Skip to main content

Full text of "Les clubs contre-révolutionnaires : cercles, comités, societés, salons, réunions, cafés, restaurants et librairies"

See other formats


BiroiN&LISÎJU'         '^r- 


LES  CLUBS 


CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 


OULLECTION  DE  DOCUMENTS  RELATIFS  A  L'HISTOIRE  DE  PARIS 

PENDANT  LA  nÉVOLDTION  FRANÇAISE 

Publiée  sous  le  patronage  du  Conseil  municipal. 


LES  CLUBS 

CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

CERCLES,  COMITÉS,  SOCIÉTÉS,  SALONS,  RÉUIVMS, 
CAFÉS,  RESTAURANTS  ET  LIRRAÏRIES 


PAR 


AUGUSTIIN    CHALLAMEL 

Conservateur  honoraire  de  la  Bibliothèque  Sainte-Geneviève. 


=\\^ 


PARIS  "'   ' 


il 


L.   CERF  I  CHARLES    NOBLET 

13,    RUE    DE    MÉDICIS  I  13,    RUE    CUJAS 

MAISON    QUANTIN 

7,    RUE   SAINT-BENOIT 
1895 


LES    CLUBS 

CONTRE-RÉYOLUTIONNAIRES 


INTRODUCTION 


I 


Les  historiens  de  la  Révolution  ne  se  sont  guère  occupés, 
jusqu'à  ce  jour,  que  des  clubs  révolutionnaires,  notamment  de 
ceux  des  Jacobins  et  des  Cordeliers,  dont  l'influence  a  été  très 
grande  sur  les  événements  de  l'époque.  Ils  ont  déterminé  cette 
influence  avec  plus  ou  moins  d'impartialité,  sans  jamais  nier 
leur  importance,  tant  à  cause  des  hommes  qui  les  fréquentè- 
rent et  devinrent  célèbres,  que  par  suite  des  actes  accomplis  à 
leur  instigation. 

Gomme  la  Société  des  Jacobins,  en  plusieurs  circonstances, 
tint  pour  ainsi  dire  en  échec,  et  successivement,  l'Assemblée 
constituante,  l'Assemblée  législative  et  la  Convention  nationale; 
comme  elle  a  eu  de  nombreuses  affiliations,  faisant  franche- 
ment et  hautement  la  propagande;  comme  elle  a  publié  un 
journal  de  ses  séances  (I),  incomplet  mais  néanmoins  très  cu- 
rieux à  consulter,  beaucoup  de  gens  ont  pu  se  rendre  compte, 
jusqu'à  un  certain  point,  du  rôle  qu'elle  a  joué  de  1789  à  1794. 

Quoique  moins  étudiée  et  moins  connue,  la  Société  des 
Cordeliers,  où  figurèrent  des  personnages  hors  ligne,  princi- 
palement Danton  et  Camille  Desmoulins,  a  laissé  de  grands 
souvenirs  et  s'est  identifiée  avec  l'âme  ardente  des  premiers 
partisans  de  la  République.  Elle  aussi  a  travaillé  publiquement, 
sans  redouter  les  attaques,  ni  les  calomnies,  ni  les  injures.  On 
l'a  accusée  de  violence  à  ses  débuts,  d'indulgence  vers  sa  fin, 
et  longtemps  elle  a  marché  d'accord  avec  les  Jacobins,  pour 

(1)  Voir,  dans  la  Collection  des  documents  relalifo  à  l'Histoire  de  Paris 
pendant  la  Révolution  française,  la  Société  des  Jacobins,  par  M.  P.  A.  Aulard. 

1 


2  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

combattre  énergiquement  toutes  les  réactions,  soit  raonarchi- 
ques,  soit  modérées,  contre  le  républicanisme. 

D'autres  clubs  suivirent  les  courants  révolutionnaires,  émi- 
rent ou  soutinrent  des  doctrines  diverses,  sans  acquérir  une 
notoriété  comparable  à  celle  des  Jacohi7is  et  des  Gordelien.  Ils 
se  distinguèrent  par  des  excentricités  qui  leur  attirèrent  sou- 
vent les  plaisanteries  des  réactionnaires,  mais  ne  les  empêchè- 
rent pas  de  travailler  à  l'œuvre  commune  et  de  commettre,  par 
exaltation,  des  fautes  que  l'on  se  plut  à  imputer  à  crimes,  et 
que  les  pouvoirs  constitués  blâmèrent  quelquefois  vigoureuse- 
ment, quand  la  mesure  leur  paraissait  comble.  Ces  clubs  pa- 
tronnèrent des  utopies  aussi  généreuses  que  peu  réalisables, 
et,  chose  étonnante,  ils  survécurent  aux  sociétés  dont  ils  étaient 
les  satellites;  ils  furent  les  précurseurs  du  socialisme,  encore 
sur  la  brèche  aujourd'hui  (1). 

Dès  avant  1789,  les  idées  nouvelles  en  philosophie,  en  htte- 
rature,  en  sciences,  en  politique,  avaient  fait  surgir  des  groupes, 
des  sociétés,  des  salons  où  l'on  discutait  pour  ou  contre  le 
mouvement  irrésistible  qui  entraînait  les  plus  hautes  mtelli- 
gences.  On  se  combattait  avec  une  égale  vivacité.  Les  uns 
tournaient  leurs  regards  vers  l'avenir  et  se  livraient  à  l'espé- 
rance de  voir  le  triomphe  du  progrès  auquel  ils  travaillaient; 
les  autres  ne  pouvaient  ou  ne  voulaient  se  détacher  du  passe, 
et  s'appuyaient  sur  les  vieilles  institutions  qui  croulaient  de 
toutes  parts,  sur  les  préjugés  séculaires  dont  la  foule  commen- 
çait à  ridiculiser  l'existence,   en  attendant  qu'elle  en  redoutât 

le  retour  offensif. 

Les  théories  faisaient  place  à  l'action,  surtout  dans  la  poli- 
tique, laquelle,  étendant  chaque  jour  davantage  son  domaine, 
pénétrait  dans  les  hôtels  somptueux  aussi  bien  que  dans  les 
demeures  des  bourgeois  et  des  paysans  à  demi  émancipés. 
Les  réunions  les  moins  politiques  en  apparence  contenaient  en 
^erme,  celles-ci  des  opposants  aux  nouveautés,  celles-là  des  par- 
tisans du  progrès  continu.  Seulement,  remarquons-le,  chez  les 
révolutionnaires  l'attaque  était  plus  franche  que  chez  les  contre- 
révolutionnaires,  usant  d'armes  cachées  et  bientôt  pixels  a 
conspirer  contre  les  pouvoirs  pubHcs,   au  nom  de  1  autorité, 

(\  )  Les  clubs  Monarchique  et  des  Feuillants,  et  la  Société  de  1789,  ont  eu 
b.ln\noLs  que  ceux  ées'jacobins  et  des  Cordeliers,  des  n.pnmes  relatifs 
à  leurs  délibérations. 


t,t 


INTRODUCTION  3 

des  droits  de  la  monarchie,  de  la  toute-puissance  royale.  Ils 
voulaient  faire  la  contre-révolution  par  Tintérieur,  comme 
d'autres  cherchèrent  à  la  faire  par  l'extérieur.  On  les  appelait, 
dans  quelques  écrits,  des  «  Jacobins  blancs  ». 

En  1789,  selon  Ferrières,  les  aristocrates,  noblesse,  haut 
clerg-é,  partie  du  clergé  inférieur,  parlement,  financiers,  «  s'oc- 
cupaient des  moyens  de  renverser  la  Révolution  par  des  ma- 
nœuvres sourdes  et  des  attaques  indirectes  :  ils  formaient 
des  associations,  recevaient  des  signatures,  et  les  bruits  qui 
couraient  de  guerre  civile,  de  projets  de  contre-révolution, 
n'étaient  pas  tout  à  fait  dénués  de  fondement.  »  Souvent  les 
soupçons  paraissaient  vagues  ou  sans  valeur;  plus  souvent  ils 
appelaient  la  sérieuse  attention  des  patriotes  :  ils  étaient  très 
motivés. 

Des  clubs  politiques  existaient  depuis  longtemps  en  Angle- 
terre; chez  nous,  ils  s'ouvrirent  dès  que  les  Etats-Généraux 
eurent  tenu  leur  première  séance,  et  les  clubistes  s'efforcèrent 
d'imiter,  de  suivre ,  de  contre-balancer  les  discussions  de  l'Assem- 
blée nationale.  Beaucoup  de  gens  se  firent  politiciens  par  pa- 
triotisme ou  par  amour-propre,  devançant  les  députés  pour  les 
motions  graves  et  énergiques,  blâmant  certains  décrets,  en  ap- 
prouvant d'autres,  traitant  les  questions  à  fond  lorsqu'on  les 
avait  à  peine  effleurées  parmi  les  représentants  de  la  nation, 
aimant  les  luttes  passionnées  qui  s'accordaient  avec  l'état  des 
esprits  si  prompts  à  s'émouvoir,  si  justement  ombrageux. 
«  C'est  le  peuple  éclairé  de  Paris  au  milieu  de  journaux  et  de 
pamphlets,  qui  a  tout  fait  »,  écrit  l'agronome  et  voyageur  an- 
glais Arthur  Yung. 

Remarquons,  tout  d'abord,  que  les  clubs  modérés  n'eurent 
qu'un  très  faible  retentissement  dans  le  public,  et  que,  nonobs- 
tant leur  prétention  à  la  sagesse  et  à  Timpartialité,  ils  es- 
sayaient en  vain  de  calmer  les  enthousiasmes  populaires.  La 
plupart  des  amis  de  la  révolution,  d'ailleurs,  se  défiaient  de 
ces  sages,  de  ces  impartiaux  conseillant  au  peuple  «  de  n'aller 
pas  plus  loin  »,  et  refusant  d'admettre  les  conséquences  logiques 
de  l'action  révolutionnaire.  Beaucoup  de  patriotes  détestaient 
les  «  enragés  de  modération.  » 

Il  parut  même  un  projet  d'association  patriotique  sous  le 
nom  de  Gluhs  des  Amis  de  la  Patrie  et  du  Roi^  dont  l'objet  serait 
de  former  entre  les  honnêtes  gens  de  toutes  les  classes  et  de 
toutes  les  parties  du  royaume  une  correspondance  qui  aurait 


4  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

pour  but  de  réunir  en  un  point  central,  pour  les  répandre  de 
toutes  parts,  les  connaissances  sur  les  moyens  de  réparer  les 
pertes  et  les  sacrifices  que  nous  a  occasionnés  la  Révolution  ; 
d'assurer  de  la  manière  la  plus  imperturbable  les  subsistances 
des  peuples  ;  de  redonner  de  l'énergie  au  commerce,  aux  ma- 
nufactures et  aux  différentes  branches  d'industrie  ;  de  ramener 
enfin  l'ordre,  la  paix,  la  sûreté  et  le  bonheur  en  France,  par 
le  sieur  Pawlet,  fondateur  de  l'Ecole  gratuite  des  orphelins 
fils  d'anciens  militaires  de  tous  les  grades  (I). 

Ce  projet  ne  reçut  pas  d'exécution.  Les  adhérents  man- 
quèrent. 

Quiconque  s'occupait  de  politique  fréquentait  non  seulement 
les  clubs,  mais  aussi  les  cabinets  de  lecture  nés  en  même 
temps  que  les  clubs;  il  y  trouvait  à  lire,  pour  une  somme  in- 
fime, journaux  et  brochures  dans  les  petites  échoppes  où  sur 
des  tables  s'étalaient  toutes  sortes  d'écrits  nouvellement  parus. 
Bien  souvent,  au  cabinet  de  lecture,  comme  au  club,  comme 
au  café,  comme  au  salon  ou  chez  un  libraire,  des  discussions 
graves  s'élevaient.  On  discutait,  on  s'invectivait,  on  se  battait, 
à  propos  de  tel  ou  tel  fait,  pour  l'attaque  ou  la  défense  de  tel 
ou  tel  personnage  en  vue.  A  la  lueur  d'une  lampe  fumeuse, 
même  d'un  simple  quinquet,  on  cherchait  là  des  aliments  à  la 
passion  politique,  et  l'on  sortait  préparé  à  soutenir  les  luttes 
de  la  rue. 


II 


En  maintes  occasions,  des  publicistes  s'élevèrent  contre  les 
clubs,  et,  dans  les  assemblées  délibérantes,  on  les  craignit, 
on  les  regarda  comme  funestes  à  la  tranquillité  du  pays.  Révo- 
lutionnaires ou  non,  ils  furent  l'objet  de  critiques  plus  ou 
moins  sincères.  Afin  d'atteindre  les  premiers,  des  écrivains, 
royahstes  au  fond,  manifestèrent  contre  les  seconds.  Un  Jour- 
nal desGluhs  parut  en  1790-91  (2). 

Le  29  septembre  1791^  l'Assemblée  nationale  adopta  le  dé- 


(i)  Bibliothèque  nationale,  Le*  2348,  pièce  sans  date,  in-8°  de  8  pages. 

(2)  Journal  des  clubs  ou  sociétés  patriotiques,  dédié  aux  Amis  de  la 
Constitution,  membres  des  différents  clubs  de  Franco,  rédigé  par  les 
citoyens  Leroux  et  Revol,  Paris,  1790  et  J791. 


INTRODUCTION  5 

cret  suivant,  proposé  par  Le  Chapelier  au  nom  de  l'ancien  Co- 
mité de  constitution. 

«  L'Assemblée  nationale,  considérant  que  nulle  société,  club, 
association  de  citoyens,  ne  peut  avoir,  sous  aucune  forme,  une 
existence  politique,  ni  exercer  aucune  influence  ou  inspection 
sur  les  actes  des  pouvoirs  constitués  et  des  autorités  légales, 
que  sous  aucun  prétexte  ils  ne  peuvent  paraître  sous  un  nom 
collectif  pour  former  des  pétitions  ou  des  députations,  pour 
assister  à  des  cérémonies  publiques,  soit  pour  tout  autre  objet, 
décrète  ce  qui  suit  : 

«  xVrticle  premier,  —  S'il  arrivait  qu'une  société,  club  ou 
association  se  permît  de  demander  quelques  fonctionnaires 
publics,  ou  de  simples  citoyens,  ou  d'apporter  obstacle  à  l'exé- 
cution d  un  acte  de  quelque  autorité  légale,  ceux  qui  auront 
présidé  aux  délibérations  ou  fait  quelque  acte  tendant  à  leur 
exécution,  seront,  sur  la  poursuite  du  procureur-général-syn- 
dic du  département,  condamnés  par  les  tribunaux  à  être  rayés 
pendant  deux  ans  du  tableau  civique,  et  déclarés  inhabiles  à 
exercer  pendant  ce  temps  aucune  fonction  publique. 

«  Art.  2.  —  En  cas  que  lesdites  sociétés,  clubs  ou  associations 
fassent  quelque  pétition  en  nom  collectif,  quelques  députations 
au  nom  de  la  société,  et  généralement  tous  les  actes  où  elles 
paraîtraient  sous  les  formes  de  l'existence  publique,  ceux  qui 
auront  présidé  aux  délibérations,  porté  les  pétitions,  composé 
ces  députations  ou  pris  une  part  active  à  l'exécution  de  ces 
actes,  seront  condamnés,  par  la  même  voie,  à  être  rayés  pen- 
dant six  mois  du  tableau  civique  et  suspendus  de  toutes  fonc- 
tions publiques,  déclarés  inhabiles  à  être  élus  à  aucune  place 
pendant  le  même  tems. 

«  Art.  3.  —  A  l'égard  des  membres  qui,  n'étant  point  ins- 
crits sur  le  tableau  des  citoyens  actifs,  commettront  les  délits 
mentionnés  aux  articles  précédents,  ils  seront  condamnés  par 
corps  à  une  amende  de  1,200  livres,  s'ils  sont  Français,  et  de 
3,000  livres,  s'ils  sont  étrangers. 

«  Art.  4.  —  L'Assemblée  nationale  décrète  que  le  rapport  de 
son  ancien  Comité  de  constitution  sera  imprimé  et  publié, 
comme  instruction,  avec  la  présente  loi  »  (1). 

(1)  Moniteur  universel,  année  1791,  n"  273. 


6  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Dans  une  Adresse  d'un  bon  citoyen  à  ses  frères,  brochure  in-S", 
parue  en  1791,  nous  lisons  : 

«    CLUBS 

«  Je  ne  serai  pas  long  sur  cet  article.  J'opine  pour  les  anéan- 
tir tous,  et  avoir  leur  mémoire  en  exécration.  Je  vous  prédis, 
mes  frères,  que  cela  ne  tardera  point  à  être  exécuté.  C'est  bien 
dommage ,  car,  autant  ces  établissements  sont  criminels  et 
atroces  par  l'usage  que  l'on  en  fait,  autant  ils  seraient  néces- 
saires, utiles,  agréables,  si  les  hommes  avaient  en  vertu  ce 
qu'ils  ont  en  dépravation  de  mcetirs  »  (1). 

La  presse  réactionnaire  partageait  l'avis  «  du  bon  citoyen  »  ; 
le  droit  de  réunion  lui  déplaisait,  d'autant  plus  que  les  Fran- 
çais, surtout  les  Parisiens,  loin  de  suivre  les  séances  des  clubs 
de  son  opinion,  s'efforçaient  de  les  empêcher. 

Dans  une  brochure  de  l'époque,  nous  lisons  cette  appréciation 
significative  : 

«  Les  clubs  furent  de  tous  les  temps  l'antre  de  la  politique  : 
lorsque  la  sagesse  et  la  décence  en  ont  été  les  modérateurs,  ces 
caractères  impérieux  fixaient  la  vénération;  mais  lorsque  des 
projets  régicides  rassemblent  des  hommes,  lorsque  des  atten- 
tats parricides  et  le  crime  en  font  la  mission,  leur  proscription 
en  est  le  fruit  »  (2). 

Dans  la  même  brochure,  les  membres  de  l'Assemblée  natio- 
nale sont  traités  de  Frontins  Ligurgue;  le  duc  d'Orléans  est 
appelé  Néron,  et  Barnave,  Nèronnet. 

A  plus  forte  raison  craignait-on  les  clubs  d'hommes  armés. 

Le  Journal  de  Paris  annonça,  en  décembre  1790  : 

«    MUNICIPALITÉ    DE    PARIS 

«  Le  Corps  municipal  vient  de  rendre  une  proclamation  par 
laquelle,  conformément  au  décret  de  l'Assemblée  nationale  re- 
latif aux  corps  armés,  il  défend  aux  Vainqueitrs  de  la  Bastille  de 
s'assembler  et  de  prendre  aucunes  déhbérations  »  (3). 


(1)  Bibliothèque  de  la  Chambre  des  députés,  Bf'"  222,  t.  I  d'un  recueil 
factice. 

(2)  Bibliothèque  de  la  Chambre  des  députés,  Les  intrigues  dévoilées,  ou 
les  trente-trois  factieux  dénoncés  ;  le  duc  d\..,  les  Lameth,  substituts  du 
ci-devant  Mirabeau,  Barnave,  etc. 

(3)  Journal  de  Paris,  numéro  du  30  décembre  1790. 


INTRODUCTION  7 

A  propos  de  la  presse  réactionnaire,  il  importe  de  ne  pas 
oublier  que  les  journaux  royalistes  donnèrent,  les  premiers, 
l'exemple  du  stjde  injurieux  et  cynique,  employé  par  le  père 
Duchesne.  C'est  vainement  que  des  historiens  ont  prétendu  le 
contraire. 

Il  parut,  en  1790,  une  brochure  :  de  l'Imprimerie  du  sieur 
Motier  (La  Fayette).  Et  se  trouve  chez  madame  Bailly,  rue 
Trousse-Yache.  Tout  le  travail  est  à  l'avenant,  rempli  d'injures 
grossières,  d'ignobles  imputations  touchant  à  la  vie  privée. 


III 


Pour  défendre  l'aristocratie,  pour  attaquer  la  démocratie 
naissante,  les  journalistes  ne  manquèrent  pas,  soldés  ou  non 
par  les  opposants.  Leur  plume  traduisit  presque  constamment 
le  dédain  qu'ils  éprouvaient  à  propos  des  hommes  et  des  évé- 
nements de  l'époque.  Rivarol  et  Ghamfort  avaient  des  imita- 
teurs, qui  comptaient  trop  sur  l'esprit  pour  avoir  raison  de  la 
vérité  palpable,  pour  amoindrir,  dénaturer  ou  nier  les  faits  les 
plus  évidents. 

Le  monarchisme,  dans  la  presse,  ne  cessa  de  lancer  des  flè- 
ches sur  le  peuple,  au  risque  de  le  blesser,  parfois  avec  l'inten- 
tion de  l'irriter  et  de  le  porter  aux  excès.  Un  mot  piquant,  une 
expresion  ironique,  une  calomnie  dénuée  de  tout  fondem.ent, 
suffisaient  à  eng-endrer  des  haines  redoutables,  entretenaient  le 
feu  de  la  discorde,  rendaient  les  émeutes  fréquentes,  et  c'était 
justement  que  Danton  appelait  l'abbé  Royou  «  le  Marat  de  la 
monarchie  »,  quand  VAmi  du  Roi^  qui  commença  de  paraître 
le  1"  juin  1700,  devint  tout  à  fait  agressif  et  violent.  On  pré- 
tendait que  le  «  pape  Royou  »  se  cachait  au  fond  d'une  cave, 
en  juin  1791,  et  que  son  journal  se  distribuait  la  nuit. 

Les  Actes  des  Apôtres  dataient  leur  apparition  de  VAn  zéro  de 
la  liberté.  C'était  chez  la  marquise  de  Chambonas  que  les  ré- 
dacteurs de  cette  feuille  tenaient  conseil  ;  Rivarol,  Champcenetz, 
le  vicomte  de  Mirabeau  et  le  Comte  de  Tilly  s'y  inspiraient  pour 
vilipender  les  patriotes.  Ensuite,  ils  faisaient  ordinairement 
leur  journal  chez  le  restaurateur  Beauvilliers,  ou  chez  Mafs, 
au  Palais-Royal.  Dans  ces  dîners,  dits  évangéliqu^s,  les  initiés 
seuls  étaient  admis,  se  mettaient  à  causer  entre  eux.  Les  «  apô- 


8  LES  CLUBS  CONÏRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

très  »  écoutaient  attentivement,  écrivaient  la  conversation  en 
cours  sur  un  coin  de  table. 

Ainsi  se  trouvait  rédigé,  mystérieusement,  le  numéro  du 
journal  les  Actes  des  Apôtres.  Ce  numéro  était  laissé  sur  la 
carte  du  restaurateur;  du  restaurateur,  il  passait  aussitôt  chez 
un  libraire  dont  la  boutique  avoisinait  l'établissement  de  Beau- 
villiers,  et  qui  se  nommait  Gathey  (I). 

Nous  aurons  plus  d'une  fois,  dans  ce  livre,  l'occasion  de  faire 
des  rapprochements  entre  les  menées  mystérieuses  des  roya- 
listes et  les  critiques  imprimées  qui  paraissaient  en  même  temps, 
et  qui  étaient  publiées  sous  forme  de  journaux,  de  brochures, 
d'affiches,  d'estampes  avec  ou  sans  texte. 

C'étaient  des  provocations  sur  lesquelles  comptaient  les  mo- 
narchistes pour  amener  des  émeutes,  dont  souvent  ils  furent 
les  victimes  involontaires,  les  battus  par  imprudence. 

Dans  le  tome  quatrième  du  Journal  de  Louis  XVI  et  de  son 
peuple.,  ou  le  Défenseur  de  Vaiitel,  du  trône  et  de  la  patrie.,  un 
rédacteur  s'attaquait  au  côté  gauche  ou  sinistre  de  l'Assemblée 
constituante.  Ce  journal,  commencé  en  1790,  vécut  jusqu'à  la 
fm  de  ladite  Assemblée,  soutenant  la  monarchie  avec  une  âpreté 
excessive,  sans  se  soucier  des  faits  accomplis,  des  besoins  de 
l'époque,  des  abus  passés. 

Les  Actes  des  Apôtres  ne  tarirent  pas  en  insultes  adressées 
aux  patriotes,  depuis  1789  jusqu'en  1791.  Son  prospectus  por- 
tait pour  épigraphe  : 

«  Qiiid  Domini  facient,  audent  cum  talia  fures. 
«  Liberté,  g^aieté,  démocratie  royale.  » 

Le  l*""  octobre  de  la  même  année  parut  A  deux  liards,  à  deux 
liards  mon  journal  (2),  dans  lequel  nous  lisons,  au  début  : 

«  Je  n'emploierai  que  quelques  lig-nes  à  me  mettre  au  cou- 
rant de  la  nouvelle  Assemblée  nationale.  Elle  a  débuté  sur  le 
théâtre  du  Manège  le  1*'  octobre  1791,  l'an  IIl  de  la  révolte, 
en  langage  vulgaire  l'an  1791,  vérifié  ses  pouvoirs  en  deux 
jours,  juré  trois  fois,  insulté  le  Roi,  la  garde  nationale,  le  pu- 
blic, bafoué  les  ministres,  et  gagné  150.000  francs.  » 


(1)  Voir,  plus  bas,  Salons,  cafés,  redawants ,  libraires. 
(2;  Ce  journal   eut  des   imitateurs,   qui    iio   brillèrent   pas  toujours   par 
l'esprit. 


INTRODUCTION  9 

Nous  lisons,  au  premier  mois,  ii°  11,  page  2  :  «  L'Assemblée 
a  renoncé  à  être  honorable  et  honorée.  J'aime  à  voir  qu'elle  se 
rend  justice.  » 

Deuxième  mois,  n°  30,  page  3  :  «  Nos  révolutionnaires  sont 
fiers  d'avoir  réussi  à  intéresser  l'univers  entier  à  les  voir  pen- 
dus. » 

Les  Sahats  jacohites  [sic),  par  Marchant,  journal  publié  en 
1791  et  en  17.J2,  contenait  dans  son  cinquantième  numéro  les 
phrases  suivantes  : 

«  Parlons  des  Jacobins.  Je  vais  donner  le  précis  d'une  de  leurs 
plus  belles  séances,  celle  du  28  août  de  la  troisième  année  de 
la  canaillocratie  »  (1), 

La  Chroniqice  dxo  Manège,  du  même  Marchant,  écrite  dans  bî 
genre  des  Actes  des  Apôtres,  avait  été  publiée  en  1789. 

Le  Babillard,  en  juillet  1791,  parlait  du  «  joug  clubinocra- 
tique  ))  ;  il  parlait  aussi  des  républicoquins. 

Ce  journal  «  du  Palais-Royal  et  des  Tuileries  »,  rédigé  par 
Joseph-Alphonse  Esménard,  du  5  au  30  octobre  1791,  eut  un 
supplément,  le  Chant  du  coq,  feuille  encore  plus  ultra-monar- 
chique (2). 

A  la  veille  de  la  réunion  de  l'Assemblée  législative,  le  Jour- 
nal dit  Soir  ou  le  Petit  Page,  terminait  sa  carrière  en  impri- 
mant : 

«  Bulletin  de  la  séance  dliier  et  d'aujourd'hui. 

«  Il  a  été  décrété  que  la  liste  des  gredins  qui  doivent  rempla- 
cer ceux-ci  serait  imprimée;  qu'ils  entreraient  en  pleine  et  en- 
tière activité  le  1"  octobre  prochain,  et  qu'ils  voleraient,  pille- 
raient et  égorgeraient,  feraient  voler,  piller  et  égorger,  jusqu'à 
ce  qu'il  plaise  à  Dieu  d'en  ordonner  autrement  »  (3). 

Le  journal  V Apocalypse^  commencé  en  janvier  1791,  et  qui  a 
eu  cinquante  numéros,  portait  pour  épigraphe  :  Ad  majorem 
liegis  gloriam.  En  effet,  il  sacrifiait  tout  à  la  volonté  absolue 
de  Louis  XYL 


(1)  Les  Sabats  jacobites,  2«  volume,  p.  39o. — La  Chronique  du  Manège, 
in-8",  eut  24  numéros. 

(2)  Esménard  s'enfuiL  au  10  août  1792,  offrit  ses  services  au  conile  de 
Provence,  à  l'étranger,  rentra  en  France  en  1797,  collabora  à  Xa  Quotidienne, 
et  fut  banni  au  18  fructidor. 

(3)  In-S"  publié  du  22  au  26  septembre  1791  ;  numéro  du  2G  septembie, 
p.  o. 


10  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

La  Rocamiole  des  Journaux  ou  Histoire  aristo-capucino-cc- 
mù/ne  de  la  Mévolution,  rédigée  par  Dom  Regius  antijacobincs 
ET  C^  inscrivait  au  frontispice  de  son  cinquième  numéro  : 

((  Une  Foi^  ime  Loi,  un  Roi.  » 

Une  feuille  qui  n'eut  que  quatre  numéros,  parus  en  1790, 
était  intitulée  :  Affiches  de  V Aristocratie ^  ou  Journal  Aristo- 
cratique. 

L Anti-Marat  (1/91)  était  l'œuvre  d'une  société  de  gens  de 
lettres  royalistes.  Le  Gontre-révolutio7inaire  justifiait  son  titre  ; 
le  Contre-poison  des  Jacobins  était  signé  par  Moreau  et  Jardin. 

Du  Rosoy,  dans  sa  Gazette  de  Paris,  commencée  le  3  no- 
vembre 1789,  terminée  le  10  août  1792,  faisait  une  guerre 
perpétuelle  au  nouvel  ordre  de  choses,  et,  en  mai  1792,  Royou, 
dans  son  Ami  du  Roi,  annonçait  comme  certaine  la  résurrection 
de  l'ancien  régime.  Les  Actes  des  Apôtres  appelaient  la  guillo- 
tine «  la  Mirabelle  »,  par  allusion  au  grand  orateur. 

Dans  le  Journal  de  la  Cour  et  de  la  Ville  (Petit  Gauthier), 
Gauthier  osait  écrire,  en  1792  : 

«  Qu'attendez-vous  ?  Faut-il  que  le  sang  ruisselle  de  toutes 
parts?  Ne  perdez  pas  de  tem[)S,  mettez  double  charge  dans 
vos  fusils,  faites  marcher  vos  canons  !  Volez  à  l'affreux  repaire 
des  Jacobins,  et  exterminez-les  tous  jusqu'au  dernier  (1)!  » 

Bien  d'autres  organes  du  monarchisme  ont  laissé  des  traces, 
généralement  incomplètes,  dans  les  bibliothèques  et  dans  les 
archives,  pour  l'époque  révolutionnaire.  Nous  n'avons  dû  indi- 
quer ici  que  les  plus  essentiels,  afin  de  ne  pas  multiplier  inu- 
tilement les  titres  des  journaux  n'ayant  fait  que  paraître  et 
disparaître,  les  titres  de  brochures  passées  inaperçues,  dont 
l'énumération  sortirait  de  notre  plan. 

Qu'il  nous  suffise  des  citations  précédentes.  Elles  caracté- 
risent l'esprit  des  hommes  d'opposition  au  progrès  révolution- 
naire, depuis  1789  jusqu'à  la  fin  de  1792,  c'est-à-dire  dans  la 
première  période  de  réaction,  pendant  laquelle  les  Feuillants 
et  les  modérés  de  toutes  nuances  mêlaient  souvent  leur  voix  à 
celle  des  royalistes,  en  ne  voulant  pas  aller  plus  loin  que  la 
Constitution  de  171)1,  en  demeurant  simplement Co?25/?^z^- 
tionnels,  ou  libéraux  ayant  le  Roi  à  leur  tête. 


(1)  Le  Journal  général  de  la  Cour  et  de  la  Ville  parut  du  13  septembre  1789 
au  10  août  1792. 


INTRODUCTION  H 

Les  royalistes  essayèrent  de  corrompre  des  clubistes  popu- 
laires; mais  ce  fut  sans  succès. 

On  trouva  dans  l'armoire  de  fer  une  note  indiquant  que  les 
assemblées  et  clubs  coûtaient  quatorze  mille  livres,  les  intelli- 
gences à  conserver  dans  les  clubs  onze  mille  livres,  plus  quatre 
orateurs  dans  chaque  section  à  trois  cents  livres,  soit  quarante- 
trois  mille  deux  cents  livres.  Pour  une  pareille  somme,  la  ma- 
jorité des  clubistes  ne  pouvait  être  entamée. 

A  de  rares  exceptions  près,  les  réactionna-ires,  les  partisans 
de  la  royauté  absolue,  ne  réussirent  pas  à  acheter  des  cons- 
ciences. Leur  plan  fut  vite  deviné  par  les  masses.  Le  parti  de 
la  cour  était  appelé  Parti  de  l'Œil-de-Bmif^  à  Versailles, 
comme  il  le  fut  à  Paris  (I).  Il  agissait  beaucoup^  mais  sans 
effets  réels.  Il  produisait  un  courant  contraire  à  ses  vues, 
entravait  le  mouvement,  mais  ne  parvenait  pas  à  l'arrêter.  Loin 
de  là,  il  faisait  naître  l'union  temporaire  des  amis  de  la  Révo- 
lution, lors  des  grandes  journées,  —  le  14  juillet,  le  4  août  1  789, 
la  fuite  du  Roi,  le  20  juin  et  le  10  août  1792,  la  proclamation 
de  la  République,  et  le  décret  qui  déclarait  la  «  Patrie  en 
danger  ». 


IV 


Telle  fut  la  première  période  de  réaction,  allant  de  1789  à 
1793,  uniquement  monarchique,  religieuse  et  nobiliaire, 
repoussée  de  toutes  parts,  énergiquement,  par  les  patriotes 
encore  unis  dans  la  même  pensée  d'émancipation. 

Cette  période  de  réaction  fut  très  sérieuse,  car  elle  grossit 
de  jour  en  jour,  accrue  tantôt  par  les  émigrés,  tantôt  par  les 
prêtres  insermentés,  tantôt  par  les  insurgés  de  l'Ouest,  tantôt 
enlin  par  les  mécontents  que  faisait  la  réussite  des  partis 
vainqueurs,  des  Jacobins^  des  Cordeliers,  des  membres  de  la 
Commune^  des  patriotes  suivant  leur  voie  malgré  l'Europe 
coalisée,  déliant  les  souverains  étrangers,  résolus  à  périr  ou  à 
assurer  le  triomphe  de  la  démocratie.  Période  intéressante  et 
assez  longue. 

A  diverses  reprises,  les  émigrés,  les  prêtres  insermentés  et 
les  insurgés  de  la  Bretagne  et  de  la  Vendée  s'entendirent,  de 

(1)  Voir,  plus  bas,  Comiiù  autrichien. 


12  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

leur  côté,  pour  enrayer  la  Révolution;  trop  souvent  les  rebelles 
à  la  loi,  par  ambition  ou  entêtement,  contribuèrent  consciem- 
ment ou  inconsciemment  à  créer  des  embarras  politiques  dont 
l'effet  principal  fut  de  pousser  les  gouvernements  successifs  aux 
violences  et  à  l'arbitraire.  Journalistes,  clubistes,  administra- 
teurs, tous  les  Français  voués  à  la  politique  s'engagèrent 
dans  une  série  de  luttes  où  chacun  finit  par  perdre  le  calme 
nécessaire  aux  hommes  qui  dirigent  les  affaires  d'un  pays.  La 
mêlée  faisait  présager  des  années  effroyables. 

Le  point  de  départ  de  la  Terreur  est,  quoi  qu'on  ait  pu  dire, 
la  première  période  de  réaction,  pendant  laquelle,  déjà,  des 
trahisons  à  l'intérieur  et  aux  armées,  des  provocations  perpé- 
tuelles adressées  aux  patriotes,  des  paniques  causées  par  les 
alarmistes  rendirent  tout  accord  impossible  et  firent  dévier 
plus  d'un  caractère  honorable.  Des  gens  d'espèces  les  plus  di- 
verses, qui  vivaient  de  leurs  relations  avec  les  aristocrates, 
étaient  essentiellement  contre-révolutionnaires. 


Quand  arriva  la  seconde  période,  —  de  1793  à  la  moitié  de 
l'année  I  794, —  comprenant  la  tragique  lutte  des  Girondins  avec 
les  Montagnards  et  le  triomphe  des  Robespierristes,  jusqu'à  la 
réaction  thermidorienne,  l'opposition  des  clubs  royalistes  cessa 
tout  d'abord,  (^elle  des  Girondins,  tombés  du  pouvoir,  continua 
sourdement  à  la  veille  du  31  mai  1793.  Puis,  sous  le  nom 
à'IndîUgents,  plusieurs  révolutionnaires  bien  connus  pour  leur 
ardeur  et  leur  audace  soutinrent  le  choc  des  partisans  exclusifs 
de  Robespierre,  de  Couthon  et  de  Saint-Just,  —  le  Tfkmiviral^ 
—  qui  les  accusèrent  de  tremper  dans  la  réaction,  d'être  modé- 
rés, ambitieux,  hommes  d'Etat,  même  royalistes. 

Donc,  réactionnaires  furent  les  hommes  de  la  Gironde  en 
face  des  hommes  de  la  Montagne,  puisqu'ils  n'adoptaient  pas 
la  marche  suivie  par  leurs  adversaires;  réactionnaires  furent 
les  JDantonistes,  puisqu'ils  s'arrêtèrent,  eux  aussi,  devant  les 
Robespierristes,  et  devinrent  les  modérés  de  la  Montagne, 
puisqu'ils  voulurent  terminer  la  Révolution  par  la  clémence. 
Mais  rien  ne  prouve  qu'ils  conspirèrent  avec  d'Orléans  et  Du- 
mouriez,  qu'ils  se  vouèrent  au  fédéralisme,  qu'ils  eurent  la 
pensée  de  rétablir  la  monarchie,  de  détruire  la  représentation 


INTRODUCTION  13 

nationale  et  le  g-ouvernement  républicain  (  1  ).  Ils  étaient,  en 
quelque  sorte,  des  imprudents  qui  voulaient  endiguer  un  tor- 
rent qu'ils  avaient  d'abord  suivi  dans  sa  course. 

Les  Girondins  avaient  prêté  le  flanc  aux  Montagnards,  à 
cause  du  point  d'appui  qu'ils  cherchaient  dans  les  départe- 
ments, on  l'a  pu  croire,  pour  chercher  à  organiser  de  petites 
répubhques  fédératives,  et  à  rompre  l'unité  nationale  que  la 
Convention  en  majorité  entendait  sauvegarder.  Après  la  journée 
du  31  mai,  ils  avaient  formé  un  gouvernement  insurrectionnel 
contre  la  Convention,  sous  le  titre  à'AssemUée  des  départements 
réunis  ;  leur  petite  armée,  dans  le  Calvados  et  l'Eure,  qui  était 
commandée  par  Wimpfen,  se  composait  principalement  de 
royalistes. 

Aucun  club  ne  suivit  la  politique  girondine,  dont  les  adeptes 
se  réunissaient  surtout  dans  le  salon  de  madame  Roland  de  la 
Platière,  dès  le  moment  où  le  parti  qu'illustra  Yergniaud 
acquit  une  puissance  redoutée  par  les  Montagnards, 

Puis,  quand  ceux-ci  furent  de  force  à  l'emporter,  le  Comité 
Valazé,  d'abord  non  en  vue,  presque  secret,  mais  déjà  dénoncé 
par  Marat,  prit  la  tournure  de  complot  (2)  et  n'aboutit  pas. 

Chez  Lucile  Desmoulins,  on  vit  nombre  de  Cordeliers,  notam- 
ment Danton,  coudoyant  Robespierre.  Il  y  eut  scission.  Robes- 
pierre céda  la  place,  en  cette  réunion,  aux  Indulgents^  qui  péri- 
rent sur  l'échafaud  comme  les  Girondins,  noyés  dans  le  torrent. 

Alors,  la  presse  des  opposants  actifs  se  tut,  ou  à  peu  près. 
Exceptionnellement,  certains  journaHstes  jouèrent  leur  tète  en 
écrivant  contre  le  parti  dominant,  devenu  implacable.  Les 
feuilles  royalistes  ou  aristocratiques  avaient  disparu  ;  leurs 
rédacteurs  s'étaient  réfugiés  à  l'étranger  pour  attaquer  encore 
la  Convention  et  faire  chorus  avec  les  émigrés. 


VI 


Lorsque  Robespierre  eut  succombé,  une  troisième  période 
de  réaction  fiit  la  conséquence  de  sa  chute.  Cette  situation, 
toujours  troublée,  mais  surtout  confuse,  rendit  le  courage  aux 


(1)  Voir,  plus  bas,  Comité  orléaniste. 

(2)  Voir,  plus  bas,  Comité  Valazé. 


14  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

monarchistes  et  aux  nobles  qui  avaient  survécu,  possédaient  des 
adeptes  jusque  dans  la  Convention,  et  s'estimaient  heureux 
d'avoir  assisté  à  la  Réaction  thermidorienne. 

Mais  ces  g-ens-là,  craignant  d'être  regardés  comme  suspects, 
n'exposaient  plus  leurs  opinions  en  public.  Secrètement,  dans 
les  salons,  dans  les  boudoirs,  oii  ne  se  rencontraient  que  des 
amis  éprouvés  et  sûrs,  y  lisant  les  journaux,  les  nouvelles  à  la 
main,  ils  espéraient  toujours  voir  un  temps  meilleur;  un  suc- 
cesseur de  Louis  XVI,  ramené  par  les  souverains  coalisés;  la 
France  délivrée  des  révolutionnaires  et  reprenant  le  bon  ton 
et  les  plus  jolies  manières. 

Ils  avaient  des  clubs  à  huis-  clos,  des  officines  de  conspirations 
où  s'étaient  réfugiés  les  derniers  débris  de  la  noblesse  et  du 
clergé  encore  debout.  Ils  guettaient  les  républicains,  s'apprê- 
taient à  profiter  de  leurs  fautes,  se  liguaient,  au  besoin,  avec 
des  thermidoriens,  recevaient  les  renégats  à  bras  ouverts,  res- 
taient émigrés  à  l'intérieur,  résolus  à  fraterniser  avec  les  émi- 
grés de  l'extérieur  qui  allaient  bientôt  rentrer.  On  pouvait  les 
regarder  comme  des  rebelles  de  clubs,  de  cercles,  de  salons, 
poussant  aux  manifestations  plus  ou  moins  inoffensives,  prome- 
nant leur  politique  sur  les  boulevards,  dans  les  foyeré  de 
théâtre,  chez  le  glacier  Garchi,  dans  quelques  cafés  et  restau- 
rants qui  s'étaient  transformés  en  petits  clubs  contre-révolu- 
tionnaires. 

La  population  parisienne  perdait  en  partie  les  convictions 
républicaines;  l'orientation  de  la  politique  variait  d'un  jour  à 
l'autre  ;  les  hommes  et  les  choses  changeaient  presque  à  vue 
d'œil. 

Sous  le  Directoire,  succédant  à  la  Convention  décimée,  res- 
semblant à  une  monarchie  représentative,  la  troisième  période 
de  réaction  redevint  principalement  royaliste  comme  la  pre- 
mière, à  cause  de  la  faiblesse  du  gouvernement.  Des  clubs 
actifs  se  rouvrirent  avec  le  but  avoué  de  renverser  le  pouvoir, 
qui  se  réclamait  encore  de  la  République.  Les  ClicJiyens  se  pro- 
clamaient ((  honnêtes  gens  »,  menaçaient  les  jacobinières  et 
couraient  sus  aux  «  buveurs  de  sang,  »  comme  disaient  les 
monarchistes  unis  aux  thermidoriens,  démocrates  équivoques. 
Afficher  les  opinions  royalistes  devint  une  mode;  sous  prétexte 
de  poursuivre  les  Jacobins,  on  organisa  la  propagande  en  fa- 
veur du  comte  de  Provence  (depuis,  Louis  XVIIl). 

Peu  à  peu,  les  émigrés  et  les  prêtres  insermentés  se  mon- 


INTRODUCTION  15 

trèrent,  trouvèrent  des  protecteurs  puissants,  malgré  la  loi,  et 
purent  entrevoir  la  réalisation  de  leurs  espérances  ajournées 
plus  tard  sous  le  Consulat  et  l'Empire,  pour  reparaître  en  1814. 
On  parla  sans  crainte  dans  les  hôtels  aristocratiques. 


VII 


Le  gouvernement  lui-même  servit  imprudemment  la  réaction 
royaliste,  en  se  figurant  qu'il  consolidait  ainsi  sa  puissance,  à 
l'aide  de  ralliés.  Trompé  par  les  apparences,  il  sévit  à  la  fois, 
dans  les  premiers  temps  de  son  existence,  contre  les  réunions 
républicaines  ou  anti-républicaines,  indistinctement. 

Un  arrêté  du  Directoire  parut  (1),  quelques  mois  après  les 
journées  de  prairial  et  de  vendémiaire,  comme  pour  placer  les 
contre-révolutionnaires  sur  le  même  pied  que  les  derniers 
Montagnards.  Cet  arrêté,  le  public  le  lut  sans  trop  d'émotion. 
Yoici  sa  teneur  : 

«  Le  Directoire  exécutif  arrête  ce  qui  suit  : 

«  Article  premier.  —  La  réunion  formée  dans  le  local  connu 
sous  les  noms  de  Salon  des  Princes  et  de  Salon  des  Arts^  bou- 
levard des  Italiens  ; 

«  La  réunion  formée  dans  la  maison  de  Sérilly^  vieille  rue 
du  Temple  ; 

«  La  réunion  formée  dans  le  palais  Egalité,  sous  le  nom  de 
Société  des  Écliecs  ; 

«  La  réunion  formée  dans  le  ci-devant  couvent  des  Génové- 
fains  et  connu  sous  le  nom  de  Société  du  Panthéon  ; 

«  La  réunion  dite  des  Patriotes^  formée  rue  Traversière, 
numéro  804  ; 

«  Sont  déclarées  illégales  et  contraires  à  la  tranquillité  pu- 
blique. 

«  Leurs  emplacements  respectifs  seront  fermés  dans  les 
vingt-quatre  heures,  et  les  scellés  seront  apposés  sur  les  pa- 
piers y  existant. 

«  Art  2.  —  Le  théâtre  dit  de  la  nce  Feydeau,  et  l'édifice  connu 
sous  le  nom  à' Église  de  Saint-André  des  Arts,  seront  pareille- 
ment fermés  dans  les  vingt-quatre  heures. 

(1)  Du  8  ventôse  an  IV  (28  février  J796). 


16       LES  CLUBS  CONTRE- RÉVOLUTIONNAIRES 

({  Le  ministre  de  la  police  générale  est  chargé  de  l'exécution 
du  présent  arrêté. 

«  Signé  :  Letourneur,  président. 

«  Lagarde,  secrétaire-général .  » 

YIII 

Par  la  journée  du  18  fructidor  le  Directoire  fut  ébranlé, 
bouleversé.  Les  insurrections,  les  complots  au  profit  de  la 
royauté  le  menaçaient  très  sérieusement. 

Successivement,  une  commission  extraordinaire  de  police, 
une  loi  de  police  contre  les  émigrés  avaient  été  votées  ;  en  dé- 
cembre 1797,  la  police  prit  les  mesures  les  plus  énergiques 
contre  «  les  brigands  royalistes  ».  Mais,  en  dépit  du  sens  vrai- 
ment républicain,  le  Directoire  poursuivit  surtout  les  babou- 
vistes,  les  ardents  révolutionnaires  regardés  comme  étant 
séditieux.  La  conspiration  de  Babeuf  ou  du  camp  de  Grenelle 
le  troubla  plus  encore  que  celle  de  la  Villeheurnois  et  con- 
sorts ,  et  il  usa  envers  ceux-ci  d'une  clémence  inutile,  car  ils 
ne  cessèrent  pas  leurs  attaques  contre  la  République. 

La  troisième  période  de  réaction  devait  avoir  des  consé- 
quences fatales. 

Dans  le  courant  de  cette  période,  aussi  bien  vers  la  fin  de 
la  réaction  thermidorienne  que  sous  le  Directoire,  les  réaction- 
naires persévérants  ne  s'en  tinrent  pas  à  la  polémique  de  la 
presse,  des  clubs  et  des  salons.  Profitant  des  luttes  qui  divi- 
saient la  Convention  et  des  convulsions  terribles  de  l'intérieur; 
exploitant  avec  habileté  les  fautes  du  Directoire,  la  confusion 
qui  existait  dans  son  sein,  ils  accumulèrent  les  complots. 

Ils  ne  manquèrent  pas  de  s'attaquer  ouvertement  aux  con- 
ventionnels, dont  la  majorité  s'acharnait  trop  sur  les  derniers 
montagnards;  et,  par  leur  fait,  l'insurrection  ensanglanta  Paris. 
Quand  Laurent  Lecointre  dénonça  à  ses  collègues  les  com- 
plices de  Robespierre,  ils  cherchèrent  à  prendre  leur  revanche; 
pendant  deux  jours,  les  carrosses  se  pressèrent  à  la  porte  des 
dénonciateurs.  Les  réactionnaires  de  toute  nuance  regardèrent 
la  Révolution  comme  non  avenue.  Le  sabre  les  vainquit.  On 
sait  le  reste,  —  comment  le  Consulat  voulut  les  amadouer, 
comment  l'Empire  se  les  attacha  en  partie,  ressuscitant  le  passé 
au  profit  de  Napoléon  Bonaparte. 


INTRODUCTION  M 

Après  le  9  thermidor,  les  pamphlets  royalistes  et  contre-ré- 
volutionnaires avaient  employé  de  plus  en  plus  l'injure,  la  ca- 
lomnie et  la  menace,  à  mesure  que  les  événements  s'aggra- 
vaient. Un  décret  de  la  Convention  défaillante  avait  porté  : 

«  Quiconque  sera  convaincu  d'avoir  composé  ou  imprimé. des 
ouvrages  ou  écrits  périodiques  provoquant  la  dissolution  de  la 
représentation  nationale,  le  rétablissement  de  la  royauté...  sera 
puni  de  mort.  » 

On  s'était  plaint  beaucoup,  sous  la  Terreur,  de  la  licence  et 
du  libertinage  de  la  presse,  des  calomnies,  des  dénonciations, 
des  injures,  des  menaces  que  les  journalistes  répandaient  dans 
le  public. 

IX 

Quelque  temps  après,  néanmoins,  la  nouvelle  Constitution 
(du  22  août  1795  au  5  fructidor  an  III)  respecta  la  liberté  de 
la  presse. 

Elle  contient  cet  article  ; 

«  Nul  ne  peut  être  empêché  de  dire,  écrire,  imprimer  et  pu- 
blier sa  pensée.  —  Les  écrits  ne  peuvent  être  soumis  à  aucune 
censure  avant  leur  publication.  —  Nul  ne  peut  être  responsable 
de  ce  qu'il  a  écrit  ou  publié  que  dans  les  cas  prévus  par  la 
loi.  » 

11  restait  à  déterminer  par  des  prescriptions  législatives  jus- 
qu'où irait  la  liberté  de  la  presse,  et  s'il  n'y  aurait  pas  une 
sorte  de  censure  après  la  publication  des  écrits.  Ce  correctif 
annulait  presque  le  principe. 

Quant  aux  réunions  politiques,  elles  se  bornèrent  aux  as- 
semblées primaires  ou  communales.  Il  n'y  en  eut  plus  de  per- 
manentes :  les  oppositions  au  gouvernement  se  manifestèrent 
par  la  plume. 

Aussitôt,  les  journaux  et  les  pamphlets,  principalement  les 
feuilles  royalistes,  redoublent  d'audace,  de  sarcasmes  et  d'iro- 
nies cruelles,  publient  les  mots  lancés  dans  les  salons,  ou  dans 
certains  cafés  de  la  capitale  que  fréquente  la  jeunesse  dorée.  La 
«  bourse  des  Chouans  »,  pour  l'agiotage,  se  tient  effrontément^ 
au  café  de  Chartres,  de  onze  heures  à  trois  heures. 

Le  Directoire,  agissant  comme  tous  les  gouvernements  t'ai-'' 


18  LES  CLUBS  CONTUE-RÉVOLUTIONNAIUES 

bles  et  tiraillés,  abuse  du  droit  de  se  défendre,  et  veut  des  me- 
sures répressives.  Le  coup  d'Etat  du  18  fructidor  (5  sep- 
tembre 1797)  suspend,  ou  plutôt  supprime  la  liberté  de  la 
presse. 

En  effet,  le  conseil  des  Cinq-Cents  déclare  alors  :  «  Les  jour- 
naux, les  autres  feuilles  périodiques  et  les  presses  qui  les  im- 
priment sont  mis  pendant  un  an  sous  l'inspection  de  la  police 
qui  pourra  les  prohiber,  aux  termes  de  l'art.  .353  de  l'acte  cons- 
titutionnel. y> 

D'après  un  rapport,  les  journalistes  sont  les  complices  de  la 
conspiration  royale,  auteurs  de  tous  les  crimes  contre  la  société 
et  les  institutions  du  pays;  ils  reçoivent  des  articles  à  insérer; 
ils  acceptent  l'arg-ent  des  conspirateurs  et  des  contre-révolution- 
naires. Il  faut  les  châtier  sévèrement  et  promptement.  A  cet 
effet,  des  visites  domiciliaires  sont  ordonnées.  La  commission 
établie  pour  frapper  la  presse  propose  de  déporter  les  proprié- 
taires, entrepreneurs,  auteurs,  rédacteurs  et  collaborateurs  de 
soixante-sept  journaux,  soit  à  Paris,  soit  dans  les  départe- 
ments. Plusieurs  députés,  même,  opinent  pour  qu'on  les  dé- 
porte en  masse. 

Un  vote  intervint.  Quarante-cinq  journalistes  furent  dépor- 
tés, cinq  furent  rayés,  dix-sept  furent  renvoyés  à  nouvel  exa- 
men. Dupont  de  Nemours,  philosophe,  économiste,  rédacteur 
de  V Historien^  membre  du  conseil  des  Cinq-Cents,  ancien  dé- 
puté à  l'Assemblée  constituante,  eut  son  imprimerie  détruite. 
Ne  voulant  pas  être  ainsi  discuté,  il  donna  sa  démission  de 
membre  des  Anciens,  et  s'exila  volontairement  aux  Etats-Unis. 
Barbé-Marbois,  l'abbé  Sicard,  La  Harpe,  Fontanes,  et  d'autres 
écrivains  furent  déportés  ou  proscrits.  «  Convaincu  de  la  réa- 
lité de  la  conspiration,  le  Directoire  décerna  des  mandats  d'ar- 
rêt contre  les  auteurs  du  Bulletin  des  armées  coalisées^  la  Pari- 
sienne^ la  Quotidienne  (1),  le  Courrier  de'  Paris,  le  Miroir,  le 
Grondeur^  le  Démocrate,  les  Hommes  libres,  le  Défenseur  des 
princi2)es,  la  Feuille  du  jour^  le  Nécessaire,  le  Défendeur  de  la 
Patrie  (2)  ».  Les  scellés  furent  apposés  sur  leurs  presses.  Le 
Directoire  demanda  en  outre  une  loi  répressive  des  abus  de' la 
presse,  ou  plutôt  contre  les  polémistes  qui  le  gênaient. 

(1)  Parue  pour  la  première  fois  le  22  seplenibre  1702,  Jour  où  la  Hcpu- 
blique  avait  été  proclamée.  Cette  feuille,  souvent  supprimée,  reparaissait 
Avec  un  autre  titre. 

(2)  En  vertu  de  l'article  14i>  de  la  Constitution. 


INTRODUCTION  ly 

En  1796,  Gracchus  Babeuf,  rédacteur  du  Tribun  dio  Peicple^ 
accusé  d'attaques  contre  le  Directoire  et  les  conseils,  fut  tra- 
duit devant  la  Haute  Cour  nationale,  siég^eant  à  Yendôme.  Kn 
juillet  1799,  les  rédacteurs  de  onze  journaux  hostiles  au  Direc- 
toire, surtout  à  l'abbé  Sieyès,  furent  incarcérés.  Le  martyro- 
loge de  la  presse  fut  presque  complet. 

De  1789  à  1799,  naquirent  près  de  cinq  cents  journaux;  les 
uns  moururent  faute  d'abonnés,  les  autres  par  suppression, 
d'autres,  enfin,  par  la  mort  de  leurs  rédacteurs. 

Personne  n'ignore  que,  malgré  l'art.  353  de  la  Constitution 
de  1795,  le  gouvernement  directorial  frappa  non  seulement  les 
clubs,  qui  étaient  fermés  quand  cette  constitution  parut,  mais 
les  journaux  et  les  imprimés  de  toutes  sortes,  quand  ils  lui  por- 
.taient  ombrage. 


X 


Au  Directoire  exécutif,  composé  de  cinq  membres  plus  ou 
moins  d'accord;  à  un  gouvernement  transitoire,  impuissant  et 
très  décrié,  lequel  cherchait  incessamment  sa  voie,  succéda 
l'autorité  d'un  général  victorieux,  environné  du  prestige  mili- 
taire, ayant  une  popularité  énorme,  et  prêt  à  saisir  le  pouvoir 
pour  lui  seul,  —  avec  deux  assesseurs,  absorbés  par  sa  person- 
nalité rayonnante. 

Un  gouvernement  quasi  monarchique  se  constitua  sous  forme 
de  Consulat,  composé  de  trois  hommes  dont  le  maître  était  un 
militaire,  à  la  fois  héros  de  l'armée  d'Italie  et  du  13  vendé- 
miaire. 

Bonaparte,  qui  s'était  dit  républicain,  déclara,  après  le  18  bru- 
maire :  «  Pour  gouverner,  il  faut  des  bottes  et  des  éperons.  » 
Le  Premier  Consul  renchérit  sur  le  Directoire,  dans  ses  atta- 
ques à  la  liberté  de  réunion  et  à  la  liberté  de  la  presse.  Comme 
Robespierre  et  le  Comité  de  salut  public  avaient  «  ajourné  cette 
dernière  liberté  jusqu'après  la  guerre  »,  lui,  dont  la  guerre 
était  l'élément,  s'empara  de  Tidén  en  se  cachant  sous  le  masque 
de  la  République. 

Un  arrêté  parut,  ainsi  conçu  :  «Les  consuls  de  la  République, 
considérant  qu'une  partie  des  journaux  qui  s'impriment  dans 
le  département  de  la  Seine  sont  des  instruments  dans  les 
mains  des  ennemis   de  la  République,  etc.,  arrêtent  :  Article 


20  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

piemier  :  le  ministère  de  la  police  ne  laissera,  pendant  toute  la 
durée  de  la  guerre,  imprimer,  publier  et  distribuer  que  les 
journaux  ci-après  désignés  :  Le  Mordteur  miiversel,  le  Journal 
des  Débats  (1),  le  Journal  de  Paris,  le  Bien  informé,  le  Publi- 
cisle,  Y  Ami  des  Lois^  la  Clef  des  Cabinets,  le  Citoyen  français^  la 
Gazette  de  France,  le  Journal  des  Hommes  libres,  le  Journal  du 
Soir^  le  Journal  des  Défenseurs  de  la  Patrie^  la  Décade  philoso- 
phique, et  les  journaux  s'occupafiû  exclusivement  des  sciences,  * 
arts,  littératjire,  etc.,  etc.  Le  ministre  de  la  police  devra  pré- 
senter un  rapport  sur  tous  les  journaux  qui  s'impriment  dans 
les  autres  départements,  et  il  veillera  à  ce  qu'il  ne  s'imprime 
aucun  nouveau  journal.  Les  propriétaires  et  rédacteurs  devront 
se  présenter  à  la  police  pour  justifier  de  leur  qualité  de  citoyens 
français,  de  leur  domicile,  de  leur  signature,  ei promettre  fidé- 
lité à  la  Constitution.  Seront  supprimés  sur-le-champ  tous  les 
journaux  qui  inséreront  des  articles  contraires  au  respect  dû 
au  Pacte  social  (2),  à  la  souveraineté  du  peuple  et  à  la  gloire 
des  armées,  ou  qui  publieront  des  invectives  contre  les  gou- 
vernements et  les  nations  amies  ou  alliées  de  la  République, 
lors  môme  que  ces  articles  seraient  extraits  de  feuilles  pério- 
diques étrangères  (3)  ». 

La  Constitution  du  23  frimaire  an  Y III  ne  parla  pas  de  la 
liberté  de  la  presse;  le  sénatus-consulte  organique  delà  Cons- 
titution du  16  thermidor  an  X  (4  août  1802)  n'en  parla  pas 
davantage;  en  septembre  1803,  la  presse  fut  soumise  à  la 
censure. 

Il  n'y  avait  pas  lieu  d'interdire  les  clubs  :  le  Directoire  avait 
fait  cette  besogne  complètement.  Bonaparte  surveilla  les  salons, 
royalistes  ou  autres,  qui  s'opposaient  à  sa  toute-puissance,  ou 
qui  se  permettaient  de  gloser  sur  sa  personne. 


XI 


Jamais  rien  de  plus  oppressif  n'avait  été  édicté  depuis  l'As- 
semblée constituante,  pour  entraver  préventivement  la  discus- 


(1)  Kt  pointant,  Bonaparte  accusait  )e  Journal  des  Débats  d'être  vendu 
aux  émigrés  de  Londres.  Mais  il  préférait  les  loyalistes  aux  vrais  répu- 
Itlicains. 

(2)  C'est-à-dire  au  coup  d'Étal  du  18  brumaire. 

(3)  Arrêté  du  27  nivôse  an  VIIL 


INTRODL'CTION  ^>1 

sioii  des  actes  d'un  gouvernement.  Tout  en  paraissant  prendre 
des  mesures  d'une  égale  sévérité  contre  les  ennemis  de  la 
République,  les  Directeurs  et  les  Consuls  visaient  plus  direc- 
tement les  hommes  fidèles  aux  principes  révolutionnaires  que 
les  partisans  du  militarisme  à  outrance.  Lorsqu'on  examine  à 
fond  la  manière  dont  les  lois  furent  appliquées,  on  peut  se 
convaincre  aisément  que  les  chefs  des  pouvoirs  directorial  et 
consulaire  montrèrent  beaucoup  de  tolérance  à  l'égard  des 
contre-révolutionnaires,  en  frappant  fort  sur  les  derniers  dé- 
mocrates. 

Il  convient  d'appuyer  sur  ce  point,  de  montrer  aussi  que  les 
royalistes,  amis  du  trône  et  de  l'autel,  profitèrent  amplement 
de  la  position.  Ils  espéraient  trouver  dans  le  Premier  Consul 
un  Monck  français,  et,  loin  de  lui  faire  une  opposition  déclarée, 
une  opposition  de  journaux  et  de  clubs,  ce  que,  d'ailleurs,  il 
n'aurait  pas  souffert,  ces  habiles  prodiguèrent  les  louanges  au 
restaurateur  de  la  religion,  mais  ne  l'épargnèrent  pas  dans  la 
plupart  de  leurs  salons. 

A  peine  rouvertes,  les  sacristies  devinrent  des  foyers  latents 
de  royalisme.  A  peine  rentrés,  les  nobles  émigrés  transformè- 
rent leurs  hôtels  en  lieux  de  pohtique  secrète,  où  ils  se  réjouis- 
saient des  luttes  parfois  heureuses  de  la  Vendée,  des  succès 
de  l'étranger.  Leur  objectif  étant  la  restauration  du  roi  légitime, 
rien  ne  les  arrêtait  pour  y  contribuer;  il  n'y  avait  pas  eu  de 
solution  de  continuité  dans  leurs  intrigues  à  l'intérieur  et  à 
l'extérieur. 

Le  Consulat  forme  la  quatrième  période  de  la  contre-révo- 
lution. 

A  défaut  de  clubs,  de  journaux  opposants,  il  y  eut  des  sa- 
lons anticonsulaires,  des  conciliabules  secrets.  Une  réunion 
de  muscadins  (I)  royaHstes  fut  un  foyer  de  conspiration.  On 
l'appelait  «  le  sénat  de  Pilnitz.  » 

Contre  Bonaparte,  travaillant  pour  lui-même  et  se  targuant 
de  républicanisme  en  persécutant  les  républicains,  contre  le 
Premier  Consul  qui  n'avait  pas  accepté  le  rôle  de  Monck,  l'op- 
position ne  ménagea  rien,  répondit  à  la  force  par  la  ruse,  jus- 
qu'à l'époque  impériale,  pendant  laquelle  une  partie  de  la 
noblesse  et  du  clergé  se  contenta  de  bouder. 

En  outre,   des  salons  libéraux,  ne  succédant  aux  salons  de 

M)  Voir,  plus  bas,  Cluh  de  Clichy. 


•22  LES  CLUBS  CONTHE-RÉVOLUTIONNATRES 

la  révolulioii  que  sous  bénélice  d'inventaire,  accueillirent 
nombre  de  personnages  tout  disposés  à  reconnaître  un  roi 
constitutionnel  ou  à  briguer  l'honneur  de  iigurer  à  la  cour  de 
Napoléon  I".  Que  de  renégats  de  l'Assemblée  constituante, 
de  la  Convention,  delà  Terreur,  de  la  réaction  thermidorienne, 
du  gouvernement  directorial  et  du  Consulat! 


XI I 


Résumons-nous.  L'histoire  des  clubs  contre-révolutionnaires, 
si  intimement  liée  à  celle  de  la  presse,  à  celle  des  réunions 
privées  et  des  salons,  contribue  à  jeter  de  la  lumière  sur 
l'époque  mémorable  dont  beaucoup  de  contempteurs  ont  tiré 
leur  bien-être  actuel,  en  la  payant  d'ingratitude.  Elle  accuse 
la  mauvaise  foi  de  ceux  qui  croient  avoir  tout  dit  en  ne  par- 
lant que  de  persécutions  et  d'holocaustes;  die  établit  l'état 
fanatique  de  ceux  auxquels  elle  n'a  rien  appris  et  qui  se  sont 
retranchés  dans  leurs  convictions  comme  dans  des  forteresses 
inexpugnables,  sans  tenir  compte  des  événements  et  du  temps, 
des  causes  qui  ont  amené  la  Révolution. 

Qu'on  ne  s'étonne  pas  de  trouver  dans  ce  livre,  à  côté  des 
détails  relatifs  aux  clubs  et  aux  réunions  diverses,  des  citations 
d'imprimés  du  temps,  satiriques  ou  autres.  Elles  expliquent 
bien  des  craintes,  bien  des  audaces,  bien  des  événements  dont 
l'origine  semble  parfois  incompréhensible. 

Pour  les  partis  royaliste  et  aristocratique,  nous  pouvons, 
sans  faire  de  procès  de  tendance,  établir  que  dans  leurs  réu- 
nions mondaines  ils  restèrent  la  plupart  du  temps  prôneurs  du 
passé,  frondeurs  du  présent,  effrayés  de  Tavenir,  et  qu'ils  con- 
servèrent soigneusement  Tesprit  de  caste,  de  manière  à  attirer 
sur  eux  l'attention  des  novateurs,  jusqu'au  jour  où  beaucoup 
d'entre  eux,  surpris  par  les  événements,  n'échappèrent  pas  à 
la  suspicion  et  terminèrent  leur  vie  au-delà  des  frontières  ou 
dans  les  prisons  et  sur  l'échafaud.  Leur  obstination  fut  telle 
que,  à  l'époque  la  plus  terrible  de  la  Révolution,  ils  tinrent  des 
sortes  de  clubs  au  fond  des  cachots  en  bravant  la  mort  avec 
courage.  Vaincus  et  vainqueurs,  alors,  se  distinguèrent  par  la 
virilité  de  leurs  actes,  ce  qui  donne  tant  de  relief  à  la  généra- 


INTRODUCTION  j;^ 

tiou  qui  a  paru  sur  Ja  scène  politique  en  France,  depuis  1789 
jusqu'à  I80i. 

Les  variations  des  esprits  opposants  ont  été  si  nombreuses, 
quelquefois  de  si  courte  durée,  qu'on  se  perd  dans  la  foule  des 
expressions  en  usage  pour  désigner  successivement  les  factions 
contre-révolutionnaires  ou  réactionnaires  pendant  une  quin- 
zaine d'années. 

Ce  furent  les  Aristocrates^  les  Royalistes^  noms  communément 
attribués  à  tous  les  réacteurs  dès  le  début  de  la  grande  crise  ; 

—  les  Ci- devants,  nobles  ou  anciens  foctionnaires  de  la  mo- 
narchie; —  les  Noirs;  —  les  Alarmistes^  toujours  prêts  à  pro- 
pager les  mauvaises  nouvelles,  et,  au  besoin,  à  en  inventer;  — 
les  Apitoyeurs,  qui  affectaient  de  plaindre  le  sort  des  émigrés, 
des  prêtres  réfractaires  et  des  contre-révolutionnaires  en  géné- 
ral ;  —  la  Agents  de  Pitt  oio  de  Cobourg.  ou  les  Pitlisies,  payés 
par  l'étranger  ;  —  la  Faction  de  Vétranger^  outre  les  Salariés  de 
Cobourg; —  les  Hommes  de  Coblentz  et  les  Emigrés;  —  les 
Condëens,  en  relation  avec  l'armée  de  Condé  ;  —  les  Héros  de 
cinq  cents  livres  (chevaliers  de  Saint-Louis)  ;  —  les  Kgor'genrs 
ou  Compagnons  de  Jéliu^  dans  le  Midi,  et  les  Chifonisles^ 
membres  de  la  Cldfone^  royalistes  d'Arles;  —  les  Cheraliers 
du  poignard^  auteurs  d'une  conspiration  monarchiste;  —  les 
membres  du  Comité  autrichien  (1);  —  la  Faction  des  dévotes^  ne 
voyant  en  toutes  choses  que  les  intérêts  de  la  religion  ;  —  les 
Christocoles,  de  même  opinion;  —  les  Calotins,  amis  du  clergé; 

—  les  Vendéens  et  les  Chouans;  —  les  Corneurs  de  la  Vendée  ; 

—  les  Orléanistes,  appartenant  au  parti  du  duc  d'Orléans  (2), 
et  les  Phllippotins ;  —  les  Robinocrates  ou  AristG-robino-craleSy 
rêvant  l'autorité  pour  les  hommes  de  robe,  magistrats  ou  avo- 
cats ;  —  les  Accapareurs,  spéculant  sur  la  cherté   des  grains  ; 

—  les  Affameurs,  détruisant  les  objets  d'alimentation,  pour 
exaspérer  le  peuple;  —  les  Corrupteurs,  ou  acheteurs  de  cons- 
ciences; —  les  Epauleltïers,  officiers  de  la  Garde  nationale  ;  — 
les  Endormeurs,  conseillant  les  voies  de  douceur  et  travaillant 
pour  eux-mêmes;  —  les  Fayettisles;  —  les  Impartiaux  (3);  — 
les  Feuillants  (l);  —  les  Modérés  ;  —  les  Insouciants,  ou  indif- 


(1)  Voir  CoTïtité  autrichien. 

(2)  Voir  Comité  orléaniste. 

(3)  Voir  Club  des  Impartiaux, 

(4)  Voir  Club  des  Feuillants, 


24  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

férénts  en  matière  politique  ;  —  les  Péiionistes,  partisans  du 
maire  de  Paris;  —  les  Holandins  ou  Rolanclistes,  dévoués  au 
ministre  Koland  et  à  sa  femme;  —  \q%  Fédéralistes^  du  groupe 
des  Girondins;  —  les  Aboyeurs,  ou  crieurs  de  journaux,  de  ca- 
nards, de  pamphlets  aussi  bien  pour  les  royalistes  que  pour  les 
révolutionnaires. 

Puis,  sous  la  Convention,  les  noms  de  réactionnaires  va- 
rièrent encore.  Ce  furent  :  les  Suspects;  —  les  Indulgents,  adop- 
tant les  idées  de  clémence  émises  par  Camille  Desmoulins;  — 
les  Hommes  d'État^  ou  députés  de  la  (lironde  et  leurs  parti- 
sans; —  les  Intrigants  ;  — les  Dantonisles;  —  les  Crapauds  du 
Marais,  ou  les  Marécageux,  ou  1^  Ventre,  c^est-à-dire  les  irré- 
solus de  l'Assemblée;  —  les  Diffamateurs,  sous  toutes  les 
formes. 

Enfin,  après  le  9  th^irmidor,  ce  furent  :  les  Thermidoriens; 

—  les  Réagisseurs ;  —  les  Victimes^  membres  des  familles  que 
la  Révolution  avait  frappées;  —  la  Jeunesse  de  Fréron^  ou  les 
Fréronhtes,  ou  les  Messieurs  à  bâton,  ou  la  Jeunesse  dorée;  — 
les  Collets  noirs  et  les  Collets  verts;  —  les  Muscadins,  immolant 
tout  au  plaisir;  —  les  Agioteurs^  faisant  des  fortunes  scanda- 
leuses à  la  Bourse,  per  fas  et  7iefas;  —  les  Clichyens  (I);  —  les 
Salmichiens,  ou  Sahmstes,  ou  Salmigondis,  an  club  de  Salm['ï)\ 

—  les  Vendémiaristes,  sectionnaires  qui  marchèrent  contre  la 
Convention;  —  les  Vainqueurs  de  Germinal,  qui  mirent  Paris 
en  état  de  siège,  —  et  les  Constitutionnels,  défenseurs  de  la 
Constitution  de  l'an  III.  soupçonnés  de  conspirer  contre  le  Di- 
rectoire et  de  vouloir  rétablir  une  monarchie  tempérée. 


XIII 


Cette  longue  énumération  prouve  les  fluctuations  de  l'opi- 
nion publique  pendant  quinze  années  de  notre  histoire;  elle 
montre  la  nation  en  travail  pour  conquérir  ses  droits,  malgré 
de  continuelles  alarmes,  des  mauvaises  volontés  successives; 
elle  établit  la  force  des  regrets  chez  les  hommes  du  passé,  les 
enthousiames  et  les  impatiences  chez  les  hommes  de  progrès; 


(1)  Voir  Club  de  Clichy. 
2)  Voir  ("lui)  (le  Salin. 


INTRODUCTION  25 

elle  fait  comprendra  la  rapidité  avec  laquelle  les  événements 
modifient  les  caractères  sans  principes  fixes,  agissant  avec  légè- 
reté ou  par  ambition. 

Il  est  fâcheux  que  le  temps  ait  fait  disparaître  des  docu- 
ments, des  traditions,  à  plus  forte  raison  des  actes  officiels 
permettant  de  retracer  l'histoire  complète  des  clubs  contre-ré- 
voliUionnaires  à  Paris  pendant  la  Révolution.  Les  Archives  de 
la  préfecture  de  police  n'existent  plus,  et  c'est  grand  dommage; 
elles  devaient  être  précieuses. 

Nous  espérons  que  notre  travail,  fruit  de  consciencieuses 
recherches,  présentera  un  intérêt  véritable  à  nos  lecteurs.  Il 
est  bon  que  Ton  connaisse  les  tentatives  de  toutes  sortes  qui 
ont  été  faites  pour  entraver  les  élans  du  peuple  français  et  le 
ramener  à  l'ancien  régime.  Il  importe  aussi  que  l'on  suive  les 
errements  des  politiques  de  lutte,  tantôt  révolutionnaires  à  ou- 
trance, tantôt  modérés,  tantôt  réactionnaires  sans  vergogne,  et 
que  l'on  puisse  établir  une  différence  entre  les  hommes  convain- 
cus et  les  ambitieux  effrénés  de  la  grande  époque,  à  laquelle 
ils  ont  donné  un  dénouement  militaire. 

Les  dépôts  publics,  les  collections  particulières,  les  journaux 
et  les  mémoires  aident  à  reconstruire,  dans  la  mesure  du  pos- 
sible, les  différentes  réactions  qui  se  sont  produites  de  1789  à 
1804.  La  Bibliothèque  nationale  et  celle  de  la  Chambre  des 
députés  renferment  des  trésors  dans  lesquels  nous  avons  large- 
ment puisé,  ainsi  que  dans  les  Archives  nationales.  Nous 
n'avons  négligé  ni  les  brochures,  ni  les  petites  pièces^  ni  les  af- 
fiches, ni  les  estampes  se  rapportant  à  notre  sujet,  sans  oublier 
que  nombre  d'historiens  ont  dédaigné  de  consulter  ces  détails, 
sous  un  prétexte  vain,  parce  que,  disent-ils,  il  faut  suspecter 
les  témoignages  des  contemporains.  Nous  pensons  que  les  faits 
parlent  d'eux-mêmes  :  les  passions  des  acteurs  du  drame  ré- 
volutionnaire ne  défigurent  pas  plus  la  vérité  que  les  opinions 
de  parti  pris,  que  les  jugements  rendus  sans  entendre  les  té- 
moins à  charge  et  à  décharge,  que  les  diatribes  ou  les  apolo- 
gies qui  surgissent  après  coup. 

Au  reste,  ce  sont  les  documents  de  toute  sorte  qui  nous  ont 
passé  sous  les  yeux,  quant  aux  clubs  contre-révolutionnaires 
de  Paris,  que  nous  exposons  ici,  et  qui,  selon  nous,  tiennent 
une  large  part  dans  l'histoire,  en  indiquant  l'état  de  ]'o|tinion 
publique  au  jour  le  jour. 


2fi  LKS  CLUBS  CONTHE  RKVOLlJTTONNAlRliS 


XIV 


La  division  de  ce  Iravail  est  toute  tracée  par  l'ordre  chronolo- 
gique des  événements,  —  à  quelques  mois,  à  quelques  années 
près. 

Elle  comprend,  nous  le  répétons,  trois  périodes,  pendant  les- 
quelles des  clubs  représentant  les  réactions  successives  ont 
agité  des  questions  politiques  ou  ont  fait  de  la  propagande 
contre  les  hommes  qui  détenaient  le  pouvoir  ou  qui  le  vou- 
laient ressaisir. 

Certains  clubs,  de  nuances  différentes,  mais  poursuivant  le 
même  but,  ont  existé  simultanément,  ont  semblé  s'accorder 
entre  eux. 

A  la  première  période  appartiennent  les  clubs  de  Valois,  — 
de  VHôlel  de  Massiac^  —  des  Impartiaux,  —  Monarchique  ou 
des  Amis  de  la  Constitution  monarchique^  —  des  Feuillants,  — 
du  Salon  français,  —  des  Fédérés^  —  de  la  Sociélé  ou  Clnlj 
de  1789,  —  de  la  Sainte-Chapelle. 

La  deuxième  période  comprend  le  Comité  Valazé  et  le  Club 
de  la  Réunion.,  qui  n'ont  pas  de  séances  publiques. 

Dans  la  troisième  période  se  placent  les  clubs  de  Clichy,  — 
de  Salm,  —  et  les  Cercles  constitutionnels ,  réunions  d'hommes  à 
doctrines,  plutôt  que  de  partisans  décidés  à  l'action  sur  l'esprit 
des  masses. 

A  la  suite  de  ces  trois  périodes,  nous  donnons,  comme  an- 
nexe indispensable,  et  lorsque  nous  ne  rencontrons  plus  de 
clubs  politiques  à  Paris,  l'historique  des  comités,  sociétés.,  réu- 
nions diverses,  —  privés  ou  publics.,  —  pendant  la  Révolution, 
tels  que  le  Comité  autrichien,  avec  des  dépendances  de  ce 
comité,  —  le  Comité  orléaniste,  —  les  Réunions  de  Bagatelle 
et  de  Bellevue],  —  les  Salo?is  de  la  princesse  de  Latïhballe,  — 
d'autres  salons  notables,  des  réunions  privées,  plus  ou  moins 
politiques,  —  des  Conciliabules  intermittents ^  —  des  lieux  de 
rendez-vous^  etc. 

Puis,  nous  signalons  des  sociétés,  clubs  et  cercles  divers.,  la 
plupart  non  politiques,  datant  d'avant  1789,  et  dont  quelques- 
uns  se  sont  mêlés  quelque  peu,  pendant  la  Révolution,  aux 
mouvements  qui  se  succédaient  et  auxquels  les  Parisiens  ne 
pouvaient  rester  indifférents. 


INTRODUCTION  27 

Enfin,  nous  indiquons  des  cafés  et  des  restaurants  où  le  pu- 
blic était  nonnbreux;  où  les  événements  du  jour  motivaient 
parfois  des  querelles;  où  les  contre-révolutionnaires,  princi- 
palement, alors  que  l'amour  des  plaisirs  et  de  l'agiotage  régnait 
par  dessus  tout,  se  groupaient  afin  de  frapper  les  républicains 
encore  énergiques,  et  même  les  partisans  du  Directoire;  où 
les  Consuls  semblaient  coupables  de  penser  aux  choses  graves 
de  la  guerre  qui  ne  cessait  pas.  Nous  parlons  des  libraires  et 
des  imprimeurs,  qui,  à  toutes  les  époques,  attirèrent  l'attention 
publique  et  tinrent  des  officines  politiques.  Nous  ne  passons 
pas  sous  silence  la  part  que  prirent  au  mouvement  des  esprits 
les  chambres  de  lecture  et  les  cabinets  littéraires,  peu  nom- 
breux sous  Louis  XV[,  mais  plus  importants  sous  la  Révolu- 
tion, quand  les  masses  s'occupèrent  des  questions  qui  les 
intéressaient,  soit  pour  critiquer  les  actes  du  gouvernement, 
soit  pour  les  approuver  et  les  soutenir. 


XV 


Nous  remercions,  avant  de  quitter  la  plume,  toutes  les  per- 
sonnes qui  nous  ont  prêté  leur  bienveillant  concours,  qui  nous 
ont  aidé  dans  nos  recherches  avec  une  complaisance  extrême, 
notamment  MM.  Thierry-Poux  et  Blanchet,  de  la  Bibliothèque 
nationale;  M.  Laurent,  l'éminent  bibliothécaire  de  la  Chambre 
des  députés,  et  M.  Faucon,  qui  a  continué  M.  Cousin  à  l'Hôtel 
Carnavalet.  Nous  avons  trouvé  partout,  dans  les  dépôts  publics 
dans  les  collections  particulières,  des  facilités  pour  notre 
travail  difficile,  dont  le  sujet  n'a  pas  encore  été  traité  et  qui 
ne  sera  pas  indigne,  nous  l'espérons,  de  figurer  dans  la  belle 
et  importante  Collection  de  Documents  relatifs  à  ridstoire  de 
Paris  pendant  la  Révolution  française^  publiée  sous  le  patro- 
nage du  Conseil  municipal. 


I 


PREMIÈRE    PÉRIODE 


CLUB    DE  VALOIS 

Fondé    le     11    Févi-ier-     1789 


LeCli(/f  de  Valois  ûtuitsiUié  au  Palais-Royal,  aiTado  (il  passage  de 
Valois,  11°  177.  Un  des  principaux  fondateurs  élait  Tabbé  Sieyès,  alors 
partisan  du  duc  d'Orléans  (1).  Ce  club,  le  premier  du  Palais-Royal, 
leçut  du  duc,  tout  naturellement,  asile  et  protection  :  de  là  sa  répu- 
tation d'orléaniste,  quoiqu'il  semblât  neutre. 

Il  s'établit,  le  11  février  1780,  dans  un  grand  local  appartenant  aux 
sieurs  Frestel  et  Menneville,  lesquels  n'en  tn-ent  pas  partie;  ils  en 
étaient  seulement  les  «  entrepreneurs  ». 

D'après  l'/l/ma^acA  du  Club  de  Valois  pour  1790(2),  celte  réunion 
comprenait  616  membres.  On  y  lisait  35  <(  papiers  publics  »,  ou 
feuilles  périodiques,  les  unes  politiques,  les  autres  littéraires  et 
financières,  plusieurs  venant  de  l'étranger. 

La  noblesse  d'épée  ou  de  robe,  ainsi  que  la  haute  bourgeoisie,  se 
rencontraient  dans  ce  club,  où  la  politique  active  ne  faisait  guère 
ligure,  mais  où  les  opinions  les  plus  diverses  avaient  des  représen- 
tants. 

Parmi  les  membres,  un  assez  grand  nomijre,  les  plus  reinar([ués, 
n'ont  pas  tardé  à  appartenir  au  Cluh  monarchique ,  Quelques-uns 
s'inscrivirent  sur  la  liste  (les/4)w/s  de  la  Constitution,  même  desJaco- 
hins;  quelques  autres  se  mirent  avec  les  Feuillants.  Beaucoup  émi- 
grèrent;  plusieurs  portèrent  leur  tète  sur  l'échafaud,  ou,  tout  au 
mmns,  furent  empi'isonnés,  soit  comme  conspirateurs,  soit  comme 
suspects. 

Si  une  foule  de  gens,  dans  ce  groupe,  sont  restés  obscurs,  inconnus, 


1)  Mémoires  de  Malouel,  t.  I,  |).  ITJ. 
,ù)  Hôtol  Carnavalet,  Hibli..tho(|iif,  cle  :>6,'J1.S. 


32  LES  CLUBS  CUNTRE-RÉVOLUTIONNAIRKS 

oubliés,  certains  ont  acquis,  par  la  suite,  une  grande  célébrité.  Citons 
La  Fayette,  Talleyrand,  Sieyès,  Biron,  Bergasse,  Bougainville. 
Chamfort,  Condorcet.  les  Lameth,  etc.  Sieyès  y  présenta  Montlosier. 
«  C'était  le  seul  club  peut-être  où  la  similitude  des  opinions  ne  fôt 
pas  une  condition  rigoureuse  d'admission  (1)  »,  selon  le  chancelier 
Pasquier. 

Assurément,  dès  son  origine,  le  Club  de  Valois  n'aflicha  pas  des 
idées  rétrogrades,  et,  parmi  les  hommes  de  lettres  ou  les  savants  qui 
s'y  trouvèrent,  on  peut  dire  que  la  majorité  suivit  le  mouvement  phi- 
losophique et  scientifique  de  la  iin  du  dix-huitième  siècle.  A  ce  point 
de  vue,  il  forme  une  sorte  de  transition  entre  les  sociétés  purement 
littéraires  et  celles  qui  se  livrèrent  presque  exclusivement  à  la  poli- 
ti(}ue;  il  prélude  aux  assemblées  militantes. 

Ce  club  tenait,  à  la  fois,  de  la  simple  réunion  de  personnes  qui 
voulaient  jouir  des  plaisirs  de  la  conversatioji,  se  distraire  en  com- 
mun, et  de  la  réunion  choisie  de  membres  de  l'Assemblée  nationale, 
en  dehors  de  l'enceinte  politique;  de  députés  «  ne  payant  aucune  ré- 
tribution »,  comme  membres,  ainsi  qu'on  le  veri'a  par  les  détails 
donnés  dans  V Almanach  reproduit  ci-dessous. 

Au  fond,  l'opinion  royaliste  dominait.  «  Je  passais  ma  vie  au  Club 
de  Valois,  dit  le  chancelier  Pasquier,  club  composé,  en  grande  partie, 
d'hommes  partageant  mes  opinions  et  avec  lesquels  j'échangeais  mes 
tristes  appréhensions (2)  »...  «  Notre  réunion  de  Valois...  a  eu  cela  de 
remarquable  que,  pendant  les  quatre  années  de  sa  durée,  des  que- 
relles assez  vives  ont  eu  lieu  dans  son  sein,  et  par  suite  des  proposi- 
tions de  duel  assez  facilement  accommodées,  mais  qu'il  n'en  est  sorti, 
ni  pendant,  ni  après,  aucun  acte  qui  ait  compromis  aucun  de  ses 
membres.  On  s'y  disputait  sur  la  foi  des  gentilhommes,  et  lorsque, 
durant  le  règne  du  Comité  de  sûreté  générale,  la  liste  des  abonnés 
fut  demandée  comme  très  propre  à  servir  d'élément  à  celle  des  sws- 
pects,  elle  se  trouva  perdue,  et  ne  fut  suppléée  par  la  mémoire  d'au- 
cun des  domestiques  de  l'établissement  (3).  » 

L'existence  du  Club  de  Valois  a  été  de  trois  années  environ,  1789, 
1790,  1791.  Le  chancelier  Pasquier,  seul,  lui  donne  quatre  années  . 
d'existence. 

Sa  disparition  ne  lit  pas  de  bruit.  Les  politiques  l'avaient  négligé 
pour  se  rendre  plus  assiduement  à  d'autres  clubs,  ce  qui  le  transfor- 


{\)  MéDioires  du  chancelier  Pasquier,  l.  î,  p.  til),  in-S",  l'aris,    l.SOo. 
{■2)  Mémoires  du  chancelier  Past/uier,  t.  T,  p.  12. 
{'•])  Mémoires  du  chancelier  Pasf/uier,  t.  I,  p.  75. 


CLUB  DE  VALOIS  33 

mait  en  cabyjet  de  lecture,  en  cercle  de  Valois,  comme  on  en  trouvait 
plusieurs  dans  Paris  (1). 

Il  nous  a  paru  bon  d'annoter  beaucoup  de  noms,  d'indiquer  soit  la 
naissance,  soit  la  position  sociale,  soit  la  carrière  politique,  soit  la 
mort  de  membres  qui  ont  joué  un  rôle  pendant  l'époque  révolution- 
naire, même  sous  l'Empire  et  les  deux  Restaurations. 

Le  Club  de  Valois  touchait  certainement  à  l'aristocratie,  lorsque 
s'ouvrirent  les  États  généraux. 

Donnons  maintenant  des  détails  complets,  puisés  à  bonne  source, 
sur  sa  formation,  ses  règlements,  avec  la  liste  de  ses  membres  : 

II 
ALMANACH 

du  Club  de  Valois  pour  l'année  1790, 
passage  de  Valois,  arcade  du  Palais-Royal,  n"  177.  1790  (2). 

«  LE    CLUB 

«  Cette  Société  n'est  pas  la  première  de  ce  genre  qui  se  soit  formée 
à  Paris,  mais  la  nouveauté  de  son  établissement,  loin  de  lui  nuire, 
doit  concourir  à  sa  perfection,  en  la  mettant  à  portée  d'adopter,  re- 
jetter  [sic)  les  avantages  et  les  inconvénients  de  celles  qui  l'ont  pré- 
cédée. 

«  Le  Club  fut  fondé  par  dix  personnes,  qui  en  choisirent  entre  elles 
cent  quinze  autres.  Cette  Société,  ainsi  composée  de  cent  vingt-cinq 
Membres,  s'établit,  le  11  février  1789,  au  Palais-Royal,  dans  le  local 
qu'elle  occupe,  appartenant  aux  sieurs  Frestel  et  Menneville  (3). 

«  Dans  la  première  assemblée,  on  annonça  à  chacun  des  Membres 
qu'il  avait  le  droit  d'en  nommer  un  nouveau,  afin  de  porter  la  Société 
à  deux  cent  cinquante  Membres.  On  procéda  ensuite,  par  la  voie  du 
scrutin,  à  l'élection  de  cinq  commissaires  pour  dresser  les  statuts  et 
règlements. 

«  Dans  la  seconde  assemblée  générale,  MM.  les  Commissaires  ren- 
dirent compte  de  leur  travail,  firent  lecture  d'un  projet  d'engagement 
à  souscrire  par  les  sieurs  Frestel  et  Menneville,  entrepreneurs  du 
Club. 

"  Après  avoir  examiné  si  le  Club  s'administrerait  lui-même,  ou  se- 

(1)  Voir  plus  loin,  Chambres  de  lecture  et  Cabinets  littéraires. 

(2)  Cet  Ahuanach,  que  nous  avons  trouvé  à  l'Hôtel  Carnavalet  et  à  la  Bibliothè- 
(jue  nationale,  fournit  le  seul  document  dont  nous  puissions  nous  servir  pour  ré- 
tablir l(!s  règlements  du  Club  de  Valois,  et  pour  donner  la  liste  des  membres  (lui 
le  composaient.  (Hôtel  Carnavalet,  cote  26,  918.) 

(3)  Très  beau  local,  ayant  une  grande  façade  sur  le  jardin. 


34  LES  CLUBS  CONTRE-RÉ VOLUTlONxXAIRES 

rait  laissé  à  Tentreprise,  le  dernier  parti  fut  adopté  à  la  presque  una- 
nimité; et  Ton  peut  dire  que  le  zèle,  les  soins  assidus  des  entrepre- 
neurs pour  rembellissement,  la  décoration  et  les  commodités  du 
local  ont  justifié  la  sagesse  de  cet  arrêté. 

«  Par  une  Délibération  du  27  février,  il  fut  décidé  que  le  nombre 
des  Membres  serait  augmenté  de  cent  nouveaux;  et,  pour  y  procéder, 
on  nomma  vingt  Électeurs  parmi  lesquels  les  cinq  premiers  com- 
missaires se  trouvèrent. 

«  Cette  Délibération  fut  exécutée,  et  les  noms  des  nouveaux  Mem- 
bres furent  proclamés  dans  la  séance  du  3  mars  suivant. 

«  La  cinquième  assemblée  générale,  tenue  le  15  avril,  fut  marquée 
par  l'adoption  unanime  du  dixième  article  des  Règlemens,  concer- 
nant l'admission  des  Députés  à  l'Assemblée  nationale  au  Club,  sans 
payer  de  cotisation,  et  sur  la  simple  présentation  d'un  Membre  de  la 
Société  (1). 

«  Dans  cette  assemblée,  MM.  les  Commissaires  ayant  mis  sur  le  bu- 
reau le  projet  du  Règlement  dont  ils  avaient  été  chargés,  avec  invita- 
tion à  l'assemblée  de  nommer  vingt  nouveaux  commissaires  pour  les 
examiner,  modifier  et  rédiger,  il  a  été  décidé  unanimement  que  les 
vingt  Électeurs  seraient  chargés  de  cet  examen.  Il  fut  encore  arrêté, 
dans  cette  séance,  que  les  Électeurs  seraient  autorisés  à  compléter  les 
cent  nouveaux  Membres  qu'ils  avaient  dû  nommer,  et  à  y  ajouter  tel 
nombre  qu'ils  jugeraient  convenable. 

«  Enfin,  MM.  les  Commissaires,  ayant  fini  leur  travail  sur  les  rè- 
glemens, M.  le  Président  indiqua  l'assemblée  générale  des  Membres 
du  Club  au  7  novembre  1789. 

«  Ce  jour,  la  majeure  partie  des  Membres  assemblés,  M.  le  Président 
fit  lecture  des  Règlemens;  après  quelques  amendemens,  ils  furent 
approuvés  dans  tout  leur  contenu,  et  l'assemblée  en  ordonna  la 
pleine  et  entière  exécution,  ainsi  qu'il  suit  : 

RÈGLEMENS  DE  LA  SOCIÉTÉ 
Dans  le  chapitre  1",  il  est  question  de  la  destination  du  Club  en 
général,  etc.  On  y  lit  : 

(l)  Chapitre  V,  article  X  :  «  Tout  citoyen  député  à  FAssemblée  nationale  n'aura 
besoin,  pour  être  admis  dans  le  club,  que  d'être  présenté  par  un  membre  de  la 
Société.  Tant  que  l'Assemblée  nationale  durera,  il  ne  paiera  aucune  contribution; 
et  si,  quand  elle  sera  séparée,  il  veut  entrer  dans  la  Société,  il  ne  subira  aucun 
ballottage  :  il  n'est  personne  qui  ne  doive  se  trouver  heureux  de  procurer  quel  - 
ques  heures  de  délassement  et  de  repos  à  ceux  qui  seront  chargés  du  grand  tra- 
vail de  la  félicité  publique,  et  c'est  une  marque  de  respect  due  à  la  Nation  que 
de  ne  pas  soumettre  à  un  scrutin  particulier  ceux  que  le  scrutin  des  peuples  aura 
revêtus  de  la  confiance  générale.  » 


CLUB  DE  VALOIS  35 

«  L'objet  du  Club  étant  de  réunir,  au  milieu  d'une  Société  choisie 
dans  les  différentes  classes  des  Citoyens,  tout  ce  qui  peut  concilier.» 
l'instruction  avec  l'agrément,  le  loisir  avec  la  dignité,  et  les  commo- 
dités de  la  vie  avec  les  lois  de  l'ordre  et  de  la  décence,  la  distribution 
du  local  sera  faite  de  la  manière  suivante,  et  l'on  observera  dans 
chaque  partie  l'ordre  qui  va  être  prescrit. 

('  ARTICLE  PREMIER. 

'  A  l'une  des  extrémités  de  l'appartement  du  premier,  sera  un  ca- 
binet consacré  à  la  lecture,  dans  lequel  on  trouvera  les  gazettes,  jour- 
naux, papiers  publics,  dictionnaires,  enfin,  tous  les  livres  dont  le  Club 
pourra  faire  l'acquisition.  On  y  trouvera  des  tables,  de  l'encre,  du 
papier,  des  plumes,  et  toute  conversation  à  haute  voix  sera  interdite 
dans  cet  endroit.  _ 

«  ARTICLE  2. 

«  Les  trois  pièces  qui  suivent  seront  salions  d'assemblée  et  de 
conversation,  etc. 

«  Tables  d'échecs  et  de  dames,  billard.  » 
Étaient  proscrits  tous  autres  jeux  que  les  échecs,  les  dames,  le  tric- 
trac, le  piquet,  le  whist,  le  Iresset,  le  reversis,  le  boston  et  l'ombre. 

On  y  dînait,  soupait,  recevait  les  étrangers.  —  Boite  aux  let- 
tres, etc. 

Dans  les  assemblées  générales,  les  membres  qui  étaient  pour 
l'affirmative  disaient  tous  ensemble,  oui;  ceux  qui  étaient  pour  la 
négative  disaient  tous  ensemble,  non. 

En  note  du  règlement,  à  propos  de  cet  article,  une  note  remar- 
quait :  «  Cela  se  pratique  ainsi  au  Parlement  d'Angleterre.  » 

m 

Liste  de  MM.  les  Membres  de  la  Société^  suivant  l'ordre  alphabétique, 
avec  leurs  demeures. 

A 

Adelbert  de  PÉRI60RD  (M.  le  comte).  Hôtel  de  Périgord,  rue  de  l'Uni- 
versité. 

Agoust  (M.  le  marquis  d'),  rue  Chabannois,  3. 

Agoust  (M.  le  comte  d'),rue  Neuve  des  Pelils-Champs,  3.  A  fait  partie 
du  club  de  V Hôtel  de  Massiac.  Garde  du  corps. 

Agoust  (M.  le  vicomte  d'),  rue  de  Bourgogne,  faubourg  Saint-Ger- 
main, 44.  A  fait  partie  du  club  de  VHôtel  de  Massiac  A  fait  partie 
(lu  Club  monarchique. 


36  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

AiGBEMOiNT  (M.  le  chevalier  d'),  rue  des  Champs-Élisées,  5. 
Jl  Aiguillon  (M.  le  duc  d"),  rue  de  l'Université,  103  (1).  Député  de  la  no- 
I        blesse  d'Agen  aux  États  généraux.  Colonel  des  chevau-légers  de 

•«        Louis  XVI. 

» 

'  Alexandre  de  Neufyermeil  (M.),  Maître  des  Requêtes,  rue  Saint-Sau- 
veur, 57. 

Allarde  (M.  le  baron  d'),  député  de  la  noblesse  de  Saint-Pierre  le 
Moutier  à  l'Assemblée  nationale,  rue  Meslée.  S'occupait  surtout 
de  finances. 

Ameil  (M.),  avocat  au  Parlement,  rue  Neuve  Saint-Eustache. 

Arblai  (M.  le  chevalier  d'),  rue  de  Bourgogne,  44. 

Archambault  de  Périgord  (M.  le  comte),  rue  Saint-Dominique,  127  (2). 
Colonel  à  la  suite  du  régiment  de  chasseurs  d'Alsace. 

Aremberg  (M.  le  duc  d'),  rue  de  Richelieu,  Hôtel  des  États  généraux. 
Député  de  la  noblesse  aux  États  généraux. 

Aremberg  (M.  le  prince  d'),  rue  et  faubourg  Saint-Honoré,  61.  Membre  ' 
correspondant  de  l'Assemblée  constituante. 

Arlet  (M.  le  comte  d'),.rue  Blanche,  chaussée  d'Antin. 

Ars  (M.  le  marquis  d'),  lieutenant  des  vaisseaux  du  Roi,  rue  de  Bour- 
bon-Villeneuve. Membre  de  l'Assemblée  des  trois  ordres,  qui 
nomma  les  députés  aux  États  généraux. 

Artaud  (M.),  Arcades  du  Palais-Royal,  59.  Censeur  royal,  écrivain 
royaliste,  rédacteur  aux  Actes  des  Apôù^es. 

AuDRAS  (M.),  rue  Vivienne,  en  face  de  la  Caisse  d'Escompte. 

AuGEARD  (M.),  boulevard  Montmartre.  Fermier  général,  secrétaire  des 
commandements  de  la  Reine. 

Une  lettre  de  Barnave  annonçant  l'arrestation  de  M.  Augeard,  le 
secrétaire  des  commandements  de  la  Reine,  «  chez  lequel  on  a  trouvé 
un  plan  de  conduite,  écrit  de  sa  main,  pour  rétablir  l'ancien  ordi-e 
de  choses,  et  mentionnant  la  convocation  extraordinaire  du  Comité 
des  recherches  de  l'Assemblée  qui  tient  les  lîls  de  plusieurs  intrigues 
relatives  aux  désordres  de  Paris.  »  —  27  octobre  1789  (3). 


(1)  A  fait  partie  du  club  des  Amis  de  la  Constitution.  11  écrivit  au  Comité  des 
recherches,  le  17  janvier  '1790,  une  lettre  demandant  qu'il  fût  procédé  à  une 
instruction  «  au  sujet  des  calomnies  absurdes  dont  il  était  excédé.  »  (A,  Tuetey. 
Répertoire  général  des  sources  manuscrites  de  l'Histoire  de  Paris  pendajit  la  Révo- 
lution française,  1890,  gr.  in-8*.  —  Minute  signée,  S  ex.,  Arch.  nat. ,  DXXIX'SO, 
n"  297.)  Emigré  en  1792,  le  duc  d'Aiguillon  mourut  à  Hambourg,  le  4  mai  1800. 

(2)  Arrêté  le  22  mai  1791,  par  la  municipalité  de  Saint-Quentin,  avec  Alexandre 
de  Périgord.  (Arch.  Nat.,  DXXIX"  36,  n»  376.) 

(3)  Autographe  (incomplet).  A.  N.,  W12,  3«  dossier,  n"  207  (Tuetey). 


CLUB  DE  VALOIS  37 

Une  information  fut  faite,  au  Châtêlet,  contre  M.  Augeard,  l'un  des 
fermiers  généraux  du  Roi,  ses  complices  et  ses  adhérents  (6  novem- 
bre 1789j  (1). 

D  après  les  Mémoires  secrets,  page  2151,  un  mémoire  anonyme,  pré- 
senté au  Comité  des  recherches  par  l'abbé  Fauchet,  Augeard  était 
accusé  d'avoir  reçu  à  Buzancy,  dont  le  château  lui  appartenait,  au 
mois  de  septembre  (1789),  le  maréchal  de  Broglie,  le  prince  de  Lam- 
l)esc,  M.  de  Besenval,  et  d'avoir  tramé  des  conspirations  contre  l'État. 
Sur  la  production  de  ce  mémoire,  «  Brunville,  le  procureur  du  Roi, 
fut  assez  inique,  assez  bas,  pour,  à  l'instigation  de  l'abbé  Fauchet, 
ordonner  une  addition  d'information.  »  — /i'"'-4  décembre  1789  (2). 

Augeard  fut  détenu  à  l'Abbaye.  San  procès  compte  parmi  les  plus 
scandaleux  de  la  Révolution.  Le  Châtêlet  l'acquitta.  Les  Révolulions 
de  Paris^  n"  XXXV,  page  19,  et  VAmi  du  'peuple,  n"  CXVI,  page  5, 
tirent  de  sérieuses  observations  à  propos  de  son  acquittement. 
Camille  Desmoulins,  dans  ses  Révolulions  de  France  et  de  Bradant, 
dédia  aux  juges  cette  sorte  d'adresse  : 

Vous  qui  lavez  Broglie,  Augeard, 
Qui  lavez  Bezenval,  qui  laveriez  la  peste, 

Vous  êtes  le  papier-brouillard  : 
Vous  enlevez  la  tache,  et  la  tache  vous  reste. 

Dans  le  Courrier  de  Versailles  à  Paris  (n"  24,  p.  389),  Gorsas  con- 
sacra un  article  à  Augeard  qui,  peu  après  son  acquittement,  sortit 
de  Paris,  se  retira  dans  sa  propriété  de  Buzancy,  et,  'après  la  fuite  de 
Varennes,  redouta  tellement  des  poursuites  nouvelles  qu'il  se  réfugia 
à  Bruxelles,  alla  à  Coblentz  et  prit  part  à  toutes  les  intrigues  roya- 
listes. Il  rédigea  lui-même  le  manifeste  des  princes  daté  de  Bruxelles, 
qui  protesta  contre  la  Constitution  de  1791.  Il  ne  rentra  que  sous  le 
Consulat. 

AuAioNr  (M.  le  duc  d'),  rue  de  Caumartin,  36.  Favorisa  plus  tard  l'éva- 
sion de  Louis  XVI,  émigra  peu  après.  Membre  de  l'Assemblée 
générale  des  Électeurs  de  Paris. 

AuTiCHAMP  (M.  le  comte  d'),  le  jeune,  au  Palais-Bourbon.  Émigra, 
fut  considéré  comme  conspirateur  avec  le  maréchal  de  Broglie,  en 
1789. 

AuTUN  (Mgr  l'évêque  d'),  rue  de  l'Université.  C'était  le  fameux  Talley- 
rand-Périgord,  qui  semblait  alors  très  fervent  pour  les  idées  libé- 
rales. 


(1)  Minute  slgiR'C,  A.  iN.  DXXIX"  37,  n"  384  (Tuetcy). 
[1)  Minutes  (2  p.),  A.  N.,  DXX1X%  n»  384  (Tuetey). 


38  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

ÂYEN  (M.  le  duc  (V),  rue  Saint-Honoré,  451.  Faisait  la  partie  de  whist 
avec  Louis  XVI.  Capitaine  des  gardes  du  corps,  membre  de  TAs- 
semblée  des  trois  ordres,  pensionné. 

IV 
B 

Barbantane  (M.  le  chevalier  de),  rue  Basse-du-Rempart,  au  coin  de 
celle  de  Caumartin. 

IUrbantane  (M.  le  marquis  de),  idem. 

Barbantane  (M.  le  comte  de),  au  Palais-Royal,  cour  des  Fontaines  (1). 
Membre  de  l'Assemblée  des  trois  ordres  qui  nomma  les  députés 
aux  États  généraux,  député  suppléant. 

Bar  (M.  le  vicomte  de),  rue  des  Filles  du  Calvaire,  16.  A  fait  partie 
du  Cluh  monarchique. 

Baru  (M.  de),  trésorier  de  Tordre  de  Saint-Lazare,  rue  du  Gros-Chenet. 

Barthès  (M.),  médecin,  Chaussée  d'Antin.  Auteur  d'un  opuscule,  paru 
en  1789  :  Libre  discours  sur  la  prérorfativc  que  doit  avoir  la  no- 
blesse dans  la  Constitution  et  les  Etats  généraux  de  la  France.  Mo- 
narchiste, médecin  de  Louis  XVI. 

Baselaire  (M.  le  marquis  de),  place  Louis  XV. 

Bazoncourt  (M.  de)  (lire  Bazancourt).  Ofticier  aux  gardes  de  Val- 
lonnés, major  de  la  6'  division  de  la  Garde  nationale. 

BÉAGUE  (M.  le  comte  de),  rue  Chariot,  40.  Maréchal  de  camp. 

Becdelièvre  (M.  le  vicomte  de).  Hôtel  de  Bretagne,  rue  Ci'oi\-des- 
Petits-Champs.  Emprisonné,  plus  tard,  comme  émigré. 

Béfort  (M.),  rue  de  Richelieu,  148. 

Bélanger  (M.),  rue  Poissonnière,  près  les  Menus-Plaisirs.  Architecte, 
.  royaliste  ardent,  construisit  Bagatelle  pour  le  comte  d'Artois.  En 
1795,  il  dessina  le  portrait  du  Dauphin  (Louis  XVII),  prisonnier 
au  Temple. 

BÉLANGER  (M.  de),  rue  de  Touraine,  7.  Gentilhomme  ordinaire  du  Roi. 
A  fait  partie  du  Club  monarchique  ? 

Belderbusch  (M.  le  comte  de),  rue  Neuve  des  Mathurins,  9.  Ministre 
de  l'Électeur  de  Cologne. 

Bellerose  (M.  de).  Appartint  à  l'armée  de  Condé. 

Belzunce  (M.  le  comte  Alexandre  de)  (2),  Marché  d'Aguesseau.  Major 
en  second  du  régiment  de  Bourbon,  massacré  à  Caen  par  ses  sol- 
dats, en  179Q. 


(1)  A  fait  partie  du  club  des  Amis  de  ta  Conslilulion. 

(2)  Faisait  la  partie  de  reversi  avec, Louis  XVL 


CLUB  DE  VALOIS  39 

Berçasse  (M.).  Avocat  au  Parlement,  député  de  Lyon  aux  États 
généraux,  auteur  de  nombreuses  brochures  contre-révolution- 
naires. A  fait  partie  du  Club  monarchiqve.  Pensionné  par  le  roi 
Charles  X  (1). 

Bernièreo  (M.  le  chevalier  de),  rue  de  Choiseul,  %  Capitaine  d'infan- 
terie. A  fait  partie  du  Club  monarchique. 

Bertrand  (M.  l'abbé),  rue  des  Prouvaires.  Conseiller  au  Grand-Con- 
seil. 

BiRON  (M.  le  duc  de)  ou  duc  de  Lauzun^  rue  de  Grenelle,  faubourg 
Saint-Germain,  55.  Député  de  la  noblesse  du  Quercy  aux  États 
généraux.  Mort  sur  l'échafaud  en  janvier  1794, 

Birousle  (M.  de),  rue  de  Buffaut,  faubourg  Montmartre. 

Bissy  (M.  le  comte  de),  rue  et  faubourg  Saint-Honoré. 

Blaire  (M.  de),  rue  de  Buffaut,  faubourg  Montmartre.  A  fait  partie  du 
club  de  VHôiel  de  Massiac. 

Blome  (M.  le  baron  de),  rue  de  Choiseul,  près  le  boulevard.  Envoyé 
extraordinaire  du  roi  de  Danemark, 

Blosac  (M.  de), 

BoiNviLLE  (M.  de),  rue  Vézelay.  Receveur  général  des  finances, 

BoiSGELTN  (M.  le  comte  de),  rue  de  Varenne,  faubourg  Saint-Germain, 
Maréchal  de  camp  et  maître  de  la  garde-robe.  Guillotiné  pendant 
la  Terreur  (2). 

BoissEULH  (M.  le  comte  Jules  de),  rue  de  Belle-Chasse. 

BosGARY  (M.  de),  rue  Faydeau.  Administrateur  de  la  Caisse  d'Es- 
compte, 

BouGAiNViLLE  (M.  de),  barrière  Blanche,  12.  Chef  d'escadre,  membre 
de  rAssem])lée  des  trois  ordres  à  Paris. 

Boula  d'Orvillb  (M.),  rue  Royale,  butte  Saint-Roch.  A  fait  partie  du 
Club  monarchique. 

Boullets  (M.  le  marquis  des),  rue  et  faubourg  Saint-Honoré,  vis-à-vis 
l'Hôtel  de  madame  la  duchesse  de  Bourbon. 

BoDLLONGNE  DE  Magnanville  (M.  de),  au  Palais-Royal,  9, 

Bourdon  de  la  Motte  (M.),  au  Luxembourg.  Médecin  et  Intendant  du 
cabinet  de  Monsieur,  attaché  à  Madame  Victoire,  tante  du  Roi. 

Bourelter  (M.  l'abbé),  à  Belle-Chasse.  Grand  vicaire. 

Boursag  (M.  le  vicomte  de),  rue  d'Anjou  Saint-Honoré,  24.  A  fait  par- 
tie du  Club  monarchique. 

BouzoLS  (M.  le  marquis  de),  rue  du  Sépulcre,  .'J3. 


(1)  Collaborateur  aux  Arles  des  Apôtres. 

(2)  A  fait  partie  du  Club  monarchique. 


40  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

BoYD  (M.  de),  rue  d'Amboise,  près  les  Italiens. 

Bozon-Talleyrand  (M.  le  comte  de),  rue  de  Bourbon,  chez  M.  larche- 

vêque  de  Reims, 
Brégy  (M.  le  comte  de),  rue  Sainte-Anne,  5i. 
Brissard  (M.  l'abbé),  Hôtel  de  madame  la  princesse  de  Ghimay,  porte 

Saint-Honoré. 
Brisson  (M.),  rue  Sainte-Avoye. 
Broglie  (M.  le  prince  de),  rue  de  Varenne,  66.  Député  de  la  noblesse 

de  Colmar  et  de  Schelestadt  aux  États  de  1789,   guillotiné   le 

27  juin  1794. 
Broglie  (M.  le  comte  Joseph  de),  rue  Saint-Dominique,  42.  Favorisé 

par  Marie-Antoinette. 
BouRQUENs  (M.  de),  rue  Saint-André  des  Arcs. 
Brousse  (M.),  rue  des  Quatre-Fils,  au  Marais  (1). 
Broutin  (M.),  rue  Notre-Dame  des  Victoires,  8. 
Bruyères  (M.  le  comte  de),  rue  des  .Jeûneurs,  o,  capitaine  de  vaisseau^, 

emprisonné  pendant  la  Terreur. 
BuLKELEY  (M.  le  comte  de),  rue  des  Jeûneurs,  8. 


G 

Cadignan  (M.  le  baron  de),  rue  Notre-Dame  des  Victoires,  14.  Premier 
fauconnier  et  chef  des  oiseaux  du  cabinet  de  Monsieur. 

Caillebot  DE  LA  Salle  (M.  le  marquis  de),  rue  de  Grenelle,  faubourg 
Saint-Germain,  247. 

Galonné  (M.  Tabbé  de),  rue  et  faubourg  Saint-Honoré,  vis-à-vis  rHôtel 
Beauveau.  Frère  du  contrôleur-général,  émigré,  mort  au  Canada. 

Galvaruso  (M.  le  prince  de),  au  Palais-Royal,  216. 

Gauway  (M.  le  vicomte  de),  rue  de  la  Michaudière,  8. 

Gapello  (M.  le  chevalier  de),  porte  Saint-Martin,  75. 

Garaman  (M.  le  vicomte  de),  rue  Saint-Dominique,  9.  Émigré,  fut 
arrêté  par  le  peuple,  à  Alençon,  en  octobre  1789,  comme  aristo- 
crate. 

Garaman  (M.  le  chevalier  Maurice  de),  rue  des  Fdles  Saint-Thomas. 
A  fait  partie  du  Club  monarchique. 

Carré  (M.),  rue  de  Richelieu,  15. 

Gastellane  (M.  le  comte  de),  rue  d'Anjou,  faubourg  Saint-Honoré  (2). 

(1)  A  fait  partie  du  Club  des  Feuillants. 

(2)  Celui  qui,  probablement,  signa  l'arrêté  du  Comité  permanent  de  l'Hôtel  de 
Ville  ordonnant  la  démolition  de  la  Bastille  (16  juillet  1789). 


CLUB  DE  VALOIS  41 

Castellane  (M.  le  comte  Joseph  de),,  rue  du  Bacq,  faubourg  Saint-Ger- 
main. A  fait  partie  du  Club  monarchique. 

Castellane  (M.  le  vicomte  de),  rue  de  Grenelle,  ^55.  Membre  de  TAs- 
semblée  des  trois  ordres,  à  Paris. 

Castries  (M.  le  duc  de),  député  à  l'Assemblée  nationale,  rue  de  Va- 
renne,  42  (1).  Député  de  la  noblesse,  de  la  prévôté  et  vicomte  de 
Paris  aux  États  généraux.  Émigré. 

Caumartin  de  Saint-Ange  (M.  de).  Intendant  de  Besançon,  rue  Sainte- 
Avoye,  90. 

Caylds  (M.  le  duc  de),  Hôtel  de  Castries,  rue  de  Varenne.  Protesta,  au 
nom  des  nobles  de  Saint-Flour,  contre  toute  renonciation  aux 
privilèges  pécuniaires. 

Chabanon  (M.  de),  de  l'Académie  française,  rue  Caumartin,  17.  On  a 
une  lettre  de  Chabanon,  de  l'Académie  française,  à  Louis  XVI,  lui 
indiquant  une  formule  d'acceptation  de  la  Constitution  qui  puisse 
se  concilier  avec  la  protestation  du  21  juin.  —  28  août  1791  (2). 

Chabot  (M.  le  duc  de),  rue  de  Seine,  faubourg  Saint-Germain,  -42. 

Chabot  (M.  le  comte  Charles  de),  idem. 

Champcenetz  (M.  le  marquis  de).  Fils  du  gouverneur  des  Tuileries,  un 
des  premiers  valets  de  chambre  du  Roi,  collaborateur,  avec  Riva- 
roi,  aux  Actes  des  Apôtres,  de  Suleau  ;  exécuté  le  23  juillet  1794. 

Champfoht  (M.  de),  au  Palais-Royal,  18.  Lecteur  du  comte  d'Artois, 
secrétaire  du  prince  de  Condé,  membre  de  l'Académie  fran- 
çaise (3). 

CiiAMPiGNELLE  (M.  le  marquis  de),  rue  du  Foin,  au  Marais. 

Ciiamplatrel'X  (M.  le  président  de),  rue  Saint-Dominique,  faubourg 
Saint-Germain,  55.  A  fait  partie  du  Club  monarchique. 

Chanvrier  (M.  de),  receveur-général  des  finances,  rue  Basse  du  Rem- 
part, 20. 

Charrin  (M.),  commissaire  ordonnateur  des  guerres,  rue  Saint.e-Anne, 
60. 

Chartres  (Mgr  le  duc  de),  au  Palais-Royal  (4).  Depuis,  le  roi  Louis- 
Philippe  I". 

Chatelet  (M.  le  marquis  du),  Hôtel  de  la  Bresse,  quai  des  Théatins. 
A  fait  partie  du  Club  monarchique.  Guillotiné  le  23  frimaire  an  II. 


(1)  Connu  comme  aristocrate,  se  battit  en  duel  avec  Charles  de  Lameth,  en  1790. 
Son  iiôtel  fut  pillé. 

(2)  Autographe,  A.  N.,  C18o,  n»  430  (Tuetey). 

(3)  A  fait  partie  du  club  des  Amis  de  la  Constitution,  demeura  rue  de  Chaban- 
nois,  n»  10. 

(4)  A  fait  partie  du  club  des  Amis  de  ta  Constitution. 


42  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Chastenoy  (M.  le  comte  de),  rue  Cadet,  8, 

Chaumont  (M.  de),  chez  M.  le  duc  d'Aumont,  rue  de  Caumartin. 

Chauvelin  (M.  le  marquis  de),  Hôtel  d'Ammécourt,  rue  Boudereau. 
Maître  de  la  garde-robe  du  Roi  en  1789,  emprisonné  sous  la  Terreur. 

Cherer  (M.),  absent. 

Cheret  (M.),  rue  de  Cléri. 

CnÉvEhU  (M.),  rue  du  Paradis,  au  Marais,  14. 

Chevilly  (M.  de),  rue  de  Cléri,  94. 

Choderlos  (M.  de),  Hôtel  d'Angleterre,  rue  des  Filles  Saint-Thomas. 
Secrétaire  des  commandements  du  duc  d'Orléans  (1). 

Chofseul-Staikville  (M.  le  duc  de),  rue  d'Artois,  1.  Colonel  du  Royal- 
Dragons.  Il  émigra.  On  a  de  lui  une  lettre  écrite  à  Louis  XVI,  des 
prisons  de  Verdun,  mettant  aux  pieds  du  Roi  le  renouvellement 
du  serment  de  lidélité  qu'il  lui  a  prêté  (20  juillet  1791)  (2).  Il  leva 
un  régiment  de  hussards,  avec  lequel  il  servit  sous  le  drapeau 
anglais  contre  la  France. 

Un  décret  de  l'Assemblée  nationale  décida  que  MM.  de  Damas  et 
Choiseul,  colonels-commandants  des  deux  régiments  ci-devant  Mon- 
sieur et  Royal-Dragons,  ainsi  que  les  sieurs  de  Floirac,  capitaine,  et 
Remy,  quartier-maître,  détenus  dans  les  prisons  de  Verdun,  «  y  reste- 
ront en  état  d'arrestation  jusqu'à  ce  que  l'Assemblée  ait  pris  des  me- 
sures à  l'égard  des  personnes  qui  peuvent  avoir  favorisé  la  fuite  du 
Roi.  » —  25  juin  1791  (3). 

Une  lettre  de  M,  Catoire,  commissaire  du  Roi  près  le  tribunal  de 
Verdun,  au  ministre  de  la  justice,  fit  connaître  l'arrestation  de 
MM.  de  Choiseul  et  Damas,  «  qui  ont  failli  être  victimes  de  la  fureur 
du  peuple  des  campagnes  »,  et  la  saisie,  à  Montmédy,  de  deux  voi- 
tures chargées  d'effets  appartenant  à  M.  de  Choiseul.  —  24-27  juin 
1791  (4). 

Choiseul-d'Aillecourt  (M.  le  comte  de),  rue  de  Choiseul. 

Clermont  d'Amboise  (M.  le  marquis  de),  rue  de  Montholon,  barrière 

Sainte-Anne. 
Clermont-Tonnbrre  (M.  le  comte  de),  au  Luxembourg.  Député  de  la 


(1)  A  fait  partie  du  Club  des  A7nis  de  la  Constitution.  A  r^-digé  le  journal  des 
Aynis  de  la  Constitution. 

(2)  Original,  A.  N.,  C184,  n-  246  Ins. 

(3)  Minute,  A.  N.,  C71,  n"  699,  et  Archives  parlementaires,  1"  série,  t.  XXVIl. 
p.  521  (Tuetey). 

(4)  Originaux  (2  p.),  Archives  du  Ministère  de  la  Justice.' 


.     CLUB  DE  VALOTS  43 

noblesse  de  Paris  aux  États  généraux  (1).  Fonda,  avec  Malouet,  le 
Club  monarchique.  En  1791,  on  l'accusa  d'avoir  aidé  à  la  fuite  de 
Louis  XVI.  Massacré  par  la  populace,  le  10  août  1792. 

Clonard  (M.  le  comte  de),  barrière  du  Roule,  22. 

Clonard  (M.  le  chevalier  de),  absent. 

CoADE  (M.),  médecin. 

Coigny(M.  le  marquis  de),  rue  Saint-Nicaise.  Fut  premier  écuyer  de 
Louis  XVI,  député  aux  États  généraux.  Vota  avec  la  minorité 
royaliste  de  l'Assemblée.  Émigra  en  1792.  Combattit  dans  l'armée 
de  Condé. 

CoLBBRT  (M.  le  comte  de),  rue  du  Croissant,  4.  A  fait  partie  du  Club 
monarchique. 

CoMEVRAS  (M.  de),  avocat  au  Parlement,  rue  de  Cléri,  73.  Auteur  d'un 
Mémoire  à  consulter  et  consultation  pour  Louis-Philippe-Joseph 
d'Orléans  (Paris,  29  octobre  1790).  Mort  vers  1798. 

CoMTEVAL  (M.  de),  rue  de  Richelieu,  79. 

CoNDORGET  (M.  Ic  marquis  de),  Hôtel  delà  Monnaie.  Secrétaire  de  l'Aca- 
démie des  sciences,  membre  de  l'Académie  française.  Membre  de 
la  Société  des  A^nis  des  noirs,  en  1789.  Girondin.  Mort  le  29  mars 
1794,  non  le  27. 

CoPE  (NL),  à  l'abbaye  de  Pentemont,  rue  de  Grenelle,  faubourg  Saint- 
Germain. 

CoRMERÉ  DE  Chitenay  (M.  de),  rue  de  Choiseul,  73. 

CoRMERÉ  (M.  le  baron  de),  rue  Chabanais,  50.  A  fait  partie  du  Club 
monarchique.  Publia  un  plaidoyer  pour  le  marquis  de  Favras,  son 
frère. 

CoRiNT  (M.  Étis  de),  rue  de  la  Chaussée  d'Antin,  18.  Procureur  du  roi 
et  de  la  Ville. 

CoswEL  (IVL),  Hôtel  Royal,  rue  Neuve  Saint-Marc. 

CoTTiN  (M.),  rue  et  Chaussée  d'Antin,  6.  Régisseur  général  des  vivres. 
A  fait  partie  du  Club  monarchique. 

CoTTiN  fds,  rue  de  la  Chaussée  d'Antin,  6,  banquier. 

CouRÇAis  (M.  l'abbé  de),  rue  Colbert. 

CouRNOLs  (M.  de),  rue  de  l'Éperon,  au  coin  de  la  rue  du  Battoir.  Avo- 
cat au  Parlement. 

Crafort  (M.  de),  rue  de  Cléri. 

Crénolle  (M.  le  comte  de),  rue  du  Bac,  42. 

Créqui  (M.  le  marquis  de),  rue  do  Grenelle,  faubourg  Saint-Germain, 


(l)  Voir  plus  bas,  Club  monarchique. 


44  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

304.  Premier  maître  d'hôtel  de  Madame.  Fut  arrêté  et  conduit  au 
Temple,  en  messidor  an  VL 

Ckillon  (M.  le  comte  de),  grand-bailli  d'épée  de  Beauvaisis,  député 
de  la  noblesse  à  la  Constituante,  place  Louis  XV. 

Croismares  (M.  le  comte  de),  rue  Saint-Florentin,  4. 

Croix  (M.  le  comte  de),  rue  Neuve  Saint-Augustin,  11. 

Croix  i^M.  le  comte  de),  rue  idem.  Vota,  en  1789,  pour  la  délibération 
par  ordre. 

Crosby  (M.  de),  rue  de  Verneuil. 

Crussol  (M.  le  Bailly  de),  au  Temple.  Capitaine  des  gardes  du  comte 
d'Artois,  puis  brigadier  de  cavalerie,  puis  maréchal  de  camp,  dé- 
puté de  la  prévôté  et  vicomte  de  Paris.  Protesta  contre  la  sup- 
pression de  la  croix  de  Saint-Louis  (1).  Ëmigra  en  1791.  Devint 
lieutenant-général  à  l'armée  des  princes.  Mort  ci  Paris,  le  17  dé- 
cembre 1815,  étant  pair  de  France. 

Ci'STiNES  (M.  le  marquis  de),  rue  et  faubourg  Saint-Honoré,  10:2.  Dé- 
puté de  la  noblesse  de  Metz  à  la  Constituante.  Proposa  «  que  nul 
ordre  émané  du  pouvoir  exécutif  ne  fût  obligatoire  pour  aucun 
fonctionnaire  public,  s'il  n'était  contresigné  par  les  ministres 
actuellement  en  fonctions  »  (21  juin  1791)  (2).  Exécuté  le  28  août 
1793. 

D 

Dalrimpl  (M.  le  général).  Hôtel  et  rue  de  l'Université. 

Damas  (M.  le  comte  de),  rue  et  fatibourg  Saint-Honoré,  109  (3).  Gen- 
tilhomme d'honneur  de  Monsieur.  Émigré. 

Damas-Crux  (M.  le  chevalier  Charles  de),  cOur  des  Fontaines,  au  Pa- 
lais-Royal. Colonel  du  régiment  du  Vexin.  Émigré. 

Damas  (M.  l'abbé),  rue  de  Grenelle,  211.  Membre  de  l'Assemblée  des 
trois  ordres  à  Paris. 

Dangirahd  (M.),  banquier,  rue  et  Chaussée  d'Antin,  71. 

Darjuzon  (:\L)  fils,  rue  d'Aguesseau,  faubourg  Saint-Honoré. 

De  Laage  de  Belle-Faye  (M.),  rue  Neuve  Grande-Batelière,  au  coin  du 
boulevard. 

Dernandes  (M.  l'abbé),  Hôtel  d'Hambourg,  rue  Jacob. 

(1)  A  fait  partie  du  Club  monarchique,  et  a  protesté  contre  la  Constitution 
de  1791. 

(2)  Minute,  Arch.  Nat.,  C71,n<>686,  ai  Archives  parlementaires,  l"-"  série,  t.  XXVU, 
p.  372.  11  fit  partie  du  CAub  des  Feadtanls. 

(3)  A  fait  partie  du  Club  mqnarchicjue.  A  .été  arrêté  avec  Louis  XVI,  jï  Varennçs. 


CLUB  DE  VALOIS  ^h 

Desanurouins  (lM.  le  vicomte),  rue  Chantereine. 

Desentelles  (M.),  aux  Menus-Plaisirs,  rue  Bergère. 

Desmollières  (M.),  place  Louis  XV.  Administrateur  des  domaines.  A 
été  membre  des  Cinq-Cents. 

Despomelles  (M.  le  chevalier). 

Després  (M.),  rue  de  Grenelle,  faubourg  Saint-Germain. 

Dewonshire  (M.  le  duc),  Hôtel  et  rue  de  l'Université. 

Deux-Ponts  (M.  le  prince  Maximilien  de),  Hôtel  de  la  Reine,  au  Pa- 
lais-Royal. 

Dhiere  (M.),  rue  Jacob,  17.  Conseiller  à  la  Cour  des  Aides. 

DiEi!BA.CH  (M.  le  comte  de),  rue  des  Sauvages,  ^. 

DiLLON  (M.  le  chevalier  Franck),  rue  Neuve  des  Mathurins. 

DiLLON  (M.  le  comte  Arthur),  rue  et  porte  Saint-Honoré,  9.  Gentil- 
homme d'honneur  du  comte  d'Artois.  Député  de  la  Martinique  à 
la  Constituante  (1).  Guillotiné  en  1794. 

DiLLON  (M.  l'abbé  de),  rue  de  Miroménil. 

DiLLON  (M.  le  chevalier  Théobald),  rue  de  Grenelle,  faubourg  Saint- 
Germain. 

DoRSET  (M.  le  duc  de),  faubourg  du  Roule.  Ambassadeur  d'Angleterre, 

DouMERE,  rue  et  faubourg  Saint-Denys,  vis-à-vis  Saint-Lazare.  Régis- 
seur général. 

Drée  (M.  le  comte  de). 

Dubuc-Ddfferet  (M.),  rue  de  Cléri,  94. 

Do  Couedig  (M.),  rue  des  Amandiers,  faubourg  Saint-Antoine. 

Ducrest  (M.  le  marquis),  rue  de  Richelieu,  vis-à-vis  celle  de  Colbert. 
Frère  de  madame  de  Genlis,  chancelier  du  duc  d'Orléans,  avec 
lequel  il  eut  plus  tard  un  procès.  Colonel-commandant  des  grena- 
diers royaux.  Émigra. 

Duclos-Ddfresnoy  (M.),  rue  Vivienne  (2).  Notaire. 

DuLAU  (M.  le  comte  Armand),  rue  Notre-Dame  des  Champs.  Ancien 
colonel  du  régiment  de  Champagne. 

DuLAU  (M.  le  marquis),.irfçm. 

DoMAS  (M.),  rue  Thévenot.  Soupçonné  plus  tard,  dans  YOratèur  du 
Peuple,  «  d'être  admis  dans  la  confidence  du  parti  patriote  (Bar- 
nave,  Lameth,  d'Aiguillon)  pour  mieux  le  trahir.  » 

DuMAY  (M.  le  baron),  rue  dé  l'Université. 

DuPLEix  DE  Mézi  (M.),  rue  des  Petites  Écuries  du  Roi. 


(1)  Prit  la  défense  des  colons  contre  les  Amis  des  noirs. 

(2)  Député  de  Paris  aux  Etats-Généraux.  Il  fit  prêter  à  Louis  XVI,   en  1788,  par 
la  compagnie  des  notaires,  la  somme  de  six  millions.  Mort  sur  l'échafaud  en  1794. 


46  LES  CLUBS  CONTRE-hÉVOLUTIONNAlRES 

DuPLEix  (M.),  rue  Poissonnière,  S.  A  fait  partie  du  Club  monarcJiique. 

Dltort  (M.),  rue  du  Grand  Chantier,  au  Marais  (1).  Conseiller  au  Par- 
lement, député  de  Paris  à  la  Constituante,  accusé  de  royalisme 
après  le  10  août  1792,  et  arrêté  à  Melun. 

DuPRÉ  DK  Salnt-Maur  (M,),  rue  Culture  Sainte-Catherine.  Conseiller 
d'État.  A  fait  partie  du  Chih  monarchique. 

Duras  (M.  le  comte  de),  rue  de  Grenelle,  faubourg  Saint-Germain,  272. 
Connu  pour  ses  opinions  aristocratiques. 

DuRFORT  (M.  le  vicomte  de),  rue  du  Rempart  Saint-Honoré.  Attaché  à 
la  cour  depuis  sa  jeunesse. 

Ddrfort  (M.  le  chevalier  de),  au  Palais-Royal. 

DuTREY  (M.),  rue  Richer. 

E 

Entraigues  (M.  le  marquis  d'),  rue  de  Miroménil.  Émigré. 

Ermenonville  (M.  le  vicomte  d'),  rue  Sainte-Anne,  34. 

EsGARTS  (M.  le  baron  d'),  rue  d'Artois.  Premier  maître  d'hôtel,  en  sur- 
vivance. Député  de  la  noblesse  de  Châtellerault. 

EsPAGNAG  (M.  l'abbé  d'),  rue  d'Anjou  Saint-Honoré,  14  (2). 

EsPiNCHAL  (M.  le  comte  d'),  rue  Neuve  des  Mathurins,  G.  A  fait  partie 
du  Club  monarchique. 

EsTAiNG  (M.  le  comte  d'),  rue  Sainte-Anne.  Guillotiné  le  28  avril 
1794  (3). 

VU 

F 

Fargès  (M.  de).  Conseiller  d'État,  rue  de  l'Université,  132. 

Farrer  (M.),  cour  des  Fontaines,  au  Palais-Royal. 

Faucher  (M.  Constantin  de),  député  à  l'Assemblée  nationale,  Hôtel  de 
Noailles-Mouchi,  rue  de  l'Université,  lOG. 

Faucher  (M.  César  de),  député  à  l'Assemblée  nationale.  Idem. 

Favernay  (M.  le  comte  de),  capitaine  de  cavalerie.  Absent. 

Fenoyl  (M.  le  marquis  de)^  quai  d'Anjou,  23. 

Ferrette  (M.  le  commandeur  de).  Hôtel  de  Valois,  rue  de  Richelieu. 

Ferrier  (M.  de),  maréchal  de  camp,  cour  des  Fontaines,  au  Palais- 
Royal.  Fait  lieutenant-général  le  7  septembre  1792.  Protégé  du 
duc  d'Orléans. 


(i)  A  fait  partie  du  Club  des  Amis  de  la  Consliialion. 

(2)  Exécuté  en  1794.  A  fait  partie  du  Club  des  Amis  de  la  CoiistîLulion. 

(3)  Commandant  en  chef  de  la  garde  nationale  de  Versailles,  en  1789, 


CLUB  DE  VALOIS  47 

Perrière  (M.  le  marquis  de),  rue  Barbette,  4.  Député  de  la  noblesse 
de  Saumur.  S'opposa  à  la  réunion  des  trois  ordres. 

Fbrsen  (M.  le  comte  de),  rue  de  Miroménil.  Fut  colonel  du  régiment 
de  Royal-Suédois.  Très  attaché  à  Marie-Antoinette. 

Il  existe,  en  effet,  à  la  date  du  22  juin  1791,  aux  Archives,  un 
«  Ordre  des  comités  des  recherches  et  des  rapports  réunis  au  dépar- 
tement de  Paris,  à  l'effet  de  faire  retenir  les  lettres  qui  pourraient 
arriver  à  l'adresse  de  la  famille  royale,  de  M.  de  Fersen,  de  M,  Mallet 
du  Pan  et  de  toutes  personnes  attachées  à  cette  famille,  actuellement 
absentes  (1).  » 

F1TZ-GÉRA.LD  (M.  de),  député  à  l'Assemblée  nationale,  rue  Saint-Domi- 
nique, près  celle  d'Enfer  (2). 

FoissY  (M.  de),  aux  Écuries  d'Orléans,  rue  Saint-Thomas  du  Louvre. 

FoNTBRUNE  (M.  de).  Hôtel  de  la  Reine,  rue  des  Bons-Enfans. 

FoNTENiLLES  (M.  le  marquis  de),  rue  du  faubourg  Saint-Honoré,  chez 
M.  le  marquis  de  Clermont. 

FoNTETTE  (M.  de),  Maître  des  Requêtes,  rue  et  Chaussée  d'Antin.  A 
fait  partie  du  Club  monarchique. 

FoNTETTE  (M.  le  chevalier  de),  rue  de  Bourbon,  faubourg  Saint- 
Germain. 

FoRNiER  (M.  de),  rue  des  Jeûneurs,  6. 

Fronsag  (M.  le  duc  de),  rue  de  Grenelle,  faubourg  Saint-Germain,  99. 

FouGY  (M.  Cromot  de),  Surintendant  des  finances  de  Monsieur,  au 


Luxembourg. 


G 


Gall  (M.  le  major),  rue  Basse,  porte  Saint-Denys,  13. 

Gauthier  (M.),  rue  des  Capucines,  21.  Garde  du  corps.  A  fait  partie 
du  Club  monarchique. 

Genlis  (M.  le  marquis  de),  rue  et  porte  Montmartre.  Familier  du  duc 
d'Orléans.  Il  tint,  avec  le  marquis  de  Sillery,  Latouche  et  Choder- 
los de  Laclos,  des  conciliabules  à  Montrouge. 

GiAMBONNE  (M.  de),  banquier,  rue  de  Bondy,  26. 

Girard  (M.),  rue  des  Bons  Enfans,  42. 

GiRARDiN  (M.  le  chevalier  de),  rue  Sainte-Anne,  54. 

GiRARDOT  (M.  A.  L.),  Chaussée  d'Antin. 

GiRAULT-PousLAViE  (M.  l'abbé),  Plape  Maubert.  Littérateur,  historien. 


(1)  Copie  conforme,  A.  N.,  DXXIX"  35,  n»  366. 

(2)  A  fait  partie  du  club  des  Amis  de  la  Constitution. 


48  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

GONTAULT  (M.  le  marquis  de),  rue  Louis-le-Grand. 

Gordon  (M.  le  colonel  Cosmo),  Hôtel  et  rue  de  TUniversité. 

GouvERNET  (M.  le  comte  de),  puis  marquis  de  la  Tour-du-Pin,  rue 
Grange -Batelière  (1).  Envoyé  en  Hollande  en  1791,  comme  mi- 
nistre de  France.  Plus  tard,  pair  de  France. 

Gouy-d'Arsy  (M.  le  marquis  de),  rue  de  Provence  (2).  Condamné  à 
mort,  comme  étant  de  la  faction  du  duc  d'Orléans.  Exéeulé  le 
3  juillet  1794. 

Grammont  (M.  le  marquis  de),  Hôtel  de  Noailles,  rue  Saint-Honoré, 
451.  Beau-frère  de  La  Fayette. 

Grandgour  (M.  le  baron  de),  rue  Poissonnière,  56. 

Granvelle  (M.  Raillard  de),  rue  Saint-Nicolas,  près  celle  de  l'Arcade, 
Chaussée  d'Antin. 

Grand  (M.  le  chevalier  de),  à  Saint-Joseph,  rue  Saint-Dominique. 

Grave  (M.  le  chevalier  de),  rue  Neuve  des  Mathurins,  1.  Premier 
écuyer  du  duc  de  Chartres. 

Gréville  (M.  de),  Hôtel  de  Moscovie,  rue  des  Petits  Augustins. 

Greffulhe  (M.  de),  banquier,  rue  Bergère,  16. 

Grûuchy  (M.  le  comte  de),  rue  d'Anjou  Saint-Honoré,  123. 

Grouvelle  (M.  de),  rue  Neuve  des  Petits  Champs,  83. 

GuER  (M.  le  chevalier  de),  Hôtel  des  Asturies,  rue  du  Sépulcre.  Con- 
seiller au  parlement  de  Rennes.  Émigré. 

GuiBERT  (M.  le  comte  de),  rue  de  Grammont,  16.  Maréchal  de  camp. 

Gdiche  (M.  le  duc  de),  rue  du  Regard.  Capitaine  des  gardes  du  corps, 
en  survivance  (3). 

GuiLLOTiN  (M.),  médecin,  rue  Croix  des  Petits  Champs,  55  (4). 

GuiMPS  (M.  le  chevalier  de),  rue  des  Bons-Enfans,  43.  A  fait  partie  du 
Cluh  monarchique. 

GtiMPS  (M.  de).  Idem. 

GuNiNG  (M.),  Hôtel  de  l'Empereur  Joseph  H,  rue  do  Tournon. 


(1)  A  été  commandant  ou  second  de  la  garde  nationale  de  Versailles. 

(2)  Colonel  de  cavalerie,  député  de  Saint-Domingue,  maréchal  de  camp  en  1791, 
guillotiné  à  Paris,  le  23. juillet  1794. 

(3)  11  existe  une  lettre,  à  la  date  du  S  octobre  1789,  dans  laquelle  il  prie  la  muni- 
cipalité de  Versailles  de  mettre  à  sa  disposition  toutes  les  forces  militaires,  et 
particulièrement  les  gardes  du  corps.  (Original,  Bibliothèque  de  Versailles,  auto- 
graphes, no  812.)  Il  fut,  plus  tard,  un  des  familiers  de  la  cour  du  prétendant, 
comte  de  Provence,  à  Mittau. 

(4)  A  été  député  de  Paris  à  la  Constituante.  Mort  en  1814,  après  avoir  été  le  fon- 
dateur et  le  président  de  l'Académie  de  médecine. 


CLUB  DE  VALOIS  /.O 

VIII 
H 

Hanneucouht  (M.  d'),  rue  de  la  Ville-rÉvèque. 

Hargenvillier  (M.  le  chevalier  d'),  lieutenant-colonel  du  régiment  de 
Penthièvre,  Hôtel  des  Notables,  rue  de  la  Jussienne. 

IIaymann  (M.  le  général),  rue  de  Grenelle,  faubourg  Saint-Germain,  5o. 
A  été  maréchal  de  camp  de  M.  de  Bouille.  A  la  date  du  15  juillet 
1791,  un  décret  de  l'Assemblée  nationale  porta  «  qu'il  y  a  lieu  à 
accusation  contre  le  sieur  de  Bouille,  ses  complices  et  adhérents, 
notamment  les  sieurs  d'Heymann,  de  Klinglin  et  d'Ophise,  maré- 
chaux de  camp  de  son  armée  ;  Goguelas,  aide  de  camp  ;  Bouille 
Mis,  major  d'hussards;  le  duc  de  Ghoiseul-Stainville,  colonel  du 
l'"'  régiment  de  dragons;  le  sieur  de  Mandell,  lieutenant-colonel 
de  Royal-Allemand  ;  le  comte  de  Fersen,  colonel  de  Royal-Suédois  ; 
les  sieurs  de  Valory,  de  iMalledent  et  de  Moustier,  gardes  du  corps, 
prévenus  d'avoir  favorisé  le  complot  de  Bouille,  déclarant  que 
leur  procès  sera  fait  par  la  Haute  Cour  d'Orléans,  et  maintenant 
en  état  d'arrestation  les  sieurs  de  Damas,  Remy,  Floirac,  d'Âu- 
doins,  de  Lacour,  officiers  de  dragons;  de  Moracin  et  Tinlot, 
du  régiment  Royal- Allemand;  de  Vellecour,  commissaire  des 
guerres;  Tschoudy,  sous-lieutenant  au  régiment  de  Castella,  et  la 
dame  de  Tourzel,  gouvernante  des  enfants  de  France  (1).  » 

Heer  (M.),  Hôtel  et  rue  de  l'Université. 

Hénin  (M.  le  prince  d'),  rue  Royale-Montmartre.  Capitaine  des  gardes 
du  corps  du  comte  d'Artois.  Exécuté  en  l'an  11. 

Hérault  de  Séchelles  (M.),  Avocat-général,  rue  Basse  du  Remparl. 
Parent  des  Contades  et  de  la  duchesse  de  Polignac. 

Hbsse  (M.  le  prince  Georges  de).  Absent. 

Hesse  (M.  le  prince  Charles  de),  rue  Verte.  Maréchal  de  camp. 

HoGGNER  (M.),  rue  Vivienne,  chez  M.  Haller. 

HuREL  (M.),  payeur  des  rentes,  rue  Sainte-Avoye,  20. 

J 
Jarnac  (M.  le  comte  de),  rue  de  Monsieur. 
Jaugourt  (M.  le  comte  François  de),  rue  de  Varenne,  81  (2). 

(1)  Minute  signée  de  Muguet  de  Nanthou,  A.  .V.,  (Mi,  ^72^.  —  Archives  parle- 
mentaires. Ire  série,  t.  XXVlll,  p.  33o. 

(2)  A  fait  partie  du  club  des  Amis  de  la  Constitution  et  des  Feuillants,  député 
de  Seine-et-Marne  à  la  Législative,  démissionnaire  après  le  10  août  1792;  émigré; 
appartint  à  Tannée  de  Condé,  et  fut  plus  tard  ministre  sans  département  du  pré- 
tendant, romte  de  Provence,  à  Mittau. 


50  LES  CLUBS  CONTRE  RKVOLUTIONNAIRES 

.UuGE  (M.),  banquier,  Chaussée  d'Antin,  6.  Arrêté  sous  la  Terreur 
comme  complice  de  l'étranger.  Guillotiné  le  29  prairial  an  II  (1). 

JouTts  (VL  le  chevalier  de),  rue  de  Provence. 

Jc'MiLiiAC  (M.  le  marquis  de),  rue  Saint  Marc.  Devint  lieutenant-colo- 
nel de  la  garde  constitutionnelle  de  Louis  XVL  Émigré. 

K 

Kéary  (M.),  médecin,  Hôtel  de  Vendôme,  rue  des  P(>tils  Auguslins. 
Kek  (M.),  banquier,  rue  de  Grammont,  9. 
KersaTiNT  (M.  le  comte  de),  boulevard  Italien,  17  (2). 
Kery  (le  lord),  rue  des  Champs-Elysées. 

IX 

li 

Lardan  (M.  l'abbé),  au  Palais-Bourbon. 

La  Blache  (M.  le  comte  de),  député  du  Dauphiné  aux  Ëtats  gén(''raux. 
Chaussée  d'Antin,  51.  A  fait  partie  du  Clah  monarrltùjuc  ? 

La  Borde  de  Wéréville  (M.  de),  rue  d'Artois,  0.  Garde  du  trésor  royal. 
A  été  membre  du  Cbib  des  Feuillants  (3). 

La  Bourdonnaye  (M.  le  vicomte  de).  Hôtel  d'Orléans,  rue  des  Petits 
Augustins.  Émigra  en  1792,  puis  combattit  parmi  les  Vendéens. 

La  Bourdonnaye  (M.  le  marquis  de),  rue  Boudereau,  Chaussée  d'An- 
tin (4). 

La  BussiÈRE  (M.  de),  aux  Écuries  d'Orléans,  rue  Saint-Thomas  du 
Louvre.  A  fait  partie  du  Club  monarchique. 

La  Calprenède  (M.  le  chevalier  de),  rue  et  Chauss.^e  d'Antin,  00. 


(1)  Il  existe  aux  Archives,  à  la  date  du  2i  août  1789,  une  «  Reconnaissance  du 
Comité  provisoire  de  l'Hôtel  de  Ville,  portant  que  le  sieur  Jauge,  banquier,  a 
mis  à  la  disposition  de  la  Ville  un  crédit  de  200,000  écus  pour  la  préserver  de  la 
famine.  »  (Arch.  Nat.,  copie,  W.389.)  11  a  fait  partie  du  club  des  Feuillants. 

(2)  A  fait  partie  du  club  des  Amis  de  la  Constitution;  a  présidé,  en  1780,  l'as- 
semblée électorale  du  département  de  Paris;  le  1"  janvier  1793,  à  la  Convention, 
il  demanda  et  fit  adopter  l'établissement  d'un  Comité  de  Défense  générale. 
Guillotiné  le  4  décembre  1793  :  les  Montagnards  ne  lui  pardonnèrent  pas  d'avoir 
voté  la  réclusion  de  Louis  XVI  jusqu'à  la  paix,  et  d'avoir  envoyé  sa  démission  au 
président  de  la  Convention^  le  jour  de  la  condamnation  du  roi.  En  outre,  il  se 
montrait  partisan  des  Girondins. 

(3)  Il  fut  député  d'Etampes  à  l'Assemblée  nationale.  Il  existe  un  Compte  rendu 
de  l'emploi  d'une  somme  de  30,000  livres  offerte  par  lui  à  litre  de  don  patriotique, 
pour  frais  de  recherches  des  crimes  de  lèse-nation.  (Minute,  Arch.  Nat.,  D.XXiX''40, 
n»  410,27  septembre  1791.)  Fils  de  Laborde  de  Méréville,  ancien  banquier  de  la 
cour,  guillotiné  en  179't. 

(4)  Un  La  Bourdonnaie  a  été  accusé  d'avoir  participé  à  l'affaire  des  C/ievaliers 
(ht  poignard. 


I 


CLUB  DE  Valois  lii 

La  Calprenède  (M.  de),  rue  et  Chaussée  d'Antin ,  CG. 

La  Clos  (M.  de),  Secrétaire  des  commandements  de  Mgr  le  duc  d'Or- 
léans, cour  des  Fontaines,  au  Palais-Royal.  Littérateur.  A  fait 
partie  de  la  Société  des  Amis  de  la  Comfitution  et  en  a  rédigé  le 
journal.  Deux  fois  emprisonné. 

La  Colombe  (M.  de),  Hùtel  de  La  Fayette,  rue  de  Bourbon. 

La  Coste  (M.  de),  député  de  Saint-Domingue,  rue  Neuve  Saint-Augus- 
tin, 25. 

La  Crételle  (M  de),  avocat  au  Parlement,  rue  Feydeau,  38.  Député 
suppléant  aux  États  généraux  de  1789;  député  de  Paris  à  l'Assem- 
blée législative.  Membre  du  Club  des  Feuillants. 

La  Croix  (M.  de),  avocat  au  Parlement,  rue  des  Blancs-Manteaux,  50. 
Guillotiné  en  1794. 

La  Croix  (M.  de),  rue  de  la  Ville-l'Évèque.  A  fait  partie  du  Cluh  mo- 
narchique? 

Ladebat  (M.  de). 

La  Fayette  (M.  le  marquis  de),  rue  Bourbon,  81.  Membre  de  la  So- 
ciété des  Amis  des  noirs,  en  1789,  Arrêté  à  Namur  en  août  1792. 

Laffon  (M.  l'abbé  de),  rue  Croix  des  Petits  Champs,  près  la  place  des 
Victoires. 

La  Guiche  (M.  le  marquis  de),  rue  du  Regard. 

Lajarre  (M.  Fabbé),  rue  et  Hôtel  Tavannes. 

Lally-Tolendal  (M.  le  comte  de),  rue  Saint-Hyacinthe  (1). 

La  Marck  (M.  le  comte),  rue  et  faubourg  Saint-Honoré.  Député  de  la 
noblesse  du  Quesnoy.  A  été  un  des  exécuteurs  testamentaires  de 
Mirabeau,  et  membre  de  la  Société  de  I  789. 

Lambe'itye  (M.  le  comte  Emmanuel  de),  place  Vend^imo.  A  fait  partie 
du  Club  monarchique.  Député  du  Poitou. 


(1)  A  été  député  de  la  noblesse  de  Pai-is  aux  Etats-Généraux  de  1780.  Fils  du 
f^onverneur  de  Pondichéry  décapité  en  place  de  Grève.  11  fut  aidé  par  Voltaire 
pour  obtenir  la  réhabilitation  de  son  père,  et  ses  démarches  eurent  un  grand 
retentissement.  D'abord  partisan  des  idées  nouvelles,  le  31  août  1789  il  fit  un 
compte  rendu  sur  la  motion  que  les  districts  de  Paris  lui  avaient  apportée  pen- 
dant la  nuit,  et  qui  tendait  «  à  renvoyer  plusieurs  députés,  qualifiés  d'ignorants. 
de  corrompus  et  de  suspects,  et  à  partir  sur-le-champ  pour  Versailles,  afin  d'arrêter 
l'effervescence  aristocratique.  »  ^Extrait  du  Journal  de  l'Assemblée  nationale,  Arch. 
Nat,  KK  662,  fol.  470.  —  Archives  parlementaires,  1"  série,  t.  VIII,  p.  512.)  Après 
les  5  et  6  octobre,  il  abandonna  son  poste  avec  Mounier,  et  tous  deux  se  reti- 
rèrent à  Coppet,  en  Suisse.  Il  avait  voté  pour  le  veto  absolu,  et  s'était  plaint  des 
concessions  faites  par  la  noblesse  le  4  août  1789.  H  opinait  pour  l'établissement 
de  deux  Chambres.  En  1792,  revenu  eu  Finance,  il  essaya  d'arrêter  la  marche  de 
la  Uévoliilion,  de  concert  avec  Moutmorin,  Bertrand  de  Mollcville  et  Malouet;  et 
il  passa  en  Angleterre.  Il  a  publié,  en  170").  un  Plaicfoi/pr  jioiir  Louis  A'IV. 


B2  ■  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRliS 

Lameth  (M.  le  chevalier  Alexandre  de),  cul-de-sac  de  Notre-Dame  des 
Champs.  Député  de  la  noblesse  de  Péronne  aux  États  généraux. 
Colonel  du  régiment  d'artillerie  Royal-Lorraine,  après  avoir  par- 
ticipé à  la  guerre  d'Amérique  (1). 

Lameth  (M.  le  chevalier  Théodore  de),  cul-de-sac  de  Notre-Dame  des 
Champs.  Colonel  du  7"  régiment  de  cavalerie,  président  de  l'admi- 
nistration du  Jura,  et  député  de  ce  département  à  la  Législa- 
tive (2). 

Lameth  (M.  le  comte  Charles  de),  cul-de-sac  de  Notre-Dame  des 
Champs  (3).  Colonel  de  cuirassiers.  Député  de  la  noblesse  d'Artois 
aux  États  généraux. 

Lameth  (M.  le  marquis  de),  cul-de-sac  de  Notre-Dame  des  Champs. 

Lanab  (M.),  Hôtel  de  la  Compagnie  des  Indes,  rue  de  Grammont. 

Landaborous  (M.  de),  Hôtel  de  l'Empereur,  au  Palais-Royal. 

Langeac  (M.  le  chevalier  de),  rue  Poissonnière,  au  coin  du  boulevard. 

Langeron  (M.  le  comte  de),  Hôtel  de  la  Vaupalière.  Poète.  Secrétaire 
d'ambassade  sous  Louis  XVL  Journaliste  royaliste,  collaborateui* 
aux  Actes  des  Apôtres  (4). 

Laplesse  (M.  de),  rue  de  Touraine,  au  Marais,  2. 

Larochedumaine  (M.  le  marquis  de),  rue  de  Sève  (Sèvres),  vis-à-vis  les 
Incurables. 

La  Rochefodcault  (M.  le  duc  de),  député  de  la  noblesse  de  Paris  aux 
États  généraux,  rue  de  Seine,  faubourg  Saint-Germain  (5). 


(1)  II  s'unit  au  tiers  état,  vota  rabolitiou  des  privilèges,  combattit  le  vélo  du 
roi;  mais,  après  l'arrestation  de  Varennes,  il  se  rapprocha  de  la  cour.  En  1792,  il 
servit  sous  Lucknèr,  puis  sous  La  Fayette,  avec  lequel  il  fut  arrêté  à  Nannir 
en  août  1792. 

(2)  A  fait  partie  du  club  des  Jwu's  de  la  Conslitulion.  Célèbre  par  son  duel  avec 
Cazalès,  qu'il  blessa,  et  surtout  par  son  autre  duel  avec  de  Castries,  qui  l'atteignit 
très  grièvement.  En  juillet  1791,  il  s'opposa,  comme  président  de  l'Assemblée,  à 
ce  qu'on  mît  en  délibération  la  question  de  la  déchéance  de  Louis  XVI.  Après  le 
10  août  1792,  étant  maréchal  de  camp,  il  fut  arrêté  pendant  un  mois,  mais  parvint 
à  se  réfugier  à  Hambourg.  La  découverte  du  Livre  rouge  révéla  qu'il  avait  reçu  du 
roi  une  libéralité  de  60,000  livres,  qu'il  s'empressa  d'ailleurs  de  rembourser. 

(3)  Constitutionnel  et  feuillant,  il  réclama,  en  septembre  1792,  la  mise  en  juge- 
ment des  massacreurs  de  septembre.  Sous  la  Terreur,  il  se  i"éfugia  en  Suisse. 
En  1797,  il  tenta  de  faire  du  Jura  une  nouvelle  Vendée,  et  revint  en  France 
après  le  18  brumaire. 

(4)  Il  a  combattu  contre  la  France  pendant  les  guerres  de  la  Révolution  et  de 
l'Empire. 

(5)  Fut  un  des  premiers  nobles  qui  se  réunirent  au  tiers  état  en  juin  1789.  Il  signa 
l'arrêté  du  Comité  permanent  de  l'Hôtel  de  Ville,  ordonnant  la  démolition  de  la 
Bastille  (16  juillet  1789);  mais  il  vota  la  loi  martiale,  la  motion  faite  par  la  droite 
de  déclarer  nationale  la  religion  catholique,  la  suspension  de  Pétion  et  de  .Manuel. 
Devenu  impopulaire,  il  fut  massacré  à  Gisors  en  1792. 


CLUB  DE  VALOIS  53 

La  Salle  (M.  le  chevalier  del,  rue  de  Grenelle,  faubourg  Saint-Ger- 
main, Ml. 

La  Touche  (M.  le  comte  de),  rue  des  Bons  Enfants.  Député  deMontar- 
-       gis.  Chancelier  du  duc  d'Orléans.  Vota,  en  1789,  pour  la  délibéra- 
tion par  ordre. 

Laumur  (M.  le  chevalier  de),  rue  Thérèse,  1. 

LxiuriAT  (M.  de),  cour  des  Fontaines,  au  Palais-Royal. 

Lauraguais  (M.  le  chevalier  de),  rue  de  Richelieu,  Hôtel  des  États 
généraux.  Littérateur.  Amateur  des  sciences  chimiques  et  de 
l'anatomie.  Il  donna  de  nombreux  articles  de  finances  aux  Actes 
des  Apôtres.  Il  a  écrit  sur  le  procès  de  Louis  XVI  (1). 

Laussat  (M.  de),  receveur-général  des  finances,  rue  de  Caumartin,  10. 
Député  des  Basses-Pyrénées  (2). 

Laval  (M.  le  vicomte  de),  rue  Notre-Dame  des  Champs.  Émigra.  Il 
jouait  ordinairement  le  billard,  le  tric-trac  et  le  whist  avec 
Louis  XVI. 

Laval  (M.  le  marquis  Adrien  de),  rue  de  Tournon,  12.  Monarchiste 
avéré. 

La  Vallette  (M.  le  comte  de).  Hôtel  de  Gontaut,  rue  Louis-le- 
Grand  (3). 

La  Vadp^lière  (M.  le  marquis  de),  rue  du  faubourg  Saint-Honoré. 
Membre  de  l'Assemblée  des  trois  ordres,  à  Paris  (4). 

La  Vieo  ville  (M.  le  chr.  de),  rue  Notre-Dame  des  Victoires,  13. 

Le  CoiGNEix  DE  Belabbe  (M.  l'abbé).  Conseiller  au  Parlement,  rue 
Basse  du  Rempart,  2. 

Le  Couteulx  de  la  Noraye  (M.),  rue  Montorgueil.  Banquier.  Trésorier 
de  l'Extraordinaire. 

Le  Godteulx  de  Moley  (M.),  rue  Montorgueil. 

Le  Couteulx  de  Cantaleu  (sic)  (M.),  rue  des  Filles  Saint-Thomas. 
Échevin  de  Rouen,  député  de  cette  ville  à  l'Assemblée  nationale. 

Le  Doux  (M.),  architecte,  rue  Neuve  d'Orléans,  près  la  porte  Saint- 
Martin  (o).- 

Le  Gris  (M.),  rue  Royale,  l)utte  Saint-Roch. 

(1)  Bibliothèque  Nationale,  Bu,  L"  il/327. 

(2)  n'a  otô  paycur-génôral  à  l'armée  des  Pyrinées-Oci!i(lentalï>s,  apivs  avoir  cl»' 
un  instant  arn'té  eu  179;5. 

(3)  Protesta  contre  la  journée  du  20  juin  1792,  et  marcha,  le  10  août,  à  la 
défense  du  château  des  Tuileries,  en  tête  de  sa  section.  Il  dut  s'enrôler  dans  la 
légion  des  Alpes  pour  échapper  à  la  proscription. 

(4)  A  fait  partie  du  Cluf)  monarrhique.  Il  soupait  souvent  iliez  la  pi-incesse  de 
Lainballe,  dit  Talleyrand  dans  ■^c^f.  Mémoires. 

''■))  .Mttuarchisle,  oinprisonné  en  1793. 


54  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

Le  Hoc  (M.),  au  château  du  Coq,  barrière  Blanche.  Inleudanl  des 

finances  du  duc  d'Orléans. 
LÉON  (M.  le  prince  de),  rue  de  Seine,  -42  (1). 
Le  Roi  de  Camilly  (M.),  payeur  de  rentes,  rue  Saint-Marc,  23. 
LESSJiRT  (M.),  banquier,  rue  Coq-Héron,  58  (2). 
Lesterpt  (M.  l'abbé  de),  rue  Férou,  25. 
Létang  (M.  de),  place  Louis  XV. 

Lévis  (M.  le  marquis  de),  rue  et  faubourg  Saint-Honoré,  85.  Capi- 
taine des  gardes  du  corps  de  Monsieur. 
Levis  (M.  le  comte  Antoine  de),  rue  et  faubourg  Saint-Honoré,  85. 
Levis  (M.  le  duc  de),  député  de  Sentis  à  l'Assemblée  nationale,  rue  de 

Bourbon,  96  (3).  Rentre  sous  le  Consulat.  Pair  de  r'rance  en  1814. 
Lezardière  (M.  le  marquis  de). 
LiANGODRT  (M.  le  duc  de),  rue  de  Varennes,  35.  Grand-maître  de  la 

garde-robe.  Député  de  la  noblesse  de  Clermont  en  Beauvaisis. 

Voulait  la  délibération  par  ordre,  en  1789. 
Limon  (M.  l'abbé  de),  passage  de  Valois,  au  Palais-Royal. 
Limon  (M.  de),  passage  de  Valois,  au  Palais-Royal.  Contrôleur  des 

linances  du  duc  d'Orléans.  Émigra  (4). 
Lisle  (M.  l'abbé  de),  au  Collège  royal  (5). 
Lo.uis  (iM.),  Architecte,  rue  de  la  Michodière. 
Louis  (M   l'abbé).  Conseiller  au  Parlement,  rue  Christine.  Émigi-a. 
Lucenay  (M.  le  marquis  de),  rue  Taitbout,  8. 
Luxembourg  (M.  le  duc  de),  aux  Champs-Elysées.  Capitaine  des  gardes 

du  corps.  Député  de  la  noblesse  du  Poitou  aux  États  généraux  (6). 
LuYNES  (M.  le  duc  de),  rue  Saint-Dominique,  faubourg  Saint-Germain. 

Maréchal  de  camp,  colonel-général  des  dragons.  Député  de  la  no- 


(1)  Membre  de  la  société  des  Amis  des  Noirs.  Député  sui>pléant  de  Paris. 

(2)  Etienne  Delessert  provoqua,  en  1782,  la  création  de  la  première  caisse 
d'escompte  à  Paris,  la  première  compagnie  d'assurances  contre  l'incendie.  Em- 
prisonné sous  la  Terreur. 

{'■i)  Emigra  après  le  10  août  1792,  servit  dans  les  armées  contre  la  France  et  fut 
blessé  à  Quiberon.  Il  fit,  le  28  décembre  1789,  à  la  Constituante,  une  motion  «  de- 
mandant que  le  Comité  des  recherches  fût  chargé  de  se  concerter  avec  celui  de 
la  Ville,  pour  déposer  dans  le  plus  bref  délai  le  rapport  de  l'atfaire  de  M.  de 
Eavras.  (Minute,  Arch.  Nat.,  C  33,  n°  285.  —  Musée  des  Archives  Nationales. 
p.  696.) 

(4)  Ou  l'accusa,  en  1789,  d'être  allé  en  Hollande  et  en  Flandre  emprunter  de 
l'ai'gent  pour  soudoyer  30,000  honnnes  à  enrégimenter  dans  le  parti  d'Oi-léans. 

(5)  Jacques  Delille,  professeur  de  poésie  latine  au  Collège  de  France,  membre 
de  l'Académie  française. 

(6)  Démissioima  en  août  1789,  alla  eu  Angleterre,  puis  porta  l(>s  armes  contre 
l4  France, 


CLUB  DE  VALOIS  55 

blesse  de  Touraine,  il  protesta  contre  la  délibération  par  léte,  en 
1789.  A  fait  partie  du  Club  monarchique. 
LuzYGNEM  (M.  le  marquis  de),  rue  de  Choiseul.  Député  de  la  noblesse 
de  Paris.  A  fait  partie  du  Club  monarckiquo. 


Maillé  (M.  le  marquis  de),  rue  de  Grenelle,  faubourg  Saint-Germain. 

Malartie  de  FoiNDAT  (  M.  de  ) ,  Conseiller  au  Parlement,  passage  des 
Petits  Pères,  7.  A  fait  partie  du  Club  monarchique  (1). 

Malboissiêre  (M.  l'abbé  de),  rue  de  Richelieu,  103. 

Mallet  (M.  Paul-Henry),  rue  de  Richelieu,  près  le  boulevard.  Histo- 
rien suisse  ;  ses  liaisons  aristocratiques  le  forcèrent  à  quitter  son 
pays  en  1792. 

Mallet  (M.),  fils  aîné,  rue  Montmartre. 

Malvaur  (M.  de),  rue  Poissonnière,  40. 

Mabgengï  (M.  de),  Régisseur-général,  rue  Verdelet,  21. 

Martin  (M.),  maison  de  mademoiseOe  Michelon,  rue  de  Miromesnil, 
près  la  rue  Verte. 

Maubec  (M.  le  marquis  de),  rue  des  Francs -Bourgeois,  7.  Membre  de 
l'Assemblée  des  trois  ordres,  à  Paris. 

Médavy  (M.  le  comte  de),  rue  de  Bourbon,  faubourg  Saint-Gei-niain,  77. 

Meilhan  (M.  de),  rue  des  Fossoyeurs,  26. 

Meilhan  (M.  de),  fils  aîné.  Idem. 

Meilhan  (M.  Gabriel  de),  fils.  Idem.  Émigré. 

Melfort  (M.  le  comte  de),  rue  de  l'Université,  81. 

Menou  (M.  le  baron  de),  rue  des  Filles  Saint-Thomas  (2).  Député  de 
la  noblesse  de  Touraine  aux  États  généraux  de  1789.  Concourut  à 
la  fondation  du  Club  des  Feuillants. 

Men'ou  (M.  le  comte  de),  rue  de  Louis  XV. 

Menod  (M.  le  chevalier  de).  Hôtel  des  Asturies,  rue  du  Sépulcre. 

Menou  (M.  le  comte  Victoire  de).  Hôtel  de  la  Première  Présidence,  au 
Palais. 

Merkou  (M.  de),  rue  de  Marivaux. 

Mestre  (M.  le  baron  de),  rue  Saint-Louis,  au  Marais. 

MiERRE  (M.  le  comte  de),  maison  de  M.  Tissot,  arcades  du  Palais- 
Royal. 


(l'i  A  fait  partie  de  la  Sorirtr  d*'s  Amis  des  Noirs.   A  rh'-  maître  dos  refiuôlcs 
•Il  n89. 
(2)  A  lait  partie  du  rliib  dos  Atnis  de  lu  Cunstilidion. 


56  LES  CLUBS  GONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

MoGKS  (M.  le  comte  de),  rue  et  faubourg  Saint-Honoré. 

Monaco  (M.  le  prince  Joseph  de),  Hôtel  de  Monaco,  rue  deVarenne,  75. 

MoNNOT  (M  ),  rue  des  Bons  Enfans,  36.  Intendant  des  finances  du  duc 

d'Orléans. 
Montal(M.  l'abbé),  chanoine  de  la  Sainte-Chapelle,  cour  du  Palais. 
MoNTBAZON  (M.  le  duc  de),  rue  Saint-Augustin,  21. 
MoNTBorssiEK  (M.  le  baron  de),  rue  de  Richelieu.  Député  de  Clermont- 

Ferrand.  A  fait  partie  du  Club  monarchique.  11  émigra. 
MoNTBRETOiN  (M.  de),  Receveur-général  des  finances,  place  Vendôme. 

A  fait  partie  An  Club  monarchique. 
MoNTCiEL  (M.  le  marquis  de),  rue  du  Bac,  231. 
MoMCLARE  (M.  le  marquis  de),  rue  d'Artois,  Chaussée  dAntin. 
MoNTESQUioo  (M.  le  marquis  de),  aux  Écuries  de  Monsieur,  rue  de 

l'Université.  Député  de  la  noblesse  de  Paris  aux  États  généraux. 

De  l'Académie  française.  Premier  écuyer  de  Monsieur. 
MoNTESQUiou  (M.  le  baron  de).  Idem.  Premier  écuyer  de  Monsieur,  en 

survivance. 
MoNTiGNY  DU  ÏIAIEUR  (M.),  boulévard  Saint-Martin,  près  l'Opéra. 
Montmorency  (M.  le  comte  de',  rue  du  Bac.  Capitaine  des  gardes  du 

comte  d'Artois,  en. survivance. 
MoNTPENSiER  (S.  A.  S.  M.  le  duc  de),  au  Palais-Royal. 
Montz  (M.  de),  banquier,  rue  Bergère,  l(i. 
MoNViLLE  (M.  de),  rue  d'Anjou  Saint-Honoré,  22. 
MoQDET  (M.  le  chevalier  de). 

MoRAiNViLLE  (M.  le  comtc  de),  rue  de  la  Ferme  des  Mathuriiis. 
MoRETON-Chabrillan  (M.  le  comte  de),  rue  du  Cherche-Midi,  58  (1), 

Ex-colonel  du  régiment  de  La  Fère.  Membre  de  la  Commune  de 

Paris,  en  1789. 
MoRKis  (M.),  Gouverneur,  IbHel  et  rue  de  Richelieu. 
Moi'STiER  (M.  le  comte  de),  rue  du  Rochechouart.  Garde  du  corps. 

F" ut  chargé  d'accompagner  Louis  XVI  dans  sa  fuite.  Il  devint  colo- 
nel de  l'empereur  de  Russie  en  1815.  Il  a  publié  une  relation  du 

voyage  royal. 

MULLtR  (M.). 

N 

Narbonne  (M.  le  comte  Louis  de),  au  Luxembourg.  Chevalier  d'hon- 
neur de  madame  Adélaïde  de  France,  et  colonel  d'un  régiment  (2). 


(1)  A  fait  partie  du  rlub  des  Amis  de  lu  Constilutkm. 

(2)  Il  fut  déprché  k  Paris  par  Mesdames,  après  leur  arrestation  eu  179t.  Après 
le  10  août  1792.  il  fut  décrété  d'accusation,  mis  hors  la  loi.  et  il  se  réfugia  en 


I 


CLUB  DE  VALOIS  hl 

NASSAU-SiÉpuEN  (M.  le  prince  de). 

Nény  (M.  de),  au  Palais-Royal,  100. 

NoAiLLES   (M.    le  vicomte  de)j  Hôtel   de   Mouchy,  rue   de  TCniver- 

sité,  106  (1).  Grand  bailli  d'épée  et  colonel  des  chasseurs  d'Alsace. 
NoGENT  (M.  le  comte  de),  rue  Saint-Honoré,  vis-à-vis  celle  de  la  Sour- 

dière. 

O 

Oppède  (M.  le  marquis  d"),  rue  Rousselet. 

Oraison  (M.   le  chevalier  d'),  rue  de  Grenelle,  faubourg  Saint-Ger- 

maiq,  oo.  Bienvenu  dans  la  maison  d'Orléans,  disent  les  Crimt's 

de  Paris. 
Orléans  (S.  A.  S.  M.  le  duc  d"),  en  son  Palais-Royal.  Guillotiné  le 

6  novembre  1793. 
OssuN  (M;  le  comte  d'),  rue  des  Saints-Pères,  4-5.  Madame  d'Ossun 

était  dame  d'atours  de  Marie-Antoinette. 
0  Tool  (M.  le  comte).  Hôtel  du  Parlement  d'Irlande,  rue  de  Beaune. 

XI 
P 

Parabère  (M.  le  comte  Alexandre  de),  quai  Malatiuais,  3.  A  fait  paitie 
du  Club  monarchique. 

Paris-Dilens  (M.),  rue  de  Vieilles  Audriettes,  10. 

Paris  de  Treffo.m  (M.),  Conseiller  au  Parlement,  rue  de  la  Ceri- 
saie, 30. 

PARSEVAL-DESGHiiSNES  (M.  de),  quai  des  Tournelles,  8. 

PASQUiERlils(M.),"  Conseiller  au  Parlement,  rue  Bourg-l'Abbé.  56  (:2). 

Payln  (M.),  Commissaire  des  guerres  de  S.  M.  Catholique,  Hôtel  d(' 
Marbeuf,  rue  du  faubourg  Saint-Honoré,  110. 

Péreau  (M.).  Absent. 

Pérignon(M.),  Avocat  au  conseil,  rue  Plâtrière,24.  Membre  du  Comité 
permanent  de  l'Hôtel  de  Ville. 

Perregaux  (M.),  banquier,  rue  du  Sentier,  19  (3). 

PEnaiÉ  (M.),  Hôtel  des  Trois  Évèchés,  rue"  des  Filles  Saint-Tliomas. 


Aiigleterie,  d'où  il  envoya  plus  tard,  lors  du  procès  du  roi,  une  Déclaration  en 
faveur  de  Louis  XVL  (Bib.  Nat.,"  Lb  41/32L)      ' 

(1)  Député  de  la  nolslessc  de  Nemours  aux  Etats-Généraux  de  1789.  A  fait  partie 
du  club  des  Amis  de  la  Constitution. 

(2)  Etienne-Denis  Pasquicr,  emprisonné  sous  la  Terreur,  libéré  au  l»  thertnidor. 
ministre  sous  la  Restauration,  président  de  la  Chambre  des  Pairs  sous  F.ouls- 
Philippe  l",  puis  chancelier  et  membre  rie  rAcadémie  fran(;aisc. 

(3)  -Electeur  opposé  à  la  réunion  des  trois  ordres. 


58  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Périer  (M.),  ancien  notaire,  rue  Boucherai,  13. 

Perhier  (M.),  de  rAcadémie  des  sciences.  Chaussée  d'Antin,  72  (1). 

Pestalozzy  (M.  le  comte  de),  rue  Paradis,  4.  Colonel  du  6"  régiment 
de  hussards. 

Pëtitval  (M.  le  Roi  de),  Régisseur-général,  passage  des  Petits 
Pères,  7. 

Pétrie  (M.),  banquier,  Hôtel  Royal,  rue  Neuve  Saint-Marc. 

PeyssoiNNel  (M.  de),  Hôtel  des  Victoires^  rue  des  Fossés-Moiilmartre. 

PiENNES  (M.  le  duc  de),  rue  Neuve  des  Capucines,  18.  Premier  gentil- 
homme de  la  Chambre. 

Pio  (M.  le  chevalier),  Secrétaire  d'ambassade  de  Naples,  rue  et  fau- 
bourg Saint-Honoré,  106  (2). 

Poix  (M.  le  prince  de),  Hôtel  de  Mouchy,  rue  do  TUniversité,  HU».  Ca- 
pitaine des  gardes  du  corps.  Député  de  la  noblesse  d'Amiens  aux 
États  généraux  de  1789  (3). 

POLLARD  (M.). 

Pons  (M.  le  vicomte  de),  rue  Notre-Dame  des  Champs. 

Pont  (M.  de).  Conseiller  au  Parlement,  rue  des  Filles  Saint -Tho- 
mas, 11. 

PoNTÉGOULANT  (M.  le  comtc  de),  rue  d'Anjou  Saint-Honoré,  123.  Sous- 
lieutenant  aux  gardes  du  corps  (4). 

PoTERAT  (lM.  le  marquis  de).  Hôtel  de  Valois,  rue  de  Richelieu. 

Praslin  (lM.  le  duc  de),  rue  de  Bourbon,  faubourg  Saiiit-Cerniain.  Dé- 
puté aux  États  généraux  de  1789  (5), 

Praslin  (M.  le  comte  de),  rue  du  Bac,  97.  Député  du  Maine  aux  Étals 
généraux  de  1789. 

PiiÉDiGANT  (M.),  rue  du  Petit  Lion  Saint-Sauveur. 

Presle  (M.  de),  i*ue  du  Sentier,  24. 

Provost  (M.),  rue  Baillif,  8. 

PuisiGNEUX  (M.  le  chevalier  de),  quai  d'Orset  [sic). 

PuYsÉGUR  (M.  le  chevalier  de),  rue  de  Bourbon,  103.  Gentilhomme 
d'honneur  du  comte  d'Artois. 

PuYSÉGUR  (M.  le  marquis  de),  rue  de  Bourbon,  84  ((>). 


(1)  A  l'ait  partie  du  club  des  Aniid  de  la  Cunstitutiun. 

(2)  A  fait  partie  du  club  des  Amis  de  la  Constitution. 

(3)  Pensionné.  Arrêté  après  le  10  août  1789. 

(4)  Membre  de  la  Société  des  Amis  des  Noirs  en  1789,  ot,  en  1790,  de  la  Soriélé 
de  1789. 

(îj)  Emprisonné  comme  suspect  en  1793.  Mort  en  1808. 

(6)  Un   Puységur  a  été  considéré   comme   conspirateur,  avec  le  maréchal   de 
Broglie.  Il  tenait  des  propos  incendiaires  au  Palais-lloyal. 


CLUB  DE  VALOIS  59 

Q 

QuERRiEU  (M.  le  marquis  de),  rue  Jacob,  38. 

XII 
R 

Uebourguil  (M,  de),  rue  de  Richelieu,  4(i. 

RiiGNiEft  (M.),  rue  du  Doyenné.  Écrivain  royaliste.  Rédacteur  aux 

Actes  des  Apôtres? 
Rezy  (M.  le  chevalier  de),  rue  Sainte-Croix  de  la  Bretonnerie. 
Reul  (M.  le  chevalier  de),  chez  le  prince  d'Aremberg,  rue  et  faubourg 

Saint-Honoré,  61. 
Revel  (M.  le  prince  de),  rue  de  Bourbon,  faubourg  Saint-Germain. 
Riauderie  (M   le  marquis  de),  rue  et  faubourg  Montmartre, 
RiccÉ  (M.  le  comte  de),  rue  d'Aguésseau,  21  (J).  Envoyé  en  Prusse,  en 

1791;  il  refusa, 
RiCHEBOURG  (M.  de),  rue  Neuve  du  Luxembourg.  Secrétaire  du  caidnet 

du  Roi. 
RocHAMBBAu  (M.  le  vicomtc  de),  rue  des  Vieilles  Tuileries,  GO.  Célèl)re 

par  ses  cruautés  envers  toutes  les  classes  d'indigènes  à  Saint-Do- 
mingue, après  la  mort  du  général  Leclère  (2)i. 
RoLL  (M.  le  chevalier  de),  rue  Basse  du  Rempart, 
RosLiN  (M,),  Fermier-général,  rue  Basse  du  Rempart,  10. 
RoMANET  (M.  le  vicomte  de). 

RoNCHEROLLES  (M.  le  vicomtc  de),  rue  Saint-Dominique,  161. 
RouFFiÈBES  (M.  de).  Hôtel  de  Marigny,  place  du  Louvre. 
RouvRAY  (M.  le  marquis  de),  maréchal  de  camp,  rue  de  Bellechasse. 

Député  de  Saint  Domingue. 
RouvRAY  (M.  le  comte  de).  Idem. 
RuLHiÈRE  (M.  le  chevalier  de),  rue  du  Dauphin,  21,  Rédacteur  aux 

Actes  des  Apôti^es? 
RzEWUSKY  (M.  le  comte  de),  arcades  du  Palais-Royal,  154. 

S 

Sabattier  DE  Cabre  (M,  de),  rue  de  l'Université,  Conseiller  au  Parle- 
ment, Dévoué  au  duc  d'Orléans,  Emprisonné  sous  la  Terreur. 

Sabattier  (M.  l'abbé),  rue  de  la  Michodière,  8.  «  Bas-valet  de  tous 
les  grands  »,  selon  Fréron. 


(1)  A  fait  partie  du  club  des  Amis  de  la  Constitution. 

(2)  Successivement  capitaine  au  régiment  dWuvorgne,  colonel  au  réj^Muicnt  dt 
Bourbonnais,  maréchal  de  camp. 


60  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Saiffert  (M.),  premier  médecin  de  S.  A.  S.  Mgr  le  duc  d"Orléans,  ar- 
cades du  Palais-Royal,  156. 

Saint-Blancard  (M.  le  marquis  de),  rue  Louis-le-Grand,  15.  Ëmigré 
en  1792.  A  fait  partie  du  Club  monarchique. 

Sainte-Croix  (M,  le  chevalier  de),  rue  du  faubourg  Poissonnière,  \. 
A  fait  partie  du  Club  monarchique?  Parent  de  Sémonville. 

Saint-Farre  (M.  l'abbé  de),  rue  et  faubourg  Montmartre,  1.  Commis- 
saire-rédacteur du  cahier  da  clergé,  à  Paris. 

Salnte-Foy  (M.  de),  rue  Basse-du-Rempart. 

Saint-Firmin  (M.  de),  capitaine  de  chasseurs,  rue  Sainte-Anne,  79. 

Saint-Hylaire  (M.  de),  rue  de  Gléry. 

Saint-Légeii  (M.  de),  colonel. 

Saint-Martin  (M.  le  chevalier  de),  rue  Croix  des  Petits-Champs,  f»-2. 
Lieutenant  de  maire  au  département  de  la  Garde  nationale. 

Saint-Maurice  (M.  le  prince  de),  rue  et  faubourg  Saint-Honoré.  A  fait 
partie  du  Club  monarchique  ? 

Saint-Prest  (M.  de),  Maître  des  requêtes,  rue  de  l'Écharpe,  place 
Royale. 

Saint-Prifst  (M.  le  vicomte  de),  rue  et  faubourg  Saint-Honoré.  A  fait 
partie  du  Club  monarchique? 

Saint-Sornin  (M.  de),  rue  Croix  des  Petits-Champs,  tlùtel  de  la  Ma- 
rine. 

Saint-Vingent  (M.  de),  rue  des  Mathurins,  8.  Conseiller  au  Parlement. 
Émigré.  A  fait  partie  du  Club  monarchique? 

Saisseval  (M,  le  marquis  de),  rue  de  Bourbon,  68. 

Saisseval  (M.  le  comte  de),  rue  Rousselet,  barrière  de  Sève  [ùc). 

Salm-Salm  (M.  le  prince  Emmanuel  de),  rue  de  Bourbon,  faubourg 
Saint-Germain.  A  fait  partie  de  la  Société  des  Amis  des  Noirs. 

Salmour  (M.  le  comte  de),  envoyé  de  Saxe,  rue  Mallet. 

Sartine  (M.  de),  rue  Caumartin,  17.  A  fait  partie  du  Club  monarchi- 
que. Émigra. 

Savallette  de  Lange  (M.  dç),  rue  Sainl-Honoré,  li'29.  Garde  du  Trésor 
royal.  Membre  de  l'Assemblée  des  trois  ordres,  à  Paris.  Capitaine 
au  bataillon  de  Saint-Roch. 

Savigny  (M.  de),  rue  Royale,  butte  Sainl-Roch,  11. 

Scheldon  (lord).  Hôtel  de  Dillon,  rue  Saint-Dominique. 

Sciieldon  (M.). 

Sfgcr  (M.  le  vicomte  de),  rue  Bcautreillis,  8.  Membre  (h-  l'AssenVbléç 
des  trois  ordres,  à  Paris. 

StMONViLLE  (M.  de),  CiOiisciller  au  Parlerneiil.  rue  Viviriiiie.  Député 
suppléant  du  comté  de  Heauharnais  aux  Etats  géiu'raux  de  1789. 


GLUn  DE  VALOIS  01 

Il  ne  siégea  pas.  Fils  de  Huguet  de  Santaran,  secrétaire  du  Roi  et 

du  Conseil  (1). 
Sengensse  (M.  de),  chirurgien  de  madame  la  princesse  de  Lamballe, 

aux  écuries  de  S.  A.  S  ,  rue  de  Richelieu. 
Sérent(M.  le  vicomte  de),  rue  de  Bourbon,  faubourg  Saint-Germain, 

107. 
Sérent  (M.  le  comte  de).  Idem.  Député  royaliste  aux  États  généraux 

de  1789.  Émigré. 
Sérent  (M.  Jules  de),  Chaussée  d'Antin,  70.  Le  marquis,  puis  duc  de 

Sérent,  a  été  gouverneur  des  enfants  du  comte  d'Artois,  du  duc 

d'Angoulême  et  du  duc  de  Berry.  Sa  femme  était  dame  d'honneur 

de  madame  Elisabeth. 
Servat  (M.  de),  l)oulevard  Montmartre. 
Short  (M.),  chez  M.  de  JafTerson,  rue  Neuve  de  Berry. 
SiAU  (M.),  rue  des  Capucines,  74. 
Sieyes  (M.  l'abbé),  rue  Saint-Honoré,  273.  Membre  de  la  Société  des 

Amis  des  Noirs,  en  1789.  Membre  du  club  des  Jacobins,  puis  de  la 

Société  de  17S9.  Plus  tard,  sénateur,  puis  pair  de  France.  Mort 

en  18:îC. 
SiLLERY  (M.  le  marquis  de),  à  la  Pologne  (2).  Intime  confident  du  duc 

d'Orléans  et  capitaine  de  ses  gardes. 
SOUFLOT  (M.). 

SouzA  fM.  le  comte  de),  rue  de  Caumartin,  2. 
Spinola  (M.  de),  rue  de  Grenelle,  faubourg  Saint-Germain. 
Staël  (M.  le  baron  de],  Ambassadeur  de  Suède,  l'ue  du  Bac,  90.  Ti'ès 

protégé  par  Marie-Antoinette. 
Stuard  (milord),  arcades  du  Palais  Royal,  du  côté  de  la  rue  Vivieinie. 
SiUART  (M.),  Hôtel  de  Luxembourg,  rue  des  Petits  Augustins. 
Syaiolin  (M.  de),  rue  Basse-du-Rempart. 

XIIl 
T 

Talon  (M.),  Conseiller  au  Parlement,  rue  de  Thorigny,  5.  Lieutenant 
civil  auChâtelet  en  1789.  Député  suppléant  à  l'Assemblée  natio- 
nale. Royaliste  ardent. 

Tarente  (M.  le  prince  de),  rue  Saint-Dominique,  131. 

Target  (M.),  avocat  au  Parlement,  rue  Sainte-Croix  de  la  Breton- 


(i)  Pair  de  France  sous  la  Restauration.  Mort  en  18.3'.). 

(2)  A  fait  partie  du  club   des  Amis  de  la  ConslHution.  Député  du  bailliage  de 
Reims.  Guillotiné  le  31  octobre  179.3. 


02  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRKS 

nerie.  Avocat  consultant  de  Monsieur,  Conseiller  du  comte  d'Ar- 
tois (1). 

Thiard  (M.  le  comte  de),  au  Palais-Royal.  Premier  écuyer  du  duc  d'Or- 
léans. Condamné  à  mort.  Il  avait  été  blessé  en  défendant  les  Tui- 
leries, dans  la  journée  du  10  août  1792. 

TiNSEAU  (M.  l'abbé),  Hôtel  et  rue  de  Ventadour. 

TiTON  fils  (M.),  Conseiller  au  Parlement,  rue  Poissonnière,  60.  A  fait 
partie  du  Club  monarchique  (2). 

TouLONGEON  (M.  le  vicomte  de),  député  à  l'Assemblée  nationale,  rue  du 
Luxembourg,  3(>.  Se  défendit  d'avoir  fait  partie  du  Club  monar-' 
chique, 

TouRNEHEiM  (M.  le  barou  de),  rue  du  Sentier,  3i. 

TouvENET  (M.  de),  rue  de  Beaune. 

Trémoille  (M.  l'abbé  de  la),  rue  Saint-Dominique. 

TaÉMOiLLE  (M.  le  duc  de  la),  Idem.  Émigré. 

Tronchin  (M.),  Envoyé  de  Genève,  rue  d'Antin,  9. 

Trudaine  (M.),  rue  des  Francs-Bourgeois.  A  fait  partie  du  Club  mo- 
narchique. 

Trudaine  de  la  Sablière  (M.).  Idem.  Les  frères  Trudaine  étaient  amis 
d'André  dé  Cbénier. 

Truguet(M.  le  cbevalier  de),  Major  de  vaisseaux,  Hôtel  de  Brogiie, 
rue  de  Varenne,  64.  Incarcéré  comme  suspect  sous  la  Terreur. 
Mort  en  1839. 

TuRTOT  (M.  le  comte  de),  place  Vendôme,  Kl. 

V 

Vaines  (M.  de).  Receveur  général  des  finances,  rue  Louis  XV,  2o. 

Membre  de  la  Société  des  Amis  des  Noirs,  en  1789.  Emprisonm'' 

pendant  la  Terreur.  Mort  en  1803. 
Valence  (M.  Je  marquis  de). 
Valence  (M.  le  vicomte  de),  rue  et  Chaussée  d'Antin,  70.  Gendre  de 

madame  de  Genlis.  A  fait  partie  du  Club  monarchique? 
Vauban  (M.  le  comte  de),  aux  écuries  de  Mgr  le  duc  d'Orléans,  rue 

Saint-Thomas  du  Louvre.  Colonel  du  régiment  Orléans-infanterie. 

Émigré. 
Vaudreuil  (M.  le  vicomte  de),  rue  de  Varenne.  Ami  de  Chamfort. 

Emigré.  A  été  considéré  comme  conspirateur,  avec  le  maréchal  de 

Brogiie,  en  1789. 


(i)  Nommé  juge  du  département  de  Paris;  en  1790. 
(2)  Guillotiné  on  l'an  III. 


CLUB  DE  VALOIS  G3 

Vérag  (M.  le  vicomte  de),  rue  du  Sépulcre,  0. 

Verdîère  (M.  le  marquis  de),  Maréchal  de  camp,  rue  du  Clos-Geor- 
geot,  7. 

Vkrgennes  (M.),  Maître  des  requêtes,  rue  Neuve  Saint-Eustache,  4  (1). 

Verneuil  (M.  le  marquis  de),  rue  des  Filles  Saint-Thomas,  10.  Pre- 
mier échanson  du  Roi. 

Vertîlhac  (Verteilhac)  (M.  le  marquis  de),  rue  de  Verneuil,  il.  A  ap- 
partenu à  l'armée  de  Condé. 

ViNTiMiLLES  (M.  le  prince  de),  rue  de  Richelieu,  Hôtel  de  Sicile. 

VisMRs  (M.  de),  rue  de  Clichy. 

VouiGNY  (lM.  de),  rue  Saint-Dominique,  48. 

■w 
Wall  (M.  le  comte  de),  à  Saint-Joseph,  rue  Saint-Dominique. 
Wall  (M.  de).  Colonel,  cul-de-sac  de  la  Corderie. 
Wambaerl  (M.  le  haron  de),  rue  Louis-le-Grand,  5. 
WûESTiNE  (M.  le  marquis  de  la),  rue  de  Provence. 

XIV 
SUPPLÉMENT 

Election  du  13  décembre  1789  : 

CossiGNY  (M.  de),  Hôtel  de  Strasbourg,  rue  Neuve  Saint-Eustache. 

EsGiiERNY  (M.  le  comte  d'),  Chambellan  de  S.  M.  Prussienne,  rue  de 
Clichy. 

La  TouR-MAUBoaRG  (M.  le  chevaher  de),  rue  Saint-Dominique,  'l'}. 
Député  du  Puy-en-Velay  (2). 

PoMMERY,  l'ainé  (M.  de),  rue  Basse-du-Rempart. 

PoMMERY,  le  jeune  (M.  de).  Idem. 

Saint-Remy  (M.  le  chevalier  de),  Capitaine  d'artillerie,  Hùtel  Noire- 
Dame,  rue  de  Grenelle  Saint-Honoré  [S), 

Sëgur  (M.  le  comte  de),  rue  Saint-Florentin,  .'i. 

Touz\RD  d'Olbec  (M.  de),  rue  du  Sentier,  20. 

Le  20  décembre  : 

BREREroN  (M.),  rue  de  Caumartin,  3.'). 

Desportes  (M.),  rue  de  la  Perle,  4. 


(1)  Nommé  délégué  par  le  district  de  Saint-^lagioire  pour  faire  partie  de  In 
députation  envoyée  au  roi  par  l'Assemblée  des  Electeurs  (lG-18  juillet  1789). 
(Arch.  Nat.,  pièces  manuscrites.) 

(2)  Latour-.Maubourg  fut  envoyé  par  l'Assemblée  constituante  à  Varennes,  avec 
Pétion  et  Barnave,  le  22  juin  IT.M. 

(li)  A  fait  partie  du  club  des  Ain'n  de  la  C  iiiMlIliitlon'.' 


(ii  LES  CLUBS  CONTRE  RÉVOLUTIONNAIRES 

Fontaine  (M.  de),  Conseiller  au  Parlement  de  Rouen 
Lamoignon  (M.  le  marquis  de),  rue  de  Grenelle,  faubourg  Saint-Ger- 
main, 22G. 
Peyrat  fils  (M.),  rue  Poissonnière,  près  le  boulevard. 
OaiNSON  (M.  de),  rue  d'Artois,  près  le  boulevard. 

XV 

papiers  publics  qui  sk  trouvent  au  club  tous  les  jours 

Journal  de  Paris  (ne  parlant  guère  que  de  littérature,  de  nouvelles, 

de  spectacles  et  d'anecdotes). 
Cbronique  de  Paris  (qui  parut  du  24  août  1789  au  Sri  août  nO.'{  . 
Le  Modérateur  (1). 

Le  Moniteui- universel  (encore  non  ofliciel). 
Gazette  universelle  (2). 
Affiches  et  Avis  divers. 
Le  Point  du  Jour  (par  Barèro,  paru  du  10  juin  1789  au  21  octobre 

1791). 
Le  Procès-Verbal  de  l'Assemblée  nationale. 
Le  Cours  des  Effets  et  du  Cbange. 

Lundi, 
Le  Courrier  du  Bas-Rhin  (qui  parut  de  1778  à  1792). 
L'Union,  ou  le  Journal  de  la  Liberté. 

Mardi. 

La  Gazette  de  France  (organe  de  l'ancien  régime  jusqu'en  1791). 

La  Gazette  de  Leyde  (3). 

Le  Courrier  de  Provence.  (Principaux  rédacteurs  :  Chamfort,  Lamou- 

relte,  Clavière,  Méjean  et  Dumont.) 

Mi'rcri'di. 

L'Union,  ou  le  Journal  de  la  Libei'té. 

Ji'iidi. 
La  Gazette  de  Bruxelles. 

Le  Courrier  de  Provence. 

Le  Courrier  du  Bas-Rhin. 

Vendredi. 
La  Gazette  de  France. 


(i)  Dont  Fontanes  était  rôdactt'ur;  qui  nîprésentail  l'opinian  des  .Mounierot  ilos 
Lally-Tolendal. 

(2)  Ou  Papier  nouvelles  de  tous  les  pays  el  de  tous  les  Jours.  Cerisier,  principal 
rédacteur. 

(3)  Qui  parut  en  1762,  et  fut  très  en  vogue  après  la  guerre  d'Amérique. 


CLUB  DE  VALOIS  65 

LUnioii,  ou  le  Journal  de  la  Libeiié. 

Samedi. 
La  Gazette  de  Leyde. 

Le  Journal  de  la  Librairie. 

Le  Mercure  de  France  (rempli  de  poésies,  d'historiettes  et  de  récits^ 

Dimanche. 
La  Gazette  de  Bruxelles. 

Le  Courrier  de  Provence. 

Jours  indélermini's,  deu-c  fois  la  semaine. 

Le  Joui-nal  Politique-National. 
Le  Courrier  de  l'Europe . 
La  Gazette  de  Francfort. 
La  Gazette  Espagnole. 

Papiers  anglais. 
The  London's  Magazine. 
The  Morning  Post  and  Daily  Advertiser. 
The  London  Chronicle. 
The  Morning  Herald. 

Tous  les  mois. 
L'Esprit  des  Journaux  (1  . 
Journal  de  Physique. 
Journal  des  Savans. 

iV.  /y.  —  Un  Libraire  est  chargé  de  donner  en  lecture,  au  club,  les 
livres  nouveaux. 

Une  grande  partie  des  membres  du  Cluf/  de  Valois  a  été  mêlée  aux 
événements  politiques  sous  les  gouvernements  qui  se  sont  succédé 
depuis  1789. 

Dans  une  Liste  des  aristocrates  conjurés,  désarmas  chez  le  roi,  par  la 
garde  nationale  y  parue  en  1791,  on  trouve  beaucoup  de  membres  du 
Clud  de  Valois  (2).  Nous  citerons  : 

De  Bar,  Cormeré,  Sabaltier  de  Cabre,  Trudaine,  Boula,  Champla- 
treux,  Sainte  Foix,  Champcenetz,  de  Comeyras,  de  La  Vallctte,  Ma- 
lartie,  de  Poix,  Sartine,  de  "Vaudreuil,  de  Piennes,  de  Melfort,  de 
Lambertye,  de  Boisgelin,  de  Maubec,  d'Ayen,de  LaVieuville,  de  Puy- 
ségur,  de  Guimps,  d'Ars,  de  Saint-Vincent,  de  Caraman. 


(1)  Publié  à  Paris,  dès  1782,  par  le  libraire  Vaiailo.  Uucuoil  liistori(|iie  et  litl/- 
raire. 

(2)  Liste  (tes  aristocrates  conjurés,  désarmés,  chez  le  roi,  par  ta  garde  nationale, 
—  et  suite.  ln-8«,  Paris,  l'an  second  de  la  liberté.  Bib.  Nat.,  Lb  39,  4,637  et  9,756. 

5 


66  LES  CLUBS  ÇpNTHJi-HÉVQLyTlONNAlRES 

Parmi  ceux-ci,  plusieurs,  ainsi  qu'on  Ta  vu  pliis  haut,  ont  fait 
partie  du  Club  monarchique. 

Le  chancelier  Pasquier,  dans  ^^a^  Mémoires,  indique  comme  memhre 
du  Club  de  Valoir  le  sieur  La  Briffe,  officier  dans  le  régiment  du  Hoi, 
g\  qui  étajt  éiîijgré. 

Au  surplus,  la  liste  que  nous  avons  reproduite  a  dû  subir  (}uel(|ues 
modifications  par  suite  de  l'émigration  et  des  démissionnaires^  ceux- 
ci  voulant  entrer  dans  d'autres  clubs. 


I 


CLUB  DE  L'HOTEL   DE  MASSIAC 

Fondé    tli    Par-is,    le    20    Août    1789. 


Dès  1787,  il  se  rornui  à  Paris  une  association,  ililc  SocuUé  des  .[mis 
des  nairs,  pour  s'occuper  du  sort  des  nègres,  et  aussi  des  moyens 
d'abolir  la  traite  qu'on  faisait  d'eux  dans  les  colonies. 

A  rencontre  des  efforts  tentés  par  les  Amis  des  noeV.v,  un  cluh  des 
Colons  blancs  s'installa  à  l'Hôtel  de  Massiac,  à  Paris,  le  20  aoiU  17HU. 

L'Hôtel  de  Massiac  (ancien  Hôtel  de  Pomponne)  était  situé  sur  la 
Place  Louis  XIV  (Place  des  Victoires),  G,  au  bout  de  la  rue  du 
Petit-Reposoirjà  l'angle  de  celle  des  Fossés-Montmartre  (aujourd'hui, 
rue  d'Aboukir).  Cet  hôtel  devint  plus  tard,  provisoirement,  laBancjue 
de  France  (en  1806),  et  ensuite  l'habitation  du  célèbre  industriel 
Ternaux.  Il  était  remarquable  par  le  vaste  plain-pied  des  apparte- 
ments construits  entre  cour  et  jardin,  et  avait  vue  sur  la  place  (1).  \\ 
a  disparu  avec  la  rue  Pagevin,  sur  laquelle  il  donnait,  lorsque,  dans 
ces  dernières  années,  on  a  percé  la  rue  Etienne-Marcel. 

Le  Club  de  Massiac  se  proposa  pour  but  de  combattre  la  Société 
des  Amis  des  noirs,  fondée  par  Brissot,  et  dont  faisaient  partie  des 
philanthropes,  notamment  l'abbé  Grégoire,  Condorcet,  Mirabeau,  de 
Pontécoulant,  de  Vaines,  Sieyès,  La  Fayette,  Barnave,  etc.  Les  mem- 
bres du  Club  de  Massiac,  riches  colons  de  Saint-Domingue,  attaquè- 
rent, en  écrits  et  en  paroles,  Brissot  et  l'abbé  Grégoire.  Ils  dénon- 
cèrent «  la  perfidie  des  intentions  de  Barnave  »,  ils  maudirent  «  la 
secte  des  Amis  des  Noirs  »,  ils  qualilièrent  Brissot,  CiOndorcet  vi 
l'abbé  Grégoire  de  «  Donquichottes  (sic)  des  hommes  de  couleur  ». 

L'ahb«  Grégoire,  selon  eux,  «  perdant  de  vue  ^  inodpfation  «pii 

(1)  Il  l'ut  .1  vudrc  2(M)j)00  livcf's  .ui  Tiin  V  {l'etitei-Af/lr/ies  d.-  fructidor  an  V). 


G8  LES  CLUBS  CONTUE-RÉVOLUTIONN AIRES 

(levait  le  caractériser,  salit  sa  plume  par  des  fureurs  qui  le  déslioiio- 
j-aient,  comme  législateur,  comme  ministre  des  autels,  et  éiilin 
comme  écrivain  philosophe  ».  Ils  signalèrent  à  lanimadversion  des 
colons  blancs  «  Barnave,  qu'on  a  presque  déifié,  poursuivant  avec 
un  cruel  acharnement  le  projet  de  bouleverser  les  Colonies...  »  Bar- 
nave fut  peint  dans  une  caricature  très  ressemblante,  dit  Dufresne 
en  note,  avec  un  double  visage,  «  simbole  (sic)  de  la  duplicité  de  son 
instruction,  tendant  par  devant  une  main  à  un  mulâtre  et  de  l'autre 
par  derrière  à  l'Anglettère  [sic]  qui  y  versaient  de  l'or  »  (1). 

Le  Club  de  Massiac  s'appliquait  à  entraver  les  bonnes  dispositions 
de  l'Assemblée  nationale  à  l'égard  des  noirs.  Barbaroux,  plus  tard, 
parla  des  «  affreux  systèmes  »  de  cette  société  dans  ses  Mé- 
moires. 

De  nombreux  écrits,  publiés  par  des  hommes  de  liberté  et  d'huma- 
nité, en  France,  en  Angleterre,  en  Danemark  et  dans  presque  tous 
les  États  de  l'Europe,  occupèrent  alors  l'opinion  publique.  L'ouvrage 
de  Frossard  sur  Vesclavage  des  nègres,  sa  lettre  sur  son  voyage  à 
Wastrom,  à  la  côte  de  Guinée,  et  le  mémoire  de  l'abbé  Grégoire  en 
faveur  des  hommes  de  couleur,  étaient  corroborés  par  les  adresses 
des  sociétés  de  Londres,  d'Amérique  et  d'Angers,  réclamant  leur 
émancipation. 

Les  membres  du  Club  de  Massiac  opposaient  à  tout  cela  leurs 
droits  de  propriété,  soutenus  aux  colonies  par  des  assemblées  qui 
ressemblaient  aux  assemblées  provinciales  de  France,  et  par  des  gou- 
verneurs qui  représentaient  le  pouvoir  royal.  Ils  ne  voulaient  pas 
plus  admettre  les  prétentions  des  mulâtres  que  celles  des  noirs  à 
l'égalité.  Par  conséquent,  leur  réunion  avait  des  côtés  politiques  très 
sérieux,  des  côtés  sociaux  et  internationaux. 

Ils  étaient  colons  de  Saint-Domingue,  une  des  plus  importantes 
colonies  de  la  France,  contenant  32,050  blancs,  7,055  mulâtres  et 
249,098  esclaves  nègres  (2),  et  payant  3  millions  de  livres  environ  de 
contribution  en  1784. 

Plusieurs  propriétaires  de  biens  aux  colonies  approuvaient  de 
toutes  leurs  forces  le  but  du  Club  de  Massiac  (3).  Bien  qu'ils  ne  s'y 

(1)  Considérations  politiques  sur  la  révolution  des  colonies  frannaisrs,  mais  par- 
ticulièrement sur  celle  de  Saint-Dominyue,  par  G.  Th.  Dufresne,  colou  de  cette 
Isle.  (Bib.  Nat.,  manusc.  1805,  fraïu-ais,  nouvelles  acquisitions,  n»  3,472.) 

(2)  D'après  le  rceenseuient  de  1779. 

(3)  Le  comte  de  Vaudrcuil,  par  exemple,  dont  toute  la  fortune  consistait  en 
propriétés  situées  à  Saint-Domingue.  1!  était  grand  fauconnier  de  France,  et  il 
émigra  avec  le  comte  d'Artois.  Citons  aussi  Jacques-François  Bégouon,  né  h 
Saint-Domingue,  et  manufacturier  au  Havre,  député  du  bailliage  de  ('.aux  aux 


CLUB  DE  L  HOTEL  DE  MASSIAC  69 

fussent  pas  aftiliés,  soit  à  cause  de  leur  éloignement,  soit  parce  que 
leurs  fonctions  ou  leurs  affaires  les  en  empêchaient,  ils  étaient  dt» 
cœur  et  d'àme  avec  ses  membres,  et,  pour  la  plupart,  ils  apparli*- 
naient  au  parti  monarchique,  de  nuance  absolutiste. 

Nul  doute  que  le  Club  de  Massiac  fût  en  relations  avec  VAsaembléfi 
coloniale  de  Sainl-Marc,  émanation  de  celle  qui  avait  été  fondée  ;i 
Saint-Domingue  en  février  1790.  lu  Assemblée  coloniale  de  Saint-Marc 
se  tenait  place  Louis  XIV.  En  décembre  1790,  la  section  invita  ses 
membres  à  se  retirer;  ce  qu'ils  firent.  Les  Amis  des  noirs  gagnaient 
du  terrain. 

Une  Société  on  Club  des  Colons,  organisée  par  des  Américains,  se 
rassemblait  au  premier  étage  des  bâtiments  neufs  du  Palais-Royal, 
au-dessus  du  Café  de  Valois  (1).  Elle  avait  ses  statuts  et  des  commis- 
saires pour  les  faire  observer...  Pour  y  être  admis,  il  fallait  prouver 
que  l'on  était  possesseur  d'une  habitation  aux  Iles. 

Là  encore,  la  question  de  propriété  l'emportait  sur  toute  autre 
considération.  Les  hommes  de  couleur  étaient  des  choses,  des  pièces, 
en  langage  de  commerce,  dont  les  blancs  devaient  pouvoir  se  servir 
à  leur  gré,  dont  ils  avaient  même  le  droit  d"abuser,  malgré  les  règle- 
ments administratifs,  que  l'on  violait  souvent  dans  les  colonies. 

Les  propriétaires  avaient  des  intérêts  positifs,  qu'ils  ne  voulaient 
pas  immoler  à  ce  qu'ils  appelaient  l'utopie  des  philanthropes. 

Tout  ce  qui  se  rapporta  à  la  position  des  nègres  prit  de  grandes 
proportions  en  France  et  en  Europe.  Le  13  mai  1791,  l'Assemblée 
constituante  ayant  ordonné  «  que  l'homme,  quelle  que  fiU  sa  couleur, 
serait  libre  et  jouirait  des  droits  de  citoyen  actif  »,  la  lutte  s'envenima 
entre  les  Amis  des  noirs  et  les  propriétaires  d'esclaves. 

Le  Club  de  VHôtcl  de  Massiac  entretint  correspondance  avec  les 
commerçants  et  fabricants  d'Amiens,  de  Bordeaux,  de  Calais,  de 
Dunkerque,  du  Havre,  de  La  Rochelle,  de  Marseille,  de  Nantes,  de 
Rochefort,  de  Rouen,  de  Sens,  de  Saint-Malo(2).  Il  reçut  fréquem- 
ment des  communications,  des  caisses,  des  lettres,  des  adresses  de 
Saint-Domingue  et  des  gens  qui  défendaient  les  colons  blancs  contre 
les  colons  noirs.  Il  fut  en  relation  suivie  avec  la  Société  correspon- 
dante des  colons  français  à  Bordeaux. 

Néanmoins,  il  ne  prospéra  pas;  le  nerf  de  la  guerre  lui  manqua, 
ce  qui  étonne,  quand  on  songe  à  la  richesse  des  propriétaires  (|ui  le 

Kl.its  généraux  <le  1789.  Bégouen  a  fait  des  publications  Jéfcndaiit  l<'.-  intéivis 
(Je  sa  cause. 

(1)  Voir  plus  bas,  Cafés. 

(2)  Arcli.  Nat...  pasftini. 


70  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIHES 

fréquentaient  ou  en  profitaient.  En  novembre  1789,  il  avait  un  délieil; 
il  faisait  appel  à  ses  membres  pour  qu'ils  payassent  leur  contribu- 
tion. Aussi  fut- il  question  alors  de  bâtir  la  salle  du  théâtre  de  Mon- 
sieur à  FHùtel  de  Massiac  (l).  En  juin  1791,  il  arrêta  de  réduire 
ses  dépbrises,  considérant  «  qu'il  ne  pourrait  plus  soutenir  son  exis- 
teiicé  ».  Le  zèle  de  ses  associés  ne  se  manifestait  pas  par  de  grandes 
ottrarides.  P.  Pr.  î)idot  le  jëutie,  imprimeur  de  Moi}f<ioiu\  faisait  pour 
le  club  nombre  d'impressions. 

Ce  n'était  pas  par  faute  d'activitî  qu'il  périclitait.  Les  membres 
qui,  par  intérêt  ou  conviction,  s'opposaient  à  toute  motion  de  l'As- 
semblée nationale  eii  faveur  des  Noirs,  gravitaient  incessamment 
autour  du  Club  de  VHûtel  de  Mnssiac,  et  lui  envoyaient  des  ouvrages 
coiiçus  selon  ses  ddctriiiës,  ses  «  affreux  systèmes  ». 

bu  20  août  1780  âtl  29  septembre  de  là  riiême  année,  il  tint  vingt- 
six  séances.  Cette  société,  correspondante  dé  colons  français,  ne  négli- 
gea cluciin  moyen  de  propagande.  Elle  envoya  deux  députés,  M.  le 
comte  Dùquëstié  et  M.  biival,  «pbur  aller  à  l'assemblée  des  Colons  de 
la  Martinique  qui  se  tietit  chez  M.  Dubuc  du  Ferret,  rue  du  Sentiei', 
pour  leur  témoigner  la  satisfactioti  qUe  l'assemblée  a  dé  les  voir  se 
réunir  à  eux,  et  le  désir  qu'elle  a  de  profiter  de  leurs  lumières  »  (21. 


II 


Nous  n'avons  pu  retrouver  une  liste  complète  des  membres  du 
Club  de  VHôtel  de  Massiac;  mais  les  Archives  nationales  nous  ont 
fourni  assez  de  documents  pour  que  nous  citions  les  noms  des  mem- 
bres principaux,  signataires  de  procès-verbaux,  qui  représentent 
beaucoup  de  familles  nobles  françaises  : 

Billard,  président. 

Belin-Vilieneuve,  kôssignol  de  Grandmoiit,  Vicè-Présidehis. 
Comte  d'Agotilt.  À  fait  paiHie  du  Club  de  Valois.  Membre  actif  du 
Club  de  Massiac. 
Thenel. 
De  Maissemy. 

ïtoherjot,  LartigUes  (membres  très  actifs). 
De  Chabautl. 
Le  marquis  de  La  Roche jaquelin. 


(1)  Arch.  Nat.,  ()'  500,  folio  626,  Lo  projet  fut  abandoiihé. 

(2)  Narré  tle  la  séance  du  20  août  1789.  (Arch.  Nat.) 


CLUB  DE  J.'HOTEL  DE  MASSIAG  71 

Duval  Sanadon  (Auteur  d'un  Précis  sur  rEsclavàtjo  des  hi'firos^ 
in-8»,  1789). 

Fleuriot  de  Touchelonge. 

Bérard. 

Contaut  de  Castelin. 

L'abbé  de  Paroy. 

Lucas  de  Blaire. 

De  Saint-Julien. 

Gourraud  de  Belleviie. 

Bigot  de  Bellemarre. 

Decourt  de  La  Tonnelle  (Lieutenant  du  roi,  à  Salins)  (1). 

Deslandes  (membre  très  actif). 

Simonnette  de  Maisonneuve  (Par  une  lettré  en  date  dii  le  ttiài  17^2, 
il  n'accepta  pas  d'être  commissaire  dans  la  société  (^). 

De  Grandmaison. 

Vicomte  de  Léaumont. 

Comte  de  Guiton. 

Gaschet  de  Saint-Léon. 

Duplessis  Mauduit. 

Delattre. 

Marquis  de  Massiac. 

Dutbugerais. 

Lohier. 

L'héritier  de  Brutelles. 

Thevenin  de  Melizey. 

Cormier  (Avait  une  grande  intluenee  dans  la  Société). 

Marquis  Dupuy  Montbrun. 

De  Soubira. 

De  La  Garde. 

Libot  de  la  Barossière. 

L'abbé  Leclerc  de  Saint-Etrain. 

Limoges. 

Marrier  de  Chanteloup. 

Marquis  de  Gallifet.  (En  171)1,  le  camp  le  plus  sérieux  des  révoltés 
se  tenait  sur  son  habitation  au  Cap.) 

De  La  Rochette. 

* 

Marcou  Latour. 

Mortot. 


(1)  Voir  plus  bas,  p.  74,  13  et  1C. 
<%)  Ai'ch.  Nat ,  Club  de  Massiac. 


72  LES  CLUBS  CONTRE -RÉVOLUTIONNA  1RES 

De  Ghalandray. 

Penin  de  L'Épine. 

Paschere  de  L'Estrade. 

De  Montarcher. 

De  Perigny  fds. 

Le  Sénéchal  de  Kercado. 

Charles  d'Agoult.  A  fait  partie  du  Club  de  Valois  ? 

Comte  d'Orfeuil. 

Lafosse . 

(iabriel  Berard. 

Vinches. 

Vicomte  de  Butter. 

Barré  de  Saint-Vennnt. 

L'abbé  D'Osmond. 

Dacosta. 

Fournier  de  Belleviie,  laine  [i). 

Fourni er  de  Belleviie,  le  jeune. 

(Ihancerel. 

Durfort  de  Duras. 

De  Maigrel. 

De  Bourbon-Bussel . 

De  Paroy. 

De  la  Prunarède. 

Bacon  de  la  Chevalerie. 

Sejournet. 

Roberjet  Du  De/.erl. 

De  Charmilly. 

Abeille. 

Billion. 

111 

(3n  envoyait  à  la  Société  des  brochures  ou  des  livres  pour  qu'elle 
les  fit  distribuer  à  ses  membres.  Nous  avons  trouvé,  dans  les  Archives 
nationales,  plusieurs  documents  qui  établissent  le  lait.  Ils  expliquent 
la  surveillance  que  la  municipalité  exerça  sur  le  Club  négrophobe  et 
sur  les  réunions  diverses  poursuivant  le  même  but  que  lui,  mais  bien 
moins  ostensiblement.  Voici  ces  documents  : 


(1)  Le  13  juillet  1789,  une  olfre  patriotique  fut  faite  au  district  de  Saint-Martin 
I)ar  deux  gentilshommes  de  Saint-Domingue  (le  marquis  de  Fournier  et  le  comte 
de  IJellevue),  de  leur  personne  et  de  leur  fortune  pour  concourir  à  la  tranquilIKr 
de  Paris  cl  au  bien  de  la  nation.  fArcli.  \at.,  minutes.  2  pir^ee;;.  (".  Kit.  do;^?.  (i  ) 


CLUB  DE  L'HOTEL  DE  MA8S1AC  73 

«  Paris,  Hôtel  de  Massiac,  le  1"  septembre  1789. 

u  M.  BoissEL,  avocat,  rue  BaiUif\  n"  12. 

«  L'assemblée  Coloniale,  à  qui  vous  avez  adressé,  Monsieur,  Votre 
ouvrage  intitulé  Le  Catéchisme  du  Genre  humain  et  plusieurs  Exem- 
plaires de  votre  adresse  aux  États  généraux,  Vous  prie  d'En  agréer 
tous  ses  Remerciemens  :  Elle  se  propose  De  faire  de  vos  Lumières 
L'usage  qui  pourra  Lui  Être  avantageux. 

«  Nous  avons  L'honneur  d'Être  bien  Sincèrement, 
«  Monsieur, 
<<  Vos  très  humbles  serviteurs. 

<'  J^es  membres  de  la  Société  correspondante  De  Colons  français. 
"  Par  Mandement  de  la  société  (J  \  » 

La  question  de  l'abolition  de  l'esclavage  entrait  dans  le  domaine 
des  faits.  Des  colons  blancs  publièrent  :  Réclamations  et  observations 
dex  Colons  sur  J' abolition  de  la  traite  di's  \èf/res  (2).  C'était  une  ré- 
ponse aux  hommes  qui  avaient  pris  la  défense  des  noirs,  à  Barnave, 
à  Condorcet,  à  Brissot,  à  Mirabeau,  à  l'abbé  Grégoire  et  à  d'autres 
négrophiles;  à  l'abbé  Grégoire  parlant  «  de  faire  un  grand  abattis 
dans  la  forêt  des  abus.  » 

Le  Club  de  l'Hôtel  de  Massiar  devenait  suspect  à  ce  point  que,  dans 
la  nuit  du  6  au  7  novembre  1789,  le  baron  de  Mordant,  commandant 
t'ii  second  de  la  garde  nationale  <le  Vernon,  fut  arrêté  dans  riiùlel,  el 
élargi  sur  sa  parole. 

Mais  continuons  la  série  des  envois  au  club  : 

Un  fi  (lie  t  de  M.  Morean  de  Saint-Ménj,  du  30  décembre  1789,  porta  : 

«  Moreau  de  Saint-Méry  a  l'honneur  DEnvoier  [sic]  à  Messieurs  De 
l'Hôtel  de  Massiac,  Cent  exemplaires  de  ses  observations  sur  le  mé- 
moire de  M.  l'abbé  Grégoire  pour  les  Gens  de  Couleur.  » 

Moreau  de  Saint-Méry  avait  fait  tout  i-écemment  un  voyage  à  Saint- 
Domingue.  Il  travaillait  sur  les  lois  et  constitutions  des  colonies  fran- 
çaises de  l'Amérique  Sous-le-Venl. 

Dans  une  lettre  écrite  de  Bordeaux,  le  5  janvier  1790,  M.  David 
Gradis,  président,  annonça  : 

«  Nous  avons  Reçu  les  Cent  exemplaires  de  l'ouvrage  Conire  b's 


(1)  Arch.  N.it.,  Club  de  Massiai-. 
2)  Hruchiiro  in-8".  septfnibre  llSÎ). 


74       LES  CLUBS  CONTRE  RÉVOLUTIONNAIRES 

amis  des  Noirs,  et  nolis  allons  lès  distr'ibuer  aux  Colons  françois  Ré- 
sidens  à  Bordeaux.  » 

De  Bordeaux,  le  16  janvier  1790.  Lettre  de  M.  Cradis,  où  l'on  voit 
cotte  note  en  post-scriptum  : 

«  Ayant  appris,  par  les  papiers  publics,  que  les  Comédiens  de  Mon- 
sieur avoient  loué  l'Hôtel  de  Massiac,  nous  vous  prions  do  nous  don- 
noi"  votre  nouvelle  adresse.  » 

«  Paris,  le  20  fi^vrier  1790. 

<i  M.  DE  MiLLY,  avocat  au  Parlement,  rut>  de  la  Michodière ^  n°  4, 

à  Paris. 

«  La  Société  Des  Colons  français,  Monsieur,  reçoit  avec  reconnais- 
sance l'excellent  discours  dont  vous  lui  avez  envoyé  grand  nombre 
d'exemplaires;  la  Cause  des  Colonies  ne  pouvait  être  en  de  meil- 
leures mains;  vous  ne  vous  êtes  pas  contenté  de  la  défendre  par 
votre  éloquence,  votre  zèle  a  été  plus  loin,  et  vous  avez  voulu  encore 
aller  vous-même  la  plaider  auprès  des  autres  districts:  veuillez  agréer 
nos  Sincères  remerciements. 

<(  Le  Succès  a  Couronné  vos  Soins  comme  défenseur  des  Colonies, 
vous  vous  êtes  acquis  les  plus  grands  droits  à  la  reconnaissance  do 
tous  les  Colons,  nous  aimons  à  ajouter  à  ces  Sentiments  ceux  d'es- 
time et  d'attachement  dont  nous  Sommes  particulièrement  pénétrés 
pour  un  compatriote  dont  le  zèle  et  les  lumières  nous  ont  été  si  utiles. 

«  Nous  avons  l'honneur  d'être,  etc.  » 

"  M.  Deneux  a  l'honneur  d'envoyer  à  Monsieur  Cormier  30  Exehi- 
plaires  d'une  Lettre  (jue  M.  Payen  Boisneuf  a  fait  imprimer  et  qu'il 
prie  Monsieur  Côi-miier  d'avoir  la  bonté  de  faire  distribuer  ft  MM.  les 
Membres  de  la  Société  de  l'Hôtel  Massiac. 

«  Ce  20  janvifr  1792  (1).  » 

IV 

Cette  correspondance,  cette  propagande  achevait  do  discréditer  le 
club  aux  yeux  des  partisans  de  la  Révolution,  même  les  plus  modérés. 

Le  28  février  1791,  quand  des  gentilshommes  royalistes  pénétrè- 
rent dans  le  château  des  Tuileries,  Court  de  la  Tonnelle,  lieutenant 
du  roi  à  Salins,  voulait  assassiner  le  roi,  disaient-ils.  Ils  vonaionl, 

(1)  Arch.  Nat.,  Club  do  Massiiac. 


CLbB  DE  L'HOTEL  DE  MASSlAG  75 

par  suite,  (léremlre  Loitis  XVI.  Courl  de  la  Tonnelle  fui  arrêté.  Le 
Club  de  Massiac  s'assembla. 

<i  Elirait  des  registres  des  délibérations  de  la  Société  coii'espondant^ 
des  colons  français  séante  à  Paris,  Hôtel  de  Massiac. 

«  Séance  extraordinaire  du  lundi  27  féviier  1791,  cinq  heures  du  soir. 

«  La  Société  correspondante  des  colons  françois  réunis ,  Paris, 
Hôtel  de  Massiac,  convoquée  extraordinairement,  délibérant  en  co- 
mité, vu  l'urgence  du  cas; 

«  Sur  le  bruit  qui  vient  de  se  répandre  de  l'arrestation  de  M.  de 
Court  de  la  Tonnelle  (1),  l'un  de  ses  membres,  au  château  des  Tui- 
leries ; 

«  Considérant  que  la  cause  de  cette  arrestation  paroissant  être  de 
ce  qu'il  avoit  à  sa  ceinture  un  petit  couteau-de-chasse  à  bayonnelte, 
de  la  forme  de  ceux  dont  le  roi  se  sert  à  la  chasse,  ou  dans  les  petits 
voyages; 

«  A  arrêté  unanimement  qu'il  serait  sur-le-champ  député  l'un  des 
membres  du  comité,  pour  se  rendre  vei's  MM.  les  députés  municipaux, 
;i  l'effet  : 

«  1°  De  déclarer  qu'il  est  à  la  connaissance  de  la  société,  qu'il  y  a 
environ  un  an  que  M.  de  Court  de  la  Tonnelle  fut  attaqué  dans  une 
rue  de  Paris  ;  que,  depuis  cette  époque,  il  a  été  dans  l'usage  journa- 
lier de  porter  à  sa  ceinture  le  couteau-de-chasse  dont  il  est  question; 
que,  nombre  de  fois  il  a  déclaré  dans  la  conversation  qu'il  porloit 
cette  arme  pour  sa  défense,  en  rentrant  chez  lui  le  soir; 

«  2°  Que  la  société,  qui,  depuis  dix-huit  mois,  voit  dans  son  sein 
M.  de  Court  de  la  Tonnelle,  et  qui  a  reconnu  en  lui  toute  la  probité 
et  la  sagesse  d'un  bon  citoyen  fidèle  à  la  nation,  à  la  loi  et  au  roi,  et 
«l'un  honnête  père  de  famille,  s'empresse  d'offrir  une  caution  jura- 
toire,  pour  prévenir  la  détention  de  son  membre,  à  la  charge  de  le 
représenter  toutes  et  quantes  fois  il  sera  requis  par  la  municipaliti' 
ou  autres  juges. 

«  M.  Cormier  a  été  nommé  comrtiissîiirè  pour  remplir,  au  nom  de  l<i 
société,  la  mission  ci-dessus,  et  à  été  ihvitë  d'eii  tendre  cdmpte 
demain  matin  :  en  conséquence  le  coiiiité  à  été  cbhvciqùé  pour  demain 
midi  précis.  » 

La  réunion  eut  lieu. 

(1)  Chevalier  de  Saint-Luuis.  u  Marquis  de  Court  »,  écrit  Marat. 


7fi  LES  CLUBS  CONTHE  RÉVOLUTIONNAIRES 

«  Séance  du  mardi  l"  mars  1791,  onze  heures  du  matin. 

«  M.  le  Président  a  ouvert  la  séance.  M. Cormier,  ayant  la  parole,  a 
(lit  (|ii'il  s'étoit  présenté  hier  soir  devantMM.  les  officiers  municipaux  ; 
(ju'il  avoit  rempli  la  mission  dont  il  avoit  été  chargé,  et  en  avoit 
requis  acte;  mais  que  néanmoins  il  prévenoit  le  comité,  que  le  bruit 
public  étoit  que  M.  de  Court  de  la  Tonnelle  avoit  été  conduit  à 
TAbbaye. 

«  Sur  quoi  délibérant, 

«  11  a  été  arrêté  à  l'unanimité,  que  six  commissaires  seroient  de 
nouveau  envoyés  vers  MM.  les  officiers  municipaux,  pour  réitérer  les 
déclarations  et  faire  les  offres  susdites;  et,  pour  en  assurer  d'autant 
yjlus  les  effets  à  la  municipalité,  les  soussignés  composant  le  comité 
ont  offert  la  caution  juratoire,  et  se  sont  soumis  à  la  représentation 
«le  M.  de  Court  de  la  Tonnelle,  lorsqu'ils  en  seront  requis. 

«  Au  moyen  de  tout  ce  que  dessus,  la  municipalité  est  suppliée  de 
p!  ononcer  l'élargissement  de  M.  <le  Court  de  la  Tonnelle. 

«  Les  commissaires  nommés  sont  MM.  Billion,  président,  Annibal 
d'Agoult,  Deslandes,  Thenet,  Cormier,  Robegot  (Roberjot),  Tartigue 
(Lartigue)  (1).  » 

Malgré  les  réclamations  de  Malouet  et  de  Cormier,  M.  de  Court  de 
la  Tonnelle  fut  conduit  à  la  Conciergerie.  Néanmoins,  l'affaire  ne 
paraît  pas  avoir  eu  de  suites. 

Ce  n'est  pas  pour  cet  incident,  d'ailleurs,  que  le  Club  de  Massiai; 
eût  encouru  l'impopularité.  Évidemment,  les  royalistes  avaient 
cherché  un  faux  prétexte  à  la  «  Journée  des  Poignards  ». 

Les  réunions  des  colons  blancs  déplaisaient  aux  Parisiens,  aux 
Français  qui  réclamaient  la  liberté  pour  tous,  blancs  ou  hommes  de 
couleur,  aux  colonies  comme  dans  la  métropole,  sans  se  soucier  des 
intérêts  matériels  qui  faisaient  agir  les  opposants,  dont  la  ténacil»' 
était  extrême. 


Le  Club  de  l'Hôtel  de  Massiac  n'avait  pas  tardé  à  être  attaqué  pai- 
les  journaux  patriotes,  à  cause  de  son  influence  dans  les  colonies. 
Lorsque  l'insurrection  des  nègres  à  Saint-Domingue  éclata,  le 
2ÎJ  août  1701,  bien  des  gens  sollicitèrent  et  obtinrent  du  club  leur 
passage  pour  aller  dans  cette  île  où  leurs  propriétés  avaient  été 

(1)  Journal  des  Amis  de  la  Conslilaturi  monarchique,  t.  IF,  u'  l.i,  du  samedi 
12  mars  1791.  p.  78.  79.  80. 


I 


r 


CLUB  DE  LHOTICL  DE  MASSIAC  77 

iiiceiidiëes  au  Cap.  Par  suite  d'un  décret  de  rAssemblée  constituante, 
déclarant  que  les  gens  de  couleur  libres  seraient  admis  dans  les 
assemblées  coloniales,  mais  que  les  non  libres  n'auraient  aucun 
changement  d'état  sans  le  vœu  préalable  des  colonies,  les  nègres  se 
révoltèrent.  Six  cents  sucreries  et  caféieries  furent  incendiées,  les 
maîtres  et  leurs  familles  massacrés;  la  ville  de  Port-au-Prince  fut 
brûlée  et  ruinée. 

Lorsque  l'expédition  de  Saint-Domingue  fut  décidée,  le  Club  de 
i  tfùtel  de  Massiac  eut  une  influence  plus  ou  moins  directe,  mais  assez 
puissante,  sur  les  mesures  du  gouvernement.  Il  se  mit  en  règle  avec 
la  municipalité  de  Paris,  à  laquelle  il  avait  adressé  cette  lettre  : 

«  Paris,  le  9  août  1791. 
«  Messieurs, 

"  La  Société  Correspondante  des  Colons  français  séante  à  l'Hùlel 
(le  Massiac,  place  Louis  Quatorze,  au  moment  de  sa  formation,  le 
^0  août  1789,  en  informe  M.  le  Maire  et  M.  le  Commandant  Général 
de  la  Garde  nationale. 

«  Depuis  cette  Époque,  Messieurs,  la  Société  des  Colons  français  a 
tenu  régulièrement  ses  séances,  sous  la  protection  de  la  loi,  néan- 
moins pour  satisfaire  au  Décret,  rendu  à  l'égard  des  assemblées  par- 
ticulières, elle  a  l'honneur  de  vous  prévenir  qu'elle  continue  à 
s'occuper  des  intérêts  de  la  Colonie,  toujours  sous  la  même  dénomi- 
nation. 

('  Les  Membres  de  la  Société  Correspondante  des  Colons  fran- 
çais (l). 

«  MM.  les  Officiers  municipaux.  » 

Le  marquis  de  Gouy  d'Arcy,  alors  volant  d'ordinaire  avec  les  amis 
de  la  liberté,  se  mit  pourtant  du  côté  des  opposants  à  la  Constituante. 

Guadet,  en  1791,  dit,  dans  l'Assemblée  :  «  Quel  trait  de  lumière 
(en  lisant  une  lettre  de  M.  de  Gouy),  quel  trait  de  lumière  dans  ce 
peu  de  lignes  écrites  sous  les  yeux  des  colons  rassemblés  à  l'Hôtel 
Massiac  et  en  présence  de  MM.  Barnave  et  Malouet,  qui,  comme  le 
dit  encore  M.  de  Gouy  (2),  étaient  venus  mêler  leur  douleur  à  la 
sienne  et  gémir  sur  le  sort  des  infortunés  blancs  auxquels  on  faisait 
la  dure  loi  de  partager  le  droit  de  citoyens  avec  des  hommes  libres 
comme  eux!  » 


(1)  Arch.  Nat.,  Cluh  de  Massiac. 

(2)  Le  marquis  de  Gouy  d'Arcy,  déput'-  de  Saint-Doiuioguc  à  la  CousUtuaut"'. 
a.fiist'-.  plus  tard,  d'appartenir  à  la  far-tiou  d'Orléans.  Guillotiné  !<•  :{  juillet  t79l. 


TS  LES  CfATBS  GONTRK-RÉVOLUTIONNAIRES 

Théodore  de  Laincth  interrompit  :  «  J'affirme  que  M.  Baruayc  n'a 
jamais  été  à  l'Hôtel  de  Massiac...  »  il). 

Selon  toute  probabilité,  Théodore  de  Lameth  avait  raison.  Cepen- 
dant, il  est  impossible  de  contrôler  son  assertion,  et  nous  ne  possé- 
dons aucun  procès-verbal  de  la  séance  du  Cluh  de  V Hôtel  de  Massiac 
où  il  aurait  paru. 

Quant  à  Malouet,  n'oublions  pas  qu'il  vota  contre  la  Oéclaralion 
des  droits  de  l'homme,  que  toute  sa  carrière  politique  fut  celle  d'un 
réactionnaire  avéré,  et  qu'il  publia,  en  i788,  un  ouvrage  intitulé  : 
Mémoires  sur  l'Esclavage  des  nègres,  après  avoir  passé  cinq  années  à 
Saint-Domingue  en  qi^alité  d  prdonpate\ir  et  de  compiissai|:'e  (2). 

Il  va  sans  dire  que  les  colons  français  rejetèrent  sur  les  noirs  toute 
la  responsabilité  des  événements.  Ils  approuvèrent  une  publication 
de  Moreau  de  Saint-Méry,  membre  du  conseil  judiciaire  près  du 
ministère  de  la  justice  :  Considérations  •présentées  aux  Vrais  Amis  du 
repos  et  du  Bonheur  de  la  France,  à  l'occasion  des  nouveaux  mouve- 
mens  de  quelques  soi-disant  Amis  des  noirs  (3). 

Le  Patriote  français  annonça  : 

«  Les  colons  de  l'Hôtel  Massiac  ont  fait  placarder  à  tous  les  coins 
de  rue  de  la  capitale  des  nouvelles  très  alarmantes  de  Saint- 
Domingue.  Le  peuple  n'est  pas  la  dupe  de  cette  ruse  infei-nale,  (|ui 
n"a  pour  but  que  d'exciter  une  baisse  considérable  dans  les  deiwées 
des  colonies  (4).  » 

Dans  ses  Annales  patriotiques,  Carra  écrivit  : 

«  Il  existe  dans  la  capitale  plusieurs  conciliabules  d'aristocrates. 
L'un  se  tient  à  l'Hôtel  de  Massiac;  il  est  composé  des  princes  colons 
et  d'une  foule  d'intrigans  qui  travaillent  à  faire  concourir  les  désor- 
dres des  colonies  au  plan  général  de  contre-révolution  en  France  (o).  » 

Cette  feuille  ajouta,  quatre  jours  après  : 

«  Les  princes  colons  et  députés  extraordinaires  de  la  colonie  de 
Saint-Domingue,  composans  le  tripot  politique  de  l'Hôtel  de  Massiac, 
etfrayés  de  l'accusation  de  haute  trahison  portée,  par  le  citoyen 
Brissot,  contre  l'assemblée  coloniale  de  cette  isle,  ont  répandu  et 


(1)  Souvenirs  de  Malhieu  Dumas,  t.  II,  p.  44. 

(2)  Voir  Club  des  Impartiaux  et  Club  monarchique. 

(3)  Moreau  de  Saint-Mëri/,  1  vol.  in-S",  Paris,  1791. 

(4)  Patriote  français,  il"  823,  H  novembre  17!)!. 
(.5)  Annales  patrioliffues.  n"  794*  5  décembre  1791. 


CLUB  U^  h^Om^  I4E  MASSIAC  79 

allichû  tjes  milliers  de  pjacanls  injin'ieuîi:  cpiUre  cet  a^stp^e  palriote  : 
le  public  iiidigné  a  déchire  ces  placards  (1).  » 


VI 


De  leur  cùté,  les  colons  se  remuaient.  Ils  écrivaient  au  président 
de  l'Assemblée  nationale  : 

.<  Paris,  It'  7  dccoiubre  171)1. 
«  Monsieur  le  Président  de  VAsxemhlé*'  nationale. 

«  Monsieur  le  Président, 
<<  Des  colons  de  Saint-Domingue  résidans  à  Paris  ont  eu  l'honneur 
de  se  présenter  à  votre  porte  ce  matin,  et  n'ont  point  été  assez  heu- 
reux pour  vous  trouver  chez  vous. 

«  Leur  mission,  Monsieur  le  Président,  était  de  vous  prier  de  leur 
indiquer  l'heure  où  ils  poui-ront  demain  être  admis  à  la  barre  (le 
l'Assemblée  nationale  pour  y  présenter  une  pétition  qu'il  est  essep- 
tiel  que  l'Assemblée  veuille  bien  entendre  avant  le  raport  du  Comité 
colonial  qui  doit  se  faire  samedi  matin  ;  ils  osent  se  flatter  (jue  vous 
voudrez  bien  leur  ï-a\v^  connaître  l'intention  de  l'Assemblée  à  cet 
égî^rd. 

'<  Nous  sommes  avec  Respect. 

«  Monsieur  le  Président. 
"  Vos  très  humbles  et  très  obéissans  serviteurs  [t).  » 

Brissot,  dans  le  Palri.ole  français,  se  lit  l'écho  du  mécontentement 
public,  à  propos  de  l'expédition  : 

«  Ce  sont  ces  messieurs  de  l'Hôtel  Massiac  qui  ont  dicté  au  ministi'e 
de  la  marine  le  choix  des  officiers  chargés  de  l'expédition  de  Saint- 
Domingue  ;  il  ne  faut  donc  plus  s'étonner  que  les  patriotes  de  Brest 
aient  été  scandalisés  de  ces  choix  (3).  » 

Brissot  remarquait  encore  : 

«  Que  diront  les  braves  habitants  de  Brest,  (juand  ils  apprendront 
(jue  le  ministère,  pour  expier  sa  faute  d'avoir  nommé  des  réfugiés  à 
Goblentz  au  commandement  de  l'expédition  de  Saint-Domingue,  va 
la  confier  au  fameux  Arthur  Dillon  et  Malouet?  Cette  nomination 


(1)  Annales  pal rio tiques,  U"  798,  9  décembre  1791. 

(2)  Arch.  Nat.,   Club  do  Massiaci 

(3)  Patriote  français,  a'  830,  8  <léceiiibrc  1791. 


80  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

honorable  est  due  au  vertueux  patriotisme  de  IRùtel  Massiac,  où  le 
dernier  s'escrime  chaque  jour  dans  les  ingénieuses  compositions  dont 
cet  hôtel  régale  l'Assemblée  nationale  (l).  » 

Et  Carra,  de  même,  frappait  fort  sur  les  membres  du  club,  en 
repoussant  énergiquement  les  choix  dont  il  était  question.  Nous 
savons  ce  qu'était  Malouet;  nous  savons  aussi  que  le  général  Arthur 
Dillon,  député  de  la  Martinique  à  l'Assemblée  constituante,  défen- 
dait les  colons  de  Saint-Domingue  contre  les  Amis  des  noi7's. 

«  Les  princes  colons  du  tripot  Massiac  sont  parvenus,  dit-on,  à 
faii'c  nommer  par  le  roi  les  sieurs  Maloukï  et  Artiilu  Dillon  comman- 
dans  de  lexpédilion  (jiii  doit  rétablir  la  paix  à  Saint-Domingue  {"1;.  » 


VII 


Lesmembi'es  du  Chih  de  Massiac^  ne  se  contentant  pas  de  deniandei' 
une  audience  au  président  de  l'Assemblée  nationale,  voulurent  pré- 
senter au  roi  uiu'  adresse;  du  commerce  d'Amiens.  Il  leur  fut  répondu  : 

»  Paris.  21  décembre  1791. 

«  J'ai  rendu  compte  au  lioi.  Monsieur,  du  désir  qu'ont  MM.  les 
Colons  réunis  à  l'HiHel  Massiac  d'obtenir  une  audience  de  Sa  Majesté 
pour  lui  présenter  une  Adresse  du  Commerce  D'Amiens  relative  aux 
événemens  de  Saint-Domingue. 

«  Le  Roi  ayant  déjà  reçu  différentes  fois  des  Députations  à  cet 
égard,  et  ayant  témoigné  de  vive  voix  ses  sentimens  à  MM.  les  Colons, 
Sa  Majesté  m'a  autorisé  à  recevoir  d'eux  l'adresse  dont  il  s'agit,  et  à 
la  mettre  sous  ses  yeux. 

«  Le  Minisirf  de  la  marine  :  ïh:  Rertrand. 

«  M.  Cormier  (3).  » 

Roussel  de  Blanchelande,  commandant  pour  le  roi,  gouverneur  de 
Saint-Domingue,  ennemi  des  nègres,  ami  des  contre -révolutionnaires, 
et  qui  avait  provoqué  en  partie  les  soulèvements  par  ses  mauvaises 
mesures,  entretenait  correspondance  avec  la  Société  de  l'Hôtel 
de  Massiac.  Il  était  lié  avec  les  principaux  meneurs  parmi  les  colons 
blancs. 


(1)  l'ulriole  f'ruuruis,  rii  8134.  12  décembre  1191. 

(2)  Annales  patriotiques,  n°  804,  15  décembre  1791. 
(:])  Areh.  Nat.,  Club  de  Massiac^ 


CLUB  DE  L'HOTEL  DE  MASSIAC  «l 

Jilanchelande,  maréchal  de  camp,  fut  plus  tard  condamné  à  mort, 
comme  convaincu  d'avoir  ordonné,  à  Saint-Domingue,  des  arresta- 
tions illégales  et  des  déportations  arbitraires;  d'avoir  adhéré  à  un 
parti  dont  les  intentions  étaient  d'armer  les  citoyens  les  uns  contre 
les  autres  et  soufflé  le  feu  de  la  guerre  civile.  Il  est  certain  ([u'il 
avait  résisté  aux  ordres  de  l'Assemblée  et  conx;u  le  projet  de  rétahlir 
l'ancien  régime  à  Saint-Domingue  (1). 

Nous  reproduisons  une  lettre  qu'il  adressait  aux  membres  de  la 
Société  correspondante  des  Colons  français.  Elle  montre  jusqu'à  (|ucl 
point  il  servait  les  intérêts  des  blancs  : 

«  Au  Gap,  le  26  avril  1702. 

«  Jay  Reçu,  Messieurs,  Il  y  a  peu  de  Jours,  La  Lettre  cpie  vous 
m'avés  fait  L'honneur  de  m'Ecrire  le  27  Novembre  Dernier. 

«  Je  suis  Inhniment  tlaté  de  ce  que  vous  voulés  bien  me  Dire  D'obli- 
geant de  la  part  de  MM.  les  Membres  de  la  Société  correspondante 
des  Colons  françois.  J'aurais  bien  souhaité  pouvoir  Remplir  vos  Dé- 
sirs d'une  manière  plus  utile,  Mais  J'ay  si  constamment  Eprouvé  des 
Contrariétés  et  des  Entraves  que  mes  Viies,  mes  Démarches,  mes  Sa- 
crifices et  mes  Efforts  ont  Été  Impuissans. 

«  Je  M'Empresseray,  Messieurs,  de  faire  part  aux  Officiers  Généraux, 
Supérieurs  et  Particuliers,  que  vous  Dénommés  dans  Votre  Lettre,  de 
L'article  qui  les  concerne;  H  est  bien  vray  que  ces  MM.  ont  montré 
un  Zèle,  un  Courage  et  un  Dévouement  pour  la  Colonie  bien  Dignes 
dEloges  et  de  la  Reconnoissance  (|ue  vous  manifestés  à  leur  Egard. 

'  Jai  Llutnneur  D'Être,  avec  un  Respectueux  attachement, 
'<  Messieurs, 
<'  Votre  ti'ès  humble  et  très  Obéissant  Serviteur. 

«  Rlanchklanuk. 

'-  MM.  Les  membres  de  la  Société  correspondante  des  Cohnis  fran- 
çois, à  Paris  !2\  -> 

Vlll 

A  propos  des  affaires  de  Saint-Domingue,  la  presse  et  les  clubs 
|)ali"iotes  ne  manquèrent  pas  de  mettre  en  cause  le  Cluh  dn  CllùlcÀ  de 
Massiac.  Les  esclaves,  ayant  été  abandonnés  par  l'Assemblée  consti- 
tuante, n'écoutaient  plus  rien;  des  luttes  épouvantables  avaient  lieu. 


(1)  Exécuté  sur  la  place  de  la  Uéuuiou,  k  Paris,  le  1.'.  avril  i7!t;{. 
2)  Arch.  Nat..  r.lnh  do  .Uassiac  (cité  tfxtuellement}. 


82  LES  CLUBS  CONTRE  RÉVOLUTIONNAIRES 

Peu  s'en  éUiit  l'allu  que  l'Assemblée  de  Saiiil-DoniiMti,ue  ne  se  séparât 
tic  la  niélropole.  Vainement,  en  France,  les  législateuj's  avaient 
admis  tous  les  habitants  libres  aux  droits  politi(jucs  :  noirs,  blancs 
et  mulâtres  se  livraient  à  d'horribles  représailles.  La  ville  de  Port-au- 
iVince  était  brûlée  et  ruinée. 

Le  Patriote  français  imprima  : 

«  On  a  trouvé  dans  la  poche  d'un  nèf;re,  prisonnier,  une  lettre  en 
espagnol,  dans  laquelle  on  encourageoit  les  insurgens,  et  on  leur 
pi'omettoit  du  secours  au  nom  de  l'Espagne.  Nous  défions  rHôtel 
Massiac  de  nier  ce  fait  (1).  » 

On  accusait  le  club  d'intrigues  anti-françaises,  quand  les  Espagnols 
et  les  Anglais  convoitaient  l'Ile. 

Le  3  février  1792,  Doppet  (François-Amédée)  présenta  à  la  Société 
des  Jacobins  un  citoyen  de  Saint-Domingue,  «  victime  de  l'Hôtel  de 
Massiac,  et  qui  a  été  arraché  de  ses  foyers  pour  avoir  voulu,  à 
l'exemple  de  plusieurs  paroisses,  protéger  les  gens  de  couleur  ». 
Doppet  pria  les  députés  de  l'appuyer  auprès  de  l'Assemblée  nationale. 

Doppet  et  Ramond  furent  nommés  commissaires  pour  entendre  des 
éclaircissements  sur  ce  qui  se  passait  dans  les  colonies  (2). 

Mais  les  Colons  blancs  ne  cessaient  de  chercher  à  mettre  de  leur 
ciHé  les  pouvoirs  publics. 

Ils  s'adiiîssaient  au  ministre  de  la  marine  : 

<<  Paris,  lo  31  juillet  \VM. 
«  Monsieur, 
«  Le  Comité  de  la  Société  des  Colons  réunis  à  l'Hôtel  de  Massiac 
étant  chargé  par  elle  d'avoir  l'honneur  de  vous  voir,  a  arrêté,  par 
délilx'ration,  qu'il  se  rendroit  auprèsde  vous  dimanche  prochain, 
entre  une  heure  et  deux,  à  moins  que  vous  ne  lui  fassiez  sçavoir  (|u'il 
vous  seroit  impossible  de  le  recevoir. 
«  Je  suis,  avec  respect, 

«  Monsieur,  etc. 

«  M.  du  Bouchage,  Ministre  de  la  Marine  (."{).  >> 


(1)  Palriule  français,  i:»  888,  du  lu  janvier  1192. 

(2)  Séance  du  vendredi  3  février  1792.  —  Vini'  )a  Suciété  (/es  Jat-obiits,  par 
-Al.  A.  Aulard,  t.  III,  p.  3G3. 

(.'!)  Arcli.  Xat.,  Club  de  Massiac.  —  KrauçoisJusopli  Gralet.  vicomte  Du  Boucliape. 
éniigié  après  le  10  août  1792,  rentra  eu  France  sous  le  Consulat;  fut  impliqué, 
en  1806,  dans  une  conspiration:  recouvra  le  portefeuille  de  la  marine  en  ISl.'î. 
et  fut  nonuiié  pair  de  France  en  1817.  Moi'l  en  1821. 


CLUli  DE  L'HOTEL  DE  MASSIAC  S3 

.Nous  ignorons  si  le  Comité  fut  reçu  par  le  niiiiislre,  mais  nous 
n'oublions  pas  que,  à  ce  moment,  Dubouchage  conseillait  au  roi  de 
repousser  la  force  par  la  force  contre  les  hommes  du  10  août  179:2. 
Pair  de  France  sous  la  Restauration,  il  fit  une  proposition  en  faveur 
des  colons  blancs  de  Saint-Domingue.  En  18:25,  une  ordonnance 
royale  stipula  une  indemnité  pour  les  Français  expropriés. 

Après  la  journée  du  10  août,  le  Club  de  rHôtd  de  Masstac,  vu  sa 
composition,  fut  véhémentement  accusé,  dans  le  public,  non  seule- 
ment d'être  royaliste,  mais  encore  de  conspirer.  On  lit  dans  le  Journal 
de  Carra  .• 

«  Paris,  le  17  août.  —  On  a  arrêté  MM.  Thierrij^  Wittgenstein, 
Vitenkoff,  et  quelques  autres  conjurés.  On  a  mis  les  scellés  à  THôtel 
MasHiac  et  au  Club  Valoh  (1).  » 

Quelques  mois  plus  tard,  les  accusations  devinrent  encore  plus 
graves.  Prudhomme  imprimait  : 

«  On  assure  même  qu'on  engage  à  THùtel  Massiac  pour  le  parti 
royaliste.  C'est  à  l'administration  de  police  à  surveiller  exacte- 
ment (2).  » 

Mais  dans  le  ii"  185  du  même  recueil  parut  une  réclamation. 

