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f
Les Conservateurs vengés !
La position de la pice toile qu'elle est
RÉPONSE A M. DUFFY PAR M. NANTEL
M. l'Orateur,
Décidé à exposer à la Chambre, à cette session, ma manière
de voir sur l'état financier de la province, je ne prévoyais
pas que j'aurais à répondre à l'honorable Commissaire des
Travaux Publics. Il a déjà, il est vrai, devant les électeurs
de Missisquoi, traité nos questions de finances, mais son dis-
cours, préparé à la hîite, ne mo semblait pas, quoiqu'il ait
quelque peu changé de toilette, destiné à voir le jour dans
cette enceinte.
S'il a témoigné quelque surprise de ce que l'honorable
député de Saint-Laurent (M. Atwatcr) ait pris son temps
pour répondre à l'honorable M. Marchand, j'ai bien le droit
de constater que le gouvernement a pris plus de temps pour
nous fournir les documents demandés et que lui, l'hono-
rable Commissaire des Travaux Publics, a pris encore trop
de temps pour ne nous servir après tout qu'un plat réchauffé.
Je regrette que M. Carbrayne soit pas ici pour répondre à
M. Duffy. Homme d'affaires, consciencieux et clairvoyant, il
eut fait vite justice des arguties du commissaire des Travaux
Publics qui ne peuvent résister à une critique sérieuse. Espé-
rons que la santé de l'honorable député lui permettra de
nous fournir dès cette année la réfutation victorieuse des
accusations portées si légèrement par le parti au pouvoir
contre les hommes politiques chargés de la tâche herculéenne
— 2 —
de sortir la province de l'abime où l'avaient plongée les jinq
années de l'administration Mercier-Marchand.
L'honorable député de Saint-Laurent avec cette verve, cet
esprit clair, cette connaissance approfondie de nos finances,
que tous lui reconnaissent, a défendu la politique conserva-
trice sans tomber dans la moindre récrimination. Je ne
reviendrai pas sur les points qu'il a traités.
L'honorable M. Duffy avec une ardeur toute juvénile et
vraiment surprenante chez cet endurci du célibat, s'est jeté
tête baissée dans la mêlée. Il ne s'est pas contenté de défendre
l'administration de ses amis, mais il a consacré la moitié de
ses efforts à démolir l'œuvre de relèvement des conservateurs.
L'honorable Commissaire a eu de très grands éclats de
voix, pour démontrer notre perversité, ou notre ineptie, et
pour faire contraste à côté de notre insuccès, il a décrit
les brillantes prouesses du Premier Ministre, les difficultés de
sa tâche, ses succès, que dis-je, ses triomphes dans les
hautes et profondes opérations financières qu'il a dirigées
jusqu'à présent. De fait il a cessé d'être l'homme pratique que
l'on connaît, le farouche administrateur qui réduit toute
question à une affaire de dollars et de cents, et il s'est fait
tour à tour chantre lyrique et avocat du héros, du lion du
jour qui vient, sans presque s'en apercevoir, de sauver la pro-
vince de Québec, à jamais compromise par l'extravagance
des conservateurs.
L'honorable Monsieur est jeune, j'entends jeune député ;
il a toute l'ardeur du néophyte qui sent le besoin de se
dévouer à des tâches surhumaines ; il a la foi du charbon-
nier, foi simple et naVs^e, digne des premiers âges chrétiens,
qui croit sans examen ; foi admirable sans doute, mais que je
me permettrai de qualifier de foi stérile et vaine quand elle
s'applique au gouvernemeat actuel qui est aussi dépourvu
d'œuvres qu'il soit possible de l'imaginer.
Et que devient, dans des affaires de finances, la foi sans
les œuvres qui seules peuvent sauver?
Je suis trop positif, peut-être même trop sceptique en fait
de surplus pour suivre le poète lyrique dans toutes ses che-
vauchées, et je tâcherai d'être assez pratique pour réfuter
l'avocat qui s'est, d'une façon si généreuse, lancé dans la
défense d'une cause aussi désespérée que celle du gouverne-
ment et d'un surplus aussi problématique, dans tous les cas,
— 3 —
aussi suspect, aussi illégitime et aussi peu viable que l'est le
surplus de l'honorable Premier Ministre.
CE DEFI
Le premier désir qu'éprouvait l'autre jour l'honorable
Commissaire des Travaux Publics, c'était de relever le défi
que lui avait jeté, disait-il, l'ex-trésorier" de comparer avec
avantage l'administration actuelle avec celle de ses prédé-
cesseurs."
Et là-dessus l'honorable Commissaire des Travaux Publics
entreprend de démolir une fois pour toutes l'administration
conservatrice. Ce qui prouve que cette tâche n'a pas été
accomplie d'une manière satisfai-sante pour ces honorables
Messieurs de la droite, et qu'il y a encore des gens capables
de croire que les cabinets de Boucherville, Taillon, Flynn,
valaient bien en talent, en honnêteté, en patriotisme, l'ad-
ministration Marchaiid-Stepheiis-Dutfy.
Je veux suivre M. Dufiy et démontrer combien ses études
sont superficielles, injustes ses jugements sur le compte de
ses adversaires, suspects les rejiseigiiements que, ministre
de la Couronne, il a le triste courage de fournir à la Cham-
bre et à l'électorat.
A«S PKOMESSES
L'honorable Commissaire rappelle d'abord les promesses
des conservateurs à l'élection générale de 18l>2.
Or nos promesses étaient catégoriques et nous les avons
tenues à la lettre.
Nous promettions une administration honnête, régulière,
tout le contraire de ce qu'était l'administration Mercier. Et
cette administration nous l'avons donnée, puisque après cinq
années de gestion, après avoir pa3^é des millions de l'argent
public, avoir terminé presque toutes les grandes lignes de
chemins de fer de l'intérieur, complété les grands travaux
commencés par M. Mercier, il est encore à trouver celui qui
pourra nous accuser d'un seul acte incorrect, d'une seule
transaction louche et criminelle aux yeux de la plus stricte
probité administrative.
Quant à l'habileté, au talent de gestion que nous avons pu
déployer dans la direction des aflaires publiques, nous
— 4 —
n'avions pas la prétention do faire des merveilles comme
celles de l'administration actuelle, mais nous voulions faire
face aux obligations de la province, sans en créer de nou-
velles, tout en maintenant une politique de progrès que les
plus acharnés de nos adversaires n'ont pu s'empêcher de
reconnaître et même de suivre à l'occasion.
I.ES TAXFÎS
Nous avons taxé il est vrai, et si avec ces taxes et le mon-
tant que j'appellerai énorme de nos économies annuelles,
nous n'avons pu en 1892-93, 1893-91, 1894-95, 1895-96,
les seules années dont nous sommes entièrement responsa-
bles, joindre les deux bouts, en comptant ensemble les
dépenses ordinaires et les dépenses extraordinaires, c'est que
nous n'avions pas taxé suffisamment, qu'il fallait trois quarts
de millions de taxes nouvelles, au lieu d'un demi-million,
tant les aii'aires de la province avaient été compromises par
l'incurie, l'extravagance, et le relâchement de l'administra-
tion Mercier-Marchand.
M. HAIX
" Nous devons voir à augmenter notre revenu d'environ
$1,000,000 par an, disait M. Hall dans son discours budgé-
taire du 20 mai 1892. Après avoir fait le long et décourageant
inventaire de l'administration Mercier, il ajoutait : Il est com-
plètement inutile de cacher la difficulté qui nous est imposée
par nos prédécesseurs. C'est pour nous une question d'exis-
tence constitutionnelle."
Tout le monde a entendu l'éloge de M. Hall l'autre jour.
Eh ! bien, qu'on accepte son jugement sur l'état désSespéré de
nos finances en décembre 1891.
Et certes, si nous avons péché de quelque manière, ça été
de ne demander qu'un demi-million à la taxe pour rétablir
l'équilibre dans les opérations ordinaires de l'administration et
de nous fier à nous-mêmes, à nos eôorts, au bon vouloir de
nos amis, pour trouver le reste dans les économies et les
retranchements.
