiques du Salon
dit des Princes^ à Paris; la Réunion de la maison Sérilly ; la Société
dite des Echecs (1). au Palais-Egalité; la Société du Panthéon; la
Réunion dite des Patriotes, rue Taranne.
Le 5 brumaire an III, les présidents du Club électoral ou de l'Évêché
furent arrêtés.
Nous savons ce qui arriva pour les grands clubs, si célèbres, de
J789àl800.
(l) Le Club des Échecs était tout à fait royaliste.
SOCIÉTÉS, CLUES ET CERCLES DIVERS
La. plupai^t non politiques avant 1789
Nous avons dit que, en dehors des clubs politiques, il avait été
formé beaucoup de réunions, ostensibles ou latentes, par les contre-
révolutionnaires (1).
Ces réunions continuaient le mouvement des esprits que l'histoire
constate à dater du milieu du dix-huitième siècle. Les unes étaient
des lieux de conversation ou de plaisir, les autres des foyers de polé-
mique touchant aux réformes économiques, à la science, à la littéra-
ture et aux arts.
Le plus grand nombre était au Palais-Royal, oîi, depuis 1780^, des
constructions avaient été élevées, des rues avaient été ouvertes sur
une partie des jardins, où s'étaient groupés des établissements de
plaisir qui en faisaient une foire perpétuelle.
Le goût des réunions non politiques et plus ou moins publiques
s'était donc développé avant 1789. Le mouvement des esprits s'ac-
centua sous Louis XVI, et porta les Français, les Parisiens surtout, à
s'occuper des affaires du temps. Peu à peu la politique s'insinua
dans telle ou telle réunion qui l'avait d'abord exclue, et qui donnait
à lire les papiers publics; dans quelques autres, où le jeu, la lecture
la consommation, les distractions de toutes sortes devinrent de
simples prétextes pour attaquer ou défendre le gouvernement, pour
se livrer à des discussions qui avaient un certain retentissement dans
les masses.
Citons les plus connues parmi ces réunions.
(1) Voii' notre Introduction, p. 26.
580 LES CLUBS GONTRE-RÉVOLUTlOxNN AIRES
*
* *
LA SOCIÉTÉ DU CAVEAU
Fondée par Piron, Collé, Panard, etc. « Le Caveau, écrivait Grimm,
est le nom que l'on donne à un café fort à la mode, placé dans un
petit souterrain arrangé avec goût, dans le jardin du Palais-Royal.
Il est tenu par un nommé Dubuisson. Les agréables oisifs, les habi-
tués de l'Opéra, et surtout les amateurs de bonnes glaces, dont il s'y
fait un débit prodigieux, s'y rendent à différentes heures du jour.
Quelques gens de lettres y font une digestion plus ou moins labo-
rieuse. C'est un tribunal duquel on peut appeler à celui du bon
sens, mais dont les décisions font toujours une impression momen-
tanée. »
Ses arrêts y étaient souvent rendus en chansons et portaient sur les
productions des membres mêmes de la Société (1). Il faut croire que
le Caveau éfait bien achalandé, car le fonds fut vendu 90,000 livres
en 1786.
La Société gastronomico-littéraire ainsi nommée eut quatre pé-
riodes. La première se réunit au carrefour Bucy, chez Landelle,
recruta successivement Fuzelier, Saurin, Salle, Duclos, Labruère,
Gentil-Bernard, Collé, Crébillon fils, Moncrif, Helvétius, Lanoue,
plusieurs autres hommes de lettres, avec le peintre Boucher et le
compositeur Rameau. Elle dura de 1729 à 1739. La deuxième compta
parmi ses membres, outre Crébillon fils, Lanoue, Helvétius, Collé et
Gentil-Bernard, d'autres littérateurs de renom, tels que Marmontel,
Boissy, Suard (2) et Laujon. Dès 1739, elle se réunit chez le fermier-
général Pelletier. La troisième, formée pendant la Révolution, au
Café du Caveau, Palais-Royal, n» 90, a fondé en 1796 les Dîners du
Vaudeville, et cessa d'exister le 2 nivôse an X. On y lisait à haute voix
des libelles. La quatrième, enfin, qui vécut de 1806 à 1817, s'était
établie a,u Rocher de Cancale, rue Montorgueil; elle eut pour suc-
cursale, fondée en 1813, les Soupers de Momus, qui, fermés en 1828,
publièrent 13 volumes in-18.
(1) Voir Cafés, Restaurants.
(2) Suard, censeur royal, censura les théâtres jusqu'en 1790. On connaît ses
opinions contre-révolutionnaires.
SOCIÉTÉS, CLUBS ET CERCLES DIVERS 581
*
* *
LA SOCIÉTÉ DES LANTURELUS
Fondée en 1771 par le marquis de Croix-Mare, à l'époque de la
lutte du chancelier Maupeou et du Parlement. On y cherchait, par
des poésies légères, par des cérémonies burlesques, à distraire l'opi-
nion publique. Madame de la Ferté-Imbault en fut d'abord grande-
maitresse, puis reine. Cette Société n'a laissé pour traces que quelques
pièces fugitives, disséminées dans plusieurs recueils du temps.
*
* *
LA SOCIÉTÉ DU SALON
Formée en 1782, elle se tint d'abord rue des Fossés-Montmartre
(aujourd'hui rue d'Aboukir) ; puis elle se transporta dans un bâ-
timent adossé au Théâtre-Italien, sur la place de ce nom. On y
comptait « des personnes choisies et de mérite », en nombre non
limité. La contribution annuelle était de 120 livres. Le Salon était
ouvert tous les jours de neuf heures du matin jusqu'à onze heures
du soir. Le règlement permettait les jeux de société, interdisait les
jeux de hasard. Il s'y trouvait les papiers publics, les cartes géogra-
phiques, les livres nouveaux, etc.
*
* *
LE CLUB POLITIQUE
Ce club, établi par un sieur Boyer, en 1782, est le premier qui,
pour la question politique, porta le nom de club. Il fut presque im-
médiatement fermé par le lieutenant de police.
*
LE CLUB OU SALON DES ARTS
Établi en novembre 1784, dans les bâtiments neufs du Palais-
Royal, au-dessus du Café du Caveau. Entrée par la rue de Beaujo-
lais, en face de la descente de la rue Vivienne. Nombre non limité.
Gens de lettres, artistes, amateurs. Salon de conversation, salon de
582 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
lecture, galerie d'exposition, salon de musique, cabinets pour les
personnes qui veulent faire des extraits des ouvrages nouveaux.
Papiers-nouvelles, livres et cartes géographiques pour l'intelligence
des ouvrages politiques « dont cette Société se propose d'augmenter
la collection, selon que les circonstances l'exigeront. » Jeux inter-
dils, excepté ceux des échecs et des dames.
Admission des membres par le scrutin (1), à l'unanimité.
Le Club ou Salon des Arts fut fréquenté par un grand nombre de
gens qui se préoccupaient des affaires politiques, d'abord en curieux
seulement, puis d'une façon militante.
«
« *
ASSEMBLÉE MILITAIRE
Tout près du Salon des Arts, ayant aussi une entrée par la rue de
Beaujolais, se trouvait VAssemblée militaire d'officiers « de première
distinction et titrés ». Elle était située presque en face de la descente
de la rue Vivienne. Les salles d'assemblée donnaient sur le jardin
du Palais-Royal. Adoption par l'unanimité des membres. Pas de jeu.
*
* *
SOCIÉTÉ OLYMPIQUE
Établie au Palais-Royal, n° 65. Personnes recommandablcs par
leur mérite. Nombre non limité. Fréquenté par des gens affiliés à
quelque loge de francs-maçons. Concerts, rivalisant un peu avec le
fameux Concert des amateurs^ situé à l'extrémité gauche des galeries.
Cette Société fut fermée par ordonnance de police.
Une visite y fut faite, par une députation de la garde nationale de
Versailles, le 9 novembre 1789, chez le chevalier Grange, auteur d'un
mémoire justificatif sur la conduite des gardes du corps, ayant pour
titre : Précis historique de la conduite des gardes du corps.
*
♦ *
SALON DES ÉCHECS
Au Palais-Royal, au-dessus du Café de Foy (2). Composé de sei-
(1) Thiéry, Guide des amateurs et des étrangers à Paris, 1. 1, p. 283, in-12, Paris,
1787. Livre curieux, et dont nous avons extrait plusieurs documents pour cette
partie de notre travail.
(2) "Voir Café de Foy, p. 591. .
SOCIÉTÉS, CLUBS ET CERCLES DIVERS 583
gneurs de la Cour et de la Ville. Le jeu d'échecs seul était permis.
Nomination par l'unanimité des membres. Sous la Révolution, on y
joua à outrance, ainsi qu'au Club des Arcades et au Club de Valois (1).
Le Salon des Echecs devint, sous le Directoire, un cercle royaliste.
Un arrêté directorial le ferma dans les vingt-quatre heures, autant
pour la question politique que pour le jeu effréné qu'on y jouait.
*
* *
CLUB OU SOCIÉTÉ DES COLONS (2)
Au Palais-Royal, n° 171, dans des bâtiments neufs, au-dessus du
Café de Valois. Ce club fut formé par les Américains. Pour y être
admis, il fallait prouver que l'on possédait une habitation aux Iles.
Au second étage, il y avait une loge de francs-maçons.
*
* *
CLUB DES ÉTRANGERS
Il tenait ses séances au Wauxhall ou Panthéon d'hiver (3), rue de
Chartres. On le supprima en 1787 (4). Le club reparut en 1791; il
alla s'établir au n° 19 de la rue du Mail.* Une pièce donna avis de son
changement de domicile.
Citons, enfin, le Cabinet de Cire, de Curtius, près du Café Corazza ;
le Café des Aveugles, d'égrillarde mémoire; les Orcades, des théâtres
pour les enfants ; — et arrivons aux Cafés et Restaurants sous la Ré-
volution.
(1) Voir Club de Valois.
(2) Voir p. 69.
(3) V'oir Club monarchique.
(4) Il avait été fondé dans l'hôtel d'Augny, rue de la Grange-Batelière.
CAFÉS ET RESTAURANTS
En 1672 avait été fondé le premier café parisien, au quai de l'École.
En 1716, la capitale avait trois cents établissements de ce genre, et le
nombre de ces établissements où la foule se portait, par désœuvre-
ment ou pour le plaisir, augmentait sans cesse.
Parmi les lieux publics de réunion, que l'on pourrait appeler clubs
intermittents, au petit pied, et qui influèrent plus ou moins directe-
ment sur la politique de chaque jour, nous ne devons pas oublier les
cafés et les restaurants de Paris. Ils étaient connus, fréquentés, sur-
veillés, à quelque opinion que leurs habitués appartinssent. Ils tra-
duisaient les journaux à leur barre, faisaient la loi aux journalistes,
inquiétaient parfois les gouvernements institués. Très souvent ils
étaient les échos des salons.
Beaucoup de cafés et de restaurants, fondés avant 1789, conti-
nuaient d'attirer les consommateurs. Quelques-uns changèrent leurs
titres, d'autres les gardèrent.
Citons :
Le Café Hottau {sic) ou Hotto, sur la terrasse des Feuillants, à
quelques pas du lieu des séances de l'Assemblée. On s'y excitait pour
intimider les membres de la droite.
Le Café des Grands hommes^ sur le boulevard, très suivi par les
gens qui allaient se distraire des préoccupations que leur causaient
les événements politiques.
Le Café de la République, fréquenté par les Parisiens avides de
nouvelles.
Le Café Valois, au Palais-Royal, n" 171, où Métra se réfugia quand
on abattit V Arbre de Cracovie; rendez-vous de royalistes : Rivarol.
Peltier, Champcenetz, d'Eaubonne, Barruel-Beauvert, le marquis de
Chauvron, etc.
o86 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Le Café de la Justice^ cour du Palais, presque spécial pour les
avocats, et où les discussions politiques étaient néanmoins très fré-
quentes et très animées.
Le Café Flore^ porte Saint-Denis. Là, des habitués étaient liés
entre eux par le vœu de ne plus parler politique, sous le titre de So-
ciété des Amis des Lois. Société fort éphémère.
Le Café de Chartres^ rendez-vous de jeunes réactionnaires, et d'où
partirent les muscadins qui allèrent déloger Marat de sa chapelle du
Carrousel. De onze heures à trois heures s'y tenait la « bourse des
chouans ». Ce café était situé près du théâtre de la Montansier,
Palais-Royal, n» 82 (aujourd'hui Véfour). On y vit Lauzun, Barras,
Hébert, Robespierre, Danton, Martainville, Chauvelin, Marat, le duc
d'Orléans, etc. Barras occupa deux petites chambres situées tout au
haut du bâtiment. En 1797, les agioteurs s'y rassemblaient : il y eut
là des luttes violentes, à propos des deux cocardes, verte et blanche (1) .
Le Café du Grand- Amiral, rue Neuve des Petits-Champs, où il y eut
de l'agitation entre royalistes et patriotes, où se rassemblaient d'or-
dinaire les partisans de la noblesse, qui se réunissaient aussi au Café
de Bourbon., rue Saint-Dominique-Saint-Germain, pour la noblesse,
et au Café de Mirabeau, au coin des rues de Richelieu et Saint-Honoré.
A la fin de 1790, les grenadiers de l'Oratoire entrèrent dans le Café
du Grand-Amiral, et y trouvèrent un « essaim d'aristocrates » ; on y
avait comploté d'arracher la croix à tous les chevaliers qui étaient
dans la milice nationale.
Le Café situé grande rue Taranne^ où Ton voyait nombre de gen-
tilshommes et de bourgeois lettrés.
Le Café de la Régence, pour les joueurs d'échecs et les Fayettistes,
et qui fut fréquenté par Bonaparte. Robespierre y parut.
Le Café Manoury, place de l'École, célèbre par ses joueurs de
dames.
Le Café Cuisinier, mixte en politique, place du Pont Saint-Michel.
Le Café du Parnasse, au Boulevard Neuf, où se retrouvaient les
(1) Voir Introduction, p. 17.
CAFÉS ET RESTAURANTS 587
sieurs Bergasse, Bouis, de Turin et Ghouastre, suisse (22 novembre
1790) (1).
Le Café Amelot, d'où étaient exclus les avancés ; le Café Conti^ au
coin de la rue Dauphine, et le Café de la Porte-Saint- Martin^ pour les
politiques modérés.
Le Café de La Fayette^ rue des Mauvais-Garçons, où Labenette
priait d'envoyer les correspondances pour le Journal du Diable
(20 mars 1790). Jean-Baptiste Labenette était chef du bureau des
côtes, à la maison de la Guerre. Il demeurait à Paris, rue des Poulies.
Le Café de Nancy ^ rue Saint-Antoine, le Café de Chevalier^ porte
Saint-Antoine, le Café du Rendez-Vous, place du Carrousel, avaient
la clientèle des Orléanistes. C'est du Café du Carrousel que Choderlos
de La Clos écrivit, dit-on, au duc d'Orléans : « Je vous écris d'un café
d'où, comme de la tente d'un général, partent les ordres néces-
saires. »
Le Café tenu par Chrétien, sur le boulevard de Gand (des Italiens),
près du Théâtre-Italien, où se réunissaient, sous le Directoire, les
tape-dur^ sorte de compagnie de coupe-jarrets armés d'énormes
bâtons noueux, et qui se répandaient dans le Palais-Égalité et les
promenades publiques en insultant et menaçant les passants, qui
n'osaient leur résister.
Une Société, dite du Café Chrétien, s'y rassemblait, sous la Conven-
tion, fut dénoncée par Fabre d'Églantine et réclama contre cette
dénonciation, en rappelant les services patriotiques qu'elle avait
rendus à la liberté et à la République.
En mars 1790, les royalistes allèrent en nombre attaquer Chapelier
dans un café et le jetèrent par la fenêtre. Les Actes des Apôtres insé-
rèrent cette épigramme :
Chapelier, sans étonnement,
Lancé par la fenêtre assez impoliment,
Dans un tas de fange profonde,
Comme un poisson jeté dans l'onde,
Ne s'en porta que mieux : c'était son élément (2).
(1) Arch. Nat. (minute), F' 4598'. — Bergasse collaborait avec Pclticr a,\x:s. Actes
des Apôtres.
(2) Actes des Apôtres, t. III, n» 79.
588 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
Le Café Mécanique^ situé au coin de la rue de Montpensier, a été le
théâtre d'un drame. Son propriétaire s'opposa à ce que l'on chantât
le Ça ira; il reçut un coup de sabre au bras, et sa femme fut griève-
ment blessée.
Pour les nobles, il y avait le Café de Bourbon^ rue Saint-Domi-
nique-Saint-Germain ; le Café de Mirabeau^ au coin des rues de Ri-
chelieu et Saint-Honoré.
Le Café Marchand^ rue Saint-Honoré, à proximité de l'Assemblée
et du Palais-Royal, voyait beaucoup d'hommes politiques de toutes
les opinions.
Le Café du Commerce, rue des Blancs-Manteaux, était le rendez-
vous des ennemis de Robespierre.
Le Café du Caveau, pendant la Révolution, abrita sous ses tentes
nombre de péroreurs. Les fédérés y furent régalés de bière et de
liqueurs, avant le 10 août 1792, par le girondin Lanthénas, l'ami de
Roland (1).
Le Café Procope, fort suspecté par les partisans de la Révolution,
était situé rue de l'Ancienne-Comédie. On compta parmi ses habitués
Lemaire. Ce journaliste-imprimeur publia, de 1790 à 1792, « les
Lettres b... patriotiques du véritable Père Duchène », auxquelles suc-
céda la Trompette du Père Duchène, de 1792 à 1793. C'était, aux yeux
des avancés, un constitutionnel royaliste. Il était commis aux postes.
Fréron l'appelait fournailleur. Un correspondant de VAmi du peuple
le traitait « de petit drôle, chargé d'escamoter de la poste les lettres
adressées aux patriotes de marque dans les provinces et hantant le
Café Procope, où le divin Mottié (La Fayette) l'avait mis en station
pour servir de mouchard contre les chauds patriotes. »
Ce modéré écrivait d'un style au moins aussi ordurier que celui
d'Hébert; mais c'était un homme d'esprit et de beaucoup de raison.
Il y eut, en 1790-1791, une « Société habituée du Café Procope-
Zappi », ayant quelques relations avec les patriotes de Nimes et du
Jura.
La police eut les yeux, peu de temps après, sur le café « qui faisait
le coin de la rue des Bons-Enfants et de la rue Saint-Honoré ». « Deux
(1) Voir Société du Caveau, p. S80.
CAFÉS ET RESTAURANTS 589
citoyens voulaient y chanter une chanson patriotique que le limona-
dier qu'est aristocrate n'a pas voulu qu'ils chantent chez lui (1). »
Un rapport d'agent remarquait, en l'an II :
« Sur le boulevard de la rue Poissonnière, au coin de celle de Notre-
Dame-de-Recouvrance, est un café appelé le Café français; on y joue
au loto depuis deux heures jusqu'à onze heures du soir, et même
plus tard. Les jeunes gens qui y vont habituellement sont tous des
fripons ou des ennemis de la chose publique. Ce café mérite d'être
surveillé. Les chefs s'appellent Livry et Barthélémy, Italiens, spécu-
lateurs, ennemis de la nation française.
« En général tous les cafés où on joue le loto doivent être sur-
veillés, parce qu'il s'y tient de temps en temps des conciliabules pré-
sidés par les hommes de Pitt et de Cobourg (2). »
On signala des rassemblements à l'hôtel Sérilly et au Salon des
Princes.
En août 1794, les jeunes muscadins de Paris poursuivirent partout
les Jacobins, dans les cafés du Palais-Royal, comme dans les autres
cafés de Paris, dans les spectacles et les promenades (3). Malheur au
café qui avait eu pour habitués des Montagnards, ou seulement des
républicains!
