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Full text of "Les dessous du Congrés de Vienne : d'après les documents originaux des archives du Ministère impérial et royal de l'intérieur à Vienne"

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COMMANDANT  M.-H.  WRIl, 


LES  DESSOUS 

CONGRÈS  DE  VIENNE 

rt.M'IlKS   I.KS   |illi:r.MKNTS  nilllJ.VAI  X 

liKS    ^ItClllVKS   01     MI.MSTKHK   I.MI'KillAI.   IVÏ   liOVAI.    l».   I.'l>"l  I.IIIKI  t! 

A    VIHNXK 

TOME  PRKMIKR 


l'AklS 
LIBkAriilK    PAVOT    &    C 

106,    Borr.i:v,\Ki)    saint -(;i:kmai\ 

I!)17 


n 


LES  DESSOUS 


CONGRÈS  DE  VIENNE 


) 


y.' 


Tous  àroiti  de  iraducUon  et  de  reproduction  réaeroés  pour  tous 
pays,  y  compris  la  Hollande,  la  Suède,  la  Norvège,  le  Danemark» 
la  Finlande  et  la  Russie, 

Copyright,  1917,  hy  PAYOT et  C". 


COMMANDANT    M. -H.     WEIL 


LES  DESSOUS 

DU 

CONGRÈS  DE  VIENNE 


d'après  LB9  DOCUMENTS  ORIGINAUX 
DES   ARCBITES  DU  MINISTÈRE  IMPÉRIAL   BT  ROYAL   DE   L'INTÉRIEUR 


TOME   PREMIER 
(Juia  1814  -  4  janvier  I8I5) 


PARIS 
LIBRAIRIE     PAYOT    &    C" 

106,     BOULBTARD    S  AINT-GERHA  IM 

1917 
Toiu  droit!  réurréi 


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*    • 
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,  •  •  •    • 


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PRÉFACE 


Je  m'imagine,  plus  que  probablemest  à  tort,  que  le  nom 
du  baroQ  Hager,  ce  nom  qui  reviendra  forcément  presque  à 
toutes  les  pages  de  ce  livre,  pourrait  bien  n'évoquer  dans 
l'esprit  de  mes  lecteurs  que  des  réminiscences  assez  vagues. 
Or,  comme  on  aime  généralement  à  connaître,  au  moins  ap- 
proximativement, les  gens  auxquels  on  va  avoir  affaire,  il  m'a 
semblé  indispensable  de  commencer  par  présenter  le  per- 
sonnage autour  duquel  tout  va  graviter  dans  ces  deux  vo- 
lumes. Exclusivement  préoccupé  de  la  vérité,  sachant  quels 
soins,  quelle  minutieuse  exactitude  Wurzbach  avait  apportés 
à  la  confection  de  son  Grand  Dictionnaire  biographique  de 
la  Monarchie  austro-hongroise,  je  n'ai  pas  hésité  à  emprun- 
ter à  ce  remarquable  ouvrage  quelques  données  relatives  i 
la  carrière  de  l'homme  d'Etat  qui,  sans  mener  grand  bruit  et 
sans  qu'en  dehors  de  certaines  sphères  on  ait  jamais  beau- 
coup parlé  de  lui,  joua,  surtout  pendant  toute  la  durée  du 
Congrès,  un  rdle  de  la  plus  haute  importance  et  dans  des 
circonstances  particulièrement  difficiles  s'acquitta  avec  une 
remarquable  habileté  de  la  lourde  t&che  que  lui  imposaient 
ses  fonctions  de  Président  de  YOberste  Polizei  tmd  Censur 
Hofsttlle. 

Fils  du  feld-maréchal  lieutenant  François-Aloïs  baron  Ha- 
ger (1)  von  Altensteig  et  de  la  comtesse  Marianne  Schlik,né 
à  VieDneen  1760,1e  baron  François  Hager  fut  élevé  au  Thc- 


1.  Wanbach  donoe  comma  orthographe  du  nom  d«  famille  du  Prisident, 
Haafier  on  Hager.  D'autrei  ouvrages  de  biographie  s'en  liennent  i  Haager. 
Ouasti  mol,  j'ai  accordé  la  prirèrence  i,  l'orLhographe  Hâger  parce  que  toulpa 
lei  nombreuEe»  pièce*  ou  minute»  que  j'ai  eues  enlre  le*  main»  portent  sans 
eiccpfion  C«tte  liguature. 


VIU  PRÉFACE 

resianum.  Destiné  comme  son  frère  à  la  carrière  des  armes, 
il  entra  en  1783  au  régiment  de  cuirassiers  Garamelli  (aujour- 
d'hui, régiment  de  Dragons  n*  2,  comte  Paar).  Un  accident 
grave,  une  mauvaise  chute  de  cheval,  l'obligea  peu  de  temps 
après  à  quitter  Tarmée  et  à  passer  dans  l'Administration. 

C'est  ainsi  qu'on  trouve  Tancicn  lieutenant  de  cavalerie 
pourvu  dès  1786  d'un  emploi  de  commissaire  de  cercle  {Kreis 
com?nissfir).  Neuf  ans  plus  tard,  en  1795,  il  est  déjà  capitaine 
de  cercle  (Kreis  Haiiptmann)kTrsiiskirchcn  et  chargé  comme 
tel  de  l'administration  du  territoire  désisrné  sous  le  nom  de 
Unter  dem  Wiener  Walde.  Nommé  conseiller  de  Gouverne- 
ment et  appelé  en  1802  à  faire  partie  de  la  commission  qu'on 
venait  de  former  à  Vienne  pour  assurer  les  subsistances, 
promu  quelques  mois  après,  le  28  avril  1803,  conseiller  au- 
lique,  il  entrait  presque  en  même  temps  à  VOherate  Polizei 
iind  Censur  Hofstelle  (Ministère  de  la  Police  et  de  la  Cen- 
sure), dont  il  devint  le  Vice-Président  vers  le  milieu  de  Tan- 
née 1807  et  le  Président  en  mars  1812. 

Partout,  dans  les  différents  postes  que  le  baron  Hager  avait 
occupés  depuis  son  entrée  dans  l'Administration,  il  avait 
brillamment  marqué  la  trace  de  son  passage.  Presque  dès 
le  début  de  sa  carrière  de  fonctionnaire,  il  avait  eu  la  bonne 
fortune,  uniquement  due  à  son  mérite  et  à  son  intelligence, 
d'appeler  sur  lui  l'attention  de  Joseph  II,  très  frappé  parla 
justesse  et  la  profondeur  des  idées  émises  par  le  jeune  com- 
missaire de  cercle  dans  un  travail,  qu'il  fournit  au  moment 
où  on  s'occupait  de  rétablissement  d'un  plan  nouveau  de 
répartition  des  impôts.  Plus  tard,  dans  un  tout  autre  rayon 
d'action,  à  deux  reprises  pendant  qu'il  exerçait  les  fonctions 
de  capitaine  de  cercle  en  1797  et  en  1800,  il  eut  à  assu- 
rer le  cantonnement  et  les  subsistances  d'une  grosse  partie 
de  l'armée  autrichienne,  à  présider  à  la  levée  et  à  l'organi- 
sation des  volontaires  et  de  l'insurrection  hongroise,  à  diriger 
et  à  surveiller  les  travaux  de  défense  qu'on  avait  décidé  de 
faire  exécuter  sur  le  Semmering  et  dans  le  Wiener  Wald.  En 
1806,  après  la  paix  de  Presbourg,  l'Empereur  François  le 
chargea  en  qualité  de  commissaire  extraordinaire  d'une  mis- 
sion temporaire  dans  les  territoires,  qu'il  avait  administrés 


précédemment  et  qui  venaient  d'être  durement  éprouves  par 
le  passage,  les  mouvements  et  le  séjour  des  troupes,  les  ré- 
quisitions de  toute  espèce,  les  charges  et  les  horreurs  de  la 
guerre.  En  1809,  ce  fut  i  lui  qu'en  sa  qualité  de  Vicc-Fré- 
sideat  de  la  Polizei-Hofstelte  on  confia  le  soin  d'agir  sur 
l'opinion  publique  et  ce  fut  grftce  à  l'inQuence  qu'il  sut  exer- 
cer sur  les  esprits  que  tes  populations,  auxquelles  il  réussît 
à  faire  comprendre  la  nécessité  d'une  pareille  mesure,  ac- 
cueillirent, presque  avec  enthousiasme,  les  décrets  qui  ordon- 
nèrent la  levée  et  la  formation  de  la  Lam/iceky. 

Instruit,  intelligent,  doué  d'un  esprit  aux  vues  larges,  d'une 
extraordinaire  activité  et  d'une  rare  capacité  do  travail,  mo- 
dérant et  adoucissant  dans  la  limite  du  possible  les  rigueurs 
souvent  excessives  et  irritantes,  presque  toujours  brutales, 
de  la  Censure,  llagcr,  grftce  à  l'urbanité  qu'il  sut  déployer 
dans  l'exercice  de  ses  délicates  fonctions,  grftce  au  tact  qui 
ne  lui  lit  que  bien  rarement  défaut  (même  lorsqu'il  lui  fallut 
faire  exécuter  des  mesures  contre  lesquelles  il  avait  vaine- 
ment protesté),  parvint  à  se  concilier  les  sympathies  générales, 
à  s'assurer  même  l'estime  de  la  plupart  des  personnages 
amenés  à  Vienne  par  le  Congrès.  Bien  peu  parmi  ces  der- 
niers eurent  l'occasion  de  formuler  des  plaintes  contre  la  sur- 
veillance à  laquelle  ils  se  savaient  tous  soumis,  et  qui,  malgré 
la  prudence  et  la  discrétion  qu'on  avait  recommandées  et  im- 
posées au  personnel  chargé  de  s'en  acquitter,  ne  fut  pourtant 
ni  moinsattentive.ni  moins  8errée,ni  surtout  moins  fructueuse. 

Chambellan  de  l'Empereur  du  1"  octobre  1797  et  conseil- 
ler intime  en  février  1809,  malade,  fatigué,  usé  par  le  travail 
et  par  la  tension  continuelle  de  toutes  ses  facultés,ob]igé  par 
son  état  de  santé  de  se  démettre  de  ses  fonctions  dans  les 
premiers  jours  de  l'année  1816  et  d'aller  chercher  dans  un 
climat  plus  doux  la  réparation  des  forces  qu'il  avait  dépen- 
sées au  service  de  son  pays,  Hagcr  reçut  de  son  Empereur  le 
20  juin  1816  un  éclatant  témoignage  de  sa  satisfaction,  une 
récompense  aussi  rare  que  précieuse,  la  Grand-Croix  de  l'Or- 
dre de  Léopold.  11  n'en  devait  pas  jouir  bien  longtemps  cl 
moins  de  six  semaines  plus  tard,  le  31  juillet,  il  mourait  à 
Stra,  à  une  dizaine  de  kilomètres  de  Padoue. 


X  PRÉFACE 

On  connaît  maintenant,  au  moins  dans  ses  grandes  lignes, 
les  principales  étapes  de  la  carrière  si  bien  remplie  du  baron 
Hager;  on  trouvera  un  peu  plus  loin  dans  V Avant-Propos  un 
résumé  des  origines  et  du  développement  de  la  police  secrète 
autrichienne,  un  aperi^u  de  l'organisation  et  du  fonctionne- 
ment de  ses  principaux  services  au  moment  du  Congrès,  et 
mes  lecteurs  seront,  il  me  semble,  aussi  bien  renseignés  que 
moi  et  suffisamment  au  courant  du  jeu  des  différents  organes 
de  cette  vaste  et  curieuse  machine  lorsque  j'aurai  essayé 
d'esquisser  ici  en  quelques  lignes  la  façon  dont  étaient  réglés 
les  rapports  du  président  de  la  Polizei-Hofsiel/e  avec  les 
autres  Départements  et  surtout  avec  rEmpereur. 

A  rinstar  de  ce  qui  se  passait  à  Paris  pendant  toute  la  durée 
<lu  règne  de  Napoléon,  le  baron  Hager  correspondait  directe- 
ment et  journellement  avec  son  souverain.  Il  y  avait  cepen- 
dant (je  ne  fais  naturellement  allusion  ici  qu'aux  rapports 
fournis  par  la  police  secrète)  d'assez  sensibles  différences  entre 
la  nature  des  questions  traitées  et  des  objets  exposés  dans  le& 
bulletins  quotidiens  de  Fouché  ou  de  Savary  et  la  contexture 
et  le  caractère  des  pièces  et  des  sujets  sur  lesquels  Hager 
appelait  tous  les  jours  dans  son  bordereau  l'attention  du  père 
de  Marie-Louise.  Je  m'empresse  d'ajouter  que,  si  les  deux 
empereurs  s'intéressaient  tous  deux  au  plus  haut  degré  aux 
documents  que  leurs  ministres  de  la  police  leur  présentaient^ 
ou  leur  faisaient  parvenir  lorsqu'ils  étaient  absents,  la  curio- 
sité de  François  !•',  pour  être  d'une  tout  autre  nature  que 
celle  de  sou  gendre,  n'était  pas  pour  cela,  tant  s'en  faut,  plus 
facile  à  contenter.  Gela  posé  en  passant,  et  laissant  d'ailleurs 
de  côté  ici  tout  ce  qui  a  trait  à  une  autre  branche  des  services 
dirigés  par  le  baron  Hager,  aux  rapports  de  la  Police  générale j 
je  me  bornerai  àfaire  remarquer  qu'au  bordereau,  qui  accom- 
pagnait tous  les  jours  l'envoi  des  papiers,  dont  l'ensemble 
forme  aujourd'hui  l'énorme  dossier  des  Akien  des  Wiener 
Congresses,  était  jointe  une  sorte  de  table  des  matières,  d'in- 
dex de  ces  pièces  de  provenances  fort  différentes,  qu'on  avait 
bien  soin»  de  classer  séparément  et  de  repartir  en  trois  caté- 
gories et  de  placer  sous  trois  rubriques  absolument  distinctes- 
les  unes  des  autres. 


L'une  de  ces  catégories,  celle  que  daus  l'éDoncé  de  ses  en- 
vois quotidiens  Ha^er  désigne  bous  le  nom  de  Die  materiellen 
Rapporte,  ne  contient  en  effet  que  les  rapports,  d'ailleurs  sou* 
vent  assez  intéressants  à  cette  époque,  des  agents  ordinaires 
chargés  de  la  surveillance  directe,  occulte,  mais  incessante, 
des  principaux  personnages  venus  à  Vienne  pour  le  Congrès. 

La  seconde  a  déjà  une  valeur  plus  considérable,  une  portée 
un  peu  plus  élevée.  Elle  renferme  toute  la  série  des  rapports 
émanant,  non  plus  de  subalternes,  de  mercenaires,  de 
simples  policiers,  mais  de  confidents  recrutés  avec  un  soin 
toQt  particulier,  d'un  rang  et  d'un  niveau  sensiblement  supé- 
rieurs, plus  ou  moins  largement  rétribués  sur  le  budget  spé- 
cial de  la  Polizei  HofsfeUe,et  même  de  collaborateurs  encore 
plus  haut  placés,  de  personnages  offrant  leurs  services  par 
patriotisme,  et  naturellement  à  titre  purement  gracieux. 

Enfin,  la  dernière  catégorie,  de  beaucoup  la  plus  curieuse, 
la  plus  intéressante  et  la  plus  précieuse,  se  compose  parfois 
de  chiffons  —  quand  on  a  pu  s'en  procurer,  quand  on  a  réussi 
à  ramasser  d'abord,puis  à  reconstituer  les  lettres  ou  les  mi- 
nutes des  dépêches  déchirées,  incomplètement  détruites,  ou 
insufîîsamment  brûlées  par  leurs  auteurs  ou  leurs  destina- 
taires,— mais  en  revanche  presquejourncllement  d'un  nombre 
variable,  le  plas  souvent  assez  considérable,  de  dépêches  on 
de  lettres  interceptées,  déchiffrées,  analysées  ou  même  copiées 
in  extenso  (toutes  les  fois  que  le  temps  et  les  circonstances 
le  permettaient]  par  la  Manipulation,  appellation  plus  euphé- 
mique dont  on  se  servait  pour  désigner  le  Cabinet  Noir. 

Tous  les  jours,  aussitôt  après  avoir  pris  connaissance  de 
ces  différentes  espèces  de  documents  et  de  pièces,  le  baron 
Hager  rédigeait  lui-même  la  minute  du  rapport,  du  bordereau 
quotidien  destiné  à  l'Empereur  François.  Le  grand  chef  de 
la  Police  autrichienne  ne  se  contentait  d'ailleurs  pas  de  si- 
gnaler à  son  souverain  les  nouvelles  les  plus  intéressantes, 
les  faits  les  plus  saillants  des  dernières  vingt-quatre  heures. 
Presque  tous  les  jours  il  lui  présentait  ses  observations,  lui 
soumettait  ses  critiques  et  lui  posait  même  assez  souvent  des 
questions  précises  et  formelles  sur  certains  points  qui  lui  pa- 
raissaient particulièrement  délicats,  importants  ou  graves. 


nu  PRÉFACE 

Chose  assez  rare  chez  un  fonctionnaire  arrivé  à  une  aussi 
haute  situation,  et  qui  marque  bien  sa  parfaite  et  complète 
indépendance,  Hager  ne  craignait  pas  dans  la  plupart  des 
cas  de  proposer,  de  recommander  presque,  à  l'Empereur  les 
solutions  qui  lui  paraissaient  les  plus  rationnelles  et  les  plus 
conformes  aux  besoins  du  service  et  aux  intérêts  de  TEtat. 

Comme  cela  se  passait  à  Paris  du  temps  de  Fouché  et  de 
Savary,  ces  minutes  ne  sortaient  pas  de  la  Polizei  llofslelle^ 
et  ce  sont  ces  pièces  qu'on  retrouve  encore  aujourd'hui 
jointes  aux  copies  qui,  revues  et  signées  par  Hasfcr, expédiées 
ou  remises  par  lui-même  à  François  I",  figurent  encore  actuel- 
lement dans  les  cartons  des  Akten  des  Wicfier  Conz/resses. 
Ces  bulletins,  ces  bordereaux,  qui  en  général  ont  mis  assez 
longtemps  (de  10  à  15  jours, quelquefois  même  davantage)  à 
revenir  du  cabinet  particulier  de  l'Empereur,  sont  d'autant 
plus  intéressants  à  consulter  que  tous  portent  le  visa  du  sou- 
verain et  que  sur  un  assez  grand  nombre  d'entre  eux,  Fran- 
çois I"  a  ajouté  ses  décisions,  parfois  ses  critiques,  mais  le 
plus  souvent  son  approbation  motivée  et  le  témoignage  auto- 
graphe de  sa  satisfaction. 

Ne  pouvant  songer  à  copier  purement  et  simplement  les 
innombrables  pièces  contenues  dans  les  dossiers  (1),  j'ai  dû, 
après  avoir  éliminé  quantité  de  bulletins  de  police  et  de  do- 
cuments qui  me  semblaient  dénués  de  valeur  au  point  de  vue 
historique,  me  contenter  de  donner  l'analyse,  le  résumé  des 
rapports  qui  ne  présentaient  qu'un  intérêt  relatif,  afin  de  pou- 
voir reproduire  in  extenso  les  papiers  les  plus  importants  et 
surtout  les  lettres  et  les  dépêches  qui,  interceptées,  déchif- 
frées et  copiées,  permettaient  à  l'Empereur  d'Autriche  et  à 
Metternich  de  savoir  exactement,  et  presque  à  tout  instant 
ce  que  pensaient,  ce  qu'écrivaient,  ce  que  disaient,  ce  que 
projetaient  les  souverains  et  diplomates  présents  à  Vienne, 

1.  Comme  je  l'ai  déjà  fait,  lorsque  mes  articles  sur  la  Princesse  Bagration 
et  la,  duchesse  de  Sagan  parurent  le  1*'  et  le  15  juin  1913  dans  la  lierue  de  PanSf 
je  tiens  à  répéter  ici  qu'on  trouvera  un  certain  nombre  de  ces  pièces  dans  le 
livre  Die  Geheimpolizei  auf  dem  Wiener  Kongress  que  venait  de  publier  le 
Hofrat  D'  Auguste  Fournier^  ancien  directeur  des  Archives  du  ministère 
1.  et  R.  de  l'Intérieur. 


de  connattre  les  vues,  les  préférences  et  les  intcntioas  des 
chefs  d'Etat,  restés  dans  leurs  capitales,  et  parfois  même  jus- 
qu'aux instructions  qu'ils  donnaient  i  leurs  représentants. 

11  m'a  semblé  d'autre  part  qu'en  raison  mémedu  caractère  de 
cette  publication,  afin  qu'on  ne  pût  pas  douter  de  l'authenticité 
des  documents,  de  l'exactitude  et  de  l'impartialité  que  j'ai  ap- 
portées à  l'exécution  du  travail,  il  me  fallait  m'en  tenir  stricte- 
ment et  fidèlement  &  la  mélbode  suivie,  il  y  a  tout  près  d'un 
siècle,  par  le  baron  Hager  lui-même.  Comme  je  viens  de  le 
dire  un  peu  plus  haut,  en  1814  et  en  18151e  ministre  de  la 
Police  faisait  tous  les  jours  son  rapport  à  son  souverain  et 
lui  communiquait  ainsi  les  renseignements  qui  lui  étaient 
parvenus  pendant  les  dernières  vingt-quatre  heures.  A  mon 
tour,  je  prie  mes  lecteurs  de  bien  vouloir  se  mettre  par  la  pen- 
sée à  la  place  du  père  de  Marie-Louise  et  de  me  permettre 
de  faire  passer  sous  leurs  yeux  les  principales  pièces  que 
j'ai  extraites  de  ce  volumineux  dossier  en  respectant  le  plus 
possible  l'ordre  chronologique  et  en  les  laissant  dans  les  bot- 
dereaux  dans  lesquels  Hager  lui-même  les  avait  placées. 

J'espère  que  la  publication  de  ces  documents  pourra  être 
de  quelque  utilité  à  ceux  quîs'occupent  de  l'histoire  des  deux 
dernières  années  de  l'Cmpire  et  plus  particulièrement  des 
péripéties  du  Congrès  de  Vienne  et  qui  me  sauront  peut- 
être  quelque  gré  d'avoir  essayé  de  leur  épargner  de  longues 
et  fastidieuses  recherches.  C'est  encore  dans  ce  but  que  je  n'ai 
pas  reculé  devant  un  autre  travail  aussi  ingrat  que  pénible. 
A  cdié  des  souverains  alliés  et  des  généraux  qui  s'étaient 
illustrés  au  cours  des  dernières  campagnes,  des  ministres 
et  des  hommes  d'Etat  qui  jouèrent  un  rOle  considérable  au 
Congrès,  on  verra  défiler  dans  ces  dilTérents  documents  des 
personnages  J'allais  presque  dire  des  comparses  ot  des  figu- 
rants) qui  ont  cependant  eu,  eux  aussi,  leur  mut  à  dire,  dont 
l'action  a  été  dans  maintes  circonstances  d'une  importance 
plus  grande  qu'on  ne  serait  porté  à  le  croire,  mais  dont  en 
revanche  l'histoire  et  parfois  même  les  noms  risquent  d'être 
fort  peu  connus.  Ce  sont  ces  dilTéreats  personnages  que  je 
me  suis  efforcé  d'identifier  de  mon  mieux,  tout  comme  j'ai 
essayé  de  fixer  aussi  exactement  que  possible  les  événements 


XIV  PRÉFACE 

OU  les  incidents,  les  instruments  diplomatiques  ou  les  con- 
férences dont  il  était  question  souvent  en  termes  assez 
vagues,  tant  dans  les  rapports  des  agents  du  baron  Hager 
que  dans  les  pièces  provenant  du  Cabinet  Noir. 

Je  n'ose  me  flatter  d'avoir  réussi  complètement  dans  cette 
lâche  hérissée  de  difficultés  et  que  je  n'aurais  même  pas  tenté 
d'entreprendre  si  je  n'avais  su  pouvoir  une  fois  de  plus 
compter  sur  la  bienveillance  et  le  concours  des  nombreux 
amis  qui  ont  si  gracieusement  répondu  à  mes  incessantes 
demandes  de  renseignements  et  qui  ont  si  aimablement  con- 
senti à  collaborer  d'une  façon  aussi  utile  que  généreuse  au 
travail  que  je  présente  aujourd'hui  au  public. 

Quelque  délicat,  quelque  douloureux  qu'il  soit  aujourd'hui 
de  parler  de  ce  qui  touche  à  un  pays  qui  n'a  pas  hésité  à  se 
solidariser  avec  cette  Allemagne  qui  porta  il  y  a  cinquante 
ans  un  coup  mortel  à  sa  puissance,  il  me  semble  pourtant 
impossible  de  me  dispenser  de  rappeler  ici  l'accueil  qui,  au 
cours  de  mes  longues  et  nombreuses  visites  et  presque  jus- 
qu'à la  veille  de  la  guerre,  m'a  toujours  été  fait  dans  les 
différentes  archives  de  Vienne  (Archives  du  Ministère  de  Tln- 
térieur,  de  la  Guerre,  de  la  Maison  Impériale,  de  la  Cour  et 
de  l'Etat).  Tous  ceux  qui,  comme  moi,  ont  travaillé  dans  les 
Archives  Royales  dltalie  ont  pu  comme  moi,  bien  avant  la 
conclusion  de  l'alliance  qui  unit  désormais  les  deux  sœurs 
latines,  apprécier  l'empressement  qu'on  mettait  partout  à 
faciliter  nos  recherches,  à  satisfaire  notre  curiosité.  Après 
tous  les  services  qu'ils  m'ont  rendus  avec  tant  d'obligeance, 
c'est  bien  le  moins  que  je  profite  de  la  publication  de  ce  livre 
pour  remercier  le  comte  G.  Sforza  de  Turin,  les  Soprinten- 
demi  Casanova,  passé  aujourd'hui  de  Naples  à  Rome,  son  col- 
lègue de  Bologne  G.  Livi  ainsi  que  le   Directeur   Umberto 
Dallari,  de  Modène.  Comment  aurais-je  pu  passer  sous  si- 
lence les  nombreuses  indications  que  je  dois  à  la  bienveil- 
lance de  xMgr  Don  Achille  Ratti,  le  grand  et  aimable  savant 
placé  à  la  tête  de  deux  des  plus  belles  bibliothèques  du  monde 
la  Vaticana  et  VAmbrosiana.  A  Milan,  mon  ami  le  profes- 
seur Gallavresi,  à  Turin  les  professeurs  Contessa  et  Lemmi  ; 
à  Genève,  MM.  Edouard  Chapuisat,  député  au  Grand  Conseil, 


et  Karmin  ;  &  Londres,  M.  Hubert  Hall,  du  Public  Record 
Office,  et  M.  G.  L.  de  S*  M.  Watson  se  sont  mis  à  ma  dispo  - 
sition  avec  use  bonne  gr&ce  dont  je  ne  me  suis  pas  fait  faute 
d'abuser.  Je  n'appreodrai  rien  de  nouveau  à  personne  en 
remerciant  cordialement  ici  MM.  Charles  Schmidt,  Pierre 
Caron  et  Bourgin,  des  Archives  Nationales,  Tausserat-Rade) 
des  Archives  du  ministère  des  Affaires  Etrangères,  Bertrand 
et  Artonne  de  la  bibliothèque  du  même  ministère,  et  M.  Louis 
BatiEFol  de  la  Bibliothèque  Nationale.  Tout  le  monde  sait 
qu'on  les  trouve  toujours  prêts  i  aider  les  chercheurs  et  à 
les  faire  profiter  de  leur  érudition.  Au  risque  de  le  signaler 
i  d'autres  travailleurs  aussi  indiscrets  que  moi,  Son  Excel- 
lence M,  Serge  Goriainoff,  l'illustre  directeur  des  Archives 
Impériales  de  Saint-Pétersbourg,  me  permettra,  lui  aussi, 
je  l'espère,  de  lui  adresser  l'expression  sincère  de  ma  pro- 
fonde gratitude. 

Je  ne  saurais  enfin  déposer  la  plume  sans  remercier  le 
comte  de  Villermont  des  notes  biographiques  qu'il  a  bien 
voulu  me  faire  parvenir  sur  certains  de  ses  compatriotes, 
sans  demander  une  fois  de  plus  pardon  à  mes  chers  et  excel- 
lents amis,  le  général  G.  Ferrari,  l'ancien  Chef  de  la  Section 
historique  de  l'Etat-Major  Italien  et  Henri  Prior,  des  appels 
par  trop  répétés  que  je  n'ai  pas  craint  de  leur  adresser  et 
auxquels  ils  n'ont  cessé  de  répondre  avec  une  incomparable 
bonne  gr&ce. 

Au  moment  de  clore  la  longue  liste  de  tous  ceux  qui  ont 
bien  voulu  m'assister  de  leurs  conseils  et  de  leur  amitié, 
ma  pensée  devait  forcément  se  reporter  vers  la  femme,  aussi 
wpérieure  par  le  cœur  que  par  l'esprit,  dont  les  précieuses 
indications  m'ont  été  si  utiles  et  dont  je  n'oublierai  jamais 
la  bienveillance  et  la  bonté.  Aussi  est-ce  avec  une  profonde 
et  réelle  émotion  que  je  trace  ces  lignes,  seul  moyen  qui 
tue  reste,  hélas  !  pour  rendre  un  humble,  mais  bien  sincère 
hommage  à  la  mémoire  de  Son  Altesse  la  princesse  Antoine 
Radâwill,  née  Casteltane,  morte  si  tristement,  au  fond  d'un 
pays  ennemi,  loin  de  tout  ce  qu'elle  aimait  de  toutes  les 
larees  de  son  &me  ardente  et  généreuse,  les  siens  et  la  France. 
Novembre  1916. 


AVANT-PROPOS 

QOELQUBS   MOTS  SLR  L'oBCilliaiTIOH 

KT   LE  FOHCTIONNBHEHT   DK  U    POLICE   SECRÈTE   ADTRICBIfl.fNE 

A   l'époque   du   CO^tGRËS   DE  VIEHHE 


J'avais  on  moment  espéré  pouvoir  épargner  i  mes  lecteurs 
l'ennoi  que  présente  forcément  la  lecture  d'un  pareil  exposé 
(quelque  restreintes  que  soient  les  dimensions  qu'on  s'efforce 
de  lui  donner)  eu  conseillant  à  ceux  d'entre  eux  qui  auraient 
désiré  connaître  plus  à  fond  les  origines,  le  développement 
et  les  transformations  successives  de  VOberste  Polizei  Hofs' 
telle  de  consulter  le  grand  ouvrage  que  le  D'  Kretscbmayr, 
l'aimable  et  savant  directeur  des  Archives  du  Ministère 
Impérial  et  Royal  de  l'Intérieur,  est  en  train  de  publier  sous 
le  titre  de  :  Die  Oesterreichische  Central  Verwaltung . 

Malheureusement  le  travail  est  si  considérable  et  si  délicat 
que,  malgré  toute  l'activité  déployée  par  le  Directeur  et  par 
ses  zélés  collaborateurs,  il  se  passera  peut-être  bien  un  temps 
relativement  assez  long  avant  l'apparitioD  du  volume  dans 
lequel  ces  Messieurs  étudieront  l'organisation  et  le  fonction- 
nement de  la  Police  à  l'époque  qui  nous  intéresse.  D'autre 
part,  la  consultation  d'un  ouvrage  de  cette  envergure  n'est 
jamais  chose  facile  et  n'aurait,  en  tout  état  de  cause,  pu  être 
réellement  utile  qu'à  ceux  qui,  familiarisés  avec  la  langue 
allemande,  n'auraient  pas  reculé  devant  la  lecture  d'une 
œuvre  aussi  considérable. 

Force  m'a  donc  été  de  me  résigner,  d'abord  à  dire  quelques 
mots  de  la  genèse  de  cette  fameuse  Oberste  Polizei  Hofs- 
telle,  puis  A  exposer  le  plus  succinctement  possible  quels 
étaient  en  1814  la  constitution  et  les  moyens  d'action  de 


XVIII  AVANT-PROPOS 

rimportant  service  à  la  tête  duquel  le  baron  Hager  se  trou- 
vait depuis  sept  ans. 

Quelque  remarquable,  quelque  complète  que  fût  à  cette 
époque  Torganisation  de  ces  services,  il  importe  avant  tout 
de  remarquer  qu'ils  étaient  encore  de  date  assez  récente. 

Les  luttes  presque  continuelles  que  la  grande  Impératrice 
eut  à  soutenir  et  les  graves  événements  qui  se  déroulèrent 
au  cours  de  son  règne  n'avaient  en  effet  pas  permis  à  Marie- 
Thérèse  de  consacrer  à  la  Police  l'attention  et  les  soins  qu*en 
des  temps  moins  agités  elle  n'aurait  assurément  pas  manqué 
de  lui  donner. 

11  n'en  fut  pas  de  même  pour  son  successeur  et  la  trans- 
formation, ou  pour  mieux  dire,  la  création  des  services  de  la 
police,  et  surtout  de  la  police  politique,  occupa,  au  contraire, 
uue  assez  large  place  dans  le  programme  des  réformes  que 
Joseph  H  introduisit  dans  son  Empire.  Frappé  par  les  lacunes 
et  par  les  nombreux  et  sérieux  inconvénients  que  présentait 
le  fonctionnement  rudimentaire  d'organes  presque  entiè- 
rement indépendants  les  uns  des  autres,  opérant  chacun  pour 
son  compte,  sans  règles  fixes,  souvent  au  gré  des  caprices 
et  des  fantaisies  des  grands  personnages  placés  momenta- 
nément à  la  tête  de  l'administration  des  différentes  provinces 
de  la  Monarchie,  l'Empereur  résolut,  en  le  centralisant  entre 
les  mains  d'un  seul  chef,  de  donner  plus  de  cohésion  à  on 
service  aussi  essentiel,  de  lui  imprimer  l'unité  d'action  et 
de  direction  qui  lui  faisait  défaut  et  sans  laquelle  il  ne  pou- 
vait produire  rien  d'utile. 

Dès  les  premiers  mois  de  1782,  Joseph  II  avait  en  consé- 
quence jeté  les  bases  de  cette  organisation  en  appelant  le 
comte  Pergen,àce  moment  gouverneur  de  la  Basse-Autriche, 
un  fonctionnaire  vieilli  sous  le  harnais,  rompu  aux  affaires, 
un  homme  d'Etat  dans  lequel  il  avait,  à  juste  titre,  placé 
toute  sa  confiance,  aux  fonctions  nouvellement  créées  à  son 
intention  de  Ministre  d  Etat  pour  les  affaires  intérieures. 

Quatre  ans  plus  tard,  en  1786,  l'Empereur  faisait  un  pas 
de  plus  dans  cette  voie  et  procédait  à  l'organisation,  dans 
les  différentes  capitales  de  la  Monarchie,  d'un  Service  secret^ 
dont  il  réglait  lui-môme  le  fonctionnement  dans  des  Inslrac- 


AVAST-PHOPOS  XIX 

tions  confidenlielles  adressées  aux  gouverneurs  des  provinces 
et  que  Pergen  avait  rédigées  sur  son  ordre  (1). 

Joseph  II  ne  s'en  tint  du  reste  pas  là  et  peu  de  jours  seu- 
lement avant  sa  mort  (20  février  1790)  il  avait  eu  à  cœur  de 
déterminer  d'une  façon  plus  nette  et  plus  précise  les  attri- 
butions du  ministre,  ainsi  que  la  nature  et  l'étendue  de  ses 
relations  avec  les  dépositaires  de  l'autorité  impériale  dans  les 
différents  pays  de  la  Gouroimc. 

Aussi,  presque  au  lendemain  de  l'avcnemcnt  de  Léo- 
pold  II,  Pergen,  encore  sous  l'impression  des  volontés  et  des 
désirs  de  Joseph  U,  peut-être  aussi  parce  qu'il  avait  le  pres- 
sentiment des  difficultés  qu'il  allait  rencontrer,  adressait-il 
au  nouveau  souverain  un  rapport,  en  date  du  2  mars  17!)0, 
dans  lequel  il  lui  exposait  le  caractère  que  dans  ces  der- 
nières années  l'empereur  défunt  avait  jugé  à  propos  do 
donner  au  département  à  la  tétc  duquel  il  l'avait  placé. 

La  brièveté  de  son  règne  empêcha  seule  Léopold  il  de 
détraire  l'œuvre  que  son  frère  venait  d'entreprendre  et  avait 
même  à  peine  ébauchée.  Heureusement  pour  Pergen  et  sur- 
tout pour  l'Autriche,  l'Empereur  François  n'eut  rien  de  plus 
pressé  que  de  réagir  contre  les  mesures  que  son  père  avait 
prises  en  mars  1791,  mesures  qui  ne  tendaient  à  rien  moins 
qu'à  paralyser,  qu'à  annihiler  même  presque  complètement 
l'action  du  ministre,  et  qui  avaient  à  tel  point  diminué  ses  pou- 
voirs et  ses  attributions  que  celui-ci  avait  répondu  à  la  publi- 
cation du  Rescrit  de  Léopold  en  lui  envoyant  sa  démission. 

La  retraite  de  Pergen  ne  fut  du  reste  que  de  courte  durée. 
Moins  d'un  an  après  son  avènement,  François  H  créait  défi- 
nitivement la  Polizei  Hofslelle  et  replaçait  à  sa  tête,  en  qua- 
lité de  Président,  le  comte  Pergen  (2)  auquel  il  conférait  do 
plus  le  titre  d'Oberster  Polizei  Minister. 

Ce  fut,  dès  lors,  un  vrai  Ministère  de  la  Police,  quoique 

l.Cf.  OeiUrrtiehUche  Bandieli>a,  juillet  1911,  l.  XXVIll,  1"  livraison. 
[A.  FouBnm.  £atMr  Joitph  II  and  der  Giheime  Ditntt  (p.  31-37).l  Itcpro- 
duction  iFi  utefuo  de  cclt«  lustruclion  confidentiello  que  l'auUur  de  cet 
inUreoMal  vUde  ■  tirée  des  dosiiers  dei  Mlgemtine  Polàti  Acien  (Archives 
du  ministère  de  rinlérieiir  [.  «t  R.) 

S.  Il  «OTB  peut-être  iuUrcïsant  de  relever  à  ce  prupus  qu'il  n'y  eut,  de  1 19; 


XX  AVANT-PROPOS 

d'abord  avec  un  personnel  singulièrement  restreint  (1)  et 
pendant  un  certain  temps,  avec  des  ressources  bien  maigres  (2), 
mais  dont,  grAce  au  zèle  inlassable  des  hommes  d'Etat 
chargés  de  le  diriger  et  aussi  gr&ce  à  la  pression,  à  la  gra- 
vité et  à  la  multiplicité  des  événements,  l'importance  ne 
cessa  d'aller  en  croissant  depuis  1793  jusqu'au  moment  où 
se  réunit  à  l'autonme  de  1814  le  Congrès  de  Vienne. 

J'aurais  voulu  pouvoir  suivre  d'un  peu  plus  près  le  déve- 
loppement des  différents  organes  de  ce  Département  ;  mais 
j'ai  dû  y  renoncer  parce  qu'un  pareil  exposé  m'aurait 
entraîné  par  trop  loin.  J'ai  cru  plus  sage  de  placer  aux 
Annexes  et  à  titre  de  simples  indications,  quelques  pièces 
qui  permettront  à  mes  lecteurs  de  se  faire  une  idée  un  peu 
plus  exacte  de  la  façon  dont  s'est  peu  à  peu  constitué,  élargi, 
agrandi,  modifié  et  transformé  le  service  conçu  et  inauguré 
par  Joseph  II  (3).  Je  me  bornerai  donc  à  leur  faire  remarquer 
ici  en  passant  que,  dès  l'année  1800,  on  rattacha  la  Censure 
à  la  Polizei  Hofstelle  et  qu'on  établit  à  partir  de  ce  moment 
une  entente  et  une  collaboration  des  plus  intimes  et  des  plus 
complètes  avec  le  Cabinet  Noir^  dont  on  ne  cessa  d'étendre 
le  rayon  d'action  et  de  perfectionner  le  fonctionnement. 

Grâce  à  l'activité  toujours  en  éveil  de  Sumeraw  et  de  Hager, 

à  1848,  que  quatre  personnages  qui  remplirent  ces  importantes  fonctions  à 
savoir  : 

Le  comte  Pergon  de  1792  à  1803; 

Le  baron  Sumeraw  de  1803  à  1807  ; 

Le  baron  Ilager,  vice-président  de  1807  à  1812  et  président  de  1813  au  mois 
d'août  1816; 

Et  enfin  le  comte  Sedlnitsky,  vice-président  de  1815  au  15  mai  1817  et  pré- 
sident depuis  cette  époque  jusqu'à  la  suppression  du  ministère  en  1848. 

1.  Au  début  vers  1790,  Pergen  n'eut  en  fait  de  collaborateurs  directs  que 
le  conseiller  aulique  von  Béer,  directeur  supérieur  de  la  police  de  Vienne  et 
les  deux  secrétaires  auliques.  Schilling  et  Mœhrenthal. 

2.  En  1793,  comme  du  reste  pendant  plusieurs  années  encore,  le  budget 
spécial  de  la  police  ne  s'élevait  qu'à  la  somme  totale  de  10.000  florins,  somme 
que  la  cassette  de  l'Empereur  versait  directement  au  ministre  en  quatre  paye- 
ments trimestriels. 

3.  Cf.  Annexe  I.  Rapport  du  comte  Pergen,  du  18  février  1793.  Annexe  II. 
Rapport  de  Sumeraw,  du  12  mars  1804.  Annexe  III.  Rapport  du  même,  du 
2  février  1806.  Annexe  IV.  Décision  impériale  du  27  février  1806.  Annexe  V. 
Rapport  de  Ilagcr  à  l'Empereur  du  5  août  1808  et  décision  impériale  en  ré- 
ponse à  ce  rapport. 


AVAKT-PBOPOS  XXI 

grâce  à  celte  activité,  coDsIamment  stimulée  du  reste  par  la 
curiosité  qui  était  le  propre  de  l'Empereur  François,  l'orga- 
□isation  de  la  police  secrète,  de  la  politique  autrichienne, 
ne  laissait  presque  plus  rien  à  désirer  au  moment  où  les 
Empereurs  et  les  Rois,  les  ministres  des  Grandes  Puissances, 
les  représentants  des  différents  Etals  et  la  plupart  des 
princes  allemands  se  donnèrent  rendez-vous  à  Vienne,  les 
uns  pour  procéder  au  remaniement  de  la  carte  de  l'Europe, 
les  autres  pour  tAcher  de  faire  valoir  et  accepter  leurs  droits 
à  des  compensations  ou  à  des  indemnités. 

On  conçoit  que,  dans  de  si  graves  conjonctures,  le  Gouver- 
nement autrichien  ait  éprouvé  plus  que  jamais  le  besoin  de 
savoir  exactement,  presque  heure  par  heure,  ce  que  faisaient, 
ce  que  disaient,  ce  qu'écrivaient  tous  ces  personnages,  tous  ces 
hommes  d'Etat  réunis  dans  ta  capitale.  Il  avait  le  plus  grand 
intérêt  à  connaître  non  seulement  la  teneur  des  instructions  et 
des  dépéchesqu'ils recevaient  de  leurs  Gours,mais  encore  leur 
état  d'esprit,  leurs  conversations  privées,  les  confidences  et 
les  opinions  contenues  dans  leur  correspondance  particulière. 

Heureusement  pour  Motternich,  le  Cabinet  Noir  de  Vienne 
rivalisait  avec  celui  qui  avait  rendu  tant  de  services  à  Napo- 
léon. Ce  Cabinet  Noir  était  do  reste  puissamment  aidé  par 
les  Loges  (1)  annexes  et  succursales  du  Cabinet  Noir  établies 
i  Linz,  Salzburg,  Trieste,  Prague,  Graz  et  BrQnn,  et  l'habi- 
leté professionnelle  des  fonctionnaires  chargés  de  ce  qu'on 
était  convenu  d'appeler  la  Manipulation  était  k  la  hauteur 
de  leur  zèle  et  de  leur  patriotisme. 

Le  service  du  Cabinet  du  Chiffre  ne  chAma  en  effet  pas, 
pendant  les  longs  mois  que  dura  le  Congrès.  Un  coup  d'œil 
jeté  sur  n'importe  lequel  des  bordereaux  présentés  ou  en- 
voyés tous  les  jours  &  l'Empereur  par  Hager  donnera  une 
idée  du  nombre  considérable  de  pièces  ouvertes,  déchiffrées, 
traduites,  toujours  analysées,  et  la  plupart  du  temps  copiées, 
même,  par  le  personnel  de  choix  entre  les  mains  duquel  pas- 
saient non  seiûement  les  lettres  et  les  dépèches  confiées  à  la 

i.  Cabinets  noir*  iUblii  sur  certainB  points  en  province.  Cf.  Annexes  II  et 
111.  R«ppoH  de  Sumerow,  du  lï  mars  tSDi  et  du  î  février  1808. 


XXIT  AVANT-PROPOS 

poste,  mais  toutes  les  correspondances  arrivant  ou  partant 
par  d'autres  voies,  réputées  plus  sûres  et  qu'on  parvenait 
cependant  à  intercepter.  Le  service  était  si  bien  monté  que 
le  Cabinet  Noir  put  maintes  fois  prendre  connaissance  et 
copie  de  lettres  qu'expédiaient  ou  que  recevaient  les  membres 
mêmes  de  la  famille  impériale,  les  rois  et  les  princes  pré- 
sents à  Vienne,  les  représentants  des  puissances  au  Con- 
grès, et  les  nombreux  personnages  dont  on  surveillait  les 
faits  et  gestes  (1).  La  correspondance  même  de  Gentz  avec 
Karadja,  Fhospodar  de  Valachie,  correspondance  que  Met- 
ternich  n'avait  pas  seulement  autorisée,  mais  qui  se  faisait 
par  son  ordre,  n'échappait  pas  à  cette  surveillance  générale. 
On  travaillait  jour  et  nuit  sans  trêve  ni  répit  au  Cabinet 
du  Chiffre  et  cependant,  loin  de  se  ralentir,  le  zèle  désinté- 
ressé (2)  des  employés  et  des  fonctionnaires  était  si  grand 
qu'aBn  de  prévenir  le  retour  de  réclamations  désagréables 
et  gênantes  provoquées  par  certaines  négligences  ou  mala- 
dresses, conséquences  inévitables  d'un  tel  surcroit  de  be- 
sogne, on  avait  été  en  haut  lieu  amené  à  envisager  la  pos- 
sibilité de  la  saisie  définitive  des  papiers  interceptés  (3). 

1.  Correspondance  de  Marie-Louise,  de  rimpératrice  d'Autriche  elle-même 
de  l'archiduc  Charles,  des  rois  de  Prusse,  de  Bavière  et  de  Wurtemberg,  des 
gprandes-duchesses  Marie  et  Catherine,  du  prince  Eugène,  de  la  reine  Hor- 
tense,  d'Elisa  Bacciochi,  de  la  reine  de  Naples,  Caroline  Murât,  du  prince 
Jérôme  et  de  sa  femme,  l'cx-reine  Catherine,  de  Castlereagh,  de  Nesseirode, 
de  Talleyrand,  de  Dalberg,  d'Hardenberg,dc  Humboldt,  de  Lieven,  du  prince 
Antoine  Radziwill  et  de  sa  femme,  la  princesse  Louise  de  Prusse,  de  M~*  de 
Talleyrand,  de  Czartoryski,  de  Noailles,  de  la  Tour  du  Pin,  do  Stackelbcrg, 
de  Munster,  de  Gagcrn,  de  Clancarty,  de  Stewart,  de  Wellington,  d'Ansteii, 
de  Stein,  du  roi  Louis  XVIII,  de  Joseph  de  Maistre,  de  Montgelas,  de  M">«  de 
Montesquiou,  du  prince  d'Orange,  du  duc  d'Orléans,  des  princes  de  Bavière, 
de  Prusse,  de  Wurtemberg,  des  grands-ducs  de  Bade,  de  Hesse-Darmsladt, 
de  Saxe-Weimar,  du  roi  de  Saxe  et  de  son  frère  le  prince  Antoine,  de  la 
princesse  de  la  Tour  et  Taxis,  etc.. 

2.  Pour  s'en  convaincre,  il  suffit  de  voir  à  l'article  80  (cf.  annexe  VUl)  des 
dépenses  secrètes  de  police  pour  l'année  1815  qu'à  la  fin  du  Congrès  on  alloua 
au  «  personnel  du  Cabinet  du  Chiffre  >»  (rémunération  autorisée)  une  somme 
de  2.000  florins  (A.  M.  J.  Wiener  Kongress,  Polizei  Hofsielie  1815,  XX, 
ad.  126). 

3.  Ce  fut,  comme  on  le  verra  au  cours  de  ce  travail,  à  l'occasion  de  la  sai- 
sie de  deux  pièces  adressées  au  prince  Eugène,  apportées  de  Paris  par  un 
courrier  anglais,  interceptées  chez  lord  Castlereagh,  mais  envoyées  ensuite 


AVANT-raopO!)  xim 

Si  précieuses  qae  fassent  les  informatioDS  que  le  dépouil- 
lement des  correspondaDcen  fournissait  joamcllement  au 
Gouvernement  autrichien,  il  loi  était  cependant  impossible 
de  s'en  contenter.  Il  avait  un  intérêt  majeur  à  6tre  an  cou- 
rant, de  la  façon  la  plus  exacte  et  à  la  fois  la  plus  rapide, 
des  moindres  incidents  et  dos  menus  faits  journaliers  de  la 
vie  que  menaient  i  Vienne  tous  ces  hôtes  illustres  que  le 
Congrès  y  avait  rassemblés,  et  surtout  des  opinions  qu'ils 
émettaient,  des  critiques  qu'ils  se  permettaient,  des  juge- 
ments qu'ils  portaient  dans  l'intimité  sur  les  hommes  et  sur 
les  choses,  des  confidences  qu'ils  faisaient  à  leurs  collabora- 
teurs, des  instructions,  des  ordres  qu'ils  donnaient  lorsqu'ils 
se  croyaient  à  l'abri  de  toute  indiscrétion. 

Hager  n'avait  du  reste  pas  été  pris  au  dépourvu.  11  avait 
tout  prétii  et,  à  côté  des  agents  ordinaires  et  subalternes  (1) 
dont  se  servent  les  polices  de  tous  les  pays  et  qu'il  n'eut  pas 
grand'peine  i  faire  entrer  à  des  titres  divers  au  service  des 
personnages  fraîchement  arrivés  dans  la  capitale  de  l'Em- 
pire, il  avait  la  bonne  fortune  de  disposer  de  personnes  re- 
crutées dans  les  plus  hautes  classes  de  la  société.  Les  unes, 
les  auxiliaires,  percevaient  de  ce  chef  des  rémunérations  en 
général  peu  élevées  ou  même  de  simples  indemnités,  lan- 


i  leur  deitinaUira  que  le  baron  Htger  deinaoda  le  S  ftvrier  ItlS  (F.  I.  m.  SI' 
»d.  S)  li,  dani  ccrtaios  cas,  grave*  et  inUressaDts,  oa  De  pourrail  p«*  l'aulo- 
riier  ft  «rréler  et  i  garder  ces  documeoti. 

Le  U  terrier,  l'Empereur,  (ont  en  ee  rendant  aux  rai*oa*  iavoqute*  par 
Uager,  lui  faûait  connaître  qu'  ■  il  ne  permettait  la  Misie  dei  origïaaui 
que  dau  de*  o»  eiceptioanellement  grave*  et  qu'après  avoir  prii,  au  préa- 
lable, l'aviidu  nûoiatre  de*  AStirei  étrangères  -. 

I.  Dès  le  17  sepUmbre,  Hager  l'eiait  adreiif  au  prince  Tr*ultnian>dorfl 
grand-maître  de*  Cérémonies  (cf.  F.  1  3T:B  ad.  SMS)  pour  le  prier  de  faire 
donner  an  personnel  de  service  dan*  le*  appartement*  de*  souverains  et  de 
leur  suite  1  la  Barg  l'ordre  de  ■  fournir  des  renseignement*  sur  ce  que  font 
ce*  personnage*,  chose  d*autanl  plus  nécessaire  que,  par  exemple,  l'Empt- 
rtar  dt  Raaie  a  dijà  rtfaU  tout  ttrtict  d'Aonnenr  >. 

Le  34  septembre  (F.  I.  3«M  ad.  WM),  Ua^er  avait  adressé  k  l'agent  qu'il 
chaifcait  de  le  renseigner  sur  tout  ce  qui  se  passera,  se  fera  et  se  dira  dans 
les  Aantes  ^iUrei  et  dans  le  monde  diplomatique  des  inslructions  que  nous 
■von*  eu  soin  de  reproduire  et  qu'an  trouvera  plus  loin,  jointes  i  l'envoi  fait 
par  Hager  dans  son  bordereau  du  îi  sepLembre. 


XXIV  AVANT-PROPOS 

dis  que  d'autres,  les  volontaires  (1),  croyaient  faire  œuvre  de 
patriotisme  en  fournissant,  à  titre  purement  gracieux,  de  cu- 
rieux et  souvent  même  d'importants  renseignements  sur  les 
personnages  qu'ils  avaient  reçus  chez  eux  ou  chez  lesquels 
ils  fréquentaient. 

La  machine  était  si  bien  montée,  ses  différents  organes  si 
bien  mis  au  point  que,  sans  le  moindre  accroc,  sans  l'ombre 
d'un  à-coup,  la  Polizei  Hofstelle  put  répondre  à  toutes  les 
exigences,  faire  face  à  tous  les  besoins  et  fournir  pendant  plus 
d'un  an  une  sonmie  énorme  de  travail  dont  les  documents 
que  nous  avons  extraits  des  dossiers  du  ministère  I.  et  R. 
de  l'Intérieur  ne  représentent  qu'une  bien  faible  partie  et 
ne  donnent  qu*une  idée  forcément  incomplète. 


1.  Un  assez  grand  nombre  de  personnes  offrirent  et  prêtèrent  gratuitement 
leur  concours  à  la  Polizei  Hofstelle,  puisque  les  dépenses  totales  de  ces  ser* 
vices  spéciaux  au  cours  des  années  1814  et  1815»  dont  les  budgets  ont  été  les 
plus  chargés  de  tous,  ne  se  sont  élevées,  eu  1814,  qu'au  chiffre  de  54.136  flo- 
rins contre  52.849  pour  l'exercice  do  1813  et  qu'en  1815  ces  mêmes  dépenses 
n'arrivèrent  qu'à  un  total  de  57.639  florins  19  kreuzer  (Cf.  pour  plus  de  détail, 
Annexes  VI,  VII  et  VIII). 


LES  DESSOUS  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

BORDEREAUX,    RAPPORTS   ET   DOCUMENTS  DE 

U    POUCE    SECRÈTE    AUTRICHIENNE 


CHAPITRE    PREMIER 
Les  ppétiminaires  et  les  ajournements  du  Congre» 

{!•'  Jiw  —  l",NovEJiiBRH  1814) 

Vienne,  1"  juin  IBll. 
1.  Berlin,  M  mai  1B14  (F.  1.  «d  BM5). 

COXITE  DE  GOLTZ  (1)  à  PIQLOT  (-2)  à  Vienne 
{inlercepU  ea  français). 

Coq sidè rations  et  hypothËaes  sur  le  lort  de  la  Prusse  cl  de  l'Europe  basas» 
tur  les  dilTirenles  nouvelles  qu'il  a  reçues.  Le  Royaume  de  Pologne  et  la 
Russie.  Les  acquisilions  de  la  Prusse  en  Allemagne.  La  Saxe.  L'flal  d'es- 
prit de  l'arniÉe  rrançoise  et  Napolton.  La  Norvège  et  le  Danemark. 

Les  suppositions  qu'on  a,  à  Vienne,  sur  les  divers  pays,  dont 
le  sort  va  être  réglé  à  la  paix  prochaine,  s'accordent  en  partie 
avec  d'autres  avis  qui  paraissent  venir  d'assez  bonnes  sources, 
11  7  a  apparence,  ainsi  qu'on  le  croît  elTectivement,  à  la  con- 
servation d'un  Royaume  de  Pologne,  plus  ou  moins  limité, 

1.  Golli  {Charles- Henri- Frédéric,  comte  de)  (1771-1BI3).  Entré  tout  jeune 
dans  le  régiment  de  son  oncle  (hussards  de  Bliicber)  se  distingua  eu  17B3  pen- 
dant la  campagne  du  Rhin,  qui  lui  valut  la  croix  de  l'Ordre  pour  le  Mérite. 
Entré  dans  la  diplomatie  ea  1B03  et  envoyé  &  Munich,  il  rentra  dans  l'armée 
*o  fSIS,  lervit  è  l'Etat-Major  de  BlQcher  et  fui  promu  général -major.  Lors 
dt  la  paii  de  Paris  il  quitta  l'armée,  avec  le  grade  de  gêné  rai -lieu  tenant, 
pour  devenirle  représentant  delà  Prusse  auprès  de  Louis  XVIII  qu'il  accom- 
pagna i  Gand. 

I.  Piqnot,  GOBiailler  de  légation  ds  Prusse  é  Vienne  et  chargé  d'aRaires  en 
rabaence  de  Humboldt. 

T.I.  1 


2  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNB 

dont  TEmpereur  de  Russie^  ou  Tan  de  ses  frères  sera  déclaré 
soaverain.  Mais  il  n'est  pas  à  croire  qu'il  puisse  être  question 
de  cessions  de  quelque  importance  à  faire  à  ce  royaume  par 
TAutriche  et  la  Prusse,  dont  la  dernière  en  particulier  sem- 
blerait, au  contraire,  devoir  s'attendre  au  recouvrement  au 
moins  de  la  partie  du  territoire  polonais  qui  lie  le  Royaume 
de  Prusse  à  la  Silésie.  Notre  acquisition  de  Mayence,  Cologne 
et  Trêves,  ainsi  que  de  Juliers  et  de  Bergue  {sic)  et  celle 
d'une  partie  de  la  Lusace  paraît  vraisemblable.  Quant  au  reste 
de  la  Saxe,  il  parait  bien  qu'il  retombera  pour  le  présent  à  la 
maison  royale,  sauf  peut-être  quelques  modifications  de  limites. 
Pourtant  il  faut  en  général  surseoir  encore  pour  pouvoir  ju- 
ger avec  certitude  des  changements  territoriaux  qui  se  tra- 
ment. 

En  France,  il  y  a  lieu  de  se  préoccuper  sérieusement  de 
Tétat  d'esprit  des  troupes  qui  y  reviennent,  des  soldats  prison- 
niers qui  y  rentrent,  tous  dévoués  et  attachés  à  Napoléon. 

Il  n'y  a  pas  de  nouvelles  récentes  de  Norvège,  mais  on  con- 
tinue à  se  flatter  que  depuis  les  déclarations  positives  de  T  An- 
gleterre et  l'envoi  des  commissaires  des  souverains  alliés  (1) 
en  général,  la  nation  cédera. 

Un  avis,  dont  on  ne  saurait  cependant  garantir  l'authenti- 
cité, porte  qu'après  Tévacuation  entière  de  Hambourg  le  corps 
d'armée  du  général  Bennigsen  (2)  resterait  provisoirement 
dans  les  Duchés  (3). 

1.  Les  Qaa(re  envoyèrent  des  commissaires  à  Copenhague  pour  y  assurer 
l'exécution  de  la  cession  de  la  Norvège  et  la  Suède,  cession  acceptée  par  le 
roi  Frédéric  VI,  mais  à  laquelle  s'opposait  le  prince  Christian. 

3.  Bennigsen  (Léon- Auguste-Théophile  comte  de)  (1745-1826)  né  à  Bruns- 
wick, passé  en  1773  du  service  du  Hanovre  à  celui  do  la  Russie,  se  distingua 
dans  les  campagnes  contre  la  Pologne  et  la  Perse,  prit  une  part  active  A  la 
conspiration  contre  Paul  I*%  se  couvrit  de  gloire  à  Pultusk  (28  décembre 
1806)  et  commanda  en  chef  Tarmée  russe  A  Eylau  (7-8  février  1807).  Retiré 
dans  ses  terres  en  Lithuanie,  il  reprit  du  service  en  1812,  commanda  le  cen- 
tre russe  A  la  Moskowa,  battit  le  18  octobre  Murât  A  Taroutino,  mais  quitta 
peu  après  l'armée  A  la  suite  d'un  désaccord  avec  KoutouzofT.  Devenu  A  la 
mort  de  ce  dernier  commandant  en  chef  de  l'armée  de  réserve,  il  opéra 
d'abord  contre  Dresde,  prit  part  A  la  bataille  de  Leipzig  et  fut  chargé  ensuite 
du  siège  de  Hambourg.  Appelé  en  1815  au  commandement  de  l'armée  du 
Midi  en  Bessarabie  qu'il  conserva  jusqu'en  1818,  atteint  d'une  cécité  presque 
complète  par  suite  d'une  chute  de  cheval,  il  se  retira  dans  ses  terres  du  Ha- 
novre qu'il  ne  quitta  plus  jusqu'A  sa  mort. 

3.  Je  ne  peux  malheureusement  pas  me  conformer  dès  les  premières  pages 
de  ce  travail  A  la  règle  que  j'ai  cru  devoir  m'imposer.  Au  lieu  de  présenter, 
comme  je  ne  manquerai  pas  de  le  faire  par  la  suite  chaque  pièce  A  la  daté 


LE9  PRCLIMINAIREB   ET   LES  AJOL'HNEMBMTS   DU   CO>T,R^.<i  3 

Vienne.:) Juin  l«ii. 

2.  Viuimc.  IJuin  isll  (F.  1.3ÏSS). 

GENTZ  au  PRINCK   DIÎ  VALACIIIK  fl)  (Analyse). 

On  n'aura  pas  le  traité  avant  quelques  jours  et  il  njouti-  ; 
«  On  ne  regrette  pas  Stipolpon  en  France  oit  on  fait  bh-n 
peu  de  cas  de  ce  qui  le  rempince.  » 


3,  Vienne.  S  iiiiii  ltiH  (K.  1.  a<l  Îb65). 

L'IMPÉRATRICIi:  au  PALATIN  (2)  (./iftTcc;)/^:. 

Itinéraire  et  retour  <li-  l'Kmpcrciir  il'.\iilriclio. 

mime  (lu  jour  où  le  baron  I  loRrr  la  tranamit  ou  lit  soumit  li  mih  Siiiverain.  ji- 
me  vois  i  mon  grand  rcftret  ciitilraintA  présenter  un  ccrluiii  nnmiirc  de  ilii- 
cuments,  uno  centaine  cciviron,  rlauit  l'ordre  strictement  chi'uniijii);ic{ue,  1  lii 
date  même  que  portent  ce*  dilKrentex  pièce*,  telles  iju'elles  ko  Irniireiit  pla- 
cées &ans  indicaliiins  plus  pr£cises  danii  les  diiKRiers  du  OHi^rêx.  Je  rvjfri'Ke 
d'autant  plus  d'avoir  dû  me  ré!>iKnpr  à  procéder  de  la  surle  qu'il  n'afiit  presque 
exclusive  me  [it  de  piicca  întiTCirpli^vK,  venant  pour  la  plupart  de  l'itraiiper  et 
qu'il  aurait  ilè  par  conséquent  d'autant  plus  iiiléreiiiiaul  de  connaître  et  de 
pouvoir  indiquer  la  date  exacte  à  laquelle  elles  parvinrent  entre  les  niainii 
de  l'Kmpereur  d'Autriche  qui,  comme  un  te  nuit,  ne  renlru  h  Vienne  que  le 
ISjuiu  1811. 

Comme  je  l'ai  dfjà  fait  lorx  de  la  publication  en  Juin  et  en  Juillet  I1II3  dano 
la  Aerue  de  Pirit  d'une  êtuilc  cnnsacrfe  an  rôle  Jouj  |>endaiit  le  Confirii  île 
Vienne  parla  princesse  Uunration  et  In  duchesse  de  Saiian.Je  lien»  A  prËvruir 
me»  lecteurs  qu'ils  trouveront  un  certain  nombre  den  pièces  que  je  ferai  pas- 
ser sou»  leurs  yeux  dans  le  livre  Die  GtheiiHiMilisei  aaf  ilcm  (l'ieiier  Kun- 
grtt*  qu'a  fait  paraître,  l'an  dernier, le  lliifrnt  K.  Fni-KSiEii,  ancien  directeur 
des  Archives  du  Ministère  I  et  H  de  l'Iiili^rieur. 

■  .Cette  dépAche  dont  Je  ne  reproduis  ici  que  \f*  phasen  retulivea  aux  Uour- 
bon*  et  i  Napoléon  ne  fleure  ni  dans  les  Ué/iéchei  ini:iliUs  ila  i:hi-valterih 
Genli  aai  honpodan  de  l'alaeAie...puldiées  par  le  Coûte  PnoaRicn-OsTEM  ni 
dans  OedcrreicAf  Thrilnahme  ait  den  Befrtianij»  Krifi/en...  n:irh  Aaf-fi- 
thnangen  van  Friedrich  non  Gtnti  publiées  par  le  prince  HtctiAHo  hr  Met- 
Tnuiicn  et  remites  en  ordre  par  le  baron  A.  von  KuNaowsTii'vii, 

Karadja  (prince de  Valachiedo  IR12  à  1M9).  Parlisan  de  la  Sainte-Alliance. 
La  peste,  des  imp&ts  auccessift  et  les  dévastaliuna  des  Turcs  ruinèrent  le 
paya.  Il  s'enfuit  pour  sauver  aa  pertimno  et  ses  biens  A  la  veille  d'une  prise 
d'armea  de  l'Ilèlûrit  dans  laquelle  il  s'était  compromis  (IHïO-ltSl)  et  alla 
mourir  en  Italie. 

1.  L'archiduc  Joseph,  palatin  de  Hongrie,  frère  de  l'Empereur  François 
<171S-1«47),  venf  depuis  le  16  mam  1801  de  ta  grande-duchesse  Alcxundni- 
Pavlovna,  saur  de  l'Empereur  Alexandre. 


AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 


Je  VOUS  annonce  par  estafette  que  TEmpereur  sera  le  11  à 
Weinzierl  (1),  y  restera  le  12,  viendra  le  13  à  Schônbrunn  et 
fera  sa  rentrée  à  Vienne  le  14.  Je  vais  le  10  à  Weinzierl.  Ve- 
nez donc  le  9,  si  vous  voulez  me  voir  avant. 