L'écart entre les recettes et la dépense, je parle de l'écart
normal, consécutif, durant trois années était de $1,500,000, en
— 5 —
moyenne ; or demander seulement $500,000 d'impôts nou-
veaux et prendre sur nous de réduire la dépense ordinaire
d'un million c'était de la présomption, une tâche surhumaine
que nous avons entreprise cependant et menée à bonne fia
puisque l'écart, en 1892-93 était tombé à $24,828.00 de
$1,743,651 qu'il était en 1891-92 ; de $1,444,236, qu'il était
en 1890-91 et de SI, 380,509.18 qu'il était en 1889-90.
Il fut en 1893-94 de $230,202.28, en 1994-95 de $162,-
661,66, et 1895-96 de $55,673.61.
Mais dans le cours de ces quatre années nous avons payé
aux chapitres des Travaux Publics extraordinaires les som-
mes suivantes :
92-93 $238,264.10
93-94 390,955.1^4
94-95 253,499.01
95-96 58,485.34
Je prends cet item parce qu'il se présente le premier à
mon esprit pour démontrer la futilité des récriminations de
l'honorable M. Duffy.
Et le département de l'honorable Monsieur a dépensé en
1898-1899 l'énorme somme de ^11,050.11 pour travaux
publics extraordinaires. Et avec cela on arrive au surplus
microscopique de $15,000 ! !
Imagine-t-on les surplus que nous eussions eus si nous
n'eussions pas fait ces grands travaux publics qui étaient de
nécessité indispensable.
KACOKE I^'AIJTOKBTK 1>E M. HALI.
'M. Duffy fait dire à M. Hall :
" Sans doute nos promesses se résument à l'établissement
d'une administrai ion honnête, économe et patriotique, au
rétablissement de notre crédit ef à la condamnation absolue
sans réserve de la corruption et de l'extravagance."
Les ministres promettaient d'administrer honnêtement en
général, mais ils promettaient particulièrement :
1. De ne pas augmenter la dette ;
2. De mettre fin à l'ëre des déficits ;
3. De proportionner la dépense aux recettes.
M. Hall disait encore dans son discours :
" Je ne puis approuver ce classement des dépenses en
dépenses ordinaires et en dépenses spéciales. Ces derniëres
sont absurdes et dangereuses et quel que soit le classement,
le public comprend que nous devons avoir les fonds pour
faire face à ce que nous devons ou que nous promettons de
payer."
DEPENSES SPECIAEES
Comme question de fait, les ministres ont promis d'admi-
nistrer honnêtement. Ils ont tenu leur parole. Quant à l'aug-
mentation de la dette, nous verrons ce qui en est.
Nous avons mis fin aux déficits, si l'on tient compte que
dans les dépenses ordinaires d'administration nous avons
inclus les dépenses spéciales que M. Shehyn plaçait au compte
du capital.
Si nous avions mis de côté ces dépenses spéciales, si nous
les avions déduites des dépenses ordinaires, pour calculer
nos surplus ou nos déficits, nous aurions eu chaque année
moins une, des surplus considérables.
En retranchant les dépenses extraordinaires sur travaux
publics comme M. Shehyn avait toujours fait, nous trouvions
les résultats suivants :
Revenu (Comptes Publics 1893, p. 14) $4,391,770
Dépenses! " " p. 15) 4,190,522
Surplus $ 201,248
Dépenses (Comptes Publics 1894, p. 13) $4,267,946
Revenu ( " " p. 12) 4,2u0,533
Déficit 7,413
1S1>4-Î>5
Revenu (Comptes Publics 1895, p. 10) $4,322,028
Dépenses ( " " p. 11) 4,195,727
Surplus S 126,301
— 7 —
Revenu (Comptes Publics 1896, p. 12) $4,327,910
Dépenses ( " " p. 13) 4,099,707
Surplus $ 228,204
Récapitulation :
Surplus
1892-93 $ 201,248
1894-95 126,301
1895-96 228,204
Surplus S 555,753
Déficit
1893-94 $ 7,413
Ce qui laisse un surplus de $548,340 pour les quatre ans.
Mais M. Dufly veut faire croire que M. Hall a déclaré
pouvoir administrer la chose publique, dans les opérations
ordinaires et extraordinaires, avec les revenus tels qu'ils
étaient au temps de la chute de M. Mercier.
Rien ne peut l'autoriser à tirer cette conclusion. C'est le
contraire que M. Hall n'a cessé de proclamer.
La citation que je donnais de lui, plus haut, le dit assez et
le fait pour lui d'avoir déclaré, a son assemblée de l'hôtel
Windsor comme à la Chambre qu'il fallait un million de
revenus additionnels démontre le parti injuste qu'un ministre
de la Couronne entend tirer des paroles d'un homme qui
n'est pas ici pour se défendre.
Avo^s-Nous au«me:^te ï.a dette?
" Voyons, dit M. Duify, si la dette publique a été aug-
" mentée par les conservateurs, ou si au contraire, comme
" l'avait promis M. Hall, les obligations de la province ont
" été rencontrés avec les revenus."
M. Hall n'a jamais dit pareille absurdité ; rencontrer les obli-
gations de la province avec les revenus alors que M. Mercier
léguait plus de $12,000,000 de dette flottante et un déficit
normal dans les opérations ordinaires de $1,500,000, telle
idée n'est jamais entrée dans la tête de M. Hall dont l'éloge
est aujourd'hui sur les lèvres de tous ceux qui lui faisaient
une lutte acharnée alors qu'il était à la tête du trésor.
M. Hall, comme tous ses collègues, ne voulait pas accroître
la somme de nos obligations ; ils ne l'ont pas accrue puis-
qu'ils l'ont diminuée.*
M. Dufly ne réussira pas à embrouiller une chose claire.
XATCKE 1>E I.A DETTE
La dette publique se décompose en dette consolidée et en
dette flottante, due, échue, ou simplement éventuelle.
Prenons l'une après l'autre et comparons les deux régimes,
comptes publics en main.
DETTES EVEXTUEEI.es
Les dettes éventuelles sont celles dont le paiement,
l'échéance est soumise à l'accomplissement de certaines con-
ditions. Dieu merci, les dettes de cette nature, comme
subsides aux chemins de fer, ont été graduellement éliminées
de notre échiquier et quand elles seront tout à fait efl'acées,
nous nous en réjouirons tous parce que cela nous permettra
de connaître au juste l'état de notre actif et de notre passif.
EE MOUVEMENT DE EA DETTE
En janvier 1887, M. Mercier prenait les rênes du gouver-
nement de cette province.
Les conservateurs lui laissaient un héritage honorable,
sinon opulent, avec une dépense ordinaire de $3,032,771.00,
le 30 juin 1886, soit nn déficit d'environ $10,000.00. C'était
l'équilibre virtuel ; la dette consolidée était de $18,181,780.00,
c'est-à-dire $7,600,000 en déduisant notre actif de $10,581,-
780.00 et la dette flotante de $886,242.93.
En décembre 1891, M. Mercier laissait le pouvoir avec une
dépense (le 30 juin 1891) de !$5,105,049,43 ; des recettes
de f 3,750,813.34, soit un déficit de ^1,444,33«.09: une
dette consolidée de f 31,383,453.33 et une dette flottante
consistant en emprunts et dépots de $4,458,694.37, soit en
tout $25,813,147.10.
— 9 —
Inutile de jouer sur les mots et de confondre dette flot-
tante avec dette consolidée pour masquer la véritable situa-
tion. Telle était la dette léguée par M. Mercier sans compter
les sommes énormes qui étaient dues mais non échues, les
obligations actuellement contractées à titres divers et énu-
mérés d'une façon éloquente mais non encore complète, au
Bill d'emprunt au montant de $10,862,353.00 le 26 décembre
de l'année 1890.
En dehors de nos emprunts permanents, de nos emprunts
temporaires et dépôts, il y avait donc des engagements
actuels et éventuels pour au delà de $10,000,000. Et pour
qu'on ne me taxe pas d'exagération je citerai les paroles de
l'honorable M. Taillon, au cours de son discours budgétaire
du 21 décembre 1894.
