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LES
COMEDIES
DE
TERENCE
TOME SECOND.
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COMEDIES
TERENCE:
AVEC LA TRADUCTION
|. ET LES REMARQUES
DE MADAME DACIER.
NOUVELLE EDITION,
Corrigée d'un nombre confidérable de fautes, &
enrichie des différentes Leçons de Mr. BENTLe!,
_ dDonarT, de FAxAN , & d'autres.
TOME SECOND.
A AMSTERDAM & A LEIZIG,
Chez ARKSTEEET MERKUS
MBCCXLPFIL
- XO.
KCITS63(225
HARVARD COLLEGE LIBRARY
FROM THE LIBRARY OF
NS FERNANDO PALHA *
‘4 -- DECEMBER, 1928 -
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TIMORUMENOS.
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TERENCE.
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TITULUS
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DIDASCALIA.
ACTA LUDIS MEGALENSIBUS,
.L CORNELIO LENTULO, L.
VALERIO FLACCO ÆDILIBUS
CURULIBUS. EGERE AMBIVIUS
TURPIO,L ATTILIUS PRÆNES.
TINUS. MODOS FECIT FLACCUS
CLAUDII GRAECA EST MENAN-
DRU. * ACTA PRIMUM TIBIIS
4MPARIBUS, DEINDE DUABUS
DEXTRIS. ACTA ETIAM TERTIO,
PT SEMPRONIO, M. * UNIO
COSS.
4 Yulg. JUVENT I0.
LE
REMARQUE S.
4-ÀCTA PRIMUM TIBIIS IMPARIBUS , DEINDE
DUABUS DEXTRIS]. Elle fut jouée la prémiére fois
avec les flutes indgales , v enfuite avec les flutes droites.
Qu:nd elle fut jouée avec les flutes droites, ce fut
pour quelque occafion fort férieufe, ou pour quelque
eccafion de deuil. |
b. T.
LE TITRE
| OU LA
DIDASCALIE.
‘CÈTTE PIECE FUT JOUEE PENDANT
LA FETE DE CYBELE, SOUS LES EDI-
‘LES CURULES L. CORNELIUS LENTU-
LUS, ET L. VALERIUS FLACCUS, PAR
MA TROUPE D'AMBIVIUS TURPIO, ET
DE L. ATTILIUSPRÆNESTINUS. FLAC
‘CUS AFFRANCHI DE CLAUDIUS FIT
LA MUSIQUE. ELLE EST PRISE DU
GREC DE MENANDRE. ELLE FUT
JOUEE LA PREMIERE FOIS AVEC DES
FLUTES INEGALES; ENSUITE AVEG
LES DEUX FLUTES DROITES: ET EL.
LE LE FUTPOURLA TROIS! EME FOIS
SOUS LE CONSULAT DE ‘TITUS SEM-
PRONIUS,ET DE MARCUS JUVENTIUS.
| PER:
REMARQUES.
b. T. SEMPRONIO,M. JUVENTIO Coss].
Sous fe Con/ulat de Titus Sempronius, © de M. Puven-
fius. C'étoit l'an de Rome 596, cent foixante ans
Avant la naiffance dc ne Seigneur,
LI 2
4
sustsueopttsustusuustturtgt
PERSONA DRAMATIS.
PROLOGUS.
CHREMES, fenex, pater Clitipbonis Cj An
| tipbile.. |
CLITIPHO, adolefcens, filius Chremeiis,
MENEDEMUS, fenex, pater Clinie.
CLINIA, adolefcens , filius Menedemi. :
SOSTRATA, uxer Cbremetis. e
ANTIPHIL A, filia Chremetis & Syirate s
amica Clinic,
BACCHIS, meretrix, amica Clitiphonis.
NUTRIKX Antipbile,
PHRYGIA, ancilla Bacchidis.
STRUS, fervus Clitipbonis, |
DROMO, ferous Clinic. EE X
Scena eft in pago fuburbarm.
PRO-
E
| s
(07:500: 0::900:9 0x60): 90:0002 50/050; 90 0 2 out O0 0)
PERSONNAGES
DE LA PIECE.
LE PROLOGUE.
CHREMES , pére de Clitiphon & d'Antiphile,
CLITIPHON, fils de Chrémés.
MENEDEME, père de Clinia; |
CLINIA, fils de Ménédéme,
SOSTRATA, femme de Chrémés,
ANTIPHILE, fille de Chrémès & de Sü-
ftrata, maîtreffe de Clinia
BA CCHIS, courtifane, maîtrefle de Clitiphon
LANOURICE d'Antiphile.
PHRYGIA, fervante de Bacchis.
SYRUS, valet de Clitiphon.
DROMO N, valet de Clinia..
La Scène eft dans un petit hameau près
hénes,
AS . PRO:
6.
P R OL O G US.
Ni E cui Re vofirüm mirum N cur partes [eni
Poëta dederit, qua funt adolefcentium ; .
Id primum dicam: deinde, quèd veni, eloquar .. ..
Es integrd. Gracá integram. comedian
s , Hodie fum aBurus Heautontimorymenon s —
Duplex que ex argumento fa&a.e[t finplici :
Novam effe offendi , C9 que effet. Nunc, qui :
| {cripferit:, Ex
ft«uja- Greca fit, ni partem maxumam
| | Exifit.
x REMARQUES.
3. CUR PAR TES SENI POETA DEDERIT],
Que notre Poète ait donné à wn vieillerd nn rôle. 11 pan
roit par ce paffage , que c'étoit toujours les jeunes» -
gens à qui on dennoit les Prologues. |
3. ID PRIMUM DICAM : DEINDE, QUOD VENISs..
ELOQUAR]. Je vais, avant toutes chafes, vous éclairr
cir ce point, Cv enfuite je veus dirai ce qui m améne de- .
want vows. On accufe ici Zérence de ne tenir pas fa
parole; car il ne rend pas d'abord rgifon de «e an'il
a choif un vieill^*3^ C-t& acculation eft injufte ;
cei la prémière chofe qu'il fait ; il commence au
dixième vers; ce qu'il dit auparavant n'eff que pour
faire connoitre la Pièce, dont il ne dit.que deux mots,
& c'eft une parenthéfe, — 5
6. DUPLEX.QUAX EX ARGUMENTO FACTA EST
SIMPLICI ]. uec cette différence , que le fujet efl dou-
ble, quoiqu il ne foit que fimple dans l'original. Ce pas-
fage a exercé inutilement tous ceux qui ont travaillé
fur T*rence ; jufques là que Fu/e Scaliger a cru que ce
Poéte apelloit cette Comédie double, parce qu'elle fut
jouée à deux fois; les deux prémiers Ades furent joués
le.foir, & les trois autres le lendemain matin; &
qu'einfi c'étoit comme deux Pièces au-lieu n
M EET : RM
PROLOG UE.
Fin qu'aucun de vous ne trouve étrange que
. notre Poéte ait donné à un vieillard un rô-
le:qu'on ne donne d'ordinaire qu'aux jeunes-gens,
je vais, avant toutes chofes, vous éclaircir ce
point, & enfuite je vous dirai ce qui m’amène
devant vous. Je dois aujourdhui repréfenter
l'Heautontimoruménos , qui eft une Pièce tirée
toute entière d’une feule Comédie Grèque, avec
cette différence, que le fujet eft double, quoi-
qu'il ne foit que fimple.dans l'original. Vous fa-
vez préfentement, Meffieurs, quelle ett cette
Comédie, &-vous comprenez qu'elle peut paffer
pour nouvelle. Je vous dirois maintenant qui
| er
REMARQUES.
Mais cette explication eft infoutenable en toutes ma-
nières. Térence veut dire que n'ayant pris de Ménan-
dre qu'un fujet fimple , un vieillard, un jeune-homme
amoureux , une maítreffe ,. &c. il en a fait un fujet
double , en y mettant deux vieillards , deux jeunes-
hommes amoureux , deux maitreffes , &c. C'eft pour-
quoi il ajoute, wovam effe offendi ; eile peut pa[fer pour.”
wsvelle. C'eft la véritable explication ; ainfi 11 n'eft pas
néceceire de corriger fimplex que ex argamento fatta
ef duplici. Car "Térence avoit pris ce double fujet de
Ménandre ; fa Pièce n'auroit eu que ce qu'on voyoit:
dans celle du Poète Grec; & par confequent il n"au-
I0it pu ajouter, »ovam efe fendi , Cat il n'y auroit.
Hen de nouveau.
8. Ni PARTEM MAXUMAM EXISTIMAREM SCIRE '
VOSTRUM , 1D DICEREM]. $i je m'éteis per/madf. —
quil n'y a prefque perfonne parmi vous, à qui ces deax
chofes we foient connues. Cela eft bien remarquable.
Voila Térence qui dit aux Remzins qu'il n'y a prefque:
perfonne parmi eux qui ne connoiffe la Pièce itque |
N OT E S.
6. /mplex- - - duplici. - Kg la Rem, de Me. D.
. ^ t É
Io
15
r.| PROLOGUS
Exiflimarem fcire voflrüm, id dicerem,
INunc , quam ob rem bas partes. didicerim, paucis
dabo.
Oratorem voluit e[Je me, non Proloèum:
Vofirum judicium fecit, me a&orem dedit.,
Sed bic a&or tantum poterit à facundids
Quantum ille potuit cogitare commod? ,
Qui orationem banc fcripfit , quam dituru" fum. :
Nam quod. rumores diffulerunt malevoli ,
Multas contamina[fe Graecas, dum facit —
| Pay-
REMARQUES.
de Ménandre, d'où celle-ci eft tirée. On voit par-là le
. foin qu'ils avoient de s'inftruire & de lire les Poètes
Grecs. 11 s'en faut bien que Térence ne foit aujour-
dhui fi connu. Un houune, qui paffe pour homme de
- Lettres, en parlant de Férence devant moi, me louoit
.fur-tout fes beaux chœurs; il s'imaginoit que c'étoit
un. Poète Grec.
LI. NON PROLOGUM]. Et non pas peur vost
| faire Je Prologue de fa Pièce. Il y a dans le texte, Gv
- wen pas pour étre le Prologue. Les Latins apelloient
Prolezum celui qui récitoit le Prologue, comme cela
.a déja été remarqué.
13. SED HIC ACTOR TANTUM POTERIT A FA-
LAST Mais cet Avocat n'aura qu'autant d éloquen-
ec. C'eft une plaifanterie, pour dire que Térence eft
J'Auteur de ce qu'il va réciter, & pour difpofer en
méme tems les fpe@ateurs à écouter avec plus d'at-
tention.
I4. COGITARE COMMODE]. Mais cet. Aus-
cat n'aura qu autant d'élogence. Ce mot commodé eft
remarquable, pour élégamment, éloquemment. — Dicere
qoramed? , cogitare commode, parler avec éloquence , pene
fer avec force.
A6. NAM, QUOD RUMORES DISTULERUNT. e
1]..
LS
PROLOGUE .
en eft l'Auteur, & le nom du Poéte qui l'a faite
“en Grec, fi je n'étois perfuadé qu'il n'y a pres.
que perfonne parmi vous, à qui ces deux chofes
pe foient également connues. Je vais donc vous
expliquer pourquoi notre Poéte envoye ici un
homme de mon âge; c'eft, Meflieurs, pour dé-
fendre fa caufe, & non pas pour vous faire le
Prologue de fa Piéce;il a voulu que vous foyez
les Juges, & que je fois l'Avocat; mais cet A-
vocat n'áura qu'autant d'éloquence que lui en au-
I2 pu donner celui qui a fait le plaidoyer queje
vais réciter devant vous. Prémiérement , pour
ce qui eft des bruits que quelques envieux ont
femés, que notre Poéte a confondu &'mélé plu»
fieurs Pièces Gréques , pour en faire peu de La»
tines, c'eft de quoi il ne prétend pas fe rns
re;
| — . REMARQUES :
VOLI]. JPrémiérement, pour ce qui eft des bruits que
quelques envieux ent femés. Cette particule sam n'a aue
cun raport avec ce qui précède. Les Anciens s’en fer-
voient fouvent au commencement du difcours, à 17
mitation des Grecs, Rumores differre eft une facon de
parler fort élégante. — Lacilias a dit de même:
Gaudes chm de me iflà foris fermonibus differs.
"Ta es ravi quand tu fais courir ces bruits-là de moi. Et
Varron dans fes livres de la vie du Peuple Romain:
Rumores famam differant licebit , nofque carpant. Qu'ils
fa[fent courir ces bruiis-là de nous, © qu'ils nous déchie
yent. |
17. MULTAS CONTAMINASSE GRÆCAST
Que notre Poète a confondu © mélé plufieurs Pièces Gré-
ques. Il répond encore ici au reproche qu'on lui avoit
‘fait avant qu'il donnât l'adriéne. On peut voir les
Kemarques fur le feizième vers du Prologue de cette
Pièce, centaminari non decere fabulas. Térence ne e
ait
Ki. SÍ, pour fe, au ri E
3
29.
25.
39.
IO. . PROLOGUS:
Paucas Latinas: fa&um bic effe id non tegat,
Neque fe id pigere, &9 deinde fa&urum autumat. *
Habet bonorum exemplum; quo exemplo fibi
Licere id facere, quod illi fécerunt, putat, .
Tuin quod malevolus etus.Pocta. diffitat ,
Repente. ad fludium bunc fe-applica(fe muficum, .
AAmicüm ingenio fretum, baud naturd fud: -
Arbitrium vofirum., voflta exiflimatio
Valebit. Quamobrem omnes VOS. oratos olo, .
ANe plus iniquüm. po[fit. quam equáüm oratio. ,
Fncite equi fitis, date crefcendi copiam ,
Novarum qui fpe&andi faciunt copiam,
Sine vitiis: ne ille pro fe didum exiflumet, .
REMARQUES. RE
Joit pas que fes ennemis puffent croire qu'en donnant .
fon Heautantimeruménos, qu'il apelle ex integrá Greca
integram comœdians , une Pièce entière tirée d'une feule
Pièce Grèque, il avoit profité de leurs leçons, & qu'il
avoit blàámé fa. prémiére conduite. Il leur déclare,
que quoiqu'il ne l'ait pas fait dans cette Pièce, il n'y
renonce pas pourtant, & qu'il le fera encore.
29. HABET BONORUM EXEMPLUM]. Ja.
pour lui l'exemple de beaucoup de gens fort baliles. 11
parle de Névius, de P/aute & d'Ennius,
23. REPENTE AD STUDIUM HUNC SE APPLICASSE
MUSICUM ]. Qu'il s'ef? mis tout d'un coup à faire des
‘Comédies. Mot à mot , qu'il s'ef} apliqué tour d'un
coup à l'étude de la Mufique. Car les Anciens apel-
loient JM«/ique ce que nous apellons Jes Belles-Lettres.
Ariflopbane en plus d'un endroit a apellé Mufigue l'Art
de faire des Pièces de Théâtre. | |
24 AMICUM INGENIO XRETUM]. S'
puyant plutôt fur l'efprit de fes amis: de Lélius & de
Scipion. On peut voir les Remarques fur le Prologue
des Adelphes.
^ us 28. DATE ir
*
PROLOGUE IY
dre;il'dit au contraire qu'il ne s'en repent point,
& il efpére qu'il le fera encore à l'avenir. Il a
pour lui l'exemple de beaucoup de gens fort ha.
biles, & il prétend avoir droit de faire ce que
tant de perfonnes de mérite ont fait avant lui a-
vec beaucoup de fuccés. En fecond lieu, Mes-
fleürs, un vieux Poëte envieux lui reproche qu'il
s'eft mis tout d'un coup à faire des Comédies,
S'apuyant plutôt fur l'efprit de fes amis, que fur
fon heureux naturel. C'eft à vous à examiner
cette accufation; il veut bien s'en raporter à
votre jugement, & fans apel. La feule priére
que j'ai à vous faire pour lui, c'eft que vous
D'ayez pas plus de pente à écouter les contes
des méchans, qu'à vous rendre aux fentimens
des gens de bien; foyez juftes, & par vos aplau-
diffemens donnez du courage à ceux qui travail.
lent à vous- donner des Piéces nouvelles & us
REMARQUES,
2%. DATE CRESCENDI COPIAM]. E: per
vos aplaudi/femens donnez du courage. Faites croître
Be." Virgile à eu en vue ce mot de Térence, quand
il a écrit erefcentem ornate Poëtam. .
29. NOVARUM QUI SPECTANDI FACIUNT CO-
. SAM]. Qui travaillent à vous donner des Pièces nou»
velles qui vous donnent le plaifir de voir des Pièces nou
velles. Dans cette facon de parler, fpetZandi novarsm ,
ce gérondif /peéfandi eft pour le verbal /peélesio , vifo ,
comme s'il Áifoit, qui vobis faciunt copiem vifonis n0- .
varum. Ou bien il faut fousentendre l'aecufatif /pece
taculum.
jo. SINE VITIIS: NE ILLE, &c.]. 7. dis
fans défauts, afin que ce méchant Auteur, O'e. Il faut
e
NO TE S.. PR
to. Se pigere, C» deinde faëtum iri. Id n'eft point
dans un MS. Fuern. Le refte fans autorité.
26. Quare, pour thé » après les plus anc. MSS$,
: ó
Cal
35
32 PROLOGUS
Qui nuper fecit fervo currenti in vid
Dece[fe populum: cue infano ferviat? -
De illius peccatis plura dicet, quum dabit
Alias novas, nifi finem-malediis facit.
Adefte equo animo: date potefiatem mibi, .
Statariam agere ut liceat per- filentium :
M:
REMARQUES.
que ce paffage foit difficile , car onl'a fort mal expliqué.
Ges mots, ne ille pro Je ditfum exiflumet , afin que ce
méchant Auteur, &'c. dépendent de € fine vitiis,
fans défauts. Après que Téréice a dit, par vos aplas-
diffemens donnez du courage aux Poétes qui travaillent
à vous donner des Pièces nouvelles, il a peur que l'on ne
croye que fon ennemi Lufcius ne foit compris dans le
nombre de ceux pour qui il demande des aplaudiffe-
mens ; ce qui eft fórt éloigné de fa penfée: c'eft pour-
quoi il ajoute , © /rne vitiis, © fans défauts , afin qu'on,
ne puifle pas s'y méprendre ,. & que ce Lucins ne
croye pas que 7*rexce parle pour lui: car les Pièces.
que Zufcius faifoit, étoient pleines de défauts. C'eft
ar cette raifon que j'ai ajouté. cette reprife , je dis
Jans défauts, pour le faire mieux entendre.
31. QUI NUPER FECIT SERVO CURRENTI IN
IA]. Dont tonte la beauté confifloit en un. efclave qui
eosroit. llfalloit qne cette Pièce füt fort méchante, .
puifque c’étoit là fon plus belendroit 1l faut bien
xemarquer qué Térence ne condamne .pas ceux qui
mettent. dans leurs. Pièces des efclaves qui courent de
toute leur force, & qui font écarter le peuple pour
leur faire place. Cela eft fouvent néceffaire; on en
voit un exemplé dans la quatrième fcène du troifième
Acte de l'mplitryon de Plaute, où Mercure dit en
courant ;
Concedite atque abfcedite omunes, de vi decedite.
IH blime feulement ceux qui font de cela le capital:
de leurs Pièces, comme ce Lu/tius; car al0f3 il n'y a
sien de plus vicieux, Le but de. la Coinédie eft de.
PEUX
PROLOGUE: 13:
défauts. Je dis fans défauts, afin que ce mé-
chant Auteur qui vous. fit voir l'autre jour une
Pièce de fa facon, dont toute la beauté confi-
ftoit en un efclave qui couroit de toute fa for-
ce, & devant qui le peuple s'enfuyoit, ne pren-
ne pas cela pour lui Pourquoi Térence s’amu-
feroit-it à parler pour un fou ? Si ce vieux r&-
veur ne met fin à fes impertinences, nous vous:
entretiendrons plus au long de toutes fes.(oti-
fes, .
REMARQUES.
peindre les moeurs; -& l’on s'éloigne de ce but-à,
quand on s'amufe à faire courir un valet à qui tout le
peuple fait place.
32. CUR INSANO SERYIAT]? Pourquoi Té-
rence Sammferoit-il à parler pour nn fos? C'eft le vé-
ritable fens.de ce paffage, qu'Esgraphins a fort mal
expliqué. Il vent dire: Térence n'a garde, Meffieurs,
de comprendre ce Luftius parmi ceux pour qui il demande
worre faveur: car outre qu'il en ef? indigne par les Pie-
ces qu il fait, pourquoi notre Poète voudroit-il fervir an
fou, sn enragé? Cur. Terentius in/ane ferviat ? Cela eft
eft fans difficulté.
36. ST ATARIA M ]. Cette Pièce I ef d'un carat-
tére tranquile &v repofé. Tout cela eft dit en un mot, .
fatarians agere , que l'on n'a point du tout entendu.
Pour bien expliquer ce paffage , il faut prendre la cho-
fe dès fa fource. Les Gecs divifoient les vers des
chœurs de leurs.Piéces de Théatre en vers flataries ,
qu'ils apelloient séciuæ méAn, parce que le chœur
les chantoit fans bouger d'une place, & en vets wete-
ríos , qu'ils apelloient # dix £A » parce que le
choeur les chantoit en danfant & en changeant de lieu.
Les.Scholiaftes d'E/chyle & d’Ariflophane ont parfaite-
ment éclairci ce point. Delà les Latiss fe font avi
fés de divifer, non pas une petite partie de leurs Piè-
ces, mais leurs Pièces entières, en Pièces qu'ils apel-
loient flatzrias, quand le fujet étoit tranquile & re-
»ofé , & en d'autres guae apelloient merorias, quand
Ln fujet étoit fort vif, & qu'il demandoit beaucoup
de mouvement. Cette' Comédie eft du prémier or-
dre, Jon n'y voit pas beaucoup d'agitation; c'eft un
| A 7 0p
€ :. PROLOGUS.:
Ne femper Jervos currens, iratus fenex, -
Edax parafitus , fycopbanta autem impudens ,.: .
Ayvarus leno, affidué agendi fint * feni -
40.: Clamore fummo, cum labore maxume. -
Med caufd, caufam banc juffam-effe, animum ine :
ducite ,.. -.
Ut aliqua pass laboris mintatur snibi, ‘
"Nam nunc novas qui fcribunt, nil parcunt [eni.
ÆEaboriofa fi. quaeft , ‘ad me curritur:
45..Si levis eff, ad alium: mox defertur gregem. -
In bac eff pura oratio: ^ experimini ,
Jn utramque partem ingenium quid po[fié meum. :
Si nunquam avar? pretium [Latui arti mea,
& Vulg: mibi.
REMARQUES.
père qui s'affige d'avoir abl'gé fon fils à le quiter.
On-a cru que Zérence apelloit ici fatariam, non pas
toute la pce andis un des rôles, en fousentendant:
erfonam. Mais quoique je fache que les Anciens ont
"auffi nommé les AGeurs fatarios, ou ooterios, felon
‘les mouvemens qu'ils fe donnoient; il me femble que
cela ne fait rien ici, où Térence parle d'une Pièce en-
tière : car autrement comment expliquera-t-on le
Yers 45?
(00 Sin levis ef, ad alium mox defertur gregem.
Il faudroit faire une trop grande violence à ce tex-
ce, pour l'espliquer de quelqu'un des autres Aûteurs
de la méme Troupe.
46. IN
PROLOGUE IS. -
fes. quand nous.vous donnerons d'autres. Piés
ces, Ecoutez-nous avec un efpri& defintéreffé,
& dormez-moi la liberté de jouer devant vous,
fans être interompu , cette Pièee, qui eft d'un
carattère tranquile & repofé; afin que je ne
fois pas toujours obligé de jouer aux dépens de
mon poumon, & avec bien de la peine, des Piè:
ces où l'on voit un efclave éfoufflé à force d'a. .
voir couru; un vieillard en colère, un.parafite
gourmand, un impudent ficophante, & un a-
vare marchand d'efcfaves. Pour l'amour de moi,
& en faveur de mon âge, ayez la complaifance
de fouffrir que je commence à n'étre plus fi char-
gé;car ceux qui. font aujourdhui des Comédies,
n'ont aucun égard à ma vieilleffe; s'il y en a
une extrêmement pénible, on.vient à moi; &. .
celles qui font faciles à jouer, on ne manque ja-
mais de les portenune autre Troupe. Le ftile
de cette Pièce eft pur;. voyez donc ce que je
puis dans l'un & dans l'autre de ces deux carac-
tres, Si je n'ai jamais confulté l'avarice pour
fixer
REMARQUES.
^ 465. IN HAC EST PURA. ORATIO]. Le file. ;
de cette Pidce ef? pur. Ce n'eít pas fans raifon que Té-
reuce loue le ftile de cette Pièce ; il n'y a rien au mon-
de de plus pur, ni de mieux écrit; ce grand Poéte
voyant qu'elle étoit dénuée d'a&ion, s'eít effarcé de
réparer cela par la vivacité & par la pureté du ftile;
& c'eft à quoi il a parfaitement bien réuffi.
47. IN UTRAMQUE PARTEM]. Dans lun C» .
dans l'autre de ces deux caraftères.. C'eft-à-dire lorfque
je joue des Pièces fatarias, tranquiles , & lorfque je
Joue des Pièces metorias, pleines de mouvement.
NOTES.
es. Si Lenis hi, dans la plupart des MSS. Faern.
F6 PROLOGUS
Et eum effe queffum in animum induxi maxumum ;,.
zo Quàm maxumé fervire vefltis commodis, —
Exemplum fBatuite in me, ut adolefcentuli
Vobis placere fiudeant, potiüs quàm. fibi. .
. | REMARQUES.
^ st. UT ADOLESCENTULI]. Qui donm emx
Jeunes-gens , Ce, Par ces. jeunes-gens, il entend les
, $ AC^-
PUBLH
PROLOGUE. 17
fixer un prix à mon art, & fi j'ai toujours pris
pour le plus grand gain que je puiffe faire, l'hon-
neur de fervir à vos divertjffemens, faites. en.
moi un exemple qui donne aux jeunes-gens l’en-
vie de travailler à vous plaire plutôt que de
fuivre leurs plaifirs, e
REMARQUES.
Acteurs, ou peut-être même les jeunes Poetes ; cat.
Férence n'avoit alors que trente & un an,
L'HEAY-.
13
— P E
| TDUBLILIL
TIMORUMENOS. |
Seiclelololokslokletokolokolekakelielolokolelolokekekojelolokolojok
ACTUS PRIMUS,
SCENA IL
CHRE MES MENEDEMUS.:
CHREMES.
j) Uamquam bec inter nos. nupera notitia admo. :
um eft, |
Inde adeo quàd. agrum in proxumo bic mercatus es, . .
-AN& rei ferè [and amplius quidquam fuit; :
M
Ta: .
TUS.I. SCENA.T.
HEAUTONTIMORUMENOS AC
ee
E | lom. 3. Pao.
:— x
ré CC
I9.
DHEAUTON.
TIMORUMENOS.
DE.
TERENCE.
DRE MERE EN AMEN EE SERRE
S C EN' E L
CHREMES.MENEDEMUS .
| CHREMES.:
: Ueiquil n'y eit que trés peu de tems |
| Q nous nous connoiffions, & que ce ne bit :
que depuis que vous, avez acheté une maifon .
près de la mienne (car c'eft. prefque toute la .
E | liaifon .
20 HEAUTON Acr. I.
Tamen vel virtus tua me, vel vicinitas,.
9 Quod ego in propinguá parte amicitie pute,
Facit, ut te audalter moneam, €? familiariter ,.
mibi vidére prater aetatem tuam.
Facere , € praterquam res, tc. adbortatur tua.
Nam, pro Dem atque bominum fidem! quid vistibi ?
Yo Quid queris? annos fexaginta natus es,
Aut plus eo, ut conjicio; agrum in bis regionibus,
JMeliorem , neque pretii enajoris nemo babes:
Serves complures: proinde quafi nemo fiet ,
Ita tute attenté illorum officia fungere.
£5 Numquam tum mane egredior, neque tam ve[pere
Domum revortor, quin te in fundo confpicer
| d b
REMARQUES
4. TAMEN VEL VIRTUS TUX]. Néanmoins.
bx votre verts. llapelle verte, la vie auftère & péni-
ble qu'il menoit; car c'eft par-là qu'il juge de lui.
$s. QuOD EGO IN PROPINQUA PARTE AMICITIÆ
PUTO l Qui, Alon moi, tient le prémier rang aprés
Famitié. Je n'ai vu perfonne qui ait. bien- expliqué
ce páffage. Amicitie n'eft pas un génitif, c'eft un da-
eif? ence dit que- le voifinage vient -incontinent
après l'amitié, quil tient le fecand rang. Et ce bon
Chrémés fuit en cela le fentiment d'Heéfiode , qui fait
ces trois degrés, ami, voifin, parent, & qui dit-
Tor QuAforr. xà dairæ.naneir, To ©’ cx 0er dicat,
"Ty dt uáiiea xui» eig octüty Éd: vati,
Ei $6: roi xal XPIR Vyxepir KADe tyinTA y,
Tairovec &(ueot ExIOY) Carævre di crzoí,
Op. €» Dies, v. 342. & feqq.
dpelle à ta table ton ami, © laiffe ton ennemi. Sur-
vout atvlles-y ton voifin qui demeure prés de toi; car 5l
f'arrive quelque méchante affaire , tes voifins viennent en
chemife pour t'aider, Cv tes parens veulent prendre aupa-
avant leurs babits. On voit de méme dans le cin-
quième livre de finibus ben, © mal, de Cicéron rape
aps.
$c. L TIMORUMENOS. vx
liaifon qui eft entre nous ); néanmoins, ou votre
vertu, ou le voifinage, qui,felon moi, tientle
prémier rang aprés l'amitié, m'oblige à prendre
la liberté de vous dire en ami, qu'il me femble
que vous vivez d'une maniére qui ne convient
pôiit à &n homme de votre âge & de votre
bien. Car au nom des Dieux, qu'avez-vous con-
tre vons-même ? que cherchez-vous ? Autant
que je le puis connoitre, vous avez foixante
ans, ou davantage ; dans tout ce pays il n'y a
perfonne qui ait une meilleure terre, ni de plus
grand revenu; vous avez plufieurs efclavess
cependant vous faites avec autant d'aplicatiotr
tout ce qu'ils devroient faire, que fi vous n'en
aviez point. Quelque matin que je forte de chez
moi, ou quelque tard que je me retire, je vous
: trouve
REMARQUES.
fiñage mis au prémier rang après l'amitié: /erpit enims
foras cognationibus primèm , tum. affinitatibus ; deinde
emicitiis, pof] vicinitatibus , tim. civibns. Il met les
parentés & les alliances avant l'amitié & le voifina
ge, parce qu'il regarde cela felon l'ordre naturel.
16. QUIN TE IN FUNDO CONSPICER FODERE .
Que je ne. vous trouve béchant. Ce vers eft plus impor-
tant qu'on ne penfe pour l'intelligence jufte de la
conduite de cette Pièce: car il s’agit de favoir en quel
état eft Ménédéme , quand Chrémés lui parle; s’il travail-
le dans fon champ, ou s'il en fort chargé de fes ou-
tls. Il y a eu fur cela une grande difpute entre deux
Savans d'un fort grand mérite. Si AMénéddme travail-
loit encore quand Chrémès le rencontre, Férence au-
roit fait de fort grandes fautes contre [à conduite du
Théâtre; car comme la fcène ne change point, 7Mésé-
dene feroit toujours préfent; qu'eft-ce donc qui l'em-
pécheroit de voir & d’être vu? Térence n'avoit garde
de faire une fi lourde faute; il a foin de marquer
non
NO TE S.
*. Quod ege effe in aliqua parte, fats autorité.
11. M. B. Óte ee, fans dire pourquoi,
33. Serves non pluris, fans autorité, :
P d
' 429
: #2 HEAUTON Acr-I
: Fodere , aut arare , aut aliquid ferre denique.
Nullum remittis tempus , neque te refpicis.
Hec non voluptati tibi e[fe, fatis certà fcio.
At enim dices , me, quantum btc operis fiat, pat:
: mibet.
Quod in opere faciunilo opere confüis tue,
Si fumas in illis exercendis, plus agas.
MENEDEMU S.
Cbreme, tantumne ab re tud efl otii tibi,
- Aliena ut cures , eaque, nibil qüe ad te attinent ?
| CHREMES.
Homo Jum: bumani nibil à me alienum puto,
Vel
‘REMARQUES.
“hon-feulement l'état où eft. Ménédéme, mais encote
l'heure qu'il e quand fa Pièce commence; & il le
' marque par ces deux mots, ast aliquid ferre, qui dé-
cident toute la queftion. Afénédème ayant travaillé
tout le jour, & ne voyant plus, prend fes outils fut
fes épaules, & s'en va chez lui. Ca le trouve én
: cet état près de fa maïfon, où eft la fcène. ^ Ainfi la
Pièce commence manifeftement à l'entrée de la nuit,
lorfque Ménédéme quite fon travail. Ce que j'ai dit
dans ma Préface ne laiffe aucun lieu d'en douter.
' 37. AUT ALIQUID FERRE DENIQUE]. Ox
enfin portant quelque fardezn. On avoit mal féparé ce
denique de ferre, pour le joindre à ce qui fuit. Ce mot
doit finir la phrfe, comme ce travail de porter quel-
que fardeau finit la journée du bon AMéxwedéme. Et
C'eft ainfi que Cicéron avoit lu; car dans fon prémier
livre de finibus, il écrit: Zrentlanus Chremes non inba-
manus,. »9UNME "vicihum non vult fodere, aut arare , 4t
-aliquid ferre denique : non nt illum ab induftrid , fed ab
#iliverali labore deterrest, D'ailleurs c'ef& la um
S.L TIMORUMENOS. ^
trouve toujours béchant ou labourapt, ou en- .
fin portant quelque fardeau; vous ne vous don-
- aiéz aucun relâche, & vous n'avez nul égard à
: vous-méme-: Je fuis für que ce n'eft point pour
votre plaifir que vous en ufez ainfi. Vous me
direz peut-étre: Je ne fuis pss content du tre»
: Vail que font mes efclaves. Si vous employiez
à les faire travailler tout le tems que vous met.
‘tez à travailler vous-même, vous avancerieg
beaucoup davantage.
M E N E D E M E.
'Eft-il poffible, Chrémés , que vous ayez fi
"peu d'affaires chez vous, qu'il vous refte du
tems pour vous mêler de celles des autres, & de
ce qui ne vous regarde en aucune facon?
CHR EM E S.
Je fuis homme, & en cette qualité je crois
étre obligé de m'intéteffer à tout ce qui arrive
à mon prochain: prenez ce que je vous dis , ou
. pour
REMARQUES.
de Térence de placer prefque toujours le mot denigse
à la fin, comme dans l'Essseb. I. 2. v. 78. Et dans
le Pherm. YI..2. v. r1.
25. HOMO SUM , HUMANI NIHIL A ME ALTE-
. NUM PUTO ]. Je fuis bomme, V» en cette qualité, Gre.
Qn doit s'étonner que ce vers ait été fi mal entendu,
près ce que Cicéron en à dit dans le prémier Livre
des Offices, qui peut lui fervir de commentaire: cat
on voit manifeftement par-là, que Térence apelle ici
bumanum tous les maux, tous les accidens fâcheux qui
amivent ou qui peuvent arriver aux hommes, ou P
NOTES. |
17. Facere, pour ferre, fur un MS. & les anc. édit.
comme Donat a cité.
20. M. B. óte dices, aprèsjune citation de Servius,
& la corre&ion de Muret.
24. Ea que nibil ad te, dans tous les MSS, & lez
édit. anc,
-
35
- 9o
94 HEAUTON- Acer.
Vel me monere boc, vel percontari puto;
Reëkum et? ego ut faciam : non ef} ? te ut deterream.
|». MENEDEMU $
Mibi fic eft ufus: tibi ut opus eft fatto, face,
CHREMES —
An cuiquam eft ufus bomini , fe ut cruciet ?
| MENEDEMU,.
CHREMES.
$1 quid laboris eft , nollem : fed iftud quid mali «JF?
Quafo, quid de te tantum meruifti?
MENEDEMUS. |
Heu, boi!
e GERE. CHRE-
REMARQUES.
la force de la deftinée , ou-par les effets du hafard. Ma
traduétion le fait affez entendre. St. Auguflin écrit
quelque part, que quand on récitoit ce vers fur le théi-
te de Reme, tout le peuple faifoit de grandes excla--
mations. .
26. VEL ME MONERE HOC, &c.]. Prenez ce
, qué fe vous die, ou pour des avis que je vous donne. On
ne fauroit voir deux plus beaux vers que ceux-ci,
Vel me monere boc , vel percontari Putat |
RetIum efl? ego ut faciam : vn eft? te ut deterreanr,
Ego st rs répond à percontari ; te st deterream,
répond à misere. Percentéri cft proprement s'infoi-
mer pour s'inftruire, demander les raifons d'une cho»
fe, s'en inftruire à fond, & c'eft un mot emprunté
des mariniers qui fondent les gués.
90. SI QUID LABORIS EST, NOLLEM |.
$i vous aviez quelque grand fujet de déplaifir , Je ne "
rit
Sc. L TIMORUMENOS. 25
pour des avis que je vous donne, ou pour des
in(lru&ions que je vous demande; afin que fi ce
que vous faites elt bien fait, je le faffe comme
vous; & s'il eft mal, que je vous en détourne.
MENE D E M E.
Je trouve à propos de faire ce que je fais;
pour vous, faites comme il vous plaira,
CHREMES
Jamais perfonne a-t-il troûvé à propos de (e
tourmenter ? er
MEN ED E M E.
Oui, moi. | |
CHREMES.
Si vous aviez quelque grand fujet de déplai-
fir, je ne dirois rien ; mais que vous eft-il ar-
Yivé? je vous prie, qu'avez-vous donc commis
de fi terrible que vous vous traitiez fi cruelle-
ment? —— |
MENEDE M E.
Ahi, ahi!
» CHRE-
REMARQUES.
rois rien. L'on n'a point du tout bien entendu ce vers.
Mur?t & les autres l'ont avoué franchement. Mr. Gsyet
a eu recours à fon expédient ordinaire; il dit que ce
vers eft indigne de T*rence , & qu'il faut le retrancher.
left certain qu'il eft trés difficile, & j'ai été fort long-
tems fans le comprendre; je ne fais méme fi après les
-" = e - LI t p f£; LE trouver le
ndu;onen
à Chrémés
Chrémés ne
traordinaire
, nollem, il
selque grand
que vous fais
tes;
torité ,
— - LE
=
35
Sine* me , vacivom tempus, ne quod duim mibi |
, ib n'yavoit que cela auffi qui püt porter Chrémés à
26 HEAUTON Acr. I.
CHREMES.
Ne lacruma, atque ifibuc,. quidquid. eft, fac me
ut fciam.
Ne retice : ne verere: crede, inquam, mibi,
_Aut confolando, aut confilio, aut re juvero. .
MENEDEMUS.
Scire boc vis? |
CHREME S.
Hác caufd equidem , qu4 dixi tibi.
MENEDEMU S.
Dicetur.
CHREMES.
At iflos raftros interea tameu
Depone, ne labora.
MENEDEMUS.
Minime. s |
CHREME S. : |
Quam rem agis ? |
MENEDEMU S. |
Laboris.
CHRE-
X Me abeft à MS.
REMARQUES.
tes, je ne dirois rien, © je ne tdcherois pas de vous om
détourner. En effet il ne pouvoit y avoir qu'un très
grand déplaifir, ou plutôt une efpéce de défefpoir,
ui püt obliger Ménédème à faire ce qu'il faifoit; Bez
ceffer de le preffer, & de vouloir l'empêcher de chas-
fcr ou de tromper fes ennuis par la peine & par le
travail. Je trouve là une bienféance dont je fuis
channée.
86. AT 1$T0$ RASTROS INTEREA TAMEN DEPO- *
NE à
^
$.L TIMORUMENOS. 7
CHREME S.
Ne pleurez pas; dites-moi, je vous prie, ce
que vous avez, ne mele cachez point, ne craignez
tien: fiez-vous à moi, vous dis-je, je vous fou.
hgerai, ou en vous confolant , ou en vous aidant
de mes coníeils & de mon bien, s'il eft néces- :
fire.
MENEDEM E.
Le voulez-vous favoir?
"^ CHREME S.
Oui, feulement pour la raifon que je viens
de vous dire.
MENEDIEM RE.
Vous le faurez. :
| CHREME S.
Mais cependant quitez ce rateau, he vous
fatiguez pas.
MENEDENME,
Je ne le quiterai point.
CHREME S.
Que voulez-vous faire?
MENED E M E. |
Laiffez-moi, que je ne me donne pas un feul
moment de repos.
| CHRESs
REMARQUES.
NE, NE LABORA ]. Quitez ce rateau, ne vous fatiguez
Pas. Le feul mot, ne /zhera, a trompé des gens très
favans, qui ont cru que Ménédème travailloit dans fon
champ, & que Chrémès lui difoit, ne labora , ne fra-
vai/lez pas.
hfuite. Ménédème étoit forti de fon champ, & fe
tetiroit chez lui; it portoit fon rateau fur fon épaule,
.& Chrémés le prie de quiter ce rateau, pendant qu’il
lui fera le récit de fes malheurs. Ne lzbora vent dire
ici, ne vogs fatiguez pas, ne vous tourmentez pas, coui«
ae Mz. l'Abbé dasliar l'a fort bien fait voix.
$ .
ais ce fens ne peut jamais s'ajufter avec '
— memes a m"
28 HEAUTON Acr. L
CHREME S. |
Non finam , inquam.
MENEDEMU $
Ab, non equam facis
| CHREMES.
4o Hui, tam reves bos, quæfo?
MENEDEMU &
Sic meritum ef meum.
MN CHREME S.
Nunc loquere.
MENEDEMUS
| Filium unicum adolefcentulum
_ZTabeo. Ab quid dixi babere me! imó babui,
de Chremes » :
Nunc babeam, necne, incertum eft.
' CHREMES.
Quid ita ifbuc ?
MENEDEMU S.
OE . Scies.
Eft à Corintbo bic advena anus paupercula,
Ejus filiam ille amare capit perdite |
4S Prope jam ut pro uxore baberet : bec clam me omit
-.Dbi *id refcivi, capi non bumaniter , |
Neque ut egrotum animum decuit ‘adolefcentuli,
Tra&are, [ed vi € vid pervolgatá patrum.
Ouotidie accufabam : Dem! tibine bec diutius.
so Licere Jpera: facere , me vivo patre ,
Amicain ut ‘babeas prope jam in uxoris loco?
Erras, fi id crediss (9 me ignoras , Clinia.
Ego te meum e[Je dici tantifper volo ,
55 Dun
"* Vulg. rem. |
* | "ON O T E 5.
E D Virginem, pour perdité , comme quelques MS!
»
LÀ
|» SL TIMORUMENOS: 29.
CHREM E S.
* e nele fouffrirai pas, vous dis-je.
, MENEDEM E.
Ah, ce que vous faites eft injuíte.
CHREMES.
Quoi, un rateau fi pefant!
"MEN E D E M E.
Après ce que j'ai fait, j'en devrois avoir un
bien plus pefant encore.
CHREMES.
Parlez maintenant:
MENED E HM E.
J'ai un fils unique fort jeune. Ah, que dis-je,
jai un fils! je l'avois, Chrémés , car je ne fais.
fi je l'ai encore;
CHREMES.
Comment cela?
M E N E D E M E.
Je vais vous le dire. Il y a ici une certaine
vieille femme de' Corinthe, qui n'a point de
bien,;. mon fils. devint éperdüment amoureux
de fa fille, deforte que fans que j'en. fuffe rien,
il vivoit déja avec elle comme fi elle eüt été fa
femme, Sitót que je l'eus apris, je me mis à
le traiter inhumainement, non pas comme je
devois traiter un efprit malade , mais avec toute
la dureté & toute la rigueur que les pères exer-
cent dans ces occafions. ‘Tous les jours je lui
faifois des. reproches : Quoi!. lui difois-je ,.
croyez-vous pouvoir continuer ce honteux com-
merce tant que je ferai en vie, & vivre avec
cette créature ,. comme fi vous étiez mariés?
Vous vous trompez fort, fi vous le croyez,
Clinia , & vous ne me connoiífez guère. Je
vous regarderai,comme mon fils, pendant que
; voys
# IL lui dte en même tems “ rateat, . :
3
$5
60
65
29
90 HEAUTON- . A4cr.I
Dum, quod te dignum eff , facies: fedi id non facis».
Ego, quod me.in te. fit facere dignum, invenere,
INuila adeo ex ve ifibuc fit, nifi ex nimio otio.
Ego iftbuc etatis non amori operam dabam,
Sed in J£fiam abii binc prepter pauperiem, atque ili.
Simul. rem € gloriam armis bell repperi...
Poftremè ,' adeo res rediit : adolefcentulus
Sepe eadem , £9" graviter audiendo vi&kus efkz
Putavit me C9 etate © benevelentiá
Plus [cire, 9 providere , quàm fe ipfum fihi.
In Afiam ad Regem militatum abiit , Chreme.
CHREME S.
MENEDEMUS .
Clatn me eff. profeëus ; menfes tres abc].
CHREMES. |
Quid ais!
_Æmbo accufandi: etfi illud inceptum, tamen
"nimi eff. pudentis fignum, C9 non infirenuk.
MENEDEMU S.
Ubi comperii ex iis, qui ei fuere eonfcii,
sq
Demum revortor mæflus , atque animo feré-
Perturbato, atque incerto pre egritudine.
"Adfido: accurrunt fervi: foccos detrabunt :
pido.
REMARQUES.
fo. ATQUE IBI SIMUL REM ET GLORIAM up
MIS BELLI REPPERI]. Et: là par mon courage J ^^
quis de la gloire & ds bien. Il y a dans le texte ' ^
srouvai de la. gloire Cv du bien. Les Lasins fe font le
vis de leur ver5e reperire , trouver , pour dire mine
gagner , remporter, comme les Grecs ont employé
' égtipsis, Pindare dans l'Ode VIII. des 1/fh.
"AtfAoy drive Égedps. ü
Sc. 1... TIMORUMENOS. 4!
vous ferez ce que vous devez ; mais fi vous ne
le faites pas, je ferai ce que je dois Tout ce
libertinage ne vient que d'oifiveté; à votre áge
je ne fongeois pas à faire l'amour; me voyant
pauvre, j'allai porter les armes en Aie, & là
par mon courage j'acquis de la gloire & du bien.
Enfin cela vint à tel point, que cepauvre garcon,
à force d'entendre toujours la méme chofe, &
de fe voir traiter durement, n'eut plus la force '
de réfi(ter;il crut que mon âge; & l'amitié que
javois pour lui, me faifoient voit plus clair que
lui-méme en ce qui le concernoit. Ah, Chré-
més, il s’en alla en Afie fervir te Roi.
CHREMES.
‘Que me dites-vous là!
MENEDEM —-E.
. Il partit fans m'en rien dire; il y a déja trois
mois qu'il eft abfent.
CHREME S.
Vous avez tous deux tort. Ce qu'il a fait
anmoins part d'un bon naturel, & d'un cœur
bien fait.
MENEDEM E.
Lorfque ceux à qui il avoit fait confidence de
fon deffein, m'eurent apris qu'il étoit parti, je
m'en revins chez moi accablé de trittefTe , l'efprit
prefque troublé, & ne fachant à quoi me in
re
REMARQUES.
Hl à trouvé la gloire des combats, poux dire, 3 a rem-
porté la vitloire.
- 65. IN ASI1AM AD REGEM MILITATUM ABIIT |.
IL s'en alla en Afie fervir le Roi. J'avois fait ici la me-
me faute que dans l'Eunsque III. 1. J'avois fuivi le
fentiment de ceux qui entendoient le Roi de Perfe.
Mais cela ne fe peut. Ménandre parloit fans doute du
Roi Séleucus. On peutvoir la Remarque fur l'endroit
de l'Esnugse que je viens de marquer,
B
(5
$5
35
P d
32 HEAUTON- Acr.l
Video alios feflinare , le&os ffernere ,
Crnam apparare , pro fe quifque fedulb,
Faciebat , quo illam ibi lenirent. miferiam.
Ubi video bec, cepi cogitare :: Hem, tot mei —
Sotius foliciti funt: cauf4, ut me unum expleant ?
ÆAncille tot me vefliant? fumptus demi
Tantos ego folus faciam: fed gnatum unicum,
Quem pariter uti bis decuit, aut etiam. amplius,
Quid illa etas magis ad bec utenda idonea efl,
Ego eum binc ejeci miferum injuftitid med.
Malo quidem me. dignum quovis. deputem,
Si id faciam : nam ufque dum ille vitam illam colet,
Inopem , carens patriá ob meas injurias, —
Irterea ufque illi de me fupplisium dabo ,
Laborans, querens, parcens, illi Jerviens.
Ita facia prorjus, nibil relinque in edibus,
Nec vas, nec veflimentum: corrafi omnia
Ancilhis, fervos, nifi eos, qui opere ru[l ico.
Fa-
REMARQUES.
76. TOT MEI SOLIUS SOLICITI SUNT CAUSA].
Quoi! tant de gens feront embara[fés pour moi fcul? Jai
lu comme mon père, /o/iciti fint. Cela eft néceffaire.
7$. ANCILL E TOT ME VESTIAN T]. Ÿ'au-
rai tant d'efclaves qui ze. ferent. occupées qu'à faire les
étofes pour mes habits? C'eft-là le fens de ce paffage;
il parle des efclaves que l’on. avoit chez foi pour cou-.
dre, & pour faire des étofes.
89. NEC VAS, NEC VESTIMENTUM]. Ni
meubles, ni étofes. Ily a ni vafe , ni habit. Mais jai
mis meubles au-lieu de v4/e; car tout eff compris dans
le mot de meubles, & veflimenta font proprement des
ièces d'étofe dont ils fe fervoient pour couwrir les
its, pour faire des tapis, C'eft.ce que Virgile apel-
le veftes, a us
9o. QUI.
S:E TIMORUMENOS. 33
dre dans l’excès de mon chagrin. Je prens un.
fiége, mes valets accaurent,.les uns me desha-
billent, les autres fe hàtent de mettre le cou-
vert, & d'apréter le fouper; enfin: chacun: fait
de fon mieux pour adoucir mes inquiétudcs..
Quand je vis tout cet empreflement, je me mis
à fonger en moi-même: Quoi! pour moi tout
feul tant de gens-feront:embaraflés ? tant de gens
feront empreífés à me. fervir ? j'aurai tant d'es-
claves: qui ne feront occupées qu'à faire les éto-
fes pour. mes habits? je ferai tout feul tant de
dépenfe? & mon.fils unique, qui devroit avoir
part à tout cela autant & méme plus que moi,
étant d'un âge à faire plus de dépenfe, ce fils
unique, , dis-je,. mes duretés l'ont chaffé! Ah,
fi je continuois cette manière de vivre, il n'y a
point de malheur:fi grand dont je ne me trou-
vale digne. $e ne le ferai pas au[fi, & tout le.
tems qu'il fera dans.la mifére oü il eft, banni
de fa patrie par mes injuftices,. je me traiterai
d'une manière qui le vengera; je travaillerai con.
tinuellement, j'épargnerai, j'amaíferai, je n'au-
rai que lui en vue. Cette réfolution fut bientôt
fuivie :
REMARQUES.
90: QUI OPERE RUSTICO FACIUNDO FACILE VIC-.
TUM EXERCERENT SUUM ]. Excenté ceux qui en tra-
vaillant à la campagne pouvoient aifément gagner leur
vie. II n’eft pas néceffaire de fe tourmenter pour cor-
riger ce vers qui eft admirable. — Z*rence a dit exercere:
vitfum , exercer. fa vie, pour gagner /z vie, comme.
Xénophon a dit, £« moveir 2&5. travailler fon vivre, ,
pour gagner fa vie.
N O T E S.
23. Inde alii feflinare, fans autorité. .
75. Fatiehant, à caufe de fenirent.
79. Qui, pour /ed, comme la conftru&:on fems-
ble 1e demander. . |
Peu B 5;
95
100
o HEAUTON- Acr. E
Faciundo faciló vium exercerent fuum ,
Omnes produxi ac vendfdi: infcripfi illico,
ZEdes mercede , quafi talenta ad quindecim
Coégi: agrum bunc mercatus Jum: bic me exerces,
Decrevi tantifper me minus injurie,
Chreme, meo gnato facere, dum fiam mifer -
Nec mibi fas e[Je ullá me voluptate btc frui,
Mifi ubi ille luc falvos redierit meus particeps.
CHREMES.
Ingenio te e(Te in liberos leni puto , &3
Iilum obfequentem , Jr quis re&d aut. commod:
Tra&aret : verüm neque. tu illum. fati noveras,.
Nec te ille: boc ubi ft, ibi non verd vivitur.
Tu illum, numquam offendifli, quanti penderes ,.
Nec tibi ille eft credere aufus que eft equom patri *
| 105 Quod
REMARQUES.
92. INSCR IPSI ILLICO DES]. 7e mis auff»
ma maifon en vente. I] eft queftion de favoir s’il faut
lire, inftripf illico edes mercede ; ou bien infcripf illico.
ades : mercedem. quafi talenta. ad quindecim. J'aime”
mieux le dernier, cir il me paroit plus élégant de di-
re fimplement Pun EE 4des, que inftribere edes wr-
cede, Plaute a dit de même: |
Ædes' venales bafre inferibit literis,
Ils mettoient comme nous des écriteaux, m427/on à -
vendre , maifon à louer , edes. vendundeæ, edes. locande.
Ceux qui ont cru que Mérédème n'avoit fait que louet
fa maifon, n'y ont pas pris garde d’aflez près: la fom-
me feule qu'il en retire, marque affez que fa maifon
fut vendue, IL faut Í& fouvenir qu'il parle pets
Hi
$.L TIMORUMENOS ss
fuivie de l'effet; je ne laiffai rien dans la mai-
fon, ni meubles, ni étofes; je vendis tout , fer.
vantes, valets, excepté ceux qui en travaillant
à la campagne, pouvoient gagner leur vie. Je
mis aufli en méme tems ma maifon en vente, &
.jai ramaffé à peu prés quinze talens; j'ai ache-
té cette terre, où je travaille depuis le matin jus-
ques au foir. Je me fuis imaginé, Chrémès,
que l'injure que j'ai faite à mon fils fera moins
grande, fi je me rends malheureux auffi-bien
que lui; & j'ai trouvé qu'il n'étoit pas jufte que
je goutaffe ici aucun plaifir, que lorfque celui
qui doit le partager avec moi, fera de retour
beureufement. ?
- CHREMES.
Je fuis perfuadé que vous étes un bon pére,
& qu'il auroit été un fort bon fils, fi vous a-
viez (u le prendre; mais vous ne vous connois-
fiez pas bien l'un l'autre, & quand cela eft ainfi,.
ce n'eft pas vivre. Vous ne lui aviez jamais fait
connoître combien vous l'aimiez, & il n'a ófé&
vous faire les confidences que les enfans doi-
vent
REMARQUES.
maifon qu'il avoit à Athènes ; car la fcéne eft aux
champs; on s'y eft trompé, comme nous le verrons
dans la fuite.
94. Hic ME EXERCEO]. Où je travaille de-
is le matin jufqw'au foir. Le travail que j'ai fait fur
’Odyffée d' Homére, & que je vais hientót donner au
Public, m'a fait apercevoir que Aénandre n'dvoit pas
inventé ce cara&ére de Ménédème, mais qu'il l'avoit
tiré d' Homére , où le bon Lasrte , affligé de l'abfence de
'fon fils , fe tourmente à fa maifon de campagne come
me Ménédéme fait ici. Cc font les mêmes traits; on
D'a*qu'à voir là les Remarques. -
N O T E S.
91. Exfercirent , fuivant la corre&ion de Palmériuss
102. Arc qued fit, xb w^ autorité,
105
119
6 HEAUTON- Acr.lI.
Quod. fi eg fa&um, bec numquam evenifJent.
| tili.
MENEDEMUS.
Ja res eff, fateor: peccatum à me maxumum eff.
CHREMES.
Menedeme, at porro re&éà fpero: €. illum tibi
Salvum affuturum e[fe btc confido propediem..
MENEDEMU S.
Utinam ita Dii* faciant.
CHREMES.
Facient: nunc, fi commodum eff,
Dionyfia bfc funt, bodie apud me fis volo. —
ME.
* Vulg. faxint:
REMARQUES.
110. DIONISIA HiC SUNT]. Vous favez que.
Pon célibre ici la féte de Bacchus. Les Athéniens cé-.
lébroient plufieurs.fêtes de Bacchus; mais il y en avoit
deux principales , l'une que l'on célébroit au prin-
tems, & l'autre que l'on célébroit en automne. Mr.
l'Abbé d’Aubignac a recherché-avec foin. toutesces fé.
tes , & aprés en avoir cité un.grand nombre, il a pris
malheureufement le méchant parti ; car il a cru qué la
fête, dont parle ici Térence, eft la fête du printems.
que l'on, apelloit an25eférie, & où il fait auffi tomber.
Je- féte.apellée Pytheigie, parce qu'on perçoit alors les.
tonneaux, ce qu'il, fonde fux Je so. vers de la fcéne,
du troifieme AGe :.
Relevi omnia dolia, omnes ferias. .
J'ai percé tous mes tonneaux, j'ai ouvert. toutes mes.
gruches. Mais ce r’ifonnement eft bien foible; com.
me fi dans. toutes les. autres fêtes de l’année on ne
pouvoit pas peer des tonneaux, & comme fi ce n'é-
toit pas l'ordinaire dans les grandes fêtes d'en percer
beaucoup pour choiíir le meilleur vin. D'ailleurs on
voit bien que ce n'eft point ici une chofé de coutu-
me, & que Chrémés ne le fait que parce qu'il y eft
forcé par l'importunité de Bacchis qui n'en tronvoit
jamais d'affez bon, & qu'il ne le dit même à: Meése-
dí", que pour lui faire voir la furieufe dépeníe à
quoi.
S& L TIMORUMENOS $4;
vent faire à leurs pères. Si vous l'aviez fait l'un:
& lamtre, tout ce defordre ne ferait pas arrivé.
ME NE D.E ME.
. Cela eft vrai, je l'avoue, j'ai grand tort.
CHREMES,
Mais, Ménédème, j'efpère qu'à l'avenir tout
ira bien, & je m'affure qu'au prémier jour vous
l'aurez ici en bonne fanté.
M E N. E. D E M E.
Faffent les Dieux que cela foit
| CHREME S.
Ils le feront; mais préfentement vous favez-
qu'on célèbre ici la fête de Bacchus, je vou.
drois bien que vous vinffiez fouper chez moi,
fi vous le pouviez; E ME-
REMARQUES. |
quoi il va être expofé. Cette faute eft plus importan--
te qu'il ne paroit; car elle en entraine d'autres, & el-
le eft caufe que Mr. d’Asbignac. a fort mal placé la
fcène de. cette Pièce. Je- fuis.fáchée d'etre obligée de.
faire cette remarque, & de relever la faute d'un hom-
me qui a fait un Ouvrage-auff utile que fa Prarique du
Théâtre, où il païoît tant de belle érudition, & tant
de jugement. La fête dont.il s'agit, eft la fête qu'on
célébroit en automne, & qu'on apelloit Dionv/a in
agris , les Dion:fiaques des champs, &, la fcène n'eft
pas dans Athènes, comme l'a cru Mr. d'Asbignac ; ele
le eft. dans un petit hameïusoù Afénédème & Chrémes
avoient chacun une maifón. Cela paroit par toute la
fuite ;; &- d'ailleurs Ménédème n'a-t-il pas déja dit qu'it
avoit vendu la maifon qu'il avoit à la ville ? La feule
difficulté qui refte, c’eft de favoir pourquoi Chrémés
dit Dionyfia.ble funt; en célibre ici, C’eft parce qe.
cette fête durant plufieurs jours, on ne la célébroit
as en méme tems dans tous les bourgs & dans. taus
es hameaux de l'4tzigue: on la célébroit aujourdhui
dans un lieu &-demain dans l’autre, afin qu'on püt.
affembler fes voifins, & que la compagnie füt plus,
uombreufe.
»
N O T E S.
109. Jia Di faxint , après parus MSS,
| 7
$$ | HEAUTON Ac.E£
MENEDEMU S.
Non po[Jutn. e
CHREMES.
Cur non? quefo tandem aliquantulum:
Jibi parce: idem abfens facere te boc volt. filius.
MENEDEMUS.
Non convenit , qui illum ad laborem* impulerim, .
Nunc me ipjum fugere.
CHREME S.
Siccine efl fententia ?:
MENEDEMU'S.
CHREM E S.
Bene vale,
MENEDEMUS.
Et tu.
Wlpieiciokoloioieioloteitelotetetoieioieteleloioitoloiojeiejolololeioleloioleleioie iibi p-
ACTUS PRIMUS.
S C E N À II.
CHREMES.
L ‘crimes excuffis mibi ,.
Miferetque me ejus: fed , ut diei tempus eft ,
Monere oportet me bunc vicinum Pbaniam
ld cenam ut veniat: ibo , viam fi domi eff.
| NU
AIS Sic.
* Vulg. impellerim.
REMARQUES...
IBO, VISAM SI DOMI EST]. Je vais voir
S'il efl chez Mi. En difant ces mots Chrémés va à la
orte de fon voifin Phania, X fans quiter le théâtre
à avance un pied à l'entrée de la maifon , & quelqu'un
lui ayant dit que Phania s'était déja rendu Chez lui 3
Sc IL. TIMORUMENOS. 4$
MENEDEME.
Je ne le puis.
CHREMES,
Pourquoi? enfin, ménagez-vous un peu, je
vous prie, je fuis für que votre fils le fouhaite,,
tout. abíent qu'il eft.
MENEDEME.
I] n'eft pas jufte que l'ayant obligé à mener.
une vie fi laborieufe , je fuie moi-même, le trae
vail.
CHREME S.
Eft-ce-là votre réfolution ?:
MENEDEME.
Oui.
CHREME S.
Adieu donc.
MENEDEM E.
Adieu.
ACTEPREMIER.
SCENE IL
. CHREMES.
L m'a tiré des larmes, & il me fait pitié. Mais
le jour eft déja bien avancé, il faut que j'ail-
le avertir notre voifin Phania de venir fouper
avec nous; je vais voir s'il eft chez lui, Il n'a
pas eu befoin d'avertiffeur; on vient de me dire
qu'it
REMARQUES.
il revient & dit, nil vpus fuit monitore. — Ainfi le théâe
te ne demeure pas vuide.
O T E S.
xx3. Hinc pepulerim , fans autoriré.
SC. II. M, B. joint cette {Cène à la précédentes
à
fa HEAUTON- Acr. L.
Nil opus fuit monitore :: jamdudum domi
Prefto apud me e[fe a:unt : egomet convivas moror...
Ibo adeo binc intro: Sed quid crepuerunt fores?
Hinc à me quifnam egreditur? buc conceffero. .
ACTUS PRIMU S.
S C E N XA III.
CLITIPHO.CHREME S.
CLITIP HO:
N Ibi] adhuc. eff, quod: vereare, Clinia: baud.
quaquam etiam ce[Jant 5.
Es illam fimul. cum nuntio. tibi. bc affuturam .
Hodie , fcio : proin folicitudinem ifTam folfam, que te-
Excruciat, mittas, -
CHREMES.
Quicum loquitur filius ?'
CLITI?P HO.
Pater adeft:
e Queu volui, adibo. Pater, opportune advenis.
CHREM E S.
Quid id «fI:
. KEMAAR QUE $..
CLI:
1. NJIHIL ADHUC EST QUOD VEREARE , CLINIA |].
JTw n'as pas encore ares de craindre, ils ne tardent pas,
Clinia. Clitiphon en fortant de chez lui parle à Chinia,
Gls de Ménédème , qui refle dans la maifon & qui n'ó-
fe fortir, de peur d’être vu de fon père, ou de quel
qu’un de fa maifon, qui étoit fort voifine de, celle de
Chrémèés. . | :
, HAUDQUAQUAM ETIAM CESSANT]. is
9e
$c. II. TIMORUMENOS. 4t
qu'il y a déja quelque tems qu'il eft chez moi;
c'eft moi-même qui fais attendre les autres ; je
m'en vais donc. Mais d’où vient que l'on ou-
yre notre porte ? qui eft-ce qui fort? je m'en
vais me mettre ici dans ce coin,
t607:50) $O50)150):90y507:; ooo co0) 9000): sor509
ACTE PREMIEER.
SCEN E IIL
CLITIPHON. CHREMES.
CLITIPHON. :
"[ U n'as pas encore fujet de craindre, ils ne
tardent pas, Clinia, & je fuis für qu'elle
viendra aujourdhui avec le valet que tu lui as
envoyé; enfin, défais-toi de ce chagrin mal fon-.
dé qui te tourmente.
CHREME S.
Avec qui parle mon fils ?
CLITIPHON.
Voila mon pére comme je le fouhaitois, je
vais lui parler. Mon pére, vous venez bien à.
propos.
Que CH Re M ES.
w'eft-ce que c'eft?
| CLIE.
REMARQUES.
me tardent pas. Il parle de l'eíclave que Clinia avoit
envoyé à la ville avec Syres, valet de Cliséphon.
N O T E S.
3. Hodie zio, au v. précédent, Ótant 4c, après un.
MS. Proin tu--- mittas, en un vers,
4. Quicum Joguitur filias? en un vers. Fgern. Pater
&dc? , dans le fuivant, — ,
Io
i HEAUTON AcrfL
CLITIPHO.
Nunc Menedemum noftine noflrum vicinum?
CHREMES.
CLITIPHO.
KHuic filium fcis effe?
| CHREMES.
4Iudivi effe in Afid.
CLITIPHGO
Mon eft, pater, apud
CHREME S.
Quid ais?
CLITIPHO,
[abduxi illico:
Adveniéntem , à navi egredientem,
«dd cenam: nam mibi magna cum eo jam inde us
que à pueritiá
Semper fuit geo
CHREME S.
Voluptatem magnam euntias..
Quàm vellem Menedemum invitatum , ut nobifcum
bodie effet amplius ,.
Ut banc letitiam nec opinanti primus | objicereus
domi !
dtque: etiam nunc tempus eff.
CLITIP HO.
Cave faxis: non opus efF,, pater.
CHREMES.
Duapropter?.
Probà
Nos eff.
CLI-
N OT E S.
: 9. Apud , au v. fuiv.
g. Abduxi, au v. fuiv. Ótant magna, fur quatre MSS.
11. M. B. retranche bedie , après plufieurs MSS. à:
oxi
$.IIL TIMORUMENOS. 45
CLITIPHON. E
Connoiflez-vous un certain Ménédéme motre .
voifin ? .
CHREMESGS
Oui,
CLITIPHON.
Savez-vous qu'il a un fils?
CHREMES
Oui, j'ai oui dire qu'il e(t en Afie.
CLITIPHON.
: A n'y eft plus, mon père, i eft chez nous, -
CHREMES
Que dites-vous l3?
CLITIPHON. :
Tout-à-l'heure comme il arrivoit je l'ai pris
au fortir du vai(feau, & je l'ai amené fouper
chez nous, car dés notre enfance nous avons
été fort bons amis.
CHREMES.
Vous m’aprenez là une nouvelle qui me fait:
un fort grand plaifr. Que je voudrois bien que
Ménédéme vint augmenter la bonne compagnie,
afin que je fuffe le prémier à lui donner cette
joie dans’ ma maifon, & loríqu'il s'y attend le
moins! Mais il eft encore tems.
CLITIPHON.
N'en faites rien, s'il vous plait, mon pères
il ne le faut pas.
CHREMES
Pourquoi cela?
CLE
N O T E S.
12. Objictrem ei domi, fuivant tous les MSS.
13. 4Vunc atis tempori ef! , malgré tous les MSS.
15
44 HEAUTON- Acr.I
CLITIP HO.
[ciat: inodù venit.
Quia enim incertum eff etiam, quid fe fa-
Timet omnia: patris iram, &$ animum amice Je
erga ut fit fua:
dam miferè amat; propter. eam bac turba atque abi-
fio 'evenit.
CHREMES.
Scio..
CLITIP HO,
lVunc fervolum ad eam in urbem mifit, & ege.
nofflrum unà Syrum.
CHREMES.
id narrat 2
e CL:ITIP HO.
Quid ille? fe miferum efJe.
CHREME S. |
Miferum! Quem minw credere ef? ?
Quid reliqui eff , quin babeat , qué quidem * effe.
| in bomine dicuntur bona,
20 Pa.
V Elle aje? à vulg.
REMARQUES.
17. NUNC SERVOLUM AD EAM IN URBEM MI-
ST]. J| a envoxé un petit laguais chez elle. Mot à
mot, Il a envoyé un petit laquais à la ville. Ce qui
foarque bien cert:inement que la fcène eft à la cam-
agne; fi elle étoit à Arhènes, "Térence. parleroit ridi-
culement. Mr. Ménage, dans la difpute qu'il a eue
(ur cette Comédie avec Mr. l'Abbé d’Aubignac, s'étoit
fervi de ce paffage pour prouver que la fcène eft x la
campagne. Mais Mr. d'Awbignac traite cela de gros-
fier, & il dit qu'il n’y. a point de-valet à Paris, ni de
garçon de boutique, qui ne dife tous les jours que fon
maitre eft à la ville, qu'il n'eft pas encore reyenæ de
la ville, fans qu'on puiffe, inférer delà, que l'on dit
cela à là campagne ; & là-deffus il fait des railleries
qu.
Sc. LL TIMORUMENOS ay
CLITIPHON.
Parce qu'il eft encore incertain de ce qu'il doit
faire; il ne vient que d'arriver ; tout lui fait
peur; il craint la colère de fon père, & il ne
fait pas bien comme il eft dans l'efprit de fa
maiîtrefle; il en ett éperdüment amoureux; c'eft
pour elle qu'eft arrivé tout le defordre, & qu'il
s'en étoit allé.
| | . CHREMES.
Je le fais.
CLITIPHON.
Il a envoyé un petit laquais chez elle, & j'ai
envoyé Syrus avec lui.
Eh bien, que dit-il?
CLITIPHON.
‘Ce qu'il dit? il dit qu'il et malheureux,
CHREMES.
Malheureux! lui ? qui trouvera-t-on qui le
foit moins ? qu'eft.ce qui l'empêche d'avoir tout
ce que les hommes appellent des biens? Il re-
trouve fon père & fon pays en bon état; ila
des
REMARQUES.
qui ne font pas trop juftes. Mais en vérité, peut-on
-penfer qu'on puiffe règler la langue de Scipien & de
Lélius fur l'ufage des valets & des garçons de bousique
de Peris? Je n'entterai (point dans l'examen de cette
* façon de parler Françoife ; il me fuffit d'affurer que f
Térence avoit voulu dire dans Rome à Lélius, qu'il a-
voit envoyé un laquais à Scipien, il n'auroit jamais
dit, Jérvum ad Scipionem in urbem mifi ; & Mr. d’'Au-
bignac a beau dire qu'il n'y a ‘pas une Comédie ‘dans
Plaute, & dans Térence, où l'on ne trouve des exem-
ples de cette expreffion prife dans fon fens, il ne per-
fuader: que ceux qui ne les ont: pas lues; pour moi
je n'en ai jathals vir un feul , & j'ôfe dire qu'il eft im.
poflible d'en trouver,
46 HEAUTON Aer. I
eo Parentes, patriam incolumem , amicos , genus,
25
3o
| Clitipben répond à ce que fon père a dit au 171 vers,
cognatos , divitias?
«dtque bec perinde funt, ut illius animus, qui ea
po[fidet ;
‘Qui uti Jcis, ei bona ;illé, qui non utitur reG2 , mala,
CLITIPHO.
mà ile fenex fuis importunus femper : £9 nunc
nibil magis
Vereor , quim ne quid in illum iratus plus fatis
faxit pater.
CHREMES.
LJ
Illene? ( fed reprimam me : nam ,in metu e[fe bunc,
illi eft. utile).
CLITIPHO.
Quid tute tecum? : |
CHREMES.
Dicam. Utut erat ,manfum tamen oportuit.
Fortaffe aliquanto iniquior erat, prater ejus lubidi-
nem:
Pateretur: nam quem ferret, fi parentem nen fer-
ret fuum ?
Hunceine erat æquom ex illius more, an illum ex
.. bujus vivere? €
Quod illum infimulat durum, id non eff : nam pa-
^ rentium injuric
Unius-
REMARQUES.
21. ATQUE HÆC PERINDE SUNT]. Z/ ef
vrai que toutes ces chofes font comme ef? l'efprtt de ceux.
Cette façon de parler eft remarquable, aærque eft une
reprife que les Grecs apellent éraroplaoig.
23. IMO ILL E SEN EX FUIT]. Mais mon pére,
wife
+
J
Sc. I. :TIMORUMENOS. a
des amis, de la naiflance, des parens, des ri.
che(les. H eft vrai que toutes ces chofes font
comme eft l'efprit de ceux qui les poíTédent;
elles font de grands biens pour ceux qui favent
s'en fervir, & de grands maux pour ceux qui
n'en font pas l'ufage qu'ils en devroient faire.
CLITIPHON.
Mais mon père, ce bon-homme a toujours
été ficheux; & préfentement dans la colère où
il eft contre fon fils, je crains bien qu'il ne le
maltraite plus qu'il ne devroit.
CHREME S.
Qui, lui? bas. Mais il ne faut pas que j'en
dife trop; car il eft bon pour ce pauvre pére de
tenir ce jeune garcon en crainte.
CLITIPHO N.
Qu'eft-ce que vous dites tout bas, mon père ?
CHREMES.
Je vais vous le dire. Quelque ficheux que
£üt Ménédéthe, fon fils ne devoit pourtant ja-
mais s'en aller. Il le trouvoit peut-étre un peu
moins équitable qu'il ne l'auroit foubaité. Il fa-
loit le fouffrir; car s'il ne fouffre fon pére, qui
fouffrira-t-il donc? Lequel à votre avis eít le
plus jufte, qu'un père vive à la fantaifie de fon
fils, ou qu'un fils vive à la fantaifie de fon
père? Et pour ce qui eft de la dureté dont il
Taccufe, il n'y a rien de moins; car les rigueurs
des péres font prefque toutes de la méme forte:
° je
REMARQUES.
eniferum | Quem minu credere ef? Malhenreux 1 fui?
si trouvera-t-on qui le foit moins? Cet imè eft ici une
particule adverfative, pour quim.
NOTES. |
29. Er, au v.fuiv. où M. B. lit iz/oeulant , fur un M
35
48 HEAUTON- AAcr.I
Uniufinodi funt. fermé, paulü qui eff bomo tolerabilis
Scerturi crebró nolunt , nolunt.crebrà convivarier ,.
Prebent exigué fumtum: £9 ea funt, tamen, ad
virtutem 'omnia.
Verüm ubi animus femel fe cupiditate devinxit mald ,
ANece[Je qi à Pn , confilia confequi confimilia.
oc
Scitum eft, periculum ex aliis facere, tibi quod
ex ufu fiet.
CLITIP HO.
Ita credn — | "P
: CHREMES. . |
5 [cene fiet.
Ego ibo binc intro, ut videam, nobis quid
Tu, ut tempus efl diei, videfis ne quo binc abeas
Jongits. E-
ACTUS
** Abeft à MS.
REMARQUES
Ld
$1. PAULÓ QUI EST HOMO TOLERABILIS, SCOR-
"TARI CREBRO NOLUNT]. Ze parle des pères qui font
sn peu raifonnables. Ce changement de nombre eft bien
remarquable , s’il y a un père an peu raifannable ,ils ne
“veulent pass il met l'un au fingulier, & l'autre au plu-
riel; & c'eft parce que le prémier hombre marque la
qualité de chaque père en particulier, & tous enfem-
ble font un pluriel: on n'avoit pas bien expliqué ce
changement. Jules Scaliger a fort bien remarqué dans
le s. Livre de fa Poétigue, que le fentiment de Chré-
. més eft tiré de la plus fine morale: les pères qui n'ont
pas dépouillé toute forte d'humanité, fouffrent quel-
que petite chofe à leurs enfans, & ne les puniffent
que des excés; ils permettent qu'ils s'oublient quel-
quefois, mais non pas toujours.
^ $8. TU, UT TEMPUS EST DIEI, VIDESIS NE QUO
HINC ABEAS LONGIUS]. Songez à ne vous pas éloi-
qur à Pheure qu'il eff. Comment Chrémés peut-il di-
ie
#35
" um
$c. IL TIMORUMENOS. 4b
. je parle des pères qui font un peu raifonnables:;
ils ne veulent pas que l'on (oit toujours dans les
vilains lieux, ils ne trouvent pas bon qu'ón aille
"fouvent au cabaret, ils donnent peu d'argent,
& tout cela n'eft que pour rendre ‘les enfans
‘plus vertueux. Mais loríqu'une fois de mauvai-
fes inclinations fe font empárées de l'efprit des
_jeunés-gens, il faut néceffairement que toutes
leurs actions fe fentent decette corruption. Men.
fils, c'eft une belle maxime, qu'il faut faire foù
“proût du mal d'autrui. |
| CLITIPHON.
Je le crois. . "TE
CHREMES.
.Je vais entrer pour voir ce que nous aurons
à fouper; fongez à ne vous pas éloigner à l'beu-
re qu'il eft. Me
ACIE
REMARQUES.
‘re cela à fon fils, puifqu'à la fin de la fcène précédens
te il a dit, egemet convivas morer , c'ef. moi-méme p
fais attendre les conviés? 11 femble donc qu'il ne de-
"woit pas laiffer aller Clitipben, mais le mener avec
lui, puifqu'on n'atendoit que lui pour fe mettre 2
table. Cette obje&ioh né peut être faite que par ceux
qui ne favent pas que dans une occafion comme cel-
le-ci, on avoit bieh des chofes à faire ávant qué de
fe mettre à table. Car il falloit que le repas ft pré-
cédé d'un faërifice : d'ailleurs ces bonhes gens em-
ployoient un affez longtems à difcourir avant que de
manger. Un homme comme Córéni?s n'avoit garde de
vouloir gêner fon fils, en l'affujettiffant à fe trouver à
"toutes ces cérémonies, & à écouter tous Ieurs di(cours.
NOTES
23. "igne hat funt , dans tous les MSS,
ei^
Tome IL ——— C
+
so HEAUTON- Acr. I
ACTUS PRIMUS.
SCENA IV.
CLITIPIH oO.
OT iniqui funt patres, in omnes adolefcentes.,
| judices! E
“Qui equom effe cenfent nos jam à pueris illico nafci
enes. ‘ | E
Neque ue adfises rerum e[Je, quas fert ado-
lefcentia. e
. Ex fud libidine snoderantur, nunc que el, non
que olim fuit. -—-
Mibi fi umquam filius erit , ne ille facili me utetur
patre. :
Nam €$ cognofcendi €? ignofcendi dabitur peccæi
locus : "e
don ut meus, qui mibi per alium -offendit fuam
fententiam. .
erii , is mibi ubi adbibit plus paulè, [ua que nar-
| vat facinera!
JNunc
REMARQUES
3. NEQUE ILLARUM ADFINES RERUM ESSE QUAS
TERT ADOLESCENTIA]. E: ne point Jentir toutes les
, palfions de la jeuneffe. Mot à mot, C» n'étre point par-
ticipans de ces chofes auxquelles la yeune[Je nous porte.
Quand les ‘Anciens difoient au pluriel ces chofes, illas
ves, illaram rerum , ils parloient toujours de l'amour. '
. Le mot ad/ines eft fort beau, les Grecs employent leur
Cv^yytvzs dans le méme fens.
4. EX SUA .LIBIDINE]. Par [es inclinations
s'ils ont aujourdhui. Libide eft quelquefois pris en
- bonne pire. E"
6. NAM ET COGNOSCENDI ET IGNOSCENDI
SABITUR PECCATI LOCUS]. Cer il peura rec faire
. (^
Sc. IV. TIMORUMENOS.
ÉOSN HAN JO HO 50 SN 20:00: 0):5ey:50)9) 2er
ACTE PREMIER.
SCENE IV.
CLITIPHON.
(CY Ue les pères font injuftes à l'égard de tous
les enfans! de croire que nous devons étre
des barbons en venant au monde, & ne point
fentir toutes les paffions de la jeuneffe. Ils veu-
lent nous régler par les inclinations qu'ils ont
aujourdhul, & non pas par celles qu'ils avoient
autrefois. Ab, fi jamais j'ai un fils, en vérité je
ferai un père bien commode; car il poura me
faire confidence de toutes fes folies, je ferai
toujours prét à les lui pardonner; je ne ferai pas
comme le mien, qui veut m'aprendre fa belle mo.
‘rale en me parlant toujours des autres, l'enra-
ge, quand aprés avoir un peu plus bu que de
raifon, il commence à me chanter fes beaux
faits. Préfentement il vient de me dire: un
35
‘REMARQUES.
éonfidence de toutes fes foliès, Cv je ferai toujours prét à
dés Ini pardonner. C'eft le fens ce vers, que l'on
n'avoit pis bien expliqué. .
8. PERIY, 1$ MIHI UBI ADBIBIT PLUS PAULÓ ].
F'enrage, quand aprés aveir un peu plus bu que de rai-
Jon. Clitiphen fe moque ici affez joliment de fon pè-
re , & Térence ne pouvoit mieux faire voir que par
cet exemple le mauvais effet que produit ordinäire-
ment la débauche dans le cœur des jeunes-gens, & de
quelle conféquence il eff pour eux d'avoir des pères
qui avec beaucoup de bonté & de douceur veillent
pourtant fur leurs actions avec une grande exactitude,
€ 2
JO
4$ HEAUTON Acr.Il
Nunc ait: Periclum ex aliis facito tibi quod. ex
ufu fiet.
Aflutus! ne ille baud fcit , quàm.mibi nunc furde
narret; fabulam.
Magi' nunc me amice didis flimulant , da mibi,
' atque adfer mibi. .
Cui quid re[pondeam , nil .babeo: neque me quis-
quam eL sniferior.
"Nam Clinia ble, «etfi is quoque fuarum. rerum fa-
"agit, attamen
Habet benà ac pudicé eduGiam, ignaram artis me-
‘retricie.
Mea eff potens, procax , magnifica , fumptuofa ,
.nobilis.
"Tum quod dem ei, re&à eff : nam nibil e[fe mibi,
relligio efl dicere. |
Hoc ego mali non pridem inveni: neque etiam dum
_Jcit pater. |
A AE RENE EEE AIO
ACTUS SECUNDUS.
SCENA I
CLINIA. CLITIPHO.
CLINI A.
A nibi fecunde res de amore. meo effent , jam
dudum 5. fcio,
| Penis-
REMARQUES.
13. ETSI 18 QUOQUE SUARUM RERUM SATAGIT ].
Quoiqu'il ait affez d'affaires chez Ini. Cette expreffion
eft remarquable.. Saragere fignifie ici avoir des affai-
res, être en peine, re%vagæymorsi. — C'eff. pourquoi
Dhilexéne explique /etagit, &vyamic.
16 TUM QUOD DEM EI; RECTE EsT].
; Quand
S1. TIMORUMENOS. 53
fils, c'eft une belle maxime de faire fon profit:
du mal d'autrui: pefte qu'il eft fin! ma foi il ne
fait pas combien fe. fuisfourd à fescontes. Main-
tenant je fuis bien plus touché de ces deux mots
de ma. maitreffe ,.donnez-wmoi & aportez:moi, aux-
quels je ne fais que répondre.. Perfonne n'eft
plus malheureux: que moi; car pour Clinia , quoi- .
qu'il ait a(Tez.d'affaires chez lui, au moins a-t-il
une maltreffe bien élevée, & qui n'eft point
faite à toutes les. manières des.courtifanes; au-
lieu que la mienne e(t une groffe Dame; elle
eft hardie, magnifique, dépenfiére, enfin une
perfonne du grand.air. Lorfqu'elle me deman-
de de l'argent; je ne fais que marmotér entre:
les dents, car je n'ai garde de lui dire queje n'ai
pas le.fou. IL n'y a pas longtems que je me füis
mis cette épine au pied, & mon père n'en fait.
rien encore..
LL
PT LS SELLE LI LI I LIL Li ic it. GC OO
ACTE SECOND.
SCENE L
CLINIA. CLITIPHON..
»" CLINIA-
I je devois avoir de bonnes nouvelles de ma:
maltreffe, je fuis für qu'il y a déja du tems
qu'ils
| REMARQUES.
O&and elle me demande de l'argent ; je ne fais que mar--
morer entre les dents. Quand on ne favoit que répon-
dre, & qu'on ne vouloit dire ni oui, ni non, on fre:
pondoit reG? , qui ne fignifie rien.
NOT S.
13. Sat agitat, comme Charifius a cité.
Xs. Meafi petax , pour s fans autorité. -
3.
y
4 HEAUTON- Acr. Il.
Veni[fent:.[ed vereor, ne mulier me abfente bic
corrupta fit.