Sous le Directoire, ils allaient au Jardin de Paphos (jardin de
l'Hospital), rue du Temple, qui était la Folie-Beaujon du quartier,
et où l'on jouait gros jeu.
Le Café Garchi, où une trentaine d'officiers et de soldats se ren-
contrèrent avec des Incroyables, qu'ils battirent impitoyablement
(après le 18 fructidor), était regardé par les aristocrates comme « une
école du bon ton et des belles manières ». Le Napolitain Garchi,
fameux glacier, était renommé pour ses sorbets, et demeurait au
bout de la rue de la Loi (rue Richelieu). Il fonda Frascati, dans les
beaux jardins de l'hôtel Lecoulleux. On y trouvait une terrasse et
des allées éclairées le soir par des verres de couleur. Des feux d'ar-
fices y étaient tirés les jours de grandes fêtes. Le poète Ségur pu-
bliait de petits vers sur Garchi, qui eut des concurrents moins célè-
(1) Rapport de police du 1" ventôse an II, signé: Moncey.
(2) Rapports de la police, du 19 septembre an II.
(3) Voir Club de Clichy.
S'JO LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
bres que lui : Juillet, au Pavillon de Hanovre, et Valloni. Juillet
donna dans son jardin des bals et des concerts, en 1797.
Sous le Consulat, des royalistes se réunissaient dans des cafés
situés aux environs du Palais-Royal, et au Café de Valois « pour con-
certer, dit Montalembert (1), sur ce qu'il y avait à faire pour mettre
fin à la Révolution et en finir avec Bonaparte. »
Le Caféde Valois, au n" 170 des galeries du Palais-Royal, était par-
ticulièrement fréquenté par les royalistes, ou tout au moins par de
bien tièdes patriotes.
Sous la Convention, nous lisons dans le Moniteur :
« Monjau, instituteur national, est admis à la barre ; il se plaint
d'avoir été insulté dans le café de Valois, à cause de son patriotisme ;
il dénonce la société qui était alors dans ce café, pour avoir tenu des
propos anti-civiques, pour avoir parlé en faveur du roi, invectivé
contre la Société des Jacobins, et insulté la Convention. — Cette dé-
nonciation est renvoyée au Comité de sûreté générale (2). »
Au Café de Valois^ antérieurement s'étaient rassemblés aussi les
Feuillantins, membres ou partisans du Club des Feuillants. Lors du
18 brumaire, ce café était devenu le rendez-vous des émigrés et des
anciens officiers de l'armée de Condé.
Dans le Palais-Royal ou Egalité, surtout, les cafés et les restau-
rants servaient de réunions politiques, de petits conciliabules. Là se
décidaient les « actions » projetées par des patriotes ou par des
contre-révolutionnaires; là se composaient les mots d'ordre. On se
donnait rendez-vous dans le jardin, sous les arbres, et l'on allait
causer plus librement assis devant une table bien servie.
Du 1" au 4 septembre 1789, parut un Journal du Palais- Roy al (3),
avec cette épigraphe : Utile dulci, dont les souscriptions devaient
être adressées hôtel de Silleivj, cul-de-sac de Conti, chez M. Chemant,
chirurgien-dentiste .
« Depuis quelque tems, il se réunissait dans un café établi sous
l'un des pavillons du Palais-Royal un grand nombre de personnes
dont les sentimens anti-patriotiques étaient très-connus. Hier soir,
vers sept heures, ils étaient en assez grand nombre, et, après avoir
tenu les discours les plus contraires à la constitution et au respect dû
(1) Mémoires inédits.
(2) Séance de la Convention, du lundi 21 janvier 1793. Moniteur du 24 janvier.
(3) Voir plus haut. — Ce journal n'a eu que quatre numéros.
CAFÉS ET RESTAURANTS 591
aux autorités constituées, ils portèrent la santé du Roi, et déclarèrent
qu'ils se faisaient honneur de vivre et de mourir royalistes. Plusieurs
bons citoyens voisins de ces messieurs portèrent la santé de la na
tion, qui fut aussitôt conspuée. Alors des insultes, des provocations
particulières se succédèrent rapidement; les cannes furent levées,
un grand nombre des habitués disparurent, et ceux qui ne purent se
sauver reçurent des témoignages non équivoques de Findignation
qu'avait excités [sic] leur conduite. Quatre ont été assez grièvement
blessés ; un de ces messieurs était^ décoré d'un ruban semblable à
celui que portent les chevaliers de Malthe. La garde nationale est
arrivée assez à tems pour empêcher que les choses n'allassent trop
loin (1),,, »
Il existait un Club du café des Ar<s, à l'hôtel de Radziwill, où cer-
tainement la politique fit irruption, malgré l'étiquette du café.
Le Café de Fuy, prototype du café essentiellement politique, très
connu, très en vogue, très fréquenté par les Parisiens, occupa beau-
coup, à diverses époques, l'opinion publique,
ft Nous apprenons, dit Rivarol, que les Ëtats-généraux du Palais-
Royal, qui tiennent leurs séances au café de Foy, ont intimé les
ordres les plus sévères et les plus sanglants à l'Assemblée nationale
de Versailles (2). »
Exagération d'un fait véritable, car bien des motions politiques
sortirent de cet établissement.
Le Café de Foy, jadis ouvert dans la rue de Richelieu, dans un
endroit servant de passage pour descendre au jardin du Palais-Royal,
était le plus ancien de tous ceux qui existaient dans ce foyer pari-
sien.
D'abord dévoué aux patriotes, il devint monarchiste et constitu-
tionnel, fréquenté par des batailleurs fleurdelisés, ayant gourdins,
cannes à dard, bâtons plombés, lisant des motions monarchiques, se
découvrant quand on prononçait le nom du roi, dont ils demandaient la
réintégration dans son pouvoir. On y voyait de vieux chevaliers de
Saint-Louis, des anciens militaires, des financiers « à grosses per-
ruques, à cannes à pommes d'or et à souliers carrés. »
(1) Moniteur. De Paris, ce 17 août 1791.
(2) Journal politique îiationt^ de Rivarol, u" 14.
592 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
On peut dire qu'il a une histoire, qu'il a longuement fait parler de
lui, en sens divers.
En effet, il porta affiché, sur la colonne du poêle, le 22 mai 1790,
un placard défendant de tenir des propos contre les décrets de l'As-
semblée nationale et les gardes citoyennes de Paris.
Puis, en février 1791, au contraire, il s'y forma, comme dans d'au-
tres cafés, des rassemblements de conspirateurs monarchiques.
« Plusieurs gentilshommes, même des membres de l'Assemblée,
courent chez le roi, avec des arnies cachées sous leurs habits, dans
l'intention de le défendre; ils se coalisent au Palais-Royal, dans les
cafés, et annoncent publiquement leurs projets... On les appela les
chevaliers du poignard, nom qui fut transmis depuis à la plupart des
défenseurs du roi (1). »
Pendant la même année, au café de Foy, on demandait l'aboli-
tion des clubs, même de celui des Amis de la Constitution., séant aux
Feuillants. La réaction y prenait pied, s'y étalait presque.
Nous remarquons l'arrestation du sieur Hippolyte-Désiré Puthod,
médecin des épidémies en Bretagne, de passage à Paris, qui avait dé-
claré, dans ce café, « qu'il était Breton et qu'il défendrait le Roi, et
que deux millions d'hommes en Bretagne appuieraient son opinion »
[Archives nationales).
Le souvenir de la journée du 28 février 1791 était tel que, en 1792,
les maisons de jeu du Palais-Royal étaient encore signalées comme
les repaires habituels des Chevaliers du poignard. Au n» 59, le cen-
seur Artau en tenait une, où Chamfort, Delille, Rivarol parurent
pour dîner et faire des bons mots. On prétendait qu'Artau rapportait
tout à la police.
En décembre 1791, les sieurs Jousserand tenaient le Café de
Fou (^)i 6*' " laissaient voir leur prédilection marquée pour les aris-
tocrates, de préférence aux patriotes. Plusieurs provocations ont été
faites et de la voix et du geste (3). » Le nom de Jacobins était le mot
de ralliement. Cela a cessé, grâce à des personnes qui en ont imposé
aux aristocrates.
Le même mois (3 décembre 1791), Carra écrivait :
« Hier, plusieurs patriotes ont donné chasse à une bande d'aris-
(1) Beaulieu, Révolutions de France, t. II, p. 467, 468.
(2) Ils occupaient sept arcades du Palais-Royal.
(3) Révolutions de Paris, décembre 1791, n" 125.
CAFÉS ET RESTAURANTS 5!I3
tocrates et soi-disant monarchistes qui tenoient leurs assises au café
de Foi {sic) (1). »
Là se trouvaient sans doute des consommateurs qui, jouant aux
dominos, avaient tiré de leurs poches des dés monarchiques, avec
des lettres dont la réunion formait : Vive le Moi, la Reine, et Mon-
seigneur le Dauphin. La réaction y dominait, à n'en pouvoir douter;
il devenait « un réceptacle de l'aristocratie ». On y lisait tout haut
la Gazette de Paris, VAmi du Roi, la Gazette de la Cour et de la
Ville, et « autres papiers salissant ce café (2). »
Il était mal noté, à dater de cette époque, et sa clientèle, toujours
nombreuse, dut se bien tenir, en 1792 et 1793, pour ne pas exciter
les mécontentements de la foule et des manifestations aussi sérieuses
que celles dont Carra parle plus haut.
La police veillait, d'ailleurs, à ce que les habitués du lieu ne fis-
sent pas de propagande contre-révolutionnaire. Elle ne les tolérait
qu'inofFensifs, h l'état de simples consommateurs, politiquant d'une
façon platonique.
Un rapport de police, de 1794, contient ces phrases :
« Gaffé de Foix. — Ce caffé si fréquenté, si abondant en politique, se
remplit aujourd'hui, comme presque tous les lieux publics, d'indif-
férents ou de sourds et muets qui craignent d'entendre ou de parler.
Hier au soir on ylisoit le journal qui, comme les sermons des fameux
prédicateurs, était accompagné d'une foule d'auditeurs si considé-
rable, que la queue s'étendait jusque dans l'office du limonadier ;
après la lecture, qui par là devenait encore plus semblable à un
sermon, silence profond, conversations à l'oreille ou sur des choses
étrangères, jeux et boissons (3). »
« Il y avait au Palais-Royal un café où se réunissait habituellement
une jeunesse peu favorable au Directoire, et dont les sarcasmes,
lorsqu'ils arrivaient à ses oreilles, troublaient quelquefois sa tran-
quillité. Barras assembla à dîner chez lui quelques officiers et les
plaça sous la direction du colonel Fournier, l'un des plus mauvais
sujets de l'armée. Celui-ci les conduisit, dans la soirée au café dé-
signé ; ils y entrèrent le sabre à la main, et tombèrent sur tout ce
qui était réuni. Il y eut beaucoup de blessés et entre autres le gé-
(1) Annales patriotiques de Carra, 3 décembre 1791, n" 792.
(2) Le Courrier des 83 Départements, t. XXVII, n° 14, p. 216.
(3) Rapport de police de Perrière, 3 ventôse (21 février 1794). Cité par Dauban,
Paris, en il 94.
38
594 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
néral Oudinot. It prenait très innocemment un"e glace, et les coups
ne lui étaient sans doute pas destinés (1). »
Il se plaignit, mais l'affaire fut étouffée. Oudinot et plusieurs do ses
amis contribuèrent plus tard à renverser le Directoire, à servir la
fortune de Napoléon Bonaparte.
Hyde de Neuville figura dans la Jeunesse dorée. Il écrit :
« Nous faisions une sorte de dictature que personne ne contestait,
parce qu'elle répondait aux vœux secrets de chacun. Dans tous les
lieux publics, au spectacle, dans les sections, les cafés, les prome-
nades, nous affichions bien haut notre omnipotence pour que nul
ne s'avisât de la mettre en doute (2). »
Il est certain que les muscadins prenaient, d'ailleurs, leur mot
d'ordre dans les salons de la haute société d'alors, dont ils mettaient
en action les tendances et les projets. La Jeunesse dorée tenait jour-
nellement cercle dans un restaurant situé près du Louvre, où l'on
voyait Michaud (3), les Bertin, Lacretelle, Fiévée, d'autres encore.
Le gouvernement directorial eut contre lui le Café de Foy, observe
un contemporain. Toutefois, des Jacobins tenaces y coudoyaient des
royalistes, des boursiers, des aigrefins et des Incroyables.
Gomme les cafés, les restaurants furent des lieux de réunions po-
litiques pendant toute la durée de la Révolution. On sait que le pre-
mier établissement de ce genre avait été fondé rue des Poulies^
en 1765.
Le restaurant de Méot, à l'angle de la rue des Bons-Enfants, dans
la ci-devant chancellerie d'Orléans, était fréquenté par les hommes
de la Révolution; il n'avait que très peu ou point de concurrents où
se concertassent les contre-révolutionnaires. Bonaparte, Barras,
Tallien et plusieurs thermidoriens y allaient assez fréquemment.
Avoisinant le Palais-Royal, se trouvant au centre du Paris politique,
on y connaissait aussitôt que possible, en déjeunant ou en dînant,
les événements nouveaux. Delille disait des botanistes :
« Leur appétit insulte à tout l'art des Méots. »
Une fois par semaine, les rédacteurs des Actes des A'pôtres fai-
(1) Mémoires du chancelier Pasquier, t. I, p. 139.
(2) Hyde de Neuville, Mémoires et Souvenirs, t. I, p. 119. (In-8°, Paris, 1888.)—
Voir Club de Clichy, p. 489.
(3) Condamné à mort comme royaliste, il s'enfuit. Jean-François Bertin fut un
des associés des Débats, et journaliste. Lacretelle jeune avait attaqué la Conven-
tion daos le Précurseur, Fiévée fut déporté au 18 fructidor.
CAFÉS ET RESTAURANTS 595
saient ce qu'ils appelaient leur « dîner évangélique » chez le restau-
rateur Mafs, au Palais-Royal (1). Ce restaurateur jouissait d'une cer-
taine célébrité. Nombre de monarchiens s'y rassemblaient pour diner,
pour inventer quelques méchancetés contre les hommes du jour.
Le restaurant Beauvilliers était à la mode, comme le traiteurRose^
à l'hôtel Grange-Batelière. Les rédacteurs des Actes des Apôtres s y
réunissaient souvent (2); le restaurant Beauvilliers, voisin de la librairie
Gatley, en était, pour ainsi dire, une annexe politique (3). Il occupait
trois arcades du Palais-Royal (4).
Chez le restaurateur Février, au Palais-Royal, beaucoup de dé-
putés venaient prendre leurs repas, notamment Louis-Michel Lepel-
letier de Saint-Fargeau, qui y fut assassiné, le 20 janvier 1793, par le
garde-du-corps Paris (5).
Vénua, restaurateur fameux, rue Saint-Honoré, avait des jardins
qui s'étendaient jusqu'à la terrasse des Feuillants. L'hôtel Meurice
occupe, aujourd'hui, une partie des terrains du restaurant Vénua.
Chez Vénua venaient beaucoup d'hommes politiques, députés ou
journalistes, qui s'entretenaient sur les affaires du jour, y prépa-
raient leurs discours ou leurs articles. Il y avait deux salles de diffé-
rentes grandeurs.
Châles, député de Chartres, annonça aux Jacobins que cent dé-
putés feuillants s'étaient réunis, en décembre 1792, chez Vénua, sous
prétexte d'un repas fraternel ; qu'à dater de ce jour « le patriotisme
montagnard avait été attaqué (6). » Le girondin Barbaroux prési-
dait; Buzot « faisait l'ornement de la table par ses bons mots. Dans
ce conciliabule, on tira à boulets rouges sur la Société des Ja-
cobins (7). »
Dossonville, limonadier, officier de paix de la section Bonne-
Nouvelle, fut accusé d'être complice de Collenot d'Angrement, qui.
(1) Voir Introduction, p. 7.
(2) Voir ci-dessus, p. 8.
(3) Voir Librairies, p. 396.
(4) Beauvilliers, sous la Terreur, se retira des affaires ; il était trop mal noté,
se rétablit, sous l'Empire, dans la rue Montpensier.
(5) Le restaurant Février comprenait cinq arcades du Palais-Royal.
(6) Séance du dimanche 9 décembre 1792, au Club des Jacobins. — Voir Club
des Feuillants.
(7) Séauce du 7 décembre, au Club des Jacobins,
596 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
disait-on, embauchait pour la cour. Les habitués de Vestaminet de
Dossonville avaient des opinions royalistes.
Il va sans dire que les cafés et restaurants de province ressem-
blaient beaucoup à ceux de Paris, au point de vue de la propagande.
Pas une ville, pas un village qui n'eût ses petits groupes révolution-
naires ou contre-révolutionnaires, ceux-ci s'assemblant le plus dis-
crètement possible, quand ils n'avaient pas avec eux la presque to-
talité des habitants.
Ajoutons que les monarchistes réfugiés à l'étranger y fréquen-
taient aussi les cafés et les restaurants pour parler politique et déni-
grer les gouvernements qui se succédèrent en France pendant la
Révolution. Ainsi, dans le Café des IVois-Couronnes, à Coblentz,
« les émigrés se réunissaient pour causer et rire, avec autant de lé-
gèreté et de frivolité que s'ils eussent été dans les salons de Paris ou
de Versailles. »
LIBRAIRIES
Les boutiques de librairie, elles aussi, servirent à la propagande
royaliste et contre-révolutionnaire. Non seulement on y trouvait des
journaux, des brochures, des libelles, des pamphlets sur les ques-
tions à l'ordre du jour, tantôt vendus ouvertement, tantôt secrète-
ment débités, mais encore il s'y rencontrait, du matin au soir, des
hommes politiques dont le zèle s'enflammait à la vue des nouveautés
parues pour ou contre le gouvernement.
Nous devons ici parler principalement des librairies monarchiques,
ou tout au moins d'opposition aux différents régimes qui se succé-
dèrent.
*
* *
CHEZ GATTEY
La boutique du libraire Gattey était située au Palais-Royal, n°* d3
et 14. Elle avoisinait l'établissement du restaurateur Beauvilliers (1).
On disait Gattey ancien espion de police. Sa librairie fut plus
d'une fois envahie ; la foule jeta plus d'une fois au dehors les livres
et journaux qii'il vendait : un soir, elle les brûla dans le jardin.
La librairie de Gattey faisait un débit considérable d'écrits de
toutes sortes, contre-révolutionnaires pour la plupart.
Là, dans, cet « antre infernal de l'aristocratie », où l'on entendait
perpétuellement « rugir l'aristocratie », dans ce « foyer de l'aristo-
cratie », dans ce « gouffre infernal des aristocrates » (2), se pressait
une armée de colporteurs. Le journal se répandait par tout Paris.
Gattey avait en magasin et vendait, non seulement des journaux
royalistes, mais encore un grand nombre de pamphlets, libelles et
(1) Voir Cafés, Restaurants. — Et Introduction, p. 8.
(2) Catalogue de la Bibliothèque nationale, n" 3432.
598 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
brochures aristocratiques, la plupart sans nom d'auteur et d'impri-
meur.
Un ordre du département de police de la municipalité de Paris
(14 mai 1790) fut donné au commissaire Grandin de faire exacte per-
quisition chez le sieur Gattey de tous ces pamphlets, libelles et bro-
chures. Le commissaire Grandin dressa un procès-verbal constatant
l'existence de quantité d'imprimés sortis de la plume du vicomte de
Mirabeau, de Pelletier (sic), du baron d'Eaubonne, désignés chacun
sous son titre, notamment des suivants : Le Coucher ou la Vérité
toute nue, la Lanterne magique nationale, le Rêve ou la Vérité voilée^
la Moutarde après dîner, la Tasse de café sans sucre, le Déjeuner du
Lundy, la Lettre de Rabelais aux quatre-vingt-quatorze rédacteurs
des Actes des Apôtres, etc. (1).