L'ALTOKIÏE 1>E M. TAIL.L.03Î
" En 1890, lorsqu'à été voté l'emprunt de §10,000,000 les
"engagements de la province auraient nécessité un emprunt
" d'au moins douze millions et demi. î^ous avons réduit ces
" engagements à tel point que nous ne serons pas obligés
" d'emprunter plus que la somme votée en 1890 et je n'ai
" pas encore perdu l'espoir de rester en deçà de cette somme."
En sorte qu'a notre arrivée la dette avouée par M. Mercier
était de $35,842,147.10 et d'après M. Taillon de $38,342,-
147.00. Lorsque nous laissions le pouvoir à nos adversaires
quelle était la dette totale que nous leur léguions ?
L,A 1>KTTE A iVOTKE DEPART
J'ouvre les comptes publics de 1897 à la page 16, Etat
N" 3, je trouve : montant delà dette à racheter, eSS4,lîM»,-
654.0cS, et emprunts temporaires dont $700,000, contractés
par nos adversaires, au montant de $1,357,218.82, soit dette
totale $35,553,868.10.
Et, quelle est la dette consolidée et la dette flottante repré-
sentée par les emprunts temporaires et dépôts en 1898 ?
Dette consolidée $34,283,841.53
Emprunts et dépôts 1,166,706.46
Total $35,450,547.99
— 10 —
En 1899, la dette fondée était de. . .$35,128,947.72
Emprunts et dépôts. 1,063,018.15
Total ; $36,191,863.87
M. Duffy pour prouver que son gouvernement a diminué
la dette consolidée, prétend qu'il faut déduire de cette somme
l'augmentation nominale de la dette par suite de la conver-
sion, soit $915,280.86.
Je n'ai pas d'objection à cela, puisque c'est nous qui avons
le mérite de la conversion de la dette ; donc retranchant
$915,280.86 nous restons avec $34,213,366.66 de dette con-
solidée au 1er juillet 1899.
Si de cette dette je déduis le montant de notre actif (C. P.
P. 14, état 3) $10,025,747.75, nous restons avec une dette
consolidée nette de $24,1S7,S1S.71 au premier juillet 1899,
à l'exclusion de la dette flottante constituée par emprunt et
dépôts.
De cela il découle que la dette consolidée ou flottante n'a
pas été augmentée d'un sou par les conservateurs : Au con-
traire, qu'elle était de $^35,842,147 en décembre 1891, de
$34,196,654.08, en juillet 1897, que les conservateurs l'ont
abaissée de i?35,842,147 à $34,196,654.08 et que l'honorable
M. Buffy, au lieu de prendre ces chlores ici et là, dans des
prévisions budgétaires, dans des discours politiques ou dans
des journaux, eut dû se renseigner dans^ les comptes publics
qui ne trompent pas. Il est aux antipodes de la vérité quand
il prétend que nous avons augmenté le passif en 5 ans de
$3,869,081.01 et la dette consolidée de 89,021,334.07.
La dette totale se trouve avoir été réduite par nous de la
manière et dans la mesure suivantes :
1" Par autant de subsides périmés de che-
mins de fer en vertu de la 56 Victoria,
chap. 5 $ 2,018,769 22
2" Par rachat à 17.50 cts des seconds 35 cts
de subsides en terre convertis en argent,
— en tout plus de $3,000,000 soit à 50 pour
cent— environ 1,500,000 00
— 11 —
3" Par déduction de l'augmentation de la
dette par suite de la conversion en 3 pour
cent de l'emprunt originaire à près de 7
pour cent de MM. Mercier et Shehyn, en
1891, racheté par M. Hall à 4 pour cent
à Paris en 1893 au prix de $4,106,391.52
et converti en 3 pour cent par l'honorable
M. Taillon en 1894 au prix de $5,332,-
976.00, soit : $1,226,000 00
4" Déduction de l'augmentation de la dette
par suite de la conversion 915,280 86
Soit $ 5,659,048 08
Voilà ce que le pays doit à l'administration conservatrice
et voilà ce que nous doit ce parti libéral auquel nous avons
fait une si belle situation en lui laissant une dette allégie,
qui est restée la même depuis bientôt trois ans : preuve que
nous ne lui léguions pas d'obligations onéreuses pendant que
c'est par dizaine de millions que l'on nous chargeait les
épaules d'obligations permanentes et par million et <lemi de
dépenses annuelles qu'on nous demandait de solder la dépense
ordinaire de l'administration.
I.KS «EFICITS
La question des déficits a été amplement traitée par l'ho-
norable M. Atwater, et je n'y reviendrai pas au long.
Seulement il n'est pas un homme qui n'ait regretté la
conduite injuste de nos adversaires quand ils s'efforcent de
convaincre le public que nous administrions avec un déficit
normal de $800,000 à i?900,000.
Je me demande quel avantage trouvent ces messieurs pour
eux-mêmes, pour le pays à dénaturer les faits, à abaisser des
adversaires loyaux et surtout à déprécier le crédit que le
public doit reposer dans nos institutions provinciales. Nous
sommes restés au pouvoir cinq ans et demi. Eh ! bien, les
chiffres officiels sont là contrôlés par les mêmes officiers du
Département du Trésor : tout le monde peut en prendre
connaissance. Pourquoi nos adversaires s'acharnent-ils à
nous représenter sous un jour faux ?
— 12 —
Avec mille embarras nouveaux surgissant à chaque pas
sur notre marche, avec des réclamations innombrables se
chiÔrant dans les deux millions, que nous n'avons pas toutes
réglées puisque celle de Dussault est encore là à attendre
l'action de la Chambre, nous sommes arrivés en mettant dans
un compte commun les dépenses extraordinaires et les dépen-
ses ordinaires à transformer du tout au tout la face de nos
comptes publics.
Mais, jetez donc un simple coup d'oeil sur l'Etat A du dis-
cours de M. Marchand de 18G9, (P. 42), et vous ne pourrez
vous empêcher de manifester à notre endroit un esprit de
justice que nous n'avons ]ias trouvé, cette fois, chez l'hono-
rable Premier Ministre, dans sa presse, salariée d'ailleurs,
pour nous injurier, dans les discours de certains de ces
collègues.
La province de Québec a droit au moins à ce qu'on res-
pecte son beau nom parfois si injurié par le fanatisme ; elle
a droit à ce qu'on ne la représente pas sans cesse entre les
mains d'administrateurs peu scrupuleux ou ineptes. La
province de Québec est notre patrie commune, nous devons
tous la respecter dans ses institutions et dans ceux de ces
hommes publics qui ont le souci de leurs fonctions.
Or, je dis que nous n'avons pas été traités loyalement
quand on nous représente comme ayant administré avec une
dépense ordinaire de $4,907,281.71 contre $3,923,238.70 de
recettes.
On feint d'ignorer les années précédentes pendant les-
quelles nous avons dépensé moins que les ministres actuels,
tout en ayant à faire face à des obligations énormes.
Nous aurions pu, M. Hall aurait dû, en face du peu de
bonne foi qui accueille notre franchise, faire séparément le
compte des dépenses ordinaires, comme au temps de M.
Shehyn, et des dépenses extraordinaires.
Nous aurions eu alors des résultats merveilleux, à montrer
à nos amis, et avec des Si et des Quand, comme ceux de
M. Dufïy, arriver à des surplus incroyables comme celui qu'il
est veim réclamer l'autre jour, sans rire trop démesurément,
au montant réel de $7-16,959.13, pour l'année 1898-1899.
Mais à quoi bon toutes ces manipulations de chiôVes pour
apprécier le mérite des administrateurs de la chose publique.
— 13 —
Il n'y a en tout cela qu'une question : la dépense publique
a-t-elle été contrôlée avec vigilance, économie et probité.
M. Dufiy peut-il nous contester ces mérites? îTon. L'es-
saicrait-il, que les chiffres et les faits l'écraseraient.
Il parle de position difficile, de suppression de revenu, que
ne songe- t-il un peu à notre situation en décembre 1891.
CE OKFiciT l>E !i(984,043.01
M. Duffy, comme les orateurs et les journalistes à gage de
son parti, nous reproche sans cesse notre déficit de $984,-
043.01 pour l'année 1896-97.