Vienne,  8  juin  1814. 
4.  Vienne,  7  juin  1814  (F.  1.  ad  3565). 

GENTZ  au  PRINCE   DE  VALACHIE  (2)  {intercepta  en  français) 

{Analyse), 

Départ  des  souverains  de  Paris.  Gentz  recevra  le  lendemain 
le  traité  de  paix  dont  il  lui  parlera  incessamment.  Bases  de 
ce  traité  :  Réduction  de  la  France  à  ses  limites  du  1*"  janvier 
1792.  Restitution  de  tous  les  objets  d'art  qui  ont  été  pris. 
«  Cette  paix,  avec  ces  conditions,  ne  contribuera  pas  à  rendre 
le  roi  populaire  en  France  et  il  aura  bien  de  la  peine  à  s'j 
maintenir  une  fois  abandonné  à  ses  propres  forces  et  à  ses  pro- 
pres Conseils. 

«  Metternich  sera  ici  à  la  Gn  de  juin.  » 

Intimité  et  accord  entre  les  cours  de  Londres  et  de  Vienne. 


Vienne,  10  juin  1814. 
5.  Berlin,  4  juin  1814  (F.  1.  ad  3565). 

MINISTÈRE   PRUSSIEN  à  PIQUOT  à  Vienne  {intercepta). 

La  question  de  Naples.  Marie-Louise.  Le  prince  Christian  et  la  Norvè§^. 

On  voudrait  savoir  ce  qu*on  pense  à  Vienne  au  sujet  des 
arrangements  conclus  par  Murât,  d^une  part  avec  l'Autriche, 
de  Tautre  avec  l'Angleterre. 

1.  Weinzierl  am  Walde,  à  20  kilomètres  environ  à  l'ouest  de  Krems. 
Krems  à  70  kilomètres  de  Vienne. 

2«  Bien  que  cette  dépêche  de  Gentz  à  Karadja  ait  été  publiée  in  extenso 
par  Klinkowstrcem  dans  Oesterreich's  Theilnahmey  p.  353-360,  j'ai  cru  de- 
voir reproduire  ici  cette  analyse  parce  qu'elle  n'est  pas  absolument  sem- 
blable à  la  rédaction  donnée  par  Klinkowstrœm. 


LES    PRÉUHIKAIRES    ET    LES    AJOURKEMEITTS   DU    CONGRe»  5 

Est'il  vrai  que  Marie-Louise  a  annoncé  qu'elle  quitterait 
Vienne  à  l'arrivée  des  souverains?  On  ignore  ici  l'effet  produit 
SOT  le  prince  Christian  et  tes  Etats  de  Norvège  par  la  déclara- 
tion des  souverains  (1), 


6.  Vienne,  15  juin  1B14  (F.  1.  od  iity. 

PIQUOT  au  MINISTÈRE  PRUSSIEN  (inlercepU  en  rranvai.) 
(Analyte). 

Képonae  aux  questions  poièes  par  le  Miaislère  dam  la  pièce  d*  i  relalivemenl 
à  Mural,  à  la  Saxe  et  à  la  Pologne. 

Rien  de  précis  sur  Murât,  sauf  l'agitation  de  Pescara,  sod 
agent  à  Vienne.  On  croit  en  général  que  Naples  restera  à  Mu- 
rat,  mais  ne  passera  pas  à  ses  héritiers  qui  céderaient  le  royaume 
it  la  dynastie  légitime  et  obtiendraient  d'autres  compensa- 
tions. 

DifBcultés  que  présente  la  solution  des  questions  de  Pologne 
et  de  Saxe.  On  croit  qu'Alexandre  voudrait  profiter  du  mo- 
ment pour  satisfaire  son  beau-frère  le  duc  de  Weimar,  tandis 
que  l'Autriche  désire  bien  sincèrement  la  conservation  de  la 
Saxe  dans  son  intégrité  et  le  maintien  du  Roi  sur  son  trAne. 


MIMbTÈRK  PRUSSIEN  h  PIQVOT  (inlercepfa  en  français) 
(Analyse). 

Malgré  le  zèle  des  commissaires  et  la  lettre  du  Roi  du  Dane- 
mark au  prince  Christian,  on  craint  pourtant  que  la  Norvège 
n'essaye  de  résister. 

1.  ir  s'agit  probablement  ici  do  l'article  additionnel  aecrcl  qui  fait  suite  au 
traité  de  paix  entre  la  France  et  la  Suide  conclu  i  Paria  le  30  mai  et  aux 
obligation*  et  ensagemenls  résultant  du  traité  de  paix  diilnîtir  aiijnf  le  niùmo 
jour  par  toulei  les  puissances  représentées  i  Paris. 


Q  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 


8.  Vienne.  24  juin  1K14  (F.  1.  3565  (I)). 

GENTZ  au  PlilNCt:  DE  VALACHIE(i/i/erce/>/a  en  français) 

(Analyse). 

I /armée  russe  en  l'i>log:ne.  I/Aulriche,  la  Bavière  et  la  Prusse.  Les  remanie- 
ments territoriaux.  Mayence.  La  Cunslitulion  de  l'Allcmai^ne.  Murât  et 
Nuples.  Les  l'uys-Uas.  UiMc  probable  de  la  Kussie  et  de  l'An^^leterrc  au 
Conjçrès. 

Données  sur  Tarmce  que  la  Russie  va  organiser  dans  le  Du- 
ché do  Varsovie  et  qui  sera  portée  à  50.000  hommes. 

Il  s'occupe  ensuite  de  l'arrangement  provisoire  (conclu  entre 
les  Ministres,  avant  leur  départ  de  Paris)  entre  l'Autriche,  la 
Prusse  et  la  Bavière,  relativement  à  l'occupation  de  Majence, 
à  la  cession  à  la  Bavière  du  grand-duché  de  Wûrzburg  et 
d'une  partie  de  celui  de  Francfort  et  à  la  restitution  des  terri- 
toires (]ui  doivent  faire  retour  à  T Autriche.  On  est  de  plus 
convenu  de  céder  ii  la  Bavière  le  Palatinat  du  Rhin  et  le  duché 
de  Deux-Ponts. 

«  Pondant  ([u'on  traitait  à  Paris  et  que,  d'accord  avec  l'Au- 
trichojlos  troupes  bavaroises  se  disposaient  à  occuper  Mayence, 
on  apprit  ijue  la  Prusse  s'y  opposait  et  en  attendant  la  solu- 
tion on  a  décidé  ({ue  la  place  sera  occupée  par  les  Autrichiens 
et  les  Prussiens.  La  Prusse  ne  pardonne  pas  à  la  Bavière  la 
cession  (ju'ello  a  été  forcée  de  lui  faire  en  180G  des  principau- 
tés d'Anspaoh  et  de  Barouth.  » 

Diflioultés  que  présente  pour  l'Allemagni^  le  rétablissement 
d'une  Constitution  fédérative  et  d'un  Empiri^  Germanique.  Il 
croit  (jue  «  le  lien  fédérât  if,  tel  qu'il  est  prévu  par  le  traité  de 
Paris, subsistera  tout  au  plus  dans  un  s*  n^  '/i/i/()//i<ï/i y///»,  c'est- 
à-dire  que  les  dilTérents  Etats  no  seront  lié<  entre  eux  que  par 
des  traités  relatifs  à  la  défense  commune  ou  à  des  objets  d'in- 
térêt commun  *. 

<  Les  atTairos  d'Italie  ont  pris  une  si  bonne  tournure  qu'elles 
n'oecuperont  pas  beaucoup  le   Congrès  ♦,  à  l'excoption  de  la 

î.  Bitf".  ij.ii-  ,.'i'.:.'  viv-jvcho  de  iicntz  aiî  ô:o  roprivijUe  ei:  partie  ou  fraaçais 
p,r.-  l*i*Okt-c:!  O-rsN  .  i)-' :»«:.•  Al  «  infJiUs  Ju  'Jhf'.\i'.:er  j>  (;«fir=.  p.  7s  et  >4>  cl 
par  KL:Nv>\\-rK  »m  ■  iT  er:e-îso  »  ^t  •:•>■*"■»"-.  d.*:'*  <ïe<r^-r^.oV*-r/iei  ina  Ai  me, 
P  Af  c  -  .î  ^  *  -  «  :>?  e  :  *  :  >  -  k  i  4 .  j  a  1  pou  :■  ;  au  i  or  u  i  :î  :  o  :  v  s  >  .i  -.i  i  d  o  a  d  o  :î  uo  r  l 'anah'se 
fdilo  par  ;.'  '.iùL'.:.-:  ::   :r  îorsquî".  ouvrit  et  lujiu::^.;'..!  oo::o  piooo. 


LES    PRÉLIMIMIBE5    ET    LES    AJOUB  NEUENTS    DL'    CODGKis  7 

question  de  Xaples,  où  il  croit  «  qu'à  moins  de  troubles  inté- 
rieurs, Moral  restera  sur  le  trône,  malgré  les  projets  hostiles 
des  Bourbons  de  France  et  d'Espagne  ». 

Données  sur  la  solution  probable  de  la  questioD  des  Pays- 
Bas  et  sur  leurs  frontières, 

<  Si  le  Gouvernement  an^aîs  fait  choix  d'un  négociateur 
habile,  il  peut  jouer  un  beau  râle  au  Congrès,  et  même  la  France, 
quoique  censée  n'y  être  admise  que  par  simple  étiquette,  peut, 
en  agissant  avec  discrétion  et  prudence,  y  exercer  une  espèce 
de  médiation  et  relever  par  là  son  inQueoce  politique,  absolu- 
ment anéantie  par  ses  derniers  malheurs.  » 


9.  Copi'Nha^'uc.  18  juin  ISI I  (F.  I.  ad  3»<S). 

KOSENCRANZ  (!)  à  BERNSTORFF  {i) [intercepta  en  fraoçaU). 

ede  11 

Je  croisde  mou  devoir  de  rassurer  Votre  Excellence  à  l'égard 
de  notre  situation  qui,  toute  critique  quelle  est,  nous  otTre 
encore  la  possibilité  de  sortir  d'airairo. 

J'ai  lieu  d'être  convaincu  que  les  cabinets  de  Vienne  et  de 
Londres  ne  demandent  pas  mieux  que  de  nous  voir  sortir  d'em- 
barras delà  meilleure  manière  possible  pourvu  qu'ils  puissent 
eux-mêmes  sortir  des  leurs. 

Je  puis  dire  ii  Votre  Excellence  que  le  langa<;cde  M.  le  Gé- 
néral de  Steigcntesch  (3)  me  donne  la  même  conviction.  Si  je 

1.  Hoïencranz  <bar<m>.  ministre  iI'Ktal  et  dni  AITairc-  f  liiin^ùrcï  du  Itoi  de 
IHaetoark.  Cf.  Annexe  IX. 

3.  Bmiislorï  iChri»:ia:i.cumUiici  (tT49-lMâr  aniba;?><i]L-iir  du  Udin'mark  à 
Ihrlia  «t  i  SlockIu>lni.  miuiilri-  dv*  .Kitiirv-  ctraiii.-Lri: •  0:1  ITî-T.  dcnii>-iun- 
oaireen  ISIO.  amba^saitcjr  à  l'aris  en  ISIl.  i¥prOii.:itj.il  dij  Uiii.i-mark  au 
Coagréi  de  Vie:iue.  jn-^sé  en  l^Iti  au  acnicc  du  Hoi  de  IViiï-e  qui  le  iiumma 
miniatre  des  AtlBire:)  é'-raujércs  et  qu'il  reprè--eiita  ajï  ilivei»  Cun^-rès  de  la 
SainU  Alliance  ■  Aii-]a-Cha|><:lle,  KarUbad.  Tr.i|>tiaii.  I.dfliadi  el  \tr„tie.  Il 
prit  »■  relrait«  eu  1*31  et  raourul  i  Berlin  en  ICSï. 

S.  SteierenLe^h  lAu^udlc.  baroa  de)  |l77i-t82Si.  i^éniral  autrichien  envoyé 
va  ISti  en  qualité  d:  commïmire  eu  Nurv^e-  ministre  d'Autrictie  i  Ciuku- 
hague  eu  1815.  Cbar^  plus  lard  d'une  nissiu:)  i  Sainl-I^tersbouri:.  ij  n'<>0- 
capa  que  pendanl  pju  de  lomps  le  poal«  de  minii^re  d'Autriche  â  Turin.  Stei- 
(milMcli  avait  acquis  en  outre  une  a**ez  taraude  notoriilé  comme  auteur 
dramatique. 


8  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIEKNE 

juge  les  quelques  propos  de  celui-ci,  sa  cour  et  celle  de  Lon- 
dres inclineut  à  former  un  système  auquel  le  Danemark  appar- 
tiendrait. Ces  deux  puissances  voudraient  par  conséquent  rele- 
ver la  monarchie  danoise  le  plus  tôt  possible.  Je  me  serai  fort 
trompé,  ou  la  Russie  regarde  aussi  la  conservation  de  la  mo- 
narchie comme  essentielle  à  son  système. 

Je  ne  m'attends  pas  cependant  à  ce  que  de  ces  combinai- 
sons d'intérêt  il  résultât  pour  le  roi  une  extension  de  terri- 
toire, à  quoi  trop  d'intérêts,  et  surtout  celui  de  la  Prusse, 
s'opposent.  Mais,  comme  il  nous  importe  par-dessus  tout,  à  ce 
qu'il  me  semble,  de  reprendre  notre  considération  parmi  les 
puissances  de  l'Europe,  avant  que  de  nouvelles  secousses  vien- 
nent à  faire  éprouver  à  l'Europe  de  nouveaux  désastres^  tous 
nos  efforts  devront  tendre  vers  ce  hut,,. 


Vienne,  26  juin  1S14 
10.  Vienne,  25  juin  1814.  (F.  1.  3365). 

IlEGARDT  (I)  au  MINISTÈRE  (à  Stobkholm) 
{inlercepta,  en  français). 

Le  projet  de  reconsliluliun  du  royaume  de  Pologne.  Causes  du  mécontenle- 
ment  de  lu  noblesse  russe,  au(f:menlé  par  la  crainte  de  rabolition  du  ser- 
vage. Causes  du  mécontcntcmenl  qui  se  manifeste  en  Autriche  et  en  Alle- 
magne à  l'égard  d'Alexandre.  La  Saxe. 

Il  doit  être  décidé  que  la  Pologne  formera  un  royaume  uni 
à  l'Empire  Russe^  projet  dont  les  Russes  semblaient  être  fort 
peu  contents.  Ils  ne  conçoivent  pas  pourquoi  leur  Empereur^ 
par  ce  simulacre  d'un  Royaume  de  Pologne,  voudrait  rappe- 
ler aux  Polonais  qu'ils  avaient  une  patrie  indépendante,  et  ils 
pensent  que,  le  nom  existant,  la  chose  pourra  venir  avec  le 
temps  et  à  Toccasion.  J'ai  vu  que  les  seigneurs  russes  appré- 
hendent que  TEmpereur  ne  nourrisse  le  dessein  d'abolir  la  ser- 
vitude de  leurs  paysans  et  d'établir  une  constitution  plus  libre  en 
Russie.  L'Empereur,  malgré  la  reconnaissance  que  les  Alle- 
mands lui  doivent  et  lui  portent  encore,  a  cependant  perdu  dans 
leur  opinion  depuis  la  grande  catastrophe  en  France. 

1.  Hcgardt,  conseiller  de  Légation  de  Suède,  était  à  ce  moment  chargé  d'af- 
faires et  remplit  ces  fonctions  jusqu'à  l'arrivée  de  Lœwenhiclm. 


fe 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET   LES   AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS         0 

En  Autriche  au  moins,  on  est  assez  mécontent  de  ce  qu'il 
n'a  pas  voulu  agir  en  dictateur  à  Paris,  qu'il  permet  aux  Fran- 
çais une  constitution  libérale,  et  en  général  qu'il  n'ait  pas  exigé 
à  la  paix  des  conditions  plus  dures,  surtout  des  contributions  à 
payer  à  ses  alliés.  Au  reste,  on  aperçoit  déjà  en  Allemagne 
moins  d'enthousiasme  pour  les  Cosaques  et  des  symptômes 
de  la  peur  de  l'influence  des  Russes,  Leur  conduite  en  Saxe  (1), 
leur  projet  supposé  d'en  détrftner  le  souverain  légitime  et  de 
démembrer  le  pays  ont  excité  des  murmures  et  des  plaintes, 
parmi  les  Allemands  et  particulièrement  les  Saxons. 


BARON  BRAUN(Miaistre de  Hesse-DarinsUdt)â non  MINISTÈRE 
(intercepta  en  français)  (Analyse), 

Dépêche  ayant  trait  d'abord  aux  affaires  des  Pays-Bas,  puis 
à  l'attitude  qu'irserait  désirable  de  voir  l'Angleterre  et  l'Au- 
triche prendre  au  Congrès,  et  ensuite  à  Marie-Louise. 

«  La  duchesse  de  Parme  va  partir  pour  visiter  un  bain  en 
Savoie.  L'Empereur  insiste  pour  que  le  prince  reste  ici.  —  On 
trouve  ici  à  la  duchesse  trop  de  fierté,  de  l'humeur  même. 
Elle  ne  pourra  pas  oublier  le  trftne  de  France.  Elle  a  conservé 
de  l'affection  pour  Napoléon  et  elle  a  passé  en  dernier  lieu  une 
heure  sur  un  banc  que  l'Empereur  Napoléon  avait  occupé  en 


12.  Vienne,  Î8  juin  1814  (F.  1.  ad  3585). 

GENTZ  au  PRINCE  DE  VALACHIE  (2)  (en  français)  (Analyse). 

Sur  le   séjour  des  souverains  à  Londres,  et  l'accueil  qu'ils 
ont  reçu.  On  s'y  est,  malgré  les  fêtes,  sérieusement  occupé 

1.  La  Saie  éUit  occupic  par  le»  Russes  et  gouvernée  par  le  prince  Rcpniiie, 
î.  CetU  dépêche  n'a  été  publiée  ni  par  Prokesch  Ostcn  ni  par  Kliiikows- 
trOm. 


10  AUTOUR   DU   COiNGRÈS    DE   VIENNE 

des  aiïaires  et  il  y  a  eu  des  conférences  journalières  entre  les 
ministres  d'Angleterre,  d'Autriche,  de  Russie  et  de  Prusse. 
L'envoi  de  Castlercagh  ii  Vienne  a  été  décidé  à  ce  moment. 
«  Cela  prouve  entre  autres  combien  le  cabinet  de  Londres  est 
bien  intentionné  pour  celui  de  Vienne,  car  il  est  sûr  que  c'est 
le  prince  deMetternicfai  qui  a  déterminé  le  Prince  Régent  à  cette 
démarche.  y> 


Vienne,  2  juillet  18U. 


13.  Vienne,  1"  juillet  1814  (F.  1.  3613,  ad  3565). 


IIAGER  à  SIBER  (1) 


Instructions  spéciales  et  ordre  de  recruter  de  nouveaux  agents  chargés 
de  remplir  des  missions  spéciales  pendant  le  séjour  des  souverains  à  Vienne. 


L'arrivée  imminente  (2)  des  souverains  étrangers  nous  impose 
l'obligation  de  prendre  des  dispositions  spéciales,  des  mesures 
de  surveillance  renforcées  et  telles  qu'on  soit  en  état  de  con« 
naître  journellement  et  dans  tous  leurs  détails  ce  qui  a  trait 
à  leurs  augustes  personnes,  à  leur  entourage  immédiat,  à  tous 
les  individus  qui  chercheront  à  les  approcher,  ainsi  que  les  plans, 
projets,  entreprises  qui  se  rattacheront  à  la  présence  de  ces 
hôtes  illustres.  Je  vous  invite  donc  dès  aujourd'hui,  non  seule- 
ment à  donner  à  cet  elFet  des  instructions  aux  meilleurs  des 
agents  et  des  confidents  dont  vous  disposez  déjà  actuellement, 
mais  encore  à  chercher  à  vous  attacher  de  nouveaux  collabo- 
rateurs pris  parmi  les  commerçants,  les  notables^  même  parmi 
les  nobles  et  les  ofiiciers  qui  vous  sembleraient  aptes  ou  dis- 
posés à  vous  fournir  à  vous-même  ou  à  me  fournir  à  moi,  sur 
l'heure  même,  des  rapports  écrits  ou  verbaux  sur  tout  ce 
({u'ils  seraient  en  position  d'apprendre  ou  de  savoir. 


1.  Conseiller  aulique  et  Oher  Polizei  Direklor  (directeur  supérieur  de  la 
police  de  Vienne). 

2.  llager  ne  pouvait,  à  ce  moment,  prévoir  la  remise  du  Congrès. 


LBS   PHtLUIMAIRES   ET   LSS  AJ0URNE31EKTS   DU  COXGRfcS       1 1 

Vienne,  1- juilkl  isl*. 
14.  HAGEK  à  LA   ROZE  (1).  [F.  1.  3418,  «d  3HS<. 

Même  siyet  cl  la»tructioD9  spéciales  relatives  aui  Juifs. 

Même  teDeor  qu'à  Siber  pour  ce  qui  est  des  considérations 
générales. 

Hager  ajoute  :  <  En  raison  de  l'influence  que  vous  avez  sur 
les  principales  maisons  juives,  il  doit  vous  être  facile  de  trou- 
ver parmi  les  chefs  de  ces  maisons  ou  parmi  les  plus  intelli- 
gents de  leurs  fils  des  individus  capables  de  se  procurer  des 
renseignements  intéressant  la  police  politique. 

Me  fournir  une  liste  de  noms  (2). 


I"  juillet  1815  (F,  1.  ad  3S«S). 

HAGER  à  VON   LEURS 

I  de  sa  situatioD  personoelle 


J'ai  l'honneur  de  vous  prier  non  seulement  d'apporter  tous  vos 
soins  à  tirer  le  plus  grand  parli  possible  de  vos  relations  et 
de  vos  moyens  d'information,  de  façon  à  me  fournir  tous  les 
jours  une  ample  moisson  de  nouvelles  dont  je  ne  manque- 
rai pas  de  vous  indemniser  en  tenant  compte  du  surcroît  de 
dépenses  qui  en  résultera  pour  vous,  mais  encore  de  vouloir 
bien  m'indiquer  les  noms  des  personnes  qui  vous  paraissent 
suflceptibles  d'être  employées  dans  les  circonstances  présentes 
et  pendant  la  durée  du  Congres  et  qu'on  pourrait  amener  à 
s'entendre  à  ce  propos  avec  moi. 

...    ..'       .'   »  .1^  !■  falice  et  cbet  du  bureau 
I.  Cooseiller  de  piuTcroomenl  à  la  DirecUon  de  la  i-oiu* 


12  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Vienne,  3  juillet  1814. 
16.  Vienne,  2  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  au  MINISTÈRE  DANOIS  (intercepta  en  français). 

Retour  prochain  de  Metternich.  Causes  du  mécontentement  d'Alexandre. 
Tension  entre  la  Russie  et  la  Turquie.  Pologne  et  Saxe.  La  réponse  de 
l'empereur  d'Autriche  au  roi  de  Saxe. 

Metternich  est  attendu  le  6  ou  le  8,  les  souverains  étran- 
gers, huit  jours  plus  tard. 

L'Empereur  Alexandre  est  peu  content  de  l'Angleterre  où 
son  amour-propre  a  été  blessé  de  ce  que  le  public  a  fait  plus 
attention  à  Blûcher  et  à  PlatoIF  qu'à  lui.  Il  a,  ainsi  qu'on  l'avait 
prévu,  accueilli  et  cajolé  de  préférence  les  membres  les  plus 
marquants  de  l'Opposition , 

Hudelist  (1)  m'assure  qu'on  a  ici  les  preuves  les  moins  équi- 
voques que  le  chargé  d'affaires  de  Suède  à  Constantinople 
travaille  à  exciter  les  Turcs  contre  la  Russie  et  qu'il  est  allé 
jusqu'à  faire  entrevoir  à  la  Porte  la  possibilité  de  trouver  en 
cas  de  rupture  un  appui  et  un  allié  dans  la  Suède. 

Hudelist  voit  un  sujet  d'alarme  encore  plus  grand  dans  ce 
qui  se  passe  en  Pologne  où  l'espoir  de  la  fondation  d'un  nou- 
veau rovaume  met  toutes  les  têtes  en  ébuUition. 

Un  aide  de  camp  du  roi  de  Saxe  envoyé  ici  pour  complimen- 
ter  l'Empereur  et  lui  recommander  les  intérêts  de  son  maître 
n'a  obtenu  de  Sa  Majesté  que  l'assurance  peu  consolante  que: 
Jusquici,  il  n'a  été  pris  aucune  résolution  définitive  rela- 
tive à  la  Saxe. 


1.  Hudelist  (Joseph  von)  né  en  1759,  secrétaire  d'ambassade  à  Naples  de 
1791  à  1795,  puis  de  1798  à  1801  à  Berlin.  Conseiller  d'ambassade  et  envoyé  à 
Pétersbourg  où  il  fit  preuve  de  tant  de  tact  et  d'habileté  que  Cobenzl  le 
nomma  dès  1803  conseiller  aulique  à  la  Chancellerie  d'Etat,  il  remplit  les 
fonctions  de  notaire  impérial  lors  du  mariage  de  l'Empereur  François  avec 
Marie-Louise  d'Esté  en  1808,  et  lors  du  mariage  de  Marie-Louise  avec  Napo- 
léon, en  1810.  Nommé  conseiller  d'Etat  par  Metternich  en  1813,  il  fit  l'inté- 
rim pendant  son  voyage  à  Paris  et  à  Londres  et  prit  une  part  des  plus  actives 
au  Congrès  de  Vienne,  signa  en  1815  le  protocole  avec  le  roi  de  Hollande, 
prit  la  direction  de  la  Chancellerie  le  3  juillet  1818  pendant  l'absence  de 
Metternich  et  mourut  le  21  octobre  1818  des  suites  d'une  attaque  d'apoplexie 
qui  le  frappa  au  cours  d'une  conférence  avec  le  ministre  de  Sardaigne  et  le 
directeur  des  Postes. 


LES   PB£L[MI:1A1RE3   et   les  AJOURiNEHBXTS   DU   CO.SGIIÂS       13 


Vienne,  3  juillet  IHH  {V.  I.  ail  3565). 

BRAUN  au  MINISTÈRE  DE   HESSE-DARMSTADT 
{intercepta  en  français)  (Analjrge) 


Ed  Italie,  on  ae  se  familiarise  pas  avec  le  nouvel  état  de 
choses.  L'état  des  esprits  en  France  et  surtout  l'esprit  de  Tar- 
mée  sont  des  plus  inquiétants.  <  Les  militaires  ne  respirent 
que  haine  et  vengeance.  Le  roi  de  Prusse  en  a  eu  la  preuve. 
Lors  de  son  passage  par  Chantilly,  un  détachement  français  lui 
a  crié  :  Soauenez-voas  d'Iéna,  et  quand  il  eût  monté  les 
glaces,  quelques  pierres  ont  été  lancées  contre  sa  voiture.  > 

Une  discussion  assez  vive  et  assez  aigre  est  déjà  engagée 
entre  Vienne  et  Berlin  qui  ne  veut  pas  se  contenter  des  pays 
sur  la  rive  droite  de  l'Elbe,  mais  entend  avoir  une  partie  de 
la  rive  gauche  et  surtout  Dresde. 


Vienne,  fl  juillet  1811. 
18.  Vicnne,«juilletlBM  (F.  I.  3565). 

PIQL'OT  au  MINISTÈRE  PRUSSIEN  {intercepta  en  français). 


II  commence  par  annoncer  l'envoi  à  Vienne  de  Talleyraod, 
Castlereagh  et  Cansalvi.<  ...Tout  confirme  l'opinion  de  Votre 
Excellence  qu'on  a  réservé  pour  le  Congrès  de  Vienne  la  décî- 
sîoo  des  grandes  affaires. A  câté  de  la  Constitution  de  l'Alle- 
magne, il  sera  surtout  question  de  la  Pologne... 

«  On  m'affirme  qu'au  commencement,  les  cabinets  alliés  vou- 
laient d'abord  faire  la  paix  avec  la  France,  et  convenir  des 
bases  fondamentales  des  acquisitions  et  des  indemnités  respec- 
tives, ainsi  que  de  la  Constitution  germanique.  Mais  h  mesure 
que  les  discussions  se  multipliaient,  on  a  vu  qu'il  fallait  re- 
mettre leur  solution  à  un  Congrès  et  conclure  d'abord  la  paix 
entre  les  puissances  belligérantes.  Parmi  les  plans  pour  l'Ai- 


14  AiTorR  nu  congrès  de  vienne 

lemagne,  on  avc'tit  d'abord  voulu  fixer  un  protectorat  alterna- 
tif entre  la  Prusse,  rAutriche,  la  Bavière  et  même  TAngle- 
lerre,  comme  électeur  de  Hanovre. 

«  On  n'a  encore  rien  décidé  au  sujet  de    Murât.    Son  sort 
dépend  de  la  nature  de  ses  rapports  avec  l'Angleterre.  » 


19.  Vieillie,  6  juillcl  IKll  (F.  |.  356b). 

1  :v,(à  IIAGER). 

Uéponsc  uux  instructions  de  Ila^cr.  Remarques  cl  consirléraliosis. 

Demande  qu'il  adrescc  A  Ila^'cr. 

Me  conformant  aux  instructions  (juc  Votre  Excellence  a  bien 
voulu  me  faire  tenir  par  sa  lettre  du  1  '  de  ce  mois,  je  ferai  au- 
tant que  me  le  permettront  mes  faibles  moyens,  tous  mes  eiForts 
pour  vous  donner  pluine  satisfaction. Le  départ  d'un  des  membres 
de  l'Ambassade  russe  me  prive  malheureusement  d'un  organe 
sur  lecpcl  je  comptais  beaucoup,  et,  d'autre  part,  les  répon- 
ses maladroites  de  l'homme  pressé  de  questions,  que  j'espérais 
faire  entrer  comme  valet  de  chambre  chez  l'ambassadeur  de 
Russie,  ont,  je  le  crains, fait  échouer  un  planque  j'avais  eu  beau- 
coup de  peine  à  mettre  sur  pied.  Accablé  d'affaires  de  toutes 
espèces,  et  en  présence  du  caractère  essentiellement  délicat  de 
ce  genre  de  besogne,  j'avais  déjà,  h  plusieurs  reprises,  prié 
Votre  Excellence  de  me  décharger  de  la  surveillance  et  de 
l'observation  du  Corps  diplomatique  et  si  malgré  cela  je  me 
rends  cependant  aux  désirs  de  Votre  Excellence,  je  la  prierai 
de  considérer  que  je  ne  peux  me  consacrer  à  des  occupations, 
qui  ne  sont  pas  sans  présenter  de  réelles  difficultés  et  de  sé- 
rieux dangers  pour  un  fonctionnaire,  que  si  Votre  Excellence, 
s'engage  à  me  mettre  à  l'abri  des  soupçons  que  pourraient 
faire  naître  mes  relations  avec  les  membres  des  Ambassades. 
Votre  Excellence  peut  être  sûre  que  je  ne  négligerai  rien  pour 
me  rendre  digne  du  témoignage  de  satisfaction  qu'a  daigné 
me  donner  Sa  Majesté. 


LES   PBAumNAIRES  ET  LES   AJOUftltEHEHTS  DU   CONGRES       15 


I.  Vwime,  7  juillet  IBll  (F.  1.  ad  3SSE). 

BERNSTORFF  à  ROSENCRANZ  (à  Copenhague) 
{ialercepta  en  français). 

Gravité  des  queatioi 


Oo  De  se  cache  pas  ici  que  c'est  à  l'espoir  d'obtenir  un  ar- 
rondissement aux  dépens  de  la  Saxe  qu'il  faut  attribuer  la  facî< 
lité  extrême  que  la  Prusse  a  montrée  à  abandonner  la  Pologne 
«ctièrement  h  la  merci  de  la  Russie.  L'importance  et  la  diffî< 
culte  des  discussions  relatives  à  la  Pologne  sont  senties  si  vi- 
rement ici  que  déjà  on  entend  partout  agiter  la  question  de 
savoir  si  les  chances  même  d'une  guerre,  quelque  peu  avan- 
tageuses qu'elles  se  présenteront  dans  ce  moment  à  la  Cour 
d'ici,  ne  sont  pas  préférables  à  la  nécessité  d'acquiescer  à  des 
arrangements  qui  assureront  &  la  Russie  une  prépondérance 
si  menaçante  et  des  moyens  d'attaque  et  de  chicane  si  redou- 
tables que  l'Autriche  ne  saurait  tarder  à  en  devenir  la  victime. 
Il  paratt  que  la  Cour  de  Vienne  travaille  à  s'assurer  dans  des 
liaisons  intimes  avec  le  Cabinet  anglais  le  setd  appui  sur  lequel 
elle  puisse  compter. 


21.  Vienne,  7  Juillet  1S14  (F.  1.  «d  3HS). 

COMTE  HARRACÏl  (I)  au  COMTE  MARCOLINl  (2),  à  Prague 
(inlerceptM  en  français). 

Hemite  du  Congrès.  Déplacements  deiaourerains  avant  leur  venue  i  Vicone. 
Préparer  la  tamilla  royale  i  tout  ce  qu'il  y  a  lieu  de  redouter  pour  la 
Saxe. 

Le  Congrès  a  été  renais  jusqu'au  10  septembre.  Les  deux 

1.  Uarracb  (Charles- Borromée  comte)  né  é  Vienne  le  11  mai  17S1.  Mort  le 
I"  octobre  1BÎ9,  ua  des  hommes  les  plus  instruits  cl  les  plus  éclairés  de  son 
temps,  aussi  savant  que  bienraisaot,  remarqué  et  distingué  d'abord  par  Ji>- 
•eph  II,  puis  par  Napoléon. 

En  marge  de  la  page,  au  crayon,  de  la  main  de  ttager  :  •  Qui  est  cet  Uar 
raeh  qui  écrit  é  Marcolini  et  qui  s/rail  un  Saxon.  • 

I.  Marcolini  (comte)  il73S  1814)  grand  chambellan  et  grand  écuyer  du  Roi 
de  3«xe.  Ministre  d'Etat  en  IBM.  ParliHn  dévoué  de  l'alliance  française. 
CMte  lettre  ■rriv*  à  Prague  après  sa  mort  survenue  le  ID  juillet  ISii. 


16  AUTOUR  DU  GONGRÈS   DE   VIENNE 

monarques  (1)  ne  viennent  pas  à  Vienne  et  retournent  directe- 
ment  dans  leurs  Elats.  On  se  flatte  cependant  de  revoir  Alexan- 
dre vers  la  fin  de  septembre.  Je  supprime  toutes  mes  idées  sur 
ce  changement  imprévu. 

Après  plusieurs  informations  prises,  je  prie  Votre  Excellence 
de  se  préparer  peu  à  peu  à  tout.  On  parle  même  d'un  apanage, 
tant  pour  le  roi  que  pour  la  famille  royale  (2) .  Dieu  fasse  que  cela 
ne  se  réalise  pas.  Mais  il  y  a  tout  à  craindre  et,  en  cas  où  ce 
malheur  devrait  survenir,  il  n'y  a  alors  qu'à  négocier  pour  que 
du  moins  le  décorum,  le  nécessaire  et  les  besoins  de  la  vie 
soient  garantis.  Pardonnez  si  je  vous  cause  du  chagrin,  en  vou» 
faisant  voir  im  tableau  aussi  lugubre.  Mais  il  s'agit  du  bien 
et  du  salut  d'un  souverain  si  digne  et  si  respectable,  et  c'est 
alors  le  devoir  d'un  honnête  homme  de  parler  franc  et  ouvert» 


22.  Vienne,  6  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BRAUN  au  MINISTÈRE  DE  HESSE-DARMSTADT 

{intercepta  en  français). 

La  Polog:ne  et  le  grand-duc  Constantin.  La  Saxe.  Mariage  probable  de  le 
grande-duchesse  Catherine  avec  le  Roi  de  Prusse. 

...  On  ne  doute  pas  que  les  bases  du  sort  de  la  Pologne  ne 
soient  adoptées.  Le  grand-duc  Constantin  (3)  en  sera  le  roi  et 
aura  tout  le  duché  de  Varsovie  à  l'exception  d'un  tout  petit 
bout  de  territoire  qui  restera  à  la  Prusse.  On  se  dispute  encore 
sur  la  cession  de  la  Galicie. 

La  pauvre  Saxe  est  la  victime  de  ces  manèges...  Conséquence 
fatale  et  inévitable  de  cette  affaire  de  Pologne  et  de  Saxe,  c'est 
que  même  en  Prusse,  malgré  le  mariage  probable  du  roi  avec 
la  grande-duchesse  d'Oldenbourg  (4),  il  restera  du  déficit. 


1.  L'Empereur  de  Russie  et  le  Roi  de  Prusse. 

2.  Le  roi  et  la  famille  royale  de  Saxe. 

3.  Frère  cadet  de  l'Empereur  Alexandre  (1779-1831).  11  s'occupa  toute  sa  vi6- 
des  affaires  militaires,  mais  n'oblint  jamais  de  commandement  important. 
Nommé  en  1815  généralissime  des  troupes  du  nouveau  Royaume  de  Polo^e, 
il  conserva  ces  fonctions  jusqu'à  sa  mort. 

4.  Grande-duchesse  Catherine,  sœur  d'Alexandre  et  veuve  du  duc  d'Olden* 
burg. 


LES   PRÉUMINAIRES   ET   LES  AJOURNBUBNTS   DU   CONGRÈS        17 

Vienne,  10  juillet  1814. 
23.  Vienne,  9  Juillet  IBU  (P.  1.  ad  3SeS). 

PIQUOT  k  BULOW  (l)  (à  Berlin)  (inlercepla  en  français) 
(Analyse). 

Sur  les  mesures  Goancières  projetées  par  l'Autriche.  Opé- 
ration qu'oQ  va  faire  avec  les  obligations  de  l'Etat  dont  on 
réduit  le  capital  et  dont  on  augmente  les  intérêts.  Opération 
qui  fera  beaucoup  monter  les  cours  et  rapportera  assez  gros  k 
l'Etat. 


24.  Vienne,  9  juiliel  1S14  (F.  I.  ad  3565). 

HEGARDT  au  ROI  DE  SUÈDE  {intercepta  en  français) 

(Analyse). 

La  remise  du  Cod^i.  Craintes  d'un  désaccord  entre  l'Aulriclic  et  la  Rus- 
aie.  Le  voyage  de  Metternîch  de  Londres  à  Paris.  Mariage  probable  du 
Roi  de  PruBse  avec  la  grande^ducliessc  Catherine. 

Surprise  causée  par  un  article  de  la  Gazelle  de  Vietme  dti 
7  juillet  annonçant  la  remise  du  Congrès  au  1"  octobre. 

c  On  y  voit  un  mauvais  augure  et  on  craint  que  l'accord 
entre  les  Puissances  ne  soit  troublé.  Le  comte  Stackelberg  a 
l'air  guindé  et  paraît  indiquer  que  les  Conférences  de  Lon- 
dres n'ont  pas  produit  le  résultat  désiré.  On  prétend  que  l'Au- 
triche et  la  Russie  ne  sont  pas  d'accord  s;ir  les  bases  des  ar- 
rangements  &  prendre  pour  le  Congrès  futur  ;  qu'il  y  a  une  ' 
froideur  entre  ces  deux  puissances  et  que   pour  cette  raison 

I.  Bâlow  (Louia-Frédéric-Viclor-Jean,  comte  de)  (1771-1B25)  placf  en  1794 
comme  rérérendaire,  puis  en  1796  comme  assesseur  à  Bayreuth  par  son  cou- 
lin  Hardenberg  qu'il  auivit  en  1801  à  Berlin  comme  conseiller  de  guerre  et 
dei  domaines.  Président  A  Magdeburg  cnlgOi, conseiller  d'EtnL  du  Itoyaume 
de  Weatphalie  après  Til si t, ministre  des  finances  de  1808  à  ISIt,  il  se  relira 
duu  SI  terre  d'Essenrode  jusqu'en  1B13  où  Hordeiiberg  le  fil  de  nouveau 
sommer  niîiiisLre  des  Finances  de  Prusse.  Il  garda  ce  portefeuille  jusqu'en 
tin  où  il  devint  ministre  du  Commerce,  fonctions  qu'il  occupa  jusqu'au 
moneat  où  ce  ministère  fut  rfnni  h  celui  de  l'Intérieur.  Nommé  président 
te  la  SUèaie,  il  mourut  peu  après. 

T.  1.  a 


18  AUTOUR   DU   GOKGRÉS   DE    VIENNE 

TEmpereur  de  Russie  a  changé  sa  résolution  et  ira  directement 
à  Pétersbourg  sans  passer  par  Vienne. 

Quelqu'un  m'a  dit  savoir  de  bonne  source  que  le  cabinet  de 
Vienne  soupçonne  d'avoir  été  joué  par  celui  de  Saint-Péters- 
bourg dans  la  négociation  avec  le  Roi  de  Saxe  Tannée  dernière 
et  que  FEmpereur  d'Autriche  embrassant  la  cause  de  ce  monar- 
({ue  ne  voudrait  pas  qu'il  soit  dépouillé  de  ses  Etats  et  a  rejeté 
la  proposition  qu'on  lui  aurait  fait  de  partager  la  Saxe. 

Tl  y  a  aussi  des  contestations  par  rapport  à  la  Pologne,  quoi- 
que r Autriche  soit  disposée  à  renoncer  à  la  réacquisition  de  la 
Galicie  orientale,  se  reservant  toutefois  les  salines  de  Wieliczka 
et  un  dédommagement  d'un  autre  côté. 

Le  voyage  du  prince  de  Metternich  de  Londres  à  Paris  fixe 
l'attention  et  on  pense  qu'il  est  chargé  de  former  des  liens 
plus  intimes  entre  la  France  et  l'Autriche,  afin  de  contreba- 
lancer ceux  qui  existent  entre  la  Russie  et  la  Prusse  et  qui  vont 
être  encore  consolides  par  le  mariage  du  Roi  de  Prusse  avec 
la  grande-duchesse  Catherine, 

Le  retour  accéléré  de  l'Empereur  de  Russie  dans  sa  capitale 
est  en  partie  attribué  à  des  avis  qu'il  a  dû  recevoir  de  trou- 
bles qui  menaçaient  d'éclater  en  Russie.  Quelle  qu'en  soit  Ja 
raison,  beaucoup  de  personnes  ont  été  désagréablement  attra- 
pées par  la  remise  de  sa  visite  à  Vienne,  qui  vraisemblable- 
ment n'aura  pas  non  plus  lieu  en  septembre.  L'Empereur 
d'Autriche  aurait  pu  s'épargner  de  grands  frais  pour  la  récep- 
tion des  souverains  attendus,  s'il  avait  su  qu'tVs  lui  feraient 
faux  bon. 


25.  Vienne,  9  juiHct  1814  (F.  1.  ad  3585). 

B'RAUN  à  L...,  (à  Darmstadt)  {intercepta  en  française)  (Analyse). 

Mauvais  effet  produit  par  la  remise  du  C'ongrès  et  les  changements  d'itiaé- 
raire  d'Alexandre  et  de  Metternich.  On  craint  que  le  Congrès  n'ait  pas  Keu 
On  parle  d'une  déclaration   préalable  des  cours  du  Nord.  Importance  du 
«éjour  de  Metternich  à  Paris. 

Il  commence  par  lui  faire  part  de  la  surprise  causée  par  la 
remise  de  l'ouverture  du  Congrès  au  1*'  octobre,  par  le  retard 
apporté  par  Alexandre  à  sa  venue  à  Vienne,  par  Le  crochet  que 


LES    PRiUMNAIDES   FF    LES    AJODBIJSHEHTfi    DU   CONGRÈS        19 

le  prince  ée  Mettemîoh  a  fait  eo  allsnt  de  Londres  à  Paiisj-et 
enfin  et  snrtout  da  mauvais  effet  produit  par  «es  nouvelles. 

<  On  était  d'aooord  qae  la  cordiaUté  et  l'abandon  n'amma- 
ratent  pas  les  iétes,  mais  personne  ma  se  serait  douté  qu'elles 
seraient  remises  jusqu'au  mois  d'octobre.  On  peut  donc  si^' 
poser  qu'elles  n'auront  jamais  lieu  et  qœ  le  Congrès  lui-même 
ponrraH  bien  ne  plus  se  tenir  à  Vienne.  On  aurait  dû  sauver 
les  apparences  en  prenant  le  chemin  le  plus  direct  pour  se 
rendre  à  Saint-Pétersbourg. Maïs  si,  comme  le  bruit  en  couri, 
on  passe  par  Karlsruhe,  Stuttgart  et  fierllo,  on  a  l'air  d'inuil- 
ter  et  en  même  temps  de  préparer  des  menéesqui  ne  peuvent 
être  indifférentes  à  la  Cour  de  Vieone. 

Aussi  parle-t-on  déjà  d'une  déclaratios  des  Cours  du  Nord 
qui  contiendrait  les  principes  qui  doivent  servir  de  base  A 
l'acte  qui  mettra  la  dernière  main  &  la  paix  générale.  Cet  acte, 
en  décidant  i  l'avance  les  questions  des  plus  importante»,  ré- 
duirait à  peu  de  chose  les  travaux  du  Congrès  qui  dans  cette 
ST^position  pourra  ne  plus  se  tenir  à  Vienne. 

Je  crois  savoir  que  tout  tend  à  un  rapprochement,  d'ailleurs 
difficile  à  amener, entre  la  France  et  l'Autriobe.  Les  résultat* 
en  seront  bien  dooteux  si  les  puissances  du  Nord  réussissaient 
à  attirer  dans  leur  parti  les  cours  allemandes.  Ces  circons- 
tances donnent  un  grand  intérêt  au  séjour  du  prince  de  Met- 
tenridi  à  Paris.  Il  fait  supposer  son  retour  pour  arriver  plus 
tard  que  les  fetrilles  de  Vienne  ne  l'annoiioent.  » 


>.  Vienne,  iO  guUlel  18Ur(F.l.  ad  3Mi). 

flEGARDT  à  ENGESTRCEM  (1)  {intercepta  en  français) 
(Aaalyse.). 


Uaiulîen  del'ann^c  autrichiannc  sur  le  pied  do  guerre  et  mesures  de  pr£cia- 
tiOD  en  Galicie.  Les  risuttots  dn  ru Froidis sèment  enlre  les  Empereura.  Les 
■ITiires  de  Saie  eL  de  Pologne.  Les  rapports  cnLre  ia  Prusse  et  l'Autriche. 

L'Empereor  a  tenu  cette   semaine  un  conseil  auquel  le 

1.  Engealrtera  {Laurent,  oomte  d')  (nU-itM)  e:qiiditio4inaire  aux  Ardùvea 
nitki ^37 t-mi j  ■acréLaire  du  Cabinet  du  .raiaialre  des  AJIairas  Atrai^ires 
(m4) chargé  d'alTaires  à  Vienne  il77S-lTS8)  miuùtFe  pi^potentiaire  i  Var- 


20  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

prince  de  Schwarzenberg  assista.  Il  fut  résolu  qu'en  attendant 
toute  Tarmée  resterait  sur  le  pied  de  guerre,  que  les  recrues 
et  les  vélites  ne  seront  pas  licenciés  et  que  30.000  hommes 
marcheront  en  Galicie  pour  renforcer  les  troupes  qui  y  sont 
rassemblées  et  dont  le  nombre,  selon  quelques  avis,  va  être 
augmenté  jusqu'à  100.000  hommes.  L'Empereur  s*est  aussi 
exprimé  aux  députés  hongrois  que  le  temps  de  désarmer  n'était 
pas  encore  venu.  De  leur  côté,  les  Russes  concentrent  de  nom- 
breuses forces  dans  le  duché  de  Varsovie  et  ils  ont  déjà  une 
armée  considérable  à  Cracovie. 

€  Bien  qu'on  aime  à  se  persuader  que  les  différends  entre 
l'Autriche  et  la  Russie  seront  terminés  à  l'amiable,  ces  dé- 
monstrations inquiètent  le  public  et  la  chose  prend  effecti- 
vement un  aspect  sérieux...  La  brouillerie  entre  les  deux 
Empereurs' a  éclaté,  paraît-il,  5  la  suite  d'une  note  péremp- 
toire  et  conçue  en  termes  énergiques  présentée  à  Londres 
par  le  prince  de  Metternich  (1)  sur  les  affaires  générales  de 
l'Europe  et  en  particulier  au  sujet  de  la  Saxe.  Je  crois  que 
l'Empereur  d'Autriche  s'intéresse  vivement  au  roi  de  Saxe, 
surtout  depuis  que  le  prince  Antoine  de  Saxe  est  venu  à  Baden 
avec  son  épouse,  sœur  de  TEmpereur,  implorer  sa  protection 
et  se  plaignant  qu'il  manquait  de  pain.  J'ai  ouï  dire  que  la 
Cour  de  Vienne  fait  entrevoir  que,  s'il  fallait,  pour  contenter 
tous  les  partis,  partager  la  Saxe  et  que  s'il  s'agissait  de  réta- 
blir un  royaume  de  Pologne,  il  serait  juste  de  le  donner  en 
dédommagement  au  roi  de  Saxe,  ce  qui  satisferait  les  Po- 
lonais. 

«  Il  répugne  à  la  Cour  de  Vienne  que  le  duché  de  Varsovie 
soit  érigé  en  royaume  en  faveur  de  l'Empereur  Alexandre  ou 
du  grand-duc  Constantin,  ou  même  du  roi  de  Saxe,  Elle  craint 
que  la  perte  de  la  Galicie  Méridionale  n'en  résulte  peut-être 
tôt  ou  tard. 

«  Les  officiers  russes  ne  dissimulent  pas  que  dans  peu  ils 
s'attendent  à  avoir  affaire  aux  Autrichiens.  Ils  leur  en  veulent 
et  témoignent  beaucoup  d'assurance  de  les  battre.  Ils  vantent 

sovie,  puis  peu  après  rappelé  à  Stockholm  et  nommé  chancelier  de  la  Cour, 
ministre  à  Londres  (1793-1795),  à  Berlin  (1798-1804  ,  président  de  la  Chancel- 
lerie (1809)  et  peu  après  ministre  des  AfTaires  étrangères.  Fait  baron  le 
29  juin  1809  et  comte  en  1816,  il  se  retira  définitivement  des  affaires  en  1819 
et  alla  finir  ses  jours  dans  ses  terres  en  Pologne. 

1.  Cf.  Gentz  à  Karadja,  Vienne,  21  juin  1814  {Dépêche  inédile  aux  hoipo- 
dan  de  VaUchie,  tome  I^  page  80  et  suivantes). 


n  ma 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       21 

au  contraire  les  Prussiens  et  comptent  sur  eux  comme  des 
alliés  inséparables. 

€  La  Prusse  parait  convoiter  la  meilleure  partie  de  la  Saxe 
et  elle  est  en  dispute  avec  rAutriche  sur  la  possession  défini- 
tive  de  Mayence. 

€  On  n'est  pas  plus  d'accord  sur  l'Italie  que  sur  l'Allema- 
gne et  la  Pologne.  » 

Mécontentement  et  troubles  à  Milan. 

€  Les  Russes  disent  que  leur  souverain  a  pris  de  Thumeur 
de  ce  que  TEmpereur  d'Autriche  n'a  pas  fait  de  visite  à  l'Im- 
pératrice de  Russie  en  allant  de  Paris  à  Vienne  et  ne  Ta  pas 
invitée  à  venir  ici.  » 


Vienne,  13  juillet  1814. 
27.  Vienne,  12  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

PIQUOT  à  GOLTZ  (iniercepla  en  français)  (Analyse). 

Bruit  sans  fondement  du  départ  de  Murât  de  Naples.  La  reprise  du  pouvoir 
pair  Ferdinand  IV.  L'Autriche  à  la  recherche  d'une  compensation  pour  le 
roi  de  Saxe. 

Il  ne  lui  parlera  de  la  Suisse  qu'après  avoir  vu  le  chargé 
d'affaires  helvétique  avec  qui  il  doit  conférer  le  lendemain.  Il 
enregistre  le  bruit  du  départ  de  Murât  de  Naples  et  de  l'inter- 
vention de  l'Angleterre  en  faveur  de  Ferdinand  IV  qui  a  repris 
les  rênes  du  Gouvernement  en  Sicile  (1)... 

<  Le  courrier  autrichien  a  dû  avoir  été  expédié  à  Berlin  par 
rapport  aux  affaires  de  Saxe  et  y  porter  les  propositions  à  faire 
au  roi.  On  m'affirme  que  la  Cour  de  Vienne  désirerait  main- 
tenant voir  le  roi  de  Saxe  troaver  une  indemnisation  de  son 
Royaume  dans  la  possession  des  Légations  de  Bologne  et  de 
Ferrare  (2). . .  Je  ne  manquerai  pas  de  suivre  cet  objet  important .  )► 


1.  Ferdinand  IV  avait  en  clTet  repris  le  pouvoir  le  4  juillet  (Cf.  G»  Wbil. 
JoMchim  Mar&t.  U  dernière  année  de  règne  (mai  18U-mai  1815),  tome  I, 
pages  196-197). 

2.  Hrhs,  Hof  nndStàats  Archiv.  Hardenbcrg  à  Metternich.  Paris,  7  juillet. 

•  Je  souhaite  vivement  que  le  roi  de  Saxe  soit  bien  placé  et  cela  n  est  fai- 
«  sable  qu'en  Italie  en  lui  donnant  les  trois  Légations.  Vous  aurez  en  lui  un 

•  allié  dont  vous  pourrez  toujours  tirer  parti.  En  bonne  politique  vous  dc- 
«  vrez  préférer  cet  éUblissement  pour  lui  à  tout  autre  dans  le  Nord  de  TAl- 
«  lemagne  où  il  serait  moins  sous  votre  inûuence.  Le  Pape  n  est  pas  un 
«  obstacle...  » 


9ï  AUTOUR   DU  GOKGBàS    DE   VISKNE 

Vienne,  ll^juillet  1814. 
28^  Vienne,  13  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  au  MINISTÈRE  DANOIS  (m/erce/)/a  en  français) 

Les  causes  de  la  remise  du  Congrès  au  10  septembre.  Les  embarras  do  Met 
iernich  et  de  lord  Castlereagh.  La  Pologne  et  la  frontière  de  Galicie.  Difii- 
cultés  de  la    situation  de  l'Autriche.  L'opinion  publique  à    Vienne    et  les 
nouvelles  répandues  en  ville  par  le  Gouvernement. 

Les  informations  les  plus  exactes  que  j'ai  ébé  à  même  de 
recueillir  servent  à  confirmer  la  partie  la  plus  essentielle  des 
notions  que  j'ai  eu  Thonneur  de  soumettre  à  Votre  Excellence 
dans  mon  précédent  rapport. 

11  est  très  vrai  que  le  prince  de  Metternich  s'est  trouvé 
dans  les  plus  grands  embarras  pour  ne  pas  avoir  obtenu  de 
la  part  de  lord  Castlereagh  tout  l'appui  sur  lequel  il  avait 
compté.  11  se  plaignit  de  ce  que  le  ministre  anglais,  aux  dis- 
positions d'uquel  il  rend  du  reste  toujours  la  même  justice,  n'a 
que  faiblement  appuyé  ses  démarches  et  réclamations)  et  il 
attribue  la  nécessité,  où  il  s'est  trouvé  de  proposer  Tajourne- 
ment  du  Congrès^  à  la  difficulté  inattendue  que  lord  Castle- 
reagh a  fait  de  quitter  l'Angleterre  assez  promptement  pour 
pouToir  être*  rendu  à  Vienne,  au  terme  fixé  pour  l'ouverture 
des  négociations.  II  parait  du  reste,  d'après  les  dernières  nou- 
velles de  Londres,  qu'avant  le  départ  des  souverains  les  esprits 
se  sont  de  toute  part  un  peu  radoucis.  On  a  fini  par  convenir, 
à  ce  qu'on  m'assure,  que  les  plénipotentiaires  des  souverains 
alliés  se  trouveraient  réunis  à  Vienne  au  pins  tard  le  10  sep- 
tembre et  ^Empereur  de  Russie  a  promis  d  y  être  rendu  en- 
Ire  le  20  et  te  W  dti  même  mois.  On  doute  cependant  toujours 
que  cette  promesse  se  réalisera  à  moins  qu'on,  ne  trouve  jus^ 
que  là  moyen  d'en  écarter  les  principaux  points  de  vexation. 

On  continue  à  regarder  la  question  de  la  frontière  de  Polo- 
gne du  côté  de  la  Galicie  comme  la  plus  difficile  à  résoudre. 
Quelle  que  soit  cependant  l'importance  que  la  Cour  d'ici  attache 
à  Taequisition  de  Cracovie,  les  personnes  les  plus  à  portée 
d'apprécier-  ses  dispositions  et  d'approfondir  ses  vues  semblent 
s'accorder  dans  l'opinion  qu'elle  cédera  sur  ce  point  plutôt 
que  de  braver  les  dernières  extrémités  et  elle  finira  par  aban- 
donner toutes  les  prétentions  qu'elle  ne  réussira  pas  à  faire 


LES    PRÉLIUIflÀIRES   ET    LES    AJOURNEUEHTS    DU    CONGRÈS       23 

valoir  au.  moyeni  de  l'inteirventioa  de  l'Angleterre.  L'hiuneur 
pacifique  àe  TËmpereur,  le  caractère  de  son  ministre^  auquel 
on  coonaîL  plus  de  souplesse  que  de  vigilance,  la  désoi^ani- 
sation  de  l'armée  et  la  pénurie  des  floanccs,  tout  semble  con.- 
courir  à  donner  du  poids  à  cette  opinion. 

En  attendant,  le  cabinet  de  Vienne  met  tous  ses  soins  à  dé- 
rober ses  embarras  et  sea  alarmes  à  la  connaissance  du  public 
et  à  pallier  l'alTront  qu'il  vient  d'essuyer.  C'est  h  cetle  lin 
qu'on  continue  à  faire  entendre  qu'il  se  manifeste  en  Russie 
même  une  opinion  très  prononcée  contre  l'idée  d'un  rétablis- 
sement d'un  Royaume  de  Pologne,  que  des  représentations 
très  fortes  là-dessus  ont  été  adressées  à  l'Empereur  Alexandre 
et  qu'en  effet  ce  Souverain  a  été  vivement  pressé  par  les  pre- 
mières autorités  de  soa  Empire  d'accélérer  son  retour  en  Rus- 
sie, où  la  prolongation  de  son  absence  a  fait  accroître  et  mul- 
tiplier de  plus  en  plus  les  inconvénients  les  plus  graves. 


29,  Vicime,  13  juillet  tSli  (P.  1.  ad  3SS5). 

COMTESSE  DE  RliCHBERG  (1)  ou  COMTE  DE  GŒRTZ 
[intercepta  en  français). 


On  ne  doute  pas  dans  le  public  que  le  Congrès  ne  se  réu- 
nisse. On  tire  en  suspens  la  réunion  des  Souverains.  Cepen- 
dant tous  les  préparatifs  pour  les  fêtes  se  continuent... 

Je  sens,  mon  père,  combien  vous  devez  souffrir  de  ce  nou- 
vel incident  qui  menace  le  sort  de  notre  pauvre  Allemagne.il 
était  sans  doute  à  prévoir.  On  ne  pouvait  supporter  ici  la  trop 
grande  étendue  de  frontière  et  d'influence  de  la  Russie.  On 
ne  pouvait  voir  non  plus  avec  indiffécence  le  trop  grand  agran- 
dissament  de  la  Prusse  et  Mayence  entre  ses  mains  est  un 
objet  de  grande  attention.  On  voyait  d'ailleurs  avec  une  peine 
inÛni^  Te  sort  dé  la  Saxe. 

1.  Femme  du  Comte  Aloîs  français  Xavier  de  Hcclibci'n;.  Ministre  de  Ba- 
vière au  CoagriB,  Qllo  du  Comte  de  Gccrtz,  conseiller  intime  du  rui  de  Sutc. 
qui  l'envoya  i  Vienne  au  mois  de  septembre.  {Cr.  Pallaim.  Corresiiondanct 
inédite  de  T»ttej/r»nd  et  de  Loait  XVIL  ^ole,  page  3.) 


24  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

On  dit  que  de  grands  armements  se  font  en  Bavière.  De 
grandes  forces  réunies  pourraient  peut-être  éviter  de  grands 
maux.  Tel  est  Tespoir  général.  Puissent-ils  ne  pas  nous 
tromper. 


30.  Vienne,  13  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BILDT  (1)  à  ENGESTRŒM  {intercepta  en  allemand). 

Fausse  nouvelle  relative  à  l'ouverture  du  Congrès  demandé  par  Alexandre. 

Le  Comte  de  Clam,  aide  de  Camp  de  Schwarzenberg,  a 
apporté  de  Londres  une  lettre  de  TEmpereur  Alexandre  de- 
mandant à  TEmpereur  d'Autriche  de  fixer  l'ouverture  du 
Congrès  au  mois  de  septembre  et  annonçant  son  arrivée  pour 
la  fin  du  mois. 

Le  Roi  et  la  Reine  de  Bavière  ont  aussi  annoncé  leur  venue. 


31.  Vienne,  13  juillet  1814  (F.  i.  ad  3565). 

BRAUN  à  L...,  (à  Darmstadt)  {intercepta)  (Analyse). 

Le  Congrès  à  Berlin.  Les  démarches  de  la  Prusse.  Désaccord  entre 
TAutrichc  et  la  Bavière.  Concentration  de  troupes  en   Pologne. 

On  dit,  et  il  croit,  lui  aussi,  que  le  Congrès  se  tiendra,  non 
pas  à  Vienne,  mais  à  Berlin. 

On  prête  la  plus  grande  attention  aux  démarches  de  la 
Prusse,  à  l'attitude  et  aux  agissements  des  Cours  allemandes. 

«  La  Bavière  et  TAutriche  ne  sont  pas  encore  d'accord.  La 
Bavière  se  donne  Tair  de  ne  pas  pouvoir  se  passer  des  pays 
qu'elle  doit  restituer  à  TAutriche,  probablement  parce  qu'elle 
veut  les  faire  taxer  au  plus  haut  prix  et  ne  renonce  pas  à  l'es- 
poir d'étendre  ainsi  ses  possessions  jusqu'au  Rhin,  espoir  inad- 
missible parce  que  ce  plan  brouillerait  les  cours  les  plus  res- 
pectables et  compromettrait  l'existence  de  toute  l'Allemagne.  II 
est  possible  que  l'on  indemnisera  la  Bavière  entre  le  Rhin  et 
la  Moselle. 

1.  Bildt  (baron),  Ministre  de  Suède  à  Vienne. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET   LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS       25 

«  De  part  et  d'autre,  il  y  a  beaucoup  de  troupes  en  Polo- 
gne, mais  je  ne  crois  pas  qu'on  en  viendra  mal  à  propos  à  la 
Guerre.  > 


Vienne,  17  juillet  1814. 
32.  Vienne,  16  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  à  ROSENCRANZ  {intercepta  en  français). 

Nouvelles  relatives  k  la  venue  d'Alexandre,  aux  Conférences  préparatoires, 
  la  forme  même  du  Congrès.  La  Constitution  de  TAllemagne  et  les  vues 
de  rAutrichc.La  tâche  de  Metternich  en  Angleterre  facilitée  par  l'attitude 
d'Alexandre  et  les  démarches  de  la  grande-duchesse  Catherine.  L'Autri- 
che, l'Angleterre  et  les  Etats  Scandinaves.  La  question  de  la  Saxe  et  les 
regrets  de  l'Autriche  de  n'avoir  pas  pris,  dès  le  début,  une  attitude  toute 
dilTérente. 

Je  tiens  les  notions  suivantes  de  M.  de  Hudelist.  L'Empe- 
reur de  Russie  a  effectivement  donné  sa  parole  de  se  rendre 
à  Vienne  avant  la  fin  de  septembre.  Les  conférences  prépa- 
ratoires entre  les  plénipotentiaires  des  grandes  puissances 
commenceront  le  10  septembre  ;  elles  réuniront  ici  lord  Cas- 
tlereagh,  le  Comte  de  Nesselrode  et  le  Prince  de  Uardenberg. 

Il  n^y  a  rien  d'arrêté  sur  la  forme  des  négociations  princi- 
pales du  Congrès  ;  mais  il  parait  qu'on  voudrait  éviter  les 
séances  générales  et  même  les  réunions  plus  nombreuses  que 
ne  l'exigera  l'intérêt  plus  ou  moins  direct  que  telle  ou  telle 
puissance  sera  censée  avoir  aux  différents  objets  de  discussion. 

Les  bases  de  la  Constitution  future  de  l'Allemagne  seront 
préalablement  discutées  entre  T Autriche,  la  Prusse,  la  Bavière 
et  le  Hanovre. 

Au  nombre  des  projets  qui  étaient  formés  relativement  aux 
moyens  de  suppléer  au  défaut  de  l'autorité  impériale,  celui 
d'établir  une  sorte  de  Directoire,  que  ces  Etats  exerceront 
alternativement,  passe  pour  avoir  un  assez  grand  nombre  de 
partisans. 

Hudelist  ne  me  cache  pas  que  TAutriche  songe  à  baser  son 
système  politique  sur  des  liaisons  étroites  avec  les  princes  de 
l'Empire. 

Le  prince  de  Metternich  a,  pendant  son  séjour  à  Londres, 
rais  tous  ses  soins  à  resserrer  les  liens  qui  unissent  les  deux 


26.  AUTOUR    DU   COKGBÈS    DE   VIENiNB 

Empires,  et  il  se  flatte  de  n'y  avoir  pas  perdu  ses  peines.  Se- 
lon ce  que  Ton  m'a  dit  ici^  sa  tâche  lui  a  été  entièrement  faci- 
litée par  la  conduite  de  TEmpereur  Alexandre.  Ce  souverain 
s'est  montré  bien  plus  disposé  à  gagner  et  à  flatter  l'Oppo- 
sition qu'à  se  rendre  agréable  au  Cabinet.  Il  a  blessé  celui- 
ci  par  Taccueil  qu'il  a  fait  aux  plénipotentiaires  américains 
ainsi  que  par  la  prédilection  qu'il  a  témoignée  en  faveur  de 
leur  cause. 