't  Réclamai  ion. 

<'  Le  citoyen  Lamothc,  colonel  du  huitième  régiment  de  hussards 
de  la  Républi(iue  française,  demeurant  à  ribttel  Massiac,  place  ci- 
devant  des  Victoires,  réclame  contre  l'article  du  n"  18;},  page  112,  où 
il  est  dit  :  On  assure  qu'on  engage  à  rHôtel  Mass'ac  pour  le  parti 
royaliste.  Le  citoyen  Lamothe  proteste  de  son  attachement  à  la  Répu- 
blique, qu'il  assure  être  partagé  par  le  corps  qu'il  commande  ;  il  nous 
prie,  en  conséquence,  de  démentir  l'assertion  du  n"  183,  et  de  publier 
qu'il  lient  son  commandement  d'un  décret  de  la  Convention  natio- 
nale, qui  a  reconnu  son  patriotisme  (3).  » 

Tout  cela  démontre  le  fond  de  la  politique  suivie  par  la  société. 

Si  les  amis  des  noirs  regardaient  les  colons  comme  des  réaction- 
naires dangereux,  les  ardents  amis  des  blancs  trouvaient  le  Club  de 
Massiac  trop  timide,  et  ils  accusaient  de  faiblesse  les  députés  de 
Saint-Domingue,  les(juels  n'osaient  pas  braver  l'opinion  publique  en 
France.  Ils  s'exclamaient  : 

(1)  Annales  palriotiqiteii,  n'  231,  18  août  1792.  (Voir  Club  île  Valois.) 
(■2)  mvolullons  (le  Paria,  n"  183,  du  o  au  12  janvier  1793. 
(:i)  liévolutions  de  l'aris,  n"  18o,  du  19  au  26  janvier  1793* 


8^1  LES  CLUBS  GONTRE-Hl'îVOLUTlONNAlIlES 

<(  Et  vous,  colons  indolens,  qui  perdez  des  journées  précieuses,  en 
temporisant  à  l'Hôtel  de  Massiac  ou  en  tâchant  de  vous  distraire  dans 
les  divers  spectacles,  qu'on  ne  cesse  de  multiplier  comme  des  hochets, 
pour  vous  étourdir  sur  vos  maux  passés  et  présents,  que  ne  retournez- 
vous  dans  vos  îles,  rendre  à  votre  gouverneur  toute  l'autorité  qui  lui 
l'ut  confiée  par  le  Roi;  autorité  que  des  êtres  également  repoussés  par 
vous  et  par  vos  esclaves,  s'efforcent  continuellement  d'avilir?...  (1).  » 

Ces  récriminations  outrepassaient  la  mesure,  car,  depuis  une  année, 
le  Comité  des  affaires  étrangères,  gagné  par  les  partisans  du  Club  de 
Massiac,  avait  proposé,  sous  la  Constituante,  qu'aucune  loi  ne  fût 
votée  sur  l'état  des  personnes,  aux  colonies,  sans  avoir  été  demandée 
par  les  assemblées  coloniales. 

Les  événements  du  Cap  et  de  Port-uu-Princc  n'eussent  pu  être 
empêchés  par  les  cluhistes  de  Paris. 


Vlll 


Malgré  les  efforts  des  colons  blancs  contre  les  noirs,  le  gouverne- 
ment de  la  République  voulut  prendre  des  mesures  pour  pacifier  les 
colonies.  La  Convention,  qui  venait  de  juger  Louis  XVI,  écartait 
toute  idée  de  laisser  les  choses  s'envenimer  à  Saint-Domingue;  elle 
prévoyait  d'affreux  malheurs,  qui,  peut-être,  profiteraient  aux  Anglais 
ou  aux  Espagnols.  Les  nègres  étaient  déchaniés. 

Loin  de  se  laisser  prendre  aux  agissements  du  Chih  de  VHôlcl  de 
Massiac,  elle  essaya  de  calmer  l'irritation  de  la  population  noiie  à 
Saint-Domingue,  sans  adopter  des  mesures  radicales. 

Dans  la  séance  du  17  février  1793,  sept  heures  du  soii",  au  Comité 
de  défense  nationale,  le  ministre  de  la  marine  proposa  d'examiner 
quels  étaient  les  moyens  d'apaiser  la  révolte  des  nègres  et  de  reiulre 
le  calme  à  nos  colonies. 

Ou  soumit  à  la  discussion  les  moyens  suivants  : 

1"  Ouverture  des  ports; 

iJ°  Envoi  de  compagnies  franches  de  naturels  des  colonies; 

3"  Adoucissement  au  sort  des  noirs; 


(1)  Cri  de  Vhonneut'  et  de  la  vérité  (1792),  brochure,  par  Joseph  <h'  Barrucl- 
Heauvcrt.  Bibliothèque  de  la  Chambre  des  députés,  Bf"  222  (t.  XXXIX). 

Le  comte  de  Barruel-Beauvert,  écrivain  royaliste,  était  parent  de  Rivarol  et 
collabora  aux  Actes  des  Apôtres.  Il  figura  parmi  les  gens  qui,  après  la  fuite  de 
Louis  XVI,  s'offrirent  pour  être  les  otages  du  roi  fugitif.  Auteur  des  Carirutures 
politiques. 


CLUB  DE  LHOTEL  DE  MASSIAC  85 

4"  Envoi  de  troupes,  irim  bon  commandant,  d'un  bon  comniis- 
>;iire; 

5°  Sévérité  contre  les  contre-révolutionnaires. 

L'ouverture  des  ports  fut  adoptée;  le  surplus  fut  ajourné  (1). 

Dans  la  séance  du  22  février,  au  même  comité,  il  fut  décidé  qu'un 
projet  de  décret  ferait  rassembler  le  plus  grand  nombre  possible 
<]" hommes  libres  de  Saint-Domingue  pour  les  envoyer  dans  cette  île. 
Quant  à  la  question  de  l'adoucissement  de  l'esclavage  des  noirs,  il 
fut  convenu  qu'on  l'agiterait  de  nouveau,  et  qu'alors  on  appellerail 
les  colons  dignes  de  confiance  qui  étaient  en  ce  moment  îi  Paris  (2;. 

Le  Conseil  exécutif  fut  autorisé  à  prendre  toutes  les  mesures  néces- 
saires pour  la  défense  des  colonies. 

Dans  la  séance  du  23  février  1793,  au  Comité  de  Défense  générale. 
Page,  commissaire  de  Saint-Domingue  (Voir  Moniteur^  XVII,  590; 
XTX,  649;  XXI,  o67,  585;  XXII,  442;  XXIII,  G95;  XXV,  4),  commu- 
niqua ses  réflexions  sur  Saint-Domingue.  «  Il  existe,  dit-il,  deux  partis 
dans  cette  île;  il  faut  tâcher  de  les  rapprocher  et  faire  exécuter  la  loi 
dîins  toute  sa  rigueur,  etc.  (3).  »  "~ 

'«   COMITl';   niî    DKFBNSE    UKNKRALK 

(>  Dimanche,  3  mars  1793,  midi. 

«  D'après  le  rapport  que  font  au  Comité  trois  citoyens  venant  de 
Saint-Domingue,  au  3  janvier,  leur  départ  [sic]  de  cette  île,  les  nègres 
révoltés  manquaient  de  tout  et  demandaient  à  rentrer  dans  leurs 
ateliers,  de  manière  qu'à  moins  de  nouvelles  dissensions,  qui  n'étaient 
l'as  probables,  la  révolte  doit  avoir  élé  ('■Iciiilc  dnns  lît  quinzaine  qui 
;)  suivi  le  départ  des  trois  citoyens. 

«  D'après  le  même  rapport,  les  hommes  de  couleur  se  sont  conduits 
pai'faitement  dans  toutes  hes  circonstances  et  dans  celles  mêmes  où 
ils  ont  (^té  le  plus  maltraités. 

«  Les  troupes  françaises  périssent  par  l'humidité,  les  grandes 
chaleurs  et  l'usage  des  cannes  à  sucre,  et  leur  nombre  se  trouve,  à  ce 
qu'il  paraît,  réduit  au  tiers  et  peut-être  au  quart.  Cet  inconvénient 
rend  préférable  à  tout  autre  le  parti  d'employer  des  naturels  du 
pays  à  la  défense  des  colonies  (4).  »  • 


(1)  llecueil  des  actes  du  Comité  de  Salut  public,  etc.,  publié  pir  V.  A.  Aulard, 
I.  11,  p.  15o.  Imprimerie  nationale  (1889),  in-S". 

(2)  Recueil  des  actes  du  Comité  de  Sahit  publie,  etc.,  pnbli<''  par  K.  A.  Aiilanl. 
t.  11,  p.  173. 

(3)  Idejn,  ibid.,  p.  185  et  186. 
('*)  Idem,  ibid.,  p.  24o  et  246. 


8(i  LES  CLUnS  CONTRE-llÉVOLUTlONNAlRKS 


IX 


Avec  sa  réputation  bien  établie  de  société  contre-révolutionnaire^ 
le  Clul)  (le  Massiac  ne  cessa  pas  d'être  visé  davantage,  à  mesure  (|ue 
les  Montagnards  de  la  Convention  devinrent  plus  forts.  La  loi  des 
suspects  (17  septembre  1793)  atteignait  les  gens  «  qui  avaient  signé 
des  pétitions  contre-révolutionnaires,  ou  qui  avaient  fréquenté  des 
clubs  et  sociétés  anti- civiques  ».  Gouy  d'Arsy  avait  été  l'objet  d'un 
mandat  d'arrêt  lancé  par  le  Comité  de  sûreté  générale.  Ordre  avait 
été  donné  de  le  mettre  h  l'Abbaye  et  d'apposer  les  scellés  sur  ses 
papiers. 

Dans  la  séance  du  19  ventôse  an  II  (9  mars  1794),  à  la  ConvtMilion 
nationale,  Gonpilleau  (de  Montaigu)  dit  : 

«  Citoyens,  je  dénonce  à  la  Convention  une  mesure  contre-révolu- 
tionnaire imaginée  par  les  colons  de  Saint-Domingue  logés  î\  Paris, 
à  l'Hôtel  de  Massiac.  Le  citoyen  Joznet  (1),  dont  vous  connaissez  le 
civisme,  vient  d'être  nommé  par  le  ministre  de  la  guerre  pour  com- 
mander les  forces  que  le  gouvernement  envoie  à  Saint-Domingue 
pour  faire  exécuter  le  décret  sur  l'abolition  de  l'esclavage  des  nègres. 
Eh  bien  !  au  moment  où  il  se  disposait  à  partir,  ce  citoyen  vient 
d'être  jeté  dans  les  prisons.  Je  demande  que  les  députés  de  Saint- 
Domingue,  de  concert  avec  le  Comité  de  sûreté  générale,  recherchent 
h's  auteurs  de  cette  intrigue  (2).  » 

Diifays  (député  de  Saint-Domingue)  dit  : 

<*  J'ai  connu  à  Saint-Domingue  le  citoyen  .Jozjjet;  son  pati'iofjsme 
le  faisait  estimer  de  tous  les  bons  républicains.  J'ignore  les  motifs  de 
sîi  détention.  » 

Puis,  Clauzel  (député  de  l'Ariège)  : 

«  Un  renvoi  au  Comité  de  sûreté  générale  entraînerait  des  lon- 
gueurs qui  empêcheraient  la  prompte  exécution  du  décret  que  vous 
avez  rendu  en  faveur  des  nègres.  Je  demande  que  le  patriote  Joznet 
soit  amené  à  la  barre,  pour  iiish'uire  la  Convention  des  motifs  de  son 
arrestation.  » 


Celte  proposition  est  «lécrétée 


(1)  Joznel,  (lit  Lavinletle. 

(i')  Cliarlfs-Aiim'-  (Joupilloau.   nuLaiiv  à  Montaiçrn,   (ir-pul/'  ilf  la  Vionno  i"i  la 
Conveiilioii. 


CLUB  DE  L'HOTEL  DE  MASSIAC  S7 

Tfniriot  :  «  Je  (lomaiide  (iu"en  même  temps  ([u'oii  exécutera  1<ï 
ilccret  que  vous  venez  de  rendre,  le  Comité  de  sûreté  f<énéralepreini(^ 
des  renseignements  auprès  de  la  police  et  des  comités  de  surveil- 
lance sur  les  motifs  de  l'arrestation  tlu  citoyen  Joznel.  » 

Fai/au  (député  de  la  Vendée)  :  «  J'annonce  à  l'Assemblée  qu'il  y  a 
dans  les  Sociétés  populaires  des  sections  de  Paris  des  hommes  qui  se 
disent  colons,  et  (jui  ne  sont  connus  dans  les  colonies  que  par  les 
vexations  qu'ils  y  ont  exercées.  Je  demande  qu'on  les  surveille,  car 
ils  intriguent  pour  empêcher  l'exécution  du  décret  qui  rend  la  liherlé 
aux  nègres.  » 

f.a  proposition  de  Thminl  est  adoptée  (1). 

A',  /y.  —  A  la  fin  de  la  séance  du  19  ventt'tse,  le  citoy(in  Joznet  a 
paru  à  la  barre;  il  a  dit  avoir  été  mis  en  état  d'arrestation  par  ordre 
de  l'administration  de  police  de  Paris,  sur  la  demande  faite  pai'  le 
Comité  révolutionnaire  de  Xantes.  —  Une  discussion  s'est  engagée,  à 
la  suite  de  laquelle  le  décret  suivant  a  été  reiulu  : 

«  La  Convention  nationale  décrète  : 

«  Article  premier.  —  Tous  les  colons  ([ui  ont  été  membres  de  l'as- 
semblée de  Saint-Marc  et  de  celle  connue  depuis  sous  le  nom  d'assem- 
bli-e  coloniale^  les  agents  de  ces  assemblées  et  les  membres  des  Clubs 
de  Massiac  et  des  Colonies,  aciuellemenf  en  France,  sont  nn's  en  élal 
d'arrestation. 

"  IL  —  Les  scellés  seront  apposés  sur  les  papiers  de  tous  les  colons 
résidant  à  Paris. 

«  III.  —  Les  signataires  des  dénonciations  faites  au  Comité  ri'vo- 
lutionnaire  de  Nantes  contre  le  général  Joznet  seront  mis  en  état 
d'arrestation  et  traduits  devant  le  Comité  de  sûreté  gén(''rale  de  la 
Convention. 

«  IV.  —  j^es  dénoiH'ialions  et  les  pièces  y  relatives  (b'posi'es  au 
Comité  revolutioniuiii'i.'  de  .Nantes,  seront  a[)portées  au  Coinit(''  de 
sûreté  générale. 

«  V.  —  Les  citoyens  lioulin  et  Chaux,  meuihi'es  du  Comité  révolu- 
tionnaire de  Xantes,  se  rendront  auprès  du  Comité  de  sûreté  géné- 
l'ale  pour  y  donner  les  renseignements  qui  leur  seront  demandés. 

"  VI.  —  La  Convention  renvoie  au  Comité  de  salut  public  pour 
prononcer  sur  la  mise  en  liberté  du  général  Joznet. 

"'  Vil.  —  Le  présent  (h'crel  sera  porté  pai'  un  coui'i'iei'  exlrnor- 
(I inaire.  » 

n  Tliuriut  était  mcnibri'  du  Cuniilé  de  Salut  puljlic,  député  do  la  Manif. 


88  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Après  avoir  reproduit  ce  qui  précède  sur  cette  partie  de  la  séance, 
le  Moniteur  universel  ajoutait  : 

«  Le  Club  Massiac,  ainsi  appelé  de  Fhôtel  où  se  tenaient  des  colons 
de  Saint-Domingue,  n'était  composé  que  de  colons  ennemis  de  l'éman- 
cipation et  généralement  de  toutes  les  mesures  révolutionnaires;  ce 
club  existait  depuis  le  commencement  de  la  Révolution  (1).  » 


X 


Les  scellés  furent  apposés,  peu  après,  sur  les  locaux  occupés  par 
les  membres  de  la  société. 

Nous  avons  vu,  aux  Archives,  une  «  Notte  des  Registres  et  au- 
tres Papiers,  concernant  le  Club  des  Colons  Blancs,  tenant  à  THôtel 
Massiac,  trouvés  sous  des  scellés  apposés  au  dit  hôtel;  Lesquels 
ont  été  Remis  au  Comité  de  Surveillance  du  Département  de  Paris 
J*ar  La  Division  des  Émigrés  à  l'Administration  du  département  de 
Paris  (2)  ». 

Mais  ces  registres  et  papiers  n'ont  pas  été  c<mservés.  On  sait  seule- 
ment qu'il  y  avait  une  Adresse  au  roi  contre  un  décret  proposé  par 
Hrissot. 

«'  Signé:  Vardon,  J.-M.  Musset,  Ingrand,  Michaud,  Borda,  Archier.  > 

Quand  le  Club  de  l'Hôtel  de  Massiac  eut  cessé  de  fonctionner. 
riicUel  fut  occupé  par  une  société  financière,  après  le  9  thermidor. 
I^llc  émit  des  billets  de  banque. 

On  raiiiionca  ainsi  dans  le  Journal  de  Paris.  : 

"Il  vi(Mit  de  s'ouvrir  une  Caisse  d'esronipte  à  la  maison  Massiac, 
jtlace  des  Victoires.  Elle  escompte  le  pa])ier  solide  à  un  modicpie 
intérêt,  etc. (3).  » 

Le  même  journal,  l'année  suivant»»,  annonça  encon^  : 
«   Plusieurs  journaux  ont  publié  que  la  Caisse  des  comptes  courants, 
établie  Hôtel  Massiac,  avait  été  dissoute  par  le  gouvernement.  Cet 
établissement,  qui  jouit  dans  le  public  d'un»;  ti'ès  grande  contianc*', 
n'a  pas  souffert  la  moindre  atteinte  (4).  » 

Quelques  jours  après,  il  imprimait  : 

«  H  vient  de  s'(''tablir,  place  des  Victoires,  un  cercb'  de  ni'gocians. 


(1)  Note  du  Moniteur  universel,  sigiiôc  L.  (4. 

(2)  Arch.  Nat.,  Club  de  .Massiac. 
(:t)  Journal  de  Paris,  19  juillet  1796. 
('0  l/fern,  numéro  du  5  octobre  1797. 


CI.UB  DE  i; HOTEL  DE  MA8SIAC  89 

Pour  y  être  a4mis,   il  faut  :  1"  être  négociant;  2"  n'avoir  jamais 
manqué  à  ses  engagements  (1).  « 

C'est  donc  par  un  établissement  financier  que  fut  remplacé  le  Club 
de  V Hôtel  de  iMassiac,  dont  les  membres  se  dispersèrent  en  France 
ou  aux  colonies,  après  avoir  vainement  cherché  à  empêcher  Taffran- 
chissement  des  nègres  et  à  conserver  les  vieilles  prérogatives  des 
blancs,  propriétaires  d'esclaves  comme  de  troupeaux  et  d'habitations. 

On  sait  que  le  premier  Consul  voulut,  en  1801,  la  soumission  com- 
plète de  Saint-Domingue  et  la  restauration  de  l'esclavage,  comme  il 
le  fit  à  la  Martinique  et  à  la  Guadeloupe;  on  sait  qu'il  entreprit  une 
expédition  malheureuse,  et  que  le  général  Leclerc  s'empara  de  Tous- 
saint-Louverture,  quand  celui-ci,  ayant  mis  fin  à  la  guerre  civile, 
acceptait  la  suzeraineté  de  la  France. 

(1)  Journal  de  l'nris,  13  orlobro  1797. 


CLUB  DES  IMPARTIAUX 

l^'on*!.-     î\   PnT-i^^,    n     ]n    Hn    do    VnuvM-u-    1789. 


1 


Sur  l'emplacorruMil,  du  niai'cli(''  de  la  Vallrc,  aujourd'hui  disparu, 
st'dovail,  depuis  le  milieu  du  Ircizièmo  siècle,  un  couveni,  de  moines 
<lil,s  (irnnds-AïKjiistins.  Là  s'étaienl  réunies  plusieurs  fois, les  assem- 
blées du  Parlement  et  des  l^lals-(^fén(''raux.  sous  l'aneienne  monar- 
chie. 

Quelques  vastes  salles  des  Grands-Auguslins  avaient  aussi  servi  de 
lieu  de  réunion  pour  le  haut  clergé  tous  les  dix  ans,  pour  les  cheva- 
liers du  Saint-Esprit,  et  pour  les  assemblées  des  Comptes,  de  cinq 
ans  en  cinq  ans. 

Le  couvent  était  situé  au  bas  du  Pont-Neuf,  sur  le  quai  portani 
encore  le  nom  des  religieux,  qui  étaient  dispersés. 

Malouet  et  quelques-uns  de  ses  amis  y  réunirent  des  «  modérés  », 
des  membres  du  cAté  droit  de  l'Assemblée  nationale,  pour  les  opposer 
aux  «  avancés  »  du  Club  Breton,  fondé  à  Versailles,  dans  le /ir?/)oso/r. 

Aussi,  le  î)  janvier  1700,  le  journal  V Observateur  (1)  contenait  cette 
appréciation  :  «  Il  existe  à  Paris,  depuis  un  mois,  deux  associations 
libres,  dont  Tune  s'occupe  sans  relâche  du  bonheur  de  la  nation,  et 
l'autre  du  bien-être  de  quelques  particuliers.  La  première,  fondée 
par  les  députés  de  Bretagne,  se  rassemble  aux  Jacobins  de  la  rue 
Saint-lfonoré  ;  la  seconde,  formée  par  des  évêques  et  de  gros  béni'- 
liciers,  se  rassemble  aux  Grands-Augustins.  Les  bons  citoyens  ci-ai- 
gnent  l'Augustine,  les  mauvais  ont  peur  de  la  Jacobine,  » 

Cette  association  de  mod('n's  se  constitua  à  l'imitation  des  Jaco- 


(I)  IMJhserouleiir,    u"  70,    par  Kcydfl  ;  journal   <|ni   (larul  du   l"  août  nSO  au 
12  octobre  1790. 


9-2  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

hins.  Pour  ne  pas  paraître  anti-patriotes,  ces  clubistes  laissèrent  en 
dehors  Maury,  d'Éprémesnil  et  le  vicomte  de  Mirabeau,  tout  à  fait 
opposants,  déterminés  royalistes.  Ils  s'attachèrent,  à  côté  deMalouet, 
qui  avait  voté  pour  la  réunion  des  trois  ordres,  le  comte  de  Virieu, 
député  du  Dauphiné,  La  Fare,  évèque  et  député  de  Nancy  (1);  Fran- 
çois-Louis Hutteau,  avocat,  lequel,  quoique  partisan  des  idées  nou- 
velles, votait  souvent  avec  la  minorité;  le  chevalier  de  Boufllers, 
membre  de  l'Académie  française  et  député  de  Nancy,  poète  de  salon  : 
Rulhières,  qui  avait  écrit  pour  l'instruction  du  dauphin  (Louis  XVI) 
une  Histoire  des  troubles  de  la  Pologne  ;  Mallet  du  Pan,  journaliste 
qui,  avec  Linguet,  avait  rédigé  les  Annales  politiques  et  littéraires;  et 
peut-être  le  poète  Fontanes,  dont  VEpilre  à  Louis  XVI  sur  redit  eu 
faveur  des  non  catholiques  avait  été  couronné  par  l'Académie  et  avait 
fait  quelque  bruit  parmi  les  partisans  de  la  tolérance  religieuse. 

Les  meneurs,  en  réalité,  eurent  avec  eux,  lors  de  leur  première 
réunion,  presque  tout  le  côté  droit,  qu'ils  divisèrent.  «  On  fit  l'obser- 
vation, dit  Bûchez  (2),  qu'ils  s'occupèrent  des  moyens  d'assurer  la 
conservation  de  ce  qui  resterait  des  biens  ecclésiastiques,  après  le 
prélèvement  des  400  millions  ordonné  par  l'Assemblée  nationak*; 
on  nota  aussi  avec  plaisir  les  échecs  qu'ils  éprouvèrent.  Ils  avaient 
appelé  le  cardinal  de  Rohan  :  celui-ci  se  retira  en  déclarant  qu'il  ne 
voulait  point  faire  partie  d'une  réunion  instituée  dans  le  but  unique 
de  faire  de  l'opposition.  » 

Michelet  a  parfaitement  saisi,  lui  aussi,  le  principal  but  des  fonda- 
teurs, au  début  du  club.  «  Ils  demandaient,  dans  leur  déclaration, 
écrit-il,  qu'on  rendit  force  au  roi,  et  qu'on  subordonnât  l'alir-nation 
des  biens  du  clergé  à  la  volonté  des  provinces (.'^).  » 

D'ailleurs,  ils  se  targuaient  déjà  <rimpartialité,  bien  que  leur  modé- 
ration fût  de  l'esprit  de  parti. 

Tout  en  assurant  que  Louis  XVI  et  Madame  Adélaïde,  fille  aînée  de 
Louis  XV,  embrassaient  sincèrement  la  doctrine  des  Impartiaux, 
Malouet  «  certifiait  que  la  cour  n'avait  été  pour  rien  dans  la  forma- 
tion du  club  ». 

Comme  le  couvent  des  Grands-Augustins  était  situé  sur  le  territoire 
du  district  de  l'Abbaye  Saint-Germain  des  Prés,  le  district  s'assembla 


(1)  Prédicateur  de  la  cour,  qui  s'était  écrié  en  chaire,  le  4  mai  1789  :  «  Sire,  le 
peuple  sur  lequel  vous  régnez  a  donné  des  preuves  non  équivoques  de  sa  pa- 
tience... C'est  un  peuple  martyr,  à  qui  la  vie  semble  n  avoir  été  laissée  que  pour 
le  faire  souffrir  plus  longtemps.  » 

(2)  Hisloire  partenienlalre  de  la  Révolution. 

(.'{)  J.  Michelet,  Histoire,  de  la  Révolutiov  franmise.  t.  I,  chap.  iv,  p.  199. 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  «j;^ 

et  décida  que  la  réunion  des  modérés  ne  pouvait  être  considéi-ée  que 
comme  un  attroupement,  qu'elle  serait  dissipée  par  la  force,  à  moins 
qu'elle  ne  consentit  à  délibérer  en  présence  de  quatre  commissaires 
nommés  par  le  district.  La  foule  huait  les  membres  de  la  réunion. 

Bienl«M  décriés,  des  Grands-Augustins  les  modérés  s'en  allèrent 
former,  à  la  Chaussée-d'Antin,  le  Club  des  Im'pariiaux.  Leurs  assem- 
blées continuèrent,  mais  rue  de  la  Michodière,  n"  8  (1).  Elles  protes- 
taient contre  les  tendances  des  Jacobins,  elles  donnaient  au  peuple 
l'enseignement  du  côté  droit  (2).  Elles  eurent  un  journal,  dit  Journal 
des  Impartiatu.,  rédigé  par  M.  Salles  de  la  Salle  (3),  et  portant  pour 
épigraphe  :  Justice,  Vérité,  Constance.  Le  premier  numéro  est  pré- 
cédé de  deux  écrits  intitulés,  —  le  premier,  Club  des  Impartiaux; 
exposé  des  motifs  qui  ont  porté  les  impartiaux  à  se  réunir,  et  récit 
des  circonstances  qui  ont  précédé  cette  réunion  ;  —  le  deuxième. 
Principes  des  Impartiaux. 

De  droit  étaient  membres  tous  les  représentants  qui  signaient  la 
déclaration  de  principes;  était  reçue  membre  adjoint,  ayant  droit  de 
proposer  des  motions,  avec  voix  consultative,  toute  autre  personne 
présentée  par  un  sociétaire,  agréée  par  le  Directoire,  et  qui  signait  la 
même  déclaration.  Le  Directoire,  chargé  de  l'administration,  se  com- 
posait du  bureau  et  de  sept  membres,  se  renouvelant  par  moitié  tous 
les  quinze  jours.  Une  garde,  composée  d'adjoints  désignés  par  le 
Directoire,  était  constamment  présente  au  club,  assez  bien  organisé. 

Clermont-Tonnerre  présenta  aux  Impartiaux  un  discours,  l'elali- 
vement  à  celui  ([ue  le  roi  était  venu  prononcer  le  4  février  (1790).  à 
l'Assemblée  nationale. 

«  Cette  société  l'agréa,  le  lit  imprimer.  »  Elle  se  montrait  ainsi 
royaliste,  quand  Louis  XVI  promettait  de  respecter  et  de  sauvegarder 
la  liberté  constitutionnelle,  de  préparer  son  fils  au  régime  nouveau  : 
quand  le  côté  droit  était  consterné,  en  voyant  la  majorité  applaudir 
en  môme  temps  que  les  tribunes,  et  jurer  de  maintenir  la  Constitu- 
tion que  les  députés  décréteraient,  que  Louis  XVI  accepterait. 

Cazalès  demanda  alors,  pour  cause  de  troubles,  trois  mois  de  dicta- 
ture pour  le  roi,  et  ne  fut  pas  écouté,  malgré  son  éloquence. 

Les  Jmj/nrtiaux  approuvèrent  les  brochures,  les  articles  de  joui- 
naux  prêchant  la  modération,  mettant  sur  le  même  pied  l'Assemblée 


(1)  En  eflet,  le  Babillard,  dans  son  numéro  du  13  août  1791,  parle  «  d'un  duh 
de  la  rue  de  la  Michodière.  » 

(2)  Louis  Blanc,  Histoire  de  la  Révolution,  t.  V,  cliap.  v,  p.  98. 

(3)  ln-8".  Parut  du   i  février  au  17  avril  1791.  --    Jtddi'>f/ra/drir  do  .M.  .Maurice 
Tournoux. 


04  LliS  CLUBS  CONTHli-UÉVOLUTlONNAlUES 

iiatioiuilc  ol  1(!  roi,  devenu  constitutionnel.  Ils  publièrent  des  écrits 
({ui  tenaient  le  juste  milieu  entre  la  souveraineté  royale  et  les  droits 
respectables  des  représentants  de  la  nation.  Donnons  un  exemple  : 

Extraits  de  V Apologie  de  l'égoïsme,  brochure  des  Impartiaux  : 

«  ...  L'égoïsme  vicieux  par  excellence  est  celui  des  hommes  «  (lui 
bouleverseraient,  s'il  le  fallait,  un  empire,  pour  contenter  leur  ambi- 
tion démesurée  :  ils  emploient  les  détours  de  l'intrigue,  les  poisons 
de  la  calomnie  pour  parvenir  à  leurs  lins;  ils  masquent  leurs  vues 
criminelles  du  voile  du  bien  public  ;  le  patriotisme  dont  ils  font  parade 
est  sur  leurs  lèvres  et  non  dans  leurs  cceurs;  ils  sont  égoïstes,  mais 
leur  égoïsme  destructeur,  bien  loin  de  leur  être  avantageux,  iinit 
souvent  par  les  précipiter  eux-mêmes  dans  l'abîme  qu'ils  avaient 
creusé  pour  les  autres. 

«  L'égoïste  vertueux  n'est  d'aucun  parti,  d'aucune  faction,  d'aucun 
complot.  Les  supérieurs  le  considèrent,  ses  égaux  l'aiment,  ses  infé- 
rieurs le  respectent  :  il  est  heureux... 

«  ...Je  dirai  aux  artisans  et  aux  agriculteurs  :  n'abandonnez  plus 
vos  ateliers,  pensez  que  vous  avez  une  femme  et  des  enfants  à  nourrir, 
ne  confondez  pas  la  liberté  naturelle  et  raisonnable  avec  la  licence 
eiï'rénéc  :  la  véritable  liberté  consiste  à  ne  pas  faire  à  autrui  ce  <|ue 
vous  ne  voudriez  pas  (lu'oii  vous  fit.  Je  loue  votre  zèle  pati-iotique, 
nuiis  ne  passez  pas  les  bornes  (jue  la  raison  et  votre  intérêt  même 
vous  prescrivent. 

«  Je  dirai  à  tous  les  Français  :  Ne  troublez  plus  la  tranijuillité, 
l'harmonie  et  les  opérations  de  l'auguste  Assemblée  qui  s'occupe  de 
la  nouvelle  Constitution  (1).  » 

L'auteur  espérait  arrêter  les  atlaijues  des  châteaux  et  les  coiillits 
avec  les  chefs  militaires. 

V  l'aide  de  leur  journal,  les  Jmparlîau.r  tirent  de  la  |)ropagande 
dans  les  provinces,  comme  on  le  voit  par  la  lettre  (}ui  suit  : 

"   LcHr<'.  du  rrdacienr  du  Journal  des  Impartiaux  à  M.  le  l'rocurciir 
de  la  commune  d'Uzerchi'. 

«  Monsieui'. 
<(   Le  Club  des  Impartiaux,  en  insérant  la  délibération  de  la  com- 
mune d'Uzerche  dans  son  journal,  a  remarqué  les  justes  plaintes  que 
vous  faites  de  l'infidélité,  de  la  partialité  et  de  l'exagération  de  la 


(I)  Apologie  de  l'égoïsme,  broi^hurc  pai'uo  en  1700  j  piussun,   brochure  publiée 
«ans  d<jute  i»ar  un  Impurlial^ 


C LU B  DES  1 M  t'A RTJ  A  U  X  ' •.. 

plupai'l  dos  jom-iiaiiv  i'(''paiiilus  dans  votre  i)i()viiice.  Le  sien  ayant 
été,  depuis  son  origine,  rédigé  dans  des  principes  d'une  uiodération 
constante,  le  club  a  pensé  que  vous  le  recevriez  avec  plaisir.  Il  me 
charge  de  vous  en  adresser  les  dix  premiers  numéros  (1).  » 

Le  27  mai  1790,  la  municipalité  de  Poitiers  dénonça  une  adresse 
(les  dé'putés  «  dits  du  (îluh  des  Impartiaux  »,  ipii  l'excitait  à  protester 
contre  les  déci'ets  de  l'Assemblée  nationale. 


II 


l)onc  le  club,  composé  de  modérés,  réclamant  sans  cesse  le  caluu'. 
la  ti'anquillité,  l'ordre  public,  présentait  un  type  qui  s'est  perpétué 
pendant  et  après  la  Révolution,  jusqu'à  nos  jours.  Beaucoup  de  ses 
membres  étaient  «  enragés  de  modération  ». 

On  imprima  une  curieuse  lettre  adressée  au  rédacteur  du  Journal 
des  Impartiaux  : 

«  Letfrf  au  rédacteur  du  Journal  des  Impartiaux. 

«  Paris,  lo  février  1790. 
"  Tous  les  bons  citoyens,  Monsu:l'K,  ont  applaudi  à  la  formation 
d'un  club  destiné  à  professer  dans  toute  sa  i)ureté  la  doctrine  publiée 
sous  le  titre  de  Principes  impartiaux.  Tous  ont  vu  paraître  avec 
platsir  un  journal  portant  le  même  nom,  et  je  m'y  suis  abonné  sans 
perdre  un  seul  moment.  Mais,  par  l'intérêt  que  je  prends  à  vos 
succès,  Monsieur,  de  grâce,  ah!  de  grâce,  n'insérez  rien  dans  votre 
journal  qui  puisse  en  démentir  le  titre,  qui  puisse  faire  tort  à  la 
société  qui  vous  a  choisi  pour  son  organe.  » 

La  lettre  est  signée  :  Un  Abonné.  L'auteur  attacjue  fort  l'adresse 
ré<ligée  par  l'évêque  d'Autun,  sous  le  titre  de  Y  Assemblée  nationale 
aux  Français. 

Il  termine  : 

<<  Impartial  de  principes,  mais  étranger  au  Club  des  Impartiaux. 
j'ai  cru  devoir  adresser  à  leur  journaliste  les  réflexions  pénibles  qu'a 
fait  naître  en  moi  une  adresse  que  je  ne  croyais  destinée  à  en  pro- 
duire que  de  douces.  Il  (ui  fera  l'usage  (pie  son  impartialité  lui  pres- 
crira. .  » 

N.  H.  —  Lm  s:''véi-il(''  (les  principes  de  M.  Salles  de  la  Salle  ne  lui 
I)  .louiiml  des  li/i/Miiliatix.  ii"  10  (mars  ll'JO). 


96  LES  CLUBS  CONTHE-hÉVOLUTlONNAlRES 

ayant  pas  permis  (Linsérer  cette  lettre  dans  son  journal,  l'auteur 

s'est  obstiné  à  la  publier  pour  son  propre  compte  (1). 

Néanmoins,  l'abonné  au  Journal  des  Impartiaux  Taisait  l'éloge  de 
cette  l'euille,  en  approuvait,  en  recommandait  d'adopter  la  doctrine. 

Les  Itévolutions  de  Paris  «  se  firent  un  devoir  de  prévenir  leurs 
concitoyens  contre  les  surprises  qu'on  aurait  pu  leur  faire  par  le 
saint  mot  iVimparlialité  ». 

Elles  remarquèrent  que  Malouet  «  n'avait  accepté  le  titre  de  ciief 
de  la  nouvelle  coalition  que  sous  la  condition  que  MM.  Maury,  d'Epré- 
Hjesnil  et  le  vicomte  de  Mirabeau  en  seraient  exclus;  ils  auraient  trop 
décrié  la  société. 

«  M.  de  Gazalès  (:2i,  qu'on  y  auroit  reçu  avec  plaisir,  a  généreuse- 
ment refusé;  il  a  préféré  passer  pour  aristocrate,  et  ne  point  mentir 
sur  ses  opinions  et  ses  sentimens. 

«  A  l'exception  de  ces  quatre  membres,  tout  le  parti  aristocratique 
l'orme  le  Club  des  Impartiaux.  Les  (quatre  commissaires  que  le  district 
patriote  de  Saint-Germain  des  Prés  se  proposoit  d'envoyer  à  leurs 
assemblées,  les  a  effrayés  ;  ils  se  sont  réfugiés  rue  de  la  Michodière,  n°H, 
et  ils  ont  envoyé  deux  députés  au  district  des  Filles-Saint-Thomas, 
pour  le  prévenir  de  l'existence  et  du  but  de  leur  association;  ils 
étoient  sCirs  d'être  accueillis  par  un  comité  financier.  ' 

«  La  preuîière  opération  de  cette  coalition  a  été  de  publier,  sous  le 
titre  de  Principes  imparlian.r,  un  symbole  en  quinze  articles,  (]u"ils 
ont  déjà  défendus  contre  ceux  qui  les  ont  attaqués,  par  cin(|  à  six 
l)rocliures...  » 

«  Les  impartiaux  ont  donné  une  singulière  explication  dans  leurs 
brocliures  à  l'article  11  (mais  on  doit  prendre  tous  les  tempéramens 
convenables  pour  concilier,  à  l'égard  des  anciens  magistrats,  ce  fpie 
la  nécessité  commande  et  ce  que  l'équité  réclame). 

('  Dans  l'hypothèse  où  il  n'y  auroit  pas  de  ressource  pour  rem- 
i)ourser  les  anciens  magistrats,  leur  destruction  ne  seroit  pas  prati- 
cable... » 

«  Nous  ne  pouvons  finir  cet  article  sans  rapporter  la  teneur  d'un 
placard  qui  fut  affiché  clandestinement  dans  la  nuit  du  samedi  au 
dimanche,  contre  les  députés  patriotes.  Nous  n'affirmons  pas  qu'il 
soit  l'ouvrage  des  impartiaux,  mais  il  nous  paroit  être  du  même 
caractère  que  toutes  les  brochures  publiées  sous  le  nom  des  impar- 
tiaux. 


(1;  «il).  Nal.,  Lb  ay/2y8u,  iu-S"  de  10  pages. 

(i)  C'.azalès  passait  alors  pour  '"Iro  luonarchiste-lilnTal. 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  UT 

«  AVIS   AU    PUBLIC 

«  Changement  de  domicile. 

«  Les  ci-(ievanl  enragés  de  rassemblée  préviennent  Messieurs  et 
dames  de  la  nation,  qu'ils  s'assembleront  dorénavant  au  couvent  de« 
Jacobins,  à  la  salle  des  anciens  ligueurs,  près  la  cellule  de  saint 
Jacques-Clément,  leur  patron  ;  et,  quittant  le  nom  d'enragés,  ils  s'ap- 
pelleront désormais  Jacobites;  ils  ne  répondront  qu'aux  adresses 
qui  leur  parviendront  sous  ce  nom.  » 

«  Nota.  —  Le  cabinet  du  président  est  dans  la  cellule  de  feu 
Jacques  Clément.  » 

«  ...  Il  n'est  pas  besoin  de  faire  de  commentaire  sur  cette  impar- 
tiale plaisanterie,  qui  paroit  avoir  été  conçue  au  même  moment  où 
les  aristocrates  se  transferoient  des  Grands-Augustins  à  la  rue  de  la 
Michodière  (1).  » 

Les  Impartiaux  publièrent  nombre  de  brochures  contre  les  Jaco- 
bins, qu'ils  accusèrent  d'avoir  des  correspondants  attitrés  dans  les 
provinces.  Les  Jacobins  et  les  amis  de  la  Révolution,  à  leur  tour, 
appelèrent  les  Impartiaux  Malouelistcs^  du  nom  de  leur  président, 
Malouetistes  ou  Malouetins.  Ceux-ci  formaient  un  club  «  que  son  nom 
seul,  dit  le  marquis  de  Ferrières,  rendait  suspect  aux  aristocrates  », 
et  qui,  «  attaqué  lui-même  comme  aristocrate  masqué,  par  les  Jaco- 
bins, quoique  composé  des  hommes  les  plus  probes  et  les  plus 
instruits  de  l'Assemblée,  ne  put  soutenir  la  concurrence  ('2).  » 

D'autre  part,  les  Actes  des  A-pôtres  proposèrent  un  jour  de  changer 
le  nom  de  la  Rue  des  Deux-Portes  en  celui  de  Rue  des  Impartiaux. 
Et  nous  lisons,  dans  un  Avis  aux  aristocrates  du  côté  droit,  par  un 
Démocrate  du  côté  r/auche  (3),  les  lignes  suivantes  : 

«  Je  vous  ai  abandonné  pour  me  ranger  dans  le  parti  des  impar- 
tiaux. Je  n'y  suis  pas  resté  longtemps,  parce  ({ue  j'ai  toujours  ouï 
dire  qu'il  falloit  être  quelque  chose,  et  que  je  n'ai  pas  tardé  à  voir 
qu'ils  n'étoient  rien.  Je  me  suis  ennuyé  de  n'avoir  jamais  que  des 
avis  dictés  par  les  circonstances.  » 

Claude  Redon,  député  de  Riom  à  la  Constituante,  un  des  fondateurs 
<les  Impartiaux.,  votait  généralement  avec  la  droite;  il  signa  notam- 
ment la  protestation  du  Ii2  septembre  1791  contre  la  Constitution, 

(1)  Héoolulions  de  I-aris,  n°  30. 

[1)  Mémoires  de  Ferrières,  t.  II,  liv.  viii. 

(:!)  Brochure  iii-8'  (7  i).).  lUb.  de  la  Chambre  des  députés.  IJ<"',  222  (t.  LV). 

7 


98  LES  CLUBÏ5  CUNTUE-UEVOLUTlONxNAlUES 

en  jugeant  que,  dans  le  cours  de  sa  session,  l'Assemblée  avait  outre- 
passé ses  pouvoirs. 

111 

Les  Imparilau.r  rendirent  publics  :  \'I'Jx]iosi'  des  motifs   fpii  les  ' 
avait  portés  à  se  réunir,  —  leur  Iléijlemenl  et  leurs  Prinàprs.  Ces 
trois  curieux  documents  importent  à  leur  histoire.   Ils  proclament 
linvariabilité  de  leur  conduite  politique. 

«  Exposé  des  motifs  qui  ont  porté  les  Impartiaux  à  se  rôunir,  cl  rccil 
des  circonstances  qui  ont  précédé  cette  réunion. 

«  ...  11  se  tient,  dans  la  maison  des  Jacobins  de  la  rue  Saint-llo- 
noré,  des  assemblées  fréquentes  qui  ont  succédé  à  celles  qui  se  te- 
naient à  Versailles,  sous  le  nova  àe  comité  breton.  Cette  réunion  habi- 
tuelle excita  un  nombre  assez  considérable  de  membres  du  clergé,  de 
la  noblesse  et  des  communes  à  s'assembler,  de  leur  côté,  aux  Grands- 
Augustins.  Dans  cette  assemblée,  la  seule  qui  se  soit  tenue  aux  Au- 
gustins,  on  s'occupa  des  moyens  de  ramener  l'ordre  et  la  tranquillité; 
on  nomma  quinze  commissaires,  du  nombre  desquels  fut  M.  Malouet, 
quoiqu'il  n'eut  point  assisté  à  cette  assemblée. 

«  Dès  que  ce  député  eut  été  informé  de  la  mission  dont  on  l'avait 
honoré,  il  écrivit  pour  la  refuser... 

«  Il  fut  résolu,  en  conséquence,  par  le  petit  nombre  de  ceux  qui 
agissaient  d'après  les  principes  de  tous  les  autres,  qu'on  mettrait  la 
plus  grande  publicité  dans  toutes  les  démarches,  qu'on  ne  se  rassem- 
blerait en  grand  nombre  qu'après  avoir  manifesté  l'objet  et  les  motifs 
d'une  telle  assemblée,  et  que  même  M.  le  commandant  de  la  milice 
de  Paris  en  serait  le  premier  instruit. 

■  «  M.  Malouet  se  rendit  donc  chez  lui  le  29  décembre  (1789),  et  lui 
dit:  «  L'amour  de  la  patrie  et  le  désir  de  contribuer  au  salut  de  l'i'^lat 
me  conduisent  ici.  Les  maux  du  royaume  sont  effrayants;  la  division 
est  extrême;  l'aigreur  des  esprits  augmente  chaque  jour;  l'exagéra- 
tion des  idées  en  sens  contraires  multiplie  les  troubles,  accroît  et 
propage  l'anarchie.  Plusieurs  membres  de  l'Assemblée  nationale,  qui 
n'ont  jamais  varié  dans  leur  amour  pour  la  liberté  et  l'ordre  public, 
pénétrés  du  danger  de  la  situation  actuelle  des  affaires,  ont  résolu 
de  faire  les  derniers  efforts  pour  ramener  tous  les  esprits  à  des  idées 
de  modération  et  de  paix.  Il  n'est  pas  de  meilleurs  citoyens  en 
France  ni  d'hommes  plus  purs  dans  l'assemblée,  que  ceux  au  nom 
desquels  j'ai  l'honneur  de  vous  parler;  ignorés,  calomniés  et  oppri- 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  09 

niés  jusqu'à  présent,  ils  onl  résolu  do  ne  plus  l'être.  Une  conduite 
franche,  des  principes  patriotiques  et  des  explications  loyales,  voilà 
les  moyens  de  succès  qu'ils  comptent  employer  et  sur  lesquels  ils  se 
fondent.  » 

'(  M.  Malouet  fit  ensuite  le  récit  de  ce  qui  s'était  passé  dans  l'assem- 
blée unique  tenue  aux  Grands-Augustins,  puis  il  ajouta  : 

«  Nous  avons  toujours  désiré  une  Constitution  libre;  nous  la  vou- 
lions plus  paisible,  persuadés  que  la  seule  force  de  l'opinion  publi- 
(|ue  pourrait  suffire  pour  l'opérer.  Nous  voulions  qu'on  évitât  les  vio- 
lences et  tous  les  maux  de  détail  que  l'impérieuse  nécessité  n'exigeait 
pas... 

<(  Je  vous  invite  donc,  monsieur,  à  vous  mettre  à  la  tète  des  hommes 
modérés,  qui  veulent  la  liberté,  la  paix  et  la  justice  pour  tout  le 
monde.  » 

«  M.  de  La  Fayette  reçut  cette  ouverture  avec  sensibilité  ;  il  annonça 
les  mômes  sentiments,  la  même  conviction  et  la  nécessité  de  rétablir 
la  paix  et  la  confiance,  et  de  rendre  au  pouvoir  exécutif  toute  son 
énergie  ;  il  montra  le  désir  de  rapprocher  tous  les  esprits  par  des  con- 
férences conciliatoires...  Cette  perspective  de  paix  dans  le  royaume, 
de  modération  dans  l'Assemblée,  d'une  tendance  unanime  à  une  heu- 
reuse conciliation,  réunit  tous  les  vœux,  il  fut  arrêté  qu'on  rendrait 
compte  respectivement  à  ses  amis,  et  qu'on  se  réunirait  chez  M.  le  duc 
de  La  Rochefoucauld. 

«  Le  même  jour,  vingt-cinq  députés  se  réunirent  et  invitèrent  à 
leur  assemblée  MM.  de  Virieu,  l'évêque  de  Nancy  et  le  chevalier  de 
Boufflers,  qui  marchaient  sur  la  même  ligne  qu'eux,  ainsi  que  beau- 
coup d'autres.  M.  Malouet  rendit  compte  de  son  entrevue  avec  le 
mar(iuis  de  La  Fayette  et  annonça  la  conférence  qui  avait  été  con- 
venue et  indi([uée.  L'assemblée  nomma,  pour  y  assister,  MM.  l'évêque 
de  Nancy,  le  chevalier  de  Bouffiers,  de  Yirieu,  Redon,  La  Chèze  et 
Malouet.  La  conférence  eut  lieu,  en  efi'et,  le  IJl,  chez  M.  le  duc  de  La 
Rochefoucauld.  MM.  le  duc  de  Liancourt  et  de  La  Rochefoucauld,  le 
maniuis  de  La  Fayette,  de  La  Goste  et  de  la  Tour-Maubourg  s'y  trou- 
vèrent (1).  » 

MM.  Thouret  et  de  la  Tour-Maubourg  y  furent  appelés  et  désirés. 

Les  conférences  tenues  chez  le  duc  d(!  La  Rochefoucauld  précc'- 
dèrent  l'exposé  des  principes  des  Imparl'taiw^  que  les  rédacteurs  du 
Mercure  «  regardaient  eux-mêmes  comriie  ceux  de  tous  les  bons 
citoyens  ». 

(1)  ■loiirnul  des  l/n/uifliaux,  t.  1,  p.  1. 


100  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIHES 

IV 

«  Rèf/lenienl  adopté  par  les  Impartiaux. 

«  Los  Impartiaux,  dont  l'objet  principal,  en  se  réunissant,  a  été 
(le  professer  et  publier  les  principes  qu'ils  ont  adoptés,  et  que  chacun 
d'eux  a  signés,  considérant  combien  il  leur  importe  que  la  publicité 
des  conventions  de  leur  société  éloigne  d'elle  toute  idée  d'intrigue  et 
de  cabale,  à  laquelle  leurs  principes  et  leur  esprit  se  refusent  égale- 
ment, se  sont  promis  de  propager  de  tous  leurs  moyens  les  senti- 
ments patriotiques  qui  les  animent,  de  les  répandre  dans  les  pro- 
vinces par  leurs  correspondances,  et  de  rallier  partout  les  bons 
esprits  aux  vrais  principes  de  la  Constitution. 

«  Et  pour  leur  organisation  intérieure,  ils  sont  convenus  des  arti- 
cles suivants  : 

«  Aj'ticle  premier. 

«  Tous  les  députés  de   l'Assemblée  nationale  (jui  adopteront  et 

signeront  les  principes  impartiaux  inscrits  en  tète  du  registre,  seront 

membres  de  la  société. 

«  Art.  IL 

«  Toutes  autres  personnes  présentées  par  un  des  membres  de  la 
scjciété,  et  agréées  par  le  directoire,  seront  admises  en  (jualité  àad- 
joinls.,  en  se  conformant  à  l'article  premier. 

«  Art.  III. 

«  Toutes  personnes  présentées  par  un  memhre  de  la  société  pour- 
ront assister  aux  assemblées  générales. 

«  Art.  IV. 

«  La^  adjoints  n'auront  pas  voix  délibérative;  mais  ils  pourj'ont, 
sur  leur  demande,  agréée  par  le  directoire,  être  admis  à  proposer 
des  motions,  et  à  les  discuter. 

«  Art.  V. 

«  Les  assistons  n'étant  par  leur  nature,  ni  membres  de  la  société, 
ni  adjoints.,  n'auront  de  voix  dans  aucun  cas. 

«  Art.  Vl. 

«  La  société  aura  un  président,  deux  vice-présidens,  quatre  secré- 
taires, un  trésorier  et  sept  commissaires,  lesquels  composeront  son 

di?^ec  taire. 

«  Art.  VIL 

«  Les  ofliciers  seront  renouvelés  par  moitié,  tous  les  (piinze  Jours. 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  10 1 

Le  trésorier  ne  sera  renouvelé  que  tous  les  trois  mois,  et  pourra  être 
continué. 

.<  ArL  Vin. 

«  Le  directoire  sera  chargé  de  régler  Tordre  du  travail;  il  pronon- 
cera sur  l'admission  à<d'& -adjoints  et  des  motions  à  proposer  par  eux. 
Il  sera  juge  provisoire  dans  tous  les  autres  cas  qui  intéresseront  la 
société,  ot  sept  membres  suffiront  pour  prendre  une  délibération. 

«  Art.  IX. 
«  Le  directoire  noxnvcvQY^  tous  les  jours  un  membre  ou  adjoint^  pour 
être  de  garde  au  club  depuis  11  heures  du  matin  jusqu'à  trois,  et  un 
autre  depuis  6  heures  du  matin  jusqu'à  10. 

«  Art.  X. 
«  Tous  les  membres  et  adjoints  de  la  société  auront  le  droit  de 
demander  au  commissaire  du  jour  la  communication  du  registre  et 
de  toutes  les  propositions  faites  au  directoire  et  arrêtées  par  lui. 

«  Art.  XL 
«  Les  membres  et  adjoints  de  garde  seront  nommés  à  tour  de  rcMe 
sur  la  liste  :  ils  pourront  se  faire  suppléer,  mais  en  s'assurant  que 
leur  service  sera  fait  exactement. 

«  Art.  XII. 
«  Il  y  aura  assemblée  générale  à  6  heures  du  soir,  tous  les  jours 
que  l'Assemblée  nationale  n'a  point  adoptés  pour  ses  séances,  et  à 
11  heures  du  matin  les  dimanches  et  fêtes. 

«  Art.  XllI. 

«  Les  Impartiaux  observeront  la  plus  grande  exactitude  aux  séances 
de  l'Assemblée  nationale;  ils  ne  les  quitteront  pas  qu'elles  ne  soient 
levées  par  le  président;  ils  donneront  toujours  l'exemple  de  l'ordi'e 
et  du  silence  :  et  si  l'un  d'eux  se  permettait  de  le  troubler,  il  en  serait 
averti  par  le  président  de  la  société,  à  la -séance  prochaine;  en  cas 
de  récidive,  il  en  serait  fait  mention  sur  le  registre. 

«  Art.  XIV. 
«  La  conduite  des  Impartiaux  devant  être  invariable  comme  leurs 
principes^  tout  membre  de  la  société  qui  s'en  écarterait  dans  les  dis- 
cussions intérieures,  en  attaquant  les  décrets  constitutionnels,  auv- 
fjuels  tout  citoyen  doit  se  soumettre,  sera  rappelé  à  l'ordre  par  le  pn'*- 

sident. 

«  Art.  XV.      ■ 

«   Toute  motion  tendante  à  changer  ou  altérer  quelque  ai'licle  du 


Î02  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

pi'ésoul  règlemoiit,  sera  pi'éalal)lement  discutée,  et  la  délibération  ù, 
cet  égard  ne  pourra  être  prise  qu'à  la  séance  suivante  (1).  » 

La  nomination  d'un  membre  ou  adjoint  ^owc  être  de  garde  au  club 
pendant  un  certain  nombre  d'heures,  indique  l'activité  des  membres 
de  la  société. 

«  Après  la  lecture  et  l'admission  du  règlement,  un  des  membres  a 
proposé  d'établir  une  correspondance  dans  les  provinces,  avec  ceux 
cpii,  ayant  adopté  et  signé  les  principes  du  c/uZ»,  demanderaient  à  y 
être  associés. 

(^  La  motion  a  été  ajournée. 

«  La  plupart  des  membres  ayant  paru  désirer  la  création  d'un 
Journal  drs  Impartiaux^  publié  au  nom  di^  la  société,  M.  le  président 
a  présenté  quelques  idées  l'tîlalives  à  cet  établissement.  Après  quel- 
((ues  discussions,  il  a  été  décidci  que  le  directoire  serait  cbargé'  de 
présenter  à  ce  sujet  le  résultat  de  ses  opinions  [t).  » 

Finalement,  le  journal  en  question  fut  créé,  comme  on  l'a  vu;  de 
même,  quant  à  la  correspondance,  elle  s'établit  de  fait,  soit  au  moyen 
de  lettres  adressées  par  tel  ou  tel  membre  à  des  adversaires,  soit  par 
les  articles  insérés  dans  le  Journal  des  Jmpai'tmua-^  de  telle  sorte  que 
la  propagande  de  ce  club  fut  pendant  un  temps  retentissante. 


V 


«  Principes  des  Impartiaux  (li). 

«  Nous,  membres  de  l'Assemblée  nationale,  ennemis  de  toutes 
mesures  violentes  et  exagérées,  séparés  de  tout  intérêt  personnel, 
réunis  par  le  patriotisme,  et  dévoués  entièrement  à  la  cause  de  la 
liberté  nationale  et  du  salut  public,  professons  et  déclarons  les  prin- 
cipes suivants  : 

«    ARTICLE  PREMIER 

«  Fidèles  à  notre  devoir,  et  invariablement  attacliés  auv  véritables 
intérêts  du  Peuple,  nous  ne  cesserons  de  nous  opposer,  jusqu'à  la 
fin,  à  tout  projet  qui  tendroit  à  l'égîirer  ou  à  compromettre  ses  droits, 


(1)  Journal  des  hnpaiiiaux,  t.  1,  p.  1^, 

(2)  Journal  des  Impartiaux,  t.  1,  p.  16. 

(3)  Dans  la  version  donnée  par  le  Mercure  de  France  (9  janvior  1790),  les  para- 
graphes ne  sont  pas  numérotés  de  la  même  manière,  ce  qui  importe  peu;  mais 
des  mots,  même  des  phrases,  sont  changés  ou  ajoutés.  Nous  indiquons  en 
notes  ces  variantes.  —  Ndus  re|)roduisons  la  brochure  de  1790,  (Bib.  Nat.. 
Lb  .•(9/3870.) 


I 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  103 

suit  en  excitant  insidieusement  sa  défiance,  et  en  l'invitant  au  désordre, 
soit  en  le  portant  au  mépris  de  la  Constitution  et  de  l'autorité  légitime. 

II. 
«  Tout  Citoyen  doit  se  soumettre  à  la  Constitution  (1).  Ce  qu'elle 
pourroit  avoir  de  défectueux,  le  temps  et  l'expérience  le  manifeste- 
ront à  la  Nation,  qui  le  changera  ou  le  modifiera  k  son  gré. 

III. 

«  11  est  plus  que  tems  de  ramener  l'ordre,  la  paix  et  la  sécurité  : 
c'est  le  seul  moyen  de  sauver  la  Patrie,  de  garder  la  foi  promise  et 
duc  aux  Créanciers  de  l'État,  de  ranimer  le  commerce  et  de  rétablir 
la  perception  des  revenus  publics,  sans  lesquels  on  verroit  bientôt 
périr  la  Constitution  elle-même  et  la  liberté, 

IV. 

«(  Le  maintien  de  la  Constitution  et  de  la  liberté  dépend  essentiel- 
lement de  l'observation  des  loix^  et  l'observation  des  loix  ne  peut 
être  garantie  que  par  une  puissance  active,  protectrice  de  tous  les 
droits.  Il  faut  donc  se  hâter  de  rendre  au  Roi  l'exercice  du  pouvoir 
e.vécutif  suprême,  conformément  au  vœu  solennel  de  la  Nation  et  aux 
principes  monarchiques,  reconnus  et  consaci'és  par  la  Constitution, 

V. 

«  Nous  défendrons  de  tout  notre  pouvoir,  sans  acception  de  rang 
ni  de  personne,  les  droits  de  l'homme  et  du  citoyen  (i),  trop  souvent 
violés  aujourd'hui  avec  impunité. 

VI. 

"  La  Constitution  ayant  aboli  la  distinction  politique  des  ordres, 
un  même  titre  doit  réunir  tous  les  François,  celui  de  Citoyens. 

Vil. 

«  Il  est  d'une  saine  politique  (3)  d'attacher  tous  les  co'urs  à  la 
Constitution.  Si  son  complément  commandoit  encore  de  grandes 
réformes,  il  est  indispensable  d'éviter  dans  l'exécution  tous  moyens 
violens;  ils  alarment  les  Citoyens,  aigrissent  les  esprits,  menacent  les 
propriétés,  multiplient  les  malheureux,  et  ne  peuvent  qu'accroître  la 
détresse  du  Peuple. 


(1)  La  Constitution  doit  être  maintenue  (vorsiou  du  Mercure,  de  France). 

(2)  Droits  sacrés  méconnus  trop  longlomps  {version  du  Mercure  de  France). 

(:!)  Il  est  d'une  saçje  politique   d'attacher   tous  les   citoyens  à  la  Constitution 
(version  du  Men-ure  île  France). 


lOi  LES  GLURS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

YIII. 

«  Nul  sans  doute  ne  doitêtre-inquiété  pour  ses  opinions  religieuses, 
ni  pour  le  culte  rendu  en  commun  à  la  Divinité;  mais  Texpérience 
des  siècles  passés  n'a  que  trop  appris  combien  la  tranquillité  et  l'in- 
térêt même  de  l'État  exigent  que  la  religion  catholique  continue  à 
jouir  seule,  dans  le  royaume,  à  titre  de  Religion  Nationale,  de  la 
solennité  du  culte  public. 

IX. 

«  Pour  assurer  dans  tous  les  cas  et  contre  tous  les  événemens  la 
dépense  du  culte  public,  l'entretien  de  ses  ministres  et  les  secours 
dus  aux  pauvres,  et  fondés  pour  eux,  il  est  essentiel  de  conserver  aux 
Églises  une  dotation  territoriale.  En  conséquence,  jusqu'à  ce  que  la 
dotation  nécessaire  ait  été  déterminée  et  solidement  assurée,  il  ne 
doit  pas  être  fait  d'autre  aliénation  des  biens  de  l'Église  que  celle 
décrétée  le  10  décembre  dernier,  comme  secours  extraordinaire (1). 

X. 

«  Conformément  au  Décret  du  2  Novembre  précédent,  aucune  dis- 
position relative,  soit  à  l'aliénation,  soit  à  la  répartition  des  biens 
ecclésiastiques,  ne  doit  avoir  lieu  que  (Topros  les  instrurl ions  et  sous  la 
survflllr/nrr  des  prorinces  respectivement  intéressées. 

XI. 

«  Une  nouvelle  constitution  veut  un  autre  ordre  judiciaire,  dans 
lequel  les  nouveaux  Tribunaux  soient  restreints  au  seul  pouvoir  de 
juger.  Mais  on  doit  prendre  tous  les  tempéramens  convenables  pour 
concilier,  à  l'égard  des  anciens  Magistrats,  ce  que  la  nécessité  com- 
mande et  ce  que  l'équité  réclame  (2). 

XII. 

«  Chez  un  peuple  libre,  et  qui  veut  continuer  de  l'être,  la  liberté  de 
la  presse  doit  être  constamment  protégée;  mais  l'ordre  public,  l'hon- 
neur et  la  sûreté  de  chaque  Citoyen  demandent  que  la  licence  de  la 
presse  soit  réprimée.  Rien  n'est  donc  plus  instant  que  de  provoquer 
et  faire  rendre  sur  cet  objet  une  loi  sage  et  prudemment  motivée. 

Xlll. 
«  Toute  force  armée  deviendroit  redoutable  à  la  liberté  publique, 
et  seroit  le  fléau  des  particuliers,  si  elle  n'étoit  contenue  par  la  Cons- 


M)  .lui^qu'à  ce  que  la  dotation  nérossairo  ait  été  (liHerminée  (version  <hi  Mercure 
lie  Franre.]. 

(2)  La  nécessité'  avec  la  justice  (version  du  Mercure  de  France). 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  105 

tilulioii  el  toujours  dépendante  du  pouvoir  exécutif,  conservateur  de 
l'ordre  (1).  Il  faut  donc  que,  subordonnément  à  Tordre  établi  par  les 
principes  constitutionnels,  l'armée  et  les  Gardes-Nationales  soient 
soumises  au  Monarque,  comme  le  monarque  lui-même  doit  être  sou- 
mis à  la  Loi. 

XIV. 

«  Nous  réunirons  tous  nos  efîorts  pour  obtenir  la  plus  prompte 
expédition  des  atTiiires,  accélérer  la  conclusion  si  désirable  de  nos 
travaux,  et  surtout  pour  maintenir  l'union  entre  toutes  les  parties  de 
ce  vaste  Empire  dont  l'intérêt  est  si  essentiellement  de  former  un 
seul  et  même  corps  sous  la  protection  et  la  dépendance  delà  Loi  et 
du  Roi. 

XV. 

«  Pour  parvenir  au  but  que  nous  nous  proposons,  nos  moyens 
sont  la  justice,  la  vérité,  la  constance.  » 

<-ette  déclaration  de  principes  est  signée  :  les  Impartiaux. 


VI 


Dans  la  correspondance  relative  au  club,  nous  devons  reproduire 
la  lettre  suivante  : 

((  Lettre  de  M.  le  duc  de  La  Rochefoucauld  (2; ,  Député  de  Paris, 
à  l'Auteur  de  la  Partie  Politique  du  Mercure  de  France. 

«  Le  compte  que  vous  avez  rendu ,  Monsieur,  dans  deux  Numéros 
du  Mercure  du  mois  de  Janvier,  de  deux  conférences  qui  ont  eu  lieu 
cbez  moi,  et  de  la  fondation  du  Club  de^  Impartiaux  que  vous  avez 
paru  lier  à  ces  conférences,  a  été  répété  dans  beaucoup  de  Journaux, 
commenté  par  quelques  Libellistes,  et  m'a  valu  aussi  plusieurs 
lettres  particulières.  Persuadé  que  l'on  doit,  le  moins  possible,  occu- 
per le  Public  de  soi,  j'ai  balancé  long-temps  à  prendre  la  plume,  et 
si  je  m'y  détermine  aujourd'hui,  c'est  que  plusieurs  de  mes  amis  sont 
intéressés  comme  moi  à  établir  l'exactitude  des  faits,  et  surtout 
parce  qu'ayant  l'honneur  d'être  hommes  publics,  nous  devons  à  nos 
Concitoyens  compte  de  nos  opinions  et  de  nos  démarches,  lorsqu'elles 
ont  rapport  à  nos  fonctions. 

«  Le  premier  Numéro  d'une  Feuille  périodique,  intitulée  Journal 

(1)  Si  elle  n'était  contenu<^  par  des  rt-glemonts  sévères  et  entièretnont  subor- 
donnée au  pouvoir  exécutif  suprême,  conservateur  des  droits  de  tous  (version  du 
Mercure,  de  Franre). 

(2)  Le  duc  de  Larochefoucauld  appartint  an  Club  de  Valoix  (voir  pins  liaul). 


106  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

des  Impartiaux.,  a  rapporté  plus  en  détail  que  les  autres  ces  deux  con- 
férences, suite  d'une  visite  que  fit  M.  Malouet  à  M.  de  La  Fayette,  le 
29  décembre  (1789)  :  ce  dernier,  dont  on  connoit  le  patriotisme, 
accepta  la  conversation  proposée,  parce  qu'on  semblait  l'envisager 
comme  un  moyen  assuré  de  produire  d'heureux  effets;  il  indiqua  le 
rendez-vous  chez  moi  pour  le  3  janvier  (1790),  et  m'en  prévint,  ainsi 
que  quelques  autres  de  ses  amis 

«  Nous  nous  réunîmes  donc  le  3,  MM,  de  La  Fayette,  de  La  Coste, 
de  La  Tour-Maubourg,  de  Liancourt  (1)  et  moi;  MM.  Malouet,  de  Vi- 
rieu,  l'Evêque  de  Nanci,  le  chevalier  de  Bouftlers,  La  Chèze  et  Rhe- 
don  y  arrivèrent,  et  le  premier  ouvrit  la  conversation  par  un  discours 
à-peu- près  semblable  à  celui  qu'il  avoit  tenu  le  29  Décembre  à  M.  de 
La  Fayette,  et  que  l'on  trouve  imprimé  avec  des  guillemets  dans  le 
Journal  des  Impartiaux.  Un  de  mes  amis  lui  répondit  que  les  situa- 
lions  respectives  étaient  différentes,  puisque  ces  Messieurs  s'annon- 
çoient  comme  chargés  d'une  mission,  tandisque  nous  n'étions  que 
pour  notre  compte.  On  observa  encore  que  'nous  ne  pouvions  pas 
reconnoitre  l'existence  de  deux  partis  dans  l'Assemblée  Nationale, 
en  avouant  pourtant  que  nous  gémissions  souvent  de  la  division  qui 
s'y  manifestoit  dans  beaucoup  d'occasions;  que  l'établissement  d'une 
négociation  du  genre  de  celle  qui  nous  étoit  proposée  nous  paraissoit 
impossible,  parce  que,  nous  bornant  à  suivre  ce  que  notre  conscience 
et  nos  lumières  nous  dictoient,  nous  n'étions  ni  chefs  ni  prosélytes 
d'un  partie  et  que  nous  ne  pouvions  nous  charger  de  répondre  que  de 
nous-mêmes. 

«  La  conversation  roula  vaguement  sur  plusieurs  objets;  on  nous 
proposa  de  nous  revoir  le  (i,  ce  que  nous  acceptâmes,  et  d'y  invitei' 
quelques-uns  de  nos  amis;  mais  aucun  du  petit  nombre  de  ceux  à 
qui  nous  en  parlâmes,  n'ayant  désiré  s'y  trouver,  la  seconde  conver- 
sation fut  composée  des  mêmes  personnes  que  la  première.  Elle  fut 
vague  aussi,  et  quoique  ces  Messieurs  nous  parlassent  beaucoup  de  la 
nécessité  de  rétablir  le  Pouvoir  exécutif,  ils  ne  nous  spécifièrent  pas 
quels  étaient  leurs  moyens  pour  y  parvenir,  et  se  bornèrent  à  nous 
dire  que  c'étoit  le  dernier  objet  dont  on.devoit  s'occuper. 

«  On  leur  répondit,  et  je  me  rappelle  leur  avoir  dit,  et  avoir  été 
approuvé  par  mes  amis,  que  c'étoit  bien  notre  avis,  et  certainement 
même  la  volonté  générale,  de  donner  au  Pouvoir  exécutif  toute 
l'étendue  et  toute  la  force  nécessaires  au  salut  d'un  grand  Empire  : 


(1)  Le  duc  de  Liancourt  faisait  partie  du  Cluh  de  Valois  (voir  plus  haut),  ainsi 
(|ue  la  Tour-Maubourg  et  La  Fayette. 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  107 

mais  que  ce  ne  seroit  pas  une  suite  de  Décrets  faits  en  peu  de  joui's 
qui  établiroit  cette  force  constitutionnelle;  que  plusieurs  des  rela- 
tions du  Pouvoir  exécutif  avec  le  Corps  législatif,  les  Municipalités  et 
les  Assemblées  administratives  étoient  déjà  déterminées,  que  l'on 
détermineroit  successivement  les  autres  à  mesure  que  Ton  formeroit 
les  différentes  parties  de  la  Constitution,  et  que  la  collection  des  arti- 
cles qui,  dans  chacun  des  chapitres,  traiteroient  du  Pouvoir  exécutif, 
composeroit  celui  dans  lequel  ses  fonctions  et  ses  prérogatives  seroient 
constitutionnellement  fixées  ;  mais  que  ce  chapitre  devoit  être  le  der- 
nier, parce  que  le  Pouvoir  exécutif  étoit  la  clef  de  la  voûte,  qui  ne 
peut  être  placée  que  lorsque  toutes  les  autres  parties  de  l'édifice  oui 
reçu  leur  forme  et  leur  disposition. 

«  Ces  Messieurs  nous  annoncèrent  leur  projet  de  rendre  compte 
au  Public  de  ce  qui  s'étoil  passé,  d'arrêter  et  de  publier  une  Déclara- 
tion de  principes  Impartiaux,  et  de  former  un  Cbib^  dans  lequel 
seroient  admis  tous  ceux  qui  feroient  profession  de  penser  comme 
eux.  Nous  nous  séparâmes,  et  il  n'y  eut  point  d'autre  conférence 
indiquée. 

M  Voilà,  Monsieur,  le  récit  de  ces  deux  conversations  aussi  exact 
que  ma  mémoire  peut  me  les  rappeler  ;  car  je  vous  avouerai  que  je 
n'en  ai  pas  tenu  note,  ne  croyant  point  être  dans  le  cas  de  faire 
imprimer.  Ce  sont  les  interprétations  peu  fidèles  de  divers  journaux 
qui  m'y  engagent;  et  comme  c'est  le  vôtre  qui  le  premier  en  a  parlé, 
je  vous  prierai  de  vouloir  bien  y  insérer  ma  lettre,  qui  sera  la  pre- 
mière et  la  dernière  sur  cet  objet. 

«  Depuis  le  6  janvier  (1790)  nous  avons  vu  paraître  les  Principes 
impartiaux  et  le  Club  se  former;  mais  tout  en  rendant  justice  aux 
vues  patriotiques  des  Membres  de  ce  Club^  tout  en  adoptant  plusieurs 
de  leurs  principes,  il  y  en  a  quelques-uns  sur  lesquels  nous  sommes 
certainement  d'avis  différent;  aussi  leur  profession  de  foi  politique 
n'a-t-elle  été  ni  adoptée,  ni  signée  par  aucun  de  nous. 

«  Le  Duc  dk  la  Rûchbfquc.auld  (1).  » 


Le  duc  de  La  Rochefoucauld,  après  avoir  voté  l'affranchissement 
des  noirs,  réclama  la  liberté  de  la  presse,  se  prononça  contre  les 
ordres  religieux,  et  jouit  d'une  grande  popularité;  mais  il  se  rallia 
à  la  droite  pour  déclarer  nationale  la  religion   catholique,  puis  il 


(1)  Gazette  nalioïKile,  ii"  CO.  ilu  inorcrodi  lOmai's  171(0. 


108  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

demanda  la  suspension  de  Pétion  et  de  Manuel,  et  devint  très  impo- 
pulaire (l'i. 

VII 

Un  mouvement  pacifique  de  modérés  se  produisait  partout,  dans 
les  écrits  et  dans  les  paroles.  Mais  les  haines  se  multipliaient. 

Servan,  avocat  général  du  parlement  de  Grenoble,  avait  refusé, 
pour  cause  de  santé,  le  litre  de  député  aux  États-Généraux.  Il  publia, 
en  décembre  1789,  une  brochure  (in-S"  de  68  pages)  intitulée  :  Adrcs^p 
niix  A^nis  de  la  paix,  coïncidant  avec  son  Essai  sur  la  formation  des 
Asseinhlres  nationales,  provinciales  et  municipales. 

Le  2  janvier  1790,  parut  une  Lettre  des  Impartiaux  aux  Amis  de  la 
paix  : 

«  Chers  camarades,  vous  êtes  ce  que  nous  sommes,  et  nous  sommes 
ce  que.  vous  êtes;  vous  voulez  la  paix  et  la  liberté;  nous  voulons  la 
liberté  et  la  paix.  Mais  notre  ami,  M.  Servan,  a  oublié  de  nous  dire 
par  quelle  voie  raisonnable  on  y  arrivait;  et,  s'il  est  impossible  de 
rien  ajouter  à  la  pureté  de  ses  vues,  à  la  sagesse  de  ses  observations, 
au  charme  de  son  style,  il  est  très  nécessaire  de  vous  conduire  au 
but  plus  directement,  et  sans  perte  de  temps. 

<(  Il  convient  d'abord  que  vous  sachiez,  amis  de  la  paix,  que  nous, 
les  Impartiaux,  qui  avons  l'honneur  de  vous  écrire,  formons  la  plus 
malheureuse  portion  de  l'Assemblée  nationale.  — Nous  avons  débuté 
par  être  également  détestés  des  démocrates  et  des  aristocrates  ;  car 
vous  n'ignorez  pas,  amis  de  la  paix,  que  les  hommes  passionnés  ont 
une  singulière  aversion  pour  les  hommes  modérés;  ceux  d'entre 
nous  qui  ont  essayé  de  développer  leurs  principes  ont  été  sur-le- 
champ  dénoncés  au  peuple  comme  ses  ennemis,  aux  jolies  femmes 
comme  des  hommes  sans  moyens,  et  les  beaux  esprits  n'ont  pas 
manqué  de  nous  ranger  à  une  grande  distance  des  temps  héroïques 
où  nous  sommes  parvenus.  —  Les  francs  aristocrates  n'avaient  pas 
pour  nous  moins  de  mépris;  et,  si  la  fortune  avait  favorisé  leurs 
armes,  nous  aurions  été  traités  comme  les  Tartares  de  l'armée 
vaincue.  —  Messieurs  les  ministres,  et  gens  de  la  cour,  ne  faisaient 
pas  plus  d'attention  à  notre  modeste  bataillon,  et  nous  n'avons  eu 
nouvelle  de  notre  importance  qu'en  nous  voyant  inscrits  dans  les 
listes  de  proscriptions. 

«  Il  faut  cependant  vous  avouer,  amis  de  la  paix,  qxu'.  sans  nous 

(1)  Massacré  à  Gisors  en  1792. 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  101) 

lïiclier  el  sans  injurier  personne,  nous  éprouvions  alternalivement  de 
la  pitié  et  de  l'indignation  des  sottises  de  la  cour,  de  celles  des  aris- 
tocrates, et  des  extravagances  philosophiques  des  métaphysiciens  et 
des  matérialistes,  qui  ne  nous  aiment  pas.  —  Par  matérialistes,  nous 
n'entendons  pas  désigner  le  dogme,  mais  seulement  l'enveloppe  : 
car,  il  faut  le  dire,  il  y  a  eu  dans  cette  afîaire,  comme  à  la  création 
du  monde,  une  première  impulsion  ;  et,  le  mouvement  dé  rotation 
une  fois  imprimé,  les  satellites  tournent  autour  de  leur  soleil  dans 
un  même  cercle,  avec  cette  différence  que  les  corps  célestes  exécu- 
tent paisiblement  leurs  révolutions,  au  lieu  que  ces  corps  sublu- 
naires ont  un  mouvement  bruyant,  et  de  fréquentes  explosions. 

«  Pour  nous,  amis  de  la  paix,  nous  n'avisons  que  d'aujourd'hui  de 
nous  déclarer  une  puissance;  mais  aussitôt  qu'elle  sera  bien  connue, 
elle  sera  irrésistible  ;  car  c'est  celle  de  la  raison  et  de  la  justice. 

«  Or,  voici  notre  plan  d'attaque  et  de  défense,  ou  plutôt  de  restau- 
ration ;  car  tout  s'ébranle  et  se  détruit,  et  nous  voulons  sauver  du 
naufrage  la  constitution,  la  royauté,  la  religion,  les  mueurs  et  ce  qui 
reste  de  pi*opriétés  intactes 

«  Premièrement,  nous  consentons  à  laisser  à  ces  messieurs  qui 
frappent  du  pied,  battent  des  mains,  et  font  des  lois  à  la  clameur  de 
haro,  nous  leur  laisserons  tous  les  honneurs  du  spectacle  qu'ils 
donnent  tous  les  jours  gratis  aux  galeries.  — Nous  voulons  continuer 
à  nous  faire  remarquer  par  une  contenance  paisible  et  impassible, 
(jui  finira  par  être  celle  du  vrai  patriotisme. 

«  Nous  continuerons  à  écrire  dans  nos  provinces  qu'il  faut  se 
calmer  et  obéir  aux  lois,  au  roi,  et  n'offenser  personne  ;  de  telle  sorte, 
([u'au  jour  du  jugement  chacun  de  nous  puisse  dire  :  Je  suis  le 
député  du  canton  où  il  y  a  eu  le  moins  de  châteaux  brûlés  et  le  moins 
de  sang  répandu;  ce  qui,  dans  la  compensation  des  titres  et  mérites, 
écjuivaudra,  au  moins,  à  un  éloge  de  journaliste. 

"  Nous  ne  prétendons  aussi  faire  usage  que  ce  jour-là  des  lettres 
anonymes,  des  listes  de  proscriptions  et  de  toutes  les  couronnes  de 
martyre  que  nous  ont  obtenues  nos  opinions,  conformes  à  celles  de 
M.  de  Mirabeau  sur  le  veto  royal  et  la  Constitution,  en  Assemblée 
nationale,  ainsi  que  notre  doctrine  sur  les  deux  Chambres. 

«  Ces  opinions,  qui  ne  sont  plus  pour  nous  que  des  souvenii-s  pré- 
cieux de  nos  devoirs  accomplis,  sont  maintenant  subordonnées  à 
d'autres  principes  constitutifs  que  nous  voulons  maintenir,  pai'ce  (jue 
la  paix  publique  y  est  attachée. 

«  Nous  ne  voulions  pas  une  révolution  à  feu  et  à  sang,  et  nous  ne 
pensons  pas  encore  qu'elle  lïit  nécessaire,  attendu  (pie,  lorscpie  les 


110  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

représcuLants  d'une  nation  sont  assemblés,  et  qu'ils  ont  sa  conllance, 
ils  ont  une  puissance  absolue  pour  réprimer  les  abus  et  rétablir  les 
droits  du  peuple  dans  toute  leur  étendue.  Or,  c'était  là  notre  mission, 
et  chacun  de  nous  a  tout  le  courage  nécessaire  pour  la  remplir  com- 
plètement. 

«  Mais  la  révolution  est  faite;  et  ce  qu'on  appelle  une  contre-révo- 
lution est  une  absurdité  en  spéculation,  et  serait  un  malheur  affreux 
si  (juelque  imbécille  {sic)  osait  la  tenter. 

«  Or,  nous  vous  assurons,  amis  de  la  pai\,  que  nous  sommes  des 
ij,ens  très  sensés,  et  qu'il  y  en  a  parmi  nous  qui  savent  aussi  bien  ce 
((lie  c'est  qu'un  gouvernement  que  ceux  qui  viennent  d'en  faire  un 
neuf.  Il  s'agit  maintenant  de  le  faire  aller,  et  nous  entendons  pour 
cela  en  raffermir  le  grand  rouage,  qui  est  la  royauté. 

«  Nous  voulons  que  le  pouvoir  exécutif  reprenne  toute  l'énergie 
dont  il  est  susceptible  par  la  constitution,  et  que  ses  agens  soient 
responsables  de  quelque  chose;  car  nous  ne  concevons  pas  ce  qu'on 
peut  leur  demander,  et  ce  qu'ils  ont  à  faire  dans  ce  moment-ci.  — 
Il  est  même  extraordinaire  que  l'honorable  membre,  qui  poursuit  le 
livre  rouge,  passe  sous  silence  les  appointements  des  secrétaires 
d'État  depuis  qu'ils  sont  en  vacance. 

('  Nous  voulons  que  le  roi  soit  plus  puissant  que  le  maire  de  Paris  ; 
(juc  les  municipalités  et  les  gardes  nationales  lui  obéissent,  ainsi  (juc 
l'armée  de  terre  et  celle  de  mer. 

«  Nous  réprouvons  le  gouvernement  fédératif  et  tout  ce  qui  res- 
semblerait à  la  ligue  Âchéenne  et  Ionienne  dont  le  roi  de  Macédoine 
vint  aisément  à  bout. 

«  Nous  empêcherons  que  le  portefeuille  des  affaires  étrangères  soit 
mis,  comme  le  Journal  de  Paris,  à  la  discrétion  des  tribunes  et  des 
galeries. 

«  Nous  voulons  ((ue  toutes  les  assemblées  administratives  soient 
dans  la  dépendance  du  roi,  et  ([u'elles  ne  puissent  rien  sans  son  con- 
sentement. 

«  Nous  voulons  que  toute  désobéissance  à  ses  ordres,  quand  les 
ordres  du  roi  ne  contrarient  point  la  loi,  soit  punie  comme  forfaiture. 

«  Nous  voulons  que  la  splendeur  du  trône  soit  rétablie,  et  que  le 
roi  ait  toutes  les  jouissances  qui  peuvent  contribuer  à  son  bonheur 
personnel  et  au  maintien  de  la  dignité  de  la  famille  royale;  qu'en 
conséquence,  il  ordonne  et  règle  sa  maison  militaire,  ainsi  que  bon 
lui  semblera,  sans  qu'aucun  district  puisse  le  trouver  mauvais. 

«  Nous  nous  opposons  à  la  liberté  de  lous  les  cultes  publics.  — 
P'après  les  divisions  qu'ont  produit  {sic)  parmi  nous  la  diversité 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  III 

(ropiiiioiis  politiques,  celle  des  religions  nous  mettrait  dans  un  état  de 
gueiTc  perpétuelle,  et  notre  amour  pour  la  paix  nous  fait  désirer  de 
conserver  à  la  religion  de  nos  pères  une  grande  prépondérance,  sauf 
à  convertir  en  mosquées,  en  synagogues,  tous  les  boudoirs  de  Paris, 
ce  qui  nous  est  indifférent. 

«  Nous  aurions  désiré  qu'on  eût  mis  vingt  années  à  détruire  tout 
ce  qui  a  été  détruit  en  quelques  heures;  mais  ce  qui  est  fait  est  fait, 
nous  voulons  laisser  debout  ce  qui  n'est  pas  encore  renversé.  —  En 
conséquence,  nous  oserons  déplaire  aux  gazetiers,  en  mettant  une 
circonspection  raisonnable  dans  les  dispositions  subséquentes  au 
décret  du  2  novembre  sur  les  biens  ecclésiastiques. 

«  Notre  intention  est  d'abord  d'assurer  les  frais  du  culte  et  la  sub- 
sistance des  ministres,  ainsi  que  celle  des  pauvres,  tout  autrement 
(jue  par  des  calculs  hypothétiques. 

«  Nous  ne  croyons  ni  juste,  ni  utile  de  salarier  les  prêtres  en  argent; 
de  les  dépouiller  d'une  dotation  territoriale. 

<(  Nous  consentirons  à  toutes  les  suppressions  et  réductions  raison- 
nables, à  l'aliénation  de  quatre  cents  millions;  mais  nous  ne  dépas- 
serons pas  ce  terme. 

'<  Et  cependant,  nous  ne  voulons  point  d'ordre,  ni  de  résurrection 
d'ordre,  aussitôt  que  l'ordre  des  avocats  sera  enterré. 

('  Nous  estimons  que  la  suppression  des  parlements  est  une  opéra- 
tion nécessaire,  mais  à  charge  de  remboursement. 

«  Nous  serons  fort  aises  de  voir  MM.  les  maitres  des  requêtes  et 
conseillers  d'État,  employés  dans  les  municipalités,  de  préférence  aux 
avocats  et  procureurs;  mais  nous  n'avons  point  d'article  arrêté  pour 
ce  qui  les  regarde. 

«  Nous  prenons  un  intérêt  très  vif  au  commerce,  à  l'agriculture,  à 
la  navigation,  aux  colonies  ;  nous  provocjuerons  et  nous  accueillerons 
avec  transport  toutes  les  lois  (jui  encourageront  le  travail  et  l'indus- 
ti'ie. 

«  Nous  désirons  un  système  raisonnable  d'imposition  et  de  liiuince; 
et,  après  l'avoir  longtemps  attendu,  nous  prendrons  la  liberté  d'en 
proposer  un,  si  le  comité  ne  se  dépêche. 

'<  Finalement,  nous  désirons  justice,  protection,  liberté,  sûreté 
jxjur  tous,  sans  en  exclure  le  Pape  et  son  comtat  d'Avignon,  que 
M.  Bouche  convoite  amoureusement.  —  Nous  nous  opposerons  à  l'in- 
vasion, ainsi  qu'à  la  destruction  de  l'ordre  de  Malthe  {sic). 

«  Quant  aux  chanoinesses,  et  à  tous  les  chapitres  nobles,  nous  les 
verrions  subsister  sans  inquiétude,  et  supprimer  sans  chagrin, 
moyennant  les  mesures  et  les  égards  convenables  pour  les  titulaires; 


1(2  LES  CLUBS  GONTRE-RÉVOLUTIONNAIHLS 

en  général,  nous  n'aimons  point  l'impétuosité,  la  précipitation,  la 
colère,  dans  les  fonctions  législatives.  —  Nous  sommes  plus  disposés 
à  absoudre  qu'à  condamner,  à  concilier  qu'à  diviser.  Le  comité  des 
recherches,  et  tous  les  complots  qu'il  a  imaginés,  ou  découverts,  ou 
poursuivis,  nous  paraissent  d'absurdes  et  d'iniques  moyens  de  régé- 
nération. Nous  travaillerons  à  faire  disparaître  cette  page  de  notre 
histoire. 

«  Lorsqu'on  nous  dénoncera  une  cocarde  noire,  nous  lèverons  les 
épaules. 

«  Nous  ferons  établir,  aussitôt  que  nous  le  pourrons,  un  poteau  à 
carcan  pour  les  libellistes,  sans  entendre  proscrire  les  plaisanteries 
aimables  qu'on  pourrait  se  permettre  sur  notre  compte.  —  Mais  toute 
espèce  d'imposture  est  un  poison  pour  le  peuple,  et  la  grossièreté 
une  chose  dégoûtante  pour  les  honnêtes  gens. 

«  Du  reste,  amis  de  la  paix,  nous  abandonnons  le  fauteuil  et  toutes 
les  dignités  auxquelles  on  parvient  par  la  combinaison  des  nombres; 
et  notre  bataillon  sera  toujours  prêt  à  s'ouvrir  pour  recevoir  un  aris- 
tocrate pénitent  ou  un  enragé  converti. 

«  Nous  ne  faisons  point  serment  de  nous  lever  ou  de  nous  asseoir 
au  commandement  d'un  officier-major  qui  fait  faire  l'exercice  à  la 
Prussienne;  fidèles  à  nos  principes,  s'il  plaisait  aux  parties  adverses 
de  les  adopter,  "et  aux  alliés  de  les  oublier,  ou  si,  dans  les  articles 
imprévus,  nous  apercevons  tort  ou  raison  dans  l'une  ou  l'autre  extré- 
mité de  la  salle,  nous  refuserons  le  salut  au  tort,  et  nous  ferons  la 
révérence  à  la  raison. 

«  Apprenez  maintenant,  amis  de  la  paix,  que  telle  est  notre  con- 
duite depuis  le  o  mai,  sans  nous  en  être  écartés  un  instant,  et  qu'au- 
paravant, il  n'y  a  pas  un  de  nous,  véritables  impartiaux,  qui  eût  fléchi 
le  genou  devant  le  véritable  despotisme  ;  tandis  qu'on  assure  que 
plusieurs  hommes,  libres  d'hier,  faisaient  fonctions  d'esclaves  avant 
hier. 

«  Or  donc,  amis  de  la  paix,  laissez  là  la  brochure  du  jour,  même 
celle-ci,  qui  vaut  peut-être  mieux  qu'une  autre;  prenez  vos  cannes  et 
vos  chapeaux,  sans  oublier  la  cocarde,  et  allez-vous-en  de  rang  en 
rang,  de  place  en  place,  pour  nous  chercher  d'honnêtes  gens;  mon- 
trez-leur nos  conditions,  nos  principes,  et  dites,  avec  assurance  :  Là 
l'U  la  paix,  la  justice,  la  vérité  ;  bonnes  gens,  ralliez-vous  à  ces  ensei- 
gnes. 

«  Dites  aux  officiers  municipaux,  aux  comités  permanens,  aux 
gardes  nationales,  qu'il  y  aura  toujours  des  sottises,  mais  qu'il  n'y  a 
plus  de  complots  redoutables;  (pi'il  faut  que  les  vaincjueurs  et  les 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  113 

vaincus  se  réunissent  cordialement,  et  que  c'est  à  la  force  qu'il  con- 
vient de  ne  point  abuser  de  la  victoire  ;  qu'il  n'y  a  de  révolution  utile- 
ment consommée  que  celle  qui  met  un  terme  à  la  violence,  aux 
outrages,  à  la  défiance,  à  l'inimitié  ; 

«  Qu'aussitôt  que  la  bienveillance  et  la  bonté  se  manifestent  dans 
un  tems  de  trouble,  il  arrive  ce  que  l'on  voit  clans  les  jours  orageux, 
lorsqu'un  souffle  pur  chasse  les  nuages  et  nous  rend  le  soleil  dans 
tout  son  éclat. 

«  Amis  de  la  paix,  remettez  doucement  chacun  à  sa  place,  le  magis- 
trat sur  son  siège,  le  procureur  dans  son  étude,  l'ouvrier  dans  son 
atelier  et  le  soldat  dans  ses  cazernes  {sic)  ;  ils  ont  assez  longtemps 
habité  les  cafés  et  les  places  publiques. 

('  Dites  aux  gardes  nationales  qu'ils  dépensent  un  million  par  jour; 
car  la  diminution  du  travail  est  précisément  celle  de  l'argent,  des 
subsistances  des  denrées  et  des  marchandises  ; 

«  Qu'ils  laissent  donc  reposer  leurs  fusils  jusqu'à  ce  que  les  puis- 
sances ennemies  chargent  les  leurs. 

«  Dites  aux  politiques  métaphysiciens  que  nous  avons  besoin  main- 
tenant de  faire  un  cours  de  physique  expérimentale,  et  que  nous 
reviendrons  à  eux  à  la  suite  de  ce  cours. 

«  Dites  aux  courtisans  que  la  leçon  est  dure,  mais  qu'il  faut  (pi'ils 
en  profitent. 

«  Dites  aux  ministres  de  prendre  une  attitude  ministérielle,  et  (jue 
nous  les  aiderons  pour  le  bien. 

«  Dites  au  clergé,  par  la  voix  insinuante  de  son  agent,  qu'il  faut 
en  linir;  que  nous  n'entendons  point  abandonner  au  pillage  et  le 
prêtre  et  l'autel  ;  mais  qu'il  n'y  a  plus  d'ordre  et  plus  d'abbaye  pour 
personne.  —  Du  reste,  amis  de  la  paix,  mettez  une  grande  impor- 
tance à  concilier  aux  ministres  de  l'Église,  qu'on  outrage  impuné- 
ment, le  respect  et  la  confiance  des  peuples. 

«  Dites  aux  parlemens  que  leur  dernière  heure  est  arrivée;  (lu'il 
faut  se  résigner  et  faire  une  belle  mort,  d'autant  que  nous  aurons 
soin  de  leurs  héritiers,  et  que  nous  n'entendons  point  les  supprimer 
sans  les  rembourser. 

«  Dites  au  peuple,  aux  citadins,  aux  districts,  que,  s'ils  continuent 
à  se  mêler  de  tout,  ils  bouleverseront  tout  :  car  il  y  a  fort  peu 
d'hommes  très  capables  de  gouverner  les  autres.  Enfin,  amis  de  la 
paix,  n'oubliez  rien  de  ce  qu'a  oublié  M.  Servan;  et  son  home  ie, 
jointe  à  la  vôtre,  sera  un  ouvrage  parfait;  comme  il  est  lui-même  un 
parfait  citoyen  et  un  excellent  écrivain,  que  nous  chérissons,  ainsi 
que  le  petit  nombre  de  ceux  qui  lui  ressemblent. 


114  LES  CLUBS  CONTRE  RÉVOLUTIONNAIRES 

,    «  Sur  ce,  amis  de  la  paix,  nous  prions  Dieu  (ju'il  bénisse  vos  efforts 
et  les  nôtres  ;  nous  continuerons  à  être  vos  plus  lidèles  coopéraleurs, 

«  Lks  Impartiaux  (1).  » 

Mil 

La  lettre  ci-dessus  reproduite  ne  pouvait  contenter  les  parlemen- 
taires, dont  elle  faisait  bon  marché,  ni  les  hommes  que  les  premiers 
actes  de  la  Révolution  atteignaient  sérieusement  dans  leurs  privilèges 
et  leurs  intérêts.  Aussi,  un  monarchiste  publia  une  Réponse  à  In  lettre 
des  Impartiaux  (2),  où  Ton  remarquera,  entre  autres  critiques,  ces 
reproches  véhéments  : 

«  ...  Vous  venez  aujourd'hui  nous  annoncer  des  sentiments  plus 
modérés;  mais  avez-vous  abandonné  les  principes  qui  ont  dirigé  jus- 
(ju'à  présent  l'Assemblée?  Non,  vous  les  professez  encore. 

«  Avez-vous  le  projet  de  revenir  sur  vos  pas,  de  réparer  vos  erreurs, 
de  rétablir  ce  que  vous  avez  détruit?  Non,  vous  annoncez,  au  con- 
traire, de  nouveaux  projets  de  destruction  :  il  ne  reste  plus  que  les 
Parlemens,  et  vous  voulez  les  abolir... 

«...  Avouez-le,  Messieurs,  le  but  que  vous  vous  proposez  est  de 
vous  rallier  des  partisans  pour  faire  reparoitre  votre  projet  chci'i, 
votre  Chambre  haute,  qui  ne  seroit  autre  chose  qu'une  Cour  plénière 
aussi  facile  à  corrompre,  et  plus  dangereuse  que  celle  que  Brienne  et 
Lamoignon  nous  avoient  proposée...  »     ~ 

Loménie  de  Brienne  était  l'homme  de  Marie-Antoinette;  il  s'était, 
lui  que  Louis  XVI  appelait  le  «  prêtre  athée  »,  rendu  impopulaire 
par  sa  lutte  contre  les  parlements,  et  il  avait  dû  démissionner  en 
août  1788.  Lamoignon  avait,  comme  Brienne,  voulu  faire  enregistrer 
les  édits  du  timbre  et  de  la  subvention  territoriale,  et,  comme 
Brienne  encore,  il  avait  été  brûlé  en  effigie  sur  le  Pont-Neuf. 

Le  district  de  Saint-Jacques  l'Hôpital  s'émut  et  prit  ini  arrêté  : 
«  DISTRICT   DE  SAINT -JACQUES -L'HOPITAL 

«    ASSEMBLÉE    GÉNÉRALl-) 

«  Séance  du  mercredi  3  février  1790. 
u  Dénong[at[ON  d'un  Imprimé,  ayant  pour  titre  : 
u'  Li:s   Impartiaux. 
t<  De  ta  Délibération  de  ce  jour  a  été  extrait  littéralement  ce  qui  suit  : 
«  L'Assemblée  générale  du  District  de  Saint-Jacques  l'Hôpital,  sur 

(1)  Bib.  Nat.,  Lb  39/27i4. 

(2)  Réponse  à  lu  lettre  des  Impartiaux,  brochure  sans  (lato,  trù;?  probablement 
.le  1790.  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  recueil  factice,  Bf  222  (t.  XXXYII). 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  H 5 

la  dénonciation  qui  lui  a  été  faite  d'un  Imprimé  sans  nom  d'Auteur 
et  d'Imprimeur,  adressé  à  son  Président,  ayant  pour  titre  :  Les  Impar- 
tiaux, et  distribué  avec  profusion  dans  les  Comités  des  Districts  de 
Paris,  et  en  ayant  pris  connaissance,  estime  que  l'Auteur  de  cet 
Ouvrage  n'a  pu  avoir  en  vue  que  d'exciter  le  Peuple  à  désapprouver 
les  décrets  de  l'Assemblée  Nationale,  à  jetter  {sic)  une  défaveur  dan- 
gereuse sur  ses  opérations  et  exciter  le  trouble  sous  le  vain  appas  de 
l'ordfe  de  la  paix  ;  que  c'est  faire  un  outrage  à  l'Assemblée  Nationale 
que  de  laisser  errer  des  soupçons  sur  quelques-uns  de  ses  Membres, 
ainsi  qu'a  voulu  le  faire  l'Auteur  en  commençant  son  ouvrage  par  ces 
mots  :  Nous,  Membres  de  rAssevihlée  Nationale. 

«  Les  Citoyens  du  District  étant  intimement  persuadés  qu'il  ne 
peut  exister  dans  le  sein  de  cette  auguste  Diette  {sic)  des  Membres 
assez  mal  intentionnés  pour  tendre,  sous  le  voile  du  mystère,  des 
pièges  au  Peuple, 

«  11  a  été,  en  conséquence,  arrêté  qu'il  serait  nommé  deux  Députés 
pour  se  retirer  par-devant  MM.  les  Représentants  de  la  Commune  en 
Assemblée  générale,  à  l'efTet  de  les  prier  de  s'occuper  à  rechercher 
les  Auteurs  de  cet  imprimé  anonyme  et  dangereux;  que  cet  arrêté 
serait  envoyé  à  M.  le  Président  de  l'Assemblée  Nationale,  en  le  priant 
de  le  communiquer  à  l'Assemblée  comme  une  preuve  du  respect  du 
District  de  Saint-Jacques  l'Hôpital,  et  qui  sera  adressé  au  {sir)  59  Dis- 
tricts le  plus  promptement  possible  pour  éviter  les  efl'ets  dangereux 
des  principes  que  cet  Imprimé  renferme. 

<-  Efpour  porter  cet  Arrêté,  l'Assemblée  a  député  : 

"  MM.  Sergent,  Président; 

«  Parquoy,  Commissaire  du  Comité  Permanent . 

'<  Pour  extrait  conforme  audit  Arrêté,  délivré  par  nous  Secrétaire 
(ireffier  du  District,  étant  sous  registre  des  Délibérations  en  notre 
possession,  ce  jourd'hui,  i  février  1790. 

«  BLANC,  Secntairc-Grefficr  [V).  » 

H  était  évident  ({ue  le  Club  des  Impartiaux  se  recrutait  parmi  les 
membres  du  centre  de  l'Assemblée  natioiiclle,  et  le  prenait  de  haut 
vis-à-vis  de  la  majorité  ;  qu'il  aspirait  à  faire  nommer  deux  chambres^, 
une  haute,  l'autre  basse,  selon  le  système  anglais. 

(1)  Bil).  \at.  (inauuscrils).  Nouvelles  ;ic(|iiisiUoa.s  tVaii(;uises,  a"  2()i)8i 


MO  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

JX    - 

La  presse  patriote  publia  des  articles  sur  le  club  des  Impartiaux^ 
à  propos  duquel  Prudhomme  imprima  une  sorte  de  réquisitoire  qui 
lut  lu  avidement  par  les  masses  parisiennes  : 

«  Dès  la  première  séance,  la  faction  a  élu  pour  président,  par  accla- 
mation, son  altesse  éminentissime  ^  illustrissime  monseigneur Hu- 

teau  (vic),  avocat,  député  du  tiers  état  de  Paris  (1);  et  la  preujière 
matière  mise  en  délibération  a  été  la  conservation  des  biens  ecclé- 
siastiques, 

«  Il  s'est  trouvé  dans  le  nombre  des  assistants  quelques  honorables 
membres  qui  n'étoient  pas  venus  pour  chercher  des  moyens  de 
mettre  des  entraves  aux  opérations  de  l'Assemblée  nationale.  M.  le 
cardinal  de  Rohan  dit  expressément  :  «  Lorsqu'on  m'a  invité  à  venir 
ici,  on  m'a  assuré  qu'on  ne  s'occuperoit  que  d'objets  qui  auroient 
trait  à  l'intérêt  général,  et  je  vois  qu'il  s'agit  des  aflaires  particulières 
du  clergé.  Occupons-nous  du  bien  commun.  Cette  assemblée  ne  peut 
avoir  d'autre  objet  sans  crime  et  sans  danger.  »  Sa  remontrance  ne 
fut  point  écoutée.  Il  fut  décidé  que  le  parti  aristocratique  se  diviseroit 
en  deux  branches;  que  MM.  Maury,  d'Esprémenil  [sic)  et  le  vicomte  de 
Mirabeau,  avec  une  trentaine  d'autres  privilégiés,  continueroient  à  se 
montrer  ouvertement  les  ennemis  du  peuple,  de  la  révolution  et  de 
toute  sage  réforme,  pendant  que  MM.  Malouet  et  Virieu  se  mettroient 
à  la  tète  du  reste  de  la  faction,  et  prendroient  le  nom  respectable 
d'impartiaux  (2).  » 

En  réponse,  dans  la  Lettre  d'un  impartial  à  M.  Prudhomme ,  auteur 
des  Révolutions  de  Paris,  on  remarque  ces  explications  très  dévelop- 
pées : 

«  Je  suis  impartial.  Monsieur,  et  j'ai  lu  ce  que  vous  dites  de  notre 
société  dans  votre  28"  n".  Vous  nous  dénoncez  comme  des  aristo- 
crates; vous  nous  prodiguez  les  invectives  les  plus  atroces.  Je  ne  ré- 
ponds point  à  des  invectives;  et  le  public  jugera  bientôt  si  nous 
sommes  des  aristocrates  :  mais  vous  rappelez  nos  principes  pour  les 
combattre,  et  vous  annoncez  des  faits  inexacts.  C'est  uniquement 
pour  défendre  nos  principes  et  pour  rétablir  les  faits  que, je  vous 
écris  cette  lettre.  Vous  dites  que  nous  nous  assemblons  aux  Auguslins ; 


{{)  Hulteati,  quoique  partisan  des  idées  nouvelles,  vota  souvent  avec  la  minorité 
réactionnaire. 
(2)  Jiévolulions  de  Paris,  1790,  n»  28,  p.  il  et  12. 


CLUB  DES  IMPART  [AUX  117 

que  le  district  de  rabbaye  Saint-Germain  regarde  cette  assemblée  comme 
ïin  attronpement  qui  doit  être  dissipé,  à  moins  que  les  aristocrates 
attroupt's  ou  conjurés  ne  reçoivent  quatre  commissaires  pour  surveiller 
ce  qui  se -passera  dans  rassemblée.  Ces  quatre  lignes  sont  un  tissu 
d'erreurs.  Nous  nous  assemblons  rue  de  la  Michodière,  n"  8  ;  nous 
avons  envoyé  au  district  des  filles  Saint-Thomas  deux  députés  pour 
prévenir  ces  messieurs  de  l'existence  et  du  but  de  notre  association, 
leur  remettre  des  exemplaires  de  nos  principes,  et  inviter  à  nos 
séances  ceux  de  ses  membres  à  qui  il  conviendroit  d'y  assister.  Le 
président  du  district  a  reçu  nos  députés  avec  les  égards  dus  à  une 
réunion  de  bons  citoyens  ;  réunion  que  la  loi  approuve,  et  que  vous 
avez  tort  de  calomnier.  Voilà  les  faits  auxquels  j'ajoute  que  le  cin- 
quième article  de  notre  règlement  porte  :  que  toute  personne  pré- 
sentée par  un  membre  pourra  assister  à  nos  séances  ;  d'où  je  vous 
somme  de  conclure  que  nos  intentions  sont  pures,  et  que  vous-même, 
M.  Prudhomme,  vous  pouvez  vous  présenter  à  nos  assemblées,  et 
que  vous  nous  ferez  plaisir. 

«  Dans  l'analyse  de  nos  principes,  vous  parodiez  quelquefois,  et 
vous  ne  raisonnez  pas  souvent. 

«  Lorsque  nous  disons  que  nous  renonçons  aux  opinions  par  les- 
quelles, dans  les  discussions,  quelques-uns  de  nous  ont  pu  combattre 
les  principes  que  l'Assemblée  nationale  a  décrétés,  vous  dites  que  l'on 
doit  nous  en  savoir  gré  ;  cela  n'est  ni  piquant  ni  profond.  Vous  me 
dispenserez  d'y  répondre. 

«  Lorsque  nous  disons  que  nous  ne  voulions  pas  une  révolution  à 
feu  et  à  sang,  vous  dites  que  nous  la  voulions  à  Yea\i  rose,  comme 
celle  de  Cro/n?/'e//;  cela  n'est  ni  de  bon  goût  ni  de  bon  sens;  vous  me 
dispenserez  dy  répondre. 

«  Lorsque  nous  disons  que  nous  voulons  que  le  pouvoir  exécutif 
reprenne  toute  son  énergie,  vous  dites  que  les  patriotes  le  veulent 
aussi.  Dieu  veuille  que  vous  ne  soyez  pas  démenti  par  tous  ceux  que 
vous  appelez  patriotes  ;  et  je  n'aurai  rien  à  vous  répondre. 

«  Lorsque  nous  disons  que  nous  nous  opposerons  à  la  liberté  de 
tous  les  cultes  publics,  vous  ne  combattez  cette  assertion  que  par 
l'exemple  de  l'Amérique,  de  Strasbourg  et  de  Bordeaux.  —  Je  vous 
réponds  que  nous  avons  expliqué  cette  phrase  dans  nos  principes 
impartiaux,  qu'en  accordant  le  culte  commun,  nous  nous  bornons  à 
désirer  que  la  solennité  du  culte  soit  réservée  à  la  religion  catholique, 
(jue  l'Assemblée  nationale  a  sans  doute  reconnue  nationale  (1),  puis- 

(1)  '<  Ou  la  roliaion  catholiquo  est  uno  associfitinn  libro,  ou  fllo  osl  \\n  (>(abli!*- 


♦  18  LES  Cr.UUS  CONTRE-HÉVOLUTIONNAIRES 

qu'elle  a  déclaré  ses  biens  à  la  disposition  de  la  nation,  comme  appar- 
lenans  à  un  établissement  public.  Enfin,  je  vous  observe  que  Thu- 
meur  qui  repiirait  en  Languedoc  ne  prouve  que  trop  qu'il  faut  laisser 
mûrir  les  nations,  et  ne  pas  compromettre  la  tranquillité  publique. 

"  Lorsque  nous  annonçons  que  nous  voulons  borner  aux  4{K)  mil- 
lions décrétés  les  alithiations  des  biens  du  Clerr/é,  vous  dites...  Voilà  le 
ffraud  mot  lâché.  11  n'y  a  rien  à  répondre  à  cette  raison.  Vous  ajoutez 
qu'on  ôtera  à  VAhbè  Maury  ses  huit  cents  fermes,  qu'on  lui  en  laissera 
uner  ou  deux  pour  vivre  jusqu'à  ce  qu'il  trouve  une  paroisse  qui 
veuille  de  lui  pour  vicaire.  — A  cela  je  réponds  qu'il  ne  faut  voler 
personne,  même  VAhbé  Maury;  et  que  l'homme  qui  propose  de  dé- 
pouiller, même  un  Aristocrate.,  n'a  ni  principes,  ni  probité. 

«  Lorsque  nous  disons  que  nous  soutiendrons  l'ordre  de  Malthe, 
vous  nous  dites  que,  ne  connaissant  pas  les  raisons  de  M.  Camus, 
nous  ne  pouvons  pas  savoir  si  elles  ne  seront  pas  bonnes.  Je  réponds 
que,  du  moins,  nous  connaissons  l'ordre  de  Malthe,  ses  droits  et  ses 
propriétés,  les  raisons  qu'il  y  a  pour  défendre  un  établissement  qui 
protège  notre  commerce  du  Levant,  et  qui  est  de  la  plus  grande 
utilité  politique;  enlln,  que  nous  connaissons  M.  Camus  [i),  si  nous 
ne  connaissons  pas  ses  raisons. 

«  Lorsque  nous  annonçons  notre  indifférence  pour  1(!S  chapitres 
nobles,  vous  dites  que  ces  établissements  sont  dispendieux  et  inutiles 
î\  l'état;  je  réponds  que  cela  est  loin  d'être  prouvé,  mais  que  leur 
inutilité  même  démontrée  ne  nous  condamne  pas,  puisque  nous 
renonçons  à  les  défendre. 

«'  Voilà  cependant,  Monsieur,  ce  que  vous  avez  cru  devoir  atta<iuer; 
et  c'est  après  cette  série  de  raisonnements  que  vous  dites  :  là  est  l'as- 
tuce, le  mensonge  et  rhypocrisie.  M.  Prudhomme,  vous  n'êtes  pas  im- 
partial. 

((  J'ai  l'honneur  d'être,  etc. 

«  Un  Imi'ahtial.  » 

X 

I^a  polémique  des  Impartiaux  avec  les  journaux  patriotes  devenail 
de  plus  en  plus  vive.  Les  modérés  se  disaient  calomniés,  faussemeni, 
hypocritement  accusés  d'aristocratie.  Les  patriotes  s'apercevaient 


sonipnt  public  ot  national  ;  dans  lo  premier  cas,  la  nation  n'a  aucun  droit  sur  ses 
biens;  dans  le  second  cas,  on  ne  peut  lui  contester  la  faveur  et  l'existence  d'une 
religion  nationale;  il  n'y  a  pas  moyen  de  soi'tir  de  ce  dilême  (sic).  >> 
[l)  Camus  fut  avocat  du  cleroré  de  Krance  avant  la  Révolution. 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  H9 

que  les  Impartiaux^  en  bons  termes  avec  la  plupart  des  représentants 
des  pouvoirs  publics,  se  croyaient  appelés  à  peser  sur  le  gouverne- 
ment, à  parler  sans  cesse  au  nom  du  roi  et  de  ses  droits  légitimes. 

Ils  répondirent  à  Camille  Desmoulins,  qui  les  attaquait  vertement, 
par  une  nouvelle  profession  de  foi  : 

..   LETTRE 

«  d'un  impartial 
«  A  M.  CAMILLE  DESMOULINS, 

'<   Anlritr  (les  /i('-volii lions  de  Brnlinnt  (I;. 

«  M 

"  .l'hésitois  à  vous  écrire;  je  me  disois  :  Qu'y  a-t-il,  que  peut-il  y 
avoir  entre  Camille  Desmoulins  et  la  société  des  Impartiaux?  Je  me 
rappellois  ce  qu'a  dit  un  de  nos  membres  à  Versailles  :  Il  y  a  loin  du 
fer  de  l'assassin  au  cœur  de  l'honnête  homme;  mais,  puisqu'entin 
vous  avez  franchi  l'espace,  puisque  vos  calomnies  nous  atteignent,  il 
faut  bien  qu'on  vous  réponde. 

«  Il  est  faux  que  nous  soyons  des  aristocrates;  nos  principes  ne 
sont  et  ne  seront  jamais  les  leurs;  nous  obéissons  à  la  constitution 
qu'ils  attaquent  ;  nous  reconnaissons  (art.  II)  que  la  nation  seule  peut 
la  changer  ou  la  modifier. 

«  Nous  reconnaissons  (art.  III)  qu'il  faut  garder  la  foi  promise  el 
due  aux  créanciers  de  l'état. 

«  Nous  demandons  (art.  IV)  pour  le  Roi,  non  pas  une  autorité  illi- 
mitée, mais  le  pouvoir  exécutif  suprême,  conforme  au  vœu  solennel 
de  la  nation,  et  aux  principes  monarchiques  reconnus  et  consacrés 
par  la  constitution. 

«  Nous  jurons  (art.  Vj  de  défendre  les  droits  de  l'homme  et  du 
citoyen. 

«  Nous  reconnaissons  (art.  XI)  qu'une  nouvelle  constitution  veul 
un  autre  ordre  judiciaire,  dans  lequel  les  nouveaux  tribunaux  soient 
restreins  au  seul  pouvoir  de  juger. 

«  Nous  voulons  (art.  XIII)  que  l'armée  et  les  gai'des-nationales 
soient  soumises  au  monarque,  comme  le  monarque,  lui-même,  doit 
être  soumis  aux  lois. 

«  Voilà,  Monsieur,  la  doctrine  de  ceux  que  vous  appelez  aristo- 
crates. MM.  Duv.  d'Espr.,  de  Caz...et  Mau...  la  signeront  peut-être  un 


(1)  Révohdlons  de  France  et  de  Brahmit.  Cp  journal  oui  86  numéros,  sous  la 
direction  de  Camille  Desmoulins,  et  obtint  un  j^rand  sum'-s.  Il  parut  depuis  le 
28  novembre  1789  jusqu'au  18  juillet  1791. 


lyu  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIUES 

jour;  mais,  jusqu'à  présent,  ils  ne  l'ont  pas  signée,  et  nul  ne  peut 
être  (sic)  de  notre  société  qu'il  n'ait  signé  ces  articles. 

«  IVous  ne  voulons  que  la  paix  et  l'afFermissement  de  la  constitu- 
tion, et  nous  croyons  fortement  que  l'une  et  l'autre  ne  peuvent 
s'opérer  que  par  un  amour  constant  de  la  vérité  et  de  la  justice. 
Indulgent  [sic)  pour  les  erreurs,  nous  sommes  implacables  pour  les 
cabales;  nous  haïssons  les  brigands  qui  font  usage  de  la  lanterne  ; 
nous  exécrons  les  ambitieux  qui  font  usage  des  brigands,  et  nous 
méprisons  les  journalistes  qui  se  vouent  à  louer  les  ambitieux,  les 
brigands  et  la  lanterne. 

«  Inébranlables  dans  nos  principes,  nous  ne  craignons  pas  la 
lumière  ;  tout  honnête  homme  peut  être  admis  à  nos  séances,  s'il  est 
présenté  par  un  membre  :  si  vous  ne  trouvez  personne  qui  veuille 
vous  y  présenter,  je  vous  promets  une  exception,  vous  pouvez  venir 
votre  journal  à  la  main,  et  le  président  ou  un  secrétaire  vous  feront 
donner  une  place. 

«  Je  vous  ai  fait.  Monsieur,  notre  profession  de  foi;  j'y  ajoute,  pour 
votre  instruction,  que  nous  respectons  toutes  les  autorités  légitimes, 
que  nous  regardons,  avec  l'Assemblée  nationale  et  d'après  ses  décrets, 
la  personne  du  roi  comme  inviolable  ;  que,  persuadés  que  les  vertus 
privées  sont  les  garans  et  les  compagnes  inséparables  des  vertus 
publiques,  nous  respectons  dans  notre  roi  les  qualités  de  bon  père, 
et  de  bon  mari;  que  nous  nous  interdisons  soigneusement  de 
l'aftliger  dans  ses  affections  ;  et  qu'ainsi,  jamais  un  Impartial  ne  rira 
de  vos  indécentes  plaisanteries  sur  le  Roi,  que  vous  appelez  M.  Veto, 
ni  sur  la  reine,  que  vous  appelez  avec  affectation  la  femme  du  roi,  à 
qui  vous  refusez  le  titre  de  Majesté,  et  dont  vous  regardez  le  prétendu 
ressent imnit  comme  un  argu  lient  sans  rêpHqije,  en  faveur  de  celui 
que  vous  en  croyez  l'objet. 

«  Je  me  borne  à  ce  peu  de  mots,  mais  je  vous  promets  que  si  la 
société  entreprend  jamais  l'analyse  des  libelles  qui  ont  infecté  la  ca- 
pitale, je  me  chargerai  avec  résignation  de  celle  de  vos  maximes 
anarchiques. 

«  J'ai  l'honneur  d'être,  etc. 

«  Un  Impartial  (l).  » 

S'attaquer  à  Camille  Desmoulins,  plein  de  verve,  d'esprit,  d'élo- 
quence passionnée,  de  violence  endiablée,  c'était  rompre  complèle- 
ment  avec  les  hommes  d'action.    Depuis  le   mois   de  juillet  1789, 

(1)  Bib.  Nat.,  Lb  39/3042. 


CLUH  DES  IMPARTIAUX  121 

époque  où  il  avait  jeté  pour  la  première  fois,  dans  le  Palais-Royal,  le 
cri  :  Aux  armes!  Camille  exerçait  une  grande  influence  sur  le  peuple 
de  Paris  qui  lui  faisait  cortège  dans  les  rues. 

Le  Club  des  Impartiaux  sembla  réactionnaire  au  suprême  degré, 
non  plus  seulement  modéré  comme  il  prétendait  l'être.  Les  avancés 
de  toute  nuance  se  plurent  à  dénoncer,  chaque  jour,  avec  plus  d'in- 
sistance, son  attitude  aristocratique  et  monarchique  ;  il  se  trouva  pris 
entre  deux  feux,  moqué  par  les  royalistes  purs,  accablé  par  les  (-or- 
deliers  et  les  Jacobins. 

XI 

Le  mot  même  d'impartial  souleva  une  polémique.  Un  pamphlétaire 
apostropha  ainsi  les  membres  du  Club  des  Imparliaax^  incapables  de 
résister  à  tant  d'ennemis  clairvoyants  : 

«  Non,  Messieurs  les  Impartiaux,  ne  l'espérez  pas  :  quelque  facile  à 
tromper  que  soit  le  bon  peuple  de  France,  vous  ne  parviendrez  pas 
à  le  séduire.  Votre  masque  patriotique  ne  vous  servira  de  rien  :  on 
vous  connoît;  vous  êtes  ces  tristes  Sénateurs  déjoués  dans  leurs 
projets,  qui  s'étoient  flattés  de  s'asseoir  dans  la  Chambre  haute,  et 
d'y  devenir  les  heureuses  souches  d'une  nouvelle  race  de  patriciens. 
Vous  êtes  les  exécuteurs  de  ce  vaste  projet  enfanté  par  Brienne,  cor- 
rigé, perfectionné  depuis  son  départ. 

«...  Vous  vous  glorifiez  d'avoir  été  inscrits  sur  les  listes  de  pros- 
cription ;  quelques-uns  de  vous  assurent  même  qu'on  a  voulu  les 
traiter  comme  les  Foulons  et  les  Berlhiers. 

«  Messieurs  les  Impartiaux,  vous  vous  vantez,  personne  ne  vous  a 
fait  l'honneur  de  songer  à  vous  pendre  ;  mais  vous  aviez  peur,  on 
s'en  apercevoit;  et  en  vous  parlant  de  la  lanterne,  on  s'assuroit  de 
vos  suffrages. 

«  Vous  vouliez  une  révolution  ;  mais  vous  eussiez  désiré  d'employer 
vingt  ans  éi  détruire;  vous  vouliez  savourer  ce  plaisir  délicieux  : 
j'avoue  de  bonne  foi  que  j'aime  mieux  les  Enragés »  (1). 

Un  autre  pamphlétaire  les  définissait  à  sa  manière  : 

«  Impartiaux  :  mot  très  nouvellement  inventé,  et  très  justement 

appliqué  à  une  association  de  zélés  patriotes,  qui  viennent  de  se  con- 

fédérer  pour  le   bien  public  qu'ils  désirent.  Cette  association   est 

appelée  le  club  des  impartiaux;  elle  est  composée  des  honorables 

(1)  Voulez-vous  sauver  rÉla'.'  Ptenez  et.  lisez.  Jîmr'liiire  do  42  p..  lu-8".  1790. 


12?  LKS  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

membres,  déjà  célèbres  et  célébrés  sous  le  nom  d'Avgiistlns.  Ils  ont 
(les  principes  invariables  qu'ils  ont  exposés  dans  leurs  invariables 
statuts,  où  ils  annoncent  qu'il  est  plus  que  tems,  pour  ramener  la 
paix  et  sauver  la  France,  de  conserver  au  clergé  un  domaine  territo- 
rial, et  de  mettre  en  vigueur  le  pouvoir  exécutif  suprême.  M,  de 
Malouet,  si  avantageusement  connu  par  son  civisme,  est,  dit-on,  pré- 
sident-né de  ce  cliib!  Ali  !  que  d'associations  qui  veulent  votre 
bien  (1)  !  » 

Le  Moniteur  universel  publia,  sous  la  rubrique  Variétés,  Réflexions 
sur  VEspril  de  parti,  un  article  contenant  ce  paragraphe  : 

«  Quant  aux  Ln/.artianr,  je  ne  leur  parlerai  point;  j'attends  qu'ils 
prennent  un  parti  ;  car  entre  o^d  et  non,  je  ne  vois  pas  trop  de  mi- 
lieu, et  il  y  a  une  différence  notable  entre  ces  deux  choses,  prendre 
vn  parti,  ou  être  d'un  parti  (2).  -> 

Dans  cet  article,  le  Moniteur  lui-même,  réputé  pour  sa  modération, 
ou  du  moins  pour  ga  neutralité  habituelle,  lançait  une  flèche  à  des 
gens  qui  laissaient  à  deviner  leurs  véritables  intentions  et  qui  no 
montraient  pas  franchement  leur  cocarde,  qui  louvoyaient  entre  it 
roi  et  l'Assemblée  nationale. 

Répondant  à  un  article  de  VOhserimteur,  le  Journal  des  Impartiaux 
déclarait  : 

«  V impartialité  consiste,  non  à  ne  prendre  aucun  parti  ni  pour  ni 
contre  la  révolution,  ni  pour  ni  contre  l'Assemblée  nationale,  mais  à 
respecter  la  constitution,  à  obéir  aux  lois,  à  vouloir  que  tout  le 
monde  vive  en  paix  sous  leur  égide,  à  ne  point  exciter  la  défiance  du 
peuple,  à  ne  point  l'encourager  au  désordre,  à  ne  point  lui  répéter 
sans  cesse  qu'il  est  juge  et  souverain. 

«  Par  exemple,  un  Impartial  Ruro\t  remis  MM.  Foulon,  Berthier, 
entre  les  mains  de  leurs  juges  naturels.  Un  Impartial  attendra  patiem- 
ment que  le  Châtelet  prononce  sur  M.  de  Favras;  un  Impartial  res- 
pectera  les  décrets  de  l'Assemblée  nationale,  même  quand  ils  auroient 
été  rendus  contre  son  opinion.  —  Un  Im/artial,  iidèle  à  la  nation,  à 
la  loi  et  au  roi,  votera  selon  sa  conscience,  s'il  est  membre  du  corps 
législatif;  il  prononcera  suivant  l'étjuité  et  la  loi,  s'il  est  juge;  il 
remplira  ses  devoirs  de  citoyen,  quelque  poste  que  le  hasard  ou  la 
fortune  lui  aient  assigné.  —  Dans  les  élections,  un  Impartial  n'écou- 


(1)  Diriionnaire  national  et  anecdotique,  et'-.,  par  M.   de  YEpith'dp,  cir.  (1790), 
au  mot  Impartiaux.  (Bib.  de  la  Chamhvo  des  députés,  If  264.) 

(2)  Moniteur  )i>iiversel,  nuniéi'o  du  21  avril  1790. 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  m 

tera  que  sa  conscience,  sera  inaccessible  à  la  brigue  et  à  la  cabale.— 
Dans  les  moments  de  crise  qui  ont  amené  la  révolution,  un  Impartial 
auroit  distingué  Ténergie  de  la  violence,  et  l'insurrection  légitime 
des  fureurs  incendiaires  et  gratuites.  — Maintenant  que  la  révolution 
est  faite,  un  Impartial  ne  croira  point  que  l'expédition  des  Invalides 
et  de  la  Bastille  puisse  être,  pour  un  peuple  policé,  une  règle  habi- 
tuelle de  conduite.  Un  Impartial,  enfin,  pense  aujourd'hui  5  février 
1790,  et  pense,  avec  satisfaction,  que  la  nouvelle  constitution,  des- 
tinée à  se  perfectionner  sans  cesse,  n'a  pas  besoin,  pour  se  maintenir, 
des  libellistes  ni  des  séditieux. 

u  L'Observateur  qui  a  occasionné  cette  courte  réponse  affecte  de 
substituer  partout  le  mot  Impartial  au  mot  Aristocrate.  D'autres 
journalistes  traduisent  le  mot  Impartial  par  celui  à'enragé;  cela 
prouve  que  le  mot  Impartial,  d'après  ces  différentes  traductions,  et 
malgré  leurs  auteurs,  ne  signifie  qu'Impartial  (1).  » 

Par  contre,  le  public  donnait  au  mot  le  sens  de  réactionnaire  ou 
d'intrigant. 

Dans  une  brochure  publiée  probablement  en  1791,  contre  les  clubs, 
nous  trouvons  ces  lignes  : 

«  Je  le  demande,  non  pas  aux  impartiaux,  car  ce  nom  est  devenu 
une  injure,  également  prodiguée  par  les  aristocrates  et  les  démo- 
crates, à  ceux  qui  ne  sont  ni  l'un  ni  l'autre;  je  le  demande,  dis-je, 
aux  partisans  désintéressés  de  la  liberté  et  de  notre  constitution,  à 
quoi  servent  ces  clubs  politiques  qui  se  font  aujourd'hui  une  guerre 
si  cruelle?  (2)  » 

XII 

En  réalité,  les  Impartiaux  croyaient  posséder  à  eux  seuls  la  sagesse 
politique,  distribuaient  çà  et  là  le  blâme  ou  l'éloge,  toujours  au  nom 
de  la  Constitution  que  les  députés  élaboraient.  C'étaient  des  théori- 
ciens en  face  d'hommes  pratiques  :  affectant  le  désintéressement, 
niant  presque  les  mouvements  de  la  Révolution,  tels  que  la  prise  de 
la  Bastille  et  la  nuit  du  4  août;  ne  tenant  compte  ni  des  entraînements 
de  la  noblesse  et  du  clergé,  ni  des  enthousiasmes  populaires  qui  se 
terminaient  par  des  excès  compréhensibles,  sinon  excusables. 

Ils  n'admettaient  pas  que  Ton  pût  improuver  les  refus  de  sanction 


(1)  IJ Observateur,  n*  79.  —  Journal  (/es  Impartiaux,  a"  1. 

(2)  Des  rliifjs  ji'A  liqu<'.<  et  fli's  lihelles.  (Hib.  XaL.  Lb  .'J9/i29J .) 


124-  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

par  Louis  XVI,  qu'on  préférât  la  loi  dans  les  conflits  entre  le  roi  et 
l'Assemblée  nationale. 

Dans  les  Réflexions  d'vn  Jmpartial  sur  la  séance  du  30  janvier 
(1790),  nous  lisons,  pages  4  et  o  : 

«  On  a  professé,  sans  réclamations,  dans  l'Assemblée  nationale, 
une  doctrine  contraire  à  la  constitution. 

«  On  a  fait  un  reproche  au  prévôt  général  de  Provence  de  n'avoir 
point  obéi  au  décret  du  8  décembre,  non  sanctionné  par  le  Roi.  Ce 
l'eproche  est  injuste  et  contient  un  principe  faux.  L'obéissance  n'est 
due,  en  matière  de  législation,  qu'aux  décrets  sanctionnés  par  le  Roi. 
Ce  principe,  consacré  dans  notre  constitution,  est  la  sauve-garde  de 
l'autorité  royale  et  de  la  liberté  publique.  L'erreur  contraire  à  ce 
principe  n'auroit  pas  été  professée  sans  contradiction  si  l'assemblée 
eùl  été  plus  calme  ou  plus  attentive. 

«  Un  Impartial  (I).  » 

Dans  la  séance  du  5  février  1790,  le  discours  que  Louis  XVI  avait 
prononcé  la  veille  ù  l'Assemblée  nationale  fut  le  premier  objet  qui 
occupa  les  Imparliaux.  On  en  fit  une  lecture  raisonnée.  Un  membre 
le  commenta,  et  son  discours  fut  imprimé  et  publié  dans  le  Journal 
des  impartiaux  {'2). 

Cependant,  le  club  végétait.  A  plusieurs  de  ses  membres  il  fallait 
une  accentuation  d'opinion  qui  n'était  pas  son  fait.  Le  Mercnrr  de 
France  constatait  : 

«  La  Société  des  Impartiaux^  dont  nous  avons  exposé  l'origine,  la 
formation  et  les  principes,  a  déjà  eu  tous  les  honneurs  de  la  guerre, 
c'est-à-dire  qu'elle  peut  se  glorifier  de  l'animadversion  des  Partis 
extrêmes.  Les  Énergumènes  qui  catéchisent  la  Nation  de  Paris,  ont 
gagné  leur  argent  en  insultant  cette  Société  qui  n'insulte  personne. 
C'est  un  scandale  de  plus  que  ces  brutales  hostilités,  dont  le  ton  dé- 
cèle des  Auteurs  bien  pervers,  ou  bien  ignorans.  Il  suffit,  en  efTet,  de 
jeter  un  coup  d'œil  sur  les  principes  des  fmpartianx,  pour  se  con- 
vaincre que,  sous  peine  de  subversion  prochaine,  il  faudra  bientôt 
venir  se  reposer  sur  ces  bases  de  tout  Gouvernement  libre;  mais 
libre  comme  peut  l'être  un  Empire  de  24  millions  d'âmes.  On  se  dou- 
tera bien  que  si  quelques-uns  font  semblant  de  croire  les  Impartiaux 
des  sectateurs  de  la  Démocratie,  les  fameux  Apôtres  de  celle-ci  les 
intitulent  des  Aristoerat<'.<.  Des  Aristocrates  qui  consacrent  l'égalité 


(1)  I5ib.  Nat.,  Lb  39,2868. 

(2)  Vuir  plus  haut.  ii.  9.'{. 


CLUB  DES  IMPARTIAUX  125 

des  Droits  et  des  Personnes,  l'obéissance  à  la  Constitution,  la  préro- 
gative inaliénable  du  Peuple  de  la  réformer,  si  l'expérience  et  la  rai- 
son nécessitent  des  changemens!  Des  Aristocrates  qui  subordonnent 
les  Corps  Militaires  au  seul  suprême,  inamovible  et  héréditaire  Repré- 
sentant DE  LA  Souveraineté  Nationale,  qui  demandent  pour  ce  Repré- 
sentant suprême  un  pouvoir  limité,  responsable,  mais  suffisant  à 
prévenir  l'Aristocratie  de  cent  mille  autorités  particulières  et  celle 
des  factions!  Des  Aristocrates,  enfin,  qui,  en  soumettant  le  Roi  à  la 
Loi,  lui  confient,  comme  au  seul  Pouvoir  de  l'État  capable  de  l'opérer, 
le  maintien  de  cette  Loi  qui  fonde  la  liberté  et  la  sûreté  de  tous!  Ah! 
que  ce  mot  d'A7nstocrate  a  de  commodité  pour  les  sots  qu'il  dispense 
d'avoir  des  idées,  et  pour  les  brigands  qui  pillent  les  Châteaux  (1)!  » 

En  mai  1790,  le  journal  de  Prudhomme  remarquait  : 

"...  Les  im/?ar^iawa:  d'aujourd'hui  n'osent  pas  s'intituler  l'oyalislcs, 
pai-ce  que  ce  mot  trahiroit  leur  but  et  leurs  desseins.  Ce  sont  des 
hommes  qui,  perdant  peu  à  l'extinction  des  aristocraties,  et  qui, 
ayant  plus  à  espérer  des  faveurs  de  la  cour  que  du  retour  de  l'ancien 
régime,  dont  plusieurs  points  leur  étoient  nuisibles,  travaillent  et  tra- 
vailleront chaque  jour  davantage  à  agrandir  le  pouvoir  royal  ou  mi- 
nistériel, parce  que  plus  le  pouvoir  exécutif  aura  de  pensions,  d'am- 
bassades, de  grades,  de  bénéfices,  de  traitemens  à  donner,  plus  ils 
auront  à  recevoir  ('2).  « 

Le  Club  des  Impartiaux  disparut  bientôt,  victime  de  sa  propre  im- 
puissance. Quelques-uns  de  ses  membres,  nettement  royalistes,  n'at- 
tendirent pas  que  l'autorité  le  fermât;  ils  s'en  allèrent  dans  d'autres 
réunions,  par  exemple  au  Club  monarchique  (3).  Le  reste  cessa  de  se 
rassembler  rue  de  la  Michodière^  en  gardant  ses  "principes^  à  peu  de 
chose  près  pareils  à  ceux  des  Feuillants  ou  des  membres  du  Salon 
français  et  de  la  Société  de   1789  (4). 

Le  côté  droit  de  l'Assemblée  nationale  essayait  d'avoir  ses  cluhs 
dans  Paris,  malgré  les  huées  et  les  menaces  de  la  foule.  Il  n'y  avait 
<|u'à  choisir,  pour  les  Impartiaux. 


(1)  Mercure  de  France,  ir  6,  du  6  février  1790. 

(2)  Révolutions  de  Paris,  n»  43,  du  1"  au  8  mai  1790. 

(3)  Voir  plus  bas,  Club  monarchique. 

(t)  -Voir  plus  bas,  Club  des  Feuillants,  Salon  français,  Société  de  I7<S'K 


CLUB   MONARCHIQUE 


ou 


DES  AMIS  I)E  Ik  CONSTITUTION  MONARCHIQUE 

ï'ondé    eo    1790. 


I 


Lorsque,  daiis  la  salle  du  Jeu  de  Paume,  à  Versailles,  le  :20  juin 
1789,  même  avant  la  fusion  complète  des  trois  ordres,  les  députés 
prononcèrent  un  serment  solennel  en  déclarant  qu'ils  se  réuniraient 
partout  où  les  circonstances  l'exigeraient,  qu'ils  ne  se  sépareraient 
pas  avant  d'avoir  établi  une  Constitution,  il  n'y  eut  qu'un  seul  oppo- 
sant. A  dater  de  ce  jour,  les  représentants  des  communes  devinrent 
peu  à  peu  une  majorité  puissante,  imposèrent  leurs  volontés  aux 
nobles  et  aux  ecclésiastiques.  L'absolutisme  royal  dut  disparaître; 
la  nation  et  la  loi  passèrent  avant  le  roi  ;  la  monarcbie  n'exista  plus, 
en  fait,  qu'à  l'état  de  monarcliie  constitutionnelle,  ce  que  les  fanati- 
([ues  du  pouvoir  absolu  ne  voulaient  pas  admettre. 

A  la  grande  joie  du  peuple  français,  les  députés  se  mirent  à  l'œuvre, 
rendirent  des  décrets  constitutionnels,  et,  enfin,  votèrent  la  Consti- 
tution de  1791,  qu'ils  tirent  accepter  par  Louis  XVL 

Les  prérogatives  séculaires  de  la  royauté,  celles  de  la  noblesse  et 
du  clergé  furent  détruites.  Roi,  nobles  et  prêtres  réagirent  plus  ou 
moins  pour  ressusciter  l'ancien  régime.  On  combattit,  chez  les  réac^ 
tionnaires  comme  chez  les  partisans  de  la  Révolution,  par  les  écrits 
et  par  la  parole.  Des  clubs  s'ouvrirent  contre  les  idées  nouvelles,  et 
la  défense  des  prétendus  droits  de  Louis  XVI  y  fut  présentée  sous 
deux  aspects.  Los  uns,  invoquant  la  Constitution,  ne  s'intitulèrent 
pas  absolument  monarchiques  ou  aristocratiques,  mais  simplement 
constitutionnels,  faisant  la  part  du  roi  en  même  temps  «jue  celle  de 


128  LES  CLUBS  CONTRE  RÉVOLUTIONNAIRES 

la  loi  et  de  la  nation.  Un  autre  alla  plus  loin  et  prit  le  titre  de  Club 
des  Amh  de  la  Constitution  monarchique^  ne  séparant  pas  la  cause 
royale  de  la -cause  constitutionnelle,  n'admettant  celle-ci  que  subor- 
donnée à  celle-là. 

Le  Club  dont  nous  allons  retracer  les  vicissitudes  incessantes  parut 
et  devint,  dès  ses  débuts,  le  Club  monarchique,  aux  yeux  de  la  foule 
et  du  gouvernement  nouveau,  qui  devinèrent  les  arrière  pensées  de 
ses  membres,  lui  firent  la  guerre  pendant  quatre  années.  Le  gouver- 
nement toléra  parfois  une  réunion  qui  portait  défi  aux  hommes  et 
aux  actes  de  la  Révolution;  mais  le  peuple  la  regarda  comme  une. 
redoutable  machine  de  réaction  vers  le  passé  abhorré,  et,  instinctive- 
ment, ne  voulut  pas  la  laisser  fonctionner. 

Le  Club  monarchique  fut  un  organe  malheureux  de  ceux  qui  conti- 
nuaient à  placer  le  roi  sur  le  premier  rang,  avant  la  nation  et  la  loi. 
il  convient,  pour  bien  faire  comprendre  son  but,  de  rappeler  les  cir- 
constances qui  amenèrent  sa  formation,  ainsi  que  les  polémiques 
antirévolutionnaires  qui  accompagnèrent  ses  premiers  efforts. 

Aussitôt  que  la  convocation  des  États  généraux  fut  décidée,  les 
classes  privilégiées  pressentirent  quelques  résultats  dangereux  pour 
leurs  prérogatives;  de  même  Louis  XVI  redoutait  une  institution  quL 
n'avait  pas  fonctionné  depuis  1614,  et  dont  la  réapparition  lançait  le 
gouvernement  royal  dans  l'inconnu 

Les  ecclésiastiques  et  les  nobles  cherchèrent  à  s'entendre  pour 
échapper  au  naufrage  auquel  «  la  tempête  révolutionnaire  »,  fort 
menaçante,  les  exposerait  peut-être.  En  mai  juin  1789,  les  ecclésias- 
tiques et  les  nobles,  électeurs  de  Paris,  tenaient  des  réunions  incom- 
plètes, plus  ou  moins  clandestines,  tantôt  dans  un  endroit,  tantôt 
dans  un  autre,  parfois  chez  le  président  Oudet  (1),  du  district  de 
Notre-Dame,  un  des  délégués  pour  faire  partie  de  la  députation  en- 
voyée au  roi  par  l'assemblée  générale  des  électeurs. 

Tout  d'abord,  il  ne  s'éleva  guère  de  discussions  sur  la  question 
royale,  sur  les  privilèges  de  la  noblesse  et  du  clergé.  Les  cahiers  des 
États  (février-avril  1789)  s'en  occupaient  suffisamment;  d'ailleurs,  les 
États  généraux  ne  devaient  s'assembler  que  le  5  mai,  n'avaient  pas 
encore  parlé  ni  agi,  et  l'on  ne  pouvait  que  se  livrer  à  des  conjectures 
sur  la  conduite  des  députés  des  trois  ordres. 

En  mai  1789,  écrit  Alexandre  de  Lameth  (2),  des  nobles  et  des  par- 


(1)  Jean-Baptiste   Oudet,  ancien  avocat,   notable  i'i  la  Ville.   Électeur  de  1789, 
demeurant  Cloître  de  Notre-Dame,  n"  23. 

(2)  Histoire  fie  VAssemhIce  constituante  t.  I.  j».  3.'i. 


CLUB  MONARCHIQUE  129 

lemenlaires,  qui  avaient,  depuis  deux  ans,  l'habitude  de  s'assembler 
pour  parler  politique,  louèrent  à  Viroflay,  au  bout  de  l'avenue  de 
Versailles,  une  maison  où  ils  tinrent  une  sorte  de  club  qu'on  appelait 
Club  de  Viroflay.  Clermont-Tonnerre  était  l'un  d'eux,  Clermont-Ton- 
nerre  dont  il  sera  beaucoup  parlé. 

En  1789,  on  placarda  dans  les  galeries  du  Palais-Royal  une  affiche 
portant  que  les  rois,  en  France,  «  ne  tenaient  leur  couronne  que  de 
Dieu  et  de  leur  épée.  >» 

Le  royalisme  s'agita,  à  mesure  que  le  tiers  état  prit  plus  de  consis- 
tance. A  peine  les  députés  de  la  Constituante  eurent  agi  au  nom  de  la 
Nation,  eurent  placé,  dans  leur  devise,  la  Nation  avant  la  Loi  et  le 
Roi,  répétons-le,  que  le  système  réactionnaire  commença  d'être  ap- 
pliqué, que  nombre  de  nobles  et  de  prêtres  se  réunirent  pour  prendre 
la  défense  du  trône  et  de  l'autel,  soit  par  conviction,  soit  par  intérêt. 


11 


La  réunion  des  trois  ordres  fit  accentuer  la  résistance  des  privi- 
légiés ;  la  prise  de  la  Bastille  les  exaspéra.  Les  uns  pensèrent  à 
émigrer,  les  autres  à  lutter  contre  les  patriotes  dans  l'intérieur  du 
pays,  à  Paris  et  en  province.  Déjà,  alors,  plus  d'un  modéré,  craignant 
les  conséquences  de  la  Révolution  qui  s'accomplissait,  s'efforçait 
d'obtenir  avant  tout  la  sécurité  publique,  et  l'Assemblée  générale  des 
électeurs  parisiens  recevait  des  adresses  de  province  pour  activer 
son  zèle  (1). 

Ladite  assemblée,  le  26  juillet  de  la  même  année,  1789,  reçut  d'un 
sieur  de  Maille,  avocat  au  Parlement  et  fils  du  lieutenant-général  de 
Laon,  une  lettre  qu'elle  transmit  à  La  Fayette  pour  l'informer  «  que 
le  parti  aristocratique  était  loin  de  se  croire  terrassé  et  méditait  sour- 
dement une  seconde  trame,  non  moins  odieuse  que  la  première...  »(2). 
On  parlait  d'une  tentative  des  aristocrates  contre  Paris,  machinée 
par  le  comte  d'Artois,  1«  prince  de  Condé,  le  prince  de  Lambesc  et  le 
maréchal  de  Broglie  (3). 

Vingt  jours  auparavant,  Clermont-Tonnerre  avait  écrit,  de  Ver- 
sailles, une  pièce  adressée  Aux  nobles  de  Paris^  signée  par  le  duc  de 
La  Rochefoucauld,  le  marquis  de  Montesquiou,  le  comte  de  Roche- 


(1)  La  garde  natioualo  remplit  le  rôUî  de  défenseur  de  l'ordre  et  de  la  tran- 
quillité publique. 

(2)  C.h.  L.  Chassin,  Les  Élertions  et  les  Cahiers  de  Paris  en  I7S.9,  t.  III,  p.  611. 

(3)  Andi.  Nat.,  C  134  (dos.  14),  indiquée  par  M.  Alexandre  Tuetey. 

9 


130  LES  CLUBS  CONTRE-HËVOLUTIONN AIRES 

chouart,  le  comte  de  Lally-Tollendal,  du  Port,  de  Lusignan,  le  pré- 
sident de  Saint-Fargeau  et  le  comte  de  Mirepoix,  députés  de  Paris  (1). 
Ces  gentilshommes  ne  cessaient  de  se  considérer  comme  supérieurs 
aux  députés  du  tiers  état,  tout  en  votant  parfois  avec  ceux-ci.  Le 
journaliste  Peltier,  auteur  du  Domine  saliuini  fac  regem^  remarquait, 
en  présence  de  Montlosier  :  «  On  a  beau  dire,  la  noblesse  a  un  carac- 
tère particulier.  » 

Du  16  au- 19  octobre  1789,  Paris  fut  infecté  de  libelles.  Les  agents 
de  l'aristocratie  y  prenaient  tous  les  tons ,  soutenaient  le  clergé, 
l'autorité  despotique,  la  noblesse  et  les  parlements,  en  décriant  tous 
les  actes  de  l'Assemblée  nationale,  en  cherchant  à  ridiculiser  les  dé- 
putés patriotes,  les  décrets  et  la  garde  nationale.  Le  peuple  voyait 
sans  trop  de  colère  ces  pamphlets  que  les  libraires  étalaient  dans 
leurs  boutiques  ;  mais  il  ne  tolérait  pas  les  réunions  des  aristocrates, 
ni  leur  apparition  en  groupes  dans  Paris;  il  huait,  il  menaçait  les 
royalistes  ou  «  royalomanes  »,  dont  les  écrits  qualifiaient  de  «  fé- 
roces »  les  membres  de  l'Assemblée. 

Il  y  avait  les  royalistes  tempérés  et  les  royalistes  exclusifs.  Ceux-ci 
n'admettaient  aucune  espèce  de  transaction  ;  ils  affectaient  de 
nommer  Louis  XVI  «  le  premier  gentilhomme  de  France  ».  A  Yer- 
saillcs,  des  officiers,  parmi  lesquels  le  comte  d'Autichamp,  parlaient 
du  plaisir  qu'ils  auraient  de  jeter  toute  cette  préliniaille  d'états-géné- 
raux par  la  fenêtre  ;  ils  ajoutaient  :  «  Ils  nous  en  ont  bien  fait,  mais 
cette  fois  nous  avons  aiguisé  nos  couteaux  (2).  » 

En  1790  parut  la  brochure  :  Bon  Dieu!  qu'ils  sont  hèles  ces  Fran- 
çais (3)  !  Dans  une  autre  brochure,  Rendez  vos  comptes,  l'auteur 
accusa  l'Assemblée  nationale,  en  disant  :  «  Pourquoi  n'avez-vous 
jamais  laissé  parler,  à  votre  tribune,  que  les  fous,  les  intriguants  {sic), 
et  les  factieux?  »  (4).  Une  autre,  intitulée  L'antidote  contre  le  schisme, 
contre  les  prêtres  insermentés,  datait  de  «  la  seconde  année  de  la 
persécution  »  (5).  Dans  les  Bienfaits  de  la  liévolulion^  pamphlet  ano- 
nyme, sans  date,  on  lisait  :  «  Et  comme  la  nuit  ne  peut  être  le  jour, 
de  même  le  caractère  naturel  et  la  conscience  nationale  des  véritables 
Français  ne  peuvent  être  les  mêmes  que  ceux  des  scélérats,  qui  por- 
tent en  écrit  dans  leur  cœur  et  sur  leur  front  :  Sept  cents  despotes^ 


(1)  Bib.  (le  la  Chambre  des  députés,  W"  222  (l.XXXT). 

(2)  Mémoires  de  Monttosicr,  t.  I,  p.  196. 

(3)  Df  l'imprimerip  d'un  royaliste  (1790). 

(4)  liib.  do  la  Chambre  des  députés,  W'">  222,  t.  XI.  Broclnire  de  1  p.  iii-80j 
s.  1.  ni  d. 

(5)  Bib.  (le  la  Chambre  des  députés,  Bf"  222,  t.  Xll. 


CLUB  xMONARGHlQUE  131 

vingl-qualre  millions  d'enclaves  et  plus  de  roi  ^^  (1).  Dans  un  imprimé, 
daté  de  «  l'an  2  de  la  tyrannie  »,  ayant  pour  titre  :  Les  trois  régicides^ 
Jacques  Clément,  Ravaillac  et  Damien,  au  club  des  Jacobins,  l'auteur, 
anonyme,  faisait  dire  à  Robespierre  :  «  Vous,  MM.  les  Cartouches, 
les  Mandrins,  les  Desrues,  n'étiez  que  de  petits  garçons  près  de 
nous  »  (2). 

Les  royalistes  appelaient  le  club  des  Jacobins  «  le  Sénat  clé- 
mentin  »,  par  allusion  à  Jacques  Clément,  qui  appartenait  a  l'ordre 
des  Jacobins.  Leurs  pamphlétaires  affectaient,  pour  provoquer  les 
patriotes,  de  dater  les  opuscules  d'une  façon  grotesque,  d'indiquer 
des  imprimeries  de  fantaisie. 

Une  brochure  :  Lettres  du  marquis  de  Favras,  etc.,  se  terminait 
ainsi  : 

«  De  l'imprimerie  du  sieur  Hi:nri  Samson,  Exécuteur  des  Jugements 
criminels,  et  pensionné  du  Domaine,  rue  neuve  Saint-Jean  (1790).  » 

Voici  ce  que  l'on  lisait  à  la  lin  d'une  autre  brochure,  Grands 
tableaux  magiques  des  fameuses  suppressions  faites  par  la  très  grande 
et  très  infaillible  assemblée  prétendue  nationale,  efc.  : 

«  A  Paris,  de  l'Imprimerie  de  Roger  Rontemps,  l'un  des   sup- 
primés. 
«  L'an  deux  de  l'anéantissement  de  tout  ordre.  » 

Un  avis  de  l'éditeur,  dans  Les  Crimes  de  Paris^  porta  : 

«  L'auteur  de  ce  poëme  n'est  point  homme  de  lettres  dans  l'accep- 
tion ordinaire,  et  par  conséquent  n'est  pas  connu,  cependant,  si 
quelque  zélé  patriote  venoit  à  le  découvrir,  nous  le  prions,  s'il  lui 
prenoit  une  noble  envie  de  le  tuer,  de  faire  une  réflexion,  c'est  de 
tuer  plutôt  la  vérité,  elle  est  seule  coupable.  » 

C'est  un  poème,  dont  les  \qt's>  flétrissent  Mirabeau,  Rarnave,  etc. 

L'adresse  aux  François  de  toutes  les  classes,  victimes  de  la  /{évo- 
lution, —  Une  foi,  un  roi,  une  loi,  était  «  le  cri  de  l'ancienne  cheva- 
lerie françoise  (1790.).  » 

On  y  lisait  :  «  Vingt  Ravaillacs  et  Jacques  Cléments  n'eussent  point 
autant  déshonoré,  par  des  forfaits  abominables,  le  trône  de  nos  Rois, 
(ju'il  l'a  été  par  les  conjurés  sanguinaires,  trop  connus  maintenant, 
aux  journées  effroyables  du  5  et  6  octobre  dernier  (3).  » 


(1)  Bib.  do  la  Chambre  des  députés,  Bf"  222,  t;  I; 

(2)  Idem,  IK'"  222,  t.  I.   Brochure  iu-S". 
Çè)  Idem,  Bf"  222,  t;  XX  et  XXIX. 


132  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Un  colporteur  vendit  clandestinement,  au  Palais-Royal,  un  pam- 
phlet aristocratique  intitulé  :  Mort  et  passion  de  Louis  XVL  roi  des 
Juifs  et  des  Français  (1790). 

Un  journal  annonçait  : 

«  Les  grands  comédiens  de  la  salle  du  Manège  donneront  aujour- 
d'hui le  Roi  dépouillé^  pièce  ancienne  et  redemandée  (1).  » 

«  La  seconde  pièce  sera  YHonnête  criminel,  en  deux  actes  et  en 
prose  d'États-généraux,  ce  qui  vaut  bien  des  vers.  Le  comte  de  Mira- 
beau le  joue.  Son  confident  sera  l'étonnant  Barnave^  jeune  homme 
de  la  plus  grande  espérance  (2).  » 

Dès  le  lendemain  de  la  prise  de  la  Bastille,  Metz,  placée  sous 
le  commandement  de  Bouille,  fut  choisie  par  les  aristocrates  pour  y 
conduire  le  roi.  Pour  favoriser  la  fuite  de  Louis  XVI,  on  entreprit  de 
lever  un  corps  de  troupes,  sous  le  nom  de  Gardes  du  roi  surnu- 
méraires. L'abbé  Douglas  et  compagnie  étaient  les  recruteurs  de  cette 
petite  armée  (3).  Des  soldats,  en  1790,  crièrent  dans  Belfort  :  Vive  le 
roi  !  Vive  la  reine  !  Au  diable  la  nation  ! 

Les  écrivains  monarchistes,  anonymes  ou  se  servant  de  pseudo- 
nymes, plaçaient  au  bas  des  titres  de  leurs  élucubrations  :  De  l'im- 
primerie d'un  royaliste.,  à  Politicopolis,  —  de  Vimprimerie  du  sujet 
fidèle,  à  l'enseigne  du  bon  roi,  —  Sur  les  bords  du  Gange,  au  bureau 
de  l Ami  du  Roi,  rue  Saint-André  des  Arcs,  n°  37,  l'an  2  de  la 
tyrannie,  etc. 

On  voyait,  dans  le  Nouveau  dictionnaire  françois  (4),  cette  appré- 
ciation de  la  Constituante,  en  juin  1790  : 

((Assemblée  dite  NATIONALE.  Tout  y  est  absurde,  jusqu'au  nom  qu'elle 
s'est  donnée  {sic)  contre  le  vœu  de  la  Nation  et  contre  le  sens  com- 
mun. C'est  un  amalgame  de  brigands,  de  poltrons  et  d'imbécilles, 
qui  nous  coûtent  tous  les  jours  beaucoup  plus  qu'ils  ne  valent,  et 
dont  la  mauvaise  foi,  l'insolence  et  la  nullité  ne  peuvent  être  compa- 
rées qu'à  la  honteuse  patience  et  au  stupide  aveuglement  des  pro- 
vinces. )) 

Une  brochure,  parue  la  même  année,  avait  pour  titre  :  Nullité  et 

(1)  L'Assemblée  nationale  avait  pris  possession,  le  9  novembre  1789,  de  la  salle 
du  Manège,  aux  Tuileries. 

(2)  Le  Spectacle  de  la  Nation,  journal  qui  a  commencé  de  paraître  en  1789. 

(3)  Voir,  en  outre,  pour  les  journaux  et  pamphlets  monarchiques,  notre  Intro- 
duction, p.  6  et  suiv. 

(4)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  Uf"  222  (t.  XXII). 


CLUB  MONARCHIQUE  133 

despotisme  de  rassemblée  prétendue  nationale.  Une  autre  était  intitulée  : 
Les  mille  et  un  tyrans. 

h'Horoscope  de  V Assemblée  nationale  déclarait  : 

«  La  France  est  et  ne  peut  être  qu'une  monarchie. 
«  Le  roi  est  votre  maître;  vous  ne  devez  obéir  qu'à  lui^  ceux  qui 
vous  disent  le  contraire  sont  des  rebelles  (1).  » 

Usurpation  et  attentats  de  l'Assemblée  nationale,  tel  était  le  titre 
d'une  brochure,  «  de  l'imprimerie  d'un  royaliste  »,  parue  en  1790,  à 
Genève  (2). 

La  Corruption  de  l'Assemblée  nationale  et  les  crimes  de  ses  membres.^ 
par  un  Ami  de  la  Vérité,  avait  pour  épigraphe  : 

Le  salut  de  l'État  nous  a  rendus  parens  , 
Scellons  notre  union  du  sang  de  nos  tyrans  (3). 

Des  caricatures,  en  outre,  représentaient  les  différentes  séances 
de  l'Assemblée,  avec  le  portrait-charge  des  députés,  qui  en  Arlequins, 
qui  en  Pierrots,  qui  en  portières  ;  d'autres  avec  des  tètes  de  cerf,  de 
cochon,  de  boule-dogue,  de  coq,  de  taureau. 

Non  contents  de  lancer  des  attaques  par  la  plume  ou  les  estampes, 
les  monarchistes  entrèrent  dans  la  discussion  politique  active,  s'in- 
génièrent à  fonder  une  société  nouvelle,  alors  que  le  club  de  1789  et 
celui  des  Impartiaux  (4)  faisaient  de  la  réaction  modérée.  Des  débris 
de  ces  deux  clubs  ils  voulurent  former,  pour  affermir  les  idées  de 
contre-révolution,  une  Société  des  Amis  de  la  constitution  monarchique, 
qui  serait  exclusivement  dévouée  à  l'autorité  royale,  mise  en  regard 
avec  l'autorité  des  députés. 

Des  conférences,  tenues  chez  La  Rochefoucauld,  avaient  préparé, 
on  l'a  vu,  l'existence  du  Club  des  Impartiaux.  Clermont-Tonnerre 
fut,  de  même,  l'initiateur  du  Club  monarchique. 


III 


Chez  Clermont-Tonnerre  et  chez  d'autres  nobles  royalistes,  de  mai 
1789  à  1790,  on  se  concerta,  on  continua  à  Paris,  par  fractions,  les 
réunions  du  Club  de  Virofla]i,  près  Versailles,  que  nous  avons  indi- 


(1)  Hib.  de  la  Chambre  des  députés,  B""  222  (t.  XVIII).  Brochure  do  8  p.  in-8°, 
parue  en  1790. 

(2)  Idem,  Bf"  222  (t.  XVIII).  Brochure  de  28  p.  in-8 '. 

(3)  Idem,  Bf"  222  (t.  XVIII).  Paris,  1790. 

(4)  Voir  Impartiaux  et  Société  de  1789. 


134  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

quées  plus  haut.  Des  salons  aristocratiques  servirent  de  lieux  de 
rendez-vous. 

Les  journalistes  patriotes  s'émurent  à  propos  de  pareils  concilia- 
bules. Gorsas  imprima,  à  rencontre  des  démentis  : 

((  Il  est  pourtant  certain,  au  moins  tout  concourt  à  le  faire  croire, 
qu'il  y  a  eu,  ces  jours  derniers,  un  concile  clandestin  au  couvent  des 
Augustins  :  ce  concile  était  composé,  assure-t-on  encore,  d'Ecclésias- 
tiques et  de  quelques  Nobles.  Quel  étoit  le  motif  qui  étoit  le  but  de 
cette  Assemblée?...  Le  bien  public,  sans  doute,  il  faut  le  croire,  par 
amour  de  la  paix  (1).  » 

Cette  nouvelle,  lancée  par  la  presse,  ne  déconcerta  pas  la  réaction. 

Une  occasion  se  présenta,  en  avril  1790,  pour  inciter  les  monar- 
chistes à  protester  solennellement  contre  un  décret  de  l'Assemblée 
nationale,  déclarant  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  de  délibérer  sur  une  mo- 
tion de  Dom  Gerle,  relativement  à  la  religion  catholique,  reconnue 
comme  religion  de  la  nation.  L'archevêque  d'Aix,  Cazalès  (2),  d'Épré- 
mesnil,  le  vicomte  de  Mirabeau,  Montlosier,  irrités,  organisèrent  des 
conciliabules  aux  Capucins  de  la  rue  Saint-Honoré,  entre  cette  rue  et 
le  jardin  des  Tuileries. 

Le  côté  droit  affirmait  partout  que  l'Assemblée  nationale  voulait 
anéantir  le  catholicisme.  Croyant  faire  taire  ces  accusations  d'impiété, 
Dom  Gerle,  le  12  avril  1790,  eut  l'imprudence  de  proposer  la  décla- 
ration que  «  la  religion  catholique  est  et  sera  toujours  la  religion  de 
la  nation.  » 

«  Dès  le  soir,  dit  Camille  Desmoulins,  assemblée  générale  des  aris- 
tocrates (plus  de  deux  cents  députés  de  la  droite),  aux  Capucins  de 
la  rue  Saint-Honoré,  dans  le  chœur  de  l'église.  On  lit  le  plan  d'atta- 
que pour  le  lendemain,  pour  faire  déclarer  la  religion  catholique 
«  religion  de  l'État  »...  Tous  les  Noirs  se  rendront  à  la  salle  (l'Assem- 
blée nationale)  à  neuf  heures...  Maury  et  trois  autres  parleront 
seuls...  S'ils  ne  réussissent  pas,  ils  déposeront  une  protestation  pré- 
parée et  signée  ..  Ils  se  rendront  chez  le  roi  pour  avoir  son  approba- 
tion, et  se  répandront  dans  les  rues  pour  instruire  le  Peuple  du  dan- 
ger qui  menace  la  religion...  Si  le  roi  refuse  de  prendre  la  querelle 
du  ciel,  on  écrira  aux  provinces  pour  leur  dénoncer  la  faiblesse  du 
prince...  —  Mais  les  Capucins  dénoncent  eux-mêmes  à  l'instant  le 
conciliabule  au  district,  et  le  lendemain  matin,  on  crie  à  Paris  <*  l'as- 


(1)  Courrier  de  Gorsas,  numéro  du  28  décembre  1789. 

(2)  Cazalès,  en  février  1790,  avait  eu  la  hardiesse  do  demander  k  l'Assemblée 
nationale  trois  mois  de  dictature  pour  le  roi,  L'Assemblée  ne  l'écouta  pas. 


CLUB  MONARCHIQUE  135 

semblée  des  qrislocrates  aux  Capucins!  Le  nouveau  complot  décou- 
vert! » 

Au  lieu  de  réunions  clandestines,  il  s'agissait  d'assemblées  presque 
solennelles,  faites  au  vu  et  au  su  de  tous  les  Parisiens. 

Le  C(Hé  droit  ouvrait,  aux  Capucins,  une  sorte  d'enseignement  pu- 
blic. Le  peuple,  en  foule,  hua  les  orateurs,  que  les  journaux  rail- 
lèrent en  prose  et  en  vers. 

Quelques  jours  après,  les  journaux  rendirent  compte  de  ces  réu- 
nions. Loustalot,  Corsas,  Carra,  racontèrent  ainsi  les  faits  : 

«  Les  aristocrates  ecclésiastiques  s'assemblèrent  lundi  soir  dans 
l'église  des  Capucins  Saint-Honoré,  avec  Cazalès,  d'Éprémesnil,  Vi- 
rieu,  Montlausier,  Mirabeau  le  vicomte  et  autres  mauvais  citoyens,  à 
qui  il  ne  manquoit,  pour  les  mettre  de  niveau  à  ce  que  tous  les  siècles 
ont  produit  d'hommes  pervers,  que  de  couvrir  leurs  infâmes  projets 
du  voile  de  la  religion. 

«  Là,  Montlausier  prononça  un  discours  dans  lequel  il  établit  le 
plan  qu'on  devoit  suivre  dans  la  séance  du  lendemain  :  demander 
que  la  religion  catholique  fût  déclarée  religion  nationale  exclusive; 
que  les  biens  du  clergé  fussent  uniquement  consacrés  à  l'entretien  de 
cet  établissement  national,  et,  dans  le  cas  où  ce  parti  seroit  rejeté 
par  les  patriotes,  faire  une  protestation  contre  le  décret,  et  la  porter 
au  roi  pour  la  lui  faire  sanctionner. 

«  Là,  Maury  osa  dire  que  si  le  roi  avoit  la  pusillanimilé  de  ne  pas 
sanctionner  leur  protestàluni,  il  faudroit  la  faire  imprimer  sur-le- 
champ,  et  la  répandre  dans  les  rues,  afin  de  faire  connoHre  au  peuple 
(j^iCii  était  gouverné  par  un  imbécille  de  roi  qui  ne  maintenait  pas  le 
culte  de  ses  pères. 

«  Là,  les  patriotes  de  l'Assemblée  nationale  furent  traités,  par  ceux 
môme  qui  avoient  déposé  le  matin  au  Châtelet,  ou  qui  dévoient  dé- 
poser le  lendemain,  d'assassins,  de  régicides,  de  brigands  qui  avaient 
voulu  tuer  la  Reine. 

«  Là,  fut  faite  et  signée  la  protestation,  ou  déclaration  de  foi  des 
aristocrates;  là,  ils  prirent  la  résolution  de  se  rendre  à  l'assemblée  le 
lendemain,  armés,  et  habillés  de  manière  à  pouvoir  se  présenter  chez 
le  roi,  dans  le  cas  où  il  faudroit  faire  usage  de  la  protestation  »  (1). 

Le  Courrier  de  Gorms,  du  dimanche  18  avril  1790,  publia  : 
«  Résultat  du  dernier  conciliabule  tenu  aux  Capucins  par  la  majo- 
rité du  clergé,  président  (sic)  par  l'arc/ievéque  d'Aix. 

i\)  Révolutions  de  Paris,  n»  40,  du  12  au  17  avril  1790. 


136  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  Il  paroit,  par  un  récit  publiquement  avoué  et  signé,  que  la  majo- 
rité du  clergé,  réunie  pour  la  deuxième  ou  troisième  fois  aux  Capu- 
cins, afin  de  protester  contre  le  décret  rendu  par  l'Assemblée  natio- 
nale, relativement  à  la  motion  de  Dom  Gerle,  a  présenté  le  projet  de 
déclaration  qui  suit  : 

«  La  société  des  amis  du  peuple  (1)  ayant  fait  tous  ses  efforts  et 
épuisé  tous  les  moyens  qui  étoient  en  sa  puissance,  pour  obtenir  de 
l'Assemblée  nationale  que  la  religion  catholique,  apostolique  et  ro- 
maine, fût  déclarée  religion  nationale  et  dominante,  seule  autorisée  à 
professer  un  culte  solennel,  vo'u  exprimé  dans  tous  les  cahiers,  se 
croiroit  coupable  envers  Dieu  et  la  Nation,  si,  gardant  un  silence  cri- 
minel, elle  ne  dénonçoit  à  toute  la  France  que  l'Assemblée  Nationale 
a  refusé  formellement  de  prononcer  ce  décret,  et  combien  elle  a 
montré  d'indifférence  à  s'occuper  de  la  religion  ;  que  quoique  la  reli- 
gion catholique,  apostolique  et  romaine,  soit  plus  tolérante,  cela 
n'empêche  pas  l'Assemblée  Nationale  de  recourir  à  la  calomnie  la 
plus  séduisante,  et  de  prêter  à  la  pureté  des  consciences  et  des  inten- 
tions des  membres  du  clergé,  les  desseins  les  plus  coupables  ;  qu'en 
conséquence  nous  croyons  qu'il  est  de  notre  devoir  de  faire  connoitre 
aux  François  les  dangers  qui  menacent  la  religion  de  leurs  pères,  qui, 
si  elle  avoit  été  déclarée  nationale  et  dominante,  n'auroit  pu  inquiéter 
les  opinions  religieuses  de  chaque  individu,  par  le  caractère  de  tolé- 
rance qu'elle  porte  avec  elle.  Qu'en  conséquence  le  clergé  feroit  im- 
primer sa  déclaration  avec  la  motion  de  dom  Gerle,  et  décret  de 
l'Assemblée  nationale  sur  cette  matière. 

«  M.  l'abbé  Maury  prit  la  parole  après  la  lecture  de  ce  projet  de 
déclaration.  Il  l'a  trouvé  trop  faible  pour  faire  impression  sur  l'esprit 
des  peuples. 

«  En  vain,  MM.,  a-t-il  dit,  les  ennemis  de  la  religion,  V Assemblée 
Nationale,  l'accuseront  d'intolérance,  lorsque  nous  leur  prouverons 
qu'elle  est  plus  tolérante  que  celle  de  tous  les  royaumes  qui  nous 
avoisinent.  Elle  n'exclue  d'aucunes  charges  publiques  les  individus 
de  toute  secte  quelconque,  puisque  dans  les  municipalités,  dans  le 
sein  même  de  l'Assemblée  Nationale  on  trouve  des  protestans  ;  tandis 
que  les  Anglois,  les  Prussiens  et  les  peuples  les  plus  tolérans  du 
nord,  privent  de  ces  avantages  tous  les  non-conformistes...  La  tolé- 
rance publique  peut  seule  être  admise  ;  mais  la  sainte  religion  pros- 
crit essentiellement  la  tolérance  religieuse.  Tout  pasteur  a  le  droit  de 
surveiller  la  conduite  de  ceux  qui  sont  dans  le  sein  de  la  religion  ca- 

(1)  Tel  est  le  nom  que  se  donne  cette  société.  {Note  de  Gorsas.) 


CLUB  MONARCHIQUE  137 

tholique,  apostolique  et  romaine,  et  de  les  contraindre  à  en  remplir 
les  devoirs;  que  les  mauvais  chrétiens,  les  philosophes  du  siècle, 
pour  se  soustraire  à  ces  devoirs,  ne  rougiroient  pas,  d'après  les  prin- 
cipes adoptés  par  l'Assemblée  nationale,  de  se  déclarer  protestans 
pour  s'y  soustraire,  et  que  le  protestantisme  seroit  le  sur-tout  de 
l'athéisme.  »  —  On  peut  juger  des  véritables  sentimens  de  l'honnête 
homme  qui,  après  avoir  assisté  à  cette  assemblée  clandestine,  au  lieu 
de  soulever  les  citoyens,  les  appelle  au  contraire  à  l'indulgence  : 

<(  Soyez  en  garde,  citoyens,  contre  le  piège  qu'ils  veulent  vous 
tendre  ;  mais  plaignez-les,  priez  même  pour  eux  ;  voilà  ce  que  la  vraie 
piété  vous  enseigne.  Songez  que  le  pardon  des  offenses  est  un  des 
plus  saints  et  des  plus  beaux  devoirs  d'un  chrétien.  Si  vous  n'avez  pu 
contenir  quelques  mouvemens  que  vous  a  arraché  {sic)  un  premier 
moment  d'indignation,  reconnoissez  à  présent,  que  loin  de  leur  faire 
outrage,  vous  devez  les  protéger  contre  toute  espèce  d'insultes. 
Imitez  le  noble  exemple  que  vous  ont  donné  vos  frères  de  notre  garde 
nationale.  Ramenez  ces  hommes  égarés,  à  force  de  modération  et  de 
prudence,  et  montrez-vous  le  peuple  le  plus  doux,  le  plus  généreux 
et  le  plus  humain,  comme  vous  êtes  à  présent  le  plus  libre  et  le  plus 
brave.  » 

Au  dire  de  Gorsas,  on  porta  aussitôt,  à  Paris,  des  cannes  à  sabre, 
qu'on  appelait  crosses  épiscopales,  depuis  le  conciliabule  des  Capu- 
cins, auquel  plusieurs  prélats  s'étoient  rendus  armés  de  ces  cannes. 

Des  articles  et  des  brochures  plaisantèrent  ces  «  amis  du  peuple  », 
dont  la  modération  ne  sautait  pas  aux  yeux  de  la  foule,  et  qui  pour- 
suivaient peut-être,  au  nom  de  la  religion,  un  but  hostile  aux  parti- 
sans du  mouvement  révolutionnaire  accepté  par  la  plupart  des  Pari- 
siens. 


IV 


Cependant,  la  municipalité  craignit  une  sérieuse  émeute.  La 
Fayette  et  Bailly  firent  doubler  tous  les  postes  ;  toutes  les  avenues  de 
la  salle  des  séances  de  l'Assemblée  nationale  furent  couvertes  de 
gardes  nationaux  pour  protéger  les  députés. 

«  L'afftuence  est  prodigieuse,  dit  Loustalot,  composée  de  bour- 
geois principalement.  L'impatience  est  extrême,  le  silence  profond, 
l'inquiétude  universelle.  «  Ces  calotins  et  ces  insolents  de  nobles  »,  y 
dit-on,  n'ont  aucun  droit  d'être  à  l'Assemblée  nationale  :  ils  ne  re- 
présentent pas  la  nation  puisqu'elle  ne  les  a  pas  choisis;  ils  ne  repré- 
sentent pas  des  ordres,  puisqu'il  n'y  a  plus  d'ordres.  Nous  n'aurons 


138  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTlONNAiRES 

pas  de  paix  et  l'Assemblée  nationale  ne  pourra  pas  l'aire  sa  besogne 
tant  qu'on  ne  les  aura  pas  chassés...  Ils  ne  sont  point  inviolables  I  » 

Le  13  avril,  les  députés  de  la  droite  firent  tous  leurs  efforts  pour 
obtenir  que  le  catholicisme  fût  déclaré  religion  d'État.  La  liberté  de 
conscience  et  l'égalité  des  religions,  déjà  proclamées  par  la  Déclara- 
tion des  droits,  furent  de  nouveau  consacrées  par  l'Assemblée  natio- 
nale, après  un  débat  solennel,  quoique  souvent  orageux.  Au  sortir  de 
la  séance,  les  membres  de  la  droite  furent  hués,  siffles,  menacés. 

Le  soir,  ils  se  rassemblèrent  encore  au  couvent  des  Capucins,  mais 
ils  renoncèrent  à  leur  projet  de  protestation,  et  décidèrent  qu'ils 
feraient  seulement  une  déclaration  de  principes. 

Leur  déclaration  ne  changea  rien  à  l'opinion  des  députés,  et  la 
motion  de  dom  Gerle  échoua. 

Le  14  avril,  l'Assemblée  nationale  décida  que,  «  conformément  au 
décret  d'hier  »,  on  commencerait  sans  délai  l'ordre  du  jour.  La  partie 
droite  s'opposa  à  son  exécution.  Le  tumulte  régna  presque  aussitôt 
parmi  les  députés.  Le  président  mit  cette  question  aux  voix.  A  la 
première  partie,  la  grande  majorité  se  leva  ;  à  la  contre-partie,  les 
membres  de  la  droite  ne  se  levèrent  pas  et  dirent  «  qu'ils  ne  délibé- 
reraient pas.  » 

Voici  comment  les  Annales  patriotiques  rendirent  compte  de  l'as- 
semblée tenue  aux  Capucins  : 

«  En  effet,  citoyens,  écoutez  ce  qu'ils  ont  tramé  hier,  et  frémissez. 

«  Le  clergé,  et  plusieurs  ci-devant  nobles,  se  sont  assemblés  aux 
Capucins  de  la  rue  Saint-Honoré.  Montlausier  y  a  lu  le  projet  d'at- 
taque qui  doit  avoir  lieu  aujourd'hui.  Tous  les  noirs  se  rendront  à  la 
salle,  habillés,  à  neuf  heures.  Quatre  membres  seulement,  Maury, 
Cazalès,  Montlausier,  Mirabeau  le  cadet,  prendront  la  parole  ;  ils 
tâcheront  d'obtenir  le  décret  que  la  religion  catholique  est  la  religion 
nationale,  en  écartant  tous  les  amendements  qu'on  pourroit  faire,  en 
refusant  la  question  préalable.  S'ils  ne  réussissent  pas,  ils  déposeront 
la  protestation  qu'ils  ont  tous  signée  et  qu'ils  ont  juré  de  soutenir, 
au  péril  même  de  leur  vie,  et  se  rendront  chez  le  roi  pour  avoir  sa 
sanction  :  de  là  ils  se  répandront  dans  les  rues,  dans  les  places,  pour 
instruire  le  peuple  du  danger  prétendu  qui  menace  la  religion,  «  Si 
le  roi  refuse  de  se  prêter  à  nos  désirs,  a  dit  l'abbé  Maury,  nous  ferons 
connoitre  dans  les  provinces  par  quel  prince  faible  nous  sommes 
gouvernés  (1).  » 

(1)  Annales  patriotiques  de  Carra,  numf'ro  du  16  avril  1790. 


CLUB  MONARCHIQUE  139 

Il  était  impossible  aux  membres  de  la  droite  de  moins  réussir, 
après  avoir  fait  tant  de  bruit  autour  de  leur  réunion. 
Le  Courrier  de  Goi'sas^  du  mardi  20  avril  1790,  contint  cet  article  : 

<(  Quatrième  conciliabule  avx  Capucins  Saint-Honorè. 

«...  Il  avoit  été  résolu  dans  des  comités  particuliers  qu'on  tiendroit 
dimanche  soir  une  4"  séance.  Cette  séance  devoit  être  ouverte  à  tout 
le  peuple  :  on  devoit  réveiller  la  motion  de  dom  Gerle.  Des  discours 
préparés  dévoient  être  prononcés  :  tout  ce  que  l'éloquence  a  do  plus 
séduisant,  tout  ce  que  la  religion  avoit  de  plus  saint  devoit  être  mis 
en  œuvre  pour  émouvoir  le  peuple.  Des  larmes  dévoient  couler  des 
yeux  des  Coré^  des  Dathaii,  des  Abù'ou;  et  Maury,  ce  serpent  limo- 
neux, né  de  la  fange  dont  les  eaux  du  Nil  avoient  infecté  les  terres  de 
TÉgyple,  devoit  parler  le  langage  pur  de  la  religion  et  des  mœurs. 

«  L'événement  n'a  pas  justifié  l'attente  de  nos  Mathan  ;  en  vain  les 
Mirabeau,  les  Cazalès  (1)  avoient-ils  appelé  dans  cette  enceinte  une 
foule  de  spadassins,  que  quelques-uns  de  nos  cafés  aspirent  et  vomis- 
sent sans  cesse  :  leurs  efforts  ont  été  inutiles;  leurs  menaces  n'ont 
pas  même  soulevé  l'indignation;  le  mépris  et  le  ridicule,  voilà  les 
seules  armes  avec  lesquelles  on  a  dissipé  cette  cohorte.  En  deux 
mots,  c'est  au  bruit  des  sifflets  qu'on  a  chassé  cette  phalange  (2). 

«  Hier,  ils  ont  voulu  se  réunir  de  nouveau,  mais  l'église  des  Capu- 
cins leur  a  été  fermée,  pour  éviter  une  émeute  dans  le  peuple,  qui  est 
véritablement  indigné.  » 


Le  lendemain,  le  même  journal  publia  un  nouvel  article,  plus 
développé. 

«  Courrier  de  Gorsns,  1790,  n°  16,  21  avril. 

«  Récit  frauduleux  de  ce  qui  s'eut  passé  dimanche  aux-  Capucins, 
suivi  de  quelques  questions  aux  bons  François. 

(1)  Cazalès  avait  prononcé  à  l'Assemblée  nationale,  le  19  mars  1790,  un  discours 
en  faveur  ries  religieux  qui  n'apostasieruient  pus. 

(2)  '(  La  foule  étoit  immense.  M.  de  Virieux  est  monté  dans  la  chaire,  d'abord 
pour  demander  place  et  silence  ;  voyant  qu'on  n'accordoit  ni  place  ni  silence,  il 
s'écrie  :  Peuple! peuple!  on  vous  égare!  Des  huées  ont  empêché  l'orateur  de  con- 
tinuer, et  un  hautbois  s'est  mis  à  jouer  l'air  :  Malborough  s'en  va-t-en  guerre.  Le 
noir  sénat  a  voulu  se  réunir  dans  le  cœur  {sic)  et  dans  la  sacristie,  mais  bientôt 
il  a  été  obligé  de  se  séparer,  et  la  garde  nationale  s'est  empressée  de  contenir  le 
peuple,  au  grand  regret  de  ces  messieurs;  car  leur  projet  seroit  que  quelqu'un 
d'entre  eux  fût  insulté.  On  devine  la  raison.  »  {Note  de  Qorsas.) 


140  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

«  La  minorité  de  l'Assemblée  nationale  avoit  annoncé  qu'elle  se 
réuniroit  dimanche  18  avril,  dans  l'église  des  Capucins,  le  chœur  où 
elle  avoit  tenu  ses  premières  assemblées  ne  pouvant  contenir  le  pu- 
blic qui  avoit  désiré  y  être  admis. 

«  Vers  six  heures,  quelques  députés  s'y  sont  rendus,  et  déjà 
l'église  étoit  pleine,  ainsi  que  la  tribune,  dont  les  dispositions 
paroissoient  favorables  à  l'assemblée;  car  le  vicomte  de  Mirabeau, 
qui  arriva  un  des  premiers,  fut  extrêmement  applaudi  (1). 

«  M.  de  Virieux  monta  dans  la  chaire,  et  demanda  qu'on  voulût 
bien  laisser  une  enceinte  marquée  pour  les  députés.  On  eut  Vair 
d'accueillir  sa  proposition. 

«  Un  quart  d'heure  après,  l'abbé  de  la  Rochefoucauld  se  présenta  à 
la  tribune  ;  les  huées  et  les  sifflets  l'assaillirent  avant  qu'il  ouvrît  la 
bouche,  et  il  lui  fut  impossible  de  se  faire  entendre. 

«  Deux  partis  alors  se  manifestèrent  ouvertement  dans  l'église  : 
l'un  pour  soutenir  l'assemblée,  et  l'autre  pour  empêcher  qu'elle  eût 
lieu. 

«  MM.  Blin,  Cottin,  Lacoste,  Schmith,  Landine  et  autres  députés 
majeurs,  qu'on  a  reconnus,  sembloient  avoir  le  département  de  la 
nef  (2),  et  M.  de  Saint-Huruge  s'étoit,  dit-on,  chargé  de  celui  de  la 
tribune.  On  distribuoit  à  la  porte  des  écus  pour  gager  les  siffleurs,  et 
plusieurs  domestiques  des  prétendus  aristocrates  ont  gagné  six  livres 
à  huer  leurs  maîtres. 

«  M.  de  Cazalès  n'a  pu  obtenir  un  moment  de  silence,  et  les  huées 
qui  l'ont  accueilli  à  la  chaire  ne  l'ont  abandonné  que  lorsqu'il  est 
descendu  et  a  été  rendu  au  sein  du  tumulte  même. 

«  On  a  renoncé  à  tenir  une  assemblée  au  milieu  de  ce  sabat  infer- 
nal, et  chacun  a  regagné  ses  foyers,  étourdi  deg  cris  de  vive  les  assi- 
gnats ou  les  assassinats  (3)  ;  car  il  étoit  impossible  de  distinguer  les 
cris  payés,  dont  les  prétendus  aristocrates  ont  été  assourdis.  On  s'est 
assemblé  cependant  dans  le  chœur,  et  on  a  délibéré  sur  les  moyens  de  se 
réunir  plus  sûrement. 

«  On  demande,  d'après  ce  simple  et  fidèle  exposé!  qui  trompe  le 
peuple?  ou  celui  qui  désire  raisonner  son  opinion  en  sa  présence,  qui 
s'en  environne,  qui  appelle  à  son  jugement,  de  celui  d'une  majorité 


(1)  «  Le  vicomte  de  Mirabeau  étoit  ivre,  et  il  a  été  applaudi  à  peu  près  comme 
les  Bacchantes  applaudissent  à  Silène.  »  (Note  de  (iorsas.) 

(2)  «  On  demande  aux  personnes  sensées  si  l'on  présume  que  ces  membres  se 
sont  ainsi  compromis.  »  {Note  de  Gorsas.) 

(3)  »  Méprise  tout  à  fait  adroite  !  »  [Note  de  Gorsas.) 


CLUB  MONARCHIQUE  141 

despote,  qui  ne  demande  qu'à  être  entendue,  et  ne  peut  l'obtenir,  ni 
au  sein  d'une  assemblée  prétendue  libre,  ni  au  milieu  d'un  peuple 
qui  se  dit  idolâtre  de  la  liberté. 

«  Ou,  celui  qui  paye  des  émeutes  pour  empêcher  la  réunion  des  ci- 
toyens qui  n'ont  pas  la  même  opinion  que  lui,  qui  met  en  œuvre  les 
moyens  les  plus  bas  pour  faire  insulter  ses  adversaires,  et  les  traiter 
de  manière  à  provoquer  les  gens  ardens  à  intimider  les  gens  foibles 
et  à  amener  des  scènes  d'horreurs. 

«  On  demande  si  la  liberté  d'opinions  existe  dans  une  assemblée, 
à  la  porte  de  laquelle  une  populace  soldée  en  demande  insolemment 
compte,  après  l'avoir  improuvée  dans  la  salle  ;  si  cette  même  liberté 
d'opinions  étant  poursuivie  jusque  dans  une  assemblée  particulière, 
qui  n'est  que  l'imitation  de  celle  des  Jacobins,  et  où  se  préparent  tous 
les  décrets,  rendus  ensuite  par  la  majorité  de  l'Assemblée  Natio- 
nale (1),  on  demande,  dis-je,  si  les  provinces  ne  doivent  pas  être 
allarmées  sur  leurs  intérêts,  et  sur  le  sort  des  députés  auxquels  elles 
les  ont  confiés? 

«  On  demande  encore  si  ces  mêmes  provinces  ne  devroient  pas 
l'appeler  leurs  députés,  ou  du  moins  déterminer  les  moyens  gui  peuvent 
assurer  leur  sûreté  et  la  liberté  de  leurs  suffrages  (2).  » 

En  Variétés,  le  Moniteur  universel  parla  ainsi  de  l'affaire  : 

«  Tous  les  papiers  publics  ont  rendu  compte  de  l'assemblée  publi- 
que tenue  aux  Capucins  de  la  rue  Saint-Honoré,  cette  semaine,  par 
des  membres  de  l'Assemblée  nationale,  et  du  peu  d'accueil  qu'ils  ont 
reçu  de  la  part  des  assistans.  Parmi  les  ordres  que  la  police  avait 
donnés  pour  éviter  tout  tumulte,  on  doit  remarquer  la  consigne  de 
ne  point  laisser  entrer  les  dames  dont  les  tabliers  auraient  pu  cacher 
des  pommes  cuites.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  les  dames  des  halles 
avaient  laissé  percer  le  dessein  d'en  assaillir  ceux  des  membres 
qu'elles  auraient  regardés  comme  de  mauvais  citoyens;  et  leur  mé- 
prise à  cet  égard  pouvait  être  fort  considérable. 

«  On  a  répandu  que,  dans  les  comités  préalables  de  celte  Assem- 
blée, il  avait  été  arrêté  une  déclaration  ou  protestation  contre  les 
derniers  décrets  du  Corps  législatif,  et  que  cet  écrit  avait  été  envoyé 
dans  les  provinces;  mais  ces  décrets,  sanctionnés  par  S.  M.,  y  arri- 
veront aussi-tôt  que  la  protestation;  et  le  zèle  national  qui  s'est  ma- 
nifesté par-tout  pour  l'exécution  des  décrets,  n'éprouvera  aucune 

(1)  «  Cela  est  vrai;  mais  dans  cette  Assemblée  si  l'on  discute  la  question  du 
lendemain,  on  ne  cherche  point  à  anéantir  le  décret  de  la  veille.  « 
(■1)  «  Voyez  la  motion  de  l'abbé  Maury.  »  {Note  de  Gumun.) 


142  LES  CLUBS  GONTRE-RÉVOLUTlONNAIRES 

altération  d'une  démarche  aussi  contraire  à  l'esprit  de  paix,  en  sup- 
posant toutefois  qu'elle  ait  eu  lieu  (1).  » 

A  propos  du  Récit  frauduleux  reproduit  plus  haut,  MM.  Cottin,  La- 
coste, Schmith  et  Landine  ne  réclamèrent  pas;  mais  le  député  Blin 
adressa  au  Courrier  la  lettre  qui  suit  : 

«  M.  Blin,  député  à  l'Assemblée  Nationale,  à  l'auteur  du  Courrier. 

«  Paris,  23  avril  1790. 

«  Votre  journal,  Monsieur,  annonce,  n"  XVI,  p.  243,  que  plusieurs 
membres  de  l'Assemblée  Nationale  se  sont  distribués  dans  les  diffé- 
rentes sections  de  l'église  des  Capucins,  pour  interrompre  ou  faire 
interrompre  une  assemblée  qui  devoit  s'y  tenir.  Quoique  cet  article 
de  votre  journal  porte  le  nom  de  récit  frauduleux^  et  que  vous  aviez 
mis  au  bas  de  la  page  où  je  suis  nommé  une  note  bien  propre  à  faire 
disparoîlre  tout  soupçon,  vous  me  rendrez  cependant  service  d'in- 
sérer dans  le  premier  N°  de  votre  journal  où  il  se  trouvera  un  espace 
vide,  la  déclaration  formelle  que  je  fais  de  n'avoir  de  ma  vie  entré 
dans  l'église  des  Capucins  de  la  rue  Saint-Honoré. 

<(  Je  suis,  etc.  (2).  » 


VI 


L'assemblée  tenue  aux  Capucins  fit  éclore  des  plaisanteries,  rendit 
même  les  monarchistes  ridicules;  mais  elle  affirma  l'existence  de  leur 
société  en  voie  de  formation. 

Il  parut,  en  1790,  un  journal  intitulé  :  L'Assemblée  des  aristocrates 
aux  Capucins,  in-8,  4  numéros,  insignifiants  (3). 

Parmi  les  pamphlets  qui  s'attaquèrent  alors  aux  hommes  de  la 
droite,  citons  : 

«  Conciliabule  de  la  Société  des  Amis  du  peuple,  tenu  dans  le 
chœur  des  révérends  pères  capucins,  sanglés,  déchaussés,  décapu- 
chonnés  et  défroqués,  par  le  frère  Saint-Claude,  coupe-choux,  garde 
marmite,  premier  secrétaire  de  la  société  des  Amis  du  peuple,  Paris, 
de  l'imprimerie  de  M.  Veto,  au  Marc  d'Argent,  galerie  du  Louvre^ 
n°  54 j  et  se  trouve  dans  t Arsenal  roi/al  de  Teygat  (Gattey),  libraire 


(1)  Moniteur  universel,  dii  22  avril  1790. 

(2)  Courrier  de  Gorsas^  w  26,  du  samedi  1*''  mai  1790i 

(3)  Saus  date. 


CLUB  MONAHGIÎIQ)UE  143 

apostolique  iw/al,  au  Palais-Royal  et  chez  les  autres  marchands  de 
nouveautés  (1)  ; 

«  Le  De  profuudis  de  r aristocratie^  etc.  De  l'imprimerie  des  révé- 
rends et  patriotiques  Pères  Capucins  de  la  rue  Saint-Honoré.  » 

L'impromptu  suivant  circula  : 

De  nos  graves  prélats  déplorons  les  destins, 

Et  la  disf;;râce  peu  commune  : 
Dépouillés  de  leur  or,  délaissés  des  catlns, 

Ils  sont  forcés  d'aller  aux  Capucins 

Pour  y  chercher  une  bonne  fortune  (2), 

Une  pièce  parut,  sous  le  titre  :  Nouvelle  assemblée  des  aristocrates 
aux  Capucins^  etc., , présidée  par  Tarchevêque  d'Aix  (le  do  avril 
1700)  (3). 

297  députés  de  la  droite  avaient  violemment  protesté  contre  les 
décisions  qui  écartaient  la  religion  d'État.  L'opinion  publique  leur 
était  si  hostile  que  Louis  XVI,  à  qui  ils  voulaient  présenter  leur  pro- 
testation, leur  fit  savoir  qu'il  ne  la  recevrait  pas. 


VII 


La  continuation  des  conciliabules  aux  Capucins  était  à  peu  près 
impossible,  car  les  Parisiens  apprenaient  que  les  agissements  de  la 
droite  excitaient  des  troubles  graves  dans  le  Midi.  Les  protestataires 
durent  se  résigner  à  chercher  un  autre  lieu  d'assemblée. 

Une  nouvelle  série  de  déboires  commença  pour  eux.  Qui  voudrait 
leur  louer  ou  leur  prêter  une  salle  ? 

«  Nouvelle  tentative  du  Clergé. 

«  La  majorité  du  Clergé,  réunie  avec  le  vicomte  de  Mirabeau,  les 
Cazalès,  les  d'Eprémesnil,  les  Montlausier,  les  Foucaud,  etc.,  a  fait 
de  nouveaux  efforts  pour  tenir  des  assemblées  nocturnes.  Tous  ses 
efforts  se  sont  réduits  à  se  réunir  en  comités  particuliers.  On  assure 
qu'ils  se  sont  présentés  à  la  Sorbonne,  pour  tenir  ce  qu'on  appelle  à 
Paris  le  sabat  des  noirs  ou  des  Marates;  mais  les  amis  du  peuple  ont 
affaire  à  un  ingrat  qui  ne  mérite  pas  les  tendres  sollicitudes  qu'ils 
prennent  pour  son  bonheur.  Le  maudit  district  de  la  Sorbonne  ne 


(1)  Bib.  Nat.,  Le  2/383,  1790,  in-8»  de  8  p.  —  Voir  plus  bas,  Librairies. 

(2)  Bib.  Nat.,  pi.Ve  3282  du  Catalogue,  Lb  39^ 

(3)  Bib.  Nat.,  Lb  39/3301.  Brochure  in-S-»  de  lb  p. 


144  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

s'est-il  pas  avisé  de  prier  ces  MM.  de  ne  pas  s'exposer  à  troubler 
l'ordre  public...  ?  (1)  » 

En  efTet,  le  Journal  de  Paris  reçut  l'avis  suivant  : 

«  Aux  Auteurs  du  Journal  de  Paris. 

«  Messieurs, 
«  Quelques  papiers  publics  ayant  annoncé  comme  fait  positif  que 
l'Assemblée  ci-devant  tenue  aux  Capucins  s'étoit  transférée  en  la 
maison  de  Sorbonne ,  nous  vous  prions  d'insérer  dans  votre  plus 
prochaine  feuille  que  les  districts  de  Sorbonne  et  des  Mathurins  se 
sont  informés  du  fait,  et  qu'ils  ont  acquis  la  certitute  absolue  que  rien 
n'est  plus  faux.  Ils  peuvent  même  assurer  le  public  qu'il  n'y  a  aucune 
proposition  faite  à  cet  égard. 

<(  Nous  avons  l'honneur  d'être,  etc. 

<(  JozEAU  (2),  Président  du  district  des  Mathurins  ; 

«  Renard  (3),  Commandant  du  bataillon  de  Sorbonne.  » 

Sur  les  séances  des  monarchistes  à  la  Sorbonne,  séances  prétendues 
véritables,  reproduisons  cet  article  curieux  du  Moniteur  universel  : 

«  Paris,  ce  22  avril  1790. 

«  Variétés 

«  Le  gardien  des  Capucins  de  la  rue  Saint-Honoré  s'est  rangé  à  la 
majorité  des  assistans  à  l'Assemblée  particulière  des  députés,  qui 
avoit  tenu  quelques  séances  dans  l'Église  de  son  Couvent.  On  sait  que 
cette  majorité  avoit  été  décidément  contre  les  Membres  de  l'Assem- 
blée à  qui  le  Peuple  avoit  obstinément  refusé  la  parole,  sous  prétexte 
qu'une  insurrection  quelconque  contre  les  Décrets  rendus  à  la  grande 
pluralité  de  voix  dans  l'Assemblée  Nationale,  et  sanctionnés  par  le 
Roi,  ne  pouvoit  avoir  qu'un  mauvais  effet,  et  troubler  l'harmonie  né- 
cessaire au  complément  de  la  nouvelle  Constitution.  Ce  Peuple,  d'ail- 
leurs, ne  voyoit  pas  sans  déplaisir  qu'une  mineure  partie  des  Députés 
s'assemblât  exprès  pour  altérer  sa  juste  confiance  envers  les  Décrets; 
enfin,  il  soupçonnoit  violemment  que  l'intérêt  public  n'étoit  pas  le 
vrai  motif  des  démarches  de  la  minorité,  et  d'après  ces  principes,  il 
lui  avoit  ôté  la  parole  ;  et  le  sage  gardien  des  Capucins  a  compris  bien 


(1)  Courrier  de  Gorsas,  u»  17,  du  jeudi  22  avril  1790. 

(2)  Jozeau  (Mathurin-Pierre),  avocat,  assesseur  du  juge  de  paix  de  la  section 
des  Thermes  dfe  Julien. 

(3)  Renard,  avocat  au  Parlement,  commandant  du  8"=  bataillon  de  la  première 
division  de  la  garde  nationale. 


CLUB  MONARCHIQUE  145 

vite  que  ce  qui  n'étoit  pas  digne  d'être  écouté  par  la  Nation  avec 
faveur,  pouvoit  fort  bien  être,  au  moins,  inutile  à  dire,  et  il  a  fermé 
son  Église  aux  Députés  et  aux  auditeurs. 

«  Ces  Députés,  qu'un  zèle  ardent  distingue,  ont  pris  le  parti 
d'abandonner  le  quartier  Saint-Honoré,  où  ils  se  trouvoient  pressés 
entre  l'Assemblée  nationale  et  le  Club  des  Jacobins;  ils  ont  passé 
l'eau,  et  ils  sont  allés  se  ranger  en  Sorbonne,  sous  l'ombre  du  célèbre 
Cardinal  de  Richelieu,  qu'on  a  soupçonné  bien  à  tort  d'être  an- 
tiché  [sic]  d'aristocratie,  tandis  qu'il  est  de  fait  qu'il  n'a  jamais  été 
que  despote.  » 

Un  papier  public  rend  compte,  en  ces  termes,  de  la  séance  tenue 
cette  nuit  par  la  minorité  dans  une  des  salles  de  la  Sorbonne.  Nous 
sommes  obligés  d'avertir  nos  Lecteurs  que  nous  croyons  ce  procès- 
verbal  un  peu  apocryphe  ;  quoi  qu'il  en  soit,  le  voici  : 

«  Cejourd'hui,  21  avril  1790,  à  11  heures  du  soir,  se  sont  assem- 
blés en  la  ville  de  Paris,  maison  de  la  Sorbonne,  les  zélés  et 
bons  citoyens  partisans  de  la  cause  juste,  restes  des  infortunés  des 
fidèles  sujets  du  Roi  et  de  la  Monarchie,  qui  renouvellent  ici  leur  ser- 
ment de  résister  jusqu'au  dernier  soupir  aux  innovations  désas- 
treuses qui  tendent  au  renversement  de  l'Empire.  Protestant  contre 
tous  les  décrets  de  l'Assemblée  nationale,  et  notamment  celui  du 
14  du  courant,  qui  spolie  le  clergé,  le  regardant  comme  impie,  sacri- 
lège et  attentatoire  à  ses  droits  sacrés. 

«  Après  cette  profession  de  foi,  le  Président,  qu'on  dit  être  i'Évêque 
de  N...,  a  dit  :  «  Messieurs,  je  ne  conçois  pas  comment  vous  avez  pu 
imaginer  qu'il  fût  nécessaire  de  lire  à  Paris  publiquement  vos  pro- 
testations déjà  rédigées.  Envoyez  bien  vite  cette  pièce  précieuse  dans 
les  Provinces,  et  hâtez-vous  d'éclairer  le  Peuple  sur  l'injustice  qui 
nous  accable... Ne  négligez  pas  plus  longtemps  de  lui  ouvrir  les  yeux, 
et  que  dans  son  indignation  il  punisse  ses  instigateurs  des  fautes 
qu'ils  lui  ont  fait  commettre.  » 

«  Un  autre  Membre  étoit  d'avis  qu'à  la  protestation  fussentjointes 
des  instructions  pour  tous  les  Curés  et  Prêtres  du  Royaume,  avec 
injonction  de  déployer  toute  l'autorité  de  leur  ministère  pour  forcer 
les  âmes  chrétiennes,..  L'opinant  étoit  un  Archevêque. 

«  Un  Vicomte  a  répliqué  :  Ce  que  vient  de  dire  le  préopinant  n'a 
pas  le  sens  commun.  —  Pardon,  Messieurs,  vous  parlez  d'injonction 
lorsque  le  frein  de  l'obéissance  est  rompu,  et  vous  voulez  faire 
prêcher  les  Curés,  tandis  qu'on  brûle  les  Presbytères  ! 

«  Je  pense  comme  M.  le  Vicomte,  a  dit  un  autre  Membre;  il  n'est 

10 


146  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

pas  encore  tems  de  nous  servir  de  la  Religion  pour  opposer  une  bar- 
rière au  Décret  et  à  l'établissement  de  la  Constitution;  vous  ne  con- 
noissez  pas  toutes  vos  forces,  Messieurs,  ni  les  moyens  de  les  em- 
ployer à  propos. 

«  Un  Évêque...  Une  crainte  m'afflige,  c'est  qu'après  les  insultes 
que  nous  avons  reçues  aux  Capucins,  et  que  mille  pamphlets  ont  déjà 
rendues  publiques,  il  est  bien  difficile  que  l'opinion  générale  puisse 
jamais  nous  devenir  favorable. 

«  Eh!  qu'importe  l'opinion,  s'écrie  un  homme  de  loi,  sur  le  Décret 
de  l'Assemblée  et  le  Décret  lui-même,  s'il  n'a  pas  son  exécution  !  Il 
ne  l'aura  pas,  Messieurs.  Les  créanciers  s'appercevront  de  l'incer- 
titude du  gage  qui  leur  est  offert.  Opposez  aux  acheteurs  les  risques 
qu'ils  auront  à  courir  de  la  part  des  créanciers  hypothécaires  du 
Clergé;  nous  jugerons  ces  procès,  voilà  la  marche  à  suivre;  le  succès 
est  certain. 

«  Un  Éloquent  Abbé  {i)...  Non  seulement  je  suis  de  l'avis  du  Préo- 
pinant, mais  je  demeure  fermement  persuadé  que  cette  considéra- 
tion retiendra  l'avidité  de  nos  ennemis.  Joignons  nos  forces  (si, 
comme  moi,  vous  êtes  dévorés  de  l'ambition  de  triompher),  joignons- 
les  pour  ne  pas  discontinuer  ou  contrarier  les  opérations  de  l'Assem- 
blée Nationale,  de  la  mettre  en  contradiction  avec  elle-même...  Vous 
avez  été  témoins  de  ma  fermeté  à  braver  le  Peuple  provoqué  contre 
nous,  et  qui  m'a  poursuivi  jusque  dans  la  rue  Sainte-Anne  ;  je  cherche 
le  même  danger  pour  déclarer  que  nous  ne  sommes  pas  libres,  et 
toute  mon  ambition  est  plutôt  de  mourir  que  de  renoncer  à  mon  opi- 
nion et  à  mes  Bénéfices.  Oui,  je  jure 

«  Ici,  le  dénouement  a  exigé  sans  doute  une  fiction  ;  l'Orateur  est 
interrompu  par  l'apparition  du  spectre  qui  tenoit  d'une  main  un 
flambeau  et  de  l'autre  un  goupillon.  En  vain  un  assistant  veut  l'ar- 
rêter, l'épée  à  la  main;  le  spectre  s'arrête  au  milieu  de  l'Assemblée, 
et,  d'une  voix  sépulcrale,  il  fait  une  courte  conjuration  et  lance  son 
flambeau  et  son  goupillon  au  milieu  de  l'Assemblée.  L'épouvante 
s'accroît;  enfin,  on  reconnoît  que  le  spectre  n'est  autre  chose  qu'un 
Docteur  à  qui  la  Révolution  a  tourné  la  tête,  et  on  n'en  a  plus 
peur. 

«  Ce  procès-verbal,  nous  le  répétons,  pourroit  bien  n'être  qu'un 
pamphlet,  malgré  l'air  de  vérité  qui  se  montre  dans  quelques  phrases 
des  interlocuteurs,  et  dans  l'espèce  de  leurs  principes.  Mais  le  tems 
ne  peut  manquer  de  détruire  ou  de  vérifier  ce  soupçon.  Quand  la  Sa- 

(1)  Allusion  à  l'abbé  Maury. 


CLUB  MONARCHIQUE  147 

tyre  {sic}  Ménippée  parut,  on  y  remarqua  des  traits  qui  passèrent 
alors  pour  incroyables,  et  qui  n'en  étoient  pas  moins  vrais  (1).  » 

Quoi  qu'il  en  soit,  que  Ton  considère  cette  lettre  comme  sérieuse 
ou  comme  une  simple  plaisanterie,  elle  montre  l'état  des  esprits, 
l'impopularité  des  députés  de  la  droite,  nobles  et  prélats.  On  n'en 
voulait  pas  entendre  parler,  dans  le  peuple;  plus  les  patriotes  les 
ridiculisaient,  plus  les  Parisiens  se  disposaient  à  les  traiter  en  enne- 
mis. 

Déjà,  des  velléités  de  républicanisme  existaient,  même  chez  nombre 
de  modérés,  ne  conservant  de  respect  que  pour  la  personne  de 
Louis  XVI. 

Gorsas,  lui  aussi,  ne  manqua  pas  de  plaisanter  : 

«  Courrier  de  Gorsas,  1790,  n°  8,  mercredi  12  mai. 

«  Changement  de  domicile. 

«  Nous  avons  reçu  plusieurs  lettres  par  lesquelles  on  nous  demande 
ce  que  sont  devenus  les  297  membres  de  l'Assemblée  nationale  qui 
ont  essayé  de  s'assembler  plusieurs  fois  aux  Capucins  Saint-Honoré? 
Toutes  ces  lettres  nous  témoignent  les  plus  grandes  inquiétudes  à  ce 
sujet.  Pour  satisfaire  autant  qu'il  est  en  nous  les  personnes  curieuses 
ou  intéressées,  nous  nous  empressons  de  leur  répondre  collective- 
ment, que  Messieurs  les  297  auteurs  de  la  déclaration,  après  avoir 
tenté  différens  domiciles,  se  réunissent,  depuis  samedi,  hôtel  de  la 
Briffe,  quai  des  Théalins  (2).  » 

Dans  le  public  se  répandit  une  pièce  satirique  ayant  pour  ti- 
tre : 

«  Le  De  profundis  de  l'aristocratie  ou  Procès-verbal  de  la  séance 
tenue  aux  Capucins,  le  dimanche  18  avril.  Vendu  pour  faire  dire  une 
messe  de  Requiem  pour  le  repos  de  l'âme  de  nos  frères  les  aristo- 
crates, qui  sont  morts  ou  qui  mourront  enragés.  Imp.  des  révérends 
et  patriotiques  capucins  de  la  rue  Saint-Honoré  (3).  » 


(1)  Moniteur  universel,  numéro  du  23  avril  1790. 

(2)  «Uu  membre  de  l'Assemblée  nationale,  M.  Dinochau  [sic),  dont  on  connoit 
la  sévérité  des  principes,  et  même  du  style,  vient  d'imprimer  à  ce  sujet  :  Qu'il 
est  fait  très  expresses  inhibitions  et  défenses  de  troubler  cette  honorable  Assem- 
blée par  aucuns  sifflets  ou  cornes  à  bouquin.  »  {Note  de  Gorsas.)  —  Samuel  Dino- 
chaud,  avocat,  était  député  de  Blois. 

(3)  Bib.  Nat.,  Lb  39/3301,  in-8»  de  15  p.,  sans  date. 


148  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRbiS 

Les  patriotes  appelèrent  la  réunion  V Harmonica  des  aristocruches 
ils  rirent  beaucoup  des  aristobêies. 

Les  Révolutions  de  Paris  publièrent  cette  épigramme  : 

Él'IGRAMME 

Cazalès,  Montlauzier,  Virieu,  Mirabeau  (cadetj, 
Et  les  trois  cents,  et  Bergasse  et  Foucault, 
Aux  Capucins  cherchoient,  dans  leur  tête  troublée, 
Un  moyen  sûr  qui  pût  dissoudre  l'Assemblée  ; 
Tous  péroroient,  Maury,  cet  insigne  vaurien, 
Pestoit,  juroit,  sacroit,  et  ne  concluoit  rien. 

Impatient,  un  quidam  leur  cria  : 

Hé!  que  Las  Wous  f... 

Pendez-vous  tous,  elle  sera  dissoute. 

On  dit  qu'ils  vont  suivre  cet  avis- là  (1). 


VIII 


Jusqu'alors,  point  de  collisions  dans  les  rues,  point  de  troubles 
motivant  l'intervention  de  la  municipalité. 

Le  Club  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique  n'en  était  qu'à 
l'état  embryonnaire.  Son  action,  très  restreinte,  n'effrayait  pas  les 
pouvoirs  publics  ;  à  peine  égalait-elle  celle  des  Impartiaux  en  pas- 
sant du  centre  de  l'Assemblée  nationale  à  la  droite. 

Cependant,  Stanislas,  comte  de  Clermont-Tonnerre,  colonel  avant 
la  Révolution,  député  de  la  noblesse  de  Paris  aux  États  généraux  de 
1789,  faisait  parler  de  lui  (2).  Il  était  membre  du  Club  de  Valois  (3), 
lorsqu'on  le  remarqua,  à  cause  de  son  éloquence,  dès  les  premières 
séances  de  l'Assemblée  nationale  (4).  Il  avait  des  instincts  de 
libéralisme,  mais  il  était,  avant  tout,  dévoué  au  roi,  et  figura  au 
Club  des  Ini'parliaux^  qui  ne  satisfaisait  pas  entièrement  ses  aspira- 
tions. 

Clermont-Tonnerre,  dont  les  tergiversations  et  la  mobilité  d'esprit 
étaient  reconnues,  se  déclarait  partisan  de  la  Constitution  anglaise  (5). 
11  rassembla  bientôt  dans  son  hôtel,  rue  du  Petit  Vaugirard,  au  coin 
de  la  rue  de  Bagneux,  des  amis  de  la  monarchie. 


(1)  Révolutions  de  Paris,  n"  47,  du  29  mai  au  S  juin  1790. 

(2)  Qualifié  l'Ombrageux,  dans  le  pamphlet  Les  Chevaux  au  Manège. 

(3)  Voir  Club  de  Valois. 

(4)  Ses  Opinions  et  discours,  réunis,  ont  été  publiés  en  4  vol.  in-8°.  Paris,  1791. 

(5)  Il  a  écrit  une  Analyse  raisonnée  de  la  Constitution  française. 


CLUB  MONARCHIQUE  149 

Les  Archives  nationales  ont  conservé  une 

«  Lettre  de  M.Bailly  à  M.  Cochon  de  Lapparent,avec  note  signalant 
les  agissements  d'une  société  contre-révolutionnaire  se  réunissant 
rue  de  Vaugirard,  sous  la  présidence  de  M.  de  Clermont-Tonnerre.  » 

Elle  est  datée  du  3  décembre  1790  (1). 

Clermont-Tonnerre,  voulant  rester  sur  le  terrain  légal,  prit  alors 
une  permission  de  la  municipalité,  à  l'effet  de  transformer  ses  réu- 
nions en  club,  de  transférer  les  séances  des  Amis  de  la  monarchie 
aux  Grands  Jésuites^  rue  Saint-Antoine. 

Ces  Amis  de  la  monarchie  s'y  assemblaient  le  soir  du  28  janvier 
1791  (2).  Ils  devinrent  lutteurs  décidés,  propagandistes. 

«  Ce  club,  dit  le  marquis  de  Ferrières,  était  un  tiers  parti  entre  les 
aristocrates  et  les  jacobins,  qui,  sans  admettre  en  entier  le  système 
des  premiers,  voulait  un  gouvernement  basé  à  peu  de  choses  près 
sur  le  gouvernement  anglais.  Clermont  résolut  non  seulement  de 
combattre  les  Jacobins  à  Paris,  mais  encore  de  les  combattre  dans 
les  départements  :  il  établit,  sous  différents  noms,  des  affiliations  de 
son  club  monarchique...  On  convint  que  les  associés  donneraient, 
en  se  faisant  recevoir,  une  somme  d'argent  proportionnée  à  leurs 
facultés...  Clermont-Tonnerre,  ne  voulant  pas  qu'on  pût  lui  repro- 
cher, dans  l'établissement  de  son  club,  la  plus  légère  contravention 
à  la  loi,  alla  prendre  une  permission  de  la  municipalité...  Le  Club 
monarchique  s'ouvrit  sous  les  plus  heureux  auspices;  il  eut,  dès  ses 
premières  séances,  six  cents  souscripteurs  (3).  » 

Tout  aussitôt,  Jean-René  Loyseau,  jurisconsulte,  membre  de  la 
Société  des  Amis  de  la  Constitution,  séante  aux  Jacobins,  publia  une 
brochure  commençant  par  cette  phrase  :  «  Le  Club  monarchique  est 
une  association  anti-constitutionnelle.  » 

Ainsi,  comme  l'observe  Louis  Blanc  :  vers  la  fin  d'octobre  1790, 
le  Club  des  Impartiaux  (4),  qu'on  avait  cru  mort,  «  ressuscita  tout  à 
coup,  et  avec  une  organisation  plus  complète,  avec  des  moyens  plus 
puissants.  » 

Ajoutons  :  avec  une  couleur  de  royalisme  plus  tranchée  ;  en  tout 
cas,  avec  des  allures  plus  agressives. 

Bientôt,  un  arrêté  de  la  municipalité,  après  des  désordres,  défendit 


(1)  Minute  (2  p.),  D.XXIX'  32,  n»  328. 

(2)  Journal  des  Clubs,  t.  I,  p.  345. 

(3)  Mémoires  de  Ferrières,  t.  Il,  liv.  8. 

(4)  Voir  Club  des  Impartiaux. 


150  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

aux  membres  du  club  de  se  réunir.  Dans  ce  club  se  fondit  celui  des 
Fédérés,  dissous  par  la  loi  (1). 

Les  patriotes  ne  se  trompèrent  pas  sur  les  intentions  des  membres 
du  Club  monarchique  ou  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique .  On 
le  voit  bien  dans  la  pièce  suivante,  intitulée  :  Liste  des  aristocrates  de 
toutes  les  couleurs,  composant  le  Club  monarchique  (2),  laquelle  courut 
dans  le  public,  laquelle  est  le  seul  document  sur  les  membres  de 
cette  Société. 

Elle  contient  cette  appréciation  : 

«  Quelle  est  donc  cette  secte  opiniâtre,  qui  s'intitule  les  Amis  de  la 
Constitution  monarchique?  Quelle  est  sa  composition?... 

«(Quels  sont  donc  ces  hommes  qui  s'annoncent  avec  tant  de  fracas, 
qui  font  de  si  pompeuses  charités,  et  qui  distribuent  des  imprimés 
d'une  main,  et  de  l'argent  de  l'autre,  et  qui  alarment  enfui  les  amans 
de  la  Liberté?... 

«  Telles  sont  les  questions  que  se  faisait  à  lui-même  un  vçai  Pa- 
triote. Tourmenté  par  ses  pensées,  il  court,  il  cherche,  il  questionne, 
pourconnoître  ces  amis  si  chauds  de  la  Monarchie,  ou  plutôt  des  viles 
douceurs  de  l'esclavage;  mais  en  vain  il  s'agite,  il  ne  rencontre  que 
des  notions  vagues  et  incertaines.  Enfin,  le  hasard  et  sa  bourse  le 
conduisent  auprès  d'un  des  Agioteurs  subalternes  de  ce  Club  impor- 
tant :  le  marché  est  bientôt  conclu,  et  notre  Patriote  emporte  la  liste, 
aussi  content  qu'un  héros  de  cour  qui  vient  d'acquérir  un  comman- 
dement avec  cent  courbettes.  Il  s'empresse  d'en  faire  part  à  ses  con- 
citoyens. Ils  verront  que  cette  honorable  assemblée  est  composée,  en 
grande  partie,  d'aristocrates  fieffés  et  connus  pour  tels,  des  hypo- 
crites du  Club  de  89  (3) ,  de  plusieurs  intriguans  [sic] ,  de  quelques 
citoyens  trompés,  et  de  beaucoup  de  trompeurs.  » 

IX 

Bientôt,  on  répandit  dans  le  public  la  liste  suivante  : 
NOMS  DES  ARISTOCRATES 

COMPOSANT  LE  CLUB  MONARCHIQUE 

PRÉSIDENT. 
DuBERGiER,  Avocat  de  Rordeaux,  ci-devant  Membre  du  Comité  miU- 
taire  de  l'Hôtel-de-Ville;  Orateur  fallacieux  et  impératif. 

(1)  Voir  Club  des  Fédérés.  11  s'agit  d'un  (;lub  non  déniocraUque,  naturellement. 

(2)  Bib.  Nat.,  Lb  39/3392.  Pièce  parue  en  décembre  1790  ou  en  janvier  1791. 

(3)  \o\T  Société  dç  1789, 


CLUB  MONARCHIQUE 


151 


Vice-Président. 

Hamelin,  Commandant  du  Bataillon  des  Récolets;  ancien  Volontaire 
de  Dragons  ;  se  disant  Chevalier  ;  Membre  du  défunt  Club  des  Fédé- 
rés; Guerrier  fameux  par  ses  Victoires  remportées  à  Paris,  dans  les 
Tripots  et  sur  le  cœur  de  quelques  filles  entretenues.  Il  a  été  cassé 
par  son  Bataillon  ;  mais  il  ne  s'est  pas  tenu  pour  battu  :  il  a  dit 
hautement  à  des  Volontaires  qu'il  les  commanderoit  malgré  eux, 
et  (il  faut  l'avouer)  il  leur  tient  parole. 

Membres  du  Directoire. 
D'Hautefort,  d'Agier,  Rossy,  Stanislas  de  Clermont-Tonnerre,  député. 

Secrétaire. 

Armand  de  Cormier,  Commissaire  destitué  de  la  Section  de  la  Place 
Vendôme  (1). 

Honorables  membres. 

Messieurs, 

Montalembert. 

Chapelier  (Réclama.  V.  plus  bas, 
p.  219). 

Marguerite,  député? 

De  Foucaut,  député  du  Péri- 
gord(2)? 

Régnant  (Réclama.  V.  plus  bas, 
p.  219). 

De  Poix. 

De  Beauharnois,  l'ahié,  député? 

De  Mathan. 

Guilhermy. 

Dufraisse. 

Plainville  (Réclama.  V.  plus  bas, 
p.  220). 

De  Maubourg  (Réclama.  V.  plus 
bas,  p.  219). 

Saint-Cyr. 

Delà  Galissonnière,  député  d'An- 
jou. 


Messieurs, 

Malouet,  député. 

Du  Gluzel. 

Petit. 

Dagrain. 

D'Ambly.  Émigra. 

De  Vinezac,  Major  de  Division. 

RouUeau  (Aide-Major  au  batail- 
lon des  Récollets). 

D'Estourmel  (chevalier). 

De  Tuzy  {sic)  (Réclama.  V.  plus 
bas,  p.  219). 

De  Macaye. 

De  Parabère. 

Desvieux. 

De  Bonneval. 

Riollet. 

Mirepoix. 

Belon. 

Bergasse,  député  de  Lyon. 

De  Boisgélin. 


(1)  N'iJtait-ce  pas  ce  Corniier  qui  avait  une  grande  iullueiico  au  Club  de  l'Hùtel 
de  Massiac?  (Voir  plus  haut.) 

(2)  Émigra  et  fit  campagne  dans  l'armée  de  Condé. 


152 


LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 


Deschamps. 

De  Murinais  (1). 

Év.  de  Chartres. 

Év.  de  Clermonl. 

Saint-Vincent. 

Du  Rosoy. 

Mathias. 

Duchâtelet. 

De  Fontenay. 

Év.  de  Châlons. 

Saint-Priest. 

De  Lautrec. 

Mondot   (Officier   du  centre   au 

bataillon  des  Récollets). 
De  la  Châtre. 
Dupont  (Réclama.  V.  plus  bas, 

p.  219). 
Routiers,  député  de  Nancy. 
Tourtain. 
De  Ségur. 
Év.  d'Arles. 
Év.  de  Saintes. 
De  Custine,  député  de  Metz? 
Mailli. 
Filleul. 
Le  Moyne  (Réclama.  V.  plus  bas, 

p.  218). 
Thyéri. 
Dubuisson. 
Tourteau. 
Daymar  (Réclama.  V.  plus  bas, 

p.  219). 
Poissonier  (Réclama.  V.  plus  bas, 

p.  220). 


De  Forget. 
Dublaisel. 
Abbé  Royou  (auteur  de  VAmi  du 

Roi). 
De  la  Croix. 

De  Vergennes  (Émigra). 
Messemy  (Réclama.  V.  plus  bas, 

p.  221). 
Dorvilliers. 
Rover. 
Sinetti. 
De  Lusignem  (Membre  du  CluO 

de  Valois). 
Buttafoco. 
Év.  de  Beauvais. 
Tronchet  (Réclama.  V.  plus  bas, 

p.  219). 
Desmeuniers  (Réclama.  V.  plus 
bas,  p.  219). 
De  Folleville. 
De  Faucigny  (2). 
De  Bonnay. 
La  Bussière. 
Le  Brun. 
Le  Tellier. 
De  la  Queuille. 
Charton  (Réclama.  V.  plus  bas, 

p.  221). 
De  Montcalm. 
Duval. 

L.  Bonnefoy. 
Courtomer. 
De  Saint-Simon. 
Longpré. 


(1)  Le  chevalier  de  Murinais,  maréchal  de  camp,  député  du  Dauphiiié  ù  la 
Constituante,  protégea  les  prêtres  réfractaires,  repoussa  la  proposition  d'accorder 
le  droit  de  cité  aux  hommes  de  couleur,  et  fit  la  motion  de  poursuivre  les  Jaco- 
bins. Mais,  lors  de  la  fuite  du  roi,  il  prêta  le  serment  de  fidélité  à  l'Assemblée. 

«  Plusieurs  des  membres  paraîtront  peut-être  inconnus  au  lecteur,  parce  que, 
par  prudence  ou  autrement,  ils  ne  se  sont  fait  inscrire  que  par  leur  nom  de  fa- 
mille. »  (Note  de  l'auteur  de  la  liste.) 

(2)  Faucigny-Fabre,  député  de  ]}ourg-en-Bresse  à  la  Constituante.  Émigra. 


CLUB  MONARCHIQUE 


153 


De  Loras. 

De  Brésé  (Grand-Maitre  des  céré- 
monies sous  Louis  XVI). 

D"Âigalliers. 

De  la  Blache  (Membre  du  Club 
de  Valois). 

Lambertye. 

Millet. 

Év.  de  Goutances. 

Monbreton. 

Ludieu. 

Rouvenac. 

Lalande. 

Meunier  (Réclama.  V.  plus  bas, 
p.  220). 

De  Ghampeaux. 

De  Saint-Maurice. 

Salle  de  Ghoux. 

De  Gastellane. 

Dagout  [sic). 

Dalby. 

De  Saint-Albin. 

Mortemar  [sic).  Émigra. 

Froment. 

De  Landine  (Littérateur). 

De  Gypières. 

Tixedos. 

Le  Febvre. 

Grosbois. 

De  Caraman.  Émigra. 

De  Gand. 

Montfort. 

J.  le  Doulcet. 


Daguesseau  (Réclama.  V.  plus 
bas,  p.  221). 

Gampan  (Mari  de  la  femme  de 
chambre  de  Marie-Antoinet- 
te). 

Juigné  (Archevêque  de  Paris). 

De  Lassigny. 

Deaubonne  {sic). 

Le  Glerc. 

De  Brignon. 

Augeart  [sic]  (Membre  du  Club 
de  Valois). 

Év.  de  Bourges. 

Duc  de  Luynes  (député  de  la  no- 
blesse de  Touraine). 

De  Guimps. 

De  Rastignac. 

Montazet. 

Aubert. 

Gh.  Herbert. 

Toulongeon  (Réclama.  V.  plus 
bas,  p.  219). 

H.  de  la  Boissièrc. 

De  Villequier  (1). 

Bonnevie. 

Grussol,  Pair  de  France  sous  la 
Restauration. 

Belbœuf. 

Du  Fresne. 

Champion. 

De  la  Concy. 

Royer. 

De  la  Luzerne  (Émigra). 


Agents  aux  gages  de  la  Société. 
Arnould,  perruquier. 

Hyans,  dit  MoNTREuiL,  ancien  Officier  de  maison. 
WuLMiN,  Gabaretier. 


(1)  Le  duc  (le  Villequior  fut,  plus  tard,  premiei"  gentilhomme  de  la  Chambre  à 
Mittau,  à  la  cour  du  prétendaut,  comte  de  Provence, 


154  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

DupiN,  Metteur  en  Œuvre. 

«  La  totalité  des  Membres  n'étant  pas  encore  parfaitement  connue, 
nous  donnerons  la  suite  au  Numéro  prochain.  »  (Note  du  publiciste.) 

Fin  effet,  une  deuxième  liste  a  été  publiée.  Comme  dans  la  pre- 
mière, on  va  le  voir,  les  membres  de  la  noblesse  et  du  clergé  y  sont 
très  nombreux.  Toutefois,  des  bourgeois,  des  roturiers  y  figurent, 
honorés  sans  doute  de  se  trouver  en  si  bonne  compagnie,  de  passer 
pour  aristocrates,  pour  iidèles  sujets  de  Louis  XVL 


Cette  liste  se  composait  ainsi  : 

N»  2. 

SUITE  DE  LA  LISTE  DES  ARISTOCRATES 

dl"]  toutes  les  couleurs, 

composant  le  club  monarchique, 

Actuellement  rue  Saint-Antoine. 

«  M.  Malouet  (1),  cet  ennemi  juré  de  la  liberté  de  la  presse,  a  osé 
dire  et  imprimer  qu'il  ne  subiroit  point  le  joug  des  Jacobins.  Certes, 
il  faut  l'avouer,  ce  tour  oratoire  est  très-adroit.  Aujourd'hui,  les 
Aristocrates,  pour  se  rendre  intéressans,  crient  à  l'oppression.  A  qui 
ferez-vous  croire,  mon  cher  Monsieur  Malouet,  que  les  Amis  de  la 
Constitution,  que  des  hommes  qui  n'ont  d'autre  puissance  que  la  per- 
suasion, d'autre  autorité  que  l'exemple,  sont  des  tyrans?  Les  Jaco- 
bins ne  peuvent  ni  ne  veulent  imposer  de  joug  à  personne,  mais  ils 
veulent  achever  d'anéantir  celui  de  vos  pareils...  Ils  connoissent, 
ainsi  que  tout  le  monde,  vos  principes  :  ils  savent  que  vous  êtes  le 
Maréchal-des-Logis  en  chef  de  la  cabale  aristocratique,  que  vous 
aviez  logée  d'abord  aux  Capucins,  puis  rue  Royale,  ensuite  à  la  Sor- 
bonne,  et  que  vous  colportez  aujourd'hui  dans  tous  les  coins  de 
Paris,  sous  le  titre  pompeux  des  Amis  de  la  Constitution  monarchi- 
que. On  dit  que,  partout  refusé,  éconduit,  vous  allez  vous  réfugier 
au  Fauxbourg  Saint-Antoine,  dans  l'ancienne  maison  des  Jésuites  : 


(1)  Malouet  écrivait,  le  30  janvier  1791,  dans  une  brochure  : 
«  ...  On  croira  bien  que  je  ne  saurois  être  membre   très  actif  d'aucun  club  ; 
mais  précisément  parce  qu'il  y  en  a  un  tout-puissant,  je  pense  qu'il  en  faut  un 
autre  qui  ait  le  courage  de  contrarier  cette  toute-puissance  et  d'éclairer  l'opinion 
publique  sur  ses  abus...  » 


CLUB  MONARCHIQUE  15b 

certainement,  vous  ne  pouviez  faire  un  meilleur  choix;  cette  maison 
est  digne  de  vous  et  de  vos  Associés.  » 

NOMS  DES  ARISTOCRATES 

COMPOSANT    LE    CLUB    MONARCHIQUE. 


Daguin. 

Romance. 

Debar. 

de  Mézières. 

D'Agieu. 

Perrot. 

Dampière  (Réclama.  V.  plus  bas, 

THéritier. 

p.  222). 

de  Bertemont. 

D'Agoult  (I). 

Coubert. 

Albert. 

du  Tremblay. 

Arnault. 

de  la  Bussière  (Réclama.  V. 

plus 

Dartaignant  [sic). 

bas,  p.  220). 

Aubarède. 

d'Evry. 

Aubry. 

Vandœuvre  (Réclama.   V. 

plus 

Auger. 

bas,  p.  222). 

Authier. 

de  la  Vaupalière. 

Azon. 

de  Ricé  (Réclama.  V.  plus 

bas, 

de  Bassompierre. 

p.  219). 

de  Bavière. 

Malartie  {sic). 

Beaumarchais  (Ne  réclama  pas, 

de  Boursac. 

comme  il  le  fit  à  propos  du 

de  Sainte-Croix. 

Club  de  la  Sainte-Chapelle). 

Dufrane. 

de  Beaufort. 

le  Breton. 

de  Beaulieu. 

Piébot. 

de  Beaumanoir, 

Belhomme. 

de  Beaumont. 

La  Viefville. 

de  Beaureceuil. 

BouUanger. 

de  Beauvais. 

Monfermail. 

Béhague. 

de  Valence. 

Colbert. 

Benoit. 

Bélanger. 

de  Bérenger. 

de  Fresne. 

de  Bernières. 

Barras. 

de  Berthelot. 

J.  Barbier. 

de  Béthune. 

de  Barmont. 

Davesne. 

de  Barzal. 

de  Lambert. 

de  Bcllegarde. 

de  Lange. 

(1)  Aide-major  des  gardcs-du-corps. 


156 


LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 


de  Saint-Blancard. 

d'Houdelot  {sic). 

de  Damas.  Émigra. 

de  Sorrant. 

d'EspinchaL 

de  Gauges. 

de  Sartine  (Membre  du  Club  de 

Valois). 
Bataille, 
de  Santeul. 
Lemoine  (Réclama.  V.  plus  bas, 

p.  218). 
Pigeau. 
Lutton. 
Jolimet. 
Berthelot. 
Cottin. 
Guéri  n. 
Jarry. 
A.  Durand, 
le  Vacher. 
Gobin. 
Evrat. 
Crampon. 
Dumelz. 
de  Persans. 
Lambert. 
Joinville. 
Ferrand. 

Dupré  de  Saint-Maur. 
Hocquart. 
Blondel. 
Montboissier. 
Péronneau. 
Robineau. 

de  Mouchy  (Maréchal  de  France). 
Bienaimé. 
Duval. 
Jullienne. 
Robin. 
Anquetil. 


de  Perpirolle. 

Bernard. 

de  Beaudouin. 

Sergent. 

Bourgeois. 

Chambon. 

de  Ligneul. 

Mallet  (Membre  du  Club  de  Va- 
lois). 

le  Mercier. 

le  Long. 

Jullien. 

le  Boullanger. 

de  la  Guillaumie  {sic). 

Richard, 

de  Brunville. 

Hérault. 

de  Laurencel. 

Vasse. 

Miller. 

Bignon. 

de  Romainvilliers. 

Langlard. 

le  Couturier. 

de  Farouville. 

Champlatreux. 

Card.  de  la  Rochefoucauld. 

Titon  (Membre  du  Club  de  Va- 
lois). 

Pacquet. 

l'Escalopier. 

de  Pomeuse. 

Tandeau. 

Cormeré, 

de  Mauperché. 

le  Coigneux. 

Foulon. 

de  Bandeville. 

Angran. 

de  Soisy. 

des  Maillis. 


CLUB  MONARCHIQUE 


157 


Diet,  Officier  de  la  Reine. 

Trudaine  (Réclama.  V.  plus  bas, 

Didier. 

d'Anjou. 

Valadon. 

p.  220). 
le  Blanc, 
de  Beaulieu. 

de  Neuville. 

Agard. 

le  Bret. 

Boula. 

Gilbert. 

GeofFrois. 

Pinon. 

Rolland. 

de  Morangis. 

Chartier. 

BéruUe. 

de  Barème. 

Sauveur. 

d'Aligre.  Émigra. 

Saint-Vincent. 

Rousseau. 

de  Vaudeuil. 

Gauthier. 

de  Glatigny. 
de  Minière. 
Ghuppin, 
Masson. 

de  Fontenay. 

Remy. 

Gigault. 

le  Normand. 

Sabatier. 

Clément. 

Barbier. 

de  Sèze  (1). 

de  Boulainvilliers. 

de  Bannes. 

Jacquier. 
Boucher  d'Argis    ( 

Réclama 

.   V. 

d'Anthily. 
F.  Perrotin. 

plus  bas,  p.  219). 
de  Fontelle. 

Dupleix. 
Mandat  (2). 

Bureaux  (Réclama, 
p.  220). 

,  V 

.  plus 

bas, 

de  la  Roquette, 
le  Chanteur. 

Mesnard. 

Salamon. 

Dumont. 

le  Rebours. 

Angély  (Réclama. 

p.  219). 
de  Vouges. 

V. 

plus 

bas. 

Morel. 

Goislard. 

d'Héricourt, 

de  la  Marre. 

le  Roy. 

deCorberon. 

Ferry. 

de  Saint-Moris. 

Fournil. 

de  Vilmilan. 

Paris. 

Esmangart. 

de  Gourgue. 

de  Nicolay  [sic)  (Émigra\ 

Berlin. 

(1)  Avocat,  qui  fit  acquitter  Bozenval,  et  plus  tard  défendit   Louis  XVI  devant 
la  Convention. 

(2)  Ancien  capitaine  aux  gardes-françaises,  qui  commanda  la  garde  nationale 
la  veille  du  10  août  1192. 


158  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Moron.  de  Solligny. 

Griffon.  de  Poujaud. 

de  Saint-Cyr.  Renou. 

Pieffort.  d'Assouville. 

de  Varenne.  de  Saint-Vigor. 

Mende-Monpas.  Bazin  (Réclama.  V.   plus    bas, 

de  la  Livaudière.  p.  220). 

Beaumanoir.  le  Carpentier. 

de  la  Source.  de  la  Touche. 

Thibault  du  Loisir.  Wariner. 

du  Chemin.  d'Harméville  (1). 

Bellamourt. 

DE   l'imprimerie   PATRIOTIQUE 

La  seconde  liste  renferme  un  nombre  de  noms  supérieur  à  celui  de 
la  première. 


XI 


L'emblème  du  Club  monarchique  était  une  balance  en  équilibre 
parfait,  dont  l'un  des  plateaux  supportait  le  bonnet  de  la  liberté  et 
l'autre  la  couronne  de  France. 

A  peine  installé,  ou  plutôt  aggloméré  ça  et  là,  il  imita  le  club  des 
Jacobins,  se  fit  un  centre  de  propagande,  et  correspondit  avec  une 
foule  de  sociétés  contre-révolutionnaires.  A  Perpignan,  le  5  dé- 
cembre 1790,  une  Société  des  Amis  de  la  paix  siégeait  à  côté  de  la 
Société  des  Amis  de  la  Constitution.  Le  soir,  deux  coups  de  fusil 
furent  tirés  des  fenêtres  de  la  première  sur  des  citoyens  qui  sortaient 
du  lieu  où  se  réunissait  la  seconde.  Il  y  eut  deux  blessés,  et  la  ville 
fut  troublée  pendant  plusieurs  jours. 

Le  Club  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique  distribua  des 


(1)  «  Beaucoup  de  ces  messieurs,  quoique  absents  de  Paris,  sont  affiliés  à  l'as- 
sociation. »  {Note  de  l'auteur.) 

Ces  deux  listes,  assui-ément  non  authentiques,  se  vendaient  très  bon  marché. 
On  les  avait  tirées  à  un  grand  nombre  d'exemplaires.  Beaucoup  de  personnes 
y  désignées  crurent  devoir  se  défendre  publiquement  de  faire  partie  du  Ctiih 
monarchique.  Les  journaux  publièrent,  à  cet  égard,  des  réclamations  que  nous 
enregistrons  plus  bas. 

Nous  n'avons  pas  trouvé  de  liste  officielle.  On  remarquera  que  bien  des  noms 
sont  mal  orthographiés,  et  plusieurs  répétés 


CLUB  MONARCHIQUE  159 

pamphlets,  parfois  gratis,  en  janvier  1791.  Il  fonda,  partout  où  cela 
lui  fut  possible,  des  clubs  des  Amis  de  la  paix  et  des  Amis  du  roi.  Il 
s'aboucha  avec  des  Amis  de  la  patrie,  des  Amis  de  la  paix  et  de  la 
religion,  des  Défenseurs  de  la  religion,  des  personnes  et  des  propriétés. 
Ses  affiliations  en  province  déterminèrent  les  Jacobins  et  leurs 
partisans  à  soulever  le  peuple  de  France  contre  les  divers  clubs 
monarchiques,  pendant  l'année  1791  et  dans  la  première  moitié 
de  l'année  1792. 

A  Paris,  principalement,  il  organisa  des  distributions  de  pain,  de 
vêtements,  même  d'argent.  On  verra  ce  qu'il  en  advint. 

Il  eut  des  cartes  d'entrée,  comme  les  autres  clubs.  Gorsas  écrivit 
dans  son  journal  : 

«  Nous  avons  une  de  ces  cartes  (d'entrée)  sous  les  yeux  ;  en  voici 
la  forme  : 

«  En  tête  est  un  écusson  ovale  aux  armes  de  France;  sur  le  sommet 
de  cet  écusson  repose  une  balance:  dans  l'un  des  plats  de  cette  ba- 
lance est  le  bonnet  de  la  liberté  ;  dans  l'autre ,  une  couronne.  Une 
branche  de  chêne  et  de  laurier  se  croisent  en  bas  de  l'écusson.  Entre 
un  double  filet  qui  circonscrit  l'écusson,  on  lit  ces  deux  mots  :  libres 
ET  fidèles;  de  sorte  que  le  mot  libres  se  trouve  du  côté  de  la  liberté, 
et  fidèles  du  côté  de  la  couronne. 

«  Ce  qui  est  inscrit  de  plus  sur  cette  carte,  est  le  numéro,  le  nom 
du  récipiendaire,  la  date  de  sa  réception  et  la  vérification  des  com- 
missaires de  la  soirée.  Sur  le  verso  de  la  carte,  il  n'y  a  rien  de  gravé; 
enfin  elle  est  parfaitement  conforme  aux  cartes  que  nous  avons  dit 
avoir  été  envoyées  à  telles  et  telles  personnes,  avec  des  circulaires  ; 
de  l'une  desquelles  circulaires  et  cartes  nous  avions  déjà  reçu  com- 
munication (1).  » 

La  circulaire  était  envoyée  à  toutes  les  personnes  supposées  d'a- 
voir les  mêmes  principes  que  ceux  professés  par  cette  Société,  à 
laquelle  on  les  invitait  de  se  rendre  de  la  manière  la  plus  pres- 
sante. 

Le  Club  monarchique  ne  négligeait,  d'ailleurs,  aucun  moyen  de 
propagande  anti-révolutionnaire. 

En  but  à  de  vigoureuses  attaques,  il  invoquait  la  loi,  et  était 
dénoncé  par  la  presse  plus  ou  moins  avancée,  notamment  par  les 
Révolutions  de  Paris  (2). 


(1)  Courrier  de  Gorsas,  u*  28,  du  29  décembre  1790. 

(2)  Révolutions  de  Paris,  n'  77,  du  25  décembre  1790  au  1"  janvier  1791. 


160  LES  CLUBS  GONTRE-RËVOLUTlONxNAIRES 

«  Dénonciation  du  Club  monarchique. 

«  Une  Société  vient  de  s'élever  à  Paris,  sur  les  ruines  des  défunts 
Clubs  de  1789.,  des  Fcdénh  et  des  Impartiaux.  Elle  porte  le  titre  de 
Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique, 

«  Nous  l'aurions  laissée  dans  l'oubli,  mourir  de  sa  belle  mort,  si 
elle  ne  cherchoit  pas  à  égarer,  à  soulever  le  peuple  de  la  capitale  et 
des  départemens  sous  la  couleur  mensongère  de  la  bienfaisance  et 
de  la  pureté  des  principes.  On  a  pu  voir,  dans  notre  dernier  numéro 
(N°  76),  un  échantillon  de  la  doctrine  des  monarchistes ,  tiré  de  l'em- 
blème dont  ils  décorent  le  frontispice  de  leurs  diplômes  et  de  leurs 
brochures. 

«  Les  fondateurs  sont  des  aristocrates  gangrenés,  des  frondeurs 
connus  des  opérations  de  l'assemblée  nationale,  des  partisans  achar- 
nés du  veto  et  de  tous  les  abus  du  gouvernement  anglais:  les  sieurs 
Stanislas  Clermont-Tonnerre  et  Mulouet.  Ils  attendent  en  renfort 
MM.  Mounier  et  Lally-Tolendal,  qui  ont  promis  de  venir  si  les  choses 
tournent  à  bien.  Pour  auxiliaires,  ils  ont  recruté  les  restes  épars  du 
club  de  la  rue  Royale,  tous  les  spadassins  de  l'opéra,  et  les  pilliers  (sic) 
de  tripots  du  Palais-Royal.  La  devise  de  cette  nouvelle  troupe  de  sy- 
cophantes  est  liberté,  fidélité.  Nous  remarquerons,  en  passant,  qu'elle 
est  tirée  de  la  brochure  :  Quintius  Capitolinus  aux  Romains,  dont  les 
rédacteurs  du  journal  monarchique  n'ont  fait  une  critique  modérée 
que  pour  avoir  l'air  de  s'éloigner  des  principes  de  M.  Tollendal,  tan- 
dis qu'ils  sont  parfaitement  d'accord  ensemble;  a  peu  près  comme 
deux  avocats  rient  après  l'audience  des  injures  qu'ils  se  sont  adres- 
sées pour  la  cause  de  leurs  clients. 

<(  Pour  première  opération,  ils  ont  envoyé  un  manifeste  en  forme 
de  prospectus,  dans  les  83  départemens,  par  lequel  ils  s'annoncent 
comme  les  défenseurs  des  principes  abandonnés  de  la  monarchie  expi- 
rante; ils  déclarent  la  guerre  à  la  société  des  Jacobins,  qui  sera  tou- 
jours regardée  comme  celle  des  vrais  amis  de  la  constitution  monar- 
chique, telle  qu'elle  a  été  décrétée  par  l'Assemblée  nationale,  et  non 
telle  que  voudraient  la  faire  concevoir  les  monarchistes  S'ils  sont  les 
véritables  amis  de  la  constitution  française,  pourquoi  ne  se  réunis- 
sent-ils pas  à  la  société  des  Jacobins,  qui  s'impose  un  respect  si  pro- 
fond pour  les  décrets  de  l'Assemblée,  qu'il  n'est  plus  permis  de  les 
discuter  dans  son  sein  lorsqu'ils  sont  rendus  et  sanctionnés?  Pour- 
quoi, à  l'aurore  d'un  nouveau  culte,  d'une  religion  aussi  sainte  que 
celle  de  la  liberté,  donnent-ils  l'exemple  d'un  schisme  dangereux? 
Pourquoi,  dans  un  moment  où  la  nation,  fatiguée  des  convulsions 


CLUB  MONARCHIQUE  161 

qu'elle  a  éprouvées  dans  le  passage  de  l'ancien  au  nouveau  régime, 
s'érigenl-ils  en  ambitieux  sectaires?  Pourquoi  s'annoncent-ils  comme 
les  fauteurs  des  opinions  oubliées  de  quelques  hommes  diffamés  qui 
ont  déserté  leur  patrie  au  moment  où  la  chose  publique  étoit  en  dan- 
ger, à  lïnstant  où  les  dissentions  {sic)  civiles,  qu'ils  avoient  eux- 
mêmes  excitées,  étoient  sur  le  point  de  la  ravager?  Certes,  si  comme 
ils  osent  s'en  vanter,  leurs  intentions  sont  pures,  leur  conduite  est 
bien  imprudente. 

«  Comme  les  missionnaires  de  toutes  les  sectes,  ils  cherchent  à  sé- 
duire par  de  petites  charités,  pompeusement  distribuées,  le  peuple 
qu'ils  veulent  abuser  sur  les  principes.  Ils  ont  des  émissaires  dans  les 
48  sections  de  Paris,  chargés  de  se  concerter  avec  les  commissaires 
de  police,  afin  de  faire  distribuer  cent  livres  de  pain  par  semaine  aux 
indigens  de  la  section,  à  un  sou  la  livre  (1).  C'est  ainsi  qu'ils  essaient 
de  persuader  au  peuple  que  le  pain  doit  être  diminué;  c'est  ainsi  que 
les  conspirateurs  de  Lyon  s'y  étoient  pris  pour  tâcher  de  faire  sou- 
lever le  peuple  en  faveur  des  princes;  avec  les  mêmes  principes,  ils 
mettent  en  usage  les  mêmes  moyens.  Les  sections  ont  vu  le  piège; 
ils  ont  senti  tout  le  danger  qu'il  y  avoit  à  laisser  donner  le  pain  à  un 
sou  chez  quelques  boulangers,  tandis  que  chez  d'autres  il  se  vendroit 
deux  sous;  elles  ont  refusé  la  lihérarité  inof'fîcieusp  dea  monarchistes. 

«  Citoyens!  défiez-vous  de  ceux  qui,  en  décriant  le  patriotisme, 
viennent  à  vous  les  mains  pleines;  défiez- vous  des  principes  despo- 
tiques qu'ils  cherchent  à  étayer  par  une  bienfaisance  illusoire  et  de 
pure  ostentation.  Les  monarchistes  vous  diront,  vous  écriront,  pour 
se  faire  valoir,  que  la  société  des  Jacobins  les  a  attaqués,  qu'elle  a 
fait  des  tentatives  auprès  des  sections  de  Paris  pour  dissoudre  leurs 
assemblées.  Cela  est  faux,  et  l'atrocité  est  digne  de  ceux  qui  l'ont  in- 
ventée. Les  Jacobins  reconnoissent  que  tous  les  citoyens,  même  ceux 
qui  sont  ennemis  de  la  constitution,  ont  le  droit  de  se  réunir  paisi- 
blement et  sans  armes.  Ils  ont  arrêté  de  prémunir  leurs  sociétés  affi- 

(i)  «  Le  sif^ur  Cormier,  l'un  dfs  adeptos  de  la  société  monarchiste,  s'est  présenté, 
il  y  a  quelques  jours,  de  la  pai't  de  ses  confrères,  à  la  section  de  la  place  Ven- 
dôme; après  avoir  jeté  un  regard  douloureux  sur  la  misère  publique,  il  a  vanté 
la  bienfaisance  des  monarchistes  ;  il  a  dit  qu'il  était  autorisé  de  leur  part  à  offrir 
chaque  semaine  à  la  section  une  sonnue  réglée  pour  doiuier  le  pain  à.  un  sou  la 
livre.  La  section,  sur  l'avis  de  M.  Le  Clerc,  a  dénoncé  cette  machination  à  la 
municipalité.  Cependant,  un  boulanger  de  la  Chaussée  d'Antin  a  distribué  quelques 
livres  de  pain  sur  les  cartes  de  la  société:  lorsqu'il  a  voulu  réclamer  son  payement, 
le  sieur  Cormier  lui  a  chen^hé  chicane;  il  lui  a  reproché  d'avoir  ébruité  la  muni- 
ficence clandestine  de  la  société;  il  a  fini  par  lui  dire  :  Allez  chercher  votre  paye- 
ment rue  de  Vaugirard.  Il  y  est  allé,  et  n'a  pas  été  plus  heureux  que  chez  le  sieur 
Cormier.  »  (Voir  Clnh  de  l'Hôtel  de  Massiac.) 

Il 


162  LES  CLUBS  GONTRE-BÉVOLUTIONNAIRES 

liées  contre  les  émanations  empoisonnées  de  faux  amis  de  la  consti- 
tution monarchique,  ils  ont  dénoncé  leurs  manœuvres  coupables 
pour  capter  et  séduire  le  peuple  ;  enfin  ils  les  ont  signalés  comme  des 
ennemis  dont  il  fallait  respecter  les  personnes  en  détestant  leurs 
erreurs.  On  peut  dire  avec  vérité  des  monarchistes  :  Vetiiunl  ad  vos 
in  vesiimentis  ovium,  intrinsecùs  aulem  sunt  lupi  rapaces.  Jls  viennent 
à  vous  comme  des  brebis,  et  ce  ne  sont  que  des  loups  dévorans.  » 

Dénoncé  pour  avoir  donné  le  pain  à  un  sou,  le  Club  monarchique 
essaya  vainement  de  se  justifier.  Il  apparut  comme  un  «  complot  mi- 
nistériel et  aristocratique  contre  la  constitution  »,  observe  le  marquis 
de  Ferrières,  dans  ses  Mémoires. 