Ici même je suis prêt à soutenir la comparaison entre les
deux administrations, pour cette année 1897, lapins coûteuse
de notre régime, à cause des élections, et l'année du merveil-
leux surplus.
Je dirai d'abord que le gouvernement Flynn ne s'éloigna
pas des grandes lignes de ses deux prédécesseurs et que M.
Atwater montra autant de sollicitude que MM. Hall et Tail-
lon pour le bien public, et s'il venait jamais à laisser cette
Chambre on le comblerait d'éloges parce qu'ici, ce sont tou-
jours les absents qui ont raison.
Nous avons réglé, à l'approche des élections tout ce que
nous avons pu régler de réclamations pendantes.
L'expérience que nous avions eu du régime Mercier nous
faisait un devoir de laisser le moins possible de comptes en
arrière, et nous avions toutes les raisons du monde de reposer
plus de confiance en nous-mêmes qu'en nos adversaires. Ce
que nous avons réglé durant cinq années nous l'avions réglé
sans pot-de-vin, avec justice et finalement. Nous étions loin
de supposer que l'aftaire Dussault, tenue par nous comme
définitivement réglée, serait ressuscitée d'entre les morts pour
donner de la pâture nouvelle aux débats de cette Chambre.
De plus, je ne nierai pas et personne ne niera, à moins
que ce ne soit uti naïf ou un hypocrite que tout exercice de
campagne électorale ne peut être justement comparé à un
autre exercice, parce que les ministres pris ailleurs ne peu-
vent presser la collection et qu'ils sont tenus par les vices du
système électoral même à délier plus grand le cordon de la
bourse.
— 14 —
Ces explications préliminaires données en toute franchise
et même avec quelque peu de naïveté, arrivons à la compa-
raison.
1" Nous n'avons touché de recettes ordinai-
res en 1897 que $3,923,238.70, contre
14,201,000 en 1898-99, ce qui restera envi-
ron la recette ordinaire telle qu'établie par
nous sans que le gouvernement ne fasse
aucun eftbrt pour forcer la collection : soit
une diftérence dans la recette de $ 277,000 00
2" Nous devons retrancher le montant payé
pour les élections qui est d'une nature
extraordinaire 75,879 60
Nous devons retrancher le paiement du prix
de vente de la propriété de la Grande
Allée qui a été inclus dans les opérations
ordinaires d'où résulte le déficit de $984,-
043.01 30,000 00
Nous avons fait des travaux publics au mon-
tant de $176,832.28 dont le coût comparé
au coût des Travaux Publics de la grande
année du surplus, $11,000, laisse en notre
faveur 165,832 28
Le gouvernement a supprimé une vente de
limites qui devait avoir lieu le 15 juin 1897
et nous rapporter au bas mot $150,000, re-
venu que de tout temps on a placé parmi
les recettes ordinaires de la province, soit. . 150,000 00
Monument Champlain, dépense extraordi-
naire ou spéciale 2,000 00
Ouvrage " Municipalité et paroisse, " extra-
ordinaire 4,500 00
Révision du Code de Procédure (extraord.). 18,500 00
Réclamation Amiot (extraordinaire) 4,000 00
Réclamation Dussault do 14,578 77
Waterous do 2,178 15
Séquestre chemin de fer Baie des Chaleurs,
(extraordinaire) 5,973 55
Fonds de secours pour les Indes (extraord.) . 4,000 00
— 15 —
Nous avons dépeusé en 1897 de plus que
M. Marchand en la grande année de
1898-99 :
Pour la colonisation $169,900 00
contre 136,243 00
Soit en notre faveur $33,657 00
Pour agriculture $230,795 75
contre.... 175,418 26
Soit en notre faveur 55,377 49
Pour instruction publique $394,260 00
contre vous les grands amis
de l'éducation 375,143 28
Soit 19,117 72
pour nous, le parti de la réaction.
Qu'on additionne bien ces difiérentes sora-
mes : elles forment un total de 8852,093 58
ce qui efiace à $131,950 près, le déficit que l'on sert en épou-
vantail aux contribuables de cette province pour les tromper
sur notre compte et les ameuter contre nous.
Et ce déficit apparent de $131,950 disparaît bien vite
quand on lui oppose en réclamations dues avant le 1er juillet
1899:
r Affaire Dussault $26,194 64
2" Colonisation 28,077 42
3*^ Arpentages 58,612 47
4° Agents des terres non payés 1,858 68
5" Arrérages touchés d'Ottawa mais dus
pour 1895-96, 1896-97, 1897-98 42,337 86
Total $157,081 07
à retrancher de la recette totale de 1898-99.
C'est-à-dire que si nous avions administré à la façon de M.
Marchand, si nous n'avions pas eu de grands travaux à
exécuter ni de grandes réclamations à régler, si nous avions
négligé les œuvres essentielles du pays, si on n'avait injus-
tement mis à la charge de 1897 des comptes payables pour
— 16 —
1898, si la collection du mois de juin 1897 n'avait pas été
négligée intentionnellement par nos adversaires, nous obte-
nions un résultat autrement favorable que le résultat obtenu
par M. Marchand en 1898-99, et nous avions un surplus de
$10,951.89 au lieu d'un déficit de $984,000 ce qui donnerait
le résultat suivant pour l'année du surplus de M. Marchand :
Recettes totales 1898-99 $4,249,589 99
A retrancher comme indûment imputé à cet
exercice $ lô7,081 07
Recettes régulières 1898-99 $4,092,508 92
Contre la dépense 1898-99 $4,23 1,410 81
Déficit réel. . . . , $ 141,901 89
Contre déficit réel des conservateurs en
1896-97 suivant les méthodes du gouver-
nement Marchand, Stephens, Dutfy, de. . . $ 131,950 00
Soit en faveur des conservateurs surplus de. $ 10,951 89
dans la comparaison entre l'année du grand déficit de 1896-97
et l'année du minuscule surplus de 1898 99.
Voilà bien l'histoire comparée et vraie du surplus de
M. Marchand : c'est un surplus renversé en déficit.
On nous dit que nous ne devions pas faire de travaux
extraordinaires, suivant l'exemple de M. Daffj.
Heureux M. Dufty qui n'a pas à faire de travaux extra-
ordinaires ? Mais pourquoi ?
De deux choses l'une : il n'y en a plus à faire ou il n'en
veut pas faire.
Dans le premier cas, nous aurions donc exécuté tout ce
qu'il y avait à faire dans la province, de chemins de fer,
d'édifices et de divers autres grands travaux,* et il devrait
nous en remercier.
Dans le second, le pays admettra-t-il qu'un ministre des
Travaux Publics doive négliger d'accomplir les travaux
strictement urgents. Si c'est cela que l'on veut, pourquoi un
ministre des Travaux Publics ?
WOTKE SITUAT10x\ E^' 1891
Nous avons imposé des taxes. Mais ignore-t-on que la
dépense annuelle était de $1,500,000, en mo^^enne, en 1891.
— 17 —
Ces taxes n'ont guère dépassé $500,000, et le reste nous
avons dû le demander aux économies, aux retranchements.
Et quels ont été les résultats : en comptant les dépenses
extraordinaires, même les remboursements des dépots de
compagnies de chemins de fer avec les dépenses ordinaires ?
Pour 1889-90 un déficit sous Mercier de |1,380,569.18.
Po.ur 1892-93, sous les conservateurs, un déficit de $24,-
828.00, soit en notre faveur, $1,355,741.19.
Que M. Dufty nous parle donc déficit maintenant. Que
l'on retranche si l'on veut le montant des taxes nouvelles,
près de $500,000, nous restons avec des économies et des
retranchements au montant de plus de $900,000 sur l'année
1889-90 de M. Mercier.
Pour 1890-91, déficit sous M. Mercier de $1,144,236.06.
En 1893-94, déficit sous les conservateurs $230,202.28 ;
soit à notre avantage, entre ces deux années, $1,214,034 sur
lequel en retranchant les taxes nouvelles de $518,406 nous
resterions encore avec $695,628 à notre crédit.