Il  ne  s'est  de  plus  mêlé  des  querelles  entre  le  Prince  Régent 
et  son  épouse  (1)  que  pour  prendre  ouvertement  parti  contre  le 
prince.  On  Taccuse  même,  je  ne  sais  sur  quel  fondement, 
d'avoir  appuyé  les  intrigues  faites  par  sa  sœur  (2)  pour  rompre 
les  engagements  de  la  princesse  royale  (3j  d'Angleterre  dans  la 
vue  de  former  une  union  entre  le  prince  héréditaire  d'Orange 
et  la  grande-duchesse  Anne  (4). 

lîudelist,  dans  cette  même  conversation,  m'a  fait  entendre 
que  le  Cabinet  suédois  se  montre  disposé  à  accéder  aux  nou- 
veaux liens  que  T Autriche  et  la  Grande-Bretagne  pourraient 
vouloir  former  et  qu'il  est  allé  jusqu'à  déclarer  qu'on  le  trou- 
verait prêt  à  agir  dans  le  sens  et  pour  le  but  d'une  pareille 
alliance. 

C'est  à  ces  dispositions,  en  apparence  si  peu  analogues  à  la 
situation  actuelle  de  la  Suède,.que  je  crois  devoir  rapporter  im 
propos  qui,  dans  ime  conversation  antérieure,  est  échappé  à 
M.  de  Hudelist.  En  me  parlant  de  la  possibilité  d'une  rupture 
avec  la  Russie,,  il  me  dit  :  «  Nous  ne  serions  pas  de  notre  côté 
«  sans  aUiés^  11  n'y  a  pas  jusqu'au  prince  royal  de  Suède  sur 
«  lequel  nous  pourrions  compter.  » 

M.  de  Steigentesch  a'est  assurément  pas  sorti  du  sens  de 
sa  Cour  en  faisant  entendre  à  Votre  Excellence  que  l'Angle- 
terre et  l'Autriche  continueront  à  attacher  le  Danemark  au 


1..  Il  s'a^t  dea  démêlés  ontce  le  futur  Georges  IV  et  sa  f^mme  Caroline  de 
Brunswick. 

2.  La  grande-duchesse  Catherine. 

3.  Projet  d'union  entre  Guillaume  d'Orange  (Guillaume  II  de  Hollande,  né 
en  1792)  et  la  priucessc  Charlotte  Augusta  d'Angleterre,  qui  épousa  Léopold 
de  Saxe-Cobourg  (le  futur  roi  Léopold  !•'  de  Belgique)  et  qui  mourut  le  5?  no- 
vembre 1817  après  dix-huit  mois  de  mariage. 

4.  La>  grande-duchesse  Anne,  la  plus  jeune  des  sœurs  d'Alexandre,  néu 
le  19  janvier  1795,  épousa  le  21  février  1816  le  prince  héréditaire  d'Orauge,  le 
futur  roi  Guillaume  II  de  Hollande.  La  grandc-duchessc  avait  été  sur  le 
point  d'épouser  Napoléon  en  1810.  Il  avait  été  et  il  était  même  encore  à  ce 
moment;  question  pour  elle  dfun. mariage  a^ocle  duc  de  Bûrry. 


LES    PRÉLI31I3A1BES'  ET    LES   AJODRI>iEUENTa    DU   CONGtl^.S        27 

système  qu'elles  s'occupent  à  former.  Mais  je  crois  m'aperce- 
voir  que  Ton  compte  peu  sur  nous  parce  que  dos  anciennes 
liaisons  avec  la  Russie  ne  tarderaient  pas  fi  reprendre  le  des- 
sus  et  aussi  que  la  Rusaie  sentira  trop  bien  le  besoin  qu'elle 
a  de  nous  pour  ne  pas  mettre  tous  ses  soins  à  nous  regagner. 
Hudelist,  en  m'entretenant  des  premiers  objets  dont  les  plé- 
nipotentiaires des  grandes  puissances  auront  à  s'occuper,  ms 
parla  de  la  possibilité  dé  la  conservation  de  la  Saxe,  mais  de 
manière  â  me  faire  voir  clairement  qu'il  ne  croyait  pas  lui- 
même  à  cette  possibilité.  Je  ne  crois  pas  me  tromper  en  sup- 
posant que  la  Cour  d'ici  regrette  amèrement  de  ne  pas  avoir 
combattu  plus  vigoureusement  le  projet  d'ngrandissement  dès 
sa  naissance,  et  que  le  trop  de  facilité,  qu'elle  s'est  laissée  trou- 
ver li  cet  égard,  tenait  en  grande  partie  h  l'espoir  de  gagner  la 
Prusse  à  son  systftme  dont  le  premier  objet  avait  été  de  met- 
tre l'Allemagne  à  l'abri  de  toute  influence  étrangère.  Il  ne  lui 
restera  plus  maintenant  d'autre  ressource  que  de  partager  une 
injustice  qui  lui  répugne  et  dont  sa  rivale  tirera  les  principaux 
avantages.  On  m'assure  qu'elle  réclame  éventuellement  l'Erzge- 
birge  et  qu'il  subsiste  dès  maintenant  des  vexations  sur  la 
possession  de  Dresde,  dont  l'importance,  sous  le  rapport  mili- 
taire, a  été  évidemment  démontrée  par  la  dernière  guerre. 


0,  Vîeane,  IS  juillet  18U  (F.  I.  ad  SMS). 

BRAUN  à  L  .  ..  (à  Darmatadl)  {inlercepla  en  Trançais 


L'Empereur  Alexandre  viendra  certainement  à  Vienne,  mais 
il  a  déclaré  qu'il  n'en  partirait  que  lorsque  les  alfaires  du  Con- 
grès seront  terminées. 

J'ai  tout  lieu  de  croire  que  l'Autriche  n'est  pas  la  seule 
puissance  qui  seul  la  nécessité  de  limiter  les  plans  de  la  Ras- 
sieet  que  les  insinuations  de  ce  genre  ne  manqueront  paa  de 
taire  quelque  efTet  à  Paris  et  même  ;\  Londres. 

On  dit  ici  que  l'Empereur  Alexandre  est,  û  tous  ^ards, 
nécontent  de  sou  séjour  en  Angleterre. 


28  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 


34.  Berlin,  12  juillet  1814  (F.  1.  ad.  3565). 

GOLTZ  à  PIQUO T  {intercepta  en  français) 
(Analyse  du  Cabinet  Noir). 

Modifications  apportées  au  voyage  des  souverains.  Les  affaires  des  Etats 
Scandinaves.  Surveiller  l'état  des  esprits  en  France.  Napoléon  y  a  un  fort 
parti  dans  l'armée. 

«  Le  Congrès  de  Vienne  ne  devant  s'ouvrir  que  le  1*'  oc- 
tobre et  Sa  Majesté  ainsi  que  l'Empereur  de  Russie,  ayant 
différé  jusqu'à  l'approche  de  ce  terme  de  contenter  le  désir 
qu'ils  ont  de  répondre  à  linvitation  de  leur  Auguste  Allié 
et  de  lui  rendre  visite  dans  sa  capitale,  ces  deux  souverains 
se  préparent  à  satisfaire  l'attente  de  leurs  fidèles  sujets  ;  le 
Roi  doit  arriver  à  Potsdam  vers  le  22  juillet. 

«  Rien  de  précis  en  Norvège  où  on  se  calme  cependant.  Le 
prince  Christian  est  ébranlé  par  les  représentations  des  Anglais. 
On  va  convoquer  une  deuxième  diète  qui  semble  devoir  accep- 
ter le  traité  de  Kiel.  » 

Après  avoir  recommandé  à  Piquot  de  ne  pas  négliger  les 
affaires  avec  la  Porte,  Goltz  ajouta  : 

«  Ne  perdez  pas  de  vue  les  nouvelles  relatives  à  Tétat  inté- 
rieur de  la  France.  On  parle  toujours  d'une  grande  agitation 
qui  y  règne  dans  les  esprits  et  d'un  sérieux  attachement  dont 
beaucoup  de  militaires  ne  se  cachent  pas  pour  Bonaparte.  » 


Vienne,  19  juillet  1814. 
35.  Vienne,  18  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

©  ©  à  Hagbr. 

Réponse  à  la  note  de  ilager  du  1*'  juillet.  Indication  des  personnes  dont  il 
compte  se  servir.  Les  services  qu'il  pourra  rendre  ^rkce  à  sa  situation  et 
à  ses  relations  personnelles. 

Je  pense  souvent  au  Congrès  et  m'occupe  constamment  de 
tout  ce  que  Votre  Excellence  m'a  demandé  par  sa  note  du  t**"  de 
ce  mois.  Arnstein  et  Eskeles  recevront,  ils   le  disent  eux- 


LES    PRÉLI3UNAIRES    ET    LES    AJOURNEUCNTS    DU   COHGRËS        JD 

mêmes,  tous  les  jours  pendant  la  durée  du  Congrès  à  dîner  et 
à  souper  les  Berlinois  et  les  Prussiens  en  qualité  de  compa- 
triotes. 

Personne  n'est  mieux  placé  pour  savoir  ce  qui  a  trait  à  la 
politique  et  tout  ce  qui  se  passe  chez  les  Anglais  et  les  Russes 
que  M.  de  Hammer  (1)  qui  vit  et  continue  fi  vivre  avec  eux. 
Pour  l'Allemagne,  personne  ne  sera  mieux  à  portée  de  tout 
savoir  que  le  ci-devant  agent  de  l'Empire  Von  Borsch  (2),  ancien 
agent  et  représentant  de  la  noblesse  territoriale  de  Wurtem- 
berg contre  le  duc  de  Wurtemberg.  Je  le  répète  donc  après  j 
avoir  mûrement  réfléchi,  Hammer  et  Borsch,  chacun  dans  sa 
sphère,  s'ils  s'engagent  h  s'acquitter  de  cette  mission,  sauront 
tous  les  soirs  tout  ce  qui  se  sera  passé  pendant  la  journée  dans 
ces  dliîérentes  missions.  Du  reste,  une  fois  que  les  person- 
nages venus  pour  le  Congrès  seront  réunis  ici,on  trouvera  sans 
peine  les  moyens  de  surveillance  et  d'observation  qu'on  ne 
saurait  déterminer  pour  le  moment. 

Grâce  aux  services  que  pendant  vingt-deux  ans  j'ai  rendus 
aux  Bourbons,  h.  l'aide  de  la  nouvelle  mission  que  Louis  XVllI 
envoyé  ici,  à  l'aide  des  légations  duWurtemberg  et  de  Bavière 
au  Congrès  et  à  Vienne,  comme  aussi  de  mes  vieux  amis  ve- 
nant au  Congrès  tant  de  l'Empire  que  de  ritalie,  je  crois  être 
certainement  en  mesure  de  fournir  tous  les  jours  ii  Votre  Excel- 
lence des  rapports  qui  ne  manqueront  pas  d'intérêt.  Il  est  vrai 
que  le  genre  de  vie  qu'adoptera  le  prince  de  Mettcraich  exer- 
cera une  influence  considérable  sur  la  valeur  de  mes  rapports, 
dont  l'intérêt  dépendra  beaucoup  du  fait  qu'il  recevra  et  verra 
journellement  beaucoup  de  monde,  qu'il  donnera  des  audien- 
ces, qu'il  réunira  du  monde  chez  lui.  S'il  n'en  est  pas  ainsi, 
s'il  faut  au  contraire  aller  ramasser  des  nouvelles  dans  les  dif- 
férentes coteries,  la  chose  sera  à  la  fois  sensiblement  plus  dif- 
ficile et  plus  lente. 


1.  Von  Hammer- Pu rgg un,  OrieaUUiate  et  drogman  du  ministère  de*  Af- 
Tairei  étrangère  a. 

:.  Von  Borsch  représentait  k  Vienne  pendant  le  temps  du  Congris  le 
prince  de  la  Leyen. 


30  AUTOUR  DU  C0NG(RÈ8  DE  VIEfO^E 

Vienne,  21  juillet  1814. 
36.  Vienne,  20  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

COMTESSE  DE  RECHBEKG  au  COMTE  DE  GÔERTZ 

(intercepta,  en  français). 

Arrivée  de  Metternich.  Réunion  du  Congés  en  septembre.  On  e^  un  peu 
plus  rassuré  à  Vienne  mais  on  n'y  prend  des  précautions. 

Le  priAce  de  Mettemich  est  arrivé.  Il  a  passé  la  journée 
d'hier  à  Baden  et  aujourd'hui  il  verra  le  corps  diplomatique  (1). 

On  ne  doute  plus  que  le  Congrès  ne  se  rassemble  dans  le 
courait  de  septembre.  Plusieurs  députés  sont  déjà  ici. 

L^Eropereur  de  Russie  a  écrit  à  celui  d'Autriche  une  lettre 
d'excuse  pour  n'avoir  pu  venir  dans  le  moment  précis,  qui 
est  d'un  style  fort  aimable. 

On  se  persuade  que  les  choses  n'en  sont  pas  là  où  on  les 
croyait  dans  le  premier  moment.  Cependant  on  se  met  en 
mesure  pour  tout  événement  et  sans  doute  la  prudence  Texige. 


37.  Vienne,  20  juillet  1«14(F.  1.  ad  3565). 

PIQUOT  à  Gi3LTZ  (iviercepta  en  fraûçai«). 

La  réception  chez  Metternich.  Sa  confiance  dans  l'entente  avec  les  Prussiens. 
Le  Grand-Duc  Constantin  et  la  jréorçaniBation  de  l'armée  polonaise. 

Je  reviens  de  diez  le  piiniœ  de  Meitemich  qui  a  reçu  l'un 
après  l'autre  les  ministres  et  les  <dxsrgés  d'affaires.  Il  m'a  donné 
fassuranoe  de  Vintimité  et  la  ooiifianee  illimitées  qui  régnent 
entre  les  Cours  de  Berlin  et  de  Vienne  et  m'a  répété  que  jamais 
il  n'y  avait  eu  d'alliance  plus  durable  et  mieux  fondée  que 
celle  qui  existe  entre  la  Prusse  et  l'Autriche. 

Des  lettres  particulières  de  bonne  source  disent  que  le  Grand- 
Duc  Constantin  était  attendu  à  Varsovie  vers  le  1"  septem- 
bre et  qu'il  était  chargé  de  la  réorganisation  de  Tarmée  polo- 
naise. 


1.  Metternich  reçut  le  Corps  diplomatique  le  19  juillet,  le  lendemain  de  son 
retour  à  Vienne. 


LES   PRfiUXmAIBES  ET  tXS   AJOintXEVBSTS  DU  C05GR6s      31 

38.  Vienne,  3D  Juillel  1811  (F.  I.  ad  JMi). 

BERNSTORFF  à  BOSENCRANZ  {inferctpU  en  français). 

La  question  de  Polo^c  ajouroée  juiqu'iu  Congrus.  ConceDlralïon  de*  trou- 
pes autrîctiiemies  en  Galicie.  Comme nceme ni  imminenl  des  conférences 
préparatoim.  Aoilett,  UumboldL,  Hardeabeif.  Bruil  de  mariage  projeté 
entre  l'archiduc  Charles  el  la  p-an  de -duchesse  Catherine.  On  n'a  plu*  de 
préventions  conire  le  Danemark. 

11  paraît  être  certain  qne  le  prince  de  Metteroich  a  réussi  k 
arracher  à  l'Empereur  Alexandre  la  promesse  positive  de  sus- 
pendre toute  résolution  et  toutes  mesures  par  rapport  à  la 
Pologne  jusfjn'à  ce  qne  la  question  en  ait  été  soumise  sus 
discussions  du  Congrès.  Quoique  cela  ne  dise  rien  sur  le  fond 
de  la  chose,  on  met  ici  un  grand  prix  à  cet  arrangement  pro- 
visoire qui  écarte  la  crainte  d'éclats  que  des  mesures  fermes  el 
précipitées  auraient  îmmanquablemeot  amenés.  La  nouvelle 
assurance  avec  laquelle  on  fait  entendre  de  rechef  que  l'on  ferait 
la  guerre  plutôt  que  de  souffrir  le  rétablissement  d'un  Royaume 
de  Pologne  me  porte  à  croire  que  pour  le  moment  on  regarde 
l'orage  comme  conjuré. 

En  attendant  on  Fait  Gler  beaucoup  de  troupes  en  Galicie  où 
on  veut,  dit -on,  réunir  120.000  hommes. 

Il  parait  que  les  conférences  préparatoires  ne  tarderont  pas 
à  commencer.  Le  baron  Anstett  (1)  est  déjà  arrivé.  Humboldt  (2) 
est  attendu  dans  les  premiers  jours  du  mois  prochain.  Bien  que 
Hardenbei^  (3)  ne  doive  arriverqu'en  septembre,  on  croit  que 
le  Cabinet  prussien  ne  ferait  aucime  difllcuUé  à  munir  Hum- 
boldt de  ses  pouvoirs  et  on  pourrait  entrer  en  négociations. 

I.  Anstett  (Je«a-Protais,bu^}nd')  né  ISlrasbour^icn  t760,  entré  au  service 
diplomatique  de  la  Bussie  di«  le  début  de  la  itévoluLion  française,  accrédité 
pluaieur*  loi»  à  \'icDne  comme  cbar^  d'affaires,  directeur  de  la  chaDcrlIcrie 
diplomatique  du  prince  Koutouioft  en  1811.  négocia  la  Convention  de  Kaliscli, 
repréaeuta  la  ituaue  au  CoogréB  de  Prague  en  IBI3.  a-^sista  au  Congrès  de 
Vienne  et  fui  ensuite  plèaipolenlUire  russe  pré*  la  Diile  de  Francfort  où  il 
mourut  eu  H3S. 

1  Humboldt  (Guillaume  de)  né  1  PotttJam  en  ITflT.  mnri  en  ISIS,  conseiller 
d'Etat  el  l'un  des  repréaculaots  de  la  Prusse  au  Congrès. 

3.  Ilardenberg  (Uiarl  es -Auguste,  prince  de)  uè  en  175D  i  Easenroda  (Uano- 
vre)  m«rt«n  1831,  négocia  pour  la  Prusse  le  traité  dt  Bile  (I79S),  remplaça 
HaugwiU  au  ministère  des  AITaires  étrangères  (ISDll,  se  relira  apréi  TiUil, 
devint  cbanaelîBT  d'Etat  en  ItlU  et  fut  créé  prince  en  ISli. 


32  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VlEiNNE 

Oq  commence  à  parler  d'une  union  projetée  entre  la  grande- 
duchesse  d'Oldcnburg  et  Tarchiduc  Charles  en  faveur  duquel 
on  rétablirait  le  Gouvernement  de  Lombardie.  La  grande-du- 
chesse est  arrivée  aux  eaux  d'Egra.  Elle  sera  ici  en  même 
temps  que  TEmpereur,  son  frère. 

P.-5.  —  Metternich  m'a  dit  que  déjà  avant  son  départ  de 
Londres  il  s'était  convaincu  que  les  rapports  venus  de  Copenha- 
gue avaient  dissipé  les  préventions  dont  nous  avions  à  nous 
plaindre. 


39.  Ratisbonne,  18  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

LEYKAM  (1)  à  KLENAU  (2)  (à  Vienne)  [inlercepla  en  français). 

Accueil  fait  par  Alexandre  à  la  princesse  de  La  Tour  et  Taxis.  Il  lui  donne 
rendez-vous  le  25  septembre  à  Vienne  où  l'Impératrice  viendra  aussi. 

La  princesse  de  La  Tour  et  Taxis  nous  dit  par  des  lettres 
datées  de  Darmstadt  qu'elle  a  vu  Alexandre.  Sa  Majesté  y 
était  attendue  pour  le  dîner,  mais  le  roi  de  Wurtemberg,  qui 
Tavait  attendue  à  Heilbronn,  Vy  a  arrêtée  près  de  sept  heures 
pour  un  splendide  déjeuner. 

Son  accueil  pour  la  princesse  fut  gracieux  et  aimable  comme 
toujours  et  il  lui  donna  rendez-vous  à  Vienne  où  il  sera  cer- 
tainement le  25  septembre. 

L'Impératrice  doit  y  venir  aussi.  Tout  cela  est  de  la  bouche 
de  TEmpereur  lui-même,  de  même  que  Tassurance  que  le  re- 
tard du  Congrès  n'a  d'autre  raison  que  la  présence  de  lord 
Castlereagh  à  Londres. 

La  princesse  (3)  n*attend  que  l'arrivée  du  roi  de  Prusse  an- 
noncée pour  le  20  et  le  retour  de  Vrints  Berberich  (4)  que  Ton 
ignore,  pour  prendre  la  décision. 


1.  Leykam  (baron), grand  chambellan  du  Grand-Duc  de  Bade,  avait  accom- 
pagné à  Erfurt  en  1808  le  prince  et  la  princesse  de  La  Tour  et  Taxis.  11  avait 
été  conseiller  de  la  chancellerie  d'Etat. 

2.  Klenau  (Jean,  comte)  (1758-1819), sous-lieutenant  en  1775,capitaine  en  1778, 
Bicgor  en  1788,  colonel  en  1795,  et  général-major  en  1797,  se  distingua  pen- 
dant la  eampagne  de  1799  en  Italie  et  fut  promu  feld-maréchal  lieutenant 
en  1800.  Fait  prisonnier  à  Ulm  en  1805,  commandant  du  6*  corps  d'armée  à 
Wagram  en  1809,  il  fit  capituler  Dresde  le  11  novembre  1813  et  était  en  1814 
commandant  général  à  Brûnn. 

3.  La  princesse  de  La  Tour  et  Taxis,  née  princesse  de  Mecklcmbourg-Strc> 
litz,  était  la  belle-sœur  du  roi  de  Prusse. 

4.  Vrints  Berberich  représentait  au  Congrès  le  prince  de  La  Tour  et  Taxis. 


LES  PRiLIHIHAIItES  ET   LES   AJOUHHEHENTS   1>U   CONGRES       33 

Vienne,  13  juUleligU 
40.  Vienne,  23  juillet  1814. 

BILDT  à  ENGESTRCEM  (întercepl»). 

P.-S.  —  Le  bruit  se  répand  que  le  roi  Charles  IV  d'Es- 

pagae  réclame  la  couroaue  du  roi  Ferdinand  (1). 

La  reine  de  Sicile  a  reçu  par  courrier  de  Palertne  la  nou- 
velle que  le  prince  royal  a  remis  les  rênes  du  Gouvernement  à 
son  père  (2).  Il  paraît  qu'il  y  a  eu  des  troubles  à  cette  occasion. 


S6  Juillet  IBU. 
41.  Copenhague,  19  juillet  1814  (F.  1.  ad  SSSS). 

ROSENCRANZ  à  BERNSTORFF  (.nfercc/)**  en  français). 


Hardenbei^  (3)  est  tombé  d'accord  à  Londres  avec  son  cousin 
le  prince  de  Hardenberg  pour  fixer  les  conditions  du  traité 
de  paix  avec  la  Prusse.  Le  roi  donnera  des  pleins  pouvoirs  à 
Hardeobe^  et  dans  huit  semaines  on  échangera  les  ratiGca- 
tions. 

Le  roi  de  Prusse  a'engage  par  un  article  séparé  et  secret  à 
procurer  au  roi  de  Danemark  en  indemnités  pour  la  Pomé- 
raoîe  la  valeur  réelle,  partie  en  territoire,  partie  en  argent 
quand  cette  Poméranie  lui  sera  remise.  Il  paraît  impossible 
d'écarter  le  comte  de  Hardenberg  de  cette  négociation  à  la- 
quelle il  prétend  réussir  mieux  que  tout  autre.  Sa  commis- 
sion se  bornera  à  cet  objet. 

L'Empereur  Alexandre  n'a  nullement  plu  à  Londres, 

Ktat  stationnaire  et  même  plut6t  inquiétant  des  affaires  de 
Norvège. 

I.  Citait  lA  un  bruit  absolunient  dénué  de  rondement. 
1.  La  reprise  du  pouvoir  par  Ferdinand  IV  s'était  opér£e  ians  autre  inci- 
dent que  quelques  cris  poussés  par  ses  partisans  et  par  ceux  qui  tenaient  au 
ointraire  pour  le  vicaire  général  du  Royaume,  le  prince  royal. 

1.  Vraisemblablement  le  comte  E  m  est- Auguste  de  Hardenberg  qui  repré- 
MDttavec  Miloster  le  Hanovre  au  Congrès. 

T.  I.  3 


34  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Vienne,  27  juillet  1814. 
42.  Berlin,  23  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

MINISTÈRE  PRUSSIEN  à  BORGIOVICH  (à  Gonstanlinople) 

{intercepta)  (Analyse). 

Assurances  amicales  données  par  TAutriche  et  les  autres 
Puissances  à  la  Turquie  pour  la  rassurer. 

On  lui  donne  Tordre  de  savoir  si  la  Russie  en  a  {ait  autant 
de  son  côté. 

On  s'est  déjà  occupé  de  la  Turquie  pendant  le  séjour  des 
souverains  à  Londres  et  on  en  reparlera  au  Congrès, 


43.  Londres,  20  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

ORLOFF  (1)  à  RAZOUMOFFSKY  (2)  (intercepta)  (Analyse). 

Mauvaises  nouvelles  de  France  où  la  démoralisation  est  à 
son  comble. 

«  Seul  un  Gouvernement  tyrannique  et  un  sceptre  de  fer 
peuvent  lui  convenir.  » 


44.  Copenhague,  23  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

ROSENGRANZ  à  BERNSTORFF  (intercepta)  (Analyse). 
Affaires  du  Danemark  et  de  la  Suède. 

Intervention  énergique  du  général  Steigentesch  auprès  du 
prince  Christian  sur  la  déclaration  duquel  on  ne  pouvait  comp- 
ter... 

Les  Suédois  et  le  prince  royal  répugnent  à  faire  usage  des 
forces  considérables  dont  ils  disposent. 


1.  Orloff  (comte,  puis  prince  Alexis-Fedorovitch)  aide  de  camp  général  de 
l'Empereur. 

a.  Razoumoffsky  (André  Kyrillovitch)  (1752-1836).  Plénipotentiaire  de  Rus- 
sie au  Congrès  de  Vienne  et  à  Paris  lors  des  négociations  du  traité  du  20  no- 
vembre 1815. 


LES    PBÉUM1NA1RBS    ET    LES    AJOUHNEVEnTS    DU   C0NGRË9        35 

Vieans,  2i  julUcl  181t. 
Vienne,  21  juillet  1814  (F.  1.  ad  3SS5). 
PIQUOT  à  GOLTZ  {intercepta  en  français). 


On  vient  d'envoyer  un  courrier  autrichien  à  Berlia.  11  doit 
avoir  été  expédié  par  rapport  aux  alTaires  de  Saxe  et  contenir 
des  propositions  k  faire  à  ce  sujet  au  roi.  Ou  m'assure  que  la 
Cour  de  Vienne  désirerait  maintenant  voir  le  roi  de  Saxe  trou- 
ver une  indemnisation  de  son  royaume  dans  la  possession  des 
Légations  de  Ferrare  et  de  Bologne. 


Vienne,  31  juillet  1814. 

46.  Vienne,  30  juillet  1814  (F.  1.  ad  31165  . 

HEGARDT  à  ENGESTRCEM  {intercepta  en  français)  (Analyse). 

L'Europe  reste  en  armes.  Priparalifa  militaires  de  Mural.  État  des  esprits 
en  Italie.  L'archiduc  Charles.  La  princesse  Elisabelb  de  Saxe  et  sa  tenta- 
tive de  voir  Alexandre  t  Leipzig. 

L'Autriche,  se  réglant  en  cela  sur  ce  que  font  les  autres 
Puissances,  ne  désarmera  pas  avant  l'arrangement  définitif 
des  affaires  de  l'Europe. 

Murât  augmente  considérahlement  son  armée. 

Mécontentement  croissant  en  Lombardie  contre  l'Autriche. 

Bruit  de  la  nomination  de  l'archiduc  Charles  aux  fonctions 
de  gouverneur  général  de  la  Lombardie  avec  Saurau  (1)  pour 
adjoint. 

t.  Saurau  (François,  «omte  de)  (17S0-1SI1).  Ambassadeur  k  Pètersbonrf  en 
un,  marichal  des  Etat*  d'Autriche  de  1803  à  1809,  commissaire  impérial  en 
Strrie,  Caniiole  et  Carinthie  en  IBM,  Gouverneur  giaéral  de  la  Basse  et  de 
la  Haute- An  triche  en  lS10,chargi  en  1814  d'organiser  les  provinces  lllyrien- 
wa,  Gouremeur  de  la  Lombardie  et  ministre  de  l'armée  d'opération  contre 
Niples  en  \Hb.  Ambaatadeur  à  Madrid  en  1817.  Miniitre  de  l'Intérieur  en 
lltl,  pendant  laa  deraiires  années  de  ta  vie  il  partagea  ta  conOance  de  l'Em- 
P«tcor  François  avec  Melternich 


36  AUTOUR   DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

On  dit  que  le  Département  des  finances  sera  donné  de  nou- 
veau au  comte  Wallis  (1). 

«  L^évasion  de  la  princesse  Elisabeth  de  Saxe  (2)  de  Berlin 
défraye  toutes  les  conversations.  Elle  est  venue  à  Leipzig  dans 
Tespoir  de  trouver  TEmpereur  de  Russie  et  de  tâcher  de  le 
prévenir  en  faveur  du  roi  de  Saxç.  Mais  elle  a  manqué  son 
but  n'ayant  pu  voir  Sa  Majesté.  » 


47.  Vienne,  30  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  à  ROSENCRANZ  (intercepta  en  français). 

Le  roi  de  Saxe  et  l'offre  des  Légations.  Les  espérances  de  Metternich  fon- 
dées sur  son  entrevue  avec  Alexandre  à  Bruchsal.  Projets  qu'on  prête  k 
Alexandre.  • 

J'ai  trouvé  moyen  d'avérer  qu'en  effet  la  Cour  de  Vienne 
vient  de  faire  offrir  au  roi  de  Saxe  les  trois  Légations  pour 
prix  de  l'abdication  qu'on  lui  demande  et  que  jusqu'ici  il 
continue  à  refuser.  Je  ne  crois  pas  du  reste  qu'il  existe  là- 
dessus  aucun  arrangement  avec  le  Pape  et  je  doute  que,  s'il 
était  question  de  négocier  son  aveu,  on  le  trouvât  plus  cou- 
lant que  dans  des  cas  semblables  ce  respectable  prélat  ne  s'est 
montré  vis-à-vis  de  l'Empereur  Napoléon. 

Il  est  arriv^  ici,  il  y  a  quelques  jours,  un  courrier  de  Lon- 
dres. On  se  montre  très  content  des  dépêches  qu'il  a  apportées 
et  il  paraît  que  la  Cour  de  Vienne  compte  plus  que  jamais  sur 
l'appui  du  Gouvernement  britannique. 

Je  me  suis  aperçu  en  général  que  la  con6ance,avec  laquelle 
le  cabinet  autrichien  compte  porter  à  un  dénouement  satis- 

1.  Wallis  (Joseph,  comte)  (1768-1818)  Conseiller  intime.  Gouverneur  de  la 
Silésie  et  de  la  Moravie  sous  le  ministère  de  Thugut,  président  de  la  ré- 
gence de  Bohème  en  1805.  Commissaire  ^néral  en  1809.  Ministre  d'Etat  et 
des  Conférences,  grand  chancelier  aulique  de  Bohème,  Hofkammer  Prisi- 
dent  (président  de  la  Chambre  des  flnances,  ou  pour  mieux  dire  ministre  des 
Finances)  à  la  mort  du  comte  01>onell,  il  n'hésita  pas  à  réduire  au  cinquième 
le  papier-monnaie,  mais  n'en  dut  pas  moins  émettre  de  nouveaux  billets. 
Nommé  chef  suprême  des  tribunaux  de  justice,  il  abandonna  en  1816  les 
finances  au  comte  Stadion  et  mourut  le  19  novembre  1818  d'une  attaque 
d'apoplexie  foudroyante. 

2.  Cf.  Pièce  50.  Bernstorfr  à  Hosencranz.  Vienne,  3  août  1814.  La  princesse 
Elisabeth  de  Saxe  était  la  tante  du  roi. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET  LES   AJOURNEMENTS   DU    COiNGRÈS       37 

faisant  la  nouvelle  crise  qui  se  prépare,  va  sensiblement  en 
augmentant.  Les  espérances  du  prince  de  Metternich  à  cet 
égard  paraissent  se  fonder  en  grande  partie  sur  la  disposition 
d'esprit  où  il  a  trouvé  l'Empereur  de  Russie  à  Bruchsal.  On 
assure  que  ce  souverain  s'y  est  montré  très  fâché  et  déconte- 
nancé et  que  tous  les  indices  se  sont  accordés  à  faire  voir 
qu'après  avoir  quitté  l'Angleterre,  où  il  a  laissé  le  Prince  Ré- 
gent et  le  Ministère  fort  indisposés  contre  lui,  il  n'a  pu  s'em- 
pêcher de  reconnaître  jusqu'à  un  certain  point  la  légèreté  et 
rinconséquence  de  sa  conduite.  On  se  flatte  que  l'impression 
qui  lui  en  restera  étendra  ses  effets  plus  loin  et  on  se  promet 
peut-être  trop  légèrement  d'en  tirer  bon  parti  pour  les  négo- 
ciations importantes  qui  restent  à  terminer. 

On  va  jusqu'à  me -faire  entendre  que  le  changement  sur- 
venu^ ou  supposé,  dans  les  idées  de  l'Empereur  Alexandre  ne 
saura  manquer  de  produire  bientôt  un  effet  avantageux  à  nos 
intérêts  et  que  l'on  peut  dès  à  présent  se  promettre  pour  l'Eu- 
rope entière  une  tendance  générale  vers  le  maintien  ou  le  ré- 
tablissement des  autorités  anciennes  et  légitimes. 


48.  Vienne,  30  juillet  1819  (F.  1  ad  3565). 

STEINLEIN  (1)  au  ROI  DE  BAVIÈRE  {intercepta  en  français). 

On  i^ore  ce  que  seront  les  conférences  préliminaires .  On  n'a  que  des  don- 
nées vag^ues  sur  les  projets  de  constitution  de  TAlIemagne.  On  est  fort  in- 
quiet au  siget  de  la  Saxe.  On  parle  d'indemnité  ofTerte  au  roi. 

On  se  perd  en  conjectures  sur  les  conférences  préliminaires 
du  Congrès  qui  doivent  commencer  le  10  septembre.  On  croit 
qu'il  n'y  aura  que  les  ministres  des  grandes  puissances  qui  y 
seront  admis  et  qu'on  ne  communiquera  aux  autres  que  ce  qui 
les  regarde  spécialement. 

Sur  la  Constitution  future  de  l'Allemagne  il  y  a  bien  des 
bruits  vagues.  On  prétend  qu'on  proposera  sûrement  la  cou- 
ronne impériale  à  la  Maison  d'Autriche  sous  des  conditions 
compatibles  avec  la  souveraineté  des  Etats.  On  parle  à  ce  su- 
jet de  deux  Directoires,  dont  l'un  serait  composé  par  TAutri- 
che,  la  Prusse,  le  Hanovre  et  la  Bavière. 

1.  Conseiller  de  la  Légation  de  Bavière  à  Vienne. 


38  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Quant  à  la  Saxe,  on  est  dans  les  plus  vives  inquiétudes.  Quoi- 
que TEmpereur  (d^ Autriche)  ait  promis  de  nouveau  au  prince 
Antoine  (1)  qu'il  fera  tout  son  possible  pour  conserver  la  Saxe, 
on  prétend  cependant  savoir  que  les  négociations  ne  prennent 
pas  une  tournure  avantageuse.  On  parle  déjà  des  indemnités 
pour  la  famille  royale  et  on  indique  à  cet  effet  entre  autres  les 
trois  Légations  en  Italie.  En  attendant,  le  pape  ne  se  prêtera 
pas  facilement  aux  cessions.  Le  choix  des  ministres,  le  Cardi- 
nal Consalvi  (2)  et  Mgr  Délia  Genga  (3),  prouve  qu'il  se  pré- 
pare à  en  parler  avec  cette  fermeté  qui  lui  a  fait  cette  grande 
réputation  dans  les  derniers  temps. 

La  Nonce  (4)  m'a  dit  il  y  a  peu  de  jours  :  «  11  faut  revenir  à 
Tancien  état  de  choses.  Nous  sommes  très  pauvres,  mais  nous 
ferons  cependant  notre  possible  pour  la  religion  et  l'éduca- 
tion. » 


2  août  1814. 
49.      s.  1.  26  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

ENGESTRŒM  à  HEGARDT  (à  Vienne)  (intercepta  en  allemand). 

(Analyse). 

Gravité  de  la  situation.  Les  exigences  du  prince  Christian. 
Dernières  tentatives  de  conciliation  et  les  articles  du  Beobachter, 

Arrivée  du  roi  le  20  au  soir,  de  la  reine  le  24.  Impossibi- 
lité d'accepter  les  propositions  du  prince  Christian  tendant  à 
une  renonciation  à  la  Norvège.  Ordre  donné  à  Tarmée  sué- 
doise de  commencer  les  hostilités.  Les  quatre  commissaires 
tentent  aujourd  hui  une  dernière  démarche  auprès  du  prince 
Christian  (5). 

1.  Frère  du  roi  de  Saxe  auquel  il  succéda  en  1821  et  beau-frère  de  l'Empe- 
reur François  dont  il  avait  épousé  la  sœur  aînée,  Marie-Thérèse. 

2.  Consalvi  (cardinal)  (1757-1824).  Secrétaire  d'Etat  de  Sa  Sainteté  le  Pape 
et  plénipotentiaire  de  Pie  Vil  au  Congrès  de  Vienne. 

3.  Délia  Genga  (Annibal,  Mgr)  (1760-1829)  Pape  de  1323  à  1829  sous  le  nom 
de  Léon  XII.  Envoyé  à  Paris  un  peu  avant  Consalvi,  il  y  tomba  pialade  et 
était  encore  fort  souffrant  au  mois  d'octobre  1814. 

4.  Severoli  (Mgr)  Nonce  apostolique  à  Vienne  depuis  1802.  Il  n'en  partit 
qu'en  1817  lorsqu'il  eut  obtenu  la  pourpre  cardinalice. 

5.  Fils  du  prince  Frédéric  de  Danemark  et  cousin  du  roi  Frédéric  VI 
(fils  et  successeur  de  Christian  VII,  né  en  1768,  régent  en  1785,  roi  en  1808) 
auquel  il  succéda  en  1839  sous  le  nom  de  Christian  VIII.  Gouverneur  de  la 


LES    PSÉLIiniVÂIHES    ET    LES   AJ0t'BKE3fB5T9    DU   C0^CRË3        39 

Ordre  de  reetîBer  ce  qui  a  pam  dans  le  Beobachter  du  7 
et  du  9  (I)  &  propos  du  prÎDoe  royal  (Bemadotte)  et  de  n 
femme,  de  la  conscription  et  du  mécontentement  de  la  no- 
blesse en  Snède. 


SO.  VieDM,  )  Mât  \iU  (F.  I.  ad  tUS). 

BERNSTORPF  i  ROSEVCRANZ  (intercepta  ea  françaia) 

L'Autriche  profilinl  de  rèloi^Dcment  d'Alexaodrr  esiaje  de  se  rapprocher  de 
!•  Prusse.  Instructions  données  A  cel  effet  lu  comte  Zichy.  Le*  indemnilis 
i  offrir  au  roi  de  Raie.  La  princesse  Elisabeth  de  Saxe  et  Alexandre.  L« 
duc  de  Saxe-\\'eimBr  refuse  de  participer  au  partage  de  la  Saie. 

Il  va  à  Badeo  tant  pour  se  rétablir  que  pour  se  renseigner 
d'autant  mieux  que  le  prince  de  Metternicb  est,  lui  aussi,  sur 
le  point  de  s'y  rendre  et  lui  a  «  promis  l'accès  le  plus  libre 
auprès  de  lui  >. 

<  Une  conversation  confidentielle  que  je  viens  d'avoir  avec 
le  prince  de  Metternicb  m'a  fourni  de  nouvelles  preuves  que  la 
Cour  de  Vienne  est  en  ce  moment  un  peu  plus  contente  de  la 
Prusse,  qu'elle  met  tous  ses  soins  à  se  rapprocher  de  cette 
puissance  et  qu'elle  a  jugé  devoir  mettre  à  protît  la  suspen- 
sion des  négociations  et  l'éloignement  de  l'Empereur  Alexan- 
dre pour  combattre  en  attendant  k  Berlin  l'ascendant  trop 
prépondérant  que  ce  souverain  s'est  arrogé  sur  les  résolutions 
et  la  marcbe  de  la  Cour  de  Prusse,  > 


Norvi^,  dont  il  fut  mime  proclamf  régent,  il  essaya  en  vain  de  s'opposer 
aux  volonté  des  allié*.  Par  la  convention  de  Moss  (Il  aoât)  la  Norvège  fit  sa 
•oumisaion  cl  le  i  novembre,  moyennant  le  maintien  de  sa  constitution  et 
de  son  autonomie,  elle  accepta  pour  souverain  Charles  \ltl  roi  de  Suide. 
Christian  VIII  régna  «ur  le  Danemark  de  \ti39  h  1Rt8. 

1.  D'après  UD  article  publié  par  le  Beobtchttr  du  "  juillet  et  tiré  d'une 
correspondance  de  Copenhague  de  l'All^meins  Ztilang  du  7  juin,  on  parlait 
du  prochain  mariage  de  Bernadotle  avec  une  Française  do  sang  royal  et  de 
son  divorce  avec  sa  femme  qui  resterait  en  France  et  y  vivrait  sous  le  nom 
decomtesee  de  Gothiand.  Le  numéro  du  9  juillot  empruntait  i  ce  même  jour- 
nal une  autre  correspondance  de  Copenhague  on  date  du  11  juin  attribuant  à 
Bernadotte  le  projet  de  lever  les  jeunes  gens  de  18  4  îO  ans.  mesure  qui  au- 
rait provoqué  UD  mécontentement  général  et  augmenté  encore  celui  de  1*  no- 
blesse déji  fort  hoalUe  à  l'anneiion  de  la  Norvège. 


40  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

Il  paraît  que  le  comte  Zichy  (1)  est  instruit  à  cet  effet  d'en- 
trer dans  des  explications  avec  le  prince  de  Hardenberg. 

J'ai  de  nouveau  lieu  de  croire  que  l'idée  de  dédommager  le 
roi  de  Saxe  par  les  trois  Légations  ne  sera  de  nouveau  mise  en 
avant  qu'après  <jue  tous  les  moyens  de  détourner  le  roi  de 
Prusse  de  Tagrandissement  projeté  auront  été  épuisés. 

Les  amis  de  la  Saxe  se  promettent  peut-être  trop  légère- 
ment des  effets  avantageux  d'un  entretien  que  ]a  princesse  de 
Saxe  a  su  se  ménager  avec  TEmpereur  de  Russie  à  Leipzig. 

Le  duc  de  Weimar  a  fermement  refusé  de  partager  les  dé- 
pouilles de  la  Saxe  ou  de  renoncer,  à  quelque  prix  que  ce  fût, 
à  ses  droits  éventuels. 


51.  Vienne,  3  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

COMTE  DE  HARDENBERG  à  MUNSTER  (2)  (à  Londres) 

(intercepta  en  français). 

Ce  qu'il  a  fait  à  Francfort.  Sa  réconciliation  avec  Stcin.  Solms-Laubach.  Les 
affaires  d'Allemagne.  Alexandre  et  les  princes  allemands.  Mettcrnich  invi- 
sible. L'importance  de  Gentz. 

Il  commence  par  lui  rappeler  qu'il  lui  a  écrit  quatre  lettres 
de  Douvres,  Calais  et  Paris  ;  qu'il  est  parti  le  19  juillet  de 
Paris  et  qu'il  est  arrivé  le  28  à  Vienne,  venant  de  Francfort. 

4c  Les  deux  jours  que  j'ai  passés  à  Francfort  n'ont  pas  été 
absolument  perdus,  puisque  j'y  ai  fait  complètement  ma  paix 
avec  Stein,  et  après  tout,  j'aime  mieux  être  bien  que  mal  avec 
lui.  Mais  aussi  il  n'a  guère  été  question  du  passé  entre  nous, 

1 .  Comte  Etienne  Zichy  ministre  d'Autriche  à  Berlin  (Cf.  Uaus,  Hof^und 
Slà&ts  Archiv.  Metternich  à  Zichy,  Vienne,  l*'  août  1814).  Zichy  de  Vaso- 
nykeo  (Etienne,  comte)  (1780-1853),  entré  fort  jeune  dans  la  diplomatie,  mi- 
nistre à  Dresde  en  1805,  à  Berlin  de  1810  à  1827,  assista  aux  Congrès  d'Aix- 
la-Chapelle,  Troppau,  Laibach  et  Vérone.  Très  lié  avec  Hcu^denberg  et 
Blucher  et  fort  apprécié  par  Frédéric-Guillaume  III,  ambassadeur  à  Péters- 
bourg  de  1827  à  1839,  époque  à  laquelle  il  prit  sa  retraite  et  quitta  la  car- 
rière. 

2.  Munster  (Emest-Frédéric-Hubert,  comte  de)  né  à  Osnabrûck  en  1766, 
mort  en  1839,  contribua  puissamment,  comme  envoyé  de  l'électeur  de  Hano- 
vre, roi  d'Angleterre,  à  former  plusieurs  coalitions  contre  la  France.  Repré- 
sentant du  Hanovre  au  Congrès  de  Vienne,il  en  fut  ensuite  le  véritable  régent. 
Il  épousa  le  7  novembre  1814  Wilhelmine-Charlotte,  comtesse  de  la  Lippe 
(sœur  du  duc  de  Lippe-Schaumburg)  née  en  17S3. 


LES    PnÉUWNAlRES   ET    LES    U0L'K>BME>T3    DU    CONGRÈS        il 

mais  nniqnement  de  l'AUentagne.  Slein  avait  vu  l'empereur 
Alexandre  à  Brucbsal  et  lui  avait  remis  sur  cet  objet  uue 
lettre  qu'il  m'a  communiquée  et  qu'il  m'a  dit  avoir  été  forl 
bicD  reçue.  Eu  géuéral,  il  donoe  beaucoup  d'espoir  de  ce 
côté-là. 

J'aurais  beaucoup  désiré  trouver  Solms  iV.  à  Francfort;  mais 
il  était  à  Laubacb  et  je  ne  le  verrai  qu'ici  où  il  se  rendra  en 
même  temps  que  Stein.  Celui-ci  y  viendra  dans  la  première 
moitié  de  septembre  et  il  s'est  beaucoup  enquis  du  temps  où 
vous  y  viendrez.  11  prêche  beaucoup  de  fermeté  dans  les  affaires 
de  rÂlIemapie  et  compte  se  faire  escorter  par  une  pbalange 
entière  d'élèves  pour  qu'on  y  crie  contre  les  abus  actuels.  An- 
noneei,  je  vous  prie,  le  grand  événement  de  la  pacification 
entre  Stein  et  moi  h  sa  protectrice,  M~  OrlotT  i),  en  me  met- 
tant il  ses  pied::. 

Comme  preuve  que  les  petits  souverains  allemands  ne  sont 
pas  trop  appuyés  par  l'Empereur  de  Russie,  Slein  m'a  conlié 
que  l'Impératrice  douairière  de  Russie  (3^  s'était  plainte  &  lui, 
que  l'Empereur  s'en  tenait  toujours  aux  promesses  sans  jamais 
rien  articuler  de  positif. 

Le  prince  de  Metternich  est  tellement  absorbé  par  tout  ce 
qu'il  a  sur  les  bras  depuis  son  retour  qu'il  est  impossible  de 
le  fixer  longtemps.  Aussi,  je  me  propose  principalement  de 
travailler  Gentz,  qui  aura  de  l'inQuence  dans  les  affaires  d'Al- 
lemagne et  sera  vraisemblablement  chargé  de  les  traiter  au 
Congrès  (i'i. 

Je  ne  puis  assez  réitérer  combien  cet  homme  pourra  être 
utile  à  l'avenir.  Surtout  comme  Binder  {5^  ne  restera  probable- 

I.  So!nis-Laubach  (comte  de)  un  des  mîiiiati;.*».  ci-Uiw;!!  membre  du 
Rtichshofral,  coll«borateur  et  satelJ.le  ds  ^lein. 

î,  Orloff  (Anna  Ivanonna  comtcisel  ll7T;-ls;il,  ni'c  coroU-sse  yoUïk.-.(T. 
femme  du  comle  Gtifoin  Wadimirovîtch  OrluiT.  sénateur,  auteur  dunç 
histoire  du  royaume  de  N'aple*.  morl  en  IS».  (Cf.  pour  la  c.imle»so  OiIoU 
el  Stein.  Ailidt.  JUeine  IVmderunfren  nnd  WsnJliinjtn  mr  freiAerrn  ion 
S(ein,  page*  :•  et  suivante»,)  j    n.   ,  , 

3.  Marie  Feodorowna.  Impératrice  douairière  de  Uussie.  veuve  de  l-iul  1-, 
iié«  priBcesae  Dorothée  de  \\urlerabet«,  fille  du  duc  ? rédiric-tugène  de 
WurtembeTf,  prince  de  .Montbéliard  et  de  Fredericke- Dorothée -Sophie  de 
Braadenburg-Scbnedt.  née  en  Ki»,  raorle  en  l'^îB.  ^    ,.., 

*.  Ce  fut  We»»eiibers  et  dod  pas  Genl»  qui  fut  chargé  des  affaire»  de  1  Al- 

lemapie.  .o»ti      ■      ■     j-i  »  ■ 

S.  Binder  von  KriegeUtein  (Praaçois,  baronl  (n.S-isssi.  raimsire  d  Autri- 
che iStolt«w1,  un  de»  tavoris  de  Metternich  qui  lappeli  à  N.ennc  dans  1  inlen 
tion  d-en  r«irc  un  de  »e»  collaborateurs  intimes  pendant  la  durée  du  Coogri». 


42  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

ment  pas  à  la  Chancellerie  d'Etat,  je  vous  prie  de  prendre  cela 
en  mûre  considération.  » 


52.  Vienne,  3  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

COMTE  DE  HARDENBERGà  MUNSTER 
{intercepta  en  français). 

Metlernich  et  la  réception  du  Corps  diplomatique.  L'Italie.  Schwarzenberg. 
Belle^parde.  Langenau.  Radetzky.  L'archiduc  Charles,  le  Gouvernement 
général  de  l'Italie,  son  mariage  projeté  avec  la  grande-duchesse  Catherine 
et  la  mission  du  général  Koller. 

Metternich  a,  dès  son  retour,  reçu  le  Corps  diplomatique  et 
a  fait  à  ses  Membres  un  exposé  de  la  situation,  mais  sans  rien 
préciser  et  sans  insister  sur  aucun  point.  Wessenberg  a  remis 
un  rapport  sur  l'état  des  affaires  en  Italie,  qu'on  a  trouvé  ras- 
surant et  l'Empereur  a  fait  connaître  aux  députations  venues 
de  Tautre  côté  des  Alpes  qu'il  avait  Tintention  de  faire  un 
voyage  dans  leur  pays. 

Au  grand  contentement  de  tous,  Schwarzenberg  a  remplacé 
à  la  présidence  du  Conseil  aulique  de  guerre  Bellegarde,  qui 
est  destiné  à  rester  en  Italie,  et  le  général  Langenau  a  pris  la 
direction  de  Tétat-major  général  à  la  place  de  Radetzky  (1). 

On  ne  peut  cependant  pas  cacher  le  grand  mécontentement 
qui  règne  en  Italie  et  qui  est  entretenu  soigneusement  par  des 
menées  de  toutes  espèces.  On  y  dépense  cependant  beaucoup 
d'argent,  mais  de  riches  Italiens  s'imposent  les  plus  grands 
sacrifices  pour  entretenir  une  agitation  dont  ils  comptent  tirer 
parti. 

La  nomination  future  de  l'archiduc  Charles  au  Gouverne- 
ment général  de  Tltalie  autrichienne^  dont  le  point  central  et 
le  siège  seraient  Milan, est  vraiment  désirée  ici  comme  le  seul 
moyen  de  mettre  un  ensemble  dans  l'administration  de  ce  pays 
et  de  le  soustraire  au  Gouvernement  direct  et  un  peu  brusque 
des  autres  provinces  de  la  Monarchie.  Il  est  probable  encore 

1.  Radetzky  (Jean  -  Joseph  -  Winceslas-Antoine- François-Charles,  comte) 
(1766-1358)  feld-maréchal  en  1S36,  chef  d'état-major  de  Schwarzenberg  pen- 
dant les  campagnes  do  18I2-1S14,  le  vainqueur  de  Novare  le  23  mars  1849.  Il 
ne  prit  sa  retraite  que  le  28  février  1857,  moins  d'un  an  avant  sa  mort  surve- 
nue le  25  janvier  1858. 


LES   PRÉLIMUIAIRES   ET   LES   AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS        43 

que  cette  nomination  se  fera,  surtout  si  le  mariage  de  ce  prince 
avec  la  grande-duchesse  Catherine  a  lieu.  La  grande-duchesse 
le  désire  toujours  vivement  et  cette  alliance  ne  trouvera  au- 
cune entrave  ici  ;  mais  TEmpereur  Alexandre  diffère  encore  son 
assentiment^  sous  prétexte  de  désirer  préalablement  consulter 
rirapératrice  mère.  La  véritable  raison,  pourquoi  l'Empereur 
ne  s'explique  pas,  pourrait  bien  être  qu'il  voudrait  attendre 
les  résultats  du  Congrès  de  Vienne. 

Pour  cultiver  au  moins  autant  que  possible  ses  rapports 
avec  ce  souverain,  la  Cour  de  Vienne,  qui  en  ce  mpment  n'a 
pas  de  ministre  accrédité  à  Saint-Pétersbourg,  va  y  envoyer 
le  général  Koller  (i)  particulièrement  bien  vu  de  la  grande-du- 
chesse Catherine  et  fort  goûté  aussi  par  l'Empereur  lui-même. 
On  compte  envoyer  le  général  sous  prétexte  de  devoir  prendre  à 
Saint-Pétersbourg  des  arrangements  nécessaires  pour  le  voyage 
de  Sa  Majesté  l'Empereur  à  Vienne. 


53.  Vienne  3  aoûl  1814  (F.  1.  ad  356»). 

BRAUN  à  L...  (à  Darmstadt),  {intercepta  en  français). 

L'Anf^lelcrrc  décidée  à  s'opposer  aux  visées  de  la  Russie  sur  la  Polog^ne. 

Un  courrier,  expédié  par  le  Ministre  d'Autriche  à  Londres^ 
apporte  des  nouvelles  dont  on  est  très  satisfait.  Il  parait  que 
TAngleterre  reconnaît  la  nécessité  de  dissuader  la  Russie  de 
ses  vues  sur  le  Duché  de  Varsovie  qui  sont  contraires  à  la 
tranquillité  de  TEurope.  J'en  conclus  que  plus  que  jamais  il 
ne  pourra  y  avoir  beaucoup  de  cordialité  dans  l'accueil  que 
les  deux  Empereurs  se  feront  à  Vienne. 


1.  Général  autrichien,  Tun  des  commissaires  désignés  par  les  alliés  pour 
accompagner  Napoléon  jusqu'à  l'Ile  d'Elbe,  mort  à  Naples  en  1828.  Le  feld- 
maréchal  lieutenant  Koller  arriva  en  effet  à  Saint-Pétersbourg  le  S  septembre. 
Cf.  Foun:(iBR.  Historiiche  Sludien  nnd  Skizzen  2**  Reihe.  Zur  Vorgeschichte 
des  Wiener  Kongre$$e$t  p.  333-328.  Koller  à  Motternich.  Saint-Pétersbourg, 
8  septembre  1814. 


44  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

54.  Vienne,  3  août  1814  (F.  1  ad  3565). 

GENTZ  à  KARADJA  (1)  {intercepta  en  français)  {Analyse). 

Naples,  Murai,  la  France  et  l'Espagne,  l'Angleterre  et  l'Autriche.  On  ignore 
les  projets  actuels  d'Alexandre  sur  la  Pologne.  Mémoire  de  Pozzo  de  Borgo 
contre  le  rétablissement  de  la  Pologne. 

InjQuence  qu'exercent  sur  les  afTaires  d*Italie  et  en  particu- 
lier sur  cçUes  de  Naples,  les  nouvelles  liaisons  entre  TEspagne 
et  la  France  et  leur  refus  de  reconnaître  Murât.  Attitude 
peu  bienveillante  de  l'Angleterre  à  l'égard  de  Murât  et  rappel 
de  l'envoyé  russe  à  Naples.  Murât  n'a  plus  d'autre  soutien 
que  l'Autriche.  Sa  situation  vis-à-vis  d'elle  pourrait  changer 
si  réellement  il  a  entretenu  une  correspondance  secrète  avec 
le  vice-roi  après  avoir  signé  le  traité  avec  l'Autriche .  Diffi- 
culté résultant  de  la  Constitution  donnée  par  les  Anglais  à  la 
Sicile  d'après  laquelle  la  Sicile  et  Naples  ne  peuvent  plus  être 
gouvernées  par  le  même  prince... 

<c  Depuis  qu'Alexandre  a  quitté  l'Allemagne  nous  n'avons 
plus  de  nouvelles  de  lui.  Les  opinions  sont  partagées  sur  l'ef- 
fet que  produira  son  voyage  en  Russie  relativement  au  projet 
de  Pologne.  Les  uns  croient  que  le  mécontentement  qu'il  a 
causé  en  Russie  en  détournera  l'Empereur  Alexandre. 

«  D'autres  croient  que  pour  le  faire  renoncer  à  son  idée  il  ne 
faudrait  rien  moins  qu'une  opposition  vigoureuse  des  puissan- 
ces intéressées.  Le  délai,  auquel  il  a  consenti,  prouve  que  ses 
projets  n'étaient  rien  moins  que  mûrs  et  j'en  ai  acquis  de  nou- 
velles preuves.  Je  sais  entre  autres  qu'un  des  hommes  dont  il 
fait  le  plus  grand  cas,  le  général  Pozzo  di  Borgo,  vient  de  lui 
adresser  un  mémoire  extrêmement  fort  dans  lequel  il  a  exposé 
tous  les  inconvénients  qu'un  rétablissement  quelconque  de  la 
Pologne,  et  surtout  celui  dont  l'Empereur  s'occupe,  entraîne- 
rait infailliblement  pour  la  Russie.  D'un  autre  côté,  les  Polo- 
nais sont  consternés  de  la  résolution  de  l'Empereur  de  ne  pas 
toucher  Varsovie  pendant  son  voyage. 

«  Le  général  Lubiansky  (4),  qui  a  vu  l'Empereur  Alexandre  à 

1.  Cette  dépêche,  dont  nous  ne  donnons  ici  que  l'analyse  faite  par  le  Cabi- 
net noir,  n'a  été  publiée  ni  par  Prokesch  Osten  ni  par  Klinkowstrœm. 

2.  Ne  s'agirait-il  pas  ici  de  Lubianski  (Thomas)  (1784-1870)  chef  d'escadron 
aux  chevau-légers  de  la  garde.  Général  de  brigade  en  1813,  général  de  divi- 
sion en  1831,  commandant  en  chef  de  l'armée  polonaise  le  17  avril  1831. 


LES  PRÉLIMINAIRES   ET   LES  AJOURNEUENTS   DU   CONGRiS       4K 

Paris,  a  assuré  en  passant  par  Vienne  qu'il  n'a  donné  que  des 
promesses  vagues.  Cependant  la  majorité  des  Polonais  s'ex- 
tasie au  seul  nom  de  royaume  de  Pologne  et  il  est  certain  que 
les  complices  de  ce  plan,  le  prince  Adam  Czartoryski  et  le 
prince  Antoine  Radziwill,  assistés  par  la  Harpe  et  quelques 
autres  philanthropes  du  même  bord  remueront  ciel  et  terre 
pour  le  faire  triompher.  » 


55.  Vienne,  3  août  18M  {F.  1.  ad  3iti). 

GENTZ  su   COMTE  CLAM  (à  Prague)  (intercepta  en  allemaad) 
(Analyse) 

Son  admiration  pour  le  compte  rendu  du  ministre  des  Fi- 
nances en  France  publié  par  le  Moniteur  du  23  juillet  (1). 

Gentz  trouve  simplement  merveilleux  ce  que  le  minisire  a 
pu  faire. 


Vienne,  S  août  ISli  (F.  1.  ad  3SSS). 
PIQUOT  à  GOLTZ  (inlercepla  français) 


Changement  prochain  à  la  chancellerie  d'Etat.  Le  baron  Bin- 
de r,  autrefois  ministre  d'Autriche  à  Stuttgart,  a  été  nommé  pour 
assister  Metternich  dans  les  travaux  du  Congrès  et  le  comte 
de  Mercr,  du  département  des  Finances,  géra  nommé  conseil- 
ler aulique  à  la  Chancellerie  et  fera  fonction  de  secrétaire  du 
Congrès. 

L'Empereur  aurait,  affirme-t-on,  désigné  l'archiduc  Palatin 
pour   aller   au-devant  de  l'Empereur   Alexandre,  l'archiduc 

t.  Baron  Louis  (1770-1730).  Le  budgel  tut  présenté  A  la  Chambre  le  II  juil- 
let. Cf.  pour  l'impression  produite  par  le  rapport  du  baron  Louis,  Poizo  di 
Borgo  t  Nesseirode  Paris,  t3-IS  juillet  1814,  Dépêche  n°  35  (Correspondance 
de  Poizo  di  Borgo  et  de  Nesaelrode,  1.  33). 


46  AUTOUR   DU   CONGRÈS  DE   VIENNE 

Charles,  du  roi  de  Prusse,  Tarchiduc  Jean,  du  roi  de  Bavière, 
Tarchiduc  Antoine,  du  roi  de  Wurtemberg.  L'Empereur  en 
personne  irait  à  la  rencontre  des  souverains  de  Russie  et  de 
Prusse  jusqu'à  Brûnn  et  l'Impératrice  recevrait  à  Linz  Tlm- 
pératrice  de  Russie. 


57.  Vienne,  6  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BRAUN  à  L...,  (à  Darmstadt)  {intercepta  en  allemand)  {Analyse) 

Opposition  des  cabinets  de  Paris  et  de  Londres  aux  projets  de  la  Russie 
François  I"  refuse  à  Marie-Louise  l'autorisation  de  se  rendre  de  suite  à 
Parme. 

Opposition  que  rencontrent  à  Paris  et  à  Londres  les  visées 
ambitieuses  de  la  Russie. 

Marie-Louise  aurait  marqué  à  l'Empereur,  son  père,  son  désir 
de  se  rendre  à  Parme  avec  son  Gis.  L'Empereur  s'y  est  refusé 
et  Metternich  lui  a  écrit  pour  lui  faire  savoir  qu'elle  ne  pour- 
rait s'y  transporter  qu'après  la  décision  finale  du  Congrès. 


58.  Vienne,  6  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

STEINLEIN  au  ROI  DE  BAVIÈRE  {intercepta  en  français) 

{Analyse  dn  Cabinet  noir). 

Venue  à  Vienne  du  grand-duc  de  Bade.  La  mission  du  duc  de  Rocca  Romana 
envoyé  à  Vienne  par  Murât.  L'Autriche  et  le  refus  du  roi  de  Saxe  d'accep- 
ter des  compensations.  Quelle  sera  la  formule  du  Congrès  ? 

Metternich  a  dit  que  la  présence  à  Vienne  des  souverains 
faciliterait  tellement  les  négociations  que  le  Congrès  sera  vrai- 
semblablement terminé  à  la  fin  de  novembre. 

On  a  consenti  à  se  rendre  au  désir  du  grand-duc  de  Bade, 
mais  on  ne  sait  encore  où  il  logera. 

Sur  l'affaire  du  Brisgau,  Metternich  n'a  pas  voulu  s'expli- 
quer, mais  il  a  été  enchanté  de  la  nouvelle  que  Tarrivée  des 
députés  de  Fribourg,  dont  on  avait  souvent  parlé  ici,  n'a  pas 
eu  lieu. 


LES    PRÉLlMIHiLlRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS        47 

Le  roi  de  Naplesa  envoyé  ici  leducdeRoccaRomana(l}pour 
complimenter  l'Empereur  sur  son  retour  dans  son  pays.  On 
suppose  qu'il  fait  tout  cela  pour  gagner  cette  Cour  qai  paraît 
être  son  seul  appui.  En  outre  le  cabinet  de  Vienne  n'a  rien 
changé  jusqu'ici  dans  sa  décision,  mais  on  observe  bien  qu'il 
se  forme  une  ligue  forte  et  paissante  contre  cette  nouvelle 
dynastie. 

Quant  à  la  Saxe,  le  roi  a  refusé  les  indemnisations  et  la  Cour 
de  Vienne  se  trouve  dans  la  situation  pénible,  ou  de  sacriSer 
ses  intérêts  les  plus  chera  pour  gagner  la  Prusse,  ou  de  cou- 
rir le  risque  d'une  nouvelle  lutte.  Tout  semble  indiquer,  et 
l'Empereur,  prétend-on,  a  même  déclaré, que  ce  cabinet  ne  fera 
pas  la  guerre  pour  la  conservation  de  la  Saxe... 

Binder  a  refusé  la  charge  de  conseiller  d'Etat,  mais  il  sera 
a<//a/U5  du  ministre  des  Âlîaires  Etrangères  durant  le  Congrès. 

La  forme  du  Congrès  est  encore  douteuse.  On  croît  que  tout 
se  fera  en  délibérations  particulières. 


59.  Vienne,  S  aoùl  ISli  (P.  1.  ad  350»). 

GBNTZ  à  KARADJA  {inlercepU  en  français) 
(.\aalyse  du  Cabinet  noir). 

Bruits  rctalîfa  au  Tojrage  de  Marie-Louise  i  Aix.  Les  prélciilioiis  de  la  Iteine 
d'Etrurie  sur  Parme.  L'itinirairc  de  Castiereagh  (2)  al  l'arrivée  de  lord 
Aberdeea. 