XII 


Les  monarchistes  trouvèrent  un  local  à  leur  convenance. 
Voici  la  profession  de  foi  adressée  alors  à  Bailly  et  à  La  Fayette  par 
les  Amis  de  la  Constitution  monarchique  : 

«  Les  citoyens  soussignés,  tant  en  leurs  noms  qu'en  celui  de  plu- 
sieurs autres,  réunis  à  eux  sous  le  nom  d'amis  do  la  constitution  mo- 
narchique, ont  l'honneur  de  prévenir  M.  le  maire,  qu'en  conformité  de 
l'article  de  la  Déclaration  des  Droits  de  l'Homme,  qui  permet  la  libre 
manifestation  des  opinions,  et  des  décrets  qui  autorisent  les  citoyens 
à  s'assembler,  après  avoir  averti  MM.  les  officiers  municipaux,  leur 
intention  est  de  se  réunir  en  Société  ou  Club,  sous  la  dénomination 
d'Amfs  de  la  Constitution  Monarchique^  dans  l'une  des  salles  de  l'édi- 
fice connu  sous  le  nom  de  Panthéon  et  situé  rue  de  Chartres;  ils  pro- 
testent de  nouveau  de  leur  soumission  aux  décrets  de  l'Assemblée 
nationale,  acceptés  ou  sanctionnés  par  le  Roi;  et  ils  attendront  des 
dépositaires  de  la  force  publique  la  surveillance  et  la  protection  qui 
sont  dues  à  tous  les  citoyens  paisibles,  lorsqu'ils  se  renferment  dans 
la  soumission  due  à  la  loi.  » 

Aussitôt  parut  une  Lettre  d'un  patriote  à  un  de  ses  amis,  au  sujet 
de  la  dissolution  et  du  rétablissement  du  Club  monarchique  (1).  Lettre 
assez  insignifiante  et  peu  répandue. 

Le  Journal  des  Clubs  publia  les  articles  suivants,  relatifs  au  pain  à 
bon  marché  et  à  trois  nouveaux  membres  du  clul)  : 

«  Depuis  quelque  tems,  il  s'est  élevé  à  Paris,  au  Panthéon  (2),  rué 

(1)  lîib.  Nat;  (pièce),  Lb  39/4309; 

(2)  Le  Panthéon,  ('-tabli  dans  l'angle  irrégulier  formé  par  la  rue  Saiat-Tlioirias 


CLUB  MONARCHIQUE  163 

de  Chartres,  un  club,  sous  le  nom  des  amis  de  la  constitution  monar- 
cfdque.  Une  épithète  donnée  à  la  constitution  a  causé  de  l'ombrage, 
a  fait  naître  des  soupçons,  et  l'on  a  cru  voir  dans  cette  alFectation 
une  nudité  aristocratique,  qui  cherchoit  à  se  revêtir  du  manteau 
royal.  On  a  dit  :  Pourquoi  se  distinguer?  Être  ami  de  la  constitution, 
c'est  être  ami  de  la  monarchie,  puisque  l'assemblée  nationale  a  dé- 
crété que  la  France  est  et  resteroit  monarchique.  A  cette  première 
inconséquence,  ou  cette  première  levée  de  boucliers,  les  membres  du 
nouveau  club  en  ont  ajouté  une  autre;  c'est  de  procurer  à  un  certain 
nombre  d'indigens,  à  quatre  sols,  d'autres  disent  à  six  sols,  les  quatre 
livres  du  pain  qui  se  paient  communément  neuf  sols,  ce  qui  a  causé 
une  rumeur  qu'il  étoit  facile  de  prévoir...  »  (p.  325  et  suiv.) 

«  La  formation  et  la  suspension  du  club  monarchiqui3  ont  donné 
lieu  à  un  événement  fâcheux.  M.  Hamelin,  commandant  du  bataillon 
des  Récollets  (1),  M.  Mondot,  officier  du  centre,  et  M.  Rouleau, 
aide-major  de  ce  môme  bataillon,  s'y  étoient,  dit-on,  fait  recevoir. 
La  défaveur  jettée  sur  ce  club  retlua  sur  eux.  La  section  s'assembla, 
ainsi  que  le  bataillon  ;  on  y  dénonça  et  le  club  et  les  membres,  et 
particulièrement  le  sieur  Hamelin.  On  trouva  fort  mauvais  qu'un 
commandant  de  bataillon  fût  membre  d'une  association  accusée  d'a- 
ristocratie ;  on  le  déclara  incapable  de  commander  des  citoyens 
patriotes,  et  on  procéda  à  la  nomination  de  son  successeur...  » 
(p.  385)  (2). 

La  publication  du  Journal  du  Club  des  Amis  de  la  Constitution  mo- 
narchique amena  des  réclamations  plus  ou  moins  fondées.  Voici  celle 
que  le  Moniteur  universel  (3)  inséra  : 

«  Le  prospectus  d'un  journal  intitulé  les  Amis  de  la  Constitution 
monarchique  annonce  que  M.  Fontanes  doit  en  être  le  rédacteur.  Cette 
annonce  est  confirmée  par  l'annonce  du  1"  numéro  de  cette  feuille 
périodique.  Mais  un  avis  imprimé  à  la  fin  du  second  N",  et  une  lettre 
que  M,  Fontanes  nous  a  écrite,  le  disculpent  complètement.  Nous 
nous  hâtons  de  lui  rendre  justice,  en  publiant,  comme  il  le  désire, 
qu'il  ne  rédige  pas  ce  journal  »  (4). 


du  Louvre  ot  la  ruo  dn  Chartres,  entre  les  numéros  li  et  IG,  devait  tenir  lieu, 
pendant  l'hiver,  du  Wauxhall  de  la  foire  Saint-Germain,  abattu  en  1784.  Devint 
le  Vaudeville  en  1792.  A  disparu  plus  tard,  quand  on  déf>agea  le  Louvre. 

(1)  Voir,  plus  haut,  la  liste  des  membres  du  club,  p.  151. 

(2)  Journal  des  Clubs,  t.  I,  p.  32")  et  suiv.,  p.  .'}85. 

(3)  Moniteur  universel  du  28  décembre  1790,  n"  3G2. 

(4)  Fontanes,  Suard,  et  d'autres  écrivains  monarchistes,  rédifj;èrerit   le  Modé- 
rateur, journal  qui  ne  vécut  pas. 


164  LES  CLUBS  CONTHE-REVOLUTIONNAIRES 

Mais  si  le  doute  existe  à  propos  de  Fontanes,  il  est  certain  que  ce 
premier  numéro  contint  des  articles  de  Clermont-Tonnerre  et  de 
Mathieu;  que  le  n"  3  contint  un  article  de  M.  Hautefort. 

Le  17  décembre  1790,  Clermont-Tonnerre  prononça  dans  la  So- 
ciété un  discours,  dont  les  membres  du  Club  décidèrent  l'impression 
dans  leur  journal  (1).  Il  était  le  patron  actif  du  club,  où  son  talent  de 
parole  lui  donnait  une  place  tout  à  fait  prépondérante.  Son  libéra- 
lisme s'évanouissait  peu  à  peu,  et  le  peuple  parisien  le  rendit  en 
quelque  sorte  responsable  des  incidents  qui  suivirent. 

Dans  sa  séance  du  18  décembre  1790,  le  Club  monarchique  établit 
une  caisse  à  l'effet  de  pouvoir  distribuer  aux  pauvres,  dans  les  sec- 
tions, du  pain  à  un  sou  et  demi  la  livre. 

On  peut  lire  encore  dans  le  prospectus  du  Journal  de  cette  société 
une  afhrmation  du  but  qu'elle  se  proposait  : 

«  La  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique  a  des  prin- 
cipes invariables,  et  ne  se  découragera  pas. 

«  Le  moment  où  se  sont  manifestées  des  opinions  dangereuses 
pour  l'autorité  légitime  du  Roi  et  de  la  Constitution  monarchique 
décrétée  par  l'Assemblée  nationale,  a  été  celui  de  sa  naissance.  Des 
efforts  constants  pour  la  propagation  des  bons  principes,  et  l'établis- 
sement d'une  correspondance  suivie  avec  un  grand  nombre  de 
citoyens,  amis  de  l'ordre  et  de  la  liberté,  ont  été  ses  premiers 
travaux, 

«  Aussi  loin  des  préjugés  de  l'ancien  régime  que  des  passions  des 
novateurs,  la  devise  de  ses  membres  est  :  lihertr  et  fidéliir. 

«  Ils  regardent  comme  la  loi  des  Français  la  Constitution  par 
laquelle  il  est  établi  que  : 

«  Le  Gouvernement  français  est  monarchique  ;  qu'il  n'y  a  pas  en  France 
d'autorité  supérieure  à  la  loi;  que  le  Roi  ne  règne  que  par  elle;  que  ce 
n'est  qu'en  vertu  des  lois  qu'il  peut  exiger  r obéissance; 

«  La  Constitution  par  laquelle 

«  L'Assemblée  nationale  a  reconnu  et  déclaré  comme  points  fonda- 
mentaux de  la  monarchie,  que  la  personne  du  Roi  est  inviolable  et  sacrée  ; 
que  le  trône  est  indivisible,  ei  que  la  couronne  est  héréditaire  dans  la  race 
régnante,  de  mâle  en  mâle,  par  ordre  de  primogéniture,  à  l'exclusion 
absolue  des  femmes  et  de  leur  descendance. 

«  S'il  se  trouvait  des  décrets  dont  les  dispositions  semblassent 
contraires  à  l'intérêt  public,  c'est  des  seuls  moyens  légaux  et  consti- 

(1)  Clcriuont-Tonncrrc,  Opinions  et  discouru,  t.  IV,  p.  28  et  suiv. 


CLUB  MONARCHIQUE  165 

tutiônnels  que  la  société  pense  qu'il  en  faut  attendre  et  obtenir  la 
réformation. 

«  La  société  voit  avec  une  profonde  indignation,  et  repoussera  avec 
une  constance  imperturbable,  les  efforts  que  l'on  fait  depuis  long- 
temps pour  anéantir  la  Monarchie. 

«  La  société  s'attachera  à  combattre  les  écrivains  incendiaires  et 
les  hommes  plus  coupables  qu'eux,  dont  ils  sont  les  instrumens. 

<(  Le  Journal  de  la  Société  parait  le  samedi  de  chaque  semaine. 

«  Le  prix  de  la  souscription  est  de  24  livres  pour  l'année,  franc  de 
port  par  tout  le  royaume,  et  de  13  livres  4  sous  pour  six  mois. 

«  Le  Bureau  de  souscription  est  ouvert  chez  madame  Valade,  impri- 
meur, rue  des  Noyers,  et  chez  tous  les  Directeurs  des  Postes  et  les 
principaux  Libraires  du  royaume.  » 

Le  17  novembre  1790,  le  Club  monarchique  avait  ajouté  à  la  publi- 
cité de  ses  séances  la  fondation  de  ce  Journal  de  la  Société  des  Amis 
de  la  Constitution  monarchique^  dont  le  prospectus  reproduisit  un 

«  Extrait  des  refjistres  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitulio)i 
monarchique. 

«  ARRÊTÉ  DE  LA  SOCIÉTÉ,  DU  17  NOVEMBRE  1790. 

«  Un  Membre  a  fait  une  motion  tendante  à  ce  que  la  société  com- 
mençât incessamment  à  tenir  des  séances  publiques,  dans  lesquelles 
tous  les  citoyens  pussent  juger  ses  intentions  et  ses  principes,  et  où 
l'on  pût  opposer  une  résistance  d'opinions  à  toutes  les  tentatives 
dirigées  contre  l'autorité  légitime  et  constitutionnelle  du  Roi,  et  la 
constitution  monarchique. 

«  La  Société  a  arrêté  que  la  première  séance  publique  seroit  encore 
différée,  mais  que  pour  faire  connoître  dès  à  présent  son  but  et  ses 
principes,  et  combattre  d'une  manière  efficace  les  opinions  dange- 
reuses, il  sera  publié  un  Journal  avoué  par  la  Société  et  rédigé  par 
M.  de  Fontanes,  l'un  de  ses  membres.  A  cet  effet,  la  Société  a  auto- 
risé M.  de  Fontanes  à  publier  dans  les  numéros  de  ce  Journal  des 
fragmens  de  la  correspondance  de  la  Société,  ses  principes  et  son 
règlement.  Signés  :  Decrkcy,  Derossy,  Stanislas  de  Clermont-Ton- 
N'ERRE,  Cormier,  Commissaires  (1). 

(l)  Joutmal  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  n"  1,  du  samedi  18  dé- 
combre  1790.  Prospectus.  Co  journal,  hebdomadaire,  eut  27  numéros.  Chaque 
numéro  a  une  pagination  distincte,  porte  le  cachot  de  la  société,  —  les  armes  de 
France  supportant  une  balance  dans  un  des  plateaux  de  laf4uelle  est  un  bonnet 
de  la  liberté,  et  dans  l'autre  la  couronne  royale.  En  exergue  :  libres  et  fidèles: 
sur  le  tout  est  une  ban<leroUe  avec  le  nom  do  la  société;  on  bas  de  l'écu,  dans 
un  médaillun,  le  millésime  :  1790. 


166  LES  CLUBS  CONTRE -RÉVOLUTIONNAIRES 


XIII 


Lemonnier  prononça,  dans  la  séance  du  25  décembre  1790,  aux 
Jacobins,  présidés  par  Miral)eau  l'aîné,  un  discours  dans  lequel  il 
appréciait  ainsi,  au  début,  le  nouveau  club  : 

«  Vous  savez,  Messieurs,  que  l'aristocratie,  désespérée  d'avoir  vu 
tous  ses  complots  découverts,  toutes  ses  sombres  manœuvres  mises 
au  jour,  a  cru  avoir  inventé  un  moyen  infaillible  pour  anéantir  tout 
ce  que  nos  législateurs  ont  fait  pour  la  stabilité  de  l'empire  français  : 
c'est  l'établissement  d'un  club  sous  le  nom  de  Constitution  monar- 
chique. Plaisante  dénomination  !  Comme  si  tous  les  clubs  patrio- 
tiques, en  particulier  celui  des  Amis  de  la  constitution,  n'avaient  pas 
le  but  de  fonder  une  constitution  vraiment  et  essentiellement  monar- 
chique, mais  une  monarchie  légale,  une  monarchie  qui  aura  pour 
base  les  lois  et  pour  objet  le  salut  de  la  nation, 

«  Ce  n'est  point  pour  ridiculiser  cette  folle  institution  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  vous  demander  la  parole,  mais  pour  vous  dénoncer  les 
premières  opérations  de  cette  assemblée  vraiment  inconstitution- 
nelle :  elle  a  conçu  le  plan  de  mettre  le  trouble  dans  cette  capitale, 
et  par  la  suite  dans  le  royaume  entier.  Voici  le  sûr  moyen  que  ces 
hommes  fallacieux  ont  cru  devoir  employer.  Ils  ont  nommé  quarante- 
huit  commissaires  pour  se  répandre  dans  les  quarante-huit  quartiers 
de  Paris;  c'est  le  cheval  de  bois  qui  vomit  les  guerriers  grecs  pour 
renverser  les  murs  de  Troie.  Vous  verrez  que  les  Grecs  se  sont 
répandus  dans  la  capitale,  et  si  cette  capitale  n'a  que  d'imbéciles 
Troyens  pour  défendre  ses  murs...  » 

Lemonnier  ajouta  que  Cormier,  un  des  commissaires,  s'était  pré- 
senté à  la  section  de  la  place  Vendôme,  et  que  d'auti'cs  s'étaient  pré- 
sentés dans  d'autres  sections;  que  Cormier,  muni  d'une  carte  signée 
Clermont-Tonnerre  (1),  avait  fait  l'offre  de  distribuer  par  semaine 
detix  cents  livres  de  pain  aux  pauvres  de  la  section,  à  un  sou  la 
livre;  que,  heureusement,  M.  Leclerc,  ancien  commissaire  des 
guerres  et  chevalier  de  Saint-Louis,  avait  riposté  :  «  Puisque  vous 
voulez  obliger  les  pauvres,  donnez  en  argent  à  chaque  section  qui, 
avec  notre  surveillance,  si  vous  l'exigez,  distribuera  le  pain  à  ceux 
que  la  section  connaîtra  en  avoir  le  plus  de  besoin.  »  A  quoi  l'émis- 

(1)  Carte  plus  grande  qu'une  carte  ordinaire,  ayant  au  nnlicu  h;  nom  du  roi, 
et  à  côté  de  ce  nom  une  balance,  en  haut  une  guirlande  avec  le  titre  du  club. 


CLUB  MONARCHIQUE  167 

saire  n'a  pas  voulu  consentir,  trouvant  «  étonnant  que  des  gens  pré- 
posés pour  procurer  les  avantages  de  la  section  refusassent  les 
secours  offerts  à  la  mendicité.  » 

C(U'mier  ajouta  que  déjà  treize  sections  avaient  accepté.  Leclerc 
lui  demanda  de  laisser  par  écrit  l'engagement  qu'il  voulait  con- 
tracter, avec  toutes  les  clauses.  Cormier  donna  dans  le  piège,  laissa 
par  écrit  sa  soumission  avec  la  carte,  qui  furent  placées  dans  le 
bureau  du  président  de  la  section,  puis  portées  à  la  police  de  la 
ville  (1). 

Ainsi,  le  Club  monarchique  attirait  l'attention  des  Jacobins  et 
entrait  dans  la  lutte  politique^  non  pas  seulement  par  l'énoncé  des 
sentiments  intimes  de  ses  membres,  mais  par  des  moyens  actifs.  De 
plus,  il  paraissait  disposé  à  ne  pas  céder  aux  menaces  populaires,  ni 
aux  injonctions  de  l'autorité  municipale,  à  en  appeler,  s'il  le  fallait,  à 
la  justice  des  représentants  de  la  nation  pour  continuer  d'exposer  ses 
vœux  en  faveur  de  la  royauté,  de  la  noblesse  et  du  clergé.  11  était 
plus  franc  que  les  réunions  de  certains  modérés. 

Des  difficultés  s'étant  élevées  sur  les  droits  des  sociétés  monarchi- 
ques correspondantes,  au  commencement  du  premier  numéro  du 
Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  constitution  monarchique^  fut  placé 
un 

(■  Extrait  du  'procès-verbal  de  V Assemblée  Nationale,  du  samedi  au  soir, 
treize  novembre  mil  sept  cent  quatre-vingt-dix . 

«  L'Assemblée  Nationale,  après  avoir  entendu  son  Comité  des  rap- 
ports, déclare  que  les  Citoyens  ont  le  droit  de  s'assembler  paisible- 
mont,  et  de  former  entre  eux  des  sociétés  libres,  à  la  charge  d'obser- 
ver les  loix  qui  régissent  tous  les  Citoyens;  qu'en  conséquence,  la 
Municipalité  de  Dax  n'a  pu  troubler  la  société  formée  dans  cette  ville, 
sous  le  nom  de  Société  des  amis  de  la  Constitution;  que  ladite  société 
a  le  droit  de  continuer  ses  séances,  et  que  ses  papiers  doivent  lui  être 
rendus. 

«  CoUationné  à  l'original,  par  nous,  Secrétaire  de  l'Assemblée  na- 
tionale. A  Paris,  le  lOjanv.  1791.  Armand,  La  Metuerie,  Bion,  Latyl, 
Prêtre  de  l'Oratoire,  Secrétaire;  Oudot,  Curé  de  Savigny;  Cl.  An. 
L'Eleu. 


(1)  Ce  discours,  imprimi''  par  l'ordro  de  la  société  des  Amis  de  la  Constitution, 
séante  aux  Jacobins,  se  trouve  à  la  Bibliothèque  nationale;  il  forme  7  pages  iu-S", 
sans  date. 


168  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  Nous,  Commissaires  du  Comité  des  Décrets^  certifions  que  le  décret 
ci-dessus  est  sanctionné  du  J9  novembre  1790. 
«  Fait  au  Comité,  le  i  0  janvier  1791.  Bouche.  » 

Plus  les  idées  avancées  se  firent  jour,  plus  la  presse  patriote  se 
montra  sévère  dans  ses  appréciations  sur  la  Société,  qui  devenait 
agressive,  qui  lui  paraissait  dangereuse.  A  Paris  et  en  province,  les 
polémiques  abondèrent. 

Gorsas  écrivit  : 

«  Le  club  monarchique,  dont  nous  avons  parlé  ces  jours  derniers, 
est  ouvert  depuis  quelque  tems  ;  le  but  avoué  de  ce  club  est  de  s'op- 
poser à  l'esprit  de  Républicanisme  qui  germe,  disent  ses  membres, 
dans  toutes  les  têtes  (assertion  aussi  fausse  qu'absurde),  le  but  secret 
est  de  former  une  scission  parmi  les  citoyens  de  la  Capitale.  Les 
cartes  d'entrée  portent  ces  mots  :  Amis  de  la  constitution  monarchique  ; 
c'est  sous  ce  titre  respectable  que  les  membres  espèrent  exciter  une 
diversion  dont  les  suites  funestes  sont  incalculables.  » 

«  ...  L'intention  du  Club  Monarchique  est  de  renverser  celui  des 
amis  de  la  constitution  et  toutes  les  autres  sociétés  de  ce  genre...  (4)  » 

Gorsas  ne  se  méprenait  pas  sur  les  intentions  véritables  des  mo- 
narchistes. 

Les  Révolutions  de  Paris  (2)  interprétèrent  la  devise  du  Club  monar- 
chique : 

w  Emblème  du  club  monarchique. 

«  Ce  club  est  un  réchauffé  de  89  (3),  dont  nous  ne  pouvons  main- 
tenant citer  que  le  titre  et  analyser  que  l'emblème. 

«  L'hiéroglyphe  de  cette  société  est  une  balance  en  équilibre  par- 
fait, par  la  charge  des  deux  bassins,  dont  l'un  porte  le  bonnet  de  la 
liberté,  c'est-à-dire  la  Nation,  et  l'autre  la  couronne  de  France,  c'est- 
à-dire  le  Roi;  ce  qui  signifie  que  la  Nation  est  égale  au  Roi,  et  que  le 
Roi  est  égal  à  la  Nation;  d'où  les  sociétaires  monarchistes  font  résulter 
sans  doute  cette  doctrine  que,  si  les  droits  de  la  Nation  sont  impres- 
criptibles, ceux  du  RoiXo,  sont  aussi,  et  que,  par  conséquent,  la  Nation 
et  le  Roi,  ou  le  Roi  et  la  Nation,  sont  inattaquables  l'un  par  l'autre; 
que  l'imprescriptibilité  de  l'un  et  de  l'autre  ne  pouvant  dériver  que  du 
même  principe,  il  s'ensuit  que  la  nation  étant  souveraine  de  droit  na- 
turel, c'est  aussi  de  droit  naturel  que  le  Roi  est  souverain  ;  que  tout 


(1)  Courrier  de  Gomas,  u°  20,  du  lundi  20  dcceuibrc  1790. 

(2)  Révoluiions  de  Paris,  n"  76,  du  18  au  25  décembre  1790. 
(:i)  Voir,  plus  bas,  Société  de  -1789. 


CLUB  MONARCHIQUE  169 

ce  que  peut  la  nation  de  ce  côté,  le  Roi  le  peut  aussi  du  sien  ;  que 
l'un  pèse  autant  que  l'autre  (ce  qui,  par  exemple,  est  trop  fort)  ;  et 
qu'enfin,  en  droit  originel,  en  force  et  en  volonté,  un  est  égal  à  vingt- 
cinq  MILLIONS.  Voilà  le  système  du  veto  expliqué,  et  ses  analyses  men- 
tales révélées. 

«  Cette  hérésie  politique,  que  les  monarchistes  n'osent  encore  pro- 
fesser qu'en  gravures,  doit  être  terrassée  par  les  simples  propositions 
de  la  saine  doctrine. 

«  La  NATION  est  tout  dans  la  nation,  c'est-à-dire,  rien  n'est  au-dessus 
d'elle,  tout  individuellement,  et  le  Roi,  comme  les  autres,  est  au- 
dessous  d'elle.  La  nation  est  le  souverain  ;  le  Roi  n'est  pas  le  souve- 
rain. La  nation  fait  la  loi  et  l'abroge;  le  Roi  ne  peut  ni  l'un  ni  l'autre. 
La  nation  peut  abroger  la  royauté  ;  le  Rot  ne  peut  pas  abroger  la 
NATION.  La  NATION  cxistc  par  elle-même;  le  Roi  n'existe  que  par  la 
NATION.  La  NATION  est  un  corps  indépendant  qui  sort  du  sein  de  la 
nature;  le  Roi  est  une  convenance  de  la  loi  faite  par  la  nation. 

«  Les  monarchistes  n'entendent  donc  rien  aux  emblèmes.  Leur  ba- 
lance n'a  point  de  justesse,  et  s'ils  veulent  continuer  à  tenir  en  équi-' 
potence  la  nation  et  le  Roi,  ils  sont  ou  des  ignorans  ou  des  mauvais 
citoyens.  » 

Et  Carra  fit  chorus,  d'une  façon  très  violente,  en  prenant  à  partie 
Clermont-Tonnerre. 

«  Il  paroît,  depuis  peu  de  temps,  un  Journal  des  Amis  de  la  Consti- 
tution, qui  doit  sa  naissance  à  la  délibération  prise  par  la  société  qui 
porte  ce  nom  de  publier  sa  correspondance.  Ce  journal  patriotique  a 
donné  l'idée  aux  anti-patriotes  de  répandre  leurs  perfides  principes 
sous  un  titre  à  peu  près  semblable,  celui  de  Journal  des  Amis  de  la 
Constitution  monarchique  (1).  Nous  prévenons  nos  lecteurs  que  le  pre- 
mier de  ces  journaux  est  le  véritable  antidote  du  Mercure,  et  que  le 
second  n'en  est  qu'un  insipide  supplément.  »  Chronique  de  Paris. 

Voir  cet  autre  article,  du  même  : 

«  Une  société,  sous  le  titre  des  Am?'i-  de  la  constitution  monarchique, 
vient  de  se  former  dans  cette  capitale.  On  jugera  aisément  de  ses 
principes  et  de  son  but  quand  on  saura  qu'elle  est  fondée  par  Stanislas 
Clerniont-Tonnetre,  et  qu'elle  est  composée  de  tout  ce  qu'il  y  a  de 
roués,  d'escrocs,  de  joueurs,  d'intrigans  et  de  partisans  de  l'ancien 
régime  à  Paris  (2).  » 


(1)  Annales  patriotiques,  uo  440,  du  26  décembre  1790. 

(2)  Annales  /jalriotigues,  ir  431,  du  27  déceuibrc  1700. 


170  LES  CLUBS  COÎsTRE-RÉVOLUTlONNAIRES 

Et  cet  autre  : 

«  Supposons  que  le  club  des  monarchieiis  de  Paris,  et  ses  corres- 
pondans  établis  dans  tous  les  postes  importans  de  l'empire, 
veuillent,  sous  les  dehors  spécieux  de  la  bienfaisance,  soudoyer  et 
s'attacher  deux  millions  de  citoyens,  à  un  sou  par  livre  de  pain,  il  en 
coûtera  aux  sociétés  monarchiennes  deux  millions  de  sous,  ou 
100  mille  francs  par  jour,  ou  3  millions  par  mois  (1).  » 

La  bienfaisance  avait  déjà  été  pratiquée  politiquement  eu  pro- 
vince. 

Il  avait  existé,  en  juin  1790,  à  Dijon,  une  Socirté  de  la  lireliro^  dans 
laquelle  on  prodiguait  de  l'argent  à  des  citoyens  pauvres  ou  avides 
qui  adhéraient  à  une  profession  de  foi  aristocratique.  Les  patriotes 
dijonnais  dispersèrent  les  membres  de  cette  société. 

Le  30  décembre  1790  (n°  46-4  des  Annales),  Carra  ajoutait  : 

<(  Remarquez,  je  vous  prie,  qu'en  même  temps  que  nos  ennemis 
projettoient  dans  dilTérentes  villes  de  l'empire  une  contre-révolution 
à  main  armée,  ils  en  méditoient  une  autre  sur  les  esprits  faibles,  en 
formant  tout-à-coup  et  partout  des  sociétés  sous  différens  noms,  tels 
que  ceux  de  Club  monarchique ,•  (VAmis  du  Roi;  A'Amis  du  Roi  et  de 
la  paix  ;  AWmi$  du  Roi,  de  la  Noblesse  et  du  Clergé;  (VAmis  de  l'ordre 
et  du  bien,  etc.,  etc..  » 


XIV 


Toujours  pour  imiter,  mais  aussi  pour  combattre  la  Société  des  Ja- 
cobins, le  Club  monarchique  faisait  une  active  propagande  en  1790; 
il  correspondait  avec  les  sociétés  des  Amis  de  la  paix  qui,  à  Per- 
pignan, à  Aix  et  ailleurs,  venaient  de  soulever  la  colère  du  peuple. 
Nous  avons  donné  là-dessus  quelques  détails  (2). 

Il  avait  recruté,  disent  les  Révolutions  de  Paris;  les  restes  épars  du 
club  de  la  rue  Royale,  tous  les  spadassins  de  VOféra,  et  piliers  de 
tripot  du  Palais-Roi/al  (3).  Ajoutons  que  les  dames  de  la  halle,  en 
très  grande  partie,  étaient  royalistes,  et  que  plusieurs  désavouèrent 
les  journées  des  5  et  6  octobre  1789.  Marie-Antoinette  les  reçut,  à 
Paris,  mais  à  distance,  et  elles  s'enorgueillissaient  néanmoins  de 
cette  réception. 


(1)  Annales  patriolifjues  de  CaiTa,  n"  453,  du  29  décembre  1790. 

(2)  Voir  plus  haut,  p.  129. 

(3)  Révolutions  de  Paris,  n"  77,  p.  627. 


CLUB  MONARCHIQUE  171 

Eu  décembre  1790,  il  se  formait  un  club  d'A^nis  de  tordre  et  de  la 

paix  à  Metz,  dont  les  membres  portaient  sur  le  cœur  des  cocardes 

blanches  attachées  à  la  doublure  de  Thabit.  Il  s'en  formait  un  aussi, 

société  des  Afnis  de  la  Paix,  à  Limoges  (décembre). 

Un  partisan  du  Club  monarchique  imprima  une  circulaire  Aux 
Amis  de  la  paix,  dans  laquelle  il  disait  :  «  Tenez  vous  sur  vos 
gardes  ;  défiez-vous  de  ceux  qui  se  disent  Amis  de  la  Constitution;  ce 
sont  des  loups  revêtus  d'une  peau  d'agneau,  qui  se  masquent  pour 
vous  dévorer  plus  sûrement...  (1).  » 

La  section  des  Tuileries  demanda  la  dissolution  du  Club  monar- 
chique, dont  les  réunions  amenaient  des  attroupements  qui  trou- 
blaient la  tranquillité  publique. 

«  Section  des  Tuileries 

«  Extrait  des  registres  des  délibérations  de  l'assemblée  générale 
du  ^8  décembre  1790. 

...  «  L'assemblée,  considérant  que  la  dénomination  fastueuse  des 
amis  de  la  Constitution  monarchique  que  prend  cette  société,  annonce 
un  attachement  exclusif  et  de  préférence  à  une  seule  partie  de  la 
constitution,  et  contredit  la  profession  de  foi  de  cette  même  çociété, 
de  sa  soumission  aux  décrets  de  l'Assemblée  nationale,  acceptés  ou 
sanctionnés  par  le  roi  ; 

«  Considérant  que  le  principal  but  de  cette  société,  manifesté  dans 
un  discours  prononcé  par  un  de  ses  membres,  et  inséré  dans  le 
journal  de  ses  séances,  est  d'opposer  une  masse  de  résistance  à  une 
société  composée  d'hommes  connus  par  le  patriotisme  le  plus  pur  et 
le  plus  éclairé,  entièrement  dévoués  au  maintien  et  à  la  défense  de  la 
liberté,  et  appliqués  sans  relâche  à  préparer  et  à  combiner  les  maté- 
riaux du  grand  édifice  de  la  constitution  ; 

«  Considérant  que  cette  société  a  la  folle  présomption,  ainsi  que 
l'annonce  ce  même  discours,  de  défendre  la  constitution  monar- 
chique, comme  si  elle  étoit  attaquée,  comme  si  elle  n'étoit  pas  une 
partie  essentielle  de  la  constitution  générale,  que  tous  les  François 
ont  juré  de  défendre  et  de  maintenir,  même  au  prix  de  leur  sang; 
qu'elle  porte  le  délire  jusqu'à  vouloir  favoriser  et  appeller  de  tous  ses 
moyens  le  retour  de  la  paix,  le  retour  de  l'ordre  public,  comme  si 
ces  précieux  avantages  pouvoient  être  l'ouvrage  des  prétendus  amis 
de  la  constitution  monarchique,  et  n'étoient  pas  le  résultat  et  l'ac- 

(1)  Bib.  x\at.  (pièce),  Lb  39/3191. 


172  LES  CLUBS  GONTRE-HEVOLUTIONNAIRES 

complissement  de   la  loi  à  laquelle  nous   avons  tous  juré  d'être 
fidèles  ; 

«  Considérant  que  c'est  une  charité  bien  redoutable  et  bien  per- 
fide, que  celle  qu'avoit  commencé  à  exercer  cette  société,  lorsque, 
sous  le  voile  de  la  bienfaisance,  elle  a  arrêté  une  distribution  de  pain 
à  ses  frais,  à  un  prix  inférieur  au  prix  ordinaire,  en  faveur  des  pau- 
vres de  la  capitale,  qu'elle  vouloit  ainsi  soudoyer  pour  se  les  atta- 
cher, et  qui  seroient  venus  recevoir,  dans  un  morceau  de  pain,  un 
aliment  empoisonné  ; 

<(  Considérant  enfin  que  ce  nouveau  club  est  la  même  société 
chassée  d'abord  de  la  maison  des  Capucins,  poursuivie  ensuite  rue 
Royale,  proscrite  enfin  partout  où  elle  a  cherché  à  s'établir,  qui  se 
reproduit  aujourd'hui  sous  un  nouveau  titre;  qu'Q  peut  faire 
craindre  les  plus  grands  dangers  pour  la  capitale,  et  y  amener  les 
scènes  d'horreurs  dont  gémissent  encore  la  ville  d'Aix,  celle  de  Per- 
pignan et  autres,  où  se  sont  établis  de  pareils  clubs,  sous  les  noms 
(Vamis  du  roi,  d'amis  du  clergé;  que  cette  dernière  considération  sol- 
hcite  puissamment  la  surveillance  de  la  section,  et  qu'elle  ne  croie 
pas  avoir  un  moment  à  perdre  pour  prévenir  de  semblables 
malheurs  : 

((  A  arrêté  unanimement  d'exprimer  le  vœu  le  plus  formel  pour  la 
dissolution  de  la  société  ou  club  connu  sous  la  dénomination  des 
Amis  de  la  constitution  monarchique,  qu'il  sera  en  conséquence 
enjoint  aux  propriétaires  ou  principaux  locataires  du  Panthéon,  rue 
de  Chartres,  d'empêcher  qu'il  soit  tenu  aucune  séance  de  la  société 
dont  il  s'agit  dans  les  dépendances  de  cet  édifice. 

«  A  arrêté,  en  outre,  que  la  présente  délibération  sera  imprimée  et 
affichée,  et  envoyée  aux  quarante-sept  autres  sections,  avec  invitation 
expresse  d'y  adhérer;  de  veiller  à  ce  que  la  société  ne  tienne  ses 
assemblées  dans  aucun  lieu  de  leur  arrondissement,  et  à  ce  qu'il  ne 
se  forme  aucune  association  pareille  dans  leur  sein  ; 

((  Que  la  présente  délibération...  sera  notifiée  à  M.  du  Bergier, 
comme  s'étant  annoncé  président  de  la  société  des  prétendus  amis  de 
la  constitution  monarchique,  et  aux  propriétaires  ou  principaux  loca- 
taires du  Panthéon;  et  que,  pour  y  donner  la  plus  grande  publicité 
possible,  elle  sera  envoyée  aux  rédacteurs  des  journaux  patriotes, 
pour  être  insérée  dans  leurs  plus  prochains  journaux... 

«  Signé  :  Bertemy.  » 

Une  autre  section,  celle  de  l'Observatoire,  fit  une  réclamation  ana- 
logue. 


CLUB  MONARCHIQUE  173 

Le  28  décembre  1790,  «  sur  la  dénonciation  faite  par  la  section  de 
rObservatoire  de  quelques  faits  tendant  à  troubler  la  tranquillité 
publique,  attribués  à  la  société  appelée  les  Amis  de  la  Coustilulion 
monarchique^  le  Corps  municipal  ordonne  que  le  procureur  de  la 
Commune  prendra  les  renseignements  les  plus  étendus  et  les  plus 
exacts  sur  ces  faits  et  rendra  compte  incessamment  de  ce  qui  sera 
parvenu  à  sa  connaissance  ;  comme  aussi,  le  Corps  municipal  ordonne 
que,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  statué  sur  le  compte  à  rendre  par  le  procu- 
reui'  de  la  Commune,  l'assemblée  dite  des  Amis  de  la  Constitution 
monarchique  discontinuera  ses  séances;  enfin,  ordonne  que  le  présent 
arrêté  sera  notifié  demain  par  le  procureur  de  la  Commune  à  M.  Cler- 
mont-Tonnerre,  se  qualifiant  président  de  ladite  société  (1).  >> 

C'était  demander  la  dissolution  du  club.  Mais  ses  membres  ne  ces- 
sèrent pas  de  s'assembler,  ou  tout  au  moins  de  se  concerter.  Les 
distributions  de  pain  continuèrent.  Les  patriotes  regardèrent  leur 
philanthropie  comme  étant  un  moyen  politique.  On  assurait  que  les 
monarchistes  chargeaient  des  sœurs  de  distribuer  du  «  pain  monar- 
chique ».  Le  fait  déplaisait;  ses  résultats  paraissaient  dangereux. 

Le  Mercure  national  imprimait  : 

«...  Cette  assemblée  coupable,  présidée  par  Stanislas  Clermont  (2), 
tient  ses  séances  du  côté  de  la  place  Vendôme  :  elle  a  arrêté  de  la 
rendre  publique  et  fait  serment  de  poursuivre,  en  son  nom,  tous  les 
écrivains  qui  parleraient  contre  le  système  monarchique  (3).  » 

((  Les  monarchistes,  dit  encore  le  Mercure  national  (même  date), 
font  des  billets  qu'ils  distribuent  abondamment,  et  avec  lesquels  les 
particuliers  vont  chez  les  boulangers  qui  le  leur  donnent  ;le  pain)  à 
un  sou  (la  livre).  Ces  billets  sont  signés  Lally-Tolendal.  » 

Remarquons  ici  que  le  nom  de  Lally-Tollendal  ne  se  trouve  pas  sur 
les  listes  que  nous  avons  transcrites  plus  haut.  Mais  il  figurait  parmi 
les  memJires  du  Club  de  Valois  (4).  Ses  votes  récents  le  faisaient 
considérer  comme  monarchiste  avant  tout. 

Corsas  entretint  ses  lecteurs  de  ce  qui  s'était  passé  aux  alentours 
de  la  salle  de  la  rue  de  Chartres. 

«  La  balance  du  club  monarchique  avoit  perdu  l'équilibre  avant- 

(1)  Procès-verbaux  manuscrits,  28  décembre  1790.  —  Cité  par  M.  Paul  Kobiquot, 
dans  son  ouvrage  sur  le  Personnel  municipal  de  Paris  pemiant  la  Révolution,  cic, 
p.  5o3. 

(2)  «  C'est  tout  dire.  »  [Note  du  rédacteur.) 

(;{)  Mercure  national,  numéro  du  vendredi  31  décembre  171)0. 
(4)  Voir,  p.  :jt,  Cluh  de  Valois. 


474  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

hier  au  soir.  Le  sou  de  pain  mis  sans  précaution  dans  le  bassin  qui 
soutenoit  le  bonnet  de  la  liberté,  a  emporté  celui  où  reposoit  la  cou- 
ronne, —  Pour  parler  sans  figure,  les  membres  de  ce  club  ont  voulu 
s'assembler  avant-hier,  suivant  leur  coutume;  mais  l'inquiétude 
qu'avoit  causé  ce  rassemblement  a  provoqué  une  a|sez  énergique 
insurrection  dans  la  rue  de  Chartres,  et  MM.  du  club  monarchique  se 
sont  retirés  un  peu  plus  vite  qu'ils  n'auroient  voulu,  après  avoir 
ce-pendant  et  au  préalable^  jette  un  coup  d'œil  du  côté  d'un  certain 
district  qui  leur  avoit  promis,  en  cas  de  besoin,  protection  et  secours. 
Quelques  membres  s'étant  permis  de  dire  qu'ils  reviendroient  en 
force,  la  réserve  de  l'hôtel  de-ville  est  accourue  (1).  » 

Devant  les  attroupements,  les  monarchistes  s'étaient  dispersés. 
Corsas  annonça  aussitôt  : 

«  La  dissolution  du  Club  monarchique  a  fait  avant-hier  un  éclat 
assez  violent  pour  inquiéter  le  Roi  et  sa  famille  (2),  » 

On  savait  les  sympathies  de  la  cour  pour  cette  société;  on  les  exa- 
gérait peut-être.  En  tout  cas,  les  zélés  la  compromettaient.  Sur  feu 
le  Club  monarchique^ 

Villate  écrivit  : 

«  Le  Club  monarchique  n'a  séduit  personne,  pas  même  ceux  aux- 
quels on  promettoit  le  pain  à  un  sou  la  livre,  » 

Alors,  les  défections,  les  plaisanteries  accablèrent  plus  que  jamais 
la  défunte  société.  Les  affiliations  cessèrent. 

Par  une  lettre  du  3  janvier  1791,  adressée  à  M.  Robert,  rédacteur 
du  Mercure  National,  Hugou  (de  Rassville),  soldat  citoyen  de  la  sixième 
division,  se  défendit  d'appartenir  au  Club  monarchique. 

Madame  Louise  Robert,  dans  le  même  journal,  à  la  date  du  7  jan- 
vier 1791,  écrivit  :  «  Vois  à  Paris  môme  ce  club  monarchique  ;  quels 
sont  les  dieux  qu'on  y  encense?  le  fanatisme  et  la  royauté.  » 

Dans  le  même  journal  encore,  à  la  date  du  1"  février  1791,  nous 
trouvons  : 

«  Extrait  d'une  lettre  de  Corbeil,  en  date  du  27  janvier. 

«  Vous  saurez,  monsieur,  qu'il  s'étoit  établi  un  club  à  Coi^beil^ 
affilié  à  celui  des  Jacobins  de  Paris.  M.  de  Clermonl-Tonnerre  a  voulu, 
dit-on,  qu'il  fût  affilié  à  son  club  monarchique,  et  sur  le  refus,  il  n'a 
pas  voulu  le  laisser  subsister,  sous  prétexte  qu'il  ne  faut  pas  de  club 


(1)  Courrier  de  Gorsas,  n"  30,  du  vendredi  31  décembre  1790; 
(ii)  Courrier  de  Gorsas,  w  1,  du  l'' janvier  1791. 


CLUB  MONARCHIQUE  173 

dans  les  petites  villes.  Je  vous  envoie  sa  lettre  à  ce  sujet,  et  des  cou- 
plets qui  ont  été  chantés  dimanche  dernier,  à  une  fête  qu'il  a 
donné  [sic]  à  cinq  cent  cinquante  hommes  de  la  garde  nationale  des 
environs,  dont  il  est  commandant,  dans  son  château,  près  Corbeil.  Il 
étoit  révéré  généralement  avant  son  discours,  et  la  ville  est  partagée 
actuellement  pour  et  contre.  Les  couplets  sont  du  curé  d'Ivry,  connu 
pour  un  grand  aristocrate.  —  Voici  un  de  ces  couplets. 

Air  :  Vive  Henri  IV. 

Brave  Tonnerre,  j 

Nous  suivrons  tes  drapeaux.     >     6/^. 

Eu  paix,  en  guerre,  ) 

Ils  seront  nos  signaux, 

Brave  Tonnerre, 
Nous  suivrons  tes  drapeaux, 

«  Que  l'on  me  dise  encore  que  Stanislas  n'est  point  un  chef  de 
conjurés...  » 

Clermont-Tonnerre  et  ses  amis  perdaient  leur  prestige.  Carra 
s'empressait  d'insérer  cette  phrase  dans  son  journal  : 

«  Le  club  des  Monarchiens  ou  des  Monarchieux,  (jui  soulevoit  le 
peuple  en  mettant  à  un  sou  la  livre  de  pain,  vient  d'être  dissous,  au- 
tant par  le  mépris  que  par  l'indignation  publique...  (1).  » 

On  chansonna  beaucoup  feu  le  club  monarchique,  surtout  à  propos 
de  Clermont-Tonnerre,  que  l'on  surnommait  Jean-Farine. 

Bonis  rimes  remplis  par  M.  de  Clermont-Tonnerre.,  président  du 
feu  Club  monarchique. 

Sur,  défunt,  le  cluô  Monar-chique ^ 

Les  Annales  et  la  Chronique 

S'évertuant  à  qui  mieux  mieux, 

Dans  une  finale  cynique  (2) 

Enterrent  ce  club  piloyeux. 

Messieurs,  dit  d'une  voix  étique 

Clermont,  jadis  le  Tonnerrrr'  ique., 

Efn  renversant  le  pique  nique, 

De  mes  Monar...  tant  souffreteux, 

Ah!  daignez  leur  laisser  le..,  chique  (3), 


(i)  Annales  pat riolùj nés,  n»  4"i8,  du  3  janvier  1791. 

(2)  «  Les  auteurs  do  la  Chronique  et  des  Annales  se  sont  permis  impiinémenl 
de  changer  la  finale  du  mot  inoua.rchique,  et  d'appeler  ce  club  mona.r -cfiien, 
numar-chieux ;  or,  la  réclamation  de  M.  de  Clermont-Tonnerre  a  pour  objet  ce 
changement.  11  demande  avec  raison  qu'on  restitue  le  chique  enlevé  à  l'épithète 
thérie  du  club  dont  il  est  le  président.  »  {Note  de  Gonas.) 

(3)  Courrier  de  (iorsas,  ïi°  4,  du  4  janvier  1791; 


176  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Pendant  que  Malouet,  après  avoir  présidé  le  club  des  Impartiaux^ 
défunt  aussi,  se  déclarait  champion  de  Clermont-Tonnerre,  une 
lettre  du  24  janvier  1791,  signée  par  de  Broglie,  -président,  Villers, 
G.  Bonnecarrère,  Alex.  Beauharnais,  Voydel,  secrétaires,  adressée 
aux  Amis  de  la  Constitution,  accusait  le  Cluh  monarchique  de  cher- 
cher à  exciter  des  troubles. 

Lorsque,  le  25  du  même  mois,  une  affaire  sanglante  eut  lieu  à  La 
Chapelle,  près  Paris,  Carra  et  les  Jacobins  assurèrent  que  le  Club 
monarchique  était  fauteur  de  la  bataille  qui  coûta  la  vie  à  plusieurs 
citoyens,  et  qu'il  fut  d'accord,  sur  ce  point,  avec  le  Comité  autri- 
chien (1). 

Les  dénonciations  pullulaient. 

Le  23  décembre  1790,  Lemonnier  (2)  prononça,  nous  venons  de  le 
dire,  un  discours  aux  Jacobins  contre  le  Club  monarchique.  Le  30, 
la  section  de  Bondy  dénonça  ses  agissements.  Le  20  janvier  1791, 
survinrent  les  dénonciations  faites  par  les  sections  des  Gravilliers,  du 
Louvre  et  de  la  Halle  au  blé  ;  le  28,  celles  des  sections  des  Lombards 
et  du  Louvre.  Le  31,  la  section  de  la  rue  Beaubourg  délibéra  et  s'éleva 
contre  les  menées  du  Cluh  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique. 
Six  jours  avant,  la  section  des  Champs  Élysées  avait  inculpé  cette 
société,  à  propos  de  l'affaire  de  la  Chapelle  Saint-Denis,  et  une  pro- 
testation d'un  membre  monarchiste  accusa  les  Jacobins. 

Le  13  février  1791,  il  y  eut,  à  la  section  du  faubourg  Montmartre, 
une  motion  d'un  nommé  Moelle  contre  les  membres  du  Club  monar- 
chique. 

XV 

Dans  ces  circonstances  délicates,  les  monarchistes  ne  se  tinrent 
pas  pour  battus.  Ils  réclamèrent  contre  la  suspension  de  leurs 
séances,  en  invoquant  la  loi  et  la  liberté. 

A  la  fin  de  décembre  1790,  le  président  du  Club  s'adressa  au  pro- 
cureur-syndic de  la  Commune. 

«  Discours  de  M.  le  président  de  la  société  des  Amis  de  la  constitu- 
tion monarchique,  à  M.  le  procureur-syndic  de  la  commune  : 

«  Monsieur, 
«  Le  directoire  de  la  société  des  amis  de  la  constitution  monar- 


(1)  Annales  patriotiques,  ii"   480,  siippl.   du  23  janvier   1791.  —    Voir   Comité 
autric/iien.  —  Voir  Club  des  Impartiaux. 

(2)  Dcmcuraut  rue  du  Bac,  n"  244,  ou  rue  Ncuve-Saiiit-Eustache,  u"  12.  -—  Voir 
plus  haut,  p.  166. 


CLUB  MONARCHIQUE  177 

chique  a  l'honneur  de  représenter  à  M.  le  procureur-syndic  de  la 
commune  qu'il  est  instant  que  Tordre  arbitraire  qui  a  suspendu  ses 
séances  soit  incessamment  révoqué. 

«  La  liberté  est  un  bien  que  l'homme  ne  peut  aliéner;  il  est  autant 
de  son  devoir  que  de  son  droit  d'être  et  de  demeurer  libre. 

«  La  liberté  civile  consiste  à  pouvoir  faire  tout  ce  que  la  loi  ne  dé- 
fend pas;  et  personne  ne  peut  contraindre  à  faire  ce  que  la  loi  n'or- 
donne pas,  ou  empêcher  de  faire  ce  qu'elle  permet. 

«  Rappeler  ces  principes  à  M.  le  procureur-syndic  de  la  commune, 
c'est  reporter  son  attention  sur  les  intérêts  et  les  droits  des  citoyens 
(}ui  composent  la  société  des  Amis  de  la  constitution  monarchique. 

«  On  nous  défend  de  nous  réunir  :  cette  défense  est  illégale;  il 
n'appartenoit  qu'à  la  loi  de  la  prononcer.  Nous  avons  obéi;  mais  celte 
obéissance  est  un  titre  de  plus  à  la  justice  la  plus  prompte.  Nous 
avons  fourni  tous  les  documens  qui  pouvoient  paroitre  utiles;  nous 
avons  fait  plus  môme  que  nous  ne  devions,  puisque  les  papiers  qui 
contiennent  nos  opinions,  ces  opinions  dont  la  liberté  est  constitu- 
tionnellement  établie,  ont  été  remis  par  nous  à  M.  le  procureur-syn- 
dic de  la  commune.  Nous  avons  cherché  des  objections  pour  y 
répondre;  nous  avons  pleinement  éclairci  le  jugement  du  corps  mu- 
nicipal :  nous  prions,  en  conséquence,  M.  le  procureur-syndic  de  la 
commune  de  le  hâter,  et  nous  lui  observons  que  chaque  instant  qui 
s'écoule  depuis  que,  par  le  corps  municipal,  et  non  par  la  loi,  notre 
liberté  est  restreinte,  ajoute  au  délit  social  contre  lequel  nous  avons 
droit  de  réclamer  (1).  » 

Le  discours  fut  publié,  comme  on  le  voit.  Le  Journal  des  Clubs  im- 
prima ces  lignes  : 

«  La  Révolution  avait  eu  lieu.  Des  patriotes  se  réunissent  aux  Jaco- 
bins sous  le  titre  d'amw  de  la  constitution  ;  une  autre  société,  tirée 
presque  entièrement  du  sein  de  la  première,  prend  le  titre  de  club  de 
1789,  année  de  notre  liberté  ;  les  sections  ont  leurs  clubs  ;  les  dépar- 
temens  imitent  la  capitale;  enfin,  il  se  forme  à  Paris  une  dernière 
association,  celle  des  amis  de  la  constilulion  monarchique. 

«  Ce  club  paroît  sous  de  sinistres  auspices;  on  lui  imprime,  dès  sa 
naissance,  le  sceau  de  la  réprobation;  il  fait  une  lourde  faute  qui 
sème  l'inquiétude;  tout  s'arme  contre  lui,  les  clubs  l'attaquent,  les 
sections  le  dénoncent,  les  assemblées  de  café  le  menacent;  les  jour- 
naux crient  à  l'aristocratie,  à  la  contre-rçvolution;  le  peuple  éprouve 

(1)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  inonarchic/ue,  U"  4,  du 
30  décciubre  1790. 

12 


& 


178  LES  CLUBS  GONTRE-Rr<]VOLUtlONNAlHES 

sticcessitement  et  rapidement  la  défiance,  Id  crainte;  un  pas  de  plus, 
il  se  litfoit  à  la  fureur  et  reribùVelloit  petit-être  ces  scènes  affli- 
geantes... 

«  Le  club  monarchique  rësiste  aiix  attaques;  la  loi  est  iilvoquée; 
les  magistrats  du  peuple  rie  voient  d'abord  que  le  danger  des  eitoyens  ; 
la  suspension  du  nouveau  club  est  ordonnée  (le  29  décettlbre  1790); 
les  informations  se  font;  Tœil  sévère  de  la  justice  s'arrête  aux  faits 
et  ne  profonde  point  jusqu'aux  intentions;  la  municipalité  condamne 
une  distribution  de  pain  au-dèssoiis  du  prix  courant. 

«  Le  directoire  du  club  déclare  qu'il  renonce  à  ce  mode  inquiétant 
de  distribution;  alors,  la  loi  étant  formelle  sUi*  le  droit  accordé  il 
tous  citoyens,  ne  faisant  point  corporation,  de  s'assembler  paisible- 
ment et  sans  armes,  après  en  avoir  donné  avis  à  la  municipalité,  le 
corps  municipal,  par  un  arrêté  du  samedi  8  janvier  1791,  rend  au 
club  monarchique  la  liberté  de  tenir  ses  séances  (1).  » 

«  Extrait  du  Registre  des  Délibérations  du  Corps  Municipal. 

«  Du  8  janvier  nSL 

«  Le  Corps  Municipal,  ouï  le  rapport  de  ses  Commissaires,  après 
avoir  entendu  le  Substitut-Adjoint  du  Procureur  de  la  Commuflè,  sui* 
les  informations  ordonnées  par  l'arrêté  du  28  Décembre  1790,  et  lec- 
ture faite  de  la  déclaration  de  ladite  Société  de  la  Constitution  Mottar- 
chique,  déclare  que  rien  n'empêche  qu'elle  reprenne  ses  séances. 
«  Sifjy^é  :  Bailly,  Maire;  De  Joly,  Secrétaire-Greffier. 

«  Pour  extrait  conforme  à  l'original,  signé  :  De  Joly,  Secrétaire- 
Greffier  {"i).  )) 

((  Les  papiers  publics^  lisons-nous  dans  le  Journal  des  Clubs,  ont 
annoncé  la  mort  de  la  Société  des  amis  de  la  constitution  monarchi- 
que, et  cependant  elle  n'a  cessé  d'être  en  activité  depuis  le  8  janvier 
(1791)  que  la  municipalité  lui  permit  de  reprendre  ses  séances  (3).  >> 

Le  6  janvier,  une  fête  donnée  le  jour  des  Ëois,  près  dU  caiiip  de 
Jalès,  était,  disait-on,  organisée  pai*  le  Club  monarchique  étaMi  en 
cette  ville.  Après  le  dtner,  distribution  de  pain,  de  vin,  de  viandes  et 
d'argent  «  faite  au  pauvre  peuple  ».  Le  soir,  sUr  un  transparent,  Oh 
lisait  :  Vivons.,  mourons  pournotre  roi  (i)!  Malgré  les  dénégations  du 


(1)  Journal  des  Cliifis,  t.  I,  p.  411,  U2  et  413. 

(2)  Lettre  d'un  patriote  à  un  de  ses  amis,  etc.  (Bib.  Nat.,  pièce,  Lb  39/4509.) 

(3)  Journal  des  Clubs,  t.  I,  p.  609. 

(4)  Journal  général  de  France. 


CLUB  MONARCHIQUE  179 

Journal  de  la  Société  des  amis  de  ta  constitution  monarchique  (1),  le 
fait  demeura  constant  pour  les  ennemis  de  cette  société. 

En  octobre  1790,  Voidel,  membre  du  Comité  dés  recherches  de 
l'Assemblée  nationale,  avait  dénoncé  de  nombreux  aristocrates  (2). 
Bàrnave,  en  janvier  1791,  prononça  un  discours  qui  contenait  aussi 
une  dénonciation  contre  le  club  monarchique,  à  l'Assemblée  natio- 
nale. Il  s'écria  : 

«  Tandis  que  les  uns  regrettent  des  abus  irréligieux,  s'appuient  du 
nom  sacré  de  la  religion,  une  autre  secte  s'élève  :  elle  invoque  la 
constitution  monarchique;  et  sous  cette  astucieuse  égide,  quelques 
factieux  cherchent  à  nous  entourer  de  divisions,  à  attirer  des  citoyens 
dans  des  pièges,  en  donnant  au  peuple  un  pain  empoisonné...  Ce 
n'est  pas  ici  le  moment  de  traiter  ce  qui  concerne  Cette  insidieuse, 
perhde  et  factieuse  association...  Sans  doute,  les  magistrats  chargés 
de  veiller  à  la  tranquillité  publique  auront  pris  les  précautions 
qu'exige  cette  tranquillité.  Sans  doute,  le  comité  des  recherches  ins- 
truira bientôt  l'Assemblée  de  Ces  manœuvres  factieuses,  de  ces  dis- 
tributions de  pain  à  moitié  prix,  destinées  à  porter  le  trouble  dans  le 
peuple  et  à  en  armer,  et  vous  dénoncera  dénominativement  ceux  qUi 
ne  craignent  pas  de  se  montrer  et  de  paraître  les  auteurs  de  ces  ma- 
nœuvres et  les  chefs  de  cette  faction...  » 

Murinais  (3),  Malouet,  et  d'autres  membres  de  la  droite  s'agitèrent 
fort  pour  interrompre  le  discours  de  Barnave. 

Malouet  parla  ensuite  :  «  Je  demande,  dit-il,  que  la  liberté,  que  la 
sûreté  publiques  et  individuelles  ne  soient  pas  impunément  outra- 
gées dans  cette  tribune...  Je  demande  (jue  la  dénonciation  (jui  a  été 
faite  soit  consignée  dans  le  procès-verbal...  Je  demande  que  l'Assem- 
blée nous  indique  un  tribunal...  Je  demande  que  le  préopinant  dé- 
ploie sa  dénonciation  sur  le  bureau...  » 

Murinais  s'éleva  contre  le  «  membre  qui  a  appelé  le  coutelas  des 
assassins  sur  la  tète  des  hommes  honnêtes.  »  Il  dénonça  la  société 
des  Jacobins.  Et  Malouet,  dans  le  même  sens,  demanda  «  comment 
faire  cesser  les  désordres  dont  gémissent  les  bons  citoyens,  tant  qu'il 
régnera  sur  la  France  un  club  dominateur  »?  Il  dénonça,  lui  aussi,  le 
club  des  Jacobins. 


(1)  .loufiialulc   la  Société  dcfi  Aml.s  de  la  ConslUiUiun  munarchique,  t.  1,  n"  8, 
p.  64. 

(2)  Rapport  de  VoldcI,  dU  26  octobre  1790. 

(.3)  Nous  citons,   plus  bas,  IR  sâlou  alistocratiqui' de  madauic  de  Murinais. 
(Voir  plus  bas,  Salons,  etc.) 


180  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

L'Assemblée  ne  tint  pas  compte  des  amendements  de  Murinais  et 
de  Malouet  (1). 

Celui-ci  inséra,  dans  le  Journal  monarchique,  une  réponse  à  Bar- 
nave  : 

((  J'avois  vu  des  crimes  impunis,  des  hommes  avides  de  pouvoir, 
s'élever  par  toutes  sortes  d'intrigues;  j'ai  connu  des  princes  despotes, 
des  ministres  absolus;  mais  la  tyrannie  dans  toute  son  audace,  je  ne 
la  connoissois  pas  ;  et  je  ne  conçois  pas  qu'il  y  ait  des  hommes  assez 
vils  pour  fléchir  devant  la  tyrannie  qui  se  masque  du  nom  de  patrio- 
tisme. Ah!  si  c'est  un  droit  sacré  que  celui  de  résister  à  l'oppression, 
que  tous  les  hommes  généreux  brisent,  comme  moi,  le  joug  qu'on 
leur  impose;  car  ce  n'est  pas  le  joug  des  loix,  c'est  celui  des  tyrans, 
des  factieux,  que  je  ne  subirai  jamais. 

«  Je  ne  sais  si  le  tumulte  des  camps  et  le  bruit  des  armes  présen- 
tèrent jamais  plus  d'alimens  à  la  discorde  que  ces  scènes  affreuses, 
où  des  représentans  du  peuple,  unissant  leurs  cris  et  leurs  applau- 
dissemens  à  ceux  des  spectateurs,  accueillent  avec  des  transports  de 
joie,  quoi?  un  acte  d'humanité,  de  justice  et  de  bienfaisance  ?  non  : 
des  paroles  de  sang,  des  calomnies  et  des  outrages  à  ceux  qu'on  op- 
prime! 

«  Vous  voilà  donc,  François,  obligés  de  vous  affilier  tous  au  club 
des  Jacobins,  sous  peine  d'être  traités  en  ennemis  de  la  constitution. 
Et  vous,  membres  de  la  société  monarchique,  qui  avez  osé  rivaliser 
avec  le  club  dominateur,  et  qui,  déjà  chassés  d'un  quartier  dans  un 
autre,  interdits  par  la  municipalité,  n'avez  obtenu  votre  réhabilita- 
tion qu'en  vous  soumettant  humblement  au  plus  rigoureux  examen, 
vous  voilà  dénoncés  par  M,  Barnave  comme  des  hommes  perfides^ 
insidieux^  distribuant  aux  pauvres  un  pain  empoisonné. 

«  Si  huit  ou  neuf  cents  citoyens,  du  nombre  desquels  j'ai  l'honneur 
d'être,  ainsi  traités,  à  la  grande  satisfaction  des  tribunes  et  de  la  ma- 
jorité de  l'Assemblée  nationale,  n'obtiennent  pas  la  réparation  de 
cette  injure,  M.  Barnave  me  permettra  de  lui  demander  ce  qu'il  ap- 
pelle la  constitution,  l'heureuse  révolution,  et,  surtout,  la  liberté  (2).  » 

Malouet  avait  proposé  d'organiser  une  taxe  des  pauv7'es,  selon  Mi- 
chelet,  des  bureaux  de  secours  et  de  travail,  dont  les  premiers  fonds 
seraient  faits  par  les  établissements  de  charité,  le  reste  par  un  impôt 
sur  tous,  et  par  tm  emprunt. 

(1)  Murinais  ne  tarda  pas  à  disparaître  de  la  scène  politique. 

(2)  Hépo?ise  de  M.  Malouet  à  la  dénonciation  du  Club  de  la  Conslilulion  monar- 
chique par  M.  Bar/iuue.—  Journal  inonarc/iique,  du  22  janvier  1791. 


CLUB  MONARCHIQUE  181 


XVI 


Le  Cluh  monarchique  renonça  à  distribue)'  lui-même  des  bons  de 
pain,  et  communiqua  cette  résolution  au  Corps  municipal.  Était-ce 
l)ien  vrai?  On  en  douta  dans  le  public;  à  plus  forte  raison  aux  Jaco- 
bins. 

Alors,  le  Club  monarchique  délibéra^  ainsi  que  le  constatent  les  do- 
cuments qui  suivent  : 

«  DélibAration  du  comité  de  la  Société  de;;  amis  de  la  constitution 
monarchique  (24  janvier  1791  ). 

«  Les  citoyens  soussignés,  membres  du  Comité  de  la  Société  de? 
Amis  de  la  Constitution  monarchique,  instruits  que  les  ennemis  di. 
repos  public  répandent  que  la  Société  continue  à  distribuer  du  pain 
aux  indigens  à  un  prix  inférieur  au  taux  ordinaire,  nonobstant  la 
déclaration  faite  au  Corps  municipal  qu'elle  renonce  à  ces  modes  de 
distribution,  déclarent  et  attestent,  sur  leur  honneur,  à  M.  le  Procu- 
reur-Syndic de  la  Commune  qu'il  est  faux  que  le  Comité  fasse  ou  ait 
fait,  depuis  ladite  déclaration,  aucune  distribution  de  pain  à  un  prix 
inférieur  au  taux  commun.  Les  susdits  citoyens  demandent  acte  à 
M.  le  Procureur-Syndic  de  4a  Commune,  de  la  présente  déclaration, 
et  le  préviennent  en  même  tems  que  le  Comité,  fatigué  des  absurdes 
et  calomnieuses  inculpations  qu'on  ne  cesse  de  diriger  contre  la  So- 
ciété, s'est  décidé  à  charger  ses  Commissaires  de  remettre,  demain,  à 
M.  le  Procureur-Syndic  de  la  Commune  la  somme  de  onze  mille  cinq 
cent  quarante-neuf  liv.,  montant  des  contributions  volontaires  que  la 
Société  a  ramassées,  et  qu'elle  destinoit  à  des  actes  de  bienfaisance. 
La  liste  des  pauvres  inscrits  sera  en  même  temps  remise  à  M.  le  Pro- 
cureur-Syndic; et  le  Comité  s'en  rapporte,  pour  la  distribution,  aux 
Comités  des  Sections  de  Paris,  dont  le  patriotisme  pourra  s'exercer 
d'une  manière  moins  pénible  et  plus  digne  d'elles,  que  dans  la  discus- 
sion des  nombreuses  et  odieuses  délations  dont  on  les  occupe. 

«  Le  Comité  réserve  à  la  Société  le  droit  de  prendre,  à  l'égard  des 
actes  de  bienfaisance  qu'elle  voudroit  faire  à  l'avenir,  le  parti  qui  lui 
semblera  convenable,  lorsque  la  tin  d'une  nouvelle  persécution  dont 
elle  est  l'objet  lui  permettra  de  reprendre  ses  séances, 

«  DuBERGiER,  Président  i  Hamelin,  Vice-Président  ;  Cormier,  dHau- 
tefort,  de  Rossy,  Clermont-Tonnerre  et  Debar,  membres  du  Comité.  » 


182  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

M.  le  procureur-syndic  de  la  commune  a  répondu  par  la  pièce  sui- 
vante : 

«  MUNICIPALITÉ  DE  PARIS 

«  Procureur  de  la  commune. 

«  Du  24  ianvier  1791,  10  heures  du  soir. 

«  J'ai  reçu  de  MM.  les  commissaires  de  la  Société  des  amis  de  la 
constitution  monarchique  une  déclaration  qu'ils  sont  disposés  à  me 
remettre  la  somme  de  11,549  livres,  provenant  d'une  contribution 
volontaire  faite  par  les  membres  de  la  Société,  pour  en  faire  la  distri- 
bution aux  pauvres,  dont  la  liste  me  sei'a  donnée  ;  el  j'ai  eu  l'honneur 
de  déclarer  à  MM.  les  commissaires  que  je  ne  pourrois  me  char^çer  de 
la  somme  offerte  qu'autant  que  j'y  serois  autorisé  par  le  corps  muni- 
cipal. 

«  B.  C.  Cahier.  » 

Le  lendemain,  deux  commissaires  ont  porté  à  M.  le  maire  la  somme 
de  11,549  livres  et  la  liste  des  pauvres  inscrits,  qui  se  montent  à 
2348. 

De  plus,  le  Club  monarchique  s'adressa  à  l'Assemblée  nationale 
pour  protester  contre  le  «  pain  empoisonné  »  dont  Barnave  avait 
parlé. 

Dans  la  séance  du  27  janvier  1791  (matin),  M.  Leleu  de  la  Ville- 
aux-Bois,  secrétaire.,  fit  lecture  de  la  lettre  suivante,  de  la  Société  des 
amis  de  la  Constitution  monarchique  : 

«  Monsieur  le  président, 
«  Nous  avons  été  outragés,  hier,  dans  le  sein  de  l'Assemblée  natio- 
nale; nous  demandons  aujourd'hui  d'y  être  entendus. 
«  Nous  sommes,  avec  respect.  Monsieur  le  président,  etc. 

<(  Les  commissaires  de  la  Société  des  Amis  de  la 
Constiiutio)i  monarchique.  » 

Gaultier-Biauzat  dit  :  «  Quand  nous  donnons  du  pain,  nous  le  don- 
nons (entièrement  gratis  ». 

Clermonl-Toiinerre  déclara  :  «  On  n'a  pas  disLr'ibué  de  pain  ». 

L'Assemblée  passe  à  l'ordre;  du  jour  (1). 
(I)  J.  Mavidal  et  Laurent,  Arnliives  parlementaires,  t.  XXÏT,  p.  506. 


GÏ.UB  MONARCHIQUE  183 

XVII 

Cependant,  l^s  monarchistes  trouvèrent  un  Iqcal,  après  avoir  long- 
temps cherché,  comme  ce|a  était  arrivé  précédemment  (I). 

Leur  Société  passa,  avec  le  sieur  Mélan,  l'acte  suivant  : 

«  Je,  soussigné,  suis  convenu  de  louer  pour  l'espace  d'un  mois,  à 
compter  de  ce  jour,  à  M.  Dagieu,  commissaire  de  la  Société  des  amis 
de  la  constitution  monarchique,  et  stipulant  en  son  nom  et  pour  elle, 
la  salle  de  mon  vauxhall  d'été  et  le  café  qui  est  au-dessous  seulement 
du  sallon,  les  foyers  qui  ont  communication  dans  la  salle;  comme 
aussi  de  fournir  les  chaises  et  tahles  nécessaires,  ainsi  que  les  lustres 
dont  ces  messieurs  pourront  se  servir,  me  réservant  le  jeudi  pour 
disposer  et  jouir  de  mon  établissement,  moyennant  le  prix  et  somme 
de  mille  livres,  que  j'ai  présentement  reçue  de  mondit  sieur;  bien 
entendu  qu'il  ne  se  traitera  dans  lesdites  assemblées  rien  qui  ne 
puisse  être  avoué,  et  qui  puisse  être  contraire  à  la  loi  ni  au  roi.  Car 
ainsi  a  été  convenu. 

«  Fait  double  entre  nous,  à  Paris,  ce  lî)  janvier  1791. 

«  Signé  :  Melan.  » 

Le?l,  la  séance  a  eu  lieu;  puis,  un  des  membres  du  directoire  n 
reçu  du  sieur  Melan  la  lettre  suivante  : 

«  Co  23  janvier  1791. 
«  Monsieur, 

((  Je  compte  devoir  vous  prévenir  d'une  opposition  que  j'ai  reçue  des 
syndics  de  mes  créanciers  à  ce  que  je  reçusse  davantage  votre  Société 
chez  moi.  Ces  gens  sont  malheureusement  des  entrepreneurs,  et  les 
mêmes  que  peux  qui  ont  bâti  le  Pauthéon^  et  qui  ont  été  effrayés  lors 
de  l'altercation  que  vous  avpz  eue  avec  la  municipalité.  IVe  trouveriez- 
vous  poiut  prudent,  avant  cjue  yotn*  SoPieté  soit  bien  jnstalée  (sic) 
chez  moi,  et  lorsque  cela  n'est  pas  pncore  bien  connu  du  public,  de  la 
transporter  dans  un  autre  local,  sous  le  prétexte  du  trop  grand  éloi- 
gnement  du  mien,  et  d'éviter  par  là  l'apparence  d'une  appréhension 
de  ma  part  vis-à-vis  du  public,  lorsque,  le  mois  étant  expiré,  je  ne 
vous  renouyellerois  point  la  location  de  ma  salle.  J'ai  obtenu  de  ^\ës 
créanciers  qu'ils  ne  vous  feraient  aucunes  signilications  juridiques, 
et  je  leur  ai  promis  de  prendre,  là-dessus,  votre  avis,  et  de  vous  prier 
de  prendre  en  considération  Ips  observations  que  j'ai  T^PPueur  dp 

(1)  Voir  plus  liant,  p.  14-'!  et  sulv. 


184  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

vous  faire.  Vous  auriez  le  tems,  d'ici  à  votre  prochaine  assemblée,  de 
prévenir  votre  président  actuel,  que  je  ne  connois  pas,  pour  qu'il  la 
convoque  dans  un  autre  local.  Déjà  tous  les  papiers  incendiaires 
crient  après  moi;  et  peut-être  auroit-on  évité  ces  clameurs  si  l'on 
avoit  fait  afficher  davantage,  et  surtout  sur  les  murs  de  mon  édifice, 
le  placard  de  la  municipalité,  qui  m'auroit  servi  du  moins  de  bou- 
clier contre  ces  espèces  de  gens  toujours  disposés  à  tout  envenimer. 
J'attendrai  avec  confiance  votre  décision,  persuadé  que  vous  pren- 
drez les  précautions  nécessaires  pour  me  mettre  à  l'abri  du  dommage 
que  je  pourrois  éprouver  de  la  part  du  peuple  que  l'on  se  plaît  si  sou- 
vent à  aveugler. 

«  J'ai  l'honneur  d'être,  avec  respect, 
«  Monsieur, 
<(  Votre  très  humble  et  obéissant  serviteur. 

«  Signé  :  Melan,  » 

Ce  membre  du  directoire  a  annoncé  qu'il  répondroit  le  lendemain  : 
le  môme  soir,  le  sieur  Melan  lui  a  adressé  la  lettre  suivante  : 

«  Monsieur, 

((  Dans  ce  moment  encore,  je  suis  assailh  par  plusieurs  personnes 
de  mon  quartier  et  du  district  voisin,  qui  me  préviennent  du  danger 
que  je  cours  pour  mercredi  prochain  :  car  on  sait  déjà  que  votre  as- 
semblée est  pour  ce  jour-là.  Je  suis  prêt  à  sacrifier  ma  vie  pour  tenir 
l'engagement  que  j'ai  pris  avec  vous,  mais  je  ne  dois  point  risquer 
le  gage  de  mes  créanciers,  et  le  bien  de  mes  enfans.  La  fermentation 
est  telle  que  la  garde  de  mon  quartier  ne  se  dérangeroit  point  pour 
venir  à  mon  secours  dans  le  cas  d'une  rumeur  publique.  En  consé- 
quence, telle  chose  qui  doive  m'arriver,  j'ai  l'honneur  de  vous  pré- 
venir qu'il  m'est  impossible  de  laisser  faire  l'assemblée  mardi  pro- 
chain, et  que  je  ferai  garder  mes  portes  pour  empêcher  tout  accès. 
Si  cependant  d'ici  à  ce  tems-là  vous  voulez  bien  me  promettre  que 
l'assemblée  sera  décommandée,  afin  de  ne  point  fixer  les  yeux  du 
public  sur  votre  Société,  je  n'y  mettrai  point  de  gardes.  Je  voudrais 
que  tout  le  monde  qui  est  effrayé  de  vos  assemblées  eût  assisté  à 
celle  que  vous  avez  tenue  vendredi,  il  seroit  rassuré  comme  moi  ; 
mais  dois-je  risquer  toute  ma  fortune  et  celle  d'un  tas  d'honnêtes 
gens  auxquels  je  dois,  pour  essayer  de  vaincre  l'opinion  publique 
dans  un  quartier  surtout  aussi  isolé  de  tout  secours!  Si  la  personne 
qui  a  le  double  de  mon  marché  veut  venir  (car  je  ne  sais  point  son 
adresse),  je  lui  remettrai  son  double  du  marché  et  le  billet  que  j'ai 


CLUB  MONARCHIQUE  185 

reçu;  mais  je  suis  bien  décidé,  quoi  qu'il  dût  m'en  arriver,  à  ne  point 
recevoir  l'assemblée,  mercredi. 
«  J'ai  l'honneur  d'être,  etc. 
«  Monsieur, 

«  Signé  :  M  élan.  » 

Il  fut  répondu  à  Melan  ;  voici  dans  quel  sens  : 

«  Le  directoire  a  fait  au  sieur  Melan  une  sommation  d'avoir  à  faire 
jouir  la  Société  des  lieux  loués  à  elle  par  ledit  sieur;  sur  son  refus, 
Ta  cité  devant  le  juge  de  paix,  à  l'effet  de  le  faire  condamner  à  ce  que 
provisoirement  le  bail  soit  exécuté. 

«  Le  directoire  ne  fait  aucune  réflexion  sur  la  marche  que  l'on  suit 
à  son  égard  :  il  a  invité  les  membres  du  club  à  ne  point  tenir  la 
séance  annoncée  pour  mercredi  ;  il  suivra  la  marche  légale,  il  espère 
lasser  la  patience  de  ses  persécuteurs,  et  annonce  que  la  sienne  est 
à  toute  épreuve.  —  Il  faut  qu'enfin  il  soit  décidé  en  France,  si  ce  que 
la  loi  nHnterdit  pas,  peut  être  empêché  jjar  quelqu'un.  Nous  mettrons 
à  résoudre  ce  problème  :  cette  question  décidée,  nous  sommes  libres 
ou  nous  ne  le  sommes  pas.  » 

Au  club  on  s'indignait,  en  invoquant  la  loi,  et  le  directoire 
déclara  : 

«  Le  lendemain,  le  sieur  Melan,  d'après  les  menaces  qu'il  dit  lui 
avoir  été  faites,  a  signifié  son  refus  d'ouvrir  notre  salle.  Cependant, 
ayant  pris  une  permission  de  la  municipalité,  le  comte  de  Clermont- 
Tonnerre  avait  loué  et  payé  d'avance  le  Wauxhall  d'été.  » 

Chassés  du  Wauxhall,  ou  plutôt  cédant  devant  les  instances  du 
propriétaire,  qui  craignait  leur  réunion,  les  membres  du  club  monar- 
chique louèrent  une  autre  maison,  où  ils  tinrent  leurs  séances.  C'était 
l'hôtel  de  Richelieu. 

«  Société  des  Amis  de  la  Constitution  MONARCHIQUE 

«  Telle  est  l'inscription  qu'on  lit  au  haut  d'un  placard  affiché  hier 
à  Paris.  An-dessous  est  écrit  l'extrait  du  procès-verbal  de  l'Assemblée 
Nationale  du  13  novembre,  qui  déclare  :  «  que  les  citoyens  ont  droit 
de  s'assembler  paisiblement,  et  de  former  entre  eux  des  sociétés 
libres,  à  la  charge  d'observer  les  lois  qui  régissent  tous  les  citoyens; 
qu'en  conséquence,  la  municipalité  de  Dax  n'a  pas  dil  troubler  la 
société  formée  dans  cette  ville  sous  le  nom  de  société  des  Amis  de  la 
Constitution  ;  que  ladite  société  a  le  droit  de  continuer  ses  séances.  » 

«  Et  encore  au-dessous  est  écrit  le  jugement  municipal,  qui  déclare 


186  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

quo  la  Société  des  amis  de  la  Constitution  Monarchique  est  autorisée 
à  reprendre  ses  séances.  » 

...  «  Ce  club,  ami  de  la  constitution  rnonarchique,  au  surplus, 
vient,  nous  mande-t-on,  de  prendre  à  loyer  l'hôtel  de  Richelieu  (1). 
On  ne  s'étonneroit  pas,  ajoute  celui  qui  nous  écrit,  que  le  ci-devant 
duc  de  ce  nom  eût  donné  asyle  à  ses  amis  monarchiques  ;  mais  ce 
qu'on  ne  verroit  pas  sans  surprise,  ce  seroit  la  section  des  Filles 
Saint-Thomas,  qui  depuis  18  mois  occupe  une  partie  de  cet  hôtel, 
habiter  sous  le  même  toit  avec  une  congrégation  d'hommes  que 
l'opinion  publique  a  jugés...  » 

«  En  note,  la  personne  qui  a  écrit  la  lettre  ajoute,  sur  l'hôtel  de 
Riclioli(ni:  «  ...  C'est  à  cet  hôtel  que  s'étoit  établi,  au  commencement 
de  juillet  1789,  le  quartier  général  de  l'armée  Broglie;  c'est  de  là  que 
le  chef  de  cette  armée  fut  éconduit  un  peu  brusquement  le  lundi 
matin  13  du  même  mois.  Dieu  sait,  et  je  devine,  et  je  gage  que 
vous  devinez  ce  qui  attend  dans  ce  même  lieu  ses  successeurs  et  ses 
amis,  et  peut-être  ses  co-monarchiques  (2).  » 


XVIII 

Le  club  n'avait  pas  épuisé  la  série  des  mauvaises  cliances.  Aussi 
bien  à  l'hôtel  de  Richelieu  qu'ailleurs,  il  se  sentait  menacé;  la  iVç^n- 
quillité  publique,  dont  répondait  le  corps  municipal,  ne  semblait  pas 
permettre  qu'on  laissât  les  monarchistes  braver  la  majorité  de  l'As- 
semblée nationale. 

C'est  ce  que  Corsas  constate  en  quelques  lignes  : 

«  Le  club  MONARCHIQUE,  pour  des  raisons  qu'on  devine,  n'occupera 
pas,  dit-on,  l'hôtel  de  Richelieu.  Il  s'étoit  présenté  au  Panthéon,  où 
il  vouloit  tenir  sa  première  séance.  Refus.  Il  s'est  présenté  dans 
d'autres  locals  [sic).  Refus.  Enfin  il  a  tenu  sa  l'"  et  sslïis  doute  sa 
dernière  séance  au  Wauxhall  d'été,  boulevard  du  Temple,  chez 
Melan, 

«  Au  club  des  Amis  de  la  Constitution,  M.  Melan,  architecte,  s'est 
justifié  «  d'avoir  profané  un  seul  jour  le  Wauxhall,  en  permettant 
que  la  société  Monarchique  s'y  assemblât  ;  il  en  témoigne  tous  ses 
regrets  aux  amis  de  la  Constitution  (3).  » 


(1)  Voir  aux  Lieux  de  réunions  publiques  et  privées,  hôtel  de  Richelieu. 

(2)  Courrier  de  Gorsas,  n"  21,  du  21  janvier  1791. 
(IJ)  Courrier  de  Gnrsas,  n"22,  du  22  janvier  1791. 


CLUB  MONARCHIQUE  187 

Sur  le  refus  de  laisser  entrer  les  membres  au  Panthéon,  ceux-ci 
sont  allés  dans  le  jeu  de  paume  de  la  rue  de  Grenelle  Saint-Hono^'é, 
et  ils  ont  suspendu  leur  séance,  sur  un  ordre  du  directoire  du  dépar- 
tement. 

Nouvelles  plaintes  adressées  par  le  président  du  Club  au  Corps 
municipal.  Les  monarchistes  invoquent  encore  la  loi  et  la  liberté;  ils 
arguent  de  leur  soumission  aux  dépositaires  de  la  loi,  de  leur  sépa- 
ration volontaire,  tout  en  annonçant  qu'ils  useront  de  leurs  droits. 

«  DISCOURS  prononcé  à  VHôtel-de-Ville  pm-  le  Président  du  Club 

Monarchique. 

«  A  Monsieur  le  Maire, 

«  Monsieur, 

«  Président  d'une  société  que  la  loi  autorise  et  que  les  factieux 
peuvent  redouter,  je  viens  en  ce  moment,  au  nom  de  son  directoire, 
vous  remettre  le  récit  des  faits  qui  doivent  être  connus  de  vous. 

«  Hier,  M.  Clermont-Tonnerre  a  reçu  un  paquet  à  son  adresse, 
contenant  une  lettre  signée  Cahier,  et  une  expédition  d'une  délibé- 
ration du  corps  municipal. 

«  Dans  la  délibération,  il  est  parlé  d'une  (Jénonciation  faite  par 
une  section  de  la  capitale,  mais  cette  dénonciation  n'est  pas  copiée 
dans  la  délibération. 

«  Cette  délibération  contient  un  ordre  de  discontinuer  nos  séances. 
M.  Clermont-Tonnerre  y  est  qualifié  de  se  disant  président  du  club 
de  la  constitution  monarchique. 

«  M.  Clermont-Tonnerre,  qui  n'est,  qui  ne  se  qualifie  président 
de  la  société,  auroit  pu  sans  doute  renvoyer  à  M.  Cahier  le  paquet 
qui  lui  a  été  adressé  sous  une  qualité  qui  ne  lui  appartient  pas. 

«  Cependant,  son  patriotisme  et  l'amour  de  l'ordre  l'ont  décidé  à 
me  transmettre  sur-le-champ  le  paquet;  je  ne  l'ai  néanmoins  reçu 
qu'à  quatre  heures,  et  n'ai  pu  en  prévenir  que  le  directoire. 

«  Les  membres  du  club,  n'ayant  pu  conséquemment  connoitre 
l'avis  de  la  délibération  du  corps  municipal,  se  sont  rendus  au  Pan- 
théon ;  ils  en  ont  trouvé  la  porte  fermée,  quoiqu'en  leur  qualité  de 
n^embres  de  la  Société  des  amis  de  la  constitution  monarchique,  et 
celle  de  membres  4u  club  des  étrangers,  elle  dût  leur  être  ouverte. 
Aucune  opposition  légale  ne  leur  étpit  présentée.  Ils  ont  hésité  entre 
le  cri  de  la  liberté,  que  les  vexations  rendent  encore  plus  impérieux, 
et  l'amour  éclairé  de  l'ordre,  sentiment  qui  caractérise  notre  Société, 
sentiment  qui  interdit  la  violence  même  la  plus  juste,  lorsque  la  loi 


18S  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

peut  être  invoquée.  —  Ils  se  sont  donc  enfin  décidés  à  se  réunir  dans 
une  maison  voisine,  et  à  envoyer  chez  un  de  nous  s'informer  de  ce 
qui  pouvoit  être  arrivé.  —  Le  propriétaire  de  cette  maison  a  eu  des 
inquiétudes,  et  il  faut  que  vous,  Monsieur,  qui  êtes  chargé  de  veiller 
au  nom  de  la  loi,  sachiez  que  des  commencemens  d'attroupemens 
rendroient  les  inquiétudes  légitimes.  Nos  membres  ne  les  ont  pas  par- 
tagées, mais,  fidèles  à  leurs  principes  de  modération  et  de  respect 
pour  l'ordre  public,  ils  ont  voulu  soustraire  ce  particulier  à  toute 
espèce  de  danger.  Ils  se  sont  alors  transportés  dans  la  rue  de  Grenelle, 
et  là,  un  jeu  de  paume  leur  a  paru  propre  à  y  continuer  leur  séance. 
C'est  dans  cet  azyle,  dont  le  nom  est  déjà  glorieusement  connu  dans 
les  fastes  de  la  liberté  françoise,  que  l'avis  de  la  délibération  munici- 
pale a  été  porté  à  notre  Société  ;  ses  membres  ont  cru  devoir  provisoi- 
rement lui  obéir,  ils  se  sont  paisiblement  retirés  avec  la  douce  satis- 
faction d'avoir  donné  le  témoignage  le  plus  authentique  de  leur 
soumission  aux  dépositaires  de  la  loi. 

«  Mais,  Monsieur,  en  se  séparant  d'après  votre  ordre,  l'assemblée 
s'est  ressouvenue  qu'elle  a  un  président  et  un  directoire  chargés  du 
dépôt  de  ses  droits,  et  qui  sauront  légalement  les  soutenir. 

«  Nous  vous  prévenons  donc,  Monsieur,  que  nous  allons  remettre 
à  M.  le  procureur  général  syndic  de  la  commune  les  renseignemens 
les  plus  positifs;  que  nous  lui  demanderons  communication  de  la  dé- 
nonciation qui  nous  outrage,  que  nous  poursuivrons  par  tous  les 
moyens  consacrés  par  la  constitution  et  la  loi,  la  réparation  de  tant 
de  vexations  illégales,  la  punition  de  nos  calomniateurs,  et  la  révoca- 
tion d'un  ordre  qui  ne  peut  pas  subsister  dans  un  état  libre  (1). 

«  DUBERGIER.  » 

Nous  allons  voir  que  la  question  resta  longtemps  en  suspens,  que 
les  dénonciations  ne  cessèrent  pas,  que  les  sections  (quand  les  60  dis- 
tricts eurent  été  remplacés  par  48  sections)  (2)  se  montrèrent  hostiles, 
non  sans  raison,  au  Club  monarchique. 


XIX 


Dans  la  séance  du  29  janvier,  aux  Jacobins,  une  députation  de  la 
section  de  la  rue  des  Lombards  apporta  un  arrêté  contre  le  Club  mo- 
narchique et  sa  dénonciation  au  Conseil  général  de  la  Commune. 


(1)  Bib.  Nat.,  Lb  39/4731. 

12)  D'après  la  loi  du  21  mai  1790. 


CLUB  MONARCHIQUE  189 

Une  autre  députation,  de  la  section  des  Arcis,  apporta  aussi  un  arrêté 
dénonçant  le  club  au  Conseil  général  de  la  Commune. 

La  municipalité  devait  pourvoir  à  Tordre  public,  tenir  compte  de 
pareils  faits. 

Le  directoire  du  Cluh  monarchique,  pour  hâter  la  décision  de  la 
municipalité,  a  écrit  à  M.  le  maire  la  lettre  suivante  : 

«  Lettre  à  M.  le  Maire. 

«  Vous  ne  désapprouverez  certainement  pas,  monsieur,  notre  im- 
patience d'obtenir  une  décision  de  la  municipalité,  sur  l'objet  de  la 
déclaration  que  nous  avons  remise  à  M.  le  procureur-syndic  de  la 
commune,  le  Vi  du  courant  (janvier  1791).  Nous  vous  prions  ins- 
tamment de  hâter  cette  décision,  et  nous  avons  l'honneur  de  vous 
observer  que  les  circonstances  la  rendent  très  importante. 

«  Dans  des  tems  tranquilles,  la  pureté  de  nos  intentions  et  la  publi- 
cité de  nos  moyens  suffiroient  pour  nous  rassurer  contre  les  manœu- 
vres et  les  calomnies  de  nos  ennemis.  Mais  dans  ces  momens  d'effer- 
vescence préparée,  il  faut  que  tous  les  bons  citoyens  soient  rassurés 
par  nous,  sur  nous  et  pour  nous. 

«  Si  les  commissaires  de  la  Société  distribuent  chez  eux  les  cartes 
pour  des  livraisons  gratuites  de  pain,  on  ne  manquera  pas  de  dire 
qu'ils  provoquent  des  attroupemens  ; 

«  Qu'ils  vont  chacun  chercher  l'indulgence  (1)  dans  les  greniers 
qui  la  recèlent;  on  les  accusera  de  faire  des  enrôlemens. 

«  Lorsque  le  produit  des  contributions  volontaires  qu'ils  ont  recueil- 
lies pour  secourir  la  misère  sera  réparti  par  la  municipalité  entre  les 
sections,  et  distribué  par  elles  aux  malheureux,  la  méchanceté  sera 
réduite  à  se  taire  ou  à  inventer  des  calomnies  si  absurdes,  qu'elles  se 
détruiront  d'elles-mêmes. 

«  Notre  demande  est  un  nouvel  hommage  du  respect  de  la  Société 
pour  les  loix,  de  son  amour  pour  Tordre,  de  sa  confiance  en  ceux  qui 
sont  chargés  de  le  maintenir;  et  personne  n'est  plus  fait  que  vous 
pour  l'accueillir  et  la  faire  valoir. 

«  Nous  avons  l'honneur  d'être,  avec  autant  d'attachement  que  de 
considération,  monsieur,  vos,  etc.  (2).  » 

D'autre  part,  le  22  janvier,  le  club  continuait  de  s'assembler. 


I)  Lisez  :  l'indif/ence. 

{2)  Journal  de  la  Suciélé  des  Amis   de   la  Conslilulion    monurchigue,  ïi"  7,   du 
samedi  29  janvier  1791. 


190  LES  CLUBS  G0NTRE-RÉV0LUTI0NNAIRE8 

((  Séance  de  la  Société  des  amis  de  la  constitution  monarchique. 
«  Du  22  janvier  1791. 

«  La  société  a  ouvert  sa  séance  par  le  discours  suivant,  de  M.  Du- 
bergier,  son  président 

«  Discours  du  président. 

«  Messieurs, 

«  Avant  de  soumettre  à  votre  discussion  les  divers  objets  qui  doi- 
vent vous  occuper  dans  cette  séance,  qu'il  me  soit  permis  d'arrêter 
un  instant  vos  regards  sur  les  causes  qui  ont  provoqué  notre  sépara- 
tion, sur  les  circonstances  qui  l'ont  accompagnée,  et  sur  la  marche 
franche  et  loyale  que  votre  directoire,  pénétré  de  vos  principes,  a  cru 
devoir  opposer  aux  menées  sourdes,  aux  basses  intrigues  de  ses  per- 
sécuteurs. 

.  «  Je  ne  vous  parlerai  point  des  vexations  particulières  que  quel- 
ques-uns de  vos  membres  ont  éprouvées  :  assis  au  milieu  de  vous, 
honorés  de  votre  confiance,  ils  sont  assez  vengés.  Mais  il  existe  des 
faits  tellement  liés  aux  intérêts  de  votre  Société,  que  votre  directoire 
a  jugé  qu'il  étoit  important  de  vous  en  instruire.  Une  bouche  plus 
éloquente  s'est  chargée  du  soin  de  vous  les  présenter  :  je  ne  pourrois, 
en  vous  en  parlant  moi-même,  qu'affaiblir  l'impression  qu'il  est  en 
droit  d'en  attendre. 

«  Une  Société  dont  la  loi  consacre  tous  les  principes,  dont  la  vertu 
avoue  tous  les  moyens,  et  dont  le  but  est  le  rétablissement  de  l'ordre, 
devoit  être  un  sujet  d'effroi  pour  les  factieux.  Ennemis  de  la  vertu 
qu'ils  outragent,  ennemis  de  la  loi  qui  pourroit  les  punir,  ils  ne 
voient,  dans  le  retour  de  l'ordre,  qu'une  époque  alarmante  pour  leur 
ambition,  tandis  que  l'anarchie  qu'ils  favorisent  leur  présente  un 
moyen  sûr  de  prolonger  leurs  coupables  succès.  Il  étoit  juste  que  de 
pareils  hommes  s'élevassent  contre  la  Société  des  amis  de  la  consti- 
tution monarchique;  nous  nous  applaudirons  toujours  de  mériter 
leur  haine. 

«  Mais  la  loi,  qui  pouvoit  seule  prononcer  notre  dissolution,  leur 
offroit-elle  un  moyen  d'y  réussir?  Protectrice  des  droits  de  l'homme, 
elle  avoit  établi  les  nôtres.  Nos  principes  étoient  trop  purs,  trop  pu- 
bliquement établis,  pour  qu'il  n'y  eût  pas  quelque  danger  à  les  com- 
battre. Il  ne  leur  restoit  qu'à  calomnier  nos  intentions  :  c'est  ce  qu'ils 
ont  fait.  La  religion  de  la  municipalité  a  été  surprise;  l'ordre  de 
suspendre  nos  séances  a  été  prononcé;  et  cette  erreur  des  déposi- 
taires de  la  loi  a  fait  présager  des  triomphes  à  nos  adversaires. 


CLUB  MONARCHIQUE  191 

«  Mais  bette  pt'Oscriptiori  mdffletltanëe  n'enchaîtloit  pas  votre  direc- 
toire, chargé  de  maintenir  vos  droits.  Il  a  itivdqué  les  principes,  il  a 
détruit  les  préventiotis,  il  a  dissipé  les  inquiétudes;  et  là  municipalité 
s'est  empressée  de  retirer  son  ordre. 

«  Fermons  les  yeux  sur  le  désespoir  de  ceux  qui  s'étoieht  flattés  de 
nous  détruire,  oublions  leurs  manœuvres  et  leurs  intrigues,  dédai- 
gnons leurs  attaques,  et  suivons  avec  persévérance  le  but  honorable 
auquel  nous  tendons  tous.  La  prospérité  de  la  nation,  le  triomphe  de 
la  loi,  la  conservation  de  la  monarchie,  seront  tout  à  la  fois  et  le 
terme  et  le  prix  de  nos  efforts.  » 

«  La  Société  a  arrêté  l'impression  de  ce  discours  dans  son  journal  ; 
elle  a  voté  des  remerciemens  à  son  directoire. 

«  Elle  a  décidé  qu'il  seroit  adressé  aux  correspondans  une  lettre  dé- 
taillée sur  les  divers  symptômes  d'anarchie  qui  se  renouvellent  dans 
les  départemehs,  et  sUi'  la  nécessité  d'opposer  partout  aux  factieUx 
l'exemple  de  l'obéissance  à  la  loi,  et  le  développement  des  principes 
purs  et  constitutionnels. 

«  Il  a  été  proposé  d'envoyer  aUx  quarante-huit  sections  les  pièces 
justilicatives  qui  ont  été  placées  sous  les  yeux  du  corps  municipal 
lors  de  la  suppression  de  nos  séances.  Cette  proposition  n'a  point  été 
admise,  parce  qu'il  a  été  représenté  que  les  sections  ne  sont  plus  des 
corps  délibérans  et  permanens,  puisque,  convoquées  en  assemblées 
primaires,  elles  ne  doivent  traiter  aucun  objet  étranger  aux  élections, 
et  que  les  fractions  de  la  commune  ne  peuvent  se  réunir  constitution- 
nellement  pour  délibérer  que  sur  la  pétition  de  cinquante  citoyens. 
—  La  Société,  soumise  en  tout  à  la  loi,  a  pensé  que  ses  principes 
seroient  bientôt  sufhsamment  connus,  et  que  la  révocation  de  l'ordre 
illégal  qu'elle  a  combattu  est  une  justihcation  péremptoire  (1).  » 

Pour'  le  pain,  la  Société  publia  des 

«  Observations  sur  le  mode  de  bienfaisance  quavoit  adopté  le  direc- 
toire àa  la  Société  des  amis  de  la  Constitution  monarchique.  » 

«  Le  directoire  observe  qu'il  y  avoit  2348  pauvres  inscrits,  que 
plusieurs  s'étoient  fait  inscrire  avec  des  adresses  [différentes,  que  la 
vérification  de  besoins  et  de  qualités  requises  n'étoit  point  faite  ; 

«  Qu'on  peut  présumer  qu'après  cette  vérification,  il  s'en  seroit 
trouvé  un  tiers  ou  un  quart  de  moins; 

i<  Mais  qu'en  supposant  même  que  la  totalité  des  2o48  eût  été  dans  le 

(1)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  n»  1;  du 
samedi  29  janvier  1791. 


192  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

cas  de  profiter  de  cette  bienfaisance,  on  eût  donné  pendant  plus  d'un 
mois  une  livre  de  pain  à  chacun  ; 

«  Que  les  2348  pauvres,  à  une  livre  de  pain  par  jour,  pendant  un 
mois,  font  76,440  livres  de  pain; 

«  Et  que  les  11,549  livres  fournissent  environ  95,000  livres  de  pain. 

«  Le  directoire  a,  de  plus,  écrit  à  MM.  les  présidons  de  sections  la 
lettre  suivante  (1)  : 

«  Nous  avons  l'honneur  de  vous  prévenir,  monsieur,  en  vous  priant 
d'en  rendre  compte  à  la  section  que  vous  présidez,  que  la  Société  des 
amis  de  la  constitution  monarchique  vient  de  déposer,  chez  M.  le  pro- 
cureur syndic  de  la  commune,  la  somme  de  11,349  livres. 

«  Cette  somme,  à  laquelle  se  monte  le  total  des  contributions  vo- 
lontaires recueillies  jusqu'à  ce  jour  dans  ladite  Société,  étoit  desti- 
née à  être  employée  en  distributions  de  pain,  totalement  gratuites, 
aux  indigens  déjà  inscrits  par  les  commissaires  de  la  Société.  Mais 
d'après  des  réflexions  ultérieures,  et  sur-tout  d'après  les  calomnies 
atroces  qui  ne  cessent  de  représenter  ces  distributions  comme  un 
moyen  de  préparer  des  attroupemens  dangereux,  la  Société  a  pris  le 
parti  ci-dessus,  et  la  somme  qu'elle  a  déposée  sera  répartie  entre  les 
sections  pour,  par  elles,  être  distribuée  aux  pauvres  inscrits,  dont  la 
liste  a  été  remise,  en  même  tems  que  l'argent,  à  M.  le  procureur 
syndic. 

<(  Nous  sommes, 

«  Monsieur,  etc.  (2).  » 

«  La  Société,  parce  moyen,  se  trouve  forcée  de  renoncer,  du  moins 
pour  le  moment,  à  la  faculté  de  combiner  elle-même  le  mode  de  bien- 
faisance qu'elle  auroit  adopté;  elle  n'aura  pas  la  satisfaction  douce  de 
communiquer  sans  intermédiaire  avec  les  objets  de  sa  sollicitude  ; 
cependant,  elle  doit  être  contente,  les  pauvres  seront  soulagés;  des 
fonctionnaires  publics  estimés  veilleront  à  une  répartition  exacte  du 
foible  tribut  que  de  bons  citoyens  offrent  à  leurs  frères.  —  La  Société 
doit  cependant  déclarer  ici  que  les  perfides  insinuations,  que  les  ca- 
lomnies colportées,  n'ont  pas  égaré,  n'ont  pas  animé  contre  elle  ce 
bon  peuple  de  Paris,  auquel  les  factieux  qui  la  craigne  (sic)  pré- 
tendent faire  croire  qu'elle  a  déplu.  —  Tous  les  indigens  que  les 


(1)  «L'envoi  de  cette  lettre  a  été  tUH'éré,  jusqu'à  ce  que  la  Société  ait  eounais- 
saocede  l'arrêté,  nou  encore  rendu,  de  la  municipalité.  »  (Note  du  Journal  de  la 
Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique.) 

(2)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constilulion  monarchique,  n"  7,  du 
samedi  29  janvier  1791,  p.  13,  14  et  15. 


L 


CLUB  MONARCHIQUE  193 

commissaires  ont  reçus  se  sont  conduits  avec  modération  et  dé- 
cence :  ils  paroissent  tous  disposés  à  recevoir,  sans  bassesse  et 
sans  insolence,  ce  qu'on  leur  offroit  sans  faiblesse  et  sans  orgueil. 
—  Chaque  jour  a  prononcé  et  prononce  que  le  vœu  de  Paris,  que 
l'esprit  de  Paris  est  bien  distinct  de  ce  prétendu  vœu,  de  ce  pré- 
tendu esprit  public  que  les  mêmes  hommes  vont  le  matin  puiser  dans 
une  seule  maison,  et  reporter  le  soir  dans  tous  les  cafés  de  la  capitale, 
ou  dans  les  grouppes  (sic)  de  carrefours.  » 

Le  Club  monarchique  attaquait  indirectement  une  bonne  partie  du 
peuple  de  Paris,  parlait  de  factieux,  se  montrait  froissé  de  voir  ré- 
partir, par  des  fonctionnaires  publics,  les  secours  donnés  «  par  de 
bons  citoyens  à  leurs  frères  ». 


XX 


En  même  temps,  les  monarchistes  entrèrent  en  discussion  avec  le 
journaliste  et  député  Audoin  ou  Audouin;  un  d'eux  publia  une 

«  Réponse  aux  grandes  questions  -proposées  à  la  Société  des  amis  de  la 
constitution  monarchique^  dans  le  n"  4.26  du  journal  universel  ou  révo- 
lutions des  royaumes,  par  P.  J.  Audoin,  du  bataillon  des  Carmes. 

<(  Samedi,  22  janvier  1791. 

«  Il  n'y  a,  dans  toute  la  France,  qu'une  constitution,  sans  épithète; 
mais  à  Paris  il  y  a  une  constitution  monarchique,  ou,  du  moins,  une 
société  d'amis  de  la  constitution  monarchique,  qui  s'autorise  pour 
s'assembler  d'un  décret  de  l'Assemblée  nationale,  en  faveur  de  la  So- 
ciété des  amis  de  la  constitution  tout  court,  établie  à  Dax.  Voici  les 
questions  qu'on  peut  faire  à  ces  monarchiens.  Comme  le  patriote 
Corsas  m'a  prévenu,  et  comme  il  m'est  impossible  de  ne  pas  me  ren- 
contrer avec  lui  en  interrogeant  ces  messieurs,  j'emprunte  tout  bon- 
nement ses  expressions,  qui  rendent  parfaitement  ce  que  j'avois 
résolu  d'écrire.  Qu'importe  que  ce  soit  lui  ou  moi  qui  parle,  puisque 
nos  idées  sont  absolument  les  mêmes  sur  ce  point?  «  Quels  sont  les 
membres  que  cette  Société  des  amis  de  la  constitution  monarchique 
a  dans  son  sein?  N'en  est-il  pas  qui  professent  hautement  des  prin- 
cipes opposés  à  ceux  que  la  constitution  avoue  seuls,  et  qu'il  est  né- 
cessaire de  propager,  lors  même  qu'on  pourroit  leur  supposer  un 
vice  radical  que  la  prochaine  législature  saura  bien  extirper? 

«  Comment  cette  Société  interprète-t-elle  son  amitié  pour  la  consti- 

13 


194  LES  CLUBS  GONTRE-RÉVOLUTIONNAJRES 

lution  monarchique?  Entend-elle  par  constitution  monarchique  la 
constitution  telle  qu'elle  a  été  décrétée?  La  nation  est-elle  libre  et 
souveraine?  La  nation  a-t-elle  seule  le  droit  de  faire  les  loix  auxquelles 
elle  entend  que  son  roi  soit  lui-même  soumis,  en  lui  confiant  le  droit 
de  les  faire  exécuter?...  Par  constitution  monarchique,  n'entendroit- 
elle  pas  une  constitution  purement  monarchique,  c'est-à-dire  où  le 
roi  auroit  seul  le  droit  de  faire  les  loix,  et  de  régner  par  les  loix,  dont 
il  seroit  en  même  temps  l'auteur  et  l'arbitre?  Voilà  les  questions  sur 
lesquelles  il  importe  que  cette  Société  s'explique  clairement  et  sans 
détours;  si  elle  ne  le  fait  pas,  il  est  du  devoir  des  écrivains  patriotes 
de  la  renverser,  de  la  détruire,  etc.  » 

«  Je  demande,  avant  tout,  la  permission  à  M.  Audoin  de  mettre 
dans  sa  plus  grande  valeur  son  propre  ouvrage,  soin  qu'il  eût  pris 
sans  doute  lui-même,  et  avec  bien  plus  de  succès  que  moi,  si  la  qua- 
lité de  journaliste,  dispensant  dans  ces  productions  éphémères  de 
toute  régularité  comme  de  tout  scrupule,  ne  lui  eût  fait  négliger 
cette  utile  attention. 

«  Je  remettrai  donc  l'article  qu'il  nous  a  consacré  dans  Tordre 
qu'il  doit  avoir;  je  ne  placerai  point  l'accessoire  avant  le  principal; 
je  ne  présenterai  point  les  questions  légères  avant  les  questions  plus 
importantes,  et  je  donnerai  aux  demandes  et  aux  réponses  la  marche 
qu'elles  doivent  avoir  pour  que  nous  soyons  toujours,  de  cette  sorte, 
mieux  attaqués  par  M,  Audoin,  et  dans  un  plus  grand  embarras  de 
nous  défendre,  si  notre  cause  est  mauvaise. 

«  Après  ce  court  exorde,  je  ferai  encore,  avant  d'entrer  en  matière, 
la  motion  expresse  qu'il  soit  voté  par  les  amis  de  la  constitution  mo- 
narchique et  par  tous  les  honnêtes  gens  de  France,  des  remerciemens 
à  M.  Audoin  pour  avoir  enfin  donné  le  louable  exemple  de  traiter 
avec  nous  comme  avec  des  hommes,  de  n'avoir  point  préfér<!  les  poi- 
sons de  la  noire  calomnie,  ou  les  horreurs  de  la  dégoûtante  injure, 
aux  procédés  de  l'humanité,  à  la  marche  de  la  raison,  au  droit  des 
gens  et  à  la  voix  de  la  justice;  des  remerciemens  encore  pour  s'être 
ressouvenu,  du  moins  envers  nous,  du  moins  dans  ce  n"  426  de  son 
journal,  que  des  accusés  sont  eux-mêmes  respectés  par  la  société 
dont  ils  sont  membres,  jusqu'à  ce  qu'ils  soient  jugés  et  condamnés, 
et  que  pour  honorer  cette  constitution  même,  que  M.  Audoin  croît 
aimer  et  défendre  mieux  que  nous,  il  faut  parler  de  ses  frères  et  à  ses 
frères  comme  à  des  hommes  libres,  et  non  comme  à  un  troupeau 
d'esclaves  avilis  ou  de  brutes  féroces. 


CLUB  MONARCHIQUE  195 

«  Gj-andes  queslions  proposées  à  la  Société  des  amis  de  la  constilulion 
monarchique  par  le  journal  universel  de  M.  Audoin. 

«  Lesdites  questions  remises  dans  l'ordre  qui  leur  convient  et  qui 
leur  est  le  plus  avantageux. 

«  Question  première, 

«  Comment  cette  Société  interprèfe-t-elle  son  amitié  pour  la  consti- 
tution moiiarchique? 

«  Réponse. 

«  Ce  n'est  certainement  pas  M.  Audoin  lui-môme  qui  nous  l'ait 
cette  question.  11  a  laissé  proposer  celle-là  par  son  secrétaire  ou  son 
valet-de-chambre.  11  seroit  impossible  que  M.  Audoin  voulût  avouer 
qu'il  s'est  érigé  en  censeur  et  correcteur  des  amis  de  la  constitution 
monarchique,  sans  avoir  aucune  notion  directe  et  positive  de  ce  qui 
concerne  cette  Société.  Or,  ce  seroit  véritablement  n'avoir  pas  la  pre- 
mière notion  sur  cette  Société  que  d'ignorer  l'authentique  profession 
de  foi  contenue  dans  son  prospectus,  le  développement  si  clair  et  si 
étendu  de  cette  profession  de  foi,  présenté  dans  un  discours  qui  a 
couru  Paris  sous  le  nom  d'extraits  des  registres  de  la  Société  des 
amis,  etc.;  l'énoncé  rapide  et  énergique  de  ses  principes  dans  une 
réponse  à  M.  Gorsas,,  et  dans  un  discours  de  M.  Hamelin;  ce  rappel 
de  ces  mêmes  principes  dans  le  discours  de  M.  le  maire,  par  le  prési- 
dent de  cette  Société;  nos  mille  et  une  défenses  contre  les  cent  une 
mille  attaques  qu'on  nous  a  déjà  faites  ;  l'exposition  si  précise  de  nos 
sentimens  et  de  nos  intentions  offerte  à  chaque  page  de  nos  jour- 
naux, etc. 

«  L'interprétation  de  notre  amitié  pour  la  constitution  monarchique 
peut-elle,  après  tout  cela,  rester  encore  équivoque?  et  n'est-il  pas 
évident  que  cette  question  ne  peut  pas  nous  avoir  été  proposée  par 
M.  Audouin  lui-même? 

«  Question  II. 

«  Entend' elle  par  constitution  monarchique  la  constitution  telle 
qu'elle  a  été  décrétée? 

<(  Réponse. 

«  Encore  une  question  qui  n'est  pas  de  M.  Audoin,  et  par  toutes  les 
mêmes  raisons  que  je  viens  de  présenter  ci-dessus. 

«  Mais  j'ajouterai  ici,  à  tout  ce  que  M.  Audoin  doit  si  bien  savoir, 
pour  être  convaincu,  que  ce  que  nous  entendons  par  constitution  mo- 
narchi(}ue  est  la  constitution  monarchique  telle  ([u'ellc  a  été  décrétée  : 


196  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

que  cette  seule  régularité  sévère  de  notre  part  repousse  de  notre  sein 
tous  les  grands  aristocrates  ;  et  que  si  nous  voulions  faiblir  le  moins 
du  monde  dans  le  rigorisme  des  principes  que  nous  nous  sommes 
prescrits  à  cet  égard,  nous  ne  suffirions  pas  à  recevoir  tous  les  ci- 
toyens qui  viendroient  se  réunir  à  nous. 

«  Je  prie  nos  savans  et  vertueux  ennemis  de  remarquer  en  passant 
combien  cette  sévérité  morale  et  cette  soumission  politique  seroient 
adroites  et  naturelles  à  des  contre-révolutionnaires!  combien  elles 
feroient  partie  d'un  code  de  brigands,  enrôleurs  pour  contre-révolu- 
tion! Passons  à  la  troisième  question. 

«  Question  III. 

«  La  nation  est-elle  libre  et  souveraine? 

«  Réponse. 

«  Quelqu'un  peut-il  opposer  le  moindre  doute  à  une  semblable 
question?  Mais  les  divisions,  les  distinctions  et  les  développemens  en  - 
sont  si  magnifiques  et  si  étendus  pour  un  homme  un  peu  versé  dans 
ces  matières,  que  je  me  garderai  bien  de  me  livrer  en  entier  à  toutes 
les  pensées  qu'elle  m'inspire. 

«  Sans  doute  qu'une  nation  est  et  doit  toujours  être  libre  et  sou- 
veraine. 

«  Une  nation  est  souveraine  par  son  volonté  générale,  et  libre  par 
sa  sagesse  particulière. 

«  Elle  est  toujours  libre  quand  elle  est  sagement  souveraine. 

«  Elle  est  toujours  souveraine  quand  elle  est  modérément  et  léga- 
lement libre. 

«  Sa  liberté  fortifie  sans  cesse  sa  souveraineté,  quand  cette  liberté 
est  environnée  des  immuables  principes  de  la  morale  universelle. 

«  Sa  souveraineté  consolide  chaque  jour  sa  liberté,  lorsque  sa  sou- 
veraineté est  circonscrite  dans  les  maximes  de  la  politique  indispen- 
sable. 

«  Elle  devient  souveraine,  lorsqu'elle  sait  par  quels  principes,  par 
quels  moyens  une  nation  peut  rester  ou  redevenir  souveraine,  lors- 
qu'elle n'ignore  plus  que  le  despotisme  de  tous  est  bien  effectivement 
le  contraire,  mais  non  pas  le  remède  du  despotisme  d'un  seul. 

«  Elle  demeure  libre  lorsqu'elle  ne  prend  point  l'état  d'anarchie 
pour  un  état  de  puissance;  lorsqu'elle  est  convaincue  que  la  liberté 
naturelle  est  la  plus  grande  ennemie  de  la  liberté  politique  ;  lors- 
qu'elle est  parvenue  à  sentir  que  de  toutes  les  libertés  particulières  se 
forme  la  plus  terrible  servitude  universelle,  lorsque  ces  libertés  par- 
ticulières, au  lieu  d'être  concentriques,  sont  excentriques,  lorsqu'elles 


CLUB  MONARCHIQUE  197 

isolent  au  lieu  de  réunir,  lorsqu'elles  conduisent  chaque  individu  à 
un  but  personnel,  au  lieu  de  ramener  tous  les  individus  à  un  seul  but 
général. 

«  Mille  pardons  à  M.  Audouin  ;  j'en  resterai  là  sur  cette  question, 
s'il  veut  bien  mé  le  permettre. 

<(  Question  IV. 

«  La  nation  a-t-eUe  seule  h  droit  de  faire  lea  loix  auxquelles  elle  en- 
tend se  soumettre^  auxquelles  elle  entend  que  son  roi  lin-même  soit 
soumis,  en  lui  confiant  le  droit  de  les  faille  exécuter? 

«  Réponse. 

«  Autre  question  à  l'occasion  de  laquelle  je  sens  dans  mon  cœur 
l'impétuosité  d'un  torrent,  et  dans  ma  tête  le  possible  enfantement , 
d'un  in-folio.  Mais  je  tâcherai  de  préserver  mes  lecteurs,  ainsi  que 
moi,  et  du  torrent  et  de  l'enfantement. 

«  Une  nation  libre  et  souveraine,  telle  que  je  viens  de  là  représen- 
ter, une  nation  agissant  par  sa  pleine  et  parfaite  volonté  générale,  a 
et  doit  incontestablement  avoir  le  droit  de  faire  les  loix  auxquelles 
elle  veut  se  soumettre.  Mais  je  a'entends  point  du  tout  le  mot  seule, 
employé  dans  cette  question  :  A-telle  seule  le  droit,  etc.?  S'ew/eveut-il 
dire  là  sans  le  secours  des  peuples  voisins?  Cela  seroit  absurde,  et  on 
ne  peut  pas  présumer  une  absurdité  dans  l'auteur  auquel  nous  répon- 
dons. 11  me  semble  qu'une  nation  est  toujours  seule,  est  essentielle- 
ment seule,  lorsqu'elle  exerce  le  droit  de  faire  ses  loix.  Seule  vou- 
droit-il  dire,  peut-être,  sans  le  secours  d'un  roi?  Mais  alors  cette 
phrase  est  encore  bien  plus  inintelligible  pour  moi  :  car  une  nation,  ou 
n'a  point  encore  de  roi,  ou  a  déjà  un  roi.  Si  elle  n'a  point  encore  de  roi, 
elle  est  bien  assurément  seule  dans  toute  la  plénitude  du  sens  que 
notre  adversaire  sémbleroit  attacher  à  ce  mot;  et  celui  qui  pourra 
devenir  roi  fait  certainement,  en  attendant,  partie  de  la  nation.  Si 
elle  a  déjà  un  roi,  ce  roi  est  bien  du  moins  un  citoyen  tout  comme 
un  autre,  et  fait  essentiellement  partie  de  cette  même  nation.  Ainsi, 
le  mot  seule  est  incompréhensible  pour  moi. 

«  Loix  auxquelles  elle  entend  que  son  roi  lui-même  soit  soumis? 

«  D'après  ce  que  je  viens  d'établir,  cela  marche  tout  seul,  et  n'est 
susceptible  d'aucune  contestation.  Car,  le  roi  faisant  essentiel- 
lement partie  de  la  nation,  lorsque  la  nation  se  sera  donné  des  loix 
et  se  sera  soumise  à  ces  loix,  le  roi,  comme  partie  essentielle  et  inté- 
grante de  la  nation,  s'y  sera  nécessairement  soumis  de  même. 

«  Question  V. 
('  Par  constitution  MOîi\^cmQijK,n'entendroit-elle  pas  une  constitution 


198  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

PUREMENT  MONARCHIQUE,  c'est-à-dire  où  le  roi  auroit  seul  le  droit  de  faire 
les  loix  et  de  régner  par  les  loix,  dont  il  seroit  en  même  tems  /'auteur 
et  /'arbitre? 

«    Iil':PONSE, 

«  A  cette  question  je  ne  répondrai  qu'un  mot.  Ou  je  suis  dans  la 
plus  profonde  ignorance  des  principes  de  cette  société,  tout  membre 
de  son  directoire  que  j'ai  l'honneur  d'être,  ou  j'ose  garantir  que  si, 
par  une  fatalité  imprévue,  il  renaissoit  tout  h  coup  un  ordre  de 
choses  dans  lequel  un  seul  homme,  et  trop  souvent  un  homme  vi- 
cieux ou  ignorant,  dût  être  le  seul  instituteur,  le  seul  auteur,  le  seul 
arbitre  des  loix,  il  n'y  a  point  en  France  de  citoyen  actif,  point  de 
démagogue,  point  de  club,  point  de  jacobite,  point  de  district,  point 
de  département,  point  de  section,  point  de  journaliste,  point  de 
Prudhomme,  point  de  Martel,  point  de  Marat,  qui  opposât  une  plus 
forte,  une  plus  véritable  résistance  à  ce  funeste  ordre  de  choses,  à  ce 
retour  d'un  despotisme  absolu  et  arbitraire,  que  la  Société  des  amis 
de  la  constitution  monarchique. 

«  Question  VI. 

«  Quels  sont  les  membres  que  cette  Société  des  amis  de  ta  constitution 
monarchique  a  dans  son  sein? 

«    RÉPONSE. 

«  Après  tout  ce  que  j'ai  exposé  ci-dessus,  ma  réponse  à  cette  nou- 
velle question  est  bien  faite  assurément;  mais  nous  voulons  com- 
plaire en  tout  à  M.  Audouin  et  à  ses  ayant-cause.  Je  ferai  donc  encore 
une  réponse  particulière  à  cette  demande.  Pour  la  faire  avec  la  par- 
faite franchise  et  la  parfaite  loyauté  que  je  me  suis  imposées  pour 
toujours,  je  répondrai  relativement  à  l'esprit,  et  non  relativement 
à  la  lettre,  parce  que  la  lettre  tue  et  l'esprit  vivifie.  Je  répondrai 
relativement  à  la  règle,  et  non  point  relativement  à  l'exception;  rela- 
tivement à  la  grande  majorité,  et  non  point  relativement  à  quelques 
individus. 

<(  Les  membres  qui  composent  cette  Société  des  amis  de  la  consti- 
tution monarchique  sont  de  bons  François,  qui  ont  tous  l'espoir  mu- 
tuel de  n'avoir  accueilli  dans  leur  sein  que  d'honnêtes  gens,  et  la 
certitude  positive  et  invariable  d'être  ennemis  de  la  république  et  de 
l'anarchie, 

«  Question  VU. 

«  N'en  est-il  point  qui  professent  hautement  des  principes  opposés  à 
ceux  que  la  constitution  avoue  seuls^  et  qu'il  est  nécessaire  de  propager, 


CLUB  MONARCHIQUE  199 

lors  même  quon  pourrait  leur  supposer  un  vice  radical,   que  la  pro- 
haine législature  saura  bien  extirper?... 

«  Réponse. 

«  Professent  hautement  ;  je  l'ignore  ou  ne  me  le  rappelle  en  aucune 
manière  dans  cet  instant.  Nourrissent  en  secret;  je  ne  me  rendrai 
certainement  inquisiteur  ou  garant  ni  du  pour  ni  du  contre;  mais  je 
dirai  bien  affirmativement  qu'il  ne  s'agit  ou  ne  peut  s'agir  que  des 
principes  généralement  professés  et  avoués  par  la  Société;  et  que 
dans  l'un  ou  l'autre  cas  supposés  ci-dessus,  elle  ne  peut  et  ne  doit 
être  tenue  à  aucune  responsabilité.  J'ai  connu  des  athées  à  l'académie, 
des  libertins  aux  chartreux,  des  despotes  à  la  halle,  des  sages  à  Cha- 
renton,  des  impies  en  Sorbonne,  et  des  républicains  au  château  de 
Versailles.  Ces  exceptions  n'ont  point  altéré  la  règle,  et  il  n'est  venu 
dans  l'esprit  de  personne  de  décréter  une  responsabilité  solidaire  à 
cet  égard. 

<(  Et  quil  est  nécessaire  de  propager.,  lors  même  qu'on  pourrait  leur 
supposer  un  vice  7'adical.,  qne  la  prochaine  législature  mura  bien 
e.Ttirper. 

«  Gomment,  M.  Audouinl  comment  donc,  M.  Audouin!  c'est  vous 
qui  parlez  de  vice  radical  et  d'e.rtirpation  à  faire  dans  les  principes 
de  la  constitution  par  La  prochaine  législature!  Ah!  je  suis  bien  ras- 
suré! Et  je  vois  bien  que,  de  vous  ou  de  moi,  ce  n'est  pas  moi  qu'il 
faudra  remettre  à  l'ordre. 

«  De  Rossi  (1).  » 

Rappelons  que  de  Rossi  ou  Rossy  était  membre  du  Comité  du  club. 
Il  parut  un 

«  MANIFESTE  relatif  a  la  Sogiktk  des  Amis  de  la  Constitution  mo- 

NARCIIIQUE, 

«  Envoyé  à  l'Assemblée  nationale,  à  la  Municipalité,  aux  Sections 
et  même  aux  Jacobins, 

"  Accompagné  d'un  Avertissement  aux  Patriotes  Parisibnh,  trop  sou- 
vent disposés  à  mépriser  la  loi  il  l'autorité  publique  pour  ne  suivre  que 
leur  impétuosité  personnelle  et  leur  autorité  particulière. 

«  Par  un  Membre  du  Directoire  de  ladite  Société. 

«  Frappe,  maïs  écoute. 
<'  A  Paris,  sans  date. 


(i)  Journal  fie  la  Société  des  Amis  fie  In  Constittition  moyiarchique,  t.  I,  n"  7, 
p.  32  et  suiv. 


200  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  Par  de  Rossi,  accusé  de  conspiration,  «  comme  un  traître  à  la 
Patrie,  comme  un  ennemi  du  bien  public  ». 

Il  parle,  dans  ce  Manifeste,  de  la  tyrannie  des  Jacobites;  il  déclare 
qu'  «  un  homme  de  son  caractère  seroit  donc  bien  peu  propre  à  être 
l'instrument  servile  d'un  Monarchiste,  mais  bien  moins  encore, 
pourroit-il  jamais  devenir  l'esclave  d'un  Jacobin  »  ;  il  n'est  pas 
l'homme  de  quelqu'un^  etc.  (1). 


XXI 


D'une  part,  les  Amu  de  la  Constitution  ow.  Jacobins  envoyèrent  à 
leurs  correspondants  une  Lettre  relative  à  une  émeute  qui  avait  eu 
lieu  à  la  Chapelle-Saint-Denis;  d'autre  part,  les  Amis  de  la  Constitu- 
tion monarchique  envoyèrent  aux  leurs  une  réponse. 

Les  deux  lettres  furent  publiées,  mises  en  regard  l'une  de  l'autre. 


«  Lettre 

De  la  Société  des  Amis  de  la 
Constitution. 

Paris,  le  24  janvier  1791. 
Frères  et  amis. 

On  pourrait  peut-être  égarer  les 
citoyens  de  vos  contrées,  par  le  récit 
d'un  très  petit  événement  qui  s'est 
passé  à  La  Chapelle,  banlieue  de  Pa- 
ris, aujourd'hui  lundi  24  de  ce  mois  ; 
on  pourroit  vous  dire  que  la  chose 
publique  est  en  danger  :  ne  le  croyez 
pas.  Cependant,  notre  sollicitude 
pour  tout  ce  qui  intéresse  la  patrie 
nous  engage  à  vous  écrire  afin  de 
vous  rassurer  sur  les  allarmes  qu'on 
cherche  à  répandre  dans  l'âme  de 
tous  les  citoyens. 

Quelques  chasseurs,  préposés  à  la 
garde  des  barrières,  ont,  dans  une 
dispute  assez  vive,  tué  ou  blessé  dix 
ou  douze  personnes,  sous  prétexte 
d'empêcher  la  contrebande.  On  en 
a  arrêté  plusieurs,  et  déjà  ils  ont 


«  Lettre 
Aux  correspondants  de  la  Société 
des  Amis  de  la  Constitution  mo- 
narchique. 

Cert  (C'est)  avec  l'indignation 
la  plus  vive  que  nous  avons  lu 
la  lettre  ci-jointe,  rendue  pu- 
blique par  une  Société  qui  se  dit 
Amie  de  la  Constitution,  et  signée 
par  plusieurs  de  ses  membres. 

Xous  déplorons  l'événement 
malheureux,  arrivé  à  La  Cha- 
pelle, et  nous  ne  l'appelons  pas 
un  très  petit  événement,  parce  que 
la  mort  et  les  blessures  de  plu- 
sieurs citoyens  et  soldats,  et 
l'infraction  faite  à  la  loi  ne  sont 
pas  un  très  petit  événement  aux 
yeux  des  Amis  de  la  Constitution 
monarchique. 

Nous  déclarons  à  ceux  qui 
disent  que  la  société  des  Amis 
de  la  Constitution   monarchique 


(1)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  B'  241. 


CLUB  MONARCHIQUE 
déclaré  qu'on  les  avait  payés  pour      cherche    à    exciter    des 


commettre  le  crime  dont  ils  se  sont 
rendus  coupables.  Mais  nous  ne  de- 
vons pas  nous  dissimuler  que  nous 
sommes  aussi  menacés  des  troubles 
que  cherche  à  exciter  une  société 
connue  sous  le  nom  des  Amis  de  la 
Constitution  monarchique  :  nous  ne 
les  redoutons  pas  sans  doute,  mais 
comme  il  est  bon  de  surveiller  les 
ennemis  de  la  Révolution,  nous 
avons  délibéré  que  nos  séances  se 
tiendront  tous  les  jours  jusqu'à  nou- 
vel 07'dre,  et  tous  nos  bi'aves  col- 
lègues, dans  un  mouvement  de  pa- 
triotisme, aussi  prompt  que  celui 
d'une  insurrection  inopinée,  ont  fait 
le  serment  solemnel  de  surveiller  les 
ennemis  de  la  chose  publique,  de  les 
dénoncer  à  tous  les  bons  patriotes 
et  de  se  rallier  tous,  dans  un  mo- 
ment de  calamité,  au  drapeau  de  la 
liberté,  pour  la  défendre  et  pour  la 
maintenir. 

Nous  sommes,  etc.. 

Victor  Broglie,  président;  Yil- 
lars;  G.  Bonnecarrerc;  Alexandre 
Beauharnois;  Voydel,  secrétaire.  » 

«  Extrait  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  lundi  24  janvier 
1791. 

Après  les  débats  également  utiles 
et  précieux  pour  la  tranquillité  pu- 
blique sur  la  motion  d'un  honorable 
membre  que  tous  les  Amis  de  la 
Constitution  fissent  le  serment  de 
défendre  de  leur  fortune  et  de  leur 
sang  tout  citoyen  qui  aurait  le  cou- 
rage de  se  dévouer  à  la  dénonciation 
des  traîtres  à  la  patrie  et  des  conspi- 
rateurs contre  la  liberté,  à  l'instant 


201 
troubles , 

qu'elle  ne  s'est  réunie  que  pour 
s'opposer  de  tout  son  pouvoir 
à  ce  que  les  troubles  existassent. 
Nous  donnons  aux  auteurs  de 
cette  calomnie  le  démenti  le  plus 
formel  ;  nous  les  défions  d'en 
fournir  une  preuve.,  ni  même  un 
indice,  et  nous  les  attendons  aux 
tribunaux. 

Puisse  bientôt  quelque  déla- 
teur, encouragé  par  le  serment 
q-u'ont  fait  tous  les  jacobins  de 
le  défendre  de  leur  fortune  et  de 
leur  sang,  nous  attaquer  ouver- 
tement devant  la  loi  :  nous  lui 
devrons  le  triomphe  de  la  vé- 
rité. 

Nous  déclarons  qu'amis  de  la 
Constitution  monarchique,  dé- 
crétée par  l'Assemblée  nationale 
et  acceptée  par  le  roi,  notre  seul 
crime,  celui  que  nous  avons  com- 
mis et  que  nous  commettrons 
constamment,  est  de  ne  pas  ployer 
la  tête  sous  le  joug  des  jacobins. 
Nous  annonçons  à  tous  ceux  qui 
ne  veulent  obéir  qu'à  la  loi,  que 
les  Amis  de  la  Constitution  mo- 
narchique périront  tous  avant  de 
reconnaître  une  puissance  qui 
n'est  pas  celle  de  la  loi. 

François,  demeurez  paisibles 
spectateurs  de  cette  lutte  entre 
deux  clubs  dont  l'un  veut  régner 
et  l'autre  n'être  pas  esclave.  Nous 
vous  jurons  que  les  jacobins  nous 
laisseront  enfin  tranquilles,  ou 
qu'il  sera  démontré  à  toute  l'Eu- 
rope que  les  jacobins  régnent  sur 
la  France,  et  que  nous  étions  les 


202  LES  CLUBS  GONTRli-REVOLUTIONNAIRES 

la  Société  entière  a  prêté  ce  nouveav  derniers   hommes  dignes   d'une 

serment  et  a  arrêté    unanimement  véritable  liberté, 

qu'il  en  fût  fait  mention  dans  son  Bubergier,  président;  Hamelin, 

procès-verbal.  vice-président;  Cormier-  Haute- 

Victor  BroKlie,  président;  Vil-  f^^t;  de  Rossy;  d'Aqier;  Stanislas 

lars  ;    Alexandre    Beauharnois  ;  ^,             ^ 

Voydel;  G.  Bonnecarrere,  secré-  Clermont- Tonnerre,   membres  du 

tmre{l).  »  directoire.» 

Jacobins  et  monarchiens  devenaient  de  plus  en  plus  acharnés  les 
uns  contre  les  autres,  soit  par  paroles  ou  écrits,  soit  en  actes  sérieux. 

Rappelons  les  faits  auxquels  se  rapportent  les  lettres  reproduites 
ci-dessus. 

Le  lundi  24  janvier  1791,  il  y  eut  une  grave  affaire  à  la  Chapelle, 
où  des  chasseurs  soldés  se  battirent  avec  des  citoyens,  en  tuèrent  et 
blessèrent  plusieurs. 

«  Le  combat  de  la  Chapelle,  dit  VOratrur  du  peuple,  est  une  tenta- 
tive de  la  cour  bt  du  club  monarchique.  Il  faut  donc  que  le  sieur 
Stanislas  Clermont  soit  arrêté  sur-le-chnmp,  pour  être  jugé  comme 
criminel  de  lèze- nation...  » 


XXU 


On  a  vu  précédemment  que  le  Club  monarchique,  quand  il  man-^ 
quait  de  local,  ne  cessait  pourtant  pas  de  s'assembler  non  publique- 
ment. 

A  l'hôtel  de  Clermont-Tonnerre  se  trouvait  le  groupe  le  plus 
persévérant  des  monarchistes  qui,  à  défaut  de  local  public,  se  réunis- 
saient chez  le  comte,  le  plus  zélé  des  membres,  le  plus  remarqué 
aussi,  avec  Dubergier  et  de  Rossi  pour  compagnons  très  militants. 

Un  arrêté  de  la  section  de  la  Croix-Rouge  se  joignit  à  la  section  de 
rObservatoire  (2)  pour  dénoncer  les  «  attroupements  alarmants  » 
autour  de  l'hôtel  de  Clermont-Tonnerre,  et  les  inscriptions  faites 
sous  prétexte  d'aumônes  et  de  distributions  de  pain  (3). 

Pendant  plusieurs  jours,  il  ne  fut  question  dans  Paris  que  des 


(1)  Voldel  autorisa  le  rédacteur  «lu  Journal  des  Amis  de  la  Constitution  motiar- 
r.lùcpie  à  déclarer  que  la  signature  Voidel,  apposre  au  pied  de  cette  lettre,  n'était 
pas  la  sienne,  et  qu'il  signait  ordinairement  Charles  Voidel. 

(2)  Voir  plus  haut,  p.  n;5  et  suiv. 

(3)  Extrait  conforme,  Arch.  Nat.,  1)  XXXIX"  :13,  n°  331».  Du  22  janvier  1791.  - 
Voir  Journal  général  de  la  Cour  et  de  la  Ville,  n"  26,  p.  212. 


CLUB  MONARCHIQUE  203 

agissements  des  amis  de  Clermont-Tonnerre,  nommé  président  du 
Clul)  monarchique  le  27  janvier  1791, 

La  veille,  un  arrêté  de  la  section  du  Roule,  relatif  aux  menées  de 
ce  club,  prétendu  patriotique^  s'occupa  de  ses  distributions  dans  diffé- 
rents quartiers  de  sommes  et  de  cartes  pour  avoir  du  pain  au-dessous 
du  cours  (l).  Le  journal  le  Patriote  français  assura  qu'il  distribuait, 
outre  du  pain,  des  habits  et  de  l'argent.  La  feuille  de  Brissot  ajou- 
tait :  «  On  présume  que  ce  club  avait  quelque  part  aux  placards  afh- 
chés  pour  exciter  les  habitans  du  faubourg  Saint-Antoine,  et  que  le 
cruel  combat  qui  a  eu  lieu  hier  pour  la  contrebande  (2)  avoit  un  tout 
autre  motif,  mais  secret  (3)  ». 

Une  pièce,  avec  date  du  23  janvier  1791  (4),  s'exprime  assez  lon- 
guement sur  l'agitation  produite  par  les  monarchistes,  auxquels  elle 
est  favorable. 

Nous  en  extrayons  les  passages  suivants,  qui  se  rapportent  aux 
distributions  de  bons  de  pain  : 

«  Je  passois  ce  matin  dans  la  rue  des  Tuilleries,  il  y  avoit  des 
groupes  de  pauvres  qui  tous  marchoient  vers  l'hôtel  de  Clermont- 
Tonnerre.  Je  les  suis  avec  inquiétude;  la  porte  s'ouvre;  j'entre  dans 
la  cour  et  j'y  vois  douze  cents  personnes.  —  J'interroge,  j'écoute  et 
voilà  ce  que  j'entends  dire  : 

((  L'un  dit  :  c'est  un  aristocrate  qui  veut  faire  une  révolution,  qui 
appelle  des  pauvres  chez  lui  pour  les  faire  périr  :  sa  cour  est  minée, 
elle  va  faire  sauter  et  tuer  tous  les  bons  citoyens.  Je  hausse  les 
épaules  et  je  parle  à  un  autre;  celui-ci  dit  :  c'est  un  aristocrate  qui 
veut  faire  une  contre-révolution;  il  nous  donne  du  pain,  et  c'est  avec 
un  million  qu'il  a  gagné  à  l'Assemblée  nationale.  —  Je  souris  et  je 
parle  à  un  autre. 

«  Celui-là  me  dit  :  Je  ne  sais  pas  ce  que  c'est;  on  a  répandu  dans 
toutes  les  sections  qu'il  falloit  que  tous  les  pauvres  vinssent  ici,  et 
j'y  viens;  je  n'en  sais  pas  davantage.  —  Je  réfléchis  et  je  passe  à  un 
autre. 

«...  Vous  voyez.  Monsieur,  que  nous  ne  dispns  rien  à  ces  honnêtes 
gens  qui  puisse  allarmer  le  patriotisme  :  vivre  libre  et  ne  troubler  pas 
l'ordre^  voilà  le  seul  conseil  que  la  Société  joigne  à  ses  actes  de  bien- 
faisance... » 


(1)  Arch.  Nat.,  D  XXIX'  ;J3,  n°  ;J39. 

(2)  Voir  l'affaire  do  la  Chapelle,  p.  200  et  suiv. 

(3)  Patriote  français,  w  536,  «lu  26  janvier  1791. 

(4)  Pourquoi  y  a-l-il  tant  de  monde  chez  M.  Clermont-Tonnerre  ?   Pièce  in-8" 
de  3  p.  (Bib.  Nat.,  Lb  39/4531.) 


204  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Par  contre,  les  Révolutions  de  Paris  (1)  accusaient  gravement  la 
Société,  dans  un  article  intitulé  : 

«  Le  Club  monarchique^  ressuscité  depuis  j 5  jours. 

«  Des  distributions  de  pain  et  d'argent  se  faisoient  dans  la  rue  des 
Vieilles  Tuileries.  On  demandoit  à  ceux  à  qui  on  en  donnoit  s'ils  étoient 
en  état  de  porter  les  armes.  On  charge  le  club  des  monarchistes  de 
toutes  ces  manœuvres,  et  avec  d'autant  plus  de  raison  qu'il  renou- 
velle ses  distributions  de  pain  à  un  sou  la  livre.  Le  sieur  Stanislas 
Clermont-Tonnerre,  président  de  la  Société,  a  déjà  fait  inscrire  dans 
ses  registres  plus  de  quinze  mille  pauvres,  auxquels  on  promet  des 
secours  pécuniaires,  en  les  endoctrinant  des  principes  aristocrati- 
ques (2).  Il  n'est  pas  jusqu'aux  femmes  qui  n'aient  semblé  vouloir 
prendre  part  aux  intrigues  contre-révolutionnaires  :  il  existe  une 
société  de  dévotes  qui  tient  en  réserve  plusieurs  millions  pour  fournir 
aux  frais  de  la  guerre  ». 

XXIII 

Le  peuple  de  Paris  voyait  dans  le  Club  monarchique  un  complot 
ministériel  et  aristocratique  permanent  contre  la  Constitution,  tout 
en  invoquant  la  Constitution  elle-même,  dont  le  roi  acceptait  au  fur 
et  à  mesure  les  dispositions  votées  par  l'Assemblée  nationale  (3). 

Le  27  janvier  1791,  la  multitude  attaqua,  pour  ainsi  dire,  l'hôtel  de 
Clermont-Tonnerre.  Une  lettre  du  sieur  Dufour,  secrétaire  de  la  mai- 
rie, annonça  le  départ  du  maire  pour  protéger  la  maison  et  la  per- 
sonne de  M.  de  Clermont-Tonnerre  (4).  Bailly  accourut  pour  empê- 
cher l'émeute.  Mais,  à  son  arrivée,  cette  troupe  était  dispersée. 

Le  lendemain,  Clermont-Tonnerre  remercia  l'Assemblée  nationale, 
des  précautions  qu'elle  avait  fait  prendre  pour  protéger  sa  maison. 

Les  dénonciations  se  multiplièrent  de  plus  l)elle. 

Dans  la  séance  du  vendredi  28  janvier  1791,  au  Club  des  Jacobins, 


(1)  Révolutions  de  Paris,  du  22  au  29  jauvior  1791. 

(2)  «  La  société  des  Amis  de  la  Conslitution  a  fait  un  serment,  le  jeudi  27  janvier, 
d'exclure  de  son  sein  tous  ceux  qui  seroient  reconnus  pour  être  membres  de  la 
société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique  ;  et  tous  les  membres  se  sont 
engagés  de  proposer  à  leurs  sections  de  renvoyer  de  la  garde  nationale  tous  ceux 
qui  seroient  reconnus  pour  être  monarchistes.  »  (Note  du  rédacteur.) 

(3)  La  Constitution  ne  fut  terminée  que  le  3  septembre  1791,  acceptée  par  lettre 
de  Louis  XVI  que  dix  jours  après. 

(4)  Minute,  Arch.  Nat.,  C54,  n-  535.  —  Lettre  datée  du  27  janvier  1791. 


CLUB  MONARCHIQUE  205 

«  plusieurs  personnes  témoignèrent  des  inquiétudes  sur  des  appa- 
rences qu'on  voudrait  enlever  le  roi;  un  membre  dit  que  le  Club  mo- 
narchique étoil  assemblé  aux  Jésuites,  rue  Saint-Antoine..»  Dans  la 
môme  séance  d'autres  dénonciations  se  succédèrent.  Une  délégation 
de  la  section  de  la  Bibliothèque  présenta  un  arrêté  portant  dénoncia- 
tion au  procureur  de  la  Commune  du  Club  monarchique.  Une  dépu- 
tation  de  la  section  des  Quatre-Nations,  et  une  autre,  de  la  Fontaine 
de  Grenelle,  dénoncèrent  le  Club.  Elles  ne  voyaient,  «  pour  les 
pauvres,  aucune  portion  venant  de  mains  aussi  impures.  » 

Selon  VOrateitr  du  peuple,  le  Club  monarchique  «  faisait  tout  ce 
qu'il  pouvait  pour  irriter  le  peuple.  Il  achetait  chez  les  boulangers  le 
pain  à  un  sol  la  pièce,  pour  le  distribuer  dans  la  capitale  et  payait 
en  cachets  où  étaient  gravés  trois  fleurs  de  lis  (1).  » 

Un  arrêté  de  la  section  des  Lombards,  apporté  par  une  délégation 
aux  Jacobins  le  samedi  29  janvier  1791,  était  motivé,  contre  le  Club 
monarchique,  sur  ce  que  ce  club,  «  prenant  seulement  et  exclusive- 
ment le  sens  de  la  constitution  au  mot  monarchique,  paroît  annon- 
cer qu'il  s'attache  uniquement  à  la  couronne,  sans  s'embarrasser 
de  la  nation  et  de  la  toi^  »  etc.,  etc. 

Le  29  janvier  1781,  d'après  la  dénonciation  de  Barnave  (2),  le  di- 
rectoire du  Club  monarchique  écrivit  la  lettre  suivante  au  président 
de  l'Assemblée  nationale  : 

«  Monsieur  le  président, 

«  Nous  avons  été  outragés  hier  dans  l'Assemblée  nationale;  nous 
demandons  à  y  être  entendus.  » 

«  Si  l'assemblée  eût  admis  le  directoire  à  la  barre,  il  auroit  dit  : 

«  Messieurs, 

«  Des  citoyens  paisibles  se  sont  réunis  aux  termes  de  la  loi  ;  les 
calomnies  les  plus  atroces  les  ont  poursuivis.  Hier,  M.  Barnave  nous 
a  dénoncés  comme  une  collection  d'ennemis  de  la  constitution,  et  le 
comité  des  recherches  a  été  cité  dans  la  tribune  comme  devant  vous 
Caire  incessamment  une  dénonciation  nominative  de  ceux  qu'il  ap- 
pelle les  chefs  et  les  principaux  membres  de  cette  société. 

«  Tant  que  les  pei'sécutions  dirigées  contre  les  amis  de  la  constitu- 
tion monarchique  se  sont  manifestées  hors  de  l'Assemblée  nationale, 
nous  n'avons  pas  cru  devoir  nous  présenter  devant  le  corps  législatif, 


(1)  L'Orateur  du  Peuple,  t.  IV,   p.  64. 
(2j  A  l'Assciublûo  nationale. 


206  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

ni  solliciter  une  protection  que  la  constitution  que  nous  avons  juré 
de  défendre  doit  à  tous  les  citoyens.  Nous  avons  paru  devant  les  ma- 
gistrats, nous  leur  avons  rendu  compte  de  noire  conduite,  de  nos 
principes,  et  de  ces  aumônes  tant  exagérées  par  la  perversité  qui 
leur  impute  son  caractère  :  nous  avons  obtenu  des  magistrats  la  jus- 
tice qu'ils  nous  dévoient;  et  quoiqu'elle  ne  nous  ait  pas  préservés 
d'une  nouvelle  attaque,  nous  n'accusons  pas  son  impuissance.  Mais 
un  membre  de  l'Assemblée  nationale  se  fait  notre  accusateur;  le  co- 
niité  des  recherches  est  annoncé  comme  devant  appuyer  cette  accu- 
sation. Et  nous,  messieurs,  nous  venons  vous  dénoncer  la  dénoncia- 
tion calomnieuse  de  M.  Barnave,  et  demander  pour  lui  et  pour  nous 
un  tribunal  qui  nous  juge,  et  nous  invoquons  tout  le  zèle  de  votre 
comité  des  recherches  pour  éclairer  la  procédure. 

«  DuBERGiER,  président.  » 

L'Assemblée  nationale  passa  à  l'ordre  du  jour.  «  Elle  est  trop  juste 
pour  refuser  d'entendre  des  hommes  qu'elle  regarderoit  comme  accu- 
sés; elle  a  donc  prouvé  par  sa  décision  le  peu  de  cas  qu'elle  fait  de 
la  dénonciation  de  M.  Barnave  (1).  »  Malgré  les  réclamations  de  Ma- 
louet  et  de  Clermont-Tonnerre,  l'ordre  du  jour  fut  voté  (2).  Le  28  jan- 
vier, Clermont-Tonnerre  voulut  rendre  compte  de  ce  qui  lui  était 
arrivé  ;  mais  l'Assemblée  passa  encore  à  l'ordre  du  jour. 

Quoi  que  fit  le  Club  monarchique  pour  obtenir  une  sauvegarde  de 
la  part  des  députés,  la  majorité  ne  voulait  pas  le  soutenir.  Leur  der- 
nier vote  exaspéra  les  monarchistes,  partisans,  membres  ou  non  du 
club. 

Malouet  prit  la  plume  et  fut  très  véhément  contre  Barnave  et  ses 
amis. 

A  la  iîn  de  janvier  1791  parut  une  Réponse  de  M.  Malouet  à  la  dé- 
nonciation du  Club  de  la  Constitution  monarchique  '})ar  M.  Barnave. 

«  J'avois  vu  des  crimes  impunis,  des  hommes  avides  de  pouvoir, 
s'élever  par  toutes  sortes  d'intrigues;  j'ai  connu  des  princes  despotes, 
des  ministres  absolus;  mais  la  tyrannie  dans  toute  son  audace  je  ne 
la  connoissois  pas;  et  je  ne  conçois  pas  qu'il  y  ait  des  hommes  assez 
vils  pour  fléchir  devant  la  tyrannie  qui  se  masque  du  nom  de  patrio- 
tisme. Ah!  si  c'est  un  droit  sacré  que  celui  de  résister  à  l'oppression, 
que  tous  les  hommes  généreux  brisent  comme  moi  le  joug  qu'on  leur 

(1)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarrhicjue,  t.  I,  n"  7, 
p.  31,  32  et  33. 

(2)  Moniteur  universel,  du  21>  janvier  1791. 


CLUB  MONARCHIQUE  207 

impose;  car  ce  n'est  pas  le  joug  des  loix,  c'est  celui  des  tyrans,  des 
factieux  que  je  ne  subirai  jamais. 

«  Je  ne  sais  si  le  tumulte  des  camps  et  le  bruit  des  armes  présen- 
tèrent jamais  |àlus  d'alimens  à  la  discorde  que  ces  scènes  affreuses, 
où  les  représentans  du  peuple,  unissant  leurs  cris  et  leurs  applaudis- 
semens  à  ceux  des  spectateurs,  accueillent  avec  des  transports  de 
joie,  quoi?  un  acte  d'humanité,  de  justice  et  de  bienfaisance?  non  : 
des  paroles  de  sang,  des  calomnies  et  des  outrages  à  ceux  qu'on  op- 
prime î 

«  Vous  Voilà  donc,  François,  obligés  de  vous  affilier  tous  au  club 
des  Jacobins,  sous  peine  d'être  traités  en  ennemis  de  la  constitution. 
Et  vous,  membres  de  la  société  monarchique,  qui  avez  osé  rivaliser 
avec  le  club  dominateur,  et  qui,  déjà  chassés  d'un  quartier  dans  un 
autre,  interdits  par  la  municipalité,  n'avez  obtenu  votre  réhabilita- 
tion qu'en  vous  soumettant  humblement  au  plus  rigoureux  examen, 
vous  voilà  dénoncés  par  M.  Barnave  comme  des  hommes  perfides, 
insidieux,  dish^ibuant  m i.r  pauvres  lui  pain  empoisonné. 

«  Si  huit  ou  neuf  cents  citoyens,  du  nombre  desquels  j'ai  l'honneur 
d'être,  ainsi  traités  à  la  grande  satisfaction  des  tribunes  et  de  la  ma- 
jorité de  l'Assemblée  nationale,  n'obtiennent  pas  la  réparation  de 
cette  injure,  M.  Barnave  me  permettra  de  lui  demander  ce  qu'il  ap- 
pelle la  constitution,  l'heureuse  révolution,  et  surtout  la  liberté. 

«  Il  étoit  de  droit,  ou  du  moins  d'usage,  que  je  n'eusse  pas  le  droit 
de  lui  répliquer;  mais  il  seroit  plus  difficile  de  m'empêcher  de  dire  à 
toute  la  France  que  si  la  nation  ne  peut  former  qu'un  seul  club,  sous 
la  présidence  de  M.  Barnave,  en  conséquence  des  droits  de  l'homme, 
je  demande  à  n'être  pas  de  ce  club;  si,  au  contraire,  il  est  permis  à  la 
nation  d'en  former  deux,  je  suis  de  l'autre;  et  malgré  la  dénonciation 
et  le  comité  des  recherches,  que  je  n'aime  point,  mais  que  je  ne 
crains  pas  davantage,  j'assisterai  à  ce  club  monarchique  plus  assi- 
duement  que  par  le  passé,  si  on  ne  nous  interdit  pas  le  feu  et 
l'eau. 

«  Je  ne  sais  ce  que  signifie  cette  histoire  de  pain  distribué  aux 
pauvres,  dont  on  a  fait  tant  de  bruit  :  s'il  en  a  été  question  dans  une 
séance  publique,  je  n'y  étois  point;  si  ce  sont  les  commissaires  de  la 
Société  qui  ont  fait  l'aumône  en  son  nom,  je  ne  suis  pas  du  nombre 
des  commissaires;  mais  comme  je  connois  parfaitement  leur  honnê- 
teté, et  l'esprit  de  la  Société,  et  sa  très  modique  recette,  je  déclare 
que  c'est  une  horrible  imposture  que  de  soutenir  que  la  Société  ait 
fait  distribuer  du  pain  à  des  milliers  d'ouvriers  :  on  en  porte  le  nom- 
bre à  trente  mille. 


208  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  Dans  quel  malheureux  tems  vivons-nous  donc,  si,  pour  distribuer, 
de  l'aveu  même  de  la  police,  le  plus  faible  secours  aux  misérables, 
on  est  dénoncé  au  peuple  comme  son  ennemi? 

«  Et  que  prétendez-vous,  messieurs,  en  multipliant  a^nsi,  dans  toute 
la  France,  la  haine,  les  soupçons  et  les  ressentimens?  Voulez-vous 
vous  faire  aimer  et  vous  faire  craindre?  Je  réponds  que  si  tout  le 
monde  est  de  mon  avis,  vous  n'obtiendrez  ni  l'un  ni  l'autre.  La  na- 
tion ne  peut  être  encore  longtemps  abusée.  Pendant  qu'on  lui  vante 
la  douceur  de  nos  loix,  ses  mœurs  deviennent  sensiblement  atroces  ; 
les  prisons  se  remplissent;  les  victimes  sont  entassées  dans  les  ca- 
chots; on  brûle,  on  massacre,  on  intercepte  les  lettres;  d'infâmes 
écrivains  ont  toujours  la  hache  levée,  et  professent  hautement  la 
doctrine  des  cannibales;  ils  sont  tolérés,  protégés;  les  injures,  les 
calomnies  sont  impunies.  On  ose  dire  dans  l'Assemblée  que  cette  cou- 
pable licence  est  utile  à  la  révolution.  Enfin,  pour  mettre  le  comble 
à  tant  de  violences  et  d'absurdité  politiques,  après  avoir  favorisé 
tous  les  désordres  et  tourmenté  toutes  les  classes  de  citoyens,  il  suffit 
aujourd'hui  d'être  attaché  à  la  constitution  monarchique  pour  deve- 
nir un  objet  de  scandale  et  être  dénoncé  dans  la  tribune  de  l'Assem- 
blée nationale. 

«  On  se  sert,  a  dit  M.  Barnave,  de  ce  que  les  hommes  ont  de  plus 
sacré  pour  soulever  les  esprits;  c'est  au  nom  de  la  reUgion  que 
nous  chérissons  tous;  c'est  en  invoquant  les  droits  de  la  propriété 
que  nous  respectons,  et  l'attachement  à  la  monarchie  qui  est  dans  le 
cœur  de  tous  les  François,  qu'on  alarme  les  citoyens,  et  que  les 
ennemis  du  bien  public  ourdissent  leurs  coupables  trames  d'un  bout 
du  royaume  à  l'autre. —  Une  Société  de  prétendus  amis  de  la  consti- 
tution monarchique  ose,  dans  le  sein  de  la  révolution,  au  milieu  de 
la  capitale,  s'élever  contre  la  constitution  même,  et  distribuer  au 
peuple  un  pain  empoisonné...  » 

«  Je  réponds  à  M.  Barnave  que  je  suppose  aux  loix  nouvelles  les 

meilleures  intentions;  je  ne  leur  impute  aucun  tort,  sans  me  charger 

"toutefois  de  leur  apologie;  mais  je  ne  sais  ce  qu'elles  commandent  et 

ce  qu'elles  sont  devenues  :  je  ne  vois  nulle  part  l'action  des  loix,  je 

vois  celle  d'un  ouragan  dévasteur. 

«  La  loi  commande  de  nouvelles  formes  pour  la  discipline  ecclé- 
siastique, mais  elle  ne  commande  pas  la  fureur  de  la  sédition  dans 
les  églises;  elle  ne  commande  pas  à  des  hommes  féroces  de  menacer 
leurs  pasteurs  de  la  potence,  de  les  arracher  de  l'autel  s'ils  ne  prêtent 
pas  le  serment.  Ainsi  tel  homme  honnête  qui,  dans  là  paix  et  la  liberté 
de  sa  conscience  même,  crut  pouvoir  se  soumettre  à  la  loi  nouvelle. 


CLUB  MONARCHIQUE  2Ôâ 

repousse  avec  indignation  les  violences  qui  s'exercent  en  son  nom. 
«  C'est  donc  au  nom  sacré  de  la  loi  que  des  brigands,  d'un  bout 
du  royaume  à  Tautre,  commettent  d'épouvantables  excès  contre  la 
religion  et  ses  ministres. 

«  Saiis  doute  il  étoit  permis  aux  ecclésiastiques  et  aux  nobles  dé- 
pouillés d'invoquer  eu  leur  faveur  ce  qui  avoit  été  considéré  jusqu'à 
présent  comme  droit  de  propriété.  La  nouvelle  loi,  par  des  définitions 
plus  sévères,  a  circonscrit  et  limité  tous  les  droits  anciens;  et  si  les 
parties  intéressées  ont  fait  entendre  leurs  réclamations,  on  n'a  vu 
nulle  part  ni  résistance  active,  ni  projet  de  résistance;  les  délations, 
les  accusations  se  sont  multipliées;  la  plus  détestable  inquisition 
.  s'est  exercée  contre  les  nobles  et  contre  les  prêtres,  et  on  n'a  pu  encore 
en  faire  pendre  qu'un  seul  par  la  main  du  bourreau.  Mais  combien 
de  massacres  et  d'incendies  désolent  encore  ce  malheureux  royaume  ! 
—  Il  est  donc  permis  d'invoquer  le  respect  dû  à  la  propriété,  sans 
offenser  la  nouvelle  loi,  qui  n'assure  encore  à  personne  ni  la  liberté, 
ni  la  propriété,  ni  la  sûreté  individuelle;  et  lorsqu'on  prostitue  le 
titre  de  patriotes  à  des  brigands,  il  est  naturel  que  les  honnêtes 
gens  aient  horreur  d'un  tel  patriotisme. 

«  Vous  dites  que  les  François  sont  attachés  à  la  monarchie;  je  le 
crois  comme  vous;  mais  c'est  par  cette  raison  qu'il  est  tems  d'en 
sauver  les  débris.  Et  lorsque  vous  appeliez  ceux  qui  se  disent  amis 
de  la  constitution  monarchique  des  hommes  perfides,  insidieux,  qui 
empoisonnent  le  peuple,  il  faut  que  vous  prouviez  cette  assertion, 
ou  bien  il  nous  sera  facile  d'en  prouver  l'intention.  La  voici. 

«  Le  Club  des  Jacobins  prépare  tous  les  décrets  et  gouverne  toute  la 
France  par  ses  correspondans.  —  Il  n'est  pas  de  grande  ni  de  petite 
ville  où  cette  Société  n'exerce  la  plus  odieuse  aristocratie;  car  le 
peuple,  qui  ne  connoit  pas  le  sens  de  ce  mot,  doit  apprendre  qu'il 
n'y  eut  jamais  d'autres  aristocrates  que  ceux  qui  se  réunissent  et  se 
coalisent  pour  disposer  de  toute  l'autorité,  de  toutes  les  élections,  de 
toutes  les  places  et  des  fonctions  publiques.  Or,  il  me  semble  que 
grammatiquement  et  politiquement,  c'est  bien  là  le  signalement  des 
Jacobins.  —  Indépendamment  de  cette  influence  fédérative,  celle  sur 
l'opinion  publique  s'exerce  par  les  écrivains,  les  pamphlets,  les  jour- 
naux affiliés,  les  dénonciations  en  titre  d'office.  Cependant  vous 
savez  qu'upe  très  grande  partie  de  la  nation  se  lasse  de  votre  joug, 
et  que  vous  ne  pouvez  le  perpétuer  qu'en  lui  montrant  toujours 
l'épouvantail  d'une  contre  révolution  et  en  vous  présentant  toujours 
'  comme  des  sentinelles  vigilans  {sic)  qui  avertissent  des  approches  de 
l'ennemi. 

14 


210  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  Si,  dans  de  telles  circonstances,  tous  les  bons  citoyens  pouvoient 
convenir  enlr  eux  de  leur  respect  mutuel  pour  les  loix,  de  leur  amour 
pour  la  liberté,  de  leur  horreur  pour  le  crime  et  la  licence,  de  leur 
attachement  à  la  constitution  monarchique,  dès  lors  votre  aristo- 
cratie et  le  vernis  de  patriotisme  qui  la  couvre  sont  en  grand  danger. 
—  Mais  votre  dénonciation,  et  le  triomphe  momentané  qu'elle  a 
obtenu,  ne  vous  en  préserveront  pas,  car  vous  voilà  forcés  ou  de 
prouver  légalement  votre  accusation,  ou  de  nous  détruire  par  la 
force,  si  nous  avons  la  faiblesse  de  nous  laisser  attaquer  sans  nous 
défendre.  —  Si  vous  ne  voulez  pas  prouver,  nous  prouverons;  si  l'on 
nous  attaque,  j'espère  que  nous  userons  des  droits  de  l'homme.  — 
Dans  les  deux  cas,  la  France  entière  sera  bien  avertie  des  vues  paci- 
fiques, patriotiques  et  monarchiques  de  votre  dénonciation.  —  Voilà 
donc  une  imprudence,  une  impéritie  politique  qui  contrarie  tous  les 
principes  de  la  théorie  d'une  révolution  :  car  il  ne  faut  jamais  faire 
un  pas  en  avant  qui  en  nécessite  deux  en  arrière.  —  Cromwell  ne  se 
laissoit  point  ainsi  entraîner  aux  applaudissemens  des  tribunes.  Il 
n'attaqua  les  monarchistes  qu'après  avoir  fait  décréter  par  son  par- 
lement que  la  Grande-Bretagne  se  constituoit  en  république.  —  Il 
falloit  donc  attendre  le  succès  de  la  doctrine  de  M.  Robert  (1),  qui 
nous  prouve  invinciblement  que  la  France  est  destinée,  par  sa  nature, 
à  former  une  république. 

«Je  ne  sais,  dans  cette  grande  contestation,  quel  parti  vont  prendre 
les  brigades  du  Palais-Royal  ;  quelles  évolutions  leur  seront  comman- 
dées contre  notre  société  dispersée.  Mais  mon  avis  est  que  sa  pre- 
mière démarche  soit  de  paroitre  à  la  barre  de  l'Assemblée  nationale, 
et  de  demander  la  permission  d'y  exposer  ses  principes  et  de  les  faire 
juger,  sauf  à  poursuivre  ensuite  M.  Barnave,  pour  réparation  de  l'in- 
jure qu'il  lui  a  faite. 

«  Mon  avis  est  que  la  Société  continue  à  s'assembler,  même  sans 
l'agrément  de  M.  Barnave;  et  que  l'on  publie  dans  tout  le  royaume 
la  tyrannie  qu'on  exerce  dans  la  capitale  contre  des  citoyens  paisi- 
bles qui  professent  leur  attachement  à  la  constitution  monarchique 
décrétée  par  l'assemblée  nationale  et  journellement  attaquée  par  des 
factieux  (2).  » 

La  violence  de  Malouet,  son  appel  au  royaume  pour  combattre  la 
tyrannie  dans  la  capitale,  ne  firent  qu'augmenter  le   noml)re  des 


(1)  Voir  plus  haut,  p.  174. 

(2)  En  raison  de  l'ardeur  avec  laquelle  Malouet  défendait  les  principes  du  Club 
monarchique,  ou  donnait  aussi  ;ï  cette  société  le  nom  de  «  Club  Malouetiste.  » 


CLUB  MONARGHIQnE  211 

membres  des  Jacobins  et  des  Cordeliers,  que  décupler  les  haines 
contre  les  Amis  de  la  Constitution  monar claque.  Mais  le  club  renchérit 
sur  les  avis  de  Malouet,  et  il  voulut  résister  aux  «  factieux  »,  en 
appeler  aux  «  bons  citoyens  »,  défier  les  «  infâmes  écrivains  »,  déli- 
bérer malgré  Barnave,  tenir  tête  aux  Jacobins  «  préparant  tous  les 
décrets  et  gouvernant  la  France  par  ses  correspondans.  » 

Le  directoire  du  Club  monarchique  écrivit  à  ses  adhérents  : 

«  Paris,  le  1""  février  1791. 
«  Messieurs, 

«  Votre  directoire,  indigné  comme  vous  des  manœuvres  aussi 
lâches  qu'infâmes  que  Ton  multiplie  pour  vous  empêcher  de  vous 
rassembler,  s'occupe  des  moyens  de  vous  procurer  un  local  dont  la 
loi,  qui  autorise  vos  séances,  nous  assure  également  la  possession. 

«  Il  doit  en  même  tems  réunir  tous  ses  efforts  pour  éclairer  sur  les 
principes  de  votre  Société  l'opinion  publique,  que  des  hommes  mé- 
dians égarent,  parce  qu'ils  connoissent  trop  la  pureté  de  votre 
patriotisme  pour  ne  pas  le  redouter,  mais  qui  ne  sauroit  longtems 
errer,  parce  que  le  peuple  distingue  à  la  fin  ses  vrais  amis  à  des 
signes  certains,  l'amour  de  la  paix  et  de  l'union. 

M  II  doit  surtout  mettre  en  garde  les  bons  citoyens  contre  l'art 
insidieux  avec  lequel  les  chefs  des  Jacobins  cherchent  à  confondre 
leur  cause  et  celle  de  la  révolution,  comme  si  la  révolution  avoit 
besoin  d'eux  et  de  leurs  calomnies;  comme  si  les  délateurs  qu'ils 
encouragent  et  les  haines  qu'ils  fomentent  étoient  bien  propres  à 
cimenter  cette  douce  fraternité  qui  devroit  unir  tous  les  François  ! 

«  Mais  laissons  à  nos  ennemis  les  armes  qu'ils  savent  si  bien  em- 
ployer; laissons-les  semer  le  mensonge  et  l'esprit  de  discorde,  et  ne 
leur  opposons  jamais  que  l'égide  de  la  loi  et  le  miroir  de  la  vérité, 

«  Déjà  une  proclamation  de  la  municipalité,  en  date  du  27  janvier, 
justifie  le  démenti  formel  que  nous  avons  donné  aux  assertions 
calomnieuses  contenues  dans  la  lettre  des  soi-disant  amis  de  la 
constitution,  en  date  du  24  janvier. 

«  Nous  espérons  que  la  loi  nous  vengera  bientôt  également  des 
imputations  fausses,  des  dénonciations  absurdes  qu'on  s'est  per- 
mises contre  nous  dans  quelques  sections,  et  dont  nous  poursuivrons 
les  signataires  devant  les  tribunaux. 

«  Nous  mettrons  tout  en  œuvre  pour  présenter  la  vérité  dans  son 
jour  le  plus  éclatant,  et  faire  triompher  le  véritable  patriotisme, 
celui  qui,  loin  de  fomenter  les  troubles,  ne  veille  que  pour  les  calmer 
ou  les  prévenir. 


212    -  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  Si  des  hommes  pervers  cherchent  à  exciter  de  tous  côtés  des 
émeutes,  auxquelles  il  leur  imporleroit  de  vous  faire  servir  de  pré- 
texte ou  d'instrument,  nous  nous  efforcerons  de  les  démasquer  et  de 
déjouer  leurs  projets  désastreux. 

«  Tels  sont  les  devoirs  que  nous  imposent,  et  l'esprit  qui  nous 
anime,  et  le  choix  dont  vous  nous  avez  honorés,  et  le  désir  de  bien 
mériter  de  la  patrie. 

«  Nous  avons  l'honneur  d'être,  etc. 

«  DuBERGiER,  Président;  Armand,  Cormier,  Hautefort,  de  Rossy, 
Dagieu,  Stanislas  Clermont-Tonnerre,  membres  du  Direc- 
toire (1).  » 

Il  résulte  de  cette  lettre  que  le  directoire  du  Club  cherchait  encore 
un  local. 

Le  même  jour,  les  monarchistes  s'adressèrent  au  procureur-syndic 
de  la  Commune  : 

«  Paris,  le  1"  février  1791. 

«  Lettre  à  M.  le  'procureur-syndic  de  la  Commune. 

«  Monsieur,  "  ' 

«  Les  citoyens,  soussignés,  informés  que,  sur  les  dénonciations  ca- 
lomnieuses qui  ont  été  dirigées  contre  la  Société  des  Amis  de  la  Cons- 
titution monarchique,  dénonciations  dont  elle  se  réserve  de  pour- 
suivre légalement  les  auteurs,  le  corps  municipal  vous  auroit  chargé 
de  prendre,  à  ce  sujet,  tous  les  renseignemens  convenables,  s'adres- 
sent directement  à  vous,  monsieur,  pour  obtenir  la  confirmation  ou 
la  dénégation  de  ce  fait. 

«  Dans  le  cas  où  cet  arrêté  auroit  été  pris,  nous  vous  déclarons, 
monsieur,  que  fidelle  à  son  principe  de  modération  constante,  sûre 
de  la  pureté  de  ses  vues  et  de  l'innocence  de  ses  démarches,  la  Société-, 
à  qui  personne  ne  peut  ôter  le  droit  de  se  réunir,  veut  bien  suspen- 
dre elle-même  et  spontanément  ses  séances,  jusqu'à  ce  que  votre 
rapport  ait  éclairci  tous  les  doutes  et  provoqué  une  décision  tellement 
notoire,  que  les  hommes  trompés  nous  connoissent,  et  que  les  impos- 
teurs se  taisent. 

«  Nous  nous  flattons,  monsieur,  que  par  cette  preuve  nouvelle  et 
volontaire  de  notre  amour  pour  la  paix,  nous  écarterons  de  nous 
tout  soupçon,  nous  démontrerons  jusqu'à  l'évidence  que  nous  ne 

(1)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  t.  I,  n»  8, 
du  5  février  1791. 


CLUB  MONARCHIQUE  213 

voulons  être  ni  la  cause,  ni  le  prétexte,  ni  l'instrument  d'un  trouble 
quelconque.  Pendant  que  votre  sagesse  examinera  de  nouveau  les 
principes  et  les  démarches  d'une  Société  à  laquelle  le  corps  municipal 
à  déjà  rendu  justice,  pendant  que  vous  apprécierez  les  délations  de 
cette  autre  Société  que  le  corps  municipal  a  déjà  déclarée  calomnia- 
trice, nous  parlerons  à  l'opinion  publique,  nous  lui  dirons  la  vérité, 
toute  la  vérité,  et  rien  que  la  vérité. 

«  Nous  vous  déclarons  encore  que,  sur  les  refus  de  quelques  sec- 
tions, auxquelles  nous  avions  envoyé  des  fonds  destinés  à  des  au- 
mônes, refus  dont  quelques-uns  ont  été  accompagnés  de  circons- 
tances ou  d'expressions  outrageantes,  si  le  délire  pouvoit  outrager, 
nous  avons  offert  ces  mêmes  fonds  à  la  Société  philanthropique;  et 
que  si  cette  Société  ne  pouvoit  accepter  le  poids  de  cette  distribution, 
nous  suspendrons  toutes  distributions  jusqu'à  la  reprise  de  nog 
séances,  et  que  nous  rendrons  cettç  lettre  publique ,  ainsi  que  toutes 
nos  démarches  ultérieures. 

«  Nous  sommes,  etc.  » 

En  vain  les  Amis  de  la  Constitution  monarchique  affirmaient  qu'ils 
avaient  le  «  désir  de  bien  mériter  de  la  patrie.  » 

Dans  une  lettre,  du  31  janvier  1791,  la  Société  des  Jacobfns,  après 
l'affaire  de  La  Chapelle  (24  du  même  mois),  disait  : 

«  Le  club  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  dont  les  prin- 
cipes seront  toujours  suspects  à  quiconque  ne  croit  pas  que  l'attache- 
ment à  la  constitution  puisse  admettre  des  modifications  et  des 
réserves,  et  qui  a  donné  lieu  d'attaquer  sa  conduite  par  un  mode  de 
distribution  qu'il  lui  est  impossible  de  justifier,  âvoit  excité  des  in- 
quiétudes. L'opinion  publique,  éclairée,  a  suffi  pour  les  dissiper. 

a  Dénoncé  à  l'Assemblçe  nationale,  dénoncé  par  presque  toutes  les 
sections  de  Paris,  ce  club  est  connu  et  surveillé,  et,  dès  lors,  il  a 
perdu  toute  son  importance...  (1)  » 

.  Jamais,  jusqu'alors,  une  accusation  aussi  grave  que  celle  dont  les 
événements  de  La  Chapelle  étaient. la  cause  n'avait  été  portée  contre 
le  Club  monarchique.  Non  seulement,  pensait-on,  il  se  -créait  des 
adhérents  en  distribuant  du  pain;  mais  il  cherchait  à'  irriter  le  peu- 
ple, pour  profiter  des  excès  qui  pourraient  être  commis. 


(1)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  t.  II,  ir  10, 
(lu  samedi  19  février  1791. 


214  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 


XXIV 

Dans  plusieurs  départements,  comme  à  Paris,  certaines  sections 
manifestèrent  en  faveur  des  Jacobins  et  de  leurs  principes.  Qu'il  nous 
suffise  de  citer  quelques  exemples  entre  beaucoup  d'autres,  prouvant 
l'acuité  des  reproches  adressés  au  Club  monarchique,  et  combien  les 
diverses  dénonciations  faites  par  les  sections,  ou  les  sociétés  pa- 
triotiques, ou  les  journalistes  avancés,  rendaient  difficile  la  situation 
des  monarchistes,  et  de  leur  seul  club  soutenant  la  suprématie 
royale. 

La  Société  des  amis  de  la  constitution  de  Morlaix,  «  justement  indi- 
gnée de  la  création  d'un  club,  se  disant  monarchique,  qui  a  osé 
insulter  au  civisme  de  celui  des  Jacobins,  s'est  portée,  dans  sa  séance 
du  28  janvier  1791,  «  à  prêter  le  serment  solennel  de  défendre,  au 
péril  de  sa  fortune  et  de  son  sang,  tous  et  chacun  de  ses  membres, 
affiliés  au  club  des  Jacobins,  qui  se  dévoueroient  à  dénoncer  tous  les 
traîtres  à  la  patrie  et  autres  ennemis  de  la  constitution...  » 

Le  4  février,  une  députation  de  la  Société  des  Jeunes  amis  de  la  Li- 
berté, établie  rue  du  Bac,  prononça,  aux  Jacobins,  un  discours  dont 
ceux-ci  ordonnèrent  l'impression.  Dans  ce  discours,  elle  déclarait  se 
réunir  aux  Amis  de  la  Constitution  pour  déjouer  les  projets  impies 
des  faux  patriotes,  «  combattant  pour  le  despotisme,  sous  l'égide  de 
la  liberté  »,  voulant  «  ressusciter  parmi  nous  l'aristocratie  aulique  », 
d'une  Société  w  se  faisant  gloire  de  rendre  le  despotisme  l'objet  de  son 
culte  religieux  (1).  » 

Dans  la  séance  du  11  février,  au  club  des  Jacobins,  un  député  du 
club  de  Colmar  dénonça  le  Club  monarchique  comme  «  envoyant  à 
Strasbourg  des  feuilles  et  écrits  incendiaires,  sans  doute  pour  fomen- 
ter une  contre-révolution  (2).  » 

De  divers  côtés,  les  patriotes  faisaient  des  manifestations,  et  s'éton- 
naient de  la  longanimité  avec  laquelle  la  municipalité  en  agissait  vis- 
à-vis  de  tels  fauteurs  de  troubles. 

Alors,  à  Paris,  on  s'empressa  de  refuser  les  offres  d'argent  faites 
par  Clermont-Tonnerre  et  ses  partisans  (3).  Dès  le  26  janvier  1791,  une 

(1)  Paris,  1791,  in-8°  de  7  p. 

(2)  Le  Lendemain,  journal  contre-révolutionnaire,  anonyme.  Il  parut  le  10  oc- 
tobre 1790,  et  cessa  sa  publication  le  lendemain  de  la  fuite  du  roi  à  Varennes. 
(N"  du  14  février  1791.) 

(3)  Voir  plus  haut,  p.  176. 


CLUB  MONARCHIQUE  215 

déclaration  de  la  section  de  la  Croix- Rouge  porta  «  que  M.  de  Gler- 
mont-Tonnerre  ne  lui  avait  remis  aucune  somme  d'argent  pour  être 
distribuée  à  titre  de  secours  aux  indigents  qui  se  pressaient  autour 
de  son  hôtel  (1).  »  Le  31  janvier,  la  section  des  Quatre-Nations  refusa, 
en  assemblée  générale,  «  la  subvention  offerte  par  le  Club  monarchi- 
que. »  Le  3  février,  une  députation  de  la  section  du  Luxembourg  aux 
Jacobins  exprima  son  mépris  pour  une  offrande  «  faite  par  les  sup- 
pôts de  l'esclavage  »,  laquelle  ne  pouvait  «  convenir  à  des  hommes 
libres.  »  Elle  annonça  une  contribution  volontaire  de  la  section,  plus 
forte  que  la  somme  proposée.  Le  7  février,  la  section  de  Notre-Dame 
ou  de  l'Ile  refusa  la  somme  offerte  par  les  monarchistes.  Le  22  février, 
l'assemblée  générale  de  la  section  de  la  Croix-Rouge  agit  de  même. 
Voici,  d'ailleurs,  un 

«  Extrait  du  registre  des  délibérations  de  l'assemblée  générale 
de  la  section  du  Luxembourg. 

«  L'assemblée,  instruite  par  son  Comité  de  l'envoi  fait  par  la  Société 
des  Amis  de  la  Constitution  monarchique  d'une  somme  de  1027  livres 
3  sous  6  deniers,  avec  une  liste  de  nécessiteux  auxquels  cette  somme 
était  destinée;  considérant  quelles  peuvent  être  les  causes  et  quels 
seraient  les  effets  de  cette  fastueuse  bienfaisance,  a,  par  un  mouve- 
ment unanime,  refusé  d'y  prendre  aucune  part,  et  a  chargé  son  Co- 
mité, formé  de  citoyens  qui  ont  toute  son  estime  et  toute  sa  confiance, 
de  renvoyer  promptement  à  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution 
monarchique  ;  la  somme  qui  lui  a  été  remise  :  a  arrêté  en  outre  que 
la  présente  délibération  serait  imprimée,  affichée,  envoyée  à  la  mu- 
nicipalité et  à  toutes  les  sections.  Lablée,  président;  Lebois,  secré- 
taire. 

«  Pour  extrait  conforme  à  l'original,  Lebois. 

«  N.  B.  —  La  section  du  Théâtre  Français  a  pris  la  même  délibéra- 
tion (2).  » 

Le  Courrier  de  Gorsas  assurait  que  le  Club  monarchique  «  avait  of- 
fert son  offrande  à  deux  ou  trois  sociétés  philanthropiques,  qui 
l'avaient  refusée  (3).  » 

Gorsas  remarquait,  en  outre  : 

«  La  section  du  Luxembourg,  en  rejettant  l'offre  de  M.  de  Cler- 


(1)  Extrait  conforme,  Arch.  Nat.,  D  XXIX"  33,  n"  339. 

(2)  Moniteur  universel,  du  7  février  1791. 

(3)  Courrier  de  Gorsas,  u"  IX,  du  9  février  1791. 


216  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

mont-Tônnerre,  a  gardé  sa  liste.  Elle  a  fait  constater  par  des  com- 
missaires l'état  de  détresse  de  ceux  qui  y  étoient  portés,  et  de  cette 
vérification  est  résulté,  qu'en  général,  tous  les  inscrits  étoient  forts, 
vigoureux  et  en  état  de  travailler.  Il  eût  été  beau  à  M.  de  Clermont 
que  cette  liste. fût  composée  de  boiteux,  de  culs- de-jattes,  de  man- 
chots, d'aveugles.  Comme  cela  auroit  déjoué  les  intentions  qu'on  lui 
prête  (1)!  » 

Le  Patriote  français  avait  imprimé  : 

«  Le  Club  monarchique  paroît  dissous  pour  la  seconde  fois.  Avant 
de  se  dissoudre,  son  président  a  remis  au  comité  d'une  section  envi- 
ron 12,000  livres,  qui  lui  restoient  pour  actes  de  bienfaisance.  Cette 
somme  mesquine  est  un  peu  éloignée  de  sept  millions  qu'on  suppo- 
soit  dans  la  caverne  de  cette. Société  ténébreuse  (2J.  » 

On  revint  sur  la  lettre  du  24  janvier  (3),  que  nous  avons  citée  en 
même  temps  que  la  réponse  des  monarchistes. 
Corsas  écrivit  : 

«  Le  directoire  du  Club  monarchique  a  tenté  auprès  des  six  tribu- 
naux de  Paris  d'exercer  des  poursuites  contre  les  amis  de  la  consti- 
tution, à  raison  de  leur  lettre  du  24.  Les  six  tribunaux  ont  fort  mal 
accueilli  les  honorables  députés  dans  les  formes,  et  ils  les  ont  renvoyés 
à  se  pourvoir  au  fond  auprès  de  la  municipalité. 

«  Le  club  monarchique  a  envoyé  aux  sections  du  Luxembourg  et 
de  la  Fontaine  de  Grenelle,  des  Quatre-Nations,  etc.,  des  sommes 
plus  ou  moins  considérables  pour  être  distribuées  aux  pauvres,  sur 
les  cartes  et  mandats  de  ces  Messieurs.  {Refus  partout.)  L'une  de  ces 
sections  a  répondu  que  cet  argent  étoit. maudit  comme  les  30  deniers 
que  Judas  avoit  reçus- des  Pharisiens.  En  général,  ces  sedtions  se  sont 
cottisées  [sic)  pour  remplir  les  sommes  projettées  {sic),  et,  si  les  pau- 
vres sont  secourus,  ce  sera  du  denier  du  juste  (4).  » 

En  cette  circonstance,  la  presse  patriote  approuva  la  conduite  de 
la  municipalité  et  des  sections. 

On  lut,  dans  les  Révolutions  de  Paris  : 

«  Les  48  sections  de  Paris  ont  vu  la  chose  autrement;  elles  ont 
refusé  les  12,000  livres  que  le  Club  monarchique  avoit  envoyé  {sic)  à 
la  ville  pour  être  distribuées  aux  indigens.  Il  est  vrai  que  le  mode  de 


(1)  Courrier  deGorsas,  n»  V,  du  S  février  1791. 

(2)  Le  Patriote  françois,  n°  539,  du  29  janvier  1791. 

(3)  Voir  plus  haut,  p.  200  et  suiv. 

(4)  Courrier  de  Gorsas,  u°  4,  du  3  février  1791. 


CLUB  MONARCHIQUE  217 

distribution  auquel  on  les  astreignoit  étoit  suspect.  Plusieurs  sections 
ont  arrêté  de  réaliser  entre  elles  la  somme  qu'elles  n'ont  point  voulu 
devoir  à  la  munificence  du  club  (1).  » 

•  Le  conseil  général  de  la  Commune  refusa  onze  mille  livres  offertes 
à  la  municipalité  pour  les  pauvres. 

Les  Annales  patriotiques  prévinrent  le  public  contre  les  monar- 
chistes ou  monarchiens  : 

«  Les  monarchiens  font  semblant  aujourd'hui  de  vouloir  suspendre 
leurs  assemblées  pour  ramener,  disent-ils,  la  paix  et  la  tranquillité 
dans  Paris  ;  mais  en  même  temps  ils  se  préparent  à  faire  bâtir  dans 
le  faubourg  Saint-Honoré  une  superbe  salle,  où  ils  recommenceront 
de  plus  belle  leurs  lubies  monarchiennes  et  conspiratrices...  (2)  » 

Lk  même  feuille  annonça  : 

«;La  liste  des  membres  du  Club  des  monarchiens  ou  prétendus  Amis 
de  la  Constitution  monarchique  paroît  ;  on  y  trouve  les  aristocrates  les 
plus  forcenés  du  côté  droit,  accouplés  avec  une  bande  d'escrocs  et  de 
chevaliers  d'industrie  (3).  » 


XXV 


Plusieurs  personnes,  dont  les  noms  figuraient  dans  cette  liste,  as- 
surèrent qu'elles  n'étaient  pas  membres  du  Club  monarchique. 

Elles  s'adressèrent  à  différents  journaux,  notamment  au  Journal 
de  Paris  et  au  Moniteur  universel.  Nous  donnons  leurs  rectifications, 
par  ordre  chronologique,  en  observant  que  ces  exceptions  et  le  silence 
des  autres  personnes  nommées  dans  la  liste  peuvent  faire  penser, 
avec  juste  raison,  que  les  autres  indications  de  membres  composant 
le  club  ont  certainement  une  valeur  relative. 

Le  Journal  de  Paris  inséra  les  lettres  suivantes  : 

«  Ce  3  février  1791. 
«  Aux  Auteurs  du  Journal. 

«  Messieurs, 
«  Quelques  ennemis  de  la  Constitution,  qui,  incapables  de  se  pro- 
curer aucune  réputation  ni  aucun  crédit  par  la  raison  et  par  la  jus- 


(1)  Révolutions  de  Paria,  n"  82,  du  29  janvier  au  5  février  1791. 

(2)  Annales  patriotiques  de  Carra,  n"  491,  du  5  février  1791. 

(.3)  Annales  patriotiques  de  Carra,  n»  490,  du  4  février  1791,  —  Voir  plus  haut 
cette  liste,  non  officielle,  p.  150  et  suiv. 


218  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

tice,  cherchent  à  usurper  tous  les  pouvoirs  par  la  terreur,  et  dénon- 
cent aux  animosités,  même  aux  vengeances  tumultuaires,  tous  les 
hommes  honnêtes  qui  joignent  à  l'amour  de  la  liberté  des  travaux 
utiles  à  son  affermissement  et  le  courage  de  témoigner  du  dégoût 
pour  le  meurtre  et  pour  l'incendie,  me  font  l'honneur  de  me  pour- 
suivre avec  un  acharnement  dont  je  leur  sais  un  gré  véritable.  Ils 
placèrent,  il  y  a  plusieurs  mois,  mon  nom  dans  une  Liste  des  Mem- 
bres de  l'Assemblée  nationale  qu'ils  supposoient  avoir  quitté  sa 
séance  pour  ne  pas  dire  leur  opinion,  un  jour  où  j'avois  dit  la  mienne 
que  je  ne  cache  jamais,  et  qu'ils  n'approuvoient  pas  quoiqu'elle  eût 
été  celle  de  l'Assemblée.  Aujourd'hui  ils  ont  fait  imprimer  une  pré- 
tendue lÂste  du  Club  de  la  Constitution  monarchique^  dans  laquelle  ils 
ont  encore  inséré  mon  nom,  parce  qu'ils  imaginent  que  c'est  un 
moyen  de  nuire  aux  personnes  qu'ils  désignent.  Je  ne  suis  pas  de  ce 
Club,  non  plus  que  plusieurs  autres  membres  de  l'Assemblée  nationale 
dont  on  a  pareillement  mis  le  nom  dans  cette  même  Liste,  et  qui  ont 
déjà  réclamé  par  la  voie  de  votre  Journal.  Je  dois,  comme  eux,  vous 
prier  de  permettre  que  je  l'emploie  pour  répéter  aux  faussaires  que 
cet  usage  habituel  du  mensonge  a  quelque  chose  de  très  bas,  et  que 
de  plus  il  est  très  maladroit.  Quand  on  se  voue  à  la  méchanceté,  il 
ne  faut  pas  qu'elle  soit  impuissante  et  stérile.  Ces  Messieurs  faisoient 
mieux  autrefois  (1). 

«  Du  Pont,  Député  de  Nemours.  » 

Dupont  de  Nemours  s'occupait  de  questions  financières.  Il  était 
ultra-modéré.  Un  député  de  Paris,  bien  moins  connu,  écrivit  : 

«  Mon  nom  est  commun  à  tant  d'individus,  qu'il  n'est  pas  impos- 
sible qu'il  se  trouve  dans  la  prétendue  Liste  du  Club  monarchique. 

«  Trois  Députés  de  l'Assemblée  nationale  portent  ce  nom,  et  il  pa- 
roit  que  ce  Club  n'est  pas  composé  des  seuls  Membres  de  cette  As- 
semblée. 

«  La  vérité,  c'est  que  ce  n'est  pas 

«  Le  Moine,  Député  de  Paris  (2).  » 

Quiconque  réclamait,  en  niant  son  affiliation  au  Club  des  Amis  de 
la  Constitution  monarchique,  se  disait  calomnié. 
Le  Moniteur  universel  publia  : 

«  Mon  nom,  Monsieur,  se  trouve  dans  une  liste  imprimée  des  mem- 
bres du  club  qui  se  dit  monarchique.  Je  félicite  les  auteurs  de  ce 

(1)  Journal  de  Paris,  iiiiméro  du  5  février  1791. 

(2)  Journat  de  Paris,  numéro  du  5  février  ITJl. 


CLUB   MONARCHIQUE  219 

libelle;  une  telle  calomnie  annonce  de  grandes  combinaisons  et  des 
calculs  bien  favorables  à  la  liberté  publique. 

«  Démeunibr,  Député  de  la  ville  de  Paris.  « 

«  Note  du  rédacteur.  —  MM.  Tronchet,  Regnauld,  député  de  Saint- 
Jean  d'Angély,  et  Aymar,  député  de  Forcalquier,  nous  ont  adressé  la 
même  réclamation  :  ils  expriment  la  même  indignation  (1),  » 

«  Quelques-uns  de  mes  collègues,  Monsieur,  pour  lesquels  je  suis 
plein  d'estime,  ont  pris  la  peine  de  repousser  la  calomnie  qui  place 
leurs  noms  sur  la  prétendue  liste  du  club  monarchique. 

«  Ils  me  forcent  d'imiter  leur  exemple,  parce  que  mon  silence 
pourrait  cette  fois  paraître  avoir  une  autre  cause  que  le  mépris  pro- 
fond que  j'ai  voué  aux  libellistes,  et  surtout  à  ceux  qui  les  inspirent 
ou  qui  les  payent.  «  Le  Chapelier.  » 

«  Dans  une  liste.  Monsieur,  dictée  par  une  lâche  malveillance,  on 
a  imprimé  que  M.  Maubourg  (Moubourg)  était  membre  d'un  club  dit 
de  la  Constitution  monarchique.  Il  est  mon  ami,  il  est  absent;  cette 
double  raison  m'oblige  à  déclarer  que  cette  assertion  est  aussi  fausse 
qu'absurde. 

«  M.  Maubourg,  qui  ne  fut  jamais  ambitieux  ni  courtisan,  qui  des 
premiers  a  travaillé  pour  la  révolution,  M.  Maubourg,  ami  ardent  et 
irréprochable  de  la  Constitution,  n'est  membre  d'aucun  club. 

«  Lacoste,  Député  à  V Assemblée  nationale  (2).  » 

«  Je  vous  prie  de  trouver  bon.  Monsieur,  que  je  me  serve  de  votre 
journal  pour  me  plaindre  de  ce  que  mon  nom  a  été  inséré  dans  une 
liste  des  personnes  qui  composent  le  club  monarchique;  je  suis 
membre  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution,  dont  je  fais  pro- 
fession d'honorer  les  principes  et  le  patriotisme  ». 

<(  RiCGÉ  (1).  » 

«  On  m'a  dit,  Monsieur,  que  mon  nom  se  trouve  aussi  employé  dans 
la  liste  supposée  du  Club  monarchique.  Ce  n'est  qu'un  fait  faux,  je  le 
démens.  Et  cependant  je  hais  patriotiquement  les  ambitieux,  intri- 
gans,  persécuteurs  et  despotes. 

*  «  TouLONGEON,  Député  à  V Assemblée  nationale.  » 

«  Note  du  Rédacteur.  —  MM.  Bureau-Pusy  (aîc),  député  à  l'Assem- 

(1)  Moniteur  universel,  du  2  février  1791. 

(2)  Moniteur  universel,  du  3  février  1791. 

(3)  Moniteur  universel,  numéro  du  5  février  1791.  —  Le  coiute  Se  Riccé  flgure 
sur  la  liste  des  Jacobins  publiée  par  M.  l'\  A.  Aulard. 


220  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

blée  nationale,  M.  Plainville,  adjudant-major  général  de  la  garde 
nationale  Parisienne,  Pierre  Poissannier  (Poissonnier)  et  Meutnier 
(Meusnier),  nous  ont  fait  parvenir  sur  le  même  sujet  la  même  décla- 
ration (1).  » 

«  Je  viens  de  trouver,  Monsieur,  mon  nom  compris  dans  une  liste 
imprimée  des  aristocrates  de  toutes  les  couleurs  composant  le  Club  mo- 
narchique; c'est  une  suite  des  bontés  dont  quelques  journalistes  m'ont 
honoré  depuis  environ  un  an.  Aidez-moi,  en  imprimant  ma  lettre 
dans  votre  première  feuille,  à  détromper  l'auteur  et  à  lui  apprendre 
que  je  ne  suis  d'aucun  club,  et  que  je  ne  vais  à  aucune  assemblée 
politique,  autre  que  celle  de  ma  section  ;  c'est  la  seule  que  les  dpcrets 
de  l'Assemblée  Nationale  m'aient  indiquée  pour  y  délibérer  Sur  les 
affaires  publiques. 

«  Bougher-Dargis,  ci-devant  magistrat,  et  actuellement 
,  homme  de  loi  (2).  » 

«  Dans  une  prétendue  liste  du  club  monarchique,  je  suis  nommé; 
comme  membre  de  cette  Société  ;  en  quoi  l'auteur  de  ce  libelle  a 
menti.  «  Charles  Trudaine.  » 

«  Je  déclare.  Monsieur,  que  je  suis  très  sincère  et  très  zélé  par- 
tisan de  \di,  monarchie,  mais  que  je  ne  suis  pas  membre  du  Club  monar'- 
chiquCy  et  qu'à  dater  d'aujourd'hui  je  ne  le  serai  jamais  d'aucun. 

«  J.-X.  Bureaux-Puzy,  Député  à  l'Assemblée  nationale.  » 

«  Note  du  rédacteur.  —  MM.  Bazin  et  Pelerin-Labucière,  députés  du 
département  du  Loiret  à  l'Assemblée  nationale,  nous  ont  adressé  la 
même  réclamation  (3).  » 

«  Mon  nom  se  trouve  inscrit  sur  une  fausse  liste,  au  nombre  des 
membres  du  Club  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique.  Je  dois 
annoncer  hautement  que  je  n'y  suis,  ni  ne  veux  y  être  affdié  d'aucune 
manière.  Mes  principes  connus,  et  ceux  que  j'ai  manifestés  tout 
récemment  en  demandant  l'exclusion  de  ceux  qui  fréquentent  cette 
Société  de  celle  dont  j'ai  l'honneur  d'être  membre,  devaient  m 'éviter 
la  peine  de  me  disculper;  mais,  élevé  par  la  confiance  de  mes  con- 
citoyens à  la  place  que  j'occupe,  je  veux  écarter  de  moi  toute  impres- 
sion défavorable.  ' 
«  H. -P.  Dampierre,  Président  du  département  de  VAube  (4).  » 

(1)  Moniteur  universel,  numéro  du  5  février  1791. 

(2)  Moniteur  universel,  numéro  du  7  février  1791. 

(3)  Mofiiieum  universel,  numéro  du  7  février  1791. 

(•i)  Moniteur  universel,  numéro  du  9  février  1791.  La  même. lettre  fut  envoyée  au 


CLUB  MONARCHIQUE  221 

Revenons  au  Journal  de  Paris. 

«  Aux  Auteurs  du  Journal. 

«  Messieurs, 
«  On  m'a  porté  sur  la  Liste  du  Club  monarchique.  Je  vous  prie 
d'informer  le  Public  que  je  ne  suis  d'aucun  Club,  et  que  je  ne  veux 
être  d'aucun.  «  Queyssat,  Capitaine  de  Chasseurs.  » 

«  Mon  nom  se  trouve  dans  un  écrit  intitulé  :  Liste  des  Aristocrates 
de  toutes  les  couleurs  composant  le  Club  monarchique . 

«  J'ignore  quel  motif  doit  porter  à  démentir  ce  libelle  plutôt  que 
les  autres  ;  mais  puisque  bien  des  gens  estimables  l'ont  fait,  je  m'em  - 
presse  de  suivre  leur  exemple,  en  déclarant  que  je  ne  suis  d'aucun 
Club.  «  Charton,  Chef  de  la  première  Division.  » 

«  Note  des  Rédacteurs.  —  Le  bruit  qui  s'est  répandu  que  le  Clul) 
Monarchique  doit  tenir  ses  séances  aux  Grands  Jésuites,  est  destitué 
de  fondement.  Nous  avons  reçu  de  MM.  les  Commissaires  de  la  Sec- 
tion une  Lettre  par  laquelle  ce  fait  est  démenti ,  et  qui  annonce  que 
ce  bruit  a  pu  être  occasionné  par  des  assemblées  que  tiennent,  dans 
une  des  salles  de  Saint-Louis  la  Culture,  avec  l'agrément  de  la  Muni- 
cipalité, MM.  les  Employés  aux  Fermes,  pour  y  délibérer  relative- 
ment à  des  répétitions  à  faire  sur  MM.  les  Fermiers-généraux  (I).  » 

«  Un  imprimé.  Messieurs,  contenant  une  prétendue  Liste  d'Aris- 
tocrates composant  le: Club  monarchique^  "vient  de  tomber  entre  mes 
mains.  Mon  nom  s'y  trouve  inscrit.  Est-ce  ma  personne  qu'on  a  voulu 
désigner?  Je  l'ignore.  En  tout  cas,  je  déclare  hautement  que  je  no 
suis,  ni  n'ai  jamais  été  de  ce  Club. 

«  Daguesseau,  Conseiller  d'Etat.  » 

«  Je  viens  de  trouver  mon  nom  dans  une  prétendue  Liste  imprimée 
des  Membres  du  Club  appelle  Monarchique.  Je  déclare  que  cette  liste 
est  fausse  en  ce  gui  me  concerne,  et  que  je  ne  suis,  ni  n'ai  jamais  été 
Membre  de  ce  Club. 

«  Poitevin  Maissemy,  Commandant  de  la  Garde  Nationale  du 
Canton  de  Guiscard,  Département  de  l'Oise  (2).  » 


Courrier  de  Gorsas,  qui  l'inséra  dans  son  numéro  13,  du  13  février  1791.  Ello  se 
teriTiinaii  par  cette  phrase  :  «  Veuillez  permettre,  Monsieur,  que  votre  journal 
reçoive  ma  profession  de  foi.  »  C'était  la  seule  variante. 

(1)  Journal  de  Paris,  numéro  du  6  février  1191. 

(2)  Journal  de  Paris,  numéro  du  6  février  1791, 


2'22  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTJONNAIRES 

((  Aux  Auteurs  du  Journal. 

«  Messieurs, 
«  Mon  nom  se  trouve  inscrit  sur  une  Liste  fausse,  au  nombre  des 
Membres  du  Club  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique.  Je  dois 
annoncer  hautement  que  je  n'y  suis,  ni  ne  veux  y  être  affilié  d'aucune 
manière:  mes  principes  connus  et  ceux  que  j'ai  manifestés  tout 
récemment,  en  demandant  l'exclusion  de  ceux  qui  fréquentent  cette 
Société  de  celles  dont  j'ai  l'honneur  d'être  membre,  dévoient  m'é- 
viter  la  peine  de  me  disculper;  mais  élevé  par  la  confiance  de  mes 
Concitoyens  à  la  place  que  j'occupe,  je  veux  écarter  de  moi  toute 
impression  défavorable. 

«  H. -P.  Dampierre,  Président  du  Département  de  l'Aube  (1).  » 

((  Ce  6  février  1791. 

«  Aux  Auteurs  du  Journal. 

«  Messieurs, 
((  Je  viens  de  trouver  mon  nom  compris  dans  une  Liste  imprimée 
des  Aristocrates  de  toutes  les  couleurs,  composant  le  Club  7nonar  chique  ; 
c'est  une  suite  des  bontés  dont  quelques  Journalistes  m'ont  honoré 
depuis  environ  un  an.  Aidez-moi,  je  vous  prie,  en  imprimant  ma 
Lettre  dans  votre  premier  Numéro,  à  apprendre  à  l'Auteur  que  je  ne 
suis  d'aucun  Club,  et  que  je  ne  vais  à  aucune  assemblée  politique 
autre  que  celle  de  ma  Section,  c'est  la  seule  qu^  les  Décrets  de  l'As- 
semblée Nationale  m'ayent  indiquée  pour  y  délibérer  sur  les  affaires 
publiques. 

«  Boucher  d'Argts,  ci-devant  Magistrat,  et  actuellement  Homme 

de  loi  (2).  » 

«  Aux  Auteurs  du  Journal. 

«  Messieurs, 
«  Mon  nom  se  trouve  sur  une  fausse  Liste  imprimée  des  Membres 
du  Club  monarchique.  Je  vous  prie  de  permettre  que  mon  désaveu 
soit  consigné  dans  votre  Journal. 

«  Vandeuvre^  Président  de  V Administration  du  District 
de  Bar-sur-Aube  (3).  » 


(1)  Journal  de  Paris,  numéro  du  7  février  1791. 

(2)  Journal  de  Paris,  numéro  du  8  février  1791. 

(3)  Journal  de  Paris,  numéro  du  11  février  1791. 


CLUB  MONARCHIQUE  223 


XXVI 


Une  curieuse  brochure  de  Duval  d'Eprémesnil,  rancien  conseiller 
au  Parlement,  apprécia  ainsi  le  Club  monarchique ^  regardé  comme 
compromettant,  dont  tant  de  gens  se  défendaient  de  faire  partie  et 
de  figurer  sur  une  liste  qu'ils  déclaraient  -prétendue,  c'est-à-dire 
inexacte  : 

«  Quant  au  club  monarchique,  je  n'en  suis  pas.  J'applaudis  à  son 
courage,  ses  dangers  me  conviennent,  mais  ses  principes!  non.  Ses 
principes,  hélas!  les  a-t-il  déclarés?  les  connoit-il  bien  lui-même? 
Je  rends  justice  aux  intentions  de  ceux  qui  le  composent  :  elles  sont 
pures,  elles  sont  nobles  :  mais  je  crains  qu'ils  ne  soient  pas  dans  le 
secret  de  leurs  destinées. 

«  ...Je  conjure  les  amis  de  la  constitution  monarchique  de 
n'avancer  qu'avec  précaution  sur  un  terrain  qu'ils  ne  connoissent 
pas,  de  s'expliquer  avec  leurs  fondateurs,  de  ne  penser  que  par  eux- 
mêmes,  et  de  ne  pas  chercher  le  salut  de  l'État  ailleurs  que  dans  les 
vieux  principes  et  les  vrais  appuis  de  la  monarchie  (1).  » 

Les  zélés  du  Club  monarchique  ne  désarmaient  pas.  Faute  de  pou- 
voir s'assembler  régulièrement,  ils  travaillaient  en  dessous. 

Le  14  février  1791,  au  Club  des  Jacobins,  on  lut  la  copie  d'une 
lettre  du  club  de  Niort  au  Club  monarchique,  en  réponse  à  celle  que 
le  Club  monarchique  lui  avait  écrite  pour  l'engager  à  se  coaliser  avec 
lui.  C'était  un  refus,  très  énergiquement  motivé.  Un  membre  des 
Jacobins  monta  ensuite  à  la  tribune  et  prévint  ses  collègues  qu'il  y 
avait  des  membres  du  Club  monarchique  qui  s'étaient  fait  recevoir  à 
celui  des  Jacobins.  Selon  lui,  il  y  en  avait  deux  pour  lesquels  il  don- 
nerait les  preuves  les  plus  certaines.  Il  engageait  ses  collègues  à  se 
procurer  une  «  liste  vraie  et  fidèle  du  Club  monarchique  »,  où  on 
trouverait  les  noms  des  individus  déjà  reçus  et  ceux  des  postulants 
pour  être  au  Club  des  vrais  Amis  de  la  Constitution  (2). 

Nous  ne  savons  pas  si,  selon  le  désir  du  membre  de  la  Société  des 
Jacobins,  il  existait  une  liste  «  vraie  et  fidèle  ».  Nous  constatons  que, 
chez  beaucoup  de  modérés,  même  royalistes,  la  désaffection  était 
grande,  sans  doute  à  cause  des  menées  souterraines  du  club. 

(1)  Déclaration  de  M.  d'Eprémesnil,  13  février  1791.  —  Bib.  de  la  Chambre 
(les  députés,  Rf  268. 

(2)  Le  Lendemain,  numéro  du  17  février  1791. 


224  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

L'influence  occulte  du  Club  monarchique  ne  gardait  plus  de  mesure, 
ainsi  qu'on  le  doit  remarquer.  Ses  partisans  provoquaient  les  patriotes 
par  écrits,  par  paroles  et  par  actes. 

La  Chronique  scandaleuse^  feuille  royaliste,  faisait  une  rude  guerre 
aux  hommes  de  la  Révolution  ;  elle  imprimait  : 

J'appelle  un  chat  un  chat,  et  Rolet  un  fripon... 
Et  Philippe  (d'Orléans)  un  poltron... 
Et  Barnave  un  gredin... 
Et  Champcenetz  un  drôle,  etc..  (1). 

Une  brochure  :  Grand  détail  des  projets  de  conspiration  concernant 
le  club  monarchique,  favorable,  malgré  son  titre,  à  là  Société  contre- 
révolutionnaire,  contenait  ces  phrases  dialoguées  : 

«  Madame  X...  —  Mais  dites-moi  donc  ce  que  c'est  que  l'entête- 
ment de  ces  monarchiens^  de  vouloir  s'assembler? 

«  Madame  K...  —  Celui  de  vouloir  que  la  loi  s'exécute  pour  eux 
comme  pour  d'autres,  ou  qu'il  soit  bien  prouvé  que  les  seuls  Jacobins 
sont  la  nation  (2).  » 

Nos  lecteurs  peuvent  aussi  juger,  par  la  lettre  suivante,  de  l'obsti- 
nation des  monarchistes. 

«  Lettre  des  commissaires  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution 
monarchique,  à  M.  Barnave. 

«  Vous  nous  avez  dénoncés  à  l'Assemblée  nationale  ;  un  membre  a 
demandé  que  votre  dénonciation  fût  déposée  sur  le  bureau,  et  vous 
ne  l'y  avez  pas  déposée. 

«  Nous  avons  demandé  à  répondre  à  vos  assertions  calomnieuses; 
et  l'Assemblée  nationale  n'a  point  admis  notre  demande;  elle  a  passé 
à  l'ordre  du  jour. 

((  Votre  qualité  de  représentant  du  Peuple  français  nous  défend  de 
vous  poursuivre,  devant  les  tribunaux  ordinaires,  pour  des  discours 
prononcés  dans  la  tribune. 

«  Placés  entre  les  tribunaux  qui  ne  peuvent  pas  atteindre  notre 
calomniateur  et  le  corps  législatif,  qui  refuse  de  délibérer  sur  la  ca- 
lomnie, nous  vous  citons  au  tribunal  de  l'opinion  publique.  Si  vous 
croyez  pouvoir  justifier  votre  dénonciation,  prouvez-en  la  vérité  dans 
tous  ses  détails.  Si,  au  contraire,  oubliant  votre  caractère  et  votre 
dignité  de  représentant  du  Peuple,  vous  n'avez  été,  dans  cette  occa- 

(1)  La  Chronique  scandaleuse,  parue  en  1791,  a  eu  trente-trois  numéros. 

(2)  Brochure  de  11  p.  in-S»,  parue  en  1791.  (Bib.  Nat.,  Lb  39/4655.)— Champcenetz 
gouverneur  des  Tuileries,  père  du  pamphlétaire  royaliste. 


CLUB  MONARCHIQUE  225 

sion,  qu'un  jeune  homme  imprudent  (i),  dévoué  à  une  secte  fanati- 
que ,  et  non  suffisamment  exercé  dans  l'art  sanguinaire  des  dénon- 
ciations politiques,  hâtez-vous  de  vous  rétracter. 

«  DuBERGiER,  président;  Hautefort,  Dagiku,  Cormier,  De  Rossy, 
Armand,  Stanislas  de  Clermont-Tonnerre.  » 

Les  séances,  suspendues,  ne  reprenaient  pas,  jusqu'à  présent, 
d'une  manière  fixe.  La  municipalité  différait  sa  décision. 

«  Municipalité  de  Paris. 

«  Sur  le  rapport  fait  par  les  commissaires  précédemment  nommés, 
des  réclamations  qui  se  sont  élevées  contre  la  Société  des  Amis  de  la 
Constitution  monarchique  : 

«  Le  corps  municipal,  considérant,  d'une  part,  que  cette  Société 
déclare  qu'elle  suspendra  elle-même  ses  séances,  jusqu'à  ce  que  le 
rapport  ait  éclairci  tous  les  doutes; 

«  Considérant  encore  que  les  informations  ne  sont  pas  complettes 
(s«c),  et  que  plusieurs  sections  n'ont  pas  encore  répondu  aux  diffé- 
rentes demandes  qui  leur  ont  été  faites  ; 

«  A  arrêté  que  le  comité  des  recherches,  conjointement  avec  le  pro- 
cureur de  la  Commune,  continueront  à  recueillir  les  informations  re- 
latives à  cette  affaire,  et,  néanmoins,  ajourne  la  question  jusqu'après 
le  rapport  du  comité  des  recherches  (2).  >> 

La  municipalité  ne  cessait  pas  d'être  embarrassée,  en  présence  des 
manifestations  de  l'opinion  publique  et  par  suite  des  désordres  que 
chaque  réunion  des  monarchistes  causait  dans  Paris,  où  le  Club  mo- 
narchique était  continuellement  attaqué  par  des  hommes  considé- 
rables, par  des  journaux,  par  des  sections.  En  voici  une  preuve  : 

«  Les  caries  OMmonzères  de  ces  messieurs  ne  sont  plus  signées  d'eux, 
mais  par  des  boulangers  affidés.  Enfin,  ils  veulent  donner  du  pain 
aux  pauvres  :  il  n'y  a  pas  de  mal  à  cela.  Nous  avons  plusieurs  de  ces 
cartes  sous  nos  yeux. 

«  Nous  avons  déclaré  hier  à  tout  le  Monarchisme  que  nous  avions 
imprimé  l'ouvrage  de  M.  Loyseau,  et  M.  Loyseau  leur  a  fait  signifier 
aujourd'hui,  par  l'acte  suivant,  qu'il  en  étoit  l'auteur.  Telle  est  la 
franchise  des  hommes  francs  et  droits,  et  la  conduite  des  brigands  est 
de  faire  de  plats  libelles  anonymes. 

«  L'an  mil  sept  cent  quatre-vingt-onze,  et  le  17  du  mois  de  février, 
à  la  requête  de  Jean-Réné  Loyseau,  jurisconsulte-citoyen,  et  membre 


(1)  Barnave  avait  alors  trente  ans. 

(2)  Le  Conseil  général  a  adopté  cet  arrêté  le  10  février  1791. 

15 


226  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution,  rue  du  Mail,  n°  39,  paroisse 
Saint -Eustache,  Je...  {les  noms  et  qualités  de  V huissier)^ 

«  Répondant  à  la  sommation  extrajudiciaire  qui  a  été  faite,  le  jour 
d'hier,  16  du  présent  mois,  de  la  part  des  sieurs  du  Bcrgiei\  Hamelin, 
Hautefort  et  Stanislas  Clermont-Tonnerre ^  se  disant,  tous  quatre, 
membres  du  directoire  d'un  prétendu  club  monarchique,  à  l'efFet  de 
savoir  s'il  est,  ou  non,  l'auteur  d'une  brochure  de  48  pages,  impri- 
mée dans  l'imprimerie  de  M.  A.  J.  Corsas,  auteur  du  Courrier  de 
Paris  dans  les  83  départemens ,  rue  Ticquetonne ,  n°  7  ;  ladite  bro- 
chure commençant  par  ces  mots  :  Le  Club  monarchique  est  une  asso- 
ciation ayiti-constitutionnelle^  et  finissant  par  ceux-ci  :  les  moyens  de 
maintenir  la  tranquillité...  Ai  déclaré  auxdits  sieurs  du  Bergier.,  Ha- 
melin., Hautefort  et  Stanislas  Clermont-Tonnerre^  qui  ont  élu  domicile 
cliez  le  sieur  Gohier  Buplessis,  huissier-audiencier,  en  la  Prévôté  de 
l'hôtel,  rue  Saint-Denis,  paroisse  Saint-Jacques-de-la-Boucherie  et  des 
Innocens,  que  le  requérant  est,  en  effet,  l'auteur  de  la  brochure  dont 
il  s'agit;  qu'il  soutient  les  principes  qu'il  y  a  établis;  qu'il  en  avoue 
toutes  les  conséquences,  et  qu'il  se  livre,  avec  d'autant  plus  de  rési- 
gnation à  la  poursuite  desdits  sieu^'s  du  Bergier.,  Hamelin,  Hautefort 
et  Clermont-l'onnen^e  {ses  moyens  de  défense  réservés  au  contraire), 
que  cette  attaque ,  de  leur  part ,  lui  paroît  une  occasion  très  impor- 
tante de  discuter,  en  présence  de  la  loi,  les  utiles  principes  de  la 
liberté  de  la  presse.  Le  requérant  les  a  déjà  développés,  comme 
écrivain  patriote,  dans  une  lettre  à  M.  de  Gondorcet,  imprimée  en 
86  pages,  à  l'imprimerie  du  Patriote  françois,  place  du  Théâtre  ita- 
lien. Il  sera  fort  empressé  de  les  soutenir  devant  les  tribunaux.  Ainsi, 
bien  loin  que  le  requérant  ait  à  se  plaindre  des  dispostions  où  sont 
les  sus-nommés  contre  lui,  il  les  en  remercie  très  cordialement,  et, 
afin  qu'ils  n'en  ignorent,  je,  huissier  susdit,  en  parlant  à...  (1)  » 

Le  Club  monarchique  fut  visé,  en  même  temps,  par  la  section  des 
Thermes  de  Julien  et  par  celle  de  Sainte-Geneviève  : 

«  La  section  des  Thermes  de  Julien  vient  d'arrêter,  cejourd'hui  17, 
que  tout  citoyen  de  ladite  section  qui  sera  reconnu  pour  être  du  Club 
monarchique.,  sera  suspendu  de  toutes  ses  fonctions  civiles  et  militaires, 
jusqu^à  ce  qu'il  ait  renoncé  audit  Club  monarchien ;  et  que  ladite  déli- 
bération sera  communiquée  aux  quarante-sept  autres  sections  de  la 
capitale.  Il  n'y  a  nul  doute  qu'elle  sera  suivie  universellement  (2).  » 

«  La  section  de  Sainte-Geneviève  se  propose  de  faire  une  adresse 

(1)  Courrier  de  Gorsas,  n»  XVIII,  du  18  février  1791. 

(2)  Annales  patriotiques  de  Carra,  n°  504,  du  18  février  1791. 


CLUB  MONARCHIQUE  227 

au  peuple,  pour  le  prémunir  contre  les  insinuations  de  ce  club.  Gela 
est  assez  inutile,  puisqu'il  est  tombé  dans-  une  telle  flétrissure  que  la 
dernière  classe  du  peuple  en  prononce  le  nom  comme  le  nec  plus  ultra 
de  l'injure.  Un  décroteur  demandoit  à  son  camarade  :  où  prend  donc 
ce  vilain  club  l'argent  qu'il  distribue  à,  la  canaille?  Hé!  hé!  tu  ne 
sais  donc  pas,  dit  l'autre,  qu'il  est  associé  avec  les  escamoteurs  de 
portefeuilles  et  de  chapeaux  ronds  du  coin  de  la  rue  Vivienne.  Hier, 
ce  noble  club  a  fait  crier  :  la  grande  colère  du  patriote  Gorsas  contre 
les  colporteurs.  Le  but  de  cette  bêtise  est  de  soulever  contre  nous  les 
colporteurs,  comme  si  les  colporteurs  faisoient  cause  commune  avec 
les  brigands  qui  colportent  les  rapsodies  injurieuses  de  la  bande  (1).  » 

Le  Club  monarchique  se  déclara  calomnié  et  répondit  aux  attaques 
par  une  sorte  d'annexé  qu'il  plaça  dans  son  journal, 

((  Arrêté  du  directoire  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution 
monarchique,  du  i  9  février  1791 . 

«  Les  commissaires  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  mo- 
narchique, voulant  suppléer  autant  qu'il  est  en  eux  à  l'inactivité  mo- 
mentanée des  travaux  de  la  Société,  retardés  par  la  suspension  de  ses 
séances,  et  donner  une  nouvelle  preuve  de  leur  amour  pour  la  vérité 
et  leur  empressement  à  éclairer  l'opinion  publique,  ont  arrêté  : 

«  Qu'à  chaque  numéro  du  journal  sera  joint  un  supplément,  sous  le 
titre  de  contre-poids  à  la  calomnie^  lequel  sera  gratuitement  envoyé 
aux  souscripteurs  du  journal  ; 

«  Que  toutes  les  personnes  qui  se  croiront  injustement  accusées  par 
•  des  clubs  ou  des  libelles,  pourront  faire  parvenir  à  l'adresse  des  rédac- 
teurs du  journal,  chez  madame  Valade ,  imprimeur,  rue  des  Noyers, 
toutes  les  pièces  justificatives  et  documens  nécessaires; 

«  Que  lesdites  pièces  seront  examinées  sévèrement,  et  qu'aucune 
justification  ne  sera  placée  dans  le  journal, .sans  que  le  résultat  de 
cet  examen  ait  présenté  le  caractère  de  l'évidence,  et  que  les  justifi- 
cations admises  y  seront  insérées  gratuitement; 

«  Que  chaque  paquet  remis  sera  numéroté,  en  présence  du  poi'teur, 
auquel  il  sera  donné  une  carte  portant  le  numéro  semblable  à  celui 
du  paquet,  afin  que  les  pièces  puissent  être  rendues  au  propriétaire 
lorsqu'il  rapportera  la  carte  qu'il  aura  prise  (2).  » 


(1)  Courrier  de  Gorsas,  n-  XX,  du  20  février  1791. 

(2)  Le  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique  imprima, 
on  e£fct,  dans  des  numéros  qui  suivirent,  le  Contre-poids  à  la  calomnie.  Nous  en 
reproduisons  quelques  articles. 


228  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Le  Club  monarchique  porta  plainte  contre  M.  Victor  de  Broglie  et 
les  autres  signataires,  à  propos  de  la  lettre  du  24  janvier  1791  (1). 
Cette  plainte  fut  présentée  devant  plusieurs  juges  de  paix  ou  com- 
missaires de  police.  Quelques-uns  refusèrent  de  la  recevoir^Un,  entre 
autres  (2),  déclara  qu'il  ne  connaissait  pas  le  club,  et  ne  pouvait,  par 
conséquent,  recevoir  la  plainte  de  ceux  qui  s'en  disaient  les  membres. 
Ce  commissaire  de  police,  nommé  Matthieu  Chiniac,  refusa  par  écrit, 
le  21  février  1791. 

Le  Club  publia  un 

«  Discours  prononcé  au  conseil  municipal  par  les  commissaires  de  la 
Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique^  le  2i  février 
179i. 

«  Messieurs, 

«  Instruits  par  l'arrêté  du  corps  municipal,  qui  ajourne  la  décision 
relative  à  la  Société  des  amis  de  la  constitution  monarchique,  ses 
commissaires  viennent  invoquer  votre  justice. 

«  Libres  par  la  loi,  inattaquables  devant  la  loi,  nous  pourrions 
sans  doute  user  de  la  liberté  qu'elle  nous  assure  ;  mais  les  véritables 
amis  de  la  liberté,  les  véritables  amis  de  la  loi  savent  faire  des  sacri- 
fices à  l'ordre  public,  et  demeurer  quelque  tems  en  deçà  de  leurs 
droits. 

«  Cependant,  messieurs,  il  est  un  moment  où  le  sentiment  de  ses 
droits,  où  la  conscience  de  ses  intentions  rend  tout  à  fait  insuppor- 
table le  poids  de  la  persécution,  et  où  ce  seroit  abjurer  la  liberté  que 
de  céder  à  l'injustice. 

«  Nous  ne  sommes  que  calomniés;  il  n'existe  contre  nous  ni  accu- 
sation légale,  ni  accusateur  responsable.  Des  citoyens  prévenus  ont 
accueilli  des  bruits  absurdes  ;  et  l'impossibilité  de  fournir  des  preuves 
n'est  que  trop  démontrée  par  la  lenteur  que  l'on  met  à  répondre  à 
vos  demandes.  Cependant,  des  affiches  scandaleusement  multipliées 
nous  désignent  au  peuple  comme  des  conspirateurs;  et  si  ces  tables 
de  proscription,  où  nous  sommes  nominativement  inscrits,  n'ont  pas 
encore  appelle  [sic)  sur  nos  têtes  les  vengeances  populaires,  nous  le 
devons  à  la  modération  du  peuple  et  à  l'invraisemblance  des  calom- 
nies. 

«  Nous  vous  supplions,  messieurs,  de  hâter  l'instant  qui  doit  fixer 
l'opinion  publique. 


(1)  Voir  plus  haut,  p.  200  et  suiv. 

(2)  Commissaire  de  police  de  la  section  de  la  Croix-Rouge. 


CLUB  MONARCHIQUE  229 

«  Vous  savez  bien  que  nous  n'avons  point  encore  enrôlé  quarante 
mille  hommes,  comme  l'ont  dit  et  affiché  les  citoyens  de  la  section  des 
Tuileries. 

«  Vous  savez  bien  que  nous  n'avons  pas  distribué  du  pain  à  bas 
prix  depuis  notre  jugement  sur  la  première  vexation  que  nous  avons 
éprouvée,  comme  l'ont  dit  et  affiché  les  citoyens  de  la  même  section. 

«  Vous  savez  bien  que  nous  n'avons  point  délibéré  sur  les  moyens 
de  dissoudre  l'Assemblée  nationale,  comme  l'ont  dit  et  imprimé  les 
citoyens  de  la  section  de  la  rue  Beaubourg. 

«  Vous  savez  bien  que  nous  n'avons  point  projette  (sic)  d'attaquer 
les  sections  à  main  armée,  comme  l'ont  dit  et  imprimé  les  citoyens 
de  la  même  section. 

«  Vous  savez  bien  que  nous  n'avons  point  distribué  aux  pauvres  un 
pain  empoisonné,  comme  l'onE  publié  des  affiches,  et  comme  l'ont  ré- 
pété des  libelles. 

«  Vous  savez  bien,  et  tout  le  monde  le  sait  avec  vous,  combien  sont 
absurdes  et  incroyables  les  reproches  que  nos  ennemis  nous  ont 
faits;  ils  n'en  ont  prouvé  et  ils  n'en  prouveront  aucun. 

«  Mais  ce  que  nos  calomniateurs  ne  peuvent  obtenir  par  des  preuves 
légales,  souffrirez-vous  qu'ils  l'obtiennent  par  leur  lenteur  à  produire 
leurs  inculpations  et  leurs  griefs?  Nous  exposerez-vous,  nous  livrerez- 
vous  à  tous  les  retards,  à  tous  les  délais  que  la  délation  emploie 
quand  elle  ne  veut  qu'accuser,  et  qu'elle  désespère  de  convaincre? 

«  Poursuivis,  outragés,  vexés,  nous  attendons  de  vous  justice; 
nous  ne  craignons  pas  qu'elle  soit  sévère  ;  mais  nous  vous  rappelions 
{sic),  messieurs,  qu'au  moment  où  vous  serez  suffisamment  éclairés, 
aucune  considération  ne  doit  empêcher  qu'elle  soit  prompte, 

«  DuBERGiER,  président  ;  UAM.EUN,  vice-président  ;  ConmER,  Dagieu, 
Hautefort,  Stanislas  Clermont-Tonnerre,  membres  du  Di- 
rectoire. » 

M.  le  maire,  qui  présidoit  le  conseil  municipal,  a  assuré  la  députa- 
tion  de  la  célérité  qui  seroit  mise  à  l'examen  de  cette  affaire  (1) . 
Hamelin  adressa  à  Gorsas  la  lettre  qui  suit  : 

«  Lettre  de  M.  Hamelin,  membre  du  directoire  du  Club  monarchique, 
à  l'auteur  du  Courrier. 

«  Comme  nous  ne  voulons  pas  que  M.  Hamelin  s'imagine  que  nous 


[i)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  t.  II,  n"  11, 
du  samedi  26  février  1791,  p.  1  à  4. 


230  LES  CLUBS  GO.NTRE-REVOLUTIONNAIRES 

lui  en  voulons  en  aucune  manière,  à  cause  de  cette  petite  sommation 
donnée  à  M.  Loyseau  et  à  nous,  tant  en  son  nom  qu'en  celui  de 
M.  Stanislas  de  Clermont-Tonnerre,  Bergier  et  autres  membres  du 
Club  monarchique,  nous  nous  empressons  de  consigner  ici  sa  lettre 
du  17  de  ce  mois. 

«  Si,  dans  votre  n°  du  15  de  ce  mois,  Monsieur^  vous  vous  borniez 
à  dire  quelques-unes  de  ces  politesses  que  vous  prodiguez  à  tous  les 
ennemis  de  la  faction,  je  me  garderois  de  vous  répondre  ;  mais  vous 
me  qualifiez  de  ci-devani  commandant  du  bataillon  des  Récolets  {sic)  : 
cette  qualification  est  une  erreur  ou  une  impostiire;  je  suis  encore 
commandant  du  bataillon;  je  n'ai  pas  donné  ma  démission,  et  la 
municipalité,  dont  j'attends  le  jugement  avec  la  plus  vive  impatience, 
n'a  point  encore  prononcé  sur  les  vexations  dont  j'ai  été  un  mo- 
ment l'objet. 

«  Je  vous  prie  d'insérer  ma  lettre  dans  votre  journal,  et  je  vous 
préviens  que,  sur  votre  refus,  je  la  rendrai  publique  en  l'adressant  à 
des  rédacteurs  moins  partiaux. 

«  Je  suis,  Monsieur,  votre  très  humble  serviteur. 

i^  Signé  :  Hamelin,  Commandant  du  bataillon  des  Récolets  (1).  » 

Corsas  avança,  en  répondant  à  la  lettre  dans  son  Courrier,  que 
Hamelin  était  à  Caen  «  pour  y  jetter  [sic)  les  fondemens  d'un  club 
monarchique.  »  Il  est  certain  qu'un  club  monarchique  s'organisa 
dans  Cambrai  et  un  autre  à  Carpentras  (2). 

Hamelin  fut  remplacé  dans  son  grade  de  commandant.  H  fut  exclu. 

Le  journal  du  Club  monarchique  imprima  : 

«  La  section  de  la  Croix -Rouge  s'est  permis  le  placard  ci- 
après  : 

«  Assemblée  générale  du  22  février  1791. 

«  L'assemblée  générale  de  la  section  de  la  Croix-Rouge,  légale- 
ment convoquée  ; 

«  Lecture  faite  d'un  placard  déposé  sur  le  bureau,  portant  en  tête  : 
Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  en  date  du  18  de  ce 
mois; 

«  Déclare  que  si  elle  n'a  pas  voulu  se  charger  des  secours  offerts 
par  cette  Société,  c'est  qu'elle  a  pensé  qu'en  acceptant  ses  offres,  ce 


(1)  Courrier  de  Gorsas,  u"  XXII,  du  22  février  1791. 

(2)  Avis  aux  François  sur  les  clubs,  pamphlet  royaliste,  sans  lieu  ui  date,  in-8<» 
(Je  58  p.  (Paru  probablement  en  mars  1791.) 


CLUB  MONARCHIQUE  231 

seroit  reconnoître  un  caractère  légal  à  une  Société  déjà  flétrie  dans 
l'opinion  publique, 

«  Déclare  en  outre  qu'elle  ne  reconnoît  pour  amis  de  la  Constitu- 
tion, que  les  citoyens  attachés  à  la  constitution  décrétée  par  l'Assem- 
blée nationale  et  sanctionnée  ou  acceptée  par  le  roi. 

«  Et  sera  le  présent  arrêté  imprimé  en  placard  et  affiché  dans  tout 
l'arrondissement  de  la  section. 

«  Fait  et  arrêté  en  l'assemblée  générale,  ledit  jour  mardi  22  fé- 
vrier 1791. 

<(  Boucher,  président;  Poupard,  secrétaire;  Gobau,  secrétaire  (1).  » 

«  Nous  avons  dénoncé  cet  attentat  à  la  Municipalité  par  la  lettre 

ci-après  : 

«  6  mars  1791. 

«  Messieurs, 

«  Les  citoyens  soussignés,  outrageusement  désignés  dans  l'affiche 
qu'ils  remettent  sur  votre  bureau,  vous  demandent  une  justice  écla- 
tante. 

«  La  section  de  la  Croix-Rouge  n'est  point  dépositaire  de  l'hon- 
neur des  citoyens.  Imprimer,  afficher  qu'une  Société  est  flétrie,  lors- 
qu'aucun  jugement  ne  l'inculpe,  est  un  attentat  que  les  loix  doivent 
punir;  et  ce  n'est  qu'en  réprimant  sévèrement  de  tels  excès,  que  l'on 
peut  exiger  de  l'homme  outragé  de  ne  pas  désespérer  de  la  loi,  et  de 
croire  à  son  influence. 

«  Nous  concluons  à  ce  qu'il  vous  plaise  déclarer  nul,  illégal  et 
attentatoire  l'arrêté  que  nous  vous  dénonçons,  et  à  ce  qu'il  nous  soit 
permis  d'afficher  la  décision  que  votre  justice  prononcera.  » 

xxvn 

La  lutte  entre  le  Club  monarchique  et  ses  ennemis  arriva  à  un  haut 
degré  d'acuité. 

«  On  continue  dans  tous  les  journaux  soi-disant  patriotiques  à 
insulter  et  calomnier  les  Amis  de  la  Constitution  monarchique.  Avant- 
hier,  un  afficheur  qui  appliquoit  une  affiche  faite  par  cette  Société,  a 
été  grièvement  blessé  par  des  brigands  qui  se  sont  réclamés  des  Jaco- 
bins (2).  >) 


(1)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  t.  II,  n-»  13, 
numéro  du  12  mars  1791,  p.  3. 

(2)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  t.  II,  n"  11, 
du  samedi  26  février  1791 ,  p.  45. 


232  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

Ces  lignes  se  trouvaient  dans  un  numéro  du  journal  publié  par  le 
Club  monarchique.  Il  ne  fut  pas  répondu  à  cette  note.  Mais  un  grand 
mouvement  d'opinion  contre  les  monarchistes  avait  lieu,  soit  à  Paris, 
soit  dans  les  départements.  Les  Jacobins  dénonçaient  leurs  actes  ou 
ceux  des  personnes  qui  les  soutenaient. 

Gorsas  écrivait  : 

«  Ce  club  (monarchique)  ne  parle  plus  que  par  des  bulletins  li- 
belles, et  des  libelles  imprimés.,  par  exemple  :  Un  mot  à  Voreille  des 
honnêtes  gens,  4  ou  5  libelles  par  jour  (1).  —  Les  différentes  sections, 
principalement  celle  du  Théâtre-Français,  ont  fait  afficher  hier  leurs 
arrêtés  contre  le  Club  monarchique  (2).  » 

Le  même  Gorsas  annonçait,  le  7  février,  que  M.  de  Vénézac,  major 
de  la  3'  division,  en  était  membre. 

Puis,  en  février  1791,  le  Club  monarchique  de  Toulouse  faisait  de 
l'agitation.  Il  y  avait  des  troubles  suscités  par  les  royalistes  dans  le 
midi  de  la  France;  leur  attitude  inquiétait  la  population  parisienne. 

La  conspiration  des  poignards  augmenta  la  haine  des  patriotes 
contre  les  membres  du  Club  monarchique. 

Le  28  février  1791,  vers  dix  heures  du  soir,  plusieurs  centaines 
d'individus,  nobles  ou  tout  au  moins  contre-révolutionnaires,  en 
partie  membres  du  Club  monarchique,  pénétrèrent  dans  les  apparte- 
ments des  Tuileries.  Ces  gentilshommes  répandirent  une  fausse  nou- 
velle, la  mort  de  La  Fayette  pendant  l'insurrection  de  Vincennes;  ils 
prétendirent  que  le  peuple  du  faubourg  Saint-Antoine,  en  armes, 
allait  venir  attaquer  le  château.  Ils  dirent  au  roi  :  «  Sire,  c'est  votre 
noblesse  qui  accourt  auprès  de  votre  personne  sacrée  pour  la  dé- 
fendre ».  Louis  XVI  leur  répondit  :  «  Votre  zèle  est  indiscret;  rendez 
vos  armes  et  retirez-vous;  je  suis  en  sijreté  au  milieu  de  la  garde 
nationale  ».  D'autre  part,  La  Fayette,  bien  vivant,  arrive  aux  Tuile- 
ries. «  Il  reproche  aux  nobles,  en  termes  peu  ménagés,  leur  coupable 
entreprise,  exige  qu'ils  lui  remettent  leurs  armes.  Les  nobles  résis- 
tent; ils  n'étaient  pas  les  plus  forts;  les  grenadiers  de  la  garde 
nationale  s'étaient  emparés  de  tous  les  postes  et  remplissaient  tous 
les  appartements.  La  Fayette  s'adresse  au  roi,  lui  parle  de  l'indigna- 
tion de  la  garde  nationale,  lui  montre  les  inconvénients  d'un  refus; 
le  roi,  intimidé,  confirme  l'ordre  de  La  Fayette,  invite  les  nobles  à 
déposer  leurs  armes  sur  deux  grandes  tables  placées  dans  l'anti- 
chambre. Ils  obéissent  (3).  » 

(1)  Courrier  de  Gorsas,  n°  IX,  du  9  février  1791. 

(2)  Courrier  de  Gorsas,  n"  VII,  du  7  février  1791. 

(3)  Mémoires  de  Ferrières,  t.  II,  p.  239. 


CLUB  MONARCHIQUE  233 

Villequier  et  Duras,  gentilshommes  de  la  chambre,  avaient  intro- 
duit les  conspirateurs.  On  les  traita,  dans  une  affiche,  de  «  chefs  de 
la  domesticité.  » 

A  propos  de  Berthier  de  Souvigny,  fils  de  l'intendant  et  membre 
du  Club  monarchique^  le  Courrier  de  Gorsas  entretenait  le  public  du 
rôle  joué  par  ce  monarchiste  (1).  Toutefois,  le  nom  de  Berthier  ne 
figure  pas  sur  les  listes  reproduites  ci-dessus. 

Dans  les  Révolutions  de  Paris,  on  lisait  : 

«  Voici  les  noms  des  plus  mutins  qui  ont  été  conduits  à  l'Abbaye  : 
les  sieurs  de  La  Bourdonnaye,  Fauchet,  Champine,  Godard  de  Dou- 
ville,  Berthier  de  Souvigny,  Dubois  de  la  Motte,  Lillers  (2).  » 

Le  bruit  courait  qu'un  grand  nombre  de  «  chevaliers  du  poignard  » 
appartenaient  au  Club  monarchique.  C'était  probable  :  s'ils  n'en  fai- 
saient pas  partie,  ils  s'en  inspiraient  tout  au  moins,  on  pouvait  le 
croire. 

Mais  les  royalistes,  notamment  ceux  du  Club  monarchique^  préten- 
dirent que  «  l'événement  du  28  février  1791  avait  été  un  moyen  de 
renouveller  {sic)  la  fermentation,  de  rendre  désormais  impossible  la 
mesure  de  se  réunir  au  château,  et  d'inspirer  à  la  garde  nationale 
une  défiance  dont  on  avait  le  projet  d'user  (3).  » 

En  mars  1791,  à  la  section  des  Quatre-Nations,  on  dénonça  des 
conciliabules  tenus  chez  M.  de  La  Roche-Aymon,  au  palais  abbatial 
de  Saint-Germain  (4). 

Le  Club  monarchique  adressa,  sur  ces  entrefaites,  la  lettre  sui- 
vante à  la  municipalité  : 

«  Lettre  à  MM.  les  officiers  municipaux,  du  9  mars  i791 . 

«  Nous  avons  reçu  avec  une  respectueuse  reconnoissance  les  assu- 
rances que  vous  nous  avez  données  d'apporter  au  jugement  que  vous 
avez  à  prononcer  toute  la  célérité  que  la  justice  vous  demande.  Les 
jours  s'écoulent;  les  plus  lâches  outrages  sont  accumulés  contre 
nous,  et  la  patience  avec  laquelle  nous  les  dévorons  coinmence  à 
peser  sur  notre  conscience. 

«  Nous  vous  supplions  de  nouveau  de  faire  cesser  un  ajournement 
qui  donne  de  trop  grands  avantages  à  nos  ennemis.  Si  nous  vous 

(1)  Courrier  de  Gorsas,  t.  XXII,  p.  39. 

(2)  Révolutions  de  Paris,  n»  86,  p.  368. 

(3)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  t.  II,  n*  13, 
du  12  mars  1791,  p.  32  et  33. 

(4)  Le  Thermomètre  de  V opinion  publique  ou  Journal  des  sections  de  Paris,  in-8°, 
1791. 


234  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

paroissons  des  conspirateurs,  donnez-nous  des  tribunaux;  si  vous 
nous  trouvez  irréprochables,  hâtez-vous,  messieurs,  de  le  dire  au 
peuple,  sur  la  confiance  duquel  votre  zèle  et  votre  patriotisme  vous 
ont  donné  de  justes  droits.  » 
«  Nous,  etc.  (1).  » 

Six  jours  se  passèrent  sans  que  le  jugement  fût  prononcé.  Les 
membres  du  Club  se  résolurent  à  reprendre  sous  peu  leurs  séances. 
Ils  en  avertirent  le  maire  de  Paris,  par  une  lettre  qui  accuse  les 
membres  du  corps  municipal  de  «  partialité  cruelle.  » 

«  Le  15  mars  1791. 

«  Lettre  du  directoire  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution 
monarchique^  à  M.  le  maire. 

«  Monsieur, 

«  Nous  attendons  depuis  un  mois  la  décision  du  corps  municipal. 

«  Si  nous  étions  coupables  à  ses  yeux,  il  nous  auroit  déjà  mis 
entre  les  mains  des  tribunaux.  Son  patriotisme  est  trop  connu  pour 
qu'on  puisse  l'accuser  d'insouciance  sur  de  véritables  délits.  Mais, 
monsieur,  si  l'on  ne  peut  sans  une  sorte  de  complicité  retarder  la 
punition  du  crime,  on  ne  peut  pas  davantage,  sans  une  partialité 
cruelle,  retarder  la  justification  de  l'innocence. 

«  Quoi  qu'il  en  soit,  monsieur,  nous  ne  pouvons  ni  ne  voulons 
faire  dépendre  plus  longtems  l'exercice  d'un  droit  sacré,  de  l'attente 
d'une  décision  que  nos  demandes  réitérées  n'ont  encore  pu  nous 
obtenir.  La  Société  peut  sans  doute  se  rassembler,  sans  que  pour 
cela  les  poursuites  des  sections  accusatrices  rencontrent  le  moindre 
obstacle.  Aucun  de  nous  n'a  le  désir  de  se  soustraire  à  leur  effet;  et 
vous  avez  pu  voir,  monsieur,  que  depuis  les  premières  attaques  nous 
avons  mis  autant  d'empressement  à  être  jugés  que  nos  calomniateurs 
ont  mis  de  lenteur  et  de  faiblesse  à  provoquer  une  décision  sur 
laquelle  la  conscience  de  leur  iniquité  et  de  votre  justice  ne  permet 
pas  d'être  aussi  rassurés  que  nous. 

«  Ces  considérations  nous  décident  à  reprendre  nos  séances  sous 
peu  de  jours.  Fidèles  au  système  de  loyauté  et  d'amour  pour  l'ordre 
que  nous  avons  toujours  suivi,  nous  avons  l'honneur  de  vous  pré- 
venir de  notre  résolution.  Nous  vous  indiquerons  d'une  manière 
positive  l'époque  et  le  lieu  de  nos  séances,  afin  que  la  protection  qui 


(1)  Journal  de  ta  Société  des  Amis  de  la  Constitution  mo7iarchifjtie,  t.  11,  n"  13 
du  12  mars  1791,  p.  2. 


CLUB  MONARCHIQUE  235 

nous  est  due  nous  soit  accordée,  si  toutefois  elle  est  encore  néces- 
saire, depuis  que  les  lâches  excès  de  nos  ennemis  et  la  publicité  de 
nos  principes  et  de  notre  conduite  ont  éclairé  l'opinion. 
«  Nous  sommes,  avec  respect, 
«  Monsieur, 
«  DuBERGiER  (1),    président;    Hautefort,  Dagieu,   de   Rossy, 
Armand,  Stanislas  de   Glermont-Tonnerre,    membres  du 
directoire.  » 

En  annonçant  qu'il  indiquerait  d'une  manière  positive  l'époque  et 
le  lieu  de  ses  séances,  le  Club  monarchique  mettait  les  autorités  en 
demeure  de  se  prononcer  et  se  flattait  d'avoir  éclairé  l'opinion 
publique.  Ses  ennemis  ne  lâchaient  pas  prise,  car,  contrairement  à 
ce  qu'il  assurait,  le  peuple  de  Paris  voyait  toujours  en  lui  une  réunion 
contre-révolutionnaire  au  premier  chef. 

Gomme  contre-poida  à  la  calomnie.,  le  Journal  du  Club  monarchique 
imprimait,  dans  son  numéro  14,  du  19  mars  1791  : 

«  C'est  avec  surprise  que  nous  voyons,  dans  le  numéro  13  du  jour- 
nal de  la  cour  et  de  la  ville,  la  lettre  ci-après  : 

«  Pour  faire  cesser  les  propos  qu'on  tient  sur  mon  compte,  relati- 
vement au  désir  qu'on  me  suppose  d'être  évêque  de  Paris,  je  vous 
prierai  d'annoncer  au  public  qu'on  vient  de  me  recevoir  au  Club  mo- 
narchique en  qualité  d'aumônier. 

«  Signé  :  Claude  Fauchet,  aumônier  du  Club  monarchique. 

—  «  Nous  certifions  que  le  Club  des  Amis  de  la  Constitution  monar- 
chique n'a  point  d'aumônier,  et  nous  ne  trouvons  pas  sur  la  liste  de 
nos  membres  le  nom  de  M.  Claude  Faucuet  (2).  » 

On  pouvait  croire  à  l'affihation  de  Fauchet,  quand  plusieurs  Jaco- 
bins étaient  suspectés  par  leur  club.  Le  nom  de  Fauchet  se  trouve 
sur  la  liste  que  nous  avons  reproduite. 

Le  journal  de  Brissot  contenait  cette  phrase  : 

«  Sur  une  nouvelle  secte  politique  qui  s'' élève  en  France. 
«  La  secte  qu'on  dénonce  ici,  et  qui  n'est  qu'un  cran  au-dessus  des 
Monarchiens  ou  Clermontistes.,  existe,  et  prend  des  forces  dans  l'as- 


(1)  Dubergier  était  qualifié,  en  mai  1791,  par  un  journal  jacobin,  de  «  ténébreux 
missionnaire  d'iniquité  ».  Le  journal  invitait  les  sociétés  affiliées  «  à  veiller  à  ce 
que  le  peuple  ne  se  porte  à  aucun  excès  sur  sa  personne  ». 

(2)  Claude  Fauchet,  qui  avait  été  d'abord  prédicateur  du  roi,  devint  un  partisan 
de  la  Révolution,  un  membre  modéré  de  la  Convention.  Exécuté  le  31  octgbre  1793, 
avec  les  Girondins. 


236  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

semblée;  c'est  à  elle  qu'on  est  redevable  des  décrets  sur  le  trésor  pu- 
blic et  sur  l'hérédité  de  la  régence;  beaucoup  de  Jacobins,  fervens  en 
apparence,  lui  appartiennent  secrètement  (1).  » 

Le  corps  municipal  délibéra,  à  propos  de  la  lettre  envoyée  par  le 
directoire  du  Club  monarchique. 

«  Corps  Municipal. 

«  Extrait  du  registre  des,  délibérations  du  corps  municipal,  du  2 5  mars 
mil  sept  cent  quatre-vingt-onze. 

«  M.  le  maire  a  fait  lecture  d'une  lettre  des  président  et  commis- 
saires de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  qui 
instruisent  le  corps  municipal  que  la  première  séance  de  cette  Société 
se  tiendra  lundi  vingt-huit  de  ce  mois,  à  six  heures  du  soir,  dans  le 
lieu  appartenant  ci-devant  à  la  loge  de  l'Amitié,  rue  des  Petites-Écu- 
ries du  roi. 

('  Le  corps  municipal,  après  avoir  entendu  la  lecture  de  cette  lettre, 
a  déclaré  persister  dans  son  arrêté  du  dix  février  dernier,  et,  cepen- 
dant, a  ordonné  que  le  comité  des  recherches  lui  feroit  incessamment 
le  rapport  des  nouveaux  renseignemens  qui  lui  seroient  parvenus. 
«  Signé  :  Bailly,  maire  ;  Royer  (2) ,  secrétaire-greffier  adjoint. 

«  Pour  extrait  conforme  à  l'original, 

«  Dejoly,  secrétaire-greffier  (3).  » 

Ce  nouvel  attermoiement,  motivé  par  la  crainte  de  désordres  dans 
la  rue,  n'arrêta  pas  les  monarchistes,  qui  écrivirent  une 

«  Lettre  du  directoire  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution 
monarchique  à  M.  le  maire. 

«  Monsieur, 

«  M.  Dubergier,  président  de  la  Société,  a  eu  l'honneur  de  vous 
remettre  notre  lettre  du  15  mars,  par  laquelle  nous  vous  annonçons 
le  projet  de  nous  rassembler. 

«  Fidèles  à  l'engagement  que  nous  avons  pris  avec  le  corps  muni- 
cipal, nous  avons  l'honneur  de  vous  instruire  que  notre  première 

(1)  Patriote  français,  n»  594,  du  23  mars  1791. 

(2)  Pierre-Paul  Royer-Collard,  secrétaire  de  la  première  Commune  de  Paris, 
philosophe  et  homme  politique,  fut  député  de  la  Marne  aux  Cinq-Cents,  député 
de  la  Marne  sous  la  Restauration,  et  chef  des  Doctrinaires. 

(3)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  t.  II,  n°  16, 
du  samedi  2  avril  1791,  p.  1  et  2. 


CLUB  MONARCHIQUE  237 

séance  se  tiendra  lundi  28  de  ce  mois  (mars),  à  six  heures  du  soir, 
dans  le  lieu  appartenant  ci-devant  à  la  loge  de  l'Amitié^  rue  des 
Petites-Écuries  du  roi. 

«  Nous  sommes  avec  respect, 
«  Monsieur, 
«  DuBERGiER,  président;  Hautefort,  Dagieu,  Cormier,  De  Rossy, 
Armand,  Stanislas  de  Clermont-Tonnerre,  membres  du  di- 
rectoire. » 

Le  Club  monarchique  avait  trouvé  un  nouveau  local,  rue  des  Petites- 
Écuries  du  roi,  dans  le  faubourg  Saint-Denis. 
A  la  lettre  ci-dessus  reproduite,  le  maire  Bailly  répondit  : 

«  Paris,  le  26  mars  1791. 

«  Lettre  de  M.  le  maire  au  directoire  de  la  Société  des  Amis 
de  la  Constitution  monarchique. 

«  J'ai  mis,  messie^irs,  sous  les  yeux  de  la  municipalité  la  lettre  que 
vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire  le  23  du  courant.  Le  corps 
municipal,  après  avoir  entendu  la  lecture,  a  déclaré,  par  la  délibéra- 
tion ci-jointe,  qu'il  persiste  dans  son  arrêté  du  10  février  dernier. 

«  Le  maire  de  Paris,  Bailly.  » 

Le  Club  monarchique  ne  s'exécuta  pas,  peut-être  parce  que  la 
missive  municipale  lui  arriva  indirectement  et  trop  tard,  comme  l'as- 
sure la  réponse  suivante  : 

«  A  M.  LE  MAIRE,  28  mars  i79i. 

«  Votre  lettre  du  26  de  ce  mois,  adressée  à  M.  Dubergier,  a  été  ap- 
portée chez  M.  de  Clermont-Tonnerre,  à  huit  heures  du  matin, 
aujourd'hui.  Le  directoire  de  la  Société,  voulant  donner  une  nouvelle 
preuve  de  sa  persévérance  dans  les  principes  de  modération  qu'il 
professe,  auroit  voulu  pouvoir  avertir,  à  tems,  tous  les  membres  qui 
doivent  se  rendre  à  la  séance  de  ce  soir;  ne  le  pouvant  pas,  il  se 
borne  à  envoyer  deux  personnes  à  la  salle,  afin  de  prévenir  les  mem- 
bres à  mesure  qu'ils  s'y  rendront,  et  de  leur  communiquer  l'arrêté 
municipal.  Nous  avons  l'honneur  de  vous  prévenir  de  ce  fait,  afin 
qu'aucune  calomnie  ne  puisse  s'attacher  à  notre  conduite,  et  que, 
dans  votre  prudence,  vous  puissiez  pourvoir  à  tout. 

«  Nous  sommes,  avec  respect,  etc. 

«  Signé  .--Armand,  Cormier,  Stanislas  Clermont-Tonnerre.  » 


238  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

XXVIII 

Peu  à  peu,  ce  qui  avait  été  d'abord  attroupement  contre  la  Société 
devint  trouble  réel,  dans  Paris,  où  les  esprits  se  surexcitaient  facile- 
ment. 

Le  28  mars  1791,  l'émeute  assiégea  à  coups  de  pierres  le  Club  mo- 
narchique^ et  il  en  chassa  les  membres.  Clermont-Tonnerre  fut  arrêté 
et  dut  la  vie  à  un  décret  de  l'Assemblée  nationale. 

Les  commissaires  du  Club  rendirent  compte  de  l'émeute  au  corps 
municipal.  Nous  transcrivons  la  lettre  plus  bas. 

Par  un  coup  d'autorité,  le  corps  municipal  terminait  la  lutte  exis- 
tante entre  lui  et  le  Club  monarchique. 