Enfin, prenant l'année 1891-92 sous M. Mercier le déficit
est de $1,742.651 ; en 1893-94 nous avons un déficit de
$162,661, et des taxes nouvelles au montant de $487,398.45
pour 1894-95.
Ce qui nous laisserait un avantage de $1,092,592 sur nos
adversaires dans la comparaison de ces deux années.
En 1895-96, notre déficit n'est que de $55,673.61, ce qui
est presque une quantité négligeable à côté des déficits colos-
saux de l'administration Mercier.
M. Dufiy a-t-il bien fait la comparaison entre l'administra-
tion Mercier et la nôtre avant de nous reprocher nos déficits,
et peut-il prétendre juger nos quatre années, de 1892 à 1896,
par l'année finissant le 1''' juillet 1897, alors que nous n'avons
eu ni le contrôle de la perception du dernier mois qui est le
meilleur au point de vue du revenu, ni le contrôle des paie-
ments à eflfectuer et dont on a chargé cette fin d'exercice afin
de décharger l'année suivante pour la glorification du parti
libéral.
Je viens de faire toucher du doigt les économies que nous
avons réalisées sur le régime Mercier.
Que M. Dufty, essaie d'en faire autant vis-à-vis de nous :
une comparaison impartiale l'écrasera.
— 18 —
Qu'il nous montre les économies de l'honorable Trésorier
dans les opératioDs ordinaires. Il n'en a fait aucune.
En 1898-99, l'année du surplus il dépensait §4,201,023.21,
en 1893 nous dépensions $4,190,522.85 ; en 1894, $4,267,746 ;
en 1895, $4,195,727.44 ; en 1896, $4,099,707.00.
En 1898-99, l'année glorieuse, le standard du ministère,
M. Duiïj dépensait $11,000 pour travaux publics extraor-
dinaires, et il se trouvait avoir un surplus !
Or, en 1893, nous avons dépensé, en travaux publics extra-
ordinaires $342,792.90 ; si nous n'avions dépensé que 811,000,
nous aurions donc eu un surplus de $331,000 ! En 1894, il y
a eu $890,955.24 de travaux extraordinaires, et nul doute
qu'en réduisant cotte somme à $11,000, nous avions un dodu
surplus de $379,000. En 1895, les travaux publics ne nous
ont coûté que $152,490.01, ce qui, moins les $11,000 de M.
Duffy, nous donnait un excédant de $141,000 ! Enfin, en
1896, la dernière année, sous notre contrôle entier, ces tra-
vaux ont absorbé $58,485.34, lesquelles, moins $11,000, lais-
saient un surplus de $47,000 au crédit des conservateurs !
La dernière année à propos de laquelle on fait tant de
bruit nous a coûté en travaux extraordinaires $176,832.28,
que l'on a bien droit de faire valoir contre les $11,000 de
M. Du% en diminution du déficit de $984,000.
Voit-on bien maintenant comment on fabrique des surplus :
on se croise les bras et les surplus croissent comme des cham-
pignons.
Reste à savoir si le pays s'en portera mieux.
Je pourrais faire la même comparaison pour la colonisation
et l'agriculture, mais cela me mènerait trop loin pour le
moment.
Et malgré toutes ces diminutions dans les services essen-
tiels au développement du pays, le gouvernement est resté
en dessus de la dépense des conservateurs, durant les quatre
années dont ils sont responsables.
Où donc est ce travail sérieux de retranchement et d'éco-
nomie ? il n'existe nul part, puisque les ministres ont dépensé
en l'année du surplus plus que nous pendant chacune de ces
quatre années.
Qu'on le prenne au point de vue de la dette, de la taxe, de
nos déficits, la conduite des conservateurs est irréprochable
et il en découle clairement qu'ils ont diminué la dette, qu'ils
— 19 —
ont fait face aux terribles déficits légués a eux par Mercier,
par une économie sage et vigoureuse et que s'ils ont eu des
travaux énormes à opérer ils sont restés, .dans tous les cas,
bien au-dessous des libéraux, même dans les dépenses ordi-
naires de l'administration.
M. Dutiy est tombé simplement dans la note comique
quand il leur reproche d'avoir augmenté la dette publique de
$3,869,86.10 et la dette consolidée de $9,021,334.07 quand il
leur reproche des déficits imputables aux grands travaux
publics, c'est-à-dire an capital non aux dépenses ordinaires
d'administration.
II
JLF. CABINET j»IAKCHA:ND
Monsieur Duffy pour mieux faire ressortir la grandeur de-
son héros, nous le présente entouré de difficultés qu'on dirait
insurmontables et dont la mention est de nature à jeter les
croyants dans les transports de la plus vive admiration :
Arma vinunque cano^ je chante le héros qui, au milieu de
tant d'obstacles, a relevé la province ! Ce qu'il lui a fallu
d'habileté, de courage et d'aptitudes géniales pour les afifaires
et les finances ! Tantœ molis erat romanam condere gentem —
se dit-on malgré soi, en songeant à l'auteur de notre restau-
ration et au barde qui le chante.
Tâchons de rendre à sa taille naturelle celui que l'on veut
placer au-dessus des Joly, des Chapleau, des Mercier et
faisons bien voir quel chalumeau de paille sert à porter aux
échos les accents lyriques du Commissaire des Travaux
Publics.
La tâche de M. Marchand était des plus difti elles, dites-
vous.
En quoi ?
—On lui enlevait des taxes, au montant de $272,000 ; l'in-
térêt sur le chemin de fer du Pacifique était diminué de §32,-
214 ; l'intérêt de la dette augmenté de §60,000 ; les subven-
tions à l'instruction publique portées à 850,000 de plus ; la
réorganisation des départements devait nous coûter §16,000
de plus, et enfin, le nombre additionnel des aliénés allait nous
entraîner une dépense de §22,000 de plus qu'avant. Et ce
— 20 —
sont là les difficultés dont s'est trouvé entouré le héros du
poème lyrique de l'honorable Commissaire des Travaux
Publics !
Mais qu'eut-il donc dit, si au lieu de M. de Boucherville
M. Marchand eut été appelé à succéder à M. Mercier.
Au lieu d'une dépense ordinaire de $5,165,049.43 nous lui
laissions une dépense ordinaire normale de $4,099,707.52 en
1896, et au lieu d'un revenu ordinaire de §3,750,813.34, en
1891 nous lui procurions un revenu ordinaire de $4,236,015.14
■en 1897-98 même après avoir aboli certaines taxes.
Il héritait de $163,455.28 de taxes sur les successions ; la
<iiminution de $32,000 sur l'intérêt du Pacifique était com-
pensée par les $34,000 qu'il retire de la conversion de la
dette ; l'intérêt de la dette $60,000 se trouvait plus que ren-
contrée, ainsi que l'augmentation du dépenses provenant de
la réorganisation du parlement et de l'entretien des aliénés
3)ar la taxe sur les successions. Et enlin les $50,000 pour
l'instruct'ou publique étaient une bagatelle puisque M. Âlar-
chand s'était fait tort de porter ce crédit à $200,U00 !
D'ailleurs M. Marchand n'était-il pas au-dessus de toutes
ces misères lui qui avait prouvé clair comme les rayons du
plus brillant des soleils, qu'en 1893 les conservateurs ayant à
faire face à plus de dix millions d'engagements Mercier et à
des délicits annuels de $1,500,000 pouvaient parfaitement se
tirer d'affaire sans emprunter et sans taxer ! (Journaux de la
Chambre 1893, pp. 325, 326, 327).
M. Duffy l'ignore peut-être, car s'il eût connu ce détail il
n'aurait pas trouvé si grandes les difficultés qui entouraient
M. Marchand ni si abracadabrants les triomples qu'il a rem-
portés dans Tarêne de la finance.
Quoi ! si nous pouvions, en 1893, avec les charges que je
viens de mentionner, ramener la dépense ordinaire à $3,000-
000 quand nous l'avions prise à $5,000,000, combien plus
aisément M. Marchand pouvait sortir d'embarras avec une
dépense ordinaire de $4,099,707 eu 1896 et une recette nor-
male de plus de $4,300,000.