On  a  beaucoup  parlé  du  mauvais  effet  que  le  voyage  de 
Harie-Louise  aux  bains  d'Aix  en  Savoie  doit  avoir  causé  à 
Paris,  de  l'ombrage  que  la  Cour  de  Russie  en  aurait  pris,  du 
but  secret  de  ce  voyage  qui  n'aurait  été  rien  moins  qu'une 
entrevue  avec  Napoléon  à  l'Ile  d'Elbe.  Les  journaux  anglais 
ont  enflé  et  brodé  ces  bruits  et  en  ont  même  pris  acte  pour 

I.Luiio  Carracciolo,  duc  de  Rocca  !loraana,grsnd-£cuyer  de  Murât.  Ctiarsf 
de  rsmeUre  A  François  !•'  une  lettre  de  Joacbtm  en  date  de  Naples  13  Juillet, 
Rocca  Romana  arriva  i  Vienne  te  30  Juillet. 

1.  Bien  que  la  plus  grande  partie  de  cette  dépêche  ait  éii  publife  en  alJe- 
■iMnd  par  KlinkowatroBm  (pages  399-400),  j'ai  cru  intéresBaut  d'en  donner 
ici  le  teit«  original  français,  tel  qu'il  a  été  transmis  par  le  Cabinet  noir, 
d'autant  plus  que  les  deux  derniers  paragraphes  relatifs  i  lord  Castlereagh 
«t  t  lard  Aberdeen  a«  flpirent  pat  dans  le  livre  de  Klinkowitmni. 


48  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

supposer  je  ne  sais  quelle  intelligence  secrète  entre  la  Cour  de 
Vienne  et  Napoléon.  Ils  ont  relevé  surtout  l'histoire  d'une 
compagnie  de  lanciers  envoyés  par  Napoléon  pour  escorter  son 
épouse  et  la  conduire  au  lieu  de  son  exil. 

La  vérité  de  tout  ceci  est  que  Tlmpératrice  Marie-Louise 
s*est  rendue  aux  eaux  d'Aix  en  Savoie  d'après  Tavis  de  ses 
médecins  et  avec  le  plein  consentement  de  rEmpereur,son  père  ; 
que  celui-ci  s'en  est  expliqué  avec  le  roi  de  France  dans  des 
termes  qui  n'ont  pas  pu  susciter  Tombre  d'un  soupçon  ;  que 
Napoléon  a  été  si  mal  instruit  de  ce  qui  se  passait  à  Vienne 
et  des  projets  de  son  épouse  qu'il  a  cru  qu'elle  se  rendait  à 
Parme  et  qu'il  a  envoyé,  en  effet,  une  trentaine  de  lanciers  dans 
cette  ville  pour  lui  servir  de  gardes,  lesquels  ont  été  immédia- 
tement renvoyés  par  la  Commission  autrichienne,  chargée  du 
gouvernement  provisoire  de  Parme  ;  enfin  que  l'Impératrice 
Marie-Louise  a  laissé  son  fils  à  Vienne,  a  pris  le  chemin  le 
plus  court  par  le  Tyrol  et  la  Suisse  et  a  été  reçue  à  Aix  par 
le  général  autrichien  comte  de  Neipperg,  chargé  de  lui  tenir 
compagnie  pendant  son  séjour,  et  qu'après  la  saison  des  bains 
elle  retournera  se  distraire  à  Vienne  pour  y  résider  jusqu'à  la 
décision  finale  de  la  seule  affaire  politique  qui  puisse  encore 
la  regarder  et  qui  est  celle  de  son  établissement  dans  les  du- 
chés de  Parme  et  de  Plaisance. 

Il  s'agit  encore  de  discuter  les  objections  que  la  reine  d'Etru- 
rie,  sœur  du  roi  d'Espagne,  a  fait  entendre  contre  cet  arran- 
gement au  nom  de  son  fils.  D'après  l'ancien  ordte  des  choses, 
ce  fils  eût  été  l'héritier  indiscutable  de  ces  duchés  ;  mais  la 
cession,  que  son  grand-père  a  faite  de  ces  duchés  au  Gouver- 
nement français,  était  formelle,  garantie  par  la  Cour  d'Espagne 
et  par  conséquent  irrévocable.  A  moins  que  l'Autriche  ne 
préfère  d'autreis  duchés  pour  Marie-Louise  et  son  fils,  les  pré- 
tentions de  la  reine  d'Etrurie  ne  changeront  rien  aux  dispo- 
sitions de  la  Convention  du  11  avril  (1). 

Lord  Castlereagh  a  fixe  son  départ  pour  le  Congrès  au  19 
de  ce  mois.  Il  va  par  Bruxelles,  Francfort,  la  Suisse  et  le  Ty- 
rol et  n'arrivera  à  Vienne  que  vers  la  mi-septembre  (2). 

Lord  Aberdeen  (3)  arrivera  aujourd'hui  avec  la  commission 
qui  porte  à  l'Empereur  l'ordre  de  la  Jarretière. 

1.  Article  V  du  traité  de  Fontainebleau. 

2.  Lord  Castlereagh  arriva  à  Vienne  le  13  septembre. 

3.  Lord  Aberdeen  renonça  à  son  voyage  et  ce  fut  lord  Castlereagh  qui  remit 


LES  PRÉUMINAIBES  ET   LES  AJOURNEMENTS   DU  CONGRàs       49 

VÎGiine,  Il  «OUI  1814. 
60.  Vienne,  lO  août  IgH  (P.  1.  ad  SSflS). 

HBGARDT  k  ENGESTRCEM  (intercepta  aa  français)  (Analysa). 

La  Ruisia  n«  cide  pa«.  Concentration  autrichienne  en  Galicie,  priparatifa 
militairei  de  l'Autriche, 

Les  négociations  préparatoires  du  Congrès  n'ont  pas  encore 
donné  de  résultat.  La  Russie  s'obstine  et  persiste  dans  ses 
vues  ;  mais  il  y  a  accord  entre  Londres  et  Vienne, 

Concentration  autrichienne  en  Galicie.  On  arme  et  on  ap- 
provisionne les  places  de  &obf>me  et  de  Moravie  et  on  fait  ve- 
nir d'Italie  des  régiments  italiens. 


€1.  Vienne,  iO  août  1814  (F.  1.  ad  35BS). 

BERNSTORFF  a  ROSENCRANZ  (intercepta  en  français) 
(Analyse). 

Uumboldt  i  Vienne.  La  Constitution  de  l'Allemagne.  Les  questions  de  Po- 
logne et  de  Saxe.  Mettemich  et  ['Italie.  L'Empereur  François  et  Marie- 

Humboldt,  arrivé  hier  avec  le  comte  Hardenberg,  ministre 
de  Hanovre,  veut  entamer  de  suite  les  négociations  de  la  Cons- 
titution future  de  l'Allemagne.  L'intérêt  pour  cet  objet  pa- 
raît sensiblement  refroidi  ici.  La  Cour  de  Berlin  s'en  est  occu- 
pée avec  plus  d'attention  et  de  suite.  On  parle  de  la  division 
de  l'Allemagne  en  neuf  cercles,  de  n'admettre  à  la  Diète  que  ce 
nombre  de  voix,  d'en  donner  cinq  à  l'Autriche  et  à  la  Prusse 

l'ordre  de  la  Jarretiire  à  l'Empereur  (Cf.  Gentz  A  Kara4ja,  Baden,  S  ieplem- 
bre). 

Aberdeen  (Geoi^e  Gordon,  corote  d')  (1784-1880).  Ambassadeur  &  Vienne 
i  l'automne  de  1«13,  signataire  du  traité  de  Tepliti,  il  suivit  le  quartier 
gioéral  en  IStl,  prit  part  aux  confirences  de  Chitillon  et  représenta  l'An- 
gleterre lors  des  négociations  qui  amenèrent  la  signature  du  traité  de 
Paris.  Ministre  des  Affaires  étrangères  en  1828,  dans  le  cabinet  Wellington, 
il  se  retira  arec  ce  ministre  te  IS  novembre  1830,  revint  aux  alTairea  avec  lui 
en  1834  comme  ministre  des  Coloniee,  puis  de  nouveau  en  1S41  sous  le  mi- 
niflèrePeel,  présida  en  1B53  le  cabinet  qui  devait  conclure  une  alliance  offen- 
se et  défensive  avec  la  France  et  se  retira  en  IBBS. 

T.  I.  * 


50  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

et  les  quatre  autres  à  la  Bavière,  au  Hanovre,  au  Wurtem- 
berg, et  à  Hesse-Cassel... 

On  croit  ici  que  le  rétablissement  de  la  Pologne  échouera  ; 
mais  on  a  au  contraire  bien  des  craintes  pour  la  Saxe.  Je  sais 
qu'en  cas  d'agrandissement  de  la  Prusse,  surtout  si  elle  s'éta- 
blit à  Dresde,  Schwarzenberg  et  Radetzky  sont  d'avis  que  les 
dangers  qui  en  résulteraient  pour  l'Autriche  sont  plus  à  crain- 
dre que  ceux  qu'on  redoute  des  projets  de  la  Russie  sur  la 
Pologne. 

Metternich  s'occupe  surtout  en  ce  moment  de  l'organisation 
des  possessions  de  l'Autriche  en  Italie... 

L'Empereur  d'Autriche  s'est  opposé  au  désir  de  Marie- 
Louise  d'aller  à  Parme. 


Vienne,  13  août  1814. 
62.  Vienne,  12  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

HARDENBERG  au  COMTE  DE  MUNSTER  à  Londres 
(intercepta  en  français)  (Analyse). 

Dépêche  qui  a  trait  au  retour  de  Cariati  (1),  à  la  mission  de 
Rocca  Romana  envoyé  de  Naples  avec  des  lettres  pour  TEm- 
pereur,  à  celle  du  prince  Esterhazy  père  à  Rome  (2),  aux  affai- 
res de  Saxe,  mais  rien  que  pour  mémoire  puisque  Munster 
doit  être  au  courant  de  sa  note.  On  s'occupe  beaucoup  de  l'or- 
ganisation civile  et  militaire  des  provinces  autrichiennes  de 
ritalie. 


Vienne,  14  août  1814. 
63.      Vienne,  18  tout  1814  (F.  1.  ad  ZWS). 

HUMBOLDT  à  HARDENBERG  {intercepta,  en  français). 

La  constitution  allemande.  Difficulté  de  voir  Metternich. 

Stadion.  Wesscnberg. 

Je  n'attends  que  les  instructions  de  Votre  Altesse  sur  l'affaire 

1.  Prince  Cariati,  l'un  des  deux  représentant»  de  Murât  à  Vienne. 

2.  Envoyé  par  l'Autriche  en  mission  extraordinaire  à  Rome,  puis  A  Naples. 


LES    PHÉLIMINJJRES    ET    LES    AJOURKEHEKTS   DU    CONGRÈS       SI 

de  ia  Constitution  allemande  pour  entrer  en  discussion  sur  cet 
objet  avec  le  prince  de  Metternîch. 

Je  n'envoie  pas  de  rapport  sur  l'état  des  choses  à  cause  de 
la  difficulté  de  parler  avec  Mettemich  qui  est  à  Baden  où  il 
s'occupe  fort  peu  d'alFaires.  J'espère  pourtant  savoir  sous  peu 
comment  la  Cour  de  Vienne  envisage  les  principales  questions 
du  Congrès.  Ce  que  je  peux  vous  dire  aujourd'hui,  mon  prince, 
c'est  que  Stadion  ne  prendra  aucune  part  à  ces  négociations. 
Il  a  dû  être  plénipotentiaire,  mais  il  l'a  décliné  dans  une  lettre 
à  l'Empereur.  Votre  Altesse  a  déjà  pu  observer  à  Paris  qu'il 
était  mécontent  du  rôle  subalterne  qu'il  y  jouait  et  n'était  guère 
de  la  même  opinion  que  Mettemich  sur  la  plupart  des  points 
qui  doivent  être  réglés  à  présent.  Son  mécontentement  a  dû 
avoir  augmenté  depuis.  Je  ne  saarais  dissimuler  que  je  crois 
qu'en  général  les  affaires  perdront  beaucoup  si,  comme  il  faut 
presque  le  supposer,  Stadion  (1)  y  reste  étranger.  Ses  senti- 
ments bien  connus,  sa  franchise,  sa  véracité,  sa  conduite  sans 
tache  et  le  sérieux  qu'il  met  à  tout  ce  dont  il  s'occupe,  96nt  des 
qualités  qui  le  feront  toujours  regretter. 

Mais  il  faut  avouer  aussi  qu'il  est  imbibé  des  anciens  prin- 
cipes  autrichiens  et  que  pour  cette  raison  il  favorise  très  peu 
les  plans  de  la  Pmsse,  tandis  que  je  me  suis  dès  à  présent 
convaincu  que  le  prince  de  Mettemich  est  dans  un  système 
beaucoup  plus  raisonnable,  qu'il  a  pleine  confiance  dans  Votre 
Altesse  et  que  c'est  par  lui  seul  que  nous  pourrons  attendre 
d'être  appuyés  dans  toutes  nos  demandes, 

Wessenberg  (2)  est  membre  de  la  Commission  pour  la  réorga- 
nisation des  provinces  italiennes.  Je  ne  sais  s'il  aura  le  temps 
d'être  employé  aux  affaires  allemandes.  Dans  ce  cas  je  suppose 
que  Mettemich  les  prendra  pour  lui  seul,  car  le  baron  Binder 
ne  possède  pas  les  connaissances  requises  à  ce  sujet. 

I.Sladion(Philippe,comte  de)nè  à  Mtyence  en  lT63,inort  ministre  des  FiDan- 
cei  ea  ISÎ-t,  avait  négocié  la  Lroiaième  coalition  contre  la  France.  Ministre 
des  AITaires  étrangères  en  1806,  il  se  retira  après  Wagram  et  fut  ministre 
plénipotentiaire  aux  conférences  de  Toepliti,  de  Francrorl  cL  de   Chatilloa. 

I.  WcBscnberc-AmpHiigen  (Jean-Philippe,  baron  de)  (17T3-18M)  eut  pour 
protecteur  Charles  de  Dalberg,  primat  de  Germanie,  archevêque  de  Hayence, 
puis  de  Ratisboime  et  ^and-duc  de  Francfort.  11  représenta  l'Autriche  dans 
l'affaire  des  steularisations  (18D:),fut  ambassadeur  i  Berlin  (1813),  à  Munich 
et  à  Londrv  et  figura  au  Congrès  de  Vienne.  Il  goûtait  peu  le  •j'sléme  de 
Uettemich.  Envoyé  A  la  Haye  en  1830,  il  eut  i  s'occuper  du  conflit  belge-bid- 
tandai*.  Ministre  des  Affaires  étrangères  en  1B4B  dans  le  cabinet,  dît  ooni- 
Ulntûxuiel,  il  fut  remplacé  par  le  prince  de  Scbwarienberf . 


82  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Martens  (i),  que  le  comte  de  Munster  voulait  envoyer  ici, 
n'est  pas  encore  arrivé. 


64.  Vienne,  le  13  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

NOTA  à  HAGER  {en  français). 
Gros  orage  et  intrigues  contre  Metternich. 

11  y  a  parmi  les  coalisés  un  grand  orage  sur  la  tête  du 
prince  de  Metternich  qu'on  accuse  d'avoir  fait  l'impossible  pour 
conserver  la  couronne  au  Monstre  et  de  soutenir  l'intérêt  de 
Naples.  Je  le  sais  d'une  manière  positive  et  indubitable.  Parmi 
les  ministres  rivaux,  on  l'appelle  le  «  Scapin  de  la  Diploma- 
tie ».  J'ai  sur  Metternich  quelque  chose  que  je  ne  veux  pas 
écrire  et  je  que  montrerai  au  conseiller  Braulik  (2),  dès  qu'il 
pourra  venir  un  instant  chez  moi.  Ma  jambe  me  tourmente 
toujours  cruellement  et  me  force  au  lit,  excepté  l'heure  du 
diner,  où  je  me  fais  porter  dehors,  par  ordre  du  médecin.  Elle 
n'empêche  de  courir  le  monde  et  de  faire  des  recherches. 

Au  dos,  NOTB  DE  Braulir,  de  Vienne,le  14  août  1814  (en  allemand) 

Dans  mon  entretien  avec  lui,  il  ne  m'a  rien  dit  en  dehors  de 
ce  qu'il  a  écrit  au  sujet  des  intrigues  de  diplomates  russes, 
prussiens  et  anglais  contre  Metternich,  si  ce  n'est  qu'il  en  a  eu 
la  preuve  et  qu'il  en  a  acquis  la  conviction  par  une  lettre  du 
conseiller  aulique  prussien  Bartholdi. 


1.  Martens  (Georges-Frédéric  von),  né  à  Hambourg  le  22  février  1756,  pro- 
fesseur de  droit  à  Gôttingen  en  1794,  conseiller  d'Etat  en  1808  et  à  partir  de 
1810  président  de  la  section  des  finances  au  conseil  d'Etat  du  royaume  de 
Westphalie,  conseiller  intime  du  cabinet  hanovrien  en  1814,  ministre  en  1816  à 
Francfort  où  il  mourut  le  22  février  1821.  Auteur  du  recueil  des  principaux 
traités  d'alliance  et  de  paix  depuis  1761. 

2.  L'un  des  hauts  fonctionnaires  du  ministère  de  la  Police.  11  était  à  ce 
moment  conseiller  de  gouvernement  et  fut  promu  conseiller  aulique  en  1816. 


LES  PRfiUMlMAIHES   ET   LES  AJOURNEMENTS   DU   COflORËS      53 


Vienne,  li  aoâl  t6U  (F.  1.  «d  35SS). 

MARIE  CAROLINE  au  ROI  FERDINAND  IV 
{inUrcepta  en  italien)  (Analyse). 


Elle  lui  fait  connaître  son  avis  sur  la  reprise  du  pouvoir  à 
laquelle  il  vient  de  procéder.  Conseils  qu'elle  lui  donne  par 
rapport  à  l'Angleterre,  et  ce  qu'elle  pense  de  l'état  de  l'armée 
sicilienne. 

Cariati  et  Pescara  afiipment  que  Murât  conservera  Naples  et 
qu'on  donnera  une  compensation  à  Ferdinand. 

Ni  elle,  ni  aucune  des  personnes  de  son  entourage  n'ont  même 
vu  Metternich. 

Elle  est  sans  nouvelles  de  RufFo  (1). 

«  Ici,  à  l'exception  du  seul  Metternich,  tout  le  monde  est 
contre  Murât.  » 


66.  Vieoae,17  août  1814  (F.  1.  ad  3SS5)  (3). 

BERNSTORFF  à  ROSENCRANZ  {intercepta  en  français). 

Gravité  de  la  crise.  Opinion  de  Humboldt  sur  la  Russie  et  la  Pologne.  Pour- 
quoi la  Prusse  doit  la  suivre.  AltaquescoQlre  Melternich.  L'archiduc  Char- 
les et  la  grande-duchesie  Catherine.  On  parle  d'une  mission  de  Nugenl  en 
Angleterre. 

1.  RulTo  (Alvaro,  commandeur,  des  princes  délia  Scaletta)  (11Si-183ï)  re(U 
dt«  son  enfance  dans  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  eotré  tout  jeune  au 
service  au  règîmonl  Royal  Siracusa,  où  il  arriva  promptemcnl  au  grade  de 
capitaine,  appeli  ensuite  i  Mallir,  il  y  commands  pendant  quelque  temps  les 
Galères  de  l'Ordre.  Ministre  plénipotentiaire  â  Lisbonne  (1793),  à  Paris(1797), 
rappelé  dans  sa  patrie  par  les  événements  politiques  on  1798,  il  accompagna 
Harie  Caroline  i  Vienne  en  ISOO  et  y  fut  accrédité  comme  Ministre  plénipo- 
lentiairc  en  1803.  Représentant  de  Ferdinand  IV  au  Congrès  de  Vienne,  il 
tigna  on  leiï  la  traité  d'alliance  entre  les  deux  Cours,  refusa  de  prêter  ser- 
aient à  la  Constitution  en  iSZO,  prit  part  au  Congrès  de  Laibach  (1821),  devint 
pour  peu  de  temps  ministre  d'Etat  et  président  du  Conseil  et  fut  enSn  en- 
Toyé  de  nouveau  comme  ambassadeur  è  Vienne  où  il  mourut  le  29  juillet 
ini.  Ami  intime  de  Hetlernicb,  il  le  choisit  pour  exécuteur  testamentaire. 

1.  En  note  de  la  main  de  tlager  :  ■  J'aimerais  pourtant  bien  savoir  si  Met. 
■srnich  lit  réellement  les  inltreepfa  de  BernstorlI.  ■ 


54  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIBNNB 

Plus  l'époque  des  grandes  négociations  approche,  et  plus  on 
sent  l'importance  de  la  crise  qu'elles  vont  traverser.  La  Rus- 
sie n'a  qu'à  vouloir  pour  remporter. 

Mes  conversations  avec  le  baron  Humboldt  m'ont  valu  la 
conviction  que  la  Cour  de  Berlin  sent  tout  aussi  vivement  que 
celle  d'ici  ce  que  les  vues  de  la  Russie  relativement  à  la  Po- 
logne ont  de  menaçant  pour  la  tranquillité  de  ses  voisins  et  de 
FEurope  entière,  mais  qu'elle  est  tout  aussi  peu  disposée  à  y 
faire  une  opposition  propre  à  Tentrainer  dans  une  brouillerie 
ouverte  avec  cette  puissance. 

Je  n'ai  pu  deviner  si  ce  Ministre  m'a  exposé  l'opinion  de 
son  gouvernement  ou  la  sienne  à  lui,  lorsqu'il  m'a  dit  qu'il 
était  convaincu  que  les  puissances  intéressées  à  combattre  les 
projets  de  l'Empereur  de  Russie  ne  l'en  feront  revenir  ni  par 
des  bouderies  qui  ne  serviraient  qu'à  l'irriter,  ni  par  des  ma- 
naces  auxquelles  il  ne  croirait  pas,  mais  qu'elles  lui  en  impo- 
seraient d'autant  plus  sûrement  par  un  langage  ferme,  uni- 
forme et  tendant  à  lui  faire  sentir  que  l'attitude  menaçante, 
qu'il  prétendait  se  donner,  les  forcerait  toutes  à  chercher  la 
garantie  de  leur  sûreté  future  dans  les  plus  étroites  unions  de 
leurs  vues  et  de  leurs  principes. 

On  assure  dans  les  cercles  militaires  autrichiens  que  la  Rus- 
sie n'a  pas  100.000  hommes,  mais  rien  que  30.000  hommes  en 
Pologne  et  qu'elle  ne  dispose  en  tout  que  de  200.000  hommes. 

Plus  les  embarras  de  la  situation  se  font  sentir,  plus  les 
ennemis  du  prince  de  Metternich  lui  reprochent  d'avoir  trop 
longtemps  laissé  en  suspens  les  questions  qu'il  va  avoir  à  trai- 
ter maintenant  avec  désavantage.  C^est  surtout  de  la  part  du 
comte  de  Stadion  qu'il  a  essuyé  les  censures  les  plus  amères. 
Ce  ministre  est  revenu  de  France  singulièrement  animé  contre 
lui  et  tellement  dégoûté  qu'il  a  refusé  d'avoir  aucune  part  aux 
travaux  du  Congrès. 

L'archiduc  Charles  vient  de  partir  pour  Egra,  où  il  va  trou- 
ver la  grande-duchesse  Catherine.  On  s'attend  toujours  à  ce 
que  son  mariage  avec  elle  finisse  par  s'arranger.  Il  ira  ensuite 
au-devant  du  roi  de  Prusse. 

On  prétend  que  Nugent  (1),  chargé  d'une  mission  du  Gou- 
vernement, est  sur  le  point  de  partir  pour  l'Angleterre. 


1.  Nugent  von  Wcitcnralh  (Laval,  comte  et  prince  romain)   issu  d'une 
vieille  famille  irlandaise,  né  à  Bellynacor,  près  de  Dublin,  en  1777,  éUit  à  ce 


LES   PWSlDIIHAIHES   ET   LE9   ÀJÛUHNESiEKT3   DU  CONGRÈS       55 

6T.  Vienne,  11  août  181t(F.  1.  ad  366S). 

HEGARDT  à  ENGESTRCEM  {intercepta  oq  français)  (Analyse). 

Le  congrès  se  réunira  e 
Réunioi^ 

«  Oo  ne  doute  plus  que  le  Congrès  sera  réuni  dans  les  pre- 
miers jours  d'octobre,  et  à  traversle  voile  qui  recouvre  les  né- 
gociations, on  semble  apercevoir  un  acheminement  vers  un- 
meilleur  accord  entre  les  Puissances.  » 

Réonioa  assurée  et  décidée  de  la  Belgique  aux  Pajs-Baa.  Il 
semble  qu'on  veuille  se  mettre  d'accord  sur  la  Pologne. 


68.  Vienne,  lO  août  ISU  (F.  1.  ad  3SSS). 

HEGARDT  à  YERMOLOFF  (I)  (à  Egra)  (intercepta  on  français). 


«...  Vous  êtes  sans  doute  de  mon  avis  que  le  bon  roi  de 
France  gouverne  avec  une  sagesse  admirable.  Croyez-vous  que 
son  cousin  d'Espagne  fasse  de  même  1  C'est  en  rétrogradant 

moment  géDiral-m^jor.  Feld-maréchat  lieutenant  en  ISIS,  reldzeugmcisler  en 
IBM,  il  rut  Élevé  i  la  dignité  de  feld- maréchal  le  16  octobre  iB49  et  suivit, 
malgré  ses  S2  ans,  en  qualité  de  volontaire  le  quartier-général  de  l'Empereur 
Françoia-Joseph  en  Italie  en  ISM  et  aisisU  à  sei  cAléa  i  la  bataille  de  3olfé- 
rino.ll  mourut  trois  ans  après  dans  sa  terre  de  Bosiljeva,  près  de  Carlatadt, 

1.  YermoloS  (Aleiis-PeLrovitoh)  (1772-1881),  entré  è,  16  ani  au  régiment 
Preobrnjensky,  capitaine  en  1791,  Qt  les  campagnes  de  Pologne  (1794),  de 
Perae  (179ft-179T).  En  disgrâce  (1798),  rayé  des  cadres  de  rarmée,  enfermé  dans 
une  forteresse  par  ordre  de  Paul  I",  remis  en  liberté  el  en  possession  de  son 
grade  él'avânement  d'Alexandre,  il  Ct  les  campagnes  de  1805,  1B0S  et  1807. 
Géaéral-mqjor  (1808),  Chef  d'Etal-Major  de  la  1"  armée  (1B12),  commandant 
l'artillerie  des  armées  d'opération  (lB13),due'  corps,  puis  du  corps  des  grena- 
dier* (181S),  et  ensuite  i  son  retour  en  Husaie  du  corps  détaché  de  Géorgie 
et  ambassadeur  en  Perse  (1817).  Général  d  artillerie  i  sa  rentrée,  il  servit 
an  Caucaae  de  1818  i  1S37,  époque  i  laquelle  il  quitta  le  service  (BEHHiosrin- 
Soocentr*). 


56  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

vers  lexvi*  siècle  qu'il  travaille  au  bonheur  de  ses  sujets.  Après 
tout,  peut-être  le  bon  sire  ne  recule-t-il  ainsi  que  pour  mieux 
sauter...  » 


Vienne,  25  août  1814. 
69.  Vienne,  24  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

GARIATI  à  GALLO  (intercepta  en  italien) 
(Analyse  du  Cabinet  Noir). 

Efforts  vains  faits  jusqu'ici  par  la  Reine  Caroline  Murât  pour 
décider  Metternich  à  leur  donner  son  appui  et  son  soutien. 

Nugent  a  parlé  en  bons  termes  de  Tarmée  napolitaine,  mais 
il  déteste  Murât,  fait  tout  pour  lui  nuire,  et  c'est  à  cet  effet 
qu'il  est  parti  pour  Londres  (1). 


70.  Vienne,  24  août  1834  (F.  1.  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTROEM  (intercepta  en  français)  (Analyse). 

On  serait  à  peu  près  d'accord  sur  les  bases  des  arrangements 
à  faire  au  Congrès  (Partage  du  duché  de  Varsovie  entre  l'Au- 
triche, la  Russie  et  la  Prusse). 

On  ne  rétablira  pas  la  République  de  Gênes. 


71.  Vienne,  24  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

STEINLEIN  au  ROI  DE  BAVIÈRE  (intercepta  len  français). 

Difficultés  de  la  situation. 

«...  On  commence  à  se  persuader  que  l'arrangement  avec 
la  Russie  ne  sera  pas  aussi  facile  qu'on  le  croyait.  On  remar- 
que bien  de  l'inquiétude  chez  les  personnes  en  place  et  on  avoue 

1.  <c  Ecrivez  à  Tocco,  mandait  de  Portici,  le  4  octobre,  Murât  à  Gallo,  de  tâ- 
cher de  connaître  Tobjet  de  la  mission  du  comte  de  Nugent.  C'est  un  point 
essentiel  pour  connaître  les  véritables  intentions  du  cabinet  de  Vienne.  »  (Cf. 
C  Wbil.  Joachim  Mnraly  U  dernière  année  de  Règne,  t.  1,  433.) 


LES   PRËLIMINAIRES   ET   LES   AJOUHHEHENTS   DU  CONGRÂS       57 

qu'il  faut  t&cher  de  s'entendre  sur  les  difTérents  points  avant 
de  pouvoir  ouvrir  les  conférences. 
f  Le  général  Koller  n'est  pas  encore  parti.  » 


72.  Vienne,  2i  aoûl  ]SI4  (F.  1.  >d  3969). 

BERNSTOBFF  à  ROSENGRANZ  {intercepta  en  français) 
(Analyse). 

Sut  les  inslances  de  Bernstorff,  Mettemicb  lui  promet  d'intervenir  ea  faveur 
du  Danemark  et  d'agir  tlang  ce  sens  auprèt  de»  cabinets  de  Londres  et 
de  Berlin. 

Envoi  des  rapports  de  Steigentescb  qui  lui  ont  été  commu- 
niqués par  le  prince  de  Metternich  et  qui  ont  trait  aux  me- 
naces que  la  résistance  des  Norvégiens  a  nrrachées  au  prince 
ro^l  de  Suède  contre  le  Danemark. 

<  Ces  menaces  ont  fait  sur  Metternich  une  impression  d'au- 
tant plus  vive  que  Bernadotte  exerce  toujours  le  même  em- 
pire stu-  Alexandre.  » 

Metteroich  lui  a  promis  ses  bons  oQîces. 

«  J'ai  fini  par  lui  arracher  la  promesse(l)d'inviter  sans  délai 
les  cabinets  de  Londres  et  de  Berlin  à  réunir  leurs  représen- 
tations à  celles  de  l'Autriche  pour  faire  sentir  à  la  Russie  la 
nécessité  de  mettre  un  frein  à  l'ambition  et  aux  menaces  du 
prince  royal  de  Suède.  > 


73.  Copcnha^c,  IS  aoûl  t8i4  (V.  1.  ad  3Seï). 

ROSENGRANZ  à  BERNSTOBFF  {intercepta  en  français). 

PuBsibilité  d'un  rapprochement  entre  Londres  el  Berlin.  Les  négociations 
avec  le  prince  royal  de  Suède.  La  Prusse  mécontente  dea  projela  russes 
sur  U  Pologne  les  approuvera  ai  on  lui  laisse  Dresde  et  Mayence. 

Vous  aurez  vu  par  ma  dernière  que  les  liens  entre  les  Cours 
d'Angleterre  et  de  Vienne  se  resserrent  de  plus  en  plus.  La 


58  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

première  se  croit  appelée  à  décider  des  intérêts  des  puissances 
continentales,  dont  les  forces  trop  épuisées  leur  défendent  de 
se  soustraire  à  son  arbitrage  quand  elle  agira  de  concert  avec 
celles  de  Berlin  et  de  Vienne.  Elle  parait  même  être  enclin  à 
fournir  à  cette  dernière  les  moyens  de  mettre  une  armée  en 
campagne.  Cette  imion,  ne  pouvant  avoir  que  le  but  de  conso- 
lider la  tranquillité  publique,  n'est  nullement  faite  pour  don- 
ner ombrage  aux  Etats,  qui  ont  un  besoin  urgent  de  fermer 
les  plaies  que  les  dernières  révolutions  leur  ont  ouvertes.  Je 
voudrais  pouvoir  me  flatter  qu'un  changement  essentiel  se 
soit  opéré  dans  la  façon  de  juger  de  l'Empereur  Alexandre 
de  sa  propre  situation  et  de  celle  des  autres,  mais  rien  ne  me 
le  prouve  encore. 

On  continue  à  négocier  avec  le  prince  royal  de  Suède. 

La  Prusse  s'est  montrée  irritée  de  ce  que  la  Russie  veut 
s'attribuer  Thorn  et  Cracovie  qui  seront  comme  deux  bastions 
que  formera  alors  la  frontière  de  Pologne.  Mais  pourvu  qu'elle 
obtienne  Dresde  et  Mayence^  elle  passera  par  tout  ce  que  la 
Russie  voudra. 


74»  Udevalla,  16  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

ENGESTRCEM  à  HEGARDT  {inlercepla)  (Analyse). 

Signature  de  la  Convention  et  cessation  des  hostilités  entre  la  Suède  et  le 

Danemark. 

» 

Il  lui  donne  avis  de  la  signature  de  la  convention  avec  le 
prince  Christian  qui  a  fait  remise  de  ses  pouvoirs.  Les  hostili* 
tés  ont  cessé.  Au  moment  où  tout  était  prêt  pour  donner 
Tassant  à  Frédéricksten,  Tordre  est  arrivé  de  capituler. 

La  capitulation  est  honorable  pour  Tarmée  et  pour  les  deux 
royaumes. 


Vienne»  28  août  1814. 
75.  Vienne,  27  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

CARIAT!  à  GALLO  {intercepta  en  italien)  (Analyse). 
Tout  en  conseillant  au  roi  de  continuer  ses  préparatifs  et 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       39 

ses  armements,  il  insiste  surtout  sur  la  nécessité  de  ne  pas 
alarmer  et  mécontenter  TAutriche. 


76.  Vienne,  27  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BRAUN  à  L...  (à  Darmstadt)  (intercepta,  en  français). 

Le  nonce  favorable  au  rétabliBsement  des  Jésuites.  On  empêche  Murât  de 
venir  à  Vienne.  Le  congrès  et  les  mariages  princiers  qui  semblent  devoir 
en  résulter. 

Le  nonce  du  Pape  s'exprime  à  l'égard  du  rétablissement 
des  Jésuites  dans  des  termes  qui  font  voir  qu'à  son  avis  sans 
cet  ordre  il  ne  peut  y  avoir  ni  religion,  ni  instruction  publique. 
Quels  principes  au  xix*  siècle  I 

Murât  a  désiré  faire  le  voyage  de  Vienne,  mais  on  a  trouvé 
le  moyen  de  l'en  détourner... 

On  croit  que  le  Congrès  durera  autant  que  le  séjour  des 
souverains  et  on  suppose  que  ses  discussions  seront  cimentées 
par  des  mariages  qui  garantiront  l'union  et  l'intimité  des  puis- 
sances continentales. 


77.  Vienne,  29  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

HAGER  à  SIBER 
Instructions  sur  le  fonctionnement  de  son  service. 

Un  certain  nombre  de  représentants  des  différentes  puissances 
au  Congrès  étant  déjà  arrivés  à  Vienne  et  les  autres  allant 
les  suivre  incessamment,  vous  devrez  non  seulement  m'infor- 
mer  de  l'arrivée  et  du  domicile  de  chacim  d'eux,  mais  appor- 
ter, grâce  à  des  mesures  intelligentes  de  surveillance  secrète, 
tous  vos  soins  à  ne  pas  plus  perdre  de  vue  leur  entourage  que 
leurs  relations. 

Je  désire  voir  employer  efficacement  à  cet  effet  tous  les 
agents  de  votre  service  ainsi  que  tous  les  émissaires,  affiliés  et 
confidents  capables  de  remplir  une  semblable  mission.  J'en* 
tends  qu'on  exige  d'eux  le  maximum  de  zèle  et  de  vigilance 
et  je  vous  autorise  même  à  engager  pour  la  durée  du  Congrès 


60  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

les  nouveaux  agents  dont  vous  pourriez  avoir  besoin  afin  que 
votre  service  soit  en  mesure  de  répondre  à  ce  que  le  Ministère 
des  Affaires  étrangères  et  Sa  Majesté  TEmpereur  sont  en  droit 
d'exiger  de  la  Police  pendant  des  moments  d'une  pareille  impor- 
tance. 

Je  compte  en  conséquence  recevoir  de  vous  des  rapports  très 
fréquents  tant  sur  les  résultats  de  ces  surveillances  que  sur 
les  renseignements  qu'on  aura  réussi  à  recueillir. 


1*'  septembre  1814. 
78.  Vienne,  31  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

HEGARDT  à  EiNGESTROEM  (intercepta  en  français)  (Analyse). 

Préparatifs  pour  l'arrivée  des  souverains.  Commencement  prochain  des  con- 
férences. Ignorance  complète  de  tout  ce  qui  s'est  fait  depuis  le  30  mai. 

On  reprend  et  on  presse  les  préparatifs  pour  les  souverains. 
Dans  quinze  jours  les  plénipotentiaires  d'Angleterre,  de  Rus- 
sie et  de  Prusse  seront  ici  pour  les  conférences  préliminaires. 

Le  fait  est  qu'il  règne  un  parfait  silence  sur  les  résultats  des 
négociations  entre  les  cabinets  depuis  la  paix  de  Paris. 


79.  Vienne,  31  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  à  ROSENCRANZ  [intercepta  en  français) 

(Analyse). 

Bonnes  intentions  de  Metternich  en  faveur  du  Danemark.  Bon  accueil  que  le 
roi  de  Danemark  trouverait  à  Vienne.  Projet  d'alliance  conçu  par  le  Prince 
Régent  entre  l'Angleterre,  rAutriche  et  la  Prusse.  Les  objections  de  Met- 
ternich. 

Il  se  loue  de  la  bonne  volonté  de  Metternich  pour  le  Dane- 
mark. Le  prince  a  reconnu  l'obligation  pour  les  puissances 
€  de  dégager  le  Danemark  de  toute  charge  et  de  le  mettre  à 
l'abri  des  nouvelles  secousses  comme  de  Teffet  ou  des  consé- 
quences des  menaces  du  Prince  royal  de  Suède  >. 

Metternich  a  senti  la  nécessité  de  s'adresser  à  cet  effet  à  la 
Russie  et  va  inviter  la  Prusse  à  se  concerter  avec  lui. 


LES   PBÉLIUINAIBES   ET   LES   AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS       61 

BernstorlT  ajoute  que  le  roi  de  Danemark, s'il  venait  à  Vienne, 
y  trouverait  le  meilleur  accueil.  L'Autriche  comprend  et  ap- 
prouve le  refus  du  roi  de  déclarer  le  prince  Christian  déchu 
de  ses  droits. 

«  On  m'a  assuré  que  le  Prince  Régent,  outré  par  les  pré- 
tentions arrogantes  de  la  Russie,  a  insisté  sur  le  désir  d'y  met- 
tre un  frein  par  une  alliance  à  conclure  entre  l'Angleterre, 
l'Autriche  et  la  Prusse.  Le  prince  de  Metternich  a  éludé  la 
proposition,  parce  qu'il  y  voyait  une  humiliation,  non  justifiée 
encore,  de  la  Russie,  et  parce  que  le  roi  de  Prusse,  tout  en 
se  prêtant  à  l'idée  du  Prince  Régent,  exigerait,  en  raison  de 
ses  liaisons  personnelles  avec  l'Empereur  Alexandre,  des 
changements  qui  altéreraient  la  nature  et  la  force  des  liens  à 
contracter.  » 


80.  Vienne,  31  aoûl  IBU  (F.  i.  ad  3565). 

L'ARCHIDUC   CHARLES  à  LA   GRANDE-DUCHESSE 
CATHERINE  (l)  {intercepla  eu  français). 

Je  ne  suis  arrivé  qu'hier,  parce  qu'en  passant  tout  près  de 
ta  terre  du  comte  Grûnne  (2)  je  me  suis  arrêté  chez  lui. 

Je  me  suis  acquitté  ce  matin  de  toutes  vos  commissions. 

L'Empereur,  qui  venait  aussi  d'arriver  hier,  vous  fait  mille 
compliments.  Il  ignore  absolument  le  jour  de  l'arrivée  de  vo- 
tre frère  ainsi  que  la  route  qu'il  prendra.  Dès  qu'il  en  sera 
instruit,  je  l'apprendrai  et  vous  le  ferai  savoir.  Ce  que  je  lui 
ai  dit  de  vous  lui  a  fait  plaisir.  Il  désire  que  la  chose  réussisse. 
Il  m'a  chargé  de  vous  demander  la  liste  des  personnes  qui  vous 
accompagneront  ici  et  vous  sera  obligé   si  en  même  temps 

t.  et.  Oeiterrtich't  Thtilnahme,  etc.,  elc,  page  473.  Genlz  ï  Karadja, 
Vienne,  13  dtcembre  i8i4.  Conaidiralions  sur  le  projet  de  mariage  de  l'ar- 
chiduc Charlea  avec  la  grande-duchesse  Calherine  et  sur  les  causes  de  la 
puplure. 

3.  Grûnne  (Philippe,  Comle  de  {1761-1851)  entré  au  service  en  I78ï,  aidede 
camp  de  l'Empereur  François  en  1791,  il  devint,  en  I7S7,  colonel  et  aide  de  camp 
de  l'archiduc  Charles  qu'il  ne  quitta  plus  guère.  Gin£ral-major  en  tBOO,  chet 
d'un  des  bureaux  du  ministère  de  la  Guerre  en  1801,  il  travailla  i  la  riorganisa- 
tiOD  de  l'armie  autrichienne.  Feld -maréchal  lieutenant  en  ISOS.chcrdu  hureau 
du  gènéraliBBime  en  1B09,  il  quitta  le  service  actif  après  Wagram  pour  se 
conaacrer  entièrement  i  l'archiduc  Charlea  qui  l'honorait  d'une  amitié  toute 
parUculièM  et  auprès  duquel  il  resta  jusqu'à  la  mort  de  ce  prince  (1841). 


/ 


6i  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DK  VIBNNE 

VOUS  pouvez  m'envoyer  celle  de  ceux  qui  viendront  avec  votre 
sœur,  la  duchesse  de  Weimar.  Mon  vieux  «  Papa  »  (1)  ne  peut 
pas  me  donner  assez  de  commissions  pour  vous.  Il  est  si  heu- 
reux de  votre  ressemblance  avec  feu  ma  tante  (2). 

J'ai  entamé  ma  négociation  pour  être  dispensé  d'aller  au- 
devant  du  roi  de  Prusse.  L'Empereur  m'a  dit  qu'à  moins  qu*on 
n'en  ait  déjà  fait  une  communication  officielle  à  ce  dernier, 
chose  dont  il  s'informerait,  il  m'en  dispenserait. 

Razoumofiskj  vient  demain  me  voir.  Il  m'avait  envoyé  à 
Franzensbrunn  (3)  une  lettre  pour  vous  et  pour  la  princesse 
Wolkonsky  qui  n'y  seront  arrivées  qu'après  mon  départ. 

Pendant  tout  mon  voyage,  je  n'ai  pas  perdu  de  vue  vos 
conseils.  Je  les  ai  bien  médités.  Ils  me  sont  si  chers  puisqu'ils 
viennent  de  V9us,et  je  les  trouve  si  justes  et  si  vrais.  J'emploie- 
rai les  trois  semaines  de  repos  qui  nous  sont  encore  accordées 
à  me  les  rendre  propres  de  manière  à  ne  plus  les  oublier  et  à 
les  suivre  même  quand  au  milieu  du  plus  grand  bruit  j'aurai 
moins  le  temps  de  réfléchir  sur  mes  actions  et  sur  mes  paroles 
et  que  mon  cher  Mentor  ne  sera  pas  à  même  de  me  corriger 
et  de  me  les  rappeler. 

J'attends  le  22  (4)  avec  de  l'impatience  mêlée  de  joie  et  de 
sentiments  qui  m'étaient  inconnus  avant  que  je  vous  vis.  L'idée 
que  je  pourrai  vous  rendre  heureuse  est  au-dessus  de  tout  et 
rien  ne  me  coûtera  pour  obtenir  ce  but. 

Je  vous  envoie  cette  lettre  par  estafette  pour  qu'elle  vous 
parvienne  encore  à  Dresde. 


81.  Pawlowskoié,  15/27  août  1814  (6)  (F.  1.  ad  3565). 

L'IMPÉRATRICE  DOUAIRIÈRE  DE  RUSSIE  au  ROI 
DE    WURTEMBERG  (intercepU  en  français). 

Le  divorce  du  prince  royal  de  Wurtemberg.  Les  idées  de  rimpératrice  sur 
le  mariage  de  la  grande-duchesse  Catherine  avec  le  prince.  Conditions 
qu'elle  y  met. 

1.  Nom  que  l'archiduc  Charles  avait  coutume  de  donner  au  duc  Albert  de 
Saxe-Teschen,  son  père  adoptif. 

2.  L'archiduchesse  Christine,  femme  du  duc  Albert. 

3.  Actuellement  Franzensbad. 

4.  Date  primitivement  fixée  pour  l'arrivée  de  la  grande-duchesse  à  Vienne. 

5.  Quoique  cette  lettre  ne  soit  arrivée  à  Vienne  que  quelques  jours  plus 
tard,  nous  avons  cru  pouvoir  exceptionnellement  déroiger  à  notre  enregistre- 


LES    PRÉLUnSAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    COMGB&S        63 

Quoique  je  n'aie  tu  encore  M.  de  WinfzingerodcfDqni  aura 
demain  son  audience  de  l'Empereur,  j'ai  désiré  recevoir  au 
plus  tût  T03  chères  lettres,  et  il  a  eu  la  complaisance  de  me  les 
faire  remettre. 

Vous  savez  depuis  combien  de  temps  votre  amitié  me  fut 
chère.  Aussi  vous  vous  direz  toute  la  satisfaction  que  j'éprouve 
à  chaque  témoignage  que  vous  m'en  donnez.  Je  me  suis  réjouis 
de  pouvoir  questionner  M.  de  Wintzingerode  sur  tous  les  dé- 
tails qui  m'intéressent  sur  vous. 

J'ai  lu  dans  votre  lettre  avec  surprise  et  une  vive  émotion, 
que  la  princesse  royale (2)  s'était  réunie  au  désir  du  prince,  vo- 
tre fils  (3),  de  voir  annule,  leur  union  ;  qu'elle  vous  en  avait 
parlé  avec  confiance  comme  du  seul  moyen  d'assurer  son  boa- 
heur  futur  ;  que  vous  avez  dû  céder  à  leurs  demandes  et  que 
l'annulation  du  mariage  allait  être  prononcée. 

Je  partage  de  cœur  el  d'âme  tous  les  regrets  que  vous 
donne  la  perte  de  la  princesse  royale  qui  emporte,  à  juste  ti- 
tre, et  votre  estime  et  votre  tendresse,  et  je  ne  puis  vous 
cacher  que  cet  événement  me  peine  et  m'afflige. 

Vous  me  dites  que  la  princesse  royale  voit  dans  cet  événe- 
ment le  seul  moyen  de  bonheur  futur  pour  elle.  Ainsi  donc, 
elle  a  voulu  librement  et  volontairement  le  divorce,  et  elle  n'y 
est  pas  portée  par  contrainte.  Voilà  une  assurance  qui  soulève 
un  peu  le  poids  qui  opprime  mon  cœur,  mais  cela  ne  suffît 
pas  encore  h  la  gloire  du  nom  de  ma  fille(i).  11  faut  pour  qu'elle 
reste  pure  que  la  pensée  ne  puisse  se  joindre  à  celle  du  di- 
vorce. Ainsi,  je  m'explique  via-à-vis  de  vous,  de  frère  à  sœur(5), 

ment  chronologique,  i  la  production  des  pièces  dans  l'ordre  mitât  où  elles  fu. 
reut  envoyée*  ou  prèscnLée»  à  l'Empereur  François,  afin  de  la  placer  lia  suite 
de  celle  que  l'archiduc  Charles  avait  «dressée  4  la  p-aode- duchés  se,  prei- 
qu'au  moment  même  où,  entiéremcnl  d'accord  avec  elle,  l'Impératrice,  *t 
mère,  préparait  son  mariage  avec  le  prince  royal  de  Wurtemberg. 

1.  Wintiiogerode  (Henri-Charles- Frédéric  LÉvin,  comte  de)  (mS-lBSB)  fils 
du  président  du  Conseil  des  Ministres,  successivement  Ministre  de  Wurtem- 
berg à  Karlsruhe,  Munich,  Paria,  Sain UPét^rs bourg  et  Vienne,  suivit  le  quar- 
tier général  pendant  la  campagne  de  1  Bit,  retourna  à  Pétershourg  après  le  traité 
de  Paris,  et  assista  au  Congrès  de  Vienne  où  il  essaya  en  vain  de  défendre  el 
de  faire  triompher  ses  idées  libérales. 

2.  Caroline- Auguste  de  Bavière,  1111e  du  roi  Maiimilien-Joseph  que  son  di- 
vorce n'cmpèoht  pas  de  devenir,  le  39  octobre  latS,  Impératrice  d'Autriche 
tt  la  quatrième  femme  de  l'Empereur  François  1". 

3.  Le  prince  royal  de  Wurtemberg. 

4.  La  grande-duchés  SB  Catherine. 

i.  L'Impératrice  douairière  était  la  sieur  du  roi  de  Wurlemberg. 


64  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

et  VOUS  prie  de  renfermer  dans  votre  cœur  la  pensée^  qui  ne 
peut  que  vous  flatter,  de  vos  vues  sur  ma  fille  jusqu'au  prin- 
temps prochain. 

Alors,  si  le  roi  de  Wurtemberg  s'adresse  à  l'Empereur  et  à 
sa  mère  pour  obtenir  la  main  de  la  sœur  et  de  la  fille  pour  le 
prince  royal,  et  que  la  grande-duchesse  y  consente,  nous  y 
acquiescerons.  Mais  jusque-là,  veuillez  écarter  cette  pensée  et 
même  donner  vos  soins  à  ce  qu'elle  reste  inconnue  du  public. 
En  attendant,  la  grande-duchesse,  soit  qu'elle  se  trouve  à 
Vienne  ou  non,  viendra,  ou  avant  ou  après  le  voyage,  passer 
un  temps  au  sein  de  sa  famille,  pour  s'éloigner  de  l'Allema- 
gne et  ôter  toute  raison  de  soupçonner  l'alliance  future. 

J'ose  encore  vous  demander,  au  nom  de  ma  sollicitude  ma- 
ternelle, qu'en  cas  que  ma  fille  aille  à  Vienne,  le  prince  royal 
ne  s'y  trouve  pas,  et  je  vous  conjure,  de  même  que  le  prince 
royal,  de  ne  plus  se  rencontrer  avec  ma  fille,  jusqu'au  mo- 
ment où  le  consentement  formel  aura  été  demandé  et  donné, 
ainsi  jusqu'en  mai  ou  juin. 

Ce  n'est  qu'en  observant  de  rigueur  cet  éloignement  que  le 
rapprochement  du  divorce  avec  le  mariage  frappera  moins 
l'opinion  publique  et  que  le  nom  de  ma  fille  ne  souffrira  pas. 

Puissent  ces  lignes  et  le  sentiment  qui  les  dicte  vous  prou- 
ver, cher  frère,  de  plus  en  plus  mon  amitié. 

P.  S.  —  L'Empereur,  qui  a  lu  ces  lignes,  me  charge  de  ses 
tendres  amitiés  pour  vous.  Sa  façon  de  voir  est  la  même. 


82.  Lcmberg,  22  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

FESTENBERG  à  HAGER  (en  français)  (Analyse). 

J'ai  su  la  veille  au  soir  chez  le  comte  Potocki  que  l'Empe- 
reur Alexandre  avait  décidé  de  partir  pour  Vienne  vers  la  mi- 
septembre  (1). 

1.  Le  môme  ag^ent  confirmait  ce  renseignement  une  dizaine  de  jours  plus 
tard,  et  le  4  septembre  il  écrivait  à  Ilager  qu'il  «  avait  su  par  la  comtesse  Tols- 
toî|  qui  vient  d'arriver  (à  Lemberg)que  le  Tzar  partira  pour  Vienne  le  13  sep- 
tembre », 

La  comtesse  Tolstoï  femme  du  grand  maréchal  du  Palais,  née  princesse 
Bariatinska.  Sa  mère  était  de  la  famille  des  Holstein  et  cousine  germaine  de 
Catherine  II. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRfiS        65 

83.  ViGDiie,  septembre  I8U  (F.  1.  ad  356S). 

FREDDI  à  HAGER  (en  françaïa). 

La  police  parlJculiAre  du  noace.  Le9  prnnieises  d'appui  do  Saint-Marsan, 
Stackelberg  eL  Humbaldt.  Les  ofTres  do  service  du  père  du  prince  de 
Mettemich.  Le  doubie  jeu  du  prince  de  Meltornich.  Les  singulières  décla- 
râlions  de  la  Tour  du  Pin.  L'animosit£  du  Nonce,  du  cardinal  Pacca  cl  du 
pape  contre  Mettemich. 

Le  capitaine  Ferrari  et  les  nommés  CelUni  et  Sartori,  sont 
les  trois  iodividus  qui  renseignent  secrètement  le  Nonce 
(Mgr  Severoli).  C'est  en  revanche  un  protestant  (1),  dont  la 
femme  s'est  récemment  convertie  au  catholicisme,  qui  l'in- 
forme des  événements  plus  importants. 

Le  nonce  a  déjà  fait  savoir  au  Cardinal  Pacca  que  Saint- 
Marsan,  Stackelberg  et  Humboldt  lui  avalent  déclaré  qu'ils 
avaient  ordre  de  soutenir  les  justes  revendications  du  pape. 
Il  a  un  peu  plus  lard  parlé  au  cardinal  de  ses  conférences  avec 
Mettemich,  dont  le  père,  quoique  franc-maçon,  lui  a  offert  son 
intervention  et  lui  a  promis  de  mettre  tout  en  œuvre  pour  que 
l'Etat  de  l'Eglise  rentre  dans  les  limites  qu'il  avait  avant  le 
traité  de  Tolcnlino.  Mettemich  lui-même  avait  protesté  de 
l'intérêt  qu'il  portait  à  la  cause  du  Saint  Siège  et  de  son  désir 
de  voir  le  Pape  rentrer  dans  la  pleine  possession  de  ses  Etats. 
Quel  ne  fut  pas  l'étonnement  du  nonce  apostolique  ensuite, 
quand  il  apprit  de  Saint -Marsan,  qu'ayant  eu  là-dessus  une 
explication  avec  le  prince  de  Mettemich,  celui-ci  lui  avait  an- 
noncé d'un  ton  ferme  que  les  trois  Légations  devaient  entrer 
dans  la  balance  des  indemnisations  à  donner  à  des  princes  qui 
ont  mérité  les  suffrages  des  puissances  alliées. 

Quand  le  nonce  apostolique  informa  sa  Cour  de  cette  com- 
munication secrète  de  M.  de  Saint- Marsan,  il  ne  put  contenir  sa 
bile  contre  Mettemich,  l'appelant  au  sens  d'un  journal  appelé 
L'Ambigu,  le  Comte  de  la  Balance. 

Le  nonce  apostolique  fonde  beaucoup  d'espoir  sur  la  France, 
annonçant  à  sa  Cour  qu'il  avait  eu  de  longues  entrevues  avec 
le  ministre,  M.  de  la  Tour  du  Pin,  qui  au  nom  de  son  roi  l'as- 

I.  Od  aut  un  peu  plus  tard  i 
IBofMkretér)  de  la  Cbaucelterîe 
loin,  un  cerLaia  Sehiegel, 


66  AUTOUR  DU  GDIf6RÈS  DE  VIE!fIfS 

surait  qu*on  ne  voulait  pas  laisser  agrandir  rAntriche  aux  dé- 
pens des  autres,  et  que  malgré  les  changements  arrivés,  les 
intérêts  des  peuples  et  l'indépendance  de  l'Europe  comman- 
daient à  la  France  de  brider  cette  orgueilleuse  maison  d'Au- 
triche. 

Après  une  longue  énomération  des  causes  et  des  faits,  après 
le  vœu  manifesté  par  la  Goor  de  Rome,  le  nonce  coavintque 
la  chute  du  prince  de  Mettemich  serait  l'unique  remède  aux 
malheurs  dont  l'Eglise  est  menacée  par  la  toute  puissance  de 
ce  nouveau  Stilicon  (ce  sont  ses  propres  mots)  et  par  la  dan- 
gereuse influence  qu*il  a  dans  les  conseils  de  l'Empereur.  Il 
se  nourrit  du  doux  espoir  d'y  réussir,  comme  il  Ta  écrit  der- 
nièrement au  cardinal  Pacca. 

Le  cardinal  Pacea  avait  déclaré  au  nonce  apostolique,  au 
nom  du  Saint  Père,  que  Sa  Sainteté  dorénavant  voulait  par^ 
iar  chiaro  à  l'Empereur  et  que  le  temps  de  l'indulgence  est 
passé.  La  récente  résolution  de  Sa  Majesté,  qui  soumet  aux 
évéques  la  censure  des  livres  ecclésiastiques  et  ascétiques,  est 
un  acheminement  à  détruire  la  machine  impie  construite  par 
Joseph  II. 


Itl4. 
8&  VlmM>.  •  sc^^mbre  XtiA  ^F.  1.  ad 


GENTZ  à  KARADJA  (1)  (iiilriTvpto  en  français). 


Mouremeut  d'an  corps  prussien  dans  Tèiedonl  de  liesse.  Tour  joué  à  l'élec- 
ieur  ptLT  soa  fils.  Ls  Saie  el  les  msocrurres  hostiles  de  U  Fratse.  Les  re- 
fks  du  roi  el  ss  cottf<ér«xMe  inree  Uardeftbei*^.  Ls  ifaiilif<i,  apparenic  teu- 
Icisnt»  de  TAulricftie. 


insiste  d*abord  sur  ralarme  cmusée  dans  toute  la  région  du 

et  sur  rinqniétiide  pio¥oquée  à  Yienne  par  la  nouvelle 

ippaTibon  d'oD  oon»  pmssîeD  dans  TékHaraft  de  Hesie 


1.  Le  dernier  pam^raphe  de  celle  dèplcbe.  depoàs  les  omiIs  «  le  roi  de 
5ue.^ jttS4iu*4  U  fin.  fi^one  seul  H  t«  «IfeoMii,!  dutts  UnltmiB*^  TkenmMktm^ 
p.  i«i. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       67 

Voici  la  clef  de  cet  événement:  L'électeur  de  Heâse  (1), 
comme  certains  de  ses  voisins,  a  cru  pouvoir  retirer  son  con- 
tingent et  le  Gouvernement  prussien,  qui  avait  ce  contiQgent 
sous  ses  ordres,  a  refusé  d'y  consentir.  L'électeur  a  passé  outre 
et  il  paraît  que  son  fils  (2),  avec  lecpael  il  est  brouillé,  a  excité 
la  Cour  de  Berlin  à  agir  avec  sévérité  contre  lui.  C'est  là  ^e 
qui  a  donné  lieu  à  ces  mesures. 

Il  en  est  tout  autrement  de  la  Saxe,  dont  je  crois  le  sort 
décidé  sans  retour.  La  perspective  de  voir  cesser  l'administra- 
tion provisoire  russe  fait  que  ces  projets  sont  vus  avec  moins 
d'horreur. 

Quoique  les  Saxons  n'aiment  pas  les  Prussiens,  ils  leur  ten- 
draient les  bras  pour  être  débarrassés  des  Russes.  De  plus,  le 
Gouvernement  prussien  a  été  assez  habile  pour  leur  montrer 
l'avenir  sous  un  jour  qui  doit  adoucir  leurs  regrets.  Le  roi  de 
Prusse  a  fait  insinuer  qu'il  ne  se  proposait  pas  de  les  amalga- 
mer avec  ses  autres  provinces,  mais  que  la  Saxe  serait  toujours 
gouvernée  comme  un  royaume  séparé,  conservant  sa  consti- 
tution, ses  lois,  ses  tribunaux,  ses  privilèges,  son  administra- 
tion et  même  son  armée.  Ces  promesses  n'ont  pas  manqué  leur 
etlet  surtout  auprès  de  la  noblesse  et  des  employés.  Le  com- 
mandant en  chef  de  l'armée  saxonne,  le  général  von  Thiel- 
mann  (3)  est  tout  à  fait  dans  les  intérêts  prussiens... 

Le  roi  de  Saxe  qui,  quoique  traité  avec  tous  les  égards  ne 
s*en  regarde  pas  moins  comme  une  espèce  de  prisonnier  d'Etat, 
n  a  jamais  voulu  entrer  dans  aucune  proposition. 

Le  9  août,  le  prince  de  Hardenberg  a  eu  une  conférence  avec 
lui  ;  mais  le  roi  a  persisté  dans  son  refus.  Cette  persévérance 


1.  Guillaume  IX,  Und^ave  de  Ueese  Casael  (1745-1831  ^imonié  sur  le  tr^ae 
le  31  octobre  1785,  électeur  aous  le  nom  de  Guillaume  I*'  le  25  février  1803, 
chassé  de  ses  Etats  par  l'Empereur  en  1806,  n'en  reprit  possession  qu'en  no- 
vembre 1813.  Il  ne  lit  qu'un  court  séjour  A  Vienne  et  en  repartit  le  fHwmter 
de  tous  les  souverains  dès  le  35  octobre  1814. 

2.  Guillaume  II  succéda  à  son  père  en  1821,  mais  les  conflits  et  le  mécon- 
tentement général  provoqué,  surtout  par  l'influence  de  sa  maltresse,  la  com- 
tesse de  neichembaoh,  l'obligèrent  À  octroyer  une  charte  très  libérale  en  jan- 
vier lS31y  ei  à  nommer  peu  après  co-régent  son  iils,  Frédéric-Guillaume  qui 
dirigea  seul  les  affaires  jusqu'à  sa  mort  survenue  en  1847. 

3.Thielmann  (Jean-Adolphe,  baron  de)  (1765-1834)  lieatenant-général  saxon, 
commandaiït  de  Torgau  en  l&ld,  refusa  d'obéir  à  son  roi  lorsque  «elui-toi  psit 
«près  Lutcen  la  résolution  4e  rester  fidèle  à  Napoléon,  et  passa  dès  ce  mo- 
ment dans  les  rangs  des  alliés.  Chargé  après  la  paix  de  Paris  en  1815  du 
commandement  da  t*  corps  d'armée  prussien  et  des  provinces  inniMieimeB 
eiAvttle  fUnn  «et  le  Weter,  il  mourut  à  Goblentz  le  16  août  .iSai. 


68  AUTOUR   DU  COTGRÈS   DE   VIENNE 

ne  le  sauvera  pas,  mais  augmentera  les  embarras  et  le  mau- 
vais effet  dans  Topinion.  L'Autriche  n'en  désire  pas  moins  le 
succès  de  ses  projets,  mais  de  graves  considérations  l'oblige- 
ront de  leur  (aux  Prussiens)  prêter  la  main.  Il  est  de  toute  né- 
cessité que  l'amitié  entre  la  Prusse  et  l'Autriche  soit  conservée 
et  cimentée  à  tout  prix... 


Vienne,  8  septembre. 
89.  Vienne,  7  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565.) 

COMTE  DE  HARDENBERG  à  MUNSTER  (à  Londres) 

(intercepta  eo  français). 

Le  nouveau  projet  de  constitution  de  l'Allemagne.  Projet  de  réduction  du 
nombre  des  provinces  fédérales  de  l'Autriche  et  augmentation  au  contraire 
de  celles  de  la  Prusse.  Projet  préparé  par  Stein.  Raisons  pour  lesquelles 
Hardenberg  a  cru  devoir  l'examiner  avec  Martens,  Humboldt  et  Solms. 

D'après  le  premier  projet  de  la  Constitution  de  TAUemagne, 
connu  de  Votre  Excellence,  le  Directoire  de  la  Conférence  ger- 
manique devait  alterner  entre  les  directeurs  des  Cercles  sié- 
geant dans  rassemblée  fédérative,  tandis  que  dans  le  nouveau 
plan  il  est  dit  que  l'Assemblée  fédérative  (flwnrfe^^ay)  est  com- 
posée :  1*  du  Directoire;  2'  du  Conseil  des  directeurs  des  cer- 
cles et  3**  du  Conseil  des  Princes.  La  direction  doit  être  exercée 
par  l'Autriche  et  par  la  Prusse  conjointement  et  TAutriche 
aura  la  présidence.  Ces  deux  cours  exerceront  également  le 
Directoire  dans  le  Conseil  des  princes  et  y  auront  voix.  Exclu- 
sivement des  directeurs  des  cercles,  les  deux  conseils  délibére- 
ront séparément  et  à  la  pluralité  des  voix.  Si  les  deux  conseils 
diffèrent  d'opinion,  le  Directoire  s'emploiera  à  les  mettre  d'ac- 
cord; faute  de  quoi,  le  Directoire  décidera  de  la  question. 

Il  est  également  projeté  dans  le  nouveau  plan  de  détacher 
absolument  du  lien  de  la  fédération,  ainsi  réellement  de  l'Alle- 
magne, toutes  les  provinces  autrichiennes  à  l'exception  du 
Tyrol,  du  Salzburg,  du  Vorarlberg  et  de  ce  qu'elle  acquérera 
sur  le  Haut-Rhin,  ce  qui  réduit  le  territoire  par  lequel  elle 
tiendrait  à  l'Allemagne  au-dessous  de  la  proportion  de  celui 
de  la  Bavière.  La  Prusse,  au  contraire,  détachant  à  la  vérité 
de  l'Allemagne  d'après  le  nouveau  plan  ses  provinces  situées 


LES    PBÉUUINAIRES    ET    LES  AJOURKEMEMS    DU    CONGRÈS        69 

sur  la  droite  de  l'Elbe,  mais  tenant  à  l'avenir  à  la  Fédération 
par  tout  ce  qu'elle  possède  et  compte  acquérir  entre  l'Elbe  et 
le  Rhio  et  au  delà  de  cette  rivière,  aurait  une  prépondérance 
d'opinion  et  de  fait  en  Ailemagoe,  dont  les  suites  sont  diffi- 
ciles à  calculer. 

J'apprends,  à  mon  grand  étonnement,  que  le  plan  a  été  dis- 
cuté et  arrangé  à  Francfort  avec  le  baron  de  Stein. 