Le  28  mars  1791,  en  effet,  à  la  suite  de  cette  nouvelle  émeute,  le 
Club  monarchique,  qui,  par  une  seconde  tentative,  s'était  reconstitué 
rue  des  Petites-Écuries,  fut  définitivement  fermé  par  ordre  de  l'auto- 
rité municipale  (1),  en  vertu  d'une  ordonnance  de  police,  et  «  à  cause 
des  troubles  dont  il  était  l'occasion.  » 

Mais  la  lutte  avec  les  anti-monarchistes  ne  cessait  pas,  ainsi  que  le 
montrait  Carra,  dans  ses  Annales  patriotiques.  Il  déclarait  : 

«  Plusieurs  lettres  des  départemens.  annoncent  que  les  monar- 
chiens  correspondans  de  ceux  de  la  capitale  ont  pullulé  en  divers 
lieux  sous  le  nom  d'Amis  du  roi,  de  la  paix,  de  vrais  François,  etc.,  et 
qu'ils  ne  cessent  d'y  ourdir  des  trames  criminelles  contre  la  Société 
des  Amis  de  la  Constitution,  et  contre  la  Constitution  elle-même.  Le 
point  central  de  ces  conspirateurs  est  à  Paris...  (2).  » 

Le  Club  monarchique  ne  manqua  pas  de  mettre  à  profit  la  journée 
du  28  mars.  Après  avoir  été  calomnié,  remarquait-il,  il  était  persé- 
cuté. 

«  Lettre  écrite  par  les  commissaires  de  la  Société  des  Anns  de  la  Consti- 
tution monarchique  au  corps  municipal  (29  mars  1791). 

'(  Messieurs, 
«  L'événement  d'hier  nous  oblige  à  vous  présenter  de  nouvelles 
observations,  et  à  vous  réitérer  la  demande  d'un  jugement  qui  eût 
prévenu  cette  nouvelle  émeute,  qui  eût  épargné  à  nos  ennemis  cette 


(1)  Moniteur  du  30  mars  1791,  n"  90.  —    Correspondance  de  Mirabeau,   par  de 
Bacourt,  t.  I,  p.  251. 

(2)  Annales  patriotiques  de  Carra,  n°  546.  Du  1"'  avril  1791. 


CLUB  MONARCHIQUE  239 

indécente  et  coupable  manœuvre,  et  qui  eût  enfin  fixé  l'opinion  pu- 
blique, qu'il  est  de  notre  devoir  de  ne  pas  laisser  s'égarer. 

«  C'est  le  14  mars  que  nous  avons  eu  l'honneur  de  vous  écrire  que 
la  Société  alloit  reprendre  ses  séances.  Nous  avons  attendu  votre  ré- 
ponse jusqu'au  24,  et  votre  long  silence  a  dû  nous  convaincre  que 
vous  ne  voyiez  aucun  danger  dans  notre  rassemblement. 

«  Le  24  mars,  nous  vous  avons  annoncé  notre  première  séance 
pour  le  28.  Trois  jours,  quatre  jours  se  sont  encore  écoulés  sans  avoir 
reçu  de  réponse.  C'est  le  28  mars  au  matin  que  l'on  a  apporté  à  l'un 
de  nous  la  lettre  de  M.  le  maire,  et  l'arrêté  du  corps  municipal.  On 
nous  explique  ce  retard  par  l'ignorance  où  l'on  étoit  de  l'adresse  de 
notre  président.  Nous  observons  qu'au  moins  celles  de  plusieurs  de 
nos  membres  étoient  connues. 

«  Celui  qui  a  reçu  votre  arrêté  et  la  lettre  de  M.  le  maire  s'est  hâté 
d'avertir  les  deux  premières  personnes  qu'il  lui  a  été  possible  de  ras- 
sembler; tous  trois  ont  examiné  ces  pièces  :  nous  vous  prions,  mes- 
sieurs, de  vous  rappeler  ce  qu'elles  disent.  Vous  ne  nous  défendez 
pas  de  nous  réunir;  aucune  loi  ne  vous  y  autorise  :  vous  ne  nous 
exhortez  pas  à  ne  point  nous  réunir;  cette  mesure  même  vous  aura 
paru  trop  forte.  Vous  nous  rappelez  votre  arrêté  du  10  février;  vous 
déclarez  y  persister  :  et  qu'est-ce  que  cet  arrêté?  Un  véritable  ajour- 
nement, une  déclaration  que  vous  avez  reçu  notre  consentement  à 
différer  nos  séances.  Quelque  indirecte  que  fût  cette  manière  de  vous 
exprimer,  quelque  inapplicable  qu'elle  fût  à  la  circonstance  présente, 
puisque  nous  avons  retiré,  par  la  lettre  du  14  mars,  le  consentement 
que  nous  avions  donné  avant  l'arrêté  du  10  février,  nos  commissaires 
cependant  ont  cru  devoir  deviner  ce  que  vous  ne  disiez  pas  :  ils  ont 
cru  devoir  proposer  à  la  Société  un  nouvel  acte  de  déférence,  ils  ont 
cru  n'être  point  désavoués  en  persistant,  jusqu'à  l'opiniâtreté,  dans 
le  système  d'une  modération  que  notre  Société  adopte.  Ils  ont  écrit  à 
M.  le  maire  et  à  MM.  du  département  de  police  les  lettres  dont  nous 
vous  envoyons  copie  (1);  ils  ont  envoyé  à  leur  salle  deux  commis- 
saires, en  conformité  de  ces  lettres,  afin  de  communiquer  aux  mem- 
bres de  la  Société  les  pièces  qui  indiquoient  les  intentions  munici- 
pales. Les  commissaires  se  sont  transportés  au  lieu  de  la  séance. 
Pendant  assez  lougtems,  tout  y  a  été  calme  :  les  personnes,  arrivées 
successivement,  ont  fait  lecture  des  lettres  et  se  sont  retirées  sans 
murmurer.  Ce  n'étoit  point  à  ce  résultat  que  vouloient  arriver  nos 
ennemis.  Vers  les  cinq  heures,  tout  étant  parfaitement  calme  dans 

(1)  Nous  n'avons  pas  retrouvé  ces  lettres. 


240  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

les  rues,  un  homme,  revêtu  d'une  redingote  bleue,  s'est  approché  de 
la  porte  de  la  salle,  y  a  vu  entrer  plusieurs  de  nos  membres,  est  sorti 
de  la  rue  un  moment  après  et  revenu  avec  trois  autres  personnes, 
auxquelles  il  a  dit  :  Voilà  enfin  le  repaire  de  ces  monarchiens  décou- 
vert! Est-ce  que  nous  ne  leur  fou,..rons  pas  une  danse?  Il  a  posté  là 
ses  trois  compagnons  ;  il  a  apperçu  à  Tautre  extrémité  de  la  rue  une 
patrouille  vraie  ou  fausse;  il  lui  a  fait  (de  la  main)  le  signe  de  ne  pas 
encore  avancer;  elle  a  retourné  sur  ses  pas.  Le  même  homme  est  en- 
suite allé  chercher  un  nouveau  grouppe,  avec  lequel  il  est  revenu 
quelque  tems  après. 

«  Voilà,  messieurs,  le  moyen,  la  source  d'un  attroupement  évidem- 
ment commandé. 

«  Des  femmes,  des  enfans  se  sont  bientôt  amassés;  quelques  cris, 
des  huées  exécutées  avec  plus  de  docilité  que  de  chaleur,  ont  succes- 
sivement accueilli  tous  ceux  des  membres  qui  arrivoient  à  la  salle  de 
la  Société;  aucun  d'eux  n'a  été  arrêté  par  cet  obstacle,  et  tous  ont 
obéi  à  la  lecture  de  votre  arrêté.  De  très  nombreuses  patrouilles  sont 
alors  successivement  arrivées  :  on  a  mandé  à  la  section  le  portier  de 
notre  maison;  on  lui  a  demandé  la  communication  de  vos  ordres; 
nos  commissaires  l'ont  chargé  de  répondre  qu'ils  ne  pouvoient  et 
n'étoient  chargés  de  communiquer  aucun  ordre  municipal;  que 
toutefois  si  MM.  de  la  section  vouloient  connoître  votre  arrêté,  qui 
n'étoit  pas  un  ordre,  ils  étoient  prêts  de  le  montrer  à  ceux  qui  se 
présenteroient  de  leur  part.  MM.  de  la  section  n'ont  point  insisté;  il 
a  existé  du  tumulte  jusqu'à  7  heures,  malgré  les  soins  de  M.  le  com- 
mandant de  bataillon,  dont  nous  devons  louer  le  zèle  et  l'activité. 
A  7  heures,  tous  nos  membres  étoient  sortis,  et  les  portes  de  l'assem- 
blée fermées;  il  n'y  a  point  eu  de  séance.  C'est  surtout  en  traversant 
les  rues  adjacentes,  pour  se  retirer,  que  quelques  individus  ont  été 
outrageusement  traités  :  un  ecclésiastique  a  été  frappé,  un  autre 
membre  a  reçu  un  coup  de  plat  de  sabre  sur  la  tête  ;  et  aucune  pro- 
vocation de  leur  part  ne  peut  excuser  ces  excès. 

«  On  a  remarqué,  messieurs,  qu'aucune  personne  du  quartier  n'a 
pris  part  à  l'attroupement;  ses  auteurs  sont  venus  par  grouppes,  et 
ils  avoient  tellement  compté  sur  l'indifférence  du  peuple,  qu'une 
nouvelle  troupe  de  séditieux,  précédée  de  femmes  ivres  et  d'émis- 
saires qui  ne  l'étoient  pas,  ont  été  rencontrées  par  plusieurs  d'entre 
nous;  elles  s'en  sont  retournées  sur  la  nouvelle  que  tout  étoit  fini. 

«  Voilà  donc,  messieurs,  encore  une  de  ces  émeutes  de  commande, 
qui  seroit  la  honte  de  votre  administration,  si  vous  en  permettiez  le 
retour.  Il  est  impossible  qu'en  en  suivant  exactement  les  circons- 


CLUB  MONARCHIQUE  241 

lances,  vous  ne  vous  apperceviez  pas  qu'on  a  voulu  armer  le  peuple 
contre  nous,  et  nous  forcer  à  la  résistance,  résistance  que  l'on  eût 
bientôt  qualifiée  d'assassinat;  résistance  dans  laquelle  on  auroit 
bientôt  vu  toute  une  contre-révolution  (1)  :  le  papier  coupable  et 
calomnieux,  que  nous  déposons  sur  le  bureau,  démontre  les  inten- 
tions de  nos  ennemis.  Le  ciel  ne  l'a  pas  permis,  et  nous  pouvons  sans 
doute  ne  remercier  que  lui  lorsque  tant  de  fureurs  nous  environnent 
et  que  les  loix  humaines  sont  si  lentes  à  nous  justifier. 

«  Nous  concluons,  messieurs,  à  ce  qu'il  vous  plaise  prononcer 
enfin  le  jugement  dont  le  retard  devient  si  funeste  à  la  tranquillité 
publique. 

«  Nous  vous  dénonçons  les  délits  dont  nous  venons  de  vous 
instruire.  Repoussés  partout  quand  nous  avons  voulu  dénoncer  les 
jacobins,  et  ignorant  si  le  cours  des  informations  ne  les  replacera 
pas  encore  dans  cette  affaire,  nous  nous  en  rapportons  à  ce  que  fera 
M.  le  procureur  de  la  Commune,  et  nous  appelions  contre  les  cou- 
pables, quels  qu'ils  soient,  toute  la  sévérité  de  son  ministère. 

«  Nous  sommes,  avec  respect,  etc., 
«  Messieurs.  » 

En  outre,  le  président  du  Club  monarchique  donna  une  explication 
sur  la  journée  du  28  mars  : 

«  Lettre  de  M.  Dubergier  à  M.  Bailly,  maire  de  Paris. 

«  Monsieur, 

«  Le  Directoire  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monar- 
chique a  eu  l'honneur  d'écrire  à  la  municipalité  sur  les  événemens 
du  28  mars,  et  comme  membre  du  directoire  j'ai  signé  la  lettre. 

«  Mais,  comme  président  de  cette  Société,  monsieur,  je  dois  à  la 
confiance  dont  elle  m'honore  de  vous  demander  compte  à  vous- 
même  des  causes  secrètes  d'un  événement  qui  a  pu  devenir  bien 
funeste  à  plusieurs  de  ses  membres. 

«  L'assemblée  générale  étoit  convoquée  pour  le  lundi  28  mars  ;  le 
directoire  avoit  eu  l'honneur  de  vous  en  instruire  par  sa  lettre  du  24, 
et  la  municipalité,  à  qui  vous  l'avez  communiquée,  a  pris,  le  lende- 
main 2.0,  un  arrêté  dont  le  but  sembloit  être  de  nous  inviter  à  sus- 
pendre encore  nos  séances,  avec  promesse  d'un  jugement  très  pro- 
chain. Cet  arrêté,  monsieur,  est  resté  trois  jours  dans  vos  bureaux, 
et  c'est  cette  négligence  coupable  que  je  vous  dénonce. 

(1)  Note  du  rédacteur.  —  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constilulion 
monai'clùque,  t.  II,  n*  16,  du  samedi  2  avril  1791,  p.  3  à  8. 

16 


2'i2  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  Vous  ne  pouviez  pas  ignorer  qu'en  ne  me  faisant  passer  votre 
lettre  que  dans  la  matinée  du  28,  il  me  seroit  impossible  de  satisfaire 
aux  vues  indiquées  par  la  municipalité;  que  les  distances  de  la  capi- 
tale s'opposoient  nécessairement  à  ce  que  je  pusse  prévenir  tous  les 
membres  de  la  Société;  que  la  plupart  d'entre  eux  se  rendroient  à 
l'assemblée,  et  que  cette  désobéissance  apparente  les  feroit  paroître 
coupables  aux  yeux  de  la  loi. 

«  Mais  le  véritable  délit,  c'est  d'avoir  placé  des  citoyens  sans 
défense  sous  le  couteau  des  assassins,  et  de  n'avoir  pris  aucune 
mesure  efficace  pour  les  soustraire  aux  fureurs  de  ces  brigands 
soudoyés,  dont  on  met  si  faussement  les  forfaits  sur  le  compte  du 
peuple. 

«  Qu'il  me  soit  permis  de  vous  rappeller,  monsieur,  que  lorsque, 
le  21  août  1790,  je  votois  à  la  section  des  Tuileries  pour  vous  confier 
le  pouvoir  que  vous  exercez  aujourd'hui,  je  croyois  assurer  à  la  tran- 
quillité publique  un  appui,  et  à  mes  concitoyens  un  protecteur.  Le 
désir  que  vous  cpnservez  sans  doute  de  justifier  mon  attente  me 
fait  croire  encore  que  mes  espérances  ne  seront  pas  trompées. 

«  DuBERGiER,  rue  Saini-Honoré,  n"  67,  vis-à-vis  les  Jacobins.  •» 

Un  journal  spécial  rendit  compte  ainsi  de  la  journée  du  28  mars 
1791  : 

<(  Le  Club  monarchique,  las  de  son  inaction,  avoit  informé  la 
municipalité  qu'il  alloit  reprendre  ses  séances.  Le  jour  fut  indiqué, 
ensuite  remis,  à  ce  qu'on  prétend;  mais  plusieurs  membres  ignorant 
le  contre-ordre,  se  rendirent  le  28  (mars  1791)  aux  petites  écuries  du 
roi,  faubourg  Saint-Denis,  lieu  du  rendez  vous.  Le  peuple  s'y  rendit 
aussi;  il  se  fâcha,  il  maltraita  ceux  qui  vouloient  se  rassembler  en 
club  ;  il  fut  question  de  lanterne.  La  garde  nationale  sauva  ceux  que 
l'on  menaçoit.  Tels  sont  en  substance  les  faits  constatés  par  le  direc- 
toire même  du  Club  monarchique.  Il  ne  manque  pas  d'ajouter  que  les 
acteurs  étoient  des  gens  soudoyés.  Mais  nous  nous  permettons  de 
n'ajouter  foi  à  cette  inculpation,  commune  aux  deux  partis  opposés, 
que  lorsque  nous  verrons  des  preuves  certaines  (1).  » 

En  effet,  suivant  ce  Journal  des  Clubs^  on  disait,  dans  plusieurs 
sections  de  Paris,  que  le  Club  monarchique  donnait  de  l'argent  à  des 
hommes,  chargés  d'occuper  les  tribunes  de  l'Assemblée  nationale, 


(1)  Journal  des  Clubs,  t.  II,  p.  3;{3  et  334» 


CLUB  MONARCHIQUIO  243 

«  pour  influer,  autant  que  faire  se  peut,  sur  les  délibérations  du  corps 
législatif  (1).  » 

Le  même  journal  publia  aussitôt  les 

«  Conclusions  des  commissaires  rapporteurs  dans  Va/faire  du  Club 

monarchique. 

«  Comme  dans  toutes  les  imputations  faites  au  Club  monarchique, 
il  n'y  a  que  des  dénonciations  qui  peuvent  conduire  à  découvrir  de 
grandes  vérités,  mais  pas  une  preuve  qui  constate  un  corps  de  délit; 
comme  il  seroit  possible  que,  dans  le  cas  où  les  preuves  seroient  ac- 
quises, (elles)  ne  fissent  reconnoître  que  quelques  membres  de  la  So- 
ciété, et  non  pas  toute  la  Société;  comme  le  Club  monarchique  déclare 
que  de  sa  propre  volonté  il  suspend  ses  séances,  ce  qui  doit  aussi  sus- 
pendre toutes  les  craintes;  comme  la  municipalité  ne  doit  pas  même 
être  soupçonnée  de  blesser  en  rien  les  droits  et  la  liberté  des  citoyens, 
nous  concluons  à  ce  que  le  corps  municipal  arrête  : 

«  1"  Que,  conformément  à  la  déclaration  de  la  Société  des  Amis  de 
la  Constitution  monarchique,  les  séances  du  Club  soient  suspendues 
jusqu'à  ce  que  les  informations  que  le  corps  municipal  va  prendre 
sur  le  champ  puissent  le  mettre  dans  le  cas  de  prononcer; 

«  2°  Que  les  dénonciations  des  sections  soient  remises  au  comité 
des  recherches  qui,  conjointement  avec  le  procureur  de  la  Commune 
et  ses  substituts,  feront,  d'après  ces  dénonciations,  toutes  les  infor- 
mations nécessaires; 

«  3°  Que  l'affaire  soit  ajournée  jusqu'au  moment  où  le  comité  des 
recherches  et  le  procureur  de  la  Commune  en  feront  le  rapport.  » 

«  Ces  conclusions  ont  été  adoptées  par  le  corps  municipal  ;  le  rap- 
port et  l'arrêté  ont  été  portés  au  conseil  général  de  la  Commune  qui 
a  applaudi  au  premier  et  confirmé  le  second  (2).  » 

Le  28  mars  1791,  Voidel  dénonçait  à  la  Société  fraternelle  (3)  un 
conciliabule  aristocratique  rassemblé  dans  une  maison  de  la  Petite 
Pologne  attenant  à  la  caserne  des  chasseurs  (41. 


(1)  Journal  des  Clubs,  t.  II,  p.  25. 

(2)  Journal  des  Clubs,  t.  II,  p.  25. 

(3)  Dans  la  section  des  Enfauts-Rouges,  rue  Vieille-du-Temple.  Club  fondé  en 
janvier  1791  par  Tallien,  qui  en  était  le  président. 

(4)  Les  Sabbats  jacobites,  t.  I,  p.  197. 


244  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 


XXIX 

Quelques  autres  journaux  apprécièrent  aussi  la  journée  du  28  mars 
1791.  Le  Moniteur  universel  imprima  : 

«  Les  membres  du  Club  monarchique  avaient  loué,'rue  des  Petites 
Écuries  du  Roi,  un  local  connu  sous  le  nom  de  loge  de  l'Amitié  ;  ils 
-  se  proposaient  d'y  tenir  leur  assemblée,  dont  l'ouverture  avait  été 
lixée  à  lundi  28  de  ce  mois.  Vers  six  heures  du  soir,  l'arrivée  d'un 
grand  nombre  de  voitures  fixa  l'attention  de  quelques  personnes, 
qui  remarquèrent  que  plusieurs  de  ceux  qui  arrivaient  portaient  une 
cocarde  blanche.  Cette  remarque  communiquée  augmenta  la  foule, 
qui  murmura  contre  cet  acte  d'incivisme.  On  invita  plusieurs  de  ces 
messieurs  à  s'en  défaire  ;  ceux-ci  résistèrent,  alors  on  la  leur  arracha, 
et  leur  résistance  a  occasionné  quelques  insultes.  La  garde  nationale 
est  arrivée  et  a  rétabli  l'ordre. 

«  Le  Club  monarchique  voulait  reprendre  ses  séances;  on  sait 
dans  quel  esprit.  Les  chefs  ont  un  langage  fier.  On  a  pu,  disent-ils, 
mettre  un  homme  ou  deux  à  la  lanterne;  mais  six  ou  sept  cents 
gentilshommes,  bons  serviteurs  du  roi,  tous  bien  armés  et  très  dis- 
posés à  fondre  sur  les  aggresseurs,  ne  peuvent  pas  courir  la  même 
chance...  (1).  » 

Stanislas  Clermont-Tonnerre  réclama,  dans  une  lettre  insérée  au 
Moniteur  le  3  avril.  Pas  de  cocardes  blanches,  pas  d'armes,  assura-t-il. 
On  ne  le  crut  guère,  même  parmi  les  modérés. 
A  ce  moment,  sans  doute,  parut  la  brochure  intitulée  : 

«  Grand  Détail  de  l'arrestation  de  plusieurs  membres  du  Club  mo- 
narchique, qui  ont  été  poursuivis  hier  au  soir  par  le  peuple  pour 
avoir  pris  la  cocarde  blanche,  et  un  d'entre  eux  aurait  été  pendu  si 
la  garde  nationale  de  la  section  de  Saint-Lazare  n'en  avait  empê- 
ché (:2).  » 

Le  Journal  de  Paris,  avait  inséré  cette  lettre,  le  2  avril  1791  : 

«  Paris,  ce  l^^  avril  1791. 
«  Variété. 

«  Aux  Auteurs  du  Journal. 
((Je  vous  prie,   Messieurs,  de  vouloir   bien   insérer  dans   votre 

(1)  Moniteur  universel,  (3e  Paris,  29  mars  1791. 

(2)  Bib.  Nat.,  Lb  39/4747,  pièce  saus  date,  in-S-,  de  4  p. 


CLUB  MONARCHIQUE  24b 

Feuille  la  lettre  ci-jointe  que  j'ai  écrite  au  Rédacteur  du  Moniteur. 
«  J"ai  l'honneur  d'être,  etc. 

«  Stanislas  Clermont-Tonnerre.  » 

«  J'ai  lu,  Monsieur,  l'article  inséré  dans  votre  N"  90,  sur  le  Club 
monarchique  dont  je  suis  membre. 

«  Il  est  faux  qu'aucune  des  personnes  qui  se  sont  rendues  à  la 
séance  du  28  aient  porté  des  cocardes  blanches;  tous  les  autres  dé- 
tails copiés  par  vous  outragent  également  la  vérité  que  nous  rétabli- 
rons bientôt  légalement.  Vous  dites  que  nous  sommes  six  à  sept  cents 
Gentilshommes  ;  nous  sommes  plus  de  mille  Citoyens.  Vous  dites  que 
nous  sommes  armés;  notre  billet  de  convocation  porte  l'invitation 
expresse  de  ne  pas  l'être.  Vous  nous  appelez  de  bons  Serviteurs  du 
Roi;  nous  sommes  fidèles  à  la  Nation,  à  la  Loi  et  au  Roi.  Vous  parlez 
de  notre  esprit  connu;  notre  esprit  est  l'amour  de  la  Liberté  et  le 
mépris  des  Factieux.  Vous  dites  que  nos  Chefs  sont  fiers;  nous 
n'avons  point  de  Chefs,  mais  nous  acceptons  tous  ce  reproche  :  on 
est  fier  de  la  haine  des  méchans,  et  de  la  crainte  que  leurs  excès 
mêmes  trahissent. 

«  Je  vous  prie.  Monsieur,  d'insérer  ma  lettre  dans  votre  Journal. 
Peut-être  ceux  que  votre  récit  a  pu  tromper  apprendront-ils  avec 
quelque  intérêt  la  vérité  que  je  certifie  (1).  » 

Les  Annales  patriotiques  de  Carra  lancèrent  cette  violente  apos- 
trophe : 

«  Paris,  29  mars. 

«  Hier,  les  monarchiens  s'étoient  rassemblés  mystérieusement  dans 
un  cul-de-sac  détourné,  et  y  tenoient  leur  sabbat  :  le  peuple  s'est 
rassemblé  autour  de  la  caverne,  et  demandoit  à  grands  cris  la  dis- 
persion de  ces  cabaleurs  aristocrates.  Le  juge  de  paix  de  la  section 
s'y  est  transporté,  et  a  invité  l'assemblée  monarchienne  à  vouloir 
bien  se  dissoudre  pour  éviter  le  scandale  et  le  tumulte  qu'elle  alloit 
occasionner;  les  monarchieux  ont  obtempéré.  En  sortant  de  leur  re- 
paire, ils  ont  trouvé  les  citoyens  qui  se  chauffoient  à  un  grand  feu  de 
joie,  alimenté  par  les  journaux,  pamphlets,  libelles  et  autres  bribes 
aristocratiques  que  la  gueule  monarchienne  vomit  chaque  jour  par 
milliers  contre  la  Constitution  et  ses  amis.  Le  grand  monarque  Sta- 
nislas-Clermont  n'a  pas  été  témoin  de  cette  fête  donnée  à  ses  fidèles 
sujets..".  (2).  )) 


(1)  Journal  de  Paris,  uuinéro  du  2  avril  1791. 

(2)  Annales  palrioliques  de  Carra,  n°  544,  du  30  luars  1791. 


2i6  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Dans  les  /{évolutions  de  Paris  parut  cet  article  : 

«  Déconfiture  du  Club  monarchique. 

«  Le  Club  monarchique  a  voulu  renaître  de  ses  cendres;  mais  sa 
seconde  existence  a  avorté  tout  comme  la  première. 

«  Les  monarchistes  avoient  loué,  rue  des  Petites  Écuries  du  Roi,  un 
local,  connu  sous  le  nom  de  Loge  de  l'Amitié;  ils  se  proposoient  d'y 
tenir  leur  première  séance  le  28  mars,  jour  périodique  de  la  scène 
des  poignards  aux  Tuileries.  Vers  les  six  heures  du  soir,  arrive  grand 
nombre  de  voitures;  la  longue  fde  obstruoit  la  rue,  elles  attirèrent 
l'attention  publique.  On  remarqua  que  plusieurs  de  ceux  qui  en  des- 
cendoient  portoient  la  cocarde  blanche.  Ce  signe  de  révolte  et  de  sé- 
dition indigne  les  spectateurs  ;  on  prie  très  civilement  les  cocardiers 
de  s'en  défaire,  ils  résistent;  alors,  le  peuple  se  met  en  devoir  de 
l'arracher.  Cependant,  malgré  leur  insolence,  il  n'y  a  pas  eu  de  sang 
répandu,  et  ces  messieurs  en  ont  été  quittes  pour  quelques  horions... 

«  Quelques  minutes  après  la  bagarre,  de  jeunes  patriotes,  qui  ont 
voulu  s'amuser  aux  dépens  de  ceux  quisurvenoient  sans  être  au  cou- 
rant de  la  déroute  de  leurs  complices,  se  sont  placés  en  sentinelle  à 
la  porte  de  la  salle,  et  leur  demandoient  leur  carte  et  leur  adresse. 
Plusieurs  l'ont  donnée  tout  bonnement,  et  il  s'est  trouvé,  vérification 
faite,  que  ces  prétendus  paladins  sont  des  officiers  de  bouche,  des  in- 
tendans  de  maison,  des  praticiens  et  autres  gens  de  pareil  acabit... 

«...  C'est  pour  la  seconde  fois  que  nous  dénonçons  le  Club  monar- 
chique... 

«...  Aujourd'hui  qu'il  est  démontré  que  les  monarchistes  ont  des 
intentions  perfides,  suivies  d'un  commencement  d'exécution.,  il  y  auroit 
de  la  stupidité  à  leur  permettre  de  s'assembler...  (1)  » 

Le  30  mars  parut  une 

«  Lettré  à  M.  Dubergier,  président  de  la  Société  des  Amis  de  la 
Constitution  monarchique. 

«  Monsieur, 
«  Il  se  répand,  comme  à  l'ordinaire,  des  écrits  calomnieux  sur  ce 
qui  s'est  passé  à  la  réunion  du  Club  monarchique,  rue  des  Petites- 
Écuries  du  Roi,  le  28  de  ce  mois.  Ne  sachant  rien  de  cette  journée 
que  ce  qui  me  concerne,  j'en  rends  compte  au  public  par  cette  lettre, 
que  je  vous  prie  d'insérer  dans  votre  journal. 

(1)  Révolutions  de  Paris,  n°  90,  du  26  mars  au  2  avril  ITOL 


CLUB  MONARCHIQUE  247 

«  Je  suis  sorti  des  Thuileries  à  six  heures  du  soir,  pour  me  rendre 
au  Club  monarchique;  j'ai  rencontré  dans  la  rue  des  Fossés-Mont- 
martre  un  officier  de  la  garde  nationale  de  ma  connoissance,  qui  m'a 
demandé  si  j'allois  au  Club  monarchique;  sur  m'a  réponse,  il  m'a 
prévenu  que  la  municipalité  avoit  commandé  des  troupes  pour 
assurer  notre  tranquillité.  J'ai  continué  ma  route,  et  n'ai  point  ren- 
contré de  patrouilles.  J'ai  trouvé  dans  la  rue  des  Écuries  du  Roi  quel- 
ques personnes  devant  les  portes,  mais  je  n'ai  apperçu  aucun  mou- 
vement. Je  suis  arrivé  jusqu'à  la  porte  du  Club  monarchique  dans 
une  parfaite  tranquillité;  je  me  suis  présenté  pour  y  entrer;  la  senti- 
nelle ne  m'a  pas  répondu,  mais  un  homme  du  peuple  m'a  crié  que  la- 
séance  étoit  levée,  et  que  personne  n'avoit  afTaire-là  [sic).  Sans  aucune 
réplique  de  ma  part,  j'ai  cherché  à  me  retirer.  Mais  dans  le  même 
instant  je  me  suis  trouvé  enveloppé  et  fortement  pressé  par  vingt- 
cinq  ou  trente  gens  de  toute  espèce,  parmi  lesquels  j'ai  reconnu 
quatre  ou  cinq  personnes  revêtues  de  l'habit  national,  ayant  le  sabre 
dans  son  fourreau  à  la  main  (je  suppose  que  c'est  dans  ce  moment 
que  l'on  m'a  dérobé  ma  montre);  mais  j'ai  entendu  dans  le  moment 
crier  à  Faristocrate !  à  la  lanterne!  et  j'ai  vu  dans  les  yeux  de  ces 
forcenés  le  dessein  de  se  procurer  ce  spectacle.  Indigné  jusqu'à  l'excès, 
n'ayant  point  d'armes,  j'ai  rassemblé  toute  ma  force  et  mon  courage 
pour  me  séparer  de  cette  troupe.  J'ai  reçu  par  derrière  des  coups  de 
sabre  sur  la  tête  de  la  part  de  quelques-uns  des  gardes  nationaux,  des 
coups  de  poing  et  de  bâton  de  la  part  de  la  populace;  et  m'étant 
débarrassé  d'elle,  j'ai  cherché,  par  la  fuite  la  plus  prompte,  à  me 
soustraire  à  ces  odieux  traitemens.  La  vitesse  de  ma  course  les  empê- 
chant de  me  rejoindre,  ils  m'ont  lancé  des  pierres,  dont  une  m'a 
atteint  à  la  tête  et  m'a  grièvement  blessé.  Dans  l'intervalle  de  ma 
course,  j'ai  reçu  des  coups  de  droite  et  de  gauche  par  ces  brigands, 
qui  n'avoient  d'autre  but  que  de  m'assassiner.  Je  suis  tombé  deux 
fois;  mais,  relevé  promptement,  je  n'ai  essuyé  que  quelques  coups 
dans  ces  chutes.  J'ai  renversé  plusieurs  de  ces  gens-là  sur  mon  pas- 
sage, et  j'ai  eu  le  bonheur  enfin  de  rencontrer  une  patrouille  de 
gardes  nationaux  qui  m'ont  sauvé  de  la  fureur  du  peuple  et  m'ont 
conduit  chez  le  commissaire  de  police,  de  la  part  duquel,  ainsi  que 
de  la  garde  nationale,  je  n'ai  reçu  que  soins  obligeans,  honnêtetés  et 
intérêt  sur  les  mauvais  traitemens  dont  ils  ont  bien  reconnu  que 
j'étois  injustement  la  victime.  J'ai  pu  écrire  hier  à  un  de  ces  mes- 
sieurs, que  l'on  nomme  M.  de  la  Fontaine,  et  qui  est  peintre  de 
l'académie,  pour  le  remercier,  ainsi  que  ces  messieurs,  des  secours 
qu'ils  m'ont  donnés  et  auxquels  je  dois  la  vie. 


248  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  Je  suis  loin  de  penser  que  ceux  qui  étoient  revêtus  du  même 
habit  et  qui  ont  eu  la  bassesse  de  me  frapper,  soient  véritablement 
dans  la  garde  nationale;  je  suis  loin  de  penser  que  ce  peuple,  tout 
enragé  qu'il  m'a  paru  l'être,  se  soit  porté  de  lui-même  à  de  pareils 
excès,  s'il  n'y  a  pas  été  excité. 

«  Je  borne  là,  monsieur,  le  récit  de  mon  aventure,  sans  aucune 
observation  ultérieure;  la  partie  saine  du  public  les  saura  bien  faire. 

«  J'ai  l'honneur  d'être, 
«  Monsieur, 
«  Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

((    PiGRAIS. 

«  P.-S.  —  Je  ne  puis  vous  écrire  de  ma  main,  mon  chirurgien 
s'étant  apperçu  ce  matin  que  j'avois  un  os  de  cassé  dans  la  main 
droite  (1).  » 

Il  se  vendit  un  imprimé  dans  lequel  on  lisait  : 

«  (1791)...  Hier  au  soir,  les  membres  du  Club  monarchique  s'étoient 
rassemblés  dans  un  petit  jardin  dit  de  l'Amilié,  situé  rue  des  Pe- 
tites Écuries,  fauxbourg  Montmartre.  » 


XXX 


Les  choses  prenaient  une  tournure  très  grave;  l'irritation  des 
monarchistes  était  comparable  à  celle  du  peuple  qui  leur  prêtait  des 
projets  dangereux,  non  seulement  pour  la  tranquillité  publique, 
mais  pour  l'avenir  de  la  nation. 

Dans  la  séance  du  3  avril  1791,  aux  Jacobins,  une  députation  de 
la  section  du  Théâtre-Français  et  une  du  Club  des  Cordeliers,  dénon- 
cèrent le  Club  monarchique.  L'orateur  annonça  qu'il  s'y  était  ourdi 
une  conspiration  qui  devait  éclater  le  28  mars  précédent,  que  ses 
membres  voulaient  assaillir  les  Jacobins,  égorger  la  garde  natio- 
nale, etc.,  que  le  chef  était  Clermont-Tonnerre,  et  que  ce  monar- 
chiste répandait  un  argent  immense.  On  engageait  les  Jacobins  «  à 
faire  périr  tous  les  membres  du  Club  monarchique  (2).  » 


(1)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  t.  II,  n"  16, 
du  samedi  2  avril  1791,  p.  8  à  IL—  Le  nom  de  Pigrais  ne  figure  pas  sur  les  listes 
des  membres  de  la  Société. 

Ç2)  Le  Lendemain,  3  et  6  avril  1791, 


CLUB  MONARCHIQUE  249 

Voilà  ce  qui  résultait  des  provocations  que  les  soutiens  du  trône 
et  de  Tautel  multipliaient,  quand  leur  nombre  diminuait  de  jour  en 
jour. 

Le  public  ne  doutait  pas  de  leur  entente  avec  les  émigrés  et  les 
étrangers,  qui  présentement  menaçaient  la  France.  Des  deux  côtés 
on  se  livrait  aux  violences;  il  semblait  que  la  guerre  civile  allait 
éclater. 

Le  décret  relatif  à  la  constitution  civile  du  clergé  ajoutait  aux 
prétentions  de  la  noblesse  une  certaine  couleur  de  fanatisme  reli- 
gieux. 

Malouet  écrivit  la  lettre  suivante,  qui  ne  pouvait  amener  l'apaise- 
ment : 

«  Lettre  de  M.  Malouet  à  MM.  les  commissaires  du  Club 
monarchique. 

«  N'ayant  pu,  messieurs,  vous  trouver  réunis,  j'ai  l'honneur  de 
vous  écrire  pour  vous  faire  part  de  mes  observations  sur  la  position 
de  la  Société  dont  vous  êtes  commissaires  et  dont  j'ai  l'honneur  d'être 
membre. 

«  M.  de  Clermont-Tonnerre  m'ayant  conynuniqué  lundi  matin 
la  lettre  de  la  municipalité,  je  n'allai  point  à  la  séance  indiquée, 
mais  je  n'en  ressens  pas  moins ,  vivement  les  outrages  et  les  vio- 
lences exercés  ce  jour-là  contre  ceux  de  nos  membres  qui,  n'étant 
point  avertis  du  contre-ordre,  se  sont  trouvés  au  rendez-vous.  Je  ne 
vous  dissimulerai  point,  messieurs,  qu'on  se  plaint  de  vous,  parce 
qu'on  ne  peut  pas  se  persuader  que  vous  avfez  fait  toutes  les  démar- 
ches qui  dévoient  vous  procurer  justice  et  protection  de  la  munici- 
palité. 

«  J'ai  eu  personnellement  trop  de  preuves  de  votre  zèle  et  de  l'in- 
fatigable activité  avec  laquelle  vous  avez  défendu  les  droits  de  la 
Société,  pour  adopter  cette  prévention  :  mais  la  dernière  aventure 
vous  impose,  si  vous  me  permettez  de  le  dire,  d'autres  devoirs;  car 
il  faut  qu'on  nous  ait  l'obligation  de  la  solution  du  problème  : 
SOMMES-NOUS  Ubres  ou  dominés  par  des  tijrans?  —  On  nous  a  calomniés 
de  toutes  les  manières;  les  plus  grossières  absurdités  ont  été 
employées  par  les  jacobins  et  leurs  adhérens;  la  populace  a  été- 
excitée  contre  nous;  le  comité  des  recherches  s'est  mis  aussi  en 
campagne;  et  pendant  qu'on  renouvelle  les  anecdotes  de  cocarde 
blanche  et  de  contre-révolution,  M.  Voidel  prépare  un  rapport  où 
vous  êtes,  dit-on,  compromis.  On  a  arrêté  des  hommes  distribuant 
de  l'argent  et  des  pamphlets.  Mon  avis  est,  messieurs,  que' vous  accé' 


2o0  LKS  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

lériez  le  dénouement,  en  attaquant  premièrement  la  municipalité 
devant  le  directoire  de  département,  et  ensuite  devant  l'Assemblée 
nationale,  car  un  délit  plus  certain  que  tous  ceux  qui  alimentent  le 
comité  des  recherches,  est  l'injustice  atroce  que  nous  éprouvons.  — 
On  s'avise  non  seulement  de  juger,  mais  de  diffamer  nos  intentions; 
et  parce  que  quelques  brigands  soudoyés  inquiètent  une  Société,  elle 
sera  dénuée  de  protection,  livrée  à  toutes  leurs  fureurs,  et  les  magis- 
trats qu'ils  réclament  n'en  seront  pas  responsables  !  Mon  avis  est  de 
poursuivre  les  magistrats  jusqu'au  déni  de  justice  inclusivement;  et 
s'il  arrive,  je  crois  que  vous  devez,  messieurs,  dresser  une  pétition  à 
l'Assemble  nationale,  la  déposer  chez  un  notaire,  et  inviter  publique- 
ment tous  les  membres  de  la  Société  à  venir  en  prendre  connaissance 
et  à  la  signer.  —  Cette  pétition  sera  la  physique  expérimentale  de  la 
Constitution  et  de  la  liberté,  dont  nous  ne  connoissons  encore  que  la 
métaphysique.  — .Si  l'on  ne  vous  prouve  pas  que  vous  êtes  dans  un 
état  de  forfaiture  et  de  révolte  contre  les  loix,  si  les  dissentimens  qui 
nous  séparent  de  la  doctrine  jacobite  sont  un  prétexte  suffisant  pour 
défendre  nos  assemblées  ou  pour  ne  pas  les  protéger  contre  des 
assassins,  il  nous  restera  un  dernier  acte  à  faire,  celui  de  notre  dis- 
solution, et  je  vous  demanderai  de  m'admettre  comme  coopérateur 
à  la  rédaction.  Il  importe  véritablement  à  la  paix  publique,  que  tous 
les  jeux  cruels  de  l'intrigue  et  de  la  scélératesse  soient  authentique- 
ment  dévoilés,  et  que  l'on  sache  à  quelles  conditions  il  est  permis 
maintenant  à  un  citoyen  françois  de  vivre  en  sûreté  dans  le  lieu  de 
son  domicile.  Cependant,  messieurs,  si  le  destin  de  la  France  per- 
mettoit,  avant  notre  réunion,  la  dissolution  de  tous  ces  clubs  fana- 
tiques et  factieux  qui  la  désolent,  j'espère  bien  que  vous  penserez, 
comme  moi,  que  nous  ne  devons  pas  en  laisser  subsister  la  trace 
dans  notre  Société,  qui  ne  me  paroît  utile  que  pour  constater  qu'il 
reste  des  hommes  qui  ne  veulent  connoître  d'autres  maîtres  que  les 
loix. 

«  J'ai  l'honneur  d'être,  avec  un  respectueux  attachement, 
«  Messieurs, 
«  Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

«  Malouet  (1).  » 

La  réponse  à  cette  lettre  ne  calma  pas,  non  plus,  les  esprits  surex- 
cités. 


(1)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  du  samedi 
9  avril  1791,  u"  17,  t.  H,  p.  1  à  b. 


CLUB  MONARCHIQUE  251 

«  Réponse  des  commissaires  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution 
monaixhique  à  M.  Malouet. 

«  Vous  ne  devez  pas  douter,  monsieur,  de  notre  empressement  à 
justifier  la  confiance  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monar- 
chique :  certes,  il  faut  faire  décider  si  nous  sommes  libres  ou  domi- 
nés par  des  tyrans;  et  c'est  pour  obtenir  cette  décision  que  nous 
sollicitons,  avec  autant  d'ardeur  que  de  zèle,  le  jugement  de  la  muni- 
cipalité. Si  la  loi  qui  consacre  la  pureté  de  nos  principes  ne  nous 
protège  pas,  alors  il  sera  démontré  qu'il  n'y  a  plus,  ou,  pour  mieux 
dire,  qu'il  n'y  a  pas  encore  en  France  de  liberté.  Nous  sentons,  mon- 
sieur, tout  le  poids  des  injustices  qu'on  accumule  contre  nous;  nous 
plaignons  bien  sincèrement  la  faiblesse  de  la  municipalité  et  l'aveu- 
glement de  la  partie  du  peuple  que  l'on  peut  encore  égarer;  mais 
nous  vous  observons  que  si  le  moment  et  la  force  ont  suffi  pour  briser 
les  fers  de  l'ancien  despotisme,  le  tems  seul  et  l'opinion  pourront 
repousser  les  chaînes  que  de  nouveaux  oppresseurs  nous  présentent, 
parce  qu'il  est  peut-être  plus  difficile  de  démasquer  les  tyrans  que  de 
les  renverser. 

«  Quant  au  comité  des  recherches,  le  moment  où  il  s'attaqueroit  à 
des  hommes  aussi  courageux  qu'irréprochables  seroit  probablement 
plus  dangereux  pour  lui  que  pour  nous.  Il  n'appartient  ni  à  M.  Voidel, 
ni  à  aucun  des  agents  du  ministère  jacobite,  de  compromettre  un 
honnête  homme.  Nous  n'avons  rien  fait,  nous  ne  ferons  jamais  rien 
que  nous  ne  puissions  avouer ,  et  nous  ne  craignons  ni  les  dénoncia- 
teurs ni  les  espions. 

«Vous  désirez  savoir  quelle  marche  nous  proposerons  à  la  Société, 
et  comment  nous  accélérerons  le  dénouement? 

«  Nous  n'avons  eu,  jusqu'ici,  qu'une  seule  arme  :  voyez  comme 
nos  ennemis  la  craignent!  Nous  avons  toujours  eu  raison,  ayons 
toujours  raison,  et  vous  verrez  que  cela  finira  bien.  Nous  ne  devons, 
nous  ne  pouvons  dénoncer  la  municipalité  que  lorsqu'elle  aura  fait 
un  déni  de  justice  entier.  Jusqu'ici,  elle  n'a  été  que  faible;  si  elle  de- 
vient coupable,  nous  saurons  bien  l'attaquer;  ce  ne  sera  pas,  comme 
les  clubs  privilégiés,  par  des  affiches  indécentes  et  séditieuses,  mais 
par  des  pétitions  légales. 

«  Vous  pensez  biQn,  monsieur,  que  l'on  ne  s'avance  pas  au  point  où 
nous  sommes  lorsqu'on  est  décidé  de  reculer.  Eh!  n'avons-nous  pas 
déjà  fait  des  sacrifices?  Nous  avons  affronté  la  haine  de  tous  les  jaco- 
bites,  les  calomnies  de  leurs  écrivains  soudoyés,  les  outrages  des 
hommes  qu'ils  trompent  et  des  brigands  qu'ils  payent;  nous  avons 


252  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

vu  le  peuple  que  nous  servens,  pour  lequel  nous  travaillons,  mécon- 
noître  nos  efforts,  et  nous  regarder  comme  des  factieux  ;  et  cependant, 
nous  sommes  encore  le  Directoire  de  la  Société  des  Amis  de  la  Consti- 
tution monarchique.  Chacun  de  nous  s'honore  de  placer  son  nom  au 
bas  de  ces  papiers  dénoncés,  comme  les  bons  citoyens  s'honoroient, 
sous  les  triumvirs,  de  voir  leurs  noms  placés  sur  les  listes  de  pros- 
cription. Ces  principes  dirigeront  toujours  notre  conduite. 

«  Depuis  l'événement  du  28  mars,  nous  ne  nous  sommes  pas  ou- 
bliés :  nous  avons  rendu  compte  au  peuple,  par  un  écrit  signé  de 
nous;  nous  avons  mis  sous  les  yeux  de  la  muaicipalité  un  pre- 
mier précis  des  faits  que  nous  avons  recueillis.  Depuis  ce  tems,  nous 
en  avons  rassemblé  de  nouveaux;  nous  allons  les  dénoncer  tous,  et 
demander  que  l'on  informe  sur  les  véritables  assassinats  qui  ont  eu 
lieu  dans  cette  journée. 

«  C'est  d'après  la  réponse  que  nous  recevrons  que  nous  réglerons 
notre  conduite  ultérieure. 

«  Quant  à  notre  dissolution,  l'instant  où  elle  pourroit  être  volon- 
taire paroît  malheureusement  très  éloigné  ;  et  si  nous  savons  faire 
aux  circonstances  le  sacrifice  momentané  de  l'usage  de  nos  droits, 
nous  n'en  sommes  pas  moins  déterminés  à  n'en  jamais  faire  le  sacri- 
fice complet  à  la  force. 

«  Nous  vous  remercions,  monsieur,  de  la  manière  franche  et  loyale 
dont  vous  nous  avez  fait  passer  votre  opinion  ;  nous  désirons  que  tous 
les  membres  de  la  Société  veuillent  bien  contribuer  à  éclairer  notre 
marche  et  nous  communiquer  leurs  observations;  nous  nous  ferons- 
une  loi  de  leur  répondre  avec  exactitude,  et  de  leur  soumettre  notre 
conduite. 

«  Signé :J)uhergier, p7'ésident ;}\3iïnG\'m,  vice-pi'ésident ;D^ k^icu^ 
De  Rossy,  Cormier,  Hautefort,  Armand,  Stanislas  Cler- 
mont-Tonnerre  (1).  » 

Il  convient  de  reproduire  ce  document  : 

«  Pétition  des  commissaires,  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution 
monarchique  à  MM.  les  officiers  municipaux  (2). 

«  Messieurs, 
«  Les  citoyens,  soussignés,  commissaires  et  membres  de  la  Société 
des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  voue  demandent,  pour  la 


(1)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Cojisiitution  monarchique,  t.  II,  n°  18, 
p.  1  à  n,  du  16  avril  1791. 

(2)  Idem,  numéro  du  samedi  16  avril  1791. 


CLUB  MONARGHIQL'E  253 

dernière  fois,  la  justice  qu'il  est  de  votre  devoir  de  rendre  à  tous  les 
citoyens. 

«  Une  simple  exposition  des  faits  doit  précéder  les  réflexions  que 
nous  avons  à  vous  présenter. 

«  Veuillez  vous  souvenir,  en  nous  lisant,  que  nous  sommes  des  ci- 
toyens, et  que  nous  sommes  persécutés,  que  vous  êtes  des  magistrats, 
et  que  la  France  est  libre. 

«  Nous  nous  sommes  formés  en  société  en  vertu  de  la  loi;  nous 
vous  avons  fait  connoitre  notre  existence  par  une  déclaration  du 
mois  de  novembre  1790. 

«  Nous  avons  tenu  quelques  assemblées  sans  éprouver  aucun 
trouble  :  dans  l'une  d'elles,  nous  arrêtâmes  de  faire  aux  pauvres  de 
la  capitale  une  distribution  de  pain.  Dans  la  même  séance,  nous 
annonçâmes  le  projet  de  dénoncer  aux  dépositaires  de  l'autorité,  et 
de  poursuivre  devant  les  tribunaux,  les  auteurs  des  libelles  infâmes 
qui,  outrageant  l'Assemblée  nationale  et  le  roi,  conseilloient  au 
peuple  de  désobéir  et  d'abolir  la  royauté. 

«  La  première  de  ces  résolutions  servit  de  prétexte  à  la  haine  que 
la  seconde  avoit  suscitée  contre  nous;  la  cabale  coupable  qui  exerce, 
au  nom  de  la  liberté,  la  plus  odieuse  tyrannie,  le  Club  des  Jacobins 
agit  sur  les  sections  et  fit  dénoncer  le  mode  de  distribution  que  nous 
avions  adopté.  Il  ne  négligea  pas  des  moyens  qui  lui  sont  encore  plus 
familiers  que  les  dénonciations  légales;  on  nous  menaça  du  peuple; 
on  effraya  le  propriétaire  du  Panthéon  dont  nous  avions  loué  la  salle. 
La  séance  étoit  indiquée  pour  le  29  décembre  (1790),  à  cinq  heures 
du  soir.  Ce  fut  à  peu  près  vers  les  deux  heures  du  même  jour,  que 
l'un  de  nous  reçut  un  arrêté  municipal  qui  nous  défendoit  de  la  tenir. 
Vous  savez  l'empressement  que  mit  le  directoire  à  communiquer  vos 
ordres  à  la  Société;  vous  vous  rappelez  aussi  que  la  Société  obéit  à 
votre  ordre,  quoiqu'elle  eût  pu  lui  résister,  personne  n'ayant  le  droit 
d'interdire  ce  que  la  loi  ne  défend  pas,  et,  à  plus  forte  raison,  ce  que 
la  loi  autorise  expressément. 

«  Quoiqu'il  en  soit,  et  malgré  la  rigueur  du  principe,  nous  étions 
accusés  et  nous  voulûmes  nous  justifier.  On  ne  pouvoit  attaquer  que 
le  mode  de  distribution  de  pain:  après  avoir  victorieusement  prouvé 
qu'il  n'étoit  susceptible  d'aucune  inculpation,  et  qu'employé  dans 
plusieurs  circonstances  antérieures,  il  avoit  obtenu  de  justes  éloges, 
nous  vous  déclarâmes  que  nous  consentions  à  l'abandonner,  et  nous 
vous  demandâmes  une  justice  éclatante  des  calomnies  dont  nous 
étions  environnés. 

«  Votre  arrêté  du  8  janvier  (1791)  nous  permit  de  reprendre  nos 


254  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

séances  :  la  fermentation  ne  fut  point  calmée  par  votre  arrêté  ;  les 
journalistes  aux  gages  de  nos  ennemis  continuèrent  à  nous  attaquer. 
Nous  méprisâmes  des  traits  aussi  faibles,  et  nous  tînmes  une  séance 
dans  la  salle  du  Vaux-Aal  [sic)  d'été.  Cette  séance  ne  fut  point  trou- 
blée; il  ne  s'y  passa  rien  de  contraire  à  Tordre  public  ni  au  respect  dû 
à  la  loi;  cependant,  elle  excita  de  nouvelles  alarmes  chez  nos  enne- 
mis. Nous  fûmes  dénoncés  aux  Jacobins;  nous  le  fûmes  par  eux  de- 
vant toute  la  France,  nous  le  fûmes  devant  l'Assemblée  nationale  par 
un  Jacobin  (M.  Barnave),  nous  le  fûmes  devant  vous  par  quelques 
sections  influencées  par  les  Jacobins. 

«  Notre  marche  fut  simple  :  nous  méprisâmes  la  dénonciation  faite 
aux  Jacobins  ;  nous  opposâmes  la  vérité  et  un  démenti  formel  à  la 
dénonciation  qu'ils  avoient  envoyée  dans  tous  les  départemens;  et  ce 
rapprochement  leur  arracha  bientôt  la  plus  lâche  des  rétractations; 
nous  opposâmes  le  même  démenti  à  M.  Barnave,  avec  une  offre  de 
nous  justifier  ;  et  son  silence  nous  en  évita  la  peine  ;  nous  vous  adres- 
sâmes toutes  les  pièces  qui  établissoient  noire  défense,  et  nous  vous 
priâmes  de  vouloir  bien,  par  un  jugement  authentique  et  motivé, 
mettre  fin  à  la  plus  injuste  des  persécutions  et  fixer  l'opinion  publi- 
que. 

«  Nous  ignorons  encore  ce  qu'ont  pu  vous  dire  nos  délateurs  : 
nous  savons  que  par  une  lettre  du  1 1  février,  M.  le  procureur-syndic 
les  pressa  de  fournir  leurs  preuves.  Vous  savez  combien  nous  avons 
désiré  et  demandé  votre  jugement.  Vous  aviez  prononcé  un  véritable 
ajournement,  et  votre  arrêté  nous  donne  acte  de  la  déclaration  que 
nousvousavons  faite  de  suspendre  nosséances  jusqu'au  jugement  dé- 
finitif. Certes,  nous  ne  devions  pas  nous  attendre  que  cette  déclaration 
pût  devenir  un  moyen  de  nous  priver  de  l'exercice  de  nos  droits,  et  de 
rendre  indéfini  un  ajournement  qui  ne  pouvoit  être  que  très  prochain. 

«  Pendant  que  nous  attendions  votre  jugement,  vous  vous  rap- 
peliez combien  de  persécutions  furent  dirigées  contre  nous,  et  sur- 
tout contre  l'un  de  nos  commissaires,  à  l'occasion  de  la  distribution 
du  pain  dont  nous  avions  changé  le  mode,  sur  laquelle  nous  avions 
consulté  votre  département  de  police,  de  laquelle  nous  avions  prié 
successivement  et  vous  et  les  sections  de  vouloir  bien  se  charger. 

«  Une  affiche  insidieuse  de  la  section  de  la  Croix-Rouge  excita  la 
plus  dangereuse  fermentation,  exposa  les  propriétés  et  peut-être  la 
personne  de  ce  commissaire;  et  cet  incident  n'étoit  peut-être  pas  une 
des  moindres  raisons  dont  vous  voyiez  que  l'opinion  publique  avait 
besoin. 

«  Pendant  que  nous  attendions  ce  jugement  avec  respect,  la  section 


GLUn  MONARCHIQUE  255 

de  la  Croix-Rouge  s'est  permis  de  le  présumer  :  elle  a  fait  placarder 
une  affiche  dans  laquelle  elle  déclare  flétrie  la  Société  des  Amis  de  la 
Constitution  monarchique.  Nous  vous  avons  dénoncé  ce  délit,  et  nous 
n'avons  reçu  de  vous  ni  réponse  ni  justice. 

«  Fatigués  d'un  aussi  long  délai,  nous  vous  avons  écrit  le  15  mars 
que  nous  n'entendions  pas  suspendre  plus  longtems  nos  séances , 
et  que  nous  demandions  un  jugement.  Nous  n'avons  eu  de  vous  ni 
réponse  ni  jugement. 

«  Le  24  mars,  nous  vous  avons  écrit  une  seconde  lettre,  pour  vous 
annoncer  que  nous  reprendrions  nos  séances  le  28  ;  le  27  au  soir  nous 
n'avions  pas  encore  de  réponse  ;  le  28  au  matin,  l'un  de  nous  (M.  de 
Clermont-Tonnerre)  a  reçu  dans  le  même  paquet  et  votre  réponse  à 
notre  lettre  du  l.o,  et  un  arrêté  municipal  du  25.  Le  prétexte  de  ce 
retard  fut  l'ignorance  où  l'on  étoit  de  l'adresse  de  notre  président. 

«  Quoi  qu'il  en  soit,  les  membres  qui  eurent  connoissance  de  votre 
arrêté  firent  tout  ce  qui  dépendoit  d'eux  pour  en  instruire  la  Société. 

«  Le  29,  nous  nous  rendîmes  compte  des  faits;  nous  vous  deman- 
dâmes justice  des  violences  exercées  contre  quelques-uns  de  nous, 
et  nous  vous  dénonçâmes  les  manœuvres  qui  les  avoient  préparées. 
Nous  sommes  au  14  avril,  et  nous  n'avons  reçu  de  vous  ni  de  réponse 
ni  de  justice. 

«  Voilà  les  faits,  messieurs,  nous  vous  les  dénonçons  à  vous- 
mêmes,  et  nous  les  dénonçons  à  toute  la  France.  Est-ce  là  ce  que  des 
citoyens  doivent  attendre  de  leurs  mandataires,  des  magistrats 
revêtus  de  la  confiance  du  peuple?  Vous  ne  devez  pas  laisser  diva- 
guer l'opinion,  laisser  les  préventions  se  grossir,  les  complots  se  pré- 
parer et  les  attentats  s'exécuter  impunément.  Vous  êtes  responsables 
du  mal  que  vous  n'empêchez  pas.  Tout  calcul  pusillanime  est  un 
calcul  coupable;  la  sédition  qui  suit  une  sédition  non  réprimée  de- 
vient alors  votre  ouvrage  ;  et  l'on  peut  vous  dire  ce  que  le  sévère 
Montausier  disoit  à  Louis  XIV,  qui  se  plaignoit  de  vingt  meurtres 
commis  par  un  scélérat  à  qui  il  avoit  pardonné  le  premier  :  «  Sire, 
lui  dit  Montausier,  vous  vous  trompez  ;  il  n'en  a  tué  qu'un.  »  «  Et  qui 
donc  a  tué  les  autres?  »  dit  le  roi.  «  Vous,  »  lui  répondit  Montausier. 
Nous  avons  le  droit  de  vous  rappeller  aux  seuls  principes  qui  con- 
viennent aux  magistrats  d'un  peuple  libre,  impartialité,  justice  et 
courage. 

«  Nous  allons  vous  donner  une  occasion  d'exercer  ces  trois  vertus. 
Nous  avons  recueilli  les  faits  relatifs  à  la  journée  du  28  mars,  et  nous 
allons  vous  les  dénoncer. 

«  Le  sieur  Pigrais,  vieillard  respectable,  a  été  enveloppé  et  assailli 


256  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

par  vingt-cinq  ou  trente  personnes,  à  la  porte  de  la  salle;  il  en  a  re- 
connu quatre  ou  cinq,  vêtus  de  l'uniforme  national,  ayant  à  la  main 
leur  sabre  dans  le  fourreau;  sa  montre  lui  a  été  volée;  il  a  été  frappé 
par  derrière  de  coups  de  sabre  sur  la  tête,  de  coups  de  poing  et  de 
bâton  par  la  populace;  il  a  fui  et  a  été  poursuivi  à  coups  de  pierres, 
dont  une  Ta  grièvement  blessé  à  la  tête;  il  est  tombé  deux  fois  sous 
les  coups.  Il  a  un  os  cassé  dans  la  main  droite;  une  patrouille  lui  a 
sauvé  la  vie,  en  le  conduisant  chez  le  commissaire  de  police.  Nous 
vous  demandons  qu'il  soit  informé  contre  les  assassins  du  sieur  Pi- 
grais;  que  l'on  fasse  entendre  des  témoins,  et  notamment  le  sieur 
Delafontaine,  cité  par  M.  Pigrais  pour  l'avoir  généreusement  secouru 
sans  le  connoître. 

«  Le  sieur  Daricourt  (1),  qui  n'est  arrivé  qu'à  neuf  heures  du  soir, 
tems  où  le  tumulte  étoit  passé,  a  été  arrêté  en  entrant  dans  la  maison 
par  un  grenadier  jeune,  de  la  taille  d'environ  cinq  pieds  sept  pouces, 
armé  seulement  d'un  sabre,  lequel  lui  a  demandé  son  billet  d'entrée. 
Ce  même  grenadier  lui  a  demandé  sa  demeure  et  puis  une  canne  à 
sabre  qu'il  avoit  (2).  Ayant  remis  cette  canne,  le  même  grenadier 
voulut  en  casser  la  lame,  et  en  fut  empêché  par  d'autres,  qui  lui  di- 
rent qu'il  falloit  conserver  'précieusement  cette  preuve. 

«  Le  sieur  Daricourt  observa  que  ces  cannes  étoient  permises;  on 
lui  répondit  que  non.  Le  même  grenadier  lui  dit  que  s'il  remetloil  ja- 
mais le  pied  dans  le  Club  monarchique ,  et  surtout  avec  une  pareille 
canne,  il  la  lui  passeroit  au  travers  du  corps  et  seroit  son  premier  bou- 
cher. 

«  Plusieurs  personnes  ont  insulté  le  sieur  Daricourt;  après  une 
longue  délibération  entre  eux,  deux  volontaires  et  un  chasseur  l'ont 
conduit  au  district  de  Saint-Lazare.  Ces  trois  hommes  n'avoient  pas 
de  fusil  et  n'étoient  pas  conduits  par  un  sous-officier  de  service.  Arrivé 
au  corps-de-garde  de  Saint-Lazare,  il  a  essuyé  de  nouvelles  railleries  ; 
on  l'a  exhorté  d'entrer  au  Club  des  Jacobins;  présenté  au  commis- 
saire de  la  section,  ses  conducteurs  l'ont  accusé  d'être  du  Club  mo- 
narchique. L'officier  civil  l'a  fait  mettre  en  liberté,  a  ordonné  qu'on 
lui  remît  sa  canne,  qui  ne  lui  a  pas  été  rendue. 

«  Nous  vous  dénonçons  la  conduite  illégale  et  coupable  du  grena- 
dier, qui  a  insulté  et  menacé  le  sieur  Daricourt  ;  son  arrestation  irré- 


(1)  Ce  nom  ne  figure  pas  sur  les  listes  citées  plus  haut. 

(2)  «  Notre  premier  projet  ayant  été  de  nous  rassembler  le  vendredi  précédent,  on 
avoit  joint  aux  lettres  l'indication  de  ne  point  porter  d'armes,  pour  se  conformer 
à  la  proclamation  de  la  municipalité.  Cette  proclamation  ayant  été  retirée,  l'invi- 
tation ne  fut  pas  mise  aux  billets  du  lundi.  »  fNote  des  commissaires.) 


CLUB  MONARCHIQUE  257 

gulière  par  trois  hommes  qui  n'étoient  point  de  service,  ou  n'en 
avoient  point  les  marques,  et  le  vol  de  la  canne  à  sabre  qui  ne  lui  a 
pas  été  rendue, 

«  M.  Guyet-Laprade  (1)  a  été  environné  par  plusieurs  hommes  mal 
intentionnés;  un  d'entre  eux  s'est  jette  sur  lui,  il  l'a  repoussé.  Cet 
homme  excitait  le  peuple  à  se  saisir  de  lui.  M.  de  Montjourdin,  com- 
mandant le  bataillon  de  Saint-Lazare,  le  débarrassa  par  le  courage 
avec  lequel  il  s'est  lui-même  dévoué  ;  il  a  été  conduit  au  corps-de- 
garde  de  la  rue  Poissonnière;  il  a  été  proposé  de  le  fouiller;  il  y  a  été 
détenu  pendant  cinq  heures;  on  y  a  dressé  un  procès-verbal. 

«  Nous  demandons  qu'il  soit  informé  contre  ceux  qui  ont  entouré 
et  assailli  le  sieur  Laprade,  contre  celui  qui  les  excitoit,  et  que  vous 
fassiez  représenter  le  procès-verbal  qui  a  été  rédigé  au  corps-de- 
garde  de  la  rue  Poissonnière. 

«  Une  lettre  signée  par  un  de  nos  membres  contient  encore  les  faits 
suivans  : 

«  A  six  heures  du  soir,  il  y  avoit  assez  de  monde  dans  la  rue;  la 
maison  étoit  assiégée  d'un  bon  nombre  d'hommes,  quelques  femmes 
et  quelques  enfans  ;  une  patrouille  nombreuse  étoit  arrêtée  dans  une 
rue  latérale,  assez  près  de  la  maison.  Les  premiers  membres  sortis 
ont  été  hués  :  deux  ou  trois  personnes  crièrent  que  les  aristocrates 
avoient  des  cocardes  blanches;  d'autres  remarquèrent  qu'elles  étoient 
aux  trois  couleurs;  ils  ne  furent  point  écoutés,  et  cette  calomnie  de- 
vint le  prétexte  de  la  fermentation.  Deux  patrouilles,  cependant,  se 
croisoient  dans  la  rue  et  ne  dissipoient  pas  l'attroupement.  11  arriva 
une  voiture  de  place,  chargée  de  quatre  personnes.  Le  peuple  l'arrête; 
un  gros  homme  se  montre  à  la  portière;  aussitôt,  plusieurs  voix 
s'écrient  qu'on  le  reconnoit,  qu'il  est  des  Jacobins,  qu'il  est  du  district 
de  Saint-Lazare,  qu'il  est  excellent  patriote.  Cet  homme  exige  du  si- 
lence et  est  obéi.  Il  fait  une  sortie  contre  les  aristocrates  rnonarchiens, 
approuve  la  justice  qu'on  paraissoit  disposé  à  en  faire,  ajoute  qu'elle 
est  d'autant  plus  méritée  que  ces  MM.  se  sont  assemblés  malgré  la  dé- 
fense de  la  municipalité.  Il  propose  de  lire  la  loi  qu'ils  ont  enfreinte; 
il  tire  de  sa  poche  une  feuille  de  papier  à  tellière,  il  ht  cette  première 
phrase  :  «  Monsieur,  nous  avons  eu  l'honneur  de  vous  prévenir  que  la 
Société  reprendra  ses  séances  le  lundi  28  de  ce  mois  ».  A  ce  peu  de 
mots,  il  a  reconnu  son  erreur  et  a  voulu  s'interrompre  pour  chercher 
un  autre  papier;  on  le  force  à  continuer.  Alors,  en  balbutiant,  il 
achève  la  lecture  du  papier,  qui  étoit  notre  lettre  à  M,  le  maire  ;  lettre 

(1)  Ce  nom  ne  figure  pas  sur  les  listes  citées  plus  haut. 

17 


258  LES  CLUBS  GONTRE-REVOLUTIONNAIRËS 

dans  laquelle  nous  annoncions  les  mesures  prises  par  le  directoire  de 
la  Société,  pour  empêcher  la  tenue  de  la  séance.  L'orateur  s'est 
esquivé  après  sa  lecture,  qui  a  convaincu  de  sa  mauvaise  foi  ceux  qui 
étoient  à  portée  de  l'entendre,  mais  qui  parut  aux  plus  éloignés  la  loi 
même  que  cet  émissaire  nous  accusoit  d'avoir  enfreinte. 

«  C'est  après  cette  lecture  que  le  sieur  Pigrais  a  été  frappé,  comme 
nous  l'avons  dit  précédemment.  Quelques-uns  de  ses  assassins  ont 
rapporté  une  cocarde  qu'ils  disoient  avoir  prise  à  son  chapeau.  Elle 
étoit  aux  trois  couleurs;  mais,  pour  faire  croire  qu'elle  étoil  blanche, 
ils  la  montrèrent  du  côté  de  la  doublure. 

«  L'attroupement  étant  augmenté,  plusieurs  personnes  témoi- 
gnèrent le  regret  d'être  arrivées  si  tôt.  Si  i\ous  n'étions  venues  quà 
huit  heures^  dirent-elles^  nous  aurions  trouvé  tous  ces  gredins  réunis, 
et  il  ne  nous  en  aurait  pas  échappé  un  seul. 

«  Quelques  momens  après,  un  grouppe  nombreux,  à  la  tête  duquel 
étoit  un  jeune  grenadier,  a  pénétré  dans  l'intérieur  de  la  maison  ; 
un  moment  après,  M.  Bailly  a  paru  à  la  porte,  et  un  officier  a  fait  en- 
trer une  patrouille  dans  la  maison.  Plusieurs  personnes  ont  encore 
été  maltraitées  ou  insultées  par  le  peuple;  aucune  patrouille  ne  se 
trouvoit  dans  les  rues  latérales  au  moment  où  se  commettoient  ces 
excès.  Enfin  M.  Bailly  est  sorti  de  la  salle,  a  assuré  qu'il  n'y  avoit 
plus  personne  que  les  gens  de  la  maison.  Il  a  dit:  J'ai  promis  de  so?'- 
tir  le  dernier,  me  voici,  je  tiens  parole;  ainsi  je  pense  que  nous  n'avons 
plus  rien  de  mieux  à  fœre  que  de  nous  en  aller  chacun  chez  nous;  allons, 
mesdames,  engagez  ces  messieurs  à  se  retirer.  Les  dames  ont  refusé 
d'abord  de  convenir  qu'elles  eussent  du  crédit  sur  l'esprit  de  ces  mes- 
sieurs; cependant,  après  une  assez  longue  conversation  avec  M.  le 
maire,  l'attroupement  s'est  dissipé. 

<(  Sur  ce  récit,  nous  demandons  qu'il  soit  informé  contre  les  auteurs 
de  l'attroupement  et  des  différentes  violences  exercées  contre  les 
auteurs  de  la  calomnie  relative  à  la  cocarde  blanche;  contre  le  qui- 
dam venu,  lui  quatrième,  dans  une  voiture  de  place,  et  ayant  excité 
le  peuple  contre  nous,  en  nous  accusant  faussement  d'avoir  désobéi 
à  la  loi.  Nous  demandons,  de  plus,  que  M.  le  maire  veuille  bien  s'ex- 
pliquer avec  vous  et  avec  nous,  sur  la  conduite  qu'il  a  tenue  dans 
cette  journée,  et  notamment  sur  la  circonstance  par  laquelle  l'homme 
venu  dans  la  voiture  de  place,  et  qui  excitoit  le  peuple  contre  nous, 
s'est  trouvé  porteur  de  la  lettre  ou  de  la  copie  de  la  lettre  écrite  par 
notre  directoire  à  M.  le  maire,  le  matin  du  28  mars,  et  que  nous 
n'avions  communiquée  à  personne. 

«  Le  concierge  du  bâtiment  certifie  qu'un  grouppe  est  entré  dans 


CLUB  MONARCHIQUE  259 

la  maison,  a  cassé  le  treillage  du  bout  du  jardin,  que  l'on  a  pris  les 
bougies  qui  étoient  dans  les  lustres,  que  l'on  en  a  cassé  un,  que  l'on 
a  pris,  dans  une  table  à  lui,  une  montre,  un  médaillon  et  autres  ba- 
gatelles de  cuivre;  qu'enfin  la  garde  restée  dans  la  maison  a  dit  à 
plusieurs  membres  qui  arrivoient  successivement,  après  leur  avoir 
demandé  leurs  cartes,  leurs  noms  et  leur  demeure,  qu'il  n'y  avoit 
point  d'assemblée,  que  c'étoit  pour  la  troisième  fois  qu'on  leur  sau- 
voit  la  vie,  mais  qu'à  la  quatrième  on  n'en  répondoit  pas  (1). 

«  Nous  demandons  qu'il  soit  informé  contre  les  auteurs  des  dégâts 
et  des  vols  ci-dessus  mentionnés,  et  sur  la  conduite  des  soldats  de 
garde  qui  ont  arbitrairement  vexé  des  citoyens,  et  ne  leur  ont  pas 
donné  les  secours  qu'ils  dévoient  en  attendre.  Nous  vous  observons 
que  vous  êtes  responsables  des  dégâts  commis,  parce  que  vous  n'avez 
pas  fait  ce  qui  étoit  nécessaire  pour  les  empêcher. 

«  Voilà,  messieurs,  l'ensemble  des  faits  relatifs  à  la  journée  du 
28  mars,  et  que  nous  vous  dénonçons.  Nous  ne  sommes  coupables 
d'aucun  délit,  et  nos  adversaires  sont  prévenus  de  délits  graves.  A 
peine  chez  les  peuples  les  plus  esclaves  trouveroit-on  l'exemple  d'une 
soumission  à  la  volonté  du  despote  égale  à  notre  constante  défé- 
rence aux  intentions  du  corps  municipal.  Nous  avons,  pendant  des 
mois  entiers,  fait  le  sacrifice  de  nos  droits  ;  nous  savions  bien  que, 
même  pour  vous,  les  circonstances  étoient  difficiles  ;  mais  nous  es- 
périons qu'un  jour  vous  en  triompheriez.  Il  ne  nous  est  échappé 
contre  vous  aucune  plainte,  aucun  reproche;  on  ne  nous  a  pas  vus, 
comme  le  club  des  Cordeliers,  afficher  des  placards  séditieux  et  vous 
dénoncer  au  peuple.  Peut-être  cette  constante  modération  méritoif- 
elle  de  votre  part  au  moins  une  prompte  justice;  aujourd'hui  nous 
vous  demandons  justice  et  vengeance.  Nous  vous  dénonçons  les  dé- 
sordres que  vous  auriez  pu  prévenir  en  nous  jugeant,  l'émeute  que 
vous  auriez  évitée  en  nous  envoyant  deux  jours  plus  tôt  la  lettre 
qui  n'est  arrivée  que  le  28  mars,  et  les  attentats  contre  la  sûreté 
individuelle,  que  vous  auriez  •empêchés  en  montrant  la  ferme  réso- 
lution d'user  de  la  force  publique. 


(1)  «  Un  caporal  d'un  bataillon  de  la  garde  nationalo,  dont  les  volontaires  de 
cette  môme  garde  avoient  pris  le  nom  par  subterfuge,  lorsqu'il  s'était  présenté 
pour  demander  à  parler  à  un  membre  du  Club  monarchique,  a  été  dénoncé  à 
son  bataillon  comme  membre  du  Club  monarchique;  et  sur  cette  dénonciation, 
son  bataillon  a  pris  l'arrêté  de  le  dégrader  à  la  tête  du  corps.  L'exécution  du 
jugement  n'a  pas  été  réalisée,  parce  que  le  hasard  l'avoit  fait  se  démettre  de  son 
grade  quelques  jours  avant  celui  oîi  il  s'étoit  présenté  pour  demander  quelqu'un 
de  la  Société,  rue  des  Petites- Écuries.  » 


260  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

«  Nous  vous  offrons,  sur  la  première  réquisition  qui  nous  en  sera 
faite,  (le  répondre  à  tous  les  reproches,  de  confondre  tous  les  déla- 
teurs, de  vous  donner  tous  les  renseignemens  qui  peuvent  éclairer 
votre  décision.  Depuis  trois  mois,  notre  procès  s'instruit  dans  les 
ténèbres  de  votre  comité  des  recherches;  depuis  trois  mois  nous 
sommes  tourmentés  et  vexés  ;  nous  ne  voulons  décidément  plus  l'être. 
Un  plus  long  délai  de  votre  part  seroit  un  véritable  déni  de  justice, 
et  alors  nous  vous  prévenons  que  notre  intention  est  de  nous  pour- 
voir devant  le  Directoire  du  département  de  Paris.  Nous  sommes 
décidés  à  parcourir  tous  les  degrés  de  la  hiérarchie  des  pouvoirs 
administratifs,  nous  chercherons  la  justice  jusqu'à  ce  que  nous 
rayions  trouvée,  et  si  partout  on  nous  la  refuse,  il  sera  démontré  à 
toute  la  France  que  la  liberté  n'y  existe  pas;  car  il  n'y  a  point  de 
liberté  partout  où  il  n'y  a  point  de  justice. 

«  Signés  :  Dubergier,  président;  Hamelin,  vice-président; 
D'Agieu,  de  Rossy,  Cormier,  Hautefort,  Armand,  Sta- 
nislas Glermont-Tonnerre.  » 

XXXI 

Glermont-Tonnerre  devenait  le  point  de  mire  des  attaques  jaco- 
bines. Une  députation  de  la  Société  des  Amis  des  Droits  de  l'homme, 
au  faubourg  Saint-Antoine,  réclama  «  les  honneurs  de  la  lanterne  » 
en  sa  faveur.  11  laissait  subsister  ses  armoiries  sur  le  fronton  du 
château  de  Ghamplâtreux,  sur  les  murs  de  l'église;  il  avait  établi  un 
club  monarchique  dans  une  petite  ville  voisine  (1),  assurait-on. 

Dans  une  séance  de  l'Assemblée  nationale,  la  majorité  décida 
qu'Avignon  ne  serait  pas  réuni  à  la  France,  et  Glermont-Tonnerre, 
à  la  sortie  de  cette  séance,  fut  malmené.  L'affaire  fut  racontée  ainsi 
par  un  monarchiste  : 

«  Paris. 

«  Lettre  aux  Rédacteurs  du  Journal. 

(C  Témoin,  messieurs,  de  ce  qui  est  arrivé  hier  à  M.  de  Glermont- 
Tonnerre  en  sortant  de  la  séance  de  l'Assemblée  nationale,  j'ai  cru 
devoir  consigner  dans  un  journal,  connu  par  son  exactitude  à  n'ad- 
mettra que  des  faits  vrais,  ceux  que  plusieurs  folliculaires  vont  sans 
doute  dénaturer,  et  qu'il  est  très  important  que  l'on  connoisse. 


(1)  Séance  du  8  mai  1791,  au  club  des  Jacobins.  —  Le  Lendemain,  numéro  du 
10  mai  1791. 


CLUB  MONARCHIQUE  261 

«  A  Tissue  de  la  séance  d'hier  M.  de  Clermont-Tonnerre  est  sorti 
par  la  petite  porte  qui  donne  sur  la  terrasse  des  Feuillans.  Une  femme 
lui  a  dit  :  «  Cela  est-il  fini?  »  Il  a  répondu  :  «  Oui,  madame.  »  Elle 
lui  a  dit  :  «  Qu'a-t-on  décidé?  »  Il  a  répondu  :  «  Qu'Avignon  ne  seroit 
pas  réuni  à  la  France.  »  Et  il  a  continué  son  chemin  sans  ajouter  un 
seul  mot,  ni  faire  un  seul  geste.  Un  homme  vêtu  d'une  redingotte 
nationale,  que  j'ai  entendu  nommer  Saturnin,  a  dit  :  «  C'est  lui  qui  a 
fait  le  décret,  c'est  un  scélérat,  un  gueux,  etc.,  etc.,  il  faut  le 
pendre...  »  Le  même  cri  a  été  répété  par  plusieurs  autres.  M,  de 
Clermont  n'a  rien  répondu,  ne  s'est  pas  même  retourné,  et  a  con- 
tinué son  chemin  sans  doubler  le  pas.  Les  cris  ont  augmenté,  on 
disoit  :  «  A  la  lanterne,  pendez-le,  au  bassin,  au  chat,  etc.,  etc.  » 
Mais  la  contenance  de  M.  de  Clermont-Tonnerre  étoit  tellement  tran- 
quille, il  paroissoit  même  si  étranger  à  ce  qui  se  passoit,  que  les 
grouppes  qui  se  formulent  de  part  et  d'autre  auprès  de  lui  se  deman- 
doient  les  uns  aux  autres  :  «  Où  est-il?  Montrez-nous  le  donc?  etc.  » 
Il  étoit  auprès  d'eux. 

«  Il  n'y  avoit  que  huit  ou  dix  personnes  qui  voulussent  échauffer 
le  grouppe,  et  notamment  une  vieille  femme  et  l'homme  en  redin- 
gotte bleue.  Enfin  la  masse  entière  s'est  ébranlée;  on  a  saisi  des 
chaises;  d'autres  étoient  armés  de  bâtons;  tous  ont  couru  sur  M.  de 
Clermont-Tonnerre;  il  n'a  eu  que  le  temps  d'entrer  chez  le  suisse 
qui  est  à  la  porte  de  la  cour  du  Manège. 

«  Un  officier  de  la  garde  nationale  et  trois  ou  quatre  autres  per- 
sonnes l'ont  aidé  à  sortir  de  chez  le  suisse  et  l'ont  conduit,  à  l'aide 
de  six  cavaliers  de  la  garde  nationale,  jusqu'à  un  fiacre  qui  passoit 
dans  la  rue  de  l'Échelle.  M.  de  Clermont  y  est  monté  au  milieu  d'une 
foule  très  considérable,  de  laquelle  partoit  {sic)  beaucoup  de  cris  de 
lanterne  et  des  menaces  de  tous  les  genres.  L'officier  de  la  garde 
nationale  et  un  autre  garde  national  en  uniforme  que  je  ne  connois 
pas,  sont  montés  dans  le  fiacre;  les  six  cavaliers  l'ont  escortés  (sic) 
jusqu'à  la  rue  des  Vieilles-Tuileries.  La  foule  a  suivi  le  fiacre  et  s'est 
grossie  pendant  la  route;  une  demi-heure  après,  elle  a  brisé  la  porte 
de  sa  maison,  s'est  précipitée  dans  l'avenue;  plusieurs  femmes  por- 
toient  des  cordes;  les  six  cavaliers  qui  étoient  dans  la  cour  ont  à  eux 
seuls  fait  rétrograder  toute  la  foule,  et  ont  constamment  défendu  la 
porj^.  Pendant  tout  l'après-midi  la  maison  a  été  environnée  d'hommes 
attrouppés;  les  renforts  de  gardes,  qui  sont  successivement  arrivés, 
ont  eu  la  contenance  la  plus  ferme  et  ont  évité  tout  désordre.  M.  de 
La  Fayette  a  pris  toutes  les  précautions  possibles;  M.  le  Maire  s'est 
porté  au  lieu  de  l'attroupement.  Tous  les  témoins  de  cette  scène,  tous 


262  LES  CLUBS  GONïRE-RÉVOLUTIONN AIRES 

les  amis  de  l'ordre,  doivent  rendre  justice  au  zèle  et  à  l'activité  de  la 
garde  nationale. 

«  J'observe  que  c'est  pour  avoir  parlé  à  la  tribune,  pour  y  avoir 
prononcé  une  opinion  que  l'Assemblée  nationale  a  adoptée  à  une 
pluralité  de  quatre  cent  quatre-vingt-dix-sept  voix  contre  trois  cent 
seize;  que  c'est  deux  jours  après  qu'il  a  eu  parlé,  dans  la  même 
Assemblée,  avec  beaucoup  de  force  contre  ceux  qu'il  accuse  de  déna- 
turer et  de  souiller  la  révolution,  qu'un  législateur  est  insulté,  attaqué 
au  milieu  de  la  capitale.  Certainement  il  n'y  aura  de  liberté  que 
lorsque  le  peuple  de  Paris  saura  respecter  les  loix  et  se  défendre  de 
tous  les  brigands  qui  le  séduisent. 

«  J'ai  l'honneur  d'être  bien  sincèrement, 

«  Monsieur, 

«  Votre  très  humble  et  très  affectionné  serviteur, 

«  Petit. 
«  A  Paris,  le  5  mai  1791  (1).  » 

Dans  une  lettre  publiée  par  la  même  feuille,  môme  numéro,  Cler- 
mont-Tonnerre  donne  le  nom  de  l'officier  :  Durocher.  Au  n"  22,  il 
indique  le  nom  du  citoyen  qui  a  pris  sa  défense  avec  Durocher  :  c'est 
M.  Lecrac,  domestique  de  M.  Delfaut,  rue  de  Bourbon  Saint-Germain, 
n»  125.  Il  cite,  en  outre,  un  perruquier  de  la  rue  Aumaire,  nommé 
Devienne,  et  M.  Châtelain,  ci-devant  grenadier  au  régiment  d'An- 
goulême. 

Selon  beaucoup  de  gens,  Clermont-Tonnerre  et  le  Club  monar- 
chique projetaient  la  contre-révolution.  Le  journal  du  Club  prit  sa 
défense,  quand  on  accusait  les  membres  de  la  Société  royaliste  de 
chercher  à  fomenter  des  troubles.  Il  imprimait  : 

«  Contrepoids  a  la  calomnie. 

«  On  nomme  deux  des  personnes  arrêtées  commes  chefs  ou  agens 
des  chefs  d'un  projet  de  contre-révolution.  On  les  dit  mis  en  œuvre 
par  le  Club  monarchique;  accusation  qui  peut  être  vraie,  mais  qui 
peut  être  fausse,  comme  il  y  en  a  eu  tant.  On  nomme  aussi  pour 
dénonciateur  de  ce  projet  un  sieur  Rutaud,  que  l'on  dit  fils  du  prote 
de  M.  Langlois,  imprimeur.  Les  sieurs  Thévenault  et  Lacombe  lui 
avoient  remis  quarante  mille  livres  en  assignats,  afin  d'acheter  des 
rebelles.  Le  sieur  Rutaud  s'est  prêté  à  tout  pour  tout  connoître"";  et 
dès  qu'il  a  été  au  fait  du  complot,  il  s'est  rendu  à  la  section  des 


(1)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarcltique,  du  samedi 
7  mai  1791,  n-ai,  t.  III,  p.  là  4. 


CLUB  MONARCHIQUE  263 

Carmes,  qui  a  reçu  les  assignats  en  dépôt,  la  déclaration  du  sieur 
Rutaud,  et  qui  a  pris  le  dernier  sous  sa  garde  spéciale,  afin  de  le 
garantir  des  projets  de  vengeance  qu'il  peut  avoir  à  craindre.  L'épouse 
de  M.  Lacombe  est  gardée  à  vue.  L'indignation  qu'excite  ce  projet  est 
générale,  et  elle  est  légitime  si  le  projet  est  avéré.  M.  de  Clermont- 
Tonnerre  est  fort  compromis  dans  les  discours  publics.  Gardera-t-il 
un  silence  suspect  et  même  coupable  sur  des  inculpations  aussi 
graves  que  celles  dont  il  est  entouré?  » 

—  «  11  me  semble  qu'un  homme,  sans  devenir  ni  suspect  ni  cou- 
pable, peut  se  taire  sur  une  calomnie  qui  n'a  ni  probabilité  ni  fonde- 
ment. Je  n"ai  rien  à  dire  aux  auteurs  d'une  infamie  qui  certes  ne 
croyent  pas  ce  qu'ils  publient;  mais  je  réponds  volontiers  au  jour- 
naliste honnête,  dont  je  connois  la  bonne  foi  et  l'impartialité.  Je  suis 
totalement  étranger  à  l'affaire  à  laquelle  on  attache  mon  nom.  Je  n'ai 
jamais  donné  un  denier  dont  je  doive  désavouer  l'usage.  Les  seuls 
fonds  appartenans  à  la  Société  monarchique  dont  j'aie  été  momen- 
tanément chargé,  sont  les  onze  mille  et  quelques  cents  livres  em- 
ployées à  la  distribution  de  pain  faite  il  y  a  plus  de  deux  mois.  Ceux 
qui  me  connoissent  savent  bien  que  ma  fortune,  peu  considérable  il 
y  a  deux  ans,  et  réduite  encore  depuis  cette  époque,  ne  me  permet 
aucune  dépense.  Telle  qu'elle  est,  je  serois  encore  prêt  à  la  partager 
^vec  celui  qui  viendroit  m'apprendre  que  nous  sommes  véritablement 
libres  sous  la  loi,  et  qu'il  n'y  a  plus  ni  délateurs  ni  factieux. 

«  Stanislas  Glermont-Tonnerre.  » 

Le  Journal  de  Paris  inséra,  le  6  mai  1791,  une  lettre  de  ce  député. 

«  4  mai  1791. 
«  Aux  Auteurs  du  Journal. 

«  Messieurs, 

«  Dans  les  circonstances  où  je  me  suis  trouvé  aujourd'hui  en  sor- 
tant de  l'Assemblée  nationale,  accueilli  par  les  outrages  et  les  me- 
naces atroces  d'une  foule  d'hommes  que  je  n'avois  pas  provoqués, 
j'ai  éprouvé  un  sentiment  bien  doux  et  que  je  m'empresse  de  mani- 
fester. 

«  Au  moment  où  je  suis  entré  chez  le  suisse  des  Tuileries  pour  me 
soustraire  à  ceux  qui  me  poursuivoient,  j'ai  vu  un  jeune  Officier  de 
la  Garde  nationale  se  précipiter  dans  cette  même  pièce,  me  jurer 
qu'il  mourroit  avant  que  l'on  insultât  devant  lui  un  Membre  du  Corps 
législatif.  Mon  frère,  a-t-il  dit,  est  mort  en  faisant  son  devoir  et  main- 
tenant l'ordre  public,  je  veux  imiter  son  exemple.  Cet  estimable  jeune 


264  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

homme  se  nomme  du  Rocher;  il  ne  m'a  point  quitté  qu"il  ne  m'ait 
reconduit  chez  moi. 

«  Au  même  moment  un  autre  Citoyen  m'a  fait  une  offre  semblable, 
s'est  de  même  attaché  à  mes  pas  et  m'a  conduit  chez  moi  :  j'ignore 
son  nom;  il  m'a  quitté  dès  que  je  n'ai  plus  eu  besoin  de  lui,  en  me 
disant  seulement  qu'il  étoit  domestique  chez  une  personne  dont  je 
n'ai  pas  bien  entendu  le  nom.  Je  désire  que  cet  honnête  Citoyen 
veuille  bien  se  faire  connoitre  à  moi.  En  tout  j'ai  à  rendre  à  la  Garde 
Nationale  l'hommage  de  reconnoissance  le  plus  mérité  :  six  Cava- 
liers ont  sauvé  ma  personne  et  ma  maison  de  la  foule  qui,  ayant 
brisé  ma  porte,  a  pénétré  dans  ma  cour. 

((  J'ai  l'honneur  d'être,  etc. 

«  Stanislas  Clermont-Tonnerre.  » 

Le  21  juin  1791,  il  annonça  à  plusieurs  de  ses  collègues  de  l'As- 
semblée nationale  qu'il  avait  été  arrêté  par  le  peuple  dans  les  Tui- 
leries. 

Le  journal  du  Club  avait  reçu  du  même  cette  réclamation  : 

«  Au  Rédacteur. 

«  Monsieur, 
«  Quelques  journaux,  et  notamment  le  Journal  général  de  France, 
dans  son  n°  133,  paroissent  m'attribuer  un  ouvrage  intitulé  :  Heureux 
effets  de  la  Révolution  et  de  la  Constitution ^  chez  Gattey  (1). 

«  Je  ne  suis  point  l'auteur  de  cet  ouvrage,  que  je  n'ai  pas  même 
lu,  et  que  je  ne  connois  que  par  la  note  de  ce  journal. 
«  Je  vous  prie  d'insérer  ce  désaveu  dans  votre  feuille. 
«  Je  suis,  monsieur, 

«  Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 
«  Stanislas  Clermont-Tonnerre. 

«  Ce  n  mai  1791  (2).  >- 


XXXII 

Ajoutons  aux  événements  les  écrits  pour  ou  contre  la  Révolution. 
Dans  le  cours  de  l'année  1791,  la  polémique  entre  les  patriotes  et 


(1)  Voir  plus  bas,  Librairies. 

(2)  Journal  de  la  Société  des  A7nis  de  la  Constitution  monarchique,  du  sameili 
31  mai  1791,  u»  23,  t.  III,  p.  1  et  2. 


CLUB  MONARCHIQUE  -265 

les  monarchistes  fut  très  ardente.  Tous  les  Parisiens  s'en  occupaient, 
lisaient  avidement  journaux  et  brochures  de  Tun  ou  l'autre  camp, 
ce  qui  entretenait  les  animosités. 

Le  Tarif  des  députés  à  V Assemblée  nationale  contenait  cette  phrase  : 

«  Le  Club  monarchique  vaut  tout  autant  que  4  Champenois  (1).  » 

Un  libelle  des  plus  violents,  intitulé  :  Vie  publique  et  privée  de 
Honoré-Gabriel  Riquetti,  comte  de  Mirabeau,  était  dédié  aux  Amis 
de  la  Constitution  monarchique  (2). 

Une  brochure,  Y  Assemblée  des  Noirs  (3),  assiégée  hier  au  soir  par  le 
peuple,  rue  Royale,  annonçait  : 

«  Errans  depuis  la  funeste  aventure  des  Capucins,  partout  repous- 
sés, la  constance  peu  commune  des  Noirs  les  avait  logés  rue  Royale,' 
n»  28,  Ils  s'y  sont  assemblés  en  catimini...  Il  étoit  environ  sept 
heures.  Plusieurs  voitures  obstruoient  la  rue  Royale  (4).  » 

Corsas  écrivait,  en  mars  1791,  un  article  satirique  sur  la  réception 
de  Riquetti  Mardi-Gras  au  Club  monarchique. 

Le  journal  VAmi  de  la  Constitution,  fondé  le  1"  octobre  1791,  se 
déclara  monarchiste,  d'accord  avec  la  Constitution,  menaça  de  pour- 
suivre «  avec  une  opiniâtreté  honorable  tous  ceux  qui  seraient  tentés 
d'élever  leur  fortune  et  leur  puissance  sur  les  débris  du  trône  (5).  » 

Voilà  pour  les  opposants  au  Club  monarchique;  voyons  maintenant 
les  élucubrations  des  hommes  qui,  plus  ou  moins,  marchaient  d'ac- 
cord avec  lui.  Généralement,  elles  prenaient  le  ton  de  l'ironie,  s'ins- 
piraient des  Actes  des  Apôtres. 

C'était,  en  premier  lieu  : 

«  LES  CRIMES  DU  CLUB  MONARCHIQUE 

«  Le  Club  monarchique  est  haï  des  aristocrates  et  des  jacobins. 
«  Qu'est-ce  qu'il  a  fait  aux  aristocrates? 
«  Il  leur  a  dit  :  Vous  êtes  des  imbécilles  et  des  rebelles. 
«  Des  rebelles,  parce  que  vous  désobéissez  à  la  Constitution  que 
tous  les  François  veulent  avoir. 


(1)  Hatin. 

(2)  Brochure  datée  de  1791  (Paris,  hôtel  d'Aiguillon).  —  Bib.  de  la  Chambre 
des  députés,  Bf  250. 

(3)  Rappelons  qu'on  appelait  les  Noirs  ou  les  Chevaux  noirs  les  membres  vêtus 
de  noir  qui  siégeaient  à  droite  de  l'Assemblée  nationale. 

(4)  Brochure  de  7  p.  (Bib.  Nat.,  Lb  39/4749.) 

(o)  Ce  journal  disparut  le  10  mai  1792,  à  son  230"  numéro,  et  fut  réuni   à  la 
Correspondance  patriotique. 


266  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

«  Des  imbécilles,  parce  que  vous  voulez  ressusciter  ce  qui  esl  mort, 
et  détruire  ce  qui  durera  plus  que  vous. 

«  Il  n'a  pas  redemandé  les  parlemens. 

«  11  n'a  pas  parlé  du  clergé. 

«  Il  ne  soutient  pas  la  noblesse. 

:<  Il  ne  regrette  et  ne  réclame  aucun  abus, 

«  Voilà,  aux  yeux  des  aristocrates,  les  crimes  du  Club  monar- 
chique. 

«  Qu'est-ce  qu'il  a  fait  aux  Jacobins? 

«  11  ne  les  a  point  adorés. 

«  Il  a  dit  qu'il  vouloit  la  monarchie  décrétée  par  l'Assemblée  natio- 
nale. 

«  Il  a  dit  qu'il  vouloit  le  roi  adoré  par  tous  les  François. 

«  Il  a  dit  que  M.  Barnave  en  avoit  menti,  et  l'a  prouvé. 

u  11  a  dit  que  M.  Broglio  (1)  avoit  menti,  et  l'a  prouvé. 

«  11  a  même  dit  que  M.  Choderlot  {sic)  avoit  menti,  et  l'a  prouvé. 

«  Il  a  raconté  toutes  les  sottises  des  petits  clubs  jacobins  de  pro- 
vince. 

«  Il  a  dit  qu'il  n'obéiroit  qu'à  la  loi,  et  jamais  aux  Jacobins. 

«  Voilà,  aux  yeux  des  Jacobins,  les  crimes  du  Club  monarchique. 

«  Mais  a-t-il  fait  quelque  chose  au  peuple?  —  Oui. 

«  Il  a  nourri  deux  mille  pauvres  pendant  un  mois. 

«  Il  leur  a  dit  :  Ne  vous  mêlez  pas  de  disputes  qui  ne  vous  regar- 
dent point;  travaillez,. soyez  tranquilles,  ne  faites  point  d'émeute,  et 
nous  vous  aiderons  de  notre  mieux. 

«  Voilà,  les  seuls  crimes  du  Club  monarchique  à  l'égard  du 
peu])le. 

«  Mais  a-t-il  fait  quelque  chose  contre  la  Révolution?  —  Non. 

«  Il  a  dit  qu'elle  avoit  bien  fait  de  détruire  tous  les  abus,  mais 
qu'il  ne  falloit  ni  tuer,  ni  vexer,  ni  insulter  ceux  qui  en  jouissoient 
autrefois. 

«  Il  a  dit  que  l'on  pouvoit  être  libre  sans  suivre,  comme  des  chiens 
à  la  piste,  une  demi-douzaine  de  faquins  qui,  n'ayant  fait  qu'un  saut 
de  l'antichambre  du  roi  à  la  tribune  de  la  nation,  sont  insolens  avec 
leur  maître  depuis  qu'il  est  le  plus  foible,  comme  ils  étoient  insolens 
en  son  nom  quand  il  étoit  le  plus  fort. 

«  Il  a  dit  que  si  la  loi  étoit  respectée,  l'ordre  public  maintenu,  le 
calme  renaîtroit  bientôt,  et  que  les  François  libres  et  tranquilles  se- 
roient  le  premier  peuple  de  la  terre. 

(1)  Victor  de  Broglie.  (Voir  plus  haut,  p.  200  et  suiv.) 


CLUB  MONARCHIQUE  267 

«  Voilà  les  seuls  crimes  du  Club  monarchique  contre  la  Révolution. 
«  François!  réfléchissez  sur  les  crimes  du  Club  monarchique  (1).  « 

C'était  la  glorification,  en  tout  et  pour  tout,  du  club  qui  avait 
excité  les  colères  des  patriotes  les  plus  modérés  en  plaçant  les  droits 
de  la  royauté  avant  ceux  de  la  souveraineté  du  peuple. 

Quelquefois,  les  auteurs  s'attaquaient  à  une  personnalité  connue, 
ou  prêchaient  la  contre-révolution  armée. 

On  lit,  dans  la  Réception  de  Cara  (Carra)  au  Club  monarchique  : 

«  Le  Monarcuiste.  —  Sachez  donc  que  le  véritable  patriotisme  est 
au  Club  monarchique. 

«  Gara.  —  Allons  donc,  allons  donc,  vous  vous  moquez  de  moi. 

«  Le  Monarcuiste.  —  Voilà  mon  homme  qui  n'avait  pas  de  préven- 
tion. 

«  Cara.  —  Un  club  dont  les  séances  sont  mistérieuses  [sic]  ! 

«  Le  Monarchiste.  —  Les  vôtres  sont-elles  publiques?  D'ailleurs  ce 
reproche  est  mal  fondé  :  vous  n'aviez  qu'à  ne  pas  le  persécuter,  il 
eût  depuis  longtems  tenu  ses  séances  publiquement,  et  il  vous  eût 
donné  un  exemple  que  vous  n'auriez  certainement  pas  suivi. 

«  Cara.  —  Un  club  qui  se  qualifie  de  monarchique! 

«  Le  Monarchiste.  —  La  monarchie  n'est-elle  pas  décrétée?  Est-ce 
agir  contre  le  patriotisme  que  de  soutenir  la  constitution? 

•«  Cara.  —  Un  club  où  l'on  donne  du  pain  ! 

«  Le  Monarchiste.  —  L'humanité  est-elle  anti-patriotique?  n'est-ce 
pas  un  devoir  que  de  soulager  ses  frères?... 

«  Cara.  —  ...  Un  club  qui  vouloit  rivaliser  avec  les  Jacobins! 

«  Le  Monarchiste.  —  Ah!  voilà  le  grand  crime...  (2).  >> 

Dans  une  brochure  :  Tôt  ou  tard  la  raison  reprend  ses  droits^  l'au- 
teur imprimait  une  adresse  aux  Bretons,  où  nous  lisons  : 

«  Marchez  droit  à  ce  Louvre,  dont  ils  ont  fait  la  prison  de  la  Famille 
Royale;  écartez  ces  misérables  geôliers,  qui  ont  osé  se  revêtir  des 
livrées  de  l'honneur;  ne  craignez  rien  d'eux,  ils  ne  sont  forts  que 
de  la  faiblesse  des  autres.  Jamais  des  traîtres  ne  pourront  résister 
à  des  François  qui  sauvent  leur  roi  :  enlevez  ce  Prince  foible,  mais 
bon,  qu'ils  ont  la  barbarie  de  rendre  malheureux;  cette  Reine  dont 
les  revers  ont  montré  toute  l'énergie;  cet  Enfant  qui  deviendra  le 
vôtre,  et  qui  sourira  à  vos  généreux  efforts  (3;.  » 


(1)  Brochure  iu-8»  de  4  p.,  s.  1.  n.  d.  (1791?).  —  (»ib.  x\at.,  Lb  :{9/4750.)- 

(2)  Dialogue.  (Blb.  Nat.,  Lb  39/4617.) 

(.3)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  W"  222,  t.  11. 


268  LES  CLUBS  CONTRE-RÉ VOLUTIONN AIR liS 

Une  autre  brochure,  ayant  pour  titre  :  Ah!  Parisiens,  quavez-vous 
fait?  contenait  cette  affirmation  presque  aussi  provocatrice  que  la 
précédente  : 

«  Paris,  superbe  cité!  quels  objets  vous  offrez  à  nos  regards! 
N'êtes  vous  plus  qu'une  arène  de  bêtes  féroces  qui  n'attendent  qu'un 
signal  pour  se  dévorer?  Quoi!  bientôt,  peut-être,  vous  ne  serez  plus 
qu'un  affreux  tombeau!... 

«...  Peuple  inconséquent,  irrésolu,  lâche,  foible,  crédule!  oui, 
vous  reverrez  vos  princes  avec  enthousiasme...  (1).  » 

Nous  trouvons  dans  le  Catéchisme  des  aristocrates  : 

«  D.  —  Qu'est-ce  que  le  Club  monarchique? 

«  R.  —  C'est  une  Société  d'hommes  sages  et  courageux,  formée 
pour  s'opposer  aux  attentats  des  Jacobins  et  sauver  la  Monarchie, 
et  que  pour  cette  raison  on  a  cherché  à  détruire,  malgré  le  mot  de 
liberté  que  leurs  ennemis  ont  sans  cesse  à  la  bouche. 

«  D.  —  Cette  Société  est-elle  bien  nombreuse? 

«  R.  —  Elle  est  composée  de  tout  ce  qu'ily  a  de  gens  sensés,  d'hon- 
nêtes et  de  véritables  François  dans  tout  le  Royaume. 

«  D.  —  Mais  alors,  pourquoi  a-t-elle  si  peu  d'influence? 

«  R.  —  Eh!  que  peut  le  courage^et  la  raison  contre  une  multitude 
égarée?  Mais  l'effervescence  diminue  tous  les  jours,  et  le  temps  ap- 
proche où  le  Trône  des  Tyrans  Démagogues  va  crouler  et  les  écraser 
sous  ses  propres  ruines...  (2).  » 

Citons  aussi  l'intitulé  d'une  brochure  :  Contre  les  horreurs  du  jour, 
à  tous  les  vrais  François,  par  un  Ami  de  l'Autel,  du  Trône  et  de  la 
Patrie, 

«  A  l'école  de  la  vérité,  la  troisième  année  de  la  tyrannie  des  cons- 
ciences, des  crimes  de  Lèze-Majesté  divine  et  humaine,  de  Lèze- 
Patrie,  de  la  licence  la  plus  effrénée,  et  de  la  plus  cruelle  persécu- 
tion (3).  » 

Du  dehors  venaient  en  France  quelques  libelles  à  l'adresse  des 
monarchistes. 

Dans  la  brochure  :  Adresse  des  bons  Français  au  Roi,  parue  à 
Bruxelles  le  15  août  1791,  on  lisait  : 

«  Votre  capitale  offre,  il  est  vrai,  le  spectale  le  plus  déchirant. 


(1)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  fif"  222,  t.  XXXVII. 

(2)  Catéchisme  des  Aristocrates,  etc.  (1791).  —  Bib.  Nat.,  Lb  39/4560. 

(3)  Brochure  in-8°  de  32  p.  (1791).  (Bib.  de  la  Chambre  des  députes,  B'  268.) 


CLUB  MONARCHIQUE  269 

Elle  s'est  transformée  en  un  volcan  qui  couvre  la  France  de  ses  cen- 
dres et  qui  répand  au  loin  ses  vapeurs  meurtrières  :  mais,  Sire,  ses 
convulsions  ne  sont  pas  celles  de  votre  bon  peuple  de  Paris.  Comme 
vous,  il  est  dans  les  fers...  (1).  » 

Le  Journal  à  deux  liards  imprimait  :  «  J'ai  vu  ce  David  (le  peintre) 
si  bête,  si  méchant  et  si  véritablement  marqué  du  sceau  de  la  répro- 
bation. On  n'est  pas  plus  hideux  et  plus  diaboliquement  laid.  S'il 
n'est  pas  pendu,  il  ne  faut  pas  croire  aux  physionomies  (2).  » 

Lorsque  le  bonnet  rouge  apparut,  vers  le  milieu  de  1791,  le  Journal 
de  la  Cour  et  de  la  Ville  dit,  en  parlant  de  la  Nation  : 

Elle  arbore  le  bonnet  rouge, 
En  attendant  le  bonnet  vert. 

Le  journal  comptait  six  mille  abonnés  parmi  les  vingt  mille  abon- 
nés des  journaux  royalistes. 

La  cour  lui  préférait  le  Journal  à  deux  liards^  qu'elle  trouvait 
moins  ordurier.  L'un  et  l'autre  se  valaient,  au  point  de  vue  de  la 
propagande  anti-révolutionnaire. 

Enfin,  dans  le  Moniteur  universel,  Romainvilliers  déclara  qu'il 
n'était  pas  du  Club  monarchique  (3)  ;  Fontenay  et  Custine  réclamè- 
rent contre  l'insertion  de  leurs  noms  sur  la  liste  du  Club  monar- 
chique (4).  Ils  le  regardaient  comme  trop  compromettant.  Le  général 
Custine  s'était  opposé,  néanmoins,  aux  décrets  contre  les  émigrés, 
ce  qui  avait  mis  les  patriotes  en  défiance  à  son  endroit. 

Toutes  les  réclamations  n'empêchaient  pas  les  monarchistes  persé- 
vérants de  plaider  pour  leur  club.  Loin  de  là,  ils  tinrent  tête  aux 
représentants  de  la  nation  et  aux  membres  de  la  municipalité  obligée, 
parfois,  de  s'interposer  entre  les  partis  pour  éviter  les  violences. 
Le  23  février,  Bailly  écrivait  à  M.  de  Gouvion,  major-général  de  la 
garde  nationale,  une  lettre  l'invitant  à  défendre  de  toute  insulte 
l'évêque  de  Nîmes,  logé  à  l'Hôtel  d'Uzès  (5). 

Tout  en  invoquant  la  loi  qui  était  pour  eux,  les  monarchistes 
essayèrent,  pubhquement  ou  secrètement,  de  faire  pression  sur  les 


(1)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  B""  222,  t.  LXIV. 

(2)  Les  monarchistes  ne  pardonnaient  pas  à  Jacques-Louis  David  d'employer 
son  pinceau  et  son  crayon  à  retracer  des  scènes  de  la  Révolution,  à  laquelle  il 
applaudissait. 

(3)  Moniteur  universel,  numéro  du  9  février  1791.—  Romainvilliers,  placé  parmi 
les  membres  du  Club  monarchique,  réclama,  mais  approuva  les  idées  du  club. 

(4)  Moniteur  universel,  numéro  du  10  février  1791. 

(5)  Copie,  Bib.  Nat.,  Mss,  fonds  français,  11697. 


270  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

autorités,  et  ils  engagèrent  çà  et  là  une  polémique  vigoureuse  contre 
leurs  adversaires.  On  assurait  que  la  Société  des  Amis  de  la  Constitu- 
tion monarchique  s'était  assemblée  à  l'Observatoire  (1). 

Quoi  qu'il  arrivât,  les  membres  du  Club  monarchique  se  déclaraient 
toujours  calomniés.  Ils  attaqliaient  même  le  comité  des  recherches. 
Leur  journal  annonça  ainsi  une  pièce  importante  de  ce  comité, 
rédigée  par  Sillery,  deux  fois  coupable  à  leurs  yeux,  comme  orléa- 
niste et  comme  siégeant  sur  les  bancs  de  la  gauche  à  l'Assemblée 
nationale  : 

«  Il  paroît  enfin  chez  Baudoin  (2),  imprimeur  de  l'Assemblée  natio- 
nale, le  grand  rapport  de  M.  Sillery,  au  nom  du  comité  des  recher- 
ches, relativement  au  Club  monarchique  et  à  l'affaire  de  MM.  Théve- 
nault  et  Lacombe.  Nous  invitons  tous  ceux  qui  étudient  la  calomnie 
à  se  procurer  ce  rapport;  ils  verront  comme  il  faut  qu'elle  ne  soit  pas 
faite  quand  on  veut  qu'elle  réussisse  (3).  » 

Certes,  les  accusations  portées  contre  le  Cluh  monarchique  n'étaient 
pas  toutes  fondées,  mais  on  ne  pouvait  douter  du  danger  auquel  il 
exposait  le  parti  patriote  et  la  cour  de  Louis  XVI  elle-même  par  ses 
affiliations  au  dedans  et  au  dehors. 

Non  seulement  en  France,  sous  l'inspiration  du  Cluh  monarchique ^ 
s'étaient  formés  nombre  de  clubs  royalistes^  loyalistes^  monarchistes, 
étrangers,  opprimés^  amis  de  la  paix,  amis  de  l'ordre,  amis  du  peuple, 
amis  de  la  religion,  amis  de  la  noblesse,  club  de  la  résurrection,  etc., 
mais  les  monarchiens  entretenaient  correspondance  avec  les  émigrés. 

Il  se  fonda,  à  Coblentz,  une  Société  des  Amis  de  la  monarchie.  Les 
gendarmes,,  chevau-légers  et  mousquetaires  de  la  maison  du  roi  y 
furent  réorganisés  sous  le  nom  de  Compagnies  rouges,  et  commandés 
par  Montboissier,  qui  faisait  partie  du  Club  monarchique  (4).  Les 
émigrés  appelaient  cette  ville  «  la  capitale  de  la  France  extérieure  5)  ; 
le  comte  de  Provence  y  rétablissait  l'ancienne  maison  militaire 
du  roi. 

Le  Club  se  livrait  à  des  intrigues  sourdes,  aune  propagande  secrète 


(1)  Dans  la  première  quinzaine  de  février  1791.  —  Courrier  de  Gorsas,  u»  XII, 
(lu  12  février  1791. 

(2)  François-Jean  Baudouin  fut  député  suppléant  de  Paris,  membre  du  club  des 
Jacobins.  Il  fut  arrêté  plus  tard.  On  l'accusait  d'avoir  touché  des  fonds  provenant 
de  la  liste  civile. 

(3)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  du  samedi 
18  juin  1791,  n"  27,  t.  III,  p.  2.  —  Voir  plus  haut,  p.  262  et  263. 

(4)  Le  baron  de  Montboissier,  député  de  Glermont-Ferrand,  appartint  d'abord 
au  Club  de  Valois.  —  Voir  plus  haut,  p.  56. 


CLUB  MONARCHIQUE  27t 

et  publique  tout  à  la  fois.  Beaucoup  de  généraux  étaient  abonnés  au 
Journal  de  Paris,  à  VAmi  du  Roi,  au  Journal  de  la  Cour  et  de  la 
Ville. 

Vergniaud  ne  tarda  pas  à  parler  «  des  preux  de  la  prérogative 
royale  »,  qui  s'étaient  ralliés  à  Coblentz. 

La  section  de  l'Observatoire  revint  même  sur  la  question  du  pain 
à  un  sou  la  livre  : 

«  Extrait  du  registre  des  délibérations  de  la  section  de  V Observatoire. 

«  Séance  du  mardi  28  décembre  1791. 

«  L'assemblée  générale,  après  avoir  rempli  l'objet  de  la  convoca- 
tion du  corps  municipal,  s'est  constituée  en  assemblée  délibérante, 
sur  la  demande  de  plus  de  cinquante  citoyens;  et  après  la  nomina- 
tion d'un  président,  elle  a,  sur  la  proposition  d'un  de  ses  membres, 
pris  l'arrêté  suivant  : 

«  Attendu  le  danger  de  laisser  subsister  plus  longtems  une  Société 
se  disant  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique.,  dont  les  principes 
anti-constitutionnels  sont  consignés  dans  plusieurs  papiers  publics, 
que  la  section  s'oblige  de  représenter  au  besoin  ; 

«  Attendu  notamment  le  fait  certain  que  plusieurs  membres  do 
cette  association  se  sont  présentés  avec  des  cartes  portant  le  sceau 
de  la  Société,  chez  des  boulangers  qui,  sur  le  vu  de  ces  cartes, 
donnent  le  pain  à  un  sou  la  livre  ;  manœuvre  qui,  déguisée  sous  le 
nom  de  bienfaisance,  n'en  est  que  plus  dangereuse  ; 

«  La  municipalité  sera  requise,  dès  ce  soir,  d'employer  toute  l'au- 
torité dont  elle  est  dépositaire,  pour  opérer,  dès  demain,  la  dissolu- 
tion de  cette  prétendue  Société,  dont  l'existence  alarme  tous  les  bons 
citoyens  et  pourroit  troubler  la  tranquillité  publique. 

«  L'assemblée  a  nommé  MM.  Bosquillon  (1)  et  Patris  (2)  pour 
porter  sur  le  champ  la  présente  délibération  à  la  municipalité  ou  au 
procureur  de  la  Commune. 

«   Certifié  conforme  : 
«  Signé  :  Damajou,  secrétaire-greffier  (3).  » 


(1)  Charles-Pierre  Bosquillon,  avocat,  juge  de  paix  de  la  section  de  l'Observa- 
toire eu  1790,  électeur  en  1791,  massacré  à  l'Abbaye  le  2  septembre  1792. 

(2)  Charles  Frobert  Patris,  instituteur,  assesseur  du  juge  de  paix  de  la  section 
de  l'Observatoire  en  1790,  électeur  en  1789,  1791  et  1792. 

(3)  Imprimé  dans  le  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monar- 
c/tique. 


272  LES  CLUBS  GONTRE-RICVOLUTIONN AIRES 

XXXIII 

Cela  n'empêcha  pas  les  partisans  du  Club  monarchique  de  pour- 
suivre de  leurs  sarcasmes  les  patriotes  pendant  les  premiers  mois  de 
l'année  1792.  Des  conciliabules  aristocratiques  se  tenaient  à  l'Hôtel 
de  Marigny.  Tout  leur  servait  de  sujet  pour  exhaler  leur  haine. 

Une  brochure  était  datée  ainsi  :  «  Ce  8  février  1792,  les  assignats 
perdant  62  pour  cent.  » 

Et  on  lisait  dans  le  Mercure  national  : 

«  ...  Se  dire  ami  de  la  Constitution  monarchique  est  un  crime  de 
lèse-nation  (1).  « 

Un  peu  plus  tard,  le  baron  de  Wimpfen  proposa  d'établir  une 
démocratie  royale.  Le  mot  réussit,  mais  non  pour  longtemps. 

Les  chansons  de  la  Révolution  étaient  répétées  dans  le  camp  des 
émigrés.  On  mettait  des  paroles  royalistes  sur  le  Chant  du  départ.,  la 
Marseillaise  et  la  Carmagjiole  (2). 

Dans  VÉpigamie  des  Brigands  ou  la  Lairomanie  ^  satire  apologé- 
tique-antithétique de  la  rébellion,  dite  Révolution  de  France,  on 

lisait  : 

Dans  un  débordement  de  bile, 
Qui  fluoit  par  haut  et  par  bas, 
PI uton  dégobilla  CamzV/e 
Et  chia  Brissot  et  Gorsas  (3). 

Le  style  du  Père  Duchêne  avait  passé  la  frontière.  Nous  avons  dit 
avec  raison  que  les  monarchistes,  les  premiers,  commencèrent  à 
tremper  leurs  plumes  dans  le  vinaigre,  parfois  dans  le  vitriol.  Ils  pra- 
tiquèrent la  forme  ordurière. 

Carra  s'émut  des  agissements,  devenus  dangereux,  des  royalistes 
qui,  loin  de  désarmer,  prenaient  maintenant  l'offensive.  Il  les  signala 
d'une  façon  très  nette,  comme  travaillant  à  organiser  des  soulève- 
ments : 

«  Les  membres  du  Club  monarchique  veulent  se  réunir  au  nombre 
de  plus  de  deux  mille.  Leur  projet  est  d'imprimer  et  d'afficher  pla- 
cards., pétitions^  avis  et  adresses  contre  V Assemblée  nationale.,  contre 
les  Jacobins  et  les  sociétés  patriotiqu's  en  général  {A\  » 

(1)  Mercure  national,  numéro  du  4  janvier  1792. 

(2)  Ma  Jeunesse  (1814-1830),  par  le  comte  d'Haussouville,  Paris,  1885,  p.  31. 

(3)  Coblentz,  1792,  200  p.  10-8°.  Cité  par  la  Feuille  de  correspondance  du  libraire 
année  1792.  (Bib.  Nat.,  Q.  n»  5097.) 

(4)  Annales  patriotiques  de  Carra,  n»  784,  du  25  novembre  1791. 


CLUB  MONARCHIQUE  273 

V Indicateur ^  iourndX  royaliste,dontBaert,  député,  était  un  des  prin- 
cipaux rédacteurs,  était  envoyé  gratuitement  à  un  grand  nombre  de 
fonctionnaires,  malgré  leurs  refus  et  leurs  protestations  (1).  On  leur 
forçait  la  main,  pour  ainsi  dire,  la  plupart  du  temps  en  pure  perte. 

Sans  arrêter  le  mouvement  révolutionnaire,  les  monarchistes 
insultaient  leurs  ennemis. 

Nous  trouvons  dans 

«  Le  nouveau  Dictionnaire  pour  servir  à  l'intelligence  des  termes  mis 
en  vogue  par  la  Révolution; 

«  Dédié  aux  amis  de  la  Religion^  du  Roi  et  du  sens  commun  : 

«  CLUBS 

«  Associations  qu'a  fait  éclore  la  nouvelle  Constitution,  qui  ne  veut 
pas  d'associations. 

«  Celles-ci  sont  engendrées  partout  ;  elles  réunissent  tout  le  pou- 
voir législatif,  tout  le  pouvoir  exécutif,  tout  le  pouvoir  administratif, 
tout  le  pouvoir  judiciaire.  Les  amis  des  droits  de  l'homme,  de  l'es- 
pèce particulière  de  ceux  que  l'ancien  régime  se  plaisait  à  constituer 
ès-lieux  vulgairement  appelles,  tantôt  prisons,  tantôt  cachots,  sont 
tous  membres  de  clubs...  » 

«  PANTHÉON  FRANÇOIS 
«  Nouveau  Montfaucon  national. 
«  Les  premiers  qui  en  ont  eu  l'honneur  sont  Mirabeau  et  Voltaire.  » 

«  PATRIOTE 
«  Animal  bipède  qui  fait  peur  aux  honnêtes  gens  timides,  et  qui  a 
peur  des  honnêtes  gens  courageux.  » 

«  PHILOSOPHES 

«  Souffleurs  dans  la  tragi-atroci-absurdo-comédie-parade  appelée 
la  révolution.  » 

«  RÉVOLUTION  FRANÇOISE 

«  Bouleversement  qui  s'est  opéré  en  i  789  dans  les  têtes  de  France, 
et  qui  a  fait  de  cette  terre  un  vaste  Bedlam...  (2).  » 

Dans  le  n"  XI  du  Journal  de  M.  Suleau  (1792),  l'auteur  s'adressait  à 
Camille  Desmoulins,  en  imprimant  : 

«  P.  S.  —  Mille  choses  gracieuses  à  ta  femme;  elle  est  vraiement 


(1)  L'Indicateur,  fondé  eu  1792,  ne  parait  pas  avoir  survécu  à  la  journée  du 
10  août. 

(2)  Uib.  de  la  Chambre  des  députés.  Bf"  222,  t.  XXXIX. 

18 


274  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

jolie  ci  très  intéressante  :  ne  seroit-ce  pas  dommage  c^ue  l'un  de  ces 
quatre  matins  elle  devint  la  veuve  d'un  pendu  et  la  proie  d'un  pan- 
dour?  » 

Il  était  difficile  de  lancer  une  plus  forte  impertinence,  une  plus 
cruelle  injure.  Lucile  Desmoulins  était  sympathique,  et  ces  méchan- 
cetés devaient  irriter  toutes  les  personnes  qui  fréquentaient  chez 
elle  (1). 

En  1792,  le  Journal  Français  osait  parler  ainsi  des  Jacobins  aux- 
quels Paris  était  livré  : 

«  La  calomnie  est  la  monnaie  courante  du  pays,  l'audace  est  un  sCr 
passeport  pour  entrer  sur  cette  terre  déshonorée,  et  les  menaces 
sont  le  pouvoir  exécutif  de  cette  aggrégation  anarchique. 

«  La  liberté  a  abandonné  aux  furieux  ce  lieu,  où  jadis  elle  était 
adorée. 

«  Les  écrits  dictés  par  la  raison  ou  le  patriotisme  y  sont  lacérés  et 
brûlés  au  milieu  des  vociférations  des  cannibales  abâtardis.  Ces  sin- 
ges-tigres voudraient  nous  faire  regretter  le  despotisme,  puisqu'ils 
renchérissent  à  l'envi  sur  ses  monstrueuses  conceptions.  » 

En  1792,  YAlmanach  des  honnêtes  gcns^  composé  par  un  aristocrate, 
et  tout  rempli  de  sentiments  aristocratiques,  faisait  des  prédictions 
bizarres  et  des  prophéties  menaçantes 

Dans  le  Mercure  de  France^  de  Mallet-Dupan,  on  pouvait  lire  :  «  Les 
Huns,  les  Hérules,  les  Vandales  et  les  Goths  ne  viendront  ni  du  Nord 
ni  de  la  mer  Noire  :  ils  sont  au  milieu  de  nous  (2).  » 

Ces  écrits  eurent  du  retentissement  dans  le  monde  royaliste  et 
aristocratique  jusqu'au  20  juin  et  au  10  août  1792. 

En  juillet  de  cette  année,  l'Assemblée  législative  apprenait  qu'un 
chef  contre-révolutionnaire  voulait  soulever  le  département  de  l'Ar- 
dèche  avec  plusieurs  milliers  d'hommes  armés.  Ce  chef  s'intitulait 
«  Lieutenant  général  de  l'armée  des  princes.  »  Le  4  de  ce  même 
mois,  un  gendarme  national  faisait,  aux  Jacobins,  cette  dénonciation  : 
«  Il  se  tient  à  l'École  militaire  un  club  nocturne  où  se  forgent  les 
complots  que  l'on  cherche  à  mettre  en  exécution  le  jour.  C'est  de  là 
qu'ont  été  lâchés  les  émissaires  qui  ont  cherché  à  produire  des  mou- 
vements dimanche  dernier  (l'^'"  juillet).  On  en  envoie  d'autres  dans 
les  départements,  où  l'on  fait  courir  le  bruit  que  la  vie  du  roi  est  en 
danger...  (3).  » 

(1)  Voir  plus  bas,  Sociétés,  comités,  clubs  et  cercles  divers,  etc. 

'(2)  Numéro  du  14  janvier  1792. 

(3)  Société  des  Jacobins,  séance  du  4  juillet  1792. 


CLUB  MONARCHIQUE  273 

Il  était  question  aussi  d'envoi  de  deux  députés  à  Louis  XVI  par  le 
directoire  du  département  de  la  Somme,  lui  offrant  le  secours  des 
gardes  nationales  du  département  (1);  on  parlait  de  la  fuite  du  roi 
sous  huit  jours;  on  disait  que  son  sellier  travaillait  à  la  voiture  qui 
devait  lui  servir. 

Une  entente  semblait  exister  entre  les  émigrés  de  l'extérieur  et  de 
l'intérieur,  agissant  contre  les  volontés  de  la  nation.  Le  Journal  de  la 
Correspondance  politique^  le  Journal  des  émigrés,  le  Journal  ro>/aliste 
paraissaient. 

Mais  après  le  10  août  1792  et  la  fin  tragique  de  Clermont-Tonnerre; 
après  l'émigration  de  Malouet  et  de  Cazalès  ;  après  les  journées  de  sep- 
tembre, la  proclamation  de  la  République  et  l'exécution  de  Louis  XYI  ; 
après  la  création  du  tribunal  révolutionnaire  et  pendant  les  luttes  de 
la  Convention,  il  ne  pouvait  plus  être  question  de  clubs  monarchi- 
ques. L'insurrection  vendéenne,  les  troubles  sanglants  du  Midi,  l'émi- 
gration et  ses  représentants  à  côté  des  armées  coalisées,  mettaient 
néanmoins  en  action  la  pensée  royaliste,  dont  les  fervents  propaga- 
teurs attendirent,  pour  reprendre  leur  polémique,  les  époques  de  la 
réaction  thermidorienne,  du  Directoire  exécutif  et  du  Consulat. 

Toutefois,  le  souvenir  du  Club  monarchique  fit  suspecter  d'autres 
clubs  dont  nous  allons  parler,  et  qui,  sous  couleur  de  réunions  mo- 
dérées ou  constitutionnelles,  tendirent  parfois  à  renouer  la  chaîne 
des  temps,  à  reprendre  les  traditions  du  passé,  à  renier  non  seule- 
ment 1793,  mais  encore  1789. 

Étrange  la  destinée  du  Club  m.onarchique ,  dont  on  a  tant  parlé, 
qui  n"a  pas  eu  une  existence  réelle  bien  déterminée,  mais  qui,  sur- 
tout à  cause  de  son  titre  et  de  ses  polémiques,  a  marqué  dans  les 
fastes  de  la  Révolution  !  Beaucoup  de  ses  membres  ont  succombé 
pendant  les  luttes  révolutionnaires;  d'autres  ont  échappé  à  la  Ter- 
reur; d'autres,  enfin^  ont  pactisé  avec  Bonaparte  premier  consul,  ou 
avec  Napoléon  empereur. 

(1)  Moniteur  universel,  t.  XII,  p.  758. 


CLUB  DES    FEUILLANTS 


Fondé    en    1791. 


I 


D'abord  Club  breton,  formé  exclusivement  de  députés  de  la  Breta- 
gne, et  installé  dans  la  ville  de  Versailles,  dans  le  salon  de  l'opposi- 
tion nobiliaire,  disent  Bûchez  et  Roux  (t),  ou  dans  le  café  Amaury, 
situé  près  de  l'Hôtel  des  Menus,  à  l'entresol.  Les  députés  de  Bretagne 
s'y  consultaient  avant  les  séances.  Dès  le  principe,  on  remarquait 
parmi  ses  membres  Gleizen,  avocat  au  Parlement  de  Rennes;  Le  Cha- 
pelier, avocat  à  Rennes;  Lanjuinais,  avocat  et  professeur  en  droit 
canon  dans  la  même  ville^  et  Corroller  du  Moustoir,  procureur  du  roi 
à  Hennebont. 

Le  Club  breton  ne  resta  pas  exclusivement  composé  de  députés  élus 
par  la  province  de  Bretagne.  Vinrent  bientôt  s'y  adjoindre  le  duc  d'Ai- 
guillon, Sieyès,  Barnave,  les  Lameth  (Charles  et  Alexandre),  Mira- 
beau l'aîné,  Pétion,  Volney,  l'abbé  Grégoire,  Goupil  de  Préfeln^ 
Maximilien  Robespierre,  des  députés  élus  par  la  province  de  Franche- 
Comté,  La  Réveillière-Lépeaux,  des  députés  élus  par  la  province 
d'Anjou,  Bouche,  avocat,  député  d'Aix,  le  marquis  de  Lacoste,  député 
du  Charolais,  et  d'autres  encore. 

Gleizen  (2)  présida  probablement  les  premières  séances;  le  1"  juil- 
let 1789,  le  duc  d'Aiguillon  fut  président.  Furent  présidents  aussi  Le 
Chapelier  et  Bouche. 

Selon  Dubois-Crancé  (3),  la  Cour  n'épargna  aucun  inoyen  de  cor- 
ruption à  l'égard  des  membres  du  Club  breton,  dans  lequel  s'intro- 


(1)  Histoire  parlementaire  de  la  Révolution,  t.  II,  p.  36. 

(2)  Avocat,  député  du  tiers  état  de  Rennes  aux  Etats-Généraux. 
(.3)  Analyse  de  la  Révolution  française,  p.  49. 


278  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

duisirent  quelques  faux  frères,  pendant  que  les  monarchistes  tenaient 
des  conciliabules  secrets  chez  la  reine,  Monsieur,  madame  de  Tessé, 
le  duc  de  Luxembourg,  l'archevêque  d'Aix  et  autres. 

Lorsque  l'Assemblée  nationale  fut  transférée,  en  octobre  1789,  à 
Paris,  le  Club  breton  la  suivit,  Il  choisit  et  loua  la  salle  de  la  biblio- 
thèque du  couvent  des  Jacobins,  rue  Saint-Honoré.  En  février  1790, 
il  prit  le  nom  de  Société  des  Amis  de  la  Constitution  (1).  Le  21  sep- 
tembre 1792,  il  décida  de  s'intituler  Société  des  Jacobins^  amis  de  la 
liberté  et  de  Végalité. 

Sous  la  monarchie  constitutionnelle,  il  s'appela  5ocie/^'  des  Amis  de 
la  Constitution,  séants  aux  Jacobins,  à  Paris.  Il  se  glorifiait  de  ce 
nom  de  Jacobins,  que  les  ennemis  de  la  Révolution  lui  donnèrent  pai' 
dérision,  afin  de  ridiculiser  ses  membres,  de  les  faire  regarder  comme 
une  faction. 

Il  y  eut  promptement  scission  parmi  les  Amis  de  la  Constitution. 

La  Fayette,  Bailly,  Duport  (Adrien),  les  Lameth  (Alexandre  et 
Charles),  La  Rochefoucauld-Liancourt,  demeurés  royalistes  constitu- 
tionnels, fondèrent  un  club  au  Palais-Royal,  club  bientôt  transféré 
dans  l'ancien  couvent,  vaste  et  somptueux ,  des  Feuillants,  non  loin 
de  la  salle  du  Manège,  en  face  de  la  place  Vendôme,  près  des  Tuile- 
ries et  du  couvent  de  l'Assomption  (2).  Dandré,  député  de  la  noblesse 
de  Provence  aux  États  généraux,  Beugnot,  ancien  lieutenant  du  pré- 
sidial  de  Bar,  et  devenu  député  à  la  Législative,  Dumas,  qui  organisa 
la  garde  nationale  avec  La  Fayette  (3),  Le  Chapelier,  Pastoret,  qui  fut 
procureur  syndic  du  département  de  la  Seine,  Vaublanc  et  Mirabeau 
l'ainé,  appartinrent  au  Club  des  Feuillants,  dont  les  débris  du  club 
de  1789  formèrent  le  noyau  (4).  Ce  fut  encore  une  réunion  de  modé- 
rés, ne  voulant  pas  aller  plus  loin  que  la  monarchie  constitutionnelle; 
d'Amis  de  la  Constitution,  séante  aux  Feuillants, 

11  faut  remarquer,  tout  d'abord,  que,  dès  le  commencement  de  la 

(1)  Voir,  pour  plus  de  détails,  la  Société  des  Jacobins,  Introduction,  t.  I,  ouvrage 
publié  par  M.  F.  A.  Aulard,  dans  la  CoUecUon  de  documents  relatifs  à  VHistoire 
de  Paris  pendant  la  Révohdion. 

(2)  En  1804,  la  rue  de  Rivoli  a  fait  disparaître  rép,iise  et  le  couvent  des  Feuillants. 
L'enclos  du  monastère  occupait  l'espace  compris  entre  la  rue  Saint-Honoré  et  la 
terrasse  septentrionale  du  jardin  des  Tuileries,  dite  «  terrasse  des  Feuillants.  »  Le 
bureau  des  archives  de  la  Constituante  était  à  la  Bibliothèque  du  couvent  des 
Feuillants.  Le  local  des  Feuillants  était  magnifique.  Ces  clubistes  voulaient  faire 
abattre  le  maître-autel  de  la  chapelle  du  couvent,  ou  vue  de  la  tenue  de  leurs 
séances.  On  ne  sait  pas  s'ils  exécutèrent  ce  projet.  (Arch.  Nat.,  21  septembre  1791, 
2  pièces,  F'"  611«.) 

(3)  La  Fayette,  surnommé  Gilles-César  ou  Gilles-le-Grand  Tpa.r  le  duc  de  Choiseul. 

(4)  Voir  Société  de  1789.  .      , 


CLUB  DES  FEUILLANTS  279 

Révolution,  le  district  des  Feuillants,  auq^uel  l'ancien  couvent  avait 
donné  son  nom,  se  montrait  favorable  aux  modérés,  notamment  à 
Bailly.  Le  bataillon  des  Feuillants  était  formé  des  gens  du  quartier  qui 
avoisinait  la  place  Vendôme.  Lorsque^  le  17  septembre  1789,  il  y  eut 
du  bruit  chez  les  boulangers,  et  lorsque  la  rumeur  publique  accusait 
Bailly  à  ce  propos,  le  district  des  Feuillants  s'arma  pour  la  sûreté  du 
maire  de  Paris. 

Quelques  jours  auparavant,  le  7  septembre,  le  bataillon  des  Feuil- 
lants avait  fait  bénir  ses  drapeaux  à  Saint-Roch,  et  madame  Bailly 
avait  quêté.  Un  dîner  du  bataillon  avait  eu  lieu  au  pavillon  de  Flore. 
En  avril  1790,  il  se  préoccupa  de  l'assemblée  aristocratique  décou- 
verte aux  Capucins  de  la  rue  Saint-Honoré  (1). 

La  Fayette  et  Bailly  avaient  les  mêmes  partisans  et  les  mêmes 
ennemis,  qui  les  accouplaient  dans  tous  leurs  discours  et  dans  tous 
leurs  écrits.  On  prétendait  qu'ils  s'entendaient,  au  fond,  avec  la  cour, 
et  on  les  déclarait  responsables  de  ce  qui  se  faisait,  à  Paris,  contre 
les  patriotes  d'action,  contre  les  gens  qui  adoptaient  les  principes  des 
Jacobins  ou  des  Cordeliers.  La  Fayette  et  Bailly  étaient  les  héros  de 
la  bourgeoisie  parisienne,  commettant  à  tout  instant  des  actes  qui  les 
rendaient  impopulaires.  Les  avancés  n'oubliaient  pas  qu'ils  avaient 
fondé  la  Société  de  1789  ;  ils  regardaient  comme  équivoque  leur  con- 
duite à  l'égard  des  monarchistes  et  du  Club  monarchique.  La  loi 
martiale,  votée  le  20  octobre  1789,  compromettait  les  officiers  muni- 
cipaux ainsi  que  les  gardes  nationales,  par  conséquent  La  Fayette  et 
Bailly,  lors  de  son  exécution  en  cas  de  rassemblements  et  d'émeutes. 

Entraînés  par  leur  enthousiasme  commun  pour  la  cause  révolu- 
tionnaire, les  membres  du  Club  des  Amis  de  la  Constitution  restèrent 
unis,  ou  à  peu  près,  jusque  vers  le  milieu  de  l'année  1791. 

La  première  question  qui  divisa  les  Jacobins  fut  celle  de  la  rééligi- 
bilité des  députés,  dont  Robespierre,  Buzot  et  Pétion  ne  voulaient 
pas,  et  que  voulaient  Lameth,  Barnave  et  Duport  (mai  1791). 

Puis  la  fuite  du  roi  ajouta  aux  discordes.  Le  15  juillet  1791,  le 
schisme  éclata.  Il  y  eut,  le  lendemain,  assemblée  aux  Feuillants.  La 
Constituante,  ayant  pour  ainsi  dire  absous  Louis  XVI,  après  l'arres- 
tation à  Varennes,  une  pétition  réclama  la  déchéance  du  roi  et  fut 
couverte  de  signatures.  Nombre  de  Jacobins  et  de  Cordeliers  approu- 
vèrent cette  pétition,  œuvre  de  l'orléaniste  Laclos;  d'autres  membres 
du  Club  des  Jacobins  n'en  voulaient  pas  assumer  la  responsabilité  et 
invoquaient  l'inviolabilité  de  Louis  XVI,  à  l'encontre  de  la  déchéance. 

(l)  Voir,  plus  haut,  Club  monarchique,  p.  126  et  suiv. 


280  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Le  déploiement  du  drapeau  rouge  au  Champ  de  Mars  (17  juillet 
1791)  combla  la  mesure.  La  Fayette,  Bailly  surtout,  perdirent  leur 
popularité. 

Aussitôt  se  forma  le  Cluh  des  Feuillants ,  qui  suivit  la  ligne  poli- 
tique des  hommes  approuvant  la  loi  martiale,  malgré  le  sang  versé 
par  les  gardes  nationaux  que  Marat  appelait  «  les  mouchards  de  La 
Fayette.  »  Les  membres  du  nouveau  club  n'admettaient  pas  que  Ton 
pétitionnât  pour  la  déchéance  du  roi. 

Peu  à  peu,  le  Club  des  Feuillants  était  devenu  le  refuge  des  réac- 
tionnaires. Il  demeura  presque  désert,  en  déclinant  de  jour  en  jour, 
à  dater  de  la  mort  de  Mirabeau,  et  il  s'éteignit  après  la  journée  du 
10  août  1792.  A  une  certaine  époque,  il  n'y  eut  plus  que  oG  députés 
parmi  les  Feuillants,  tandis  que,  à  leur  début,  ils  en  comptaient  2Ci. 

Le  Feuillant  avait  donc  disparu  dès  que  les  premiers  mots  de  ropubli- 
(pie  furent  prononcés,  soit  dans  les  assemblées  populaires,  soit  dans 
la  Constituante,  soit  dans  la  presse  et  dans  le  public.  Il  se  déclara 
essentiellement  «  constitutionnel  »,  c'est-à-dire  résolu  à  maintenir 
la  royauté,  le  pouvoir  exécutif  de  Louis  XVI.  Lacretelle  fit  adopter 
dans  son  club  la  devise  :  «  La  constitution,  toute  la  constitution,  rien 
que  la  constitution!  »  Le  Feuillant  espérait  que  les  hommes  de  la 
veille  et  les  hommes  du  lendemain  s'accorderaient  entre  eux.  Il  tenait 
par  bien  des  côtés,  par  des  affections  profondes  à  l'ancien  régime. 
Aussi,  presque  tous  les  historiens  Tont-ils  traité  de  «  Jésuite  poli- 
tique. » 

Nous  remarquons  que  l'avocat  Bouche,  constituant,  demeurant  à 
l'Hôtel  de  Valois,  rue  de  Richelieu,  a  été  président  des  Feuillants, 
après  l'avoir  été  précédemment  aux  Jacobins.  Nous  remarquons  en- 
core que  les  Feuillants  fréquentaient  beaucoup  le  café  de  Valois,  au 
Palais-Royal,  café  mal  famé  au  point  de  vue  des  idées  nouyelles'(l). 

Bouche  envoya,  le  21  juillet  1791,  au  Moniteur^  une  lettre  ainsi 
conçue  : 

w  Au  Itédacleur. 

«  Il  vient,  Monsieur,  de  me  tomber  sous  la  main  un  imprimé  inti- 
tulé :  Société  des  Amis  de  la  Constitution,  de  Paris,  séante  aux  Jaco- 
bins, rue  Saint-Ho7ioré,  Paris,  I  7  juillet  i  79  j ,  commençant  par  ces 
mots  :  Frères  et  amis,  et  finissant  par  ceux-ci  :  Autorisés  j)ar  la  loi. 
Cet  imprimé,  qui  ne  contient  qu'une  page,  au  haut  de  laquelle  est  un 
fleuron,  dans  le  centre  duquel  on  lit  ces  mots  :  Vivre  libre  ou  mourir, 

(1)  Voir  plus  bas,  Cafés. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  281 

et  à  l'entour  duquel  est  cette  inscription  :  Société  des  Aîm's  de  la  Cons- 
titution, est  terminé  ainsi  :  Signé  :  Bouche,  président. 

«  Je  déclare  que  je  n'ai  point  assisté  à  cette  prétendue  déclaration 
ou  lettre  du  17  juillet,  ni  à  aucune  subséquente;  que  je  n'ai  rien 
signé  de  pareil;  que  ma  signature,  apposée  comme  caution  au  bas  de 
cet  imprimé,  est  un  faux  des  plus  révoltans  dont  je  poursuivrai  les 
auteurs,  si  je  puis  les  connaître;  que  j'ai  l'honneur  d'être  président 
de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution,  séante  aux  Feuillants,  rue 
Saint-Honoré,  et  que  je  ne  le  suis  d'aucune  autre.  Les  vrais  amis  de 
la  Constitution  ne  sont  point  des  faussaires.  Ceux  qui  ont  écrit  ou 
fait  imprimer  mon  nom  au  bas  de  cette  prétendue  déclaration  ou 
lettre  sont  des  faussaires  insolens  qu'on  doit  signaler  comme  de  véri- 
tables ennemis  de  la  Constitution. 

«  Je  vous  prie.  Monsieur,  d'insérer  dans  votre  journal  le  désaveu 
de  cet  imprimé,  dans  la  partie  qui  me  concerne,  afin  que  toutes  les 
sociétés  des  Amis  de  la  Constitution  du  royaume  et  les  bons  citoyens 
sachent  qu'on  cherche  à  les  surprendre  pour  les  égarer. 

«■  Bouche,  membre  de  V Assemblée  nationale  et  président  de  la 
Société  des  Amis  de  la  Constitution  séante  aux  Feuillants  (1). 

«  Paris,  le  21  juillet.» 

Il  ne  pouvait  renier  avec  plus  d'audace  sa  participation  aux  actes 
des  Jacobins  avant  de  se  rendre  aux  Feuillants.  Son  exemple  était 
suivi  par  des  nobles  et  des  bourgeois  fort  connus,  devenus  plus  tard 
de  pur  caméléons  politiques,  les  uns  allant  à  la  droite  de  l'Assemblée 
législative,  les  autres  siégeant  sur  la  montagne,  à  la  Convention, 
quelques-uns  formant  le  centre  ou  le  Marais  des  assemblées  qui  se 
succédèrent. 

On  est  étonné,  en  effet,  de  voir  Barère  et  d'autres  républicains 
passer  aux  Feuillants,  où,  d'ailleurs,  ils  ne  restèrent  pas  longtemps. 

Il  ne  fallait  pas  laisser  ignorer  la  vérité  des  faits;  il  fallait  confon- 
dre Bouche,  et  les  Jacobins  n'y  manquèrent  pas. 

Le  Moniteur  et  les  autres  journaux  imprimèrent  cette  réponse  : 

«  Monsieur, 
«  M.  Bouche  a  fait  insérer  dans  votre  feuille  une  réclamation  très 
amère  à  l'occasion  de  son  nom  et  de  celui  de  MM.  Salles  et  Antoine  (2), 


(1)  Charles-François  Bouche  est  mort  membre  du  Tribunal   de  cassation,  eu 
août  1793.  Il  éjtait,  eu  1791,  avocat  du  roi,  sénéchaussée  d'Aix,  constituant. 

(2)  Probablement  François-Paul-Nicolas  Anthoine,  d'abord  constituant,  puis 
conventionnel.  Secrétaire  du  Club  des  Feuillanls  eu  1791. 


282  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

qui  se  trouvent  au  bas  d'un  arrêté  de  la  Société,  en  dale  du  17  de 
ce  mois.  Il  s'est  cru  permis  de  traiter  de  faux  matériel  cet  usage  de 
son  nom,  et  de  qualifier  de  faussaires  insolens  ceux  qui  se  le  sont 
permis. 

«  Il  déclare,  en  même  temps,  qu'il  n'est  président  d'aucune  autre 
société  que  la  Société  des  Amis' de  la  Constitution  séante  aux  Feuil- 
lans,  dont  MM.  Salles  et  Antoine  se  trouvent  secrétaires. 

«  Nous  devons  mettre  le  public  à  portée  d'apprécier  la  justesse,  la 
véracité,  et,  surtout,  la  modération  des  reproches  de  M.  Bouche.  Nous 
ne  nous  en  permettrons  aucun  contre  lui  dans  le  moment  où  nous 
sommes  disposés  à  faire  les  plus  grands  sacrifices  pour  réunir  la  So- 
ciété divisée;  nous  ne  dirons  que  le  fait  justificatif  sans  aucune  res- 
triction. 

«  M.  Bouche  a  été  élu,  le  l*"^  juillet,  président  de  la  Société  des 
Amis  de  la  Constitution,  séante  aux  Jacobins;  MM.  Salles  et  Antoine 
ont  été  élus  secrétaires  à  la  même  époque. 
■  «  M.  Bouche  présida  le  mercredi  13;  le  vendredi  15,  il  ne  vint  point 
à  la  Société.  M.  Antoine  prit  le  fauteuil.  Le  dimanche  17^  MM.  Bouche 
et  Antoine  étant  absens,  un  autre  secrétaire  les  remplaça. 

«  L'usage  de  la  Société  est  de  mettre  au  bas  de  ses  arrêtés  le  nom 
du  président  et  des  secrétaires  du  mois.  Cet  usage  a  été  invariable- 
ment observé  jusqu'ici.  (Il  est  d'ailleurs  consacré  par  un  arrêté  de  la 
Société  pris  sous  la  présidence  de  M.  Voidel.) 

<(  Nous  étions  avertis,  il  est  vrai,  qu'une  partie  des  députés  de  l'As- 
semblée nationale  s'étaient  réunis  aux  Feuillans  et  voulaient  y  for- 
mer une  autre  Société  des  Amis  de  la  Constitution;  mais  nous  ne 
l'étions  point  que  MM.  Bouche,  Salles  et  Antoine  eussent  transféré 
l'exercice  de  leurs  fonctions  aux  Feuillans.  S'ils  avaient  cru  devoir,  à 
des  frères  et  à  des  amis  qu'ils  abandonnaient,  assez  d'égards  pour  les 
prétenir  de  leur  retraite,  assurément  la  Société  n'eût  pas  fait  Tin- 
conséquence  d'employer  leur  nom  au  bas  de  son  arrêté,  et  elle 
regrette  très  sincèrement  cette  méprise,  qui  méritait  d'autant  moins 
une  sortie  aussi  vive  de  la  part  de  M.  Bouche,  qu'il  ne  tenait  qu'à  lui 
de  la  prévenir,  en  signifiant  sa  translation  à  la  nouvelle  Société  des 
Feuillans. 

«  Un  fait  qui  vient  encore  à  l'appui  de  cette  explication  est  que,  le 
17  au  matin,  date  de  l'arrêté,  M.  Bouche  a  envoyé  au  trésorier  de  la 
Société  (iVL  Deffîeux)  200  cartes  signées  de  lui  pour  le  renouvellement 
du  trimestre. 

«   L.    V.  DuFOURNY,   président   par  intérim; 
RÉGNIER,  neveu,  L.  Paroghel,  secrétaires.  » 


CLUB  DES  FEUILLANTS  283 


II 


Selon  Pétion,  parmi  les  Jacobins  affiliés  aux  Feuillants,  «  les  uns 
en  voulaient,  disaient-ils,  à  la  Société  des  A^nis  de  la  constitution,  pour 
(les  reproches  grossiers  vomis  contre  eux  dans  son  sein;  les  autres 
lui  reprochaient  le  peu  de  liberté  qu'ils  y  avaient  éprouvé  plusieurs 
lois  d'émettre  leur  opinion,  lorsqu'elle  semblait  opposée  à  l'opinion 
f^énérale  de  la  Société.  Ils  lui  reprochaient  l'ironie  amère  de  la  pro- 
position faite  dans  la  dernière  séance  de  porter  à  la  présidence  de 
l'Assemblée  nationale  un  homme  dont  le  nom  n'avait  jamais  été 
prononcé  dans  cette  Société  qu'avec  dégoût  (1).  » 

Il  importe  d'y  joindre  la  démarche  des  Jacobins  pour  la  pétition 
du  Champ  de  Mars. 

«  Le  projet  des  Feuillans  était  sans  doute  de  rallier  autour  d'eux 
toutes  les  sociétés  affiliées,  dit  Pétion,  pour  les  accoutumer,  sous  le 
voile  de  la  liberté,  au  système  d'oppression  qu'ils  méditaient  de  faire 
sur  tout  l'empire.  » 

Pétion  prévoyait  l'envoi,  par  les  Feuillants,  d'adresses  aux  sociétés 
affiliées,  ce  qui  arriva.  Très  peu,  en  somme,  adhérèrent  aux  Feuil- 
lants, disant  qu'ils  voulaient  se  borner  à  préparer,  à  discuter  les  tra- 
vaux de  l'Assemblée  nationale,  sans  rien  voter. 

A  la  séance  du  18  juillet,  aux  Jacobins,  Feydel  (2)  dit  que  les  dé- 
putés retirés  aux  Feuillans  étant  les  fondateurs  de  la  Société,  il  con- 
venait de  leur  remettre  le  local  et  la  correspondance.  Laclos  appuya 
la  motion,  que  Robespierre  ne  combattit  pas.  Feydel  avait  proposé 
d'envoyer  une  députation  à  l'assemblée  des  Feuillants.  Robespierre 
faisait  adopter  une  adresse  à  l'Assemblée  nationale,  aux  constituants 
vraiment  patriotes. 

Le  journal  de  la  correspondance  des  Amis  de  la  Constitution  fut 
continué  par  les  Feuillants,  depuis  le  n°  XXXV  jusqu'au  n°  XLI. 

On  annonça  :  «  Ce  journal  de  la  première  Société  des  Amis- de  la 
Constitution^  séant  d'abord  aux  Jacobins,  puis  aux  Feuillants,  con- 


(1)  Plusieurs  membres  de  la  Société  avaient  proposé  de  porter  l'abbé  Maury  k 
la  présidence  de  l'Assemblée  nationale;  Danton  avait  demandé  qu'on  offrît  des 
cartes  d'entrée  à  MM.  Maury  et  Cazalès.  (Séance  du  vendredi  15  juillet  1791,  aux 
.lacobins.) 

(2)  Feydel,  avocat  du  roi  k  Cahors,  membre  de  l'Assemblée  nationale,  secrétaire 
des  Jacobins  en  décembre  1790. 


284  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

tient  les  discours  qui  ont  été  prononcés  dans  le  sein  de  la  Société,  et 
la  correspondance  avec  les  sociétés  affiliées.  » 

Choderlos  de  Laclos,  l'homme  du  duc  d'Orléans,  directeur  de  ce 
journal,  avait  cessé  toute  coopération  depuis  le  n°  XXXIV.  Des  trente 
membres  dont  se  composait  le  comité  de  correspondance  aux  Jaco- 
bins, vingt-sept  l'avaient  quitté,  vingt-cinq  étaient  venus  aux  Feuil- 
lants (1).  Le  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  demeura 
l'organe  de  la  Société  scissionnaire.  Il  cessa  de  paraître  le  20  sep- 
tembre 1791.  Le  Club  des  Feuillants  ne  parait  pas  avoir  eu,  depuis, 
d'autre  organe  accrédité.  Le  nommé  Beaulieu  fut  l'auteur  du  Journal 
du  soir  du  Club  des  Feuillants. 

Choderlos,  ci-devant  de  Laclos,  avait  donc  passé  au  Journal  des 
Amis  de  la  Constitution,  séante  aux  Jacobins,  qu'il  fut  autorisé  à  pu- 
blier périodiquement. 

Pendant  les  premiers  mois  de  son  existence,  le  Club  des  Feuillants 
tint  uniquement  des  séances  privées;  il  ne  les  rendit  publiques  que 
vers  la  fin  de  décembre  de  l'année  1791.  Quand  même  la  loi  n'eiH 
pas  obligé  ses  membres  à  ouvrir  leur  salle  au  contrôle  public  et  mu- 
nicipal, il  dut  le  faire  à  cause  des  bruits  qui  commençaient  à  courir 
sur  les  doctrines  que  l'on  y  professait,  et  qui  étaient  les  idées  consti- 
tutionnelles de  Jean-Joseph  Mounier,  député  démissionnaire,  ayant 
quitté  la  France  après  les  journées  des  5  et  6  octobre  1789  (2). 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  les  Feuillants  suivirent  Barnave, 
les  Lameth,  Duport  et  autres,  pour  former  un  parti  modéré  dont  la 
haute  bourgeoisie  s'arrangeait  bien,  mais  qui  semblait  contraire  aux 
intérêts  de  la  Révolution.  Un  arrêté  des  Feuillants  décida  que  les  ci- 
toyens actifs  seraient  seuls  admis  parmi  eux. 

Tout  le  temps  qu'ils  se  réunirent  sans  admettre  d'étrangers,  la 
presse  s'en  occupa  seulement  pour  manifester  des  suspicions  à  leur 
égard;  aussitôt  qu'ils  ouvrirent  leurs  portes  au  public,  les  journaux 
révolutionnaires  se  mirent  à  les  attaquer  vivement,  d'autant  plus  que 
ces  scissionnaires  du  Club  des  Amis  de  la  Constitution  ne  tardèrent 
pas  à  guerroyer  contre  leurs  anciens  collègues. 

En  quittant  ceux-ci,  les  Feuillants  avaient  pu  prendre  copie  des 
listes  contenant  les  noms  des  sociétés  correspondantes  des  Amis  de  la 


(1)  Bûchez  et  Roux,  Histoire  parlementaire  de  la  Révolution,  t.  XI,  p.  152. 

(2)  Par  ordre  du  Club  des  Feuillants,  on  imprima  les  Observations  sur  l'état  passé, 
présent  et  futur  de  la  ?iation,  et  de  l'influence  du  publiciste  Mably  sur  la  Révolu- 
tion, par  M.  Mousnier  (sicj.  (Bib.  Nat.,  in-8»,  sans  date,  de  27  p.,  Lb  40/801.)  On 
réclama,  en  pleine  séance,  la  publicité  des  séances  et  l'impression  de  la  liste  des 
membres  du  club. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  285 

Constitution  séante  aux  Jacobins.  Ils  se  servirent  de  ces  listes  pour 
annoncer  leur  fondation,  pour  leur  demander  à  entretenir  des  rela- 
tions avec  lesdites  sociétés.  Les  Jacobins  répondirent  par  une  adresse 
à  l'Assemblée  nationale. 

La  lutte  entre  les  Feuillants  et  les  Jacobins  devint  bientôt  très 
\ive.  L'adresse  envoyée  par  les  premiers  aux  sociétés  affiliées  était 
datée  du  17  juillet  1791,  jour  du  massacre  du  Champ  de  Mars,  — 
signée  du  nom  de  Salles,  —  lancée  sous  le  couvert  d'un  ministre. 

«  On  y  afTectait  (aux  Feuillants),  observe  liOustalot,  de  se  proposer 
les  mêmes  objets,  de  débattre  les  mêmes  questions  qu'aux  Jacobins; 
mais  on  y  ajouta  d'autres  avantages  et  agréments,  tels  que  de  bons 
dîners,  des  soirées  splendides,  un  luxe  royal.  » 

Ils  voulaient,  disait-on,  reviser  la  Constitution  et  remplacer  l'As- 
semblée par  une  Convention,  «  à  laquelle  ils  répondaient  de  se  faire 
élire.  »  Ils  s'élevaient  contre  les  clubs  avancés,  ce  qui  faisait  dire  aux 
rédacteurs  de  Y  Orateur  du  peuple  :  «  Les  feuillantins,  qui  voudroient 
qu'on  égorgeât  les  sociétés  patriotiques...  (1)  »  Ils  se  croyaient  appelés 
à  être  non  des  conciliateurs,  mais  des  gouvernants  dans  toute  la 
force  du  terme,  avec  le  concours  de  la  garde  nationale  et  des  autorités 
constituées. 

Les  mots  feuillants  et  feuillantisme  demeurèrent  pour  désigner  cer- 
taine nuance  d'aristocrates  ou  de  modérés,  ambitieux  avec  des  façons 
et  des  paroles  mielleuses. 

Le  journal  les  Actes  des  Apôtres  appela  La  Fayette  «  le  grand  gé- 
néral des  Feuillants.  »  Dans  les  caricatures,  on  les  représenta  vêtus 
à  landenne  mode,  rouillarde  au  côté,  canne  à  la  main,  boucles  aux 
lins  souliers,  trottinant  et  disant  d'un  ton  pacifique  :  «  On  mattend 
aux  Feuillants  »,  tandis  que  les  Jacobins  se  dépêchaient  fiévreuse- 
ment pour  aller  sans  retard  à  leur  Société,  et  disaient  :  «  J'y  vais  aux 
Jacobins  ..  Tout  va  bien  (2).  » 

Corsas  cite,  en  juillet  1791,  un  quatrain  imprimé  dans  le  Journal 

de  la  cour  et  de  la  ville  : 

Pour  arranger  les  Jacobins, 
Et  les  Feuillans,  autres  gredins, 
Messieurs,  quels  moyens  sont  les  vôtres?  — 
Du  canon  pour  les  uns,  du  bâton  pour  les  autres. 

«  Les  Feuillants  ou  feuilles  mortes  »,  lisons-nous  dans  Carra. 

On  les  appela  Barnaviens  ;  on  employa  l'expression  «  se  feuillan- 

(1,1  Orateur  du  l^euple,  t.  XII,  n"  12. 

(2)  A.  Challauiel,  Histoire-Musée  de   la  République  française,    iii-8%  1842,  t.  I, 
1>.  123  et  12i. 


286  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

tiner  >^  ;  on  tlétrit  «  l'aristocratie  feuillantine  >>,  les  intrigues  «  autri- 
chio-feuillantines  »  et  les  «  aristocratico-feui liants  »  ;  on  les  traita 
d'  «  Amis  de  la  liste  civile  ». 

Les  Parisiens  chantèrent  une  chanson  dont  le  refrain  était  : 

Nous  irons  tous  aux  Feuillans, 

Car  ce  sont  de  bonnes  gens  : 

La  bonne  aventure,  ô  gué!  etc..  (1). 

En  1791,  les  royalistes  confondaient,  dans  leur  haine,  Jacobins  et 
Feuillants.  Ils  firent  courir  dans  le  public  une  caricature  provocante, 
intitulée  :  Danse  qa'ih  danseront.  Un  jacobin  et  un  feuillant  étaient 
pendus,  et  «  dansaient  un  pas  de  deux.  » 

Le  prospectus  du  Tableau  général  des  crimes  des  répulAlques  an- 
ciennes et  modernes  contient  cette  phrase  : 

«  A  tout  prendre,  le  système  des  Jacobitks  est  infiniment  plus  con- 
séquent que  celui  des  Feuillans.,  Monarchistes.,  Moxjennistes ,  ou 
Constiiutionnaires  ;  ces  derniers  novateurs  sont,  à  notre  avis,  des 
scélérats  plus  adroits,  et  par  là  même  plus  dangereux  (2).  » 


III 


Les  Feuillants  brillèrent  tout  d'abord  par  leur  nombre. 

La  Premikre  listk  des  Feuillants,  datée  des  IG  et  18  juillet  1791  (3), 
contient  365  noms.  Elle  déclare  : 

«  Les  Membres  de  l'Assemblée  nationale,  fondateurs  et  membres  de 
la  Société  des  Amis  de  la  Constitution,  séante  aux  Jacobins,  àl'aris, 
ont  arrêté  de  transporter  leurs  séances  dans  un  autre  lieu,  et  de  les 
continuer  dans  la  maison  des  Feuillans,  rue  Saint-Honoré.  A  Paris, 
le  16  juillet  1791. 

«  Signé  :  BoucuE,  président;  François-Paul-Nicolas  Anthoine, 
Salle  (ou  Salles),  secrétaires.  » 

Armand,  député. 
Alquier,  député.  Aubry,  député. 

Angô  [sic).  Audier-Massillon. 

Anson,  député.  Augier. 

Anthoine,  député. 


(1)  Cité  dans  le  Journal  des  Amis  de  la  Constitution,  n'  39; 

(2)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  Rf"  222,  t.  XVIL 

(3)  Bib.  Nat.,  Lb  40/3284,  in-8». 


CLUB  DES  FEUILLANTS 


Babey,  député. 
Baco,  député. 
Baillot,  député. 
Barnave,  député. 
Barrère-Vieuzac. 
Basquiat,  député. 
Bazin. 

Baudouin  (imprimeur)  (1). 
Baudouin,  député. 
Beauharnois  (Alexandre)  (2),  dé- 
puté. 
Besnard,  député. 
Benoist,  député. 
Beauperrey,  député. 
Bialle-Germont,  député. 
Biauzat,  député. 
Bidault,  député. 
Bignan,  député. 
Billette,  député. 
Bion,  député. 
Biron  (3). 
Blancard,  député. 
Boislandry. 

Boissy-d'Anglas  (4),  député. 
Bonnet,  député. 
Bouche,  député. 
Bouche  fils. 
Bouchette,  député. 
BouUé. 
Bourdon. 
Bouron. 


Boussion,  député. 

Boutaric. 

Bouteville. 

Bouvier. 

Bourran. 

Boissy. 

Branche. 

Brevet  Beaujour,  député. 

Briois-Beaumez. 

Broglie  (5). 

Brostaret,  député. 

Brunet-la-Tuque. 

Buschey,  député. 

Burnequez,  député. 


Garondelet,  député. 
Castaignède,  député. 
Castelanne,  député. 
Castellanet,  député. 
Chabroud,  député  (6). 
Chaillon. 

Chambon,  député. 
Charon  (sic),  député. 
Chasset,  député. 
Châteauneuf-Randon 
Cherrier. 

Chevalier,  député. 
Choiseul-Praslin  fils. 
Chombart. 
Christin. 
Claude,  député. 


(1)  AccuHié  d'avoir  touché  des  fonds  provenant  de  la  liste  civile,  il  fut  arrêté. 
Mort  en  1838. 

2)  Condamné  à  mort  pour  inaction  devant  Mayence,  exécuté  le  23  juillet  1794. 

(3)  Devenu  suspect  et  exécuté  le  1"  janvier  1794. 

(4)  Déporté  le  18  fructidor.  11  habitait  rue  du  Bouloy,  n°  33. 
(3)  Arrêté  comme  suspect  et  exécuté  le  27  juin  1794? 

(6)  Avocat,  auteur  d'un  rapport  sur  les  5  et  6  octobre,  en  faveur  du  duc  d'Or- 
léans. On  l'appela  Chabroud  le  blanchisseur. 

(7)  Plus  tard  membre  de  la  Montagne,  envoyé  en  mission  à  Lyon;  commandant 
de  -Maycncc  sous  le  Directoire;  préfet  à  Nice  après  le  18  brumaire,  et  révoqué. 


288  LES  CLUBS  CONTRE 

Clerget,  député. 

Cochard. 

Cochelet. 

Cochon,  député. 

Collaud  la  Salcelte  (1). 

Colonna,  député. 

Cottin. 

Coudere,  député. 

Couppé,  député. 

Creuzé-la-Touche  (2). 

Cussy. 


D.  R.  d'Aiguillon,  député. 

D'Aoust  (3),  député. 

D'Arche,  député. 

D'Aubert,  député. 

Dauchy  ;4). 

D'Avost. 

Decretot,  député. 

Defay. 

Defermon  (5). 

Delastre,  député. 

Delbhecq. 

Dellay  (d'Agier),  député. 

Delplanque. 

Demandre,  député. 

Desmeunier,  député. 


-RÉVOLUTIONNAIRES 

Desandrouins,  député. 

Des  Mazières. 

Despatys, 

Destagniol. 

De  Villiers. 

Dillon  (curé). 

Dillon  (Arthur)  (6),  député. 

Dinocheau  (Jacques-Samuel),  dé- 
puté, secrétaire  de  l'Assemblée 
constituante. 

DOrléans  (L.  Ph.). 

Dosfant,  député. 

Druillon. 

Dubois  de  Crancé  (7). 

Dufau,  député. 

Dufaure-Satillieu. 

Du  Maire. 

Dumas-Gautier. 

Du  Port  (8),  député. 

Du  Pré,  député. 

Du  Sers. 

Duval  Grand-Pré,  député. 

E 
Estin. 

F 

Fisson-Jaubert. 
Fouquier. 


(1)  Chanoine  de  Saint-Dié,  député  à  la  Constituante,  à  la  Convention  et  aux 
Cinq-Cents. 

(2)  Avocat,  député  à  la  Constituante,  à  la  Convention,  aux  Cinq-Cent?  et  aux 
Anciens. 

(3)  Plus  tard,  député  à  la  Convention,  il  rendit  compte  à  l'Assemblée  du  siège 
et  de  la  défense  de  Lille. 

(i)  Arrêté  au  18  fructidor.  Membre  du  Conseil  des  Cinq-Cents. 

(5)  Plaça  un  fauteuil  à  la  barre  de  la  Convention,  dont  il  fut  membre,  pour 
Louis  XVI  y  comparant. 

(6)  A  la  Constituante,  il  prit  la  défense  des  colons  contre  les  Amis  des  Noirs. 

(7)  Réclama,  dés  1789,  le  service  obligatoire  pour  tous,  et  sans  dispense.  Lors 
de  l'épuration  de  la  Société  des  Jacobins,  il  voulait  qu'on  demandât  à  chaque 
membre  épuré  «  ce  qu'il  avait  fait  pour  être  pendu  en  cas  de  contre-révolution  ». 
Mort  à  Rethel  eu  1814.  Il  demeurait  rue  Gaillon  en  179.3. 

(8)  Fut  accusé  de  royalisme,  au  10  août  1792,  et  s'enfuit  en  Suisse.  Mort  en  1798. 


CLUB  DES  FEUILLANTS 

François,  député.  Guillot. 

Francowille  {sic),  député.  Guillotin^  député. 

Fricaud,  député.  Guinebaud,  député. 

Fricot.  Guittard. 
Frochot  (1),  député.  H 


289 


Gallot,  député. 

Gérard  de  Bretagne. 

Gérard  de  Saint-Domingue. 

Gassendy. 

Gautier  des  Orières  [sic). 

Geoffroy  (2),  député. 

Gerle. 

Gillet  de  la  Jacqueminière. 

Giraud. 

Girerd,  député. 

Girot  {sic),  député. 

Gobel,  Év.  de  Paris. 

Goudard  (3),  député. 

Gounot. 

Goupilleau,  député. 

Goupil  Préfelne  {sic)  (4),  député. 

Gouy  (5). 

Graffau  {sic),  député. 

Grégoire,  Év.  de  Blois  (6). 

Grenier. 

Grenot,  député. 

Guillaume. 


Huguet,  député. 
Hébrard  (d'Aurillac). 
Hell  (7). 
Hernoux. 
Hondelette. 
Huot-Goncourt,  député. 

J 

Jac. 

Jarry  (8). 
Jeaume,  député. 
Joubert,  député. 
Julien  (l'abbé). 

K 

Kauffmann,  député. 
Kervelegan  (9),  député. 
L 

Laborde  Méreville  (10). 
La  Charmille  {sic),  député. 
Laclaverie  {sic)^  député. 
Lacoste  (H). 
La  Cour  d'Ambésieux. 
La  Fayette. 


(1)  Ami  de  Mirabeau,  auquel  il  servit  de  défenseur  officieux,  et  dont  il  fut 
l'exécuteur  testamentaire. 

(2)  Emigré,  membre  du  Conseil  des  Cinq-Cents. 

(3)  S'occupa  spécialement  de  questions  d'exportation,  de  douanes  et  de  finances. 
Se  noya  dans  la  Seine  en  février  1799. 

(4)  Tantôt  monarchiste,  tantôt  républicain,  il  appuya  plus  tard  le  18  brumaire. 

(5)  Accusé  d'être  complice  de  la  faction  d'Orléans,  il  fut  exécuté  le  3  juillet  1794. 

(6)  Michelet  l'a  appelé  Tête  de  fer. 

(7)  Arrêté  comme  suspect  en  1793,  et  condamné  à  mort  le  3  floréal  an  II. 

(8)  Protesta  contre  la  journée  du  31  mai  1793. 

(9)  Fut  Girondin  et  membre  de  la  Commission  des  Douze,  décrété  d'accusation. 
Membre,  plus  tard,  des  Anciens,  des  Cinq-Cents,  du  Corps  législatif,  jusqu'en  1815. 

(10)  Fils  du  comte  de  Laborde,  ancien  banquier  de  la  cour. 
(H)  Eniigra,  fut  arrêté  en  1795. 

19 


290  LES  CLUBS  GONTRE- 

Laignier,  député. 

Laipaud. 

Lambel,  député. 

Lameth  (Alexandre),  député. 

Lameth  (Charles),  député. 

La  Métherie,  député. 

Lancelot,  curé,  député. 

Lanjuinais  (1),  député. 

La  Poule. 

La  Revellière,  député. 

La  Rochefoucauld,  député. 

Lasnon,  député. 

La  Terrade. 

Latyl  (2). 

La  Touche. 

Lavie,  député. 

Laville  le  Roux, 

Le  Breton  (3),  député. 

Le  Carlier,  député. 

Le  Chapelier,  député. 

Le  Dean,  député. 

Le  Deist  Botidoux. 

Lefloch,  député. 

Le  Gendre. 

Le  Guen,  député. 

Le  Grand,  député. 

Le  Leu,  député. 

Le  Maréchal. 

Le  Poutre,  député. 

Lestert  {sic),  l'aîné,  député. 


RÉVOLUTIONNAIRES 

Lesterpt  (Benoist),  député. 
Lenglier. 
Livré,  député. 
Lofficial  (4). 

Lombard-Taradeau,  député. 
Lucas  Bourgerel. 

M 

Malès,  député. 

Marie,  député. 

Marquis. 

Martin  (5),  député. 

Massieu,  Évéque  au  département 

de  l'Oise,  député. 
Maupassant. 
Mauriet. 

Ménard-Lagroye,  député. 
Ménager. 
Menou. 
Merle. 

Merlin,  député. 
Meurinne. 
Mévolhon. 
Meynier  (6),  député. 
Milanet. 

Milet-la-Mambre,  député. 
Millanois,  député. 
Mollien,  député. 
Montmorency  (7),  député. 
Moreau  de  Saint-Méry  (8),  dép. 


(1)  S'éleva,  à  la  Coustituaate,  contre  le  décret  qui  déclarait  nationaux  les  biens 
du  clergé. 

(2)  Son  intolérance  religieuse  le  fit  condamner  à  mort  en  août  1794. 

(3)  Protesta  contre  le  31  mai  1793,  et  sortit  alors  de  la  Convention. 

(4)  Essaya  de  sauver  Louis  XVI,  en  amenant  à  la  Convention  son  collègue 
Duchâtel,  qui  se  présenta  en  robe  de  chambre  et  en  boimet  de  nuit  pour  y 
déposer  son  vote. 

(5)  Le  seul  député  du  tiers  qui  ne  voulut  pas  prêter  le  serment  du  Jeu  de 
Paume. 

(6)  Se  déclara  partisan  des  Girondins,  et  fut  exécuté  le  15  mai  1794. 

(7)  Emigra  en  Suisse,  quelque  temps  après  la  journée  du  10  août  1792. 

(8)  Décrété  d'accusation  après  le  10  août  1792. 


CLUB  DES  FEUILLANTS 


291 


N 


Moriii. 

Mortier,  député. 
Moyot,  député. 
Muguet,  député. 

] 

Nioche,  député. 
Noailles. 
NolfF,  député. 

C 
Oudot,  député. 


Pain,  député. 

Palasne. 

Pampelonne. 

Parisot,  député. 

Patin. 

Papin,  député. 

Payen-Boisneuf. 

Pellerin  la  Bussière. 

Peloux. 

Pemartin,  député. 

Pérès  (Médecin),  député. 

Pérès,  député. 

Périsse  du  Luc  (1). 

PerneL 

Pervinquière,  député. 

Petiot. 

Petit. 

Petit-Mangin. 

Pflieger. 

Pilastre. 

Pincepré,  député. 


Poncet  Delpech,  député. 

Populus,  député. 

Possin. 

Poncin. 

Pougeard  du  Limbert,  député. 

Poullain  (Célestin),  député. 

Poulain-Corbion. 

Poutrin,  député. 

Prévost,  député. 

Prieur,  député. 

R 
Rabaut  (2). 
Regnauld  d'Épercy. 
Regnaud  de  Saint-Jean  d'Angély, 

député. 
Regneault  de  Nancy. 
Reymond-Grand. 
Renaud  d'Agen,  député. 
Reubell,  député. 
Riberolles,  député. 
Ricard  de  Toulon,  député. 
Rocca,  député. 
Rodât,  député. 
Roger,  député. 
Rose. 

Rostaing,  député. 
Roussilhou  (sic),  député. 

S 

Saliceti. 

Salle  (3),  député. 

Schmits. 

Sieyès,  député. 

Sillery  (4). 


(1)  Imprimeur,  prit  parti  en  1793  pour  les  insurgés  de  Lyon  contre  la  Convention, 
et  fut  condamné  à  mort  après  le  siège  de  cette  ville. 

(2)  A  été,  en  1793,    membre  de   la  Commissmi  des  Douze.    Exécuté  en   dé- 
cembre 1793. 

(3)  II  ne  voulait  pas  l'abolition  des  formes  monarchiques  et  était  dévoué  à  La 
Fayette.  Partisan  des  Girondins,  il  fut  exécuté  à  Bordeaux  le  20  juin  1794. 

(4)  Soutenait  les  droits  du  duc  d'Orléans    à  la  couronne.  Exécuté  le  31  oc- 
tobre 1793. 


292  LES  CLUBS  CONTRE 

Simon,  député. 
Soustelle,  député. 


Talleyrand-Périgord  (1). 

Tellier,  député. 

Thermes. 

Thibault,  député. 

Treilhard. 

Trouillet. 

U 
Ullery. 


-REVOLUTIONNAIRES 

V 

Vadier. 

Varrin. 

Verchères. 

Verguet  (2). 

Vernier,  député  (3). 

Vielliard. 

Viellart. 

Vimal  Flouvat. 

VouUand,  député. 

VoideL 


Liste  des  Membres  reçus  à  la  séance  du  i  8  juillet. 


Andrieux. 
Aubert,  député. 

B 

Bouchetton. 

Binot. 

Boery. 

C 

Caion  de  Lat  (prêtre). 
Campmas. 
Cavailhès. 
Château-Renaud. 
Grillon  (Balbe)  (4). 
Grillon,  jeune. 

D 

Dandré  (5),  député. 

Daremberg  de  la  Marque  {sic), 

député. 
Darnaudat,  député. 


Dauchet. 

Daude. 

Defontenay,  député. 

Delavigne,  député. 

Deluze-Létang. 

Demarsay. 

Drevon,  député. 

Devisme. 

Dupont  de  Nemours. 

Duquesnoy,  député. 

£ 
Emmery. 
Enjubault-la-Roche. 

F 

Flaust. 

G 

Garesché. 

Gidoyn. 

Guyardin. 


(1)  Bientôt  compromis  par  suite  des  papiers  trouvés  dans  l'armoire  de  fer  au 
château  des  Tuileries. 

(2)  Parla  en  faveur  de  Montmorin  en  1791,  et  fut  accusé  d'avoir  délivré  un 
passeport  à  Marie-Antoinette,  lors  de  sa  fuite. 

(3)  Girondin,  proscrit,  il  s'enfuit  en  Suisse,  et  fut  réintégré  dans  la  Convention 
en  1794. 

(4)  Fut  accusé  de  correspondance  avec  les  émigrés  en  1792. 

(5)  Emigra  après  le  10  août  1792.^ 


CLUB  DES  FEUILLANTS 


293 


Herwyn,  député. 

J 

Jessé  (1). 

L 

Laborde. 

Larade,  député. 
Laurendeau. 
Lavenue  (2),  député. 
Lebrun,  de  Dourdan. 
Le  Couteulx-Canteley  (sic)  (3). 
Lelay-de-Grantugen,  député. 
Lemercier,  député. 
Liancourt  (4),  député. 
Lusignem,  député. 

M 

Maillot,  député. 
Maupetit,  député. 
Melon. 

Monnel,  député. 
Morel. 


Mougins-Roquefort. 
Mougins-Roquefort  (C). 
Moutier. 

N 

Nau-Belisle,  député. 

P 
Perrée  (5). 
Pezous. 
Phelines. 
Poippe. 
Pouret,  député. 

R 

Rangeard. 
Ratier. 


S 


Salomon,  député. 
Schwendt. 

V 
Viard  (6). 
Valentin-Bernard. 


DE  L'IMPRIMERIE  NATIONALE 


IV 


Une  seconde  liste  et  une  liste  supplémentaire  parurent  en  octobre 
1791,  à  l'époque  où  ce  club  modéré  était  en  pleine  vigueur,  c'est-à- 
dire  une  année  environ  après  sa  formation. 

Seconde  liste  des  Feuillants,  sans  date,  suivie  d'une  liste  supplé- 
mentaire, en  date  du  4  octobre  1791.  Total,  798  noms  (7), 


(1)  En  1791,  il  combattit  la  réclamation  relative  à  la  séquestration  des  biens 
des  émigrés. 

(2)  Protesta  contre  le  31  mai,  à  Bordeaux,  et  fut  exécuté  le  2  novembre  1793. 

(3)  A  été  membre  du  Conseil  des  Anciens. 

(4)  A  été  un  des  membres  les  plus  actifs  du  club. 

(5)  A  été  député  de  la  Manche  au  Conseil  des  Anciens,  puis  membre  du  Tribunal, 
enfin  conseiller  à  la  Cour  des  comptes, 

(6)  Fut  accusé,   en  1792,  d'avoir  menacé  la  garnison  de  Verdun  de  la  faire 
fusiller,  si  elle  résistait  aux  Prussiens. 

(7)  Bib.  Nat.,  Lb  40/805,  in-8°.  Le  Comité  de  police  et  de  surveillance  trouva  la 


294  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Liste  des  membres  composant  le  Club  des  Feidllans,  dont  d'André 

étoit président  : 

A 

Angot  (Louis-Hector-Amédée),  député,  rue  de  Lafayetle. 

Aubry-Dubochet,  député,  rue  Caumartin,  18. 

Allart-Thévenin,  entrepreneur  de  bâtiments,  rue  d'Argenteuil,  139. 

Aubert,  député,  rue  de  l'Université,  hôtel  de  Rome. 

Armand,  député,  rue  Saint-Honoré,  339. 

Alquiert  (sic),  député,  rue  de  Richelieu,  hôtel  de  la  Paix. 

Audinet  (Antoine),  rue  du  Roule,  21. 

Allut,  député,  rue  Montmartre,  hôtel  d'Angleterre. 

Adam,  député,  hôtel  de  Picardie,  rue  de  Seine,  faubourg  Saint-Ger- 
main. 

Adam  de  Sarguemisnes,  député  de  la  Mozelle,  rue  tie  Rohan,  2. 

Allart  {sic],  député  de  la  Vienne. 

André  (Jean-Jacques),  hôtel  d'Espagne. 

Allart,  député,  rue  Saint-Honoré,  café  Militaire  (1). 

Admirault,  négociant,  rue  Saint-Marc,  15. 

Agasse,  employé  à  l'Assemblée  nationale,  rue  Croix-des-Petits- 
Champs,  51. 

Audinet,  ecclésiastique,  rue  du  Roule,  21. 

Arnaud  de  Corio,  hôtel  de  Valois,  rue  de  Richelieu. 

Abeille,  négociant,  rue  Porte-Foin.  14. 

André  de  Nisme,  hôtel  d'Espagne,  rue  de  Richelieu. 

André  de  Gênes,  hôtel  des  États  de  Réarn,  rue  Faydeau. 

Amiot,  rue  Faubourg-Poissonnier,  17. 


seconde  liste  dans  les  papiei's  des  Feuillants,  le  18  août  1792,  comme  l'indique  la 
mention  ci-dessous,  imprimée  à  la  fin  de  cette  liste  : 

«  Cejourd'hui,  18  août  1792,  l'an  4°  de  la  liberté,  le  1"  de  l'égalité,  en  vertu  des 
ordres  qui  nous  ont  été  donnés  par  les  citoyens-administrateurs  du  Comité  de  police 
et  de  surveillance,  nous  nous  sommes  transpoi'tés  chez  M.  l'Evêque,  rue  de  Cau- 
martin, n"  20,  d'après  sa  déclaration;  il  nous  a  remis  trois  registres  et  une  liasse 
de  papiers,  qu'il  nous  a  déclaré  être  chez  lui  les  seuls  papiei's  appartenant  à  la 
Société  des  Feillans  (sic). 

«  En  vertu  de  quoi  nous  avons  dressé  procès-verbal  qu'il  a  signé  avec  nous. 

K  Signé  :  VÉvêque,  Mignard,  Bouillon. 

«  Certifié  conforme  à  l'original,  par  nous,  administrateurs  de  police,  séant  à  la 
mairie. 

«  Signé  :  Lenfant,  Duffort,  Punis,  Sergent,  Jowdeuil,  Deforgues,  Pierre-Jacq, 
Dupluin.  » 

(1)  Professeur  de  droit,  combattit,  à  la  Législative,  toutes  les  propositions  ten- 
dant à  l'établissement  de  la  République,  protesta  contre  le  10  août  1792,  publia 
des  écrits  royalistes,  fut  condamné  à  mort  et  exécuté  en  février  1794. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  295 

Ameille,  rue  Neuve  Saint-Eustache,  28. 

Abbema,  banquier,  rue  de  Menars,  5. 

AUcaume,  notaire,  rue  Croix-des-Petits-Champs,  56. 

Anfry,  homme  de  loi,  rue  de  la  Jussienne,  hôtel  de  Louis-le-Grand. 

B 

Boussion  (Pierre),  député,  cloître  Saint-Honoré,  maison  de  l'abbé 
Champeaux  (1). 

Besnard-Duchêne,  député,  hôtel  Vendôme,  rue  des  Capucines. 

Bion  (Jean-Marie),  député,  hôtel  de  Londres,  rue  de  Seine,  15. 

Bignan,  député. 

Bouchet  de  la  Getière,  ci-devant  inspecteur-général  des  haras,  rue 
du  Doyenné,  301. 

Billette,  député,  rue  Saint-Honoré,  261. 

Billecocq,  électeur  du  département  de  Paris,  rue  de  Ventadour,  13  (2). 

Benoist,  député,  rue  et  porte  Saint-Bernard,  café  du  Garde-Meuble. 

Bouchette,  député,  rue  Neuve  des  Petits-Champs,  31, 

Biaille-Germon,  député,  rue  Saint-Thomas-du-Louvre,  oi. 

Bidault,  député,  rue  Caumartin,  31. 

Burnequez,  député,  rue  Saint-Honoré,  291. 

Boissy-Dauglas  (d'Anglas),  député,  cour  du  Manège,  571. 

Blancard,  député,  rue  de  Richelieu,  Bain  royal. 

Basquiat,  député,  rue  du  Colombier,  hôtel  d'Angleterre. 

Babey,  député,  rue  Caumartin,  31  (3). 

Biauzat,  député,  rue  de  l'Université,  26. 

Bonnet,  député,  rue  Saint-Honoré,  16. 

Beauperrey,  député,  hôtel  de  Bouillon,  quai  des  Théatins. 

Beauharnois  (Alex.),  député,  rue  des  Petits  Augustins,  33. 

Baillot,  député,  rue  Plumet,  faubourg  Saint-Germain. 

Bazantin,  chevalier  de  Saint-Louis,  chez  M.  Charles  Lameth. 

Baudoin-Maison-Blanche,  député,  rue  Traversière,  hôtel  d'Angle- 
terre. 

Bonjour,  premier  commis  de  la  Marine,  rue  Royale -place-Louis  XV,  17. 

Becherel,  député,  hôtel  des  Indes,  rue  Traversière. 

Buschey-Dersnoës,  député,  hôtel  Charon,  rue  Saint-Honoré,  343. 

Brevet-Beaujour,  hôtel  d'Espagne,  rue  de  RicheUeu. 


(1)  Né  en  Suisse,  en  1733,  mort  à  Liège,  en  1828. 

(2)  Suspect  pendant  la  Terreur,  proscrit  le  13  vendémiaire  an  IV  comme  pré- 
sident de  la  section  de  Saint-Roch. 

(3)  Protesta,  à  la  Convention,  contre  l'arrestation  des  Girondins,  et  dut  prendre 
la  fuite. 


296  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Besson,  employé  dans  les  bureaux  des  vivres  de  la  Marine,  rue  Saint- 
Honoré,  291. 

Brostaret,  député,  rue  Saint-Tliomas-du-Louvre,  hôtel  de  l'Union. 

Baco,  député,  hôtel  de  France,  rue  Coqueron  {sic)  (1). 

Barnier,  principal  commis  de  la  Marine,  grande  rue  Verte,  1130. 

Bouche,  député,  rue  de  Savoie,  6. 

Béraud,  ancien  mercier,  rue  Saint-Honoré,  près  Saint-Roch,  272. 

Beaulieu,  homme  de  lettres,  cour  des  Jacobins  Saint-Honoré. 

Boisneuf,  garde  national,  rue  Porte-Foin. 

Bertaud,  chirurgien-major,  rue  de  Bourgogne,  5. 

Biétrix  de  Sault,  rue  Neuve  des  Capucines,  70. 

Béatrix  de  Rosières,  idem. 

Boinville,  rue  Saint-Lazare,  8. 

Blanchard,  député,  rue  Saint-Honoré,  313. 

Balluc,  député,  hôtel  de  Malthe,  rue  Saint-Nicaise. 

Boissel  fils,  rue  Guillaume,  faubourg  Saint-Germain. 

Buob,  juge  de  paix,  rue  Basse-Porte-Saint-Denis,  7. 

Baigneres,  rue  des  Champs-Elysées,  3. 

Bergon,  rue  de  la  Michaudière. 

Bouchett,  chevalier  de  Saint-Louis,  rue  du  Doyenné,  301. 

Breteuil,  ancien  mousquetaire,  rue  des  Rosiers-au-Marais,  37, 

Bonfils,  député,  place  des  Victoires,  3. 

Brulley,  député  de  Sezannes,  rue  du  Petit  Carreau,  27. 

Beaupin,  homme  de  loi,  hôtel  des  États-Unis,  rue  Gaillon. 

Baert,  député. 

Boiettard,  député,  rue  de  Chartres,  347. 

Brunck,  député,  hôtel  Vendôme,  rue  Neuve  des  Capucines,  65. 

Bruley  (Prudent),  député,  hôtel  Verneuil,  rue  des  Filles-Saint-Tho- 
mas. 

Béjot,  député,  hôtel  d'Angleterre,  vis-à-vis  le  Palais-Royal. 

Bernier,  député. 

Boulogne,  Chaussée  d'Antin,  18. 

Baumlin,  député,  rue  Saint-Honoré,  291. 

Barnave. 

Bertrand  (Louis-Marie),  député,  grand  hôtel  des  Tuileries,  rue  Saint- 
Honoré. 

Bayard,  hôtel  de  Loi,  rue  Saint-Honoré,  374, 


(1)  Fut  accusé  plus  tard  de  fédéralisme,  incarcéré  à  l'Abbaye  jusqu'au  9  ther- 
midor, 


CLUB  DES   FEUILLANTS  297 

Boscary,  négociant,  rue  Feydeau,  14  (1). 

Borie,  chef  d'escadre  de  l'Académie  des  sciences,  quai  Gonti,  6. 

Brunet,  architecte,  quai  de  Grevres  (sic),  18. 

Belle,  député,  rue  et  vis-à-vis  l'hôtel  de  l'Université,  28. 

Beugnot,  député,  rue  Traversière  Saint-Honoré,  19  (2). 

Bergera,  député,  rue  Saint-Victor,  136. 

Bounemese,  député. 

Becquet,  député,  rue  de  l'Échelle  Saint-Honoré,  18. 

Boisrot-la-Gour,  député,  rue  Bourbon  Saint-Germain,  37. 

Brunet  (Charles- François-Camille-Cantin),  vérificateur  des  droits  de 

l'enregistrement,  rue  Jean- Robert,  22. 
Broglie  (Joseph),  rue  Saint-Dominique,  près  Saint-Thomas-d'Acquin. 
Bertrand,  vieille  rue  du  Temple,  75. 
Bénigne  Cœur-de-Moi,  rue  de  l'Arbre-Sec,  82. 
Badin,  électeur,  rue  Croix  des  Petits-Champs. 
Bocquillon,  juge  de  paix,  à  l'Estrapade. 

Boyer,  rédacteur  de  la  Gazette  universelle,  rue  Saint-Honoré,  317. 
Bart,  rue  de  la  Soudière  {sic),  36. 

Bresson  (Casimir),  négociant,  rue  de  Richelieu,  hôtel  de  Chartres,  31 . 
Bayneres,  hôtel  de  la  Grande-Bretagne,  rue  Jacob. 
Brousse  Desfaucherets,  rue  de  Paradis  au  Marais,  7  (3). 
Brouin,  rue  du  Vert-Bois,  60. 
Beaurepaire,  rue  de  Bussy,  maison  du  notaire. 
Berard  l'aîné,  rue  de  Grammont,  10. 
Barthélémy,  négociant,  rue  de  Chabanois,  3. 
Boissel,  député. 
Behic,  place  Vendôme,  16. 
Bergeras,  député,  rue  Saint- Victor. 
Bailly,  membre  du  tribunal  de  cassation. 
Bréard,  rue  et  île  Saint-Louis,  18. 
Bertinazi,  dit  Carlin,  rue  de  Mirabeau,  67. 
Bénard,  homme  de  loi,  à  l'Arsenal. 
Baert,  député,  rue  de  Mirabeau,  18. 

Blanchet  (Martin),  marchand  de  vin,  faubourg  Saint-Denis,  47. 
Branthomme,  homme  de  loi,  hôtel  et  rue  de  Lameth. 


(1)  Boscary  fut  dénoncé  comme  accapareur  au  Club  des  Jacobins,  le  24  jan- 
vier 1792. 

(2)  Dénonça  Marat  et  sou  journal;  siégea  avec  les  constitutionnels. 

(3)  Littérateur,  membre  de  la  municipalité  de  Paris,  etc.,  quitta  la  vie  politique 
après  le  10  août  1792. 


?98  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Bonomé,  notaire,  rue  de  Chabanois,  13. 

Bourgueil,  rue  Feydeau,  16. 

Barrin,  rue  de  Touraine  au  Marais,  3. 

Bochet,  régisseur  de  l'enregistrement,  rue  faubourg  Montmartre,  19. 

Boulogne,  rue  de  Mirabeau,  18. 

Berthicr,  adjudant-général,  hôtel  de  la  Guerre,  rue  Grangue(s/c)-Ba- 
telière  (1). 

Balduc,  agent  de  l'administration  des  domaines,  rue  Croix  des  Petits- 
Champs,  35. 

Butot,  banquier,  rue  Feydeau,  28. 

Barre  de  Saint-Venant,  chevalier  de  Saint-Louis,  rue  de  Bourbon 
Saint-Germain,  32, 

Buffault,  rue  Chariot  au  Marais,  13. 

Benard  (Pierre-François),  orfèvre,  rue  Saint-Martin,  17. 

Barranon,  régisseur  de  l'enregistrement,  place  Victoire. 

Bondeville,  négociant,  ancien  officier  municipal,  liAtel  de  la  Cour  de 
France,  rue  Vivienne,  16. 

Boulland,  architecte  expert,  rue  de  la  Feuillade,  2. 

Bonneau,  commis  à  l'administration  de  la  ville,  rue  Neuve  des  Petits- 
Champs,  131. 

G 

Cavailhès,  député,  hôtel  de  la  Dauphine,  rue  Cocqhéron. 
Chamseru,  médecin,  rue  du  Hasard,  12. 
Château-Renaud,  député,  rue  Gunégaut  (sic),  28. 
Carondelet,  député,  rue  de  Bourbon,  120. 
Chazot,  secrétaire  de  juge  de  paix,  rue  des  Lavandières,  38. 
Chevalier,  député,  rue  Caumartin,  31, 
Couppé,  député,  hôtel  d'Angleterre,  rue  Traversière. 
Chaisnoux  de  Bagneux,  député,  hôtel  de  Suède,  rue  de  l'Université. 
Cochon,  député,  hôtel  de  Nisme,  rue  de  Grenelle-Saint-Honoré. 
Castellanet,  député,  rue  Favart,  2. 
Chabroud,  député,  rue  Sainte-Anne,  9. 
Colonna,  député,  rue  Neuve  Saint-Eustache. 
Claude,  député,  rue  de  Lasourdière  {sic)^  13. 
Chassey,  député,  rue  Saint-Florentin,  2. 
Champas,  député,  hôtel  de  Penthièvre. 

Cellier,  marchand  de  couleurs,  rue  Saint-Honoré,  vis-à-vis  celle  des 
Bons-Enfants. 

(1)  Fut  ministre  de  la  guerre  sous  le  Consulat  et  maréchal  sous  l'Empire. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  299 

Chambon,  député,  rue  Croix-des-Petits-Champs,  hùtel  du  Dauphin. 

Coudere,  député,  rue  de  Mirabeau,  64. 

Gluzel,  apothicaire,  au  Palais-Royal,  cour  des  Fontaines. 

Combert,  garde-national,  rue  Saint-Honoré,  344. 

Chavoix,  député,  rue  Mazarine,  hôtel  Brunswick. 

Castaignède,  député,  hôtel  Necker,  rue  de  Richelieu. 

Grillon,  le  jeune,  député^  place  Louis  XV. 

Cointreau,  de  la  Bibliothèque  nationale,  rue  Golbert,  280. 

Gombette,  bachelier  en  droit,  secrétaire-greffier  de  la  justice  de  paix 
de  la  section  du  Roule,  rue  Verte,  H30. 

Courandin  (Aimé),  procureur  de  la  commune  d'Angers,  hôtel  d'Es- 
pagne, rue  de  Richelieu. 

Garné,  pâtissier,  rue  Neuve  Saint- Roch,  11. 

Garoillon-Vaudeuil,  citoyen,  rue  de  Bourbon,  152. 

Castellane,  député,  rue  d'Anjou-Saint-Honoré. 

Gomps,  citoyen  de  Paris,  hôtel  de  Gharol,  faubourg  Saint-Honoré. 

Glerget,  député,  rue  Mêlée,  68. 

Gomteval,  chevalier  de  Saint-Louis,  rue  Vivienne,  30. 

Ghabot,  capitaine  de  cavalerie,  hôtel  de  la  Rochefoucault,  rue  de 
Seine,  faubourg  Saint-Germain. 

Choisy,  citoyen  actif,  hôtel  de  Genève,  rue  Saint-Thomas-du-Louvre. 

Ghâteau-Neuf-Randon,  rue  Basse-Porte-Saint-Denis,  16. 

Goudere  de  Lyon. 

Ghouard,  chez  M.  Leboucher,  commandant  de  la  garde-nationale  du 
Val  de  la  Haie,  sur  le  port,  à  Rouen. 

Ghesnier  (sic)  (André),  rue  du  Ghanticr,  24. 

Ghéron,  député,  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré,  116  (1). 

Ghéron,  fils,  homme  de  loi,  idem. 

Gastel,  député,  rue  de  la  Ville-l'Évêque,  47. 

Gottin,  ancien  aide-de-camp  de  Lafayette,  rue  Mirabeau,  6. 

Goustou,  fds,  ancien  correcteur  des  comptes,  place  du  Louvre. 

Gannac-Saint-André,  faubourg  Saint-Martin,  40. 

Gartier-Dovineau,  député,  rue  Louis-le-Grand,  2. 

Grillon  (Balbe),  rue  Ville-l'Évêque,  52. 

Ghatenay-Lanty,  ancien  député,  rue  Royale-Louis  XV,  18. 

Ghazot,  député,  rue  et  hôtel  J.  J.  Rousseau. 

Gomteval,  capitaine  de  dragons,  rue  Vivienne,  30. 

Gasatix,  rue  Groix  des  Petits-Ghamps,  hôtel  de  Bourbon. 


(1)  Littôrateur,  incarcéré  pciulaiit  la  Terreur  jusqu'au  9  thermidor;  mort  préfet 
lie  la  Vienue,  eu  1807. 


300  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Croichet,  député,  hôtel  et  rue  Saint-Thomas-du-Louvre. 

Champion,  député,  hôtel  et  rue  Saint-Thomas-du-Louvre. 

Chasteau,  député,  rue  des  Petits-Augustins,  hôtel  d'Orléans. 

Cinot,  négociant,  rue  de  la  Verrerie,  37. 

Gottin,  chef  d'escadron. 

Claye,  député,  rue  d'Argenteuil,  14. 

Chas,  homme  de  lettres,  rue  Haute-Feuille,  31. 

Collet,  député,  rue  des  Fossés  Monsieur  le  Prince,  hôtel  d'Harcourt. 

Constans,  rue  de  Bourgogne,  21. 

Crottet,  chez  M.  Drugeon,  notaire,  rue  Sainte-Marguerite. 

Cernon,  ex-député,  hôtel  de  Hollande,  rue  de  BouUoy. 

Chirat,  député,  rue  des  Champs-Elysées,  8. 

Cramail,  père,  rue  de  Moulins,  35. 

Chompré,  homme  de  lettres,  rue  Neuve  des  Capucins,  18  (1). 

Cerisier,  homme  de  loi,  rue  Saint-Honoré,  317. 

Chanovrier,  rue  des  Fossés-Montmartre,  29. 

Carteron,  négociant,  rue  des  Mauvaises  Paroles. 

Chauchard,  payeur  de  rentes,  rue  du  Temple,  45. 

Caille,  médecin,  rue  de  Tournon,  6. 

Coubé,  député,  hôtel  de  Calais,  rue  Cocquillière. 

Canap,  marchand,  rue  Saint-Martin,  324. 

Certain,  rue  Neuve  Saint-Eustache,  28. 

Coquebert-Montbret,  consul  de  France,  rue  de  Tournon,  5. 

Cholet,  rue  Royale,  porte  Saint-Honoré,  17. 

Charton,  capitaine,   rue  des  Saints-Pères,   au  coin  de  celle  Ver- 

neuil. 
Couecou,  médecin,  rue  Saint-Marc,  14. 
Carteron-Barmond,  rue  Saint-Thomas-du-Louvre,  51. 
Coffmhal. 
Cheffontaine,  capitaine  de  la  deuxième  division  des  chasseurs,  rue 

de  Mesnil-Montant,  3. 
Casaux,  homme  de  lettres,  hôtel  de  Bourbon,  rue  Croix-des-Petits- 

Champs. 
Courtin,  député,  quai  de  la  Mégisserie,  28. 
Chauvin,  hôtel  Wasingthon,  rue  du  Chantre-Saint-Honoré. 
Cavillon,  négociant,  rue  des  Fossés-Saint-Germain-UAuxerrois,  62. 
Cavaignac,  greffier  des  bâtiments,  rue  de  la  Planche-Mibray. 
Caron,  grenadier-volontaire,  rue  Saint-Honoré,  112. 


(1)  Fils  de  Pierre  Chompré,  l'auteur  du  Dictionnaire  de  la  Fable;  il  a  été  consul 
à  Malaga  en  1793. 


CLUB  DKS  FEUILLANTS  301 

Ghomel,  négociant,  place  Victoire,  6. 

Choron,  ancien  notaire,  rue  Saint-Se vérin,  ou  rue  Saint-Dominique- 
Faubourg-Saint-Germain,  27. 
Carmentraud,  homme  de  loi,  rue  du  Fouare. 
Gain,  marchand  épicier,  rue  de  la  Poterie-Saint-Méry. 
Ghampbelt,  étudiant  en  droit,  hôtel  du  Lycée,  rue  Saint-Honoré. 
Gouret,  imprimeur,  rue  Christine,  2. 

Carie,  ancien  commandant  du  bataillon  d'Henri  IV,  place  Dauphine. 
Clermont,  député,  rue  et  hôtel  Ventadour. 


Daoust,  député,  rue  du  Faubourg-Montmartre,  17. 

Dandré,  député,  rue  Royale-Butte-Saint-Roch  (1). 

Darembert-de-Lamark,  député,  hôtel  de  Gharol,  rue  du  Faubourg- 
Saint-Honoré. 

Dufau,  député,  rue  Neuve  Saint-Roch,  48. 

Doraison,  député,  rue  de  Grenelle-Saint-Germain,  55. 

Delattre,  député,  rue  de  Richelieu,  118. 

Drevon,  député,  rue  de  Bourbon-Faubourg-Saint-Germain,  152. 

Duval-Grandpré,  député,  hôtel  de  Malthe,  rue  de  Richelieu. 

Desaulnay,  garde  de  la  Bibliothèque  nationale,  à  la  Bibliothèque. 

Defontenay,  député,  hôtel  de  Bouillon,  quai  de  Voltaire. 

Dumesnil,  membre  du  tribunal  de  Cassation,  rue  de  Seine,  4. 

Daubert,  député,  hôtel  de  Béarn,  rue  de  Richelieu,  cour  Saint-Guil- 
laume. 

Dupré,  député,  hôtel  de  la  Paix,  rue  de  Richelieu. 

Dosfant,  député,  rue  de  l'Arbre-Sec. 

Decretot,  député  (de  Rouen),  rue  Neuve  des  Bons-Enfants,  7  (2). 

Desandrouins,  député,  rue  Ghantereine,  hôtel  Desandrouin. 

Delavigne,  député,  rue  du  Plâtre-Saint-Jacques,  12. 

Dumas,  chevalier  de  Saint-Louis,  rue  Croix-des-Petits-Champs,  26. 

Dedellay,  député,  rue  Grenelle-Saint-Honoré,  35. 

Darche,  député,  au  café  du  Palais-Royal. 

Darnaudat,  député,  passage  des  Petits-Pères,  5. 

Ducouedic,  cultivateur,  rue  Jacob,  21. 

Demeunier,  député,  rue  Sainte-Anne,  87. 

Dillon  (Arthur),  député,  hôtel  de  Bourbon,  rue  Jacob. 


(1)  Dandré  fut  dénoncé  comme  accapareur  au  Club  des  Jacobins,  en  janvier  1792. 

(2)  Fut  un  des  premiers  commerçants  qui  oli'rirent   de  l'argent  au  Directoire 
pour  organiser  une  descente  en  Angleterre. 


302  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

Dumangin,  médecin,  rue  des  Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois,  au 

cul-de-sac. 
Detremouillcs,  assesseur  du  juge  de  paix  de  la  section  du  RouUe,  rue 

de  Valois,  faubourg  du  Roulle. 
Delaporte ,    sellier-carrossier ,   rue  de  l'Anglade ,  au  coin  de  celle 

l'Évêque. 
Destutt  de  Tracy,  député,  rue  de  Bourbon,  faubourg  Saint-Germain, 

Ai  (1). 
Desperiers,  militaire  d'Orbecq,  place  Louis  XV,  chez  M.  Perronnet. 
Ducancel,  homme  de  lov,  rue  de  la  Harpe,  20. 
Delarue,  garde  national,  rue  Thevenot,  37. 
Degay,  ingénieur  de  la  marine,  rue  Neuve  des  Petits-Champs,  99. 
Dherbes,  vicaire  de  l'évèque  de  Paris,  à  l'hôpital  militaire  au  Gros- 

Gailloù. 
Ducos,  rédacteur  du  Journal  des  Débats,  rue  Saint-Thomas  du  Louvre, 

hôtel  de  la  Réunion. 
Duport,  député,  ri;e  du  Grand-Chantier,  au  Marais. 
Decombis,  major  de  vaisseaux,  rue  Saint-Pierre-Montmartre,  hôtel  de 

la  Providence. 
Duquesnoy,  député. 
Dumesnil  fils,  rue  de  Seine,  4. 
Duplanil,  médecin,  rue  de  Bourbon,  162. 
Depont,  citoyen,  rue  des  Filles-Saint-Thomas,  11. 
Deverey,  homme  de  loi,  rue  Mazarine,  41. 
Daiguillon  [sic],  député,  rue  de  l'Université. 
Demandre,  député,  rue  Saint-Honoré,  291. 
Deliancourt  [sic),  ancien  député,  rue  de  Varennes. 
Delalain  fils,  libraire,  rue  Saint-Jacques. 
Depange,  place  de  la  Nation,  7. 

Domergues  de  Beauregard,  député,  rue  et  hôtel  J.  J.  Rousseau. 
Delon,  député,  rue  du  faubourg  Saint-Denis,  2,  à  l'Écu. 
Deuzy,  député,  rue  Saint-Honoré,  313. 
Deraime,  ordonnateur  de  la  marine,  rue  Saint-Florentin,  4. 
Dubois  fils,  rue  des  Champs-Elysées. 

Depinay  (George),  régisseur  des  douanes  nationales,  rue  Saint-Ho- 
noré, 346. 
David,  chevalier  de  Saint-Louis,  rue  Saint-Honoré,  maison  du  Notaire, 

vis-à-vis  les  Feuillans. 


(1)  En   1791,  il   demanda  à  rAsscmblée  de  déclarer  illégale  l'arrestation  de 
Mesdames  à  Arnay-le-Duc,  Mort  membre  de  l'Institut,  en  1832. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  303 

Debelair,  chef  de  légion  de  Paris,  rue  Sainte-Croix  delà  Brelonnerie. 

Dufresne,  agent  de  change,  rue  Yivienne,  maison  du  Notaire. 

Dupertuis,  député,  hôtel  d'Angleterre,  rue  Traversière-Saint-Ho- 
noré . 

Delarue,  garde  national,  rue  Thévenot,  37,  aide-de-camp. 

Debray,  député,  rue  Mirabeau,  3. 

Dalmas,  député,  rue  des  Frondeurs,  hôtel  Montpensier. 

Dussy,  citoyen,  rue  du  Théâtre-Français,  3. 

Demonchanin,  liquidateur,  place  Vendôme. 

Dallot,  député,  rue  de  la  Sourdière,  8. 

Dumolard,  député,  rue  Saint-Thomas  du  Louvre,  124  (1). 

Dongois,  député,  rue  Saint-Honoré,  492. 

Dufresne  de  Saint-Léon,  liquidateur,  place  Vendôme. 

Destrée,  député,  hôtel  d'Auvergne,  rue  Saint-Honoré, 

Dolomien  (Dolomieu),  commandeur  de  Malthe,  Jardin  du  Roi  (2). 

Defranc,  citoyen,  rue  de  l'Antéchrist. 

Desportes,  député,  rue  de  Chartres,  hôtel  de  Nantes. 

Delamardelle,  commandant  de  la  garde  nationale,  rue  du  Mail,  hôtel 
\       des  Indes. 

Damarie,  rue  Neuve  N.  D.  des  Victoires,  11. 

Devaisnes  fds,  rue  Royale. 

Delaferté,  Chaussée  d'Antin,  52. 

Demestre,  capitaine  de  gendarmerie,  rue  du  Colombier. 

Delafleury,  lieutenant  de  grenadiers  des  Filles-Saint-Thomas,  rue  de 
Louvois,  1. 

Delarivière,  juge  de  paix,  au  Palais. 

Dubois  (Alex.),  rue  des  Champs-Elysées,  9. 

Duprat,  chevalier  de  Saint-Louis,  rue  de  Bondy. 

Dangirard,  administrateur  de  la  Compagnie  des  Indes,  rue  de  Mira- 
beau, 71. 

Datilly,  rue  Saint-Antoine,  311. 

Destor,  employé  à  la  mairie,  rue  Montmartre,  262. 

Desenne,  ofhcier  de  garde  nationale,  rue  de  Richelieu,  180. 

Dijon,  canonnier  volontaire. 

Delaroue,  négociant,  rue  Sainte-Anne. 

Dumas-Fulcrand,  rue  Thévenot. 

Duchanoy,  médecin,  rue  Saint-Marc,  14. 


(1)  Voir  plus  bas,  Club  de  Clichy. 

(2)  Tancrède  de  Gratet-Dolomieu,  minéralogiste,   membre  de  l'Institut  dès  sa 
fondation. 


304  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Deponti,  hôtel  de  Lussan,  rue  Croix-des-Petits-Champs. 

Deville  l'aîné,  place  Vendôme,  17. 

Desoteux,  médecin,  rue  Colbert. 

Daubignan,  cour  du  Palais,  vis-à-vis  la  Sainte-Chapelle. 

Dewitt,  rue  de  Mirabeau,  75. 

Dutailly,  marchand  bonnetier,  rue  Champ-Fleury. 

Dupuis  le  jeune,  rue  Saint-Louis,  62. 

Demontmoran,  député  extraordinaire,  présenté  par  M.  Gilles  pour 
M.  Grillon. 

Desjobert,  commissaire  à  la  conservation  des  forêts,  rue  du  Jardinet. 

Desaulnay  (Gard). 

Dechaseaux,  négociant,  rue  Saint-Sauveur,  au  coin  de  celle  des  Deux 
Portes. 

Defranc,  citoyen,  rue  de  la  Magdelaine,  7. 

Disbarrast,  place  Vendôme,  16. 

Decourouble^  receveur  du  droit  d'enregistrement,  rue  du  Gros-Che- 
net, 5. 

Destimoville,  capitaine  de  gendarmerie,  rue  du  Faubourg-du-Roulle, 
158. 

Debray,  député,  rue  Mirabeau,  3. 

Delacoste,  ex-député,  rue  du  Mont-Parnasse. 

Datais,  chevalier  de  Saint-Louis,  hôtel  de  Bourbon,  rue  Croix-des- 
Petits-Champs. 

Dupereux,  lieutenant  de  gendarmerie  nationale,  rue  du  Faubourg- 
Saint-Martin,  2. 

Drugeon,  notaire,  rue  Sainte-Marguerite,  faubourg  Saint-Germain. 

Dutaillis,  rue  Poissonnière,  169. 

E 

Expilly,  député,  place  du  Palais-Royal  (1). 

Exjubault  de  la  Roche,  député,  hôtel  du  Roi  au  Carrouzel. 

Esmenard,  homme  de  loi,  rue  Traversière. 

Emmery,  ancien  député,  rue  Saint-Honoré,  163. 

Escanye,  député,  hôtel  d'Artois,  rue  Traversière. 

Esperon,  député,  hôtel  de  Calais,  rue  Coquillière. 

Espolard,  chez  M.  Mautord,  rue  Vivienne,  30. 

F 

François,  député ,  hôtel  de  Saxe,  rue  du  Colombier. 

(.1,  Accusé  de  fétléralismc,  l'évoque  Expilly  fut  guillotiné  en  1794. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  305 

Franconville,  député,  rue  de  l'Arbre-Sec,  -41. 

Feydel,  homme  de  lettres,  rue  Saint-Honoré,  262. 

Foniier,  citoyen  de  Paris,  rue  des  Jeûneurs,  6. 

Fulchiron,  banquier,  rue  Sainte-Anne,  105. 

Fermond,  député,  rue  Saint-Nicaise,  302  (1). 

Fricaud,  député,  rue  Feydeau,  21. 

Frochot,  député,  rue  de  FUniversité,  19  (2). 

Forest,  secrétaire -commis  de  l'Assemblée  nationale,  rue  Sainte- 
Anne,  37. 

Fontaine  (Gaspard),  ci-devant  administrateur  des  finances  de  M.  d^Or- 
léans,  rue  Neuve  des  Petits-Champs,  83. 

Froidure,  secrétaire-commis  de  l'Assemblée  nationale,  rue  Saint-Ho- 
noré, vis-à-vis  Saint-Eustache. 

Fassin,  député  extraordinaire,  hôtel  d'Angevilliers,  près  le  Louvre,  15. 

Formey,  ancien  payeur  de  rentes,  place  du  Louvre. 

Fâche,  député,  rue  Saint-Honoré,  310,  chez  M.  Moreau,  ancien  no- 
taire, 

FayoUe,  député,  rue  des  Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois,  43. 

Ferri,  homme  de  lettres,  rue  Saint-Dominique,  hôtel  d'Aguesseau. 

Froudière,  député,  quai  Gonti,  8,  près  l'hôtel  de  la  Monnoie. 

Fénis-Saint-Victour  père,  rue  de  Ménars,  9. 

Fénis-Saint-Victour  lils,  idem. 

Fulcran-Dumas,  rue  Thévenot,  19, 

Formé  père,  rue  de  l'Observance,  8. 

Fournier,  agent  de  change,  rue  Feydeau,  28, 

Fassin,  médecin,  hôtel  Conti,  rue  d'Angiviller. 

Félix,  citoyen,  rue  Sainte-Anne,  41. 

Fournier,  liquidateur,  rue  des  Vieilles -Thuileries,  120. 

Fontenay  (Devin)  fils,  rue  et  tle  Saint-Louis,  89. 

Fourcault,  rue  Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie. 

Ferrers  (Pierre-Marie),  homme  de  lettres,  rue  du  Croissant,  4. 

Fleuriel,  employé  chez  le  ministre  de  la  justice,  à  l'abbaye  Sainte- 
Geneviève. 

Finguerlin,  banquier  à  Lyon,  rue  Neuve  des  Mathurins,  46, 


Gidoin,  député,  rue  d'Argenteuil,  14. 

Gassendy,  député,  hôtel  de  Provence,  rue  Traversière. 


(1)  Accusé  (le  modcrantisiiic,  dénoncé  par  Marat;  i:  a  été  comte  de  l'Empire. 
{■1)  A  été  préfet  et  cuiute  de  l'Empire. 

20 


306  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Girerd,  député,  rue  Saint-Martin,  207. 

Gallot,  député,  hôtel  d'Anjou,  rue  Dauphine. 

Gilles,  limonadier,  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré. 

Gautherot,  professeur  de  musique,  rue  de  la  Vrillière,  11. 

Gorguereau,  juge  au  département  de  Paris,  rue  Bar-du-Bec,  7. 

Geoffroy,  député,  rue  Saint-Honoré,  vis-à-vis  le  café  des  Amis  de  la 
loi  (1). 

Girod  (le  jeune),  député,  rue  de  Clioiseul,  15. 

Grenot,  député,  rue  du  Bacq,  18. 

Guincbaud,  député,  rue  des  Petiles-Écuries-du-roi,  25. 

Girot,  député,  rue  Saint-Honoré,  30(). 

Graffan,  député,  rue  Neuve  Saint-Eustache,  40. 

Goudart,  député. 

Greling,  député  extraordinaire,  hùtel  de  Valois,  rue  de  Richelieu. 

Guillotin,  député,  rue  Croix-des-Petits-Champs. 

Goupilleau,  député,  hôtel  de  Nisme,  rue  Grenelle-Saint-Honoré. 

Grivel,  banquier,  rue  Sainte-Anne,  105. 

Gallois,  député  extraordinaire,  rue  Saint-Jacques,  25. 

Guinguené  (.sic),  homme  de  lettres,  rue  Neuve  des  Petits-Champs, 
83(2). 

Goupil-Préfelne,  hôtel  de  l'Assemblée  nationale,  rue  Saint-Thomas- 
du-Louvre. 

Gougenot,   administrateur  de  la  Compagnie  des   Indes,  cul-de-sac 

Saint-Hyacinthe. 
Goetz  fils,  ci-devant  receveur  particulier  des  finances,  rue  de  la  Sour- 

dière,  35. 
Guinot,  marchand  épicier,  rue  du  Faubourg-Saint-Germain,  en  face 

de  la  Foire. 
Ginoux,  directeur  de  l'enregistrement,  place  du  Petit  Carrouzel. 
Grillon-Deschapelles,  payeur  de  rentes,  rue  Montmorency,  8. 
Gentil  (Louis),  député,  rue  de  Richelieu,  près  le  Boulevard,  150. 
Granet  de  Toulon,  député,  hôtel  Wasington,  rue  du  Chantre. 
Girardot,  banquier,  rue  Mirabeau,  6. 

Goujon,  député,  rue  Traversière-Saint-Honoré,  hôtel  des  13  Cantons. 
Gouy-d'Arcis  [sic],  ex-député,  rue  de  Provence. 
Guillion,  député,  hôtel  Vendôme,  vis-à-vis  les  Feuillans. 
Gausseraud,  député,  cour  des  Capucins-Saint-Honoré,  426. 
Gressier,  hôtel  de  la  Marine,  rue  Croix-des-Pelits-Champs. 


(1)  Émigréj  il  fut  suspenda  de  ses  fonctions  de  députéi 

(2)  Arrêté  eu  1793;  il  a  été  membre  du  ïribuuut; 


CLUB  DES  FEUILLANTS  307 

Guiraudet  (Toussaint),  rue  Royale-place-Louis  XV,  hôtel  de  la  Ma- 
rine (1). 

Grammont,  garde  national,  hôtel  de  Noailles,  rue  Sainl-Honoré,  8. 

Gondonin,  citoyen,  rue  de  Cléry,  38. 

Grenier,  négociant,  rue  Saint-Louis-au-Palais,  78. 

Girault,  hôtel  de  Bullion,  rue  J.  J.  Rousseau. 

George-d'Épinay,  régisseur  des  douanes  nationales,  rue  Saint-Ho- 
noré,  341. 

Gomhault,  liquidateur,  rue  Hauteville,  397. 

Grenus,  négociant,  boulevard  Montmartre. 

Gauthier,  banquier,  rue  Neuve  des  Capucines,  21. 

Gendrier,  citoyen,  colonnades  de  la  place  Louis  XV,  2. 

Gerin,  négociant,  rue  Neuve  Saint-Méry,  30. 

Gobert(Gh.  Jos.  Bernard),  liquidateur,  rue  projetée  Michodière,  i. 

Guérin,  assesseur  du  juge  de  paix,  rue  Basse-Porte-Saint-Denis,  7. 

Garnier,  commissaire  du  roi,  rue  Saint-Florentin,  678. 

Guérin,  liquidateur,  rue  Neuve  Saint-Martin,  49. 

Gaubert,  étudiant  en  médecine,  hôtel  de  Suède,  rue  Feydeau. 

Gramagnac,  négociant,  rue  Saint-Honoré,  324,  vis-à-vis  le  petit  hôtel 
de  Noailles. 

H 

Hugonnenc,  négociant,  hôtel  de  la  Paix,  rue  de  Richelieu. 

Herwyn,  député,  hôtel  des  Trois-Evêchés,  rue  des  Filles-Saint-Tho- 
mas (2). 

Muguet,  député,  rue  de  Lafayette,  2. 

Huot-Goncourt,  député,  rue  du  Bacq,  hôtel  de  Bourgogne. 

Hautier,  employé  au  garde-meuble  de  la  couronne,  rue  Saint-Ho- 
noré, 372. 

Hombron  (Bernard),  citoyen,  rue  du  Petit-Pont,  22. 

Hélais,  homme  de  loi,  rue  Traversiez,  61, 

Hurel,  payeur  de  rentes,  rue  Sainte-Avoye,  2(3. 

Huart-Duparc,  homme  de  loi,  rue  Saint-Benoist,  29. 

Hondelette,  secrétaire  de  l'Assemblée  nationale,  à  F  Abbaye-Saint- 
Germain. 

Huet-Froberville,  député,  rue  Saint-Honoré,  213  (3). 

Heyden,  patriote  hollandais,  Palais-Royal,  160. 


(1)  Littérateur,  mort  à  Dijon  en  1804.  Traducteur  de  Machiavel. 

(2)  Agronome,  chef  de  bataillon  do  la  garde  nationale,  arrêté  pendant  quelques 
mois  en  1793.  Il  a  été  sénateur,  comte  de  l'Empire  et  pair  de  France* 

(■'{)  Écrivain  et  législateur! 


308  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Houin,  peintre  de  Monsieur,  marché  des  Innocents,  10. 

Hébett,  député,  rue  des  Bons-Enfants,  19. 

Hébert-Deprecy,  député,  rue  de  Bourbon,  33. 

Hochet,  garde  national,  faubourg  Saint-Honoré,  535. 

Huguet,  chez  M.  Alleaume,  notaire,  rue  Croix-des-Petits-Champs. 

Hulin,  capitaine  de  chasseurs,  rue  des  Petites-Écuries-du-Roi,  au 

coin  de  celle  de  Mertet,  8. 
Hautefeuille,  négociant,  rue  de  Beaune,  au  coin  de  celle  de  Verneuil. 
Hautefeuille  l'aîné,  ancien  négociant,  rue  d'Argenteuil,  27. 


Jaucourt. 

Jourdan,  ci-devant  président  du  district  des  Petits-Augustins,  rue 
Taranne,  2. 

Joubert,  député,  hôtel  du  Roi,  place  du  Carrouzel. 

Jac,  député,  hôtel  de  la  Paix,  rue  de  Richelieu. 

Jaume,  député,  rue  Traversière-Saint-Honoré,  21. 

Jacot,  architecte,  rue  de  la  Madelaine-Faubourg-Saint-Hoiioré. 

Jouve,  homme  de  loi,  rue  de  Richelieu,  hôtel  des  Deux-Siciles. 

Jahan,  député,  rue  de  Seine,  hôtel  de  Picardie,  faubourg  Saint-Ger- 
main. 

Jobert,  rue  du  Four-Saint-Honoré,  10. 

Jounault  [sic],  député  de  Thouars,  hôtel  d'Orléans,  rue  des  Petits- 
Augustins  (1). 

Juglar,  député,  hôtel  Wasington,  rue  du  Ghantre-Saint-Honoré. 

Jouffret,  député,  rue  de  Chartres,  hôtel  de  Bordeaux,  87. 

Jollivet,  député,  rue  de  Bourbon-Saint-Germain,  53  (2). 

Jauge,  chaussée  d'Antin,  6  (3). 

Jourdan  (Charles),  député-suppléant,  cloître  Saint-Méry,  177. 

Jully,  régisseur  des  domaines  nationaux,  rue  de  Mirabeau,.  7. 

JeaufFret,  auteur  de  la  Gazette  des  Tribunaux,  rue  des  Mathurins-Sor- 
bonne. 


Kervelegan,  député,  hôtel  de  la  Marine,  rue  Gaillon. 
Kauffmann,  député,  rue  de  Duras-Faubourg-Saint-Honoré. 


(1)  Officier  de  gendarnici-ic,  s'opposa  à  rarmemeut  de  piques  pour  les  citoyens. 

(2)  Constitutionnel,  dénonça  les  préparatifs  d'insurrection  du  Club  des  Jacobins, 
à  la  veille  du  10  août  1792.  Il  fut  conseiller  d'État  après  le  18  brumaire. 

(3)  A  fait  partie  du  Club  de  Valois.  Guillotiné  le  29  prairial  au  II,  comme  com- 
plice de  la  conspiration  de  l'étranger. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  309 


Lehouclier  (Michel),  libraire,  rue  Saint-Honoré,  près  Sainl-Rocli,  278. 

Leleu  (Claude-René),  député,  rue  Saint-Honoré,  339. 

Lallemand-Defontenoy,  électeur,  rue  du  Vieux-Colombier,  7. 

Larade,  député,  rue  Saint-Thomas-du-Louvre,  23. 

Livré,  député,  rue  Saint-Honoré,  317. 

Lecarlier,  député  (1). 

Larevellière,  député,  hôtel  de  Picardie,  butte  Saint-Roch. 

Lavalette,  citoyen,  rue  Saint-Honoré,  692. 

Lasnon,  député,  hôtel  de  Hollande,  rue  du  Boulloy. 

Lelay,  député,  rue  de  Rohan,  i20. 

Lavenue,  député,  rue  des  Fossés-Saint-Germain-des-Prés  (2). 

Lâchasse,  médecin,  rue  Montmartre,  272. 

Lefloch,  député,  quai  de  la  Ferraille,  8. 

Lanjuinais,  député,  rue  Saint-Nicaise,  502. 

Larue,  directeur  de  l'enregistrement,  rue  du  Rocher,  487. 

Lametherie,  député,  rue  Saint-Nicaise,  10. 

Lavie,  député,  rue  Caumartin,  29. 

Leleu,  négociant  de  Paris,  rue  Thévenot,  32. 

Ledéan,  député,  rue  Gaillon,  hôtel  de  la  Marine. 

Lucas-Bourgerel,  député,  hôtel  Warvich,  rue  du  Chantre. 

Lepoutre,  député,  hôtel  de  la  Réunion,  rue  des  Moineaux. 

Lacharmie,  député,  rue  de  Seine,  4. 

Lesterp  aîné,  député,  rue  de  la  Limace,  21  (3). 

Lacroix  (Théodore),  rue  de  Grammont,  6. 

Lechapelier,  député,  cul-de-sac  de  la  Corderie,  en  face  de  la  rue  de 
la  Sourdière  (4). 

Legrand,  député,  rue  du  Colombier,  1. 

Lacépède,  de  l'Académie  des  sciences,  au  Jardin  des  Plantes. 

Lépidor,  homme  de  loi,  cul-de-sae  Saint-Jacques. 

Laguiante,  commis  à  la  trésorerie  nationale,  passage  des  Petits- 
Pères,  5. 

Leguen,  député,  rue  Caumartin,  30. 

Lancelot,  député,  rue  la  Madelaine-Ville-l'Évêque,  20, 


(1)  A  été  ininistro  de  la  police  sous  le  Directoire. 

(2)  Protesta  contre  les  événements  du  31  mai.  Arrêté  comme  fédéraliste  et  exé- 
cuté à  Bordeaux,  le  2  novembre  nO.'L 

(3)  Accusé  de  fédéralisme,  fut  guillotiné  le  31  octobre  1793. 

(4)  Condamné  à  mort  comme  constitutionnel  réactionnaire,  exécuté  le  3  lloréal 
an  TT. 


310  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Liancourt,  député,  rue  de  Varennes. 

Lambel,  député, 

Lesterpt  (Benoîtj,  député,  rue  des  Saints-Pères.  12. 

Larochefoucault  (La  Rochefoucault),  député,  rue  de  Seine,  faubourg 

Saint-Honoré,  -42. 
Lebreton,  député,  rue  et  grand  hôtel  Mirabeau  (1). 
Laignier,  député,  rue  des  Vieilles-Étuves,  hôtel  de  Lusignan. 
Leroy,  de  l'Académie  des  sciences,  Galleries  du  Louvre. 
Lemercier,  député,  hôtel  Montpensier,  rue  des  Frondeurs  (2). 
Lecomte  (Jean),  négociant,  passage  de  Beaujolais  et  Palais-Royal,  137, 
Lefebvre,  notable,  rue  du  Pot-de-Fer. 
Lacretelle,  cadet,  hôtel  de  Suède,  rue  Feydeau  (3). 
Lameth  (Charles),  député,  cul-de-sac  Notre-Dame-des-Ghamps. 
Lombard-Taradeau,  député,  rue  et  hôtel  Ventadour. 
Lusignem,  député,  place  Vendôme,  8. 
Lehodey,  citoyen,  rue  des  Bons-Enfants,  42, 
Lelegard,  rue  des  Champs-Elysées,  3, 
Lauzeran  de  Fressac,  député,  rue  et  hôtelJ.  J.  Rousseau. 
Lafont,  boulevard  de  la  Magdeleine. 

Lecouteux-Canteleu,  commissaire  à  la  caisse  de  l'extraordinaire. 
Leroy,  rue  du  Bouloy,  29, 
Labaher,  ancien  négociant,  rue  de  Cléry,  8, 
Lancel  (Jean-Antoine),  rue  Sainte-Appoline,  13. 
Lepayen  de  Metz,  petit  hôtel  d'Arras,  place  du  Carrouzel. 
Lo])joy,  député,  rue  du  Bacq,  hôtel  de  la  Correspondance  des  Arts. 
Laurent  le  Couteul. 

Larroque-Labécède,  député,  maison  Bidel,  rue  de  la  Barillerie. 
Lacretelle,  député,  hôtel  de  Suède,  rue  Feydeau  (Constitutionnel). 
Lameth  (Alexandre), 

Lavallette,  commandant  en  second  du  bataillon  de  l'Oratoire, 
Lecouteux  de  la  Noraye,  place  Vendôme, 
Leroy  de  Bayeux,  député,  hôtel  Fleury,  rue  Sainte-Anne. 
Laureau,  député,  rue  de  la  Michaudière,  4. 
Laborde-Méreville. 


(1)  Protesta  contre  le  31  mai.  Attaché  aux  Girondins,  il  dut  sortir  de  la  Con- 
vention, où  il  ne  rentra  qu'après  le  9  thermidor. 

(2)  Plus  tard,  il  présida  les  Anciens  et  aida  Bonaparte,  le  18  brumaire.  Il  fut 
sénateur  et  comte  de  l'Empire. 

(.3)  Collaborateur  au  Journal  des  Débuts,  au  13  vendémiaire,  combattit  la  Con- 
vention dans  le  Précurseur;  emprisonné.  Membre  du  bureau  de  la  presse  en  1801, 
censeur  dramatique. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  311 

Lefrancq.  député,  rue  Saint-Honoré,  377. 

Lucas,  député,  hôtel  des  Victoires,  rue  des  Fossés-Montmartre. 

Lefebvre,  agent  de  change,  rue  Thérèse,  11. 

Levavasseur,  député,  rue  Neuve  des-Petits-Champs,  129. 

Lahhaerd,  ancien  négociant,  rue  de  Cléry,  38. 

Lecoq,  citoyen,  rue  Saint-Honoré,  335. 

Lamardelle,  rue  des  Prouvaires,  54. 

Lesbeaupin,  homme  de  loi,  rue  Gaillon,  hôtel  des  États-Unis. 

Luce,  rue  du  Doyenné,  sous-chef  de  l'administration  des  contribu- 
tions publiques. 

Langibon,  citoyen,  rue  du  Mail,  41. 

Larochette,  député,  hôtel  d'Auvergne,  rue  Saint-Honoré. 

Lahousse,  ancien  mousquetaire,  rue  des  Rosiers  au  Marais,  37. 

Lucas,  négociant,  rue  Saint-Honoré,  226. 

Lacombe,  hôtel  d'Aligre,  rue  Saint-Honoré,  9. 

Lavit,  négociant,  passage  des  Petits-Pères,   hôtel  d'Europe,  rue 
Notre-Dame  des  Victoires. 

Larochefoucault,  garde  national,  rue  de  Cléry,  9t). 

Lameth  (Théodore),  député. 

Lagausse,  secrétaire  de  Théodore  Lameth. 

Lacoste,  régisseur  des  domaines  nationaux,  rue  Caumartin,  6. 

Labroue,  rue  Guénégaud,  22. 

Levacher-Duplessis,  rue  du  Temple,  vis-à-vis  le  Temple. 

Lafont,  chez  M.  le  Coûteux,  place  Vendôme. 

Lubin,  avoué,  rue  du  Chaume,  4. 

Lebrun,  architecte  de  l 'Hôtel-Dieu,  à  l'Hôtel-Dieu. 

Lesourd,  rue  Saint-Honoré,  332. 

Legendre,  entrepreneur  de  la  manufacture  des  cuirs  anglais,  rue  des 
Fossés-Montmartre,  27. 

Leprince,  rue  Faubourg-Poissonnière,  18. 

Ligier,  grenadier  volontaire,  bataillon  des  Petits-Pères,  rue  de  la 
Feuillade. 

Lefoin,  soldat  volontaire  de  la  section  de  Montmorency,  rue  Mont- 
martre, 164. 

Leroi-Fontigny,  major  du  bataillon  des  vétérans,  rue  Phélipeaux,  13. 
Latané,  député,  hôtel  des  Deux-Siciles,  rue  de  Richelieu. 
Lepigeon,  député,  rue  Saint-Thomas  du  Louvre,  à  l'hôtel  de  l'Union. 
Letellier,  secrétaire  de  correspondance  au  département  de  la  justice, 

rue  Caumartin,  31. 
Labrosse,  prêtre,  ci-devant  agent  aux  Capucins  Saint-Honoré,  rue 
Saint-Louis  au  Marais,  1. 


312  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

M 

Mortier,  député,  rue  des  Moineaux,  hôtel  de  la  Réunion  (1). 

Merlin,  député,  rue  Saint-Honoré,  510. 

Maupetit,  député,  rue  Saint-Honoré,  27,  ci-devant  420, 

Monnel,  député,  hôtel  de  Rome,  rue  de  l'Université. 

MoUien,  député,  hôtel  de  Hollande,  rue  du  Boullois. 

Moyot,  député,  rue  Saint-Nicaise,  502. 

Millanois,  député  de  Lyon,  rue  Saint-Honoré,  343. 

Maugras,  de  l'académie  de  chirurgie,  rue  d'Argenteuil,  57. 

Mousnier,  abbé,  rue  du  Hazard,  2. 

Milel-la-Membre,  député,  rue  Saint-Honoré,  4C3. 

Méjean,  homme  de  lettres,  rue  Neuve  Saint-Roch,  18. 

Maillot,  député,  petite  rue  Saint-Roch,  4. 

Menard-Lagroye,  député,  rue  Sainte-Anne,  1  (2). 

Maison,  médecin,  rue  du  Roule,  5. 

Maret,  rédacteur  du  Moniteur,  rue  du  Dauphin,  597  (3). 

Maies,  député,  rue  des  Mauvaises-Paroles,  G. 

Montmorency,  député. 

Martin,  député,  rue  Saint-Honoré,  passage  du  Grand-Charois,  291. 

Meynier,  député,  rue  des  Jeûneurs,  6  (4). 

Massien,  député,  hôtel  de  Lameth,  rue  Notre-Dame  des  Champs. 

Moreau  de  Saint-Merry,  député,  rue  Caumartin,  3, 

Muguet,  député,  rue  Saint-Honoré,  vis-à-vis  les  Jacobins  (5). 

Merceret,  député,  rue  et  hôtel  Saint-Thomas  du  Louvre. 

Menuret,  médecin,  rue  Saint-Honoré,  près  celle  de  l'Échelle,  510. 

Miot,  commis  de  la  guerre,  rue  Montmartre,  90. 

Muguet  de  Morron,  rue  Bergère,  16. 

Montmirel,  rue  Croix  des  Petits-Champs,  15. 

Menard,  député,  faubourg  Saint-Denis. 

Moutard,  libraire,  hôtel  de  Cluny,  rue  des  Mathurins. 

Meinvielle,  citoyen,  rue  Thérèse,  13. 

Morel,  député,  rue  du  Petit-Carreau,  72. 

Mathieu  (Jacques),  député  du  Bas-Rhin,  rue  Ville-l'Évêque. 

Merveiljeux,  député,  hôtel  d'Orléans,  rue  des  Augustins,  59. 

(1)  Père  (lu  maréchal  Mortier. 

(2)  Fut  conseiller  au  présidial  du  Mans.  11  devint  président  de  la  cour  d'Aufïer?. 

(3)  Plus  tard  secrétaire  du  Consulat  et  de  Napoléon,  et  duc  de  Bassano,  acadé- 
micien, ministre,  etc. 

(4)  Se  déclara  pour  les  Girondins,  et  fut  exécuté  lo  13  mai  1791. 
(3)  Membre  du  Comité  des  recherches. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  313 

Maison,  médecin. 

Marin,  député,  au  Bain  d'Albert,  quai  d'Orçay. 
Montault  des  Isles,  député,  rue  Clos-Jourgeot,  3. 
Michon,  député,  hôtel  d'Artois,  rue  du  Coq-Saint-Honoré. 
Morivaux,  député,  hôtel  de  Louis  XVI,  rue  de  Richelieu. 
Marie,  député,  hôtel  d'Artois,  rue  Traversière. 
Montesquiou,  ex-député,  hôtel  de  Roquefort,  rue  de  Grenelle. 
Mouysset,  député,  rue  de  Rohan,  25  (1). 
Michoux,  député,  rue  Saint-Honoré,  petit  hôtel  de  Vendôme. 
Masson,  capitaine  d'infanterie,  rue  du  Mail,  25. 
Menou,  ex-député,  boulevard,  vis-à-vis  l'hôtel  Montmorency. 
Mouette,  citoyen,  rue  du  Temple. 
Marseille,  négociant,  rue  Chabanois. 
Michel,  député,  rue  de  Bellefont,  4. 
Metman,  homme  de  lettres,  rue  de  Seine,  112. 
Mourgues,  de  la  Société  d'agriculture,  rue  Grammont,  17. 
Michault,  homme  de  lettres,  hôtel  de   la  Réunion,  rue  des  Moi- 
neaux. 
Malleville,  président  du  tribunal  de  cassation,  rue  de  la  Harpe,  54. 
Moulnier,  rue  du  Hazard,  6. 
Minvielle,  ancien  négociant,  rue  Thérèse,  13. 
Marialla,  rue  Neuve  Saint-Roch,  40. 
Mejan  (Etienne),  rue  de  la  Sourdière,  14. 
Meignotte,  agent  de  change,  place  Victoire,  18. 
Marignier  père,  place  Vendôme,  3. 
Marinier  fils,  même  demeure. 
Morin,  électeur  de  1791,  rue  du  Colombier,  27. 
Manet,  homme  de  loi,  rue  du  Mail,  28. 
Masson,  rue  de  la  Ferme  des  Mathurins,  13. 
Maraise,  rue  Mêlée,  31. 
Michel,  négociant,  rue  Aux-Fers,  50. 
Maillet  (Antoine),  rue  Croix-des-Petits-Champs,  62. 
Magnan,  rue  Neuve  des  Mathurins,  Chaussée  d'Antin,  47. 
Maron,  ministre  protestant,  rue  Saint-Roch-Poissonnière,  9. 
Musnier-Desclozeaux,  rue  de  Fourcy-Saint-Antoine,  5. 
Monclard,  capitaine  d'artillerie,  grande  rue  de  Chaillot,  178. 
Marsilly,  chevalier  de  Saint-Louis,  rue  Mirabeau,  54. 
Mautort,  notaire,  rue  Vivienne,  30. 
Maloigne  (Jean-René),  rue  des  Deux-Portes-Saint-Sauveur,  7, 

(1)  Ju»e  au  tribunal  de  Villenouvp. 


314  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Metman,  premier  clerc  de  notaire,  chez  Etienne,  notaire,  rue  Saint- 
Jacques. 

N 

Naudeville,  électeur  de  1791,  première  porte  cochère  quai  de  la  Mé- 
gisserie, près  le  Pont-Neuf, 
Nioche,  député,  rue  de  l'Échelle,  13  (1). 
Nolf,  député,  h(Hel  de  la  Réunion,  rue  des  Moineaux. 
Nau-Belisle,  député. 

Nadal  de  Paintrac,  député,  rue  Sainte-Anne,  21. 
Niel,  assesseur  déjuge  de  paix,  rue  de  l'Université,  19  (2). 
Nogaret,  député,  rue  de  Bourgogne,  421. 
Nicolle,  rue  du  Four-Saint-Germain,  147. 

o 

Oudot,  député  (3j. 

P 

Pervinquière,  député,  luHel  de  Nismes,  rue  Grenelle-Saint-Honoré. 

Prieur,  député,  rue  Notre-Dame-dcs-Victoires,  20. 

Pain,  député,  hôtel  Vendôme,  rue  et  près  les  Capucines, 

Pinccpré,  député,  rue  Royale-Louis  XV,  17. 

Pères,  député,  petit  hùtel  Vauhan,  rue  de  Richelieu. 

Pelfieger,  député,  hôtel  des  Indes,  rue  Traversière. 

Pincemaille,  ci-devant  sous-directeur  du  bureau  des  passeports,  ù 
Thôtel  des  Fermes,  rue  Saint-Florentin,  2. 

Pémartin,  député,  rue  Saint-Honoré.  235. 

Pignere-de-la-Boulloy,  ancien  trésorier  de  France,  rue  des  Tour- 
nelles,  47, 

Pouret,  député,  rue  Saint-Hyacinthe,  4. 

Pomaret  père,  banquier,  hôtel  de  Chartres,  rue  de  Richelieu,  31 . 

Pourcher,  député,  rue  Croix-des-Petits-Champs,  45. 

Perisse-Duluc,  député  de  Lyon,  rue  Neuve  Saint-Marc,  hôtel  d'Or- 
léans (4). 

Parisot,  député,  rue  Saint-Honoré,  590(5). 


(1)  Refusa,  dans  la  Couveation,  de  se  prononcer  comme  juge  dans  le  procès 
de  Louis  XVL 

(2)  Désavoua  son  inscription  sur  la  liste  par  une  lettre  adressée,   le  16  dé- 
cembre 1792,  à  la  section  de  la  Fontaine-de-Grenelle. 

(3)  Était,  avant  la  Révolution,  commissaire  du  roi  du  tribunal  de  Beaunc. 

(4)  Imprimeur,  membre  du  Comité  de  Constitution. 

(5)  Nommé,  en  1792,  capitaine  de  la  garde  constitutionnelle  du  roi,  qu'il  défendit 
au  10  août;  il  fut  blessé  dans  cette  journée. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  31b 

Pougeard-Dulimbert,  député,  rue  Sainte- Anne  ,   hôtel  de  la  Répu- 
blique de  Gènes  (1). 

Périer,  entrepreneur  de  la  manufacture  d'armes  blanches,  rue  Neuve 
des  Capucines. 

Poutrain,  député,  hôtel  de  la  Chine,  rue  Neuve  des  Petits-Champs. 

Prévost,  député,  place  Vendôme,  8. 

Paris,  citoyen,  rue  Montmartre,  151. 

PouUain  (Célestin),  député,  rue  Chariot,  37. 

Poncet-Delpech,  député,  hôtel  Pondichéry,  rue  Traversière-Saint- 
Honoré. 

Pères,  député,  hôtel  des  treize  Cantons,  rue  Traversière-Saint-Honoré. 

Pomaret  (Jules),  commis  de  banquier,  rue  de  Richelieu,  31. 

Papin,  député,  rue  Neuve  des  Petits-Champs,  31. 

Pinchinal,  maître  des  comptes,  rue  Traversière,  32. 

Pezous,  député,  rue  de  la  Poterie,  10. 

Ponce,  graveur,  rue  Saint-Jacques,  238. 

Pétrie,  député  extraordinaire  de  Tabago,  rue  Neuve  des  Capucins,  6. 

Populus,  député,  rue  des  Petits-Augustins,  22. 

Pressac-Desplanches,  député,  hôtel  Bourgogne,  rue  Croix-des-Petits- 
Champs. 

Payen,  rue  Faubourg-Saint-Honoré,  hôtel  en  face  de  la  rue  d'Anjou. 

Pieyre,  député,  hôtel  d'Espagne,  rue  de  Richelieu  (2). 

•Pitra,  électeur  de  1789,  rue  Croix-des-Petits-Champs,  55. 

Parisot  (Marc-Antoine),  abbé,  place  Louis  XV,  2. 

Petit,  homme  de  loi,  rue  des  Vieilles-Ëtuves-Saint-Honoré. 

Paigis,  député,  rue  des  Grands-Augustins,  31, 

Poitevin,  député,  hôtel  Wasington,  rue  du  Chantre-Saint-Honoré. 

Perroteau-de-la-Nause,  négociant,  rue  Montmartre,  219. 

Praslin,  ex-député,  rue  du  Bacq,  469. 

Poncet,  rue  des  Filles-Saint-Thomas,  6. 

Picquais,  citoyen,  rue  Neuve  des  Petits-Champs,  Si. 

Plainville,  chevalier  de  Saint-Louis,  rue  Montmartre,  243. 

Périer,  administrateur  du  département  d'Eure-et-Loir,  rue  Mirabeau. 

Parent,  rue  Sainte-Anne,  64. 

Prault-Saint-Martin,  imprimeur,  hôtel  de  la  Trésorerie,  cour  de  la 
Sainte-Chapelle. 

(1)  Avocat,  fut,  par  la  suite,  préfet  de  la  Chareuto,  membre  du  Tribunat,  préfet 
de  l'Allier  sous  l'Empire,  député  sous  la  Restauration. 

(2)  Poète,  auteur  dramatique  ;  siégeait  au  côté  dioit.  Après  le  9  thermidor,  il 
fut  procureur-syudic  du  district  de  Nîmes,  puis  préfet  de  Lot-et-Garoune,  et,  sous 
l'Empire,  préfet  du  Loiret. 


316  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Puget,  rue  Saint-Martin,  384. 
Petit,  rue  Saint-Pierre-Montmartre,  8. 
Pache,  rue  Bergère,  vis-à-vis  les  Menus. 
Penuchet,  maitre  perruquier,  rue  de  Richelieu,  139. 
Pilet  (sic),  rue  du  Parc-Royal,  3. 
Pecoul,  cul  de  sac  du  Doyenné,  7. 

Prony,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  aux  Invalides  (1). 
Plassan,  lihraire,  rue  du  Cimetière-Saint-André,  11. 
Prudhomme,  rue  Pavée-au-Marais,  13. 
Procter,  professeur  de  langues,  rue  Basse-du-Rempart,  13. 
Peyre,  architecte,  et  ancien  aide-de-camp  de  Lafayette,  rue  des  Poi- 
tevins, 18. 
Petit-Radel,  architecte,  rue  Bourhon-Villeneuve,  49, 
Pemoret,  homme  de  loi,  hùtel  d'Angleterre,  rue  Saint-Honoré. 
Petit,  liquidateur,  rue  Basse  du-Rempart-de  la-Madelaine,  17, 
Perignon,  notaire,  rue  Saint-Honoré,  bâtiment  des  Feuillans. 


Quesnay,  juge  de  Saumur,  rue  de  Grenelle-Saint-Honoré,  hôtel  d'Or- 
léans. 
Quéru  de  Lacoste,  député,  rue  de  la  Madelaine,  26. 
Quatremère-de-Quincy,  député,  rue  des  Fossés-du-Temple,  23  (2). 
Quinquet,  vicaire  de  Notre-Dame-de-Lorette,  rue  de  Provence. 


Rose,  huissier  à  l'Assemblée  nationale,  rue  Basse-du-Rempart,  21. 

Riccé,  adjudant-général,  rue  de  Grammont. 

Ricard  de  Toulon,  rue  de  Guénegaud. 

Roger,  député,  hùtel  de  Monsieur,  rue  du  Petit-Bourbon. 

Regneault  (Charles),  député,  hôtel  d'Antin,  rue  Gaillon. 

Régnier,  député,  rue  Feydeau,  hôtel  des  États  du  Béarn  (3). 

Ricard  de  Castres,  député,  hôtel  de  Châtillon,  rue  du  Petit-Bourbon. 

Riberolles,  député,  rue  Saint-Florentin,  2. 

Rewbell,  député,  rue  de  la  Ville-l'Evéque,  au  coin  de  celle  d'Anjou, 

faubourg  Saint-Honoré. 
Roca,  député,  rue  Neuve  Saint-Eustache,  hôtel  Carignan. 
Rostain,  député,  rue  Bourbon-Villeneuve,  49. 


(1)  Cf'ilèbre  mathématicien,  plus  tard  membre  de  l'Institut, 

(2)  Soutint  la  royauté  constitutionnelle  en  1791. 

(3)  Prit  part  au  coup  d'État  du  18  brumaire,  fut  nommé  Grand-Juge  en  1802, 
puis  ministre  de  la  justice. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  317 

Ramond,  homme  de  lettres,  rue  de  Clichy,  351. 

Uoussillon,   député,  hôteV  de  Béarn,  cour  Saint-Guillaume,  rue  de 
Richelieu  (1). 

Rousselot,  député,  rue  de  TUniversité,  hôtel  de  Rome,  10. 

Renaud  de  Saint-Jean-d'Angely,  député,  rue  Caumartin,  30. 

Rivet,  entrepreneur  des  bâtiments  du  roi,  rue  Neuve  et  près  Saint- 
Roc  h. 

Roche,  ci-devant  agent   de  change,  petite  rue  Neuve  Saint-Roch- 
Poissonnière,  4. 

Renaud  d'Agen,  député,  rue  Saint-Honoré,  vis-à-vis  les  Jacobins,  454. 

Rodât,  député,  hôtel  des  Etats  de  Béarn,  rue  Feydeau. 

Ringard,  homme  de  loi,  rue  de  la  Bucherie,  8. 

Rataud,  député,  place  Vendôme,  12. 

Rochoux,  député,  rue  Saint-Honoré,  439. 

Riot. 

Rabusson-Lamothe,  député,  rue  Fromanteau,  hôtel  du  Louvre. 

Rubat,  député  du  département  de  TAin,  rue  et  faubourg  Saint-Ho- 
noré, 17. 

Raffin,  député,  hôtel  de  Valois,  rue  Ventadour. 

Roucher,  auteur,  rue  des  Noyers,  24. 

Ruet,  député,  rue  de  Chartres,  hôtel  de  Bordeaux. 

Rogniat,  député,  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré,  3. 

Ravel  (Louis),  banquier,  rue  des  Deux-Portes-Saint-Sauveur,  9. 

Ravel  (Antoine),  banquier,  rue  des  Deux-Portes-Saint-Sauveur,  9. 

Rondel,  chirurgien-major  de  la  cavalerie,  place  de  Grève,  35. 

Renard,  député,  quai  des  Ormes,  au  grand  Balcon. 

Raguet,  régisseur-général,  rue  Ventadour,  9. 

Rilliet  (Hubert),  rue  Montmartre,  145. 

Raguideau,  notaire,  rue  Saint-Honoré,  332. 

Rouiller  (François),  ancien  négociant,  rue  Montmartre,  319. 

Roullier,  ancien  négociant,  rue  Montmartre,  219. 

Rigaud  (Jean),  grenadier  volontaire,  place  Vendôme,  16. 

Rulhièfe,  rue  Mêlée  (^ic),  29. 

Rogier  (Guillaume),  homme  de  loi,  rue  de  la  Huchette,  13. 