Concurrunt multæ opiniones , qu& mibi animum
exangeant ; rus
Occafío, locus, ætas , mater , cujus fub imperio,
eft , mala;
Gui nibil prater pretium jam dulce eff.
CLITIPHO,
Citnia.
CLINIA.
Hei mifero mibi ! :
CLITIP HO.
Etiam caves, ne videat fortà binc te à patre. ali-
quis exiens? -
. CLINI A.
Fuciam , fed nefcio quid profeBà mibi animu! pre-
fagit mali.
i CLITIPHO.
Pergin' iflbuc prius dijudicore, quàm fcis, quid
veri fiet?
CLINIA
Si nibil mali effet, jam bfc * adeffet.
CLITI P H O.
Fam | aderit.
* Vulg. adeflent. — T Vulg. ad;runt.
REMARQUES.
CLI.
3. QUE MIHI ANIMUM EXANGEANT]..
Mille chofes conzourent à me tourmenter. 11 faut bien fe .
donner de garde ce lite exauzeant. Les Anciens ont
dit exengo &eexargeo, comme aseo & abnuto, exeel- .
Ja & excelleo, firido, firideo , fervo , fervev, fulzo , ful--
£60 ) congruo , congrace.
4. OCCASIO, LOCUS , ÆTAS, MATER].
L'occafion, le lieu, fon âge, la mère qu'elle a. Clinia
riffemble ici les qiitre caofes qui pe#vent lui donner
du foupson: /'eccafion , fa maîtrefle étoit feule , & n'a-
, VOIS :
Sc. I TIMORUMENOS. 55
qu'ils feroient ici.. Mais .je crains qu'en, mon
abfence elle ne fe foit gátée? Mille chofes con-
courent à me tourmenter & à me donner ce
foupgon ; l'occafion, le lieu, l'áze , la mère
qu'elle a, qi ne lui donne que de* mauvais
exemples, & qui n'aime que l'argent.
CLITIPHON.
Clinia.
CLINI A.
Que je fuis malheureux!
CLITIPHON.
Veux-tu donc prendre garde que par hafard
perfonne ne te voye en fortant de chez ton père?
CLIN I A.
J'y prends garde. Mais en. vérité j'ai un cer
tain preffentiment de je ne fais quel malheur.
CLITIPHO:N. |
Jugeras-tu toujours des chofes, avant que
d'en favoir.la vérité?
CLINIA.
S'il ne m'étoit arrivé quelque malheur, . il ya
longtems qu'ils feroient ici.
CLITIPIH ON,
Ils y feront dans un moment. |
CLI-
REMARQUES.
voit perfonne qui veillât à f1 conduite : le /ieu,elle étoit
dans une ville p'eine de jeunes-gens fort débauchés : :
Jon áge, elle étoit fort jeune , & par conféquent pen
expérimentée, & facile à tromper: le mére, &c. elle
avoit une mère avare &.corrompue , qui auro;t ven- -
du cent fois fa fille. .
: NO T E S.
3. Multa, opiuionem banc que mibi animo exangeants
fans autorité, hors exaugsant , après Faern.
$. Quam Jcias quid rei. ua » fur la plupart des MSSe
. C4.
ze. HE AUTO N- Aen IL.
CLINIA.
. uando iffbuc erit?
CLITIPHO. |
ko Non cogitas binc longulé e[fe : 9 nofHi mores mu-
| dierum :
Dum moliuntur, dum comuntur , annus ejf.
CLI
N I 4.. de |
. Clitipho
Timeo PM
" CLITIP HO.
) T [ adfunt tibi.
Refpira: eccum Dromonem cum Syro: una
(60:50) 50:50) 301 50) SAPIN 90 $02 90):902 962 00:503
ACTUS SECUNDUS
SC E NA IL
SYRUS. DROMO. CLITIPHO:.
CLINIA.
| STRUS.
Ain tue.
D RO M 0. .
1 Sic efr.
REMARQUES.
9. QUANDO I8THUCERIT]? Quan arrivera,
donc ce moment ? Yl faut corriger quando iflbuc jam erit?
It. DUM. MOLIUNTUR, DUM COMUNTUR , AN-
NUS EST ]. Pendant qu'elles s'ajuflent ©. qu'elles fe
eoeffent , un an fe paffe.. ^ Moliri elt ici. pour conari ; il
explique parfaitement les foins & les peines que bien
des femmes fe donnent poss leurs ajuftemens, & le
tems qu'elles emploient à effayer ce qui leur fied bien. |
1. AIN’ TU]? AM dis-tu vrai? Syrus répond ain(i
à Dromon, en s'étonnant fans doute de ce que ce va-
let lui contoit, de tout ce que fon maitre avoit fouf-
Bert dins fon voyage. |
| 2 IN.
STRUS.:
SÈ Il. TIMORUMENOS.. s
CLINIA.
Quand arrivera donc ce moment? -
CLITIPHON. '
Tu ne penfes pas qu'il y a un peu loin d'ici; &
d'ailleurs ne connois-tu pas les femmes? pendant
qu'élles fe coeffent & qu'elles s'ajuftent, un an
Íe paffe,-
CLINIA..
Ah, Clitiphon j'apréhende ... .
CLITIPHON.
Prends courage, voici Dromon avec Syrus.
£X PCHICI CERN So oersertexooy oor ott
ACTE SECOND.
SCEN E II.
- SYRUS. DROMON. CLITIPHON..
C.LIN I A.
| SY RU S..
ME dis-tu vrai? '
DROMON..
Cela eft comme je te le dis. .
SYRUS. .
REMA R QU E S.
YNTERE*EA DUM SERMONES CP?DIMCS .
Pendant que nous nous emufons à canfer. (Lette man e-
re de parler eft affez remarquahle, cerere fermones,
fendre des difeours, pour dire, s'éhererenis, casfer. Les
Latini ont imité éela des Grezs, qui ont dit xowrsr
&°réuven Déyys. Pindare-a dit sysódg réparer , dire
des menfonges. .
N O.T E S.
9. fig: jam erit, comme Me. D. dit qu'il faut cos
u :
|o. 17. Conantar; POUX (Ómunisr, apres prefque tou$
les: MSS...
C5:
56: HEAUTON À Acr.IL.
STRUS.
| Verüm , interca dum fermones cedimus, .
liie funt relie.
CLITIPHO:
Mulier tibi adeft , audin', Clinia?*
CLINI 4.
Ego ter) audio nunc demum, € video , S va-.
leo, pis
R O. MO»
Minimé mirum: din impedite. funt : ancillarum :
gregem
$c Dwueunt Jecum.
" CLINI A: .
Perii: unde illi funt ancille? ^
CLITIPHO;
Men’ roga: ? :
STRUS,
JNon oportuit relidas: portant quid rerum! :
CLIN I 4.
| Hei mibi ? »
STRU S.
"durum , ie & vefperacit, 9 non noverunt -
Fálum à nobis fu efl : abi dum iu, Does
illis obviam. .
Propera, quid filas.
CLINI A: |
Ve mifero mibi, quant de fpe decidi ! :
: CLI-
REMARQUES.
$. MEN’ R0GAS]? Eff-ce à moi qu'il faut Je des.
inander ?. C'eft le véritable fens de ce mot. C'eft coin-
me s'il lui difoir, comment. vein que Jt din
Sc IL TIMORUMENOS. 59
SY RU S.
Mais pendant:que nous nous amafons à cau-
fer, nous les avons laiffées derrière.
CLITIPHON.
Tu vas avoir tout-à-l'heure ta maitreffe ici
entends-tu Clinia ? ' : :
| CLINIA.
Oui, j'entends enfin, je vois & je commen-
ce à refpirer. s
DROMON.
Je ne m'étonne pas qu'elles foient demeurdes -
derrière, elles font fi embaraffées ; elles ménent
avec elles une troupe de fervantes. p d
CLINI A.
Je fuis perdu; d'ou lui viennent ces fervantes? '
CLITIPHON. ;
Eft-ce à moi qu'il faut le demander?
SYRUS.
Nous ne devions pas les quiter ainfi; elles :
portent tant de bardes!
CLINIA.
Ah, mon Dieu!
SYRUS.
Tant de bijoux, tant d'habits! il commence à :
fe faire tard, & elles ne favent pas le chemise.
Nous avons fait une fotife, Dromon, retour.
ne fur tes pas, va au devant d'elles, hâte-toi, .
marche donc. |
| CLINLA. 3 s
Que je fuis malheureux ! quelles efpérancee |:
n'ai-je point perdues! :
CLI- :
N'O T' E S. ]
3. Vive, pour video, malgré tous les M5$.
4. Minima - - - fecum ,' dans la bouche de Syrus, com-
me au v. 1. Veris - --relitlá, dans celle de Dromon -
Le-piémies changement y Lan trois Critiques, =
FF
@, HEAUTON Acr. Il:
CLITIP HO. |
19. Quid iflbuc? que res te folicitat autem? :
| "CLINI 4A. |
id Rogitas quid fiet ?:
Fiden' tu ancillas, aurum , veffem? quam ego cum ,
und ancillulá : | |
Ag reliqui: unde effe cenfes? :
CLITIPHO.
: Vab , nunc demum intellego...
í " S T.R U S. |
Dii boni , quid turbæ eff! edes noftre vix capient,
[cio. . |
Quid comedent! quid ebibent ! quid fene erit nofiro ,
: shiferius ? ;
1$. Sed video, eccos, quos volebam..
CLINI A:
Dum ego proptér te
interea loci . |
ConlocupletafH. te, Antipbila, € me in bis defe.
ruif]i malis : .
Propter quam in fummá infamid [um, € meo pae
"o Ari winus cbfequens:
REMA,R QU. S. |
11.VIDEN. TU ANCILLAS]? N'entends-tu. pas
pas qu'elle méne des fervantes? Toutes ces femmes ne -
prier as encore , puifque Dromox. ne vient que
» , 2e i .
. d'aller au-devant d'elles. I1 femble donc qu'il faudroit
lire audin' tu ancillas w'entends-tu. pas ce qu'ils vien-
ment, de dire? mais cet amant jaloux parle comme s’il
les voyoit déja.. Ou bien vider” .eft ici. comme nous |
- difons, ne vois-ts pas qu'ils difent , Gyc. .
: QUAM EGO CUM UNA ANCILLULA]. Elfe
que, J'ai laifée ques une Jeule petite fervante. Clinia |
SOI ;
O Jupiter , ubinam eft fides? :
errans patriá careo demens ,tu .
(Hija.
»
gl. TIMORUMENOS. 6x
Bi CLITIPHON.
Qu'as-tu ? qu'eft-ce qui te chagrine des
core? ;
CLI NI A:
Peux-tu me faire cette demande? n'entends- .
tu pas qu'elle mène des fervantes, qu'elle fait
porter des bijoux, des habits, elle que j'ai lais-
fée avec une feule petite fervante; d’où crois-tu
qu'elle ait eu tout cela?
: CLITIPHON..
Ah! je t’entends-enfin.
NS S. Y.R US.
Bons Dieux, quelle troupe ! je fuis für que
notre maifon aura peine à les loger. Qu'elles
vont manger! qu'elles vont.boire! Peut-on voir
quelqu'un de plus malheureux que va l'étre no-
tre bon-homme!. Mais je vois les gens que je
fouhaitois fort de trouver.
CLIN I A:
Oh; Jupiter, où'eft la bonne foi? pendant
que j'ai la foibleffe de. quiter. ma patrie pour
l'amour de vous, & d'être errant comme un
fugitif ,; vous. vous. enrichiffez , Antiphile, &
vous m'abandonnez dans ces malheurs, vous
qui êtes caufe que je fuis blámé de tout le mon-
de, & que je n'ai pas obéi à mon pére comme
je le devois. Préfentement je meurs de honte .
AEMARQUE S.
cvoit que ces fervantes, ces hardes , ces bijoux font à .
vii ied & le tout eft à la courtitane Bacchis, mal-
trefle de Clitipben qui vient avec elle. Voi'a le fon-
dement de l'erreur de C/inia , qui fait ici un jeu fort
agréable... S
12. VAH , NUNC.DEÉMUM. INTELLEGO].
Ab, J'entends enfin:. Y entend enfin le fujet qu'il à
d'avoir peur & d’être jaloux. |
N. O.T E.S.
Mes, ddr Je e) fequens C comme Faern,.
: ' 2
+
|
20
25:
39
6% HE AUTO N-. Acr. IL.
Hujus nunc pudet me, 65 miferet, qui barum mo-
res cantabat mibi, - | |
Monui[fe frufira: neque potui[fe eum umquam me -
ab bac expellere.
Quod nunc faciam tamen: tum cim gratum mibi :
effe potuit, nolui;
Nemo eft miferior me. |
STRUS-:
Hic de noflris vérbis errat. videlicet
Que btc fumus locuti. — Clinia, aliter tuum amo-:
| rem, atque efl , accipis.
Num €ÿ vita efl. eadem, ES animur erga te idem --
ac fuit , .
Quantüm ex ip/4 re conjeBuram cepimus. .
| CLINI A
Quid ef}, obfecro? n. mibi nunc nibil rerum omes
nium el, .
Quod, malim, quàm me boc falfo fufpicarier.
STRU S.
Hoc primum ,ut ne quid bujusrerumignores : anus, .
efl di&a mater e[Je ei, antebac , non fuit.
Ea, obiit mortem: boc ipfa in itinere altere
Dum narrat, forté audivi.
CLITIPHO.
" Quenam ef? altera? *
REMARQUES. |
21. TUM CUM GRATUM MIHI ESSE POTUIT, NO
Xvi]. Et lorfqu'il m'enaursit Ju quelque gré, je ne -
J'ai pas voulu faire. L'on a toujours mal traduit ce
sage; car on a cru que gretum fignifioit ici egre.
le, & rien n'eft,molns vrai, Gyetm ; C eft-à-dire. .
deut tn a de [obligation .— E
, NO» .
= D uns mn
,
$.IL TIMORUMENOS. : 6%
& de dépit, qu'il m'ait averti tant de fois inu-
tilement, lui qui ne cefloit de me chanter tou-
jours les maniéres de faire.de ces créatures , &.
qu'il n'ait jamais pu m'arracher d'auprés d'elle.
Je m'avife à l'heure qu'il eft de lui obéir; &
lorfqu'il m'en auroit fu quelque gré, je ne l'ai
pas voulu faire: perfonne n'eft plus malheureux
que moi, .
SYRU S.
Voila un homme qui eft aparemment trompé
par ce que nous venons de dire Dromon & moi.
Monfieur,. vous prenez votre maitrefle pour
tout autre qu'elle n'eft; car & fa manière de vi-
vre eft toujours la même, & fon cœur n'eft
point changé, au moins autant que nous avons
pu en juger par ce que nous avons vu.
CLINI A.
Et qu'avez-vous vu ? dis-le moi, je te prie;
car de toutes les chofes du monde, il n'y en a
point que je fouhaite avec tant d'ardeur, que
de voir que je la foupconne injuftement.
SYRUS. \
Prémièrement, afin que vous foyez inftruít
de tout, la vieille qui paffoit pour la mère :
d'Antiphile, ne l'étoit pas, & elle eft morte;
jai oui cela par hafard en chemin comme elle
le contoit à une autre.
CLITIPHQN.
Eh qui eft cette autre ? |
SY:
NO T E S. :
24. Fecimus, pour cepimus, fut un MS. Faorn.
30. Ex ip(a in itere hoc. Ex ipfà, {pr deux MSS.
Tore , Térence ayant toujours dit izer , qui fait iteris,
comme on trouve dins Névius, Attius, Varron, Pas
cuve & Hyginus, au-lien q&'izinere vient d'iriner, que
Yon difoit auff du tems de Terente, au saport de
Nonus . LEES NM MS ne
*..- HE A UT ON- Acr. IL.
| STRUS..
Mane , boc , quod cepi , primüm enarrem , Clitipbo: :
Poft ifibuc. veniam. !
CLITIPHO:-
Propera. .
STRUS. 3
Fam primüm omnium;
Ubi ventum ad ades ef, Dromo pultat. fores : .
85: Anus quedam prodit: bec ubi: aperuit oflium,
. Consinuà bfc fe conjecit intro: .ego confequor : ]
Ainus foribus obdit pe[Julum ; ad lanam redit , ,
Hic fciri potuit ; aut nu/quam alibi, Clinia,
Quo fludio vitam fuam te abfente exegerit? -
42 Ubi de imprevijo eft. interventum mulieri."
Nam ea res dedit tum exiflumandi copiam, ,
Quotidiane vite confuetudinem ; : |
Que cujufque ingenium ut fit; declarat maxume, '.
Texentem telam fludiosé ipfam offendimus, .
«3 Mediocriter veflitam vefte lugubri , .
Ejus anuis cau[d , opinor; que erat. mortua. :
Sine auro tum ornatam; ita uti que ornantur fibi,
Iud mald re e[Te expolitam muliebri : . |
| Capil-
REMARQUES..
s8. HiC SCIRI OPORTUIT ; AUT-NUSQUAM ALI:
p1].: C'efl en cette occalion on jamais, Menfenr..L'on
ne peut rien voir de plus beau que ces. fix vers; c'eft
nne règle générale pour trguver les caracteres , & c'eft
auffi ce qui m'a obligée à mettre cela en éndral dans
a. traduétion, quoique Syres. em faffe l'aplication à
y E
Sc. IL. TIMORUMENOS. 695.
| SYRUS.
‘Donnez-vous patience, Monfieur, que j'aché-
ve avant toutes chofes ce que j’ai commencé,
après cela je vous le dirai. -
DG CLITIPHON.
e.
SYRU S.
D'abord, lorfque nous fommes arrivés à fa.
maifon, Dromon a heurté à la porte; une ccr-
taine vieille- femme eft venue, qui n'a pas eu
plutôt ouvert, qu'elle eft rentrée; je l'ai fui-
vie; en méme tems elle a fermé la porte au
verrou, & eft retournée à fon travail. C'eft en
cette ocafion, ou jamais, Monfieur, que vous
pouvez connoître la vie que votre maîtrefle a
menée en votre abfence. Quand on furpreni
une femme , & qu'on arrive auprés d'elle à
l'heure qu'elle s'y attend le moins, on doit étre
perfuadé que l'état où on la trouve eít une fui- .
te de fes occupations ordinaires; & ce font ces
occupations ordinaires qui marquent parfaite- .
ment les inclinations des gens.’ En arrivant
nous l'avons trouvée quí travailloit en tapifferie
avec grande aplication : elle étoit vêtue fort
fimplement en habit de deuil, fans doute à cau- .
fe-de la vieille qui étoit morte. Elle étoit {ans
aucun ornement; comme font celles qui ne s'ha. -
billent que pour elles. Elle n'avoit rien de tout
| ce.
REMARQUES.
e fenlement. J'ai trouvé que cela étoit mieux
ainli en notre langue.
N O T E S.. 2
355.36. Aperit, cenjicit, contre les Ms$.
as. Re interpolatem muliebri , fans autre autorité:
quic quelques paffages de Plaute où ce mot fe trouves,
$9
60
66: HEAUTON- Acr I.
Capillus paffus, prolixus, circum caput
Rejelfus neglegenter, pax!
CLINI A.
M Syre mi, obfecro, .
Ne me in letitiam fruftra conjicias.
STRUS.
^ ANUS
Subtemen nebata preterea una ancillula
Erat: ea texebat unà, pannis obfita,
Ieglea, immunda illuvie.
CLITIPHO.
Si bec funt ,, Cliaía,.
Vera, ita ut credo, quis te ef fortunatir? ——
Szin' tu bane , quam dicit fordidatam C9. fordidam ??
Magnum boc quoque. fignum eft^ dominam e[fe exe
tra noxiam,
Qutm ejus tamenegleguntur: internuntii :
Nam difciplina eft eifdem , munerarier
Zfncillas primüm, ad dominas qui adfeëkant viam. '
CLINI À.
Perge, ohfecro te, £5 cave ne falfa gratiam
Siwdeas inire. Quid ait; ubi me nominas?
KEMAARQUES.
$1. ANUS SUBTEMEN NEBAT]. L2 vieilfe-
Jui filoit des limes. Subtemen, c'eft proprement la £ra--
me, ce qui pàffe avec là navette entre les fils qu: font
attachés au métier. | Subtemen , de un , Jutexi à.
Jutemen. Je crois qu'il n'y a perfonne qui ne foit
touché de la naïveté & du naturel du tableau que 7e
ren:e fait.
62. QUID AIT, UBI ME NOMINAS]? Qu'æ. :
t-elle dit quand tu m'as rommé? S;rus veut faire voir -
deux choies à Cris, la prémière qu'Anriphile a toute.
jene suené la même vie pendant fon abfence , & la
x fecons.-
So. I: TIMORUMENOS. 6;
ce dont les femmes fe fervent pour relever leur
beauté; fes cheveux étoient épars, mal rangés,
flotans négligemment autour de fa tête, ah!
CLINI A.
Je te prie, mon cher Syrus, ne me jette ptis
dans une fauffe joie.
S*Y. R U S.
La vieille lui filoit des laines; de plus il y.a-
voit Jà une petite fervante fort mal vêtue, fort:
négligée , fort mal-propre, qui travailloit au mé-
tier avec Antiphile.
CLITIPHON.. |
Si cela eft vrai, comme je le crois, Clinia , .
qui eft plus heureux que toi? prends-tu garde
à cette fervante qu'il dit qui étoit fi mal vétue &
fi fale? C'eft une grande marque que la maitres*
fe vit fans reproche, quand on voit les confi-
dens fi négligés: car c'eft une règle générale ,.
on fait des préfens aux fervantes quand on veut:
être bien recu des maïtrefles.
GLINIA .
Continue, je te prie, Syrus , & prends bien
garde à ne te pas faire de fête auprès de mot
fans fujet, Qu'a-t-elle dit quand tu m'as nommé?
REMARQUES.
feconde , qu'elle l'aime toujours. Ces deux chofes
font comprifes dans le 24. vers:
Nam © vita eff eadem , Cv animus te erga idem ac fuit.
Jl a fatisfait à la prémière dans tout ce quil vient de .
dire, & il va préfentement s'aquiter de l'autre.
NO TES."
$9. Cum tam neclegitur ejus. internuntia. Plufieurs
MSS. ont cèm tam necleguntsr ejus. interngniii , d'ou :
M. B. a tiré {à leon.
64. Definit, pour defirit , fuivant un MS." Faerm,
63: HEAUTON- Aer
LAN S12 RU S.
Ubi dicimus rediiffe te, € rogare uti
Veniret ad te, mulier. telam deferit l
GS: Comtinud, € lacrumis opplet os totum fibi , ur.
Facilè fcires defiderio id fiéri tuo. .
CLIN IeA.
Pre gaudio, fiame Dii ament , ubi fim nefcio,
^ Mta timui.
| CLLITIP HO.
A5 ego nil e[Je [cibam, Clinia.
Agedum viciffim; Syre, dic que illa eft altera"
L S TRU S.
go 4dducimus tuam Bacchidem..
CLITIPHO.
Hem, quid Bacchidem 2:
Kbo, fceleffle, quà illam-adducis ?
ow S.YT-R.U.S.
Quà illam ego? ad nos Jcilicers,
| CLITIPHO.
dd patremne?
adi STRUS-:
44d eum ipfum.
CLITIPHO.
O. bominis impudentem audaciam!
S,T.R U S..
Heu:
: | Tu,
. REMARQUES
| 64 MULIBR TELAM DESERIT]. Elle a4
d'abord quité fen ouvrage. Pour traduire mot à mot il
auroit fallu dire, elle a d’abord quité le métier; car te-
la n'eftpas ici l'ouvrage, mais le métier fur lequel
"s fait, . Comme 7'irgile a dit Jicia tele addere , &
e;
Licia
$c. IL TIMORUMENOS. 6$
SYRUS.
"Lorfíque nous lui avons dit que vous étiez de
“retour, & que vous la priyiez de vous venir
_voir, elle a quité d'abord fon ouvrage, & dans
le moment fon vifage a été tout couvert de lar-
mes, de maniére qu'il étoit fort aifé de recon-
noitre que c'étoit de l'inpatience qu'elle avoit
de vous voir.
CLINIA. |
En vérité j'ai tant de joie, que je ne fais où
je fuis, aprés toutes les -frayeurs que j'ai eues.
CLIiTIPHON.
Mais pour inoi je favoïs bien que tu n'avois
‘rien à craindre. O ça, Syrus, dis-moi à mon
tour qui eft cette autre dont tu as parlé?
RUS
‘Nous avons amené votre Bacchis.
CLITIPHON.
Oh, comment? vous avez amené Bacchis'?
Et dis-moi, pendard, où la ménes-tu?
SYRUS.
Où je la n chez nous apáreminent,
ITIPHON.
uoi, à ion I
? SYRUS.
À lui-même. |
CLITIPHON.
«Oh, Ihorrible impudence!
Savez-vous bien, Monfieur , qu'on ne fait
point
e
REMARQUES.
Licia Barbaricà fufpendit licia telà.
C'cft ce que Caton apelle jagales telam.
N OT E S.
65. Ut, au v. fuiv. lifant /ciss, ep favent du vue
"w HÉAUTON- Aer,
Xu, non fit fine periculo facinus magnum € mie-
morabile. ;
CLITIPHO.
Hoc vide ,in med vit tu tibi laudem is quefitum,
i celus :
45 Ubi fi paululum modà quid te fugerit , ego perierim.
Quid illo facias? |
STRUS.
At enim. u
CLITIPHO,
Quid enim?
STRUS.
Si finas, dicatti,
CLINI A.
CLITIP HO.
STRU S.
lta ves eff, bec nunc quafi cum...
CLITI?P HO.
ENDS Quas, malum, ambages mibi
arrare occipit:
Sine.
CLINI A. |
Syre, verum bic dicit: mitte, ad rem redi.
STRUS.
Enimuers reticere nequeo : multimodis injurius,
fo Clitipbo , es, neque ferri potis eff. |
| CLI-
REMARQUES.
77. TTA RES EST HÆC NUNC QUASI CUM---].
Cette affaire eft. préfentement comme fi---. Syrus veut
raffurer Clitipben , & pour y réuffir il cherche une com-
ataifon; Mais comme il a de la peine à la trouver
fh traine ces deux derniers mots quaff cum. C'eft ain
Gus lEunueue le Capitaine dit, 4s4//j nefin?
" dà le véritable fens. NO
&.IL TIMORUMENOS. #
point fans péril des a&ions extraordinaires &
mémorables ?
| CLITIPHON.
Prends garde à ce que tu fais, coquin; tu
-veux acquérir de la gloire aux dépens de mon
repos ; pour peu que tu ayes mal pristes mefures,
me voila perdu. Que prétends-tu faire enfin?
SYRU S. e
Mais...
CLITIPHON.
Quoi, mais?
SYRUS.
Si vous me vouliez laiffer parler, je vous le
dirois. |
CLINIA.
ALaiffe-le parler. — .
CLITIPHON.
Et bien parle.
SYRU S.
Cette affaire eft préfentement comme fi...
CLITIPHO SN.
"Quel diable de galimatias me commence-t-il là?
: A.
Syrus, Clitiphon a raifon, laiffe tous ces dé.
tours, & viens au fait.
SYRU S.
En vérité je ne puis plus me contenir; vous
êtes injufte en toutes manières, Monfieur, &
J'on ne peut plus vous fouftrir.
| CLI-
NOT E S
73. Tu, au v. précédent. — Pericfo - - -tommemerabi.
de , fans autre autorité qu'un paffage de l'ANDR.
. où il y a commemoratio, & un de Plaute où l’on trouve
commemorabilem. .
26. IM facias- - - fi finis dico. Dico, dans deux MSS.
* Le refle fans autorité. ——
(08e. Clisipho, fans es, Ótant qaid e? conte les MSS,
"s HEAUTON Ac. I.
ji CLINIA
Audiendum bercle efl : tace,
#*CLITIPHO. |
m * Quid eft?
STRUS Re
Vis amare : vis potiri: vis, quod des illi, effici:
Tuum die in potiundo periclum non vis: baud
Julie Japis,
Si quidem id: fapere eft , velle te id quod non po.
tejt contingere,
Aut bec cum illis fuit babénda, aut illa cum bis
'amittenda funt.
$5. Harum duarum conditionum nunc utram mali? ,
vide.
Etfi t boc confilium, quod cepi , reGum e[Te ES tu:
tuih fcio:
Nam tua apud patrem amica tecum fin? met id
fit, copia efl :
+ Tum, quod illi argentum pollicitu' es, cádem'b
inveniam vid:.
Quod ut efficerem, orando furdas jam aures reddi»
deras mibi.
go ‘Quid aliud tibi vis?
CLITIPHO.
Si quidem boc fit.
STRUS.
Siquidem: 'experiundo fie
CLITIPHO.
“Âge , age , cedo xm tuum confilium , quid id eft?
SIRU S
Affimulabimus
CLI.
* 9" Abeft à vule + Hes abeft à vulg. "
. Tuam amicam, bujus elfe.
Sc.IL TIMORUMENOS. 73
CLINI A.
Mon Dieu, Clitiphon, tai-toi, il le faut en.
tendre.
SYRUS.
Vous voulez être amoureux ; Vous voulez
pofléder votre maitreffe, vous voulez qu’on
trouve de quoi lui donner, & vous voulez Ye
. Courir aucun rifque, Vous n'êtes pas fot, fi
pourtarx c'eft ne l'être pas que de vouloir lime
poffible: il faut prendre le bien avec les char-
ECS, OU renoncer à tout: voyez lequel de ces
deux partis vous aimez le mieux. Je fuis pour-
tant perfuadé que j'ai bien pris mes mefures, &
quil my a nul péril: car par-là vous pouvez
avoir votre maîtrefle chez votre père avec vous
fans aucune peur: de plus, par ce moyen je
Uouve l'argent que vous lui avez promis , &
pour lequel vous m'avez rompu la téte fi fou.
vent, que j'en étois déja prefque fourd. Que
vous faut-il davantage ?
CLITIPHON,
Pourvu que cela foit ainfi.
|: SYRUS..
Ab, pourvu: faites-en l'expérience, vous fe
Uez — |
CLITIPHON.
O ça, dis-moi les mefures que tu as prifess
Qu'eft.ce que c'eft?
SYRUS.
Nous allón$ feindre que votre mattreffe eft
celle de Monfieur,
"- * CLI-
NOTTE S
Ses Mitrésda , pour érsittesda , après un MS, &
Pour lè vers. Ferrz,
Jome IF, D
+
"74 HE AUTON- Acr. Il
CLITIPHO.
' Pulcrà: cedo, quid bic faciet fud ?
An ea quoque bujus dicetur , f bec una dedeceri
| eff parum? ”
) STRUS.
Iu) ad tuam matrem deducetur.
| CLITIPIHO.
| Quid eo?
STRUS. :
Longum eff, Clitipbo,
es Tibi finarrem, quamobrem id faciam : vera cauja eft.
CLITIPHO. :
: , Fabule :
Nibil fat? firmi video, quamobrem accipere. bunc
-mibi expediat metum.
STRUS.
Mane , babeo aliud, fi ifibuc meluis, quod ambe
confiteamini | |
Sine periclo elfe. | |
CLITIPHO. |
Hujufmodi, obfecro, aliquid reperi.
STRU .
Maximé :
Ibo obviam binc :, dicam ut revortantur, domui.
CLITIPHO.
| "n Hem,
190 Quid dixti?
190 Q:
REMARQUES,
| y03. SYRE, DIC MODd; vERUM]. 7% «e
raifon, Syrus, Sarl. à moi feulement. | €litiphon devoit
dire naturellément verzm , Syre , dic modà. Mais il eft
f» tronblé qu'il commence d abord par rapeller Sjrus,
f après cela il dit1 Clinia , versm , tu 35 raifon. Ce
écfordre marque fort bien la paffion, mais dans la
sc. IL TIMORUMENOS y
CLITIPHON. ;
Fort bien. Mais je te prie de me dire ce qu'il
fera de la fienne ? Paffera-t-elle encore pour
être à lui, comme fi une feule ne lai faifoit pas
déja aflez de tort dans le monde?
| SYRUS. ;
Elle ne pa[fera nullement pour être à lui, au
contraire on la ménera à votre mère,
CLITIPHON.
'À ma mère? & faire quoi ?
YRU S.
Il feroit long, Monfieur, de vous conter pour.
quoi je le fais; iJ vous doit fuffhre que j'ai mes
zaifons. ;
CLITIPHON.
Ce font là des contes ; & dans tout ce que tu
me dis, je Be vois rien qui doive me raffurer,
, SYRUS.
Attendez; j'ai un autre expédient, où vous
ferez obligés d'avouer l'un & l'autre qu'il n'y a
nul péril.
CLITIPHON.
Ah, je te prie, trouves-en quelqu'un comme
cela. :
S Y R U S. x
Cela e(t fait ; j'irai au-devant d'elles, & je leur
dirai qu'elles n'ont qu'à s'en retourner.
CLITIPHON.
Quoi? que dis-tu?
AEMARQUES:
taduétion cela n'autoit point eu de grace.
; NO T E S.
97. Si ifle eft metus, comme dans le PHOR. A. It],
«Sc. I. v. 18. Quantus metus eft mibi.
$9. Huic, pour Aim, après un MS, & revertatar,
pa coniéquent,
D 2
| Sy:
Eu
76 HEAUT ON- Acr. IL
| STRUS.
Ademptum tibi jam faxo omnem metum,
In aurem utramvis otiofó ut dormias. :
- CLITIPHO.
Quid go nunc? cCLINIA
Tune? quod boni....
CLITIPHO.
| | Syre , dic medo;
Verum. |
| STRUS.
"e [voles.
Age modà , bodie ferà ac nequicquam
CLINI A.
Datur mod): fruare dum licet: nám nefcias,
. vos Eju fit poteflas poflbaz, an numquam tibi.
CLITIPHO.
Syre , inguam.
|^. * STRUS.
Perge porro, tamen iflbuc age.
| CLITIPHO. T *
Ferum bercle iflbuc efl , Syre: Syre , inquam beus,
. beus, Syre.
| STRUS. : |
| Concaluit. Quid vis? |
CLITIPHO.
Redi, redi. i
| ST
N OT E S. |
o4. Di dant, pour datur mod?, inajgré tous fes MSS.
106. M. B. place ce vers avant-lq précédent, pe wg
ant
Sc. IL TIMORUMENOS. 9?
SYRUS.
Ne vous mettez pas en peine, je vous Óterai
tout fujet de crainte, deforte que vous dormi:
rez tranquilement de vos deux yeux.*
* CLITIPHON.
: Que dois-je faire préfentement?
CLINIA.
Je fuis d'avis que tu profites... '
CLITIPHON.
Tu as raifon. Syrus, Syrus, parle à moi feu-
lement. -
SYRUS
Allez , laiflez-moi faire ; aujourdhui même
vous vous en répentirez; mais il fera trop tard,
& vous le voudrez envain.
CLINIA.
Je fuis d'avis, dis-je que tu profites du bien
qui fe préfente; car tu ne fais pas fi jamais tu
retrouveras une pareille occafion.
CLITIPHON.
Syrus, hola, arrête, te dis-je.
SYRUS :
Criez , criez, je ne laifferai pas d'aller mon
chemin.
CLITIPHON.
Tu as raifon en vérité; Syrus, Syrus, hola,
Syrus, encore une fois, arréte.
SYRUS.
Mon homme l'a eu chaude. Que voulez-vous ?
CLITIPHON.
Revien, revien.
* I] sen va en méme t
N O $.
fant une intetruption après ne/cias--- comme Eugsa-
phius — : a
D 3
SY-
78 HEAUTON- Acr. H.
STRUS.
Adfum, dic quid eft?
Fam boc quoque negabis tibi placere.
CLITIPHO .
— Tmó, Syre,
110 Et me, C9 meum amorem ,C9 famam perinitto tibi ,-
Tu es judex : ne quid accufandus fis, vide.
STRUS. |
Ridiculum eff, te iflbuc me admonere , .Clitiphoz
Quafi ifibic minor mea res agatur , quàg tua.
Hic fi quid nobis fortd advorfi evenerit ,
n 5 Tibi erunt parata verba, buic bomini verbera :
Quapropter bec res neutiquam negleBui eff. mibi,
&d ilum exora 5 ut [nimm e[Te adfimult.
CLINI A.
Scilicet
Fa&urum me effe: in eum. jam res rediit locum,
Us fit neceffe.
CLITIPHO.
Meritó amo te, Clinia,
CLIN I 4.
120 Verüm illa ne quid tituhet.
STRUS. T
à e PerdoBla eff probé,
. i CLITIP HO.
At boc demiror , quf tam facild potueris
Perfuadere illi, que foleg quos fbernere!
S1-
RE QUES. .
117. SCILICET CTURUM ME ESSE!].
Cela s'entend, je le ferai. Cette facon de parler eft re-
. marfuable: Lucrèce s'en eft fervi. dans le 11. Livre :
Seilicet effe glebofa , tamen cim /qualida UR
* P d
- .
Lll cg. aum Re
Se IL TIMORUMENOS. %
| SYRUS.*
Et bien, me voila, que me voulez-vous ?
Taurai beau faire, vous direz encore que cela
ne vous plait pas.
CLITIPHON.
. Bien loin de cela, mon cher Syrus ,je me re-
mets entre tes mains, je t'abandonne mon a-
mour,mon honneur & mon repos, je t'en fais le
maitre; prends garde feulement de n'être point
blàmé,
SYRU S.
Voila un plaifant avis à me donner, comme
fi j'avois moins d'intérêt à cela que vous-même,
Si par malheur cette affaire n'alloit pas réuffir,
vous en feriez quite pour quelques répriman-
des que vous auriez à effuyer; mais l'homme
‘qui vous parle n'en feroit pas quite à fi bon mar-
ché: c'eft pourquoi vous pouvez juger fi je né-
gligerai rien. Mais obtenez de Clinia qu'il fafle
femblant que Bacchis eft fa maitreffe.
CLIN I A.
Oh, cela s'entend, je le ferai; & la chofe eft
préfentement en tel état, qu'il eft ab(olument
néceffaire que je le faffe.
CLITIPHO N.
Je te fuis bien obligé, mon cher Clinia.
CLLINI A.
Mais l'affaire eft qu'elle ne bronche pas.
: SYRUS.
Ho, elle eft parfaitement bien inftruite.
CLITIPHON.
* Mais je fuis bien furpris que tu ayes pu la
perfuader fi UNUS , car quelles gens ne re-
bute-t-elle pas tous les jours? T
| NOTES
i11. Julex, pour aes contre tous les MSS,
^.
'STRUS
In tempore ad eam veni, quod rerum omnium eff.
Primum : nam quendam * miferd offendi ibi militem,
325 Ejw noltemn orantem. Hac arte traBabat virum ,
Cupidum ut illius animum inopid incenderet
Eademque ut effet apud te quàm gratillima.
Sed beus tu, vide fis, nequid imprudens ruas.
Patrem novi[ti ad bas res quàm fit perfpicax :
130 Exo te autem novi , quàm e[fe foleas impotens:
— . Inverfa verba, everfas cervices tuas,
Gemitus , fcreatus, tu[fis, vifus, abfline.
i CLITIP HO.
Eaudabis. — ; EE
STRUS.
Videfis. :
m CLITIPHO.
Tutemet mirabere,
&o HEAUTON- Acr. II |
|
|
|
|
* Vulg. xiférum.
REMARQUES.
123, QUOD RERUM OMNIUM EST PRIMUM]. Ef
dans toutes les es c'efl ce qu'il y & dè plus impor-
tant. Ila traduit ce mot d’Héfiode. |
—À xaipóg Q' ixi wc pisces.
125. HÆC ARTE TRACTABAT VIRUM]. Ejle me-
noët cet bomme avec beaucoup d'adreffe.. Car c'eft à une
grande adreffe de faire à un amant un facrifice de fon
rival, de manière que ce rival n'en foig que plus a-
moureux ; voila auffi pourquoi Syrss vient de dire à
ibd ed. quii étoit arrivé ches pes gans. le mo-
ment favorable, puifqu'elle fongeoit à lui plaire en
Jui faciant fon, rival, :
à 131. IX«
Sc. I. TIMORUMENOS. 82,
SYRUS.
Je fuis arrivé chez elle jufzement dans le mo»
ment favorable, & dans toutes les affaires, c’eft
ce qu'il y a de plus important; car j'y ai trou-
vé un Capitaine qui la preffoit vivement. Elle
menoit cet homme avec beaucoup d'adreffe,
trouvant toujours des prétextes pour Je refufer,
afin de l'enflamer davantage par ce refus, & de
vous en faire en méme tems un facrifice qui
. vous füt agréable, Mais à propos, Monfleur ,
prenez bien garde de ne rien faire in prudeg-
ment, Vous connoiffez votre père; vous favez
comme 'il voit clair en ces fortes de chofes. Or
eft.il que je fais la peine que vous avez à vous
contenir. Je connois vos mots à double enten-
te, l’aglité de votre cou, qui. fait aller votre.
téte comme une girouéte , votre maniére de
touffer, rire, cracher. Tréve à tout ce manége-
là, je vous prie. :
CLITIPHON.
Tu me donneras des lonanges.
SYRU S.
Prenez-y bien garde.
CLITIPHON
Tu m'admireras. |.) SY
REMARQUES.
131. INVERSA VERBA ]. Vos 41 à double en-
dente. C'eft ce que Plaute apelle verbum perplexabile,
Neque ullum verbum faciat nerplexabile.
Qu'elle ne dife point de mots à double entente.
EvERSAS CERVICES]. Z'agilité de vetre CM s,
C'eft proprement un cou mobile, fléxible, qui
tourne facilement, comme s'il étoit démonté; c'eft
, Pourquoi Lucien a fort bien dit de la méme manière,
| Tp y ner TIR AMTUE TOY , nn con rows.
| | NOTE $
124. Mi/erum quendam , fur tous les MSS.
117. Te be quem gratifimum , Íuivant un MS,
later.
D 5
g2 HEA UT ON- Acr. IL.
STRUS,
Sed quàm citd funt confecute mulieres!
CLITIPH OQ,
135 Ubi funt? cur retines?
| STRUS.
jan nune bec non eff tua,
CLI I P H O.
Scio, à trem; at nunc interim
Lu STRUS.
Nibile magit,
" CLITIPHO.
Sine.
STRU S. ii
Nün finam, inquam.
dig Sw
| | teo paulifber,
SraD P jn |
? F*ie,
CLITIPHO,
Saltem falutare.
TRU S.
Abeas, fi fapis.
CLITIRHO.
Bo: qui
Mibic? quid
STRUS
Manebit.
CLITIPH 0.
O felicem bominem |.
STRUS?* A
| Anbule.
t . Ad
LES
T
Sc. I. TIMORUMENOS.
8T
SYRU S.
Mais nos femmes nous ont fuivis de bien pré,
. CLITIPHON.
Où font-elles? pourquoi me retiens tu?
SYRUS.
Dès ce moment elle n'eft plus à vous.
CLITIPHO YN.
Oui, chez mon père, s'entend; mais en ate
tendant... |
SYRUS.
Et attendant, point de nouvelles.
CLITIPHON.
Permets-le moi.
SYRUS.
Je ne le fouffrirai pas, vous dis-je,
CLITIPHON.
Eh, je t'en prie, un moment.
SYRUS.
Je vous le défends.
| ^ CLITIPHON.
Au moins que je la falue.
SY RU S |
Si vous êtes fage, allez-yous-en. i
CLITIPH ON.
Je m'en vais. Et celui-ci ?
SYRU S.
11 demeurera.
CLITIPHON.
Ah, qu'il eft heureux!
j SYRUS
Allez feulement, marcbez.
AE
. D e ACTA
84 TUS N- —
ACTUS SECUNDU S.
S CE N A Iit.
BACCHIS. ANTIPHILA. CLINIA,.!
SYRUSCLITIPHO.
» BACCHIS. |
E Don. Antipbils mea, laudo te, C9 fortunas !
tam judice,
Id quum fluduifli, ifii forme mores ut confimiles
forent : |
Minimèque ; ita me Dii ament, miror, fi te fbi
* quifque expetit. "
Nom mibi , quile ingenium baheres , fui inditio :
oratio tug. —
^5 Et quium e Bue mecum in aniio oiamtuaws ..
esque vejfrarim omnium , volgus que ab fefe —
egregant .
E vos e de EP nos non e[fe , bud mira-
bile :
Nam vobis eed e[fe benas : nos, quibufeum res
eff, non finunt — -
Quippe form4 impulfi naftrá nos amatores colunt:
10 Hac ubi imminuta efi , illi fuum. animum alio.con -
ferunt.
REMARQUES.
UM RES EST , NON SINUNT ].
2M m fasrions , car Les gens, &c. La vertu
e(t louée même par les etfonnes qui y ont renoncé.
Bacchis veut excufer ici la vie qu'elle mène, & en re-
ke la faute fur la néceffité. Excufe très Girales E
gk. q
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"
&. HT. TIMORUMENOS. ss
ACTE SECOND
S CE N E III
BACCHIS. ANTIPHILE. CLL
NIA. SYRUS. CLITIPHON.
BACCHIS. |
EN vérité, ma chère Antiphile, je vous trot
ve bienheureufe, & vous méritez toute fon
te de louanges, d'avoir pris foin que vos mœurs
répondiffent à votre beauté; je ne fuis pas fur-
prife que tout le monde vous defire. Car je puis
juger de vôtre vertu par la converfation que je
viens d'avoir avec vous: & lorfque je confidé-
re la manière de vivre de toutes celles qui come
me vous ne veulent pas recevoir tout le monde,
& qui ne fe donnent qu'à un feul ,je trouve qu’il
ne faut pas s'étonner que vous ayez les inclina-
tions honnétes, & que nous ne les ayons pas,
H vous eft avantageux d’être ainff; mais nous
ne le faurions;car les gens avecqui nous avons
à vivre ne nous le permettent pas. Comme ils
ne nous aiment que pour notre beau, fitôt
que cette beauté change, ils changent auff, &
rtent ailleurs leurs inclinations; deforte que.
nous n'avohs été un peu prévoyantes, noug
nous
REMARQUES.
i eft-ce qui l'empéchoit d'abord de faire ce qu’ tub.
i >bile a fait? ae * |
NO T E S.
s Immutata, pour imminuta , fur prefque tous 1e
D 7 =
mE A
i5
f$; .HEAUTON Ac.IL
If profpeGum. interea aliquid nobis el, deferta
vivimus.
Vobis cum uno feel ubi atatem alere decretum eft
viro,
Cujus mos maxume? eff confimilis voflrum; bi fe ad
vos applicant ;
Hoc beneficio utrique ab utrifque veró devincimint,
Ut nusquam ulla emori voftro incidere po[fig cala
mia. wv. . |
ANTIPHIL À.
Nefcio alias: me quidem femper fcio fevi[Ja fedulb,
Ut ex illius commodo meum compararem commodum ,
CL.INI.. "
b
Ergo, mea Antiphila, tu nunc fola reducem sue
£e
in patriam facis : .
Nam, dum abs te abfum.oinnes mibi labores fuere,
i quos cepi, leves,
Preterquam tui carendum quód. erat.
STRUS
; Credo.
CLITIP HO.
Syre, vix Juffere.
Hoccine, me miferum , non licere meo modo inge-
nium frui?
e ST-
REMARQUES. '
16. NESCIO ALIAS]. Je ne fais pas ce que fent
ds autres. Le caractere d'Amiphile eft admirable. 1f
n'y a rien de contraint dans fa vertu; elle ne fe mêle
oint de ce que font les autres: ainfi la peur des acci- -
dens fácheux qui arrivent à toutes ces créatures, n'a
fien contribué à lui faire prendre le parti qu'elle a pris,
20. SYRE, VIX SUFFERO]. Syrus, je ne psit
me retenir. Tous ceux qui ont travaillé fur 7érexce.
ont été trompés en cet endroit$ car ils ont fait dire
ceci p.r Clinia, fous prétexte que Syrus a dit à Clitie
pim à la fin de la fcène précédente , ambsle, allez-
CETTE
sc. I. TIMORUMENOS 8r
nous trouvons abandonnées de tout le monde:
& pour vous, loríqu'une fois vous avez réfolu
de paífer toute votre vie avec un feul homme
dont l'humeur vous convient , vous avez leplai.
fir de voir qu'on s'attache abfolument à vous,
& vous êtes liés également per ce choix que vous
avez fait l'un de l'autre; deforte qu'il eft im.
poflible que votre amour finiffe jamais.
ANTIPHIL E.
Je ne fais pas ce que font les autres; mais
je fais bien que pour moi j'ai toujours été aprt-
quée à faire mon unique plaifir de celui de Clinia.
CLINEA:*
Ah, ma chère Antiphile, vous êtes auffi la
feule caufe de mon retour; car depuis que je
vous ai quité, toutes les fatigues que j'ai eues
n'ont été rien au prix du chagrin de ne vous
pas: voir. |
SYRUS.
J'en fuis perfuadé..
| CLITIPHON.
Syrus, je ne puis me retenir. Malheureux
je fais! faut-il qu'il ne me foit pas permis
e me fatisfaire? :
SY.
* J{ dit cela fans qu'elle Pentende, elle ne l'a pas eu.
eore vu.
REMARQUES. |
w$us-en. Mais ils devoient bien fentir que Clitipbeg
étoit trop amoureux pour obéir fi facilement, & pour
' , s'en aller fi volontiers; il demeure caché en quelque
coin du théâtre pour voir, & pour entendre fa
Bacchis, & delà il dit à Syrus, je ne puis plus me re-
fenir. Cela fait un jeu de théâtre fort agréable, &
peint admirablement le caractere de Clitipben. Cette
remarque eft de mon père, & je ne doute pas que
ceux qui aiment TYrence ne lui en fachent bon-gré. *
N O T.E S.
x1 dnterea à siis , Otant liquid, qui eft.aflez inqp
Ce. | p $3
25
$$ | HEAUTON- Acr. Il.
! "STRUS
Jinó ut patrem tuum vidi e[Je babitum, diu etiam
duras dabit.
ABACCHIS.
Quinam bic adolefcens eff, qui intuitur nos?
ANTIPHILA.. |
Ab, retine me, obfecre.
BACCHIS.
Amabo, quid tibi eft? |
ANTIPHIL A
Difperii mifera.
BACCHIS.
Perii, quid flupes?
#ntipbila?
| ANTIPHIL A.
Videon’ Cliniam , an non?
BACCHI S.
Quem vides ? :
E CLINI ZA.
Salve, anime mi.
| ANTIPHIL 4. ;
© mi exfpeËtate Clinia , falve.
CLINI A.
Ut vales?
| ANTIPH I L A.
Salvom veni[fe gaudeo.
CLI-
REMARQUES.
22. DIU ETIAM DURAS DABIT]. I/ veu: o
fera bien avaler d'autres. | 1] ne faut rien changer à ce
pifí?ge ; duras dabit, on fousentend plagas, & dare
as eft dit coinme Zare iui, dare vulnera, dans
lag
bici ; Ovide & Lacréce,
— $.ll TIMORUMENOS @
SYRUS
Oh, vous n'étes pas au bout, & de l'humeur
que je connois votre père, il vous en fera bien
avaler d'autres.
: BACGCCHIS. |
i eft ce jeune-homme qui nous r e?
e ANTIPHIL E. a)
Ah, foutenez-moi, je vous prie.
BACCHI E
Qu'avez-vous ?
| ANTIPHILE.
Je n’en puis plus.
BACCHIS.
D'oà vous vient cette défaillance?
ANTIPHIL E.
Eft-ce Clinia que je vois?
| BACCHIS.
Qui,voyez-vous? .
Ó CLINI A.
Bonjour, ma chère Antiphile,
ANTIPHIL E.
Bonjour , mon cher Clinia, que j'avois d'ims
patience de vous voir!
. CLIN I A.
' (Comment vous portez-vous ?
ANTIPHILE.,
Que jai de joie de vous trouver en bonne
té!
. CHI.
REMARQUES.
24. QUID STUPES ]?D'eà vens vient cette défail-
lence ? On avoit mal expliqué cet endroit; f/spere,
fignifie ici tomber en feibleffe , & non pas s'étonner.
NO T E S.
22. Vidi, partes dis, Otant effe babitem , fans am
tarité |
4
co | HEAUTON .Acr.IIL-
CLINI À.
* & Teneone te
ntipbils, snaxumà animo* ex[peGata meo?
STRU S.
Ke intrà: nam vos jam dudum exfpe&Bat fenex.
LU SITE} INSTANT Sexe 60) 02 (IRIS
ACTUS TERTIUS.
SCENA IL
CHREMES. MENEDEMUS.
CHREMES.
TL Ucefcit boc jam: ceffe pultare oftium
| PF
€, Vulg. exeptata.
REMARQUES.
Y LucEsciT Hoc JAM]. 1/ commente déja à
pre Jour. Dans cette façon de parler oc fe raporte
celum qui eft. fousentendu; car on dit cela en te-
gardant le ciel. Paste dans le Curculio. I. 111.
Nam bec quidem edepel baud wultà poft luce Iacelit.
On ne peut pas douter que cette Comédie n'ait été
jouée à deux reprifes; les deux rémiers Actes furent
joués le foir aprés le coucher du foleil, & les ttois
autres le matin à la pointe du jour. L'intervalle qui
fépire le fecond & le troifième A&c, eft rempli par
le fouper qui fe fait chez Chrémes dans une nuit de
débauche. La fête que l'on célébroit alors donnoit à
AMénandre la liberté de pinager ainfi fa Pièce, & Té-
rence n'étoit pis obligé de rien changer à cette con-
duite, parce que comme fes Comédies étoient a
jouées chez les Romains dans les fêtes folemnelles ,
ces fêtes pouvoient donner lieu à Tévense de fuivre e
même partage. Ewgrapbius qui a fait des commenrai-
165 —
|
|
Sc. L TIMORUMENOS ot
CLI-NIA.
Eft-ce bien vous que je tiens, mon Antiphile,
que j'ai defirée avec tant de paflion ?
SYRUS.
Entrez au logis, car il y a déja longtems que
vous-faites attendre notre bon-homme.
ERISQUE COGISCISTUI CI LACAICRAER AIN SCION)
ACTE TROISIEME-
SCENE L
CHREMES, MENEDEME.
CHREMES.
]L commence déja à faire jour ; pourquoi ne vais-
je donc pas tout-à-l'heure heurter à la porte-de
notre
REMARQUES.
Ies für cetts Pièce, a cru que cela étoit fans exemple. -
Mais il s'eft trompé. J'ai fait voir qu' 4friftepbane avoit
fait la même chofe , & que les deux prémiers A@es
da Piutus furent joués le foir, & les trois autres le
Bdemain ay matin, & que l'intervalle du fecond au
troifième AÛte cft rempli par le voyage que P/urss
fait au temple d'Efis/ape, où il paffc la nuit. Si l’on
favoit. bien précifément à quelle heure s'ouvre le
théâtre dans 4rifophane, on tiouveroit fans doute que
la liberté qu’il a prife ne. lui a pas fait paffer la règle
des douze heures qui dgivent limiter l'a@ion théátm-
k. left au moins certain que Téresse ne la pañle
dyes ici, & qu'il eft auffi régulier en cela qu'en tout
e refte. .Le theâtre s'onvre après huit heures du foir z
les deux prémiers Aes ne durent tout au plus que
deux heures, an foupe, & je veux que cet intervalle
dure dix ou fept heures. Le troifième A@%e commen-
ce à I petite poiate du joyr, comme 7Yrexce a eu
foin
N O T E:S.
24, Exoptatam , comme Facrn'a propofé de lire;
[ ^ . ;
10
- —
$9 — HEAUTON- Acr. Ill.
Vicini , primum.ex me ut fciat fibi filium
Redüffe? etfi adolejcentem boc nolle intellego.
Verum, cim videam miferum bunc tam excruciarier,
Eju' abitu , celem tam infperatum gaudiunr,
Cám illi nibil pericli ex indicio fiet?
Haud. faciam : nain, quod potero, adjutabo fenam.
Item ui füium meum amico atque equali fuo
Wideo in[ervire, € focium e[fe in negotiis;
Nos quoque fenes efF equom Jenibus obfequi.
MENEDEMUS
Ælut ego profelt ingenio egregiè ad miferiat
Natus
: REMARQUES.
foin de le marquer, en faifant dire à Chrémés, Incère
eit boc jam, il commence déja à faire jour. Ainf les
trois Aes, qui ne fauroient durer plus de trois heu-
xes , finiffent avant les fept heures du matin. Mais ce
qui mérite d’être bien remarqué ici, c’eff que cc troi-
ème intervalle entre dans l'a&ion, & devient une
partie du fujet aufli-bieæ que dans Ariflophane: C'eft
dans cet intervalle que Chrémés Speo des libertés
que Clitipben prend avec Baccbis, & c'eft ce qui don-
ne lieu à tout le jeu de théâtre du troifième A&e. Si
les Critiques avoieft bien pus garde à cela, ils n'au-
roient jamais écrit, va/fa bians € inanis comedia
efl. Cette Comédie ef? vuide, il y a du tems perdu. On
ne fauroit faire ce reproche à Térence, puifque ce
qu'ils apellent vuide, & tems perdu , vafum © hians
a une liaifon néceffiire avec le fujet , & qu'il en eft
méme le fondement. Si Térence avoit partagé-ía Piè-
ee de manière que cet intervalle n'eüt point fait par-
tie de fon fujet, cela auroit été ridicule & infuporta-
ble. Si l'on faifoit aujourdhui jouer le commence»
ment d'une Pièce de Zfeliére , & demain la fn, ij p'y
| : &
4
tp —
$.L TIMORUMENOS »s
notre voifin, afin de lui aprendre le prémier
que fon fils eft de retour? quoiqu'on me dife
que ce jeune garçon ne veut pas qu'il le fache,
Mais voyant la douleur que ce pauvre père a
de l'abfence de fon Gls qu'il aime fi tendrement,
pourois-je lui cacher un bonheur qu'il attend fi
peu; fur-tout puisque cela ne peut faire aucun
tort à ce jeune garçon? En vérité je ne faurois
m'en empécher , & je fervirai ce bon-homme en
tout ce qu’il me fera poffible; & comme mon
fils & le Gen font fort uris, & qu'ils vivent dans
une pæsfaite amitié, & n'ont rien de caché l'un
pour l'autre, il eft jufte que nous autres vieil.
lards nous vivions de méine enfemble, & que
nous nous rendions tous les bons offices que
nous pourons, ;
| MENEDE HM E.
Qu je (uis né plus que tous les autres hom-
mes pour la peine & pour les ennuis, ou ce
T qu'on
REMARQUES
a perfonne qui ne fe moquát de ce partage: rmais 7Y.
rence & Ménandre étoient trop habiles pour prendre
de ces libertés; ils connoiffoient trop n l’art du
théitre On trouveroit aujourdhui des occafions où
l'on pouroit faire avec grace ce qu'ils ont fait, & où
ce feroit méme une néceffité de le faire; mais pour
cela il faut de l'adreffe & du jugement.
2, PRIMUM EX ME UT $CIAT].* Et pesrquei
Nétre-pas le prémier à lui apzendre.. Mon Tee lifoit,
^ e me st fciat , comme Qans la feconde fcène dq
A&e I.
Ut banc letitiam nec epinanti primus ei ebjicerem demi,
.31. AUT EGO PROFECTÓ INGENIO EGREGIE AD
MISERIAS ]. Os je/uis né plus que tous les autres bem3
mes, Ménédème lort de fa mai[on dès la pointe du
s : :
. jour
; N OT E S.
“ur. Egregio, dans un MS, Faern, A8 miferiam , (ut
tod les MSS. hors un,
CE]
"45
20
04 H E AU T ON- Acr. IIL
Natus fum, ant illud falfum eft , quod volgo audis
Dici, diem adimere aegritudinem bominibus :
Nam mihi quidem quotidie augefcit magis
De fiio agritudo , C9 quantà diutius
Abeft, magis cupio tantó, £9 magis defidero.
E . CHREMES.
Sed. ipfum egreffum foras video: ibo, alloquar.
Menedeme , falve: nuntium apporto tibi ,
Cujus maxumé te fieri participem cupis.
MENEDEMU S.
Nunquidnam de gnato mto audifii, Creme?
CHREMES.
Valet , atque vivit.
"MENEDEMU S
Ubinam eft quao?
CHREMES
. Hic apud me domi,
MENEDEMUS
Meus gnatis?-
| CHREMES.
Sic eff. .
MENEDEMU S.
: Venit?
| . CHREMES.
Certé. |
MENEDEMUS.
Clinia
Mens venit?
_. CHRE-
REMARQUES.
jour pour retourner à fon travail ; car il a déja dit qu'il
ne vent fe donner aucun relâche, Cela eft fort bien
conduit.
21. VALE T ATQUE VIVIT]." IJ Je porte fort
^ Bien. Le Latin dit mot à mot: J///e porte bien © ef
plein de vie... Qbrémés devoit dire, il ett plein de e
wivit, & il fe porte fort bien; vakt, Mais a ad
i
Sc. L TIMORUMENOS. oy
qu'on dit d'ordinaire eft faux, que le tems em.
porte nos chagrins; car chaque jour je fens aug-
menter ceux que j'ai de l'abfence de mon fils;
& plus il y a de tems qu'il m'a quité, plus je de-
fire avec impatience de le revoir, & plus j'ai
de regret de l'avoir perdu.
CHREME S.
Mais le voila lui-méme qui fort, je vais lut
parler. Bonjour, Ménédème ; je vous aporte
une nouvelle que vous ferez bien-aife de favoir.
MENEDEM E.
Avez-vous apris quelque chofe de mom fils,
Chrémés ?
CHREMES.
Il fe porte fort bien.
| MENEDEME.
, Eh, où e(t-il, je vous prie? .
CHREMES.
Chez moi.
MENEDIE M E.
Mon fils?
| CHREMES.
Oui.
MENEDEME,.
Il eft venu ? "
E CHREME S.
Il eft venu.
MENEDEHM E.
Mon cher Clinia eft venu?
i '" | CHRE-
REMARQUES.
M ef? plein de vie ne raffure pas fitôt un père plein
d'affe&ion, il commence par le terme le plus confo-
lant, il fe porte bien. Mais comme cela n'auroit point
de grace en notre langue, où il ne feroit pas méme
fenti, il a fallu fe contenter de mettre i/ /? porte bien,
: N O T E S. EV
: 85. Fagitat s propter peccatsm boc , fans autosité,
(
a
39
96 HE AUTON- Acr. I
: CHREMES.
Dixi,
MENEDEMU S. "
Eamus; duc me ad eum , obfccra,
CHREMES.
Non volt te fcire fe redii[Je etiam; &9 tuum
ConfpeËtum fugitat ob peccatum : tum boc. timet y
Ne tua duritia antiqua illa etiam. adau&a fit.
MENEDEMU S.
Non tu ei dixifHi , ut e[fem?
CHREMES.
Non.
MENEDEMUS.
” Quam ob rem, Cbreme ?
CHREMEÉS. is
Quia pe[Jum? iflbuc in te atque. in ilum confulis ,,
Si te tam leni € vi&o e[fe animo oftenderis.
MENEDEMU S.
Non po[Jum : fatis jam, fatis pater durus. fus.
CHREMES. |
| Ab!
Vebemens in utramque partem , Menedeme , es nimis ,
Aut largitate nimid, aut parfimenid.
In eandem fraudem ex bac re atque ex illd incides,
Primüm olim pots quàm paterere filium, -
35 Com
REMARQUES.
3». AUT LARGITATE NIMIA , AUT PARSIMO®
NIA]. Vous êtes ew trep prodigue, ou trop ménager.
cipes heureux; il apelle predigalité , Le trop pm
&. L TIMORUMENOS. sj
CHREMES.
Cela eft comme je vous le dis.
MENEDE HM E.
Allons; que je le voye, je vous prie.
" CHR EM E S.
. Il ne veut pas que vous fachiez encore qu'il
eft de retour; il vous fuit à caufe de la faute
qu'il a faite; & il craint que la dureté que vous
aviez pour lui ne foit encore augmentée,
M ENEDE M E.
Eft-ce que vous ne lui avez pas dit dans
quels (entimens je fuis préfentement?
CHREM E S.
Non. |
MENEDEM_E.
Et pourquoi non, Chrémes ?
HREMES.
Parce que vous prenez-là un mauvais parti,
& pour vous & pour lui, de lui faire connottre
que wous étes fi doux, & que vous ne pouvez
téfifter davantage.
MENEDEME.
Je ne puis faire autrement; j'ai eu affez de
rigueur jufqu'ici.
| CHREME S.
Ah! Ménédéme, vous outrez tout, & vous
paffez d'une extrémité à l'autre, vous étes ou
trop. prodigue, ou trop ménager. Quelque che-
min que vous preniez de ces deux-là, vous tom-
berez dans le méme précipice. Autrefois , quand
l'amour de votre fils ne faifoit que commencer,
au-
REMARQUES.
douceur, la trop grande complaifance, & méxage, &
économie trop grande, la trop grande rigucu,
Tome II. E
35
40
45
8 HEAUTON- Ac IIL
Commeare ad mulierculam, que paululo
Tum erat contenta, cuique erant. grata omnia
Proteruifli binc. Ea coaBa ingratis F
Poft illa capit vilium volgo querere.
Nunc ,quum fine magno intertrimento non potelt
Haberi, quidvis dare cupis. Nam ut tu fcias ,
Quèm ea nunc. in[iru&ta pulcrd ad perniciem fiet ;
Primtin jam ancillas fecum. adduxit plus decem
Oneratas vefie, atque auro. Satrapes fi fiet,
Amator fufferre numquam ejus fumtus queat :
Nedum tu poffis. |
MENEDEMU S.
Efine ea intu: ?
CHREMES.
Si fit, rogas?
Senfi: nam ei unam. cenam, atque ejus comitibus
Dedi: quod fi iterum mibi fit danda, a&um fiet.
- | Nim,
REMARQUES.
$5. QuR PAULULO TUM ERAT 'CONTEN'TA ].
Chez une femme qui en ce tems-[À fe contentoit de pem |
Chrémés parle ainfi, parce qu'il croit que Bacchis eft
Ja maîtrefle de C/inia.
40. NAM UT TU SCIAS QUAM EA NUNC INSTRU
TA]. Car afin qne vous fachiez, cemme elle à mainte-
nant. Chrémés prend Baccbis pour la maitreffe du fils
de Ménédème, & c'eft celle de fon fils Ce jeu de |
‘théatre eft admirable.
43. ONERATAS VESTE ATQUE AURO].
Chargées d'babits Uv de bijoux. Ces fervantes portoient |
des habits & des bijoux pour leur maitreffe. J'ai ex-
pliqué cette coutume dans les Remarques fur la fe-
conde Comélie. Car Térence n'a pas voulu dire que
wu fervantes avoient elles-mêmes des habits do &
Cr
|
à
l
voir ce commerce fans faire une
gieufe, vous voila prêt à tout donner. Car afin
‘que vous fachiez, comme elle a maintenant tout
$c. L TIMORUMENOS. os
au-lieu de fouffrir qu'il allât chez une femme
qui en ce tems-là fe contentoit de peu, & qui a-
voit de l'obligation des moindres chofes qu'on
faifoit pour elle, vous le chaffates de votre mai-
fon, Cette créature contrainte par la néceffité ,
reçut enfütte malgré elle tous ceux qui la vou-
loient aller voir. Préfentement qui ne peut a-
penfe prodi-
ce qu'il faut pour bien ruiner les gens, elle mé-
ne avec elle plus de dix filles couvertes d'or &
d'argent. Quand fon amant feroit un Satrape,
il ne pouroit fournir à ces dépenfes; à plus fore
te raifon n'y pourez-vous réfifter.
MENEDEMEÉE.
'Eft-elle chez vous?
CHREME S.
Si elle y eft? belle demande! je l'ai bien fenti
qu'elle y eft; je lui ai donné un foupé & à tou-
te fa troupe, & fi j'en devois donner un autre,
: _ je
REMARQUES. :
“d'argent, cela feroit ridicule ; mais on n'a pas laiffé
de sy tromper. |
SATRAPESSI SIET]. Quand /ôn amant ferefc
'** Satrape. On a cru que Ménandre s'étoit fervi du
mot de Satrape, parce qu'il étoit du tems des Rois
de Perfe; car c’eft un mot Perfan qui fignifie Gesver-
wear de previuce, Mais c'eft une fort méchante rai-
fon. Dans la feconde Comédie, qui eft auffi tirée de
Ménandre , il eft parlé de Pyrrhus; il faut donc dire
. Auffi que Pyrrba: étoit du tems des Rois de Perfe. Il
y avoit longtems que Dériss Codomanss, le dernier des
Rois de Per/e, étoit mort, quand Méxandre vint ab
monde; car ce grand Poète vivoit du tems de Pitefee
mée Philadeïphe.
NOTES
sf Cosactar e fans autorité,
EÉ 2
55
&o
150 HEAUTON- Acr. Il,
Nam, ut alia omittam, pyti[Jando modè mihi
Quid vini abfumfit ! fic, boc, dicens, afperum,
Pater , eft : aliud lentus, fodes , vide.
Relevi dolia omnia, omnes ferias:
Omnes babui folicitos, atque, bec una nox.
Quid te futurum cenfes, quem affidud. exedent?
Sic me Dii amabunt, ut me tuarum miferitumeft,
Menedeme, fortunarum.
MENEDEMU S.
Faciat quod lubet :
Sumat , confumat , perdat: decretum efl pats,
Dum illum modó babeam mecum.
CHREME S.
Si certum eff tibi
Sic facere, illud permagni referre arbitrer ,
Ut nefcientem fentint te id fibi dare. —
MENÉDEMUS.
Quid faciam?
CHREME S.
Quidvis potis quàm quod eogitas »
Per alium quemvis ut des, falli te finas
Tech=
REMARQUES.
"o 48. PYTISSANDO]. En goutant le vin, Pyrir
fare eft un mot imitatif, qui exprime le bruit qu'on
fait des lèvres quand on rejette le. vin qu'on a pris
dans la bouche pour y gouter. Pyriffo , du Grec pyti»
ge, qui vient de pruo, qui fignifie /puere, cracher.
49. ASPERUM PATER ]. Celui-ci ef! un peu durs
Ce font les propres termes, a/perwm & ene. Caton,
vinum afperum lene fieri. — aub
st. RELEVI OMNIA DOLIA , OMNES xd à
/
$1. TIMORUMENOS. ror
_ je ferois ruiné; car fans parler des autres cho-
fes, en goutant feulement le vin avec fa mine
dédaigneufe , quelle quantité ne m'en a-t-elle
pas gàté! en me difant, celui-ci eft un peu ru-
de, bon pére, voyez, je vous prig, fi vous n'en
auriez pas de plus doux. J'ai percé tous mes
tonneaux. Tous mes gens fuffifoient à peine X
la fervir, Et ce n'eit là qu'une nuit. Que pen-
fez-vaus donc devenir, vous qui ferez mangé
tous les jours de cette manière ? Quand j'ai vu
cela, je vous jure que vous m'avez fait pitié.
MENELD'EM E.
Qu'il faffe tout ce qu'il lui plaira, qu'il dé-
penfe, qu'il confume, qu'il perde, j'ai réfolu
de tout foufftir, pourvu que je l'aye avec moi
CHR E M-E S.
Si vous voulez en ufer ainfi, il me femble au
moins qu'il eft fort important qu'il croye que
vous lui donnez de quoi faire toute cette dé:
penfe fans le favoir.
MENED.:;EM E.
Que dois-je faire?
HREM E S.
Tout ce que vous voudrez , plutót que ce
que vous avez rélolu; faites donner par quel-
que autre, quel qu'il foit; laifTez-vous tromper
par
KEMARQUES.
J'ai percé tous mes tonneaux, mot à mot, J'ai percé
tous mes tonneaux Cy toutes mes cruches. Mais cela n’eft
pas à nos manières. J'ai percé tous mes tonneaux ,
it tout. Relinere, c’eft ôter la poix avec laquelle on
‘ bouchoit.
N O T E S.
: $e. Pater boc ef , après Faern.—
$9. Ne fcientem , comme Palmérius, Guyet, Nc. :
E 3
sg LEUR, After ES me mn mp
i z 2: o2 A ———
102 HE A UT O N: Acr. IIE
Téchnis per fervolum. Etfi fubfenfi id quoque,
Illos ibi effe, £9 inter fe agere clanculum ; .
- Syrus cum illo veftro confufurrat : conferunt
65 Confilia adolefcentes: ES tibi perdere
Talentum boc pa&o Jatius efl, quàm illo.minam,
Non nunc de pecunid agitur , Jed iliud, quo modo,
Minimo periclo id demus adolefcentulo. ——
Nam fi femel tuum animum is intellexerit,
70 Priüs proditurum te tuam vitam , C9 pris
Pecuniam omnem ,quàm abs te amittas filium , bui [-
Quantam feneflram-ad nequitiam patefeceris
Tibi autem porro ut non. fit-fuave vivere.
Nam deteriores omnes fumus licentid.
25 Quodcunque inciderit in mentem, volet : neque id-
Putabit, pravumne an re&um fit quod. petet.
^ Tu, rem perire, C9 ipfum non poteris pati
Dare, denegaris ?. ibit ad illud illico, :
Quo maxumé apud te fe valere [entiet :
fo Abiturum fe abs te e[fe illico minabitur.
MENEDEMU S.
Videre serum, atque ita, uti res eft , dicere.
CHREME S.
Somnum bercle ego bac noe oculis non vidi meis,
Dum id quero, tibi qut filium reflituerem.
; | ME:
NOTES.
63. ]d, pour €, fuivant plufieurs MSS.
64, 65. Confufurrant , dans prefque tous les MSS,
#d adolefcentes, fur un MS. Faern.
'22. Quantam cii , fans autorité.
76. Prax
Sc: IL TIMORUMENOS. 193
par un valet. Vous n'attendrez pas longtems,
je me fuis déja aperçu qu'ils y travaillent, &
qu'ils machinent quelque chofe entre eux. No-
tre Syrus eft toujours en chuchetant avec votre
valet, Les jeunes maîtres font auffi des confé.
rences enfemble; il vous feroit plus avantageux
de perdre * cinq cents écus de cette manière,
que trois f piftoles de l'autre. Ce n'eft pas à
l'argent qu'il faut prendre garde, mais à le don-
ner à ce jeune-homme avec le moins de péril
que nous pourons; car fi une fois il connoit vo-
tre foible, & que plutót que de fouffrir qu'il
s'en aille, vous étes en état de hafarder votre
repos & votre bien ;: oh, quelle porte ne lui
ouvrez-vous pas à la débauche! Il arrivera de-
là que la vie vous fera à charge; car la licen-
ce nous perd tous tant que nous fommes. Il
voudra tout ce qui lui viendra dans l'efprit,
fans jamais examiner fi ce qu'il demandera fera.
jufte ou non. Vous ne pourez voit périr votre
bien, & le voir périr lui-méme, vous lui refu-
ferez de l'argent ; auflitôt il aura recours au
moyen qu'il croira infaillible pour fe faire va-
loir auprés de vous, il vous menacera fur
l'heure de vous quiter.
MEN.EDEMEÉE.
Jl me femble que ce que vous dites eft vrai.
CHREME S. ‘
En vérité je n'ai pas fermé l'œil de toute la
nuit,pour chercher les moyens de vous rendre
votre fils,
ME-
# Un talents T Ux? mine.
N O T E S.
76. Pravtm an retlam fit, comme Faern. D'ailleurs
M. B. prétend que ce vers & le précédent font fu-
poícs. :
E.4.
304. HE AUT-O N- Act. IH.
MENEDEMUS. |
Cedo dextram : porro te oro idemut facias , Chreme,
$5
85
CHREMES.
Paratus fum.
MENEDEMUS
Scin' quid nunc facere te lo.
; CHREME S.
Dic.
MENEDEMUS,
Quod fenfifli illos me incipere fallere ,.
Id.ut maturerit facere: cupio illi dare
Quod volt: cupio ipfum jam videre.
CHREMES:
Operam dabo.
Syrus eff adprebendendus , atque adbortandus mibi.
4 me nefcio quis exit: concede binc domu ,
Ne nos inter nos congruere Jentiant.
Paulum boc negotii mibi obflat: Simus £? Crito %
Picini nofiri, btc ambigunt de finibus :
Me cepere arbitrum: bo, ac dicam, ut dixeram ,
Operam daturum me, bodie non po[fe bis dare.
Continu bic adero.
MENEDEMU S.
Ita quefo. Dii veffram fidem,
Itan'
REMARQUES.
90. CONCEDE HINC DOMUM]. "tilez-vont-en.
Chrémds trouve un prétexte plaufible & néceffaire pour
.o5liget Ménédime à rentrer chez lui, & à ne pas al-
ler à fon travail, comme il l'avoit réfolu.
4
NO-
£e: L TIMORUMENOS 10
MENEDEM E.
Donnez-moi votre main: je vous prie, mon
| cher Chrémés, de continuer comme vous avez
| commencé.
,CHREME.S
€"eít mon deffein..
MENEDEMEÉ.
Savez-vous ce que je voudrois que vous fiffiez?
CHREM E S.
Dites-le moi.
MENEDEME.
Puifque vous avez aperçu qu'ils trament quel.
que fourberie, au nom de Dieu qu'ils fe hà-
tent, je defire extrêmement de lui donner tout
ce qu'il veut; je veux voir mon fils.
,CHREME S.
| J'en aurai foin; il me faut prendre Syrus &
l'exhorter à le faire; mais quelqu'un fort de chez
moi. Allez-vous-en, afin qu'ils ne s'apergoivent
pas que nous foyons de concert. J'ai une petite
affaire; Simus & Criton, deux de nos voifins,
font en différend fur les limites de leurs terres,
ils m'ont pris pour arbitre; je m'en vaisles trou-
ver, & leur dire que je ne puis vaquer à cette
affaire aujourdhui , comme je leur avois promis,
je.ferai ici dans un moment..
MENEDEM E.
Je vous en prie. Grands Dieux! faut-il que
tous les hommes foient faits de manière qu'ils
voyent
ps NOTE S
| $e. M. B. tranfpotte ce vers & les deux fuivans à
h fin de la Scène, à caufe de à me se/cio quis exit,
qui, fuivant la manière de Térence, femble devoir la
nir, *
96. Adfure , pour adero , fans autorité,
E 5
306 HEAUTON- Acr. In
tan’ comparatam e[fe bominum naturam omnium ,
"Aliena ut meliüs videant. € dijudicent quàm [ua!
An eo fit, quia in re noftrá, aut gaudio
QOO Sumus prepediti nimio, aut egritudine?
Hic mibi nunc quant plus fapit , quàm egomet mibi?!
CHREMES. |
Diffoloi me, otiofus. operam ut buic darem.
| Vxor So oC XS RD XOQ0:00):00):000t0 0000000) TRES -
ACTUS TERTIUS.
SCENA II |
SYRUS CHREMES
STRUS
El Ac illac circumcurfa, inveniendum eff tamen .
Argentum, intendenda in fenem eff fallacia.
| CHREs
REMAR QU E:S.
9%. ALIENA. UT MELIUS VIDEANT ET- DIJUDI-
GENT QUAM SUA ]. Jis voyent beaucoup plus clair dans.
les affaires des autres que dans les leurs. Ménédème ne
dit ceci que pour parler de lui-méme: car quoique ce-
la foit vrai auffi- par raport à Chrmés, cela ne fe trou-
we vrai à cet égard, que parce que c'eft une vérité
générale que l'on peut connoitre fans rien favoir d’un.
tel, ou d'un tel. Ménédème ne connoiffoit pas C^ré-
més ; & dans tout ce que nous avons vu, il n'y a rien
- ui ait pu le lui faire connoître: il ne pouvoit donc
pas l'avoir ici en vue, & comme j'ai dit, il ne parle
ue de lui-même: autrement Térence autoit fait une
aute qu'on ne poaroit excufer.
102. DISSOLVI ME, OTIOSUS OPERAM UT HUIC
BAREM ]. J'ai dégagé mo park, afin d'aveir ie ir^
$
n
&c: IL TIMORUMENOS. toy
voyent beaucoup plus clair dans les affaires de$:
autres que dans les leurs? Céla ne viendroit-i
point de ce que dans nos propres affaires, Ja
trop grande joie, ou le trop de chagrin, ne nous
laiffent pas le jugement libre? Voyez commece
Chrémés eft beaucoup plus Habile en ce qui me
concerne, que je ne le fuis moi-méme.
CHREMR S.
T'ai dégagé ma parole, afin d'avoir le tems de
rendre fervice à ce pauvre homme,
ES D 0 AO LU O OQ) LOU JUS CUS US QOO XO 0 vue
ACTE TROISIÈME.
SCENE IL.
SYRUS CHREMES.
SYRUS.
(C, Ours tant que tu voudras de côté & d'autre,
fi faut-il toujours trouver de l'argent, &.
tendre quelque piége au bon-homme.
| CHRE-
REMARQUES.
de rendre fervice à ce pauvre homme, Clrémés eft rentré:
un moment chez un de fes voifins qui étoit en dif.
férend, & après s'être dégagé, il reffort. Cependant
AMénédéme eit rentré chez lut, ainfi ceux qui ont écrit
Je dernier vers de cette Scène, oriofhs operam ut tibi
darem , fe font trompés; car Ménédème n'étant plus
' fur le Théatre, Chrémis ne peut lui adreffer ces paro-
les. Il faut donc etio/us eperam ut buic darem.
2. INTENDENDA IN SENEM EST FALLACIA ]. E£
tendre quelque piège au bon-bomife. Chrémés croit que
ras parle ici de Ménédème, & c'eft de lui-même,
eft un jeu de Théatre fort plaifant,
N O T E S.
g. Quam fua, au v. fuivant. :
S JH, pour hais, comme Fáezh,
E 6
108 HE AUTO N- Acr. II.
CHREMES,
Num me fefellit, bofce id firuere ? videlicet
Île. Clinie fervus tardiufculus eft :
5 - dcirco buic nofiro tradita eft provincia,
| STRUS.
Quis bic loquitur ? perii, numnam bec audiit?
A4A4CHREMES.
Syre,
STRUS.
; Hem.
CHREME sS.
Quid tu iftbic? |
STRUS.
Relid equidem; fed te demiror, Chreme,
Tam mane, qui beti tantum biberis, - |
CHREMES.
Nibil nimif,
STRUS..
Nil, narras? vifa ver eft , quod dici folet
Xo. Aquile feneBus.
| CHREMES.
Eja!
S T RU $. /
Mulier eff commoda, €
Faceta, bec meretrix.
: CHRE.
REMARQUES.
19. AQUILÆ SENECTUS]. La will de
l'aigle. C'eft-3-dire une vieilleffz verte & one *
comme celle de l'aigle > Qui ne meurt jamais de vieil-
leffe, & qui fur la fin de fa vie ne peut fe conferver
qu'en buvant toujours, | : NO:
Se IL TIMORUMENOS. 109
CHREME S.
Me fuis-je trompé , quand j'ai dit qu'ils mae
€hinoient quelque chofe? Sans doute que le va-
let de Clinia e(t un peu pefant; voila pourquoi
l'on a donné cette commiffion au nôtre. .
SYRUS.
Qui parle ici? je fuis perdu : n'a-t-il point
oui ce que j'ai dit ?
CHREMES.
: SYRUS.
Ab, Monfieur !
CHREMES.
Que fais-tu ici?
| SYRU S.
Pas grand'chofe. Mais en vérité je vous«ad;
mire d'être levé de fi bon matin, vous qui bn.
tes tant bier au foir.
CHREMES.
- Eh pas trop.
| SYRUS.
Pas trop , dites-vous ! Ma foi, Monfieur,
vous avez, comme dit le proverbe, Rà vieilles.
fe de l'aigle.
CHREMES.
Doucement, doucement.
SYRUS.
Cette femme eft de bon commerce; elle eft
agréable , cette bonne pièce.
CHRE-
Syrus.
N O T E S.
7. M. B. óte fd, apris la plupart des MSS, fdpae
ant reGé d'eguidem, ie :
E 7
wo HEAUTON: Acr.III.
CHREMES.
Sané : idem vifa efl snibé,.
STRUS: :
Fit quidem bercle formá luculent4:
CHREME S.
STRUS,
fta non ut olim, fed uti nunc, fand bond:
Miniméque miror , Clinia banc fi deperit.
15 Sed babet paire quendóm avidum , miferum atque:
e aridum,
Vicinum bunc : noflin 9? at quafi«is non divitiis
Abundet, gnatu' ejus profugit inopid;
Scin' e[fe fa&um, ut dico?
CHREMES.
: id ego nefciam?:
Hominem piflrino dign T i
STRU S.
DS Quen?
CHREM E.S.
oo Dico adolefcentis, ... quem feu
STRUS.
Syre, tibi timui malë.
CHRE--
Sic Jatiss.
REMARQUES.