Le  conseiller  de  Marteas(l)  s'étant  occupé  depuis  son  arrivée 
ici  à  élaborer  une  espèce  d'esquisse  ou  de  canevas  systématique 
sur  tout  ce  qui  devait  faire  l'objet  des  délibérations  futures 
sur  l'organisation  de  l'Allemagne  fédérée,  je  me  suis  prêté, 
nonobstant  la  différence  du  nouveau  plan  du  chancelier  prus- 
sien d'avec  les  idées  du  premier  projet,  à  la  proposition  de 
Humboldt  de  le  discuter  ainsi  que  l'esquisse  de  M.  de  Martens, 
eotre  eux  deux,  le  comte  de  Solms(â)et  moi  pour  au  moins  pré- 
parer les  observations  que  nous  pourrions  soumettre  ensuite  à 
la  discussion  des  cabinets. 


s  sepUmbre  1814. 
90.  Vienne,  g  seplcmbre  18U  (F.  1.  ad  SSfiS). 

COMTE   DE    HARDENBKRG à  MUNSTER 
{inlerceptû  en  français). 

Campagne  menée  contre  le  comte  Wallis  que  Melternich  el  Zichy  réuiBÎisent 
à  tmiie  tloigaer  des  alTaires.  Modiflcalions  apportées  au  Tonc  lionne  ment  des 
diflèrenla  départomeals.  Ite froid isae ment  entre  l'archiduc  Charles  el  la 
^rande-duchesse  Catherine.  Le  divorce  du  prince  royal  do  Wurtemberg. 
Oa  parle  de  son  mariage  avec  la  grande -duchesse. 

Metternich  est  toujours  à  Baden  d'où  il  rentre  fort  peu  en 
ville.  Aussi  le  cabinet  a-t-il  peu  travaillé  en  politique  ces  der- 
niers temps  et  ne  s'est  occupé  que  de  l'intérieur. 

Le  comte  Wallis,  après  avoir  été  éloigné  du  ministère  des 
Finances,  n'en  était  pas  pour  cela  éloigné  des  affaires.  L'Em- 
pereur, qui  a  toujours  de  l'attachement  pour  lui,  l'avait  nommé 
ministre  d'Etat  et  des  Conférences.  Il  avait  ainsi  connaissance  de 

l.Le  célèbre  diplomataet  jurisconsulte  venaild'itre  nommi  par  le  Prince- 
Hégenl  conseiller  intime  du  cabinet  hanovrien. 

1.  «J'yai  TU  t  dîner  (chez  Melternich  le  !  septembre)  lit-on  dans  les  Tage- 
btehtr  de  Genli,  le  comte  de  Solms-Laubach,  ci-devant  conseiller  aulique 
d'Empire,  employa  de  l'adminielration  centrale  i  Francfort.  • 


70  AUTOUR   DU  CONGRÈS    DE  VIENNE 

tout  ce  qui  s'agitait  dans  les  Conférences  et  résumait  en  der- 
nier lieu  les  opinions  des  Ministres  dans  le  rapport  qm  pas- 
sait à  TEmpereur.  Il  conservait  ainsi  une  influence  trop  dan- 
gereuse pour  que  le  prince  de  Metternich  et  le  comte  Zichj(l) 
n'eussent  désiré  Téloigner,  et  c'est  à  quoi  on  a  travaillé  pen- 
dant l'absence  de  l'Empereur  et  plus  encore  pendant  que  Met- 
ternich s'était  rendu  chez  lui  à  la  campagne.  On  a  réussi  en 
partie,  plutôt  dans  les  formes  que  dans  le  fond,  mais  non  à 
■ï'éMgfiFer  toul  à  fait,  comme  Votre  Excellenoe  le  verra  par 
Tarrrangement  qui  est  prêt  à  être  mis  à  exécution.  On  sépa- 
rera la  partie  législative  du  Conseil  des  Conférenees  de  ta  partie 
executive.  Dans  le  premier  Conseil  des  Conférences,  les  mÔDis- 
très  ne  s'occuperont  que  de  la  décision  à  prendre  sans  entrer 
dans  les  détails  dont  l'exécution  sera  remise  au  Conseil  d'Etat. 

Celui'-ci  sera  partagé  en  quatre  sections  :  Intérieur^  Finan- 
ces, Militaire,  Justice  et  sera  présidé  parle  comte  Wallis.  Les 
membres  des  sections  ne  sont  pas  eneove  nommés  ;  mais  je 
sais  que  le  général  Duka  (2)  aura  la  section  militaire. 

Par  cette  organisation,  la  Conférence  n'éprouvera  plus  dans 
ses  décisions  autant  de  contrariété  comme  jadis  de  la  part  du 
comte  Wallis,  mais  celui-ci  pourra  toujours  entraver  la  mar- 
che des  affaires,  qui  lui  déplairont,  par  les  obstacles  qu'il  met- 
tra dans  l'exécution. 

On  croit  toujours  que  Stadion  sera  nommé  ministre  de  l'In- 
térieur et  que  Wessenberg  pourrait  bien  être  employé  sous  lui 
comme  vice-chancelier  des  Finances. 

D'après  des  lettres  particulières  reçues  ici  en  dernier  lieu, 
il  parait  qu*il  était  survenu  quelque  mésintelligence  entre  l'ar- 
chiduc Charles  et  la  grande-duchesse  et  que  le  mariage  projeté 
entre  eux  n'est  plus  désiré  par  eux-mêmes  autant  qu'il  sem- 
blait l'être  jusqu'ici. 

On  parle  du  divorce  formel  du  prince  royal  de  Wurtem- 
berg et  de  la  princesse  royale  et  que  ce  prince  va  épouser  la 
grande-duchesse,  mais  il  le  contredit  ouvertement  lui-même. 


1.  Zichy  (de  Vasonykeo,  Charles,  comte),  (1753-1826)  Obergespan  du  comitai 
de  Raab  en  1786.  Jadex  Curiaef  en  1788.  Président  de  la  Hofkammer  en  1862. 
Ministre  d'Etat  et  de  Conférences  en  1808.  Ministre  de  la  Guerre  en  1809.  Mi- 
DiBire  de  l'Intérieur  de  1813  à  1814. 

2.  Duka  (Pierre,  comte)  (1756-1822).Entré  dans  rarmée comme  eadet  au  sor- 
tir de  l'école  des  ingénieurs  en  1776^  colonel  en  179T,  généval  et  con»raandant 
cKi  Banat  en  180S.  Feldzeugmeister  ei  conseiller  pwvré^  Adversaire  acharné 
de  toutes  les  réformes. 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET   LES  AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS         71 

Vienne,  11  septembre  1814. 
91.  Vienne,  10  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BARON  DE  SPAEN  (1)  à  NAGELL  (2)  (à  la  Haye)  {intercepta) 

(Analyse). 

A  propos  de  ta  mort  de  Marie-Caroline  (3)  et  de  ses  con- 
séquences pour  Murât  et  Ferdinand  IV. 

€  Le  roi  de  Saxe  se  refuse  à  tout  arrangement.  Il  dit  qu'il 
lui  faudra  bien  céder  à  la  force,  mais  qu^il  ne  saurait  accepter 
à  Tamiable  aucune  compensation.  » 

La  Saxe  est  dans  un  état  lamentable. 


92*  Vienne,  18  septembre  iai4  (F.  1.  ad  3565). 

HUMBOLDT  au  ROI  DE  PRUSSE  (intercepta  en  français). 

• 

La  mort  de  Marie-Caroline  et  ses  conséquences.  Le  projet  de  mariage  de 
l'archiduc  Charles  et  de  la  grande-duchesse  Catherine  n'est  pcM  abandonné. 
Bruits  répandus  à  propos  de  Marie-Louise.  Les  modifications  projetées  et 
relaUvea.  à  l'organisation  des  ministères  ne  sont  pas  encore  arrêtées. 

La  mort  de  la  reine  de  Sicile  est  généralement  considérée 
conune  un  événement  qui  pourra  tourner  à  l'avantage  du  roi, 
son  époux,  et  être  fatal  au  roi  actuel  de  Naples.  Le  caractère 
turbulent  de  cette  princesse  et  Tesprit  de  vengeance  qu'elle 
avait  montré  à  son  premier  retour  à  Naples  après  la  Révolu- 
tion lui  avaient  aliéné  les  cœurs  de  ses  anciens  sujets,  et  ceux, 
qui  avaient  des  raisons  de  craindre  son  animosité^  la  redou- 
taient trop  pour  ne  pas  travailler  autant  qu'ils  pouvaient  con- 
tre le  retour  de  Tancienne  dynastie..  Ce  retour  est  donc  faci- 
lité par  là... 

J'ai  eu  l'honneur  de  dire  à  Votre  Majesté  dans  un   der- 

1.  Spaen  de  Voorstonden  (Gérard-Charles,  baron  de)  Ministre  plénipoten- 
tiaire des  Pays-Bas  et  envoyé  extraordinaire  près  la  Cour  de  Vienne. 

2.  Nageli  tôt  Ampsen  (Anne-Willem  Karel,  baron  de)  Chambellan  et  secré- 
taire d'Etal  du  prince  souverain  des  Pays-Bas,  puis  ministre  des  Affaires 
étrangères  du  roi. 

3.  Marie-Càrolinc  mourut  d'une  attaque  d'apoplexie  au  château  d'Hetzeu- 
dorf  dans  la  nuit  du  7  au  8  septembre. 


72  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

nier  rapport  qu'on  croyait  que  le  mariage  entre  Tarchiduc 
Charles  et  la  grande-duchesse  Catherine  était  seulement  sus- 
pendu et  non  pas  rompu. 

Je  tenais,  ainsi  que  je  l'ai  marqué,  cette  prétendue  rupture  du 
ministre  russe  qui  avait  reçu  des  lettres  d'Egra.  Le  comte  de 
Stackelberg  a  été  le  premier  qui  m'a  dit  que  les  bruits  de 
rupture  avaient  été  faux  et  qu'il  considérait  Talliance  comme 
certaine.  Il  s'explique  cette  version  en  disant  que  les  per- 
sonnes, qui  ont  le  plus  secondé  ce  projet,  s'apercevant  que  le 
bruit  en  devenait  trop  public  avant  qu'il  ne  fût  certain,  ont 
répandu  à  dessein  le  bruit  de  la  rupture  pour  donner  le  change 
au  public. 

On  prétend  que  Marie-Louise  ne  viendra  pas  en  Autriche, 
où  elle  devait  habiter  le  château  de  Schlosshof  près  de  Près- 
bourg,  mais  qu'elle  passera  Thiver  à  Graz.  Il  y  a  quelques 
jours  le  bruit  se  répandit  que  le  Général  Neipperg  avait  en- 
voyé son  aide  de  camp  en  courrier  ici,  qu'il  avait  découvert 
des  projets  secrets  entre  Joseph  Bonaparte  et  des  personYies 
qui  accompagnaient  l'Impératrice  et  que  cette  princesse  même 
n  y  était  pas  étrangère.  On  ajoutait  que  le  général  ne  s'étant 
pas  cru  en  sûreté  à  Aix,  il  y  avait  appelé  un  régiment  autri- 
chien du  Piémont. 

Jusqu'à  présent,  rien  n'autorise  à  croire  à  ces  nouvelles,  et 
TofOcier,  qui  était  venu,  était  non  pas  un  aide  de  camp  de  Neip- 
perg, mais  un  officier  qiu  avait  été  envoyé  ici  pour  demander 
des  instructions  ou  des  fonds  pour  la  continuation  du  voyage 
de  l'Impératrice. 

Le  projet  d'organisation  du  Conseil  d'Etat  n'était  pas  défi- 
nitivement arrêté.  Il  ne  doit  pas  y  avoir  de  sessions  générales, 
mais  seulement  par  sections  et  le  comte  Wallis  présidera  celle 
de  l'Intérieur,  le  comte  Zichy,  celle  des  Finances,  et  le  Con- 
seiller d'Etat  Pdeger,  celle  delà  Justice...  Les  conférences  ordi- 
naires, auxquelles  on  admet  à  présent  les  Conseillers  d'Etat,, 
ne  seront  apparemment  plus  que  des  seuls  Ministres... 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        73 

Vienne,  14  septembre  1814. 
93.  Baden,  14  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

GENTZ  à  KARADJA  (l)  {intercepta  en  français). 

La  mort  de  Marie-Caroline  et  ses  conséquences.  Le  projet  de  mariage  entre 
l'archiduc  Charles  et  la  grande-duchesse  Catherine  n'est  pas  abandonné. 

...  La  mort  de  la  reine  de  Sicile  n'est  pas  un  événement  in- 
différent, ni  pour  le  royaume  resté  à  sa  famille,  ni  pour  celui 
qu'elle  gouvernait  autrefois.  Elle  remplissait  les  fonctions  d'un 
ministre  près  les  Cours  étrangères  avec  un  zèle  et  une  ardeur 
que  peu  d'agents  en  titre  auraient  pu  égaler. 

Eue  ne  perdait  pas  un  instant  de  vue  les  intérêts  de  sa  fa- 
mille et  travaillait  sans  relâche  à  disposer  les  Cabinets  en  sa 
faveur.  Sous  tous  les  rapports,  le  roi  actuel  de  Naples  est  déli- 
vré par  la  mort  d  un  antagoniste  redoutable. 

A  d'autres  égards, cet  événement  peut  lui  faire  du  tort  d'une 
manière  indirecte.  La  crainte  qu'elle  inspirait  aux  Napolitains 
et  les  vengeances,  qu'elle  avait  exercées  sur  eux  en  1798, 
étaient  pour  le  roi  Joachim  une  des  plus  fortes  garanties  de  la 
tranquillité  de  toutes  les  classes  du  peuple  et  de  leur  soumis- 
sion à  son  autorité. 

L'archiduc  Charles  est  revenu  d'une  course  qu'il  a  faite  aux 
eaux  d'Egra,  où  les  Grandes-Duchesses  Marie  et  Catherine 
séjournent  depuis  la  fin  de  juillet.  On  a  répandu  dans  les  pre- 
mières sociétés  de  Vienne  que  son  entrevue  avec  la  Grande- 
Duchesse  Catherine  n'avait  pas  été  favorable  au  mariage  pro- 
jeté depuis  quelque  temps  et  que  cette  princesse  paraissait 
vivement  désirer.  11  se  peut  que  quelques  nuages  se  soient 
élevés  dans  cette  entrevue,  mais  j'ai  de  bonnes  raisons  pour 
ne  pas  croire  que  le  projet  de  mariage  soit  abandonné. 


94.  Vienne,  10-16  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565)  (2). 

Notes  sur  les  faits  et  gestes  du  BARON  ANSTETT 

1.  Cette  dépêche,  qui  n'a  été  publiée  ni  par  Prokesch-Osten  ni  par  Klin- 
kowstrœm,  est  d'autant  plus  intéressante  que  Gcntz  semblait  affecter  de  pas- 
ser sous  silence  un  événement  aussi  important  que  la  mort  de  Marie-Caro- 
line dont  il  no  fait  pas  même  mention  dans  ses  Tàgebûcher, 

2.  Bien  qu'en  réalité  et  pour  suivre  l'ordre  strictement  chronologique,  les 


74  AUTOUR   OU  GOiNGEàS   DE   VIBKME 

10  septembre.  —  Il  a  diné  chez  lui  à  7  heures,  puis  est  allé 
au  théâtre. 

11  septembre.  —  Diné  chez  lui  à  S  heures,,  puis  il  est  allé 
chez  le  comte  Stackelberg  (ministre  de  Russie  à  Vienne),  de 
là  chez  RazoumoiTsky  à  8  heures.  Allé  ensuite  avec  le  baron 
Plessen  (1),  ministre  de  Mecklembourg,  chez  les  ministres 
d'Angleterre  et  de  Hollande,  puis  rentré. 

12  septembre.  —  Diné  chez  lui  à  7  heures,  puis  au  théâtre. 

13  septembre.  —  Dtné  chez  lui  à  5  heures,  sorti  à  6  heu- 
res, puis  au  théâtre. 

14  septembre. —  Diné  à  5  heures,  sorti  seul  à  6  heures,  allé 
au^  théâtre  à  7  heures. 

16  septembre. —  Envoyé  à  7  heures  une  lettre  à  Metternich. 

16  septembre.  —  Allé  chez  Metternich,  puis  scN*ti  pendant 
ime  demi-heure  à  6  heures.  Visite  de  M.  von  Ott  (conseiller 
d'Etat  russe),  qui  ne  le  tromre  pas  à  la  maisoB. 


95»  Vienne,  SU  septembre  1814.  (F.  i.  ad  3565). 

SIBER  au  BARON  HAGER 

Surveillance  spéciale  de  Nesselrode. 

Le  8  septembre,  à  11  heures  du  matin,  visite  du  comte  Sta- 
nislas Potocki (2)  jusqu'à  11  h.  1/2.  A  midi,  le  conseiller  intime 

trois  pièces  n*"  94,  95  et  96  ne  devraient  être  placées  qao'fàu  loin,  à  la  date 
des  n,  20  et  23  septembre,  comme  elles  figurent  à  pari  daiu»  les  dossiers,  et 
non  pas  dans  les  bulletins  et  rapports  de  HagerJ'ai  cru  bien  £aire  en  les  pro- 
duisant ici,  c'est-à-dire  à  la  date  du  15  septembre,  à  pecr  près  au  milieu  de 
la  période  de  surveillance  à  laquelle  se  rapporte  la  plus  importsctô  des  trois, 
la  pièce  n"  95  relative  à  Nesselrode. 

Je  n'ai  du  reste  reproduit  les  trois  pièces  suivantes  que  pour  permettre  à 
mes  lecteurs  de  se  faire  une  idée  de  la  façon  dont  le  barovy  Hager  faisait  sur- 
veiller les  gprands  personnages  réunis  à  Vienne  pour  le  Congrès  et  je  me  suis 
bien  gardé,  comme  j'aurais  pu  le  faire,  de  prendre  copie  de  chacun  des  rap- 
ports quotidiens  des  agents  chargés  de  ce  genre  de  missions. 

1.  Plessen  (Léopold-Engelke-Uartwig)  (1769-1837)  entré  au  service  du  duc 
Frédéric-François  de  Mecldembourg-Schwerin  comme  Kànimer-Auditor  (1793) 
Chambellan  (1796),  représentant  du  duché  à  Ratisbonne  (1802-1806),  il  accom- 
pagna le  duc  au  Danemark  après  léna,  devint  peu  après  conseiller  intime, 
chargé  de  négocier  et  de  conclure  le  traité  d'alliance  avec  la  Russie  et  la 
Prusse,  puis  avec  l'Autriche  en  1813-1814,  envoyé  à  Vienne  pendant  le  Con- 
grès, et  enfin  premier  Ministre  en  1836. 

2.  Potocki  (Stanislas,  comte),  né  à  Varsovie  en  1757,  mort  en  1822,  joua  un 
grand  rôle  aux  Diètes  de  1788  et  1 792.  Sénateur  palatin  lors  de  la  création  du 
grand-duché  de  Varsovie,  président  du  Conseil  d'Etat  ea  1812,  il  fut  en  1815 
Bommé  par  Alexandre  ministre  des  Cultes  et  de  l'InsinMtion  publique  et  de- 


LES    TRÉLIMinAlHES    ET    LES    AI0URKBHBHT5    DU   COXGRÉS        75 

Ton  Gaertner  (1  ).  A  1  hecre,le  Nonce  et  le  cardinal  (Consalvi) 
qm  restent  jusqu'à  9  benres. 

Nesselrode  reçoit  après  dîner  jusqu'à  7  heures  le  prince  et 
IeconiieTraatt[naDsdorlT(2),  le  comte  Schœnfeld  (3), le  comte 
Zicby,le  comte  Stadion,  le  comte  Elz(4),  le  comte  Degenfeld(5), 
le  comte  Woyna  (6),  le  comte  Ferdinand  Pallfy  (7),  le  comte 
Castelalfer  (8)  qui  habite  à  la  Kaiserin  von  Ofsterreith  et  le 
baron  Huraboldt.  Le  soir,  il  va  au  théâtre  an  der  Wien. 

Le  9  septembre.  —  11  écrit  dans  la  matinée  jusqu'à  une 
heure,  reçoit  plusieurs  paquets  de  la  Chancellerie,  dont  un 
adressé  au  comte  Mocenigo(if].SQrtià  pied  de  1  heure  à  2  heu- 
res, il  va  ensuite  au  Prêter  à  4  heures  et  rentre  à  S  heures. 

Le  10.—  Visite  du  Nonce  de  11  heures  à  11  h.l/2.Sortià 
pied  à  midi,  Diné  à  la  maison.  Allé  au  Prater  à  4  heures.  Le 
»ir  au  théâtre  an  der  Wien.  Rentré  à  H  h.  1/2.  On  avait 
reçu  à  ti  heures  un  paquet  de  la  Chancellerie  d'Etat. 

Le  H.  —  Grand  dîner  qui  dure  jusqu'à  7  heures.  Allé  ohe* 


vÎDt  en  1818  prètident  du  SéoBt.  [I  irail  épousé  une  princMie  I.ubomirska 
qui  passa  il  &  juste  titre  pour  une  des  Temmei  les  plus  inteltigenles  et  les  plus 
instruites  de  son  temps. 

t.  Gterlner  (François  de>  conseiller  intime, plénipotentiaire  de  près  de  cin- 
quante princes  et  comtes  allemands  qui  avaient  perdu  leur  immédietcté. 

:.  TrauttmansdorlT{Kerdinan'l.  prince  de)  (17i9-IS:!7).  Kntré  dans  lu  diplo- 
matie en  1774,  ministre  des  Altnires  étrun)^res  pendant  quelques  mois  un 
IlsDl  après  la  chute  de  Thugul,  ^lutd  maître  des  Cérémonies  en  1807  et 
exerça  ces  fonctions  jusqu'à  la  mort. 

3.  Il  ne  peut  s'agir  ici  que  du  comte  Louis  S:b(eni'old,  ancien  ministre  de 
Stie  à  Vienne. 

i.  ProhablcmDiit  celui-là  même  auquel  Mcttcrnich  avait  succédé  le  3  no- 
vembre 1809  à  Droadc  eu  qualité  de  Ministre  près  la  Cour  de  la  Saxo-KIcC- 
toralc,  qui  (ut  é  ce  raument  euvoyé  à  Madrid  comme  ambassadeur  exlraor- 
dinaire  et  qui  plus  lard  accompagna  au  Rrésil  eu  qualité  do  Grand-Mattrc 
desaMaiïonrarcliiduchcsse  LéopoldiTiu  lorsqu'elle  épousa  Doro  Pedro. 

b.  .\ncitnHrU-hsHofrath.]e  comte  Max  Degenretd,reprtBentait  à  Vienne  la 
noblesse  du  Ithin.  11  avait  épousé  une  comtesse  Teleki  et  avait  pour  beau- 
frère  le  comte  Solms-Laubacb  qui  avait  épousé  sa  sieur. 

S.  Ildoit  s'agir  ici  du  comte  Félii  Woyna  (17BB-lNST)chambellan  de  l'Empc- 
peur,  m^or  de  cavalerie,  lieutenant-colonel  en  1816,  colonel  en  1823  et  géné- 
ral en  lasl. 

7.  PallTy  (Ferdinand,  comte)  grand  ami  des  arts,  directeur  et  propriétaire 
en  1813  du  théairc  an  der  Wien,  consacra  toute  sa  fortune  aux  cho*cs  du 
tbéttrc  et  de  l'art. 

8.  Castelalfer  (comte  de)  ministre  de  Serdaïgne  é  llerlin.  •  tl  était,  lit-un 
dans  les  Sonveniri  dn  Checatitr  de  Caiiy,  tome  I,  137,  un  ancien  chambellan 
de  la  princesse  Pauline  Bonaparte.  It  en  avait  été  tellement  épris  qu'il  por- 
tait, dit-on,  sur  ion  cccur  un  ancien  soulier  de  cette  belle  princesse.  • 

S.Mocenigo  (Georges  Dmitriévitcli,  comte)  ministre  de  Hnssie  près  la  Cour 
de  Sicile. 


76  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Bellegarde  (1)  à  8  heures,  rentré  à  9  h.  1/2.  Le  comte  avait  en- 
voyé à  2  heures  une  lettre  à  Paul  Esterhazy  (2)  dont  la  réponse 
arriva  à  4  heures. 

Le  12.  —  Ecrit  toute  la  matinée.  Dîné  hors  de  la  maison  et 
rentré  à  5  h.  1/2. 

Le  13.  —  Sorti  à  10  heures,  rentré  à  1  heure.  Dîné  à  la 
maison.  Le  soir,  visites  du  prince  de  Ligne,  du  comte  et  de  la 
comtesse  Maurice  O'Donnell  (3)  qui  restent  jusqu'à  minuit. 

Le  14. —  Sorti  de  10  heures  à  2  heures,  fait  des  visites  dans 
l'après-midi. 

Le  15.  —  Sorti  à  11  h.  1/2,  rentré  à  1  h.  1/2  pour  dîner,  il 
reçoit  la  visite  de  Stein,  du  prince  Dolgorouki  (i),  du  comte 
OuroussolT  et  d'Ott  qui  le  quittent  vers  5  heures.  Il  sort  à 
5  heures  et  ne  rentre  qu'à  11  heures. 

Le  16.  —  Ecrit  jusqu'à  1  heure,  allé  au  Prater,  rentré  pour 
dîner  à  2  h.  1/2,  reçoit  le  comte  Munster,  le  comte  Golovkine{5) 
qui  habite  au  coin  de  la  Himmelpfortgasse.  A  souper,  les  prin- 
cesses Narischkine(6)  et  Bagration(7),le  prince  Wolkonsky  (8), 

1.  Le  fcld -maréchal  élail  à  ce  moment  à  Milan  forl  préoccupé  de  la  situa- 
tion peu  rassurante  de  l'Italie  et  de  l'agitation  croissante  qui  se  manifestait 
en  Lombardie.  Ncsselrode  a  donc  été  rendre  visite,  non  pas  au  maréchal, mais 
à  sa  femme,  la  comtesse,  née  comtesse  Augusta  de  Berlichingen  (1765-1831). 

2.  Voir  plus  loin  note,  Pièce  108. 

3.  O'Donnell  (Maurice,  comte)  mort  en  1843,  commandant  d'un  bataillon  de 
volontaires  viennois  à  la  tète  desquels  il  se  distingua  à  Ebersbcrg  en  1809, 
devenu  plus  tard  feld-maréchal-lieutenant. 

Il  avait  épousé  la  princesse  Christine  de  Ligne. 

Cf.,  un  rapport  de  police  du  16  décembre  aux  termes  duquel  le  prince  de 
Ligne  aurait  écrit  sur  papier  rose  son  testament  adressé  au  comte  Maurice 
O'Donnell. 

4.  Dolgorouki  (Nicolas-Wassiliévitch,  prince),  chambellan,  attaché  un  peu 
plus  tard  à  la  légation  russe  à  Paris,  celui-là  même  que  comme  il  le  raconte 
dans  ses  Tagebucher^  t.  I,  307,  Gentz  rencontra  le  17  septembre  chez  la  prin- 
cesse Bagration. 

5.  Golovkine  (Georges  Alexandrovitch,  comte),  ministre  de  Russie  à  Stutt- 
gart, puis  à  Vienne,  cousin-germain  du  comte  Fédor,  l'auteur  des  Mémoires 
bien  connus  sur  la  Cour  et  le  rèprne  de  Paul  I*'. 

6.  «  Née  en  1779,  morte  en  1857  Maria-Antonovna  Czetwertynska  épousa  le 
prince  Dimitri  Lvovitch  Narischkine  appelé  le  roi  des  Coulisses  et  «  le  Prince 
des  Calembours  »  mort  en  1836  dans  le  poste  de  grand-veneur.  Maria  Anto- 
novna  fut  célèbre  par  sa  beauté  et  par  sa  liaison  avec  Alexandre  1",  dont  elle 
eut  une  fille  Sophie  RomanofT.  Elevée  en  France  à  cause  de  sa  faible  santé, 
passionnément  aimée  par  son  père  et  fiancée  à  un  comte  ChéiémétiefT,  elle 
mourut  en  1824  avant  le  mariage.  —  Après  la  mort  de  son  mari,  Maria-Anto- 
novna se  remaria  avec  un  certain  Brozim.  »  (Comtesse  Golovinb.  Souvenirs, 
Note  213)  (Cf.  pour  d'autres  détails  sur  la  princesse  Narischkine,  Cussy.  Sou- 
venirs ^  tome  II.) 

7.  Voir  ANi*<BXB,  X. 

8.  Wolkonsky  (Pierre  Mikhaîlovitch,  prince)  (1776-1852).  Enseigne  au  régi- 


LES   PHÉLUnHAlKBS   ET   (.ES  AJOUitKEMEHTS   DC   CONGRÈS      77 

le  comte  François  Potocki,Ie  comte  WoronzofI(l)le  prince  Dol- 
gorouki  et  le  prince  Lubomirski  qui  restent  jusqu'à  minuit. 
(Note  de  l'af^ent.  A  3  heures,  je  porte  une  lettre  au  prince 
TrauttmaasdoriT  et  une  autre  adressée  au  prince  Hepnine  (2)  k 
Dresde.) 

Le  17.  Arrivée  d'un  gros  pli  envoyé  par  l'ambassadeur  de 
Naples.  Sorti  à  midi,  rentré  à  1  heure.  A  table,  au  dîner, outre 
Nesselrode  et  sa  femme,  le  comte  WoronzoET  et  le  prince  Dol- 
gorouki. 

Le  18.  —  Sorti  h  10  heures,  rentré  à  midi,  ressorti  à  midi 
et  demi  et  rentré  à  1  h.  i/i,  il  va  dîner  chez  Razoumoffsky  et 
y  reste  jusqu'à  6  heures.  Allé  cnsaite  chez  le  prince  de  la 
Tour  et  Taxis  (3),  rentré  à  10  heures. 

Le  rapport  se  termine  par  la  liste  des  visites  reçues  le  lundi 
19  et  des  personnes  qui  ont  dîné  chez  Nesselrode  le  même 
jour. 


meni  Simenodsky  (1763),  lieuUtiant  à  l'avinemcnl  de  PauE  I",  capiloînc  un 
sccund  el  aide  do  camp  du  grand  duc  Alciandrc  Pavlovilcti  (1197),  aide  de 
camp  génirai  tors  du  couronnement  d'Alexandre,  adjoint  peu  après  au  cher 
de  la  chancellerie  militaire,  il  ûl  les  campagnes  de  1805,  1806,  1807.  En  mis- 
sion en  Krance  après  Tilsil,  quartier-maître  gfn^ral  A  Kon  retour  (180")  il 
accompagna  l'Empereur  pendant  la  campagne  de  1812.  clief  d'ètat-major  g£- 
nfrai  Ilgl3-1H1J),  chargé  en  IBIS  de  conduire  l'armée  russe  de  la  Vistulc  au 
fthin,  il  échangeai  son  retour  à  Pétersbonrg  ton  ancien  titre  de  quartier  maî- 
tre contre  celui  de  cher  d'Etal-Major  général  Ministre  do  la  Cour  Impé- 
riale A  l'avénemoat  de  Nicolas,  il  fut  élevé  on  ISïO  A  la  dignité  do  général 
feld-maréchal. 

1.  Le  comte  Woronzofl,  que  Gentz  raconte  avoir  rencontré  lo  IT  septembre 
chez  la  princesse  Bagration,  est  très  probablement  le  général  comte  Miche]  Sé- 
minovilch  WoronioCT  qui  commanda  en  1815  le  corpj  d'occupation  russe  en 
t'rance,  ou  bien  lo  diplomate  russe,  le  comte  WoroniolT,  né  en  1741  qui  avait 
él^  pendant  vingt  ans  ambassadeur  A  Londres  et  mourut  en  183!!,  A  moins 
qu'il  ne  s'agisse,  ce  que  j'ai  plus  de  peine  A  admettre,  d'un  tout  jeune  dipln- 
mal«  attaché  A  l'ambassade  russe. 

î.  Hepnine  (Nicolas-Grégoriévitch,  prince)  1778-1815.  Colonel  A  AusUrlili  où 
il  fut  fait  prisonnier.  Ambassadeur  A  Casscl  près  du  roi  JérAme  en  1S10. 
Général -lieutenant  en  1813  et  Gouverneur  général  de  la  Saxe  après  Leipzig, 
gouverneur  de  la  petite  Itussie  en  IBIS,  il  prit  sa  retraite  en  1835. 

3.  Tour  et  Taiis  (Charles-Alexandre,  prince  do  la)  iiè  en  1770,  conseiller 
privé  de  l'Empereur  d'Autriche,  grand-maître  defl  postes  Impériales,  chargi- 
qui  était  dans  sa  maison  depuis  1995,  Il  avait  épousé  en  1793  la  princesse 
Thérèse,  Tille  du  grand-duc  de  Mecklcmbourg-Strelili  et  bcllo-sœur  du  roi 
de  Prusse,  C'est  d'elle  qu'il  était  question  dans  la  note  suivante  que  Nota 
adressa  le  18  octobre  à  Ilager  A  propos  de  l'incident  survenu  A  cauae  d'elle 
la  veille  au  soir  A  la  Kedoute  de  la  Cour. 

•  La  princesse  Taxis  i  la  Itedoutc  de  la  Cour  s'est  assise  sur  un  des  siè- 
ges réservés  aux  souverains  et  a  Tait  porter  sa  queue  par  des  pagot  qu'on  a 
mis  quelques  heures  aux  arrêts  pour  donner  une  leçon  i  la  priucotse.  ■> 


78  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 


96.  Vienne.  Happort  du  22  sepUmfarc  1814  (F.  1  ad.  2565). 

S«rvdiUaDCt  du  CHEVALIER  DE  CASTRO  (1) 

du  8  au  22  septembre. 

Le  8  septembre.  —  Le  ohevalier  de  Castro  dine  chez  M.  de 
Gecfaic  (?) 

Le  9  septembre.  —  Visite  par  la  douane  chez  Castro,  de 
onze  caisses  appartenant  à  Labrador  (i). 

Le  10  septembre.  —  Castro  et  sa  femme  assistent  aux  ob- 
sèques de  Marie-Caroline,  M**  de  Castro  va  le  soir  voir  le  nou- 
veau ballet  au  Theaier  an  der  Wien,  Castro,  souffrant,  reste 
chez  lui. 

Le  11.  —  Diner  chez  Baradino. 

Le  12  et  13  septembre.  —  Journées  consacrées  à  l'installa- 
tion du  logement  de  Labrador. 

Le  15.  —  Castro  renonce  à  sa  voiture  et  cède  son  logement 
au  ministre  de  Portugal.  11  prendra,  jusqu'à  son  départ,  un 
appartement  au  mois. 

Le  17.  —  Il  envoie  sa  voiture  au-devant  de  Labrador  qui 
dîne  chez  lui  avec  ses  deux  secrétaires. 

Le  18.  —  Trouvé  un  logement,  22,  Altlerchenfelderstrasse. 

Le  19.  —  Il  va  chez  Labrador  qui  ne  reçoit  pas.  (Labrador 
a  versé,  ce  jour-là,  sans  se  faire  du  mal  dans  la  Teinfaltstrasse.) 

Le  22.  —  L'agent  a  entendu  dire  que  Castro  déteste  Labra- 
dor, parce  que  celui-ci  aurait  contribué  à  pousser  le  roi  à  refu- 
ser la  Constitution  et  à  dissoudre  les  Cortès.  On  a  cambriolé 
les  chambres  occupées  par  les  deux  courriers  de  Labrador. 

L'agent,  qui  a  nom  Hastnegg,  annonce  en  finissant  qu'il  a 
réussi  à  se  faire  engager  à  partir  de  ce  jour  comme  portier- 
huissier  au  service  de  Labrador. 


1.  Cban^é  d'afTaires  d'Espagne. 

2.  Labrador  (Pedro-Gomez,  marquis)  né  à  Valencia  d'Alcantara,  ministre 
d'Espagne  à  Florence  sous  Charles  IV, accompagna  Ferdinand  Vil  àBayonne 
et  demeura  en  France  de  1808  à  1814.  Plénipotentiaire  d'Espagne  au  Congrès 
de  Vieoae,  ambassadeur  à  Naples,  puis  à  Rome,  il  soutint  Don  Carlos  après 
la  mort  de  FeNlinand  VII  (ISdS)  et  aourut  À  Paris  en  1860. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS        79 

97.  Vienne,  15-16  septembre  ISli. 

Rapport  sans  date,  mais  qui  a  dû  être  rédigé  le  14  ou  le  15  septembre. 

(F.  1.  ad  3365). 

AITairct  de  Saxe  et  de  Pologne.  Naplea  et  la  mort  de  Caroline. 
Le  roi  de  Danemark.  Zichy  aux  finances.  La  Norvège. 

Tout  indique  que  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne  joue- 
ront un  grand  rôle  au  Congrès  ;  mais  jusqu'à  présent  je  n'ai 
rien  pu  apprendre  de  précis  sur  ces  sujets  qui  provoqueront 
de  graves  discussions  et  sur  lesquels  on  est  loin  d'être  d'accord. 

On  considère  la  mort  de  la  reine  Caroline  de  Naples  comme 
un  événement  de  nature  à  faciliter  la  restauration  de  la  dynas- 
tie à  Naples  où  le  roi  Ferdinand  IV  est  très  aimé  parle  peuple, 
ce  qui  n'était  pas  le  cas  pour  la  reine.  On  prétend  même  que 
le  roi  Joachim  est  déjà  en  train  de  traiter  et  de  négocier  l'ob- 
tention d'une  compensation. 

Le  roi  de  Danemark  arrivera  sous  peu  à  Vienne.  On  dit 
aussi  que  l'Impératrice  Marie-Louise  passera  cet  hiver  en 
Suisse. 

Le  nouveau  conseil  d'administration  des  Finances  sera  pré- 
sidé par  le  comte  Charles  Zichy,  celui  de  l'Intérieur,  par  le 
comte  Wallis,  celui  de  la  Guerre  par  le  vieux  Maréchal  comte 
Colloredo(l)  et  celui  de  la  Justice  parle  conseiller  d'Etat  von 
Pfleger  (2). 

On  a  maintenant  toutes  les  raisons  de  croire  que  l'affaire  de 
la  Norvège  se  réglera  conformément  au  désir  des  alliés. 


98.  Vienne,  14  septembre  1814.  (F.  1  3630,  ad  3565). 

BARON   BRAUN  à  L...  (à  Darmstadt)  {intercepta  en  français). 

Le  roi  de  Danemark  et  le  grand-duc  de  Bade.  La  préparation  du  Congrès.  Sa 
durée  probable.  La  Constitution  et  le  partage  des  territoires  en  Allemagne. 
Le  roi  de  Saxe  et  les  Légations.  L'archiduchesse  Lëopi^dine. 

1.  Golloredo  (Joseph,  comte  de)  (1735-1818),  le  phis  yrenx  des  trois  Gollo- 
rcdo,  feld- maréchal  depuis  1789,  ministre  d'Etat  (1^05),  ministre  de  la  Gn«rre 
(1809-1814). 

3.  Pfleger  (  Antoine  von)  faisait  d^À  partie  du  Conseil  d'Etat  depuis  1806.  Il 
était  avec  le  fameux  von  Baldacci  et  le  directeur  du  cabinet  Neuberg,  un  da 
ceux  qui  jouissaient  de  la  faveur  particulière  de  i'£lrapereur. 


80  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DB   VIENNE 

Je  ne  sais  pas  encore  quand  le  roi  de  Danemark  (1)  arrivera  a 
la  Burg.  La  Cour  de  Bade  s'était  flattée  d'y  trouver  place  ;  mais 
je  ne  pense  pas  que  cela  puisse  se  réaliser,  parce  que  les  dis- 
tinctions accordées  au  Roi  seront  très  marquées,  ce  qui  rendra 
la  situation  du  grand-duc  de  Bade  très  délicate. 

On  ne  parle  pas  encore  des  Conférences  préparatoires, 
mais  il  est  hors  de  doute  que  le  Congrès  trouvera  déjà  bien 
des  choses  faites  et  je  sais  de  source  sûre  que  le  Prince  de 
Metternich  a  laissé  entrevoir  que  tout  pourrait  être  terminé 
en  quatre  semaines. 

On  répète  encore  que,  durant  la  tenue  du  Congrès,  on 
fixera  Tarticle  qui  se  rapporte  au  partage  des  pays  conquis  en 
Allemagne  et  de  quelques  échanges  qui  pourraient  venir  à  la 
suite  de  cette  distribution,  mais  que  le  sort  de  TAllemagne, 
sous  tous  les  autres  rapports,  sera  remis  à  un  Congrès  à  tenir 
Tannée  suivante.  Je  ne  sais  encore  rien  de  précis  des  démar- 
ches des  Princes  et  Comtes  Médiatisés  ;  mais  en  revanche,  que 
rOrdre  Teutonique  et  TOrdre  de  Malte  travaillent  sans  relâche 
et  qu'on  est  parvenu  à  se  procurer  de  la  Cour  de  Munich  des 
déclarations  qui  leur  sont  favorables  et  pourraient  bien  entraî- 
ner les  autres  Cours  dans  des  sentiments  semblables. 

On  a  offert  à  nouveau  les  Trois  Légations  au  roi  de  Saxe 
qui  refuse  toujours  de  les  accepter.  On  ne  doute  plus  du  par- 
tage de  ses  Etats.  Cela  contraste  singulièrement  avec  tant  de 
beaux  traités  qui  ont  marqué  dans  l'histoire  de  Tan  dernier. 
Espérons  que  le  Mecklembourg  n'aura  pas  le  sort  de  la  Saxe. 

On  parle  d'un  mariage  du  roi  d'Espagne  avec  l'archiduchesse 
Léopoldine  (2). 


99.  Vienne,  14  septembre  1824.  (F.  1.3630  ad  3565). 

PIQUOT  au  DUC  DE   WEIMAR  {intercepta  en  français) 

L'ouverture  prochaine  du  Congrès.  Les  questions  brûlantes  pour  l'Autriche 
et  la  Prusse.  La  Saxe  et  la  Pologne.  Une  brouille  sérieuse  lui  parait  peu 
probable.  Les  Légations.  Le  Piémont.  La  Russie  proposera  de  transporter 
Bonaparte  dans  une  région  plus  lointaine. 

1.  Le  roi  de  Danemark  arriva  le  22  septembre. 

2.  La  future  Impératrice  du  Brésil,  née  le  22  janvier  1797,  mariée  à  Dom 
Pedro  le  6  novembre  1817,  morte,  le  11  décembre  1826. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS       81 

«  Plus  nous  touchons  àTouverture  effective  du  Congrès,  plus 
il  est  intéressant  de  connaître  les  objets  importants  qu'on  va 
y  discuter.  Les  deux  principaux,  et  sur  lesquels  les  opinions 
pourront  encore  différer  de  beaucoup,  sont  la  Pologne  et  la 
Constitution  future  de  l'Allemagne,  et  dans  cette  dernière 
surtout  le  sort  qui  est  destiné  au  roi  et  au  royaume  de  Saxe. 
Le  premier  objet,  sans  doute  le  plus  difficultueux  et  dont  l'ar- 
rangement fîxe  en  quelque  sorte  celui  qui  concerne  la  Saxe,  a 
dû  alarmer  en  même  temps  les  Cours  de  Vienne  et  de  Berlin, 
la  première,  surtout  dans  le  cas  où  la  Russie  persisterait  à  vou- 
loir rendre  la  Pologne  indépendante  sans  son  propre  roi,  moins 
cependant  si  le  Duché  de  Varsovie  était  tout  uniment  enclavé 
dans  l'Empire  russe,  puisqu*il  ne  s'en  suivrait  pas  pour  cela 
que  l'Autriche  prît  peur  pour  cela  pour  ses  parcelles  de  l'an- 
cienne Pologne,  tandis  dans  le  premier  cas  Tesprit  des  Polo- 
nais, toujours  désireux  d'avoir  un  roi,  fera  révolter  plutôt  les 
habitants  de  la  Galicie  que  de  rester  fidèles  et  sous  la  domi- 
nation autrichienne.  Cette  affaire  amènera  encore  des  discus- 
sions, peut-être  même  désagréables,  avec  la  Russie  ;  mais  je  ne 
crois  pas  que  cet  objet  sera  en  état  de  brouiller  la  bonne  har- 
monie qui  règne  entre  les  Cours  alliées  et  qui  doit  se  consoli- 
der encore  par  le   séjour  des  Souverains  de  Vienne   et  par 
l'œuvre  même  du  Congrès. 

«  Quant  à  la  Saxe,  je  n*ai  rien  appris  d'ultérieur  à  ce  que  j'ai 
mandé  à  Votre  Altesse.  Mais  il  m'est  revenu  d'une  manière 
assez  sûre  que  les  Trois  Légations,  qui  devaient  servir  de  moyen 
de  compensation  et  de  dédommagement  pour  la  famille  royale 
de  Saxe,  seront  rendues  à  Sa  Sainteté  et  que  la  Cour  de  Vienne, 
qui  les  a  provisoirement  en  sa  possession,  n'aura  en  Italie  que 
les  frontières  et  les  arrondissements  qui  lui  sont  assurés  par 
le  traité  de  Paris.  » 

Piquot  parle  ensuite  au  duc  de  Tévacuation  du  Piémont 
par  les  troupes  autrichiennes  et  des  difficultés  relatives  à  Alexan- 
drie et  termine  en  disant  : 

€  On  croit  que  la  Russie  fera  faire  au  Congrès  la  proposi- 
tion de  transporter  Bonaparte  dans  un  pays  plus  éloigné,  ses 
relations  avec  l'Italie  et  la  Suisse  étant  trop  fréquentes  pour 
qu*on  puisse  les  tolérer.  » 


T.  I. 


82  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIBNNE 


100.  Vienne,  14  seplembre  1814  (F.  i.  ad  3565). 

HUMBOLDT   au   ROI    DE    PRUSSE  {intercepta  en  français). 

Son  audience  chez  l'Empereur.  Nécessité  de  l'union  entre  l'Autriche  et  la 
Prusse.  Les  audiences  de  Saint-Marsan  et  de  Consalvi.  L'évacuation  d'Alexan- 
drie promise  à  Saint-Marsan.  Les  Légations  réclamées  par  le  pape.  Les 
offres  de  Murât  et  le  refus  du  Pape.  Stadion  ministre  des  Finances. 

Il  rend  compte  de  «  Taudience  qui  lui  a  été  accordée  par  l'Em- 
pereur qui  lui  a  parlé  de  la  manière  la  plus  expressive  de  la 
nécessité  d'une  union  étroite  entre  la  Prusse  et  TAutriche  et 
de  son  vif  désir  de  faire  tout  son  possible  pour  resserrer  ces 
liens  toujours  davantage  entre  la  Prusse  et  TAutriche.  Les  ar- 
chiducs Charles  et  Jean  se  sont  exprimés  avec  les  plus  grands 
éloges  sur  la  part  glorieuse  que  les  troupes  prussiennes  ont 
pris  au  succès  de  la  dernière  guerre. 

Le  Cardinal  Consalvi  et  le  marquis  de  Saint-Marsan  avaient 
le  même  jour  leurs  audiences  auprès  de  TEmpereur.  Sa  Ma- 
jesté a  dit  à  Saint-Marsan  (1)  que  l'évacuation  d'Alexandrie  (2) 
ne  souffrira  pas  de  difficulté.  L'organisation  de  Tarmée  pié- 
montaise  avance  assez  rapidement. 

Le  Cardinal  a  principalement  recommandé  à  l'Empereur 
la  restitution  au  Pape  des  trois  Légations  de  Bologne,  Ferrare 
et  Ravenne.  Sa  Majesté  ne  s'est  pas  expliquée  à  ce  sujet;  mais 
Elle  a  dit  de  la  manière  la  plus  positive  qu'Elle  ne  prétendait 
en  aucune  manière  de  garder  ces  provinces  pour  Elle. 

Je  me  suis  aperçu  dans  Tentretien  que  j'ai  eu  sur  ce  su- 
jet avec  le  Cardinal  Consalvi  qu'il  a  entendu  parler  du  projet 
de  donner  ces  Trois  Légations  au  roi  de  Saxe,  mais  que  cela 
lui  parait  un  simple  bruit  duquel  il  ne  prend  pas  ombrage  jus- 


1.  Saint-Marsan  (Philippe-Antoine-Marie  Asinari,  marquis  de)  (1751-1821) 
fit  la  campagne  de  1796  contre  la  France  et  devint  ensuite  ministre  de  la 
Guerre.  11  se  rallia  à  Napoléon  qui  le  nomma  conseiller  d'Etat,  ambassadeur 
i  Berlin,  comte  de  l'Empire  par  Lettres  patentes  du  35  octobre  1808  et  séna- 
teur le  4  avril  1813.  Chef  du  conseil  suprême  de  régence  en  1814,  il  repré- 
senta la  Sardaigne  comme  premier  plénipotentiaire  au  Congrès  de  Vienne. 
Ministre  de  la  Guerre  en  1815,  puis  ministre  des  Affaires  Etrangères,  grand 
chambellan  de  Charles-Félix  (première  charge  de  la  cour)  Saint-Marsan  était 
en  outre  Collier  de  TAnnonciade. 

2.  Malgré  les  déclarations  de  François  I*',  ce  ne  fut  cependant  qu'au  com- 
mencement de  1815  que  les  troupes  autrichiennes  évacuèrent  Alexandrie. 


LES    PRÉLIMIMAIBES    ET    LES  AJOUKNBJIENTS  DU   CONGRÈS        83 

qu'à  présent.  Je  me  suis  naturellement  gardé  d'éveiller  son 
attention  là-dessus. 

J'ignore  si  le  Ministère  de  Votre  Majesté  a  été  informé  que, 
déjà  lorsque  nous  étions  à  Paris,  le  roi  Joachim  a  offert  au  pape 
d'évacuer  d'abord  l'Etat  Romain,  de  prendre  l'investiture  fu- 
ture du  pape,  ainsi  que  cela  se  faisait  ci-devant,  si  de  son  càtc 
ce  dernier  voulait  le  reconnaître  comme  roi  de  Naples,  Le 
pape  lui  a  fait  répondre  que  cela  était  impossible  avant  que 
le  Congrès  de  Vienne  ne  fût  terminé  et  que  les  autres  puis- 
sances de  l'Europe  ne  l'eussent  reconnu(l),Le  papea  cru  mieux 
faire  de  soui&ir  encore  pendant  quelque  temps  l'occupation 
d'une  partie  de  ses  Etats  que  d'en  acheter  la  récupération  à 
ee  prix. 

Le  comte  Stadion  vient  d'être  nommé  ministre  des  Finances 
et  non  président  de  la  Chambre  des  Finances,  comme  l'était 
le  comte  Wallis.  On  ne  sait  pas  s'il  acceptera  cette  place. 


Vienne,  17-lS  scplembrc  ISIi. 

101.  Vienne,  Ifl  septembre  1X14  (P.  I.  ad  35SS). 

RAPPORT  &  HAGER 

Bruits  rclBlifs  au;i  opérations  pr£li  mina  ires  du  Congrès.  Conslitiitiou  de 
rAlleimgDc.  Le  Saxe.  Bruit  de  la  signature  d'une  convention  entre  l'An- 
gleterre et  l'Autriclic.  Le  voyage  du  prince  royal  de  Wurtemberg.  Les 
repréieatants  des  médiatiséB.  Gacrtner.  Lord  Custlereagh. 

L'agent  rend  compte  du  bruit  qui  court  dans  les  Chancel- 
leries de  la  location  à  Baden  de  logements  pour  les  ministres 
de  Russie,  d'Angleterre  et  de  Prusse,  attendus  incessamment 
pour  entamer  avec  Metternîch  les  préliminaires  et  arrêter  les 
bases  du  Congrès  qui  ne  s'ouvrirait  que  l'on  se  serait  mis  d'ac- 
cord sur  ces  points. 

<  On  m'a  afDrmé  de  façon  positive  qu'on  n'avait  encore  au- 
cune idée  de  ce  que  serait  ou  devrait  être  la  Constitution  de 
l'Allemagne  et  qu'on  attendait  avec  impatience  des  instruc- 

1.  Cr.  C  Wuu  Jaaehim  Moral.  J^  dernière  jnn^e  de  Règne,  1. 1,  p.  100- 
19t.  Cette  offre  Brait  itt  faite  dËs  le  mois  d'avril  et  le  refus  de  Pic  VII  est 
du  mois  de  juin. 


84  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

tractions  et  des  indications  qu'on  ne  se  pressait  nullement  de 
donner. 

«  Dans  une  autre  Chancellerie,  on  m'a  dit  confidentielle- 
ment que  le  roi  de  Saxe  aurait  pris  le  parti  de  renoncer  à  la 
couronne  et  qu'il  aurait  expédié  cette  renonciation.  On  atten- 
dait impatiemment  la  confirmation  de  cette  nouvelle  comme  de 
savoir  à  qui  on  donnerait  cette  couronne,  TAutriche  tenant 
pour  la  ligne  actuelle,  la  Russie  et  la  Prusse  pour  les  autres 
lignes. 

«  On  m'a  affirmé,  mais  encore  plus  confidentiellement,  que 
l'Angleterre  et  l'Autriche  venaient  de  signer  une  convention 
séparée,  seraient  tout  à  fait  d'accord  et  joueraient  par  suite  le 
premier  rôle  au  Congrès. 

€  D'après  des  nouvelles  de  Stuttgart,  le  prince  rojal  de  Wur- 
temberg, qu'on  attendait  à  chaque  instant  ici,  aurait  pris  le 
chemin  du  Tyrol  qu'il  est  curieux  de  voir  et  ne  serait  ici  que 
le  19.  On  annonce  du  même  endroit  que  le  roi  serait  ici  le  22 
au  lieu  du  21. 

«  On  rit  beaucoup  dans  toutes  les  chancelleries  de  la  venue 
des  députés  des  princes  médiatisés.  On  se  moque  surtout  du 
conseiller  intime  von  Gaertner  et  surtout  parce  qu'il  aurait  mis 
sur  ses  cartes  et  sur  son  adresse  la  qualification  de  plénipo- 
tentiaire de  40  maisons  princières  et  corntales. 

Il  parait  aussi  que  lord  Castlereagh  est  très  mécontent  de 
l'installation  qu'on  lui  a  donné  à  Y Augartcn  (1). 


102.  Vienne,  17  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

LA   TOUR   DU   PIN  (2)  au  PRINCE   DE   BÉNÉVENT 

Rentrée  de  Metternich  à  Vienne  le  16.  Pas  de  nouvelles  importantes. 
Metternich  croit  à  l'issue  prompte  et  prochaine  du  Congrès. 

1.  Augarten,  Propriété  impériale  située  entre  la  Brigitten-Au  et  le  Prater. 
Jardin  et  parc  à  la  française,  ouverts  au  public  par  ordre  de  Joseph  II.  D'a- 
près la  Chronikdes  Allgemeinen  Wiener  Kongresses,  N»du  4  octobre,  p.  15, 
lord  Castlereagh  aurait  habité  non  pas  VAugarien^  mais  la  maison  connue  sous 
le  nom  de  Im  Auge  Gotte$  (A  l'œil  de  Dieu). 

2.  La  Tour  du  Pin  Gouvernet  (Frédéric,  marquis  de)  (1758-1837).  Colonel  au 
début  de  la  Révolution,  il  fut  nommé  ministre  k  la  Haye.  Destitué  en  1792, 
il  émigra  et  rentra  en  France  sous  le  Consulat  et  devint  préfet  d'abord  à 
Amiens,  puis  à  Bruxelles.  Il  suivit  Talleyrand  à  Vienne  et  fut  à  la  fin  du  Con- 
grès nommé  de  nouveau  ministre  à  la  Haye,  puis  à  Turin.  Il  se  retira  en 
1830. 


LES   PRÉLIMINAIRES    BT   LES   AJOURNE UENTS^  DU  CONGRÈS       85 

M.  le  Prince  de  Metternich,  qui  a  habité  Baden  depuis  que 
je  sois  ici,  est  rentré  hier  en  ville.  On  avait  été  un  moment 
incertain  si  quelques-uns  des  ministres  du  cabinet  n'iraient 
pAs  j  passer  quelques  jours  pour  être  plus  libres  ;  mais  il  pa- 
raît qu'il  leur  a  mieux  convenu  de  ne  pas  quitter  la  ville. 

Je  garde  toujours  le  silence  sur  la  foule  des  projets  qu'en- 
fante le  moment  présent  et  je  ne  crois  pas  que  tout  ce  qu'on 
dit  sans  consistance  soit  digne  de  l'attention  du  roi.  Le  prince 
de  Metternich,  dont  l'opinion  a  nécessairement  un  tout  autre 
poids,  continue  de  manifester  la  plus  grande  confiance  dans  une 
issue  heureuse  et  prompte  du  Congrès. 

Votre  Altesse  au  bout  de  six  heures  de  séjour  ici  en  saura 
tellement  plus  que  moi  que  je  ne  me  hasarderai  pas  à  l'égarer 
par  de  fausses  conjectures  sans  aucune  utilité. 


VÙDoe,  le  n  septembre  1 


BRtGNOLE  au  SÉNAT  DE  GÊNES  (intercepta  en  italien) 
(Analyse). 


11  a  parlé  avec  Metternich  qui  l'a  reçu  très  aimablement  et 
qui, après  avoir  examiné  longuement  l'objet  de  ses  demandes, 
lui  a  dit  <  que  la  solution  dépendrait  des  discussions  qui  auraient 
lieu  au  cours  du  Congrès  ;  qu'il  était  en  tout  cas  dans  ses  in- 
tentions, à  lui,  Metternich,  de  compenser  la  perte  éventuelle 
de  notre  indépendance  en  nous  faisant  accorder  des  privilèges, 
dont  je  ne  connais  pas  encore  la  nature,  mais  que  je  crois  ab- 
solument illusoires.  Je  ne  manquerai  et  ne  cesserai  pas  de 
combattre  cette  chimère...  > 

11  ajoute  un  peu  plus  loin  que  Metternich  lui  a  fait  des  re- 
marques asseï  singulières  relatives  à  la  conduite  et  à  l'attitude 
des  mécontents  de  Gênes  qui  veulent  et  désirent  un  royaume 
tVltalie  : 

«  J'ai  tout  lieu  de  croire,  écrit-il,  que  c'est  là  un  tour  du 
Cabinet  dé  Turin.  Je  m'appliquerai  à  démasquer  cette  intrigue 
«t  à  justifier  notre  gouvernement.  Mais  entre  temps  Vos  Sei- 
gneuries  feraient  bien  de    prendre  les  mesures  nécessaires 


86  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

pour  surveiller  et  réprimer  ces  velléités  et  d'enlever  ainsi  tout 
prétexte  de  mécontentement  à  la  Cour  de  Vienne.  » 


Pendant  que  du  15  au  20  septembre  on  multiplie  les  instruc- 
tions relatives  aux  mesures  à  prendre  à  l'occasion  de  l'arrivée 
des  rois  de  Danemark  et  de  Wurtemberg  le  22,  de  l'Empe- 
reur de  Russie  et  du  roi  de  Prusse  le  25,  de  l'Impératrice  de 
Russie  le  27  et  du  roi  de  Bavière  le  28;  qu'on  décide  d'adjoindre, 
pour  toute  la  durée  des  fêtes  et  cérémonies  du  Congrès,  un  capi- 
taine de  la  garnison  de  Vienne  à  chacun  des  commissaires  de 
police  de  la  capitale  ;  que  TrauttmansdorfT,  le  grand  maître  des 
Cérémonies  d'une  part, le  général  Stipsich(i)  de  l'autre,  ne  ces- 
sent de  communiquer  leurs  vues,  leurs  propositions  et  leurs  déci- 
sions au  baron  Hager,  les  différents  agents  de  la  PolizeiHofs- 
telle  surveillent  déjà  de  très  près  tous  les  personnages  arrivés  à 
Vienne  et  fournissent  entre  autres  à  leur  chef  un  certain  nombre 
de  rapports  confidentiels  et  particulièrement  intéressants  que 
Hager  envoie  à  l'Empereur  par  son  bordereau  du  21  septembre. 


104.  Vienne,  21  septembre  1814  (F.  1.  3630  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (2) 

Envoi  du  bordereau  contenant  l'analyse  des  rapports  politiques 

du  20  septembre. 

Envoi  à  Sa  Majesté  de  rapports  confidentiels  relatifs,  l'un 
à  l'attitude  du  Nonce  et  à  ses  rapports  avec  le  comte  Aldini, 
à  celle  de  la  Cour  de  Rome  dans  l'afTaire  du  patriarcat  de  Ve- 
nise, un  autre  à  Labrador  et  à  ses  différends  avec  Metternich, 
un  troisième  aux  événements  et  à  la  situation  en  Allemagne, 
le  quatrième  à  la  surveillance  des  Prussiens  et  surtout  de 
Hardenberg. 


i.  Stipsich  von  Ternow  (Joseph^baron)  (1755-1831)  général  de  cavalerie  était 
au  moment  du  Congrès  vice-président  du  Conseil  aulique  de  la  Guerre. 
2.  En  marge  :  Vu  par  l'Empereur  et  renvoyé  par  lui  le  25  septembre. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       87 


105.  Vienne,  18  septembre  1814  (F.  1.  36S0  ad  8561). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

Le  nonce,  le  cardinal  Gonsalvi  et  le  comte  Aldmi.  L'arrivée  de  Labrador. 
Personnages  qui  l'accompagnent.  Conversation  qu'il  a  eue  avec  lui,  ses 
questions  sur  Metternich  et  Stadion.  Labrador^g^rand  admirateur  et  partisan 
de  Stadion.  Ce  que  Talleyrand  lui  a  dit  sur  le  compte  de  Stadion.  Son  opi- 
uion  sur  les  conférences  préparatoires  et  sur  le  rôle  de  l'Espagne  et  de  la 
France  au  Congrès. 

Le  secrétaire  du  nonce  apostolique  travaille  jour  et  nuit  et 
accable  d'une  telle  manière  les  trois  commis,  Caselli,  Gordini, 
le  prisonnier  de  guerre,  d'Erst,  interprète  et  commentateur  de 
journaux  allemands,  que  les  deux  premiers  s'en  plaignaient 
hier  à  moi  amèrement.  Mais  pourvu  que  la  Cour  de  Rome  soit 
exactement  informée  de  tout  ce  qui  se  passe  et  le  service  aille 
selon  son  bon  plaisir,  le  nonce  ne  se  soucie  guère  de  la  santé 
de  ses  hommes.  J*en  ai  fait  moi-même  une  triste  expérience 
dans  les  deux  mois  que  fai  eu  l'honneur  de  servir  dans  ce 
souS'Sécrélariat.  11  en  donne  lui-même  Texemple  en  travaillant 
jour  et  nuit. 

Il  y  a  deux  jours  que  je  n'ai  pas  vu  ce  Ministre.  Hier,  il  était 
avec  le  cardinal  Consalvi  en  conférence  avec  Aldini(l),  sur  lequel 
on  compte  beaucoup.  Je  crois  cependant  que  ces  deux  rusés 
diplomates  romains  n'auront  pas  oublié  qu'Aldini  fut  constam- 
ment Tennemi  de  la  cour  papale  et  que  sa  conduite  comme 
avocat  a  Bologne,  comme  représentant  dans  le  Conseil  de  la 
République  Transpadane  et  Cisalpine  et  enfin  comme  ministre 
secrétaire  d'Etat  de  Napoléon  a  consigné  dans  les  annales  la 
certitude  de  ses  principes  politiques  anti-papaux.  Mais  Consalvi 
et  Severoli  se  flattent  de  Tavoir  gagné  par  la  promesse  d'une 
généreuse  récompense,  otium  cum  dignitaie.  Connaissant  Al- 
dini^  on  ne  se  trompera  pas  si  on  le  compare  au  caméléon  qui 

1.  Aldini  (Antoine,  comte),  né  à  Bologne  en  1756,  mort  à  Favie  en  1826,  neveu 
de  Galvaui,  d'abord  avocat  À  Home,  puis  professeur  de  droit  à  TUniversité  de 
Hologne,  envoyé  A  Puris  sous  le  Directoire  comme  ministre  plénipotentiaire 
de  la  république  bolu^naise,  président  du  Congrès  républicain  de  Modène, 
président  du  Conseil  des  Anciens  de  la  république  Cisalpine,  conseiller  d'Etat 
après  Marengo,  membre  du  Conseil  législatif,  ministre,  secrétaire  d'Ëtat  du 
ruyaumc  d'Italie  à  Paris,  il  s'occupa  A  Vienne  de  la  défense  des  intérêts 
d'Blita  et  se  retira  après  le  Congrès  A  Milan. 


88  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

saura,  selon  les  circonstances,  changer  d'opinion  et  jouer  la 
comédie  au  gré  du  parti  le  plus  puissant. 

Il  ne  m*a  pas  été  donné  de  voir  le  nonce  aujourd'hui  parce 
qu'il  était  allé  avec  le  cardinal  Consalvi  voir  les  archiducs. 

Labrador  est  arrivé  le  17  à  dix  heures  du  matin...  Je  Tai  vu 
en  allant  chez  le  chevalier  Ferez  de  Castro,chargé  d'alTaires  de 
la  cour  d'Espagne  et  c'est  là  où  j'ai  eu  l'honneur  de  féliciter 
l'ambassadeur  qui  a  répondu  à  mes  expressions  par  Tassu- 
rance  très  flatteuse  de  son  amitié. 

11  est  accompagné  par  le  secrétaire  d'ambassade  Machado 
et  par  un  autre  gentilhomme  espagnol  très  jeune.  Machado  est 
connu  à  la  cour  pour  avoir  été  pendant  la  dernière  guerre  au 
Quartier  Général  des  alliés  chargé  d'une  mission  de  la  régence 
d'Espagne  qui  gouvernait  alors  ce  pays  au  nom  de  Ferdi- 
nand VII. 

Labrador  entra  aussitôt  en  conversation  avec  moi  sur  Tétat 
actuel  des  choses.  Malgré  sa  finesse  extrême  et  son  langage 
mystérieux,  je  crois  avoir  réussi  h  débrouiller  l'objet  de  ses 
recherches  et  de  ses  inquiétudes. 