Et si M. Marchand a droit à l'admiration des générations
présentes et futures pour avoir maintenu l'état de la recette
et de la dépense au même niveau que nous, du moment qu'il
ne s'engage dans aucune entreprise quelconque, quels droits
n'avons-nous pas à la gratitude de la population pour avoir
— 21 —
diminué de $800,000 la dépense ordinaire de l'administra-
tion de cette province ?
Nous ne tenons pas à poser en régénérateurs de l'adminis-
tration, en sauveurs du peuple, mais nous tenons à l'estime de
nos compatriotes et au bon nom du parti conservateur que
nul d'entre vous, Messieurs de la droite, n'êtes de force à
ternir.
I.ES SUCCES I>E 31. mAKCHANn !
Il a diminué la dette, dit M. Duffy. ISTon, par lui-même ;
oui, si l'on tient compte des résultats de la conversion, admis
par lui maintenant, mais qu'il repoussait, étant chef de
l'opposition, comme illusoire, sinon nuisible k notre crédit.
CE SUKPI.I]»
M. Marchand a obtenu un surplus !
Mon honorable collègue M. Atwater nous en a fait voir
l'inanité. Le surplus n'étant pas visible à l'œil nu, dans le
coiFre de M. Marchand, mon honorable ami a dû lui braquer
dessus les rayons X et qu'est-il arrivé ? c'est qu'au lieu d'un
surplus on a découvert un déficit de Îi5l41,000.
Il est bie'n vrai que M. Duôy proteste contre ce procédé
et il accuse mon honorable ami d'essayer de faire disparaître
la progéniture de monsieur le Trésorier.
Voilà une accusation grave en eflet, car si je me rappelle
bien la loi, la suppression d'enfant est un crime des plus
sévèrement punis par notre code pénal. A cela M. Atwater
répond qu'on ne peut accuser de suppression d'enfant quand
il n'y a pas d'enfant du tout, (^uant à nous qui sommes du
juré, nous avons cru entrevoir un soupyon de surplus, un
fœtus, mais si petit, si embryonnaire que vraiment nous ne
pouvons déclarer coupable de suppression l'honorable député
de la division Saint-Laurent (M. Atwater).
Singulier surplus vraiment que celui que le gouvernement
fabrique aux dépens du salaire des employés, au dépens des
services essentiels à toute bonne administration, et au moyen
de reports de comptes d'une année sur une autre année.
Ces reports on les admet maintenant qu'il s'agit de mon-
trer un surplus libéral mais on les condamnait sans merci
— 22 —
quand M. Marchand décidait de placer un déficit de $800,000
-à $900,000 à la charge des conservateurs.
Mais le temps de la rétribution est arrivé et tous les hom-
mes d'affaires savent à quoi s'en tenir sur le compte de M.
Marchand. Non seulement il s'est vanté d'un surplus qu'il
n'a pas, mais il a caché le véritable état de nos affaires ; il a
eu recours à la dissimulation et ce n'est que bribe par bribe
et comme avec des tenailles que nous avons pu lui arracher
la vérité sur nos finances à la date où il proclamait le fameux
surplus.
L'homme d'affaires, le marchand qui donnerait à ses
créanciers un état aussi dissimulé de sa situation passerait
pour un homme sans scrupule qui sent le besoin de couvrir
de sous-entendus et de restrictions une situation de fortune
compromise.
1.4 KEOLi: I>E M. HARCHA.lfD
M. Duffy s'est efforcé d'expliquer la règle posée par M.
Marchand de ne pas reporter sur l'année suivante des dettes
attribuables à l'exercice qu'il s'agit de liquider.
Je ne puis concevoir qu'un homme sérieux ait recours à
de telles arguties, et 'certes je n'aurais pas pensé que les con-
servateurs dussent sitôt être vengés de l'injustice criante
commise par M. Marchand d'avoir mis à notre charge tout ce
qu'il lui a été possible de trouver de dettes de toutes sortes,
pour grossir, ou plutôt pour créer une partie du déficit qu'il
leur reproche pour 1896-97.
M. Duffy nous dit que c'était notre coutume et que M.
Marchand la suit. Dans ce cas pourquoi nous en a-t-il enlevé
le bénéfice en 1897, puisqu'il devait la rétablir en 1898, un
an après. Il est difficile de montrer plus de mauvaise foi
et de duplicité.
Je ue m'arrêterai pas davantage aux explications boiteuses
que donne M. Duffy de la conduite de M. Marchand ni à
discuter les chiffres qu'il torture pour faire voir que ces mes-
sieurs ont dépensé moins que nous. Ils s'ingénient à com-
parer leur administration avec la nôtre en prenant comme
base l'année de leur surplus de $15,000 et l'année 1896-97
dont ils sont partiellement responsables. J'ai fait voir la
déloyauté de ce procédé. Je suis convaincu que le public
1
— 23 —
ratifiera ce jugement et tiendra compte plutôt des quatre
années précédentes dont nous sommes entië rement respon-
sables et qui sont toutes à notre louange si on les compare à
l'administration Mercier et même à l'administration Mar-
chand qui a tout négligé pour arriver à ce ridiculus mus
qu'on peut appeler un surplus putatif.
III
I.ES SEKVICES Eî!»SEXTIi:i.S KENDUN
INEFFICACES
La dernière question que j'ai à me poser est-celle-ci ? Le
gouvernement actuel reraplit-il ses fonctions envers le pays
en ce qui a rapport à l'agriculture, à la colonisation et l'ins-
truction publique?
Je ne parlerai pas de ses promesses. Il n'en a tenu aucune.
Il a déshonoré les engagements réguliers de ses prédéces-
seurs, et pour arriver à se vanter d'un surplus, il a laissé
stationnaire la marche de l'agriculture, il a fait reculer la"
colonisation et loin d'encourager l'instruction publique par
une subvention additionnelle de $200,000, il a rogné sur ce
service, essentiel, s'il en est un, au développement légitime
de la province.
E^AOKICULTU RE
Commençons par l'agriculture, la mère nourricière du genre
humain, a-t-on dit, et la cause première de la prospérité de
cette province avant tout agricole.
On s'est moqué de la machine agricole et il était décrété
que celui qui s'en moquait davantage serait appelé à en
prendre la direction.
JSotre machine agricole couvrait tout le terrain du progrès
qu'il était possible de couvrir et elle mettait en œuvre tous
les moyens de succès qu'il était possible d'invoquer.
Sous cette puissante impulsion nous avons crée un mouve-
ment de progrès général que les hommes d'affaires, les ban-
quiers, les grands expéditeurs de beurre et de fromage, se
sont plus à reconnaître à quel^que parti qu'ils appartinssent.
Et aujourd'hui nos adversaires recueillent, ici, comme
— 24 —
dans chaque département, le fruit de nos travaux, de nos
économies en certains services et de notre politique vigou-
reuse en d'autres services.
Quant à eux-mêmes ils ne font rien pour entretenir le
mouvement, ils l'ont enrayé, et nous marchons à reculons
aujourd'hui.
En 1895, nous dépensions pour l'agriculture §200,330
En 1896 166,464
En 1897 230,795
Dès 1898, alors que le gouvernement libéral pouvait diri-
ger un budget considérablement dégrevé, il réduisait l'agri-
culture à $197,226, et en 1899, l'année modèle, je dirais,
jubilaire, si je ne craignais de commettre un sacrilège, l'année
du surplus, quoi ! l'assistance à l'agriculture baissait à
$136,243, différence sur notre dernière année de §9 .£,552,
soit six surplus de la taille de celui de M. Marchand ; diffé-
rence sur l'année 1896 de $30,000, soit deux surplus ; diffé-
rence sur l'année 1895 de $64,000, un peu plus de quatre
surplus à la Marchand, surplus, il est vrai, chèrement acheté
aux dépens de l'agriculture.
tA COLONISATION'
Et la colonisation ! Cette œuvre nationale par excellence
a-t-elle bien avancée depuis que nous avons été remplacés au
pouvoir.
Demandez à M. David qui, à l'ouverture de sa croisade
pour la colonisation, en juillet dernier, demande au gouver-
nement de former un fonds au moyen d'une taxe spéciale et
vous déclare qu'il faudrait $125,000 de plus que le montant
maintenant consacré à la colonisation.
