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Full text of "Les conservateurs vengés! : la position de la province telle qu'elle est : réponse à M. Duffy"

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Les  Conservateurs  vengés  ! 

La  position  de  la  pice  toile  qu'elle  est 

RÉPONSE  A  M.  DUFFY  PAR  M.  NANTEL 


M.  l'Orateur, 

Décidé  à  exposer  à  la  Chambre,  à  cette  session,  ma  manière 
de  voir  sur  l'état  financier  de  la  province,  je  ne  prévoyais 
pas  que  j'aurais  à  répondre  à  l'honorable  Commissaire  des 
Travaux  Publics.  Il  a  déjà,  il  est  vrai,  devant  les  électeurs 
de  Missisquoi,  traité  nos  questions  de  finances,  mais  son  dis- 
cours, préparé  à  la  hîite,  ne  mo  semblait  pas,  quoiqu'il  ait 
quelque  peu  changé  de  toilette,  destiné  à  voir  le  jour  dans 
cette  enceinte. 

S'il  a  témoigné  quelque  surprise  de  ce  que  l'honorable 
député  de  Saint-Laurent  (M.  Atwatcr)  ait  pris  son  temps 
pour  répondre  à  l'honorable  M.  Marchand,  j'ai  bien  le  droit 
de  constater  que  le  gouvernement  a  pris  plus  de  temps  pour 
nous  fournir  les  documents  demandés  et  que  lui,  l'hono- 
rable Commissaire  des  Travaux  Publics,  a  pris  encore  trop 
de  temps  pour  ne  nous  servir  après  tout  qu'un  plat  réchauffé. 

Je  regrette  que  M.  Carbrayne  soit  pas  ici  pour  répondre  à 
M.  Duffy.  Homme  d'affaires,  consciencieux  et  clairvoyant,  il 
eut  fait  vite  justice  des  arguties  du  commissaire  des  Travaux 
Publics  qui  ne  peuvent  résister  à  une  critique  sérieuse.  Espé- 
rons que  la  santé  de  l'honorable  député  lui  permettra  de 
nous  fournir  dès  cette  année  la  réfutation  victorieuse  des 
accusations  portées  si  légèrement  par  le  parti  au  pouvoir 
contre  les  hommes  politiques  chargés  de  la  tâche  herculéenne 


—  2  — 

de  sortir  la  province  de  l'abime  où  l'avaient  plongée  les  jinq 
années  de  l'administration  Mercier-Marchand. 

L'honorable  député  de  Saint-Laurent  avec  cette  verve,  cet 
esprit  clair,  cette  connaissance  approfondie  de  nos  finances, 
que  tous  lui  reconnaissent,  a  défendu  la  politique  conserva- 
trice sans  tomber  dans  la  moindre  récrimination.  Je  ne 
reviendrai  pas  sur  les  points  qu'il  a  traités. 

L'honorable  M.  Duffy  avec  une  ardeur  toute  juvénile  et 
vraiment  surprenante  chez  cet  endurci  du  célibat,  s'est  jeté 
tête  baissée  dans  la  mêlée.  Il  ne  s'est  pas  contenté  de  défendre 
l'administration  de  ses  amis,  mais  il  a  consacré  la  moitié  de 
ses  efforts  à  démolir  l'œuvre  de  relèvement  des  conservateurs. 

L'honorable  Commissaire  a  eu  de  très  grands  éclats  de 
voix,  pour  démontrer  notre  perversité,  ou  notre  ineptie,  et 
pour  faire  contraste  à  côté  de  notre  insuccès,  il  a  décrit 
les  brillantes  prouesses  du  Premier  Ministre,  les  difficultés  de 
sa  tâche,  ses  succès,  que  dis-je,  ses  triomphes  dans  les 
hautes  et  profondes  opérations  financières  qu'il  a  dirigées 
jusqu'à  présent.  De  fait  il  a  cessé  d'être  l'homme  pratique  que 
l'on  connaît,  le  farouche  administrateur  qui  réduit  toute 
question  à  une  affaire  de  dollars  et  de  cents,  et  il  s'est  fait 
tour  à  tour  chantre  lyrique  et  avocat  du  héros,  du  lion  du 
jour  qui  vient,  sans  presque  s'en  apercevoir,  de  sauver  la  pro- 
vince de  Québec,  à  jamais  compromise  par  l'extravagance 
des  conservateurs. 

L'honorable  Monsieur  est  jeune,  j'entends  jeune  député  ; 
il  a  toute  l'ardeur  du  néophyte  qui  sent  le  besoin  de  se 
dévouer  à  des  tâches  surhumaines  ;  il  a  la  foi  du  charbon- 
nier, foi  simple  et  naVs^e,  digne  des  premiers  âges  chrétiens, 
qui  croit  sans  examen  ;  foi  admirable  sans  doute,  mais  que  je 
me  permettrai  de  qualifier  de  foi  stérile  et  vaine  quand  elle 
s'applique  au  gouvernemeat  actuel  qui  est  aussi  dépourvu 
d'œuvres  qu'il  soit  possible  de  l'imaginer. 

Et  que  devient,  dans  des  affaires  de  finances,  la  foi  sans 
les  œuvres  qui  seules  peuvent  sauver? 

Je  suis  trop  positif,  peut-être  même  trop  sceptique  en  fait 
de  surplus  pour  suivre  le  poète  lyrique  dans  toutes  ses  che- 
vauchées, et  je  tâcherai  d'être  assez  pratique  pour  réfuter 
l'avocat  qui  s'est,  d'une  façon  si  généreuse,  lancé  dans  la 
défense  d'une  cause  aussi  désespérée  que  celle  du  gouverne- 
ment et  d'un  surplus  aussi  problématique,  dans  tous  les  cas, 


—  3  — 

aussi  suspect,  aussi  illégitime  et  aussi  peu  viable  que  l'est  le 
surplus  de  l'honorable  Premier  Ministre. 

CE  DEFI 

Le  premier  désir  qu'éprouvait  l'autre  jour  l'honorable 
Commissaire  des  Travaux  Publics,  c'était  de  relever  le  défi 
que  lui  avait  jeté,  disait-il,  l'ex-trésorier"  de  comparer  avec 
avantage  l'administration  actuelle  avec  celle  de  ses  prédé- 
cesseurs." 

Et  là-dessus  l'honorable  Commissaire  des  Travaux  Publics 
entreprend  de  démolir  une  fois  pour  toutes  l'administration 
conservatrice.  Ce  qui  prouve  que  cette  tâche  n'a  pas  été 
accomplie  d'une  manière  satisfai-sante  pour  ces  honorables 
Messieurs  de  la  droite,  et  qu'il  y  a  encore  des  gens  capables 
de  croire  que  les  cabinets  de  Boucherville,  Taillon,  Flynn, 
valaient  bien  en  talent,  en  honnêteté,  en  patriotisme,  l'ad- 
ministration Marchaiid-Stepheiis-Dutfy. 

Je  veux  suivre  M.  Dufiy  et  démontrer  combien  ses  études 
sont  superficielles,  injustes  ses  jugements  sur  le  compte  de 
ses  adversaires,  suspects  les  rejiseigiiements  que,  ministre 
de  la  Couronne,  il  a  le  triste  courage  de  fournir  à  la  Cham- 
bre et  à  l'électorat. 

A«S  PKOMESSES 

L'honorable  Commissaire  rappelle  d'abord  les  promesses 
des  conservateurs  à  l'élection  générale  de  18l>2. 

Or  nos  promesses  étaient  catégoriques  et  nous  les  avons 
tenues  à  la  lettre. 

Nous  promettions  une  administration  honnête,  régulière, 
tout  le  contraire  de  ce  qu'était  l'administration  Mercier.  Et 
cette  administration  nous  l'avons  donnée,  puisque  après  cinq 
années  de  gestion,  après  avoir  pa3^é  des  millions  de  l'argent 
public,  avoir  terminé  presque  toutes  les  grandes  lignes  de 
chemins  de  fer  de  l'intérieur,  complété  les  grands  travaux 
commencés  par  M.  Mercier,  il  est  encore  à  trouver  celui  qui 
pourra  nous  accuser  d'un  seul  acte  incorrect,  d'une  seule 
transaction  louche  et  criminelle  aux  yeux  de  la  plus  stricte 
probité  administrative. 

Quant  à  l'habileté,  au  talent  de  gestion  que  nous  avons  pu 
déployer   dans    la    direction    des    aflaires    publiques,    nous 


—  4  — 

n'avions  pas  la  prétention  do  faire  des  merveilles  comme 
celles  de  l'administration  actuelle,  mais  nous  voulions  faire 
face  aux  obligations  de  la  province,  sans  en  créer  de  nou- 
velles, tout  en  maintenant  une  politique  de  progrès  que  les 
plus  acharnés  de  nos  adversaires  n'ont  pu  s'empêcher  de 
reconnaître  et  même  de  suivre  à  l'occasion. 

I.ES  TAXFÎS 

Nous  avons  taxé  il  est  vrai,  et  si  avec  ces  taxes  et  le  mon- 
tant que  j'appellerai  énorme  de  nos  économies  annuelles, 
nous  n'avons  pu  en  1892-93,  1893-91,  1894-95,  1895-96, 
les  seules  années  dont  nous  sommes  entièrement  responsa- 
bles, joindre  les  deux  bouts,  en  comptant  ensemble  les 
dépenses  ordinaires  et  les  dépenses  extraordinaires,  c'est  que 
nous  n'avions  pas  taxé  suffisamment,  qu'il  fallait  trois  quarts 
de  millions  de  taxes  nouvelles,  au  lieu  d'un  demi-million, 
tant  les  aii'aires  de  la  province  avaient  été  compromises  par 
l'incurie,  l'extravagance,  et  le  relâchement  de  l'administra- 
tion Mercier-Marchand. 

M.  HAIX 

"  Nous  devons  voir  à  augmenter  notre  revenu  d'environ 
$1,000,000  par  an,  disait  M.  Hall  dans  son  discours  budgé- 
taire du  20  mai  1892.  Après  avoir  fait  le  long  et  décourageant 
inventaire  de  l'administration  Mercier,  il  ajoutait  :  Il  est  com- 
plètement inutile  de  cacher  la  difficulté  qui  nous  est  imposée 
par  nos  prédécesseurs.  C'est  pour  nous  une  question  d'exis- 
tence constitutionnelle." 

Tout  le  monde  a  entendu  l'éloge  de  M.  Hall  l'autre  jour. 
Eh  !  bien,  qu'on  accepte  son  jugement  sur  l'état  désSespéré  de 
nos  finances  en  décembre  1891. 

Et  certes,  si  nous  avons  péché  de  quelque  manière,  ça  été 
de  ne  demander  qu'un  demi-million  à  la  taxe  pour  rétablir 
l'équilibre  dans  les  opérations  ordinaires  de  l'administration  et 
de  nous  fier  à  nous-mêmes,  à  nos  eôorts,  au  bon  vouloir  de 
nos  amis,  pour  trouver  le  reste  dans  les  économies  et  les 
retranchements. 