Après  avoir  passé  la  revue  des  membres  nationaux  et  étran- 
gers du  Corps  diplomatique,  il  s'arrêta  surtout  sur  le  prince 
de  Metternich  et  le  comte  de  Stadion  et  voulut  connaître  l'opi- 
nion publique  sur  eux  et  il  fut  fort  étonné  lorsque  je  lui  par- 
lai de  la  nomination  probable  de  Stadion  au  ministère  des 
Finances.  Il  me  dit  :  4C  Est-ce  qu'on  éloigne  Stadion  d'avoir 
part  aux  négociations  du  Congrès  ?  Ce  serait  à  mon  avis  une 
mauvaise  besogne  pour  l'Autriche  d'éloigner  le  seul  homme  qui 
a  obtenu  par  ses  manières  franches  et  loyales  la  confiance  des 
ministres  des  premières  puissances  ».  Je  le  rassurai  là-dessus 
en  lui  disant  que  cette  nouvelle  fonction  n'empêcherait  pas 
Stadion  d'agir  pour  le  Congrès,  parce  que  comme  ministre 
d'Etat  et  de  Conférences,  il  entrait  dans  le  Conseil  de  Sa  Ma- 
jesté. 

Il  reprit  ensuite  :  «  La  veille  de  mon  départ  de  Paris,  m'étant 
entretenu  longuement  avec  le  prince  de  Bénévent,  nous  nous 
disions  ensemble  que  tout  irait  bien  à  Vienne,  comptant  sur 
M.  de  Stadion.  S'il  arrivait  le  contraire,  Tallevrand  en  serait 
déconcerté.  » 

Il  me  demanda  ensuite  s'il  était  vrai  que  des  conférences 
avaient  lieu  entre  Castlereagh  et  Metternich  et  quelle  conclu- 
sion on  tirait  de  ces  séances  secrètes.  «  On  parle,  lui  dis-je. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMEMTS    DU   CONGRÈS       89 

de  ces  faits  dont  je  ne  peux  garantir  Tauthentieité  et  du  reste 
rien  n'a  transpiré,  » 

€  J'espère,  ajouta-t-il,  que  les  ambassadeurs  de  France  et 
d'Espagne  ne  viendront  pas  jouer  ici  le  rôle  de  marionnettes 
comme  quelques-uns  se  l'imaginent.  » 

Telle  fut  la  conversation  de  plus  d'une  heure  que  j'eus  avec 
M.  de  Labrador. 


106.  Vienne,  18  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

RAPPORT  à  HAGER 

Murai  et  le  pape.  Causes  des  difficultés  entre  Rome  et  Naples.  Le  cardinal 
Consalvi  et  les  Légations.  Arrivée  prochaine  d'Alexandre  et  du  roi  de  Prusse. 

Le  roi  Joachim  a  fait,  il  y  a  quelque  temps  déjà,  des  ouver- 
tures au  pape  pour  qu'il  le  reconnaisse  comme  roi  de  Naples 
et  qu'en  échange  de  l'évacuation  de  TEtat  romain  il  lui  donne 
l'investiture  suivant  le  mode  habituel.  Le  Saint  Père  a  refusé, 
et  telle  serait  la  cause  des  difficultés  qui  existent  depuis  quel- 
que temps  entre  Rome  et  Naples. 

Le  cardinal  Consalvi,  qui  restera  à  Vienne  pendant  la  durée 
du  Congrès,  fait  tous  ses  efforts  pour  obtenir  le  retrait  des 
troupes  autrichiennes  qui  occupent  les  Légations  que  l'Empe- 
reur François  serait,  dit-on,  disposé  à  rendre  au  Saint  Père 
.dès  que  Ton  se  sera  mis  d'accord  sur  le  règlement  de  la  ques- 
tion italienne. 

L'Empereur  de  Russie  attendu  pour  le  26  restera  probable- 
ment ici  six  semaines.  Le  roi  de  Prusse  arrivera  le  25  et  Ton 
parle  de  nouveau  de  la  venue  possible  du  roi  de  Sardaigne. 


107.  Vienne,  18  septembre  1814  (F.  1.  3942  ad  3565). 

NOTA  à  HAGER  (en  français). 

Intimité  du  cardinal  Consalvi  avec  Bartholdi.  Observations  et  regrets  du  car- 
dinal sur  ce  qui  se  fait  à  Rome.  Les  questions  en  litige  entre  Vienne  et 
Home.  Les  religieuses  d'Udine  et  le  patriarcat  de  Venise.  Mgr  Bonsignori. 
Biographie  et  portrait. 

Affaires  de  la  Cour  de  Rome  avec  la  nôtre. 


00  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Je  dirai  avant  tout  que  Bartholdi  (1)  est  très  lié  avec  le  car- 
dinal Consalvi  qui  avec  la  société  est  de  la  plus  grande  réserve 
et  ne  va  que  chez  la  comtesse  Anguissola  (i)  et  voit  fort  peu 
de  monde  chez  lui. 

Bartholdi  m'a  confié,  qu'ayant  hier  dîné  chez  le  cardinal, 
celui-ci  s'était  épanché  avec  lui  et  lui  avait  confié  qu'il  était 
au  désespoir  de  n'être  pas  à  Rome,  parce  qu'on  y  faisait  des 
choses  mal  h  propos  et  qui  gâtaient  le  tout,  comme  d'avoir 
rétabli  les  horloges  à  l'italienne,  d'avoir  gêné  les  Juifs,  d'avoir 
ôté  les  réverbères  et  Tilluraination  de  la  ville  et  autres  choses 
semblables  ;  que  les  Juifs  riches  quittaient  Rome  et  que  par 
là  la  disette  d'argent  et  de  ressources  augmentait  ;  qu'on  avait 
réduit  mal  à  propos  les  impositions  de  40  à  2  ;  que  par  cette 
mesure  sans  raison  et  sans  borne  le  pape  n'avait  pas  le  sou 
et  ne  pouvait  plus  suffire  aux  besoins  de  lEtat  ;  qu'on  avait 
adopté  le  principe  insoutenable  et  inexécutable  de  ramener  le 
tout  à  l'ancien  ordre  des  choses. 

1.  Bartholdi  (Jacob-Salomon)  (1779-1825)  après  avoir  obtenu  le  grade  de 
maître  es  arts  en  1801, se  rendit  à  Paris  où  il  séjourna  plusieurs  années  et  de  là 
en  Italie,  puis  en  Grèce.  La  funeste  issue  que  la  guerre  de  1806  eut  pour  sa 
patrie  lui  inspira  une  haine  féroce  contre  Napoléon.  11  se  mit  à  parcourir 
l'Allemagne  pour  y  susciter  des  ennemis  au  vainqueur  d'iéna,  s'enrôla  en 
1809  dans  un  régiment  autrichien,  se  distingua  en  plusieurs  occasions,  notam- 
ment à  Ebcrsbcrg  où  il  fut  grièvement  blessé.  Nommé  en  1813  à  un  emploi 
supérieur  à  la  chancellerie  d'Etat  de  Prusse  il  y  débuta  par  la  rédaction  du 
fameux  édit  sur  le  Landtturm^  suivit  les  armées  alliées  à  Paris  en  1814  et 
chargé  d'une  mission  secrète  à  Londres  fit  sur  le  paquebot  connaissance  du 
cardinal  Consalvi  et  contracta  avec  lui  une  amitié  qui  dura  jusqu'à  leur  mort. 
Envoyé  après  le  Congrès  de  Vienne  à  Rome  en  qualité  de  Consul  général  de 
Prusse  pour  toute  l'Italie,  il  occupa  en  réalité  ce  poste  au  nom  de  tous  les 
souverains  de  la  Sainte  Alliance.  Après  avoir  représenté  la  Prusse  en  1818 
au  Congrès  d'Aix-la-Chapelle,  il  fut  nommé  conseiller  intime  de  légation  et 
chargé  d'affaires  à  Florence.  En  1832  il  reprit  ses  fonctions  de  consul  général 
de  Prusse  à  Rome,  mais  ce  poste  fut  supprimé  en  1825.  Bartholdi  ne  survé- 
cut que  fort  peu  à  sa  mère  et  à  ses  amis,  le  prince  de  Hardenberg  (mort  en 
1822)  et  le  cardinal  Consalvi  (mort  en  1824). 

2.  Il  s'agit  probablement,  certainement  même,  de  la  comtesse  Carolina  An- 
guissola, fille  de  la  marquise  Anguissola  Busca,  mariée  au  comte  Louis  de 
Capitani  de  Settala,  dont  il  est  à  plusieurs  reprises  question  dans  le  Carteg- 
gio  Confalonieri  publié  par  mon  ami  G.  Gallavrbsi. On  y  lit  entre  autres,  1. 1, 
page  153,  que  la  comtesse  partit  de  Milan  le  24  mai  1814  pour  aller  prendre 
sa  mère  à  Venise  et  s'installer  avec  elle  à  Vienne  pour  trois  ou  quatre  mois. 
Un  peu  plus  tard  le  6  juillet  1814  {Ibidem,  p.  212).  Teresa  Confalonieri  écri- 
vait à  son  mari  :  «  Settala...  raconta  gran  cosa  di  sua  moglie,  la  quale  seconde 
lui  riceve  moite  distinzioni  a  Vienna  tanto  délia  corte  dell'Imperatore  quanto 
dell'Archiduchessa  Béatrice...  »  Trois  jours  plus  tard  le  9  juillet  {Ibidem., 
p.  214-215)  elle  ajoute  :  «  La  Settala  e  trovata  Vienna  una  bellezza,  cio  mi  da 
un  idea  del  gusto  patano  (extraordinaire)  ;  l'imperatore  le  ha  detto  che  essa 
ritornera  in  Italia  con  lui  ». 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       91 

11  accuse  de  toutes  ces  bévues  le  cardinal  Pacca  (1),  qui  se 
trouve  être  Tami  de  cœur  du  Pape,  et  qui  se  laisse  mener 
par  trois  frères  et  abbés  nommés  Sala  (2)  qui  sont  trois  bonnes 
bêtes  et  très  pieusement  exaltés  au  delà  de  toute  raison. 

Il  dit  que  le  Pape  est  unique  pour  sa  constance,  sa  ferme  té, 
vis-à-vis  d'un  oppresseur  puissant,  mais  qu'il  est  faible  et  sent 
l'âge  et  les  infirmités  vis-à-vis  des  personnes  qui  lui  sont  at- 
tachées et  auxquelles  il  accorde  sa  confiance  et  qu'il  ne  sait  rien 
refuser  à  celles-ci. 

Questions  de  litige  entre  le  Pape  et  la  Cour  de  Vienne  : 

1*  L'affaire  des  religieuses  d'Udine  et  la  nomination  au  Pa- 
triarcat de  Venise,  Mgr  Bonsignori,  évêque  de  Faenza  nommé 
par  le  Chapitre  et  refusé  par  le  Pape  qui  nomme  Mgr  Peruzzi, 
évêque  de  Chioggia. 

Détails  sur  Mgr  Bonsignori. 

J'ai  beaucoup  connu  Mgr  Bonsignori  que  Napoléon  voulait 
faire  patriarche  après  l'avoir  déjà  fait  évêque.  Natif  de  Gal- 
larate,  il  entra  dans  une  congrégation  dite  degli  abbati.  Il  fut 
fait  bibliothécaire  à  rAmbrosiana(3)après  avoir  été  longtemps 
professeur  de  Philosophie  et  Belles-Lettres  au  Séminaire  de 
Milan. 

Napoléon  l'en  tira  en  1798  et  le  fit  évêque  de  Faenza.  C'est 
un  homme  de  soixante-dix  ans  passés,  belle  taille,  belle  figure, 
très  élégant,  très  galant  auprès  des  dames  et  très  connu  à 
Milan  de  tout  temps  par  ses  amours,  tantôt  chez  l'une,  tantôt 
chez  l'autre.  Sa  belle  d'à  présent  l'est  depuis  vingt-cinq  ans  et 
s'appelle  M"*  Chiese,  de  Milan. 

Il  a  toujours  passé  pour  un  bel  esprit  et  pour  un  ecclésias- 
tique un  peu  leste.  11  est  savant  théologien,  orateur  soigné, 

1.  Pacca  (Barlolomeo,  cardinal)  né  à  Béiiévcnl  le  16  décembre  1756,  cardi- 
nal en  1804,  camerlingue  en  1808,  rédigea  et  publia  la  bulle  d'excommunica- 
tion contre  Napoléon  en  1809.  Enlevé  de  Rome  avec  Pie  VII,  enfermé  pendant 
trois  ans  à  Fcnestrcllc,  il  rejoignit  le  pape  à  Fontainebleau  en  1812,  rentra 
avec  lui  à  Homo  en  1814  et  fit  rétablir  Tordre  des  Jésuites.  Gouverneur  de 
Rome  en  1817,  évoque  de  Frascati  en  1820,  préfet  des  études  en  1822,  il  re- 
nonça à  ses  fonctions  de  ministre-camerlingue  en  1824.  Mort  en  1844. 

3.  L'un  d'entre  eux  devait  être  Mgr  Sala,  auteur  de  brochures  dont  parle 
le  cardinal  Consalvi  et  qui  imprimées  au  Quirinal  en  1819  avaient  pour  titre  : 
Doeumenti  salle  verlenze  insorte  fra  la  Santa  Sede  e  il  governo  Francese, 

3.  L'une  des  plus  belles  et  des  plus  riches  bibliothèques  d'Italie  fondée  par 
saint  Charles  Borromée.  A  côté  de  la  bibliothèque  et  dans  le  même  b&timent 
se  trouve  un  des  plus  beaux  Musées  de  Milan,  transformé  et  complètement 
métamorphosé  par  les  soins  de  mou  émincnt  et  incomparable  ami  Mgr  Achille 
Ratti,  préfet  de  l'Ambrosiana. 


92  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

mais  froid,  homme  très  rusé,  Cn,  faisant  bonne  mine  à  tout 
le  monde,  impénétrable,  im  peu  moqueur,  riche  en  connaissan- 
ces, mais  pauvre  en  génie,  rempli  d'ambition  et  pas  du  tout 
indigne  d'avoir  été  choisi*  par  le  pieux  Napoléon  pour  en  faire 
un  évêque  et  un  patriarche  même  de  Venise,  après  Tavoir 
employé  à  Savone  pour  amadouer  ou  tromper  Pie  VU,  mission 
à  laquelle  il  ne  réussit  point  du  tout. 


108.  Vienne,  20  septembre  1814  (F.  1.  3630  ad  3565  . 

e  e  à  HAGER 

Le  Panorama  de  l'Europe.  La  princesse  Paul  Estcrhazy.  EntenU  entre  Bade. 
Nassau  et  Hesse-Darmstadt.  L'appétit  de  la  Prusse. 

Le  Panorama  de  l'Europe  :  tel  est  le  nom  qu'on  donne  à 
cette  réunion  à  Vienne  qui  immortalisera  le  règne  de  l'Empe- 
reur François  et  le  ministère  du  prince  de  Metternich. 

La  princesse  Paul  Esterhazy(l)a  une  liaison  connue  de  tous, 
avec  le  prince  Charles  Liechtenstein  (2)  (officier  de  uhlans). 
Le  mari,  le  prince  Paul  est  aussi  jaloux  que  désolé.  La  mère 
de  la  princesse,  la  princesse  Taxis,  a  pris  le  parti  de  sa  fille  ; 
c'est  un  véritable  enfer  dans  cette  famille. 

On  a  remarqué  que  les  envoyés  au  Congrès  de  Bade, Nassau 
et  Darmstadt  sont  au  mieux  ensemble  et  ont  des  conférences 
journalières.Chacune  des  missions  présentes  à  Vienne  s'occupe 
maintenant  de  donner  une  forme  sous  un  titre  quelconque  aux 
prétentions  qu'elle  se  propose  de  présenter  au  Congrès.  C'est 

1.  Esterhazy  von  Galantha  (Paul- Antoine,  prince),  né  en  1786,  fut  envoyé 
cn  1810  au-devant  de  Berthier,  chargé  de  venir  demander  la  main  de  Marie- 
Louise,  successivement  ministre  à  Dresde,  à  la  Haye,  puis  à  Home,  puis 
ambassadeur  à  Londres  de  1825  à  1828,  puis  une  deuxième  fois  de  1830  à 
1838,  fils  du  prince  Antoine  et  marié  en  1812  à  la  princesse  Marie-Thérèse 
de  la  Tour  et  Taxis,  née  en  1794  et  fille  du  prince  Charles  Alexandre. 

2.  Liechtenstein  (Charles,  prince)  (1792-1845)  fils  du  prince  Charles  Borro- 
mée  et  de  la  comtesse  Maria- Anna  Khevenhiiller,  entré  en  1810  au  service 
qu'il  quitta  momentanément  en  1819  après  son  mariage.  Rentré  dans  Tarmée, 
en  1824,  colonel  en  1830,  général- major  en  1834,  feld-maréchal  lieutenant  en 
1844,  il  prit  sa  retraite  en  1847  à  la  suite  d'une  maladie  d'yeux.  Conseiller 
intime  et  grand  maître  de  la  Cour  cn  1849,  fonction  qu'il  remplit  jusqu'à  sa 
mort.  Promu  général  de  cavalerie  en  1851.  Chevalier  de  la  Toison  d'Or,  il 
avait  fait  les  campagnes  de  1813,  1814  et  1815  et  avait  épousé  en  1819  la 
comtesse  Franziska  Wrbna-Frcudenthal  (1799-1863). 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       93 

ainsi  qu'hier  j*ai  lu  chez  le  baron  de  Tûrkheim  (1)  le  mémoire 
qu'on  prépare  sous  le  titre  de  :  «  Droits  de  la  maison  de  Hesse 
sur  la  principauté  de  Querfurt.  » 

Chez  le  comte  de  Rechberg  de  retour  à  Vienne  depuis  hier 
»oir,  on  a  déblatéré  contre  la  Prusse  qui  est  réellement  par 
trop  avide. 

Je  vous  remercie  de  lenvoi  du  supplément  à  l'état  des 
légations  envoyées  au  Congrès  et  à  la  liste  des  étrangers.  Je 
vous  prie  de  continuer  à  me  fournir  ces  pièces  dont  j'ai  en 
effet  le  plus  grand  besoin. 


109.  Vienne,  20  septembre  (F.  1.  3613  ad  3565). 

SIBER  à    HAGER 

Surveillance  des  Prussiens  et  surtout  de  Hardenberg  du  17  au  20  septembre. 
Les  petits  princes  et  leurs  idées  sur  la  constitution  de  T Allemagne. 

Hardenberg,  arrivé  le  17  avec  le  général  Knesebeck  (2),  le 
conseiller  intime  de  légation  Jordan  et  deux  chasseurs,  loge  £^u 
Graben  2*  étage.  Maison  Wielmann.  Il  a  reçu  la  visite  du 
secrétaire  d'Ambassade  Zahn,  du  conseiller  aulique  Barber, 
du  Conseiller  d*Etat  Hoffmann. 

Le  dimanche  18,  visites  du  conseiller  aulique  baron  Bar- 
tholdi  (cousin  du  baron  Arnstein),  des  conseillers  intimes  Zer- 
boni  diSposetti  et  von  Werkstein. 

Hardenberg  va  chez  Nesselrode,  Saint-Marsan,  Castlereagh. 
Humboldt,  chez  lequel  il  dîne,  le  prince  Trauttmansdorff,  le 
comte  Charles  Zichy,  la  princesse  de  la  Tour  et  Taxis,  la  prin- 
cesse Bagration,  puis  le  soir  chez  Metternich  de  huit  à  dix  heu- 
res où  il  se  retrouve  avec  Nesselrode  et  lord  Castlereagh.  On 
en  avait  même  conclu  que  la  première  conférence  diplomatique 
avait  eu  lieu  ce  soir-là. 

1.  Conseiller  intime  du  grand-duché  de  Hesse,  ministre  d'Etat  et  représen- 
tant de  Hesse-Darmstadt  au  Congrès. 

2.  Knesebeck  v Charles- Frédéric,  baron  de)  (1764-1848)  Ût  dans  l'armée 
prussienne  les  campagnes  de  1792-1794  et  de  1806.  Ennemi  acharné  de  la 
France,  il  se  lia  avec  Scharnhorst  et  passa  au  service  de  l'Autriche  en  1809, 
reçut  en  1811  une  mission  secrète  en  Russie  et  fit  comme  général  les  cam- 
pagnes de  1813-1814.  Elevé  plus  tard  à  la  dignité  de  feld-maréchal,  il  com- 
manda en  1831  une  armée  d'observation  lors  de  l'insurrection  de  la  Pologne 
contre  les  Russes  en  1830. 


9i  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Le  19  il  reçoit  la  visite  du  colonel  comte  d'Isenburg,  des 
princes  Paul  Esterhazy,  Kaunitz,  Wenzel  Liechtenstein  et 
Wrede,  du  Marquis  de  Saint-Marsan,  du  chargé  d'affaires  turc 
Mavrojény,  enfin  du  ministre  de  Hanovre,  comte  de  Harden- 
berg,  qui  met  le  prince  au  courant  des  usages  de  Vienne. 

Après  avoir  dîné  chez  le  comte  Stackelberg,  il  se  rend  chez 
Metternich,  où  il  reste  de  huit  heures  îi  minuit  avec  Castle- 
reagh  et  Nesselrode.  Hardenberg  avait  eu  à  midi  une  audience 
chez  l'Empereur  et  avait  ensuite  travaillé  chez  lui  avec  son 
secrétaire. 

Le  soir,  arrivée  du  courrier  prussien,  le  feldjœger  Hermann, 
porteur  de  deux  paquets  pour  le  prince,  de  lettres  pour  le 
prince  héritier  de  Mecklemburg-Strelitz  (I)  et  pour  le  capitaine 
Ferner,  aide  de  camp  du  Général  Prochaska  (2). 

Rien  n'a  encore  transpiré  au  sujet  des  négociations.  L'accord 
semble  établi  et  on  attend  impatiemment  l'arrivée  de  Talley- 
rand  qui,  espère-t-on,  n'exercera  pas  une  grande  influence  sur 
la  marche  des  affaires. 

Les  petits  princes  et  les  anciens  Etats  se  proposent,  dit-on, 
d'offrir  à  l'Empereur  la  couronne  héréditaire  de  TEmpire  d'Al- 
lemagne et  insistent  pour  que  les  quatre  départements  de  la 
rive  gauche  du  Rhin  deviennent,  afin  d'être  le  vrai  boulevard 
de  l'Allemagne,  la  propriété  de  1  Empereur  d'Allemagne.  L'An- 
gleterre approuverait,  assure-t-on,  ce  projet  qui  n'est  pas  du 
goût  de  la  Prusse  et  de  la  Bavière.  On  croit  de  plus  qu'en  cas 
de  difficultés  ou  de  refus  de  la  part  de  l'Autriche,  on  consti- 
tuerait une  Confédération  formée  de  sept  grands  Etats.  Le 
comte  de  Solms-Laubach  a  prétendu  dernièrement  que  l'Autri- 
che refuserait  la  couronne  Impériale.  Il  a  dit  :  <  11  faut  espé- 
rer que  l'Autriche  oubliera  les  griefs,  les  rancunes  d'autrefois 
pour  ne  plus  songer  qu'au  bien  de  l'Allemagne  (3).  » 


1.  Georges- Frédéric-Charles-Joseph  (1779-1860). 

2.  Cet  officier  général  avait  été  de  février  à  mai  1809  quartier-mattre  géné- 
ral de  la  grande  armée  autrichienne . 

3.  J'ai  reproduit  m  exiea^o  ce  premier  rapport  sur  Hardenberg.  On  comprend 
que  je  ne  saurai,  faute  de  place  et  de  peur  d'importuner  le  lecteur,  continuer 
à  procéder  de  cette  façon  ;  mais  je  tiens  Â  faire  remarquer  que,  grflce  aux 
bulletins  quotidiens,  on  arriverait  sans  peine  à  reconstituer,  jour  par  jour  et 
presque  heure  par  heure  remploi  du  temps  de  chacun  des  personnages  pré- 
sents à  Vienne  de  septembre  1814  à  avril  et  même  mai  1815. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEVEXTS    DU    CONGRÈS        95 
110.  Vienne,  19-23  septembre  (F.  1.  ad  3565). 

SIBER,  Conseiller  aulique,  Ober  Polizei  director 

au  BARON   HAGER 

Surveillance  spéciale  du  Conseiller  intime  baron  Ânstett. 

Le  baron  Anstett^  arrivé  le  19  septembre  de  Varsovie  où  il 
a  sa  famille,  babite  Weihburgassc,  983^  cbez  le  rédacteur  de 
la  Wiener-Zeitung,ex-Hof-Koimpist,Konrad  Bartsch  (  1  )  q\ii  est 
très  lié  avec  le  baron  et  lui  communique  toutes  les  nouvelles 
qu'il  recueille.  Anstett  n'a  encore  expédié  aucune  lettre  et  n'a 
reçu  que  peu  de  visites.  Il  a  été  chez  le  comte  de  Nesselrode 
et  chez  Stein  et  a  dit  à  ses  secrétaires  qu'il  n'y  aurait  de  la 
besogne  qu'après  l'arrivée  des  souverains  parce  que  Ton  avait 
déjà  préparé  bien  des  choses  sous  main.  Hier  il  a  été  chez  Ra- 
zoumoiTsky  et  y  est  resté  de  dix  heures  et  demie  à  midi.  En 
rentrant  il  a  reçu  la  visite  de  la  chanteuse  de  la  Cour  Haupt- 
mann^  née  MuUer.  Je  n'ai  pu  savoir  le  but  de  cette  visite.  Il 
est  allé  ensuite  chez  Nesselrode,  a  dîné  chez  Razoumoffsky,puis 
a  été  avec  le  comte  Boulgakoff  (2)  chez  la  princesse  héritière  de 
Weimar  (3),  A  son  retour  il  a  causé  longuement  avec  Bartsch 
et  a  été  souper  chez  la  princesse  Bagration. 

Je  fais  continuer  la  surveillance. 


1.  Barlsch,  un  viel  ami  d' Anstett,  et  l'un  des  rédacteurs  de  la  Wiener- 
Zeituop. 

2.  BoulgakofT  i Constantin  Jacovlevitch)  (1782-1835)  débuta  dans  la  carrière 
diplomatique  au  service  des  Archives.  Envoyé  à  Vienne  à  Tavèncmcnt  d'Alexan- 
dre I*',il  y  resta  jusqu'en  1809  et  fut  mis  âla  disposition  du  comte  Kamcnsky, 
commandant  en* chef  l'armée  d'au  delà  du  Danube  (1810),  puis  de  son  snc- 
cesseur  Koutouzoff  jusqu'en  1812.  EInvoyé  à  Constantinople  après  la  paix  de 
Bucharestf  il  fit  la  campagne  de  Russie  au  quartier  général  de  TchitchagotT. 
Mis  peu  après  à  la  disposition  de  Wolkonsky,  appelé  ensuite  par  Nesselrode 
qu'il  accompagna  pendant  les  campagnes  de  1813-1814,  conseiller  intime 
après  l'entrée  d'Alexandre  à  Paris  et  à  Vienne  pendant  le  Congrès,  il  accom- 
pagna Nesselrode  au  quartier  général  en  1815,  et  fut  sur  sa  demande  nommé 
en  1815  directeur  des  postes  à  Moscou  où  il  resta  jusqu'en  1828  où  il  fut 
appelé  à  Saint-Pétersbourg. 

3.Grande-duchesse  Marie,née  en  1786,mariée  en  1804  à  Charles-Frédéric,prince 
héréditaire  de  Saxe- Weimar  qui  succéda  en  1828  à  son  père  le  grand-duc 
Charles- Auguste. 


• 


06  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 


111.  Vienne,  20  septembre  1814.  (F.  1.  ad  3565). 

RAPPORT  à  HAGER 

Surveillance  de  la  Tour  du  Pin  du  14  au  19  septembre. 

Le  14,  le  ministre  va  avec  TEvêque  de  Nancy  (1)  dîner  chez 
le  comte  François  Zichy  (2)  à  Baden.  Le  15  et  le  16  il  reçoit  de 
nombreuses  visites  (liste  jointe  au  rapport).  Le  16  au  soir,  ar- 
rivée d'un  courrier  de  Paris  apportant  Tordre  de  mettre  au  plus 
vite  rhôtel  en  état. 

Le  17  (3),  arrivée  d'un  cuisinier,  deux  valets  de  chambre  et 
deux  laquais  du  prince  de  Bénévent.  A  partir  du  18,  on  presse 
l'aménagement  de  l'hôtel  ;  les  lits,  les  matelas  sont  mangés 
par  les  mites  et  doivent  être  remplacés. 

Le  19,  emménagement  du  ministre  au  Kaisergarten.  Son 
gendre,  le  comte  de  Liedekerke,  parti  récemment,  est  en  route 
pour  revenir  à  Vienne,son  premier  enfant  étant  mort  à  Paris(4). 


1.  La  Fare  (Ânne-Louis-Henri,  cardinal  de)  né  en  1752,Evéque  de  Nancy  le 
7  octobre  1787,  député  à  l'Assemblée  nationale,  émigré  d'abord  à  Trêves,  puis 
à  Vienne  vers  la  fin  de  1792,  il  y  remplit  à  partir  de  1795  les  fonctions  de 
chargé  d'adaires  de  Louis  XVIlï.  Attaché  à  M"»  Royale  en  qualité  d'aumô- 
nier, il  négocia  son  mariage  avec  le  duc  d'Angouléme.  Rentré  en  France  à  la 
Restauration,  il  devint  d'abord  premier  Aumônier  de  la  duchesse  d'Angou- 
léme,  en  1817  archevêque  de  Sens,  peu  après  pair  de  France  et  Ministre  d'état 
et  enfin  cardinal  en  1825.  11  prononça  à  Reims  le  discours  par  lequel  s'ou- 
vrirent en  1825  les  cérémonies  du  sacre  de  Charles  X  et  mourut  à  Paris  en 
1829. 

2.  Zichy  (François,  comte)  (1774-1861)  Obergespan  du  Comitat  de  Bihar  et 
Obersithûrhuter  du  Royaume  de  Hongrie. 

/      3.  Un  autre  rapport  en  date  du  17  septembre  (F.  1.3728  ad  3565)  faisait  con- 
'  naître  à  Hager  que  la  Tour  du  Pin  venait  de  rendre  visite  à  la  duchesse  de 
Sagan  et  à  la  princesse  Bagration. 

4.  «  Nous  décid&mes  que  M.  de  la  Tour  du  Pin,  partirait  seul  à  Vienne  et 
que  je  resterais  à  Paris,  M.  de  la  Tour  du  Pin  écrivit  à  notre  gendre  dis- 
posé déjà  à  embrasser  la  carrière  diplomatique  dans  son  pays  pour  l'engager 
à  le  suivre  à  Vienne  en  qualité  de  secrétaire  particulier  ou  simplement  de 
voyageur,  puisque  redevenu  sujet  des  Pays-Bas  il  n'était  plus  français.  »  (Cf. 
Journal  d'une  femme  de  50  ans,  T.  II.  Pages,  351-353.) 

La  Tour  du  Pin  Gouvernet  (Alice,  dite  Charlotte)  épousa  à  Bruxelles  le 
20  avril  1813  Florent-Charles- Auguste,  comte  de  Liedekerke  Beaufort,  morte 
au  château  de  Faublanc  près  de  Lausanne  le  13  septembre  1822. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       97 
112.  Saint-Pétersbourg,  5  septembre  1814  (F.  1.  4137  ad  3565). 

WINTZINGERODE  au  ROI    DE   WURTEMBERG 

{intercepta  en  français). 

Le  rescrit  du  roi.  Les  menées  de  Stein. 

Votre  Majesté  ne  doutera  pas  de  la  profonde  indignation 
dont  le  contenu  de  son  rescrit  en  allemand  m'a  rempli,  mais 
je  n'ose  disconvenir  qu'à  ce  sentiment  s'est  encore  mêlé  celui 
de  quelque  inquiétude  pour  le  repos  de  ma  patrie  en  voyant 
Taudace  avec  laquelle  le  baron  de  Stein  commence  déjà  à 
jeter  le  voile  et  à  appuyer  Tesprit  dangereux  qui  règne  en 
Allemagne,  surtout  sur  les  bords  du  Rhin,  en  Saxe  et  en 
Prusse.  Il  est  impossible  que  les  grandes  puissances  puissent 
ignorer  l'esprit  et  les  préceptes  du  baron  de  Stein,  mais  il  est 
très  difficile  de  s'expliquer  la  tranquillité  avec  laquelle  elles 
lui  permettent  de  se  servir  de  leur  nom  pour  entraîner  l'Alle- 
magne et  elles-mêmes  dans  l'abîme. 

Votre  Majesté  aura  sans  doute  déjà  été  informée  qu'il  y  a 
eu  à  Cottbus  des  scènes  très  sanglantes  entre  la  landvs^ehr 
prussienne  et  les  troupes  polonaises  qui  reviennent  de  France 
sous  les  ordres  du  général  Krasinsky  (1)  et  que  ce  dernier  a 
même  été  grièvement  blessé.  Il  y  a  beaucoup  de  désertions 
dans  les  troupes  russes  qui  doivent  rentrer  dans  leur  patrie  ;  il 
paraît  qu'elle  a  moins  d'attraits  pour  eux  que  la  nôtre. 


113.  Vienne,  22  septembre  1814  (F.  1.  3616  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Linz  et  le  roi  de  Wurtemberg^. 

1.  Krasinsky  (Vincent,  comte)  (1782-1858)  commandant  la  cavalerie  de  la 
garde  polonaise,  ramena  après  la  mort  de  Poniatowski  les  débris  de  cette 
lé^on  en  Pologne  et  fut  membre  du  Conseil  d'Etat  à  Varsovie. 

«  Le  général,  qui  passait  pour  un  des  adorateurs  les  plus  ardents  de  Napo- 
léon, est  devenu  tout  A  fait  russophile.  Il  y  a  peu  de  jours  l'Empereur  l'a 
nommé  aide  de  camp  général  et  aMJourd'hui  il  a  fait  de  lui  le  maréchal  de  la 
Diète.  »  (Rapport  du  prince  de  H  es  se- Hambourg  sur  sa  mission  aux  ma- 
nœuvres de  Pologne.  Varsovie,  16  mars  1818,  cité  par  le  Grand-Duc  Nicolas 
MiKBAÎLOviTGB.  Ràppjrti  diplomatiques  de  Lebzeliern,  page  27. 

T.  L  7 


98  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

La  ville  de  Linz  a  montré  peu  d*enthousiasme  lors  du  pas- 
sage du  roî  de  Wurtemberg  (1),  devant  lequel  la  garde  bour- 
geoise a  refusé  de  défiler. 


114.  Vienne,  21  aeptembre  1814  (F.  1.361«  ad  8565). 

BRAUN  k  ...  (à  Darmstadt)  {intercepta  ea  français). 

L'Autriche  et  la  Bavière.  La  grande^duchesse  Catherine 
et  l'archiduc  Charles.  La  Pologne. 

...  L'arrangement  entre  TAutriche  et  la  Bavière  n'est  pas  en- 
core terminé  (2).  On  ne  peut  plus  douter  du  mariage  de  Tarchi- 
duc  Charles  avec  la  grande-duchesse  Catherine.  Elle  travaille 
à  lui  procurer  un  établissement  comme  souverain. 

11  paraît  que  si  le  sort  de  la  Pologne  (3)  n'est  pas  encore  fina- 
lement arrêté,  on  est  du  moins  convenu  sur  les  articles  les 
plus  essentiels  et  que  la  Russie,  comme  on  devait  s  y  attendre, 
n'avait  obtenu  que  trop  à  la  faveur  du  moment. 


115.  Vienne,  23  septembre  1814  (F.  1.  3617  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  d'envoi  des  pièces  du  22  septembre. 

1 .  Le  roi  de  Wurtemberg  s'était  fait  accompagner  par  une  suite  des  plus 
nombreuses,  le  comte  Wintzingerode,  ministre  d'Etat  et  de  conférences,  le  gé- 
néral-lieutenant comte  de  DiUen,  intendant  général  du  palais  et  aide  de  camp 
généra],  le  général-major  von  Breuning,  grand  écuyer,  le  prince  de  Taxis,  aide 
de  camp  général,  le  conseiller  de  légation  von  Kohlhaas,  le  secrétaire  intime 
du  cabinet  Pfeifer,le  secrétaire  intime  Bitzer,  le  médecin  D'  von  Hardegg,  le 
chambellan  Degen,  quatre  valets  de  chambre  du  roi,  deux  huissiers,  deux 
courriers  de  cabinet,  dix  domestiques.  11  s'était  fait  précéder  en  outre  par  le 
comte  von  Gœrlitz,un  de  ses  écuyers,  par  le  colonel  comte  von  Sontheim,  di- 
recteur de  son  cabinet  militaire,  par  le  colonel  prince  de  llohenlohe  et  le  ca- 
pitaine von  Liévreville,  son  aide  de  camp  (Cf.  Beol»ae/tier,  265-267). 

2.  Question  des  compensations  à  donner  A  la  Bavière  et  de  la  nouveHe 
démarcation  entre  l'Autriche  et  la  Bavière  prévue  par  les  articles  3  et  4  (ar- 
ticles séparés  et  secrets)  de  la  Convention  de  Ried  du  S  octobre  181S.(Cf.0e«- 
UrreiehB  Thtilnahmej  pages  430  et  431.  Gentz  A  Kara^ja,  21-24  juin,  sur  les 
indemnités  A  la  Bavière.) 

S.  Cf.  Gentz  è  Kara^ja,  Vienne,  27  septembre,  passage  relatif  A  la  Pologne 
et  aux  diepositiiMis  qu'on  prêtait  A  ce  moment  A  l'Empereur  Alexandre  (Dé- 
pêches inédites  de  Gentz,  l.M-lOO). 


LES   PRÉLIMINAIHBS    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       99 

Bordereau  d  envoi  des  pièces  relatives  aux  souverains  étran- 
gers, aux  diplomates,  aux  crédits  ouverts  sur  Vienne  au  roi 
de  Danemark  et  à  lord  Castlereagh. 


116.  Vienne,  32  septembre  1814  ^F.  1.  3617  3665). 

SIBER  à  HAGER 

Lei  crédits  et  les  banquiers  du  roi  de  Danemark  et  de  lord  Castlercag^h. 

Le  grand  maréchal  de  la  Cour  de  Danemark  (1)  von  Hauch 
est,  pour  le  compte  de  son  roi,  accrédité  par  la  maison  Ryberg, 
de  Copenhague,  chez  Arnstein  et  Eskeles  pour  une  somme 
de  30.000  ducats  et  quelques  milliers  de  florins  (2)  de  plus.  On 
ne  sait  rien  d'une  demande  de  crédit  plus  étendue  faite  par  le 
roi  qui  aurait  voulu  doubler  la  somme,  d'autant  plus  que  la 
Banque  d'Altona  a  ouvert  à  ce  souverain  un  crédit  illimité. 

Lord  Castlereagh  n'est  accrédité  ni  chez  Arnstein,  ni  chez 
Geymuller.  Il  le  serait,  croit-on,  chez  Herz  et  C'%  mais  non  pas, 
comme  on  Ta  prétendu,  pour  un  million  de  livres  sterlings. 


117.  Vienne,  23  septembre  1814  (F.  1.  3617  ad  3565). 

e©  à  HAGER 

Les  crédits  du  roi  do  Danemark.  Emploi  qu'il  pourrait  en  faire. 

Ce  souverain  (3)  a  fait  remettre  par  son  ministre  à  la  maison 

1.  La  suite  du  roi  se  composait  du  prince  de  Holstein-Beck  son  beau- 
frère,  du  minisire  d'Etat  baron  Kosencranz,  du  grand  maréchal  de  la  Cour 
von  Haucb,  du  général- major  von  Bûlow,  aiâe  de  camp  général,  du  premier 
écayer  von  der  Masse,  des  aides  de  camp  du  roi  von  Gœssel  et  von  Qualen, 
des  dMmbellans  von  ScboUen  et  von  Schuhmacher,  adjudant  à  l'EUt-m^or 
général,  du  chirurgien  D»  Fenger,  de  l'assesseur  de  chancellerie  Federscn,  du 
secréUire  de  la  chancellerie  de  guerre  Christiani  et  dn  secrétaire  de  légation 
ïîer^iCHrwûk  det  ttUfemeinen  Wiener  Kongreiset,  122-128). 

2.  Le  ducat  d'or  avait  selon  les  pays  une  valeur  variant  entre  12  fr.  20, 
celai  de  Hongrie,  Il  fr.  90,  ceux  de  Saxe,  Hollande,  Francfort  et  Hambourg 
11  fr.  70  celui  de  Suéde  et  9  fr.  43,  celui  de  Copenhague  ;  le  florin  d'Autriche 
(argent)  valait  2  fr.  02. 

».  Frédéric  VI,  roi  de  Danemark,  né  le  28  janvier  1768,  mort  en  1  39.  Son 
père  Christian  VII  étant  tombé  en  enfance,  la  reine  douairière  gouverna  le 


100  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Arnstein  et  Eskeles  une  lettre  de  crédit  pour  60.000  ducats  en 
or  et  a  fait  demander  si  cette  maison  se  prêterait  à  fournir  à 
Sa  Majesté  le  cas  échéant  d'autres  sommes  pendant  son  séjour 
ici,  vu  que,  malgré  la  dite  lettre  et  l'argent  apporté  par  Sa 
Majesté,  il  se  pourrait  qu'EUe  en  eût  besoin.  Cette  dernière 
circonstance,  si  le  roi  ne  veut  pas  faire  le  fanfaron,  prouverait 
qu'il  pense  dépenser  beaucoup  ici  et  comme  il  est  logé,  nourri, 
servi  de  tout,  il  faut  donc  qu'il  pense  à  d'autres  dépenses,  ce 
qui  mérite  que  Votre  Excellence  en  soit  informée.  Peut-être 
médite-t-il  de  gagner  quelque  personne  influente,  et  il  se  trompe 
fort  si  c'est  notre  ministre  ou  ceux  auquels  il  se  conGe  (1). 


118.  Vienne,  22  septembre  [h\  1.  3617  ad  3S65). 

®0  à  HAGER  (en  français). 

Le  duc  de  Saxe-\Veim«r,  Alexandre  et  la  Conslitulion  de  l'Allemagne.  Le 
papo.  La  situation  du  nonce.  Les  Jésuites.  Murât.  Bernadette.  Le  crédit  de 
Castlereagh  chei  GeymûUer.  Le  cours  du  change.  Plaintes  ^nérales  contre 
rarislocratie  autrichienne. 

Le  duc  de  \Veimar(i)  nomme  l'Empereur  de  Russie,  la  ;90w- 
pée  (ht  SéiuU.  C'est  ainsi  qu'il  s'est  exprimé  chez  le  Prince  de 
Ligne.  Dans  une  société  où  ces  deux  princes  se  trouvaient,  on 

rv^vAume.  FrMéric  lui  enleva  la  réçence  en  ITS4  cl  monta  sur  le  trône  le 
t«t  mar»  tSO$.  L'année  suivante,  il  imposa  aux  Suédois  qui  voulaient  lui  enle- 
ver la  Norxé^  le  traité  do  Jonkôepin^  et  contracta  avec  la  France  une  al- 
liauce  durable,  dont  la  coalition  le  punit  eu  l$U  en  donnant  par  le  traité  de 
Kiel  la  Norvé^  à  la  Suéde.  11  i>evut  en  dédomma^ment  Rô^n  et  la  Pomé- 
ranie  suédoise  qu'il  échan^tea  en  1$16  contre  le  duché  de  Lauenburf. 

Frédéric  VI  arriva  4  Vienne  le  22  septembre.  Dès  le  l*.le  comte  Kolowrat 
avait  vie  IVa^e  adressé  à  lla^^er  tout  un  dossier  coc tenant  les  rapports  du 
commissaire  Munsch  et  du  ministre  d'Autriche  4  Copenhi^rue.  le  comte  de 
l.ûuow .  relatifs  aux  mesures  4  prendre  en  Bohême  et  en  Moravie  pour  le 
vova^  du  roi  de  Danemark  allant  4  Vienne.  «  II  est  possible,  ^joatait-îL.  que 
le  rvn  mv>difie  son  itinéraire  (l|:lau,Znaim.  Viexme^pour  aller  d'lf:ian  attendre 
TEmpereur  de  Russie  4  Brûnn.  Itinéraire  probable.  IT  septembre  Tocfiiita, 
1$  IVâ^MC.  19  Ctaslau,  ^  Urlau,  îl  Znaîm.  :^  Vienne. 

1.  Cf.  Rapport  de  lla^r  4  FEmpereur  du  ÎT  septembre. 

î.Charles-Ai^ruste  vie  beau>péredela  irrande-ducbesse  Marîe^Meur d'Alexan- 
dre qut  avait  épousé  soa  fils  Cbarles>Frê<léno^,  dxicpttîs  frrand-ducde  Saxe- 
Weimar  apr^s  le  Con|T>ès  de  Vienne,  né  ea  ITJT.  perdit  son  père  à  r4|pe  de 
^  ans  e4  fut  proclamé  dnc  sous  la  rèf^esce  de  sa  xnére  Amélie  de  Brsnsv  ick. 
Il  pr:t  d<i  serriœ  dans  l'armée  pen^ss^enne.  et  y  exerça  us  com2&ai>de:nent  un- 
pw>riaz:  dans  la  caaapjur^e  de  ISM.  mt^s  il  entra  dans  U  ccoféiièmlioa  da  R*^^* 
apr»  leaa.  Mort  en  lîS». 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       101 

parlait  de  tous  les  faiseurs  de  Constitutions  qui  sont  arrivés 
à  Vienne,  le  duc  de  Weimar  disait  :  «  La  meilleure  Constitu- 
tion pour  TAllemagne  est  de  lui  donner  un  chef  :  les  embar- 
ras disparaîtront.  » 

Il  parait  qu'en  général  le  public  s'occupe  peu  du  Ministre 
de  la  Cour  de  Rome  (1).  On  dit  que  le  Gouvernement  autrichien 
a  prié  le  Saint  Père  de  ne  pas  se  donner  la  peine  de  faire  le 
voyage  de  Vienne.  Son  Ministre  n'a,  dit-on  dans  le  grand  monde, 
pas  beaucoup  d'influence  ici  et  il  s'en  aperçoit.  J'observe  en- 
core que  Tesprit  public  est  mal  disposé  contre  les  Jésuites. 

Les  notices  que  je  me  suis  efforcé  de  recueillir  concernant  le 
nommé  Gordini,  attaché  à  ce  Ministre,  me  le  dépeignent  comme 
très  insignifiant.  On  le  dit  recommandé  par  les  Jésuites  de  Russie. 

Le  plus  grand  objet,  dont  le  Ministre  du  Pape  parait  s'oc- 
cuper, est  de  faire  éloigner  Murât  du  trône  de  Naples.  On  dit 
que  son  existence  est  contraire  à  la  parole  donnée  par  les 
souverains  de  ne  traiter  avec  aucun  individu  de  la  famille  de 
Bonaparte,  et  c'est  aussi  pour  ce  motif  qu'on  ne  voit  pas  de 
bon  œil  l'arrivée  ici  du  prince  de  Suède.  Ce  n'est  pas  seule- 
ment le  Ministre  précité  qui  s'en  plaint,  mais  une  partie  du 
public  qui  le  nomme  Taffidé  de  Napoléon. 

Les  gens  de  bourse  disent  que  le  Ministre  d'Angleterre  s'est 
ouvert  un  crédit  d'un  million  de  livres  sterling  chez  Geymûl- 
1er,  dont  la  valeur  est  réalisée  par  la  Caisse  impériale.  La  livre 
sterling  est  négociée  à  8  florins  30  tout  au  plus,  ce  qui  oc- 
casionne à  nouveau  une  perte  de  30  kreuzer,  argent  de  con- 
vention que  les  Banquiers  doivent  gagner  puisque  le  dernier 
taux  était  à  9  florins.  On  croit  que  le  cours  restera  entre  8,30 
et  8,40  pendant  tout  le  Congrès.  L'or  est  toujours  très  re- 
cherché et  augmentera  de  prix. 

La  plupart  des  étrangers  de  marque,  les  Anglais  surtout, 
se  plaignent  de  ce  qu'ils  n'ont  pas  quelques  maisons  distin- 
guées dans  la  haute  Noblesse  où  ils  peuvent  se  trouver  ensem- 
ble. «  Pourquoi,  disent-ils,  un  prince  de  Liechtenstein  ne 
donne-t-il  pas  un  thé  à  l'anglaise  le  soir  ?...  Cela  lui  coûtera 
peu.  On  payera  les  bougies  à  ses  gens.  Les  grands  de  Vienne 
doivent  nous  montrer  qu'ils  connaissent  nos  usages.  Que  font- 
ils  donc  ?...  Ou  ils  nous  imposent,  ou  ils  prouvent  qu'ils  vi- 
Tent  dans  leurs  tanières,  comme  des  ours.  » 


1.  Le  cardinal  Conaaivi. 


102  AUTOUR   DU  COKGRÈS   DE   VIBMNE 

119.  Vienne,  22  septembre  1814  (F.  1.  3«17  ad  3(65). 

00  à  HAGER  (en  français). 
Rapport  sur  Anstelt,  et  son  hostilité  contre  l'Autriche. 

Ce  fameux  frondeur  diplomatique  est  à  peine  arrivé  que  je 
sais  qu'il  recommence,  comme  par  le  passé,  à  bavarder  contre 
r  Autriche.  Il  ne  nous  fera  pas  grand  mal  ;  mais  il  est  bon 
qu'on  en  soit  averti  pour  vérifier  et  peser  la  chose  si  elle  le 
mérite. 


Mr^pi^v^mpw.^^^  «■«.«■■ 


120.  Vienne,  23  aeptambre  18U  (F.  1.  9617  ad  3668). 

00  à  HAGER  (en  français). 

Sur  les  princes  Gonza^ade  Mantoue.Convcrsation  de  l'un  deux  avec  La  Harpe 

Il  y  a  ici  deux  princes  de  ce  nom.  L'un  est  ici  depuis  peu, 
est  un  bon  ignorant  qui  ue  demande  surtout  qu'une  pension. 
L'autre  est  un  vieux  demi-savant  qui  a  roulé  dans  l'Europe  et 
depuis  des  anoées  vit  ici  d'une  pension  aussi  de  notre  Cour  (l). 
Celui-ci  dernièrement  chez  le  comte  de  Stackelberg  (2)  a  eu  au 
coin  d'une  fenêtre  un  long  entretien  avec  le  fameux  La  Harpe(3), 
favori  de  l'Empereur  Alexandre  et  l'un  des  faiseurs  de  ce  mo- 

1.  Gonzaga-Castiglione  (Louis,  prince  de)  (1745-1819)  fort  pauvre,  céda  à  Ma- 
ria^Thérèse  ses  droits  sur  la  principauté  de  Castiglione  pour  une  pension  de 
10.000  florins.  11  fut  l'amant  de  la  célèbre  poétesse  Corella  Olimpica,  couron- 
née au  Capitole  en  1775.  11  écrivit  plusieurs  ouvrages  :  Essai  sur  l'esprit  hu- 
main; Disserlàlion  snr  là  poésie;  Le  lettré  bon  citoyen...  Après  avoir  voyagé 
en  France  et  en  Angleterre,  il  alla  s'établir  en  1808  à  Vienne  où  il  mourut  le 
10  septembre  1819.  11  avait  épousé  Elisabeth  Rangoni,  fille  d'un  banquier  de 
Marseille  qui  n'avait  rien  de  commun  avec  les  Rangoni  de  Modène.  U  s'en 
sépara  du  reste  et  elle  alla  vivre  en  Saxe  où  elle  mourut  en  1832  (Renseigne- 
ments dus  à  rol>ligoance  de  mon  ami  M.  D.  H.  Prier).  (Cf.  Cussy,  Souvenirs, 
It  130.Extraits  des  Archiveg  de  là.  Lé^tion  de  France  à  Berlin.) 

2.  Stackelberg  (Gustave-Ottonovitch,  comte  de)  Conseiller  intime,  cham- 
bellan de  l'Empereur,  ambassadeur  de  Russie  à  Vienne. 

3.  La  Harpe  (Fr4déric-César)  (1754-1838) né  à  RoUe (canton  de  Vaud),  précep- 
teur d'Alexandre,  rentré  en  Suisse  en  1795,  l'un  des  directeurs  de  la  République 
helvétique  (1798),  s'expatria  à  nouveau  en  1800,  vécut  ensuite  en  Suisse, 
retiré  des  affaires  et  réussit,  grâce  à  Alexandre,  à  constituer  en  1814,  au  Con- 
grès de  Vienne,  un  canton  de  Vaud  indépendant  de  celui  de  Berne. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       103 

narque.  Cela  a  été  remarqué  et  m'a  été  rapporté  par  un  té- 
moin qui  cependant  ny  mettait  pas  d'importance.  J'en  mets 
assez  pour  croire  qu'il  faut  observer  si  cela  a  des  suites. 


121.  Berlin,  6-18  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

C.   DE  BENKENDORFF(I)  à  SA  MAJESTÉ 
L'EMPEREUR    DE  RUSSIE. 

Il  demande  à  continuer  à  servir  la  Russie  et  à  rentrer 
dans  son  ancienne  carrière. 

J'ose  encore  m'adresser  directement  à  Votre  Majesté  impé- 
riale. Je  Tai  fait  lorsque  je  sollicitai  la  {ayeur  de  servir  son» 
Ses  glorieux  drapeaux  et  je  le  ferai  toote  ma  yie  puisque  c'est 
ainsi  qu'un  sujet  fidèle  doit  parler  à  un  souverain  tel  que  Vous, 


Votre  Majesté  Impériale  sait  que  je  n'ai  pas  méaagé  mes 
jours  pendant  la  guerre.  Elle  m*enleva  à  une  carrière  à  laquelle 
je  m'hais  uniquement  voué  depuis  plus  de  dix  ans.  Vos  efforts 
généreux^  Sire^  promettent  à  l'Europe  une  longue  paix.  Dai- 
gnea  permettre  que  je  remploie  à  servir  Votre  Majesté  Impé- 
riale dans  mon  ancienne  vocation.  Elle  allait  m'assurer  une 
existence  que  je  crois  pouvoir  mériter  par  mon  zèle  à  Lui  être 
utile.  Il  sera  sans  cesse  consacré  à  mon  souverain,  car  la  guerre 
me  reverrait  toujours  dans  Ses  armées. 

Je  suis  avec  le  plus  profond  respect, 
de  Votre  Majesté  Impériale 
le  plus  humble  et  le  plus  soumis  Serviteur  et  sujet, 

C.  DE  Benkendorff. 
Berlin,  6-18  septembre  1814. 


I.  Constantin  de  BenkendorfT  (1785-1828)  se  destinait  à  la  diplomatie,  mais 
entra  dans  l'armée  en  1812,  assista  comme  major  aux  batailles  de  Smolensk, 
de  U  Moskowa  et  commanda  un  corps  volant  à  la  tète  duquel  il  se  distin^^ua 
en  1813  à  Gassel,  en  1814  à  Soissons,  Craonne  et  à  Reim».  Sorti  de  i'amée 
après  le  traité  de  Paris,  il  rentra  dans  la  diplomatie  en  1820  et  devint  ministre 
de  Russie  à  Stuttgart  et  à  Karlsruhe.  11  reprit  du  service  dans  l'armée  lors 
de  la  guerre  contre  la  Perse,  fut  promu  général-lieutenant  et  se  distingua  à 
Etschmiadin,  à  Erivan  et  sur  l'Araxe.  Il  prit  ensuite  une  part  brillante  à  la 
campagne  contre  les  Turcs  et  mourut  peu  après  au  mois  d'août  1828.  La  fa- 
meuse princesse  Lieven  était  la  sœur  de  Benkendorff. 


iOi  AUTOUR   DU   CONGBÈS   DE   VIENNE 

122.  Vienne,  24  septembre  1814. 

HAGER    à    L'EMPEREUR. 
Bordereau  et  rapport  journalier. 

Vienne,  23  septembre  1814  (F.  1.3660  ad  3565). 

ROI   DE    DANEMARK  à  la  REINE  (intercepta  en  allemand). 

Détails  sur  son  arrivée.  Accueil  qu'il  a  reçu. 

Je  suis  arrivé  à  Vienne  hier  à  six  heures  du  soir.  L'Empe- 
reur est  venu  au-devant  de  moi  à  une  demi- lieue  de  la  ville 
Nous  sommes  descendus  de  voiture.  Nous  nous  sommes  em- 
brassé et  j'ai  pris  place  dans  la  voiture  ouverte  de  TEmpereur. 
Il  a  été  très  aimable  et  très  franc  et  son  caractère  inspire  la 
confiance.  Il  m'a  dit  dès  les  premiers  mots  :  «  Si  Dieu  avait 
permis  que  tout  allât  comme  je  le  désirais,  vous  n'auriez  rien 
perdu.  Mais  je  n'ai  pu  rien  faire  pour  vous  aider.  » 

La  conversation  a  continué  sur  un  ton  très  amical  et  nos 
relations  sont  excellentes. 

Depuis  les  faubourgs  jusqu'à  la  Burg,  les  troupes  faisaient 
la  haie  en  grande  tenue  et  nous  avons  été  tout  le  temps  salués 
par  des  acclamations. 

Tous  les  archiducs  et  toute  la  Cour  sont  venus  au-devant  de 
moi.  Puis  on  m'a  conduit  à  mes  appartements. 

J'allai  peu  après  rendre  visite  d'abord  à  l'Empereur,  puis  h 
l'Impératrice  et  de  là,  chez  l'Impératrice  douairière. 

A  table,  il  n'y  avait  que  la  famille  impériale  et  moi. 

Aujourd'hui  j'ai  rendu  visite  à  la  grande-duchesse  Marie 
qui  m'a  dit  de  fort  jolies  choses.  On  me  traite  comme  si  j'étais 
un  des  membres  de  la  famille  impériale  et  tout  le  monde  me 
témoigne  de  l'amitié  et  de  la  confiance. 

L'archiduc  Charles  a  été  particulièrement  aimable  pour  moi. 

Je  me  réserve  les  détails  sur  chacun  d'eux  pour  le  moment 
où  nous  nous  reverrons. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       105 
123.  Vienne,  24  septembre  1814  (F.  1.  3660  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTROEM  {intercepta  en  français)  (Analyse). 

A  propos  du  bruit  relatif  à  l'arrivée  de  Bernadotte.  Les  conférences 
des  Quatre.  L'organisation  du  Congrès. 

Il  lui  parle  de  Tarrivée  du  prince  royal  de  Suède  (Berna- 
dotte) annoncée  par  le  Beobachter  du  23  (1),  mais  dont  lui  ne 
sait  rien. 

Il  lui  rend  ensuite  compte  de  ce  qu'il  sait  des  Conférences 
entre  les  Plénipotentiaires  des  Quatre  relatives  à  Torganisa- 
tion  du  Congrès,  des  difficultés  que  rencontrera  l'admission 
des  Plénipotentiaires  de  Naples,  du  projet  de  diviser  le  Con- 
grès en  deux  comités,  Tun  chargé  des  afTaires  de  TEurope  en 
général,  l'autre,  de  celles  de  l'Allemagne  en  particulier,  ce  der- 
nier uniquement  composé  des  Plénipotentiaires  des  princes  al- 
lemands et  de  ceux  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse,  enfin  de  la 
probabilité  d'en  faire  plus  tard  un  troisième  pour  Tltalie. 


124.  Vienne,  25-26  septembre  1814. 

HAGER  à  L'EMPEREUR. 
Bordereau  et  rapport  journalier. 

Rapports  du  25  au  26  septembre  (F.  1.3660  ad  3565). 

La  question  de  Pologne  et  l'air  préoccupé  d'Alexandre,  lors  de  son  entrée 

à  Vienne  le  25  septembre  1814. 

On  a  répandu  le  bruit  en  Pologne  que  lors  de  la  dernière 
réunion  secrète  des  Plénipotentiaires  au  Congrès  (i)  le  plénipo- 

1.  Cf.  dans  VOeslerreichischer  Beobachier  du  24  septembre  à  la  rubrique. 
Nouvelles  de  Vienne,  du  23,  n<*  267,  p.  144.  «Vienne,  23  septembre.. .On  attend 
S.A.  R.  le  prince  royal  de  Suède  dont  l'arrivée  est  annoncée  pour  demain.  » 

2.  Cf.  d'A.NOBBBRO.  Congrès  de  Vienne,  1,  249-251,  §  1*»  et  2»  du  Protocole 
séparé  d'une  conférence  tenue  le  22  septembre  1814  par  les  Plénipotentiaires 
de  l'Autriche  et  de  la  Grande-Bretagne,  de  la  Prusse  et  de  la  Russie  sur  la 
forme  et  l'ordre  des  discussions  du  Congrès  de  Vienne.  —  Cf.  Pallain.  Cor- 
respondance Inédile  de  Talleyrand  et  de  Louis  XVIII,  Talleyrand  au  roi. 
Vienne,  25  septembre  1819  (Dépêche,  n*  1,  page  2). 


106  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VlKNiNE 

teniiaire  russe  a  proposé  de  reconstituer  le  royaume  de  Pologne 
et  de  donner  des  compensations  à  TAutriche  et  à  la  PrusBe, 
par  exemple  la  Saxe.  On  attribue  Téclosion  de  ce  projet  à  l'in- 
fluence du  prince  Adam  Czartorjski  (l).On  ne  s'expÛqoe  pas 
pourquoi  on  a  fait  revenir  à  Vienne  le  grand-duc  Constantin 
qu*on  croyait  chargé  de  l'organisation  des  troupes  à  Varsovie 
et  de  la  préparation  d'une  Constitution. 

Les  Polonais  qui  sont  ici  ont  trouvé  que  TEmpereur  Alexan- 
dre avait  l'air  fort  préoccupé  lors  de  son  entrée  à  Vienne. 
Dans  la  société  où  j'étais,  on  s'inquiétait  de  la  question  de 
Pologne  et  on  espérait  qu'elle  serait  tranchée  sans  effusion  de 
sang. 


125.  Vienne,  24  septembre  1814  (F.  1.  3636  ad  8565). 

HAGëR    à  ee  (ConfidenlielU.) 

initructiona  adressées  à  l'agent  00. 

Les  affaires  diplomatiques  sont  si  importantes  et  si  mul- 
tiples que  je  vous  prie,  tout  en  continuant  à  vous  occuper  des 
questions  financières  et  internes  de  notre  Monarchie,  d'atta- 
cher particulièrement  votre  attention  sur  tout  ce  qui  se  pas- 
sera,  se  fera  et  se  dira  dans  les  Hautes  sphères,  anciennes  et 
nouvelles,  de  la  société  et  de  la  diplomatie,  sur  les  agissements 
et  les  conversations  des  souverains,  de  leur  entourage  «et  de 
leurs  Ministres.  Je  déaire  aussi  que  vous  pénétriez  dans  les  in- 

1.  Czartoryski  (Adam,  prince)  (1770-1861).  Envoyé  en  1795  après  le  premier 
partage  de  la  Pologne  comme  otage  A  Saint-Pétersbourg  où  il  se  lia  d'amitié 
avec  le  grand-duc  Alexandre,  envoyé  par  Paul  I"  comme  Ministre  à  Turin 
en  1800,  nommé  par  Alexandre  Ministre-adjoint  des  Affaires  étrangères  (1801- 
1805),  il  le  suivit  à  Austerlitz,  puis  à  Tilsit.  Déçu  dans  ses  espérances  de 
reconstitution  d'une  Pologne  autonome  sous  la  protection  de  la  Russie,  il  se 
démit  de  ses  fonctions  en  1807.  Après  avoir  accompagné  Alexandre  en  1814  à 
Paris  et  à  Vienne,  il  devint,  en  1815,  eomme  son  père,  sénateur -palatin  du 
Royaume  de  Pologne  et  curateur  de  l'Université  de  Wilna  et  tomba  en  dis- 
grâce en  1821.  La  Révolution  polonaise  le  fit  du  30  janvier  au  15  août  1831, 
président  du  Gouvememeot  provisoire  II  se  retira  alors  et  s'établit  peu  après 
A  Paris  où  il  devint  le  chef  du  parti  aristocratique  de  l'émigration  polonaise. 
Marié  en  1817  A  la  princesse  Anne  Sapieha,  il  en  eut  deux  fils,  dont  l'an,  La- 
dialas,  épousa  en  secondes  noces  Marguerite  d'Orléana,  flUe  du  duo  de  Ne- 
mours. (Cf.  DucHB^sB  DB  Dufo.  SouveiUrs,  p.  159-160, pour  le  roman  ébauché 
entre  le  prince  et  l'Impératrice  Elisabeth  de  Russie.) 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    r«U  CONGRÈS      107 

térieurs  et  que  vous  me  fassiez  connaître  le  résultat  de  vos 
recherches  et  de  vos  découvertes  dans  ces  différents  milieux. 
J'ajoute  que  je  désire  savoir  au  plus  vite  ce  que  fait  le  comte 
Kûnigl,  dans  quelles  maisons  il  a  pu  s'introduire  et  pour  le 
compte  de  qui  il  agit  et  opère  maintenant. 


126.  Vienne,  25  septembre,  soir  (F.  1.  3660  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR. 

Absence  de  quelques  généraux  lors  de  l'entrée  du  tsar  à  Vienne.  Retour  des 
troupes  df  talie  en  Autriche.  Faiblesse  d'efFeetif  des  régiments  en  garnison 
à  Vienne. 

On  s'est  demandé  pourquoi  Schwarzenberg,  Radetzkj  et 
Langenau(l)  ne  s'étaient  pas  montrés  lors  de  l'entrée  des  sou- 
verains.  Wenzel  Liechtenstein  (2)  a  répondu  aux  Wurtember- 
geoiâ  et  aux  Prussiens  qu^ils  étaient  souffrants.. 

On  est  très  surpris  de  la  nouvelle  du  départ  d'un  certain 
nombre  de  régiments  qui  ont  reçu  l'ordre  de  rentrer  d'Italie 
en  Autriche. 

Un  général  russe  a  été  très  étonné  de  voir  que  lors  de 
l'arrivée  du  tsar(3)les  régiments  autrichiens  n'avaient  en  ligne 
que  deux  bataillons.  On  lui  a  affirmé  que  tous  les  régiments 
de  la  garnison  ont  deux  bataillons  détachés  ailleurs. 


1.  Passé  du  service  de  la  Saxe  à  celui  de  l'Autriche,  le  Général  Lange- 
aau  très  apprécié  et  très  goûté  par  Schwarzenberg  l'était  au  contraire  beau- 
coup moins  par  la  plupart  des  officiers  généraux  de  l'armée  autrichienne. 