Rebecour,  député,  place  Vendôme,  8. 

Rillet  aine,  négociant,  rue  Montmartre  157. 

Ravart,  rue  Saint-Denis,  maison  de  M.  Quartier,  près  l'ancien  Chà- 

telet. 
Rogeard,  négociant,  rue  Saint-Méry,  ou  cloitre  Saint-Médéric. 

(1)  .\ccusaplus  tard  Robespierre  d'entretenir  une  correspondance  avec  ["armée. 


318  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Rouille  Ducoudray,  lieutenant-général  des  armées  françaises,  place 
Royale. 

S 

Soustelle,  député,  rue  du  Bacq,  8. 

Simon  de  Troyes,  homme  de  lettres,  rue  Traversière-Saint-Honoré,68. 

Sclîwend,  député,  rue  Caumartin,  31. 

Salle,  député,  rue  Gaillon,  hôtel  des  États-Unis. 

Salicetti,  député,  hôtel  de  Strasbourg,  rue  Neuve-Saint-Eustache. 

Salomon,  député,  cloître  Notre-Dame,  chez  M.  Chap. 

Six,  architecte,  rue  d'Anjou-Dauphine,  6. 

Simon  de  Troyes,  iils,  grenadier  volontaire,  rue  Traversièrc-Sainl- 
Honoré,  68. 

Soubeyran,  citoyen  actif,  rue  de  Savoye,  2o. 

Simon  le  jeune,  député  extraordinaire,  rue  de  Richelieu,  hôtel 
Louis  XVI. 

Saillant,  rue  Vivienne,  11  (1). 

Sage,  député,  rue  du  Bouloy,  02,  vis-à-vis  la  Douane. 

Sainemard,  citoyen  de  Paris,  au  Palais-Royal,  100. 

Sian  {sic),  ancien  négociant,  rue  des  Capucines,  74. 

Sancerre,  député,  cour  des  Jacobins,  chez  M.  Perchet. 

Serisiat,  homme  de  loi,  rue  des  Saints-Pères,  124. 

Sevene,  député,  rue  de  la  Croix,  13. 

Sneedorff,  professeur  d'histoire  à  Coppenhague,  rue  de  Louvois,  hô- 
tel Henri  IV. 

Serre  de  Saint-Romans,  capitaine  au  dixième  régiment  de  cavalerie, 
rue  Vivienne,  11. 

Servelle,  rue  Quincampoix,  23. 

Sinot,  négociant,  rue  de  la  Verrerie,  37. 

Saint-Tray,  capitaine  de  gendarmerie,  rue  des.Gravilliers. 

Serson,  ci-devant  homme  de  loi,  rue  Saint-Hyacinthe, 

Saugrain,  rue  du  Jardinet,  9. 

Simonot,  bibliothécaire  du  dépôt  de  la  guerre,  rue  Thévenot,  37. 

Salvan,  rue  des  Filles-Saint-Thomas,  15. 

T 

Thibault,  député,  rue  de  la  Michaudière,  7  (2). 

(Ij  Ou  du  Saillant  (lo  comte),  plus  tard  un  des  organisateurs  du  camp  de  Jalès. 
Tué  à  Bannes,  dans  l'Ardèche,  avec  plusieurs  de  ses  complices. 

(2)  Curé  de  Souppes,  donna,  on  1793,  sa  démission  d'évêque  constitutionnel.  11 
accueillit  avec  faveur  le  coup  d'État  du  18  brumaire,  et  fut  pendant  quelque  temps 
membre  du  Tribunat:  - 


CLUB  DES  FEUILLANTS  319 

Thomassin,  marchand  de  draps,  rue  Saint-Honoré,  665. 

Trchot-Clermont,  député,  rue  Neuve  du  Luxembourg,  25 

Tellier,  député,  rue  Caumartin,  30. 

Trudaine,  commandant  de  bataillon,  colonnade  place  Louis  XV,  ;2, 

Tuzin,  homme  de  loi,  rue  des  Bons-Enfants,  42. 

Ternois,  contrôleur  de  l'entreprise  des  voitures  anglaises,  rue  Neuve 

des  Capucines. 
Turrel,  homme  de  loi,  rue  Neuve-des-Petits-Champs,  110. 
Travanel,  président  du  district  de  Gonesse,  rue  de  Grammont,  à  son 

hôtel. 
Thuet,  maître  charron,  rue  de  Duras,  faubourg  Saint-Honoré. 
Troubat-Chabert,  citoyen,  rue  de  la  Sourdière,  11. 
Trudon,  administrateur  du  département,  rue  Sainte-Anne,  70. 
Thelusson,  chaussée  d'Antin,  chez  M.  Laferté. 
Trudon  (Charles),  membre  du  département,  rue  Sainte-Anne,  70. 
Thiériot,  député. 

Turin,  homme  de  loi,  petite  rue  Saint-Louis,  près  le  Palais-Royal. 
Thorel,  payeur  des  rentes,  rue  du  Gros-Chenet,  11. 
Tastel,  rédacteur   du  Journal  des  Débats,    rue  Sains-Tliomas-du- 

Louvre,  237. 
Thévenin,  rue  J.  J.  Rousseau,  38. 

Tassin,  commandant  de  bataillon,  rue  des  Petits-Champs. 
Texier,  rue  et  faubourg  Poissonnier,  15. 
Trudon  (Joseph),  officier  municipal,  rue  de  TArbre-Sec. 
Thouret,  ex-député,  hôtel  de  Bouillon,  quai  de  Voltaire. 
Tassin  (Louis),  officier  municipal,  rue  Neuve  des  Petits-Champs. 
Tannevot,  membre  du  tribunal  de  paix  du  premier  arrondissement, 

rue  Neuve  du  Luxembourg,  23. 
Thion  de  la  Chaume,  administrateur  du  déparlement,  rue  de  Reuilly. 
Thory,  agent  de  change,  cloître  Saint-Merry,  Maison-Neuve. 
Thouret,  médecin,  commissaire  des  hôpitaux  du  département   de 

Paris,  rue  Pavée  au  Marais,  12. 

V 

Vergnet,  député,  cloître  des  Bernardins. 

Varin,  député,  rue  Montorgueil,  près  le  passage  du  Saumon  (1). 
Vouland,  député,  hôtel  Dauphin,  rue  Croix-des-Petits-Champs. 
Vyaud-Baudreuille,  député,  rue  des  Bons-Enfants,  39. 

(1)  Avocat  de  Rennes,  il  fit  décréter  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  à  accusation  contre 
le  comte  de  Toulouse-Lautrec,  quij  disait-on,  avait  fait  circuler  de  faux  assignats 
.'i  tlerlin. 


320  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Villars,  homme  de  lettres,  rue  Neuve  des  Petits-Pères,  1. 

Vieillard,  député  de  Coutances,  rue  Vivienne,  hôtel  de  l'Empire. 

Vernier,  député,  rue  Caumartin,  31. 

Vauchelle,  premier  commis  de  la  guerre,  rue  de  Miraheau,  10^2. 

Vesset,  citoyen,  quai  de  la  Mégisserie,  8. 

Vampraet  [sic],  garde  de  la  Bibliothèque  du  roi,  à  la  Bibliothèque. 

Vieillard,  administrateur  du  département,  rue  Traversière,  35. 

Vallart,  député. 

Voisin,  député,  grand  hôtel  des  Thuileries,  rue  Saint-Honoré. 

Vincent,  député,  rue  des  Bons-Enfants,  42  (1). 

Vivier,  député,  hôtel  de  l'Amérique,  rue  de  Chartres,  85. 

Vimar,  député,  rue  de  Richelieu,  305. 

Vallier,  député  de  l'Isère,  rue  Neuve-Saint-Augustin,  14. 

Valadier,  rue  de  Paradis,  faubourg  Poissonnier. 

Vidal,  président  de  l'administration  du  district  de  Senar,  départe- 
ment de  l'Aveiron,  rue  de  Bourgogne,  421. 

Vincent,  directeur  général  de  la  Caisse  d'escompte,  rue  Sain t-Marc,  15. 

Vieillart,  membre  du  tribunal  de  cassation,  rue  des  Saints-Pères,  124. 

Vergennes,  administrateur  au  département,  rue  Neuve-Saint-Eus- 
tache,  4. 

Vasselin,  rue  Neuve  des  Mathurins,  vis-à-vis  le  n"  19. 

Viallon,  bibliothécaire  de  Sainte-Geneviève,  à  Sainte-Geneviève. 

Vandoeuille,  administrateur  de  la  Caisse  d'escompte,  rue  de  Bourbon, 
faubourg  Saint-Germain,  152. 

Il  semble  presque  inutile  de  faire  remarquer  que,  chez  les  Feuil- 
lants plus  que  chez  d'autres  membres  de  clubs,  nombre  d'hommes 
politiques,  affdiés  ou  non  à  la  Société ,  marchaient  avec  eux.  C'é- 
taient des  modérés  dans  le  camp  monarchique.  Nommons,  par  exem- 
ple, le  comte  de  Vaublanc  qui,  en  novembre  1791,  rédigea  et  porta  à 
Louis  XVI  le  message  qui  menaçait  de  la  guerre  les  souverains  étran- 
gers. Nous  pourrions  citer  bien  d'autres  personnages  parmi  les  mo- 
dérés, impartiaux,  monarchistes,  membres  de  la  Société  de  1789,  etc. 

Si  l'on  compare  la  seconde  liste  des  Feuillants  avec  la  première,  on 
se  rend  compte  du  nombre  de  .lacobins  qui  figurent  dans  la  première, 
mais  non  dans  la  seconde,  c'est-à-dire  qui  sont  revenus  dans  la  So- 
ciété des  Amis  de  la  Constitution  séante  aux  Jacobins.  Nous  y  voyons  : 

Barère.  —  Boissy  d'Anglas.  —  Châteauneuf-Randon.  —  Cochon.  — 


(1)  Protesta  contre  la  loi  du  31  mai,  et  l'ut  proscrit  lui-même.  11  siégea  au  conseil 
des  Anciens. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  321 

Dubois-Crancc.  —  GobeL  —  Grégoire.  —  Le  duc  d'Orléans.  —  Prieur 
(de  la  Marne).  —  Rabaut  Saint-Étienne.  —  Sieyès.  —  Talleyrand,  etc. 
Rewbel  et  Salicetti  restèrent  membres  du  Club  des  Feuillants. 

Dans  les  deux  listes,  que  de  noms  oubliés  ou  inconnus!  Nous 
avons  reproduit  ces  listes  telles  quelles,  avec  les  fautes  d'orthographe 
dans  les  noms,  sans  y  rien  changer. 

Nous  arrivons  à  la  liste  supplémentaire. 


IV 


Liste  des  députés  qui,  de  V Assemblée  nationale,  réunis  dans  l'église 
des  Feuillans,  le  dimanche  4  octobre  i  791,  ont  pris  la  résolution  de 
se  présenter  à  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  : 

Département  de  l'Aisne  :  MM.  Fâche.  —  L'Objoy.  —  Bei*nier.  —  Le 
carlier. 

Département  de   l" Allier  :  MM.  Jouffret.  —  Ruet.  —  Destrée.  — 
Boisrot-la-Cour. 

Département  des  Hautes-Alpes  :  MM.  Amat.  —  Faure.  —  Dougeois. 

Déparlement  des  Basses  Alpes  :  Raffîn.  —  Ghauvet.  —  Inglad. 

Département  de  rArdèche  :  M.  Dalmas. 

Département  des  Ardennes  :  M.  Golzart. 

Département  de  Vxiriège  :  M.  Cambèze. 

Département  de  VAveiron  :  M.  Nogaret. 

Département  du  Calvados  :  MM.  Leroy  de  Bayeux.  —  Castel. 

Département  du  Cantal  :  M.  Henry. 

Département  de  la  Charente- Inférieure  :  M.  Merveilleux. 

Département  de  la  Creuse  :  M.  Voisin. 

Département  du  Gard  :  MM.  Delon  —  Menard.  —  AUut.  —  Pieyre, 

—  Leiris.  —  Giraudy. 

Département  de  la  Haute  Garonne  :  MM.  Cailhasson.  —  Dorliac.  — 
Rouede.  —  Gonin.  —  Gazes  de  Saint-Béat. 
Département  de  Lindre  (sic)  :  MM.  Collet.  —  Turquet  de  Mayesne. 

—  Crublier.  —  Dupertuis.  —  Rochoux.  —  Vivier. 

Département  de  Lindre  (sic)  et  Loire  :  MM.  Bruley.  —  Adam.  — 
Jahan.  —  Cartier  Doineau.  —  Belle. 

Département  de  Vhère  :  MM,  Rogniat.  —  Guillioud.  —  Michoud,  — 
Dumoulard. 

Département  du  Jura  :  MM.  Champion,  —  Croichet,  —  Dallaz,  — 
Théodore  Lameth.  —  Maurivaux  —  Clermont. 

21 


322  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Département  du  Loir  en  Cher  (sic)  :  M.  Savonneau. 

Département  delà  Loire  Inférieure  :  M.  Benoiton. 

Département  du  Loiret  :  MM.  Genty.  —  Huet  de  Proberville. 

Département  du  Lot  :  M.  Dupuy-Montbrun. 

Département  du  Lot  et  Garonne  :  M,  Mouyssen. 

Département  de  la  Lozère  :  MM.  Moiiestier,  —  Lozuray  de  Fressac. 

—  Ghazot.  —  Sevène.  —  Domesgne  de  Beauregard. 
Département  de  Maine  et  Loire  :  MM.  Quesnay.  —  Bonne-Mère. 
Département  de  la  Manche  :  MM.  Euvreiner.  —  Letellier.  —  Lepi- 

geon  de  Boival. 

Département  de  la  Marne  :  MM.  Morel.  —  Bruley  de  Sezanne.  — 
Dorizy. 

Département  de  la  Mayene  (sic)  :  MM.  Paigis.  —  Richard  de  Villiers. 

Département  de  la  Mozelle  :  MM.  Marin.  —  Adam. 

Département  du  Vard  (sic)  :  M.  Coppens. 

Département  de  VOise  :  M.  Goujon. 

Département  de  Paris  :  MM.  Gouvion.  —  Quatremer  de  Quincy.  — 
Ramont.  —  Delbry.  —  Lacrelelle. 

Département  du  Pas-de-Calais  :  MM.  Wallar.  —  Legressier.  —  Le- 
franc.  —  Deusy.  —  Baert.  —  Blanchard. 

Département  du  Puy  de  Dôme  :  M.  Robiisson-la-Mothe. 

Département  des  Hautes-Pyrénées  :  M.  Darneuilh. 

Département  du  Haut-Rhin  :  MM.  Schirmer.  —  Baumlin. 

Département  du  Bas-Rhin  :  MM.  Mathieu.  —  Brunck. 

Département  de  Rhône  et  Ivoire:  MM.  Sage. —  Lemontey.  —  Miciion. 

Département  de  la  Haute-Saône  :  M.  Creslin. 

Département  de  Seine  et  Oise  :  MM.  Hua.  —  Dumas.  —  Courtin.  — 
Legras.  —  Cheron. 

Département  de  la  Seine  hiftrieure  :  MM.  Ducastel.  —  Chrislinal.  — 
Hochet.  —  Langlois.  —  Vimar.  — -  Letailleur.  —  Boulenger.  —  Fron- 
dière.  —  Levasseur.  —  Desportes.  —  Lucas. 

Département  de  Seine  et  Marne  :  MM.  Hébert  de  Précy.  —  Sédillez. 

—  Jaucourt.  —  Renard  Claudin.  —  JoHvet.  —  Vaublane.  —  Rataud. 

—  Bejon. 

Département  des  Deux  Sèores  :  MM.  Chasteau.  —  Jouneau. 

Département  de  la  Somme  :  MMi  Dehaussy-Robecourt.  —  Massey.  — 
t)ebray-Chamont.  —  Balluc. 

Département  du  Tarn  :  MM.  Gausserand.  —  Sancerre.  —  Goubé.  — 
Èsperon.  —  Larôque-Labécède. 

Département  du  Var  :  MM.  Muraire.  —  Phihbert.  —  Roubeaud.  — 
Granen  de  Toulon.  —  Poitevin. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  323 

Déparlement  de  la  Vendée  :  MM.  Thierriot.  —  Giraiul. 

Département  de  la  Vienne  :  MM.  Allard.  —  Pressac  des  Planches.  — 
Montault. 

Département  des  Vosges  :  M.  Delpierre. 

Département  de  l'Yonne  :  MM.  Laureau.  —  Davigneau.  —  Bonne- 
rot.  —  Fayolle.  —  Malus. 

Département  du  Finistère  :  M.  Bonestard. 

Département  de  l'Aube  :  M.  Beugnon. 

Département  des  Basses-Pyrénées  :  M.  Bergeras. 

Département  de  V Ain  :  M.  Rubat. 

Département  d'Eure  et  Loire  (sic)  :  M.  Claye. 

Département  de  la  Haute-Marne  :  M.  Bequet. 

Département  des  Pyrénées  Orientales  :  MM.  Marie.  — Escanye. 

Département  de  VOrne  :  M.  Beugnon. 

Département  de  l'Eure  :  M.  Hébert. 

Cette  liste,  indiquant  des  députés,  avec  les  noms  de  leurs  départe- 
ments respectifs,  parut  après  la  première  séance  de  l'Assemblée 
législative. 

Le  grand  nombre  d'adhérents  au  Club  des  Feuillants  eut  pour 
résultat  de  rendre  les  modérés  très  confiants  dans  leur  réussite  à 
venir,  d'encourager  leurs  prétentions  à  vaincre  les  Jacobins. 

Nous  avons  dit  plus  haut  (1)  la  première  cause  de  la  scission  dans 
la  Société  des  Amis  de  la  Constitution^  issue  de  l'ancien  Club  breton. 
Entrons  maintenant  dans  les  détails  de  la  lutte  qui  suivit  cette  scis- 
sion, dont  les  journalistes,  d'opinions  diverses,  se  préoccupèrent  à 
tout  instant,  depuis  la  naissance  du  schisme  établi  entre  les  citoyens 
qui  se  déclaraient  également  défenseurs  des  principes  constitution- 
nels, véritables  amis  de  la  Constitution  sans  épithète,  séant  les  uns 
aux  Jacobins,  les  autres  aux  Feuillants. 

Le  17  juillet  1791,  le  Club  des  Feuillants  envoya  aux  sociétés  cor- 
respondantes des  Jacobins  l'adresse  suivante,  sorte  de  manifeste  hos- 
tile aux  membres  qui  continuaient  à  siéger  dans  le  couvent  des  Jaco- 
bins : 

«  Adresse  de  la  Société  de%  Amis  de  la  Constitution,  séante  aux 
Feuillants,  aux  sociétés  qui  lui  sont  affiliées, 

(t  Frères  et  amis,  une  circonstance  importante,  dont  nous  avons 
jugé  nécessaire  de  vous  informer  sur-le-champ,  nous  a  obligés  de 

(1)  Voir  plus  haut,  pi  279; 


324  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

prendre  hier  (16  juillet)  l'arrêté  dont  vous  trouverez  ci  joint  copie. 
Son  objet  principal  est  de  ramener  la  Société  des  Amis  de  la  Consti- 
tution de  Paris  à  sa  formation  originaire  et  primitive;  de  lui  assurer 
les  avantages  que  les  députés,  ses  fondateurs,  avaient  eu  en  vue  en  la 
formant;  de  conserver  à  cette  institution  la  destination  utile  de  pré- 
parer les  travaux  de  l'Assemblée  nationale  ;  de  s'y  borner  à  discuter 
les  questions,  sans  rien  arrêter  par  les  suffrages;  de  propager  les 
lumières,  de  servir  de  centre  commun  aux  opinions  constitution- 
nelles; enfin,  de  donner  dans  la  capitale  l'exemple,  si  glorieusement 
imité  depuis  dans  toutes  les  parties  de  l'empire,  de  la  plus  entière 
liberté  d'opinion  lors  de  la  discussion  des  projets  de  loi,  mais  du 
plus  profond,  du  plus  inaltérable  respect  pour  les  lois  faites. 

«  Ces  principes  ont  été  religieusement  observés  aux  Jacobins,  jus- 
qu'au moment  où,  étant  devenue  extrêmement  nombreuse  par  l'ad- 
mission de  personnes  étrangères,  même  à  l'empire,  cédant  à  des 
influences  exagérées,  elle  a  combattu  ouvertement  les  principes 
constitiïtionnels,  s'est  portée  à  des  actes  en  opposition  directe  avec 
des  décrets  rendus,  et  s'est,  par  là,  entièrement  écartée  de  l'esprit  de 
son  institution, 

«  Dans  ces  circonstances  pénibles,  sans  doute,  les  députés  de  l'As- 
semblée nationale,  fondateurs  de  cette  Société,  n'écoutant  que  leur 
devoir,  et  fidèles  au  titre  d'Amis  de  la  Constitution,  n'ont  cru  avoir 
d'autre  parti  à  prendre  que  de  se  réunir  aux  Feuillants,  auprès  de 
l'Assemblée  nationale,  et  de  s'y  rassembler  sous  la  présidence  du 
même  député  qui  avait  obtenu  les  suffrages  dans  la  Société  des  Amis 
de  la  Constitution,  séante  aux  Jacobins. 

«  Ils  ont  conservé  pour  secrétaires  et  pour  membres  du  comité  de 
correspondance,  ceux  de  leurs  collègues  qui  l'étaient  aussi  dans  la 
Société  des  Jacobins,  et  les  ont  chargés  de  continuer,  avec  les  Sociétés 
des  Amis  de  la  Constitution  affiliées,  les  relations  fraternelles  et 
intimes  qui  ont  existé  jusqu'à  ce  moment,  et  dont  l'interruption,  ne 
fût-elle  que  momentanée,  serait,  dans  les  circonstances  actuelles,  tout 
à  la  fois  contraire  au  vœu  des  vrais  amis  de  la  Constitution,  et  nui- 
sible à  la  chose  publique. 

«  Nous  espérons,  frères  et  amis,  que  cette  communication  franche 
de  nos  démarches,  de  nos  sentiments,  que  cette  déclaration  authen- 
tique de  notre  dévouement  inaltérable  pour  une  constitution  que 
vous  avez  si  utilement  servie,  établira  entre  nous  des  relations  plus 
intimes  que  jamais,  que  nous  nous  ferons  un  devoir  d'entretenir,  et 
qui  nous  assurera  de  nos  droits  à  votre  estime. 

«  Signé:  Boucue,  président;  Salle,  F.-P.-N.  Antoine,  secrcf ««■?*,■, 


CLUB  DES  FEUILLANTS  325 

«  p,  S.  —  Vous  voudrez  bien  nous  adresser  vos  lettres  à  la  Société 
des  Amis  de  la  Constitution,  séante  aux  Feuillants,  rue  Saint-Ho- 
noré.  » 

L'arrêté  dont  il  est  parlé  dans  cette  lettre  porte  qu'il  sera  fait  un 
scrutin  épuratoire  pour  écarter  de  la  Société  les  étrangers  connus 
pour  ne  pas  professer  sa  doctrine  (1). 

Le  journal  V Orateur  du  Peuple  écrivait  :  «  Bailly,  La  Fayette,  les 
Lameth,  Barnave,  Goupil,  et  toute  la  clique  contre -révolution- 
naire (2).  »  Il  les  traitait  «  d'infâmes  coquins  vendus  au  parti  autri- 
chien. »  Huit  ou  dix  membres  des  Feuillants  étaient  soupçonnés 
«  d'être  en  même  temps  les  directeurs  du  comité  autrichien  (3).  » 

Le  Club  des  Feuillants  invoquait  la  liberté  d'opinion,  en  même 
temps  que  l'idée  des  fondateurs  de  la  Société  des  Amis  de  la  Cons- 
titution. 

La  Chronique  de  Paris,  qui  avait  l)eaucoup  de  lecteurs,  inséra  : 

«  Presque  tous  les  membres  de  l'Assemblée  nationale  qui  étaient 
de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  se  sont  retirés  et  s'assem- 
blent aux  Feuillants.  On  leur  a  adressé  une  députation  pour  leur 
faire  connaître  la  pétition,  qui,  dit-on,  n'est  pas  contraire  aux  prin- 
cipes de  la  Constitution  (4).  » 

La  feuille  de  Millin  et  de  Noël  semblait  vouloir  rester  neutre. 

Le  Babillard  (supplément  du  n°  du  19  juillet  1791)  approuva  les 
Feuillants;  le  Journal  de  la  Révolution  (n°  341,  mardi  19  juillet  1791) 
les  blâma,  et  espéra  une  «  réconciliation  parfaite  »,  ce  que  nombre 
de  Jacobins  désiraient,  ce  que  peu  de  Feuillants  pouvaient  espérer. 

Pas  de  réconciliation  possible,  soit  en  considération  des  principes, 
soit  en  considération  des  personnes.  Dans  l'un  et  l'autre  camp,  il  y 
avait  des  personnalités  rivales;  dans  l'un  et  l'autre  camp,  on  parlait 
au  nom  de  principes  contraires,  en  voulant  que  les  uns  l'emportas- 
sent sur  les  autres. 

Les  journaux  modérés,  ou  royalistes,  inclinaient  vers  les  Feuillants, 
à  quelques  exceptions  près. 

D'autre  part,  le  Patriote  françois,  journal  de  Brissot,  défendit  les 
Jacobins  contre  les  accusations  portées  par  les  Feuillants,  sans  aller 
aussi  loin  que  ï Orateur  du  peuple,  mais  non  moins  vigoureusement. 


(1)  Journal  des  CIu/js,   t.  III,  p.  S21  à  527. 

(2)  Tome  VII,  n»  8. 

(1!)  Voir  plus  bas,  Comité  autrichien. 

(i)  Chronique  (te  faris,  numéro  du  18  juillet  1701. 


326  LKS  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  A  tous  les  Jacobins,  sur  le  schisme  qu'on  élève  parmi  eux. 

«  Un  schisme  scandaleux  s'est  tout  à  coup  (^péré  parmi  les  Amis 
(le  la  Constitution  de  Paris  :  il  faut  en  dévoiler  et  les  causes  et  les 
auteurs, 

«  On  le  doit  aux  intrigues  de  ces  ambitieux  qui,  désespérés  d'avoir 
perdu  leur  crédit  dans  la  Société,  cherchent  à  s'en  venger. 

«  Ils  accusent  la  Société  d'être  tumultueuse  et  intolérante.  L'ont-ils 
quittée,  quand  elle  était  intolérante  dans  leur  sens  et  à  leur  gré? 

((  Ils  accusent  les  clubs  d'être  des  foyers  de  sédition,  et,  dans  cette 
accusation,  ils  enveloppent  môme  cette  Société.  Mais  avez-vous  donc 
cessé  un  seul  momient  de  respecter  et  de  maintenir  la  Constitution? 
Un  décret  a  été  rendu  contre  les  principes  que  vous  avez  défendus. 
Vous  avez  arrêté  d'obéir  au  décret,  mais  vous  en  avez  blâmé  les 
bases.  Obéir  est  le  devoir  d'un  bon  citoyen;  juger  et  censurer  un 
droit  de  l'homme  libre  :  voudroit-on  nous  enlever  le  droit  de  cen- 
sure? Mais  vous  ne  seriez  plus  libres,  vous  ne  seriez  plus  que  de 
misérables  esclaves,  forcés  de  vous  agenouiller  devant  la  tyrannie  de 
vos  représentans.  Les  Anglois,  on  le  sait,  sont  loin  de  la  hauteur  oti 
nous  avons  porté  la  liberté,  et  cependant  ils  ont  conservé  l'inalié- 
nable faculté  de  censurer  les  lois  du  parlement,  d'en  demander  cons- 
tamment la  réforme  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  obtenue... 

«  Les  députés  patriotes  qui  se  sont  réunis  aux  Feuillans  sont 
dupes  ici  de  l'intrigue  de  quelques  hommes  que  la  soif  de  dominer 
tourmente.  Ils  ont  longtemps  voulu  régner  sous  le  nom  du  peuple  : 
alors  ils  vantoient  sa  souveraineté;  ils  veulent  aujourd'hui  régner 
sous  le  nom  d'un  fantôme  de  roi,  qu'ils  retiennent  prisonnier,  après 
l'avoir  déclaré  inviolable,  et  ils  prêchent  son  inviolabilité  absolue. 
Ils  vouloient  régner  par  les  clubs  et  ils  vantoient  les  clubs.  Ils  les 
dénoncent,  ils  les  persécutent,  aujourd'hui  qu'ils  sont  démasqués. 
Lorsqu'ils  défendoient  la  bonne  cause,  ils  prêchoient  la  réunion  entre 
tous  les  patriotes  ;  ils  excitoient  tous  les  esprits  contre  une  société 
schismatique  qui  se  formoit.  Aujourd'hui  ils  arborent  eux-mêmes 
l'étendard  du  schisme;  et  pourquoi?  Parce  que  vous  n'avez  pas 
adopté  aveuglément  leur  opinion,  parce  que  vous  avez  eu  l'audace 
d'en  avoir  une  autre  ;  dès  lors  ils  vous  appellent  des  hérétiques  et  des 
factieux.  J'avois,  depuis  longtemps,  prévu  le  dénouement  de  la  co- 
médie qu'ils  jouaient.  Un  patriote,  disais-je,  qiii  sacrifie  une  seule 
fois  la  cause  de  la  liberté,- la  sacrifiera  dans  tous  les  cas  où  son  intérêt 
le  lui  commandera.  Déliez-vous,  ajoutai-je,  des  hommes  qui,  sous  le 
prétexte  de  raisons  d'état,  capitulent  avec  les  principes;  c'est  le  ca- 


CLUB  DES  FEUILLANTS  327 

ractère  du  faux  patriote;  le  vrai  patriote  est  inflexible,  invariable 
dans  sa  conduite;  cette  homogénéité  de  principes  et  de  conduite, 
cette  constante  probité  est  son  trait  distinctif. 

«  L'événement  a  démasqué  ces  faux  patriotes  et  ne  laisse  plus  à 
découvert  que  leur  ambition  de  dominer.  On  vouloit,  par  vous,  com- 
mander l'opinion  publique.  Cette  opinion  se  déclare  contre  eux,  et 
aussitôt  ils  veulent  briser  l'ouvrage  même  de  leurs  mains  ;  ils  veulent 
élever  autel  contre  autel... 

«...  Vous  n'avez  donc  rien  à  redouter  de  ce  schisme;  il  dévoile  vos 
adversaires;  il  prouvera  votre  force... 

»<  Ne  redoutez  donc  rien  des  manœuvres  de  la  coalition  :  l'incapa- 
cité, les  perfidies,  les  intérêts  opposés  de  ses  chefs  les  renverseront 
très  promptement... 

«...  Laissez  encore  l'intrigue  s'agiter  au  dehors  pour  tromper,  et 
les  départemens,  et  nos  sociétés  affiliées... 

«...  Or,  dans  cette  question,  la  lumière  a  été  portée  au  plus  haut 
degré  :  elle  l'a  été  par  les  journaux  dans  lesquels  les  départemens 
ont  placé  leur  confiance;  car,  et  je  dois  m'en  féliciter  ici  avec  tous 
les  amis  de  la  liberté,  il  n'y  a  qu'un  cri  sur  cette  question  parmi  tous 
les  journalistes  patriotes;  le  reste,  composé  de  feuilles  infectées  par 
l'aristocratie,  ou  de  feuilles  sans  couleur  ou  insignifiantes,  déshonore 
plus  nos  adversaires  en  les  louant,  »|u'en  les  blâmant  (1).  » 

Peu  de  jours  après,  le  27  juillet  1791  (2),  la  même  feuille  récrimi- 
nait ainsi  sur  l'envoi  d'une  adresse  des  Feuillants  aux  Sociétés  des 
départements  : 

«  Qui  est-ce  qui  a  payé  les  frais  de  l'envoi  des  courriers  de  la 
Société  des  Feuillans  dans  les  quatre-vingt-trois  départemens?  est- 
ce  le  salaire  de  la  députation?  est-ce  la  liste  civile,  ou  la  caisse  de 
l'extraordinaire  ?  Au  reste,  ces  courriers  n'ont  pas  été  généralement 
bien  reçus.  On  a  suspecté  cet  empressement. 

«  La  Gazette  universelle  a  déjà  annoncé  comme  un  grand  triomphe 
l'affihation  d'uNE  société  de  département  aux  Feuillans.  >> 

La  Société  des  Amis  de  la  Constitution  séante  aux  Jacobins  ne  pou- 
vait manquer  d'affirmer,  elle  aussi,  le  bien  fondé  de  son  attitude  et 
de  publier  les  raisons  qui  militaient  en  sa  faveur. 

Les  Jacobins  avaient,  le  17  juillet  1791,  pris  un  arrêté  et  rédigé 
une  Adresse  de  leur  Club  aux  patriotes  de  France,  auxquels  ils  décla- 


(1)  Patriote  françois,  n»  709,  19  juillet  1791. 

(2)  Patriote  français,  n"  717.  27  juillot  1791. 


328  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

raient  catégoriquement  l'influence  de  certaines  personnalités  dans  la 
scission,  en  s'élevant  contre  les  calomnies  dont  eux-mêmes  étaient 
l'objet  : 

«  La  question  de  la  royauté  a  divisé  en  deux  parties  la  Société  des 
Amis  de  la  Constitution,  séante  aux  Jacobins.  Ceux  que  l'exagération 
outrée  de  l'esprit  de  la  Société  a  forcés  à  se  retirer,  ont  formé  une 
seconde  Société  d'Amis  de  la  Constitution  séante  aux  Feuillans. 
L'ancienne  Société  ménage  peu  la  nouvelle;  suivant  elle,  MM.  Bar- 
nave,  Duport,  Lamelh^  etc  ,  ont  établi  un  schisme  parce  qu'ils  ne 
pouvoient  plus  dominer.  Sans  examiner  encore  la  justesse  de  ces  re- 
proches, après  avoir  remarqué  que  la  nouvelle  Société  est  en  ce  mo- 
ment environnée  de  l'approbation  des  bons  patriotes  et  vrais  amis 
de  la  Constitution,  nous  nous  bornerons  à  présenter  l'arrêté  de  l'an- 
cienne Société  dans  sa  séance  du  17,  avec  l'adresse  qu'elle  envoie  aux 
sociétés  des  départemens,  et  l'adresse  qu'envoie  de  son  cCAô  la  nou- 
velle Société  aux  mêmes  sociétés  des  départemens.  » 

«■  Arrêté  de  la  Société  séante  aux  Jacobins,  du  f  7 . 

«  La  Société  des  Amis  de  la  Constitution,  délibérant  sur  les  cir- 
constances présentes  ;  considérant  que  les  ennemis  du  bien  public 
ont  profité  de  cette  occasion  pour  redoubler  leurs  calomnies  contre 
des  citoyens  uniquement  et  constamment  dévoués  au  salut  de  la 
chose  publique;  considérant  qu'on  a  particulièrement  répandu  avec 
profusion,  comme  des  productions  de  la  Société,  plusieurs  imprimés, 
ou  entièrement  faux,  ou  insidieusement  falsifiés  :  déclare  qu'elle  dé- 
ment formellement  et  ces  faux  bruits  et  ces  faux  imprimés.  Déclare, 
de  plus,  que  les  membres  qui  composent  ladite  Société,  fidèles  à  l'en- 
gagement que  leur  impose  le  titre  qu'ils  ont  pris  d'Amis  de  la  Cons- 
titution, jurent  de  nouveau  de  la  maintenir  de  tout  leur  pouvoir,  et 
d'être,  ainsi  qu'ils  l'ont  toujours  été,  soumis  aux  décrets  rendus  par 
l'Assemblée  nationale.  —  En  conséquence,  elle  a  arrêté,  à  l'unani- 
mité, d'envoyer  la  présente  déclaration  à  toutes  les  sociétés  qui  lui 
sont  affiliées,  et  de  lui  donner  la  plus  grande  publicité  par  la  voie  des 
journaux  et  par  tous  les  autres  moyens  autorisés  par  la  loi.  » 

«  Dans  la  même  séance,  il  a  été  arrêté  encore  qu'il  seroit  envoyé 
une  adresse  aux  sociétés  affiliées. 

«  Adresse  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  aux  Sociétés 

affiliées. 

«  Au  moment  où  nous  croyions,  après  avoir  vaincu  tous  les  enne- 
mis de  la  Constitution,  voir  l'Assemblée  nationale  toucher  au  tei'me 


CLUB  DES  FEUILLANTS  329 

de  ses  grands  travaux,  un  triste  événement  vient  suspendre  notre 
joie  et  nos  espérances.  Un  schisme  se  manifeste  au  sein  même  de 
cette  Société,  qui  se  glorifioit  de  posséder  dans  son  sein  les  plus  intré- 
pides défenseurs  de  la  Révolution,  et  de  rallier  autour  d'elle  les  vœux 
de  toutes  les  sociétés  patriotiques  de  la  France.  En  vous  en  exposant 
les  causes,  pardonnez-nous  de  jeter  un  voile  sur  la  plupart;  il  est 
triste  pour  des  amis  de  la  patrie  d'accuser  ceux  qu'ils  ont  chéris 
comme  leurs  frères.  —  Vous  avez  vu  les  combats  soutenus  sur  la 
grande  question  de  l'évasion  du  roi  et  son  inviolabilité  absolue. 
L'opinion  de  la  Société  vous  est  connue;  elle  se  glorifie  de  la  parta- 
ger avec  presque  toutes  les  Sociétés  du  royaume.  —  Constante  dans 
la  marche  loyale  et  franche  qu'elle  a  toujours  suivie  dans  ses  discus- 
sions, elle  avoit  ouvert  une  arène  libre  à  toutes  les  opinions.  Le 
parti  pour  lequel  penchoit  la  Société  n'étoit  pas  celui  qui  triomphoit 
dans  les  comités.  La  plupart  de  leurs  membres  se  sont  abstenus  d'y 
paroilre.  Le  décret  a  été  rendu  contre  les  principes  soutenus  par  la 
Société.  —  Soumise  aux  décrets,  elle  a  respecté  la  décision  de  l'As- 
semblée nationale.  Mais  ce  succès  n'a  point  découragé  les  hommes 
qui,  désespérés  d'avoir  perdu  dans  la  Société  un  ascendant  qui  n'est 
dû  qu'à  la  raison,  ont  cherché  à  se  venger  en  essayant  de  briser 
l'autel  même  sur  lequel  ils  avoient  tant  de  fois  soutenu  la  cause  de 
la  patrie.  Se  fondant  sur  une  protestation  contre  les  décrets  (protes- 
tation qui  n'a  jamais  existé),  ils  ont  effrayé,  égaré  les  esprits  des 
membres  de  l'Assemblée  nationale  qui  étoient  restés  attachés  à  cette 
Société,  et,  dans  une  séance  particulière  tenue  aux  Feuillans,  la  scis- 
sion a  été  résolue.  Elle  nous  a  affligés,  sans  nous  décourager.  Ce 
schisme  est  le  fruit  de  la  surprise,  de  l'erreur,  et  l'erreur  n'a  qu'un 
tems.  L'Assemblée  nationale  renferme  dans  son  sein  une  masse  res- 
pectable de  patriotes  vertueux  qui  veulent  sincèrement  la  Constitu- 
tion :  or,  il  est  impossible  qu'éclairés  sur  les  manœuvres  par  les- 
quelles ils  ont  été  séduits,  entraînés  par  l'exemple  de  ces  députés 
qui  ont  toujours  été  fidèles  aux  vrais  principes,  des  Pétion,  des  Ro- 
bespierre, etc.,  qui  nous  restent  invariablement  unis,  ces  Amis  de  la 
Constitution  se  séparent  longtemps  d'une  Société  qui  peut  se  glorifier 
d'avoir  été  son  berceau,  d'avoir  été  constamment  son  boulevard,  qui 
persévère  et  persévérera  toujours  dans  les  mêmes  principes.  Non, 
nos  frères  ne  croiront  pas  qu'une  Société  qui  a  donné  des  preuves 
aussi  frappantes  de  son  patriotisme  les  efface  en  un  moment  et  dé- 
chire son  propre  ouvrage.  Nous  vous  conjurons  donc,  au  nom  de  la 
patrie,  de  ne  point  précipiter  votre  décision  sur  ce  schisme,  d'at- 
tendre les  lumières  que  l'avenir  vous  fournira,  de  comparer  notre 


330  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

conduite,  nos  principes,  avec  ceux  de  nos  adversaires.  Nous  vous 
conjurons  de  continuer  une  correspondance  si  nécessaire,  dans  un 
temps  où  nos  divisions  peuvent  relever  les  espérances  des  ennemis 
de  la  chose  publique.  Son  salut  tient  à  la  réunion  de  tous  à  la  Cons- 
titution. Que  ce  mot  nous  serve  de  ralliement  :  il  ne  peut  nous  égarer. 
Nous  avons  juré  de  mourir  fidèles  à  cette  Constitution.  Vous  avez 
prêté  le  même  serment.  Des  frères  qui  n'ont  que  le  même  objet  ne 
peuvent  rester  longtemps  désunis...  (1).  » 


VI 


La  presse  révolutionnaire,  se  mettant  de  la  partie,  ne  parlait  pas 
plus  haut  de  patriotisme  que  ne  le  fit  la  presse  contre-révolutionnaire. 
Le  Babillard  écrivit  : 

((  Société  des  Amis  de  la  Constitution^  séante  aux  Feuillans. 

«  Tous  les  membres  patriotes  de  l'Assemblée  nationale,  à  l'excep- 
tion de  cinq  ou  six,  se  sont  réunis  à  cette  Société.  Les  dernières 
séances  des  Jacobins  n'ont  pas  ou  cent  personnes  :  tous  les  honnêtes 
gens  étaient  depuis  longtemps  fatigués  de  l'empire  que  les  factieux 
avaient  usurpé,  et  tous,  avec  le  plus  vif  empressement,  ont  aban- 
donné la  place  à  cette  bande  effrénée.  Les  véritables  Amis  de  la 
Constitution  s'assemblent  aux  Feuillans,  oîi  les  sociétés  des  départc- 
mens  vont  bientôt  reconnaître  les  seuls  affdiés  et  les  seuls  correspon- 
dans  qu'il  leur  importe  de  conserver  (2).  » 

Cette  assertion  était  absolument  contraire  à  la  vérité,  ainsi  qu'on 
l'a  vu  plus  haut.  Le  mot  de  factieux.,  ceux  de  hande  effrénée  trompaient 
le  public  patriote. 

Dans  la  séance  du  18  juillet  1791,  aux  Jacobins,  Pétion  annonça, 
comme  «  l'opinion  particulière  de  quelques-uns  des  membres  des 
Feuillants,  que  l'intention  de  ces  messieurs  était  d'admettre  parmi 
eux  les  membres  des  Jacobins  qui  voudraient  se  soumettre  à  la  for- 
malité d'usage  pour  la  réception  (3).  »  L'objet  fut  ajourné;  personne 
ne  prit  la  parole  en  faveur  de  cette  opinion. 

Quelques  jours  après,  \e  Babillard  démasquait  ses  batteries;  il  ne 


(1)  Adresse  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  séante  aux  Jacobins  de 
Paris,  aux  Sociétés  affiliées  (17  juillet  1791).  —  Le  Patriote  français,  du  20  juil- 
let 1791,  reproduit  cette  adresse,  avec  quelques;  variantes  dans  la  rédaction. 

(2)  Le  Babillard,  numéro  du  21  juillet  1791. 

(3)  Séance  du  18  juillet  1791  aux  .lacnbins,  présidence  de  M.  Bouche. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  331 

pensait  qu'aux  prérogatives  de  la  royauté,  en  fait  de  régime  consti- 
tutionnel, et  il  traçait  l'apologie  de  Le  Chapelier  dans  les  phrases 
qui  suivent  (1): 

«  Société  des  Amis  de  In  Constitution,  séante  aux  Feuillans.  Dans  la 
séance  du  19  du  courant,  M.  Chapelier  a  fixé  l'attention  de  l'Assem- 
blée sur  les  mesures  à  prendre  pour  assurer  la  liberté  du  roi,  quand 
on  lui  présentera  l'acte  constitutionnel.  Il  a  dit  que  le  comité  de  cons- 
titution présenterait  un  projet  de  décret  par  lequel  l'Assemblée  natio- 
nale déclarerait  à  toute  l'Europe  que  Louis  XVI  est  libre  d'accepter 
ou  de  refuser  la  charte  constitutionnelle  du  peuple  françois;  l'As- 
semblée déclarerait  encore  à  Louis  XVI  qu'il  est  libre  de  conserver  la 
couronne  ou  d'y  renoncer,  de  choisir  telle  ville  du  royaume  qu'il 
jugera  convenable  pour  y  examiner  l'acte  constitutionnel,  et  de 
prendre  pour  la  sûreté  de  sa  personne  telle  garde  qu'il  jugera  néces- 
saire. 

«  Les  Amis  de  la  Constitution,  en  applaudissant  à  ces  mesures,  ont 
montré  des  inquiétudes  sur  la  liberté  qu'on  laissait  au  roi  de  s'envi- 
ronner d'un  nombre  infini  de  gardes  qui  ne  seraient  pas  désignés. 
MM.  Salles  et  Chassey  ont  observé  que  si  les  aristocrates  et  les  contre- 
révolutionnaires  pouvaient  entourer  Louis  XVI,  ils  dicteraient  sa 
réponse  et  se  rendraient  maîtres  de  toutes  ses  volontés.  M.  Chapelier 
a  répondu  que  le  roi  ne  devait  pas  avoir  la  faculté  de  choisir  ses 
gardes  parmi  les  ennemis  de  la  France  qui  sont  aussi  les  siens;  mais 
seulement  parmi  les  citoyens  armés  qui  composent  la  force  publique. 
Cette  explication  a  dissipé  toutes  les  craintes,  et  l'opinion  de  M.  Chn- 
pelier  est  devenue  celle  de  la  Société.  » 

A  moins  d'être  décidés  à  se  lancer  dans  la  réaction,  les  dissidents 
devaient  regretter  parfois  leur  acte  séparatiste. 

Plusieurs  Feuillants  demandèrent  à  rentrer  dans  la  Société  des 
Amis  delà  Constitution^  séante  aux  Jacobins.  Sur  la  motion  de  Robes- 
pierre, appuyé  par  le  girondin  Guadet,  la  Société  vota  à  l'unanimité 
l'exclusion  de  ses  membres  devenus  Feuillants. 

11  y  eut  pourtant  des  pourparlers  entre  les  deux  Sociétés.  On  espé- 
rait toujours  une  réconciliation  complète  ou  partielle. 

A  la  lin  de  juillet,  YOrateur  du  peuple  imprima  :  «  Barnave,  La- 
meth,  fondateurs  du  Club  des  Jacobins,  sont  parvenus  à  semer  la 
division  parmi  celte  Société.  Clermont-Tonnerre,  qui  a  eu  à  sa  solde, 
pendant  l'hiver  dernier,  dix  à  douze  auteurs  faméh'ques,  à  .'JOO  li- 

(1)  Le  Bahlllard,  numéro  du  2.3  août  1791. 


332  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

vres  par  mois,  est  membre  de  ce  nouveau  Club  monarchique  (1).  » 

Le  20  juillet  1791,  les  Jacobins  nommèrent  une  première  députa- 
tion  pour  se  rendre  aux  Feuillants.  C'étaient  Mendouze  (2)  et  Ker- 
saint  (3).  Le  premier  avait  formulé  et  fait  adopter  cette  motion  : 
«  Que  les  membres  composant  la  Société  séante  aux  Feuillans  soient 
rappelés  aux  Jacobins,  et  qu'il  soit  nommé  trente  commissaires,  dont 
quatorze  appartenant  à  l'Assemblée  nationale,  pour  procéder  à  la 
réforme  du  régime  intérieur  du  Club.  »  Le  second  partageait  l'opi- 
nion de  Mendouze,  mais  sans  enthousiasme. 

Cette  avance  prouvait  la  bonne  volonté  des  Jacobins,  regrettant  la 
division,  et  revenant  sur  leur  décision  indiquée  plus  haut,  disposés 
à  vivre  en  bonne  intelligence  avec  les  personnes,  sans  rien  céder 
quant  aux  principes. 

Comment  répondit  la  Société  des  Feuillants?  Par  un  moyen 
dilatoire  imaginé  par  Goupil  de  Préfeln,  qui  avait  présidé  les  Jaco- 
bins en  mai  1791,  et  dont  les  opinions,  pendant  toute  sa  vie,  ont 
été  tantôt  monarchiques,  tantôt  républicaines;  qui,  plus  tard, 
siégea  au  Tribunal,  après  avoir  appuyé  le  coup  d'État  du  18  bru- 
maire. 

Goupil  de  Préfeln  présidait  alors  le  Club  des  Feuillants.  Il  répondit 
que  la  Société  n'était  pas  assez  nombreuse  en  ce  moment  pour  déli- 
bérer sur  un  objet  si  important;  qu'elle  examinerait,  dans  sa  pro- 
chaine séance,  la  proposition  des  Jacobins. 

La  députation  rendit  compte  immédiatement  de  sa  mission.  C'était 
le  mercredi  20  juillet  1791.  Les  Jacobins  virent  bien  que  leurs  an- 
ciens collègues,  devenus  Feuillants,  affectaient  à  leur  égard  l'indiffé- 
rence et  le  mépris,  que  la  majorité  s'obstinait. 

Le  22  juillet,  un  membre  des  Jacobins  proposa  d'envoyer  une  se- 
conde députation  aux  Feuillants.  Santerre  et  plusieurs  membres 
représentèrent  cette  mesure  comme  indigne  de  la  Société.  Bourdon, 
deux  jours  après,  lut  un  projet  d'adresse  aux  Feuillants.  Robespierre 
exposa  que  l'on  devait  «  décider,  avant  tout,  que  la  Société  avait  été 
et  serait  toujours  celle  des  Amis  de  la  Constitution.  » 

Le  24  juillet,  aux  Jacobins,  on  comprit  que  la  Société  des  Feuil- 
lants «  se  considérait  comme  la  vraie  et  légitime  Société  des  Amis  de 


(1)  L'Orateur  du  Peuple,  t.  VU,  n"  9.  —  Voir  plus  haut,  Club  monarchique. 

(2)  Mendouze  faisait  partie,  aux  Jacobins,   du  comité  de  présentation  et  de 
vérification. 

(.3)  Armand  Guy,  comte  de  Kersaint,  futur  conventionnel.  Guillotiné  le  4  dé- 
cembre 1793. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  333 

la  Constitution.  »  La  réponse  des  Feuillants  au  président  des  Jaco- 
bins l'ut  lue  : 

«  Monsieur,  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution,  délibérant  sur 
les  propositions  qui  lui  ont  été  faites  de  la  pari  de  celle  que  vous  pré- 
sidez, a  décidé  qu'elle  ne  pouvait  pas  les  admettre.  Elle  a  cru  cepen- 
dant devoir  prendre  des  moyens  faciles  et  sûrs  pour  recevoir  dans  son 
sein  ceux  d'entre  vous  qui  pourraient  désirer  de  s'y  réunir.  La  Société, 
Monsieur,  vous  fait  passer  un  extrait  des  articles  qu'elle  a  arrêtés, 
dans  cette  intention,  à  sa  dernière  séance,  afin  que  vous  en  donniez 
connaissance  à  la  Société  que  vous  présidez. 

«  Goupil-Préfkln,  ^)m?'(/e/j/.  » 

Cela  ressemblait  fort  à  un  refus. 

Parmi  les  articles  dont  parlait  Goupil  de  Préfeln,  on  trouvait  celui- 
ci  :  «  Les  seuls  citoyens  actifs  seront  reçus  par  les  Feuillants.  » 
Ceux-ci  excluaient  donc  les  «  pauvres  »,  observait-on.  La  presse  pa- 
triote s'occupa  des  tentatives  de  réconciliation,  des  conditions  incon- 
venantes faites  par  les  Feuillants. 

Le  Courrier  de  Gorsas  contenait  ces  phrases  dans  un  de  ses  nu- 
méros : 

«  La  Société  des  Amis  de  la  Constitution  réunis  aux  Jacobins  dé- 
puta, avant-hier,  plusieurs  de  ses  membres  vers  le  Club  des  Feuil- 
lans  pour  les  (sic)  proposer  de  mettre  lin  à  toutes  les  divisions. 
«  Nous  sentons,  a  dit  à  peu  près  l'orateur,  la  nécessité  de  purger 
notre  Société  d'un  amas  d'intrigans  et  d'aristocrates;  mais  quelques 
membres  gangrenés  ne  doivent  pas  relâcher  les  liens  des  vrais  amis 
de  la  Constitution.  Nous  vous  supplions,  frères  et  amis,  de  ne  pas 
perpétuer  un  schisme  funeste  pour  la  cause  publique.  Réunissons- 
nous,  et,  par  le  moyen  d'un  scrutin  épuratoire,  repoussons  les  mem- 
bres suspects  qui  pourroient  nous  diviser  encore.  »  —  M.  Bouche, 
président  de  la  Société,  répondit  que  «  l'on  délibéreroit  sur  cette 
demande.  Puisse  une  démarche  aussi  louable  n'être  pas  infruc- 
tueuse!... (1).  » 

Mais,  d'après  une  lettre  adressée  à  Corsas,  les  Feuillants  firent  la 
réponse  suivante  aux  Jacobins,  réponse  remise  par  un  commission- 
naire à  un  censeur  : 

«  Nous  ne  pouvons  acquiescer  à  vos  propositions.  Nous  vous 
envoyons  notre  règlement...  (2).  » 

(1)  Courrier  de  G.orsas,  1791,  22  juillet,  ii"  XXII. 
(2j  Courrier  de  Gorsan,  1791,  29  juillet,  ii"  XXiX. 


334  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Los  Annales  patriotiques  constatèrent  :  «  Le  Club  des  Jacobins  a 
t'ait,  pour  la  réunion,  les  propositions  les  plus  amicales  et  les  plus 
justes  à  celui  des  Feuillants.  Elles  ont  été  rejetées  avec  hauteur  par 
ces  derniers.  Quelle  sera  la  suite  de  cette  scission?  Je  Tignore,  Mais 
je  dois  dévoiler  aux  Sociétés  des  départements  le  projet  secret  et 
(juc  je  puis  affirmer.  On  veut  dissoudre  tous  les  clubs  de  France,  leur 
vigilance  importune.  Que  les  amis  de  la  liberté,  dans  ces  clubs,  se 
rallient  autour  des  principes  et  s'opposent  à  cette  dissolution.  Ce 
serait  le  signal  de  la  perte  de  la  liberté  (1)   » 

Le  môme  jour,  le  Patriote  franmis  invitait  toutes  les  Sociétés  des 
départements  à  correspondre  avec  les  deux  de  Paris  et  à  imiter  celle 
de  Versailles,  qui  a  témoigné  qu'elle  resterait  attachée  à  celle  des 
deux  qui  serait  «  la  plus  fidèle  aux  principes  de  la  Constitution,  fon- 
dée sur  la  déclaration  des  droits.  » 

La  veille,  le  Journal  de  la  Révolution  émettait  cet  avis  :  —  «...  Si 
la  réunion  ne  s'opère  pas,  les  Jacobins,  par  leurs  rapprochements 
fraternels,  se  seront  mis  du  moins  à  l'abri  de  tous  reproches.  Si  les 
dissidents  persistent  à  faire  schisme,  il  est  vraisemblable  qu'il  s'éten- 
dra sur  tout  le  royaume,  et  qu'ainsi  les  liens  qui,  d'un  bout  de  la 
France  à  l'autre,  unissaient  tous  les  amis  de  lat^onstitution  et  entre- 
tenaient sur  la  surface  de  l'empire  une  masse  imposante  de  lumières, 
de  vigilance  et  de  patriotisme,  il  est  probable,  disons-nous,  que  ces 
liens  seront  brisés;  et  c'est  ce  que  nos  ennemis  désirent  et  préparent 
depuis  si  longtemps  En  effet,  parmi  les  sociétés  affdiées,  les  unes 
pourront  s'attacher  aux  Feuillants,  les  autres  aux  Jacobins,  d'autres 
rester  neutres;  et,  dès  lors,  plus  d'union,  plus  de  cette  correspon- 
dance suivie,  qui,  d'un  moment  à. l'autre,  surveillait,  éclairait  les 
complots  perfides,  et  en  a  tant  déjoué  depuis  le  commencement  de  la 
Révolution...  (2).  » 

Imitant  les  Feuillants,  les  Jacobins  épurèrent  leur  Société;  ils  vou- 
lurent que  ses  membres  donnassent  des  gages  d'attachement  com- 
plet aux  principes  qu'ils  professaient. 

On  lit  dans  les  Révolutions  de  Paris^  du  23  au  30  juillet  1791, 
n"  107  : 

«  La  Société  des  Amis  de  la  Constitution,  séante  aux  Jacobins,  a 
arrêté  que  tous  les  membres  qui  désirent  rester  dans  son  sein  seront 
tenus  de  signer  la  déclaration  suivante  : 

(1)  Annales  patriotiques  de  Carra,  numéro  du  25  juillet  1791. 
(à)  Journal  de  ta  Révolution,  numéro  du  24  juillet  1791; 


CLUB  DES  FEUILLANTS  335 

w  Je  déclare  que  j'ai  l'intention  de  rester  membre  de  la  Société  des 
«  Amis  de  la  Constitution,  séante  aux  Jacobins,  et  que  je  me  soumets 
«  à  tout  mode  d'épreuve  épuratoire  déterminé  par  elle.  » 

«  En  vain  la  coalition  a-t-elle  déserté  cette  Société,  elle  n'en  a  em- 
porté que  les  erreurs  et  les  préjugés,  le  patriotisme  y  est  resté.  Les 
coalisés  réunis  aux  Feuillans  calomnient  de  toutes  parts  la  Société 
des  Jacobins...  » 

Tout  individu  qui  voulut  faire  partie  du  Club  des  Jacobins  dut 
préalablement  adhérer  à  la  note  ci-dessus,  citée  aussi  par  le  Courrier 
de  Gorsas,  qui  publia  cet  avis  : 

«  Avis  à  loutes  les  Sociéli's  affiliées  aux  Jacobins. 

«  Les  sociétés  affdiées  qui  désirent  que  leurs  paquets  parviennent 
aux  Jacobins  et  non  aux  Feuillans,  sont  priées  de  mettre  l'adresse 
suivante  :  «  A  l'adresse  des  Amis  de  la  Constitution,  séante  aux 
Jacobins.  »  —  Sans  cette  précaution  les  paquets  s'engloutissent  dans 
la  boëte  des  amis  de  la  liste  civile.  —  Les  journaux  patriotes  sont 
priés  d'insérer  cet  avis  (1).  » 

Parmi  les  Sociétés  de  province,  les  unes  demandèrent  la  réunion 
des  Jacobins  et  des  Feuillants;  d'autres  adhérèrent  à  ceux-ci,  d'autres, 
enfin,  continuèrent  leur  affiliation  avec  les  Jacobins  seuls. 

Comparons  les  totaux  —  pour  la  réunion,  —  pour  les  Feuillants, 
—  pour  les  Jacobins. 

Jusqu'au  31  juillet,  pour  la  réunion  se  prononcèrent  les  Sociétés 
d'Artonne,  de  Versailles,  de  Melun,  du  Havre,  de  Poitiers,  d'Aire,  de 
Villeneuve -le-Roi,  de  Rennes,  de  Bernay,  de  Beaune,  de  Noyon,  de 
Beaugency,  de  Riom,  de  Semur,  de  Louviers,  d'Alençon,  de  Verneuil, 
de  Dijon,  de  Valence,  de  Lorient,  de  Saint-Sever,  de  Valan,  de  Mon- 
tauban,  d'Huningue,  de  Givry,  de  Chartres,  d'Orléans,  de  Maubeuge, 
d'Autun,  de  Saint-Malo,  de  Troyes,  de  Courtenay,  de  Bordeaux, 
d'Angers,  de  Bléré,  de  Grenoble,  de  Saint-Etienne,  de  Beauvais,  de 
Sèvres,  de  Faouet,  de  Château-Renard,  d'Argentan,  de  Bergerac,  de 
Villefranche  (Rhône-et-Loire),  de  Tournus,  de  Saint-Denis,  de  Baycux, 
de  Nantes,  de  Belfort,  de  Chinon,  de  Port-Louis,  de  Besançon,  de 
Mer,  de  Pont-de-Vaux,  de  Meyssac,  de  Mugron,  de  Montpellier,  de 
Romans,  de  Saint-Servan,  de  Charolles,  d'Ornans,  de  Guingamp,  de 
Turenne,  d'Annonay,  de  Saint-Brieuc,  de  Saint-Gengoux-le-Natio- 
nal,  de  Condrieux,  de  Cadillac,  de  Beausset,  de  Castelnaudary,  de 

(1)  Courrier  de  Oumas,  du  31  juillet  1791,  ii°  XXXI. 


336  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Tonneins,  de  Mâcon,  de  Guérande^  de  l'Ile-en-Jourdain,  de  Reims, 
de  Bœchiseiler,  d'Alais,  de  Soissons,  d'Aubagne. 

Soit  au  moins  soixante-dix-neuf  Sociétés  de  province. 

Firent  adhésion  aux  Feuillants  les  Sociétés  :  de  Chàlons-sur-Marne, 
de  Tours,  de  Lyon,  de  Nevers,  d'Auxerre,  de  Brie-Comte-Robert,  de 
Valognes  de  Bar-sur-Seine,  de  Cherbourg,  de  Saint-Omer,  de  Pé- 
ronne,  de  DiMe,  de  Les  Riceys,  de  Saint-Dié,  d'Agen,  de  Cholet,  de 
Marmande,  de  Vienne,  de  Vimoutier,  de  Colmar,  de  Verneuil,  de 
Villeneuve-d'Agen,  de  Merin,  d'Alby,  de  Fontenay-le-Comte,  de 
Souillac,  de  Nimes,  de  Bagnols,  d'Auch,  de  Saint-Lô,  de  Guéret,  de 
Muretj  de  Toulouse,  de  Tarascon,  de  Calais,  de  Clairac,  de  Castél- 
Sarrazin,  de  Rouen,  de  Mirande,  de  Limour,  de  Tartas,  de  Mont- 
faucon. 

Le  14  août,  quatre  Sociétés  se  rallièrent  aux  Feuillants  :  celles  de 
Rouen,  de  Commercy,  de  Cambray,  et  d'une  ville  indiquée  par  ces 
mots  :  proche  Cambray. 

Soit,  au  total,  quarante-six  Sociétés. 

Plusieurs  Sociétés  de  province  attaquaient  vivement  les  Feuillants, 
reprochaient  à  l'Assemblée  nationale  de  garder  dans  son  sein  quatre- 
vingt-quinze  députés  qui  avaient  voté  contre  ses  décrets  après  la 
fuite  du  roi. 

Firent  union  pure  et  simple  avec  les  Jacobins  :  les  Sociétés  de 
Châlon-sur-Saone,  d'Effiat,  de  Brest,  la  Société  populaire  de  Lyon, 
les  sociétés  de  Tulle,  de  Riom,  de  Versailles  (déclaration  du 
29  juillet),  de  Pontoise,  de  Chàteaudun,  de  Strasbourg,  d'Artonne 
(qui  prit  parti  pour  les  Jacobins),  de  Nogent-le-Rotrou,  d'Amiens, 
d'Argental,  de  Moissac  ;  (it  enfin  plusieurs  Sociétés  de  Paris.  Ajoutons 
que  d'autres  Sociétés  se  prononcèrent  nettement  :  Meaux,  Marseille, 
Toulouse,  Lille,  Toulon,  Bordeaux,  Nancy,  Limoges,  Saint-Omer, 
Metz,  Evreux,  Dieppe.  Le  nombre  des  affiliations  augmenta  de  jour 
en  jour. 

Les  Sociétés  de  Calais  et  de  Chinon,  faisant  des  vamx  pour  la  réu- 
nion, correspondirent  provisoirement  avec  les  Feuillants  et  les 
Jacobins. 

Les  Nomopkiles  envoyèrent,  en  août  1791,  une  adresse  aux  Jaco- 
bins et  aux  Feuillants  pour  les  engager  «  à  se  tendre  réciproquement 
les  bras.  » 

Mais  la  querelle  s'envenimait,  aussi  bien  dans  la  presse  que  dans 
les  deux  clubs. 

Les  Feuillants  se  croyaient  sûrs  de  la  victoire,  et  ils  appuyèrent 
sur  l'exclusion  des  Jacobins  de  leur  Société,  n'imaginant  pas  que 


CLUB  DES  FEUILLANTS  337 

celle-ci  éprouverait  des  défections.  Mais  les  choses  tournèrent  à  leur 
désavantage. 

Le  Courrier  de  Gorsas  (1791,  n"  V,  5  août)  annonça  : 

«  Sociélé  des  Feuillans. 

«  La  Société  des  Feuillans  ayant  arrêté  qu'on  ne  pouvoit  pas 
appartenir  en  même  temps  à  la  Société  séante  aux  Jacobins,  plu- 
sieurs membres  se  sont  retirés;  de  ce  nombre  sont  MM.  Kerve- 
legan  (1),  Buzot,  Anthoine  et  l'évêque  de  Blois  (2),  etc.  (Ils  étoient  en 
môme  temps  des  deux  Sociétés.)  Ce  qui  les  a  encore  déterminés  à 
prendre  ce  parti,  est  le  résultat  du  scrutin  épuratoire,  au  moyen  du- 
quel la  Société  des  Jacobins  se  trouve  complètement  purgée.  » 

Ce  fait  est  rapporté  aussi  par  Carra  (3).  . 

Aux  Jacobins  tentant  une  réconciliation,  les  Feuillants  répondi- 
rent qu'ils  n'admettraient  parmi  eux  que  les  Jacobins  qui  accepte- 
raient leurs  nouveaux  règlements.  Or,  nous  le  savons,  un  des  articles 
de  ces  règlements  interdisait  de  recevoir  quiconque  n'était  pas 
«  citoyen  actif  »,  ne  payait  pas  d'impôt  direct.  C'est  alors  que,  selon 
la  motion  de  Robespierre,  les  Jacobins  adressèrent  à  leurs  corres- 
pondants de  province  une  adresse  établissant  que  la  scission  entre 
les  deux  clubs  provenait  de  l'exclusion  des  «  pauvres  «  par  les  Feuil- 
lants. Un  règlement  nouveau  des  Jacobins  épura  et  réorganisa  leur 
club,  qui  prit  une  extension  de  plus  en  plus  considérable. 

En  août  1791,1e  Courrier  de  Gorsas  proclamait  le  triomphe  des  Ja- 
cobins, auxquels  les  Feuillants  «  éclairés  enfin  »  se  rendaient  en 
grand  nombre,  comme  on  l'a  vu  par  la  comparaison  de  la  première 
liste  avec  la  deuxième  (4). 

«  Les  Feuillans  sont  presque  entièrement  abandonnés,  remarquait 
le  Patriote  Français.  Les  chefs  du  schisme  n'y  reparoissent  plus,  les 
meilleurs  patriotes  se  sont  réunis  aux  Jacobins,  et  il  faut  espérer 
qu'avant  peu  de  temps  on  se  souviendra  à  peine  qu'il  a  existé  un 
schisme  (5).  » 

Néanmoins,  les  dissidents  eurent  encore  un  regain  de  succès,  à 
cause  de  leurs  relations  avec  l'autorité  municipale  de  Paris.  Plusieurs 


(i)  Constituant;  plus  tard  conventionnel,  membre  du  conseil  des  Anciens,  des 
Cinq-Cenis  et  du  Corps  législatif. 

(2)  L'abbé  Henri  Grégoire,  évêque  constitutionnel  de  Blois. 

(3)  Annales  patriotiques. 

(4)  Listes  imprimées  plus  haut,  p.  286  et  suiv. 

(5)  Le  Patriote  français,  21  août  17'J1,  p.  "42. 

22 


338  LES  CLUBS  GONTRE-RKVOLUTIONNAIRES 

journaux  modérés  leur  prêtèrent  assistance,  ne  leur  ménagèrent  pas 

les  réclames,  comme  on  dirait  aujourd'hui.  , 

La  Gazette  nationale^  favorable  aux  Feuillants,  inséra  la  déclara- 
tion suivante  : 

«  La  Société  des  Amis  de  la  Constitution  séante  à  Châlons,  dépar- 
tement de  la  Marne,  déclare  qu'à  compter  de  ce  jour^  elle  n'entre- 
tiendra plus  de  correspondance  avec  aucune  Société  de  l'empire,  si  , 
ce  n'est  avec  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution,  séante  aux  Feuil- 
lans,  et  les  autres  Sociétés  qu'elle  considérera  comme  lui  étant 
affiliées  (1).  » 

D'autre  part,  la  Société  des  Jacobins  d'^Effiat  déclara  qu'elle  restait 
avec  la  Société-mère  ;  celles  de  Chartres,  de  Brest,  de  Dieppe,  de 
Sezanne,  de  Beaugency,  de  Poitiers,  de  Lesparre,  d'Aire,  de  Lyon  et 
d'Orléans,  opinèrent  de  même.  La  Société  de  Strasbourg- décida 
qu'elle  correspondrait  et  avec  les  Feuillants  et  avec  les  Jacobins 
(juillet  1791). 

A  la  fin  de  juillet,  la  Société  de  Riom  annonça  aux  Jacobins  qu'une 
partie  de  ses  membres  avait  arrêté  de  correspondre  avec  les  Feuil- 
lants, et  que,  alors,  les  vrais  Amis  de  la  Constitution  s'étaient  retirés 
dans  la  maison  des  Génovéfains  et  priaient  les  Jacobins  de  corres- 
pondpe  avec  eux  (2). 

Il  paraît  que  la  propagande  feuillantine  outrepassait  de  justes 
bornes.  Vavin,  architecte,  écrivit  qu'il  rétractait  formellement  sa  si- 
gnature apposée  à  la  déclaration  des  Feuillants,  qu'on  lui  avait  pré- 
sentée chez  un  limonadier,  sans  lui  donner  le,  temps  de  la  lire. 

VU 

De  graves  accusations  furent  portées  contre  ces  modérés  qui  s'en- 
tendaient avec  le  monde  officiel,  ou  du  moins  qui  trouvaient  des 
appuis  dans  les  fonctionnaires  du  gouvernement,  humbles  ou  élevés. 

«  On  sait  maintenant,  imprimait,  le  31  juillet,  le  Patriote  Francah^ 
et  ce  fait  est  certain,  que  c'est  M.  Delessart  (3)  qui  a  payé  les  frais 
des  courriers  extraordinaires  envoyés  par  les  Feuillants  pour  tromper 
tous  les  départements.  » 

Les  Feuillants  participèrent   à   la  diplomatie  à  partir  du  mois 


(1)  Gazette  nationale,  du  27  juillet  1791. 

(2)  Sçance  du  mercredi  27  juillet,  au  Club  des  Jacobins. 
(.'})  Ministre  de  Tintérieur  jusqu'au  30  novembre  1791. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  330 

d'aoùL  1791.  Et  cependant  leur  influence  allait  s'amoindrissant.  «  Les 
Feuillants  commencent  à  jouer  de  leur  reste  »,  écrivait  Dusaul- 
choy  (1). 

En  même  temps,  leurs  .partisans  se  permirent  de  critiquer  leur 
façon  d'agir,  de  leur  donner  des  conseils  pour  arriver  au  grand 
public  et  pour  ne  pas  rester  en  arrière  des  clubs  rivaux  les  plus 
fréquentés. 

Un  journal  du  Palais-Royal  et  des  Tuileries,  rédigé  par  Esmenard, 
monarchiste,  et  déjà  plusieurs  fois  cité  par  nous,  les  critiquait,  im- 
primait ces  lignes  : 

.  «  On  parle  beaucoup  de  la  Société  deg  Amis  de  la  Constitution, 
sécante  aux  Feuillans.  On  se  plaint  avec  raison  de  ce  qu'une  assem- 
blée où  se  réuAissent  400  députés  et  tout  ce  qu'il  y  avait  d'hommes 
honnêtes,  éclfiirés,  vraiment  patriotes,  dans  le  Club  des  Jacobins,  ne 
publie  pas  le  résultat  de  ses  séances.  Plusieurs  personnes  dési- 
reraient que  le  public  y  fût  admis,  ou  du  moins  qu'il  fût  instruit  par 
un  journal  des  délibérations  qu'on  y  prend.  On  sait  que  la  révision 
des  décrets  doit  y  être  discutée  au  premier  jour.  Cette  matière  est  d'un 
intérêt  universel,  et  l'opinion  de  la  Société  ne  peut  être  indifférente. 
Les  Jacobins  publient  la  liste  vraie  ou  fausse  des  clubs  dont  ils  ont 
conservé  la  correspondance  ;  mais  puisque  le  plus  grand  nombre  a 
demandé  raffîliation  à  la  Société  des  Feuillans,  celle-ci  devrait  bien 
faire  connaitre  les  véritables  amis  de  la  Constitution  et  des  lois  (2).  » 

D'autres  journaux,  de  nuances  diverses,  s'occupaient  toujours  de 
la  scission,  constataient  les  phases  de  la  lutte  et  ne  manquaient  pas 
de  montrer  combien  les  Jacobins  déployaient  d'activité  afin  de  l'em- 
porter sur  les  Feuillants  qui  les  avaient  quittés,  et  dont  ils  se 
p'assaient.  » 

Contrairement  à  ce  que  prétendait  le  Babillard  sur  le  nombre  des 
affiliés  aux  Feuillants,  la  Chronique  de  Paris  se  plaisait  à  constater  : 

«  ...  Les  Feuillants  vont  rentrer  dans  le  sein  maternel  et  se 
i(!Joindre  aux  Amis  de  la  Constitution  et  de  l'étroite  observance,  et 
les  Feuillants  se  trouveront  réduits  à  cette  mincjrité  de  noblesse  qui 
avait  corrompu  les  Jacobins  pour  y  dominer  et  avait  voulu  les  perdre 
depuis  quelle  n'y  dominait  plus...  (3).  » 


(1)  Révolutions  de  France  et  <le  ISrahant,  n"  87,  p.  15  et  .suiv. 

(2)  Le  Babillard,  du  2  août  1791. 

(.3)  Numéro  du  14  août  1791.  La  Chroni(/ue  de  Paria  parut  depuis  le  24  août  1780 
jusqu'au  23  août  1793. 


340  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

C'était  faire  le  procès  aux  meneurs  des  modérés.  Ce  journal  se 
iigurait  déjà,  prématurément  dans  tous  les  cas,  que  la  plus  grande 
partie  des  dissidents  reviendraient  bien  vite  à  résipiscence  et  repren- 
draient leurs  places  parmi  les  citoyens  plus  avancés,  en  reniant  les 
chefs  de  la  Société  feuillantine,  qui  se  bornaient  à  préparer,  par  leurs 
discussions,  les  travaux  de  l'Assemblée  nationale,  sans  rien  voter, 
qui  formèrent  la  droite  de  la  nouvelle  Assemblée. 

Carra  annonça  : 

«  il  fut  question  (dans  la  séance  du  17  août,  aux  Jacobins)  de  savoir 
si  la  Société  admettroit  en  masse  le  Club  des  Feuillans,  qui  se  pro- 
posoit  de  venir  se  réunir  à  nous  dans  la  même  soirée.  La  proposition 
étoit  délicate  ;  la  Société  désiroit  bien  recevoir  en  masse  ceux  auxquels 
on  avoit  adressé  des  lettres  particulières  d'invitation;  mais  elle  vou- 
loit  réfléchir  sur  l'admission  des  autres,  et  principalement  de  ceux 
qui  avoient  prolesté  dans  un  libelle  contre  la  Société-mère;  de  sorte 
qu'elle  a  pris  le  parti  de  passer  à  l'ordre  du  jour,  en  maintenant 
cependant  son  arrêté  sur  les  invitations  particulières,  dont  le  nombre 
sera  augmenté  à  mesure  qu'on  connoitra  les  membres  aux(juels  cette 
invitation  doit  être  adressée  (1).  « 

Le  Patriote  français  publia  cet  article  : 

«  Les  Jacobins,  pour  remplir  le  vœu  des  Sociétés  des  départemens, 
ont  tenté  un  dernier  effort  pour  se  réunir  aux  Feuillans.  Ils  ont  offert 
de  laisser  rentrer  en  masse  tous  les  députés,  quoique  beaucoup  d'entre 
eux  méritassent  d'être  à  jamais  exclus,  par  leur  apostasie  des  prin- 
cipes, et  par  les  calomnies  qu'ils  ont  répandues  contre  la  Société. 
Les  députés  feuillans  ont  demandé  plus;  ils  veulent  faire  rentrer 
avec  eux,  et  sans  scrutin  épuratoire^  la  horde  d'étrangers  qui  les  a 
suivis...  Les  Jacobins  veulent  absolument,  pour  ces  externes,  un 
scrutin  purificatoire,  et  ils  ont  raison;  sans  cela,  le  désordre  régne- 
roit  bientôt  dans  la  Société  (2).  » 

Dans  la  séance  du  21  août,  aux  Jacobins,  M.  Chevalier  (3)  annonça, 
par  une  lettre,  l'intention  de  revenir  dans  la  Société-mère. 

Un  arrêté  du  même  jour  porta  que  les  députés  à  l'Assemblée  natio- 
nale, <(  maintenant  séants  aux  Feuillants,  sont  invités  à  rentrer  au 
sein  de  la  Société-mère  :  ils  n'auront  besoin,  pour  y  être  admis, 


(1)  Annales  patriotiques  de  Carra,  du  20  août  1791;  n-  G87. 

(2)  Le  Patriote  français,  1791,  26  août,  no  747. 

(3)  Son  nom  se  trouve  sur  les  deux  listes  des  membres  du  Club  des  Feuittants. 
(Voir  p.  287  et  298.) 


CLUB  DES  FEUILLANTS  341 

d'autre  titre  que  celui  de  membre  de  la  Société.  »  Ceux  qui  n'étaient 
pas  députés  seraient  réadmis  après  avoir  signé  la  déclaration  et  s'être 
soumis  à  un  scrutin  préparatoire. 

Dans  la  séance  du  22  août,  on  résolut  d'envoyer  aux  Feuillants 
cette  lettre  :  «  Frères  et  amis,  la  patrie  est  en  danger.  Le  salut  public 
vous  appelle  au  sein  de  la  Société.  Toutes  les  Sociétés  du  royaume 
vous  y  invitent.  Vos  frères  vous  attendent.  »  Durand  de  Maillane  dit 
que  les  commissaires  jacobins  avaient  été  bien  reçus  par  les  Feuil- 
lants. 

«  Les  Amis  de  la  Constitution,  séans  aux  Jacobins,  ont  fait  une 
nouvelle  et  honorable  démarche  auprès  des  Feuillant  pour  les  inviter 
à  une  réunion  que  les  circonstances  critiques  où  se  trouve  la  chose 
publique  exigent  impérieusement.  MM.  Barnave,  Lameth  et  leurs 
amis  ont  ajourné  à  quinzaine  cette  proposition  amicale  et  civique. 
Qu'on  juge  à  présent  où  sont  les  vrais  amis  de  la  Constitution,  de  la 
concorde  et  de  la  paix!  Les  aristocrates  et  les  intrigans  se  flattent 
que  cette  scission  amènera  la  dissolution  de  toutes  les  sociétés  patrio- 
tiques :  ils  se  trompent,  elles  croîtront  et  multiplieront  en  raison  di- 
recte des  persécutions  ministérielles  qu'on  leur  fera  éprouver  (1).  » 

«  Nous  avons  annoncé  la  dernière  et  honorable  démarche  des  Amis 
de  la  Constitution,  séans  aux  Jacobins,  auprès  des  feuillantins  ou 
feuilles  mortes  :  plusieurs  bons  patriotes  de  cette  dernière  Société 
vouloient  qu'à  l'instant  la  réunion  se  fit.  MM.  Barnave  et  Lameth, 
qui  détestent  les  Jacobins,  depuis  l'instant  où  leurs  opinions  anti- 
morales  et  anti-humaines  sur  nos  malheureux  frères  les  gens  de  cou- 
leur libres  des  colonies  leur  ont  fait  perdre  l'empire  t7'ès  tyrannique 
qu'ils  exerçoient  dans  cette  Société;  MM.  Barnave  et  Lameth  ont 
rejette,  avec  une  hauteur  insultante,  la  proposition  amicale  de  réu- 
nion. Leur  refus  a  été  secondé,  aux  Feuillans,  par  beaucoup  d'hommes 
que  l'on  accuse  de  boire  à  la  fontaine  [miraculeuse  de  la  liste  civile. 
Mais  les  honorables  députés  qui  n'avoient  été  entraînés  que  par 
erreur  aux  Feuillans^  ou  qui  s'étoient  rendus  dans  ce  club  pour  y 
observer  les  manœuvres  et  tempérer,  par  leur  influence,  celle  de  la 
liste  civile;  ces  députés,  indignés  du  despotisme  du  petit  B  (Barnave) 
et  des  rois  de  la  quatrième  race,  ont  quitté  le  parc  des  feuilles  mortes 
et  se  sont  réunis  en  grand  nombre  aux  vrais  Amis  de  la  Constitution 
séans  aux  Jacobins.  » 

M.  Anthoine,  député,  dit,  aux  Jacobins  :  «  Messieurs,  depuis  quel- 
(l)  Annales  patriotir/ues  de  Carra,  ilu  2fi  août  iVM,  n"  69:L 


342  LES  CLUBS  CONTHE-REVOLUTIONNAIRES 

que  temps,  plusieurs  personnes  qui  ont  concouru  à  lascmion^  qui  se 
plaçoient  ordinairement  parmi  nous,  à  une  extrémité  de  la  salle  [de 
l'Assemblée),  ont  pris  le  parti  de  se  mettre  dans  un  des  bas-côtés.  De 
là,  ces  messieurs  régnent;  ils  font  entendre  leurs  volontés  au  prési- 
dent. Hier,  ils  ont  fait  signe  à  la  partie  droite  [les  noirs)  de  se  lever^,, 
et,  en  effet,  nous  avons  remarqué  que  la  partie  droite  du  président 
{les  deux  cens  (sic)  quatre-vingt-dix  protestateurs)  qui,  depuis  un  mois, 
s'étoit  abstenue  scrupuleusement  de  voter,  s'est  levée  presque  toute 
entière;  sans  elle,  nous  l'eussions  emporté.  »  Il  s'agissait  du  décret 
sur,  d'autres  disent  contre  la  liberté  de  la  presse  (1). 

Attaqués  par  les  Feuillants,  les  patriotes  engagèrent  avec  eux  une 
polémique  assez  vive.  On  lit,  dans  la  Réponse  de  M.  Chas  à  M.  Carra, 
un  des  auteurs  des  Annales  patriotiques  et  littéraires  (2),  l'apprécia-, 
tion  passionnée  des  malheurs  causés  par  les  journalistes  révolution- 
naires et  par  les  clubs  autres  que  celui  des  Feuillants,  composé 
«  d'hommes  honnêtes  »,  suivant  le  Babillard  : 

«  Plût  à  Dieu  que  le  législateur  eût  le  courage  de  créer  une  loi 
pour  chasser  tous  ces  journalistes  vils  et  stipendiés,  et  pour  détruire 
ces  clubs  anti-sociaux  qui  usurpent  les  droits  de  l'autorité  et  entra- 
vent tous  les  pouvoirs.  Tant  que  ces  sociétés  existeront,  nous  n'au- 
rons ni  Constitution,  ni  paix,  ni  liberté.  C'est  de  ce  volcan  que  par- 
tent les  foudres  qui  embrasent  la  France. 

«  {En  note)  :  Je  ne  parle  point  de  la  Société  séante  aux  Feuillants, 
les  membres  qui  la  composent  sont  les  véritables  défenseurs  de  la- 
Constitution  et  les  amis  de  la  paix.  J'y  vois  réunis  les  vertus,  -les  lu- 
mières, les  talens  et  la  pureté  du  patriotisme.  Je  sais  que  dans  la  So- 
ciété séante  aux  Jacobins  il  y  a  des  citoyens  instruits,  sages  et  pru- 
dens;  mais  j'y  vois  aussi,  malgré  le  scrutin  épuratoire,  des  hommes 
sans  conscience  et  sans  mœurs,  des  politiques  ignorants  et  stûpides, 
des  motionnaires  séditieux,  des  déclamateurs  forcenés,  et  des  répu- 
blicains féroces  (3).  »  ' 

Il  n'avait  pas  encore  été  tracé  un  tableau  aussi  exagéré,  aussi  inju- 
rieux de  la  Société  des  Jacobins. 

Ceux-ci  avaient  beau  jeu,  d'après  la  réalité  des  faits  qui  se  produi- 
sirent et  dont  l'opinion  publique  se  préoccupait. 

Les  Feuillants,  commfe  Barnave,  s'intéressaient  à  la  reine  (1791), 


(1)  Annales  patriotiques  de  Carra,  du  29  août  1791,  n»  696. 

(2)  Brochure  in-S»  de  16  p.,  Pai'is,  14  septembre  1791. 

(3)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  recueil,  t.  LXII  Bf--  222. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  '    343 

après  la  fuite  de  Louis  XVI.  Cela  ne  faisait  pas  de  doute.  Plusieurs 
d'entre  eux  ne  s'en  cachaient  pas,  au  risque  de  paraître  monar- 
chistes. 

Le  message  du  13  septemhre  1791,  par  lequel  Louis  XVI  fit  con- 
naître à  l'Assemblée  qu'il  acceptait  la  Constitution,  était  rédigé  par 
des  Feuillants.  La  conduite  du  roi  y  était  expliquée  en  ce  sens  que 
son  éloignement  de  Paris  venait  de  ce  qu'il  avait  perdu  l'espérance 
de  voir  se  rétablir  l'ordre  et  le  respect  de  la  loi.  Mais  comme  l'Assem- 
blée avait  réprimé  le  désordre  et  modifié  certains  articles  de  la  Cons- 
titution, il  promettait  de  la  maintenir. 

Ainsi  pensaient  les  Feuillants.  Sur  la  motion^  de  La  Fayette,  l'As- 
semblée avait  mis  en  liberté  les  individus  détenus  à  l'occasion  de  la 
fuite  du  roi. 

Sur  presque  toutes  les  questions  traitées  par  les  députés,  leS  opi- 
nions feuillantines  semblaient  de  plus  en  plus  réactionnaires,  inspi- 
rées soit  par  la  cour,  soit  par  la  municipalité  de  Paris.  Elles  venaient 
directement  ou  indirectement  du  Club  des  Feuillants,  moindre  en 
nombre  d'adhérents,  mais  ne  perdant  aucune  de  ses  prétentions  et 
comptant  sur  la  majorité  de  l'Assemblée  nationale,  même  de  celle  qui 
lui  succéderait. 

Malouet  et  Barnave  furent  principalement  honnis  par  les  amis  des 
Jacobins  pour  leur  conduite  aux  Feuillants.  Dans  une  Lettre  des 
Amis  de  la  Constitution  d'hsoire,  on  lisait  : 

«  ...  Passez,  passez  du  côté  de  Malhouet,  ou  plutôt  disparaissez  du 
sanctuaire  de  législation...  C'en  est  fait,  vos  noms  sont  efTacés  du 
tableau  de  la  Révolution...  (1).  » 

Charles  Lameth,  aussi,  fut  renié,  rayé  d'une  liste  de  la  Société  de 
Pontoise. 

Le  Patriote  français  publiait  cette  lettre  : 

«  Copie  de  la  lettre  écrite  à  M.  Charles  Lameth  par  la  Société  des  Amis 
de  la  Constitution  de  Pontoise,  en  le  rcLyant  du  tableau  de  ses 
membres. 

«  Monsieur,  la  Société  établie  à  Pontoise  a  toujours  été  et  est 
toujours  attachée  à  celle  dés  Jacobins.  Vous  êtes  de  celle  des  Feuil- 
lans,  en  conséquence  elle  a  arrêté  de  vous  rayer  du  tableau  de  ses 
membres. 

«  Signé  :  Délaissement,  vice-président^  Leclerc,  secrétaire  (2).  » 

(1)  Patriote  français,  n°  780,  du  29  septembre  1791, 

(2)  Séance  du  mercredi,  7  septembre,  aux  Jacobins. 


344  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

En  juillet  1791,  Feydel  écrivait  que  sur  deux  mille  quatre  cents 
membres  dont  était  composé  le  Club  des  Amis  de  la  Constitution, 
dix-huit  à  dix-neuf  cents  s'étaient  retirés  des  Jacobins,  dont  un  tiers 
aux  Feuillants,  et  que  les  six  cents  restés  aux  Jacobins  s'épuraient. 

Dans  quel  sens  s'épuraient-ils?  Dans  le  sens  avancé,  sans  équi- 
voque, en  marchant  dans  la  voie  révolutionnaire,  en  ne  voulant  pas 
de  compromis  avec  le  roi  et  la  cour,  en  ne  soutenant  pas,  quand 
même,  tel  ou  tel  ministère. 

En  août-septembre,  cinquante-six  députés  seulement  persévé- 
rèrent dans  le  feuillantisme,  qui  ne  cessait  pas  de  lutter  contre  les 
avancés.  Il  était  représenté  encore  par  Lameth,  Barnave,  Duport  et 
quelques  autres  hommes  de  valeur. 

Dans  les  premiers  mois  de  l'Assemblée  législative  (octobre,  no- 
vembre, décembre),  les  Feuillants  attaquèrent,  dans  l'Assemblée,  les 
pétitions  plus  ou  moins  révolutionnaires  présentées  collectivement. 
Leurs  vœux  furent  en  partie  réalisés.  Leur  influence  ne  disparaissait 
pas.  Elle  tenait  pourtant  à  peu  de  chose,  car  la  composition  de  l'As- 
semblée législative  ne  ressemblait  pas  à  sa  devancière,  dont  les 
membres  s'étaient  déclarés  inéligibles. 


VIII 


Le  Club  des  Feuillants  qui,  jusqu'alors,  avait  agi  dans  la  pénombre, 
s'assembla  au  grand  jour.  Carra  et  d'autres  journalistes  annoncèrent 
ce  changement  d'allures.  Les  Annales  'patriotiques  en  prirent  acte; 
elles  imprimèrent  : 

«  Les  Feuillants  ont  été  enfin  forcés  de  se  soumettre  au  vohi  du 
peuple  :  leurs  séances  seront  publiques  et  leurs  intentions  seront 
connues.  Ils  ont  inspiré  de  la  méfiance,  parce  qu'on  les  croit  beau- 
coup plus  amis  de  la  cour  et  des  ci-devant  grands,  que  de  la  décla- 
ration des  droits  et  de  l'égalité,  bases  de  la  Constitution.  Si  leurs 
opinions  et  leur  conduite  surtout  viennent  à  démentir  ces  justes 
soupçons,  tant  mieux;  les  patriotes  se  réjouiront  d'avoir  trouvé  des 
frères  là  où  ils  craignaient  de  trouver  l'intrigue  et  les  chefs  d'une 
fraction  accusée  de  vouloir  ressusciter  la  noblesse,  et  de  profiter 
de  la  guerre  pour  établir,  par  une  médiation  armée,  une  seconde 
chambre  législative,  une  chambre  de  nobles,  un  sénat  à  la  Mou- 
nier  (1).  » 

(1)  Annales  patriotiques  de  Carra,  du  15  décembre  1791. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  345 

La  loi  obligeait  d'ailleurs  les  Feuillants,  comme  les  autres  clu- 
bistes,  à  ouvrir  leur  salle  au  contrôle  municipal  et  public. 

V Orateur  du  peuple  remarqua  : 

«  La  Société  des  Feuillans,  que  tout  le  monde  sait  être  le  rassem- 
blement des  ministériels,  tiennent  à  présent  leurs  séances  publiques. .. 
Ces  messieurs  (les  députés  ministériels)  tiennent  des  séances  publi- 
ques aux  Feuillans,  pour  dire  au  peuple  ce  qu'ils  ne  pensent  pas, 
tandis  que,  d'un  autre  côté,  ils  forment  un  conciliabule  où  ils  con- 
certent les  moyens  de  l'enchaîner  (1).  » 

Il  ajouta,  quelques  jours  après  :  «  Le  peuple,  qui  est  persuadé  que 
la  Société  des  Feuillans  n'a  que  le  masque  du  patriotisme,  que  les 
séances  publiques  que  ces  messieurs  tiennent  ne  les  empêchent  pas 
de  se  réunir  chaque  soir  à  la  fin  de  leurs  travaux  imposteurs,  le  peu- 
ple, dis-je,  a  résolu  sa  dissolution,  comme  il  avoit  résolu  celle  des 
sociétés  aristocratiques  des  capucins  et  des  monarchicns  :  il  s'est 
transporté  en  foule  à  la  séance  de  vendredi  dernier,  y  a  reproduit  les 
scènes  et  les  sarcasmes  des  séances  précédentes;  c'est-à-dire  que  les 
auteurs  de  l'affiche  ministérielle  du  Chant  du  coq  ont  été  accueillis 
par  des  co,  co,  co,  codet  (2).  » 

Le  Chant  du  coq  était  un  supplément  du  Babillard,  dont  il  a  été 
question  plus  haut. 

Cependant,  le  6  décembre  1791,  la  feuillante  madame  de  Staël,  qui 
était  fort  éprise  d'un  ami  de  La  Fayette,  le  comte  Louis  dé  Narbonne- 
Lara,  contribua  à  faire  un  ministre  de  ce  seigneur  spirituel,  avanta- 
geux et  brave. 

La  promotion  de  Narbonne  aux  fonctions  de  maréchal  de  camp  et 
de  ministre  de  la  guerre  fut  attribuée  à  la  «  coterie  »  Barnave,  La- 
meth,  Duport,  etc.  N'oublions  pas  que  Narbonne  était  chevalier  de 
Madame  Adélaïde;  on  le  considérait,  avec  quelque  raison,  comme  un 
modéré,  bien  qu'il  résistât  à  Bertrand  de  Molleville,  ministre  de  la 
marine,  au  point  d'être  bientôt  soudainement  révoqué,  par  suite  des 
obstacles  que  lui  opposaient  les  ministres  à  la  discrétion  de  Marie- 
Antoinette. 

Plus  que  jamais  le  Club  des  Feuillants  se  trouva  mis  en  évidence. 

«  La  meute  des  Jacobins,  écrivait,  au  même  temps,  Royou,  semble 
avoir  quitté  la  piste  des  aristocrates  pour  se  jeter  à  la  poursuite  d'un 


(1)  Orateur  du  Peuple,  t.  IX,  ii"  3r.. 

(2)  Orateur  <hi  Peuple,  t.  IX,  ii"  M. 


346  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

autre  gibier:   elle  donne  maintenant  la  chasse  aux  Feuillans  (1).  » 

En  effet,  ces  modérés,  ces«  conspirateurs  »,  — ainsi  les  appelaient 
leurs  adversaires,  —  n'échappaient  pas  au  contrôle  quotidien  de 
ceux-ci. 

On  eut  pu  croire  que,  faute  de  membres,  le  Club  des  Feuillants 
allait  disparaître  en  septembre  1791.  Les  choses  ne  se  passèrent  pas 
de  cette  manière.  Le  Patriote  français  annonça,  le  30  novembre  de 
la  même  année  :  '  . 

«  On  assure  que  M.  Barnave  est  à  Paris,  et  qu'il  assiste  tous  les 
soirs  au  coucher  du  roi  (2).  —  Il  se  forme  des  clubs  monarchiques 
dans  tous  les  quartiers.  Celui  des  Feuillants  vient  de  ressusciter.  » 

En  effet,  le  7  octobre,  aux  Jacobins,  Rœderer  disait  : 
«  Les  intrigants  de  l'ancienne  législature  ont  ajourné  à  ce  soir  la 
résurrectiondes  Feuillants.  » 

Le  même  journal,  du  15  décembre  1791,  renferme  l'article  sui- 
vant : 

«  Sur  la  tactique  des  Feuillants. 

«  Les  ennemis  de  la  liberté  sont  parvenus  à  ressusciter  la  Société 
des  Feuillans,  et  à  y  attirer  un  grand  nombre  de  membres  de  l'As- 
semblée nationale.  Cette  Société  n'a  pour  objet  que  d'assurer  au  châ- 
teau des  Tuileries  un  corps  d'armée  aux  .ordres  des  comités  corrom- 
pus qui  les  '/iirigent.  Quelques  intrigants  bien  connus  sont  à  la  tête 
de  ces  Feuillans.  —  Le  but  de  ces  honnêtes  gens  est  d'avoir  l'air  de 
commander  un  parti,  pour  se  vendre  plus  sûremeat  au  ministère,  et 
en  obtenir  argent  ou  places...  Parmi  eux,  il  n'y  a  pas  un  homme  de 
génie  ni  même  de  talent  un  peu  fort  dans  ces  Feuillans;  c'est  que  le 
génie  et  le  talent  n'habitent  point  avec  l'intrigue...  »  N"  8o7  du 
Patriote  Français  [S). 

Le  journal  rappelle  qu'il  y  a,  par  suite  de  cette  tactique,  beaucoup 
de  Feuillansprésidens  ou  vice-présidens  de  l'Assernblée  nationale. 

Quatre  jours  après,  il  ajoute  : 

«  Comme  il  y  avait  eu  quelques  attroupements  au  dehors  de  leur 
salle,  com"mç  le  public  ^es  tribunes  troubla  les  séances  des  Feuillants, 
le  député  Chéron  (4),  président  du  Club,  écrivit  au  maire  de  Paris 

< 

(1)  L'Ami  du  Roi,  iiuinrro  du  29  décembre  1791. 

(2)  Après  l'arrestation  de  Louis  XVI  à  Vareimes. 

(3)  Patriote  français,  numéros  du  30  novembre  1791  et  du  15  décembre  de  la 
même  année. 

(4)  Chéron  (Louis-Claude),  littérateur,  membre  du  Directoire  du  département 
de  la  Seine,  député  à  la  Législative. 


CLUB  DES  FEUILLANTS        *  347. 

pour  être  autorisé  à  requérir  un  commissaire  civil  d'assister  aux 
séances.  Il  déclarait  :  «  Deux  cent  soixante-quatre  députés  et  environ 
huit  cent  quatre-vingts  autres  citoyens  qui  ont  prêté  le  serment  civi- 
que, et  payé  leurs  impositions,  composent,  pour  le  présent,  bette 
Société  dont  tpus  les  membres  sont  prêts  à  mourir  pour  la  Constitu- 
tion (1).  »  Chéron  avait  tenté  d'organiser  la  résistance  (fin  novembre 
1701)  contre  le  décret  sur  les  prêtres  insermentés. 

Le  maire  Pétion  répondit  le  même  jour  (^1  décembre  1791)  à 
M.  Chéron  : 

((  ...  Au  moindre  tapage,  faites  avertir  la  garde,  et  'elle  s'empressera 
de  rétablir  l'ordre;  écrivez  un  mot  au  commissaire  de  la  section,  et  il 
se  rendra  aussitôt;  écrivez  à  un  administrateur  de  police,  et  il  se 
rendra  aussitôt.  Si  le  commissaire  consent  volontairement  à  se  trou- 
ver, même  tous  les  jours,  à  vos  séances,  que  son  temps  le  lui  per- 
mette, rien  de  niieux,  je  suis  très  éloigné  de  m'y  opposer;  mais  je  ne  » 
peux  pas  lui  en  imposer  l'obligation;  je  ne  peux  pas  lui  dire  qu'il  se 
rende  à  votre  réquisition.  Si  chaque  Société  demandait  un  commis- 
saire, voyez  dans  quel  embarras  nous  nous  trouverions  :  à  peine 
sont^ils  en  assez  grand  nombre  pour  faire  avec  exactitude  le  service 
du  spectacle. 

«  Signé  :  Petion  (2).  » 

Non  seulement  il  se  fit  du  tumulte  chez  les  Feuillants,  le  21  dé- 
cembre, mais  le  23,  d'après  un  procès-verbal  envoyé  au  maire  par  le 
commissaire  de  police,  les  citoyens  des  tribunes  se  plaignaient» 
d'avoir  été  provoqués  par  un  membre  de  la  Société,  iet  de  ce  que  plu- 
sieurs membres  étaient  armés  et  affectaient  de  provoquer  en  duel  (3). 

Les  citoyens  des  tribunes  accusaient  les  Feuillants  de  professer  des 
principes  anti-constitutionnels. 

Point  de  désordres  le  24  ni  le  25. 

Le  26  du  même  mois,  M.  Chéron  écrivit  une  autre  lettre  au  maire 
de  Paris.  On  y  lit  : 

'«  Notre  devise  renferme  tous  nos  principes;  la  Constitution,  toute 
la  Constitution,  rien  que  la  Constitution.  C'est  la  vôtre,  sans  doute, 
monsieur,  et  celle  de  tous  lès  François  qui  ont  le  parjure  en  horreur 
et  veulent  le  salut  de  leur  pays.  »  Il  terminait  :  «  Devise  effrayante 
pour  les  partisans  de  l'ancien  régime  et  les  faux  amis  du  nouveau.  » 


(1)  Le  21  décembre  1791. 

(2)  Bib.  Nat.,  imprimé  Lb  39/56.31.— Pétion  était  membre  du  Club  des  Jacobins. 

(3)  Bûchez  et  Roux,  Histoire  parlementaire  de  la  Révolution,  t.  XII,  p.  349. 


348  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Il  annonçait  que  ses  co-secrétaires  se  rassembleraient  publique- 
ment, le  soir,  à  six  heures. 

«  Lettre  de  M.  le  Maire  à  M.  Chéron.,  en  date  du  36  décembre^ 
neuf  heures  et  demie  du  matin. 

«  Monsieur, 
«  Aussitôt  la  réception  de  votre  lettre,  j'ai  donné  des  ordres  pour 
prévenir  les  troubles  que  vous  craignez.  J'ai  appris  hier  que  beaucoup 
de  membres  de  la  Société  que  vous  présidez  doivent  se  rendre,  armés, 
au  lieu  des  séances;  que  le  public,  instruit  de  cette  disposition,  de- 
voit  également  se  rendre  en  armes,  tant  dans  les  tribunes  qu'à  l'ex- 
térieur de  la  salle.  Je  crois  l'un  et  l'autre  bruit  également  faux;  mais 
s'ils  étaient  vrais,  voyez  combien  cette  position  seroit  cruelle;  je  fré- 
mis d'y  penser.  Il  paroit  qu'à  la  dernière  séance,  le  tumulte  a  com- 
mencé par  la  provocation  d'un  lieutenant  des  canonniers,  qui,  de 
l'intérieur  de  la  salle,  a  nargué  le  public.  Il  paroit  que  plusieurs 
sociétaires  étoient  armés,  et  que  cela  a  beaucoup  déplu.  Je  vois  bien 
qu'ensuite  les  spectateurs  se  sont  portés  à  des  excès  répréhensibles. 
En  grâce!  qu'on  évite  jusqu'au  moindre  prétexte  d'agitation,  et  je  ne 
négligerai  rien  pour  vous  procurer  paix  et  tranquillité.  Secondez  mes 
efforts;  je  vais  vous  parler  avec  toute  franchise  :  il  est  parmi  vous  un 
grand  nombre  d'amis  de  l'ordre  et  de  la  Constitution;  il  en  est  aussi, 
je  puis  me  tromper,  mais  je  le  pense,  qui  sont  ennemis  de  cette  Cons- 
titution, qui  ne  veulent  que  du  bruit  pour  avoir  occasion  de  se  plain- 
dre, qui  ne  désirent  que  du  scandale  et  de  l'éclat  pour  paroître  per- 
sécutés (1). 

«  Signé  :  Pétion.  » 

Chéron  répondit  aussitôt  à  Pétion  : 

«  Monsieur,  j'ai  frémi  en  lisant  votre  réponse,  du  danger  auquel 
des  citoyens  seraient  exposés  si  l'on  ajoute  foi  aux  bruits  qui  vous 
sont  parvenus.  Je  puis  répondre  du  patriotisme  de  mes  collègues;  je 
répondrais  de  tous,  si  l'expérience  n'apprenait  trop  malheureusement 
qu'il  est  des  parjures,  comme  il  est  des  parricides,  et  qu'il  se  glisse 
des  faux  frères  dans  les  sociétés  tant  soit  peu  nombreuses,  quelles 
que  soient  d'ailleurs  leur  intimité  et  la  pureté  de  leurs  intentions. 
Mais,  monsieur,  je  ne  répondrais  pas  que,  si  la  loi  se  montrait  encore 
insuffisante  à  protéger  notre  liberté  constitutionnelle,  il  n'arrivât 
quelque  malheur.  Ma  conscience  est  pure,  mes  vues  droites,  mon  pa- 

(1)  Bib.  Nat.,  Lb  :}9/3631. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  349 

Iriotisme  ardent,  mon  courage  inaltérable.  S'il  ne  s'agissait  que  de 
moi,  je  m'immolerais  à  la  Constitution.  Oportet  unum  mori  pro  po- 
pulo serait  ma  dernière  devise;  mais  ici,  j'exposerais  mes  collègues, 
que  je  ne  puis  prévenir  assez  à  temps,  quoique  rien  ne  me  donne  le 
droit  de  mettre  leur  prudence  en  doute;  j'exposerais  mes  concitoyens 
,et  j'en  frémis.  Je  prends  donc  sur  moi,  d'après  l'avis  de  quelques-uns 
de  mes  collègues  qui  m'entourent  en  ce  moment,  de  vous  prier  de 
vouloir  bien  donner  des  ordres  pour  que  personne  ne  soit  admis  ce 
soir  à  notre  Société,  qu'en  justifiant  de  sa  carte  de  député  ou  de  celle 
d'affilié  :  il  suffirait  que  vous  nous  permissiez  de  faire  placer  une 
sentinelle  à  la  porte  du  couloir  qui  conduit  à  notre  salle,  et  de  lui  en 
faire  donner  la  consigne  la  plus  expresse.  Je  vous  prie  aussi  de  faire 
donner  des  ordres  pour  qu'aucun  attroupement  ne  puisse  obstruer 
l'entrée  de  la  salle. 

«  Il  est  à  désirer  que  vos  ordres  soient  donnés  avant  quatre  beures. 

«  C'est  sous  la  protection  de  la  loi  que  je  remets,  monsieur,  la 
liberté  de  mes  collègues  et  la  mienne. 

«  Comme  nous  ne  voulons  pas  échapper  à  la  publicité,  toutes  per- 
sonnes, adressées  par  vous,  monsieur,  seront  admises.  » 

L'essentiel  était  d'empêcher  les  sociétaires  d'arriver  avec  des 
armes.  Le  maire  de  Paris  savait  que  le  public  se  présenterait  armé, 
si  les  sociétaires  devenaient  provocateurs. 

Chéron  reçut  de  Pétion  le  billet  qui  suit  : 

«  A  l'instant,  M.  le  commandant  de  la  Garde  nationale  se  rend 
chez  vous;  il  va  conférer  sur  les  mesures  prises  pour  prévenir  toute 
espèce  de  trouble  et  de  désordre  (1).  » 

S'il  n'y  eut  pas  de  trouble  ni  de  désordre  à  l'entrée  de  la  salle  où 
les  Feuillants  s'assemblèrent,  ce  calme  ne  dura  que  quelques  jours. 
Le  public  comprit  les  difficultés  de  la  situation  pour  le  maire  de 
Paris,  mais  il  se  tint  prêt  à  opposer  la  force  à  la  force,  dans  le  cas 
où  des  armes  apparaîtraient  dans  les  mains  des  sociétaires. 

Beaucoup  de  gens  croyaient  que,  à  cause  des  circonstances,  le 
Cluh  des  Feuillants  cesserait,  ou  du  moins  interromprait  ses  séances. 
Mais  Chéron  avait  parlé  de  «  liberté  constitutionnelle  »,  avait  déclaré 
qu'il  «  mourrait  pour  le  peuple  »,  s'il  le  fallait.  Probablement,  le  pu- 
blic n'entra  dans  la  salle  qu'avec  une  carte  de  député  ou  d'affilié.  Une 
sentinelle  veilla  à  l'observation  de  la  consigne. 


(1)  Ces  pièces  out  été  extraites  par  Bûchez  et  Roux  de  la  Mairie  de  Pétion, 
p.  :jl-44. 


350  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Le  Patriote  français  fit  un  compte  rendu  très  succinct  d'une  des 
séances.  Il  annonça  : 

,  «  Les  Feuillans  continuent  de  s'assembler.  Dans  une  des  dernières 
séances,  M.  Dandré  a  beaucoup  déclamé  contre  les  accaparemens; 
M.  Chapelier  a  loïiguement  prêché  contre  la  fureur  du  jeu;  M.  Bar^ 
navc  s'est  profondément  étendu  contre  l'intrigue.  —  La  séance  était 
publique  (1).  »  Dandré,  votant  avec  les  patriotes,  ménageait  la  droite. 
On  l'appelait  «  le  couteau  à  deux  tranchants  >>.  Il  se  plaisait  à  parler 
contre  les  clubs  et  les  clubistes;  les  journaux  avancés  le  traitaient 
d'intrigant. 

Le  25  décembre,  le,  Patriote  Français  imprima  : 

.<(  Hier  il  y  eut  grand  tumulte  (au  Club  des  Feuillants);  on  appela 
gardes  nationales,  commissaires  ;  on  verbalisa.  Les  observateurs 
croyent  que  ces  Jjraves  modérés  ont  eu  la  méchanceté  de  se  faire  la- 
pider, pour  calomnier  les  Jacobins.  Stanislas  Clermont  (Tonnerre) 
leur  auroit-il  légué  sa  tacti(]ue  (2)  ?  » 

Assurément,  la  tranquillité  publique  était  compromise,  il  conve- 
naît  d  aviser. 


IX 


A  une  séance  «extraordinaire  de  l'Assemblée  législative,  ce  qui  se 
passait  aux  Feuillants  émut  beaucoup  de  députés.  Quelques-uns 
lâchèrent  d'obtenir  un  décret  contre  les  Sociétés,  en  défendant  aux 
membres  de  l'Assemblée  d'y  assister.  Cette  tentative  ne  réussit  })as. 

Le  Moniteur  universel  rend  ainsi  compte  de  la  séance  (3)  : 

«  Présidence  de  M.  François  de  Neufahâteau. 

«  M...  —  J'annonce  à  l'Assemblée  qu'il  y  a  du  trouble  aux  Feuil- 
lants. Je  demande  qu'on  y  envoyé  des  commissaires  de  la  salle  pour 
savoir  ce  qui  s'y  passe.  (On  murmure.) 

«  M.  CiiÉRON.  —  Je  demande,  moi,  qu'on  passe  à  l'ordre  du  jour. 

«M.  MoNTEAU.  ^-  Je  prends  la  parole  pour  dénoncer  un  fait  qui 
Vient  de  m'arriver.  En  passant  près  des  Feuillans,  la  sentinelle  m'a 
demandé  ma  carte.  J'ai  montré  celle  de  député.  La  sentinelle  m'a  dit 
que  sa  consigne  ne  lui  permettait  pas  de  laisser  entrer  avec  celle 


(1)  Patriote  français,  u"  861,  19  décembre  1791.  - 

(2)  Patriote  français,  u°  867,  25  décembre  1791. 

(8)  Moniteur  universel,  séance  extraordinaire  du  lundi  soir,  26  décembre  1791; 


CLUB  DES  FEUILLANTS  351 

carte,  et  qu'il  fallait  avoir  celle  de  la  Société  des  Feuillans.  (On  mur- 
mure.) Je  demande  si  nous  avons  la  police  de  notre  enceinte  ou  si 
nous  ne  l'avons  pas.  Si  nous  l'avons,  il  est  bien  extraordinaire  qu'on 
donne  de  telles  consignes  aux  sentinelles. 

«  M...  —  Il  me  semble  que  le  membre  qui  a  été  arrêté  aurait  dû  se 
faire  conduire,  par  la  sentinelle,  à  l'officier  qui  a  donné  cette  con- 
signe. (On  murmure.) 

«  On  demande  qu'il  soit  passé  à  l'ordre  du  jour. 

((  M..'.  — -  Je  fais  la  motion  que  le  commandant  du  posie  soit  à  l'ins- 
tant appelé  à  la  barre,  pour  déclarer  les  raisons  qui  l'ont  engagé  à 
donner  cette  consigne. 

«  Il  s'élève  des  débats  tumultueux  au  milieu  desquels  on  entend 
plusieurs  voix  réclamer  l'ordre  du  jour. 

«  M.  Ducos.  —  Il  est  indécent  de  faire  perdre  dans  une  pareille 
scène-une  séance  destinée  à  des  objets  très  importans. 

«  M.  Cambon.  —  Je  réclame  l'ordre  du  jour. 

«.  M.  Maillot.  — ■  Je  demande  que  l'Assemblée  interdise  à  tous  ses 
membres  la  faculté  de  s'assembler  dans  aucune  société  particulière. 
(On  murmure.) 

'«  M.  Daverhoult.  —  Je  suis  étonné  qu'on  fasse  une  motion  qui  ne 
peut  en  aucune  manière  regarder  l'Assemblée,  car-  l'assemblée  n'a 
rien  à' connaître  dans  la  vie  privée  de  chacun  de  ses  meànbres. 

«  M.  Lacrolv.  —  Je  m'étonne,  avec  le  préopinant,  qu'un  membre 
ait  pu.proposer  à  l'Assemblée  de  prononcer  sur  ce  qui  se  passe  hors 
de  son  sein.  Je  demande  non  seulement  que  sur  cette  motion  on 
passe  à  l'ordre  du  jour,  mais  que  celui  qui  la  faite  soit  rappelé 
à  l'ordre.  Cette  proposition  a  été  faite  pour  donner  le  change  sur  un 
délit  commis  par  un  membre  de  cette  Assemblée,  président  de  la 
Société  des  Feuillàns;  (Les  tribunes  applaudissent  avec  transport.) 
c'est  lui  qui  a  donné  cette  consigne.  Je  demande  que  l'officier  de 
garde  soit  mandé  à  la  barre  pour  nous  en  rendre  raison.  (Les 
applaudissements  des  tribunes  recommencent.) 

«  M...  —  Je  deniande  que  M.  Lacroix  soit  rappelé  à  l'ordre.  (On 
murmure.) 

«  M.  CiiÉRON.  —  Pour  répondre  à  M.  Lacroix,  j'insiste  sur  la  propo- 
sition de  faire  venir  l'officier  de  garde  à  la  barre.  Quant  aux  injures 
de  M.  Lacroix,  je  me  réserve  d'y  répondre.  (On  murmure.) 

«  M.„Cambon.  —  Allons  donc,  l'ordre  du  jour.^ 

«  M.  RoBKcouHT.  —  La  consigne  regarde  les  commissaires  inspec- 
teurs de  la  salle,  et  je  vous  proteste  qu'ils  n'ont  point  donné  la  con- 
signe dont  un  membre  s'est  plaint. 


352  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

<(  M.  RouLuiÈs.  —  L'Assemblée  s'occupe  depuis  trop  longtemps  (run 
fait  qui  écarte  l'objet  de  la  délibération.  Je  demande  que  l'on  passe 
tout  de  suite  à  l'ordre  du  jour,  (On  murmure.) 

«  Après  une  assez  longue  agitation,  l'Assemblée  décrète  que  l'offi- 
cier de  garde  sera  mandé  pour  savoir  qui  lui  a  donné  la  consigne. 

«  On  introduit  successivement  deux  officiers  de  la  garde  nationale, 
qui  déclarent  que  le  poste  où  était  la  sentinelle  dont  on  dénonce  la 
consigne  ne  les  regardait  pas. 

«  On  en  amène  un  troisième. 

«  M.  le  Président  lui  demande  s'il  est  vrai  qu'il  ait  donné  la  con- 
signe dont  on  se  plaint. 

«  L'officier.  —  Il  est  vrai  qu'à  l'entrée  des  Feuillans,  j'ai  donné  la 
consigne  de  ne  laisser  entrer  qu'avec  des  cartes  rondes  et  triangu- 
laires, parce  que  je  connais  l'une  pour  être  la  carte  de  député  et 
l'autre  celle  de  la  Société  des  Feuillans.  Si  j'ai  donné  cet  ordre,  c'était 
pour  interdire  l'entrée  aux  malveillans.  (On  murmure.)  Mais  je  n'ai 
pas  donné  d'ordre  qui  regardât  l'Assemblée  en  aucune  manière, 

«  L'Assemblée  passe  à  l'ordre  du  jour. 

«  M.  Merlin  (1).  —  Je  demande  la  parole  pour  une  motion  d'ordre. 
(On  réclame  l'ordre  du  jour.)  Personne  n'a  le  droit  de  m'empêcher 
de  parler,  quand  je  veux  faire  une  motion  d'ordre.  (On  murmure.)  Je 
demande  qu'il  soit  décrété  qu'aucune  force  publique  n'approchera  de 
l'Assemblée  et  des  établissemens  qui  la  concernent,  qu'à  une  distance 
d'au  moins  cinquante  toises.  (On  murmure.) 

(c  M.  Bazire.  —  M.  Merlin  a  la  parole,  je  demande  qu'elle  lui  soit 
continuée. 

«  M.  Merlin.  —  Je  sortais  avec  M.  Grangeneuve,  pour  me  rendre 
au  Comité  de  surveillance,,  lorsqu'au  passage  qu'on  appelle  le  chœur 
des  Feuillans,  j'ai  trouvé,  je  ne  sais  si  ce  sont  des  sbires  ou  des  janis- 
saires. (On  murmure.)  (Plusieurs  voix  :  au  fait,  au  fait.]  J'y  suis.  Si 
vous  ne  voulez  pas  m'en  tendre  à  la  tribune,  je  descends  à  la  barre. 
(On  murmure.) 

«  Il  s'élève  une  longue  et  violente  agitation. 

«  M.  Merlin.  —  Je  dis  qu'en  allant  au  Comité  de  surveillance,  j'ai 
été  arrêté  par  des  sbires  qui  m'ont  déchiré  mon  habit.  (On  murmure.) 
C'est  la  garde  nationale  qui  m'a  sauvé  des  mauvais  traitemens  dont 
j'aurais  été  peut-être  la  victime.  (On  murmure.) 

(1)  Merlin  (de  Douai;,  futur  conventiounei. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  353 

«  M.  Lacroix.  —  Je  demande  que  ce  délit  soit  dénoncé.  (Les  tri- 
bunes applaudissent.) 

«  L'agitation  redouble. 

«  M.  Merlin.  —  J'ai  demandé  si  j'étais  dans  le  sanctuaire  des  droits 
de  l'homme  et  du  citoyen,  et  tandis  qu'on  m'assurait  qu'oui,  une 
multitude  effrénée  tombait  sur  moi  et  m'arrachait  du  chœur  des 
Feuillans. 

«  Quelques  voix.  —  Il  faut  prouver  tout  ce  que  vous  dites. 

«  On  demande  d'un  côté  que  M,  Grangeneuve  soit  entendu  ;  d'un 
autre,  que  l'affaire  soit  renvoyée  aux  commissaires  de  la  salle  pour 
en  présenter  le  rapport. 

«  M.  GiRARDiN.  —  Je  demande  que  MM.  les  commissaires  de  la  salle 
se  retirent  à  l'instant  pour  s'assurer  des  faits.  M.  le  président,  la 
Constitution  vous  charge  de  la  police  intérieure  et  extérieure  de  la 
salle;  vous  devez  donner  des  ordres  pour  qu'aucune  force  publique 
ne  s'apprOche  de  cette  enceinte,  sans  votre  aveu.  Il  est  temps  de  ter- 
miner des  scènes  qui  déshonorent  l'Assemblée.  Il  est  temps  de 
prendre  des  précautions  pour  qu'elles  ne  soient  plus  reproduites. 

«  M.  Lacroix.  —  Je  vais  plus  loin  que  M.  Girardin.  Je  reconnais, 
comme  lui,  que  la  police  de  la  salle  et  de  ce  qui  l'environne  n'appar- 
tient qu'au  corps  législatif,  puis  je  demande  en  outre  que  l'Assem- 
blée décrète  qu'aucun  club,  aucune  Société  particulière  ne  pourra  se 
réunir  dans  cette  enceinte.  (On  applaudit.) 

«  M.  Jaucourt.  —  Je  demande  que  les  commissaires  de  la  salle 
prennent  connaissance  des  faits.  Le  public  a  été  témoin  de  ces  détails, 
j'ose  dire,  indignes  de  l'Assemblée  nationale  ;  il  doit  aussi  connaître 
les  mesures  que  vous  prendrez  pour  faire  cesser  ce  scandale.  Je  dis 
que  le  Club  des  Feuillans  a  sans  doute  la  prétention  d'être  dévoué  à 
la  Constitution.  (On  murmure.)  Mais  enfin  il  s'élève  dans  Paris  une 
rivalité  dangereuse  de  patriotisme  qui  ne  peut  être  qu'un  ferment  de 
discorde  et  de  trouble  pour  tout  le  royaume.  Tant  que  les  députés  se 
pareront  d'autres  couleurs  que  des  couleurs  nationales,  tant  qu'ils  se 
livreront  au  dehors  à  l'esprit  de  parti,  jamais  il  n'y  aura  de  tranquil- 
lité dans  l'Assemblée.  Je  demande  donc,  non  pas  comme  décret,  non 
pas  comme  règlement,  mais  comme  un  gage  de  la  fraternité  qui  doit 
nous  unir,  comme  un  témoignage  de  la  confiance  qui  doit  nous 
animer;  je  demande,  au  nom  de  la  paix,  au  nom  de  la  patrie,  que 
tous  les  députés  se  soumettent  à  ne  jamais  paraître  dans  aucune  So- 
ciété particulière.  (L'Assemblée  et  les  tribunes  applaudissent.) 

«  M.  Grangeneuve.  —  Un  député  à  ^Assemblée  nationale,  se  rendait 

à  son  Comité.  Il  a  été  arrêté  par  des  hommes  armés... 

23 


354  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  M...  —  Je  demande  la  permission  d'interrompre  ici  l'opinant, 
parce  que  cela  est  faux.  (On  murmure.) 

«  L'agitation  recommence  et  devient  tumultueuse. 

u  M.  LE  Président.  —  Je  prie  rAssemblée  de  garder  le  silence,  sans 
quoi  je  ne  pourrai  pas  continuer  de  présider. 

«  M.  GiRARDiN.  —  Je  demande  qu'on  lève  la  séance,  et  qu'il  n'y  en 
ait  plus  le  soir. 

«  M.  Grangeneuve.  —  Un  député,  allant  à  son  comité,  a  été  arrêté 
par  des  hommes  armés;  un  membre  m'a  dit  que  cela  était  faux  :  je 
demande  qu'il  soit  rappelé  à  l'ordre.  (On  murmure.)  Est-il  possible, 
est-il  tolérable  que  dans  l'enceinte  où  sont  placés  les  bureaux  de  l'As- 
semblée, un  membre  ne  soit  pas  en  sûreté?  Est-il  tolérable  que  ce 
membre  soit  conduit  devant  cette  Société? 

«  Une  voix.  —  Cela  n'est  pas  vrai;  il  a  demandé  à  y  entrer.  (On 
murmure.) 

«  M.  Grangeneuve.  —  Est-il  possible  qu'un  représentant  de  la  na- 
tion... (On  murmure.)  Qu'un  représentant  de  la  nation...  (On  mur- 
mure.) —  L'orateur,  se  tournant  à  la  droite  du  président  :  Si  vous  ne 
me  laissez  pas  achever,  je  vous  dénoncerai  tous;  oui,  vous  tous.  (Les 
tribunes  applaudissent  à  plusieurs  reprises.)  Les  véritables  bornes  de 
l'Assemblée  sont  celles  de  l'empire  français.  Je  demande  la  vengeance 
d'un  outrage  fait  à  un  membre  qui  se  rendait  à  son  devoir,  dans 
l'enceinte  de  l'Assemblée.  Il  s'agit  de  savoir  si  l'Assemblée  aura  moins 
d'égards  pour  les  députés  que  pour  le  Club  des-  Feuillans.  (Les  ap- 
plaudissements des  tribunes  recommencent.)  L'officier  de  garde  exté- 
rieure a  présenté  la  bayonnette  sur  la  poitrine  d'un  député.  Je 
demande  qu'il  soit  à  l'instant  amené  à  la  barre.  (Les  applaudissements 
des  tribunes  redoublent.) 

«  Le  tumulte  recommence. 

«  M.  Lacretelle.  —  Je  viens  d'apprendre  qu'un  commissaire  de 
police,  qui  assistait  à  la  séance  des  Feuillans,  a  dressé  un  procès- 
verbal.  Je  demande  que  ce  commissaire  soit  mandé  pour  nous  en 
donner  connaissance.  (On  murmure.) 

«  L'Assemblée  décrète  que  ce  commissaire  sera  amené  à  la  barre. 
(On  applaudit.) 

«  M.  le  Président.  —  On  m'annonce  que  la  garde  était  uniquement 
commandée  pour  les  Feuillans,  et  qu'il  n'y  a  plus  à  la  Société  ni  mem- 
bres, ni  gardes. 

«  On  demande  le  renvoi  de  l'affaire  aux  commissaires  de  la  salle. 

«  Ce  renvoi  est  décrété. 

«  La  séance  est  levée  à  neuf  heures  et  demie.  » 


CLUB  DEà  FEUILLANTS  355 

Le  mardi  27  décembre  1791,  aux  Jacobins,  Merlin  rendit  compte 
de  ce  qui  lui  était  arrivé.  On  passa  à  l'ordre  du  jour  «  sur  ces  détails 
affligeants  pour  de  véritables  patriotes.  »  Les  questions  relatives  aux 
émigrés,  à  la  guerre,  aux  prêtres  insermentés  étaient  bien  plus  im- 
portantes. 

Chéron  publia  une  brochure,  au  lieu  de  se  tenir  pour  battu.  De  là 
une 

«  Réponse  de  M.  le  maire  à  l'écrit  de  M.  Chéron  intitulé  :  Conduite 
de  M.  Chéron^  à  Voccasion  de  la  Société  des  Feuillans,  ou  quelques 
petites  erreurs  glissées  dans  une  feuille  imprimée  et  distribuée  gra- 
tuitement à  la  porte  de  l'Assemblée  nationale,  intitulée  :  Conduite  de 
M.  le  maire  de  Paris. 

«  Monsieur,  vous  vous  plaignez  de  quelques  petites  erreurs  qui  se 
sont  glissées  dans  l'impression  de  vos  lettres;  ces  erreurs  sont,  en 
effet,  très  petites. 

«  J'ai  remis,  et  vos  lettres  et  celles  de  M.  le  commandant-général 
de  la  Garde  nationale,  et  celle  de  M.  le  commissaire  de  police  et  les 
miennes,  dans  l'ordre  de  leurs  dates,  à  un  commis  pour  les  copier, 
et  en  lui  disant  :  «  Retranchez  de  la  fin  tout  ce  qui  est  de  compliment 
et  de  cérémonie.  »  Rien,  en  effet,  n'est  plus  étranger  au  fond,  rien 
n'est  plus  inutile  et  plus  insipide  pour  le  public  :  aussi  n'en  est-il  au- 
cune, soit  des  vôtres,  soit  des  miennes,  où  il  soit  resté  des  formules 
d'étiquette. 

«  Je  n'ai  cru  blesser  en  cela  ni  les  convenances,  ni  votre  délica- 
tesse. 

«  Quant  aux  mots  que  le  copiste  a  sautés,  ils  ne  sont  d'aucune  im- 
portance; ils  ne  changent  en  rien  vos  idées,  vos  principes  et  les  faits... 
Il  est  facile  de  s'en  convaincre  par  le  rapprochement  de  nos  deux 
écrits. 

«  Je  vous  avoue  franchement  que  je  n'ai  pu  relire  ce  que  le  copiste 
a  fait;  mon  temps  étoit  pris  par  des  occupations  urgentes  et  multi- 
pliées. Ce  n'est  pas  moi,  non  plus,  qui  ai  vu  l'épreuve  :  elle  fut  ap- 
portée, le  soir,  lorsque  j'étois  à  la  municipalité.  Une  personne  de 
connoissance,  qui  se  trouvoit  à  la  mairie,  prit  ce  soin. 

«  Rien,  au  surplus,  n'est  moins  digne  d'attention  que  tout  cela,  et 
il  n'a  pas  pu  vous  entrer  dans  la  tête  que  ce  soit  à  plaisir  ou  à  des- 
sein qu'on  ait  voulu  faire  la  plus  légère  altération  à  vos  lettres.  Une 
imprudence  aussi  absurde  seroit  inconcevable. 

«  Vous  avez  remarqué  des  mots  en  italique  dans  ma  lettre  du  2G... 


356  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Je  suis  très  éloigné  de  les  désavouer  ;  mais  ce  n'est  pas  moi  qui  ai 
le  mérite  de  les  avoir  marqués  de  ce  caractère  distinctif. 

«  Votre  dernière  lettre  n'a  pas  été  insérée,  parce  qu'elle  est  arrivée 
trop  tard,  et  que  la  composition  étoit  faite  ;  car  il  ne  m'en  eût  pas 
plus  coûté  de  la  mettre  que  les  premières. 

«  Je  n'ai  pas  non  plus  inséré  mon  petit  mot  de  réponse ,  deux 
lettres  que  j'ai  écrites,  l'une  à  M.  le  Commandant-général  de  la  garde, 
l'autre  à  M.  le  commissaire  de  police,  ainsi  que  des  pièces  qui  me 
sont  parvenues  depuis. 

«  Il  seroît,  je  pense,  inutile  d'en  dira  davantage  sur  un  aussi  mince 
sujet;  j'ignore  comment  il  a  pu  vous  occuper  un  seul  instant. 

«  Le  maire  de  Paris  :  Pétiiion  (1).  » 

Les  Révolutions  ajoutent  :  «  Il  a  paru  encore  sur  le  même  objet 
une  Dernière  réponse  de  M.  Péthion  à  M.  Chéron.  En  vérité,  M.  le 
maire  de  Paris  est  bien  bon  de  répondre  par  deux  fois  aux  mauvaises 
chicanes  que  lui  fait  le  député  ministériel.  » 

On  n'en  avait  pas  fini  avec  le  Club  des  Feuillants^  môme  à  l'Assem- 
blée législative. 

«(  Séance  du  mardi  27  décembre,  à  l'Assemblée  législative. 
«  Un  de  MM.  les  secrétaires  fait  lecture  d'une  lettre  de  M.  Pétion; 

elle  est  ainsi  conçue  :  • 

«  Paris,  27  décembre. 

«  Monsieur  le  Président,  il  m'était  difficile  de  prévoir  que  des  me- 
sures sollicitées  avec  instance  par  des  membres  de  l'Assemblée  natio- 
nale, exigées  pour  le  maintien  de  l'ordre,  deviendraient  un  sujet  de 
plainte.  Depuis  plusieurs  jours,  placé  entre  le  peuple  et  les  Feuillans, 
entre  la  loi  et  l'opinion,  je  remplis  un  devoir  bien  pénible.  Le  décret 
sur  la  police  municipale  porte  que  ceux  qui  voudront  former  des 
Sociétés  seront  tenus,  sous  peine  d'une  amende  de  200  livres,  de 
déclarer  à  la  municipalité  le  lieu  et  les  jours  de  leurs  séances.  11  ré- 
sulte que  ces  Sociétés  sont  sous  la  surveillance  du  corps  municipal. 
Est-il  de  la  convenance,  est-il  de  la  dignité  des  Représentans  du 
peuple,  d'exercer  la  police  ailleurs  que  dans  l'enceinte  de  l'Assem- 
blée? Mais  si  la  Société  des  Feuillans  se  trouve  réunie  dans  l'enceinte 
de  l'Assemblée  nationale,  c'est  à  elle  à  exercer  cette  police.  Je  vous 
prie,  Monsieur  le  Président,  d'engager  l'Assemblée  à  décider  prompte- 
ment  si  elle  regarde  le  lieu  où  se  réunit  la  Société  clés  Feuillans  comme 
renfermé  dans  son  enceinte.  » 

(1)  Révolutions  de  Paris,  n»  130,  du  30  décembre  1791  au  7  janvier  1792. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  357 

«  M...  —  Je  répète  aujourd'hui  la  motion  que  j'ai  faite  hier,  qu'au- 
cun club,  aucune  Société,  ne  pourra  se  réunir  dans  l'enceinte  de 
l'Assemblée  nationale.  (On  applaudit.) 

«  M.  GoupiLLEAU.  —  J'appuie  avec  d'autant  plus  de  raison,  que  la 
porte  du  Club  des  Feuillans  est  contiguë  à  celle  du  Comité  de  sur- 
veillance. Hier,  la  porte  du  Comité  était  obstruée  par  une  foule  de  ' 
gens  armés.  De  deux  choses  l'une  :  ou  il  faut  chasser  le  Club  des 
Feuillans,  ou  il  faut  chasser  le  Comité  de  surveillance. 

ft  M.  Lacroix.  —  Je  propose  de  décréter  qu'aucune  Société  ne 
pourra  désormais  se  former  ni  se  réunir  dans  les  bâtimens  dépen- 
dans  des  ci-devant  Feuillans  et  Capucins.  (On  applaudit.) 

«  M...  —  Et  des  ci-devant  Jacobins...  (On  murmure.) 

«  M.  Lkopold.  —  Je  demande  qu'on  ajourne  au  moins  jusqu'après 
le  rapport  des  commissaires  de  la  salle.  (On  murmure.) 

«  M.  Haussi-Robégourt  fait,  au  nom  du  Comité  des  inspecteurs  de 
la  salle,  un  rapport  dans  lequel  il  notifie  les  ordres  du  maire  et  du 
général,  d'après  lesquels  des  gardes  ont  été  placés  dans  le  local  des 
Feuillans;  il  ajoute  que  la  partie  de  ce  local  qui  ne  sert  pas  au  Comité 
de  l'Assemblée  nationale  a  été  remise  par  les  commissaires  inspec- 
teurs aux  administrateurs  des  domaines  nationaux.  Il  propose  un 
projet  de  décret  qui  est  adopté  en  ces  termes  : 

«  L'Assemblée  nationale,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  ses  com- 
missaires inspecteurs,  les  charge  de  prendre  les  mesures  convenables 
pour  que,  dans  l'enceinte  des  bâtimens  des  ci-devant  Feuillans  et 
Capucins,  il  ne  soit  établi  aucune  Société  particuhère,  et  que  les  par- 
ties laissées  à  la  disposition  des  administrateurs  des  domaines  natio- 
naux ne  soient  louées  qu'à  des  citoyens  dont  le  genre  de  commerce 
ou  le  métier  ne  puisse  incommoder  l'Assemblée  ni  les  travaux  des 
Comités.  » 

Les  députés  estimaient  que  le  voisinage,  pour  ne  pas  dire  la  com- 
munauté avec  le  Club  des  Feuillants^  semblait  les  compromettre  en 
ayant  un  air  quasi  officiel; 

«  Un  membre  de  l'Assemblée  a  annoncé  que  des  sentinelles  inter- 
disoient  le  passage  à  ceux  qui  n'avoient  pas  de  cartes  à  trois  pointes. 
Pour  entendre  ce  qu'il  vouloit  dire,  il  faut  savoir  que  la  Société  des 
Amis  de  la  Constitution,  séante  aux  Feuillans,  a  des  cartes  de  cette 
forme  pour  faire  reconnoître  ses  membres. 

«  Une  voix  a  réclamé  un  décret  interdisant  à  tous  les  membres  de 
l'Assemblée  d'être  d'aucun  Club  (1).  » 

(1)  Journal  de  Paris,  28  décembre  1791. 


358  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 


X 


Le  journal  de  Prudhomme,  dans  le  même  temps,  prétend  qu'un 
nommé  Dijon,  lieutenant  des  canonniers  du  bataillon  des  Filles- 
Saint-Thomas,  «  poussa  l'insolence  jusqu'à  provoquer,  de  son  sabre, 
les  citoyens  spectateurs,  qui,  plus  sages  que  ceux  qu'ils  honoroient 
de  leur  présence,  ne  répondirent  à  ses  bravades  que  par  le  plus  pro- 
fond mépris  (1).  » 

Les  Feuillants  se  conduisaient  en  maîtres,  malgré  leur  impopula- 
rité, et  leurs  adversaires,  les  uns,  monarchistes  purs,  les  autres,  fu- 
turs républicains^  devaient  bien  s'en  apercevoir.  L'Assemblée  avait 
raison  de  décider  qu'aucune  Société  particulière  ne  serait  établie 
dans  l'enceinte  des  bâtiments  des  ci-devant  Feuillants  et  Capucins. 

Qu'allait  faire  le  Club  modéré? 

«...  Nous  autres  Feuillans,  sans  pouvoir  être  contens  de  la  maison 
qu'on  nous  a  bâtie  (2),  nous  voudrions  trouver  le  moyen  de  nous  y 
arranger  tant  bien  que  mal,  plutôt  que  de  rester  encore  longtemps 
en  plein  air,  exposés  à  toutes  les  injures  de  la  saison,  c'est-à-dire 
sans  aucune  autorité  vraiment  tutélaire,  en  butte  à  tous  les  désordres 
de  l'anarchie,  à  toutes  les  violences  de  l'esprit  factieux,  à  toutes  les 
entreprises  des  fous  et  des  brigands  (3).  » 

Les  Feuillants  revendiquaient  le  droit  de  se  réunir  ailleurs  que 
dans  l'ancien  couvent,  dépendance  de  l'Assemblée  législative.  Per- 
sonne ne  le  leur  refusait;  seulement,  la  tranquillité  publique  pouvait 
être  de  plus  en  plus  troublée  par  eux,  et  l'on  craignait  des  scènes 
semblables  à  celles  qu'avait  occasionnées  le  Club  monarchique.  Ils 
étaient  certainement  plus  redoutables,  aux  yeux  des  députés,  que  les 
amis  de  Clermont-Tonnerre,  parce  qu'ils  s'entendaient  davantage 
avec  les  hommes  du  gouvernement,  avec  le  pouvoir  exécutif,  et  qu'ils 
étaient  en  passe  de  prendre  le  pouvoir  dans  l'occasion. 

Des  journaux  très  répandus  ne  cessaient  d'exalter  leurs  mérites. 

En  février  1792  (n"  du  22),  la  Gazette  universelle  imprimait  que  si 
les  Feuillants  «  méritaient  quelque  reproche,  c'était  de  ne  pas  mon- 
trer assez  d'énergie.  » 


(1)  Révolutions  de  Paris,  n°  129,  du  24  au  31  décembre  1791.  Dijon  figure  parmi 
les  Feuillants,  sur  la  seconde  liste.  (Voir  plus  haut,  p.  303.) 

(2)  Allusion  à  la  Constitution. 

(3)  Entretien  d'un  Feuillant  et  d'un  Jacobin,  Paris,  1792.  (Bib.  Nat.,  Lb  39/3710.) 


CLUB  DES  FEUILLANTS  359 

Les  Indépendants  tentèrent  la  ruine  des  clubs,  y  compris  celle  des 
Feuillants,  et  ceux-ci  votèrent,  à  l'Assemblée,  la  proposition  de 
Mouysset  sur  ce  sujet.  Ils  voulaient  empêcher  le  Club  des  Jacobins 
d'exister,  même  au  prix  de  leur  propre  club.  Ils  imputaient  les  désor- 
dres aux  Sociétés  populaires,  autant  qu'aux  conspirations  monar- 
chistes, et  continuaient  la  guerre  qui  exista  contre  les  réunions  poli- 
tiques fixes  pendant  la  Révolution. 

Le  Cosmopolite^  journal  dont  le  belge  Proly,  fils  naturel  du  prince 
de  Kaunitz,  passait  pour  être  le  rédacteur,  publia  un  article  curieux. 

Selon  lui,  en  février  1792,  un  assez  grand  nombre  de  députés,  parmi 
lesquels  Charlier  (1),  Lamarque,  Jean  Debry  (2)  et  Maille,  Jacobins, 
et  Hua,  Chéron  et  Lagrévole,  Feuillants,  se  réunirent  dans  la  salle  de 
l'Assemblée  législative,  et,  de  là,  dans  celle  du  comité  de  division. 
Maille  proposa  de  se  trouver  dans  la  salle  de  l'Assemblée,  tous  les 
jours  qu'il  n'y  aurait  pas  de  séance  le  soir,  et  d'y  discuter,  en  confé- 
rence, les  matières  importantes  qui  devraient  être  débattues  par  les 
députés.  Il  n'y  aurait  aucune  délibération,  point  de  procès-verbal  ; 
les  députés  seuls  y  seraient  admis,  et  le  doyen  d'âge  préside- 
rait (3). 

Aucun  de  ces  projets  ne  reçut  d'exécution.  Cependant,  la  Société 
feuillantine  allait  errer,  sans  perdre  son  existence. 

Pour  cause  d'attroupements,  en  effet,  il  fut  ordonné  aux  Feuillants 
de  se  transférer  dans  un  autre  local.  A  dater  de  ce  moment,  leurs 
séances  devinrent  désertes  et  leur  influence  décrut  encore.  Une  très 
vive  discussion  eut  lieu,  le  6  janvier  1792,  aux  Jacobins.  Il  s'agissait 
de  savoir  si  un  individu  ayant  fait  partie  du  Club  des  Feuillants  pour- 
rait être  reçu  au  Club  des  Jacobins  (4).  Collot  d'Herbois,  le  même 
jour,  prononçait  un  discours  où  l'on  trouve  ces  phrases  :  «  Parmi  les 
personnes  qui  ont  été  aux  Feuillants,  il  en  est  un  grand  nombre  qui 
sont  très  repentants,  et  qui  voudraient  pouvoir  effacer  des  jours  de 
leur  vie  les  jours  qu'ils  ont  passés  aux  Feuillants.  D'ailleurs,  ceux  qui, 
y  ayant  été,  disent  qu'ils  n'y  ont  pas  été,  prouvent  bien  par  là  qu'ils 
sont  honteux  de  leur  démarche,  puisqu'ils  n'osent  pas  l'avouer.  »  Il 
inclinait  pour  l'admission.  Mais  Robespierre  insista  fortement  «  pour 
qu'aucun  des  membres  qui  s'étaient  présentés  aux  Feuillants  no  piU 


(1)  Ce  député,  élu  par  la  Marne  à  la  Législative,  siégeait  à  rcxtrêine  gauche. 

(2)  Député  de  l'Aisne,  siégeant  à  l'extrême  gauche. 

(3)  Le  Cosmopolite,  numéro  du  22  février. 

(4)  Bûchez  et  Roux,  Histoire  parlementaire  de  la  Révolution,  t.  XIII,  p.  14^5. 
Séance  du  vendredi  G  janvier  1792,  sous  la  présidence  de  M.  Antonellc.  —  La 
Société  des  Jacobins,  par  F.  A.  Aulard,  t.  III,  p.  IJ13. 


360  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

jamais  être  admis  dans  la  Société  des  Jacobins  »;  et  sa  motion  fut 
adoptée  à  l'unanimité. 

On  était  loin  du  temps  où  la  réconciliation  semblait  possible. 

Le  13  janvier  1792,  M.  Recourt  demanda,  dans  le  Club  des  Jaco- 
bins, à  faire  une  motion  d'ordre  au  sujet  de  M.  Feuillant,  directeur 
du  Journal  du  soir  et  membre  des  Jacobins,  lequel  s'était  permis,  en 
parlant  du  bruit  qui  avait  eu  lieu  aux  Feuillants^  de  dire  que  ce  bruit 
avait  été  occasionné  par  les  Jacobins.  11  proposa  la  radiation  de 
M.  Feuillant  sur  la  liste  des  Jacobins;  mais  l'affaire  fut  renvoyée  au 
Comité  de  présentation,  d'après  l'avis  de  Real. 

Dans  une  adresse  des  Jacobins  à  leurs  sociétés  affdiées,  le  17  jan- 
vier, on  lit  :  «  Les  Feuillants  ont  une  existence  très  précaire,  et  ne 
perdent  cependant  point  de  vue  leurs  grands  projets.  Ils  sont  errants 
depuis  quelque  temps,  et  ne  se  rassemblent  qu'en  petit  comité.  Ils 
se  proposent  d'acquérir  un  vaste  local,  et  d'attirer  une  grande  af- 
fluence  à  leurs  discussions  ;  mais  il  se  passera  quelque  temps  avant 
que  ce  bel  établissement  se  réalise,  et  nous  croyons  qu'ils  ne  sont 
point  pressés  d'avoir  le  peuple  de  Paris  pour  témoin  de  leurs  délibé- 
rations. Leur  devise  fastueuse  n'en  impose  à  personne  :  La  Constitu- 
tion, toute  la  Constitution,  rien  que  la  Constitution  ;  c'est  comme  s'ils 
disaient  :  La  liste  civile,  toute  la  liste  civile,  rien  que  la  liste  civile.  » 

«Les  Feuillants,  annonça  bientôt  .Carra,  vont  reprendre  leurs 
séances;  ils  font  préparer  à  cet  efTet  l'église  Saint-Honoré.  Le  consti- 
tuant Duport,  qui  gouvernait  le  château  et  le  ministère  du  temps  de 
Lessart,  sera,  dit-on,  président  de  ce  club;  le  fameux  Rarnave,  qui  a 
quitté  le  midi  de  la  France  depuis  que  les  Marseillais  y  ont  rétabli 
l'empire  de  la  liberté,  et  qui  arrive  à  Paris  tout  courant,  sera  secré- 
taire ou  vice-président  du  club  feuillant  (1).  » 

Le  Patriote  français  annonçait,  lui  aussi  :  «  Les  Feuillans  vont 
reprendre  leurs  séances;  ils  se  rassembleront  dans  l'église  de  Saint- 
Honoré.  M.  Adrien  Duport  doit  être,  dit-on,  président,  et  M.  de  Rar- 
nave, qui  est  de  retour  à  Paris,  secrétaire  (2).  » 

Le  23  février  1792,  il  y  avait  eu  un  grand  tumulte  à  l'Assemblée, 
législative  sur  la  proposition  faite  par  Mouysset  de  former  un  club 
dans  la  salle  les  après-midi,  lorsqu'il  n'y  aurait  pas  de  séance,  et 
d'empêcher  les  députés  d'aller  aux  Jacobins  ou  aux  Feuillants  (3). 

(1)  Annales  patriotiques,  du  1"  avril  1792,  n°  92. 

(2)  Patriote  français,  du  31  mars  1792,  n»  964. 

(3)  Répertoire  ou  Almanach  historique  de  la  Révolution  française,  Paris,  1798.— 
Mouysset  fut  plus  tard  commissaire  du  gouvernement  consulaire,  et  conserva  ces 
fonctions  sous  l'Empire. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  361 


XI 


Pour  la  première  fois,  en  février  1792,  la  presse  distingua,  par 
leurs  noms  propres,  les  fractions  de  l'Assemblée  :  Feuillants,  Indé- 
pendants, Patriotes- Jacobins  (parti  de  Brissot)  et  la  Montagne  (1). 

Les  députés  de  la  Gironde  formaient  déjà  un  parti,  qui,  pour  l'ave- 
nir, se  préparait  à  enlever  aux  Feuillants  leur  dernière  force. 

Narbonne,  Duport-Dutertre  et  Cahier  de  Gerville  (2)  étaient  feuil- 
lants à  divers  degrés  ;  l'influence  de  ces  ministres  devait  bientôt  céder 
à  celle  des  Girondins,  plus  avancés,  républicains  de  cœur,  alors 
décidés  à  l'action  révolutionnaire. 

Le  directoire  de  Paris  se  composait  de  feuillants,  presque  en  tota- 
lité. Le  procureur-général-syndic  Rœderer  était  feuillant.  Celui-ci 
eut  l'occasion,  plus  tard,  de  sauver  Louis  XVL  II  fournissait  des  arti- 
cles au  Journal  de  Paris. 

Mais  le  parti  feuillant  avait  eu  le  dessous  dans  les  élections  munici- 
pales. Le  parti  de  la  Gironde  gagnait  du  terrain,  et,  lui  aussi,  s'adres- 
sait à  une  classe  de  citoyens  opposés  aux  Jacobins  et  aux  Cordeliers. 

Les  Feuillants  et  les  Girondins  étaient  unis  dans  l'intérêt  commun 
de  la  bourgeoisie;  mais  les  Feuillants  pensaient  que  la  bourgeoisie 
ne  pouvait  triompher  qu'avec  l'appui  des  classes  privilégiées  contre 
le  peuple,  et  les  Girondins  estimaient  que  ce  triomphe  dépendrait 
d'une  alliance  avec  le  peuple  contre  les  classes  privilégiées.  Souvent, 
les  députés  de  ces  deux  partis  votaient  ensemble. 

De  même  que  les  émigrés  en  1792,  les  Feuillants  invoquaient  le 
salut  du  roi,  ce  qui  les  rendait  odieux  au  peuple.  A  mesure  que  le 
courant  devenait  plus  révolutionnaire,  leurs  principes  constitution- 
nels avaient  moins  de  chance  de  succès.  Les  émigrés  voyaient  en  eux, 
malgré  tout,  une  sorte  de  Jacobins  voulant  ménager  les  modérés;  le 
peuple  les  confondait  avec  les  étrangers.  Quoi  qu'ils  tentassent  pour 
le  bien  de  la  Cour,  pour  l'affermissement  du  trône,  Louis  XVI  et  son 
entourage  n'avaient  aucune  confiance  en  eux.  Ils  se  proclamaient 
sans  cesse  purs  constitutionnels,  honnêtes  gens  au  suprême  degré; 
mais  le  peuple  les  accusait  de  trahison  à  son  égard.  Les  Feuillants  se 


(1)  Patriote  français,  numéro  du  24  février  1792. 

(2)  Vcrgiiiaud,  Ducos  et  Graugcncuve  le  harcelaient  saus  cesse,  le  trouvaient 
tiède.  Il  quitta  le  ministère  le  15  mars  1792  ;  il  était  dépopularisé. 


362  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

compromettaient  de  manière  à  être  victimes  des  Jacobins  ou  des 
émigrés,  si  les  uns  ou  les  autres,  parmi  ceux-ci,  l'emportaient. 

Rendre  au  roi  sa  puissance,  telle  qu'elle  existait  naguère,  n'était 
pas  leur  but,  comme  celui  des  royalistes  et  des  aristocrates,  mais 
ils  songeaient  à  dominer  sous  Louis  XVI  amoindri,  selon  les  contre- 
révolutionnaires,  par  la  Constitution. 

Carra  les  démasquait  : 

«  Les  Feuillans  d'aujourd'hui  ne  sont  que  les  ci-ÙG\aLni  monarchieux 
de  Stanislas  Clermont-Tonnerre;  mais  ce  chef,  le  petit  Gouy,  les 
Lameth,  les  Barnave  et  autres  compères  ont  su  grossir  leur  parti 
d'un  certain  nombre  de  badauds  de  bonne  foi,  au  moyen  de  la  de- 
vise, la  Constitution^  toute  la  Constitution,  rien  que  la  Constitution. 
Ces  mots,  en  eux-mêmes  très  légaux,  signifient  en  termes  d'argot  : 
point  d'égalité;  une  chambre  de  nobles;  demi-contre  révolution  (1).  » 

En  avril  1792,  à  propos  de  la  fête  célébrée  en  l'honneur  des  soldats 
de  Châteauvieux,  on  publia  :  le  Coup  de  grâce  des  Feuillants,  etc.  (2), 
et  la  Grande  éclipse  du  soleil  jacobiniste  et  de  la  lune  feuillantine... 
par  la  Liberté,  en  l'an  IV  de  son  nom,  dédiée  à  la  Terre  (3). 

Dans  les  Révolutions  de  Paris,  ils  n'étaient  pas  mieux  traités,  car 
ce  journal  allait  jusqu'à  voir  un  dictateur  en  La  Fayette,  à  préférer 
un  gouvernement  monarchique  selon  la  Constitution  à  un  gouver- 
nement aristocratique. 

«  Oui,  plutôt  que  de  voir  détruire  la  liberté  sous  les  couleurs  de  la 
philosophie  et  du  patriotisme,  il  faut  arracher  aux  Feuillans  leur  an- 
cienne devise,  et  l'écrire  sur  la  poitrine  des  véritables  patriotes  :  La 
Constitution,  toute  la  Constitution,  rien  que  la  Constitution.  Mieux 
vaut  Louis  XVI  i^oi,  que  La  Fayette  dictateur;  mieux  vaut  la  Consti- 
tution monarchique  qu'un  gouvernement  aristocratique;  mieux  vaut 
mourir  que  de  faire  une  deuxième  révolution  pour  la  manquer  en- 
core, et  ne  la  faire  qu'au  profit  d'une  misérable  faction  (4)  !  » 

Le  10  avril  1792,  aux  Jacobins,  une  lettre  de  Strasbourg  démentit 
ce  que  l'on  avait  annoncé  dans  un  écrit,  et  déclara  que,  jusqu'à  ce 

(1)  Annales  pairioliques,  du  24  mars  1792,  n"  84. 

(2)  Bib.  Nat.,  Lb  39/5875.  —  Le  Coup  de  grâce  des  Feuillants,  ou  les  soldats  de 
Châteauvieux  traités  comme  ils  le  méritent.  Dialogue  dans  lequel  est  le  précis  de 
l'affaire  de  Nancy  et  l'ordre  de  la  fête  civique  des  martyrs  de  la  liberté,  avec  les 
strophes  qui  seront  chantées  aux  différentes  stations  de  la  cérémonie.  L'an  IV 
de  la  liberté,  in-8',  16  p. 

(3)  Non  signé,  mais  par  Olympe  de  Gouges.  (Bib.  Nat.,  Lb  39/10533.  Brochure 
de  16  p.  in-8v) 

(4)  Révolutions  de  Varis,  1792,  du  12  au  19  mai,  n»  149. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  363 

jour,  il  n'y  avait  entre  la  Société  des  Feuillants  et  celle  des  Jacobins 
qu'un  projet  de  «  réunion  individuelle  »  et  non  une  incorporation 
entière  de  la  Société  feuillantine  avec  celle  «  des  Vrais  et  Bons  Amis 
de  la  Constitution  ». 

Dans  la  séance  du  6  mai  1792,  aux  Jacobins,  l'abbé  Danjou,  accusé 
par  Robespierre  d'avoir  passé  un  des  premiers  aux  Feuillants,  dé- 
clara :  «  Je  ne  suis  pas  Feuillant  ;  je  n'ai  jamais  été  aux  Feuillants  et 
je  n'irai  jamais  aux  Feuillants  :  je  serai  toujours  Jacobin  et  rien  que 
Jacobin.  »  Néanmoins,  il  fut  censuré  (1),  malgré  sa  notoriété  comme 
révolutionnaire. 

Les  Jacobins  mettaient  presque  sur  la  môme  ligne  les  Feuillants, 
les  Girondins  et  les  aristocrates. 

En  mai  1792,  la  fête  décernée  à  Simoneau,  maire  d'Étampes,  fut 
fastueusement  célébrée  par  les  Feuillants,  les  Brissotins  et  les  Giron- 
dins. Le  peuple  ne  participa  point  à  la  pompe  officielle.  La  fête,  dont 
les  dépenses  étaient  payées  par  une  souscription  individuelle  et  vo- 
lontaire, et  qu'on  intitula  :  Fête  de  la  Loi^  répondait  à  celle  de  la 
Liberté,  en  l'honneur  des  Suisses  de  Châteauvieux,  que  le  feuillant 
Dupont  de  Nemours  qualifiait  de  Fête  des  assassins. 

Feuillants  et  Girondins  s'entendirent  bientôt  pour  faire  décréter 
d'accusation  Marat. 

On  cria  en  mai  dans  les  rues  :  «  Complot  infernal  des  Feuillants 
découvert,  et  innocence  reconnue  des  Jacobins  (2).  » 

11  fut  question  des  Feuillants  dans  la  séance  du  17  juin  1792,  à 
l'Assemblée  législative.  «  Le  Bureau  de  police  de  la  Municipalité  de 
Paris  adressa  à  l'Assemblée  des  déclarations  de  plusieurs  citoyens 
qui  affirmaient  avoir  reçu  des  offres  d'argent  pour  aller  applaudir 
dans  les  tribunes  les  membres  du  parti  Feuillant.  —  Cette  lettre 
annonçait  qu'un  officier  public  était  compromis  dans  ces  déclara- 
tions. »  L'Assemblée  en  ordonna  le  renvoi  au  Comité  de  surveillance. 

Les  Feuillants  se  voyaient  donc  accuser  non  seulement  de  propa- 
gande, mais  encore  d'embauchage,  pour  arriver  à  leurs  fins,  pour 
parvenir  à  la  conquête  du  pouvoir. 

Le  Patriote  français  parlait  d'une  réunion  des  Feuillants  au  Club 
de  1789  (3),  où  ils  avaient  signé  «  une  belle  pétition,  rédigée  par  le 
célèbre  M.  Piira;  ils  y  adhéraient  à  la  lettre  du  département  de  Paris 

(1)  Prêtre  et  instituteur,  Jean-Pierre-André  Danjou  a  été  membre  de  la  Com- 
nmne  révolutionnaire  du  10  août,  commissaire  du  Conseil  exécutif. 

(2)  Ed.  Lockroy,  Journal  d'un  Bourgeois  pendant  la  Révolution,  in-12,  Paris,  1881, 
p.  97.  Lettre  du  19  mai  1792. 

(3)  Voir  plus  bas,  Société  de  1789, 


364  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

à  M.  Roland,  et  à  celle  de  M.  La  Fayette  à  l'Assemblée  natio- 
nale (1).  »  Pitra  avait  été  conseiller-administrateur  du  domaine  de  la 
Ville,  personnage  important  du  corps  municipal,  mêlé  à  plusieurs 
discussions  de  la  Municipalité  concernant  des  troubles,  et  partisan 
du  général  La  Fayette. 

Enfin,  \q  Patriote  français  les  gourmandait,  à  propos  de  leurs  idées 
sur  les  membres  qu'ils  admettaient  : 

«  Veut-on  connaître  la  doctrine  à  nud  de  MM.  les  Feuillans  et  la 
bonne  envie  qu'ils  ont  d'accaparer  aux  propriétaires  et  bourgeois  le 
droit  de  défendre  la  patrie,  afin  d'avoir  celui  de  l'opprimer  pour  leur 
compte,  écoutez  un  de  leurs  professeurs  : 

«  Le  citoyen  hors  d'état  de  se  procurer  un  fusil  n'est  pas  présumé 
citoyen  actif,  il  ne  peut  apporter  que  du  trouble  et  de  la  confusion 
dans  les  rangs  (2).  » 

Un  reproche  plus  grave  que  celui-là  ne  pouvait  être  adressé  aux 
Feuillants,  quand  la  patrie  allait  être  proclamée  en  danger,  quand 
la  guerre  était  déclarée  à  l'Autriche,  quand  les  hostilités  étaient 
commencées. 

Et  les  Annales  patriotiques  signalaient,  le  27  juin,  ce  fait  particulier  : 

«  Dans  la  séance  d'aujourd'hui  (26),  la  Société  des  Jacobins  a  rayé 
de  la  liste  de  ses  membres  cet  intrépide  député  de  la  Dordogne,, 
M.  Bel  faux  (3),  qui,  le  matin,  avoit  lu  à  la  tribune  de  l'Assemblée 
nationale  la  diatribe  que  lui  avoient  composée  les  Feuillans  sur  les 
Sociétés  populaires.  Sifflé  le  matin  au  sein  du  Corps  législatif,  exilé 
le  soir  du  sein  des  Amis  de  la  Constitution,  il  a  sans  doute  des  droits 
à  être  reçu  dans  le  Club  des  Feuillans  sans  passer  au  scrutin  (4.).  » 

Royalistes  avant  le  20  juin  1792,  les  Feuillants  cherchèrent  à  tirer 
parti  de  cette  journée.  Ils  demandèrent  à  l'Assemblée  législative  la 
dissolution  du  Club  des  Jacobins  (25  juin)  ;  mais  les  députés,  refusant 
en  majorité,  passèrent  à  l'ordre  du  jour.  La  Fayette,  lui,  demandait 
la  fermeture  de  tous  les  clubs,  et  ce  général,  on  le  sait,  était  comme 
le  patron  militaire  des  modérés,  —  Feuillants,  membres  de  la  Société 
de  1789  et  autres  réunions,  faisant  échec  aux  avancés. 

Le  Journal  de  Paris  et  la  Gazette  universelle,  dévoués  aux  Feuil- 
lants et  portés  vers  la  réaction,  étaient  tympanisés  par  les  Annales 


(1)  Le  PaMoie  français,  1792,  21  juin,  n»  1046. 

(2)  Le  Patriote  français,  1792,  27  juiu,  n»  1052. 

(3)  Annales  patriotiques  de  Carra,  <lu  27  juin  1792,  n»  179. 

(4)  Delfau  (Guillaume)  fut  plus  tanl  dénoncé  comme  suspect. 


CLUB  DES  FEUILLANTS  365 

'patriotiques,  ù  propos  des  fédérés  venus  à  Paris  pour  fêter  la  troi- 
sième fédération  : 

«  Hier,  16  juillet,  plusieurs  de  ces  fédérés,  indignés  de  l'audace 
coupable  des  libellistes  autrichiens,  ont  fait  des  auto-da-fé  du  Journal 
de  Paris  et  de  VInfâme  Gazette  universelle  qu'ils  ont  apperçus  dans 
quelques  cafés.  Ces  braves  patriotes  ont  un  peu  purgé  le  Palais-Royal 
de  la  vermine  aristocratique  qui  l'infectait  depuis  quelque  temps.  » 

Elles  ajoutaient  : 

Les  sections  de  Paris  se  rassemblaient  pour  «  solliciter  de  l'Assem- 
blée nationale  la  punition  exemplaire  et  solennelle  des  Feuillans  qui 
composent  le  comité  central  (1).  »  Elles  craignaient  certainement 
l'action  contre-révolutionnaire  de  ce  club  ;  c'est  une  des  raisons 
qui  expliquent  pourquoi,  le  25  juillet  suivant,  elles  se  déclarèrent  en 
permanence,  à  l'instigation  de  Danton  qui,  pour  augmenter  leur 
force,  fit  voter  par  la  section  du  Théâtre-Français  (2)  l'invitation  aux 
«  citoyens  passifs  »,  c'est-à-dire  aux  non-électeurs,  de  s'associer  à  ses 
délibérations.  Pour  échapper  à  l'influence  que  les  Feuillants  exer- 
çaient encore  sur  le  pouvoir  exécutif,  les  Jacobins,  par  l'organe  de 
Robespierre,  réclamèrent  une  Convention  nationale  élue  parle  peuple 
entier,  non  pas  seulement  par  les  citoyens  payant  une  certaine  cote 
d'impôt.  Robespierre  voyait  dans  les  Français  présentement  exclus 
des  élections  les  vrais,  les  fidèles  défenseurs  de  la  Révolution. 


XII 


Quelques  jours  après,  les  fédérés  marseillais  se  battaient  dans  les 
Champs-Elysées  avec  une  troupe  de  gardes  nationaux  royalistes. 

L'insurrection  du  10  août  survint,  en  dehors  des  Girondins. 

A  l'Assemblée,  le  11  août  1792,  le  président  lut  une  lettre  du  co- 
mité de  la  section  des  Tuileries,  annonçant  que  soixante-dix  soldats 
suisses,  recueillis  dans  le  bâtiment  des  Feuillants  adjoint  au  local  de 
l'Assemblée,  couraient  risque  d'être  enlevés  par  le  peuple.  Ces  sol- 
dats suisses  avaient  déposé  les  armes. 

L'Assemblée  législative  décréta  qu'à  l'avenir  et  pour  la  prochaine 
Convention,  «  tout  citoyen  âgé  de  25  ans,  vivant  de  son  travail  et 
domicilié  depuis  un  an,  serait  admis  à  voter  dans  les  assemblées 


(i)  Annales  patriotiques  do  Carra,  du  18  juillet  1792,  n°  200. 
(2)  Les  Cordeliers,  l'École  de  Médecine. 


366  LES  CLUBS  GONTRE-RÉVOLUTlONNAlftES 

primaires  ».  Elle  rappela  au  ministère  Roland,  Clavière  et  Servan; 
elle  donna  le  portefeuille  de  la  marine  à  Monge,  celui  des  affaires 
étrangères  à  Lebrun,  celui  de  la  justice  à  Danton.  Elle  introduisit 
le  vote  universel  à  deux  degrés  d'élection. 

Voilà  ce  que  les  Feuillants  avaient  amené,  à  rencontre  de  leurs 
projets.  Ils  étaient  absorbés  par  les  Girondins  et  par  les  Jacobins. 

«  Les  sots  feuillantins ,  sur  le  moule  d'enfantin,  croient  que  le 
peuple  va  les  dévorer.  Comme  ils  ont  tous  conspiré  contre  lui,  avec 
leur  barbare  modérantisme,  et  que  les  signataires  contre  Pétion  sont 
vus  de  très  mauvais  œil,  ils  ont  peur(l).  »  Telle  est  la  remarque  d'une 
contemporaine. 

Le  2  septembre  1792,  la  section  Grange-Batelière  (ou  Mirabeau) 
arrêta  qu'il  fallait  faire  marcher  avec  les  volontaires  parisiens  les 
citoyens  ayant  assisté  aux  «  Clubs  monarchique,  des  Feuillants,  de 
la  Sainte-Chapelle.  »  On  devait  les  placer  entre  des  patriotes  chargés 
de  les  surveiller  (2). 

C'en  était  fait  de  la  «  faction  feuillantine.  »  Si  on  ne  la  persécutait 
pas,  on  s'en  méfiait  complètement.  La  Fayette  avait  prolesté  contre 
le  10  août,  avait  songé  à  soulever,  en  faveur  de  Louis  XVI,  l'armée 
et  les  départements;  puis,  voyant  son  plan  découvert,  il  avait  aban- 
donné ses  troupes  et  s'était  dirigé  incognito  vers  la  Hollande. 

Le  21  septembre  1792,  les  Jacobins  décidèrent  que  le  titre  de 
Société  des  Amis  de  la  Constitution  serait  changé  en  celui  de  Société 
des  Jacobins,  Arnis  de  l'égalité  et  de  la  liberté.  En  effet,  depuis  ce  jour, 
le  journal  du  Club  porta  cette  inscription. 

Lorsque  la  Convention  proclama  la  République,  toute  idée  de 
royauté  constitutionnelle  devint  une  attaque  contre  la  souveraineté 
du  peuple,  et  les  Feuillants,  qui  s'en  tenaient  encore  à  la  Constitu- 
tion de  1791,  n'en  furent  pas  moins  exposés,  quoiqu'ils  fussent  des 
individualités  effacées  pour  la  plupart,  à  de  graves  suspicions.  Les 
républicains  virent  en  eux  des  conspirateurs,  capables  d'étouffer 
leurs  anciens  sentiments  libéraux,  s'il  en  était  besoin,  pour  profiter 
des  crises  politiques  afin  de  revenir  aux  prétentions  de  la  bourgeoisie 
dirigeante.  Beaucoup  payèrent  de  leur  tète  leur  influence  passée  ; 
beaucoup  aussi  tergiversèrent  pendant  nombre  d'années,  et,  finale- 
ment, apostasièrent. 

Après  la  journée  du  10  août  1793,  et  la  conduite  de  La  Fayette 

(1)  Ed.  Lockroy,  Journal  d'un  Bourgeois  pendant  la  Révolution,  p.  300.  Lettre 
du  6  septembre  1792. 

(2)  Registres  des  sections  parisiennes  pendant  les  premières  Journées  de  sep- 
tembre 1793.  Cité  par  Mortimer  Tcrnaux,  Histoire  de  la  Terreur,  t.  III,  p.  476. 


CLUB  DBS  FEUILLANTS  367 

cherchant  un  asile  à  l'étranger,  le  royalisme  des  Feuillants  ne  fit  plus 
de  doute  pour  personne.  Il  éclata  lorsqu'il  fut  question  de  juger 
Louis  XVI.  Le  général  de  Wimpfen  se  défendit,  en  novembre,  d'être 
allé  aux  Feuillants,  où  beaucoup  de  ses  amis  se  trouvaient. 

«  Mais  la  horde  des  aristocrates,  des  Feuillans,  des  modérés,  lit- 
on  dans  les  /{évolutions  de  Paris,  tous  ces  cœurs  féroces  qui  n'ont 
pas  donné  une  larme  aux  victimes  infortunées  des  fureurs  de  Louis- 
Néron,  s'apitoient  aujourd'hui  sur  son  sort...  (1).  » 

Lorsque  le  médecin  Chambon  de  Montaux  fut  candidat  pour  rem- 
placer Pélion  comme  maire  de  Paris,  un  citoyen  de  la  section  de  la 
Halle  au  Blé  écrivit  aux  Jacobins  pour  le  dénoncer,  l'accuser  d'être 
«  un  Feuillant,  un  modéré,  un  fayettiste.  » 

En  décembre  de  la  même  année,  une  lettre  des  commissaires  pour 
l'organisation  du  Mont-Blanc  fut  adressée  à  la  Convention.  Elle  con- 
tenait cette  phrase  : 

«  On  prétend  cependant  que,  dans  la  multitude  des  patriotes  révo- 
lutionnaires, il  s'est  glissé  une  certaine  quantité  de  Feuillants^  de  ces 
esprits  infirmes  ou  pervers  qui  voudroient  corrompre  la  masse,  mais 
ils  n'y  parviendront  pas  plus  qu'ailleurs... 

«  Signé  :  Grégoire,  Hérault,  Jagot,  Simon  (2).  » 

Le  1"  janvier  1793,  le  citoyen  Le  Gros  remarqua,  aux  Jacobins  : 
«  Un  Jacobin  doit  peser  plus  que  dix  mille  Feuillants!  »  Était-ce  une 
plaisanterie,  une  exagération? 

Robespierre  aine  dit,  aux  Jacobins,  à  propos  de  l'appel  au  peuple 
en  faveur  de  Louis  XVI  : 

«  Je  dis  que  les  Vergniaud,  que  les  Brissot,  que  les  Gensonné,  que 
les  Guadet  et  tous  les  coquins  de  cette  espèce,  n'appellent  point  au 
peuple,  mais  à  tous  les  aristocrates,  à  tous  les  Feuillants,  qu'ils  ral- 
lient sous  leurs  bannières  (3).  » 

Le  13  janvier  1793,  Monestier,  aux  Jacobins,  aurait  dit,  selon  le 
Patriote  français  :  «  Je  déclare,  pour  mon  compte,  que  je  suis  en 
insurrection  et  que,  si  j'aperçois  un  aristocrate,  un  Feuillant,  un 
Rolandiste,  ou  un  autre  gredin  de  ce  genre,  je  l'assassine  à  l'instant.  » 

L'exécution  de  Louis  XVI,  l'établissement  du  tribunal  révolution- 

(1)  Révolutions  de  Paris,  a-  171,  du  13  au  20  octobre  1792. 

(2)  Lettre  datée  de  Chambéry,  18  décembre  1792,  citée  daus  le  Recueil  des  actes 
du  Comité  de  Salut  public,  etc.,  publié  par  M.  F.  A.  Aulard,  t.  I. 

(3)  Séance  du  1er  janvier  1793. 


368     .  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

naire,  la  journée  du  31  mai  1793,  la  loi  des  suspects,  le  régime  de  la 
Terreur,  enfin ,  dispersèrent  ces  modérés  qui  n'avaient  pas  voulu 
accepter  les  conséquences  de  la  Révolution  commencée  en  1789, 
qui  avaient  été  supplantés  tour  à  tour  par  les  Girondins  et  les  Mon- 
tagnards. 

Le  2  juin  1793,  le  conseil  général  de  la  Commune  de  Paris  invita 
les  sections  à  expulser  de  leurs  comités  révolutionnaires  et  civils, 
ainsi  que  des  tribunaux  de  paix,  tous  les  signataires  des  pétitions  de 
huit  mille  et  de  vingt  mille,  plus  les  clubistes  de  la  Sainte-Chapelle  et- 
des  Feuillants  (1).  C'était  agir  contre  les  anciens  défenseurs  de  la 
Constitution  de  1791,  autant  que  contre  les  royalistes. 

Le  14  octobre  1793,  les  députés  de  la  Société  populaire  de  Mont- 
médy,  joints  à  ceux  de  Sedan,  de  Givet  et  de  Philippeville,  furent 
admis  à  la  barre  de  la  Convention  et  réclamèrent  que  tous  les  Feuil- 
lants fussent  déclarés  suspects,  et  que  l'on  mit  en  état  d'arrestation 
tout  homme  cherchant  à  avilir,  par  un  système  combiné  de  diffama- 
tion, le  Comité  de  salut  public. 

De  même  pour  les  électeurs  signataires  des  pétitions  monar- 
chiques. 


(1)  Moniteur  universel,  n"  1S6,  juin  Ïl'è^.  —  Almanach  historique  de  la  Révolution 
française. 


SALON    FRANÇAIS 


Fondé    en   Avril   1790. 


I 


Ce  club  s'ouvrit  en  avril  1790,  rue  Royale,  butte  Saint-Rocb,  n"  29, 
dans  une  maison  appartenant  à  M.  Vandenyver  (1),  banquier,  qui 
avait  loué  pour  neuf  années  cette  maison  à  un  sieur  Lewal,  le  26  mai 
1786.  Lewal  sous-loiia  le  premier  étage  et  le  second  aux  noirs,  ou 
députés  de  la  droite. 

Le  club  était  nettement  aristocratique,  contre-révolutionnaire.  Il 
donna  lieu,  dès  ses  premières  réunions,  à  des  attroupements  popu- 
laires et  à  des  troubles  assez  sérieux.  La  Municipalité  de  Paris  dut 
intervenir;  elle  déclara  que  les  assemblées  du  Salon  français  n'étaient 
point  contraires  aux  lois,  et  elle  prit  le  club  sous  sa  protection.  Les 
réunions  continuèrent,  non  sans  violences  de  la  part  de  quelques 
membres.  Alors  le  Tribunal  de  police  fut  saisi  de  l'affaire  et  fit  dé- 
fense au  club  de  s'assembler,  à  l'avenir,  dans  la  maison  de  la  rue 
Royale.  Il  ne  pouvait,  disait-il,  «  être  protégé  que  par  des  moyens 
violents.  » 

Le  lendemain  du  jour  où  cette  sentence  fut  notifiée,  les  attroupe- 
ments cessèrent,  le  15  mai  1790;  malgré  la  dissolution  officielle  du 
Salon  français,  ses  membres  ne  renoncèrent  pas,  eux,  à  se  réunir.  Il 
se  transporta  au  Palais-Royal,  puis  aux  Capucins,  s'il  faut  en  croire 
Montlosier. 

Ce  club  eut  des  attaches  avec  le  comte  de  Vaudreuil,  qui  avait 
émigré  avec  le  comte  d'Artois;  il  envoya  même  une  lettre  au  frère  de 
Louis  XVI,  annonçant  le  prochain  départ  du  roi.  Louis  XVI" comptait 


(1)  Vandenyver   était  trésorier  de   la  Société  de  1789.    (Voir  plus  bas,  p.  391 
et  suiv.) 

24 


370  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

beaucoup  sur  les  agissements  du  Salon  français,  dont  le  comte  de 
Vaudreuil  se  défiait,  à  cause  du  manque  de  direction  et  de  chefs  qu'il 
constatait,  et  de  l'inexpérience  d'une  foule  de  jeunes  gens  qui  s'y 
trouvaient. 

Quoi  qu'il  en  soit,  cette  réunion  n'eut  pas  une  grande  influence  sur 
les  événements  de  1790.  Ses  membres  ne  tardèrent  pas  à  se  dis- 
perser, après  la  fuite  de  Louis  XVI  et  aux  jours  de  l'émigration. 

Voyons,  maintenant,  ce  que  fut  l'existence  du  Salon  fronçais,  où  la 
noblesse  de  la  cour  et  de  la  ville  se  porta  en  foule. 

L'avocat  Lavaux,  auteur  d'une  brochure  intitulée  :  «  Les  Campa- 
gnes d'un  avocat,  ou  Anecdotes  'pour  servir  à  V Histoire  de  la  Révolu- 
tion (1)  »,  s'attribue  la  fondation  du  Salon  français.  Selon  lui,  les 
rassemblements  spontanés  de  royalistes  qui  se  formaient  chez  le 
libraire  Gathey  (2)  lui  en  fournirent  le  fonds.  Il  ajoute  que  le  Salon 
français  s'établit  d'abord  dans  un  vaste  appartement  de  la  rue  Royale, 
butte  Saint-Roch,  se  transporta  ensuite  au  Palais-Royal,  dans  un 
appartement  situé  au  second  étage,  et  qu'il  ne  s'est  dissous  que  par 
l'émigration  d'environ  600  sociétaires  qui  le  composaient. 

Christophe  Lavaux  offrit,  en  1792,  de  partager  avec  Malesherbes 
les  fonctions  de  conseil  de  Louis  XVI  devant  la  Convention. 

D'après  Montlosier,  le  Salon  français  dut  son  origine  aux  dîners 
qui  avaient  lieu  au  Palais-Royal,  chez  le  restaurateur  Masse,  et  aux- 
quels assistaient  assiduement  le  vicomte  de  Mirabeau  et  plusieurs 
membres  du  côté  droit  de  l'Assemblée  nationale.  Le  nombre  des  con- 
vives permanents  ayant  augmenté,  on  chercha  à  donner  à  ces  réu- 
nions une  consistance  plus  régulière,  et  on  loua,  chez  ce  même 
Masse,  au  Palais-Royal,  une  partie  de  son  appartement.  Le  Salon 
français  se  transporta  ensuite  aux  Capucins  (3). 

Peut-être  Montlosier  ne  parle-t-il  que  du  club  transporté  de  la  rue 
Royale  au  Palais-Royal,  après  la  sentence  rendue  par  le  Tribunal  de 
police. 

.  A  peine  ouvert,  le  Salon  français  éprouva  des  tribulations,  à  peu 
près  comme  le  Club  monarchique  à  son  début.  Le  peuple  de  Paris, 
principalement  le  peuple  habitant  le  quartier  de  la  butte  Saint-Roch, 
s'éleva  contre  les  gens  qui  fréquentaient  le  local  loué  par  la  dame 
Level  ou  Lewal.  Il  s'attroupa,  il  les  hua,  il  les  menaça  chaque  jour. 
Assurément,  il  s'agissait  de  menées  monarchiques. 


(1)  Paris,  Panckoucke,  1815,  in-8o,  p.  7,  10  et  50. 

(2).  Voir  plus  bas,  JÀbraires. 

(3)  Montlosier,  Mémoires,  t.  II,  p.  309. 


SALON  FRANÇAIS  371 

Au  commencement  de  1790,  aussitôt  après  la  formation  de  la  So- 
ciété, le  duc  de  Villequier  vint  avertir  les  membres  du  Salon  français 
que  Santerre,  à  la  tête  des  patriotes  du  faubourg  Saint-Antoine,  vou- 
lait attaquer  la  famille  royale.  Beaucoup  se  rendirent  au  château  des 
Tuileries,  avec  des  poignards  et  des  pistolets  sous  leurs  vêtements. 
11  n'en  résulta  rien  de  grave,  mais  le  public  eut  connaissance  de 
l'équipée,  ce  qui  contribua  à  rendre  le  club  antipathique  aux  masses. 
Quand  rémotion  populaire  et  les  façons  des  membres  du  club 
firent  dégénérer  les  agitations  en  troubles,  l'autorité  municipale 
pensa  qu'il  fallait  s'enquérir  des  faits,  ainsi  qu'on  le  voit  par  des 
procès-verbaux  des  commissaires  de  police,  intitulés  : 

«  Procès-verbaux  relatifs  aux  troubles  survenus  dans  la  rue  Royale, 
à  propos  de  la  réunion  contre-révolutionnaire  du  Salon  français, 
avec  un  précis  des  faits,  lettres  de  M,  Bailly,  lettres  et  ordonnances 
du  Département  de  police,  arrêté  du  district  de  Saint-Roch  et  statuts 
imprimés  de  la  Société  du  Salon  français  (14  mai  1790)  (1).  » 

Certainement,  l'ordre  était  troublé,  et  l'on  pouvait  craindre  que 
des  menaces  il  serait  bientôt  passé  aux  coups,  si  l'on  en  juge  par  la 
pièce  suivante  : 

«  Procès-verbal  d'arrestation,  dans  l'attroupement  de  la  rue  Royale, 
d'un  jeune  garçon  qui  invectivait  la  Garde  nationale  et  avait  dit 
«  qu'il  jouerait  à  pair  ou  non  la  vie  du  vicomte  de  Mirabeau  »,  lequel, 
relâché  après  vingt-quatre  heures  passées  au  violon,  tint  de  nouveau 
les  mêmes  propos  (14  mai  1790)  (2).  » 

Le  peuple  ne  cessa  de  poursuivre  l'assemblée  de  la  rue  Royale 
plusieurs  jours  durant.  Il  organisait  de  véritables  charivaris,  afin  de 
l'obliger  à  déguerpir.  Les  membres  du  Salon  français  s'obstinèrent. 
Il  fallut  que  l'autorité  redoublât  d'efforts,  que  la  presse  dévouée  à  la 
Révolution,  même  la  presse  la  moins  avancée,  s'attaquât  au  Club 
aristocratique. 

L'Observateur  français  imprima  aussitôt  :  «  Le  peuple,  au  mois  de 
mai  1790,  a  déniché  un  club  d'aristocrates  qui  se  tenait  rue  Royale, 
butte  Saint-Roch...  C'est  un  rendez-vous  de  financiers,  de  robins  et 
de  prêtres  qu'assemble  l'espoir  d'une  contre-révolution.  Une  dame 
de  Level  leur  loue  le  premier  et  le  second  étages  de  sa  maison,  à 
raison  de  mille  écus  par  mois...  Pendant  toute  cette  semaine,  il  a  tenu 

(1)  Minutes  (1  doss.).  Archives  de  la  Police,  sections  de  Paris,  procès-verbaux 
dos  commissaires  de  police  (Butte  des  Moulins). 

(2)  Minutes  (2  p.).  Archives  de  la.  Poi-icb;,  sections  de  Paris,  procès-vorbaux 
des  commissaires  do  police  (Butte  des  Moulinsj. 


372  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

ses  conciliabules  au  milieu  des  sifflets  et  des  huées,  et  ayant  toujours 
une  garde  nombreuse  à  Tentour  de  la  maison.  «  Voilà  des  aristocrates 
qui  en  gardent  d'autres  »,  disait  la  foule...  Bailly  se  rendit  là  jeudi, 
et  assura  au  peuple,  ce  qui  ne  le  contenta  point,  que  cette  assemblée 
n'avait  aucun  mauvais  dessein.  Le  lendemain,  une  ordonnance  qui 
l'autorisait  fut  affichée...  Mais,  dans  la  soirée  même,  on  y  courut... 
Le  traiteur  qui  apportait  à  manger  fut  repoussé  et  forcé  de  retourner 
sur  ses  pas.  L'abbé  Maury,  la  veille,  avait  craché  sur  le  peuple,  du 
haut  d'une  croisée  :  il  fut  conspué  à  son  tour.  Le  gros  Mirabeau  tira 
ses  pistolets  (1).  » 

Les  choses  eussent  pu  devenir  très  sérieuses.  Une  interdiction  for- 
melle de  la  police  survint,  qui  empêcha  le  Club  français  de  continuer 
ses  séances. 

Quoique  simple  journal  des  spectacles  et  des  frontières,  la  Chro- 
nique de  Paris  imprima  ces  phrases  : 

«  L'Assemblée  de  la  rue  Royale,  dite  Club  français,  est  toujours 
troublée  par  le  peuple  qui  ne  cesse  défaire  charivari,  malgré  une  pro- 
clamation de  la  police.  Il  a  embrené  le  marteau  de  la  porte,  il  jette 
des  ordures  dans  les  croisées;  enfin,  malgré  tout  ce  qu'on  peut  dire 
de  cesabat  {sic)  aristocratique,  il  ne  veut  pas  croire  qu'il  n'a  pas  le 
droit  de  troubler  des  hommes  assemblés  pour  lui  donner  une  jolie 
petite  guerre  de  religion.  Avec  ses  accompagnemens,  le  propriétaire 
ne  veut  plus  leur  louer;  la  milice  nationale  s'ennuie  du  service  jour- 
nalier qu'il  faut  faire  à  leur  porte.  Il  paroît  qu'ils  seront  forcés  de 
déguerpir,  et  de  s'assembler  rue  de  Seine,  dans  la  cave.  Le  peuple 
qui  les  hue,  proteste  toujours  que  son  intention  n'est  pas  de  leur 
faire  aucun  mal,  mais  qu'il  ne  veut  pas  les  laisser  jouer  de  leur  aris- 
tocraeerie  (2).  » 

Cette  attaque  était  rude,  car  elle  accusait  le  club  en  question  d'avoir 
une  attitude  à  la  fois  politique  et  religieuse,  alors  que  l'Assemblée 
constituante  rendait  ses  décrets  abolissant  les  vœux  monastiques, 
supprimant  les  droits  féodaux;  alors  que  le  Club  des  Impartiaux^  lé 
Club  monarchique,  le  Club  des  Feuillants,  et  la  presse  royaliste  bat- 
taient en  brèche  les  hommes  avancés  dont  le  but  était  de  rompre 
entièrement  avec  l'ancien  régime. 

La  Chronique  de  Paris  commenta  la  sentence  de  police  : 

«  Le  Tribunal  de  police  vient  de  rendre  une  ordonnance  (3)  pour 

(l)  V Observateur  français,  u"  222. 

{^)  Chronique  de  Paris,  numéro  du  16  mai  1790,  p.  542. 

(3)  Arch.  Nat.,  Répertoire  général  de  M.  A.  Tuetey,  2=  vol.,  n°  1127. 


SALON  FRANÇAIS  373 

défendre  à  l'assemblée  connue  sous  le  nom  de  Sallon  [sic)  français^ 
de  se  tenir  désormais  rue  Royale.  Entre  autres  motifs  sages  qui  ont 
décidé  cette  ordonnance,  on  remarque  que  les  membres  de  cette 
assemblée  ont  menacé  plusieurs  fois  la  Garde  nationale,  placée  là 
pour  la  défendre  :  on  cite  cette  belle  réponse  d'un  citoyen-soldat, 
qui,  voyant  un  de  ces  furieux  diriger  son  pistolet  contre  lui,  lui  a 
répondu  :  Frappe^  malheureux  ^  mes  concitoyens  me  vengeront.  Nous 
savons  de  plus  que  Mirabeau-Tonneau  a  craché  par  une  fenêtre  sur 
la  Garde  nationale,  et  n'a  répondu  que  par  des  injures  grossières, 
qu'il  faut  sans  doute  rejetter  sur  son  ivresse  habituelle,  à  l'aide-de- 
camp  qui  lui  représentoit,  d'une  manière  honnête  et  modérée,  le 
danger  auquel  il  s'exposoit.  Sans  doute,  il  doit  être  libre  à  tout 
citoyen  de  s'assembler;  mais  quand  la  liberté  de  quelques  individus 
est  opposée  à  la  liberté  de  tous,  quand  ils  ne  s'assemblent  que  pour 
tramer  des  complots  contre  elle,  nous  croyons  que  c'est  un  devoir 
sacré  pour  le  ministère  public  de  prendre  des  mesures  pareilles  à 
celles  que  la  prudence  et  le  patriotisme  viennent  d'inspirer  au  tri- 
bunal de  police  (1).  » 

Gorsas  mêla  la  note  comique  aux  observations  toutes  politiques 
d'autres  feuilles  : 

«  Plusieurs  quartiers  de  Paris  recèlent  des  maisons  de  conjurés  aux- 
quelles on  ne  daigne  pas  faire  attention  ;  on  se  contente  de  les  connoître 
et  de  se  tenir  sur  ses  gardes.  Il  n'en  apas  été  de  même  avant-hier  rue 
Royale,  butte  Saint-Roch.  Un  engorgement  de  voitures  a  forcé  le 
peuple  à  se  ramasser  en  quelque  sorte  malgré  lui.  Les  personnages 
qui  arrivoient  successivement,  ceux  qui  étoient  déjà  rassemblés,  et 
qu'on  avoit  vu  entrer,  étoient  trop  connus  pour  ne  pas  éveiller  les 
soupçons  :  alors  la  foule  s'est  augmentée  et  paroissoit  très  décidée  à 
rompre  le  conciliabule.  L'effroi  a  gagné  MM.  les  proiestans.,  et  on  les 
vit  successivement  défiler;  les  uns  en  affectant  une  morgue  insolente, 
les  autres  avec  tous  les  symptômes  de  la  peur.  Le  peuple,  dont  les 
intentions  étoient  très  pacifiques,  s'est  borné  à  les  poursuivre  par  des 
huées.  Ce  qui  a  rendu  cette  scène  infiniment  comique,  c'est  que 
plusieurs  personnes,  du  voisinage  sans  doute,  sont  allé  chercher  des 
chaudrons,  des  poêles  et  autres  instrumens,  avec  lesquels  ils  faisoient 
un  charivari  infernal.  Ce  tapage,  qui  amusoit  ceux  qui  en  connois- 
soient  la  source,  jetta  une  telle  épouvante  dans  l'intérieur  de  l'hôtel, 
que  plusieurs  membres  en  sortirent  égarés,  et  ne  sachant  qu'elle  [sic) 

(1)  Chronique  de  Paris,  numéro  du  17  mai  1790,  p.  546. 


374  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

contenance  tenir,  ni  où  se  réfugier;  d'autres,  assure-t-on,  se  sont 
tapis  comme  ils  ont  pu,  jusqu'à  la  fin  de  la  pièce,  dont  la  Garde 
nationale  a  amené  le  dénouement  avec  une  prudence  et  une  célérité 
qui  mérite  les  plus  grands  éloges. 

«  Cet  événement  a  eu  lieu  mardi  au  soir,  à  peu  près  sur  les  sept 
heures  et  demie  (1).  » 

La  Chronique  de  Pjaris  rappela  que  des  relations  avaient  existé 
entre  le  sieur  Lew^al  et  le  marquis  de  Favras,  récemment  pendu  pour 
trahison  : 

«  La  maison  où  s'assembloient  les  noirs^  rue  Royale,  butte  Saint- 
Roch,  est  occupée  par  ce  sieur  Lewal  {sic),  où  le  sieur  de  Favras  avoit 
donné  rendez-vous,  au  mois  de  juillet  dernier,  au  sieur  Turcati,  offi- 
cier d'infanterie,  et  où  il  lui  avoit  parlé  pour  la  première  fois  de  son 
projet  de  contre-révolution;  ils  y  déjeunèrent  ensemble... 

«  11  est  bon  d'observer  que  le  sieur  Lewal  est  un  des  contrôleurs- 
généraux  de  la  Chambre  aux  deniers  du  comte  d'Artois  (2).  » 

Le  Moniteur  universel  publia  un  long  article  sur  ce  qui  s'était  passé 
rue  Royale,  sur  la  conduite  de  la  Municipalité  et  sur  la  sentence  du 
Tribunal  dé  police  (3)  : 

«  Nous  avons  déjà  parlé  de  l'attroupement  qu'occasionnait,  dans  la 
rue  Royale,  butte  Saint-Roch,  une  association  connue  sous  le  nom  de 
Salon  français.  Le  peuple  avait  cru  distinguer  dans  le  nombre  de 
ceux  qui  s'y  rendaient,  .quelques-unes  des  personnes  publiquement 
connues  par  leur  opposition  aux  décrets  de  l'Assemblée  nationale. 
Son  inquiétude  augmenta;  et  l'exactitude  des  membres  aux  heures 
de  l'assemblée,  malgré  les  huées  et  les  murmures  de  la  multitude, 
semblait  le  convaincre  que  des  intérêts  de  parti  en  étaient  l'objet,  et 
que,  encore  une  fois,  on  conspirait  contre  sa  liberté. 

«  Le  district  de  Saint-Roch,  dans  l'arrondissement  duquel  se  trouve 
la  rue  Royale,  persuadé  que  tous  les  individus  d'un  empire  ont  le 
droit  de  se  réunir  paisiblement,  sentit  qu'il  était  de  son  devoir  de 
contenir  la  multitude  assemblée  ;  il  prêta  le  secours  de  la  force  aux 
membres  du  Club,  et  fît  garder  la  porte  par  un  détachement  de  son 
bataillon.  Il  crut  aussi  que  cette  marque  de  confiance  dans  les  inten- 
tions de  cette  assemblée  suffirait  pour  les  engager  à  sacrifier  à  la 


(1)  Courrier  de  Gorsas,   t.  XII,  p.  l.'JO  et  131. 

(2)  Chronique  de  Paris,  numéro  du  20  mai  1790,  p.  559.— Vuir  plus  haut,  p.  369. 

(3)  Moniteur  universel,  du  23  mai  1790  :  Municipalité  de  Paris  et  Tuiuunal  ue 

POLICE. 


SALON  FRANÇAIS  375 

tranquillité  du  quartier,  troublé  depuis  plusieurs  jours,   quelques 
moments  de  plaisir,  et  à  suspendre  leur  Société  pour  quelque  tems. 

«  Mais  l'assemblée  persista  :  le  district  n'en  continua  pas  moins 
sa  protection,  et  la  Garde  nationale,  ferme  dans  ses  devoirs,  s'inter- 
posa toujours  entre  le  peuple  et  les  membres  du  Club,  pour  conserver 
à  ceux-ci  la  liberté  d'entrer  et  de  sortir  à  volonté, 

«  Si  la  puissance  publique  doit  protection  aux  individus,  elle  doit 
aussi  tranquillité,  sûreté,  repos  à  la  ville.  Le  district  prit  un  arrêté 
pour  témoigner  à  ces  messieurs  son  intention,  comme  corps  de  po- 
lice, de  les  voir  dissoudre,  ou  du  moins  suspendre  leur  rendez-vous. 

«  Députation  de  ceux-ci  à  M.  le  maire  et  à  l'administration.  Ils  se 
plaignent  que  la  liberté  n'est  point  respectée,  invoquent  le  décret  de 
l'Assemblée  nationale,  et  continuent  de  s'assembler.  On  leur  continue 
secours  et  protection. 

«  Cependant,  l'administration  de  la  police,  pressée  entre  le  respect 
illimité  de  la  loi  et  la  volonté  bruyante  d'une  partie  du  peuple,  ne 
balance  point  à  consacrer  les  principes,  et  fait  afficher,  le  vendredi 
soir,  une  proclamation  où  elle  dit  formellement  «  que  la  violation  de 
la  liberté  naturelle  des  citoyens  est  un  attentat  qu'aucune  circons- 
tance ne  peut  commander,  qu'une  opinion  défavorable,  ou  fausse  ou 
fondée,  ne  peut  donner  lieu  de  déroger  aux  principes  sur  lesquels 
reposent  les  droits  de  la  Société  entière  et  des  individus  ;  que  priver 
sans  autre  motif  qu'un  préjugé,  un  homme  ou  une  société  d'hommes, 
d'une  faculté  que  la  loi  accorde  à  tous,  serait  un  acte  de  tyrannie; 
que  la  puissance  publique  ne  pourrait  se  le  permettre  sans  crime; 
qu'elle  ne  doit  pas  davantage  souffrir  que  ce  despotisme  soit  exercé 
par  les  citoyens  dont  les  inquiétudes  ne  peuvent  motiver  une  prohi- 
bition. 

«  En  conséquence,  déclare  que  la  Société,  existant  depuis  plusieurs 
mois  sous  le  nom  de  Salon  français^  et  qui  tient  ses  assemblées  dans 
la  rue  Royale,  butte  de  Saint-Roch,  n"  29,  n'est  point  contraire  aux 
lois,  et  qu'ainsi  elle  est  sous  leur  protection. 

«  Que  tous  ceux  qui  se  rassembleront  pour  troubler,  insulter,  ou 
maltraiter  quelques-uns  de  ses  membres,  ou  violer  la  maison  qu'elle 
occupe,  feraient  un  acte  criminel  et  punissable  comme  tel. 

«  Néanmoins,  l'attroupement  augmente.  Le  peuple  se  plaint  des 
menaces  qu'on  lui  fait;  on  saisit  des  armes  entre  les  mains  des  mem- 
bres qui  allaient  à  l'assemblée;  M.  l'aide-major-général  porte  à  l'hôtel 
de  la  mairie  les  pistolets  dont  il  s'est  emparé,  et  un  soldat  de  la  Garde 
nationale  est  menacé,  un  pistolet  sur  la  poitrine,  d'être  assassiné  par 
un  membre  qu'il  sauvait  dans  ses  bras  des  insultes  du  peuple. 


376  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  Alors  les  bourgeois,  les  citoyens  du  quartier,  des  banquiers,  des 
hommes  publics,  des  marchands,  se  plaignent  du  trouble  de  cette 
Société,  des  dangers  auxquels  eux,  leurs  domestiques  et  leurs  pro- 
priétés sont  exposés  ;  ils  invoquent  à  leur  tour  la  protection  de  la 
cité  dont  ils  font  partie.  Les  plaintes,  les  réclamations  sont  commu- 
niquées au  procureur-syndic  de  la  commune,  et  comme  chargé  des 
intérêts  de  la  Ville,  on  exige  des  devoirs  de  son  ministère  qu'il  re- 
quiert (sic)  de  la  puissance  publique  la  clôture  d'une  maison  où,  sans 
rechercher  ce  qui  s'y  passe,  se  tient  une  Société  qui  compromet  la 
sûreté,  la  vie  des  habitants  du  quartier  et  de  toute  la  ville. 

«  Ils  représentent  que  l'intérêt  de  trente  mille  individus  paisibles 
et  citoyens  de  la  capitale,  ne  doit  point  être  sacrifié  aux  amusemens 
de  société  de  quelques  individus  ;  que  la  troupe  effraie  et  bouche  les 
avenues  des  rues,  et  qu'il  est  contre  le  vœu  de  la  loi  que  l'oppression 
et  la  gêne  du  grand  nombre  soient  commandées  pour  favoriser  les 
droits  de  quelques  personnes. 

«  Il  fallait  céder  à  cette  justice,  et  M.  Mitouflet  de  Beauvais,  dans 
son  réquisitoire,  en  fait  sentir  toute  l'évidence  par  ces  paroles  que 
nous  devons  conserver  : 

«  Nous  l'avouerons  avec  douleur,  la  persévérance  de  cette  assem- 
blée au  milieu  des  troubles  qu'elle  produit,  quelle  que  soit  l'opinion 
des  membres  qui  la  composent,  nous  paraît  au  moins  fort  indis- 
crette  {sic).  Il  nous  semble  que  le  patriotisme  leur  commandait  le 
sacrifice  de  leurs  jouissances,  dès  que  leur  réunion  inspirait  des 
:<  craintes;  mais  loin  de  là,  les  procès-verbaux  contiennent  des 
preuves  de  violences  coupables,  des  menaces  criminelles  de  la 
part  de  quelques-uns  des  membres  de  cette  association.  La  loi  cesse 
dès  lors  de  lui  devoir  sa  protection,  et  la  plus  sainte,  la  plus  sacrée 
des  lois,  le  salut  et  la  tranquillité  publique  compromis^  réclament 
contre  cette  assemblée.  Si  le  premier  devoir  de  la  police  est  de  pro- 
téger la  hberté  individuelle,  c'en  est  un  non  moins  impérieux  pour 
elle  de  veiller  à  ce  que  l'exercice  de  cette  faculté  n'entraîne  ni  trou- 
bles, ni  désordres  publics. 

<(  Sur  quoi  le  Tribunal  faisant  droit,  attendu  qu'il  est  prouvé,  tant 
par  le  mémoire  présenté  au  district  de  Saint-Roch,  au  nom  d'un 
grand  nombre  d'habitants  de  la  rue  Royale  et  autres,  que  par  les 
procès-verbaux  rédigés  au  comité  du  district,  et  Vairêté  dudit  co- 
mité, que  l'assemblée  qui  se  tient  dans  la  rue  Royale  est  une  occa- 
sion de  trouble  et  de  désordre,  donne  lieu  à  des  attroupemens  que 
la  puissance  publique  ne  pourrait  faire  cesser  que  par  des  moyens 
violens,  dont  la  protection  d'une  association  de  plaisirs  ne  peut 


SALON  FRANÇAIS  377 

«  motiver  l'emploi;  que  plusieurs  de  ses  membres  ont  été  saisis  por- 
«  leurs  d'armes  à  feu,  et  ont  menacé  d'en  faire  usage,  même  contre  la 
«  Garde  nationale  placée  pour  leur  sûreté  ;  que  par  cette  conduite  ils 
«  cessent  d'être  dans  le  cas  de  réclamer  l'application  des  termes  de 
«  la  déclaration  des  droits;  que  la  voie  publique  est  obstruée,  les  mai- 
ce  sons  inquiétées,  le  repos  troublé  par  la  troupe  même  qu'il  faut  em- 
«  ployer,  etc.  ;  fait  défense  à  ladite  Société,  connue  sous  le  nom  de 
«  Salon  français,  de  s'assembler,  à  l'avenir,  dans  la  maison  de  la  rue 
«  Royale,  butte  Saint-Roch,  n"  29.  » 

«  Cette  sentence  a  été  signifiée  au  principal  locataire,  portier, 
membres  de  la  Société  qui  auraient  pu  s'y  trouver;  et  le  lendemain, 
samedi  15  au  soir,  il  n'y  avait  plus  d'attroupement. 

«  Je  finirai  en  répétant  que  la  Garde  nationale  s'est  conduite,  dans 
toute  cette  affaire,  avec  une  raison,  un  courage,  une  patience,  une 
sagesse  qui  ajoutent  encore  à  tous  les  droits  qu'elle  a  déjà  si  bien 
acquis,  au  respect,  à  la  confiance,  à  l'estime,  à  l'amour  public.  »  (Cet 
article  est  de  M.  Peuchet)  (1). 

En  même  temps,  le  Moniteur  du  17  mai  1790  faisait  des  observa- 
tions qui  semblaient  atténuer  l'attitude  du  club  incriminé  par  le  Tri- 
bunal de  police  : 

«  Les  attroupemens  qui  ont  eu  lieu  pendant  plusieurs  jours  dans 
la  rue  Royale,  butte  Saint-Roch,  sont  entièrement  dissipés  ;  les 
citoyens  voisins  de  la  Société  qui  s'y  était  établie  sous  le  nom  de 
Salon  français^  et  qu'elle  tenait  dans  de  continuelles  inquiétudes,  ont 
obtenu  du  département  de  police  qu'elle  fût  supprimée.  Nous  donne- 
rons demain  les  détails  circonstanciés  des  motifs  qui  ont  déterminé 
ce  tribunal  à  un  procédé  qu'il  a  jugé  lui-même  porter  atteinte  à  la 
liberté  publique.  « 

Mais  si,  le  15,  il  n'y  avait  plus  d'attroupements  populaires  dans  la 
rue  Royale,  les  monarchistes  protestaient.  De  là,  une  «  Lettre  de 
M.  de  Gouvion  (2),  major-général  de  la  Garde  nationale,  à  M.  Railly, 
le  prévenant  de  la  réunion  illégale  que  se  proposent  de  tenir,  dans 
leur  ancien  local  de  la  rue  Royale,  les  membres  du  Salon  français 
(16  mai  1790)  (3).  » 

(1)  Jacques  Peuchet,  administrateur  de  la  Commune  de  Paris,  se  rapprocha 
des  monarchistes  après  les  journées  des  5  et  6  octobre  1789.  Il  fut  proscrit  pour 
ses  opinions  royalistes  après  le  18  fructidor  an  V.  Il  a  contribué  puissamment 
à  la  création  du  Moniteur,  où  il  travailla  toute^  sa  vie. 

(2)  Jean-Baptiste  Gouvion,  colonel  au  moment  de  la  Révolution,  fut  député  de 
Paris  à  la  Législative.  Ami  de  La  Fayette. 

(3)  Copie,  Bib.  Nat.,  Mss.,  fonds  français,  n»  11697. 


378  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

En  efFet,  le  club  n'abandonnait  pas  la  partie.  Loin  de  là,  en  cessant 
d'alarmer  le  major-général  de  la  Garde  nationale  parce  qu'il  changea 
de  local,  il  travailla  plus  que  jamais  contre  la  Révolution. 


II 


Il  eut,  d'ailleurs,  un  but  déterminé:  il  trempa  dans  les  intrigues 
organisées  pour  favoriser  l'évasion  de  Louis  XVI. 

En  i  790  ,  le  Salon  français ,  régulièrement  constitué  selon  les 
formes  du  temps,  avait  pour  principale  préoccupation  de  sauver  la 
famille  royale.  «  Une  société  de  zélés  royalistes  du  haut  rang,  dit 
l'abbé  Guillon,  formée  à  Paris  sous  le  titre  de  Salon  français,  possé- 
dait trois  hommes  capables  de  concevoir  un  bon  projet  pour  remplir 
les  intentions  du  Roi.  Ces  hommes  étaient  :  M.  le  chevalier  des  Pom- 
melles, M.  de  Jarjayes  et  M.  le  marquis  de  Chaponay,  d'une  des  plus 
anciennes  et  des  plus  respectables  familles  du  Lyonnais.  Le  premier 
d'entre  eux  rédigea  le  plan,  après  l'avoir  concerté  avec  les  deux 
autres,  et  ce  plan  fut  porté,  vers  la  fin  de  juillet  1790,  par  M.  le  mar- 
quis de  Laqueille  et  M.  de  Sabran,  évêque  de  Laon,  à  Madame  Elisa- 
beth, qui  le  goûta  fort  et  le  remit  au  Roi  (1).  » 

Le  témoignage  de  l'abbé  Guillon  a  d'autaut  plus  de  valeur  que  ce 
prêtre  était  aumônier,  lecteur  et  bibliothécaire  de  la  princesse  de 
Lamballe. 

Dans  le  plan  d'évasion  du  roi,  conçu  en  1790  par  la  Société  du 
Salon  français,  une  partie  de  chasse  devait  être  organisée  à  Fontai- 
nebleau. Louis  XVI,  sous  ce  prétexte,  courait  à  Avallon,  où  l'atten- 
daient des  Pommelles,  de  Jarjaye  et  de  Chapponay,  qui  devaient 
l'escorter  jusqu'à  Lyon. 

Les  membres  du  club  correspondaient  avec  l'émigration,  principa- 
lement avec  le  comte  d'Artois. 

«  Sous  l'influence  des  émigrés  qui  lui  arrivaient  en  foule  (à  Turin), 
le  comte  d'Artois  prenait  son  point  d'appui,  non  aux  Tuileries,  mais 
dans  un  club  contre-révolutionnaire  de  Paris,  le  Salon  français  (2).  » 

(1)  Mémoires  de  Vabbé  Guillon,  édition  de  1824,  p.  67.  —  On  sait  que  Tabbo 
Guillon  (Marie-Nicolas-Sylvestre),  né  à  Paris  en  1760,  mort  en  1847,  fut  en  vain 
promu,  par  Louis-Philippe  I",  aux  évêchés  de  Cambrai  et  de  Beauvais;  il  avait 
encouru  la  censure  de  l'archevêque  de  Paris,  pour  avoir,  malgré  les  règles  cano- 
niques, administré  l'abbé  Grégoire  mourant. 

(2)  Correspojidance  intime  du  comte  de  Vaudreuil  et  du  comte  d'Artois,  t.  1, 
Introduction,  p.  36.  (In-S",  Paris,  1889.) 


SALON  FRANÇAIS  379 

Voilà  ce  qui  établissait  l'importance  d'une  Société  qui  ne  fut  qu'un 
essai  de  club,  mais  qui  agit  beaucoup  pour  Louis  XVI. 

Vaudreuil  écrivait,  en  juillet  1790,  au  comte  d'Artois  : 

«  Je  ne  peux  me  refuser  à  penser  que  le  Salon  Français  médite 
quelque  chose  en  faveur  de  la  liberté  du  Roi,  d'où  s'ensuivrait  le  ré- 
tablissement de  la  monarchie.  Ils  sont  assez  nombreux,  assez  puis- 
sants et  assez  fournis  d'argent  pour  pouvoir  opérer  utilement,  s'ils 
ont  une  bonne  direction  et  de  l'ensemble  (1).  » 

Cette  manière  de  voir,  ce  vœu  de  Vaudreuil  devaient  être  partagés 
par  le  Comité  autrichien.  Marie-Antoinette  voulait  tout  diriger, 
d'après  ses  conseillers  favoris  (2). 

11  y  eut,  en  1790,  un  envoyé  du  Salon  français  au  comte  d'Artois. 
Une  lettre  de  ce  club  annonçait  le  prochain  départ  du  Roi,  et  indi- 
quait que  le  roi  et  la  reine  voulaient  faire  jouer  au  comte  un  rôle 
secondaire. 

Ce  que  le  comte  de  Vaudreuil  espérait,  n'arriva  pas.  Il  cessa 
bientôt  d'avoir  confiance  dans  le  club. 

«  Au  fait,  écrit  Vaudreuil  le  7  août  1790,  le  Salon  français  est  com- 
posé d'une  grande  quantité  de  jeunes  gens,  pleins  de  zèle  et  d'hon- 
neur, mais  ardents,  mais  sans  chefs,  sans  direction  (3).  » 

Vaudreuil  écrivait  encore  au  comte  d'Artois  qu'il  fallait  se  défier 
des  informations  que  ce  club  transmettait  sur  la  Reine,  «  que  le  club 
était  composé  de  beaucoup  de  jeunes  gens  sans  expérience,  sans  pru- 
dence, et  que  dans  le  nombre  il  devait  y  avoir  nécessairement  plus 
d'un  faux  frère  ;  que  ce  n'est  pas  à  lui  qu'il  appartient  de  vous 
diriger,  mais  que  c'est  à  vous  à  le  conduire,  à  le  contenir  (4).  »  «  Le 
Salon  français  prend  trop  vivement  à  l'espoir  ou  au  décourage- 
ment. » 

Louis  XVI,  assurait-on,  fit  dire  au  Salon  français  «  qu'il  se  livrait 
à  lui  et  comptait  sur  lui.  »  Ce  qui  montre,  une  fois  de  plus,  l'indéci- 
sion qui  paralysait  les  agissements  de  la  Cour  :  à  tout  instant,  les 
gens  les  plus  dévoués  au  roi  se  divisaient.  Aucune  des  tentatives 
taites  pour  l'évasion  de  Louis  XVI  ne  réussit,  sans  que  l'ardeur  des 
membres  du  Salon  français  se  démentit,  où  qu'il  tint  ses  réunions. 

Toutefois,  après  la  fuite  de  Varennes,  et  quand  la  suspension  du 


(1)  Correspondance  intime  du  cotnte  de  Vaudreuil  et  du   comte  d'Artois,    t.  I, 
p.  229. 

(2)  Voir  plus  bas,  Comité  autrichien. 

(.'<)  Vaudreuil,  Correspondance,  etc.,  t.  1,  p.  261. 
(4)  Vauilrouil,  Correspondance,  etc.,  t.  I,  p.  263, 


380  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

roi  fut  prononcée,  la  Société  végéta,  incessamment  suspecte  aux  pa- 
triotes. L'exécution  de  Louis  XVI  ajouta  à  la  dispersion  de  ses  mem- 
bres, ayant  perdu  leur  but  principal.  Du  21  janvier  1793  au 
27  juillet  1794,  pendant  les  grandes  luttes  de  la  Convention,  on  ne 
parla  plus  d'eux. 

Après  la  Terreur,  les  membres  du  Salon  français  présents  à  Paris 
étaient  réduits  à  six,  ou  plutôt  ils  durent  se  résigner  à  disparaître 
comme  club,  ainsi  que  les  autres  Sociétés  royalistes  ou  constitution- 
nelles. 

L'infime  reste  de  la  réunion  se  réfugia  dans  les  cercles  ou  les  cafés 
qui  existaient  encore  au  Palais-Égalité,  dans  des  lieux  de  rendez-vous 
qui  passaient  pour  lieux  d'amusements,  mais  où  se  réfugiaient  des 
ennemis  de  la  Convention,  des  Thermidoriens,  comme  des  derniers 
Montagnards,  en  attendant  une  restauration  monarchique. 

Le  Salon  politique  et  le  Club  des  Échecs,  au  Palais-Égalité,  reçurent 
pour  affiliés  des  membres  du  Salon  français,  notamment  l'avocat 
Lavaux,  qui  y  passait  ses  soirées. 

La  Convention  fit  fermer  le  Salon  politique  et  le  Club  des  Echecs. 
Comme  Lavaux  se  présentait  à  la  première  de  ces  réunions,  un  fac- 
tionnaire lui  demanda  où  il  allait  :  «  C'est  là  que  je  veux  entrer,  ré- 
pondit l'avocat.  —  Tu  le  peux,  citoyen,  répondit  le  soldat  ;  mais  tu  en 
sortiras  comme  tu  pourras;  ceux  qui  s'y  trouvaient  sont  en  arresta- 
tion, et  on  ramasse  leurs  papiers.  » 

De  même  au  Club  des  Echecs  (1). 

(1)  Voir  plus  bas,  Salon  des  Échecs. 


CLUBS   DES    FÉDÉRÉS 


Plusieurs  clubs  de  fédérés  étaient  démocratiques.  Ils  n'entrent  pas 
dans  le  cadre  que  nous  avons  adopté. 

De  même,  nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  de  l'assemblée  géné- 
rale des  Vainqueurs  de  la  Bastille,  tenue  dans  l'église  des  Quinze- 
Vingts,  le  25  juin  1790,  et  présidée  par  le  maire  de  Paris;  de  la  grande 
Confédération  entre  les  Bretons  et  les  Vainqueurs  de  la  Bastille,  ni 
des  débats  qui  existèrent  entre  ceux-ci  et  les  ci-devant  gardes-fran- 
çaises, ni  enfin  des  mauvais  procédés  que  les  Vainqueurs  de  la  Bas- 
tille éprouvèrent  de  la  part  des  autres  citoyens.  Leurs  assemblées 
paraissaient  illicites. 

Le  Club  des  Fédérés^  dont  il  est  question  ici,  n'inspirait  aucune 
confiance  aux  amis  de  la  Révolution.  Les  journaux  et  les  brochures 
du  temps  n'en  ont  presque  pas  parlé. 

Néanmoins,  un  journal  très  répandu  remarqua,  dès  le  mois  d'oc- 
tobre 1790  : 

«  Fédérés  des  départemens  assemblés  aux  Petits-Pères. 

«  Il  ne  suffisoit  pas  d'avoir  accaparé  les  Fédérés  le  14  juillet,  d'avoir 
employé  tout  le  temps  de  leur  séjour  à  Paris  à  des  évolutions,  à  des 
revues  aussi  inutiles  que  mal  combinées,  aussi  favorables  au  projet 
de  diriger  leur  sentiment  que  contraires  à  l'intérêt  de  la  Révolution; 
c'étoit  peu  de  les  avoir  rassemblés  dans  des  lieux  clos  pour  les  amu- 
ser et  les  séduire  par  des  délibérations,  il  falloit  encore  que  les  enne- 
mis du  bien  public,  après  avoir  inventé  des  moyens  de  fourvoyer  les 
citoyens,  trouvassent  ceux  de  perpétuer  l'erreur  et  d'en  propager 
l'influence.  C'est  pour  cela  qu'on  a  retenu  à  Paris  un  certain  nombre 
de  ces  députés  de  la  fédération^  à  qui  l'on  a  inspiré  de  se  réunir  en 
assemblée  délibérante. 

«  Bientôt,  on  les  a  fait  présider  par  de  francs  aristocrates,  et  les 
pires  de  tous,  c'est-à-dire  par  ceux  qui,  n'ayant  rien  à  perdre  et 


382  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

voulant  faire  ressource,  se  vendent  à  ceux  qui  achètent  les  cons- 
ciences et  les  bouches  perverses.  Or,  le  peuple  n'achète  rien  de  tout 
cela.  Ceux  qui  servent  sa  cause  la  servent  pour  rien. 

<(  Que  font  ici  ces  Fédérés?  Ont-ils  une  mission  de  leurs  départe- 
mens?  Ce  ne  peut  être  qu'après  l'avoir  sollicitée,  et  les  départemens 
n'ont  su  ce  qu'ils  faisoient  quand  ils  ont  donné  des  pouvoirs  à  cet 
effet,  en  supposant  toutefois  qu'ils  en  aient  donné.  A  la  charge  de 
qui  sont-ils  ici?  On  ne  vit  pas  à  Paris  gratuitement  quand  on  a  ses 
foyers  dans  les  départemens  du  royaume. 

«  Disons  vrai  :  il  importe  aux  mal  intentionnés,  aux  royalistes 
esclaves,  aux  dictateurs,  à  l'état-major  parisien,  à  tous  ceux  enfin  qui 
ne  cherchent  qu'à  égarer  l'opinion,  qu'à  énerver  le  civisme;  il  im- 
porte, dis-je,  à  tous  ces  gens-là  d'avoir  à  Paris  une  association  de 
citoyens  armés  pris  dans  tous  les  coins  du  royaume,  qui,  ayant  mé- 
rité peut-être  dans  un  temps  la  confiance  de  leurs  concitoyens,  puis- 
sent séduire  et  abuser  leurs  patries  respectives  et  leurs  pays,  en  y 
faisant  passer,  par  leurs  avis,  leurs  nouvelles  et  leur  correspondance, 
l'esprit  qu'on  leur  souffle  dans  la  capitale.  Il  falloit  avoir  encore  un 
centre  où  les  mal  intentionnés  pussent  trouver  des  renseignemens 
sur  le  fort  et  le  foible,  et  sur  les  variations  de  telle  et  telle  partie  du 
royaume,  afin  d'agir  en  conséquence  :  nous  ne  voyons  que  trop  quels 
sont  les  fruits  de  ce  système  de  séduction  et  d'espionnage  tout  en- 
semble. 

«  Que  font,  en  un  mot,  ces  Fédérés  coalisés  et  assemblés  dans  la 
capitale?  Que  peut-on  espérer  d'une  association  où  l'on  arrête  qu'il 
sera  fait  un  service  auprès  de  la  fersonne  du  Roi  et  du  général  La 
Fayette^  composé  d'une  garde  de  deux  députés  fédérés  qui  auront  le 
nom  et  la  qualité  d'aides-de-camp  du  général;  que  ces  aides-de-camp 
prendront  les  ordres  immédiats  du  Roi  et  du  général  pour  les  faire 
passer  dans  les  départemens?  Sans  doute,  ceci  n'est  qu'une  conception 
ridicule,  qu'une  folie  des  chefs  et  des  agens  que  Ton  met  à  la  tête 
des  Fédérés,  et  qui  donnent  carrière  à  leur  sotte  vanité  que  l'on  flatte. 
Mais  s'il  faut  tirer  des  inductions  de  tout  cela,  on  peut  démêler  aisé- 
ment que  cette  association  a  un  esprit  totalement  opposé  à  la  Révo- 
lution. On  doit  penser  que  l'influence  de  chacun  de  ces  Fédérés,  écri- 
vant du  centre  où  la  constitution  se  fait,  à  la  circonférence  qui  l'at- 
tend, doit  être  d'un  grand  poids  dans  les  divers  cantons  de  la  monar- 
chie. Il  n'a  fallu  souvent  qu'une  lettre  d'un  de  ces  Fédérés,  qui,  de 
loin,  ont  l'air  d'être  quelque  chose,  et  d'être  bien  instruits,  pour 
produire  dans  tel  pays  du  relâchement,  lorsqu'on  a  voulu  y  donner 
beau  jeu  aux  complots  des  aristocrates.  C'est  par  des  menées  de 


CLUBS  DES  FÉDÉRÉS  383 

cette  espèce  que  nos  ennemis  nous  travaillent  et  portent  la  désunion 
dans  les  pays  les  mieux  disposés  à  la  concorde,  et  la  licence  où  la 
liberté  est  la  mieux  entendue. 

«  Pour  connoître  le  véritable  esprit  de  cette  association,  il  ne  faut 
qu'être  instruit  de  \Si  patriotique  motion  que  fit  dernièrement  le  sieur 
deMilange,  capitaine  de  la  Garde  nationale  de  Riom,  de  prendre  pour 
article  fondamental  du  projet  d'organisation  de  la  Garde  nationale, 
que  ces  messieurs  préparent,  qu'on  ne  comprendra  dans  cette  garde 
que  \q^  nobles  et  les  bons  bourgeois;  ce  sont  ses  termes;  qu'il  faut  en 
écarter  les  artisans  et  les  paysans,  et  les  désarmer.  Apprenez  donc, 
citoyens  des  quatre-vingt-trois  départemens,  qu'il  existe  dans  Paris 
une  Société  de  vos  compatriotes,  où  l'un  des  membres  profère  impu- 
nément de  tels  blasphèmes;  connoissez-les,  et  sachez  rejeter  loin  de 
vous  leurs  perfides  suggestions.  Il  n'y  eût  peut-être  point  eu  de  sang 
versé  dans  telle  ou  telle  ville  sans  la  correspondance  de  cette  société 
dangereuse  (I).  » 

Le  Club  des  Fédérés  tenait  ses  séances  aux  Petits-Pères,  près  la 
place  des  Victoires. 

Dès  son  ouverture,  sous  le  nom  de  Société  des  Gardes  nationaux  des 
départemens  de  France^  il  donna  de  l'ombrage  à  nombre  de  citoyens, 
surtout  aux  anti-fayettistes,  prétendant  qu'elle  conspirait  contre  la 
liberté. 

D'où  venait  cette  réputation,  pour  le  club,  de  pencher  vers  le  roya- 
lisme? Il  s'en  défendit  dans  un  Compte  rendu  par  la  Société  des  Gardes 
nationaux  à  l'armée  parisienne  et  aux  quatre-vingt-trois  départemens 
de  France  (2).  Mais  citons  des  faits. 

Le  13  juillet  1790,  une  députation  des  Fédérés  avait  été  admise 
près  du  roi,  à  qui  La  Fayette  avait  lu  une  adresse  dans  laquelle  se 
trouvait  cette  phrase  : 

«  Les  gardes  nationales  de  France  jurent  à  Votre  IN.'ajesté  une 
obéissance  qui  ne  connaîtra  de  borne  que  la  loi,  un  amour  qui  n'aura 
de  terme  que  celui  de  notre  vie  (3).  « 

Plusieurs  députations  avaient  loué  extraordinairement  Louis  XVI 
devant  l'Assemblée  nationale.  C'était,  d'ailleurs,  le  temps  où  les 
gardes  nationales  cherchaient  à  dominer  partout,  où  un  membre  de 
la  Société  de  1789  écrivait:  «  Que  sont  les  gardes  nationales?  Ce 

(1)  Révolutions  de  Paris,  numéro  du  30  octobre  au  6  novembre  1790,  n"  69. 

(2)  A  Paris,  chez  Champigny,  imprimeur-libraire,  et  chez  tous  les  libraires  du 
royaume. 

(3)  Mavidal  et  Laurent,  Archives  parlementaires,  t.  XVII',  p.  83. 


384  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

sont  tous  les  citoyens  actifs  sous  les  armes;  par  conséquent,  ce  sont 
tous  ceux  que  la  loi  juge  en  état  d'avoir  et  d'exprimer  une  volonté, 
armés  pour  la  faire  exécuter;  c'est  la  force  publique  elle-même^  pro- 
tégeant la  volonté  publique  (1).  »  La  partie  armée  de  la  nation  comp- 
tait des  ennemis  acharnés  contre  les  épaulettiers^  les  bleus  comparés 
à  de  la  faïence  bleue  qui  ne  va  pas  au  feu,  contre  Bailly  et  La  Fayette, 
qui,  disaient-ils,  voulaient  royaliser  la  France,  en  rassemblant  toutes 
les  gardes  nationales  pour  en  faire  un  «  tout  respectable,  fort,  consi- 
déré. » 

11  ne  faut  pas  oublier  que,  lors  de  la  Fédération  du  14  juillet  1790, 
si  les  fédérés  marseillais,  par  exemple,  s'étaient  signalés  par  leur  ar- 
deur révolutionnaire,  d'autres,  tels  que  ceux  de  la  Touraine,  s'étaient 
nettement  déclarés  amis  du  roi.  En  effet,  les  fédérés  tourangeaux 
avaient  apporté  à  Louis  XVI  un  anneau  qu'Henri  IV  avait  donné  au- 
trefois à  leurs  compatriotes  pour  reconnaître  leur  fidélité.  De  plus, 
beaucoup  d'envoyés  des  départements  étaient  visiblement  enthou- 
siastes de  Louis  XVI  et  de  La  Fayette. 

Le  15  juillet  1790,  des  journaux  récriminèrent  contre  l'adoration 
de  La  Fayette  par  les  fédérés,  contre  le  refus  du  roi  de  venir  à  l'autel 
de  la  Patrie  prêter  le  serment  qu'il  avait  prononcé  dans  sa  tribune, 
sous  sa  tente.  Pour  la  première  fédération,  il  faut  remarquer  que 
Louis  XVI  était  «  chef  suprême  des  gardes  nationales  de  France  »,  et 
La  Fayette  «  major-général  de  la  Fédération  »,  recevant  et  exécutant 
les  ordres  du  roi. 

Un  Journal  des  Fédérés  était  royaliste.  On  souscrivait  chez  Gattey 
(sic)  et  Senneville,  rue  Sainte  Apolline,  n"  18,  au  bureau,  et  rue 
Sainte-Anne,  n°  11,  chez  Dodoucet  (2). 

Déjà  différentes  villes  s'étaient  fédérées  en  particulier,  et  les  pa- 
triotes avancés  voyaient  un  danger  dans  le  fait  de  joindre  ensemble 
par  un  lien  commun  tous  ces  faisceaux  divers,  formés  à  Orléans,  à 
Troyes,  à  Dijon,  à  Lille,  etc. 

La  première  grande  fédération,  de  1790,  laissa  de  profondes  ra- 
cines à  Paris,  non  pas  seulement  au  point  de  vue  de  la  simple  fra- 
ternisation, mais  comme  donnant  l'idée  du  fédéralisme,  c'est-à-dire 
du  système  consistant  à  faire  des  quatre-vingt-trois  départements 
autant  de  petits  États  égaux  entre  eiix,  se  secourant,  en  cas  de  né- 
cessité, d'un  bout  à  l'autre  de  la  France,  à  l'exemple  des  États-Unis 
d'Amérique. 

.  (1)  Article  du  député  Guiraudet,  dans  le  Journal  de  la  Société  de  1789. 

(2)  Bib.  Nat.,  Le  2/429,  sans  date.  Le  dernier  numéro  se  termina  par  une  ode 
contre  le  duc  d'Orléans. 


CLUBS  DES  1<'ÉDÉRÉS  385 

Une  adresse  ou  lettre  ayant  été  envoyée  à  la  Société  des  Amis  de  la 
Constiliition^  cette  Société  saisit  cette  occasion  pour  manifester  son 
opinion  sur  les  gardes  nationales,  et  ce  fut  Barnave  qu'elle  chargea 
de  rédiger  sa  réponse. 

Le  3  décembre  1790,  Barnave  répondit  à  la  Lettre  de  la  Société 
des  Gardes  nationaux  établie  à  Paris  aux  Petits  Pères,  sous  le  litre 
de  Société  des  Gardes  nationaux  de  France  (1),  Il  y  exposait  les  prin- 
cipes de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  (Jacobins)  sur  les 
gardes  nationales. 

«  Nous  avons  cru,  dit-il,  que  l'exposition  des  principes  de  la  So- 
ciété était  la  seule  réponse  que  nous  dussions  faire  à  voire  lettre. 

«  Les  Amis  de  la  Constitution  ne  pensent  point  que  les  gardes  na- 
tionales forment  en  France  un  corps  séparé  de  celui  du  peuple  ;  ils 
croient  que  le  droit  de  défendre  la  Constitution,  sous  les  drapeaux 
de  la  patrie,  appartient  également  à  tous  les  citoyens,  et  que  l'insti- 
tution qui  le  réserverait  à  une  classe  particulière  établirait  le  plus 
injuste  et  le  plus  dangereux  des  privilèges.  Pénétrés  d'estime  et  de 
reconnaissance  pour  ceux  qui  les  premiers  se  sont  réunis  pour  la  dé- 
fense de  la  Révolution,  ils  sont  intimement  convaincus  qu'aucun 
d'eux  n'a  conçu  la  pensée  de  s'en  faire  un  titre,  d'établir,  une  corpo- 
ration, de  renouveler  en  quelque  sorte  ces  distinctions  que  les  prin- 
cipes de  l'égalité  ont  fait  disparaître,  et,  après  avoir  été  les  premiers 
défenseurs  de  la  liberté,  d'en  devenir  le  dernier  écueil.  Les  Amis  de 
la  Constitution  ne  reconnaissent  donc  aucun  représentant,  aucune 
représentation  des  gardes  nationaux  de  France.  Une  telle  représen- 
tation serait  à  leurs  yeux  celle  de  la  nation  même,  et  la  nation  ne 
l'a  placée  que  dans  l'Assemblée  nationale.  Ce  n'est  point  d'ailleurs 
sous  un  caractère  guerrier  et  sous  le  costume  des  armes,  que  les  ci- 
toyens doivent  se  réunir  et  former  entre  eux  des  associations  délibé- 
rantes. Chacun,  à  titre  de  citoyen,  a  le  droit  d'exprimer  son  opi- 
nion; chacun,  à  titre  de  citoyen,  a  l'usage  libre  de  [ses  droits,  de  sa 
volonté  politique  ;  mais  sous  un  titre  militaire,  aucun  ne  peut  être 
que  l'instrument  passif  de  la  loi,  sans  autre  guide  que  la  voix  du 
magistral  qui  en  est  l'organe.  Les  hommes  libres  sont  fiers  quand  ils 
exercent  leurs  droits  individuels  ;  mais  ils  ne  connaissent  plus  qu'une 
soumission  religieuse  sous  le  caractère  qui  met  dans  leurs  mains  le 
dépôt  imposant  de  la  force  publique.  Les  hommes  libres  sont  soldats 
à  la  voix  de  la  patrie' qui  les  appelle;  mais  ils  s'empressent  de  ren- 
trer sous  le  régime  de  la  paix,  pour  recueillir  les  fruits  de  la  liberté 

(1)  Lettre  eu  date  du  1"  déceiabrc  1190. 

20 


386  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

qu'ils  ont  défendue,  pour  agiter  les  intérêts  publics,  pour  mêler 
l'expression  de  leurs  vœux  à  la  volonté  générale.  Les  hommes  libres 
croiraient  trahir  leur  patrie  et  eux-mêmes,  si,  .jaloux  de  vains  hon- 
neurs, ambitieux  d'un  pouvoir  que  la  loi  ne  leur  aurait  pas  conféré, 
ils  osaient  y  faire  servir  cet  appareil  militaire  que  la  nation  ne  leur 
a  donné  que  pour  en  imposer  à  la  tyrannie. 

«  Ces  opinions,  Messieurs,  vous  indiquent  assez  ce  qiia  nous  pen- 
sons de  Tinstilution  de  votre  Société.  Il  est  inutile  de  vous  dire  que 
le  patriotisme  dont  sont  animés  tous  les  gardes  nationaux  de  France, 
nous  rassure  pleinement  sur  le  sort  et  les  progrès  de  cette  institu- 
tion; et  qu'instruits  qu'elle  n'est  formée  que  par  l'assentiment  indivi- 
duel d'un  petit  nombre  de  personnes,  c'est  moins  à  son  importance 
qu'au  désir  de  manifester  notre  pensée,  (jue  nous  avons  cru  devoir 
le  développement  de  ces  principes. 

«  Les  Membres  de  la  Société  des  Amis  de  la  Consliluiion  (i).  » 

La  réponse  de  Barnave  aux  Fédérés  était  signée  par  Mirabeau 
l'aîné,  frésident^  Feydel,  Villars,  H.  Fr.  de  Verchère  et  Alexandre 
Beauharnais,  secrétaires. 

Dans  leur  lettre  aux  Amis  de  la  Constitution.,  «  les  Fédérés  mani- 
festaient leurs  dispositions  et  le  vœu  d'être  admis  à  offrir  une  garde 
au  Roi  et  à  l'Assemblée  nationale.  » 

Fréron  publia  aussitôt  un  article  très  vif  contre  les  chefs  des 
Fédérés.  On  y  lisait  : 

«  Le  général  (La  Fayette)  s'attendoit  si  bien  à  être  dénoncé  comme 
Fauteur,  l'instigateur,  le  protecteur  du  club  dangereux,  criminel, 
inconstitutionnel  des  Fédérés,  lequel  prend  dans  ses  lettres  le  titre 
ambitieux  de  Société  des  Gardes  nationaux  de  France.,  qu'il  envoya  le 
soir  même  aux  Jacobins  son  aide-major-général  la  Colombe  (2). 
Qu'advint-il  à  ce  brave  Satellite  du  sieur  Moitié  (La  Fayette)?  La  plus 
mortifiante  mésaventure  ;  il  fut  prié  par  les  censeurs  de  sortir  à  l'ins- 
tant de  la  salle,  n'ayant  pas  l'honneur  d'être  de  la  Société;  ce  qu'il 
exécuta.  C'est  un  fait  dont  tous  les  assistans  furent  témoins.  Quel 
dommage  qu'on  l'eût  fait  sitôt  déguerpir?  il  auroit  pu  rendre  à  son 
chef  les  propres  expressions  de  Barnave  et  de  Mirabeau  sur  son 
compte  ;  il  lui  auroit  dit  comme  quoi  le  premier,  parlant  avec  toute 
l'énergie  qui  caractérise  ce  jeune  et  brave  député,  il  dénonçoit  M.  La 
Fayette  et  demandoit  qu'il  fut  tenu  de  s'expliquer  au  sujet  des  pré- 
Ci)  Mo?ii leur  universel,  du  vendredi  10  décembre  1790. 
(2)  M.  de  La  Combe,  un  des  trois  aides-majors  généraux  de  La  Fayette* 


CLUBS  DES  FÉDÉRÉS  387 

tendus  Fédérés,  autorisés  par  lui  à  monter  la  garde  chez  le  roi,  à 
lormer  entr'eux  une  assemblée  délibérante,  quoique  armée,  et,  pour 
comble  de  scandale,  à  la  faire  présider  par  un  nommé  Saint-Amand, 
son  aide-de  camp  ;  il  lui  auroit  encore  appris  cette  autre  particula- 
rité :  on  donnoit  à  l'assemblée  communication  d'un  libelle  atroce 
contre  les  Lameth,  les  d'Aiguillon,  les  Robespierre,  libelle  écouté 
sans  aucune  marque  d'improbation,  excepté  le  passage  où  vint  le 
lourde  M.  Mottié...  (1).  » 

L'opinion  publique  suivait  deux  courants  :  l'un  qui  acceptait  sans 
aucune  opposition  les  actes  de  la  Mairie  et  de  l'État-major  de  la 
Garde  nationale  parisienne,  qui  se  manifesta  en  fondant  des  clubs 
royalistes-constitutionnels,  comme  ceux  des  ImpM'tiaux  et  des  Feuil- 
lants; l'autre  suspectant  tout  ce  qui  venait  de  La  Fayette  et  de 
Bailly,  chargés  d'assurer  l'ordre  et  la  tranquillité  dans  la  capitale, 
en  relations  fréquentes,  parfois  officielles,  avec  l'entourage  de 
Louis  XVI  et  les  royalistes  déclarés. 

Le  samedi,  11  décembre  1790,  deux  députés  de  la  Société  des 
Gardes  nationaux  des  départements  de  France,  M.  M/a»(/e,  capitaine 
de  la  Garde  nationale  de  Riom,  et  M.  Duvernier,  capitaine  de  la  Mi- 
lice nationale  de  Caen,  furent  annoncés  et  introduits  devant  le  Con- 
seil général  du  département  de  la  Seine  (2).  L'un  d'eux,  portant  la 
parole,  a  dit  : 

«  Messieurs, 
«  Nous  venons  nous  acquitter,  auprès  de  la  Municipalité  de  Paris, 
d'une  mission  dont  a  bien  voulu  nous  honorer,  auprès  d'elle,  la 
Société  des  Gardes  nationaux  dos  difîérens  départeiiiens.  Nous  nous 
empressons  de  lui  apprendre  que,  d'après  les  décrets  de  l'Assemblée 
nationale  sur  l'organisation  et  la  distribution  de  la  force  publique, 
cette  Société,  jalouse  de  montrer  son  respect,  son  obéissance  à  la  Loi, 
a  unanimement  arrêté  de  se  dissoudre  et  de  ne  plus  s'assembler.  Elle 
a  obtenu.  Messieurs,  lors  de  sa  formation,  une  approbation  de  M.  le 
Maire  ;  aujourd'hui  elle  se  fait  un  devoir,  en  cessant  ses  séances,  de 
vous  prévenir,  et  de  lui  renouveler,  ainsi  qu'à  vous.  Messieurs,  les 
sentimens  d'estime  et  de  respect  que  vous  lui  avez  inspirés.  » 

MM.  les  députés  ont  fait  ensuite  lecture  de  l'arrêté  de  leur  Société, 
com'u  en  ces  termes  : 


(1)  L'Orateur  du  Peuple,  t.  III,  p.  473  et  476. 

(2)  Le  Moniteur  universel  consacre  quelques  lignes  seulement  à  cette  réceptiuu 
des  i^ardes  nationaux  fédérés  à  l'Hôtel  de  Ville* 


388  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  Exlrail  des  recjistres  de  la  S.ociété  des  Gardes  nalionaux 
des  dé'partemens  de  France. 

«  La  Société  considérant  que,  d'après  le  décret  de  l'Assemblée  na- 
tionale, sur  l'organisation  et  la  destination  de  la  force  publique, 

«  Elle  ne  peut  ni  ne  doit  se  réunir  et  s'assembler  davantage  ;  et 
voulant  montrer  son  patriotisme,  son  respect  et  son  obéissance  à  la 
Loi  ;  désirant  donner  l'exemple  à  toutes  les  associations  militaires  de 
ce  genre  qui  peuvent  exister  dans  l'Empire,  a  unanimement  arrêté  : 

«  Que  dès  ce  moment  elle  se  dissout,  et  ne  s'assemblera  plus  à 
l'avenir  ;  que  cet  arrêté  sera  communiqué  aux  chefs  civils  et  militaires 
de  la  capitale. 

«  Collationné  sur  l'original. 

«  Skjnés  :  Cuédi:villi2,  président;  Niel,  vice-présidenl; 
SÉumKR,  FoNBONNE,  Secrétaires.  » 

M.  le  Maire  a  répondu  : 

«  Messieurs, 
«  J'ai  applaudi  à  votre  association,  mais  le  Conseil  ne  peut  qu'ap- 
prouver une  séparation  dont  vous  offrez  des  raisons  si  légitimes.  Il 
admirera  toujours  que  les  citoyens  armés  qui  ont  donné  tant  de 
preuves  de  courage,  donnent,  les  premiers,  l'exemple  de  la  soumis- 
sion aux  Loix  (1).  » 

MM.  les  députés  ont  été  invités  à  assister  à  la  séance. 

«  Le  Conseil  général  a  arrêté  l'impression  du  discours  de  M.  le 
Maire,  de  la  prestation  du  serment  des  ministres  du  Roi  (2),  de  la  dé- 
marche de  la  Société  des  Gardes  nationaux  ;  il  en  a  ordonné  l'envoi 
tant  aux  quatre-vingt-trois  ilépartemens  qu'aux  quarante-huit  sec- 
tions et  aux  soixante  bataillons  de  la  capitale. 

«  Signé  :  Bailly,  Maire., 

T)e  Joly,  Secrétaire-greffier .  » 

Le  samedi  suivant,  18  décembre,  «  le  maire  informa  le  Conseil  que 
la  Société  des  Gardes  nationaux  de  France,  qui  s'était  déjà  présentée 
pour  annoncer  sa  soumission  à  la  loi  et  sa  dissolution,  avait  mani- 
festé, au  Co^'ps  municipal,  le  désir  de  lui  offrir  et  de  déposer  à 


(1)  Bib.  Nat.,  Lb  40/1173. 

(2)  Quatre  ministres  du  roi,  ambassadeurs  ou  pléuipotciitiaircs,  avaient  prêté, 
dans  la  môme  séance,  leur  serment  civique. 


CLUBS  DES  FÉDÉRÉS  389 

THôtel  de  Ville  le  drapeau  qui,  jusqu'à  ce  jour,  lui  avait  servi  de 
point  de  ralliement  (1).  » 

Le  maire  ajouta  que  le  Corps  municipal  avait  accepté  cet  hommage, 
et  qu'en  le  déférant  au  Conseil  général,  il  avait  arrêté  qu'il  lui  serait 
présenté  dans  la  séance  de  ce  jour. 

L'assemblée  ayant  applaudi  à  cette  décision,  MM.  les  commissaires 
nommés  par  la  Société  des  Gardes  nationaux  furent  annoncés  et 
introduits.  L'un  d'eux,  celui  qui  portait  l'étendard,  M.  Marrier,  dit  ; 

«  Monsieur  le  Maire,  Messieurs, 

«  Les  commissaires  nommés  par  la  Société  des  Gardes  nationaux 
de  France  s'empressent  aujourd'hui  de  vous  donner  une  preuve  nou- 
velle et  non  équivoque  de  ses  principes.  Toujours  soumise  à  la  loi,  la 
Société  dépose  au  milieu  de  vous,  Messieurs,  dont  le  patriotisme  est 
si  connu,  l'étendard  de  l'union  et  de  la  liberté.  Nous  avons  juré  de 
maintenir  la  Constitution,  et  aucun  de  nous  ne  sera  parjure.  Organes 
de  la  Société  entière,  nous  venons  renouveler  ici  nos  serments,  et 
nous  promettons  de  nous  rallier  sous  cet  étendard,  toutes  les  fois  que 
la  chose  publique  sera  en  danger.  » 

L'assemblée  applaudit  unanimement  au  discours  et  au  nouveau 
témoignage  de  patriotisme  et  de  soumission  à  la  loi  que  venait  «le 
donner  la  Société  des  Gardes  nationaux  de  France. 

M.  le  Maire  répondit  : 

«  Messieurs, 

«  Nous  retrouvons  en  vous,  avec  une  grande  satisfaction,  plusieurs 
des  gardes  nationaux  des  départemens  qui,  fédérés  avec  nous,  le 
14  juillet,  ont  juré,  avec  nous,  la  Constitution  et  le  Roi.  Réunis,  à 
Paris,  par  une  association  qu'une  loi  nouvelle  défend  aux  citoyens 
armés,  vous  venez,  en  vous  séparant,  déposer,  à  cet  Hôtel  de  Ville, 
le  signe  de  votre  union  patriotique.  La  Commune  le  reçoit  et  le  con- 
servera précieusement,  comme  un  des  gages  de  la  fraternité  de  tous 
les  départemens  avec  nos  Concitoyens. 

M  La  Commune,  qui  connoit  votre  courage,  apprécie  votre  soumis- 
sion à  la  Loi.  Puisse  l'exemple  de  cette  soumission  être  partout  imité  ! 
Puisse  l'union  que  nous  renouvelons  ici  être  toujours  durable!  Avec 
une  Constitution  libre,  sous  un  Roi  juste  et  chéri,  notre  but  et  notre 
gloire  doivent  être  désormais  d'offrir  à  nos  ennemis  un  peuple  indi- 
visible. » 


(1)  Extrait  du  registre  des  délibérations  du  Cnnspil  r/é)iér(d,  du  sanie.'/l  Ifi  dé- 
'^embre  ITOO.  (Bib.  Nat.,  Lb  40/1173.) 


390  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  A  cet  instant,  MM.  les  commissaires  ont  remis  entre  les  mains  de 
M.  le  Maire,  et  placé  à  côté  du  bureau,  le  drapeau  qu'ils  sont  venus 
offrir  à  la  Commune,  M.  le  Maire  les  a  invités  à  assister  à  la  séance,  et 
le  Conseil  général  a  arrêté  l'impression  et  l'envoi  aux  sections  et  aux 
soixante  Bataillons  du  discours  de  MM.  les  Commissaires  et  de  la  r.'-- 
ponse  de  M.  le  Maire. 

«  Signé  :  Batlly,  maire. 

De  Joly,  secrétaire-fjreffier.  » 

Les  forts  de  la  Halle  aussi,  armés  depuis  peu  par  la  Municipalité, 
déposèrent  plus  tard  leur  drapeau  à  l'Hôtel  de  Ville  (1). 

D'un  décret  de  l'Assemblée  nationale,  il  ressortait  qu'il  fallait  être 
sans  armes,  non  incorporé  dans  l'armée  pour  avoir  le  droit  de  s'as- 
seinbler,  de  formet*  tin  club  ;  que  nul  corps  armé  ne  pouvait  déli- 
bérer, ainsi  qiie  cela  se  trouva  déclaré  dans  la  Constitution  de  1791, 
laquelle  plaça  dans  son  article  1"  :  «  Le  royaume  est  un  et  indivi- 
sible. » 

La  crainte  de  l'idée  fédéraliste,  bientôt  préconisée  par  Buzot,  Bris- 
sot  et  nombre  de  Girondins,  a  probablement  porté  les  autorités  pari- 
Siennes  à  changet"  le  nom  de  la  section  de  la  Place  Royale  el  des  Fé- 
dérés eh  section  de  V Indivisibilité . 

On  peut  penser  aussi  que  les  citoyens  de  Paris  ne  voulaient  pas 
laisser  les  gardes  nationaux  des  départements  peser,  en  certaines 
occasions,  sur  l'opinion  publique  dans  la  capitale.  Nous  avons  dit 
pourquoi. 

Toujours  est-il  que  le  Club  des,  Fédérés,  dont  on  se  défia,  eut  à 
peine  trois  mois  d'existence,  et  qu'en  disparaissant  il  laissait  les 
Feuillants,  les  Fayetiistes  et  la  Société  de  1789  représenter  seuls  le 
modérantisme,  jusqu'au  temps  où  les  Girondins  devinrent  les  modérés 
pour  les  Montagnards,  après  avoir  été  regardés  longtemps  comme 
des  avancés. 

Aucune  liste  des  membres  du  Club  des  Fédérés  n'a  été  dressée,  que 
nous  sachions;  aucun  règlement,  aucune  déclaration  de  principes 
n'existent.  Des  collectivités  s'y  rencontraient,  le  plus  souvent,  d'une 
façon  tetnporaire,  pour  quelques  jours,  au  passage  de  Fédérés  ù 
Paris. 


(1)  Extrait  du  rer/istre  des  délibérations  du  Conseil  riénéral  de  la  Commune  de 
Paris,  du  dimanche  10  juillet  1701.  (Bib.  Nat.,  Lb  40/1173.) 


SOCIÉTÉ    DR   1789 


Fondée    lo     12    Avr-il    1790. 


I  ' 

La  Société  ou  Cluh  do  1789  s'ouvrit  le  12  avril  1790.  Suivant  l'opi- 
nion de  quelques  historiens,  c'était  le  Cluh  des  89  ou  des  populaires 
modérés,  nom  qui  serait  venu  du  chiffre  de  dissidents  par  lesquels 
il  fut  formé. 

La  Fayette,  Bailly,  Miraheau,  Rœderer,  Dupont  de  Nemours,  Le 
Chapelier,  l'évèque  d'Autun,  le  duc  de  La  Rochefoucauld,  l'abhé 
Siéyès,  qui  en  furent  les  chefs,  appartenaient  originairement  au 
Club  des  Jacobins,  ainsi  qu'on  le  constata  tout  d'abord. 

Ses  mem])res  se  séparèrent  à  grand  bruit  de  leurs  anciens  col- 
lègues. Ils  espéraient  que  Louis  XVI,  rompant  avec  son  entourage, 
se  réunirait  à  eux,  et  accepterait  de  bonne  foi  la  Constitution.  Ils 
voulaient  maintenir  le  gouvernement  dans  la  voie  prise  en  1789,  re- 
poussaient pour  la  plupart  la  souveraineté  du  peuple,  et  se  propo- 
saient de  protéger  la  monarchie  appuyée  sur  la  Constitution. 

En  lisant  les  Règlements  de  la  Société  de  1789,  on  voit  qu'il  s'agis- 
sait d'une  réunion  d'hommes  désireux  de  faire  passer  à  l'application 
leurs  théories  politiques  et  sociales,  et  que  celte  réunion  ressemblait 
à  un  club  fermé,  presque  à  une  académie. 

Peu  de  clubs  ont  eu,  d'ailleurs,  une  organisation  aussi  complète. 
Il  faut  regretter  que  les  procès-verl)aux  de  ses  séances  ne  nous  soient 
pas  parvenus.      ^ 

«  RÈGLEMENS  DE  LA   SOCIÉTÉ  DE  1789  ET  LISTE 
DE  SES  MEMBRES  (1). 

«  AVERTISSEMENT. 

«  La  Société  de  1789,  en  publiant  ses  règlemens  particuliers,  croit 
(1)  A  Paris,  de  l'Imiiriinerif  Lfjay  iils,  l'uc  (!<•  I"Écliello  Sainl-Ilonoiv,  1790.  — 


392  LES  CLUBS  CONTHERÉVOLDTIONNAIRES 

devoir  rappeler  les  principes  et  le  vrai  but  de  son  institution;  c'est 
pour  cela  qu'elle  a  jugé  convenable  de  faire  précéder  ces  règlemens 
par' le  prospectus  de  son  journal,  où  ces  objets  fondamentaux  sont 
suffisamment  indiqués. 

«  Jl  est,  pour  les  individus,  un  art  d'assurer  et  d'augmenter  leur 
bonheur  :  il  a  consisté  jusqu'ici  dans  la  philosophie  morale,  que  les 
anciens  portèrent  à  une  sorte  de  perfection. 

«  Il  doit  exister  aussi,  pour  les  nations,  un  art  de  maintenir  et  d'é- 
tendre leur  félicité  :  c'est  ce  (ju'on  a  nommé  Vart  social. 

«  Cette  science,  pour  laquelle  travaillent  toutes  les  autres,  ne  pa- 
roit  pas  avoir  été  encore  étudiée  dans  son  ensemble.  L'art  de  culti- 
ver, l'art  de  commercer,  l'art  de  gouverner,  l'art  de  raisonner  même, 
ne  sont  que  des  parties  de  cette  science;  elles  ont  pris  chacune  à 
part  une  sorte  d'accroissement;  mais,  sans  doute,  ces  membres  isolés 
ne  parviendront  à  leur  développement  complet  que  lorsqu'ils  au- 
ront été  rapprochés,  et  qu'ils  formeront  un  corps  bien  organisé. 