L'écart  entre  les  recettes  et  la  dépense,  je  parle  de  l'écart 
normal,  consécutif,  durant  trois  années  était  de  $1,500,000,  en 


—  5  — 

moyenne  ;  or  demander  seulement  $500,000  d'impôts  nou- 
veaux et  prendre  sur  nous  de  réduire  la  dépense  ordinaire 
d'un  million  c'était  de  la  présomption,  une  tâche  surhumaine 
que  nous  avons  entreprise  cependant  et  menée  à  bonne  fia 
puisque  l'écart,  en  1892-93  était  tombé  à  $24,828.00  de 
$1,743,651  qu'il  était  en  1891-92  ;  de  $1,444,236,  qu'il  était 
en  1890-91  et  de  SI, 380,509.18  qu'il  était  en  1889-90. 

Il  fut  en  1893-94  de  $230,202.28,  en  1994-95  de  $162,- 
661,66,  et  1895-96  de  $55,673.61. 

Mais  dans  le  cours  de  ces  quatre  années  nous  avons  payé 
aux  chapitres  des  Travaux  Publics  extraordinaires  les  som- 
mes suivantes  : 

92-93 $238,264.10 

93-94 390,955.1^4 

94-95    253,499.01 

95-96 58,485.34 

Je  prends  cet  item  parce  qu'il  se  présente  le  premier  à 
mon  esprit  pour  démontrer  la  futilité  des  récriminations  de 
l'honorable  M.  Duffy. 

Et  le  département  de  l'honorable  Monsieur  a  dépensé  en 
1898-1899  l'énorme  somme  de  ^11,050.11  pour  travaux 
publics  extraordinaires.  Et  avec  cela  on  arrive  au  surplus 
microscopique  de  $15,000  !  ! 

Imagine-t-on  les  surplus  que  nous  eussions  eus  si  nous 
n'eussions  pas  fait  ces  grands  travaux  publics  qui  étaient  de 
nécessité  indispensable. 

KACOKE  I^'AIJTOKBTK  1>E  M.  HALI. 

'M.  Duffy  fait  dire  à  M.  Hall  : 

"  Sans  doute  nos  promesses  se  résument  à  l'établissement 
d'une  administrai  ion  honnête,  économe  et  patriotique,  au 
rétablissement  de  notre  crédit  ef  à  la  condamnation  absolue 
sans  réserve  de  la  corruption  et  de  l'extravagance." 

Les  ministres  promettaient  d'administrer  honnêtement  en 
général,  mais  ils  promettaient  particulièrement  : 

1.  De  ne  pas  augmenter  la  dette  ; 

2.  De  mettre  fin  à  l'ëre  des  déficits  ; 

3.  De  proportionner  la  dépense  aux  recettes. 


M.  Hall  disait  encore  dans  son  discours  : 

"  Je  ne  puis  approuver  ce  classement  des  dépenses  en 
dépenses  ordinaires  et  en  dépenses  spéciales.  Ces  derniëres 
sont  absurdes  et  dangereuses  et  quel  que  soit  le  classement, 
le  public  comprend  que  nous  devons  avoir  les  fonds  pour 
faire  face  à  ce  que  nous  devons  ou  que  nous  promettons  de 
payer." 

DEPENSES  SPECIAEES 

Comme  question  de  fait,  les  ministres  ont  promis  d'admi- 
nistrer honnêtement.  Ils  ont  tenu  leur  parole.  Quant  à  l'aug- 
mentation de  la  dette,  nous  verrons  ce  qui  en  est. 

Nous  avons  mis  fin  aux  déficits,  si  l'on  tient  compte  que 
dans  les  dépenses  ordinaires  d'administration  nous  avons 
inclus  les  dépenses  spéciales  que  M.  Shehyn  plaçait  au  compte 
du  capital. 

Si  nous  avions  mis  de  côté  ces  dépenses  spéciales,  si  nous 
les  avions  déduites  des  dépenses  ordinaires,  pour  calculer 
nos  surplus  ou  nos  déficits,  nous  aurions  eu  chaque  année 
moins  une,  des  surplus  considérables. 

En  retranchant  les  dépenses  extraordinaires  sur  travaux 
publics  comme  M.  Shehyn  avait  toujours  fait,  nous  trouvions 
les  résultats  suivants  : 

Revenu     (Comptes  Publics  1893,  p.  14) $4,391,770 

Dépenses!         "  "  p.  15) 4,190,522 

Surplus $    201,248 

Dépenses  (Comptes  Publics  1894,  p.  13) $4,267,946 

Revenu     (         "  "  p.  12) 4,2u0,533 

Déficit 7,413 

1S1>4-Î>5 

Revenu     (Comptes  Publics  1895,  p.  10) $4,322,028 

Dépenses  (         "  "  p.  11) 4,195,727 

Surplus S    126,301 


—  7  — 

Revenu     (Comptes  Publics  1896,  p.  12) $4,327,910 

Dépenses  (         "  "  p.  13) 4,099,707 

Surplus $    228,204 

Récapitulation  : 

Surplus 

1892-93 $      201,248 

1894-95 126,301 

1895-96 228,204 

Surplus S      555,753 

Déficit 
1893-94 $  7,413 

Ce  qui  laisse  un  surplus  de  $548,340  pour  les  quatre  ans. 

Mais  M.  Dufly  veut  faire  croire  que  M.  Hall  a  déclaré 
pouvoir  administrer  la  chose  publique,  dans  les  opérations 
ordinaires  et  extraordinaires,  avec  les  revenus  tels  qu'ils 
étaient  au  temps  de  la  chute  de  M.  Mercier. 

Rien  ne  peut  l'autoriser  à  tirer  cette  conclusion.  C'est  le 
contraire  que  M.  Hall  n'a  cessé  de  proclamer. 

La  citation  que  je  donnais  de  lui,  plus  haut,  le  dit  assez  et 
le  fait  pour  lui  d'avoir  déclaré,  a  son  assemblée  de  l'hôtel 
Windsor  comme  à  la  Chambre  qu'il  fallait  un  million  de 
revenus  additionnels  démontre  le  parti  injuste  qu'un  ministre 
de  la  Couronne  entend  tirer  des  paroles  d'un  homme  qui 
n'est  pas  ici  pour  se  défendre. 

Avo^s-Nous  au«me:^te  ï.a  dette? 

"  Voyons,  dit  M.  Duify,  si  la  dette  publique  a  été  aug- 
"  mentée  par  les  conservateurs,  ou  si  au  contraire,  comme 
"  l'avait  promis  M.  Hall,  les  obligations  de  la  province  ont 
"  été  rencontrés  avec  les  revenus." 

M.  Hall  n'a  jamais  dit  pareille  absurdité  ;  rencontrer  les  obli- 
gations de  la  province  avec  les  revenus  alors  que  M.  Mercier 
léguait  plus  de  $12,000,000  de  dette  flottante  et  un  déficit 


normal  dans  les  opérations  ordinaires  de  $1,500,000,  telle 
idée  n'est  jamais  entrée  dans  la  tête  de  M.  Hall  dont  l'éloge 
est  aujourd'hui  sur  les  lèvres  de  tous  ceux  qui  lui  faisaient 
une  lutte  acharnée  alors  qu'il  était  à  la  tête  du  trésor. 

M.  Hall,  comme  tous  ses  collègues,  ne  voulait  pas  accroître 
la  somme  de  nos  obligations  ;  ils  ne  l'ont  pas  accrue  puis- 
qu'ils l'ont  diminuée.* 

M.  Dufly  ne  réussira  pas  à  embrouiller  une  chose  claire. 

XATCKE  1>E  I.A  DETTE 

La  dette  publique  se  décompose  en  dette  consolidée  et  en 
dette  flottante,  due,  échue,  ou  simplement  éventuelle. 

Prenons  l'une  après  l'autre  et  comparons  les  deux  régimes, 
comptes  publics  en  main. 

DETTES  EVEXTUEEI.es 

Les  dettes  éventuelles  sont  celles  dont  le  paiement, 
l'échéance  est  soumise  à  l'accomplissement  de  certaines  con- 
ditions. Dieu  merci,  les  dettes  de  cette  nature,  comme 
subsides  aux  chemins  de  fer,  ont  été  graduellement  éliminées 
de  notre  échiquier  et  quand  elles  seront  tout  à  fait  efl'acées, 
nous  nous  en  réjouirons  tous  parce  que  cela  nous  permettra 
de  connaître  au  juste  l'état  de  notre  actif  et  de  notre  passif. 

EE  MOUVEMENT  DE  EA  DETTE 

En  janvier  1887,  M.  Mercier  prenait  les  rênes  du  gouver- 
nement de  cette  province. 

Les  conservateurs  lui  laissaient  un  héritage  honorable, 
sinon  opulent,  avec  une  dépense  ordinaire  de  $3,032,771.00, 
le  30  juin  1886,  soit  nn  déficit  d'environ  $10,000.00.  C'était 
l'équilibre  virtuel  ;  la  dette  consolidée  était  de  $18,181,780.00, 
c'est-à-dire  $7,600,000  en  déduisant  notre  actif  de  $10,581,- 
780.00  et  la  dette  flotante  de  $886,242.93. 

En  décembre  1891,  M.  Mercier  laissait  le  pouvoir  avec  une 
dépense  (le  30  juin  1891)  de  !$5,105,049,43  ;  des  recettes 
de  f  3,750,813.34,  soit  un  déficit  de  ^1,444,33«.09:  une 
dette  consolidée  de  f  31,383,453.33  et  une  dette  flottante 
consistant  en  emprunts  et  dépots  de  $4,458,694.37,  soit  en 
tout  $25,813,147.10. 


—  9  — 

Inutile  de  jouer  sur  les  mots  et  de  confondre  dette  flot- 
tante avec  dette  consolidée  pour  masquer  la  véritable  situa- 
tion. Telle  était  la  dette  léguée  par  M.  Mercier  sans  compter 
les  sommes  énormes  qui  étaient  dues  mais  non  échues,  les 
obligations  actuellement  contractées  à  titres  divers  et  énu- 
mérés  d'une  façon  éloquente  mais  non  encore  complète,  au 
Bill  d'emprunt  au  montant  de  $10,862,353.00  le  26  décembre 
de  l'année  1890. 

En  dehors  de  nos  emprunts  permanents,  de  nos  emprunts 
temporaires  et  dépôts,  il  y  avait  donc  des  engagements 
actuels  et  éventuels  pour  au  delà  de  $10,000,000.  Et  pour 
qu'on  ne  me  taxe  pas  d'exagération  je  citerai  les  paroles  de 
l'honorable  M.  Taillon,  au  cours  de  son  discours  budgétaire 
du  21  décembre  1894. 