Loustalot raconte [Mouvements populaires) que le peuple songeait
à débarrasser Gattey des monceaux de brochures aristocratiques qui
obstruaient sa boutique de librairie (2). Mais la police de la munici-
palité de Paris prit les devants. Le sieur Gattey, craignant un mau-
vais parti, afficha sur toutes les arcades du Palais-Royal une amende
^onoroè/e volontaire, et parvint à désarmer le peuple. Par une dis-
tinction jésuitique, suivant l'expression de Loustalot, le libraire en
question déclara que, s'il avait vendu comme « marchand » des
brochures aristocratiques, il était loin d'en adopter les principes
comme « citoyen ».
Dans les Annales de Carra, du 11 mai 1790, nous lisons :
« Le dernier effort des anti-patriotes.
« Elle est maintenant publique la protestation clandestinement
minutée au conventiculedes capucins; elle se trouve chez Gattey (3),
libraire au Palais-Royal, dont la boutique est devenue le réceptacle
des poisons anti-civiques.
« Cette protestation, qui attaque le décret du 13 avril, est revêtue
de 304 signatures. . . »
« La publicité de cet écrit anti-patriotique va cependant être pour
les bons citoyens un grand soulagement.... »
On y voit le nom de tous les dissidents.
(1)^ Arch. Nat., minutes (2 pièces), Y 13320. — dévolutions de Paris, n» 46.
(2) Cette boutiaue comprenait trois arcades du Palais-Royal.
(3) Gatfey, né a Autun en 1756, fut condamné à mort et exécuté le 23 germinal
an IT. Sa maison et sa librairie furent aussitôt vendues.
LIBRAIRIES S99
Peu de jours après, la Chronique de Paris imprimait :
« M. Manuel, administrateur du Département de police, et M. le
commissaire Grandini (sic) ont fait, ces jours derniers, une visite dans
la librairie aristocratique du sieur Gattey, au Palais-Royal ; ils l'ont
trouvée remplie des libelles les plus révoltans et les plus incen-
diaires. L'administration, qui est très douce et vouée aux principes,
a encore pitié des mauvais citoyens. M. Manuel a plutôt cherché à
convertir le sieur Gattey qu'à le faire punir (1). »
Les patriotes ne purent croire que Gattey fût venu à résipiscence,
parce qu'il gagnait beaucoup dans ce métier.
De jeunes citoyens purifièrent la boutique « infectée du souffle des
mauvais citoyens » par des fumigations de vinaigre et de sucre. L'o-
pération se fit sérieusement, quoique d'une manière plaisante. La
librairie semblait dangereuse, plus qu'aucune autre.
En même temps, on trouvait dans le Moniteur (du lo mai 1790) ces
quelques lignes :
« La sentence de police qui a défendu à M. Gattey, libraire au Pa-
lais-Royal, de vendre la déclaration du chapitre Notre-Dame, n'en a
pas sans doute arrêté le débit. Une foule innombrable entoure en ce
moment la boutique du libraire ; on présume que la police y fait faire
des recherches. Cette boutique est le repaire de beaucoup d'écrits
contre la révolution (2). »
Le 18 mai parut une brochure : Le Gouffre infernal des aristocrates
ou l'antre de Gattey^ dans lequel un jeune provincial, entraîné comme
malgré lui, se trouve initié aux mystères diaboliques de la cabale des
noirs, par l'abbé Maury et Barbasure, grand-vicaire de Toulouse, par
Séraphin le Cadet, premier inventeur des ombres chinoises (3).
Le 21 mai, une autre pièce fut intitulée L'Aristocratie du libraire
Gattey punie par le peuple^ ou supplice des a Actes des Apôtres ».
Le public ne perdit pas des yeux un établissement si mal noté.
Les Annales de Carra, du 24 mai 1790, contenaient ces phrases :
« Paris, 22 mai.
« Hier au soir les patriotes du Palais-Royal ont fait un auto-da-fé
d'une édition des Actes des Apôtres et de plusieurs autres pamphlets
anti-civiques saisis chez le libraire Gattey, dont la boutique est le
rendez-vous continuel des aristocrates. Ils ont en même temps chassé
(1) Chronique de Paris, numéro du 18 mai 1790, p. 550.
(2) I3ib. Nat., Lb 39/3432, in-8% sans date, de 32 p.
(3) Bib. i\at., Lb 39/3440, iu-8% sans date, de 8 p.
600 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
du café de Valois une autre tourbe d'aristocrates qui tenoient leurs
séances dans ce café, et ensuite ils ont purifié le lieu avec des fumi-
gations de genièvre (1). »
Gattey estima bientôt que la vente de?> Actes des Apôtres était trop
dangereuse, et le Journal de Paris imprima :
« VARIÉTÉ
« Le sieur Gattey, libraire au Palais-Royal, annonce qu'il ne prend
plus aucune part à l'impression ni à la distribution des Actes des
Apôtres, et dans le cas où il en paroîtroit des numéros avec son
nom, ils ne seront ni imprimés ni vendus par lui (2). »
*
* *
CHEZ LEBRET
Lebret, libraire nux boutiques de bois, dites le Camp des Tartares
(Palais-Royal), du côté du palais inachevé, vendait toutes sortes d'ou-
vrages.
* *
CHEZ ANTOINE PAIN
Dans la boutique de Pain, autre libraire et imprimeur du Palais-
Royal et rue des Bons-Enfants, on distribuait les Sottises de la
semaine. On surnomma Pain « le marchand d'aristocratie. » On sai-
sit chez lui, en mars 1790, les Réclamations des provinces contre les
opérations de leurs députés (937 exemplaires). Confidence aux ^'/a^*-
^enerawa; (80 exemplaires) , et \di, Protestation de Mirabeau (28 exem-
plaires); en mai, Conseils utiles (161 exemplaires). Les douleurs de
Louis XVI enfin connues de son peuple (94 exemplaires), etc.
*
* *
CHEZ DESENNE
Le libraire Desenne, au Palais-Royal, avait une arrière-boutique
par lui disposée en manière de club général, ouvert à tous les partis.
Parfois les députés y entraient pour se combattre immédiatement et
(1) Y o\v Introduction, p. 8.
(2) Numéro du 28 mai 1790.
LIBRAIRIES 601
vider leurs querelles. On s'y abonnait au Journal de la Société de
1789 (1).
*
* *
CHEZ GIRARDIN
Son établissement était situé à la Rotonde, dans le jardin du Pa-
lais-Royal. Ce libraire, en 1790, était connu pour son club littéraire.
Reaucoup de clients le fréquentaient ; mais nous ne voyons pas qu'il
servît particulièrement les intérêts d'une cause politique quelconque.
*
* *
CHEZ WERER
Ce libraire étalagiste, dit l'Allemand, demeurait sous les galeries
du Palais-Royal et vendait à la fois des libelles scandaleux et des
ouvrages politiques. Il fut condamné à mort le 1" prairial an II, pour
avoir débité des livres et des estampes contre-révolutionnaires.
* *
CHEZ MADAME VAUFLEURY
Abonnements au Journal de la Société de 1 789. Au Palais-Royal.
♦
* *
CHEZ DENNÉ
Abonnements au Journal de la Société de 4 7 89. Km Palais-Royal.
*
* *
CHEZ FROULLÉ
Sur le quai des Augustins, Froullé servait exclusivement dans sa
librairie assez importante les intérêts du parti monarchique. Il avait
à sa solde plusieurs individus, écrivains ou poètes, que l'on appelait
ses Apollons, lesquels improvisaient des chansons et des épigrammes
contre les révolutionnaires, même les plus modérés.
(1) Voir, plu^ haut, Société de 1789.
602 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
*
* *
CHEZ CRAPART
Crapart était, non l'auteur, mais l'éditeur de VAmi du Roi, journal
qui portait comme épigraphe : pro deo, rege et patria.
Cette feuille quotidienne parut jusqu'au 10 août 1792.
En décembre 1791, Carra dénonçait ainsi le libraire Crapart :
« Un conciliabule se tient chez Crapart, l'un des auteurs de rAmi
du Roi'jlk, ce sont les prêtres séditieux qui dominent (1). »
*
* *
CHEZ PILLIER DE DUFRÈNE
Ce libraire, dont la boutique était au Palais de Justice, vendait de
nombreux libelles contre la Constitution. Son établissement servait
de rendez-vous à des contre-révolutionnaires.
«
* *
A L'HOTEL DE TOURS
Rue du Paon. MM. de la Société littéraire de Paris formaient, dans
la boutique d'un libraire établi à l'hôtel de Tours, une réunion de
royalistes. Ils avaient de l'influence sur les habitants de la rive
gauche.
Depuis 17H9, l'imprimerie et la librairie étaient devenues des pro-
fessions libres. Elles ne relevaient plus que de l'opinion publique.
Imprimeurs et libraires n'étaient astreints qu'à la patente ; mais la
police surveillait leurs agissements. Leur nombre devint considé-
rable.
Pour terminer, rappelons que les cabinets et les abonnements de
lecture, fondés avant la Révolution, ne tardèrent pas, après 1789, à
être, jusqu'à un certain point, des foyers politiques.
(1) Annales patriotiques de Carra, numéro du 5 décembre 1791, n" 594.
CHAMBRES DE LECTURE
ET
CABINETS LITTÉRAIRES
Dans les Chambres de lecture elles CabineH littéraires venaient des
gens pour lire des livres et des journaux, ou pour en emporter
chez eux.
Un prospectus de cabinet de lecture, en date de 1784, contient les
phrases suivantes :
« La distribution des livres se fera tous les jours, depuis huit
heures du matin jusqu'à midi, et depuis deux jusqu'à huit heures
du soir, à l'exception des fêtes et dimanches. On trouvera dans le
cabinet le Journal encyclopédique, V Année littéraire, les Annales po-
litiques, les Mémoires historiques, le Journal des causes célèbres, le
Mercure de France, le Journal politique de Bouillon, la Gazette
de Finance, une gazette étrangère, et les livres nouveaux à mesure
qu'ils paraîtront. Les ouvrages contre la religion, l'État et les mœurs
en seront bannis. »
Le propriétaire de ce cabinet voulait, on le voit par la dernière
phrase de son prospectus, éviter d'avoir maille à partir avec le lieu-
tenant de police, chargé de veiller à ce qu'il ne courût pas dans le
public des livres ou des feuilles périodiques censurés.
Au Palais-Royal, le « cabinet de littérature » de la dame Vaude-
fleury était très fréquenté par des gens de toutes conditions, surtout
par des lettrés.
« Quand le duc de Chartres fit abattre les arbres du Palais-Royal,
afin de construire les galeries marchandes, un certain nombre d'oi-
sifs, qui avaient l'habitude de se réunir chaque jour sous ces beaux
604 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
arbres, pour s'entretenir de nouvelles, se trouvèrent fort embarrassés
de leur temps et de leurs personnes. Un spéculateur leur offrit de les
recevoir dans un appartement où ils trouveraient les journaux. Le
lieutenant de police (Lenoir) autorisa l'ouverture du Club politique^
sous la condition que les abonnés ne parleraient ni de gouvernement
ni de religion (1782). — En même temps se multiplièrent les Musées^
entre autres V Athénée, où l'on faisait des lectures et des cours plus
suivis que ceux du Collège de France. — Le 28 janvier 1788, de
Breteuil recommanda à de Crosne d'empêcher l'établissement au
Palais- Royal d'une assemblée de « Conversation anglaise », simple
prétexte d'un club politique. »
Précédemment, le même baron de Breteuil écrivait à M. de Crosne
la lettre suivante (1) :
« 19 août 1787.
« L'intention du roi, monsieur, est de faire cesser tous les clubs,
salons, lycées et autres sociétés ou assemblées par souscription. Je
vous prie de vouloir bien prendre sur-le-champ les mesures néces-
saires pour cette suppression. Si vous avez besoin à cet égard d'ordres
du roi, j'expédierai tous ceux que vous me proposerez (2). »
Le Cabinet littéraire de Henri /F, salle neuve du Palais (3), « don-
nait à lire les feuilles périodiques et les ouvrages nouveaux concer-
nant tout ce qui avait rapport à la Révolution. »
« Ce cabinet était ouvert tous les jours, depuis huit heures du
matin jusqu'à neuf heures du soir. »
Sous le Consulat, quand Zoppi eut le café Procope, il y installa un
cabinet littéraire.
Dans le Club des Quatre-Nations, à l'Hôtel du Musée, rue Dauphine,
on « donnait à lire tous les Journaux... »
Nous avons remarqué que le nom de clubs se confondait parfois
avec ceux de réunions littéraires, et de lycées, ajouterons-nous.
Les « chambres de lecture », qui existaient en Bretagne avant la
tenue des États-Généraux, s'occupaient de faire lire les papiers publics
et d'oeuvres philanthropiques. Ils mêlèrent peu à peu la politique à
(1) Cité par M. Monin, dans VÉtat de Paris en 1789, p. 354, dans les Documents
relatifs à l'Histoire de Paris pendant la Révolution française (1889).
(2) A M. Thiroux de Crosne, lieutenant-général de police.
(3) Palais de Justice.
CHAMBRES DE LECTURE ET GABIN KTS LITTÉRAIRES C05
leurs discussions, quand la mode vint de traiter en réunions des af-
faires d'État. Les chambres de lecture se propagèrent dans quelques
provinces.
Rue du Jour, un grand cabinet littéraire occupait en partie l'an-
cien hôtel de Royaumont, et l'archevêque de Cambrai touchait le
prix de la location.
Une portion des hommes qui avaient fréquenté les chambres de
lecture en Bretagne organisèrent le Club breton à Versailles en
1789 (1).
Un établissement qualifié de littéraire^ à Paris, fondé par Luneau
de Boisgermain, se chargeait de faire parvenir, par la posté, à leurs
adresses, les livres et les journaux.
On soupçonna, en 1791, les commis de Luneau d'envoyer des
'prospectus de journaux incendiaires et anti-patriotiques.
Dans le bureau du Journal de Paris^ situé rue du Jour, n° 11,
journal que les patriotes considéraient comme un des plus dangereux
organes des contre-révolutionnaires, bien qu'il fit peu de politique,
quelques royalistes influents se réunissaient (2). Nous avons eu
maintes occasions de citer ce journal.
Nous ne pouvons passer sous silence les imprimeries et les librai-
ries clandestines, qui défiaient les efforts de la police, qui publiaient
des brochures sans nom d'imprimeur, sans lieu ni date, absolument
au jour le jour, et dont les produits se vendaient en cachette, à Paris
et dans les départements. Les royalistes se servirent de ce moyen
plus encore que les républicains, durant la grande lutte révolution-
naire.
Enfin, chez certains marchands, chez d'anciens fournisseurs de la
Cour, chez des employés ou des domestiques de grandes maisons,
on exhalait les regrets du passé, on ourdissait parfois des trames
qui rendaient suspects leurs auteurs, tantôt sans cause réelle^ tantôt
à bon droit.
Laboullée, coiffeur, inventeur de Veau Antoinette, avait quitté Ver-
(1) Voir, plus haut, Club des Amis de la Constitution monarchique.
(2) Fondé en 1777 par Corancez, Dussieux et Cadet, il fut le premier journal
français quotidien, et cessa sa publication au lendemain du 10 août, pour la
reprendre le 1" décembre do la même année, et continuer à paraître jus-
qu'en 1811.
606 LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
sailles pour s'établir à Paris, au n» 83 de la rue de la Loi (de Riche-
lieu), Sa boutique devint un foyer de conspirations royalistes; sa
femme, que la reine appela jusqu'au dernier jour « la petite La-
bouUée », parvint à pénétrer, pénétra souvent près de Marie-Antoi-
nette prisonnière.
TABLES
TABLE DES MATIERES
Pages.
Introduction 1
PREMIÈRE PÉRIODE
Le Club de Valois, fondé le 11 février 1789 31
Le Club de l'Hôtel de Massiac, fondé le 20 août 1789 67
Le Club des Impartiaux, fondé à la fin de 1789 91
Le Club monarchique ou des Amis de la Constitution monarchique,
fondé en 1790 127
Le Club des Feuillants, fondé en 1791 277
Le Salon Français, fondé en avril 1790 , . 369
Les Clubs des Fédérés 381
La Société de 1789, fondée le 12 avril 1790 391
Le Club de la Sainte-Chapelle, fondé en 1791 445
- DEUXIÈME PÉRIODE
Le Comité Valazé, formé en 1792 471
Le Club de la Réunion, formé en 1792 475
TROISIÈME PÉRIODE
Le Club de Clichy, fondé en 1794 483
Le Club de Salm, fondé en juillet 1797 507
Le Cercle constitutionnel, fondé en juillet 1797 513
ANNEXE
COMITÉS, SOCIÉTÉS, RÉUNIONS DIVERSES PRIVÉS OU PUBLICS
FORMÉS PENDANT LA RÉVOLUTION
Le Comité Autrichien, de 1789 à 1792 523
Le Comité Orléaniste 540
39
610 TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Réunions de Bagatelle et de Bellevue 547
Salons de la princesse de Lamballe, etc 549
Salons, Réunions privées, lieux de rendez-vous pendant la Révolu-
tion et avant 553
Sociétés, Clubs et Cercles divers, la plupart non politiques, avant
1789 579
Cafés et Restaurants 585
Librairies 597
Chambres de lecture et Cabinets littéraires 603
FIN DE LA TABLE DES MATIERES
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
(1)
Abbé Grégoire, p. 67; membre du club
breton, p. 277 ; du club des Feuillants,
p. 289^ 321, 337.
Abbema, banquier, membre du club des
Feuillants, p. 295; de la société de 1789,
p. 400.
Accusateur public (1'), journal, p. 504.
Acloque, brasseur, membre du club de
la Sainte-Chapelle, p. 457.
Actes des Apôtres (les), journal; son
apparition, p. 7; sa confection, p. 8, 10.
A deux liards, à deux liards, mon jour-
nal, cité p. 8.
Adresse aux François de toutes les
classes, victimes de la Révolution,
brochure citée, p. 131.
Adresse des bons Français au Roi, bro-
chure citée p. 268.
Adresse d'un bon citoyen à ses frères,
brochure, citation p. 6.
Affiches de l'Aristocratie (les), journal
paru en 1790, p. 10.
Agasse, employé à l'Assemblée natio-
nale, membre du club des Feuillants,
p. 294; de la société de 1789, p. 401.
Agier (d'), membre du Directoire du
club monarchique, p. 151. 202, 212, 225,
228, 235, 237, 252, 260.
Agoult (Annibal d'), délégué du club de
l'Hôtel de Massiac, p. 76.
Agoust (comte d'), membre du club de
Valois, p. 35; du club de VHôtel de
Massiac, p. 70.
Agoust (vicomte d"), a fait partie du
club de Valois, p. 35 ; du club de l'Hôtel
Massiac, p. 72; du club monarchique,
p. 155.
Ah! Parisiens, qu'avez-vous fait? bro-
chure citée p. 268.
Aiguillon (duc d'), membre du club de
Valois ; a fait partie du club des Amis
de la Constitution, p. 36 ; du club Breton,
p. 277; du club des Feuillants, i). 288,302.
Alexandre, membre de la société de 1789
et du club des Jacobins, p. 401.
Almanach des gens de bien pour 1797,
p. 498.
Almanach des honnêtes gens de 1792,
p. 274.
Almanach du club de Valois pour 1790,
p. 31, cité p. 33 et suiv.
Ami de la Constitution (1'), journal mo-
uarchiste fondé en 1791, p. 265.
Ami des Patriotes (1'), journal de Du-
quesnoy, p. 538.
Ami du Roi (1'), journal monarchique;
son apparition, p. 7; édité chez Cra-
part, p. 602.
André, membre du club des Feuillants,
p. 294, de la société de 1789 et du club
des Jacobins, p. 401.