«  Réunir  tant  de  matériaux  épars  et  inconsistans,  rechercher  dans 
les  sciences  économiques  leurs  rapports  mutuels,  et  surtout  la  liai- 
son commune  qu'elles  peuvent  avoir  avec  la  science  générale  de  la 
civilisation,  tel  est  l'objet  de  Varl  social. 

«  Ce  n'est  ni  un,  ni  plusieurs  hommes,  ni  même  une  seule  nation, 
c'est  le  concert  des  peuples  qui  peut  assurer  à  cet  art  des  progrès 
efficaces;  mais  ces  progrès  seront  moins  longs,  dès  que  tous  les  es- 
prits suivront  partout  un  ordre  de  travail  constant  et  uniforme. 

«.  Il  faut  donc  créer  cette  méthode  commune.  Or,  avant  qu'elle  soit 
fixée,  perfectionnée  et  généralement  adoptée,  il  étoit  naturel  que  les 
bases  en  fussent  posées  par  une  association,  qui,  communiquant  à 
d'autres  sociétés  semblables  les  principes  et  l'espj'it  qui  l'animent, 
pût,  ainsi  qu'elles,  rallier  à  des  systèmes  pareils  les  divers  travaux 
de  tous  les.  hommes  éclairés,  en  quelque  lieu  qu'ils  existent,  et  qu'ils 
veillent  pour  le  bien  de  l'humanité. 

«  Tel  est  le  plan  sur  lequel  s'est  formée  la  Société  de  1789. 

«  Elle  a  pensé  qu'on  avait  jusqu'à  présent  retiré  trop  peu  d'avan- 
tages de  ces  instrumens  de  communication,  par  lesquels  nous  pou- 
vons nous  rendre  si  supérieurs  aux  anciens,  et  qui  doivent  étendre 
le  commerce  de  la  pensée  comme  celui  de  toutes  les  autres  ri- 
chesses du  globe.  Elle  a  donc  voulu  multiplier  entre  les  nations  les 
échanges  réciproques  des  connoissances  humaines. 


Bib.  Nat.,  Lb  40/2403.  —   Nous  reproduisons  cos  Règlements   tels,  qu'ils  ciut  Hè 
publiés,  avec  leurs  imperfections  typographiques  ou  autres. 


SOCIETE  DE  1789  393 

«  C'est  pour  cela  qu'une  partie  essentielle  de  son  institution  est 
une  correspondance  suivie  avec  toutes  les  sociétés  et  tous  les  indivi- 
dus, tant  nationaux  qu'étrangers,  qui  voudront  coopérer  à  une  si 
noble  entreprise. 

«  Ainsi,  la  Société  de  1789  doit  être  considérée  comme  un  centre 
de  correspondance  pour  tous  les  principes  généraux,  et  non  pas 
comme  un  foyer  de  coalition  pour  les  opinions  particulières.  Ce  n'est 
ni  une  secte  ni  un  parti,  mais  une  compagnie  d'amis  des  hommes,  et, 
pour  ainsi  dire,  d'agens  du  commerce  des  vérités  sociales. 

«  Développer  et  répandre  les  principes  d'une  constitution  libre, 
est  sans  doute  le  premier  devoir  d'une  institution  qui  datte  [sic]  de 
l'époque  de  la  liberté  françoise:  la  Société  de  1789  sera  fidelle  {sic)  à 
ce  devoir.  En  même  temps  que  ses  travaux  se  dirigeront  vers  son 
principal  but,  qui  est  la  recherche  des  principes  et  des  moyens  du 
perfectionnement  de  l'ari  social,  elle  consacrera  aussi  ses  veilles  à 
faire  une  heureuse  application  de  ces  principes  à  la  constitution  et  à 
la  félicité  nationale. 

«  Pour  remplir  ces  différentes  vues,  le  premier  moyen  devoit  être 
la  publication  d'un  journal  (1)  qui  ne  fût  point  une  collection  de  nou- 
velles, de  faits  et  de  pièces,  mis  au  jour  sans  choix  et  sans  liaison,  à 
mesure  qu'ils  se  présentent ,  mais  plutôt  un  recueil  des  mémoires 
sur  les  diverses  parties  et  sur  tout  l'ensemble  de  l'économie  sociale, 
ou  même  d'observations  sur  les  événemens  qu'intéressent  les  prin- 
cipes et  les  progrès  de  cette  science,  aussi  nouvelle  qu'elle  est  éten- 
due. 

«  Le  journal  de  la  Société  de  1789  a  été  conçu  dans  cette  idée.  11 
sara  divisé  en  cinq  chapitres,  dont  les  litres  différens  indiquent  les 
divers  objets. 

«  Chapitre  prkmikr. 

«  Art  social. 
«  Ce  chapitre  contiendra  des  dissertations,  des  mémoires,  des  re- 
marques sur  les  principes  des  constitutions,  des  corps  législatifs,  des 
gouvernemens,  des  administrations,  sur  l'agriculture,  le  commerce. 


(1)  Voir  plus  bas,  passim.  —Les  abouueinents  au  Journal  se  faisaient  :  Chez  le 
ri'Miacteur,  n»  59,  au  Palais-Royal;  chez  Desenne,  madame  Vaufleury  et  Denné, 
libraires,  au  Palais-Royal;  chez  Lejay,  rue  de  l'Échelle  Saint-Honoré.  Prix  de 
labounement  :  24  livres  par  an,  27  livres  pour  la  province,  12  livres  par  six 
mois,  rendu  franc  de  port  dans  tout  le  royaume.  —  On  s'abonnait  aussi  chez 
tous  les  directeurs  des  postes,  et  chez  les  principaux  libraires  du  royaume  et  de 
l'étranger.  Lejay  était  l'iraprimour  du  .Journal  de  la  Société. 


394  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

les  finances,  l'enseignement  public,  sur  les  loix  et  les  tribunaux; 
enfin  sur  tous  les  élémens  du  système  social,  et  leur  accord  avec  le 
vœu  de  la  nature  et  le  bonbeur  des  bommes. 

«  CUAPITRi:  II. 

«  Correspondance  nationalr. 

«  On  y  rendra  compte  des  travaux  des  différentes  sociétés  patrio- 
tiques, ainsi  que  des  établissemens  publics  qui  se  formeront  dans 
tous  les  départemens  du  royaume.  Les  difficultés  qui  se  présenteront 
dans  l'exécution  des  loix  qui  vont  régir  la  France,  soit  relativement 
à  l'organisation  actuelle  du  royaume,  ou  sous  tout  autre  rapport,  y 
seront  exposées,  discutées,  et  on  essaiera  de  les  résoudre,  d'après  les 
principes  constitutifs  du  nouveau  droit  public  français,  et  surtout 
d'après  les  règles  invariables  puisées  dans  la  nature  des  cboses  et 
dans  les  droits  des  citoyens. 

«  CUAPITRl';  111. 
«  Correspondance  étrangère. 
«  Les  principaux  événemens  politiques  qui  intéressent  les  deux 
bémisphères,  les  traités,  les  forces  respectives  et  les  vues  présumées 
des  puissances  ;  la  situation  actuelle,  tant  intérieure  qu'extérieure, 
des  différentes  nations,  surtout  leur  avancement  dans  l'art  social  ; 
l'utilité  et  les  dangers  de  leurs  institutions  particulières  y  seront  pré- 
sentés, en  considérant  les  intérêts  des  gouvernemens,  surtout  dans 
leurs  rapports  avec  l'intérêt  des  gouvernés,  et  les  relations  des  cabi- 
nets dans  leur  influence  sur  le  bonbeur  ou  le  malbeur  des  peuples  (1). 

«  CllAPITRli  IV. 
«  Assemhlée  nationale. 
«  Sans  s'astreindre  à  la  marcbe  de  ses  travaux,  on  en  donnera  les 
résultats  les  plus  importans,  on  en  développera  les  principes^  soit  en 
présentant,  par  une  analyse  rapide,  le  tableau  de  la  discussion  con- 
tradictoire, soit  en  expliquant  l'esprit  des  décrets  par  de  nouvelles 
considëi'âtions. 

«  Chapitre  V. 

«  Variétés. 
«  Une  notice  des  ouvrages  utiles  dans  toutes  les  langues,  les  en- 

(1)  Sur  la  demande  des  Sociétés  correspondantes,  le  directoire  se  <îhargea  de 
leur  faire  passer  les  écrits  nouveaux  et  périodiques,  mais  elles  devaient  faire  les 
fonds  d'avance  de  ces  envois,  atlranchir  les  envois  et  les  paquets,  entre  les  mains 
du  rédacteur  du  Journal  de  la  Société. 


SOCIÉTÉ  DE  1789  395 

couragemens  à  donner  aux  arts  et  aux  talens,  en  France  et  chez 
l'étranger,  la  description  et  le  dessin  des  machines  et  découvertes  les 
plus  remarquables  ;  enlin  différens  morceaux  de  morale  bu  de  philo- 
sophie, où  le  précepte  sera  revêtu  des  formes  et  des  couleurs  de 
l'imagination,  entreront  dans  ce  chapitre.  On  y  proposera  aussi  quel- 
quefois des  questions  sur  divers  points  de  législation  et  d'économie 
politique  :  on  publiera,  soit  en  détail,  soit  par  analyse,  les  diverses 
opinions  propres  à  répandre  la  lumière  sur  ces  questions  (1). 

«  REGLEMENS. 

«  Article  premier. 

«  Composition  de  la  Société. 

«  Le  nombre  des  membres  de  la  Société  n'excédera  point  celui  de 
six  cent  soixante;  leurs  noms  seront  inscrits  sur  un  tableau  qui  sera 
déposé  dans  le  salon  de  l'assemblée. 

«  Article  II. 
«  Admission. 
«  On  ne  pourra  être  reçu  dans  la  Société  qu'au  scrutin.  Pour  y  être 
admis,  il  faudra  être  présenté  par  un  des  associés,  et  appuyé  par 
quatre;  une  liste  sur  quatre  colonnes  offrira  le  nom  et  la  demeure  de 
l'aspirant,  la  signature  du  présentateur  et  celle  des  répondans.  Les 
noms  des  candidats  seront  numérotés  dans  l'ordre  où  ils  auront  été 
inscrits  sur  la  liste. 

«  Article  III. 
'«  Sci'utin. 

«  Le  scrutin  n'aura  lieu  que  pendant  huit  mois  de  l'année,  du  pre- 
mier noverhbre  au  premier  juillet  suivant.  La  liste  sera  fermée  le 
20  de  chaque  mois  par  la  signature  d'un  des  Commissaires  de  la  So- 
ciété, et  le  scrutin,  ouvert  le  premier  dimanche  du  mois  suivant,  ne 
sera  clos  que  le  lundi  à  7  heures  du  soir. 

«  Mais  pendant  l'année  1790  seulement,  il  sera  dérogé  à  cette  règle, 
et  il  pourra  se  faire  deux  présentations  et  deux  scl-utitts  par  mois,  les 
premiers  dimanches  de  chacune  des  deux  quinzaines  ;  en  observant 
toujours  de  fermer  les  listes  de  manière  à  laisser  un  intei>valle  de 
dix  jours  entre  leur  chUure  et  le  scrutin. 

«  Pour  procéder  à  ce  scrutin,  chaque  membre  de  la  Société,  en  ins- 


(1)  Cet  AveHissement  a  paru  dans  lo  Journal  de  la  Société  de  1789,  \\°  1,   du 
5  juin  1790. 


396  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

crivant  son  nom  sur  un  registre  tenu  à  cet  effet,  recevra  du  concierge 
un  bulletin  datte,  signé  d'un  commissaire,  et  partagé  en  deux  co- 
lonnes, en  tête  desquelles  seront  d'un  côté  le  mot  admission^  et  de 
l'autre  le  mot  rejection  (l).  Les  membres  votans  inscrivent  sur  l'une 
ou  l'autre  de  ces  deux  colonnes  le  numéro  désignatif  des  candidats 
qu'ils  voudront  rejeter  ou  admettre.  Les  bulletins  seront  déposés  dans 
une  boîte  qui  ne  sera  ouverte  qu'au  moment  déterminé  par  ce  rè- 
glement. 

«  L'ouverture  et  le  dépouillement  du  scrutin  seront  faits  par  trois 
commissaires  ;  ils  annuleront  tout  bulletin  qui  contiendroit  deux 
fois  le  même  numéro. 

«  Tout  candidat  qui  ne  réunira  pas  en  sa  faveur  les  1)  dixièmes  des 
votes  positifs  ne  sera  point  admis;  mais  il  pourra  être  présenté  de 
nouveau,  jusqu'à  deux  fois  dans  la  même  année. 

«Article  IV. 

«  Cotlisation  {sic'j. 

«  La  cottisation  des  membres  de  la  Société  sera  de  trois  louis  par 
année.  Chaque  membre  paiera  de  plus  pour  une  fois  seulement  deux 
louis  pour  deniers  d'entrée.  Chaque  membre  admis  dans  la  Société 
sera  tenu  de  réaliser  sa  cottisation  dans  l'espace  d'un  mois  pour  tout 
délai,  sinon  il  sera  présumé  avoir  renoncé  à  la  Société,  et  il  ne  pourra 
plus  être  admis  qu'après  un  nouveau  scrutin. 

«  Les  membres  reçus  avant  le  mois  de  novembre  de  l'année  1700 
renouvelleront  leur  cottisation  avant  la  fin  de  l'année  ;  mais  les  mem- 
bres reçus  postérieurement  au  mois  d'octobre  ne  seront  tenus  à  payer 
leur  cottisation  que  pour  l'année  1791.  ' 

«  Dans  les  années  qui  suivront  celle-ci,  les  membres  reçus  avant  le 
mois  de  juin  renouvelleront  leur  cottisation  avant  le  31  décembre  de 
chaque  année  pour  l'année  suivante,  et  les  membres  reçus  aux  scru- 
tins de  novembre  et  de  décembre  ne  seront  obligés  de  payer  que  pour 
Tannée  qui  suivra  celle  de  leur  réception. 

«  Ceux  qui  n'auront  pas  réalisé  la  cottisation  ou  le  renouvellement 
au  31  décembre  seront  censés  avoir  renoncé  à  la  Société,  et  leur  nom 
sera  rayé  du  tableau;  mais  ceux  qui  auront  été  malades  ou  absens 
pourront  se  faire  réintégrer  dans  la  Société  sans  nouvelle  présenta- 
tion, en  payant  la  cottisation  de  chacune  des  années  qui  se  seront 
écoulées  depuis  leur  radiation. 


(1)  Nous  avons  copié  textuellement,  avec  certaines  fautes  d'orthographe,  avec 
des  noms  propres  quelquefois  un  peu  dénaturés. 


SOCIÉTÉ  DE  1789  397 

<(  Article  V. 
«  Scrulin  d'épreuve. 

«  Il  sera  fait,  tous  les  ans,  un  scrutin  d'épreuve  à  l'effet  d'exclure 
de  la  Société  les  membres  qui  pourroienl  ne  pas  lui  convenir. 

«  Le  jour  de  l'ouverture  et  de  la  clôture  de  ce  scrutin  sera  déter- 
miné dans  l'assemblée  générale  qui  se  tiendra  le  premier  dimanche 
de  décembre. 

«  Ceux  qui  voudront  y  prendre  part  recevront  du  concierge,  en 
inscrivant  leur  nom  sur  le  registre,  un  billet  datte  et  signé  d'un  com- 
missaire, sur  lequel  sera  imprimé  le  mot  exclusion.  Chacun  pourra 
écrire  sur  son  bulletin  le  numéro  du  tableau  des  membres  de  la  So- 
ciété correspondant  au  nom  de  celui  qu'il  voudra  exclure,  et  il  dépo- 
sera son  bulletin  dans  la  boite  du  scrutin.  11  sera  nommé  au  scrutin 
(juatre  commissaires  chargés  de  ce  dépouillement,  lesquels,  avant 
d'y  procéder,  compteront  les  bulletins  :  si  leur  nombre  n'excède  pas 
la  majorité  de  la  Société,  ils  les  brûleront  et  en  donneront  leur  décla- 
ration par  écrit  à  la  Société.  Cette  déclaration  servira  de  preuve  que 
la  majorité  de  la  Société  ne  veut  point  faire  usage  de  ce  scrutin. 

«  Mais  si  les  bulletins  excèdent  la  majorité  de  la  Société,  les  com- 
missaires en  feront  le  recensement,  et  dans  le  cas  où  quelques  numé- 
ros réuniroient  les  neuf  dixièmes  des  votes,  ils  les  inscriront  sur 
une  feuille  qu'ils  signeront;  si,  au  contraire,  aucun  numéro  ne  réunit 
les  neuf  dixièmes  des  votes,  les  commissaires  en  donneront  à  l'assem- 
blée une  déclaration  qu'ils  signeront.  Dans  tous  les  cas,  les  scruta- 
teurs garderont  le  plus  profond  secret  sur  le  scrutin,  et  brûleront  les 
bulletins  avant  de  se  séparer. 

«  Article  VI. 
«  Administration  intérieure. 

«  La  Société,  pour  son  administration  intérieure,  pour  la  direction 
des  dépenses,  pour  la  police  ordinaire  du  local,  et  la  régularité  du 
service,  nommera  au  scrutin  un  comité  composé  de  douze  commis- 
saires et  d'un  trésorier.  Les  commissaires  seront  renouvelles  par 
moitié  tous  les  ans.  Le  trésorier  sera  nommé  à  la  même  époque,  et 
pourra  être  continué  pourvu  qu'il  ait  rendu  son  compte. 

«  Quatre  de  ces  commissaires  seront  toujours  en  activité,  et  leurs 
noms  inscrits  sur  un  tableau  particulier,  exposé  dans  le  sallon  d'as- 
semblées. 

«  Ces  commissaires  procureront  à  la  Société  les  journaux,  les  ou- 
vrages périodiques  et  les  livres  nouveaux  que  l'opinion  publique  dis- 


398  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRblS 

tinguera.  Et,  dès  qu'il  se  trouvera  des  fonds  libres^  ils  y  joindront  les 
bons  ouvrages  relatifs  aux  travaux  que  la  Société  se  propose. 

«  Les  commissaires  veilleront  sur  tout  ce  qui  compose  la  biblio- 
thèque de  la  Société. 

«  Le  comité  accordera  ou  refusera  à  son  gré  les  demandes  qui  se- 
ront faites  par  les  membres  de  la  Société  sur  divers  objets,  à  moins 
que  ces  demandes  ne  soient  signées  par  quinze  personnes,  auquel 
cas  les  commissaires  seront  tenus  de  prendre  le  vœu  de  l'assemblée 
générale. 

«  Chaque  semaine,  les  commissaires  seront  tenus  de  se  réunir  le 
jour  qui  sera  convenu.  Le  président,  ou  trois  d'entre  eux  pourront, 
lorsqu'ils  le  jugeront  utile,  convoquer  le  comité  entier  en  assemblée 
extraordinaire. 

«  Article  VIL 

«  Comptabilitr. 

«  Toutes  les  dépenses  seront  arrêtées  au  comité,  qui  ne  pourra 
rien  statuer  s'il  n'est  composé  de  trois  membres  au  moins. 

«  Le  trésorier  rendra  son  compte  tous  les  ans,  au  commencement 
de  mai,  aux  douze  commissaires.  Lorsque  la  vérification  en  aura  été 
faite  par  eux,  ce  compte  sera  exposé  dans  le  sallon  d'assemblée,  au 
plus  tard  le  10  mai,  et,  quinze  jours  après,  il  sera  appuré  dans  une 
assemblée  générale  convoquée  à  cet  effet. 

«  Article  VIII. 
«  Travaux  de  la  Société. 

«  Pour  concourir  aux  travaux  qui  forment  le  but  véritable  de  son 
institution,  la  Société  est  partagée  en  trois  sections  : 

«  1"  Celle  du  Journal.  Les  objets  qu'elle  embrasse  ont  été  développés 
dans  son  prospectus. 

«  2"  Celle  de  correspondance.  Elle  correspond,  au  nom  de  la  Société 
de  1789,  avec  les  personnes  ou  les  autres  Sociétés  qui  auront  témoi- 
gné de  lier  et  d'entretenir  avec  elle  ce  commerce  de  fraternité  et  d'ins- 
truction, lesquelles  personnes  et  Sociétés  devront  être  expressément 
agréées  dans  une  assemblée  générale  sur  le  rapport  du  directoire  do 
la  section, 

«  3°  Celle  iVencouragemenl.  Elle  a  pour  objet  de  rechercher  toutes 
les  inventions  utiles  au  progrès  de  l'art  social^  et  d'encourager  celles 
qui  se  font  dans  toutes  les  sciences,  de  recueillir  toutes  les  idées  rela- 
tives aux  établissements  publics,  soit  de  bienfaisance,  soit  d'éduca- 
tion, enfin  d'observer,  de  réunir  et  de  propager  tout  ce  que  l'esprit 
humain  peut  imaginer  pour  le  perfectionnement  de  l'homme. 


SOCIÉTÉ  UE  1789  399 

«  Article  IX. 
«  Sections  et  Directoires. 

«  Chacun  des  membres  de  la  Société  sera  tenu  de  s'inscrire  dans 
Tune  de  ces  trois  sections  ;  chacune  d'elles,  ainsi  formée,  nommera  à 
la  pluralité  et  au  scrutin  douze  membres  pour  composer  son  direc- 
toire. 

«  L'élection  des  membres  du  directoire  se  fera  tous  les  six  mois, 
mais  les  mômes  personnes  pourront  être  continuées. 

«  Celui  de  ces  membres  qui  aura  réuni  le  plus  de  voix  sera  prési- 
dent de  la  section  ainsi  que  du  directoire;  il  sera  remplacé,  en  son 
absence,  par  celui  qui,  après  lui,  aura  eu  un  plus  grand  nombre  de 
voix. 

«  Ces  présidens  convoqueront  les  sections.  Ils  seront  dépositaires 
des  papiers  appartenans  à  la  section  ;  ils  devront  demander  aux  com- 
missaires de  la  Société  les  fournitures  et  autres  choses  qui  seront 
nécessaires,  et  seuls  ils  pourront  donner  des  ordres  aux  commis. 

«  Les  membres  des  sections  pourront  assister  aux  séances  des 
directoires,  avec  voix  consultative. 

«  Le  plan  pour  Texécution  des  travaux  confiés  à  chaque  section 
devra  être  agréé  par  l'assemblée  générale  de  la  Société. 

«  Article  X. 
«  Assemblée  générale  et  Président. 

«  A  l'assemblée  générale  appartient  le  droit  de  statuer  sur  les  inté- 
rêts de  la  Société,  et  de  régler  ses  travaux.  Les  comités  et  les  sections 
n'agissent  qu'autorisés  par  elle. 

«  L'assemblée  générale  se  tiendra  tous  les  dimanches,  à  six  heures 
du  soir.  Elle  ne  sera  réputée  telle,  que  lorsqu'elle  sera  composée  déplus 
de  quarante  membres.  Elle  entendra  les  rapports  des  commissaires  de 
la  Société  et  des  divers  secrétaires,  ainsi  que  les  propositions  des 
membres  de  la  Société,  sur  lesquelles  elle  délibérera  si  elle  le  juge 
convenable. 

«  Elle  nommera,  tous  les  quinze  jours,  un  président  et  trois  secré- 
taires; ceux-ci  rédigeront  les  délibérations  et  les  signeront  après  le 
président. 

«  Le  président  ouvrira  les  séances,  et,  dans  les  discussions  qui 
pourront  s'établir,  il  posera  les  questions,  donnera  la  parole,  prendra 
les  voix,  et  généralement  observera  et  fera  observer  les  règles  ordi- 
nairement suivies  dans  les  assemblées  délibérantes. 

«  Mais  dans  les  questions  générales  de  tout  genre,  sur  lesquelles 


-400  LES  CLUBS  GONTRE-RÉVOLUTIONNAIHLS 

la  Société  a  décidé  qu'on  n'iroit  point  aux  voix,  elle  a  aussi  arrêté 
qu'elle  ne  se  priveroit  point  d'entendre  l'opinion  de  son  président,  et 
qu'il  pourroit  prendre  la  parole  dans  ces  sortes  de  discussions. 

«  Article  XI. 

«  Les  salles  qui  composent  le  local  de  la  Société  seront  ouvertes 
tous  les  jours,  depuis  huit  heures  du  matin  jusqu'à  minuit. 

«  Tous  les  membres  pourront  y  faire  la  lecture  de  tous  les  jour- 
naux et  de  tous  les  livres  qui  forment  la  bibliothèque  de  la  Société. 

«  Mais  aucunes  de  ces  feuilles,  aucuns  de  ces  volumes  ne  pourront 
être  prêtés  ni  emportés  hors  des  salles. 

«  Les  membres  des  Sociétés  correspondantes,  ou  même  les  corres- 
pondants particuliers  de  la  Société  de  1789  qui  se  trouveront  momen- 
tanément à  Paris,  pourront,  en  se  faisant  reconnaitre  par  les  com- 
missaires, fréquenter  la  Société  pendant  la  durée  de  leur  séjour, 
pourvu  qu'elle  n'excède  pas  trois  mois. 

«  Article  XIL 

u  Le  présent  règlement  sera  imprimé,  et  un  exemplaire  en  sera 
remis  à  chacun  des  membres  de  la  Société. 

«  Aucun  des  articles  qui  le  composent  ne  pourra  être  changé, 
aucun  autre  ne  pourra  être  ajouté,  si  ces  changemens  ou  additions 
n'ont  été  arrêtés  dans  une  assemblée  générale  convoquée  extraor- 
dinairement  pour  cet  objet  ;  et  dans  ce  cas,  les  articles  changés  ou 
ajoutés  devront  être  imprimés  à  part  et  distribués  à  tous  les  membres 
de  la  Société. 

<(  Commissaires  :  Vandermonde  (1),  Duvillard,  Ganilii  (2).  » 

Suit  la  liste  des  membres,  dont  un  bon  nombre  appartenait  ou 
avait  appartenu  à  d'autres  clubs,  plus  ou  moins  politiques,  plus 
ou  moins  modérés. 

II  '       • 

liste  des  membres. 

A 

Abbema,  rue  Neuve  des  Malhurins^  48  (Membre  du  Club  des  Feuil- 
lants). 

(1)  Alexandre-Tlu'ophile  Vandcrmomle,  membre  de  l'Académie  des  Sciences, 
plus  tai'd  remplacé  par  Carnot  à  l'Institut. 

(2)  Charles  Ganilh,  économiste,  nommé  Tribun  après  le  18  brumaire. 


SOCIÉTÉ  DE  1789  401 

Agasse,  rue  Pavée  Sain t-André-des- Arts,  12  (Membre  du  Club  des 

Feuillants). 
Albisson,  rue  Neuve  des  Capucines. 

Alexandre,  bôtel  du  Roi,  au  Carrouzel  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 
Amelot,  rue  Neuve  des  Mathurins. 
André,  rue  de  Richelieu,  91  (Membre  des  Clubs  des  Feuillants  et  des 

Jacobins). 
Anson,  rue  de  Bracq  (Membre  du  Club  des  Feuillants)  (1). 
Artaud,  Palais  Royal,  59. 
Auguste  (ils,  place  du  Carrouzel. 
Autran,  place  des  Victoires. 


Baert,  Palais-Royal,  98  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Bailly,  hôtel  de  la  Mairie  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Barbantane,  au  Palais-Royal  (Membre  des  Clubs  de  Valois  et  des  Ja- 
cobins). 

Barère,  rue  des  Filles-Saint-Thomas  (Membre  du  Clul)  des  Jacobins). 

Barrin,  rue  de  Touraine  au  Marais,  3. 

Bassoncourt,  rue  de  Grammont,  5  (Membre  du  Club  de  Valois). 

Baudoin  (sic),  rue  du  Foin  Saint-Jacques,  31  (Membre  du  Club  des 
Jacobins). 

Baux,  rue  Traversière,  40  (2j  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Beauchesne,  rue  et  Écuries  de  Monsieui'. 

Beauharnois,  rue  des  Petits-Augustins,  33  (Membre  des  Clubs  des 
Feuillants  et  des  Jacobins). 

Beaumé,  rue  Thévenot,  8. 

Beaumetz,  rue  Saint-ïlonoré,  45. 

Benard,  cour  de  1  Arsenal  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Benfield,  rue  et  hôtel  de  l'Université. 

Berard,  l'aîné,  rue  de  Grammont,  hôtel  de  la  compagnie  des  Indes 
(Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Berard,  le  jeune,  rue  de  Grammont. 

Bergerot,  hôtel  des  Fermes. 

Bergon,  rue  de  la  Michodière,  9. 

Bidermann,  rue  des  Jeûneurs,  3. 

Biencourt,  rue  Neuve-des-Petits-Champs,  49. 


(1)  Receveur  des  finances  et  littérateur. 

(2)  Plusieurs  rues,  places,  impasses,  etc.,  indiquées  dans  cette  liste,  n'existent 
plus.  Même  remarque  pour  les  demeures  des  membres  d'autres  clubs. 

26 


402  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Bitaubé,  rue  Sainte-Anne,  62  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 
Blin,  quai  de  l'École,  H. 

Biron,  rue  de  Grenelle-Saint-Germain  (Mem])re  du  Club  des  Feuil- 
lants) . 
Blondel  (Antoine),  rue  Sainte-Avoye. 
Blondel,  rue  des  Vieux-Augustins,  26. 

Bodkin  Fitz-Gérald,  rue  Saint-Dominique,  près  celle  d'Enfer. 
Boetzelair,  rue  Faubourg  Poissonnière,  159. 
Boyd,  rue  de  Grammont,  9. 
Bullion,  rue  de  l'Université,  137. 

Broussonnet,  rue  des  Blancs-Manteaux,  20  (Membre  du  Club  des  Ja- 
cobins) (1). 
Bruis,  rue  de  Richelieu,  39. 
Bry,  rue  Neuve-des-Petils-Champs. 

Bourgoing,  rue  des  Filles-Saint-Thomas,  hôtel  d'Angleterre. 
Boursier,  rue  Beaurepaire,  23. 

Brantzen,  rue  du  Faubourg-Poissonnière,  près  la  rue  Bergère. 
Brissot,  rue  de  Grétry,  1. 

Broglie,  rue  Saint-Dominique,  42  (Membre  des  Clubs  do  Valois  et  des 
Feuillants). 

Broglie,  rue  de  Varennes,  66  (Membre  des  Clubs  de  Valois  et  des 
Jacobins). 

Brousse,  rue  des  Quatre-Fils  (Membre  du  Club  des  Jacol)ins). 

Bouillard,  rue  Sainte-Croix-de  la-Bretonnerie. 

Bouillon,  quai  Malaquais. 

Boulogne,  au  Palais-Royal,  9. 

Bost,  rue  des  Deux-Portes-Saijit-Sauveur. 

Boscheron,  rue  Pavée-Saint-André-des-Arcs. 

Boscary  (J.-B.),  rue  Feydeau. 

Boscary,  rue  Feydeau,  14  (Membre  du  Club  des  Feuillants), 

Bory,  quai  Conty,  6  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Boissy,  rue  de  l'Université,  10  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Bondeville,  rue  Vivienne,  16  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Bonfils,  place  des  Victoires,  3  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 


Cabanis,  place  Vendôme,  8  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 
Caffin,  rue  Saint-Jacques  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 
Caille,  rue  de  Tournon,  6  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

(i)  Un  des  rédacteurs  de  la  Feuille  du  Cultivateur. 


SOCIÉTÉ  DE  1789  403 

Caillaut,  rue 

Cannac,  faubourg  Saint-Martin,  40  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Canonville,  rue  du  Pot-de-Fer. 

Canuel,  Chaussée-d'Antin. 

Capellen,  rue  du  Marché,  faubourg  Saint-Honoré. 

Carré,  au  Palais-Royal,  156. 

Castellane,  rue  d'Anjou,  faubourg  Saint-Honoré  (Membre  des  Clubs 
de  Massiac,  de  Valois  et  des  Feuillants). 

Cavaihès,  rue  des  Fossés-Montmartre,  30  (Membre  du  Club  des  Feuil- 
lants). 

Cazaux,  hôtel  de  Bourbon,  rue  Croix-des-Petits-Champs  (Membre  des 
Clubs  des  Jacobins  et  des  Feuillants). 

Certain,  rue  Neuve-Saint-Eusfache,  28. 

Chabot,  hôtel  de  la  Rochefoucauld,  rue  de  Scine-Saint-Cermain 
(Membre  des  Clubs  de  Valois  et  des  Feuillants). 

Champfort.  au  Palais-Royal,  18  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Chanlaire,  rue  Geoffroy-l'Angevin,  25. 

Chapellier,  hôtel  des  Princes,  rue  de  Richeheu. 

Charpentier,  rue  des  Filles  du-Calvaire 

Charrin,  rue  Saint-Anne,  00  (Membre  du  Club  de  Valois). 

Charton,  Isle-Saint-Louis. 

Charton,  au  Temple. 

Château-Giron,  IkHcI  Montmorency,  Chaussée-d'Antin. 

Chaudot,  rue  Plàtrière. 

Chauvcau,  à  Passy,  près  les  Eaux  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Chauvelin,  rue  de  Trudon,  hôtel  d'Amecourt. 

Chauvet,  rue  du  Chaume. 

Chennevière,  père,  rue 

Chénier,  rue  de  Corneille  (1). 

Chenier,  en  Angleterre. 

Cheret,  rue  Saint-Germain  l'Auxerrois,  3  (Membre  du  Club  des  Jaco- 
bins). 

Clavier,  rue  des  Tournelles,  30. 

Clives,  rue  Jacob,  hôtel  de  Bourbon. 

Colonb,  boulevard  d'Antin,  près  le  Dépôt. 

Collot,  hôtel  de  la  Chine,  rue  de  Richelieu. 

Comeyras,  rue  de  Clérv,  73  (Membre  du  Club  de  Valois). 


(1)  André  de  Chénier  publia,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  de  -178.9,  uu  im- 
portant article,  Avis  au  Peuple  français,  n"  13;  28  août  1790;  II  y  eut  un  tirage  à 
part,  répaudu  à  grand  nombre. 


404  LES  CLUBS  GONTRE-RÉVOLUTiONNAIRES 

Comteval,  rue  de  Richelieu,  73  (Membre  des  Clubs  de  Valois  et  des 
Feuillants). 

Condorcet,  hôtel  de  la  Monnoie  (Membre  du  Club  de  Valois)  (1). 

Gopineau,  rue  Fromenteau,  16. 

Cottin,  père,  Chaussée-d'Antin,  6. 

Gottin,  fils,  Ghaussée-d'Antin,  6  (Membre  des  Glubs  de  Valois  et  des 
Feuillants). 

Gretot,  rue  de  Richelieu,  115. 

Grillon,  ru€  de  la  Ville-l'Évèque  (Membre  du  Glub  des  Feuillants). 

Grillon,  place  Louis  XV  (Membre  des  Glubs  de  Valois  et  des  Feuil- 
lants). 

Gustinc  (de),  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré,  102. 


Dacier,  rue  de  Ghabanois,  18. 

Dampierc,  rue  Sainte-Avoye,  près  la  rue  Sainte-Anne. 

Dangirard,  cul-de-sac  Tailbout  (Membre  des  Glubs  de  Valois  et  des 
Feuillants). 

Dantonay,  rue  Guénégaud. 

Daoust,  rue  du  Faubourg-Montmartre,  17  (Membre  du  Glub  des  Feuil- 
lants). 

Darblay,  rue  de  Bourgogne. 

D'Argenson,  rue  de  Bourbon,  près  celle  du  Bacq. 

Dartagnan,  rue 

Dartenay,  rue  de  Richelieu,  près  le  boulevard. 

D'Aubusson,  rue  des  Marais-Saint-Germain. 

D'Aumont,  rue  de  Gaumartin. 

David,  rue  des  Frondeurs,  hôtel  de  Montpensier. 

Decretqt,  rue  Neure-des-Bons-Enfants,  7  (Membre  des  Glubs  des  Ja- 
cobins et  des  Feuillants), 

Dedrée,  rue  du  Golombier,  hôtel  du  Parc-Royal. 

Degruyère,  rue  des  Fontaines,  9. 

Delaage,  rue  Grange-Batelière  (Membre  du  Glub  de  Valois). 

Delaitre,  hôtel  de  Bretonvillie'rs,  Isle-Saint-Louis. 

Delarue,  rue  de  Provence,  près  la  Ghaussée-d'Antiii. 

Deleon,  rue  de  la  Harpe,  20. 

Démeunier,  rue  Sainte-Anne  (Membre  du  Glub  des  Feuillants). 

(1)  A  public,  dans  le  Journal  de  la  Société  de  1789,  deux  articles  «  sur  le  pré- 
jugé qui  suppose  Une  contrariété  d'intérêts  entre  la  capitale  et  les  provinces  ». 
(N«»  6  et  7.) 


SOCIÉTÉ  DE  17Srj  405 

Depinay,  rue  Saint-Honoré,  vis-à-vis  les  Capucins  (Membre  du  Club 
des  Feuillants). 

Depont;  rue  des  Filles-Saint-Thomas  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Deprez,  place  Vendôme,  23. 

Deschapelles,  rue  de  Montmorency,  8. 

Desfaucherets,  rue  de  Paradis. 

Desmottes,  hôtel  de  La  Fayette. 

Desmousseaux,  place  du  Chevalier-du  Guet. 

Desprades,  rue  Croix-des-Petits-Champs,  55. 

Desrenaudès,  rue  des  Jacobins,  hôtel  d'Hambourii;. 

Devins-Fontenay,  Isle  Saint-Louis. 

Deymar,  rue  Taitbout,  hôtel  de  Cereste. 

Dionis  du  Séjour,  rue  Sainte-Avoye. 

Doazan,  père,  rue  Saint-Honoré,  près  Thôtel  de  Noailles. 

Doazan,  fils,  rue  Saint-Honoré,  près  l'hôtel  de  Noailles. 

Dosfant,  quai  de  l'École  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Dubignon,  rue  Notre-Dame-des-Victoires,  25  (Membre  du  Club  des 
Jacobins). 

Duchâtelet,  quai  Malaquais,  hôtel  de  la  Briffe  (Membre  du  Club  de 
Massiac). 

Duchemin,  cloître  Saint-Merry. 

Ducoulmier,  rue  Coqhéron. 

Dufresne  de  Saint-Léon,  au  Contrôle  (Membre  du  Club  des  Feuil- 
lants). 

Dufresne,  rue  Villedot,  13. 

Dufresnoy,  rue  Vivienne. 

Dumouchel,  au  collège  de  la  Marche,  Montagne-Sainte-Geneviève. 

Dupaty,  rue  de  Gaillon,  9. 

Dupont  de  Nemours,  père,  rue  du  Petit-Musc,  17  (Membre  du  Club 
des  Feuillants). 

Dupont,  fils  aine,  rue  du  Petit-Musc,  17. 

Dupont,  fils  cadet,  rue  du  Petit-Musc,  17. 

Duquesnoy,  rue  des  Gourdes,  à  Chaillot  (Membre  du  Club  des  Feuil- 
lants (1). 

Durand,  fils,  hôtel  de  Bretonvilliers. 

Duroveray,  rue  l'Évêque,  1. 

Dutour,  rue  du  Faubourg-Saint-Martin,  57. 

Duvernay,  rue  Sainte-Anne,  60  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Duveyrier,  rue  Saint-Jacques,  41  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

(1)  Un  des  rédacteurs  de  VAmi  des  Patriotes. 


406  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 


Emmery,  rue  d'Anjou,  faubourg  Saint-Honoré  (Meml)re  du  Club  des 
Feuillants). 

F 

Fargès,  rue  de  l'Université  (Membre  du  Club  de  Valois). 
Fenouillot,  rue  Favart,  3  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 
Fergusson,  rue  de  Granimont,  0  (Membre  du  Club  des  .Jacobins). 
Fery  {sic),  rue  Saint-Dominique,  bùtel  d'Aguesseau  (Membre  du  Club 

des  Feuillants). 
Feuillet,  rue  de  Seine. 
Fontenay,  liôtel  de  Bouillon,  quai  Malaquais  (Menibn;  du  Club  de 

Massiac). 
Fontenilles,  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré,  65  (Membre  du  Club  de 

Valois). 
Fornier,  rue  des  Jeûneurs,  G  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 
Francklin,  rue  Coqhéron,  hôtel  de  la  Dauphine. 
Freminville,  aux  Invalides. 

Foujols,  rue  Saint-Tbomas-du-Louvre,  bùtel  de  la  Prév(Hé. 
Fulcbiron,  rue  Sainte-Anne,  lOo  (Membre  du  (]lul)  des  Feuillants). 

G 

Gallier,  rue  Bourbon-Villeneuve,  près  celle  Saint-Claude. 

Gallois,  rue  du  Cimetière-Saint-André. 

Ganilh,  rue  du  Bouloy,  49. 

Garât,  jeune,  rue  Louis-le-Grand  (1). 

Garnier,  rue  des  Vieilles-Étuves. 

Gautier  (.sic),  rue  des  Capucines,    21  (Membre  des  Clubs  de  Valois 

et  des  Feuillants). 
Gay,  rue  de  Richelieu,  hôtel  de  Talaru. 
Geélvinck,  rue  Neuve-des-Mathurins,  Chaussée-d'Antin. 
Geoffroy,  rue  des  Deux-Portes  Saint-Jean. 
Gerardin,  rue  de  Grammont,  vis-à-vis  celle  de  Chabanois. 
Germain,  rue  Sainte-Anne,  105. 
Ginoux,  rue  de  Richelieu,  vis-à-vis  la  fontaine. 
Girardin,  rue  Sainte -Anne. 
Girardet,  hôtel  Colbert,  rue  Vivienne. 
Godard,  rue  des  Blancs-Manteaux,  56. 


(1)  Littérateur,  député  à  la  Constituante,    succéda   à  Danton,  ministre  de  la 
justice. 


SOCIETE  DE  1789  407 

Goddiri,  Palais-Royal,  100. 

Gombaut,  rue  de  Grammont^  au  coin  de  celle  de  Menard. 

Gouvernet,  hôtel  de  la  Guerre,  rue  Grange-Batelière  (Membre  du  Club 

de  Valois). 
Gouvion,  Cour  des  Princes,  aux  Thuileries  (Membre  du  Club  des 

Jacobins). 
Gramont,  rue  Saint-Honoré,  hôtel  de  Noailles  (Membre  des  Clubs  de 

Valois  et  des  Feuillants). 
Grand,  rue  Neuve-des-Capucines. 
Grand,  fds,  rue  Neuve-des-Capucines, 

Grandmaison,  rue  Saint-Honoré,  444  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 
Granger,  rue  Sainte-Anne,  100  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 
Granvelle,  rue  Saint-Nicolas,  Chaussée-d'Antin  (Membre  du  Club  de 

Valois). 
Grave,  rue  Saint-Dominique,  à  Saint-Joseph  (Membre  des  Clubs  de 

Valois  et  des  Jacobins). 
Greffulhe,  rue  Bergère,  16  (Membre  du  Club  de  Valois). 
Grenus,  boulevard  Montmartre,  vis-à-vis  le  pavillon  Chinois  (Membre 

du  Club  des  Fouillants). 
Grivel,  rue  Sainte-Anne,  105  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 
Grouchy,  rue  d'Anjou,  faubourg  Saint-Honoré,  123  (Membre  du  Club 

de  Valois). 
Grouvelle,  rue  Neuve-des-Petils-Champs,  83  (Membre  des  Clubs  de 

Valois  et  des  Jacobins)  (1). 
Guerchy,  rue  Saint-Dominique-Saint-Germain,  05. 
Guillotin,  rue  Croix-des-Pelits-Champs  (Membre  des  Clubs  de  Valois 

et  des  Feuillants). 
Guiraudet,  rue  de  Tournon,  2  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 
Guiraultj  rue  Saint-Dominique,  hôtel  d'Aguesseau. 

H 

Haller,  rue  d'Artois,  22. 

Hassenfratz,  rue  des  Bourdonnois  (2), 

Hebray,  rue  Saint-Dominique. 

Hesse,  rue  de  Verneuil. 

Heyden,  Palais-Royal,  164   Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Hogguer,  rue  d'Artois,  22  (Membre  du  Club  de  Valois). 


(1)  Auteur  de  ÏEsnai  nur  l'autorité  de  Montesquieu  et  d'un  ouvrage  sur  le  Duel 
et  sur  le  Point  d'honneur,  rédacteur  fécond  du  Journal  de  la  Société  de  178!). 

(2)  Jean-Henri  Hassenfratz,  chimiste  distingué,  a  publié  dos  articles  dans  le 
Journal  de  la  Société  de  1780,  notamment  sur  la  soude  et  la  fonte  des  cloches. 


408  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

Huber,  rue  Notre-Dame-des-Victoires,  hôtel  de  l'Europe. 
Hurel,  rue  Sainte-Avoye,  20  (Membre  des  Clubs  des  Jacobins,  de  Va- 
lois et  des  Feuillants). 
Huskisson,  rue  du  Sépulchre,  28. 

J 

Jaucourt,  rue  de  Varennes,  81  (Membre  des  Clubs  des  Jacobins,  de 

Valois  et  des  Feuillants). 
Jauge,  Chaussée-d'Antin,  6  (Membre  des  Clubs  de  Valois   et  des 

Feuillants). 
Jaume,  rue  Traversière,  21  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 
Junca,  rue  Neuve-Saint-Eustache,  14. 
Jullien,  rue  des  Marais,  faubourg  Saint-Germain,  4. 

K 

Ker,  rue  de  Grammont,  9  (Membre  du  Club  de  Valois). 
Keralio,  rue  de  Grammont,  17. 

Kersain  {sic),  à  la  Comédie-Italienne  (Membre  des  Clubs  de  Valois  et 
de  la  Société  des  Jacobins). 

L 

Lal)arl)ée,  rue  Croix-des-Petits-Champs,  59. 

Labhard  [sic),  rue  de  Cléry,  38  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Lablache,  Chaussée-d'Antin,  15  (Membre  des  Clubs  de  Valois  cl  Mo- 
narchique). 

Labourdonnaye,  rue  des  Petits-Âugustins,  hôtel  d'Orléans  (Membre 
du  Club  de  Valois). 

Lacépède,  au  Jardin  du  Roi  (Membre  des  Clubs  des  Jacobins  et  des 
Feuillants). 

La  Chapelle,  au  Louvre. 

Lacolombe,  hôtel  de  La  Fayette  (Membre  du  Club  de  Valois). 

Lacôte,  rue  du  Cherche-Midi,  en  face  celle  du  Regnard  (sic). 

Lacoste,  rue  de  Caumartin  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Lacretelle,  rue  Feydeau,  18  (  Membre  des  Clubs  de  Valois  et  des 
Feuillants). 

La  Fayette,  rue  de  Bourbon,  faubourg  Saint-Germain  (Membre  des 
Clubs  du  Salon  et  des  Feuillants). 

La  Frété,  Chaussée-d'Antin,  près  la  barrière,  52. 

Lafond  {sic),  rue  Croix-des-Petits-Champs,  74  (Membre  du  Club  de 
Valois). 

Lagervezais,  rue  Traversière,  hôtel  de  Malthe. 

Lalanne,  rue  Vivienne,  26  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 


SOCIÉTÉ  DE  1789  409 

Lamande,  rue  de  Richelieu, 

Lallemand,  rue  de  Bourbon-Saint-Germain,  96  (Membre  du  Club  des 
Jacobins). 

Lamarck,  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré,  34. 

Lametherie,  rue  Saint-Nicaise,  10  (Membre  des  Clubs  des  Jacobins  et 
des  Feuillants). 

Langiez,  place  Dauphine,  10. 

Larive,  au  Gros-Caillou  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Laroche,  rue  Poissonnière,  1. 

La  Rochefoucauld,  rue  de  Seine  (Membre  du  Club  de  Valois). 

La  Rochefoucauld,  rue  de  Varenne. 

La  Rochefoucauld,  rue  de  Cléry,  hôtel  de  Chastulé  (Membre  du  Club 
des  Feuillants). 

La  Rochette,  rue  des  Vieux-Augustins,  26. 

La  Trémouille,  rue  Saint-Dominique-Saint-Germain. 

Lavalette,  place  Vendôme,  6  (Membre  des  Clubs  des  Jacobins  et  des 
Feuillants). 

Lavoisier,  à  l'Arcénal  {sic),  cour  des  Salpêtres. 

Lazoski,  rue  de  Varenne. 

Lechapellier  [sic]^  rue  Favart. 

Lecoq,  rue  de  la  Michodière,  7. 

Lecouteulx,  l'ainé,  rue  de  Richelieu,  près  le  boulevard. 

Lecouteulx,  place  Vendôme,  16  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Lecouteulx  de  Cauteleux  (Membre  des  Clubs  de  Valois  et  des  Feuil- 
lants). 

Lecouteulx  de  la  Noraye,  rue  Montorgueil  (Membre  du  Club  de  Valois). 

Lefaucheux,  à  l'Arcénal  (sic). 

Lehoc,  rue  du  Coq,  Chaussée-d'Antin  (Membre  du  Club  de  Valois). 

Lepousseur,  hôtel  royal,  place  du  Palais-Royal. 

Leroi,  galerie  du  Louvre  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Lessert  fds,  rue  Coquéron  {sic)  (Membre  du  Club  de  Valois). 

Lévi,  rue  de  Bourbon,  faubourg  Saint-Germain,  96. 

Lhoste. 

Liancourt,  pavillon  de  Marsan,  aux  Thuileries. 

Lom,  rue  des  Filles-Saint-Thomas,  hôtel  des  Trois-Évêchés. 

Louis,  rue  Christine. 

Luzignem,  rue  de  Choiseul,  2  (Membre  des  Clubs  de  Valois  et  de  Mas- 
siac). 

M 

Maillet,  rue  Croix-des-Petits-Champs,  62  (Membre  du  Club  des  Feuil- 
lants). 


410  LES  CLUBS  G0NTRE-Rl<:V0LUT10NNAIHES 

Maisoncelle,  rue  de  la  Vieille-Estrapade,  au  coin  de  celle  des  Poules. 

Malartic,  passage  des  Petits-Pères  (Membre  des  Clubs  de  Valois  et 
Monarchique). 

Malboissière,  rue  de  Richelieu,  103  (Membre  du  Club  de  Valois). 

Mallet,  rue  de  Richelieu,  près  le  boiilevard. 

Mallet  jeune,  rue  de  Richelieu,  près  le  boulevard  (Membre  du  Club  do 
Valois). 

Mallet  fils,  rue  Montmartre,  près  Tégout  (Membre  du  Club  de  Valois). 

Mandrillon,  rue  des  Jeûneurs,  26. 

Maranzac,  rue  Saint-Dominique,  près  celle  d'Enfer. 

Marcilly,  rue  du  Jardinet. 

Marigner,  père,  place  Vendôme,  3  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Marigner  {sic),  fils,  place  Vendôme,  3  (Membre  des  Clubs  des  Jacobins 
et  des  Feuillants). 

Maron  {sic),  rue  Saint-Roch-Poissonnière,  9  (Membre  du  Ciul)  des 
Feuillants)  (1). 

Marsilly,  rue  Chaussée-d'Antin,  5-4  (Membre  des  Clul)s  des  Jacobins 
et  des  Feuillants). 

Martin. 

Masson,  rue  du  Mail,  25  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Maucune,  hôtel  Dauphin,  rue  Croix-des-Pelits-Champs. 

Mazzey,  rue  du  Regard,  30. 

Melon,  rue  d'Artois,  hôtel  d'Aubeterre. 

Méricourt,  rue  du  Mail,  29. 

Mestre,  rue  du  Colombier. 

Mezy,  rue  des  petites  Écuries,  près  celle  Poissonnière. 

Michel,  petit  hôtel  de  Houillon,  quai  des  Théatins. 

Mirabeau,  l'aîné,  Chaussée-d'Antin,  09  (Membre  du  Club  des  Jaco- 
bins). 

Mirât,  rue  Croix-des-Petils-Champs. 

Mollien,  rue  de  la  Michodière,  9. 

Mommorency  {sic),  rue  Saint-Dominique,  hôtel  de  Luynes, 

Monneron,  hôtel  de  Longueville. 

Monestier,  chez  M.  Louis  Jullien,  rue  Simon-le-Franc  (Membre  du 
Club  des  Jacobins). 

Montz,  rue  Bergère,  6. 

Moreau  de  Saint-Mery,  rue  Plâtrière,  12  (Membre  du  Club  des  Feuil- 
lants). 

(1)  Prononça,  le  18  juillet  1790,  dans  l'Oratoire  des  pi'otestants,  ou  musée  de 
la  rue  Dauphine,  un  discours  «  sur  les  avantages  que  l'homme  et  la  société  doivent 
retirer  de  la  liberté  civile  et  religieuse  ». 


SOCIÉTÉ  DE  1789  411 

Morel,  rue  Bardubec,  9. 

Monge,  rue  des  Petits-Augustins,  28. 

Montagu. 

Mourgue,  rue  de  Grammont,  17  (Membre  du  Clul)  des  Feuillants). 

N 

Narbonne,  au  Luxembourg  (Membre  du  Club  de  Valois). 

P 

Pajou,  au  Louvre. 

Pange,  rue  Vivienne,  19  (1), 

Paris,  rue  et  hôtel  de  Richelieu  (Membre  du  Clul)  des  Jacobins). 

Pastoret,  colonnade  de  la  place  Louis  XV  (2\ 

Payen,  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré,  9  (Membre  des  Clubs  de  Va- 
lois et  des  Feuillants). 

Péchevin,  rue  des  Filles-Saint-Thomas,  passage  des  Petits-Pères 
(Membre  du  Club  des  Jacobins) . 

Perier  (.«c),  Chaussée-d'Antin,  72  (Membre  des  Clubs  des  Jacobins, 
de  Valois  et  des  Feuillants). 

Périgord,  hôtel  de  Grammont,  rue  de  Bourbon-Saint-Germain. 

Périgord,  évoque  d'Autun,  rue  de  l'Université,  vis-à-vis  celle  de 
Beaune. 

Pérignon,  rue  Plâtrière  (Membre  du  Club  de  Valois). 

Perrochel,  rue  Saint-Dominique,  à  côté  de  Belle-Chasse. 

Peyrac  {sic),  rue  Poissonnière,  162  (Membre  du  Club  de  Valois). 

Pillet,  rue  du  Parc-Royal  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Pilos,  rue  Sainte-Apolline. 

Pinon,  rue  de  Cléry,  64  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Pinsot,  rue  du  Mail,  30. 

Piquet,  place  Vendôme,  23. 

Piscatory,  rue  Saint-Thomas-du-Louvre,  -49. 

Pitra,  hôtel  de  Gèvres,  rue  Croix-des-Petits-Champs  (Membre  du  Club 
des  Feuillants). 

Poignot,  rue  Saint-Denis,  près  l'Apport-Paris. 

Pomard. 

Pomaret  fils,  rue  de  Richelieu,  hôtel  de  Chartres  (Membre  des  Clubs 
des  Jacobins  et  des  Feuillants). 


(1)  Le  chevalier  de  Pange  a  publié  un  article  «  sur  le  crime  de  lèse-nation  » 
dans  le  Journal  de  la  Société  de  1789. 

(2)  A  publié,  dans  le  Journal  de  la  Société  de  1789,  un  article  ayant  pour  titre: 
De  la  poursuite  des  crimes  et  de  Vaccusation  publique. 


412  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

Pommery,  rue  Bassc-du-Rempart,  6  (Membre  du  Club  de  Valois) 

Pontécoulant,  rue  d'Anjou-Saint-Honoré,  123. 

Potier,  rue  Rochechouart,  9. 

Praslin,  rue  du  Bacq,  9  (Membre  du  Club  de  Valois). 

Prëdicant,  rue  du  Petit-Lion  (Membre  du  Club  de  Valois). 

Prony,  Hôtel  des  Invalides  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Q 

Quillet,  rue  des  Saints-Pères,  h(Hel  de  Pons. 


Ramond,  rue  de  Clicby,  barrière  Blanche,  iO  (Membre  du  Club  .des 
Feuillants)  (1). 

Ravel,  rue  des  Deux-Portes-Saint-Sauveur  (Membre  du  Club  des 
Feuillants). 

Ravel  (Louis),  rue  des  Deux-Portes-Saint-Sauveur  (Membre  du  Club 
des  Feuillants). 

Reboul,  rue  Favart,  2. 

Recamier,  rue  Neuve-des-Bons-Enfants,  14. 

Reibaz,  rue  des  Portes,  près  celle  du  Cheval- Vert. 

Resnier  (sic),  rue  du  Doyenné,  28  (Membre  du  Club  de  Valois). 

Rhulières  (*«c),  boulevard  Saint-Martin  (Membre  du  Club  des  Feuil- 
lants). 

Ribeyre,  rue  des  Filles-Saint-Thomas,  hôtel  des  Trois-Évêchés. 

Rich^ard,.  rue  Saint-Honoré,  vis-à-vis  Saint-Roch. 

Rilliet,  l'aine,  rue  Montmartre,  près  celle  des  Jeûneurs  (Membre  du 
Club  des  Feuillants). 

Rilliet,  jeune,  rue  Montmartre,  près  celle  des  Jeûneurs  (Membre  du 
Club  des  Feuillants). 

Rougemont,  rue  Croix-des-Petits-Champs. 

Ro'derer,  rue  Montmartre,  près  Thôtel  d'Uzès. 

Rouillé,  aux  colonnades  de  la  place  Louis  XV. 

Ruysch,  hôtel  de  Montpensier,  Palais-Royal. 

S 

Sabatier,  place  Vendôme,  23. 

Salvan,   rue  des   Filles-Saint-Thomas,    15   (  Membre   du   Club  des 

Feuillants). 
Sancé,  rue  d'Enfer,  119. 


(1)  Publia,  en  Variétés,  dans  le  Journal  de  la  Société  de.  1789,  une  lettre  sur  la 
fédération  de  Strasbourg.  (N*  îi.) 


SOCIÉTÉ  DE  1789  413 

Saux,  à  FHôtel-Dieu. 

Savalette,  rue  Saint-Honoré. 

Sainte-Croix,  rue  du  Faul:>ourg-Poissonnière,  18  (Membre  des  Clubs 
de  Valois  et  Monarchique). 

Saint-Gervais. 

Saint-Martin,  rue  des  Fossës-Saint-Victor,  12. 

Scherer,  hôtel  de  l'Europe',  rue  Notre-Dame-des-Victoires. 

Second,  rue  de  Caumartin,  21  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Semonville,  rue  Taitbout. 

Senovert,  ancien  hôtel  de  Cavannac. 

Séran,  rue  de  Bourbon-Saint-Germain,  165. 

Sesseval,  rue  de  Bourbon. 

Shée,  Palais-Royal. 

Short,  ancienne  Bari-ière  de  Chaillot  (Membre  du  Clul)  de  Valois). 

Siau  (sic),  rue  Neuve  des-Capucines,  li  (Membre  du  Club  des  Feuil- 
lants/. 

Sicardy,  rue  Notre-Dame-des-Victoires,  19. 

Sieyes,  rue  Saint-Honoré,  90  (Membre  du  Club  de  Valois  et  des 
Feuillants). 

Suard,  rue  de  Louis-le-Grand,  7. 


Talon,  rue  Saint-Florentin,  6. 

Tassin,  l'aîné,  rue  Neuve-des- Petits-Champs  (Membre  du  Club  des 

Feuillants). 
Tellez  d'Âcosta,  rue  des  Trois-Pavillons. 
Telusson  {sic),  rue  de  Paradis,  faubourg  Poissonnière. 
Texier,  rue  de  Banne  Nouvelle  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 
Thi«ry,  rue  Saint-Dominique,  faubourg  ?aint-Germain,  27  (  Membre 

du  Club  des  Jacobins). 
Thouin,  au  Jardin  du  Roi  (Membre  du  Club  dés  Jacobins). 
Thouret,  quai  Malaquais  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 
Thouret,  rue  Pavée,  au  Marais  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 
Toulongeon,   rue  Neuve-du-Luxembburg,    56  (Membre  du  Club  de 

Valois). 
Tourolle,  rue  du  Temple,  près  l'Égout 
Tracy,  rue  de  Bourbon,  41. 

Treilhard,  rue  des  Maçons,  25  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 
Trial,  rue  Favart. 

Tronchin,  rue  d'Antin  (Membre  du  Club  de  Valois). 
Trudaine,  place  Louis  XV  (Membre  du  Club  de  Valois). 


414  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Trudaine  de  la  Sablière,  place  Louis  XV  (Membre  du  Club  de  Va- 
lois). 

Trudon,  rue  de  l'Arbre-sec  (Membre  du  Club  des  Feuillants). 

Trudon  dos  Ormes,  rue  Sainte-Anne,  70  (Membre  du  Club  des  Feuil- 
lants). 


Valekiers,  rue  d'Angoulème,  faubourg  Saint-Honoré. 

Valence,  Chaussée-d'Antin  (Membre  des  Clubs  de  Valois  et  Monar- 
chique). 

Vandenyver  (Aug.),  rue  Vivienne,  24. 

Vandenyver,  père,  rue  Vivienne,  24. 

Vandenyver,  fils,  rue  Vivienne,  24  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Vandermonde,  rue  de  Gharonne  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Vanstaphort,  hôtel  de  Beaujolais,  Palais-Royal. 

Vieillard,  à  Passy. 

Verdina,  rue  Xotre-Dame-des  Victoires,  8  (^Membre  du  Clul)  des  Ja- 
cobins). 

Verrier,  cul-de-sac  des  Petit-Pères. 

Villard,  rue  d'Amboise,  hôtel  de  la  Compagnie  d'Assurance,  12. 

Villeminant,  rue  de  Bondy,  50. 

Villeminot,  rue  Vivienne,  24. 

Villette,  près  le  Pont  royal  (Membre  du  Club  des  Jacobins). 

Voisin,  rue  Dauphine,  4. 

Virly,  rue  Neuve-Saint-Augustin,  hôtel  Danemark. 

w 

Witt,  rue  Neuve-des-Mathurins,  48. 


II 


Cotte  Société  avait,  comme  le  Club  des  Jacobins,  un  comité  où  se 
discutaient  et  s'arrêtaient  les  différents  projets  relatifs  à  la  Consti- 
tution dont  s'occupait  l'Assemblée  nationale.  Ces  projets  étaient  en- 
suite portés  à  la  réunion  générale  du  club.  Les  membres  dudit  club 
désiraient  une  Constitution  monarchique  mixte.  Ils  battirent  en 
brèche  les  Jacobins,  dont  le  radicalisme  révolutionnaire  ne  s'accor- 
dait pas  avec  leur  modération  ;  ils  rivalisèrent  avec  eux. 

On  lit)  dans  un  pamphlet  de  V Imprimerie  des  Amis  du  Roi,  pam- 


SOCIÉTÉ  DE  1789  il5 

phlet  intitulé  :   «  Catéchisme  des  Aristocrates,  à  l'usage  de  tous  les 
gens  sensés,  par  demandes  et  réponses  : 

«  D.  —  Pourquoi  beaucoup  de  révolutionnaires  disent-ils  du  mal 
des  Jacobins? 

«  R.  —  C'est  qu'ils  sont  membres  du  Club  de  89,  partisans  de 
M.  de  La  Fayette,  ou  installés  dans  les  places  du  nouveau  régime. 

«  D.  —  Pourquoi  ces  trois  sortes  de  personnes  sont-elles  ennemies 
des  Jacobins? 

«  R.  —  C'est  que  le  Club  de  89  étant  une  division  des  Jacobins,  la 
jalousie  les  a  rendus  ennemis;  que  M.  de  La  Fayette  redoute  la  fac- 
tion d'Orléans,  et  que  les  Jacobins  s'étant  dérigés  (.^ic)  en  surveillants 
de  tous  les  gens  en  place,  ceux-ci  nécessairement  doivent  les  dé- 
tester. 

«  D.  —  M.  de  La  Fayette  n'a-t-il  pas  été  un  membre  des  Jacobins? 

«  R.  —  Sans  doute,  mais  il  s'en  sépara,  et  fut  un  des  co-fonda- 
teurs  du  Club  de  89,  pour  se  créer  une  faction  et  opposer  club  à 
club  (1).  » 

André  de  Chénier  s'affilia  un  des  pi'emiers  à  la  Société  de  i789^ 
dirigée  par  Malouet,  et  dont  faisaient  partie,  déjà,  Condorcet,  le  che- 
valier de  Pange,  ami  d'André  de  Chénier,  Grouvelle,  de  Kersaint. 
Pas  tore  t  et  Roucher.  On  y  vit  encore  Mirabeau,  Clavière,  Marmontel, 
Frochot  (plus  tard,  préfet  de  la  Seine),  Durovray  et  Pitra,  des  philo- 
sophes, des  académiciens,  des  hommes  de  lettres,  des  financiers,  des 
capitalistes.  Dandré  en  fut  un  des  piliers. 

Le  club  s'installa  d'abord  dans  une  superbe  maison  de  la  rue  de 
Richelieu,  puis  dans  un  très  bel  appartement  du  Palais-Royal,  au 
no  i08  (2),  au  premier  étage,  au-dessus  du  Cirque.  Il  payait  gros 
loyer,  s'assemblait  avec  grand  fracas,  dans  des  salons  étincelants, 
ayant  balcons  et  jardins.  11  cherchait  à  attirer  la  multitude  au 
moyen  de  fleurs,  de  musique  et  de  vins  exquis.  Un  salon  était  spécial 
pour  la  lecture  des  papiers  publics.  Les  membres  y  banquetaient 
assez  souvent,  à  vingt  livres  par  tête. 

Les  dames  de  la  Halle  y  vinrent  complimenter  Railly,  La  Fayette, 
Le  Chapelier  et,  enfin,  le  comte  de  Mirabeau.  Cependant,  il  n'exerça 
aucune  action  sur  les  masses. 


(1)  Bib.  Xat.,  Lb  39/4360. 

(2)  Mémoires  de  Fen'ières,  t.  II,  liv.  vu,  p.  123.  —  Sou  local,  dit  Louis  Passy* 
était  sccrôtoment  payé  par  le  ministère..  (Voir  Frochot,  iu-8",  Paris,  1874,  p.  48 
et  49;) 


416  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Formée  des  membres  les  plus  modérés  du  Club  des  Amis  de  la 
Constitution,  la  Société  de  i789  était  qualifiée  «  Club  de  la  propa- 
gande »  par  les  Actes  des  Apôtres.  Dans  l'Assemblée  nationale,  ces 
clubistes  votèrent  généralement  avec  le  côté  droit.  «  Maudit  soit, 
écrivit  Camille  Desmoulins,  l'hérésiarque  qui  a  fondé  89!...  »  Mais  il 
ajouta  :  «  Le  schisme  qui  d'abord  avait  si  fort  affaibli,  parait  aujour- 
d'hui n'avoir  que  nettoyé  l'aire  et  séparé  l'ivraie  du  bon  grain  (1).  » 

Quant  aux  Révolutions  de  Paris.,  elles  reconnaissaient  que  la  So- 
ciété de  i  789  avait  de  grands  noms  et  de  grands  talents  «  qui  ne  leur 
en  imposaient  pas  ».  M.  de  Casaux,  membre  auxiliaire  de  ce  club,  y 
lut  des  «  Réflexions  sur  la  dette  dite  exigible  et  sur  les  moyens  pro- 
posés pour  la  rembourser  (2).  » 

Il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  la  liste  des  membres  de  la  Société 
de  1789,  pour  comprendre  l'accusation  portée  alors  contre  les  mo- 
dérés, contre  les  «  Machiavels  et  les  Gromwells  modernes  »,  contre 
«  l'aristocratie  municipale  ».  Reaucoup  de  savants  et  de  littérateurs 
connus,  illustres  même,  s'y  retrouvaient. 

Reprenons,  d'ailleurs,  quelques  noms  principaux,  (|ui  ne  sont  pas 
tous  sur  la  liste,  mais  qui  peut-être  sont  ceux  de  membres  posté- 
rieurement acceptés,  ou  de  membres  qui  sortirent  de  la  Société. 

L'abbé  Sieyès  (3).  Ru'derer. 

L'évêque  d'Autun.  Fermont. 

Dupont  (de  Nemours).  Emmery. 

Desmeuniers.  Crillon  (Membre,  aussi,  du  Club 

Chapelier.  de  Valois) , 

Railly.  Lusignan. 

La  Fayette  (Mem"bre,  aussi,  du      <<astellane  (Membre  du  Club  de 

Club  de  Valois).  Valois). 

Thouret.  Jessé. 
La   Rochefoucauld   (Membre  du     Décretot. 

Club  de  Valois).  Duquesnoy. 

Liancourt  (Membre  du  Club  de     Jaunie. 

•  Valois).  Rarrère  de  Vieusac. 

Ruréau-de-Puzy.  Le  Coulteux  (Membre  du  Club  de 

Rabaud.  Valois. 
Reaumetz. 


(1)  Révolutions  de  France  et  de  Jirabant,  n"  41. 

(2)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  Bf"  222  (t.  XXXVIII). 

(3;  Robespierre  donnait  à  Sieyès  le  suriioia  de  «  taupe  de  la  Révolution 


SOCIETE  DE  1789  417 

Auxiliaires. 

Condorcet.  Grouvelle. 

Champforl  (Membre  du  Club  de     Artaud. 

Valois).  Lacépède.     - 

De  Caseaux.  Lavoisier. 

Brissot.  Keralio. 
Cérutti. 

Trésoriers. 

Germain.  Vandenyver. 

BuUiet.  Dufresnoy. 

Boscary.  Le  Couiteux  (1), 

Plusieurs  membres  étaient  en  même  temps  membres  des  Jacoi)ins. 
La  Fayette  essaya  d'amener  les  deux  clubs  à  se  réunir;  mais  il 
échoua.  11  parut  un  Projet  de  paix  entre  le  Club  de  I  789  et  la  So- 
ciété des  Amis  de  la  Constitution,  par  un  membre  de  V Assemblée  natio- 
nale ^  de  l'imprimerie  du  Patriote  français  (2). 

Au  Clul)  de  1789  s'était  agrégée  la  plus  grande  partie  de  la  Muni- 
cipalité de  Paris  et  de  la  Garde  nationale,  des  gens  riches,  des  écri- 
vains distingués,  et  beaucoup  de  membres  réputés  modérés  dans  le 
coté  gauche  (3).  Il  ne  s'y  présenta  aucun  membre  du  côté  droit,  non 
seulement  du  parti  absolu  (Maury,  D'Éprémesnil,  Cazalès),  mais  en- 
core du  parti  monarchien  (Malouet,  Virieu,  Clermont-Tonnerre). 
Sans  doute  ces  royalistes  le  trouvaient  compromettant,  acceptant 
trop  le  fait  accompli  depuis  1789. 

Il  se  rassemblait  avec  ostentation  dans  son  local  des  bâtiments  du 
Palais-Royal.  Il  avait  plutôt  l'air  d'une  maison  d'agrément  et  d'un 
réfectoire,  que  d'une  réunion  occupée  de  politique.  Les  banquets  s'y 
succédaient  fréquemment;  la  vie  confortable,  large,  joyeuse,  que  ses 
membres  y  menaient,  pouvait  bien  les  faire  taxer  d'aristocratie. 

On  remarquait  nombre  de  modérés  constitutionnels  dans  cette  So- 
ciété. Le  18  mai  1790,  elle  célébra  son  installation  sous  le  nom  de 
Société  patriotique  de  1  7  89.  Son  but,  disait-elle,  était  «  de  s'occuper 
de  tout  ce  qui  peut  concourir  au  perfectionnement  de  l'art  social  ». 
Il  y  eut  un  grand  dîner  de  cent  vingt-quatre  couverts.  On  quêta, 
avant  de  se  mettre  à  table,  et  l'on  recueillit  un  peu  moins  de  600  li- 


(1)  Mémoires  de  Mo7iUosier,  Extraits  des  Actes  des  Apôtres,  t.  II,  p.  'lOo. 

(2)  Uriiish  Muséum  (Fi-ench  Révolution),  344,  2. 

(3)  Mémoires  de  Montlosier,  t.  I,  p.  331. 


418  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAlRES 

vres  ;  à  la  fin  du  repas,  on  porta  des  toasts  :  — à  la  Révolution,  à  la  na- 
tion, à  la  loi,  au  roi.  Sieyès  proposa  de  boire  «  à  la  meilleure  Cons- 
titution, aux  États-Unis  d'Amérique,  aux  Françaises  patriotes,  etc.  » 

Dans  le  jardin,  la  foule  entendait  le  choc  des  verres,  voyait  les  lus- 
tres allumés.  Elle  lit  du  bruit,  d'abord,  elle  cria;  puis,  des  députés 
.qu'elle  respectait  s'étant  mis  aux  fenêtres,  elle  applaudit. 

Le  Club  de  1789  s'ajourna,  pour  sa  seconde  séance,  au  17  juin  1700. 

Le  17  juin  1790,  il  se  réunit  pour  célébrer,  par  un  dîner  au  Palais 
Royal,  l'anniversaire  du  17  juin  1789,  jour  où  les  députés  du  tiers 
état  s'étaient  constitués  en  Assemblée  nationale. 

Parmi  les  quelques  invités  était  le  Corse  Paoli.  Il  y  avait  cent 
(|uatre-vingt-dix  sociétaires  La  fête  fut  somptueuse.  Un  orchestre 
considérable  se  fit  entendre.  Les  membres  du  banquet  se  présentèrent 
plusieurs  fois  aux  fenêtres  et  furent  applaudis  par  la  foule  qtii  se 
trouvait  dans  le  jardin.  On  porta  des  toasts,  ou  reçut  une  députation 
des  dames  de  la  Halle,  on  chanta  des  couplets  do  PiiSj  que  l'on  ré- 
péta pour  la  foule,  du  haut  d'une  fenêtre  : 

(Air  :  Des  De t les.) 

Les  traîtres  à  la  nation 
Craignent  la  Fédération: 

C'est  ce  qui  les  désole; 
Mais  aussi  depuis  plus  d'un  an, 
La  liberté  poursuit  son  plan  : 

C'est  ce  qui  nous  console. 

L'instant  arrive  où  pour  jamais 
Vont  s'éclipser  tous  leurs  projets  ; 

C'est  ce  qui  les  désole  ; 
Et  l'homme  enfui  va  cette  fois 
Rétablir  l'homme  dans  ses  droits  : 

C'est  ce  qui  nous  console. 

11  arrive  souvent  qu'au  bois 
On  va  deux  pour  revenir  trois, 

Dit  la  chanson  frivole; 
Trois  ordres  s'étaient  assemblés, 
Un  sage  abbé  les  a  mêlés  : 

C'est  ce  qui  nous  console. 

Quelques-uns  regrettent  leurs  rangs, 
Leurs  croix,  leurs  titres,  leurs  rubans  ; 

C'est  ce  qui  les  désole; 
Ne  brillons  plus,  il  en  est  temps, 
Que  par  les  mu3iirs  et  les  talens  '. 

C'est  ce  qui  nous  console. 


SOCIÉTÉ  DE  1789  41'.! 

Sans  doute  on  fera  moins  de  cas 
Et  des  cordons  et  des  crachats  i 

C'est  ce  qui  les  désole; 
Mais  les  lauriers,  mais  les  épis, 
Les  feuilles  de  chêne  ont  leur  prix  : 

C'est  ce  qui  nous  console. 

On  en  a  vu  qui,  tristeirient, 
N'ont  fait  qu'épeler  leur  serment  : 

C'est  ce  qui  nous  désole  ; 
On  va  le  faire  à  haute  voix, 
De  bouche  et  de  cœur  à  la  ibis  : 

C'est  ce  qui  nous  console  (1). 

Le  clul)  (loiiiui  uiio  véritable  fête,  fort  critiquée  dans  le  pul)lic;  par 
(les  temps  de  misère,  ce  luxe  semblait  scandaleux. 

i'  La  veille  du  dtner,  la  Société  avait  arrêté  que  ceux  de  ses  mchi- 
bres  qui  pnurrai(;nt  donner  des  logetnents  aux  députés  t\  la  fédéra- 
tion s'inscriraient  sur  un  registre,  et  que  ce  registre  serait  ensuite 
envoyé  à  l'hôtel  de  la  mairie  pour  que  les  districts,  ((ui  avaient  tous 
montré  le  môme  zèle,  fussent  soulagés  d'autant  (2).  »> 


IV 


Mais  la  haute  bourgeoisie,  et  plusieurs  nobles  qui  affectaient  de  né 
pas  être  royalistes,  s'y  intéressaient. 

((  La  Société  de  1789  devient  chaque  jour  plus  nombreuse  et  plus 
brillante  :  elle  compte  parmi  ses  membres  beaucoup  de  députés  à 
l'Assemblée  nationale,  d'hommes  de  lettres  distingués,  et  de  per- 
sonnes qui  ont  donné,  dans  la  Révolution,  des  preuves  de  patriotisme 
et  de  zèle.  Son  but  est  d'encourager  les  arts  utiles,  de  répandre  les 
vrais  principes  de  constitution  et  de  liberté,  et  de  concourir,  par  tous 
les  moyens  qu'une  semblal)le  réunion  et  une  correspondance  étendue 
lui  peuvent  donner,  au  perfectionnetnent  de  l'art  social.  Son  journal 
vient  de  paraître:  le  mérite  connu  de  ceux  qui  le  rédigent  doit  faire 
présumer  qu'il  sera  bien  accueilli.  On  souscrit  chez  le  Jay  fils,  rue  de 
l'Échelle  (3).  » 

La  Chronique  de  Paris  faisait  le  panégyrique  du  club  et  lui  cher- 
chait de  nouveaux  adhérents.  La  presse  modérée  l'adoptait,  pour 


(1)  Journal  de  la  Sm-iété  de  17 Hh,  u"  4,  du  28  juitt  1790. 

(2)  Journal  de  lu  Société  de  17H9,  W"  4,  du  20  juin  1790, 

(3)  Chronique  de  l'ai'is,  lluUioro  du  15  julu  ITJO,  pi  862  et  863. 


420  LES  CLUBS  GONTRK-RÉVOLLITIONNAIRES 

ainsi  dire;  le  marquis  tie  Villette,  qui  avait  brûlé  ses  lettres  de  no- 
blesse, qui  avait  renoncé  par  anticipation  à  ses  droits  féodaux,  se 
plaisait  à  y  rencontrer  Gondorcet,  le  biographe  de  Voltaire,  et, 
quoique  membre  des  Jacobins,  y  jouait  un  rôle  actif.  Par  exemple,  il 
y  proposa  : 

«  Motion  de  M.  de  Villette  au  Club  de  1789  (1). 

«  Messieurs, 
«  Me  seroit-il  permis  de  faire  une  motion?  Ce  seroit  qu'au  jour  so- 
lennel du  14  juillet,  lorsque  les  députés  des  troupes  de  ligne,  des 
gardes  nationales  de  toutes  les  régions  de  la  France,  viendront  jurer 
le  pacte  fédératif  à  la  face  des  représentans  de  la  nation  et  sous  les 
yeux  du  monarque,  au  lieu  de  ces  cris  vive  le  Roi!  qui  ont  si  long- 
temps fatigué  nos  oreilles  sans  entrer  dans  nos  cœurs,  on  criât  d'une 
voix  unanime  :  Louis  Empereur!  Ce  titre  nouveau  conviendroit  par- 
faitement au  nouvel  ordre  de  choses.  Prononcé  par  le  président  de 
l'Assemblée  nationale,  il  seroit  sanctionné  par  cinq  cent  mille  qui  le 
répéteroient  à  la  fois.  L'Empereur  de  la  Chine  a,  dit-on,  un  million 
de  soldats;  Louis  XVI  en  a  le  double.  Charlemagne  fut  proclamé  Em- 
pereur des  Français^  et  convoquoit  la  nation  dans  le  Champ  de  Mars. 
Après  mille  ans,  elle  a  repris  sa  gloire  et  ses  droits.  Louis  XVI  doit 
donc  reprendre  un  titre  d'honneur  que  les  rois  fainéans  ont  laissé 
passer  chez  nos  voisins.  EfTaçons  les  noms  de  roi,  de  royaume,  de  su- 
jets^ qui  ne  s'uniront  jamais  bien  avec  le  mot  de  liberté.  Les  Français 
qui  ont  la  souveraineté  et  qui  l'exercent,  sont  soumis  à  la  loi  et  ne 
sont  sujets  de  personne.  Le  prince  est  leur  chef,  et  non  leur  maître  : 
Imperat,  non  régit.  Qu'il  revienne  donc  du  Champ  de  Mars,  la  cou- 
ronne impériale  sur  la  tête,  et  que  son  auguste  épouse  soit,  comme 
sa  mère,  saluée  du  nom  d'impératrice  (2).  » 

L'étrange  proposition  du  marquis  de  Villette  ne  fut  pas,  ne  pouvait 
pas  être  admise,  et  la  Fédération  du  14  juillet  1790  n'aboutit  pas  à 
la  couronne  impériale  placée  sur  la  tête  de  Louis  XVI.  Loin  de  là, 
pour  les  avancés,  elle  établissait,  malgré  les  serments,  un  antago- 
nisme durable  entre  les  constitutionnels  et  les  révolutionnaires  con- 
séquents dans  leurs  principes. 

Le  Journal  de  Paris,  où  ont  paru  plusieurs  articles  d'André  de  Ché- 
nier,  professait  une  opinion  à  peu  près  conforme  aux  idées  de  la 
Société  de  i  7 89  ;  mais  celle-ci  voulut  avoir  un  organe  spécial,  dont 

(1)  «  Cette  motion  n'a  point  été  faite  aux  Jacobins,  comme  on  l'a  dit  dans 
quelques  papiers.  »  (Note  de  la  Chronique  de  Paris.) 

(2)  Chronique  de  Paris,  numéro  du  24  juin  1790,  p.  097  et  G98. 


SOCIÉTÉ  DE  1789  421 

la  polémique  lui  serait  dévouée,  et  qui  publierait,  çà  et  là,  des  articles 
approuvés  par  elle,  et  dus  à  des  écrivains  non  appartenant  à  son 
groupe  enrégimenté. 

Le  club  eut  un  Journal  de  la  Société  de  1  789  (par  Condorcet,  Du- 
pont de  Nemours,  Kersaint,  de  Larochefoucauld,  Roucher,  Pastoret, 
Grouvelle,  André  de  Chénier  et  autres,  qui  parut  du  5  juin  au  13  sep- 
tembre 1790).  Vers  la  fin  de  juin  de  la  même  année,  Sieyès  fut 
l'objet  d'une  sorte  d'ovation  populaire  au  Palais-Royal  :  plusieurs  dé- 
putés y  célébraient  le  jour  où  ils  s'étaient  constitués  en  Assemblée 
nationale. 

Le  journal  changea  de  titre  et  prit  celui  de  :  Mémoires  de  la  Société 
de  17  89,  à  dater  du  21  août  1790,  n°  12. 

Railly  présidait  le  club  en  mai  1790,  La  Rochefoucauld  en  juin, 
Mirabeau  en  juillet. 

Le  Journal  de  la  Société  de  1789  contient,  à  la  date  de  juillet  1790, 
un  discours  de  Mirabeau. 

Ce  discours  se  termine  ainsi  :  «  Nous  faisons,  en  effet,  profession 
de  croire  que  le  vrai  courage  enseigne  la  modération  loin  de  l'exclure, 
qu'au  lieu  d'adopter  ceux  qui  voulaient  la  paix  publique  par  des 
exagérations  incendiaires,  les  Amis  de  la  Constitution  doivent  les 
regarder  comme  les  plus  redoutables  ennemis,  parce  qu'ils  la  défigu- 
rent, la  retardent  et  même  la  décrient  ;  que  si  l'audace  et  même  Tim- 
pétuosité  sont  utiles  pour  conquérir  une  révolution,  la  mesure  seule 
peut  la  consolider,  et  qu'enfin  les  conceptions  sont  encore  plus  néces- 
saires que  les  mouvements  à  rétablissement  de  la  liberté  publi- 
que (1).  » 

Le  13  août  de  la  même  année,  Gouget-Deslandres  prononça,  à  la 
Société  de  1789,  un  discours  sur  les  finances,  le  crédit  des  assignats, 
la  circulation  de  l'argent  et  la  baisse  de  l'intérêt  de  l'argent  (2). 

Dans  le  n°  13  du  Journal  de  la  Société  de  1789  (août  1790)  parut 
VAvis  aux  François  sur  leurs  véritables  ennemis,  par  André  de  Ché- 
nier. VAvis  fit  sensation,  et  le  public  s'imagina,  avec  quelque  raison, 
que  c'était  le  factum  de  la  Société.  Il  fut  réimprimé  en  brochure,  et, 
répandu  à  profusion,  il  obtint  un  immense  succès.  Le  roi  Stanislas- 
Auguste  de  Pologne  ordonna  de  le  traduire  en  polonais,  et  André  de 
Chénier  reçut  de  ce  souverain  une  médaille  d'or.  André  de  Chénier 
s'était  réuni  à  la  Société  de  1789,  sans  en  faire  activement  partie.  Il 
habitait,  avec  son  père,  au  quartier  Montmartre. 


(1)  N'.  53,  du  10-au  17  juillet  1790. 

(2)  In-8°,  Paris,  171)0,  40  pa^jes. 


42?  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 


Bientôt,  les  IÎ('voli(tions  de  Paris  imprimèrent  : 

<(  ,,,  Les  intrigans,  les  ambitieux  d'argent  ou  de  pouvoir  se  saisi- 
rent d'un  Club  de  i7H9,  qui  existait  déjà  obscurément,  et  y  attirèrent 
plusieurs  membres  de  celui  des  Jacobins,  en  leur  persuadant  qu'ils 
n'y  avoient  pas  assez  d'intluence,  ou  que  ce  Club  était  vendu  au  ixirti 
d'Orlt'ans. 

«  Dès  qu'ils  eurent  réuni  un  assez  grand  nombre  de  députés,  non 
connus  pour  aristocrates,  le  Club  de  1789  vint  s'étaler  pompeusement 
au  Palais-Royal,  dans  un  superbe  appartement  et  avec  tout  le  fracas 
nécessaire  pour  attirer,  pour  frapper  les  regards  de  la  multitude. 

«  Le  Club  de  1789  affecta  de  se  proposer  les  mômes  objets  que  celui 
des  Jacobins,  des  discussions  politiques;  mais  on  y  ajouta  d'autres 
avaniaijes  ri  agrrmeiis^  tels  que  de  bons  dîners,  dont  on  entendait 
bien  tirer  parti. 

«  La  discussion  sur  la  guerre  et  la  paix  avoit  signalé  les  intrigans, 
qui,  sous  l'apparence  de  la  popularité  et  du  patriotisme,  servoient  le 
ministère  pour  leur  propre  intérêt.  Ils  n'avojent  plus  rien  à  risquer 
en  levant  le  masque;  ils  fjreat  décréter,  à  leur  Club,  que  les  députés 
ù  l'Assemblée  nationale,  non  domiciliés  à  Paris,  pourroient  être  reçus 
à  titre  d'associi's^  et  seroient  invités  à  délibérer  dans  ses  assemblées 
de  discussion,  ainsi  qu'à  jouir  de  tous  les  avantages  et  agrémens  de  la 
Société^  pendant  le  temps  que  durera  l'Assemblée  nationale,  et  que 
lesdits  associés  ne  pourront  point  payer  de  cotisation. 

w  Cependant  ce  Club  a  un  loyer  considérai)le  et  qu'on  dit  être  de 
2i,()0l)  livres;  les  banquets  y  sont  à  un  louis  par  tête  (1),vce  qui  exi- 
geroit  que  chaque  part-pi'enant  fit  une  cotisation,  si  la  bourse  minis- 
térielle ne  subvenoit  avec  des  assignats  aux  frais  de  cet  établissement. 

«  Certes,  il  est  indifférent  à  des  gens  qui  veulent  discuter  des  ma- 
tières politiques  d'être  dans  une  salle  qui  leur  coûte  cent  écus  ou 


(1)  uCct  arrêté  du  club  est  du  28 mai;  et  avaot  le  iû  juin,  plus  de  cent  niembres 
de  l'Assemblée  nationale  se  présentèrent  (plus  de  cent  vingt  membres,  selon  le 
Journal^  et  furent  associés.  Je  voudrois  bien  savoir  quels  sont  ces  cent  goinfres 
qui  ont  été  se  faire  endoctriner  pour  un  dîner;  je  les  dénoncerais  à  leurs  dépar- 
tcmeus.  >i "ont-ils  pas  de  quoi  vivre  avec  18  francs,  sans  aller  compromettre  leur 
opinion  pour  un  dîner?  »  —  Ils  étaient  admis  par  la  voie  du  scrutin,  fait  entre 
douze  commissaires  nommés  à  cet  effet,  et  ils  pouvaient  no  pas  payer  de  coti- 
sation. 


SOCIÉTÉ  Dl^  1789  423 

mille  louis;  c'est  même  pour  eux  un  avantage  bien  évident  d'être  dans 
un  lieu  tranquille  et  retiré.  Mais  il  n'étoit  pas  indifféretit  aux  succès 
des  vues  ministérielles  que  le  public  nombreux  qui  fréquente  le  Palais- 
Royal  vit  aux  croisées  des  salles  de  ce  Club  La  Fayette^  /Jailli/^  Mi- 
rabeau^ Le  Chapelier,  et  autres  personnages  qu'il  s'est  habitué  à 
regarder  et  qu'il  regardera  encore  quelques  mois  comme  ses  défen- 
seurs. Il  falloit;,  pour  surprendre  l'opinion  publique  et  lui  faire  adopter 
les  résolutions  dictées  par  la  cour  à  ce  Club,  qu'il  ne  parût  autre 
chose,  aux  yeux  d'une  multitude  irréfléchie,  que  le  Club  des  Jaco- 
})ins,  mais  épuré  des  prétendus  factieux  qu'on  disoit  les  ennemis  de 
la  Monarchie  et  les  partisans  de  la  République, 

«  Mais  l'heure  de  la  réflexion,  qui  arrive  toujours  tard  pour  les 
Français,  arrivera  enfin;  et  la  honteuse,  la  dangereuse  formation  de 
ce  Club  ne  sera  plus  un  mystère  pour  eux  :  ils  verront  que  des 
hommes  qui  seroient  les  amis  du  peuple  et  de  l'humanité,  ne  débour- 
seroient  pas,  au  milieu  des  calamités  publiques,  tant  d'argent  pour 
louer  un  lieu  d'assemblée  ;  et  qu'au  lieu  de  venir  afficher  avec  tant  de 
magnificence  leurs  discussions  populaires  à  un  premier  étage  au 
Palais-Royal,  ils  se  seroient  retirés  dans  l'enceinte  silentieuse  {sic) 
d'un  des  couvens  nationaux  ;  qu'au  lieu  de  splendides  banquets  et  de 
quêtes  mesquines,  ils  feroient  des  quêtes  abondantes  et  des  repas 
frugaux;  qu'au  lieu  de  venir  se  faire  claquer  aux  fenêtres,  ils  se  dé- 
roberoient  avec  modestie  à  des  témoignages  d'attachement  ou  d'ad- 
miration qu'ils  n'ont  même  pas  mérités  (1). 

«  C'est  du  Club  de  1789  que  nous  est  venu  le  décret  sur  la  guerre  et 
sur  la  paix,  le  décret  qui  a  donné  au  roi  la  faculté  de  s'adjuger 
2u  millions;  c'est  du  Club  de  1789  qu'est  venue  la  proposition  de 
laisser  aux  évoques  un  traitement  beaucoup  plus  fort  que  l'énorme 
traitement  qu'on  leur  a  donné,  et  celle  de  mander  les  Marseillais  à  la 
barre;  c'est  du  Club  de  1789  que  nous  viendront  toutes  les  pro- 
positions, tous  les  décrets  qui  pourront  mettre  entre  les  mains  du 
pouvoir  exécutif  les  moyens  de  satisfaire  les  appétits  des  inlriguail- 
leurs  qui  mènent  ce  Club,  c'est-à-dire  du  pouvoir,  de  l'argent  et  des 


(1)  c<  Quand  l'ancien  uiiuistère,  l'ancienne  police  vouloit  faire  paroitre  que  l'opi- 
nion publique  se  déclaroit  pour  quelque  chose,  ils  avoient  des  femmes  prêtes  i'i 
jouer  le  rôle  de  dames  de  la  Halle.  Le  Comité  de  police  usa,  il  y  a  quelque  temiis, 
de  ce  stratagème  contre  la  liberté  de  la  presse  et  les  gens  de  lettres  {Vide  w  15, 
p.  6).  Le  club  de  1789  a  joui  des  mômes  honneurs,  ou  a  usé  de  la  même  ruse:  des 
dames  de  la  Halle  y  sont  venues  faire  un  compliment  au  génie  de  M.  Bailly,  un  à 
notre  bo?i  général;  à  M-  Mirabeau,  qui  dit  de  si  belles  choses  ;  et  à  M.  Le  Chapelier, 
qui,  sans  cesser  d'être  Breton,  est  devenu  bon  Parisien.  Boue  Deun!  » 


424  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

soldats.  Beaucoup  de  jeunes  ci-devant  seigneurs  et  nos  gens  de 
lettres  à  pensions  sous  l'ancien  régime  se  sont  jetés  dans  le  Club 
de  17^50.  Rien  n'est  plus  simple  :  cette  voie  mènera  à  la  fortune.  » 

Cette  Société  était  influencée  par  les  ministres  ou  par  la  Cour  de 
Louis  XVL 

«  Si  ce  clapier  ministériel  (1)  n'étoit  pas  désolé  par  les  patriotes,  un 
jour  viendroit  où  la  Cour  y  trouveroit  à  son  aise  assez  d'individus 
pour  garnir  le  Corps  législatif,  qui  lui  vendroit,  dans  les  législatures 
suivantes,  la  liberté  publique  et  individuelle  à  beaux  deniers  comp- 
tants. Mais  guerre,  guerre  éternelle  aux  vils  esclaves  de  la  Cour,  aux 
ambitieux  et  aux  faux  patriotes'. 

«  Ce  n'est  pas  qu'il  n^y  ait  dans  cette  Société  quelques  honnêtes 
gens,  qui  n'ont  pas  vu  d'abord  qu'ils  étoient  dupes;  mais  peu  à  peu 
leurs  yeux  se  désillent  [sic]  ;  ils  désertent  le  Club;  et  convaincus  que 
toutes  les  délibérations  bruyantes  de  ces  Sociétés  sont  à  peu  près 
inutiles,  ils  vont  étudier  dans  la  retraite  les  moyens  de  réparer  les 
décrets  inconstitutionnels  qu'ils  ont  eu  la  foiblesse  d'appuyer.  » 

La  Gazette  nationale  ou  Moniteur  wneuerse/  apprécia  ainsi  le  Club 
dont  il  s'agit,  en  s'occupant  des  fêtes  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut  : 

«  Il  s'est  formé  à  Paris  une  Société,  sous  le  nom  de  Société  de  i  789, 
comme  pour  consacrer  l'année  de  la  Révolution  en  France.  Le  but 
principal  que  l'on  s'y  propose  est  de  développer,  de  défendre  et  de 
propager  les  principes  d'une  constitution  libre,  et  plus  généralement 
de  contribuer  de. toutes  ses  forces  aux  progrès  de  l'art  social. 

«  Cette  Société  a  célébré  jeudi,  12  mai,  son  installation  dans  son 
nouveau  local  au  Palais-Royal,  par  un  banquet  composé  de  cent  trente 
personnes,  parmi  lesquelles  se  sont  trouvés,  comme  membres  de  la 
Société,  M.  le  Maire  et  M.  le  Commandant-général.  On  y  a  porté  les 
santés  suivantes  : 

«  1°  A  notre  Révolution  ; 

«  2°  A  la  Nation,  à  la  Loi  et  au  Roi  ; 

«  3°  A  la  première  Assemblée  nationale  ; 

«  A°  A  la  meilleure  Constitution  ; 

«  oo  A  la  liberté  et  à  l'union  fraternelle  de  tous  les  peu])les  de  la 
terre  ; 

<(  6°  Aux  Milices  nationales  de  France  ; 

«  7°  A  la  Ville  de  Paris  et  à  la  Garde  parisienne  ; 

(1)  On  pensait  que  les  membres  du  club  espéraient  voir  sortir  de  ce  centre  un 
nouveau  ministère. 


SOCIÉTÉ  DE  1789  425 

«  8°  Au  patriotisme  des  troupes  réglées  ; 

«  9"  Au  civisme  de  la  prochaine  législature  ; 

«  10°  Aux  patriotes  français  ; 

«  11"  A  la  Société  de  1789  et  au  Clul)  de  la  Révolution  de  Londres. 

«  12°  Aux  écrivains  qui,  par  leurs  ouvrages,  ont  préparé  la  Révo- 
tion,  et  particulièrement  à  l'auteur  de  Qu'est-ce  que  le  Tier&-Etat? 
(M.  l'abbé  Sieyès.) 

«  13°  Aux  États-Unis  de  l'Amérique.  Un  membre  s'est  levé  et  a  dit  : 
«  Je  porte  la  santé  des  indigens  ;  car  il  n'y  a  point  de  patriotisme  sans 
charité  ».  Il  est  inutile  de  dire  que  la  santé  a  été  généralement 
accueillie  ;  nous  ajouterons  qu'elle  a  été  suivie  d'un  secours  pécu- 
niaire, destiné  à  leur  soulagement,  et  qui  a  été  remis  dans  les  mains 
de  M.  le  Alaire. 

«  Vers  la  lin  du  diner,  une  multitude  de  citoyens  s'est  assemblée 
sous  les  fenêtres  du  local  de  la  Société  ;  elle  a  demandé  à  voir  M.  le 
Maire  et  M.  le  Commandant-général,  qui  se  sont  présentés  et  ont 
remercié  le  public  au  milieu  des  applaudissemens.  Une  musique  mi- 
litaire, placée  dans  l'intérieur,  à  une  des  fenêtres,  a  exécuté  différens 
morceaux  qui  ont  ajouté  à  l'allégresse  commune, 

«  La  Société,  avant  de  se  séparer,  s'est  ajournée,  pour  un  ban- 
quet pareil,  au  17  juin,  jour  de  la  constitution  de  l'Assemblée  natio- 
nale (1).  » 

Bailly  et  La  Fayette,  ainsi  que  Sieyès,  Mirabeau  et  Le  Chapelier, 
étaient  les  hommes  principaux  du  club,  dont  Condorcet  apprécia 
l'importance  dans  une  lettre  qu'il  est  bon  de  reproduire  : 

«  Vous  désirez,  Monsieur,  connaître  l'origine  et  l'esprit  de  cette 
Société  de  1789,  à  laquelle  votre  estime  pour  quelques-uns  de  ses 
membres  vous  fait  prendre  un  intérêt  dont  elle  s'honore. 

«  Vous  voulez  savoir  par  quelle  fatalité,  dans  ces  écrits  dont  le 
style  et  les  principes  annoncent  si  bien  à  quelle  classe  de  lecteurs  la 
corruption  ou  la  malignité  les  destinent,  on  accuse  d'être  ennemie  de 
la  liberté  une  Société  où  se  réunissent  ceux  qui  en  ont  été  les  apôtres 
les  plus  zélés,  les  plus  fermes,  les  plus  éclairés,  dans  ces  temps  où 
elle  avait  parmi  nous  si  peu  d'adorateurs.  Vous  ne  les  soupçonnez 
pas  d'avoir  changé  :  vous  croyez  à  la  raison  et  à  la  vertu.  Je  vais  sa- 
tisfaire à  vos  questions. 

«  Dès  le  mois  d'octobre  1789,  quelques  citoyens,  dont  la  plupart 
n'avaient  pas  attendu  l'annonce  des  États-généraux  pour  méditer  sur 

(i)  Monilertr  universel,  numéro  du  13  mai  1790. 


426  I^ES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

les  principes  des  sciences  politiques,  formèrent  une  Société  dans  la- 
quelle ils  devaient  s'occuper  des  moyens  de  rétablir  l'ordre,  de  con- 
server la  paix,  et  de  donner  aux  lois  fmnçaises  toute  la  perfection  à 
laquelle  les  progrès  de  l'art  social  perniottaient  d'atteindre;  car  il  y 
a  pour  chaque  degré  de  civilisation  une  perfection  réelle,  comme  pour 
chaque  degré  de  lumières  une  perfection  idéale,  dont  nous  sommes 
destinés  par  la  nature  à  nous  rapprocher  sans  cesse,  sans  pouvoir 
jamais  l'atteindre, 

«  On  vit  bientôt  que,  dans  un  moment  où  la  nécessité  des  affaires 
ne  laissait  à  personne  la  libre  disposition  de  son  temps,  une  associa- 
tion peu  nombreuse  ne  pouvait  avoir  d'activité;  et  on  résolut  de 
former,  sur  un  plan  plus  vaste,  une  grande  Société  dont  l'objet  serait 
d'approfondir,  de  développer,  de  répandre  les  principes  d'une  cons- 
liLulion  libre,  et  plus  généralement  de  chercher  les  moyens  de  per- 
fectionner l'art  social  considéré  dans  toute  son  étendue, 

«  Cette  nouvelle  association  a  pris  le  nom  de  Société  de  17  89. 

((  ,,,  Nous  avons  regardé  l'art  social  comme  une  véritable  science, 
fondée,  comme  toutes  les  autres,  sur  des  faits,  sur  des  expériences, 
sur  des  raisonnements  et  sur  des  calculs  ;  susceptible,  comme  toutes 
les  autres,  d'un  progrès  et  d'un  développement  indéfini,  et  devenant 
plus  utile  à  mesure  que  les  véritables  principes  s'en  répandent  da- 
vantage; et  nous  avons  jugé  qu'il  était  bon  qu'une  Société  dbommcs 
libres  dans  leurs  opinions,  indépendants  dans  leur  conduite,  s'occu- 
passent d'accélérer  les  progrès  de  cette  science,  d'en  hâter  les  déve- 
loppements, d'en  répandre  les  vérités. 

<(  Il  existe  donc  une  différence  essentielle  entre  la  Société  de  1780 
et  celles  que  les  citoyens  pourraient  former  dans  l'intention  de  réunir 
leurs  forces  pour  le  succès  d'une  réforme  dans  la  Constitution  et  dans 
la  législation  de  leur  pays. 

«  De  telles  Sociétés  sont  utiles  sans  doute,  mais  elles  ne  sont  pas 
les  seules  utiles. 

«  Il  est  nécessaire  qu'une  Société  comme  la  nôtre  reste  isolée,  pour 
conserver  une  indépendance  entière  ;  ce  qui  n'exclut  point  une  cor- 
respondance, une  fraternité,  comme  celles  qui  existent  entre  les  So- 
ciétés savantes  de  l'Europe.  Elles  s'envoient  réciproquement  leurs 
ouvrages;  les  académiciens  qui  voyagent  sont  admis  aux  séances  des 
Sociétés  étrangères;  elles  se  consultent  réciproquement,  et  il  leur 
arrive  même  quelquefois  de  se  concerter  pour  des  travaux  impor- 
tants... Une  Société,  plus  philosophique  encore  que  politique,  doit 
surtout  professer  une  tolérance  qui  peut  blesser  les  esprits  inquiets 
et  violents. 


SOCIÉTÉ  DE  1789  427 

«  Consacrée  h  la  défense  des  principes  d'une  constitution  libre,  et 
à  la  perfection  de  l'art  social,  sans  doute  elle  doit  proscrire  les  opi- 
nions évidemment  incompatibles  avec  sa  liberté,  comme  avec  Toxis- 
tence  d'une  Société  bien  ordonnée.  Mais  il  faut  que  cette  incompati- 
bilité paraisse  telle  h  la  généralité  des  hommes  éclairés.  Car  cette 
intolérance  qui  voit  des  scélérats  ou  des  hommes  corrompufi,  des 
factieux  ou  des  esclaves,  dans  ceux  qui  ne  sont  pas  de  notre  avis,  a 
toute  la  folie,  tout  le  danger  de  l'intolérance  religieuse  et  n'en  a  pas 
l'excuse,  celle  d'une  illumination  surnaturelle,  qui  donne  du  moins 
des  droits  à  l'indulgence  do  la  raison, 

«  Si  la  tolérance  est  nécessaire  dans  le  sein  d'une  Société,  la  faci- 
lité pour  admettre  serait  funeste,  Il  faut  une  forme  d'admission  qui 
puisse  répondre  de  cette  convenance  dans  la  manière  de  penser,  sans 
laquelle  toute  discussion  dégénère  en  dispute.  Cette  disconvenance 
qui  empêche  les  hommes  de  s'éclairer  mutuellement,  parce  qu'elle 
les  empêche  de  s'écouter,  ne  se  borne  point  h  une  opposition  de  prin- 
cipes sur  les  objets  ordinaires  île  la  discussion  ;  mais  elle  s'étend 
jusqu'à  une  division  prononcée  sur  d'autres  objets,  lorsque  celte 
division  a  les  caractères  de  l'esprit  de  secte.  Supposons  qu'en  Alle- 
magne les  théologiens  protestants  eussent  voulu  établir  des  confé- 
rences dans  l'intention  de  s'éclairer  sur  les  moyens  de  réfuter  les 
controversistes  de  la  religion  romaine;  ou  que  les  prêtres  français 
eussent  eu  le  dessein  de  se  concerter  sur  ceux  de  résoudre  les  diffi- 
cultés que  les  protestants  leur  opposaient  ;  croit-on  que,  si  le»  uns 
avaient  réuni  dans  la  même  chambre  des  luthériens  et  des  sacra- 
mentaires,  les  autres  des  jansénistes  et  des  molinistes,  ils  eussent 
immolé  la  haine  qui  les  séparait  à  l'intérêt  de  la  défense  commune  ?, . . 

«  L'exagération  des  opinions  est  un  autre  danger  dont  toute  Société 
doit  soigneusement  se  préserver;  il  est  plus  aisé  d'exagérer  l'opinion 
d'autrui  que  d'en  avoir  une  h  soi  ;  et  quand,  par  ce  moyen  facile,  on 
peut  s'acquérir  une  réputation  de  patriotisme  et  de  courage,  beau- 
coup de  gens  sont  tentés  de  l'employer.  Une  Société  où  un  certain 
nombre  de  membres  y  auraient  recours,  ou  par  goût  ou  par  l'impuis- 
sance d'en  trouver  de  meilleur,  au  lieu  de  faire  des  progrès  dans  la 
route  de  la  raison,  finirait,  au  contraire,  par  s'en  écarter  à  chaque 
instant. 

«  Dans  une  Société  indépendante  et  libre,  tous  les  membres  doi- 
vent être  égaux;  elle  ne  doit  jamais  reconnaître  de  chefs.  Vouloir 
faire  dominer  ses  opinions  personnelles,  c'est  affecter  la  tyrannie 
dans  une  république.  Les  lumières,  les  talents  doivent  sans  doute  y 
obtenir  ce  pouvoir  que  la  nature  leur  a  donné;  mais  ce  pouvoir  ne 


428  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

doit  s'exercer  que  par  l'usage  même  des  talents  et  des  lumières. 
C'est  surtout  contre  la  médiocrité  intrigante  que  l'on  doit  avoir  re- 
cours à  l'ostracisme;  c'est  contre  ces  hommes  qui  veulent  être  chefs 
de  parti,  parce  qu'ils  ne  peuvent  être  chefs  d'opinion,  et  gouverner 
par  adresse  ceux  à  qui  ils  ne  peuvent  commander  au  nom  de  la  rai- 
son. Le  despotisme  du  génie  est  toujours  plus  doux;  et  les  hommes 
de  cette  trempe,  s'ils  étaient  quelques  instants  sensibles  au  plaisir 
de  dominer,  le  sacrifieraient  bientôt  à  celui  de  produire. 

«  Enfin,  une  telle  Société  doit  conserver  le  droit  de  discuter  les 
lois,  même  lorsqu'elles  ont  reçu  le  sceau  de  la  puissance  publique, 
d'en  faire  sentir  les  défauts,  d'en  montrer  les  inconvénients  Car  ce 
sont  les  principes  d'une  Constitution  libre  qu'elle  doit  développer  ou 
répandre,  et  non  les  lois  d'une  Constitution  particulière.  L'autorité 
en  politique  est  le  premier  pas  vers  l'esclavage;  et. les  hommes  qui 
ne  voudraient  voir  de  liberté  que  dans  les  opinions  adoptées  par  la 
législation  qu'ils  ont  établie,  ressembleraient  à  ces  prêtres  qui  pré- 
tendent qu'on  ne  peut  être  honnête  homme  si  on  ne  sacrifie  pas 
dans  leur  temple. 

«  Tels  sont.  Messieurs,  les  principes  qui  ont  dirigé  la  Société  de 
1789  dans  son  institution,  dans  ses  règlements,  dans  sa  con- 
duite. 

«  Elle  a  cru  devoir  offrir  l'entrée  de  ses  séances  aux  députés  de 
l'Assemblée  nationale  qui,  n'étant  pas  établis  à  Paris,  ne  pouvaient 
appartenir  à  la  Société  comme  membres  ordinaires.  Elle  s'est  pro- 
posé de  discuter  de  préférence,  dans  ses  assemblées,  les  objets  qui 
devaient  l'être  dans  celle  des  législateurs.  C'était  un  moyen  de 
rendre  ses  travaux  d'une  utilité  plus  présente,  plus  immédiate. 
Mais  elle  s'est  bornée  sagement  aux  questions  générales  qui  tien- 
nent essentiellement  à  la  législation  générale  ;  les  réclamations  par- 
ticulières ont  été  soigneusement  écartées  (1).  » 

Condorcet,  partisan  d'un  gouvernement  républicain,  disciple  de 
Diderot  et  de  Voltaire,  ami  de  Turgot,  jugeait  bien  favorablement  la 
Société  de  1789.  Comme  lui,  diverses  feuilles  suivaient  avec  intérêt 
son  développement,  et  rendaient  compte  de  son  action  sur  l'opinion 
publique.  Condorcet  entraîna  de  son  côté  nombre  de  citoyens  plus 
philosophes  qu'hommes  politiques,  modérés,  mais  non  réaction- 
naires. 


(1)  A  Monsieur*",  sur  la  Société  de  1789.  OEuvres  de  Condorcet.  Edition 
A.  Condorcet  O'Connor  et  M.  F.  Arago,  t.  X,  p.  67  et  siiiv.  F,  Didot  frères,  iu-8", 
Paris,  1847. 


SOCIÉTÉ  DE  1789  429 

Le  Moniteur  universel  publia  cet  article  : 

«  La  Société  de  1789  a  célébré  jeudi  dernier,  dans  son  local  au 
Palais-Royal,  l'anniversaire  de  la  constitution  de  la  Chambre  des 
communes  en  Assemblée  nationale,  le  17  juin  1789.  L'anniversaire 
de  cette  journée  mémorable,  véritable  époque  de  la  liberté  française, 
méritait  bien  sans  doute  de  devenir  un  jour  de  fête  patriotique  pour 
une  Société  vouée  au  développement  et  à  la  défense  des  principes 
d'une  constitution  libre. 

«  Dans  un  banquet  composé  de  cent  quatre-vingt-dix  personnes, 
où  M.  Paoli  avait  été  invité  par  une  voix  unanime,  et  où  étaient, 
comme  membres  de  la  Société,  M.  le  Maire,  M.  le  Commandant-géné- 
ral, et  M.  l'abbé  Syeyes  {sic)^  président  de  l'Assemblée  nationale, 
qu'entouraient  avec  tant  de  gloire  ces  souvenirs  et  ces  expressions 
de  constitution  et  de  liberté,  on  a  porté  les  santés  suivantes,  dont 
l'admiration  et  la  reconnaissance  ont  su  faire,  avec  justice,  les  appli- 
cations individuelles  : 

«  1"  A  la  Constitution  de  la  Chambre  des  communes  en  Assemblée 
nationale,  et  à  celui  qui  en  a  conçu  l'idée  ; 

«  2°  A  la  grande  Fédération  du  li  juillet  prochain; 

«  3"  A  tous  ceux  qui  ont  travaillé  pour  la  liberté  de  leur  pays  et 
(jui  ont  souffert  pour  elle; 

«  40  Hommage  aux  mânes  de  Benjamin  Franklin,  compagnon 
imprimeur,  ministre  plénipotentiaire  des  États-Unis  en  France,  et 
principal  agent  de  la  liberté  de  la  Patrie; 

«  o"  Aux  gardes  nationales  du  royaume  et  à  ceux  (jui  en  ont  pro- 
pagé l'institution. 

u  Un  membre  de  la  Société  a  ensuite  proposé  une  distribution  pécu- 
niaire, en  faveur  des  infortunés  détenus  pour  mois  de  nourrice.  Son 
vœu  a  été  accueilli  avec  les  acclamations  de  l'humanité,  et  le  secours 
(jui  en  est  résulté  s'élève,  dit-on,  à  la  somme  de  900  livres,  qui  a  été 
remise  dans  les  mains  de  M.  le  maire. 

«  Le  dîner  a  été  terminé  par  différents  morceaux  de  musique  mili- 
taire, au  milieu  desquels  M.  de  Piis  a  chanté  une  chanson  analogue  ù 
la  circonstance.  Un  grand  nombre  de  citoyens,  rassemblés  sous  les 
fenêtres  du  local  de  la  Société,  a  demandé,  à  diverses  reprises,  à 
voir  M.  le  maire  et  M.  le  Commandant-général,  MM.  l'abbé  Syeyes, 
Mirabeau,  Chapelier,  l'évêque  d'Autun  et  Paoli.  Ils  se  sont  présentés 
et  ont  remercié  le  public  au  milieu  des  applaudissemens  (1)    » 

(l)  Monileiir  nnici'rsel,  u"  du  mardi  22  juin  171K). 


430  LES  CLUBS  CONTHE-UÉVOLUTIONNAIRES 


VI 


Gorsas,  dans  son  Courrier^  imprima  ces  quelques  phrases  apologé- 
tiques, qui  lie  durent  plaire  ni  aux  avancés  ni  aux  ttionarchlstcB 
purs  ; 

«  .S'ur  Vanniversaire  c('l('ffi^r  par  le  Sallon  de  i  789,  en  atiendant 
des  di^iaih  plus  ('tendus. 

«  Sans  doute  on  vous  rendra  compte,  Messieurs,  de  l'anniversaire 
célébré  au  Club  de  17Hi);  mais  ce  cpiil  sera  impossible  de  vous  pein- 
dre, c'est  l'élan  du  patriotisme,  c'est  le  spectacle  attendrissant  de  la 
Iralernité  qui  régnoit  parmi  tous  ses  membres.  L'abbé  Syeyes,  Bailly, 
Paoli,  La  Fayette;  en  vérité,  ces  quatre  présidens  de  la  fête,  si  sim- 
ples dans  leurs  habitudes  et  d'une  familiarité  si  aimable,  ajoutent 
encore  à  l'horreur  qu'on  a  pour  l'insolente  aristocratie,  C'étoit  à  qui 
payeroit  son  tribut  de  gaieté  et  de  bienfaisance,  et  j'estime  que  nos 
pauvres  concitoyens  en  toucheront  environ  cent  louis.  Notre  bon 
général  nous  a  aitîené  soixante  musiciens,  clarinettes,  cors  de  chasse, 
hautbois;  c'était  une  harmonie  toute  céleste.  Si  l'on  me  demandoit 
ce  que  c'est  que  le  magnétisme?  Le  voilà.   . 

«  Vous  avez  certainement  reçu  l'Adresse  des  marchandes  de  Heurs, 
et  les  chansons  sur  la  liberté,  qui  sont  charmantes.  Toutes  ces  diffé- 
rentes saillies  ont  été  terminées  par  cet  impromptu  de  M.  de  Villette  : 

«  Dans  le  club  de  Qaalre-tinyl-veuf, 
L'esprit  et  le  talent  se  sont  prêté  main-forte  ; 

Mais  ce  qui  toujours  sera  neuf, 
C'est  que  jamais  Droleuil  n'en  fermera  la  porte  (I).  » 

Selon  V Orateur  du  peuple,  Mirat)eau,  Thouret,  Le  Chapelier  (juil- 
tèrent  la  Société  pour  rentrer  aux  Jacobins.  Les  Rroolutions  de  Paris 
parlèrent  de  la  fusion  du  Cluh  de  1789  dans  celui  des  Jacobins,  où 
«  il  a  empoisonné  la  source  du  patriotisme.  »  Malgré  ses  efforts  pour 
obtenir  cette  fusion,  toutefois,  La  F'ayette  n'y  était  pas  parvenu. 
Mirabeau  faisait  partie  de  l'un  et  l'autre  club  (2). 

h&  Société  de  4789  n'exerça  aucune  influence  sur  les  masses,  bien 


(1)  Il  Brctouil  était   un   des  partisans  de  la   résistance,   dans  les   consoiis  do 
Louis  XVI.  »  (Courrier  (te  Gorsds,  1790,  19  juin,  n"  16.) 

(2)  Mirabeau,  mal  reçu  aux  Jacobins,  s'épuisa  en  triomphant  de  ropposition 
qu'il  y  rencontrai  et  mourut  deUX  mois  après. 


SOCIÉTÉ  DE  1789  431 

que  le  Journal  de  Versatiles  annonçât,  dans  son  nUttiéro  du  6  juin 
1790,  qu  elle  acquérait  chaque  jour  une  congislance  plus  imposante, 
et  que  le  Club  des  Jacobins  perdait  plusieurs  de  ses  membres  (1). 

Le  succès  de  la  Sociéti^  de  1789  était  aussi  contestable,  au  fond, 
que  l'insuccès  des  Jacobins,  lesquels  comptaient  1211  membres  le 
15  novembre  1791. 

Madame  de  Staël,  après  avoir  énuméré  les  forces  que  possédait  le 
Clu/j  de  1789,  «  des  amis  de  Tordre  et  de  la  liberté  »,  écrit  :  «  Pour^ 
tant,  il  fut  désert  en  peu  de  temps,  parce  qu'aucun  intérêt  actif  n'y 
appelait  personne.  On  était  là  pour  conserver,  pour  réprimer,  pour 
arrêter;  mais  ce  sont  là  les  fonctions  d'un  gouvernement,  et  non  pas 
celles  d'un  club.  Les  monarchistes,  c'est-à-dire  les  partisans  d'un  roi 
et  d'une  constitution,  auraient  dû  naturellement  se  rattacher  à  ce 
Club  de  1789;  mais  Sieyès  et  Mirabeau,  qui  en  étalent,  n'auraient 
consenti,  pour  rien  au  monde,  à  Se  dépopulariser  en  se  rapprochant 
de  Malouet,  de  Clermont-Tonnerre,  de  ces  hommes  qui  étalent  aussi 
opposés  à  l'impulsion  du  moment  que  d'accord  avec  l'esprit  du 
siècle  (2),  » 

Ce  club,  (jui  se  réunissait  chez  le  premier  restaurateur  du  Palais^ 
Royal,  à  côté  des  jeux,  était,  en  effet,  élégant,  somptueux,  mais  nul 
d'action.  «  Conciliateur,  il  croyait,  dit  Michelet,  marier  la  Monarchie 
et  la  Révolution.  »  Son  nerf  était  Un  bon  restaurateur;  son  but  était 
une  doctrine  que  les  événements  pouvaient  rendre  illusoire, 

Condorcet  publia^  dans  le  Jovrnal  de  ta  Société  de  1789,  plusieurs 
articles  :  son  Adresse  à  t Assemblée  contre  la  loi  du  marc  d'argent ,  — 
/ks  lois  constitutionnelles  sur  l'administration  des  finances  ;  —  Dés  dé- 
tails sur  ta  fête  anniversaire  du  17  juin;  —  sur  V Admission  des 
femmes  au  droit  de  cité;  —  sur  le  Préjugé  qui  suppose  une  contrariété 
d'intérêts  entre  ta  capital'^  et  les  provinces;  —  sur  les  7Vibunaux  d'ap- 
pel; —  Aux  Amis  de  ta  liberté^  sur  les  moyens  d'en  assurer  la 
durée,  etc.  (3). 

Benjamin  Franklin,  l'illustre  citoyen  des  Etats-Unis  d'Amérique, 
était  mort  le  17  avril  1790.  L'Assemblée  nationale  prit  le  deuil  pen- 
dant trois  jours. 

«  Après  une  lecture  faite  sur  Franklyn  [sic)  par  M.  de  La  Rochefou- 
cauld, à  la  Société  de  1789,  le  13  juin  1790,  W.  de  Liancourt  a  fait  la 
motion  que  les  membres  de  la  Société  portassent  le  deuil  décrété  par 


(1)  Annales  palriolifjues  de  Carra,  dit  8  juin  1790, 

(2)  Considérations  sur  ta  Kévolntion  française,  t.  I,  pi  399. 

(H)  Vundoiwet,  sa  vie  et  son  lemi'e,  [yavlc  dodteur  Robinet,  in-8",  Parie,  18934 


432  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

l'Assemblée  nationale,  et  que  le  buste  de  Franklyn  (par  lui  offert)  fût 
placé  dans  la  salle  d'assemblée,  avec  cette  inscription  : 

«  Hommage  rendu  par  le  vœu  unanime  de  la  Société  de  1789  à  Ben- 
jamin Franklyn,  objet  de  Vadmiralion  et  des  regrets  des  Amis  de  la 
liberté. 

«  Cette  motion  a  été  adoptée  à  l'unanimité.  M.  de  La  Rochefou- 
cauld a  offert  alors,  à  la  Société,  un  buste  de  Benjamin  Franklyn,  et 
l'assemblée  lui  a  voté  des  remerciemens  (1).  » 

A  propos  d'un  diner  patriotique,  Lanthenas  remarque  le  bon  mar- 
ché de  la  souscription  :  six  livres. 
Il  ajoute  : 

<'  Cette  remarque  n'est  pas  inutile  dans  un  moment  où  un  club,  qui 
prétend  se  réunir  pour  répandre  partout  la  libkrté,  prend  un  loyer 
de  i(),0()0  livres  par  an,  un  cuisinier,  etc.,  et  n'a  point  de  banquet  au- 
dessous  de  12  livres  ou  24  livres...  ('2).  » 

Malgré  tout,  le  club  avait  deux  rudes  adversaires,  celui  des  Jacobins 
et  celui  des  Cordeliers,  qui  le  regardaient  comme  entaché  d'aristocra- 
tie, demeuré  en  arrière  du  progrès,  trop  exclusivement  borné  aux 
idées  de  1789,  stationnaire,  par  conséquent  réactionnaire.  Voilà  pour- 
quoi l'avaient  quitté  plusieurs  membres  dont  nous  avons  parlé. 

Parmi  les  travaux  de  la  Société  de  1789,  nous  remarquons  : 

Des  Réflexions  sur  la  dette  dite  exigible  et  sur  les  moyens  proposés 
pour  la  rembourser,  adressées  et  lues  le  l*"'  septembre,  par  M.  de  Ca- 
zaux,  membre  de  la  Société;  —  un  morceau  sur  Benjamin  Fran- 
klin^ lu  par  M.  de  La  Rochefoucauld  ;  —  une  Motion  de  M.  de  Villette, 
faite  le  17  juin  1790,  à  l'effet  de  décerner  à  Louis  XVI,  le  jour  de  la 
Fédération,  le  titre  d'empereur  (3);  —  un  Discours  prononcé  par 
M.  Huskisson,  Anglais,  et  membre  de  la  Société,  dans  la  séance  du 
29  août  1790,  sur  les  assignats;  —  des  Mé flexions  sur  les  assignats  et 
sur  la  question  de  la  dHte  exigible  ou  arriérée,  lues  le  môme  jour  par 
M.  Lavoisier,  député  suppléant  du  bailliage  de  Blois;  — une  ^lotion 
sur  Vabrogation  des  testaments  en  ligne  directe,  le  J9  septembre  1790, 
par  Jean- Pierre  Pezous,  député  du  département  du  Tarn  ;  —  et  entin, 
une  Opinion  énoncée  sur  les  lois  constitutionnelles ,  etc.,  lue  le  9  jan- 
vier 1791,  par  L.  Ramond  (4). 


(1)  Extrait  du  Journal  de  la  Société  de  1789. 

(2)  Patriote  français,  W  319,  le  23  juin  1790. 

(3)  Voir  plus  haut,  p.  420. 

(4)  Bib  Nat..  Lb  40/2401;  Lb  40/2402;  Lb  40/831  ;  Lb  40/832;  Lb  40/2408;  Lb  40/846. 


SOCIÉTÉ  DE  1789  433 

Dans  la  séance  du  18  juillet  1790,  une  députation  de  la  Société  des 
Amis  de  la  Constitution  de  Nantes  se  présenta  à  l'assemblée  géné- 
rale présidée  par  Mirabeau,  l'aîné,  et  demanda  d'être  associée  à  la 
Société  de  1789,  qui  avait  «  adopté  les  principes  les  plus  sains,  pen- 
soit  avec  tant  de  raison  que  la  mesure  et  la  modération  étoient  les 
moyens  les  plus  efficaces  de  les  faire  goûter  par  les  vrais  amis  de  la 
liberté.  »  Nous  avons  cité  la  fin  du  discours  que  Mirabeau  pro- 
nonça (1). 

En  juillet  encore,  on  envoya  d'Amsterdam  au  Journal  de  la  Société 
de  1789  des  vers  sur  la  liberté. 

A  propos  de  la  révolte  des  Suisses  de  Cliâteauvieux,  à  Nancy,  la 
Société  de  1789  manifesta,  comme  le  montre  un 

«  Extrait  du  procès-verbal  des  séances  de  la  Société  de  1789, 
du  vendredi  3  septembre  1790  (2). 

«  La  Société  a  arrêté,  à  l'unanimité,  qu'il  seroit  fait  une  adresse  de 
félicitations  et  de  remerciemens  au  directoire  du  département  de  la 
Meurtbe,  à  la  municipalité  de  Nancy  (3),  et,  principalement,  aux  mi- 
lice!? nationales  et  aux  troupes  de  ligne,  dont  la  fidélité  courageuse 
a  rétabli  la  paix  et  les  loix  dans  la  ville  de  Nancy  : 

«  Adresse  de  la  Société  de  1789,  au  directoire  du  déparlement 

de  la  Meurtlie^ 

A  la  municipalité  de  Nancy, 

Et  principalement  aux  milices  nationales  et  aux  Ironpes   de   ligne 

dont  la  fidélité  courageuse  a  rétabli  la  paix  et  les  loix 

dans  la  ville  de  Nancy. 

«  Réunis  par  l'amour  de  la  Patrie  et  de  la  Constitution,  nous 
n'avons  pu  apprendre  vos  belles  actions  sans  laisser  éclater  les  trans- 
ports de  notre  reconnoissance  et  de  notre  admiration. 

«  De  quels  désordres ,  de  quels  dangers  vous  avez  garanti  la 
France  ! 

«  Anéantir  toute  puissance  légale  en  diffamant  tout  fonctionnaire; 
appeler  patriotes  les  séditieux,  et  conspirateurs  les  vrais  patriotes; 
rendre  odieux  au  peuple  les  magistrats  consacrés  par  son  propre 
cboix;  lui  rendre  même  ses  représentans  suspects,  en  les  forçant  à 


(1-)  Voir  plus  haut,  p.  421. 

(2)  Mémoires  de  la  Société  de  1789,  w  lo,  du  13  septembre  1790. 

(3)  La  municipalité  do  Nancy  était  aristocrate. 


434  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

déployer  une  rigueur  nécessaire;  enfin,  n'ayant  pu  corrompre  la 
volonté  nâtiôiiaie,  diviser  au  moins  la  force  publique  et  metti-e  aux 
mains  tous  les  François,  citoyens  ou  soldats  :  tel  est,  sans  doute,  lé 
dernier  espoir,  le  dernier  plan  des  ennemis  pervers  et  implacables  du 
peuple  et  des  nouvelles  institutions. 

«  Système  atroce,  manifestfetnént  suivi  dans  toutes  les  parties  de  la 
France,  mais  enfin  mis  en  pratique  avec  un  cruel  succès  dans  l'in- 
fortunée ville  de  Nancy. 

«  fiés  soldats  égarés,  noii  seulement  avoietit  niécôrtiiti  là  discipline, 
mais  aussi  fouloient  aux  pieds  la  loi  suprême,  le  décret  national.  Des 
citoyens  trompés  embra&soient  leur  querelle;  des  brigands  avides 
encourageoient  la  rébellion,  tandis  que  la  nation  incertaine,  en  dé- 
fiance contre  tous  les  agens  du  pouvoir,  craignoit,  en  punissant  la 
révolte,  de  favoriser  la  tyrannie.  Toutefois,  le  législateur,  se  ralliant 
à  la  loi,  appelle  la  force  publique  au  secours  de  Tordre  public.  Mais 
où  étoit-clle,  cette  force?  Où  trouver  des  soldats,  des  citoyens,  des 
frères,  qui  voulussent  réprimer  la  licence  de  leurs  frères?  Quel  cbef 
consentiroient-ils  à  suivre?  Il  falloit  d'abord  que  leur  raison  repous- 
sât de  vains  soupçons,  que  leur  vertu  étoufTùt  une  répugnance  na- 
turelle à  combattre  des  ennemis  si  chers.  Cependant  les  soldats 
et  les  citoyens,  justifiant  par  leur  confiance  un  général  en  vain 
calomnié,  marchent  sous  l'étendai'd  de  la  paix,  contre  les  drapeaux 
de  la  révolte,  dans  l'espoir  de  soumettre  plutôt  que  de  vaincre.  Il 
faudra  môme  qu'on  les  force  de  combattre.  Mais  ces  infracteurs  des 
lois,  ceux-là  sont  encore  des  François?  Ils  ont  rompu  le  pacte  social, 
ce  sont  des  barbares  hostilement  armés.  Des  frères,  dont  le  bras  me- 
nace ou  déchire  le  sein  de  la  mère  commune,  n'ont-ils  pas  abjuré  les 
droits  du  sang?  Punir  des  enfans  parricides,  c'est  le  devoir  sacré  des 
vrais  et  fidèles  enfans  de  la  patrie. 

((  Tels  furent  vos  sentimens,  qui  ont  éclaté  dans  vos  héroïques  ac- 
tions, dignes  guerriers  de  la  garnison  de  Metz  ;  vous,  surtout,  géné- 
reuses milices!  Que  vous  avez  noblement  justifié  ce  nom  de  natio- 
nales, qui  présente  la  vaste  idée  des  devoirs  imposés  à  vos  cœurs  par 
les  sermens  civique  et  fédératif  !  Et  dans  quelle  circonstance?  Déjà, 
peut-être,  l'explosion  des  plus  funestes  complots  alloit  interrompre 
le  cours  de  la  régénération  de  l'empire,  et  engloutir,  avec  la  liberté 
même,  toutes  nos  espérances  et  celles  mêmes  de  tant  de  nations,  dont 
notre  sort  doit  faire  la  destinée. 

«  Que  fussiez-vous  devenus,  si  votre  bravoure  tutélaire  n'eût  fait 
avorter  ce  schisme  naissant:  si  les  armes,  aiguisées  par  l'anarchie, 
ne  se  fussent  émoussées  contre  les  armes  de  la  loi  ! 


SOCIETE  DE  1789  433 

«  Braves  soutiens  des  pouvoirs  légitimes,  recevez  donc  nos  félicita- 
tions civiques,  riôil  sur  votive  victoire,  trop  chtreménl  achetée  par 
tant  de  sang  et  laiit  dé  mot*ts,  iiiais  siir  ces  fruits  sâltitaifés,  là  paix 
rétablie,  la  Constitution  sauVée,  la  confiance  pOpulàir-e  rendue  aux 
amis  du  peuple,  la  pérlîdie  de  ses  ennemis  traduite  au  grand  jour; 
enfin,  les  troubles  prévenus  paf  toUte  la  France,  et  leUr  remède  le 
pltis  efticace  préparé  pour  l'avenir. 

«  Car  telle  est,  telle  doit  être  daiis  la  suite  la  fructueuse  influence 
de  bët  exploit  du  patriotisme.  Votre  conduite  n'est  pas  seulement  une 
grande  action,  elle  est  encore  Un  mémbrablé  exéiriplë,  utie  leçoti 
frappante  dôririée  à  tous  les  François,  àfihés  par  là  Cbtistitiitibti  et 
pour  elle-même. 

'<.  En  est-il  en  effet  aujourd'hui  qui  puisse  balancer  à  suivre  là  route 
que  vous  avez  tracée  ?  En  est-il  qui  ne  regarde  désorniais  l'inexécu- 
tion d'une  loi  comme  sa  propre  injure,  comme  la  violation  de  ses 
propres  droits,  qui  ne  s'arme,  ne  marche,  ne  combatte  et  ne  meure 
pour  elle? 

«  Ils  auront  donc  faussement  prophétisé,  ces  hommes  foibles, 
inquiets  et  mécontens,  esclaves  de  nature  (s'il  est  vrai  que  l'habitude 
soit  une  autre  nature):  pai'ce  qu'ils  ont  vu  longtems  le  despotisme 
obtenir  l'obéissance  stupide  de  la  terreur,  la  libre  ddtilite  de  là  con- 
fiance leur  paroit  impossible  et  inespérable.  Accoiitumés  à  ne  voir  le 
gouvernement  que  dans  la  force,  et  la  force  que  dans  la  contrainte 
arbitraire,  ils  prédisent  que  les  François  ne  saurôient  plus  êli*e  gou- 
vernés. 

«  Si  nous  les  en  croyons ,  la  puissance  manquera  sans  cesse  à 
la  loi  :  les  passions  individuelles  vont  seules  régner.  L'administra- 
tion périra,  privée  d'ensemble  et  d'unité;  avec  elle  përii'oht  lés  tra- 
vaux, les  fevenus,  les  richesses,  les  propriétés,  la  Société  entière. 
Ainsi,  disent-ils,  s'évanouira,  comme  un  songe  philosophique,  cette 
constitutiorl  jut-ée  par  toutes  les  bouches,  et  adoptée  pài*  tous  les 
cœurs. 

«  Non,  sans  doute,  voire  courage,  administrateurs  du  département 
de  la  Meurthe,  magistrats  de  la  municipalité  de  Nancy,  votre  cbii- 
duite  respectable  et  exemplaire,  seule,  démentiroit  assez  ces  craintes 
injurieuses  pour  la  nation.  Non,  l'ordre  et  la  paix  n'invoqueront  point 
en  vain  une  autorité  surveillante,  iine  puissance  protectrice.  Nous 
vous  en  attestons,  Aririée  de  la  liberté,  qui  étés  devenue  l'Âritiée  de 
la  loi,  la  première  qui  ait  combattu  pour  le  maintien  de  l'ordre  et  de 
la  paix  publique.  Nous  en  attestons  môme  ce  généreux  Desiles  {sic], 
qui  vouloit  moUrir  plutôt  que  de  voir  les  rebelles  consommer  leur 


436  LES  CLUBS  CONTRE- RÉVOLUTIONNAIRES 

crime,  dont  le  désespoir  vertueux,  dont  l'héroïque  dévouement  auroit 
dû  désarmer  leur  férocité.  Nous  en  attestons  surtout  vos  morts  glo- 
rieuses, vous  dont  le  sang  a  payé  le  salut  de  la  France,  citoyens, 
frères  intrépides,  que  pleure  en  ce  moment  toute  la  famille  natio- 
nale :  ces  plaies  qui  saignent  encore,  ce  deuil  de  cent  familles,  ces 
funérailles  solemnelles  (1),  ces  hommages  éclatans  de  l'admiration 
puhlique,  ce  décret  consolateur,  expression  d'un  sentiment  universel  ; 
voilà  des  garants  sacrés,  d'irrécusables  témoins,  que  l'appui  de  la 
force  commune  ne  manquera  point  aux  décrets  de  la  volonté  géné- 
rale, qu'un  patriotisme  infatigable  et  solidaire  veille  dans  tous  les 
points  de  l'Empire  au  succès  de  cette  r(''V()lulion,  époque  immortelle 
dans  l'histoire  du  genre  humain. 

«  Pourquoi  donc  ne  rouvririons-nous  pas  nos  cœurs  à  la  con- 
liance?  Pourquoi  désespérer  de  la  perception  des  subsides,  de  l'éta- 
blissement des  tribunaux,  enfin,  d'une  heureuse  et  prochaine  conso- 
lidation de  l'édifice  politique, 

«  Si, dans  la  hiérarchie  des  pouvoirs  qui  vont  régler  nos  destinées, 
un  corps  réfractaire  contrarie  l'action  d'un  autre,  n'existe-t-il  pas 
une  puissance  suffisante  pour  les  mettre  tous  en  harmonie?  Quel 
citoyen,  appelé  à  la  défense  de  la  loi  violée,  refusera  désormais 
sa  force  et  ses  armes  ? 

«  Que  sera-ce,  lorsque  la  Constitution  affermie,  déployant  son 
influence  morale,  aura  formé  cette  coalition  tacite  du  peuple,  des 
loix  et  des  législateurs,  qui  rend  le  gouvernement  si  facile  et  l'ordre 
si  naturel  ? 

«  Ainsi  nous  avons  vu  dans  Nancy  le  patriotisme  tourner  au  profit 
de  l'union  un  désordre  préparé  pour  la  dissolution  générale  de  l'Em- 
pire; ainsi  nous  avons  vu  les  bras  de  tous  aux  ordres  du  législateur, 
pour  faire  agir  la  volonté  de  tous.  Voilà  comment  vos  exemples  nous 
rassurent  même  pour  l'avenir,  sages  administrateurs,  vigilans  ma- 
gistrats, courageuses  milices  de  Metz,  de  Toul  et  de  Pont-à-Mousson, 
fidèles  guerriers  de  la  garnison  de  Metz,  vous-même,  vaillant  général, 
dont  aujourd'hui  la  renommée  civique  relève  et  anoblit  encore  la  ré- 
putation militaire  ;  oui,  c'est  vous  tous,  généreux  citoyens,  qui  avez 
fait  renaître  ces  consolantes  espérances,  heureux  effet  du  signal  de 
zèle  donné  par  vous  à  tous  les  Français,  qui  vous  a  mérité  doublement 
les  tributs  de  la  publique  gratitude. 

«  Tels  sont  les  sentimens  que  n'a  pu  renfermer  une  Société  accou- 


(l)  L'Assemblée  nationale  vota  des  remerciements  à  Bouille,  une  fête  funèbre 
en  mémoire  des  gardes  nationaux  et  des  soldats  de  l'armée  de  Bouille. 


SOCIETE  DE  1789  437 

tumée  à  regarder,  ainsi  que  doit  le  faire  un  peuple  libre,  le  triomphe 
des  loix  comme  le  sien  propre.  Et  peut-être  leur  effusion  vive  et  sin- 
cère fera  pénétrer  dans  vos  âmes,  encore  enveloppées  de  deuil,  quel- 
que rayon  de  consolation  et  de  joie. 

«  Signé  :  Pasïorkt,  président. 

«  GuiRAUDEï,  CociiELEV,  Grouvelli:,  secrétaires.  » 

On  ne  pouvait  entrer  plus  nettement  dans  le  mouvement  contre- 
révolutionnaire. 


VII 


Cette  adresse  dithyrambique  ne  servit  qu'à  discréditer  davantage 
la  Société  de  1789  aux  yeux  des  hommes  avancés.  Elle  chercha  à  se 
rendre  populaire  par  un  acte  suivi  d'effet. 

Le  Journal  de  Paris,  le  11  novembre  1790,  annonça  : 
«  Municipalité  de  Paris 
«  Conseil  général  de  la  Commune. 

<'  Une  députation  de  la  Société  de  1789  s'est  présentée  au  Conseil 
général  pour  lui  demander  qu'il  voulût  s'occuper  des  moyens  de  faire 
transférer  à  Paris,  de  l'Abbaye  où  elle  a  été  déposée,  la  cendre  de 
Voltaire,  pour  que  les  restes  de  l'homme  qui  a  le  plus  lionoré  son 
siècle  et  son  pays  reposassent  dans  la  ville  qui  l'a  vu  naître.  Le  Con- 
seil général  a  répondu,  par  la  voix  de  M.  le  Maire,  qu'il  prcMidroit  en 
grande  considération  une  pétition  qui  devoit  intéresser  particulière- 
ment les  citoyens  de  Paris.  » 

\S Apothéose  de  Voltaire,  par  suite  d'un  décret  de  la  Constituante, 
eut  lieu  le  11  juillet  1791. 

Une  estampe,  J7S9  aux  /i'/f/'ers,  personnilia  (l'90),  aux  yeux  de 
nombre  de  gens,  la  Société  comparaissant  devant  le  tribunal  des  en- 
fers, après  les  ombres  de  Loustalot  et  d'un  «  impartial.  » 

La  Société,  dans  la  séance  du  2  janvier  1791,  avait  pris,  sur  la 
proposition  de  M.  Condorcet,  un  de  ses  membres,  l'arrêté  suivant, 
que  tous  les  journaux  répétèrent  : 

«  La  Société  de  1789,  ayant  pour  objet  de  développer  et  de  perfec- 
tionner les  principes  d'une  Constitution  libre  et  d'accélérer  les  pro- 


l 


438  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

grès  (\e  l'art  social,  doit  regarder  comme  absolument  incompatible 
avec  ses  vues,  celles  de  toute  association  qui,  méconnaissant  les 
progrès  possibles  dess  lumières  et  de  la  perfectibilité  hppiaines  et  ap- 
ciales,et  se  vouant  à  repousser  toute  espèce  d'opinion  vraie  ou  fausse 
qui  ne  serait  pas  exclusivemerit  favora^ile  à  unç  forme  particulière 
de  la  Constitution,  annpnceroit  l'intention  de  protéger  un  des  pou- 
voirs qui  en  font  partie. 

«  Fondée  par  l'amour  de  la  vérité  qui  ne  peut  se  séparer  de  celui 
de  la  liberté,  elle  doit  soigneusement  rejetter  toute  idée  de  dépen- 
dance ou  d'attachement  exclusif,  soit  à  un  individu,  soit  aux  préro- 
gatives de  telle  place  en  particulier.  Elle  croit  donc,  sans  nuire  à 
l'indépendance  personnelle  de  ses  membres,  indépendance  qu'elle 
fait  profession  de  respecter  jusqu'au  scrupule,  pouvoir  non  seule- 
iflent  exiger  d'euîi  mie  venopciation  ab^plvie  à  toute  association  dont 
ils  ne  pourroient  adopter  les  principes  sans  renoncer  à  ceux  de  la 
Société,  mais  se  réserver  le  droit  de  leur  désigner  ces  associations, 
lorsqu'elle  seroit  instruite  de  leur  existence. 
«  En  conséquence,  elle  déclare  : 

«  !•>  Que  ses  membres  rer^oncent  à  tpiite  association,  dont  les  prin- 
cipes ne  peuvent  se  concilier  avec  le  but  que  la  Société  s'est  pro- 
posé ; 

«  2"  Que  le  Club  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique  est  une 
de  ces  associations,  et  qu'ainsi  on  u(\  peut  être,  h  la  fois,  membi-e  de 
ce  Club  et  de  la  Société  de  1789; 

«  3°  Qu'elle  regardera,  en  conséquence,  l'admission  dans  le  Club 
de  la  Constitution  monarchique  comme  une  renonciation  à  la  Société 
deJ789^1); 

((  4»  Qu'il  sera  donné  communicatipn  de  cet  arrêté  à  tous  ceux  qui 
se  présenteront  pour  être  admis  à  la  Société  de  1789  (2).  » 

La  déclaration  de  la  SocvHr  dp  1789  fut  annoncée  pai*  Çlorsas  en 
ces  termes  : 

«  Un  mernbre  de  ce  club  (1789)  nons  engage  à  annoncer  un  arrêté 
pris  il  y  a  denx  jours  par  pefte  Société,  dpnt  Ypici  l'pjijet  :  l-e  Ç|vi]) 
de  89,  pour  évitpr  que  le  public  \\e^  se.  f^éprît  sur  son  pivisme,  fi^PS  |in 
moment  où  les  citoyens  ne  peuvent  exprimer  d'une  manière  trop 
solemnelle  leurs  sentimens  sur  tout  ce  qui  pourroit  contrarier  la 


(1)  Voir  le  Journal  dest  Clubs,  et  le  Moniteur  universel,  n"  du  G  février  1791. 

(2)  Condorcct  quitta  bientôt  la  Soriéié  de  1789  pour  entrer  au  Club  des  Jaco- 
bins. 


I 


SOCIÉTÉ  DE  1789  439 

Constitution  et  le  vijju  national  pour  sa  conservation,  a  déclaré,  à  la 
plus  grande  majorité,  que  ceux  de  ses  membres  qui  auroient  pu  se 
faire  inscrire  sur  la  liste  du  Club  monarchique]  seront  tenus  d'opter 
entre  ces  deux  Sociétés  (1).  » 

Elle  aussi,  la  Société  de  1789  chercha  à  obtenir  de  la  popularité  en 
s'occupant  des  pauvres  de  Paris.  Elle  ne  délivra  pas  des  bons  de 
pain,  comme  le  Cluh  monarchique  (2),  mais  elle  pensa  à  se  joindre, 
avi  moyen  d'une  souscription,  aux  efforts  de  la  Municipalité  pour  se- 
courir les  indigents.  Toutefois,  nous  ne  voyons  pas  que  l'idée  qui  lui 
en  fut  suggérée  ait  été  mise  à  exécution.  Rappelons  que  quelques 
quêtes  avaient  eu  lieu  dans  les  banquets  organisés  par  elle.  Un  jour- 
nal publia  l'avis  suivant  : 

«  Un  des  membres  de  cette  Société  lui  a  soumis  ses  réflejcjons  : 
Idées  de  circonstance  (in-4°  de  8  pages),  pour  fçiire  ouyrir  chez  tous 
les  notaires  une  souscription  dont  les  résultats  seroient  versés  toutes 
les  semaines  dans  les  mains  d'un  comité  composé  d'un  membre  du 
Bureau  de  charité  de  chaque  paroisse,  et  présidé  par  M.  le  Maire, 
pour  être  ensuite,  sur  l'avis  de  ce  comité,  réparti  selon  la  connais- 
sance des  besoins,  aux  différentes  paroisses.  » 

Il  s'agissaij;  de  secourir  les  indigents  de  Paris,  ala^inés  par  le  refus 
qu'avaient  fait  plusieurs  ciirés  de  Paris  de  prêter  |e  serment  (3). 
Les  membres  du  Club  monarchique  ripostèrent  : 

«  Le  Club  de  1789  n'était  célèbre  que  par  sa  nullité,  disait,  en  1791, 
le  directoire  du  Cluh  monarchique  ;  sa  fastueuse  déclamation  contre 
les  monarchistes  nous  annonce,  ajoutait-il,  un  tribunal  de  perfectibi- 
lité pour  toutes  les  constitutions  du  monde,  dont  la  supr^ématte  réside 
dans  la  Société  de  1789  ;  et  c'est  pour  n'avoir  pas  pris  son  attache, 
pour  avoir  osé  parler  de  constitution  monarchique,  avant  que  ce 
puissant  club  l'eût  soumise  à  la  question  préalable,  qu'il  nous  retran- 
che de  sa  communion,  et  qu'il  avertit  le  genre  humain  qu'il  n'y  a 
point  d'autres  bornes  à  poser  que  celles  qu'il  posera  à  la  perfectibilité 
des  lois  et  des  constitutions  politiques  (4).  » 

Autre  appréciation  du  journal  de  Corsas  : 

«  Ce  club  esf,  peut-être  le  plus  sage  de  tous.  A  l'exception  de  son 


(1)  Courrier  de  Gorscis,  n"  ti,  du  5  février  HOl. 

(2)  Voir  plus  haut,  Club  monarchique,  p.  178  H  suiv. 
^.3)  Journal  des  Clubs,  t.  I,  p.  456. 

(4)  Journal  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  monarchirpte,  t.  I,  n°  9,  du 
samedi  12  février  1791 . 


440  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

arrêté  relatif  au  Club  monarchique,  nous  n'avons  pas  appris  qu'il 
eût  fait  aucune  singerie  d'éclat.  Piano!  Piano!  Il  est  bien  vrai  que 
par  ci,  par  là,  il  fait  des  petits  coups  à  la  sourdine;  mais  c'est  si  dou- 
cement coulé  qu"on  ne  s'en  aperçoit  pas...  La  Société  de  Beaune 
s'étoit  affiliée  ai  89.  Elle  n'a  pas  cru  reconnoitre  tout  à  fait,  dans  sa 
correspondance,  les  principes  rcgénôrateurs  (c'est  son  expression). 
Elle  lui  a  fait  ses  adieux.  » 

La  Société  de  Metz  voulait  bien  correspondre  avec  ce  club,  «  mais 
par  l'entremise  des  Amis  de  la  Constitution,  séant  aux  Jacobins.*(Pas 
possible!)  (1).  » 

Probablement  Ilœderer,  ancien  conseiller  au  Parlement  de  Metz 
et  député  d'Alsace,  revint  alors  aux  Jacobins,  dont  il  avait  été  un  des 
secrétaires,  en  juin  1790  (2). 

Parmi  les  ouvrages  inspirés  par  la  Société  de  1789,  ou  tout  au 
moins  composés  dans  le  sens  de  cette  Société, le  Journal  de  Pariai 
(14  mars  1791)  annonça  : 

«  LIVRES  DIVERS 

«  Opinion  énoncée  à  la  Société  de  1789  sur  les  lois  constitution- 
nelles, leurs  caractères  distinctifs,  leur  ordre  naturel,  leur  stabilité 
relative,  leur  révision  solemnelle,  par  L.  Hamond  (de  Carbonnières), 
membre  de  cette  Société.  Première  partie. 

«  A  Paris,  chez  Belin,  libraire,  rue  Saint-Jacques,  près  Saint-Yves 
(in-8''  de  60  pages).  » 

L'émeute  de  janvier  1791  contre  le  Club  monarchique.,  un  mois 
après  l'acceptation  de  la  constitution  civile  du  clergé,  et  le  départ 
pour  l'étranger  de  Mesdames  tantes  du  roi,  en  février  de  la  même 
année,  nuisirent  beaucoup  à  la  Société  de  1789,  dont  les  membres  ou 
partisans  passèrent  de  plus  en  plus  pour  être  des  monarchistes  dé- 
guisés, tels  que  les  Impartiaux  et  les  Feuillants.  En  avril  J791,  Ca- 
mille Desmoulins  écrivait  : 

«  ...  Et  Club  89,  Club  monarchique,  mouchards,  satellites  de 
Moitié,  municipaux...  tous  se  sont  coalisés  ,. 

«  La  composition  du  directoire  du  département  de  Paris  avait 
ajouté  aux  espérances  du  Club  de  89  et  des  monarchiens  :  les  mem- 
bres du  directoire  sont  MM.  Larochefoucault,  Pastoret,  Crété  de  Pâ- 


li) Courrier  de  Gorsas,  m  XX VU,  du  17  févi-ior  1791. 
(2)  \(iii'  plus  bas,  p.  441 


SOCIÉTÉ  DE  1789  441 

liiel.  Garnier,  Glot,  Daix,  Mirabeau,  Dacourt,  Anson,  Sieyès,  l'elixir 
de  89,  composaient  le  directoire  (1).  » 

Les  patriotes  avancés  se  défiaient  des  deux  amis  Bailly  et  La 
Fayette  (Mottié)  (2),  même  des  Lameth  et  de  Barnave,  membre  du 
Club  des  Jacobins;  ils  craignaient  les  trahisons,  surtout  après  le  re- 
tour du  roi,  arrêté  à  Varennes;  ils  doutaient,  à  plus  forte  raison,  de 
Sieyès  et  de  Chapelier.  L'afiaire  sanglante  du  Champ  de  Mars  (17  juil- 
let 1791)  les  exaspérait,  leur  faisait  prendre  en  haine  les  «  munici- 
paux )>.  Gorsas,  en  septembre  1791,  ne  raisonnait  plus  comme  précé- 
demment à  l'égard  de  la  Socirté  de  1789.  Il  écrivait  : 

«  89,  repaire  où  se  tient  le  conciliabule  de  la  coalition. 
«  Les  aristocrates  et  les  intrigans,  qu'on  y  trouve  en  nombre,  en- 
traînent des  électeurs  ignorans  et  crédules.  >> 

Il  craignait  les  agissements  des  membres  de  cette  Société  pendant 
les  élections  pour  l'Assemblée  législative. 

Pendant  plusieurs  mois,  la  Société  fut  honnie  par  les  hommes  de 
la  gauche.  En  avril  1792,  CoUot-d'Herbois,  membre  du  Comité  de 
correspondance  aux  Jacobins,  reprocha  à  Rœderer  d'avoir  quitté  les 
Jacobins  pour  aller  à  ^.9.  Il  déclara  (3)  : 

«  Quant  au  Club  89,  oui,  Rhœderer  y  a  été  ;  mais  je  n'y  ai  été,  dit-il, 
que  pour  fuir  le  despotisme  des  Lameth  ;  et,  membre  de  89,  j'ai  tou- 
jours opiné  avec  les  Jacobins.  Il  est  bon  de  savoir  que  M.  l'abbé 
Syeys  {sic),  que  MM.  Chapelier,  Duquesnoy  (4),  La  Fayette,  que  Mira- 
beau lui-même,  ont  allégué  cette  excuse  de  leur  retraite  des  Jacobins. 
M.  le  procureur-général-syndic  est  donc  un  patriote  de  la  trempe  de 
MM.  Chapelier,  Duquesnoy,  La  Fayette?  Le  bon  Jacobin!  » 

A  quelques  exceptions  près,  on  ne  se  lavait  guère  de  la  faute  qu'on 
avait  commise  en  paraissant  à  la  Société  de  1789. 


(1)  Révolulions  de  France  et  de  tinibant,  n"  LXVII.— Aucun  de  ces  personnages 
n'avait  figuré  sur  la  liste  des  Jacobins. 

(2)  On  lit  dans  le  Nouvelliste  de  France,  numéro  du  vendredi  18  décembre  1791  : 
«  Les  Amis  de  la  Constitution  de  Marseille,  justement  inquiets  des  menées 

sourdes  qui  se  pratiquent,  des  mouvements  qui  ont  lieu  dans  certaines  provinces, 
demandent  fraternellement  aux  Amis  de  la  Constitution  de  Paris  des  éclaircisse- 
ments sur  la  conduite  de  M.  de  La  Fayette,  et  des  documents  sur  le  patriotisme 
de  ce  général,  capables  de  dissiper  les  soupçons  que  l'on  répand  sur  lui  jusques 
à  l'autre  bout  du  royaume...  » 

(.'{)  Révolutions  de  Paris,  n'  145,  du  14  au  21  avril  1792. 

(4)  Adrien  Duquesnoy,  constitutionnel,  membre  du  Club  de  1789,  et  dont  le 
nom  fut  trouvé  dans  l'armoire  de  fer  sur  la  liste  des  personnes  payées  par  la 
cour,  se  noya  dans  la  Seine  en  1808.  11  rédigeait  VAmi  des  Patriotes,  jcmrnal 
ultra-modéré. 


442  LES  CLUBS  GONTRE-RÉVQLUTIONNAIRES 

J^es  Révolutions  de  Paris  (i792,  n"  lo4).  du  16  au  23  juin,  parlent 
d'un  traité  de  paix  proposé  en  i79i  eptre  les  Jacobins,  d'une  part,  et 
le  C\\ih  89  et  ï^a  Fayette  de  l'autre.  Il  cite  une  pièce  «  tracée  de  la 
riiain  PfoPfP  4H  ët^P^r^-l  >'•  P^îl?  cette  pièce,  nous  lisons  : 

«  Je  pourrai  avoir,  upe  ou  deux  fois  la  semaine,  quelques  comités 
des  plipfs  de  89  |^  l'hôtel  de  Larocliefoviçault,  pour  leur  inspirer  les 
idées  adoptées  entre  nous  (avec  les  Jacobins),  et  quand  M.  L.  F.  fera 
des  motions,  elles  passeront  sans  difficulté  des  deux  côtés,  sauf  aux 
deux  clubs  à  se  disputer  sur  les  questions  ordinaires  ;  mais,  dans  les 
importantes,  les  Jacobips  pourront  s'expliquer,  et,  sans  paraître  à 
89,  on  les  fera  appuyer  de  manière  à  les  faire  adopter...  » 

La  Fayette,  disent  les  Révolutions^  «  vouloit  faire  adopter  toutes 
ses  motions,  tant  par  le  Club  des  4q,cpbir^s  que  par  le  Club  de  ^9.  » 
Maig  La  Feiyettç  n'avait  aucun  crédit  sur  ceux-ci  depuis  le  déploie- 
ment du  drapeau  rouge;  à  plus  forte  raison  depuis  que,  dans  une 
lettre  à  l'Assemblée  législative,  il  avait  attaqué  «  la  faction  jaco- 
bjne  »,  depuis  la  journée  du  20  jvi'n  179^  et  renvahissei^ent  des  Tui- 
leries. 

La  Société  de  1789  disparut,  en  même  temps  que  ses  fondateurs 
perdirent  leur  popularité  II  fut,  vers  la  fin  de  1791,  le  noyau  du  Club 
des  Feuillants  (1).  Tous  deux  représentèrent  le  modérantisme ;  tous 
deux  luttèrent  vainement  contre  les  Jacobins,  et  succombèrent  quand 
la  Montagne  l'emporta  sur  la  Gironde,  quand  les  membres  de  l'une  et 
de  l'autre  réunion  constitutionnelle  passèrent  à  l'état  de  suspects. 

On  peut  lire,  en  l'an  II,  dans  le  Mercure  national, 

«  Quelques  réflexions  sur  Iç,  Club  d^es  Jacobins  et  sur  le  Club  89. 

«  Pour  avoir  une  idée  des  principes  de  ces  deux  Sociétés,  il  fî^ut  se 
rappeller  que  tous  les  décrets  populaires  ont  été  préparés  chez  les 
Jacobins,  et  les  décrets  royaux  au  Club  de  89;  que  les  Jacobins  ont 
voté  pour  le  droit  de  paix  et  de  guerre,  et  89  contre;  que  les  assignats 
sont  l'ouvrage  des  Jacobins,  et  que  ^9  vouloi(;  des  quittapces  de 
finances;  que  les  Jacobins  ont  également  préparé  la  décision  sur 
l'affaire  du  6  octobr^,  et  que  le  Club  de  89  vouloit  immoler  les  inno- 
cens  accusés  ;  que  les  Jacobins  siègent  modestement  sur  des  bancs 
de  bois  à  la  lueur  de  trois  mèches  humides,  et  que  niesseigneurs  du 
Club  de  89  sont  fièrement  assis  sur  le  velours,  entoufés  de  lambris 
dorés  et  éclairés  par  mille  et  une  bougies.  » 

L'auteur  de  l'article  emploie  cette  expression  :  «  l'infâme  séjour 

(1)  Voir,  plus  haut,  CJiih  ries  Feuillants. 


SOCIÉTÉ  DE  1789  443 

de  89  »...  «  Nous  l'engageons  à  revenir  à  nous;  si  nous  ne  réussissons 
pas,  je  jure  de  ne  rien  épargner  pour  le  perdre,  et  je  croirai  que  j'y 
serai  parvenu,  quand  j'aurai  imprimé  la  liste  de  ses  membres.  — 
Robert  (!].  « 


(1)  Pierre-François-Joseph  Robert,  député  de  Paris  à  la  Convention,  collabora 
au  Mercure  natio7uil  et  aux  Hévohi lions  de  Paris.  En  1789,  il  publia  une  brochure 
Le  Républicanisme  adapté  ù  la  France,  qui  produisit  un  o^rand  effet.  Il  était  membre 
du  Club  des  Cordeliers. 


d 


CLUB   DE    LA  SAINTE-GHÂPRLLE 


For^mé    eii     1791 


Lorsque  les  élections  des  députés  à  l'Assemblée  législative  curent 
lieu,  beaucoup  d'électeurs  de  1791  se  réunirent  à  la  Sainte-Chapelle. 
Ils  y  formèrent  un  Club.  Une  liste  imprimée  des  membres  de  ce  Club 
fut  publiée  durant  l'année  1791. 

LISTE  DES  ÉLECTEURS  DE  LA  SAINTE-CHAPELLE,  AVEC  LEURS  QUALITÉS, 
LE  LIEU  DE  LEUR  RÉSIDENCE,  EN  1791. 

Section  des  Thuileries. 

Delafosse,  graveur  en  taille  douce,  rue  du  Carousel,  536. 

Bigot  de  Prémeneux  (Préameneu),  juge  du  tribunal  du  quatrième 

arrondissement,  cul-de-sac  Dauphin  (1). 
Panières,  assesseur  du  juge  de  paix,  rue  Saint-Honoré. 
Raulin,  docteur-médecin,  rue  de  l'Echelle. 
Leroy,  de  l'Académie  des  sciences,  galeries  du  Louvre. 
Pecoul,  entrepreneur,  rue  du  Doyenné. 
Roi. 

Pluchet,  charron  du  roi,  rue  du  Petit-Carouzel. 
Bizet,  huissier-priseur,  assesseur  du  juge  de  paix,  rue  Saint-Honoré. 
Decle,  rue  de  l'Echelle. 
Baudouin,  imprimeur  de  l'Assemblée  nationale,  rue  Saint-Honoré  (2). 


(1)  A  été  député  à  la  Législative,  ministre  des  cultes  sous  l'Eiiipire.  Il  disparut 
de  la  scène  politique  après  le  10  août  1792,  mais  n'émigra  point. 

(2)  Rue  du  Foin  Saint-Jacques. 


446  LES  CLUBS  GONTHE-RÉVOLUTIONNAIUES 

Section  des  Champs-Elysées. 

Pastoret,  procureur-syndic  du  département. 

Baignières.  médecin,  rue  des  Champs-Elysées,  12. 

Trudaine,  commandant  du  bataillon  des  Capucinsl-Saiiit-Hotlbré. 

Benières,  curé  de  Chaillot. 

Cardot,  officier  municipal. 

Section  du  Roule. 

llamond,  rue  de  Clichi,  351. 

Fontaine  de  Saint-Freville^  chef  d'une  maison  d'éducation,  rue  du 

Rancis  (sic). 
De  la  tremouille,  assesseur  du  juge  de  paix,  rue  de  Valois,  faubourg 

Saint-Honoré. 
Lebreton  de  Corbelin,  homme  de  loi,  rue  de  la  Ville-l'Evèque,  10. 
Labiloir,  rue  Roquepine. 
Robert,  horloger,  rile  du  faubourg  Saitit-Honoré; 

Section  de  la  Butte  des  Moulins. 

Fauveau,  payeur  des  rentes. 

Hardy,  homme  de  loi,  officier  municipal,  rue  Saint-Honoré,  i)6. 

Delahante,  premier  commis-vérilicateur  à  la  Régie  générale,  rue  des 
Moineaux,  11. 

Vieillard,  ancien  consul  de  France  à  la  Chine,  administrateur  du  ci- 
devant  département  dé  PàHs. 

Bart,  homme  de  loi,  rue  de  la  Sourdière,  36. 

Graux,  ancien  huissier-priseur,  rue  d'Argenteuil,  72. 

Billecoq,  homme  de  loi,  administrateur  de  la  Loterie  nationale  de 
France,  rue  Vantadour,  13, 

Lefèvre,  agent  de  change,  rue  Thérèse,  11. 

Goetz,  ancien  receveur  particulier  des  finances,  rue  de  la  Sour- 
dière, 35. 

Lucas,  négociant,  rue  Saint-Honoré,  226. 

Fulchiron,  négociant,  rue  Sainte-Anne,  105. 

Allard,  négociant,  rue  de  Richelieu. 

Boulard,  imprimeur,  rue  Neuve-Sain t-Roch,  51. 

Balle,  homme  de  loi,  rue  idem^  A. 

Viliemorin  {sic),  pépiniériste  du  roi,  quai  de  la  Mégisserie. 

Thuaut,  ancien  directeur  des  recettes  générales  des  finances^  quai 
de  l'Ecole,  A. 

Leroi,  procuretii^  àù  bi-dëVâiit  t^àHëmeiitj  riie  Éertîn-Poirée,  19* 


CLUB  DE  LA  SAINTE  GtîAPELLE  447 

Moreau  de  Mersan,  juge  de  paix,  rue  du  Clievaliei*  dli  ÎGiiet;  35. 
Devillars,  négociant,  rue  Betisy. 

Petit  de  la  Fosse,  ancien  avocat  au  Conseil.,  rue  de  la  Monnoye,  34. 
Julliot,  homme  de  loi,  membre  du  Conseil  général  de  la  Commilile, 

quai  de  l'Ecole,  13. 
Duvergier,  l'ainé,  joaillier,  quai  de  TEcole,  14. 
Dupuis,  assesseur  du  juge  de  paix,  rue  dli  Chevalier  dii  Giiet,  33. 
Rubis,  jeutie,  marchand  dràpiei-,  placé  des  Trois  Mariés. 
Francotay,  l'ainé,  marchand  joaillier,  rue  des  Petits-Augiisliiis,  10. 

'Section  des  Gardes- françaises . 

Boursier,  assesseur  dii  jlige  de  paix,  rué  (lii  Rbîile,  3t). 

Barnon,  marchand  drapier,  rue  des  Bourdonnois,  au  coin  de  celle  de 

la  Limace. 
Desetang,  homme  de  loi,  rue  de  l'Arbre-sec,  17. 
Renaudin,  rue  Saint-Honoré,  au  coin  de  celle  de  Jean-Saint-Denis. 
Monnot,  notaire,  rue  de  l'Arbre-sec,  11. 
Gentil,  marchand  de  soie,  rue  des  Bourdonnois,  6. 
Trevilliers,  commandant  de  bataillon,  Tweidem^  22. 
Huguet,  homme  de  loi,  rue  Idem,  20. 

Section  de  la  Balle-au-Blr. 

Seguin,  négociant,  i*ue  de  Grétielle-Sàîht-kbnoré. 

Regnault,  lieutenant  du  bataillon  de  Saint-Honoré,  rue  Croix-des- 

Petits-Champs. 
Constansin,  chapelher,  rue  Saint-Honoré. 
Baron,  juge  de  paix,  rue  de  Grenelle-Saint-Honoré. 
Quatremère,  notaire,  rue  du  Bouloi. 
Badin,  homme  de  loi,  rue  Croix-des-Petits-Champs. 
Montainant,  assesseur  du  juge  de  paix,  rue  du  Bouloi. 
Saint-Venant,  commissaire  de  police,  rue  Saint-Honoré. 
Âllaume,  notaire,  rue  Croix-des-Petits-Ghamps. 
Avice,  capitaine  du  bataillon  de  Saint-Honoré,  rue  idem. 
Silly,  notaire,  commandant  de  bataillon,  rue  du  Bouloi. 
Claudot. 

Borie,  officier  municipal,  rue  de  Grenelle-Saint-Honoré, 
Datis,  plumassier  du  roi,  rue  idem. 

Section  du  Contrat-SociaL 

Girault,  rue  Jeàri-Jacques-Rousseau; 
Chaudot,  notaire,  rue  idem. 


448  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Sauvage,  de  rAcadémie  de  peinture,  rue  idem. 

PouparL,  curé  de  Saint-Eustache  (1). 

Legier,  juge  de  paix,  rue  J.-J.  Rousseau. 

Alcan,  de  rAcadémie  de  ciiirurgie,  rue  Moiilmarlre,  ^^2. 

S(ction  du  Mail. 

Boulan,  archilecte,  rue  de  la  Feuillade,  1. 

Frondeville,  aide-major  du  bataillon  des  Petits-Pères,  rue  Coquil- 

lière,  8. 
Seguy,  architecte,  rue  des  Vieux-Augustins,  38. 
Cliauffrey,  négociant,  rue  des  Fo?sés-Montmartre,  0. 
Boby,  homme  de  loi,  rue  Saint-Pierre-Montmartre. 

Section  de  Molière  et  La  Fonlainc. 

Chevalier,  ancien  négociant,  rue  Montmartre,  219. 

Maisoncelle,  ancien  directeur  des  fermes,  rue  du  Petit-Cai"reau,  27. 

Brelu-de-la-Grange,  notaire,  rue  Montmartre,  208. 

Motet,  ancien  chef  de  correspondance  des  fermes,  rue  idetn.,  264. 

Gravier-Devergennes,  ancien  maître  des  requêtes,  rue  Neuve-Sain t- 

Eustache,  4. 
Legrand,  homme  de  loi,  rue  Montmartre,  182. 
Rousseau,  banquier,  rue  idem,  5. 
Chenier  (Joseph-Marie),  homme  de  lettres,  rue  de  Cléry,  73. 

Section  de  Bonne-Nouvelle. 

Mahieu,  commandant  de  bataillon,  rue  Saint-Denis,  53G. 

Pharoux,  architecte,  rue  de  Cléri,  15. 

Goujon. 

Petit-Radel,  architecte,  rue  Bourbon -Villeneuve,  49  (2). 

Tiron,  notaire,  rue  Saint-Denis,  492. 

Section  du  Contrat  Social. 

Daumain,  huissier,  rue  Saint-Denis,  179. 

Romand,  receveur  des  fermes,  rue  Saint-Martin,  283. 

Boucheron,  jeune,  rue  Saint-Martin,  285. 

Patry,  juge  de  paix,  rue  Sainte-Apoline,  30. 

Aubertin,  l'aîné,  marchand  plumassier,  rue  Saint-Denis,  175. 

Bellier,  rue  Saint-Denis,  1. 

^1)  Confesseur  de  Louis  XVI;  il  faisait  partie  de  la  chapelle  du  roi.  II  demeurait 
rue  Montmartre,  w  144. 
{•2)  Né  à  Paris  en  1740,  mort  en  1818.  11  a  bâti  le  grand  abattoir  du  Houle. 


CLUB  DE  LA  SAINTE-CHAPELLE  449 

Section  de  Bonconseil. 

Lapoëze,  architecte,  rue  Mauconseil,  69. 

Gallemand,  orfèvre,  rue  Comtesse  d'Artois,  43. 

Lepoi. 

Lavoiepierre,  ancien  négociant,  rue  Mauconseil,  69. 

Denis. 

Main,  négociant,  rue  Saint-Sauveur,  63. 

Blanc,  commissaire  de  police,  rue  Française,  16. 

Section  des  Halles. 

Cantier,  négociant,  rue  Saint-Denis,  246. 

Quatremere,  marchand  de  drap,  et  membre  du  Conseil  général  de 

la  Commune,  même  rue. 
Herbaux-Despavaux,  juge  de  paix,  rue  de  l'Aiguillerie,  11. 
Roullet,  mercier,  rue  aux  Fers. 
Gibert,  l'aîné,  notaire,  Cloître-Sainte-Opportune. 
Terrasse,  archiviste  du  Parlement,  rue  Saint-Denis,  317. 
Carron,  marchand  de  drap,  rue  idem. 
Martin,  mercier,  rue  idem. 
Bisson,  marchand  de  drap,  rue  idem. 

Section  des  Balles. 

Morel,  négociant,  rue  des  Arcis. 
Besson,  curé  de  Saint-Leu,  rue  Saint-Denis. 
Desanteuil,  greffier  du  ci-devant  Parlement. 
Duchêne,  négociant,  rue  Saint-Denis. 

Aubery-Desfontaines,  membre  du  bureau  de  paix  du  troisième  ar- 
rondissement, rue  Quincampoix. 
Lemoine,  négociant,  rue  des  Lombards. 
Larcher,  notaire,  rue  des  Lombards. 
Mallet,  capitaine  de  grenadiers,  rue  Quincampoix. 
Bricogne,  négociant,  rue  Saint-Denis. 
Pluvinet,  droguiste,  rue  des  Lombards. 
Lecomte,  négociant,  rue  Salle  au  Comte. 
Godefroi,  idem,  rue  Saint-Denis, 
Delondre,  père,  idem,  rue  des  Arcis. 

Sec 1 1071  des  Arc's, 

Deroussy,  orfèvre,  place  de  Grève,  33. 

Lefevre-Deginau,  professeur,  rue  Saint-Jacques-la-Bouclierie. 

Brunet,  architecte  et  capitaine,  quai  de  Gèvres. 

■29 


i50  LES  CLUBS  COI^TRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Cavaignac,  capitaine,  greffier  des  bàtimens,  rue  Planche-Mibray. 

Cahours,  marchand  bonnetier,  rue  idem. 

Dosmond,  architecte,  juge  des  bàtimens,  quai  Pelletier. 

Collard,  orfèvre,  quai  Pelletier. 

De  Saint-Amand,  ancien  négociant,  rue  de  la  Verrerie. 

Blerzy,  doreur,  même  rue. 

Hersent,  orfèvre,  quai  Pelletier. 

Section  du  fauxbourrj  Monlmarlre. 
Lesene  [sic)  -Desmaisons,  juge  de  paix,  rue  Papillon-Poissonnière  (1). 

Seclioti  Poissonnière. 

Chartard,  rue  Basse-Saint-Denis,  6. 
Leprince,  marbrier,  rue  Poissonnière,  18. 
Boquet,  sculpteur,  cul-de-sac  de  Saint-Laurent,  3. 
Lefèvre,  orfèvre,  fauxbourg  Saint-Denis,  -io. 
Cochin-Delatour,  rue  des  Petites-Écuries,  48. 

Scciion  de  liondy. 

Sortre,  docteur  en  droit,  faux])ourg  Saint-Denis,  \i). 
Grandin,  négociant,  ^V/ew,  oG. 
Delorc,  charpentier,  idem.,  40. 
Robin,  capitaine,  idem,  50. 
Lemarchand,  homme  de  loi,  idem.,  50. 

Section  du  Temple. 

Guichard,  musicien,  assesseur  du  juge  de  paix,  rue  Fontaine-au- 
Roi,  32. 

Pargnez,  idem,  enclos  du  Temple. 

Quatremère  de  Quincy,  rue  des  Fossés-du-Temple,  25. 

Piat,  négociant,  boulevard  du  Ternple. 

Russinger,  rue  Fontaine-au-Eoi,  à  la  manufacture  de  porcelaine. 

Taloir,  médecin,  enclos  du  Temple. 

Lefèvre,  épicier,  rue  de  Bretagne,  57. 

Delaporte,  assesseur  du  juge  de  paix,  rue  de  Malthe  au  Marais  du 
Temple. 

Boucheron,  architecte,  assesseur  du  juge  de  paix,  rue  de  Ven- 
dôme, 24. 


(1)  Fut  obligé  de  se  cacher,  sous  la  Terreur.  11  fut  secrétaire-général  de  la  liste 
civile  en  1804  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1808.  A  écrit  une  Histoire  politique  de 
ta  Révolvrum  (1789). 


CLUQ  DE  LA  SAINTE-CHAPELLE  451 

Section  de  Popincoiirl . 

Escourbiac,  chirurgien-major,  rue  du  Chemin-Vert,  i3. 

Adam,  officier,  rue  Saint-André-Fontarabie,  3. 

Vaudermonde,  académicien,  rue  de  Charonne,  22. 

Tourrion. 

Colin-de-Camey,  commandant  de  bataillon,  rue  de  la  Roquette,  43. 

Section  de  MontreuiL 

Deverzille,  marchand,  rue  de  Charonne,  151. 
Bonnaud,  commandant  de  bataillon,  rue  de  Montreuil,  07. 
Belletante,  épicier,  grande  rue  du  fauxbourg  Saint-Antoine,  54. 
Beaumarchais,  boulevard  de  la  Porte^-Saint-Antoine. 

Section  des  Gravilliei's. 

Cellier,  tanneur,  rue  Frépillon,  21. 

Villemsens  ,    négociant,    rue    du    Cimetière  -  Saint  -  Nicolas -des - 

Champs,  10. 
Boscari,  jeune,  négociant,  rue  idem. 
Mermilliod,  idem,  rue  Phelipeaux,  15. 
Foullet,  marchand  de  vin,  carré  Saint-Martin,  13. 
Saurin,  orfèvre,  rue  Phelipeaux,  3fi, 
Roussy,  agent  de  l'Ile  d'Orélon  {sic),  rue  Meslée,  20. 
Caubert,  entrepreneur,  rue  idem,  35. 
Delafontaine,  maçon,  rue  des  Gravilliers,  5, 
Guillard,  menuisier,  rue  Notre-Dame-Nazareth,  30. 
Delasavonnière,  assesseur  du  juge  de  paix,  idem,  107-. 
Jossier,  juge  de  paix. 

Garnier,  homme  de  loi,  rue  des  Fontaines,  G. 
Lhermelot,  apothicaire,  carré  Saint-Martin,  11. 
Dumanoir,  négociant,  passage  de  la  Marmitte. 
Grouvelle  père. 

Naturani,  négociant,  rue  des  Gravilliers,  8-4. 
Reboul,  caissier  de  la  contribution  patriotique,  rue  Mi^slée,  6(L 
Bacoffe,  apothicaire,  rue  du  Temple,  140. 
Iluard,  homme  de  loi,  passage  de  Rome,  rue  des  Gravilliers. 

Section  du  fauxbourg  Saint-Denis. 

Delon,  négociant,  fauxbourg  Saint-Denis. 

Levasseur,  épicier,  Ideoi. 

Demoy  frères,  trésorier  de  la  Sainte-Chapelle,  et  l'autre,  curé; 


452  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Kenouard  (Nicolas-Adrien),  fabricant  de  gaze,  fauxbourg  Saint-De- 
nis. 
Lemoine,  ancien  maire  de  Dieppe,  fauxbourg  Saint-Denis. 

Section  de  la  Réunion. 

Davous,  membre  du  directoire  du  département,  rue  Saint-Merry, 

hôtel  Jabac. 
Dailly,  négociant,  assesseur  du  juge  de  paix. 
Chiboux,  idem,  rue  Saint-Martin,  113. 
Robin,  homme  de  loi,  rue  Beaubourg,  8. 
Bordin,  distillateur,  rue  Simon-Lefranc. 
Leverdier,  juge  de  paix,  rue  de  Montmorency,  1. 
Michaux,  ci-devant  conseiller  au  Ghàtelet,  assesseur  du  juge  de  paix, 

rue  Chapon. 
Raveaut,  grefher  du  premier  arrondissement,  rue  Sainte-Avoye,  75. 
Lalloitte,  ci-devant  avocat  au  conseil,  rue  Beaubourg,  23. 
Charpentier,  ci-devant  procureur  au  Châtelet,  rue  Saint-Merry. 
Gibert  de  Liste,  notaire,  idefff,  hôtel  de  Jabac. 
Havart,  assesseur  du  juge  de  paix,  cloître  Saint-Merry. 
Jacquemard,  négociant,  rue  Saint-Merry,  hôtel  de  Jabac. 
Travaud,  assesseur  du  juge  dapaix,  rue  des  Menestriers,  4. 
Polie  de  Cresne,  ci-devant  procureur  au  Parlement,  rue  Saint-Merry, 

vis-à-vis  celle  du  Renard. 
Cayer  {sic)  de  Gerville,  ministre,  rue  Beaubourg,  13. 

Section  du  Marais. 

Godard,  défenseur  officieux,  rue  des  Blancs-Manteaux,  56. 
Bouillard,  commandant  de  bataillon,  rue  Sainte-Croix-de-la-Breton- 

nière  [sic],  57. 
Follenfans,  juge  suppléant,  rue  des  Blancs-Manteaux,  61. 
Carré,  homme  de  loi,  assesseur  du  juge  de  paix,  rue  de  Paradis,  10. 
Hurel,  payeur  des  rentes,  rue  Sainte-Avoye,  20. 
Dormesson,  chef  de  la  cinquième  division  de  la  Garde  nationale,  rue 

d'Orléans,  9. 
Geoffroy  d'AfFry,  ancien  caissier  de  la  recette  des  finances,  rue  de 

Paradis,  1 . 

Section  des  droits  de  Vliomme. 

Decharnoy,  notable,  rue  des  Deux-Portes-Sainl-Jean. 
Guyet,  juge  du  premier  arrondissement,  rue  Tiron,  9. 
Gorugereau,  juge  du  cinquième  arrondissement,  rue  du  Bardubecq 

[sic),  7. 


CLUB  DE  LA  SAINTE-CHAPELLE  453 

Toullet,  épicier,  rue  de  la  Verrerie,  111. 

Gérard,  juge  du  premier  arrondissement,  rue  Saint-Antoine,  oO. 
Mussey,  capitaine,  rue  des  Juifs,  7. 
Bouchard,  notable  adjoint,  idem,  9. 
Billaudel,  avoué,  rue  Cloche-Perche,  2. 
Herbaud,  capitaine,  rue  Saint-Antoine,  64. 
Chappuis,  commandant  de  bataillon,  idem,  16. 
Verpi,  huissier-priseur,  rue  de  la  Tixeranderie,  108. 
Fayel,  juge  de  paix,  rue  des  Écouffes. 

Morel  de  Vinddé,  juge  du  premier  arrondissement,  rue  Bar-du-Beci 
9(1). 

Section  de  la  Maison  Commune. 

Blacque,  assesseur  du  juge  de  paix,  rue  Saint-Antoine,  316. 

Leroy,  idem,  rue  du  Monceau-Saint-Gervais,  22. 

Saugrin,  huissier-priseur  et  capitaine  du  bataillon  de  Saint-Gervais, 

38. 
Bellon,  architecte,  rue  de  la  Mortellerie,  142. 
Daubonne,  bourgeois,  idem,  162. 
Claye,  négociant,  rue  du  Monceau-Saint-Gervais,  7. 
Mignonville,  assesseur  du  juge  de  paix,  rue  Geolïroi-Lasnier,  44. 
Dumont,  membre  du  département,  rue  de  la  Mortellerie,  130. 
Voilquin,  municipal,  rue  GeoffroiLasnier,  41. 
Gault,  tailleur,  rue  de  la  Mortellerie,  151. 

Lesould,  négociant,  municipal,  rue  du  Monceau-Saint-Gervais,  23. 
Soreau,  municipal,  rue  des  Barres-Saint-Gervais,  10. 

Section  des  Fédérés. 

Prêtre,  homme  de  loi,  vieille  rue  du  Temple,  8. 

Fremin,  ancien  mousquetaire  de  la  garde  du  roi,  rue  Saint-Louis-au- 

Marais,  88. 
Yvon,  homme  de  loi,  rue  Saint-Antoine,  122. 

Section  de  l'Arsenal. 

Comperot,  marchand  de  vin,  rue  Beautreillis. 
Vavasseur  des  Perières,  architecte,  rue  Saint-Paul. 
Virvaux,  commissaire  de  police,  rue  Saint-Paul,  42. 
Masson,  rue  Saint-Antoine,  306. 
Brugières,  curé  de  Saint-Paul. 
Trecourt,  passage  de  Lesdiguières. 

(1)  Mort  pair  de  France  en  1842. 


454  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

HuUin. 

Dubos  Chevalier,  juge  de  paix,  rue  Sairit-Ahtoirle,  305. 

Franchet,  homme  de  loi,  rue  de  l'Étoile,  quai  des  Ormes. 

Section  de  In  Cité. 

Vauchet,  horloger,  rue  Saint-Pierre-aux-Bœufs. 

Normand,  architecte,  parvis  Notre-Dame. 

Ghappe,  avoué,  cloître  Notre-Dame. 

Delachenaye,  commandant  du  bataillon  de  Noire-Dame. 

Vergnaux,  entrepreneuf 'de  bâtimens,  rue  Saint-Landry,  3. 

Buisson,  apothicaire,  au  Marché-Neuf,  37. 

Boudait,  marchand  de  vin,  fue  de  la  Juiverie^  14. 

Section  dn  Poht-Neiif. 

Carie,  commandant  de  bataillon,  mort. 

Delhonoré,  orfèvre,  place  Dauphine. 

Prault  de  Saint-Martin,  imprimeur,  cour  de  la  Sainte-Chapelle. 

Grenier,  négociant,  rue  Saint-Louis,  au  Palais. 

Gibert,  orfèvre,  cour  neuve  du  Palais. 

Etienne  de  la  Rivière,  juge  de  paix,  mort  à  Orléans. 

Section  des  ïnvalideÉ. 

Lepidorre,  juge  de  paix,  rue  Saint-Domingue  (Dominique),  au  Gros- 
Caillou. 
Guerre,  fermier  à  Grenelle. 
Rolin,  instituteur,  rue  de  Sèves  [sic). 
Guyatix,  capitaine,  rue  de  Boufgogne. 

Section  fontaine  de  Grenelle. 

Trotignon,  membre  du  Conseil  général,  rue  de  Bourbon,  70.  • 
Delleville,  rue  de  Verneuil,  25. 
Paule,  chirurgien,  rue  du  Bacq,  59. 
Chàlons,  capitaine,  idem,  231. 
Ch.  Villete,  quai  de  Voltaire. 

Section  des  Quatre- Nations. 

Michel,  médecin  ordinaire  du  dernier  roi. 

Jouard-de-Baumeuil,  juge  du  sixième  arrondissement,  rue  Jacob,  30. 

Devercy,  homme  de  loi,  rue  Mazarine,  41. 

Fosseau,  marchand  de  vin,  rue  Sainte-Marguerite,  63. 

Benoit-Duportail,  juge  de  paix,  à  l'Abbaye,  passage  Saint-Benoît. 


CLUB  DE  LA  SAINTE-CHAPELLE  455 

Picard,  homme  de  loi,  rue  de  Seine,  101. 

Vilmet,  bonnetier,  cour  de  l'Abbaye. 

Auvray,  rue  du  Four,  118. 

Devirmont,  idem. 

Delaperrotière,  homme  de  loi,  rue  Jacob,  8. 

Lejeune,  marchand  mercier,  rue  du  Four-Saint-Germain,  129. 

Quentin,  idem,  rue  de  Bussy,  17. 

Morin,  caissier  de  la  manufacture  d'Amboise,  rue  du.  . 

Dumenil,  du  tribunal  de  cassation,  rue  de  Seine,  4. 

Bouchard,  juge   suppléant  du  cinquième  arrondissement,  rue   du 

Four,  95. 
Bayen,  du  collège  de  pharmacie,  idem. 
Charité,  peaussier,  rue  de  Bussy. 

Hurel,  marchand  drapier,  cour  des  Religieux,  à  l'Abbaye. 
Dousseur,  épicier,  rue  de  Seine,  82. 
Dejonquières,  homme  de  loi,  rue  des  Marais,  17. 
Mouton,  marchand  drapier,  rue  de  Bussy,  16. 

Secliun  de  la  Croix-Rouge. 

Duperroy,  homme  de  loi,  rue  Plumet. 
Royer  le  jeune,  sculpteur,  rue  des  Vieilles-Thuileries,  45. 
Beauvais-Dépréaux,  docteur  en  médecine,  juge  de  paix,  rue  et  chaus- 
sée de  Sèves  {sic). 
Chigot,  médecin,  rue  de  la  Chaise,  au  coin  de  celle  de  la  Planche. 
Desmoulins,  homme  de  loi,  rue  du  Bacq,  142. 
Garnaux,  serrurier,  rue  de  Sèves  [sic),  180. 
Royer  l'aîné,  peintre,  rue  idem,  132. 

Section  du  Luxembourg. 

Lefevre,  notable,  rue  du  Pot  de  Fer. 
Armand,  juge  de  paix,  rue  du  Petit-Bourbon,  13. 
Trianon,  marchand  traiteur,  rue  du  Vieux-Goloml)ier. 
Detouches,  conseiller  au  Chàtelet. 

Brusse,  ancien  écuyer  du  roi,  rue  du  Vieux-Colombier,  8. 
Montison,  architecte,  rue  de  Bourbon,  14. 
Royer,  peintre  en  bàtimens,  rue  du  Four-Saint-Germain,  34. 
Désarges,  marchand  épicier,  rue  du  Four,  au  coin  de  celle  des  Ca- 
nettes. 
Vitel,  fondeur,  rue  du  Vieux-Colombier,  29. 
Lallemand-Fontenoy,  homme  de  loi,  rue  idem.,  5. 
Desbordes,  ciseleur,  rue  Guisarde. 


436  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Section  de  Beaurepaire. 

Dansart,  maître  de  pension,  rue  de  la  Parcheminerie,  16. 

Caffin,  capitaine,  rue  Saint-Jacques,  169. 

Chatria,  entrepreneur  du  roulage,  rue  d'Enfer,  123. 

Lesage,  pâtissier,  rue  de  la  Harpe,  78. 

Faure,  commissaire  du  roi,  cloître  Saint-Benoit, 

Melin,  épicier,  rue  de  la  Harpe,  30. 

Bouillon,  épicier,  rue  idem^  10. 

Leblanc-Debeaulieu,  curé  de  Saint-Severin. 

Behours,  homme  de  loi,  rue  des  Maçons,  25. 

Lapousielle,  accusateur  public,  rue  Hiacinthe,  46. 

Section  du  Panthéon  français. 

Quillau,  imprimeur,  rue  du  Fouare,  3. 

Saillant,  médecin,  rue  de  Bièvre,  37. 

Fénier. 

Durouzeau,  juge  de  paix,  rue  des  Noyers,  24. 

Delamotte,  avoué,  rue  de  Bièvre,  21. 

Bruet,  secrétaire  de  la  section,  rue  Saint-Jean-de-Beauvais,  12. 

Balin,  homme  de  loi,  rue  des  Carmes,  collège  de  Prêle  (sic). 

Moinat,  homme  de  loi. 

Roucher,  homme  de  lettres,  rue  des  Noyers,  24  (1). 

Desauches,  géographe  du  roi,  rue  des  Noyers,  37. 

Collet. 

Champagne,  principal  du  collège  Louis-le-Grand. 

Boulier. 

Jaquinot,  avoué,  rue  des  Noyers,  38. 

Maillard,  marchand  épicier,  rue  Sainte-Geneviève. 

Turquet,  commissaire  de  police,  rue  Saint-Jean-de-Beauvais,  12. 

Dessemette,  médecin,  rue  Saint-Jacques,  au  collège  Louis-le-Grand. 

Binet,  recteur  de  l'Univers  {sic)  (2). 

Gallois,  menuisier,  rue  du  Plâtre-Sàint-Jacques. 

Delavigne,  juge  et  député  à  l'Assemblée  législative. 

Section  de  l'Observatoire, 
Bosquillon,  juge  de  paix,  mort. 


(1)  A  été  président  du  club,  à  rétablissement  duquel  il  contribua  avec  beaucoup 
de  zèle. 

(2)  Dernier  recteur  de  l'aucicnne  Université;  né  près  de  Bcauvais,  en  1729,  mort 
en  1812. 


CLUB  DE  LA  SAINTE-CHAPELLE  457 

Collette,  assesseur  du  juge  de  paix. 

Fouquet,  commissaire  de  section,  fauxbourg  Saint-Jacques,  124. 

Capitaine,  idem,  rue  de  Cassini. 

Favre,  commis  de  section,  fauxbourg  Saint-Jacques. 

Dupoux,  commissaire  de  section,  fauxbourg  Saint-Jacques. 

Legros,  membre  de  la  Commune,  rue  Longue-Aveine. 

Delonchamp,  commissaire  de  section,  rue  Mouffetard. 

Combeau,  électeur,  rue  du  fauxbourg  Saint-Jacques.  208. 

Section  des  Sans -culottes. 

Ames,  rue  du  Paon-Saint-Victor,  14. 

Aimet-en-Lisle,  négociant,  quai  des  Miramionnes. 

Laribardiere,  négociant,  rue  des  Bernardins,  33. 

Auvray,  quai  des  Miramionnes. 

Debout,  rue  Saint-Victor. 

Brognard,  curé  de  Saint-Nicolas-du-Chardonnet. 

Défaut,  couvreur,  rue  des  Bernardins. 

Rainville,  marchand  de  bois,  quai  de  la  Tournelle. 

Dupont,  rue  Saint-Victor. 

Baucher. 

Sirot,  négociant,  quai  Saint-Bernard. 

Chabouillé,  architecte. 

Naudon,  commissaire  de  police,  rue  des  Fossés-Saint-Bernard,  4. 

Menard,  rue  Copeau,  168. 

Guerrier,  épicier,  rue  idem,  12. 

Section  du  Finistère. 

Leprince. 

D'Hervilly,  négociant,  assesseur  du  juge  de  paix,  rue  Mouffetard. 

Poëleu,  négociant,  même  rue,  près  le  pont  aux  Tripes. 

Després,  commissaire,  près  Saint-Médard. 

Détiens,  capitaine,  rue  Mouffetard. 

Causette,  électeur,  hôtel  des  Goblins  {sic). 

Acloque,  chef  de  légion  (1). 

Thorillon,  député  à  l'Assemblée  législative,  rue  des  Fossés-Saint- 
Marcel,  4. 

Desvignes,  ancien  représentant  de  la  Commune,  boulevard  de  l'Hô- 
pital (2). 


(1)  Brasseur  du  faubourg  Saint-Antoiue. 

(2)  Bibliothèque  de  l'hôtel  Carnavalet,  brochure  in-8"  de  31  pages,  Paris,  impri- 
merie de  P.  J.  Duplain,  imprimeur  de  la  Mairie.  Cote  n"  10826. 


458  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Cependant,  le  public  s'occupa  beaucoup  des  querelles  existantes 
entre  les  Électeurs  de  1791.  Ceux  qui  s'étaient  assemblés  à  la  Sainte- 
Chapelle  furent  attaqués  par  les  membres  du  Club  de  VEtêché^  et  ils 
expliquèrent  les  calisés  de  leur  conduite  en  publiant  la  pièce  sui- 
vante : 

«  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES  ÉLECTORALES  DE  1791^  et  de  la 
division  du  Corps  électoral  en  deux  Sociétés,  sous  les  noms  de 
Club  de  l'Évéché,  Club  de  la  Sainte-Chapelle,  etc.,  par  un  Élec- 
teur de  1791,  avec  cette  épigraphe  : 

«  Calamum  impendere  vero 
Glddium  Patria'  (1). 

<(  Depuis  que  l'on  se  plaît  à  répandre  les  doutes,  les  inquiétudes^ 
même  la  calomnie  sur  une  partie  des  Électeurs  réunis  à  la  Sainte- 
Chapelle  ;  depuis  que  dans  les  journaux,  dans  les  Sociétés,  dans  les 
Clubs,  dans  les  Cafés,  même  dans  les  Sections  et  Assemblées  pri- 
maires, on  sème  avec  autant  d'acharnement  que  de  profusion  les 
bruits  d'incivisme,  d'impatriotisme  contre  ces  mêmes  Électeurs,  il  est 
inconcevable  qu'au  milieu  de  tant  de  bons  citoyens,  de  tant  de  véri- 
tables Amis  de  la  Constitution,  aucun  ne  se  soit  soulevé  contre  une 
imputation  aussi  sérieuse. 

«  Que  l'on  n'ait  pas  dit  à  ces  prôneurs,  à  ces  endoctrineurs  de  Café, 
ft  vous  nous  faites  voir  dans  les  Électeurs  de  la  Sainte-Chapelle  de 
mauvais  citoyens,  des  gens  qui  veulent  le  mal  ;  quel  intérêt  ont-ils  à  le 
faire  ? 

«  Ils  sontpai/és. —  Où,  en  est  la  preuve  ?  Nous  n  avons  jamais  entendu 
personne  de  la  Sdinte-Chapellé  dire  du  mai  de  vous.  Us  n'ont  jamais 
rien  répondu  à  tout  ce  que  voUs  dites  contre  eux.  Attendons  poUr  porter 
un  jugement  quils  parlent  aussi.,  et  nous  jugerons  conséqUérfihient. 

«  Ce  langage,  qui  est  le  plus  simple,  étoit  aussi  le  plus  juste.  En 
effet,  personne  encore  de  la  Sainte-Chapelle  n'a  pensé  à  répondre  à 
tant  de  calomnies,  on  a  laissé  crier,  murmurer,  semer  les  brtiits  par 
tous  les  moyens  possibles;  pour  toute  réponse,  on  a  cherché  à  bien 
faire;  si  on  a  réussi,  c'est  ce  que  l'expérience  prouvera;  si  l'on  s'est 
trompé  dans  son  choix,  c'est  un  grand  malheur,  sans  doute;  mais 


(1)  Bibliothèque  de  l'hôtel  Carnavalet,  brochure  in-8°  de  44  pages.  Paris,  no- 
vembre 1791.  Cote  19444*.  —  Chez  la  veilve  Hérissant,  imprimeur  des  bâtimeiits 
du  Roi.  —  Ou  trouvait  quelques  exemplaires  chez  Desenno,  libraire,  au  Palais- 
Royal,  n»'  1  et  2. 


CLUB  DE  LA  aAlNTE-GHAPELLE  45^ 

quel  reproche  peut  se  faire  l'honnête  homme  qui  se  trompe  avec  sa 
conscience,  quand  il  a  tout  fait  pour  Téclairer? 

«  On  ne  se  reprochera  jamais  du  moins  de  calomnier  ni  son  propre 
ouvrage,  ni  celui  des  autres,  et  de  prématurer  un  jugemettt  que  l'ex- 
périence seule  peut  donner. 

«  On  se  félicitera  même  du  choix  qu'aura  fait  le  parti  opposé,  si  le 
tems  fait  voir  que  ce  choix  est  bon. 

«  L'envie  de  bien  faire,  et  le  silence  ont  donc  été  les  seules  armes 
qu'aient  opposées  les  Électeurs  de  la  Sainte-Chapelle  aux  outrages  de 
ceux  de  l'Ëvêché;  jamais  aucun  arrêté  n'a  été  pris  pour  répotldre  (1). 
—  Mais  à  la  dernière  séance  du  Club  de  l'Évêché,  le  présidetit,  M.  t)U- 
bois  de  Crancé,  lut  à  l'assemblée  un  projet  qui  a  pour  titre  :  Adresse 
d'une  partie  des  Electeurs  de  Paris,  réunis  en  Club  a  tEvêbhê^  à  letirs 
Concitoyens.  La  rédaction  approuvée,  ce  projet  a  été  laissé  silr  le  bu- 
reau, avec  invitation  de  le  signer  avant  de  se  séparer,  poiir  l'imprimer 
et  le  répandre  ensuite.  Cent  sept  Électeurs  de  ce  Club  y  oiit  apposé 
leurs  signatures;  cette  Adresse  paroit  aujourd'hui  et  se  répand  par- 
tout. 

«  Les  Électeurs  de  la  Sainte-Chapelle,  moins  prévoyans,  moins  dé- 
sireux peut-être  d'occuper  d'eux  le  public,  n'imagiiiant  pafe  d^aiîletirs 
qu'on  pût  aller  jusqu'à  imprimer  des  suppositions,  des  présomptions, 
dt  les  dohner  comme  des  faits,  se  sont  séparés  après  la  dernière  no- 
mination; ils  n'avoient  plus  rien  à  faire...  » 

Après  avoir  indiqué  les  séances  de  l'Assemblée  Électorale  de  1791, 
après  avoir  parlé  de  l'établissement  du  Club  de  l'Évêché,  l'auteur  du 
Compte  rendu  déclare  que  l'on  avait  faussement  dit  que  «  tous  ceux 
qui  avoient  donné  leurs  voix  au  Club  de  la  Sainte-Chapelle  ne  pou- 
voient  y  être  admis  »  ;  il  ajoute  des  détails  sur  la  formation  de  cette 
dernière  Société,  il  écrit  : 

«  On  avoit  fait  son  plan  en  se  réunissant,  on  étoit  convenu  de  dis- 
cuter les  candidats  sans  partialité,  sans  passion,  avec  cette  modéra- 
tion qui  convient  à  des  hommes  qui  veulent  le  bien,  tpii  se  réjouissent 
de  le  trouver,  et  qui  gémissent  de  l'apparence  d'un  reproche  fondé. 
On  étoit  convenu  en  même  tems,  pour  que  la  discussion  conservât 
ce  calme,  cette  marche  égale,  effet  naturel  de  l'absence  des  passions, 
de  n'admettre,  dans  cette  nouvelle  Société  aucun  de  nos  collègues 
en  qui  on  avoit  remarqué  cette  pétulance  d'idées,  cette  soif  exclu- 


(1)  «  Il  a  déjà  paru  un  imprimé  sous  ce  titre  :  Les  Éleateurs  formant  la  Société 
de  l'Évéché  à  leurs  commettans.  »  (Note  de  l'Électeur  de  1791 .) 


460  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

sive,  inextinguible  de  la  parole,  cette  exaltation,  enfin,  qui  faisoit 
que  des  Électeurs,  que  des  patriotes  s'emportoient  malgré  eux,  au 
point  de  troubler  l'Assemblée.  Les  admettre,  en  admettre  un  seul, 
eût  été  s'exposera  retomber  dans  Tinconvénient  qu'on  vouloit  éviter; 
on  n'en  reçut  aucun.  On  a  vu  la  cause  de  l'abandon  du  local;  on  voit 
la  cause  de  la  séparation  des  membres. 

«  La  salle  où  nous  étions  étoit  trop  petite  pour  le  nombre  d'Élec- 
teurs qui  aftluoient;  on  nous  proposa,  comme  plus  convenal)le, 
l'église  de  la  Sainte-Chapelle.  Messieurs  de  la  Section  de  Henri  IV, 
qui  y  tiennent  leurs  assemblées,  voulurent  bien  nous  l'offrir,  et  dès 
le  lendemain,  vers  le  22  septembre,  on  s'y  installa,  des  cartes  furent 
distribuées,  l'on  n'admit  de  nouveaux  candidats  que  ceux  qui  étoient 
présentés  par  deux  de  ses  Membres. 

«  Le  jour  suivant,  M.  Calhières  de  l'Étang  monta  à  la  tribune  pour 
dénoncer  à  l'Assemblée  la  division  du  Corps  Électoral,  la  réunion  de 
la  majorité,  où?  disoit-il,  dans  un  caveau, dans  une  cave,  sans  chan- 
delle, pour  opérer  des  miracles!  Il  assaisonna  sa  dénonciation  de 
toute  cette  chaleur  qui  lui  est  propre  et  de  tout  le  ridicule  qu'il  put 
trouver.  Cette  question  n'eut  aucune  suite.  Les  discussions  à  la 
Sainte-Chapelle  se  continuèrent  dans  le  même  calme;  quelques  no- 
minations s'ensuivirent...  inde  iric. 

«  C'est  ici  que  commence  la  persécution,  c'est  ici  qu'a  éclaté  une 
explosion  qui  a  retenti  dans  tous  les  cafés,  dans  toutes  les  Sociétés, 
dans  tous  les  clubs,  etc.  On  a  dit,  on  dit  encore  que  tous  les  Électeurs 
réunis  à  la  Sainte-Chapelle  sont  des  aristocrates,  des  mauvais 
citoyens,  des  ministériels,  des  gens  payés  par  la  liste  civile;  c'est  de 
ce  moment  que,  dans  l'Assemblée  Électorale,  on  a  vu  des  Électeurs 
s'oublier  au  point  de  jurer,  de  menacer,  de  frapper,  de  parler  en 
montrant  les  poings,  de  provoquer,  et  le  tout,  parce  que  la  majorité 
des  Électeurs  n'a  point  voulu  être  menée  par  une  minorité  qui  étoit 
d'accord  sur  des  candidats,  et  qui  seroit  devenue  la  maîtresse  de  faire 
seule  tout  ce  qu'elle  auroit  voulu. 

«  Il  est  tems  de  répondre  aux  deux  plus  fortes  objections  que  fasse 
le  Club  de  l'Évêché. 

«  Pourquoi  n'avez-vous  pas  voulu  nous  admettre?  Pourquoi  n'ad- 
mettez-vous personne  à  vos  séances,  pendant  que  les  nôtres  sont  pu- 
bliques? 

«  On  a  déjà  répondu  à  la  première  objection  :  on  vouloit,  à  la 
Sainte-Chapelle,  une  discussion  calme,  par  des  citoyens  calmes;  or, 
nos  collègues  de  l'Évôché  sont  des  Citoyens,  mais  ils  ne  sont  point 
calmes.  Ceci  n'est  point  une  injure,  c'est  une  vérité;  or,  il  résulte,  et 


CLUB  DE  LA  SAINTE  CHAPELLE  461 

toujours  sans  vouloir  injurier,  que  nos  Collègues  de  l'Évêché,  n'étant 
point  calmes,  sont  exaltés,  comme  il  résulte  de  ce  que  les  Électeurs 
de  la  Sainte-Chapelle,  qui  aiment  le  calme,  sont  modérés... 

«  Pourquoi  les  séances  ne  sont-elles  pas  publiques  à  la  Sainte-Cha- 
pelle? Voilà  ce  qu'il  aurait  fallu  savoir  avant  de  débiter  tant  de...  sur 
ce  prétendu  mystère.  Pourquoi?  D'abord,  c'est  que  ce  local,  tout  dif- 
férent de  celui  de  l'Évêché,  qui,  étant  fait  pour  cela,  est  bien  éclairé, 
qu'il  y  a  des  gradins  en  mi-ellipse,  que  l'on  entend,  que  l'on  voit 
bien  partout;  que  l'autre,  au  contraire,  est  sombre,  long,  sur  un  ter- 
rain plane  et  uniforme;  que  ceux  qui  seroient  venus  n'auroient  pu 
être  placés  qu'à  l'extrémité,  sur  des  chaises  toutes  de  niveau,  qu'ils 
n'auroient  ni  vu,  ni  entendu,  et  qu'on  n'auroit  pu  les  séparer  ni  les 
reconnoître  dans  les  opinions  par  assis  et  levé.  —  Première  raison 
bonne. 

a  Une  seconde,  meilleure,  c'est  que  cette  Chapelle  est,  comme  on 
l'a  dit  plus  haut,  le  lieu  ordinaire  des  assemblées  de  la  Section  de 
Henri  IV,  et  que,  très  souvent,  il  falloit  que  le  club  s'établit  dans  le 
sallon  de  M.  de  la  Rivière,  parce  que  la  section  ou  bien  le  bataillon 
étoit  assemblé.  Que  fût  devenu  alors  le  public  curieux  des  séances? 
Seroit  il  monté  dans  le  sallon,  lorsque  les  membres  du  club  ne  pou- 
voient  y  tenir?...  Ah!  voilà  ce  qu'on  ne  savoit  pas;  voilà  ce  qui  auroit 
épargné  bien  des  calomnies  à  d'honnêtes  gens,  si  on  l'avoit  su. 

«  Autre  raison,  plus  forte  :  c'est  que  les  Électeurs  de  la  Sainte-Cha- 
pelle... peuvent  bien  se  tromper,  mais  ils  sont  encore  persuadés  au- 
jourd'hui que  le  candidat  que  l'on  discute  sans  son  aveu,  qui  ne  s'est 
point  oft'ert  ni  soumis  à  la  discussion,  comme  l'a  fait  si  loyalement 
M.  la  Crételle  [sic),  ne  doit  point  être  dépouillé  en  public.  On  le  ré- 
pète, cela  peut  faire  tort  au  crédit,  à  la  fortune  du  Négociant,  du 
Marchand,  ou  de  tout  autre  qui  a  besoin  de  la  confiance  publique, 
parce  que,  dans  la  discussion,  une  inquiétude,  un  soupçon,  peuvent 
être  pris  pour  un  fait... 

«  On  a  dit  de  la  Sainte-Chapelle  :  «  Il  suffit  d'avoir  eu  dans  la  Ré- 
volution un  caractère  équivoque,  quelques  relations  avec  la  Cour,  un 
état  de  maison,  pour  y  obtenir  des  éloges,  et,  le  lendemain,  deux 
cents  suffrages.  »  Quelle  injustice!...  » 

Parmi  les  membres  du  club,  nous  remarquons  une  foule  d'hommes 
de  loi,  beaucoup  de  marchands  et  de  financiers,  un  certain  nombre 
d'officiers  municipaux,  quelques  chefs  de  garde  nationale,  des  prêtres, 
des  gens  de  lettres,  des  médecins,  très  peu  d'artistes. 

A  la  fin  du  Compte- rendu,  on  trouve  une  liste  des  Electeurs  de  la 


462  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Sainte-Chapelle,  moins  complète  que  celle  dont  nous  ayons  cru  devoir 
faire  la  réimpression.  Manquent  les  noms  de  Bigot  de  Préameneu,  de 
Pastoret,  de  la  Trémouille,  Fontaine  de  Saint-Freville,  Cardot,  Dela- 
liante,  Villemorin,  Henaudin,  llegnault,  Sauvage,  Poupart,  J^egier, 
AlcaUj  Romaud,  Palry,  Gallemand,  LaYoiepier|*e ,  Denis,  Blanc,  Bes- 
son,  Coclîin-Delatour,  Grandin,  Guichard,  Bonnaud,  I^eaumarchais, 
Geoffroy  d'Affry,  Prêtre,  Yvon,  Curé,  Guyaux,  Jouard-de-Bamneuil, 
Benoit-Duportailj  Delaperrotière,  Trianon,  Brusse,  Desbortjes,  Pé- 
sarges,  Faure,  Lapousielle. 

Toutefois,  quarante-deux  électeurs  de  cantons  y  figurent,  outre 
ceux  des  sections.  Ce  sont  les  cantons  : 

De  Nanterre.  —  M.  Guesdon  ; 

De  Passy.  —  Saint-Martin,  Devcze,  Leveillard  ; 

De  Colombe.  —  Roussel  ; 

De  Clichy.  —  Billard  ; 

De  Saint-Denis.  —  Meusnier  ; 

De  Pierre-Fitte.  —  Vielly,  Fauconpré  ; 

De  Pantin.  —  Cottereau,  Mauviel  ; 

De  Belle- Ville.  —  Potier; 

De  Vincennes.  —  Billaudel,  Folliot,  Boudin,  Grimprcl,  JJulour, 
Contour,  Boulanger,  Ficlion,  Gambon,  Paulard; 

De  Charenton,  —  Cressac,  Diot,  Colard  ; 

De  Ville-Juif.  —  Gauger,  Threil,  Pardailland; 

De  Choisy-le-Roi.  — Berney,  Barrier; 

Du  Bourg-la-Reine,  —  Glot,  Corancé,  Jaques,  Courtois,  Dupuis, 
Filassier; 

D'Issy.  —  Guillebon,  Dupont,  Boisset; 

De  Châtillon.  —  Loison,  Dolbec,  Pousals,  Billoré,  Dedouvre. 

«  Il  peut  y  avoir  quelques  noms  transposés  de  sections  »,  fait  re- 
marquer Fauteur  du  Compte  rendu.  Ajoutons  que  l'orthographe  de 
ces  noms  est  généralement  très  différente,  danp  Tune  et  l'autre  bro- 
chures. La  seconde  établit  un  total  de  364  électeurs  dans  les  sections 
et  de  42  électeurs  dans  les  cantons,  soit  400  électeurs. 

Les  avancés  accusèrent  les  membres  du  Club  de  la  Sainte-Chapelle 
de  suivre  une  route  tout  à  fait  réactionnaire,  d'être  ultra-modé- 
rés, d'avoir  plus  d'ambition  que  de  patriotisme,  d'aspirer  aux  pla- 
ces, etc. 

Les  dernières  semaines  de  l'année  1791  et  les  premiers  mois  de 
1792  virent  s'accentuer  les  accusations,  ^it  dans  le  Club  de  l'Évê- 
ché,  soit  dans  les  Sociétés  et  les  journa^ix  patriotes. 


CLUB  DE  LA  SA1NTï:-GHAPELLE  463 

Dans  I9,  séance  du  27  avril  1792,' présidée  par  Lasource,  au  Club 
des  Jacobins,  Daubigny  (1)  déclara  : 

«  Nous  avons  h  vous  dénoncer  des  faits  qui  se  sont  passés  à  l'as- 
semblée du  corps  électoral.  Vous  savez,  Messieurs,  qu'il  faut  être 
ennemi  de  la  patrie  pour  être  admis  au  Club  de  la  Sainte-Chapelle. 
Ainsi  vous  n'êtes  pas  surpris  que  les  membres  nombreux  (car  ils 
étaient  près  de  huit  cents)  de  ce  Club  aient  nommé  accusateur  public 
M.  Duport^  l'ex-ministre  (2).  En  vain  avons-nous  réclamé  contre 
cette  nomination;  en  vain  avons-nous  représenté  que  la  responsabi- 
lité pesait  sur  sa  tête,  que  des  malversations  lui  étaient  imputées. 
Nous  fîmes  les  mêmes  réclamations  contre  le  président  de  l'Assem- 
blée, M.  Cahier  de  Gerville  :  celui-ci  écumait  de  rage;  il  sortit  même 
de  sa  place.  Mais  nous  n'avons  pu  l'emporter  sur  ceux  de  la  gaiqte- 
Chapelle,  forts  de  leur  nombre,  tandis  que  nous  ne  comptions  de 
notre  côté  que  cent  trente  membres.  Il  ne  nous  reste  de  parti  que 
celui  de  nous  adresser  à  l'Assemblée  nationale.  » 

Assurément,  les  deux  listes  que  nous  avons  reproduites,  la  j^vq- 
m'ière  in-exteuso ,  la  seconde  incomplète,  tout  en  indiquant  quarante- 
deux  électeurs  de  cantons  suburbains,  contenaient  des  noms  de  per- 
sonnes qui  ne  persévérèrent  pas  dans  les  vues  du  Club  de  la  Sainte- 
Chapelle^  de  personnes  qui  réclamèrent,  parce  que  la  réunion  était 
signalée  comme  réactionnaire  depuis  sa  formation,  comme  rcyp-liste 
après  le  10  août  179:2. 

Le  sieur  Renouard,  en  août,  réclama  contre  l'insertion  de  son 
nom  (3). 

Beaumarchais  déclara  n'avoir  jamais  paru  au  Club  de  la  Sainte- 
Chapelle,  et  il  écrivit  au  rédacteur  du  Moniteur  : 

«  J'apprends,  Monsieur,  que  mon  nom,  comme  électeur,  est  im- 
primé dans  les  listes  de  ceux  qui  ont  été  au  Club  de  la  Sainte-Cha- 
pelle. 

«  Je  déclare  que,  de  ma  vie,  je  n'ai  mis  le  pied  dans  aucun  club. 
On  m'a  vu  à  la  Commune,  lorsque  j'y  étais  député  de  ma  section,  et  à 


(1)  J.  L.  Marie  ViUain  Paujjiguyj  aucieu  procureur  au  Parleilleut  de  Paris  et 
ami  de  DaiUop,  déporté  aux  îles  SeycheHes  après  l*explosion  de  la.  machine  infer- 
nale, uiourut  dans  ces  îles  en  1808i 

(2)  Duport-Dutertro,  garde  des  sceaux  depuis  le  ^0  noveiribre  1790  jusqu'à  la 
constitution  du  ministère  girondin  en  1792,  fut  accuse  d'avoir  attenté  à  la  liberté 
de  la  presse. 

(3)  Moniteur  universel,  numéro  du  26  août  1792. 


464  LES  CLUBS  GOiNTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

la  grand'salle  de  l'Evêché,  comme  électeur  des  membres  de  TAssem- 
blée  nationale  ;  mais  jamais  nulle  part  ailleurs. 

«  Caron  Beaumarchais  (1). 
«  Ce  30  août  1792.  » 

Pour  ses  traités  d'armes  et  de  grains,  Beaumarchais  était  peu 
estimé. 

Pastoret  protesta,  à  la  section  des  Champs-Elysées,  contre  l'ins- 
cription de  son  nom  sur  une  liste,  le  5  septembre. 

Le  Moniteur,  cinq  jours  après,  inséra  encore  celte  réclamation  : 

«  M.  François  Romand,  électeur  de  1790,  de  la  section  du  Ponceau, 
déclare  à  ses  concitoyens  qu'il  n'a  jamais  été  du  Club  de  la  Sainte- 
Chapelle,  et  que  c'est  par  erreur  ou  par  calomnie  que  son  nom  se 
trouve  sur  une  liste  affichée  dans  Paris. 

«  François  Romand  (2).  » 

Remarquons  que  Romand,  receveur  des  Fermes,  était  assesseur  du 
juge  de  paix  de  sa  section. 

Charles  Villette  avait,  antérieurement,  réclamé  aussi,  en  avouant 
toutefois,  «  qu'au  moment  où  ce  club  s'était  formé,  il  avait  suivi  le 
torrent  qui  l'y  entrainait;  mais  il  déclarait  qu'il  s'en  élait  éloigné 
lorsqu'il  avait  vu  qu'il  n'était  pas  dans  la  Sainte-Chapelle  de  la 
liberté  (3).  »  Il  ne  plaisait  pas  à  cet  ex-marquis,  qui  avait  épousé  une 
nièce  du  philosophe  de  Ferney,  et  dont  un  garçon  reçut  en  baptême 
le  nom  de  Voltaire- Villette,  de  paraître  partager  les  opinions  de  gens 
que  l'on  surnommait  «  électeurs  feuillants  »  de  la  Sainte-Chapelle  (4). 
Villette,  qui  appartenait  au  Club  des  Jacobins,  se  sentait  compromis 
d'autant  plus  qu'un  de  ses  frères,  garde  du  corps,  avait  été  tué  à 
Versailles,  le  6  octobre  1789. 

En  effet,  les  membres  de  ce  Club  étaient  des  modérés  fort  mili- 
tants, des  ministériels  plus  attachés  au  roi  qu'à  la  nation,  des 
«  métis  du  patriotisme  »,  suivant  l'expression  du  Jacobin  Philibert 
Simond. 


(1)  Mûniteur  universel,  numéro  du  3  septembre  1792.  -—  Lo  24  août  1789,  on 
avait  protesté,  dans  le  district  des  Filles-Saint-Thomas,  contre  la  présence  de 
Beaumarchais  parmi  les  Représentants  de  la  Commune;  le  20  août  de  la  même 
année,  un  arrêté  du  district  des  Récollets  avait  félicité  ceux-ci  d'avoir  éloigné  «le 
sieur  Beaumarchais.  » 

(2)  Moniteur  universel,  numéro  du  13  septembre  1792. 

(3)  Patriote  français,  n"  879,  du  6  janvier  1792. 

(4)  Voir  Ctiih  des  Feuillants. 


CLUB  DE  LA  SAINTE-CHAPELLE  465 

Lors  des  élections  à  l'Assemblée  législative,  le  Club  de  la  Sainte- 
Chapelle  attaqua  très  vivement  Condorcet.  Les  réactionnaires  et  les 
Feuillants,  ainsi  que  des  agents  du  ministère,  s'y  étaient  massés 
(juin  1791). 

M.  Bosquillon,  du  Club  de  la  Sainte-Chapelle^  fit  assigner  Pierre 
Manuel,  nouveau  procureur  de  la  Commune  (décembre  1791)  pour 
prouver  tous  ses  titres  de  domicile,  de  garde  national  et  de  contri- 
bution (1).  Il  perdit  son  procès,  fut  condamné  à  cinquante  livres 
d'amende  au  profit  des  pauvres. 

Pierre  Manuel  fut  défendu  par  le  Patriote  français^  qui  imprima  : 

«  M.  Bosquillon,  l'un  des  coryphées  du  Club  aristocrato-ministé- 
riel  des  Electeurs  de  la  Sainte-Chapelle,  vient  de  faire  assigner 
P.  Manuel,  nouveau  procureur  de  la  Commune,  pour  prouver  tous 
ses  titres  de  domicile,  de  garde  national  et  de  contribution.  P.  Manuel 
a  répondu  avec  la  dignité  d'un  homme  libre  à  cette  démarche  dictée 
par  la  plus  basse  jalousie:  Si  c'est  par  respect  pour  la  Constitution, 
a-t-il  dit  à  l'huissier,  que  M.  Bosquillon  m'assigne,  je  souhaite  qu'il 
ait  ma  place  pour  récompense;  si  c'est  par  intrigue,  je  souhaite  qu'il 
Tait  encore  pour  punition.  Je  répondrai  à  la  loi.  » 

Bosquillon  était  un  avocat  de  la  place  de  l'Estrapade,  un  modéré 
dévoué  à  Bailly  et  à  La  Fayette.  Beaucoup  d'électeurs  faisaient, 
comme  lui,  de  l'opposition  à  Manuel,  alors  chaud  partisan  de  la  Ré- 
volution ;  à  Manliel  qui  «  n'aimait  pas  les  rois  »,  mais  qui  devait  plus 
tard,  à  la  Convention,  défendre  énergiquement  Louis  XVI,  donner  des 
éloges  à  Marie-Antoinette  et  voter  l'appel  au  peuple. 

Un  boucher  de  Paris,  Legendre,  habitant  la  rue  des  Boucheries, 
au  faubourg  Saint-Germain,  homme  d'action,  populaire,  influent 
dans  les  faubourgs,  se  prononça. 

Legendre  remarqua,  dans  la  séance  du  mardi  27  décembre  1791, 
aux  Jacobins,  que,  dans  les  dernières  élections,  on  avait  fait  beau- 
coup de  choix  pour  les  notables  parmi  les  Électeurs  du  Club  de  la 
Sainte-Chapelle.  Il  en  avait  la  liste,  dont  il  proposait  de  faire  la  lec- 
ture, lecture  que  Robespierre  et  la  Société  repoussèrent,  comme  s'ils 
pressentaient  le  rôle  de  dénonciateur  que,  plus  tard,  le  violent  bou- 
cher remplit  contre  les  Jacobins  robespierristes,  dont  il  devait  fermer 
le  club  au  9  thermidor.  - 


(1)  Patriote  français,  numéros  des  9  et  31  décembre  1791.  —  Charles-Pierre 
Bosquillon,  électeur  de  la  section  de  TObservatoire  en  1790,  avait  publié,  en  1788, 
un  Code  national,  dédié  aux  États  généraux, 

30 


460  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Carra,  dans  ses  Annales  patriotiques^  constata  : 

«  Les  sections  de  la  capitale,  assemblées  pour  reviser  la  liste  des 
notables  qu'elles  avoient  (ra])ord  élus,  en  ont  rayé  quelques-uns, 
membres  du  fameux  Club  de  la  Sainte-Chapelle.  Ce  club,  composé  de 
près  de  la  moitié  des  Électeurs  du  département  de  Paris,  est  accusé 
de  ministérialisme  ou  feuillantisme ;  il  s'étoit  signalé,  pendant  les 
élections  à  l'Assemblée  nationale,  par  son  aversion  pour  les  patriotes 
Brissot,  Condorcet,  Clavière,  etc.,  et  c'est  lui  qui  vouloit  nous  donner 
le  bon  André,  le  cher  André ^  pour  procureur-syndic  du  départe- 
ment (1).  » 

Le  même  journaliste  apprit  au  public,  trois  mois  après  (2)  : 
«  La  Section  de  Henri  IV  a  fait  fermer  le  local  où  se  rassembloit  le 
fameux  club  ministériel,  dit  de  la  Sainte-Chapelle,  ce  club  d'où  sont 
sortis  les  Rarnond  et  quelques  autres  députés  de  Paris,  que  l'on  dit 
être  les  amis  de  tous  les  ministres  passés,  présens  et  futurs  (3).  » 


II 


A  mesure  que  les  événements  se  précipitaient,  le  Club  de  la  Sainte- 
Chapelle  était  plus  mal  noté.  L'autorité  communale  s'en  préoccupa, 
en  môme  temps  que  la  presse  patriote.  En  août  1792,  le  Conseil  de  la 
Commune  déclara  «  que  tous  les  membres  suspects,  ceux  qui  avaient 
siégé  dans  le  Club  de  la  Sainte-Chapelle,  avaient  été  éloignés  de 
toutes  les  places.  »  La  section  de  Mirabeau  arrêta,  le  même  mois,  de 
n'admettre  dans  les  élections  aucun  des  citoyens  qui  auraient  été 
membres  des  Clubs  monarchique,  de  la  Sainte-Chapelle  et  autres 
dont  les  principes  étaient  très  connus. 

Les  Révolutions  de  Paris,  à  propos  du  club,  prirent  à  partie  le 
compositeur  Gossec,  chef  de  musique  de  la  Garde  nationale  de  Paris. 
Elles  le  dénonçaient. 

«...  Gossec,  dont  le  talent  musical  est  plus  sûr  que  les  principes 


(1)  Annales  patriotiques  de  Carra,  n"  1,  du  !'=■■  janvier  1792. 

(2)  Annales  patriotiques  de  Carra,  n°  77,  du  17  mars  1792. 

(3)  Ramond  de  Carbonni'eres  (baron  de),  géologue,  membre  de  l'Assemblée 
législative,  demanda,  le  29  octobre  1791,  que  les  communes  pussent  à  leur  gré 
choisir  un  prêti'e  qui  eût  ou  non  prêté  le  serment;  le  29  mai  1792,  il  prit  la 
défense  des  insermentés.  Nommé  membre  de  l'Institut  en  1802,  il  mourut  le 
14  mai  1827,  conseiller  d'État  honoraire.  Il  était  partisan  de  la  monarchie  consti- 
tutionnelle. 


CLUB  DE  LA  SAINTE-CIIAPELLE  467 

qu'il  manifesta  on  prenant  place  dans  le  Clul)  do  la  ])asse  Sainte-Clia- 
pelle...  (1).  » 

"  M.  Gossec,  musicien,  réclame  aussi  contre  le  même  article,  et 
défie  qui  que  ce  soit  de  prouver  qu'il  ait  jamais  été  au  Club  de  la 
Sainte-Chapelle.  Nous  aimons  à  croire,  ainsi  que  le  dit  M.  Gossec, 
qu'il  a  toujours  été  guidé  dans  ses  démarches  par  des  intentions 
civiques  (2).  » 

Il  s'agit  de  l'article  publié  dans  le  même  numéro,  oîi  les  Révolutions 
de  Paris  imprimaient  : 

«...  Nos  Électeurs  ont  chassé  d'entre  eux  trois  ou  quatre  faux 
frères,  dont  les  noms  se  trouvaient  sur  le  répertoire  du  Club  de  la 
Sainte-Chapelle  et  des  Feuillans...  (3).  » 

Les  Annales  patriotiques  contenaient,  le  26  août,  cette  nouvelle  qui 
fit  sensation  : 

«  25  août.  —  La  Commune  de  Paris  a  pris  un  arrêté  pour  écarter 
des  élections  les  membres  des  Clubs  des  Feuillans,  de  la  Sainte-Cha- 
pelle^ et  enfin  tous  ceux  qui  ont  signé  des  pétitions  contre-révolu- 
tionnaires (4)  »,  notamment  celle  contre  la  journée  du  20  juin.  La 
Commune  prescrivit  le  vote  à  haute  voix  et  la  publicité  des  séances 
du  corps  électoral. 

Paris  nommait  Robespierre,  Marat,  Danton,  Camille  Desmoulins, 
Panis,  Sergent,  Billaud-Varennes,  Tallien,  Fréron,  Collot-d'Herbois; 
les  départements  nommaient  Roland,  Cambon,  Vergniaud,  et  d'autres 
Girondins.  Ceux-ci  paraissaient  triompher. 

Au  commencement  de  1793,  la  section  des  Halles  refusa  un  certi- 
ficat de  civisme  au  citoyen  Gibert,  l'ainé,  notaire,  sur  le  fondement 
qu'il  avait  assisté  au  Club  de  la  Sainte-Chapelle,  et  qu'il  avait  reçu 
chez  lui  la  pétition  dite  de  Guillaume...  (8  et  20  mille)  Thomas  Gi- 
bert demeurait  dans  le  cloître  Sainte-Opportune. 

Le  Conseil  général  de  la  Commune,  le  12  février  1793,  décida  néan- 
moins que  le  certificat  de  civisme  lui  serait  délivré. 

En  juin  do  la  même  année,  les  membres  du  Club  de  la  Sainte- 
Chapelle  furent  expulsés  des  comités  révolutionnaires  (5).  Les  Giron- 


(1)  Révolutio7is  de  Paris,  n"  164,  du  2b  août  au  l"  septembre  1792. 

(2)  Révolutions  de  Paris,  n"  163,  du  1"  au  8  septembre  1192, 

(.•J)  Révolutions  de  Paris,  n"  16.3,  du  1"  au  8  septembre  1792.   —   Nous  n'avons 
pas  trouvé  le  répertoire  dont  il  est  question  ici. 
(4)  Annales  patriotiques  de  Carra,  n"  2.39,  du  26  août  1792. 
(u)  Moniteur  universel,  n"  136,  juin  1793. 


468  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

dins  succombaient  ;  les  modérés  furent  compris  dans  le  grand  nombre 
des  suspects. 

Peu  après,  aux  Cordeliers,  un  membre  «  demanda  qu'on  fit  lec- 
ture d'une  liste  des  signataires  et  des  clubistes  de  la  Sainte-Cha- 
pelle, parce  que,  disait-il,  s'il  faut  sonner  le  tocsin  et  frapper,  il  est 
bon  de  les  connaître.  La  Société  improuva  par  de  violens  murmures 
cette  proposition  qui  n'eut  pas  de  suite  (1).  » 

Inutile  de  dire  que  le  Club  de  la  Sainte-Chapelle  cessait  de  se 
réunir,  depuis  qu'une  loi,  du  12  août  1793,  décrétait  l'arrestation  des 
suspects.  Il  convient  de  le  ranger  parmi  les  Sociétés  éphémères,  nées 
à  propos  d'incidents  politiques  où  les  ambitions  personnelles  étaient 
en  jeu. 


(1)  Moniteur  universel,  n"  179,  an  II. 


I 


DEUXIÈME    PÉRIODE 


COMITÉ   VALAZÉ 


For^mé  en  1792 


Avant  le  10  août  1792,  dès  1791,  les  députés  de  la  Gironde  con- 
vinrent de  se  voir  trois  fois  la  semaine,  avant  l'heure  où  l'Assemblée 
nationale  ouvrait  sa  séance.  Bientôt,  des  déjeuners  politiques  eurent 
lieu,  à  peu  près  tous  les  jours,  au  numéro  5  de  la  place  Vendôme,  à 
quelques  pas  du  Manège,  chez  une  dame  Dodun,  «  femme  honnête, 
opulente,  qui  pouvait  sans  se  gêner  leur  prêter  un  appartement  com- 
mode dont  ils  étaient  libres  de  se  servir,  même  en  son  absence  (1).  » 
Les  Girondins  ne  faisaient  que  commencer  alors  à  former  un  parti. 

Brissot  était  le  meneur  de  ce  «  comité  de  la  place  Vendôme.  »  Il 
dirigeait  les  B7nssotins.  Il  demeurait  rue  de  Grétry,  n°  1. 

Plus  tard,  Pétion  donnait  à  ses  amis  des  «  dîners  politiques.  »  Sa 
popularité  était  grande.  On  le  surnommait  «  le  vertueux.  » 

Le  «Comité  Valazé))(2)  réunissait  trois  fois  ou  quatre  par  semaine, 
et  quelquefois  une  seule  fois,  trente-huit  à  quarante  Girondins,  dont 
les  plus  assidus  étaient  Brissot,  Guadet,  Gensonné,  Buzot,  Barba- 
roux  (3),  Bergoeing,  Duprat,  des  Montagnards  devenus  Girondins, 
Lacaze,  Lesage  (4),  Mollevault,  Hardy,  plus  tard  dévoué  au  Direc- 
toire, Salles,  Duperret,  Chambon,  Lidon,  qui  traita  Robespierre  de 
factieux  et  de  calomniateur. 

«  Quand  neuf  heures  sonnaient,  on  allumait  du  feu  et  des  bougies; 
on  annonçait  successivement  Buzot  (de  l'Eure),  Salles  (de  laMeurthe), 
et  ils  étaient  reçus  dans  le  salon  par  ma  tanle  (madame  Valazé), 
femme  du  meilleur  monde.  Les  députés  délil)éraient  «ur  les  affaires 


(1)  Mémoires  de  madame  Roland,  premier  ministère,  an  début. 

(2)  Rue  (l'Orléans-Saint-Honoré,  no  19.    On  appelait  Valazé  «  le  Caton  de  la 
Gironde  ».  Marat  le  qualifiait  de  «  chef  des  hommes  d'État  ». 

(3)  Demeurant  rue  Mazarine,  u"  20,  il  était  reçu  dans  l'intimité  de  M.  et  madame 
Roland. 

(i)  Plus  tard  thermidorien. 


472  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

publiques;  ils  ne  se  retiraient  pas  avant  minuit  (1).  »  Buzot  demeu- 
rait quai  Malaquais,  n"  3. 

Ils  préparaient  les  discussions  pour  l'Assemblée  nationale. 

Chaumette,  au  procès  des  Girondins,  reprocha  à  Valazé  «  d'avoir 
tenu  des  conciliabules  nocturnes.  » 

Marat  dénonça  (21  mai)  leur  complot  liberticide.  Il  parla,  pour 
le  prouver,  d'un  billet  envoyé  à  Lacaze  par  Dufriche-Valazé,  billet 
ainsi  conçu  : 

«  A  la  Convention  nationale^  à  dix  heures  du  maiin^  avec  le  plus  de 
collègues  qu'il  se  pourra.  » 

Il  donna  à  la.  réunion  le  nom  de  «  Directoire  des  hommes  d'État 
de  la  faction  liberticide.  »  Hébert  accusa  Roland  de  vouloir  cor- 
rompre tous  les  écrivains  à  prix  d'argent,  et  madame  Roland  d'avoir 
voulu  acheter  sa  feuille,  le  Père  Duchêne. 

En  réponse  à  Marat, "Valazé  disait  : 

«  On  ne  nous  défendra  pas  sans  doute  des  conférences  amicales, 
surtout  lorsqu'elles  ont  pour  but  de  déjouer  des  complots  atroces.  » 

Ces«  conférences  amicales»  s'inspiraient  de  madame  Roland,  dont 
le  salon,  dont  nous  parlerons,  était  semi-officiel. 

Salles  (Jean-Baptiste)  avait  naguère,  dans  l'Assemblée  constituante, 
parlé  contre  l'abolition  des  formes  monarchiques,  et  déclaré  : 

«  On  me  poignarderait  plutôt  que  de  me  faire  consentir  à  ce  que 
le  gouvernement  passât  entré  les  mains  de  plusieurs...  » 

Valazé  (Charles-Eléonor  Dufriche  de),  maire  d'Essai,  dans  le  dépar- 
tement de  l'Orne,  avait  été  lieutenant  dans  le  régiment  d'Argenton, 
était  revenu  dans  ses  foyers,  s'occupait  d'agriculture,  quand  on  le 
nomma  député  à  la  Convention.  Il  était  donc  un  homme  nouveau 
en  politique. 

Mais  Brissot,  Guadel  (2),  Gensonné,  Buzot  et  Salles  avaient  déjà 
siégé  à  la  Constituante  ou  à  la  Législative.  Barbaroux  avait  été 
député  extraordinaire  de  Marseille  à  la  Législative  et  affilié  aux  Jaco- 
bins. Chambon,  on  le  sait,  était  maire  de  Paris  en  décembre  1792. 

MoUevault  était  maire  de  Nancy,  lors  de  l'insurrection  de  la  gar- 
nison en  1790.  Lacaze  entretenait  une  correspondance  antijacobine 
avec  Valazé. 


(1)  Desgenettes  '(René-Nicolas  Dufriche)  a  laissé  des  Souvenirs  de  la  fin  du 
dix-huitième  siècle.  11  était  neveu  de  Valazé,  et  devint  baron  après  s'être  distingué 
comme  médecin  militaire  en  Italie,  en  Egypte  et  dans  les  campagnes  de  l'Empire, 

(2)  Guadet  demeurait  dans  la  rue  du  Faubourg-Saiut-llonoré,  n"  30. 


COMITÉ  VALAZÉ  473 

Valazé,  conventionnel,  avait,  un  des  premiers,  engagé  la  lutte 
contre  Marat,  Robespierre  et  la  Commune.  Ceux-ci  ne  l'oubliaient 
pas,  et  leur  énergie  pour  répondre  aux  Girondins  devint  d'autant 
plus  grande  que  leurs  adversaires  employaient,  dans  l'occasion, 
des  moyens  qu'il  fallait  découvrir,  et  qui  rompaient  toute  entente 
républicaine  entre  le  fédéralisme,  pouvant  l'emporter  sur  l'indivisi- 
bilité de  la  République,  et  ceux  qui  ne  voulaient  pas  laisser  toucher 
à  cette  indivisibilité.  Les  Montagnards  craignaient  d'être  pris  au 
dépourvu. 

Marat,  irrité  contre  «  le  roi  Roland  »,  déclara  qu'il  ne  connaissait 
d'autre  conspiration  que  celle  qui  se  tramait  dans  les  conciliabules 
des  hommes  d'Etatréxxm^  tous  les  jours  chez  Valazé.  Un  comité  insur- 
rectionnel, dit  de  VArchevêché,  comité  ultra-montagnard,  était  fort 
surexcité  à  propos  de  ses  ennemis,  les  Girondins,  qui  faisaient  partie 
du  Comité  Valazé.  Hébert  écrivit  :  «  Le  roi  coco  Roland.  » 

Les  réunions,  chez  ce  député,  étaient  secrètes;  les  hommes  poli- 
tiques qui  s'y  rendaient  formaient  un  personnel  très  peu  nombreux, 
comprenant  la  gravité  des  circonstances,  sachant  qu'il  y  avait  pour 
eux  une  question  de  vie  ou  de  mort.  Aussi  ne  commettaient-ils  guère 
d'indiscrétions. 

On  n'a  pas  de  détails  précis  sur  les  discussions  du  Comité  Va- 
lazé. Elles  étaient  probablement  confuses,  sans  méthode  ni  déci- 
sion : 

«  Nous  cherchions,  dit  Meillan,  les  moyens  de  mettre  un  terme  à 
nos  divisions,  et  de  prévenir  les  malheurs  qu'elles  ne  pouvaient  man- 
quer de  produire.  Nous  nous  perdions  dans  nos  recherches  et  ne 
savions  à  quoi  nous  fixer.  » 

Amar,  au  contraire,  dans  l'acte  d'accusation  par  lui  dressé  contre 
les  Girondins,  comme  membre  du  Comité  de  sûreté  générale,  parla 
de  harangues  préparées,  revues  et  sanctionnées  chez  Roland,  «  ou 
dans  des  conciliabules  ténébreux  qui  se  tenaient  ordinairement  chez 
Dufriche-Valazé  et  chez  Pétion.  »  Marat,  Guffroy  et  Thirion  pensaient 
de  même. 

Les  membres  de  ce  Comité  se  figuraient  qu'ils  pourraient  non  seu- 
lement résister  aux  Montagnards,  mais  encore  triompher  d'eux.  A  un 
moment  donné,  ils  furent  l'âme  de  la  Gironde. 

Le  Comité  Valazé  comprenait,  répétons-le,  environ  quarante  mem- 
bres. Selon  madame  Roland,  il  ne  sortait  jamais  de  la  réunion  que 
«  beaucoup  de  courage  pour  soutenir  les  principes,  pour  braver  les 
clameurs,  pour  se  dévouer  généreusement.  » 


474  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Valazé  écrivait  à  ses  commettants  : 

«  Sachez  que  nul  n'y  est  admis,  qu'il  n"ait  donné  des  preuves  de 
civisme.  » 

Il  citait  principalement  Buzot,  Salles,  Grangeneuve  et  Barbaroux, 
plus  hommes  d'action  que  ceux  qui  se  groupaient  autour  de  Ver- 
gniaud  et  de  Brissot. 

Vergniaud,  après  le  21  janvier  1793,  s'était  placé  parmi  les  mo- 
dérés, avait  parlé  contre  l'institution  du  Tribunal  révolutionnaire; 
il  possédait  un  admirable  talent  de  parole,  qui  forçait  l'admiration 
de  ses  adversaires  sans  parvenir  à  les  convaincre.  Or,  les  Impartiaux, 
les  Modérés,  les  modérateurs  semblaient  maintenant  des  aristocrates 
d'autrefois. 

Pétion  déposait  chez  Valazé  les  brochures  qu'il  faisait  paraître, 
la  Réponse  à  Robespierre,  les  Lettres  aux  Parisiens,  etc.  (1). 

Assurément,  le  Comité  Valazé  était  un  conciliabule,  selon  l'expres- 
sion de  Chaumette.  Un  autre  conciliabule,  dont  nous  allons  parler, 
ne  se  montrait  pas  moins  hostile  à  la  Montagne.  Il  avait  pour  titre  : 
Club  de  la  Réunion. 

(1)  Arch.  Nat.,  section  du  séquestre,  F.  7.  4629. 


CLUB   DE  LA  RÉUNIOIN 


Fondé    en   1792. 


Les  Girondins  fondèrent,  en  1792,  le  Club  de  la  Réunion,  qui  tint 
ses  séances  à  huis-clos,  et  se  plaça  en  dehors  du  Club  des  Jacobins, 
dont  quelques  membres,  probablement  Henri-Maximin  Isnard,  vin- 
rent s'affîlier  à  ce  petit  groupe. 

Le  Club  de  la  Réunion  «  se  prêta  aux  événements  du  20  juin  1792, 
que  les  Jacobins  n'approuvaient  pas,  parce  qu'ils  ne  les  considéraient 
que  comme  une  mesure  partielle  (1)  »,  et  parce  qu'ils  voulaient  un 
mouvement  général  contre  la  royauté.  Chabot  en  fit  partie,  pour 
tirer  des  explications  de  Brissot,  disait-il. 

Dans  la  soirée  du  30  juillet,  on  vint  apprendre  aux  membres  du 
Club  de  la  Réunion  que  Robespierre  avait  prononcé  un  grand  dis- 
cours aux  Jacobins,  et  l'on  en  rendit  compte.  Ce  discours  faisait 
allusion  à  la  conduite  de  Brissot  et  de  ses  amis,  aux  ambitions  de  la 
Gironde.  L'impression  en  avait  été  ordonnée  (2). 

Aussitôt  Isnard  prit  la  parole,  s'engagea,  par  une  sorte  de  serment, 
à  dénoncer  Robespierre  et  Ânthoine,  et  à  faire  tout  le  possible  pour 
les  envoyer  devant  la  Cour  d'Orléans,  Haute-Cour  instituée  par  la 
Constitution  de  1791. 

Brissot  parla  ensuite,  plus  vivement  encore,  en  appuyant  cette 
motion.  Il  renchérit  sur  cet  engagement  et  cette  menace. 

Le  député  Dubois  de  Bellegarde  (3)  assistait  à  la  séance.  Il  se  leva, 
protesta,  déchira  sa  carte  d'entrée,  et  déclara  qu'il  ne  reviendrait 
plus  dans  cette  Société. 


(1)  Projet  de  circulaire  du  Comité  de  correspondance  à  toutes  les  Sociétés  affi- 
liées, lu  aux  Jacobins  le  14  octobre  1792. 

(2)  Il  parut  dans  le  n"  II  du  Défenseur  de  la  Constitution,  p.  518  à  548. 

(3)  Tout  porte  à  croire  que  ce  député  appartenait  au  Club  des  Feuillants.  (Voir 
ce  club.) 


476  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Brissot  était  de  plus  en  plus  attaqué.  Le  député  de  la  Gorrèze, 
Brival,  rapporteur  à  la  Convention  sur  les  papiers  trouvés  chez  Ro- 
land^ cita  une  lettre  adressée  par  Brissot  à  madame  Roland,  dont 
nous  extrayons  ce  passage  : 

«  ...  Je  serai  libre  samedi  et  aux  ordres  de  madame  Roland.  Je  lui 
envoie  pour  son  mari  et  pour  Lanthenas  une  liste  de  patriotes  à 
placer;  car  il  doit  toujours  avoir  une  pareille  liste  sous  les  yeux... 
Tout  aux  amis...  (1).  » 

Cette  lettre  montre  Tinfluence  du  chef  de  la  Gironde.  11  donnait 
presque  des  ordres  aux  ministres  qu'il  avait  contribué  à  faire  nom- 
mer. 

Dcsfieux  et  Merlin  de  Thionville,  ainsi  qu'un  troisième  Jacobin 
dont  le  nom  n'a  pas  été  indiqué,  attestèrent  les  faits  ci-dessus  rap- 
portés (2).  On  raya  Brissot  de  la  liste  des  Jacobins. 

On  assura,  aux  Jacobins,  qu'Isnard  et  Brissot  s'étaient  chargés  de 
demander  à  l'Assemblée  législative  un  décret  d'accusation  contre 
Robespierre  et  Anthoine,  coupables  d'avoir  provoqué  à  la  déchéance 
de  Louis  XVL 

Le  Journal  des  Amk  de  la  Paix  et  du  Bonheur  de  la  Nation  était 
l'organe  du  Club  de  la  Réunion,  que  soutenaient  les  feuilles  giron- 
dines. 

A  Lyon,  il  existait  un  club  dit  «  de  la  Grande-Côte,  »  d'opinon 
girondine. 

Le  Thermomètre,  journal  d'abord  dévoué  aux  principes  des  Jaco- 
bins, était  devenu  un  des  organes  des  Girondins  ;  il  reçut,  en  deux 
fois,  de  Roland,  ministre  de  l'intérieur,  la  somme  de  452  livres  dix 
sous  (3),  et  ce  fut  sous  le  couvert  de  ce  journal  que  Roland  fit  expé- 
dier en  province,  le  18  septembre  1792,  six  cents  exemplaires  de  sa 
lettre  à  Santerre,  à  Pétion,  et  à  la  Convention.  Lanthenas  invita  les 
administrations  des  postes  à  n'exiger  de  Dulaure,  pour  cet  envoi, 
que  le  prix  ordinaire  de  sa  feuille,  en  s'en  rapportant  à  son  affirma- 
tion (4). 

Gorsas  appelle  Club  de  la  Réunion  le  cabinet  littéraire  situé  au 


(1)  Voir  Histoire  parlementaire  de  la  Révolution,  par  Bûchez  et  Roux,  t.  XXVIII, 
p.  99. 

(2)  Journal  des  débats  et  de  la  correspondance  de  la  Société,  n"  242,   séance 
du  1"  août  1792.  —  Histoire  parlementaire,  t.  XXX,  p.  43. 

(3)  Compte  rendu  de  Roland  à  la  Convention. 

(4)  Catalogué  de  docw7ients  historiques  sur  la  Révolution  française,  de  J.  Charavay 
aîné,  1862,  n»  153,  p.  109.  Cité  par  M.  Tourneux. 


CLUB  DE  LA  REUNION  477 

Palais-Royal,  vestibule  Radziwil,  emplacement  de  l'ancien  café  mé- 
canique, arcades  de  Tissot,  n°  101.  Ce  club  fut  ouvert  le  15  mai  1793, 
et  n'est  pas  le  même  que  celui  dont  nous  venons  de  rappeler  l'exis- 
tence, sans  pouvoir  donner  des  détails  sur  son  organisation. 

En  résumé,  soit  chez  Valazé,  soit  au  Club  de  la  Réunion^  les 
réunions,  étant  secrètes,  n'exerçaient  aucune  action  sur  le  public  ; 
elles  servaient  seulement  à  entretenir  chez  les  Girondins,  les  Bris- 
sotins  et  les  Rolandistes,  une  entente  contre  la  Montagne,  si  bien 
que  leurs  adversaires  les  qualifiaient  de  conspirateurs. 

Aux  approches  de  la  journée  du  31  mai  1793,  principalement,  ces 
réunions  préludèrent  aux  dernières  luttes,  entre  Girondins  et  Monta- 
gnards, qui  eurent  lieu  dans  le  sein  de  la  Convention. 

Les  Girondins  étaient  véhémentement  attaqués  depuis  plusieurs 
mois.  Anacharsis  Clootz,  en  novembre  1792,  parlait  des  «  diatribes 
rolando-brissotines  »,  et  Dubois-Crancé  écrivait  à  ses  commettants 
contre  Brissot  et  Roland.  Camille  Desmoulins  traçait  V Histoire  des 
Brissotins  au  commencement  de  1793.  Le  l"mars  de  la  même  année, 
P.  A.  Garrau  prononçait  un  discours,  à  la  Société  des  Amis  de  la 
liberté  et  de  l'égalité,  contre  le  fédéralisme,  et  surtout  contre  Brissot. 
Le  2  mars,  ce  club  envoyait  aux  Sociétés  affiliées  une  Adresse  contre 
les  Girondins.  Le  19  avril,  il  envoyait  une  circulaire  contre  la  faction 
d'Orléans,  Brissot  et  Dumouriez.  Quelques  jours  avant,  le  7  avril, 
dans  la  section  de  Bon-Conseil,  on  rédigeait  une  Adresse  à  la  Con- 
vention contre  Dumouriez  et  les  Girondins  (1).  Le  29  mai,  la  section 
des  Arcis  présenta  à  la  Convention  nationale  une  ^dresse  contre  Jes 
Girondins;  et  un  Dernier  mot  de  Phulpin,  juge  de  paix  de  ladite 
section,  adopté  à  l'unanimité  le  2  juin,  fut  envoyé  aux  quarante-sept 
autres  sections,  aux  Sociétés  populaires  et  à  la  Convention  (2).  Un 
rapport  de  la  section  du  Faubourg  Montmartre  conclut  contre  les 
Girondins,  le  24 juin;  la  même  section  déclara  la  guerre  aux  modérés 
le  23  février  1794. 

En  même  temps  paraissait  VAnti-Biissotin.,  journal  du  soir  (oc- 
tobre 1793  à  février  1794). 

Plusieurs  membres  des  réunions  girondines,  —  Bergoeing,  Molle- 
vault,  — •  firent  partie  de  la  Commission  des  douze,  créée  par  la  Con- 
vention le  18  mai  1793,  élue  le  21,  laquelle  ordonna  l'arrestation 
d'Hébert,  pour  un  article  de  son  Pèi^e  Duchêne,  provoquant  au  mas- 
sacre des  Girondins.  La  Commission  des  douze  semblait  être  le  pér- 


il) Bib.  Nat.,  Lb  40/1723. 

(2)  Bib.  Nat.,  Lb  40,  n"*  1693  et  1694. 