2.  Liechtenstein  (Wenzel,  prince)  (1767-1842)  primitivement  destiné  à  l'état 
ecclésiastique,  se  sentit  attiré  par  les  traditions  de  sa  famille  et  par  ses  goûts 
rers  la  carrière  militaire  et  se  distingua  par  sa  bravoure  et  son  intelligence 
en  1813  et  1814.  Colonel  et  aide  de  camp  général  de  Schwarzenberg  en  1814^ 
il  fut  chargé  par  lui  d'informer  Berthier  à  Troyes  de  la  dénonciation  de  Tar- 
roiatioe.  Chevalier  de  l'ordre  de  Marie-Thérèse,  il  quitta  l'armée  quelque 
temps  après  la  campagne  de  1815  avec  le  grade  (ad  honoret)  degénéfml-migor. 

3.  Arrivé  à  Brûnn  le  24  septembre,  à  9  heures  du  soir^  Alexandre  fit  son 
entrée  à  Vienne  le  25  septembre,  entre  midi  et  une  heure,  en  compagnie  du 
roi  de  Prusse  qui  l'attenilait  depuis  la  veille  à  Wolkorsdorf  (à  un  peu  plus  de 
25  kilomètres  de  Vienne,  à  l'entrée  du  MarchfeM,  sur  le  Ru0&-bach). 


108  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

127.  Vienne,  25  septembre  1814  (F.  1.  3660  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
Le  nonce  du  Pape.  Labrador  et  Campochiaro 

Le  Saint  Prélat  n'est  pas  un  aigle  d'esprit.  L'anecdote  sui- 
vante le  prouve,  et  il  est  bon*  de  la  connaître,  non  seulement 
pour  s'égayer,  mais  pour  juger  Thomme. 

L'ambassadeur  d'Espagne  Labrador,  dont  la  mission  au  Con- 
grès a  pour  but  principal  et  presque  unique  de  terrasser  (sic) 
la  couronne  de  Murât  et  faire  retourner  aux  Bourbons  d  Espa- 
gne les  anciens  Etats  de  Naples  et  de  Parme,  chose  connue 
de  tout  le  monde,  demanda  au  cardinal  Consalvi,  qui  Tavait 
précédé  à  Vienne,  la  liste  du  Corps  diplomatique  auquel  il 
faut  faire  visite.  Le  nonce,  comme  doyen  du  Corps  diploma- 
tique s'offrit  à  la  lui  envoyer.  Il  tint  parole  et  parmi  les  mi- 
nistres, Labrador  y  trouva  transmis  par  lui  :  «  Principe  di 
Campochiaro  (1),  Ambasciatore  al  Congresso  per  S.  M.  il  Re 
Gioacchino  délie  due  Sicilie.  »  Labrador  était  furieux. 


128.  Vienne,  25  septembre  1814  (F.i.  3660  ad  3565). 

Rapport   à    HAGKR. 

Ânslett.  Ses  griefs  contre  rAutriche.  Ses  prétentions  et  la  nature  de  ses 
relations  avec  Nesselrode  et  Alexandre.  Les  confidences  d'Anstett.  Ses 
missions  secrètes,  causes  de  sa  défaveur. 

J'ai  revu  le  20  pour  la  première  fois  depuis  Paris  le  con- 
seiller intime  russe  baron  Anstett,  un  peu  après  son  arrivée. 
Après  avoir  causé  avec  moi  d'affaires  de  famille,  il  donna  de 
nouveau,  comme  il  l'avait  déjà  fait  avec  moi  à  Francfort  et  à 
Paris,  libre  cours  au  dépit  que  lui  causait  le  fait  que  l'Autriche 

1.  Non  pas  prince,  mais  duc,  Campochiaro,  d'abord  capitaine  des  gardes  de 
Ferdinand  IV,  était  devenu  conseiller  d'Etat  et  ministre  de  la  maison  du  roi 
Joseph,  ministre  de  la  Police  sous  Murât,  puis  son  ambassadeur,  d'abord  à 
Paris  auprès  de  Napoléon  et  ensuite  son  représentant  au  Congrès  de  Vienne. 
En  disgrâce  après  la  Restauration  des  Bourbons,  ministre  des  AfTaircs  étran- 
gères lors  de  la  révolution  en  1820,  il  se  retira  peu  après  et  renonça  définitive- 
ment aux  affaires  et  à  la  politique. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEUE^TS  DU  CONGRÈS       109 

n'avait  pas  jugé  à  propos  de  lui  accorder  la  moindre  distinc- 
tion. Il  en  était  d'autant  plus  froissé  que  notre  Cour,  disait-il, 
ne  pouvait  ignorer  les  sentiments  qu'il  avait  toujours  témoi- 
gnés en  faveur  de  l'Autriche  et  toute  la  peine  qu'il  s'était  don- 
née en  1809  pour  décider  sa  Cour  à  embrasser  notre  cause,  ou 
tout  au  moins  à  nous  témoigner  une  neutralité  bieuveillante. 
Anstett  croit  que  le  comte  Nesselrode  et  l'Empereur  Alexan- 
dre ne  peuvent  se  passer  de  lui  et  c'est  pour  cette  raison  qu'il 
y  a  toujours  pas  mal  de  tension  entre  lui  et  le  comte.  J'ai  pu 
constater  moi-même  de  vtsu  à  Teplitz  et  à  Paris  que  Nessel- 
rode avait  bien  plus  d'égards  pour  Anstett  que  celui-ci  ne 
croyait  devoir  en  avoir  vis-à-vis  de  lui. 

Anstelt  est  également,  pour  le  moment,  assez  peu  satisfait 
de  la  nature  de  ses  relations  avec  son  Empereur. 

Aiia  de  se  justifier  du  reproche  que  je  lui  faisais  de  n'avoir 
pas  eu,  lorsqu'il  revint  de  France  et  passa  par  Bruchsal,  le 
cœur  de  faire  un  tout  petit  détour  pour  aller  rendre  visite  à 
Strasbourg  à  sa  vieille  mère  âgée  de  soixantc-cjuinze  ans  et 
qu'il  n'a  pas  vue  depuis  vingt-six  ans,  il  me  dit  qu'on  lui  avait 
confié  à  ce  momentdeuxmissionssecrètesdes  plus  importantes. 
C'est,  d'après  lui,  en  revenant  de  Franci;  qu'il  reçut  l'ordre 
d'aller  attendre  à  Bruchsal  les  instructions  relatives  h  l'une 
de  ces  deux  missions.  C'est  précisément,  à  l'occasion  de  cette 
mission  qui  l'envoya  à  Varsovie  pour  y  étudier  l'état  de  l'opi- 
nion et  à  la  suite  du  rapport  détaillé  et  secret  qu'il  devait  faire 
à  l'Empereur  en  lui  rendant  compte  des  chances  de  succès 
qu'offrait  la  prise  de  possession  de  ce  pays,  qu'il  s'était  attiré 
la  disgr&ce  dont  il  soulTrait  pour  le  moment.  Il  avait  en  ellet  - 
dû  s'élever  contre  l'idée  favorite  de  son  maître  et  avait  pé- 
remptoirement démontré  dans  son  rapport  qu'un  pareil  peu- 
ple était  indigne  d'appartenir  à  un  souverain  tel  que  lui,  qui 
n'y  trouverait  que  des  sujets  ingrats  et  éternellement  hostiles. 
Anstett  ajouta  avec  humeur  que  cette  disgrûce  lui  avait  valu 
un  séjour  de  trois  mois  dans  ses  terres  auprès  de  sa  femme 
malade.  Il  se  proposait  de  rester  en  repos  et  eu  disponibilité 
comme  cela  lui  était  déjà  arrivé  avant  I3  dernière  guerre,  lors- 
que le  4  septembre  il  reçut  l'ordre  de  se  trouver  à  Vienne  lors 
de  l'arrivée  de  l'Empereur. 

Il  me  déclara  en  terminant,  qu'aussitôt  après  la  fin  des  négo- 
ciations, il  se  retirerait  dans  ses  terres  avec  une  pension  de 
retraite  de  1.200  ducats. 


110  AUTOUR   DU  COWGRÊS   DE   ^^BTÎNE 

Jamais  il  ne  m'avait  tant  parlé  de  sa  situation  personnelle. 
Je  n'ai  pu  l'amener  à  se  déboutonner  qu'en  lui  parlant  de  sa 
vieille  mère  dont  il  est  le  seul  soutien.  Ce  ne  sera  maintenant 
qu'en  me  servant  de  son  dépit,  en  le  contredisant  et  aussi  en 
le  faisant  boire  que  je  pourrai  lui  délier  encore  la  langue. 


129.  Vienne,  25  septembre  1814  (F.  1.  3660  ad  d56§). 

Nota   à    HAGER   (en  français). 

Indices  de  la  probabilité  du  retour  des  Bourbons  à  Naples.  . 

Hier  au  soir,  le  chevalier  Medici(i)  me  confia  que,  par  sa  der- 
nière dépêche  datée  de  Palerme  le  4  septembre,  le  roi  lui  écri- 
vait que  deux  riches  Calabrais,  qui  avaient  acheté  en  Calabre 
les  grandes  terres  appartenant  jadis  au  couvent  si  riche  de  San 
Michèle  in  Bosco,  étaient  venus  pour  obtenir  de  lui,  moyen- 
nant le  versement  d'une  somme  de  40.000  onces,  la  confirma- 
tion de  leurs  acquisitions.  Medici  en  concluait  qu'en  Calabre 
on  ne  doute  plus  du  retour  du  royaume  à  son  souverain. 


130.  Vienne,  25  septembre  1814  (P.  1.  3660  ad  3565). 

Nota  à  HAGER   (en  français). 

Ce  que  font  les  Ang;iais  à  Vienne. 

Je  demandais  hier  à  l'Anglais  Parr  ce  que  faisaient  ses  com- 
patriotes. Il  me  répondit  :  «  Comme  ils  sont  en  vacances,  ils 
passent  la  journée  à  voir  ce  que  la  capitale  et  ses  environs 
offrent  de  remarquable.  Ils  vont  le  soir  chez  la  jeune  comtesse 

1.  Medici  (Chevalier,  Louis  de,  des  prince»  d'Ottajano)  (1769-1836)  fit  partie 
de  la  première  Junte  d'Etat,  accusé  faussement  d'avoir  entretenu  des  intelli- 
gences avec  Latouche-Tréville,  sauvé  par  sa  sœur  la  marquise  de  San  Marco, 
ministre  des  Finances  en  1803,  il  suivit  le  roi  en  Sicile  et  n'en  partit  qu'en 
1811  à  la  suite  d'un  désaccord  avec  ce  prince.  Envoyé  à  Vienne  pendant  le 
Congrès,  ministre  des  Finances  à  son  retour,  Président  du  Conseil  en  1823, 
il  mourut  à  Madrid  où  il  avait  accompagné  le  roi  à  l'occasion  du  mariage 
de  sa  fille  avec  Ferdinand  VII. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    D\]   CONGRÈS       Hl 

Rzewuska  (1)  qui  les  reçoit  bien,    se    rendent  ensuite    chez 
quelque  fille  et  du  reste  s'enivrent  avec  du  vin  de  Bude,  » 


131.  Vienne,  25  septembre  1814  (F.  1.  a6«0  ad  U/^). 

Nota   à    HAGER    (en  français). 
Bemadotte.  Sa  venue  éventuelle.  Quel  accueil  on  lui  fera. 

Le  public  s'occupe  beaucoup  de  connaître  quels  égards  on 
aura  pour  le  prince  royal  de  Suède.  On  se  demande  s'il  va 
loger  à  la  Cour,  s'il  sera  traité  comme  im  héritier  présomptif 
de  la  couronne  de  Suède?  En  général,  le  peuple  ne  Testime 
pas.  On  se  souvient  du  ridicule  qu'il  s'est  attiré  à  Vienne  (2)  et 
on  le  range  dans  la  classe  des  grands  intrigants  du  temps  de 
Bonaparte. 


132.  Vienne,  25  septembre  1814  (F.  1.  3660  ad  3565) 

Nota  à    HAGER  (en  français). 
La  misère  en  Bavière.  ETtat  du  pays.  Popularité  du  roi. 

Les  gens  de  l'entourage  du  prince  de  Wrède(vi)  font  un  triste 
tableau  de  la  Bavière.  Ils  disent  que  le  paysan  y  est  malheu- 
reux, qu'il  n'y  a  pas  d'argent  dans  le  royaume,  que  malgré  les 
criailleries  du  peuple  de  Vienne  le  pain  est  plus  cher  à  pro- 
portion en  Bavière  qu'en  Autriche  et  que  les  pauvres  gens  y 
sont  dans  une  position  d'autant  plus  triste  que  les  aumônes  y 
sont  rares.  Ils  disent  beaucoup  de  bien  du  roi  qu'ils  appellent 
un  bon  homme,  mais  se  plaignent  beaucoup  du  gouvernement. 


1.  Fille  de  la  princesse  Lubomirska,  guillotinée  sous  la  Terreur  le  12  mes- 
sidor an  II,  remise  le  2  fructidor  an  II  (19  août  1794)  à  ane  de  ses  parentes 
qui  la  ramena  en  Pologne,  Rosalie  Lubomirska  y  épousa  son  cousin  le  comte 
Hzewuski  (Cf.  STRTiBirssi.  Deux  Vietimei  de  là  Terreur). 

3.  Allusion  à  son  ambassade  à  Vienne  à  la  suite  de  Campo-Formio,  et  à 
l'émeute  provoquée  par  l' a  pparition  du  drapeau  tricolore  sur  son  hôtel. 

3.  Wrède  (Charles- Philippe,  prince  de)  feîd-maréchal  et  inspecteur  général 
de  l'armée  bavaroise  (1767-  1853)  représentant  de  la  Bavière  au  Congrès  jus- 
qu'au 14  avril  1815. 


112  AUTOUR   DU  CONGRÈS    DE   VIENNE 

133.  Vienne,  25  septembre  1814  (F.  1.  3660  ad  3565). 

Nota  à    IIAGER    (en  français). 

Bruits  relatifs  à  l'organisation  de  la  confédération  germanique  et  aux  préro- 
gatives de  l'Autriche  en  Italie.  L'archiduc  Charles.  La  grande-duchesse  Ca- 
therine et  la  vice-royauté  d'Italie. 

Les  comtes  Lanckoronski  (1)  et  Ossolinski  (2)  ont  prétendu 
que  la  Fédération  germanique  annoncée  par  l'article  6  du  traité 
de  Paris  consistera  en  quatre  Cercles  formant  les  Etats  de  TAl- 
lemagne  indépendante  ;  —  que  pour  chaque  Cercle,  il  y  aurait 
un  Vicariat,  dont  l'un  sera  confié  au  roi  de  Prusse,  un  au  roi 
de  Bavière,  un  au  roi  de  Wurtemberg  et  un  au  souverain  de 
Hanovre,  qui,  tous  quatre,  en  cas  d'une  guerre  contre  l'Alle- 
magne fédérative,  auront  le  commandement  de  Tarmée  de  leur 
cercle  avec  des  contingents  à  déterminer,  mais  que  tous  ces 
Souverains- Vicaires  ressortiraient  de  la  Couronne  Impériale 
d'Allemagne,  réunie  héréditairement  à  celle  d'Autriche  ;  — 
qu'en  ItaUe  toutes  les  souverainetés  accessoires,  en  cas  d'ex- 
tinction de  ces  dynasties,  seront  réunies  de  droit  à  l'Autriche. 

L'intrigue  qui  a  existé  pour  amener  Tarchiduc  Charles,  par 
un  mariage  avec  la  grande-duchesse  d'Oldenburg  (3)  à  la  Vice- 
Royauté  d'Italie,  paraît  n'être  pas  encore  finie.  Il  semble  que 
le  baron  de  Felz(4)  y  jouerait  un  rôle.  Il  a  demandé  par  requête 
à  Sa  Majesté  (dont  la  minute  de  sa  main  a  été  lue  en  original 
par  un  agent  à  moi)  la  permission  de  retourner  aux  Pays-Bas 
sans  perdre  sa  pension.  Mais  ce  n'est  pas  là  sa  véritable  mar- 
che. Il  est  parti  d'ici  avant  d'avoir  sa  pension  et  se  prépare  à 
passer  l'hiver  à  Venise  où  il  jouira  de  sa  pension  sans  permission 
parce  qu'à  Venise  il  sera  dans  la  Monarchie  et  là,  il  mettra 
son  drapeau  au  vent  en  qualité  de  beau-père  et  d'éclaireur  du 

1.  Lanckoronski-Brzozie,  mort  en  1830,  le  mari  de  la  comtesse  Louise 
Hzovuska  morte  en  1839  (Cf.  pièce  1563  une  note  en  date  du  15  fév.  1815  sur 
ses  relations  avec  les  Polonais). 

2.  Ossolinski,  comte  de  Tenczin  (Joseph)  (1748-1821),  bibliographe,  collec- 
tionneur, £^rand  ami  des  arts  et  protecteur  des  artistes,  chambellan  de  l'Em- 
pereur, Préfet  de  la  bibliothèque  de  la  Cour  depuis  1809. 

3.  La  grande-duchesse  Catherine. 

4.  Probablement  le  môme  personnage  que  celui  dont  il  est  question  dans 
une  lettre  que  l'archiduc  Charles  adi*essait  de  Holitsch  le  1*' janvier  1806  au 
duc  Albert  do  Saxe-Teschen.  (Cf.  Cristb.  Ezgherzog  Cari  von  Oesierreich^  II, 
604.) 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       113 

général  Grûnne,  adjudant  et  factotum  de  Son  Altesse,  pour  les 
futures  contingences  des  vues  de  celui-ci. 


134.  Vienne,  25  septembre  1814  (F.  1.  ad.  3565). 

G.  K.  à  SIBER    et   SIBER   à    HAGER. 

Conséquences  qu'aurait  eues  un  accord  complet,  qui  n'existe  malheureuse- 
ment pas,  entre  l'Angleterre,  l'Autriche  et  la  Russie.  Préparatifs  militaires 
inexplicables  de  l'Angleterre,  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse.  Pourquoi  l'An- 
gleterre s'opposera  à  une  entente  entre  l'Autriche  et  la  Russie. 

G.  K.  a  fait  la  connaissance  d'un  Lithuanien  de  bonne  fa- 
mille qui  lui  a  parlé  de  1  Angleterre,  de  la  France  et  de  l'Ita- 
lie, pays  qu'il  connaît  bien.  G.  K.  a  fait  venir  du  bon  vin 
après  dîner  et  s'est  mis  à  parler  politique  et  à  poser  des  ques- 
tions naïves  et  confuses.  Le  Lithuanien  lui  a  dit  que  si  l'An- 
gleterre, l'Autriche  et  la  Russie  étaient  bien  d'accord,  le  monde 
entier  devrait  leur  obéir,  mais  que  malheureusement  cette  en- 
tente était  loin  d'être  complète.  11  lui  a  fait  remarquer  qu'on 
ne  s'expliquait  pas  pour  quelle  raison  l'Angleterre  mettait 
tant  de  troupes  dans  les  Pays-Bas,  pourquoi  la  Russie  faisait 
une  grosse  concentration  en  Pologne  et  pourquoi  les  Prussiens 
se  renforçaient  alors  que  Ton  avait  signé  un  traité  de  paix  gé- 
nérale. 11  conclut  de  tout  cela  que  les  Anglais  chercheront  à 
semer  la  discorde  entre  les  alliés  et  s'efforceront  d'empêcher 
l'établissement  d'un  accord  complet  entre  l'Autriche  et  la  Rus- 
sie, ne  serait-ce  que  pour  empêcher  ces  deux  Empires  de  chas- 
ser la  Turquie  hors  de  l'Europe. 


135.  Vienne,  27  septembre  1814. 

HAGER    à    L'EMPEREUR    (F.  l.  3726  ad  3565). 
Bordereau  et  rapport  journalier  (F.  I.  3942  ad  3565). 

Bordereau  d'envoi  de  pièces  relatives  à  Anstett,  aux  inten- 
tions de  la  France  sur  la  Confédération  germanique,  à  l'arri 

T.  I.  8 


114  AUTOUB  DU  CONGRÈS  DE   VIBKIIE 

vée  du  musicien  Neukomm(l)  (amené  par  Talleyrandei  qui  doit 
être  surveillé  par  ordre  de  Metternich),  au  roi  de  Wurtem- 
berg, aux  Bourbons  de  Naples,  à  la  Pologne. 

Rapports  de  police  sur  les  rois  de  Danemark,  de  Wurtem- 
berg et  TEmpereur  de  Russie. 

(Au  dos  :  à  renvoyer  d'urgence,) 


136.  Vienne,  27  septembre  1814.  (F.  1.  3740  ad  3565). 

HAGER  à  ses  AGENTS. 

Bon  elTeb  fait  sur  les  souverains  par  l'attitude  de  la  population  à  leur  égard. 

Il  faut  qu'il  en  soit  de  même  pour  Bernadotte. 

(Par  ordre  du  prince  de  TrauttmansdorfF.) 

L'accueil  fait  par  la  population  de  Vienne  aux  souverains  a 
produit  sur  leur  esprit  le  meilleur  effet.  On  espère  qu'il  en 
sera  de  même  lors  de  l'arrivée  du  prince  royal  de  Suède  et  on 
désire  qu'on  oublie  ce  qui  s'est  passé  dans  le  temps  à  Tépoque 
de  la  Révolution,  lors  de  sa  mission  à  Vienne. 


137.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  3746  ad  3565). 

SIBER    à    HAGER. 

Mesures  prises  lors  de  l'arrivée  d'Alexandre  et  du  roi  de  Prusse. 

Emploi  de  leur  première  soirée. 

Il  rend  compte  des  mesures  prises  lors  de  l'arrivée  de  l'Em- 
pereur de  Russie  et  du  roi  de  Prusse  qui  sont  allés  le  soir  du 
25  Siu  Kéertnerthor  Theater  où  on  donnait  le  ballet  Zéphyr  (2). 


1.  Neukomm  (Sigismdnd)  né  &  Salzburg  en  1778,  élève  de  Haydn,  venu  à 
Paris  en  1809,  présenté  à  ce  moment  A  Talleyrand,  vécut  à  l'hôtel  du  prince 
jusqu'en  1814  et  l'accompagna  à  Vienne.  Il  y  fit  exécuter  le  21  janvier  1815  à 
la  cathédrale  Saint-Etienne  un  Requiem  qu'il  avait  composé  pour  la  circons- 
tance, accompagna  le  duc  de  Luxembourg  à  Rio  de  Janeiro  en  1816,  reprit  à 
son  retour  à  Paris  sa  place  près  de  Talleyrand  et  le  suivit  à  Londres  en  1830. 
Mort  en  1857.  Voir  plus  loin  une  note  en  date  du  24  octobre. 

2.  D'après  le  Beobachter,  on  donnait  ce  soir-là  Fidelio  suivi  du  ballet  Zé- 
phyr und  Flora, 


LES  PRÉLDnNAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      115 
138.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  3746  ad  3565). 

SIBER  à  HAGËR. 

Le  roi  de  Danemark  et  la  perte  de  la  Norvège. 

Le  roi  de  Danemark,  enchanté  de  Taccueil  de  l'Empereur  (1), 
s'est  seulement  plaint  à  Tancien  NGnistre  à  Copenhague,  le 
comte  Westphalen,  du  chagrin  que  lui  cause  la  perte  de  la 
Norvège. 


139.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  3746  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER. 

Mauvais  effet  produit  par  le  roi  de  Wurtemberg. 

Effet  peu  favorable  produit  sur  le  public  par  le  roi  de  Wur- 
temberg, surtout  à  cause  de  son  air  sombre  et  dur.  Il  est  du 
reste  peu  aimé  par  ses  sujets  qui  espèrent  que  le  Congrès 
mettra  un  terme  aux  excès,  aux  abus  et  aux  violences  aux- 
quels ils  sont  en  butte. 


140.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  ad  3665). 

SIBER   à   HAGER. 

Effet  produit  par  l'entrée  des  souverains.  Surveillance  spéciale  de  la  corres- 
pondance de  la  Tour  du  Pin  avec  son  gouvernement  à  Vienne  et  à  Franc- 
fort. Surveillance  de  Salmour  et  de  Dalbcrg. 

L'éclat  de  Tentrée  des  souverains  (le  25)  et  la  pompe  qu'on 
a  déployée  ont  produit  un  très  grand  effet  sur  les  étrangers  et 
sur  la  population. 

Un  de  mes  agents  a  appris  que  le  ministre  de  France  est 
décidé  à  expédier  en  secret  et  par  des  voies  détournées  un  rap- 
port quotidien  sur  les  événements,  qui  sera  porté  à  Francfort 
par  des  tiers  et  transmis  de  là  à  son  Gouvernement. 

1.  G.  Pièce  183. 


116  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Siber  a  pris  de  suite  les  mesures  qui  lui  ont  paru  les  plus 
propres  à  surveiller  ces  expéditions.  Il  fait  remarquer  à  Hager 
que  le  conseiller  impérial  Gœhausen  a  pensé  qu'afin  de  sur- 
veiller utilement  et  de  suivre  cette  correspondance  à  Franc- 
fort, il  serait  utile  de  s'aboucher  et  de  s'entendre  avec  le  di- 
recteur général  des  Postes,  le  baron  von  Vrints  (i),  actuelle- 
ment présent  à  Vienne  et  tout  dévoué  à  TAutriche.  Il  faudrait 
surtout  faire  surveiller  à  Francfort  les  maisons  de  banque  et 
de  commerce  qui  ont  des  sympathies  pour  la  France  et  plus 
particulièrement  la  maison  Cattoir,  qui  a  des  relations  de 
commerce  et  des  correspondances  très  suivies  avec  la  Suisse. 

Cette  surveillance  est  d'autant  plus  indispensable  que  la 
correspondance  du  comte  (Marquis)  de  la  Tour  de  Pin  est  en- 
tourée du  plus  profond  mystère  et  des  plus  grandes  précau- 
tions. On  surveillera  en  conséquence  le  comte  Salmour  (2)  qui 
vient  d'arriver  et  le  duc  de  Dalberg  (3).  Mais  comme  pour  le 
moment,  tout  se  borne  à  l'échange  de  visites  et  qu'il  règne 
encore  le  plus  grand  désordre  en  tout,  cette  surveillance  n'a 
encore  rien  produit. 


1.  Von  Vrints  Berberich,  Conseiller  intime  et  d'Etat  du  prince  de  Taxis. 

2.  Chambellan  du  roi  de  Saxe.  «  Une  des  personnes  que  j'ai  le  plus  connues 
à  Dresde  en  1816,  lit-on  dans  les  Souvenirs  du  Chevalier  de  Cussy,  I,  358, 
est  le  comte  de  Salmour.  Ce  vieillard  instruit,  spirituel,  aimable,  quelque 
peu  sarcastique...  habita  longtemps  la  France  avant  la  Révolution  et  était, 
je  crois,  ministre  de  l'électeur  de  Saxe  près  de  Louis  XVI...  » 

Gabaléon  de  Salmour  (Joseph-Chrétien-Antoinc-Pierrc-Jcan-Quentin 
comte),  né  à  Turin  le  22  février  1735,  petit-iils  d'un  grand-maître  de  l'artil- 
lerie savoisienne,  mort  à  Rome  le  5  avril  1831,  au  service  de  la  Saxe  qu'il 
avait  représentée  comme  Ministre  à  Paris  sous  le  règne  de  Louis  XVI,  gou- 
verneur de  la  Savoie  de  1815  à  1830,  neveu  du  lieutenant-général  suisse  de 
Besenval.  (FiLix-Bouvisn.  Bonaparte  en  Italie),  340,  note  4.) 

3.  Dalberg  (Emerik  Joseph  vC^olfgang  Héribert  baron,  puis  duc  de)  (1773- 
1833)  neveu  du  prince  Primat,  au  service  duquel  il  entra.  Ministre  de  Bade 
à  Paris  en  1803,  il  s'y  lia  avec  Talleyrand.  Ministre  des  Affaires  étrangères  de 
Bade  en  1809,  il  n'abandonna  pas  sa  situation  à  Paris  et  se  fît  naturaliser 
français  la  même  année.  Créé  duc  par  Napoléon  et  conseiller  d'Ëtat  avec  do- 
tation de  4  millions,  il  devint  en  1814  membre  du  Gouvernement  provisoire, 
puis  pair  de  France  et  ministre  d'Etat  en  1815.  Il  était  parent  du  comte  Sta- 
dion. 

«  C'était  un  singulier  personnage,  moitié  illuminé,  moitié  philosophe  du 
XVIII*  siècle,  en  relation  avec  tous  les  gens  les  plus  éclairés  et  les  plus  com- 
promis d'Europe.  Indépendant  à  l'excès,  il  disait  tout  ce  qui  lui  passait  par 
la  tète,  ne  ménageant  personne,  pas  même  Napoléon  qu'il  traitait  de  tyran  et 
d'usurpateur  (en  mai  1807,  à  Varsovie)  »  (Comtesse  Potocka,  Mémoires^  142- 
193). 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS       117 


141.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

Nota   à   HAGËR    (en  français). 

Un  mot  de  Serra-Capriola  sur  Murât  à  dîner  chez  RazoumofTski.  L'article 
secret  des  traités  entre  la  France  et  l'Espagne  relatifs  à  Naples  et  à  Parme. 
La  fragilité  de  la  paix  à  cause  du  roi  de  Rome  et  de  Murât.  Le  mot 
d'Alexandre  et  du  roi  de  Prusse  au  prince  de  Uesse-Philippsthal  sur  Mu- 
rat. 

C'est  en  se  tenant  les  côtes  que  Medici  m'a  raconté  hier  dans 
la  joie  de  son  cœur  un  trait  de  cet  original  de  Serra-Capriola  (1). 
Ils  étaient  à  diner  hier  chez  Razoumoffsky  avec  trente-six  diplo- 
mates. Le  hasard  plaça  le  duc  à  côté  de  l'envoyé  de  Hesse-Darms- 
tadtquiluidit  bêtement:  «  Comment  se  fait-il, Monsieur  le  duc, 
qu'à  présent  nous  avons  ici  deux  ministres  de  Naples?...  » 

Le  duc  lui  dit  :  «  Je  ne  vous  comprends  pas.  Il  n'y  en  a 
qu'un.  » 

«  Oh  I  Monsieur,  l'un  est  le  commandeur  Ruffo^  ministre  du 
roi  Ferdinand,  l'autre,  le  prince  Cariati,  ministre  du  roi  Joa- 
chim.  » 

Le  duc  éleva  alors  la  voix  afin  que  tous  les  convives  l'en- 
tendent :  «  Il  n'y  a  qu'un  roi  de  Naples  et  qu'un  ministre,  le 
roi  Ferdinand  et  le  commandeur  Ruffo  et  il  y  a  à  Naples  un 
voleur  qui  s'appelle  Murât  et  Cariati  est  le  ministre  d'un  vo- 
leur. Entendez-vous,  Monsieur.  Voilà  ce  qui  en  est.  » 

Depuis  l'arrivée  de  Talleyrand  (2),  on  sait  qu'il  y  a  un  article 
secret  dans  le  traité  de  paix  entre  la  France  et  l'Espagne  (3), 
moyennant  lequel  ces  deux  Cours  s'engagent  à  exiger  préala- 
blement au  Congrès  de  Vienne,  avant  de  traiter  toute  autre 
chose,  la  restitution  de  Naples  et  de  Parme  aux  Bourbons 
d'Espagne. 


1.  Serra-Capriola  (Antonio  Maresca  Donnorso.duc  de)  (1750-1822).  Envoyé 
en  i782en  qualité  de  Ministre  auprès  de  Catherine  II,marié  en  secondes  noces 
avec  la  fille  du  prince  Wiazemsky,  il  resta  à  Saint-Pétersbourg,  mais  sans 
caractère  officiel,  après  le  traité  de  TUsit,  défendit  A  Vienne,  de  concert 
avec  Ruffo,  les  droits  des  Bourbons  de  Naples,  retourna  ensuite  en  Russie 
et  mourut  à  Saint-Pétersbourg  après  y  avoir  rempli  pendant  près  de  quarante 
ans  les  fonctions  d'Ambassadeur. 

2.  Talleyrand  arriva  à  Vienne  le  23  septembre  au  soir. 

3.  Traité  signé  A  Paris  le  20  juillet  1814. 


118  AUTOUR  DU  COIIGRÈS  DE  VIENNE 

J'ai  SU  hier  par  Machado  (1),  qui  m*a  répété  les  mêmes  cho- 
ses qu'il  m'avait  déjà  dites  en  arrivant,  €  que  l'Espagne  n*ad- 
met  aucune  transaction  sur  ces  deux  restitutions  et  que,  par 
conséquent,  la  paix  durable,  à  laquelle  on  travaille  à  présent 
ne  durera  pas  longtemps  à  cause  de  ce  fils  de  Bonaparte  qu'on 
veut  faire  souverain,  et  de  ce  coquin  de  fils  de  cuisinier  qu'on 
a  fait  roi  en  dépouillant  des  souverains  qui  ont  toujours  com- 
battu pour  la  justice. 

Le  prince  de  Hesse-Philippsthal  (2)  écrit  de  Pyrmont  qu'ayant 
été  voir  Alexandre  et  le  roi  de  Prusse  à  leur  passage  et  s'étant 
plaint  à  eux  du  tort  fait  au  roi  Ferdinand  et  du  traité  d'al- 
liance avec  Murat,ils  lui  dirent  que  :  «  Cela  avait  été  un  moyen 
nécessaire  dans  le  temps^  mais  qu'on  réparerait  tout  et  que 
son  roi  recouvrerait  ses  Etats.  » 

Medici  me  dit  avoir  lu  la  lettre  du  prince  de  Hesse-Phi- 
lippsthal écrite  à  sa  femme  avec  d'autres  nouvelles. 


142.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

Rapport  à    HAGER   (en  français). 
Rensei^ement  sur  Stein  (3). 

Je  n'ai  rien  à  dire  sur  son  compte,  sinon  qu'un  de  mes  amis, 
qui  demeure  tout  près  de  lui,  m'a  dit  que  sa  porte  ne  désen- 
grave  (sic)  jamais,  et  c'est  inouï  quelle  quantité  de  monde  qui 
va  jour  et  nuit  chez  ce  ministre  et  à  toute  heure. 


i.  Mtchado,  premier  secrétaire  de  la  Légation  d'Espagne,  venu  d'Espagne 
avec  Labrador,  avec  lequel  il  habitait  Minoritenplatz  bO  {Cf.  Beobachter,u^  361- 
1413). 

3.  Hesse-Philippsthal  (Louis, prince  de)  (1766-1816)  second  fils  du  landgrave 
Guillaume  II,  capitaine  général  de  l'armée  napolitaine,  le  défenseur  de  Gaêlc 
ealS06. 

3.  Stein  (Henri-Frédéric-Cbarles,  baron  de)  (17S7-1831),pritune  part  impor- 
tante à  la  formation  du  F&rstenbund  (1785)  administra  la  Westphalie  et  de- 
vint le  principal  ministre  de  la  Prusse  après  léna.  Napoléon  exigea  son  ren- 
voi. Retiré  en  Russie,  il  excita  le  tsar  contre  la  France.  Dès  l'année  1813, 
après  la  retraite  de  Napoléon,  Alexandre  avait  jeté  les  yeux  sur  Stein  pour 
en  faire  l'arbitre  futur  des  destinées  de  l'Allemagne.  Il  joua  un  rôle  consi- 
dérable lors  des  conférences  de  Kalisch  et  son  influence  ne  cessa  de  se  faire 
sentir  jusqu'à  la  deuxième  paix  de  Paris  en  1815.  , 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNBME>rrS  DU  CONGRÈS       1  11) 
143.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1  3688  ad  3665). 

HAGER    au  GRAND   MARÉCHAL    DU    PALAIS  (1). 

Le  roi  de  Wurtemberg  et  Jasmund. 

Il  y  a  dans  la  suite  du  Ministre  Stein  un  certain  Jasmund  (î) 
quia  servi  en  Wurtemberg  et  a  quitté  dans  de  telles  conditions 
que,  comme  vient  de  me  le  dire  le  secrétaire  d'Etat  baron  von 
Linden  (3),  le  roi  de  Wurtemberg  désire  qu'on  exclue  cet  indi- 
vidu des  fêtes  et  cérémonies. 


144.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

FREDDl    à   HAGER  (en  français). 

Sur  le  voyage  et  les  résultats  du  séjour  du  cardinal  Consalvi  à  Paris. 

Informations  données  à  Freddi  par  le  chargé  d'affaires  d'Es- 
pagne Ferez  de  Castro,  qui  les  tient  de  Labrador  lui-même, 
sur  le  voyage,  le  séjour  et  Tadroite  conduite  du  cardinal  Con- 
salvi à  Paris. 


145.  Vienne,  27  septembre  1814   F.  1.  3728.  ad  3565  . 

A  HAGER. 

Surveillance  du  comte  et  de  la  comtesse  de  Rcchberg. 

Liste  des  visites  reçues   par  le  comte   et  la   comtesse  de 
Rechbei^  (4).  La  comtesse,  parlant  du  divorce  du  prince  royal  de 

1.  Le  prince  de  TrauttmansdorfT. 

3.  Jamnind,  qui  était  un  écrivain,  avait  quitté  en  effet  dans  d'assez  mau- 
vaises conditions  le  service  de  Wurtemberg.  Il  s'était  attaché  à  Stein  et  mal- 
gré &a  demande  du  roi  de  Wurtemberg  on  se  refusa  A  l'expolser  de  Vienne. 

I.  Linden  (François-Joseph  Ignace,  baron  de)  ministre  d'Etat  et  avec  Wint- 
zittferode,  l'un  de  deux  plénipotentiaires  do  Wurtemberg  à  Vienne. 

4.  Rechberg(Aloï8-François-Xavier,  comte  de  Rechberg  et  Rothenloew«n) 
né  en  1766,  délégué  de  l'électeur  de  Bavière  au  Congrès  de  Rastatt,  il  signa 


120  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

Wurtemberg,  affirme  partout  que  tous  les  torts  sont  du  côté 
du  prince. 


146.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1. 3728  ad  3565). 

Nota  à    HAGER   (en  français). 

Ce  que  Dalberg  vient  de  lui  dire  de  l'AlIema^e,  de  la  Prusse,  de  la  Saxe, 
de  la  France  et  d'Alexandre.  Salons  dans  lesquels  il  compte  fréquenter. 

Dalberg  vient  de  me  dire  :  <  Il  n'y  aura  pas  d'Allemagne. 
La  Prusse  ne  le  permettra  jamais  parce  qu'elle  veut  seule  dé- 
vorer TAUemagne.  La  France  ne  permettra  jamais  le  démem- 
brement de  la  Saxe.  Si  Ton  veut  que  tout  puisse  bien  marcher, 
cela  dépend  uniquement  de  la  loyauté  et  de  la  modération 
d'Alexandre  et  de  la  mesure  dans  laquelle  il  réussira  à  impo- 
ser sa  modération  aux  autres.  » 

Dalberg  (1),  diaprés  ce  qu'il  m'a  dit,  ne  compte  guère  aller  que 
chez  les  Schônborn  (2),  chez  le  prince  de  Ligne,  chez  Arnstein 
et  chez  Pereira. 


147.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  2.  4004  ad  3565). 

COMTE  DE   SCHULENBURG  (3)  à   DALBERG  (Chiffon). 

II  désire  le  voir  au  plus  vite  pour  l'entretenir  d'un  sujet  du  plus  haut  intérêt. 

en  1806  en  qualité  de  commissaire  royal  bavarois  la  déclaration  de  Ratis- 
bonne  (1*'  août).  Ministre  de  Bavière  à  Vienne  en  1814,  il  prit  part  en  1819 
au  Congrès  de  Karlsbad  et  rentra  dans  la  vie  privée  en  1825  lors  de  Tavè- 
nement  du  roi  Louis  I*'. 

1.  Le  duc  de  Dalberg  était  parent  de  la  famille  Schônborn. 

2.  Bien  que  ces  papiers,  faisant  partie  d'un  lot  de  chiffons  ramassés  et  re- 
cueillis chez  Dalberg  dans  la  première  quinzaine  d'octobre,  n'aient  été  trans- 
mis par  Hager  à  l'Empereur  que  près  de  trois  semaines  plus  tard,  j'ai  cru 
pouvoir  me  permettre  de  déroger  à  la  règle  que  je  me  suis  imposée  et  les 
faire  figurer  à  la  date  du  26,  à  cause  du  motif  même  de  la  visite  de  Schu- 
lenburg  et  de  l'envoi  par  Gorsini  de  la  lettre  de  Marescalchi. 

3.  Schulenburg  (Frédéric- Albert,  comte  de)  né  à  Dresde  en  1772.  Ministre 
de  Saxe  à  Vienne  en  1798,  puis  à  Ratisbonne,  il  assista  au  Congrès  de  Ras- 
tadt  et  fut  envoyé  peu  après  à  Copenhague,puis  à  Saint-Pétersbourg  en  1804. 
Revenu  à  Vienne  en  1810,  il  assista  au  Congrès  en  qualité  de  plénipotentiaire 
du  roi  de  Saxe  et  se  retira  des  afiTaires  en  1830.  Mort  en  1853. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       121 

Ayant  appris  votre  arrivée  (1),  j'ai  passé  chez  vous  dans  la 
soirée  et  viendrai  de  bonne  heure  ce  matin.  Je  vous  demande 
avec  d'autant  plus  d'insistance  de  me  recevoir,  qu'outre  la  sa- 
tisfaction que  je  me  promets  d'embrasser  un  ancien  ami,  je 
suis  intéressé  à  vous  entretenir  sur  un  objet  à  Tégard  duquel 
je  réclame  et  espère  d'obtenir  votre  appui  (2).  Agréez,  etc.. 


148.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  2.  4224  ad  3565). 

CORSINI  (3)  à   DALBERG  (Chiffon). 

Billet  de  Gorsini  qui  espère  le  voir  le  soir  chez  Metternich. 

N'ayant  pas  trouvé  Dalberg,  il  lui  remet  une  lettre  qu'il 
vient  de  recevoir  pour  lui  de  Marescalchi(4)  et  espère  le  voir, 
le  soir,  chez  Metternich. 


149.  Parme,  16  septembre  1814  (F.  2.  4121  ad  3565). 

MARESCALCHI  à   DALBERG  {intercepta). 

Il  se  prépare  à  aller  à  Bologne  en  attendant  les  événements.  Napoléon  à 
Marciana.  Metternich  et  la  question  de  ses  appointements.  Il  lui  recom- 
mande les  affaires  de  Parme  et  de  l'Italie. 


1 .  Dalberg  était  arrivé  A  Vienne  le  22  septembre. 

2.  Schulenburg  avait  Tordre  de  demander  aux  ambassadeurs  de  France 
leur  appui  au  Congrès  et  la  promesse  de  soutenir  les  intérêts  et  la  cause  du 
roi  de  Saxe. 

3.  Corsini  (don  Neri)  1771-1845.  Membre  du  Conseil  sous  les  grands-ducs 
Ferdinand  III  et  Léopold  II,  il  recueillit  la  succession  de  Fossombroni  à  la 
mort  de  cet  homme  d'Etat,  continua  sa  politique  de  tolérance  et  résista 
comme  lui  à  la  pression  de  l'Autriche  et  aux  idées  réactionnaires  de  la  Cour 
de  Vienne. 

4.  Marescalchi  (Ferdinand,  comte)  (1764-1816),  né  à  Bologne,  seconda  avec 
ardeur  la  réforme  politique  de  1796.  Ambassadeur  de  la  Cisalpine  à  Vienne  en 
1799,  Directeur  président  à  son  retour,  réfugié  en  France  en  1800,  il  prit  part 
A  la  Consulte  de  Lyon  en  1801,  appuya  la  nomination  du  Premier  Consul  A  la 
Présidence  de  la  République  italienne  et  régla  avec  le  cardinal  Caraffa  le  Con- 
cordat de  1803  entre  Rome  et  la  république  italienne.  Représentant  du  Royaume 
d'Italie  A  Paris  jusqu'A  la  première  abdication,  chargé  par  Marie-Louise  de 
gouverner  le  duché  de  Parme,  puis  nommé  par  l'Empereur  d'Autriche  minis- 
tre plénipotentiaire  A  Modène,  il  y  mourut  le  23  juin  1816. 


122  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DB   VIENNE 

Monsieur  le  Due,  en  attendant  que  la  Duchesse  soit  en  che- 
min, nous  avons  pris  le  parti  d*aller  pour  un  moment  à  Bo- 
logne. Déjà  TEmpereur  d'Autriche,  quand  nous  étions  à  Paris, 
me  le  permit  et  je  pense  à  en  profiter  puisque,  si  la  saison 
avance  et  que  les  choses  changent  ici,  je  ne  serai  peut-être 
plus  à  temps  pour  cette  année. 

Vous  pourrez  savoir  par  Corsini  et  par  Brignole  (1)  comme 
je  suis  encore  ici.  Pourtant,  le  prince  de  Metternich  m'a  pro- 
mis de  présenter  xm  rapport  pour  mes  appointements.  Je  sou- 
pire après  cette  détermination.  Du  moins,  je  saurai  à  quoi 
m'en  tenir  à  cet  égard. 

La  chaleur  et  les  cousins  ont  obligé  l'Empereur  Napoléon  à 
quitter  Porto  Ferrajo  et  à  se  réfugier  à  Marciana,  montagne 
dans  rintérieur  de  l'île  où  il  a  fixé  pour  quelque  temps  sa  de- 
meure. 

§  §  §  566  qu'il  ne  885,  601,  711  a  se  901.  Loin  de  1805 
de  □  Gr.  est  à  400.  Les  393  ne  manquent  et  de  tous  les  cô- 
tés. Vou  581  928  mais  il  326  qu'il  est  923  1139  ". 

Nous  sommes  dans  vos  pattes.  Tâchez  de  nous  tirer  le  plus 
tôt  possible  de  la  cruelle  incertitude  dans  laquelle  gémit  ma 
patrie  et  toute  l'Italie. 

M.  Charles,  Madame  M.,  Borgonne  me  chargent  de  vous  pré- 
senter leurs  hommages. 

Je  ne  sais  pas  si  ma  lettre  où  je  vous  parlais  de  l'affaire  de 
Milan  (3)  vous  est  parvenue.  Adieu.  Un  mot  quand  vous  pour- 
rez et  mes  respects  à  M.  de  Tallejrand. 

Je   me  recommande  toujours  à  votre  protection  avec   les 
Grands  de  ce  pays  et  je  suis  à  toute  épreuve. 
Votre  ami  et  serviteur, 

Marescalchi. 


l.Bri^ole-Sales  (Antoine,niarqui8)(1786-1803).  Auditeur  au  Conseil  d^tat, 
puis  préfet  de  Sarone.  Plénipotentiaire  de  Gènes  au  Congprès  se  rallia  à  la 
Maison  de  Savoie  et  devint  chef  de  l'Université  Royale  (1816),  ambassadeur 
à  Rome  (1829),  puis  à  Paris  et  enfin  Ministre  d'Etat,  Sénateur  et  collier  de 
l'Annonciade. 

2.  Partie  non  déchiffrée  de  la  lettre. 

3.  Il  est  plus  que  probable  que  Marescalchi  fait  allusion  ici  A  la  mise  sous 
la  surveillance  de  la  police  de  Gonfalonieri,d'Alberto  Litta  et  de  della  Sema- 
glia  dés  leur  retour  de  Paris. 


LES  PRiUUINAlHES  ET   LES  AJOURnBJfBKTS  DU  CONGRÈS      123 

151.  Vienne,  28  septembre  IS14  (F.l.  S7I1  «d  SSeS). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 
Rapport  jouroalier  et  bordereau  d'envoi. 

Bordereau  d'eavoi  des  observatîoas  faites  à  la  Burg,  des 
rapports  relatifs  à  la  surveillance  de  Hardenberg  et  de  Steîn, 
au  roi  de  Danemark,  h  l'ordre  de  Malte,  à  Schwarzenber^,  au 
projet  de  voyage  d'Alexandre  à  Pest,  aux  alTaires  de  Pologne, 
à  l'Ambassade  anglaise,  à  Brigaole  et  à  ses  relations  avec 
Aldini,  à  Serra-Capriola,  etc. 

Bordereau  et  rapport  journalier  contenant  les  rapports  sur 
l'însufGsaace  de  la  surveillance  des  souverains  et  de  leurs  sui- 
tes, sur  les  affaires  du  Congrès,  sur  l'impossilité  d'obtenir  la 
participation  des  gens  de  service  de  la  Burg  à  la  surveillance 
des  souverains,  sur  Anstelt,  le  Hof-Secretâr  Mandel  et  le 
journaliste  Bartscb,  sur  le  montant  des  lettres  de  crédit  des 
souverains  et  des  Ministres. 


153.  Vienne,  27  septembre  18U  (F.  t.  3728  ad  3965). 

H.AGER  au  FRtNCE   DE   TRAUTTMANSDORFF 


La  police  n'ayant  pas  le  droit  de  pénétrer  dans  l'intérieur 
de  la  Burg  et  comme  d'autre  part,  les  portes  d'entrée  et  de 
sortiey  sont  si  nombreuses  qu'il  est  presque  impossible  d'exer- 
cer de  la  rue  une  surveillance  quelque  peu  utile,  je  ne  pourrai 
remplir  la  mission  qui  m'est  confiée  que  si  l'on  se  décide  à 
affecter  a  ce  service  de  surveillance  la  domesticité  du  palais 
attachée  aux  souverains  étrangers  et  à  leurs  suites  logées  au 
Palais  ainsi  que  le  personnel  des  écuries.  C'est  ce  que  j'ai 
déjà  essayé  de  faire  à  l'aide  d'un  fourrier  de  la  Cbambre 
(Kammerfourier)  ;  mais  les  valets  de  chambre  et  les  huissiers 
ont  fait  échec  aux  dispositions  que  j'avais  prisés  et  ont  trouvé 
moyen  d'écarter  les  sept  hommes,  que  la  police  avait  mises  à 
la  disposition  du  Kammerfourier  pour  accompagner  les  aides 


12  i  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

de  camp  et  les  personnages  de  la  suite  des  souverains  et  ren- 
dre compte  de  leurs  faits  et  gestes. 

J'ai  donc  Thonneur  de  vous  prier  de  donner  au  personnel 
de  service  de  la  Burg  l'ordre  de  rendre  journellement  compte 
des  sorties  de  ces  personnages,  des  endroits  où  ils  se  rendent 
et  des  personnes,'autres  que  celles  attachées  à  leurs  personnes, 
qu'ils  reçoivent. 

Cette  mesure  est  d'autant  plus  indispensable  que,  par  exem- 
ple, l'Empereur  Alexandre  a  déjà  renoncé  à  faire  usage  des  per- 
sonnages qui  avaient  été  désignés  pour  assurer  le  service 
d'honneur  auprès  de  lui.  Je  ne  renonce  pas  pour  cela  à  me 
servir  d'eux  dans  la  limite  du  service  qu'ils  feront  encore  au- 
près de  ces  princes  et  de  mes  relations  d'amitié  avec  eux  et  je 
me  propose  de  recourir  entre  autres,  au  concours  du  feld-maré- 
chal  lieutenant  comte  Hardegg  (1)  qu'on  a  attaché  à  la  personne 
de  l'Empereur  Alexandre. 


153.  Vienne,  27  septembre  1834  (F.  1.  ad  8565). 

SIBER  à  HAGER  (en  français). 

Surveillance  des  étrangers  à  l'aide  de  bureaux  d'écriture  (écrivains  publics) 

créés  par  la  police. 

Afin  de  connaître  dans  le  grand  nombre  des  étrangers  ceux 
qui  sont  venus  sans  titre  pour  s'y  immiscer,  on  devrait  créer 
sous  la  surveillance  de  la  police  des  bureaux  d'écriture  pour 
la  commodité  des  étrangers,  comme  il  en  existe  à  Paris  et 
qui  ont  leurs  échoppes  près  des  places  publiques.  On  n'au- 
torisera que  l'ouverture  de  ceux  de  ces  bureaux  qui  seront 
dirigés  par  des  affidés  lesquels  ne  pourront  prendre  pour  écri- 
vains subalternes  que  des  copistes  agréés  par  la  police. 

Siber  propose  comme  chef  d'un  de  ces  bureaux  un  Russe, 
nommé  Leimann  qui  parle  et  écrit  très  bien  l'allemand  et  le 
français,  assez  bien  l'anglais  et  l'italien  et  donne  d'autres  dé- 

1.  Le  feld -maréchal  lieutenant  comte  Ignace  Hardegg  avait  été  désigné 
pour  faire  fonction  de  grand-mattre  de  la  Cour  auprès  d'Alexandre  I",  à  la 
disposition  duquel  on  mettait  en  outre  comme  officiers  d'ordonnances  le 
major  comte  Clam,  du  Régiment  des  uhlans  Schwarzenberg  et  le  capitaine 
de  cavalerie  comte  Ladislas  Wrbna. 

Hardegg-Glatz  Jean-Ignace  comte)  (177J-1848)  sous-lieutenant  (1789),  lieu- 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU   CONGRÈS       125 

tails  sur  le  personnel  à  attacher  à  ce  ou  à  ces  bureaux  d'écri- 
ture qui  fourniront  de  précieux  renseignements  à  la  police. 


154.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

LE    ROI    DE    DANEMARK    à    LA    RELNE 
(Intercepta  en  allemand). 

Les  promesses  d'Alexandre.  Les  bonnes  dispositions  de  Metternich, 

de  Castlereagh  et  d'Hardenberg 

Ma  chère  bien  aimée, 

Je  suis  plongé  jusqu'au  cou  dans  mes  affaires.  LŒmpereur 
Alexandre  m'a  promis  de  ratifier  le  traité  (1)  et  de  retirer  ses 
troupes.  Reste  à  savoir  quand  1 

Le  Prince  de  Metternich  s'occupe  chaudement  de  cette  affaire. 
Castlereagh  m'a  Tair  bien  disposé  et  prêt  à  agir.  Hardenberg 
est  aussi  pour  moi.  Je  n'ai  pu  le  voir  aujourd'hui  à  cause  de 
l'arrivée  de  son  roi. 


tenant  (1791),  capitaine  (1793),  major  (1800),  aide  de  camp  de  Tarchiduc  Fer- 
dinand, colonel  (1805),  général-major  (1809),  feld-maréchal  lieutenant  après 
Dresde  (1813),  envoyé  aux  Congrès  de  Troppau,  Vérone  et  Laibach,  com- 
mandant militaire  à  Linz  (1829),  en  Transylvanie  (1831),  vice-président  du 
conseil  aulique  de  la  guerre  (1834^  chevalier  de  la  Toison  d'Or   1836). 

1.  Après  les  traités  de  Kiel  du  14  janvier  1814  avec  la  Suède  et  la  Grande- 
Bretagne,  le  Danemark  avait  signé  le  8  février  1814  à  Hanovre  un  traité  de 
paix  avec  la  Russie  aux  termes  duquel  (art.  VI)  les  troupes  russes  ne  pour- 
raient frapper  le  Ilolstein  d'aucune  contribution.  Malgré  cela,  les  Ambassa- 
deurs du  Roi  mandèrent  à  Jaucourt,  de  Vienne  le  16  octobre  :  «  Ce  qui  sem- 
blerait prouver  que  l'Empereur  de  Russie  ne  croit  pas  pouvoir  terminer  les 
affaires  cette  année,  c'est  qu'il  a  retardé  la  ratification  du  traité  avec  le  Dane- 
mark et  la  Suède  dont  il  doit  être  le  garant  et  qu'il  n'a  pas  donné  d'ordres 
pour  retirer  son  armée  qui  occupe  et  dévore  le  Holstein.  Le  roi  de  Dane- 
mark n'a  pu  rien  obtenir  à  cet  égard  ». 

Il  est  bon  de  rappeler  à  ce  propos  que  la  Convention  de  Moss  (sur  la 
rive  gauche  du  Golfe  de  Christiania)  suspendit  les  hostilités,  que  cette  trêve 
fut  suivie  le  17  août  par  un  traité  par  lequel  le  roi  de  Danemark  cédait  la 
Norvège  à  la  Suède,  que  le  25  le  Danemark  avait  conclu  la  paix  à  Berlin 
avec  la  Prusse  et  enfin  que  le  4  novembre  la  diète  norvégienne  proclama  le 
Hoi  de  Suède,  Roi  de  Norvège.  (Cf.  Talleyrand  au  roi.  Vienne,  17  octobre 
1814,  Dépêche  n"  6,  le  passage  relatif  à  la  Norvège  dans  le  mémorandum  re- 
mis par  Castelreagh  à  Alexandre.) 


126  AUTOUB  DU  GONGRÈS   DE   VISNNB 

155.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

SIBER   à   HAGER. 

Arrivée  de  Tlmpératrice  de  Russie. 

L'Impératrice  de  Russie  est  arrivée  aujourd'hui  à  trois  heures 
et  demie.  Ordre  parfait.  Aucun  incident  ou  accident  à  signaler. 


156.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1  ad  3565). 

F...   G...,  à  HAGER  (en  français). 
Rapports  des  Chancelleries  (Analyse). 

Fin-  du  désaccord  qui  avait  failli  compromettre  la  venue  des  souverains  à 
Vienne.  Murât  voulait  venir  ;  on  l'en  a  dissuadé,  il  en  a  été  de  même  pour 
Bernadotte.  Bruits  de  constitution  d'un  empire  germanique  Le  roi  de  Wur- 
temberg satisfait  de  l'accueil  qu'on  lui  a  fait  à  Vienne. 

Renseignements  recueillis  dans  les  chancelleries  signalant 
le  grand  désaccord  qui  avait  existé  entre  les  souverains  pen- 
dant plus  d'un  mois  et  qui  avait  même  rendu  douteuse  la  ve- 
nue de  l'Empereur  de  Russie  et  du  roi  de  Prusse.  L'entente 
sur  les  points  en  litige  se  serait  faite,  il  y  a  trois  semaines,  et 
leur  voyage  a  été  dès  lors  décidé.  C'est  pour  cette  raison  qu'on 
n'a  commencé  qu'il  n'y  a  que  trois  semaines  les  aménage- 
ments à  la  Burg. 

On  prétend,  et  on  assure  même,  que  le  roi  de  Naples  vou- 
lait venir,  mais  que  d'ici  on  l'en  a  empêché  et  que  l'Autriche 
seule,  mais  non  pas  l'Angleterre,  la  Russie  et  la  Prusse,  est 
liée  envers  lui  par  un  traité.  On  doute  fort  de  son  maintien 
sur  le  trône. 

Le  Prince  Royal  de  Suède  aurait  aussi  voulu  venir.  On  l'en 
a  dissuadé. 

Il  court  des  bruits  vagues  et  contradictoires  sur  la  consti- 
tution d'un  empire  germanique. 

Le  Roi  de  Wurtemberg  est  très  satisfait  de  l'accueil  qu'on 
lui  a  fait.  On  prétend  cependant  qu'il  est  le  plus  fier,  le  plus 
dur  des  souverains,  un  petit  tyranneau. 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      127 

157.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Surveillance  des  Souverains 

Roi  de  Pmsse. — En  visite  le  matin^chez  Tarchiduc  Charles. 
Sorti  le  soir  en  habit  civil  et  avec  xin  chapeau  rond  enfoncé 
sur  les  yeux  avec  le  prince  Wittgenstein  (1),  il  n'était  pas  encore 
rentré  à  dix  heures. 

Prince  Guillaume  de  Prusse.  —  Après  avoir  rendu  visite 
aux  membres  de  la  famille  Impériale,  il  a  reçu  le  prince  de 
Cobourg,  le  duc  de  Mecklembourg  et  est  allé  au  thé&tre  avec 
le  comte  Kinskj. 

Empereur  de  Russie.  —  Après  une  visite  à  la  grande  du- 
chesse d'Oldenbourg  (sa  sœur  Catherine)  et  après  avoir  été 
avec  Tempereur  (d'Autriche)  à  la  rencontre  de  l'impératrice, 
il  est  sorti  à  sept  heures  du  soir  avec  un  de  ses  aides  de  camp. 
On  croit  qu'il  est  allé  chez  la  princesse  de  la  Tour  et  Taxis. 

On  apporte  tous  les  matins  à  Alexandre  un  grand  morceau 
de  glace  pure  avec  lequel  il  se  lave  la  figure  et  les  mains. 

Impératrice  de  Russie.  —  Elle  n'a  fait  de  visite  qu'à  la 
grande  duchesse  d'Oldenbourg,  puis  le  soir  chez  l'Impératrice. 


158.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1  3728  ad  3565).  t» 

SIBER   à    HAGER 

Les  précautions  de  la  mission  anglaise.  Le  déménagement  de  Castlereagh^ 
Rouen,  Schlegel.  La  surveillance  de  Gampochiaro  et  de  Cariati.  La  mort 
de  Marie-Caroline  et  les  chances  de  rétablissement  de  Ferdinand  IV,  La- 
brador et  de  Castro. 

La  mission  anglaise,  ayant  évidemment,  par  surcroît  de  pré- 
caution, engagé  elle-même  deux  femmes  de  chambre,  il  me  faut, 
avant  d'essayer  de  me  procurer  les  papiers  déchirés  dans  les 
bureaux  et  jetés  dans  les  corbeilles,  m'assurer  de  ces  deux 
femmes  et  voir  si  l'on  peut  compter  sur  elles. 

1.  Le  prince  de  Sayn  Wittgenstein,  grand  chambellan,  Ministre  d'Etat  et 
de  police  du  roi  de  Prusse. 


128  AUTOUR   DU   CONGRÈS  DE  VIENNE 

Lord  Castlereagh,  mécontent  de  Tappartement  de  quatorze 
pièces  qu'il  occupait  im  Auge  Go t tes,  déménage  et  se  trans- 
porte Minoriten  Platz  n*  30,  au  premier  étage,  où  il  disposera 
de  vingt-deux  pièces. 

Rouen  (1)  le  secrétaire  de  Talleyrand,  écrit  toujours  dans 
la  chambre  même  de  son  patron  avec  lequel  il  dîne. 

Le  secrétaire  aulique  Frédéric  Schlegel  fréquente  assidûment 
chez  le  Nonce  et  chez  Stein  qui  habite  la  maison  Aichelburg 
no  1196. 

Campochiaro  et  Cariati  sont  désormais  surveillés  par  un 
agent  italien. 

On  pense  à  la  Légation  de  Prusse  que  la  mort  de  la  Reine 
Marie-Caroline  de  Sicile  (2)  facilitera  beaucoup  la  restauration 
de  son  bien-aimé  époux  Ferdinand  IV. 

Les  Espagnols  Labrador  et  de  Castro  ne  sont  pas  du  tout 
bien  ensemble,  le  premier  étant  un  partisan  et  Tautre  un  ad- 
versaire de  la  Constitution. 


159.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3942  ad  3565). 

Nota  à  HAGER   (en  français). 

Les  Polonais,  la  Narischkine  et  Alexandre.  La  correspondance  du  comte  de 
Komar  et  ses  relations  avec  l'ambassade  de  France.  Pourquoi  le  comte 
François  PalfTy  donnera  un  bal. 

^  Nouvelles  apprises  de  bonne  sources.  Les  Polonais,  toujours 
infatigables  à  chercher  des  protecteurs  et  à  s^accrocher  partout 
où  peut  leur  venir  une  lueur  d'espérance,  ont  réussi  à  inté- 
resser une  personne  de  grande  influence  à  leurs  desseins.  C'est 
la  princesse  Narischkine  (3)  issue  de  la  famille  polonaise  des 
princes  Czartoryski  et  dans  le  moment  la  belle  en  faveur  de 
TEmpereur  Alexandre. 

1.  Rouen,  attaché  à  la  Légation  française  à  Weimar  (1812),  commis  à  la  di- 
vision du  Secrétariat  (1813),  suivit  Talleyrand  à  Vienne.  Rédacteur  à  la  di- 
vision du  Nord  (1815),  deuxième  secrétaire  à  Turin  (17  juillet  1816),  premier 
secrétaire  à  Turin  (21  octobre  1819),  résident  et  consul  général  en  Grèce 
(31  décembre  1828),  résident  à  Nauplie  (15  mars  1833),  Ministre  plénipoten- 
tiaire à  Rio  de  Janeiro  (2  novembre  1836),  mis  à  la  retraite  (27  octobre  1841). 

2.  Elle  était  morte  au  château  de  Hetzendorf  le  8  septembre. 

3.  Maria  Antonia  (née  princesse  Czetwertinska)  femme  du  grand  veneur 
d'Alexandre  et  qui  fut  longtemps  Tune  des  favorites  de  l'Empereur. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       129 

M.  de  Komar,  qui  commence  à  jouer  un  rôle  parmi  les  Po- 
lonais et  se  montre  très  actif,  m'a  assuré  que  TEmpereur  s'est 
déjà  vu  avec  M"*  Narischkine.  Le  fait  est  que  les  Polonais 
fondent  de  grandes  espérances  sur  cette  nouvelle  protectrice 
quiy  autant  comme  Polonaise  de  naissance  que  par  Tespoir  de 
jouer  im  grand  rôle  dans  sa  patrie  rétablie,  ne  manquera  pas 
de  se  servir  de  toute  son  influence  pour  faire  réussir  les  vues 
et  les  vœux  de  ses  compatriotes. 

M.  de  Komar  (1),  dont  la  femme  a  passé  une  partie  de  sa  vie 
à  Paris  où  elle  est  en  ce  moment,  reçoit  régulièrement  des 
lettres  de  sa  femme  qui  a  été  très  liée  avec  l'Ambassadeur 
Narbonne  et  il  n'y  a  pas  de  doutes  que  son  mari  ait  des  rela- 
tions avec  l'Ambassade  de  France. 

Le  comte  François  Palffy  a  déclaré  que  pour  se  laver  de 
Taffront  d'avoir  été  rayé  de  la  liste  des  chambellans  destinés 
aa  service  des  Monarques  il  donnera  une  fête  brillante  à  l'Em- 
pereur de  Russie  et  aux  Souverains  actuellement  à  Vienne. 


160.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3585). 

Rapport  au    BARON    IIAGER 

Surveillance  des  généraux  comte  Witt  et  baron  Jomini. 

Visites  que  fait  et  reçoit  du  22  au  26  le  général  comte 
Witt  (2),  apparenté  à  la  Comtesse  Potocka,  déjà  très  connu  ici 
et  qui  aura  besoin  d'être  très  surveillé. 