Anson, député, membre du club des
Feuillants, p. 286, et de la société de-
1789, p. 401.
Anthoine, député, secrétaire du club des
Feuillants, p. 291, 324, 337, 341.
Anti-Marat (1'), paru en 1791, p. 10.
Antidote contre le Schisme (1'), bro-
chure citée p. 130.
Apocalypse (l'j, journal paru en 1791,
cité p. 9.
Apologie de l'égoïsme (T), brochure des
Impartiaux, citée p. 94.
Aristocratie du libraire Gattey (1') punie
par le peuple, brochure, p. 599.
Armand, membre du Directoire du club
monarchique, p. 225, 235, 237, 252, 260.
Armoire de fer, ce que coûtaient les
clubs, etc., p. 11.
(1) Cette table ne donne pas les noms de tous les membres des différents clubs,
leur nombre étant trop considérable.
Mais elle indique les membres principaux, ceux qui ont été présidents, vice-
présidents, secrétaires, etc., et contient les noms des personnes qui ont appartenu
à divers clubs, lorsqu'il a été possible de les reconnaître dans les différentes listes.
612
TABLE ALPHABETIQUE ET ANALYTIQUE
Ars (marquis d"), lieutenant des vaisseaux
du roi, membre du club de Valois^
p. 36, 65.
Artaud, membre de la société de 1789,
p. 401, 417.
Artois (comte d'), p. 129, 547, 348.
Assemblée coloniale de Saint Marc, p. 69.
Assemblée des Aristocrates aux Capu-
cins, journal paru en 1790, p. 142.
Assemblée des départements réunis,
p. 13.
Assemblée des Noirs (1") assiégée hier au
soir par le peuple, brochure citée p. 265.
Assemblée militaire, p. 582
Audoin ou Audouin, journaliste, p. 193.
Augeard (M.), membre du club de Valois,
p. 36; son arrestation, sa détention,
son acquittement, irf.; quitte la France
où il rentre plus tard, p. 38; membre
du club monarchique, p. 153; secré-
taire des commandements de Marie-
Antoinette, p. 527, 530.
Autun (Évoque d'). (Voir Talleyrand-
Périgord.)
Aux nobles de Paris, lettre écrite par
Clermont-Tonnerre, etc., p. 129.
Avis aux Aristocrates du côté droit, par
un Démocrate du côté gauche, bro-
chure citée p. 97.
Avis aux François sur les clubs, pam-
phlet royaliste, p. 250.
Avis aux Français sur leurs véritables
ennemis (août 1790), par André Ché-
uier, p. 421.
Ayen (duc d'), capitaine des gardes du
corps, membre du club de Valois, p. 38,
65.
Aymar, député, indiqué comme membre
du club monarchique, p. 152, proteste
p. 219.
Babeuf (Gracchus), rédacteur du Tribun
du Peuple, p. 19; attaque le club de
Clichy, p. 485.
Babillard (le), journal, publié en 1789,
p. 9.
Baert, député, membre du club des Feuil-
lants, p. 296, et de la société de 1789,
p. 401.
Bailly, maire de Paris, p. 149, 278; mem-
bre du club des Jacobins et de la société
de 1789, p. 391, 401, 415, 416 et suiv.
Bar (vicomte de), membre du club de
Valois et du club monarchique, p. 38, 65.
Barbantane (comte de), membre du club
de Valois, a fait partie du club des Amis
de la Constitution, p. 38. et de la so-
ciété de 1789, p. 401.
Barbaroux, membre du Comité Valazé,
p. 471, 472.
Barbé-Marbois, p. 18; réunions chez lui,
p. 488; membre du cercle constitution-
nel, p. 513.
Barère de Vieuzac, membre du club des
Feuillants, p. 2S1; du club des Jacobins,
p. 401; delà Société de /7S5. p. 320, 416 ;
chez madame Panckoucke, p. 554.
Barnave, constituant, un de ses surnoms,
p. 6 ; annonce l'arrestation d' Augeard,
p. 37 ; ses relations prétendues avec le
club de l'Hôtel de Massiac, p. 67, 77 ;
dénonce le club monarchique à l'As-
semblée nationale, p. 179 ; membre du
club breton, p. 277; du club des Feuil-
lants, p. 287, 296, 341, 343, 350 ; sa
lettre à la société des Gardes natio-
naux, p. 385; désigné comme membre
du comité Autrichien, p. 534.
Barras, ses rapports avec le club de
Valois, p. 510.
Bassano (duc dej, membre du club des
Feuillants, p. 312 en note.
Bassoncourt, membre du club de Valois
et de la Société de 1789, p. 401.
Baudoin. (Voir Baudouin.)
Bazin, député, indiqué comme membre
du club monarchique, p. 138; réclame,
p. 220.
Baudouin, imprimeur, membre du club
des Feuillants, p. 287 ; du club des Ja-
cobins et de la Société de 1789^ p. 401 ;
du club de la Sainte-Chapelle, p. 445.
Beauharnois (Alexandre), p. 201, 202;
membre du club des Feuillants, p. 287,
295, 386; de la société de 1789, p. 401.
Beaulieu ( Claude-François"), homme de
lettres, membre du club des Feuillants,
p. 296, 503 en note.
Beaumarchais, membre du club monar-
chique, p. 155; indiqué comme membre
du club de la Sainte-Chapelle, p. 451,
462; proteste, p. 464.
Beaumetz, membre de la société de 1789,
p. 401, 416.
Beauvilliers, restaurateur, p. 7, 595.
Befîroy de Reigny, auteur dramatique,
p. 577.
Behic, membre du club des Feuillants,
p. 297.
Bélanger (de), membre dn club de Valois,
a fait partie du club monarchique? p. 39.
Belin- Villeneuve, vice-président du club
de l'Hôtel de Massiac, p. 70.
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE 613
298, et de la société
Bénard, membre du club des Feuillants,
p. 297, et de la société de 1789, p. 401.
Bérard l'aîné, membre du club des Feuil-
lants, p. 297; de la société de 1789,
p. 401.
Bergasse, avocat, membre du club de
Valois, p. 32, 39; du club monarchique,
p. 154.
Bernières (chevalier de), membre du club
de Valois, p. 39; du club monarchique,
p. 155.
Berthier i le maréchal) et le comité Autri-
chien, p. 537.
Bertrand (de), ministre de la marine, sa
lettre à M. Cormier, p. 80.
Bésenval (baron de), p. 527.
Bienfaits de la Révolution (les), pam-
phlet, cité p. 130.
Bigot de Préameneu, député, membre du
club de la Sainte-Chapelle, p. 445, 462.
Billard, président du club de l'Hôtel de
Massiac, p. 70.
Billion, délégué du club de l'Hôtel de
Massiac, p. 76.
Bitaubé, membre du club des Jacobins
et de la société de 1789, p. 402.
Biron (duc de) , ou duc de Lauzun, membre
du club de Valois, i^. 32, 39; du club des
Feuillants, p. 287, de la. société de 1789,
p. 402.
Blaire (de), membre du club de Valois,
du club de l'Hôtel de Massiac? p. 39.
Blanchelande (Roussel de), gouverneur
de Saint-Domingue, ses rapports avec
le club de l'Hôtel de Massiac ; exécuté
en 1793, p. 80.
Blanchet, hommage, p. 27.
Blin, député, sa lettre à l'auteur du
Courrier de Gorsas, p. 142.
Boisgelin (le comte de), maréchal de
camp, membre du club de Valois, -p. ^9,
65 ; du club monarchique, p. loi.
Boisregard (marquis de\ ses réceptions,
p. 507. (Voir Lieuthraud.)
Boissel, avocat, auteur du Catéchisme
du genre humain, p. 73.
Boissy, membre du Club des Jacobins et
de la société de 1789, p. 402.
Boissy-d'Anglas, membre du club des
Feuillants, p. 287, 295, 320 ; du club de
Clichy, p. 484, 500 ; du cercle constitu-
tionnel, p. 513.
Bonaparte (Napoléon), p. 19, 20; attaqué
par Dumolard, p. 495; menace le club
de Clichy, p. 496 et suiv. ; ne veut plus
des Clubs, p. 504.
Bondeville, négociant, membre du club
des Feuillants, p.
de 1789, p. 402.
Bon Dieu ! qu'ils sont bêtes, ces Fran-
çais! brochure royaliste, p. 130.
Bonfils, député, membre du club des
Feuillants, p. 296, et de la société
de 1789, p. 402.
Bonnecarrère, p. 201, 202.
Bory, membre du club des Jacobins et
de la société de 1789, p. 402.
Boscary, négociant, membre du club des
Feuillants, p. 297, et de la société de
1789, p. 402,417.
Bosquillon, avocat, membre du club de
la Suinte-Chapelle, p. 456, 465.
Bouchage (vicomte du), ministre de la
marine, p. 82.
Bouche, membre du club breton, p. 277;
président du club des Feuillants, p. 280,
280, 296, 324.
Boucher d'Argis, indiqué comme membre
du club monarchique, p. 157; proteste,
dans le Moîiiteur universel et dans le
Journal de Paris, p. 220, 222.
Boufflers (chevalier de), membre de
l'Académie française et député de Nancy,
membre du. club monarchique, p. 152;
du club des Impartiaux,, p. 92, 99, 106.
Bougainville (de), chef d'escadre, membre
du club de Valois, p. 32, 39.
Boula d'OrvilIe, membre du club de Va-
lois, du club monarchique, p. 39, 65.
Boulay de la Meurthe, son rapport aux
Cinq-Cents sur le cercle Constitutionnel,
p. 514.
Boursac (vicomte de), membre du club
de Valois, du club monarchique? p. 40.
Bourse des Chouans (voir café de Char-
tres).
Boutin (maison) ou de la Bouèxière, lieu
de réunion du club de Clichy, p. 484,
485, 495.
Brézé (de), grand-maitre des cérémonies
sous Louis XVI, membre du club mo-
narchique, p. 153.
Brissot, membre de la société de 1789,
p. 417 ; meneur du comité Valazé, p. 471 ;
membre du club de la Réunion, p. 475 ;
dénonce le comité autrichien, p. 535.
Brochures, libelles et pamphlets, p. 6,
130, 264, 272, 486, 524, 543, 597, 599,
600.
Broglie (comte Joseph de), membre du
club de Valois, p. 40; du club des
Feuillants, p. 287, 297; de la Société
de 1789, p. 402.
614
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
Broglie (prince de), membre du club de
Valois, p. 40; de la Société de 1789,
p. 402.
Broglie (Victor), président de la société
des Amis de la Constitution, p. 201, 202,
266.
Brousse, membre du club des Feuillants,
p. 297; du club de FflZois, p. 40; du club
des Jacobins et de la société de 1789,
p. 402.
Broussonnet, membre du club des Ja-
cobins et de la société de 1789, p. 402.
Bulliet, trésorier de la société de 1789,
p. 417.
Bureaux-Puzy, député, indiqué comme
membre du club monarchique, p. Itil ;
réclame, p. 220 ; membre de la société
de 1789, p. 416.
Bussière (de la). — Voir Pèlerin Labu-
cière.
Buzot, membre du comité Valazé, p. 472.
Cabanis, membre du club des Jacobins et
de la société de 1789, p. 402.
Cabinet littéraire de Henri IV, p. 604.
Cabinet littéraire de Zoppi, p. 604. (Voir
Café Procope.)
Cabinets littéraires. (Voir Chambres de
lecture.)
Café Amaury, siège du club breton, p. 277.
Café Amelot, p. 587.
Café Chrétien, p. 587.
Café Conti, p. 587.
Café Cuisinier, p. 587.
Café de Bourbon, p. 586, 588.
Café de Chartres, « Bourse des Chouans»,
p. 17, 586.
Café de Chevalier, p. 587.
Café de Foy, p. 591.
Café de La Fayette, p. 587.
Café de la Justice, p. 586.
Café de la Porte-Saint-Martin, p. 587.
Café de la Régence, p. 586.
Café de la République, p. 585.
Café de la rue Taranne, p. 586.
Café de Mirabeau, p. 580, 588.
Café de Nancy, p 587.
Café de Valois, p. 69, 280, 585, 590.-
Café des Grands-Hommes, p. 585.
Café du Caveau, p. 580, 588.
Café du Commerce, p. 588.
Café du Grand-Amiral, p. 586.
Café du Parnasse, p. 586.
Café du Rendez- Vous, p. 587.
Café Flore, p. 586.
Café Français, p. 589.
Café Garchi, p. 589.
Café Hotto, p. 585.
Café Manoury, p. 586.
Café Marchand, p. 588.
Café Mécanique, p. 588.
Café Procope, p. 588.
Café Véfour. (Voir Café de Chartres.)
Cafés, p. 27, 585 et suiv.
Cafés et Restaurants à l'étranger, p. 596.
Caffin, membre du club des Jacobins et
de la société de 1789, p. 402.
Cahier de Gerville, ancien ministre,
membre du club de la Sainte-Chapelle,
p. 452, 463.
Caille, médecin, membre du club des
Feuillants, p. 300, et de la société de
1789, p. 402.
Camus, avocat, p. 118.
Cannac Saint-André, membre du club
des Feuillants, p. 299, et de la société
de 1789, p. 403.
Capucins (les), rue Saint-Honoré, servant
de lieu de réunion au club monar-
chique, p. 132, 136.
Caraman (chevalier Maurice de), membre
du club de Valois, p. 40, 65, a fait par-
tie du club monarchique? p. 153.
Caseaux (de), membre de la société de
1789, p. 417.
Carnot (Lazare) repousse les avances du
club de Clichy, p. 493.
Castellane (comte de), membre du club
de Valois, p. 40 ; du club de l'Hôtel de
Massiac, du club des Feuillants, de la
société de 1789, p. 403, 416.
Castellane (comte Joseph de), membre
du club de Valois, p. 41 ; du club mo-
narchique, p. 153.
Castries (duc de), député, membre du
club de Valois, p. 41.
Catéchisme des aristocrates (le), cité
p. 268, 415.
Catéchisme du genre humain (le), envoyé
au club de l'Hôtel de Massiac, p. 73.
y *■
Cavaignac, membre du club des Feuil-
lants, p. 300, et du club de la Sainte-
Chapelle, p. 450.
Cavailhès, député, membre du club des
Feuillants, p. 292, 298 ; de la société de
1789, p. 403.
Caylus (duc de), membre du club de Va-
lois, p. 41.
Cazalès(de), p. 96, 134 et suiv.
Cazaux, homme de lettres, membre du
club des Feuillants, p. 300 ; de la société
de ^789, p. 403, 416.
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
is ! pamphlet de
615
C'en est fait de no'
Marat, p. 529.
Cercle constitutionnel; sa fondation,
p. 313; sa fermeture, p. 314; les tra-
vaux du cercle de la rue du Bac, p. 516.
Cercle de la rue du Bac (voir Cercle
constitutionnel).
Cercles constitutionnels, p. 26, 513 et
314 ; en province, p. 515 ; fermeture des
sociétés particulières, p. 516.
Cérutti, membre de la société de i789,
p. 417.
Chabot, capitaine de cavalerie, membre
du club de Valois, p. 41; du club des
Feuillants, p. 299; delà société de i789,
p. 403; du club de la Réunion? p. 475.
Chambonas (marquise de), chez laquelle
s'assemblaient les rédacteurs des Actes
des Apôtres, p. 7.
Chambres de lectures et Cabinets litté-
raires, p. 27, 603; en province, p. 604.
Chamfort ou Champfort, membre du
club de Valois, a fait partie du club des
Amis de la Constitution, p. 32, 42 ;
membre de la société de 1789, p. 403,
417.
Champcenetz (marquis de), p. 7 ; membre
du club de Valois, p. 41, 65, 224.
Champcenetz (de), gouverneur des Tui-
leries, p. 529.
Champlatreux (président de), membre du
club de Valois, p. 41, 63; du club mo-
narchique, p. 156.
Chant du Coq (le), journal, supplément
du Babillard, paru en 1791, p. 9.
Chapelier, membre de la société de 1789,
p. 403, 416.
Chaponay (marquis de), membre du sa-
lon français, p. 378.
Charrin, commissaire-ordonnateur des
guerres, membre du club de Valois,
p. 41; de la société de 1789, p. 403.
Charton, indiqué comme membre du
club monarchique, p. 152; proteste,
p. 221.
Chartres (duc de), devenu le roi Louis-
Philippe I«', membre du club de Valois,
des Amis de la Constitution, p. 41.
Chassey, député, membre du club des
Feuillants, p. 287, 298, 331.
Châteauneuf-Randon , membre du club
des Feuillants, p. 287, 299, 320.
Chatelet (marquis du), membre du club
de Valois, p. 41 ; du club monarchique,
p. 152.
Chauveau, membre du club des Jacobins
et de la société de 1789, p. 403.
Chédeville, président de la société des
gardes nationaux de France, p. 388.
Chénier (André), membre du club des
Feuillants, p. 299 ; de la société de 1789,
p. 403, 415, 421.
Chénier (Joseph-Marie), membre du club
de la Sainte-Chapelle, p. 448.
Chéret, membre du club des Jacobins et
de la société de 1789, p. 403.
Chéron, député, membre du club des
Feuillants, p. 287, 299, 347 et suiv.,
355, 339.
Chevalier, député, membre du club des
Feuillants, p. 287, 298, 340.
Chevaliers du poignard, p. 592.
Choderlos ou de La Clos, membre du
club de Valois, de la société des Amis
de la Constitution, p. 42, 51; journa-
liste, p. 284 ; membre du comité orléa-
niste, p. 542 et suiv.
Choiseul-Stainville (duc de), membre du
club de Valois, arrêté en 1791, p. 42, 43.
Chronique du Manège (la), journal pu-
blié en 1789, p. 9.
Chronique scandaleuse (la), journal roya-
liste, cité, p. 543.
Cinq tyrans (les) ou le Présent et l'Ave-
nir, brochure, p. 503.
Clausel de Coussergues, membre du club
de Clichy, p. 483.
Clauzel, député de l'Ariége, propose la
comparution de Joznet à la barre de
la Convention, p. 86.
Clavière, membre de la société de 1789,
p. 415.
Clermont-Tonnerre (comte de), député,
membre du club de Valois, p. 42: pro-
nonce un discours au club des Impar-
tiaux, p, 93; au club de Viroflay, p. 129;
l'un des auteurs de la brochure Aux
Nobles de Paris, p. 129 ; fondateur du
club monarchique, p. 133, 160; figure
au club des Impartiaux, p. 148 ; réunit
des amis de la monarchie, p. 148; pa-
tron actif du club monarchique, p. 164;
membre du comité du club monarchique,
p. 181, 202, 212, 225, 237, 232, 260 et
suiv. ; réunions dans son hôtel, p. 202
et suiv., 228,233; son arrestation, p. 238;
ses protestations après la journée du
28 mars 1791, p. 244 et suiv.; désigné
comme membre du coinité Autrichien,
p. 534.
Clichyens, p. 14. (Voir Club de Clichy.)
Club Breton, p. 277, 603. (Voir Club des
Feuillants.)
Club britannique, p. 573.
Club de Clichy, p. 26; sa fondation, p. 483
616
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
et suiv. ; ses principaux membres, p. 483,
484; manifestations réactionnaires, p. 485
et suiv.; toasts de l'armée, p. 490; ses
agissements, p. 491 ; dégénère, p. 493 ;
manœuvres royalistes, p. 494 et suiv.;
les Clichyens au Conseil des Cinq-Cents,
p. 497 ; sa fermeture, p. 500.
Club de la Propagande, nom donné à la
société de 1780, p. 416.
Club de la Réunion, p. 26 ; fondé par
les Girondins, p. 475 ; son journal,
p. 476; ses luttes, p. 477 et suiv.
Club de la rue de la Michodière. (Voir
Club des Impartiaux, p. 93 en note.)