Est-ce le temps vraiment de diminuer les octrois de deniers
à la colonisation ?
Ecoutez le Père Cottet qui mettant le gouvernement dans
le secret des misères de la colonisation dans la région du
Nominingue et de la Lièvre constate que, sans un chemin
de fer, le mouvement de colonisation va subir un recul formi-
dable et que ces régions vont se dépeupler.
Demandez à votre dévoué agent de colonisation, M. L.-E.
Carufel, qui constate une diminution considérable dans la
région du nord de Montréal et dans celle du Témisca-
mingue.
Demandez même aux colonisateurs du Lac Saint-Jean.
On me dit que dans la région de Témiscouata les choses
ne vont pas mal. J'en suis heureux, mais ailleurs?
Que les députés qui représentent des champs de colonisa-
tion disent franchement à la Chambre si tous ceux qui s'inté-
ressent à cette œuvre essentielle au développement de la
province ne se plaignent pas de deux choses qui paralysent
le mouvement de colonisation : le manque de chemins et la
sévérité de l'interprétation des lois et des règlements du
département des Terres de la Couronne qui se propose avant
tout de faire entrer de l'argent au coflfre.
On veut des surplus, des revenus ; on sait bien que le colon
ne peut donner que le surplus de son courage, de son
héroïsme, et on le sacrifie au surplus de M. Marchand.
Virtus post nummos.
En 1895, notre gouvernement, sortant péniblement des
embarras financiers dont il avait hérité, dépensait cependant
$86,000: en 1896, $116,100 et en 1897, 8169,900, contre
S79,000 durant l'exercice courant, dirigé par nos adversaires
soit $90,000 de plus, en faveur des colons, ce qui en bonne
arithmétique représente exactement six surplus de la dimen-
sion du fameux surplus de M. Marchand.
Encore une fois, triste surplus que celui qu'on a été obligé
de créer au dépens de la colonisation.
CHEMINS I>E FER
Un mot des chemins de fer avant que je parle de l'instruc-
tion publique.
J'ai toujours favorisé la construction de chemins de fer
dans la province, et reconnaissant que l'initiative privée, chez
nous, n'est pas assez impulsive ou assez stimulée par l'appât
des profits pour se jeter dans ce genre d'entreprise, j'ai tou-
jours cru nécessaire l'assistance des gouvernements.
J'admets qu'il y a eu énormément d'abus par suite du
manque d'études générales du pays au point de vue de la
nécessité et de la viabilité de ces entreprises, au point de vue
du degré d'importance ou d'indispensabilité des différentes
lignes.
On eût dû, dès l'origine, procéder comme en France avant
de lancer le gouvernement dans la [lolitique de subventions
et décréter certaines lignes comme d'importance nationale,
d'autres comme d'importance secondaire, mais il est trop
tard et contcntonp-nous de songer à l'avenir.
Il y a des lignes de chemin de fer indispensables à la colo-
nifation ; je dirai du côté de la Gaspésie, peut-être de Témis-
couata, et dans tous les cas, dans le nord de la Vallée
d'Ottawa, de Labelle ou Témiscamingue, ligne d'importance
égale à la ligne d'Ottawa à Québec au point de vue de la
colonisation, de l'exploitation de certaines mines, de nos
forêts et de nos ressources sportiques.
Le gouvernement a tout rejeté : il n'a pas même fait des
démarches qui n'auraient pas coûté un sou au Trésor et
auraient pu engager des compagnies sérieuses dans ces entre-
prises.
Rien, de rien n'a été fait et quand M. Dufly vient nous
dire que le Grand-Nord doit quelque chose à son gouverne-
ment, je dis non, il ne lui doit rien du tout, il doit tout aux
conservateurs, combattus là même par certains de nos adver-
saires.
L'honorable Commissaire des Travaux Publics se trompe
également — et cela peut nous surprendre doublement puis-
qu'il s'agit de son département — quand il dit que " les che-
mins du Pontiac et de la Gatineau sont en voie de construc-
tion rapide."
Pas un mille de ces chemins n'a été construit de par la
politique du gouvernement. Et comme question de fait, ils
sont arrêtés l'un et l'autre en plein champ : le premier comp-
tait 71,000 milles le 30 juin 1897 ; le 30 juin 1899, il comptait
71,000 ; le second 54| en juin 1897, 56.50 en 1898, et en
1899 il n'a pas raccourci, il compte encore 56.50.
Comment un ministre de la Couronne peut-il se sentir
assez de courage pour avancer un fait que tous les rapports
officiels contredisent, c'est ce que je ne puis comprendre. Il
devrait suffire à l'honorable Monsieur de se vanter de ce que
fait son gouvernement et encore davantage de ce qu'il ne fait
pas, sans qu'il vienne, par-dessus le marché, se vanter ou van-
ter son gouvernement de ce que les autres font ou ne font pas.
— 27 —
L.'I.\STKrCTiO.\' PUBnUlJK
J'arrive maintenant à la question capitale qui absorbe tant
l'opinion publique, parce qu'elle avait compris de ces Mes-
sieurs, de leurs promesses, que nous allions enfin, dans le
corps d'un gouvernement libéral, posséder des hommes de
progrès, décidés à rompre tous les préjugés pour pousser de
l'avant la cause de l'enseignement dans la province.
M. Dufl:y s'est amusé à fendre les cheveux pour démon-
trer que le gouvernement s'est conformé à la loi, et qu'on a
distribué à qui de droit ce qui lui revenait des fonds de
l'éducation, et il a conclu par un aveu qui couvre une énor-
mité, en disant : " nous payons à fur et à mesure des exi-
" gences. Nous payons ce que nous devons, et, la dépense,
" l'année prochaine, sera plus élevée, et, si cette année, noue
" avons fait des économies, c'est pour nous permettre de
" payer les cartes, les livres, quand arriveront les échéances."
En un mot, nous n'avons pu trouver de place pour les
$50,000 votées par M. Flynn en outre des allocations ordi-
naires à l'instruction publique, mais nous nous réservons pour
l'an prochain.
Comme si la balance des §50,000 allait retomber au Trésor,
sans un vote nouveau.
Et d'ailleurs, comment ! M. Marchand déclarait que l'Ins-
truction publique réclamait §200,000 de plus au lieu de S50,-
000 et il n'a pu trouver à placer les $50,000 que la Législa-
ture lui a votées unanimement.
Farce, misérable farce qui prouve de deux choses l'une :
ou que le gouvernement ne connaît pas les besoins de l'ins-
truction publique dans cette pnjvince, ou qu'il ne veut pas
s'en occuper et y mettre tout l'argent qui lui revient, pour
se créer un surplus, toujours le même surplus au dépens d'un
service sacré, le service de l'enseignement populaire.
Ici encore, je prends les comptes publics laissant à M. le
Commissaire des Travaux Publics le soin d'ergoter sur les
subtilités légales.
Combien avons-nous voté pour l'instruction publique pour
1898-99? §412,010.00, y compris évidemment le fonds de
§50,000 créé par le gouvernement Flynn.
Combien le gouvernement a-t-il dépensé ? §375,143.28,
— 28 —
soit $36,866.72 de moins que la Chambre l'avait autorisé à
dépenser. Je dis autoriser, mais c'est ordonné que j'aurais
dû dire, car tout vote pour l'instruction publique est un
ordre, un commandement.
$36,000 ! mais c'est plus que deux surplus à $15,000 la
pièce, et combien n'ai-je pas raison de dire que ce fameux
surplus est acheté, ici encore, au dépens de l'un des services
les plus essentilles au progrès, à la supériorité de notre pro-
vince.
Je me résume :
La dette publique loin d'avoir été augmentée par nous a
été diminuée de $2,018,000 de subsides de chemins de fer
devenus caducs par l'opération de notre loi de 1893 ; de
$1,500,000 en chiffres ronds par le rachat à 17.50 cents
des seconds 35 cents qui se montaient à plus de $3,000,000.