L'ALTOKIÏE  1>E  M.  TAIL.L.03Î 

"  En  1890,  lorsqu'à  été  voté  l'emprunt  de  §10,000,000  les 
"engagements  de  la  province  auraient  nécessité  un  emprunt 
"  d'au  moins  douze  millions  et  demi.  î^ous  avons  réduit  ces 
"  engagements  à  tel  point  que  nous  ne  serons  pas  obligés 
"  d'emprunter  plus  que  la  somme  votée  en  1890  et  je  n'ai 
"  pas  encore  perdu  l'espoir  de  rester  en  deçà  de  cette  somme." 

En  sorte  qu'a  notre  arrivée  la  dette  avouée  par  M.  Mercier 
était  de  $35,842,147.10  et  d'après  M.  Taillon  de  $38,342,- 
147.00.  Lorsque  nous  laissions  le  pouvoir  à  nos  adversaires 
quelle  était  la  dette  totale  que  nous  leur  léguions  ? 

L,A  1>KTTE  A  iVOTKE  DEPART 

J'ouvre  les  comptes  publics  de  1897  à  la  page  16,  Etat 
N"  3,  je  trouve  :  montant  delà  dette  à  racheter,  eSS4,lîM»,- 
654.0cS,  et  emprunts  temporaires  dont  $700,000,  contractés 
par  nos  adversaires,  au  montant  de  $1,357,218.82,  soit  dette 
totale  $35,553,868.10. 

Et,  quelle  est  la  dette  consolidée  et  la  dette  flottante  repré- 
sentée par  les  emprunts  temporaires  et  dépôts  en  1898  ? 

Dette  consolidée $34,283,841.53 

Emprunts  et  dépôts 1,166,706.46 

Total $35,450,547.99 


—  10  — 

En  1899,  la  dette  fondée  était  de.  .  .$35,128,947.72 
Emprunts  et  dépôts. 1,063,018.15 


Total ; $36,191,863.87 

M.  Duffy  pour  prouver  que  son  gouvernement  a  diminué 
la  dette  consolidée,  prétend  qu'il  faut  déduire  de  cette  somme 
l'augmentation  nominale  de  la  dette  par  suite  de  la  conver- 
sion, soit  $915,280.86. 

Je  n'ai  pas  d'objection  à  cela,  puisque  c'est  nous  qui  avons 
le  mérite  de  la  conversion  de  la  dette  ;  donc  retranchant 
$915,280.86  nous  restons  avec  $34,213,366.66  de  dette  con- 
solidée au  1er  juillet  1899. 

Si  de  cette  dette  je  déduis  le  montant  de  notre  actif  (C.  P. 
P.  14,  état  3)  $10,025,747.75,  nous  restons  avec  une  dette 
consolidée  nette  de  $24,1S7,S1S.71  au  premier  juillet  1899, 
à  l'exclusion  de  la  dette  flottante  constituée  par  emprunt  et 
dépôts. 

De  cela  il  découle  que  la  dette  consolidée  ou  flottante  n'a 
pas  été  augmentée  d'un  sou  par  les  conservateurs  :  Au  con- 
traire, qu'elle  était  de  $^35,842,147  en  décembre  1891,  de 
$34,196,654.08,  en  juillet  1897,  que  les  conservateurs  l'ont 
abaissée  de  i?35,842,147  à  $34,196,654.08  et  que  l'honorable 
M.  Buffy,  au  lieu  de  prendre  ces  chlores  ici  et  là,  dans  des 
prévisions  budgétaires,  dans  des  discours  politiques  ou  dans 
des  journaux,  eut  dû  se  renseigner  dans^  les  comptes  publics 
qui  ne  trompent  pas.  Il  est  aux  antipodes  de  la  vérité  quand 
il  prétend  que  nous  avons  augmenté  le  passif  en  5  ans  de 
$3,869,081.01  et  la  dette  consolidée  de  89,021,334.07. 

La  dette  totale  se  trouve  avoir  été  réduite  par  nous  de  la 
manière  et  dans  la  mesure  suivantes  : 

1"  Par  autant  de  subsides  périmés  de  che- 
mins de  fer  en  vertu  de  la  56  Victoria, 
chap.  5 $  2,018,769  22 

2"  Par  rachat  à  17.50  cts  des  seconds  35  cts 
de  subsides  en  terre  convertis  en  argent, 
—  en  tout  plus  de  $3,000,000  soit  à  50  pour 
cent— environ 1,500,000  00 


—  11  — 

3"  Par   déduction  de  l'augmentation    de  la 

dette  par  suite  de  la  conversion  en  3  pour 

cent  de  l'emprunt  originaire  à  près  de  7 

pour  cent  de  MM.  Mercier  et  Shehyn,  en 

1891,  racheté  par  M.  Hall  à  4  pour  cent 

à  Paris  en  1893  au  prix  de  $4,106,391.52 

et  converti  en  3  pour  cent  par  l'honorable 

M.  Taillon   en  1894  au  prix  de  $5,332,- 

976.00,  soit  : $1,226,000  00 

4"  Déduction  de  l'augmentation  de  la  dette 

par  suite  de  la  conversion 915,280  86 

Soit $  5,659,048  08 

Voilà  ce  que  le  pays  doit  à  l'administration  conservatrice 
et  voilà  ce  que  nous  doit  ce  parti  libéral  auquel  nous  avons 
fait  une  si  belle  situation  en  lui  laissant  une  dette  allégie, 
qui  est  restée  la  même  depuis  bientôt  trois  ans  :  preuve  que 
nous  ne  lui  léguions  pas  d'obligations  onéreuses  pendant  que 
c'est  par  dizaine  de  millions  que  l'on  nous  chargeait  les 
épaules  d'obligations  permanentes  et  par  million  et  <lemi  de 
dépenses  annuelles  qu'on  nous  demandait  de  solder  la  dépense 
ordinaire  de  l'administration. 

I.KS    «EFICITS 

La  question  des  déficits  a  été  amplement  traitée  par  l'ho- 
norable M.  Atwater,  et  je  n'y  reviendrai  pas  au  long. 

Seulement  il  n'est  pas  un  homme  qui  n'ait  regretté  la 
conduite  injuste  de  nos  adversaires  quand  ils  s'efforcent  de 
convaincre  le  public  que  nous  administrions  avec  un  déficit 
normal  de  $800,000  à  i?900,000. 

Je  me  demande  quel  avantage  trouvent  ces  messieurs  pour 
eux-mêmes,  pour  le  pays  à  dénaturer  les  faits,  à  abaisser  des 
adversaires  loyaux  et  surtout  à  déprécier  le  crédit  que  le 
public  doit  reposer  dans  nos  institutions  provinciales.  Nous 
sommes  restés  au  pouvoir  cinq  ans  et  demi.  Eh  !  bien,  les 
chiffres  officiels  sont  là  contrôlés  par  les  mêmes  officiers  du 
Département  du  Trésor  :  tout  le  monde  peut  en  prendre 
connaissance.  Pourquoi  nos  adversaires  s'acharnent-ils  à 
nous  représenter  sous  un  jour  faux  ? 


—  12  — 

Avec  mille  embarras  nouveaux  surgissant  à  chaque  pas 
sur  notre  marche,  avec  des  réclamations  innombrables  se 
chiÔrant  dans  les  deux  millions,  que  nous  n'avons  pas  toutes 
réglées  puisque  celle  de  Dussault  est  encore  là  à  attendre 
l'action  de  la  Chambre,  nous  sommes  arrivés  en  mettant  dans 
un  compte  commun  les  dépenses  extraordinaires  et  les  dépen- 
ses ordinaires  à  transformer  du  tout  au  tout  la  face  de  nos 
comptes  publics. 

Mais,  jetez  donc  un  simple  coup  d'oeil  sur  l'Etat  A  du  dis- 
cours de  M.  Marchand  de  18G9,  (P.  42),  et  vous  ne  pourrez 
vous  empêcher  de  manifester  à  notre  endroit  un  esprit  de 
justice  que  nous  n'avons  ]ias  trouvé,  cette  fois,  chez  l'hono- 
rable Premier  Ministre,  dans  sa  presse,  salariée  d'ailleurs, 
pour  nous  injurier,  dans  les  discours  de  certains  de  ces 
collègues. 

La  province  de  Québec  a  droit  au  moins  à  ce  qu'on  res- 
pecte son  beau  nom  parfois  si  injurié  par  le  fanatisme  ;  elle 
a  droit  à  ce  qu'on  ne  la  représente  pas  sans  cesse  entre  les 
mains  d'administrateurs  peu  scrupuleux  ou  ineptes.  La 
province  de  Québec  est  notre  patrie  commune,  nous  devons 
tous  la  respecter  dans  ses  institutions  et  dans  ceux  de  ces 
hommes  publics  qui  ont  le  souci  de  leurs  fonctions. 

Or,  je  dis  que  nous  n'avons  pas  été  traités  loyalement 
quand  on  nous  représente  comme  ayant  administré  avec  une 
dépense  ordinaire  de  $4,907,281.71  contre  $3,923,238.70  de 
recettes. 

On  feint  d'ignorer  les  années  précédentes  pendant  les- 
quelles nous  avons  dépensé  moins  que  les  ministres  actuels, 
tout  en  ayant  à  faire  face  à  des  obligations  énormes. 

Nous  aurions  pu,  M.  Hall  aurait  dû,  en  face  du  peu  de 
bonne  foi  qui  accueille  notre  franchise,  faire  séparément  le 
compte  des  dépenses  ordinaires,  comme  au  temps  de  M. 
Shehyn,  et  des  dépenses  extraordinaires. 

Nous  aurions  eu  alors  des  résultats  merveilleux,  à  montrer 
à  nos  amis,  et  avec  des  Si  et  des  Quand,  comme  ceux  de 
M.  Dufïy,  arriver  à  des  surplus  incroyables  comme  celui  qu'il 
est  veim  réclamer  l'autre  jour,  sans  rire  trop  démesurément, 
au   montant   réel  de   $7-16,959.13,  pour  l'année  1898-1899. 

Mais  à  quoi  bon  toutes  ces  manipulations  de  chiôVes  pour 
apprécier  le  mérite  des  administrateurs  de  la  chose  publique. 


—  13  — 

Il  n'y  a  en  tout  cela  qu'une  question  :  la  dépense  publique 
a-t-elle  été  contrôlée  avec  vigilance,  économie  et  probité. 

M.  Dufiy  peut-il  nous  contester  ces  mérites?  îTon.  L'es- 
saicrait-il,  que  les  chiffres  et  les  faits  l'écraseraient. 

Il  parle  de  position  difficile,  de  suppression  de  revenu,  que 
ne  songe- t-il  un  peu  à  notre  situation  en  décembre  1891. 

CE  OKFiciT  l>E  !i(984,043.01 

M.  Duffy,  comme  les  orateurs  et  les  journalistes  à  gage  de 
son  parti,  nous  reproche  sans  cesse  notre  déficit  de  $984,- 
043.01  pour  l'année  1896-97. 