13. ITA NON UT OLIM, SED UTI NUNC, :
BONA]. Elle ne l'eff pas comme les femmes de Su
gems. Je fuis perfuadée que le fens que j'ai fuivi dans
ma tradu&ion, eft le véritable. C'eft une flaterie de:
Syrus , qui fe conforme ici aux manières des vieillards
gai Hon eut Ut ce qu'ils ont vu dans leurs jeux
, plus beau , % meilleur que ce qu'ils
voyent. On peut pourtant donner un abe feni d ce
Rex & due: Elle s? pas 6 belle awelle enit il
3
Se: I. TIMORUMENOS. 11%
CHREMES.
Oui vraiment; je l'ai trouvé ainf.
SYRUS.
Et en vérité elle eft fort belle.
CHREMES.
Eh, aflez.
' SYRUS
Elle ne l'eft pas comme les femmes de votre:
tems, mais pour ce tems-ci elle eft fort belle,
& je ne m'étonne pas fi Clinia l'aime avec tant
de paffion. Mais il a un certain pére avide de
bien, un miférable que l'avarice a rendu fec-
comme une alumette. Ce voifin que nous avons,.
le connoiflez-vous? ce vieux vilain, comme s'il
n'avoit pas fes coffres pleins d'argent , avoit.
fouffert que la mifère chaffit fon fils de chez
lui, Saviez-vous ce que je vous dis-là?
CHREM E S.
Comment, fije le favois ? un homme qu'og.
devroit envoyer au moulin.
SYRUS. |
Qui, Monfieur?
CHREME S.
Je veux parler. du fot valet de ce jeune-homg
me...
3 SYRUS "
'ai grand’ peur pour toi, mon pauvre Syrus..
Jai g peur p > mon pa CHRE:
REMARQUES.
y.a s années ; mais en vérité elle efl fert belle
Lopes an. Mais cela ne me plait pas. fé
14. MINIMEQUE MIROR ]. Et je ne m'étonne pan
Il parle ainfi pour confirmer Chrémæés dans la croyan-
ce où il étoit, que Bacchis étoit la maitefle de Cli»
mis, & c'étoit celle de fon fils.
N OT E &
35, Ni féay, aprés Palmérius.
25.
29
tr HEAUTON. Aocrnlr
CHREMES,
Qui pa[Jus ef id fieri.
STRU S.
- Quid faceret?
CHREM ES. "
- | Rogas ?
4flíquid reperiret, fingeret fallacias,
Unde effet adolecenti amice qued daret :-
«ique bunc difficilem invitum fervaret fenem.
STRUS.
CHREME S.
Hec fatía ab illo oportebant, Syre.
, STRUS
Kho, quefo, laudas qui beros fallunt?
CHREME S.
Garris.
In loce
Ego veró laudo.
STRUS.
Re&? fan.
CHREMES,
Quippe quia
Magnarum fepe id remedium ægritudinum eft.
Tam buic manfi[Jet unicus gnatus demi.
STRU S.
Scene ax ferio illec dicat , nefcio s
Nifi mibi quidem addit animum , quo lubeat magis.
CHRE:
N T E S.
20. Ile bac dicat, une deux MSS,
Se IL TIMORUMENOS. mg
CHREM E S.
D'avoir. fouffert que fon maître ait été cons
€raint de s'en aller.
SY RUS.
Qu'auroit-il pu faire ?
CHREMES.
Me le demandes-tu? il devoit trouver quel-
que expédient ; inventer quelque rufe pour faire
venir de l'argent à.fon maitre, qui l'auroit danné
à fa maîtrefle; en faifant cela, il auroit fait le
bien de ce fâcheux vieillard malgré lui.
: SYRU S.
Vous vous moquez.
CHREMES
Encore une fois, Syrus, voila ce qu'il devoit
faire. e
SYRU S
Ho, ho, je vous prie, louez-vous les valets.
qui trompent leurs maîtres ?
CHREMES.
C'eft felon; il y a des occafions où j’aprou- :
ve qu'ils les. trompent.
SYRUS.
Fort bien, vraiment. |
CHREMES.
Car fouvent ces fortes de tromperies épargnent
de très grands chagrins. Parexemple, fans aller
plus loin, ce fils unique, dont nous parlons,
feroit demeuré chez fon père, fi fon valet avoit
eu de l'efprit. . |
SYRU S.
Je ne fais s'il raille, ou s'il parle férieufement:
mais au moins ce qu'il dic me donne courage,
& augmente l'envie quej'avois déja de le tromper.
42
E
#4 HEAUTON: Aer IIE
CHREME S.
Bit nunc quid exfpeGiat, Syre, an, dum binc de.
nuo
Abeat, cim tolerare illius fumtus non queat?
Nonne ad fenem aliquam fabricam fingit?
STRUS.
Stolidus ef.
| CHREME S.
At te adjutare oportet adole[centuli
Cau/4. |
STRUS.
Equidem facilà facere poffum, fi jubes +:
Etenim, quo paGo id fieri foleat, calleo.
CHREMES.
Jantó bercle melior.
$e STRUS.
Non eff. mentiri meum;
; CHREMES
Bac ergo.
STRU'S
[ mineris 5,
2 uv, Vt bius tu, facito dum eadem bec mes
Si quid bujus fimile forté aliquando evenerit , ,
Ut funt bumana , tuus ut faciat filius,
CHREMES.
Non vfus veniet fpero.
STRUS.
Spero bercle ego quoque :-
4Veque eo nunc. dico, quod quidquam illum fenfe-
rim;.
Sed ,
REMARQUES. -
3% NON EST MENTIRIMEUM]. Le men.
Ange n'eff pas mon vice. Yl veut dire qu'il ne ment:
hoint, quand il dit qi eft maître paffé, & qu'il ne-
fe vante de rien qu’il ne puiffe faire, ta
So. I: TIMORUMENOS. ny
CHREMES.
Et préfentement, Syrus, qu'attend donc ce
benét? que fon maître foit encore obligé de
s'en aller, pour n'avoir pas dequoi fournir à la
dépeníe de cette femuie? RE(t-ce qu'il ne dres.
fera pas quelque baterie contre cebon-homme?:
SYRUS.
C'eft un lourdaut.
CHREME S.
Mais toi, tu devrois lui aider, pour l'amour.
de ce pauvre garcon.
SYRUS.
En vérité je le ferois trés volontiere, fi vous.
me l'ordonniez, car en ces fortes d'affaires je.
fuis.aflurément maître paffé.
CHREMES.
Je t'en.eftime davantage.
SYRUS.
Le menfonge n'eft pas mon vice,
CHREMES,
© ça, fai donc. |
SYRUS.
Mais vous, Monfieur, fouvenez-vous an.
moins de ce que vous me dites, fi par hafard,
comme cela peut arriver humainement , votre
fils.un jour alloit avoir quelque petite affaire de.
cette nature.
CHREMES.
Ho, j'efpére que cela n'arrivera pas.
SYRU
Je l'efpére auffi en vérité, & ce que je vous
eh dis ce n'eft pas que j'aye apercu quoi que ce
foit en lui, Mais fi cela arrivoit, au moins n'al-
lez-
NOTE S
83. Abîgat, pour abeat , fans autorité,
43. Quo, pour 4«ed , après un MS.
45
#16 HE AUTON- Acr. II
Sed , fiquid, nequid...que fit ejus atas vides:
Et ne egote, fi ufus veniat, magnificé, Chreme
Traüare po[fem. i
CHREMES.
| De ifiboc , cám ufus venerit,
Videbimus quid opus ft: nunc iflbuc age.
; STRU S.
Numquam commoditis umquam berum audivi loqui ,
Néc, cüm maiè facere crederem mí impunitis”
Licere. Quifnam ànabis egreditur foras?
JAOOOOOOOOOOOROOp OO EEE SE EE ies
ACTUS TERTIUS
SCEN A IL
CHREMES.. CLITIPHO. SYRUS
CHREME S.
Uid iffbuc, quefo? qui iflbic mos eff, Cliti-
o pbo? itane fieri ts ^
Qportet?,
CLITIPH'O.
Quid ego feci?
CHREMES.
Vidin" ego te * manum in finum buie
Meretrici inferere?
STRUS.
"d&a el res , perii...
| GL I.
V Vulg. m040 manum.
REMARQUES.
3 ACTA EST RES]. Voila nos affaires faites. Sy-
yss apréhende que ce que vient de faire Clitipbon ,
n'ait fait découvrir à fon père que Baccbis eft fa mai-
wefle, & non pas.celle de Clinia..
NQe
Sc. IL TIMORUMENOS. 1m
lez pas vous. vous voyez l'âge qu'il a. Et par
ma foi, Monfieur, fi l'occafion s'en préfentoit
jamais, j'ai dequoi vous régaler comme il faut.
CHREM E S.
Quand cela fera , nous aviferons à ce que
rois aurons à faire; à préfent fonge à ce que
je t'ai dit.
SYRU S.
De ma vie je. n'ai oui mon maître fi bienpar.
ler; il me donne pleine liberté de mal faire, &
je vois bien que je puis letromper impunément,
Qui fort de chez nous?
oepepeeeeeepeppeeo pec pe( eoe nee eee
ACTE TROISIEM E.
SCENE IIL
à
| CHREMES. CLITIPHON. SYRUS.
CHREMES.
U'eft-ce donc, je vous prie, & quelles mx-
niéres, Clitiphon? eft-ce ainf qu'il en faut
ufer?
CLITIPHON.
Qu'ai-je fait?
CHREMES.
Ne vous ai-je pas vu porter la main au fein
.de cette courtifane?
SYRUS.
Voila nos affaires faites, tout eft perdu.
N OT E S.
2. Oportet, au v. précédent.
, 3- AMeretrici , auffi au vers précédent, lifanr medé
4tjantoy, MP
119 H E A U T O N- Acr. If,
CLITIPHO.
Mene? | .
CHREME S.
| Hijce oculis: ne nega,
Tacis adeo indigne injuriam illi, qui non abftineas
manum: — .
Nom iflbec quidem contumelia eft , bominem ad
te amicum recipere ,
Aique ejus amicam fubagitare: «el beri in vim
quàm immodefius |
£uifli! |
STRUS.
sium eft.
CHREMES. |
Quám moleflus! ut équídem,
dta me Dii ament, metui quid futurum. denique
effet. Novi ego
Amontium animum : advortunt graviter, que non
cenfeas.
: . CLITIPHO. |
At mibi fides apud bugc eft , nibil me iftius fate
rum pater. |
| CHREME S.
^ Æffo: at cerid concedas ab ore eorum aliquantifpes
aliquo.
Libido multa fert : ea facere probibet tua prefentia.
Ego de me facio conjeüuram: nemo eft meorum bo
2 die ,
Abu quem expromere omnia mea occulta, Cliti-
jbo, audeam.
- pud
NOTES.
So. Nam---eff, en un vers Hominem - -- Jubse
,Sitare, auffi en un vers. Jef. moleflus, encore en
“un vets. Ut eguidem--- effet, de même. Novi égo,
au v, füiv, Subigitare , fur Les plus anc. MSS. v. s.
anon.
Sc. IL TIMORUMENOS. 119
CLITIPHON.
Qui, moi?
CHREMES.
Ne le niez pas; je l'ai vu de mes propres
yeux. Vous faites une injure à ce jeune-hom-
me, de ne pouvoir retenir vos mains; & c'eft
affurément là un affront pour lui. Quoi, rece-
voir un ami chez vous, & vouloir toucher à
fa maîtreffe ! Hier au foir encore à fouper, de
quelle immodeftie ne futes-vous pas!
SYRUS.
Cela eft vrai. |
HREM ES.
: De quelle importunité! Que je meute tot
'préfentement fi cela n'alla fi loin, que je craignis
qu'il n'en arrivát du defordre, Je connois l'efprit
des amans, ils prennent en mauvaife part des
chofes à quoi vous ne croiriez pas qu'ils priffent
feulement garde. |
CLITIPHON.
Mais, mon père, mon ami eft fort affuré que
je ne ferai rien qui le fáche.
CHREME S.
Je le veux; cependant vous devriez vous é.
loigner un peu, & n'être pas toujours fur leurs
talons. Les amans ont mille chofes à fe commu-
niquer, qu'ils n'oferoient dire devant vous;un
tiers eft toujours incommode. Je juge des au-
tres par moi-même; voyez-vous, Clitiphon, il
n'y a aucun de mes amis à qui je vouluffe dé.
couvrir tous mes fecrets: la dignité de l'un me
retient, la honte m'empéche de les dire à l'au-
. tre,
NO T E S.
emasitis animis, comme Palmérius a corri
é.
11. At certé ut binc concedas — Hinc , dins deug
MSS. Faern. Ut , après trois.
15
20
yo HEAUTON- Aet. IIR
"pud alium probibet dignitas : apud alium. ipfius
fa&i pudet ,
INe ineptus , ne protervos videar: quod illum face.
re credito. —
$ed nofirum eft. intellegere, utcunque, atque. ubi
"cunque opus fit, obfequi.
STRU S.
Quid ifibic narrat ?
‘CLITIPHO.
Périi.
STRUS. |
Clitipbo , bec ego precipio tibi?
Hominis es frugi € temperantis fundus officium!
CLITIP HO.
Tace,
Sodes. E
STRU S.
Re&é fane.
CHREMES,
Syre, pudet me.
STRUS. |
| Credo: neque id injurid,
Quin mibi moleffum eff.
| CLITIP HO.
Pergin'?
STRUS.
Hercle verum dico, quod videtur.
CLITIPH Q.
Nonne accedam ad illos?
: CHRE-
REMARQUES.
18. HEC EGO PRÆCIPIO TIBI]. ÆEf-ce /à
te que je vous avois tant recommandé? C'eft ainfi que
ce paffage doit être ponQué, c'eft un interrogant, &
le vers qui fuit eft une ironie. On s'y étoit trompé.
£'eft une remarque de mon père.
214, HERCLE VERUM DICO, QUOD VIDE
TUR].
À
D
$c. III. TIMORUMENOS, 12]
tre, de peur de paffer pour foible, ou pour ei:
fronté, Croyez qu'il en eftde méme de ce jeune-
homme; c't à nous de connoftre le tems & le
lieu Où nous devons avoir de la complaifance
pour nos amis,
SYRUS*.
Entendez-yous ce qu'il dit?
CLITIPHON.
Je fuis mort.
SYRUS.
. XEft-ce là ce que je vous avoistant recomman-
dé? Vous vous étes comporté en homme pra-
dent & d'une fort grande fageffe!
CLITIPHON.
Tai-toi, fi tu veux.
TM SYRU S.
Voila comme .il faut faire.
CHREME S.
Syrus, en vérité j'ai hónte pour lui.
SYRUS -
Je le crois, Monfieur, & ce n'eft pas fans
ujet. Cela me fâche bien, moi qui ne fuis pas
fon pére.
CLITIPHON.
Tu continues ?
‘ S Y R U S.
Oui ma foi; je dis mon fentiment.
CLITIPHON.
Eft-ce que je n'oferois aprocher d'eux ?
* A dit cela bas à Clitipbon. :
REMARQUES.
TUR]. Oui ma foi, je dis mon fentiment. Mon père
corigeoit: Hercle verb , dico qued videtur. Oni Jens
Le, Je dis mon fentireñt, |
NOTE s
E: yet Minnque , wbicungue opus eJ? , malgré tous
|
|
Tome IL uo
25
1 HEAUTON- Acr. IL
CHREMES.
Ebo quefo, una accedundi via eft?
STRUS.
Attun. 4: bic prius did , quàm ego ar-
gentum effecer
Cbreme, vin’ tu bomini "flulto mibi au/cultare
| c
HREMES. |
Quid faciam? 20d
ere U $8.
gube bunc
tire Hinc lin
LITIP HO.
Qui ego binc abeam ?
STRU S.
Quà? quà libet : da illis locum:
Abi deambulatum.
CLITIP HO.
Deonbustum? quà?
STRUS
Vab, quafi i defit locus,
Abi. fand Uy joe quo is.
RE
E S.
Reti dicit: cenfet
CLITIP HO.
Dii te eradicent, Syre, qui me binc extrudas.
STRUS.
{
At tu pol tibl |
PPoflbac comprimito iffas manus, |
| MEA ACTUS
REMARQUES.
‘ 26. QUASI DESIT Locus]. Comes s'il max "
_ ich de promenades. 11 dit cela, parce que la fcè-
ae tft hamps. . 1
aux champs ., |. saÿ
$t. 1L TIMORUMENOS. ns
CHREMES.
Ho, ho, ne fauriez-vous en aprocher fana
*faire des fotifes?
: SY RUS, bas,
} Notre affaire eft flambée; il «a fe découvrir
| avant que j'aye tiré notre argent. Monfieur > VOU-
:lez-vous fuivre l'avis d'un fot? |
E CHREME S.
| Eh bien, quel eít cet avis?
1 . S Y RU S. RES
| "Ordonnez-lui de s'en aller quelque part.
. CLITIPHON.
"Où eft-ce que j'irai ?
|. SYRUS
Où? où il vous platra, Cédez-leur [a place,
allez-vous-en un peu vous promener. |
CLITIPHON.
Me promener? où?
SYRUS. .
Voyez! comme s'il manquoit ici de promenis
des. Allez deçà, delà, où vous voudrez.
CHREMES.
Il dit fort bien; j'en fuis d'avis.
CLITIPHON.
. Que le diable t'emporte,, Syrus, de mecha
Ter d'ici. |
SYRUS. 2
Mais vous une autre fois fongez à retenir
VOS mains. 4 a
TEE . ACTE
| NOTE s bs
/*&$. LAbine, pour dise, für tous les MSs.
- t RE D fuiv, ótant pel, après tous les MSS,
i '
es anc “sin
TUR Fe 7
* S
nd F 2
x4 © HEAUTON- Acr. Hi.
| UO OI vou UT
ACTUS TERTIUS
S CE NA IV.
SYRUS. CHREME S.
STRU S.
Ceo vero? quid illum porro credis faBurum,
breme ,
Ni f eum , um Dii dant opis tibi, fervas,
x mones ?
CHREME $.
Ego ifibuc curabo.
$
S.
atqui nunc, bere, btc tibi a[fervan-
dus eft...
CHREMES.
fie.
STRU 8.
— [ebtemperat.
Si fapias: nam mibi jam minu. minu[que
CHREMES.
Quid tu? eoquid de illo, quod dudum tecum egi ;
egifli , Syre?
Reperifti quod plactat, an nondum etiam?
TRUS.
De fallacid.
Dicis? fl, inveni uec ipi
) CHREM
Frugi es: ede, quid id d^
*
Là D
Y«
N O T E S. t
£C. IV. M. B. mêle cette Scène avec la précédente. |
j 6. Ant
Sc IV. TIMORUMENOS.. 135
LOTO 0 CIO 0 SUN :502:002 0030900 00:909
ACTE TROISIEME.
^S CEN E IV.
SYRUS. CHREMES.
SYRUS.
N bonne foi, Monfieur , qu'en penfez-vous?
que croyez-vous qu'il deviendra, fi vous ne
Je gardez de près autant que vous pourez, f
vous ne le chátiez, fi'vous ne l'avertiffez?
CHREME S.
Jy prendrai garde.
SYRUS.
Voyez-vous, Monfieur , c'eft préfentement
que vous devez l'obferver....
CHREMES.
| €elài fe fera.
SYRUS.
Si vous êtes fage: car de jour en jour il fast
moins de cas de mes confeils.
CHREMES.
Mais toi, que dis-tu de l'affaire dont je t'ai
tantôt parlé? y as-tu travaillé, mon pauvreSy-
rus? as-tu imaginé quelque chofe qui.te plaife?
ou n'as-tu encore rien trouvé?
"SY RUS.
Vous voulez parler de notre tromperie? ít,
j'en ai trouvé une. d
CHREM E S.
Tu es un brave garçon; dis-moi ce que SS
Y.
NOT E S.
- © Aut eff tibi quod placeat , fans autorité. "
7. Dids? efl --- quid i^ ? fur quelques M$39. — . V
eO 3
is HEAUT ON: Acr. IIl
: STRUS.
Dicam, verim, ut aliud ex alio incidit ....
‘ ‘CHREMES.
. Quidnam, Syre?:
STRU s Pues
Pe[Juma. bac eff meretrix.
CHREME S.
n , Ita videtur.
STRU S.
Imà, fi fcias.
Hbc vide, quod inceptet facinus. — Fuit quedam.
'" . anus Corintbia
Htc: buic dracbmarum argenti bec mille dederas:
muiuum.
CHREMES.
Quid ium?
STRUS.
tulam *
Ea mortua efl: reliquit filiam adolefcene
&rrelidia buic arraboni ef? pro illo argento.
CHREME S.
Intellige.
STRUS, |
Éonc fecum buc adduxit, eaque eff nunc ad uxo
rem tuam.
CHRE-
REMARQUES.
ri. HUIC DRACHMARUM ARGENTI HÆC MILLE
DEDERAT MUTUUM ]. À qui elle dit qu'elle avoit pré-
té trente pifioles. 11 y a dins le Latin mille drachmes.
La drachme Attique valoit environ fix fous de notre
monnoie, comme le denier Romain; deforte que mil-
le drachmes font près de cent écus. ]
, i4. EAQUE EST NUNC AD UXOREM TUAM ] E4
€ eft celle qui eft préfeutement dans l'apartement de vètre
Jm. * Antiphile devoit être reconnue pour la file de
rés
a.
|
-
Sc: IV. TIMORUMENOS. 17
SY RU S.
Je le veux. Mais comme une chofe fait fou-
venir d'une autre...
CHREME S.
Qu'eft-ce, Syrus?
SYRUS
Cette Bacchis eft une (ine mouche.
CHREMES.
Céla me paroit. |
SYRUS.
' Oh, vraiment fi vous faviez! voyez ce qu'elle
machine, Il y avoit autrefois ici une certaine
vieille femme de Corinthe, à qui elle dit qu'elle
avoit prêté trente pi(toles.
CHREMES
Eh. bien?
SYRU S.
. Cette vieille femme eft morte, elle a laiffé
une jeune fille, & cette jeune fille lui eft demeu-
rée en gage pour fon argent..
CHREMES.
SYRU S.
Elle l'a amenée ici avec elle, & c'eft elle qui
eft préfentement dans l'apartement de votre fein-
Ine,
CHRE-
J'entends. .
REMARQUES.
Chrémès, c’eft pourquoi Térence n'a garde de la met-
tre avec.les autres, À de la faire trouver au feftin , oà
il n’y avoit que des courtifanes qui puífent paroitre.
Il la met dans l'apartement de la femme de Chrémes, .
afin qu'on n'eüt rien à lui reprocher, & qu'elle füt
hors de tout foupcon.
N O T E S$.
1o. Jah, pour Pec, après deux MSS,
V. ne ef, iar EUN
| : 2
15
23 HMEAUTON- Acr. IE
CHREME S.
id tum?
e STRUS .
[Jam illi tamen
^. Olifiam orat, fihi uti id nunc det: il-
Pofl doturam, Mille nummám * pofcet.
CIREME S.
Et pofcit quidem?
STRUS.
Hy,
Dubium id efi? T
CHREMES.
[ gitas ?
Ego fic putavi: quid nunc co-
STRUS.
Egone? ad Menedemum ibo: dicam banc effe cape
: . tam e Carid.
Ditem, € nobilem: fi redimat , magnum ineffe
in ed lucrum.
CHRE-
* Vulg. po/cit.
"E REMARQUES.
16. HLLAM ILLI TAMEN POST DATURAM. Mu.
LE NUMMÜM POSCET]. Et: elle dit qu'elle n'aura
pas plutôt touché cet argent, qu'elle lui donnera cette
fille pour nantiffemert de [a fomme. Ce paffige m'a
toujours paru très difficile, & je n'ai jamais été con-
tente de ce que l'on dit: pour l'expliquer. J'efpère que
ma tradu&ion le fera affez bien entendre. Je mets
un point après darurzn s.
— illam illi tamen.
Poft daturam. Mille nummfm pefcit.
Et Bacchis dis à Clinia, qu'elle [uj donnera cette fille.
après qu'elle aura touché cet argent. Tamen ett pour
poflea. Ces paroles mille nummÂm c , C eft l'expli-
cation que Syr«s donne à 1» demande de Bacchis; el-
le fait femblant, dit-il, de les demander à emprunter,
& de vouloir donner cette fille pour gages; mais du
&. IV. TIMORUMENOS. 29
CHREMES.
Qu'y at-il encore?
SYRUS.
Elle prie Clinia de lui donner cet argent, &
elle dit qu'elle ne l'aura pas plutót touché qu'elle
lui donnera cette fille pour nantiffement de la
fomme; mais c'eft qu'elle lui demande adroite-
ment ces trente piftoles en pur don.
CHREM E S.
Elle les demande affurément?
YRUS.
Ho, cela s'en va fans dire.
CHREME S.
Je croyois bien que cela aboutiroit là. Eh
bien, fur cela que veux-tu faire?
YRUS.
Moi? j'irai trouver Ménédème; je dirai que
cette fille eft de Carie, & qu'elle y a été enle-
vée; qu'elle eft riche*& de bonne maifon; & que
sil la rachète, il fera là un trés grand profit.
CHRE-
REMARQUES.
la vérité, c'eft qu'elle les lui demande en pur don.
Ce qui a embaraffé tous ceux qui ont voulu expliquer
cet endroit , c'eft qu'ils ont cru que æille wsmmÁAw
étoit une fomme fort différente de æille dracbmarum 5.
mais ils fe font trompés: dra:bme & numise font ici la
méme chofe; car nwmme ne fignifie que pice, & en
Latin ce mot va à toutes fortes de monnoic. La
drachme des Grecs, comme je viens de le dire, eft la
méme chofe que le Denarius major des Romains , qui
étoit une Pièce d'argent, argenteus nsmosus.
N OT E S.
15. Ut id- - - illa illi , fans autorité.
! 16. Poft datum. iri mille numñm pres ft. Et pres
fe quidem , fans autorité.
17. Ege fic putavi, dans la bouche de Syrus, fui-
vant un MS.
19. Magnws ejfe in ed re lacrum , fur tous les MSS.
& lcs anc. édit, fi ce zi que re ne s'y trouvé point,
5
130 HEAUT ON: Acr. III
CHREMES:
STRU'S.
Quid ita? |
CHREMES
Pro Menedemo nunc tibi ego refpondeos
ANon.emo: quid ais?
STRUS.
Optata loquere.
CHREME S. |
"qui nonffo — pas
STRUS.
Non opus ef?
CHREME S.
Non bercle veri.
-STRUS.
E qu iflbuc? miror.
CHREMES.
| Fam fcies.
Mane, mane;. quid ef] quod tam à nobis. graviter
| crepuere fores ?
- ACTUS
REMARQUES.
. 9t. OPTATA LOQUERE]. Ah, répondez-méns-
plus favorablement , sil vous plait, Monfrear. Syrus
fâché de ce que ce bon-homme trouve que fon expé-
dient n’eft pas bon, lui dit: Ah Monfieur, répondez-
nous de meilleures chofes, ne nous découragez pas
tout d'un coup. D’autres l'ont expliqué de cette ma-
nière, optata lequeris , vous dites ce que vous fonbai-
zez , vous lui faites répondre ce que vous voudriez.
qu'il répondit ; mais ce ne peut être là le fens.
ATQUI NON EST OPUs]. Mais il n'eff pas be=
+ Join de tout cela. Chrémés n'explique pas fa penfée,
& ceux qui ont travaillé fur ZYrence ne fe font pas .
mis en peine de la deviner. Mais je crois que la voi-
ci: il voit que Bacehis demande mille drachmes, tren-
te piftoles, & qu'elle offre de donner en gages Antin
qii que ceft un marché où il ne faurott rien Ist |
£Ó Etrra:.
Sc. IV. TIMORUMENOS ir
CHREMES.
Tu te trompes.
Comment cela?
CHREMES.
Je vais te répondre pour Ménédème: Je ne
veux pas l'acheter moi: qu'as-tu à dire?
YRU S.
Ab, répondez-nous plus favorablement, s'il
vous plait, Monfieur.
: | CHREM E S.
Mais il n'eft pas befoin de tout celà,
YR ‘
Il n'en eft pas befoin ?
CHREME &-
Non, te dis-je.
YRUS.
Comment? je m'en étonne.
CHREM E S.
Tu le fauras tout-à-l'heure. Attends, attends :
d’où vient qu'onfait tant de bruit ànotreporte? .
ACTE
REMARQUES.
dre; & que Bachis ne fauroit le tromper, puifqu'i]
eft déja nanti de cette fille qui eft chez fa femme. Je
crois donc que fa penfée eft.de donner lui-même
cette fomme, & de retenir Antiphile. |
23. QUID EST QUOD TAM A NOBIS GRAVITER
CREPUERE FORES. ? D'eà ient quen fait tant de
bruit à notre porte P J'avois oublié d'avertir que les
| de la rue. étoient faites de manière qu'elles
s'ouvroient toujours en dehors, & que ceux qui voue
loient fortir de la maifon faifoient du bruit à la pose
te, pour avertir ceux qui étoient dans la rue de s'é-
loigner ,, afin de n'étre pas heurtés par les batans de
la porte.
4 aiit. dans la bouche de $
L, 27. - dans Ja bouche de Syrus, - -- :
Less eius dans Ja Ec de Syrus,
PA “an
à 4 c&
132 HEAUTON-. Acr. HE
Ape MORE OR DORE
ACTUS TERTIUS.
SCENA V. |
SOSTRATA. CHREMES. NUTRIX.
SYRUS.
" SOSTRAT A.
^ Ifi me animus n bic profeiló eff annulus y
quein ego fufpicor, .
5, quicum expofita et gnata.
"e CHREMES.
Quid volt fibi, Syre, bec oratio?
SOSTRAT A.
Quid efi? ifne tibi videtur?
| NUT
IX. ww
| ^. Dixi equidem, ubi offendifli, ilice,
Eum effe. |
SOSTR 4 T. A.
| A ut fati! contemplata medo fis, mea nutrix?
.NUTRIX.
EK OS T RATA
A nunc jam intro: atque, illa fi LM rit,
, . mibi nuntia :
Htc ego virum interea opperibor.
STRUS.
Te volt : videas quid velit
Nefcio me triflis efE : non temere ef} ; metuo quid
| "CHRE. |
| Sais,
NOTES
$C. V. M. B, fût de cette Scène la prémière d
(INC | ET üt
; »
Sc. V TIMORUMENOS. mg
Bepeeoeeeeeeeo epe RE ER
ACTE TROISIEME.
SCENE .vV.
SOSTRATA.CHREMES.LA
NOURRICE. SYRUS.
SOSTRATA
Ije ne me trompe, c'eft affurément là la ba.
gue que je foupçonne, c'eft celle qu'avoit ma
fille quand elle fut expofée.
CHREMES . 2
Syrus, que figni&e ce difcours? p x5
SOSTRATA.
Qu'en dis-tu , noürice? croís-tu que ce füit elle ?
LA NOURRICE.
En vérité, Madame, vous ne me l'avez pas
plutót montrée que je l'ai reconnue.
SOSTRATA. | -
Mais au moins l'as-tu bien confidérée?
LA NOURRICE.
Affurément. |
| SQSTRA T A. |
Va préfentement au logis, & viens me dire
f cette fille eft déja hors du bain; cependant
jattendrai ici mon mari. .- |
C'eft vous qu'elle demande, voyez ce'qu'elle
-veut. Je ne fais de Qu ce eft trifte; ce n'eft
pas fans fujet; j'apréhende ce que ce peut être
P CHIUS-
NOTÉS
4. Ubi mt oftendit; aprés Faern, ^ di
idc ' CF 3 S
4 HEAUTON- Acr. Il:
CHREMES.
Quid fi fiet 2^
Ne ifla berele magno jam conatu magnas nugas
dixerit.
SOSTRATA.-
Een, mi vir.
CHREMES
EM. mea xor. —
T $0.S-T R A. T 4.
Se |^... Te ipfum queri.
2... | CHRE.MES..
| ri quid velis,
SOSTRAT A.
$5 Primüm te boc oro, ne quid credas me advorfum
edi&iuwn tuum.
Facere e[fe .aufam.
CHREME S.
Pm n Vibi me UU. etfi incredibile ef credere :3-
edà.
STRUS.
Nefcio quid peccati portat bec purgatio;
| SOSTR AT A.
Meminiflin' me effe gravidam, GP mibi te mazt-
mo opere * interminatum.
Si puellam parerem , nolletolli? , :
| o CHREMES
Scio quid fein
r$ Safi: f c eft Reni
T-R
00. T
| Dinini, 'ergo berus damno au&tus gr.
| C808
Ed vulg. dicere;
N. Q. 7 M $
etre, à la place d. iiraingiaw, er dic £s. Pour i
15. Sue
_Sœ V. TIMORUMENOS. 1s
CHREMES
Ce que ce peut être? ma foi elle va faire de
grands efforts pour me dire de grandes fotifes.
SOSTRATA,
Ah, mon mari.
CHREMES
Ab, ma femme.
SOSTRAT A.
C'eft vous-même que je cherchois, .
CHREMES.
Dites-moi ce que vous me voulez,
: SOSTR AT A.
Prémiérement, je vous prie, n'allez pas vous.
imaginer que j'aye rien fait contre vos ordres,
CHREM E S.
Voulez-vous que je croye ce que vous dites,
tout incroyable qu'il eft?. je le crois,
S YR U S. :
" Cette manière de fe juítier m’eft un peg
SOSTRA T A.
Vous fouvenez-vous qu'il y a quelques ans
nées que j'étois grofle, & que vous me dites for.
tement que fi j'accouchois d'une fille, vous ne
vouliez pas qu'elle füt élevée?
3 CHREMES.
:_ Je vois ce que vous aveæ fait; vous l'avez €
levée, n'eft.il pas vrai?
US
SYR :
Si cela eft, Madame, c'eft-à-dire que voila
augmentation de dommage pour notre maître.
NOTE.
| 15. Sic eff fem, dans la bouche de Syrus après
Faern, lifant miser, pour &tmine , fans autorité, - -
i
SOS
20
*
155 HEAUT ON- Aci It.
$0, STR AT A.
Minime : fed erat bíc Corintbia anus baud impura:
ei dedi j
Exponendam. n
CHREME S.
O Jupiter, tantam elfe in animo infcitiem !
SOSTRAT 4.
Perii, quid ego feci? |
CHREMES.
At rogitas?
SOSTRAT 4.
— Si peccavi, mi Chreme,
Inftiems feci.
CHREMES.
Id quidem ego, etfi tu neges, certà fcio,
Te infcientem atque imprudentem dicere ac facere
omnia :
Tot peccata in bac re oflendis. Nam jamprimum,
E Ji meum
Imperium exequi volui[fes, interemptam operuit,
Non fimulare mortem verbis , reipíd [pem vite i^
. Ü
REMARQUES.
213. INTEREMPTAM OPORTUIT]. Y faloit
Jui dter la vie fans balancer. Je fic lis jamais ce paffa-
ge fans horreur. Eft-i! poffible qu'il y ait eu des hom-
mes aflez aveugles , affez inhumains, affez barbares
our faire tuer ainfi leurs enfans fans aucune peine,
Los aucun remords , pour le moindre intérét de fa-
mille , & feulement parce qu'il ne convenoit p à
leurs affaires de les élever! Voici un mari qui fur ce
e fa femme n'a pas obéi à l'ordre abominable qu'il
fi avoit donné, non d'expofer fa fille, mais de la
faire mourir, l'accufe de ne connoitre ni ce qui eft hon-
nête,ni ce qui eft raifonnable. Cependant la Philofophie
avoit déja montré l'horreur, je nc dis pas de ces meur-
tres, mais méme des expofitions. Mais ‘a Philofophie
ft toujours foible contre des ufages reçus & autorifés,
23, NON. SIMULARE MORTEM VERBIS, RE IPSÁ
SPEM
Se: V. TIMORUMENOS. 5137
SOSTRA T A.
Point du tout. Il y avoit ici une vieille fem-
me de Corinthe, fort honnête femme; je la lui
donnai à expofer. |
CHREMES,
Oh, Jupiter, peut-on être fi mal aviíóet
SOSTRAT A.
Je fuis perdue; qu'ai-je fait?
CHREMES,
Me le demandez-vous? |
SOSTRAT A..
Mon cher Chrémès, fi j'ai mal fait, c'e(t ans
le favoir.
|», CHREMES
En vérité quand vous ne le diriez pas, je
fuis perfuadé que c'e(t fans le favoir & fans y
penfer,.que vous dites & que vous faites toutes
chofes. Dans cette feule occafion, combien de
fautes de Jugement! Prémiérement, fi vous vou-
Jiez exécuter mes ordres, il faloit lui ôter la
vie fans balancer; & ne pas faire femblant de
lui donner la mort, en la leiffant en effet en état
de vivre, Cependant je paíIe fur cela; la com-
paíffion.,
REMARQUES.
SPEM.VITÆ DARE]. E: ne pas lui donner la mort en
paroles, en la laifant en effet en.ésat de vivre. yai été
forcée de traduire ainfi ce vers pour le faire bien en-
tendre. Simulare mortem verbis, faire femblant par fes
ales de lui donner [a mart.; cela marque l’action de
Soffrata , qui Baar jus la cruauté de tuer elle-même
fon enfant , l'a donné à expofer: car ce n'eft propre-
ment que faire femblant par fes paroles de lui donner
la most. Re ip/À. fpem vite dare, lui laiffer en effet
L'efpérance de. la vie, c'eft-à-dire, lui laiffer les moyens
de conferver fa vie, en ne faifant que l'expofer; car
la plupart de ces enfans expofés étoient. fauvés par
quelque hafard,, comme on en a mille exemples.
N O T E S. '
19. Si ts neges, luivant un MS, Faera,
18 HEAUTON: Acr. III.
Ait id omitto : mifericordia, animus maternus *:
- te devicit : fino.
&5 Quim bene verd abs te profpetium efi! quid voluis-
ti? cogita: iss
Nempe anui illi prodita abs te filia eff. planif]ume,
Per te vel uti queflum faceret , vel uti veniret:
alam.
Crede id cogitafli : quidvis fatis eft, dum vivat-
mod.
Quid cum illis agas, qui neque jus ,neque bonum,
neque æquom fciunt ?'
90 Whelius, pejus, profit, ebfit; nil vident , nifi quod:
| iubet |
| SOSTRATA.
Mi Chreme, peccavi, fateor: vincor: nunc boc te
obfecro ,
Quantà tuus eff animus natu gravior, ignofcen-
tior T tantà fit, ; |
Ut mee. flultitie in juflitid tu4 fit aliquid prafidt. .
CHRE-
V7» devicit abetà vulg. T Tanto fie rabeft à vulg:
: +
REMARQUES.
29. QUID CUM ILLIS AGAS]? Qse pent-our
«faire avec des créatures? L'on n'avoit affurément rien.
compris à ce paffage. Cum illis n'eft pas ici avec ces
‘marchands d'efclaves , avec ces femmes qui proftituent :
les autres. I] veut dire fimplement, mais que peu-
vent faire les maris, quelles précautions peuvent-ils
prendre , quand ils ont des femmes fi fotes? &c.
32. QUAN'TO TUUS EST ANIMUS NATU GRAVIOR ,..
XGNOSCENTIOR ]. Mais je vous prie que comme vous :
sftes plas Âgé que mei, vous foyez auff plus indulg ent.
Je ne me fuis pas amufée à marquer bien de petites
différences de texte , que j'ai trouvées dans le beau
manu{crit de 1a Bibliothèque du Roi dont j'ai parlé, .
parce qu'elles m'ont paru aflez indifférentes; mais fur
ec vers j'en ai trouvé une qui mérite de n'étre pas
oubliée, car elle ef néceffaire pour la belle Latinité. .
Voici donc comme ce vers nous cft préfenté dans ce
taanuírit ;
gees--
Sc: V. TIMORUMENOS. 139
paffion, la tendreffe de mère. ..]e le veux.
Mais voyez que vous avez été d'une grande pré-
voyance! quel étoit votre deffein? faites-y ré-
fléxion, je vous en prie. Vous avez entièrement
abandonné votre fille à cette vieille, afin qu'il
ne tint pas à vous qu'elle ne fe proftituit, ou
qu'elle ne füt vendue publiquement; & voici
fans doute quelle étoit votre penfée: de quelque
maniére que ce foit, difiez-vous, pourvu qu'elle
yive, cela me fuffit. Que peut-on faire avec des
créatures qui ne connoiffent ni ce qui eft jute,
ni ce qui eft honnéte, ni ce qui eft raifonnable?
S. les chofes foient bien ou mal, utiles ou nui-
fibles, elles ne voyent rien que ce quileur plait.
SOSTRA T A.
J'ai tort; je l'avoue, mon cher Chrémeés, je
me rends; maisje vous prie que comme vous
êtes plus âgé que moi, vous foyez aufli d'autant
plus indulgent, & que votre bonté excufe mon
ipprudence.
REMARQUES.
Quanti iy efl animus nats gravier, Jent/centiop -
+ gantó fit.
Ces deux mots, rest) ft, manquoient affurément au
texte & répondent à qsanió efl.
33. UT MEX STULTITLE IN JUSTITIA TUA ]. Et.
votre bonté exeufe. 1l y a que votre juflice ;. mais
ici juftice fignifie benré, comme nous avons déja vu.
injuflice pour dureté , rigueur.
N OT E $.
24. Te devicit, vous a entrainée. Me. D. n'a point
traduit cela, aparemment parce qu'on ne le trouve
point dans les MSS. & en effet M. D. l'ôte.
29. Cum illifce, fans autorité.
32. Ouantè tu me es annis gravior ; tantü es igno
fier, fans autorité.
53. ML B, setxanche i», aprés tous 1cs MSS
+“
35
40
Mo HEAUTON- Acr IH
CHREMES.
Scilicet equidem ifibuc faB&um: ignofcam: verèm,
Soffrata , »
Male docet te mea facilitas multas fed ifFbuc
quidquid eft,
Qu4 boc occeptum eff cauf4, loquere.
$.O.ST R A4 T A.
.. Ut flultà € miferé omnes fumus
Religiofe , quum exponendam do illi, de digito an:
nulum
Detrabo: € ET dico ut unà cum puelld expone:
ret? |
Si moreretur ,ne expers partis effet de noffris bonis.
CHREME S.
Jfibuc re: confervafli te, atque illam.
SOSTRAT A4.
Ii bic efl annulus:
CHRE-
REMARQUES.
39. SI MORERETUR , NE EXPERS PARTIS ESSET
DE NOSTRIS BONI1S]. Afin qme fi elle meuroit, elle
ne fût pas au moins entièrement privée de fa. part de no-
tre bien. Les Anciens auroient cru avoir fait un fort
grand péché , fi leurs enfans étoient morts fans avoir
eu ld part qu'ils devoient avoir de leurs biens; c'eft
pourquoi quand'les femmes, toujours trop fuperfti
tieufes, donnoient un enfant à expofer, elles lui met-
toient dans fes langes, ou ailleurs ,-quelque bijou,
croyant que cela tiendroit lieu de légitime, & met-
troit leur confcience à couvert. Voila en quoi confis-
te la fuperftition dont parle Seffrara, & elle trouve
bien à propos cet expédient, pour ne pas donner tieu
à fon mari de croire qu'elle n'avoit donné cette ba
que qu'afin de pouvoir un jour reconnoitre fa fille:
elle étoit fauvée.
40. ISTHUC RECTE: CONSERVASTI T£ ATQUE
JLLAM]. C'efi fert bien fait ; par ce moyen vous l'a
vez confervée , © vous veus dte fetisfaise, Ce paffage
€
$. V. TIMORUMENOS. i4
CHREMES.
Eh bien voila qui eft fait, je l'excufe, il faute :
bien en paffer par-là; mais, Softrata, ma trop
grande facilité vous perd. Quoi qu'il en foit,
dites-moi par quelle raifon vous fites.cette faute,
SOSTRA T A.
Comme nous autres femmes nous fommes
toutes fotement & ridiculement fuperftitieufes,
Jorfque je la donnai pour être expofée je tirai
de mon doigt une bague que je mis entre les
mains de cette bonne femme, &je lui dis qu'elle
la mit dans lés hardes de cette enfant quand elle
l'expoferoit, afin que fi elle mouroit , elle ne füt
pas au moins entièrement privée de fa part de
notre bien.
CHREMES.
C'eft fort bien fait; par ce moyen vous l'avez *
«Confervée, & vous vous êtes fatisfaite.
SOSTRAT X .
La.voila cette bague.
iN
| CHRE-
REMARQUES.
eft plus difficile qu'on n'a eru. Chrémés dit à fa fem.
me qu'en donnant cette bague, elle a fair deux cho-
' fes au-lieu d'une; elle a mis fa confcience à couvert
& elle a fauvé fa fille; car on auroit affurément 'laiffé
mourir cette fille, & perfonne n'auroit voulu s'en
charger, fi elle n'avoit eu cette bague, qui avoit fait
efpérer.à ceux qui l'avoient trouvée, qu'elle pouroit
être un jour reconnue & rachetée fort cher par fes pa-
rens. Cenfervafli a donc ici deux fens, com/ervafi te,
veus vous éteP confervée, vous vous êtes fatisfalte , en
'fuivant les mouvemens de votre fuperflition; & cax-
Jervafti illam , vous l'avez confervée , en lui donnant
une bague qui a fait venir l'envie à ceux qui l'ont
trouvée, de l'élever , dans l'efpérance d'en tirer un
jour une groffe rançon.
| . NOTES.
_39. Stable C" miftra, faivant deux MSS. très an.
4
S
2 HEAUTON. Aer.
CHREMES,
Unde babes?
; SOSTR AT A.
[ tulain....;
Quam Baccbis fecum adduxit adolefcen-
STRUS.
Hem!
CHREMES,
"Quid ea narrat ?
| SOSTRAT A.
[ dedit.
Ea lavatum dum it , fervandum mibi
Anis
REMARQUES.
42. EA LAVATUM DUM IT, SERVANDUM MIHI
DEDIT ]. JM'a priée de la lui garder, pendant qu'elle.
Jeroit dans le bain. Antiphile eft ja feule qui fe met au
bain après le feftin, & Térence a ménagé cela fage-
ment pour la diftinguer de toutes les autres. Comme
-elle avoit paffé la nuit d:ns l'apartement de la femme
de Chrémés , aparemment elle n'y avoit pas fait fi
grand'chàre, & n'avoit pas été fi longtems à table;
ainfi n'ayant fait aucun excès elle pouvoit bien fe bat-
ner quelque tems aprés le fouper, outre que depuis
le fouper jufqu'à l'heure qu'il eft, il s'eft paffé offez
de tems pour faire qu'4rtipbile puiffe fe baigner.
‘Peut-être méme qu'elle a dormi, car on ne voit pas
bien ce qu'elle a pu faire depuis lel fouper jufqu'à
Pheure qu'elle fe baigne. Ce bain d'Antiphile eft plu-
tôt pour la Pope & pour la politefe, que pour la
fanté; car il faut fe fouvenir qu'elle ef venue d'4t5é-
nes chez Chrémés à pié, & il y a affez loin, comme
"Térence a eu foin de nous en avertir, en faifant dire
par Clitiphon, A&e II. Scène 1. Nos cogitas binc lon
si? effe. Tu ne penfes pas qu'il y & sn pen loin. d'ici.
Xt fans doute Anriphile a mieux aimé différer fon
bain, afin de n'avoir après cela qu'à fe coucher, & .
‘de mieux dorfnir. 1l n'y avoit point d'heure prefcri-
ge pour le bain; chacun le prenoit à l'heure qu'il vou-
loir, avant ou après Je zepas; car i] ne faut pas s'ima-
$4 .
:Sc. v. TIMORUMENOS. 144
CHREMES.
“D'où l'avez-vous eue?
SOSTRAT A.
Cette jeune fille que Bacchis a amenée avec
elle... |
SYRUS
Oh!
CHREM E S.
Que dit-elle?
SOSTRA T A.
M'a priée de la lui garder, pendant qu'elle
feroit dans le bain. D'abord je ne l'ai pas re-
; gardées
REMARQUES.
giner que ce fût la coutume dans ces fortes de fêtes
S louve & de fe baigner enfuite, pour entrer dans
le fan&uaire. Mr. d'Anhignæc qui l'a cru, a été trom-
pé par ce paffage du XXXIX. Liv. de Tite-Live, Sec-
tion IX. Decimo die cenatum, deinde pure lautum, in
Jacrarium dedutIurum. Et que l: dixióme jour, aprés —
wil auroit foupé , © qu'il fe frreit enfuite purifié dans
bain, elle le méneroit dans le fantfuaire. Mais MM
d'Aubignac devoit prendre garde que dans ce paffage
de Tire-Live il s’agit d'un jeune-homme qui doit être
initié aux Bacchanales. C'eft ici toute autre chofe, &
les Baccbanales, dont parle Tite-Live, n'ont rien de
commun avec cette féte de Bacchus que Chrémés cé]be
bre chez lui. Une autre faute que x. d'Anhignac ‘a
faite, c'eft qu'il a cru qu'Asriphile ne fe baigne que
dans le tems du quatrième Ace. Il n'avoit point du
gout connu la difpofition de cette Comédie; il eft f
peu vrai qu’Antiphile ne'fe baigne qu'au quatrième
Acte, que Seffrata UE la nourice avant la fin ja
rien pour favoir fi elle n'eft pas déja fortie :
; din.
Abi nunc jam intro, atque, iila fi jam leveris,
»ibi nuntia. UE
Va préfentement au logis, © viens we dirt | «ette fill
GA d&ja bers de tait Pe ber. à "E
.
x. | HEAUTON. Acr It,
Animum is advorti primum: fed poflquam afpexi ,
illico
Cognavi: ad té exfilis.
| -CGHREMES.
Quid nunc fufpicare , aut imoenis
45 De ill4? |
n SOSTR AT A. à
[ habuerit ,
Nefcio.,,. nifi ox ipfA.queras, unde bunc
S potis eff. reperiri.
.STRUS,
Interii: plus fpei video, quàm volo,
ANojira efl , sta fi eff.
CHREME S.
Vivitne illa, cui tu dederas?
SOSTRATA
i mE n Ieftio.
CHREMES.
Quid renuntiavit elim feci[fe?
SOSTRAT A.
, ld, quod ju[Teram,
| CHREME S.
4Vomen mulieris cedo quod fit, ut queratur.
SOSTRAT-A.
STRUS.
en : : mirum ni illa falva eff , € ego perii.
se Ipfa eff: mirum ni illa falva eff , € ego p CERE.
Pbiltere.
| . REMARQUES... :
46. INTER 11]. Mes affaires vont mal. Syrss avoit
raifon.de parler ainfi; car il voyoit bien qu'Anriphile
‘étant réconnue pour, la fille de Chrémés, Clinia ne
manqueroit pas de la demander en. mariage, & que pas
Sc. V. TIMORUMENOS. 14
gardée; mais dès que j'ai eu jetté les yeux des.
fus, auffitót je l'ai reconnue , & je fuis accou.
' rue vous chercher, :
CHREM E S.
Eh bien que croyez-vous de cette fille? ou
.qu'en avez-vous découvert?
STRA T A.
Rien autre chofe; mais vous pouvez vous ín
former d'elle d’où elle a eu cette bague, afin
de voir fi nous POUR OST CH CUVE notre fille.
. Mes affaires vont mal; je vois mille fois plus
"d'aparence à cela que je ne voudrois; c'ett là
notre fille,fi tout ce qu’elle vient de dire eft vrai,
CHREM E S. '
Celle à qui vous l'aviez donnée vit-elle en.
core?
SOSTRA T A.
Je ne fais,
CHREM E S.
Aprés avoir emporté cette'enfant, que voué
dit-elle qu'elle en avoit fait?
SOSTRATA.
Ce que je lui avois ordonné.
CHREME S. |
‘Dites-moi le nom de cette femme, afin qu'on
la cherche. .-
SOSTRAT A.
Phüteré.
| SYRUS —
. C'eft elle-même, c'eft un grand hafard fi cét-
te fille n’eft retrouvée, & fi je ne fuis perdu.
CHRE-
REMARQUES.
ce moyen Chrémés découvriroit que Becchis "étoic Le
D en de fon fils, :
Tome IL G
-
n6 HEAUTON. Acr. IŸ
CHREME'S.
Sv/trata,
Sequere me intro bac.
| SOSTRAT A.
[ maid,
Ut prater [pem evenit! quàm timui
Ne nunc animo fta'effes duro, ut olim in tollendé,
Creme !
CHREMES.
Non licet bominem e[Je fepe ita ut volt, fi res non
.. , Jin. |
Nunc ita tempus ft mi, ut cupiam fliom: olim
nil minus. |
LH UOU OU OU CURE vb OC bou vou UD Op |
ACTUS QUARTUS.
SC E N A Iw
; STRUS.
IN Ifi me animus fallit, baud multum à me aberit
infórttinium :
Jta * bac re in augufium eppidà nunc mee cogun- :.
if
tur copie :
* Hac re , vulg. bercle.
REMARQUES.
53. NON LICET HOMINKM ESSE SÆPE ITA U9
YOLT; SI RES NON SINIT J. Les bommes ne gen
"pas toujours être ce gw'ils voudroient. Chrémés dit cia
pour excufer la dureté qu'il avoit eue d'ordonner
- que l'on tuát l'enfant dont fa femme accoucheroit, fi
c'étoit une fille. Ses affaires ne-lui permettoient pas
alors d'élever des filles, qui font d'ordinaire à charge
à une maifan.
1. NISI ME ANIMUS FALL IT]. Auran qu
jc le puis comprendre, Syras fort de la maifon, où il
| "à
4
Sc. L TIMORUMENOS. x47
CHREMES.
Softrata, fuivez-moi au logis.
| SOSTR A T A.
Comme les chofes ont réuffi contre mon es.
'pérance! que j'ai apréhendé que vous ne fuffiez
encore auíIi dur que vous l'étiez, quand vous
m'ordonnates d'expofer cette enfant! :
CHREM E S.
Les hommes ne font pas toujours ce qu'ils
Nroudroient, à moins que leurs affaires ne leper.
mettent. Préfentement les miennes font tour.
nées de facon que je voudrois bien avoir une
flle; ce n'étoit pas de méme autréfois.
ACTE QUATRIEME
SCENE L D
SYRUS.
A Unt que je le puis comprendre, notre dé-
faite n'eft pas loin;car je vois mes troupes
fort preffées, & il n'y a point de falut pour moi, .
fi je ne trouve quelque expédient pour empé-
cher que le bon-homme ne fache que E
REMARQUES.
.4 entendu tout ce MA a dit à Chrémés, pour
lui donner l'éclairciffement de ce qu'il vouloit favoir;
c'eft pourquoi il voit fa ruine fort proche. Cela fait
voir que ceux qui n'ont pas feulement fait ici une nous
velle Scène, n'ont pas bien connu le Théâtre, puifque
ce doit être le commencement du quatrième AG.
NO T E S.
. s4 Tempus fert, mi ut, comme Térence s'exprimé
en quelques autres endroits. :
3. Permultum , pour cien » CR faveur du vers
| : 2
/
*
ig HEAUT'ON.- Acr. IV.
Nifi aliquid video, ne effe amicam banc gnati res.
| . cifcat fenex :-
Nam quod Jperem de argento, aut- poffe -psflulem
me fallere,
5 Nibil efl : triumpbo, fi licet me latere tecle ab[cedese.
Crucior ,. bolum tantum snibi ereptum tam fubito à
faucibus. :
Quid agam? aut quid comminifcar? ratio de intes
i Aro ineunda efl mibi.
Nil tam m efl. , quin querundo invefligari
_poliet.
Quid, . f bec fic nunc incipiam? nibil eft: quid,
fi fic? tantundem egero. — :
Ao ét fic opinor; nen potefl? : imè optumé : euge , babeo
optumam.
ABetrabam. bercle, opinor , ad me idem illud fugiti-
um argentum tamen.
> ACTUS
REMARQUES.
$. TRIUMPHO , SI LICET ME LATERE TECTO
ABSCEDERE ]. Ce fera. an affez grand exploit pour moi,
fi Je puis me tirer d'ici vie (» bagues fauves. Ce mot
de Syrus peut avoir donné lieu à ce beau mot qu'Ze-
race fait dire des Romains par Annibal , dans l'Ode
IV. du IV. Livre: : | | |
— (u05 0pi1385
Fallere € effugere efl triumphus.
11. RETRAHAM HERCLE , OPINOR, AD ME IDEM
ILLUD FUGITIVUM ARGENTUM ]. ge penfe ma foi
46 à La fin je ratraperai cet argent qui a fi bien pris La
ue | faite,
Sé; LI. TIMORUMENOS. 119
eft la maîtreffe de fon fils : car d'efpérer de pou-
voir lui efcroquer cet argent, ou de penfer à lui
tendre quelque autre piège, ce feroit une folie.
Ce fera un affez grand exploit, fi je puis me ti-
rer d'ici vie &' bagues fâuves, Pefte! j'enrage,
qu'un fi bon morceau me foit échapé à l'heure
que je m'y attendois le moins. Que ferai-je ?
ou que puis-je inventer? il me faut recommen-
cer fur nouveaux frais. Avec tout cela, il n'y
a rien de fi difficile qu'en cherchant on nepuis-
fe trouver. Si je m'y prenois de cette maniére?
non; cela nœvaut rien. Et de celle-ci?je n'a.
vancérois pas davantage. Mais voila pourtant
le ‘moyen; cela ne fe peut; au contraire, fort
bien ; courage, j'ai un expédient merveilleux.
Je penfe ma foi qu'à la fin je ratraperai cet ar.
gent qui a ft bien pris la fuite. .
ACTE
REMARQUES.
faite. 1l parle de cet srgent comme d'un efclave fu.
gif; mais cette allufion étoit incomparablement plus
agréable dans le Grec, car Mérandre avoit affürémen,
éérit &wegptbm 49» Operirus xgUcow Le mot
Chryfes, qui fignifie or, eft auffi le nom d'un efcla-
ve, comme en Latin Chryfis, Chry/alus , Chrifalis.
On peut voir mes Remarques fur l'Ode LIV. d'4--
nacréon. »
NOTES.
9. Mgt pour egero , malgré les MSS.
150 HEAUTON- Acr. IV.
ACTUS QUARTUS
SCENA IL
CLINIA SYRUS.
. CLINI «4f.
NU: mibi res poftbac poteff: jam intervenire-
tania,
Qua mibi aegritudinem. afferat : tante bac letitia.
oborta eft."
Dedo patri me nunc jam, ut fragalior fim quans.
vo :-
STRU:S.
Nibil me fefillit: cognita ef, quantüm audio bu»
jus verba. | '
Iflbuc tibi ex fententid tud obtigi[Je lator.
|. 6GLhINI.
O mi Syre, andiftin' obfecro?
STRUS.
Quidni, qui ufque unà i :
REMARQUES.
6. QUIDNI, QUI USQUÉ UNA ADFUERIM ]? Poure
quoi ne le Jaurois-je pas, puifque j'ai été préfent à tout ?
Ce que Syrus dit ici , qu'il & été préfent à tont , fait
voir affez clairement qu'il étoit entré dans la maifon
avec Chrémés & Sofirats, & que par coníéquent le
troifième Ace a fini-là, le Thâtre demeurant vuide.
La feule difficulté que l'on puiffe opofer à cela, c'eft
ce que Syrss vient de dire au quatrième vers:
Nibil me fefellityeognitaeff, quantèm audio bujss verba.
Fe ne me fuis point trompé, certe fille efl reconnue, au-
tant que je le puis comprendre par «e qu'il dit. Car, di-
Late -
se IL TIMORUMENOS. i:
aplotolipkokolelotooloh epatorotetolotofelotloketoleotokc oo iololok
ACTE QUATRIEME
SCENE IL
CLINIA SYRUS
; CLINIA.,
D Eformais il ne fauroit m'axriver agcün mal.
heur qui puifle me donner de l'inquiétude,
jai un trop grand fujet de joie. A'préfent je
ime livre à mon père, & je veux être encore
meilleur ménager qu'il ne voudra.
2 SYRUS.
«Je ne me fuis point trompé; cette fille eft re.
connue, autant que je le puis comprendre par
ce qu'il dit. Monfieur , je fuis ravi que les cho-
fes aillent comme vous le fouhaitez.
C.LINI A.
Ho, mon cher Syrus; dis-moi je te prie,
is-tu que. .,.? - Tos
SYRU S.
Pourquoi ne le faurois-je pas, puifque j'ai été
préfent à tout?
t : CLI-
||. REMARQUES.
+-on,.pDuifque Syrus ne fait que la eft recon.
Dus, dus pince quil entend die à Clinia, c'eft une
marque qu'il n'a pas été préferit à la reconnoiffince.
Mais il:n'eft pas difficile de répondre à cette o'jec-
tion. Syrus entre avea Chrémés & Softrata; il entend
ce qu'Antiphile leur dit, & voyant que cela n'alloit
que trop bien pour lui ,. il ne fe donne pas la patiea-
ee de voir la fin, il fort pour penfer à fon malheur
& pour tâcher d'y trouver quelque remède,
' NO T E S
T. Cuigaam , pour cui - fans autorité,
: 4
—
152- HEAUTON Acr: IV:
CLIN I 4.
| Cui iio audifii commode quidquam eveniffe*.
—
tis dignam.
STRUS.
10 Ita credo: fed nunc, Clinia, age, da te mili « vi-
ciffim : $
Nam amici quoque res eft videnda, imtuto ut ea:
lncetur :
Nequid de amicé nunc fenex.
C LIN I...
O Fupiter.!.>
ST R U 8S. ,
. .— Quírjce, ..
CLI NI A. e f P
Antiphila mea nubet mibi!
| STRUS.
Siccine me interloquere ? :
€ LINTA
Quid faciam, Syre mt? gaudeo: fer me. .
| STRUS. |
Fero bercle uerd..
CLINI A.
$5 Deorum vitam adepti fumus, —
| ST:
NOTES |
, Ke Res, ef eidendam , fans autorité, : :
ar 15. dotis,
STRUS ::
Nulli,
CLINIA |
Atque, its me Dii ament, ti: ege nunc non tam.
meápte cau[A
Letor, quàm illius, quam ego. Jcio e[fe bonore que-
vis di,
$c. IL TIMORUMENOS. 153:
CLINIA. |
A$-tu jamais vu arriver un pareil bonheur à :
qui que cefoit? .
SYRUS.
Non affurément. |
CLINIA.
En vérité je n’en ai pas tant de joie pour moi-
méme, que j'en ai pour elle, car il n'y a point
de fortune qu'elle ne mérite. '
S Y RU S
Ten fuis perfuadé. Mais à préfent, Monfieur,
il faüt à votre tour que vous vous donniez à '
moi; car il eft ju(te de penfer à mettre auffi les
affaires de votre ami en fureté, & de faire en-
forte que préfentement fon pére ne fache rien
de fa maltreffe. *
CLINIA.
Oh, Jupiter! :
| YRU S .
Oh, finiffez donc ces tranfports. :
.CLINIA.:
J'épouferai ma chére Antiphile!
n SYRUS.
M'interromprez-vous toujours?
LINIA.:
Qüe veux-tu que jé faffe, mon pauvre Syrus ?
je fuis tranfporté de joie, aye la complaifance de :
me fouffrir. :
U
SYR -
11 faut bien que je l’aye malgré mes dents.
C
Nous allons mener une vie auff douce que
celle des Dieux! |
SY-
NOTES.
35« Apti ; pout adepti, aprés un MS, Fatrg,
Gs. "'
STRUS.
Frufira operam , opinor, fumo.
CLINI
STRUS.
At jam boc non anges. .
CLINI 4.
\ STRUS.
Videndum eft, inquam,
Amici quoque res, Clinia, tui in tuio ut. colloce-
Loquere , audio.
gam.
tur. |
Num fi nunc à nobis abis, € Baccbidem bic re-
linquis ,
* Nofter refcifcet illico e[fe amicam banc Clitipbo-
"i$.
no Si abduxeris, celabitur itidem ,ut celata adbuc eff,
CLINIA.
At enim iflboc nibil eff magis, Syre, meis nup-
tiis adeorfutm : ;
Nam quo ore appellabo patrem? tenes quid dicam?
Quidni?
| | CLINI 4. |
uid dicam? quam caufam adferam?
: STRUS
| Quid? nolo mentiare :
Apertè, ita ut res fefe babet , narrato.
CLINIA.-
Quid ais?
,. E Nofter vulg. fenex.
REMARQUES,
22. NAM QUO ORE APPELLABO PATREM ] ? Ca»
de quel front pourai-je parler à mon père? Il veut dire
qu'en menant Barchis chez lui, il n'ófera parler à fon
père, pour lui propofer de demander la fille de Ckré-
wi Geux qui out cru que Chinis demande de ge
“SIL TIMORUMENOS. rg
SYRUS
Je crois que je perds ma peine.
CLINI A.
O ça parle, j'écoute.
SY RU S.
Mais dans un moment vous n'écouterez plus,
CLINI A.
J'écouterai.
SYRU S.
Je vous dis qu'il faut fonger à mettre les af-
faires de votre ami en fureté;car fi vous vous
en allez préfentement de chez nous, & que vous
y laifliez Bacchis, notre bon-homme verra tout
auflitôt que. c’eft la mattre(fe de Clitiphon, au-
lieu que fi vousl'emmenez, elle paffera pour ce.
qu'elle a toujours paffé.
CLINI A.
Mais, Syrus, cela eft entièrement contraire à
mon mariage; car de quel front pourai-je parler
à mon père ? comprends-tu ce que je te dis?
SYRUS.
Pourquoi non ?
Que lui dirai-je, & quel prétexte trouver?
| SYRU S.
Au contraire, je ne veux pas que vous men-
tiez , dites-lui la chofe comme elle eft.
CLINIA.
Que dis-tu là?
REMARQUES.
front il poura parler au père d’Antipbile, pour lui
demander cette fille en md fe font fort trom-
pés, comme la fuite le fait affez connoitre.
N O T E S.
z4. Narrare , pou M autorité, .
SY-
25
$5
155 HEAUTORN- Acr: IVi-
STRUS.
J'ubeo
Illam te amare, €S velle uxorem, banc ele Cliti--
pbonis.
CLIN 1 A.
facilem; .
Et, fcilicet. jam me boc soles patrem exorare, ui -
celet
Senem vofirum? :
STRUS-
Imÿ, ut NS ja rem eM» ordine omnem. -
LINIA
* prodis :
Nam qui ille poterit e[Je in tuto, dic mibi? -
STRUS..
Huic equidem confilio palmam, do : btc me magni-.
fie effero,
Qui vim tantam in me ES poteflatem babeam tantae
aftutie ,
+
| Banam atque juflam rem oppidó imperas, € fatta .
. Satin fanus es € fobrius? tu quidem illum 9 pland j..
Vera Fe À eos.ambos fallam , ut, cám narret. -
Volet uu iftam e[Te amicam, gnati , non credat -
tamen.
CLIN I A.
At enim fpem iflboc paëto rurfum nuptiarum omnem -
mibi T eripis:
committet filiam.
Tu forta[Je , quid "me fiat, parvi, cufas, dum illi:
confulas.
STRUS:
Quid, malum, me etatem cenfes velle id adfimu, .
larier ? Unus .
* Vulg. perdis. 1 Mibi abeft à vulg.
: Nam dum amicam. banc meam effe credet , non
s& IL TIMORUMENOS. 157:
SYRUS'
Je.vous dis qe je veux que vous lui difiez .
que vous étes amoureux d'Antiphile, que vous .
fouhaitez de l'époufer , & que Bacchà -eft la
maîtrefle de Clitiphon. ;
CLINI A. |
Ce que tu me demandes là eft trés jufte &
trés facile. C'eft-à-dire que tu veux que je prie
mon pére de n'en rien dire à votre bon-homme. .
U S.
Nullement;]e veux au contraire qu'il lui con-
te la chofe comme:elle eft d'un bout à l'autre.
CLINI A.
Oh, es-tu.en ton bon. fens? tu le perds, Caf -
dis-moi, je te prie, comment poura-t-il fe tirer
delà ? -
SYRUS.
Voila où je triomphe, voila où je ne faurofs :
affez me louer de trouver en moi des fineffes
qui ont tant de force & de pouvoir, qu'en di. .
fant la vérité je tromperai nos deux vieillards,
de telle forte que lorfque le vôtre dira au nó-
tre.que .Bacchis eft la maîtrefle de.fon fils, il
n'en croira rien pourtant.
CLINIA..
Encore une fois tu m'Ótes toute efpérance de :
me marier; car pendant que Chrémés croiraque :
j'aimerai Bacchis, il ne me donnera jamais fa .
fille. Mais peut-être que tu ne t'embarafles pas
fort de ce que je deviendrai, pourvu que tu ti-
res Clitiphon Fee
YRUS.. | |
Comment, diantre! croyez-vous donc queje :
| veuil- -
NO T |
E S.
$5. Th fers , fatis autorité. Payi pendis, fur les-plus- :
andens MS Farm G |
158 HEAUTON. Acr. IV,
Unus eff dies, dum argentum qgipio : pax ! nibi
nus Jf lassus editum wv" pax! nibil
| CLINI A.
go Tuntwn fat babes? quid tum, quefo, fi boc patet-
refciverit ?
| STYRUS-
Ouid, fi redeo ad illos, qui aiunt, quid fi nune
colum ruat !
| CLINI 4.
Metuo quid. agam. |
SYRUS |
Metuis? quafi non ea poteftas fit tua,
Duo velis s tempore ut te exfolvas , rem facias pa»
am. |
| CLINI 4A.
Ægt, age: traducatur Baccbis.
STRUS.
Optimé: ipfa exit foras.
IS QyS op SAS SORT ON Doe xe eite) Son Meca)
ACTUS QUARTUS
| S CE N A III
. BACCHIS. CLINIA. SYRUS,
DROMO. PHRYGIA.
BACCHIS.
$45 pol protervé me Syri promiffa buc induxe:
runt: -
Decem minas quas mibi dare pollicitus eft : quod fi
is nunc me .
Deceperit, Jepe obfecrans Mes ui Veniam » frus-
| ira veniet : MIS"
E “ut ,
Sc Il. TIMORUMENOS. : 159
veuille que cela dure un fiécle?un jour me fuffit
ju(qu'à ce que j'aye tiré l'argent qu'il nous faut.
Bop; pas un quart d'heure de plus.
CLINI A.
Te contepteras-tu de cela? mais quoi, je te
prie; fi fon père s'apercoit de tout ceci?
SYRUS.
. Ah, mais fi le ciel tomboit préfentementt
CLINI A.
Je crains fort ce que je vais faire,
: SYRU S.
Vous craignez!: comme s'il n'étoit pas en vo»
tre pouvoir de vous débaraffer quand vous le
voudrez. Vous n'aurez qu'à dire la chofe come
me elleeft. — |
CLINIA.-^
Voila qui eft fait, que l'on amène dont Bacchis,
SYRUS.
| Fort bien; la voila qui fort.
LD T0 XIE IN OU J9 UO UI OO USO Sio TRANS
ACTE QUATRIEME,
SCEN E III.
. BACCHIS. CLINIA. SYRUS.
DROMON.PHRYGIA.
BACCHIS.
EN bonne foi Syrus m'a fait venir ici fort im-
pertinemment,, avec les belles promeffes qu'il
m'a faites de me donner trente piftoles. Mais
s'il me trompe cette fois, il viendra fouvent en-
vain me prier de venir; ou f je lui por
60 HEAUT ON: Acr. IV. .
"dui cüm-venturam dixero, € conflituero; cám és
certe .
TS: Renunciarit 5. Clitipbo cum in fpe pendebit animis
Decipiam, ac non veniam; Syrus mibi tergo pa-
nas pendet. |
Sati' [cité promittit tibi. |
| STRUS :
+
|. Aiquitu banc jucari credis ?
<Faciet; nifi. cave. | »
|: BACCHIS, ;
Dormiunt: pol ego iflos commovebo.
Mta Phrygia , audiflin' , modo ifte bomo quam -
villam demos[lravit
XO Charini? : no
PHRTGIA,.
, Audivi. | |
BACCHIS.: |
Proximam effe buic fundo ad dextram?
GI 4..
e
PHRT MN
Memini.
/ . BACCHIS |
Curricule percurre; apud eum miles Dionyfia agi-.:
a tai:
STRUS.:.
Quid bec inceptat ?
| BACCHIS
Dic me bic oppido effe invitam, atque affervüri:
Verÿm aliquo pato verba me. bis deturam effe, 9. —
venturam, ” NES
. L $1-
REMARQUE &
9. ' AUDISTIN'] ? 2-15 pris garde? Ce paffage -
feul prouveroit fuffifament ue la fête de Bacchus, -
dont il eft parlé dans cette Pièce , eft Dionyfa in agris,
- celle que l'on célébroit aux Champs; car vi/la eft une
maifon de campagne, une maifon Qui: fait partie dus
lae: E
S« IL. TIMORUMENOS; 16r
que je prenne jour, je manquerai au rendez-
vaus. Clitiphon à qui il aura affüré que je dois:
Y'aler trouver, fera chagrin, s'en prendra à lui,
le frotera , & je ferai vengée de fon impudences
LIN IA.
Elle te fait. là d’affez bonnes promefles.
SYRUS.
Mais croyez-vous qu'elle raille? Elle le fera .
ma foi comine elle le dit, fi je n'y prends garde. .
BACCHI S.
Tis dorment, je les éveillerai affurément. Ma .
chère Phrygia, as-tu pris garde à.]a maifon de
Carinus, que cet homme nous a tantôt montrée ?”
P G I A.
Oui.
BACCHIS.
C'eft celle qui eft la plus proche de celle-ci :
du cóté droit.
PHRY G I À.
Je m'en Mu
. BACCHIS.
Va tout d'une courfe; il y a chez ce Carinus :
an Capitaine qui y célèbre la fête de Bacchus, .
S YRU S.
Que veut-elle faire ?
BACCHIS.
Dis-lui que je fuis ici malgré moi, & que l'on -
me garde à vue; mais que de quelque manière.
que ce foft je leur jouexai un tour de ma façons
à que j'irai le trouver.
REMARQU
hameau, & par conféquent la fce à n'eft pas à AMtbé-
us; mais a campagne.
NOT E S
4) 5e Certè, après Guyet. Rexsnciabit , à caufe de: :
ze it
. ‘12.,Cæprap pour inceptat , comme dans:le PHOR, -
A 1V, $. III, Y. 21.
: 4
12. HEKUTON AcrIV.
S.T. R U S.
Perii bercle, Bacchis , mane , mane :-qu). mittis is.
| tbanc, quao? |
X5 Jube maneat.
STRUS.
Quin paratum eft. argentum,
BACCIHIS
| Quin ego bfc maners
— dftqui jam dabitur. |
BACCHIS
Ut lubet , num ego infto? -
STRUS
TRE . At fcin' quid, fodes à
iii BACCHIS.
5 . à
STRUS
. Tranfeundum nunc tibi. ad Menedemum ;,
€9 tua pompa
E traducenda eft.
BACCHIS
Quam rem agi', fcelus?
STRUS
& Ego? argumentum cuo,
BACC@HIS.
Dignam me putas, quam inludas® -
STRUS.
: Non «fi pls
"^
Quod tibi dem.
NO T E S.
se Z, pour abi, fuivant un MS, Fiere, Otant btc,
gue tous les MSS. portent, eus o |
37 He
Sc. IL ‘PIMORUMENOS. . 164
SYRUS.
Je fuis perdu: Bacchis, arrêtez, arrêtez, où,
P'envoyez-vous?je vous.prie de lui dire qu'elle.
demeure.
BACCHIS,
Non, marche.
YRUS
Mais je vous dis que votre argent eft prêt.
BACCHIS.
Et moi je te dis que je demeure donc,.
SY RUS.
On vous le donnera tout-à-l'heure.
BACCHIS.
Commeil vous platra ; eft-ce que je vous preffe &
SYRU S.
Mais fâvez-vous ce qu'il faut que vous fas.
lets s'il vous plaît ?
BACCHIS
SYRUS.
H faut que vous paffliez chez Ménédéme s
vec tout votre train.
| BACCHIS.
Que fais-tu là, fcélérat?
SYRUS.
Qui moi ?je fais de l'argent pour vous donner
B ACCHIS. |
Trouves-tu que je fois une femme qu'on doi:
ve jouer? —
US. »
Ce que je vous dis-là n bet pas uns a
Quoi ?
N OT E S. ^
15. Menedemum ef, après tous les MSS, hors ui,
18. Egen? dans tous les Ms,
10
25
#64 HEAUTON- Aet IV,
B A CCHrIS.
Eliamne tecum bfc res mibi efe 9 ^
j SITIRU S.
Minime : tuum tibi rédde,:.
B ad C C.H I S.
BÉotur,.
a $ T R U S.
Sequere bac: beue, Drome.
D R.O M.O. à
Quis me volt? -
STRUS, À
Syrus.
DROMO,
STRUS
4ncillas omnes Bacchidis tranfdute buc ” 905 pro» "
perd,
BACCHIS
uat ob rem?
STR U S.
Quid efl rei? '
Ne queras: C9 ferant, que fecum buc '
attulerunt.
Sperabit irri Jibi" fenex. levatum efe barune "
abitu
Na ille baud ftit, boc paululum lucri quantum ei
Tu
damni apportet. ..
REMARQUES.
20. ETIAMNE TECUM HÍC RES MIHI EST ? SY.
MINIME, TUUM TIBI REDDO]. E/.oce que j'ai là -
quelq chofe à déméler avec tei? SY. Point du tout , :
mais pour avoir ce qui vous #Partient. Ce paflage su
farfs doute difficile, puifqu* on s'y eft trompé,
Syras
ayant propofc à Bacchis d'aller chez Aénédème,
Li
$c. IL TIMORUMENOS. 18
| BACCHIS.
Elt-ce que j'ai là quelque chofe à déméler a.
vec toi?
SYR US.
Point du tout , mais je veux vous rendre-œ
. qui vous apartient.
DACCHIS.
Soit, allons chez Ménédème.
| SYRU S.
Suivez-mor-par ici. Hola, Dromon.
DROMON.
Qui me demande?
SYRUS.
: C'eft Syrus. |
| DROMON.
: Du'y a-t-il?
REF SYRUS.
Méne bien vite toutes les efclaves de Bacche
Chez vous.
DROMON.
Pourquoi cela ?
SYRUS
Ne t'en informe pas; qu'elles emportent de
thez nous tout ce qu'elles y ont aporté. Quand
notre bon-homme les verra fortir, il fe eroira
délivré d'une grande dépenfe. Ma foi il ne fait
pas combien il payera cher ce petit gain. Au
moins,
REMARQUES.
lui répond: Que veux-tu que j'aille faire là? eft-ce que
%’y ai quelque chofe à déméler avec toi? eft-ce pour
l'amour de toi que j'y dois aller? Non, dit le valet,
pais pour l'ameur de vous-méme.
O T E S.
23. Ecferant, pour © ferant. Effirant , fur un MS.
^ d
466 HEAUTON- Acr. IV.
Tu nefcis id quod fcis, Dromo, fi [apies.
Í DROMO. .
SUIS RIM EI NN 0) D SANTO POI SON SOS
ACTUS QUARTUS.
S C E N A. IV. TE
CHREMES. SYRUS.
|| CHREME S. |
| [Ta me Dii amabunt, ut nunc Menedemi vicem
Miferet me, tantum deveni[Te ad eum mali!
Illanccine mulierem alere cum illd familid!
,.. Etfi fcio, bofce aliquot dies non feritiet :
5 lta magno defiderio fuit ei filius. |
Verüm ubi videbit tantos fibi fJumtus domi
Quotidianos fieri , nec fieri modum;
Optabit rurfum ut abeat ab fe filius.
yrum eptumé eccum. —— —
S2RU S. |
- Ce[Jo bunc adoriri?
CHREMES. |
| Syre.
STRUS.
| Hem:
Ko Quid eff? te mibi ipfum jam dudum optabam dari.
| . CHRE:
REMARQUES. HOP
. €. HEM! QuiD EST]? He! 49y a-ril? Crc. 1l
m'a paru qu'on a fott-mal diftribué .ici les perfonna-
ges; car on.a lu: ;
; sete SY. bem. :
(CH. Quid «f ? SY. Te wibi ipfum jémdudum exepta-
bam dari.
SY. Hé? CHR. Qs'v a-1-i1? SY. Ab, Monfieur , il 3
ag Jongtems que je foubaitois de vous trouver. C'eft as-
“urément S)ras qui doit dire tout cela: ce qw i
Sc. IV. TIMORUMENOS. 16y
moins, Dromon, fitu es fage, ignore tout ce
que tu fais.
DROMON.
Tu diras que je n'ai point de langue.
(COX90X:50X90 SCAN ILLICRICLIN 90) THIS
ACTE QUATRIEME,
SC EN E IV.
CHREMES. SYRUS
CHR EM E S.
E N vérité le pauvre Ménédéme me fait pitié:
je le plains que cet orage foit allé fondre
chez lui. Nourir cette femme avec toute fa
bande! Je fais bien qu'il ne s'apercevra derien
ces prémiers jours, tant il avoit d'envie de re-
voir fon fils; mais lorfqu'il verra que tous les
jours de la vie il faudra faire la méme dépenfe,
& que cela n'aura point de fin, il fouhaitera en-
core que fon fils s'en aille. Mais voila Syrus
fort à propos.
SYRUS.
Que ne vais-je l'aborder!
CHREME S.
Syrus.
SYRUS.
Hé! qu'y a-til? il y a longtems que je tous
haitois de vous trouver.
CHRE-
MAR QU
R E z£EsS &
elt froid dans la E edché de Chrémés, & il me femble
que c'eft une chofe que l'on dait: (ehir, '
4 NOTE S.
- M. B. foupgonne ce vers de füpbition Xen
fec il y a an MS. où il n'eft point.
10. Qwid eff? dans la bouche de Chrémes, après
un MS. Faerm. Exopto, pour-optasam , fans autre au-
“aisé que quelques MSS. qui-portent exeptabam.
as
20
«168 | HEAUTON- Acr. IN.
.-C H RE M ES.
Videre egi[Je jam nefcio quid cum fene,
STRU'S.
De illo, quód dudum? di&um faëtum reddidi,
: CHREMES.
"Bonan' fide?
STRU'S,
Bond bercle.
ÆCHREMES., |
| Non po[Tum pti
Quin tibi caput demulceam: accede buc, Syre:
Faciam boni tibi aliquid pre if re, ac lubens.
| STRUS.
At fi cias, quàm [citd mibi in mentem venerit.
-Vab! gloriare eveniffe ex fententid?
STRU S.
Non bercle verd: verum dico.
CHREMES.
Dic, quid eft.
STRUS,
Tui Clitiphonis e[fe amicam banc Bacchidem |
Menedemo dixit Clinia, €? e4 gratid
Secum adduxi[fe , ne id tu perfentifceres.
| CHRE-
REMARQUES.
17. VAR! GLORIARE EVENISSE EX SENTENTIA T?
Mais n'eff-ce point une vaniré que tu te donnes? On s'eft
trompé à ce paffage; gloriare eveniff? ex fententià ; ne
fignifie pas, zu te .glorifies, tu fais le vain de ce que ta
ws réx[E ; car fi cela éto't, Syrus ne -pouroit pas ré-
pondre comme il fait, verum dico, je dis La vérité.
mais.il fignifie , 4 te vantes faufemenc d'avoir réf, c
| CER
-
$c. IV. TIMORUMENOS. ' 169
CHR E M B S.
Tu me parois avoir déja conclu jene fais quoi
avec notre vieilla£d. . is
| .SYRUS.
Voulez-vous pzrlér de ce qué nous difionà
‘tantôt? ho, auífitót dit, auffitôt fait.
CHREME S.
« En bonne-foi? . ^
SYRUS. ^
Oui en vérité. .
i. CHR E M E 8.
Je ne faurois m'empécher de t’embraffer ; a.
proche, Syrus, je te ferai affuréntent du bien
pour cette action, & de tout mon cœur.
SYRUS
Mais fi vous faviez, Monfieur, que j'ai ima-
giné un joli tour. ERA .
CHREMES,
*: Mais n'eft-ce point une vanité que tu tedon-
nes mal-à-propos Fe bien rencontré?
YR |
Non par ma foi, ce que je vous dis eft vrai
‘au pied de la lettre.
CHREM E S. x:
Dis-moi ce que c'eft. ;
2 YRUS .
Clinia a dit à fon père que Bacchis eft la mal-
trefle de votre fils, qu'il l'a emmenée avec lui,
afip que vous ne vous eh apercuffiez point.
| dde ne CHRE-
REMARQUES '
- eu ds cela par vanité. C'eft la force du mot gheriari ,
e,
qu'on a voulu changer en haxiolagi, parce que l'on
ne l'a pas entendu.” |
NO TE S.
. +3. Herle, dans la bouche de Chrémès,
23. Se eam traduxilfe, fans autorité,, Bc:
- Tene IL H
25
ro HEAUTON- Acr IV,
CHRBMES |
STRUS.