478  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

sonnel  d'un  coup  d'Etat.  Les  sections  et  la  Convention  demandèrent 
que  ((  vingt-deux  députés  girondins  se  retirassent  comme  coupables 
de  félonie  envers  le  peuple  souverain.  » 

Après  le  31  mai,  Buzot  et  d'autres  proscrits  organisaient  dans  le 
Calvados  une  A  ssemblée  des  drpartemenls  réunis  à  Caen^  ou  une  Assem- 
blée centrale  de  résistance  à  V oppression,  ayant  ses  séances  régulières, 
ses  discussions,  ses  délibérations,  ses  arrêtés,  et  publiant  un  recueil 
périodique  intitulé  :  Bulletin  des  autorités  constituées  réunies  à  Caen. 
Ils  publièrent  une  Adresse  sous  le  titre  de  :  Déclaration  /jue  fait  à  la 
France  entière  V assemblée  centrale  des  déparlements  du  nord-ouest  sur 
les  motifs  et  l'objet  de  sa  formation. 

Tels  étaient  les  actes  des  hommes  que  les  Jacobins  appelaient 
la  «  faction  du  fédéralisme  ».  Huit  départements  de  la  Bretagne  et 
trois  de  la  Normandie  se  proposaient  de  marcher  sur  Paris,  d'accord 
avec  les  partisans  du  Comité  Valazé  et  du  Club  de  la  Réunion,  qui 
s'associaient,  en  diverses  circonstances,  aux  Feuillants,  qui  les  atti- 
raient à  eux. 

En  vain  le  groupe  s'était  défendu  de  soutenir  des  opinions  con- 
traires à  l'indivisibilité. 

«  \ït-on,  disait  Barbaroux,  a-t-on,  dans  la  Convention  nationale, 
soutenu  quelque  opinion  en  faveur  de  la  république  fédérative?  Les 
députés  de  quelques  départements  ont-ils  reçu  mandat  de  voter  pour 
cette  sorte  de  gouvernement?  Les  tribunes  des  Sociétés  populaires 
ont-elles  retenti  de  cette  erreur  politique?  Enfin,  a-t-on  soutenu  pu- 
bliquement, ou  même  dans  des  Sociétés  particulières,  ce  système  de 
désorganisation?  Non,  rien  de  tout  cela  n'est  arrivé.  On  criait  aux 
portes  de  l'Assemblée  que  ffous  voulions  un  gouvernement  fédératif, 
et  la  Convention  nationale  tout  entière  se  levait  pour  décréter  l'unité 
de  la  République.  » 

Le  nom  de  fédéraliste  l'emporta  sur  celui  de  royaliste^  en  1793, 
pour  faire  grossir  la  liste  des  condamnés  à  mort. 

Quand  le  bruit  se  répandit  que  le  Comité  de  Salut  public  devait 
proposer  à  la  Convention  un  projet  d'amnistie  en  faveur  des  Giron- 
dins mis  en  arrestation,  Valazé  (1)  et  Vergniaud  repoussèrent  toute 
amnistie. 

Vergniaud  avait  été,  en  1792,  accusé  de  complicité  avec  la  Cour. 

Dans  une  lettre  de  ce  Girondin  à  la  Convention,  nous  lisons  : 

«  On  m'a  accusé  d'être  entré  avec  mes  collègues  détenus  et  le  gé- 

(1)  Monileur  universel,  des  7  et  8  juin  1793. —  N°203  du  Républicain  français. 


CLUB  DE  LA  REUNION  479 

néral  Dillon  dans  un  complot  pour  mettre  sur  le  thrône  {sic)  le  fils 
(le  Marie-Antoinette. 

«  Ce  complot  était  une  chimère...  (1).  » 

Les  Montagnards  avaient  beau  jeu  pour  accuser  les  Girondins  de 
faire  des  assemblées  souterraines,  de  conspirer  contre  la  Convention, 
ou  tout  au  moins  contre  le  Comité  de  Salut  public. 

A  côté  des  deux  réunions  que  nous  venons  de  signaler,  il  convient 
de  placer  les  salons  de  madame  Roland  et  de  Condorcet,  qui,  d'abord 
purement  littéraires,  devinrent  ensuite  des  foyers  de  politique  giron- 
dine (2),  surtout  quand  Roland  occupa  le  ministère,  et  quand  les 
opinions  émises  chez  lui,  et  adoptées,  donnèrent  lieu  à  des  résolu- 
tions semi-officielles. 

Le  ministre  de  l'intérieur  faisait  les  frais  de  la  Sentinelle^  rédigée 
par  J,  B.  Louvet  (3),  journal-affiche  dont  plusieurs  numéros  furent 
tirés  à  plus  de  vingt  mille  exemplaires.  «  La  très  modeste  fortune  de 
Louvet  n'aurait  pas  suffi  »,  et  Pétion,  selon  madame  Roland,  n'avait 
pas  même  d'argent  pour  la  police.  Il  eût  été,  ajoute-t-elle,  «  difficile 
d'en  obtenir  de  l'Assemblée.  » 

Enfin,  dans  les  circonstances  critiques  où  ils  se  trouvaient  peu 
avant  le  31  mai,  Vergniaud  (4),  Condorcet,  Sieyès,  Fonfrède,  Ducos, 
Gensonné  se  rencontraient  rue  Saint-Lazare  ou  à  Clichy,  tantôt  chez 
une  femme  dont  on  ignore  le  nom,  tantôt  chez  Fonfrède. 

En  résumé,  le  Club  de  la  Réunion,  de  même  que  le  Comité  Valazé, 
se  tenait  à  huis-clos,  ne  publiait  ni  listes  de  membres  ni  comptes 
rendus  de  délibérations. 


(1)  Arch.  Nat.,  AF  H.  46. 

(2)  Voir  plus  bas,  Salons, 

(3)  Mémoires  de  Louvet,  édit.  Aulard,  t.  I,  p.  50. 

(4)  Vergniaud  demeura  place  Vendôme,  n°  7,  dans  les  bâtiments  où  se  trouve 
fÉtat-Major  de  la  place  de  Paris, 


TROISIÈME    PÉRIODE 


31 


CLUB  DE   CLICHY 

Fondé  en  1794 


I 


Sous  le  Directoire  existait  un  vieux  royaliste  qui  demeurait  au  bas 
de  la  rue  deClichy.  Sa  maison,  sorte  de  masure,  d'aspect  mystérieux, 
lui  permettait  de  vivre  dans  la  retraite,  jusqu'au  jour  où  il  l'offrit  à 
un  groupe  d'amis,  qui  en  firent  uu  lieu  de  réunion  politique,  n'ayant 
qu'un  but  indéfini  et  ne  publiant  rien  de  ses  discussions.  Le  nombre 
des  adhérents  à  cette  réunion  s'accrut  avec  rapidité  pendant  les  an- 
nées 1795,  1796  et  1797. 

On  l'appela  le  Club  de  Clichy.  Il  se  composait  dliommes  profes- 
sant les  opinions  les  plus  opposées,  mais  tous  ou  presque  tous  réac- 
tionnaires :  royalistes  de  nuances  diverses,  émigrés  revenus  en  France, 
mécontents  en  nombre,  bourbonniens,  orléanistes,  modérés,  absolu- 
tistes, partisans  d'une  constitution  à  l'anglaise,  etc.  Des  monarchistes 
purs  y  coudoyaient  d'anciens  républicains  ralliés  au  royalisme.  Parmi 
les  orateurs  figuraient  surtout  des  émigrés  et  des  étrangers,  et  parmi 
les  membres  les  plus  marquants,  on  cite  :  le  général  Pichegru,  soup- 
çonné à  juste  titre  de  trahison,  et  rentré  dans  la  vie  privée;  Royer- 
CoUard,  député  de  la  Marne  aux  Cinq-Cents,  qui  avait  défendu,  à  la 
tribune,  les  émigrés,  les  proscrits  et  les  prêtres;  Camille  Jordan, 
surnommé  Jourdan-les-Cloches,  député  des  Bouches -du -Rhône  aux 
Cinq-Cents,  qui  approuvait  fort  les  influences  religieuses;  Clausel  de 
Coussergues,  et  Hyde  de  Neuville. 

Quelques  gens  donnaient  aux  membres  du  club  le  nom  de  Clichiois. 
La  réaction  thermidorienne  permettait  à  la  réunion  de  se  montrer 
contre-révolutionnaire,  en  affichant  ses  opinions  hostiles  non  seule- 
ment aux  derniers  Montagnards,  mais  encore  aux  républicains  les 
plus  modérés. 

Ajoutons  que,  dans  plusieurs  sections,  celles  du  Mont-Blanc  et  du 


484  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Muséum,  par  exemple,  des  motions  étaient  faites  contre  les  terro- 
ristes et  les  robespierristes.  Dans  la  première,  Cadet-Gassicourt  se 
signala  par  son  affirmation;  dans  la  seconde,  le  citoyen  Penet  ne 
fut  pas  moins  énergique. 

Après  le  décret  du  23  août  1795,  fermant  les  clubs,  celui  de  Clicby 
se  maintint  par  le  fait  des  royalistes,  malgré  la  loi. 

C'était  dans  un  pavillon  élevé  au  milieu  d'un  jardin,  communi- 
quant avec  la  rue  de  Clichy,  en  1796,  dans  un  pavillon  qui  avait  été 
habité  par  le  duc  de  Richelieu,  et  qui  s'appelait  maison  Boutin  (1) 
ou  pavillon  la  Bouèxiôre,  que  les  Clichyens  se  rassemblaient.  Gilbert 
des  Molières  l'avait  loué  sous  le  Directoire,  et  y  recevait  environ  trois 
cents  royalistes. 

Un  écrivain,  qui  a  publié  YHutoire  du  18  fructidor^  parle  ainsi  de 
ce  club,  dont  il  Ht  partie  : 

«  Il  ne  se  composait  que  d'environ  quatre-vingts  membres  des 
deux  conseils.  Nommer  les  généraux  Pichegru,  Willot,  Mathieu- 
Dumas,  Meurinais  (2),  Villaret-Joyeuse,  etc.  ;  MM.  de  Marbois,  Por- 
tails, Pastoret,  Vaublanc,  Siméon,  Boissy  d'Anglas,  Quatrertière  de 
Quincy,  Tronçon  du  Coudray,  Lafon-Ladebat,  Jourdan  des  Bouches 
du  Rhône,  Jourdan  de  la  Nièvre,  Cardonnel,  Gomicourt,  Piet,  Du- 
brcul.  Ronchon,  Henri  la  Rivière,  Henri  de  Longuève,  André,  Dauchy, 
Grangier,  Lascours,  Lemérer,  Tronchet,  Imbert-Colomès,  Camille 
Jordan,  Royer-Collard,  Couchery,  Praire  de  Montant,  etc.,  c'est  faire 
connaître  suffisamment  les  principes  qui  nous  dirigeaient,  et  l'ascen- 
dant que  la  réunion  de  talents  aussi  distingués  et  de  caractères  aussi 
nobles  devait  obtenir  des  deux  conseils.  Il  est  à  remarquer  que  nos 
adversaires  n'ont  jamais  eu  connaissance  de  cette  assemblée,  quoi- 
qu'elle se  tînt  trois  fois  par  semaine,  et  qu'elle  n'ait  été  dissoute  que 
le  18  fructidor  (3).  « 

Assertion  fausse,  car  ce  club  était  très  surveillé.  Les  jours,  les 
heures  des  réunions  étaient  connus  de  tous  les  députés,  lesquels  se 
préoccupaient  beaucoup  de  son  action  à  cause  de  la  valeur  person- 
nelle de  ses  membres. 

Pichegru,  qui  était  la  pensée  et  le  bras  du  club,  avait  accepté, 
depuis  mai  1793,  les  propositions  officielles  du  prince  de  Condé  et 


(1)  Le  fils  de  Boutin  avait  épousé  mademoiselle  de  Malesherbes. 

(2)  Le  chevalier  d'Auberjon-Murinais,  qui  avait,  depuis  1789,  attaqué  tour  à  tour 
Mirabeau,  Philippe-Égalité  et  Robespierre,  s'affilia  au  Club  de  Clichy.  Déporté 
à  Simiamari,  il  y  mourut. 

(3)  De  Larue,  Histoire  du  18  fructidor,  t.  I,  p.  259,  260. 


CLUB  DE  CLIGHY  485 

les  subsides  de  l'agence  royaliste  (1).  Après  Thermidor,  l'abbé  Delille 
disait  :  «  Les  Montagnards  mettent  de  l'eau  dans  leur  sang.  «  Quel- 
ques-uns, en  effet,  avaient  définitivement  tourné  le  dos  à  la  Révo- 
lution, et  n'étaient  pas  les  moins  ardents  parmi  les  contre-révolu- 
tionnaires. 

On  lit  dans  une  instruction  de  Babeuf  (20  floréal  an  IV,  9  mai  1795), 
rédacteur  du  Tribun  du  peuple  (2),  communiste,  réclamant  la  loi 
agraire  : 

«  Les  chouans  du  Corps  législatif  se  réunissent  tous  les  jours  rue 
de  Clichy,  maison  Boutin  ou  de  la  Bouèxière.  Ils  sont,  dit-on,  au 
nombre  d'environ  trois  cents;  ce  rassemblement  a  lieu  une  partie  de 
la  nuit.  On  peut  prendre  le  plan  de  cette  maison.  En  la  cernant,  il 
en  échapperait  très  peu.  » 

Babeuf  exagérait,  mais  des  modérés  actifs,  feuillants,  gii'ondins, 
figuraient  dans  la  réunion. 


II 


Disons  dans  quelles  circonstances  se  fonda  le  club  de  Clichy, 

Quelques  mois  après  le  9  thermidor,  le  député  Legendre,  d'ardent 
Montagnard  devenu  Thermidorien  (3)  furieux,  avait,  par  ordre  du 
Comité  de  Salut  public,  renouvelé,  chassé  les  anarchistes  de  la  salle 
de  leurs  séances,  fermé  les  portes  du  club  (des  Jacobins),  dont  il 
avait  présenté  les  clefs  à  la  Convention.  Le  lendemain,  un  décret  de 
l'Assemblée  avait  déclaré  que  les  séances  de  la  Société  des  Jacobins 
seraient  suspendues.  C'était  le  2  novembre  1794,  Dès  ce  moment, 
remarque  Dulaure,  le  Club  de  Clichy  fut  sans  objet.  Il  n'en  subsista 
pas  moins. 

La  Convention  avait  cherché,  en  môme  temps,  à  ramener  les 
chouans  par  la  douceur,  et  alors  les  contre-révolutionnaires  étaient 
regardés,  dans  le  monde  parisien,  comme  des  «  honnêtes  gens  », 
tandis  que  les  partisans  de  la  Révolution,  même  modérés,  étaient 
appelés  «  buveurs  de  sang.  » 

Les  salons  dorés  de  la  réaction  thermidorienne  faisaient  de  la 
propagande,  et  la  jeunesse,  avide  de  plaisirs,  ennemie  des  Jacobins 


(1)  Fauchc-Borel,  Mémoires,  t.  II,  p.  217,  220.  —  Iii-8°,  Paris,  1821. 

(2)  Journal  qui  parut  du  14  voudémiaire  an  III  au  3  floréal  au  IV. 

(3)  Martaiuvillc  fut  secrétaire  de  Legeudre. 


486  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

qui  la  traitaient  de  «  messieurs  »,  les  muscadins,  les  lions  ou  niais, 
étalaient,  au  dire  du  conventionnel  Ruamps,  «  les  30,000  livres  que 
leur  avait  donnés  le  comité  du  gouvernement  »  (3  avril  1795).  Les 
muscadins  s'étaient  fait  du  théâtre  Feydeau  une  espèce  de  club,  tout 
au  moins  u-n  lieu  de  réunion.  Ils  affirmaient  leurs  idées  de  réaction. 

Des  femmes  de  la  haute  société  portaient  des  poignards  d'or  en 
guise  d'épingles,  pour  encourager  les  assassinats  des  compagnies  de 
Jéhu  qui  ensanglantaient  le  Midi  et  avaient  à  leur  tète  la  jeunesse 
dorée. 

'  Le  29  brumaire  an  II,  le  club  central  des  électeurs  dénonça  au 
Conseil  général  de  la  Commune  une  assemblée  qui  se  tenait  dans  le 
local  de  l'Évêché,  sous  le  nom  de  Comité  central,  et  dont  les  séances 
n'étaient  pas  publiques;  il  invitait  le  Conseil  à  surveiller  ce  comité 
secret. 

Sous  l'inspiration  de  Fréron,  qui  naguère  avait  poursuivi  avec 
ardeur  les  royalistes  et  les  fédéralistes,  et  qui  maintenant  poursui- 
vait les  terroristes,  il  s'était  formé  une  sorte  d'association  qui  rem- 
plit Paris  d'agitations  et  de  vengeances.  Ce  fut  par  la  jeunesse  dorée 
de  Fréron  que  le  Club  des  Jacobins  fut  dispersé  et  fermé. 

Les  réactionnaires  cessaient  de  porter  un  masque  dont  ils  n'avaient 
plus  besoin.  La  foule  se  laissait  facilement  aller  à  les  applaudir  dans 
leurs  actes,  comme  elle  se  plaisait  à  lire  leurs  pamphlets,  tels  que 
les  «  Marchands  d'infamies  »  contre  le  Club  des  Jacobins  (1),  et  «  les 
Jacobins  hors  la  loi  ^\  par  Martainville  (2). 

Le  12  septembre  1795,  Peltier  (3)  publiait  une  parodie  du  Hé  oeil 
du  Peuple,  où  l'on  trouvait  ce  couplet  : 

Un  Dieu  seul  a  créé  la  terre; 
Un  soleil  seul  fait  les  beaux  jours  ; 
Les  astres  n'ont  dans  leur  carrière 
Qu'une  loi  qui  règle  leur  cours. 
Il  ne  faut  dans  chaque  ménage 
Qu'un  maître,  qu'un  père,  un  époux. 
Puisse,  nous  tirant  d'esclavage, 
Un  seul  Bourbon  nous  sauver  tous! 

L'administration  centrale,  peu  après,  autorisa  le  commissaire  Real 


(1)  Bib.  Nat.,  Lb  39/9774,  in-S»,  sans  date,  do  8  p. 

(2)  Bib.  Nat.,  Lb  41/1262,  in-8",  sans  date,  de  12  p. 

(3)  Cet  ancien  rédacteur  des  Actes  des  Apôtres  publia,  d'Angleterre  où  il  s'était 
réfugié,  une  série  de  pamphlets,  sous  le  titre  de  Tableau  de  Paris  depuis  Vannée 
1794  jusqu'à  1803;  plus,  en  1803,  un  journal  intitulé  l'Ambigu,  fait  de  concert 
avec  les  émigrés. 


CLUB  DJ5  GLIGHY  487 

à  dénoncer  à  l'accusateur  public  près  le  département  de  la  Seine,  les 
auteurs,  imprimeurs  et  colporteurs  de  l'écrit  intitulé  :  Pendez  les 
Jacobins. 

C'était  un  incroyable  débordement  de  brochures  contre-révolu- 
tionnaires, attaquant  à  la  fois  les  robespierristes,  les  dantonistes,  les 
républicains  de  toute  sorte,  même  des  thermidoriens  avérés. 

Alphonse  Martainville  publia,  en  1793,  une  brochure  intitulée  : 
Nous  mourons  de  faim,  le  peuple  est  las,  il  faut  que  ça  finisse  (1).  Il 
fut  dans  les  premiers  rangs  de  la  jeunesse  dorée  de  Fréron.  Son 
vaudeville,  le  Concert  de  la  rue  Feydeau,  joué  en  1795,  attaqua  très 
vivement  le  parti  jacobin.  Cet  ultra-royaliste  ne  changea  pas  d'opi- 
nion jusqu'à  sa  mort. 

La  même  année,  le  patriote  Palloy  envoyait  aux  représentants  du 
peuple  une  médaille  commémorative  de  la  chute  de  Robespierre  (2), 
et  commençait  ses  palinodies  nombreuses. 

Les  royalistes  mutilaient,  pendant  la  nuit,  des  arbres  de  la  liberté, 
ou  ils  les  sciaient,  ou  ils  les  arrosaient  de  vitriol.  Çà  et  là,  ils  faisaient 
disparaître  les  emblèmes  de  la  Révolution,  en  comptant  sur  l'impu- 
nité. Le  trouble  général  des  esprits  les  enhardissait. 

A  Paris,  plus  encore  que  dans  les  départements,  la  réaction  levait 
hautement  la  tête.  Le  parc  de  Tivoli  servait  de  lieu  de  rendez-vous. 

Le  quartier  général  de  la  Jeunesse  dorée  était  la  section  Le  Pele- 
tier,  anciennement  des  Filles  Saint-Thomas.  La  Seclion  de  la  Rutte- 
des-Moulins  était  notoirement  royaliste  (3). 

Les  muscadins  eurent  pour  organe  VOrateurdu  Peuple,  de  Fréron, 
D'où  un  de  leurs  noms,  les  fréronistes.  C'étaient  encore  les  petits 
sucrés,  les  fier s-à- bras  de  Fréron,  les  hommes  dorés. 

La  section  Le  Peletier,  en  vendémiaire  an  IV  (septembre  1795), 
envoyait  dans  nombre  de  villes  des  émissaires,  annonçant  que  dans 
huit  jours  les  habitants  de  Paris  devaient  arrêter  les  membres  de  la 
Convention,  former  un  gouvernement  provisoire,  et  appeler  un  roi. 

On  lit  dans  les  Souvenirs  de  Mathieu  Dumas.,  à  l'époque  du  Direc- 
toire, après  vendémiaire  : 

«  Nous  formâmes  une  réunion  de  douze  individus,  dans  laquelle 
se  trouvaient  les   principaux  membres  de  la  minorité  du  conseil 


(1)  Bib.  Xat.,  Lb  41/1235,  s.  l.  n.  d.,  in-8°  de  8  p.  —  Alphouse-Louis-Dieudonnc 
Martainville,  né  à  Cadix  en  1776,  de  parents  français,  mort  à  Sablonville,  près 
Paris,  le  27  août  1830. 

(2)  Lettre  d'envoi,  Bib,  Nat.,  Histoire  de  France,  supp.,  chap.  111,  n"  4494, 

(3)  Au  13  vendémiaire,  on  y  arracha  la  cocarde  nationale. 


^ 


488  LKS  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

des  Cinq-Cents,  tels  que  Siméon,  Gilbert  Desmolières,  Dumolard. 
Cette  réunion  avait  lieu  deux  fois  par  semaine,  une  fois  chez  Barhé- 
Marbois,  où  nous  dînions  en  pique-nique,  et  l'autre  fois  chez  Gilbert 
Desmolières,  où  nous  passions  la  soirée.  Cette  espèce  de  comité  fut 
toujours  unanime  sur  les  principes  et  sur  les  moyens;  il  n'y  eut 
jamais  d'arrière-pensées,  jamais  d'intrigues  ni  d'influences  étran- 
gères. 11  n'est  pas  vrai,  quelles  que  fussent  au  fond  nos  opinions 
monarchiques,  que  nous  ayons  servi  la  cause  royale...  (1).» 

Après  avoir  été,  durant  plusieurs  années,  un  rendez-vous  pour  les 
patriotes,  le  Palais-Royal  devint  un  foyer  contre-révolutionnaire. 
Les  muscadins  insultaient  aussi  les  habits  bleus,  ou  soldats  républi- 
cains, même  blessés,  qu'ils  rencontraient  dans  les  rues. 

Chabot  les  avait  nommés  muscadins  du  haut  de  la  tribune  de  la 
Convention,  ces  jeunes  gens  à  bas  blancs,  à  collets  noirs,  armés  d'un 
bâton  qu'ils  appelaient  en  riant  leui*  pouvoir  exécutif,  avec  lequel  ils 
assommaient  les  collets  verts.  Avec  les  Mayolets,  agioteurs  du  Perron 
Vivienne,  au  Palais-Égalité,  se  mêlaient  les  Incroyables,  portant  la 
cravate  êcrouélique  à  triple  tour,  qui  embéguinait  leur  menton  et 
caressait  le  bord  de  leur  lèvre  inférieure.  Les  muscadins  se  joignaient 
aux  «  petits  émigrés  »  cachés  chez  les  fdles.  Aussitôt  qu'une  effer- 
vescence quelconque  se  produisait,  ils  apparaissaient,  poussaient  au 
désordre,  espérant  pêcher  en  eau  trouble. 

Dans  la  journée  du  l^»"  prairial  (20  mai  1795),  on  a  cru,  non  sans 
quelque  raison,  que  les  royalistes,  sous  le  masque  du  jacobinisme, 
excitèrent  le  peuple,  en  espérant  noyer  la  République  dans  le  sang, 
en  amenant  l'anarchie.  On  les  appelait  «  contre-révolutionnaires  en 
bonnet  rouge.  » 

Tout  semblait  bon  aux  réactionnaires  pour  conspuer,  même  pour 
frapper  les  hommes  fidèles  à  la  foi  républicaine. 

Dans  la  journée  du  3  prairial  an  III,  les  comités  firent  distribuer, 
au  dépôt  des  Feuillants,  des  armes  à  toute  la  jeunesse  dorée,  pour 
attaquer  le  faubourg  Saint-Antoine  (2).  «  Oh!  beaux  jeunes  gens!  » 
s'écrièrent  des  femmes.  Mais  les  rebelles,  qu'ils  ne  combattirent  pas, 
murmuraient  :  «  Ce  sont  les  grenadiers  de  La  Fayette!  »  Joannot 
commandait  le  bataillon  des  muscadins,  qui  prétendaient  noyer 


(1)  Tome  m,  p.  73.  Mathieu  Dumas  fut  enveloppé  plus  tard,  avec  Barbé-Marbois, 
daus  la  proscription  du  18  fructidor  an  V. 

(2)  Histoire  du  bataillon  des  Jeunes  citoyens  à  l'attaque  du  faulmurg  Saint- 
Antoine,  le  4  prairial  an  IH,  par  Louis  Costaz  (in-S",  chez  Dcrenne,  Palais- 
Égalité,  1795). 


CLUB  DE  GLIGHY  489 

dans  sa  cave  San  terre,  le  «  général  du  houblon  »,  et  firent  une 
simple  promenade  militaire  bien  courte,  avec  repas  et  plaisante- 
ries. 

Les  manifestations  muscadines,  fort  nombreuses,  faisaient  accuser 
de  complicité  les  thermidoriens  maîtres  du  pouvoir,  déjà  divisés. 
Pourquoi,  disaient  d'anciens  Montagnards,  pourquoi  n'empèche-t-on 
pas  ces  factieux  d'agir  à  ciel  découvert?  Pourquoi  n'applique-t-on 
pas  la  Constitution  de  l'an  III? 

Et  l'insurrection  de  prairial  se  préparait  parmi  le  peuple  des  fau- 
bourgs. 

Dans  le  Dànocrite,  on  Journal  de  Midi,  Brutus  Magnier  s'éleva 
avec  indignation  contre  les  thermidoriens,  en  l'an  III  de  la  Répu- 
blique qu'il  appelait  «  problématique  ».  Grâce  à  eux,  écrivait-il,  le 
royalisme  renait,  les  gouvernants  ne  continuent  plus  la  guerre  que 
contre  les  Montagnards,  les  pièces  de  théâtre  contre-révolutionnaires 
abondent,  les  écrivains-abbés  reprennent  la  plume,  les  renégats  sont 
tout-puissants  :  Faublas-Louvet,  Royal-Fréron,  Vampire-Legendre, 
César  Dubois-Crancé,  Mandrin-Dumont,  Merlin  (de  Douai)  le  mielleux, 
Delacroix  montagno-plaini-marécageux,  Brouillon  de  l'Oise,  etc.  (1). 

Convenons  que  les  sobriquets  donnés  par  Magnier  étaient  mé- 
rités. 

Quoique  le  reste  des  Montagnards  pût  dire,  la  jeunesse  dorée  trou- 
vait des  soutiens  dans  la  presse  autrefois  feuillantine  ou  girondine, 
prête  à  jeter  bas  la  République.  Un  journal  imprimait  : 

«  Depuis  quelques  jours,  il  s'est  fait  dans  Paris  des  rassemble- 
ments de  jeunes  gens  qui,  réunis,  se  sont  portés  successivement  dans 
différents  quartiers  de  la  ville.  Ils  ont  visité,  en  général,  les  caffés 
dont  les  enseignes  changées,  ou  par  esprit  d'intérêt,  ou  par  politique 
pour  leur  propre  sûreté,  avoient  pris  les  différens  noms  à  l'ordre  de 
Robespierre.  Partout  leur  conduite,  dirigée  par  l'amour  de  l'ordre, 
le  respect  pour  les  autorités  constituées,  et  particulièrement  pour  la 
Convention,  n'a  excité  aucune  plainte  fondée.  Ils  ont  invité  les  diffé- 
rens limonadiers  et  autres  de  ce  genre,  à  se  considérer  eux-mêmes 
comme  des  êtres  libres,  et  à  quitter  les  signes  de  l'esclavage.  Cette 
invitation  a  eu  son  effet,  et  déjà  plusieurs  ont  repris  leur  ancienne 


(i)  Démocrite,  ou  Journal  de  Midi,  vingt-ciuq  numéros,  dont  plusieurs  ont  des 
suppléments  (du  24  pluviôse  au  23  ventôse).—  Cartons  des  Archives  nationales, 
C.  W-  a 48.  —  Magnier  (Antoine-Louis-Bernard-Lepelletier,  Beaurepaire  Brutus). 
Une  commission  militaire  le  condamna  à  la  déportation,  comme  auteur  du  plan 
d'insurrection  de  prairial;  il  resta  à  Caycnne  jusqu'au  décret  d'amnistie. 


490  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

dénomination;  quelques  sections  avoient  déjà  donné  cet  exemple, 
de  façon  que  bientôt  tous  ces  noms,  signes  de  ralliement  pour  les  dif- 
férens  parties  {sic),  disparoitront  entièrement  (1).  » 

Le  Journal  de  Paris  approuvait  donc  les  muscadins,  1'  «  aristocra- 
tie jacobine  »,  comme  disait  l'artiste  Jault,  à  la  section  de  Bonne- 
Nouvelle. 

VOrateur  du  peuple  les  apostropha.  Ils  répondirent  en  déclarant 
qu'ils  étaient  «  les  hommes  du  14  juillet  et  du  10  août.  » 

Cette  réponse,  ils  la  lurent  à  haute  voix  dans  le  café  de  Foy  (2). 

Peu  après,  ils"  brûlèrent  un  mannequin  représentant  un  jacobin; 
ils  en  jetèrent  les  cendres  dans  l'égout  Montmartre,  aux  cris  de 
Vive  la  République!  Vive  la  Convention!  A  bas  les  Jacobins!  A  bas  les 
terroristes!  A  bas  les  buveurs  de  sang!  Ils  voulaient  y  graver  cette 
inscription  : 

«  Panthéon  des  Jacobins  du  IX  Thermidor.  » 


III 


Les  thermidoriens  ne  songeaient  pas  à  entraver  ces  manifesta- 
tions. Au  contraire,  à  l'anniversaire  du  10  août,  en  1795,  on  chanta 
le  chant  révolutionnaire  :  Le  Réveil  du  Peuple. 

En  1705  parurent  V Ami  de  la  Convention,  contre  les  Jacobins,  et  le 
Ventriloque  ou  le  Ventre  affamé,  journal  royaliste. 

L'armée,  en  cette  occurrence,  commença  de  s'émouvoir. 

A  l'anniversaire  du  10  août  (23  thermidor),  les  toasts  du  banquet 
annonçaient  des  projets  hostiles.  Le  général  Ney  :  «  ^m  maintien  de 
la  République!  Grands  politiques  de  Clichy,  daignez  ne  pas  nous  forcer 
à  faire  sonner  la  charge.  »  Le  général  Chérin  :  <<  Aux  membres  du  gou- 
vernement qui  feront  respecter  la  République!..,  » 

On  fit  circuler  dans  l'armée  et  dans  l'intérieur  des  couplets  ironi- 
ques intitulés  :  «  Hommage  de  l'armée  de  Sambre  et  Meuse  au  Club 
de  Clichy  (3).  » 

Le  Club  de  Clichy  exerçait  une  grande  influence  sur  les  deux  con- 
seils. Les  Clichyens  comptaient  sur  la  commission  des  inspecteurs 
nommés  par  les  Anciens  et  les   Cinq-Cents,  commission  dont  ils 


(1)  Journal  de  Paris,  18  janvier  1793, 

(2)  Voir  plus  bas,  Cafés. 

(3)  Mémoires  de  Thibaudeau,  t.  II,  chap.  23,  p.  239  et  2iO. 


CLUB  DE  GLIGHY  4<Jl 

avaient  fait  étendre  les  attributions,  dont  ils  avaient  accru  l'impor- 
tance par  l'adjonction  des  généraux  Pichegru  et  Willot  (1).  Cette 
commission  tenait  ses  séances  au  château  des  Tuileries,  dans  le  pa- 
villon de  Marsan.  Bientôt,  elle  se  transforma  en  véritable  club,  com- 
posée qu'elle  était  des  habitués  de  Clichy  et  de  leurs  adhérents.  Elle 
agit  sérieusement,  lors  de  la  conspiration  du  18  fructidor  an  V 
(4  septembre  1797). 

Les  Clichyens,  depuis  quelque  temps,  progressaient,  neutralisaient 
les  victoires  des  généraux  de  la  République;  ils  portaient  ombrage, 
notamment  et  principalement,  à  Bonaparte ,  général  en  chef  de 
l'armée  d'Italie.  Lannes,  ami  de  Bonaparte,  fit  sous  ce  rapport  une 
manifestation  pendant  la  fête  du  14  juillet  (26  messidor  an  V) .  Il  tosta, 
dans  un  diner  : 

«  A  la  destruction  du  Club  de  Clichy!  Les  infâmes!  ils  veulent 
encore  des  révolutions.  Que  le  sang  des  patriotes  qu'ils  font  assas- 
siner retombe  sur  eux.  » 

L'insurrection  des  sections  royalistes  contre  la  Convention,  le 
13  vendémiaire  an  IV  (5  octobre  179o),  puis  Tinsurrection  et  la  défaite 
de  ces  mêmes  ennemis  du  gouvernement  républicain,  dans  le  Berry, 
en  avril  1796,  enfin  la  conspiration  de  Lavilleheurnois,  Brotier, 
Poly,  etc.,  coïncidèrent  avec  les  agissements  des  Clichyens,  que  l'on 
accusait  de  pousser  ferme  à  la  réaction. 

Il  est  certain,  d'ailleurs,  que  le  Club  de  Clichy  avait  ses  meneurs 
et  ses  dupes,  et  que  ces  derniers  n'y  voyaient  pas  de  royalisme,  mais 
prenaient  peur  des  révolutionnaires  résolus  à  lutter  encore.  Les  me- 
neurs du  club  ne  négligeaient  aucun  moyen  pour  entretenir  et  forti- 
fier cette  peur  folle.  Suivant  eux,  hors  des  Clichyens,  tout  était  jaco- 
bin. 

D'autre  part,  le  gouvernement  directorial  voyait  que;  hors  des  Ré- 
publicains, tout  était  royaliste  ou  allait  le  devenir. 

11  y  avait  donc,  véritablement,  un  «  parti  clichyen  »,  un  parti  mili- 
tant. On  devait  s'en  méfier. 

Dans  un  Message  du  Directoire  aux  Cinq -Cents,  du  9  ventôse 
an  IV,  nous  lisons  ces  phrases,  assez  commentées  par  le  public  des 
clubs  : 

«  Le  Directoire  exécutif  vient  d'accomplir  la  sévère  obligation  que 
cet  article  (360  de  la  Constitution  de  l'an  III)  lui  impose,  en  ordon- 


(D  Le  général  comte  Aiuédée  Willot  réprima  une  émeute  des  Jacobins  à  Mar- 
seille. 


492  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

nant  la  fermeture  de  plusieurs  réunions  ou  Sociétés  politiques  dont 
l'organisation  et  le  régime  lui  ont  paru  mettre  la  République  en 
danger. 

«  Impassible  comme  la  loi,  dont  l'exécution  lui  est  confiée,  il  a  dû 
envelopper  dans  les  mêmes  mesures,  et  celles  de  ces  réunions  où  l'on 
professe  ouvertement  le  royalisme,  et  celles  où,  sous  les  debors  falla- 
cieux d'une  popularité  apparente,  quelques  hommes  immoraux  et 
consumés  d'ambition  s'efforcent  d'égarer  les  citoyens  de  bonne  foi 
qui  s'y  rendent. 

«...  Partout  où  le  Directoire  ne  voit  pas  des  républicains  sincères, 
il  voit  des  royalistes  :  il  démêle  le  même  principe,  il  aperçoit  les 
mêmes  résultats,  il  reconnaît  les  mêmes  ennemis,  et  dans  ceux  qui 
marchent  directement  à  leur  but  contre-révolutionnaire,  et  dans  ceux 
qui  tendent  au  même  point  de  la  circonférence,  en  prenant  en  appa- 
rence une  route  diamétralement  opposée  (1).  » 

La  faiblesse  du  Directoire  augmenta  l'audace  des  Clichyens,  s'éle- 
vant  contre  les  pourris^  contre  les  mouches  de  Bairas,  —  police  parti- 
culière de  ce  Directeur. 

Dans  le  Club  de  Clichy,  «  la  majorité  était  menée  par  un  comité 
secret,  qui,  sous  les  dehors  de  l'humanité  et  de  la  justice,  travaillait 
à  organiser  la  contre-révolution.  Les  mauvais  effets  qui  résultèrent 
de  ce  conciliabule,  même  après  qu'un  très  grand  nombre  de  membres 
du  Corps  législatif,  qui  s'apperçurent  qu'ils  étaient  trompés,  s'en  fu- 
rent retirés,  furent  incalculables;  il  pervertit  l'opinion  publique,  en^ 
couragea  les  écrivains  contre-révolutionnaires,  de  toutes  les  nuances, 
et  principalement  les  journalistes,  qui  ne  conservèrent  plus  ni  pu- 
deur ni  retenue...  (2).  » 

Les  royalistes  redoublèrent  de  zèle  en  faveur  du  prétendant 
(Louis  XVIII). 

Il  s'établit  à  Paris  «  un  bal  où  on  ne  pouvait  être  admis  qu'en  fai- 
sant preuve  d'émigration,  ou  que  l'on  était  de  familles  jadis  présentées 
à  la  Cour,  et  où  l'on  se  qualifiait  hautement  des  titres  proscrits  par 
la  Constitution  (3).  » 

Alors,  des  toasts  militaires  furent  adressés  au  Directoire  :  «  Qu'il 
anéantisse  les  contre-révolutionnaires  !  —  A  la  réémigration  des  émi- 
grés rentrés  !  —  A  la  destruction  du  Club  de  Clichy  !  » 


(1)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  recueil  BMiô. 

(2)  Histoire   du  Directoire  constitutionnel,   etc.,   par  un   ex-Représentant  du 
peuple,  Paris,  an  VllI,  p.  49. 

(3)  Idem,  p.  51. 


CLUB  DE  CLIC  H  Y  493 

Cependant,  le  Club  de  Clichy  dégénéra  bientôt  en  assemblée  insi- 
gnifiante, après  avoir  été  une  puissance,  avoir  même  entretenu  des 
intelligences  presque  avouées  avec  le  parti  royaliste.  Les  Clichyens 
avaient  en  vain  fait  des  avances  à  Lazare  Carnot,  qui  disait  :  «  Je 
vois  des  royalistes  derrière  la  toile;  je  ne  veux  pas  être  pendu.  » 

Mais,  en  dehors  du  club,  les  plus  hardis  de  ses  membres  conti- 
nuaient à  saper  l'autorité  dictatoriale.  Camille  Jordan,  par  exemple, 
Lafond-Ladebat,  Royer-Collard  (1),  et  quelques  autres,  se  distin- 
guaient, soit  dans  les  Conseils,  soit  dans  des  réunions  particulières, 
en  traitant  des  questions  qui  touchaient  à  la  religion  et  aux  émigrés, 
en  marchant  d'accord  avec  les  contre-révolutionnaires. 

^De  tous  côtés,  des  caricatures,  des  pamphlets,  des  articles  de  jour- 
naux ridiculisaient  le  gouvernement  qui  portait  le  titre  de  gouverne- 
ment républicain,  et  qui  avait  succédé  à  celui  de  la  Convention,  après 
la  réaction  thermidorienne.  La  Jeunesse  de  Fréron  mettait  à  la  mode 
les  écrits  et  les  estampes  contre-révolutionnaires. 

En  1796,  les  ennemis  du  Directoire  le  criblaient  de  calembours.  Ils 
affirmaient  : 

«  Que  le  Luxembourg  devait  avoir  pour  enseigne  :  Magasin  de  sires 
à  frotter;  qu'il  n'avait  garcLé  de  son  magnifique  jardin  qu'une  plate- 
bande;  qu'on  ne  pouvait  continuer  la  guerre  avec  cinq  cartouches  ; 

«  Que  si  on  manquait  de  munitions,  on  trouverait  toujours  cinq 
cartouches  au  gouvernement; 

«  Que  si  la  France  n'avait  plus  saint  Louis,  elle  avait  toujours  cinq 
fiacres  (nom  donné  aux  cochers)  ; 

«  Que  le  Corps  législatif  était  une  réunion  de  cinq  cents  bûches 
qu'on  ne  livrait  quà  la  corde  pour  un  louis  (Louis  XVIII), 

«  Le  Directoire,  selon  V Alphabet  du  jour,  en  1799,  était  A  I  (haï); 
les  Cinq  cents  étaient  K  G  (cassés);  le  premier  consul  était  M  E 
(aimé);  les  conspirations  étaien'  C  G  (cessées);  nos  soldats  étaient 
des  RO  (héros);  le  pouvoir  était  C  D  (cédé);  le  peuple  était  E  B  T 
(hébété),  M  etc. 

En  novembre  1796,  on  lisait  dans  le  Journal  de  Paris  : 

«  .,.  On  dit  que  le  Vaudeville  est  le  rendez-vous  des  cadenettes, 
c'est-à-dire  des  contre-révolutionnaires...  (2).  » 

Le  foyer  du  Théâtre  Montansier,  très  suivi  sous  le  Directoire,  était 


(i)  Royer-Collard,  exclu  des  Cinq-Cents  au  18  thermidor,  se  lia  avec  les  membres 
d'un  conseil  secret  que  Louis  XVIll  entretenait  à  Paris. 
(2)  Journal  de  Paris,  numéro  du  20  novembre  1796. 


494  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

rempli,  tous  les  soirs,  de  jolies  femmes,  d'incroyables,  de  gens  de 
lettres,  de  vaudevillistes,  de  journalistes.  C'était  un  arsenal  d'où  sor- 
taient, dit  Merle,  les  traits  décochés  au  gouvernement.  Plus  tard,  ou 
y  combla  d'éloges  le  premier  consul. 

Les  «  jeunes  gens  à  lunettes  »  gardaient  les  boulevards,  chassaient 
les  Jacobins  des  jardins  publics,  frappaient  «  les  têtes  rondes  à  la 
Brutus  »  dans  le  jardin  du  Palais-Royal. 

A  en  croire  Lacretelle,  «  quinze  ou  vingt  d'entre  eux,  et  c'étaient 
les  plus  accrédités  dans  l'opinion,  se  réunissaient  habituellement. 
Rien  n'était  plus  gai,  plus  ouvert  ni  plus  franc,  que  les  délibérations 
de  ces  jeunes  monarchistes...  Ils  préparaient  les  suffrages  pour  les 
comices  nouveaux  :  aussi  se  voyaient-ils  sollicités  et  flattés  par  les 
plus  illustres  candidats.  »  {Histoire  du  Directoire.) 

Il  était  de  bon  ton  d'affecter  des  sentiments  monarchiques,  de  faire 
de  l'opposition  aux  gouvernants. 

Sous  le  Directoire,  le  boulevard  de  Coblentz  ;des  Italiens)  (1)  était 
une  sorte  de  promenade-club  contre-révolutionnaire,  un  club  des  hon- 
nêtes gens,  disaient  les  réacteurs,  un  monde  royaliste  boudant  et 
narguant  la  République.  Les  promeneurs  se  reconnaissaient  en  tirant 
de  la  poche  de  leur  gilet  un  talisman  de  plomb  ou  de  bois,  formant 
en  silhouette  les  figures  de  Louis  XVI  et  de  Marie-Antoinette,  ou  par 
dix-huit  boutons  à  leur  habit  carré  (Louis  XVIII),  ou  à  un  bouton 
sur  l'épaule.  Ils  fredonnaient  le  Réveil  du  peuple.  Les  femmes  avaient 
des  éventails  symboliques,  laissant  voir  Louis  XVI,  la  reine  et  le 
dauphin. 

11  existait  une  opposition  vive,  mais  presque  impalpable.  On  ven- 
dait les  Almanachs  des  émigrants,  de  Coblentz,  des  Aristocrates,  de 
Vabbê  Maury,  pour  1796,  chez  tous  les  libraires  royalistes,  «  des 
vrais  royalistes  ». 

Au  Palais-Royal,, les  royalistes  ou  Jacobins  blancs  parlaient  mysté- 
rieusement de  leurs  espérances  monarchiques,  du  prochain  écrase- 
ment des  derniers  républicains. 

Appuyons  ici  sur  le  royalisme  d'un  grand  nombre  de  Clichyens. 
Citons  Mathieu  Dumas  : 

Avant  fructidor,  «  quelques  membres  influents  du  Conseil  des  Cinq- 
Cents  formèrent  une  réunion  dans  l'ancienne  maison  de  M.  Berlin 


(1)  Le  nom  de  boulevard  de  Coblentz  fut  donné  par  les  royalistes  à  la  partie 
méridionale  du  boulevard  des  Italiens,  s'étendant  de  la  rue  Grange-Batelière  à 
celle  de  la  Chaussée-d'Antin,  pour  rappeler  la  ville  de  Coblentz,  où  se  tenaient 
une  foule  d'émigrés. 


CLUB  DE  CLIGHY  495 

(Boutin},  rue  de  Glichy.  Dans  cette  réunion,  quelques  membres  du 
nouveau  tiers  essayèrent  de  former  un  parti  royaliste  :  ils  croyaient 
pouvoir  exciter  des  troubles  sérieux  dont  ils  auraient  profité  pour 
opérer  une  contre-révolution  et  rappeler  la  maison  de  Bourbon.  Ils 
cachaient  assez  mal  leurs  desseins  sous  un  langage  constitutionnel, 
et  travaillaient  à  exaspérer  Igs  esprits  contre  le  Directoire.  Mes  amis 
et  moi,  nous  nous  rendions  assidûment  à  ces  réunions,  et  nous  nous 
appliquions  à  tempérer  TefTervescence  qui  allait  toujours  croissant. 
Ce  petit  nombre  de  royalistes  n'avait  en  réalité  aucun  moyen  d'action  : 
leurs  déclamations  ne  faisaient  qu'irriter  le  Directoire,  et  lui  fournir 
des  prétextes  pour  recourir  à  des  mesures  de  salut  public,  c'est-à- 
dire  à  la  force  brutale,  en  s'appuyant  sur  l'armée.  Malheureusement, 
nos  conseils  étaient  froidement  accueillis  par  des  esprits  trop  ardents, 
qui,  moins  éclairés  que  nous  sur  les  dangers  de  la  situation,  ne  se 
méfiaient  pas  assez  du  piège  qui  leur  était  tendu.  Notre  prudence 
était  taxée  de  timidité  (l).  » 

Dumolard  annonça  au  Club  de  Clichy  qu'il  dénoncerait  le  général 
de  l'armée  d'Italie  et  le  Directoire  exécutif,  qui  voulaient  tirer  ven- 
geance des  Pâques  véronaises.  On  ne  put  le  détourner  de  ce  dessein. 
Il  s'y  obstina,  et  lit  sa  motion  au  Conseil  des  Cinq-Cents. 

Peu  de  ses  collègues  acceptèrent  la  responsabilité  de  cette  motion  ; 
les  autres  considéraient  peut-être  que,  naguère,  député  à  l'Assem- 
blée législative,  Dumolard  avait  constamment  voté  avec  les  partisans 
de  la  royauté. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Dumolard  proposa  aux  Cinq-Cents  de  demander 
des  renseignements  au  Directoire  sur  Bonaparte  et  ses  actes  envers 
Gênes  et  Venise. 

Bonaparte  offrit  sa  démission.  Il  joignit  à  sa  lettre  un  stylet  et  se 
déclara  décidé  à  vivre  tranquille,  «  si  toutefois,  disait-il,  les  poignards 
de  Clichy  voulaient  bien  le  laisser  vivre.  »  Selon  lui,  le  discours  de 
Dumolard  était  un  «  manifeste  soldé  par  l'Angleterre.  » 

«  Cette  dénomination  de  poignards  de  Clichy  faisait  allusion  à  une 
réunion,  composée  en  grande  partie  de  députés  opposants,  qui  tenait 
SCS  séances  à  Clichy,  et  dans  laquelle  Dumolard,  si  étrangement  tra- 
vesti en  Catilina,  avait  annoncé  son  intention  d'interpeller  le  Direc- 
toire. De  là  à  poignarder  le  général  Bonaparte  il  y  avait  encore  du 
chemin...  » 


(1)  Souvenirs  de  Mallneu  Dumas,  t.  III,  p.  87  et 


496  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Dans  des  notes,  Bonaparte  se  répandait  en  menaces  contre  les 
membres  du  Club  de  Clichy,  et  les  apostrophait  ainsi: 

<(  Mais,  je  vous  le  prédis,  et  je  parle  au  nom  de  quatre-yingt  mille 
soldats,  le  temps  où  de  lâches  avocats  et  de  misérables  bavards  fai- 
saient guillotiner  les  soldats  est  passé,  et,  si  vous  les  y  obligez,  les 
soldats  d'Italie  viendront  à  la  barrière  de  Clichy  avec  leur  général  : 
mais  malheur  à  vous!  » 

Bonaparte  dit  encore  :  «  Je  vois  que  le  Club  de  Clichy  veut  marcher 
sur  mon  cadavre  pour  arriver  à  la  destruction  de  la  République.  » 

Il  demandait  qu'on  fermât  le  Club  de  Clichy  (1). 

La  proposition  de  Dumolard  fut  renvoyée  à  une  commission.  Elle 
avait  été  concertée  avec  quelques  Clichyens.  Duverne  de  Presle  dési- 
gnait, d'ailleurs,  la  Société  de  Clichy  comme  dévouée  à  Louis  XVIII 
et  composée  de  ses  partisans  (2). 

De  son  côté^  Mallet  du  Pan  revendiquait  l'honneur  d'avoir  inspiré 
la  motion  de  Dumolard.  «  On  lut  mes  lettres,"  a-t-il  écrit,  avant  de  les 
répandre,  on  décida  de  lancer  la  bombe.  De  là  les  motions  de  Pasto- 
ret  et  de  Dumolard  :  vous  avez  vu  que  ce  dernier  n'a  fait  que  para- 
phraser mes  lettres  (3).  » 

Dans  la  deuxième  déclaration  de  Duverne  de  Presle  ou  Dunant.,  an- 
nexée au  registre  secret  du  Directoire  exécutif  ( l  1  ventôse  an  Fj,  on 
lit: 

«  Nous  ne  connaissons  pas  les  membres  du  Corps  législatif  qui  sont 
de  notre  parti.  Lemerer  et  Mersan  étaient  nos  seuls  intermédiaires; 
mais  les  autres  sont  les  membres  de  la  réunion  de  la  rue  de  Clichy, 
ou  du  moins  la  plus  grande  partie  de  ceux  qui  la  forment...  » 


IV 


Cette  réunion,  répétons-le,  avait  ses  meneurs  et  ses  dupes.  Les  dupés 
n'y  voyaient  pas  de  royalisme;  ils  avaient  quelque  peur,  et  les  meneurs 
ne  négligeaient  rien  pour  entretenir  et  fortifier  les  membres  du  Club, 
surtout  au  moment  où  le  député  Hardy  fit  une  sortie  contre  eux,  en 
déclarant  qu'il  les  trouvait  dignes  des  éloges  qu'en  faisait  Louis  XVIII, 


(1)  Lanfrey,  Histoire  de  Napoléon,  t.  \,  passim, 

(2)  Moniteur  universel  de  l'an  V,  n"  353. 

(3,  Mallet  du  Pau,  Mémoires,  t.  II,  p.  313,  !«'  juillet  1797. 


CLUB  DE  CLIGHY  497 

et  quand  il  leur  reprochait  la  protection  accordée  aux  émigrés  et  aux 
prêtres  (1).  En  17,97,  Lally-Tollendal  publia  une  Défense  des  émigrés 
français  adressée  au  peuple. 

L'homme  de  loi  Dumolard  portait  ombrage  à  Bonaparte,  principa- 
lement, et  le  général  envoya  des  adresses  de  tous  les  corps  de  l'ar- 
mée, ofticiers  et  soldats,  au  Directoire  :  il  y  parlait  des  calomnies  des 
journaux  royalistes,  qualifiait  de  «  tas  d'atrocités  »  la  motion  de 
Dumolard  ;  il  disait  : 

«  Citoyens  directeurs,  il  est  imminent  que  vous  preniez  un  parti  : 
si  vous  avez  besoin  de  forces,  appelez  les  armées.  La  cour  de  Vienne 
traîne  en  longueur  les  négociations,  pour  attendre  la  décision  de 
votre  crise  intérieure.  Si  vous  voulez  la  paix,  faites  briser  les  presses 
des  journaux  de  Louis  XYIII,  des  journalistes  vendus  à  l'Angleterre, 
et  fermer  le  Club  de  Clichy  (2).  » 

Le  Moniteur  universel  reproduisit  en  août  des  adresses  de  l'armée 
d'Italie  au  Directoire  contre  les  conspirateurs  du  Club  de  Clichy, 
«  qui  tentent  d'ôter  au  gouvernement  la  considération  dont  ses  vic- 
toires l'ont  investie,  et  tous  les  moyens  de  faire  subsister  les  ar- 
mées (3).  » 

En  1797,  les  Clichyens  composèrent. le  bureau  des  Cinq-Cents  avec 
leurs  créatures.  Pichegru  fut  président.  Vinrent  ensuite  Dumolard  et 
Henri  de  Larivière,  préféré  au  général  Jourdan  ;  Henri  de  Larivière, 
ancien  membre  de  la  commission  girondine  des  Douze  qui  défendait 
tous  les  complots  royalistes  et  se  signalait  par  ses  excès  révolution- 
naires. 

Hs  s'étaient  bientôt  relevés  de  l'espèce  d'étourdissement  qu'ils 
avaient  éprouvé  en  mai  de  cette  année.  Et  toujours  ils  se  montraient 
amis  des  royalistes,  tout  en  ne  combattant  pas  la  Constitution  de 
l'an  III,  mais  en  profitant  de  l'art.  301  de  cette  Constitution  portant 
«  qu'aucune  assemblée  de  citoyens  ne  peut  se  qualifier  de  société 
populaire.  »  Ils  ne  se  regardaient  pas  comme  formant  une  société 
populaire;  loin  de  là,  ils  s'élevaient,  disaient- ils,  contre  les  crimes 
de  la  Révolution. 

«  Ils  s'efforçaient  dans  des  pamphlets  d'intimider  les  hommes 
faibles,  et  de  déconsidérer  les  plus  courageux  dans  le  parti  constitu- 
tionnel. Ils  avaient  de  l'opiniâtreté,  restaient  unis  et  ne  disséminaient 


(1)  Moniteur  universel  de  l'an  V,  u"  154. 

(2)  Adresses  du  12,  du  27-28  messidor  (13  et  16  juillet  1797). 
(:j)  Moniteur  universel,  août  1797. 

32 


498  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

pas  leurs  forces;  ils  employaient  toutes  les  ruses  familières  aux.  fac- 
tions, et  surtout  celle  des  pétitions.  A  chaque  séance,  ils  en  fai- 
saient présenter  pour  solliciter  la  liberté  des  prêtres,  la  restitution 
des  presbytères,  le  rétablissement  du  culte  catholique  et  l'usage  des 
cérémonies^extérieures...  (1)  » 

Dans  le  Cri  général^  brochure  (Je  8  pages,  nous  lisons  : 

«  Ah!  réunissons-nous  tous,  replaçons  Louis  XVllI  sur  le  trùne  de 
ses  ancêtres,  c'est  alors  que  tiniront  nos  malheurs.  Ouvrons-lui  nos 
cœurs;  que  l'effusion  de  notre  joie  lui  fasse  oublier,  s'il  est  possible, 
que  c'est  par  des  Français  et  au  milieu  des  Français  que  sa  famille 
infoi-tunée  a  été  assassinée.  N'en  doutons  pas,  il  oubliera  tout,  pour 
ne  s'occuper  que  de  notre  bonheur  (2).  » 

VAlmanach  dès  gens  de  bien,  pour  1797,  avait  cette  épigraphe  : 

République  et  misère, 
Apophtegme  de  Saint- Just. 

En  1797  parut  la  Tribune  publique  ou  Journal  des  élections,  qui  ne 
cessait  de  publier  des  articles  contre  les  Jacobins.  Elle  constata  : 
«  En  1797,  les  sociétés  littéraires  pullulent  comme  les  clubs  en  93; 
même  génie,  même  gatté,  meilleures  intentions.  »  Elle  cita  la  Société 
litléraire  d'Emulation,  tenant  séance  dans  l'ancienne  salle  du  Musée. 

Les  Clichyens  ne  contredisaient  pas  ces  publications;  cela  expli- 
quait les  craintes  de  Lannes,  de  quelques  généraux,  d'officiers  et  de 
soldats. 

Dans  une  adresse  «  des  citoyens  composant  l'infanterie  légère  fran- 
çaise, en  station  dans  la  Lombardie,  au  Directoire  exécutif  (Milan, 
26  messidor  an  V),  on  lit  :  '  . 

«  Eh  !  quoi,  parce  que  l'armée  contre-révolutionnaire  est  nom- 
breuse, parce  que  son  quartier-général  est  à  Clichy,  et  que  nous 
sommes  en  Italie,  vous  seriez  intimidés?  Ah  !  non,  non  :  nous  savons 
estimer  votre  courage;  il  doit  trouver  son  énergie  dans  celui  des 
armées...  (3).  » 

D'autre  part,  le  19  juia  1797  (i"'''  messidor),  le  Journal  de  Paris  pu- 
bliait cet  article  : 

«  Sur  les  Clubs. 

«  ...  Il  existe  depuis  longtemps  un  Club  de  députés.  On  l'a  nommé 


(1)  Thibaudeau,  Mémoires  sur  la  Révolution  française,  2"  (jdit.,  1827, 1. 11,  p.  188. 

(2)  Bib.  Nat.,  Lb  42/2.326. 

(3)  Moniteur  universel,  an  V  de  la  République,  ii*  326. 


CLUB  DE  GLIGHY  1^)9 

lu  Club  de  C'iichy,  parce  que,  dans  l'origine,  il  s'est  tenu  à  Clicliy. 

«  On  parle  depuis  huit  jours  d'un  nouveau  Club  qui  s'établit,  dit- 
on,  à  l'hôtel  de  Salin,  en  opposition  avec  le  Club  de  Clichy. 

«  On  parle  aujourd'hui  d'un  troisième  Club  qui  va,  dit-on,  s'établir 
en  opposition  avec  le  Club  de  l'hôtel  de  Salm...  (1).  » 

Ces  concurrences  faites  aux  Clichyens  ne  suffisaient  pas  pour  ras- 
surer le  gouvernement  directorial,  qui  s'énervait  dans  les  divisions  in- 
térieures. Au  lieu  de  favoriser  ceux  qui  lui  seraient  utiles,  aux  dépens 
de  ceux  qui  le  combattaient,  ou  qui,  du  moins,  le  soutenaient  molle- 
ment, il  prit  une  mesure  attentatoire  à  la  liberté  de  réunion,  avec  le 
concours  des  deux  Conseils  ;  il  s'attaqua  à  tous  les  Clubs  en  général, 
il  visu  des  cercles  et  des  salons  fréquentés. 

Le  6  thermidor  (24  juillet)  les  Cinq-Cents  votèrent  l'interdiction 
provisoire  de  «  toute  Société  particulière  s'occupant  de  questions  po- 
litiques ».  Les  Anciens  sanctionnèrent  ce  vote,  et  le  Journal  de  Paris 
imprima,  sous  la  rubrique  Clubs  : 

«  Pastoret  vieut  de  faire  un  discours  excellent  contre  les  Clubs  ;  ce 
discours  est  nourri,  nerveux,  pressant,  victorieux.  Tout  ce  qu'il  dit 
s'applique  également  à  Clichy  et  au  Cercle  constitutionnel.  Il  n'y 
manque  qu'une  chose,  c'est  de  rassembler  les  arguments  qui  s'élè- 
vent particulièrement  contre  Clichy,  et  qui  renforcent,  relativement 
à  ce  Club,  les  argumens  communs  à  tous  les  Clubs.  Il  pouvoit  montrer 
qu'il  étoit  plus  contraire  à  la  Constitution  qu'aucun  autre,  1°  par  ce 
que  pour  en  être,  il  faut  être  député,  et  que  la  Constitution  défend, 
article..*  d'imposer  aucune  condilion  d't'digibilité,  etc..  (2).  » 

Tout  portait  à  croire  que  le  Directoire  chercherait  à  empêcher  les 
Clichyens  de  se  réunir,  parce  qu'ils  devenaient  dangereux,  soit  qu'ils 
s'assemblassent  comme  Club  ostensible,  soit  qu'ils  délibérassent 
d'une  façon  latente  ou  presque  secrète. 

ft  Non  contents  de  leur  réunion  de  Clichy,  les  royalistes  en  avaient 
une  moins  publique  chez  Gibert-Desmolières.  On  assurait  qu'elle 
était  composée  d'un  député  de  chaque  département,  et  que,  pour 
centraliser  son  action  et  mieux  dissimuler  sa  marche,  elle  avait  ima- 
giné de  nommer  un  comité  de  quarante  membres  qui  s'étaient 
réduits  successivement  à  vingt,  et  de  vingt  à  neuf  individus  qui 


(1)  Journal  de  Pdris,  uuiuéfo  du  19  juin  1797.  —  Voir,  plus  basj  Club  de  Salm. 

{I)- Journal  de  Paris,  numéro  du  25  juillet  1797.  —  Pastoret  fut  désigné  pour  la 
déportation,  quelques  jours  après.  Ses  sentiments  royalistes  n'étaient  ignorés 
de  pcrîfonuc.  '  * 


500  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

avaient  le  secret  du  parti,  et  faisaient  agir  à  Glichy  et  dans  les  Con- 
seils, conformément  au  plan  convenu  (1).  » 

La  réunion  de  Gibert  des  Molières  faisait  présager  un  coup  poli- 
tique, résultat  de  conspirations  contre  une  partie  du  Directoire. 

En  fructidor  (an  V),  un  i)on  nombre  de  Clichyens,  collectivement 
ou  individuellement,  parlaient  d'armer  les  émigrés  et  les  chouans 
nombreux  que  Paris  renfermait  alors,  et  de  faire  cause  commune 
avec  eux  contre  le  Directoire.  Plusieurs  jours  avant  le  18  de  ce  même 
mois,  des  réunions  avaient  lieu,  non  seulement  chez  Giberl  des  Mo- 
lières, mais  chez  Tronçon-Ducoudray.  On  proposa,  chez  ce  dernier, 
l'arrestation  de  Barras,  de  Rewbell  et  de  La  Réveillère-Lépeaux. 
Dans  un  discours,  Tronçon-Ducoudray  terminait  parcette  phrase  : 
«  Directeurs,  la  patrie  vous  censure.  >- 


V 


Le  dix-huil  fruclidor  survint.  Le  Directoire  ferma  le  Club  de  Glichy 
et  déporta  une  partie  de  ses  membres,  notamment  Dumolard,  Gibert 
des  Molières,  Tronçon-Ducoudray,  sans  oublier  le  vieillard  qui  avait 
donné  asile  aux  Clichyens;  Pichegru  fut  emprisonné,  puis  envoyé  à 

Sinnamari, 

Les  journalistes  Fiévée,  Michaud  et  Lacretelle  furent  frucAidonsés, 
ainsi  que  les  Clichyens  les  plus  connus  :  Boissy  d'Anglas,  Villaret- 
Joyeuse,  Willot,  Mersan,  Lemerer,  Lafond-Ladebat,  Imbert-Golomès, 
Camille  Jordan,  Vaublanc,  Murinais,  etc. 

Dans  un  rapport  présenté  par  Jean  Debry  aux  Cinq-Cents,  le 
20  fructidor  an  V,  on  lit  : 

«  Des  hommes  qui  n'avoient  ambitionné  le  pouvoir  populaire  que 
pour  en  user  contre  le  peuple,  travaiUoient  depuis  longtemps  à  l'exé- 
cution de  cet  exécrable  projet  :  la  plupart,  chef  des  révoltés  de  ven- 
démiaire, enhardis  par  l'impunité,  avoient  repris  le  fil  de  leurs 
trames;  ils  correspondoient  plus  audacieusement  que  jamais  avec  les 
a-ens  du  prétendu  Louis  XVIII  :  les  aveux  de  l'un  de  ces  agens 
royaux  (Duverne  de  Praîle)  (,s?c)  en  font  foi.  Leurs  lettres  surprises 
à  Venise,  leurs  intelligences  avec  les  émigrés  et  les  principaux  re- 

(1)  Gibert  des  Molières,  membre  des  Cinq-Cents  en  l'an  IV,  fut  compris  dans  la 
loi  du  18  fructidor  an  V  (1797)  et  condamné  à  la  déportation.  Mort  à  la  Guyane 
en  juin  1799.  —  Voir  Mémoires  de  Thibaudeau,  t.  11,  p.  182. 


CLUB  DE  GLIGHY  501 

belles,  le  prouvent  :  toutes  les  pièces  sont  rendues  publiques.  Leurs 
moyens  étoient  : 

«  1"  L'anéantissement  de  tout  esprit  public  national; 

«  2°  L'assassinat  de  tout  ce  qu'ils  appeloient  ,9ws/)^c/.«  de  patriotisme, 
et  l'impunité  accordée  aux  assassins  par  des  tribunaux  vendus  au 
royalisme  ; 

«  3"  L'extinction  des  ressources  financières  de  l'Etat; 

«  4°  L'avilissement  du  gouvernement  et  des  institutions  républi- 
caines ; 

«  T)°  La  guerre  civile  allumée  sur  divers  points  de  la  République  ; 

«  G"  La  sûreté  intérieure  détruite  et  les  routes  interceptées; 

«  7"  La  misère  du  rentier,  de  l'ouvrier,  du  soldat  ; 

H  8°  Enfin  l'active  fabrication  de  toutes  les  lois  éversives  de  la 
Constitution. 

«  Ce  but  et  ces  moyens  ne  vous  étonneront  pas,  lorsque  vous 
apprendrez  par  les  pièces  authentiques  trouvées,  que  leurs  nomina- 
tions, ordonnées  d'avance  et  réglées  par  des  bureaux  particuliers  de 
contre-révolution  dans  presque  tous  les  départemens,  dérivoient  d'un 
plan  général,  formé,  organisé  sous  le  nom  de  Société  des  fils  légi- 
times ;  société  dont  une  des  règles  étoit  le  plus  absolu,  le  plus  aveugle 
dévouement  de  ses  membres  aux  ordres  que  leur  donnoient  des 
chefs  inconnus...  (1).  » 

Le  Club  de  Clichy,  définitivement  frappé  à  mort,  ne  pouvait  nier 
son  attache  royaliste. 

Lemerer  et  Mersan  (2)  étaient  les  intermédiaires  habituels  par  les- 
quels les  agens  de  Louis  XVIII  correspondaient  avec  le  Club  de  Clichy. 

Évidemment,  les  Clichyens  avaient  grandement  participé  aux  me- 
nées dont  le  coup  d'Etat  du  18  fructidor  eut  raison. 

Le  Directoire  envoya  un  Message  aux  Cinq-Cents.  Il  y  disait  : 

«  Oui,  citoyens  représentants,  à  Paris  même  se  préparait  la  royale 
proclamation  qui  appeloit  les  François  au  redressement  du  trône, 
qui  les  invitoit  à  reconnoître  le  pouvoir  de  Louis  XVIII,  et  à  espérer 
dans  sa  clémence;  à  Paris  se  rédigeoit  [sic)  les  circulaires  monarchi- 
ques qui  dévoient  servir  de  précurseur  k  la  royauté.  Des  presses 

(1)  En  l'ail  V,  lors  des  élections,  V Association  des  fils  légitimes  commanda  les 
nominations  au  nom  de  la  royauté  (Journal  de  Paris,  an  VI).  Eu  ventôse  an  VI, 
le  même  journal  publia  un  article  ayant  pour  titre  :  Camille  Jordan  ait.v  Fils 
légitimes  de  ta  Monarchie  et  de  l'Eglise,  pour  les  élections. 

(2)  Lemerer  et  Mersan  furent  proscrits  après  le  18  fructidor.  .Mersan  fut  rappelé 
après  le  18  brumaire. 


502  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

» 

parricides  en  ont  déjà  répandu  dans  les  départemens,  et,  dans  ce 
moment,  plusieurs  milliers  encore  étoient  préparées  (i).  » 

Dans  une  lettre  écrite  par  Talleyrand  (30  fructidor  an  V),  et  adres- 
sée à  Bonaparte,  nous  trouvons  cette  phrase  : 

«  Les  membres  de  Clichy  et  le  cabinet  de  l'empereur  (d'Autriche) 
avaient  pour  objet  commun  et  manifeste  le  rétablissement  dun  roi 
en  France,  et  une  paix  honteuse  par  laquelle  l'Italie  devait  être  ren- 
due à  ses  anciens  maîtres  (2),  » 

D'une  part,  en  l'an  V,  les  Clichyens  ne  cessaient  de  provoquer  des 
dénonciations  contre  les  généraux,  dénonciations  lancées  par  des 
préposés  de  la  trésorerie,  en  particulier  contre  Lazare  Hoche;  d'au- 
tre part,  les  adresses  envoyées  par  les  armées  dénonçaient  la  «  cons- 
piration de  Clichy  »,  ainsi  que  nous  venons  de  le  voir,  et,  sous 
prétexte  d'affermir  le  gouvernement  directorial,  Barras,  La  Réveil- 
lère-Lépeaux  et  Rewbell  frappaient  des  républicains  qui  leur  étaient 
opposés. 

Il  parut,  en  4797,  le  Siôge  de  Paris  (m  les  Deux  Conspirations,  facé- 
tie au  sujet  des  Clichyens  (3). 

Citons  aussi  :  Conspiration  infâme  découverte  par  le  Directoire,  etc. 
—  Liste  générale  et  noms  des  conspirateurs,  etc.  (4). 

Hoche  était  coupable,  aux  yeux  des  Clichyens,  pour  avoir  célébré 
l'anniversaire  du  10  août,  pour  avoir  dit  à  ses  troupes  : 

«  Avant  de  déposer  les  armes,  peut-être  aurons-nous  à  assurer  la 
paix  intérieure  contre  des  fanatiques  et  des  rebelles  aux  lois  républi- 
caines, qui  méditent  de  rendre  la  France  à  l'esclavage  dont  vous  l'a- 
vez affranchie  pour  toujours.  —  Ils  visent  à  une  dissolution  sociale...; 
mais,  j'en  suis  certain,  votre  présence  et  la  fermeté  du  gouvernement 
suffiront  à  sauver  la  Constitution,  que  je  jure  avec  vous  de  mainte- 
nir. » 

Le  Club  de  Clichy  n'existait  plus,  mais  les  Clichyens,  appartenant 
aux  Conseils,  s'agitaient  toujours,  tantôt  dans  d'autres  réunions,  tan- 
tôt dans  les  salons. 

Durant  deux  années,  le  Directoire  dut  surveiller  les  Clichyens, 
ceux  qui  avaient  échappé  à  la  proscription,  et  ceux  qui,  nouveaux, 
s'entendaient  complètement  avec   les  royalistes.   L'audace   de  ces 


(1)  Extrait  du  Message  du  Directoire  aux  Cinq-Cents,  le  29  fructidor  an  VU. 

(2)  Mémoires  de  Thibaiideau,  t.  IT,  chap.  29,  p.  297. 

(3)  J5ib.  Nat.,  Lb  42/1477,  s.  d.  Imprimerie  de  VÊtoile  du  Soir,  in-8"  de  8  p. 

(4)  Bib.  Nat.,  Lb  42/1554,  in-8"  de  8  p. 


CLUB  DE  (ILICHY  503 

contre-révolutionnaires  s'accrut,  au  lieu  de  diminuer,' et  en  l'an  VII, 
qui  était  indiqué  par  beaucoup  comme  le  terme  du  gouvernement 
directorial,  on  se  mit  non  seulement  à  faire  la  guerre  aux  clubs, 
mais  à  signaler  des  livres  et  des  journaux  hostiles. 

Dans  les  observatfons  d'Engerran  (1),  sur  les  clubs,  aux  Cinq- 
Cents,  séance  du  9  messidor  an  VII,  ce  député  remarquait  : 

«  Il  faut  donc  que  la  loi  fasse  ce  que  les  sociétaires  ne  voudroient 
ou  ne  pourroient  peut-être  pas  faire  sans  danger,  soit  pour  leurs  vies, 
soit  pour  leurs  propriétés;  il  faut  qu'elle  empêche  les  émissaires  des 
puissances  étrangères,  les  parents  d'émigrés,  les  chefs  de  chouans, 
les  ex-nobles,  sauf  les  justes,  quoique  déjà  très  nombreuses  excep- 
tions admises  pour  ceux-ci,  d'être  encore  les  directeurs  des  sociétés 
s'occupant  de  questions  politiques,  et  d'en  faire  dans  plusieurs  en- 
droits des  ateliers  de  crimes  et  de  contre-révolution...  (2)  » 

Le  Miroir^  par  Beaulieu  (3),  journal  paru  le  11  floréal  an  IV,  pros- 
crit le  18  fructidor,  fut  repris  le  13  messidor  an  VII  avec  cette  épi- 
graphe : 

«  A  vaincre  sans  péril  on  triomphe  sans  gloire.  >■> 

Et  il  débute  ainsi  :  «  La  liberté  de  la  presse  vient  d'être  rendue  au 
peuple  français  ;  de  plats  coquins  l'avaient  paralysée  depuis  le 
18  fructidor  :  je  reprends  la  plume.  » 

C'était  un  des  organes  ardents  de  la  contre-révolution.  Il  n'eut 
que  quarante-sept  numéros. 

Les  Cinq  Tyrans  ou  le  Présent  et,  V Avenir.,  brochure  de  16  pages 
in-8«,  datent  de  1790. 

«Le  royalisme,  disait  Rollin,  dans  un  rapport  aux  Cinq-Cents, 
séance  du  16  thermidor  an  VII,  conspire  à  face  découverte,  tient  ses 
clubs  et  ses  séances  dans  des  palais,  dans  des  hôtels  pompeux...  (4). 

«  ...  Il  vous  importe,  disait  Jean  Debry,  au  même  Conseil  (séance 
du  26  thermidor  an  VII),  de  développer  simultanément  tous  les 
moyens  d'énergie  et  toutes  les  mesures  de  sagesse  ;  hors  de  là,  vous 
manquez  votre  but,  et  votre  éternel  ennemi,  le  royalisme,  ne  l'ignore 


(1)  Engerrand,  fléputé  de  la  Manche  h.  la  Convention  et  aux  Cinq-Cents,  avait 
pris  parti  pour  les  Girondins,  môme  après  le  31  mai  1793. 

(2)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  recueil  Bf  146. 

(3)  Claude-François  Beaulieu,  qui  fut  principal  rédacteur  du  journal  Nouvelles 
de  Versailles,  dont  le  premier  numéro  parut  le  23  juin  1789  et  qui  prit  plus  tard 
le  nom  à' Assemblée  nationale,  où  l'on  défendait  la  monarchie  tempérée,  a  été  un 
des  premiers  membres  du  Club  des  Feuillants.  (Voir  Club  des  FemUants.) 

('»)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  recueil  B*"  146. 


504  LES  CLUBS  CONTKE  RÉVOLUTIONNAIRES 

pas.  Habile  à  saisir  tous  les  masques  et  tous  les  costumes,  c'est  lui 
qui  pousse  aux  excès  pour  avoir  un  prétexte  de  réaction...  (1).  » 

Parmi  ces  moyens  d'énergie  et  ces  mesures  de  sagesse,  bien  des 
gens  comprenaient  la  fermeture  des  clubs,  quels  qu'ils  fussent,  favo- 
rables ou  non  au  gouvernement  directorial. 

Hello  (des  Côtes-du-Nord)  opina,  aux  Cinq-Cents,  le  20  fructidor 
an  VII,  sur  les  Sociétés  s'occupant  de  questions  politiques. 

Il  voulait  qu'on  exigeât  des  membres  de  réunions  à  former  : 

«  Nous,  soussignés,  déclarons  tenir  des  séances  publiques  dans  tel 
local,  tels  jours,  à  telle  heure,  à  l'effet  de  nous  occuper  de  questions 
politiques. 

«  Nous  déclarons  que  nous  avons  en  cela  pour  but  de  concourir 
au  maintien  de  la  République  et  de  la  Constitution  de  l'an  III,  de 
nous  opposer  de  tout  notre  pouvoir  au  rétablissement  de  la  royauté 
en  France  et  de  toute  espèce  de  tyrannie. 

«  Nous  déclarons  que  tous  nos  discours,  nos  écrits  et  nos  actes 
tendront  au  maintien  de  l'ordre,  de  la  paix,  au  respect  pour  les  auto- 
rités constituées  et  à  l'obéissance  aux  lois.  » 

Copie,  en  gros  caractères,  de  cette  déclaration  devrait  être  affichée 
dans  l'endroit  le  plus  apparent  de  la  salle  de  réunion  (2). 

Après  son  retour  d'Egypte,  Bonaparte  confondait,  on  le  sait,  les 
royalistes  et  les  républicains,  regardés  par  lui  comm.e  des  obstacles 
à  ses  projets  ;  il  profitait  de  la  lutte  toujours  existante  entre  les  uns 
et  les  autres,  ardents  ou  modérés  dans  leurs  journaux  et  leurs  bro- 
chures. 

Lui  non  plus  ne  voulait  pas  de  clubs.  Il  n'admettait  pas  la  liberté 
de  la  presse,  et  se  promettait  bien  d'aller  plus  loin  que  le  Direc- 
toire. X 

Richer-Sérizy  (3),  qui  avait,  en  1795,  rédigé  avec  une  certaine  verve 
V Accusateur  public ^  pamphlet  odieux  plutôt  que  journal,  renégat  qui 
attaquait  avec  violence  le  parti  républicain,  et  dont  les  Bourbons 
furent  les  protecteurs,  lorsque,  condamné  à  la  déportation,  il  s'é- 
chappa et  s'enfuit  à  l'étranger,  se  démenait  peu  avant  le  18  bru- 
maire. 


(1)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  recueil  fif  146. 

(2)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  recueil  Bf  146. 

(.3)  N'é  à  Caen  eu  1764,  mort  en  Angleterre  en  1803,  cet  ancien  ami  de  Camille 
Desmoulins  fut  chargé  par  les  Bourbons,  en  1801,  d'une  mission  secrète  à  Ma- 
drid. 


CLUB  DE  CLIGHY  ,  505 

A  la  veille  du  coup  d'État,  il  demandait  à  Lacretelle  ce  qu'il  vou- 
lait. «  Nous  voulons  la  Constitution  actuelle  qu'on  fortifiera  par  de- 
grés et  qu'on  approchera  le  plus  possible  des  formes  monarchiques. 
—  Je  reconnais  dans  ce  programme,  répondait  Richer,  un  peu  de 
niaiserie  feuillantine  (1).  » 

Quelques  membres  du  Club  de  Clichy,  après  le  18  fructidor,  se 
rassemblèrent  rue  de  Varennes,  au  faubourg  Saint-Germain,  et 
cette  conspiration  permanente  ne  fut  anéantie  que  par  le  18  bru- 
maire. L'opposition  de  l'ancienne  noblesse  dut  agir  avec  prudence 
devant  un  homme  décidé  à  frapper  ceux  qui  chercheraient  à  lui  bar- 
rer le  passage. 

Encore  devons-nous  constater  que  les  royalistes  furent  loin  de  res- 
ter muets  et  inactifs,  malgré  le  coup  d'État.  Ils  s'attaquèrent  au  pre- 
mier consul. 

«  ...  Tout  à  coup  un  homme  a  dicté  ses  volontés  aux  factieux,  le 
pas  de  charge  et  sa  voix  nous  ont  débarrassés  du  Directoire  et  des 
conseils,  et  sur  leurs  débris  s'est  élevé  le  Consulat.  C'est-à-dire  qu'à 
des  autorités  criminelles  succède  une  autorité  usurpatrice.  C'est-à- 
dire  que  755  tyrans  sont  remplacés  par  trois  despotes. 

«...  Gouvernans,  gouvernés,  votre  intérêt  vous  ordonne  de  rede- 
venir les  sujets  de  Louis  XVIII;  c'est  en  recevant  votre  pardon  aux 
pieds  de  son  trône,  que  vous  ferez  luire  sur  vous  l'aurore  du  bon- 
heur (2).  » 

En  1800,  les  royalistes  répandirent  dans  Paris  des  feuilles  secrètes, 
telles  que  V Invincible,  V Avant-Coureur  ou  le  Retour  à  Vordre.  Ils  éta- 
blirent une  contre-police. 

De  l'étranger  vinrent  des  brochures  qui  s'élevaient>  à  la  fois,  contre 
le  régime  républicain  et  contre  le  premier  consul  Bonaparte,  pris  à 
partie. 

On  lit  dans  VEloge  du  gouvernement  monarchique.,  ou  Exposition 
des  principes  et  des  faits  qui  démontrent  la  nécessité  de  rétablir  la 
royauté  en  France  (3)  : 

L'Assemblée  constituante,  «  Téternelle  honte  des  Français  »  ;  la 
Garde  nationale,  «  institution  odieuse  sous  tous  les  rapports  »  ; 
«  Bonaparte  est  l'imitateur  de  Cromwel;  mais  on  imite  mal  ceux 


(1)  Voir  Club  des  Feuillants. 

(2)  Les  trois  consuls,  ou  Réflexions  d'un  royaliste  sur  la  Journée  de  SaintCloud, 
brochure  de  16  p.  in-8°.  Paris,  1799,  p.  .3,  4  et  14.  (Bib.  Nat.,  Lb  42.'810.) 

(3)  Londres,  1800,  in-8».  (Bib.  Nat.,  Lb  43/4.38.) 


506  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

dont  on  n'a  pas  le  génie.  La  fidélité  se  réveille,  et  tous  les  cœufs 
sont  aux  Princes  de  la  maison  de  Bourbon. 

«  L'idée  absurde  d'établir  une  république  en  France  n'est  admis- 
sible sous  aucun  rapport;  cette  forme  de  gouvernement  est  essen- 
tiellement mauvaise;  elle  ne  peut  convenir  qu'aux  habitans  d'un 
très  petit  État...  » 


CLUB  DR   SALM 

Fondé   en    Juillet    1797. 


1 


Il  s'agit  ici  d'un  salon  politique  transformé  on  club  pou  nombreux 
mais  très  actif,  réactionnaire  quant  à  ses  doctrines  modérées,  mais 
non  anti-républicain ,  surtout  à  sa  naissance,  et  célèbre  par  ses  va- 
riations. 

L'Hôtel  de  Salm,  construit  en  1786  pour  le  prince  Frédéric  III  de 
Salm-Kirbourg,  était  situé  dans  la  partie  occidentale  du  faubourg 
Saint-Germain,  rue  de  Lille.  Le  prince  de  Salm-Kirbourg,  né  à  Lim- 
bourg  en  1740,  descendait  d'une  ancienne  maison  souveraine  d'Alle- 
magne. Il  était  venu  s'établir  à  Paris,  quelques  années  avant  la  ré- 
volution, et  il  se  mêla  aux  mouvements  de  cette  époque.  En  1787,  le 
ministre  Galonné  le  chargea  d'une  mission  auprès  des  Hollandais  in- 
surgés; mais,  réfugié  à  Utrecht,  Salm-Kirbourg  laissa  prendre  la 
ville  par  les  Prussiens. 

Il  ne  put  payer  son  architecte;  celui-ci  garda  l'hôtel,  que  le 
prince,  revenu  à  Paris,  habita  comme  simple  locataire,  et  dans  le- 
quel il  fonda  une  réunion  que  l'on  appela  plaisamment  Club  de  Sal- 
migondis^  parce  qu'on  y  rencontrait  des  gens  rassemblés  au  hasard, 
s'entretenant  des  choses  du  jour,  mais  sans  suite  ni  liaison.  La  répu- 
tation du  prince  n'était  pas  meilleure  au  point  de  vue  politique  que 
comme  particulier.  C'était  un  aristocrate  fort  dépensier. 

Sous  la  Terreur,  Frédéric  III  de  Salm-Kirbourg  fut  regardé  comme 
suspect.  En  1794,  son  hôtel  fut  acheté  par  le  marquis  de  Boisregard, 
célèbre  escroc  du  nom  de  Lieuthraud,  qui  étonna  tout  Paris,  après  le 
9  thermidor,  par  ses  fêtes  et  ses  prodigalités  (1).  Lieuthraud,  ou  le 


(l)  Au  commencement  de  l'Empire,  l'hôtel  fut  acheté  par  le  gouvernement  pour 
y  installer  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur,  qui  s'y  trouve  encore  aujourd'hui. 


'608  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

marquis  de  Boisregard,  recevait  la  société  la  plus  élégante,  qui  sou- 
pait  somptueusement  chez  lui.  Longtemps  prévenu  d'intelligence 
avec  les  ennemis  de  l'État,  ce  fameux  propriétaire  vit  la  police  en- 
trer dans  son  hôtel.  On  l'arrêta  :  il  fut  gardé  à  vue  dans  son  domi- 
cile pendant  un  mois.  Il  parvint  à  se  tirer  de  cet  embarras  et  s'é- 
chappa. Il  était  complice,  disait-on,  de  la  conspiration  de  Brotier  et 
de  Lavilleheurnois. 

Lieuthraud  avait  afîecté  jusqu'alors  de  faire  croire  qu'il  avait  été 
autrefois  garçon  perruquier,  afin  qu'on  ne  pût  le  soupçonner  «  d'être 
opposé  à  un  ordre  de  choses  qui  l'avait  fait  passer  du  plat  à  barbe  à 
une  fortune  immense;  il  est  certain  maintenant  que  c'est  un  ci-de- 
vant noble;  on  a  donné  les  ordres  les  plus  précis  pour  le  faire  arrê- 
ter de  nouveau  (1)  ».  Il  avait,  selon  la  rumeur  générale,  une  corres- 
pondance secrète  fort  compromettante  qui  fut  saisie,  avec  le  plan 
d'une  nouvelle  conspiration  royaliste  dont  il  était  le  chef.  Des  pou- 
voirs illimités,  signés  de  Louis  XVIII,  étaient  cachés  dans  la  dou- 
blure d'un  de  ses  habits. 

En  l'an  VII  il  fut  arrêté  comme  faussaire,  mis  en  jugement,  con- 
damné par  le  tribunal  criminel  de  la  Seine  à  la  marque  et  à  quatre 
ans  de  fers  pour  avoir  vendu  au  gouvernement  des  charbons  qui  ne 
lui  appartenaient  pas. 

Madame  de  Staël,  fille  de  Necker,  libérale,  mais  non  républicaine, 
avait  écrit  en  faveur  de  Marie-Antoinette,  après  l'exécution  de 
Louis  XVI.  Elle  commença  à  s'occuper  de  politique  aussitôt  après  la 
journée  du  9  thermidor,  et  ne  tarda  pas  à  exercer  une  certaine  in- 
fluence sur  des  personnages  remarquables  (2). 

A  l'époque  du  13  vendémiaire  an  IV,  elle  prononça  un  discours 
dans  une  soirée  où  elle  avait  réuni  beaucoup  de  royalistes  et  de 
constitutionnels. 

«  Je  savais,  dit  Lacretelle,  qu'elle  condamnait  le  mouvement  des 
sections;  je  m'en  étonnais,  et  j'en  étais  presque  courroucé...  Elle 
donnait  un  diner  nombreux,  et  lé  choix  des  convives  était  tel  qu'elle 
devait  se  trouver  à  peu  près  le  seul  avocat  de  la  Convention  (3).  » 

Elle  s'exprima  avec  abondance.  Voici  un  passage  de  sa  harangue  : 

«  Vous  parlez  d'en  finir  avec  la  Révolution,  et  vous  prenez  la  meil- 
leure marche  pour  la  recommencer...  Ces  disciples  de  Danton,  ces 


(1)  Moniteur  universel,  du  1"  thermidor  an  VL 

(2)  Voir  plus  bas,  Salons. 

(3)  Mémoires  de  Lacretelle,  p.  251.  Voir  aussi  son  Histoire  du  Directoire. 


CLUB  DE  SALM  50'J 

vieux  Cordeliers  ne  voyent-ils  pas  qu'il  s'agit  ici,  pour  eux,  de  vie 
et  de  mort?  Ils  vous  combattront  avec  un  pouvoir  absolu  qu'ils 
gardent  encore,  et  avec  des  armes  que  vous  ne  connaissez  pas, 
celles  de  révolutionnaires.  Tout  à  l'heure,  M.  de  La  Harpe  ne  dou- 
tait pas  de  la  victoire,  parce  que  l'opinion  publique  est  de  votre 
côté.  Je  demlinde  à  M.  de  La  Harpe  de  quel  calibre  sont  les  canons 
de  l'opinion  publique.  » 

Benjamin  Constant  partageait  ces  sentiments. 

Ce  publiciste  célèbre,  qui  devint  secrétaire  du  Club  de  Salm,  et 
plus  tard  tribun,  publia  une  brochure  intitulée  :  Des  réactions  poli- 
tiques, dans  laquelle  il  raillait  les  cercles  où  se  rassemblaient  les 
anciens  constitutionnels  et  les  royalistes.  Il  disait  d'eux  :  «  Ces 
êtres  d'un  jour,  qui  n'ont  qu'une  existence  artificielle,  des  mouve- 
ments copiés,  des  mots  de  ralliement,  ces  êtres  travestis  burlesque- 
ment  en  dispensateurs  de  la  gloire,  qui  veulent  ressusciter  l'empire 
des  salons,  le  tribunal  de  la  mode.  » 

Madame  de  Staël  abandonnait  le  Club  de  Clichy,  mais  avec  l'in- 
tention d'en  adopter  un  autre,  et  d'y  régner. 

On  peut  croire  que  l'abbé  Sieyès,  sur  lequel  un  certain  prêtre, 
Chrysostome  Poule,  avait  tiré  un  coup  de  pistolet  le  20  juin  1797, 
fut  le  premier  inspirateur  d'un  de  ces  cercles  constitutionnels,  et  qu'il 
s'accorda  avec  Benjamin  Constant  pour  admettre  le  Club  de  Salm. 

Ce  fut  donc  à  l'Hôtel  de  Salm  que  madame  de  Staël  réunit,  sous  le 
Directoire,  un  conciliabule  de  personnages  politiques,  parmi  lesquels 
figurait  Benjamin  Constant.  Celui-ci  contribua  à  fonder  le  Club  de 
Salm,  en  juillet  1797.  Le  club  prit  son  nom  de  l'hôtel  oii  il  se  tint,  et 
eut  pour  but  de  combattre  le  Club  de  Clichy,  où  les  royalistes  s'étaient 
fait  un  centre. 

Tout  d'abord,  chez  Benjamin  Constant  se  rassemblèrent  les  pre- 
miers membres  de  cette  réunion  constitutionnelle. 

«  Vous  avez  vu  dans  les  papiers,  écrivait-il  à  son  oncle,  des  détails 
bien  défigurés  sur  un  cercle  qui  a  commencé  par  un  dîner  chez  moi 
et  qui  est  composé  actuellement  de  plus  de  six  cents  personnes,  parmi 
lesquelles  se  trouve  tout  ce  qu'il  y  a  d'estimable  et  de  distingué  dans 
le  parti  républicain.  Le  gouvernement  encourage  fort  cette  réunion, 
et  déjà  à  présent  elle  sert  à  relever  l'esprit  public  (1).  » 

(1)  Lettre  de  Benjamin  Constant,  du  11  juillet  1797.  — Mort  le  30  décembre  1830. 


510  LKS  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 


11 


Les  adhérents  au  club  étaient  appelés  par  le  peuple  sabnisfes, 
salmichiens  ou  salmigondis.  Originairement,  ces  appellations  ironi- 
ques s'appliquaient,  nous  l'avons  dit,  au  salon  politique  tenu  par 
Frédéric  III  de  Salm-Kirbourg,  pendant  les  premières  années  de  la 
Révolution. 

La  nouvelle  réunion  eut  un  caractère  bien  autre,  très  sérieux, 
quoique  ses  véritables  tendances  ne  fussent  pas  tout  à  fait  délinies. 

Le  ministère  du  17  juillet  1797  fut  une  émanation  du  Club  de  Salm. 
Lenoir-Laroche,  rédacteur  au  Journal  de  Perlel,  au  Mercure,  au 
Moniteur,  membre  du  club,  fut  ministre  de  la  police  et  ne  resta  que 
huit  jours  en  fonction.  François  de  Neufchàteau,  placé  à  l'intérieur; 
Talleyrand  ,  ministre  des  relations  extérieures  ;  Préville-le-Pelley , 
ministre  de  la  marine,  appartenaient  au  club.  Ce  ministère  était  loin 
d'avoir  de  l'homogénéité. 

Une  gravure  de  VAccumtour  public,  rédigé  par  Richer-Sérisy, 
représenta  le  Club  de  Salm:  «  Des  Jacobins  aiguisent  des  poignards 
sur  des  meules.  Le  président,  le  nez  coiffé  d'une  énorme  paire  de 
lunettes,  reçoit  des  mains  d'un  des  Directeurs,  qui  se  glisse  par  la 
porte  entre-baillée,  un  sac  d'écus  (1).  » 

D'après  Mallet  du  Pan,  les  trois  Directeurs  :  Rewbell,  Barras, 
Là  Réveillère^Lépeaux,  hostiles  aux  conseils  des  Anciens  et  des 
Cinq-Cents,  s'accordèrent  avec  le  club  et  «  décidèrent  deux  grands 
coups  :  l'un  de  renvoyer  les  ministres  honnêtes  et  de  les  remplacer 
par  leurs  complices;  l'autre,  de  faire  approcher  de  Paris  de  nou- 
velles troupes  (2).  » 

A  ce  inoment,  le  Club  de  Salm  entra  complèternent  dans  l'action 
politique. 

V Eclair,  ou  Journal  de  la  France  et  de  VEizrope,  devint  son 
organe.  Un  service  de  cabriolets  fut  imaginé  pour  répandre  cette 
feuille  dans  le  Nord  et  en  Belgique.  Elle  s'imprimait  rue  des  Prêtres 
Saint-Germain  l'Auxerrois. 

Dans  une  de  ses  séances,  il  vota  des  mesures  importantes  :  — garnir 
de  gens  sûrs  les  tribunes  des  deux  Assemblées,  —  provoquer  l'éta- 


(1)  VAccusaleur  public,  n"  XXXII. 

(2)  A.  Micheli  Correspondance  iàédlle  de  Multel  du  l'an,  t.  II,  p.  300. 


CLUB  DE  SALM  311 

hlissemcnt  de  cercles  nouveaux  et  correspondre  avec  ceux  des  dépar- 
"tements, —  «  répandre  toujours  force  affiches  et  pamphlets  »,  ce  qui, 
estimait-il,  «  valait  mieux  que  des  décrets  »,  —  demander  «  l'im- 
pression et  l'ajournement,  quelque  proposition  que  l'on  fasse,  et 
réclamer  l'appel  nominal  (1).  » 

Il  eut  une  grande  part  dans  les  préparatifs  du  18  fructidor,  journée 
dans  laquelle  furent  compromis  beaucoup  de  Clichyens,  et  qui  affer- 
mit pour  quelque  temps  le  Directoire  et  la  Répubhque.  Bien  des  gens 
appelaient  madame  de  Staël  Notre-Dame  de  Fructidor. 

Les  républicains  savaient  gré  à  cette  réunion  de  lutter  contre  le 
Club  de  Cllchy.  La  vérité  est  qu'on  y  voyait  des  partisans  du  gouver- 
nement directorial,  des  Jacobins  modérés  ou  renégats,  et  des  libé- 
raux de  1789.  Il  formait  une  sorte  d'alliance  contre  les  exaltés  du 
Club  de  Clichy  et  les  royalistes  constitutionnels,  tels  que  Talleyrand 
et  Montesquiou. 

«  C'est  du  Club  de  Salm  et  de  ses  principaux  auteurs  que  partit  le 
premier  plan  d'une  déportation...  Ce  mot  de  déportation  plut  beau- 
coup à  tous  les  partis;  il  fit  une  grande  fortune...  La  mesure  de 
Talleyrand  (qui  en  avait  eu  l'idée)  parut  neuve,  ingénieuse  et  pleine 
d'humanité  (2).  »  Presque  aussitôt,  la  déportation  fut  substituée  à  la 
peine  de  mort. 

.  Parmi  les  discours  prononcés  dans  ce  club,  on  remarque  surtout 
celui  de  Benjamin  Constant  (3)  sur  la  nécessité  de  s'unir  en  vue  des 
élections  de  l'an  VI  (9  avril  1798). 

Point  de  liste  des  membres  qui  fréquentaient  le  Club  de  Sahn^ 
point  de  journal  rapportant  d'une  manière  complète  ses  délibéra- 
tions. On  a  vu  que  ses  adhérents  avaient,  pour  la  plupart,  des  arrière- 
pensées,  puisqu'ils  passèrent  en  notnbre  du  côté  des  contempteurs 
de  la  Révolution. 


(1)  Cournev  républicain,  du  26  juillet  1797,  p.  50.  Ce  journal  continua  le  Courrier 
français,  fondé  eu  juin  1789  par  Poncelin;  Poucelin  de  la  Roche-Tilhac  fut  déporté 
au  18  fructidor. 

(2)  Mémoires  de  Bart/iéleimj,  p.  72. 
(U)  Du  27  février  1798. 


CERCLE    CONSTITUTIONNEL 

Fondé  en  Juillet    1797. 


I 


Ce  club  fut  formé  sous  le  Directoire,  et  par  le  Directoire,  pour  com- 
battre les  Glichyens.  11  s'assemblait  rue  de  l'Université,  932. 

Le  Cercle  constitutionnel  tenait  le  milieu  entre  les  Clicliyens  et  les 
républicains.  Dans  le  conseil  des  Cinq-Cents,  Le  Marchant  de  Gomi- 
court  fit  un  rapport  sur  la  destruction  des  loups.  Il  trouva  plaisant, 
dit  Dulaure,  «  de  mettre  en  parallèle  ces  animaux  dévorants  avec  les 
membres  des  cercles  constitutionnels.  » 

Il  dit  ensuite  : 

«  Des  renseignements  postérieurs  au  premier  rapport  que  je  vous 
ai  soumis  ont  instruit  votre  commission  que  ces  animaux  féroces 
commencent  à  donner  de  justes  inquiétudes  ;  que  voyant  sans  doute 
quelques  moutons  (les  Clichyens)  se  réunir,  ils  ont  cru  devoir  en  faire 
autant.  Mais,  citoyens,  vous  saurez  protéger  les  porteurs  de  laine, 
et,  peut-être,  pour  anéant'r  leurs  ennemis,  adopterez-vous  le  projet 
de  résolution  que  je  présente  à  la  discussion.  >> 

Le  titre  même  de  la  réunion  annonçait  la  résolution  de  défendre 
la  constitution  républicaine  contre  les  royalistes. 

Dans  le  conseil  des  Cinq-Cents,  on  comptait,  parmi  les  plus  zélés 
membres  du  Cercle,  Pastoret,  Boissy  d'Anglas,  Jourdan  des  Bouches- 
du-Rhône,  Henri  Larivière,  Lemerer,  Camille  Jordan,  Pichegru,  De- 
larue,  Demerson,  etc  ;  dans  le  conseil  des  Anciens,  c'étaient  Tronçon- 
Ducoudray,  Siméon,  Emery,  Portails,  Barbé-Marbois,  Dumas  et 
Déranger. 

D'autre  part,  le  journal  VAmi  des  lois  imprimait  (1),  trois  semaines 
avant  l'ouverture  du  club  : 


(1)  N°  678,  22  messidor  au  V. 

33 


514  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  Le  Cercle  constitutionnel  devient  tous  les  jours  plus  nombreux. 
Déjà  trois  cents  aspirants  attendent  avec  impatience  que  la  réunion 
les  admette  dans  son  sein.  Tous  ceux  qui  se  présentent  sont  des 
hommes  connus  par  leur  modération,  leur  sagesse,  leurs  lumières  et 
leur  attachement  sincère  au  gouvernement.  Clichy  est  effrayé  de  cet 
empressement...  Plusieurs  communes  du  département  se  disposent 
à  imiter  un  si  bon  exemple.  Le  Cercle  constitutionnel  est  très  sévère 
dans  son  choix  :  il  n'admet  que  des  hommes  irréprochables  et  très 
éclairés;  il  rejette  tous  ceux  dont  l'esprit  turbulent  voudrait  préci- 
piter ces  mesures  et  nous  rejeter  dans  de  nouvelles  révolutions.  Le 
Cercle  ne  veut  rien  détruire  ni  renverser;  il  veut  conserver,  fortifier 
la  Constitution,  et  empêcher,  par  une  force  morale,  tout  ce  qui  pour- 
rait l'altérer  et  lui  nuire.  » 

Cette  réunion  devait,  en  effet,  acquérir  promptement  de  linfluence. 

Riouffe,  protégé  de  madame  de  Staël,  prononça,  le  14  juillet  1797, 
à  l'ouverture  du  Cercle  constitutionnel,  un  discours  qui  ressemblait  à 
une  déclaration  de  guerre  (1).  Les  Clichyens  accusèrent  les  constitu- 
tionnels de  se  vendre  au  Directoire,  qui  avait  parmi  ceux-ci  de  chauds 
défenseurs.  Riouffe,  ancien  girondin,  avait  fait  l'éloge  de  Louvet, 
mais,  comme  bien  d'autres,  il  ne  tenait  plus  à  travailler  pour  la  cause 
républicaine  (2). 

Bientôt,  le  Directoire  fit  fermer  le  Club  constitutionnel,  quand  cette 
réunion  prit  une  couleur  de  plus  en  plus  différente  de  la  sienne, 
quoique  ce  Cercle  l'eût  bien  secondé  contre  le  Club  de  Clichy. 

Ginguené  était  membre  du  Cercle  constlutionnel.  Dans  un  article 
inséré  dans  le  Journal  de  Paris,  il  rappela  «  qu'une  réunion  de  la  mi- 
norité des  deux  conseils,  d'hommes  de  lettres  et  de  militaires  distin- 
gués s'étoit  formée,  il  y  a  trois  mois,  sous  le  nom  de  Cercle  constitu- 
tionnel (3),  » 

Boulay  de  la  Meurthe,  dans  un  rapport  au  conseil  des  Cinq-Cents 
(séance  du  6  thermidor  an  V),  déclara  ce  qui  suit  : 

«  Il  s'est  formé,  à  Paris,  une  Société  sous  la  dénomination  de  Cercle 
constitutionnel,  Société  qui,  par  degré,  est  devenue  très  nombreuse, 
qui  a  déjà  répandu  des  manifestes,  des  apologies,  et  paroît  avoir  affi- 
ché de  grandes  prétentions  (4).  » 


(1)  Riouife  a  été,  plus  tard,  préfet  de  l'Empire. 

(2)  Honoré  Riouffe  a  été  tribun  sous  le  Consulat  et  préfet  sous  l'Empire. 

(3)  Journal  de  Paris,  numéro  du  23  septembre  1797. 

(4)  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  recueil,  Rf  146, 


CERCLE  CONSTITUTIONNEL  515 

Ces  prétentions  consistaient  à  peser  sur  la  politique  directoriale. 
Viénot-Vaublanc  prononça  un  discours  aux  Cinq-Cents;  nous  y 
lisons  : 

«  Mais,  représentants,  daignez  jeter,  les  yeux  sur  le  maniement  du 
Cercle  constitutionnel.  J"y  trouve  cette  phrase  remarquable  :  Après 
une  révolution,  et  sous  un  gouvernement  nouvellement  établi,  il  est 
rare  qu'il  y  ait  encore  des  clubs;  car  une  partie  des  motifs  qui  les 
avaient  fait  établir  pendant  la  Révolution  existe  encore  pour  beau- 
coup de  gens  :  les  regrets  du  passé,  la  haine  du  gouvernement  et 
l'espoir  de  le  renverser  (1).  » 

Lenoir-Laroche,  qui  avait  publié  un  travail  intitulé  :  De  l'esprit  de 
la  Constitution  qui  convient  le  mieux  à  la  France  (2),  observait,  à 
propos  du  Cercle  constitutionnel  et  des  clubs  en  général  :  «  Un  club 
contre  appelle  toujours  un  oXwh  pour;  c'est  la  loi  inévitable  des  réac- 
tions. Qu'on  ne  demande  donc  plus  pourquoi  le  Cercle  constitutionnel 
existe;  c'est  parce  que  le  club  de  Clichy  n'est  point  dissous.  » 

Il  disait,  de  plus  : 

«  Les  citoyens  qui  se  réunissent  au  Cercle  constitutionnel  n'ont 
d'autre  but  que  de  concourir  de  tout  leur  pouvoir  au  maintien  de  la 
Constitution,  d'autres  sentiments  que  l'amour  de  l'ordre  et  l'obéis- 
sance aux  lois...  Point  de  registres,  point  de  président,  point  de  se- 
crétaires, point  de  correspondance  ni  d'affiliations.  Lire  les  papiers 
publics,  et  se  communiquer  ses  idées  sur  des  questions  qui  ont  droit 
d'intéresser  tout  homme  libre  :  voilà  l'objet  et  la  forme  de  cette 
Société...  » 

On  voit,  par  les  Réflexions  de  Lenoir-Laroche,  que  le  Cercle  n'avait 
point  d'organisation  véritable,  qu'il  ressemblait  à  un  salon  ouvert 
plutijt  qu'à  un  club  dans  toute  l'acception  du  mot. 


II 


L'idée  des  cercles  constitutionnels  faisait  son  chemin,  et  les  roya- 
listes les  appelaient  «  Jacobinières  (3).  »  Il  en  surgit  un  bon  nombre 
à  Paris  et  dans  les  départements.  Il  s'en  forma  à  Blois,  à  Vendôme, 


(1)  Séance  du  3  tlienuidor  an  V.   -  Bilj.  de  la  Chambre  des  députés,  reeucilj 
Bf  146. 

(2)  Monileur  universel  de  l'an  VI,  n°  156. 

(3)  Le  Thé,  ou  le  Journat  des  Dix-Huit,  n°  71. 


516  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRLS 

au  Mans,  à  Chinon,  à  Auxerre,  à  Strasbourg,  à  Clermonl-Ferrand,  à 
Riom,  à  Issoire  et  â  Périgueux. 

Le  Directoire  s'efTaroucha.  Une  loi  prohiba  provisoirement,  en 
1797,  les  Sociétés  particulières  qui  s'occupaient  de  politique.  En 
Tan  VI,  un  arrêté  du  Directoire  «xécutif  porta  : 

«  Le  Directoire  exécutif,  informé  que,  sous  le  nom  de  Cercle  consti- 
tutionnel, il  se  tient,  rue  du  Bacq,  à  Paris,  un  club  dans  lequel  on  a 
manifestement  professé  des  principes  contraires  à  la  Constitution  de 
l'an  III: 

<(  Considérant  que  s'il  importe  pour  les  progrès  de  la  liberté  et  des 
lumières  de  maintenir  les  réunions  qui,  en  s'occupant  d'objets  poli- 
tiques, ne  terîdeiit  qu'à  fortifier  l'esprit  public  et  à  rallier  tous  les 
citoyens  au  gouvernement  républicain,  il  n'est  pas  moins  nécessaire 
d'arrêter  les  funestes  effets  que  produisent  celles  de  ces  réunions  où 
l'on  tendrait  au  renversement  de  la.Constitution,  au  bouleversement 
de  la  République,  et  où  l'on  éloignerait  les  citoyens  du  gouvernement 
républicain,  en  égarant  les  uns  et  en  frappant  les  autres  de  crainte, 

«  Arrête,  en  vertu  de  l'article  37  de  la  loi  du  19  fructidor,  que  le 
club  qui  se  rassemble  rue  du  Bacq,  à  Paris,  sera  fermé  (1).  » 

Cependant,  les  membres  du  Cercle  se  déclaraient  patriotes  éprouvés 
et  bons  républicains. 

Dans  un  Résumé,  fait  au  nom  d'une  commission  d'instruction,  en 
exécution  du  règlement,  un  membre  rappelait  sommairement  les 
travaux  du  Cercle  constitutionnel  de  la  rue  du  Bac,  «  depuis  son 
organisation  jusqu'au  8  ventôse  an  VI  de  la  République.  » 

Il  observait  que  ce  Cercle  était  né  sous'd'heureux  auspices,  après 
la  journée  du  18  fructidor,  au  moment  où  la  faction  du  Prétendant 
(Louis  XVIII)  venait  d'essuyer  une  défaite. 

«  La  partie  saine  du  corps  législatif  et  du  Directoire  avait,  disait-il, 
sauvé  la  chose  publique  par  une  de  ces  grandes  mesures  qui  deman- 
dent une  main  hardie,  en  même  temps  qu'elles  imposent,  pour  la  suite, 
l'obligation  d'une  vigilance  persévérante.  La  journée  du  dix-liuit  fruc- 
tidor avait  rouvert  les  Sociétés  politiques,  dont  l'ombre  seule  avait 
fait  trembler  la  tyrannie  des  Carnot,  des  Pichegru,  des  Dumolard  et 
autres  oppresseurs  du  peuple,  qui,  au  nom  de  Louis  XVIII,  en  ordon- 
nèrent despotiquement  la  clôture  universelle.  » 

Il  ajoutait  que  ce  Cercle  avait  été  formé  par  le  rapprochement  des 

(1)  Moniteur  univeriscl  de  l'an  VI  (8  mars  1798),  a"  168. 


CERCLE  CONSTITUTIONNEL  317 

«  républicains  éprouvés  »,  se  maintenant  «  dans  les  limites  constitu- 
tionnelle»»; que  le  premier  soin  de  ses  membres  avait  été  de  régu- 
lariser la  tenue  de  leurs  séances  par  un  ordre  de  délibération  propre 
à  activer,  à  féconder  et  à  utiliser  leurs  travaux  ;  que  le  règlement  du 
Cercle  était  basé  tout  entier  sur  les  dispositions  de  la  loi  du  19  fruc- 
tidor; que  l'on  n'avait  pas  dû  circonscrire  le  nombre  des  membres 
parce  que  leur  enceinte  resserrée  était  une  limite  naturelle  et  forcée. 
Selon  le  résumé,  «  les  royalistes,  des  salons  insurveillés  ou  clan- 
destins (1),  se  liguaient  pour  le  crime  »,  les  membres  du  Cercle 
s'étaient  associés,  «  sous  la  surveillance  de  la  loi,  pour  le  triomphe 
de  la  vertu.  » 

On  y  lisait  : 

«  Malheur  à  qui  ne  se  serait  glissé  parmi  vous  qu'avec  des  senti- 
mcns  hostiles!  ses  desseins  seront  en  pure  perte,  parce  que  vous  ne 
souffrirez  jamais  qu'aucun  membre  s'écarte  de  la  ligne  constitution- 
nelle... Vous  avez  institué  une  commission  d'instruction,  spéciale- 
ment chargée  de  mûrir  ou  de  préparer  les  travaux  du  Cercle;  elle  pèse 
les  propositions  qui  lui  sont  renvoyées;  elle  balance  leurs  avantages 
avec  leurs  inconvéniens.  Rien  n'est  livré  à  l'impression,  rien  ne  sort 
de  cette  enceinte  que  la  commission  ne  l'ait  revu  avec  soin,  dans  le 
calme  et  le  silence  d'un  examen  approfondi,  qu'elle  ne  l'ait  confronté 
avec  les  lois,  avant  de  le  soumettre  à  votre  délibération.  Chaque 
membre  est  appelé  à  lui  communiquer  ses  vues...  Pleins  de  respect 
pour  les  lois,  vous  avez  statué  que  le  code  constitutionnel  serait. sans 
cesse  présent  à  vos  yeux,  qu'il  serait  sans  cesse  déposé  sur  le  bureau 
pour  prévenir  les  écarts  involontaires,  vous  servir  de  règle  de  con- 
duite et  de  réponse  à  la  calomnie...  » 

Ces  principes  avaient  été  consacrés  par  le  règlement,  et  l'organi- 
sation du  Cercle  avait  été  complète  pour  la  séance  du  16  pluviôse.  Ils 
étaient  modérés. 

Le  Résumé  constatait  les  travaux  du  Cercle  dans  les  pages  qui 
suivaient;  il  rappelait  que  ses  membres  n'avaient  pas  souffert 
«  qu'aucun  étranger  s'introduisît  dans  leurs  séances  »  ;  il  s'élevait 
contre  la  malveillance  et  contre  les  calomnies  des  royalistes  (2). 

Quoi  qu'il  prétendit,  le  Cercle  constitutionnel  était  hostile  aux  actes 
du  Directoire  et  lui  portait  ombrage.  Bien   des  gens  le  regardaient 


(1)  Voir  plus  bas,  Salons. 

(2)  Résumé  des  travaux  du  Cercle  consLitulionnel  de  la  rue  du  Bacq,  etc.  Bib.  Nat. 
Lb  40/2363,  brochure  in-8'  do  16  p. 


518  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

comme  réactionnaire,  si  (Vautres  ne  doutaient  pas  de  la  loyauté  de 
ses  membres,  au  point  de  vue  républicain. 

Précédemment,  quelques  jours  avant  l'arrêté  directorial,  une  cir- 
culaire avait  paru,  et  était  ainsi  reproduite  par  un  journal  : 

«  MINISTKKE  IH:  LA  POLICE  GKNKRALK. 

«  Une  circulaire  adressée  par  le  ministre  de  la  police  générale  aux 
administrations  centrale  et  municipale,  le  17  pluviôse,  aj)pèle  {sic] 
la  surveillance  des  administrations  sur  les  clubs  ou  cercles  consiilu- 
tionnrls  (1).  » 

Outre  la  disparition  du  Cercle  constitutionnel  de  la  rue  du  Bac, 
signalons  des  arrêtés  qui  fermèrent  ceux  de  la  province  (2),  et  qui 
ont  à  peu  près  la  même  date. 

Quant  au  cercle  constitutionnel  d'Auxerre,  le  Direcloii'c  doim;i 
pour  motif  une  raison  qu'appuya  le  Journal  de  Paris  : 

«  On  y  professait  des  principes  désorganisateurs  et  propres  à  égarer 
l'opinion  pul)lique  ». 

Le  fait  est  que,  à  Paris  comme;  dans  les  départements,  ces  réunions 
tendaient  à  jeter  la  division  parmi  les  Directeurs  eux-mêmes,  et  que, 
sous  le  couvert  de  leurs  titres,  elles  laissaient  percer  des  attaches  au 
royalisme.  Elles  étaient  suspectes. 


(1)  Journal  de  Paris,  numéro  du  2G  février  1198. 

(2)  Arrêtés  du  13  ventôse  an  17  (ti  mars  17118). 


ANNEXE 


COMITÉS,   SOCIÉTÉS,    RÉUNIONS   DIVERSES 
PRIVÉS  OU  PUBLICS, 

Forâmes  pendant  la  Révolution. 


Nous  avons  park^,  jusqu'ici,  des  clubs  proprement  dits,  des  asso- 
ciations politiques  visant  ouvertement  à  la  propagande.  Notre  travail, 
pour  retracer  les  actes  de  la  contre-révolution  après  1789,  serait 
incomplet  si  nous  laissions  de  côté  les  comités,  les  sociétés,  les  réu- 
nions diverses,  les  conciliabules  plus  ou  moins  latents,  en  un  mot 
les  manières  d'association  employées  comme  des  forces,  qui  s'établi- 
rent aussitôt  que  l'Assemblée  nationale  eut  commencé  son  œuvre  de 
rénovation  politique,  de  guerre  aux  abus. 

Le  principal  comité  contre-révolutionnaire,  ayant  un  caractère 
privé,  profondément  occulte,  mais  presque  officiel  en  fait,  qui  appa- 
raît pendant  la  Révolution,  est,  sans  contredit,  le  Comité  autrichien, 
dont  on  a  vainement  nié  l'existence,  aujourd'hui  à  peu  près  re- 
connue. 


COMITÉ    AUTRICHIEN 


1789- 1790-1701-1792 


Sans  avoir  le  nom,  sans  avoir  l'organisation  d'un  club,  le  Comité 
autrichien  ne  manqua  pas  de  direction,  visa  un  but  déterminé,  tendit 
par  tous  les  moyens  à  sauvegarder  les  prérogatives  de  Louis  XVI  et 
de  la  famille  royale,  résista  secrètement  aux  décrets  de  l'Assemblée 
nationale  devenue  constituante. 

XuQ  Comité  autynchien  recueillit  des  adeptes  zélés  en  France  et  à 
l'étranger,  chercha  à  corrompre  des  députés,  eut  ses  agitations,  ses 
fluctuations,  ses  ardentes  querelles,  et  influa  considérablement  sur  la 
conduite  et  le  sort  de  Louis  XVI  et  de  Marie-Antoinette,  qu'il  perdit 
en  voulant  les  sauver. 

Assurément  on  ne  saurait  trouver  une  liste  des  personnes  qui  le 
composèrent  pendant  les  années  1789, 1790,  1791  et  1792.  Elles  n'ont 
pas  fait  connaître,  à  quelques  exceptions  près,  d'une  manière  nette, 
à  plus  forte  raison  d'une  manière  oflicielle,  leur  passage  dans  les 
conciliabules  des  Tuileries.  Cependant,  des  documents  sérieux,  — 
correspondances,  articles  de  journaux,  aveux  indirects,  brochures, 
pamphlets,  pièces  diverses,  etc.,  —  prouvent  que  les  contemporains 
ne  se  trompaient  pas  quand  ils  dénonçaient  le  Comité  autrichien  aux 
partisans  de  la  Révolution,  quand  ils  en  redoutaient  la  fatale 
intluence, 

Lorsqu'on  songe,  d'ailleurs,  à  la  situation  précaire  de  la  monarchie 
à  la  mort  de  Louis  XV,  aux  craintes  des  courtisans  eh  voyant  le 
public  demander,  exiger  même  la  réforme  des  abus,  il  n'y  a  rien  que 
de  logique  dans  ces  assemblées  secrètes  d'un  groupe  de  gens  unis 
pour  conserver  les  privilèges  dont  ils  jouissaient  impunément  depuis 
un  temps  immémorial,  pour  ne  pas  transiger  avec  les  nouvelles  doc- 
trines, pour  s'appuyer,  au  besoin,  sur  la  diplomatie  étrangère, 
notamment  sur  celle  de  l'Autriche  qui,  en  raison  de  l'alliance  con- 


524  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

due  entre  Marie-Antoinette  et  Louis  XVI,  devait  s'efforcer  de  tra- 
vailler au  maintien  de  la  royauté  absolue  en  France. 

Tout  démontre  que,  avant  de  recourir  aux  coalitions  armées,  les 
souverains  de  l'Europe  voulaient  enrayer  la  propagande  des  idées 
nouvelles  en  essayant  de  moyens  pacifiques,  et  que,  avec  eux,  la 
noblesse  et  le  clergé  des  divers  pays  se  croyaient  solidaires  de  notre 
clergé  et  de  notre  noblesse,  qui  en  avaient  dans  l'aile. 

Plus  tard,  ne  réussissant  pas,  ni  par  la  diplomatie,  ni  par  les 
menaces,  les  uns  et  les  autres  en  appelèrent  aux  armes.  La  contre- 
révolution  affirma,  au-dedans,  ses  espérances  par  des  menées  se- 
crètes ou  par  des  clubs  politiques;  au  dehors,  par  l'émigration  qui 
se  joignit  aux  souverains  coalisés. 

Dans  ces  circonstances,  le  Comité  autrichien  ne  cessa  pas  d'agir, 
de  conspirer;  et  des  négociations  secrètes  avec  l'étranger,  négocia- 
tions soupçonnées  seulement  d'abord,  puis  dévoilées  d'une  façon 
irréfutable,  compromirent  au  plus  haut  point  le  roi  Louis  XVI  et 
Marie  Antoinette.  Les  courtisans,  dangereux  amis  de  leur  maître, 
contribuèrent  à  perdre  celui'dont  ils  cherchaient,  soit  par  intérêt, 
soit  par  attachement,  à  restaurer  l'omnipotence. 

Voyons  quelles  furent  les  différentes  phases  du  Comité  autrichien, 
ce  qui  le  précéda,  et  ses  développements  successifs. 

Dès  que  Marie-Antoinette,  archiduchesse  d'Autriche,  fut  mariée  au 
dauphin  de  France  (depuis  Louis  XVI),  il  exista  du  trouble  à  la  cour 
■de  Versailles.  Le  mariage,  imposé  pour  ainsi  dire  par  Marie-Thérèse, 
eut  lieu  le  18  mai  1770.  Aussitôt  il  se  forma,  parmi  les  courtisans,  et 
même  parmi  les  membres  de  la  famille  royale,.un  groupe  très  hostile 
à  la  jeune  princesse.  Ses  tantes  par  alliance,  mesdames  Adélaïde  et 
Victoire,  ses  beaux-frères,  le  comte  de  Provence  et  le  comte  d'Artois, 
son  cousin,  le  duc  d'Orléans,  se  signalèrent  par  leurs  attaques. 

A  Meudon,  madame  Adélaïde  chanta  : 

Petite  reine  de  vingt  ans, 
Vous  qui  traitez  si  mal  les  gens. 
Vous  repasserez  la  frontière! 

Après  huit  années  de  mariage,  la  reine  accoucha  de  son  premier 
enfant.  Le  comte  d'Artois,  qui  aspirait  à  la  succession  au  trône  pour 
le  sien,  s'acharna  de  plus  en  plus  contre  sa  belle-sœur.  Des  pam- 
phlets ignobles  parurent  :  Y  Autrichienne  en  goguette,  les  Amours  de 
Chariot  et  de  Toinette,  les  Amusements  d^ Antoinette,  etc.,  avilirent  la 
reine  au  point  que  Louis  XVI  acheta  ces  libelles  pour  les  faire  dispa- 
raître. Les  princes  furent  soupçonnés  de  les  avoir  inspirés. 


COMITÉ  AUTRICHIEN  525 

Le  parti  qui  considérait  l'union  de  Louis  XVI  et  de  Marie-Antoinette 
comme  contraire  aux  sentiments  et  aux  intérêts  de  la  France,  s'aug- 
menta parmi  les  courtisans.  Madame  Adélaïde  était  à  la  tête  des  mé- 
contents :'ce  fut  elle,  déjà,  qui  avait  surnommé  VAuti'ickienne  la  fille 
de  Marie-Thérèse  arrivant  à  Versailles.  Le  comte  d'Artois  changea 
alors  de  rôle,  devint  le  «  thermomètre  sûr  de  la  faveur  de  la  prin- 
cesse »,  dont  certains  nobles  appelaient  l'entourage  «  canaille  aristo- 
cratique ». 

Ces  intrigues  de  cour  transpiraient  dans  le  public,  par  suite  des 
pamphlets  répandus,  par  suite  de  l'affaire  du  collier  et  des  accusa- 
tions que  le  comte  de  Provence  avait  lancées  contre  la  reine. 

Quelques  années  s'écoulèrent,  sans  grands  changements  dans  l'at- 
titude respective  des  princes  et  des  courtisans.  Lorsque  la  politi(jue 
commença  de  préoccuper  les  masses,  celles-ci  s'empressèrent 
d'adopter  le  surnom  que  des  familiers  du  château  avaient  donné  à 
Marie-Antoinette,  non  plus  seulement  à  cause  de  la  légèreté,  des 
inconséquences,  de  l'amour  des  plaisirs  que  l'on  reprochait  à  la 
reine,  mais  pour  sa  conduite  vis-à-vis  des  hommes  et  des  choses  de 
la  Révolution.  Elles  prirent  ce  surnom  en  très  mauvaise  part  et  l'in- 
tligèrent  comme  une  injure  à  iMarie-Antoinette,  surtout  lorsque  cir- 
culèrent des  bruits  de  guerre  avec  l'Autriche,  qui  soutenait  les  inté- 
rêts des  émigrés. 

Le  peuple  cria  tous  les  jours,  à  Paris  :  A  bas  l'Autrichienne!  et  il 
maudit  V autrichianisme ,  à  propos  des  réunions  de  princes  et  de  cour- 
tisans qui  se  tenaient  au  château  de  Bagatelle  et  ailleurs  (1).  Aussi 
lisons 'nous,  dans  la  (Chronique  de  Paris  : 

«  Il  y  a  eu  jeudi,  10  juin  1790,  une  assemblée  nombreuse  et  très 
secrète  à  Bagatelle.  Toutes  les  portes  ont  été  fermées.  » 

A  n'en  pas  douter,  sous  la  pression  des  événements,  Marie-Antoi- 
nette, dauphine  encore  ou  devenue  reine,  et  ayant  reçu,  en  1781,  la 
visite  de  son  frère  Joseph  II,  s'enhardit  et  composa  son  entourage  avec 
la  coterie  autrichienne.  Elle  renseigna  la  cour  de  Vienne  sur  les  vues 
de  celle  de  Versailles,  éleva  aux  emplois,  grâce  à  son  influence  sur 
Louis  XVI,  des  hommes  déférents  à  l'Autriche,  et  bientôt  orienta  la 
politique  du  gouvernement  français  dans  le  sens  des  intérêts  autri- 
chiens. Elle  écrivit  à  Marie-Thérèse,  le  5  mai  1778,  que  «  c'était  l'af- 
faire la  plus  importante  de  sa  vie  (2)  ».  Elle  fut  bientôt  l'âme  de  tous 


(1)  Voir  plus  bas,  Réuniuns  de  Da{/atelle  et  de  Bellevite. 

(2)  DArnoth  et  Geffroy,  Murie-Anluinelte,  t.  111,  p.  199. 


526  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

les  conseils  dans  le  château  des  Tuileries,  lorsque  le  roi  et  sa  famille 
vinrent  habiter  l'ancienne  demeure  des  rois. 

A  mesure  que  les  événements  se  précipitèrent,  s'opposèrent  aux 
prérogatives  du  roi  et  de  la  reine,  lorsque  l'émigration  commencée 
par  les  princes,  comtes  d'Artois  et  de  Provence,  se  fit  dangereuse 
avec  les  Polignac,  le  marquis  de  Bouille,  le  marjchal  de  Broglie  (1), 
Galonné,  surtout  avec  le  prince  de  Condé,  «  jurant  de  s'ensevelir 
sous  les  ruines  de  la  monarchie,  annonçant  à  la  France  une  ligue 
de  toutes  les  aristocraties  et  de  toutes  les  monarchies  de  l'Europe  », 
les  courtisans  restés  à  Paris  se  livrèrent  à  des  intrigues  politiques. 
Ils  entretinrent  des  relations  suivies  avec  ceux  qui  avaient  quitté  la 
France,  qui  formaient,  après  la  prise  de  la  Bastille,  un  rassemble- 
ment assez  considérable  près  d('  nos  frontières,  sous  le  nomd'uarmée 
de  Condé  ». 

Le  comte  Mathieu  Dumas,  qui  se  trouvait  à  Versailles  à  la  fin  de 
septembre  1789,  a  écrit  :  «  Je  partageais  avec  mes  amis  les  intrigues 
(jui  se  tramaient  au  château  (2)  ». 

Après  les  journées  des  5  et  G  octobre,  les  intrigues  de  Versailles 
se  continuèrent  à  Paris. 

La  coterie  se  transforma  en  un  groupe  actif,  qui  tint  des  séances 
fréquentes  dans  lappartement  de  Marie-Antoinette.  Là,  on  peut 
croire  que  ce  fut  sous  la  présidence  nominale  de  la  reine,  sinon  en  sa 
présence,  que  le  groupe  se  réunissait.  Il  avait  pour  but  d'attirer  les 
armées  étrangères  sur  le  sol  de  la  patrie,  afin  de  rétablir  le 
roi  dans  tous  ses  droits  et  dans  toutes  ses  prérogatives.  Plusieurs 
ministres  furent  justement  soupçonnés  d'en  faire  partie,  entre  autres 
Montmorin.  Peu  après,  on  disait  «  que  le  sceptre  de  Louis  XVI  n'était 
plus  que  la  quenouille  de  l'Autrichienne,  »  et  le  comte  de  Viricu 
appelait  Marie- Antoinette  «  la  Magicienne  ». 

Certainement,  elle  était  l'agente  la  plus  active  du  cabinet  au'ri- 
chien  (3)  :  à  dater  de  mai  1787,  la  reine  gouverna  ostensiblement, 
assistant  à  tous  les  conseils  de  Louis  XVI.  En  1790,  lors  de  la  Fédé- 
ration, yirieu,  montrant  la  reine  àMontlosier,  disait  :  «Je  ne  compte 
pas  sur  le  roi,  mais  je  compte  sur  celle-ci.  Voyez-la;  c'est  une  ma- 


(1)  Ministre  de  la  guerre,  commandant  les  forces  militaires  que   Louis  XVI 
voulait  réunir  contre  la  Révolution 

(2)  Souvenirs  du  lieutenant-général  comte  Mathieu  Dumas,    de   1770  à  1836, 
publiés  par  son  fils,  Paris,  1839,  t.  I,  p.  450. 

(3;  La  Correspondance  secrète  entre  Marie-Thérèse  et  le  comte  de  Mercy-Aryenteau, 
par  MM.  d'Arneth  et  A.  Gctfroy. 


COMITÉ  AUTRICHIEN  527 

gicienne.  >>  Virieu,  on  le  sait,  était  un  des  fondateurs  du  Club  des 
Impartiaux  (J). 

Le  Comité  autrichien  faisait  répandre  à  profusion,  dans  tout  le 
royaume,  des  libelles  et  des  journaux  hostiles  aux  idées  nouvelles. 
Louis  XVI  lui-même  s'en  inquiéta,  à  la  suite  de  la  publication  d'une 
lettre  écrite  confidentiellement  par  lui  au  roi  d'Angleterre.  Il  ordonna 
une  enquête  contre  le  Comité  autrichien^  qui  dirigeait  d'une  façon 
occulte  k  politique  de  la  France,  retenait  ou  communiquait  sa  cor- 
respondance la  plus  secrète  auprès  des  gouvernements  étrangers. 
Celte  enquête  ne  parait  pas  avoir  eu  de  suites,  et  pour  cause  :  la  reine 
elle-même  eût  été  gi-avement  compromise. 

Le  Comité  aulriclnen  tenait  quelquefois  nuitamment  ses  séances  à 
Saint-Denis,  à  Auteuil,  et  dans  l'intérieur  dé  Paris.  Alors  il  se  ras- 
semblait par  portions  chez  quelques  grands  personnages. 

D'octobre  1789  à  mars  1790,  on  découvrit  à  peu  près  un  complot 
par  mois,  ayant  des  ramifications  avec  la  cour  (Augeard,  Favras, 
Maillebois,  etc.).  Le  baron  de  Besenval  appartenait  à  la  coterie  autri- 
chienne. Il  était  l'homme  de  la  reine,  l'ex-confident  des  plaisirs  de 
Trianon.  Le  comte  de  Maillebois  fit  un  plan  de  contre-réyolution. 
Favras  vivait  dans  l'intimité  du  comte  de  Provence.  Augeard  était 
secrétaire  des  commandeïnents  de  Marie-Antoinette,  membre  du 
Club  de  Valois^  et  très  probablement  du  Club  monarchique  (2). 

fjC  comte  de  Mercy-Argenteau,  ambassadeur  de  Vienne  à  Paris, 
très  dévoué  à  la  royauté  et  à  Louis  XVI,  conseiller  secret,  sorte  de 
mentor  de  Marie-Antoinette,  fut  compromis  par  une  lettre  de  d'Es- 
taing,  dans  le  complot  pour  la  tra^nslation  du  roi  à  JVletz,  désigné 
comme  étant  le  directeur  du  Comité  autrichien,  et  obligé  de  quitter 
Paris  en  1790  à  cause  des  accusations  dont  il  était  l'objet.  Il  savait 
par  Fabbé  de  Vermond,  auquel  rien  ne  pouvait  échapper,  ce  que  la 
reine  aurait  cherché  à  lui  cacher  (3). 

Citons  encore  le  comte  de  la  Marck,  qui  entretint  les  rapports  de 
Mirabeau  avec  la  cour,  le  comte  de  Fersen,  le  comte  de  Vaudreuil, 
Bertrand  de  Molleville,  le  ministre  Montmorin.  Chacun  de  ces  per- 
sonnages, à  des  titres  différents  et  par  des  moyens  plus  ou  moins 
avouables,  soutenait  le  parti  de  la  cour,  apportait  son  opinion  dans 


(1)  Voir,  plus  haut.  Club  des  Impartiaux. 

(2)  Voir,  plus  haut,  Club  de  Valois  et  Club  des  Amis  de  la  Constitution  monar- 
chique. 

(3)  Correspondance  secrète  du  comte  de  Mercy-Arr/enteau  avec  l'empereur  Jo- 
seph II  et  te  prince  de  Kaunitz,  Introduction,  p.  LXXXV.  Paris,  Imprimerie  natio^ 
ual,  1891. 


528  LES  CLUBS  GONTRE-RÉVOLUTIOMNAIRES 

l'entourage  de  Louis  XVL  Chacun  avait  son  complot  tout  préparé,  et 
chaque  petit  complot  avait  ses  affiliés  (1).  De  là  nomhre  de  diver- 
gences dans  les  vues,  et,  par  suite,  manque  d'unité  dans  l'action; 
des  divulgations  imprudentes,  mettant  le  public  en  éveil,  et,  sou- 
vent, des  rivalités  de  zèle  ou  des  actes  d'intérêt  personnel  qui  nui- 
saient à  l'amvre  d'évasion  de  Louis  XVL 
Le  1"  décembre  1789,  Vaudreuil  écrivait  au  comte  d'Artois  : 
«  J'ai  des  raisons  pour  croire  que  la  Cour  a  un  plan  qu'il  ne  faut 
pas  croiser  par  des  démarches  qui  effraieraient  et  causeraient  peut- 
être  de  nouvelles  insurrections  et  les  plus  redoutables  malheurs  (2).» 

Madame  Elisabeth,  sœur  du  roi,  patronnait  l'idée  de  transporter  la 
cour  à  Lyon;  elle  s'efforça  de  l'inculquer  à  Louis  XVL  Elle  écrivit  à 
madame  de  Bombelles,donl  le  mari,  ambassadeur  en  Portugal,  démis- 
sionnaire, émigré,  servait  dans  l'armée  de  Condé  : 

«  Je  regarde  la  guerre  civile  comme  nécessaire  ». 

Lyon  était  un  point  stratégique  important,  assez  rapproché  de 
Turin,  capitale  de  l'émigration  naissante.  Lyon  renfermait  beaucoup 
de  mécontents,  et  l'on  y  conspirait  en  même  temps  que  les  émigrés 
conspiraient  à  Turin  ;  sa  garnison  renfermait  des  groupes  d'officiers 
contre-révolutionnaires.  Des  émigrés  y  paraissaient  fréquemment. 

A  l'intérieur  comme  à  l'extérieur,  le  Comité  autrichien  agissait.  En 
octobre  1789,  Mirabeau  écrivait,  dans  une  note  à  la  cour  :  «  Le  roi 
est-il  en  sûreté?  Je  ne  le  crois  pas.  » 

Mirabeau  avait  un  plan  de  démocratie  royale^  lorsque  le  comte  de 
La  Marck  parvint  à  lui  ménager  un  rapprochement  secret  avec  la 
cour.  La  première  de  ces  notes  date  du  l*""  juin  1790;  sans  doute,  on 
chercha  à  lui  cacher  les  projets  de  fuite.  La  cour  ne  voyait  en  lui 
qu'un  conspirateur.  De  là  l'échec  du  plan  de  Mirabeau,  non  suivi  dans 
ses  appréciations. 

Il  disait  :  «  Le  roi  n'a  qu'un  homme,  c'est  sa  femme  ».  Marie- 
Antoinette  et  ses  plus  fidèles  se  concertaient  en  dehors  des  hommes, 
des  courtisans  qui  craignaient  de  trop  dangereuses  imprudences. 

Montmorin  écrivait  à  Mercy  : 

«  Il  était  indispensable  que  le  Roi  et  la  Reine  eussent  un  conseil 


(1)  Correspondance  du  gouverneur  Morris,  t.  H,  p.  221. 

(2)  Correspondance  intime  du  comte  de  Vaudreuil,  t.  I,  p.  48.  —  Creutz,  donnant 
des  Conseils  à  Gustave  111,  roi  de  Suède,  pour  son  voyage  en  France,  lui  disait 
que  M.  de  Vaudreuil  «  disposait  de  l'opinion  de  la  Reine.  »  (Gustave  III,  Jugé 
cjmme  roi  et  comme  homme,  par  le,  baron  de  Beskow.  lu-S'',  Stockholm,  1868.) 


COMITE  AUTRICHIEN  529 

ignoré  de  tout  le  monde  et  qui  eût  dirigé  leur  conduite  particulière 
et  publique,  et  il  aurait  fallu  pouvoir  la  combiner  avec  le  dehors...  « 

Cette  combinaison  était  tentée.  Le  conseil  de  Montmorin  était 
adopté.  Quatre  personnes  seulement  étaient  dans  le  secret  du  projet 
de  fuite  du  roi  :  Breteuil,  Mercy,  Bouille  et  Fersen  (1).  Ajoutons 
Montmorin,  et  probablement  le  gouverneur  des  Tuileries,  M.  de 
Champcenetz  (2). 

Les  habiles  meneurs  comptaient  sur  la  réussite  du  projet,  surtout 
à  cause  du  petit  nombre  de  gens  qui  en  avaient  connaissance. 

Itoy  a  lis  te  fougueux,  Hyde  de  Neuville,  «tout  jeune,  faisait  partie  de 
plusieurs  réunions,  de  sociétés  politiques  où  Ton  ne  cessait  de  rêver 
chaque  jour  la  contre-révolution...  Le  marquis  de  Champcenetz, 
gouverneur  des  Tuileries,  me  lit  délivrer,  écrit-il,  une  carte  pour 
pouvoir  entrer  à  toute  heure  au  château...  » 


11 


Au  lendemain  de  la  Fédération,  le  2G  juillet  1 790,  un  pamphlet  sans 
nom  d'auteur,  assurément  de  Marat,  et  intitulé  :  C'en  est  fait  de 
nous!  appelait  les  citoyens  aux  armes  pour  garderie  roi  et  le  Dau- 
phin, emprisonner  VAutnchienne  et  Monsieur  (comte  de  Provence), 
arrêter  les  ministres,  la  municipalité  et  La  Fayette.  Il  n'avait  pas 
tout  à  fait  tort. 

Dans  une  lettre,  datée  du  3  mars  t791,  Arnauld  de  Laporte,  ministre 
de  la  maison  du  roi,  informa  Louis  XVI  de  la  rupture  déclarée  entre 
Mirabeau  et  les  chefs  des  Jacobins  : 

«  Ceux-ci  paroissent  décidés  à  le  pousser  à  bout,  dans  l'espérance  de 
le  regagner  en  l'effrayant.  Cet  avis  me  vient  de  leur  directoire  secret, 
n  n'est  donc  question  que  de  soutenir  M.  de  M...  (Mirabeau)  dans  la 
résolution  qu'il  paroît  avoir  prise  de  son  côté  de  rompre  toutes  les 
mesures  de  ces  forcenés  .,  (3).  » 

Marat  dénonçait  journellement  tous  ces  gens-là  comme  des  traîtres. 
Il  n'était  pas  le  seul  à  soupçonner  la  cour  de  nouer  des  relations 
avec  l'étranger,  contrairement  aux  intérêts  de  la  France. 


(1)  Axel  do  Ferson,  Suédois,  vint  jeune  eu  Franco,  où  il  commanda  le  régiment 
Royal-Suédois. 

(2)  Père  de  Louis  de  Champcenetz,  le  pamphlétaire  et  le  chansonnier,  officier 
des  gardes-françaises,  collaborateur  aux  Actes  des  Apôtres. 

(.3)  Arch.  Nat.,C.  ll.i;}3,  dans  les  pièces  recueillies  pour  le  procès  de  Louis  XVI. 

3'J- 


530  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Dans  une  lettre  datée  du  3  décembre  1790,  Louis  XVI  demanda  au 
roi  de  Prusse  de  former  un  congrès,  appuyé  d'une  force  armée.  Il 
espérait,  écrivait-il,  que  ce  souverain  «  lui  garderait  le  secret  le  plus 
absolu  sur  la  démarche  qu'il  faisait  près  de  lui  (1).  » 

Dès  le  mois  de  mai  1791,  Louis  XVI  s'entendait  secrètement  avec 
l'Autriche  contre  la  nation  française,  par  l'entremise  du  comte  de 
Durfort  (2)  (conférence  de  Mantoue). 

En  juillet  de  la  même  année,  le  comte  de  Provence,  émigrant, 
avait,  en  qualité  de  régent,  les  pouvoirs  du  roi  pour  traiter  avec 
l'étranger. 

Puis  Augeard,  acquitté  sur  le  chef  de  complot  tendant  à  l'évasion 
de  Louis  XVI,  alla  à  Francfort  trouver  Léopold  (3),  de  la  part  de  la 
reine,  pour  demander  son  intervention,  11  s'agissait  d'ailleurs  de 
faire  fuir  Louis  XVI  à  Metz  et  à  Montmédy.  Augeard  rédigea  lui- 
même  le  manifeste  des  princes,  daté  de  Bruxelles,  protestant  contre 
la  Constitution. 

Outre  l'intervention  de  l'empereur  d'Autriciie,  le  Comitr  autrichien 
songeait  à  obtenir  aussi  celle  de  la  cour  de  Berlin.  Marie-Antoinette 
avait  de  sinistres  pressentiments  et  ne  voyait  de  salut  que  dans  la 
contre-révolution  opérée  par  la  noblesse  française  et  les  rois  de 
l'Europe. 

L'auteur  des  Réflexions  sur  la  rëvoluiion  de  France,  livre  lu  dans 
toutes  les  cours  de  l'Europe,  l'anglais  Edmond  Burke,  correspondait 
avec  Marie-Antoinette.  Il  conseillait  au  roi  et  à  la  reine  de  ne  pas 
accepter  la  Constitution;  il  pressait  l'Autrichienne  de  défendre  la 
cause  de  tous  les  souverains  enveloppée  dans  la  sienne  ;  il  lui  écri- 
vait :  «  La  fermeté  seule  vous  sauvera.  » 

Louis  XVI  devait  s'enfuir  et  aller  rejoindre  Bouille  qui  l'attendait 
avec  son  régiment  Roi/al-Allemand.  Ce  fut  l'ambassadeur  russe  qui 
délivt'a  un  passeport  à  Marie-Antoinette  au  nom  de  la  baronne  de 
Korff.  Le  passeport  était  signé  par  le  roi  et  contre-signe  par  Mont- 
morin.  Donc  Louis  XVI  ne  fut  pas  enlevé  ;  il  s'enfuit  de  bon  vouloir 
à  l'étranger,  par  suite  des  trames  ourdies  dans  son  entourage. 

L'arrestation  du  roi  à  Varennes  ne  changea  rien  aux  menées  du 
Comité  autrichien  et  à  ses  correspondances  avec  l'étranger. 


(1)  Lettre  trouvée  dans  les  archives  de  la  chancellerie  de  Berlin. 

(2)  Etienne,  comte  de  Durfort,  lieutenant-général,  attaché  à  la  cour  depuis  su 
jeunesse,  devint  aide-de-camp  du  comte  d'Artois. 

(3)  On  sait  que  Léopold  II,  favorable  à  Louis  XVI,  voulait  empêcher  la  Consti- 
tuante de  toucher  à  la  prérogative  royale  en  France. 


COMITÉ  AUTRICHIEN  531 

Le  '26  septembre  1791,  Marie-Antoinette  écrivait  à  Fersen  : 
«  Les  folies  des  princes  et  des  émigrants  nous  ont  forcés  dans  nos 
démarches;  il  était  essentiel,  en  acceptant,  d'ùter  tout  doute  que  ce 
n'était  pas  de  bonne  foi...  Plus  nous  avancerons,  plus  ces  gueilx-ci 
sentiront  leur  malheur.  Peut-être  en  viendront-ils  à  désirer  eux- 
mêmes  les  étrangers...  (1).  « 

Il  arriva  à  la  reine,  voulant  pousser  tout  au  pire,  de  préférer 
Pétion  à  La  Fayette,  d'engager  les  royalistes  à  voter  pour  Pétion 
comme  maire  de  Paris. 

Elle  se  jeta  plus  encore  dans  les  intrigues  de  conciliabules;  elle 
compta  sur  Léopold  11  et  le  roi  de  Prusse,  sur  la  déclaration  de 
Pilnitz,  promettant  des  secours  à  l'armée  de  Condé. 

Pendant  les  mois  d'octobre  et  de  novembre  1791,  les  lettres  de 
Marie-Antoinette  au  comte  de  Fersen  roulèrent  sur  la  nécessité  du 
congrès  armé  et  sur  les  moyens  de  le  faire  réussir.  De  son  côté,  Fer- 
sen lui  indiquait  un  plan  de  conduite,  et  lui  traçait  le  canevas  de  ses 
diverses  lettres.  Pour  engager  Marie-Antoinette  à  suivre  ses  conseils, 
il  lui  montrait  les  frères  du  roi  et  les  émigrés  décidés  à  agir  (2). 

La  reine  écrivait,  le  25  novembre  : 

«  Nous  désirons  arriver  à  un  état  de  choses  supportable,  mais  qui 
ne  peut  pas  s'établir  par  des  Français.  11  faut  donc  que  les  puissances 
viennent  à  notre  secours.  » 

Lorsque,  en  1792,  François  II,  fils  et  successeur  de  Léopold  II, 
commença  d'être,  avec  l'Angleterre,  le  principal  agent  delà  coalition 
des  gouvernements  européens  contre  la  France,  le  Comité  autrichien 
devint  plus  actif  que  par  le  passé,  et  Louis  XVI,  loin  d'ignorer  ses 
agissements,  marcha  d'accord  avec  lui.  Le  roi  et  la  reine  expédièrent 
aussitôt  un  envoyé  secret  à  leur  neveu  François  II. 

Ce  qui  lit  dire  à  Pétion,  en  août  1792  : 

«  Le  chef  du  pouvoir  exécutif  est  le  premier  anneau  de  la  chaîne 
Contre-révolutionnaire.  » 

Les  négociations  secrètes  de  Louis  XVI  et  du  baron  de  Breteuil  avec 
la  cour  de  Berlin,  de  décembre  1791  à  juillet  1792,  prouvent  que  le 
roi  et  la  reine  de  France  provoquèrent  l'invasion  de  leur  royaume 
par  l'étranger.  Marie-Antoinette  avait,  depuis  longtemps  déjà,  l'idée 

(1)  Lettre  à  h'erseii,  2G  septembre.  Fersen,  t.  I,  p.  192. 

•  (2)  Ktinctiwostrom,  Le  comte  de  Fersen  et  la  Cour  de  Fraucej  Paris,  1878)  t.  I, 

*  p:  233  et  suiv.  —  Le  comte  de  FefscU  avait  débuté,  eu  France,  comme  intime 
dans  la  cour  de  ïrianon; 


53-2  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUÏIONNAlREfc^ 

(luii  congrès  européen  armé;  elle  eut  aussi  l'idée,  un  peu  plus  lard, 
d'un  manifeste  menaçant  adressé  à  la  France  par  les  puissances  coa- 
lisées contre  la  Révolution  (1). 

Mallet  Du  Pan,  envoyé  par  Louis  XVI  au  nouvel  empereur  d'Au- 
triche et  au  roi  de  Prusse,  présenta  à  ces  souverains  un  projet  de 
manifeste  déclarant  «  qu'ils  s'armaient  contre  les  factieux  et  non 
contre  la  nation  ».  Marie-Antoinette  écrivit  à  Mercy  que  le  manifeste 
devait  rendre  l'Assemblée  nationale  responsable  de  la  vie  du  roi 
et  de  sa  famille.  Mercy  lui  répondit  <i  (|u'il  y  aurait  une  déclaration 
menaçante.  » 

Le  manifeste  de  François  II  émanait  évidemment  de  la  cour  et  du 
Comité  aulricliien.  Ce  fut  la  cause  de  l'adoption  par  l'Assemblée  de 
l'acte  d'accusation  contre  Delessart,  «  plutôt  ministre  de  Léopold  que 
de  Louis  XYl  »,  dit  Girardin.  En  effet,  Delessart  s'était  opposé  à  la 
déclaration  de  guerre  contre  l'Autriche.  11  avait  succédé  à  Montmorin, 
dans  le  ministère  des  affaires  étrangères. 

Daté  de  Coblentz  (25  juillet  1792),  signé  par  le  duc  de  Rrunswick- 
Lunebourg,  le  manifeste  dit  de  /h'unswick  eut  pour  réponse,  chez 
nous,  la  proclamation  de  la  patrie  en  danger. 

Alors  le  Comité  autrichien  ne  recula  pas  devant  les  trahisons.  Ses 
correspondances  avec  l'ennemi  devinrent  plus  pressantes. 

Le  gouvernement  autrichien  avait  été  mis  au  courant  des  plans  de 
campagne  formés  par  Dumouriez.  Un  agent  secret  de  Louis  XVI  et  de 
Marie-Antoinette  avait  appris  à  François  II  que  «  la  faction  (jui  maî- 
trisait le  royaume  voulait,  sans  délai,  faire  deux  attaques  à  la  fois 
dans  l'Empire  germanique  et  sur  le  territoire  de  Sardaigne.  Il  impor- 
tait essentiellement  que  les  forces  du  roi  de  Hongrie  et  du  roi  de 
Prusse  marchassent  en  avant  sans  attendre  la  déclaration  des  autres 
puissances  et  se  réunissent  immédiatement  sur  le  Rhin.  » 

La  reine  avait  écrit  (2)  à  Mercy  le  projet  de  Dumouriez  de  prévenir 
la  marche  des  troupes  étrangères  par  une  attaque  sur  la  Savoie  et 
une  autre  sur  le  pays  de  Liège.  «  C'est  l'armée  de  La  Fayette  qui  doit 
servir  à  cette  dernière  attaque.  Voilà,  ajoutait  Marie-Antoinette,  le 
résultat  du  conseil  d'hier.  » 

Or,  Mercy  aA'ait  une  influence  occulte  sur  ce  conseil,  et,  de 
Bruxelles  où  il  gouvernait  la  Belgique  pour  l'Autriche,  il  ne  cessait 
de  correspondre  avec  la  reine.  Il  lui  exposait  le  plan  que  l'empereur 
d'Autriche  voulait  proposer  aux  puissances.  '  4 

(1)  .Iules  Flammeriuout,  Négociations  secrètes  de  Louis  XVI  et  du   baron  de     * 
Breleuil  avec  lu  Cour  de  Berlin.  —  passim.  Paris,  iii-S"  de  iil  p..  1885.  ' 

(2)  Lettre  datée  du  26  mars  1792. 


COMITÉ .  AUTRICHIEN  533 

Monlmorin,  resté  conseiller  de  Louis  XVI  et  de  Marie-Antoinette, 
engagea  les  généraux  autrichiens  à  s'attacher  plus  particulièrement 
à  l'armée  de  La  Fayette,  afin  que  «  quelque  échec  honteux  fit  éva- 
nouir ce  fantôme  constitutionnel  »  au  profit  de  la  vraie  monarchie  (1). 

Cependant,  les  appréhensions  des  amis  de  la  Révolution  se  tradui- 
saient non  seulement  en  soupçons,  mais  presque  en  certitude.  On 
dénonça  au  public  le  Comité  autrichien. 

Dès  avril  1791,  les  colporteurs  criaient  dans  les  rues  de  Paris  «  La 
grande  trahison  du  roi  des  Français  »,  qui  cherchait  à  s'enfuir.  Une 
lettre  de  Mercy  à  la  reine  fut  interceptée  et  transmise  au  Comité  des 
recherches  de  l'Assemblée  nationale  : 

«  il  faudrait,  disait  le  conseiller  de  Marie-xVntoinette,  faire  des  sa- 
crifices... favoriser  les  vues  du  roi  de  Sardaigne  sur  Genève  et  lui 
céder  quelque  territoire  dans  la  partie  française  des  Alpes  et  sur  le 
Var.  Il  faudrait  pareillement  céder  à  l'Espagne  quelque  terrain  du 
côté  de  la  Navarre,  et  offrir  quelques  avantages  en  Alsace  aux  princes 
allemands  qui  y  avaient  des  fiefs...  Mais,  le  préalable  à  tout,  c'est  la 
fuite  du  roi...  Tout  serait  perdu  si  cette  mesure  manquait  (2).  » 

Cette  révélation  ne  fut  pas  rendue  publique.  Cependant,  elle  trans- 
pira, et  la  presse  redoubla  d'ardeur  pour  prémunir  les  patriotes 
contre  les  menées  de  la  Cour,  que  depuis  longtemps  elle  trouvait 
vraisemblables. 

De  1789  à  1793,  les  Révolutions  de  Paris  ne  cessèrent  de  dénoncer 
le  Comité  autrichien^  assemblée  de  conspirateurs,  dont  l'Autrichienne 
Marie-Antoinette  est  l'âme,  qui  est  prête,  avec  les  émigrés  revenant 
à  Paris,  à  faire  un  «  coup  de  main  »,  et  qui  compte  à  sa  tète  Mont- 
morin  et  Bertrand  de  Molleville. 

En  1791,  un  article  de  VOrateur  du  peuple  (3)  révéla  «  /e.v  horreurs 
soutej'reinea  [sic)  et  ministérielles  du  Cabinet  OMtrichien  des  Tuileries., 
par  demandes  et  réponses.  En  mai  1792,  Carra  apostropha  ainsi  le 
Gazetier  universel,  qui  niait  l'existence  du  Comité  autrichien  : 

«  Le  fourbe  Gazetier  universel  demande,  avec  sa  niaiserie  ordinaire, 
où  est  le  Comité  autrichien  qu'il  appelle  un  rêve.  Mais  ce  Comité  n'est 
pas  toujours  au  château;  il  est  tantôt  chez  Montmorin,  tantôt  chez 
Bertrand,  tantôt  chez  d'autres  membres  de  ce  même  Comité;  et  c'est 


(1)  Lettre  datée  du  19  mai  1792.  put)li6e  à   la  suite  do  la  Correspondanco  de 
Mirabeau  avec  le  comte  de  Lamarck. 

(2)  Lettre  datée  du  7  mars  1791. 
(.•?)  Tome  VIII:  iT  41. 


534  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

tantôt  d'un  lieu,  tantôt  d'un  autre  que  les  courriers  secrets  portent 
la  correspondance  de  ce  Comité.  Que. la  police  fasse  épier  les  conci- 
liabules qui  se  tiennent  tantôt  à  Auteuil,  dans  une  certaine  maison 
où  va  certaine  dame,  et  tantôt  dans  quelques  autres  maisons  de  cam- 
pagne des  environs,  et  l'on  saura  parfaitement  à  quoi  s'en  tenir  sur 
ces  conciliabules  (1).  » 

Carra  dénonça  le  Comté  autrichien,  et  dans  ses  écrits  et  à  la  tribune 
des  Jacobins.  Il  annonça  que  Montmoi'in  et  Bertrand  de  Molleville  en 
faisaient  partie,  étaieut  à  sa  tète,  avec  Barnave,  Duport,  Lamelb, 
Chapelier,  Duportail,  Duport-Dutertre,  Laporte,  Durosoy,  Clermont- 
Tonnerre,  Saint-Priest,  et  plusieurs  anciens  ministres. 

Barnave,  qu'une  caricature  déclarait  «  l'homme  de  la  Cour  ->.  Du- 
port et  Lameth,  comme  lui  d'abord  Jacobins,  passaient  donc  pour 
transfuges,  conquis  par  la  reine. 

«  C'est  la  Cqur,  disait  Camille  Desmoulins,  qui  fermente  parmi  nous 
ce  schjsïue,  et  qui  a  inventé  ce  moyen  perfide  de  perdre  le  parti  po- 
pulaire ;  elle  connaît  bien  les  Lameth,  les  La  Fayette,  les  Barnave, 
les  Duport  et  autres  premiers  figurants  de  la  Société  des  Jacobins. 
Qx\e  voulaient  tous  ces  courtisans?  s'est-elle  dit.  Ils  ne  voulaient 
qu'être  portés  aux  grandes  places  par  les  flots  de  la  multitude  et  par 
le  vent  de  la  popularité,  des  commandements,  des  ministères,  surtout 
de  l'or...  » 

Le  schisme,  c'était  la  scission  des  Feuillants  et  des  Jacobins  (2).  On 
ne  peut  nier  qu'il  aidait  aux  projets  du  Comité  autrichien,  qu'il  venait 
de  gens  préférant  la  souveraineté  royale  à  la  souveraineté  du  peuple. 
D'ailleurs,  d'autres  défections  devaient  être  prévues. 

Gensonné  établit  l'existence  du  Comité  autrichien,  d'après  des  ren- 
seignements officiels  parvenus  au  Comité  de  surveillance,  et  prouvant 
la  réunion,  à  Paris,  d'un  grand  nombre  de  ci-devant  privilégiés,  qui 
ont  ouvertement  annoncé  dans  leur  département  qu'ils  s'y  rendaient 
pour  contenir  l'autorité  dn  roi,  l'enlever,  s'il  était  nécessaire,  et  dis- 
sondre  l'Assemblée  nationale.  Il  résulte  de  ces  pièces,  qu'il  se  fait 
}iq,bituellement  des  rassemblemens  nombreux  de  ces  nouveaux  émi- 
gTçés  avec  les  gens  de  la  Cour,  à  Saint-Denis,  à  Auteuil,  à  Bagatelle; 
et  parmi  les  affiliés  de  ces  conciliabules,  on  cite  presque  toujours 
Bertrand  (de  Molleville)  et  Montmorin.  L'abbé  de  Vermond  venait 


(1)  Annales  patriotiques  de  Carra,  numéro  du  lu  mai  1792. 

(2)  Voir,  plus  haut,  Club  des  Feuillants. 


COMITÉ  AUTRICHIEN  535 

dans  le  salon  do  la  reine,  avec  Breleuil  et  Mercy-\rii;enteau,  créa- 
ture de  Kaunitz,  tous  Autrichiens. 

Après  Gensonné,  Brissot  dit  : 

«  J'ai  dénoncé  Texistence  du  Comité  autrichien  :  je  vais  prouver 
qu'il  a  existé,  qu'il  existe  encore;  je  vais  appeler  la  vengeance  des 
lois  sur  un  coupable,  la  lumière  sur  ses  complices.  Il  importe  de  fixer 
d'abord  le  caractère  de  ce  Comité  autrichien  ;  ensuite  je  vous  lir^i  les 
pièces  qui  constatent  son  existence. 

«  Qu'entend-on  par  Comité  autrichien?  C'est  une  faction  d'enne- 
mis de  la  liberté  qui,  tantôt  gouvernant  au  nom  du  roi  qu'ils  trom- 
paient, tantôt  dirigeant  son  ministère,  ont  constamment  trahi  le 
peuple  et  sacrifié  les  intérêts  de  la  nation  à  ceux  d'une  famille.  L'as- 
servissement de  ce  Comité  à  la  maison  d'Autriche  est  son  signe  prin- 
cipal, et  sous  ce  rapport  il  n'est  qu'une  branche  du  parti  qui  domine 
lii  France.  Les  intrigues  de  ce  parti  datent  du  funeste  traité  de  1756, 
traité  que  nous  devons  à  la  perfidie  du  ministre  Kaunitz.  Esclaves 
de  ce  système  autrichien,  les  Montmorin  et  Delessart  n'ont  été  tour 
à  tour  que  des  mannequins  dont  les  fils  étaient  à  Vienne  :  c'est 
M.  Merci  (1)  qui  dirigeait  le  cabinet  de  France,  lorsque  le  peuple  a 
renversé  la  Bastille  ;  c'est  lui  qui  le  dirige  encore  à  présent.  Voilà  ce 
qu'on  a  appelé  le  Comité  autrichien;  c'est,  en  d'autres  ternies,  le 
conseil  clandestin  qui  jusqu'ici  a  favorisé  tous  les  projets  c|es  en- 
nemis extérieurs  de  la  Constitution.  » 

BrissQt  fixe  les  traits  caractéristiques  du  Comité  autrichien  : 

«  1"  Dévouement  absolu  à  ce  que  l'on  appelle  la  prérogative  royale 
et  aux  intérêts  de  l'Autriche; 

«  2°  Nulle  alliance  avec  la  Prusse  et  l'Angleterre,  malgré  le  rappro- 
chement d'intérêts; 

«  3"  Indulgence  envers  les  rebelles  émigrés  ; 

«  4°  Opposition  à  la  guerre  d'Autriche,  après  l'avoir  provoquée; 

«  5p  Projet  d'établir  deux  chambres.  »  «  Les  conspirations  de  ce 
genre,  dit-il,  ne  s'écrivent  pas.  »  Jl  voit  les  prei^ves  de  celle-pi  dans 
les  correspondances  des  ministres;  il  fait  grâce  à  Montmorin  des  faits 
antérieurs  an  premier  juin,  et  mênie  du  passeport  donn«  par  Un  4  H 
reine,  sous  le  nom  de  madanie  de  Kprff.  U  cite  nne  lettre  4e  lui  à 


(I)  Voir  la  Correspondance  secrète  du  comte  Mercy-Argenteau  avec  l'empereur 
Joseph  II  et  le  comte  de  Kaunitz,  par  M.  Jules  Flauirperinoiit,  pulDliép  dan^  la 
Collection  des  documents  inédits  relatifs  à  l'ïlistoire  de  France,  gr.  iiî-S»,  Paris, 
1889,  Trapriinerio  nationale. 


536  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

Noailles,  ambassadeur  à  Vienne,  du  3  août  1791,  dans  laquelle  Monl- 
morin  disait  : 

<(  Les  meilleurs  esprits  de  l'Assemblée  nationale,  ceux  qui,  jusqu'à 
présent,  y  ont  eu  le  plus  d'influence,  se  sont  réunis  avec  les  véritables 
serviteurs  du  roi,  pour  soutenir  la  monarchie,  et  rendre  à  sa  Majesté 
le  pouvoir  et  l'autorité  nécessaires  pour  gouverner...  Il  ne  s'écoulera 
pas  quinze  jours  avant  que  l'état  affligeant  oîi  se  trouvent  le  roi  et  la 
famille  royale  ait  cessé.  .  » 

Et  plus  bas... 

«  Des  mesures  sévères  ont  été  prises  avec  eux  pour  réprimer  les 
factieux  que  nous  avons  h  combattre...  » 

On  reconnaît  là,  suivant  lui,  la  marche  du  Comité  autrichien,  son 
dévouement  servile  au  roi,  la  preuve  indubitable  de  son  existence  à 
l'époque  de  la  revision,  et  son  projet  d'augmenter  l'autorité  royale. 
Quant  à  son  dévouement  à  l'Autriche,  Montmorin  éci'ivait,  le  30  avril, 
à  Noailles  :  «  Les  meilleurs  esprits  apprécient  les  avantages  de  cette 
alliance,  et  l'on  travaillera  àen  resserrer  les  liens  aussitôt  après  le  réta- 
blissement de  l'autorité  du  roi.  On  ne  voudra  pas  s'écarter  des  principes 
suivis  jusqu'à  présent,  et  on  s'en  tiendra  à  l'alliance  avec  l'Autriche. 
Cet  objet  me  tient  infiniment  à  cœur  (1). 

Brissot  conclut  en  disant  : 

«  J'ai  prouvé  l'existence  du  Comité  autrichien  ;  j'ai  prouvé  que 
M.  de  Montmorin  y  jouait  le  principal  rôle;  j'ai  prouvé  qu'il  avait 
trahi  les  intérêts  de  la  France,  etc.,  etc.  La  loi  pénale  est  formelle 
sur  tous  ces  crimes;  il  n'y  a  donc  pas  à  hésiter  :  il  faut  le  décréter 
d'accusation,  et  appeler  le  plus  grand  jour  sur  le  Comité  autrichien,  » 


III 


Selon  Chabot,  dans  la  séance  du  4  juin  1792,  à  l'Assemblée  légis- 
lative, il  existe  un  Comité  secret  :  il  en  a  été  tenu  plusieurs  à  Sainl- 
Denis,  Saint-Ouen,  Auteuil,  chez  le  prince  Montbarrey  (2)  ;  Rivaldy, 
officier  de  l'empereur  ;  de  Nivernois  (3)  ;  le  ci-devant  évêque  de  La- 
rochefoucauld  ;  Vienne,  architecte  ;  Daguesseau,  etc. 


(1)  Analyse  du  Moniteur  universel,  numéro  du  24  mai  1792,  séanco  du  23  mai. 

(2)  Ancien  ministre  de  la  guerre,  qui  émigra  en  Suisse. 
(.3)  Le  due  de  Nivernois.  ancien  conseiller  de  Louis  XVÎ. 


COMITÉ  AUTRICHIEN  537 

Ribbes,  député  de  la  droite,  dénonce  d'Orléans,  Dumouriez,  Bon- 
ne-Carrèr^,  comme  les  vrais  membres  du  ComiU  autrichien. 

Verron  veut  qu  on  déclare  que  l'opinion  de  Ribbes  est  le  résultat 
d'une  imagination  en  délire. 

Assurément,  c'était  aller  trop  loin  dans  les  dénonciations.  Malgré 
leur  invraisemblance,  elles  se  comprenaient  pourtant,  dans  le  dé- 
sarroi où  se  trouvèrent  les  esprits  au  moment  où  la  royauté  se  mou- 
rait, où  la  guerre  menaçait  d'accabler  le  pays,  déjà  trahi  çà  et  là  par 
ceux  qui  auraient  dû  le  défendre. 

Quand  La  Fayette,  sortant  de  l'Assemblée  législative,  où  il  parut  le 
28  juin  1792,  après  la  journée  d'insurrection,  alla  aux  Tuileries,  le 
roi  le  reçut  froidement.  Quand  il  se  retira,  madame  Elisabeth 
s'écria  : 

«  Il  faut  oublier  le  passé,  et  nous  jeter  avec  contiance  dans  les  bras 
du  seul  homme  qui  puisse  sauver  le  roi  et  sa  famille.  » 

Marie-Antoinette  répondit  : 

«  Mieux  vaut  périr  que  d'être  sauvé  par  La  Fayette  et  les  constitu- 
tionnels (1).  »  Son  avis  prévalut. 

Antérieurement,  lorsque  Servan,  ministre  de  la  guerre,  proposa  à 
l'Assemblée  d'établir  un  camp  de  vingt  mille  hommes  sous  Paris, 
camp  formé  avec  cinq  gardes  nationaux  de  chaque  canton  de  la 
France,  les  Feuillants  et  Robespierre  combattirent  le  projet  de 
Servan.  Alors  Brissot  et  les  journaux  girondins  accusèrent  Robes- 
pierre d'être  d'accord  avec  le  Comité'  autrichien  (2). 

Les  dénonciations  allèrent  leur  train,  pendant  que  les  comités  exa- 
minaient celle  qu'avaient  formulée  Brissot  et  Gensonné. 

En  juillet  1792,  Joseph  Chénier  communiqua  aux  Jacobins  une 
lettre  à  lui  adressée  de  Metz,  en  date  du  26  de  ce  mois.  On  y  lisait  : 

«  Le  maréchal-de-camp  Berthier  (3)  a  été  à  Paris  prendre  langue 
avec  le  Comité  autrichien;  on  l'appelle  ici  respioii  de  la  reine  {\).  » 

En  1792,  le  Journal  de  Paris  publia  en  Variétés  des  articles  sur  le 
Comité  autrichien  et  sur  ses  dénonciateurs.  Leurs  auteurs  en  nièrent 
l'existence;  «  ce  nom,  écrivaient-ils,  répété  par  tant  d'imbéciles  ou 
de  fous,  n'a  pu  être  inventé  que  par  un  homme  d'esprit...  »  Ils  réfu- 

(1)  Mémoires  de  La  Fayette ,  t.  111,  p.  33G;  Mémoires  de  madame  Campan.  t.  Il, 
p.  222. 

(2)  Dans  les  premiers  jom-s  de  juin  1792. 

(3)  Depuis  maréchal  d'Empire,  prince  de  Neufchcltel,  connétable,  enfin  pair  do 
France  et  commandant  une  compagnie  des  ofardes-du-corps  de  Louis  XVIII. 

(4)  Journal  des  Jacobins,  n"  2. 


538  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

lèrent  Gensonné,  ils  défendirent  Montmorin.  Mais  bientôt  Guadel  eut 
une  entrevue  secrète,  la  nuit,  avec  le  roi  et  la  reine. 

Marie-Antoinette  écrivait,  en  juillet,  ce  billet  : 

«  Je  me  sens  plus  que  jamais  enorgueillie  d'être  née  Allemande  (1).  » 

KUe  communiquait  elle-même  à  son  frère  les  plans  des  généraux 
français  (2),  et  voulait,  à  tout  prix,  sortir  de  Paris,  quitter  la  France, 
ou  reprendre  sa  vie  d'autrefois,  au  milieu  de  ses  amies  et  de  ses 
courtisans. 

Revenir  au  passé  était  impossible,  car  les  dépenses  royales  ne  pou- 
vaient plus  être  les  mêmes.  On  les  surveillait. 

D'après  le  Livre  rour/e,  228  millions  avaient  été  accordés  généreu- 
sement aux  gens  de  la  Cour  (3).  Des  sommes  considérables  avaient 
été  employées  poiir  acbeter  des  consciences.  Duquesnoy,  disait-on, 
avait  son  journal  l'H»»»  des  patriotes  payé  par  la  liste  civile  (4).  l\  ré- 
sulte de  pièces  de  comptabilité  saisies  cbez  Laporte,  que  les  frais 
d'impression  et  de  distribution  des  Folirs  d'un  moi^  étaient  supportés 
par  la  cassette  du  roi  (5). 

De  plus,  les  gens  du  Comité  autricbien  avaient  été  très  souvent 
volés  par  les  intermédiaires  dont  ils  se  servaient  pour  tâcher  de  cor- 
rompre les  chefs  révolutionnaires.  Après  la  journée  du  20  juin,  tout 
le  monde  faisait  de  petites  tracasseries  dans  le  château  des  Juileries, 
et  le  public  en  savait  bien  (Quelque  chose. 

Dans  une  lettre  adressée  au  peintre  du  roi,  Boze,  avant  le  10  août, 
Vergniaud,  Guadet,  Brissot  et  Gensonné  donnaient  des  conseils  au 
roi,  ce  qui  les  fit  accuser  de!  complicité  avec  la  Cour.  Joseph  Bpze, 
alors,  fut  dénoncé  pour  une  négociation  entre  Louis  XVI  et  plusieurs 
députés  girondins,  mais  donna  des  explications  si  satisfaisantes  qu'il 
fut  admis  aux  honneurs  de  la  séance. 

Les  Parisiens  ne  croyaient  plus  aux  serments  du  roi,  qui  n'avaient 
aucune  durée  et  que  contredisaient  les  vétos.  Ils  appelaient  la  por- 
tion 4vi  jïH'fliïi  4es  Juilefies  réservée  îJUx  prpnienq,(les  de  la  fî^mille 
roy^^le  «  le  territoire  f^utrichiep  »,  «  \e  territoire  de  Cptdèntz  »•  |ls 


(1)  Feuillet  de  Conches,  Louis  XYI,    Marie-Antoinette   et   Madame  Elisabeth, 
tome  VI. 

(2)  Georges  Cogordan,  Le  Ministère  des  Affaires  étranç/eres  pendant  la  période 
révolutionnaire.  (Revue  des  Deux-Mondes,  15  août  1877,  p.  222.) 

(3)  Robert,   député,  disait  :  «  Stanislas  Clermont  (Tonnerre),  pensionné  (le  |a 
cour,  salarié  par  un  seul  homme,  pour  traîner  à  sa  suite  une  vie  inutile.  » 

(4)  Voir,  plus  haut,  Société  de  1789,  p.  389  et  suiv. 

(5)  Publiées  par  ordre  de  l'Assemblée  législative.    Voir   la   Bibliof/rap/iie   de 
M.  Maurice  Tourneux,  t.  I,  n'  360.5,  et  t.  11,  n"  10719. 


COMITÉ  AUTRICHIEN  539 

remarquaient  que  la  cocarde  noire,  adoptée  par  beaucoup  de  roya- 
listes, était  une  «  cocarde  autrichienne.  » 

Et,  plus  tard,  le  conventionnel  Thuriot  dit  à  madame  Mathieu 
Dumas,  quand  son  mari  fut  sur  le  point  d'être  arrêté  à  Soisy,  en 
1793  :  «  Citoyenne,  ton  mari  est  un  aristocrate,  un  membre  du  Comitô 
autrichien^  mais  c'est  un  brave  homme  qui  aur^tit  bien  servi  la  ré- 
publique s'il  avait  voulu...  (1).  » 

Les  efTorts  des  royalistes  pour  sauver  Louis  XVI  par  la  force  popu- 
laire, au  besoin  par  la  guerre  civile,  étaient  évidents.  Il  était  distribué 
dans  l'armée,  au  commencement  de  janvier  1793,  un  factum  en  faveur 
du  roi,  avec  cette  épigraphe  : 

«  Ton  maître  est  dans  les  fers;  on  le  ti-aine  au  supplic(>,  soldaf  :  et 
tu  te  tais  ! . . .  » 

Ce  factum  avait  pour  titre  :  Adresse  a  l'armée  française,  par  un 
officier  français  émigré . 

Lorsque  Louis  XVI  fut  emprisonné  au  Temple  avec  sa  famille,  le 
Comité  autrichien  disparut,  et  le  royalisme  se  réfugia  dans  les  com- 
plots des  émigrés  de  l'extérieur  et  de  l'intérieui-. 

Comme  dépendances  de  ce  comité,  ajoutons  que  la  Cour  établit, 
par  l'entremise  du  ministre  Bertrand  de  MoUeville,  un  Club  national 
dans  une  maison  du  Carrousel.  Son  titre  pouvait  tromper.  C'était 
une  réunion  anti-révolutionnaire,  composée  de  royalistes,  de  gardes 
parisiennes  vendues,  dans  laquelle  on  fit  entrer  sept  à  huit  cents 
ouvriers  choisis  k  qui  Ton  donnait  une  paye  de  deux  à  cinq  livres  par 
jour,  que  l'on  ne  manqua  pas  d'armer  de  piques,  de  coiffer  du  bonnet 
rouge  (2).  Les  frais  d'établissement  de  ce  club  coûtèrent  9,000  livres 
environ,  et  ceux  de  son  entretien  1,000  livres  par  jour. 

Après  avoir  quitté   le  ministère,    Bertrand  de   MoUeville  fonda  à  * 
Paris  un  autre  club,  semblable  à  celui  du  Club  national.  «  Il  y  réunit, 
dit  Dulaure,  une  troupe  d'hommes  intrépides,  propres  aux  coups  de 
main,  et  mit  à  leur  tête  un  nommé  Lieutaud,  connu  à  Marseille  pour 
sa  violente  opposition  aux  principes  de  la  liberté.  » 

Autres  dépendances  du  Comité  autrichien,  après  sa  disparition  : 

Dès  1794,  le  comte  de  Provence,  régent,  forma  à  Paris  une  agence 
royaliste,  correspondant  avec  son  conseil  de  Vérone,  où  se  trouvaient 
Flaschlanden,  Jaucourt  et  La  Vauguyon. 

Cette  agence,  où  l'on  voyait  l'abbé  Brotier,  Despomelles,  la  Ville- 

(1)  Mathieu  Dumas  avait  donné  sa  démission  de  directeur-général  du  dépôt  do 
la  guerre.  Il  recouvra  sa  liberté.  — Souvenirs,  t.  III,  p.  25. 

(2)  Bertrand  de  MoUeville,  Mémoires,  t.  Il,  chap.  xxix,  p.  303. 


540.  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

heurnois  et  Duvcrne  de  Presles,  recevait  des  fonds  considérables  de 
la  cour  de  Russie.  Elle  inspirait  les  délibérations  du  Club  de  Cli- 
cliy  (1).  Jaucourt  était  colonel  de  l'armée  de  Condé  :  La  Vauguyon 
avait  le  titre  de  ministre  de  Louis  XVIII. 

Les  princes  couvrirent  d'agences  la  France  entière:  ces  agences 
coûtaient  des  sommes  énormes.  L'Angleterre  y  pourvut  pour  beau- 
coup. Louis  XVIII  chercha  à  obtenir  de  la  Russie  des  subsides  néces- 
saires, disait-il,  «  pour  alimenter  le  royalisme  en  France  (2).  »  Mallet 
du  Pan  trouvait  la  cliose  dangereuse,  jetant  sur  la  cause  royale  de  la 
défaveur,  de  la  confusion  et  du  mépris  (3). 


(1)  Voir,  plus  haut,  Cluh  de  Clichy. 

(2)  Lettres  de  Louis  A' 177/  au  comte  de  Siaint-I'riest.  p.  41. 

(3)  Mallet  (lu  Pan.  Mémoires,  t.  I.  p.  160. 


COMITE    ORLÉANISTE 


D'abord  très  populaire,  prince  faisant  de  l'opposition,  comme  tous 
les  d'Orléans  passés,  présents  et  futurs^  le  duc  d'Orléans  ne  tarda 
pas  à  être  soupçonné  de  n'agir  que  dans  son  intérêt  personnel  et  par 
ambition.  Aussi,  malgré  ses  affirmations  de  patriotisme,  il  compta 
des  ennemis  acharnés  parmi  les  révolutionnaires  avancés  comme  à 
la  cour  de  Louis  XVI  II  fut  accusé  même  d'appartenir  au  Comité  au- 
trichien (1),  sans  doute  à  cause  de  son  rang  dans  la  famille  des 
Bourbons,  de  son  mariage  avec  la  sœur  du  prince  de  Lamballe. 

Dès  les  premiers  temps  de  la  Révolution,  on  signala  l'existence 
d'un  parti,  d'une  «  faction  orléaniste  »  ;  il  y  eut  des  orléanistes 
avérés,  des  a  philipotins  »  ;  et  l'on  accola  au  nom  de  d'Orléans  toutes 
sortes  d'épithètes  injurieuses  :  on  l'appela  «  le  prince  Philippe - 
Rouge,  »  par  allusion  à  ses  accointances  avec  des  Jacobins.  Au  palais 
du  duc,  il  existait  des  conciliabules,  une  sorte  de  conspiration  à 
portes  ouvertes,  que  voilaient  les  réunions  littéraires. 

Selon  le  chancelier  Pasquier,  ce  fut  dans  un  diner  chez  Trudaine 
(juc  l'abbé  Sabattier,  assez  intimement  lié  avec  le  duc  d'Orléans,  et 
qui  passait  pour  être  un  de  ses  conseillers  secrets,  prononça  pour  la 
première  fois  le  mot  d'États-Généraux.  Il  s'agissait  alors  de  faire  acte 
d'opposition  aux  courtisans  qui  ne  parlaient  que  d'assemblée  des 
Notables. 

Le  duc  d'Orléans,  député  de  Crépy,  allait  se  mêler  aux  députés 
des  communes. 

Nul  doute  qu'il  se  soit  formé  un  ou  plusieurs  comités,  travaillant 
pour  seconder  les  projets  que  l'on  prêtait  au  duc  d'Orléans,  tout  au 
moins  pour  le  défendre  contre  ses  ennemis,  lesquels  l'accablaient  de 
sarcasmes,  soit  quand  le  peuple  porta  son  buste  en  triomphe  dans 

(1)  Viiir  plus  haut,  Cymité  autrichien. 


o42  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

les  rues  de  Paris,  à  la  veille  de  la  prise  de  la  Bastille,  soit  à  propos 
des  journées  des  5  et  6  octobre,  qu'on  l'accusa  d'avoir  provoquées, 
soit  entin  quand  l'Assemblée  constituante  déclara  qu'il  y  avait  lieu  à 
accusation  contre  lui,  après  sa  prétendue  mission  en  Angleterre,  exil 
volontaire  que  ses  amis  lui  avaient  conseillé,  que  La  Fayette  avait 
jugé  nécessaire,  car  il  considérait  le  duc  comme  un  prétendant. 

Un  parti  tout  dévoué  à  la  personne  du  duc  d'Orléans,  approuvant 
ses  actes  les  plus  inconséquents,  essaya  de  l'aire  durer  la  popularité 
de  ce  prince.  Mirabeau,  d'abord  porté  pour  le  duc,  abandonnait  cette 
cause,  et  se  rapprochait  du  comte  de  Provence  et  de  la  Cour. 

Le  principal  comité  du  parti  d'Orléans  était  établi  à  Montrouge  ;  il 
donnait  l'impulsion  au  mouvement  du  parti  contre  la  Cour.  Ce  conci- 
liabule, dans  le  principe,  était  composé  de  Mij'abeau,  de  Sieyès,  de 
Laclos,  du  comte  de  la  Touche,  et  de  quekjues  autres  orléanistes. 
C'est  là  qu'on  traçait  au  prince  la  conduite  qu'il  avait  à  tenir. 

En  juillet  1789,  le  comité  lui  conseillait  de  demander  à  Louis  XVI 
la  place  de  lieutenant -général  du  royaume.  Le  duc  n'osa  pas, 
demanda  seulement,  par  l'intermédiaire  du  baron  de  Breteuil,  la 
permission  de  passer  en  Angleterre,  ce  qui  lui  fut  accordé  sans  difli- 
culté(l).  La  Fayette  lui  avait  dit,  dans  le  salon  de  madame  de 
Coigny,  qu'il  lui  fallait  partir  pour  l'Angleterre,  «  parce  qu'on  abusait 
de  son  nom  pour  exciter  le  désordre.  » 

Depuis  longtemps,  déjà,  il  avait  une  sorte  de  cour  qui  fréquentait 
les  appartements  du  Palais-Royal,  dont  madame  de  Genlis,  éducatrice 
des  enfants  du  duc,  faisait  l'ornement  par  ses  talents  agréables* 
Cette  femme  le  poussait  dans  son  opposition  aux  actes  royaux,  lui 
qui  s'était  signalé  dans  sa  protestation  faite,  de  concert  avec  les 
princes,  contre  les  édits  de  Maupeou. 

Dès  1776,  le  duc  d'Orléans  devint  le  cheï  du.  parti  des  p^-uices  conh-Q 
le  parti  de  la  reine,  quand  Marie-Antoinette  s'avisa  de  lui  manquer 
d'égards  et  de  s'attirer  sa  haine.  En  1787,  il  avait  autour  de  lui,  dans 
des  conciliabules  nocturnes,  les  jeunes  conseillers  du  Parlement; 
d'où  son  exil  à  Villers-Cotterets.  Il  présidait  la  Loge  de%  Neuf^Sœurs, 
située  rue  Dauphine. 

Bien  des  pamphlets,  bien  des  brochures  attaquèrent  le  duc  d'Or- 
léans, en  1789,  surtout  après  les  journées  des  5  et  6  octobre.  Dans  un 
d'eux,  il  est  appelé  le  Prince  Rouge-Gorge,  Laclos  est  appelé  Loscla, 
et  Mirabeau  Iramba. 


(1)  Bcaulicu;  liéouUdiun  de  France,  t.  ï.  p.  345  et  346,  in-S".,  Paris,  an  lX-1801. 


COMITÉ  ORLÉANISTE  543 

On  lit,  dans  le  Martyrologe  national,  cette  oraison  dominicale  : 
«  Notre  père  d'Orléans,  qui  êtes  à  Londres,  que  votre  nom  soit 
glorifié,  que  votre  règne  arrive,  que  votre  volonté  soit  faite  dans  tout 
le  royaume,  comme  elle  s'est  faite  à  Paris  et  à  Versailles.  Donnez- 
nous  aujourd'hui  autant  d'argent  que  nous  en  avons  reçu  de  vous 
par  le  passé;  pardonnez  à  vos  ennemis  comme  Louis  XVL  vous  a 
pardonné  lui-même;  et  ne  nous  induisez  flus  en  tentation  on  déli- 
vrez-nous du  mal.  Ainsi  soil-il  (1).  » 

Un  pamphlet,  ayant  pour  titre  :  Aon,  d'Orléans,  tu  ne  régneras, 
pas!  lui  jette  à  la  face  ses  prétentions  au  trùne,  et  contient  ces 
phrases  extrêmement  injurieuses  : 

«  Monstre  que  l'enfer  a  vomi  pour  le  malheur  des  humains... 

«  Ton  meneur  en  intrigues,  ton  précepteur  en  scélératesse,  ton 
compagnon  Laclos...  (2). 

«  Rotondo,  l'infâme  Hotondo,  ton  aide  de  camp... 

«  Sillery,  oui  Sillery,  l'intendant  de  tes  honteux  plaisirs  et  ton 
lieutenant  dans  tes  criminels  exploits...  (3).  » 

Lorsque  le  duc  d'Orléans  fut  promu  divisionnaire,  le  quatrain  sui- 
vant courut  de  bouche  en  bouche  : 

Pour  consoler  dans  sa  disgrâce 
Mons  d'Orléans,  on  va,  dit-on, 
Le  proclamer  chef  de  division; 
Il  n'aura  pas  changé  de  place. 

La  Chronique  scandaleuse,  journal  royaliste,  paru  en  1791,  conte- 
nait ces  phrases  : 

J'appelle  un  chat  un  chat,  et  Rolet  un  fripon... 
Et  Philippe  un  poltron... 
Et  Barnave  un  gredin... 
Et  Champcenetz  un  drôle... 
Et  Talleyrand  un  gueux... 
Et  Ghampfort  un  plat-pied..., etc. 

Aux  Derniers  les  bons  ou  le  Trou  d'enfer-,  au  caveau  du  Palais- 
Royal,  brochure,  par  Desmarets,  sergent^  rue  des  Prouvaires,  s'éle- 
vait contre  la  faction  orléaniste. 


(1)  Le  Martyrologe,  n"  2.  —  Bib.  de  la  Chambre  des  députés,  W  251. 

(2)  Secrétaire  et  confident  du  duc  d'Orléans;  deux  fois  emprisonné  plus  tard 
comme  orléaniste. 

(.3)  Brocimre  de  8  p.  ia-8',  sans  date,  mais  très  probablement  parue  à  la  fin 
d'octobre  1789.  —  Rotondo,  arrêté  en  1791,  par  ordre  du  Comité  des  recherches, 
comme  agitateur  dans  Paris. 


544  LES  CLUBS  GONTRE-RÈVOLUTIONNAIRES 

Dans  les  Crimes  de  Pai'is,  poème  paru  en  1790,  le  duc  d'Orléans, 
La  Touche  et  La  Clos  furent  violemment  attaqués. 

Un  individu  fut  arrêté  au  Palais-Royal,  en  juillet  1790,  comme 
porteur  de  brochures  avec  gravures  obscènes,  parmi  lesquelles  la  Vie 
du  duc  d'Orléans. 

On  l'accusait  d'avoir  «  payé  »  les  gens  qui  saccagèrent  la  manufac- 
ture de  papiers  peints  que  Réveillon  possédait.  On  disait  qu'il  «  con- 
sultait le  diable  dans  les  carrières  de  Montrouge  (1).  » 

A  propos  de  la  maladie  de  Louis  XVI,  avril  1791,  il  parut  plusieurs 
pamphlets  contre  le  duc  d'Orléans,  notamment  :  «  Les  monstres  pen- 
sent déjà  à  la  régence!  (2;  » 

Plus  tard,  on  publia  : 

«  l'assassinat  Dt:  la  familli:  royale. 

((  Plan  présenté  à  Monseigneur  le  duc  d'Orléans  par  le  marquis 
de  ***,  trouvé  sous  le  portail  du  Louvre,  près  le  jardin  de  l'In- 
fante (3).  » 

Plus  tard,  encore,  une  pièce  s'attaqua  à  «  la  Cabale  d'Orléans  », 
une  autre  : 

((  Au  régicide  d'Orléans  (4).  » 


II 


Les  partisans  du  duc  répondirent  aux  pamphlets  et  aux  brochures  ; 
de  plus  ils  se  concertèrent  pour  soutenir  avec  vigueur  le  duc  et  Mi- 
rabeau. 

La  Clos,  le  principal  meneur,  proposant  la  déchéance  de  Louis  XVI 
en  juillet  1791,  voulait  faire  appeler  le  duc  d'Orléans  à  la  régence.  Il 
déclara  qu'il  «  voulait  une  monarchie...  pour  éviter  l'oligarchie  (5).  » 

Le  25  août  1791,  le  duc  monta  à  la  tribune  de  l'Assemblée  pour 
protester  contre  l'article  constitutionnel  qui  déclarait  les  membres  de 
la  famille  des  Bourbons  incapables  d'exercer  les  droits  de  citoyen. 
S'il  était  adopté,  il  aurait  le  droit  d'opter  entre  le  titre  de  citoyen 


(1)  Chateaubriand.  Mémoires  d" Outre-Tombe,  t.  111,  p.  99.  ln-8°;  Paris,  1849. 

(2)  S.  1.  n.  d.,  iu-8^  8  p.  (Bib.  Nat..  Lb.  39/9815.) 

(3)  Brochure  in-8o  de  8  p.  (sans  date).  —  Bib.  de  la  Chambre  des  députés, 
IJf"  222  (t.  LVII). 

(4)  Brochure  in-S"  de  4  p.  (sans  date).  —  Idem. 

(.■))  Journal  des  Amis  de  ht  C'>usfif,nlio»,  n»  33  (12  juillet  au  II). 


COMITE  ORLEANISTE  545 

français  et  son  droit  éventuel  au  trône.  Dans  ce  cas,  il  renonçait  au 
trône.  Sillery  fit  des  allusions  à  la  situation  du  duc.  Ce  fut  le  seul 
acte  d'ambition  directe  tenté  par  le  parti  d'Orléans,  dont  le  chef  res- 
tait indécis. 

En  décembre  1792,  Robespierre  aîné  se  demandait  comment  Sil- 
lery, confident  de  la  maison  d'Orléans,  ou  plutôt  d'Egalité,  n'aban- 
donnait pas  la  société  de  Brissot  et  de  Pétion,  comment  Louvet 
l'accusait,  lui,  Robespierre,  de  «  vouloir  donner  la  couronne  à  d'Or- 
léans ?  » 

Un  citoyen,  aux  Jacobins,  disait  que  d'Orléans  «  avait  un  parti,  que 
tous  ses  amis  allaient  se  rallier  à  lui  pour  le  défendre  (1).  »  Thuriot 
prétendait  le  contraire. 

Le  Sans-Quartier,  ou  le  Hogomiste  national,  attaquait  le  duc  d'Or- 
léans, que  Louis  XVI  nomma  amiral  de  France,  quoiqu'il  fût  membre 
du  Club  des  Jacobins.  Bientôt  lié  avec  les  Cordeliers  et  les  membres 
de  la  Commune,  membre  de  la  Convention,  ayant  perdu  l'espoir  de 
régner,  il  ne  négligea  rien  pour  garder  son  influence  personnelle, 
jusqu'au  jour  où,  devenu  suspect,  il  fut  jugé  comme  girondin  et  con- 
damné à  mort.  Le  général  Biron,  son  ami,  fut  guillotiné  deux  mois 
après  lui. 

Certains  historiens  ont  eu  mauvaise  grâce  à  nier  l'existence  du 
Comité  orléaniste.  Son  chef,  suivant  l'usage  traditionnel,  voyait  avec 
joie  les  embarras  de  Louis  XVI  ;  ses  prédécesseurs  sur  les  degrés  du 
trône  s'étaient  toujours  empressés,  eux  aussi,  de  mettre  à  profit  les 
fautes  ou  les  malechances  de  leurs  parents  au  faîte  du  pouvoir.  Ils 
avaient  conspiré,  en  ayant  soin  d'obtenir  grâce  en  raison  de  leur 
situation  de  famille.  Rien  n'étonne  donc  dans  les  agissements  de 
Philippe-Égalité,  préférant  le  titre  de  citoyen  à  celui  de  prince,  mais 
nourrissant  toujours  l'espérance  de  régner,  et,  pour  cela,  cherchant 
à  se  réconcilier  plusieurs  fois  avec  Louis  XVI  et  n'y  parvenant  pas, 
en  conséquence  des  sentiments  que  les  purs  royalistes  manifestaient 
à  son  égard. 

Sur  la  politique  active  le  Comité  orléaniste  n'exerça  que  très  peu 
ou  point  d'influence.  Malgré  ses  apparences,  le  parti  d'Egalité  fut 
contre-révolutionnaire. 

Rappelons  que,  le  matin  du  jour  où  des  Parisiens  promenèrent 
dans  les  rues  les  bustes  de  Necker  et  du  duc  d'Orléans,  les  partisans 
de  celui-ci  firent  crier  une  motion  par  laquelle  il  proposait  qu'on  se 
cotisât  pour  le  soulagement  des  pauvres,  et  s'inscrivait  pour  trois 

(l)  Séance  du  dimanche.   16  décembre  1792. 


546  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

cent  mille  livres.  Plus  tard,  entre  Montagnards  et  Girondins,  VOrléa- 
nismc  fut  l'injure  mortelle. 

Relatons  un  fait,  qui  se  rapporte  à  la  lutte  établie  entre  Danton 
et  Robespierre,  au  plus  fort  de  la  Terreur. 

Danton,  dans  sa  maison  de  campagne  située  sur  le  coteau  de 
Sèvres,  recevait  des  confidents  intimes  qui  méditaient  des  coups 
d'Etat,  contraires  aux  Robespierristes,  sans  s'accorder  avec  les  idées  - 
des  Girondins;  son  secrétaire,  Miger,  fut  chargé  par  lui  do  voir  le 
duc  d'Orléans  pour  l'élever  «  au  trône  de  la  Révolution  »,  dit  Lamar- 
tine. Philippe-Égalité  refusa  sa  coopération  et  son  nom  à  l'entreprise. 

En  février  1794,  la  Société  républicaine  de  PAmi  du  peuple  envoya 
à  ses  correspondantes  un  arrêté  relatif  à  la  cabale  connue  sous  le 
nom  de  Philippolins  (Fabre  d'Eglantine,  Chabot,  Proly,  etc.)  (1). 

On  ne  s'en  tint  pas  au  duc  d'Orléans,  on  prétendit  que  les  Jaco- 
bins faisaient  des  efforts  pour  placer  le  fils  de  ce  prince  sur  le 
trône  (2). 


(1)  Bib.  Nat.,  Lb  40/2194,  iii-4o.  sans  date,  4  p. 

(2)  Bib.  Nat.,  Lb 2/2376,  pièce,  in  8',  sans  dale,  7  p. 


RÉUNIONS    DE    BAGATELLE 

ET  DE    BELLEVUE 
SALONS  Db:   \A  PRINCESSE  DE  LAMBALLE,   ETC. 


Sur  la  lisièi'e  du  Bois  de  Boulogne,  non  loin  de  la  Seine,  non  loin 
du  cliâlcau  de  Bellevue,  construit  par  madame  de  Pompadour,  et 
habité  par  les  tantes  du  roi,  mesdames  Adélaïde  et  Victoire,  le  comte 
d'Artois  avait  fait  bâtir,  en  177Î),  le  château  de  Bagatelle,  entre 
Longchamps  et  Madi-id. 

Bagatelle  plaisait  beaucoup  à  ce  prince.  Le  château  était  élégam- 
ment décoré,  avait  des  jardins  pittoresques,  présentait  des  points  de 
vue  variés  et  charmants.  Il  servait  quelquefois  de  lieu  de  réunion  aux 
afliliés  du  Comité  autrichien  (1).  Ravagé,  après  l'émigration  des 
princes,  il  appartint,  pendant  la  Révolution,  à  des  particuliers.  Un 
traiteur  l'acheta  {"i).  On  y  donna  des  fêtes  publiques  (3),  et  il  fut  le 
rendez-vous  de  la  société  élégante. 

En  1789,  le  parti  de  la  reine  et  du  comte  d'Artois,  hostile  à  Necker, 
avait  transformé  Bagatelle  en  lieu  de  conférences  politiques,  quand 
ce  château  avait  d'abord  été  un  lieu  de  galanterie  et  de  prodigalités. 
Des  courtisans  s'y  rassemblèrent  encore,  après  l'émigration  du  frère 
de  Louis  XVI,  et  il  y  eut  là,  selon  la  rumeur  publique,  un  foyer  de 
conspiration  royaliste. 

En  1792,  il  parait  qu'une  multitude  de  voitures  se  rendaient  toutes 
les  nuits  à  Bagatelle,  et  que  des  gens  se  promenaient  au  Bois  de 
Boulogne  avec  des  cocardes  blanches  (4). 

Au  château  de  Bellevue  se  tenaient  aussi  des  conciliabules  dans 
lesquels  paraissait  le  comte  d'Artois. 

Le  3  février  1791,  Malouet,  membre  du  conseil  intime  de  Louis  XVI, 
fit  la  déclaration  suivante  : 


(1)  Voir  plus  haut,  p    b2.'!  et  suiv. 

(2)  Censeur  des  Jouimaux  (juin  1797). 

(3)  Sous  la  Restauration,  il  fut  rendu  au  comte  d'Artois.  Le  due  de  Bordeaux, 
mort  comte  de  Ctiambord,  y  fut  élevé. 

(4)  Séance  du  23  mai  1792,  au  Club  des  Jacobins. 


548  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

«  On  a  dit  hier  au  Comité  de  marine,  pendant  que  je  n'y  étois  pas, 
et  on  a  imprimé  dans  quelques  libelles,  que  gallois  habiluoAlemenl  à 
Bellevue,  et  que  favois  des  conférences  secrètes  avec  Mesdames.  Je  mé- 
priserois  cette  imposture,  comme  beaucoup  d'autres,  si  ellene  tendoit 
à  compromettre  des  personnes  augustes,  dont  la  haute  vertu  méri- 
teroit  nos  respects,  quand  même  elles  n'auroient  pas  d'autres  droits 
à  nos  hommages.  Je  déclare  donc  que  j'ai  été,  il  y  a  quatre  ans,  pour 
la  première  fois,  à  Bellevue,  et  que  je  n'y  ai  pas  retourné  depuis  ; 
qu'il  y  a  erreur  ou  mensonge  de  la  part  de  ceux  qui  soutiennent  le 
contraire. 

«  Dès  le  mois  de  juin  1789 ,  on  avoit  payé  des  porteurs  de 
chaises  qui  se  tenoient  à  la  porte  des  États-Généraux,  et  me  mon- 
troient  aux  passans  en  leur  disant  :  qu'ils  me  portoient  toutes  les 
nuits  chez  M.  le  comte  d'Artois,  à  qui  je  n'ai  jamais  eu  l'honneur  de 
parler,  et  chez  madame  de  Polignac,  que  je  n'ai  jamais  vue  :  ils 
s'adressèrent,  pour  cette  confidence,  au  nommé  Bisson,  mon  domes- 
tique, qu'ils  ne  connoissoient  pas;  celui-ci,  aidé  d'un  de  ses  amis, 
leur  répondit  de  manière  à  leur  faire  avouer  qu'ils  avoient  eu  ordre 
de  répandre  cette  imposture.  Il  est  probable  qu'elle  se  renouvelle 
aujourd'hui  par  les  mêmes  moyens  et  d'après  la  même  impulsion  ; 
car  il  y  avoit  dès  ce  tems-là  des  gens  à  grands  projets  et  à  grandes 
manœuvres  (l).  » 

Madame  Victoire  habita  Bellevue,  qu'elle  dut  quitter. 

L'entourage  du  comte  d'Artois  était  puissant  et,  comme  lui,  affichait 
les  idées  de  contre-révolution.  Le  duc  de  la  Trémoille  et  le  prince 
d'Hénin  (2)  tenaient  de  mauvais  propos,  même  d'indécents,  contre 
les  représentants  de  la  nation,  ce  qui  faisait  croire,  non  sans  raison, 
à  une  conspiration  de  la  Cour.  Le  comte  d'Artois  faisait  toujours 
mettre  un  noble  à  chacun  de  ses  côtés,  chez  la  duchesse  de  Polignac, 
où  il  dînait  tous  les  jours.  Il  ne  traitait  bien  que  les  nobles,  dit 
Besenval  dans  ses  Mémoires.  Hébert  donnait  au  comte  d'Artois  le 
sobriquet  de  «  héros  de  Bagatelle  (3).  » 

Il  existait  certainement  une  intrigue  permanente,  ourdie  entre  les 
prélats  aristocrates  et  la  société  de  Marie-Antoinette  et  du  comte 
d'Artois,  connue  sous  le  nom  de  «  Comité  Polignac  ».  La  comtesse 


(1)  Journal  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,   t.  I,   n"  9,    du  samedi 
12  février  1791. 

(2)  Le  duc  de  la  Trémoille  et  le  prince  d'IIéniu  faisaieut  partie  du  Club  de 
Valois.  —  Voir  plus  haut,  Club  de  Valois. 

(3)  Voir  le  l'eve  Duchesne. 


REUNIONS  DE  BAGATELLE  ET  DE  BELLEVUE  549 

Diane  de  Polignac  brillait  par  son  esprit  et  avait  de  l'influence  sur  la 
duchesse. 

Celle-ci  fut  insultée  en  effigie,  sur  la  place  Dauphine,  par  le  peuple 
qui,  peut-être,  eût  aussi  couvert  de  huées  un  mannequin  représen- 
tant Marie-Antoinette,  amie  de  la  duchesse  (1787). 


* 
*   * 


SALONS   DE  LA  PRINCESSE  DE  LAMBALLE,   ETC. 

La  princesse  de  Lamballe  (Marie- Louise  de  Savoie -Carignan), 
surintendante  et  amie  de  la  reine  Marie-Antoinette,  était  une  amie 
compromettante.  Après  les  journées  des  o  et  6  octobre  1789,  elle 
s'installa  au  château  des  Tuileries,  où  elle  occupa  le  rez-de-chaussée 
du  pavillon  de  Flore. 

Là  se  tinrent  des  conférences,  «  dont  l'objet  était  de  réunir  les 
différents  chefs  de  parti,  afin  de  se  concerter  et  de  s'entendre  pour 
sauver  la  Constitution,  l'État  et  le  Roi  (1).  »  La  princesse  semblait 
former  autour  d'elle  un  centre  de  courtisans  intransigeants,  et,  de 
plus,  elle  trônait  dans  le  salon  de  Marie-Antoinette,  qui  la  qualifiait 
d'angélique.  Beaucoup  de  nobles,  peu  de  prêtres  venaient  au  pavillon 
de  Flore;  ils  étaient  futiles,  indiscrets,  dangereux,  y  colportaient  les 
satires  et  les  chansons.  On  y  hsait  les  Actes  des  Apôtres. 

Ce  salon  servait  à  Marie-Antoinette  pour  recevoir,  plus  ou  moins 
secrètement,  des  membres  de  l'Assemblée  nationale  que  la  i'eine 
voulait  gagner,  des  écrivains  royalistes,  des  hommes  politiques  com- 
promis et  impopulaires.  Cela  fit  regarder  la  princesse  de  Lamballe 
comme  un  féminin  chef  de  faction.  Réellement,  elle  remplissait  le 
rôle  d'agente,  cherchant  à  opérer  au  milieu  d'une  société  assez 
mêlée.  On  prétendait  que  ses  soirées  étaient  organisées  seulement 
dans  un  but  d'information  et  de  conciliation.  La  reine  présida  quel- 
ques-unes de  ces  réunions  où,  vers  la  fin  de  1791,  se  rencontraient 
des  fonctionnaires  publics  et  des  hommes  politiques,  que  madame 
de  Lamballe  avait  charge  de  corrompre  ou  de  surveiller. 

Veuve  de  Louis-Alexandre  de  Bourbon-Penthièvre,  madame  de 
Lamballe  était  fort  estimée  par  Louis  XVI,  qui  lui  envoya  un  pré- 
cieux volume,  VOffice  de  la  semaine,  en  écrivant  de  sa  main  sur  la 
lettre  d'envoi  cinq  lignes  ainsi  conçues  : 

«  Madame  ma  cousine,  c'est  aujourd'hui  vostre  fête;  je  vous  prie 


(1)  Joseph  Wober,  Mémoires  concernant  Marie-Antoinette,  t.  II,  p.  61  (Londres, 
1806-1807,  Paris,  1822,  in-8"). 


550  LES  CLtJBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

(le  recevoir  ce  livre  qui  vient  de  ma  mère  et  où  j'ai  appris  à  prier 
Di(>u;  je  le  prie  pour  vous,  il  })énit  vos  vertus  (1).  « 

A  cette  occasion  encore,  Marie-Antoinette  lui  adressa  une  lettre 
commençant  par  ces  mots  : 

«  Mon  cher  cœur,  etc.  »,  et  une  autre  lettre,  terminée  ainsi  : 
«...  Adieu,  ma  chère  Lamballe,  je  vous  embrasse  du  meilleur  de 
mon  cœur  comme  je  vous  aimerai  toulte  [sic]  ma  vie  (2).  » 

Quand  la  reine  fut  enfermée  au  Temple,  madame  de  Lamballe 
demanda  à  partager  sa  captivité. 

Le  1"'' janvier  1793,  un  aflilié  aux  Jacobins  annonça  dans  le  club 
qu'on  lui  avait  écrit  que  madame  de  Lamballe  avait  déposé  avant  sa 
mort  une  somme  de  400,000  francs  en  numéraire.  La  lettre  devait 
être  portée  au  Comité  de  surveillance,  pour  qu'il  prit  les  renseigne- 
ments nécessaires  (3). 

Si  nous  descendons  des  habitations  princières  aux  salons  dorés  de 
l'ancienne  noblesse,  nous  voyons  que  ceux-ci  exercèrent  une  in- 
fluence immense,  que  rien  n'y  était  négligé  pour  attirer  et  convertir, 
sinon  corrompre,  des  hommes  qui,  séduits  d'abord  par  les  idées  nou- 
velles, n'avaient  pas  une  conviction  assez  forte,  une  énergie  assez 
éclairée  pour  résister  à  de  trompeuses  amorces. 

Dans  ces  salons,  datant  d'avant  la  Révolution,  se  coudoyaient  les 
élégants,  les  lettrés,  les  savants  de  l'ancien  régime,  avec  les  rudes 
novateurs. 

C'est  ainsi  que,  à  l'approche  de  1789,  les  aristocrates,  les  jeunes 
d'entre  eux,  surtout,  portèrent  un  unifoi'me  de  ralliement  :  habit 
vert,  collet  rose,  veste,  culotte,  souliers  à  boucles.  Ils  avaient  quel- 
quefois des  boutons  d'habits  sur  lesquels  étaient  gravés  ces  mots  : 
Ventre  libre  ou  mourir,  par  allusion  à  Vivre  libre  ou  mourir.  Ils  adop- 
tèrent des  cocardes  anti-patriotiques,  —  petits  flocons  formés  d'un 
seul  ruban  rayé;  ils  en  eurent  de  mécaniques,  habilement  faites, 
qui,  de  tricolores  dans  les  promenades  de  Paris,  passaient  blanches 
dans  leurs  cavalcades,  aux  environs  de  Ragatelle  (4)  ;  ils  curent  des 
boutons  contre-révolutionnaires,  des  bagues  avec  cette  devise  : 
Domine,  salvum  fac  regem. 

{l)  Bibliothèque  du  comte  de  Lignerolles,  vendue  après  sa  mort  à  l'hôtel  Drouot, 
en  février  1894. 

(2)  Idem,  Autographes. 

(3)  Société  des  Jacobins,  séance  du  mardi.  1""  janvier  1793. 

(4)  Voir  plus  haut,  p.  247. 


RÉUNIONS  DE  BAGATELLE,  SALONS,  ETC.  551 

Ils  créèrent  un  ordre  dont  les  croix  étaient  àliuit  pointes,  espacées 
de  tleurs  de  lys  surmontées  de  la  couronne  de  France,  représentant 
en  leurs  médaillons  le  marquis  de  Favras  sortant  du  tombeau.  Cet 
ordre,  ils  l'appelèrent  l'ordre  de  la  Résurrection  de  la  Contre-Révo- 
lu lion. 

Dans  quelques  bals  de  la  haute  société,  on  vit  des  cavaliers  coiffés 
à  la  contre-révolution,  en  grand  crêpé  terminé  par  deux  boucles  en 
demi-cercle,  les  cheveux  du  haut  du  toupet  rabattus  sur  le  front,  et 
séparés  à  la  naissance  de  l'épi. 

Une  brochure  circulait  parmi  les  royalistes,  V Association  des  qua- 
rante heures  pour  demander  à  Dieu  le  rétablissement  de  la  foi,  des 
mœurs  et  du  règne  de  Jésus-Christ  en  France.  Une  autre,  plus  tard, 
intitulée  :  Périssent  les  tyrans  destructeurs  de  la  France,  était  lancée 
contre  les  enragés  de  l'Assemblée  nationale  (1). 

Avec  quel  plaisir  les  aristocrates,  de  toutes  les  nuances,  ou  sim- 
plement les  indifférents  ou  les  amateurs  d'élucubrations  moqueuses, 
propageaient  dans  leurs  réunions  des  plaisanteries,  des  pamphlets, 
que  le  peuple  ne  lisait  que  peu  ou  point! 

Quelques  salons  recevaient  principalement  des  dévots,  qui  se  réu- 
nissaient chez  madame  de  la  Marck,  chez  la  maréchale  de  Noailles  (2), 
chez  le  duc  de  Nivernais  (3),  chez  madame  de  Luxembourg  (4)  et  chez 
l'archevêque  de  Lyon. 

Il  va  sans  dire  que,  dans  ces  assemblées,  la  question  religieuse 
dominait  tout,  et  que  ce  n'étaient  pas  les  moins  contre-révolution- 
naires, les  moins  ardentes  pour  blâmer  les  réformes,  pour  combattre 
les  idées  nouvelles,  pour  vouer  à  l'exécration  le  duc  d'Orléans,  grand- 
maître  des  francs-maçons  de  France,  pour  maudire  les  députés  qui 
votèrent  la  Constitution  civile  du  clergé,  pour  flétrir  les  prêtres 
constitutionnels,  pour  propager  enfin  les  opinions  des  hommes  qui 
faisaient  appel  aux  insurrections  afin  de  défendre  Dieu  et  le  Roi. 

(1)  Brochure  in-8"  de  15  p.,  1792. 

(2)  Née  de  Cossé-Brissac,  morte  sur  l'échafaud,  le  4  thermidor  an  II,  à  l'âge 
do  soixante-dix  ans. 

(3)  Mort  en  1798. 

(4)  Dont  le  mari  émigra. 


SALONS, 
RÉUNIONS  PRIVÉES,  LIEUX  DE  RENDEZ-VOUS 

Pendant  la  Révolution  et  avant. 


I 


Nous  venons  d'indiquer  plusieurs  réunions  militantes,  prenant  leur 
source  en  haut  lieu,  plus  que  politiques,  quasi  gouvernementales. 

Les  luttes  pour  ou  contre  la  Révolution  ne  furent  pas  avivées  par 
les  Clubs  et  les  Comités  seulement,  mais  aussi  par  les  salons,  les 
réunions  privées  et  les  lieux  de  rendez-vous,  autres  que  les  Clubs,  les 
librairies,  les  cafés  et  les  restaurants.  Ces  assemblées  agissaient  d'une 
façon  latente  sur  les  événements  du  jour.  Les  femmes  et  les  prêtres  y 
apitoyaient  les  nobles  sur  le  sort  malheureux  des  amis  du  roi  et  de  la 
religion. 

Bien  souvent  on  se  fournissait  là,  clandestinement,  des  armes  pour 
le  combat,  et  les  contre-révolutionnaires  surtoul,  sous  Louis  XVI, 
pendant  les  séances  de  la  Convention,  sous  la  réaction  thermido- 
rienne, à  l'époque  du  Directoire  comme  à  celle  du  Consulat,  usèrent 
de  ces  moyens  de  s'entendre,  parce  que  la  publicité  ne  leur  était  pas 
possible,  ou  parce  qu'ils  ne  s'avisaient  pas  de  faire  de  l'opposition  à 
ciel  découvert,  de  machiner  des  complots,  même  d'organiser  la  pro- 
pagande de  leurs  idées. 

Il  fallait  néanmoins  compter  avec  «  les  colères  de  salons  »,  où  les 
invités  soufflaient  le  feu  de  la  discorde,  après  s'être  rassemblés 
d'abord  sans  but  politique,  pour  devenir  ensuite  amphibies. 

En  1789,  le  premier  salon  de  Paris  se  tenait  chez  madame  Necker, 
dans  son  hôtel  de  la  rue  M^ichel-le-Comte,  où  venaient  Sieyès,  Parny, 
Condorcet,  Talleyrand,  Alexandre  de  Lameth,  Mathieu  de  Montmo- 
rency, de  Laborde  de  Méréville,  etc.,  et  madame  de  Staël,  qui  avait 
alors  vingt-trois  ans.  Le  vendredi,  il  y  avait  les  réceptions  publiques, 
presque  officielles,  à  cause  de  la  haute  situation  de  Necker.  Le  mardi, 


334  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

c'étaient  surtout  des  réunions  littéraires,  où  l'on  voyait  la  duchesse 
de  Lauzun,  Delille  et  Lemierre(l).  A  onze  heures,  la  politique  occu- 
pait les  invités,  après  que  les  domestiques  avaient  disparu  et  que  les 
portes  étaient  fermées.  Quelques  députés  s'y  essayèrent,  y  lurent  les 
discours  qu'ils  devaient  prononcer  à  la  Constituante. 

Le  salon  de  madame  Necker,  devenu  réactionnaire  à  cause  de  sa 
modération,  cessa  ses  réunions  après  le  10  août  1792,  et  la  plupart 
des  gens  qui  l'avaient  fréquenté  se  lancèrent  dans  le  mouvement^ 
soit  à  gauche,  soit  à  droite,  jouèrent  de  la  Révolution  ou  en  mou- 
rurent. 

Protectrice  des  savants  et  des  artistes,  madame  Necker  fonda  un 
hospice  qui  porte  son  nom.  Elle  eut  sa  place  parmi  les  publicistes, 
écrivit  des  Réflexions  sur  le  divorce  et  des  Mélanges,  et  contribua  à 
faire  réformer  les  abus  qui  s'étaient  introduits  dans  les  prisons  et  les 
hôpitaux.  Elle  suivit,  en  Suisse^  son  mari  que  les  Jacobins  avaient 
attaqué. 

En  1789  encore,  le  salon  de  Deauharnais  fut  très  fréquenté-  On  y 
adoptait,  modérément,  les  idées  nouvelles.  «  L'Égalité  et  la  Liberté  y 
présidaient,  a  écrit  Dorat-Cubières  ;  la  Liberté  et  l'Égalité  sont  les 
dames  d'atour  de  madame  de  Beauharnais  w.  Parmi  les  habitués,  ci- 
tons Dorât,  Colardeau,  Grébillon,  Dusaulx,  Cailhava  (2),  Bailly, 
Mably,  et  même  le  sauvage  Jean-Jacques  Rousseau. 

Chez  Montmorin  et  les  divers  ministres,  comme  chez  Necker,  chez 
la  duchesse  d'Aiguillon,  mesdames  de  Beaumont  et  de  Sérilly,  toutes 
les  illustrations  de  la  France  se  coudoyaient  (3).  La  Société  aristo- 
cratique fréquenta  surtout  les  salons  de  mesdames  de  Foix,  d'Hénin, 
de  Simiane,  de  Vaudreuil,  et  de  quelques  magistrats. 

Dans  le  salon  de  madame  Panckoucke,  rendez-vous  des  auteurs 
les  plus  distingués  de  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  salon  tout  litté- 
raire d'abord,  car  le  mari  de  cette  femme  était  imprimeur-libraire, 
propriétaire  du  Mercure  de  France,  la  politique  s'introduisit  quand 
Panckoucke  lit  paraître  le  Moniteur  universel.  Barère  de  Vieuzac  y 
amena  l'élément  révolutionnaire,  qui  céda  bientôt  à  l'influence  des 
modérés.    Les  dîners   de  madame   Panckoucke  étaient  renommés 


(1)  Mort  à  Saînt-Geriuaiu-en-Laye,  en  1793. 

(2)  Auteur  de  la  Descenu  de  Bonaparte  en  Éqtjpte.  Mort  en  18i;j. 
(;j)  Gliatcaubriand;  Mémoires  d' Outre-Tombe,  t.  II,  p.  95. 


SALONS,  RÉUNIONS  PRIVÉES,  ETC.  555 

en  1789.  Barère  fondait,  pendant  cette  année,  le  Point  du  Jour,  et, 
avec  Loiivet,  le  Journal  des  di'bals  et  décrets,  ce  qui  rompit  nécessai- 
rement ses  relations  avec  Panckoucke.  Geltii-ci  créa  plus  tard  la  Clef 
du  cabinet  des  souverains,  feuille  républicaine  très  modérée,  qui  dis- 
parut, supprimée,  sous  le  Consulat,  après  une  longue  existence. 

En  1789  encore,  le  salon  de  madame  de  Sabran  avait  une  couleur 
tout  à  fait  aristocratique,  comme  ceux  de  madame  de  Laval,  de  ma- 
dame d'Aslorg,  de  la  baronne  d'Escars,  de  madame  de  Coigny,  arbitre 
de  la  mode  et  du  goût  (1),  de  madame  de  Simiane,  de  madame  de 
Vauban^  de  madame  de  Murinais,  de  madame  de  Bercheny,  de  ma- 
dame de  Gonlaut,  qui  Oorissaient  un  peu  avant  la  Révolution.  Ceux 
de  madame  d'Angivilliers,  dont  le  mari  avait  une  grande  influence 
sur  Louis  XVI,  de  la  comtesse  de  Tessé  et  de  la  marquise  de  Cham- 
bones  (2),  étaient  des  lieux  de  réunion  pour  les  rédacteurs  des  Actes 
des  Apôtres.  Chez  madame  de  Sabran,  Bouftlers  (8)  et  Séguf  lisaient 
de  petits  vers;  on  donnait  de  «  petits  spectacles  ».  Le  comte  de  Sa- 
bi'an,  d'abord  partisan  des  idées  nouvelles,  finit  par  émigrer. 

Dans  ces  salons,  on  raillait  beaucoup  les  bourgeois  parvenus,  àUx- 
(|uels  on  ne  pardonnait  pas  d'avoir  pris  de  hautes  positions  politi- 
ques. La  moquerie  était  leur  principal  moyen  d'attaquer  les  novateurs. 

Le  «  salon  bleu  >>  de  madame  de  Genlis  était  célèbre  [k).  Son  mari, 
le  marquis  de  Sillery,  fut  commandant  des  gardes  du  duc  d'Orléans, 
et  d'importants  personnages  l'entourèrent.  Brissot  et  Camille  Des- 
moulins se  montrèrent  dans  ce  salon,  mais  bien  peu;  les  amis,  les 
partisans  du  duc  d'Orléans  y  tenaient  la  première  place,  ainsi  que 
Latouche  et  Choderlos  de  La  Clos,  familiers  du  dUc,  qui  organisèrent 
leurs  conciliabules  orléanistes,  essentiellement  politiques,  à  Mont- 
rouge  (5).  Barère,  lettré,  fut  accueilli  par  madame  de  Genlis,  et  par 
elle  introduit  dans  la  familiarité  du  duc  d'Orléans. 


(1)  Marie-Antoinette  dit  un  jour  :  «  Je  ne  suis  que  la  reine  de  Versailles;  c'est 
madame  de  Coigny  qui  est  la  reine  de  Paris.  »  La  Fayette  fréquentait  ce  salon. 

(2)  Opposée  à  sou  mari,  qui  admettait  les  idées  nouvelles,  elle  recevait  les 
rédacteurs  des  Actes  des  Apôtres.  —  Voir  Introduction,  p.  7. 

(3)  Le  joyeux  Boufflers,  dit  plus  tard  l'auteur  du  pamphlet  Les  Chevaux  au 
Manège. 

(4)  Madame  de  Genlis  se  posait  en  adversaire  des  philosophes.  Elle  sortit  de 
France,  après  avoir  été  regardée  comme  suspecte,  rentra  en  1800,  et  fut,  plus  tard, 
pensionnée  par  Napoléon.  L'hôtel  de  Sillery-Genlis  était  dans  l'impasse  Conti. 

{','))  Voir,  plus  haut,  Comité  orléaniste,  et  conférez. 


556 


LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 


«  Nous  étions  seuls,  un  jour,  écrit  Desmoulins,  dans  le  salon  de 
madame  de  Sillery  ;  le  vieux  Sillery  avait  frolté  lui-même  le  parquet 
du  salon,  de  peur  que  le  pied  ne  glissât  aux  charmantes  danseuses. 
Madame  de  Sillery  venait  de  chanter  sur  la  harpe  des  vers  où  elle 
invitait  à  l'inconstance...  Quelle  fut  ma  surprise,  au  moment  où  la 
gouvernante-magicienne  opérait  avec  le  plus  de  force  sur  mon  ima- 
gination et  où  la  porte  était  fermée  aux  profanes,  de  voir  entrer... 
qui  ?  un  aide-de-camp  de  La  Fayette,  venu  là  tout  exprès,  et  qu'on  fit 
asseoir  auprès  de  moi  pour  me  convaincre  que  La  Fayette  était  rede- 
venu l'ami  de  la  maison  !...  »  —  «  Il  serait  fort  singulier  que  Philippe 
d'Orléans  ne  fût  pas  de  la  faction  d'Orléans!  Mais  la  chose  n'est  pas 
impossible  ;  la  faction  cependant  existe,  et  elle  siège  dans  le  côté 
droit  avec  les  Girondins.  « 

De  littéraire  et  artistique  qu'il  était  d'abord,  le  salon  de  madame 
de  Sillery-Genlis  devint  politique,  quand  elle  noua  des  relations  avec 
Dumouriez,  quand  elle  fit  des  voyages  avec  ce  général.  Il  lui  fallut 
émigrer. 

Madame  de  Sillery-Genlis,  belle-mère  du  général  Valence,  les  ducs 
de  Chartres  et  de  Monlpensier,  se  trouvaient  au  quartier-général  de 
Dumouriez  un  peu  avant  sa  trahison.  Si  Dumouriez  n'arborait  pas 
ouvertement  le  drapeau  orléaniste,  on  pouvait  croire  qu'en  secret  il 
pensait  à  une  monarchie  révolutionnaire. 

L'exécution  de  Philippe-Égalité  rendit  madame  de  Genlis  tout  à 
fait  réactionnaire.  Elle  erra  dans  plusieurs  contrées  de  l'Europe,  et, 
après  le  18  brumaire,  elle  prodigua  les  louanges  à  Bonaparte.  Sil- 
lery passait  avec  raison  pour  être  agent  du  duc  d'Orléans,  dont  il 
soutint  les  droits  de  succéder  à  la  couronne.  Sillery  fut  exécuté 
comme  complice  de  Dumouriez  (31  octobre  1793). 


En  1789,  on  se  réunissait,  généralement  dans  un  but  politique,  et 
avec  une  attitude  militante,  chez  Clavière,  banquier  à  Paris,  ami  de 
Mirabeau,  ennemi  de  Necker  ;  chez  La  Rochefoucauld,  esprit  libéral 
et  éclairé,  modéré,  opposé  aux  violences  ;  chez  La  Fayette,  qui,  plus 
tard,  devait  réclamer  la  fermeture  des  clubs  et  devenir  contre- 
révolutionnaire  ;  chez  le  financier  Delessert,  qui  avait  provoqué  la 
création  de  la  première  Caisse  d'escompte  et  fondé  la  première 
compagnie  d'assurances  contre  l'incendie;  chez  Mallet  du  Pan,  qui 
avait  rédigé  avec  Linguet  les  Annales  politiques  et  littéraires^  et  que 
l'on  connaissait  comme  un  adversaire  décidé  de  la  Révolution  ;  chez  le 


SALONS,   RÉUNIONS  PRIVÉES,  ETC.  557 

docteur  de  la  Roche,  célébrité  de  l'époque;  chez  Brissot  de  Warville, 
marié  à  une  femme  de  l'entourage  de  la  duchesse  d'Orléans,  etc. 

Etienne  Clavière,  girondin,  ministre,  se  poignarda  en  décembre 
1793.  On  sait  aussi  le  sort  de  La  Rochefoucauld,  de  La  Fayette,  de 
Linguet,  de  Mallet  du  Pan  et  de  Brissot. 

Madame  Suard  (1)  recevait  Michaud  et  La  Harpe.  On  appelait 
M.  et  madame  Suard  «  le  petit  ménage  ».  Suard  écrivit  dans  les 
Indépendants,  journal  monarchique.  Sa  femme  lui  dit  un  jour,  plus 
tard,  qu'elle  avait  cessé  de  l'aimer.  Lui,  sceptique  et  heureux,  d'ail- 
leurs, répondit  avec  calme  :  «  Cela  reviendra  »  ;  et,  madame  Suard 
ayant  ajouté  :  «  C'est  que  j'en  aime  un  autre  »,  il  répliqua  :  «  Cela 
passera.  » 

Michaud  écrivait  dans  les  journaux  feuillantins ;  royaliste  de  fait, 
il  fonda  la  Quotidienne. 

La  Harpe,  auteur  acclamé  de  la  tragédie  le  Comte  de  Warivick, 
n'avait  pas  de  convictions  bien  arrêtées,  fut  incarcéré  sous  la  Ter- 
reur, devint  un  des  adversaires  du  parti  philosophique,  et  finalement 
se  convertit  au  catholicisme  pratiquant.  Il  était  en  correspondance 
littéraire  avec  le  grand-duc  de  Russie,  depuis  177-4  jusqu'à  1789. 

Quant  à  Suard,  censeur  royal  en  1774,  il  appartenait  à  l'Académie 
française,  et,  au  début  de  la  Révolution,  il  était  partisan  ultra- 
modéré des  idées  nouvelles. 

Le  salon  de  madame  Suard,  «  où  l'on  s'ennuyait  fort  littéraire- 
ment, »  accommodait  volontiers  les  mœurs  de  l'ancien  régime  avec 
le  mouvement  politique  du  temps  où  ce  régime  disparaissait.  Au 
fond,  il  était  monarchique. 

Chez  Adrien  Duport,  conseiller  au  Parlement  (2),  on  voyait  Mira- 
beau, Target  (3)  et  Rœderer  (4).  Ennemi  du  parti  de  la  Cour  et  du 
parti  de  Marie-Antoinette,  il  réunissait  des  députés  pour  prendre  des 
décisions  quand  les  événements  le  commandaient.  Adrien  Duport 
passa  pour  être  vendu  à  la  Cour,  après  le  retour  de  Varennes. 

Le  Logographe  fut   imaginé,   en   1790,   par  Adrien   Duport,   les 


(1)  Elle  demeurait  rue  Royale-Saint-Honoré,  u"  13. 

(2)  Député  aux  États  généraux,  il  fit  décréter  l'institution  du  jury;  mais,  après 
le  10  août  1792,  il  fut  accusé  de  royalisme,  arrêté,  sauvé  par  Danton;  il  émigra, 
rentra  en  France  après  le  9  thermidor,  et  émigra  de  nouveau  après  le  18  fruc- 
tidor. 

(3)  Target  était  avocat  et  membre  de  l'Académie  française. 

(4)  Rœderer  défendit  la  famille  royale  dans  le  Journal  de  Pariti. 


558  LES  CLUBS  CONTRE-RÈVOLUTlONNAIRES 

Liimeth  eL  leurs  amis,  qui  en  firent  les  premiers  frais.  Mais  les  re- 
celtes de  ce  journal  ne  pouvaient  couvrir  ses  dépenses.  Les  Lameth 
s'étant  rapprochés  du  roi,  le  déterminèrent  à  faire  un  fonds  pour  le 
soutenir.  Les  papiers  trouvés  dans  l'armoire  de  fer  prouvèrent  que 
le  Logographe,  dévoué  à  la  Cour,  avait  reçu  34,500  livres  sur  la  liste 
civile  du  roi,  en  trois  mois.  La  Législative  fît  briser  ses  formes  le 
17  août  1792.  Fondé  par  Le  Hodey,  ce  journal,  on  le  voit,  était  mo- 
narchique. Le  Hodey  devint,  en  1790,  chef  de  bureau  de  «  Tesprit 
public  »  à  la  police  générale. 

.  En  mai  1790,  après  son  traité  avec  la  Cour,  Mirabeau  prit  un  train 
de  maison  dans  son  petit  hôtel  de  la  rue  de  la  Chaussée-d'Antin  ;  il 
eut  voiture  et  table  ouverte.  Mais  ses  réceptions  ne  fîrent  pas  grand 
bruit,  sans  doute  parce  qu'il  craignait  les  indiscrétions,  parce  qu'il 
ne  voulait  pas  rendre  sa  trahison  trop  vraisemblable  en  conviant 
trop  de  monde  à  ses  réunions  (1). 

Chez  madame  de  Pasloret,  femme  de  Claude-Emmanuel  Pastorel, 
avocat,  littérateur,  administrateur  puis  procureur-syndic  du  dépar- 
tement de  Paris,  député,  ministre  de  l'intérieur  en  1790,  la  société 
était  mêlée,  suivait  principalement  les  principes  très  modérés  du 
maître  de  la  maison.  M.  de  Vaisnes,  l'un  des  survivants  de  la  société 
du  duc  de  Choiseul  à  Chanteloup,  allait  souvent  dans  le  salon  de 
madame  de  Pasloret,  qui  ne  partagea  pasles  opinions  de  son  mari,  au 
débutdela  Révolution,  etqui  s'écoutait  un  peu  trop  parler,  disait-on. 

En  1797,  le  salon  de  madame  de  Pastoret  réunissait  beaucoup  de 
Clichyens,  dont  Pastoret  adoptait  les  opinions.  Pastoret,  d'abord 
partisan  modéré  de  la  Révolution,  avait  pris  la  fuite  après  le  10  août 
1792.  Elu  aux  Cinq-Cents,  il  montra  des  sentiments  royalistes  et 
corabattit  le  Directoire  jusqu'au  18  fructidor,  époque  où  il  figura  sur 
la  liste  de  proscription,  et,  prévenu,  put  se  réfugier  en  Suisse.  Il 
reparut  sur  la  scène  politique  après  le  18  brumaire. 


Il 


Avant  la  Révolution,  Railly  s'était  acquis  une  grande  réputation 
comme  astronome.  Il  siégeait  à  l'Académie  des  sciences,  à  l'Académie 
des  inscriptions  et  à  l'Académie  française. 

Dans  le  salon  de  madame  Railly,  à  côté  de  savants  et  de  littérateurs, 

(1)  Voir,  plus  haut,  Comité  autrichien,  p.  528  et  529. 


SALONS,  RÉUNIONS  PRIVÉES,  ETC.  559 

ou  voyait  (les  hommes  politiques  appartenant  à  Topinion  modérée, 
des  fayettistes  et  quelques  royalistes  constitutionnels,  rêvant  l'accord 
du  roi  avec  l'Assemblée  nationale.  Celui  de  l'abbé  Morellet  était  fré- 
quenté par  Laborde,  Pastoret,  Trudaine  le  jeune,  Lacretelle,  etc.  On 
y  était  partisan  de  la  monarchie  constitutionnelle. 

Le  couvent  des  Miramiones,  situé  sur  le  quai  de  ce  nom  (aujour- 
d'hui quai  de  la  Tournelle),  passait  pour  être  un  des  principaux 
foyers  du  fanatisme  royaliste.  Madame  de  La  Fayette,  mesdames  de 
Noailles  etd'Agen  y  venaient  fréquemment.  Les  Miramiones,  en  1701. 
refusèrent  de  se  soumettre  aux  mesures  qui  frappaient  le  clergé. 
Elles  disparurent. 

Camille  Desmoulins  prétendait  que  le  bourreau  de  Paris,  Sanson, 
recevait  des  aristocrates  à  ses  «  petits  soupers  «  (1).  Sanson  fit  assi- 
gner Desmoulins  à  comparaître  devant  le  tribunal  de  police  pour  être 
condamné  à  des  dommages-intérêts,  à  titre  de  «  réparation  d'hon- 
neur  » 

l^eu  de  réceptions,  grandes  (»u  petites,  échappaient  à  l'examen,  à 
la  surveillance,  aux  dénonciations  parfois  exagérées. 

A  mesure  que  les  partis  avancés  se  déclarèrent,  des  salons  et  des 
réunions  qui  eussent  passé  pour  être  franchement  dévoués  à  la  Ré- 
volution si  la  royauté  avait  continué  d'exister,  furent  bientôt,  par  la 
force  des  choses,  regardés  comme  réactionnaires. 

De  ces  salons,  de  ces  réunions,  il  en  est  peu  qui,  avec  des  phases 
diverses,  aient  duré  ou  aient  reparu,  après  les  crises  les  plus  vio- 
lentes, en  exerçant  toujours  une  certaine  influence.  Assurément,  les 
complots  de  salons  ne  cessèrent  pas;  les  réunions  anti-révolution- 
naires ou  tout  au  moins  réactionnaires,  se  cachèrent  du  mieux  qu'elles 
purent,  pour  braver  la  loi  des  suspects,  pour  échapper  aux  investi- 
gations des  Comités  de  Salut  public  et  de  Sûreté  générale,  de  la  police 
directoriale  et  de  la  police  consulaire. 

Au  palais  de  la  Monnaie,  quai  Gonti,  se  trouvait  le  salon  du  marquis 
(le  Condorcet,  qui  occupait  cinq  ou  six  pièces,  à  l'entresol;  salon  eu- 
ropéen, qu'on  a  appelé  le  «  foyer  de  la  république  >>.  Condorcet 
appartenait  à  la  loge  maçonnique  des  Neuf  sœurs. 

Madame  de  Condorcet,  née  Grouchy,  n'avait  pas  été  chanoinesse, 


(1)  Révolutions  de  France  et  de  Brabant. 


560  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

comme  le  croit  Michelet,  mais  elle  possédait  une  beauté  virginale 
jointe  à  la  jeunesse  ;  elle  était  pleine  de  grâce,  paraissait  moins  en- 
core une  dame  qu'une  noble  demoiselle.  Son  salon  était  un  centre  de 
l'Europe  éclairée,  où  l'on  faisait  plus  de  littérature  que  de  politique, 
et  où  les  étrangers  de  marque  abondaient.  Des  aristocrates,  tout  au 
moins  des  aristocrates  d'intelligence,  y  coudoyaient  des  hommes 
dévoués  à  la  Révolution,  plus  portés  à  penser  qu'à  agir,  et  générale- 
ment philanthropes.  Madame  de  Condorcet  partageait  les  opinions  de 
son  mari,  qui  votait  le  plus  souvent  avec  les  Girondins.  Le  jour  où 
celui-ci  fut  mis  hors  la  loi,  le  premier  «  foyer  de  la  république  » 
s'éteignit  (1). 

En  1789,  Camille  Desmoulins  était  besoigneux.  Il  logeait  à  Vhôtel 
de  Pologne,  en  face  de  Vhôtel  de  Nivernais.  Après  son  mariage  (29  sep- 
tembre 1790),  il  eut  plus  d'aisance,  grâce  à  la  dot  de  sa  femme  et  à 
ses  publications. 

Lucile  Desmoulins,  dans  son  logis  de  la  cour  du  Commerce,  n»  1, 
ou  dans  sa  demeure  de  la  rue  de  l'Odéon,  recevait,  en  petit  comité, 
M.  et  madame  Danton,  Stanislas  Fréron,  Brune  (2),  le  futur  maréchal 
de  France,  Laurent  Lecointre  (de  Versailles),  Antoine  Merlin  (de 
Thionville),  etc.  Au  début,  ce  salon  était  révolutionnaire  ardent,  si 
l'on  peut  dire  ainsi;  le  Club  des  Cordeliers  y  était  largement  repré- 
senté, et  la  charmante  Lucile  pensait  à  l'unisson  des  avancés. 
Mais,  lorsque  le  Vieux  Cordelier  de  Camille  Desmoulins  fit  regarder 
le  mari  de  Lucile  comme  un  indulgent,  un  contre-révolutionnaire, 
on  ne  vit  plus  Robespierre  chez  Desmoulins,  que  Hébert  accusait  de 
tenir  «  le  langage  des  muscadins  qu'il  fréquentait  »,  d'être  «  l'ami 
des  comtes  et  des  marquis  ».  Camille  et  Lucile  périrent  :  ils  n'avaient 
eu  pour  objectif  que  la  clémence,  et  ils  furent  victimes  de  leur  hu- 
manité, tardive,  il  faut  l'avouer. 

Lucile  Desmoulins  parut  devant  le  tribunal  révolutionnaire  comme 
coupable  d'avoir  conspiré  contre  la  sûreté  du  peuple  ;  d'avoir  voulu 
égorger  la  Convention  ;  d'avoir  eu  pour  but  de  replacer  sur  le  trône 
de  France  le  fils  de  Louis  XVI. 


(1)  Le  salon  de  Condorcet,  les  rciceptions  de  Lucile  Desmoulins,  les  réunions 
qui  avaient  lieu  chez  madame  Roland,  eurent,  à  un  moment  donné,  tant  d'im- 
portance, qu'on  peut  les  regarder  comme  des  comités,  sinon  comme  des  clubs, 
et  les  rattacher,  conséquemment,  au  Comité  Valazé  et  au  Club  de  la  Réunion, 
dont  il  a  été  question  plus  haut,  p.  471  et  suiv. 

(2)  Brune  a  dessiné  un  portrait  de  Lucile  Desmoulius,  d'après  nature.  11  était 
alors  prote  d'imprimerie. 


SALONS,  RÉUNIONS  PRIVÉES,  ETC.  561 

Plus  lancée  que  Lucile  Desmoulins  dans  le  mouvement  politique, 
Marie-Jeanne  Phlipon,  femme  de  Roland  de  la  Platière,  eut  de  véri- 
tables réceptions. 

Madame  Roland,  qui  habitait  au  troisième  étage  d'un  petit  hôtel  de 
la  rue  Guénégaud  (hôtel  Britannique),  près  de  la  Monnaie,  était  née 
quai  de  l'Horloge.  Elle  forma  un  salon  presque  exclusivement 
girondin.  Brissot,  Pétion,  Grégoire,  Buzot,  etc.,  s'y  donnaient  rendez- 
vous,  et  y  rencontrèrent  quelquefois  Robespierre  et  Camille  Desmou- 
lins. L'attrait  principal  était  la  beauté  gracieuse  et  l'esprit  énergique 
de  la  maîtresse  de  la  maison,  si  bien  qu'on  prétendit  qu'elle  avait 
sur  son  entourage  une  influence  corruptrice.  Robespierre  n'y  parut 
pas  longtemps. 

Ce  salon,  les  Montagnards  l'appelaient  «  le  boudoir  de  la  Péné- 
lope »,  et  madame  Roland  était,  selon  Danton,  «  la  Circé  de  la  Répu- 
blique ».  Lorsque  les  politiques  y  venaient,  madame  Roland  ne  se 
mêlait  guère  aux  discussions  que  si  on  en  appelait  à  elle.  On  parla 
beaucoup  des  rolandistes^  delà  politique  rolandine^  dont  on  l'accusait 
d'être  l'âme  ;  on  accusa  Roland  d'avoir  fondé  un  établissement  sous 
le  nom  de  Bureau  de  la  formation  de  l'esprit  public,  tout  à  fait  contre- 
révolutionnaire. 

A  la  suite  du  premier  ministère  girondin,  quand  Servan,  Clavières 
et  Roland  furent  remplacés  par  Mourgues,  Dumouriez  et  Beaulieu, 
Roland  alla  habiter  dans  une  maison  de  la  rue  de  la  Harpe,  sous  les 
toits,  peu  avant  la  journée  du  20  juin  1792.  Là  vinrent  Brissot,  Ver- 
gniaud,  Guadet,  Gensonné,  Condorcet,  Pétion,  Lanthenas,  Valazé, 
Pache,  Grangeneuve,  Louvet,  Chamfort,  Carra,  Joseph  Chénier, 
Dusaulx  et  Mercier. 

Après  la  victoire  de  Valmy,  Dumouriez,  venu  à  Paris,  dîna  chez 
Roland.  En  entrant  dans  le  salon  du  girondin,  ministre  pour  la 
seconde  fois,  il  présenta  un  bouquet  de  fleurs  de  laurier-rose  à  ma- 
dame Roland,  et  s'assit,  à  table,  entre  elle  et  Vergniaud. 

Cette  femme  avait,  en  quelque  sorte,  une  position  de  reine,  —  ou 
tout  au  moins  de  triomphatrice  républicaine.  Le  soir  de  la  procla- 
mation de  la  République  par  les  conventionnels,  les  principaux 
girondins  se  rassemblèrent  chez  elle. 

Précédemment,  elle  avait  reçu  Camille  Desmoulins,  Robespierre, 
Grégoire  ;  elle  avait,  après  l'évasion  du  roi,  contribué  à  la  fondation 
du  journal  le  Républicain. 


36 


562  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 


III 


Chez  le  tragédien  Talma,  rue  Chantereine,  dans  l'hôtel  habité  plus 
tard  par  le  général  Bonaparte,  lors  de  son  retour  d'Egypte,  une 
société  brillante  se  rassemblait  : 

«  Je  ne  vous  parlerai  pas,  dit  Marat,  d'une  douzaine  de  nymphes  à 
taille  svelte,  dont  des  vues  politiques  n'avaient  pas,  vraisemblable- 
ment motivé  la  réunion  ;  je  ne  vous  parlerai  pas  d'un  grand  nombre 
d'officiers  de  la  Garde  nationale  parisienne  qui  venaient  faire  leur 
cour  au  grand  général  (Dumouriez)  ;  je  ne  vous  parlerai  pas  du 
maître  de  la  maison,  vêtu  en  histrion;  mais  je  vous  parlerai  de 
quelques  masques  que  j'ai  reconnus  :  c'étaient  des  messieurs  de  la 
Gironde,  c'était  Kersaint,  c'était  Chénier,  c'était  Lasource,  c'était 
enfin  le  galopin  libelliste  Gorsas.  Un  spectacle  douloureux  m'a 
frappé  :  un  patriote  que  j'estime,  dont  les  vues,  à  la  vérité,  ne  sont 
pas  profondes,  le  commandant  général  de  la  garde  nationale  pari- 
sienne, faisait  les  fonctions  de  laquais  ou  d'introducteur.  Dès  l'ins- 
tant qu'il  m'aperçut,  il  s'est  hâté  de  m'annoncer,  indiscrétion  qui 
m'a  un  peu  peiné,  parce  qu'elle  a  donné  le  temps  à  certains  masques 
de  s'éclipser  (1).  » 

Il  y  avait  là  Rohan-Chabot  et  Moreton.  Guadet  vit  Dumouriez  chez 
Talma,  qui  recevait  Riouffe  et  les  littérateurs  La  Harpe,  Pougens, 
Chamfort  et  Murville. 

Marat  troubla  la  fête  soudainement.  Il  était  accompagné  de  Mon- 
taut  et  de  Bentabole.  Il  demanda  à  Dumouriez  des  renseignements 
sur  deux  bataillons  de  volontaires  de  Paris,  inculpés  par  lui.  Quel- 
ques paroles  furent  échangées,  après  lesquelles  Dumouriez  tourna 
brusquement  le  dosa  Marat. 

On  voyait,  chez  Talma,  le  chimiste  Lavoisier,  le  poète  Roucher, 
Legouvé,  et  beaucoup  d'autres  personnages  connus  dans  le  monde 
des  artistes,  des  lettrés  et  de  la  politique  ;  somme  toute,  ce  salon 
paraissait  aristocratique.  Plusieurs  journaux  parlèrent  du  souper 
fameux  qui  eut  lieu  chez  Talma,  lors  du  séjour  de  Dumouriez  à  Paris, 
en  janvier  1793. 

Plus  tard,  Bonaparte  y  vit  la  ci-devant  danseuse  Julie  Talma.  Il  se 
lia  intimement  avec  l'illustre  tragédien,  et  ce  fut  de  ce  salon  qu'il 
dirigea  son  coup  d'État  du  18  brumaire. 

(1)  Séance  du  Club  des  Jacobins,  du  mercredi  17  octobre  1792. 


SALONS,  RÉUNIONS  PRIVÉES,  ETC.  S63 

De  fort  jolies  femmes, — les  dames  de  Sainte-Amaranlhe,  —  avaient 
un  salon  à  Paris,  dans  l'hôtel  bâti  par  Helvétius.  Elles  habitèrent 
aussi  Sucy-en-Brie.  Chez  elles,  le  royalisme  se  mêlait  parfois  au 
républicanisme,  parce  qu'on  y  jouait  fort.  Leurs  mœurs  étaient  équi- 
voques. Royalistes  ou  patriotes,  orléanistes  ou  girondins  s'y  délec- 
taient. On  y  voyait  surtout  le  comédien  Fleury,  le  chanteur  Elleviou, 
dans  leur  salon  qui  était  d'abord  un  lieu  d'intrigues  et  de  plaisirs. 
Ces  dames  laissaient  les  portraits  du  roi  et  de  la  reine  sous  les  yeuK 
des  joueurs.  Mirabeau  vint  chez  elles,  de  même  que  Sieyès,  Pétion, 
Chapelier,  Buzot,  Louvet  et  Vergniaud.  Le  fils  de  M.  de  Sartines 
épousa  la  fille  de  madame  de  Sainte-Amaranthe. 

Bientôt  on  y  put  rencontrer  Camille  Desmoulins,  deux  fois.  Félix 
Lepelletier  de  Saint-Fargeau  fut  un  des  habitués  de  leurs  réceptions, 
notamment  à  Sucy  ;  mais  il  se  montra  plus  rarement  après  l'assas- 
sinat de  son  frère.  Plus  tard,  Proly,  Hérault  de  Séchelles  et  Danton 
y  parurent.  Le  dernier,  selon  Saint-Just,  y  fit  un  «  souper  conspira- 
teur (1).  »  On  a  prétendu  même  que  Robespierre  alla  un  soir  chez 
les  dames  de  Sainte-Amaranthe,  y  soupa,  s'enivra,  et  laissa  échapper 
«  de  redoutables  secrets  ».  La  famille  de  Sainte-Amaranthe  fut  im- 
pUquée  dans  la  conspiration  du  baron  de  Batz.  Ces  dames  furent 
exécutées  pour  avoir  participé  à  l'affaire  des  chemises  rouges. 

La  maison  des  dames  de  Sainte-Amaranthe  passa  pour  être  un 
foyer  où  l'on  méditait  le  soulèvement  des  prisons,  selon  un  rapport 
d'Élie  Lacoste  (2). 

En  1793  et  en  1794,  les  prisons  renfermaient  des  sortes  de  clubs. 
On  prétendit  qu'il  y  avait  des  «  conspirations  de  prisons  »,  à  la  fin 
de  la  Terreur.  Lorsque  Danton  et  Camille  Desmoulins  furent  arrêtés 
et  conduits  à  la  prison  du  Luxembourg,  Lucile  Desmoulins  parvint 
à  gagner  un  porte-clefs  et  à  correspondre  avec  quelques  accusés, 
rêvant  de  délivrer  son  mari.  L'accusateur  public,  au  tribunal  révo- 
lutionnaire, lut  devant  les  prévenus  un  rapport  de  police  sur  cette 
conspiration.  Huit  jours  après  l'exécution  des  Dantonistes,  les  pré- 
tendus conspirateurs,  parmi  lesquels  Lucile  Desmoulins,  la  veuve 
Hébert,  Chaumette,  l'évêque  constitutionnel  Gobel  et  le  porte-clefs 
de  la  prison  du  Luxembourg,  furent  guillotinés.  Le  24  juin  1794, 
Hermann  adressa  un  rapport  au  Comité  de  salut  public.  «  Tous  les 
complices  des  anciennes  conspirations  de  prisons  vivent  encore,  di- 
sait-il ;  il  faut  purger  les  prisons.  » 


(i)  Rapport  de  Saint-Just,  du  12  germinal  an  II. 
(2)  Moniteur  universel,  numéro  du  15  juin  1794. 


564  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Les  détenus  de  Sainte-Pélagie  instituèrent  une  espèce  de  club. 
Pour  en  faire  partie,  il  ne  fallait  être  ni  faux  témoin,  ni  fabricant  de 
faux  assignats. 

Bientôt  les  réactionnaires  de  salons  allaient  se  donner  libre  car- 
rière. 


IV 


Après  le  9  thermidor,  les  salons  politiques  se  constituèrent  en 
petites  sociétés  secrètes,  ayant  leur  mot  d'ordre  et  leur  consigne, 
composées  de  Clichyens,  de  Coblenciers,  de  jeunes  habitués  du  café 
Garchy,  lesquels  se  distinguaient  par  leurs  usages,  leur  langage  et 
leur  costume. 

Le  salon  de  madame  de  Vaines,  femme  de  l'ancien  receveur  des 
finances,  s'ouvrit.  La  Révolution  y  était  exécrée.  On  y  faisait  de  dé- 
licieux soupers.  Madame  Hamelin,  femme  du  riche  fournisseur  aux 
armées,  réunissait  chez  elle  des  financiers  et  des  personnages  à  la 
mode.  Les  hommes  et  les  femmes  parlaient  politique  dans  les  petites 
collations  du  soir,  ou  thés^  qui  donnaient  occasion  de  recevoir  une 
société  nombreuse. 

A  l'hôtel  de  Stainville,  rue  de  la  Chaussée-d'Antin,  n°  3,  s'ouvri- 
rent les  salons  de  madame  Tallien. 