Ici  même  je  suis  prêt  à  soutenir  la  comparaison  entre  les 
deux  administrations,  pour  cette  année  1897,  lapins  coûteuse 
de  notre  régime,  à  cause  des  élections,  et  l'année  du  merveil- 
leux surplus. 

Je  dirai  d'abord  que  le  gouvernement  Flynn  ne  s'éloigna 
pas  des  grandes  lignes  de  ses  deux  prédécesseurs  et  que  M. 
Atwater  montra  autant  de  sollicitude  que  MM.  Hall  et  Tail- 
lon  pour  le  bien  public,  et  s'il  venait  jamais  à  laisser  cette 
Chambre  on  le  comblerait  d'éloges  parce  qu'ici,  ce  sont  tou- 
jours les  absents  qui  ont  raison. 

Nous  avons  réglé,  à  l'approche  des  élections  tout  ce  que 
nous  avons  pu  régler  de  réclamations  pendantes. 

L'expérience  que  nous  avions  eu  du  régime  Mercier  nous 
faisait  un  devoir  de  laisser  le  moins  possible  de  comptes  en 
arrière,  et  nous  avions  toutes  les  raisons  du  monde  de  reposer 
plus  de  confiance  en  nous-mêmes  qu'en  nos  adversaires.  Ce 
que  nous  avons  réglé  durant  cinq  années  nous  l'avions  réglé 
sans  pot-de-vin,  avec  justice  et  finalement.  Nous  étions  loin 
de  supposer  que  l'aftaire  Dussault,  tenue  par  nous  comme 
définitivement  réglée,  serait  ressuscitée  d'entre  les  morts  pour 
donner  de  la  pâture  nouvelle  aux  débats  de  cette  Chambre. 

De  plus,  je  ne  nierai  pas  et  personne  ne  niera,  à  moins 
que  ce  ne  soit  uti  naïf  ou  un  hypocrite  que  tout  exercice  de 
campagne  électorale  ne  peut  être  justement  comparé  à  un 
autre  exercice,  parce  que  les  ministres  pris  ailleurs  ne  peu- 
vent presser  la  collection  et  qu'ils  sont  tenus  par  les  vices  du 
système  électoral  même  à  délier  plus  grand  le  cordon  de  la 
bourse. 


—  14  — 

Ces  explications  préliminaires  données  en  toute  franchise 
et  même  avec  quelque  peu  de  naïveté,  arrivons  à  la  compa- 
raison. 

1"  Nous  n'avons  touché  de  recettes  ordinai- 
res en  1897  que  $3,923,238.70,  contre 
14,201,000  en  1898-99,  ce  qui  restera  envi- 
ron la  recette  ordinaire  telle  qu'établie  par 
nous  sans  que  le  gouvernement  ne  fasse 
aucun  eftbrt  pour  forcer  la  collection  :  soit 
une   diftérence  dans  la  recette  de $    277,000  00 

2"  Nous  devons  retrancher  le  montant  payé 
pour  les  élections  qui  est  d'une  nature 
extraordinaire 75,879  60 

Nous  devons  retrancher  le  paiement  du  prix 
de  vente  de  la  propriété  de  la  Grande 
Allée  qui  a  été  inclus  dans  les  opérations 
ordinaires  d'où  résulte  le  déficit  de  $984,- 
043.01 30,000  00 

Nous  avons  fait  des  travaux  publics  au  mon- 
tant de  $176,832.28  dont  le  coût  comparé 
au  coût  des  Travaux  Publics  de  la  grande 
année  du  surplus,  $11,000,  laisse  en  notre 
faveur 165,832  28 

Le  gouvernement  a  supprimé  une  vente  de 
limites  qui  devait  avoir  lieu  le  15  juin  1897 
et  nous  rapporter  au  bas  mot  $150,000,  re- 
venu que  de  tout  temps  on  a  placé  parmi 
les  recettes  ordinaires  de  la  province,  soit.  .  150,000  00 

Monument  Champlain,  dépense  extraordi- 
naire ou  spéciale 2,000  00 

Ouvrage  "  Municipalité  et  paroisse,  "  extra- 
ordinaire    4,500  00 

Révision  du  Code  de  Procédure  (extraord.).  18,500  00 

Réclamation  Amiot  (extraordinaire) 4,000  00 

Réclamation  Dussault  do  14,578  77 

Waterous  do       2,178  15 

Séquestre  chemin  de  fer  Baie  des  Chaleurs, 

(extraordinaire) 5,973  55 

Fonds  de  secours  pour  les  Indes  (extraord.) .  4,000  00 


—  15  — 

Nous  avons  dépeusé  en  1897  de  plus  que 
M.  Marchand  en  la  grande  année  de 
1898-99  : 

Pour  la  colonisation $169,900  00 

contre 136,243  00 

Soit  en  notre  faveur $33,657  00 

Pour  agriculture $230,795  75 

contre.... 175,418  26 

Soit  en  notre  faveur 55,377  49 

Pour  instruction  publique $394,260  00 

contre  vous  les   grands  amis 

de  l'éducation 375,143  28 

Soit 19,117  72 

pour  nous,  le  parti  de  la  réaction. 
Qu'on  additionne  bien  ces  difiérentes  sora- 

mes  :  elles  forment  un  total  de 8852,093  58 

ce  qui  efiace  à  $131,950  près,  le  déficit  que  l'on  sert  en  épou- 
vantail  aux  contribuables  de  cette  province  pour  les  tromper 
sur  notre  compte  et  les  ameuter  contre  nous. 

Et  ce  déficit  apparent  de  $131,950  disparaît  bien  vite 
quand  on  lui  oppose  en  réclamations  dues  avant  le  1er  juillet 
1899: 

r  Affaire  Dussault $26,194  64 

2"  Colonisation 28,077  42 

3*^  Arpentages 58,612  47 

4°  Agents  des  terres  non  payés 1,858  68 

5"  Arrérages   touchés    d'Ottawa    mais    dus 

pour  1895-96,  1896-97,  1897-98 42,337  86 


Total $157,081  07 

à  retrancher  de  la  recette  totale  de  1898-99. 

C'est-à-dire  que  si  nous  avions  administré  à  la  façon  de  M. 
Marchand,  si  nous  n'avions  pas  eu  de  grands  travaux  à 
exécuter  ni  de  grandes  réclamations  à  régler,  si  nous  avions 
négligé  les  œuvres  essentielles  du  pays,  si  on  n'avait  injus- 
tement mis  à  la  charge  de  1897  des  comptes  payables  pour 


—  16  — 

1898,  si  la  collection  du  mois  de  juin  1897  n'avait  pas  été 
négligée  intentionnellement  par  nos  adversaires,  nous  obte- 
nions un  résultat  autrement  favorable  que  le  résultat  obtenu 
par  M.  Marchand  en  1898-99,  et  nous  avions  un  surplus  de 
$10,951.89  au  lieu  d'un  déficit  de  $984,000  ce  qui  donnerait 
le  résultat  suivant  pour  l'année  du  surplus  de  M.  Marchand  : 

Recettes  totales  1898-99 $4,249,589  99 

A  retrancher  comme  indûment  imputé  à  cet 

exercice $     lô7,081  07 

Recettes  régulières   1898-99   $4,092,508  92 

Contre  la  dépense  1898-99 $4,23 1,410  81 

Déficit  réel. .  . . , $    141,901  89 

Contre  déficit  réel  des  conservateurs  en 
1896-97  suivant  les  méthodes  du  gouver- 
nement Marchand,  Stephens,  Dutfy,  de. .  .    $     131,950  00 

Soit  en  faveur  des  conservateurs  surplus  de.    $       10,951  89 

dans  la  comparaison  entre  l'année  du  grand  déficit  de  1896-97 
et  l'année  du  minuscule  surplus  de  1898  99. 

Voilà  bien  l'histoire  comparée  et  vraie  du  surplus  de 
M.  Marchand  :  c'est  un  surplus  renversé  en  déficit. 

On  nous  dit  que  nous  ne  devions  pas  faire  de  travaux 
extraordinaires,  suivant  l'exemple  de  M.  Daffj. 

Heureux  M.  Dufty  qui  n'a  pas  à  faire  de  travaux  extra- 
ordinaires ?  Mais  pourquoi  ? 

De  deux  choses  l'une  :  il  n'y  en  a  plus  à  faire  ou  il  n'en 
veut  pas  faire. 

Dans  le  premier  cas,  nous  aurions  donc  exécuté  tout  ce 
qu'il  y  avait  à  faire  dans  la  province,  de  chemins  de  fer, 
d'édifices  et  de  divers  autres  grands  travaux,*  et  il  devrait 
nous  en  remercier. 

Dans  le  second,  le  pays  admettra-t-il  qu'un  ministre  des 
Travaux  Publics  doive  négliger  d'accomplir  les  travaux 
strictement  urgents.  Si  c'est  cela  que  l'on  veut,  pourquoi  un 
ministre  des  Travaux  Publics  ? 

WOTKE  SITUAT10x\  E^'  1891 

Nous  avons  imposé  des  taxes.  Mais  ignore-t-on  que  la 
dépense  annuelle  était  de  $1,500,000,  en  mo^^enne,  en  1891. 


—  17  — 

Ces  taxes  n'ont  guère  dépassé  $500,000,  et  le  reste  nous 
avons  dû  le  demander  aux  économies,  aux  retranchements. 

Et  quels  ont  été  les  résultats  :  en  comptant  les  dépenses 
extraordinaires,  même  les  remboursements  des  dépots  de 
compagnies  de  chemins  de  fer  avec  les  dépenses  ordinaires  ? 

Pour  1889-90  un  déficit  sous  Mercier  de  |1,380,569.18. 

Po.ur  1892-93,  sous  les  conservateurs,  un  déficit  de  $24,- 
828.00,  soit  en  notre  faveur,  $1,355,741.19. 

Que  M.  Dufty  nous  parle  donc  déficit  maintenant.  Que 
l'on  retranche  si  l'on  veut  le  montant  des  taxes  nouvelles, 
près  de  $500,000,  nous  restons  avec  des  économies  et  des 
retranchements  au  montant  de  plus  de  $900,000  sur  l'année 
1889-90  de  M.  Mercier. 

Pour  1890-91,  déficit  sous  M.  Mercier  de  $1,144,236.06. 

En  1893-94,  déficit  sous  les  conservateurs  $230,202.28  ; 
soit  à  notre  avantage,  entre  ces  deux  années,  $1,214,034  sur 
lequel  en  retranchant  les  taxes  nouvelles  de  $518,406  nous 
resterions  encore  avec  $695,628  à  notre  crédit. 

Enfin,  prenant  l'année  1891-92  sous  M.  Mercier  le  déficit 
est  de  $1,742.651  ;  en  1893-94  nous  avons  un  déficit  de 
$162,661,  et  des  taxes  nouvelles  au  montant  de  $487,398.45 
pour  1894-95. 