Dic fodey.
CHREM E S.
JVimitm , inquam.
SYRU S.
Im
Sed porro aufculta quod füpereft fallacia.
Sefe ipfe dicet tuam vidi[Je füiam :
Sibi complacitam ejus 'formam , pof quam a[pexerit :
Jlanc fe cupere uxorem.
"CHREMES.
' Modène que inventa ef}?
STRU S.
Eam :
Probe,
Et quidem jubebit pofei. |
CHREMES.
| uam ob rem ifibuc , Syre®
Nam prorfum nibil intellego.
dos STRUS.
Hui , tardus ef,
CHREMES.
Forta[Je. °
STRUS,
Argentum dabitur e$ ad nuptias.
furum , atque oeftem qui .. tenes ne?
CHREME S.
| Comparet ?
" STRUS
Apfum à
CARE:
N OTE S.
22. Dm fic fatis , après tous les MSS. hors deux.
23. Quid fuper fallacia eff , fur un MS."hors quid,
qui {e trouve dans quatre autes, se
+
&.IV. TIMORUMENOS. 71
CHREMES.
Fort bien.
| SYRUS.
Dites-vous vrai, le trouvez-vous bien?
CHREME S.
‘On ne peut pas mieux, te dis-je.
| U S.
Oh fi vous faviez. Mais écoutez, je vous.
prie, la fuite. Clinia doit dire à fon pére qu'ila
vu votre fille, & qu'il la trouve bien faite; qu’il
*voudroit bien qu'on la lui donnât en mariage.
CHREMES.
Fft-ce celle qui vient d’être trouvée ?
SYRUS.
Elle-même. Il priera Ménédéme de vous la
dem rd
CHREMES.
Pourquoi cela? car enfin je n'y comprends rien,
SYRUS.
Ouais, Monfieur , vous êtes aujourdhui bien
pefant. :
CHREM E S.
Cela peat être.
SY
J S.
Son père lui donnera de l'argent pôur fes no*
ces, a&n”qu'il... vous comprenez bien.
CHREMES.
Afin qu'il achète les bijoux & les habits?
SYRUS.
Cela méme. |
| | CARE:
NO T E S.
24. Se deinde dicit taam , fans autorité, excepté 4
tit, que portent ttois MSS. :
£6. M. B. Ôte je, après us MS$,
112
35
1T HEAUTON- Acr. TV.
CHREMES,
At ego illi nec do, nec defpondeo.
i; STRUS. "-
Non? quam ob rem?
A4CHREMES&.
Quam ob rem? me rogas? bomini...
| STRU S |
Ut lubet, -
Non. ego in perpetuum dicebam illam illi ut dares ,
Verüm ut sf imulares. |
CHREMIES.
Non mea eff fimulatio:
Tta tu ifébec tua mifceto , ne me admifeeas,
Egon' , cui daturus non Jim, ut ei defpendeam!
STRUS.
Credebam, |
Minime. A
STRUS. |
Scité poterat fleri
Et ergo. boc ; quia dudum tu tantopere jufferas ; ;
Ego cepi. P
CHREMLES.
'— Credo, "m
: STRUS.
Ceterum equidem iftbuc , Cbreme ,
40 JEqui bowique facio.
CARE:
NOTES |
1. "Ne ue di ne4u* , comme Faern a lu á
3 ri 3 Lo | NO- d
- Sc: IVe TIMORUMENOS. 172
| CHREMES.
* Mais pour moi je ne lui donne ni ne lui pro
‘mets ma fille. '
SYRUS.
Non? pourquoi cela?.
CHREME S.
Pourquoi céla? peux-tu mie le demander? Je-
donnerdis ma fille à un homme... :
d $. Y RU S..
Comme il vous platra. Je ne difois pas que
vous la lui donnafliez tout de bon, je voufois
feulement que vous fiffiea femblant.
| CHREMAES |
Je ne fais point faire femblant. Vois-tu, dé-
mêle tes affaires cômme il te platra, pourvu
que je n'y fois point mêlé. Moi, que je pfó-
mette ma fille à.un homme.à qui je ne veux.
pas la donner!.
- | &Y RU S.
' Je Ie croyois. 2
CHREMÉE 6$SSX.
Tu te trompois.
so SYRUS
ll me femble que cela fe pouvoit, & je n'at
donné là-dedans qe parce que vous m'aviez.
tantôt recommandé fi fort cette affaire.
CHREME S.
Je le crois. .
SY RU &.
. Au refte, Monfieur, je fais tout pour le
inieux. .
CHRE-
N.O T B $.
33« Nen. ego ditibam: ferid , at illam, fans autorité,
Comme au Vs fuir, — pour wéa cft,
3. |
A
| ANE.
x4 | HEAUTO N Acr.1IV. —
CHREMES, | |
At qui cum mgxtuné,
SYRUS |
Fiat: queratue aliud : fed illud quod tibi. |
Dizi de argento, quod ifla debet Baccbidi, :
Id nunc reddendum eff illi : neque tu fcilieet-
Ed nunc confugies : quid med? num mibi datum efi ? - |
Num juff? num illa oppignorare filiam |
Meam me invite potuit , verum ilud, Chreme, |
Dicunt , jus fammum, fepe fumma eff malitia.
CHREMES
Haud faciam,
STRUS.
Im ahis R licet , tibi non list.
Omnes te ín laid d bene auËté parte putant.
zo CHRE-
REMARQUES.
4. NUM ILLA OPPIGNORARE FILTAM].
Cette vieille femme Pads mettre wa fille n gage?
Jl parle de la vieille femme à qui Sofirata avoit done
né fa fille à expofer. Cette fille étant née libre, ne
pouvoit ètre ni vendue ni engagée fans le confente-
ment du père.
47. JUS SUMMUM SÆPE SUMMA EST MALITIA ].
Le Droit pris à la rigueur, efl très fouvent une grande
€bicane. Cette maxime eit fi füre que je ne fais pas
difficulté de dire qu'it efe impoffible qu'un homme
foit homme de bien, s'il ne relâche jamais de cette
rigueur du Droit, & s’il n'explique fouvesrt contre lui
la loi qui fera pour lui, — Mglitie Sgnifie proprement
» Cane s,
in
Sc IV. TIMORÜMENOS$. 175
CHREMES.
Oh, je fouhaite fort encere que tu achèves ;
- mais il faut trouver quelque agtre moyen.
SY R U.S
Soit; cherchons-en un autre. Mais pour eet
argent que je vous aj dit que votze*fille doit à
Bacchis, il faut ptéfentement le lui rendre, &
pour ne la pas payer je crois que vous n'étes
pas homme à dire comme la plupart des gens:
Qu'ai-je affaire de cela ?. ef-ce à moi qu'elle a
donné cet argent? eft-ce pour moi qu'il a été
donné?' cette vieille femme pouvoit-elle donner
ma fille en gage fans mon confentement? Car ce
que l'on dit d'ordinaire eft trés véritable; le
Droit pris à la rigueur, eft prefque toujours une
grande chicane.
CHREME 6S.
Je n'ai gerde.
SYRUS
Cela pouroit étre permie à d'autres; mais à
vous, Monfieur, cela ne vous feroit jamais
pérdonné; tout le monde fait que vous êtes fort
riche, & que vous avez de très beau bien ues
légitimenrent acquis.
CHRE-
REMARQUES.
chicane, que les Jurifconfultes apellent fouvent ca/sme
miam , Calomnie. JMénandre avoit dit:
met: o. à M» TH PT
Ales cuxoQáyras Qabttat,
Eli qui regarde à [a loi de trop près, eft un. ficonbas-
re, ns chicenesr fiafft. |
NOTES.
4». Lgatá effe -- te a ,.fans autorité,
4
176 HE AUTO N:. Act. IV,
m CHREME S. ;
5o Quin &gemet jem ad eam deferam.
de ST RUS.
ems Inà fiium.
J'ube potius, -
CHREMES.
Quamobrem?
STRUS.
dia enim in bünc fufsicio e
Tranflata umoris. s Hi 4t
CHREMES.
Quid tum?
STRUS,
Quia videbitur.
Magis verifimile id effe, uum bic illi dabit:
Et fimul conficiam facilis ego, quod vole,
55. Ipfe adeo adeft , abi, effer atgentum,
| RON CHREÉMES.- :
Effero, .
\ .
EEE MO EE EE
ACTUS QUARTUS.
(SCENA v
CLITIPHO, SYRUS,
CLITIPIO.
IN Ulla ef? tam facilis res, quin difficilis fiet .
Quam invitus facias; vel me bee deambulatio ,
Quim non laboriofa, ad languorem dedit :
Ac quidquam magis nunc metuo, quàm ne denuo.
. | ^c 5 ME.
$c V. TIMORUMENOS 177
CHREMES.
Je te dis que je veux tout-à-l'héure le lui
potter .
SYRUS.
- Point du tout, s’il vous plait, envoyez:le
plutót par votre fils.
CHREM £ S.
Pourquoi cela? : |
TN BYRU S.
Parce que l'oti à fait crolte à Ménédème que
c'eft lui qui eft arhouieux de Bacchis.
| CHREMES$,
Qu'eft-ce que cela fait?
, | SY RU S.
*
C'eft que cela paraîtra plus vraifemblablg
lorfqu'on verra qu'il lui. donniera Jui-méme, &
par ce moyen je ferai avéc plus de facilité ce
que je veux, Ah, voila juftement Clitiphon s
allez, & aportez cet argent.
CHREME S.
Je vais l'aporter. .
M VE M ME ME EE ECC EE DE EE OO EE À
ACTE QUATRIEME.
SCENÉ v.
CLITIPHON. SYRUS.
' CLITIPHON.
IL n'y a point de.chofe (i aifée qui ne devien.
ne difficile lorfqu'on la fait 4 regret & à con.
tre-Ceu?. Par exemple, cette promefiade que
je vien: de faire quoiqu'elle ne fût pas fort pé 4
nible, n'a mis dans ae fort grand UHR
< « " 3
e
LI
r7£ HE AUTON- Acr IV.
s Mifer ii^ ue binc ne accedam ad Baccbiz
Ut te me quidem Dii Deeque, quantum eff.
re, :
Cum tu^ fine invente, cumque incehlo, perduint,
e Hujufmodi sni res femper comminifcere ,,
Ubi me excarnufices. |
$ YRUS.
| J tw binc quo dignus ess
19 Qudm penó tua me perdidit protervitas !
CLITIP HO.
. Fellem bercle falum: ita meritu!.
STRUS,
Meritu'! quo modo?
Ne me ifibuc ex te pris audi[Je maudeo , .
Quàm argentum baberes, qued. daturus jan fui;
| CLITIPHMO.
Quid igitur tibi vis dicam? abiiffs, mibi
35 Æmicam adduxti, quam non licitum eff tangere;
^. S$rRUS
am non fum iratus: fed f[cin' ubi nunc fit tibi
tr dia á
I
CLITIFEHO, x:
2fpud nos. y
STRUS.
Non. 7
CLITIPHO:
> Ubi ergo?
NOTES
€. Di Dee, fats qe», que d'autres ont 6té, au rae
cir oM apis
9. 15€ , pour 3 fu Pine, fans autre autorité qu'un.
JMS. où l'on trouve is Line, Faern, : à —
$c V. TIMORUMENOS 17
& à l'heure qu'il eG je me crsins rien tant que
d'être encore envoyé quelque part, & qu'on ne
m'empéche de voir Bacchis. Que les Dieux
& les Déeífes te puniffent, Syrus, pour ta
belle invention, & poar tom maudit confeil ;
tu ne manques jamais de me jouer de ces taurs-
là pour me faire enrager.
SYRUS.
Vous en irez-vous où vous méritez d'aller?
vous qui m’avez penfé perdre entièrement par
vos imprudences.
CLITIPHON.
Je voudrois Favoir fait par ma foi, tu le mé.
rites bien.
SYRUS
Je le mérite! & comment? En vérité je fuis
ravi de vous avoir entenéu parles ainfi, avant
que de vous avoir mis entre les mains l'argent
que f'alois vous donner.
CLITIPHON.
Que veux-tu suffi que je te dife tu Cen es
Ei tu m'as ye ma mc & il he m'a
pas été permis d'en anrocher,
SYRUS.
Je ne fais plus en colère. Mais favez-vous
où eft préfentement votre Bacchis ?
CLITIPHON.
Chez nous.
SYRUS.
CLITIPHON.
Où donc ? Wo
Non.
| SY-
N OT E S.
P. X e + *
12. Andiviffe, après tous les M9$.. -
‘au Dricse ? pres ai ME manne, (ans antorité,
3s. Liceat , pour ide Ed » Comdise Fhern.
4
38, HEAUTON. Aer; IV:
| STRUS |
CLITIPHO
STRU S
Bono dba és: jam argentum àd éqm déferes.
Quod ei es pollicitus, X.
CLITÍP HO.
Garris: unde iq2 e
STRU $..
CLITIPHO
20 Ludis orta[fe "me.. | :
STRUS
D re experibere,.
CLITIPRHO. |
Ne ego Jours bomo fum , m te, Syre,-..
$T RU,
Sad pater egreditur : rave q uit + ddmirata fes, .
Quá cnu[d id fiat: date in
Quod fmperabit , facito: lequitor . Peur
CA us TC) Poe dr cr ce ceret.
ACTUS.QUARTUS.
(S$SC E NA vi
— Pops . CLITIPHÓ,,
A M ES.
Un Ciitipbo. s d |
STRUS | E
. Eccum me, Inque,
<LT.
O T E.s$
N-
a. .M: B. óte id, ap:ès un xdi sio lian, à M
Pare; fans due pool
x. M
"pud. Clindam;
Prrif,.
Æ patre,
-
ur ads d
ZIEAUTON. AC. IV. #C. VI. Z6. 3.790.240.
—-—
St. VL. TIMORUMENOS. sa$
SYRU S.
Chez Clinia.
CLITIPHON.
Je fuis mort.
Y R U $.
Prenez "mes $ m. lui- porterez tout-3:.
Fheure l'argent que vods lui avez promis.
CLITIPHO:.N.
Tute rs d'où l'auras-tu ?
SYRU S.
- De votre père.
<CLITIPHON.
Tu ris peut-être.
86 Y RÀ Us.
La chofe va vous faire voir fi jé dis vrai.
CLITIPHO SN.
En vérité je (uis bien heureux; je t'aime de:
tout mon c(eur,. mon pauvre Syrup,
S.Y R U SG.
Mais voila votre père qui fort. Prenez bien
garde de ne paroitre pas furpris; fuivez à pro»
pos ce que je cirai, faites Ce qu'il vous ordom
Dera, , & parlez fort peu. .
L90 27 Sexe) Sen enr Hood er rss
ACTE QUATRIEM E.
S C EN E VIL
inna" —— CLITIPHON
Re x E EMES.
eft Clitiphon
O SYRUS ban.
Dites, me voli.
*
NOTES.
w
ME, stanche ef, pout Le pt ks d
" ( | at
i
+
3s HEAUTONM. Acr. IV
Fr 7 CLITIFPHO.
| .. Eccum bte bi.
^CCHREMZES. '
Quid rei effet dixté buic ?
STRUS 3
Dixi plerggue ouais
CH R'EMES
Cape boc argentum, ag defer.
e" STRUS
I; quid las, lapis
Quin accipis?
CLITIPHO.
Cedo fan?.
STRUS
c Seguene bec me poids 2.
5$ Tublonos, dum cimus, intmreo epporihene..
Nam nibil eft. illic quad moremur diutius.
, 4 CRREMHBS
Mino: quidem jam decem babet à ma filia,
pat pro alimentis effe nunc duco datas.
afce ornamentis confequentur altere. .
1o Porro bac tolente detis appoícunk due. |
Quèn wiuka injulia ac prava fiot: maribus?
: ; Mis
REMARQUES. :
' Yr. QUAM MULTA INJUSTA AC PRAVA FIUNT
xNpiRIHSS]! Que la; comsuse agterife d'injsfco! Fa
vu des éditions où il y a: |
Qsàim malta jua injufta ac prava fant moribus!
ce qui ne fait point de fens raifonnable, mais il fere
à me faire conjed'urér que Térence avoit écrit: |
sàm multa injufla ac prava, fafta flans mortes À
Mot à mot: Combien de chofes injufies © manvaifes
deviennent jufles par La égutametf Je iuis charmée de ce
fentiment, & encore plus de l'aplication que ce bon-
*
bomme en fait; cat €fc&ivemcat i. py a rien dui .
| puille
t -«* —uu— — nlÓ mill. —
Sc: VI TIMORUMENOS. 183
CLITIPHON-
Me voici, BOB père.
CHREMES.
Lui as-tu. dit de quoi il s'agit?
SYRUS.
Je lui emai dit la nus grande partie,
CHREM .
Prenez cet argent, & le portez.
SYRUS.
Allez, pourquoi donc vous tenez-vous là?
le ftupide! voulez-vous le prendre ?
CLITIPHON.
Ab, donnez.
SYRUS
Suivez-moi vite; & vous, Monfieur, stter»
dez-nous ici un moment, car nous ne ferons.
qu'entrer & fortir, nous n'avons rien à faire là
qui nous arrête plus losgtems.
CHREME S. : |
Voila déja trente piftoles que ma fille a de
moi, je compte que je les donne pour fa nouri-
ture: il en faudra trente autres pour les ha-
bits, & aprés cela il faudra encore mille écus.
pour la doter. la coutume autorife d’injus-
tices | il faut pr ment que je quite toutes
1s
LBMARQUES.
puiffe. pasaítre plus ridicale, que de voir qu’en don-
nant fa fille à ie il aille excore jui. donner
fon bien. Et une marqne bien cestaise que ce n'eft
que Ja couteme qui autotife une façon de faire fl mal
entendue, ©eft que les prémiers hommes en ufoient
autrement; on donnoit de l'argent , ou l’on faifoie-
d'antres préfens aux pères, quand on vouloit avoir
leurs filles. —
E 8$.
e. Malas jefa mine fint, comme Bogcoghlusi
,..Yt.. Afajta , je à comme us
&. Fabricius & Guyet, Voy. H Nem. de Me. D, i
435p HEAUTO N. Aer. IV,
Mibi nunc s. relidis. rebus, invtniundus eft
Aliquis, labore inventa mea cui dem bona.
JHOOOOHOONIOIHHOHEOHOpHHE TETE -
ACTUS QUARTUS,
SCENA VIL.
j MENEDEMUS. CHREMES..
MENEDEMUS.
M Uitó omnium me nunc foftunatiffimum
FaGum puto e[Je, gnate, quum te intellego ,
€.
did CHREME Se.
Ut errat ! |
MENEDEMUS.
Te ipfum quaerebam , Chreme ,
Serva, quod in te d^ filium, €? me, 8 faniiliam.,
CHREMBES | |
£: Cis, dd vis fuent:
kNREDEMU S.
3r bodie filiam.
CHREME
i
Quid tum?"
MENEDEMUS.
Hone uxotem fibi-dari volt Clini&;
Á S.
CHREME
æfo, quid tu ard e$?
Qus, MENEDEMUS
Quid?
CHRE«
REMARQUES..
2: GNATE, QUUM TE INTELLEGO RESIPISSE 1.
Mon £s à préfen qs6 je voit, &c. Mérédéme en:for-
jut de fa DU achève de petlet à fon file qui y. ef |
fté.-
NOe
Se. VIR TIMORUMENOS. 185:
mes affaires pour tródver quelqu'an à qui donner
le bien que j'ai amaflé avec beaucoup de peine.
RENNES ER AO EEE
ACTE QUATRIEME.
SCENE. VIL
MENEDEME. CHREMES.
| MENEDÈME.
M9 fils, à préfent que je vois qué vous relie.
trez dans votté devoir, je me trouve Le.
plus heureux de tous les homniés,
CHREMES..
Qu'il fe trompe!
M.ENEDE M f.
Ah, Chrémés, c'eft vous-même que je cher-
chois; fauvez mon fils & moi, & toute ma fa.
mille; vous lé pouvez,
CHREM E S.
Et je vous prie, que faut-il faire?
MENEDÉME.
Vous avez aujourdhui retrouvé une fille. -
GHRÉMES.
Eh bien? :
|. MENÉDEME
Clinia voudroit que vous la lui donnaffiez,
CHREM £ S
Mon Dieu, quel hómme étes-vous?
MENE D EME.
Pourquoi? e
| CHRE-.
N O. T É S. : x
7: M, B, ôté 15, fut tous fes M$5., ee -
286 HEAUTON- Acr.IV.
| CHREMES.
Famns oblitus e£,.
Inter nos quid fit dium de fellacid ;
Ut cá vid abs te argentum anferretur ?
MENEDEMUS.
. Scí0,
- CHREMES
Ea res nunc agitur ipfa. —
MENEDEMUS.
Qsid dixti, Chreme? erravi,
Res atia eft: quantá de fpe decidi !
| CHREMES. -
Dnó, bec quidem, que apud te eff, Clitiphanis el
ámica?
MENEDEMUS.
Jtaagiuu. —
ACHRBREME S.
Et tu credis ?
MENEDEMUS
Omnia.
REMARQUES.
to, QUID DIXTT, CHREME ] ? Que me dites-vons là.
Chrémès? Heinfms &. quelques autres ont lu ces deux
| vers comme ils font imprimés dans cette édition
qe prémière éditipn faite À Paris en 1688 ) , où c'eft
énédème íeul qui parle; & ainfi il auroit falu tradui-
te: Ab, que me dires-vons là, Chrémésl, au comteaire ,.
cette créature qti ef cheg moi , c'ef la maîtreffe de Cli-
tiphon, ils Je difént tous. Mais je trouve plus de fel à
diftinguer ainf les perfonnages:
ENBRBDEAMUS. z
see Quid dixti, Chreme®
CHREAM E S.
Toi bar quidem que apad te efl , Cluipbonis eft
dnica ?
MENEDEMUS,
Jt4 sien,
CHRE-
Er
Sc. VI: TIMORUMENOS. 18
CHREME S
Avez-vous déja oüblié ce que nous avons dit.
enfemble de la tromperie qu'on vous doit faire
afin d'avoir de l'argent?
.MENEDEME
J'entends.
CHREME S.
C'eft à quoi l'on travaille à l'heure qu'il eft,
M E N E D E M E.
Que me dites-vous là, Chrémés?
CHREMES.
. Mais bien plus, cette Bacchis qe vous avez-
chez vous, c'eft la maîtreffe de Clitiphon , n'eft:
. ce pas?
M E N E D E M E.
Ils le difent,
CHRE M E S.
Et vous le croyez?
o
Ie ciois tout, :
REMARQUES.
Et c'eft ce que j'ai faivi dans ma traduéion ; mais je
ne m'étois pas aperçne que dans le texte que l'ai dom-
né aux Imprimeurs, on avoit fuivi en cet endroie l'é.
dition de Heis/iss, & cela eft: caufe de la différence
ui eft entre ma tradu&ion , & le Latin qui eft à côté.
Cette faute ne fé trouve point dans cette nouvelle
ition ). EC
10. Quid narras, Chreme après um MS. Faern. M. B.
Ote erravi & le v. faiv. furun MS. & met imó--- æ
sica dans la bouche de Ménédème, lifant apsd me;
& ita aiunt dans celle de ès ,. jufqu'à comparet:
v. 15. lifant v. 14. iam fans autorité, Voy.. Là
Rem, de Me. D,
Le HEAUT ON: Ac: IV.
CHREMES.
Et illum aiunt velle uxorem , ut cum defponderiys, .
15 Des qui aurum, ac veflem: atque alia , quæ opus.
Juns, .comparet. . .
MENEDEMUS
Id efl. profefto :- id amice dabitur.
ze CHREMES.
Scilicet:
Daturum..
MENEDEMUS.
Ab! frufira ivitur gratifus Jum mifer , .
V Quidvi« tamen jam. malo, quàm. buné amittere,
Quid nunc renunciem abs te refponfum; Cbremes,
20 Ae fentiat me fenfi[Te , . atque egré ferat.
CHREMES.
Ægré? nimium. i, Menedeme ,. indulges-.—
MENEDEMU S.
E Sine, |
Inceptum efl : perfice boc mibi perpetuum , Chremes.
CHREM. S.
Dic conveni[fé, egi[Je te de nuptiis.
| MENEDEMUS..
Dicam:. quid deinde? -
s CHRÉMES.
ke o7 0l Me faflurum.effe omnia: -
as. Generum placere: poftremd etiam, fi voles.,
^ Defponfam quoque e[fe dicito. -
|| MENEDEMUS: ^
Hem, ifibuc volueram. .
CHRE:
#Huc forfan ttanféribi debet verfus ir. Res azar.
ef, Ec. p
-
ec. VII. TIMORUMENOS. 199
M: CHREMES.
Et ilg vous difent que votre fils veut fe ma.
'wier, afin que lorfque je lui aurai accordé ma
flle, vous lui donniez de quoi acheter des bi»
joux, des babits, & tout ce qu'il faut,
MENEDEM E.
Voila l'affaire -affurément ; &-cet argent Te
donnera à fa majtreffe.
Sans doute; quoi donc ? |
Ho MENEDEME.
_ "Ah, je me fuis réjoui fans fujet, que je fuis mal.
heureux!avec tout cela il n'y a rien que jen'ai-
me mieux fouffrir que de le perdre. Quelle ré-
ponfe lui dirai-je que vous m'avez faite, de peur
qu'il ne s'apercoive que je 'connois fa rufe, &
qu’il n'en ait du chagrin?
,CHREMLES,
Qu'il n'en ait du chagrin? en vérité, Ménèe
déme, vous étes trop indulgent,
ENEDE M E.
"Laiffèz-moi faire, la pierre en eft jettéez je
vous prie feulement de m'aider toujours com-
me vous m’avez promis.
GHREMES.
Dites que vous m'étes venu trouver , Que
vous m'avez propofé fon mariage. |
MENEDEME.
Que diral-je encore ? — :
| CHREME S. n
Que je fuis prêt à faire tout ce que vous vois
drez; que le gendre me plait; enfin vous pou-
vez encore lui dite, fl vous voulez, que je lui
ai accordé ma fille.
| MENBDEM_E.
Ah, voila ce que je voulois,
E | | CHRÉ-
30
-
150 HEAUTON- Arr. V.
| CHREMES.
Tant ociüs te us pofcat, EF tu id, quod cupis,
Quà ociffimé ut des.
MENEDEMU S
Cupio.
CHREME S. |
Ne tu propediem,
Ut iflam rem video, iflius obfaturabere.
Sed, bec ut ut funt , cautim C$ paulatim dabis,
Si fapies.
AMENEDEMUS.
F'aciam.
CHREMES.
v —.. 4i intro: vide quid pofiulee.
Ego demi ero, fi quid me voles. —
MENEDEMUS
- . Sand vole: .
Nam te fcientem faciam , quidquid egero.
tors TRADE IRIS or Sens eeepc oto
ACTUS QUINTUS
SCENA IL
. MENEDEMUS, CHREMES.
| MENEDEMUS.
7° Go me non tam aflutum , neque ita perípicacem
E effe id certà fcio: -
$
REMARQUES.
so. CAUTIM ET FA De DABIS]. P^:
donnerez avec précantion C» peu à pes. Ce cautim eft
remarquable. Aceiss s'en étoit fervi dans fon Philoétè-
Le, contra ef endum castim, Mon père a remarqué
| que
S.L TIMORUMENOS fot
CHREM E S.
. Afin qu’il ait plutôt occafion de vous deman-
der de l'argent, & que vous pulfliez auffi plutôt
lui donner ce que vous avez tant d'envie de perdre.
MENEDEM E.
C'eít ce que je fouhaite.
CHREMES.
En vérité , de l'air dont je vois que vont les
chofes je fuis für que vous en ferez bientôt fou.
Mais puifque cela eft ainfi, fi vous êtes fage,
vous donnerez avec précaution, & peu à peu.
M E N E D E M KE.
Je le ferai.
CHREMES.
Allez vous-en, & voyez ce qu'il vous deman-
dera ;je ferai au logis, fi vous avez befoin de moi,
MENEDEM E.
Je vous en prie, car je ne veux rien faire fans
vous le communiquer.
[5021502 20):90X:00):90):902:507:50):50):90) 0 50 X50):S0X908
ACTE CINQUIEM E
SCENE IL
MENEDEME. CHREMES.
MENEDEM E.
1° fais fort bien que je ne fuis pas le plus fin
du monde, ni le plus clairvoyant. ME.
REMARQUES.
e cés adveibes en iw fe formoient des fupins des
des Comme minstim , certatim , refiritlim, fefi-
satim , & quelquefois des adje&ifs , comme paslatims
grepriciim ou prepritim , & minutatim Ou mingri».
o
" HEAUTO N. ^ Acr. V.
Sed bic adjutor meus, € monitor, €) premon[ira-
tor Chremet
Bas mibi preflas, In me quidvis barum rerum,
"conuenit, |. |
Que Junt dite in fiuitum, coude, Îipes, alinus,
plumbeus : m ?
In illum nil poteft : nam exfupera& ejus. Jiultitia
omnia bec. —
CHREMES, ]
Obe , jam define Deos , uxor, grotulando obtuse
*
re, . M
Tuam e[Je inventam gnatam ; nifi illas tuo:ex in:
genio judicas , |
Ut nil credas intellegere, nifi idem dium fit cèns.
|. Hes. EN
Sed interim quid illic jamdudum guatus ce[fat cuits
rot
| MENEDEMUS.
Quos ait bomines, Chreme,. ce[Jare?
CHREMES.
Hem, Menedeme , advenis?
Dic mibi, Clinie, qua dixi , nuntia[Hin ?
MENEDEMUS.
| ; Omnia.
" CHREME S. -
Quid att? uU
"E | ME.
REMARQUES. agi
‘2. $ED HIC ADJUTOR MEUS, ET MONITOR ET .
PRÆMONSTRATOR CHREMES ]. Mais ce bras degneur
de confeils que j'ai là. Ces trois mots, adjutor, moni-
ter , & premonfirator , lont des mots de théâtre, &
fignifient tous celui qui redreffe les A&eurs , qui fq
tient derrière la tapifferie , pour leur fiflaz leg endroits
où la mémoire leur manque. Mais comme notre, lan
kue n'a pas des mots qui puiffent exprimer cela ja
* tradui
&.l TIMORUMENOS. 199
beau donneur de confeils que j'ai là, ce bon
Chrémés left encore moins que moi. J'avoue
que toutes les épithétes que l'on donne d'ordi-
naire aux fots, me conviennent; je fuis une gros.
fe buche, une groffe pierre, un áne bité, une
mañe de plomb: mais pour lui, fa fotife-eft au.
deflus de toutes ces expreffio
CHREMES.
Ho, enfin, ma femine, ceffez de rompre la
tête aux Dieux à force de leur rendre graces de
ce’que vous avez retrouvé votre fille, à moins
que vous ne jugiez d'eux par vous-même, &
que vous ne croyiez:qu'ils ne puiffent rien en.
tendre, fi on ne le leur dit cent fois. Mais ce-
-pendant d'oü vient que mon fils demeure fi long-
teme avec Syrus?
MENED EM E.
Que dites-vous qui demeure longtems , Chré-
més?
CHREME S.
Ah, Ménédéme! vous voila? eh bien, dites-
moi, je vous prie, avez-vous dit à votre filsce
que je vous avois dit?
MENEDEME, ,
Oui, d'ün bout à l'autre.
HREMIES.
‘Que dit-il? ] :
» , : " " :
REMARQUES.
‘traduit fimplement & naturellement. Cela ne peut
*pas avoir Ja méme grace en François qu'en Latin ; cat
la beauté de ce ge confifte particulièrement
la figure.
E NO T ES.
s. M. B. Óte sam, après un MS. Faers.
10. Ebeow, per tewput, Mencdeme, (ur un M$
Tome IL E ^3
-
194 HEAUTON- Acr. V.
"MENEDEMU S$
Gaudere adeo occepit ; quafi qui cupiust
nuptias.
CHR EM E. S.
Ho, ‘ba, be.
ME NED E M'U S.
- Quid rififti? .
CHREMES.
: Servi venere in mentem Syri
Calliditates. '
cMENEDEMU S
Jtane?
CHREM ES.
Vhltus qnoque bominum fingit fcelus.
MENEDEMU S.
X5 Cnatus quèd fe affimulat letum, id dicis?
C Hs EMES
"MENEDEMUS
Fidem iflbuc-mibi
Venit in mentem.
CHRÉMES.
U Veterator !
MENEDEMUS
Magi , fi magi! noris, putes
Bo rem effe.
CHREMES.
^ Ain tu? |
Eu c o A
in tr aujculta, Ko RS
M | CHRE-
N OT E.S.
17. Manedmm , pourja mefure du vers as
St. L TIMORUMENOS& 19%
. Fidel eiim
a paru d i
‘que ei icis paleas cdd i
CHREMES. '
Ha, ha, ha. |
| MENEDEME.
De quoi riez-vous ?
CHREMES.
Les fubtilités de Syrus tre viennent dans l'es-
prit. | | |
MENEDEME.
Oui? ,
nurses CHREMES.
: e les gens à merveille,il n'y a pasjuss
u’à leur vifage à qui i
rue qu'il lui plait, cendre He
MENEDEM E.
.. Vous dites cela, fans dou
fils a fort bien contrefait lionis eue ? E
| CHRE M E $.
C'eft cela méme.
E MENEDEME.
La méme chofe m'eft venue dans Pefprits
S CHREMES i
Le vieux routier! ,
| | MENEDEM E.
"Plus vous le contioitrez , plus vous lui don:
nerez cenom.. ETT
CHREMES.
. Dites-vous vrai? "-
MENEDEME.
‘O ça, écoutez. — -
x las CHRÉ-
1906 HEAUTON- Acr. V.
CHREMES.
Mane: priüs boc fcire expeto ,
Quid prie: : nam ubi defpon/aam nuntiafks
lio
Côntinud injeci[Je verba tibi Dromanem , fcilicet ,
£o Spon[e veflem, durum , atque ancillas opus efe ,
argentum ut dares.
. MENEDEMUS.
Nm.
CH'REMES:
Quid, non? :
MENEDEMU S
Non , inquam.
€ H RÉ M ES.
Neque yid mw
MENEDEMU
Ni profs, Chreme 5
Magis unum etiam infbare, ut bodie conficerentur
. muptic.
CHREMES.
Mira narras Hio "Quid Syrus meus ? ne is quidem
1
"MENEDEMUS
« . Nibil.
CHREMES |
Quamibrem? |
2 MENEDEMU S
Nefcio equidem , fed te miror, qui ália tam
plané [cias.
25 6d tuum ille quoque Syrus idem miri finxit fillum,
Ut ne pete quidem Jéboleat amicam e[Je bane
Jinig.
. CHEH.
T E S.
N
. 0. M. B. ôte NA fuivant la plupart des MSS.
. Nefcio, dans la Doushe de : émis ? Grant fed
ps. ans autorité, E
"rs 26. $e»
Se L. TIMORUMENOS. 197
CHREMES
Arrêtez; avant toutes chofes, que je fache, '
je vous prie, ce-que vous avez perdu; car je
ne doute pas que fitót que vous avez eu dit à
votre fils que je lui accorde ma fille, Dromon
ne vous ait lâché quelque mot, qu'il faut des
habits , des bijoux & des efclaves pour l'accor,
dée, afin que fur cela vous donnaffiez de l'argent;
MENEDEME.
Point du tout?
CHREMES
Comment , point du tout?
MENEDEM E.
Non, vous dis-je. |
| CHREMES. Y
Ni votre fils ?
? MENEPD'EME.
Pas le moindre mot, Chrémés;la feule cho-
fe qu'il m'a demandée avec plus d'empreffement
que jatnais;. c’eftque fon mariage s'achéve au-
jourdhui. |
CHREME S.
Vous me dites là des chofes qui me jii
nent! Eh notre Syrus , n'a-t-il rien dit non plüs
MENEDEM E.
CHR EM ES.
Pourquoi cela?
MENEDEME
Je.ne fais en vérité. Mais je vous admire,
vous qui favez fi bien les affaires ces autres.
Votre Syrus a fi bien dreffé votre fils, qu'il ne
paroit en aucune manière que Bacchis foit là
mnaîtrefle de Clinia. |
- CHRE-
OT E S
26: Subaler, fuivant un se & Faern,
jo | 3
. Rien .
v
&
Ve
398 — HEAUTON Acr. V.
CHREMES-
Quid ài5?-
MENEDEMUS. |
Mitto jam ofculari, atque amplexari: id nil:
puto.
CHREM E S.
Quid eff quod amplius fimuletur ? »
MENEDE MUS. :
Vu :
CHRE M E S.
| | Quid A?
MENEDEMUS.
| Audi modè..
Ell mibi in ultimis conclave edibus quoddam retro:
50 Huc efl intro latus leBus, veflimentis (iratus. e[E-
2 CHREMES.
Quid pofiquam boc efr faBu? —
^—— MENEDE MUS
— Dillum faB&um, buc abiit Clitipbes
EF CHREME S
Suus? | |
MENEDEMUS.
Solus.
CHREMES.
Timeo. -
MENEDEMUS.
Barebis confecuta eft illico.
CHREME S.
MENED EMUS.
. Peri;
Sola?
—
Sc: L TIMORUMENOS. r9p
C.-HREME S.
Que dites-vous ?
MEN E D E M E.
Je ne parle point des baifers ni des embras-
fades, je compte cela pour rien.
CHREMES,
ue peut-on faire de plus, je vous .
fine Émblant ? E Pm
MENEDEME
CHREMES.
Qu'eft-ce que c’eft!
MENEDEM F.
Ecoutez feulement. Sur le derrière de ma maf
fon j'ai un certain cabinet éloigné des aparte
mens; on l'a fait meubler.
CHREM ES.
Eh biem, après cela?
MENEDEME.
Après cela Clitiphon y eft entré,
| CHREMES.
ENEDEM E.
— Tout feul.
CHREM ES.
"al grand’ peur.
IUE M E N E D E M E.
Bacchis l'a fuivi dans le moment.
CHREMES.
Toute feule?
MENEDEM E.
Toute feule. |
À HREMES.
is mort, :
is 14 ME
Ah!
Tout feul?
200 HEAUTON- Acz V.
M'E NEDE M:US,
Ubi abiere intro , operuere oftium. —
CHREM E S,
| Han !
Clinia bec freri videbat?
MENEDEM.US
e Quidni? unà mecum fimul...
: CHREME S
35 Filii eft amica Baccbis, Merelem» : occidi.
MENEDEMUS
Quamobrem? mE
| CHREME S.
. Decem dierum vix mt efl familia.
MENEIDEMUS.
Quid ? in times, quod operam amico ille .da&-
40 ?
CHREMES..
Inà quod amice, |
MENEDEMUS.
Si dat.
CHREMES.
| An dubium id tibi eff?
uemquamne animo tam comi e[Je, aut leni putas,
40 Qui Je vidente amicam patiatur fuam?
MENEDEMUS.
T a: ba, ba.
uidni? quo yerba facilius dentur mibi.
q © HR EME‘.
Derides? merità mibi nunc ego fuccenfeo.
ce res dedere , ubi poffem perfentifcere ,
$ e[Jem lapis !: que vidil ve mifero mibi!
4$ À
N.O T É S.
39. Et Jeni, dans prefque tous les MSS. |
ai M. B. séthânche ba, ba, he, fur la plupart des.
i 424 Mt».
$c. L TIMORUMENOS 201
MENEDEME.
Ils n'y ont pas plutôt été qu'ils ont fermé la
porté. | |
| CHREMES. |
Æhl'Et Clinia voyoit tout ce beau manège?
MENEDEME. s
Pourquoi non? ille voyoit avec mol.
" CHREM E S.
Ah, Ménédéme! Bacchis eft la maltreffé de
mon fils; je fuis mort.
MENED E M E.
Pourquoi cela? hi
| CHREMES.
A peine ai-je du bien pour dix jours.
M E N E D E M E.
Quoi! vous avez peur, parce qu'il fert fon ami?
CHREMES, :
Non, maisparce qu'il fert fon amie.
MENEDEM E.
‘Ho, c'eft à favoir fi cela eft.
En doutez-vous ? y €:t-i un homme affez pa«
tient pour fouffrir qu'on s'enferme ainfi avec fa
maltrefTe.
MENEDEME.
Ha, ha, ha, pourquoi non? c'eft ainfi qu'on
m'en donne plus facilement à garder.
CHREMES.
Vous vous moquez? Que je fuis en colère
contre moi-même! Combien ont-ils fait dé cho.
fés qui devroient me faire tout foupçonner , fi
je n'avois pas été cruche. Que n'ai-je pas vu?
ue
NOT E £& 1
42. Merità, Ut mibi, fans autorité. |
«4. Nj À fem, «pris plteus MS.
^ ug 3
45
E
35
e» HEAUTON- Acr V.
At ne illud baud inultum , fi vivo, ferent.
Nam jam. . ..
MENEDEMUS.
a Non tu te cobibes ? nét te rofpieis P
Non tibi ego exempli fais fum?
€HREMES
| Pra íracundid,,
Beriedeme : non fum apud me.
MENEDEMUS.
Tene iffbuc loqui
Nonne id flagitétm eff, te aliis confilium dare,
Foris fapete, tibi non po[Je te auxiliarier?
CHREMES.
Quid faciam? 4.
.MENEDEMUS |
' Id, quod me feciffe aiebas parum 2
Fac , te patrem effe fentiat : fac. ut audeat
Jibi cfedere omnia, abs te petere, C9 pofcere ,
Jle quam aliat quérat copiam , ac te deferat.
CHREMES. :
Id obeat petits mulià quovie gentium,
Quàm ble per flugitium ad inopiam rédigé patrem $
Nam fi illi pergo fuppeditare famtibus ,
Menedeme, mibi illec terà ad raftros res redit.
| REMARQUES. ll
46. NON TU TE COHIBES? NON TE RESsPICIS]?
voulez-vous pas vous modérer n'anrez-veus aucun €
gard à vous-même? Une des grandes beautés de cette
Scène confifle en ce que Méxédéme dit à Chrémés les
mêmes chofes que Chrémes lui à dites au commente
ment de la Pièce, : NO:
-
S.l TIMORUMENOS. soy
que je fuis malheureux ? Mais fi je vis, ils ne le
porteront pae bien loin, car tout-3-l'heure...
MENEDEM EF.
Ne voulez-vous pas vous modérer? n'aurez.
vous aucun égard à vous-même ?. Ne vous (uis-
je pas un affez bel exemple?
CHREME S.
Ménédéme, je fuis tranfporté de colère,
MENEDEME
Un homme comme vous doit-il parler de fa
forte? N'eft-ce pas une honte que vous don-
niez confeil aux autres, que vous foyez fi fage
. pour les étrangers, & que cette fageíTe ne vous
foit d'aucun fecours pour vous-même ?
s C um EME S.
de pui aire
SP M ENEDEME.
Ce que vous me difiez tantôt que j'avois tort
de n'avoir pas fait. Agiffez de manière qu'il fen»
te toujours que vous êtes fon père, qu'il ofe
vous faire confidence de tous fes fecrets, & s'a-
dreffer à vous pour vous demander toutes lcg
chofes dont il a befoin, afm qu'iFne cherchepas .
d'autres fecours, & qu'il ne vous quite jamais.
CHREMES .
Qu s'en aille en quelque lieu du monde que
ce. foit, plutôt que de réduire ici fon pár&à. Nau»,
móne par fes débauches; car, Ménédème, fi
je continue à fournir à fes dépenfes ,je.n'ai a(fus
rément qu'à me préparer à prendre le même ra-
teau que vous aviez hier au foir. |
"NOTES
et. Quod tu mé, sure : =.
2, Ur fautigts après un très ancien MO 70 0c
6. Malo , akt to. Maire a, dans tous les M58 :
$24 9i illius fuivant us gm |
204. Î[H'E'A UT ON: Acr. V,
MENEDEMUS. .-
: Quot incommoda tibi in bac re capies , nifi caves!
6o. Difficilem offendes te effe, &5 ignofces tamen
|, C3 id erit ingratum.
CHREM:ES:
Ab nefcis, quàm doleam!
MENEDEMUS.
! ' Ut iubes.
Quid bec , qued volo, ut illa nubat nofiro? nifi
quid eft,
Quod malis.
CHREMES.
Imà Eÿ gener, €9 affines placens...
"S bo i E
uid detis dicam te dixiffe filio.
65 Qué ebticuifl? - - T
CHRE ME Se
e Dotis 2
MENEDEMUS:
Ita dico,
CHREMES,
44b!
MENE.DEMUS
EN. Cbreme,
Ne Quid vereore, fi. eft minw : nil dos nos movet;
CHREMES. |
Duo talenta pro re noftr& ego e[Je decrevi fatis ,
Sed ita di op’ eft, f$ me vis falvom e[fe, 24
rem, €9 filium,
Ma mes ofnnia bona doti dixiffe iMi,
ME-
NO T ES"
go. inituwn}, apre n
Mua » Après ua MS, Aripiess comm
m t
Erg .
4
Sc. L TIMORUMENGS. og
M E N E.D E M E. TS
Combien cette affaire va-t-elle vous donner:
de chagrin, fi vous n'y prenez garde! Vous vous
ferez tenir à quatre, vous ne laifferez pas de
pardonner aprés cela, & votre fils ne vous en
faura point de gré.
CHREM ES. :
Ah! vous ne favez pas encore quelle eft mg
douleur!
MENED E ME.
Faites, contentez-vous donc. Mais que me
répondez-vous fur le mariage que je vous-pro-
pofe de votre fille avec mon fils?. à moins que
vous n'ayez quelque autre parti qui vous platfe
davantage.
, CHREMES.
Nullement, & le gendre & l'alliance, tomf - -
me plait.
| MENED EM E.
uelle dot dirai-je à mon fils que vous voulea
donner? Quoi! vous ne dites rien?
CHREME
Quelle dot?
M.E:N E D. E M-E.
Qui.
CHREMES,
Ah!
MENEDEME
Chrémés, necraignez point dé dire ce que:
vous voulez donner, pour peu qu'il y ait. Ce
n'eft pas la dot qui nous tient.
. CHREME S.
Je trouve que pour le bien que j'ai, je-faís
effez de lui donner mille écus. Mais pour mon ,
repos & pour le falut de. mon fils, il faut, .je
nous prie, que:vous difiez que je donne tout à
Boo wb ME
‘à
eod H E Æ'UT ON- Acr. V.
MENEDEMUS.
| Quam rem agis
CHREMES
70 Ta mirari te fmulito, ES illum boc rogitato fimtel.
Quamobrem id faciam. ——
MENEDEMUS.
5 + - Quin ego verd, quamobrem id facias,
nejcio. | li
" CHREMES..
unir mpl c
sivid P XXe
Difiwa, retundam : redigam., wi: qu) Je vertas
. nefciat. |
MBNSBDEMUS,
+ Quid agir?
-
CHREMES -
Mitte, fine me in bac re gerere mibi.
morem : fine. LS
E" MENEDEMUS |
75 Dane vis? "M
.CHREMES.
Ja.
MENRDEMUS.
Fiat. De
| CARA.
REMARQUES.
" $4. MrTTE; SINE ME IN HAC RE GERERE MIHI
MOREM. MEN. SINO. ITANE VIS? CHR. ITA.
MEN. FIAT J. Laiffew, fóuffrez qu'en cette occafton je
ge fatisfaffe , lailex-moi faire. Dans ce vers on a m
lacé le perfonnage de Ménédème; au-lieu de /»e, il
€ faut lire fine, & l'ajouter à ce que dit Chrémes ; mirte 2
Jine in bac re gerere mibi mcrem 2 fine. MEN. [rane vis
Cas il cft ridicule que. Mésédówme lui dife , tmo, je vous
Jaiffe, avant que de lui ayoir demandé, de vesiex-vene
ind Lau vit m
Yn 76, Ur
—— an — Milo a
S.L TIMORUMENOS. 207
MENEDEME,
Qu'allez-vous faire ?
CHREMES.
Faites femblant d'en être étonné, & demam
dez-lui à lui-même d'où vient que j'enufe ainf,
MENEDEM E.
Et en bonne foi, j'auraí raifon de le lui de-
mander, car je ne vois pas pourquoi.
CHREMES.
Pourquoi ? pour fauver cet efprit entièrement
noyé dans le luxe & ‘dans la débauche; je le ré.
duirai en tel état, qu'il ne faura de quel côté fa
tourner.
MENEDEME
Que faites-vous ?
| » CHREMES.
Laiffez, fouffrez qu'en cette occafion je me
fatisfaffe. Laiffez-moi faire.
MENEDEME.
Le voulez-vous ainfi ?
CHREMES.
MENEDEME
Soit. | |
‘CHERE:
REMARQUES. BT
n6. UT pra bod sou Comwe i
e e qw on traite fes enfans. s ne veut pas
Ule Pères batent leurs enfans, & il a raifon; car
c'eft les traiter en efclaves. Les coups ne corrigent pas
ceux que les remontrances ne touchent point, & ils
rabaiffent le courage. On peut voir eC ue dit Íur
€ela Micion dans S premise Scène des Adelphes.
N T ES
74. Mitte ac fine, fuivant tous les MSS. Sino , pont
le dernier fur, dans la bouche de Chrémès. Voy. à
cu d& e bi ' | 20
s | HEAUTON- Ac& V
CHREMES
Ac jam, ut uxorem arce[Jat paret-
$e Hicita, ut liberos eft equom; didis confu-
| tabitur-
xSed Syrum... .. : |
MENEDEMUS
id eum?
CHREMES:
| Egone? fi vivo, adeo exornatum dabo,
4ddeo depexum ufque, ut dum vivat, meminerit
] . femper mei:
Ci fibi me pro deridiculo ac deletamento putat. .—
30 Non(ita me Dii ament.) auderet facere bec vidua
| mulieri,
Que in me fecie.
ttes lo OI PHP
ACTUS QUINTUS
|. S.CEN A IL
CLITIPHO. MENEDEMUS.
CHREMES. SYRUS.
oOCLITIPHO.
UE Tone tandem, quafo eff, Menedeme , ue
j . pater
Jam in brevi [patio omnem dé me vjecerit animum
patris?
- Quod-
REMARQUES.
2. ÎTAN£ TANDEM QUÆSO, MENEDEME ]. Ef-il
donc vrai, Ménédème, que men père. Chrémésne fait
"que d'acheyer de parler à Ménédème ; Ménédème ne
vient que de le quiter, & dans le moment on voit
Clitiphon déja tott inftruit de ce que fon père avoit
xéfohi de faire à fon désavantage. l'fémble donc
QT oenie à manqué ici de conduite; car ce qui fe paffe
.entre
S&. IH TIMORUMENOS. so9
CHREMES.
A préfent vous n'avez qu'à dire à votre fils
qu'il fe prépare à faire aller fa femme chez lui,
Pour le mien, je le traiterai comme il faut, en
paroles pourtant, comme il eft jufte qu'on trai-
te.fes enfans, Mais Syrus...
MENEDEME
Que lui ferez-vous ?.
CHREMES,
Ce que je lui ferai? Si je vis, je l’ajufterai fI
bien, je l'étrillerai de maniére, qu'il ne fera jour
de fa vie qu'il ne fe fouvienne de moi. Un pen:
dard qui croit que je dois lui fervir de jouet. Je
veux mourir, il n'auroit ofé traiter une femme-
veuve fi indignement qn'il m'a traité,
pipquictctsiobsdiokoioiotedntstsloteietolaleicqotolotoiogofeletoluinieintedotetodat oido
ACTE CINQUIEME.
SCENE IL
CLITIPHON.MENEDEME.
CHREMES. SYRUS.
CLITIPHON.
E Stil. danc vrai, Ménédéme, qu'en fi peu .de
tems mon péte ait entièrement dépouillé tous
les fentimens de lanature à moh que je
; onc
REMARQUES.
entre la fin de la Scène précédente, & le commence
ment de celle-ci, íuffitoit pour remplir intera.
'un
NO T E S.
| 77. Ege, f vive, eum adeo, fans autorité, |
- 78. Pexum, pour depexum , qu'on ne trouve point.
ailleurs, ni dans Plaute, . .
210 HEAUTON- Acr. V;
nam ob facinus? quid ego tantum [celeris
qud admifi mifer? 5 /
Page id. faciunt. :
MENEDEMUS.
Scio-tibi effe boc gravius multó, ac durius,
Cui fi: verüm ego. baud. minus œsrè patior id,
qui nefcio,
Néc rationem capio; nifi quod tibi bène ex quime;
volo.
CLITIPHO.
Hic patrem adflare aïebas.
MENEDEMUS
Eccum..
CHREMES..
uid me incufas, Clitipbo 9"
QuidiuM eo ss fe tibi profpexi , C9 Jlulti»
Ubi te vil mins ele omiffe, & fuaviá in pre»
Que e[fent ; prima babere, neque confülere i in lon
tuii nem 5:
Cepi rationem, ut Ales out chu neque ut bec por-
fes perdere.
Ubi, cui Pl primè , tibi;nan licuit per te mibi
are,
"bii ad proximos tibi: qui’ erant ;. eis commifi, C$.
credid& — Cu à "
REMARQUES
d'un A&e.. Mais il n’eft pas difficile de-défendre Tés
rence & de le juftifier.. Ménédéme quite Chrémes pour
aller parler à Chiri bon, il ne fait qu'entrer un mo-:
ment dans la maifon , il lui dit.en deux mots de quoi
il s’agifloit, & il reflort en même tems avec lui; ; ce-
. pendant Chrémis attend fur le théâtre: l'effet du com
fi ment que AVnfdóme va faire de: fa part-à Chiriphon.
Ainü le. "héitre ne demeure pas vuide,,. & ieri
nec
St: H TIMORUMENOS. 2i
donc fait? quel crime ai-je commis ? tous les.
jeunes-gens ne font-ils pas de même?
MEN E D E M E.
Je fais que vous devriez être plus touché que
xnoi de cette dureté, parce que c'eft à vous qu'on.
Y'a fait; cependant je vous aífure que je ne la.
xeffens pas moins que vous, jee fais pourquoi,
& je ne connois point d'autre raifon du déplaifiz:
Que j'en ai, que l'amitié que j'ai pour vous,
CLITIPHON.
Vous difiez que mon père étoit ici.
MENEDEME.
Le voila.
CHREM E S.
Pourquoi vous plaignez-vous de moi, Cliti
phon? Dans tout ce que j'ai fait je n'ai eu en
vue que votre bien, &'que de pourvoir à vos dé-
réglemens. Lorfque j'ai reconnu que vous étiez.
négligent, que les plaifits préfens tenoient dans
votre efprit la prémiére place, & que vous ne-
faifiez nulle réfléxion fur l'avenir, j'at cherché
Jes moyens de vous empécher de tomber dans
l'indigence, & de dfiper mon bien. Voyant que
vous ne me permettiez pas vous-même de vous
faire mon héritief, comme cela fe devoit natu-
rellement, j'ai eu recours à vos plus proches,
je leur al tout donné. €e fera chez.eux que vous
trou-
REMARQUES.
n'eft nullement. interrompue , puifgue les fpedateurs
attendent auffi que Ménédémeíoit-de retour. Le lien
de la fcène, qui étoit devant les maifons de Chrémées
& de Ménédème, donnoit lieu à Ménendre & à Tres»
æ de faire cette liaifon de fícénes, où il n'y a rien.
que de fort ordinaire & de fürt naturel.
N O T E S.
t M B. Óte id, fur tous les MSS, hors une
212 | HEAUTON- ACT. V.
Di tue flultitie femper erit: prafidium , Clitipbo;
ES Pillus, veflitus, quo in teum te receptes.
CLITIP HO.
Hei mibi!
CHREME S. |
Satius ef}, quàm te ipfo berede bec pofidere Bac.
chidem.
STRUS |
Dijperii : [celeffus quantas turbas concivi infciens r
CLITIPHO,
Emori cupio... |
CHREMES,
Prits, » difce, quid fit vivere.
Ubi fcies, fi able Cj. is ee
STRUS.
20 ere, licetne ?
| CHREMES,
Loquere. 2
, At tut?
CHREMEÆS:
: | Loquere.
STRUS :
ue jfta eff prauitas,
Queve ee eff, quod feb kd Ad obeff
ic
CHREM'ES.
licet, .
Ne te admifce: nemo accufat, Syre, te: necrtu
aram tibi,
Meque precatorem pararis.
| STRUS.
"3 id aris?
" EE
e
_
Sc. IL TIMORUMENOS. zig
trouverez une zeffource contre wotre mauvaife
conduite. Vous ferez toujours nôuri, logé& vêtu
CLITIPHON.
. Que je fuis malheureux!
"CHREM E S.
Cela eft bien mieux ainfi que de donner tout
à Bacchis, & ce feroit lui donner tout que.de
vous faire mon héritier.
SYRUS.
Me voila perdu: iniférable, quels defordres
^ ai-je fait ici fans y penfer! :
CLITIPHON.
Je voudrois étre mort.
CHR E M E S.
Aprenez auparavant ce que c'eft que de vi.
"sre; quand vous le faurez, fi la vie vous dé.
plait, vous defirerez de mourir.
SY RUS.
Monfieur, me feroit-il permis de vous dire... ?
CHREMES.
Parle.
SYRUS. ,
Mais en toute fureté ?
. CHREMES.
Parle. -
YRUS.
Quelle injuftice eft-ce là, & quelle folie de
vouloir qu'il porte la peine de ce que j'ai fait!
CHREMES.
"C'eft une affaire conclue. Ne te viens point
méler en tout ceci; perfonne ne t'accufe, & tu
n'as que faire de chercher ni aütel, ni interces-
feur pour toi.
SYRUS.
ue faites-vous?
I 9 | CHRE:
214 HE.A UT'ON- Aer. V.
CH REMES.
Nil Juccenfea.
Nec bibi , nec, buic :. nec vos eff equum, quod fa-
cio, mibi.
té Oxo) t60):50: (00950; rooyonróoy ento eteeicoetóty doy SEA
ACTUS QUINTUS.
SC EN A III.
SYRUS. CLITIPHO.
STRUS.
"T Bit: vab! rogaf]e vellem.
CLIT I P HO.
Quid Syre ?
STRI
| Unde E peterem cibum,
. Jta nos abalfenavit : tibi jem:effe ad fororem in-
tellego. |
CLITIP HO.
Adeon rem rediiffe, ut Perou etjam à fama
mibi fit, Syre?
ST A U S. 2
Mod liceat vivere, p" eft.
CLITIPHO.
ue?
STRUS.
Nos AIN Jatis.
CLITIPH
w rides in re tantá , neque. me e confilio
adjuva: ?
ST-
NOT E S
24. Nec tibi, nec tibi, après Erafme & Facrn.
SC. III. M. B. confond cette Scène avec la paécé-
sente, x B.
Sc. IL TIMORUMENOS. 21;
CHREMES.
Je ne (uisgn colére, ni contre toi, ni contre
ui; de votre côté, vous ne devez pas non plus
être fâchés contre moi de ce que j'ai fait.
(99:90) 20X90X90X90) 90): 0 X909 20902:50) 150) IN OKI
ACTE CINQUIEM E
S C E'N E IL
SYRUS.CLITIPHON.
SYRU S.
TL. 5n eft allé. Ah! Je voudrois bien luiavoir
demandé..... .
CLITIPHON.
Et quoi, Sytus?
SYRUS.
Où il veut préfentement que j'aille: chercher
à manger, puifqu’il nous a chaflés. Car pour
vous, je comprends que vous entrouverez chez
votre fœur.
CLITIPHON.
' Faut-il que je fois réduit à cette extrémité,
que je me voye en danger de iod pas de pain?
YRU S. ]
^
Pourvu que nous puiffions vivre, il nous refte
encore une belle efpérance.
CLITIPHON.
Quelle?
SYRUS.
Que' nous aurons toujours bon apétit,
CLITIPHON.
. Tu railles dans une affaire de cetteimportan-
€e, & tu ne m'aides d'aucun confeil ? :
2
N OT E S.
- $. M B. Ote va^! fur quelques M$S,
#6 HEAUTON- Acr. V.
E STRU S. |
Inà € ibi nunc fum , C ufque dudum id ei, dum
itur pater :
Et quantüm ego intelligere po[fum.
CLITIPHO.
. Quid?
STRUS.
Non dbierit longiäs.
CLITIPHO.
Quid id ergo?
s
STRUS, |
Sic eft , non effe borum te arbitror.
CLITIPHO.
uid iflbuc, Syre?
Satin’ fanus es? e
STRUS.
Ego dicam, quod mf in mentem, tu dijudiée.
30 Dum iftis fuifli folus, dum nulla alia dele&atio,
Que propior effet, to indulgebant , tibi dabant :
nunc filia mE
Pofjquam vera inventa eff, inventa eft caufa , qui
te expellerent.
CLI-
REMARQUES.
f. NON ESSE HORUM TE ARBITRO Je.
C'efl que jé crois que vous n'êtes pas leur fils. La fines-
fe de Syras eft merveilleufe, il ne cherche qu'à faire
la paix de C/itiphben, & qu'à fléchir & attendrir fon
père. Il n’y avoit rien de plus propre à ce deffein,
qüe de faire enforte que Cliriphon feignit de croire
u'il n'étoit pas fils de Chrémes: mais outre qu'il Y &
uge grande différence entre les chofes que lon fait
tout de bon, & celles dont on ne fait que femblant,
Syras connoiffpit trop fon homme pous lui faise e
*-
*
5c, IL TIMORUMENOS. 21?
SYRUS.
Vous vous trempez, je ne fonge à autre cho:
fe qu'à vous tirer de peine, & pendant tout le
tenis que votre père a parlé, je n'ai eu que cela
dans l'efprit. Mais autant que je le puis com.
prendre...
- CLI TIPHON.
Quoi?.
) S Y R ‘U S.
Les chofes n'iront pas bien loin,
CLITIPHON.
Comment donc?
| SYRUS.
Cela eft comme je vous. le dis, c'eft que je
crois que vous n'êtes pas leur fils.
CLITIPHON.
Comment cela? es-tu en ton bon-fens?
U S.
Je vais vous dire ce qui m'eft venu dans l'es-
prit, vous en jugerez. Pendant qu'ils n'ont eu
que VOUS, que vous faifiez feul leurs plaifirs, &
qu'ils n'avoient perfonne qui leur touchát de plus
prés, ils avoient de l'indulgence pour vous , ils
vous donnoient de l'argent; préfentement qu'ils
ont retrouvé leur véritable fille, ils ont d'abord
trouvé un prétexte pour vous chaffer.
a A CLI-
REMARQUES.
te confidence ; il le trompe tout le prémier. Cela ef
très bien conduit.
II. NUNC FILIA POSTQUAM VERA INVENTA
sr. Préfentement qu'ils ont retrouvé. gne fille, qui
eft véritablement à eux, Vera filia par éme à
e
Btipbon , qu'il prétend n'être pas le vérita
Cütipben , q T O T RU.
9. In mentem eff, après cinq des meilleurs MSS. .—
‘12. Pofiquam. (fH inventas inventa. verà vf cana
fans autorité, : "
Tome II. K
218 HEAUTON- Acr.Y.
CLITIPHO.
£ff verifimile. — |
STRU S.
An tu ob peccatum boc e[fe illum iratum putas?
CLIT.IPHO.-
Non arbitror. "TEM
STRUS,.
Nunc aliud fpeda. |. Matres omnes filiis
In peccato adjutrices, auxilio in paterná injurid
Solent e[Je: id non fit. |
CLITIP HO: =
Verum dicis: quid ergo nunc faciam , Syre?
STRUS.
Spem iffbanc ex illis quere: rem profer pa-
am.
' Si non efl verum, ad mifericordiam ambos adduces
citó, aut
Scibis cujus fis. —
CLITIP H O.
> Relté fuades: faciam.
STRUS
Sat red boc mibi in
20 Men-
REMARQUES.
14. MATRES OMNES FILIIS IN PECCATO ADJU-
TRICES]. Quand les enfans ont fait quelque fetife.,
des méres me manquent jamais de parler pour eux. Ceci
eft forr adroit. Syrus veut engager par-là Soffrara à
prendre vivement le parti de fon fils contre fon mari ;
car le fils allant fe plaindre à elle & lui dire le foup-
on qu'il a de n'étre pas leur fils, né peut manques
'émouvoir fa compaffion & fa tendreffe. D'ailleurs
elle pouroit craindre que fon mari ne fe mit en téte
| gue
$c. IL TIMORUMENOS gre
CLITIPHON. |
"Cela eft vraifemblable.
| SY RUS.
Etes-vous affez bon pour croire- que ce fois
‘pour cette petite pécadille ?
CLITIPHON.
Tu as raifon. |
| SYRUS.
Confidérez encore une autre choïe. Quand les
'enfans ont fait quelque fotife, les mères ne man.
quent jamais de parler pour eux, elles prennent
toujours leur parti contre les pères; ici, nous
ne voyons p$s que céla fe faffe.
CLITIPHON
Du eft vrai, que dois-je faire à préfent, Sg-
Yus$ ^
| , SYRUS.
Demandez-leür à eux-mêmes l'éclairctffement
de ce foupçon. Dites-leur franchement votre
penfée. Si ce que nous croyons n'eft pas, vous
les attendrirez tous deux, & ils vous pardon-
neront fur l'heure; & s'il eft vrai que vous ne
foyez pas leur fils, vous faurez à quivous étes,
CLITIPHO!N. |
Le confeil eft bon; je le fuivrai.
| SYRU S.
Cela m'eft venu dans l'efprit bien à propos;
car moins ce jeune-homme aura MSDeuD es
us
REMARQUES. d
que Ciiriphon n'eft pas fon fils; ce qui pouvoit être
pour elle d'une très grande conféquence.
^ | NOTES
13. Hoc tam effe , fans autorité. — m
17. Palam: aut, à la fin du vers, & l'aaz du ve
xt, au V. fuiv. tout cela fe autorité,
2
*
go
sa HEAUTOSMN-.. Acr. Y,
Mentem venit; namque adolefcens, quàm minimé
in fpe fitus erit,
Tam facillimà patris pacem in leges conficiet fuas.
Etiam baud fcio an uxorem ducat , ac "Syro nil
gratie,
uid boc autem ef}? fenex E ego fugio.
R Aübuc quod. fa&um eff, 8° jus
| Miror son jufliffe illico me arripi. Ad Menede.
25
: mtn binc perzam , eum |
Precatorem mibi paro: feni nofiro fidei nibil babeo,
A GENE EEE EEE EE EEE EEE OT e
ACTUS QUINTUS
SCENA IV. -
SOSTRAT A. CHREMES.
SOSTR AT A.
poe nifi caves tu , bomo, aliquid gnate
conficies mali :
Idque adeo miror , quomedo tam ineptum quidquam
potuerit-tibi
Venire in mentem, mi oir.
CHREME S.
. Ob, pergin' mulier e(Je? ullamne ege
Rem umquam in vitá med volui , quin tu in ed re
inibi advorfatrix fueris, Soffrata? at
58
REMARQUE S.
|. 20. NAMQUE ADOLESCENS QUAM MINIMA IN
$9?£ sTTUS ERIT , &c. ]. Car moins ce jeune-bomme au-
ra d'efpérance, plus il aura de facilité à faire fa paix.
à fon avantage. Il veut dire que ce jeune-homme crai-
nant tout de bon de n'être pas fils de Chrémés, fera
es chofes beaucoup plus naturellement , & parlera
d’une manière plus touchante que s'il étoit averti que
ce n'eft-Ià qu'un jeu poux tácher d'attendrir fon père. |
; NO» °
St. IV. TIMORUMENOS. 271
plus il aura de facilité à faire fa paix à fón avan-
tage avec fon père. Maintenant je ne fais pas
s’il ne faudra point qu'il fe marie; j'apréhende
qu'il ne m'en veuille pas grand bien. Que cela
me fait-il dans lé fond? mais voici notre bon.
homme,.je m'enfuis. Vu les chofes qui font
paffées, je fuis fort'furpris qu'il n'ait pas com-
mandé qu'on m'enlevát fur l'heure. Je vais chez
Ménédéme, c'eft lui que j'ai choifi pour mon
interceffeur ;. car quoi qu'ait dit notre vieux
maître, je ne me fie pas trop à lui.
grdojotorojojeiiojoeinioojetotoekfetoeotornieintooiooleinetetereetotoiborn iie
ACTE CINQUIEM E.
SCENE IV.
SOSTRATA. CHREMES,
SOSTRA T A-
; N vérité, mon mari, fi vous n'y prenez gars
de, vous ferez caufe qu'il arrivera quelque
malheur à notre fils, & je fuis fort furprifequ'u-
ne chofe fi déraifonnable ait pu vous venir dans
l'efprit. |
CHREMES. ES
Oh, continuez-vous d'être femme? at.je j14
mais voulu rien faire que vous n'ayez été tou-
jours contraire à mes deffeins? & fi je vous de
Inan»
N OT E S.
21. Difficillume , fans autorité.
22: Anne, pour as, après tous les MSS. |
23. M. B. retranche le prémier ef? ; fuivant les MS$,
24. Nen juffe me abripi binc: nunc ad Menedemum
Dunc pergam. Juffe, & bunc, fuivant un MS. Eur,
au v. fuiv. comme Faern.
‘2-4, ldque----quomodo , en un vers. Tam —- i
wir, auffi en un vers. Ob pergim --- vitá wed , encore
en un vers, rre ; de même,
^3
-—
1°
925 HEAUTON- Acr. V.
Si rogitem jam, quid eff. quod peccem, aut. quam-.
obrem id faciam, nefcias.
In qud tb nunc tam confidenter reftas , ffulta?-
SOSTRAT A.
Ego nefcio?
CHREMES.
Find fcis , potis quàm quidem redeat ad integrum.
eadem oratio. '
SOSTR AT A.
Oh, iniquos es qui me tacere de re tantd po/tules..
CHREME S.
Non poflulo: jam loquere : nibile minus ego. bog
faciam tamen, — '
SOSTRAT A,
Facies? | |
CHREMES.
Verum.
SOSTRAT 4.
Non vides, quantum mali ex ed re ezcitest
Subditum fe fufpicatur. —
CHRE-
REMARQUES.
1l. SUBDITUM SE SUSPICATUR]. Clii-
gbon croira qu'il n'eff pas notre fils. Il y a dans le tex-
te, Clitiphon foupconne qu'il n'eft pas wuetre fils. Mais,
comme mon père l'a remarqué, c'eft une. faute très
confidérable, & que TYrence ne peut avoir faite; car
il eft merveilleux pour la conduite &. pour l'écono-
mie de fes Pièces; & c'eft particulièrement ce que
Jes Anciens ont vanté & admiré en lui. Il n'y a qu'un
moment que Syrus a donné à Clitipbon ce foupçon,
qu'il n'eft pas fils de Chrémés. Depuis que ce jeune-
homme l'a quité, il n'a pas eu le tems d'aller trou-
ver fa mère, & de lui communiquer ce foupçon,
S.IV. TIMORUMENOS. 7
mandois en quoi j'ai tort, ou par quelle raifon.
jen ufe de la forte, vous ne pouriez le dire.
Pourquoi donc, fote que vous êtes, vous opo-
Íéz-vous préfentement avec tant d'opiniátreté à
ce que je veux ?:
SOSTRATA.
Je ne pourois le dire? —— —
CHREMES.
Je me trompe, vous le pouriez; j'aime bien:
mieux le croire que de recommencer , & de vous.
entendre rebatre cent fois la méme chofe,
SOSTR AT A.
Oh, vous êtes injufte de demander que jeme
taife dans une chofe de cette importance.
CHREMES.
Je ne le demande pas, parlez; je n'en ferat
pourtant pas moins.
: SOSTRAT A.
Vous n'en ferez pas moins ?
CHR E M E S.
Non..
SOSTRA T A.
Vous ne voyez pas les dangereufes fuites que
cela peut caufer; Clitiphon croira qu'il n’eft pas
notre fils.
| CHRE-
| REMARQUES.
pour lui en demander l’éclaircifiement; car à mefure
qu'il fe retire, on voit paroitre Chrémées. & Soffrata,
qui continuent la difpute qu'ils avoient eue enfemble
à la mai(on. Cet endroit eft fort important, & quoi :
qu'il n'y ait qu'une lettre à changer, on ne laüffera '
> pas-
| N OT ES,
$. Facias pour faciam, fur deux des meilleurs MSS.
7. Redit , pour redeat , fans autorité,
$. O5, au v. précédent.
11. M. B. Ôte le fecond /uiditum , qui avoit paru
fupoíé à Eaern, :
K 4
.324 HEAUT O.N- Acr. V&
CHREMES.
Subditum ! ain’ tu?
SOSTRATA.
Cert? fic. erit,
CHREMES.
Confitere tuum non e[Je.
SO-STRAT A.
| Au, obfecro te, iffbuc inimicis fier.
Fgon'confitear meum non e[Je füiffm, qui fit meus"
CHREMES -
Quid? metuis-ne non, cám. velis, convinces e[Je
illum tuum ? rum
SOSTRAT A,
45 Quod'filia efl inventa ?
M vir.
CHRE:
pas de pouvoir juger par-Ià avec quelle exa@itude. fe
avec quelle aplication il faut lire les Ouvrages des An-
ciens. Il eft certain que Térence avoit écrit /u/picetur
& non pas /s/picater.; ce fufpicetur change la chofe
entièrement ; ce n'eft plus qu'une conje&ure , au-lieu
que c'étoit auparavant une affirmation. Sofrata apré.
hende que les rigueurs que Chrémés a pour Clitipbon ,
ne lui faffent foupçonner enfin qu'il n'eft pas leur
fils; & cette apréhenfion eft fort naturelle à une mè-
re , fur-tout dans ce tems-là où l'on trouvoit tous les
jonrs des enfans expofés. Mais fans aller chercher des
preuves plus loin, ce qui fuit dans ce méme vers,
Confirme entièrement cette corre&ion : car Sofirata
dit, certé. fic erit, mi vir; cela fera affurément , mon
mari. Sielle avoit dit fafpicatur, elle auroit conti:
nué par le préfent, fic eff ; & puifqu'elle a mis ici le
futur, c'eft une marque füre qu'elle n'a parlé que par
conje&ure. i
1$. QUOD FILIA EST INVENTA]? Ef-æ
parte que ma fille ed retrouvée , que vous me dites celat
Ce paflige m'a paru difficile; je ne fuis pas cas
s. IV. TIMORUMENOS ey
CHREMES.
Qu'il n'eft pas notre fils! Cela eft-il poffible?
SOSTRA T A.
Oni affurément, mon mari, cela fera,
CHREME 6S.
Eh bien, dites-lui qu'il a raifon.
SOSTRA T A.
Oh, je vous prie, pouvez-vous parler ainf®
que nos ennemis faffent une action fi déteftable,
je dirois à mon fils qu'il n'eft pas à moi? à mon
propre fils?
CHREME S.
Quoi ! craignez-vous de ne pouvoir, quand
vous voudrez, faire voir qu'il eft à vous
SOSTRA T A.
Eft-ce parce que ma fille eft retrouvée, que
wous me dites cela?
E CHRE-
REMARQUES.
de ce qu'on a dit pour l'expliquer. Je crois que Sa
Jirata veut dire que Chrémés prétend qu'il lui fera ai.
fé de faire voir. que Clitiphon eft fon fils, puifque fa
fillé eft retrouvée, parce que le frère reflemble à:]a
fœur. La fuite fait voir que ce!a eft fondé fur cette
reffemblance ; car Chrémés lui répond , won , mais
€'eft parce quil vous refJenble. En effet, la prémière
marque n'étoit pas fort füre; Antiphile avoit été ex-
pofée, on ne venoit que de la retrouver: par confé-
quent on pouroit toujours douter quc ce füt la véri-
table fille de Soffrata ; & ain(i cette raifon , que
Clitiphon xeífembloit à Antiphile , su-lieu d'être un
préjugé favorable pour lui, en devenoit un très defe»
Yantageux pour elle.
N O T E S..
12. M. B. retranche mi vir, fans autorité: il ôte
auffi sus non effe , & te, lifant noffris inimicis. Ta
n'eft point dans un MS. non plus quc dans un aut
fsam non effe , & tous porn nefiris, zi
; 5
226 HEAUTON- aAcr. V.
CHREMES.
Non, fed, quo magi credendum fiet,
| ef? confimilis moribus , |
vcilé convinces ex te natum: nam tui fimilis eff
probé :
Nam illi nibil vitii eff reliium, quin © fit idem
| tibi:
Tum praxerea talem, nifi tu, wulla pareret filium.
Sed ipfe egreditur: quam feverus! rem, cüm vie
deas , cenfeas.
es SRE Sar INT S I DIT I CNE CI
ACTUS QUINTUS.
SCENA V.
CLITIPHO.SOSTRATA.CHREMES
CLITIPHO.
ML umguam ullum fuit tempus, mater, càm efe
| ] voluptati tibi .
Fuerim, diffus filius tuus tud. voluhtate, obfecro,
Ejus ut memineris, atque inopis nunc. te miferes-
cat mei;
Quad peto, EP vole, parentes meos ut commonjTres
mibi.
SQ:
REMARQUES
20. QUAM SEVERUS! REM, CUM VIDEAS , CEN.
SEAS ]. Qu'il a l'air grave! à le voir on connoit ce qu'il
ef. Ona auff mal expliqué ce vers que s'il eût été
- fort difficile. Yrenze imite ici un vers de Plaute,
Cafina, AGe 111. Scène II.
^o Sed escum incedit at quom afpicias triflem, fragi cen fete
Car trifiis dans ce vers de Plaute eft Ta méme chofe
que eversa dans celui de ZYrewe, Ass & ie qaá
(5
Sc. V. TIMORUMENOS er
CHREMES.
Non, il y a une raifon bien plus convaincan-
te; c'eft qu'il.a toutes vos manières; il vous res-
femble parfaitement, vous n'aurez nulle peine
faire voir qu'il e(t à vous; il n'a pas le moindre
défaut que vous n'ayez tout comme lui. D'ail-
leurs il n'y a que vous au monde qui puiffiez a-
voir un fils comme celui-là. Mais le voila qui
fort. Qu'il a l'air grave! à le voir on connoit
ce qu'il eft. |
(505079 2or90050:50)90)5090) ftytotrooyemrem Se
ACTE CINQUIEM E.
SCENE V.
CLITIPHON . SOSTRATA. CHREMES.
CLITIPHON.
I jamais vous avez eu quelque joie & quelque
plaifir de m'entendre apeller votre fils, & de
me donner vous-même ce nom, je vous prie,
ma mère, de vous en fouvenit, & d'avoir pis
tié d'un miférable. Ce que je fouhaite, c'eft que
vous me faffiez connoître ceux de qui je tiens le
jour.
SO:
REMARQUES.
fort ; à voir fon air grave, on le prendroit pour sn bon-
néte bomme. Chm videas, cenfeas rem ita effe, nempe
eum effe feverum. C'eft ce que les Grecs difoient ,
$) xprpa idv Pains dx.
NO TE S.
15. Qui fd. idem ft tbi, fuivant tous les MS,
+ .
hors We E 6
228 HE AUTO N:'#Acr. V;
SOSTRAT A.
$ Obfecro, mi gnate, ne iflbuc in animum inducap
tuum ,
4dienum e(Te te.
CLITIP HO.
um.
SOSTRATA
Miferam me! boccine quefifti obfecro?
Jia mibi, atque buic fis Juperfles , ut ex me, at-
que ex boc natus es:
Et cave poflbac, fi me amas, umquam iflbuc ver.
bum ex te audiam.
"CHREMES.
}
t
Ego, fi me metuis, mores cave in te e[fe iftos fen»
tiam. X :
CLITIP HO.
CHREMES
Si fcire vis, ego dicam: gerro, inert, fraus,
belluo, . ]
Ganeo, damnefus. — Crede ; (9 noffrum te eff
credito.
SOSTRAT A,
Non funt jam bec parentis dila.
CHREMES.
| Non, fi ex capite fis mes
Natus ,
10 Quos?
REMARQUES.
12. NON SUNT JAM HEC PARENTIS DICTA k
Ce ne font pourtant pas [i les paroles d'un père, On a-.
voit fait dire cela à Chriphon. J'ai remis le perfonna.
ge de Soffrata ; car c'eft elle qui doit dire, ce ne fone
Partant pas, Oe. Cs paroles font ridicules & fades
dns la bouche de Chtiphon.
NON $1 EX CAPITE SI$ MEO NATUS » ITEM UT.
AIUN'X
$. V. TIMORUMENOS. esp.
SOSTRATA.
Ah! mon fils, je vous prie, nevous mettez pas
dans la tête que vous foyez à d'autres qu'à nous,
CLITIPHON.
Cela eft affurément.
SOSTRA T A.
Que je fuis malheureufe! avez-vous pu me fat:
re cette demande? Ainfr puiffiez-vous furvivre
à-votre pére.que voila & à moi ,.comtne vous é-
tes fils de l'un & de l'autre: donnez-vous bien
garde deformais que j'entende jamais cela de vo«
tre bouche, fi vous m'aimez.
CHREMES.
Et moi je vous dis, donnez-vous bien garde
que je m'apercoive jamais que vous ayez ces
mêmes inclinations, fi vous me craignez.
CLITIPHON.
Quelles inclinations ?
| CHREMES.
Je vais vous les dire, puifque vous le voulez
avoir; les inclinations d'un coquin, d'un fai-
néant, d'un fourbe, d'ün débauché, d'un pro-
digue. Croyez-moi, & ne doutez pas que vous
ne foyez notre fils. .
| SOSTRATA.
. Ce ne font pourtant pas là les paroles d'un
père.
CHREMES.
Non, Clitiphon , quand vous feriez forti de ma
tête,
| REMARQUE.
ATUNT MINERVAM ESSE Ex JOVE ]. Non, Clitipbew,
quand vous feriez forti de ma: téte, comme on dit ge
Minerve eft forti de celle de Jupiter. Voici un sue
, us.
NOTES . :
o, 12. M. B Óte jz: qui n'eft dans aucun MS. & fait
dire cela par Clitiphon. X la Rem. de Me. D. E
pn 1
15
250 HEAUTOHN- Acr. V.
Nuus, item ut aiunt Minervam e[Je ex Jove, e£
caufá magis.
Patiar, Clitipbo, flagitiis tuis me infamem fieri.
| SOSTRAT A.
Dii iflbec... . :
CHREME S.
Nefcio Deos: ego , quod potero, enitar feduld.
Queris id; quod babes, parentes: quod abeft , non
queris, patri
Quo modo obfequare , C9. ftrves quod labore invene-
rit. - ,
en mibi per fallacias adducere: ante oculos ? pudet
. Dice-
REMARQUES.
plus relevé que le ftile ordinaire de la Comédie ; mais
‘cela vient de la paffion, qui en échaufant l'efprit, lui
fait trouver des expreffions & des penfées plus nobles
ue celles que l'on a d'ordinaire quand on eft de fang
toid ; & c'eft pourquoi Horace dit dans l'Art Poérique,
Interdum tdmen Cv vocem Comadia rollit,
lratufque Chremes tumido delitigat ore.
La Comédie élève pueros quelquefois la voix, C^ Chré-
més en colère parle d'une manière empoulée.
14. D11, ISTHAÆC...]. Que les Dieux faffent.
Sofrata, comme une femme fort religieufe , a tou-
jours recours aux Dieux. Ici elle fouhatte qu'ils chan-
ent en b'en tout le defordre qui eft entre le père &
fe fils: Dii iflbac in melius vortant, ou probibeant :
mais Chrémés ne lui donne pas le tems d'achever.
NEzsciO DEOS] Ÿe MP uii ce qu'ils fe-
vent , les Dieux. "On avoit expliqué ce paffage d'une
manière qui faifoit grand tort à Térence ; car on avoit
au qu'il faifoit dire à Chrémés, je ne me /oucie peint
des Dieax. — Lambin , dans la belle Lettre qu’il écrivit
à Charles 1X. accufe Terence d'impiété; mais il s'eff
fort pu, & a trompé tous ceux qui l'ont fuivi.
Quand e Térence autoit été impie, il n’auroit eu
garde de mettre un mot fi odieux dans une Pièce que
C je:
$c. V.. TIMORUMENOS. sq
téte, comme on dit que Minerve eft fortie de
de celle de Jupiter, je ne fouffrirois pas pour
cela que vous me deshonoraffiez par vos infa»
ines débauches.
SOSTRAT A.
Que les Dieux faffent...
- . CHREME S.
Je ne fais point ce qu'ils feront, les Dieuxz
mais pour moi je ferai tout ce qui me fera poffi-
ble pour l'empécher. Vous cherchez ceque vous
avez,un pére & une mére; & vous ne cherchez
pas ce qui vous manque, le moyen de platre à
votre pére, & de conferver par votre bonne
conduite ce qu'il a ama(Té par fon travail. Ne
rougiflez-vous pas d'avoir eu l'infolence de me
i )J trom«
REMARQUES.
les M nd faifoient jouer. Deos mefcie ne fignifie
pas auffi, je ne me foucie point des Dieux ; mais feule.
ment, Je ne fais p ce que ls Dieux feront, & em.
voici un exemple bien fenfible dans la Scéne IV. de
IAGe II. de cette méme Pièce: Antiphile répond à
ce que Bacchis lui difoit des autres femmes:
Nefcie alias, me quidem femper fcio feciffe fedul
. Ut ex illius commodo meum compararem commodum,
Dans cet endroit se/cio alias ne fignifie pas je ne wi
Jucie pas des autres: Antiphik eft trop modefte pour
parler ainfi; mais il fignifie , je ne fais pas ce que font
des autres, Cc.