Club de l'Hôtel de Massiac, p. 26; son
but, p. 67; ses relations, p. 69; ses res-
sources, p. 70; liste des membres, p. 70;
distribution de brochures, p. 72; séance
extraordinaire du 27 février 1791, p. 75 ;
séance du l"mars 1791, p. 76; son rôle
lors de l'insurrection des colons de
Saint-Domingue, p. 76; les accusations
portées contre lui, p. 78, 79 ; le rôle de
Blanchclande, p. 80; sa politique, p. 81;
dénonciation à la Convention, p. 86;
décret de la Convention, p. 87; sa lin»
p. 88.
Club de la Sainte-Chapelle, p. 26, 446;
liste des membres, p. 446; compte rendu
des séances électorales de 1791, p. 458;
deuxième liste des membres, p. 462 ;
accusations portées contreleclub, p. 462
et suiv.; sa fin, p. 466.
Club de l'Évêché, p. 458.
Club de Midi à Quatorze heures, p. 577.
Club de 1789. (Voir Société de i789.)
Club de Niort (le) refuse de se coaliser
avec le club monarchique, p. 223.
Club de Salm, p.24; sa fondation, p. 507;
son but, p. 509 et suiv.; ses rapports
avec le Directoire, p. 510 ; ses travaux,
p. 511 ; premier plan de la déportation,
p. 511.
Club de Valois, p. 26; sa fondation, p. 31,
33; son local, p. 31, 33; ses principaux
membres, p. 32; son esprit, p. 32; sa
durée, p. 32 ; son Almanach, p. 33 ;
liste des membres, p. 35 et suiv.; déli-
bération du 27 février 1789, p. 34; as-
semblée générale du 7 novembre 1789,
p. 34 ; règlement de la Société, p. 35
et suiv.; membres du club ayant été
désarmés en 1791 par la Garde natio-
nale, p. 65.
Club de Viroflay,p. 129, 133. (Voir Club
monarchique.)
Club des Arts ou Salon des Arts, p. 581.
Club des Colons ou Société des Colons,
p. 69, 583.
Club des Colons blancs, installé le 20 août
1789 à l'Hôtel de Massiac. (Voir Club de
l'Hôtel de Massiac), p. 67.
Club des Cordeliers, son influence, p. 1,
2.
Club des détenus de Sainte-Pélagie,
p. 564.
Club des Échecs. (Voir Société des Échecs.)
Club des Étrangers, p. 583.
Club des Feuillants, p. 2 en note, 26, 277;
sa création, p. 278 et suiv. ; sa lutte
avec les Jacobins, p. 285; liste des
membres, p. 286; deuxième liste, p. 293;,
adresses, p. 323 et suiv. ; continuation
de la lutte avec les Jacobins, p. 330 ;
sociétés adhérentes, p. 336, 338 ; accu-
sations, p. 338; son rôle, p. 342; ses
séances deviennent publiques, p. 344;
tactique des Feuillants, p. 346; rap-
ports avec la municipalité, p. 347; le
Club des Feuillants à l'Assemblée na-
tionale, p. 350, 356; son influence dé-
cline, p. 358; son rôle en 1792, p. 361;
sa lin, p. 365.
Club des Impartiaux, p. 26; réunion des.
modérés, p. 91; ses principaux mem-
bres, p. 92; son but, p. 92; fondation
du club, p. 93; son organisation, p. 93;
le Journal des Impartiaux, p. 93; les
brochures, p. 97 ; exposé des motifs qui
ont porté les Impartiaux à se réunir,
p. 98 ; règlement, p. 100 ; principes des
Impartiaux, p. 102; lettre des Impar-
tiaux aux Amis de la Paix, p. 108;
réponse à cette lettre, p. 114; polé-
miques, p. 116 et suiv.; sa dispari-
tion, p. 125.
Club des Jacobins, p. 1, 2, 278.
Club des Neuf-Sœurs ou Société des
Neuf-Sœurs, p. 577.
Club des Quatre-Nations, p. 604.
Club du Café des Arts, p. 591.
Club Malouetiste, surnom donné au
club monarchiste, p. 210 en note.
Club monarchique ou des Amis de la
Constitution monarchique, p. 2 en
note, 26; sa création, p. 128; les li-
belles et brochures royalistes, p. 130;
conciliabules aux Capucins, p. 132, 136;
autres pamphlets,p. 142; difficultés pour
se réunir, p. 143 ; la réunion à la Sor-
bonne, p. 144 ; se transporte auxGranf^s
Jésuites, -p. 149; liste des membres, p. 150;
suite de la liste, p. 154; emblème du
club, p. 158; autres pamphlets, p. 159;
affiliations en province, p. 159; son
local, p. 162; crée une caisse pour
donner le pain à un sou et demi la
livre, p. 164; son action, p. 167; sa
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
617
dissolution demandée, p. 171 ; séances
suspendues, p. 174 ; discours du pré-
sident au procureur-syndic de la Com-
mune, p. 176; le. club reprend ses
séances, p. 178 ; délibération du 24 jan-
vier 1791 relative aux distributions de
pain, p. 181; réponse de la Municipa-
lité de Paris, p. 182; changements de
locaux, p. 183 et suiv.; dénonciations,
p. 188, 189; séance du 22 janvier 1791,
p. 190; lettre aux correspondants de
la Société, p. 200 ; nouvelles dénon-
ciations, p. 204; réponse de Malouet,
p. 206; lettre du Directoire au club,
p. 211; nouvelles attaques, p. 214;
subventions refusées, p. 214; luttes
occultes, p. 223; arrêté du directoire
de la Société, relatif à la publication
du Contre-poids à la calomnie, p. 227;
discours prononcé au Conseil muni-
cipal, p. 228; lutte entre le club et
ses ennemis, p. 232; lettres à la Mu-
nicipalité et réponses, p. 233 et suiv. ;
émeutes contre le club, p. 238 ; sa fer-
meture, p. 238; nouvelles lettres à la
Municipalité, p. 238 et suiv.; luttes vio-
lentes, réclamations, p. 244 et suiv.;
brochures, p. 264 et suiv. ; assemblées
à l'Hôtel de Richelieu, p. 573.
Club National, dépendance du Comité
Autrichien, p. 539.
Club politique, p. 581, 603.
Clubs de province correspondants du
club monarchique, p. 170, 171.
Clubs des Amis de la Patrie et du Roi,
leur objet, p. 3.
Clubs des Fédérés, p. 26, 150; premières
réunions, p. 380; députations au roi,
p. 383; réception des gardes natio-
naux à l'Hôtel de Ville, p. 387; fia,
p. 390.
Cocheley, membre et secrétaire de la
socié,té de 1789, p. 437.
Cochon, député, membre du club des
Feuillants, p. 288, 298, 320.
Cochon de Lapparent, lettre à lui adres-
sée par Bailly, p. 149.
Coigny (marquis de), premier écuyer de
Louis XVl, membre du club de Valois,
p. 43.
Colbert (comte de), membre du club de
Valois, du club monarchique? p. 43.
Colons de Saint-Domingue, p. 68; leur
pétition à l'Assemblée nationale en
décembre 1791, p. 79; mesures prises
pour pacifier les colonies, p. 84. (Voir
club de l*Hôtel de Massiac, p. 67.)
Comeyras (de), avocat au Parlement,
membre du club de Valois, p. 43, 65,
et de la société de 1789, p. 403.
Comité autrichien, p. 26 ; son but, p. 523;
son action et ses développements, p. 524;
le rôle de Marie-Antoinette, p. 525 et
suiv. ; enquête ordonnée par Louis XVI,
p. 527; ses complots, p. 527 et suiv.;
projet de fuite du l'oi, p. 527; entente
avec l'étranger, p. 530; intrigues, p. 531;
négociations du roi avec l'Autriche,
p. 531 ; ses membres principaux et ses
réunions, p. 534 et suiv.; dénoncia-
tions, p. 536; dépendances du comité
autrichien, p. 539.
Comité de défense générale, p. 85.
Comité orléaniste, p. 26, 541 ; ses prin-
cipaux membres, p. 542 ; le rôle du
duc d'Orléans, p. 542 et suiv.
Comité Polignac, p. 548.
Comité Valazé, p. 13, 26; ses débuts,
p. 471 ; ses principaux membres, p. 471,
472 ; son action, p. 473 et suiv.
Compagnies rouges (les), p. 270.
Compte rendu des séances électorales
de 1791, brochure citée, p. 458.
Comteval (de), membre du club de Va-
lois, p. 43; du club des Feuillants, p. 299;
de la société de 1789, p. 404.
Concert de la rue Feydeau (le), pièce
jouée en 1795, p. 467.
Conciliabule de la société des Amis du
peuple, pamphlet, p. 142.
Conciliabules, p. 26.
Condé (prince de), p. 129.
Condorcet (marquis de), membre de la
société des Amis des Noirs, du club de
Valois, p. 32, 44; de la société de 1789,
p. 404, 415, 417,421; sa lettre sur l'im-
portance de ce club, p. 425; ses articles
dans le Journal de la société de 1789,
p. 431; son salon, p. 559.
Conspirations de prisons, p. 563, 564.
Constant (Benjamin), secrétaire du club
de Salm, p. 509.
Constitutionnels, p. 10.
Contre les horreurs du jour, à tous les
vrais François, brochure citée, p. 268.
Contre-poids à la calomnie (le^ sup-
plément au Journal de la société des
Amis de la Constitution monarchique,
p. 227, cité p. 235.
Contre-poison des Jacobins (le), par .Mo-
reau et Jardin, p. IQ.
Contre-révolutionnaire (le), feuille roya-
liste, p. 10.
Cormeré (baron de), membre du club de
Valois, p. 43, 65; du club monarchique,
p. 156.
39*
618
TABLE ALPHABETIQUE ET ANALYTIQUE
Cormier, membre du club de l'Hôtel de
Massiac, p. 71, 76. (Voir Armajid de
Cormier.)
Cormier (Armand de), secrétaire du club
monarchique, p. ISi, 161 en note, 167,
181, 202, 212, 225, 228, 237, 252, 260.
(Voir Cormier.)
Corny (Etis de) , procureur du roi, membre
du club de Valois, p. 43.
Corps municipal de Paris, ses délibéra-
tions relatives au club monarchique,
p. 178. 225, 236.
Corruption de l'Assemblée nationale et
les crimes de ses membres (la), p. 133.
Cosmopolite (le), journal cité, p. 359.
Cottin, régisseur général des vivres, mem-
bre du rlub de Valois, p. 43 ; a fait partie
du club monarchique? p. 156.
Cottin fils, banquier, membre du club
de Valois, p 43; du club des Feuillants,
p. 288; de la société de 1789^ p. 404.
Coup de grâce des Feuillants (le), bro-
chure, p. 362.
Couplets de Piis chantés à la société
de i789, p. 418,
Court de la Tonnelle (de), membre du
club de l'Hôtel de Massiac, son arres-
tation, protestation des membres du
club, p. 75 et 76.
Cousin, hommage, p. 27.
Couvent des Miramiones, p. 559.
Crapart, libraire, éditeur de l'Ami du
roi, p. 602.
Créqui ou Créquy (marquis de), membre
du club de Valois, p. 43.
Cri de l'homme et de la vérité, brochure
de Barruel-Beauvert, citée p. 84.
Cri général (le), brochure royaliste citée
p. 498.
Crillon (Balbe), membre du club des
Feuillants, p. 292, 299; de la société
de 1789, p. 404.
Crillon (comte de), député, membre du
club de Valois, p Ai; du club des Feuil-
lants, p. 292, 299; de la. société de 1789,
p. 404, 416.
Crimes de Paris (les), brochure citée
p. 131.
Crimes du Club monarchiste (les), bro-
chure citée p. 265.
Croix-Mare (marquis de), fondateur de
la société des Lanturelus, p. 581.
Crosses épiscopales, nom donné aux
cannes à sabre, p. 137.
Crussol (le Bailly de), membre du club
de Valois, p. 44; du club monarchique,
p. 153.
Custines (marquis de), député, membre
du club de Valois, du club des Feuil-
lants, p. 44; du club monarchique?
p. 152; de la société de 1789, p. 404.
Dagieu ou d'Agieu. (Voir d'Agier.)
Daguesseau, conseiller d'Etat, indiqué
comme membre du club monarchique,
p. 153; proteste, p. 221.
Damas (comte de), membre du club de
Valois, p. 44; du club monarchique,
p. 156.
Dames de la Halle (les) à la société de
1789, p. 415; .sont royalistes, p. 574.
Dampierre, président du département
de l'Aube, indiqué comme faisant partie
du club monarchique, p. 155; proteste
dans le Moniteur ufiiversel et dans le
Journal de Paris, p. 220, 222.
Dandré ou D'André, député, président
du club des Feuillants, p. 294, 301, 350;
membre de la société de 1789, p. 415.
Dangirard, banquier, membre du club
de Valois, p. 44; du club des Feuillants,
p. 303; de la société de 1789, p. 404.
Danjou (l'abbé) accusé d'être feuillant,
p. 363.
Danton, p. 1.
Dantonistes, p. 12.
Daoust, député, membre du club des
Feuillants, p. 288, 301 ; de la société
de 1789, p. 404.
Daremberg de la Marque, député, membre
du club des Feuillants, p. 292.
Daymar. (Voir Aymar.)
Déclaration de M. d'Eprémesnil, bro-
chure, citée p. 223.
Decretot, député, membre du club des
Feuillaiits, p. 288, 301 ; du club des
Jacobins et de la société de 1789,
p. 404, 416.
Delaage ou De Laage de Belle-Faye,
membre du club de Valois, p. 44; de
la société de 1789, p. 404.
Delalain fils, libraire, membre du club
des Feuillants, p. 302.
Delessert (Etienne), banquier, p. 54 en
note. (Voir de Lessert.)
Delfau, député de la Dordogne, p. 364.
Delille (Jacques). (Voir de Liste.)
Démocrite (le) ou Journal du Midi, cité
p. 489.
Dessné, libraire, p. 393, 601.
Depinay, régisseur des douanes natio-
nales, membre du club des Feuillants,
p. 302, et de la société de 1789, p. 405.
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
619
Depont, membre du club des Jacobins
et de la société de 1789, p. 40o.
Déportation. (Voir club de Sabn, p. 311.)
De Profundis de l'aristocratie (le), bro-
chure, p. 147.
Desenne, libraire, p. 393, 600.
Deslandes, délégué du club de l'Hôtel de
Massiac, p. 76.
Desmeuniers, député de Paris, indiqué
comme membre du club monarchique,
p. 132; proteste, p. 219; membre du
club des Feuillants, p. 301 ; de la société
de 1789, p. 404, 416.
Desmolières. (Voir Gibert des Molieres.)
Desmoulins (Camille), p. 1 ; son quatrain
contre de Broglie, Augeard etBezenval,
p. 37; lettre à lui adressée par un
Impartial, p. 119; attaque la société de
1789, p. 440.
Desmoulins (Lucile), ses réunions, p. 13;
calomniée, p. 274; son salon, p. 560.
Dijon, membre du club des Feuillants,
p. 303, 358.
Dillon (comte Arthur de), député, membre
du club de Valois, p. 43; commandant de
l'expédition de Saint-Domingue, p. 79;
membre du club des Feuillants, p. 288,
301.
Dîners du Vaudeville (les), p. 580,
Dîners évangéliques, p. 7, 593.
Dinochaud, député de Blois, p. 147;
membre du club des Feuillants, p. 288.
Directoire (messages du) aux Cinq-Cents,
au sujet des Clubs, p. 491, 301,
District de Saint- Jacques l'Hôpital,
Assemblée générale du 3 février 1790,
p. 114.
Dodun (Madame) loue un appartement
pour le comité Valazé, p. 472.
Doppet (François-Amédée), à la société
des Jacobins, p. 82.
Dosfaut, député, membre du club des
Feuillants, p. 288, 301; de la société de
1789, p. 403.
Dubergier, avocat de Bordeaux, prési-
dent du chib monarchique, p. 150, 181,
188, 190, 206, 225, 228, 235, 237, 241,
252, 260.
Dubignon, membre du club des Jacobins
et (le la société de 1789, p. 403.
Dubois-Crancé, membre du club des
Feuillants, p. 288, 321,
Dubois de Bellegarde, député, se retire
du club de la Réunion, p. 475.
Duc d'Orléans (le) et le comité orléaniste,
p. 342 et suiv.
Duchâtelet, membre du club de Massiac
et de la société de 1789, p. 405.
Duclos-Dufresnoy, notaire, membre du
club de Valois, p. 43, en note.
Dufays, député de Saint-Domingue, p, 86,
Dufresne de Saint-Léon, membre du
club des Feuillants, p. 303; de la. société
de 1789, p. 403,
Dufresnoy, trésorier de la. société de 1789,
p. 403, 417.
Dumolard, membre du club de Clichy,
fait une motion au Conseil des Cinq-
Cents, p. 495; déporté, p. 500.
Dumouriez (général), p. 576.
Dupleix, membre du club de Valois, p. 46 ;
a fait partie du club monarchique,
p. 157.
Dupont de Nemours, son imprimerie
détruite, p. 18 ; indiqué comme membre
du club monarchique, p. 152; réclame,
p. 218; du club dts Feuillants, p. 292;
de la société de 1789, p. 391, 405, 416,
421.
Duport, député de Paris, membre du
club de Valois, du club des Amis de la
Constitution, p. 46; désigné comme
membre du comité autrichien, p. 534;
son salon, p. 557.
Duport-Dutertre, ancien ministre, mem-
bre du club de laSainte-Chapelle, p. 463.
Dupré de Saint-Maur, membre du club
de Valois, p. 46; du club monarchique,
p. 156.
Duquesnoy, député, membre du club des
Feuillants, p. 292, 302; de la société de
1789, p. 405, 416, 441 en note.
Durfort (comte de) s'entend avec l'Au-
triche, p. 530.
Durfort (vicomte de), membre du club de
■ Valois, p. 46.
Durovray, membre de la soczé^e de 1789,
p. 403, 415.
Duval Sanadon, membre du club de
rilôtel de Massiac, p. 71.
Duvernay, membre du club des Jacobins
et de la société de 1789, p. 405.
Duveyrier, membre du club des Jacobins
et de la société de 1789, p. 405.
Eclair (1') ou Journal de la France et de
VEurope, organe du chcb de Salm,
p. 510.
Eglise Saint- André des Arts, p. 15,
Eloge du gouvernement monarchique {!')
ou Exposition des principes et des
faits qui démontrent la nécessité de
rétablir la royauté en France, bro-
chure citée, p. 505.
620
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
Emmery, ancien député, membre du
club des Feuillants, p 292, 304; de la
société de 1789, p. 406, 416.
Engerrand, député, présente au Conseil
des Cinq-Cents des observations sur
les clubs, p. 503.
Epigamie des Brigands (1') ou la Latvo-
manie, satire, citée p. 272.
Eprémesnil (d'), p. 92, 96, 116, 134 et
suiv., 223.
Esménard, rédacteur du Babillard, cité
et note biographique, p. 9.
Espagnac (abbé d'), membre du club de
Valois, du club des Amis de la Constitu-
tion, p. 46.
Espinchal (le comte d'), membre du club
de Valois, p. 46; du club monarchique,
p. 136.
Estaing (comte d'), membre du club de
Valois, p. 46, en note.
Exposé des motifs qui ont porté les Im-
partiaux à se réunir, p. 98.
Factions contre-révolutionnaires, p. 23
et 24.
Fargès (de), conseiller d'Etat, membre
du club de Valois, p, 46; de la société
de 1789, p. 406.
Fauchet (Claude), aumônier du club mo-
narchique, p. 233.
Faucou, hommage, p. 27.
Fayau, député de la Vendée, dénonce
les colons, p. 87.
Fenouillot, membre du club des Jacobins
et de la société de 1789, p. 406.
Fergusson, membre du club des Jacobins
et de la société de 1789, p. 406.
Ferment, membre de la société de 1789,
p. 416.