Ce  qui  nous  laisserait  un  avantage  de  $1,092,592  sur  nos 
adversaires  dans  la  comparaison  de  ces  deux  années. 

En  1895-96,  notre  déficit  n'est  que  de  $55,673.61,  ce  qui 
est  presque  une  quantité  négligeable  à  côté  des  déficits  colos- 
saux de  l'administration  Mercier. 

M.  Dufiy  a-t-il  bien  fait  la  comparaison  entre  l'administra- 
tion Mercier  et  la  nôtre  avant  de  nous  reprocher  nos  déficits, 
et  peut-il  prétendre  juger  nos  quatre  années,  de  1892  à  1896, 
par  l'année  finissant  le  1''' juillet  1897,  alors  que  nous  n'avons 
eu  ni  le  contrôle  de  la  perception  du  dernier  mois  qui  est  le 
meilleur  au  point  de  vue  du  revenu,  ni  le  contrôle  des  paie- 
ments à  eflfectuer  et  dont  on  a  chargé  cette  fin  d'exercice  afin 
de  décharger  l'année  suivante  pour  la  glorification  du  parti 
libéral. 

Je  viens  de  faire  toucher  du  doigt  les  économies  que  nous 
avons  réalisées  sur  le  régime  Mercier. 

Que  M.  Dufty,  essaie  d'en  faire  autant  vis-à-vis  de  nous  : 
une  comparaison  impartiale  l'écrasera. 


—  18  — 

Qu'il  nous  montre  les  économies  de  l'honorable  Trésorier 
dans  les  opératioDs  ordinaires.    Il  n'en  a  fait  aucune. 

En  1898-99,  l'année  du  surplus  il  dépensait  §4,201,023.21, 
en  1893  nous  dépensions  $4,190,522.85  ;  en  1894,  $4,267,746  ; 
en  1895,  $4,195,727.44  ;  en  1896,  $4,099,707.00. 

En  1898-99,  l'année  glorieuse,  le  standard  du  ministère, 
M.  Duiïj  dépensait  $11,000  pour  travaux  publics  extraor- 
dinaires, et  il  se  trouvait  avoir  un  surplus  ! 

Or,  en  1893,  nous  avons  dépensé,  en  travaux  publics  extra- 
ordinaires $342,792.90  ;  si  nous  n'avions  dépensé  que  811,000, 
nous  aurions  donc  eu  un  surplus  de  $331,000  !  En  1894,  il  y 
a  eu  $890,955.24  de  travaux  extraordinaires,  et  nul  doute 
qu'en  réduisant  cotte  somme  à  $11,000,  nous  avions  un  dodu 
surplus  de  $379,000.  En  1895,  les  travaux  publics  ne  nous 
ont  coûté  que  $152,490.01,  ce  qui,  moins  les  $11,000  de  M. 
Duffy,  nous  donnait  un  excédant  de  $141,000  !  Enfin,  en 
1896,  la  dernière  année,  sous  notre  contrôle  entier,  ces  tra- 
vaux ont  absorbé  $58,485.34,  lesquelles,  moins  $11,000,  lais- 
saient un  surplus  de  $47,000  au  crédit  des  conservateurs  ! 

La  dernière  année  à  propos  de  laquelle  on  fait  tant  de 
bruit  nous  a  coûté  en  travaux  extraordinaires  $176,832.28, 
que  l'on  a  bien  droit  de  faire  valoir  contre  les  $11,000  de 
M.  Du%  en  diminution  du  déficit  de  $984,000. 

Voit-on  bien  maintenant  comment  on  fabrique  des  surplus  : 
on  se  croise  les  bras  et  les  surplus  croissent  comme  des  cham- 
pignons. 

Reste  à  savoir  si  le  pays  s'en  portera  mieux. 

Je  pourrais  faire  la  même  comparaison  pour  la  colonisation 
et  l'agriculture,  mais  cela  me  mènerait  trop  loin  pour  le 
moment. 

Et  malgré  toutes  ces  diminutions  dans  les  services  essen- 
tiels au  développement  du  pays,  le  gouvernement  est  resté 
en  dessus  de  la  dépense  des  conservateurs,  durant  les  quatre 
années  dont  ils  sont  responsables. 

Où  donc  est  ce  travail  sérieux  de  retranchement  et  d'éco- 
nomie ?  il  n'existe  nul  part,  puisque  les  ministres  ont  dépensé 
en  l'année  du  surplus  plus  que  nous  pendant  chacune  de  ces 
quatre  années. 

Qu'on  le  prenne  au  point  de  vue  de  la  dette,  de  la  taxe,  de 
nos  déficits,  la  conduite  des  conservateurs  est  irréprochable 
et  il  en  découle  clairement  qu'ils  ont  diminué  la  dette,  qu'ils 


—  19  — 

ont  fait  face  aux  terribles  déficits  légués  a  eux  par  Mercier, 
par  une  économie  sage  et  vigoureuse  et  que  s'ils  ont  eu  des 
travaux  énormes  à  opérer  ils  sont  restés,  .dans  tous  les  cas, 
bien  au-dessous  des  libéraux,  même  dans  les  dépenses  ordi- 
naires de  l'administration. 

M.  Dutiy  est  tombé  simplement  dans  la  note  comique 
quand  il  leur  reproche  d'avoir  augmenté  la  dette  publique  de 
$3,869,86.10  et  la  dette  consolidée  de  $9,021,334.07  quand  il 
leur  reproche  des  déficits  imputables  aux  grands  travaux 
publics,  c'est-à-dire  an  capital  non  aux  dépenses  ordinaires 
d'administration. 

II 
JLF.  CABINET  j»IAKCHA:ND 

Monsieur  Duffy  pour  mieux  faire  ressortir  la  grandeur  de- 
son  héros,  nous  le  présente  entouré  de  difficultés  qu'on  dirait 
insurmontables  et  dont  la  mention  est  de  nature  à  jeter  les 
croyants  dans  les  transports  de  la  plus  vive  admiration  : 
Arma  vinunque  cano^  je  chante  le  héros  qui,  au  milieu  de 
tant  d'obstacles,  a  relevé  la  province  !  Ce  qu'il  lui  a  fallu 
d'habileté,  de  courage  et  d'aptitudes  géniales  pour  les  afifaires 
et  les  finances  !  Tantœ  molis  erat  romanam  condere  gentem — 
se  dit-on  malgré  soi,  en  songeant  à  l'auteur  de  notre  restau- 
ration et  au  barde  qui  le  chante. 

Tâchons  de  rendre  à  sa  taille  naturelle  celui  que  l'on  veut 
placer  au-dessus  des  Joly,  des  Chapleau,  des  Mercier  et 
faisons  bien  voir  quel  chalumeau  de  paille  sert  à  porter  aux 
échos  les  accents  lyriques  du  Commissaire  des  Travaux 
Publics. 

La  tâche  de  M.  Marchand  était  des  plus  difti elles,  dites- 
vous. 

En  quoi  ? 

—On  lui  enlevait  des  taxes,  au  montant  de  $272,000  ;  l'in- 
térêt sur  le  chemin  de  fer  du  Pacifique  était  diminué  de  §32,- 
214  ;  l'intérêt  de  la  dette  augmenté  de  §60,000  ;  les  subven- 
tions à  l'instruction  publique  portées  à  850,000  de  plus  ;  la 
réorganisation  des  départements  devait  nous  coûter  §16,000 
de  plus,  et  enfin,  le  nombre  additionnel  des  aliénés  allait  nous 
entraîner  une  dépense  de   §22,000  de  plus  qu'avant.   Et  ce 


—  20  — 

sont  là  les  difficultés  dont  s'est  trouvé  entouré  le  héros  du 
poème  lyrique  de  l'honorable  Commissaire  des  Travaux 
Publics  ! 

Mais  qu'eut-il  donc  dit,  si  au  lieu  de  M.  de  Boucherville 
M.  Marchand  eut  été  appelé  à  succéder  à  M.  Mercier. 

Au  lieu  d'une  dépense  ordinaire  de  $5,165,049.43  nous  lui 
laissions  une  dépense  ordinaire  normale  de  $4,099,707.52  en 
1896,  et  au  lieu  d'un  revenu  ordinaire  de  §3,750,813.34,  en 
1891  nous  lui  procurions  un  revenu  ordinaire  de  $4,236,015.14 
■en  1897-98  même  après  avoir  aboli  certaines  taxes. 

Il  héritait  de  $163,455.28  de  taxes  sur  les  successions  ;  la 
<iiminution  de  $32,000  sur  l'intérêt  du  Pacifique  était  com- 
pensée par  les  $34,000  qu'il  retire  de  la  conversion  de  la 
dette  ;  l'intérêt  de  la  dette  $60,000  se  trouvait  plus  que  ren- 
contrée, ainsi  que  l'augmentation  du  dépenses  provenant  de 
la  réorganisation  du  parlement  et  de  l'entretien  des  aliénés 
3)ar  la  taxe  sur  les  successions.  Et  enlin  les  $50,000  pour 
l'instruct'ou  publique  étaient  une  bagatelle  puisque  M.  Âlar- 
chand  s'était  fait  tort  de  porter  ce  crédit  à  $200,U00  ! 

D'ailleurs  M.  Marchand  n'était-il  pas  au-dessus  de  toutes 
ces  misères  lui  qui  avait  prouvé  clair  comme  les  rayons  du 
plus  brillant  des  soleils,  qu'en  1893  les  conservateurs  ayant  à 
faire  face  à  plus  de  dix  millions  d'engagements  Mercier  et  à 
des  délicits  annuels  de  $1,500,000  pouvaient  parfaitement  se 
tirer  d'affaire  sans  emprunter  et  sans  taxer  !  (Journaux  de  la 
Chambre  1893,  pp.  325,  326,  327). 

M.  Duffy  l'ignore  peut-être,  car  s'il  eût  connu  ce  détail  il 
n'aurait  pas  trouvé  si  grandes  les  difficultés  qui  entouraient 
M.  Marchand  ni  si  abracadabrants  les  triomples  qu'il  a  rem- 
portés dans  Tarêne  de  la  finance. 

Quoi  !  si  nous  pouvions,  en  1893,  avec  les  charges  que  je 
viens  de  mentionner,  ramener  la  dépense  ordinaire  à  $3,000- 
000  quand  nous  l'avions  prise  à  $5,000,000,  combien  plus 
aisément  M.  Marchand  pouvait  sortir  d'embarras  avec  une 
dépense  ordinaire  de  $4,099,707  eu  1896  et  une  recette  nor- 
male de  plus  de  $4,300,000. 

Et  si  M.  Marchand  a  droit  à  l'admiration  des  générations 
présentes  et  futures  pour  avoir  maintenu  l'état  de  la  recette 
et  de  la  dépense  au  même  niveau  que  nous,  du  moment  qu'il 
ne  s'engage  dans  aucune  entreprise  quelconque,  quels  droits 
n'avons-nous  pas  à  la  gratitude  de  la  population  pour  avoir 


—  21  — 

diminué  de  $800,000    la  dépense  ordinaire  de  l'administra- 
tion de  cette  province  ? 