18. PUDET DICERE HAC PRASENTE VERBUM
TURPE]. J'ai honte de dire un vilain mot en préfence
de votre nière. Les Grecs & les Remains avoient un fi
grand refpe& pour leurs femmes, que pour rien du
monde ils n'auroient voulu dire en leur préfence um '
mot deshonnéte; la Religion & la Politique les obli-
geoient également à cette bienféance. ”
m | N Oo T E S. : | :
xs. Di iflec probibeant , Ótant enitar, après un, MS
hors prebibeant. .
A8. dts, pour wen, fans autorisé, .
*
#2 HEAUTON- Acn V. :
Dicere bac præfente verbum turpe: at te id nullo
modo
20 Fücere-puduit. —
: CLITIPHO.
Ebeu, quàm ego nunc totus difpliceo mibi !
Quam pudet! neque, quod principium incipiam ad
placandum , fcio. |
-
m"—"-"——————
ACTUS QUINTUS
MENEDEMUS. CHREMES. CLITIA
PHO.SOSTRATA.
| MENEDEMUS.
| E Nimuero Chremes nimi! graviter cruciat adiles-
d. centulum , A E
Nimifque inbumané. — Exeo ergo, ut pacem conci
liem: optumé : *
Jbfos video. :
à CHREMES.
| Ebem, Menedem?, cur non arceffi jube»
Filiam, (9 quid dotis dixi, firmas? |
R7 a SOSTRAT A.
Mi vir, te obfecro,
s Ne facias. |
. CLI-
| REMARQUES.
4. ET QUOD DOTIS DIXI, FIRMAS]? Et
we n acceptez-vons ce que j'ai promis powr fa dot? Cat :
fén que cela füt valable, il flo + cation du pè-
re du mari, Chrémés parle ici comme s’il vouloit don-
. ac;
-
$.. VL TIMORUMENOS. 34
tromper, & d'amener devant mes yeux & dans
ma maifon une... j'ai honte de dire un vilain
mot en préfence de votre mére; & vous n'en
avez eu aucune de faire une action infame.
CLITIPHO!?N.
Ah, que je me déplais à moi-même, que j'al
de confufion!je ne fais par où commencer pour
l'apaifer.
iid llg TT TT TIT. TT. 1327211277 ]7.)|
ACTE CINQUIEME.
SC ENE VI.
MENEDEME. CHREMES. CLITIPHON.
SOSTRAT A.
MENED E M E.
EN vérité Chrémès traite ce jeune garçon &
vec trop de rigueur & d'inhumanité. Je fors
aufli tout exprès pour faire fa paix. Te les vois
fort à propos.
CHREMES. ;
Ah, Ménédème d'où vient que-vous ne faites
pas aller. ma fille chez vous? & que n'arrétons-
nous donc ce que j'ai dit pour fa dot?
SOSTRATA.
Mon mari, ne le faites pas, je vous en conjüre.,
CLI-
REMARQUES.
Mgr tout fon bien; c'eft pourquoi Sofrate réponds.
,
si vir, te obfecro, ne facias. on mari, ne le faites:
PAS, je vous 4n conjnre,
(o eR d
|
2^4. HEAUTON- Acr. V,
CLITIP HO. .
Pater, obfecro ut mi ignejear.
MENEDEMU S.
Da veniam , Cbreme z-
Sine te exorent.
CHREMES.
Egon' mea bona ut dem Baccbidi dono fcis
Non faciam.
MENEDEMU S.
Ai nos id non finemus.
CLITIPHO.
| Si me vivom VIS, pater,
nojce. 2 ?
Rem .SOSTRAT A. |
Age, Cbremes mi.
MENEDEMUS.
Age quafo , ne tam ebfirma te, Chreme:
CHREMES.
Quid ifibuc? video non licere, ut cœperam, dud
pertendere ? :
MENEDEMUS.
io acis, ut te decet.
CHREME S.
: Eá lege boc adeo faciam ,' fi facit id;
Quod ego: bunc equom cenfeo.
CLITIPHO.
Pater , omnia utem: imperas
CHREMES. |
Uxorem ut ducas.
CLITIPHO,
Pater....
CHREMES.
Nibil audio.
ME-
N O T E S.
6. M. B. Ôte egon' , en faveur du vers.
7. M, B, retranche id. après trois MS6e.
Se. V. TIMORUMENOS. »2s
: CLITIPHON.
. Je vous prie, mon père, de me pardonner,
í MENEDEM E.
Pardonnez-luj, Chrémès, laiffez-vous fléchir
à fes prières.
CHREMES.
. Moi, que le fachant, le voyant, je donne
. mon bien à Bacchis? je n'en ferai rien,
MENEDIEM .-E.
Mais nous ne le fouffrirons pas.
CLITIPHON.
Mon père, fi vous voulez que je vive, pat.
donnez-moi. |
SOSTRATA
Faites-le, mon cher Chrémès.
MENEDEME.
Allons, ne vous obftinez pas fi fort,
| CHREMES.
Enfin vous le voulez; je vois bien qu'il ne
me fera pas permis d'achever ce que j'avoi$ -
commencé. .
MENEDEM E. .
Vous faites une chofe digne de vous.
CHREME S.
Je le ferai, à condition qu'il fera auffi cequè
je trouverai à propos. ;
- CLITIPHON.
Mon père, je ferai tout ce qu'il vous platra..
commandez. A
| CHREME6S.
Je veux que vous vous mariyez,
CLITIPHON.
Mon pere. ...
CHREM E S.
Je n'écoute rien. |
. . ME.
#6 HEAUTON- Acr. V
| MENEDEMU'S.
44d me recipie,
CHREMES ,
Nibil etiam audio ipfum.
CLITIP'HO.
Perii. .
SOSTR.AT A.
: An dubítas , Clitipbo ?
CHREMES
Jimi utrum vult?
| AMENEDEMUS
Faciet omnía.
SOSTRAT A.
Hec, dum incipias, gravia Jünt,
Duümque ignores:: ubi cognoris , facilia.
CLITIPHO:
Faciam, pater,
) SOSTR AT 4.
IVàte mi, ego pol tibi dabo puellam lepidam, quam
tu facild ames ,
Filiam Pbanocrate noftri.
| CLITIP HO:
Rufamne illam virginem,
Cafiam, fpuefo ere , adunco nafo ? non po[füm,
pater.
: CHR E-
Fuciet,
REMARQUES.
13: NIHIL ETIAM AUDIO IPSUM]. je
w'entends point encore qu'il me promette rien. On ne
fauroit douter que ce ne foit le véritable fens de ces
mots , il faut fousentendre mibi polliceri. On l'avoit
mal expliqué. . :
N *
I4. IMOÓO UTRUM VULT ]. Sans tant bargnigner ,.
qu'aime-t-il mieux? C'eft-à-dire , il n'a qu'à voir ce
quil aime mieux; ou fe marier, ou que je donne
fa fœur, i
tout à
| " 15: SPAR-
Sc. VL. TIMORUMENOS. 37
MENEDEM E.
" Je me charge de cela, moi, il le fera,
CHREMES.
. ]e n'entends point encore qu'il me promette
rien.
CLITIPHON.
Je fuis mort.
| SOSTRAT A.
E(t-ce que vous balancez, Clitiphon ? |
CH'REM E S.
Sans tant barguigner, qu'aime t-il mieux?
MENEDIEM E.
H'fera tout ce que vous voudrez.
SOSTR.A T A.
Cela vous paroît rude d'abord, parce que vous
ne favez ce que c'eft; mais fitót que vous le fau-
rez vous n'y aurez aucune peine.
CLITIPHON.
Je vous obéirai, mon pére.
OSTRAT A.
Mon fils, en vérité je te donnerai une jolie
filie que tu aimeras; c'eft la fille de notre voi.
fin Phanocratés. ME e
. CLITIPHON.
‘Quoi! cette rouffe qui a les yeux dela cou-
leur de ceux des chats, le vifage plein de rous-
feurs , le nez de perroquet ? jene le puis, E père.
à
ed
REMARQUES.
1$. SPARSOORE]. Le vifage plein de roujjeunt.
‘Sparfum os ne fignifie pas ane bouche fendue ja/2u' aux
oreilles, comme beaucoup de gens l'ont cru; mais un
vifage marqueté, plein de roufleurs, comme les An-
ciens Tont fort bien expliqué.
N Oo T E B. | » '
ke. Tibi dale illam. Iepidam , après un MS. Fees
238 H E A U T Ó N- ACT. Y.
CHREMES |
Eia ut elegans efl! credas animum ibi e[fe ?
SOSTRAT A.
CLITIPHO.
»o Quid {fibuc ? quandoquidem ducenda ef}, egomet
babco propemodum ;
Quam volo.
Aliam daba.
SOSTRAIT 4.
Nunc laudo te , gnate.
CLITI?P HO. |
Archonidis filiam.
SOSTRAT A.
CLITIPHO.
Pater, boc nunc reflat.
CHREMES.
Quid ?
CLITIPHO..
Syro igno/cas vola
6^ med ai^ i | ^ '
4 CHREMES.
Fiat. Vos valete , ES plaudite.
REMARQUES.
Perplacet.
19. EIA UT ELEGANS] ! Qu'il eft difficile Cv
délicat en beauté | comme Térence a dit ee > quàxs
elegars formarum fpeËtator firm,
. 21 ARCHONIDIS FILIAM]. C'ef la fille de
xetre voifin Archonidés. Mon père a rd qu'&
faut dire Archonidi bajus filiam , comme dans les bons
inanufcrits; bujus, c'eft-à-dire notre voifin , car c’eft
FINIS HEAUTONTIMORUMENU. n
Sc. VI. TIMORUMENOS. 239
CHREMES.
Voyez un peu qu'il eft délicat en beauté! au-
dts cru qu'il eût eu l'efprit tourné de ce có-
tél
SOSTRA T A.
Je t'en donnerai une autre.
CLITIPHON.
Ho bien, puifqu'il faut que je me marie, j'ai —
trouvé moi-même à peu près celle que je veux.
SOSTRAT A.
A préfent, mon fils, je fuis fort contente de toi.
| CLITIPHON.
C'eft la fille d'Archonidés.
SOSTRA T A.
Elle eft fort à mon gré.
CLITIPHON.
-Mon père, il ne refte plus qu'une chofe.'
- CHREMES.
Quoi ?
CLITIPHON.
Que vous pardonniez à Syrus tout ce qu'il a
fait pour l'amour de moi.
| CHREMES.
Voila qui eft conclu. Adieu, Meffieurs, ba:
tez des mains.
REMARQUES.
ainfi que parloient les Anciens. Archonidi pour Ar
chenidis , comtne Achilli pour Achillis, Perfi pous
Perfis.
NO T E, S.
20. Immd, pour quid if/buc? fur le même MS. Fuers.
“21. Atchonidi bujus filiam , dans le méme MS. Faers.,
FIN DE L'HEAUTONTIMQRUMENOS.
ju
PUBLII
TERENTII
ADELPHI.
UHOHHRHOOHHOHUOOHOOHRHRHRRR OG RH RR
LES
ADÉLPHES
TERENCE..
242
TITULUS
6EU |
DIDASCALIA.
a ACTA LUDIS FUNEBRIBUS, QUOS
FECERE** Q.FABIUS MAXIMUS,
P. CORNELIUS AFRICANUS ÆML
LII PAULI. EGERE L. ATTILIUS
PRÆNESTINUS, MINUTIUS PRO.
THYMUS. MODOS FECIT FLAC
CUS CLAUDIL *,*,*,* c E
* Vulg. ©. Fabio Maxime, P. Cornelio Africam
Ædil. Cural. Voyez la Remarque fur ce paffage.
REMARQUES.
a ACTA LUDIS FUNEBRIBUS L. JEMILII PAULI.
Toute posr les jeux funèbres de L. ‘Emilius Paalus.
C'eft L. Emilius Paulus qui fut apellé Macédonicus,
parce qu'il avoit vaincu Per/ée, Roi de Macédoine.
Il mourut l'an de Rome $93. cent cinquantéhuit ans
avant la naiffance tle notre Seigneur; & il mourut fi
pauvre , qu'il fallut vendre fon bien pour payer la dot
de fa femme. ;
. b Q. FABIO MAXIMO, P. CORNELIO AFRICANO
JEDIL]. Sew: les Ediles Q. Fabius Maximus, © P.
Cornélius Africanus. Ce titre eft corrompu, comme
Scaliger & beaucoup d'autres l'ont remarqué; car ce
fi'étoit pas les Ediles qui avoient foin des jeux funè-
bres, mais les enfans ou les parens du mort. D'ail-
leurs il eft certain que P. Cornélius Scipio Africanns,
fils de Paulus Emilius, ne fut jamais Edile, puifque
la méme année qu'il demanda l'Edilité, il fut fait
‘Conful avant l’âge. Aarélius Vitfor, dans le petit Traité
qu'il a fait des Hommes Illuftres : Cà» Ædiliratem pe-
seret , Conful ante annos ultro fatus. Et cela n'arriva
que douze ans après la mort du père, & la repréfen-
#tion de cette Pièces ce Scipes n'ayant alors que
E f irentóe
,
*--.
| ME 24
LE TITRE :
OU LA |
DIDASCALIE
CETTE PIECE FUT JOUE'E POUR LES
JEUX FUNEBRES DE L. EMILIUS PAU-
, LUS, SOUS LES EDILES CURULES @
FABIUS MAXIMUS, ET P. CORNELIUS
AFRICANUS, PAR LA TROUPE DE I.
ATTILIUS DE PRENESTE, ET DE MI-
NUTIUS PROTHYMUS. FLACCUS AF-
FRANCHI DE CLAUDIUS FIT LA MU-
SIQUE. ONLA JOUA AVEC LES FLU-
TES TYRIENES. ELLE EST PRISE DU
. GREG
| REMARQUES.
rente-fix ans qui étoient l’âge légitime pour HE
té. Muret a corrigé ce titre fur un ancien manufcri
qu'il avoit vu à P'enife. Ha Ludis furebribus L. 4.
silii Paeli, ques fecere Q. Fabius Maximus, Cv P.
Cornelius Africanus. Elle fut repréfentée aux jeux fu-
wéèbres de L. Emilius Paulus, qui furent faits per Q.
" Fabius Maximus, © Pub. Cornelius Scipio Africanus,
C'étoit les deux enfans de Paulus Emilius. Le pré-
mier fut apellé Q. Fabius Maximus, parce qu'il avoit
‘été adopté par Q. Fabius Maximus, & l’autre fut apel-
lé P. Cornélius Scipio, parce qu'il avoit été adopté
par le fils du prémier Scipien l'Afriquain. Cette cor-
xe&ion eft très certaine. Car il eft faux d'ailleurs que
"©. Fabius Maximus & P. Cornelius Africanus fuffent
alors Ediles. Les Ediles de cette année étoient Q.
Fulvius Nobilior & L. Marcius.
c TIBIIS SARRANIS]. Avec les flutes Tyrien-
mes. Tyr étoit apellé anciennement Sor par les PA4-
wiciens. Les Carthaginois, qui étoient une Colonie de
ges Peuples, difoient Sar pour Ser. De Sar on a dit
Sarra. Serráuw cf donc Tyrífg;, de Tyr ; comme
La das
244 TITULUS SEU DIDASCALIA.
SARRANIS. FECIT E GRÆCA ME.
NANDRU. 4 L. ANICIO, M. COR
NELIO COSS.
PER-
REMARQUES. ^"
dans Pirgile, Sarrano Wormiat offro , q€ il dorm» far [a
pourpre de Tyr. Sarrannis Tibiis, c'eft-à-dire avec
fiutes égales parles Mais voici une très grande diffi-
'culté. Ces flutes Tyriennes avoient le fon aigu; c'é-
toient celles qu'on employoit toujours dans les occa-
fions de joie; comment donc eft-il poffible que les
enfans de Passus Emilies ayent employé une-mufique
enjouée à la repréfentation d'une Pièce qu'ils faifoient
jouer aux funérailles de leur père ? cela ne peut être.
Ce titre n’eft pas feulement corrompu, il a été tron-
qué, comme il eft aifé de le faire voir. Il faut lire,
ACTA PRIMUM TIBIIS LTDIIS, DEINDE TT
JBIIGS SARRANIS. Elle fut jouée avec des fiutes Ly-
diennes, © enfuite avec les fintes de Tyr. Avec Les fin-
tes Lydiennes, c'eft-à-dire, avec les deux flutes droites
qui azoignt le fon grave, & que l'on employoit par
éonféquent dans les occafions de deuil. Après la pré.
mière repréfentation on la joua avec les flutes gau-
ches, parce que ce fut fans doute dans des cou
moins triftes que celle-ci. .Et afin que l'on ne m'ac-
cufe pas de faire cette corre&ion fans quelque fonde-
ment, voici ce que Dezat en écrit dans la préface de
cette Pièce. Medulata efl autem tibiis dextris, id ef
Lydiis, ob feriam gravitatem , Cc. fepe tamen mutatis
er fcenam modis, cantica sestavit , quod fignificat titu»
Jus Scene babens fukjettas perfonis literas M. M. C. EL
Je fut jouée d'abord avec les flutes droites, c’eft-à-dire
Lydiennes , à caufe de la gravité du fujet. Térence y
changea pourtant enfuite la mufigue, comme noms l'apre-
mens par le titre, au bas duquel, après les perfonnages,
pr, voit ees trois lettres, M. M. C. c'eft-à-dire,
modis
6250
LE TITRE OU LA DIDASCALIE. 24?
GRECDEMENANDRAE. ELLE FUT RE-
PRESENTEE POURLA PREMIERE FO1*
SOUS LE CONSULAT DE L. ANICIUS,
ET DE M. CORNELIUS.
PER-
REMARQUES..
modis eantici, Ces trois lettres que Denat avoit vues
dans les titres de foi tems, ne font pas dans celui-ci ÿ
ce-qui prouve encore que le titre n'eft pas entier. —
* dL. ANICIO, M. CORNELIO Coss.]. Ses£
le Confulat de L. Anicius Cv de M. Cornélius. C'eít
fous le Cenfulat de L. nicis &- de AM Cornélins
Céthégui, lam de Réme 593. avant la naiffance ds
N. S. 15$.
Au refte Dena? nous a confervé une tradition qui
m'eft fort RUpeRe ; voici ce qu'il écrit dans l’argu-
ment: Hanc dicunt ex Terentianis fecundé loco atiam.
etiam twm radi nomine Poète, itaque fic pronunciatam y
Kdeélphoi Terenti, zo» Terenti Adelphoi , 4532 #dbuc
magis de fabule nomine Poëta, quam de Poëte romine
fabala commendabatur. On dit que cetté Pièce des Adel«
phos fut la. feconde Pidce de Térence qui fut jouée, le
nom du Peste étant entore fért inconnu; c'efl pourquoi ex
la pulis Adelphoi Terentii, Je nom du Poëte aprés le
nom de la Pièce, Cv non pas Terentii Adelphoi, Je nons
de la Pièce aprés le nom du Poète, parte que le Poëtà
tiroit encere plus de recommandation de la Pièce, que
la Pièce n'en tiroit do nom du: Poëte. On peut voit mà
Kemarque fur le titre de l'Es»sque. Cette tradition
eft infoutenable, car il eft certain que cette Pièce des
"deipbes fut la dern'ère Pièce de Térence, qui la done
na l'année qui précéda fa mort, & alors fa réputation:
étoit à fon plus haut période. Comment donc n'au-
roit-on^pas fait à ce Poète pour cette Pièce l'honneur
’on lui avoit déja fait pour l'Esnsqse, qui fut publié
7 renti Eunutb«s, le‘ nom du Poète avant celui de là
Pièce, comme Denat nous l'à apr's' lui-même dans
l'argument ?
Ed Bs
P [ ») *. 3^
| 246
SUSUENSUENSOHTNSMSSU USUS.
. PERS ONE DISAIS.
PROLOGUS.
MICIO, fenex, pater adoptivus Efcbini.
DEME A, fenex, frater Micionis , peter dia |
ni € Crefipbonis. ii
ÆSCHINUS; adolefcens,. fius Demee , ,
. deptione, Micionis. —
CTESIP HO, frater JEftbini,
SOSTRAT A, mater Pamplila,
PAMPHLL À, filia Sofirate , amica Æfebint;
CANTH AR A, nutrix Pampbile.
HEGIO, fenex , propinquus Panmpbile;
GE T 4, fervus Sofirata. |
SANNIO, leno. .
DROMO, fervus Micionis. — ^ — |
STRUS, fervus. JEfcbini. à LE
PERSONAE MUTJE
-
TYBICIN 4.
Scena eff. Aibenis.
PRO:
Zom.2.Pus.
A
es
] 247
PERSONNAGES
DE LA PIECE
LE PROLOGUE.
MICION, père adoptif d'Efchinus.
.DEMEA, frère de Micion, & père de Ctéff.
phon. & d'Efchinus.
ESCHINUS, fils de Déméa, & adopté par
Micion.
,CTESIPHON, frère d'E(chinus.
SOSTRATA, mère de Pamphila.
.PAMPHILA, fille de Softrata, & mattreífe-
d'Efchinus.
CANTHARA, nourice de Pamphila.
HEGION, parent de Pamphila.
GET.A,. valet de Softrata.
SANNION, marchand d'Efclaves,
DROMON, valet de Micion.
SYRUS, valet d'Efchinus.
PERSONNAGES MUETS!
Une joueufe d'intrumens, dont pee eft
amoureux
PARMEN ON, valet.
La Scène eft à Athèner.
L4 " FRO:
lo
p45 r
PROLOGUS.
P O'lquam Polta fenfit [cripturam. fuare
Ab iniquis obfervari , C9 adver/aríos:
Rapere in pejorem partem, quam auri Jumuss.
Indicio de fe ipfe erit: tes eritis judices ,
Laudine an-vitio duci fadum id oporteats
Synapotbnefcontes Dipbili Crmadia eff :
Eum commorientes Plautus fecit fabulam.
In Grecá adolefcens ef}, qui Jenoni eripit
Meretricem , in prim4 fabuld. Eum Plautus locum
Reliquit integrum : eum bic locum fumfit fibi —
In Adelphos: verbum de verbo expre[fJum extulit
Eam nos ay&uri fumus novam, — Pernofcite,
Furtunine fau exiflymetis , an locum.
| | E: Re-
: RE M AK QU. E S.
.COMMORIENTES]. Mowrans enfemble. C'eit
Pexplication da titre .Grec Synapotbneftontes. Parres
foutenoit dans un de fes Ouvrages, que cette Comé-
die des Mourans enfem^le n'étoit 54r de Plaute; mais
iLfaut, ou qu'il parlât de quelque autre Pièce qui avoit
je même titre, ou que de fon tem; les fentimens
fuffent partagés fur ce fujet , que les uns la donnas-
4ent.à Pigute, & les autres à. Aquilius. Mais Térence
eft plus croyable. Cette Pièce de Píasta eft: perdue.
9. IN PRIMA FABULA]. Qui dés le commence-
ment de la Pièce. llfaut remarquer cette façon de
parler, primá in fabslà, dans la prémière nis
pour in pria parte fabula , dans le corgmencement de
Comédie. Cela eft ordinaire dans cette langue.
In ADELPHOS]. Les Adelphes. C'eft un mot
Grec qui fignifie Jes Frères. Donat remarque qu'on.
«voit Adelphee, & non pas Adelphi ; comme les.
4
ADELPHI. Zom.2./as.
WA
SIE
\®
a UR
42"
sv
--
«
219"
PROLOGUE
N Otre Poète s'étant aperçu que fes ennemis
obfervent fes ouvrages pour les critiquer’,
& qu'ils tâchent de décrier la Pièce que nousal-
lons jouer devant vous, s'eft cru obligé, Mes-
fieurs , de vous rendre ici compte de fa condui.
te: vous jugerez fi cequ'on lui reproche eft di-
gne de louange, ou de blâme.- z
Diphilus a fait une Comédie Gréque qui a pour
titre, les Mourans en[*mble. Plaute l'a traduite :
en Latin; & luba laifféle méme nom traduit en
fa langue. Daris cellé de Diphilus, il y a un jeu.
ne-homme qui dès le commencement de la Pió-
ce, enlève une fille à un marchand d’efclaves,
Plaute a laifIé cet endroit-là tout entier fans le
IBettre en œuvre, & Térence l'a traduit mot à
mot, & l'a mis dans fa Comédie des Adelphes,
qui eft une Piéce toute nouvelle que nous allons
repréfenter. Voyez, je vous ptie, fi c'eftun vol,
ou
REMARQUES.
Latins difoient ojoe-pour 34i , Clerumenoe pour Clers-
menvi.
13. FURTUMNE FACTUM EXISTUMETIS, AN LO»
CUM REPREHENSUM]. Voyez, je vous prie, fs e'eft
un vol, ou fi ce n'efl pas plutôt um ufage bonnéte, Cc.
Rien n'eft plus glorieux aux Poètes Grecs, que de voir
dans.ces prémiers teurs les Rowaixs fi amoureux de
leurs Ouvrages , qu'ils ne travailloient qu'à les. traduie
re, & qu'ils ne tiroient-rien de leur propre fonds. Og -
eut auffi affurer que ce fut ce qui enrichit la langue
Latine, & ans ce grand goût qui régna depuis,
Donat dit de Térence qu’il auroit cru mwériter moins de
louanges en faifant des Pièces nouvelles, qu'en traduifant —
Les Pièces Gréques. Minus exifimans [andis proprias
Jéribere , quàm Gracas transferre. 11 feroit à defirer que
Jes Poètes d'aujourdhui penfaffent comme Térence, &
quis voulaffent cofame i profitez des excellens Ori-
* A 5
ginada :
15
20
250 PROLOGUS
Reprebenfum, qui prateritus neglegentid eft;
Nam quod ifti dicunt malevoli , bomines nobile.
Eum adjutare, affiduëque uné fcribere,
Quod illi malediium vebemens effe exiffumant ,
Eam laudem bic ducit maxumam ,quum illis plactt.
Qui vobis univerfis , € populo placent ;
Quorum opera in bello, in otio, in negotie,.
Suo quifque tempore ufu! eft fine fuperbid.
Debinc ne exfpelletis argumentum fabule z.
E 2 See
REMARQUES.
vt aut qui nous reftent encore. Les Ppètes Latins ne
traduifoient (as feulement les Comédies Gréques ,
“mais ils tranfportoient de l'une à l'autre ce qui les.
accommodoit ;. comme Térénce fait ici; car il trans.
rte dans cette Pièce, qu'il traduit de Ménændre, un
endroit entier de la Pièce de Diphilus, dont Plante.
me s'étoit pas fervi dans la’ tradu&ion qu'il en avoit
donnée. ,
- 14 QUI PRÆTERITUS NEGLEGENTTA EST]. Qui
‘avoit été laiff par la négligence de Plante. Térenee
n'a garde d'accufer ici Pleure d'être négligent; négli-
ence eft mis en bonne part comme dans le Prologue
4 lAndriène ; & il fignifie proprement, quand on né-
glige quelque chofe dont on n'a pas befoin.
. 15. HOMINES NOBILES]. Des prémiers de la
République. Le jeune Scipien , le jeune Lélius, & Fu
yius Publius , non feulement des prémiers, inais des
lus honnétes gens de la République. Il en a été as-
ez parlé dans la Vie de Térence. |
1$. EAM LAUDEM HIC DUCIT MAXUMAM]. 1i
dreuve quen ne Jauroit ini donner une plus grande Iyun-
CAE c E | £^
PROLOGUE. AR +
ou fi e n'eft pas plutôt un ufage honnéte qu'il
a fait d'un endroit dont Plaute avoit négligé de
‘fe fervir, & dont notre Poéte a voulu profiter,
Pour ce quedifent ces envieux , que des prémiers
de la République lui aident à faire fes Pièces,
& travaillent tous les jours aveclui, bien loin d'en
étre offenfé, comme ils fe l'imaginent, il.trou-
ve qu'on ne hui fauroit donner une plus gran-
de louange, puifque c'eftune marque qu'il æ&
l'honneur de plaire à des perfonnes qui vous
plaifent à vous, Meffieurs, & à tout le Péuple
Romain, & qui en paix, en guerre, & entou-
tes fortes d'affaires, ont rendu à la République
en général, & à chacun en particulier, des fervi-
ces confidérables, fans en étre pour cela plus
fiers ni plus orgueilleux. Au refte n'attendez pas
que je dife ici le fujet de cette Pièce; les deux
vieillards qui paroltront les prémiers fur là fcè-
"M ne.
. REMARQUES.
ge. Térener ne fe défend pas du reproche qu'on lut
faifoit que ces grands-hommes |ui aidoient à faire fes
Cômédies ; ce reproche lui faifoit trop d'honneur.
Pour moi je fuis perfuadée que la modeftie de Térencæ
en cette occafion, ne vient ni de fon honnéteté, ni
. dé l'envie qu'il avoit de faire plaifir à fes amis & à
. fesbienfaiteursy mais de la force de Ia vérité. Ily a
beaucoup d':parence que des gens auffi pois que Sci«
fon & Lélius avoient beaucoup de part à ces Piecesg
car comment un Carthaginois auroit-il pu en fi peu de
tems atraper toutes les beautés & toutes les graces .
d'une langue auffi difficile que la langue Latine
19, VOBIS UNIVERSIS, XT POPULO]. Er
à-voss, Mefieurs, Cv à tout le. peuple." A vous, cela
s'adreffe aux fpectireurs, à tous ceux qui étoient au
Théâtre : © à tout le peuple , c'eft à ceux qui n'étoient .
pas préfens. | j
20. IN BELLO , IN OTIO , IN NEGOTIO]. En
paix, en guerre, © en tentes fortes d'affaires. On veut
que en paix, in etio, regarde Furius Publias, qui étoit
d Politique ; en guerre, in belle, regarde Scipion,
gand Politique ; L ó ; ape
52 | PROBhOGUS
Senes qui primi venient, bi partem aperient; -
In agendo partem offendent. Facite , equanisaitad
25 Veftra Pocta ad fcribendum augeat indufiriam.
REMARQUES.
| i.:étoit grand Capitaine; & enfin que ds seures .
rtes. d'affaires, in negotio, regarde Léliss , qui étoit
un des plus fages hommes de la République, & dy.
meilleur confeil, . dn
NO.-
.PUBLII
PROLOGU_E. qe
ne. vous en feront connoltre une partie, vous
aprendrez le refte dans la fuite. Faites, s'il:
vous plait, Meffieurs, que la dífpofition que -
notre Poéte peut avoir à'faire des: Cómédies, .
_ foit augmentée & fortifiée auiourdhut pv la fa»
vorable attention que vous donnerez à celle-cL.
NOTES -
_ 29. M: B. Óte vera, après Donat ; mais ít fogps
&enne qu'aprés4qaanimitasles Copi&es pourojent bles
avoir oublié ce vers, qu'il a fait: PONT
Bonitasque vrfire edjutrix noftra fus frite
*
Ur — LH
£54
PUBLIT TERENTIT
ADELPHI
dewoweciokokokokolotoratotaloolelolololelororokolalolofotololololol
ACTUS PRIMUS.
"SCENA IL
| M'ICIO.
Torax .... non rediit bac noîe à cond /Efcbinus;
- ANeque Jervulerum quifquam, qui adverfum ierant, .
T" Pro-
REMARQUES.
Mic10]. Mure: & borucoup d’autres ont toujours :
écrit le nom de ce perfonnage par un +; Mitio, Mi-
tion, & ils ont cru qu'il ávoit été formé du mot La.
tin wmitis, deux , affable; mais ils fe font trompés.
Térence auroit fait une faute trop grofière, fi dans.
une Pièce Gréque ( car la fcène eft : Athènes) il a-
voit mis un nom tiré d'un mot Latin. Micio eft un
nom purement Grec, MIKION, comme on le voit:
dans Diedere , Plutarque , Lucien;-& il vient de nixxdç
petit; & delà on cro't auffi des noms de femme ,.
comme Micca. Plutarque dans le Traité de la Vertu
des Femmes. Dans Ari/fonbane il y a une Mica, la
première fillabe longues pce que c'eft pour Micca.
4. S$YORAX... NON AEDIIT HAC NOCTE A ux
; NE
ADELPHI.ACI, SC.I. Zom.à.
D : 444.
RE we — wp ib -
par
LR
€M f&L
I RCE RL
D -Ha 0
Re
— NS TS
————À M.
d
*
255
LES ADELPHES
‘ DE TERENCE.
CPE PTE TT I SLT Di D III |
: ACTE PREMIER.
SC EN E L
MICION.
S Forax. .. Efchinus n'eft pas revenu cette nuit
. du lieu où il foupa hier, ni aucun des va-
| lets
REMARQUE S. |
WA ÆSCHINUS ].. Sterax.... Efchinus n’eft pas revens
cette nuit. On a fait à ce prémier vers une faute con- :
' fidérakle en le traduifant, comme fi c'étoit une de.
' minde qué Micionfit à Sterax de cette manière, Sre-
fax, Efchinus eft-il revenu cette nuit? Mais ce n'eft
as une interrogation. — Micien fortant de fon logis à
'la pointe du jour, apelle Srerax, un des valets qui
étoient allés le foir chercher E/cbinsss & voy^nt qu'il
ne répondoit point, il juge par là que perfonne n'eft
encore revenu, ni le m ître, ni les valets; c'eft pour-
quoi il dit en.lui-même , non rediit, &vc.. Efchinss w'efe
as revente, C'c. "Cela eft important pour le Théâtre.
Donát. ne s'y étoit-pas tiompé. " ^5. dM:
- 4. QUI ADVORSUMIERANT]. Qui ejférent
! | s
256 ADELPHIL Acrl
Profe& boc verd dicunt : . fi abfis ufpiam ,
Ait ubi fi celles, evenire ea fatiu? eff ,
s. Que in te uxor dicit, EŸ que. in animo cogitat:
. draia, quàm illa, que parentes propitii.
' Uxor, fice[fes, aut t&umare cogitat, —
"Aut tete amari, aut. potare, atque animo ebfequi , .
Et tibi hene effe foli, cim fibi fit male.
Jo. É&o, quia non rediit filius, que cogito?
Et quibu’ nunc [olicitor rebus? ne aut ille" alferst 5 -
' Aut ufpiam ceciderit, aut perfregerit s
"liquid. Vab, quemquamne bominem in animum
inffueré, ant ^ — — | E
Parare , quod fit carius , quàm ipfe ef fibi
Js. tque ex rs natus non eff , fed ex fratre: à
*5:Diffimili fTudio eff. Fam inde ab adolecentid
Ego banc clementem vitam urbagam: atque7 otium
Secutus Jum: ES quod fortunatum ifi putant ,
Uxorem
REMARQUES. :
vmslevant de‘lui. C'eft le propre terme, adoerfws iro;
. & les valets qui alloient au devant de leurs maitres,
étoient apellés adverfitores. —
13. QUEMQUAMNE HOMINEM IN ANIMUM IN.»
STITUERE AUT PARARE ]. De placer dans fon cœur,
eu de prendre dans [a maifén. Cette disjonQive «st
marque affürément que Térence dit ici deux chofe$;
Se animum inflituere, placer dans fon cœur; parare,
“prendre dans fa maifon: c'eft un mot de commerce, .
qui convient fort bien à l'adoption. ]
17. EGO HANC CLEMENTEM VITAM URBANAM 7.
F'ai vécu à la ville d'une manière douce © tranquilec
Cette façon de parler me paroit remarquable , via
clemens, une vie clémente', pour ce que nous difons
_mne vie douce & tranquile. Plante s'eft fervi de-mèê-
mo du mot clementer dans le Srichus IV. 1.
Hedicu exemcrouns navem, {raser ? LA, clum go
^ Dé -
Sc.L LES. ADELPHES. sy
lets qui allérent au devant de lui. En vérité
rien n'eft plus vrai que ce qu'on dit d'ordinaire:
fi vous étes abfent, & fi vous vous arrétez trop
longtems quelque part, il vaut mieux qu'il vous
arrive ce que votre femme en colére dit de vous,
que ce que penfent des parens qui vous aiment
avec tendrefle. Si vous tardez trop à revenir,
votre femme s'imagine que vous faites l'amour,
ou que vous étes quelque part à boire & à vous
divertir; & que vous vous donnez du bon tems
pendant qu'elle n'a que de la peine. Mais moi,
fur ce que mon fils n'eft pas encore revenu, quel-
. les peníées n'ai-je point? & de quelles inquiétu-
des ne füis-je point agité?' Je crains toujours
qu'il n'aiteu froid, . qu'il ne foit tombé en quel
que lieu, ou qu'il ne fe foit rompu quelque bras
ou quelque jambe, Ab! eft-il poffible qu'un home
me ait la folie de placer dans fon cœur, ou de
prendre chez foi quelqu'un qui lui foitplus cher
que lui-même! Ce garçon qui me donne aujourde.
hui tant de chagrin, n’eft pas mon fils, il eft à:
mon frère; & ce frère dés fon enfance a tou-
jours été d’une. humeur entièrement opofée à là
, mictw
REMARQUES.
“Déchargeons-nèus aujourdhui. le voiftan , men frère?
PA. Doucement fe vous prie.
18. ET QUOD FORTUNATUM I$TI PUTANT, UXO*
REM NUMQUAM HABUI]. Et j'ai pris le parti des
ens de monde, qui aiment le resos, Cv qui fent confiffer
e bonbeur à ne Je point marier. Je n'ai jamais eu de
femme. Ce paffige paroit équivoque dans le texte;
mais je ne laiffe pas d’être perfuadée qu’on s'eft trom-
quand on a traduit, &'au-lies qu'ils efliment que le
mariage foit un grand bonbeur , je ne me fuis jamais ma-
rié. C'eft aflurément tout le contraire ; car c'eftà n'étre
point marié que les gens dont parle Micion, font con.
fifter le fouverain bien, & il n’eft pas difficile de le faire
voir. JMicien fait ici le portrait d'une vie douce X
tianquile , floignée de toutes. fortes d'affaires 0
-
20
25
-de Micion, & c'eft ce mot que
258 ADELFIHI .Acr.L
Uxorem numquam babui. Ille contra, bec omnia ; :
Ruri agere vitam, femper parcè ac duriter: -
Se babere: uxorem duxit: nati filii
Duo; inde ego bunc majorem adoptavi mibi: -
Eduxi á parvulo, babui, amavi pro meo:
Th eo me obleEó: folum id eff carum mibi +:
Ille ut item contra me babeat, facio fedulà.
Do, pretermitto, non nece[Je babeo omnia:
Pro meo jure agere: pofiremd, alii clanculum-
Patres qua faciunt que fert alolefcentia,
7 " " Es
REMARQUES.
ehagrins : il n’eft donc pas poffible qu'il finiffe ce por.-
trait par une chofe qui eft très fouvent contraire gu-
bonheur de la vie. De plus il faut que l'opofitión
foit pleine & entière entre la vie douce que menoit
Micion, & la vie dure & pénible de Déméa. Cette
opofition n'y fera plus,fi Micien a dans fa vie un en-
droit par lequel on le puiffe juger malheureux. D'ail.
Jeurs le mot i7; mentre affez quel étoit Je fentiment
l'on n'a pas affez conti-
déré; car ila un raport manifefte avec srbenam vi-
fam t ifli, c'eít-à-dire fi urbani, ces gens de ville, .
.ces gens qui comme moi vivent à la ville. En effet
les gens du monde font moins portés au mariage, que
les gens qui vivent feuls à la campagne; & l’on doit
même avouer que les femmes font plus néceffaires à -
ces derniers qu'aux.autres , qui peuvent facilement
s'en paffer, à caufe de la fociété qu'ils peuvent avoir
dins les villes. ZVrence nous aprend ailleurs ce qu'il
penfoit du mariage, quand il fait dire par niri .
So. L LES ADELPHES. 959.
mienne. Toute ma vie j'ai vécu à la ville d'une
manière douce &.tranquile; & j'ai pris le parti:
des gens du monde, qui aiment le repos, & qui
font con(ifter le bonheur à ne fe point marier;
je n'ai jámais eu de femme. Lui au contraire a
toujours vécu à la campagne, épargnant & tra-
vaillant inceffamment;il s’eft marié, & il a eu
deux enfans;. j'ai adopté l'ainé, que j'ai élevé-
dés fa plus tendre jeuneffe : je l'ai regardé & ai-
mé comme mon propre fils; il fait feul toute ma
joie; rien ne m'e(t cher comme !lui, & je fais
tout ce que je puis pour l'obliger à me rendre la
pareille. Je lui donne dequoi fe divertir, je pas-
fe fur mille chofes, & je ne crois pas qu'il foit-
néceflaire de me fervir de toute mon autorité:
enfin je l'ai accoutumé à me faire confidence
de toutes ces petites chofes que la jeunefTe in«
fpire, & que les enfans ont grand foin de ca-
cher à leurs péres; car celui qui eft accoutumé -
à mentir, & qui ofe tromper fon pére, entre-
prendra bien aifément de tromper les e e
|| REMARQUES.
A&e V. Scène II. Dwxi uxorem, quam ibi miferiam
vidi! Je me fuis marié, quelle mifêre n'ai-Je point vuel :
Denat-a été de ce fentíment, mais ce qu'il ajoute, ,
que Térence s'adreffe là aux Romaiws, qui naturelle-
ment n'étoient p trop portés au mariage, eft infou-
tenable. Il n’eft pas queftion des Remains dins une
Pièce toute Grèque. Ménandre peníoit-il auffi aux Re- .
mains quand il écrivit? Q' puexépioy pagus yuraix” à
Aa. Et en quei je fuis trop bewreux, je n'ai
Jamais eu de femme. Et ailleurs, 8516 eytvopas Ds
psu (m adio, E’répar Vapadren , MT, imite
AE Ve yauer. Celui qui veut. vivre beureux , doit-
Jeiffer marier les autres, © ne fe marier jamais. Denat.-
devoit fe fouvenir que les Arhéniens, n’étoient pas
pus pour le mariage que les Romains. Cela fuffit pout:
taire voir (i Mr. Gsyet a été bien fondé de vouloit
€otriger Cv qaed. infertanazum i/Hi putant
30
35
40
45
&
#60 ADELPHIE Acr.E
Eu ne me celet, confueféci filium:
IVam qui mentiri ant fallere infueverit
Patrem , tant magis is audebit ceteres.
Pudore , €? liberalite liberes
Retinere , fatius e[fe credo, quàm. meta.
Hec fratri mecum non conveniunt , neque placent:
Venit ad me fepe clamitans: , quid agis, Micio?
Gur perdis adolefcentem nobis? cur amat?
Cür potat ?* cur tu bis rebus fümptüs fuggeris?:
Fe[Htu nimium indulges : nimium ineptus es.
Nimium ipfe ef durus , preter aquemque ,. ES
| bonum , |
Et errat longé, med quidem feutentid, .
Qüi imperium credat gravius effe aut f&abilius ,
Vi quod fit, quàm illud , quod amicitid adjungitur: .
Ma fic efl ratio, C9 fic animum induce meum
Malo.codftus qui fuum officium fácit,
Dam id refcitum iri credit, tantifper cavet:
Si fperat fore: clam, rurfum ad ingenium redit,
Onem beneficio adjüngas; illé ex animo facit: :
Sthdet par referre : prefens abfen[que idem erit?
Hoc patrium eff, potius confuefdcere filium.
| | so Sud
REMARQUES.
48. PRURSENS ABSENSQUE IDEM ERIT]. Préfent
Su»abfent , il fera toujours le méme. Préfent ou abfentw,
cen’eft pas pour parler d'un changement de lieu; car
en. eftpar-tout le méme, les.lieux ne.changent pss
; es
*
$c.T LES ADELPHES. o4
fuis perfuadé qu'il eft beaucoup mieux de rete-
nir les enfans.par l'honneur & par la pudeur
que par la crainte; mon frére & moi ne fom-
mes pas fur cela de méme fentiment; cette .é-
ducation lui déplait. Il vient fouvent chez nous
crier & me dire: Que voulez-vous donc faire?
pourquoi nous perdez-vous notre fils ? pourquoi
fouffrez-vous qu'il ait des maîtrefles, & qu'H
aille aa cabaret ? pourquoi lui donnez-vous de
l'argent pour cela? vous l'habillez trop prôpre-
ment, & vous êtes trop facile. Et lui, ileft trop
dur, il paffe les bornes de la ju(tice & de l'é-
quité, & il fe trompe extrémement, de croire
qu'une autorité établie par la force, eft plus fo-
lide & plus durable, que celle qui a pour fon-
dement l'amitié. Au moins je le crois ainfi,
c'eft-là mon fentiment, & voici comme je rai.
fonne: Celui qui eft contraint de faire fon de«
voir.par la.peur qu'il a du.chátiment, prend gar-
de à lui pendant qu'il apréhende d’être décou.
vert; mais qu'on lui Óte cette crainte, d'abord
il retourne à fon naturel. Au-lieu que celui que
vous gagnez par votre douceur & par vos bien-
faits, s'aquite toujours de fon devoir fans au-
cune contrainte, & cherche:à vous donner des
marques de fon.affeétion. Préfent & abfent il
fera toujours le même. C'eft là-le devoir d'un
pére d'accoutumer fes enfans à faire le bien
par leur propre mouvement, plutót que par ces
motifs de crainte; & c'eft en cela qu'un père eft
fort
REMARQUES.
fes inclinations; mais c'eft pour dire , devant vous
eemme bors votre préfence, Cre.
"NOT T E S
so. Ita ot fit, pour infuéverit ,lifant au v. fuiv. pa-
drem audebit , & Otant is, tout cela fans autorité.
#5. Clamans pou la mefure du vers,
262 ADELPHL Ac, I
| Xo Bud fbente retlé facere, quàm alieno metu.
Hoc pater ac dominus interefh : boc qui nequit,
Fateatur nefcire imperare liberis.
Sed efine bic ipfus, de quo agebam? €9 certé is eff.
Nefcio quid-triftem wideo: credo. jam, nt.foiet,
085 Furgabit.
ACTUS PRIMUS.
SC EN A AI.
MICIO. DEM E A.
x ^ MICIO.
i. Alvom te advenire, Demea, -
"Caudemus. JUS
à | DEME A -
Ebem, opportuné: te ipfum querite,
à trifiit e? MICI:O.
id trifís e. — nn
Re | DEMEA
- » .' Rogas me, ubi wobis Æfchinur
Siet , quid triflis ego fim? —— ue
t rd M I C-I O.. |
| ne Dixin boc fore ?
5 Quid fecit?
| DE.
REMARQUES.
2. EHEM OPPORTUNE]. f, je vous trouve
fert à propes. Dès le prémier mot que prononce Dé.
méz , 1| fait fentir fa groffiereté & fon incivilité: car
il eft plus prompt à quereller fon frère, qu'à lui rer-
dre fon falut. d P
3. ROGAS ME, UBI NOBIS ÆSCHINUS SIET].
Ofez-vens me faire cette demande , vous chez qui eft
Efchinus ? On s'cft trompé à ce pañlige, car ona c
. que Déméa di(oit; Ofex-veus me faire cette trente
St. IL LES ADELPHES. 983
fort différent d'un maître. Tous ceux qui ne fa.
vent pas en ufer ain(i, doivent avoucr qu'ils ne
font pas propres à élever des enfans. Mais n'eft-
ce pas là notre homme? c'ett lui a(Turément. 1l
me paroit trifte , je ne fais de quoi. Je m'imagi-
.ne qu'il va me quereller felon fa bonne coutume.
(90/:90 90:9 0X90:90):30):907:90);,56:909:90K90):90:90 X004
ACTE PRRMIER.
SCENE IL
MICION.DEME A.
MICION " "
AH; mon frère, je fuis ravi de vous voir id
en bonne fanté. |
DEM E A.
Ah, je vous trouve fort à propos; c'eft vous
méme que je cherche.
MICION.
Qu'avez-vous à être trifte ?
D E M E A.
Ce que j'ai à être trifte ? pouvez-vous me fai-
Te cette demande, vous chez qui ett Efchinus?
MICION, bas.
Ne l'ai-je pas bien dit? baut. Qu'a-t-il E
REMARQUES.
9 01 qui ai un fils comme Efchinus? Ubi, c'eft-À-dite
apud quem , vous chez qui; & c'eft une fort bonne rai-
fon: Quoi , vous avez chez vons Efchinus, Cv vous wa
demandez ce que j'ai à étre triff^? Les Anciens fe fer-
voient de ces adverbes de lieu pour marquer les per-
Íonnes, comme is snde petitur, pour à que, celui à
qui on demande ; unde bec fufcepta efl , pour ex qui?
amorem—huc tranflalit , pour in banc pueljam , & mille
aures exempiest, s
--— M n
40
15
264 ADELPHIL Acr.l.
D E M E 4.
Quid ille fecerit? quem neque pudet
Quidquam He metuit quenquam : neque legem
Tenere fe ullam. Nam illa, que antebac faüa funt,
Omitto: mod quid defignavit?
MICI'O.
Quidnam id eft?
DEM E 4A.
Fores effregit, atque in edes irruit
Alienas: ipfum dominum atque omnem familiam
Mulcavit"ufque ad mortem: eripuit inulierem,
Quam amabat : clsmant emnes, indigni[Jumd
Faum e[Je boc. Advenienti quot. mibi, Micio,
Dixere! in ore eff omni populo. Denique, —
Si conferendum exemplum eff, non fratrem videt
Rei dare operam, ruri e[Te parcum ac fobrium?
Nullum bujus fimile fadum? Hec quum illi, Mi-
cio,
Dico, tibi dico, tu illum corrumpi fiiis.
: MI-
REMARQUES.
e. Mopè QUID DESIGNAVIT]? Oselle ac-
tion inouïe ne vient-il pas de commettre? Defignare cit.
un terine très grave qui fe prend en bonne & en
mauvaife part, & il fe dit proprement de ceux qui
font quelque chofe d'extraordinaire , d'inouï, & qui
ga point d'exemple.
11 MULCA VIT). A donné mille coups. Quand
ee mot doit ifier donner des coups, affommer,
batre , meurtrir, il faut toujours écrire »s/cere , 5€
aon pas su/tgre; j'en ai fait une Reigarque SU
S
Sc il LES ADELPHES. 265
| DEME A.
Ce qu'il a fait? un garçon qui n'a honte de
tien, qui ne craint perfonne, & qui croit que
les loi ne font pas faites pourlui. Jene veux pas
parler de tout ce qu’il a fait avant ce jour : quel.
le a&ion inouie ne vieht-il pas de commettre?
: MICION.
Quelle a&ion donc fi terrible?
D E M E A.
Tl a etifoncé une porte, il eft entré par force
dans une maifon, il a donné mille coups au mai-
tre & à tous les domeftiques; il les a laiffés pres-
que morts fur la place, il a enlevé une femme
qu'il aimoit; tout le monde crie que c'eft l'ac-
«ionla plus indigne qu'on ait jamais faite, Ah,
Micion, en venant ici combien ai-je trouvé de
gens qui me l'ont dit! Le peuple ne parle d'au-
tre chofe. Enfin s'il lui faut un exemple, n'a-t.il
pas fon frère? ne le voit-il pas apliqué à fes af-
faires , fe tenir à la campagne, épargner & vi.
vre avec frugalité? On ne lui a jamais rien vu
faire de femblable. Quand je dis cela contre
Efchinus, je prétends le dire contre vous, Mi-
cion; c'eft vous qui fouffrez qu'il fe Von
REMARQUES.
y] faut bien remarquer ici que Démés ne dit pas ici
lenonem , mais dominuw ; il fuprime la profeffion de
l|homme , parce qu'elle auroit diminué Je crime
d'Efchinus. —
. ERIPUIT MULIEREM QUAM AMASBAT].
JL a enlevé ure femme qu'il aimoit, Voila cet incident
que Térence a pris de la Comédie de Dipbifus, com-
Lis il le dit lui-même dans le dixième vers du 1109
ogue. ..
Tome IL | M
æ
* #68 ADELPHIL! Acr.]
| MICIO.
JHomine imperito numquam quidquam injuflius,
20 Qui, nifi quod ipfe facit , nibil reum putat.
Quorfum ifibuc? | '
MICIO —
Quia tu, Demea, bec mal judieas,
Non eft flagitium, mibi crede , .adolefcentulum
Scortari, neque potare 5 non efl , meque fores
Effringere. Hac fi neque ego, neque tu fecimus,
as Ton fivit ezeflas facere nos: tu nunc-tibi
là laudi ducis , quod tum fecifli inopid.
lnjurium éff , nam fi effet unde id. fieret,
Faceremus : EP tu illum tuum, fi e[fes bomo,
Sineres nunc facere, dum per etatem licet, .
#40 Potiüs quàm , ubi te exfpe&atum ejeciffet foras,
"Alieniore etate poft faceret tamen.
D E M E A.
‘Pré Fupiter ! tu me bomo adigis ad infaniam.
| Non
REMARQUES.
19. HOMINE IMPERITO NUMQUAM QUIDQUAM
.INJUSTIUS ]. Je me trouve rien de fi injufle, qu'en
“homme qui n'a nulle expérience du monde. ^ Imperitus,
signerant , fignifie ici proprement un homme fans ex-
.périence, & qui ne connoit point du tout le monde.
32, BR Ó JUP1TER]. Ob Jupiter! Donat remar-
* Li a -. que
$c IL LES ADELPHES. ‘267
: MICION.
Je ne trouve rien de fi injufte qu’un homme
“qui n’a nulle expérience du monde; il s'imagi-
ne toujours qu'il n'y a rien de bien fait que ce
qu'il fait lui-même. |
D E M E A.
Qu'eft-ce que cela veut dire?
MICION. |
C'eft que vous prenez cela de travers, Dé.
méa. Croyez-moi, ce n'eít pas un fi grand cri-
me à un jeune-homme d'avoir des mattreffes , ni
d'aller au cabaret; ce n'en eít pas un, vous dis-
je, ni d'enfoncer une porte. Si nous n'enavons
-pas fait autant, vous & moi, c'eft que notre
peu de bien ne nous l'a pas permis, & aujour-
dhui vous voulez vous faire un grand mérite d'u.
‘ne chofe que vous n'avez faite que malgré vous.
Cela eft injufte; car fi nous avions eu de quoi,
- pous aurions fait commé les autres, & fi vous
étiez un homme, raifonnahle, vous fouffririez
- que ce fils qui eft chez vous, & dont vous di-
tes tant de merveilles, fe divertit aufli pendant
que l’âge où il eft le lui permet, plutót.que de
"l'obliger d'attendre qu'il vous ait enfin fait por-
-ter à; votre, dernier gite, après avoir, longtems
; fouhairé ce moment. Alors tous ces plaifirs fe-
^ront pour iui/beaucoup plus hors de faifon, &
il ne laiffera pas de les prendre. d
55 CUDEMEA 5
Oh Jupiter ! vous me férez devenir fou., Ce
- n'e
070 1 7 '"KRKEMARQUES
"que ici que cette exclamation , 05 Fapiter! eft de la
Tragédie, & non pas de la Comédie: c'eft pourquoi
T'érencè ne la fait jamais faire qu'on ne'voye en mê-
ine tems due ceux quí la font ont l'fp?t agité de
quelque piflion violente ,' comme ici Démés qui ajou-
1e » IR te E MOL
-298 . ADELPHI. Acr.x
Von eft flagitium facere bec atolefcentulum ? *
di!
nufcálta, ne me obtundas de bac re fepius,
35 Tuum fiium dedifHi adoptandum mibi.
Is meus eff fa&us: fi quid peccat , Demesa,
Mibi peccat , ego illi maxumam partem feram.
Opfonat ? potat? olet unguenta? de meo.
Amas ? dabitur à me argentum, dum erít.come
modum s
40 Ubi nen erit, forta[Je excludetur foras.
Fores effregit? reflituentur : difcidit
Veflem ? refarcietur. | Eft , Diis gratia,
Et unde bec fiant, €? adbuc non molefta funt.
Poflremà aut define; aut cedo quemvis arbitrum :
AS Jt plura in bac re peccare offendam.
DEME A |
| | Hei mibi
Pater effe difce ab illis, qui veré [ciunt.
REMARQUES. |
‘#7. EGO ILLI MAXUMAM PARTEM FERAM ]. Cf
moi qui en porterai le plus grande partie. lili n'eft
pas le Hd du pronom jille, c'eft l'adverbe 5/4 pour
lic , ibi. ' ; : ;
39. DUM ERIT COMMODUM]. Quand je le
pourai. . pen & Taubman s'étoient trompés à ce
mot; quls expliquoient , quandiu libwrit , tant qu'il
sue plafra. .
/ 40. FORTASSE EXCLUDETUR FORAS].
. Peut-être que fes mattreffes le chafferont. Voici un au-
tre (ens qu'on peut donner à ce paflage, peut-tre que
Je l'enverrai promenen , & j'avoue que j'ai cru longtems
que .c'étoitle bon; mais enfin je trouve que l'expli-
cation que j'ai fnivie eft beaucoup. ,plus : du ‘ caractere
de Micion; & l'on doit prendre garde à la aus
-
Se. IR LES ADELPHES. 969
n'eft pas un crime. à un jeune-homme de faire
toutes ces chofes ?
MICION.
Ah! écoutez; ne me rompez pas davantage -
la téte. Vous m'avez donné votre fils à adopter,
il eft donc à moi; ‘s'il fait quelque fotife, c'eft
far mon compte, c'eft moi qui en porterai la
plus grande partie, Il fait de la dépenic? il va
au cabaret? il fe parfume ? c'eft de mon bien.
Jl a. des maîtreffes, je lui donnerai de l'argent
pendant que je le pourai; & lorfque je ne le pou-
Fai plus, peut-être qu'elles le chafferont, Il a
brifé une porte, on la fera refaire; il a déchiré
des habits, on les raccommodera. Nous avons,
graces aux Dieux , dequoi fournir à cette dépen-
fe, & jufqu'ici tout cela ne m'a pas chagriné.
Enfin, ou ceflez toutes ces plaintes, ou pre-
nons tel arbitre que vous voudrez, & je vous fee
Yai voir que vous prenez tout-à-fait mal cette
affaire. ++
| DEM E A.
Mon Dieu, aprenez à être père, de ceux qu£
[e font véritablement
e Ml:
REMARQUES.
dé ce fentiment: il ne dit pas abfolument, /es waf-
treffes le cbafferont , excludetur foras; mais peut-etra
que Jes maîtrees le chafferons. 11 aime tant ce fils, €
il en a fi bonne opinion, qu'il croit qu'i] peut fe fai-
aimer'fans rien donner. Il y a dans ce mot, pest-
tre, une grace merveilleufe ; Denat l'avoit bien vue,
voici fA remarque: Er miré fortafle dicit, wt pater in-
dulgens Gv credens adolefcentem poffe etiam. gratis amari
eb amid, non enim. affrmavit st diceret , excludetur
feras.
46. AB ILLIS, QUI VERE SCIUNT]. Le
Ceux .
Qui vert fi P, après Palmérius & Guyet, Voy
46. Qui veri fient , apr ttu$ uyet. e
ja Ros. de Me. D. M |
\ 3
270 ADELPHI : &cr.L.
| MICIO.
. Maturé tu illi pater es, confiliis ego.
: DEM E A,
Tun' confulis quidquam ?
..-MIC IO.
Ab ! fi pergis, abiere.
D E ME 4.
Siccine agis ?
MICIO.
din ego toties de eddem re audiam 1 :
: DEM E A4.
So Cure ef} mibi.. |
| MICIO.
Et mibi cure eff: verum, Demeag.
Curemus aquam uterque partem: tu alterum,
Ego item alterum. ^ Nam ambos. curare, propemoi
ad dum .
Repo[cere eff illum , quem dedifit,
D E M E 4A. EP
; Ab, Mici
MICIO
Mibi fic videtur.
D E M E A.
Quid" iflbuc? tibi fi iflbuc . i
y5 Profundat, perdat, pereat, nibil ad me attinet.
Fam fi verbum ullum poftbac.. . ; |
| — ' Mk
REMARQUES.
eux qui le font véritablement. Ona.eu raifon de corris
ger qui veré fient , comme s'il lui difoit: Vous: n'étes.-
père que par adoption, & moijje le fuis par la natus
i | | I$.
4
Se. IL LES ADELRHES. +1:
MICION.
Vous étes fon pére par la naiffance. Mais moi
je le fuis par l'éducation & par les confeils que
je lui donne. . . |
D-E M E À. :
Vous, des confeils? vous lui en donnez de
bons vraiment!
MICION.
Ab, fi vous continuez, je m'en vais.
D E M E A.
Eft-ce ainfi que vous en ufez?
| MICION.
Faut-il donc aufli vous entendre toujours dire ^
ja même chofe? — .. ,
DEM E A.
C'eít qu'il me tient fort au cœur.
MICIO !?!". |
Et à moi auffi il me tient fort au cœur. Mais -
enfin, mon frére, je vous prie que nous parta-
gions vous & moi l'éducation de nos enfans;-
ayez foin de l'un, j'aurai foin de l'autre. Car de
vouloir les conduire tous. deux, c'eft à peu prés.
ine redemander celui que vous m'avez donne.
DEM E A.
Ah, Micion!
MICION-
C'eft-là mon fentiment.
D. E M E A. m
Eh bien, vous le voulez donc ainfi?qu'il d5- -
pente, qu'il perde tout, qu'il périlfe, cela ne
me regarde point. Si jen dis jamais un feul :
mot...
La
MI-:
REMARQUES.
re; vous devez donc aprendre de moi à l'être; car Hu
y'a bien de la différence entre les fentimens que ces
deux états doivent pee
-—
60
22 ADELPHL Ari,
M FCIO, |
| Rurfum, Demeas
drafcerés
DEME A.
An non credis? repeton' quem dedi?.
JEgrà eff: alienus non fum: fi obflo.... bem ,
80.
Unum vis curem: curo, € eff, Dis gratia, -
Quom ita, ut volo, ef: iffe tuus ipfe fentiet.
Po[lerius... . olo in illum gravius dicere.
wot + ov Nm 9$ 9 9 9 ov + + voe 9 o oS + + + à À 4 ov ^ + o9 d'A o.» "V v + &
+ sis + +
-
SCENA IIEL
. MICIO.
INE nibil, neque omnia bec funt, que dicit.; E
tamen
Non. nibil moleffa. bec funt mibi: fed offendere,
Me
REMARQUES ..
4, $% ALIENUS NON SUM]. 47e me. fü pas an
étranger. 1] ne veut pas dire, je fuis pourtant fom pé-
re, de peur de déplaire à Aficien, qui a adepté fon
fils; mais il dit, je we fais Pas un étranger, comme
s'il difoit, wous.ne voulez pas que je me mêle de fa con-
date, cependant je ne fuis pas un étranger.
1. NEC NIHIL , NEQUE OMNIA HÆC SUNT T;
Ce qu'il vient de dire nef pas vrai en tout, il en eff
pourtant, Ce. Donat explique autrement ce paffage
mais fi la remarque e de lui, affurément il se
trompé. Au refle Térence fait parler ainfi Micion,
pour fatisfaire les fpe&ateurs, qui euffent trouvé maus
vais qu’il eût dit des chofes qui pouvoient faire nn.
très méchant effet dans l'efprit jeunes-gens, s'il
n'eët ajouté ce correGif,
E
2. NON.
$e IL LES ADELPHES. 273
MICION.
Vous mettez-vous encore en colére?
D E M E A.
En doutez-vous? Quoi! c'eft vous redeman-
der celui que je vous ai donné? Cela m'eft fort
fenfible; je ne fuis pas un étranger; cependant
fi je m'y opofe plus, que je... Mais je n'en
veux plus parler. Vous voulez que je ne me mé-
le que de la conduite d'un feul; je le ferai , &
rends graces aux Dieux de ce qu'il eft comme
je le demande. Votre bon fils fentira à quelque
heure ce que... Je ne veux rien dire de pius
fort contre lui.
oi oo epeteloloteloleetolototelolotoloktekiioptol
ACTE PREMIER.
S C E N E II
MICION.
(C E qu'il vient de dire n'eft pas vrai en tout,
il en eft pourtant quelque chofe, & cela me
ehagrine en quelque facon; mais je n'ai pas vou-
lu
: REMARQUES. "
2. NON NIHIL MOLESTA HEC SUNT UM
Et cela me chagrine en quelque façon. Le cara&ére de
Æfition eft fort hien ménagé; Terence fait qu'il eft
chagrin de ce que Déméa ui a dit, & pour fatisfaire
ee fpe&iteurs , comme je viens de dire, & parce
que s’il étoit infenfible à wout ce que fait E/rbimus,
ce ne feroit plus une indu'gence, mais un abandon
entier. Dans cette grande modération il ne laifle pas
de conferver tous les fentimens d'un véritable père,
& cela eft fort bien conduit.
N O T E S.
SC. III. M, B, confand cette Scène avec la précés
dente, : T .
D vu M 5
Jo
Me egró pati, illi ndlui: nam ita ef] bomo;
Ciim placo, avorfor feduld, € detetreo.;
Tamen bumané vix patitur. Verüm fi augeans,.—
Aut etiam adjutor fim ejus iracundia, "E
Infaniam profeGà cum illo. Etfi Æfchinus
Nonnullam in bac re nobis fácit injuriam.
Quam bic non amavit meretricem , aub Cui 10787
dedit
Aliquid ? Poflremó nuper (erédo jam omnium .
Tedebat ) dixit velle uxorem ducere.
Sperabam jam defervi[fe adolefcentiam :
Gaudebam: ecce autem de integro : nifi quidquid? -
€j* 5
Vilo.fcire, atque hominem convenire , fi a fo--
rum ejt.
cu PATENTS CRISE TRI STRESS
ACTUS SECUNDUS.
C 8c B NUAÀASUE GE 4
SANNIO. ÆSCHINUS. TIBH
"CIN A. PARMENO:
| SANNIO.
H
0 Bfecro 5 populares , ferte us. mo innoi
centi auxilium :
Subuenite inopi.
ÆSCHE,
REMARQUES.
It. VELLE UXOREM DUCERE |. Qu'il VOR
rs ft marier. Eftbinus Jui avoit bien dit qu'il vouloit |
e marier; mais il n'avoit ofé lui dire avec qui; ainfi
. Micion, fans le favoir , explique une partie du fujet de
€ette Pièce,
x : 12. ‘Jan
Sc IL LES ADELPHES #5
Ju lui en faire rien connoître, car c'eft un hom-
me bâti de maniére, que fi je veux l'apaifer, il
faut que je lui réfifte de toute ma force, & que
je crie plus haut que lui; encore a-t.il bien de
la peine à fe retenir. Mais fi j'aidois le mettre
en colére, & fi je l'échaufois tant foit peu, il y
auroit en vérité de quoi nous faire devenir fous
l'un & l'autre. Il eft pourtant certain qu'Efchi.
nus me fait une efpéce d'iniure en cette occa-
fion; quels attachemens n’a-t-il point eus ici 94^
quelle femme n'4-t-il point fait des préfens ?
Enfin il y a quelques jours qu'il me dit qu'il fe
vouloit marier. Jt crus d'abord qu'il commene
coit à fe laíTer de toutes ces créatures, & jes-
pérois que tout le grand feu de fa jeuneffe étoit .
paffé; j'étois ravi, & voici encore une nouvelle"
équipée, Mais je veux favoir ce que c'eft, &
aller à la place chercher mon homme.
De bopoccbubob 01:0) 50:00:50) 0) 50050) 90) 01
ACTE SECOND.
S CE NE I
SANNION. ESCHINUS
LA JOUEUSE D'INSTRUMENS
PARMENON 9
_ SANNION. ut. 2
'A L'aide, mes concitoyens, fecourez, je vous
prie, un miférable qu'on outrage ipju(te-
ment, donnez main forte à un malheureux quí
n'a nul apui.
P SS" M acted d ESCHI-
REMARQUES : -"1:
‘12. JAM DEFERVISSÉ ADOLESCENTIAM ]. Que Je
eus de Ja jeuneffe étoit pajJé. — Micion attribue tour de
eu de la jeunefle, & rien. à Æfchinesz il ne {e peuf
tien de mieux uu rp Po den
£M
H:
236 ‘ADELPHI Acr.li
, ASCHINUS.
Otiofà nunc jam illico bc confifte.
Qui refpettas? nibil pericli efl : numquam , dum
ego adero, bic te
Tonget.
| SANNIO
Ego iflam invitis omnibus.
JAESCHINU S.
& Quamquam eft fceleffus ; non committet bodie tn
quam iterum ut vapulet.
SANNIO.
Audi, JE[cbine, ne ignarum fuiffe s te dicas. mee
rum mem,
«Ego leno fum.
ASCHINU S.
Scio.
SANNIO.
4 ita, ut quais fuit fide.quifquars
optumá
Tu quod te poferius purges y nolle banc injuriam
Fa&am «fe he non. faciam : erede bot , «go
meum jus per/equar :
30 Neque tu V fet Jolves umquam, quod re mibi sa»
eceris.
Novi ego veftra bac: nullum fallum: dabitur j jus.
jurandum ,. e[fe te
Indignum injurid bác ; indignis cm egomet, fim
acceptus modis.
ÆSCHL.
REMARQU
E, S.
3. EGO LENO 8U M ]. * 92 filis » marchand d'efila-
wes. 11 lui déclare cela, parce que les marchands d'es-
claves étoient fort privilégiés à Athènes, à Xo du
and profit que la République en tiroit, & il étoit
rend endu de les maltraiter, fx peine d'exhérédation ?
c
S.L LES ADELPHES. s;
ESCHINUS, à la fille qu'il a enlevée.
Préfentement tiens-toi là fans crainte; que
fegardes-tu?tu n'as rien à apréhender ; pendant
que je ferai ici il ne te touchera pas, fur ma pa-
role.
SANNION.
Moi malgré tout le monde je vais la...
ESCHINUS.
Quelque méchant qu'il foit, iy fongera plus
dune fois, & il ne s'expofera pas davantage à
étre batu.
SANNION
Ecoutez, je vous prie, afin que vous n'en
rétendiez caufe d'ignorance, je fuis marchand
'efclaves, au moins.
ESCHINUS
SAN NION.
Rt homme de parole, s'il en fut jamais. Ne
vous imaginez pas que je prenne pour argent
comptant, quand aprés que vous m'aurez mal.
waité, vous viendrez vous excufer, & me dire
que vous en êtes fáché; je ne m'en foucierat
non plus que de rien, foyez-en bien afluré: Je
vous pourfuivrai en juftice, & vous ne répare-
rez point. par des paroles une injure que vous .
m'aurez faite réellement. Je connois toutes vos
défaites: je (uis trés mári que cela foit arrivé,
je fuis prêt à jurer que vous ne méritiez pas ce
. mauvais traitement. Cependant j'aurai été traité
de la maniére du monde la plus indigne.
| ESCHEI
" Jele fais.
| REMARQUES.
c'ef pourquoi dans Lucien un jeune-homme qui fe
plaint d'être: deshérité à tort par fon père, dit ,
rls mopoCorxis Üopuut; y at-il vn marchand d'es-
«lave qui fe óleigne qm rn mealratéb ^. : 1
r4
1$
20
Á
78 0 ADELPHI —AcrLE
ÆSCHINUS
Avi pre fIrenud , ac fores aperi.
SAN N 1 O.
Ceterum boc nibil facis,
Æ SCHINUS,
J intro nunc jam.
SANNIO.
At enim non finam.
. ÆASCHINUS::
Accede illuc, "Parmeno, .
Nimium abiifli iflboc , btc propier bunc. adfifte: :
bem, Jic volo.
Cave nunc jam oculos à meis oculis quoquam dimo-
veas tuos ,
Ne mora. fit, fi innuerim, | quín pugnus. continué :
in malá bereat.
SANNI, O.
ifttuc volo ergà ipfum experiri.
ÆSCHINUS.:
— Hem ferva: omitte mure
SANNI 0.
#:O miferum facinus!
ÆSCHIN U $8. "
' Geminabit , alf ca caves, :
SANNIO.
TH miferiam !
Æ SCHIN US.
Non innueram, verüm in iffam partem potiüs pec».
cato tamen;
À nunc jam. À
| SAN,
L Yuc 0 ce end trago eifere sili
\ a 0 fach ra has sui, - $e d
S. L. LES ADELPHES. 279
| ESCHINU S.
.Parménon, cours devant & ouvre la porte. .
SANNION.
Tout cela e(t inutile, je ne le fouffrirai pas,
ESCHINUS, à la file.
'Entre préfentement.
SANNION.
Mais je ne le fouffrirai pas, vous dis-je,
: ESCHINU S.
Aproche un peu de ce cóté-là, Parménon ;
tu t'es trop éloigné de ce coquin, mets-toi prés
. de lui; bon,te voila bien. Préfentement prends
garde de ne pas détourner tes yeux de deflus
les miens, afin que tu fois toujours prét à lui
enfoncer les máchoires au prémier figne que je
te ferai.
SANNION.
. Je voudrois bien le voir, vraiment,
ESCHINUS.
Hola, Parménon, prends garde. Parménon don;
ne en méme tems un foufflet à Sannion fans rien di.
re, © Efcbinus continue. .Laiffe cette fille, fa.
quin,
SANNION.
. Oh, quelle indignité! - AD
| ESCHINUS
Il redoublera, fi tu continues,
| SANNION.
Que je fuis malheureux!
ESCHIN U S, à Parménon.
' Je ne t'avois pas fait figne de le batre, maïs
il vaut mieux pécher de ce côté-là, Va-t'enpré
fentement avec ton foufllet, Sannion, :
-——
P"
--
ES]
280 "ADELPHTLI Acr.IL
, S 4 um I O. ms
id boc rei ef] ? reg numne, JEjcbine
e bc tu polfides? + PE
| ÆSCHINUS.
$i pe[fiderem , ornatus e[Jes ex. tuis virtutibtes.
SANNIO. e
Quid tibi rei mecum ei? |
ÆSCHINUS.
^ Nibil.
"PSANNIO.
"^. Quid? no[Hn' qui fin?
T ÆSCHINUS.
Non defidére,
SANNIO.
Tetigin tui quidquam?
|j ÆSCHINUS. |
Si attigiffes, ferres infortunium,
‘SANNIO. m
es Quí tibi magis licet meam babere, pro qud ego
argentum dedi?
Refpende. |
Æ SCHINUS.
"dnte ædes non feci[Je erit meliw bic convi-
cium: |
| . 5 « ] Nan
REMARQUES -
23. QUID? NOSTIN’ QUI S1M ] ? Comment P
ene. connoiffez-vons ? Dônat à fait une«emarque fur ce
vers ,. qui mérite d'être expliquée, proprid fic. enim di-
cit gui nibil quidquam. debet, num me novit? non quid
po Jed quèd in jure non cernatur. S^nnion fær-
ici proprement, car c'eft ce que répond d'ordinaire «n
bomme qui ne doit rien, me connoit-il ? Ce wef? pat
s'il foit inconnu à celui à qui il parle, mais e ges
$. ice on n'a paint d'atHion contre lui. C'eft-à-dire que
ces termes, »of?i me? noffi qui fis? fonr trés des
* coutumes & des farmajités. du ^areau ; pour d‘re qu’on
ma deyoit tien à quelqu'un, on lui difoit ,me or» fts
vor o
Se LES ADELPHES. th
SANNION.
Piers donc que cela, Efchinus? êtes-vous
ici le Roi?
P ESCHINUS.
Si je l'ótois, tu ferois traité (elon tes mérites,
| ANNION. :
Qu'avez-vous à déméler avec moi ?
ESCHINUS.
Rien du tout. |
SANNIO.N. D
Comment? me gpnnoiflez-vous ?
ESCHINUS.
Je n'ai nulle envie de te connottre,.
SANNION. s
Ai-je quelque chofe du vôtre?
ESCHINUS.
Si-cela .étoit,. tu n'en ferois pas quite à fi bot
' marché, ^
M SANNION.
' "Pourquoi vous eft.il plus permis de m'enlever
mon efclave qui me coute mon ban argent? ré
pondez.
ESCHINU:.
Il te fera plus.avantageux de ne.faire poiht
tant de vacarme devant cette maifon; car fi tu
| COR
REMARQUES. |
tons? car il n'y a rien qu'un Créancier connoiffe &
len que fon Débiteur; & ce que répond E/chinuss
qu’il n'a nulle envie de: le connoitre, eft prefque la
méme chofe que s'il difoit, je »'ai sulle envie de se
wien demander. Ainfi toute la plaifanterie de ce paffa-
e confifte dans l'équivoque des termes; mais cette
«quoque ne fubfifte plus dans la tradu&ion, quot-
qu'elle foit à la lettre.
26. NON FECISSE HIC CONVICIUM]. De
ne faire point ici tant de vacarme. Convicium , propte-
ment un bruit de gens qui parlent tous ,en. mema
tems; c'eft pour eopuecium.
—-
82 :ADELPHI : Acr.Il
Nam fi moleflus pergis ele; jam | intro on ent s.
. atque ibi
Wwe; ad siecem operiere loris. " Nas
e. SANNI o."
posu NY Luris liber? :
ÆSCHINUS.
E Sic erit.
SANNIO:^
O "bominem. impurum! biccine libertatem aiunt:
equam e[fe omnibus?
AKSCHINUS
to Si fatis jam debaccbatus es, leno ,.audi fi vis:
nunc jam.
SANNIO.
gon debaccbatus fum autem, an tu in me?
ÆS.CHI NUS.
Mitte ifla, atque ad rem redi;
SANNIO.
Quom rem ? quà redeam?
EXSCHINUS
Sfamne me vis dicere quod ad te attinet 8^
SANNIO.
Cupio, equi modà aliquid.
Æ SCHINUS.
Vab, leno iniqua me non volt loqui.
t $°4 N.N: I O..
Léno fum, fateor, perfücies communis. adolefcen..
tium,
$5 Perjurus, Deflis: tamen tibi à me nullà eft orta
injuria. -
- , A 4ESCHI-
E p id sadi : MES P -plupaat. des MSS,
ex
Sc. I LES ADELPHES. 285:
continues à me chagriner, je vais tout à l'heure
te faire emporter au logis, où je te ferai donnes
mille coups d'étriviéres,
SAN NION. .
' Des coups d'étriviéres à un :homme libre ?.
.ESCHINUS.
* Cela fera comme je te le dis.
SANNION.
Oh le méchant homme! Ett.ce donc là ce
qu'on dit, qu'ici les.loix font faites pour tout le
monde? .
E SCCHI NUS.
O ca, fi ta as affez fait don écoute fi tu
veux préfentement. .
SANNION.
Eft-ce done moi qui ai fait l'enragé? n'eft-ce
pas plutôt vois qui l'avez fait à mes dépens ?
S CHINUS.
Ne parle plus de tout cela, & viens au fait.
‘SA NN I O N.
"a: bel fait? : |
ESC.H INUS : :
. Veux-tu donc me laiffer parler pour tes affats
tes?
SANNION.
.Je ne demande pas mieux, pourvu que cg
que vous direz foit juí(te.-
ESCHINUS
|. Oh vraiment nous y voici; un faquin demar-
chand d' une veut que je ne aife 1 rien quede.
juíte! -
$ ANNIO N.
Je l'avoue, je fuis marchand d'efclaves, la.
ruine commune des jeurtes- gens, un parjure, une
pefte publique; avec tout cela je ne vous ai fait -
aucun tort.
"ESCHIS.
J
4
a4 ADELPHI Acrm IE
JE SCHINUS.
Nam bercle etiam boc reflat.
SANNIO.
. luc, quefo, redi, quo cepifli, Æfchine,
ses Æ SCHINUS. .
Minis viginti tu illam emifli , que res tibi vorat
Mrgenti tantum. dabitur. |
$ANNIO:
Quid, fi ego illam nolo vendere;
i
Coges me?
ÆSCCHINUS,
Minime. | il
SANNIO.
Namque id metui. :
ASCHINUS
Neque vendundam cenfeo ,,
Que libera eff? nam ego iliam liberali adfero cau»
JA manu.
Nunc vide utrum vis, argentum accipere , an caua.
fem meditari tuam. :
Delibera boc, dum ego redeo, leno.
: * à | ACTUS
REMARQUES
, SŒN AM HERCLE ETIAM HOC RESTAT |].
Ab, vraiment il ne te mangueroit plus qme cela... Où
avait traduit cevers: Eff-ce là toufce que tu avois à
#0s5 dire? Mais ce n'eft point du tout le fens, & l'on
s'étoit fort éloigné de la penfée d'Efchinas, comme
on le peut voir par ma tr:du@ion. d 5erel» refiat;
fignifie en Latin, i] ne mangue Plus que cela. On.en
trouve des exemples dons Cicéron.
49. NAM:
fe L LES ADELPHES. xe
BSCHIN.US.
Il ne te manqueroit que cela.
SANNION.
- Revenons, je vous prie, à ce que vousaviez
«commencé. ;
ESCHINUS.
Tu as acheté cette fille * foixante piftoles, ce
qui puiffe ce porter malheur ! On te rendra ton
argent.
SANNION.
Quoi! & fi je ne veux pas la vendre, mol,
"my contraindrez-vous ?
ESCHINUS
Ho, point du tout.
SANNION.
C'eft pourtant ce que j'apréhendoís,
ESCHINUS.
Japrens méme qu'elle ne peut être vendue,
car elle eft libre, & je la foutiens telle. Tu n'as
donc qu'à voir fi tu veux de l'argent, ou fi tu
aimes mieux fonger à défendre ta caufe. Pen-
fes-y pendant que je vais là-dedans.
| ACTE
* Vingt mines.
REMARQUES.
40. NAM EGO ILLAM LIBERALI ADSERO CAU-
$A MANU]. Et je la foutiens telle. 11 y a dans E
Latin, €» je mets la main für elle, pour feutenir publi.
quement Ja liberté. Ce font des termes de Droit, ade
Yerere eliquem sans , porter la main fur gnelqu'un
our le iettre en liberté, pour foutenir quil eft [i-
re: éauffà liberali, pour une caufe de liberté, pour
foutenir fa liberté devant les Juges. .
Y , 1 " 4, T Hu"
t. 21 d: P4 . io à C 4 RD
d »* »
E
38 ‘© A-DELPHT — Acr. II.
MONNIER
"ACTUS SECUNDUS.
SCENA IL —
48 4 N I I O.
P R4 fupreme Fupiter !
Minimd miror, qui infanire eccipiunt .ex injurid,
Domo me sue verberavis : ne invito adduxit
meni :
Homini mifero plus quingentos colapbos infrègit
mibi.
$ Ob malefüa bec tantidem emtam poffulat. fibi.
tradier. |
Verüm enim,. quando bene promeruit, fiat : juu
jus poftulat.
Age jam cupio, mod fi i argentum reddas; Jed e
bec bariolor. |
«Ubi me dixero dare tanti, tefles faciet illico y
Vendidi[Je me, de argento omnium: mox | cras redi.
AO T quoque pe[Jum ferre , fi modà reddat : ques:
quam injurium eff. 1 1,"
erm cogito id, quod res efl : quaudo éum qua
+ : ium-occeperis, :
^ Mccipitnda ES muffitanda i injuria adolefeertiumi
Sed neto dabit : frufira egomét mecum bas ratip-
nes puto.
ACTUS
NOTES
SC, Il, M. B. mêle cette Scène avec la précédente
ein
|
|
S.IL LES ADELPHES. :87
IXOOOHOHOEOROORHORHRORORCOHOOHOGHEO NR
^ ACTE SECOND.
S CE N E IL
SANNION.
Rand Jupiter! je ne m'étonne plus qu'il y
. ait des. gens que les injuftices falfent deve»
"nir fous! Il m'a arraché de ma maifon, il m'a
batu, il m'a donné plus de cinq cens coups de
_ poing dans les mächoires, il a emmené mon
. efclave malgré moi; & pour tous ces outrages,
il demande que je lui donne cette fille pour ce
qu'elle m'a couté. En vérité je lui ai trop d'obii-
gation pour lui rien refufer ;il a raifon, & il ne
demande que ce qui eít jutte. A la bonne-heu.
e, je veux bien le fatisfaire, pourvu qu'il me .
rende mon argent. Mais je ine repais ici de '
fumée; fitót que je lui auraj dit que je veux bien
lui donner cette efclave pour ce qu'elle me cou-
te, d'abord il prendra des témoins comme je
l'ai vendue, & pour ce qui eft de l'argent , ba-
gatelles, il ne s'en parlera plus; on vous paye-
"fa tantôt: revenez demain. Encore prendroit-
on patience, pourvu qu'à la fin on fût payé,
quoique ce foit lá une fort grande injuftice. Mais
voici une chofe qui eft très véritable, c'eft que
lorfqu'une fois on a commencé à faire le métier
ue je fais, on doit fe réfoudre à tout fouffrit
des jeunes-gens fans rien dire. Perfonne ne me
payera, je compte ici fans mon hôte.