Fejri. homme de lettres, membre du
club des Feuillants, p. 305 ; de la société
de 1789, p. 406.
Ferrières (marquis de), cité p. 3, mem-
bre du club de Valois, p. 47, 97, cité
p. 149.
Fersen (comte de), membre du club de
Valois, p. 47, 527, 529 et suiv.
Fête de la loi (la), p. 363.
Feuillant, directeur du Journal du Soir,
membre du club des Jacobins, p. 360.
Fiévée, journaliste, p. 500, 594.
Fitz-Gérald (de), député à l'Assemblée
nationale, membre du club de Valois,
du club des Amis de la Constitution,
p. 47,
Feydel, homme de lettres, membre du
club des Feuillants, p. 305, 387.
Folies d'un mois (les), publiées par or-
dre de l'Assemblée nationale, p. 538.
Fonbonne, secrétaire de la société des
gardes nationaux des départements de
France, p. 388.
Fontanes, p. 18, 163.
Fontenay, membre du club de l'Hôtel de
Massiac et de la société de 1789, p. 406.
Fontenilles (marquis de), membre du
club de Valois, p. 47, et de la société de
1789, p. 406.
Fontette (de), maître des requêtes, mem-
bre du club de Valois et du club monar-
chique, p. 47.
Fornier, membre du club des Feuillants,
p. 305, et de la société de 1789, p. 406.
Foucault de Lardimadie (marquis de),
député, demande la suppression des
sociétés populaires, p. 577.
Frestel, propriétaire du local du club de
Valois, p. 33; entrepreneur du club,
p. 34.
Frochot, député, membre du club des
Feuillants, p. 289, 305; de la société de
1789, p. 415.
Froullé, libraire, p. 601.
Fulchiron, banquier, membre du club
des Feuillants, p. 305 ; de la société de
1789, p. 406.
Gallifet (marquis de), membre du club
de l'Hôtel de Massiac, p. 71.
Ganilh (Charles), économiste, membre
de la société de 1789, p. 400 et 406.
Garât jeune, littérateur, député, membre
de la société de 1789, p. iOQ.
Gardes du roi surnuméraires, p. 132.
Gathey ou Gattey, libraire du Palais-
Royal, p. 8, 264, 370, 384, 595, 597.
Gauthier, banquier, membre du club de
Valois, p. 47; du club monarchique,
p. 157; du club des FeuilUmts, p. 307;
de la société de 1789, p. 406.
Gazette de Paris, commencée en 1789
par Du Rosoy, p. 10.
Gazette des cours de l'Europe, le Roya-
liste, ami de rhumanilé, journal fondé
en 1791, p. 574.
Genlis (madame de), son salon bleu,
p. 555.
Genlis (marquis de*, membre du club de
Valois, p. 47.
Gensonné, membre du comité Valazé,
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
621
p. 472; établit l'existence du comité
autrichien, p. 534.
Germain, trésorier de la société de 1789,
p. 406, 417.
Gibert l'aîné, notaire, membre du club
de la Sainte-Chapelle, p. 449, 467.
Gibert des Molières, membre du club
de Valois, p. 45; loue la maison Boutin,
p. 484; membre du Conseil des Cinq-
Cents, p. 488, 499; déporté, p. 500.
Guingueré, membre du cercle constitu-
tionnel, p. 514.
Girardin, libraire, p. 601.
Girondins, p. 13.
Gleizen, avocat, député, membre du club
breton, p. 277.
Gobel, évêque de Paris, membre du club
des Feuillants, p. 289, 321.
Gossec, musicien, accusé de faire partie
du club de la Sainte-Chapelle, p. 467.
Gouffre infernal des aristocrates (le), ou
l'antre de Gattey, brochure, p. 599.
Gouget-Deslandres, membre de la. société
de 1789, p. 421.
Goupil de Préfeln, député, membre du
club breton, p. 277; du club des Feuil-
laîits, p. 289, 306, 332, 333.
Goupilleau (de Montaigu), député, dé-
nonce le club de l'Hôtel de Massiac à
la Convention, p. 86.
Gouvernet (comte de), puis marquis de
la Tour du Pin, membre du club de
Valois, p. 48; de la société de 1789,
p. 407.
Gouvion , membre du club des Jacobins
et de la société de 1789, p. 407.
Gouvion (Jean-Baptiste de), dénonce le
satoîi français, p. 377.
Gouy-d'Arsy (marquis de), député, mem-
bre du club de Valois, p. 48; mandat
d'arrêt décerné contre lui, p. 86 ; mem-
bre du club des Feuillants, p. 306.
Grammont (marquis de), membre du
club de Valois, p. 48; du club des
Feuillants, p. 307; dela.Sociétédel789,
p. 407.
Grand détail des projets de conspiration
concernant le club monarchique, bi'o-
churo citée, p. 224.
Grandmaison, membre dn club des Ja-
cobins et de la société de 1789, p. 407.
Grande dénonciation d'un nouveau club
de conspirateurs, rue Jacob, brochure,
p. 573.
Grande éclipse du soleil jacobiuiste et
de la lune feuillantine, brochure, p. 362.
Grands-Augustins (le couvent des) sert
aux réunions du club des Impartiaux,
p. 91.
Grands-Jésuites (les), rue Saint-Antoine,
servent de lieu de réunion au club
monarchique, p. 149.
Grands tableaux magiques des fameuses
suppressions faites par la très grande
et très infaillible Assemblée prétendue
nationale, brochure citée, p. 131.
Granger, membre du club des Jacobins
et de la société de 1789, p. 407.
Granvelle (Raillard de), membre du club
de Valois, p. 48; de la société de 1789,
p. 407.
Grave (chevalier de), premier écuyer du
duc de Chartres, membre du club de
Valois, p. 48; du club des Jacobins et
de la société de 1789, p. 407.
Greffulhe (de), banquier, membre dnclub
de Valois, p. 48; de la société de 1789,
p. 407.
Grenus, négociant, membre du club des
Feuillants, p. 307 ; de la société de 1789,
p. 407.
Grivel, banquier, membre du club des
Feuillants, p. 306; de la société de 1789,
p. 407.
Grouchy (comte de), membre du club
de Valois, p. 48; de la société de 1789,
p. 407.
Grouvelle (de), littérateur, membre du
club de Valois, p. 48; de la société
de 1789, p. 407, 415, 417, 421, 437.
Guadet, député, ses paroles à l'Assemblée
en 1791 au sujet du club de l'Hôtel de
Massiac, p.77; membre du comité Va-
lazé, p. 472,
Guillon (abbé), auteur de Mémoires cités,
p. 378.
Guillotin, médecin, député, membre du
club de Valois, p. 48 ; membre du club
des Feuillants, p. 289, 306; de la société
de 1789, p. 407.
Guimps (chevaUer de), membre du club
de Valois, p. 48, 65; du club monar-
chique, p. 153.
Guimps (de), membre du club de Valois
et du club monarchique, p. 48. (Voir
chevalier de Guimps.)
Guiraudet, membre du club des Jacobins,
membre et secrétaire de la société de
1789, p. 407, 437.
H
Hamelin, commandant du bataillon des
Récollets, membre du club des Fédérés,
vice -président du club monarchique^
p. 151,163, 181,228,252,260,
622
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
Hassenfratz, chimiste, membrede la so-
ciété de 1789, p. 407.
Hautefort fd'), membre du Directoire du
club monarchique, p. 151, 181, 202,212
225, 228, 233, 237, 252, 260.
Haymann (général), avocat général, mem-
bre du club de Valois, p. 49.
Hello, des Côtes-du-Nord, s'occupe des
clubs au Conseil des Cinq-Cents, p. 504.
Hénin (prince d'), membre du club de
Valois, p. 49, 348.
Hérault de Séchelles, membre du chib
de Valois, p. 49.
Heyden, patriote hollandais, membre du
club des Feuillants, p. 307 et de la so-
ciété de 1789. p. 407.
Hoggner ou Hogguer, membre du club
de Valois, p. 49; de la société de 1789,
p. 407.
Histoire du bataillon des jeunes citoyens
à l'attaque du faubourg Saint-Antoine,
citée p. 488.
Hoche (Lazare), attaqué parles Clichvens,
p. 502.
Horoscope de l'Assemblée nationale,
brochure citée p. 133.
Hôtel de Clermont- Tonnerre, lieu de
réunion des monarchistes, p. 202; est
attaqué, p. 204.
Hôtel d'Esclignac, p. 574.
Hôtel de Massiac, lieu de réunion du
club des Colons blancs et du club de
l'hôtel de Massiac, p. 67 et suiv.
Hôtel de Richelieu, loué au club monar-
chique, p. 185, 573.
Hôtel de Tours, rue du Paon, lieu de
réunion royaliste, p. 601.
Hua, membre du club des Feuillants,
p. 359.
Hurel, payeur de rentes, membre du club
de Valois, p. 49; du club des Feuillants,
p. 307; du club des Jacobins et de la
société de 1789, p. 408.
Hutteau (François-Louis), avocat, mem-
bre du Chib des Impartiaux, p. 92, 116.
Hyde de Neuville, membre du club de
Clichy, p. 479, 529.
Indicateur (1'), journal royaliste, fondé
en 1792, p. 273.
Indulgents, leur évolution, p. 12.
Intrigues dévoilées (les), etc., brochure,
citée p. 6.
Introduction, p. 1 .
Isnard (Henri-Maximin), membre du club j
rfe la Réuni07i, p. 473. |
Jacobins hors la loi (les), brochure,
p. 486.
Jacobins (lutte des) avec les Feuillants,
p. 285 et suiv., 330 et suiv.
Jarjayes ou Jarjaye, membre du Salon
français, p. 378.
Jaucourt (comte François de), député,
membre du club de Valois, du club des
Amis de la Constitution, p. 49 ; du club
des Feuillants, p. 308; de la société de
1789, p. 408.
Jauge, banquier, membre du club de Va-
lois, p. 50, en note ; du club des Feuil-
lants, p. 308; de la société de 1789,
p. 408,
Jaume, député, membre du club des Feuil-
lants, p. 289, 308, et de la société de
1789, p. 408, 416.
Jessé, membre de la société de 1789,
p. 416.
Jeu de paume de la rue de Grenelle
Saint-IIonoré. Le club monarchique s'y
réunit, p. 187.
Jeunesse dorée (la), p. 486 et suiv., 594.
Jordan (Camille), député, membre du club
de Clichy, p. 479, 493, 500; du cercle
constitutionnel, p. 513.
Jourdan. (Voir Jordan.)
Journal de la Cour et de la Ville [Petit-
Gauthier), p. 10, 269.
Journal de la société de 1789, p. 393, 419 ;
ses principaux collaborateurs, p. 421 ;
les articles de Condorcet, p. 431.
Journal de Louis XVI et de son peu-
ple, etc., commencé eu 1790, p. 8.
Journal de Paris, cité p. 6, 603 en note.
Journal des Amis de la Constitution mo-
narchique, sa création, p. 163.
Jounal des Amis de la Paix et du Bon-
heur de la Nation, organe du club de
la Réunion, p. 476.
Journal des clubs ou sociétés patrioti-
ques, paru en 1790, p. 4.
Journal des fédérés, royaliste, p. 384.
Journal des Impartiaux, paru en 1791,
p. 93, cité p. 99, 122.
Journal du Palais-Royal, paru en 1789,
cité p. 590.
Journal du Soir (le) ou le Petit Page,
publié en 1791, cité p. 9.
Journaux (liste des) se trouvant tous les
jours au club de Valois, p. 64.
Jozeau, avocat, p. 144.
Joznet, dit Laviolette, p. 86; sa compa-
rution devant la Convention, p. 86.
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
623
Ker, banquier, meinbre du club de Va-
lois, p. 50; et de la société de 1789,
p. 408.
Keralio, membre de la société de 1789,
p. 408, 417.
Kersaint (comte de), député, membre du
club de Valois, du club des Amis de la
Constitution, p. 50, 332; de la société
de 1789, p. 408, 415, 421.
Kervelegan, député, membre du club
des Feuillants, p. 289, 337.
Labhaerd, aucieu négociant, membre du
club des Feuillants,'^. 311; de la société
de 1789, p. 408.
La Blache (comte de), député aux États-
Généraux, membre du club de Valois,
p. 50; du club monarchique, p. 153; de
la société de 1789, p. 408.
Laborde de Méréville (de), député, mem-
bre du club de Valois, p. 50, en note; du
club des Feuillants, p. 310.
Laboullée, coiffeur, p. 603.
La Bourdonnaye (vicomte de), membre
du club de Valois, p. 50 ; de la société
de 1789, p. 408.
La Briffe, officier, membre du club de
Valois, p. 66.
La Bussière (de), membre du club de
Valois, p. 50; du club monarcliique,
p. 152.
Lacépède, de l'Académie des sciences,
membre du club des Feuillants, p. 309 ;
du club des Jacobins et de la société de
1789, p. 408, 417.
La Chèze, l'un des fondateurs du club
des Impartiaux, p. 99, 106.
La Clos (de). Voir Choderlos.
La Colombe (de), membre du club de
Valois, p. 51, et de la société de 1789,
p. 408.
Lacoste, régisseur des domaines natio-
naux, membre du club des Feuillants,
p. 289, 311, et de la société de 1789,
p. 408.
La Coste (de), l'un des fondateurs du
club des Impartiaux, p. 99, 106.
La Crételle, député, avocat au Parle-
ment, membre du club de Valois, p. 15;
du club des Feuillants, p. 310; de la
société de 1789, p. 408.
La Croix (de), membre du club de Valois,
p. 51 ; a fait partie du club monarchi-
que ? p. 152.
La Fare, évêque et député de Nancy»
membre du club des Impartiaux, p. 92.
La Fayette, membre de la société des Amis
des noirs , du club de Valois , p. 32, 51 ;
reçoit Malouet, p. 98; membre du club
des Feuillants, p. 278, 289 ; de la société
de 1789, p. 391, 408, 415, 416 et suiv.,
442.
LaSon (abbé de), membre du club de Va-
lois, p. 51, et de la société de 1789,
p. 408.
Lagarde, secrétaire général de la police,
p. 16.
Lagrévole, membre du club des Feuil-
lants, p. 339.
La Harpe, p. 18; son salon, p. 571.
Lalanne, membre du club des Jacobins et
de la société de 1789, p. 408.
Lallemand, membre du cltib des Jacobins
et de la société de 1789, p. 409.
Lally-Tollendal (comte de), membre du
club de Valois, p. 51, en note; l'un des
signataires de la lettre aux nobles de
Paris, p. 130; ses rapports avec le club
monarchique, p. 160, 173; publie une
Défense des émigrés français, p. 497.
La Marck ou Lamarck (comte de), mem-
bre du club de Valois, p. 51 ; de la so-
ciété de 1789, p. 409.
Lamballe (princesse de); son salon,
p. 549.
Lambertye (comte de), membre du club
de Valois, p. 51, 63; du club monarchi-
que, p, 133.
Lambesc (prince de), p. 129.
Lameth (Alexandi'e de), membre du club
de Valois, p. 32, 32, en note; cité p. 128 ;
membre du club Breton, p. 277, 290;
du club des Feuillants, p. 310.
Lameth (Charles de), membre du club de
Valois, p. 32,, 52, eu note; du club bre-
ton, p. 277, 290; du club des Feuillants,
p. 311, 343.
Lameth (marquis de), membre du club
de Valois, p. 32, 52.
Lameth (Théodore de), membre du club
de Valois, du club des Amis de la Cons-
titution, p. 32, 52 ; du club des Feuil-
lants, p. 311.
Lametherie, député, membre du club des
Feuillants, p. 290, 309, et de la société
de 1789, p. 409.
Lamoignon (marquis de), membre du
club de Valois, p. 64.
Lamothe, colonel de hussards, proteste
de son attachement à la République,
p. 83.
624
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
Landelle, au carrefour Bucy; la société
du Caveau se réunit chez lui, p. 580.
Lfanjuinais, député, membre du club des
Feuillants, p. 290, 308.
Lannes (maréchal), manifeste contre le
club de Clichy, p. 491.
La Réveillère-Lepeaux, ses rapports avec
le club de Salm. p. 510.
Larive, membre du club des Jacobins et
de la société de ■i789, p. 409.
Larivière, membre du Conseil des Cinq-
Cents, membre du club de Clichy, p. 484 ;
du cercle constitutionnel, p. 513.
La Roche-Aymon (de), p. 233.
La Rochefoucauld (duc de), député, mem-
bre du club de Valois, p. 52; confé-
rence chez lui, p. 99 ; sa lettre au Me?--
cure de France, relative à la fondation
du club des Impartiaux, p. 105; l'un
des signataires de la pièce Aux nobles
de Paris, p. 129 ; membre du club des
Feuillants, p. 290, 310, de la société de
1789, p. 409, 416, 421.
La Rochefoucauld, membre du club des
Feuillants, p. 311, et de la société de
1789, p. 409.
La Rochejacquelin (marquis de), mem-
bre du club de l'Hôtel de Massiac, p. 70.
Lartigue, délégué du club de l'Hôtel de
Massiac, p. 76.
La Touche (comte de) , député, membre
du club de Valois, p. 53.
La Tour du Pin (marquis de). (Voir
Gouvernet.)
La Tour-Maubourg (chevalier de), mem-
bre du club de Valois, p. 63; l'un des
fondateurs du club des Impartiaux, p 99,
106.
La Trémouille, membre du club de la
Sainte-Chapelle, p. 446, 462.
Lauraguais (chevalier de), rédacteur aux
Actes des Apôtres, membre du club de
Valois, p. 53.
Laurent, hommage, p. 27.
Lauzun (duc de). (Voir Biron.)
Lavalette, membre du club des Feuil-
lants, p. 310; de la société de 1789,
p. 409.
La Vallette (comte de), membre du club
de Valois, p. 53, 65.
La Vaupalière (marquis de), membre
dd club de Valois, p. 53 ; du club mo-
narchique, p. 155.
Lavaux, avocat, s'attribue la fondation
du salon français, p. 370 ; se présente
au salon politique, p. 380.
La Vieuville (chevalier de), membre du
club de Valois, p. 53, 65.
Laviolette. (Voir Jozwe^)
Lavoisier, membre de la société de 1789,
p. 409, 417.
Lebret, libraire, p. 600.
Le Chapelier, député, fait adopter un dé-
cret sur les clubs et associations, p. 4,
5; indiqué comme membre du club mo-
narchique, p. 151; proteste, p. 249;
membre du club breton, p. 277; du club
des FeuilUmts, p. 290, 309, 331, 350; de
la société de 1789, p. 391, 409, 415 et
suiv.
Lecointre (Laurent), p. 16.
Lecouteulx de Canteleu, député, membre
du club de Valois, p. 53; du club des
Feuillants, p, 293, 310, et de la société
de 1789, p. 409, 416.
Lecouteulx de la Noraye, membre du
club des Feuillants, p. 310, et de la so-
ciété de 1789, p. 409; trésorier de cette
Société? p. 417.
Le Hoc, intendant des finances du duc
d'Orléans, membre du club de Valois,
p. 54, et de la société de 1789, p. 409.
Lejay, libraire, imprimeur du journal de
la société de 1789, p. 393.
Le Marchant de Gomicourt et le cercle
constitutionnel, p. 513.
Lemerer, membre du club de Clichy,
p. 484, 500,501; du cercle constitution-
nel, p. 513.
Lemonnier. Apprécie aux Jacobins le club
monarchique, p. 166; discours, p. 176.
Le Moyne, député de Paris, indiqué
comme membre du club mo7iarchique,
p. 152; proteste, p. 218.
Lendemain (le), journal contre-révolu-
tionnaire, paru en 1790, p. 214, en note.
Lenoir-Laroche, ministre de la police,
membre du club de Salm, p. 510; ses
observations à propos du cej'cle consti-
tutionnel, p. 515.