Nous  ne  tenons  pas  à  poser  en  régénérateurs  de  l'adminis- 
tration, en  sauveurs  du  peuple,  mais  nous  tenons  à  l'estime  de 
nos  compatriotes  et  au  bon  nom  du  parti  conservateur  que 
nul  d'entre  vous,  Messieurs  de  la  droite,  n'êtes  de  force  à 
ternir. 

I.ES  SUCCES  I>E  31.  mAKCHANn  ! 

Il  a  diminué  la  dette,  dit  M.  Duffy.  ISTon,  par  lui-même  ; 
oui,  si  l'on  tient  compte  des  résultats  de  la  conversion,  admis 
par  lui  maintenant,  mais  qu'il  repoussait,  étant  chef  de 
l'opposition,  comme  illusoire,  sinon  nuisible  k  notre  crédit. 

CE  SUKPI.I]» 

M.  Marchand  a  obtenu  un  surplus  ! 

Mon  honorable  collègue  M.  Atwater  nous  en  a  fait  voir 
l'inanité.  Le  surplus  n'étant  pas  visible  à  l'œil  nu,  dans  le 
coiFre  de  M.  Marchand,  mon  honorable  ami  a  dû  lui  braquer 
dessus  les  rayons  X  et  qu'est-il  arrivé  ?  c'est  qu'au  lieu  d'un 
surplus  on  a  découvert  un  déficit  de  Îi5l41,000. 

Il  est  bie'n  vrai  que  M.  Duôy  proteste  contre  ce  procédé 
et  il  accuse  mon  honorable  ami  d'essayer  de  faire  disparaître 
la  progéniture  de  monsieur  le  Trésorier. 

Voilà  une  accusation  grave  en  eflet,  car  si  je  me  rappelle 
bien  la  loi,  la  suppression  d'enfant  est  un  crime  des  plus 
sévèrement  punis  par  notre  code  pénal.  A  cela  M.  Atwater 
répond  qu'on  ne  peut  accuser  de  suppression  d'enfant  quand 
il  n'y  a  pas  d'enfant  du  tout,  (^uant  à  nous  qui  sommes  du 
juré,  nous  avons  cru  entrevoir  un  soupyon  de  surplus,  un 
fœtus,  mais  si  petit,  si  embryonnaire  que  vraiment  nous  ne 
pouvons  déclarer  coupable  de  suppression  l'honorable  député 
de  la  division  Saint-Laurent  (M.  Atwater). 

Singulier  surplus  vraiment  que  celui  que  le  gouvernement 
fabrique  aux  dépens  du  salaire  des  employés,  au  dépens  des 
services  essentiels  à  toute  bonne  administration,  et  au  moyen 
de  reports  de  comptes  d'une  année  sur  une  autre  année. 

Ces  reports  on  les  admet  maintenant  qu'il  s'agit  de  mon- 
trer un  surplus  libéral  mais  on  les  condamnait  sans  merci 


—  22  — 

quand  M.  Marchand  décidait  de  placer  un  déficit  de  $800,000 
-à  $900,000  à  la  charge  des  conservateurs. 

Mais  le  temps  de  la  rétribution  est  arrivé  et  tous  les  hom- 
mes d'affaires  savent  à  quoi  s'en  tenir  sur  le  compte  de  M. 
Marchand.  Non  seulement  il  s'est  vanté  d'un  surplus  qu'il 
n'a  pas,  mais  il  a  caché  le  véritable  état  de  nos  affaires  ;  il  a 
eu  recours  à  la  dissimulation  et  ce  n'est  que  bribe  par  bribe 
et  comme  avec  des  tenailles  que  nous  avons  pu  lui  arracher 
la  vérité  sur  nos  finances  à  la  date  où  il  proclamait  le  fameux 
surplus. 

L'homme  d'affaires,  le  marchand  qui  donnerait  à  ses 
créanciers  un  état  aussi  dissimulé  de  sa  situation  passerait 
pour  un  homme  sans  scrupule  qui  sent  le  besoin  de  couvrir 
de  sous-entendus  et  de  restrictions  une  situation  de  fortune 
compromise. 

1.4  KEOLi:  I>E  M.  HARCHA.lfD 

M.  Duffy  s'est  efforcé  d'expliquer  la  règle  posée  par  M. 
Marchand  de  ne  pas  reporter  sur  l'année  suivante  des  dettes 
attribuables  à  l'exercice  qu'il  s'agit  de  liquider. 

Je  ne  puis  concevoir  qu'un  homme  sérieux  ait  recours  à 
de  telles  arguties,  et  'certes  je  n'aurais  pas  pensé  que  les  con- 
servateurs dussent  sitôt  être  vengés  de  l'injustice  criante 
commise  par  M.  Marchand  d'avoir  mis  à  notre  charge  tout  ce 
qu'il  lui  a  été  possible  de  trouver  de  dettes  de  toutes  sortes, 
pour  grossir,  ou  plutôt  pour  créer  une  partie  du  déficit  qu'il 
leur  reproche  pour  1896-97. 

M.  Duffy  nous  dit  que  c'était  notre  coutume  et  que  M. 
Marchand  la  suit.  Dans  ce  cas  pourquoi  nous  en  a-t-il  enlevé 
le  bénéfice  en  1897,  puisqu'il  devait  la  rétablir  en  1898,  un 
an  après.  Il  est  difficile  de  montrer  plus  de  mauvaise  foi 
et  de  duplicité. 

Je  ue  m'arrêterai  pas  davantage  aux  explications  boiteuses 
que  donne  M.  Duffy  de  la  conduite  de  M.  Marchand  ni  à 
discuter  les  chiffres  qu'il  torture  pour  faire  voir  que  ces  mes- 
sieurs ont  dépensé  moins  que  nous.  Ils  s'ingénient  à  com- 
parer leur  administration  avec  la  nôtre  en  prenant  comme 
base  l'année  de  leur  surplus  de  $15,000  et  l'année  1896-97 
dont  ils  sont  partiellement  responsables.  J'ai  fait  voir  la 
déloyauté  de  ce  procédé.    Je  suis  convaincu  que  le  public 


1 


—  23  — 

ratifiera  ce  jugement  et  tiendra  compte  plutôt  des  quatre 
années  précédentes  dont  nous  sommes  entië rement  respon- 
sables et  qui  sont  toutes  à  notre  louange  si  on  les  compare  à 
l'administration  Mercier  et  même  à  l'administration  Mar- 
chand qui  a  tout  négligé  pour  arriver  à  ce  ridiculus  mus 
qu'on  peut  appeler  un  surplus  putatif. 

III 

I.ES  SEKVICES  Eî!»SEXTIi:i.S  KENDUN 
INEFFICACES 

La  dernière  question  que  j'ai  à  me  poser  est-celle-ci  ?  Le 
gouvernement  actuel  reraplit-il  ses  fonctions  envers  le  pays 
en  ce  qui  a  rapport  à  l'agriculture,  à  la  colonisation  et  l'ins- 
truction publique? 

Je  ne  parlerai  pas  de  ses  promesses.  Il  n'en  a  tenu  aucune. 
Il  a  déshonoré  les  engagements  réguliers  de  ses  prédéces- 
seurs, et  pour  arriver  à  se  vanter  d'un  surplus,  il  a  laissé 
stationnaire  la  marche  de  l'agriculture,  il  a  fait  reculer  la" 
colonisation  et  loin  d'encourager  l'instruction  publique  par 
une  subvention  additionnelle  de  $200,000,  il  a  rogné  sur  ce 
service,  essentiel,  s'il  en  est  un,  au  développement  légitime 
de  la  province. 

E^AOKICULTU  RE 

Commençons  par  l'agriculture,  la  mère  nourricière  du  genre 
humain,  a-t-on  dit,  et  la  cause  première  de  la  prospérité  de 
cette  province  avant  tout  agricole. 

On  s'est  moqué  de  la  machine  agricole  et  il  était  décrété 
que  celui  qui  s'en  moquait  davantage  serait  appelé  à  en 
prendre  la  direction. 

JSotre  machine  agricole  couvrait  tout  le  terrain  du  progrès 
qu'il  était  possible  de  couvrir  et  elle  mettait  en  œuvre  tous 
les  moyens  de  succès  qu'il  était  possible  d'invoquer. 

Sous  cette  puissante  impulsion  nous  avons  crée  un  mouve- 
ment de  progrès  général  que  les  hommes  d'affaires,  les  ban- 
quiers, les  grands  expéditeurs  de  beurre  et  de  fromage,  se 
sont  plus  à  reconnaître  à  quel^que  parti  qu'ils  appartinssent. 

Et  aujourd'hui    nos   adversaires    recueillent,    ici,    comme 


—  24  — 

dans  chaque  département,  le  fruit  de  nos  travaux,  de  nos 
économies  en  certains  services  et  de  notre  politique  vigou- 
reuse en  d'autres  services. 

Quant  à  eux-mêmes  ils  ne  font  rien  pour  entretenir  le 
mouvement,  ils  l'ont  enrayé,  et  nous  marchons  à  reculons 
aujourd'hui. 

En  1895,  nous  dépensions  pour  l'agriculture §200,330 

En  1896 166,464 

En  1897 230,795 

Dès  1898,  alors  que  le  gouvernement  libéral  pouvait  diri- 
ger un  budget  considérablement  dégrevé,  il  réduisait  l'agri- 
culture à  $197,226,  et  en  1899,  l'année  modèle,  je  dirais, 
jubilaire,  si  je  ne  craignais  de  commettre  un  sacrilège,  l'année 
du  surplus,  quoi  !  l'assistance  à  l'agriculture  baissait  à 
$136,243,  différence  sur  notre  dernière  année  de  §9 .£,552, 
soit  six  surplus  de  la  taille  de  celui  de  M.  Marchand  ;  diffé- 
rence sur  l'année  1896  de  $30,000,  soit  deux  surplus  ;  diffé- 
rence sur  l'année  1895  de  $64,000,  un  peu  plus  de  quatre 
surplus  à  la  Marchand,  surplus,  il  est  vrai,  chèrement  acheté 
aux  dépens  de  l'agriculture. 

tA  COLONISATION' 

Et  la  colonisation  !  Cette  œuvre  nationale  par  excellence 
a-t-elle  bien  avancée  depuis  que  nous  avons  été  remplacés  au 
pouvoir. 

Demandez  à  M.  David  qui,  à  l'ouverture  de  sa  croisade 
pour  la  colonisation,  en  juillet  dernier,  demande  au  gouver- 
nement de  former  un  fonds  au  moyen  d'une  taxe  spéciale  et 
vous  déclare  qu'il  faudrait  $125,000  de  plus  que  le  montant 
maintenant  consacré  à  la  colonisation. 