° | ACTE
-
«i.
ua
*»88 ADELPHL Acr.IL
ACTUS SECUNDUS
S CE N A lIIL
SYRUS. SANNIO.
STRUS.
T6 egomet conveniam jam ipfum : cupidè ac:
cipiat jam faxo: atque etiam
3Béne dicat fecum e[Je a&um. Quid ifibuc, Sane
nio, efl quod te audio
um bero nefcio quid concerta[Je?
SANNIO.
Numquam vidi iniquiàt
Concertationem comparatam , quàm bec bodie inter
nos fuit. |
Ego vapulando, ille verberande, ufque ambo de:
fe fumus.
m STRUS.
Tua culpa.
; SANNIO.
id agerem?
RUM STRUS . |
Adolefcensi morem zeftum oportatt.
SANNIO.
: Qui potui melius? qui bodie ufque os prabui?
«
; REMARQUES.
y. CUM HERO NESCIO QUID CONCERTASSE ].
De je ve fais quel combat entre mon maître Gv doi. La
beauté de ce paffage confifte dans le choix du mot
eoncerta[fe , qui elt un terme qui met l'égalité entre
+ Efchinus X le marchand d’efclaves ; & c'eft ce qui fon«
de la réponfe que ce marchand fait à Syrus.
NUMQUAM VIDI INIQUIUS CERTATIONEM COM-
PARATAM]. Je n'ai de ma vie vu un combat Ius inle
gal. Ce cemparatam eft un mot emprunté des ped
Sc. IIL LES ADELPHES. 99
ACTE SECOND.
SCENE III
SYRUS SANNION.
| SYRUS.* |
"D Aifez-vous, je vais moi-même tout-à.l'hea-
re le trouver, & je ferai fi bien qu'il rece-
"vra cet argent avec bien de la joie, & qu'il dira
‘qu’on en a fort bien ufé aveclii. b ss donc
ue ceci, Sanniôn, & qu'entens-je dire de je ne
fais quel combat entre moh maître & toi?
| . ‘S AN NION. :. |
Je n'ai de ma vie vu un cembat plus inégal;
“nous nous fommes laffés tous deux à n’eñ pou.
voir plus, lui rit & xol d'être batu.
C'eft ta faute. — ..— | —
SANNION.
Qu'aurois- je pu-faire?
2n nS YRUS.
. 1lfaloit avoir de là complaifance pour unjeu-
ne-homme. | |
SANNION.
: . Que pouvois-je mieux faire que de lui tendre .
la joue tant qu'il lui a plu?
SY-
. F Hl parle à Efcbinus en fortant du logis. -
. REMARQUES. |
bats de gladiateurs, dont on choififfoit les'plus égaux
pour les faire combatre enfemble.
O T E S.
. i. M. B. óte le.prémier jam, fur tous fes MSS. &
les édit. anciennes. Js
- 4. Qudæ hedia qua inter, Otant. bec, fins autorité,
6. Facerem , pour agerem , après plufieurs MSS.
Tome IL, 00N
15
s) - ADELP'HI. Acr.II,
STRUS. |
Age, fcis quid loquar?
Pecuniam in loco neglegere, «axumum interdum
eft lucrum.
| 64N.NIOQ.. :
Hui 1
STRUS. |
Metuifli fi nunc de tuo jure conce[fi iffes lion:
Aique adolefcensi e[]es morigeretus, : SINUS Pe
.. m fiutifme,. |. .
Ne non sibi Tu fenerpre? —
8 4 N N I O.
.- Ego fpem pretio. non eme.
, STRUS..
M am rem facies : abi, nefcio inefcare bomi-
ema vies , Sannio. cs /
SANN I O.
Credé ifibuc mebius-effe: verüm ego. numquam
adeo aftutus-fri, ^ '
Quin, quidquid um mallem auferre potits in
irae It
TRU $.
Age , movi tuum ni quafi quidquam tibi
í -. fint viginti mine,
| Dum tic olfequare: preterea autem te aiunt pro-
ficifci Cyprum. -—
+ SANNIO.
.. STRUS..
Cum binc, que illuc veheres ; multa à ! navem
s 0.05 oXmdudiam: bec m |
Ani-
N o T € LA à 1
7. Hodie ei nfque, fans autorité. — :
j4. "Hai, dans la Poe de sys , fuivant quel
ques SE... |
ug. Jen
Hem!
:
Se. TIL. LES ADELPHES, »os
| SYRUS. |
O ca, fais-tu bien ce que j'ai à te dire? C'eft
fouvent un grand gain que de favoir Inéprifer le
gain à propos. |
: SANNION.
Ho, ho!
SYRU S.
.. As-tu eu peur, impertinent que tu es, que
fi tu euffés relâché un peu de tes droits, & que
tu euffes fait plaifir à ce jeune-homfne, cela ne
-t'eüt pas été rendu au double?
SANNION.
Te n'achéte pas l'efpéranceà deniers comptans.
SYRUS.
Tu ne feras jamais rien; va, tu ne fais pas
"enjoler les gens, Sannion.
| SANNION.
' Je crois qu'il feroit mieux d'en ufer comme
tu dis; mais je n'y ai jámais entendu tant de fi.
nefle, que je n'aye toujours, mieux aimé être
payé fur le champ & perdre, que d'attendre &,
gagner beaucoup. . |
: o 4 : : m
Va; va, Sannion, je connois ta générofitéz '
‘comme fi * foixante piftoles t'étoient quelque
chofe pour E mon maître. D'ailleurs on
dit que tu es fur le point de partir pour Cypre.
,. SANNIO N. :
Ah!
SYRUS.
*
Et que tu as acheté ici bien des chofes pour
i
t
y porter; que tu as loué un vaifleau: cela te -
Xient l'efprit en fufpehs, je le vois bien; m"
Cw Pingt mines 20000
| | NOTE S DEN
Ws. Jen n/quem, pour d ub fans autorité, !
20
25
202 ADELPHI. Acr. IL
Animus tibi pendet: ubi illinc , fbero, redieris,
attamen boc ages.
SANNIO,. .
ANufquam pedem. .Perii.bercle: bac üli fpe boc
inceperunt.
STRUS.
nn 7 Time :
Injeci fcrupulum bomini. |
SANNIO.
^O feelera! illud vide,
Ut in ipfo articulo oppre[fit ! emte mulieres
Complures, € item binc alia , que porto Cyprum :
. INi eà ad mercatum venio, damnum maxumum eff.
Nunc fi boc omitto ;ubi illinc rediero , atum agam.
Nibil eff, réfrixerit res. Nunc demum venis?
Cur pa[fus ? ubi eras? ‘ut ftt fatius perdere ,,
Quáàm aut bic nunc'manere tam diu, aut tum per-
(0 Jeu
ST.
REMARQUES.
21. EMTÆ MULIERES COMPLURES , ET ITEM
HINC ALIA QUÆ PORTO CYPRUM]. Il eff'vrai,
J'ai acheté plufieurs efelavess Cv beaucoup. d'autres che-
Jets pour porter à Cypre. M. Guyet ne veut pas que ce
marchand eût acheté des femmes à Arhènes pour les
porter à Cypre. Il veut au contraire qu'il les eût ache-
tées à Cypre pour les porter à Athènes, & fur cela il
change & corrompt le texte comme il lui plait. Mais
i1 devoit fe fouvenir que les marchands couroient tor»
te la Gréce, & y aclretoient des femmes pour les al-
ler vendre à une foire célèbre qui fe tenoit à Cypr
*
Ld
ScIIL. LES ADELPHES. 295
à.ton retour, s'il plaît aux Dieux, nous termi-
nerons cette affaire. |
SANNION. |
Moi? je ne bouge d'ici. Me voila perdu : c'eft
fur cette efpérance qu'ils.ont tramé cette fripo-
nerie. .
SYRUS.
1l a peur, je la lui ai donné bien chaude.
SANNION.
. Oh!les méchantes gens! voyez comme il s'eft
bien fervi de.l'occafion!.ll eft vrai, j'ai acheté
plufieurs femmes ,.& beaucoup d'autres chofes
pour porter: en: Cypre ; fi je manque la foire, je
ferai une trés grande perte; & fi je laiffe ict
cette dette ,. quffnid je fcrai revenu, le tems fera
pafTé, .il.n'y aura plus de remède, la chofe fera
. trop vieifle- Quoi! vous vous avifez préfente-
ment de venir, me dira-t-on? pourquoi avez-
vous fouffert qu'on vous dût fi longtems ? où
étiez-vous ?? Deforte que, tout bign compté, il
m'eft plus,avantageux.de perdre cette fomme
que de demeurer ici. davantage pour me faire
payer, ou que d'attendre même à pourfuivre ce
payement quand je ferai de retour. .
SY-
REMARQUES.
3€ que: le profit que les Grecs, particulièrement [es
Athéniens, t:roient de ce commerce, étoit caufe de
tous les privilèges qu'ils avoient donnés aux mar-
chands d'efclaves. . í
N.O T E S..
23- Nif, pour si, aprés Faern. —
24. Omittam, après tous les MSS. /dc tum agam,
thi illinc rediero , fans autorité.
27. M. B. óte xunc ; is quelques MSS. & Donat.
3
y
-
a2
85
Numquid vis, quin abeam?
54 ADELPI'L Acr. If.
STRUS.
Famne enumera[li id quod ad te rediturum putes?
SANNI O0.
Hoccine illo dignum eff? boccine incipere Æfchi.
num ? |
Per oppreffionem ue banc tnl eripere po/fulet ?
STRUS. |
Laba[cit. Unum boc babeo, vide fi fatis placet : -
Potits, quàm venias in periclum , Sannio,
Servefne, an perdas totum, dividuum face.
Minas decem corradet alicunde.
SANNIG
Hei mibik :
Etiam de [orte nunc venin in dubium mifer.
Pudet nibil: omnes dentes labefecit mibi,
Preterea colagbis tuber efP. totum caput.
Etiam infuper defrudet ?. nufquam abeo.
STRUS.
SANNTO.
Imà bercle boc quefo, Syra,
Ui bec funt fafla, potins quàm lites fequar ,
Meum
REMARQUES.
28. JAMNE ENUMERASTI ID QUOD AD TE REDI-
TURUM PUTES]? As-tu enfin fuputé le gain qui te re-
viendra de toutes tes marchandifes? On a fort mal com-
pris le fens de ce paffige, en l'expliquant comme fi:
Syres parloit encore de cette fille que fon maitre a-
voit enlevée. Ce n'eft point cela, ce valet veut dé-
souer Je. difcours, & parler d'autre chofe, afin que
Ut lubet |
4
|
Se: IIL. LES ADELPHES. of
| SYRUS.
As-tu enfin fuputé le gain qui te reviendra de
toutes tes manchandifes ?
SANNION.
Eft-ce là une a&ion digne d'Efchinus? um
bomme comme lui devroit-il entreprendre de
m'enlever ainf par force cette fille?
SYRUS.
Le voila bien ébranlé. Je n'ai qu'une chofe à:
te dire, voi fiselle te plait. Mon pauvre San-
nion, plutôt que d’être dans l'incertitude fi tw
retireras ton argent ou fi tu perdras tout , con-
tente-toi dé la moitié. il tirera trente piftoles.
de quelque endroit. |
SANNION
Ab, malheureux que je fuis! quoi, me voila
en danger de perdre méme le principal? N'a-t-
il point de honte? il m'a caflé les dents, il m'a
fait de groffès boffes à la téte à force de coups,
& fur tout cela il veut encore avoir mon bien.
Je ne vais nulle part. |
n SYRUS . M
Comme il te plaîra. N'as-tu rien davantage à
me dire? Je m'en vais. -
SENNION. E
Eh, mon pauvre Syrus, de quelque maniére
que la chofe fe foit paffée , plutôt que d'avoir
- un procés, je te prie, qu'il me rende au, moius
| ce
A
REMARQUES.
.cela foit fini: il demande donc au marchand s’il a
" Bien fuputé le gain qu’il prétend faire dans fon voya-
ge, X cela eft très fin. TE
N O TE &
29. Inceptare, poui incipere ,. comme il parolt .que
Donat a lu, : tc PV
N 4
45
5
1
e906. /. ADELPHL AcT. IE.
Meum mibi reddatur , [alfem quanti emta eft , Syre,.
Scio té. non. ufum antebac amicitiá med :
Memorem me dices e[Je, C9 gratum. — :
STRUS.
| Sedulè .
Faciam. Sed Crefipbonem video: letus eft.
De amicd..
SANNFO.
Quid quod te oro?.
STRU S.
| Paulifper imane.
vWeoeoolelekedetoleteretolelekeroteletototejokelotejeketejokekoieek or
ACTUS.SECUNDOU S.
.S,CEN A IV.
CTESIPHO. SYRUS. SANNIO.
CT E $ I P H O.,
' A Bs quivis. bomine , cim efl opus, beneficium .
accipere gaudéas :.— ^
Verüm enimverero id demum juvat , f, quem a-
quem: e[B. bene facere, is facit.
' O frater, frater, quid. eg nunc te Heide: fatis -
. certà fcio,
Numquam ita. magnifice buse dicqm, dd Vire
tus quin fuperet tua:
kaque unam banc rem me'babere preter alios. pren.
. cipuam arbitror ,
Fratrem bomini * neminem effe primarum. artium
magi principem.
ST.
* Vulg. t
O T. E. fs
42. Eje afww , fur un MS. 5i
Sc, IV. LES ADELPHES. 597
. ce que j'ai débourfé pour cette efclave. Je fais
bien que jufqu'ici tu n'ás point eu de preuves de
mon amitié; mais à l'avenir tu avoueras affuré-
ment que je n'oublie pas:les fervices qu'on me
rend, & que jene manque pas de reconnoiffance.
| SYR'U S.
J'y travaillerai:tout de.bon. Mais je vois
Ctéfiphon, il eft fort gai d'avoir fa maitreffe,
| ^? SANNION. u
^ Eh bien, xdi que je te demande?
Attends ici un moment. :
EI PEN
ACTE SECOND.
S:C'E.N.E IV - -
CTESIPHON. SYRUS. SANNION.
CTESIPHON.
DE quelque part que vienne un bienfait dans une
occafion preffante, cela fait toujours plaifir;
mais en vérité le plaifir eft double lorfqu'on le
reçoit de ceux de qui on devoit l'attendre rai-
fonmablement. Oh, mon frère, mon cher:frére4
de quelle maniére puis-je me prendre à vous
louer? ]e fais trés bien que tout ce que je pou-
fois dité-de vous, feroit toujours fort au-deflous
de ce que vous méritez; & je fuis perfuadé que
le feul avantage-que j'ai fur tous les autres hom-
mes, c'eft d'avoir un frère comme vous qui pàs-
fédez au plus haut degré toutes les qualités es-
fencielles à un honnête-homme.
| SY«
NOTES
6. Nemini , fuivant que Ki MSS,
| 3
mg ADELPHI Acr.Æ
SFRUS.
| $9 Gefipho. | E
CTESIPHO.
Q Syre, Æfchinus ubi eff J
STRUS :
.. Ellum, te exfpeËtat domi.
CTESIPIHO:
NODE , Hine
STRUS
Quid ef? — .
CTESIPHO:
Quid fit? illius operd, Syré , nunc vivo,
SETRUS. D.
| Feftioum caput t
CTESTIP IH O0.
Qui omnía fibi pofiputarit e[fe pre meo commodo ,.
yo Malcdita, famam , meum amorem, € peccatum:
— dn fe tranflulit:
Nibil he Jupra. — Sed quidnam fuis crepuis ?
STRUS.
Mane, mane. , ipfe exit foras.
ACTUS:
N O T E S.
D. Quint --- poft putavit, fur différens MSS.
NEN
*
Sc. IV. LES ADELPHES. ? on9
SYRUS.
‘Ho, Monfieur.
ü CTESIPHON.
Ah, Syrus, où eft mon frère?
SYRUS.
Le voila qui vous attend au logis.
CTESIFPFHON.
Ah! |
SYRUS.
Qu'y a-t-il? mE
CTESIPHON.
Ce qu'il y a, mon cher Syrus! c'eft par fon
moyen que je vis préfentement.
2 SYRUS.
. C’eft un galand homme, en véritét
CTESIPHON.
+ Yl n'a compté pourrientous fes intérêts, quand
' fla été que(tton de me fervir; il s’eft expofé
aux emportemens de mon père; il a pris fur
Jüi tout ce qu'on dira de cette attion, les fuites
ficheufes de mon amour, mon crime; enfin per-
fonne au monde n'eft plus généreux, Mais qü'efte
ce? on fait du bruit à la porte. -. ; |
| "SYRUS
. Demeurez, v'eft lui qui fort. — ^.
Ji p . .. ACTE
| NOTES. :
yt. Nam quid , pour od pre Sed-nç fe trous
vant point dans un MS. ni dans Donat,
|t : s
L4
!
$0 ,ADELPHIL. Acr. I.
RECTO} TOM HOT ICKIINNIN AIN TES …
ACTUS SECUNDUS.
OoSCEN Kk V
ÆSCHINUS. SANNIO. CTESIPHO..
SYRUS. |
._ ÆSCHINUS
X iata rr e NR
Men' quarit? nunquidnam effert? occidi :.
Nil video.
e. - ÆSCHINUS. Hr
Ebem, opportune , te ipfum queritos quid fit,
| Ctefipbo ? -
In tuto efl'emnis res: omite verd triflitiam tuam.
CTESIP HO.
Ego illam verd omitto, qui te fratrem babeam qui.
77 — dem, 8 mi Afebine PM
O mi germane! ab vereor. coram, in os te laudare
. amplius, . PEN
Ne id a[fentandi magis ,quàm quo babeam gratum, —
facere exiftumes. + |
| ÆS CHI-, y
d REMARQUES.
Y. MEN' QUE RAT ]? Me cherche-t-51? Mon E
ef-
s lifoit fans point interrogant, me guerit, il mec
«be. Le marchand d'efclaves n'a pas plutôt entendu
vbi ille ef? f[acrilegus? qu'il fent bien que cela s'adres-
» & qu'iF dit gayement if me cherche, car il
efpère qu'E(chinus lui aporte fon - argent. Ce carac-
ère du marchand d’efclaves eft très bien fuivi. Il
compte pbur rien les coups .& Jes. injures ,. pourvu
u'on lui donne fon Rene H dit ces mots, i/ me
eberche, en treffaillant de joie; & lorfqu'il voit qu'on
B aporte rien, il eft tout confterné,
ê
6. NA
| 2
P
QU ur
AU L:
yeu
,.
ra
4
Sc.V; LES ADELPHES. sur
MT Eco bobo series sese Soros
ACTE.SECOND.
SCENE V.
ESCHINUS. SANNION. CTESIPHON.
SYRUS.
ESCHINUS . dub
OU eft. ce- coquin? -
5 +: SANNION. :
Me cherche-t-il? aporte-til quelque chofe?:
Je fuis mort , je ne vois rien.
| | SCHINUS.
Ab, je vous.trouve ici bien à propos, je voue
cherchois. Que dites-vous, mon frère? taut eft
en iureté, ceffez donc-d'être trifte.
. CTESIPHON.
Je ceffe de l'étre auffi, puifque j'ai un frére
comme vous. Oh, mon cher Efchinus, oh,
mon frère! Mais je n’ofe vous louer davantage
en votre préfénce, de peur que vous ne croyiez
Que mes louanges ne viennent plutôt d'un efprit
flateur que d'un efprit reconnoiflant,
ESCHH
REMARQUES .
6. NE ID-ASSENTANDI MAGIS]. De pen.
que vous he crayiez, &c. La phrafe Latine eft reinar-
quable , a/fentandi magis ; on fousentend caufà ou
&ratid, que les bons Auteurs fuprimoient ordinairo-
ment ayec grace. . | j
NO, ES E
1- Me quarif, fans interrogation, fur un M$e : »
“2. Oaaro , dans paie tous les MSS, .- - .
8 Hercig vero, La is EXE
RA Ü
S XA&SCHINUS .
Age , inepte y quafi nunc non. norimuy "bs inter
'" mos, Ctefipbo!
Sed boc mibi delet, nos pene ferd fciffe, €? pene-
in eum locum -
. Reiffe, ut fi omnes cuperent, nibil tibi pofene-
auxiliarier.
CTESIPHO
| Pudebat. EL EE : : " * i
Æ SCHINUS on
Ab, fVultitia eff iffbac , non pudor , tam ob pars
| ..75 — * tolam | d dA
Rem pene à patrid! turpe didu; Deos quefo uk
sflbec probibeant.
CTESIPHO
ESCHINUS Cc
. .. Quid ait tandem nobis Sannio?"
AE S TRU S.
Peécaoi. -:
gam mitis eJF.
Æ SCHINUS. :
Kao ad forum ibo, ut bunc abfoloam: tu intro ad!
illam , Ctefipbo. b n E
Fee |.SANNIO.
re, infia. er
(ie STRUS. EA
Eamus: namque bic properat in Cyprum;
. 2 '$4N-
REMARQUES. |
11. PENE E PATR1A]. Avoir penjé quiter fom
3! Donat nous avertit que Mérasdre avoit fait que
ce jeune-homme avoit voulu fe tuer de defefpoir ;
mais comme cela étoit trop tr:gique, Térence l'a core
rigé avéc raïon; & cela fait voir de quelle mani
«e Poète tr^duifoit les p'èces des Grees,— un à
14. EAMUS: NAMQUE HIC PROPERÁT iw CY-
| re PRUM J.
Li
27 NOT E S :
. $. M. ,B. Ote td , après un M$. ‘& Donat, dir
Sc. V. LES ADELPHES. 90
ESCHINUS.
Allez, badin, comme fi nous ne nous com
noiffions que d'aujoürdhui! Ce qui me fiche, '
c'eft qu'il ne s’en eft epe rien falu que nous
n'ayons fu votre paffion trop tard, & que les
chofes ne foient allées de maniére que quand
tout le monde auroit fouhaité de vous fervir,
en ne l'auroit pu pourtant.
CTESIFHON.
J'avois honte de vous découvrir mon amour
ESCHIN US.
Ah, cela s'apelle fotife, & non pas honte.
Quoi! pour fi peu de chofe avoir penfé quiter
fon pais! cela eft honteux, & je prie les Dieux.
d'empécher un tel malheur.
CTESIPHON.
J'ai eu tort. ;
ESCHINUS.. .,
Eh bien, Syrus, que dit donc enfin Sanniont
SYRUS.
Il eft doux comme un mouton.
ESCHINU S.
Je m'en vais à la place pour le payer: pour:
vous, mon frère, entrez & allez voir votre mab
treffe.
SANNION.
Syrus, preffe-le, je ten prie. -
SYRUS
| Allons, Monfieur, dépéchons-nous, car Sans
nion. eft fort preflé de partir pour Cypre. - - :
SANS
| REMARQUES.
BRUM]. Allons, Monfieur, dépéchens-nons, car Same
nion efl fort pre de partir pour Cypre. — Syrus dit i :
)
fifant © in eun rem locum. Rem, dans trois MSS.
. sus Jes éd, anc. mais avec pene.
304. ADELPHL Acr. IL
| SANNIO.
; PU S Ne tam quidem. .
35 ; Quamvis etiam maneo otiofus bic.
STR US.
Reddetur , ne time. .
S 4 N N.I O..
"At ut omne .reddat.-
S-TRUS-.
One reddet, tace-medó , ac fequere bat.
"—S.,4 NN.IO.
. CTESIPHO.
Heus, beus, Syre. —
STRAUS.:
Hem. quid ef? .
.. CTESIP HO.
.Obfecro bercle ,. bominem m impuri/Jmum
/
Quamprimum abfolvitote , ne, fs magis irritatus
. Sequor.
tet,. ET
"liqua ad patrem boc permänet,. atque ego tum
perpetuù perierim.
STRUS..
20. Von fiek: bono -animo es: tu cum id te intus
oblefta interim, .
Et leQulos jube [lerni nobis, C9 parari. cetera. .
Ego,
| REMARQUES..
la pour épouvanter-le marchand , qui apréhende d'a-
‘bord qu’'Efchinss ne veuille profiter de la néceffité où
il le voit de partir, & qu'il ne lui. donne point d'ar-
gent ; c'eft pourquoi il répond qu'il. n'eft pas fi preffé,
. 17. OBSECRO HERCLE, t e vous Prie,
eu nom de Dieu. Ctéliphon étoit rentré: mais la peur
‘qu’il a que le marchind ne faffe da bruit, le fait for-
tr pour prier fon fiète do payer premptement. cet
homme.
39. Mir
L
i SANNION. : |
Pas fi preffé ; je n'ai rien à faire, j'attendrai
tant qu'on voudra.
| ^. SYRUS.
Ne crains point, il te rendra ton argent, à
SANNION.
Mais au moins qu'il me le rende tout,
SYRUS. |
À Il te Je rendra tout, tai-toi feulement, & nous .
uh: ;
SANNION..
Allons... |
| CTESIPHON,; ‘#1
Hola, hola, Syrus. i
. SYRUS.
Eh bien, qu'y a-t-il?
CTESIPHON.
Je vous prie,. au nom de Dieu, de dépécher :
au plus vite de payer ce coquin, de peur que s’il
fe met encore à faire l’enragé, cela ne vienne
aux oreilles de mon père, ce qui me perdroit
"pour jamais...
. e SYRUS-.
' N'apréhendez rien, cela n'arrivera pas: cepene
dant entrez au logis, & allez un peu entretenir
cette belle fille. Sur-tout faites mettre le cou-
Vert, & ayez foin que tout foi prêt; fitót que
cette .
| REMARQUES. |
jum A 3 +
' , 18. NE SI MAGIS IRRITATUS SIET]. De
_peur.que S'il fe met encore à faire l'enragé. Irritari fe
dit proprement des chiens, comme Deonat l’a fort bien
remarqué Lucilius, irritata canis.
NOTES.
17. Hercle te, far deux MSS. en faveur du vers
à.
M
306 "ADELPHTI Acr. Ill.
Ego jam, tranfatlá re , cenvortain-me domuin cum»
opfonio.
CTESIPHO |.
Jia qui[os. quentlo boc bene fuccelfit , bilarem. bune:
| | Jumamus diem. | |
MEET ONE
‘ACTUS TERTIUS
SCENA L
SOSTRÁTA. CANTHARA.-
SOSTRATA.
OBfecro, men tu nutrix, quid nunc fiet? |
CANTH A R A. RD
| E: ij id fet rogas ?'
Ae edepol fpero. . Modo nc e tu , Occi-
piunt primulum: - Ur
' Som
REMARQUES,
22. EGO JAM, TRANSACTA RE , CONVORTAM
ME DOMUM CUM OPSONIO ]. 7e m'en reviendrai bien
vite avec tout ce-qu'il faut. Donat fait ici cette judi-
cieufe remarque : Convertere magnifice ditfum. Ver-
bum eft. enim magni moliminis © agminis ingenbis; tabe
Convertere fe dicitur quem pompa recedit ; ©* Impera-
Tor Dropriè convertit exercitum. Convertere ef? dit ma-
Erifiquement. Car c'eff un mot de grand attirail (v. de
grande fuite , & il fe dit proprément de ceux qui revien-
‘ment comme en triomphe, E des Généraux qui ramónent-
leur armée. Mais notre langue n'a point de terme
‘propre qui puiffé exprimer cela. |
23. HILAREM HUNC SUMAMUS DIEM ]. LI fast.
que nous pafians toute cette journée; On peut rem2rquec
ici femere prendre, pour cex/amere, »@-œræ Ai ruse
I, i, D d ROGAS ] 1? Ce qu'il en arrivera? On a
mé difttibué lcs perfonnages en. cct endroit dioc
St. I LES ADELPHES. so
cette affaire fera terminée, je m'en reviendrai
bien vite avec tout ce qu'il faut pour faire bone
De-chére.
| CTESIPHON.
Je t'en prie, Syrus; puifque toüt nous a ft
bien réufli, il faut que nous paffions toute cette.
journée dans la joie & dans le plaifir. |
PRET III LI IT TL OR ARR
ACTE TROISIEME.
SCENE IL
SOSTRATA. CANTHARA.
S um SOSTRATA :
À chère nourice, je te prie, qu'arrivera-t-il
" de ce mal?
CANTHARA :
Ce qu'il arrivera? j'efpère en vérité quetout
ira bien. Mais les douleurs ne font encore que:
<ommencer, & vous apréhendez comme ff vous:
| ne
REMARQUES.
ci comme ils font en tous les Z*rences:
di CAN, Quid fier rogas
Ree edepol pero. SOS. Mod dolores, mea .t#, de
cipiunt primulum. yt
CAN. Jaw nunc times , Ce. |
Yl eft certain que c'eft la nourice qui. parle toujours,
comme je l'ai mis dans ma traduction; le refte fait.
un fens ridicule. Desat l'auroit bien fenti. . Sofrat.
dit à fa nourice mea tu nutrix , & la nourice lui ré-.
pond avec la méme tendreffe aea rs. Cela me paroit.
inconteftable. :
N O T E S.
23. Hilaré, comme Palmérius a corrigé.
1. M. B. retranche ##,- aprés Faern.
2. Modà- - - primulum , d#ns la bouche de Softratas.
:fans autorité, Voy, la Rem. de Me, D, :
308: ADELPHI Acr.lIli
Fam nunc times, quafi numquam adfueris , num-
quam tute pepereris. »
SOSTRAT S4.
Miferam me! neminem babeo: fole fumus: Geta -
. autem. bic non adeft ; :
$ Nee quem ad obffetricem mittam , nec qui arce[Ja&
Æ/chinum. .
CANTH 4 R A.
Pol is quidem jam.bfc aderit: nam numquam unnm .
intprmittit diem.
Quin femper "veniat.
SOSTRAT A. 2
Solus, mearum miferiarum eff. remcdium.
CANTH 4R A.
E re notd melius fieri baud. potuit, quàm fa&um
efl bera- ^... 7 e. |
Quando vitium oblatum eff; quod ad illum attinet -
MA, potiffimum, — | |
10, Talem, tali genere , tali anima, natum ex tam :
familid. . |
SOSTRAT A4 »
Jta pol eff; ut. dicis: falous nobis, deos quefo, .
ut fiet... .
ACTUS.
KE M-AR QUE S.
I. NUNC ILLUD EST]. Cef? préfentement qae. .
On ne fauroit dire en bon Latin c'2/? préfentement que.
*1l faut néceffairement avoir recours à:cette façon de
parler, n4nc illad «ff. Et cela me paroit su eo
eite.
"E
‘Sc. L LES ADELPHES$ ‘209
ne vous étiez jamais trouvée à aucun accouthe.
ment, & que vous n'eufliez. jamais ‘accouché
vous-même. E E EE
"* SOSTRAT'A.
"Malheureufe que je fuis! je n'ai perfonne,
- nous ne fommes que nous deux; Géta méme
n'eít pas ici, & je n'ai qui que ce foit pour en-
"woyer querir Ja fage-femme ;ni pour faire aver-
tit Efchinus. Mol
"CANTHAR A.
Pour Efchinus, il fera affurément bientôt ici:
car il ne laiffe jamais, paffer un feul jour fans
vous venir voir.
SOSTRAT A.
"1l eft ma feule confolation dans tous mes cha-
.grin. —^
| "CANTHARA,
_ "En vérité puifque cet accident devait arriver
à votre fille, elle ne pouvoit pas tomber en meil-
leures mains. 'Efchinus eft un jeüne-homme fi
bien fait, fi noble, fi généreux, & d'une famil-.
le fi riche & fi confidérable.
SOSTRATA
Cela-eft très vrai, & je prie les Dieux de
‘nous le conferver.
| x. ACTE
NOTE.
3. Nufquam adfueris, fuivant un MS.
s. Nec eff quem , fans. autorité.
$. E re nat4, fur tous les MSS.
do. Talem, tali ingenie atque animo, fans autorité,
$0 "| ADELPHIIL Avr. ff
000 Bao CORO e ORA OO OU ACT UA ORO t
ACTUS TERTIUS
$ CE N A IL
GET À. sos RATA.CANTHARA.
GET A.
Nue illi eft, quod fi omnes omnia a fun confié
lia cpnferant ,
«dique buic maio Jaen quarant. y | auxili sib
, afferant.. -—
Quod mibique , beræque, “flieque: berili eff. ya
mifero mibil
Tot res end circumvallant , wnde. Rapt f10n
| «pote
€ Vis, egeflas, inju[litia, fülitudo, in nfamia: ^oc
THiccine Jeclum? fcelera! 0 gena figi Ü
bominem impium! : ;
SOST R AT 4
MY S ]
Me miferam ! quidnam efi. quid. fic vides pimidum:
9 properantem Gitim?
GET:
Quem neque fides, heque fugurandum, neque tilia
mifericordia.
. Repraffk , neque reflexit, neque quid partus in[Ta-
bat prope: -
IC Cui mifere indigné per tim vitium obtulerat- — .
SOSTRAT A4. ,
Non saei
Suis que loguattir;
CANTHARA
Propiàs, obfecro, accedamus , M s
. 4
LA
E qe 2
Sc. IL LES ADELPHES srt
ACTE TROISIEM E.
SCENE IL
(GE TA. SOSTRATA. CANTHARA,
. GET A.
Cet préfentement que nous fommes dans un
état, que quand toute la terre s'affembletott.
;pour confulter & pour chercher du remède au
malheur qui nous eft arrivé, à ma maitres-
‘fe, à fa fille, & à moi, tout cela ne nous fe-
roit d'aucun fecours. Que je fuis miférablet
mille maux font venus nous affiéger tout d'un
-coup, fans qu'il nous refte un feul moyen de
les éviter: Ja violence, la pauvreté, l'inju(tice,
l'abandonnement, l'infamie. Kit-il pollible que
Je fiécle foit fi corrompu! Ah le fcélérat !ah les
maudites gens! ah le perfide!
SOSTRA T A.
Malheureufe que je fuis! qu’ya-t-il? d'où
“vient que Géta eft fi troublé? & pourquoi vient-
1l avec tant de hâte ?
GET A.
Qui n'a pu être retenu, ni par la foi qu'il luf
a donnée, ni par les fermens qu'il a faits, ni
par la compaffion, ni pour voir fur fon terme
cette pauvre malheureufe qu'il a deshonorée! -
SOSTRA T A..
Je n'entends pas affez clairement ce qu'il dit,
; ^ CANTHARA. . -—
. Je vous prie, aprochons-nous plus près de du,
'5
‘20
‘#2 ADELPHI ‘'Acr. Ill
GET'A. |
Ab,
Me. miferum! vix fum compos animi ,. ita erdee
iracundiá, | A |
Nibil efl , quod malim, quàm illam totam familiam
mibi obviam, | ;
Ut íram banc “in eos evomam omnem , dum agri-
tudo bec ef} recens: vou"
Satis mibi id babeam Jupplicii "dum illos ulcifcar
Seni animam primiim exflinpguerem ipfi qui illud
produxit fcelus: -^—
Tum autem Syrum impulforem," vab, quibus ilium
. lacerarem mvdis ?
Sublimem medium 'a?riperem , ^ capite primm in
terram flatuerem, Lo
‘Ut cerebro difpergat'viam: — ^.
Adolefcenti ipft oculos eriperem , pot bec precipi-
(0o tem darem: |
Ceteros ruerem, agerem, raperem, tunderem , C9
proflernerem. ee
x QM dE Sed
. REMARQUES.
'Yf. SATIS MIRI ID HABEAM SUPPLICII, DUM IL-
LOS ULCISCAR MODO]. Jln'y a rien que jé ne vou=
Iuffe fouffrir. Jufqu'ici on a expliqué ce paffage de cette
manière, Je Les tiendrois aÏfez bien punis, pourvu qu'on
me permit de-me venger d'eux, Ge. En vérité ce-fe-
toit là une chofe bien furprénante que Geta crût ces
A aflez punis, s’il avoit arraché le cœur à l’un,
écrafé 1a tête à l'autre. 'Je m'étôhne qüe l'on n'ait
fenti que cela fait un très mauvais fens. Satis baberem
3d fupplicii , fignifie je fouffrirois tel fuplice que lon veu-
droit. Mr. Guyer ttouve À propos de retrancher ce vers.
,16. SENI.... QUI 1LLUD PRODUXIT SCELUS]. -4s
vieillard qui a donné le jour à ce monfire. C'eft Démta;
car quoiqu'il füt trés éloigné d'aprouver ce que faifoit
fon fils, Géra eft fi tranfporté de colère qu'il troure
‘que ce bon-homme en donnantle jour à EJcbinus, a fair
St IL LES ADELPHES. #13
G ET A.
Ah, que je fuis malheureux! je ne faurois me
poíféder, tant je fuis tranfporté de colère Ma
plus grande païlion feroit de rencontrer préfen.
.gement fur mon chemin tous ceux de cette mai-
fon, pour décharger fur eux toute ina colére,
pendant qu'elle-eft encore récente. Il n'y a rien
que je ne vouluffe fouffrir, pourvu tu’il me fût
permis de me venger comms je voudrois. Pré.
miérement, j'arracherois le cœur au vieillard qui
a donné le jour à ce monftre; & pour le fcélé.
rat de Syrus qui l’a poufé à faire cette perfidie,'
ah! de quelle manière le mettrois-je en pièces!
. Je le prendrois d'abord par le milieu du corps,
je batrois de fa téte les pavés, afin que toute
fa cervelle fût répandue dans la rue, l'arrache-
. rois les yeux à Efchinus, aprés quoi je le pous-
ferois dans quelque précipice. Pour les autres,
je les jetterois par terre, je les pourfuivrois, je
les trainerois , je les affonmerois, je les foule-
‘rois aux pieds. Mais pourquoi tarder davanta-
| *- EE
REMARQUES.
. "mn affez grand mal pour mériter qu'on lui óte la vie.
i9. UT CEREBRO DISPERGAT VIAM ]..f-
fin que teute fA cervelle füt répandue dans la ru. Tée
‘rence avoit écrit aflutément di/pergeret, comme mon
père l'a corrigé : car on ne peut pas dire um inva-
derem st interficiam, mais st interficerem: autrement
ce feroit un folécifme. Ille arriperem wt difpergeret,
afin que les tems fe répondent.
i41 RUEREM , &c.]. Je les renverferois , &c.
Tous ces termes font pris de la guerre.
N OT E S.
14. Ut ego iram , fuivant la plupart des MSS.
15. Dun --- med. M.B. Óte cela, mais"fans autorité,
18. Er capite pronum , fans autorité.
21. Funderem, pour tundertm, comme Guyet a lu
| O
LI
dune Il.
25
434 ADELPHL Acr. lll
Sed ceffo boc malo beram impertiri properé ?
SOSTR 4T A.
Revocemus. * Geta.
| G E T A.
Hem,
-Quifquis.es fine me.
or RAT À
Ego fum Sofirata .
G E T 4.
Ubi ea efl? te ipfam querito:
Te exfpetto. Oppidà opportuné te obtulifHi mt ebviam,
Xiera.
SOSTR AT 4,
uid ef] ? quid trepidas?
Quid af GET A.
Hei mibi !
SOSTRATA
Quid feflinas, mi Geta?
Aiimam recipe. — —- |
GET A.
Prorf®,
SOSTRAT A,
aid iftbuc prorfus ergo. eft?
CY 329 diia
; Periinus.,
dium «ft. | |
SOS " RAT rs
Loquere, ‘obfecro, quid fit. -
‘GE T 4.
am. |
J $9.
REMARQUES.
23. HEM, QUISQUIS ES, SINE ME]. He,
qui que veus foyez , ne m'arrètez point. Cctte réponte
e
e Géta eft fondée fur ce quen Gréce lc. peuple pre-
noit plaifir à arrêter les efclaves dans les rues & à les
amufer, afin qu'ils fuffent batus quand üs feroient de
dotour cbea leurs maitres. —— mat
i e
ic. iL LES ADELPHES. sry
: ge à aller faire part de cette méchante nouvelle
4 ma sobre |
SOSTRAT À.
-Rapellons-le, E
| G E T A.
‘Mé, qui que vous foyez, ne m'arrétez point,
SOSTRAT A.
"C'eft Softrata.
'G.E T A.
Où eft-elle? C’eft vous-même que je cher.
€hois, & que je fouhaitois tant de ren contrer,
En vérité je ne pouvois vous trouver pu à
SOSTRAT A.
Qu'y a-t-il? p. es-tu fi troublé?,
Ah, mon Dieu! |
SOSTRA T A.
. Pourquoi es-tu fi fort hors d'haleine? Mou
pauvre Géta, ‘rebrehs tes efprits.
G E T A. |
Nous fommes entiérement....
SOSTRA T A.
Eh bien entiérement, quoi?
; G E T A. :
Entiérement perdus, c'en eft fait.
| STRAT A.
Dis-moi, je te prie, ce qu'il y a.
G E Fa
Préfentement....
$9-
NOTES
23. Ubinam es? pour nb? d did fans autorité.
. 24. Te expeto, après un M
27. Loquere ergo, ebftero tes dE ^luficurs MSS. hoy
‘8 que Donat a lu,
Os
435 — ADELPHI Acr.IL:
SOSTR AT 4A.
Quid jam , Geta?
GET A.
4Efcbinus.
SOSTRAT A.
id ergo is?
Re "G E T A.
Alienw'ef} ab noflrd familid.
SOS TARAT A.
| Hen,
Perii! quare ?
GETA |
ÆAinare occepit aliam.
SOSTR 4 T 4.
Ve mifer mibi ?
G E T A.
go Neque id occultà fert : à lenone ipfus eripuit palam.
T SOSTRATA,
Satin' boc * certé?
G.E T A.
Certé: hifce oculis egomet vidi , . Soflrata.
SOSTR AT A.
Ab,
Me miferam! quid credas jam, aut cui credas?
nof)rumne JEfcbinum ,
ANoflram vitam omnium, in.quo noftre fpes ope[que
^ ommes fite erant,
Qui fine bac jurabat fe unum numquam vitturum
diem, ;
35 Qui
"r"Vulg. certum. Ÿ Vulg. certun.
REMARQUES
32. QUID CREDAS JAM , AUT CUI CREDAS ]?
Que croire préfentemen&, Cv à gai rd fer? Que crotre?
C'eft pour Jes chofes. A qui fe fier? C'eft pour les 4
perfonnes; car la bonne-foi pe vient que de ces.
*
cho-
—
ScIL. LES ADELPHES. 313
SOSTRA T A.
Eh bien; Géta, préfentement?
G E T A.
Efchinus....
SOSTR AT A.
Qu'a fait Efchinus ?
G E T. A.
Il ne fe foucie plus de nous.
SOSTRAT A.
Ab, je fuis morte: & comment cela?
A. G E T A.
Depuis peu il eft devenu amoureux d'une au-
tre.
| SOSTR AT A.
Quel malheur:eft le mien ?
| G E T A.
Et il ne s'en cache pas; il l'a lui-même enlee , :
vée en plein jour.à un marchand d’efclaves.
SOSTRATA
Cela eft-il bien vrai? |
^. - GETA
Trés vrai, je l'ai vu moi-même de ces deux
SOSTRAT A.
. Malheureufe que je fuis! que croire préfente-
ment, & à qui fe fier? Quoi! notre Efchinas,
notre unique reffource, notre vie & notre cone
folation, fur qui nous fondions toutes nos efpé-
rances; qui étoit tout notre bien & notre feul
apui, qui juroit qu'il ne pouroit jamais vivre un
feu] jour fans ma fille, qui difoit que fitót qu'elle
feroit
KEMARQUE S.
chofes, ou de la qualité des perfonnes qui promete
tent, ou de la nature des chofes qu'ils promettent
NOTE S
31. Satin boc certumfi? Certum , fur un MS. -
33. MS Bi ote a, os autorité :
ü 3
418: ADELPHT Acr.IIE
. Qui Je in fui gremio pofiturum puerum dicebat pa-
tris, ita
Obfecraturum, ut kceret banc uxorem ducere!
| GET 4.
Hera, lacrumas mitte, ac potis , quod ad banc:
rem, opus eft, porro * confule.
Patiamurne, an narremus cuipiam? :
CANT H:.A R44
Au, au, mi bomo, fantin! es$:
An proferendum boc tibi videtur ufquan e[fe?
GET 4.
Mibi quidem non placet,
Fam primüm, illam alieno animo à nobis e[Je , res.
"re ipfa indicat.
Nunc fi boc palam proferimus , ille inficias ibit , fab
cio ; | .
Jua fama. © gnate vita in dubium venicte
0075 Tum, fi maxume. x
| Fa
V Vufg.. prafpice..
REMARQUES:
$35. IN SUI GREMIO POSITURUM PUERUM DICES.
SAT PATRIS]. 1i porteroit l'enfant fur. les genoux de.
père. C'éto:t là coutume des Grecs; les enfans
Houveaux-nés étoient mis dans le giron des grands.
ères. Il y en a une preuve bien remarquable dans
e 9. Livre de l'Iliade vers 445. où Phénix dit que
fon père fit plufieurs imprécations contre lui, & qu'il
invoqua les Furies, pout les conjurer de faire, enfor- .
te que jamais aucun enfant né de lui ne füt mis fur
fes genoux, c'eft-à-dire qu'il n'eût jamais d’enfans.
Et quoique cette coutume ne fût pas à Rome, Téren-.
ce. n'avoit garde en traduifant une Comédie Gréque,.
- de rien changer à un paffage qui marquoit une coutu-
e Ce font des chofes qu'il faut toujours conferver.
TAOBSECRATURUM] E: qu'il le dr
p reis.
Sc. IL LES ADELPHES. 419
feroit aecouchée, il porteroit l'enfant fur les ge.
noux de fon père, & qu'il le conjureroit en...
fuite d'agréer fon mariage. Abt
G E T A.
: Ma mattreffe,ne vous amufez pas à pleurer:
fongez plutôt à ce que nous devons faire dans
cette rencontre, Souffrirons-nous cet affront,.
ou nous découvrirons-nous à quelqu'un?
CANTHAR A.
Oh mon pauvre garçon, es-tu en ton bon:
. fens? à quoi penfes-tu ? Eft-ce que tu voudrois
que nous allaffions publier une chofe comme:
celle-là ?:
G E T. A.
Je n'en (uis pas trop d'avis, car prémiérement:
rien n'eft plus vrai qu'il ne fe foucie plus de nous, .
la chofe parle d'elle-même. Si. nous publions-
ce qu'il nous a fait, il ne manquera pas de le.
nier, j'en fuis für; .& c'eft commettre votre ré-
putation, & l'honneur & le repos de votrefille.
De plus, quand même il tomberoit d'accord de
tout, puifqu'il aime ailleurs, ce feroit fort mal
| fait:
KE MARQUES. |
poit enfuite. Ceux qui ne fe fouviennent pas que les
Latins avoient beaucoup de mots purement Grecs, ne
peuvent s'empécher de faire beaucoup de fautes en.
triduifant. Îr4 ne fignifie pas en .cet endroit ainf,.
mais poflea , .enfuite, X il eft pris du Grec.
39. AN HOC PROFERENDUM TIBI VIDETUR US$.
QUAM ESSE ] ? E/f-ce que tu voudrois que nous allaffront^
publier une chofe comme celle-là ? Térence garde bien les*.
caractéres ; la nourice eft d'avis qu'on cache cet acci-
dent, car les valets croyent que c'eft là le feul remè--
de; mais c'eft à quoi la mère n'a garde de confenrir. .
NOTE S à
35. ta; au v. fuiv. où M. B. lit once Je. Sj dans s
un MS. i
38. Patiamur , fans ne & fans autorité...
39. M. B. óte effe , après S MS, .
4.
329. ADELPHE Acr.Ill
Fateatur, cm amet aliam, non utile banc illi dari
Quapropter , quoque pato tacito efl opus.
SOSTR. A T A.
m Ab, sninimé genium,
45 Non faciam.
G E T A.
Quid agis ? 3
SO-STRAT 4.
Proferam.
GET A. nu
Hem, mea Sofirata, vide quam rem agat.
SOSTRAT A. .
Pejore res loco non potis efl e[fe , quàm in boc, qu
nuac fita FA
Primÿmn indotata efl : tum. preterea, que fecum
. da ei dos erat, - |
Periit: pro virgine dari nuptum non poteft. Hoc.
reliquom eft,
Si inficias ibit, teflis mecum eff. annulus, ques.
amiferat,
SO Pefiremd, quando ego confcia mf fum , à-me cu
pam banc procul e[Te , nec
Pretium, neque rem ullam interce[fe 4ll4 aui me.
indignam, experiar, Geta. '
GE T' A.
Qaig iftbic? accedo, ut melius dicas.
| Tu, quantum potes, abi,
4dtque. Hegioni cognato bujus rem omnem narratio.
ordine.
Non
N O T E S.
41. Non eff utile buic, illi dari , fans autorité.
. 4$: Quid ais? pour quid agis? fuivant un MS.
agas, dans la bouche de-Canthara, fans autorité.
$6. Quhs in que, Ótant boc, comme no Quin.
ge IL LES'ADELPHES. ga
fait de lui donner votre fille; c'eft pourquot,
de quelque manière que la chofe tourne, il faut
garder le fecret.
SOSTR AT A.
Ab, point du tout, je n'en ferai rien.
G ET À.
Que- prétendez-vous donc faire?
SOSTRAT A.
Je veux m'en plaindre.
G E T A. .
Ah, ma bonne maltreffe, fongez-y plus d'üs
ne fois.
. SOSTR A T A.
L'affaire ne peut être dans un état plus fâcheux :
que celui où elle eft. Prémiérement ma fille n'a :
point de bien, & elle a perdu la feule chofe
qui pouvoit lui tenir lieu de tous les biens du
monde; elle ne peut plus être mariée comme
fille. S'il nie ce qu'il a fait, j'ai une reffource,
l'anneau que ma fille a de lui fera un bon témoirm.
Enfin, puifque je n'ai rien à me reprocher, &
eue nous ne nous fommes attiré ce malheur, ni
r avarice, ni par aucun autre motif indizne
d'elle ou de moi, je veux voir ce qui en: arri-
vera, je veux le-pourfuivre. i 5
G E T A.
. Ah, qu’allez:vous faire? je vous en prie,
changez de fentiment.
SOSTR.AT A.
Géta, va le plus vite que tu pouras chez Hé.
gion, le parent de ma fille, & lui :conte bien
toute
N O T E S. |
49: Quem ipfe, fur prefque tous les MSS. & leséd. anc,
51. ANe gue pretium ---- aut ill aut me , (ang. autoritd ,.
portant experiar au v. fuiv. après queiques MSS. ,
. $2. Cede , pour accedo fans. autorité , tranfpoxtant
ghi au v. fuiv.
O 5
$05- KAKDELPHILIE Ac.l
Nom is nofiro Simulo fuit. fummus , 9 nos coui.
maxume. |
GET A.
55 Nam bercle alius nemo refpicit nos.
| SOSTRAT A.
Propera tu, mea Cantban;
Curre; obfletricem arce(Je ut, ciim epus fit, ne in.
morá nobis fiet.
gt t MK eee ec ve x x ee Xxx HIHI,
ACTUS TERTIUS.
| SC E N A IL
D E M E A;
Di » Chefipbonem audivi filium -
UnA, alfuiffe in raptione cum ZEjchino: .
JH mifero reflat mibi mali, fi illum poteft,
—. Qui ahcui rei eff, etiam * eum ad nequitiem abs
ducere.,
5. Ubi ego illum queram? credo abdu&um in gantum
4f'iquó: perjuafit ille impurus, fat fcio. ^ ———
Sed in d Syrum video; binc fcibo jam uM.
fret. |
Atque bercle bic de grege. illo eff: fi me enfer
Eum quaritare , numquam dicet carnufex.
5e Non ojtendam id me velle...
ACTUS:
* Abeft à MS.
.AEMARQUE.:.
$4. NOSTRO SIMULO ]. De notre pauvre Simbs.
lu — Denat à eu tort de croire ‘que Simslus éroit -
se. Il. LES ADELPHES. 23°
toute l'affaire; car il étoit ami intime de notre
pauvre Simulus ; & ila toujours eu de l'affe&ion :
pour nous. |
G E T. A.
Ma foi, il n'y a que lui qui nous confidére, :
SOSTRA T A.
Hite-toi; &,toi, ma chère Canthara, cours
chez la fage-femme, afin qu'elle. ne nous faífe
pas attendre quand nous en aurons befoin.
N
LÉ LL ES iii iii ii iliiiii]);:tt;:;;:]7:: G
ACTE TROISIEME.
SCENE IL.
D E M E A.
Jt fuis perdu: j'ai oui dire que mon fils Ctéfi-
phon étoit avec Efchinus à l'enlévement de
cette fille. Miférable que je fuis!il ne me man-
que plus que de voir celui qui s'occupe à quel-
que chofe de bon ; fe laifler auffi entrainer àla
débauche. Où le chercherai-je? affurément fon
frére l'aura mené avec lui dans quelque vilain
lieu. Ce perdu l'aura enfin entrainé malgré lui ,
jen fuis für.: Mais voila Syrus, je vais tout-à-
l'heure favoir où il peut être Cependant ce
maraud eft de la bande; s’il s'apergoit que je
le cherche, le pendard ne me le dira jamais. Je
ne ferai femblant de rien.
ACTE
REMARQUES.
hom Latin dérivé di Simon. Simalus eft purehient-
Grec ; CiMMS » CIKVAoS. Ce. mot fe trouve dans Lucien. :
d c,
O6:
324 ADELPHI. Acxr. Ill
Évbubcbebebopepebupopcpobetebot ch
ACTUS TERTIU'S.
SCENA IV.
SYRUS DEM E.A.
^. S$rRUs
. -
O mnem rem modi fthi ;
Quo patfo baberet, enarramus ordine.
Nil quidquam vidi letius.
DE M'E À
Pré Fupiter,.
Hominis flultitiam! —
ST.RUS.
. Collaudavit filium;
s. Mibi, que id dedi[Jem $5 lium , egit gratias,
DEM E 4A.
Défier, ]
STRU s.
Argentum adnumeravit illico: -
- Dedit praterea in fumtum dimidium mine: .
Id diftributum fané eft. ex fententid,.
D EM E 4A.
. | ^ Hm,
Huic mandes , f£ quid re&d curatum «velis.
STRUS.
30 Hem, Demea, baud afpexer@n ui uisa
N.OTES
aC. IV. M. D, joint cette Scène à la précédente, .
To.
m nim
S. IV. LES ADELPHES. say.
Ébobuoupoucbuccbdocponoogouhon:E
ACTE TROISIEME
S CEN E IV.
SY.RUS. DEM E A.
SYRUS.
Ous avons tantôt conté à notre bon-hom«s
me toute l'affaire d'un bout à l'autre, &:
de quelle manière elle s’eft pæfiée; je n'ai de
ma-vie rien vu de plus gai.
D:E M E A;
Oh, Jupiter! voyez l'extravagance du per:
fonnage!
| SYRUS.
, +
Il a loué fon fils, & il m'a remercié de lui ai.
Voir donné ce confeil.
DEME A. "
SYRU S.
Sur l'heure méme il nous a compté cet n
gent, & nous ade plus dohné une * piftole & de.
- mie pour nous réjouïr.e Elle a été bientôt em-
ployée, ma foi, & fort à mon gré. |
D.E M E.A.
Ho vraiment; fi l'on veut que quelque chofe
foit bien fait, on n'a qu'à en donner le foin à
cet honnête homme-là,
S Y. R U S.
Ah, Monfieur, je ne vous avois pas aper:
€1. Que fait-on?
| .DE
V - Une demie miut.: ; :
O 3- M
J'enrage,
«5: ÆDELPHL Acr.IIL.
D'E MM E.A.
Quid agatur? vofiram nequeo mirari fatis
Rationem. ^ |
| STRUS...
Efl bercle inepta, ne dicam dolo, atque -
Ablurda. Pifces ceteros purga, Dromo:
Congrum iflum maxumum in aquá finito ludere --
15 Paulifper: ubi ego venero, exo[Jabitur.
- Priüs nolo.
DEM .E 4.
Hieccine flagitia! :
eSTRUS. '
Mibi quidem non placent : :
Et clomo.fepe. Sol/amenta bec, Stepbanio,
Fac macerentur pulcré.
DEME A.
Dii voftram fidem! :
—. *Uitrum fhidione id fibi babet, an laudi putat -
€O Tore, fi perdiderit gnatum? ve miJero mibi! :
Videre videor jam diem illum, quum binc egens.
Profugiet aliquó militatum.
STRUS, |
O Demea,
Jfibuc eff fapere, ton quod ante pedes modè eff,
| Vide- .
REMAR QU'E S...
11. VOSTRAM NEQUEO MIRARI $ATIS RATIO-:
WEM ]. Je ne puis aflez admirer etre manière de vi--
wre. Ratio fignifie en cet endroit manière, procédé, .
comme dans la III. Scene du V. Aëe: .
Eandem illam rationem antiquam obtixee. -
Ve
Donat s'y eft trompé, s'il eft vrai que la remarque.
qu'on trouve fur ce paffage foit de lui, ce que j'ai
peine à croire, |
‘4 20. $1 PERDIDERIT GNATUM]. Prexdil.
Wanc à tâche de perdre ce fils? 11a fallu traduire ce fi/s .
4: pour coníeryer la beauté de ce paffege. qui confiBeen
ce c
Sc. IV. LES ADELPHES.. ga
DEM E A.
Ce que l'on faft? Je ne puis affez admirer,
votre maniére de vivre..
SYRU S.
Ah, à n'en point mentir, elle eft fort imper-
tinente , & fort extraordinaire. Dromon, vuide.
moi tous ces poiffons; mais pour ce congre-là,.
laiffe le un peu dégorger . dans l'eau; quand je .
ferai de retour on l'aprétera, je ne veux. pas,
qu'on y touche plutót.- |
| D E M E À..
Peut-on fouffrir ces déréglemens! :
SYRUS.
Je ne les aprouve pas non plus , & je crie fou .
vent contre. Hola, Stéphanion , aye foin de faire..
bien deffaler ces poi(Tons,
? s D E M E A.
Grands Dieux! prendil donc à tâche de per--
dre ce fils, ou croit-il qu’il recevra de grandes :
louanges quand il: l'aura perdu? Que je (uis .
malheureux! il me femble que je vois déja le jour -
que ce garçon fera contraint par la pauvreté de .
s'en aller quelque part à la guerre.
SYRUS. ;
Ho, Monfieur; c'eítlà ce qui s'apelle être :
fage,
. REMARQUES.
ce que. Déméa ne dit point: Quand il aura perdu Efebi. .
nus, Ou men fils, ou fon fils; mais gnatum feulement, .
ce fils. Et c'eft ce que Dénet a bien vu, car il dit:
Magno affetfu , non dixit /fibinum , C mirè, non ad- .
didit cujus gnatwn. .
23. ISTHUC EST SAPERE, NON QUOD ANTE PE-
DES MODO EST, VIDERE ]. C'ef]-IX ce gui s'abelle:
étre age , de ne voir pas feulement ce qu'en a devant les :
yeux. J'ai mis ce qu'en a devant Les yeux, au-lieu de
ce qu'on a devant les pieds. Cela revient à la même -
chof». Donat dit que Tfrence à imité ici le mot qu'i-
Jis. fervante dit de fon maize, qui en regardans dans
8?
. Profpicere.
ms : ADELPHI Acr I
Videre , fed etiam illa, qua. futura funt , .
D E M.E A.
Quid, ifl bec jam penes vos. pfaltria eft? '
ST R.U S.
* Eft jam intus.
DEME A
Bo, an domi ef} babiturus? ^
STRUS,
Credo, ut eff:
Dementia.
DEME A.
Heccine fieri !
STRUS..
| Anepta lenitas
Patris, C3 facilitas prava.
.D.& M E A. |
Fratris me quidem :
Pudet, piget
PETER ST RU S.
Nimium, inter vos, Demea (ac
Non, quia ades præfens, dico boc) pernimium in-
. tereft.
Jus quantus quantus, nibil nifi fapientia es:
Jile fomnium: fineres verû illum tu tuum
Facere bac!
D E M E A.
Sinerem illum ? .aut non ex totis menfibüs
Pri-
&. Yulg. eJlam.
. REMARQUES.
les aflres pour y lire l'avenir, tomba dans un puits:
Quod ante pedes efl , non videt : cali firutatur plagas.
JÍ ne voit pas ce qui ef? à fes pieds, Cv il vest «eir ce
qui fe fe dans la vafle étendue du Ciel,
28%. FRATRIS ME QUIDEM PUDET Herren
; "ai
Sc. IV. LES ADELPHES. 45»
fage, de ne voir pas feulement ce qu'on a de-
vant les yeux, mais de prévoir encore de loin
ce qui doit arriver.
DEME À. .
'Eh bien, cette joueufe d’inftrumens eft pré.
fentement à vous ?
SYRUS
La voila là-dedans.
| DEME AX
Ho, ho, eft-ce qu'il veut l'avoir chez lui:
S Y R e.
Je le crois, tant.il e(t fou.
D E M E A.
Cela fe peut-il? .
S Y R U S.. :
C'eft une fotte bonté de père, & une perni-
cicufe facilité.
D.E M E A.
: En vérité j'ai bien du chagrin & bien de là.
ie de la conduite de mon frère. |
| SYRUS.
Monfieur, il y a une grande différence de vous
à lui, ce n'eft pas parce que vous êtes préfent-
que' je le dis: vous depuis la tête jufqu'aux pieds
vaus n'êtes que fageíTe, & lui, rien que mifére
& que pauvreté. Ce feroit vous, vraiment, qui.
laifferiez faire ces équipées à votre fils!,
DE ME A.
Moi, lui laiffer faire? & je n'aurois pas dé-
couvert tous fes deffeins fix mois tout entiers
| avant
| REMARQUES.
T bien du chagrin Cv bien de la honte. Pudere fe dit:
es chofes honteufes, pigere des chofes nuifibles.. -
NOTE S.
2$. Ellaw , pour eff jam, comme Donat a lu. Faera, .
339% . ADELPHE Ac.
Priüs olfeci[Jem , quàm ille quidquam caperit?
STRU S.
ps Pigilantiam tuam tu mibi narras?
DEME A4
Sic fer
Modi, ut nunc eff, quefo. *
STRU'S. |
Ut quifque fuum volt efe; ita eji.
DEME.A. .
Quid eum? vidiflin' bodie?
S TRU'SS. |
Tüumne fiium?
CAbigam bunc rus ) jam xludum aliquid ruri aget:
|. arbitror.
DE ME 4;
Qui fcis. ibb effe?
STRUS.
Ob, * qui egomet produxb
D'E M E A.
S Optum? eft.
4o. Mütui, ne Bereret bic.
| STRUS:
Atque iratum admodum
DEM E 4:
Quid autem?" -
| | STRUS.
Aortus efl jurgio fratrem apud farum:
De Jfaitrid ifl bác.
D E.M E 4 :
Ain vero? : ;
ST
* Vulg. quen.
NOTES. _—
35 Tun mibi? Otant narras, comme dans HE
AV. S. ILL v. 22. & lifant f. modi , dans le mene Osa
39
Sc. IV. LES ADELPHES, 5r
avant qu'il eût ofé entreprendre la moindre chofe ?*
R U S.
A qui le dites-vous? eit-ce que je ne connois.
pas vos foins & votre prévoyance? :
D E M E A.
Pourvu qu'il (oit toujours commeileft préfen«
tément, je n'aurai pas fujet de m'en plaindre.
SYRUS.
Ma foi, Monfieur,.les enfans font ce qu’on,
. weut qu'ils foient.
Am D.E M E A.
Mais à.propos l'as-tu vu aujourdhui?
SYR |
Qui? votre fils? bar. Je vais le chaffer biet,
vite. baut. ll y a longtems qu'il eft à votre inais
Ton de campagne à faire quelque chofe. .
D'E ME À,
Es-tu bien für qu'il y eft?
RUS.
Si j'en fuis für? j'ai été avec lat jufqu'à moitié”
chemin.
DEMEÉA .
Cela va le mieux du monde ; jecraignois qu'il:
e fût retenu ici |
SYRUS.
Et il étoit méme fort en colére., -
D E M E A.
Comment donc?
"^| SYRUS.
Il venoit de quereller fon frère . à la place,
fur le fujec de cette chanteufe.
D.É M E A.
*
SY-
Dis-tu vrai?
NO T E S.
39. Qut, pour qui, après quelques MS$Se
45
32 ADELPHIE Ac.Ir
F STRUS.
; Vab, nil reticuitz:
Nam, nt numerabatur fortà argentum , intervenit
Homo de improvifo ; cepit clamare: O" JEjchint
Heccine flagitia facere te? bec te. admittere.
Indigne genere nofiro! ,
D E M E 4.
* Ob, lacrumo gaulit,
STRUS.
Non tu boc argentum perdis, fed vitam tua...
. ' DEM E A.
$aleos fit: fpero, eff fimilis majorum füám«
| S$1RUS. |
| Huit
DEM-E 4. °
. Syre, praceptorum plenus eft sfforum iile.
STRUS. |
Phy
Domi babuit, unde difceret: .
DEME 4.
Fit Jedulà
Nil pretermitto: confüefacio: denique
Infpicere, tanquam in fpeculum , in vitas omnium
TFubeo, atque ex aliis Jumere exemplum fibi.
Hoc facito. 3
. | n ST
REMARQUES.
+ $2. INSPICERE TANQUAM IN SPECULUM J. À 57
regarder comme dans un miroir. Comme on fe lert du:
mifoir pour corriger les défauts que la nature ou The
bitude peuvent avoir donnés, & pour prendre. un:
meilleur air & des manières plus convenables, 2124”
es regardant, la vie de chacun en particulier ,,9n e
Sc:V. LES ADELPHES. 334
SYRUS.
- Allez, il ne lui a rien celé’ Mon homme eft
-arrivé tout d'un coup comme on comptoit l'ar-
gent, il a commencé à erier; Eít.il donc poffi-
ble, Efchinus, que vous fadiez des chofes fiin-
‘dignes de notre maifon ?
D E M E A.
- Oh! je pleure de joie.
SY RU S.
Ce n'eft pas feulement cet argent que vous
perdez, c’eit votre repos, c'e(t votre réputation.
NU Le D E M E A.
Que les Dieux le confervent ; j'efpére qu'il
reflemblera à fes aieux.
S Y R U.S.
Qui en doute?
D.E M E A.
Syrus, il eft tout plein de ces beaux précep-
tes que tu lui as vu donner à fon frére.
YRUS.
Bon! comment pouroit-il être autrement? n'a
t-il pas toujours eu chez lui de qui aprendre?
DEM E A.
Je fais a(furément tout ce que je puis pour le
rendre honnête homme; je ne lui laitfe tien pas-
fer; je l'accoutume à la vertu; en un mot je
l'exhorte à confidérer la vie de chacun, à s'y
regarder comme dans un miroir, & à prendre
de-là des exemples pour fa conduite. Faites ce.
ci, lui dis-je.
| SY-
REMARQUES.
changer ce qu'on a de vicieux, & choifir des exem-
ples pour la conduite de fa vie. Car d'ailleurs la vie
des autres ne nous repré(ente pas la nôtre comme ug
miroir repréfente le méme objet.
O T E $.
48. Erft, pour ef^, fans autorité.
534 ADELPHI Acr. HI.
STRUS.
* Reflè Jane.
DE M E À.
Hoc fugito.
STRUS.
D E M E £4.
Callide,
55 Hoc ludi eft. -
STRUS
Jfibac res eft.
Hoc vitio dattir.
STRU S.
D E M E 4.
Porro autem.....
STRU S.
| Non bercle otium eft
Nunc mibi aufcultandi. Pifces ex fententid
Naüus fum: bi mibi ne corrumpantur Pai e
am
Probiffumé.
REMARQUES.
v4. HOC FACITO , HOC TUGITO , HOC LAUDI
EST, HOC VITIO DATUR ]. Faites ceci, évitez cela
nne telle chofe efl louable. Ce caractére de Dééa e
fort naturel & fort bien fuivi. Un homme comme lui
ne peur pas inftruire fon fils en Philofophe, qui rend
raifon des chofes, & qui dit pourquoi elles font bas-
nes ou mauvaifes; il ne peut & ne doit l'inftruire que
comme un fimple bourgeois inftruit fon fils, en lui
difant faîtes ceci, © évitez cela , une telle chofe eft
douable ; cette autre efl blâmée de tout [e monde. Pour
bien connoitre la beauté de ce pañlage, on n'a qu'à
le comparer avec ce qu'Horace dit de íon pere dans
la IV. Sat. du Livre Í. Ce père en donnant à fon
fils les mêmes leçons que Déméa donne ici au fien,
ajoute :
e Sapiens vitata quidque petita
Sit weligs, cau[Jas reddet tibi, vi fatis ef, fi Ta
$c. IV. LES ADELPHES. 535
SY RU S.
'Fort bien en vérité.
DEM E A.
Evitez cela.
SYRUS.
Excellemment.
D E M E A.
"Une telle chofe eft louable.
SYRUS.
D E M E A.
Cette autre e(t blàmée de tout le monde,
SYRUS.
Parfaitement.
D E M E A.
Enfuite je....
SYRU S.
Ah pour l'heure, Monfieur, je n'ai pas fe
tems de vous entendre, j'ai le plus beau pois-
fon du monde, il faut que je fonge à ne le lais-
fer
Voila le point.
REMARQUES.
Traditum &b autiquis worem fervare, tuamque,
Dum cuflodis eges, vitam famamque tueri
Incolumem po[fsms.
Les Pbhilofopbes te diront pourquoi une chofe ef? bonne eu
wauvaife. Cefl affez pour un bomme comme moi de gar-
der les coutumes qui viennent de nos prémiers pères, C
pendant que tu. as befoin de gouverneur , de conferver fans
' aucune tache ta vie (y ta réputation. Sur cela Donst a
fort bien remarqué: Non philofushicé , fed civiliter mo-
net; non enim dixit, hoc bonum, /ed , hoc laudi eft;
mec, hoc malum, /ed, vitio datur. — Ergo ut idiora Cp
omicus, non uti fapiens C» preceptor.
$6. NON HERCLE OTIUM EST]. "b , po
heure, Monfieur, je n'ai pas le tems. Cette répon
de Syrus eft fondée fur ce que le vieillard vient de di-
re porro autem , qui font deux termes qui menaçoient
d'un long difcouis,
‘60
‘65
Yo
Ubi, fi quid bene precipias, nemo obtemperat?
q36 ADELPHE Acr.TH.
Nam id nobis tam flagitium e quàm illa , Demea,
Non facere vobis , que mod dixti : £ÿ , quod queb ,
Confervis ad eundem ifl bunc precipio modum :
:Hoc falfum eft, boc adufluin, boc lautum eft pa-
(é0 fum:
liu re&e, iterum: fic memento. Sedul
Moneo , que po[Tum pro med fapientiá : :
Pofiremd, tanquam in fpeculum, in patinas, De-
mea, ed
Infpicere jubeo , € mmeo quid fa&o ufu' fiet.
Inepth bec e[Je , nos que facinus , fentio.
Verim , quid facias? ut boo eff ,ita morem geras.
ANumquid vis? |
DEM E A.
Mentem "vobis meliorem dari.
S1nRU S.
Tu rus binc abis?
| D E M E 4.
_ Red.
STRUS |
Nan quid tu ble agas,
"O9 DE.
REMARQUES.
64. PRO MEA SAPIENTIA]. Selon ma petite
capacité Cv le peu de goût que j'ai. Le Latin dit feule-
ment, Jélon ma capacité, mais pour faire fentir la
race de ce paíffage il a falu tradiüre /elon ma petite
pacité ; & [e peu de golt que j'ais cat Syrus fait ici
une équivoque fur le mot de fa5ientiz, en le prenant
aulfi pour un terme de cuifine, & c'eft ce que Donat
a bien fenti, car il dit JYazoprixéls Japientia dixit,
guia
Sc. IV. LES ADELPHES. *$5
fer pas gâter ; car c’eft une ‘auffi grande honte
pour nous de faire une faute comme celle-là,
‘que pour vous autres de pe pas faire tout ‘ce
que vous venez de dire; & tant que je puis je
donne ces mêmes leçons à mes camarades: Cela
eft trop falé, cela ett brulé, cela n'a pas affez
trempé ; voila qui eft bien, cela, fouvenez-vous
“de le faire de même une autre fois. Je leur don-
-petous les meilleurs avis que je puis, felon ma
etite capacité & le peu de goût que j'ai. Enfin,
Monfieur je les exhorte à fe mirer dans leur
'vaiffelle comme dans un miroir, & je les avertis
de ce qu'ils doivent faire. Te vois fort bien que
tout ce que nous faifons eft ridicule; mais quel -
moyen? il faut fervir les gens à leur mode, Ne
-me voulez-vous plus rien?
DEME A.
Que vous deveniez plus fage.
i S Y R U. 8. : E
. Pour vous, fans doute que vous vous en al-
Jez gux champs tout de ce pss? jr o
DEMEA
| _ SYRUS . |
‘Car que feriez-vous dans un lieu où, fi vous
donnez de bons avis, perfonne ne les écoute ?
-
"Tout droit. :
REMARQUES.
qula condimentum gu/fu ac fapore temperant coqui. Il die
fapientia en Je mequant , parce que les euifiniers affaifen-
want des faulfes par le goût © par la faveur.
“NOTES.
vo. O Demez, fuivant un très anc. MS.
66. Ufus fit, fur un MS. |
. . 704 llés, pour abis, dans les meilleurs MSS,
-*
«99 ^ ADELPHI Acr.II.
DEM E A,
£go verd binc abeo, quando is, quambrem buc
"UTOR ,
. us abiit: illum cure umen: Vie nd me adtinet,
Quando ita volt frater; de iftboc ipfe viderit.
75 Sed quis illic eff , quem video procul? efine Hegie
Tribulis nofler ? fifatis cerno, bercle is ef. Fab,
Homo amicu' mobis jam inde à puero, Di bent,
Ne illiufmodi jam magna nobis civium
Penuria eft: bomo antiquá virtute ac fide.
-8o Haud cit) nli quid ortum ex boc fit publice.
Quàm gauice , ubi etiam bujus generis reliquias
. Reflare video! vab, vivere etiam nunc lubet.
Opperiar bomines bic, ut falutem, £9 conloquar.
bte ebook |
ACTUS TERTIUS,
SCENA V.
fIEGIO. GETA. DEMEA. PAMPHILA,
| H E G I O.
Rob Dii immortales, facinus 4ndignymn! Geta,
Quid nara; !
REMARQUES,
73. ILLE AD ME ATTINET]. Il wy a ge
Jui qui me touche." Cette parole auroit paru dure pout
un père qui ne doit jamais oublier fon fils; c’eft pour-
uoi il ajoute , pai/2se mon frère le veut. ainfi.
o ita volt frater.
76 TRIBULIS NOSTER]. De norre Triba. Les
* etiot-
al -
Sc. V. LES ADELPHES. 44$
D E M E A. .
Je m'en vais aflurément, puifque celui pour
qui j'étois venu s'en eft retourné. Je n'ai foin
que de celui là, il n'y a que lui qui me touche,
puifque mon frère le veut ainfi; qu'il faffé de
l'autre comme il l'entendra. Mais qui eft cet
homme que je vois là-bas ? Eft-ce là Hégion de
notre Tribu ? fi j'ai de bons yeux c'eft lui affuré-
ment. Ah, c’eft un de mes meilleurs amis de-
puis l'enfance ; grahds Dieux, quelle difette nous
avons préfentement de tels citoyens! C'eft un
homme de 1a vieille roche; perfonne ne fauroit
dire qu'il ait jamais fait la moindre chofe qui
ait pu fcandalifer le public. Quej'ai dejoie quand
je vois qu'il refte encore de ces bonnes gens du
fiécle d'or! Ah! il y a encore du plaifir à vivre;
je vais l'attendre pour le faluer, & pour m'en.
tretenir avec lui.
ACTE TROISIÈME.
SCENE V
. HEGION. GETA. DEMEA. PAMPHILA.
HEGION.
AG Rands Dieux, voila une action bien indigne,
Géta! que me dis-tu!
| . GE-
REMARQUES.
| dhibéniens étoient divifés en douze Tribus, peut-être
à limitation des Jis.
N O T E S.
23. Curo: unum illud, fans autorité,
76. M. 8. ôre éf) , luivant un MS.
79. M. B. retranche homo, lans autorité.
62. M, B. Ote vob, POS la mefure du verse
2
—
1345 .-ADE£LPHI Acr. I
GETA
Sic eft fa&um.
-H E G I O.
| Ex. illan’ famili,
"Tum illiberale facinus e[fe ortum! 6 Æfcbine!
Lol baud paternum ifi buc dedifti.
D E M E ad. |
Videlicet
5 De pfaltrié bác audivit, id illi nunc dolet
.Alieno ; pater is nibili pendit! Hei mibi!
-Utinam i prope ade[fet alicubi , .atque eudiri
bec.
H EG IO. |
Ni facient que illos equom eft , baud fic auferet.
GET 4.
"In te [pes omnis , Hegio, nobis fta ef :
40 Te folum babemus: tu es patronus, tu pater:
Ille tibi-sneriens nos commendovit fenex.
Si deferis tu, periimus.
« HE'GIO.
Cave dixeris:
ANeque faciam , neque me fatis pie po[Te arbitror.
E DEMEA -
Adibo: falvere Hegionem plurimum
as Jubee. z
x MA
REMARQUES.
''*. HAUB SIC AUFERENT]. Jis n'en aurbnt pas
Ji. bon marché qu'ils penent. “C'eft le véritable fens de
e mot aaferent, auquel Donas méme a été énfbai |
On n'a pas pris garde que c'eft un terme -emprmé
.des marchés où l'on emporte Ia marchandife à un cer
«tain prix. : |
13. NEQUE ME SATIS PIE POSSE ARBITROR] -
Vt. je ne Jaurois Ie faire en confcience. Je ne puis le fais
xe danses maxime de la piété, Il parle de da. pite
pa
Sc. V. LES ADELPHES. gr.
GET A.
Cela eft.comme je vous le dis, Monfieur..
* | 7" HEGION.
Que dans une famille comme celle-à on ait.
fait une chofe fi honteufe! 6h, Efchinus, vous.
n'avez pas apris cela: de votre père.
* m D K M E A.
Il a fans doute oui parler de cette chanteufe,. .
& cela le fàehe , quoiqu'il ne nous foit rien; &.
ce brave père n'en eft point. touché! Ah, mon
Dieu! je voudrois bien qu'il fût en quelque lieu.
près d'ici, & qu'il: entendit ce qu'on y dit. |
+ HEGION. |
S'ils ne font leur devoir en cette affaire, ils
n'en aurout pas fi bon marché qu'ils penfent. -
. "GET A.
Monfieur, nous n'avons d'efpérance qu'en:
vous, vous êtes notre feul. apui, notre défen-
feur, notre pére;le pauvre défunt nous recom-
manda à vous en mourant; fi vous nous abam«
donnez, nous fommes perdus. |
HEGION. .
Ah, ne me parle pas:de cela; je ne le ferai
p35,, & je ne faurois le faire en confcicnce..
AM DEM E A .
Je vais l'aborder. Je. donne le bonjour à Hé
gion. i UU
HE-
REMARQUES.'
parce que Géte lui a dit, vous éteg notre père, caf,
piété en Latin eft des pères aux énfans , auffi-bien que
des enfans aux pères. Hégion répond parfaitement à
là bonne opinion que Déméa a témoigné avoir de lul
à la fin de la précédente Scène. :
N.O T E S..
* s; Hoc, pour Pec, après un très anc. MS.
8. Nifi facient , dans i les MSS, &. Donate. ,
"CN
gÿ2 | ADELPHL Act. Il.
HEGIO. |
Ob, te querebam ipfum: ^os Des |
E $ DEM E A.
fes H.E G I O.
Mojor. filius tuus Æ/chinus,
fratri adoptaudum dedifli , neque bei,
liberalis funus officium eft viri. |
f DEM E 4.
ifibuc?
e H E G I O.
/"^ oftrum amicum noras Simulum, ao
$o JEguolem
DEM E 4. "
idni?
HEGIO.
Filiam ejus virginem
F'iriavit. "m
D E M E 4.
Hem! |
HEGIO.
Mane , nogdum audi, nr
bdo iit i
D E M E 4.
An quidquam eft etiam amplius?
T HEGIO,
Perd amplius: wam boc quidem, ferundum alg
modo e
Perfuafit nox, amor, vinum, adolefcesiía:
85 Humanum efl. Ubi feit faëlum, ad maire
ni.
ghi yai
j O-T E
42. An quid ef, ac un MS. "s
HEGION. :
C'eft vous-même que je cherchois; bonjour,
Déméa. .
D E M E A.
Que dites-vous donc?
HEGION.
Votre fils aîné, votre Efchinus, que vous
avez donné à adopter à votre frère, a fait une
action qui n'eft ni d'un honnête homme, ni d'un
homme de condition. |
D E M E A.
Qu'a-t.il fait
HEGION.
Connoiffez-vous Simulus, notre ami, qui €^
toit de notre âge?) :
\
DEMEA ,
Oui da.
H É Gel ON.
Efchinus a deshonoré fa fille.
D E M R A.
Oh, bons Dieux! i
HEGION.
Attendez, vous n'avez pas encore entendd
ce qu'il y a de plus horrible.
DEME A.
Eft-ce qu'il y a.quelque chofe de plus horrb»
ble que ce que vous me dites ? |
H E G I O N. x
Oui affürément; car quelque méchante que
foit cette action, elle eft pourtant excufable en
quelque maniére; la nuit, l'amour, le vin, la
jeuneffe l'ont porté à cela, il n'y a rien là d'ex-
traordinaire. Mais dès qu'il fe fut aperçu de fa
faute, il alla de lui-même trouver la mére de
+ cette
/. gg — ADELPHL Aon Ill:
Venit ipfus ultro, lacrumans , orans, obfecrans ,.
Fidem. dans, jurans fe illom du&urum domum.
Ignotum eft, tacitum eft, creditum. efl :. virgo.
ex e0 -
Compre(Tu gravida fatta eff : menfi* bic decimus eff:;
39 llle bonus vir nobis pfaltriam, fi Diis placet,
Paravit, quicum vivat, illam deferit,
" D E M E A.
Pro certo tu iflbec dicis?
H EG .I O.
MT Mater virginis.
In medio eft , ipfa virgo: res ipfa: bic Geta.
* Preterea, ut captus eff- fervorum , non malus,
35 Neque iners, alit illas, folus omnem familiam.
Su/lentat: bunc abduce,. vinci, quere rem.
: GET 4.
Im berche extorque nifi wa faftum eft, Demea.
Poflremó non negabit, coram ipfum cedo.
"i DEM E A.
Pudet : "e quid agam , neque quid buic ee[pon-.
edi, C
40. Sc i0. S S
PAM
REMAR QUES.
30. ST DI1S PLACET]. S'il plaît aux Dieuxs.
On fe fervoit.de ces termes s i/ plait aux Dieux,
quind on vouloit aggraver une a&ion & la rendre.
plus odieufe. Ae
34. UT CAPTUS.EST SERVORUM , NON MALUS»,
NEQUE INERS]. Qui pour un valet, n'efl ni un fri-.
pon, ni un fet. Ut captus efl fervorum, pour un' valet.
Cit les Anciens avoient trés mauvaife opinion des
walets, & ils les croyoient tous ou fots ou méchanse.
témoin le proverbe.
AsAa 9 xcipoy Sir >, 89$ TE xaAB. -
TL n'y a rien de plus méchant qu'un valet, le meilleur.
EC | n'en
9
S:V.. "LES ADELPHES. gx
cette fille, pleurant, fupliant, conjurant, pro.
mettant, jurant qu'il l'épouferoit. On lui a par-
donné, on n'a rien dit, on s'eft fié à lui. La
fille fe trouve groffe, elle eft dans le neuvième
mois, & cet honnéte homme. eft allé acheter
une.chanteufe, pour vivre avec elle, & il aban..
donne celle-ci. .
D E M E A..
Eh êtes-vous bien für ?
HEGION.
La mère & la fillé font à votre porte, & la:
chofe parle affez d'elle-même. De plus voila Gé-
ta.qui, pour un valet, n'eft ni un fripon, ni un
fot; il nourit-ces pauvres femmes.de fon travail;
& il eft feul le foutien de toute cette famille;
emmenez-le, faites-le lier, & tirez de lui la vérité.
| G E T A.
. Oui affurément, . Monfieur, mettez- moi à ls
torture pour favoir fi cela n'e(t pas comme on
vous le dit. Efchinus lui-même n'en difconvien«
dra pas, faites-le venir en ma préfence.
D E M E A.
J'ai grand'honte, & je ne fais; ni que faire,
ni que lui répondre. .