A ces deux réductions il faut ajouter, pour avoir une idée
exacte de la diminution opérée par nous sur la dette, l'aug-
mentation nominale de notre dette consolidée causée par la
conversion en 3 pour cent de l'emprunt de Paris opéré 'par
M. Hall en 1893, soit $1,216,585, et la même augmentation
provenant de la conversion en cours, d'après M. Duffy lui-
même $918,000.
La dette, consolidée par nous, a été toute créée par M.
Mercier, a l'exception du rachat des seconds 35 cts et M.
Duôy en nous accusant d'avoir augmenté la dette consolidée
de $9,021,334, commet la même injustice ou la même bévue
que si on accusait un administrateur de convertir en obliga-
tion à taux réduit d'intérêt des billets portant des taux
usuaires.
Nos déficits annuels n'existent pas, si comparant notre
administration à celle de M. Marchand on tient compte de
ce que nous avons dû payer pour travaux extraordinaires
que M. Shehyn imputait au capital pendant que, sur l'initia-
tive de M. Hall, toutes ces dépenses ont été depuis 1898
imputées aux opérations de caisse ordinaires.
Les taxes nouvelles au montant de $2,262,452,55 ont servi,
pendant cinq ans à faire face, avec nos économies, à un bud-
get qui se soldait par $1,500,000 de déficit sous M. Mercier.
Nous ne les avons pas empochés ces taxes et aussitôt que
— 29 —
la situation eut été améliorée nous les avons abolies en très
grande partie.
Les emprunts ont rapporté aux gouvernements conserva-
teurs, exactement $5,532,691.00, à même quoi nous avons
payé:
Subsides aux chemins de fer $3,388,394 22
Remboursement des dépôts de garantie des
compagnies de chemins de fer 1,137,614 25
Palais de justice de Montréal 540,991 37
Dépenses sDécialcs du 17 décembre 1891 au 30
juin 1892 407,923 48
Ponts en fer 106,197 00
Ecole normale Jacques-Cartier 130,357 21
Ecole normale McGill 21,980 00
Réclamation Charlebois 40,063 00
Palais de justice de Hull 25,086 34
Palais de justice de Bryson (Pontiac) 15,790 50
Débentures, Palais de justice de Fraserville. . . 20,000 00
Montant payé à l'acquit de la dette flottante
par les conservateurs $5,835,397 37
Montant perçu par voie d'emprunt par les con-
servateurs 5,532,691 00
Difîerence en faveur des conservateurs $ ^')02,706 37
C'est-à-dire que le gouvernement conservateur a pa^'é, sur
les différents chefs de la dette flottante étmmérés dans le
préambule de la loi d'emprunt décrétée par l'administration
Mercier en 1890, $300,000 en chiffres ronds de plus que le
montant qu'il a reçu par les emprunts faits en vertu de
cette loi.
Cette différence, il l'a payée à même les surplus de reve-
nus qu'il a obtenus, grâce à sa prévoyance, à sa sage admi-
nistration et aux quelques impôts additionnels qu'il a fait
voter.
On nous reproche nos dépenses. Faisons la comparaison :
— 30 —
Voici le tableau, correct celui-ci, des dépenses des deux
régimes :
Régime libéral
1887-88 (Comptes Publics, p. 13) S 4,054,467
1888-89 ( " " p. 13) 3,949,078
1889-90 ( " " p. 15) 4,700,256
1890-91 ( " " p. 17) 4,915,774
Total pour les 4 aus $17,619,575
Régime conservateur
1892-93 (Comptes Publics, p. 15) $ 4,190,522
1893-94 ( " " p. 13) 4,267,946
1894-95 ( " " p. 11) 4,195.727
1895-96 ( " " p. 13) 4,099,707
Total pour les 4 ans |16,753,902
Ce qui donne le résultat suivant :
Dépenses, régime libéral . . . $17,619,575
" " conservateur 16,694,383
914,192
Cette comparaison démontre donc que les conservateurs
ont dépensé $914,192 de moins que les libéraux durant le
même espace de temps, — quatre ans dans les deux cas.
La moyenne de la dépense libérale, que l'on obtient en
divisant par 4 le chittre de $17,619,575, est de $4,404,893
par année.
La moyenne de la dépense conservatrice, que l'on obtient
également en divisant par 4 le chiffre de $16,694,383, est de
$4,173,595 par année.
Etablissons la différence
Moyenne libérale $ 4,404,898
Moyenne conservatrice 4,173,595
Différence en faveur du régime conservateur.. .$ 231,1^98
Et cela en dépit de l'augmentation du service de la dette,
qui fait une différence de $274,410 dans la moyenne à notre
— 31 — •
détriment, comme nous l'avons vu tout à l'heure. Ce qui
signifie que le gouvernement conservateur a dépensé en
moyenne au delà de S500,000 par année de moins que le
gouvernement libéral.
Voilà le résumé de notre régime que par un manque d'étude
ou un parti pris inexplicable, M. I)utfy a entrepris de con-
tester et de couvrir de boue.
Il ne réussira pas car la vérité est plus forte que toutes les
arguties savamment agencées pour répandre le mensonge et
semer la calomnie.
COi\CXUSION
C'est nous qui avons pris l'administration du pays dans
une situation désespérée et c'est nous, qui, les travaux publics
terminés et les remboursements de dépôts aux chemins de
fer du pays, payés, dépôts criminellement accaparés pour
entretenir l'orgie du régime Mercier, avons rétabli la dépense
ordinaire au chitfre normal de $4,000,000, laissant à nos suc-
cesseurs le soin de l'y maintenir, ce qu'ils ont été incapables
de faire.
C'est nous qui ayant pris la dette totale de la province à
$35,842,147.10 ou plutôt, d'après M. Taillou en tenant compte
de tous les subsides de chemins de fer à $38,106,(354.08
l'avons réduite à S34,1'J6,654.08.
C'est nous qui avons relevé le crédit de la province com-
promis par M. Mercier et avons réussi à vendre nos obliga-
tions à prime.
C'est nous qui, après avoir déboursé des millions, pouvons
nous dresser en face de nos accusateurs et les défier de trouver
dans toute notre administration un acte reprochable au point
de vue d'une honnête administration.
Et vous jouissez du fruit de notre travail en frelons qui
n'avez rien fait ! Et vous trouvez de l'amertume dans le
miel que vous n'avez pas fabriqué ! — Sic vos non vobis.
Et si encore vos vantardises injustes et déloyales à notre
égard pouvaient vous permettre de dire que vous employez au
bien de la patrie la somme de travail qu'il nous a fallu pour
sortir la province de l'abîme du déshonneur et de la banque-
route oii elle était plongé ; si vous aviez le courage de pro-
— 32 —
fiter de la succession prospère, relativement, que nous vous
avons léguée pour continuer les œuvres essentielles à l'avenir
de cette province, nous nous en réjouirions; pour ma part je
vous seconderais de toutes mes forces.
Mais c'est le contraire que vous faites proclamant, malgré
tous les faits que je viens d'établir, proclamant par la bouche
de votre Premier que c'est au prix de votre politique mes-
quine, étroite, pusillanime et aveugle, que les institutions de
cette province peuvent être sauvées.
Erreur coupable, qui nous conduit de jour en jour de
déchéance en déchéance et qui fait que l'élément dominant
dans votre sein est celui-là précisément qui voudrait le moins
possible que nos Canadiens-français pauvres et délaissés
progressent sur leurs terres, qu'ils aillent en plus petit nom-
bre possible défricher la forêt, les aimant aux Etats-Unis
plutôt que dans notre pays ; élément qui reste tout à fait
indifférent à la participation des nôtres à ce pain de vie
nationale que procure chaque jour la manne de l'instruction.
Et vous parlez d'abolir : les têtes dirigeantes parmi vous
ne sont bonnes qu'à cela ; c'est le malheur d'un parti qui fut
le parti libéral et qui eut de beaux jours.
Mais abolissez donc après avoir tout amoindri, tout rape-
tissé, après nous avoir réduit au rôle d'un conseil municipal.
Abolissez, rapetissez tout ce que vous touchez en attendant
que le peuple prononce votre mane, thecel, -phares et vous
abolisse à votre tour.