Est-ce  le  temps  vraiment  de  diminuer  les  octrois  de  deniers 
à  la  colonisation  ? 

Ecoutez  le  Père  Cottet  qui  mettant  le  gouvernement  dans 
le  secret  des  misères  de  la  colonisation  dans  la  région  du 
Nominingue  et  de  la  Lièvre  constate  que,  sans  un  chemin 
de  fer,  le  mouvement  de  colonisation  va  subir  un  recul  formi- 
dable et  que  ces  régions  vont  se  dépeupler. 

Demandez  à  votre  dévoué  agent  de  colonisation,  M.  L.-E. 


Carufel,  qui  constate  une  diminution  considérable  dans  la 
région  du  nord  de  Montréal  et  dans  celle  du  Témisca- 
mingue. 

Demandez  même  aux  colonisateurs  du  Lac  Saint-Jean. 

On  me  dit  que  dans  la  région  de  Témiscouata  les  choses 
ne  vont  pas  mal.     J'en  suis  heureux,  mais  ailleurs? 

Que  les  députés  qui  représentent  des  champs  de  colonisa- 
tion disent  franchement  à  la  Chambre  si  tous  ceux  qui  s'inté- 
ressent à  cette  œuvre  essentielle  au  développement  de  la 
province  ne  se  plaignent  pas  de  deux  choses  qui  paralysent 
le  mouvement  de  colonisation  :  le  manque  de  chemins  et  la 
sévérité  de  l'interprétation  des  lois  et  des  règlements  du 
département  des  Terres  de  la  Couronne  qui  se  propose  avant 
tout  de  faire  entrer  de  l'argent  au  coflfre. 

On  veut  des  surplus,  des  revenus  ;  on  sait  bien  que  le  colon 
ne  peut  donner  que  le  surplus  de  son  courage,  de  son 
héroïsme,  et  on  le  sacrifie  au  surplus  de  M.  Marchand. 

Virtus  post  nummos. 

En  1895,  notre  gouvernement,  sortant  péniblement  des 
embarras  financiers  dont  il  avait  hérité,  dépensait  cependant 
$86,000:  en  1896,  $116,100  et  en  1897,  8169,900,  contre 
S79,000  durant  l'exercice  courant,  dirigé  par  nos  adversaires 
soit  $90,000  de  plus,  en  faveur  des  colons,  ce  qui  en  bonne 
arithmétique  représente  exactement  six  surplus  de  la  dimen- 
sion du  fameux  surplus  de  M.  Marchand. 

Encore  une  fois,  triste  surplus  que  celui  qu'on  a  été  obligé 
de  créer  au  dépens  de  la  colonisation. 

CHEMINS  I>E  FER 

Un  mot  des  chemins  de  fer  avant  que  je  parle  de  l'instruc- 
tion publique. 

J'ai  toujours  favorisé  la  construction  de  chemins  de  fer 
dans  la  province,  et  reconnaissant  que  l'initiative  privée,  chez 
nous,  n'est  pas  assez  impulsive  ou  assez  stimulée  par  l'appât 
des  profits  pour  se  jeter  dans  ce  genre  d'entreprise,  j'ai  tou- 
jours cru  nécessaire  l'assistance  des  gouvernements. 

J'admets  qu'il  y  a  eu  énormément  d'abus  par  suite  du 
manque  d'études  générales  du  pays  au  point  de  vue  de  la 
nécessité  et  de  la  viabilité  de  ces  entreprises,  au  point  de  vue 


du  degré  d'importance  ou  d'indispensabilité  des  différentes 
lignes. 

On  eût  dû,  dès  l'origine,  procéder  comme  en  France  avant 
de  lancer  le  gouvernement  dans  la  [lolitique  de  subventions 
et  décréter  certaines  lignes  comme  d'importance  nationale, 
d'autres  comme  d'importance  secondaire,  mais  il  est  trop 
tard  et  contcntonp-nous  de  songer  à  l'avenir. 

Il  y  a  des  lignes  de  chemin  de  fer  indispensables  à  la  colo- 
nifation  ;  je  dirai  du  côté  de  la  Gaspésie,  peut-être  de  Témis- 
couata,  et  dans  tous  les  cas,  dans  le  nord  de  la  Vallée 
d'Ottawa,  de  Labelle  ou  Témiscamingue,  ligne  d'importance 
égale  à  la  ligne  d'Ottawa  à  Québec  au  point  de  vue  de  la 
colonisation,  de  l'exploitation  de  certaines  mines,  de  nos 
forêts  et  de  nos  ressources  sportiques. 

Le  gouvernement  a  tout  rejeté  :  il  n'a  pas  même  fait  des 
démarches  qui  n'auraient  pas  coûté  un  sou  au  Trésor  et 
auraient  pu  engager  des  compagnies  sérieuses  dans  ces  entre- 
prises. 

Rien,  de  rien  n'a  été  fait  et  quand  M.  Dufly  vient  nous 
dire  que  le  Grand-Nord  doit  quelque  chose  à  son  gouverne- 
ment, je  dis  non,  il  ne  lui  doit  rien  du  tout,  il  doit  tout  aux 
conservateurs,  combattus  là  même  par  certains  de  nos  adver- 
saires. 

L'honorable  Commissaire  des  Travaux  Publics  se  trompe 
également — et  cela  peut  nous  surprendre  doublement  puis- 
qu'il s'agit  de  son  département — quand  il  dit  que  "  les  che- 
mins du  Pontiac  et  de  la  Gatineau  sont  en  voie  de  construc- 
tion rapide." 

Pas  un  mille  de  ces  chemins  n'a  été  construit  de  par  la 
politique  du  gouvernement.  Et  comme  question  de  fait,  ils 
sont  arrêtés  l'un  et  l'autre  en  plein  champ  :  le  premier  comp- 
tait 71,000  milles  le  30  juin  1897  ;  le  30  juin  1899,  il  comptait 
71,000  ;  le  second  54|  en  juin  1897,  56.50  en  1898,  et  en 
1899  il  n'a  pas  raccourci,  il  compte  encore  56.50. 

Comment  un  ministre  de  la  Couronne  peut-il  se  sentir 
assez  de  courage  pour  avancer  un  fait  que  tous  les  rapports 
officiels  contredisent,  c'est  ce  que  je  ne  puis  comprendre.  Il 
devrait  suffire  à  l'honorable  Monsieur  de  se  vanter  de  ce  que 
fait  son  gouvernement  et  encore  davantage  de  ce  qu'il  ne  fait 
pas,  sans  qu'il  vienne,  par-dessus  le  marché,  se  vanter  ou  van- 
ter son  gouvernement  de  ce  que  les  autres  font  ou  ne  font  pas. 


—  27  — 

L.'I.\STKrCTiO.\'  PUBnUlJK 

J'arrive  maintenant  à  la  question  capitale  qui  absorbe  tant 
l'opinion  publique,  parce  qu'elle  avait  compris  de  ces  Mes- 
sieurs, de  leurs  promesses,  que  nous  allions  enfin,  dans  le 
corps  d'un  gouvernement  libéral,  posséder  des  hommes  de 
progrès,  décidés  à  rompre  tous  les  préjugés  pour  pousser  de 
l'avant  la  cause  de  l'enseignement  dans  la  province. 

M.  Dufl:y  s'est  amusé  à  fendre  les  cheveux  pour  démon- 
trer que  le  gouvernement  s'est  conformé  à  la  loi,  et  qu'on  a 
distribué  à  qui  de  droit  ce  qui  lui  revenait  des  fonds  de 
l'éducation,  et  il  a  conclu  par  un  aveu  qui  couvre  une  énor- 
mité,  en  disant  :  "  nous  payons  à  fur  et  à  mesure  des  exi- 
"  gences.  Nous  payons  ce  que  nous  devons,  et,  la  dépense, 
"  l'année  prochaine,  sera  plus  élevée,  et,  si  cette  année,  noue 
"  avons  fait  des  économies,  c'est  pour  nous  permettre  de 
"  payer  les  cartes,  les  livres,  quand  arriveront  les  échéances." 

En  un  mot,  nous  n'avons  pu  trouver  de  place  pour  les 
$50,000  votées  par  M.  Flynn  en  outre  des  allocations  ordi- 
naires à  l'instruction  publique,  mais  nous  nous  réservons  pour 
l'an  prochain. 

Comme  si  la  balance  des  §50,000  allait  retomber  au  Trésor, 
sans  un  vote  nouveau. 

Et  d'ailleurs,  comment  !  M.  Marchand  déclarait  que  l'Ins- 
truction publique  réclamait  §200,000  de  plus  au  lieu  de  S50,- 
000  et  il  n'a  pu  trouver  à  placer  les  $50,000  que  la  Législa- 
ture lui  a  votées  unanimement. 

Farce,  misérable  farce  qui  prouve  de  deux  choses  l'une  : 
ou  que  le  gouvernement  ne  connaît  pas  les  besoins  de  l'ins- 
truction publique  dans  cette  pnjvince,  ou  qu'il  ne  veut  pas 
s'en  occuper  et  y  mettre  tout  l'argent  qui  lui  revient,  pour 
se  créer  un  surplus,  toujours  le  même  surplus  au  dépens  d'un 
service  sacré,  le  service  de  l'enseignement  populaire. 

Ici  encore,  je  prends  les  comptes  publics  laissant  à  M.  le 
Commissaire  des  Travaux  Publics  le  soin  d'ergoter  sur  les 
subtilités  légales. 

Combien  avons-nous  voté  pour  l'instruction  publique  pour 
1898-99?  §412,010.00,  y  compris  évidemment  le  fonds  de 
§50,000  créé  par  le  gouvernement  Flynn. 

Combien   le  gouvernement  a-t-il  dépensé  ?    §375,143.28, 


—  28  — 

soit  $36,866.72  de  moins  que  la  Chambre  l'avait  autorisé  à 
dépenser.  Je  dis  autoriser,  mais  c'est  ordonné  que  j'aurais 
dû  dire,  car  tout  vote  pour  l'instruction  publique  est  un 
ordre,  un  commandement. 

$36,000  !  mais  c'est  plus  que  deux  surplus  à  $15,000  la 
pièce,  et  combien  n'ai-je  pas  raison  de  dire  que  ce  fameux 
surplus  est  acheté,  ici  encore,  au  dépens  de  l'un  des  services 
les  plus  essentilles  au  progrès,  à  la  supériorité  de  notre  pro- 
vince. 

Je  me  résume  : 

La  dette  publique  loin  d'avoir  été  augmentée  par  nous  a 
été  diminuée  de  $2,018,000  de  subsides  de  chemins  de  fer 
devenus  caducs  par  l'opération  de  notre  loi  de  1893  ;  de 
$1,500,000  en  chiffres  ronds  par  le  rachat  à  17.50  cents 
des  seconds  35  cents  qui  se  montaient  à  plus  de  $3,000,000. 