M PAM:
REMARQUES.
n'en vast rien. Hégion dit donc ici que pour lun va
Tet Géra n'eft ni malus, ni fripon, ni iners, niggn for.
Et il parle ainfi.poür faite vdir' que fon témdggnage
doit être de quelque poids. Il m'eft pas un fripon,
our dire une Chofe qui n'eft point; & il n'eft pas
un fot, car cft ce que fignifie ici proprement snersy
fine arte, pouc être trompé & ne pas favoir ce qu'il
dit. , Cela méritoit d’être expliqué, car je: m'y étois .
trompés.
N OT E S. hd
. 29. M. B. óte Jic, en faveur du vers,
34. Ut captus fervorum ef. Servslorus , dans tous
les MSS, . Pes |
Eo : Es.
45
5o
| Quid mibi refpondes?
«46 ADELPHI Ac IIEL
PAMPHIL 4.
| Miferom me! differor doleribus.
Funo Lucina, fer opem, ferva me, obfecro. .
HEGIO.
Hen!
Numnam illa, quafo, parturit?
GET A.
| Crrid , Hegio,
HEGIO.
Him!
Tilec fidem nunc voffram implorat , Demen.
uod vos jus cogit , id voluntate ut impetret. .
cc primum ut fiant, Deos queo , ut vobis decet:
Sin aliter animus vo[ler eff, ego, Demea,
Summ4 vi defendam banc atque illum mortuum ,
Cognatus snibi erat: unà à pueris parvoli
Sumus eduBi , unà femper militie € domi
Fuimus: paupertatem unà pertulimus gravem,
Queprepter nitar, faciam , experiar denique
imum relinquam potius quàm illas deferam.
€ | DE
: REMARQUES.
qo. PAUPERTATEM UNA PERTULIMUS GRAVEM Je
Ness avons fouffert enfemble ane grande pauvreté. 1l
dit cela , parce qu'il eff certain que la mauvaiíg
fortune lie & unit plus les hommes qué l'ont
e enfemble que, la bonne. Dies di He bien,
snagis conjungit malorum confortium m bonruw. Ej
i i: feit e difficile d'en donner s raifon.
$4. ID QUOD MIHI DE HAC RE DEBERIT CONjI«
EUM. ID SÉQUAR ]. Je/uivrai le conftil qu'il me
onneræ für cette affaire. On a ajouté ici ce vers,
Mais, coms éarci l'a (ol bien remarqué, es
2
Se V. LES ADELPHES 447
PAMPHIL A.
Ah , malheureufe que je fuis! je n'en puis plus,
Tunon Lucine, fecourez-moí, ayez pitié de moi,
je vous en prie.
- HEGIO!N.
Ho, je te prie, elt-ce qu'elle accouche ?
; G E T A.
Oui, Monfieur. |
| HEGIO N.
Ah, Déméa, cette pauvre créature. implore
préfentement votre bonne-foi; accotdez.lul de
bonne grace te que les loix vous forceront enfin
de lui accorder. Au nom des Dieux, faites de
vous-méme ce que doivent faire des gens d'hon-
mur, comme vous. Mais fi vous êtes en d'au-
tres fentimens , je vous avertis que j'entrepren-
drai hautement la défenfe de cette pauvre mal-
heureufe , & que je vengerai l'affront qu'on vou-
dra faire à la mémoire de mon.ami. C'étoit mon
yis nous avons toujours été élevés eníem-
le; nous ne nous fommes jamais quités, ni en
paix, ni en guerre; nous avons fouffert enfein-
ble une grande pauvreté. . C'eff paurquoi.je pe
négligerai rien, j'agirai, je ferai, je tenterai tou
tes fortes de voies, enfin j’abandonnerai plutôt
la vie que leurs intérêts. Que me répondez-vous -
DE-
REMARQUES.
vers qu'en a pris de la IV. Scène du II. AQe da Pore
mion, & que l'on a tranfporté ici fort mal-à-propos.
DMision évit le maître abfolu d’Efchines, ainfi tout
ce que Déméa pouvoit faire, c'étoit de donner fon
avis, &. de repréfenter à ÆMicion ce qui lui paroiffeit
jute & raifonnable.
| NO TE
. VE. Se
44. Vis, pout jas j für les anc, MSS. ótant gt, fans
dire pourquoi. - |
47. Has, pour Jac , fans autorité, . "E
48. Parvolis, apres 95 6 MSS. » d
55:
43 ADELPHIE Aer II.
D. E M.E. A:
VEL. Fratrem conveniam, Hegios,
Is quod sibi de bac re dederit confilium , id Jequar.
: x HEGIO. | ;
Sed, Demea, boo tu. facito , cum animo cogites -
Quáàm vos facillimà agitis, quàm efbis
Potentes, dites. fortunati , nobiles, |
Tam maxumé vos equo animo equa mufcere
Oportet, fi vos volsis.perbiberi probos.
. DEME A.
. Redito: fent, que fieri aequom eff , omnia. ,
HEGIO
Decet te facere, Gita, duc me * intro ad Sire.
tam.
RS boxooyeoysoyeyser soy SONO STONE IT :
ACTUS TERTIUS.
S CEN À: VI.
DEM E À.
NOn me indicente bec fiunt : utinam. boc fi:
ie modó . : -
De.
. Wlntro, abeft à MS.
| REMARQUES.
: $6. QUAM VOS FACILLIME AGI TIS]. P/st
"08S êtes riches. I] faut fousentendre vitem ou evwst-
agere facillimé, vivre facilement, pour dire étre à Jon
aife, ne manquer de rien. Et les Latiss ont emprunté
cette façon de parler des Grecs, qui apelloient leur
Dieux pia Covrus, facilé viventes. |
58. TAM, MAXUME VOS ÆQUO: ANIMO » ÆQUA'
NOSCERE]. Plus vous étes obligés à étre jufies © ra
finnables. Æqua nofzere, c’eft uie manière de parlet
Grèque ^c:- «4 vyyarsau , être jufte, être raifonnable,.
avoir les fentimens-d’un-homme droit.. Hégios donne
ici un grand précepte qui devroit être gravé dans tous.
les ccears.. Mus c'eft un précepte qu'on ne connoit:
prefque plus.. La plupart des hommes aujourdhui [4
^ *
—
Sc: VE. LES ADELPHES:. 949.
^. D E: M E A.
Tout ce que je puis faire, Hégion, c’eft d'als.
ler trouver mon frère. |
HEGION. .
Au refte, Déméa, fouvenez-vous que plus:
vous êtes riches, puiffans , heureux & de bonne.
naiffance, plus vous êtes obligés à être juftes &
raifonnables , fi vous voulez paffer pour gens de.
bien. .
DEME A.
Allez, on fera tout ce qu'on dott.
HEGION .-
| Cela eft digne de vous. Géta, mène-moi 4
ta maitreffe. .
10p)ooS0150) 60):502 90) :907:00) 60)50):50) o0 So soot
ACTE TROISIEM E.
SCENE VL.
DEM E A..
"El'avois bien dit, qu'il arriveroit quelque cho: .
. fe de femblable, & plác à Dieuique nous en;
| fus-.
= 4
REMARQUES.
fe fouviennent qu'ils font riches, puiffans, heureux & -
de bonne maifon, que pour en être gjus injuftes &-
plus déraifonnables. . |
'*» NON ME INDICENTE HÆC: FIUNT]N.
Fe l'avois bien dir. Donat remarque fort bien que cet«
te compofition indicens pour non dicens, eft dure, mais
qu'elle eft bonne pout un homme em colère: en effet .
je ne crois pas qu'on ait vu ailleurs indicere pouc son
dicere. Mr! Guyet vouloit corriger non me inticemte ,
comme fi inticente étoit plus fuportable & plus ordi--
nauis:
N OT E s. is :
| SC. VI. M: B. joint cette Scène à [a récédente . '
CHE, pour 4e, m deux Mss, Far. HEP
- . PW : utt
*
«o6 ADELPHE Acr. IH
Defunêlum: vVerüm nimia. illec licentia
Profettó. evade in aliquod magnum. malum.
Ito, vequiram fratrem, ut in eum bec evomam,
^ MER teo loo eee o EH
UAR
ACTUS TER TIUS.
SCENA VIL
I 0;
^ HEGIOi |
B9» ahimo fac fis, Softrata, CS. iflam qum
E potes
Fac confolere. "Ego. Micionem, fi apud forum-ef?,
fnveniam, atque , ut res gefia ef, narrabe ordinte
Si eft ut faëlurus sfficium fiet fuum ,
Façiat : fin aliter de bac re.ejus fententia efr, —
Rejpondéat mf, ut , quid agam, quamprimum Jciam —
(Do ou 0 up bou bob uv ue :20x900:90):9 001900 9019
ACTUS QUART.U.S
SC EN A& L
CTESIPHO.S YR US.
- Ar patrem binc abü[Je rus
4 d $TRUS
Fam dudum. ‘
am
CTESIPHO.
, Dic fodes.
SE REMARQUES. |
taire qu'indicenre, & s’il n'étoit pas mille fois plus
dur, Ce que Déméa dit ici qu'il avoit bien dit, €
, +
: à la fin de Ja II. Scène du I. A&e, Fete ben fh Jm
fira à quelque bere 6€ quf. vq NO
+
$c VIL LES ADELPHES. 3st.
fuffions quites pour cela; mais cette licence ef-
frénée aboutira affurément à quelque chofe da .,
funefte. Je m'en vais chercher mon frère, pour
lui dire tout ce que j'ai fur le cœur.
AMENAGEMENT
ACTE TROISIEME.
à SCENE VIL
s HEGION.
iN E vous affligez point, Softrata, & confoleg
autant qu'il vous fera poffible cette pauvre
fille. Je m'en vais voir fi je trouverai Micion
à la place, & je lui conterai comme toute la cho-
fe s'eft paffée: s’il veut faire fon devoir, qu'il
le faffe , à la bonne heure; finon qu'il me le di-
fe, afin que je voye le parti que j'ai à prendre.
(06):00):900:50)00::009:50x00) $0750) 90):50360):50p608009
ACTE QUATRIEMRA
SCENE L
CTESIPHON. SYRUS.
MM CTESIPHON. :
D Is-tu que mon i $ Ea Dr àla campagne?
Il y a déja lohgteme,
| Disi Mi oun NUM |
s-le moi, je t'en prie. Nr |
. | SY
NOT ES |
€ :
- &« Srita efl , pour ft eff, fans antorité. mE
324 Viliam efl, ou Xe. , Gomme Fat .
952 ADELPHIL Ac IV:
EP TR: U S...
/Apul :
" Villam gt nunc * cummaxumà operis. aliquid face-
re. credo.
C TESI P H O.
U*inam quidem ,.
Quai cum falute eju" fiat, ita Je defotigaret velim , .
triduo boc Pret é leëlo De nequeat furgere. .
STR
5; lta fat, © jus, E ESP Js eft, reBius,.— ^
: d
Jia: nam bunc diem:
Mifer? nimis perpetuum, ut cepi, cupio in latitid.
degere:
Et illud rus nulld alid caufA tam. malè odi, "ifi
. quia prope eft.
Pris fi. abeffet longiüs , n
riüs nox oppre[JifJet illic quàm buc_revorti po[fe&
iterum. .
10 sin me illic non videbit jai bé recurres ;
at fcio:
Rogitabit me , ubi fuerim : quem un "bodie toto né.
" " vid die. .
id dicam
Re : . STRUS |
Nibilne in mentem ?. i
CTEs.
& * AI, eum. . T iei
REMARQUES:
3. QUOD CUM SALUTE E JU FIAT]. Pour. .
tu néanmoins m cela ne préjudiciàt pas à fa fanté.ÎTE-.
rence n'avoit gud € d'oublier ce corre&if qui étoit très
néceffaire , & fans [cquel ce [^ uhait de Créfiphon soit
#té une imprécation pleine d'impiété, ce qui atitoX .
"endu ce caraétère très vicieux.
f. ITA FIAT, ET THOC $1:QUID POTIS EST; .
RECTUS]. 7e de vou rois y * 6 quelque chofe de mieux,
s'il étoit palitle. Ce maîtré fripon, qui fe fent cou-
pable, & qui craint le. CGIICAE: quil a e
-
$ I. LES ADELPHES 355
SY RU S.
: fe vous dis qu'à l'heure que je parle il eft ar-
rivé, & je fuis perfuadé' qu'il: travaille déja de.
toute fa force.
| . CTESIPHON. - :
Plát à Dieu; & qu'il fevfatiguát fi fort, pourvu.
néanmoins que cela ne préjudiciàt point à fa fan»
té, que de trois jours il ne püt quiter le lit..
SYRUS.
Je le voudrois, & quelque chofe de mieux;
sil étoit poffible. . x
^». CTESIPHON:
. Oui; car je fouhaite extrémement de paffer-
ce jour tout entier dans le plaifir, comme j'ai
commencé; &, ce qui me fait plus hair cette
maifon de campagne, c'eft qu'elle eft trop prés
d'ici; car fi elle étoit plus éloignée, la nuit l'y
furprendroit avant-qu'il pût être revenu. Pré-
fentement: qu'il ne m'y aura pas trouvé, je fais:
für qu'il reviendra ici au plus vite; & comme je
ne l'ai point vu de tout le jour, il me demandera.
où j'ai été: que lui dirai-je? j
SYRUS-
Ne vous vient-il rien dans l'efprit ?:
CTI.
REMARQUES.
fé contente pas du fouhait de Créfiphon, il demande:
quelque chofe de plus; c'eft la mort du bon-hom- -
me.. Mais n'ofant s'expliquer ouvertement devanr le
fils , il le fait d'une manière. équivoque, comme s'il
ne défiroit qu'une incommodité un peu plus longue à.
Déméa. .
NOTES | :
11. Rogabit me, fur tous les MSS. & les édit. anc..
12. In mentem ef. Nafquam , après un MS. hors
PASTRAN. , | ] i
354 A DELPHI Acr. IV.
CTESIPHO
Numam quidquam,
STRUS
Tantó-nequior.
Qiens, omicus, bofpes , nemo e[P vobis ?
| CTES' IP HO.
| Sunt: quid poflea
STRUS. |
Hifce opera ut data fit.
CTESIP HO.
Que non data fit? non potefb fieri,
) S TRU S.
. 00, Pulfk
CTESIP RO.
ss lnerdiu: [ad fi bic pernoio, Pris quid dicam, Syra
STRU
Fab, quàm vellem etiam i» amitis operam mas
effet dari!
n tu. aiofus es:ege illius fenfum pulcrà calleo,
ei cde poet He tam placidum quámovem redde,
CTESIP HO.
Quo d ?
STRUS. :
Lada te audit libenter : faciote, apud. ilum,
Deum?
Bo Fi routes narro, i
| CTE-
REMARQUES,
14. QUÆ NON DATA SIT? NON POTEST FIERI].
Qaoi ! fans l'avoir fait? Cela ne fé peut. Il eft bon
1emarquer la beauté-du cara&ére de ce Kuss houle
- Le valet lui’ confeille de dire um menfonge, car les
ukufonges font la reffoürce ordinaire des valats ; mais
Qté.
Sc. L LES ADELPHES 354:
CTESIPHON.
Rien du tout.
Y-R U S.
Tant pis, vous étes un pauvre hamme. Mais:
éft-ce que vous n'avez ici ni client, ni ami, ni,
hóte? | j e
CTESIPHON.
Nous y en avons aflez, que cela fait-il?
SYRU
S.
. Yl faut lui dire que vous avez été obligé d'en
fervir quelqu'un en quelque affaire,
CTESIPHON .
Quoi! fans l'avoir fait? cela nefe pet, -
. SYRUS. |
Cela fe peut fort bien. .
CTESIPHON.
Bon, pendant le jour; mais fi je paffe ici la.
nuit, quelle excufe lui donperai-jé , mon pauvre
Syrus ?
| . ISTRUS
Ah, que je voudrois bien que ce füt la cou-
tume d'aller devant les Juges la nuit! Mais foyez
en repos, je le fais prendre parfaitement, &
lorfqu'il eft le plus en colère, je le rends auff
doux qu'un agneau.
CTESIPHON
Et comment fais-tu ?
SYRUS.
. Yl écoute volontiers lorfqu’on vous loue; de«
vant lui je vous fais un Dieu, je conte vos gran:
des qualités,
: COTE:
REMARQUES.
Créfpbon, comme un homme bien né, marque d’abord
* l'averfion qu'il a pour un moyen. fi indigne,
NOT E
S.
It. Ca feruit--- quàm ovis ef? , fans autorité,
29. Meafne, pout «eas , fans autorité
t
336: ADELPHTLE AcrIV.
CTESIPHO.
Meas?:
. STRUS
Tüas. Hamini illico. lacrume cadunt s,
Quaf puero, gaudio: bem tibi autem. ^—— ^
| CTES.I P HO:
Quidnam efi ?-
STRU S.
| Lupus in: fabul4;.
_CTESIPHO.
Patr defi ?.
.
hM.
STRUS
Ibfus. ANN E
zz CTESIPHQO m
N Syre, quid agimus?:
2 STRUS.
Fyge nedd:intro: ego videros.
CS M | o 0 CTE.
f | KEMARQUES.. ;
[sr LUPUSUON FABULAT., Quand on parle dh
Sup on ei vif la que. "Servius a expliqué ce prover«
be fur ce vers de la IX. Eclogue de Virgile:
* Nt os "
. Vox queque- Morim-
Jam fugit ipfa :. lupi Mirim, videre priores.
Yos Phificient, dit-il, effurent que ceux que le lon voit:
fe. prémier ,. perdent tout d'un coup, la parole; © delà eft"
venu ce proverbe, lupus in fabulà , dont on. fe Jert-touses
Jes fois que celui dent on parle arrive fans étre attendu.
que par fa nréfence il. nous dte La liberté de parler.
Pline.confirme cela dans lé Chapitre 22. du Livre VIII,
"wotemque bomini , quem priores. contemplentur, adimere
ai prafens: Mais n'en déplaife à P/ire-& aux Phifi-
dens, je penfe qu'on peut douter de Ja vérité de leur
obfervation, & je fuis perfuadée que le proverbe eft —
Ras PT QT TE venu:
+
&ce. L LES ADELPHES. :35
| CTESIPHON.
"Mes grandes qualités ? |
SYRUS.
r ‘Qui, :vos grandes qualités. On woit d’abord
mon homme pleurer de joie comme un enfant,
“Ho, ho, en voici d'une autre, prenez garde à
‘Vous. | m
a ESIPHOKXN.
'Qu'y ati
i: SYRUS.
Quand on parle du loup on en voit la queue,
CTESIPHON.
-Mon père vient? m
SSYRU S.
Lui-méme. |
CTESIPHON.
. "Syrus, qu'allons-nous faire?
SYRUS
-Fuyez-vous-en feulement au logis, & Je verrat,
| CTE-
REMARQUES.
"venu des contes du loup que les femmes des champs
faifoient à leurs enfans; car comme il arrivoit fouvent
qu'en parlant du loup elles le voyoient tout d'un coup,
Ta peur leur faifoit perdre la parole, ou changer de
difcours. C'eft pourquoi l'on a -dit 4upus in fabula,
pour faire entendre que celui dont on parle furvient,
quoique l'on continue à parler, & que l'on parle mê-
me avec lui. Ce que Térence dit lupus in fabula , Plat
e le dit.Zepas by /érmone, dans le Stich. IV. 1.7
. Sed eccum tibi [apii in fermone prafens efuriens ade,
- Fabula. & firmo font deux finonimes qui fignifien? -
uA fcours. | ;
NOTES. . |
22. Paterne? pour pater adeft... Is ipfès, tout tela
fans autorité, fi ve n'eft que trois MSS. portent par
ferge 0? ipfuss — 7 | z
858 ADELPHI Acr. IV,
CTESIP HO.
$$ quid rogabit, nufquam tu me: audiftin 3
STRU S.
M Potin' ut definas?
Apyiorionnvenonaieoonoaoragononeopoeooolaooee
ACTUS QUA R T U S.
SC EN A II
DEMEA. CTESIPHO. SYRUS.
: |w DEMEA
. [NE ego. bomo (um infelix ! primm fratrem nus.
quam invenio gentium :
Preterea autem, dum ilium quero, à villd merce-
narium
Vidi : is filium negat e[Te ruri : nec , quid agam, fcis.
| ML AU T B E Tu
$yre,
g STRU S.
id " agis?
CTESIPHO,
Men querit?
SIRU S.
Verum.
CTESIPH oO.
Perii. —
STRU S.
Quin tu aniio bono es.
: D E M E A. |
$ Quid boc,malum, infelicitatis! nequeo fatis decernere:
jfi me credo buic e[Je natumres, ferundis pin
fé
: * Vulg. as. -
: is NO T E S.
^3. M. B. ôte Jum; fans autorité,
^. Duy
Sc. IL LES ADELPHES. 359
CTESIPHON.
S'il te parle de moi, dis que tu ne m'as và;
"nulle part, entends-tu?
| SYRUS.
Y a-t-il moyen que vous vous taifiez?
hp IE
ACTE QUATRIEM RE
S C E N E IL
DEMEA. CTESIPHON. SYRUS,
DEM E A.
EN vérité je fuis bien malheureux! Prémière.
ment je ne trouve point mon frére, & pour
comble de chagrin comme je le cherchois, j'ai
trouvé un ouvrier qui revenoit de ma maifon
de campagne, & qui m'a dit que mon fils n'y
«lt pas. Je ne fais ce que je dois faire.
CTESIPHON.
SYRUS.
Que voulez-vous?
CT ESIPHON.
J Me cherche-t-il?
Syrus.
SYRU S
Oui.
CTESIPHON
Je fuis perdu. s
SYRUS.
Mon Dieu, ne vous allarmez point.
D E M E A.
Quel malheur eft le mien! je ne faurois le
‘comprendre, je vois feulement que je ne fuisné
que pour étre malheureux. Tout ce qu'il y a EH
| mal,
N O T E Ss. T
4« Quid eff? pour gaid agis? (ur plufieurs MSS,
£^
. 860 ADELPHI Acr. IV.
Primus fentio mala noflra : -primus refcifco emnia :
10
15
Primus porro obnuntio:ægrè folus , fi quid fit , fero
S r R U $. B
Rideo bunc : primum ait fe fcire : is folus ne[cit omnia,
| DEMEAM :
Nunc redeo: fi futé frater redierit , vifo.
CTESI P HO.
Syre,
"'Obfecro, vide ne ille buc prorfus fe irruat.
STRUS
| | Etiam. taces?
Ego cavebo. |
CTESIPHO.
Numquam bercle bodie ege iflbuc commit.
tam tibi :
JNam me. jam n cellam. aliquam cuns iilá cancit
dam, id tutiflimum eff.
STRUS&
Age, tamen ego bunc amovebo.
DEME À.
Sed eccum feeleratum Syrum.
‘ S T R U S.
Non bercle M quidem durare quifquam , fi. fic ft,
poteft. | |
Scire equidem volo , quot mibi fint domini : que bec
eff miferia ?
) DE.
. REMARQUES.
*. PRIMUS PORRO OBNUN T10]. C'ef? si
qui en porte la nouvelle aux autres. ‘Olruntiare, cf
'"broprement annoncer une mauvaife nouvelle ; il ef
toujours pris en mauvaife part, Cela eft remarquable.
10: SYRE , QBSECRO]. Syrws prends bien garde. Kw
Sc. IL LES ADELPHES, ‘1
mal, c'eft moi qui le fens toujours le prémier,
c'eft moi qui le fais toujours le prémier, c'eft
moi qui en porte la nouvelle aux autres, & je
fuis le feul qui en ai du chagrin.
SYRU S.
Cet homme me fait rire, il dit qu'il eft le pré-
mier qui fait tout, & il eft le feul qui ne fait rien.
E M E A.
Je reviens préfentement pour voir fi par hafard
mon frére ne feroit point revenu.
CTESIPHON.
Syrus, prends bien garde, je te prie, qu'il ne
fe jette tout d'un coup dans cette maifon.
Vous tairez-vous, vous dis-je? j'y prendrai
garde.
CTESIPHON.
. Je ne faurois me fier aujourdhui à toutes tes
belles promeffes, je vais tout-à-l'heure m'enfermer
avec elle dans quelque petit coin , c'eft leptus für,
SYRUS. .
Faites; je l'empécherai pourtant bien d'entrer.
DEM :
Mais voila ce fcélérat de Syrus.
SYRUS
Par ma foi, fi les chofes vont toujours de m&-
me,il n'y a pas moyen que qui que cefoit puiile
durer dens cette maifon: je veux favoir en&n
combien j'ai de maîtres; quelle mifère eft-ce
donc que ceci? |
"m
DE:
REMAR PY E S.
Jiphon ne paroit pas fur le théâtre, il eft caché dans
un coin, derrière la porte. |
NOTES.
13. Nam me in cellulam , Ótant jam , qui ne fe txou-
we dins aucun des MSS. de M. B.
X5. Perdurare, pour darare , fans autorité,
ome II.
. s» .ADELPHE Acx. I.
DEME A.
Bye gannit? quid volt? quid ais, bene oir? beu,
eff frater domi?
STRU S. «
Quid , malum., bone vir , mibinarras? equidem perii,
D E M E A
Quid tibi ef?
STRUS. :
Rogitas ? Ctefipbo me pugnis miferum C5 if1am Ed.
triam .
id&.
2c Ujque ect BM po
Hem, quid narras?
STRU S.
Hem, vide ut difcidit labrum.
D E M E A.
| Quamboren?
| STRUS.
Me impulfore banc emtam e[e ait.
DEM E 4A.
Non tu eum vus binc modi
STRU S8.
Fa&um. Verüm poft venit infaniens:
ANil pepercit; Non pudui[Je verberare beminem'fonem, |
Quem ego modó puerum tantillum in manibus geffa-
vi meis? P
* Dixtin abiife?
V Vulg. Prodaxe aiebas.
REMARQUES.
20. VIDE ‘UT'DESCIDIT LABRUM]." Vox
homme il m'a feda la lévre.ll psend fa lèvre, & en jo *
|
b
S. IL LES ADELPHES. 463
E M E À.
Qu'a-t-il à crier? que veut-il dire? Que dis-
tu l'honnéte homme? qu'eíl-ce que c'eíit? mon
frère eft-il chez lui?
$YRUS.
Que diable me voulez-vous chanter avec vo-
tre honnéte homme? je n'en puis plus. ;
DEM .
Qu'as-tu?
SYR U S.
Ce que j'ai? Ctéfiphon nous a rouées de coups,
cette chanteufe & moi.
DE M E A.
Que me dis-tu là?
SYRUS.
Tenez, voyez comme il m’a fendu Ja lèvre,
I «D E M E A.
Pourquoi cela?
SYRU S.
Il dit que c'eft par mon confeil qu'on a ache-
té cette créature.
; D E M E A.
Ne m'as-tu pas dit tantôt qu'il s’en étoit ze»
tourné à la campagne, .& que tu avois été avec
lui jufqu'à moitié chemin?
SYRUS.
Cela eft vrai auffi; mais il eft revenu fur fes
pas tout furieux, & il ne nous a pas épargnés.
N'a-t-il peint de honte de batre un homme de
mon âge, moi qui le portois dans mes bras il
n'y a que trois jours: il n'étoit pas plus grand
que cela.
| | DE-
REMARQUES.
la preffant entre fes doigts, il y fait paroitre une fente,
T E
22. Produxe aibas, comme 'dans la note de Me, De
Q 2
%4 ADELPHI:* Acr.iV,
| || DE.M E A.
25 Laudo , Crefipbo , patriffas : abi, virum te judice.
| S T RU S.
Lauias! ne ille continebit poftbac , fi fapiet , mant,
s DE M E t,
Fvrtiter.
STRUS.
Perquam, qui dide mulierem €? mefer-
alum ,
Dui referire non tbe. vicit : bui, perfortiter!
. | DE M E 4A.
Non potuit meli: idem quod ego fenfit, te «jt
buic rei caput.
30 Sed ef} ne frater intus?
STRUS,
Non eft.
DEME 4.
Ubi illum queram cogit.
STRUS.
Scio ubi fit, werüm bodie numquam monftrabo.
D E M E 4A. |
Hem, quid ais?
STRU S.
* Kia
DEM E A..
Diminuetur tibi quidem jam cerebrum.
STRU S.
At nomtn nefcis
Jlius bominis , fed locum nevi ubi fit. zB
NOT E $.
-2s. O Ctefpbo, fuivant trois MSS,
Sc. I. LES ADELPHES. 56;
DEM E A.
O Ctéfiphon : que je te fais bon-gré de cette
a&ion! Tu tiens de ton père; va, tu as déja
toute la fageffe d'un homme fait,
| SYRU S.
Vous le louez ? par ma foi, s'il eft fage, d
l'avenir il retiendra fes mains.
D E M E A.
d a fait l'action d'un homme de cœur.
SYRUS.
Ho tout à fait!il a batu une miférable femme,
& un malheureux valet qui n'a ofé fe revan-
cher; la belle a&ion!
DEM E A.
Il ne pouvoit pas mieux faire, il croit comme
. moi'que tu es l'auteur de cette belle équipéc.
Mais mon frère - il au logis?
SYRUS.
Non, il n'y eft pas.
DEME A.
Je fonge où je dois l'aller chercher.
SYRUS.
Je fais bien oü il eft, mais d'aujourdhui jene
vous FRERES
Hé ,. qu'eft-ce pes tu dis?
SYRUS
Je dis ce que je dis.
D. E M E A.
Je vais te caffer la tête tout-à-l'heure.
SYRUS.
Mais je ne fais pas le nom de l'homme chez
qui il eft, je fais feulement le lieu, — - ise
Bras Q3
*
#4
36 ADELPHL Acr.l.
D E M E A. |
Die ergo x,
STRUS.
Ne[lin' porticum apud macellum: banc deerfum?
DEM E A. .
. | Quidui neveris?
STRUS.
35 Praeterito bac ref$4 plated furfum : ubi eb venerit,
Clivos deorfum vorfus eft, bac precipitato: wf
Efl ad banc vanum facelium : ibi angiporium pri
ter eff.
D E M E A.
Quonam? :
STRUS.
lilie , ubl etiam caprific! magna eft : nof.
: DEM E A.
Net.
Zn STRUS.
E Hsc pere
D E M E 4. "
Jd quidem angiportum nón efl peroium.
STRUS.
Verum bercle. Pub, |
40 Cenfen’ bominem me efTo?. érravi , in porticumne
Jum redi: "
REMARQUES.
40. CENSEN' HOMINEM ME ESSE? ERRAVI]. L?
gros animal que je fali! je me trempois. En avouaht lt
ingénument fa faute, il s'attire d'autánt mieux la cof
flince de ce vieillard, par la bonne opinion qu'il li
donne de fa fimplicité, & Donat a fort bien remif-
Sc: IL LES ADELPHES. ‘67
| DEM EA,
Hé bien dis le moi donc, le lieu,
YR
Savez-vous ce portique qui eft prés de labou-
cherie, en defcendant?
DEMEA
Oui.
SYRUS,
Paffez tout droit par cette place en montant,
& lorfque vous y ferez, vous trouverez *àcet-
te main-là: une petite defcente, jettez-vous-y.
Aprés quoi il y a une petite chapelle, & tout:
auprès une petite ruelle.
Eu quel endroit?
SYRUS.
Dans cet endroit où il y a. un grand figuiet
fauvage. Entendez-vous?
DEM E A.
Fort bien.
SYRUS.
Continuez votre chemin par-là, :
E M E A.
Mais on ne fauroit paffer par cette petite
ruelle, c'eft un cu de fac.
SY RU S.
Cela eft vrai, par ma foi. Oh, quelle imper-
tinence! le gros animal que je fuis! je metrom-
pois. Retournez à ce portique dont je vous ai
parlé, je m'en vais vous donner un cheminbien:
* Ij fait fiene de la main:
REMARQUES.
Rfendere, fed fateri ut opinienem fimplicirañis aeqairat,
N O T E S.
36. Parfum ef? ; bac te, dans les MSS. & les anc. édit.
38. DEM. Quonam ?: M. B. Ôte cela fans autorité s-
| WwR.bien que soin ? #6 deux M3,
: E
3: .ADELPHIL Acl
Sand bac multà propias ibis, C$ minor efl erri.
Scin' Cratini bujus ditis edes?
DEME A,
Scio.
STRUS
| Ubi eas prateritris,
"Add finiflram bac re& plated ; ubi ad Diane venerit,
Ito ad dextram , priusquam ad portam venias
apud ipfum lacum.
Eft pifirilla, € exadvorfum ef} fabrica: ili d
D E M:E A.
Quid ibi faci!
STRU S.
Leëtulos in fole ilignis pedibus faciundos dedit.
DEME A. |
Ubi potetis vos ? bene fané : fed ceffo ad eum pergtrt?
STRUS |
I Joue. Ego te exercebo bodie , ut dignus e , füietr
— fium.
JE[cbinus odiosd ce[Tat: prandium ipsom
REMAR QUE S.
44 APUD IPSUM LACUM)]. Tost auprés "
Pabreupoir. V'arron nous aprend qu’auprès des pos
des vifles il y avoit toujours de grands refervoirs den
où l'on abreuvoit les chevaux, & où en tems s
re on prenoit de l'eau pôur éteindre le feu qu —
eñnemis tâchoient de mettre aux portes. |
45. LECTULOSIN SOLE]. Des lits pesr E. |
i au foleil, c'eft pour Je&ulos folares, cat dans *
eau tems ils foupoient à l'air. un |
49. PRANDIUM CORR UMPITUR] À gi
Sc. IH} LES ADELPHES. 569
plus court, & qui n'eft pas fi embaraflé. Sa-
. vez-vous la maifon de Cratinus, de cet homme
qui a tant de bien?
DÉMEA.
Oui.
SYRUS.
Quand vous l’aurez paíIée , tournez à gauche
dans cette méme rue, & quand vous ferez aw
temple do Diane, prenez à droite avant que.de
venir à la porte de la ville.- Tout auprès de l'a-
breuvoir il y a un boulanger, & vis-à-vis de ce
boulanger vous verrez une boutique de menui-
fier; c'eft là qu'il eft.
—— D E M E A.
uy fait-i
e SYRUS
Il fait faire des lits de table avec les pieds de
chéne vert pour manger au foleil.
: D E M E A.
Pour vous faire boire agréablement, vous au-
tres ? c'eft fort bien fait en vérité. Mais pour-
quoi ne l'y aller pas trouver?
| SYRUS
Vous no fauriez mieux faire. J'exercerai aus
jourdhui tes jambes comme il faut, vieux ra-
doteur. Mais Efchinus eft bien haïflable d'être
- fi longtems à sgvenir ; cependant le diner fe gite
REMARQUES.
Je gâte.. Les Grecs & les Romains ne faifoieht ordinat.
sement qu'un repas qui étoit le fouper, mais ici ce
diner eft pour de jeunes-gens débauchés qui n'obfer.
- vent aucune règle ; c’eft pourquoi dans la dernière
Scène de cette Comédie Déméa reproche à Syrus qu'il
avoit foin de leur tenir le feftin prét dés le matin,
apparare de die convivium.
A
+ NOT E S VIE
45. M B, retranche "os n'ef dans aucun. MS, -
TO ADELPHI Acr. IV,
So Ctefipbo autem in amore efl totus. Ego jam prefpi:
ciam mibi,
Nam jam adibo, atque unum quodque, qnod qui.
dem eri belliffimum, —
Carpam , €9 cyatbos forbillans, paulatim bunc pro-
ducam diem.
ate ecc eee eO oeeeico oe eee OE
ACTUS.QUARTU S.
S CE N A IIL-
MICIO. HEGIO.
MICIO.
E^ in bac re nibil reperio, quam ‘ob rem lav
der tantopere, Hegio. |
Meum officium faclo: quod peccatum à nobis ortum
eft. corrigo.
Nifi fi me in illo credidiffi e[Je bominum. numero,
qui ita putant,
Sibi
REMARQUES.
. ,3*7. HUNC PRODUCAM DIEM]. 7e pafferai
doucement cette journée. Pour rendre ce psflage mot à
mot il falloit traduire, j'entérrerai cette journée; cx
preducere eft un terme de funérailles, & producere diem,
eít ce que Virgile a dit condere foi
3. QUI ITA PUTANT $1BI FIÈRI fNJUNIAMT,
Qui s'imaginent toujours qu'on leur fait tort. Ce -
ge cit affez difficile, & je crois qu'on l'a mal expliqué:
20 guide Putant ———
Sibi fieri injuriam , ultro, fi, quam fecere ipfi, ex
pofinlant,
Et ultro accufant.- ---- |
En voici la conftru&ion: Qui putant fibi fieri Injuriast,
Ji aliqui expoflulant ea injuriam quam ipft sltro fect-
5 Cv ultro accufant. Qui s'imaginent Yhjenrs. qu'on
eer de ; fi où Ielir demande faifon du tort qu'ils
sx-mêmes, © A yen plaignent Les -prémiers.
Rite de lire expoffules, Mais le
Qi
"ont | ;
AinB il n'eft pas néce
Se. IIL.LES ADELPHES. sr
& Ctéfiphon de fon cóté ne penfe qu'à fon a-
mour. Pour moi, je faurai fort bien mettreor-
dre à mes affaires; car tout préfentement je*
vais me garnir de ce qu'il y aura de plus beau
& de meilleur, & en vuidant peu à peu les pots
je pafferai doucement la journée.
A done M EEE ME EE EP ON
ACTE QUATRIEME
SCENE III.
MICION. HEGION.
MICION.
N On, Hégion, je ne vois rien là qui mérite
les louanges que vous me donnez; je fais
ce que je dois, je répare le mal que nous avons
fait. Mais peut-être que vous avez cru que j'é.
tois de ces gens qui s'imaginent toujours qu'on
leur
REMARQUES
manufcrit du Roi m'a fait venir une autre peníée, en
. préfentant ainfi le paffage: di
-— qui ita putant
Sibi fieri injuriam , vitto fj quam fecere ipfi. exptt-
tulant,
Et utro accufant. |
Osi, quand ils ent fait une injure à quelqu'un , s'ima-
ginent qu'ils l'ont foufferte , en demandent raifon © s'en
plaignent les prémiers. Ges fortes de caraftères injus-
tes lont fort communs parmi les Riches & les Grands,
& c'eft ainfi qu'ils en ufent d'ordinaire avec les pau-
vres & les petits. Lo Livre de la Sageffe a peint ce
méme caraQére, Chap. XIII. vf. 4. Dives f; cai in-
juriam fecerit ultro, precibus adibitur , pauper injuriam
Ps eft. © adbuc minis imbetitur. Quand Le riche &
fait injure, il faut Le prier © lui demander pardon; te
pasvre l'a foufferte, & il ef? $^ menacé,
(w» — ADELPHIL Act.IV.
7 Sibi furi injuriam, ultro , Ri, quam fecere ipfi , ex»
poflulant ,
5 E ultro accu[ant , id quia non efl à-me falum agi"
gratias ?
. H EG I O.
Ab, minimé, numquam te aliter ,atque es in ani
mun induxi meum.
Sed quefo ;ut unà mecum. ad mairem virginis eas.
Micio,
Atque ifibec eadem ,que mibi dixti , tute dicas mu-
lieri:
Sufpicionem banc propter fratren ejus e[Te , €? ds
lam Paltriam.
MICIO.
Yo Siitaequom cenfes, aut, fi ita opus ef fale , eamus.
| HEGIO:
Bene facis:
Nam & illi animum jam rellevabis , que dolore,
ac miferid
Tabefcit; & tuo officio fueris funêtus : fed fi aliter
putas,
Egomet narrabo que mibi dixti. '
MICIO
! Imà ego ibo,.
=. HE G d 0.
Bene facts:
Omnes quibu! res [unt minu* fecunda , magi? funt
nefcio quo tnodo
85 Sufpiciofi : ad contumeliam omnia accipiunt maris:
Prop.
N O T E
4. Expoffales, füivant un Ms. Voy. la Rem. de Me. D;
9. Frasrem dti eju 4 illém., fans autorité. »
12, Ego
Sc IL LES ADELPHES. ny.
leur fait tort, quand on leur demande raïfon du
tort qu'ils ont fait aux autres, & qui font les
prémiers à fe plaindre; parce que je n'en ufe
pas ainfi, vous me remerciez.
HEGION.
Ah point du tout, je ne vous ai jamais cra
autre que vous n'étes. Mais je vous prie deve.
nir avec moi chez la mére de cette fille, & de
lui dire ce que vous m'avez dit, que le foup-
Con qu'on a contre Efchinus eft mal fondé, &
qu'il a enlevé cette joueufe d'inftrumens pour
fon frère. |
MICIO-N.
Si vous jugez que cela foit néceflaire, allons,
MEGION.
Vous me faites plaifir; car vous remettrez
l'efprit de cette pauvre fille, que la douleur &
le chagsin ont mife dans un état pitoyable, @&
vous aurez la fatisfaétion de vous être acquité
de votre devoir. Si pourtant cela vous faifoit de
la peine, j'irois feul lui dire ce que vous venez
de m'aptendre..
MICION.
Point du tout, j'irai moi-méme.
HEGION. ;
Je vous en ferai bien obligé; car les perfom
nes à qui la fortune n'eft pas trop favorable, font
je ne fáis comment plus foupconneufes que les
- autres, & prennent tout en mauvaife part,
croyant toujours qu'on les-méprife pour leur
pau-
L
N O T E &
32. Ego quogut ibo, fans autorité,
$4 — KDELPHI Acr. IV.
Propter uam. impotentiam fe femper credunt calvien
adip n ipfum purgare ipfi ceram, placaviia
eft.
MICIO.
Ei reûlè €9' verum dicis. *
H EG I O.
Sequere me ergo bac. inire.
MICIO.
ACTUS QUARTUS
SCENA IV.
A SCHINUS.
D Ifcrucior animi :
Hoccine de improvifo mali mibi objici tantus,
Ut neque quid de me faciam; neque quid agam,
certum fiet? T
Membra metu debilia funt: - |
Animus timore eb[lupuit : |
Peëtore confifiere nibil confilii quit. Vab,
uomodo me bac expediam turbá?
anta iunc fu picio de te incidit , neque ea immerito,
7. Se
REMARQUES.
16. PROPTER SUAM IMPOTENTIAM SE SEMPER
CREDUNT CALYIER]. Creyent rasgjours ques Les mé
rp eur leur pauvreté. 1] y a deux chofes remarqua-
les dans ce vers: impotentia pour pawpertas. ]e ne
fais fi l'on en trouveroit ailleurs des exemples. Et le
mot de calvier paffif, pour ca/vi , qui étoit un terme
fort en ufage du tems de Scipion & de Lélius, pour dir
méprifer , tromper. Ceux qui ne l'avoient pas enten-
u, avoient mis en fa place negligi. Voici les deux
vers de Ménandre, que TYrence a traduits:
Ilgos ee avs, O6iAQQ* 0 ivre Fer avpacy patto
Koi weyr&s nv xevaQgentis rome
Sc. IV. LES ADELPHES. sj |
pauvreté. C'eft pourquoi je penfe que le meil
leur moyen de l'apaifer , c’eft d'aller vous-même
juftifier Efchinus. d
MI GIO N.
C'eft bien dit, & rien n’eft plus vrai..
EGION.
Suivez-moi donc par ici.
| MICION.
Je le veux.
L ONU ROI QUU DU AUAXU QU UO UOUD U U I CU D UJ UA -
ACTE QUATRIEME.
SCEN E IV.
ESCHINUS.
JE fuis au defefpoir : faut-il qu'un figrand mal-
heur me foit arrivé tout d'un coup, fans que
je fache, ni ce que je dois faire, ni cc que je
puis devenir? La crainte & le defefpoir m'ac*
cablent le corps & l'efprit, jé fuis incapable de
prendre aucune réfolution. Ah, comment me ti-
rer d'un embaras fi horrible, foupçonné de la
plus noire de toutes-les trahifons & avec quel-
que efpéce de juftice? Softrata croit que c'eft
pour
REMARQUES.
Le pauvre ef} tixside en toutes chofes, Cv il croit tonjoup$
que taut le monde le méprife. |
; N O T E S. F3
16. Ludier , pour calvier , fans autorité. Voy. la
Rem. de Me. D. |
2. Ex improvifo, fans autorité. Tenrem, au v. fuit.
lifant nec , pour le fecond segue , après piafieurs MSS.
$. Animus timore, au v. précédent, lifant pre time-
re. Obflupuit, au v. fuiv. toot cela fans autorité.
6. 7. Vab ,.au y. füiv. lifant nefcio après ter^d.
8. Tanta nunc, au v. précédent. Sajpicio de nre Wadi |
dit, eg un vers. ass ,
IO
15
20
#76 ADELPHI Acr.I1V
Soffrati credit, mibi me emiffe banc pfaltriam::
Anus indicium id fecit snibi.
Nam ut-binc fortè ea ad. obftetricem mi[fa erat,
ubi vidi eam, sllico
Accedo, pere Pampbila-quid agat, jam partur
tel:
Eone obfletricem arceffat: illa exclamat, ali , abi,
jam JEfcbine ,.
Satis. diu. dediffi verba nobis, fat adbuc iua "i
frufirata eft fides.
Hem, quid iflbuc , obfecro, inquam , eff? valeas
babeas illam que placet.
Senfi illico id illas Jufpisari : fed me reprebendi t»
men,
Ne quid de fratre. garrule illi dicerem, ac fieret prr
lam.
Nunc: quid faciam? dicamne fratris. e[fe bant?
quod. minime efl opus
Ufquam efferi. Age, mitto , fieri potis eft, uti nt
qua exeat.
Tifum. 4d pis uti credant : tot concurrunt. verif-
milia..
Egonet rapui : ipfe egomet folui argentum : ad tt
addu&a ef domum.
Hac adeo z culpá fateor fiéri. INon me bancrem —
Ut erat zt, indi ca[Je? exora[Jem ut eam. dut
rem domum.
Ceffatum eff ufque adbuc : nunc UE , gis
: . expergijcere.
pho sd 25 Minc
NO T E S
12. Faune, pour Jem; fuivant deux M55. & les
€dit. ann
34. Mb
Sc. IV. LES. ADELPHES. 477
pour moi que j'ai acheté-cette joueufe d'inftru
mens. La vieille fervante me l'a fait comprene
dre ; car tantôt, comme on l’avoit envoyé chers.
cher la fage-femine, je J'ai rencontrée par ha-
fard ; je me fuis aproché d'elle, & je lui ai de-
mandé des nouvelles de Pamphila; fi elle étoit
déja en travail, & fi c'étoit pour cela qu'elle ak
loit faire venir la fage.femme. Elle s'eft mife à
crier: Allez, allez, E(chinus, il y a affez long-
tems que vous vous moquez de nous, X que
vous nous amufez par vos belles promefles.
Ho, lui ai-je dit, qu'eft ceci, je vous prie?
Elle a continué, allez vous promener, allez,
prenez celle dont vous êtes fi charmé, Tout
auffi-tót j'ai connu leur penfée; mais je me fuis
retenu, & je n'ai rien voulu dire à cette caue
feufe, de peur qu'elle ne l'allàt divulguer. Que
dois-je donc faire préfentement? Dirai.je que
"cette chanteufe eft pour mon frère? C’eft x
chofe du monde qui demande le plus de fecret,
Mais je paffe fur cette confidération; je veux
u'il foit poffible que quand je leur aurai tout
dit, cela ne faffe aucun éclat, Je crains qu'el-.
les ne croyent pas méme la chofe comme elle
. eft, tant les aparences font contre moi. C'eft
moi-même qui ai enlevé cette fille, c’eft moi-
méme qui ai donné l'argent, c'eft chez moi qu'el-
le a été menée. J'avoue que ce malheur m'eft
bien arrivé par ma faute: de quelque manière
que la chofe fe fût pañlée, ne devois-je pas ]a :
déclarer à.mon père? Je l'aurois fléchi , & j'au-
rois obtenu de lui la permiffion d'époufer Pam-
phila; mais je me fuis endormi juíqu'à préfent.
Eveils.
N OT E S.
#4. M. B. Óte »é)is après un MS. & Donat,
19. 464 pour age, fuc un MS. Fou, —
#
378 ADELPHI: Acr.IV,
25 Mu bec primum efl , ad illas ibo, ut purgem me;
accedam ad fores,
Porii: borrefco femper, ubi fores. pultare bofceto
cipio mifer.
Peur, beus,- Æfchinas ego fun; aperite aliquis
Fired Pun ái '
Prodit nefcio quis: concedam. buc.
(FrsopeoMe Oron) So) Sen Sexy Cord Soy qe.
ACTUS QUARTUS.
SCENA V.
y MICIO. ÆSCHINUS.
AFICIO.
Î Ta wi dixi, Soffrata,
Facho: ega Æfchinum conveniam, nt qua
ada bec funt, [ciat,
Sed- quis oflium boe pultaoit ?
Æ S ». HIN Ji S.
ater bercle efl: perii.
P. P AEfcbint
JESCHIN.US.
Quid buie bic negott efi?
MICIOQ.
Tune bas pepulifli fores? tacet.
5 Cur bunc aliguantifper non ludo? melius efl:
ndoquidem boc numquam mibi ipfe volui crederts
J mibi refpondes ?
ÆSCHINUS. |
Non equidem iflas, quod JU
: N*O T E S
26. M; B. Ôte feres, aprés un MS. Faers,
1, De
Se. V. LES ADELPHES. 4j
Eveillens-nous donc enfin à cette heure; le meil-
leur parti que je puiffe prendre, c'eft d'aller de-
ce pas chez elles me juítifier; je vais donc heur-
ter à leur porte. Je fuis perdu: je fens un fris-
fon me courir par tout le corps, dés que jecom-
mence à heurter. Hola, hola, quelqu'un, c'e
Efchinus. Mais je ne fais qoi fort. Je m'en vais
me retirer ici.
[o DEV UL U UE DE [UID OU 0 9,0 (0€ X9 €] UBRO C19 €.
ACTE QUATRIEME
S.CENE V.
MICION. ESCHINUS
MICION. |
S Oftrata, faites comme je viens de vous dire;
pour moi je vais trouver Efchinus , afin qu'il
fache de quelle manière cette affaire s'eft paflée.
Mais qui eft-ce qui heurte?
ESCHINUS
Ho, ho, voila mon père: je fuis audefefpoite
MICION. :
Efchinus.
ESCHINUS.
Quelles affaires peut-il avoir là-dedans?!
CIO N.
Avez-vous heurté à cette porte? il ne rés
pond point. Pourquoi ne me donnerois-je pas
le plaifir de le jouer un peu? Je ne faurois mieux
faire, pour le punir de ce qu'il n'a jamais voulu.
me confier ce fecret. Vous ne me répondez pas:
ESCHINUS.
Moi? je n'ai pas heurté, que je fache.
NOTES *
5. Dixti, dans quatre M5$,.
IO
15
80 ADELPILE Acr. IV
MICIO.
Ita? nam mirabar quid bfc negott effet tibi.
Erubuit : falva res eft, pos E
Æ S.CHINU S. :
Die fodes, pater,
Tibi veri quid iflbic ef rri? pm
MICIO.
| Nibil mibi quidem
ÆAmicus quidam me à foro abduxit modà
Hic advocatum fibi. :
Æ SCHINUS.
Quid?
MICIO.
Ego dicam tibi.
Habitant bfc quedam mulieres paupercula;
Opinor eas nen no[Je te, ES certè fcio:
ANeque. enim diu buc commigrarunt.
Æ SCHINUS.
| Quid tum poflea?"
i MICIO.
Firgo eff cum matre.
ÆSCHINUS.
Perge.
MICIO.
2 Hoc virgo orba efi pre
REMARQUES.
9 ERUBUIT,SALVARESEST]. ZI riri,
€f bim. Jigne. Donat. remarque qu'il ya dans cette
cxpreffion une grande tendrefle : car AMicies ne dit
as eruóuit, falvus efl il a reugi, il eft fauvé ; mais ert
it , Jalva res e/? ; comme s'il difoit, il # rosgi , ttt
mon bien eft fauvé. En quoi il fait voir d en
lui tient lieu.de tout, & qu'il n'a rien de á cher jn
LT
$e. V. ‘LES ADELPHES. s$1
| MICION.
Je le crois, je m'étonnois bien aufli que vous
euíliez affaire dans cette maifon, & je ne pou-
vois comprendre ce que ce pouvoit être. Il rou-
git, c'eft bon figne.
ESCHINUS
Mais vous, mon père, dites-moi, s'il vous.
plait, quelle affaire vous y avez.
MICIO SN.
Je n'y en ai nulle pour moi, en vérité; c'eft
un de mes amis qui m'a pris tantót à la place,
& qui m'a prié de venir ici pour quelque chofe
qui le regarde.
. ESCHINUS.
Et quelle chofe?
MICION.
Je vais vous la dire. Dans cette maifon de:
meurent certaines femmes qui n'ont pas de bien,
& que vous ne connoiffez pas aparemineni: j'en
fuis même für, car il n'y a pas longtems qu'el-
les font venues dans ce quartier.
; ESCHINUS.
Eh bien, mon pére, aprés cela?
MICION.
Jl y.a une jeune fille avec fa mère,
ESCHIN US.
Continuez, je vous prie.
Cette fille n'a plus fon père, L’ami dont je
viens
REMARQUES. RE
jui. Mais cela n'auroit pu être fouffert en notre lan-
ue; c’eft pourquoi j'ai été obligée de dire la chofe
mplement, & comme neus la dirions en pareille
rencontre,
NO T E S.
10. Iflic rei fuit? fans autorité. r
34 Ut opiner bas--- & certo , fans autorité,
Pad
582 ADELPHI. Acr.IV.
' Hic meus amicus illi genere eft proxumus;
25
Huic leges cogunt nubere banc.
Æ SCHINUS.
| Perii.
MICIO.
"^" ÆSCHINUS,
Nil, rellè, perge.
, fifa PB cr o.
Is venit, ut fecum avebd:
Nam habitat Mileti.
ÆSCHINUS.
Hem, virginem ut fecum auebatt
MICIO.
Quid «f?
Sic eff.
JESCHINUS. ^
Milétum ufque, obfecro 9
MICIO.
Tta.
VESCHINUS.
Animo mak ef
Quid ipfe? quid aiunt?
| MICI O. |
| : Quid illas cenfes ? nil min.
Commenta mater eff, efJe ex.alio viro |
JVefcio quo puerum natum, neque eum nomintl,
Priorem e[fe illum, nen oportere buic dari.
E 4ESCHI.
REMARQUES.
"18. HUIC LEGES GOGUNT NUBERE HANC]. LS
hix lokligent de l'époufer. 11 y a mille exemples
les Anciens, que telle étoit la loi d'Athenes. Orsa
proximus ducat , lex Atiica ef. Et cette loi étoit
méme que celle que Dieu avoit donnée à fon penple
Omnis Jia, que fuccedit in bereditatem , in familid qu
cumque Ifraëlitarum, alicui qui fit eriginis famili JW
dem paterna uxor erit. On peut voir le XXXVI. ice
8c V. LES ADELPHES. 933
viens de vous parler eft fon plus proche parent,
les loix l'obligent de l'époufer. i
ES CHI N U $.
Je fuis mort.
MICION.
.. Qu'eft-ce que c'eft? .
ESCHINUS.
Rien, rien du tout, continuez, s'il vous plaft.
MICION.
Jl eft venu pour l'emmener, car il demeure à
Milet.
AI ESCHINU S.
' Oh! Quoi pour emmener cette fille?
MICIOS?—.
Oui.
ESCHINUS.
Comment, je vous prie, jufqu'à Milet?
: ? M I C I Q e.
Oui.
| ESCHINUS.
Je n'en puis plus. Et ces femmes, que di(ent-
elles?
i MICION.
Que penfez-vous qu'elles difent? elles ne di-
fent rien. La mére s'eft avifée feulement de dire
que fa fille avoit un enfant de je ne fais quel au-
tre homme qu'elle ne nomme point, que cet
homme l'a aimée le prémier, & qu'ainfi fa fille
pe peut étre à ce parent.
ESCHE
REMARQUEË
-pitre des Nombres & les remarques de Grorias , qui
roit que cette loi avoit été communiquée aux Arhé-
- miens par les Phéniciens. Et cela eg trés vraifemblable.
19. NIL, RECTE, PERGE]. Rien, rien da
gout, continuez. Ce reëfé eft la méme chofe que vi^;
.on difoit re? , quand on ne favoit que dire, come
me je l'ai déja remarqué; on s'y cft trompé.
80
35
644 | ADELPHL Ac
ÆSCHINUS
Ebo, nonne bec jufla tibi videntur paies?
MICIO.
Æ SCHINUS.
Obfecro, non? an illam binc abducet , pater!
Nm.
MICIO.
Quidni illam abducat?
| ÆSCHINUS
Fáffum à vobis duritt,
Immiferizarditerque, atque etiam , fi efl, patet,
Dicendum magis apertè, inliberaliter.
MICIO.
Quamn-ob rem 3
7" ÆSCHINUS. -
Rogas me? quid illi tandem creditü
Fore animi mifero, qui cum ill confuevit priui,
( Qui infelix, pe fcio, an illam miferà nume
mat , i
Quum banc fibi videbit re ens prefenti eris.
Abduci ab oculis? facinus indignum, patet.
MICIO. |
Qué rátione illbuc? quis defpendit? quis deii?
9
» REMARQUES.
36. Quis DESPONDIT? QUIS .DEDIT ? CUI, QU
DO NuPS'T]? Qui lei a promis eette fille? qui
- & donnée? comment. s'eft fait ce mariage? Il dit celà
parce qu'il n’y avoit point eu de parole donnée, dE
c'étoit un mpt, qu'il n'y avoit eu aucune € rémonie ,
"& que le pere EY avoit point été apellé, &c. E
Micion raffemble en peu de mots toutes les n its
,ce prétendu mariage. Dans le 37. vers aue c
ca! usip/it , qui ne fait aucun fens raifonnable; Je qui |
$.V. LES ADELPHES. s8y
ue ESCHINUS.
Ho, ho! eft-ce que cela ne vous paroît pas
jufte enfin? ;
MICION.
Non.
ESCHINUS.
Comment, je vous prie, non? Eft-ce que cet
homme l'emmenera, mon pére?
M I C.I O N.
Pourquoi ne l'emmeneroit-il pas?
0 ESCHINUS. |
Vous avez fait la chofe du monde la plus dure,
la plus cruelle, & fi je l'ofe dire plus clairement,
la plus indigne de gens d’honneur comme vous.
MICION
Pourquoi cela?
‘Pouvez-vous me faire cette demande? En quel
état enfin penfez vous‘que fera ce pauvre hom-
me, qui a vécu jufqu'à préfent avec elle, & qui
fans doute en eft encore paffionnément amou. .
reux? Que deviendra ce malheureux , quand il
fe verra enlever cette fille à fes yeux ? C'eft affü.
. rément là une action trés indigne, mon père,
MICIO RN.
Par quelle raifon? Qui lui a promis cette fil-
le? Qui la lui a donnée? Comment s'eft fait ce
mariage ? Quand s'eft-il fait? Qui s'en eft mêlé?
| Pour-
| REMARQUES.
qu'il faut lire 44i , quando nupfit, ce qui marque les
. Cérémonies qui devoient être obiervées,
NOTE S |
28. Quid illam ni ahducat, fur la plupart des MSS.
- 32. Cum ed, fans autorité, Prior, [oivaat la plu-
part des MSS. anc.
34. Prafentem, pour préfenti, comme la conüruc-
tion le demande. ^
Tome II. R
$986 ADELPHI]I Acr.W.
Cui, quande nupfit? aufer bis rebus quis efi?
Cur duxit alienam?
ÆSCHINUS.
An federe. oportuit
Domi virginem tam graudem, dum cognatus buc
4o llinc veniret exfpeantem? bec, mi patr,
Te dicere aequom fuit, £9 id defendere.
MIGIO.
Ridicule, adverfumne diem caufam dicerem,
Cui veneram advocntus? fed quid ifla, JEjcbiw, |
Nofbrá sant quidmobis cumillis ? Absamss: quid qi
45 Quid lacrumas ? É
... ESCHI NUS.
Pater, obfecro, aufculta.
MIC IO.
; Æfchine , .audioionnia,
Et fcio: nam amo te: quo magis , que masi d
re funt mibi.
AK SCHINU S.
Tta elim me promerentem ames , dum viva, "i
patet .
Ut me bol deliftum admiffi[Je in me id mibi etie
menter dolet,
Et me tui. pudet.
MICIO.
Credo bercle: nam ingenium novi HU
to Liberale: fed' vereor ne indiligtns nimium ts "
REMARQUES.
go. SED VEREOR NE INDILIGENS NIMIUM gas].
Mais je crains que vous ne Joyez sin peu trop nés gens
1! ne le gronde pas d'avoir fait cette ation, md
le gronde de n'avoir pas fu prendre les mefures q^.
falloit pour la faire tourner à bien, & pour $ epmE
les chagrins qu'elle lui a caufés. On ne fauroit 7
Sc. V. LES ADELPHES. 587
Pourquoi va-t-il époufer une fille qui doit être à
un autre?
ESCHINU S.
Etoit-il jufte qu'une fille de {on 4ge demeu.
TÀt-là, en attendant qu'un parent de je ne fais où
vint le demander en mariage? Voila, mon père,
ce;que la juftice vouloit que vous repréfentas«-
fiez, & ce que vous deviez faire valoir. -
| MICION.
Que vous &es plaifant! aurois-je été parler
contre un homme qui m'avoit mené là pour fou-
tenir fes intérêts ? Mais, Efchinus, que tout cela
nous importe-t-il? qu'avons.nous à voir dans -
tout ce qui les regarde? allons-nous-en. Qu'y
a-t-il? pourquoi pleurez-vous?
ESCHINUS.
Mon pére, je vous prie d'écouter.
MICION.
Mon fils, j'ai tout entendu, & je fais tout,
car je vous aime tendrement, & c'éft pourquoi
je m'intérefle fi fort à tout ce que vous faites.
ESCHINUS.
Mon père, ainfi puifliez-vous m'aimer tow-
jours, & me trouver toujours digne de votre
tendreffe, comme il eít vrai que j'ai une trés
fenfible douleur d'avoir fait cette faute, & que
je fuis confus de paroître devant vous.
ICION. t
Je n’en doute pas, car je connois votre bo
naturel: mais je crains que vous ne foyez un pew
"s | trop -
AAREMAR QUE S.
ir de píus tendre que tous ces reproches; il n'y a
bn un eal entire mérite d'être bien obfidéré.
| N O T E S.
$9. Hinc , pour bac, après un MSS. & les anc. édit,
«2. ddvor/usne , fans ud
2
55
8 ADELPHI AcrIV.
In quá civitate tandem te arbitrare vivere?
Virginem vitiaflí, quam te. jus non fuerat tangert.
Jam id peccatum primum, magnum , magnum ,ai
bumanian .tamen :
Fecere alii fepe, item boni. At poftquam id eve.
nit, cedo, r
Nunquid-circumfpexti? aut numquid: tute profpexti
; tibi ,
. Quid fieret? qu fieret? fi te ipfum mibi puduit di-
Ceres
Quá refcifcerem? bac dum dubitas, menfes abierunt
decem.
Prodidifli &9 te, &9 illam miferam , € gnatum,
quos quidem in te fuit.
Quid
REMARQUES.
vtt. IN QUA CIVITATE TANDEM TE AR BITRARÉ
VIVERE]? En quelle ville enfin penfez-vous vivre
Voila qui commence d’un ton bien grave & bien fé.
ricux; mais ce ton fera bientôt radouci, & après +
voir bien expofé la faute , il ne manquera pas de
l'excufer.
$3. AT HUMANUM TAMEN, FECERE ALII SEPÉ,
ITEM BONI]. Cependant pardonnable , car gf vu
7
malheur qui efl arrivé à Lien d'autres, © méme & de fet
honnêtes gens. Après avoir expofé la fagte avec toutes
fes noires couleurs, voila déja sne grande faste, jt
dis fort grande, voici bien des excufes: Humensm (ji,
elle eft pardonnable à la foibleffe bamaine. — Fecere 4h
Ce maibeur efl. arrivé à bien d'autres: 1 fant -
encore quelque chofe de plus, c'eft pourquoi il ajo
te item boni, O méme à de fort bonuétes gens. Ne peut-
on pas dire que cette faute eft fi diminuée & fi
blie par-à, qu'elle ne paroit prefque plus? is
; $4
-
-
Sc. V. LES ADELPHES. 349
trop négligent. En quelle ville enfin penfez-vous
vivre? vous avez deshonoré une fille, dont les
loix ne vous permettoient pas d'aprocher. Voila
déja. une grande faute, je dis fort grande , ce-
pendant pardonnable,.car c'eft un malbeur qui
eít arrivé à bien d'autres, & méme à de fort
honnétes geris. Mais, je vous ptie, aprés cet
accident, avez-vous pris quelques mefures ? a-
vez-vous prévu ce qui pouvoit arriver? avez-
vous fongé aux moyens de faire réuffir l'affaire
comme vous le fouhaitiez? Et fi vous aviez hon-
te de vous ouvrir à mol, ne deviez.vous pas
gu moins me le faire favoir par d'autres? Pen-
dant que vous êtes dans ces irréfolutions, neüt
mois fe font paffés; vous vous étes trahi vous-
même, vous avez trahi cette pauvre malheureu-
fe & votre pauvre enfant: au moins il n'a pss
tenu à vous que vous ne l'ayez fait. Que pen:
fiez-vous donc? croyiez-vous que pendant que
vous dormiriez, les Dieux prendroient: foin de
: vos
REMARQUES
* i
54. AT POSTQUAM ID EVENIT]. Mais, je
"bus prie, aprés cet accident. 1l dit fort bien po/fquam
.evenlt , apres qu: cela eff arrivé, & non pas poflquam
commiffam eft , aprés d cela a été commis. Car le
prém:er marque une chofe ordinaire & un fimple ha-
fard, & l'autre une chofe extraordinaire & grave;
& un deffein formé. AMicion ne pouvoit choifir de
terme plus doux, ni plüs innocent.
$8. PRODIDISTI ET TE, E
ET GNATUM , QUOD QUIDEM ;
. vous étes trabi vods-méme , C» vo
vre maibeureufe , © votre pauv:
'ouvoit lui rien dire de plus te
hu car il lui fait coanoitre
s'intéreffe à ce qui le regarde,
cette pauvre mére, & à ce qu
che vient d'accoucher,
«-
399 ADELPHI Acr. I.
id? credébas, dormienti bec tibi confeffuros Dos?
60 Et lam fine tud operd in cubiculum iri deduGua
domum?
Nolim ceterarum. rerum te focordem eodem mue,
Bono animo es, duces tsxorem banc.
ESCHINUS
Hem!
MICIO.
Bono animo es, inquam.
ÆSCHINUS.
Paitr|
Ojecro, num ludis tu nunc me?
MICIO.
Ego te? quamobrem?
4
REMARQUES.
L 4
$9. CREDEBAS DORMIENTI HÆC TIBI CONFEC
TUROS DEO$]. Croyiez-vous que pendant que vous dir-
miriez, les Dieux prendroient fein de vos affaires? Ced
eft encore plus tendre que tout le refte. Car Mim
fait voir à ce jeune-homme que s'il avoit voulu sai-
der, les Dieux auroient donné une heureufe fin à cet-
te affaire. O: peut-on diminuer davantage une faute 3
e de dire que les Dieux l’auroient menée à bien‘
vec quel art Micien fait-il entendre qu’E/chinus n'eft
presque coupable 15 d'un peu trop de négligence;.
comme il l'a dit d'abord.
61. NOLIM CETERARUM RERUM TE SOCORDEM
EODEM MODO]. En vérité je fergis bien fácbé que dans
Jes autres chofes qui vous'regardent. Voici la fuite de la
méme douceur. Il ne prend pas le ton de Doéteur,
ni de maitre, ni de père itrité, il ne dit pas gardez-
vous bien d'être au[fs négligent, &c. Mais il dit fimple-
ment, nolim, je ne voddrois pas, je ferois fácbé. Donat
a donc eu grande raifon de dire: Que route cette gron-
derie de Micion eff fi douce Cv fi pleine d'amitié quelle
ne diffère prefque pas des care[fes. — Tota objurgatio it4
auica efl nt non multàm à blandimento diferepet. Et il
| | ajoute s,
Sc. V. LES ADELPHES. sor
vos affaires, qu'ils les feroient réuffir felon vos
defirs? & que fans que vous vous donnaffiez la.
moindre peine, on vous meneroit cette fille chez
vous? En vérité, je ferois bien fâché que dans
les autres chofes qui vous regardent, vous fus-
fiez aufli peu foigneux. Mais ne vous aflligez:.
pas, -vous l'épouferez. . |
ESCHINUS.
MICION.
Ne vous aflligez pas, vous dis-je;
ESC€HINUS.
Mon pére, ne vous moquez-vous point de
moi?
MICI O N.
Moi me moquer de vous! & pourquoi?
ESCHL
Ah!
REMARQUES.
ajoute, qu’elle fait plus d'effet fur celui à qui elle a-
def $ iani gronderie Apre © rude. AS
63 EGO TE? QUAMOBREM]? Moi me moquer
de vous! C* pourquoi ? Ces deux pronoms de fuite, :
font admirables pour marquer la tendteffe que ce pè-
re a pour fon fils. Mais on demandera pourquoi Af-
cien dit à fon fils avec tant de confiance: Moi sse wo-
quer de vous ? © pourquoi? puifqu'il s'eft déja moqué
de lui en lui faifant le conte de cet homme qui de-
voit époufer fa maitreffe. Voici une réponfe de De-
x4, qui me paroit une maxime füre dans la morale.
Il dit qu'on peut jouer les perfonnes que l'on aime,
en leur donnant de fauffes craintes, quand on peut
dans le moment diffiper ces ctaintes par des joies fo.
lides & véritables; mais que c’eft l'a&ion d'un enne-
mi, de jetter les gens dans de faufles joies qui ne
peuvent être fuivies que de fujets de trifieffe 3e de
douleur.
N O T E S.
$
62. M. B. retranche base, qui charge le vers, &
qui n'eft point dans pu
Pin &
592 ADELPHL. Acr. IV.
AK SCHINUS.:
! Nefcio:
Quia tam miferd boc effe cupio verum , ideo vereor
| magis. c
MICIO: :
65- :Abi domum, ac Deos comprecare, ut uxorem-ar-
ce[fas: abi. E.
X SCHINUMS .
Quid? jamne uxorem ducam? 2$
| MICIO:
| Fam. —
Æ'SCHINUS.
Fam? .— doc 9 pd
M ICIO.
gum, quantum poteft.
A&SCHINU S. |
es | Di 9, fater,
Omnes oderint, ni magis te quàm oculos nunc ego
| 4130 ..1n605. | |
xus | ue 0.
uid! slam i
: Æ SCHINUS -
00 ZEqué.
MICI O.
Perbenigné. ———
ASCHINUS
| Quid: ille ubi eff Mif?
pos Jed As | cera
Hb, periit, navem a[cendit:' fed cur ce[]as
à en "a
REMARQUES.
| @®. ABIIT,PERIIT; NAVEM-ASCENDITÍ.
Il s'en eft. allé, il s'efl embarqué, il à fait naufragé.
Pour ne pas dire crument, j'ai menti , cef ur (t
il finit ce conte comme les nourices finiffent cu
qu'elles. font à leurs enfans, quand elles les voyent
ttop épouvantés : car elles leur difent alom ae up.
-
^ ofa
&
"Se V. LES ADELPHES. 993
ESCHINUS.
" jene fais, fi ce n'eft que plus je defire cela
avec paffion, plus il me femble que j'ai fujet de
craindre.
M I.CI ON. |
Allez-vous-en au logis, & priez.les Dieux,
afin que vous puiífiez faire venir votre femme
chez vous. Allez: ,
: ESCHINUS.
Quoi! je l'épouferai tout-à-l'heure?
ICION.
. Tout-à-l'heure.
ESCHINUS.
Dés à préfent?
MICION.
Dès à préfent, le Pos qu'il fe poura-
ESCHINU S.
Mon pére, que tous les Dieux me haïffent, |
fije ne vous aime plus que mes yeux.
07 MICION.
Quoi! plus qu'elle ?
ESCHINUS.
Tout autant.
| ICION.
C'eft beaucoup.
ESCHINUS,
Mais qu'eft devenu cet ov de Milet? '
MICION.
- Il s'eneft allé, il s'e(t embarqué, ila faitnau-
fiage. Mais pourquoi: tardez-vous ? |
ESCHE
REMARQUES.
loup s'en eft allé, du les e l'ont mangé , &c.
" Oo T
64. Nifi, ee quia. Tous les deux font - dans
trois MSS.
66. Quid? jam, fans ne, après un MS, & Dons, -
yer. 0 EE
R 5
70
15
654 ADELPHI Ac.
| Æ SCHINUS.
Abi, pater:
Tu potits Deos comprecare : nam tibi eos certe fcit
Quo vir melior multó es quàm ego fum, obtempe-
raturos magis.
MICI O.
Ego eo intro, ut , qua opu' funt, parentur , t
fac, ut dixi, fi fapis.
ÆSCHINUS.
Quid boc negoti? boc eff patrem effe, aut boc ef
filium e[Je?
Si frater aut fodalis é[Tet , qui magi morem gerertis
Hic non amandus ? biccine non geflandus in fin
eft? bem!
Itaque adeo magnam mi injecit fud.commoditatt cw
ram, ;
Ne
REMARQUES.
yo. TU POTIUS DEOS COMPRECARE].
Allez plutét vous-méme prier les Dieux. C'eft une
chofe defagréable qu'un fils loue fon père en fa
préfence ; c'eft pourquoi il eft bon de remarque
ici avec quelle déKicatefle Térence fait qu'Efcbisi
loue Miti ; c'eft la religion qui lui fournit cttte
Jouange , & ce n'eft qu'en s’excufant de prier les
Dieux lui-même, qu'il trouve une occafion na
de donner en deux mots à fon père la plus grande
Jouange qu'il pouvoit lui donner. C'eft ainfi que
Virgile Ente dit à Anchife.
Tu, genitor , cape facra mahu fatric/72e Penates.
Veus, won père, pre les chofes facrées, © les Diets
énates. I] veut porter fon père, mais il veut qué
on père porte les Dieux. ZYrence à peut-êrre en en
| vue en cet endroit ce que dit Héfiode, que c'eft auk
jeunes-gens À agis, aux hortimes en âge parfait à dom
mcr des confeis, & aux vieillards à prier Jes ns
pré
$c. V. LES ADELPHES. go
ESCHINUS.
Mais vous, mon père, allez plutôt vous-mé-
me prier les Dieux; car je fuis für que comme
vous étes beaucoup meilleur que moi, ils vous
exauceront auífi plus facilement. :
MICION.
Je vaisentrer pour donner ordre qu'on prépa-
re tout ce qu'il faut; vous, fi vous êtes fage,
faites ce que je vous dis.
ESCHINUS.
Quelles manières charmantes font-ce là! di.
roit-on qu’il eft mon père, & que je fuis fon fiis ?
S'il étoit mon frère ou mon ami, pouroit-il en«
trer dans toutes mes paffions avec plus de bonté
& de complaifance? Ne dois-je pas l'aimer? ne
dois-je pas avoir pour lui toute la tendre(fe &
tout l'empreffement imaginables? Ah, je puis
dire auffi que par cette complaifance il me jette
dans un foin continuel de ne rien faire par mé-
garde qui lui puiffe. déplatre: car pour le faire
"* : . EX:
| REMARQUES.
E'pya viov , fiint 91 mévoans t0xal dà yepévren;
71. QUO vIR MELIOR MULTO ES QUAM EGO
SUM, OBTEMPERATUROS MAGIS]. Comme vous étes
meilleur que moi, ils vous axauceront plus facilement.
Jamais les hommes n'ont été plongés en des ténèbres fi
épaiffes , qu'ils n'ayent cru que Dieu exauce plus facis.
lement les prières des gens de bien que celles des autres.
76. ITAQUE ADEO MAGNAM MIHI INJECIT SUA
COMMODITATE CURAM]. Par cette complaifance il
. ane jette dans un foin continuel. ‘Térence à grand foin
de remarquer les bons effets que la complaifance des
pères peut produire. Cela n'empêche pas que cette
complaifance ne foit fouvent très dangereufe, quand
elle eft aveugle. Mais quand elle aurait toujours été
bonne & utile dans ces tems où les ténèbres, de l'et-
reur couvroient prefque toute la terre, clle feroit très
mauvaife aujourdhui.
(7 R6-
ADELPHH Ac. I"
Ne forté imprudens faciam, quod nolit ; fciens ca-
vebo. |
Sed ceffo ire intro, ne more meis nuptiis egomti
Jiem ?
RSR RO OO RER OO ETS
ACTUS QUARTUS
SC EN A VI.
D E. M'E A.
D Efe[fus fum ambulando, Ut, Syre , te cumul
Monjtratione magnus perdat Sfupiter.
Perreptavi ufque omne oppidum , ad portam , ad la-
cum , |
Quà non? neque fabrica ulla erat; neque fratri
bomo : mE
: Fidi[Je aiebat quifquam. Nunc verd domi .
. Certum obfidere. ef}, ufque donec redierit.
ACTUS QUARTUS.
S CEN A VIL
MICIO. DEM E A..
MICTIO.
1 Bo, illis dicam nullam e(Te in nobis .moram::
D E M E A. s
Sed eccum ipfum: te jam dudum quero , nd
/
REMARQUES.
f. DOMI CERTUM OBSIDERE x 5T]. De.
T'attendre chez lui de pied ferme. O'fdere ne fignifie
pas ici affiéger, comme Donat l'a cru: TYrence auroit .
dit dowsm, & non pis domi. — Obfidere eft pour perit":
tuà federe, fe tenir quelque part de pied ferme, opi
mètrément,- nr | NOv
Sc. Vl. LES ADELPHES. 407
exprès, je fuis für que cela ne m'arrivera de ma
vie. Mais pourqüoi n'entrer pas tout préfenter
ment, afin que je ne fois pas. caufe moi-même
que mon mariage foit différé?
tbcioicietolointotoloksieietolotoleleloteieioioiotolotototetoloiettoleloleiotoloieloltofat
ACTE QUATRIEME.
SC EN E VI
| E M E A.
E me fuis laffé à/n'en pouvoir plus à force de
. marcher. Que le.grand Jupiter te puiffe per-
dre, pendard de Syrus, avec ta belle. manière :
d'enfeigner le:chemin: j'ai couru toute la villes.
j'ai été à la porte, à l'abreuvoir ; où n'ai-jepoint
été? & par-tout là je n'ai trouvé ni boutique de
menuifier, ni perfonne qui eût vu mon frère,
Mais préfentement j'ai réfolu d'attendre che2
lui de pied ferme jufqu'à ce qu'il vienne,
(Gen oer See SEMI SERIE 90:501 90) DANNY: TI CASEY
ACTE QUATRIEM.E.
S CE N E VIL.
MICION. DEME A.
MICION:
:E m'én:vais chez elles pour leur dire que de
. notre côté il n'y aura point de retardeément,
D'E M E A.
. Mais le voila, 117 a longtems que je vous
cherche. .. MI-
N O T E S. :
' 44 Nec, pour seque, dans les deux endroits, für un
MS. Faern. Fabrica illi alla. Illic, dans tous les MSS.
s. F'idiffe fe aibat , comme Faern.
2. Te jaw dadsm quero; à Micio , fur. la .plupas,
des MSS. "
K'7
À
498 ADELPHI Acr. IV.
Quidam?
M EC IO.
D E M E A.
Fero alia flagitia ad te ingentia:
Joni illius adolefcentis.
5
+
10
*
MICIQO,
. Ecce autem.
D E M E 4.
Nova
Capitalia: :
jam.
D.E M E.A.
Ab! nefcis qui vir fiet.
MIC IO.
D E M E A.
© flulte, tw de pfaltriá me fomnias
Agere: boc peccátum in virginem ef civem.
MICIO.
Gciiv
| edis.
T D É M E 4A.
Obe, [cis patere?
healed MICIO.
Quidni patiar?
'" DEM E À, :
lamas, non infanis ?
iss ' MICIO;
Nn: malim quidem. . «
DEM E A.
Puer natus. ej. |
i MT:
REMARQUES. |
4. ECCE AUTEM]. Woila-nil pas! Cette part
cule ecce , voici, fert toujours à marquer quelque act
dent fácheux & non attendu,
*
Sc. VIL. LES ADELPHES 399
4, MICION.
SR SOUMCR CA
J'ai à vous aprendre d'autres defordres de ce
brave garçon, mais des defordres épouvantables,
| MICION.
Voila-t-il pas ?
DEM E A.
Nouveaux, horribles, abominables.
MICION.
Ah c'eft affez.
EM E A.
Ho! vous ne favez pas quel homme c'eft.
MICION. |
Je le fais fort bien.
D E M E A.
Pauvre homme que vous êtes! vous vous ima.
ginez que c'eft de cette chanteufe que je veux
parler: il y a bien autre chofe, & ce que j'ai à
vous dire eft um crime capital, & contre une
fille qui eft citoyenne.
MICION.
Je le fais.
DEMEA,
. Ho, ho! vous le favez, & vous le fouffrez?
MICION.
Pourquoi non?
| DEMPA.
Eît-ce donc que vous ne criez point? eft-ce
que vous n'étes pas hors de vous?
MICION.
Non, j'aimerois mieux à la vérité...
D E M E A.
]l y a un enfant.
400 ADELPEHK Acr.Ik
M.ICIO.
Dii bene vortant.
D E M E A.
y. ames Virgo nibil babet,
] MICIO.
"üdivi.
D EM E A.
Et ducenda indotata-eft ?
MICIO,
; _ Scille.
^DEM E A.
Quid nunc futurum ef? à.
es MICITO. -
Id enim quod res ipfaferi::
Ilinc buc transferetur virgo.
EME A.
O Fupiter ! .
ffboccine pa&o oportet? ^
. MICI 2 ? "m
uid faciam ampli
: ,DEM ho,
15 Quid facias ?* rogitas? fi non ipf4 re tibi dokehs
Simulare certà efE bominis. —
MICIO.
| * Quin jam virginem
Defpondi: res compofita eff: fiunt nuptia : :
Demfi metum omnem: bec magis funt uiuo g
* Abeft à vulg. . +
c REMARQUES
1$. HRC MAGIS SUNT HOMINIS]. Et vi:
la ce qui efl bien plutôt du deveir d'un bomme. Micion nt
pouvoit p mieux répondre à ce que Démés Jui avoit
dit, qu'il étoit du devoir d'un homme de témoig
étre en colére: car un homme doit plutôt entrer. dans
es foibleffes des zutres hommes, y compatir, leu
er tous les foulagemens dont il eft capable; ; ba
mie: T
Sc. VIL. LES ADELPHES. 40i
MICION.
Les Dieux le béniffent.
DEM. A.
La fille n'a rien.
MICIO.N.
On. me l'a dit.
D E M E A.
Et il faudra qu'il l'époufe fans dot?"
= MICION.
Qui en doute?
DEM E A.
Eh que faut-il donc faire préfentement ?
| MICIO SN.
Ce que la chofe demande: il faut faire venir
cette fille dans notre maifon.
DEME A.
Oh Jupiter! eft-ce là ce qu'il faut faire ?'
MICION.
Que pourois-je faire de plus?
D E M E A.
Ce que vous pouriez? Si la chofe ne votis
touche pas effectivement, au moins feroit-il du
devoir d'un homme d'en faire quelque femblant,
| MICION.
Mais j'ai déja donné ma parole, la chofe eft.
conclue, l'on prépare les noces, je leur ai-ôté
tout füjet de crainte, & voila ce qui.eft bien
plutót du devoir d'un homme. b
REMARQUES,
fouvenir toujours de ces mots de /'Heautontimorumt-
-est Horse fum, bumani nibil à me alienum puto,
NOTE S. :
_ 15. M. B. Óte ragitas , & lit tili .ifibae , après Un.
MS. Farn.. | | :
20
25
402 ADELPHLIL AcrIY
DEMEA.,
Ceterum,
Placet tibi fa&um, Micio?
AMICI O.
Non, f$ queam
Mutare: nunc, quum non queo , equo animo fen.
Tta vita ef bominum, quafi cin ludas te[feris;
Si illud, quod maxumo opus eft-ja&hu , nen cadit,
Jilud , quod cecidit fortè, id arte ut corrigas:
D E M E 4.
CorreBor! nempe tud arte viginti mine
Pro pfaltrid periere : qua , quantuns poteft ,
ÆAliquo abjicienda eft ; fi non pretio, vel gratis.
MICIO.
Neque eft , neque illam fanè ffudeo vendere;
D E M E A.
Quid igitur fsricr?
M ICIO
Domi erit;
m DE-
REMARQUES.