Léon (prince de), député suppléant, mem-
bre de la société des amis des noirs, du
club de Valois, p. 54.
Leroy, de l'Académie des sciences, mem-
bre du club des Feuillants, p. 310; de
la société de 1789, p. 409; du club de la
Sainte-Chapelle, p. 446.
Lessert (de), membre du club de Valois,
p. 54, en note, et de la société de 1789,
p. 409.
Les trois régicides, Jacques Clément,
Ravaillac et Damiens, au club des Ja-
cobins, brochure royaliste, citée p. 131.
Letourneur, ministre de la police géné-
rale, p. 16.
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
625
Lettre à monsieur *** sur la société de
■1789, par Condorcet, citée p. 423.
Lettre de la société des Amis de la Constitu-
tion du 24 janvier 1791, et réponse de la
société des Amis de la Constitution mo-
narchique, p. 200.
Lettre d'un patriote à un de ses amis
au sujet de la dissolution et du réta-
blissement du club monarchique, p. 162,
Lettres du marquis de Favras, brochure
citée p. 131.
Level (M"" de) ou Lewal loue un local
au saloîi français, p. 370, 371.
Lewal, p. 375. (Voir Level.)
Levis (duc de), député, membre du club
de Valois, p. 54, en note.
Liancourt (duc de), député, membre du
club de Valois, p. 34; l'un des fonda-
teurs du club des Impartiaux, p. 99,
106; membre de la société de 1789?
p. 409, 416.
Libelles. (Voir Brochures.)
Liberté de la presse, Constitution de
l'an III, p. 17; suspendue par le Direc-
toire, p. 18; journalistes déportés,
p. 18; mandats d'arrêt, p. 18; arrêté
des Consuls, p. 19; Constitution de
l'an VIII, p. 20; Constitution de l'anX,
p. 20.
Liberté de réunion, arrêté du Directoire,
p. 15; Constitution de l'an III, p. 17.
Librairies, p. 27, 597.
Lieux de rendez-vous, p. 26, 553.
Lieuthraud (Voir Beauregard),
Limon (de), contrôleur des finances du
duc d'Orléans, membre du club de Va-
lois, p. 34, en note.
LisIe (abbé de), ou Delille, membre de
l'Académie française, membre du club
de Valois, p. 5i.
Liste des députés de l'Assemblée na-
tionale qui, réunis daus l'église des
Feuillants, le dimanche 4 octobre 1791,
ont pris la résolution de se présenter
à la société des Amis de la Constitu-
tion, p. 321.
Liste des journaux se trouvant au club
de Valois, p. 64.
Liste des membres de la société de 1789^
p. 401.
Liste des membres du club de la Sainte-
Chapelle, p. 446; deuxième liste, p. 462.
Liste des membres du club de l'Hôtel de
Massiac, p. 70.
Liste des membres du club de Valois,
p. 33.
Liste des membres du club des Feuil-
lants, p. 286, 293.
Liste des membres du club monarchique,
p. 130; suite de la liste, p. 154. Voir
note, p. 138.
Liste des papiers publics se trouvant
tous les jours au club de Valois, p. 64.
Logographe (lej, journal monarchique,
fondé en 1790, p. 357.
Louis XVI (Voir comité Autrichien).
Loustalot, cité p. 137.
Loyseau (Jean-René), jurisconsulte, mem-
bre de la société des Amis de la Consti-
tution, p. 149, 225.
Luxembourg (duc de), député, membre
du club de Valois, p. 54, en note.
Luxembourg (madame de;, son salon,
p. 351.
Luynes (duc de), député, membre du
club de Valois, p. 54, eu note; membre
du club mo?iarchique, p. 153.
Luzignem (marquis de), député, membre
du club de Valois, p. 55 ; du club monar-
chique, p. 130, 152; du club des Feuil-
lants, p. 293, 310; du club de l'Hôtel de
Massiac, et de la société de 1789, p. 409,
416.
M
Mafs. restaurateur du Palais-Royal, p. 7,
594.
Maille (de), p. 129.
Maillebois (comte de), p. 327.
Maillet (Antoine), membre du club des
Feuillants, p. 313, et de la société de
1789, p. 409.
Maissemy (Poitevin), indiqué comme
membre du club monarchique, p. 152 ;
proteste, p. 221.
Malartie de Fondât (de), membre de la
société des Amis des noirs, du club de
Valois, p. 33, 63; du club monarchique,
p. 135; de la société de 1789, p. 410.
Malboissière (abbé de), membre du club
de Valois, T^. 53, et delà, société de 1789,
p. 410.
Mallet, historien suisse, membre du club
de Valois, p. 35; du club monarchique,
p. 156, et de Isisociété de 1789, p. 410.
Mallet fils, membre du club de Valois,
p. 53, et de la société de 1789, p. 410.
Mallet du Pan, journaliste, membre du
club des Impartiaux, p. 92, 496, 532.
Malouet, ses relations avec le club de
l'Hôtel de Massiac, p. 78 ; commandant
de l'expédition de Saint-Domingue,
p. 79; réunit, avec quelques amis, des
« modérés », au couvent des Gi'ands-
Augustins, p. 91 ; membre du club des
40
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
626
Impartiaux, p. 92; sa démarche chez
le commaudant de la milice de Paris,
p. 98; ses rapports avec les Impar-
tiaux, p. 99, 106, 11 G; membre et fou-
dateur du club monarchique, p. 154,
. 160, 179, 180 ; sa réponse à la dénoncia-
tion du club monarchique, faite par
Barnave. p. 206; sa lettre aux commis-
saires du club monarchique, p. 249; di-
rige la société de 1789, p. 415; accusé
d'avoir été à la réunion de Bellevue,
p. 548.
Mandat, ancien capitaine aux gardes-
françaises, membre du club monarchi-
que, p. 157.
Marat et le club Valazé, p. 472, 473; dé-
nonce le comité Autrichien, p. 529.
Marbois (de), membre du club de Clichy,
p. 484.
Marchands d'infamies, pamphlet contre
es .lacobius, p. 486.
Marchant, rédacteur des Sabats jacobites
{sic), cité, p. 9.
Marck (comte de la) et Mirabeau, p. 526
et suiv.
Marck (madame de la\ son salon, p. 551.
Maret. (Voir Bussano.)
Marie-Antoinette, ses rapports avec le
club Autrichien, p. 525 et suiv.
Marignier fils, membre du club des Feuil-
lants, p. 313; du club des Jacobins et de
la société de 1789, p. 410.
Marignier père, membre du club des
Feuillants, p. 313; de la. société de 1789,
p. 410.
Marmontel, membre de la société de
■1789, p. 415.
Maron, membre du club des Feuillants,
p. 313, et de la société de 1789, p. 410,
en note.
Marsilly, membre du club des Feuillants,
p. 313; du club des Jacobins et de la
Société de 1789, p. 410.
Martainville, secrétaire de Legendre,
p. 483, 486, 487.
Martyrologe national (le), cité, p. 543.
Masse, restaurateur au Palais -Royal,
loue un local au Salon français, p. 370.
Massiac (marquis de), membre du club
de l'Hôtel de Massiac, p. 71.
Masson, membre du club des Feuillants,
p. 313; de la Société de 1789, p. 410.
Mathieu-Dumas, membre du club de Cli-
chji, p. 484; du cercle Co?istitutio?inel?
p. 513; du comité Autrichien, p. 539.
Maubec (marquis de), membre du club
de Valois, p. 55, 65.
Maubourg (de), indiqué comme membre
du club monarchique, p. 151; proleste,
p. 219.
Maury, p. 92, 96, 116, 134, 138, S72.
Melan, loue le Wauxhall d'été au club
monarchique, p. 183.
Melfort (comte de), membre du club de
Valois, p. 55, 65.
Mémoires de la Société de 1789 (Voir
Journal de la Société de 1789).
Menneville, propriétaire du local du club
de Valois, p. 33; entrepreneur du club,
p. 34.
Menou (baron de), député, membre du
club de Valois, p. 55 ; du club des Amis
de la Constitution, p. 55; concourt à
la fondation du club des Feuillants,
p. 290, 313.
Mercure de France, cité p. 124.
Mercy-Argenteau (comte de), ambassa-
deur de Vienne à Paris, désigné comme
directeur du comité Autrichiefi, p. 527,
529 et suiv.
Mersan, membre du club de Clichy,
p. 500, 501.
Meunier, indiqué comme membre du
club monarchique, p. 153; proteste,
p. 220.
Michaud, journaliste, p. 500; fondateur
de la Quotidienne, p. 557.
Milly (de), avocat au Parlement, son dis-
cours distribué aux membres du club
de l'Hôtel de Massiac, p. 74.
Mirabeau, p. 372, 373, 386; membre du
club des Jacobins et de la société de
1789, p. 410, 415, 421 et suiv.; membre
du comité orléaniste, p. 542.
Mirabeau (vicomte de), p. 7, 92, 96, 109,
116, 134 et suiv,
Mirepoix (comte de), député de Paris,
p. 130.
Miroir (le), journal cité p. 503.
Molleville (Bertrand de), ministre de la
marine, à la tête du comité Autrichien,
p. 533, 534.
Monestier, membre du club des Jacobins
et de la société de 1789, p. 410.
Moniteur universel (le), cité p. 141 ; son
article sur la réunion des monarchistes
à la SorbounCi p. 144, 145.
Mondot, membre du chib monarchique^
p. 152, 163.
Montagne et Montagnards, p. 12.
Montboissier (baron de), député, mem-
bre du club de Valois, p. 56; du club
monarchique, p. 156, 270.
Montbreton (de), receveur général des
finances, membre du club de Valois^
p. 56; du club monarchique, p. 153.
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
627
Montesquiou (marquis de), député, aca-
démicien, membre du cJub de Valois,
p. 56, 129, ;Ji3.
Montlosier, présenté par Sieyès au chib
de Valois, p. 32 ; organise des concilia-
])ules aux Capucins, p. 134 et suiv.
Montmorency, membre de la société de
■17 SO, p. 410.
Montmorin, ministre, soupçonné de faire
partie du comité Autrichien, p. o26, 527,
prépare un projet de fuite de Louis XVI,
p. 529; à la tête du comité autrichien,
p. 533.
Mordant (baron de), arrêté dans l'Hôtel
de Massiac, ]}. 73.
Moreau de Saint-Méry, député, auteur
d'un mémoire : Contre les Amis des
Noirs, en envoie cent exemplaires au
club de l'Hôtel de Massiac, p, 73; mem-
bre du club des Feinllants, p. 290, 312,
et de la société de -17 89, p. 410.
Moreton-Chabrillan (comte), membre de
la Commune en 1789, membre du club
de Valois, du club des Amis de la Çojis-
litution, p. 5G.
Mort et passion de Louis X'VI, roi des
juifs et des Français, brochiwe parue
en 1790, p, 132.
Mouchy (de), maréchal de France, mem-
bre du club monarchique, p. 156.
Mounier, p. 160.
Mourgues, membre du club des Feuil-
lants, p. 313, et de la société de 1780,
p. 411.
Moustier ( comte de ) , accompagna
Louis XVI dans sa fuite, a publié une
relation du voyage royal, membi'e du
club de Valois, p. 56.
Mouysset, député, propose à l'Assemblée
législative de former un club dans la
salle les après-midi, p. 360.
Murinais (le chevalier d'Auberjon-) ,
membre du club monarchique, p. 152,
179; du club de Clichy, p. 484, 500.
(Voir Salon de madame de Murinais.)
Murinais (madame de), son salon, p. 555.
Muscadins, royahstes, p. 21.
N
Narbonne (comte Louis de), ministre,
membre du club de Valois, eu note,
p. 56, 345; de la société de 1780, p. 411.
Neclcer (madame), son salon, p. 553.
Neufcliâteau (François de), ministre de
riiilérieur, membre du club de Sahn,
p. 510.
Niel, vice-président de la société des
gardes nationaux des déparlements de
France, p. 388.
Nivernais (duc de), son salon, p. 551.
Noailles (maréchal de), son salon, p. 551.
Noailles (vicomte de), député, membre
du club de Valois, du club des Amis de
la Constitution, p. 57.
Non, d'Orléans, tu ne régneras pas !
pamphlet cité p. 543.
Nous mourons de faim, le peuple est
las, il faut que ça finisse, brochure de
Martainville, p. 487.
Nouveau dictionnaire français , cité
p. 132.
Nouveau dictionnaire pour servir à l'in-
tellir/ence des termes mis en vogue par
la Révolution, cité p. 273.
Observateur (1'), journal de Feydel, cité
p. 91.
Observations srir le mode de bienfaisance
qu'avait adopté le Directoire de la so-
ciété des Amis de la constitution 7nonar-
chique, publication de la Société, p. 191.
Orléans (duc d'), un de ses surnoms,
p. 6; membre du club de Valois, p. 57;
membre du club des Feuillants, p. 288,
321 ; dénoncé comme membre du co-
mité Autrichien, p. 537 ; ses rapports avec
le comité orléaniste, p. 542 et suiv.
Ordre de la résurrection de la contre-Ré-
volution, p. 551.
Oudet (Jean-Baptiste), ancien avocat,
notable h la Ville, p. 128.
Page, commissaire de Saint-Domingue,
p. 85.
Pain (Antoine), libraire, p. 601.
Palais-Royal, centre d'un grand nombre
de clubs, de réunions et de cafés, pas-
sim.
Pamphlets. (Voir Brochures.)
Pamphlets royalistes et contre-révolu-
tionnaires, décret de la Convention,
p. 17. (Voir Brochures et Libelles.)
Panckoucke (madame), son salon, p. 554.
Pange (chevalier de), membre de la so-
ciété de 1780, p. 411, 415.
Panthéon, situé rue de Chartres, lieu de
réunion du club monanhique , p. 162,
187.
Paoli, p. 41S, 429.
Parabère (comte de), membre du cluh
628
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
de Valois, p. 57; du club monarchique,
p. 151.
Paris, membre du club des Jacobins et
de la société de 1789, p. 411.
Parti de l'Œil-de-Bœuf, p. 11.
Pasquier (le chancelier), cité p. 32, mem-
bre du club de Valois, p. 57, en note.
Pastoret, membre de la société de 1789,
p. 411, 415, 421, 437; du club de la
Sainte-Chapelle, p. 446, 462 ; du club de
Clichy, p. 484, 499; du cercle constitu-
tionnel, p. 513.
Pastoret (madame de), son salon, p. 558.
Patriote français (le), cité p. 78, 79, 82.
Patriotes (réunion des), rue Traversière,
p. 15.
Pavillon de Hanovre, p. 572.
Pawlet, projette une association patrio-
tique des Amis de la patrie et du roi,
p. 3 et 4.
Payen, commissaire des guerres de S. M.
Catholique, membre du club de Valois,
p. 57; du club des Feuillants, p. 313, et
de la société de 1789, p. 411.
Péchevin, membre du club des Jacobins
et de la société de 1789, p. 411.
Pèlerin Labucière , député , indiqué
comme membre du club monarchique,
p. 155; réclame, p. 220.
Pelletier, fermier général, réunit chez
lui la société du Caveau, p. 580.
Peltier, journaliste, p. 130; publie une
parodie du Réveil du peuple, citée p. 486.
Pérignon, avocat, membre du club de
Valois, p. 37; de la société de 1789,
p. 411.
Perrier , de l'Académie des sciences ,
membre du club de Valois, du club des
Amis de la Constitution, p. 58; du club
des Feuillants et de la société de 1789,
p. 411.
Pétion, ses dîners politiques, p. 472.
Petit-Gauthier, p. 10.
Peuchet, l'un des créateurs du Moniteur,
p. 377.
Peyrat, membre du club de Valois, p. 64,
et de la société de 1789, p. 411.
Pichegru (général), membre du club de
Clichy, p. 479, 500; du cercle constitu-
tionnel, p. 513.
Pienne (duc de), membre du club de Va-
lois, p. 58, 65.
Pigrais, p. 248.
Piis, ses couplets chantés à la société de
1789, p. 418, 429.
Pillet, membre du club des Feuillants,
p. 316, et de la société de 1789, p. 411.
Pinon, membre du club des Jacobins et
de la société de 1789, p. 411.
Pio (chevalier de), membre du club de
Valois, du club des Ainis de la Consti-
tution, p. 58.
Pitra, membre du club des Feuillants,
p. 315, 363, 364, et de làsociété de 1789,
p. 411, 415.
Plainville, indiqué comme membre du
club monarchique, p. 151; proteste,
p. 220.
Poignards de Clichy (les), p. 495.
Poissonnier, indiqué comme membre
du club monarchique, p. 152; proteste,
p. 220.
Poix (prince de), député, membre du
club de Valois, pensionné, p. 58, 65.
Pomaret fils, membre du club des Feuil-
lants,^. 315; du club des Jacobins et de
la société de 1789, p. 411.
Pommelles (chevalier des), fait un plan
d'évasion du roi, p. 378.
Pommery, membre du club de Valois,
p. 63, et de la société de 1789, p. 412.
Pontécoulant (comte de) , membre de la
société des amis des noirs; du club de
Valois, p. 58; de la société de 1789,
p 412.
Port (du), député de Paris, p. 130.
Portalis, membre du club de Clichy ,
p. 484; an cercle constitutionnel, p. 513.
Pourquoi y a-t-il tant de monde chez
M. Clermont-Tonnerre ? pièce citée,
p. 203.
Praslin (comte de), membre du club de
Valois, p. 58, et de la société de 1789,
p, 412.
Praslin (duc de), député, membre du
club de Valois, p. 58.
Préville-le-PilIey, ministre de la marine,
membre du club de Salm, p. 510.
Prieur (de la Marne), député, membre
du club des Feuillants, p. 291, 321.
Principes des Impartiaux, p. 102.
Projet de paix entre le Club de 1789 et
la Société des Amis de la Constitu-
tion, p. 417.
Prony, de l'Institut, membre du club
des Feuillants, p. 316, et de la société de
1789, p. 412.
Puységur (chevalier de), membre du club
de Valois, p. 38, 65.
Quatremère de Quincy, membre du club
de la Sainte-Chapelle, p. 450; du club
de Clichy, p. 484.
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
629
Quatrième conciliabule aux Capucins
Saint-Honoré, article de Gorsas, cité
p. 13t.
Queynat, proteste contre son inscription
sur la liste du club monarchique, p. 221.
Quotidienne (la), p. 18, en note; p. 537.
Rabaut Saint- Etienne, membre du club
des Feuillants, p. 291, 321; de la. société
de 1789? p. 416.
Raillard de Granvelle. (Voir Granvelle.)
Ramond, homme de lettres, membre du
club des Feuillants, p. 317; de la société
de 1789, p. 412.
Ramond de Carbonnières, député, mem-
bre de l'Institut, membre du club de la
Sainte-Chapelle, p. 466.
Ravel (Antoine), banquier, membre du
club des Feuillants, p. 317, et de la
société de 1789, p. 412.
Ravel (Louis), banquier, membre dn club
des Feuillants, p. 317, et de la société
de 1789, p. 412.
Rebwell, député, membre du club des
Feuillants, p. 316 ; ses rapports comme
Directeur avec le club de Salm, p. 310.
Récamier (madame), son salon, p. 566.
Réception de Cara (Carra) au chcb mo-
narchique (la), brochure citée, p. 267.
Récit frauduleux de ce qui s'est passé
dimanche aux Capucins, suivi de quel-
ques questions aux bons Français, ar-
ticle de Gorsas, cité p. 139.
Réclamations et observations des colons
sur l'abolition de la traite des nègres,
p. 73.
Redon (Claude), député à la Constituante,
l'un des fondateurs du club des Impar-
tiaux, p. 97, 99, 106.
Réflexions d'un Impartial sur la séance
du 30 janvier 1790, brochure citée,
p. 124.
Règlement de la société de 1789, p. 391.
Règlement du club des Impartiaux, p. 100.