A  ces  deux  réductions  il  faut  ajouter,  pour  avoir  une  idée 
exacte  de  la  diminution  opérée  par  nous  sur  la  dette,  l'aug- 
mentation nominale  de  notre  dette  consolidée  causée  par  la 
conversion  en  3  pour  cent  de  l'emprunt  de  Paris  opéré 'par 
M.  Hall  en  1893,  soit  $1,216,585,  et  la  même  augmentation 
provenant  de  la  conversion  en  cours,  d'après  M.  Duffy  lui- 
même  $918,000. 

La  dette,  consolidée  par  nous,  a  été  toute  créée  par  M. 
Mercier,  a  l'exception  du  rachat  des  seconds  35  cts  et  M. 
Duôy  en  nous  accusant  d'avoir  augmenté  la  dette  consolidée 
de  $9,021,334,  commet  la  même  injustice  ou  la  même  bévue 
que  si  on  accusait  un  administrateur  de  convertir  en  obliga- 
tion à  taux  réduit  d'intérêt  des  billets  portant  des  taux 
usuaires. 

Nos  déficits  annuels  n'existent  pas,  si  comparant  notre 
administration  à  celle  de  M.  Marchand  on  tient  compte  de 
ce  que  nous  avons  dû  payer  pour  travaux  extraordinaires 
que  M.  Shehyn  imputait  au  capital  pendant  que,  sur  l'initia- 
tive de  M.  Hall,  toutes  ces  dépenses  ont  été  depuis  1898 
imputées  aux  opérations  de  caisse  ordinaires. 

Les  taxes  nouvelles  au  montant  de  $2,262,452,55  ont  servi, 
pendant  cinq  ans  à  faire  face,  avec  nos  économies,  à  un  bud- 
get qui  se  soldait  par  $1,500,000  de  déficit  sous  M.  Mercier. 

Nous  ne  les  avons  pas  empochés  ces  taxes  et  aussitôt  que 


—  29  — 

la  situation  eut  été  améliorée  nous  les  avons  abolies  en  très 
grande  partie. 

Les  emprunts  ont  rapporté  aux  gouvernements  conserva- 
teurs, exactement  $5,532,691.00,  à  même  quoi  nous  avons 
payé: 

Subsides  aux  chemins  de  fer $3,388,394  22 

Remboursement  des    dépôts   de    garantie  des 

compagnies  de  chemins  de  fer   1,137,614  25 

Palais  de  justice  de  Montréal 540,991  37 

Dépenses  sDécialcs  du  17  décembre  1891  au  30 

juin  1892 407,923  48 

Ponts  en  fer 106,197  00 

Ecole  normale  Jacques-Cartier 130,357  21 

Ecole  normale  McGill 21,980  00 

Réclamation  Charlebois     40,063  00 

Palais  de  justice  de  Hull 25,086  34 

Palais  de  justice  de  Bryson  (Pontiac) 15,790  50 

Débentures,  Palais  de  justice  de  Fraserville. .  .  20,000  00 


Montant  payé  à  l'acquit  de  la  dette  flottante 

par  les  conservateurs $5,835,397  37 

Montant  perçu  par  voie  d'emprunt  par  les  con- 
servateurs     5,532,691  00 

Difîerence  en  faveur  des  conservateurs $    ^')02,706  37 

C'est-à-dire  que  le  gouvernement  conservateur  a  pa^'é,  sur 
les  différents  chefs  de  la  dette  flottante  étmmérés  dans  le 
préambule  de  la  loi  d'emprunt  décrétée  par  l'administration 
Mercier  en  1890,  $300,000  en  chiffres  ronds  de  plus  que  le 
montant  qu'il  a  reçu  par  les  emprunts  faits  en  vertu  de 
cette  loi. 

Cette  différence,  il  l'a  payée  à  même  les  surplus  de  reve- 
nus qu'il  a  obtenus,  grâce  à  sa  prévoyance,  à  sa  sage  admi- 
nistration et  aux  quelques  impôts  additionnels  qu'il  a  fait 
voter. 

On  nous  reproche  nos  dépenses.     Faisons  la  comparaison  : 


—  30  — 

Voici  le  tableau,  correct  celui-ci,  des  dépenses  des  deux 
régimes  : 

Régime  libéral 

1887-88  (Comptes  Publics,  p.  13) S  4,054,467 

1888-89  (   "     "    p.  13) 3,949,078 

1889-90  (   "     "    p.  15) 4,700,256 

1890-91  (   "     "    p.  17) 4,915,774 

Total  pour  les  4  aus $17,619,575 

Régime  conservateur 

1892-93  (Comptes  Publics,  p.  15) $  4,190,522 

1893-94  (   "     "    p.  13) 4,267,946 

1894-95  (   "     "    p.  11) 4,195.727 

1895-96  (   "     "    p.  13) 4,099,707 

Total  pour  les  4  ans |16,753,902 

Ce  qui  donne  le  résultat  suivant  : 

Dépenses,  régime  libéral .  . . $17,619,575 

"  "       conservateur 16,694,383 

914,192 

Cette  comparaison  démontre  donc  que  les  conservateurs 
ont  dépensé  $914,192  de  moins  que  les  libéraux  durant  le 
même  espace  de  temps, — quatre  ans  dans  les  deux  cas. 

La  moyenne  de  la  dépense  libérale,  que  l'on  obtient  en 
divisant  par  4  le  chittre  de  $17,619,575,  est  de  $4,404,893 
par  année. 

La  moyenne  de  la  dépense  conservatrice,  que  l'on  obtient 
également  en  divisant  par  4  le  chiffre  de  $16,694,383,  est  de 
$4,173,595  par  année. 

Etablissons  la  différence 

Moyenne  libérale $  4,404,898 

Moyenne  conservatrice 4,173,595 

Différence  en  faveur  du  régime  conservateur.. .$      231,1^98 

Et  cela  en  dépit  de  l'augmentation  du  service  de  la  dette, 
qui  fait  une  différence  de  $274,410  dans  la  moyenne  à  notre 


—  31  — • 

détriment,  comme  nous  l'avons  vu  tout  à  l'heure.  Ce  qui 
signifie  que  le  gouvernement  conservateur  a  dépensé  en 
moyenne  au  delà  de  S500,000  par  année  de  moins  que  le 
gouvernement  libéral. 

Voilà  le  résumé  de  notre  régime  que  par  un  manque  d'étude 
ou  un  parti  pris  inexplicable,  M.  I)utfy  a  entrepris  de  con- 
tester et  de  couvrir  de  boue. 

Il  ne  réussira  pas  car  la  vérité  est  plus  forte  que  toutes  les 
arguties  savamment  agencées  pour  répandre  le  mensonge  et 
semer  la  calomnie. 

COi\CXUSION 

C'est  nous  qui  avons  pris  l'administration  du  pays  dans 
une  situation  désespérée  et  c'est  nous,  qui,  les  travaux  publics 
terminés  et  les  remboursements  de  dépôts  aux  chemins  de 
fer  du  pays,  payés,  dépôts  criminellement  accaparés  pour 
entretenir  l'orgie  du  régime  Mercier,  avons  rétabli  la  dépense 
ordinaire  au  chitfre  normal  de  $4,000,000,  laissant  à  nos  suc- 
cesseurs le  soin  de  l'y  maintenir,  ce  qu'ils  ont  été  incapables 
de  faire. 

C'est  nous  qui  ayant  pris  la  dette  totale  de  la  province  à 
$35,842,147.10  ou  plutôt,  d'après  M.  Taillou  en  tenant  compte 
de  tous  les  subsides  de  chemins  de  fer  à  $38,106,(354.08 
l'avons  réduite  à  S34,1'J6,654.08. 

C'est  nous  qui  avons  relevé  le  crédit  de  la  province  com- 
promis par  M.  Mercier  et  avons  réussi  à  vendre  nos  obliga- 
tions à  prime. 

C'est  nous  qui,  après  avoir  déboursé  des  millions,  pouvons 
nous  dresser  en  face  de  nos  accusateurs  et  les  défier  de  trouver 
dans  toute  notre  administration  un  acte  reprochable  au  point 
de  vue  d'une  honnête  administration. 

Et  vous  jouissez  du  fruit  de  notre  travail  en  frelons  qui 
n'avez  rien  fait  !  Et  vous  trouvez  de  l'amertume  dans  le 
miel  que  vous  n'avez  pas  fabriqué  ! — Sic  vos  non  vobis. 

Et  si  encore  vos  vantardises  injustes  et  déloyales  à  notre 
égard  pouvaient  vous  permettre  de  dire  que  vous  employez  au 
bien  de  la  patrie  la  somme  de  travail  qu'il  nous  a  fallu  pour 
sortir  la  province  de  l'abîme  du  déshonneur  et  de  la  banque- 
route oii  elle  était  plongé  ;  si  vous  aviez  le  courage  de  pro- 


—  32  — 

fiter  de  la  succession  prospère,  relativement,  que  nous  vous 
avons  léguée  pour  continuer  les  œuvres  essentielles  à  l'avenir 
de  cette  province,  nous  nous  en  réjouirions;  pour  ma  part  je 
vous  seconderais  de  toutes  mes  forces. 

Mais  c'est  le  contraire  que  vous  faites  proclamant,  malgré 
tous  les  faits  que  je  viens  d'établir,  proclamant  par  la  bouche 
de  votre  Premier  que  c'est  au  prix  de  votre  politique  mes- 
quine, étroite,  pusillanime  et  aveugle,  que  les  institutions  de 
cette  province  peuvent  être  sauvées. 

Erreur  coupable,  qui  nous  conduit  de  jour  en  jour  de 
déchéance  en  déchéance  et  qui  fait  que  l'élément  dominant 
dans  votre  sein  est  celui-là  précisément  qui  voudrait  le  moins 
possible  que  nos  Canadiens-français  pauvres  et  délaissés 
progressent  sur  leurs  terres,  qu'ils  aillent  en  plus  petit  nom- 
bre possible  défricher  la  forêt,  les  aimant  aux  Etats-Unis 
plutôt  que  dans  notre  pays  ;  élément  qui  reste  tout  à  fait 
indifférent  à  la  participation  des  nôtres  à  ce  pain  de  vie 
nationale  que  procure  chaque  jour  la  manne  de  l'instruction. 

Et  vous  parlez  d'abolir  :  les  têtes  dirigeantes  parmi  vous 
ne  sont  bonnes  qu'à  cela  ;  c'est  le  malheur  d'un  parti  qui  fut 
le  parti  libéral  et  qui  eut  de  beaux  jours. 

Mais  abolissez  donc  après  avoir  tout  amoindri,  tout  rape- 
tissé, après  nous  avoir  réduit  au  rôle  d'un  conseil  municipal. 
Abolissez,  rapetissez  tout  ce  que  vous  touchez  en  attendant 
que  le  peuple  prononce  votre  mane,  thecel,  -phares  et  vous 
abolisse  à  votre  tour.