21. ITA VITA ESTSHOMINUM , QUAST CUM LUDAS-
TESSERIS]. P'syez-ueus, dans la vie il faut tenir Is
méme conduite que dans le jeu de dés. — Ménandre po
voit avoir pris cette maxime dans Platos, qui dit
de dixième Livre de fa Répabliques Ta BuouóssSat t
fi To yeyorèv p xol womsp iv auc xod Fès s
aix cexóra rider Qui va org irpuyjara yes 6 M-
y@+ (pol Béaris Éyere. Qu'il faut prendre confeil des
accidens mêmes, & comme dins le jeu de dg, règlef
nos affaires fur ce que le hafard nous a envoyé, c^
nous fervant de toutes les luinières de notre ra!lon»
Sc comma, it nous femblera mieux. Ces maxim®s @
morale réuffüfent fort bien dans la Consédie ^o
Sc: VII. LES ADELPHES. 403
D E M E A.
Mais enfin êtes-vous fort content de cette a-
vanture ?
MICION.
Non, fi je pouvois la changer; mais comme
je ne le puis, je le fuporte patiemment. Voyez-
vous, dans la vie il faut tenir la méme conduite
que dans le jeu de dés; s'il arrive que vous
n’ameniez pas le point qu'il vous faut, c'eft à
vous à corriger par votre adrefle celui que le-
hafard vous a envoyé.
DEME A.
L'habile homme! c’eft par cette belle adreffe
que l'on a jetté dans l'eau 'les foixante pi(toles
qu'on a données pour cette chanteufe. Il faut fe-
défaire au plutót de cette créature à quelque
prix que ce foit;fi on ne la peut vendre, ilfaut -
la donner. *
. Je ne veux ni la donner, ni la vendre,
| D E M E A.
Qu'en ferez-vous donc?
MICION.
Elle fera chez moi.
. DE:
,/» REMARQUES.
n'eft qu'un tableauyle la vie humaine. Au refte em
voit par tous ces paffages des Anciens où il eft parlé
du jeu tefferarum , qu'il falloit que ce fût un jeu fem-
blable à peu près à notre triGrac, puifque fur le point
que les dés amenoient, on jouoit enfuite ,. & que par
fon habileté on pouvoit corriger un mauvais coup.
27. NEQUE EST]. Ÿene veux ni la donner, &c.
Déméa vient de dite aliquo abjicienda ef. Et Micion.
Iépond seque eff, il faut fousentendre a&jicienda..
N OT E S. :
21. Si, pour cim, fans autorité.
26. M. B. retranche ve/, malgré fes MSS.
,28- Quid il/d igitsr, comme la réponfe l'exige. Fe
4145 , lur la plupart des MSS,
*«
d
44 ADELPHL AerlV
DEMEZA.
Pr6 divüm fidis,
Meretrix , C9 materfamilias unà in domal
| | MICIO:
- Cur non?
| E DEM E A.
Sanum te credis effe ?
MICIO.
Equidem arbitrer,
DEMPEAZA. —
Ra me Dii ament, ut video ego tuam ineptiam,
FaGurum credo, ut. babeas quicum cantites.
| MICIO.
Cur non?
DEMEA -
Et nova nupta eadem bec difces?'
M I'C'IO:.
; | See
D'E M E A.
Tu inter eas reftim dü&ans faltabis. T
: - REMARQUES,
30. CUR NON ]? Qui en empéche? Micion pouvot
dire que cette courtifane n'étoit fs la maîtrefle d ^
chinss. Mais il falloit cacher la faute de Cifphee
ne pas la découvrir à fon pére. Cétte remarque
de Donat.
34. TU INTER EAS RESTIM DUCTANS SALTABI]. -
Et ce fera vons qui ménerez le branle. Mot à mot
véxs qui danferez an milieu d'elles en menant [a curé
“1 faut. donc expliquer ce que c'eft que mener la coF
de , reffim ducere. Cette expreffion mène nature
ment À croire que dins ces tems-là, quand beat
coup de perfonnes danfoient enfemble , elles prenojert |
ug cordon qu'elles tenoient, & qu'on difoit de celis. |
ui étoit ay bout & qui marchoit la prémiére; qe. |
4,
$c. VII. LES ADELPHES. 404-
^ ,D':EMEA,
Grands Dieux! une courtifane avec une fem.
‘me dans une méme maifon!
MICION.
ui en empéche?
* is D E M E A.
-Et vous croyez être en votre bon-fens?
MICIO N:.
Oui en vérité je le crois.
D EM E A.
“Que je meure;à voir la folie dont vous êtes,
fi je ne penfe que vous la voulez garder pour
avoir toujours avec qui chanter.
MICIOYN.
Pourquoi non?
DEM E A.
Et la nouvelle mariée aprendra auffi ces bel.
les chanfons ?
M I C I O N. ds
Sans doute.
D E M E A.
Vous danferez avec elles, & ce fera vous qui
ménerez le branle. "
I.
REMARQUES.
le menoit le cordon, reflim ducere, Maïs cela ne me
paroit point du tout vraifemblable ; car à quoi bon
ce cordon ? ne pouvoit-on pas fe tenir par les mains?
Je fuis perfuadée qu'on.n'employoit aucun cordon à
ces danfes, -& que les mains ont donné ce nom à
cette longue fuite de gens qui danfoient enfemble,
en fe tenant comme Tides par les mains ; car les
mains ainfi liées enfemble, font cemme une efpèce -
de cordon: & voici une autorité qui me paroit incbn-
tefti-
NOTES.
30. Sanumne, après tous les MSS.
34. DEM. Probé? M. B. óte cela après les meil.
feurs Mss.
"o4
35
46 ADELPHI Ac.W.
MICIO.
Probé.
DEM E A.
Probó ?
MICIO.
Et tu nobifcum unà, fi opus fit.
DEM E 4.
^ BH mibi!
Non te bec pudent? |
MICIO.
Fam verd omitte, Deme,
uam iflbanc iracundiam, atque ita , uti pin
REMARQUES.
teftable. Tire-Live en décrivant la marche de ving-
fept jeunes filles, qui alloient en proceffion au ter
ple de Funon en danfant, dit dans le XXVII. Lite;
Chapitre 37. In fore pempa conflitit, Cr per manui rt*
e duëta virgines fonum vocis pulfu pedum medulantes 9
cefferunt. En cet endroit per manus refle ne figniné
pas en Je mettant un cordon aux mains, mais , en Je je
Jant un cordon de leurs mains, c'eft-à-dire en fe prenant
pour danfer toutes enfemble. C'eft ce qu' Horae à
dit fimplement, dare bracbie , dans l'Ode XII. du Lt
vre II. Ce cordon de mains entrelaffées étoit à
apellé nodus , nœud; c'efj pourquoi Horace a dit 8
Graces :
Segnefque nodum félvere Gratice.
Les Graces qui ne rompent jamais Leur nœul ; c'eft-àdi-
re qui ne fe quitent jamais, & qui fe riennent tor-
jouts par la main. Mais voici encore une autre 4 àe
rité plus forte que la prémiére. Lscréce en parlant
Ja danfe des-Prètres de Cybele, apelle chaine © qe
Térence apelle reffim , cordon. Voici le paflage €,
que je raporte, parce qu'il a befoin d'être cong. ul
expliqué, car il me femble qu'il a toujours é
entendu.
Hic armata manus ( Curetas nomine Graii
Qsos memorant Pbrygios ) inter fe forte catenas
Laudant, in sumerumque exultant fanguine bi.
Je fais que /udun: fignifie dan/ent ; mais j'avOué Le
|
Sc. VIL LES ADELPHES. 407
MICION.
Fort bien.
° D E M E A. e
Fort bien?
MECION.
Oui, &, s'il le faut, vous ferez de la partie,
D E M E A.
Hé, mon Dieu! n'avez-vous poiut de honte?
MICIO N.
Oh enfin, mon frére, défaites-vous de cette
humeur bilieufe, & foyez gai & content, com-
me
REMARQUES.
je ne fais point ce que peut fignifier Judent catenas,
€& c'eft ce qu'on devoit expliquer. Il me femble qu'il
n'y a pas grand'chofe à changer pour trouver le vérita-
le fens; au-lieu de forte il ne faut que lire /orte ? ca-
Jenas eft un ancien génitif pour catene , & forte cate-
nas, c'eft-à-dire, felon qu'ils fe trouvent liés enfem-
ble, chacun en fon rang. Là cette troupe de gens ar-
»nés (que les Grecs apellent les Curétes de Phrygie ) dan-
Jent enfemble comme ils fe trouvent, en fe tenant liés par
Jes mains, © fastent en cadence, ravis de voir le fan
qui caule de leurs bleffures. Pour moi je trouve qu'il
feroit ridicule de s'imaginer que ces gens armés danfas-
fent enfemble en fe tenant tous à une corde. Tous
ces paflages donnent un grand jour au paffage de 7?-
vence, & je vois que Dexat méme l’a pris dans le mê-
me fens; car apis avoir rejetté l'explication de ce
cordon , il ajoute: Sed ego puto mans confertos choros
puellorum puellarumque cantantes, reflim ducere. exifli-
mari, © id maxim convenire ad exagitandum importu-
vitatem fenis veluti pueros imitantis. Simul etiam quie
ifle connexss manusm laftivus ac petulans adimit difire-
Yionem conditionis , dignitatis - etatis inter meretricem »
xevam wuptam C fenem. 1l ne pouvoit pas dire plus
clairement que cette corde n'étoit que le nœud des
mains qui fe tenoient enfesmble ; cennexus manuum das-
xivus, (c.
| NOTE s
36. © Dona , fur deux des mcillieurs M55.
-
48: ADELPHI Acr. IV,
"Hilarem ac lubentem fac te in gndti nuptiis.
Ægo bos conveniam, poft buc redeo.
n D EM E À.
—. O Fupiter!
4o Hencemevitam! bofcine mores! banc dementiam!
Uxor fine dote veniet: intus pfaltria ef}:
Domu' famtuofa: adolefcens luxu perditus:
Senex delirans. — Ipfa, ficupiat, Salus,
Servare prorfus non pote} banc familiam,
scekooeelokelokeleoaeetejolereetetotoleletetetotelek tekekekeetote
+ ACTUS QUAR TU &
*SCENA VIII
SYRUS. DE M E A
STRUS.
^ Depol, Syrifce, te curafli molliter,
Lautéque munus adminiftrafti tuum.
"dbi : fed poftquam intus fum omnium rerum fatur
Prodeainbulare buc libitum eff.
D E M E 4A.
Illud fis vide
5$ Exemplum difciplina! :
| ST-
REMARQUES.
‘ * On avoit fait de cette Scène la prémière du cin-
quième AGe: mais cela eft ridicule, puifque Déwéa
eft fur le Théâtre ; affurément cette Scène & la fuivante
font du quatrième Acte. : ei
f. EXEMPLUM DISCIPLINX]!Lebean mod?-
]epoor l'éducation des enfans! Cat Démés regarde Syrus
" come
Se. VIII. LES ADELPHES. ^ 409
me vous devez, pendant les noces de votre fils.
Je m'en vais les trouver, après quoi je reviens ici,
| D E A.
Grands Dieux, quelle vie! quelles mœursf
quelle extravagance! Une femine fans bien: une
chanteufe chez lui, une maifon de dépenfe &
de bruit; un jeune-homme perdu de luxe; un
vieillard qui radote! En vérité quand la Déeffe
Salut elle-méme fe mettroit en téte de fauver
cette famille, elle ne pouroit jamais en venir à
bout.
domaine
ACTE QUATRIEME.
SCENE VIIL
SYRUS. DEMEA.
SYRUS.
EN vérité, mon chér petit Syrus, tu t'es affez
"bien traité, & tu ne t'es pas mal acquitéde
ton devoir; va, tu es un brave garçons mais ae
prés m'être bien repu de tout ce qu'il y avoit
de bon au logis, j'ai trouvé à propos de venir
Ine promener ici.
D E M E A.
Voyez, je vous prie, le beau modèle pour
Péducation des enfans!
SY-
REMARQUES.
comme 1e Gouverneur & le maître du fils qu'il avoit
donné à adopter à fon frère,
-- NOTES.
SC. VIII. Malgré ce que dit Me, D, M. Jj. a cóm-
mencé l'AGe V, par cetig Scène,
Tome IL S
410 ADELPHI Acr.IV.
STRUS
*. Ecce autem bfc adeft
Senex nofter. Quid ft? quid tu es triftis?
D E M E A.
| Ob, fcelus?
STRUS
Obe, jam tu verba fundis bic, fapientia?
D E M E A.
Tun'? fi meus elfes.
STRUS.
Dis quidëm effes, Demen,
aoc quam rem conftabiliffes
D E M E 4A.
Exemplum omnibus
$TRUS.
Quamobrem? quid feci
DEME 4.
1o Curarem ut elfes.
1n ipfd turbd, atque in peccato maxumo, — .
Quod vix fedatum [atis eff, potaftis , fcelus:
Quafi re bene ge[14.
STRU S.
Sane nollem bus exitum.
CTUS
REMARQUES.
#7. OnE, JAM TU VERBA FUNDIS HIC , SAPIEN-
"TlA]. Ho, be, votre fageffe vient ici nous chanter fes
maximes. En prenant fapientia au vocatif, il apelle
Déméa la fageife , comme il lui a dit au commence-
- gnent: Tk quautps , guantus es, nibil nifi dies es.
yis
«div
t
sc. VIIL LES ADELPHES. — 4t1
SYRU S.
Ah! voici encore notre bon-homme. Ehbicn,
Monfieur, que dit-on? d'où vient que vous é-
tes prifte?
D E M E A.
Ah, pendard!
SYRUS.
Ho, ho, votre fageífe vient-elle déja nous
chanter fes belles maximes?
DEM EA.
Si tu étois à moi!
SYRUS.
Vous feriez bien riche, & ce feroit le moyen
| de mettre vos affaires en bon état.
D E M E A.
Je ferois affurément que tu TON d'exeme
ple à tous les autres.
SYRUS.
Pourquoi cela? qu'ai-je fait? — ^
DEM
. Ce que tu as fait? dans le fort d'un defordta
horrible, au moment que vous venez de com-
mettre un crime épouvantable, & dont vous ne
favez pas encore bien les fuites, vous vous êtes
tous mis à ivrogner, comme fi vous aviez fait
la meilleure affaire du monde.
SYRU S.
Par ma foi je voudrois bien n'étre pas ven. ici.
ACT
REMARQUES.
Vous depuis la téte ju ques aux pieds, vous n'êtes vie
que fage[Je. Ce vers eft fort beau. Mr. Gsyet le con
damne pourtant.
N OT E S.
9. Tb, après plufieurs MSS. & les meilleurs
Ed
$23
a2 | ADELPHILI Acr1V*
| SS 7 Sero) SRIE TA CHER ANNE
"ACTUS QUARTUS..
SCENA IX ‘
, DROMO. SYRUS. DEMEA
| DROMO.
LH?" , Syre, rogas te Ctefipbe wu retieas.
STRUS,
. DEM E À.
Quid Ctef ipbonem bic narrat ?
STRU S.
Nibil.
Li.
i
7. DEMEA
ER Cheft ^ - Ehe, cornufes.
tefipbo intus |
| STRUS.
s Non eff.
DEM E A.
Cur bic. nominat? -
$T R.U S. ^
Afi alius quidam parafi itaffer he)
S Nein? «p
ns D K M E 4. :
am [cibo. |
E STRUS. |
3" j agis? quà abis?
E M E A.
Mitte me
STRUS. |
ANoli, inquam.
DE
| € Paululas, us la Pia de. MSS,
*
Se. IX, LES ADELPHES. 4:4
LORS THIS SCI ICI SCASRICI Seo ONOD) ot (o0)
A C'T-E QU'ATRIEME.
SCENE IX.
DROMON. SYRUS. DEMEA
DROMON.
Ola , Syrus Ctéfiphon te prie de rentrer.
H 7 SYRUS
Va-t-en. |
D E M E A.
Qr eft-ce que celui-là dit de Ctéfiphon?
SYRU S.
Ton:
DEM E A.
Ho, ho,pendard, eft-ce que Ctéfiphon eft là-
dedans ?
Non, Monfieur.
| D
Pourquoi le nomme t-il donc?
SYRUS.
^. Ce n’eft pas de votre fils qu'il parle, c'eft d'un
autre qui a le méme nom, c'eft d'un méchant
petit parafite; entendez-vous ?-
D E M E A.
Je le faurai tout--Theure.
SYRU S.
Que voulez-vous faire? où allez-vous®
DEM E A.
YRUS
N'entrez-pas, od dis-je. -
z | $3
LaiíTe- moi.
DE-
44 ADELPHL Ac. V
D E M E A.
; Non manum abfiines, mafligio?
An tibi mavis cerebrum difpergi bíc8 ^ ^— :
! STRUS.
Edepol comi[Tatorem baud [anà commodum, '
Prefertim Cefipboni, quid ego nunc agam?
INifi, dum be filefcunt turbe, interea in angulum
Aliqud abeam , atque edormifcam- boc villi: fie
agam.
Bt is Li iii iii) iii); OO |
ACTUS QUINTUS.
SC E N A L
MICIO DEME A
MICI O0.
PArata à nobis funt, ut dixi, Soffrata,
Ubi vis. Quifnam à me pepulit cam gravi
(o fores? Le
REMARQUES.
$. EDEPOL COMMISSATOREM HAUD SANE COM?
MODUM ]. Je jurerois bien que ce compagnon. de 4c
bauche , (5c. Toute la grace de ce paffage ne peut J*
mais paroitre dans la tradu&iom. Commifater €
proprement un homme qui, ener avoit déjà bu, "i
en mafque faire encore débauche chez quelqu'un, 9!
il arrive tout d'un coup em faifant beaucoup de bruit
C'eft pourquoi cela convient très bien à Déméa qU
entre chez Micion où l'on eft en débauche, ou Jon
nc l'attend point, X où il va faire un vacarm® es
ble. Ces fortes d'ironies font un très bon effet fur ©
Théâtre, & divertiffent extrêmement les Spedtiteu
i r. PARATA A NOBIS SUNT , UT DIXI, S0STRA-
TA.]. De notre côté, Sofirata , tent ej? prét. g^"
Sc: L1 LES ADELPHES. 415
DEMEA
Veux-tu Óter tes mains, maraud?je m'en vais
te caffer la tête,
S YRU S.
Le voila entré; je jurerois bien que ce com»
paguon de débauche ne fera pas fort agréable à:
toute cette bonne compagnie ; & fur - tout à.
Ctéfiphon : mais moi préfentement que dois-je
faire? fi ce n'eft pendant que tout ceci fe cal-
mera, de m'en aller en quelque coin cuver le
vin que je viens de boire; c'eft là le meilleur parti,
I eoeOeeeperder c eee Oe eee oOIOQIOOHECREN
ACTE CINQUIEME.
SCENE I
MICION. DEMEARA.
MICION.
D E notre côté, Softrata, tout eft prét, comme
je viens de vous le dire; le mariage fe fera
quand vous voudrez. Mais qui fait tant de bruit
à notre porte? & qui eft-ce qui fort de chez nous ?
DE-
REMARQUES.
peut pas douter que ce ne foit ici le commencement
dà V. AG , qu'on avoit fort mal commencé deux Sce-
nes plus haut. D£méa eft entré chez AMizion à la fin.
de la Scène précédente. Syrus s'eft setiré pour aller
cuver fon vin, & Micion eft chez Soffrata; ainfi la
Scène demeure entièrement vuide,. & tout ce qui fe
pafle chez Soffrata fait un intervalle fuffifant. On
ne fauroit croire combien d'abfurdités a produit la
faute d'avoir fait ici la troifième Scène du V. Ade.
Le Manufcrit de la Bibliothèque du Roí confirme ce
partage comme je l'ai fait.
. . NOTES.
7. Jam mavis ---- EE , dans un MS. Fatrs.
4
10
*
416 ADELPHI. Acr.V.
"DEME A4.
Hei mibi, quid faciam? quid agam 9 quid ch-
mem? aut querar?
O celum, 6 terra, 6 maria Neptuni!
MICIO:
Hem tibi.
Refcivit omnem rem: $d nunc clamat: fcilicet.
Parate lites: füccurrendum eft.
D E M E 4A.
Eccum adeft
Communis corruptela nofirüm liberüm.
MTCIO.
Tandem reprime iracundiam, atque ad.te redi.
DEM E A.
Repreffi , redii, mitto maledi&a omnia:
Rem ipfam putemus : didum boc inter nos fuit;
Ex te adeo ef} ortum , ne tu curares meum ,
INeve ego tuum: refponde,
ML
REMARQUES.
. % HEI MIHI , QUID FACIAM ? QUID AGAM]?
Ab, que ferai-je? Cv que deviendrai-je ? Cyc. Démta
fort de chez Micion, où il a trouvé Créfrobon à table
avec Efthinus, & il a apris la vérité de tout ce qu
s'étoit paflé; c'eft pourquoi il fort dans une col
re furieufe. Mais il faut bien remarquer ici l'a
fe de Térence , qui fait monter la colère qu'a Dé
méa des defordres de fon fils Créfiphen, autant au-des-
fus de celle qu'il avoit des débauches d'Efchinas, que
la tendreffé qu'il a pour celui-là eft au-deffus de celle
u'il a pour celui-ci. Quand il a fu les débauches d'E-
binus il en a été trifte: Rogas me quid triflis fem
Mais fur le moindre foupcon qu'on lui veut donnet
que Cté£/ipbon étoit avec Efchinus, à l'enlèvement de
là chanteufe ,.il dit: Di/perii , ne ego fam infelix ! ds
si
Se. L LES ADELPHES. 4j
DEME A.
Ah que ferai-je ? que deviendrai-je? comment
me prendrai-je à crier? due plaintes ferai-je?
Ó ciel! Ó terre! Ó mers du grand Neptune.
MICION.
Voila notre homme, il a découvert. tout le
miftère, c'eft fans doute ce qui le fait crier fi
hàut. C'eít cela méme, il nous en va donner
tout dwlong. N'importe, il faut allér au devant.
D E M E A.
Ho le voici, le commun corrupteur de nos
wrfans.
MI CIO N.
Enfin retenez un peu votre colére, & revenez
à vous.
An D E M E A.
Elle eft toute retenue; je fuis revenu à mof,
je laiffe là toutes les injures; examinons un peu
la chofe de fens raflis. 1l me femble que nous
étions convenus (& cela étoit même venu de
vous ) que vous ne vous méleriez point du tout
de mon fils, &' que je ne me mélerois pas non
plus du vôtre, Répondez,
MI-
REMARQUES.
Jule petdu, 31 faut avouer que je fuis. bien malheureux
Et ici voyant la vérité de ce quon lui avoit dit, &
qu'il n'avoit pas cru, il entre dans üne fureur qu'il ne
eut exprimer: c'eft pourquoi 1l. commence par cette
. interje&ion : Hei mibi, ah, quid faciam? Que ferai-
je? Quand il a été queftion d'E/cbinss, il a fu ce”
wil devoit faire, il a querellé , il a grondé, il a ctiés
ila accufé Micion. Et quand il s'agit de Créfiphony,
il ne trouve rien qui puiffe exprimer fa douleur; tout
‘ce qu'il a fait lui paroit trop foible, & il accufe les
cieux, la terre & la mer, c'eft-à-dire tous les élémens
-&cles Dieux-méme. Cette conduite eft merveilleufe, .
& ce font 1X de ces conps dé maitre qu'op ne fauroit
fe laffet d'admirer,
S 5
1$
29
45
4$ — ADELPHL AcrV.
MICLIO.
. . Fagiunmn efl ,' nen nego;
D E M E A.
Cur nunc apud te potat? cur recipis meum?
Cur emis amicam, Micio? num qui minüst
Mibi idem jus equom eft e[fe, quod mecum eft tibi ?
Quando ego tuum non curo, ne cura meum.
MICI O. -
Non equom dicis, * non: nam vetus verbum boc
quidem eff, |
Communia e[Je amicorum inter fe omnia;
D E M E 4A.
Faceté : nunc demum iftbac nata oratio eff.
MICIO.
Aufculta paucis , nifi moleffum ef}, Demeg.
Principio, fi id te mordet , fumtum filii
Quem faciuns ; quafo, facito boc tecum cogites
Tu illos duos elim pro re tolerabas tud,
Quod fatis putabas tua bona ambobus fere ;
Et me sum uxorem credidifii fcilicet.
! Due-
* In MS. hoc ne tribuitur Demez.
REMARQUES.
77. NON ÆQUOM DICIS, NON]. 4h, ce que
vous dites n'eft pas jufle, en vérité non. Ce fecond nes
fait voir que Micie ne fait où il en eft, il le pronon-
ce en rêvant & en cherchant quelque excufe , & com-
me il ne trouve rien qui lui plaife, il a recours à un
proverbe qui eft plus contre lui que pour lui.
19. NUNC DEMUM ISTHÆC NATÀ ORATIO EST Je
Vous vens avifez bien tard de tenir ce langage. 1l lui
reproche avec raifon qu’il n’a pas toujours été de ce
fentiment, puifqu'i] Jui avoit dit le matin que vent
*
/
Sc. L LES ADELPHES 419
MICION.
Cela eft vrai, j'en tombe d'accord.
. D E M E A.
Pourquot donc aujourdhui eft-il chez vous à
faire la débauche ? pourquoi le recevez-vous
dans votre maifon? pourquoi lui avez.vous a-
cheté une maitreffe ? pourquoi les chofes ne
font-elles pas égales entre vous & moi? Puifque
je ne me méle pas d'Efchinus, ne vous mélez
pas de Ctéfiphon.
MICION.
Ah ce que vous dites n'eft pas jufte, en véri-
té non. Vous favez cet ancien proverbe qui
dit, qu'entre amis tous biens font communs.
D E M E A.
ue cela eft bien dit! vous vous avifez bien
tard de tenir ce langage.
MICION
O ça, mon frère, écoutez, s'il vous plaît,
ce que j'ai à vous dire. Prémiérement, fi la
dépenfe que font nos enfans vous chagrine ,
. fouvenez-vous, je vous prie, qu'autrefois vous
les éleviez tous deux felon vos petits moyens,
& que vous ne doutiez pas que votre bien ne
leur dût fuffire; car alors vous me regardiez
comme un liomme qui devoit fe marier. Faites
donc encore votre compte fur cela; confervez,
aqué-
REMARQUES.
lui redemander E/cbiss;, que de vouloir en prendre
quelque foin. | ,
— Nau ambo curare propemodum
Repofcere Hte qn did
E S.
17. Nen, dans la bouche de Déméa, fur la plupart
des MSS.
— 23. Duo, aprés un MS. Tollebas, fuivant tous les
gutICSe S 6
39
35
420 ADELPHI. Act. V.
Du&urum. | Eandem illam rationem. antiquam ob:
tins;
Conferva, quaere, parce, fae quam plurimum
Hiis relinquas; gloriam tu iflam tibi obtine:
Med, que prater [bem evenere, utantur fine.
De fumm4 nibil decedet : quod binc. acce[Jerit,.
Id.de lucro putato e[Je. Omnia fi bec voles
In animo veré cogitare, Demea,
Et mibi, € tibi, EP illis demferis moloftiam..
|— DEME 4
Mitto rem : confuetudinem ipforum...
M I € I O.
| Mane. .
Scio: iflbuc ibam.. Multa in bomine, Demea,
Signs infunt, ex quibu conjeltura facile fit,
Duo quum idem faciunt , fape ut poffis dicere: :
Jic licet: impuné facere buic, illi nan Iicet.:
Non quid diffimilis res fib, fed quód is qui- facit
Que ego in illis e[fe video: ut confidam fore ita
Ut volumus. Video eos fapere , intellegere, ini?
Vereri , inter Je amare, fcire eft liberum
REMARQUES.
$35. MULTA IN HOMINE, DEMEA , SIGNA IN-
SUNT , &c. ]. P'oyez-veus ,mon frere, dans Phémme il)
& plufieurs marques. Le pauvre Micion ne fait pas Ju
bien comment fe tirer d'affaire; car it s'eft engagé
à excufer des chofes qu’il n’eft pas trop aifé d'excu-
fer; il en fort comme il peut; c'eft pourquoi il parle
avec affez d'obfcurité & d’embaras ; auffi: ne cher-
che-t-il pas tant à convaincre & à perfuader Désfay
qu’à l'étourdir par un galimitias où il paroiffe quel-
que efpèce de raifon, I] lui veut faire entendre 47° :
S.L LES ADELPHES. 4er
aquérez, épargnez, travaillez à leur laiffer le
plus de bien qu'il vous fera poffible; ayez cette
gloire vous feul; mais laiffez-les jouir de mon
bien, puifque c'eft une chofe qui leur vient
contre votre efpérance. Votre fonds ne dimi-
nuera point ; & tout ce qui vous viendra de
mon côté, prenez-le pour un gain tout clair,
& pour une bonne fortune qui vous arrive.
Si vous vous mettez bien cela dans l'efprit ,
mon frère, vous nous épargnerez beaucoup
-d'inquiétudes, à vous, à mei, & à nos enfans.
|. D. E M E A.
Mon Dieu, je laiffe là le bien, & je né me plains
que des mauvaifes habitudes qu'ils prennent.
MICION.
Arrêtez, je vous entens, c'eft là que j'en vou-
lois venir. Voyez-vous, dans l'homme il y a
plufieurs marques par lefquelles il eft-facile de
connoître de deux perfonnes qui ferontune mé
me chofe, celui à qui on peut la laiffer faire
fans aucun danger, & celui à qui on ne le peut
pas: non que la chofe foit différente en elle-
méme, mais c'eft que ceux qui la font font fort
différens. Je vois dans nos deux enfans des
chofes qui me perfuadent qu'ils feront comme
nous les pouvons fouhaiter. Je leur vois du
| boue
REMARQUES. |
n'a fouffert les débauches de fes deux enfans, que
parce qu'il a connu que cela ne pouvoit pas les gâ-
ter, & qu'on leur feroit toujours. changer de vie quand
bn youdioit. sut
NOTE S
28. Gleriamque iflanc tibi , Ótant ta. & obrine, mal»
gré tous les MSS.
| 81. Omne, bac ff voles, comme un MS. Fzers. |
39. Quo, à la place des deux quid , après le même
MS. Fecrn, | . Mas Fe, € ets
M S7
*
45
35
422 ADELPHI Acr. V.
Ingenium, atque animum: quovis illos tu die
Reducas; At enim metuas, ne ab re fint. tamen
Omiffiores paule. © nofler Demea,
Ad omnia alid etate [apimus re&iüs :
Solum unum boc vitium adfert feneËfus bominibus,
Attentiores fumus ad rem omnes, quam fat ef£:
Quod illos fat etas acuet.
| DEM E 4.
Ne nimium modi
Bine tuc jffe nos rationes , Micio,
Et tuus iffe animus equus fubvertat..
M ICIO:
Tate,
Mon fiet: mitte jam iflbec : da te bodie mibi :.
Exporge frontem.
Dp EHM E 4A.
écilicet , ita tempus fert,
Faciendum eft : ceterüm rus cras cum filio
Cám primo lucu.
MICIO.
Imi de noûte cenfeo:
Hodie mod) bilarum te face.
D E M E 4.
Et ipfam pfaltriom
Unà illuc mecum binc abfirabam.
ML
| . REMARQUES.
$6.«XE'T 1PSAM PSALTRIAM ]. Jy extraineral
ex[f cete chanteufe. Déméa vient de dire qu'il veut
être de belle humeur, & que le teins le demande. Mais
comme les cara&teres fe ch Me difficilement, 7*-
rence nous fait voir ici une
-
.
e humeur bien fauva-
€
Sc. IL LES ADELPHES, 4,
bon-fens, de l'intelligence, de la pudeur quand
il faut, & ils s'aiment tous deux. Tout cela
fait affez voir qu'ils font de bon naturel, & qu'ils
ont l'efprit bien fait. Vous les réduirez quand
vous voudrez fans aueune peine: mais vous me
direz peut-être que vous craignez qu’ils ne foient
un peu négligens pour leurs affaires. O ‘notre
cher Déméa, l’âge nous rend plus fages en toutes
les autres chofes; le feul défaut que là vieilleffe
aporte aux hommes, e'eft qu'elle fait que tous
tant que nous fommes , nous avons plus d'at«
tachement au bien qu'il ne faudroit, Ne craie
.gnez rien, l'âge ne les rendra que trop foigneux.
D E M E A.
Cela eft fort bien; pourvu que toutes-ces belles
raifons, & cet efprit tranquile qui prend tout en:
bonne part, n'aillent pas s gâter entièrement.
2I :
Ne vous inquiétez point;. cela n'arrivera pas:
Deformais ne fongez plus au paffé; donnez-vous
à moi pour aujourdhui, & foyez de belle humeur.
D EM :
Je vois bien qu'il faut que je le faffe, fe tems
le veut ainfi, Mais demain dés la petite pointe
du jour, je m'en retournerai aux champs avec
mon fils;
MICION. |
Dès minuit fi vous voulez; foyez feulement
de bonne humeur aujourdhui.
D E M E À.
Jy entrainerai auffi cette chanteufe.
MB
REMARQUES.
encore & bien revéche. Prémièrement if ne con
fent à demeurer pour la noce de fon fils que dang
l'fpérance. que dés le lendemain, matin à 14 pointe
du, jour il ira travailler à (à campagne, comme fe
cahfolant par avance du bon tams qu'il va fe donner,
pat
65
Ka. ADELPHL Acm. V.
M LC IO.
: Pugnaveris:
Eo prorfus pato illi allegaris filium,
Modà facito ut illam ferves.
| DEM E 4.
Ego iflbuc videro : atque
Tiii faville plena, fumi; ac pollinis
" Coquendo fit faxo, C9 molendo: preter bec,
Meridie fo, faciam, ut fHipulam colligat.
Tàm excottam redilam atque atram, quàm carbo ef.
M I | C I OQ. f .
. Placet:
Nunc mibi vidére fapere: atque equidem filium,
Tum etiam fi nolit, cogas cum ill unà cubet..
| DEM E À.
Derides ? fortunatus, qui ifIo animo fies.
Ego fentio. . ...
MICIO»
E Ab! pergifne ?
| D-E'M E 4.
Fam defino:
MICIO.
ergo intro , €, cui rei efl, ei rei bilarem bunt
Jumamus diem.
. .J ACTUS
REMARQUES.
par la peine & le travail dou fe prépare; Il n'ira pas
feul, il emménera, fon fil$ avec lui, il y entrainera
cette chanteufe. 11 n'y a pas là un mot qui ne foit
amer. Et il l'entrainera pour lui faire de la peine &
traiter en efclave, & non pas pour faire plaifir à
{ou fils. Tout cela eft ménagé avec un art admirable.
(OS. PUGNAVERIS]. C'f un coup de partir.
C'eft Ye fens de ce pugnaveris, vous ferez [à un grani
coup. at: l'a fort bien expliqué, wagnam rem fece
ris, & raperte yn vers de Lacilins qui a dit dans ke
même fenst c. -- | y
Sc. I. LES. ADELPITES. 4*5
MICIO:N.
C'eft un coup de partie, car par-là vous y
attacherez abfolument votre fils. Songez fenle-
ment à la bien conferver.
DEME A.
J'y donnerai bon ordre; j'aurai foin de la met-
tre à la boulangerie, afin qu'en cuifant le: pain
elle foit toujours enfumée, & pleine de cendre
& de farine. Ce ne fera pas encore là tout,
car en plein midi je l'envoyerai couper du
chaume ; deforte que je la rendrai auf brulée
& auffi, noire qu'un charbon. .
MICION.
Cela me plait; c'eft pré(entement que je vous
trouve raifonnable. Mais quand vous l'aurez
rendue fi jolie, je fuis d'avis que vous contrai-
gniez votre fils d'en étre encore amoureux.
D E M E A.
Vous raillez? vous étes bien heureux d'étre
de cette humeur, mais pour moi je reíTens.,,
| | MICION.
Ah! continuerez-vous toujours?
D E ME A.
Non, voila qui eft fait.
MICION.
Entrez donc au logis, & puifque ce jour eft
defiiné à la joie, ne fongeons qu'à nous divertir.
ACRE
REMARQUES.
Vicimus ociàs © magnam pugnavimue pugnam.
68. E1 REI HILAREM HUNC SUMAMUS DIEM].
Ne fongtons qu'à nous divertir. Après ces mots, Micion
entre dans {a maifon en attendant que Déméa, après.
avoir fait un tour chez lui, vienne pour la fête. D-
. mméa demeure fur le Théâtre, & il fait le monologue
. qui fuit.
65e Cogam «t cum, fuivant la plupart des MSS,
6$. M. B. Ôte hilarers, {ur trois MSS. Fasern.
[|
X.
455 ADELPHI Acr.V.
(90:90:90) 90:50) :50x:00):90:9 6100 x90:90K909:909 SAT.
ACTUS QUINTU S.
SCENA IL
D E M E A.
Nr ita quifquam bene fubduBá ratione ad
vitam fuit,
Quin res, atas, ufus femper aliquid adportet novi ,
"liquid moneat: ut illa, qua te fcire credas, nes-
: cias ;
Et, que tibi putaris prima, in experiundo ut re-
udies.
5 Quod nunc mí evenit : nam ego vitam duram ,
quam vixi ufque adbuc , ;
Prope jam excur[o fpat.o omitto. Id quamobrem?
re ip[á repperi,
Facilitate nibil e[fe bomini melius, neque clemen.
* tid:
Id effe verum , ex me, atque ex fratre cuivis fà
cile eff nofcere.
. Ille fuam femper egit vitam in otie , in conviviis:
XO,, Clemens, placidus , nulli ledere os, arridere om.
nibus :
Sibi
REMARQUES.
T. NUMQUAM ITA QUISQUAM BENE SUBDUCTA
RATIONE AD VITAM FUIT]. Jamais perfonne n'a f
bien réglé Cv fuputé tout ce qui regarde [a conduite de
Ja vie. C'eít une figure empruntée des livres de comp-
te, Car fubducere rationem eft proprement marquer au
bas d'un compte à combien monte toute la fomme.
Déméa dit donc que perfonne n'a jamais fi bien. réglé
comptes pour ce qui regarde fa vie, qu'avec le
tems il ne trouve bien des chofes à y changer, &
qu'il ne fe voye obligé de prend:e d'autres mefures.
C'eft un fort bel endroit.
10. NULLI L EDERE 08]. Ne cbegsant. ja-
mais perfonne, Cette facon de parler eft remarquable ,
Sc: IL LES ADELPHES. 427
LSOXHCSHCKIN TC) TONI TOLIONION TOKIIOKIN TC
ACTE CINQUIEM E.
SC EN E II.
DEME À -
| Anis perfonne n'a fi bien réglé & fuputé tout:
ce qui regarde la conduite de fa vie, que les
affaires, l’âge, l'expérience, ne lui aprennent
encore quelque chofe de nouveau, & ne lui
faffent connoitre qu’il ne fait rien de ce qu'il
croyoit le mieux favoir, de maniére que dans.
la pratique on fe voit fouvent obligé de rejetter.
le parti qu'on avoit regardé d'abord comme le
plus avantageux. C'eft ce que j'éprouve aus
jourdhui; car fur le point que ma courfe eft
prefque finie, je renonce à la vie dure & péni-
ble que j'ai menée jufques ici. Et cela pours
quoi ? parce que l'expérience m'a fait voir,
qu'il n'y a rien de fi avantageux aux hommes
que d'avoir de la complaifance & de Ia douceus
Il ne faut que nous voir mon frère & moi pour
être convaincu. de cette vérité, H a-pa(Té toute.
fa vie dans l'oifiveté & dans la bonne chère;
tous
REMARQ UE S.
Jedere às alicui, Meffer le vifage à quelqu'un, pout lui
dire des chofes fi dures & fi choquantes , qu'elles l'ob-
ligent à faire des grimaces pour témoigner ou fa fur-
prife ou fon reffentiment. Saint 4Msgu/lis avoit ce pas-.
age en vue , quand il a dit dans le prémier Livre de
Ja Cité de Dieu, en parlant de ceux qui craignent d'a-
vertir leur prochain de leurs péchés: Pel càm laborit-
piget, vel os eorum verecundämur offendere. Soit que
nous fuyions le travail , eu que nous aprébendigns de les
effenfer .
N OT E
S.
. 6. M.B. Ôtc Jam , lifant decsrfo 'que Prifcien a cité.
€ing fois, 3 Bet
-
15
20
25
428 ADELPHI Acr.WV
Sibi vixit : fibi [umtum fecit: omnes benedicunt,
amant.
JEgo ile agrefHis, Jevus, triffis, parcus, tructe-
lentus, tenax,
Duxi uxore: quam ibi miferiam vidi! nati fu,
Alia cura. Porro autem , illis dum fludeo ut
| quamnplurimum
Facerem, contrivi in gwerundo vitam, atque eta.
| tem. meam : .
Nunc exatid etate boc fru&i pro labore ab iis fero,
Odium: iile bud Jine labore patria .potitur. cou
moda.
Jllum amant, me fugitant : illi credunt. confilia
: omnia:
Illum diligunt : apud illum funt ambo : ego defer-
tu” fum.
Illum , ut vivat , optant, meam autem mortem ex-
Jie&ant fcilicet. |
Tta eos meo labore eduflos maxumo, bic fecit fuos
Paulo fumtu :' miferiam omnem ego capio , bic po»
| tüur gaudia. |
Âge, ape ,. jam experiamur contra, ecquid, ege
| poffiem
Blandé dicere , aut benigné facere, quando bue
provocat.
Egoquoque à meis me amari &j magni pendi poftuls.
REMARQUES
. 13. QUAM IBI MISERIAM .VIDI ]! Qselles miféres!
Mot à mot, gwelle mifère n'ai-je point vuel Les Latins
düoient videre, voir, pour pati, fouffrir , à l'imitatiom
dés Grecs, qui avoient pris cela des Orientaux, coin-
me je l'ai remarqué fur l'Epigramme de Cailiwague
Page 227.
+ 24. QUANDO.HUC PROVOCAT]. Pui/qwib
exe force d'entrer en lice autc lui, Provocat eft un ter-
me pris des combats fingulièrs, Démra regarde tou
ce
sc. I. LES ADELPHES. 499
toujours doux, complaifant, ne choquant jamais :
perfonne , careflant tout le monde, .il a vécu
pour lui, il a dépenfé pour lui; chacun en dit
du bien, chacun l'aime. Et moi bon campa-
gnard, rude, trifte, épargnant, rebarbatif ,-
avare, je me fuis marié, quelle mifére!Il m'eTt
venu des enfans., autres foins; en travaillant à
leur amaífer le plus de bien qu'il m'a été poffi-
ble, j'ai ufé ma jeuneffe & ma vie. Préfente.
ment, que j'ai un pied dans la fofle, toute la
récompenfe que je reçois de mon travail, c’eft
la haine de ceux pour qui je me fuis facrifié, Et
lui,'fans nulle peine, il jouit de tous les plai.
fus: qu'on peut trouver à être père, Ils-l'ai-
ment, ils me fuyent, .ils lui font con&dence de
tous leurs fecrets; ils le chéri(fent , ils font
toujours chez lui; & on me laiffe là. Ils fou--
baitent qu'il vive longtems, & ils attendent ma
mort avec impatience; en un mot aprés que j'ai
bien pris de la peine à les élever, il les a rendus:
fiens à peu de frais; toute la peine eft pour
moi, & tout le plaifir pour lui. O ça, voyons
donc à notre tour fi nous ne faurions pas dire
des chofes obligeantes, &.faire le libéral, puis-.
qu’il me force d'entrer en lice avec lui. Je
veux auífi être aimé & eftimé des miens. Si
ET «cela
REMARQUES.
ce que Micien lui a dit pou le porter à être de bonne
humeur, comme un défi qu’il lui faifoit.
N O TE S.. . E
"14. Heia, pour porro, fuivant deux MSS. Faers.
23. Age, nunc jam experiimur porre contra, aPTès
un MS. où age fe trouve cependant deux fois. Faers,
E
430 ADELPHL Acr. V.
Si id fit dando atque ebfequendo , non pofteriores
eram. E
"Deerit ? id med minimà refert , qui fum natu
MAXUMUS.
EEE opekoeppe)epeieee)ier] eerie)
ACTUS QUINTU S.
SCENA IIL
SYRUS DEMERX
STRU S
H Eus, Demea, rogat frater, tie abeas longius.
DEM E A.
Qui bomo? ds nofler, fave; quid fu? quid
STRUS,
RU. |
D E ME 4.
qe cd jam nunc bac tria primüm ad-
idi
Prater naturam , 0 nofler, quid fit? quid agitur?
Servom baud inliberalem prabes te, € tibi
$ Lubens bene faxim.
STRUS.
Gratiam babeo.
DEM E A.
| Atqui, Syre,
Hoc verum eft, C3 ipfd re experiere propediem.
| . ACTUS
REMARQUES.
>. OSTRE NOSTER]. Notre cher Syrus. Tou-
ses les douceurs que dit Démés font ridicules & im-
per
\
Sc IIL LES ADELPHES. 497
cela fe peut faire à force de préfens & de com-
plaifance, je fuis für qu'il n'aura pas le deffus.
Le bien manquera, que m'importe? je fuis le
plus vieux.
KYEEHOHOIHUHonHOROHOROUROROOH RA
ACTE CINQUIEM E.
SCENE IIL
SYRUS. DEM E A.
SYRUS.
H0B; Monfeur, votre frère vous prie de
ne vous pas éloigner. '
D E M E A.
Qui m'apelle? 6 notre cher Syrus, bonjour,
que fait-on? comment vont les chofes?
SYRU S.
D E M E A.
Bon, nous commençons le mieux du monde;
voila déja trois mots que j'ai dits contre mon
naturel. © notre cher , que fait.on ? comment
vont les cbofes *? i| me parolt que tu es un
. brave garçon; & que tu fers avec honneur; je
t'affure que je ferai ravi de trouver les occa-
fions de te faire du bien.
. SY RU S.
Je vous fuis fort obligé, Monfieur.
| [ E A.
Mais, Syrus, c'eft qu'il n'y a rien de plus
wrai , & tu en verras les effets au prémier jour.
ACTE
Fort bien.
* bout.
^.—AGÓEM AR QU E S.
rtinentes, & Térence l'a fait ainfi, pour faire voir:
qu'on ne suffit jamais lorfqu'on force fon naturel,
492 ADEL-PHI Acr V.
ACTUS QUINTUS
S CENA IV.
.GETA. DEM E A.
G E T.A.
H Era, ego buc ad bos provifo ,- quam mox vir.
ginem ;
Arceffant : fed eccum Demea: falgos fies.
DEM E 4.
.Ob, quí-vocare!
: G E T 4.
Geta.
DEM E A.
Geta, bominem maxumi
Pretii effe te bodie, judicavi animo meo :
5 Nam is mibi efl profe&à fervus [peBatus fatis,
Cui dominus cure eff, ita uti tibi fenfi, Geta:
Et tibi ób eam rem , fi quid ufus venerit,
Lübens bene faxim. Meditor e[fe affavilis ,
Et bene procedit.
| GET A.
Bonus es, quum bec exifIuma:.
DEM E 4A. "
10 Paulatim plebem primulim facio meam.
ACTUS
REMARQUES.
3. GETA, HOMINEM MAXIMI PRETII ESSE Tf
HODIE JUDICAVI]. Geta, aujourdhui j'ai penfé en
moi-même, rc. Voila encore une impertinente co
ln e toifie'
Se. IV. LES ADELPHES. 455
ACTE CINQUIEM E.
SC EN E IV.
GETA. DEM E A.
GET A
Adame, je nven vais les trouver, afin qu'au :
plutôt ils faffent porter la nouvelle mariée
chéz eux: mais voici Déméa. Bonjour, Mon-
fieur.
DEME A.
Comment t'apelles-tu? J
| GE T A.
Je mupelle Géta. |
D'E M E A
Géta, aujourdhui j'ai penfé en moi-même
que tu es un garcon qui vaut beaucóup; car fe-
lon moi, un valet eft afféz éprouvé, quand on
voit qu'il prend les intéréts de fon maitre avec
autant d'affection que je vois que tu fais. Mon
pduvre Géta, aufli pour cette bonne qualité, fi
l'occafion s'en préfente, je ferai ravi de te faire
plaifir. * J'ai deffein d'étre affable, & cela ne
me réuífit pas mal.
G E T A. "NM
. Vous étes trop bon, Monfieur, d'avoir ces
fentimens-là pour moi. |
| DEMEA
Je commence par les petites gens, & je tà-
che de les gagner peu à peu.
| ACTE
.* Bas. "
| REMARQUES. |
toifie de Déméaæ, de parler ainfi à un valet dont il ne
favoit pas méme le nom, & en affeétant de la poli-
telle il tombe dans un menfonge groffier,
Tome IL |
434 ADELPHI Ac. Y.
£52.90 S0S0I0 S290) FASO ICRA QE
ACTUS QUINTUS
| S C E N A V.
ÆSCHINUS. DEMEA, SYRUS.
GETA.
Æ SCHINUS. |
(OCcidunt me quidem , dum nimi? [anBas nuptias
indie facere , in apparando totum .con[umunt
iem. -
D.E.M E 4.
Quid agitur , /Efcbine?
| ÆSCHINUS.
Hem, pater mi, tu bic erai
D E M E A.
Tuus bercle verd 9 animo, € natur pater ;
Qui te plus quàm oculos befce. Sed sur non donus
. Uxorem quæ/o arceffis ? 5
Æ SCHINUS. |
^ Cupio: verüm boc mibi more cf,
Tibicina, €? bymeneum qui cantent.
DEME 4A.
Vin tu buie feni aufcultare?
| ÆSCHINUS.
: Quid?
' DE.
REMARQUES.
_& M155A HÆC FACE , HYMENÆUM , TURBAS 9
LAMPADAS, TIBICINAS]. Envoyez-moi promerer ct
chanteurs d'himénée , ces joueufes de flute, ces flam-
beasx, ©’ toute cette foule. Tout cela accompagnoit
la nouvelle mariée dans la maifon de fon mari. Le-
&ien a parlé de tout cet attirail, & je crois qu'il a pris
ce paffage de Ménandre, quand il dit, xa] aisi
: 85
#
Sc. V. LES ADELPHES. 43
19050 50790790,90 50 50190750 50 50:90 50:50:52
ACTE CINQUIEME.
SCENE V.
ESCHINUS. DEMEA. SYRUS.
GET A..
ESCHINUS
E N vérité ils me font mourir; en voulant fai-
re mes noces avec trop de cérémonies & de
‘formalités , ils employent tout le jour en pré-
.paratifs.
E M E A.
DE
Hé bien, Éfchinus, ue faiCon?
ESCHINUS.
Ah? vous éticz-l mon pére?
D EM E A. |
.. Oui affurément, je fuis votre père autant par
la tendreffe que par la hature; car je vous aime
‘plus que mes yeux. Mais d'où vient que vous
‘ne faites pas aller votre femme chez vous?
ESCHINUS.
Je le voudrois bien; mais la joueufe de flute,
& ceux qui doivent chanter l'hyménée , nous
font attendre. —
D E M E A.
Econtez, jus vous croire ce bon-homme?
SCHINUS
Quoi: , inon P ire?
| : DE-
REMARQUES.
dus, xai 9ápuGoy , xal vuivaros édesrces rives, €» fe
Jonen/es de. flutes, la ue« de gens » Les chanteurs d'hi-
"ence.
N OT E S. 2
2. M B. xetranche fetum, comme Faeta.
T2..
10
15
45 ADELPHIL Acer. V.
D E M E A.
| Miffa bec face,
Hymeneum , turbas , lampadas, tibicinas.:
"tque banc in borto maceriam jube dirui
Quantum poteft : banc transfer, unam fac domum:
Transduce £9. matrem C9. familiam omnem ad nes.
X SCHINUS.
Piactt :
Pater lepidiffune. E
» DEME A. -
Euge, jam lepidus vocor.
Fratris ades fient peroie : turbam domum
"Adducet , fumtum admittet: multa, quid med?
Ego lepidus ineo gratiam: jube nunc jam
Dinumeret * ille Babylo viginti minas.
Syre, ceffas ire, ac facere?
$1:
* Vulg. il/i. |
REMARQUES.
16. TUBE NUNC JAM DINUMERET ILLE BABYLO
YvIGINTI MINAS ]. Mais à propos , Efebinus , faites
enforte que cet homme tout confu d'or donne à ces bons
argons , c. Ce paffage ne me paroit pas corrompu,
[A conje&ure de Donat.eft fort vraifemblable. Il
croit. que Démés apelle Micion, Babylo ,le Babylenien ,
pour marquer fes richeffes & fa prodigalité, en fe mo-
quant de lui; car Babylone étoit en ce, tems La ville
capitale de 74//jrie, & tout ce qu'il y avoit de grand
& de magnifique, on l'apelloit Babylonien & Per/an.
Horace, Perficos edi , puer, apparatus. Babyle eft donc
ici pour le Roi de Babylowe, comme on a dit Macede
pour Aléxandre. La difficulté n'eft donc pas fur ce
mot
Sc. V. LES ADELPHES. 45y
D E M E A.
Envoyez-moi promener ces chanteurs d'himé-
née, ces joueufes de flutes, ces flambeaux &
:toute cette foule de gens; faites abatre au plus
vite ce méchant mur qui eft dans le jardin.
Qu'on porte par-là la nauvelle mariée , que les
deux.maifons n'en foient plus qu'une, & que
. la mère & tous fes domeftiques paffent aufi
chez nous. . |
. ESCHINUS.
-. L'onne fauroit donner un meilleur confeil, mon
père: en vérité vous êtes un homme charmant,
| D. E M E A, bars.
Courage, on dit déja que je fuis charmant,
la maifon de mon frère va être percée, toute
la foule fe jettera là-dedans. Cela fera fur fes
coffres, & bien d'autres chofes; que m'impor-
te? Je fuis un homme charmant, & l'on ma
de l'obligation. * Mais à propos, Efchinus,
faîtes enforte que cet homme tout coufu d'or
faffé un préfent de foixante piftoles à ces bons
garçons. ^Syrus, elt-ce que tu ne vas pas fai-
re ce quÉ jai dit ?
P Haut, ,
SY-
REMARQUES.
E n à qui
jui avoit
: que Mu,
1 d à San -
: w’il faut
w a déja
»eaucoup
les effets
x Scènes
de por-
on-hom-
pourvu
45
489. — ADELPHE Aer.V.
STRUS:
Quid ergo?:
DE M.E A,
| Dirue:
Tu. illas, abi, £9 tranfduce.
GET A.
| Dii tibi, Demes,
Bene faxint quum ie video noflra familie.
Tim ex animo fatium velle.
D E. M E A.
| Dignus arbitrore,
Ta quid aiii
Multà re&iu' eff;
ám illam puerperam nunc duci buc per viam.
rotaun.
Æ.SCHINUSS.
Nibil enim vidi melius, mi pater»
D E M E A.
Sic foleo, Sed eccum , Micio egreditur foras.
(509.509 90:90:99 501:50):50):50)90) $0) 50:50:90 00 50 :
ACTUS UINT'US.
"SIC E A VL-
MICIO. DEME A. JESCHINUS,
MICIO.
TR frater? ubi eft ? tu jubes boc, Deoma?:
: DE-
REMARQUES.
19. DIRUE: TU ILLAS, ABI, ET TRANSDUCE Je
Abatre ce mar ; C» toi, Géta, cours les faire venir para
lj. Dès que Déméa a parlé, Syrus part pout aller
abatre le mur, & Géra, après avoir dit leg deux vefs.
fuivans, va aulli pour faire venir la mariée par le PM
Le, .
Sc. VI. LES ADELPHES. 435
SYRUS-.
D E M E A.
Abatre ce mur. Et toi, Géta, cours les-
fâire venir par-là.
GETA.
Que les Dieux vous comblent de biens, Mon:
fleur, puifque vous mous rendez de fi bons offices ! "
| E M E A.
Vous le méritez bien. Que dites-vous de:
cet expédient, mon fils ?*
ESCHINU S.
e le trouve fort bon.
DEME A.
Cela eft beaucoup mieux que de porter par la
rue une pauvre femme malade & nouvellement:
accouchée.
ESCHINUS.
En vérité, mon père, il ne fe peut rien de:
mieux imaginé.
D EM E A.
C'eft ainfi que j'ai accoutümé de faire, Mais:
voila Micion qui fort.
(SKI SIREN EQ TC SPKSS TN) TR) NN ITONCO) ;
ACTE CINQUIEME
S CH N VE
MICION. DEMEA. EE
" MICION.
""eft mon frére qui l'a ordonné ? & où eft-ce
qu'il eft? Ah, mon frère, eft-il vrai? l’a-
vez-vous ordonné ? DE-
REMARQUE. S.
I JUBET FRATER]. C'ef mon frère (si Pa «rs
€? Micien ayant vu abatre la mytaille du jardin:
Quoi donc ?
T E' S
H. Quid ego? Re quaques Mss,
n À:
xo — ADELPHL Acr.YV.
DE M'E 4.
Ego verd jubeo, £9 bac re, ES. aliis omnibus
Quammaxume .unim facere nos banc familiam;
Cwere, adjuvare , adjungere.
| ÆSCHINUS.
. Bia quæfo, pater.
MICIO.
. Houd aliter-cenfeo.
DEM E 4.
Imà bercle ita nobis deett
Primim bujus uxoris eff mater.
MIC IO.
Quid pate?
D E. M. E 4.
Proba €? madefla. — ;
MICIO.
Ita aiunt;
D:E M E 4A.
Natu grandior,
M IC I O.
DEME A :
Parere jam diu bec per annos non: pote!
Nec , qui eam refpiciat, quifquam eft, fola «ff.
M.IC I O.
Quam bic rem agit?
DE
Sio.
REMARQUES.
par S jrs, comme Démés l'avoit ordonné ‘dans fa Sc
ne pzé-cédente, & Syrus lui ayant dit que c'étoit pit
| foa ordre, il eff étonné d'un changement f promis
Sc. VL LES ADELPHES. 441
DEMRK A.
- Qai affurément je l’ai ordonné. Et en cela, -
comme en toute autre chofe, je fouhaite pas-
fionnément d'obliger ces perfonnes, de les fer-
vir, de nous les attacher, & de ne faire qu'une.
méme maifon de.la nótre & de la leur.
ESCHIN U S, à Micion.
Je vous en prie, mon père.
MICION.
Je ne m'y opofe pas.
DEM E K.
Et bien plus, je vous dis que nous y fommes:
obligés. Prémièrement c'eft la mère de la fem-
me de votre fils.
MICION.
Et bien après cela?
|^. D'E M E A. '
C'elt une brave femme, fort modefte & fort fage,. :
On le dit.
D E M E A.
Elle a déja quelques années.
MICION.
Je le fais.
D E M E A.
. ll y a longtems qu'elle n’eft plus en âge d'à-
voir'des enfans; elle e(t feule, elle n'a perfon-
ne qui ait foin d'elle. ) ;
MICION
. Que veut-il faire? |
BER SRL . DE
REMARQUES ^- :
& il vient fur le Théâtre pour s'en éclaircir.
NOTES.
. € Eft c. quid pofiea? fur un MS..
; T. 5.
44?4 A DELPHI AT. V.:
DEMEA4
10- Hanc te yi efl ducere , € te operam, ut.fit;,
re.
MICIO.
' Me ducere autem
DE M E A:
#
Ineptis..
D E M E m :
Si tu fis bomo, .
Hic faciat.
Ps ÆSCHINUS..
Mi pater.
id? tu autem bunc , afine, aufcultas?:
nd ME V d
Nibil agi:. ,
Fieri aliter non poteft. vus
"MICIO.;
Delitras. — .
ÆSCHI NUS.
Sine te exorems, eni patet»
—Q MICIO.
nfanis ? : aufer.
D E M E 4A.
Age, da veniam, * quefo, filo.
g , * quafi H7
V sf) abeffà vulg. - die
. REMARQUES. s
14. DA VENIAM, QUAESO, FILIO]. Fare.
e4 plaifír à votre fils. Cette façon de arler eft remar-
quable, derg veniam; pour faire wu plaifr; faire aL
RÀ MC
‘Se. V. LES ADELPHES: 484"
D E ME A.
It eft jufte que vous l'époufiez, Et VOUS; .
"Efchinus, vous devez faire tout ce que vous :
ppurez pour l'obliger à le faire.
Moi l'époufer, dites-vous?
: DEME A.
Oui, vous.
MICION..
Moi? '
D E M E A.
Vous-méme, vous dis-je.
MICION..
- Vous radotez.
| D EM_E A.
Eíchinus, fi vous avez de l'efprit, il le fera.
| ESCHINUS. .
Mon pére.
MICION. ..
Quoi donc, grand benêt, eít:ce que tu prends :
garde à ce qu'il dic? |
Vous ne gagnez rien; cela ne peut ètre am:
tement. mo .
MICION.
Vous'extravaguez, —— ud
ESCHINUS.
Souffrez que j'obtienne cela de vous, mon père.
ICION. | |
FT"
[e
MI
Es-tu fou ? Ôte-toi de-Ià, |
| D E M E A. |
Allons, mon frère, faites ce plaifir:fà à vas :
tre-fils. . . . Fi xd "s |
MI*
«xd
| NOTES |
(s Mec Ms B. Ote quafo s après quelques M$$.--
E T.6.
444 ADELPHE Aer V.
MICIO.
Sat? fanus es?
ES Ego novus maritus anno demum quinto t9 fexage-
110
Fam, 2e anum decrepitam ducam? idne eftis
auGores mibi? 2E
| ÆSCHINUS.
Fac: promifi ego illis.
4 MICIO
Promifli autem ? de te largitor, puet.
DEM E A.
Age, quid, fi quid te majus oret?
MICIQ
Quafi non boc fit maxumtim..
D E M E A.
Da veniam. à
Æ SCHINUS..
Ne gravare. -
DEM E À:
Fac, promitte.
MICIO:
oo Non omittis &
| ÆSCHINUS.
20 Nifi te exorem.
MICIO:
Vis efl bac quidem.
D E M E A.
Age prolixà, Micie.
. MF
LA KEMAÁEARÓUES i)
20 AGE PROLIXE, MriC10]. | Obligez-ntus
| Jojques au bout. Donar s'eft tromné à l'explication de
cet adverbe prelixéz qui fignifie d'un bout à l'autre,
& comme j'ai traduit, js/gues ag bout, R
NOs.
s. VL. LES ADELPHES. 445
MICEIO.N.
Etes-vous en votre bon-fens? moi nouveau
marié à foixante & cinq ans? & époufer une
vieille PUE ? Me le confeilleriez-vous ?.
ESCHINUS.
Faites-le, je vous prie, -je leur ai promis.
MICION.
Oui ? vous leur avez promis ? difpofez de.
vous, mon petit mignon.
D. E. M E A.
Allons, faites ce qu'il vous demande; que
feroit-ce donc s’il vous demandoit quelque cho-
. fe de plus grande conféquence!
CION.
Comme s'il y avoit rien de plus. grande con.
féquence que cela.
DEME A.
Accordez-lui cette grace.
ESCHINUS.
Eh, mon pére, ceffez d'avoir de la répugnari |
ce à nous faire ce plaifir.
DEM E A.
Dépéchez, promettez-le nous.
MICIO SN.
Ne me laifferas-tu point ? "
t ES.CHINUS.
Non, que je n'aye obtenu cela de vous;
CION !
En vérité c’eft là une violence. :
DEM.E A.
Allons, mon frère, obligez-nous jufques- ab
bout.
. MI-
N O T E S.
— $$. Quafñ fi bec non, fans autorité,
' 39, Omittitis, comme les plus anc, MSS..
o.
EE * P. TO- . 0.78
416 ADELPHT Act. V?
MICIO.
Ei fi boc pravom, ineptum, abfurdum ; atque alie-
nun à vitá med
Videtur : fi vos tantopere iffbuc volts, fiat.
Æ SCHI NU 3.
m Bène facis.
Meritó amo te. |
€. . c. DEM E A
'Verüm quid ego dicam? boc cim fit quod vob. .
Quid nunc quod reftat? Hegio cognatus bis eff
prexumus , |
2$ Affinis nobis, pauper; bene nos aliquid facere illi :
decet.
: MICIO.
"Ouid facere? '
gu Î DEME f. |
Agelli efl bfc fub urbe paululum, quod. locstat::
feras : :d
uic demus, qui fruatur..—
WR Xe OW MICIO.
Paululum id autem?
DEM E A.
)
| Si multum fiet, .
Faciundum efl : pro patre buic eft ,. bonus efl , nos- -
ter eft, re&ià datur
Poflremó , non meum illud verbum facio , quod -
P iu, Micio, a :
+ | 3o Bene -
| REMARQUES:
.22. SI VOS TANTOPERE ISTHUC VOLTIS, FIAT].
BI vous Je foubaitez avec tant d'ardeur , je le-veux.. M
"maroit ridicule que Térence faffe confentir ainfi Micies
Le marier à foixante & cinq ans, & l'on ne peut pas
(ite que cela ne foit au moins fort outré. Mais ce
Poète a voulu fairé voir par-là le défaut de ces bontés
fotes & exceffives: elles portent toujours .ceux qui les
ont, à faire des fótifes , dont il faut qu'ils fe répentent
nécéffairement, :-- hr C LE
29. POSTREMO NON MEUM ILLUD VERBUM F4: -
. e
3 r
Sc. Vi LES ADELPHES. .447-
MICION.
Quoique cela me paroiffe impertinent, fot; .
ridicule, & entièrement opofé à la vie que j'ai :
toujours menée, fi vous le fouhaitez avec tant.
d'ardeur, je le veux. |
ESCHINUS.
Je vous fuis bien obligé, mon père; que j'ai :
de raifons de vous aimer!
D E M E A.
Mais quoi ? que dirai-je encore? puifqu'on :
fait tout ce que je. veux; qu'y a-t-il encore? '
Hégion eft leur proche parent & notre allié; il.
'eft pauvre; nous devons lui faire quelque bien,
| MICION.
Eh quel bien? :
Vous avez ici près dans le faaxbourg: un mé- .
chant petit coin de terre que vous affermez À; ^
je ne fais qui, donnez-lui en la jouiffance,.
# I I O N.
Un méchant petit coin de terre? :
D E M E A.
S'il efl grand, tant mieux; il he faut pas laiss
fer de le lui donner : il tient lieu de père à Pam.
phila, il eft honnéte-homme, & notre allié, on .
‘ne fauroit mieux faire. Enfin, mon frère, ne
croyez pas que je. veuille m'attribuer le beau
| miot
REMARQUES. |
. CIO, &c.]. Enfin, mon frère, ne croyez pas que je
| venil
NOTE S. |
23. Merito teo te amo: versnm, dans la bouche de
Déméa; quid ? dins cel'e de Micion ,.de méme que
i quid reflas ? tout. cela fans autorité, hors
. quid reflet? PA
24. Hegio bic eff his cognatis, fans autorité. ‘
26. Paulum, pour paululum , après un MS. Faerg.
' 27. Paslum id gutem cf? Ponism , dans un MS,
E, fur 104%
35
Frugi bomo es. Ego edepol bodie med quidem Ja
tentid,
48 ADELPHE Nr. V
Bene £9 fapienter dixti dudum: Vitium commun
. . omnium ejt, :
Quid nimiüm ad rem. in. fenc&4. attenti fumus:
er banc maculam nos decet .
Effugere : di&um efl verd, € re ipfd fieri oportet,
Micio. | |
MICIO:
Quid ÿbic? dabitur, quandoquidem bic volt: .
JKSCHINUS.
.. .Mi pater.
DEME A.
Munc tu mibi germanus es pariter corpore CS; anim.
MICIO.
: Gaula,
DEMEZA
Bo fibi gladio bunc-jugule.
PR TT LILI II LAl DID is ii);
ACTUS QUINTUS
S C'E N°A VII
SYRUS. DEME A. MICIO.
JE SCHINUS.
STRU S.
FAüum P5 td juffi, Dome :
DEME 4 |.
REMARQUES.
axuille m'attribuer le beau: mot que vous m'avez 141
dit fi fagement. On a donné à ce paffape un autre {en
que celui que j'^i fuivi-dans ma traduétion, car on,
emu que Démése difoit: Enfin je ne veax pas (son 9
Je m'apliquer le mot que vous difiez tantôt. Je wt ve
pas.que ce mot paiffe me senvenirs Mais cc fens-là €
détruit par la fuite, T
a Rer xw tS
"EZ E
|
me
TA
il
+ À Nr EX
A ST EX: | hte n
e : S
e "
Sc. VI. LES ADELPHES. 449
' mot que vous avez tantôt dit fi fagemrent, c'eft
vous qui en êtes l'auteur ; le défaut le plus ordi-
naire de tous les bommes, c'eft d'être trop attacbés.
au bien quand ils font vieux. Nous devons évi-
. ter.cette tache; rien n'e(t plus vrai que ce beau .
mot, nous dèvons en profiter. |
MICION --
Que faire? il n'y a pas moyen de s'en défens
dre, puifqu'il le veut. :
ESCHIN.US.
Mon cher pére...
D EM E A. |
C'eft préfentement que nous fommes véritabte-
mnt frères par la naiffance & par les fentimens.
MICION.
J'en fuis ravi.
DEME A,
Je le tue de fes prapres armes.
Woicdetotoieqoketoletetoieipeieteteipeiotetoiotctetoimiolotorteieroininieteteteletototetateiop
ACTE CINQUIEME.
"SC E NE VII.
SYRUS. DEMEA. MICION.
ESCHINUS
m SYRU S. |
nfieur, j'ai fait ce que vous m'aviez come
M mandé, :
D.E.M E A.
Tu es un brave homme, Pour moi ep véri-
ut ‘té
NO T Es. :
; tamen, fuivant quelques anc, MSS.
-
28, Si multum?
Faern.
29. Nunc, pour sow, aprés un MS.
33. Dabitur quidem , quande bic voir , dans-taus
les MSS.
34. Nunc tu mibi, au v. précédent, — Micio , es ger.
anus, tout cela fans autorité. ;
10
450 ADELPHI Ac. V.
judico Syrum fieri equom liberum.
MICIO.
Ifl bunc librum?
Quodnam ob faBum ?
D E M E A.
Multa.
STRUS.
O nefler Demea, edepol oir bonu’ ez
Ego iftos vobis ufque à pueris curatis ambos fedull,
, Docui, monui, bene praecepi femper, qua potui, omnia.
‘DEME A _
Res apparet ; & quédem porro bac , obfonare cum fidt.
Scortum adducere , apparare de die corroivium:
. Non mediocris bominis. bac funt- officia.
STRUS.
O tepidum caput!
D E M E 4A.
Peflremà bojie in pfaltrid ifld emundd bic. adjutor
fuit,
' Hic curavit : prode[fe equom eff : alii meliores iio
Le
REMARQUES. |
3. TSTMUNC LIBERUM ? QUODNAM OB FACTUM]!
Lui en liberté? © pour quelle attion ]? Car felon h
formu'e des affrmchiffcmens, il falloit marquer les
raifons pour lefquelles on mettoit un eftlave en liberte.
7. OBSONARE CUM FIDE]. T» n'as jamais
fert! la mule. Mot à mot acheter. fidélement. Ce
une contre-vérité. On s'eft trompé à ce plage, €?
' féparant cum fide du verbe ob/onare , & en le joignant
Avec la fuite.
$&. APPARARE DE DIE COXVIVIUM]. fie
Sc, VI: LES ADELPHES. 4st
té je fuis d'avis, & je trouve qu'il eft jufte qu'au:
jourdhui on mettre Syrus en liberté.
MICION
Lui en liberté? & pour quelle a&tion?
D E M E A.
Pour plufieurs.
SYRUS
Oh notre cher Déméa, ma foi vous êtes un: ^
bon-homme ; vous favez bien auffi avec quel
foin je vous ai élevé vos deux enfans dés le be-
-guin ; je les ai enfeignés, je leur ai donné des.
. confeils, des préceptes, j'ai fait tout du mieux:
qu'il m'a été poffible. |
| DE ME A. |
On le voit bien, tu leur as rendu même d'au- —
tres fervices, tu n'as jamais ferré la mule fur:
ce que tu as acheté pour eux, tu les as toujours
fort bien fervis dans leurs amours, & tu as eu:
foin de leur tenir toujours le feftin tout prêt
dés le matin; ce ne font pas là aflurément les:
actions d'un homme médiocre.
SYRUS
Oh le galant homme que vous étes!
D E M E A.
De plus, il a aujourdhui aidé à faire le mars
ché de cette chanteufe, c'eft lui qui a pris foin: —
de tout; il eft jufte qu'on l'en réconpenfe, les
- aus
REMARQUES. |
Jeur tenir toujours le feflin prét dès le matin. De dies,
c'eft-à-dire dès le matin, avant midi.
Vs conviviz fumptanfa laute de die fasitis.
Vous faites des feflins magnifiques en plein jour. Ce qui
étoit, cÓmme j'ai déja dit, une véritable débauche.
D£méz dit cela parce qu'il les avoit trouvés à table le .
matin , & Syrus méme a dit dans la II. Scène de:
' 'AGe IV. Prandium corrumpitur , le diner fe gáte.
II. ALII MELIORES ERUNT]. Lesaatres e -
ferent isitux [eár devoir. C'eft une maxime de n i
-
15
Hhdie primam mammam dedit. bec.
452 AD'ELPHTI Rkcr. V
Denique bic volt fieri.
"^ MICIO:
(Vin tu boc fieri?
E SCHINUS.
Cupio.
MICIOQ.
Si quidem
Tu vis, Syre , ebo accede Duc ad me, liber effa..
STRUS.
Bene facis,
Qmnibu* gratiam babeo, Cj. feorfum tibi praterea,
Demea.
D E.M E 4.
ASCHINUS
Et ego.
SrRUS.
Credo. Utinam boc perpetuum fiat gaudium,
Pbrygiam ut uxorem meam. unà mecum videansl-
: beram.
D HE M'E 4.
Optimam quidem mulierem. |
STRUS. |
Et quidem nepoti tue bujus foi |
Gaudete.
D E. M E A.
Hercle verà feri,
Si quidem primam dedit, baud dubium quin emitti
equom fiet.
MICIO: |
Ob eam rem? MT.
DE
EMARQU
E S.
qui dans le Chapitre des devoirs d’un.Fermier dit:
. Pro beneficio gratiam referat , ut aliis retid. facere &
heat. M faut quil récompenfe Jes valets, quand ils. € |
ce. VIL LES ADELPHES 49
utres en feront mieux leur devoir, d'ailleurs
> fuis für qu'Efchinus le veut.
M.ICIO N.
E(t-il vrai, mon fils? le veulez- vous?
ESCHINUS.
"Je le fouhaite fort.
MICION.
Puifque cela e(t àinfi, hola, "Syrus, aproche,
* te mets en liberté,
SYRUS.
Vous avez bien de la bonté, Monfieur. Je
'eus remercie tous en général, * & vous en
articulier , Monfieur.
DEM E A.
J'ai bien de la joie de te voir libre.
. ESCHINUS.
Et-moi auffi.
SYRUS.
Ten fuis perfuadé. Plüt à Dieu'que ma joie
fût entière, & que je vifle Phrygia ma pauvre
femme mife en liberté auffi bien que moi.
-D E M E À.
.Ah en vérité c'eft une fort brave femme.
YRUS
C'eft elle qui-aujourdhui a donné la prémiére
àteter à votre petit-fils. |
DEME A.
‘Oh en bonne foi, f cela eft, il eft jufte de.
l'affranchir.
M I C ION.
Comment? l'affranchir pour cela? |
|. DE
* A Déméa.
EMAR QU E s. :
bien fair, afin que de donne envie aux autres de bien faire.
oT
A9. Prima. -- dubium]. , Après : les, meilleurs "& lp.
lus anc. MSS,
454 ADELPHL Acr. V,
D E M E A. |
Ob cam: pofirem:i à me argentum, quati.
efl, fumite.
STRUS.
Dii tibi, Demea, omnes femper omnia eptata offt.
rant.
MICIGQ.
Syre: proce[fiffi bodie pulcre.
DEM E A.
Siquidem perro, Micis.
Tu tuum officium facies, atque buic aliquid pes.
lum pre manu
Dederis, unde utatur : reddet tibi cito.
MICIO.
| | Ifboc vilius.
ÆSCHINUS.
es Frugi bemo eff.
STRU S.
Reddam bercle : da modi,
ÆSCHINUS.
il x ; Age, pater.
MICIO.
Faciet, |
: STRUS
O vir optime,
Æ SCHINUS,
O pater mi feflivilfime,
I CIO.
Qui buc? qua res tam repente mores —
‘Sc. VIL. LES ADELPHES. 45
D EM E A.
Oui fans doute, pour cela. Enfin fi vous
‘voulez, je vous donnerai ce qu'elle vaut.
SY RU S.
- Que les Dieux acccmpliffent toujours tous
os fouhaits, Monfieur.
MICION.
Tu n’as pas mal fait tes affaires aujourdhui,
Syrus.
D E M E A.
Cela eft vrai, mon frère, pourvu que vous
‘fafliez votre devoir, & que vous lui mettiez un
‘peu d'argent entre les mains ,' afin qu'il le faffe
valoir, & qu'il ait le inoyen de vivre; il vous
le rendra bientôt.
MICION.
Je ne lui donnerai pas un fétu.
E SCHINUS.
1l eft honnéte-homme, je vous en répons.
S YR U S.
Sur ma parole, Monfieur , je vous le ren-
drai, donnez feulement. ;
ESCHINUS.
Allons, mon père.
MICION.
Jy penferai.
| E ME A.
1l le fera, ne vous mettez pas en peine.
SYRUS.
Ab, que vous avez de bonté!
ESCHINUS.
. Ah, mon père, vous êtes le plus galant hom-
me du monde. |
\
MICION |
Qu eft-ce donc que ceci, mon frère? & qui
4% ADELPHI Acr.V.
Quod prolubium ! que iflbec fubita eft largitas
D E M £ A,
:3Dicam tibi,
Ur id offenderem , quèd te ifti facilem C9. fefiivum
2 putant,
50 ld mon fieri ex verá vit, neque adeo ex equo &
7 bono :
Sed ex a[fentando , indulgendo , € largiendo, Micio.
Nunc adeo, fi ob eam rem wobis mea vita invia
| eft, Æfcbine,
Quia non jufle injuffa prorfus omnia omnino obfe-
quor , |
hi
x
NAM Mifja
REMARQUES.
2t. Quob: PROLUBIUM ! QUÆ ISTHJEC SUBITA
LARGITAS]! Quelle profufion! quelle prodigalité fi
fubite |! Ce paffage eft pris d'une Comédie de Cécilius :
-Qued proluvium , que veluptas , que te latlat largitas?
Mais dans l'un il y a pro/ahium, qui fignifie caprice,
fanraifie, & dans l'autre prolsvism, qui fignifie prefu-
fon. Je crois poüttarit Que Térence avoit mis prolu-
vium ; je trouve ce fens-là meilleur, & c'eft celui que -
j'ai fuivi dans ma träuétion. I1 me femble même que
j'ai obfervé que prolubum, fe dit plus ordinairement
des femmes. Accius dans l'Andromède :
Maliebye ingenium , prolubium , .oceafío,
© L'efprit d'une femme, la fantaifie , l'occafions © dans
Labérius, prolubium meretricis.
QU2Æ ISTHÆC SUBITA EST LARGITAS]!
Quelle prodigalité fi fubite! Largitas & largitio font
deux termes différens. Largitio marque l'a&ion de ce-
lui qui donne , & /argitas défigne l'inclination , le
penchant qui, porte. à donner.
32. NUNC ADEO , SI OB EAM REM VOBIS VITA
MEA INVISA EST, JESCHINE]. Préfentement donc,
Eycbing: , fi ma waniére de vie vens cft odieufe. eva
PE, . D
-
Se. VI. LES ADELPHES. 457
a pu fi promtement changer votre humeur ?
Quelle profufon! .quelle prodigalité fi fubite!
D.E M E A.
Je vais vous le dire; c'eft que j'ai voulu vous
faire connoître que fi nos enfans vous trouvent
fi'doux & fi aimable, ce n'eft pas que vous vi.
viez comme vous devriez vivre, ni que vous
agifliez felon l'équité :& le bon-fens; mais c'eft
que vous êtes indulgeut , quc vous leur fouffrez
tout, & que vous leur donnez tout ce qu'ils
démandent. Préfentement donc, Efchinus, fi
ma .maniére de vie vous eft odieufe, parce.que
je ne fuis pas d'humeur de vous accorder tout
ce que vous voulez, jufté ou injufte, je ne me
mêle plus de votre conduite; dépenfez, ache.
tez, faites tout ce qui vous viendra dans l'es-
prit, je ne vous en parlerai de ma vie. Mais
fi
.REMARQUES.
Déméé qui revient à fon cara&ére, & Térence à fort
bien conduit cela, pour faire voir que:s’il s'étoit fi
fort radouci contre fon naturel, il ne l'avoit fait que
pour faire. connoître à fon frère, que la complaifan-
ce aveugle qu'il avoit pour fes enfans, étoit la feule
caufe de l'amour qu'ils avoient pour lui, & qu’il n'eft.
pas difficile d'en étre aimé, quand on veut s'éloignee
en leur faveur des règles de la morale & de la vérita-
ble honnéteté. Les cara&àres opofés de ces deux frè=
ras, & les inconvéniens qui en arrivent, montrent
parfaitement aux pères le milieu qu'ils doivent tenir
our l'éducation de leurs enfans, entre la trop grande
vérité de l'un, & la trop grande douceur de l'autre. .
C'eft le parti que prend enfin Déméa , en prenant :
chez lui cette chanteufe dont fon fils étoit ameureux...
Cette complaifance que. nous. trouverions. anjourdhoi
fort criminelle , n'avoit rien de condamnable chez
les Romains, qui n'étoient pas affez éclairés pour ea :
connoitre Je. défaut. .
NOT E S.
$t. D B. áte ex, iig Y
37. Quem , pour se, lans autorité, .
Tine IL, V.
+
35
49
ag ADELPHE Acr V.
. Miffa facio, effundite, emite, facite quod vobis lube: -
Sed , fi id voltis potis, que vos propter adelefcentiam. .
Minu videtis , magis impenfé cupitis con[ulitis pa-
yum,
Hec reprebendere , EP corrigere me, obfecundare in:
; loco : ]
Exce me, qui id. faciam vobis.
—ZEXSCHINUS —
-—
; | Tibi, pater , permittimus ;-
Pius fcis quid fato opus efl. Sed de fratre quid fiai ? :
D E M E Zr,
Sin; :
Habeat : in iftbac finem faciat,
ÆSCHINUS.
| Jfibuc reëtè. Plaudite.
REMARQUES.
40. ISTHUC RECTE 1. Cela eft très raifonnaMe..
J'ai fuivi ceux qui font dire cela dr Efchinus. Donet-
n'eft pourtant pas de cet avis, il le fait dire à Micion,.
& il l'explique d'une manière fort ingénieufe. Il fu-
fe que Micion voyant la facilité qu a Déméa à pere
mettre que fon fils Créfiphen garde cette chanteufe, .
dit ifbuc ref, en. fe. moquint de Déméa, comme
«il difoir,. voila mon homme qui vient de me repro-
cher que j'ai eu trop de complaifance pour ces jeu»
nes-gens, que je n'ai pas vécu. comme un honnéte-
homme , & que je n'ai pas fuivi les règles du ben-
fens & de l'équité, qui fait ici le Cenfeur, & qui dit
à. fes enfans qu'il n'a pour eux qu'une Men
'. "TOMI SECUNDI FINIS.
-
|
© Se VIL. LES ADELPHES. 450,
fi au contraire vous voulez que je vous repren- .
.ne dans les.chofes dont votre âge & la paffion
avec laquelle vous les defirez, vous empêchent:
de voir les conféquences & les fuites, fi vous.
voulez que je vous corrige, & que je n'aye-
pour vous qu'une complaifance de véritable .
père; me voici, je fuis prêt à vous donner |
tous mes foing... - -
ES CHIN US..
. Nous nous mettons entre vos mains, mon :
péte , vous étes plus fage que nous, & vous fa-
vez mieux comment il faut fe conduire. Mais.
que deviendra mon frére?
; D E M E A: |
Qu'il ait cette chanteufe, & que ce foit là la .
derniére de fes folies.
ESCHINUS.. -
Cela eft très
raifonnable, Adieu, Meffiéurs,
batez des mains.
REMARQUES.
de véritable père: cependant il fouffre une maitreffa -
à fon fils dans fa maifon. Cela eft bien fin. Dans ce
fens-là il faudroit traduire cela. w'efl pas mal, vrai.
ment. Et ce qui Me rendre ce fentiment plus vrai-
femblable , c'eft qu'aparemment Micion .devoit être
en colère de ce qu'Ethinus dit à Déméa , tibi, pater, .
permittimus. Nous nous mettons entre vos mains,
nous nous abàndonnons.à yous, &c. En effet cela
devoit l'offenfer.
N: O T E S.
40. Ifibus, &c. dans la bouche de Micion, comm
Donat l'a remarqué. Voy. la Rem. de Me. D.
FIN.DU SECOND TOME( *
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