Madame  Tallien,  pour  l'amour  de  laquelle  son  mari  avait,  disait-on, 
risqué  la  révolution  du  9  thermidor,  et  qui  habitait  Chaillot,  vou- 
lait ramener  les  beaux  jours  de  la  mode  et  de  la  galanterie.  Ses  amis 
l'appelaient  Notre-Dame  de  Bon-Secours,  Notre-Dame  de  Thermidor  ; 
ses  ennemis  l'appelaient  Notre-Dame  de  Septembre,  par  allusion  aux 
massacres  des  prisons  en  1792.  Elle  s'en  souciait  peu,  s'enivrait  de 
bals,  de  concerts  et  de  fêtes,  ne  gardant  de  l'époque  révolutionnaire 
que  le  goût  du  costume  antique  :  tunique  grecque,  cothurne,  dia- 
mants aux  doigts  des  pieds.  Elle  fréquentait  madame  de  Beauhar- 
nais,  nombre  de  femmes  charmantes  et  d'hommes  de  la  dernière 
élégance.  Quoiqu'elle  ne  s'occupât  guère  de  politique,  on  en  faisait 
chez  elle,  à  cause  de  son  mari.  Celui-ci  tirait  quelque  profit  du  salon 
de  sa  femme,  où  il  intriguait  fort.  «  Nous  ne  parlerons  point  des 
dîners  particuliers  de  Tallien,  non  plus  que  des  députés  de  Cli- 
chy,  etc.  »,  disait  un  journaliste  (1).  Notre-Dame  de  Thermidor  opéra,, 
on  le  sait,  une  véritable  contre-révolution  dans  les  mœurs  républi- 
caines. 

(1)  Journal  de  Paris,  30  juillet  1796. 


SALONS,  RÉUNIONS  PRIVÉES,  ETC.  565 

Ticher-Sérisy,  que  Merlin  de  Thionville  appela  une  «  poupée 
royaliste  »,  était  contre-révolutionnaire.  Il  travailla  aux  Actes  des 
Apôtres,  quoique  lié  avec  Camille  D^smoulins.  Après  thermidor,  il 
publia  le  journal  r Accusateur  public.  Tallien  l'accusa  à  la  tribune 
(19  septembre  1793)  d'être,  avec  Ponsin  et  Poujade-Ladevèze,  un 
des  principaux  conspirateurs  contre  la  République.  Merlin  de  Douai 
(6  octobre  1795)  le  signala  comme  président  d'une  commission  cen- 
trale qui  s'organisait  à  la  section  Lepelletier,  rue  Vivienne,  comme 
un  chef  de  révolte. 

Des  menées  de  ce  genre  motivèrent  l'insurrection  des  faubourgs 
le  1"  prairial  ;  elles  aboutirent  à  l'insurrection  des  sections  roya- 
listes le  13  vendémiaire. 

Parlant  du  13  vendémiaire,  Napoléon  Bonaparte  a  dicté  à  Las 
Cases  ces  appréciations  : 

«  Une  épouvantable  réaction  affligea  la  république...  Les  salons 
étaient  ouverts,  on  discourait  sans  crainte  ;  le  parti  de  l'étranger,  qui 
s'étayait  du  prétexte  du  rétablissement  des  Bourbons,  acquérait 
chaque  jour  de  nouvelles  forces.  La  perte  de  la  république  se  tramait 
ouvertement.  » 

Dans  les  salons  thermidoriens,  lorsque  l'arrestation  de  Cambon  fut 
ordonnée  (1),  on  chanta  ces  couplets  : 

Hélas  !  que  le  monde  est  méchant, 
Dans  ce  siècle  de  calomnie! 
On  nomme  et  voleur  et  brigand 
Cambon,  l'ami  de  la  patrie. 
C'est  de  la  France  le  soutien. 
Il  est  exempt  de  tout  reproche; 
Mais  parce  qu'il  veut  notre  bien, 
On  dit  qu'il  le  met  dans  sa  poche. 

D'homme  de  sang  on  a  traité 

Ce  républicain  débonnaire. 

Cet  ami  de  l'humanité. 

De  nos  trésors  dépositaire. 

Les  faits  parlent  pour  lui;  je  crois 

Qu'il  est  exempt  de  tels  reproches  : 

Comment  tuerait-il,  dites-moi. 

Quand  il  a  ses  mains  dans  nos  poches?  (2) 

(1)  Cambon  fut  mis  hors  la  loi  après  le  9  thermidor,  et  compris  dans  la  conspi- 
ration du  1er  prairial.  Il  bénéficia  de  l'amnistie  du  4  brumaire  an  IV. 

(2)  Mémorial,  ou  Journal  historique  de  la  Révolution  de  France,  par  P.  J.  Le- 
comte  (an  IX). 


566  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Aucun  républicain,  s'il  ne  suivait  les  maîtres  du  jour,  n'était 
épargné  par  d'anciens  collègues,  et  la  réaction,  avec  le  temps,  alla, 
dans  la  société  officielle  ou  ric^^e,  jusqu'à  nier  les  mérites  des  hommes 
qui  avaient  le  mieux  servi  la  France,  de  1789  à  1794. 


Sous  le  Directoire,  Carnot  recevait  dans  une  mansarde  du  palais 
du  Luxembourg.  Barras  y  affichait,  au  contraire,  un  grand  luxe,  et 
madame  Tallien  y  trônait,  lors  des  fêtes  officielles,  en  compagnie 
des  dames  de  l'ancienne  France,  de  Châteauregnault,  de  Contades, 
de  Nanteuil,  de  Chauvelin,  de  Noailles,  de  Beaumont,  de  Vassy,  de 
Villette,  de  Listenay,  de  Fleurieu,  de  Vigny,  de  Grandmaison,  de 
Puységur  et  autres.  Le  plaisir  y  amenait  une  sorte  d'égalité.  Des 
nobles  s'apprêtaient  à  fusionner  avec  les  sommités  nouvelles  ;  d'autres 
continuaient  de  bouder,  même  de  conspirer. 

De  nombreux  cercles,  opposés  aux  tendances  du  pouvoir,  s'étaient 
formés  —  chez  le  marquis  d'Antonelle,  l'ex-montagnard  ;  —  chez  le 
duc  de  Fitz-James,  madame  de  Lameth,la  duchesse  d'Aiguillon,  ma- 
dame de  Viennai,  pour  les  royalistes.  Les  salons  de  Dumas  Saint-Ful- 
cran  et  de  Mathieu  Dumas  étaient  mixtes  ;  plusieurs  se  contentaient 
d'exploiter  les  événements,  sans  les  préparer  ni  les  combattre. 

Des  royalistes  se  rassemblaient  aussi,  sous  le  Directoire,  chez  la 
marquise  d'Esparbès  :  VaublaHC,  Henri  Larivière,  Imbert-Colomès, 
Lemerer,  Camille  Jordan,  Mersan,  Pastoret,  le  marquis  de  Clermont- 
Gallerande,  La  Harpe,  et  autres,  s'y  entretenaient  des  affaires  publi- 
ques. Parmi  ces  habitués  du  salon  de  la  marquise  d'Esparbès,  plu- 
sieurs furent  compromis  le  18  fructidor. 

Madame  Récamier,  femme  du  banquier  Jacques-Rose  Récamier, 
demeurant  rue  du  Mail,  n°  19  (1),  fut  une  des  reines  de  la  société  pa- 
risienne sous  le  Directoire.  Elle  eut  beaucoup  de  relations  sociales 
avec  madame  de  Staël.  Puis  elle  demeura  au  château  de  Clichy-la- 
Garenne  (1799).  Enfin,  dans  son  hôtel  de  la  rue  du  Mont-Blanc  se 
trouvèrent  confondus  les  Boufflers,  les  Chénier,  les  Montmorency, 
les  Sieyès,  les  Bouille,  les  Laval,  les  Talleyrand,  les  Narbonne,  les 


(1)  Dans  la  maison  qui  fut  depuis  le  presbytère  de  Notre-Dame-des-Victoires. 
—  Madame  Récamier  habita  aussi  rue  de  la  Chausséc-d'Antin,  n"  7,  dans  un 
hôtel  splendide,  consti'uit  par  Cherpitel,  et  où  elle  donna  des  bals  luxueux  aux 
Incroyables, 


SALONS,  RÉUNIONS  PRIVÉES,  ETC.  567 

Ségur,  etc.  Société  fort  mêlée.  Plus  tard,  elle  habita  successivement 
la  rue  Basse-du-Rempart,  la  rue  d'Anjou,  et  la  rue  de  Sèvres,  à 
l'Abbaye-aux-Bois. 

La  politique  ne  tint  pas,  d'abord,  une  grande  place  dans  le  salon 
de  madame  Récamier,  si  célèbre  par  sa  beauté  et  son  esprit;  mais, 
peu  à  peu,  elle  s'y  montra,  à  cause  des  rapports  que  la  maîtresse  de 
la  maison  entretenait  avec  des  hommes  qui  traversèrent  les  régimes 
du  Consulat,  de  l'Empire  et  de  la  Restauration.  Chez  madame  Réca- 
mier, des  libres-penseurs  étaient  reçus;  on  y  fit  de  l'opposition  à 
Bonaparte.  Madame  Récamier  quêta  à  Saint-Roch,  en  1800,  le  jour 
de  Pâques. 

Au  contraire,  dans  les  salons  de  Talleyrand,  de  Fouché,  de  Sieyès, 
de  Joseph  et  de  Lucien  Bonaparte,  on  conspira  pour  préparer  le 
18  brumaire.  Sieyès  demeurait  dans  la  rue  du  Rocher;  Fouché  avait 
son  hôtel  dans  la  rue  Verte. 

Enfin,  rue  Chantereine  (ou  de  la  Victoire),  chez  Bonaparte,  général 
de  l'armée  d'Italie,  se  forma,  vers  la  fin  du  Directoire,  un  salon  pure- 
ment littéraire  et  scientifique  en  apparence. 

Mais  «  dès  les  premiers  jours  de  brumaire,  de  fréquents  concilia- 
bules eurent  lieu  entre  le  général  Bonaparte  et  d'autres  personnages 
marquants,  soit  du  gouvernement,  soit  de  l'armée;  une  correspon- 
dance secrète  et  active,  dont  j'étais  souvent  l'intermédiaire,  me  fit 
soupçonner  qu'il  se  préparait  un  grand  événement  (1).  » 

Brumaire  avait  réussi,  première  étape  de  la  fortune  politique  pour 
Bonaparte.  A  plus  forte  raison,  après  ce  succès,  les  réunions  du  pre- 
mier consul,  soit  à  la  Malmaison,  soit  à  Saint-Cloud,  soit  au  château 
des  Tuileries,  furent  importantes.  Elles  se  tenaient  en  grande  pompe 
le  mercredi  et  le  vendredi.  Il  s'y  faisait  nombre  de  présentations 
d'hommes  politiques,  et  il  semblait  que  la  solennelle  existence  mo- 
narchique eût  déjà  reparu.  Ce  n'étaient  que  domestiques  à  livrée, 
huissiers  à  chaîne  d'or,  valets  de  chambre,  officiers  et  soldats  en 
tenue  de  gala.  Toutefois,  l'ancienne  noblesse  ne  s'y  montra  pas 
encore. 

Sous  le  Consulat,  les  salons  de  Cambacérès  et  de  Lebrun,  qui 
avaient  de  grandes  réceptions  les  mardis  et  samedis,  attirèrent  fran- 
çais et  étrangers. 

Les  ambassadeurs  près  du  premier  consul  reçurent  beaucoup  aussi, 
principalement  ceux  d'Angleterre,  d'Espagne,  de  Russie,  d'Autriche, 

(1)  Mémoires  du  Prince  Eugène,  t.  I,  p.  76  et  77,  publiés  par  A.  Ducasse,  in-S",  - 
Paris,  1858. 


568  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

de  Prusse,  de  Turquie,  des  Deux-Siciles  et  des  États-Unis.  Dès  que 
tel  ou  tel  pays  n'était  pas  en  guerre  avec  la  France,  les  étrangers 
abondaient  dans  les  salons  de  Bonaparte. 


VI 


Certaines  réunions,  qui  dataient  d'avant  la  Révolution,  ou  qui 
avaient  pris  naissance  au  début  de  ce  mouvement  immense,  s'étaient 
transformées  plusieurs  fois,  ainsi  que  nous  l'avons  dit. 

Rappelons  en  quelques  mots  celles  de  madame  de  Staël  (1)  et  de 
La  Harpe,  qui  se  mirent  en  hostilité  avec  l'homme  du  18  brumaire,  et 
qui,  la  première  surtout,  eurent  l'honneur  de  l'irriter,  comme  l'avait 
irrité  le  Club  de  Clichy,  quand  il  gagnait  ses  batailles  d'Italie. 

Sous  la  Révolution,  le  salon  de  madame  de  Staël  fut  très  influent. 
On  y  rencontrait  Barnave,  Talleyrand,  Lan;ieth,  Duport,  Boissy- 
d'Anglas,  Portails,  Siméon,  Tronçon  du  Coudray,  Pontécoulant, 
Thibaudeau,  Ghénier,  Rœderer,  Benjamin  Constant.  Ils  discutaient 
les  décrets,  ils  décidaient  des  nominations  importantes.  Le  jacobin 
Deperret  voyait  dans  la  fille  de  Necker  la  plus  «  intrigante  de  toutes 
les  femmes.  »  Son  mari  était  fort  aimé  de  Marie-Antoinette;  mais  les 
négligences  de  toilette  de  la  baronne  la  rendaient  ridicule  à  la  Cour. 

On  parlait  des  décadis  de  madame  de  Staël,  qui  joua  en  1791,  parmi 
les  Feuillants,  le  même  rôle  ou  à  peu  près  que  madame  Roland 
parmi  les  Girondins.  Elle  fit  de  Narbonne  un  ministre  de  la  guerre, 
et,  après  le  10  août,  elle  l'aida  à  avoir  un  passeport  pour  aller  en 
Angleterre. 

Madame  de  Staël,  feuillante,  devint  royaliste  à  la  chute  de  Nar- 
bonne, renversé  par  les  Girondins.  Elle  rédigea  un  plan  d'évasion 
pour  la  famille  royale  et  l'adressa  à  Montmorin.  On  disait  que  Nar- 
bonne était  son  amant.  Elle  représentait  alors  le  parti  anglais  semi- 
aristocrate,  voulant  les  deux  chambres.  Au  demeurant,  ses  opinions 
politiques  étaient  vacillantes,  et  elle  n'alla  pas  plus  loin  que  le  libé- 
ralisme. 

Peu  avant  thermidor,  Mathieu  Dumas  dinait  chez  madame  de  Staël  : 
«  Eh  bien  !  lui  dit-elle,  lorsqu'il  parut  au  milieu  du  cercle  où  se  trou- 
vaient des  orateurs  des  deux  partis,  vous  avez  fait  aujourd'hui  beau- 
coup de  poussière!  —  Pas  beaucoup,  répondit-il,  mais  encore  cela 
vaut-il  mieux  que  de  faire  de  la  boue  ».  C'était  une  allusion  à  un  dis- 

(l)  Madame  de  Staël  est  morte  rue  Royale,  n"  6. 


SALONS,  RÉUNIONS  PRIVÉES,  ETC.  569 

cours  de  Mathieu  Dumas  sur  la  nécessité  de  rétablir  la  Garde  natio- 
nale (1). 

Elle  écrivit  un  plaidoyer  pour  la  défense  de  Marie-Antoinette,  et 
son  salon  ne  convenait  ni  aux  Montagnards,  ni  aux  simples  républi- 
cains, parce  qu'elle  n'était  pas  républicaine  elle-même,  parce  qu'elle 
se  rallia,  plus  tard,  seulement  à  la  cause  de  la  République  régulière. 

Legendre,  à  la  Convention,  donnait  à  entendre  que  madame  de 
Staël  était  «  la  plus  grande  protectrice  des  émigrés.  »  ...  «  Il  n'est 
pas  un  membre  de  cette  assemblée  qui  n'ait  reçu  des  invitations 
fréquentes  d'aller  chez  cette  femme  dont  je  me  méfie;  j'en  ai  reçu 
moi-même,  ainsi  que  mon  collègue  Dumont  et  plusieurs  autres.  » 

Marchenna,  qui  fréquentait  ce  salon,  rédigeait  rAmi  des  lois^ 
journal  réactionnaire.  Il  demandait,  dans  des  affiches,  le  rappel  des 
émigrés.  On  le  reconduisit,  de  brigade  en  brigade,  jusqu'à  la  fron- 
tière espagnole. 

Chez  madame  de  Staël,  nombre  d'invités  préparèrent  le  18  fruc- 
tidor; cependant,  il  ne  paraît  pas  qu'ils  y  conspirassent  ouvertement. 
D'ailleurs,  madame  de  Staël  se  défendit  d'avoir  pris  part  à  la  journée 
du  18  fructidor.  Son  salon  seul  fut  coupable.  Devaines,  parlant  d'elle, 
dit  : 

«  C'est  une  excellente  femme,  qui  noierait  tous  ses  amis,  pour 
avoir  le  plaisir  de  les  péchera  la  ligne  (2).  » 

«  Le  Directoire,  imprima  le  Journal  de  Paris^  a  franchement  et 
simplement  déclaré,  dans  une  proclamation  affichée  hier,  que  la 
conspiration  du  18  fructidor  est  l'ouvrage  des  anarchistes.  Le  rapport 
du  ministre  de  la  police  le  constate  complètement  (I^j.  » 

Malgré  les  protestations  de  madame  de  Staël,  malgré  la  proclama- 
tion directoriale,  la  journée  du  18  fructidor  passa  pour  avoir  été  en 
partie  l'œuvre  des  opposants  qui  fréquentaient  le  salon  de  la  fille  de 
Necker. 

Dans  tous  les  cas,  si  madame  de  Staël  ne  pactisa  pas  avec  les  roya- 
listes, elle  ne  s'accorda  pas  non  plus  avec  les  fauteurs  du  18  bru- 
maire, tels  que  Sieyès  et  Talleyrand.  Celui-ci,  en  1796,  avait  été, 
grâce  à  elle,  rayé  de  la  liste  des  émigrés  et  poussé  au  ministère  des 
relations  extérieures.  Ni  l'un  ni  l'autre  ne  lui  gardèrent  de  la  recon- 
naissance, même  de  la  sympathie,  quand  leurs  ambitions  furent  de 
plus  en  plus  excitées. 


(1)  Souvenirs,  t.  III,  p.  109  et  110. 

(2)  Sophie  Gay,  Salons  célèbres,  p.  7.  Paris,  1864. 

(3)  Journal  de  Paris,  numéro  du  1"  septembre  1796  (15  fructidor  an  V). 


570  LES  CLUBS  CONTRE-REVOLUTIONNAIRES 

Son  salon  représentait^  alors,  à  quelques  nuances  près,  l'espril  du 
cercle  constitutionnel  de  l'hôtel  de  Salm  (1).  Parras,  le  seul  des 
membres  du  Directoire  qui  y  fût  admis,  subissait  encore  un  peu  l'in- 
fluence de  la  baronne,  quoiqu'il  eût  secondé  Bonaparte  en  vendé- 
miaire, quoiqu'il  prêtât  l'oreille  à  des  propositions  faites  par  l'étranger 
et  le  parti  royaliste.  L'hôtel  de  madame  de  Staël  était,  somme  toute, 
le  rendez-vous  des  gens  libéraux  qui  redoutaient  le  retour  d'un  gou- 
vernement autoritaire,  à  plus  forte  raison  d'un  gouvernement  mili- 
taire. Benjamin  Constant  défendait  leur  opinion. 

C'était  une  petite  coterie,  qui  eut  une  assez  grande  influence, 
lors  du  18  fructidor,  et  qui  persista,  accentua  son  opposition  sous  le 
Consulat,  quand  Bonaparte  ne  soufl'rait  plus  d'obstacles.  Madame 
de  Staël  put  faire  cesser  la  proscription  de  son  père  en  thermidor 
an  VI. 

Le  domicile  de  madame  de  Staël  était  alors  rue  de  Lille,  n°  540. 

Elle  reçut  principalement,  non  seulement  Benjamin  Constant, 
mais  Garât,  Andrieux,  Daunou,  Rœderer,  Sauvo,  Talma,  Gérard, 
Lucien  et  Joseph  Bonaparte.  Société  fort  mêlée,  on  le  voit,  à  la  fois 
politique,  artistique  et  littéraire. 

Après  le  18  brumaire,  elle  crut  qu'il  lui  serait  permis  de  critiquer 
à  huis  clos  les  actes  du  nouveau  gouvernement.  Dans  son  salon,  on 
appela  idéophobe  le  premier  consul.  Bonaparte  prétendit  que  l'on 
avait  commencé  le  procès  de  Louis  XVI  chez  Necker;  que  madame  de 
Staël  avait  intrigaillé  occultement  après  le  9  thermidor,  et  figuré  en 
sous-ordre  dans  les  orgies  du  Directoire  (2).  On  menaça  ses  amis,  on 
mit  son  salon  en  interdit.  Vainement  Lucien  et  Joseph  Bonaparte 
essayèrent  d'intervenir  :  leur  frère  leur  reprocha  d'avoir  de  l'engoue- 
ment pour  une  virago  (3). 

Le  salon  de  madame  de  Staël  tua  le  Tribunat.  En  effet,  un  décret 
ayant  ôté  la  parole  aux  membres  du  Tribunat,  Benjamin  Constant 
releva  spirituellement  et  solidement  la  pensée  qui  faisait  de  ce  corps 
de  l'État  une  simple  commission  aux  ordres  du  gouvernement.  Pour 
se  venger,  Bonaparte,  par  l'intermédiaire  de  Fouché,  ordonna  à  ma- 
dame de  Staël  de  quitter  Paris;  il  la  soupçonnait  d'avoir  inspiré  le 
discours  d'opposition  à  Benjamin  Constant.  Les  membres  du  Tri- 
bunal avaient  continué  à  se  réunir  chez  elle.  «  Ce  n'est  point  un 
salon,  disait  Bonaparte,  c'est  un  club.  » 


(1)  Voir  plus  haut,  Cluh  de  Salin,  p.  507. 

(2)  Lucien  Bonaparte,  Mémoires,  t.  II,  p.  245. 

(3)  Lucien  Bonaparte,  Mémoires,  t.  II,  p.  237. 


SALONS,  RÉUNIONS  PRIVÉES,  ETC.  571 

C'est  vrai  que  les  membres  de  la  minorité  du  Tribunat  se  répan- 
daient, chez  madame  de  Staël,  en  bons  mots  et  en  épigrammes,  et 
que  dans  son  salon  on  voyait,  entre  autres  émigrés  de  retour,  Ma- 
thieu de  Montmorency,  le  duc  Adrien  de  Laval,  le  comte  Louis  de 
Narbonne,  le  chevalier  de  Boufflers  et  le  comte  de  Sabran. 

Madame  de  Staël,  d'abord  retirée  à  Saint-Brice,  près  d'Écouen, 
chez  madame  Récamier,  ne  tarda  pas  à  se  rendre  à  Weimar,  où  elle 
fit  la  connaissance  de  Gœthe,  de  Wieland  et  de  Schiller.  Bonaparte 
ne  pouvait  supporter  cette  «  pie  séditieuse  ».  Devenu  empereur,  il 
eut  encore  plus  de  haine,  si  c'était  possible,  contre  madame  de 
Staël.  Le  31  décembre  180G,  il  écrivait  à  Fouché,  ministre  de  la  police 
générale  :  «  Ne  laissez  pas  approcher  de  Paris  cette  coquine  de  ma- 
dame de  Staël.  Je  sais  qu'elle  n'en  est  pas  éloignée  (1).  »  On  a  re- 
marqué que,  en  1814,  le  duc  de  Wellington  parut  un  instant  dans 
son  salon. 

D'autres  femmes  éprouvèrent  les  rigueurs  du  premier  consul,  à 
cause  des  menées  sourdes  qu'elles  entretenaient  contré  lui. 

En  1802,  madame  de  Champcenetz  et  madame  de  Damas  furent 
exilées,  celle-ci  hors  du  territoire  français,  celle-là  en  Batavie.  Dans 
le  salon  de  la  princesse  de  Vaudemont,  née  Montmorency,  on  rece- 
vait des  gens  de  tous  les  partis,  outre  Fouché,  Talleyrand  et  La 
Valette;  on  y  voyait  des  royalistes  intransigeants,  aspirant  à  renverser 
Bonaparte,  ou  du  moins  à  fronder  ses  actes. 

Sous  le  Consulat,  les  salons  de  La  Harpe  (2)  faisaient  la  guerre  à 
Bonaparte,  qui  l'accusait  de  «  nourrir  et  entretenir  chez  lui  le  caque- 
tage  de  quelques  coteries  (3).  »  La  violence  de  ses  déclamations 
contre  la  Révolution  l'avait  fait  proscrire  au  13  vendémiaire  et  au 
18  fructidor. 

Or,  le  nouveau  maître  ne  voulait  ni  «  bavards  »,  ni  «  brouillons  », 
ni  «  idéologues  ».  Encore  moins  tolérait-il  les  royalistes  non  ralliés. 

Aux  premiers  jours  du  Consulat,  circulaient  à  Paris  plus  de 
0,000  émigrés...  «  Il  existe  bien  un  comité  royal  dirigé,  dit-on,  par 
l'abbé  de  Montesquiou,  mais  il  est  comme  invisible  (4).  » 

L'abbé  de  Montesquiou  avait  été  jugé  par  Mirabeau  de  la  manière 
suivante  :  «  Méfiez-vous  de  lui,  ce  petit  serpent  vous  séduira!  »  Sous 


(1)  Lettre  publiée  par  la  Nouvelle  Revue,  et  communiquée  par  M.  de  Brotonne 
(février  1894). 

(2;  La  Harpe  demeurait  rue  Montmartre  en  1777.  Delille  le  surnomma  «le  chien 
hargneux  ». 

(■'{)  Mémoires  inédits  du  comte  de  Montalembert, 

(4)  Correspondance,  t.  VII,  p.  398, 


572  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

la  Restauration,  il  fut  membre  du  gouvernement  provisoire,  minisire 
de  l'intérieur,  pair  de  France,  membre  de  l'Académie  française.  Il 
mourut  en  1832. 


VII 


Avant  d'indiquer  les  réunions  qui  eurent  lieu  dans  quelques  éta- 
blissements institués  avant  la  Révolution,  dans  les  cafés,  dans  les 
restaurants  et  dans  les  librairies,  ajoutons  quelques  détails  sur  des 
conciliabules  intermittents  que  la  presse  patriote  ou  la  police  signa- 
lèrent de  temps  à  autre. 

Dans  le  jardin  du  Palais-Royal,  dans  les  bâtiments  qui  entou- 
raient ce  jardin,  dans  le  quartier  aussi,  on  agitait  publiquement  les 
questions  politiques,  avec  ou  sans  fermentation.  Tous  les  papiers  à 
nouvelles  s'y  vendaient,  y  étaient  commentés,  non  seulement  par 
des  patriotes,  mais  encore  par  des  royalistes. 

Un  placard-affiche.  Dénonciation  des  groupes  du  Palais-Royal  et 
des  Tuileries,  portait,  entre  autres  choses  : 

«...  Gardes  nationaux!...  Demandez,  avec  instance,  la  dissolution 
de  tous  les  clubs.  Jacobins,  Feuillans,  Monarchiens,  Royalistes 
même...  (1).  » 

La  Société  dite  du  Ai/ais-^oya/ s'assemblait  chez  M.  de  Sainte-Foy, 
au  n"  56  des  arcades;  elle  comprenait  parmi  ses  membres  :  Talley- 
rand,  Dumouriez,  Montmorin,  Rayneval  et  le  duc  de  Biron. 

Le  pavillon  d'Hanovre  et  l'hôtel  de  Richelieu  étaient  regardés 
comme  des  rendez-vous  d'aristocrates. 

Un  pamphlétaire  publia  : 

«  Le  Pavillon  d'Hanovre  et  l'hôtel  de  Richelieu,  ou  le  Quartier 
général  des  monstres  et  des  bourreaux  de  la  France,  découvert  nou- 
vellement, et  publié  par  un  bon  citoyen,  ennemi  de  tous  les  mé- 
chants, pour  servir  de  complément  au  Crime  dévoilé,  à  la  Conspira- 
tion découverte,  aux  Forfaits  du  maréchal  de  Broglie,  ministre  de 
trente-six  heures,  à  tout  ce  qui  a  paru  contre  le  prince  de  Lambesc, 
les  barons  de  Breteuil,  de  Besenval,  etc.  (2).  » 

Cette  brochure  parut  en  1789. 

Le  Patriote  français  annonça,  en  1791  : 

«  On  assure  que  la  Cour  compte  beaucoup  sur  le  comité  qui  s'est 

(1)  Bib.  Nat.,  pièce,  Lb  39/5947. 

(2)  Bib.  Nat.  [s.  l  n.  d.,  in-S»  de  13  p.),  Lb  39/1989. 


SALONS,  RÉUNIONS  PRIVÉES,  ETC.  573 

formé  à  l'hôtel  de  Richelieu,  des  débris  des  hréprochables  comités  de 
constitution  et  de  révision,  et  d'une  trentaine  de  membres  de  la 
nouvelle  assemblée  (Législative),  entachés  de  ministérialïsme...  (1).  » 

D'autre  part,  le  journal  de  Fréron  imprima  : 

«  Tous  les  soirs,  entre  neuf  et  dix  heures,  il  se  rassemble  une  très 
grande  quantité  de  ci-devant  marquis ,  comtes  et  barons,  rue  de 
Richelieu,  n°  86^,  la  seconde  porte  cochère  à  gauche,  en  entrant  par 
le  boulevard. 

«  Quelques  mauvais  sujets  de  l'Assemblée  nationale,  du  côté  droit, 
s'y  rendent  à  dix  heures. 

«  Ceux  dont  on  est  convaincu  de  Taristocralie,  on  leur  donne  une 
carte,  sur  laquelle  il  est  écrit  :  Club  bntannique. 

«  Quelquefois  l'on  y  tient  tripot...  (2).  » 

La  même  feuille  contenait  ces  lignes  : 

«  Assemblées  du  club  monarchique  à  l'hôtel  de  Richelieu,  annoncées 
par  placards  et  affiches. 

«  Voilà  donc  enfin  le  club  monarchique  qui  s'annonce  par  des  pla- 
cards affichés  sur  tous  les  murs  de  la  capitale  !  C'est  une  tournure 
indirect  {sic)  et  hardie  pour  encourager  les  mécontens  à  venir  se 
rallier  en  grand  nombre  sous  la  bannière  royale.  L'obstination  des 
membres  de  ce  club  à  reprendre  leurs  séances,  et  à  braver  l'opinion 
publique,  prouve  qu'ils  méditent  quelques  scènes  d'éclat,  et  qu'ils 
se  croyent  en  forces;  sous  peu  de  jours,  ils  mettent  la  main  à 
l'œuvre  (3).  » 

On  se  méfiait  des  réunions  privées,  comme  d'officines,  plus  ou 
moins  importantes,  d'intrigues  et  de  conspirations.  La  publicité  sem- 
blait nécessaire  aux  clubs,  si  peu  vivaces  qu'ils  fussent  pour  la  sécu- 
rité des  citoyens. 

Partout,  dans  Paris,  les  réunions  n'admettant  pas  le  public,  avaient 
le  renom  de  complots.  Il  y  avait  du  vrai  dans  cette  appréciation. 

Une  brochure  fut  intitulée  : 

«  Grande  dénonciation  d'un  nouveau  club  de  conspirateurs^  rue 
Jacob  (4).  » 


(1)  Patriote  français,  n°  820,  du  8  novembre  1791 . 

(2)  Orateur  du  Peuple,  t.  IV,  n»  XLV. 

(3)  Orateur  du  Peuple,  n«  XXXIII.  —  Voir  Club  des  Amis  de  la  Constitution 
monarchique. 

(4)  Bib.  Nat.,  pièce,  n"  4714  et  4715. 


574  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Une  autre  annonça  : 

«  Le  complot  manque  des  aristocrates  réunis,  sous  le  prétexte  d'un 
concert,  à  l'hôtel  d'Esclignac,  pour  enlever  le  roi  dans  la  nuit  du 

18  avril  (1791)  (1).  » 

Il  n'y  avait  pas  eu  de  concert.  On  avait  trouvé  quelques  instru- 
ments de  musique  seulement...  Les  gens  présents  portaient  tous  une 
cocarde  blanche.  Les  femmes  étaient  vêtues  en  amazones. 

Le  29  juillet  1791,  le  sieur  Petit,  corroyeur,  rue  Guénégaud,  fit 
une  déclaration  au  sujet  de  la  rédaction,  par  le  sieur  Baudy,  son  lo- 
cataire, d'une  feuille  intitulée  :  Gazette  des  cours  de  l'Europe^  le 
Royaliste,  ami  de  l'humanité^  et  des  allées  et  venues  clandestines  de 
prêtres  chez  cet  individu. 

La  Gazette  des  cours  de  V Europe  parut  de  septembre  1791  à 
août  1792  (2). 

Les  Annales  patinotiques  publièrent  cette  nouvelle  : 

«  Hier,  les  citoyens  rassemblés  au  Palais-Royal  ont  demandé  que 
le  pavillon  où  se  rassemblaient  les  aristocrates  fût  renversé,  ou  que 
du  moins  il  fût  purifié  par  le  signe  de  la  révolution  et  de  la  liberté, 
et  que  le  pavillon  aux  trois  couleurs  fût  planté  sur  le  dôme  :  ac- 
cordé {2).  » 

L'année  suivante,  Carra  annonça  à  ses  lecteurs  : 

«  Du  20  avril  1  792.  —  Nous  sommes  informés,  et  très  bien  in- 
formés, que  ce  matin,  entre  sept  et  huit  heures,  il  y  a  eu  dans  une 
maison  du  faubourg  Saint-Marceau  un  conventicule  d'aristocrates 
déguisés  sous  l'habit  national.  Dans  ce  conventicule  on  a  juré  la 
mort  et  passion  de  tous  les  sans-culottes  de  Paris,  et  on  y  a  dit  en 
propres  termes  :  «  11  faut  aller  aux  jacobins.,  non  pas  avec  des  canons 
et  des  fusils,  mais  avec  nos  sabres,  et  tailler  en  pièces,  jusqu'au  der- 
nier, tous  ces  f...  g...  (4).  » 

Aux  Halles,  les  poissardes  étaient  en  grande  partie  royalistes. 
Elles  aimaient  le  bon  roi  et  la  bonne  reine.  Le  25  août  1793,  elles 
insultèrent  les  couleurs  nationales.  Elles  envoyèrent  à  Marie-Antoi- 
nette, prisonnière  au  Temple,  les  plus  beaux  de  leurs  fruits,  et,  dans 
leurs  petits  conciliabules,  elles  organisaient  la  propagande  en 
faveur  de  la  famille  royale. 


(1)  Bib.  Nat.,  pièce,  Lb  39,  n»  4825.  Brochure  de  8-  pages. 

(2)  Alexandre  Tuetey,  Répertoire  des  sources  manuscrites,  etc.;  t.  II,  n°  2878. 

(3)  Annales  patriotiques  de  Carra,  n»  686,  du  19  août  1791. 

(4)  Annales  patriotiques  de  Carra,  du  21  avril  1792. 


SALONS,  RÉUNIONS  PRIVÉES,  ETC.  575 

Julie  Bêcheur,  marchande  de  fleurs  aux  Halles,  surnommée  Rose 
de  Mai  et  Reine  de  Hongrie,  avait  une  grande  admiration  pour  Marie- 
Antoinette,  et  elle  manifesta  son  enthousiasme  (1). 

Précédemment,  elles  avaient  fait  preuve  de  patriotisme  et  de  charité, 
quêtaient  entre  elles  pour  les  pauvres.  Les  poissardes  se  ressentirent 
des  opinions  émises,  plus  tard,  par  la  section  de  la  Halle  aux  blés, 
qui  réclama  la  répression  des  terroristes. 

Autant  de  halles,  autant  de  petites  réunions  ou  clubs,  variables 
dans  leurs  buts,  où  la  contre-révolution  se  glissait  parfois  sous  des 
façons  patriotiques,  et  dont  la  police  ne  pouvait  guère  atteindre  les 
membres  hypocrites. 

A  l'étranger,  on  ne  se  gênait  pas  pour  entretenir  des  correspon- 
dances avec  les  monarchistes  de  l'intérieur. 

Le  marquis  de  Fournès  «  s'était  fait  comme  le  recruteur  de  Co- 
blentz,  où  il  faisait  de  fréquents  voyages.  »  Il  engageait  les  députés 
de  la  droite  qui  se  réunissaient  chez  M.  de  la  Tour  du  Pin  à  se  dis- 
soudre et  à  émigrer  »  (septembre  1790)  (2). 

En  1791,  nombre  d'officiers  français  émigrés  se  réfugièrent  à 
Bruxelles.  Ils  endossaient  de  temps  en  temps  leur  uniforme  et  arbo- 
raient publiquement  la  cocarde  blanche.  Quelques-uns  formèrent  un 
club. 

Beaucoup  de  faux-frères,  à  Paris,  se  glissaient  dans  les  réunions 
patriotiques  en  apparence.  Nous  lisons,  dans  une  feuille  plus  que 
modérée  de  la  Révolution  : 

«  COMMUNE  DE   PARIS. 

«  Le  Club  des  hommes  du  10  août  fut  accusé,  en  brumaire  an  II, 
d'être  composé  en  partie  d'hommes  entachés  d'aristocratie  et  même 
d'hommes  reconnus  très  suspects...  » 

«  Un  membre  fait  l'éloge  du  patriotisme  des  citoyens  qui  compo- 
sent ce  Club;  mais  il  observe  que  dans  ce  moment  certains  individus, 
dont  la  conduite  n'est  pas  des  plus  pures,  se  font  recevoir  dans  des 
Sociétés  populaires  pour  être  réputés  patriotes  (3).  » 

«  Dans  plusieurs  hôtels  de  Paris,  ceux  des  aristocrates  qui  n'ont  pu 
s'échapper  depuis  l'affaire  du  10  (août  1792),  tuent  leur  temps  auprès 
d'une  petite  guillotine  en  acajou  qu'on  apporte  sur  la  table  au  des- 

(1)  Elle  fut  exécutée  plus  tard. 

(2)  Papiers  d'un  émigré,  le  baron  de  Guilhermy,  Paris,  1886,  p.  34. 

(3)  Journal  de  Paris,  numéro  du  25  brumaire  an  IL 


576  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

sert.  On  y  fait  passer  successivement  plusieurs  poupées  dont  la  tête, 
faite  à  la  ressemblance  de  nos  meilleurs  ma^strats,  en  tombant 
laisse  sortir  du  corps,  qui  est  un  flacon,  une  liqueur  rouge  comme 
du  sang.  Tous  les  assistants,  les  femmes  surtout,  se  hâtent  de  tremper 
leurs  mouchoirs  dans  ce  sang,  qui  se  trouve  être  une  eau  ambrée 
très  agréable  (1).  » 

Les  royalistes  entretenaient  ainsi  la  haine  des  citoyens  contre  les 
républicains. 

Dumouriez,  bientôt,  fut  démasqué  dans  ses  agissements,  en  même 
temps  que  le  général  Biron. 

«  Nouvelles.  —  Depuis  dix  jours,  le  grand  général  Dumourier  (sic) 
a  quitté  son  armée  pour  venir  intriguer  à  Paris.  Il  y  a  huit  jours  qu'il 
tient  des  conciliabules  secrets  chez  sa  nymphe,  n»  23,  rue  Neuve- 
Saint-Marc  ;  chez  celle  de  Barot,  rue  Bayette,  maison  du  vitrier,  au 
fond  de  la  cour,  et  chez  celle  de  Rouret,  n°  8,  rue  d'Orléans-l'Égalité. 
Le  général  Biron  et  tous  les  membres  de  la  faction  y  assistent  régu- 
lièrement depuis  huit  heures  du  soir  jusqu'à  deux  heures  de  la  nuit. 
Le  but  de  ces  conciliabules  est  de  machiner  réellement  contre  Pache 
et  de  feindre  de  renvoyer  Roland.  On  prétend  qu'il  y  fut  aussi  ques- 
tion de  gagner  les  nationaux  des  départemens  pour  faire  arracher  le 
tyran  au  supplice  (2) .  » 

En  1793,  «  ceux  qui  avaient  signé  des  pétitions  contre-révolution- 
naires, ou  fréquenté  des  clubs  et  sociétés  anti-civiques,  »  furent  con- 
sidérés comme  suspects. 

Des  rapports  de  police  signalaient  les  faits  suivants  à  l'attention 
des  gouvernants  : 

En  mai  1793,  les  prêtres  réfractaires  continuaient  leurs  assemblées 
aux  Missions  Étrangères,  rue  du  Bac.  On  n'y  entrait  que  par  billets 
deux  ou  trois  fois  la  semaine  (3). 

Le  séminaire  des  Missions-Étrangères  avait  été  supprimé  en  1792. 

Autre  rapport  : 

«  Il  existe  à  Yvry  {sic]  des  ci-devant  qui  méritent  d'être  surveillés, 
entre  autres  le  ci-devant  seigneur  et  une  ci-devant  marquise  (4).  » 

Dans  le  Petit-Château  d'Ivry-sur-Seine  est  morte  la  duchesse 
d'Orléans,  mère  de  Louis-Philippe  I". 

(1)  Révolutions  de  Paris,  numéro  du  8  septembre  1792. 

(2)  Journal  de  la  République  française,  n"  XCXVI,  janvier  1793. 

(3)  Rapport  de  la  police,  du  24  au  25  mai  1793. 

(4)  Rapport  de  la  police,  du  8  septembre  an  II. 


SALONS,  RÉUNIONS  PRIVÉES,  ETC.  577 

Autre  rapport  : 

«  Il  existe  un  rassemblement  de  gens  suspects  des  deux  sexes  au 
Palais-Égalité,  dans  ce  local  qu'occupait  le  club  de  1789  ou  de  l'abbé 
Syes  (Sieyès)  ;  l'ordonnateur  de  ce  club  est  un  nommé  la  Grive,  de 
Lyon,  très  suspect  par  ses  propos.  Des  Lyonnais  de  la  même  trempe 
s'y  rendent  assidûment  (1).  ». 

Qui  peut  dire  où  s'arrêtait  le  rôle  inoflfensif  des  gens  qui  s'opposaient 
à  la  Révolution?  Ils  avaient  la  prétention  de  n'être  pas  dangereux, 
d'agir  avec  modération,  et,  soupçonnés  de  comploter  depuis  la  prise 
de  la  Bastille,  ils  n'imaginaient  pas  qu'on  pût  ne  pas  les  laisser  libres, 
en  surveillant  les  révolutionnaires. 

Les  clubs  et  les  réunions  populaires  furent,  à  diverses  époques, 
l'objet  des  attaques  des  réactionnaires,  qui  s'indignaient  des  violences 
commises  par  les  patriotes  au  Palais-Royal,  ou  par  les  clubs  des 
Jacobins  et  des  Gordeliers. 

Le  28  février  1791,  le  marquis  Foucault  de  Lardimadie,  député  de 
la  noblesse  du  Périgord,  demanda  la  suppression  des  sociétés  popu- 
laires. On  passa  à  l'ordre  du  jour.  «  Puisqu'on  passe  à  l'ordre  du 
jour,  dit  le  chevalier  de  Murinais,  député  de  la  noblesse  du  Dauphiné, 
n'espérons  pas  avoir  la  tranquillité  dans  le  royaume  tant  que  vous 
aurez  le  Club  des  Jacobins  (2).  » 

Quelques  mois  auparavant,  il  fut  fondé  un  Club  ou  Société  des 
Neuf-Sœurs,  dont  les  membres  promettaient,  en  entrant,  de  s'inter- 
dire toute  opinion  sur  la  conduite  des  ministres  et  autres  agents  du 
pouvoir  exécutif,  sur  le  Commandant,  sur  l'état-major  de  la  Garde 
nationale,  en  un  mot  sur  tous  les  gens  en  place  (3).  Ses  membres, 
dispersés,  fondèrent,  en  l'an  III,  à  l'Oratoire  du  Louvre,  la  Société 
libre  des  sciences,  lettres  et  arts  de  Paris. 

Il  exista  un  club  joyeux  de  Midi  à  quatorze  heures,  où  se  rassem- 
blaient, entre  autres  membres,  Laujon,  Philipon  de  la  Madeleine, 
Vial  père  et  Gailly.  Plusieurs  ennemis  de  la  Révolution  s'y  glissaient. 

En  1791,  cédant  à  la  mode  du  jour,  Beffroy  de  Reigny  s'avisa  de 
faire  représenter  au  Théâtre  de  Monsieur  (salle  Feydeau)  une  petite 
pièce  en  deux  actes  et  en  vers.  C'était  un  ouvrage  fort  modéré,  dans 


(1)  Rapport  de  la  police,  du  19  septembre  an  II. 

(2)  Journal  logographique,  par  Le  Hodey,  t.  XXII,  p.  124.  —  Foucault  émigra, 
servit  dans  l'armée  de  Condé,  rentra  en  France  en  1802. 

(3)  Révolutions  de  Paris,  n°  73,  du  27  novembre  au  4  décembre  1790.  Eti  note. 

37 


578  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

lequel  l'auteur  rêvait  une  révolution  sans  la  moindre  violence,  même 
une  réconciliation  générale.  Jouée  le  24  septembre,  à  la  fin  de  ce  mois 
la  pièce  causa  plusieurs  fois  du  tumulte  parmi  le  public.  Elle  disparut 
de  Taffiche  après  la  septième  représentation.  Beffroy  de  Reigny,  le 
Cousin  Jacques,  s'était  exposé  à  paraître  contre-révolutionnaire  aux 
yeux  des  avancés. 

D'une  part,  dans  un  but  de  propagande  républicaine,  les  réunions 
exaltaient  les  esprits;  d'autre  part,  quand  le  gouvernement  devint 
réactionnaire  en  fait,  elles  l'effrayèrent.  Un  temps  vint  où  le  pouvoir 
ne  toléra  pas  plus  celles  qui  étaient  dans  le  sens  des  idées  révolu- 
tionnaires que  celles  qui  combattaient  la  République.  La  réaction 
marchait  à  grands  pas. 

Le  Directoire  ferma  (mars  1795)  les  réunions  politiques  du  Salon 
dit  des  Princes^  à  Paris;  la  Réunion  de  la  maison  Sérilly  ;  la  Société 
dite  des  Echecs  (1).  au  Palais-Egalité;  la  Société  du  Panthéon;  la 
Réunion  dite  des  Patriotes,  rue  Taranne. 

Le  5  brumaire  an  III,  les  présidents  du  Club  électoral  ou  de  l'Évêché 
furent  arrêtés. 

Nous  savons  ce  qui  arriva  pour  les  grands  clubs,  si  célèbres,  de 
J789àl800. 

(l)  Le  Club  des  Échecs  était  tout  à  fait  royaliste. 


SOCIÉTÉS,    CLUES   ET    CERCLES    DIVERS 

La.    plupai^t    non    politiques     avant   1789 


Nous  avons  dit  que,  en  dehors  des  clubs  politiques,  il  avait  été 
formé  beaucoup  de  réunions,  ostensibles  ou  latentes,  par  les  contre- 
révolutionnaires  (1). 

Ces  réunions  continuaient  le  mouvement  des  esprits  que  l'histoire 
constate  à  dater  du  milieu  du  dix-huitième  siècle.  Les  unes  étaient 
des  lieux  de  conversation  ou  de  plaisir,  les  autres  des  foyers  de  polé- 
mique touchant  aux  réformes  économiques,  à  la  science,  à  la  littéra- 
ture et  aux  arts. 

Le  plus  grand  nombre  était  au  Palais-Royal,  oîi,  depuis  1780^,  des 
constructions  avaient  été  élevées,  des  rues  avaient  été  ouvertes  sur 
une  partie  des  jardins,  où  s'étaient  groupés  des  établissements  de 
plaisir  qui  en  faisaient  une  foire  perpétuelle. 

Le  goût  des  réunions  non  politiques  et  plus  ou  moins  publiques 
s'était  donc  développé  avant  1789.  Le  mouvement  des  esprits  s'ac- 
centua sous  Louis  XVI,  et  porta  les  Français,  les  Parisiens  surtout,  à 
s'occuper  des  affaires  du  temps.  Peu  à  peu  la  politique  s'insinua 
dans  telle  ou  telle  réunion  qui  l'avait  d'abord  exclue,  et  qui  donnait 
à  lire  les  papiers  publics;  dans  quelques  autres,  où  le  jeu,  la  lecture 
la  consommation,  les  distractions  de  toutes  sortes  devinrent  de 
simples  prétextes  pour  attaquer  ou  défendre  le  gouvernement,  pour 
se  livrer  à  des  discussions  qui  avaient  un  certain  retentissement  dans 
les  masses. 

Citons  les  plus  connues  parmi  ces  réunions. 

(1)  Voii'  notre  Introduction,  p.  26. 


580  LES  CLUBS  GONTRE-RÉVOLUTlOxNN AIRES 


* 
*   * 


LA   SOCIÉTÉ    DU    CAVEAU 

Fondée  par  Piron,  Collé,  Panard,  etc.  «  Le  Caveau,  écrivait  Grimm, 
est  le  nom  que  l'on  donne  à  un  café  fort  à  la  mode,  placé  dans  un 
petit  souterrain  arrangé  avec  goût,  dans  le  jardin  du  Palais-Royal. 
Il  est  tenu  par  un  nommé  Dubuisson.  Les  agréables  oisifs,  les  habi- 
tués de  l'Opéra,  et  surtout  les  amateurs  de  bonnes  glaces,  dont  il  s'y 
fait  un  débit  prodigieux,  s'y  rendent  à  différentes  heures  du  jour. 
Quelques  gens  de  lettres  y  font  une  digestion  plus  ou  moins  labo- 
rieuse. C'est  un  tribunal  duquel  on  peut  appeler  à  celui  du  bon 
sens,  mais  dont  les  décisions  font  toujours  une  impression  momen- 
tanée. » 

Ses  arrêts  y  étaient  souvent  rendus  en  chansons  et  portaient  sur  les 
productions  des  membres  mêmes  de  la  Société  (1).  Il  faut  croire  que 
le  Caveau  éfait  bien  achalandé,  car  le  fonds  fut  vendu  90,000  livres 
en  1786. 

La  Société  gastronomico-littéraire  ainsi  nommée  eut  quatre  pé- 
riodes. La  première  se  réunit  au  carrefour  Bucy,  chez  Landelle, 
recruta  successivement  Fuzelier,  Saurin,  Salle,  Duclos,  Labruère, 
Gentil-Bernard,  Collé,  Crébillon  fils,  Moncrif,  Helvétius,  Lanoue, 
plusieurs  autres  hommes  de  lettres,  avec  le  peintre  Boucher  et  le 
compositeur  Rameau.  Elle  dura  de  1729  à  1739.  La  deuxième  compta 
parmi  ses  membres,  outre  Crébillon  fils,  Lanoue,  Helvétius,  Collé  et 
Gentil-Bernard,  d'autres  littérateurs  de  renom,  tels  que  Marmontel, 
Boissy,  Suard  (2)  et  Laujon.  Dès  1739,  elle  se  réunit  chez  le  fermier- 
général  Pelletier.  La  troisième,  formée  pendant  la  Révolution,  au 
Café  du  Caveau,  Palais-Royal,  n»  90,  a  fondé  en  1796  les  Dîners  du 
Vaudeville,  et  cessa  d'exister  le  2  nivôse  an  X.  On  y  lisait  à  haute  voix 
des  libelles.  La  quatrième,  enfin,  qui  vécut  de  1806  à  1817,  s'était 
établie  a,u  Rocher  de  Cancale,  rue  Montorgueil;  elle  eut  pour  suc- 
cursale, fondée  en  1813,  les  Soupers  de  Momus,  qui,  fermés  en  1828, 
publièrent  13  volumes  in-18. 


(1)  Voir  Cafés,  Restaurants. 

(2)  Suard,  censeur  royal,  censura  les  théâtres  jusqu'en  1790.  On  connaît  ses 
opinions  contre-révolutionnaires. 


SOCIÉTÉS,  CLUBS  ET  CERCLES    DIVERS  581 


* 
*   * 


LA    SOCIÉTÉ    DES   LANTURELUS 

Fondée  en  1771  par  le  marquis  de  Croix-Mare,  à  l'époque  de  la 
lutte  du  chancelier  Maupeou  et  du  Parlement.  On  y  cherchait,  par 
des  poésies  légères,  par  des  cérémonies  burlesques,  à  distraire  l'opi- 
nion publique.  Madame  de  la  Ferté-Imbault  en  fut  d'abord  grande- 
maitresse,  puis  reine.  Cette  Société  n'a  laissé  pour  traces  que  quelques 
pièces  fugitives,  disséminées  dans  plusieurs  recueils  du  temps. 

* 

*  * 

LA  SOCIÉTÉ   DU  SALON 

Formée  en  1782,  elle  se  tint  d'abord  rue  des  Fossés-Montmartre 
(aujourd'hui  rue  d'Aboukir)  ;  puis  elle  se  transporta  dans  un  bâ- 
timent adossé  au  Théâtre-Italien,  sur  la  place  de  ce  nom.  On  y 
comptait  «  des  personnes  choisies  et  de  mérite  »,  en  nombre  non 
limité.  La  contribution  annuelle  était  de  120  livres.  Le  Salon  était 
ouvert  tous  les  jours  de  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  onze  heures 
du  soir.  Le  règlement  permettait  les  jeux  de  société,  interdisait  les 
jeux  de  hasard.  Il  s'y  trouvait  les  papiers  publics,  les  cartes  géogra- 
phiques, les  livres  nouveaux,  etc. 

* 

*  * 

LE    CLUB  POLITIQUE 

Ce  club,  établi  par  un  sieur  Boyer,  en  1782,  est  le  premier  qui, 
pour  la  question  politique,  porta  le  nom  de  club.  Il  fut  presque  im- 
médiatement fermé  par  le  lieutenant  de  police. 

* 

LE  CLUB  OU  SALON  DES  ARTS 

Établi  en  novembre  1784,  dans  les  bâtiments  neufs  du  Palais- 
Royal,  au-dessus  du  Café  du  Caveau.  Entrée  par  la  rue  de  Beaujo- 
lais, en  face  de  la  descente  de  la  rue  Vivienne.  Nombre  non  limité. 
Gens  de  lettres,  artistes,  amateurs.  Salon  de  conversation,  salon  de 


582  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

lecture,  galerie  d'exposition,  salon  de  musique,  cabinets  pour  les 
personnes  qui  veulent  faire  des  extraits  des  ouvrages  nouveaux. 
Papiers-nouvelles,  livres  et  cartes  géographiques  pour  l'intelligence 
des  ouvrages  politiques  «  dont  cette  Société  se  propose  d'augmenter 
la  collection,  selon  que  les  circonstances  l'exigeront.  »  Jeux  inter- 
dils,  excepté  ceux  des  échecs  et  des  dames. 

Admission  des  membres  par  le  scrutin  (1),  à  l'unanimité. 

Le  Club  ou  Salon  des  Arts  fut  fréquenté  par  un  grand  nombre  de 
gens  qui  se  préoccupaient  des  affaires  politiques,  d'abord  en  curieux 
seulement,  puis  d'une  façon  militante. 


« 
«   * 


ASSEMBLÉE  MILITAIRE 

Tout  près  du  Salon  des  Arts,  ayant  aussi  une  entrée  par  la  rue  de 
Beaujolais,  se  trouvait  VAssemblée  militaire  d'officiers  «  de  première 
distinction  et  titrés  ».  Elle  était  située  presque  en  face  de  la  descente 
de  la  rue  Vivienne.  Les  salles  d'assemblée  donnaient  sur  le  jardin 
du  Palais-Royal.  Adoption  par  l'unanimité  des  membres.  Pas  de  jeu. 

* 

*  * 

SOCIÉTÉ  OLYMPIQUE 

Établie  au  Palais-Royal,  n°  65.  Personnes  recommandablcs  par 
leur  mérite.  Nombre  non  limité.  Fréquenté  par  des  gens  affiliés  à 
quelque  loge  de  francs-maçons.  Concerts,  rivalisant  un  peu  avec  le 
fameux  Concert  des  amateurs^  situé  à  l'extrémité  gauche  des  galeries. 
Cette  Société  fut  fermée  par  ordonnance  de  police. 

Une  visite  y  fut  faite,  par  une  députation  de  la  garde  nationale  de 
Versailles,  le  9  novembre  1789,  chez  le  chevalier  Grange,  auteur  d'un 
mémoire  justificatif  sur  la  conduite  des  gardes  du  corps,  ayant  pour 
titre  :  Précis  historique  de  la  conduite  des  gardes  du  corps. 

* 

♦  * 

SALON    DES    ÉCHECS 
Au  Palais-Royal,  au-dessus  du  Café  de  Foy  (2).  Composé  de  sei- 

(1)  Thiéry,  Guide  des  amateurs  et  des  étrangers  à  Paris,  1. 1,  p.  283,  in-12,  Paris, 
1787.  Livre  curieux,  et  dont  nous  avons  extrait  plusieurs  documents  pour  cette 
partie  de  notre  travail. 

(2)  "Voir  Café  de  Foy,  p.  591.    . 


SOCIÉTÉS,  CLUBS  ET  CERCLES  DIVERS  583 

gneurs  de  la  Cour  et  de  la  Ville.  Le  jeu  d'échecs  seul  était  permis. 
Nomination  par  l'unanimité  des  membres.  Sous  la  Révolution,  on  y 
joua  à  outrance,  ainsi  qu'au  Club  des  Arcades  et  au  Club  de  Valois  (1). 
Le  Salon  des  Echecs  devint,  sous  le  Directoire,  un  cercle  royaliste. 
Un  arrêté  directorial  le  ferma  dans  les  vingt-quatre  heures,  autant 
pour  la  question  politique  que  pour  le  jeu  effréné  qu'on  y  jouait. 


* 

*   * 


CLUB  OU  SOCIÉTÉ  DES  COLONS  (2) 

Au  Palais-Royal,  n°  171,  dans  des  bâtiments  neufs,  au-dessus  du 
Café  de  Valois.  Ce  club  fut  formé  par  les  Américains.  Pour  y  être 
admis,  il  fallait  prouver  que  l'on  possédait  une  habitation  aux  Iles. 
Au  second  étage,  il  y  avait  une  loge  de  francs-maçons. 

* 
*    * 

CLUB   DES    ÉTRANGERS 

Il  tenait  ses  séances  au  Wauxhall  ou  Panthéon  d'hiver  (3),  rue  de 
Chartres.  On  le  supprima  en  1787  (4).  Le  club  reparut  en  1791;  il 
alla  s'établir  au  n°  19  de  la  rue  du  Mail.* Une  pièce  donna  avis  de  son 
changement  de  domicile. 

Citons,  enfin,  le  Cabinet  de  Cire,  de  Curtius,  près  du  Café  Corazza  ; 
le  Café  des  Aveugles,  d'égrillarde  mémoire;  les  Orcades,  des  théâtres 
pour  les  enfants  ;  —  et  arrivons  aux  Cafés  et  Restaurants  sous  la  Ré- 
volution. 


(1)  Voir  Club  de  Valois. 

(2)  Voir  p.  69. 

(3)  V'oir  Club  monarchique. 

(4)  Il  avait  été  fondé  dans  l'hôtel  d'Augny,  rue  de  la  Grange-Batelière. 


CAFÉS   ET    RESTAURANTS 


En  1672  avait  été  fondé  le  premier  café  parisien,  au  quai  de  l'École. 
En  1716,  la  capitale  avait  trois  cents  établissements  de  ce  genre,  et  le 
nombre  de  ces  établissements  où  la  foule  se  portait,  par  désœuvre- 
ment ou  pour  le  plaisir,  augmentait  sans  cesse. 

Parmi  les  lieux  publics  de  réunion,  que  l'on  pourrait  appeler  clubs 
intermittents,  au  petit  pied,  et  qui  influèrent  plus  ou  moins  directe- 
ment sur  la  politique  de  chaque  jour,  nous  ne  devons  pas  oublier  les 
cafés  et  les  restaurants  de  Paris.  Ils  étaient  connus,  fréquentés,  sur- 
veillés, à  quelque  opinion  que  leurs  habitués  appartinssent.  Ils  tra- 
duisaient les  journaux  à  leur  barre,  faisaient  la  loi  aux  journalistes, 
inquiétaient  parfois  les  gouvernements  institués.  Très  souvent  ils 
étaient  les  échos  des  salons. 

Beaucoup  de  cafés  et  de  restaurants,  fondés  avant  1789,  conti- 
nuaient d'attirer  les  consommateurs.  Quelques-uns  changèrent  leurs 
titres,  d'autres  les  gardèrent. 

Citons  : 

Le  Café  Hottau  {sic)  ou  Hotto,  sur  la  terrasse  des  Feuillants,  à 
quelques  pas  du  lieu  des  séances  de  l'Assemblée.  On  s'y  excitait  pour 
intimider  les  membres  de  la  droite. 

Le  Café  des  Grands  hommes^  sur  le  boulevard,  très  suivi  par  les 
gens  qui  allaient  se  distraire  des  préoccupations  que  leur  causaient 
les  événements  politiques. 

Le  Café  de  la  République,  fréquenté  par  les  Parisiens  avides  de 
nouvelles. 

Le  Café  Valois,  au  Palais-Royal,  n"  171,  où  Métra  se  réfugia  quand 
on  abattit  V Arbre  de  Cracovie;  rendez-vous  de  royalistes  :  Rivarol. 
Peltier,  Champcenetz,  d'Eaubonne,  Barruel-Beauvert,  le  marquis  de 
Chauvron,  etc. 


o86  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Le  Café  de  la  Justice^  cour  du  Palais,  presque  spécial  pour  les 
avocats,  et  où  les  discussions  politiques  étaient  néanmoins  très  fré- 
quentes et  très  animées. 

Le  Café  Flore^  porte  Saint-Denis.  Là,  des  habitués  étaient  liés 
entre  eux  par  le  vœu  de  ne  plus  parler  politique,  sous  le  titre  de  So- 
ciété des  Amis  des  Lois.  Société  fort  éphémère. 

Le  Café  de  Chartres^  rendez-vous  de  jeunes  réactionnaires,  et  d'où 
partirent  les  muscadins  qui  allèrent  déloger  Marat  de  sa  chapelle  du 
Carrousel.  De  onze  heures  à  trois  heures  s'y  tenait  la  «  bourse  des 
chouans  ».  Ce  café  était  situé  près  du  théâtre  de  la  Montansier, 
Palais-Royal,  n»  82  (aujourd'hui  Véfour).  On  y  vit  Lauzun,  Barras, 
Hébert,  Robespierre,  Danton,  Martainville,  Chauvelin,  Marat,  le  duc 
d'Orléans,  etc.  Barras  occupa  deux  petites  chambres  situées  tout  au 
haut  du  bâtiment.  En  1797,  les  agioteurs  s'y  rassemblaient  :  il  y  eut 
là  des  luttes  violentes,  à  propos  des  deux  cocardes,  verte  et  blanche  (1) . 

Le  Café  du  Grand- Amiral,  rue  Neuve  des  Petits-Champs,  où  il  y  eut 
de  l'agitation  entre  royalistes  et  patriotes,  où  se  rassemblaient  d'or- 
dinaire les  partisans  de  la  noblesse,  qui  se  réunissaient  aussi  au  Café 
de  Bourbon.,  rue  Saint-Dominique-Saint-Germain,  pour  la  noblesse, 
et  au  Café  de  Mirabeau,  au  coin  des  rues  de  Richelieu  et  Saint-Honoré. 
A  la  fin  de  1790,  les  grenadiers  de  l'Oratoire  entrèrent  dans  le  Café 
du  Grand-Amiral,  et  y  trouvèrent  un  «  essaim  d'aristocrates  »  ;  on  y 
avait  comploté  d'arracher  la  croix  à  tous  les  chevaliers  qui  étaient 
dans  la  milice  nationale. 

Le  Café  situé  grande  rue  Taranne^  où  Ton  voyait  nombre  de  gen- 
tilshommes et  de  bourgeois  lettrés. 

Le  Café  de  la  Régence,  pour  les  joueurs  d'échecs  et  les  Fayettistes, 
et  qui  fut  fréquenté  par  Bonaparte.  Robespierre  y  parut. 

Le  Café  Manoury,  place  de  l'École,  célèbre  par  ses  joueurs  de 
dames. 

Le  Café  Cuisinier,  mixte  en  politique,  place  du  Pont  Saint-Michel. 

Le  Café  du  Parnasse,  au  Boulevard  Neuf,  où  se  retrouvaient  les 

(1)  Voir  Introduction,  p.  17. 


CAFÉS  ET  RESTAURANTS  587 

sieurs  Bergasse,  Bouis,  de  Turin  et  Ghouastre,  suisse  (22  novembre 
1790)  (1). 

Le  Café  Amelot,  d'où  étaient  exclus  les  avancés  ;  le  Café  Conti^  au 
coin  de  la  rue  Dauphine,  et  le  Café  de  la  Porte-Saint- Martin^  pour  les 
politiques  modérés. 

Le  Café  de  La  Fayette^  rue  des  Mauvais-Garçons,  où  Labenette 
priait  d'envoyer  les  correspondances  pour  le  Journal  du  Diable 
(20  mars  1790).  Jean-Baptiste  Labenette  était  chef  du  bureau  des 
côtes,  à  la  maison  de  la  Guerre.  Il  demeurait  à  Paris,  rue  des  Poulies. 

Le  Café  de  Nancy ^  rue  Saint-Antoine,  le  Café  de  Chevalier^  porte 
Saint-Antoine,  le  Café  du  Rendez-Vous,  place  du  Carrousel,  avaient 
la  clientèle  des  Orléanistes.  C'est  du  Café  du  Carrousel  que  Choderlos 
de  La  Clos  écrivit,  dit-on,  au  duc  d'Orléans  :  «  Je  vous  écris  d'un  café 
d'où,  comme  de  la  tente  d'un  général,  partent  les  ordres  néces- 
saires. » 

Le  Café  tenu  par  Chrétien,  sur  le  boulevard  de  Gand  (des  Italiens), 
près  du  Théâtre-Italien,  où  se  réunissaient,  sous  le  Directoire,  les 
tape-dur^  sorte  de  compagnie  de  coupe-jarrets  armés  d'énormes 
bâtons  noueux,  et  qui  se  répandaient  dans  le  Palais-Égalité  et  les 
promenades  publiques  en  insultant  et  menaçant  les  passants,  qui 
n'osaient  leur  résister. 

Une  Société,  dite  du  Café  Chrétien,  s'y  rassemblait,  sous  la  Conven- 
tion, fut  dénoncée  par  Fabre  d'Églantine  et  réclama  contre  cette 
dénonciation,  en  rappelant  les  services  patriotiques  qu'elle  avait 
rendus  à  la  liberté  et  à  la  République. 

En  mars  1790,  les  royalistes  allèrent  en  nombre  attaquer  Chapelier 
dans  un  café  et  le  jetèrent  par  la  fenêtre.  Les  Actes  des  Apôtres  insé- 
rèrent cette  épigramme  : 

Chapelier,  sans  étonnement, 
Lancé  par  la  fenêtre  assez  impoliment, 

Dans  un  tas  de  fange  profonde, 

Comme  un  poisson  jeté  dans  l'onde, 
Ne  s'en  porta  que  mieux  :  c'était  son  élément  (2). 

(1)  Arch.  Nat.  (minute),  F'  4598'.  —  Bergasse  collaborait  avec  Pclticr  a,\x:s.  Actes 
des  Apôtres. 

(2)  Actes  des  Apôtres,  t.  III,  n»  79. 


588  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

Le  Café  Mécanique^  situé  au  coin  de  la  rue  de  Montpensier,  a  été  le 
théâtre  d'un  drame.  Son  propriétaire  s'opposa  à  ce  que  l'on  chantât 
le  Ça  ira;  il  reçut  un  coup  de  sabre  au  bras,  et  sa  femme  fut  griève- 
ment blessée. 

Pour  les  nobles,  il  y  avait  le  Café  de  Bourbon^  rue  Saint-Domi- 
nique-Saint-Germain ;  le  Café  de  Mirabeau^  au  coin  des  rues  de  Ri- 
chelieu et  Saint-Honoré. 

Le  Café  Marchand^  rue  Saint-Honoré,  à  proximité  de  l'Assemblée 
et  du  Palais-Royal,  voyait  beaucoup  d'hommes  politiques  de  toutes 
les  opinions. 

Le  Café  du  Commerce,  rue  des  Blancs-Manteaux,  était  le  rendez- 
vous  des  ennemis  de  Robespierre. 

Le  Café  du  Caveau,  pendant  la  Révolution,  abrita  sous  ses  tentes 
nombre  de  péroreurs.  Les  fédérés  y  furent  régalés  de  bière  et  de 
liqueurs,  avant  le  10  août  1792,  par  le  girondin  Lanthénas,  l'ami  de 
Roland  (1). 

Le  Café  Procope,  fort  suspecté  par  les  partisans  de  la  Révolution, 
était  situé  rue  de  l'Ancienne-Comédie.  On  compta  parmi  ses  habitués 
Lemaire.  Ce  journaliste-imprimeur  publia,  de  1790  à  1792,  «  les 
Lettres  b...  patriotiques  du  véritable  Père  Duchène  »,  auxquelles  suc- 
céda la  Trompette  du  Père  Duchène,  de  1792  à  1793.  C'était,  aux  yeux 
des  avancés,  un  constitutionnel  royaliste.  Il  était  commis  aux  postes. 
Fréron  l'appelait  fournailleur.  Un  correspondant  de  VAmi  du  peuple 
le  traitait  «  de  petit  drôle,  chargé  d'escamoter  de  la  poste  les  lettres 
adressées  aux  patriotes  de  marque  dans  les  provinces  et  hantant  le 
Café  Procope,  où  le  divin  Mottié  (La  Fayette)  l'avait  mis  en  station 
pour  servir  de  mouchard  contre  les  chauds  patriotes.  » 

Ce  modéré  écrivait  d'un  style  au  moins  aussi  ordurier  que  celui 
d'Hébert;  mais  c'était  un  homme  d'esprit  et  de  beaucoup  de  raison. 

Il  y  eut,  en  1790-1791,  une  «  Société  habituée  du  Café  Procope- 
Zappi  »,  ayant  quelques  relations  avec  les  patriotes  de  Nimes  et  du 
Jura. 

La  police  eut  les  yeux,  peu  de  temps  après,  sur  le  café  «  qui  faisait 
le  coin  de  la  rue  des  Bons-Enfants  et  de  la  rue  Saint-Honoré  ».  «  Deux 

(1)  Voir  Société  du  Caveau,  p.  S80. 


CAFÉS  ET  RESTAURANTS  589 

citoyens  voulaient  y  chanter  une  chanson  patriotique  que  le  limona- 
dier qu'est  aristocrate  n'a  pas  voulu  qu'ils  chantent  chez  lui  (1).  » 

Un  rapport  d'agent  remarquait,  en  l'an  II  : 

«  Sur  le  boulevard  de  la  rue  Poissonnière,  au  coin  de  celle  de  Notre- 
Dame-de-Recouvrance,  est  un  café  appelé  le  Café  français;  on  y  joue 
au  loto  depuis  deux  heures  jusqu'à  onze  heures  du  soir,  et  même 
plus  tard.  Les  jeunes  gens  qui  y  vont  habituellement  sont  tous  des 
fripons  ou  des  ennemis  de  la  chose  publique.  Ce  café  mérite  d'être 
surveillé.  Les  chefs  s'appellent  Livry  et  Barthélémy,  Italiens,  spécu- 
lateurs, ennemis  de  la  nation  française. 

«  En  général  tous  les  cafés  où  on  joue  le  loto  doivent  être  sur- 
veillés, parce  qu'il  s'y  tient  de  temps  en  temps  des  conciliabules  pré- 
sidés par  les  hommes  de  Pitt  et  de  Cobourg  (2).  » 

On  signala  des  rassemblements  à  l'hôtel  Sérilly  et  au  Salon  des 
Princes. 

En  août  1794,  les  jeunes  muscadins  de  Paris  poursuivirent  partout 
les  Jacobins,  dans  les  cafés  du  Palais-Royal,  comme  dans  les  autres 
cafés  de  Paris,  dans  les  spectacles  et  les  promenades  (3).  Malheur  au 
café  qui  avait  eu  pour  habitués  des  Montagnards,  ou  seulement  des 
républicains! 

Sous  le  Directoire,  ils  allaient  au  Jardin  de  Paphos  (jardin  de 
l'Hospital),  rue  du  Temple,  qui  était  la  Folie-Beaujon  du  quartier, 
et  où  l'on  jouait  gros  jeu. 

Le  Café  Garchi,  où  une  trentaine  d'officiers  et  de  soldats  se  ren- 
contrèrent avec  des  Incroyables,  qu'ils  battirent  impitoyablement 
(après  le  18  fructidor),  était  regardé  par  les  aristocrates  comme  «  une 
école  du  bon  ton  et  des  belles  manières  ».  Le  Napolitain  Garchi, 
fameux  glacier,  était  renommé  pour  ses  sorbets,  et  demeurait  au 
bout  de  la  rue  de  la  Loi  (rue  Richelieu).  Il  fonda  Frascati,  dans  les 
beaux  jardins  de  l'hôtel  Lecoulleux.  On  y  trouvait  une  terrasse  et 
des  allées  éclairées  le  soir  par  des  verres  de  couleur.  Des  feux  d'ar- 
fices  y  étaient  tirés  les  jours  de  grandes  fêtes.  Le  poète  Ségur  pu- 
bliait de  petits  vers  sur  Garchi,  qui  eut  des  concurrents  moins  célè- 


(1)  Rapport  de  police  du  1"  ventôse  an  II,  signé:  Moncey. 

(2)  Rapports  de  la  police,  du  19  septembre  an  II. 

(3)  Voir  Club  de  Clichy. 


S'JO  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

bres  que  lui  :  Juillet,  au   Pavillon  de  Hanovre,    et  Valloni.  Juillet 

donna  dans  son  jardin  des  bals  et  des  concerts,  en  1797. 

Sous  le  Consulat,  des  royalistes  se  réunissaient  dans  des  cafés 
situés  aux  environs  du  Palais-Royal,  et  au  Café  de  Valois  «  pour  con- 
certer, dit  Montalembert  (1),  sur  ce  qu'il  y  avait  à  faire  pour  mettre 
fin  à  la  Révolution  et  en  finir  avec  Bonaparte.  » 

Le  Caféde  Valois,  au  n"  170  des  galeries  du  Palais-Royal,  était  par- 
ticulièrement fréquenté  par  les  royalistes,  ou  tout  au  moins  par  de 
bien  tièdes  patriotes. 
Sous  la  Convention,  nous  lisons  dans  le  Moniteur  : 
«  Monjau,  instituteur  national,  est  admis  à  la  barre  ;  il  se  plaint 
d'avoir  été  insulté  dans  le  café  de  Valois,  à  cause  de  son  patriotisme  ; 
il  dénonce  la  société  qui  était  alors  dans  ce  café,  pour  avoir  tenu  des 
propos  anti-civiques,  pour  avoir  parlé  en  faveur  du  roi,  invectivé 
contre  la  Société  des  Jacobins,  et  insulté  la  Convention.  —  Cette  dé- 
nonciation est  renvoyée  au  Comité  de  sûreté  générale  (2).  » 

Au  Café  de  Valois^  antérieurement  s'étaient  rassemblés  aussi  les 
Feuillantins,  membres  ou  partisans  du  Club  des  Feuillants.  Lors  du 
18  brumaire,  ce  café  était  devenu  le  rendez-vous  des  émigrés  et  des 
anciens  officiers  de  l'armée  de  Condé. 

Dans  le  Palais-Royal  ou  Egalité,  surtout,  les  cafés  et  les  restau- 
rants servaient  de  réunions  politiques,  de  petits  conciliabules.  Là  se 
décidaient  les  «  actions  »  projetées  par  des  patriotes  ou  par  des 
contre-révolutionnaires;  là  se  composaient  les  mots  d'ordre.  On  se 
donnait  rendez-vous  dans  le  jardin,  sous  les  arbres,  et  l'on  allait 
causer  plus  librement  assis  devant  une  table  bien  servie. 

Du  1"  au  4  septembre  1789,  parut  un  Journal  du  Palais- Roy  al  (3), 
avec  cette  épigraphe  :  Utile  dulci,  dont  les  souscriptions  devaient 
être  adressées  hôtel  de  Silleivj,  cul-de-sac  de  Conti,  chez  M.  Chemant, 
chirurgien-dentiste . 

«  Depuis  quelque  tems,  il  se  réunissait  dans  un  café  établi  sous 
l'un  des  pavillons  du  Palais-Royal  un  grand  nombre  de  personnes 
dont  les  sentimens  anti-patriotiques  étaient  très-connus.  Hier  soir, 
vers  sept  heures,  ils  étaient  en  assez  grand  nombre,  et,  après  avoir 
tenu  les  discours  les  plus  contraires  à  la  constitution  et  au  respect  dû 

(1)  Mémoires  inédits. 

(2)  Séance  de  la  Convention,  du  lundi  21  janvier  1793.  Moniteur  du  24  janvier. 

(3)  Voir  plus  haut.  —  Ce  journal  n'a  eu  que  quatre  numéros. 


CAFÉS  ET  RESTAURANTS  591 

aux  autorités  constituées,  ils  portèrent  la  santé  du  Roi,  et  déclarèrent 
qu'ils  se  faisaient  honneur  de  vivre  et  de  mourir  royalistes.  Plusieurs 
bons  citoyens  voisins  de  ces  messieurs  portèrent  la  santé  de  la  na 
tion,  qui  fut  aussitôt  conspuée.  Alors  des  insultes,  des  provocations 
particulières  se  succédèrent  rapidement;  les  cannes  furent  levées, 
un  grand  nombre  des  habitués  disparurent,  et  ceux  qui  ne  purent  se 
sauver  reçurent  des  témoignages  non  équivoques  de  Findignation 
qu'avait  excités  [sic]  leur  conduite.  Quatre  ont  été  assez  grièvement 
blessés  ;  un  de  ces  messieurs  était^  décoré  d'un  ruban  semblable  à 
celui  que  portent  les  chevaliers  de  Malthe.  La  garde  nationale  est 
arrivée  assez  à  tems  pour  empêcher  que  les  choses  n'allassent  trop 
loin  (1),,,  » 

Il  existait  un  Club  du  café  des  Ar<s,  à  l'hôtel  de  Radziwill,  où  cer- 
tainement la  politique  fit  irruption,  malgré  l'étiquette  du  café. 

Le  Café  de  Fuy,  prototype  du  café  essentiellement  politique,  très 
connu,  très  en  vogue,  très  fréquenté  par  les  Parisiens,  occupa  beau- 
coup, à  diverses  époques,  l'opinion  publique, 

ft  Nous  apprenons,  dit  Rivarol,  que  les  Ëtats-généraux  du  Palais- 
Royal,  qui  tiennent  leurs  séances  au  café  de  Foy,  ont  intimé  les 
ordres  les  plus  sévères  et  les  plus  sanglants  à  l'Assemblée  nationale 
de  Versailles  (2).  » 

Exagération  d'un  fait  véritable,  car  bien  des  motions  politiques 
sortirent  de  cet  établissement. 

Le  Café  de  Foy,  jadis  ouvert  dans  la  rue  de  Richelieu,  dans  un 
endroit  servant  de  passage  pour  descendre  au  jardin  du  Palais-Royal, 
était  le  plus  ancien  de  tous  ceux  qui  existaient  dans  ce  foyer  pari- 
sien. 

D'abord  dévoué  aux  patriotes,  il  devint  monarchiste  et  constitu- 
tionnel, fréquenté  par  des  batailleurs  fleurdelisés,  ayant  gourdins, 
cannes  à  dard,  bâtons  plombés,  lisant  des  motions  monarchiques,  se 
découvrant  quand  on  prononçait  le  nom  du  roi,  dont  ils  demandaient  la 
réintégration  dans  son  pouvoir.  On  y  voyait  de  vieux  chevaliers  de 
Saint-Louis,  des  anciens  militaires,  des  financiers  «  à  grosses  per- 
ruques, à  cannes  à  pommes  d'or  et  à  souliers  carrés.  » 


(1)  Moniteur.  De  Paris,  ce  17  août  1791. 

(2)  Journal  politique  îiationt^  de  Rivarol,  u"  14. 


592  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

On  peut  dire  qu'il  a  une  histoire,  qu'il  a  longuement  fait  parler  de 
lui,  en  sens  divers. 

En  effet,  il  porta  affiché,  sur  la  colonne  du  poêle,  le  22  mai  1790, 
un  placard  défendant  de  tenir  des  propos  contre  les  décrets  de  l'As- 
semblée nationale  et  les  gardes  citoyennes  de  Paris. 

Puis,  en  février  1791,  au  contraire,  il  s'y  forma,  comme  dans  d'au- 
tres cafés,  des  rassemblements  de  conspirateurs  monarchiques. 

«  Plusieurs  gentilshommes,  même  des  membres  de  l'Assemblée, 
courent  chez  le  roi,  avec  des  arnies  cachées  sous  leurs  habits,  dans 
l'intention  de  le  défendre;  ils  se  coalisent  au  Palais-Royal,  dans  les 
cafés,  et  annoncent  publiquement  leurs  projets...  On  les  appela  les 
chevaliers  du  poignard,  nom  qui  fut  transmis  depuis  à  la  plupart  des 
défenseurs  du  roi  (1).  » 

Pendant  la  même  année,  au  café  de  Foy,  on  demandait  l'aboli- 
tion des  clubs,  même  de  celui  des  Amis  de  la  Constitution.,  séant  aux 
Feuillants.  La  réaction  y  prenait  pied,  s'y  étalait  presque. 

Nous  remarquons  l'arrestation  du  sieur  Hippolyte-Désiré  Puthod, 
médecin  des  épidémies  en  Bretagne,  de  passage  à  Paris,  qui  avait  dé- 
claré, dans  ce  café,  «  qu'il  était  Breton  et  qu'il  défendrait  le  Roi,  et 
que  deux  millions  d'hommes  en  Bretagne  appuieraient  son  opinion  » 
[Archives  nationales). 

Le  souvenir  de  la  journée  du  28  février  1791  était  tel  que,  en  1792, 
les  maisons  de  jeu  du  Palais-Royal  étaient  encore  signalées  comme 
les  repaires  habituels  des  Chevaliers  du  poignard.  Au  n»  59,  le  cen- 
seur Artau  en  tenait  une,  où  Chamfort,  Delille,  Rivarol  parurent 
pour  dîner  et  faire  des  bons  mots.  On  prétendait  qu'Artau  rapportait 
tout  à  la  police. 

En  décembre  1791,  les  sieurs  Jousserand  tenaient  le  Café  de 
Fou  (^)i  6*'  "  laissaient  voir  leur  prédilection  marquée  pour  les  aris- 
tocrates, de  préférence  aux  patriotes.  Plusieurs  provocations  ont  été 
faites  et  de  la  voix  et  du  geste  (3).  »  Le  nom  de  Jacobins  était  le  mot 
de  ralliement.  Cela  a  cessé,  grâce  à  des  personnes  qui  en  ont  imposé 
aux  aristocrates. 

Le  même  mois  (3  décembre  1791),  Carra  écrivait  : 

«  Hier,  plusieurs  patriotes  ont  donné  chasse  à  une  bande  d'aris- 


(1)  Beaulieu,  Révolutions  de  France,  t.  II,  p.  467,  468. 

(2)  Ils  occupaient  sept  arcades  du  Palais-Royal. 

(3)  Révolutions  de  Paris,  décembre  1791,  n"  125. 


CAFÉS  ET  RESTAURANTS  5!I3 

tocrates  et  soi-disant  monarchistes  qui  tenoient  leurs  assises  au  café 
de  Foi  {sic)  (1).  » 

Là  se  trouvaient  sans  doute  des  consommateurs  qui,  jouant  aux 
dominos,  avaient  tiré  de  leurs  poches  des  dés  monarchiques,  avec 
des  lettres  dont  la  réunion  formait  :  Vive  le  Moi,  la  Reine,  et  Mon- 
seigneur le  Dauphin.  La  réaction  y  dominait,  à  n'en  pouvoir  douter; 
il  devenait  «  un  réceptacle  de  l'aristocratie  ».  On  y  lisait  tout  haut 
la  Gazette  de  Paris,  VAmi  du  Roi,  la  Gazette  de  la  Cour  et  de  la 
Ville,  et  «  autres  papiers  salissant  ce  café  (2).  » 

Il  était  mal  noté,  à  dater  de  cette  époque,  et  sa  clientèle,  toujours 
nombreuse,  dut  se  bien  tenir,  en  1792  et  1793,  pour  ne  pas  exciter 
les  mécontentements  de  la  foule  et  des  manifestations  aussi  sérieuses 
que  celles  dont  Carra  parle  plus  haut. 

La  police  veillait,  d'ailleurs,  à  ce  que  les  habitués  du  lieu  ne  fis- 
sent pas  de  propagande  contre-révolutionnaire.  Elle  ne  les  tolérait 
qu'inofFensifs,  h  l'état  de  simples  consommateurs,  politiquant  d'une 
façon  platonique. 

Un  rapport  de  police,  de  1794,  contient  ces  phrases  : 

«  Gaffé  de  Foix. —  Ce  caffé  si  fréquenté,  si  abondant  en  politique,  se 
remplit  aujourd'hui,  comme  presque  tous  les  lieux  publics,  d'indif- 
férents ou  de  sourds  et  muets  qui  craignent  d'entendre  ou  de  parler. 
Hier  au  soir  on  ylisoit  le  journal  qui,  comme  les  sermons  des  fameux 
prédicateurs,  était  accompagné  d'une  foule  d'auditeurs  si  considé- 
rable, que  la  queue  s'étendait  jusque  dans  l'office  du  limonadier  ; 
après  la  lecture,  qui  par  là  devenait  encore  plus  semblable  à  un 
sermon,  silence  profond,  conversations  à  l'oreille  ou  sur  des  choses 
étrangères,  jeux  et  boissons  (3).  » 

«  Il  y  avait  au  Palais-Royal  un  café  où  se  réunissait  habituellement 
une  jeunesse  peu  favorable  au  Directoire,  et  dont  les  sarcasmes, 
lorsqu'ils  arrivaient  à  ses  oreilles,  troublaient  quelquefois  sa  tran- 
quillité. Barras  assembla  à  dîner  chez  lui  quelques  officiers  et  les 
plaça  sous  la  direction  du  colonel  Fournier,  l'un  des  plus  mauvais 
sujets  de  l'armée.  Celui-ci  les  conduisit,  dans  la  soirée  au  café  dé- 
signé ;  ils  y  entrèrent  le  sabre  à  la  main,  et  tombèrent  sur  tout  ce 
qui  était  réuni.  Il  y  eut  beaucoup  de  blessés  et  entre  autres  le  gé- 


(1)  Annales  patriotiques  de  Carra,  3  décembre  1791,  n"  792. 

(2)  Le  Courrier  des  83  Départements,  t.  XXVII,  n°  14,  p.  216. 

(3)  Rapport  de  police  de  Perrière,  3  ventôse  (21  février  1794).  Cité  par  Dauban, 
Paris,  en  il 94. 

38 


594  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

néral  Oudinot.  It  prenait  très  innocemment  un"e  glace,  et  les  coups 
ne  lui  étaient  sans  doute  pas  destinés  (1).  » 

Il  se  plaignit,  mais  l'affaire  fut  étouffée.  Oudinot  et  plusieurs  do  ses 
amis  contribuèrent  plus  tard  à  renverser  le  Directoire,  à  servir  la 
fortune  de  Napoléon  Bonaparte. 

Hyde  de  Neuville  figura  dans  la  Jeunesse  dorée.  Il  écrit  : 

«  Nous  faisions  une  sorte  de  dictature  que  personne  ne  contestait, 
parce  qu'elle  répondait  aux  vœux  secrets  de  chacun.  Dans  tous  les 
lieux  publics,  au  spectacle,  dans  les  sections,  les  cafés,  les  prome- 
nades, nous  affichions  bien  haut  notre  omnipotence  pour  que  nul 
ne  s'avisât  de  la  mettre  en  doute  (2).  » 

Il  est  certain  que  les  muscadins  prenaient,  d'ailleurs,  leur  mot 
d'ordre  dans  les  salons  de  la  haute  société  d'alors,  dont  ils  mettaient 
en  action  les  tendances  et  les  projets.  La  Jeunesse  dorée  tenait  jour- 
nellement cercle  dans  un  restaurant  situé  près  du  Louvre,  où  l'on 
voyait  Michaud  (3),  les  Bertin,  Lacretelle,  Fiévée,  d'autres  encore. 

Le  gouvernement  directorial  eut  contre  lui  le  Café  de  Foy,  observe 
un  contemporain.  Toutefois,  des  Jacobins  tenaces  y  coudoyaient  des 
royalistes,  des  boursiers,  des  aigrefins  et  des  Incroyables. 

Gomme  les  cafés,  les  restaurants  furent  des  lieux  de  réunions  po- 
litiques pendant  toute  la  durée  de  la  Révolution.  On  sait  que  le  pre- 
mier établissement  de  ce  genre  avait  été  fondé  rue  des  Poulies^ 
en  1765. 

Le  restaurant  de  Méot,  à  l'angle  de  la  rue  des  Bons-Enfants,  dans 
la  ci-devant  chancellerie  d'Orléans,  était  fréquenté  par  les  hommes 
de  la  Révolution;  il  n'avait  que  très  peu  ou  point  de  concurrents  où 
se  concertassent  les  contre-révolutionnaires.  Bonaparte,  Barras, 
Tallien  et  plusieurs  thermidoriens  y  allaient  assez  fréquemment. 
Avoisinant  le  Palais-Royal,  se  trouvant  au  centre  du  Paris  politique, 
on  y  connaissait  aussitôt  que  possible,  en  déjeunant  ou  en  dînant, 
les  événements  nouveaux.  Delille  disait  des  botanistes  : 

«  Leur  appétit  insulte  à  tout  l'art  des  Méots.  » 

Une  fois  par  semaine,  les  rédacteurs  des  Actes  des  A'pôtres  fai- 

(1)  Mémoires  du  chancelier  Pasquier,  t.  I,  p.  139. 

(2)  Hyde  de  Neuville,  Mémoires  et  Souvenirs,  t.  I,  p.  119.  (In-8°,  Paris,  1888.)— 
Voir  Club  de  Clichy,  p.  489. 

(3)  Condamné  à  mort  comme  royaliste,  il  s'enfuit.  Jean-François  Bertin  fut  un 
des  associés  des  Débats,  et  journaliste.  Lacretelle  jeune  avait  attaqué  la  Conven- 
tion daos  le  Précurseur,  Fiévée  fut  déporté  au  18  fructidor. 


CAFÉS  ET  RESTAURANTS  595 

saient  ce  qu'ils  appelaient  leur  «  dîner  évangélique  »  chez  le  restau- 
rateur Mafs,  au  Palais-Royal  (1).  Ce  restaurateur  jouissait  d'une  cer- 
taine célébrité.  Nombre  de  monarchiens  s'y  rassemblaient  pour  diner, 
pour  inventer  quelques  méchancetés  contre  les  hommes  du  jour. 

Le  restaurant  Beauvilliers  était  à  la  mode,  comme  le  traiteurRose^ 
à  l'hôtel  Grange-Batelière.  Les  rédacteurs  des  Actes  des  Apôtres  s  y 
réunissaient  souvent  (2);  le  restaurant  Beauvilliers,  voisin  de  la  librairie 
Gatley,  en  était,  pour  ainsi  dire,  une  annexe  politique  (3).  Il  occupait 
trois  arcades  du  Palais-Royal  (4). 

Chez  le  restaurateur  Février,  au  Palais-Royal,  beaucoup  de  dé- 
putés venaient  prendre  leurs  repas,  notamment  Louis-Michel  Lepel- 
letier  de  Saint-Fargeau,  qui  y  fut  assassiné,  le  20  janvier  1793,  par  le 
garde-du-corps  Paris  (5). 

Vénua,  restaurateur  fameux,  rue  Saint-Honoré,  avait  des  jardins 
qui  s'étendaient  jusqu'à  la  terrasse  des  Feuillants.  L'hôtel  Meurice 
occupe,  aujourd'hui,  une  partie  des  terrains  du  restaurant  Vénua. 
Chez  Vénua  venaient  beaucoup  d'hommes  politiques,  députés  ou 
journalistes,  qui  s'entretenaient  sur  les  affaires  du  jour,  y  prépa- 
raient leurs  discours  ou  leurs  articles.  Il  y  avait  deux  salles  de  diffé- 
rentes grandeurs. 

Châles,  député  de  Chartres,  annonça  aux  Jacobins  que  cent  dé- 
putés feuillants  s'étaient  réunis,  en  décembre  1792,  chez  Vénua,  sous 
prétexte  d'un  repas  fraternel  ;  qu'à  dater  de  ce  jour  «  le  patriotisme 
montagnard  avait  été  attaqué  (6).  »  Le  girondin  Barbaroux  prési- 
dait; Buzot  «  faisait  l'ornement  de  la  table  par  ses  bons  mots.  Dans 
ce  conciliabule,  on  tira  à  boulets  rouges  sur  la  Société  des  Ja- 
cobins (7).  » 

Dossonville,  limonadier,  officier  de  paix  de  la  section  Bonne- 
Nouvelle,  fut  accusé  d'être  complice  de  Collenot  d'Angrement,  qui. 


(1)  Voir  Introduction,  p.  7. 

(2)  Voir  ci-dessus,  p.  8. 

(3)  Voir  Librairies,  p.  396. 

(4)  Beauvilliers,  sous  la  Terreur,  se  retira  des  affaires  ;  il  était  trop  mal  noté, 
se  rétablit,  sous  l'Empire,  dans  la  rue  Montpensier. 

(5)  Le  restaurant  Février  comprenait  cinq  arcades  du  Palais-Royal. 

(6)  Séance  du  dimanche  9  décembre  1792,  au  Club  des  Jacobins.  —  Voir  Club 
des  Feuillants. 

(7)  Séauce  du  7  décembre,  au  Club  des  Jacobins, 


596  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

disait-on,  embauchait  pour  la  cour.  Les  habitués  de  Vestaminet  de 
Dossonville  avaient  des  opinions  royalistes. 

Il  va  sans  dire  que  les  cafés  et  restaurants  de  province  ressem- 
blaient beaucoup  à  ceux  de  Paris,  au  point  de  vue  de  la  propagande. 
Pas  une  ville,  pas  un  village  qui  n'eût  ses  petits  groupes  révolution- 
naires ou  contre-révolutionnaires,  ceux-ci  s'assemblant  le  plus  dis- 
crètement possible,  quand  ils  n'avaient  pas  avec  eux  la  presque  to- 
talité des  habitants. 

Ajoutons  que  les  monarchistes  réfugiés  à  l'étranger  y  fréquen- 
taient aussi  les  cafés  et  les  restaurants  pour  parler  politique  et  déni- 
grer les  gouvernements  qui  se  succédèrent  en  France  pendant  la 
Révolution.  Ainsi,  dans  le  Café  des  IVois-Couronnes,  à  Coblentz, 
«  les  émigrés  se  réunissaient  pour  causer  et  rire,  avec  autant  de  lé- 
gèreté et  de  frivolité  que  s'ils  eussent  été  dans  les  salons  de  Paris  ou 
de  Versailles.  » 


LIBRAIRIES 


Les  boutiques  de  librairie,  elles  aussi,  servirent  à  la  propagande 
royaliste  et  contre-révolutionnaire.  Non  seulement  on  y  trouvait  des 
journaux,  des  brochures,  des  libelles,  des  pamphlets  sur  les  ques- 
tions à  l'ordre  du  jour,  tantôt  vendus  ouvertement,  tantôt  secrète- 
ment débités,  mais  encore  il  s'y  rencontrait,  du  matin  au  soir,  des 
hommes  politiques  dont  le  zèle  s'enflammait  à  la  vue  des  nouveautés 
parues  pour  ou  contre  le  gouvernement. 

Nous  devons  ici  parler  principalement  des  librairies  monarchiques, 
ou  tout  au  moins  d'opposition  aux  différents  régimes  qui  se  succé- 
dèrent. 


* 
*   * 


CHEZ    GATTEY 

La  boutique  du  libraire  Gattey  était  située  au  Palais-Royal,  n°*  d3 
et  14.  Elle  avoisinait  l'établissement  du  restaurateur  Beauvilliers  (1). 

On  disait  Gattey  ancien  espion  de  police.  Sa  librairie  fut  plus 
d'une  fois  envahie  ;  la  foule  jeta  plus  d'une  fois  au  dehors  les  livres 
et  journaux  qii'il  vendait  :  un  soir,  elle  les  brûla  dans  le  jardin. 

La  librairie  de  Gattey  faisait  un  débit  considérable  d'écrits  de 
toutes  sortes,  contre-révolutionnaires  pour  la  plupart. 

Là,  dans,  cet  «  antre  infernal  de  l'aristocratie  »,  où  l'on  entendait 
perpétuellement  «  rugir  l'aristocratie  »,  dans  ce  «  foyer  de  l'aristo- 
cratie »,  dans  ce  «  gouffre  infernal  des  aristocrates  »  (2),  se  pressait 
une  armée  de  colporteurs.  Le  journal  se  répandait  par  tout  Paris. 
Gattey  avait  en  magasin  et  vendait,  non  seulement  des  journaux 
royalistes,  mais  encore  un  grand  nombre  de  pamphlets,  libelles  et 

(1)  Voir  Cafés,  Restaurants.  —  Et  Introduction,  p.  8. 

(2)  Catalogue  de  la  Bibliothèque  nationale,  n"  3432. 


598  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

brochures  aristocratiques,  la  plupart  sans  nom  d'auteur  et  d'impri- 
meur. 

Un  ordre  du  département  de  police  de  la  municipalité  de  Paris 
(14  mai  1790)  fut  donné  au  commissaire  Grandin  de  faire  exacte  per- 
quisition chez  le  sieur  Gattey  de  tous  ces  pamphlets,  libelles  et  bro- 
chures. Le  commissaire  Grandin  dressa  un  procès-verbal  constatant 
l'existence  de  quantité  d'imprimés  sortis  de  la  plume  du  vicomte  de 
Mirabeau,  de  Pelletier  (sic),  du  baron  d'Eaubonne,  désignés  chacun 
sous  son  titre,  notamment  des  suivants  :  Le  Coucher  ou  la  Vérité 
toute  nue,  la  Lanterne  magique  nationale,  le  Rêve  ou  la  Vérité  voilée^ 
la  Moutarde  après  dîner,  la  Tasse  de  café  sans  sucre,  le  Déjeuner  du 
Lundy,  la  Lettre  de  Rabelais  aux  quatre-vingt-quatorze  rédacteurs 
des  Actes  des  Apôtres,  etc.  (1). 

Loustalot  raconte  [Mouvements  populaires)  que  le  peuple  songeait 
à  débarrasser  Gattey  des  monceaux  de  brochures  aristocratiques  qui 
obstruaient  sa  boutique  de  librairie  (2).  Mais  la  police  de  la  munici- 
palité de  Paris  prit  les  devants.  Le  sieur  Gattey,  craignant  un  mau- 
vais parti,  afficha  sur  toutes  les  arcades  du  Palais-Royal  une  amende 
^onoroè/e  volontaire,  et  parvint  à  désarmer  le  peuple.  Par  une  dis- 
tinction jésuitique,  suivant  l'expression  de  Loustalot,  le  libraire  en 
question  déclara  que,  s'il  avait  vendu  comme  «  marchand  »  des 
brochures  aristocratiques,  il  était  loin  d'en  adopter  les  principes 
comme  «  citoyen  ». 

Dans  les  Annales  de  Carra,  du  11  mai  1790,  nous  lisons  : 
«  Le  dernier  effort  des  anti-patriotes. 

«  Elle  est  maintenant  publique  la  protestation  clandestinement 
minutée  au  conventiculedes  capucins;  elle  se  trouve  chez  Gattey  (3), 
libraire  au  Palais-Royal,  dont  la  boutique  est  devenue  le  réceptacle 
des  poisons  anti-civiques. 

«  Cette  protestation,  qui  attaque  le  décret  du  13  avril,  est  revêtue 
de  304  signatures. . .  » 

«  La  publicité  de  cet  écrit  anti-patriotique  va  cependant  être  pour 
les  bons  citoyens  un  grand  soulagement....  » 

On  y  voit  le  nom  de  tous  les  dissidents. 


(1)^  Arch.  Nat.,  minutes  (2  pièces),  Y 13320.  —  dévolutions  de  Paris,  n»  46. 

(2)  Cette  boutiaue  comprenait  trois  arcades  du  Palais-Royal. 

(3)  Gatfey,  né  a  Autun  en  1756,  fut  condamné  à  mort  et  exécuté  le  23  germinal 
an  IT.  Sa  maison  et  sa  librairie  furent  aussitôt  vendues. 


LIBRAIRIES  S99 

Peu  de  jours  après,  la  Chronique  de  Paris  imprimait  : 

«  M.  Manuel,  administrateur  du  Département  de  police,  et  M.  le 
commissaire  Grandini  (sic)  ont  fait,  ces  jours  derniers,  une  visite  dans 
la  librairie  aristocratique  du  sieur  Gattey,  au  Palais-Royal  ;  ils  l'ont 
trouvée  remplie  des  libelles  les  plus  révoltans  et  les  plus  incen- 
diaires. L'administration,  qui  est  très  douce  et  vouée  aux  principes, 
a  encore  pitié  des  mauvais  citoyens.  M.  Manuel  a  plutôt  cherché  à 
convertir  le  sieur  Gattey  qu'à  le  faire  punir  (1).  » 

Les  patriotes  ne  purent  croire  que  Gattey  fût  venu  à  résipiscence, 
parce  qu'il  gagnait  beaucoup  dans  ce  métier. 

De  jeunes  citoyens  purifièrent  la  boutique  «  infectée  du  souffle  des 
mauvais  citoyens  »  par  des  fumigations  de  vinaigre  et  de  sucre.  L'o- 
pération se  fit  sérieusement,  quoique  d'une  manière  plaisante.  La 
librairie  semblait  dangereuse,  plus  qu'aucune  autre. 

En  même  temps,  on  trouvait  dans  le  Moniteur  (du  lo  mai  1790)  ces 
quelques  lignes  : 

«  La  sentence  de  police  qui  a  défendu  à  M.  Gattey,  libraire  au  Pa- 
lais-Royal, de  vendre  la  déclaration  du  chapitre  Notre-Dame,  n'en  a 
pas  sans  doute  arrêté  le  débit.  Une  foule  innombrable  entoure  en  ce 
moment  la  boutique  du  libraire  ;  on  présume  que  la  police  y  fait  faire 
des  recherches.  Cette  boutique  est  le  repaire  de  beaucoup  d'écrits 
contre  la  révolution  (2).  » 

Le  18  mai  parut  une  brochure  :  Le  Gouffre  infernal  des  aristocrates 
ou  l'antre  de  Gattey^  dans  lequel  un  jeune  provincial,  entraîné  comme 
malgré  lui,  se  trouve  initié  aux  mystères  diaboliques  de  la  cabale  des 
noirs,  par  l'abbé  Maury  et  Barbasure,  grand-vicaire  de  Toulouse,  par 
Séraphin  le  Cadet,  premier  inventeur  des  ombres  chinoises  (3). 

Le  21  mai,  une  autre  pièce  fut  intitulée  L'Aristocratie  du  libraire 
Gattey  punie  par  le  peuple^  ou  supplice  des  a  Actes  des  Apôtres  ». 

Le  public  ne  perdit  pas  des  yeux  un  établissement  si  mal  noté. 

Les  Annales  de  Carra,  du  24  mai  1790,  contenaient  ces  phrases  : 

«  Paris,  22  mai. 

«  Hier  au  soir  les  patriotes  du  Palais-Royal  ont  fait  un  auto-da-fé 

d'une  édition  des  Actes  des  Apôtres  et  de  plusieurs  autres  pamphlets 

anti-civiques  saisis  chez  le  libraire  Gattey,  dont  la  boutique  est  le 

rendez-vous  continuel  des  aristocrates.  Ils  ont  en  même  temps  chassé 


(1)  Chronique  de  Paris,  numéro  du  18  mai  1790,  p.  550. 

(2)  I3ib.  Nat.,  Lb  39/3432,  in-8%  sans  date,  de  32  p. 

(3)  Bib.  i\at.,  Lb  39/3440,  iu-8%  sans  date,  de  8  p. 


600  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

du  café  de  Valois  une  autre  tourbe  d'aristocrates  qui  tenoient  leurs 
séances  dans  ce  café,  et  ensuite  ils  ont  purifié  le  lieu  avec  des  fumi- 
gations de  genièvre  (1).  » 

Gattey  estima  bientôt  que  la  vente  de?>  Actes  des  Apôtres  était  trop 
dangereuse,  et  le  Journal  de  Paris  imprima  : 

«    VARIÉTÉ 

«  Le  sieur  Gattey,  libraire  au  Palais-Royal,  annonce  qu'il  ne  prend 
plus  aucune  part  à  l'impression  ni  à  la  distribution  des  Actes  des 
Apôtres,  et  dans  le  cas  où  il  en  paroîtroit  des  numéros  avec  son 
nom,  ils  ne  seront  ni  imprimés  ni  vendus  par  lui  (2).  » 

* 

*  * 

CHEZ  LEBRET 

Lebret,  libraire  nux  boutiques  de  bois,  dites  le  Camp  des  Tartares 
(Palais-Royal),  du  côté  du  palais  inachevé,  vendait  toutes  sortes  d'ou- 
vrages. 

*  * 

CHEZ  ANTOINE  PAIN 

Dans  la  boutique  de  Pain,  autre  libraire  et  imprimeur  du  Palais- 
Royal  et  rue  des  Bons-Enfants,  on  distribuait  les  Sottises  de  la 
semaine.  On  surnomma  Pain  «  le  marchand  d'aristocratie.  »  On  sai- 
sit chez  lui,  en  mars  1790,  les  Réclamations  des  provinces  contre  les 
opérations  de  leurs  députés  (937  exemplaires).  Confidence  aux  ^'/a^*- 
^enerawa;  (80  exemplaires) ,  et  \di,  Protestation  de  Mirabeau  (28  exem- 
plaires); en  mai,  Conseils  utiles  (161  exemplaires).  Les  douleurs  de 
Louis  XVI  enfin  connues  de  son  peuple  (94  exemplaires),  etc. 

* 

*  * 

CHEZ  DESENNE 

Le  libraire  Desenne,  au  Palais-Royal,  avait  une  arrière-boutique 
par  lui  disposée  en  manière  de  club  général,  ouvert  à  tous  les  partis. 
Parfois  les  députés  y  entraient  pour  se  combattre  immédiatement  et 


(1)  Y o\v  Introduction,  p.  8. 

(2)  Numéro  du  28  mai  1790. 


LIBRAIRIES  601 

vider  leurs  querelles.  On  s'y  abonnait  au  Journal  de  la  Société  de 
1789  (1). 


* 
*    * 


CHEZ  GIRARDIN 

Son  établissement  était  situé  à  la  Rotonde,  dans  le  jardin  du  Pa- 
lais-Royal. Ce  libraire,  en  1790,  était  connu  pour  son  club  littéraire. 
Reaucoup  de  clients  le  fréquentaient  ;  mais  nous  ne  voyons  pas  qu'il 
servît  particulièrement  les  intérêts  d'une  cause  politique  quelconque. 

* 

*  * 

CHEZ  WERER 

Ce  libraire  étalagiste,  dit  l'Allemand,  demeurait  sous  les  galeries 
du  Palais-Royal  et  vendait  à  la  fois  des  libelles  scandaleux  et  des 
ouvrages  politiques.  Il  fut  condamné  à  mort  le  1"  prairial  an  II,  pour 
avoir  débité  des  livres  et  des  estampes  contre-révolutionnaires. 

*  * 

CHEZ  MADAME  VAUFLEURY 

Abonnements  au  Journal  de  la  Société  de  1  789.  Au  Palais-Royal. 

♦ 

*  * 

CHEZ  DENNÉ 
Abonnements  au  Journal  de  la  Société  de  4  7 89.  Km  Palais-Royal. 

* 

*  * 

CHEZ  FROULLÉ 

Sur  le  quai  des  Augustins,  Froullé  servait  exclusivement  dans  sa 
librairie  assez  importante  les  intérêts  du  parti  monarchique.  Il  avait 
à  sa  solde  plusieurs  individus,  écrivains  ou  poètes,  que  l'on  appelait 
ses  Apollons,  lesquels  improvisaient  des  chansons  et  des  épigrammes 
contre  les  révolutionnaires,  même  les  plus  modérés. 

(1)  Voir,  plu^  haut,  Société  de  1789. 


602  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 


* 
*    * 


CHEZ  CRAPART 

Crapart  était,  non  l'auteur,  mais  l'éditeur  de  VAmi  du  Roi,  journal 
qui  portait  comme  épigraphe  :  pro  deo,  rege  et  patria. 
Cette  feuille  quotidienne  parut  jusqu'au  10  août  1792. 
En  décembre  1791,  Carra  dénonçait  ainsi  le  libraire  Crapart  : 

«  Un  conciliabule  se  tient  chez  Crapart,  l'un  des  auteurs  de  rAmi 
du  Roi'jlk,  ce  sont  les  prêtres  séditieux  qui  dominent  (1).  » 


* 
*   * 


CHEZ   PILLIER   DE    DUFRÈNE 

Ce  libraire,  dont  la  boutique  était  au  Palais  de  Justice,  vendait  de 
nombreux  libelles  contre  la  Constitution.  Son  établissement  servait 
de  rendez-vous  à  des  contre-révolutionnaires. 

« 
*   * 

A   L'HOTEL  DE   TOURS 

Rue  du  Paon.  MM.  de  la  Société  littéraire  de  Paris  formaient,  dans 
la  boutique  d'un  libraire  établi  à  l'hôtel  de  Tours,  une  réunion  de 
royalistes.  Ils  avaient  de  l'influence  sur  les  habitants  de  la  rive 
gauche. 

Depuis  17H9,  l'imprimerie  et  la  librairie  étaient  devenues  des  pro- 
fessions libres.  Elles  ne  relevaient  plus  que  de  l'opinion  publique. 
Imprimeurs  et  libraires  n'étaient  astreints  qu'à  la  patente  ;  mais  la 
police  surveillait  leurs  agissements.  Leur  nombre  devint  considé- 
rable. 

Pour  terminer,  rappelons  que  les  cabinets  et  les  abonnements  de 
lecture,  fondés  avant  la  Révolution,  ne  tardèrent  pas,  après  1789,  à 
être,  jusqu'à  un  certain  point,  des  foyers  politiques. 

(1)  Annales  patriotiques  de  Carra,  numéro  du  5  décembre  1791,  n"  594. 


CHAMBRES  DE  LECTURE 


ET 


CABINETS     LITTÉRAIRES 


Dans  les  Chambres  de  lecture  elles  CabineH  littéraires  venaient  des 
gens  pour  lire  des  livres  et  des  journaux,  ou  pour  en  emporter 
chez  eux. 

Un  prospectus  de  cabinet  de  lecture,  en  date  de  1784,  contient  les 
phrases  suivantes  : 

«  La  distribution  des  livres  se  fera  tous  les  jours,  depuis  huit 
heures  du  matin  jusqu'à  midi,  et  depuis  deux  jusqu'à  huit  heures 
du  soir,  à  l'exception  des  fêtes  et  dimanches.  On  trouvera  dans  le 
cabinet  le  Journal  encyclopédique,  V Année  littéraire,  les  Annales  po- 
litiques, les  Mémoires  historiques,  le  Journal  des  causes  célèbres,  le 
Mercure  de  France,  le  Journal  politique  de  Bouillon,  la  Gazette 
de  Finance,  une  gazette  étrangère,  et  les  livres  nouveaux  à  mesure 
qu'ils  paraîtront.  Les  ouvrages  contre  la  religion,  l'État  et  les  mœurs 
en  seront  bannis.  » 

Le  propriétaire  de  ce  cabinet  voulait,  on  le  voit  par  la  dernière 
phrase  de  son  prospectus,  éviter  d'avoir  maille  à  partir  avec  le  lieu- 
tenant de  police,  chargé  de  veiller  à  ce  qu'il  ne  courût  pas  dans  le 
public  des  livres  ou  des  feuilles  périodiques  censurés. 

Au  Palais-Royal,  le  «  cabinet  de  littérature  »  de  la  dame  Vaude- 
fleury  était  très  fréquenté  par  des  gens  de  toutes  conditions,  surtout 
par  des  lettrés. 

«  Quand  le  duc  de  Chartres  fit  abattre  les  arbres  du  Palais-Royal, 
afin  de  construire  les  galeries  marchandes,  un  certain  nombre  d'oi- 
sifs, qui  avaient  l'habitude  de  se  réunir  chaque  jour  sous  ces  beaux 


604  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

arbres,  pour  s'entretenir  de  nouvelles,  se  trouvèrent  fort  embarrassés 
de  leur  temps  et  de  leurs  personnes.  Un  spéculateur  leur  offrit  de  les 
recevoir  dans  un  appartement  où  ils  trouveraient  les  journaux.  Le 
lieutenant  de  police  (Lenoir)  autorisa  l'ouverture  du  Club  politique^ 
sous  la  condition  que  les  abonnés  ne  parleraient  ni  de  gouvernement 
ni  de  religion  (1782).  —  En  même  temps  se  multiplièrent  les  Musées^ 
entre  autres  V Athénée,  où  l'on  faisait  des  lectures  et  des  cours  plus 
suivis  que  ceux  du  Collège  de  France.  —  Le  28  janvier  1788,  de 
Breteuil  recommanda  à  de  Crosne  d'empêcher  l'établissement  au 
Palais- Royal  d'une  assemblée  de  «  Conversation  anglaise  »,  simple 
prétexte  d'un  club  politique.  » 

Précédemment,  le  même  baron  de  Breteuil  écrivait  à  M.  de  Crosne 
la  lettre  suivante  (1)  : 

«  19  août  1787. 

«  L'intention  du  roi,  monsieur,  est  de  faire  cesser  tous  les  clubs, 
salons,  lycées  et  autres  sociétés  ou  assemblées  par  souscription.  Je 
vous  prie  de  vouloir  bien  prendre  sur-le-champ  les  mesures  néces- 
saires pour  cette  suppression.  Si  vous  avez  besoin  à  cet  égard  d'ordres 
du  roi,  j'expédierai  tous  ceux  que  vous  me  proposerez  (2).  » 

Le  Cabinet  littéraire  de  Henri  /F,  salle  neuve  du  Palais  (3),  «  don- 
nait à  lire  les  feuilles  périodiques  et  les  ouvrages  nouveaux  concer- 
nant tout  ce  qui  avait  rapport  à  la  Révolution.  » 

«  Ce  cabinet  était  ouvert  tous  les  jours,  depuis  huit  heures  du 
matin  jusqu'à  neuf  heures  du  soir.  » 

Sous  le  Consulat,  quand  Zoppi  eut  le  café  Procope,  il  y  installa  un 
cabinet  littéraire. 

Dans  le  Club  des  Quatre-Nations,  à  l'Hôtel  du  Musée,  rue  Dauphine, 
on  «  donnait  à  lire  tous  les  Journaux...  » 

Nous  avons  remarqué  que  le  nom  de  clubs  se  confondait  parfois 
avec  ceux  de  réunions  littéraires,  et  de  lycées,  ajouterons-nous. 

Les  «  chambres  de  lecture  »,  qui  existaient  en  Bretagne  avant  la 
tenue  des  États-Généraux,  s'occupaient  de  faire  lire  les  papiers  publics 
et  d'oeuvres  philanthropiques.  Ils  mêlèrent  peu  à  peu  la  politique  à 


(1)  Cité  par  M.  Monin,  dans  VÉtat  de  Paris  en  1789,  p.  354,  dans  les  Documents 
relatifs  à  l'Histoire  de  Paris  pendant  la  Révolution  française  (1889). 

(2)  A  M.  Thiroux  de  Crosne,  lieutenant-général  de  police. 

(3)  Palais  de  Justice. 


CHAMBRES  DE  LECTURE  ET  GABIN  KTS  LITTÉRAIRES  C05 
leurs  discussions,  quand  la  mode  vint  de  traiter  en  réunions  des  af- 
faires d'État.  Les  chambres  de  lecture  se  propagèrent  dans  quelques 
provinces. 

Rue  du  Jour,  un  grand  cabinet  littéraire  occupait  en  partie  l'an- 
cien hôtel  de  Royaumont,  et  l'archevêque  de  Cambrai  touchait  le 
prix  de  la  location. 

Une  portion  des  hommes  qui  avaient  fréquenté  les  chambres  de 
lecture  en  Bretagne  organisèrent  le  Club  breton  à  Versailles  en 
1789  (1). 

Un  établissement  qualifié  de  littéraire^  à  Paris,  fondé  par  Luneau 
de  Boisgermain,  se  chargeait  de  faire  parvenir,  par  la  posté,  à  leurs 
adresses,  les  livres  et  les  journaux. 

On  soupçonna,  en  1791,  les  commis  de  Luneau  d'envoyer  des 
'prospectus  de  journaux  incendiaires  et  anti-patriotiques. 

Dans  le  bureau  du  Journal  de  Paris^  situé  rue  du  Jour,  n°  11, 
journal  que  les  patriotes  considéraient  comme  un  des  plus  dangereux 
organes  des  contre-révolutionnaires,  bien  qu'il  fit  peu  de  politique, 
quelques  royalistes  influents  se  réunissaient  (2).  Nous  avons  eu 
maintes  occasions  de  citer  ce  journal. 

Nous  ne  pouvons  passer  sous  silence  les  imprimeries  et  les  librai- 
ries clandestines,  qui  défiaient  les  efforts  de  la  police,  qui  publiaient 
des  brochures  sans  nom  d'imprimeur,  sans  lieu  ni  date,  absolument 
au  jour  le  jour,  et  dont  les  produits  se  vendaient  en  cachette,  à  Paris 
et  dans  les  départements.  Les  royalistes  se  servirent  de  ce  moyen 
plus  encore  que  les  républicains,  durant  la  grande  lutte  révolution- 
naire. 

Enfin,  chez  certains  marchands,  chez  d'anciens  fournisseurs  de  la 
Cour,  chez  des  employés  ou  des  domestiques  de  grandes  maisons, 
on  exhalait  les  regrets  du  passé,  on  ourdissait  parfois  des  trames 
qui  rendaient  suspects  leurs  auteurs,  tantôt  sans  cause  réelle^  tantôt 
à  bon  droit. 

Laboullée,  coiffeur,  inventeur  de  Veau  Antoinette,  avait  quitté  Ver- 


(1)  Voir,  plus  haut,  Club  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique. 

(2)  Fondé  en  1777  par  Corancez,  Dussieux  et  Cadet,  il  fut  le  premier  journal 
français  quotidien,  et  cessa  sa  publication  au  lendemain  du  10  août,  pour  la 
reprendre  le  1"  décembre  do  la  même  année,  et  continuer  à  paraître  jus- 
qu'en  1811. 


606  LES  CLUBS  CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES 

sailles  pour  s'établir  à  Paris,  au  n»  83  de  la  rue  de  la  Loi  (de  Riche- 
lieu), Sa  boutique  devint  un  foyer  de  conspirations  royalistes;  sa 
femme,  que  la  reine  appela  jusqu'au  dernier  jour  «  la  petite  La- 
bouUée  »,  parvint  à  pénétrer,  pénétra  souvent  près  de  Marie-Antoi- 
nette prisonnière. 


TABLES 


TABLE   DES    MATIERES 


Pages. 

Introduction 1 

PREMIÈRE   PÉRIODE 

Le  Club  de  Valois,  fondé  le  11  février  1789 31 

Le  Club  de  l'Hôtel  de  Massiac,  fondé  le  20  août  1789 67 

Le  Club  des  Impartiaux,  fondé  à  la  fin  de  1789 91 

Le  Club  monarchique  ou  des  Amis  de  la  Constitution  monarchique, 

fondé  en  1790 127 

Le  Club  des  Feuillants,  fondé  en  1791 277 

Le  Salon  Français,  fondé  en  avril  1790 ,     .  369 

Les  Clubs  des  Fédérés 381 

La  Société  de  1789,  fondée  le  12  avril  1790 391 

Le  Club  de  la  Sainte-Chapelle,  fondé  en  1791 445 

-  DEUXIÈME    PÉRIODE 

Le  Comité  Valazé,  formé  en  1792 471 

Le  Club  de  la  Réunion,  formé  en  1792 475 

TROISIÈME  PÉRIODE 

Le  Club  de  Clichy,  fondé  en  1794 483 

Le  Club  de  Salm,  fondé  en  juillet  1797 507 

Le  Cercle  constitutionnel,  fondé  en  juillet  1797 513 

ANNEXE 

COMITÉS,    SOCIÉTÉS,    RÉUNIONS   DIVERSES   PRIVÉS  OU  PUBLICS 
FORMÉS  PENDANT  LA  RÉVOLUTION 

Le  Comité  Autrichien,  de  1789  à  1792 523 

Le  Comité  Orléaniste 540 

39 


610  TABLE  DES  MATIÈRES 

Pages. 

Réunions  de  Bagatelle  et  de  Bellevue 547 

Salons  de  la  princesse  de  Lamballe,  etc 549 

Salons,  Réunions  privées,  lieux  de  rendez-vous  pendant  la  Révolu- 
tion et  avant 553 

Sociétés,  Clubs  et  Cercles  divers,   la  plupart  non  politiques,  avant 

1789 579 

Cafés  et  Restaurants 585 

Librairies 597 

Chambres  de  lecture  et  Cabinets  littéraires 603 


FIN   DE    LA    TABLE   DES   MATIERES 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


(1) 


Abbé  Grégoire,  p.  67;  membre  du  club 
breton,  p.  277  ;  du  club  des  Feuillants, 
p.  289^  321,  337. 

Abbema,  banquier,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  295;  de  la  société  de  1789, 
p.  400. 

Accusateur  public  (1'),  journal,  p.  504. 

Acloque,  brasseur,  membre  du  club  de 
la  Sainte-Chapelle,  p.  457. 

Actes  des  Apôtres  (les),  journal;  son 
apparition,  p.  7;  sa  confection,  p.  8, 10. 

A  deux  liards,  à  deux  liards,  mon  jour- 
nal, cité  p.  8. 

Adresse  aux  François  de  toutes  les 
classes,  victimes  de  la  Révolution, 
brochure  citée,  p.  131. 

Adresse  des  bons  Français  au  Roi,  bro- 
chure citée  p.  268. 

Adresse  d'un  bon  citoyen  à  ses  frères, 
brochure,  citation  p.  6. 

Affiches  de  l'Aristocratie  (les),  journal 
paru  en  1790,  p.  10. 

Agasse,  employé  à  l'Assemblée  natio- 
nale, membre  du  club  des  Feuillants, 
p.  294;  de  la  société  de  1789,  p.  401. 

Agier  (d'),  membre  du  Directoire  du 
club  monarchique,  p.  151.  202,  212,  225, 
228,  235,  237,  252,  260. 

Agoult  (Annibal  d'),  délégué  du  club  de 
l'Hôtel  de  Massiac,  p.  76. 

Agoust  (comte  d'),  membre  du  club  de 
Valois,  p.  35;  du  club  de  VHôtel  de 
Massiac,  p.  70. 

Agoust  (vicomte  d"),  a  fait  partie  du 
club  de  Valois,  p.  35  ;  du  club  de  l'Hôtel 
Massiac,  p.  72;  du  club  monarchique, 
p.  155. 

Ah!  Parisiens,  qu'avez-vous  fait?  bro- 
chure citée  p.  268. 


Aiguillon  (duc  d'),  membre  du  club  de 

Valois  ;  a  fait  partie  du  club  des  Amis 

de  la  Constitution,  p.  36  ;  du  club  Breton, 

p. 277;  du  club  des  Feuillants,  i).  288,302. 
Alexandre,  membre  de  la  société  de  1789 

et  du  club  des  Jacobins,  p.  401. 
Almanach   des  gens  de  bien  pour  1797, 

p.  498. 
Almanach  des  honnêtes  gens  de  1792, 

p.  274. 
Almanach  du  club  de  Valois  pour  1790, 

p.  31,  cité  p.  33  et  suiv. 
Ami  de  la  Constitution  (1'),  journal  mo- 

uarchiste  fondé  en  1791,  p.  265. 
Ami  des  Patriotes  (1'),  journal  de  Du- 

quesnoy,  p.  538. 
Ami  du  Roi  (1'),  journal  monarchique; 

son  apparition,  p.  7;  édité  chez  Cra- 

part,  p.  602. 
André,  membre  du  club  des  Feuillants, 

p.  294,  de  la  société  de  1789  et  du  club 

des  Jacobins,  p.  401. 
Anson,    député,    membre   du    club    des 

Feuillants,  p.  286,  et  de  la  société   de- 

1789,  p.  401. 
Anthoine,  député,  secrétaire  du  club  des 

Feuillants,  p.  291,  324,  337,  341. 
Anti-Marat  (1'),  paru  en  1791,  p.  10. 
Antidote   contre    le   Schisme   (1'),   bro- 
chure citée  p.  130. 
Apocalypse   (l'j,  journal  paru  en  1791, 

cité  p.  9. 
Apologie  de  l'égoïsme  (T),  brochure  des 

Impartiaux,  citée  p.  94. 
Aristocratie  du  libraire  Gattey  (1')  punie 

par  le  peuple,  brochure,  p.  599. 
Armand,  membre  du  Directoire  du  club 

monarchique,  p.  225,  235,  237,  252,  260. 
Armoire   de  fer,  ce    que    coûtaient   les 
clubs,  etc.,  p.  11. 


(1)  Cette  table  ne  donne  pas  les  noms  de  tous  les  membres  des  différents  clubs, 
leur  nombre  étant  trop  considérable. 

Mais  elle  indique  les  membres  principaux,  ceux  qui  ont  été  présidents,  vice- 
présidents,  secrétaires,  etc.,  et  contient  les  noms  des  personnes  qui  ont  appartenu 
à  divers  clubs,  lorsqu'il  a  été  possible  de  les  reconnaître  dans  les  différentes  listes. 


612 


TABLE  ALPHABETIQUE  ET  ANALYTIQUE 


Ars  (marquis  d"),  lieutenant  des  vaisseaux 
du  roi,  membre  du  club  de  Valois^ 
p.  36,  65. 

Artaud,  membre  de  la  société  de  1789, 
p.  401,  417. 

Artois  (comte  d'),  p.  129,  547,  348. 

Assemblée  coloniale  de  Saint  Marc,  p.  69. 

Assemblée  des  Aristocrates  aux  Capu- 
cins, journal  paru  en  1790,  p.  142. 

Assemblée  des  départements  réunis, 
p.  13. 

Assemblée  des  Noirs  (1")  assiégée  hier  au 
soir  par  le  peuple,  brochure  citée  p.  265. 

Assemblée  militaire,  p.  582 

Audoin  ou  Audouin,  journaliste,  p.  193. 

Augeard  (M.),  membre  du  club  de  Valois, 
p.  36;  son  arrestation,  sa  détention, 
son  acquittement,  irf.;  quitte  la  France 
où  il  rentre  plus  tard,  p.  38;  membre 
du  club  monarchique,  p.  153;  secré- 
taire des  commandements  de  Marie- 
Antoinette,  p.  527,  530. 

Autun  (Évoque  d').  (Voir  Talleyrand- 
Périgord.) 

Aux  nobles  de  Paris,  lettre  écrite  par 
Clermont-Tonnerre,  etc.,  p.  129. 

Avis  aux  Aristocrates  du  côté  droit,  par 
un  Démocrate  du  côté  gauche,  bro- 
chure citée  p.  97. 

Avis  aux  François  sur  les  clubs,  pam- 
phlet royaliste,  p.  250. 

Avis  aux  Français  sur  leurs  véritables 
ennemis  (août  1790),  par  André  Ché- 
uier,  p.  421. 
Ayen  (duc  d'),  capitaine  des  gardes  du 
corps,  membre  du  club  de  Valois,  p.  38, 
65. 
Aymar,  député,  indiqué  comme  membre 
du  club  monarchique,  p.  152,  proteste 
p.  219. 


Babeuf  (Gracchus),  rédacteur  du  Tribun 
du  Peuple,  p.  19;  attaque  le  club  de 
Clichy,  p.  485. 

Babillard  (le),  journal,  publié  en  1789, 
p.  9. 

Baert,  député,  membre  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  296,  et  de  la  société  de  1789, 
p.  401. 

Bailly,  maire  de  Paris,  p.  149, 278;  mem- 
bre du  club  des  Jacobins  et  de  la  société 
de  1789,  p.  391,  401,  415,  416  et  suiv. 

Bar  (vicomte  de),  membre  du  club  de 
Valois  et  du  club  monarchique,  p.  38, 65. 

Barbantane  (comte  de),  membre  du  club 
de  Valois,  a  fait  partie  du  club  des  Amis 


de  la  Constitution,  p.  38.  et  de  la  so- 
ciété de  1789,  p.  401. 

Barbaroux,  membre  du  Comité  Valazé, 
p.  471,  472. 

Barbé-Marbois,  p.  18;  réunions  chez  lui, 
p.  488;  membre  du  cercle  constitution- 
nel, p.  513. 

Barère  de  Vieuzac,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  2S1;  du  club  des  Jacobins, 
p.  401;  delà  Société  de  /7S5.  p.  320,  416  ; 
chez  madame  Panckoucke,  p.  554. 

Barnave,  constituant,  un  de  ses  surnoms, 
p.  6  ;  annonce  l'arrestation  d' Augeard, 
p.  37  ;  ses  relations  prétendues  avec  le 
club  de  l'Hôtel  de  Massiac,  p.  67,  77  ; 
dénonce  le  club  monarchique  à  l'As- 
semblée nationale,  p.  179  ;  membre  du 
club  breton,  p.  277;  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  287,  296,  341,  343,  350  ;  sa 
lettre  à  la  société  des  Gardes  natio- 
naux, p.  385;  désigné  comme  membre 
du  comité  Autrichien,  p.  534. 

Barras,  ses  rapports  avec  le  club  de 
Valois,  p.  510. 

Bassano  (duc  dej,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  312  en  note. 

Bassoncourt,  membre  du  club  de  Valois 
et  de  la  Société  de  1789,  p.  401. 

Baudoin.  (Voir  Baudouin.) 

Bazin,  député,  indiqué  comme  membre 
du  club  monarchique,  p.  138;  réclame, 
p.  220. 

Baudouin,  imprimeur,  membre  du  club 
des  Feuillants,  p.  287  ;  du  club  des  Ja- 
cobins et  de  la  Société  de  1789^  p.  401  ; 
du  club  de  la  Sainte-Chapelle,  p.  445. 

Beauharnois  (Alexandre),  p.  201,  202; 
membre  du  club  des  Feuillants,  p.  287, 
295,  386;  de  la  société  de  1789,  p.  401. 

Beaulieu  ( Claude-François"),  homme  de 
lettres,  membre  du  club  des  Feuillants, 
p.  296,  503  en  note. 

Beaumarchais,  membre  du  club  monar- 
chique, p.  155;  indiqué  comme  membre 
du  club  de  la  Sainte-Chapelle,  p.  451, 
462;  proteste,  p.  464. 

Beaumetz,  membre  de  la  société  de  1789, 
p.  401,  416. 

Beauvilliers,  restaurateur,  p.  7,  595. 

Befîroy  de  Reigny,  auteur  dramatique, 
p.  577. 

Behic,  membre  du  club  des  Feuillants, 
p.  297. 

Bélanger  (de),  membre  dn  club  de  Valois, 
a  fait  partie  du  club  monarchique?  p.  39. 

Belin- Villeneuve,  vice-président  du  club 
de  l'Hôtel  de  Massiac,  p.  70. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE  613 

298,  et  de  la  société 


Bénard,  membre  du  club  des  Feuillants, 
p.  297,  et  de  la  société  de  1789,  p.  401. 

Bérard  l'aîné,  membre  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  297;  de  la  société  de  1789, 
p.  401. 

Bergasse,  avocat,  membre  du  club  de 
Valois,  p.  32,  39;  du  club  monarchique, 
p.  154. 

Bernières  (chevalier  de),  membre  du  club 
de  Valois,  p.  39;  du  club  monarchique, 
p.  155. 

Berthier  i  le  maréchal)  et  le  comité  Autri- 
chien, p.  537. 

Bertrand  (de),  ministre  de  la  marine,  sa 
lettre  à  M.  Cormier,  p.  80. 

Bésenval  (baron  de),  p.  527. 

Bienfaits  de  la  Révolution  (les),  pam- 
phlet, cité  p.  130. 

Bigot  de  Préameneu,  député,  membre  du 
club  de  la  Sainte-Chapelle,  p.  445,  462. 

Billard,  président  du  club  de  l'Hôtel  de 
Massiac,  p.  70. 

Billion,  délégué  du  club  de  l'Hôtel  de 
Massiac,  p.  76. 

Bitaubé,  membre  du  club  des  Jacobins 
et  de  la  société  de  1789,   p.  402. 

Biron  (duc  de) ,  ou  duc  de  Lauzun,  membre 
du  club  de  Valois,  i^.  32,  39;  du  club  des 
Feuillants,  p.  287,  de  la.  société  de  1789, 
p.  402. 

Blaire  (de),  membre  du  club  de  Valois, 
du  club  de  l'Hôtel  de  Massiac?  p.  39. 

Blanchelande  (Roussel  de),  gouverneur 
de  Saint-Domingue,  ses  rapports  avec 
le  club  de  l'Hôtel  de  Massiac  ;  exécuté 
en  1793,  p.  80. 

Blanchet,  hommage,  p.  27. 

Blin,  député,  sa  lettre  à  l'auteur  du 
Courrier  de  Gorsas,  p.  142. 

Boisgelin  (le  comte  de),  maréchal  de 
camp,  membre  du  club  de  Valois, -p.  ^9, 
65  ;  du  club  monarchique,  p.  loi. 

Boisregard  (marquis  de\  ses  réceptions, 
p.  507.  (Voir  Lieuthraud.) 

Boissel,  avocat,  auteur  du  Catéchisme 
du  genre  humain,  p.  73. 

Boissy,  membre  du  Club  des  Jacobins  et 
de  la  société  de  1789,  p.  402. 

Boissy-d'Anglas,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  287,  295,  320  ;  du  club  de 
Clichy,  p.  484,  500  ;  du  cercle  constitu- 
tionnel, p.  513. 

Bonaparte  (Napoléon),  p.  19,  20;  attaqué 
par  Dumolard,  p.  495;  menace  le  club 
de  Clichy,  p.  496  et  suiv.  ;  ne  veut  plus 
des  Clubs,  p.  504. 

Bondeville,  négociant,  membre  du  club 


des  Feuillants,  p. 
de  1789,  p.  402. 

Bon  Dieu  !  qu'ils  sont  bêtes,  ces  Fran- 
çais! brochure  royaliste,  p.  130. 

Bonfils,  député,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  296,  et  de  la  société 
de  1789,  p.  402. 

Bonnecarrère,  p.  201,  202. 

Bory,  membre  du  club  des  Jacobins  et 
de  la  société  de  1789,  p.  402. 

Boscary,  négociant,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  297,  et  de  la  société  de 
1789,  p.  402,417. 

Bosquillon,  avocat,  membre  du  club  de 
la  Suinte-Chapelle,  p.  456,  465. 

Bouchage  (vicomte  du),  ministre  de  la 
marine,  p.  82. 

Bouche,  membre  du  club  breton,  p.  277; 
président  du  club  des  Feuillants,  p.  280, 
280,  296,  324. 

Boucher  d'Argis,  indiqué  comme  membre 
du  club  monarchique,  p.  157;  proteste, 
dans  le  Moîiiteur  universel  et  dans  le 
Journal  de  Paris,  p.  220,  222. 

Boufflers  (chevalier  de),  membre  de 
l'Académie  française  et  député  de  Nancy, 
membre  du.  club  monarchique,  p.  152; 
du  club  des  Impartiaux,,  p.  92,  99,  106. 

Bougainville  (de),  chef  d'escadre,  membre 
du  club  de  Valois,  p.  32,  39. 

Boula  d'OrvilIe,  membre  du  club  de  Va- 
lois, du  club  monarchique,  p.  39,  65. 

Boulay  de  la  Meurthe,  son  rapport  aux 
Cinq-Cents  sur  le  cercle  Constitutionnel, 
p.  514. 

Boursac  (vicomte  de),  membre  du  club 
de  Valois,  du  club  monarchique?  p.  40. 

Bourse  des  Chouans  (voir  café  de  Char- 
tres). 

Boutin  (maison)  ou  de  la  Bouèxière,  lieu 
de  réunion  du  club  de  Clichy,  p.  484, 
485,  495. 

Brézé  (de),  grand-maitre  des  cérémonies 
sous  Louis  XVI,  membre  du  club  mo- 
narchique, p.  153. 

Brissot,  membre  de  la  société  de  1789, 
p.  417  ;  meneur  du  comité  Valazé,  p.  471  ; 
membre  du  club  de  la  Réunion,  p.  475  ; 
dénonce  le  comité  autrichien,  p.  535. 

Brochures,  libelles  et  pamphlets,  p.  6, 

130,   264,  272,   486,  524,  543,  597,  599, 
600. 

Broglie  (comte  Joseph  de),  membre  du 
club  de  Valois,  p.  40;  du  club  des 
Feuillants,  p.  287,  297;  de  la  Société 
de  1789,  p.  402. 


614 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


Broglie  (prince  de),  membre  du  club  de 

Valois,   p.  40;  de  la  Société  de   1789, 

p.  402. 
Broglie  (Victor),  président  de  la  société 

des  Amis  de  la  Constitution,  p.  201,  202, 

266. 
Brousse,  membre  du  club  des  Feuillants, 

p.  297;  du  club  de  FflZois,  p.  40;  du  club 

des  Jacobins  et  de  la  société  de  1789, 

p.  402. 
Broussonnet,   membre  du  club  des  Ja- 
cobins et  de  la  société  de  1789,  p.  402. 
Bulliet,  trésorier  de  la  société  de  1789, 

p.  417. 
Bureaux-Puzy,  député,  indiqué  comme 

membre  du  club  monarchique,  p.  Itil  ; 

réclame,  p.  220  ;  membre  de  la  société 

de  1789,  p.  416. 
Bussière   (de   la).  —  Voir  Pèlerin  Labu- 

cière. 
Buzot,  membre  du  comité  Valazé,  p.  472. 


Cabanis,  membre  du  club  des  Jacobins  et 

de  la  société  de  1789,  p.  402. 
Cabinet  littéraire  de  Henri  IV,  p.  604. 
Cabinet  littéraire  de  Zoppi,  p.  604.  (Voir 

Café  Procope.) 
Cabinets  littéraires.  (Voir  Chambres  de 

lecture.) 
Café  Amaury,  siège  du  club  breton,  p.  277. 
Café  Amelot,  p.  587. 
Café  Chrétien,  p.  587. 
Café  Conti,  p.  587. 
Café  Cuisinier,  p.  587. 
Café  de  Bourbon,  p.  586,  588. 
Café  de  Chartres,  «  Bourse  des  Chouans», 

p.  17,  586. 
Café  de  Chevalier,  p.  587. 
Café  de  Foy,  p.  591. 
Café  de  La  Fayette,  p.  587. 
Café  de  la  Justice,  p.  586. 
Café  de  la  Porte-Saint-Martin,  p.  587. 
Café  de  la  Régence,  p.  586. 
Café  de  la  République,  p.  585. 
Café  de  la  rue  Taranne,  p.  586. 
Café  de  Mirabeau,  p.  580,  588. 
Café  de  Nancy,  p    587. 
Café  de  Valois,  p.  69,  280,  585,  590.- 
Café  des  Grands-Hommes,  p.  585. 
Café  du  Caveau,  p.  580,  588. 
Café  du  Commerce,  p.  588. 
Café  du  Grand-Amiral,  p.  586. 
Café  du  Parnasse,  p.  586. 
Café  du  Rendez- Vous,  p.  587. 
Café  Flore,  p.  586. 


Café  Français,  p.  589. 

Café  Garchi,  p.  589. 

Café  Hotto,  p.  585. 

Café  Manoury,  p.  586. 

Café  Marchand,  p.  588. 

Café  Mécanique,  p.  588. 

Café  Procope,  p.  588. 

Café  Véfour.  (Voir  Café  de  Chartres.) 

Cafés,  p.  27,  585  et  suiv. 

Cafés  et  Restaurants  à  l'étranger,  p.  596. 

Caffin,  membre  du  club  des  Jacobins  et 
de  la  société  de  1789,  p.  402. 

Cahier  de  Gerville,  ancien  ministre, 
membre  du  club  de  la  Sainte-Chapelle, 
p.  452,  463. 

Caille,  médecin,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  300,  et  de  la  société  de 
1789,  p.  402. 

Camus,  avocat,  p.  118. 

Cannac  Saint-André,  membre  du  club 
des  Feuillants,  p.  299,  et  de  la  société 
de  1789,  p.  403. 

Capucins  (les),  rue  Saint-Honoré,  servant 
de  lieu  de  réunion  au  club  monar- 
chique, p.  132,  136. 

Caraman  (chevalier  Maurice  de),  membre 
du  club  de  Valois,  p.  40,  65,  a  fait  par- 
tie du  club  monarchique?  p.  153. 

Caseaux  (de),  membre  de  la  société  de 
1789,  p.  417. 

Carnot  (Lazare)  repousse  les  avances  du 
club  de  Clichy,  p.  493. 

Castellane  (comte  de),  membre  du  club 
de  Valois,  p.  40  ;  du  club  de  l'Hôtel  de 
Massiac,  du  club  des  Feuillants,  de  la 
société  de  1789,  p.  403,  416. 

Castellane  (comte  Joseph  de),  membre 
du  club  de  Valois,  p.  41  ;  du  club  mo- 
narchique, p.  153. 

Castries  (duc  de),  député,  membre  du 
club  de  Valois,  p.  41. 

Catéchisme  des  aristocrates  (le),  cité 
p.  268,  415. 

Catéchisme  du  genre  humain  (le),  envoyé 
au  club  de  l'Hôtel  de  Massiac,  p.  73. 

y  *■ 

Cavaignac,  membre  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  300,  et  du  club  de  la  Sainte- 
Chapelle,  p.  450. 

Cavailhès,  député,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  292,  298  ;  de  la  société  de 
1789,  p.  403. 

Caylus  (duc  de),  membre  du  club  de  Va- 
lois, p.  41. 

Cazalès(de),  p.  96,  134  et  suiv. 

Cazaux,  homme  de  lettres,  membre  du 
club  des  Feuillants,  p.  300  ;  de  la  société 
de  ^789,  p.  403,  416. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 
is  !    pamphlet   de 


615 


C'en   est    fait    de   no' 
Marat,  p.  529. 

Cercle  constitutionnel;  sa  fondation, 
p.  313;  sa  fermeture,  p.  314;  les  tra- 
vaux du  cercle  de  la  rue  du  Bac,  p.  516. 

Cercle  de  la  rue  du  Bac  (voir  Cercle 
constitutionnel). 

Cercles  constitutionnels,  p.  26,  513  et 
314  ;  en  province,  p.  515  ;  fermeture  des 
sociétés  particulières,  p.  516. 

Cérutti,  membre  de  la  société  de  i789, 
p.  417. 

Chabot,  capitaine  de  cavalerie,  membre 
du  club  de  Valois,  p.  41;  du  club  des 
Feuillants,  p.  299;  delà  société  de  i789, 
p.  403;  du  club  de  la  Réunion?  p.  475. 

Chambonas  (marquise  de),  chez  laquelle 
s'assemblaient  les  rédacteurs  des  Actes 
des  Apôtres,  p.  7. 

Chambres  de  lectures  et  Cabinets  litté- 
raires, p.  27,  603;  en  province,  p.  604. 

Chamfort  ou  Champfort,  membre  du 
club  de  Valois,  a  fait  partie  du  club  des 
Amis  de  la  Constitution,  p.  32,  42  ; 
membre  de  la  société  de  1789,  p.  403, 
417. 

Champcenetz  (marquis  de),  p.  7  ;  membre 
du  club  de  Valois,  p.  41,  65,  224. 

Champcenetz  (de),  gouverneur  des  Tui- 
leries, p.  529. 

Champlatreux  (président  de),  membre  du 
club  de  Valois,  p.  41,  63;  du  club  mo- 
narchique, p.  156. 

Chant  du  Coq  (le),  journal,  supplément 
du  Babillard,  paru  en  1791,  p.  9. 

Chapelier,  membre  de  la  société  de  1789, 
p.  403,  416. 

Chaponay  (marquis  de),  membre  du  sa- 
lon français,  p.  378. 

Charrin,  commissaire-ordonnateur  des 
guerres,  membre  du  club  de  Valois, 
p.  41;  de  la  société  de  1789,  p.  403. 

Charton,  indiqué  comme  membre  du 
club  monarchique,  p.  152;  proteste, 
p.  221. 

Chartres  (duc  de),  devenu  le  roi  Louis- 
Philippe  I«',  membre  du  club  de  Valois, 
des  Amis  de  la  Constitution,  p.  41. 

Chassey,  député,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  287,  298,  331. 

Châteauneuf-Randon ,  membre  du  club 
des  Feuillants,  p.  287,  299,  320. 

Chatelet  (marquis  du),  membre  du  club 
de  Valois,  p.  41  ;  du  club  monarchique, 
p.  152. 

Chauveau,  membre  du  club  des  Jacobins 
et  de  la  société  de  1789,  p.  403. 


Chédeville,  président  de  la  société  des 
gardes  nationaux  de  France,  p.  388. 

Chénier  (André),  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  299  ;  de  la  société  de  1789, 
p.  403,  415,  421. 

Chénier  (Joseph-Marie),  membre  du  club 
de  la  Sainte-Chapelle,  p.  448. 

Chéret,  membre  du  club  des  Jacobins  et 
de  la  société  de  1789,  p.  403. 

Chéron,  député,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  287,  299,  347  et  suiv., 
355,  339. 

Chevalier,  député,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  287,  298,  340. 

Chevaliers  du  poignard,  p.  592. 

Choderlos  ou  de  La  Clos,  membre  du 
club  de  Valois,  de  la  société  des  Amis 
de  la  Constitution,  p.  42,  51;  journa- 
liste, p.  284  ;  membre  du  comité  orléa- 
niste, p.  542  et  suiv. 

Choiseul-Stainville  (duc  de),  membre  du 
club  de  Valois,  arrêté  en  1791,  p.  42,  43. 

Chronique  du  Manège  (la),  journal  pu- 
blié en  1789,  p.  9. 

Chronique  scandaleuse  (la),  journal  roya- 
liste, cité,  p.  543. 

Cinq  tyrans  (les)  ou  le  Présent  et  l'Ave- 
nir, brochure,  p.  503. 

Clausel  de  Coussergues,  membre  du  club 
de  Clichy,  p.  483. 

Clauzel,  député  de  l'Ariége,  propose  la 
comparution  de  Joznet  à  la  barre  de 
la  Convention,  p.  86. 

Clavière,  membre  de  la  société  de  1789, 
p.  415. 

Clermont-Tonnerre  (comte  de),  député, 
membre  du  club  de  Valois,  p.  42:  pro- 
nonce un  discours  au  club  des  Impar- 
tiaux, p,  93;  au  club  de  Viroflay,  p.  129; 
l'un  des  auteurs  de  la  brochure  Aux 
Nobles  de  Paris,  p.  129  ;  fondateur  du 
club  monarchique,  p.  133,  160;  figure 
au  club  des  Impartiaux,  p.  148  ;  réunit 
des  amis  de  la  monarchie,  p.  148;  pa- 
tron actif  du  club  monarchique,  p.  164; 
membre  du  comité  du  club  monarchique, 
p.  181,  202,  212,  225,  237,  232,  260  et 
suiv.  ;  réunions  dans  son  hôtel,  p.  202 
et  suiv.,  228,233;  son  arrestation,  p.  238; 
ses  protestations  après  la  journée  du 
28  mars  1791,  p.  244  et  suiv.;  désigné 
comme  membre  du  coinité  Autrichien, 
p.  534. 

Clichyens,  p.  14.  (Voir  Club  de  Clichy.) 
Club  Breton,  p.  277,  603.   (Voir  Club  des 
Feuillants.) 

Club  britannique,  p.  573. 

Club  de  Clichy,  p.  26;  sa  fondation,  p.  483 


616 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


et  suiv.  ;  ses  principaux  membres,  p.  483, 
484;  manifestations  réactionnaires, p. 485 
et  suiv.;  toasts  de  l'armée,  p.  490;  ses 
agissements,  p.  491  ;  dégénère,  p.  493  ; 
manœuvres  royalistes,  p.  494  et  suiv.; 
les  Clichyens  au  Conseil  des  Cinq-Cents, 
p.  497  ;  sa  fermeture,  p.  500. 

Club  de  la  Propagande,  nom  donné  à  la 
société  de  1780,  p.  416. 

Club  de  la  Réunion,  p.  26  ;  fondé  par 
les  Girondins,  p.  475  ;  son  journal, 
p.  476;  ses  luttes,  p.  477  et  suiv. 

Club  de  la  rue  de  la  Michodière.  (Voir 
Club  des  Impartiaux,  p.  93  en  note.) 

Club  de  l'Hôtel  de  Massiac,  p.  26;  son 
but,  p.  67;  ses  relations,  p.  69;  ses  res- 
sources, p.  70;  liste  des  membres,  p.  70; 
distribution  de  brochures,  p.  72;  séance 
extraordinaire  du  27  février  1791,  p.  75  ; 
séance  du  l"mars  1791,  p.  76;  son  rôle 
lors  de  l'insurrection  des  colons  de 
Saint-Domingue,  p.  76;  les  accusations 
portées  contre  lui,  p.  78,  79  ;  le  rôle  de 
Blanchclande,  p.  80;  sa  politique, p.  81; 
dénonciation  à  la  Convention,  p.  86; 
décret  de  la  Convention,  p.  87;  sa  lin» 
p.  88. 

Club  de  la  Sainte-Chapelle,  p.  26,  446; 
liste  des  membres,  p.  446;  compte  rendu 
des  séances  électorales  de  1791,  p.  458; 
deuxième  liste  des  membres,  p.  462  ; 
accusations  portées  contreleclub,  p. 462 
et  suiv.;  sa  fin,  p.  466. 

Club  de  l'Évêché,  p.  458. 

Club  de  Midi  à  Quatorze  heures,  p.  577. 

Club  de  1789.  (Voir  Société  de  i789.) 

Club  de  Niort  (le)  refuse  de  se  coaliser 
avec  le  club  monarchique,  p.  223. 

Club  de  Salm,  p.24;  sa  fondation,  p. 507; 
son  but,  p.  509  et  suiv.;  ses  rapports 
avec  le  Directoire,  p.  510  ;  ses  travaux, 
p.  511  ;  premier  plan  de  la  déportation, 
p.  511. 

Club  de  Valois,  p. 26;  sa  fondation,  p.  31, 
33;  son  local,  p.  31,  33;  ses  principaux 
membres,  p.  32;  son  esprit,  p.  32;  sa 
durée,  p.  32  ;  son  Almanach,  p.  33  ; 
liste  des  membres,  p.  35  et  suiv.;  déli- 
bération du  27  février  1789,  p.  34;  as- 
semblée générale  du  7  novembre  1789, 
p.  34  ;  règlement  de  la  Société,  p.  35 
et  suiv.;  membres  du  club  ayant  été 
désarmés  en  1791  par  la  Garde  natio- 
nale, p.  65. 

Club  de  Viroflay,p.  129,  133.  (Voir  Club 
monarchique.) 

Club  des  Arts  ou  Salon  des  Arts,  p.  581. 

Club  des  Colons  ou  Société  des  Colons, 
p.  69,  583. 


Club  des  Colons  blancs,  installé  le  20  août 
1789  à  l'Hôtel  de  Massiac.  (Voir  Club  de 
l'Hôtel  de  Massiac),  p.  67. 

Club  des  Cordeliers,  son  influence,  p.  1, 
2. 

Club  des  détenus  de  Sainte-Pélagie, 
p.  564. 

Club  des  Échecs.  (Voir  Société  des  Échecs.) 

Club  des  Étrangers,  p.  583. 

Club  des  Feuillants,  p.  2  en  note,  26, 277; 
sa  création,  p.  278  et  suiv.  ;  sa  lutte 
avec  les  Jacobins,  p.  285;  liste  des 
membres,  p.  286;  deuxième  liste,  p.  293;, 
adresses,  p.  323  et  suiv.  ;  continuation 
de  la  lutte  avec  les  Jacobins,  p.  330  ; 
sociétés  adhérentes,  p.  336,  338  ;  accu- 
sations, p.  338;  son  rôle,  p.  342;  ses 
séances  deviennent  publiques,  p.  344; 
tactique  des  Feuillants,  p.  346;  rap- 
ports avec  la  municipalité,  p.  347;  le 
Club  des  Feuillants  à  l'Assemblée  na- 
tionale, p.  350,  356;  son  influence  dé- 
cline, p.  358;  son  rôle  en  1792,  p.  361; 
sa  lin,  p.  365. 

Club  des  Impartiaux,  p.  26;  réunion  des. 
modérés,  p.  91;  ses  principaux  mem- 
bres, p.  92;  son  but,  p.  92;  fondation 
du  club,  p.  93;  son  organisation, p.  93; 
le  Journal  des  Impartiaux,  p.  93;  les 
brochures,  p.  97  ;  exposé  des  motifs  qui 
ont  porté  les  Impartiaux  à  se  réunir, 
p.  98  ;  règlement,  p.  100  ;  principes  des 
Impartiaux,  p.  102;  lettre  des  Impar- 
tiaux aux  Amis  de  la  Paix,  p.  108; 
réponse  à  cette  lettre,  p.  114;  polé- 
miques, p.  116  et  suiv.;  sa  dispari- 
tion, p.  125. 

Club  des  Jacobins,  p.  1,  2,  278. 

Club  des  Neuf-Sœurs  ou  Société  des 
Neuf-Sœurs,  p.  577. 

Club  des  Quatre-Nations,  p.  604. 

Club  du  Café  des  Arts,  p.  591. 

Club  Malouetiste,  surnom  donné  au 
club  monarchiste,   p.  210  en  note. 

Club  monarchique  ou  des  Amis  de  la 
Constitution  monarchique,  p.  2  en 
note,  26;  sa  création,  p.  128;  les  li- 
belles et  brochures  royalistes,  p.  130; 
conciliabules  aux  Capucins,  p.  132, 136; 
autres  pamphlets,p. 142;  difficultés  pour 
se  réunir,  p.  143  ;  la  réunion  à  la  Sor- 
bonne,  p.  144  ;  se  transporte  auxGranf^s 
Jésuites, -p.  149;  liste  des  membres,  p. 150; 
suite  de  la  liste,  p.  154;  emblème  du 
club,  p.  158;  autres  pamphlets,  p.  159; 
affiliations  en  province,  p.  159;  son 
local,  p.  162;  crée  une  caisse  pour 
donner  le  pain  à  un  sou  et  demi  la 
livre,  p.  164;  son  action,  p.    167;  sa 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


617 


dissolution  demandée,  p.  171  ;  séances 
suspendues,  p.  174  ;  discours  du  pré- 
sident au  procureur-syndic  de  la  Com- 
mune, p.  176;  le.  club  reprend  ses 
séances,  p.  178  ;  délibération  du  24  jan- 
vier 1791  relative  aux  distributions  de 
pain,  p.  181;  réponse  de  la  Municipa- 
lité de  Paris,  p.  182;  changements  de 
locaux,  p.  183  et  suiv.;  dénonciations, 
p.  188,  189;  séance  du  22  janvier  1791, 
p.  190;  lettre  aux  correspondants  de 
la  Société,  p.  200  ;  nouvelles  dénon- 
ciations, p.  204;  réponse  de  Malouet, 
p.  206;  lettre  du  Directoire  au  club, 
p.  211;  nouvelles  attaques,  p.  214; 
subventions  refusées,  p.  214;  luttes 
occultes,  p.  223;  arrêté  du  directoire 
de  la  Société,  relatif  à  la  publication 
du  Contre-poids  à  la  calomnie,  p.  227; 
discours  prononcé  au  Conseil  muni- 
cipal, p.  228;  lutte  entre  le  club  et 
ses  ennemis,  p.  232;  lettres  à  la  Mu- 
nicipalité et  réponses,  p.  233  et  suiv.  ; 
émeutes  contre  le  club,  p.  238  ;  sa  fer- 
meture, p.  238;  nouvelles  lettres  à  la 
Municipalité,  p.  238  et  suiv.;  luttes  vio- 
lentes, réclamations,  p.  244  et  suiv.; 
brochures,  p.  264  et  suiv.  ;  assemblées 
à  l'Hôtel  de  Richelieu,  p.  573. 

Club  National,  dépendance  du  Comité 
Autrichien,  p.  539. 

Club  politique,  p.  581,  603. 

Clubs  de  province  correspondants  du 
club  monarchique,  p.  170,  171. 

Clubs  des  Amis  de  la  Patrie  et  du  Roi, 
leur  objet,  p.  3. 

Clubs  des  Fédérés,  p.  26,  150;  premières 
réunions,  p.  380;  députations  au  roi, 
p.  383;  réception  des  gardes  natio- 
naux à  l'Hôtel  de  Ville,  p.  387;  fia, 
p.  390. 

Cocheley,  membre   et  secrétaire   de    la 

socié,té  de  1789,  p.  437. 
Cochon,   député,  membre    du  club   des 

Feuillants,  p.  288,  298,  320. 

Cochon  de  Lapparent,  lettre  à  lui  adres- 
sée par  Bailly,  p.  149. 

Coigny  (marquis  de),  premier  écuyer  de 
Louis  XVl,  membre  du  club  de  Valois, 
p.  43. 

Colbert  (comte  de),  membre  du  club  de 
Valois,  du  club  monarchique?  p.  43. 

Colons  de  Saint-Domingue,  p.  68;  leur 
pétition  à  l'Assemblée  nationale  en 
décembre  1791,  p.  79;  mesures  prises 
pour  pacifier  les  colonies,  p.  84.  (Voir 
club  de  l*Hôtel  de  Massiac,  p.  67.) 

Comeyras  (de),    avocat   au   Parlement, 


membre  du  club  de  Valois,  p.  43,  65, 
et  de  la  société  de  1789,  p.  403. 
Comité  autrichien,  p.  26  ;  son  but,  p.  523; 
son  action  et  ses  développements,  p.  524; 
le  rôle  de  Marie-Antoinette,  p.  525  et 
suiv.  ;  enquête  ordonnée  par  Louis  XVI, 
p.  527;  ses  complots,  p.  527  et  suiv.; 
projet  de  fuite  du  l'oi,  p.  527;  entente 
avec  l'étranger, p.  530;  intrigues,  p.  531; 
négociations  du  roi  avec  l'Autriche, 
p.  531  ;  ses  membres  principaux  et  ses 
réunions,  p.  534  et  suiv.;  dénoncia- 
tions, p.  536;  dépendances  du  comité 
autrichien,  p.  539. 

Comité  de  défense  générale,  p.  85. 

Comité  orléaniste,  p.  26,  541  ;  ses  prin- 
cipaux membres,  p.  542  ;  le  rôle  du 
duc  d'Orléans,  p.  542  et  suiv. 

Comité  Polignac,  p.  548. 

Comité  Valazé,  p.  13,  26;  ses  débuts, 
p.  471  ;  ses  principaux  membres,  p.  471, 
472  ;  son  action,  p.  473  et  suiv. 

Compagnies  rouges  (les),  p.  270. 

Compte  rendu  des  séances  électorales 
de  1791,  brochure  citée,  p.  458. 

Comteval  (de),  membre  du  club  de  Va- 
lois, p.  43;  du  club  des  Feuillants,  p.  299; 
de  la  société  de  1789,  p.  404. 

Concert  de  la  rue  Feydeau  (le),  pièce 
jouée  en  1795,  p.  467. 

Conciliabule  de  la  société  des  Amis  du 
peuple,  pamphlet,  p.  142. 

Conciliabules,  p.  26. 

Condé  (prince  de),  p.  129. 

Condorcet  (marquis  de),  membre  de  la 
société  des  Amis  des  Noirs,  du  club  de 
Valois,  p.  32,  44;  de  la  société  de  1789, 
p.  404,  415,  417,421;  sa  lettre  sur  l'im- 
portance de  ce  club,  p.  425;  ses  articles 
dans  le  Journal  de  la  société  de  1789, 
p.  431;  son  salon,  p.  559. 

Conspirations  de  prisons,  p.  563,  564. 

Constant  (Benjamin),  secrétaire  du  club 
de  Salm,  p.  509. 

Constitutionnels,  p.  10. 

Contre  les  horreurs  du  jour,  à  tous  les 
vrais  François,  brochure  citée,  p.  268. 

Contre-poids  à  la  calomnie  (le^  sup- 
plément au  Journal  de  la  société  des 
Amis  de  la  Constitution  monarchique, 
p.  227,  cité  p.  235. 

Contre-poison  des  Jacobins  (le),  par  .Mo- 
reau  et  Jardin,  p.  IQ. 

Contre-révolutionnaire  (le),  feuille  roya- 
liste, p.  10. 

Cormeré  (baron  de),  membre  du  club  de 
Valois,  p.  43,  65;  du  club  monarchique, 
p.  156. 

39* 


618 


TABLE  ALPHABETIQUE  ET  ANALYTIQUE 


Cormier,  membre  du  club  de  l'Hôtel  de 
Massiac,  p.  71,  76.  (Voir  Armajid  de 
Cormier.) 
Cormier  (Armand  de),  secrétaire  du  club 
monarchique,  p.  ISi,  161  en  note,  167, 
181,  202,  212,  225,  228,  237,  252,  260. 
(Voir  Cormier.) 
Corny  (Etis  de) ,  procureur  du  roi,  membre 

du  club  de  Valois,  p.  43. 
Corps  municipal  de  Paris,  ses  délibéra- 
tions  relatives    au  club  monarchique, 
p.  178.  225,  236. 
Corruption  de  l'Assemblée  nationale  et 
les  crimes  de  ses  membres  (la),  p.  133. 
Cosmopolite  (le),  journal  cité,  p.  359. 
Cottin,  régisseur  général  des  vivres,  mem- 
bre du  rlub  de  Valois,  p.  43  ;  a  fait  partie 
du  club  monarchique?  p.  156. 
Cottin  fils,    banquier,  membre  du   club 
de  Valois,  p  43;  du  club  des  Feuillants, 
p.  288;  de  la  société  de  1789^  p.  404. 
Coup  de  grâce  des  Feuillants  (le),  bro- 
chure, p. 362. 
Couplets  de    Piis    chantés   à   la   société 

de  i789,  p.  418, 
Court  de  la  Tonnelle  (de),  membre  du 
club  de  l'Hôtel  de  Massiac,  son  arres- 
tation, protestation   des  membres  du 
club,  p.  75  et  76. 
Cousin,  hommage,  p.  27. 
Couvent  des  Miramiones,  p.  559. 
Crapart,    libraire,  éditeur  de   l'Ami  du 

roi,  p.  602. 
Créqui  ou  Créquy  (marquis  de),  membre 

du  club  de  Valois,  p.  43. 
Cri  de  l'homme  et  de  la  vérité,  brochure 

de  Barruel-Beauvert,  citée  p.  84. 
Cri  général  (le),  brochure  royaliste  citée 

p.  498. 
Crillon    (Balbe),    membre    du    club   des 
Feuillants,  p.  292,  299;   de    la  société 
de  1789,  p.  404. 
Crillon  (comte  de),    député,  membre  du 
club  de  Valois,  p  Ai;  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  292,  299;  de  la.  société  de  1789, 
p.  404,  416. 
Crimes    de  Paris   (les),   brochure    citée 

p.  131. 
Crimes  du  Club  monarchiste  (les),  bro- 
chure citée  p.  265. 
Croix-Mare  (marquis  de),  fondateur  de 

la  société  des  Lanturelus,  p.  581. 
Crosses    épiscopales,    nom    donné   aux 

cannes  à  sabre,  p.  137. 
Crussol  (le  Bailly  de),  membre  du  club 
de  Valois,  p.  44;  du  club  monarchique, 
p.  153. 
Custines  (marquis  de),  député,  membre 


du  club  de  Valois,  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  44;  du  club  monarchique? 
p.  152;  de  la  société  de  1789,  p.  404. 


Dagieu  ou  d'Agieu.  (Voir  d'Agier.) 
Daguesseau,    conseiller  d'Etat,   indiqué 

comme  membre  du  club  monarchique, 

p.  153;  proteste,  p.  221. 
Damas  (comte  de),  membre  du  club  de 

Valois,    p.   44;   du  club    monarchique, 

p.  156. 

Dames  de  la  Halle  (les)  à  la  société  de 

1789,  p.  415;  .sont  royalistes,  p.  574. 
Dampierre,  président  du  département 
de  l'Aube,  indiqué  comme  faisant  partie 
du  club  monarchique,  p.  155;  proteste 
dans  le  Moniteur  ufiiversel  et  dans  le 
Journal  de  Paris,  p.  220,  222. 

Dandré  ou  D'André,  député,  président 
du  club  des  Feuillants,  p.  294,  301,  350; 
membre  de  la  société  de  1789,  p.  415. 

Dangirard,  banquier,  membre  du  club 
de  Valois,  p.  44;  du  club  des  Feuillants, 
p.  303;  de  la  société  de  1789,  p.  404. 

Danjou  (l'abbé)  accusé  d'être  feuillant, 
p.  363. 

Danton,  p.  1. 

Dantonistes,  p.  12. 

Daoust,  député,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  288,  301  ;  de  la  société 
de  1789,  p.  404. 

Daremberg  de  la  Marque,  député,  membre 
du  club  des  Feuillants,  p.  292. 

Daymar.  (Voir  Aymar.) 

Déclaration  de  M.  d'Eprémesnil,  bro- 
chure, citée  p.  223. 

Decretot,  député,  membre  du  club  des 
Feuillaiits,  p.  288,  301  ;  du  club  des 
Jacobins  et  de  la  société  de  1789, 
p.  404,  416. 

Delaage  ou  De  Laage  de  Belle-Faye, 
membre  du  club  de  Valois,  p.  44;  de 
la  société  de  1789,  p.  404. 

Delalain  fils,  libraire,  membre  du  club 
des  Feuillants,  p.  302. 

Delessert  (Etienne),  banquier,  p.  54  en 
note.  (Voir  de  Lessert.) 

Delfau,  député  de  la  Dordogne,  p.  364. 

Delille  (Jacques).  (Voir  de  Liste.) 

Démocrite  (le)  ou  Journal  du  Midi,  cité 
p.  489. 

Dessné,  libraire,  p.  393,  601. 

Depinay,  régisseur  des  douanes  natio- 
nales, membre  du  club  des  Feuillants, 
p.  302,  et  de  la  société  de  1789,  p.  405. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


619 


Depont,  membre  du  club  des  Jacobins 
et  de  la  société  de  1789,  p.  40o. 

Déportation.  (Voir  club  de  Sabn,  p.  311.) 

De  Profundis  de  l'aristocratie  (le),  bro- 
chure, p.  147. 

Desenne,  libraire,  p.  393,  600. 

Deslandes,  délégué  du  club  de  l'Hôtel  de 
Massiac,  p.  76. 

Desmeuniers,  député  de  Paris,  indiqué 
comme  membre  du  club  monarchique, 
p.  132;  proteste,  p.  219;  membre  du 
club  des  Feuillants,  p.  301  ;  de  la  société 
de  1789,  p.  404,  416. 

Desmolières.  (Voir  Gibert  des  Molieres.) 

Desmoulins  (Camille),  p.  1  ;  son  quatrain 
contre  de  Broglie,  Augeard  etBezenval, 
p.  37;  lettre  à  lui  adressée  par  un 
Impartial,  p.  119;  attaque  la  société  de 
1789,  p.  440. 

Desmoulins  (Lucile),  ses  réunions,  p.  13; 
calomniée,  p.  274;  son  salon,  p.  560. 

Dijon,  membre  du  club  des  Feuillants, 
p.  303,  358. 

Dillon  (comte  Arthur  de),  député,  membre 
du  club  de  Valois,  p.  43;  commandant  de 
l'expédition  de  Saint-Domingue,  p.  79; 
membre  du  club  des  Feuillants,  p.  288, 
301. 

Dîners  du  Vaudeville  (les),  p.  580, 

Dîners  évangéliques,  p.  7,  593. 

Dinochaud,  député  de  Blois,  p.  147; 
membre  du  club  des  Feuillants,  p.  288. 

Directoire  (messages  du)  aux  Cinq-Cents, 
au  sujet  des  Clubs,  p.  491,  301, 

District  de  Saint- Jacques  l'Hôpital, 
Assemblée  générale  du  3  février  1790, 
p.  114. 

Dodun  (Madame)  loue  un  appartement 
pour  le  comité  Valazé,  p.  472. 

Doppet  (François-Amédée),  à  la  société 
des  Jacobins,  p.  82. 

Dosfaut,  député,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  288,  301;  de  la  société  de 
1789,  p.  403. 

Dubergier,  avocat  de  Bordeaux,  prési- 
dent du  chib  monarchique,  p.  150,  181, 
188,  190,  206,  225,  228,  235,  237,  241, 
252,  260. 

Dubignon,  membre  du  club  des  Jacobins 
et  (le  la  société  de  1789,  p.  403. 

Dubois-Crancé,    membre    du    club    des 

Feuillants,  p.  288,  321, 
Dubois  de  Bellegarde,  député,  se  retire 

du  club  de  la  Réunion,  p.  475. 
Duc  d'Orléans  (le)  et  le  comité  orléaniste, 

p.  342  et  suiv. 
Duchâtelet,  membre  du  club  de  Massiac 
et  de  la  société  de  1789,  p.  405. 


Duclos-Dufresnoy,  notaire,  membre  du 
club  de  Valois,  p.  43,  en  note. 

Dufays,  député  de  Saint-Domingue,  p,  86, 

Dufresne  de  Saint-Léon,  membre  du 
club  des  Feuillants,  p.  303;  de  la.  société 
de  1789,  p.  403, 

Dufresnoy,  trésorier  de  la.  société  de  1789, 
p.  403,  417. 

Dumolard,  membre  du  club  de  Clichy, 
fait  une  motion  au  Conseil  des  Cinq- 
Cents,  p.  495;  déporté,  p.  500. 

Dumouriez  (général),  p.  576. 

Dupleix,  membre  du  club  de  Valois,  p.  46  ; 
a  fait  partie  du  club  monarchique, 
p.  157. 

Dupont  de  Nemours,  son  imprimerie 
détruite,  p.  18  ;  indiqué  comme  membre 
du  club  monarchique,  p.  152;  réclame, 
p.  218;  du  club  dts  Feuillants,  p.  292; 
de  la  société  de  1789,  p.  391,  405,  416, 
421. 

Duport,  député  de  Paris,  membre  du 
club  de  Valois,  du  club  des  Amis  de  la 
Constitution,  p.  46;  désigné  comme 
membre  du  comité  autrichien,  p.  534; 
son  salon,  p.  557. 

Duport-Dutertre,  ancien  ministre,  mem- 
bre du  club  de  laSainte-Chapelle,  p.  463. 

Dupré  de  Saint-Maur,  membre  du  club 
de  Valois,  p.  46;  du  club  monarchique, 
p.  156. 

Duquesnoy,  député,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  292,  302;  de  la  société  de 
1789,  p.  405,  416,  441  en  note. 

Durfort  (comte  de)  s'entend  avec  l'Au- 
triche, p.  530. 

Durfort  (vicomte  de),  membre  du  club  de 

■  Valois,  p.  46. 

Durovray,  membre  de  la  soczé^e  de  1789, 
p.  403,  415. 

Duval  Sanadon,  membre  du  club  de 
rilôtel  de  Massiac,  p.  71. 

Duvernay,  membre  du  club  des  Jacobins 
et  de  la  société  de  1789,  p.  405. 

Duveyrier,  membre  du  club  des  Jacobins 
et  de  la  société  de  1789,  p.  405. 


Eclair  (1')  ou  Journal  de  la  France  et  de 
VEurope,  organe  du  chcb  de  Salm, 
p.  510. 
Eglise  Saint- André  des  Arts,  p.  15, 
Eloge  du  gouvernement  monarchique  {!') 
ou  Exposition  des  principes  et  des 
faits  qui  démontrent  la  nécessité  de 
rétablir  la  royauté  en  France,  bro- 
chure citée,  p.  505. 


620 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


Emmery,  ancien  député,  membre  du 
club  des  Feuillants,  p  292,  304;  de  la 
société  de  1789,  p.  406,  416. 

Engerrand,  député,  présente  au  Conseil 
des  Cinq-Cents  des  observations  sur 
les  clubs,  p.  503. 

Epigamie  des  Brigands  (1')  ou  la  Latvo- 
manie,  satire,  citée  p.  272. 

Eprémesnil  (d'),  p.  92,  96,  116,  134  et 
suiv.,  223. 

Esménard,  rédacteur  du  Babillard,  cité 
et  note  biographique,  p.  9. 

Espagnac  (abbé  d'),  membre  du  club  de 
Valois,  du  club  des  Amis  de  la  Constitu- 
tion, p.  46. 

Espinchal  (le  comte  d'),  membre  du  club 
de  Valois,  p.  46;  du  club  monarchique, 
p.  136. 

Estaing  (comte  d'),  membre  du  club  de 
Valois,  p.  46,  en  note. 

Exposé  des  motifs  qui  ont  porté  les  Im- 
partiaux à  se  réunir,  p.  98. 


Factions  contre-révolutionnaires,  p.  23 

et  24. 
Fargès  (de),  conseiller  d'Etat,  membre 

du  club  de  Valois,  p,  46;  de  la  société 

de  1789,  p.  406. 
Fauchet  (Claude),  aumônier  du  club  mo- 
narchique, p.  233. 
Faucou,  hommage,  p.  27. 
Fayau,    député  de  la  Vendée,  dénonce 

les  colons,  p.  87. 
Fenouillot,  membre  du  club  des  Jacobins 

et  de  la  société  de  1789,  p.  406. 
Fergusson,  membre  du  club  des  Jacobins 

et  de  la  société  de  1789,  p.  406. 
Ferment,  membre  de  la  société  de  1789, 

p.  416. 
Fejri.   homme   de  lettres,   membre    du 

club  des  Feuillants,  p.  305  ;  de  la  société 

de  1789,  p.  406. 
Ferrières  (marquis  de),  cité  p.  3,  mem- 
bre du  club  de    Valois,  p.  47,  97,  cité 

p.  149. 
Fersen  (comte  de),   membre  du  club  de 

Valois,  p.  47,  527,  529  et  suiv. 
Fête  de  la  loi  (la),  p.  363. 
Feuillant,  directeur  du  Journal  du  Soir, 

membre  du  club  des  Jacobins,  p.  360. 
Fiévée,  journaliste,  p.  500,  594. 
Fitz-Gérald  (de),    député  à  l'Assemblée 

nationale,  membre  du  club  de  Valois, 

du  club  des  Amis  de  la   Constitution, 

p.  47, 


Feydel,  homme  de  lettres,  membre  du 
club  des  Feuillants,  p.  305,  387. 

Folies  d'un  mois  (les),  publiées  par  or- 
dre de  l'Assemblée  nationale,  p.  538. 

Fonbonne,  secrétaire  de  la  société  des 
gardes  nationaux  des  départements  de 
France,  p.  388. 

Fontanes,  p.  18,  163. 

Fontenay,  membre  du  club  de  l'Hôtel  de 
Massiac  et  de  la  société  de  1789,  p.  406. 

Fontenilles  (marquis  de),  membre  du 
club  de  Valois,  p.  47,  et  de  la  société  de 
1789,  p.  406. 

Fontette  (de),  maître  des  requêtes,  mem- 
bre du  club  de  Valois  et  du  club  monar- 
chique, p.  47. 

Fornier,  membre  du  club  des  Feuillants, 
p.  305,  et  de  la  société  de  1789,  p.  406. 

Foucault  de  Lardimadie  (marquis  de), 
député,  demande  la  suppression  des 
sociétés  populaires,  p.  577. 

Frestel,  propriétaire  du  local  du  club  de 
Valois,  p.  33;  entrepreneur  du  club, 
p.  34. 

Frochot,  député,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  289,  305;  de  la  société  de 
1789,  p.  415. 

Froullé,  libraire,  p.  601. 

Fulchiron,  banquier,  membre  du  club 
des  Feuillants,  p.  305  ;  de  la  société  de 
1789,  p.  406. 


Gallifet  (marquis  de),  membre  du  club 
de  l'Hôtel  de  Massiac,  p.  71. 

Ganilh  (Charles),  économiste,  membre 
de  la  société  de  1789,  p.  400  et  406. 

Garât  jeune,  littérateur,  député,  membre 
de  la  société  de  1789,  p.  iOQ. 

Gardes  du  roi  surnuméraires,  p.  132. 

Gathey  ou  Gattey,  libraire  du  Palais- 
Royal,  p.  8,  264,  370,  384,  595,  597. 

Gauthier,  banquier,  membre  du  club  de 
Valois,  p.  47;  du  club  monarchique, 
p.  157;  du  club  des  FeuilUmts,  p.  307; 
de  la  société  de  1789,  p.  406. 

Gazette  de  Paris,  commencée  en  1789 
par  Du  Rosoy,  p.  10. 

Gazette  des  cours  de  l'Europe,  le  Roya- 
liste, ami  de  rhumanilé,  journal  fondé 
en  1791,  p.  574. 

Genlis  (madame  de),  son  salon  bleu, 
p.  555. 

Genlis  (marquis  de*,  membre  du  club  de 
Valois,  p.  47. 

Gensonné,   membre   du   comité   Valazé, 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


621 


p.  472;  établit  l'existence  du  comité 
autrichien,  p.  534. 

Germain,  trésorier  de  la  société  de  1789, 
p.  406,  417. 

Gibert  l'aîné,  notaire,  membre  du  club 
de  la  Sainte-Chapelle,  p.  449,  467. 

Gibert  des  Molières,  membre  du  club 
de  Valois,  p.  45;  loue  la  maison  Boutin, 
p.  484;  membre  du  Conseil  des  Cinq- 
Cents,  p.  488,  499;  déporté,  p.  500. 

Guingueré,  membre  du  cercle  constitu- 
tionnel, p.  514. 

Girardin,  libraire,  p.  601. 

Girondins,  p.  13. 

Gleizen,  avocat,  député,  membre  du  club 
breton,  p.  277. 

Gobel,  évêque  de  Paris,  membre  du  club 
des  Feuillants,  p.  289,  321. 

Gossec,  musicien,  accusé  de  faire  partie 
du  club  de  la  Sainte-Chapelle,  p.  467. 

Gouffre  infernal  des  aristocrates  (le),  ou 
l'antre  de  Gattey,  brochure,  p.  599. 

Gouget-Deslandres,  membre  de  la.  société 
de  1789,  p.  421. 

Goupil  de  Préfeln,  député,  membre  du 
club  breton,  p.  277;  du  club  des  Feuil- 
laîits,  p.  289,  306,  332,  333. 

Goupilleau  (de  Montaigu),  député,  dé- 
nonce le  club  de  l'Hôtel  de  Massiac  à 
la  Convention,  p.  86. 

Gouvernet  (comte  de),  puis  marquis  de 
la  Tour  du  Pin,  membre  du  club  de 
Valois,  p.  48;  de  la  société  de  1789, 
p.  407. 

Gouvion ,  membre  du  club  des  Jacobins 
et  de  la  société  de  1789,  p.  407. 

Gouvion  (Jean-Baptiste  de),  dénonce  le 
satoîi  français,  p.  377. 

Gouy-d'Arsy  (marquis  de),  député, mem- 
bre du  club  de  Valois,  p.  48;  mandat 
d'arrêt  décerné  contre  lui,  p.  86  ;  mem- 
bre du  club  des  Feuillants,  p.  306. 

Grammont  (marquis  de),  membre  du 
club  de  Valois,  p.  48;  du  club  des 
Feuillants,  p.  307;  dela.Sociétédel789, 
p.  407. 

Grand  détail  des  projets  de  conspiration 
concernant  le  club  monarchique,  bi'o- 
churo  citée,  p.  224. 

Grandmaison,  membre  dn  club  des  Ja- 
cobins et  de  la  société  de  1789,  p.  407. 

Grande  dénonciation  d'un  nouveau  club 
de  conspirateurs,  rue  Jacob,  brochure, 
p.  573. 

Grande  éclipse  du  soleil  jacobiuiste  et 
de  la  lune  feuillantine,  brochure,  p.  362. 

Grands-Augustins  (le  couvent  des)  sert 


aux  réunions  du  club  des  Impartiaux, 

p.  91. 
Grands-Jésuites  (les),  rue  Saint-Antoine, 

servent   de   lieu    de   réunion  au   club 

monarchique,  p.  149. 
Grands  tableaux  magiques  des  fameuses 

suppressions  faites  par  la  très  grande 

et  très  infaillible  Assemblée  prétendue 

nationale,  brochure  citée,  p.  131. 
Granger,   membre  du  club  des  Jacobins 

et  de  la  société  de  1789,  p.  407. 
Granvelle  (Raillard  de),  membre  du  club 

de  Valois,  p.  48;  de  la  société  de  1789, 

p.  407. 
Grave  (chevalier  de),  premier  écuyer  du 

duc  de  Chartres,  membre  du  club  de 

Valois,  p.  48;  du  club  des  Jacobins  et 

de  la  société  de  1789,  p.  407. 
Greffulhe  (de),  banquier,  membre  dnclub 

de  Valois,  p.  48;  de  la  société  de  1789, 

p.  407. 
Grenus,  négociant,  membre  du  club  des 

Feuillants,  p.  307  ;  de  la  société  de  1789, 

p.  407. 
Grivel,  banquier,  membre   du  club  des 

Feuillants,  p.  306;  de  la  société  de  1789, 

p.  407. 
Grouchy  (comte  de),    membre    du   club 

de  Valois,  p.  48;  de  la  société  de  1789, 

p.  407. 
Grouvelle  (de),  littérateur,   membre  du 

club   de   Valois,   p.  48;    de   la   société 

de  1789,  p.  407,  415,  417,  421,  437. 
Guadet,  député,  ses  paroles  à  l'Assemblée 

en  1791  au  sujet  du  club  de  l'Hôtel  de 

Massiac,  p.77;  membre  du  comité  Va- 

lazé,  p.  472, 
Guillon  (abbé),  auteur  de  Mémoires  cités, 

p.  378. 
Guillotin,  médecin,  député,  membre  du 

club  de  Valois,  p.  48  ;  membre  du  club 

des  Feuillants,  p.  289,  306;  de  la  société 

de  1789,  p.  407. 
Guimps  (chevaUer  de),  membre  du  club 

de   Valois,  p.  48,  65;    du  club  monar- 
chique, p.  153. 
Guimps  (de),  membre  du  club  de  Valois 

et  du   club  monarchique,  p.  48.    (Voir 

chevalier  de  Guimps.) 
Guiraudet,  membre  du  club  des  Jacobins, 

membre  et  secrétaire  de  la  société  de 

1789,  p.  407,  437. 

H 

Hamelin,  commandant  du  bataillon  des 
Récollets,  membre  du  club  des  Fédérés, 
vice -président  du  club  monarchique^ 
p.  151,163, 181,228,252,260, 


622 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


Hassenfratz,  chimiste,  membrede  la  so- 
ciété de  1789,  p.  407. 

Hautefort  fd'),  membre  du  Directoire  du 
club  monarchique,  p.  151,  181,  202,212 
225,  228,  233,  237,  252,  260. 

Haymann  (général),  avocat  général,  mem- 
bre du  club  de  Valois,  p.  49. 

Hello,  des  Côtes-du-Nord,  s'occupe  des 
clubs  au  Conseil  des  Cinq-Cents,  p.  504. 

Hénin  (prince  d'),  membre  du  club  de 
Valois,  p.  49,  348. 

Hérault  de  Séchelles,  membre  du  chib 
de  Valois,  p.  49. 

Heyden,  patriote  hollandais,  membre  du 
club  des  Feuillants,  p.  307  et  de  la  so- 
ciété de  1789.  p.  407. 

Hoggner  ou  Hogguer,  membre  du  club 
de  Valois,  p.  49;  de  la  société  de  1789, 
p.  407. 

Histoire  du  bataillon  des  jeunes  citoyens 
à  l'attaque  du  faubourg  Saint-Antoine, 
citée  p.  488. 

Hoche  (Lazare),  attaqué  parles  Clichvens, 
p.  502. 

Horoscope    de    l'Assemblée   nationale, 

brochure  citée  p.  133. 

Hôtel  de  Clermont- Tonnerre,  lieu  de 
réunion  des  monarchistes,  p.  202;  est 
attaqué,  p.  204. 

Hôtel  d'Esclignac,  p.  574. 

Hôtel  de  Massiac,  lieu  de  réunion  du 
club  des  Colons  blancs  et  du  club  de 
l'hôtel  de  Massiac,  p.  67  et  suiv. 

Hôtel  de  Richelieu,  loué  au  club  monar- 
chique, p.  185,  573. 

Hôtel  de  Tours,  rue  du  Paon,  lieu  de 
réunion  royaliste,  p.  601. 

Hua,  membre  du  club  des  Feuillants, 
p.  359. 

Hurel,  payeur  de  rentes,  membre  du  club 
de  Valois,  p.  49;  du  club  des  Feuillants, 
p.  307;  du  club  des  Jacobins  et  de  la 
société  de  1789,  p.  408. 

Hutteau  (François-Louis),  avocat,  mem- 
bre du  Chib  des  Impartiaux,  p.  92,  116. 

Hyde  de  Neuville,  membre  du  club  de 
Clichy,  p.  479,  529. 


Indicateur  (1'),  journal  royaliste,  fondé 

en  1792,  p.  273. 
Indulgents,  leur  évolution,  p.  12. 
Intrigues  dévoilées  (les),  etc.,  brochure, 

citée  p.  6. 
Introduction,  p.  1 . 
Isnard  (Henri-Maximin),  membre  du  club  j 

rfe  la  Réuni07i,  p.  473.  | 


Jacobins    hors    la    loi    (les),   brochure, 

p.  486. 
Jacobins  (lutte  des)  avec  les  Feuillants, 

p.  285  et  suiv.,  330  et  suiv. 
Jarjayes  ou  Jarjaye,  membre  du  Salon 

français,  p.  378. 
Jaucourt  (comte  François  de),  député, 
membre  du  club  de  Valois,  du  club  des 
Amis  de  la  Constitution,  p.  49  ;  du  club 
des  Feuillants,  p.  308;  de  la  société  de 
1789,  p.  408. 
Jauge,  banquier,  membre  du  club  de  Va- 
lois, p.  50,  en  note  ;  du  club  des  Feuil- 
lants, p.   308;  de  la   société  de   1789, 
p.  408, 
Jaume,  député,  membre  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  289,  308,  et  de   la  société  de 
1789,  p.  408,  416. 
Jessé,  membre  de  la  société    de  1789, 

p.  416. 
Jeu    de   paume  de   la   rue   de    Grenelle 
Saint-IIonoré.  Le  club  monarchique  s'y 
réunit,  p.  187. 
Jeunesse  dorée  (la),  p.  486  et  suiv.,  594. 
Jordan  (Camille),  député,  membre  du  club 
de  Clichy,  p.  479,  493,   500;   du  cercle 
constitutionnel,  p.  513. 
Jourdan.  (Voir  Jordan.) 
Journal  de  la  Cour  et  de  la  Ville  [Petit- 
Gauthier),  p.  10,  269. 
Journal  de  la  société  de  1789,  p.  393,  419  ; 
ses  principaux  collaborateurs,  p.  421  ; 
les  articles  de  Condorcet,  p.  431. 
Journal  de  Louis   XVI  et  de  son  peu- 
ple, etc.,  commencé  eu  1790,  p.  8. 
Journal  de  Paris,  cité  p.  6,  603  en  note. 
Journal  des  Amis  de  la  Constitution  mo- 
narchique, sa  création,  p.  163. 
Jounal  des  Amis  de  la  Paix  et  du  Bon- 
heur de  la  Nation,   organe  du  club  de 
la  Réunion,  p.  476. 
Journal  des   clubs  ou  sociétés  patrioti- 
ques, paru  en  1790,  p.  4. 
Journal  des  fédérés,  royaliste,  p.  384. 
Journal  des  Impartiaux,  paru  en  1791, 

p.  93,  cité  p.  99,  122. 
Journal  du  Palais-Royal,  paru  en  1789, 

cité  p.  590. 
Journal  du  Soir   (le)  ou  le  Petit  Page, 

publié  en  1791,  cité  p.  9. 
Journaux  (liste  des)  se  trouvant  tous  les 

jours  au  club  de  Valois,  p.  64. 
Jozeau,  avocat,  p.  144. 
Joznet,   dit  Laviolette,  p.  86;  sa  compa- 
rution devant  la  Convention,  p.  86. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


623 


Ker,  banquier,  meinbre  du  club  de  Va- 
lois, p.  50;  et  de  la  société  de  1789, 
p.  408. 

Keralio,  membre  de  la  société  de  1789, 
p.  408,  417. 

Kersaint  (comte  de),  député,  membre  du 
club  de  Valois,  du  club  des  Amis  de  la 
Constitution,  p.  50,  332;  de  la  société 
de  1789,  p.  408,  415,  421. 

Kervelegan,  député,  membre  du  club 
des  Feuillants,  p.  289,  337. 


Labhaerd,  aucieu  négociant,  membre  du 
club  des  Feuillants,'^.  311;  de  la  société 
de  1789,  p.  408. 

La  Blache  (comte  de),  député  aux  États- 
Généraux,  membre  du  club  de  Valois, 
p.  50;  du  club  monarchique,  p.  153;  de 
la  société  de  1789,  p.  408. 

Laborde  de  Méréville  (de),  député,  mem- 
bre du  club  de  Valois,  p.  50,  en  note;  du 
club  des  Feuillants,  p.  310. 

Laboullée,  coiffeur,  p.  603. 

La  Bourdonnaye  (vicomte  de),  membre 
du  club  de  Valois,  p.  50  ;  de  la  société 
de  1789,  p.  408. 

La  Briffe,  officier,  membre  du  club  de 
Valois,  p.  66. 

La  Bussière  (de),  membre  du  club  de 
Valois,  p.  50;  du  club  monarcliique, 
p.  152. 

Lacépède,  de  l'Académie  des  sciences, 
membre  du  club  des  Feuillants,  p.  309  ; 
du  club  des  Jacobins  et  de  la  société  de 
1789,  p.  408,  417. 

La  Chèze,  l'un  des  fondateurs  du  club 
des  Impartiaux,  p.  99,  106. 

La  Clos  (de).  Voir  Choderlos. 

La  Colombe  (de),  membre  du  club  de 
Valois,  p.  51,  et  de  la  société  de  1789, 
p.  408. 

Lacoste,  régisseur  des  domaines  natio- 
naux, membre  du  club  des  Feuillants, 
p.  289,  311,  et  de  la  société  de  1789, 
p.  408. 

La  Coste  (de),  l'un  des  fondateurs  du 
club  des  Impartiaux,  p.  99,  106. 

La  Crételle,  député,  avocat  au  Parle- 
ment, membre  du  club  de  Valois,  p.  15; 
du  club  des  Feuillants,  p.  310;  de  la 
société  de  1789,  p.  408. 

La  Croix  (de),  membre  du  club  de  Valois, 
p.  51  ;  a  fait  partie  du  club  monarchi- 
que ?  p.  152. 


La  Fare,  évêque  et  député  de  Nancy» 
membre  du  club  des  Impartiaux,  p.  92. 

La  Fayette,  membre  de  la  société  des  Amis 
des  noirs ,  du  club  de  Valois ,  p.  32,  51  ; 
reçoit  Malouet,  p.  98;  membre  du  club 
des  Feuillants,  p.  278,  289  ;  de  la  société 
de  1789,  p.  391,  408,  415,  416  et  suiv., 
442. 

LaSon  (abbé  de),  membre  du  club  de  Va- 
lois, p.  51,  et  de  la  société  de  1789, 
p.  408. 

Lagarde,  secrétaire  général  de  la  police, 
p.  16. 

Lagrévole,  membre  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  339. 

La  Harpe,  p.  18;  son  salon,  p.  571. 

Lalanne,  membre  du  club  des  Jacobins  et 
de  la  société  de  1789,  p.  408. 

Lallemand,  membre  du  cltib  des  Jacobins 
et  de  la  société  de  1789,  p.  409. 

Lally-Tollendal  (comte  de),  membre  du 
club  de  Valois,  p.  51,  en  note;  l'un  des 
signataires  de  la  lettre  aux  nobles  de 
Paris,  p.  130;  ses  rapports  avec  le  club 
monarchique,  p.  160,  173;  publie  une 
Défense  des  émigrés  français,  p.  497. 

La  Marck  ou  Lamarck  (comte  de),  mem- 
bre du  club  de  Valois,  p.  51  ;  de  la  so- 
ciété de  1789,  p.  409. 

Lamballe  (princesse  de);  son  salon, 
p.  549. 

Lambertye  (comte  de),  membre  du  club 
de  Valois,  p.  51,  63;  du  club  monarchi- 
que, p,  133. 

Lambesc  (prince  de),  p.  129. 

Lameth  (Alexandi'e  de),  membre  du  club 
de  Valois,  p.  32,  32,  en  note;  cité  p.  128  ; 
membre  du  club  Breton,  p.  277,  290; 
du  club  des  Feuillants,  p.  310. 

Lameth  (Charles  de),  membre  du  club  de 
Valois,  p.  32,, 52,  eu  note;  du  club  bre- 
ton, p.  277,  290;  du  club  des  Feuillants, 
p.  311,  343. 

Lameth  (marquis  de),  membre  du  club 
de  Valois,  p.  32,  52. 

Lameth  (Théodore  de),  membre  du  club 
de  Valois,  du  club  des  Amis  de  la  Cons- 
titution, p.  32,  52  ;  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  311. 

Lametherie,  député,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  290,  309,  et  de  la  société 
de  1789,  p.  409. 

Lamoignon  (marquis  de),  membre  du 
club  de  Valois,  p.  64. 

Lamothe,  colonel  de  hussards,  proteste 
de  son  attachement  à  la  République, 
p.  83. 


624 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


Landelle,  au  carrefour  Bucy;  la  société 
du  Caveau  se  réunit  chez  lui,  p.  580. 

Lfanjuinais,  député,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  290,  308. 

Lannes  (maréchal),  manifeste  contre  le 
club  de  Clichy,  p.  491. 

La  Réveillère-Lepeaux,  ses  rapports  avec 
le  club  de  Salm.  p.  510. 

Larive,  membre  du  club  des  Jacobins  et 
de  la  société  de  ■i789,  p.  409. 

Larivière,  membre  du  Conseil  des  Cinq- 
Cents,  membre  du  club  de  Clichy,  p.  484  ; 
du  cercle  constitutionnel,  p.  513. 

La  Roche-Aymon  (de),  p.  233. 

La  Rochefoucauld  (duc  de),  député,  mem- 
bre du  club  de  Valois,  p.  52;  confé- 
rence chez  lui,  p.  99  ;  sa  lettre  au  Me?-- 
cure  de  France,  relative  à  la  fondation 
du  club  des  Impartiaux,  p.  105;  l'un 
des  signataires  de  la  pièce  Aux  nobles 
de  Paris,  p.  129  ;  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  290,  310,  de  la  société  de 
1789,  p.  409,  416,  421. 

La  Rochefoucauld,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  311,  et  de  la  société  de 
1789,  p.  409. 

La  Rochejacquelin  (marquis  de),  mem- 
bre du  club  de  l'Hôtel  de  Massiac,  p.  70. 

Lartigue,  délégué  du  club  de  l'Hôtel  de 
Massiac,  p.  76. 

La  Touche  (comte  de) ,  député,  membre 
du  club  de  Valois,  p.  53. 

La  Tour  du  Pin  (marquis  de).  (Voir 
Gouvernet.) 

La  Tour-Maubourg  (chevalier  de),  mem- 
bre du  club  de  Valois,  p.  63;  l'un  des 
fondateurs  du  club  des  Impartiaux,  p  99, 
106. 

La  Trémouille,  membre  du  club  de  la 
Sainte-Chapelle,  p.  446,  462. 

Lauraguais  (chevalier  de),  rédacteur  aux 
Actes  des  Apôtres,  membre  du  club  de 
Valois,  p.  53. 

Laurent,  hommage,  p.  27. 

Lauzun  (duc  de).   (Voir  Biron.) 

Lavalette,  membre  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  310;  de  la  société  de  1789, 
p.  409. 

La  Vallette  (comte  de),  membre  du  club 
de  Valois,  p.  53,  65. 

La  Vaupalière  (marquis  de),  membre 
dd  club  de  Valois,  p.  53  ;  du  club  mo- 
narchique, p. 155. 

Lavaux,  avocat,  s'attribue  la  fondation 
du  salon  français,  p.  370  ;  se  présente 
au  salon  politique,  p.  380. 

La  Vieuville  (chevalier  de),  membre  du 
club  de  Valois,  p.  53,  65. 


Laviolette.  (Voir  Jozwe^) 

Lavoisier,  membre  de  la  société  de  1789, 
p.  409,  417. 

Lebret,  libraire,  p.  600. 

Le  Chapelier,  député,  fait  adopter  un  dé- 
cret sur  les  clubs  et  associations,  p.  4, 
5;  indiqué  comme  membre  du  club  mo- 
narchique,  p.  151;  proteste,  p.  249; 
membre  du  club  breton,  p.  277;  du  club 
des  FeuilUmts,  p.  290,  309,  331,  350;  de 
la  société  de  1789,  p.  391,  409,  415  et 
suiv. 

Lecointre  (Laurent),  p.  16. 

Lecouteulx  de  Canteleu,  député,  membre 
du  club  de  Valois,  p.  53;  du  club  des 
Feuillants,  p,  293,  310,  et  de  la  société 
de  1789,  p.  409,  416. 

Lecouteulx  de  la  Noraye,  membre  du 
club  des  Feuillants,  p.  310,  et  de  la  so- 
ciété de  1789,  p.  409;  trésorier  de  cette 
Société?  p.  417. 

Le  Hoc,  intendant  des  finances  du  duc 
d'Orléans,  membre  du  club  de  Valois, 
p.  54,  et  de  la  société  de  1789,  p.  409. 

Lejay,  libraire,  imprimeur  du  journal  de 
la  société  de  1789,  p.  393. 

Le  Marchant  de  Gomicourt  et  le  cercle 
constitutionnel,  p.  513. 

Lemerer,  membre  du  club  de  Clichy, 
p.  484,  500,501;  du  cercle  constitution- 
nel, p.  513. 

Lemonnier.  Apprécie  aux  Jacobins  le  club 
monarchique,  p.  166;  discours,  p.  176. 

Le  Moyne,  député  de  Paris,  indiqué 
comme  membre  du  club  mo7iarchique, 
p.  152;  proteste,  p.  218. 

Lendemain  (le),  journal  contre-révolu- 
tionnaire, paru  en  1790,  p.  214,  en  note. 

Lenoir-Laroche,  ministre  de  la  police, 
membre  du  club  de  Salm,  p.  510;  ses 
observations  à  propos  du  cej'cle  consti- 
tutionnel, p.  515. 

Léon  (prince  de),  député  suppléant,  mem- 
bre de  la  société  des  amis  des  noirs,  du 
club  de  Valois,  p.  54. 

Leroy,  de  l'Académie  des  sciences,  mem- 
bre du  club  des  Feuillants,  p.  310;  de 
la  société  de  1789,  p.  409;  du  club  de  la 
Sainte-Chapelle,  p.  446. 

Lessert  (de),  membre  du  club  de  Valois, 
p.  54,  en  note,  et  de  la  société  de  1789, 
p.  409. 

Les  trois  régicides,  Jacques  Clément, 
Ravaillac  et  Damiens,  au  club  des  Ja- 
cobins, brochure  royaliste,  citée  p.  131. 

Letourneur,  ministre  de  la  police  géné- 
rale, p.  16. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


625 


Lettre  à  monsieur  ***  sur  la  société  de 
■1789,  par  Condorcet,  citée  p.  423. 

Lettre  de  la  société  des  Amis  de  la  Constitu- 
tion du  24  janvier  1791,  et  réponse  de  la 
société  des  Amis  de  la  Constitution  mo- 
narchique, p.  200. 

Lettre  d'un  patriote  à  un  de  ses  amis 
au  sujet  de  la  dissolution  et  du  réta- 
blissement du  club  monarchique,  p.  162, 

Lettres  du  marquis  de  Favras,  brochure 
citée  p.  131. 

Level  (M""  de)  ou  Lewal  loue  un  local 
au  saloîi  français,  p.  370,  371. 

Lewal,  p.  375.  (Voir  Level.) 

Levis  (duc  de),  député,  membre  du  club 
de  Valois,  p.  54,  en  note. 

Liancourt  (duc  de),  député,  membre  du 
club  de  Valois,  p.  34;  l'un  des  fonda- 
teurs du  club  des  Impartiaux,  p.  99, 
106;  membre  de  la  société  de  1789? 
p.  409,  416. 

Libelles.  (Voir  Brochures.) 

Liberté  de  la  presse,  Constitution  de 
l'an  III,  p.  17;  suspendue  par  le  Direc- 
toire, p.  18;  journalistes  déportés, 
p.  18;  mandats  d'arrêt,  p.  18;  arrêté 
des  Consuls,  p.  19;  Constitution  de 
l'an  VIII,  p.  20;  Constitution  de  l'anX, 
p.  20. 

Liberté  de  réunion,  arrêté  du  Directoire, 
p.  15;  Constitution  de  l'an  III,  p.  17. 

Librairies,  p.  27,  597. 

Lieux  de  rendez-vous,  p.  26,  553. 

Lieuthraud  (Voir  Beauregard), 

Limon  (de),  contrôleur  des  finances  du 
duc  d'Orléans,  membre  du  club  de  Va- 
lois, p.  34,  en  note. 

LisIe  (abbé  de),  ou  Delille,  membre  de 
l'Académie  française,  membre  du  club 
de  Valois,  p.  5i. 

Liste  des  députés  de  l'Assemblée  na- 
tionale qui,  réunis  daus  l'église  des 
Feuillants,  le  dimanche  4  octobre  1791, 
ont  pris  la  résolution  de  se  présenter 
à  la  société  des  Amis  de  la  Constitu- 
tion, p.  321. 

Liste  des  journaux  se  trouvant  au  club 
de  Valois,  p.  64. 

Liste  des  membres  de  la  société  de  1789^ 
p.  401. 

Liste  des  membres  du  club  de  la  Sainte- 
Chapelle,  p.  446;  deuxième  liste,  p.  462. 

Liste  des  membres  du  club  de  l'Hôtel  de 
Massiac,  p.  70. 

Liste  des  membres  du  club  de  Valois, 
p.  33. 

Liste  des  membres  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  286,  293. 


Liste  des  membres  du  club  monarchique, 
p.  130;  suite  de  la  liste,  p.  154.  Voir 
note,  p.  138. 

Liste  des  papiers  publics  se  trouvant 
tous  les  jours  au  club  de  Valois,  p.  64. 

Logographe  (lej,  journal  monarchique, 
fondé  en  1790,  p.  357. 

Louis  XVI  (Voir  comité  Autrichien). 

Loustalot,  cité  p.  137. 

Loyseau  (Jean-René),  jurisconsulte,  mem- 
bre de  la  société  des  Amis  de  la  Consti- 
tution, p.  149,  225. 

Luxembourg  (duc  de),  député,  membre 
du  club  de  Valois,  p.  54,  en  note. 

Luxembourg  (madame  de;,  son  salon, 
p.  351. 

Luynes  (duc  de),  député,  membre  du 
club  de  Valois,  p.  54,  eu  note;  membre 
du  club  mo?iarchique,  p.  153. 

Luzignem  (marquis  de),  député,  membre 
du  club  de  Valois,  p.  55  ;  du  club  monar- 
chique, p.  130,  152;  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  293,  310;  du  club  de  l'Hôtel  de 
Massiac,  et  de  la  société  de  1789,  p.  409, 
416. 


M 


Mafs.  restaurateur  du  Palais-Royal,  p.  7, 
594. 

Maille  (de),  p.  129. 

Maillebois  (comte  de),  p.  327. 

Maillet  (Antoine),  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  313,  et  de  la  société  de 
1789,  p.  409. 

Maissemy  (Poitevin),  indiqué  comme 
membre  du  club  monarchique,  p.  152  ; 
proteste,  p.  221. 

Malartie  de  Fondât  (de),  membre  de  la 
société  des  Amis  des  noirs,  du  club  de 
Valois,  p.  33,  63;  du  club  monarchique, 
p.  135;  de  la  société  de  1789,  p.  410. 

Malboissière  (abbé  de),  membre  du  club 
de  Valois, T^.  53,  et  delà,  société  de  1789, 
p.  410. 

Mallet,  historien  suisse,  membre  du  club 
de  Valois,  p.  35;  du  club  monarchique, 
p.  156,  et  de  Isisociété  de  1789,  p.  410. 

Mallet  fils,  membre  du  club  de  Valois, 
p.  53,  et  de  la  société  de  1789,  p.  410. 

Mallet  du  Pan,  journaliste,  membre  du 
club  des  Impartiaux,  p.  92,  496,  532. 

Malouet,  ses  relations  avec  le  club  de 
l'Hôtel  de  Massiac,  p.  78  ;  commandant 
de  l'expédition  de  Saint-Domingue, 
p.  79;  réunit,  avec  quelques  amis,  des 
«  modérés  »,  au  couvent  des  Gi'ands- 
Augustins,  p.  91  ;  membre  du  club  des 

40 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


626 

Impartiaux,  p.  92;  sa  démarche  chez 
le  commaudant  de  la  milice  de  Paris, 
p.  98;    ses   rapports  avec  les  Impar- 
tiaux, p.  99,  106,  11  G;  membre  et  fou- 
dateur  du  club  monarchique,   p.    154, 
.  160,  179,  180  ;  sa  réponse  à  la  dénoncia- 
tion   du   club  monarchique,    faite    par 
Barnave.  p.  206;  sa  lettre  aux  commis- 
saires du  club  monarchique,  p.  249;  di- 
rige la  société  de  1789,  p.  415;  accusé 
d'avoir  été  à  la  réunion  de  Bellevue, 
p.  548. 
Mandat,  ancien    capitaine    aux  gardes- 
françaises,  membre  du  club  monarchi- 
que, p.  157. 
Marat  et  le  club  Valazé,  p.  472,  473;  dé- 
nonce le  comité  Autrichien,  p.  529. 
Marbois  (de),  membre  du  club  de  Clichy, 

p.  484. 
Marchands  d'infamies,  pamphlet  contre 

es  .lacobius,  p.  486. 
Marchant,  rédacteur  des  Sabats  jacobites 

{sic),  cité,  p.  9. 
Marck  (comte  de  la)  et  Mirabeau,  p.  526 

et  suiv. 
Marck  (madame  de  la\  son  salon,  p.  551. 
Maret.  (Voir  Bussano.) 
Marie-Antoinette,  ses  rapports  avec  le 

club  Autrichien,  p.  525  et  suiv. 
Marignier  fils,  membre  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  313;  du  club  des  Jacobins  et  de 
la  société  de  1789,  p.  410. 
Marignier   père,    membre    du    club   des 
Feuillants,  p.  313;  de  la.  société  de  1789, 
p.  410. 
Marmontel,    membre    de  la    société    de 

■1789,  p.  415. 
Maron,  membre  du  club   des  Feuillants, 
p.  313,  et  de  la  société  de  1789,  p.  410, 
en  note. 
Marsilly,  membre  du  club  des  Feuillants, 
p.   313;  du  club  des  Jacobins  et  de  la 
Société  de  1789,  p.  410. 
Martainville,    secrétaire    de    Legendre, 

p.  483,  486,  487. 
Martyrologe  national  (le),  cité,  p.  543. 
Masse,    restaurateur    au    Palais -Royal, 
loue  un  local  au  Salon  français,  p.  370. 
Massiac  (marquis  de),  membre  du  club 

de  l'Hôtel  de  Massiac,  p.  71. 
Masson,  membre  du  club  des  Feuillants, 

p.  313;  de  la  Société  de  1789,  p.  410. 

Mathieu-Dumas,  membre  du  club  de  Cli- 

chji,  p.  484;  du  cercle  Co?istitutio?inel? 

p.  513;  du  comité  Autrichien,  p.  539. 

Maubec  (marquis  de),  membre  du  club 

de  Valois,  p.  55,  65. 
Maubourg  (de),  indiqué  comme  membre 


du  club  monarchique,  p.  151;  proleste, 
p.  219. 
Maury,  p.  92,  96,  116,  134,  138,  S72. 
Melan,  loue  le   Wauxhall  d'été  au  club 

monarchique,  p.  183. 
Melfort  (comte  de),  membre  du  club  de 

Valois,  p.  55,  65. 
Mémoires  de   la  Société  de  1789    (Voir 

Journal  de  la  Société  de  1789). 
Menneville,  propriétaire  du  local  du  club 
de  Valois,  p.  33;  entrepreneur  du  club, 
p.  34. 
Menou  (baron  de),  député,  membre  du 
club  de  Valois,  p.  55  ;  du  club  des  Amis 
de  la  Constitution,  p.   55;   concourt  à 
la   fondation    du    club   des   Feuillants, 
p.  290,  313. 
Mercure  de  France,  cité  p.  124. 
Mercy-Argenteau  (comte  de),  ambassa- 
deur de  Vienne  à  Paris,  désigné  comme 
directeur  du  comité  Autrichiefi,  p.  527, 
529  et  suiv. 
Mersan,  membre    du    club    de    Clichy, 

p.  500,  501. 
Meunier,    indiqué    comme    membre  du 
club    monarchique,    p.    153;    proteste, 
p.  220. 
Michaud,  journaliste,  p.  500;   fondateur 

de  la  Quotidienne,  p.  557. 
Milly  (de),  avocat  au  Parlement,  son  dis- 
cours distribué  aux  membres  du  club 
de  l'Hôtel  de  Massiac,  p.  74. 
Mirabeau,  p.  372,  373,  386;  membre  du 
club   des   Jacobins  et   de  la  société  de 
1789,  p.  410,  415,  421  et  suiv.;  membre 
du  comité  orléaniste,  p.  542. 
Mirabeau  (vicomte  de),  p.  7,  92,  96,  109, 

116,  134  et  suiv, 
Mirepoix    (comte  de),  député  de  Paris, 

p.  130. 
Miroir  (le),  journal  cité  p.  503. 
Molleville  (Bertrand  de),  ministre  de  la 
marine,  à  la  tête  du  comité  Autrichien, 
p.  533,  534. 
Monestier,  membre  du  club  des  Jacobins 

et  de  la  société  de  1789,  p.  410. 
Moniteur  universel  (le),  cité  p.  141  ;  son 
article  sur  la  réunion  des  monarchistes 
à  la  SorbounCi  p.  144,  145. 
Mondot,   membre  du  chib  monarchique^ 

p.  152,  163. 
Montagne  et  Montagnards,  p.  12. 
Montboissier  (baron  de),  député,  mem- 
bre du  club  de    Valois,  p.  56;  du  club 
monarchique,  p.  156,  270. 
Montbreton   (de),  receveur  général  des 
finances,  membre   du  club  de   Valois^ 
p.  56;  du  club  monarchique,  p.  153. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


627 


Montesquiou  (marquis  de),  député,  aca- 
démicien, membre  du  cJub  de  Valois, 
p.  56,  129,  ;Ji3. 

Montlosier,  présenté  par  Sieyès  au  chib 
de  Valois,  p.  32  ;  organise  des  concilia- 
])ules  aux  Capucins,  p.  134  et  suiv. 

Montmorency,  membre  de  la  société  de 
■17 SO,  p.  410. 

Montmorin,  ministre,  soupçonné  de  faire 
partie  du  comité  Autrichien,  p.  o26,  527, 
prépare  un  projet  de  fuite  de  Louis  XVI, 
p.  529;  à  la  tête  du  comité  autrichien, 
p.  533. 

Mordant  (baron  de),  arrêté  dans  l'Hôtel 
de  Massiac,  ]}.  73. 

Moreau  de  Saint-Méry,  député,  auteur 
d'un  mémoire  :  Contre  les  Amis  des 
Noirs,  en  envoie  cent  exemplaires  au 
club  de  l'Hôtel  de  Massiac,  p,  73;  mem- 
bre du  club  des  Feinllants,  p.  290,  312, 
et  de  la  société  de  -17 89,  p.  410. 

Moreton-Chabrillan  (comte),  membre  de 
la  Commune  en  1789,  membre  du  club 
de  Valois,  du  club  des  Amis  de  la  Çojis- 
litution,  p.  5G. 

Mort  et  passion  de  Louis  X'VI,  roi  des 
juifs  et  des  Français,  brochiwe  parue 
en  1790,  p,  132. 

Mouchy  (de),  maréchal  de  France,  mem- 
bre du  club  monarchique,  p.  156. 

Mounier,  p.  160. 

Mourgues,  membre  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  313,  et  de  la  société  de  1780, 
p.  411. 

Moustier  (  comte  de  ) ,  accompagna 
Louis  XVI  dans  sa  fuite,  a  publié  une 
relation  du  voyage  royal,  membi'e  du 
club  de  Valois,  p.  56. 

Mouysset,  député,  propose  à  l'Assemblée 
législative  de  former  un  club  dans  la 
salle  les  après-midi,  p.  360. 

Murinais  (le  chevalier  d'Auberjon-)  , 
membre  du  club  monarchique,  p.  152, 
179;  du  club  de  Clichy,  p.  484,  500. 
(Voir  Salon  de  madame  de  Murinais.) 

Murinais  (madame  de),  son  salon,  p.  555. 

Muscadins,  royahstes,  p.  21. 


N 


Narbonne  (comte  Louis  de),  ministre, 
membre  du  club  de  Valois,  eu  note, 
p.  56, 345;  de  la  société  de  1780,  p.  411. 

Neclcer  (madame),  son  salon,  p.  553. 

Neufcliâteau  (François  de),  ministre  de 
riiilérieur,  membre  du  club  de  Sahn, 
p.  510. 

Niel,    vice-président  de    la  société   des 


gardes  nationaux  des  déparlements  de 

France,  p.  388. 
Nivernais  (duc  de),  son  salon,  p.  551. 
Noailles  (maréchal  de),  son  salon,  p.  551. 
Noailles  (vicomte  de),  député,  membre 

du  club  de  Valois,  du  club  des  Amis  de 

la  Constitution,  p.  57. 
Non,    d'Orléans,    tu  ne  régneras    pas  ! 

pamphlet  cité  p.  543. 
Nous  mourons   de  faim,   le  peuple  est 

las,  il  faut  que  ça  finisse,  brochure  de 

Martainville,  p.  487. 
Nouveau     dictionnaire     français  ,    cité 

p. 132. 
Nouveau  dictionnaire  pour  servir  à  l'in- 

tellir/ence  des  termes  mis  en  vogue  par 

la  Révolution,  cité  p.  273. 


Observateur  (1'),  journal  de  Feydel,  cité 
p.  91. 

Observations  srir  le  mode  de  bienfaisance 
qu'avait  adopté  le  Directoire  de  la  so- 
ciété des  Amis  de  la  constitution  7nonar- 
chique,  publication  de  la  Société,  p.  191. 

Orléans  (duc  d'),  un  de  ses  surnoms, 
p.  6;  membre  du  club  de  Valois,  p.  57; 
membre  du  club  des  Feuillants,  p.  288, 
321  ;  dénoncé  comme  membre  du  co- 
mité Autrichien,  p. 537  ;  ses rapports  avec 
le  comité  orléaniste,  p.  542  et  suiv. 

Ordre  de  la  résurrection  de  la  contre-Ré- 
volution, p.  551. 

Oudet  (Jean-Baptiste),  ancien  avocat, 
notable  h  la  Ville,  p.  128. 


Page,  commissaire  de  Saint-Domingue, 
p.  85. 

Pain  (Antoine),  libraire,  p.  601. 

Palais-Royal,  centre  d'un  grand  nombre 
de  clubs,  de  réunions  et  de  cafés,  pas- 
sim. 

Pamphlets.  (Voir  Brochures.) 

Pamphlets  royalistes  et  contre-révolu- 
tionnaires, décret  de  la  Convention, 
p.  17.  (Voir  Brochures  et  Libelles.) 

Panckoucke  (madame),  son  salon,  p.  554. 

Pange  (chevalier  de),  membre  de  la  so- 
ciété de  1780,  p.  411,  415. 

Panthéon,  situé  rue  de  Chartres,  lieu  de 
réunion  du  club  monanhique ,  p.  162, 
187. 

Paoli,  p.  41S,  429. 

Parabère   (comte  de),   membre  du  cluh 


628 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


de  Valois,  p.  57;  du  club  monarchique, 
p.  151. 

Paris,  membre  du  club  des  Jacobins  et 
de  la  société  de  1789,  p.  411. 

Parti  de  l'Œil-de-Bœuf,  p.  11. 

Pasquier  (le  chancelier),  cité  p.  32,  mem- 
bre du  club  de  Valois,  p.  57,  en  note. 

Pastoret,  membre  de  la  société  de  1789, 
p.  411,  415,  421,  437;  du  club  de  la 
Sainte-Chapelle,  p.  446,  462  ;  du  club  de 
Clichy,  p.  484,  499;  du  cercle  constitu- 
tionnel, p.  513. 

Pastoret  (madame  de),  son  salon,  p.  558. 

Patriote  français  (le),  cité  p.  78,  79,  82. 

Patriotes  (réunion  des),  rue  Traversière, 
p.  15. 

Pavillon  de  Hanovre,  p.  572. 

Pawlet,  projette  une  association  patrio- 
tique des  Amis  de  la  patrie  et  du  roi, 
p.  3  et  4. 

Payen,  commissaire  des  guerres  de  S.  M. 
Catholique,  membre  du  club  de  Valois, 
p.  57;  du  club  des  Feuillants,  p.  313,  et 
de  la  société  de  1789,  p.  411. 

Péchevin,  membre  du  club  des  Jacobins 
et  de  la  société  de  1789,  p.  411. 

Pèlerin  Labucière ,  député ,  indiqué 
comme  membre  du  club  monarchique, 
p.  155;  réclame,  p.  220. 

Pelletier,  fermier  général,  réunit  chez 
lui  la  société  du  Caveau,  p.  580. 

Peltier,  journaliste,  p.  130;  publie  une 
parodie  du  Réveil  du  peuple,  citée  p.  486. 

Pérignon,  avocat,  membre  du  club  de 
Valois,  p.  37;  de  la  société  de  1789, 
p.  411. 

Perrier ,  de  l'Académie  des  sciences  , 
membre  du  club  de  Valois,  du  club  des 
Amis  de  la  Constitution,  p.  58;  du  club 
des  Feuillants  et  de  la  société  de  1789, 
p.  411. 

Pétion,  ses  dîners  politiques,  p.  472. 

Petit-Gauthier,  p.  10. 

Peuchet,  l'un  des  créateurs  du  Moniteur, 
p.  377. 

Peyrat,  membre  du  club  de  Valois,  p.  64, 
et  de  la  société  de  1789,  p.  411. 

Pichegru  (général),  membre  du  club  de 
Clichy,  p.  479,  500;  du  cercle  constitu- 
tionnel, p.  513. 

Pienne  (duc  de),  membre  du  club  de  Va- 
lois, p.  58,  65. 

Pigrais,  p.  248. 

Piis,  ses  couplets  chantés  à  la  société  de 
1789,  p.  418,  429. 

Pillet,  membre  du  club  des  Feuillants, 
p.  316,  et  de  la  société  de  1789,  p.  411. 


Pinon,  membre  du  club  des  Jacobins  et 

de  la  société  de  1789,  p.  411. 
Pio  (chevalier  de),  membre  du  club  de 

Valois,  du  club  des  Ainis  de  la  Consti- 
tution, p.  58. 
Pitra,  membre  du   club  des  Feuillants, 

p.  315,  363,  364,  et  de  làsociété  de  1789, 

p.  411,  415. 
Plainville,  indiqué  comme  membre  du 

club   monarchique,   p.    151;   proteste, 

p.  220. 
Poignards  de  Clichy  (les),  p.  495. 
Poissonnier,    indiqué    comme   membre 

du  club  monarchique,  p.  152;  proteste, 

p.  220. 
Poix  (prince  de),    député,  membre  du 

club  de  Valois,  pensionné,  p.  58,  65. 
Pomaret  fils,  membre  du  club  des  Feuil- 
lants,^. 315;  du  club  des  Jacobins  et  de 

la  société  de  1789,  p.  411. 
Pommelles  (chevalier  des),  fait  un  plan 

d'évasion  du  roi,  p.  378. 
Pommery,   membre  du  club  de  Valois, 

p.  63,  et  de  la  société  de  1789,  p.  412. 
Pontécoulant  (comte   de) ,  membre  de  la 

société  des  amis  des  noirs;  du  club  de 

Valois,  p.  58;   de   la  société  de   1789, 

p   412. 
Port  (du),  député  de  Paris,  p.  130. 
Portalis,   membre    du    club    de    Clichy , 

p.  484;  an  cercle  constitutionnel,  p.  513. 
Pourquoi   y  a-t-il  tant   de  monde   chez 

M.   Clermont-Tonnerre  ?  pièce  citée, 

p.  203. 
Praslin  (comte  de),  membre  du  club  de 

Valois,  p.  58,  et  de  la  société  de  1789, 

p,  412. 
Praslin  (duc   de),    député,   membre   du 

club  de  Valois,  p.  58. 
Préville-le-PilIey,  ministre  de  la  marine, 

membre  du  club  de  Salm,  p.  510. 
Prieur  (de   la  Marne),   député,  membre 

du  club  des  Feuillants,  p.  291,  321. 
Principes  des  Impartiaux,  p.  102. 
Projet  de  paix  entre  le  Club  de  1789  et 

la  Société  des  Amis   de  la  Constitu- 
tion, p.  417. 
Prony,    de    l'Institut,   membre  du  club 

des  Feuillants,  p.  316,  et  de  la  société  de 

1789,  p.  412. 
Puységur  (chevalier  de),  membre  du  club 

de  Valois,  p.  38,  65. 


Quatremère  de  Quincy,  membre  du  club 
de  la  Sainte-Chapelle,  p.  450;  du  club 
de  Clichy,  p.  484. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


629 


Quatrième  conciliabule  aux  Capucins 
Saint-Honoré,  article  de  Gorsas,  cité 
p.  13t. 

Queynat,  proteste  contre  son  inscription 
sur  la  liste  du  club  monarchique,  p.  221. 

Quotidienne  (la),  p.  18,  en  note;  p.  537. 


Rabaut  Saint- Etienne,  membre  du  club 

des  Feuillants,  p.  291,  321;  de  la.  société 

de  1789?  p.  416. 
Raillard  de  Granvelle.  (Voir  Granvelle.) 
Ramond,  homme  de  lettres,  membre  du 

club  des  Feuillants,  p.  317;  de  la  société 

de  1789,  p.  412. 

Ramond  de  Carbonnières,  député,  mem- 
bre de  l'Institut,  membre  du  club  de  la 
Sainte-Chapelle,  p.  466. 

Ravel  (Antoine),  banquier,  membre  du 
club  des  Feuillants,  p.  317,  et  de  la 
société  de  1789,  p.  412. 

Ravel  (Louis),  banquier,  membre  dn  club 
des  Feuillants,  p.  317,  et  de  la  société 
de  1789,  p.  412. 

Rebwell,  député,  membre  du  club  des 
Feuillants,  p.  316  ;  ses  rapports  comme 
Directeur  avec  le  club  de  Salm,  p.  310. 

Récamier  (madame),  son  salon,  p.  566. 

Réception  de  Cara  (Carra)  au  chcb  mo- 
narchique (la),  brochure  citée,  p.  267. 

Récit  frauduleux  de  ce  qui  s'est  passé 
dimanche  aux  Capucins,  suivi  de  quel- 
ques questions  aux  bons  Français,  ar- 
ticle de  Gorsas,  cité  p.  139. 

Réclamations  et  observations  des  colons 
sur  l'abolition  de  la  traite  des  nègres, 
p.  73. 

Redon  (Claude),  député  à  la  Constituante, 
l'un  des  fondateurs  du  club  des  Impar- 
tiaux, p.  97,  99,  106. 

Réflexions  d'un  Impartial  sur  la  séance 
du  30  janvier  1790,  brochure  citée, 
p.  124. 

Règlement  de  la  société  de  1789,  p.  391. 

Règlement  du  club  des  Impartiaux,  p.  100. 

Regnaudde  Saint- Jean-d'Angély,  député, 
membre  du  club  des  Feuillants,  p.  291. 

Regnaut,  député,  indiqué  comme  membre 
du  club  monarchique,  p.  151:  proteste, 
p.  219. 

Régnier,  écrivain  royaliste,  membre  du 
club  de  Valois,  p.  59,  et  de  la  société 
de  17 89,  p.  412. 

Renard,  avocat  au  Parlement,  p.  144. 

Rendez  vos  comptes,  brochure  royaliste, 
citée  p.  130. 


Renouard,  fabricant  do  gaze,  membre  du 
club  de  la  Sainte-Chapelle,  p.  432;  pro- 
teste, p.  463. 

Réponse  de  M.  Chas  à  M.  Carra,  citée 
p.  342. 

Réponse  de  M.  le  Maire  à  l'écrit  de 
M.  Chéron  intitulé  :  «  Conduite  de 
M.  Chéro?i  à  l'occasion  de  la  société 
des  Feuillants,  etc..  »,  p.  335. 

Réponse  deM.Malouetà  la  dénonciation 
du  club  de  la  constitution  monarchique 
par  M.  Barnave,  p.  206. 

Réponses  aux  grandes  questions  pro- 
posées à  la  Société  des  Amis  de  la 
Constitution  monarchique,  par  P.  J. 
Audoin,  p.  193,  199. 

Restaurant  Beauvilliers,  p.  7,  393. 

Restaurant  ou  estaminet  de  Dossonville, 
p.  396. 

Restaurant  Février,  p,  595. 

Restaurant  Mafs,  p.  7,  593. 

Restaurant  de  Méot,  p.  594. 

Restaurant  Vénua,  p.  595. 

Restaurants,  p.  27, 594  et  suiv.(Voir  Cafés.) 

Restaurants  à  l'étranger,  p.  596. 

Résumé  des  travaux  du  Cercle  consti- 
tutionnel de  la  rue  duBacq,  cité  p.  517. 

Réunion  de  Bagatelle,  p.  26,  547. 

Réunion  de  Bellevue,  p.  26,  547. 

Réunions  à  l'étranger,  p.  373. 

Riccé  (comte  de),  membre  du  club  de 
Valois,  p.  39  ;  du  club  monarchique 
p.  153  ;  réclame  comme  membre  de  la 
société  des  Amis  de  la  Constitution,  p.  219. 

Richer-Serézy,  journaliste,  p.  504. 

Rilliet  aine,  négociant,  membi'e  du  club 
des  Feuillants,  p.  317,  et  de  la  société 
de  1789,  p.  412. 

Rilliet  jeune,  membre  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  317,  et  de  la  société  de  1789, 
p.  412. 

Riouffe,  luembre  du  cercle  constitutionnel, 
p.  514. 

Rivarol,  p.  7. 

Roberjot,  délégué  du  club  de  l'Hôtel  de 
Massiac,  p.  76. 

Robert,  rédacteur  du  Mercure  national, 
p.  174,  210,443,  en  note. 

Robespierre  (  Maximilien  ) ,   membre   du 
club  breton,   p.  277;   accusé   de    faire 
partie  du  comité  Autrichien,  p.  537. 
Robespierristes,  p.  12. 
Rocambole   (la)   des  Journaux,    feuille 

antijacobine,  p.  10. 
Rochambeau  (vicomte  de),  membre  du 

club  de  Valois,  p.  59,  en  note. 
Rochechouart  (comte  de),  p.  129. 


030 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


Rocher  de  Cancale,  lieu  de  réunion  de 
la  société  du  Caveau,  p.  580. 

Rœderer,  membre  de  la  société  de  1780, 
p.  391,  412,  416;  quitte  la  société,  p.  440 
et  suiv. 

Rohan  (cardinal  de),  p.  116. 

Roland  (madame),  son  salon,  p.  .j6i. 

Roland  de  la  Platière,  son  salon,  p.  13. 

Romand,  receveur  des  fermes,  membre 
du  club  de  la  Sainte-Chapelle,  p.  448  ; 
proteste,  p.  464. 

Rossi  (de)  ou  Rossy,  membre  du  Direc- 
toire du  club  monarchique,  p.  151,181, 
202,  212,  235,  237,  252,  260. 

Rossignol  de  Grandmont,  vice-président 
du  club  de  l'Hôtel  de  Massiac,  p.  70. 

Roucher,  membre  de  la  société  de  1789, 
p.  413,  421  ;  du  club  de  la  Sainte-Cha- 
pelle? p.  456. 

Roulleau,  membre  du  club  monarchique, 
p.  151,  163. 

Rouvray' (marquis  de),  député,  membre 
du  club  de  Valois,  p.  59. 

Royer-Collard,  député,  membre  du  club 
de  Clichy,  p.  479. 

Royou  (l'abbé),  surnom  à  lui  donné  par 
Danton,  p.  7,  10. 

Rulhière  (chevalier  de),  membre  du  club 
de  Valois,  p.  59. 

Rulhières,  membre  du  club  des  Impar- 
tiaux, p.  92;  du  club  des  Feuillants, 
p.  317,  et  de  la  société  de  1780,  p.  412. 

S 

Sabats  jacobites  {sic),  journal,  cité  p.  9. 

Sabattier  de  Cabre  (de),  membre  du  club 
de  Valois,  p.  59,  63. 

Saint-Blancard  (marquis  de),  membre  du 
club  de  Valois,  p.  60;  du  club  monar- 
chiqiie,  p.  156. 

Saint-Fargeau  (président  de),  député  de 
Paris,  p.  130. 

Saint-Maurice  (prince  de),  membre  du 
club  de  Valois,  p.  60;  a  fait  partie  du 
club  monarchique?  p.  153. 

Saint-Priest  (vicomte  de),  membre  du 
club  de  Valois,  p.  60;  a  fait  partie  du 
club  mo7ia)X-hique?  p.  152. 

Saint-Remy  (chevalier  de),  membre  du 
club  de  Valois,  p,  63;  a  fait  partie  du 
club  des  Amis  de  la  Constitution?  ^p.  157. 

Saint- Vincent  (de),  conseiller  au  Parle- 
ment, membre  du  club  de  Valois,  p.  60, 
65;  a  fait  partie  du  club  monarchique? 
p.  152. 

Sainte-Amaranthe  (Dames  de),  leur  sa- 
lon, p.  563. 

Sainte-Croix  (chevalier  de),  membre  du 


club  de  Valois,  p.  60;  a  fait  partie  du 
club  monarchique?  p.  153;  membre  de 
la  société  de  1789,  p.  413. 

Sainte-Foy  (de),  rue  Basse-du-Rempart, 
membre  du  club  de  Valois,  p.  60,  65. 

Sainte-Foy  (de),  réunion  chez  lui  de  la 
société  du  Palais-Royal,  p.  572. 

Salles,  député,  secrétaire  du  club  des 
Feuillants,  p.  286,  291,  318,  324,  331; 
membre  du  club  Valazé?  p.  471,  472. 

Salles  de  la  Salle,  rédacteur  du  Journal 
des  Impartiaux,  p.  93. 

Salm  (hôtel  de).  (Voir  club  de  Salm.)  ■ 

Salm-Kirbourg  (prince  de),  fondateur  du 
Club  de  Salm.  p.  507. 

Salm-Salm  (prince  de),  membre  du  club 
de  Valois,  de  la  Société  des  Amis  des 
Noirs,  p.  60. 

Salon  d'Adrien  Duport,  p.  537. 

Salon  bleu  de  madame  de  Genlis,  p.  333. 

Salon  de  Beauharnais,  p.  554. 

Salon  de  Condorcet,  p.  330. 

Salon  de  la  Harpe,  p.  371. 

Salon  de  la  princesse  de  Lamballe,  p.  26, 
309. 

Salon  de  Lucile  Desmoulins,  p.  360. 

Salon  de  madame  de  Murinais,  p.  335. 

Salon  de  madame  de  Staël,  p.  568. 

Salon  de  madame  Necker,  p.  533. 

Salon  de  madame  Panckoucke,  p.  354. 

Salon  de  madame  de  Pastoret,  p.  558. 

Salon  de  madame  Récamier,  p.  566. 

Salon  de  madame  Roland,  p.  561. 

Salon  de  madame  de  Sabran,  p.  555. 

Salon  de  madame  Suard,  p.  557. 

Salon  de  madame  Tallien,  p.  564. 

Salon  de  Talma,  p.  562. 

Salon  des  Arts.  (Yoir  club  des  Arts.) 

Salon  des  Colons.  (Voir  club  des  Colons.) 

Salon  des  dames  de  Sainte-Amaranthe, 
p.  563. 

Salon  des  Échecs,  (\oirclub  des  Échecs.) 

Salon  des  Princes,  salon  des  Arts,  réu- 
nion du  boulevard  des  Italiens,  p.  15. 
(Voir  club  des  Arts.) 

Salon  français,  club,  p.  26,  369;  sa  dis- 
solution, p.  369;  ses  différents  locaux, 
p.  370;  agitation  autour  du  Salon  fran- 
çais, p.  371;  plan  d'évasion  du  roi, 
p.  378;  sa  fin,  p.  380. 

Salon  politique,  p.  380. 

Salons  anticonsulaires,  p.  21;  libéraux, 
p.  22. 

Salons  divers,  p.  551,  554,  555,  556,  358, 
364,  366,  567,  371,  376. 

Salons  fermés  par  le  Directoire,  en  mars 
1795,  p.  578. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


631 


Salvan,  membre  du  club  des  Feuillants, 
p.  318,  et  de  la  société  de  178»,  p.  412. 

Sans-Quartier  (le)  ou  le  Rogomiste  na- 
tional, journal,  p.  b4o. 

Sartine  (de),  membre  du  club  deValols, 
p.  60,  65;  du  club  monarchirjiie,  p.  l-)6. 

Second,  membre  du  club  des  Jacobins  et 
de  la  société  de  1789.  p.  413. 

Section  de  la  Croix-Rouge  (la)  déclare 
n'avoir  reçu  aucun  argent  du  club  mo- 
narchique, p.  215,  231. 

Section  de  l'Observatoire  (la)  dénonce  le 
club  monarchique,  p.  172,  211. 

Section  de  Notre-Dame  ou  de  l'Ile  (la) 
refuse  une  somme  otferte  par  les  mo- 
narchistes, p.  215. 

Section  des  Quatre-Nations  (la)  refuse 
une  subvention  offerte  par  le  club  mo- 
narchique, p.  215. 
Section  des  Thermes  (la)  et  le  club  mo- 
narchique, p.  226. 
Section  des  Tuileries  (la)  dénonce  le 
club  monarchique,  p.  171. 

Section  du  Luxembourg  (la)  refuse  une 
somme  envoyée  par  le  club  monarcld- 
que,  p.  215. 

Section  Sainte-Geneviève  (la)  et  le  club 
m,onarchique,  p.  227. 

Sections  (autres)  dénonçant  le  club  mo- 
narchique, p.  176. 

Séguier,  secrétaire  de  la  société  des  Gar- 
des ncdionaux  des  départements  de 
France,  p.  388. 

Ségur  (comte  de),  membre  du  club  de 
Valois,  p.  63. 

Ségur  (vicomte  de),  membre  du  club  de 
Valois,  p.  60. 

Séminaire  des  missions  étrangères,  p.  576. 

Sémonville(de),  député  suppléant,  mem- 
bre du  club  de  Valois,  p.  60  et  61,  en 
uotr-. 

Sentinelle  (la),  journal-affiche,  rédigé  par 
Louvet,  p    479. 

Sérent  (comte  de),  député,  membre  du 
'  luh  de  Valois,  p.  61. 

Sérilly  (maison) ,  réunion  dans  la  Vieille 

rue  du  Temple,  p.  15. 
Servan,   avocat-général,  auteur   de  l'^l- 

dresse  aux  Amis  de  la  Paix,  p.  108. 
Sèze(de),  avocat,  défenseur  de  Louis  XVI, 

membre  du  club  monarchique ,  p.  157. 
Short,  membre  du  club  de  Valois,  p.  61) 

et  de  la  société  de  1789,  p.  413. 
Sian  ou  Siau,  membre  du  club  de  Valois, 

p.  318,  et  de  la  société  de  1789,  p.  413, 
Sicard  (abbé),  p.  18. 
Siège  de  Paris  ou  les  Deux  conspira- 


tions, facétie  au  sujet  des  Clichyeus 
p.  502. 
Sieyès  (abbé),  p.  19;  membre  de  la  so- 
ciété des  Ainis  des  Noirs  et  du  club  de 
Valois,  p.  61;  du  club  breton,  p.  277; 
du  club  des  Feuillants,  p.  291,  321;  de 
la  société  de  1789,  p.  391,  413,  416,  420 
et  suiv.  ;  ses  relations  avec  le  club  de 
Sabn,  p.  509;  membre  du  comité  orléa- 
niste, p.  542. 
Sillery  (madame   de).  (Voir  madame  de 

Genlis.) 
Sillery  (marquis  de),  député,  membre  du 
club  de   Valois,  du  club  des   Amis    de 
la   Constitution,    p.    61  ;    du    club   des 
Feuillants,  p.  291. 
Siméon,    membre    du    club    de    Clichy, 
p.  484  ;  du  cercle  constitidionnel,  p.  513. 
Société  correspondante  des  Colons  fran- 
çais, à  Bordeaux,  p.  69. 
Société  de  1789,  p.  2,  en  note  ;  p.  26;  sa 
fondation,    p.    391;     son    règlement, 
p.  391  ;  liste  des  membres,  p.  400;  son 
fonctionnement,  p.  414  ;  ses  dilférents 
locaux,  p.  415;  ses  principaux  mem- 
bres, p.  417  ;  ses  réunions  et  ses  dîners, 
p.  417  ;  son  journal,  p.  419  ;  motion  de 
M.  deViUette,p.420  ;  articles  des  fiéyoZw- 
tionsde  Paris, pA2'2,  et  du  Moniteur  uni- 
versel, p.  424;  lettre  de  Condorcet  sur 
l'importance  de  la  société,  p.  425  ;  son 
influence, p.  430  ;  hommage  à  Franklin, 
p.  431;  travaux  de  la  société,  p.  432; 
adresse  à  Nancy,  p.  433;  apothéose  de 
Voltaire,  p.  437  ;  déclaration  du  2  jan- 
vier 1791,  p.  438  ;  s'occupe  des  pauvres, 
p.  439  ;  est  attaquée,  p.  440  ;  sa  dispa- 
rition, p.  442. 
Société  des  Amis  de  la  Constitution  de 
Morlaix  (la)  attaque  le  club  monarchi- 
que, p.  214. 
Société  des  Amis    de    la    Constitution 
monarchique.  (Voir  club  rnoîiarchique.) 
Société  des  Amis  de  la  monarchie,  fon 

déc  à  Coblentz,  p.  270. 
Société  des  Amis  de  la  paix  de  Perpi- 
gnan, p.  158. 
Société  des  Amis  des  noirs,  formée  en 
1787,  p.   67;  ses  principaux  membres j 
p.  67. 
Société  des  Colons.  (Voir  clidj  des  Colons.) 
Société  des   Échecs ,    au   Palais-Royal , 

p.  15,  380,  582. 
Société  des  Gardes  nationaux  des  dé- 
partements de  France.  (Voir  clubs  des 
Fédérés,  p.  383.) 
Société  des  Jeunes  amis  de  la  Liberté 
(la)  attaque  le  club  monarchique,  p.  214; 
Société  des  Lanturelus,  p.  581. 


632 


TABLE  ALPHABETIQUE  ET  ANALYTIQUE 


Société  des  Neuf-Sœurs.  (Voir  club  des 
Neuf 'Sœur  s.) 

Société  dite  du  Café  Chrétien,  p.  387. 

Société  dite  du  Palais-Royal,  p.  572. 

Société  du  Caveau,  p.  580;  ses  transfor- 
mations, p.  580. 

Société  du  Panthéon,  dans  le  couvent 
des  Génovéfains,  p.  15. 

Société  du  Salon,  p.  581. 

Société  habituée  du  caféProcope-Zappi, 
p.  588. 

Société  olympique,  p.  582. 

Soupers  de  Momus,  p.  580. 

Souvenirs  de  Mathieu  -  Dumas  ,  cités 
p.  487,  495.  (Voir  Mathieu-Dumas.) 

Spectacle  de  la  Nation  (le),  journal  cité 

p.  i;52. 

Staël  (baron  de),  ambassadeur  de  Suède, 
membre  du  club  de  Valois,  p.  61. 

Staël  (madame  de),  p.  345,  508  et  suiv.; 
sou  salon,  p.  568. 

Suard  (madame),  son  salon,  p.  557. 


Talleyrand-Périgord,  membre  du  club  de 
Valois,  p.  32,37;  au  club  des  Feuillants, 
p.  292,  321;  de  la  société  de  1789, 
p.  391,  411,  416. 

Tallien  (madame),  son  salon,  p.  564. 

Talma,  tragédien,  son  salon,  p.  562. 

Talon,  député  suppléant,  membre  du 
club  de  Valois,  p.  61. 

Target,  membre  du  club  de  Valois,  p.  61. 

Tassin  l'aîné,  membre  du  club  des  Feuil- 
lants, p.  319,  et  de  la  société  de  1789, 
p.  413. 

Terreur  (la),  son  point  de  départ,  p.  12, 
16. 

Texier,  membre  du  ciub  des  Feuillants, 
p.  319,  et  de  la  société  de  1789,  p.  413. 

Thé  (le)  ou  Journal  des  Dix-Huit,  jour- 
nal roj-aliste,  p.  515. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau,  p.  15. 

Théâtre  Montansier,  p.  493. 

Thénet,  délégué  du  club  de  VHôtel  de 
Massiac,  p.  76. 

Thermomètre  (le),  journal,  p.  476. 

Thierry,  arrrté  comme  conspirateur, 
p.  83. 

Thierry-Poux,  hommage,  p.  27. 

Thiéry,  membre  du  club  des  Jacobins  et 
de  la  société  de  1789,  p.  413. 

Thorillon,  député,  membre  du  club  de  la 
Sainte-Chapelle,  p.  457. 

Thouin,   uu  jardin  du  roi,  membre  du 


club  des  Jacobins  et  de   la  société  de 

1789,  p.  413. 
Thouret,  ex -député,  médecin,  commis- 
saire des  hôpitaux  de  Paris,  membre  du 

club  des  Feuillants,  p.  319,  et  de  la  société 

de  1789,  p.  413,  416. 
Thuriot,  député  de  la  Marne,  p.  87. 
Tilly  (comte  de),  p   7. 
Titon  fils,   membre    du  club  de    Valois, 

p.  62;  du  club  monarchique,  p.  1,56. 
Tôt  ou  tard  la  raison  reprend  ses  droits, 

brochure  citée  p.  267. 
Touche  (comte  de  la),  membre  du  comité 

orléaniste,  p.  542. 
Toulongeon  (vicomte  de),  député  à  l'As- 
semblée   nationale ,  membre    du   club 

de  Valois,  p.   62  ;    se    défend  d'avoir 

fait  partie  du  club  monarchique,  p.  153, 

219;   membre  de  la   société    de  1789, 

p.  413. 
Treilhard,  membre  du  club  des  Feuillants, 

p.  292  et  de  la  société  de  1789,  p.  413. 
Trémoille  (duc  de  la),  membre  du  club 

de  Valois,  p.  62;  de  la.  société  de  1789, 

p.   409;    ses   rapports    avec  le   comte 

d'Artois,  p.  548. 
Tribune   publique  (la)   ou  Journal    des 

élections,  p.  498. 
Triumvirat  de  Robespierre,  de  Couthon 

et  de  Saint-Just,  p.  12. 
Trois  Consuls  (les)  ou  Réflexions  d'un 

royaliste  sur  la  journée  de  Saint-Cloud, 

brochure  citée  p.  505. 
Tronchet,    indiqué    comme  membre  du 

club    monarchique,    p.    152;   proteste, 

p.   219;   membre    du    club  de    Clichy, 

p.  484. 
Tronchin,  envoyé  de   Genève,    membre 

du  club  de  Valois,  p.  62,  et  de  la  société 

de  1789,  p.  413. 
Tronçon  du  Coudray,  membre  du  club 

de  Clichy,  p.  484,  500;  déporté,  p.  500; 

membre  du  cercle  constitutionnel,  p.  513. 
Trudaine,    membre  du  club  de   Valois, 

p.  62,  65;  du  club  monarchique,  p.  157; 

réclame,  p.  220  ;  membre  de  la  société 

de  1789,  p.  413. 
Trudaine   de  la    Sablière,    membre  du 

club  de  Valois,  p.  62,  et  de  la  société  de 

1789,  p.  414. 
Trudon    (  Joseph  ),    officier    municipal, 

membre  du  club  des  Feuillants,  p.  319, 

et  de  la  société  de  1789 ,  p.  414. 
Trudon  des  Ormes,  membre  du  club  des 

Feuillants,  p.  319,  et   de  la  société  de 

1789,  p.  414. 
Truguet  (chevalier  de),  membre  du  club 

de  Valois,  p.  62. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 


633 


Tuzy  (de),  membre  du  club  monarchique. 
(Voir  Bureaux-Pusy .) 


Vaines  (de),   membre   de   la  société  des 

Arnis  des  noirs  et   du  club  de  Valois, 

p    62. 
Vainqueurs  de  la  Bastille,  défense  à  eux 

de  s'assembler,  p.  6. 
Valazé,  député,  p.  471,  412. 
Valence   (vicomte  de),  membre  du  club 

de   Valois,  p.   62;  a  fait  partie  du  club 

monarchique  ?   p.  loo  ;  membre   de  la 

société  de  1789,  p.  414. 
Vandenyver,  banquier;  sa  maison  sert 

de   lieu  de  réunion  au  salon  français, 

p.  369;  trésorier  de  la  société  de  1789, 

p.  414,  417. 
Vandenyver  fils,   membre  du   club  des 

Jacobins  et  de  la  société  de  1789,  p.  414. 
Vandermonde,  membre  du  club  des  Ja- 
cobins et  de  la  société  de  1789,  p.  400, 

414  ;    du    club  de  la  Sainte-Chapelle, 

p.  4bl. 
Vandeuvre,  indiqué  comme  membre  du 

club    ■)nonar chique,    p.    Ibo  ;    réclame, 

p.  222. 
Vauban  'comte  de),  membre  du  club  de 

Valois,  p.  62. 
Vaudreuil  (comte  de),  p.  369,  379. 
Vaudreuil  (vicomte  de),  membre  du  club 

de  Valois,  p.  62,  6u. 
Vaufleury   (madame),   libraire,    p.    393, 

601;  son  cabinet  de  littérature,  p.  603. 
Ventriloque  (le),   ou  le  Ventre  affamé, 

journal  royaliste,  p.  490. 
Verchère  (de)  ou  Verchères,  membre  du 

club  des  Feuillants,  p.  292,  386. 
Verdina,  membre  du  club  des  Jacobins  et 

de  la  société  de  1789,  p.  414. 
Verneuil  (marquis  de),  membre  du  club 

de  Valois,  p.  63. 
Viénot-Vaublanc,   membre    du  Conseil 

des    Cinq-Cents    et  le  cercle  constitu- 
tionnel, p.  ijla. 
Villard,  membre  de  la  société  de  1789, 

p.  400,  414. 


Villaret- Joyeuse,    membre   du    club  de 

Clichy,  p.  484,  500. 
Villars,  homme  de  lettres,  membre   du 

club    des  Feuillants,  p.  201,   202,  320, 

386. 
Villequier  (duc  de),  p.  371. 
Villette  (marquis  de),  membre  du   club 

des  Jacobins  et  de  la  société  de  1789, 

p.  414;  sa  motion  à  la  société  de  1789, 

p.  420;  proteste  contre,  son  inscription 

sur  la  liste  des  membres  du  club  de  la 

Sainte- Chapelle,  p.  464. 
Vilmorin,  pépiniériste  du  roi,  membre 

du  club  de  la  Sainte  Chapelle,  p.  446, 

462. 
Vintimille  (prince  de),  membre  du  club 

de  Valois,  p.  63. 
Virieu  (comte  de),  député  du  Dauphiné, 

membre  du  cluh  des  Impartiaux,  p.  92, 

99,  106,  116,  526. 
Vitenkof,    arrêté    comme    conspirateur, 

p.  83. 
Voidel,  p.  179,  201,  202,  243,  292. 
Voulez-vous  sauver  l'État?   Prenez  et 

lisez,  brochure  citée  p.  121. 

W 

Wauxhall  d'été,  situé  boulevard  du 
Temple,  loué  au  club  monarchique 
pour  ses  réunions,  p.  183. 

Weber,  dit  V Allemand,  libraire,  p.  601. 

Willot,  membre  du  club  de  Cliohy,  p.  484, 
500. 

Wimpfen,  général,  commandant  les  in- 
surgés girondins,  p.'13  ;  se  défend  d'être 
allé  aux  Feuillants,  p.  367. 

Wittgenstein,  arrêté  comme  conspira- 
teur, p.  83. 

Wœstine  (marquis  de),  membre  du  club 
de  Valois,  p.  63. 


Yung  (Arthur,,  cité  p.  3. 


Zoppi,  p.  604.  (Voir  café  Procope.) 


FIN    DE    L\    TABLE    ALPli.\BÉTIQUE    EN    ANALYTIQUE 


41 


PAKIS.    —   1M1MU.ME    PAR     CHARLKS     .NOBLET 

13,  rue  Cujas. 


\> 


Uniyersity  of  Toronto 
Ubraiy 

DO  NOT 

REMOVE 

THE 

GARD 

FROM 

THIS 

POCKET 


Acme  Library  Gard  Pocket 

Under  Pat  "Réf.  Index  File" 

Made  by  LIBRARY  BUREAU