Regnaudde Saint- Jean-d'Angély, député,
membre du club des Feuillants, p. 291.
Regnaut, député, indiqué comme membre
du club monarchique, p. 151: proteste,
p. 219.
Régnier, écrivain royaliste, membre du
club de Valois, p. 59, et de la société
de 17 89, p. 412.
Renard, avocat au Parlement, p. 144.
Rendez vos comptes, brochure royaliste,
citée p. 130.
Renouard, fabricant do gaze, membre du
club de la Sainte-Chapelle, p. 432; pro-
teste, p. 463.
Réponse de M. Chas à M. Carra, citée
p. 342.
Réponse de M. le Maire à l'écrit de
M. Chéron intitulé : « Conduite de
M. Chéro?i à l'occasion de la société
des Feuillants, etc.. », p. 335.
Réponse deM.Malouetà la dénonciation
du club de la constitution monarchique
par M. Barnave, p. 206.
Réponses aux grandes questions pro-
posées à la Société des Amis de la
Constitution monarchique, par P. J.
Audoin, p. 193, 199.
Restaurant Beauvilliers, p. 7, 393.
Restaurant ou estaminet de Dossonville,
p. 396.
Restaurant Février, p, 595.
Restaurant Mafs, p. 7, 593.
Restaurant de Méot, p. 594.
Restaurant Vénua, p. 595.
Restaurants, p. 27, 594 et suiv.(Voir Cafés.)
Restaurants à l'étranger, p. 596.
Résumé des travaux du Cercle consti-
tutionnel de la rue duBacq, cité p. 517.
Réunion de Bagatelle, p. 26, 547.
Réunion de Bellevue, p. 26, 547.
Réunions à l'étranger, p. 373.
Riccé (comte de), membre du club de
Valois, p. 39 ; du club monarchique
p. 153 ; réclame comme membre de la
société des Amis de la Constitution, p. 219.
Richer-Serézy, journaliste, p. 504.
Rilliet aine, négociant, membi'e du club
des Feuillants, p. 317, et de la société
de 1789, p. 412.
Rilliet jeune, membre du club des Feuil-
lants, p. 317, et de la société de 1789,
p. 412.
Riouffe, luembre du cercle constitutionnel,
p. 514.
Rivarol, p. 7.
Roberjot, délégué du club de l'Hôtel de
Massiac, p. 76.
Robert, rédacteur du Mercure national,
p. 174, 210,443, en note.
Robespierre ( Maximilien ) , membre du
club breton, p. 277; accusé de faire
partie du comité Autrichien, p. 537.
Robespierristes, p. 12.
Rocambole (la) des Journaux, feuille
antijacobine, p. 10.
Rochambeau (vicomte de), membre du
club de Valois, p. 59, en note.
Rochechouart (comte de), p. 129.
030
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
Rocher de Cancale, lieu de réunion de
la société du Caveau, p. 580.
Rœderer, membre de la société de 1780,
p. 391, 412, 416; quitte la société, p. 440
et suiv.
Rohan (cardinal de), p. 116.
Roland (madame), son salon, p. .j6i.
Roland de la Platière, son salon, p. 13.
Romand, receveur des fermes, membre
du club de la Sainte-Chapelle, p. 448 ;
proteste, p. 464.
Rossi (de) ou Rossy, membre du Direc-
toire du club monarchique, p. 151,181,
202, 212, 235, 237, 252, 260.
Rossignol de Grandmont, vice-président
du club de l'Hôtel de Massiac, p. 70.
Roucher, membre de la société de 1789,
p. 413, 421 ; du club de la Sainte-Cha-
pelle? p. 456.
Roulleau, membre du club monarchique,
p. 151, 163.
Rouvray' (marquis de), député, membre
du club de Valois, p. 59.
Royer-Collard, député, membre du club
de Clichy, p. 479.
Royou (l'abbé), surnom à lui donné par
Danton, p. 7, 10.
Rulhière (chevalier de), membre du club
de Valois, p. 59.
Rulhières, membre du club des Impar-
tiaux, p. 92; du club des Feuillants,
p. 317, et de la société de 1780, p. 412.
S
Sabats jacobites {sic), journal, cité p. 9.
Sabattier de Cabre (de), membre du club
de Valois, p. 59, 63.
Saint-Blancard (marquis de), membre du
club de Valois, p. 60; du club monar-
chiqiie, p. 156.
Saint-Fargeau (président de), député de
Paris, p. 130.
Saint-Maurice (prince de), membre du
club de Valois, p. 60; a fait partie du
club monarchique? p. 153.
Saint-Priest (vicomte de), membre du
club de Valois, p. 60; a fait partie du
club mo7ia)X-hique? p. 152.
Saint-Remy (chevalier de), membre du
club de Valois, p, 63; a fait partie du
club des Amis de la Constitution? ^p. 157.
Saint- Vincent (de), conseiller au Parle-
ment, membre du club de Valois, p. 60,
65; a fait partie du club monarchique?
p. 152.
Sainte-Amaranthe (Dames de), leur sa-
lon, p. 563.
Sainte-Croix (chevalier de), membre du
club de Valois, p. 60; a fait partie du
club monarchique? p. 153; membre de
la société de 1789, p. 413.
Sainte-Foy (de), rue Basse-du-Rempart,
membre du club de Valois, p. 60, 65.
Sainte-Foy (de), réunion chez lui de la
société du Palais-Royal, p. 572.
Salles, député, secrétaire du club des
Feuillants, p. 286, 291, 318, 324, 331;
membre du club Valazé? p. 471, 472.
Salles de la Salle, rédacteur du Journal
des Impartiaux, p. 93.
Salm (hôtel de). (Voir club de Salm.) ■
Salm-Kirbourg (prince de), fondateur du
Club de Salm. p. 507.
Salm-Salm (prince de), membre du club
de Valois, de la Société des Amis des
Noirs, p. 60.
Salon d'Adrien Duport, p. 537.
Salon bleu de madame de Genlis, p. 333.
Salon de Beauharnais, p. 554.
Salon de Condorcet, p. 330.
Salon de la Harpe, p. 371.
Salon de la princesse de Lamballe, p. 26,
309.
Salon de Lucile Desmoulins, p. 360.
Salon de madame de Murinais, p. 335.
Salon de madame de Staël, p. 568.
Salon de madame Necker, p. 533.
Salon de madame Panckoucke, p. 354.
Salon de madame de Pastoret, p. 558.
Salon de madame Récamier, p. 566.
Salon de madame Roland, p. 561.
Salon de madame de Sabran, p. 555.
Salon de madame Suard, p. 557.
Salon de madame Tallien, p. 564.
Salon de Talma, p. 562.
Salon des Arts. (Yoir club des Arts.)
Salon des Colons. (Voir club des Colons.)
Salon des dames de Sainte-Amaranthe,
p. 563.
Salon des Échecs, (\oirclub des Échecs.)
Salon des Princes, salon des Arts, réu-
nion du boulevard des Italiens, p. 15.
(Voir club des Arts.)
Salon français, club, p. 26, 369; sa dis-
solution, p. 369; ses différents locaux,
p. 370; agitation autour du Salon fran-
çais, p. 371; plan d'évasion du roi,
p. 378; sa fin, p. 380.
Salon politique, p. 380.
Salons anticonsulaires, p. 21; libéraux,
p. 22.
Salons divers, p. 551, 554, 555, 556, 358,
364, 366, 567, 371, 376.
Salons fermés par le Directoire, en mars
1795, p. 578.
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
631
Salvan, membre du club des Feuillants,
p. 318, et de la société de 178», p. 412.
Sans-Quartier (le) ou le Rogomiste na-
tional, journal, p. b4o.
Sartine (de), membre du club deValols,
p. 60, 65; du club monarchirjiie, p. l-)6.
Second, membre du club des Jacobins et
de la société de 1789. p. 413.
Section de la Croix-Rouge (la) déclare
n'avoir reçu aucun argent du club mo-
narchique, p. 215, 231.
Section de l'Observatoire (la) dénonce le
club monarchique, p. 172, 211.
Section de Notre-Dame ou de l'Ile (la)
refuse une somme otferte par les mo-
narchistes, p. 215.
Section des Quatre-Nations (la) refuse
une subvention offerte par le club mo-
narchique, p. 215.
Section des Thermes (la) et le club mo-
narchique, p. 226.
Section des Tuileries (la) dénonce le
club monarchique, p. 171.
Section du Luxembourg (la) refuse une
somme envoyée par le club monarcld-
que, p. 215.
Section Sainte-Geneviève (la) et le club
m,onarchique, p. 227.
Sections (autres) dénonçant le club mo-
narchique, p. 176.
Séguier, secrétaire de la société des Gar-
des ncdionaux des départements de
France, p. 388.
Ségur (comte de), membre du club de
Valois, p. 63.
Ségur (vicomte de), membre du club de
Valois, p. 60.
Séminaire des missions étrangères, p. 576.
Sémonville(de), député suppléant, mem-
bre du club de Valois, p. 60 et 61, en
uotr-.
Sentinelle (la), journal-affiche, rédigé par
Louvet, p 479.
Sérent (comte de), député, membre du
' luh de Valois, p. 61.
Sérilly (maison) , réunion dans la Vieille
rue du Temple, p. 15.
Servan, avocat-général, auteur de l'^l-
dresse aux Amis de la Paix, p. 108.
Sèze(de), avocat, défenseur de Louis XVI,
membre du club monarchique , p. 157.
Short, membre du club de Valois, p. 61)
et de la société de 1789, p. 413.
Sian ou Siau, membre du club de Valois,
p. 318, et de la société de 1789, p. 413,
Sicard (abbé), p. 18.
Siège de Paris ou les Deux conspira-
tions, facétie au sujet des Clichyeus
p. 502.
Sieyès (abbé), p. 19; membre de la so-
ciété des Ainis des Noirs et du club de
Valois, p. 61; du club breton, p. 277;
du club des Feuillants, p. 291, 321; de
la société de 1789, p. 391, 413, 416, 420
et suiv. ; ses relations avec le club de
Sabn, p. 509; membre du comité orléa-
niste, p. 542.
Sillery (madame de). (Voir madame de
Genlis.)
Sillery (marquis de), député, membre du
club de Valois, du club des Amis de
la Constitution, p. 61 ; du club des
Feuillants, p. 291.
Siméon, membre du club de Clichy,
p. 484 ; du cercle constitidionnel, p. 513.
Société correspondante des Colons fran-
çais, à Bordeaux, p. 69.
Société de 1789, p. 2, en note ; p. 26; sa
fondation, p. 391; son règlement,
p. 391 ; liste des membres, p. 400; son
fonctionnement, p. 414 ; ses dilférents
locaux, p. 415; ses principaux mem-
bres, p. 417 ; ses réunions et ses dîners,
p. 417 ; son journal, p. 419 ; motion de
M. deViUette,p.420 ; articles des fiéyoZw-
tionsde Paris, pA2'2, et du Moniteur uni-
versel, p. 424; lettre de Condorcet sur
l'importance de la société, p. 425 ; son
influence, p. 430 ; hommage à Franklin,
p. 431; travaux de la société, p. 432;
adresse à Nancy, p. 433; apothéose de
Voltaire, p. 437 ; déclaration du 2 jan-
vier 1791, p. 438 ; s'occupe des pauvres,
p. 439 ; est attaquée, p. 440 ; sa dispa-
rition, p. 442.
Société des Amis de la Constitution de
Morlaix (la) attaque le club monarchi-
que, p. 214.
Société des Amis de la Constitution
monarchique. (Voir club rnoîiarchique.)
Société des Amis de la monarchie, fon
déc à Coblentz, p. 270.
Société des Amis de la paix de Perpi-
gnan, p. 158.
Société des Amis des noirs, formée en
1787, p. 67; ses principaux membres j
p. 67.
Société des Colons. (Voir clidj des Colons.)
Société des Échecs , au Palais-Royal ,
p. 15, 380, 582.
Société des Gardes nationaux des dé-
partements de France. (Voir clubs des
Fédérés, p. 383.)
Société des Jeunes amis de la Liberté
(la) attaque le club monarchique, p. 214;
Société des Lanturelus, p. 581.
632
TABLE ALPHABETIQUE ET ANALYTIQUE
Société des Neuf-Sœurs. (Voir club des
Neuf 'Sœur s.)
Société dite du Café Chrétien, p. 387.
Société dite du Palais-Royal, p. 572.
Société du Caveau, p. 580; ses transfor-
mations, p. 580.
Société du Panthéon, dans le couvent
des Génovéfains, p. 15.
Société du Salon, p. 581.
Société habituée du caféProcope-Zappi,
p. 588.
Société olympique, p. 582.
Soupers de Momus, p. 580.
Souvenirs de Mathieu - Dumas , cités
p. 487, 495. (Voir Mathieu-Dumas.)
Spectacle de la Nation (le), journal cité
p. i;52.
Staël (baron de), ambassadeur de Suède,
membre du club de Valois, p. 61.
Staël (madame de), p. 345, 508 et suiv.;
sou salon, p. 568.
Suard (madame), son salon, p. 557.
Talleyrand-Périgord, membre du club de
Valois, p. 32,37; au club des Feuillants,
p. 292, 321; de la société de 1789,
p. 391, 411, 416.
Tallien (madame), son salon, p. 564.
Talma, tragédien, son salon, p. 562.
Talon, député suppléant, membre du
club de Valois, p. 61.
Target, membre du club de Valois, p. 61.
Tassin l'aîné, membre du club des Feuil-
lants, p. 319, et de la société de 1789,
p. 413.
Terreur (la), son point de départ, p. 12,
16.
Texier, membre du ciub des Feuillants,
p. 319, et de la société de 1789, p. 413.
Thé (le) ou Journal des Dix-Huit, jour-
nal roj-aliste, p. 515.
Théâtre de la rue Feydeau, p. 15.
Théâtre Montansier, p. 493.
Thénet, délégué du club de VHôtel de
Massiac, p. 76.
Thermomètre (le), journal, p. 476.
Thierry, arrrté comme conspirateur,
p. 83.
Thierry-Poux, hommage, p. 27.
Thiéry, membre du club des Jacobins et
de la société de 1789, p. 413.
Thorillon, député, membre du club de la
Sainte-Chapelle, p. 457.
Thouin, uu jardin du roi, membre du
club des Jacobins et de la société de
1789, p. 413.
Thouret, ex -député, médecin, commis-
saire des hôpitaux de Paris, membre du
club des Feuillants, p. 319, et de la société
de 1789, p. 413, 416.
Thuriot, député de la Marne, p. 87.
Tilly (comte de), p 7.
Titon fils, membre du club de Valois,
p. 62; du club monarchique, p. 1,56.
Tôt ou tard la raison reprend ses droits,
brochure citée p. 267.
Touche (comte de la), membre du comité
orléaniste, p. 542.
Toulongeon (vicomte de), député à l'As-
semblée nationale , membre du club
de Valois, p. 62 ; se défend d'avoir
fait partie du club monarchique, p. 153,
219; membre de la société de 1789,
p. 413.
Treilhard, membre du club des Feuillants,
p. 292 et de la société de 1789, p. 413.
Trémoille (duc de la), membre du club
de Valois, p. 62; de la. société de 1789,
p. 409; ses rapports avec le comte
d'Artois, p. 548.
Tribune publique (la) ou Journal des
élections, p. 498.
Triumvirat de Robespierre, de Couthon
et de Saint-Just, p. 12.
Trois Consuls (les) ou Réflexions d'un
royaliste sur la journée de Saint-Cloud,
brochure citée p. 505.
Tronchet, indiqué comme membre du
club monarchique, p. 152; proteste,
p. 219; membre du club de Clichy,
p. 484.
Tronchin, envoyé de Genève, membre
du club de Valois, p. 62, et de la société
de 1789, p. 413.
Tronçon du Coudray, membre du club
de Clichy, p. 484, 500; déporté, p. 500;
membre du cercle constitutionnel, p. 513.
Trudaine, membre du club de Valois,
p. 62, 65; du club monarchique, p. 157;
réclame, p. 220 ; membre de la société
de 1789, p. 413.
Trudaine de la Sablière, membre du
club de Valois, p. 62, et de la société de
1789, p. 414.
Trudon ( Joseph ), officier municipal,
membre du club des Feuillants, p. 319,
et de la société de 1789 , p. 414.
Trudon des Ormes, membre du club des
Feuillants, p. 319, et de la société de
1789, p. 414.
Truguet (chevalier de), membre du club
de Valois, p. 62.
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
633
Tuzy (de), membre du club monarchique.
(Voir Bureaux-Pusy .)
Vaines (de), membre de la société des
Arnis des noirs et du club de Valois,
p 62.
Vainqueurs de la Bastille, défense à eux
de s'assembler, p. 6.
Valazé, député, p. 471, 412.
Valence (vicomte de), membre du club
de Valois, p. 62; a fait partie du club
monarchique ? p. loo ; membre de la
société de 1789, p. 414.
Vandenyver, banquier; sa maison sert
de lieu de réunion au salon français,
p. 369; trésorier de la société de 1789,
p. 414, 417.
Vandenyver fils, membre du club des
Jacobins et de la société de 1789, p. 414.
Vandermonde, membre du club des Ja-
cobins et de la société de 1789, p. 400,
414 ; du club de la Sainte-Chapelle,
p. 4bl.
Vandeuvre, indiqué comme membre du
club ■)nonar chique, p. Ibo ; réclame,
p. 222.
Vauban 'comte de), membre du club de
Valois, p. 62.
Vaudreuil (comte de), p. 369, 379.
Vaudreuil (vicomte de), membre du club
de Valois, p. 62, 6u.
Vaufleury (madame), libraire, p. 393,
601; son cabinet de littérature, p. 603.
Ventriloque (le), ou le Ventre affamé,
journal royaliste, p. 490.
Verchère (de) ou Verchères, membre du
club des Feuillants, p. 292, 386.
Verdina, membre du club des Jacobins et
de la société de 1789, p. 414.
Verneuil (marquis de), membre du club
de Valois, p. 63.
Viénot-Vaublanc, membre du Conseil
des Cinq-Cents et le cercle constitu-
tionnel, p. ijla.
Villard, membre de la société de 1789,
p. 400, 414.
Villaret- Joyeuse, membre du club de
Clichy, p. 484, 500.
Villars, homme de lettres, membre du
club des Feuillants, p. 201, 202, 320,
386.
Villequier (duc de), p. 371.
Villette (marquis de), membre du club
des Jacobins et de la société de 1789,
p. 414; sa motion à la société de 1789,
p. 420; proteste contre, son inscription
sur la liste des membres du club de la
Sainte- Chapelle, p. 464.
Vilmorin, pépiniériste du roi, membre
du club de la Sainte Chapelle, p. 446,
462.
Vintimille (prince de), membre du club
de Valois, p. 63.
Virieu (comte de), député du Dauphiné,
membre du cluh des Impartiaux, p. 92,
99, 106, 116, 526.
Vitenkof, arrêté comme conspirateur,
p. 83.
Voidel, p. 179, 201, 202, 243, 292.
Voulez-vous sauver l'État? Prenez et
lisez, brochure citée p. 121.
W
Wauxhall d'été, situé boulevard du
Temple, loué au club monarchique
pour ses réunions, p. 183.
Weber, dit V Allemand, libraire, p. 601.
Willot, membre du club de Cliohy, p. 484,
500.
Wimpfen, général, commandant les in-
surgés girondins, p.'13 ; se défend d'être
allé aux Feuillants, p. 367.
Wittgenstein, arrêté comme conspira-
teur, p. 83.
Wœstine (marquis de), membre du club
de Valois, p. 63.
Yung (Arthur,, cité p. 3.
Zoppi, p. 604. (Voir café Procope.)
FIN DE L\ TABLE ALPli.\BÉTIQUE EN ANALYTIQUE
41
PAKIS. — 1M1MU.ME PAR CHARLKS .NOBLET
13, rue Cujas.
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