Le  général  Jomini  (3),  arrivé  le  23,  n'a  fait  encore  que  des 


1.  Komar  (comte  et  comtesse  de).  Probablement  le  comte  Stanislas,  mari 
de  la  comtesse,  née  Orlowska,  et  mère  de  M"*  Nathalie  de  Komar,  dont  la 
DuCBBSSB  DB  DiNO  parle  au  lome  IV  de  ses  Souvenirs^  page  233  :  »  qui  est^ 
dit-elle,  dans  la  plus  grande  mysticité  et  qui  épousa  en  1850  à  l'âge  de  32  ans 
le  comte  de  Medici  Spada.  » 

La  comtesse  de  Komar  était  la  mère  de  la  comtesse  Delphine  Potocka  et 
de  U  princesse  Charles  de  Bcauvau. 

3.  Général  comte  de  Witt,  lils  du  premier  mariage  de  la  fameuse  comtesse 
Sophie  Potocka  (la  belle  Phanariotc),  s'était  distingué  pendant  les  campagnes 
de  1812, 1813  et  passait  pour  être  à  Vienne  l'un  des  chefs  de  la  police  secrète 
russe.  Il  exerça  par  la  suite  un  commandement  dans  l'armée  de  réserve  pen- 
dant la  campagne  de  1828.  Cf.  Annexe  XIV. 

3.  Jomini  (Henri,  baron)  né  à  Payerne  en  1779. 

T.  I.  9 


130  AUTOUR   DU  CONGRÈS    DE  VIENNE 

visites,  n'a  encore  écrit  à  personne  et  n'a  encore  rien  reçu,  ni 
par  la  poste,  ni  par  courrier,  ni  par  ordonnance. 


161.  Vienne,  27  Bcptembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

Rapport  à    HAGER 
Surveillance  de  la  Tour  du  Pin,  Talleyrand,  Dalberg,  Neukomm. 

La  Tour  du  Pin  a  cédé  son  installation  à  Talleyrand  et  va 
se  loger  au  Kaisergarten.  L'agent  Beckers  est  déjà  venu  trois 
fois,  mais  n'a  pas  été  reçu. 

Talleyrand(l)  habite  Johannesgasse  avec  Dalberg,  son  secré- 
taire Rouen  et  le  musicien  Neukomm. 

(Liste  des  visites  qu'il  a  faites  et  reçues.) 

On  a  essayé  de  surveiller  Neukomm,  mais  on  ne  Ta  pas 
encore  vu.  On  a  toutefois  pu  savoir  que  Neukomm  a  toute  la 
conflance  du  prince,  qu'il  écrit  dans  sa  chambre  et  dîne  à  sa 
table,  mais  il  vit  si  retiré  qu'on  Ta  à  peine  entrevu. 


162.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3564). 

GOEHAUSEN   à    HAGKR. 

Surveillance  du  Nonce. 

Visites  reçues  par  le  Nonce  qui  va  tous  les  jours  chez  Ruffo 
et  chez  Stackelberg.  Il  a  été  trois  fois  chez  Wrede  et  dîne 
souvent  chez  Stackelberg  (surveillé  par  Pœcker) . 

Le  Hofsecretâr  de  Schlegel  a  dîné  le  21  chez  le  Nonce  où  il 
y  avait  que  les  habitués. 

Resté  trois  jours  malade  chez  lui,  il  a  été  dès  sa  première 
sortie  chez  le  conseiller  prussien  Bartholdi,  chez  le  comte 
Munster,  chez  le  comte  Balk  (2),  diplomate  russe.  Il  a  reçu  le 

1.  Cf.  dans  Gaobrn. ifem  Antheil  an  der  PoUtik^  II,  p.  31,  une  conversation 
de  Tallejrrand  avec  Ga^rn  et  la  dépêche  que  celui-ci  écrivit  le  28  septem- 
bre à  sa  cour,  dans  laquelle  il  fait  déjà  entrevoir  l'opposition  que  fera  la 
France  A  rassujettissement  et  au  démembrement  de  la  Saxe. 

2.  Balk-Poleff  (Pierrc-Fédorovitch)  qui  fut  un  peu  plus  tard  envoyé  par  la 
cour  de  Russie  comme  ministre  plénipotentiaire  à  Rio  de  Janeiro. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET  LES  ÀJOURNEBfENTS   DU  CONGRÈS      131 

soir  même  la  visite  du  comte  Balk,  oe  qui  est  d'autant  plus 
étonnant  et  grave  que  Balk  habite  la  marne  maison  que  Steia. 


163.  Paris,  27  septembre  1814  (F.  1.  S713  ad  3S65V 

HOPFBN  à  HAGER. 

Surveillance  da  duc  de  Rocca  Romana 

En  rapport  constant  avec  Cariati  il  voit  souvent  la  du- 
chesse de  San  Marco^  l'ancienne  dame  d'honneur  de  feue  la 
reine  Marie-Caroline,  le  prince  de  Ligne,  le  comte  Zielinski, 
le  prince  de  Tarente,  le  duc  de  Campochiaro.  On  dit  qu'il 
partira  sous  peu. 


164.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER. 

.  Surveillance  de  Campochiaro 

Campochiaro  a  fait  avec  Cariati  une  visite  au  roi  de  Wur- 
temberg. Ils  se  firent  annoncer  comme  ministres  du  roi  des 
Deux-Siciles.  Il  a  donné  le  27  un  diner  aux  Italiens  et  il  a  reçu 
entre  autres  visites  celles  de  Castelalfer,  d'Aldini,  de  Saint- 
Marsan  et  de  Rossi  (1). 


165.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER- 

Notes  sur  Murât  et  le  roi  de  Wurtemberg. 

Murât  aurait  offert  au  Pape  d'évacuer  ses  Etats  s'il  voulait 
le  reconnaître. 

1,  Hoesi  (Alexandre  comte)  (1757-1827)  envoyé  à  Vienne  au  moment  du 
Congrès,  y  resta  comme  ministre  plénipotentiaire  de  Sardaigne. 


132  AUTOUR  DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

On  affirme  que  le  roi  de  Wurtemberg  inspire  mie  terreur 
folle  à  ses  ministres  et  à  son  entourage. 


166.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

Nota  à    HAGER  {Analyse  en  français). 

L'Espagne  et  le  rétablissement  des  Bourbons  à  Naples  et  à  Parme 

Découragement  de  Brignole 

Sur  Tintérét  que  Labrador  et  sa  Cour  portent  à  la  Cour  de 
Rome,  au  rétablissement  des  Rourbons  à  Naples  et  à  Parme. 
Les  Espagnols  joints  aux  Français  contrecarreront  les  chicanes 
des  Autrichiens,  Prussiens  et  Russes. 

Rrignole,  bien  qu'il  ait  été  reçu  par  Metternich,  est  désolé 
de  n'avoir  pu  obtenir  une  audience  de  TEmpereur. 


167.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

Rapport   à    HAGER. 

Surveillance  de  Tambassade  russe  et  d'Anstett  du  23  au  27  septembre 

L'Ambassade  russe  est  de  toutes  celle  qui  reçoit  le  plus  de 
monde.  On  n'a  expédié  aujourd'hui  qu'un  paquet  adressé  au 
comte  Mocenigo  (1). 

On  appelle  l'attention  sur  les  relations  constantes  et  suivies 
entre  Anstett  et  le  contrôleur  de  guerre  Mandel  qu'on  va 
surveiller  de  près  afin  de  savoir  pourquoi  il  lui  a  été  remis 
de  l'argent. 

(Joint  au  rapport  la  liste  des  visites  reçues  par  Anstett  du 
23  au  27  septembre.) 

Les  lettres  qu'on  lui  apporte  sont  remportées  tous  les  jours 
par  le  secrétaire  d'Ambassade  Koudriaffsky  (2). 

1.  Mocenigo  (Georges,  comte)  (1742-1839)  gouverneur  des  Iles  Indiennes 
pour  la  Russie,  puis  ministre  à .  Naples  lors  de  la  restauration  de  Ferdi- 
nand IV  jusqu'en  1821,  où  il  passa  à  Turin. 

2.  KoudriafTsky  (Emelian-Afanasiewitch)  (1776-1895)  fonctionnaire  du  mi- 
nistère des  Affaires  étrangères,  fut  longtemps  directeur  de  la  Chancellerie  de 
ce  Ministère. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU   CONGRÈS       133 

Anstett  a  dîné  le  23  chez  Nesselrode.  Le  24  il  écrit  et  fait 
porter  une  lettre  au  baron  Fischler  (1)  et  au  duc  de  Saxe  Co- 
bourg  (2),  dîne  chez  le  comte  François  Palffy,  va  avec  la  prin- 
cesse Bagration  au  théâtre  et  s'entretient  ensuite  une  heure 
avec  Bartsch. 

Le  25,  il  dîne  chez  la  princesse  Bagration,  va  avec  elle  au 
thé&tre  et  soupe  chez  elle.  Le  26,  longue  conférence  le  matin 
avec  Mandel  auquel  il  remet  une  forte  somme,  va  ensuite  tra- 
vailler avec  Nesselrode,  qui  a  reçu  deux  courriers,  dîne  à 
5  heures  chez  Metternich,  va  le  soir  au  théâtre  et  soupe  chez 
la  princesse  Bagration. 


168.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

Nota  à  HAGEIR  (en  français). 

Causes  de  l'animosité  d'Anstett  contre  l'Autriche. 

L'animosité  et  le  mécontentement  d'Anstett  contre  TAutri- 
cbe,  à  laquelle  il  a  rendu  de  réels  services  en  1809,  paraissent 
dus  à  ce  qu'on  a  jamais  voulu  les  reconnaître  en  lui  conférant 
des  distinctions  auxquelles  il  croit  avoir  droit.  Il  est  convaincu 
qu'il  doit  avoir  à  Vienne  un  ennemi  personnel  très  puissant  à 
la  Cour. 


169.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  1787  ad  3565,. 

BELLI0(3)auPRINCE  DE  VALACHIE  (/n^ercep/a  en  allemand) 

(Analyse). 

Accord  complet  entre  Talleyrand,  Castlereagh  et  Metter- 

1.  Fischler  de  Treuberg  (François-Xavier  baron)  colonel  et  représentant  de 
Saxe-Gobourg  Saalfeld. 

3.  Saxe-Cobourg  (Ernest,  duc  de)  né  le  22  janvier  1784,  monté  sur  le  trône 
le  9  décembre  1806,  mort  le  24  janvier  1844,  servit  d'abord  dans  l'armée  russe 
et  revint  après  Tilsit  dans  ses  Etats  qu'il  conserva  dans  leur  intégrité.  Le 
Congrès  de  Vienne  lui  donna  la  principauté  de  Lichtenberg  qu'il  vendit  à 
la  Prusse  en  1834. 

8.  Bellio,  agent  diplomatique  du  prince  de  Valachie  à  Vienne,  ne  tarda  pas 
à  devenir  suspect  et  à  être  expulsé. 


134  AUTOUR   DU   C02IGRÈS   DE   VIENNE 

nich  qui  s'opposeront  aux  prétentions  de  la  Russie  sur  la  Po- 
logne. Metternich  défendra  Tintégrité  de  la  Turquie. 

L'électeur  de  Hesse  Gassel  et  son  fils  arriveront  le  1*'  octobre» 
Le  prince  Guillaume  de  Nassau  (1)  viendra  également  avec 
son  père  (2). 


170.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  356»). 

Rapport  à  HAGER. 

Renseignements  donnés  par  KoudriaiTsky  sur  la  reconstitution  de  la  Pologne. 
La  question  de  la  Saxe.  Les  intentions  de  la  Russie,  de  la  Prusse  et  de 
l'Autriche. 

La  Russie  insistera  sur  la  reconstitution  de  la  Pologne  en 
royaume  et  on  travaille  sérieusement  à  la  rédaction  d'une  Cons- 
titution de  la  Pologne. 

La  Russie  cédera  la  Saxe  à  la  Prusse,  moins  quatorze  vil- 
lages qui  appartenaient  avant  1809  à  T Autriche  et  lui  feront 
retour.  Au  pis  aller,  la  Prusse,  pour  contenter  l'Autriche^  lui 
céderait  le  Comté  de  Glatz. 

Las  Prussiens  occuperont  la  Saxe  (3).  Un  corps  venant  de 
Munster  est  même  en  marche  pour  s'y  rendre  et  son  avant- 
garde  doit  déjà  avoir  atteint  la  frontière  delà  Saxe. 


171.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

Rapport  au  BAROxN    HAGER. 

Ce  que  Bartholdi  dit  de  Hardenberg,  de  la  Constitution  de  rAllemague, 

des  questions  de  Pologne  et  de  Saxe. 

1.  Guillsunie,  duc  de  Nassau,  né  le  14  juin  1792,  succéda  le  7  janvier  1816 
à  son  père  le  duc  Frédéric-Guillaume  et  le  24  mafs  de  la  même  année  à  son 
cousin  Frédéric-Auguste  de  Nassau- Usingen.  Il  arriva  à  Vienne  le  30  no- 
vembre. 

2.  Frédéric-Guillaume  de  Nassau,  monté  sur  le  IrAne  en  1788,  mort  le 
»  janvier  181«. 

3.  Cf.  SoRBL,  l'Europe  et  là  Révolttiion  FrançaisCj  t.  Vlll,  p.  396.  Alexan- 
dre engagea  le  roi  de  Prusse  à  exécuter  la  convention  secrète  du  28  septem- 
bre et  A  occuper  la  Saxe. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       135 

D'après  ce  que  dit  Bartholdi  (1),  Hardenberg  reçoit  tous  les 
jours  des  masses  de  lettres  et  quantité  de  brochures  qui  ont 
trait  à  la  constitution  de  l'Allemagne. 

Il  prétend  qu'on  sera  forcé  de  donner  cette  Constitution  et 
que,  si  on  ne  le  fait  pas,  il  y  aura  encore  bien  du  sang  de  ré- 
pandu en  Allemagne  où  les  esprits  ont  pris  feu  pour  cette 
Constitution. 

Il  a  dit  aussi  que  la  grande  affaire  qui  se  discute  à  présent 
aux  Conférences,  c'est  le  sort  de  la  Polc^ne.  Tout  dépend  de 
cette  base.  Alexandre  renoncera  peut-être  à  la  reconstitution 
du  rojaume,  mais  il  exigera  la  réunion  de  la  Pologne  tout  en- 
tière à  son  Empire.  S'il  obtient  cela,  la  Prusse  ne  démordra 
pas  de  ses  prétentions  sur  la  Saxe.  Si  la  Russie  renonce  à  la 
Pologne,  la  Prusse  se  contentera,  en  désespoir  de  cause,  do 
retour  à  elle  de  la  partie  de  la  Pologne  qui  lui  appartenait. 
Mais  Bartholdi  prétend  que  la  Russie  s'entêtera  et  que  le  dia- 
ble ne  la  chassera  pas  d'un  pays  qu'elle  occupe  avec  plus  de 
100.000  hommes  et  derrière  lesquels,  elle  en  a,  à  ce  que  dit 
Serra  Capriola,  300.000  autres  prêts  à  les  soutenir. 


172.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (eu  français,  en  partie  analyse). 

Nouvelles  diverses  relatives  aax  travaux  du  futur  Congrès.  La  princesse  Paul 
Esterhazy.  Les  Conférences  des  ministres  de  Bade,  Nassau  et  Darmstadt. 
Le  Roi  de  Wurtemberg. Schwarzenberg.  L'Ordre  Teutonique.  L'accord  en- 
tre Talleyrand  et  Castlereagh  et  entre  la  fiavière  et  l'Autriche.  Neukomm. 

Rapport  contenant  des  nouvelles  relatives  à  la  manière  dont 
se  réunira,  le  Congrès  et  aux  puissances  qu'on  y  admettra, 
ainsi  qu^  la  méthode  qu'on  semble  vouloir  suivre  pour  discu- 
ter et  régler  les  affaires  d'Allemagne. 

«  On  a  dit  hier  soir  chez  le  baron  Puffendorf  (2)  qu'on  avait 
eu  des  égards  particuliers  pour  le  roi  de  Wurtemberg  en  lui 
affectant  comme  adjudant  pendant  son  séjour  ici  un  aussi  joli 
garçon  que  le  jeune  comte  Woyna  (3).  On  a  remarqué  et  com- 

1.  Bartholdi,  conseiller  intime  de  légation  prussien,  parent  des  Arnstem. 

2.  PufTendorf  (Edmond-Frédéric  baron)  ancien  Conseiller  auliquc  de  l'Em- 
pire. 

3.  Le  Comte  Edouard  Woyna,  Capitaine  an  Béf^ment  de  hussards  Empereur. 


136  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

mente  l'absence  du  prince  de  Schwarzenberg  lors  de  l'arrivée 
des  souverains.  Le  Ministre  de  Wurtemberg  au  Congrès,  le 
baron  von  Linden  se  préoccupe  beaucoup  de  la  restitution  de 
Mergentheim  (l)  à  TOrdre  Teutonique.  » 

Impopularité  croissante  du  roi  de  Wurtemberg  à  Vienne. 

«  Un  Ministre  de  l'Ex-Confédération  Germanique  prétend 
que  Talleyrand  et  Castlereagh  sont  d^accord  sur  la  plupart  des 
grandes  questions,  et  un  diplomate  bavarois,  le  baron  Koch 
afGrme  que  la  Bavière  marchera  de  concert  avec  T Autriche. 

«  Il  y  a  dans  la  suite  de  Talleyrand  un  jeune  musicien 
nommé  Neukomm,  élève  de  Haydn,  dont  la  présence  semble 
étrange.  Cet  homme  est  très  attaché  à  Talleyrand.  Sa  venue 
ici  est  d'autant  plus  étonnante  que  fort  répandu  à  Paris  il  n'y 
avait  aucune  raison  pour  lui  de  quitter  cette  ville.  » 

L'agent  termine  son  rapport  en  disant  à  Hager  que  «  s'il  le 
désire  il  lui  communiquera  une  foule  de  renseignements  et 
d'anecdotes  relatives  aux  mœurs  et  h  la  vie  privée  du  roi  de 
Wurtemberg.  » 


173.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  13628  ad  3555). 

SCHMIDT    à    HAGER 

(Rapport  sur  les  crédits  ouverts  aux  souverains,  à  leur  suite 
et  à  des  personnages  marquants  chez  les  principaux  banquiers  de  Vienne.) 

Chez  Fries^  aux  souverains.  —  Empereur  de  Russie 
100.000  roubles;  roi  de  Prusse,  illimité;  rf?/C5  de  Weimar, 
d'Oldenbourg,  de  Mecklembourg,  chacun  5.000  florins,  prince 
de  Wrede,  100.000  florins. 

Chez  Arnstein  :  Castelalfer,  50.000  francs,  cardinal  Con- 
5a/vt, illimité  ;  duc  de  CampochiarOy  30.000  francs  ;  Grand-duc 
Héritier  de  H  esse  DarmstadtySO. 000  florins  ;  Edling ,  Grand  Maî- 
tre de  la  Cour  du  duc  de  Weimar,  2.500  thalers  ;  Riese^  chef 
de  cabinet  de  Stein^  2.000  thalers;  Marquis  Ginori^  Député, 
20.000  francs;  Com/^  de  Hartz{3éTàme Napoléon),  300.000  flo- 
rins ;  Conseiller  aulique  prussien,  Hegmbach^  6.000  thalers; 
baron  von  Hacke^  grand  Maître  de  la  Cour  de  Danemark, 

1.  L'un    des   principaux   bailliages   de    l'Ordre  Teutonique,  résidence   du 
Grand-Maître  de  l'Ordre  aboli  par  Napoléon  I*'  en  1809. 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      137 

30.000  ducats  d'abord, puis  peu  après  crédit  illimité;  Sénateur 
von  Hachj  de  Lûbeck,  illimité  ;  Prince  de  Hahenzollern-Sig- 
marin ff en,  30.000  thalers;  D^  Jassoy  (de  Francfort)  illimité; 
Kaula,  directeur  de  la  Banque  de  Wurtemberg,  10.000  tha- 
lers ;  5.  H,  Kaulay  25.000  thalers  ;  Keller^  Ministre  d'Etat  hes- 
sois,  2.600  francs  par  mois;  Comte  (Marquis)  de  la  Tour  du 
Pin  y  18.000  francs  ;  Lepelj  Conseiller  intime  de  la  Hesse 
Electorale,  10.000  thalers  ;  baron  von  Linden,  Ministre  d'Etat 
wurtembergeois,  8.200  thalers  ;  baron  von  Maltzahnj  ministre 
d'Oldenburg,  20.000  roubles  ;  L.  de  Medici,  50.000  francs; 
Mutzenbecher,  conseiller  aulique  d'Oldenbourg,  1.000 florins; 
Marquis  Malaspina  (1),  député  de  Milan,  1.000  ducats;  von 
Oertzenj  ministre  de  Mecklemburg^  Strelitz^  1.000  ducats; 
général  Pino,  20.000  francs  ;  Comtesse  Pino,  née  Calderari, 
20.000  francs;  Notabartolo,  Comte  Priola(%  30.000  lire  de 
Gênes;  Stolberg  Wernigerode,  10.000  florins;  Stampa^  député 
du  département  de  TAdige,  20.000  lire  de  Milan  ;  von  Staëge- 
mann,  conseiller  intime  prussien,  1.000  florins  ;  Prince  de 
Schaumburg-LippCj  20.000  thalers;  Prince  de  la  Trémoille- 
Tar^n/^,  10.000  francs;  Princesse SojoAî^  TFo/Aon^Aa, 5.000 rou- 
bles ;  Prince  royal  de  Wurtemberg  y  20.000  thalers  ;  Prince 
Wittgenstein,  2.000  florins;  von  Berg,  président  de  Schaum- 
burg-Lippe,l. 000  thalers;  Bogne  ^/eFaye,  secrétaire  de  la  Léga- 
tion de  France,  10.000  francs;  Princesse  d'Isenburg^  14.000  flo- 
rins;com/^  rf'/^enôi/r^, 8.000 florins; Conseiller  intime  prussien 
Zerboni  di  Sposettiy  500  thalers. 

D'autres  crédits  sont  ouverts  chez  Geymûller  et  chez  Smitmer. 


174.  Vienne,  29  septembre  1814. 

Bordereau  et  rapport  journalier  à  TEMPEREUR 

Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

SIBER    à    HAGER  (Analyse). 

L'arrivée  du  roi  de  Bavière,  les  visites  faites  le  27  par  l'empereur  de  Russie, 
les  rois  de  Prusse,  de  Danemark  et  de  Wurtemberg. 

Rapport  établissant  qu'aucun  incident  ne  s'est  produit  lors 

1.  Cf.  Annexe  XV. 


138  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE   VIENNE 

de  rentrée  à  Vienne  (le  28)  (1)  du  roi  de  Bavière  et  relevant  tou- 
tes les  mesures  prises  par  la  police  depuis  la  Mariahilferlinie 
jusqu'à  la  Burg,  lors  de  l'entrée  à  Vienne  le  25  de  l'Empe- 
reur de  Russie  et  du  roi  de  Wurtemberg. 

Le  roi  de  Prusse,  le  roi  de  Danemark  et  le  roi  de  Wurtem- 
berg  ont  rendu  visite  le  27  dans  la  matinée  à  Tarchiduc  Pala- 
tin (2)  qui  a  reçu  également  lord  Castlereagh. 

L'Empereur  de  Russie,  attendu  chez  le  Palatin  à  deux  heu- 
res, n'y  est  venu  qu'à  sept  heures,  mais  y  est  resté  trois  quarts 
d'heure. 


175.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

HAGER  à  V.  L...  (Leurs). 

Importance  du  r61e  de  la  police  d'état  pendant  le  Congrès.  Instructions  qu'il 
lui  donne.  Rapporta  à  fournir.  Recommandations  relatives  à  Uellio. 

Le  moment  actuel  est  de  la  plus  haute  importance  pour  la 
police  politique  de  l'Etat.  Aussi  SaMajesté  at-EUe  daigné  met- 
tre tout  spécialement  à  ma  disposition  tous  les  moyens  dont 
je  pourrai  avoir  besoin.  Afin  de  mieux  répondre  aux  désirs  de 
Sa  Majesté,  je  vous  invite  à  vouloir  bien  faire  appel  à  tous  les 
organes,  faire  usage  de  toutes  les  ressources  dont  vous  dispo- 
sez afin  de  pouvoir  me  fournir,  si  ce  n'est  tous  les  jours,  du 
moins  à  coup  sur  tous  les  deux  jours,  un  rapport  détaillé 
d'abord  sur  tout  ce  que  vous  pourrez  apprendre  des  événements 
du  Congrès,  ensuite  sur  les  différents  incidents  ou  événements 
de  la  vie  et  des  relations  des  souverains  étrangers  actuellement 
présents  à  Vienne. 

Je  vous  recommande  tout  particulièrement  de  ne  pas  néi^Ii- 
ger  Bellio  qui  est  sûr  d'apprendre  de  son  côté,  et  par  les  moyens 
dont  il  dispose,  maintes  choses  que,  je  n'en  doute  pas,  vous 
parviendrez  à  vous  faire  communiquer  par  lui. 


1.  Le  roi  et  la  reine  de  Bavière  arrivèrent  à  Vienne  le  28  septembre  à  5  heu- 
res de  l'après-midi. 

2.  L'archiduc  Joseph,  beau-frère  de  l'Empereur  Alexandre,  dont  il  avait 
épousé  la  sœur,  la  Grande-Duchesse  Alexandra  Pavlowna  (morte  le  14  mars 
1802),  cinquième  fils  de  Léopold  II,  né  à  Florence  le  9  mars  1776.  Palatin  en 
1795,  il  resta  pendant  cinquante  cl  un  ans  l'intermédiaire  entre  la  Hongrie  et 
la  cour  de  Vienne. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES   AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       131) 


176.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  5565). 

LE   ROI    DE   DANEMARK  à   LA    RELNE 
{Intercepta  en  allemand). 

Portrait  de  l'impératrice  de  Russie.  Arrivée  du  roi  et  de  la  reine  de  Bavière. 

On  perd  son  temps. 

L'impératrice  de  Russie  (1)  vient  d'arriver.  Elle  est  jolie  et 
agréable  sans  être  belle. 

Le  roi  et  la  reine  de  Bavière  (2)  arrivent  à  l'instant. 

On  n'aura  plus  maintenant  qu'à  faire  visites  et  contre-visi- 
tes {sic),  ce  qui  prendra  tout  un  temps  qu'on  employerait  plus 
utilement  autrement. 

On  n'a  pas  une  idée  comme  on  perd  son  temps  ici.  Eniin 
pourvu  que  tout  cela  finisse  bien. 


177.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

SIBER   à    HAGER. 

Établissement  et  premiers  résultats  de  la  surveillance  exercée 
sur  les  personnages  de  la  suite  du  tzar  qui  n'habitent  pas  la  Bur^;. 

Le  Prince  Troubetzkoï(3),  ayant  mal  au  pied  est  resté  chez 
lui.  Le  ComieGolenitche(r-KoutouzoiT(4)a  porté  lui-même  des 
lettres  au  prince  Esterhazy  et  au  Comte  Nesselrode  et  a  été 
chez  le  tzar  où  il  est  resté  de  onze  heures  à  cinq  heures. 

Jusqu'ici  Stein  n'a  pas  expédié  de  lettres.  Il  a  reçu  la  visite 

1.  Elisabeth-Alexéievna  (1779-1826)  fille  du  mar^ave  de  Bade-Durlach, avait 
épousé  en  179S  l'Empereur  Alexandre,  encore  gprand  duc. 

L'impératrice  de  Russie  arriva  à  Vienne  le  27  septembre  à  2  heures  de 
l'apréa-midi. 

2.  Marie- Wilhelmine- Auguste  de  Hesse-  Darmstadt. 

3.  TroubetikoL  (Prince  Basile  Serguéiévitch)  né  en  1773,  mort  en  1841»  aide 
de  camp  général  de  l'Empereur,  le  deuxième  mari  de  la  duchesse  de  Sagan, 
fitavec  distinction  les  campagnes  contre  les  Turcs  et  contre  la  France  (lieute- 
nant-général après  Leipzig,  générai  de  cavalerie  en  1826,  chargé  d'une  mission 
en  Angleterre  en  1830  il  devint  à  son  retour  membre  du  Conseil  Privé.  Cf. 
Annexe  XVI. 

4.  GolenitchetT-KoutouzofT,  général-lieutenant,  faisait  comma  Troubetzkoî 
partie  de  la  suite  d'Alexandre  !•'. 


140  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

du  général  Ojarowski  (1),  puis  celle  du  prince  de  Kaunitz  (2), 
On  surveille  également  Tchernitchefr(3)  et  Ojarowski. 


178.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3895  ad  3565). 

Rapport   à    HAGER. 

Surveillance  de  Stein. 

Stein  a  été  chez  Hardenberg  et  a  expédié  ensuite  des  lettres 
au  baron  Marschall  von  Biberstein  (4),  au  Comte  Schœnfeld  et 
au  Comte  Solms-Laubach.  Il  a  travaillé  en  rentrant,  est  re- 
tourné ensuite  chez  Hardenberg,  est  allé  de  là  chez  Metternicb 
et  chez  Trauttmansdorff.  Il  a  reçu  le  29  le  duc  de  Brunswick(5), 
le  prince  Narischkine (6),  Klûber  (7),  le  prince  de  Neuwied  (8), 
le  prince  de  Reuss-Greitz  (9)  et  enfin  il  a  été  comme  d'ordi- 
naire chez  l'Empereur  Alexandre. 


1.  Ojarowski  (Adam  Pctrovitch,  comte)  aide  de  camp  général  d'Alexandre, 
beau-frère  de  la  princesse  Bagration. 

2.  Kaunitz  (Alexis,  prince)  petit-flls  du  Grand  Ministre  de  Marie-Thérèse  ; 
il  jouissait  d'une  assez  mauvaise  réputation  à  Vienne. 

3.  TchcrnitchelT  (Alexandre-Ivanovitch,  prince)  (1779-1857)  remplit  en  1811 
à  Paris  une  mission  dans  laquelle  il  se  distingua  en  réussissant  à  révéler  à 
sa  Cour  le  plan  des  opérations  projetées  contre  la  Russie,  délivra  VVinzin- 
gerode  que  nous  avions  fait  prisonnier,  chassa  en  mars  1813  Augereau  de 
Berlin,  enleva  un  peu  plus  tard  Cassel  et  eu  1814  Soissons.  Chargé  d'une  foule 
de  missions  diplomatiques,  il  réprima  énergiquement  l'insurrection  de  1825, 
gagna  ainsi  la  faveur  de  l'Empereur  Nicolas  qui  le  fit  d'abord  comte,  puis 
ministre  de  la  Guerre,  le  créa  prince  en  1841  et  le  nomma  en  1848  président 
du  Conseil  de  l'Empire  et  du  Conseil  des  Ministres,  fonctions  qu'il  occupa 
jusqu'au  5  avril  1856.  Il  habitait  avec  Troubetzkoî,  Kœrntnerstrassc  n*>  1087, 
au  premier  étage. 

4.  Marschall  von  Biberstein  (Ernest- François-Louis,  baron)  un  des  deux 
représentants  do  Nassau  au  Congrès. 

5.  Frédéric-Charles-Guillaume  duc  de  Brunswick  (1771-1815)  tué  aux  Qua- 
tre-Bras  le  16  juin  1815. 

6.  Grand  veneur  d'Alexandre,  le  mari  de  Maria-Antonia  Czetwcrtinska, 
l'une  des  favorites  de  l'Empereur. 

7.  Kliiber  (Jean-Louis)  Conseiller  d*Etat  badois  né  en  1762,  connu  par  son 
livre  :  Acien  des  Wiener  Congresses,  en  huit  volumes. 

8.  Wied-Neuwied  (Jean-Auguste-Charles)  né  en  1779,  auquel  son  père  céda 
la  régence  en  1802. 

9.  Henri  XIII  de  Reuss  Plauen  Greitz,  né  le  16  février  1747,  prince  régnant 
depuis  le  28  juin  1800,  mort  en  1817. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS       141 
179.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3665). 

Rapport  à    HAGER   (Analyse). 

Les  intentions  de  Labrador  à  propos  de  Gènes  et  du  Piémont.  Les  deux  mil- 
lions de  Brignole.  Le  silence  de  Gastlcreagh.  Le  projet  prussien  de  Cons- 
titution de  l'Allemagne  refusé  par  Metternich  La  parenté  de  Dalberg  et 
de  Brignole. 

Labrador  s'opposera  à  la  cession  de  Gênes  au  Piémont.  Il 
parait  que  Brignole  dispose,  à  cet  effet  de  deux  millions  et 
qu'il  se  propose  d'essayer  de  gagner  Metternich.  Castlereagh 
ne  se  prononce  pas  sur  la  question  de  Gênes. 

L'accord  est  loin  d'être  fait  sur  les  affaires  d'Allemagne.  Le 
projet  d'organisation  de  l'Allemagne  élaboré  à  Berlin  a  été 
refusé  par  Metternich  (1). 

L^auteur  du  rapport  insiste  en  terminant  sur  la  parenté*  de 
Dalberg,  allié  par  sa  femme  avec  Brignole. 


180.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3716  ad  3565). 

SCHMIDT    à    SiBBR 

Surveillance  de  Bellio.  Ordre  donné  parHagerà  la  suite  du  rapport  ci-dessous 

(pièce  181  en  date  du  23  septembre). 

Ordre  de  surveiller  de  très  près  Bellio,  agent  du  prince  de 
Valachie  à  Vienne, 


181.  Vienne,  23  septembre  1814  (P.  1.  3716  ad  3567). 

(en  français) 

Bellio  est  en  relation  avec  le  conseiller  intime  russe  Ott  et 
en  correspondance  suivie  avec  Ja  France.  En  allant  chez  lui 
et  en  l'attendant  pendant  qu'il  était  sorti,  j'ai  pu  lire  un  mé- 

1.  Cf.  d'AMOBBBRO,  page  243.  Projet  contenant  les  bases  d'une  constitution 
fédérale  pour  1  Allemagne  communiqué  par  le  prince  de  Hardenberg  au  prince 
de  Metternich,  le  13  septembre  1814. 


142  AUTOUR   DU  GOHGftàS  DE  VIBNMe 

moire  sur  la  situation  politique  et  la  nécessité  de  la  reconsti- 
tution de  la  Pologne,  mémoire  qui  n'a  pas  été  écrit  par  Bellio, 
incapable  de  rédiger  une  pareille  pièce  (1), 


182.  Vienne,  28  septembre  1S14  (F.  1.  3718  ad  3505). 

COMTE    DE   SCHULENBURG   à   EINSIEDEL  (2).    (à    Berlin) 

(Intercepta  en  allemand)  (Analyse). 

Les  iutentions  et  le  programme  de  la  France  au  Congrès  et  en  particulier 
relativement  à  la  Saxe.  L'attitude  de  Labrador. 

L'Ambassade  de  France  au  Congrès  est  arrivée  le  24.  J'ai 
causé  déjà  avec  euic  et  voici  quelles  sont  leurs  vues. 

La  France  satisfaite  de  ses  frontières  ne  veut  pas  d'agran- 
dissement et  ne  désire  que  le  repos  et  la  paix  de  TEurope.  Elle 
défendra  et  proclamera  les  principes  d'équité  qui  reposent  sur 
l'équilibre  politique  consenti  et  établi  par  l'accord  des  puis- 
sances. C'est  pour  cette  raison  même  que  la  France  ne  peut 
admettre,  ni  ce  qui  s'est  passé  à  Naples  par  ordre  de  Napoléon, 
ni  ce  qui  a  été  fait  pour  le  duché  de  Varsovie  et  pour  la  Saxe, 
et  encore  moins  ce  qu'on  se  propose  de  faire  de  ce  royaume. 

Bien  que  ni  le  prince  de  Talleyrand  ni  le  duc  de  Dalberg 
n'aient  encore  fait  et  n'aient  encore  pu  faire  à  ce  propos  de 
déclaration  formelle  et  officielle,  la  France  veut,  en  un  mot,  le 
maintien  du  royaume  de  Saxe  et  de  la  dynastie  actuelle. 

Labrador  a  reçu  de  sa  Cour  l'ordre  d'agir  dans  le  même 
sens  et  je  crois  que  les  Ministres  de  France  ont  déjà  fait  oon- 

1.  Bellio  ne  tarda  guère  à  être  expulsé.  Le  Mémoire  dont  il  s'agit  ici  est  le 
Mémoire  du  18  août  de  Gentz  sur  la  Pologne  publié  par  Klinkowstrcbm  dans 
Œsterreichs  Theilnahme  an  dtn  Befreiungs  Kriegen  (pages  384-395). 

3.  Le  comte  d'Einsiedel  était  resté  auprès  de  son  roi.  «  Premier  Ministre 
sous  le  titre  de  Ministre  de  Cabinet,  dira  plus  tard  de  lui  (en  1826)  Cussy  dans 
ses  Souvenirs,  I,  345,  il  a  sous  sa  direction  spéciale  l'intérieur  et  les  affaires 
extérieures  Ce  personnage  auquel  Frédéric- Auguste  donne  toute  sa  confiance 
est  roi  autant  et  même  plus  que  son  maître.  11  ne  manque  pas  d'habileté, 
mais  sa  politique  le  place  à  la  remorque  de  la  Prusse  et  ses  intérêts  le  main- 
tiennent dans  cette  voie.  Il  est  en  effet  propriétaire  d'importantes  usines  se 
trouvant  sur  le  territoire  saxon  et  le  territoire  prussien  et  a  obtenu  de  la 
Prusse  de  grandes  facilités  pour  leur  exploitation.  Je  doute  que  sous  un  autre 
roi  il  puisse  se  maintenir  au  pouvoir  «. 

Et  en  effet  on  1829,  deux  ans  après  l'avènement  du  roi  Antoine  il  fut  forcé 
de  donner  sa  démission. 


LES  PRËLIHIIfAIEES  ET  LKS  AJOOANEMKKTS  DU  CONGRÈS      1 13 

naître  ces  inteatioas  et  leur  programme  aux  hommes  d'Etat 
avec  lesquels  ils  ont  eu  occasioa  de  s'entretenir. 


183.  Vienne,  33  septembre  IKH  (F.  1.  S'IB  ad  36S5). 

ROSENCRANZ   à   BLOME  (1)  à   SAINT-PÉTERSBOURG 
{intercepta  aa  français). 


Sa  Majesté  (le  roi  de  Danemarck)  envoya  aussitôt  après 
l'entrée  de  l'Empereur  Alexandre  demander  à  lui  faire  la  pre- 
mière visite.  A  quoi  Sa  Majesté  fit  répondre  qu'EUe  passerait 
chez  le  roi. 

Cette  entrevue  ne  fut  que  d'un  moment. 

Après  dîner,  le  roi  rendit  la  visite  et  aborda  à  cette  occa- 
sion l'Empereur  franchement,  faisant  voir  qu'il  ne  ferait  pas 
mention  du  passé,  mais  qu'il  réclamait  l'amitié  de  Sa  Majesté 
pour  l'avenir.  Il  insista  sur  la  ratiPication  du  traité  comme  le 
premier  pas  qui  restait  à  faire  et  sur  le  retrait  des  troupes  du 
Holstein. 

11  crut  comprendre  à  la  suite  de  r[uelques  explications  que 
l'Empereur  accorderait  incessamment  l'un  et  l'autre. 

Mais,  à  moins  que  je  ne  voie  bientôt  cette  espérance  rem- 
plie, je  désespérerai  encore  de  notre  salut.  Rien  ne  m'indique 
au  moins  que  les  augures,  que  vous  tirez  du  passé  et  de  la 
chute  de  celui  qui  avait  inspiré  la  terreur  à  tous  sans  excep- 
tion, dans  votre  lettre  du  1Ï/2G  du  passé  qui  est  la  plus  ré- 
cente dont  je  sois  en  possession,  seront  de  sitôt  réalisés.  La 
même  influence  contre  nous  existe  toujours  dans  toute  sa  force. 
On  ne  se  contente  pas  6e  nous  avoir  coupé  une  jambe  ou  un 
bras.  On  veut  que  le  monstre  suce  jusqu'à  la  moelle  de  nos 
os.  Nous  restons  exposés  dans  l'arène  comme  les  victimes  li- 
vrées aux  bêtes  fauves. 


t.  Blome  (OtLa  comte  de)  ancien  ministre  de  Danemark  eo  RuMie,  était  i 
ce  moment  encore  à  Péleribourg-,  Duii  lana  caractère  officiai,  comme  l'icrivail 
NoaUIea  i  Talleyrand  le  0  septembre  iHU  et  il  «joutait  :  *  On  dit  que  dans 
peu  il  reprendra  le  poate  diplomatique  qu'il  occupait  autrerois.  > 


144  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 


184.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

GAGERN    au   PRINCE   D'ORANGE   NASSAU  (1) 

(intercepta  en  français). 

La  question  de  Pologne.  Lord  Gastlerea^h  et  les  limites  de  la  Prusse  du  côté 
de  la  France.  Le  Luxembourg.  Entretien  avec  Talleyrand.  La  Saxe  et  les 
vues  de  la  France.  Echec  du  projet  prussien  de  constitution  allemande. 

Les  formes  du  Congrès  ne  sont  pas  encore  établies.  Voici 
ce  qui  par  pièces  et  morceaux  est  venu  à  ma  connaissance. 

1'  On  a  déjà  cédé,  je  crois,  sur  l'article  de  la  Pologne  et  de 
son  rétablissement  comme  royaume  indépendant  (2).  On  se 
borne  à  demander  que  TEmpire  russe  ne  dépasse  pas  la  Vis- 
tule.  La  Prusse  garderait  donc  beaucoup  de  ce  côté-là.  L'Em- 
pereur Alexandre  ne  fait  que  d'arriver  et  j'ignore  quelle  sera 
sa  réplique. 

2°  M.  de  Spaen  et  moi,  nous  avons  eu  une  première  confé- 
rence avec  lord  Castlereagh.  Les  différentes  questions  ont  été 
discutées  pour  et  contre.  Je  ne  citerai  que  celles-ci  : 

1^  S'il  convenait  au  grand  système  politique  que  la  Prusse 
touche  à  la  France  ? 

2®  Si  Luxembourg  se  trouve  bien  entre  les  mains  de  Votre 
Altesse  Royale  ? 

Mes  arguments  pour  nier  l'une  etafOrmer  l'autre  paraissent 
avoir  fait  impression  et  suivant  mes  notions,  les  deux  points 
sont  gagnés. 

Sur  le  premier  article,  j'objectais  à  lord  Castlereagh  ou  à 
des  observations  qui  n'étaient  peut-être  pas  les  siennes  :  a) 
Que  la  Prusse  s'affaiblirait  par  trop  d'étendue,  b)  Qu'il  fallait 
lui  supposer  le  même  zèle  de  défendre  la  rive  gauche  du  Rhin 

1.  Guillaume,  prince  d'Orange-Nassau,  plus  tard  Guillaume  1*%  roi  des 
Pays-Bas,  né  en  1772,  passé  au  service  de  l'Autriche  lorsque  son  père  le  Sta- 
thouder  Guillaume  V  abdiqua  et  se  réfugia  en  Angleterre  durant  l'invasion 
française.  Il  obtint  en  1803  moyennant  l'abandon  de  ses  droits  sur  la  Hol- 
lande l'abbaye  de  Fulde  qui  venait  d'être  sécularisée,  mais  il  en  fut  dépouillé 
en  1806  pour  avoir  embrassé  le  parti  de  la  Prusse  et  reprit  du  service  en  Au- 
triche. Rentré  en  Hollande  en  1813,  il  prit  le  titre  de  prince  souverain  des  Pro- 
vinces-Unies. Le  Congrès  de  Vienne  lui  reconnut  le  titre  de  roi  des  Pays-Bas 
et  réunit  la  Belgique  à  la  Hollande,  il  combattit  à  Waterloo  où  il  fut  même 
blessé,  perdit  plus  tard  la  Belgique  qui  proclama  son  indépendance,  abdiqua 
en  1840  et  mourut  à  Berlin  en  1843. 

2.  Les  afTaires  de  Pologne  étaient  loin  d'être  aussi  avancées. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET   LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       145 

pourvu  qu'elle  y  possède,  car  j'assure  à  Votre  Altesse  Royale 
que  je  ne  me  suis  jamais  cru  assez  fort  pour  Ten  détourner 
entièrement  dès  le  moment  qu'elle-même  ne  partagerait  pas 
cette  persuasion.  EnGn  c)  qu'elle  serait  mieux  en  seconde 
ligne. 

Quant  à  la  seconde,  nous  avons  appuyé  :  1*  sur  le  danger 
pour  les  Pays-Bas,  si  une  autre  grande  Puissance  possédait 
cette  forteresse  et  les  enveloppait,  pour  ainsi  dire  ;  2°  sur  la 
confiance  en  eux-mêmes  qu'il  fallait  inspirer  aux  Belges  par  ce 
qu'il  s'agissait  :  3*  de  la  principale  défense  de  l'Etat  au  dire 
de  tous  les  gens  instruits  dans  l'art  de  la  Guerre. 

Si  je  dis  que  ces  deux  points  sont  gagnés,  c^est  que  j'ai  cru 
entrevoir  dans  mes  conversations  avec  Lord  Clancarty(l),que 
les  Prussiens  ne  s'opposent  plus  qu'à  l'extension  des  Etats  de 
Votre  Altesse  Royale  jusqu'à  Zell  sur  la  Moselle  (départements 
du  Rhin  et  Moselle),  c'est-à-dire  que  la  Prusse  veut  empêcher 
la  jonction  des  Pays-Bas  avec  les  Etats  de  Nassau  et  qu'elle 
veut  être  maltresse  de  tout  le  cours  du  Rhin.  Il  faut  espérer  que 
les  Anglais  et  les  autres  Puissances  alliées  tiendront  bon. 

3*  J'ai  été  voir  sur  le  champ  M.  de  Talleyrand.  Je  croyais 
que  c'était  la  marche  la  plus  naturelle.  D'ailleurs  Votre  Altesse 
Royale  sait  assez  que  ce  n'était  pas  à  lui  que  j'ai  jeté  la  pierre. 
On  peut  être  violent  adversaire  en  temps  de  guerre  ;  la  paix 
signée,  il  faut  se  donner  les  mains  et  ne  plus  conserver  d'amer- 
tume. Il  m'^  fort  bien  reçu  et  (2)  il  n'aurait  dépendu  que  de  moi 
de  le  faire  entrer  en  matière  sur  tout  plein  d'objets.  Mais  comme 
une  telle  discussion  de  bien  des  articles  ne  m'est  pas  permise, 
vu  la  position  de  Votre  Altesse  Royale,  tout  s'est  passé  en 
observations  générales  : 

«  Que  la  volonté  de  la  paix  est  la  seule  occasion  de  force 
aujourd'hui  pour  la  France  ; 

€  Que  la  France  devait  donner  de  bons  exemples  après  tant 
de  mauvais  et  aussi  de  bons  conseils  ; 

€  Qu'il  fallait  être  bon  Européen  modéré  ; 
*   «  Que  la  France  ne  demandait  rien,  absolument  rien,  excepté 

1 .  Kichard  le  Poer  Trench,  comte  Clancarty ,  vicomle  Dunlo,  baron  de  Kil- 
connel,  conseiller  privé,  président  du  Conseil  privé  pour  les  Colonies  et  le 
Commerce,  maître  général  des  Postes,  colonel  du  régiment  de  la  Milice  du 
Comté  de  Galway,  l'un  des  plénipotentiaires  anglais  au  Congrès. 

3.  Gagern  a  publié  toute  cette  partie  de  la  présente  dépêche  à  partir  de 
cette  phrase  jusqu'aux  mots  «  à  la  bonne  heure  i»,dans  son  livre  :  Mein  Antheil 
an  der  Polilik,  II,  37. 

T.  I.  10 


144  AUTOUR    DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

ce  qui  était  exprimé  dans  le  prologue  de  la  Paix  :  Une  juste 
répartition  des  forces  entre  les  Puissances,  * 

J'ai  entrevu  qu'il  appuyait  sur  ces  paroles  et  qu'il  comp- 
tait bien  tirer  de  ces  expressions  un  peu  vagnes  le  parti  qui 
lui  convenait.  Je  crois  savoir  déjà  que  c'est  un  prétexte  de 
s'opposer  à  l'assujettissement  ou  au  démembrement  de  la 
Saxe.  A  la  bonne  heure  (1).  Quant  à  cet  objet.  Votre  Altesse 
Royale  ne  demandera  pas  mieux. 

Le  projet  constitutionnel  des  Prussiens  (2)  est  déjà  tombé  h 
plat.  Ils  voudraient  peut-être  le  désavouer.  Mais  il  m'a  été  re- 
mis par  le  Comte  de  Munster  comme  parfaitement  authentique. 


185.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

HAGER   à    L'EMPEREUR. 

Bordereau  des  rapports  parvenus  dans  la  journée  du  28  et 
contenant  entre  autres  des  rapports  sur  l'ambassade  de 
France,  Talleyrand,  Anstett,  Stein,  Witt,  Hardenberg,  le 
grand  duc  de  Hesse-Darmstadt,  La  Harpe^  Rengger  (3),Cariati, 
Aldini,  etc.. 


186.  Vienne,  29  septembre  1814  (P.  1.  3972  ad  3565'. 

N.  N.    à    HAGER   (en  français). 

Les  promesses  d'Alexandre  aux  Polonais.  L'influence  du  prince  Adam 
Czartoryski.  Disgrâce  de  Razoumoffsky.  On  le  trouve  trop  autrichien. 

Alexandre  ayait  promis  aux  Polonais,  lors  de  son  séjour  à 

1.  A  la  place  des  quelques  phrases  qui  suivent  ici,  on  lit  dans  le  livre  de 
Gagern  :  «  Mais  il  pouvait  bien  vouloir  aussi  empêcher  la  couronne  impériale 
el  par  conséquent,  à  mon  avis,  toute  espèce  d'ordre  en  Allemagne.  » 

2.  Projet  renfermant  les  bases  d'une  Constitution  fédérale  pour  l'Allema- 
gne communiqué  par  le  furince  de  Hardenberg  au  prince  de  Metlernich  à  Ba- 
den,  le  13  septembre  1814.  (Projet  se  composant  de  XLI  articles;.  Cf.  d'An- 
geberg  243-249.) 

3.  Rcngger  (Albert),  docteur  en  médecine,  ancien  ministre  de  l'inlérieur  de 
la  République  helvétique,  représentait  à  Vienne  les  cantons  d'Argovie  et  de 
Saint-Gall. 


LES  PRALIMIKAIRES  ET  LES  AJOURHEBICirTS  DU  CONGRÈS      147 

Paris,  de  rétablir  le  royaume  de  Pologne.  La  fevenr  particu- 
lière, l'amitié  intéressée  de  l'Emperear  pour  le  prince  Czarto- 
ryslri  (1)  leor  en  semblent  nn  sûr  garant. 

Ilsallirment  que,  malgré  lesdémonstTationffd'amitiéd' Alexan- 
dre pour  notre  Cour,  ses  vues  sur  la  PoUtgne  sont  <fiamétrale- 
Tttemt  opposées  h  celles  de  l'Antriciie.  Us  disent  que  Razou- 
mofTi^y  est  en  disgrâce,  rien  que  parce  qu'il  était  en  trop 
bonne  grâce  ici. 

Je  me  suis  trouvé  hier  chez  M.  de  Ott.eonseiller  d'Etat  près 
de  l'Ambasftade  russe,  et  j'ai  pu  me  convaincre  que  Razou- 
molTsky  n'est  pas  en  crédit. 

Les  Polonais  parlent  beaucoup  d'un  escalier  dérobé  condui- 
sant  h  l'appartement  d'Alexandre  et  grâce  auquel  on  arrive 
cbefl  lui  sans  être  vu. 


187.  Vienne,  27  scplcmbre  1»H  (F.  I.  397!  ad  356b). 

Kappobt  k    UAGER 

l<i  millions  de  Brignole.  L'accord  entre  la  France  el  l'Espagne.  MeLtemiob 
et  le  projet  pruseieii  do  Constitution  de  rAIIcmagac.  Purlrait  de  DalberR. 
Sa  parenté  avec  ft'ignole. 

Brignole  doit  recevoir  ces  jours-ci  deux  millions  à  employer 
principalement  à  gagner  le  prince  de  Metternich  à  la  cause 
de  Gênes  et  les  traites  sont,  paraît-il,  déjà  en  route.  En  atten- 
dant, Metternich  ne  semble  pas  bien  disposé  en  faveur  de 
Gfees,  On  affirme  qu'il  aurait  dit  à  Brignole  que  c'était  déjà 
chose  décidée  et  que  Gênes  serait  attribué  au  roi  de  Sardaigne  (2). 
Castlereagh  ne  lui  a  pas  donné  nno  réponse  catégorique.  Bri- 
gnole espère  être  plus  heureux  auprès  d'un  autre  diplomate 
anglais,  Lamb(3),  si  je  ne  me  trompe. 

L'Eapagne  marchera  complètement  d'accord  avec  la  France 

l.  Un  autre  rapport,  en  date  du  même  Jour,  de  GcBfaatt««n  i  H^er  iP.  1.389-1 
ad  35U)  Mail  tout  entier  consacrt  &  l'arcirie  imminente  du  prince  Adam 
CMvtorjriki  «l  i  l'espoir  que  les  Polonais  fondaient  sur  lui. 

3.  Le  deuxième  artiolo  secret  des  traitis  de  Paris  du  30  mai  1814. 

3>i  Minielre  plénipoteuliaire  srf  inttrâa,  i  Vienne  jusqu'à  l'arrivée  de  lord 
Char  kl  Stewart. 


148  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

et  il  semble  que  les  deux  pays  ont  fait  revivre  leurs  anciens 
traités  (1). 

C'est  à  Berlin  qu'on  a  élaboré  le  projet  de  la  Constitution 
future  de  TAllemagne  qu'Hardenberg  a  remis  à  Metternich 
qui  Ta  médiocrement  goûté.  Un  raconte  qu'il  aurait  passé  ce 
très  gros  projet  aux  conseillers  de  la  Chancellerie  d'Etat  en 
les  invitant  à  lui  faire  connaître  dans  les  vingt-quatre  heures 
ce  qu'ils  en  pensent. 

On  regrette  vivement  que  dans  des  circonstances  aussi  gra- 
ves il  n'y  ait  plus  à  la  Chancellerie  d'Etat  ni  un  Leykam,  ni 
un  Lehrbach,  ni  im  Deiser  (2). 

On  y  trouve  assurément  des  hommes  connaissant  à  merveille 
la  constitution  et  la  législation  administrative  de  l'Empire  al- 
lemand, mais  il  n'en  est  aucun  qui  se  rende  un  compte  exact 
des  intérêts  de  la  Maison  d'Autriche  dans  une  pareille  con- 
joncture et  qui  soit  en  mesure  de  travailler  conformément  aux 
principes  du  système  qu'on  avait  eu  la  sagesse  d'adopter. 

Le  Sénateur  Dalberg,  le  neveu  de  l'infâme  coadjuteur,  est 
arrivé  ici  avec  Talleyrand.  Le  jeune  Dalberg,  au  fond  bien  dis- 
posé pour  TAutriche,  a  dû  être  pour  son  oncle  un  informateur 
des  plus  précieux.  Tant  par  lui-même  que  par  son  oncle  qui 
vit  encore,  Dalberg  se  trouve  être  à  peu  près  le  seul  diplomate 
étranger  qui  connaisse  assez  bien  les  relations  et  le  système 
politique  de  la  maison  d'Autriche  et  de  l'Empire  allemand.  Il 
y  a  donc  dans  les  circonstances  présentes,  et  en  raison  même  de 
ce  fait,  tout  intérêt  à  le  gagner.  C'est  un  homme  de  talent 
ayant  des  connaissances  et  un  savoir  assez  étendu.  Mais  il  est 
léger.  En  revanche  il  n'est  pas  méchant  et  pendant  longtemps 
même  il  n'a  nullement  partagé  les  idées  et  les  principes  de  son 
oncle.  Sa  femme  est  la  fille  ou  la  nièce  du  Génois  Brignole(3), 
et  il  y  a  pour  cette  raison  tout  lieu  de  penser  que  ce  dernier  se 
servira  de  Dalberg  pour  chercher  à  assurer  la  réussite  de  ses 
projets. 


1.  En  attendant  il  n'y  avait  entre  la  France  et  l'Espag^ne  que  le  traité  du 
20  juillet  1814. 

2.  Anciens  conseillers  de  la  ChanceUerie  d'Etat. 

3.  Dalberg  était  le  beau-frére  de  Brignole  et  le  gendre  de  la  dame  d'honneur 
de  Marie-Louise,  puisqu'il  avait  épousé  le  27  février  1808  Marie-Pellegrina- 
Thérèse-Gatherine  de  Brignole  Sale,  fille  du  Marquis  de  Brignole-Sale  et  d'Anne- 
Marie  Gasparde-Vincente  Fieri  comtesse  de  Brignole  et  de  l'Empire.  La  du- 
chesse de  Dalberg  était  la  sœur  du  marquis  Brignole,  qui  fut  ambassadeur  de 
Sardaigne  à  Paris,  et  de  la  comtesse  Marescalchi. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       149 

188.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Dalberg  et  son  oncle  le  prince-primat.  La  pension  de  ce  dernier  et  la  lettre 
de  Mettemich  à  Gaulaincourt.  Ses  alliances,  ses  parentés  à  Vienne  et  en 
Italie.  Sa  situation  personoelle,  sa  position  par  rapport  à  Talle3rrand.  La 
valeur  politique  du  baron  PufTendorf.  Les  comtes  Degenfeld  et  Sickingen. 

Voici  ce  que  Dalberg  m'a  dit  :  «  On  nous  a  calomniés,  moi 
et  mon  oncle  (le  prince-primat)  (1)  et  personne  n*a  agi  plus 
loyalement  et  plus  correctement  que  nous  par  rapport  à  l'Al- 
lemagne. Berlin  a  trahi  et  sacrifié  TAUemagne  moyennant  la 
cession  de  Mayence  et  de  la  rive  gauche  du  Rhin  en  échange 
de  Venise  qu'on  laissait  à  rAutriche(2).Nous  avons  encore  en 
mains  ime  lettre  originale  de  la  mi-mars  de  cette  année  dans 
laquelle  Mettemich  conjure  Gaulaincourt   de  tout  mettre  en 
œuvre  pour  maintenir  Napoléon  sur  son  trône.  Nous  en  ferons 
usage  à  Vienne  et  nous  obtiendrons  la  pension  qui  est  due 
au  Primat  (3).  La  Bavière  nous  l'a  promis.  » 

Le  duc  de  Dalberg,  dont  le  père  est  le  frère  de  la  comtesse 
von  der  Leyen,  mère  de  la  comtesse  Schœborn-Leyen  (de 
Vienne),  a  par  les  Schoenborn-Leyen  de  Vienne,  par  les  Schoen- 
born-Stadion,  également  de  Vienne  (dont  la  petite  fille  est 
M"*  de  Tascher  à  Paris),  parle  fief  jadis  immédiat  d'Herrens- 
heim  près  de  Worms  appartenant  à  la  famille  de  Dalberg,  par 
la  seigneurie  de  Bliescastel  (près  de  Trêves)  sur  la  rive  gau- 
che du  Rhin,  appartenant  aux  comtes  von  der  Leyen,  par  les 
créatures  que  le  Primat  a  fourrées  dans  les  bureaux  de  Tan- 
cienne  chancellerie  d'Empire  et  dans  les  couvents  et  chapitres 
qui  jouissaient  jadis  de  Timmédiateté,  par  les  savants  et  les 

1^  Dalberg  (Charles  prince  de)  (1744-1817).  Entré  dans  les  ordres,  devenu 
en  1773  conseiller  intime  de  l'électeur  de  Mayence,  puis  gouverneur  d'Erfurt, 
coa^juteur  de  rarchevéque  de  Mayence  auquel  il  succéda  en  1802,  nommé 
ensuite  archi-chancelier  de  TEmpire,  il  dut  se  démettre  de  cette  dignité  en 
1800  et  fut  en  compensation  nommé  par  Napoléon  prince-primat  de  la  Con- 
'  fédération  du  Rhin,  prince  souverain  de  Ratisbonne,  grand  duc  de  Fulde  et 
de  Hanau.  Le  prince-primat  avait  été  nommé  prince  souverain  d'ÂschafFen- 
burg,  Francfort  et  Wetzlar  par  l'Empereur  au  moment  de  la  formation  de  la 
confédération  du  Rhin. 

2.  Il  s'agit  de  la  dépêche  de  Mettemich  à  Gaulaincourt  du  18  mars  1814. 

3.  Le  prince-primat  obtint  en  effet  une  pension  de  100.000  florins.  (Cf.  Acte 
final  du  Congrès.) 


150  AUTOUR  BU  €0^'QltÈS   DE   YIEXXE 

écrivains  qui  gravitent  presque  tous  autour  du  primat,  par 
les  puissantes  relations  qu'il  a  à  la  cour  de  Berlin,  avec  le  duc 
de  Wurtemberg,  avec  Stein,  avec  toutes  les  Cours  protes- 
tantes, par  ses  alliances  avec  les  familles  Elz,  Pergen  et  même 
Metternich,  une  situation  personnelle  si  particulièrement  forte 
qu'il  se  flatte  de  pouvoir  jouer  tm  grand  rôle,  d'exercer  une 
influence  considérable  tant  à  la  Cour  de  Vienne  qu'au  Con- 
grès.. Si  Ton  se  tourne  du  côté  de  Tltalie,  on  voit  que  Dalberg 
y  a  aussi,  par  la  maison  de  Brignole  et  par  Gênes,  une  situa- 
tion il  part.  Dalberg  est  le  premier  espion,  le  premier  agent 
de  TaUeyrand,  et  c'est  pour  cela  qu'on  Ta  gratifié  du  titre 
d'il  mbassadeiir  extraordinaire  de  France  au  Congrès  de  Vienne. 

Dalberg  m'a  dit  à  moi-même  :  «  TaUeyrand  et  moi,  nous 
sommes  collègues  ;  mais  je  suis  le  subordonné  du  prince  qui, 
en  sa  qualité  de  ministre  des  Affaires  étrangères,  me  donne 
des  instructions  par  écrite  et  se  prononce  sur  les  rapports  que 
je  lui  fais  ou  lui  remets.  » 

J'ai  cru  utile  et  intéressant  de  vous  exposer  cette  singulière 
situation  de  TaUeyrand  et  de  Dalberg,  telle  qu'eUe  m'a  été 
décrite  par  ce  dernier. 

Dalberg  a  encore  ajouté  :  «  Nous  attendons  avec  impatience 
Montgelas  (l)^Nous  n'aimons  ni  Humboldt,  ni  Metternich.  Tout 
va  bien  pour  l'Impératrice  Marie-Louise  au  Congrès;  mais  on 
le  doit  uniquement  à  lord  Castlereagh  qui  est  un  honune  froid, 
raisonnant  tranquillement,  réfléchi,  un  homme  tout  à  fait  par- 
fait. »  C'efit  ainsi  que  parla  M.  le  duc  de  Dalberg. 

Le  comte  Max  Deg.eKiCeld,  qui  a  été  dans  le  temps  Reichs- 
Hofrath  à  Vienne,  dont  la  femme  est  née  Teleki  et  qui  a  pour 
gendre  le  comte  Sobns-Laaback,  mari  d'nne  Degenféld,  est 
arrivé  avant4iier  à  Vienne  et  ne  manque  pas  d'aller  l'après-midi 
et  le  soir  chez  Puflendorf  où  se  réunissent  pour  y  préparer  leur 
plans  et  leurs  batteries  tous  les  princes  médiatisés  ainsi  que 
les  mesdUres  secondaires  et  inférieurs  de  Tancien  Empii»  aUe- 
mafyd  et  où  l'on  «oaspire  contre  les  rois  et  souverains  de  la 

1.  Le  comte  de  Montgelas  ae  tfiiiUa  pae  Munich  et  n'weivta  à  '»uoinie  des 
séances  du  Congprès. 

Mont«;ela8  (MaximiHen-Oermain,  baron  ^e)  (179^1^58 },  oonaeiUer  aulique 
de  Bavièpe,  1799,  mimstre  îles  Affaire*  Etranges,  puis  des  Finances  M  de 
l'Intérieur,  1806,  fait  comte  en  1810,  en  opposition  avec  le  roi  dont  il  n'ap- 
prouvait pas  le  projet  de  donner  une  Constitution  à  la  Ba^-ière,  il  prit  sa  re- 
traite en  1817,  mais  il  n'en  devint  pas  moins  Viee-président  des  Chambres 
en  1831. 


LES  PRËUVINAIRES  ET  LES  AJOUAMEHEKTS  DU  CONGRES      151 

cû-devant  Coofédération  du  Hhia,  et  contre  les  projets  de  la 
Prusse.  Le  comte  Degeafeld  est  le  bras  droit  et  le  porte-parole 
de  Solms-Laubach.  Toute  cette  coterie  est  aussi  active  que 
nombreuse.  Elle  a  des  espions  dans  toutes  les  cours,  dans  tou- 
tes les  maisons. 

C'est  chez  Puffeodorf  qu'on  a  dit  et  qu'on  répète  :  Que  Talley- 
rand  ne  se  gêne  pas  pour  déclarer  qu'il  s'efforcera  avant  tout 
de  semer  la  discorde  entre  la  Russie,  l'Autriche  et  la  Prusse, 

Le  comte  Sickingen  (1)  vient  très  fréquemment  chez  le  baron 
Thugut,  où  l'on  disait  hier  ;  1"  que  les  rapports  étaient  très 
tendus  et  très  aigus  entre  les  souverains  alliés,  et  que  d'au- 
tre part  les  médiatisés  étaient  de  plus  en  plus  montés  contre 
la  Prusse  et  les  souverains  de  l'ex-confédération  du  Rhin  ; 
2*  qu'on  se  demandait  quel  était  le  but  du  Congrès,  quels 
seraient  les  Etats  qui  auront  le  droit  de  vote,  quel  sera  le 
Modus  deliberandi  et  concludendi. 

Tout  est  bien  obscur  et  bien  confus. 


189.  Saint-PÉtersbourg,  1%  sapUmbrc  1814  (F.  I.  3973  od  SSflS). 

WINTZINGERODE   au   ROI    DE    WURTËMBlîRG 
(intercepta  en  français). 

Cause  du  Tiui  bruiL  <!«  mi>bilisatio:i  qu'on  a  tail  courir  à  Sainl-Pitersbourg. 
Preuve»  des  întctitiond  pacifiques  d'Alcitndre.  EpuisemcDl  dca  ressources 
du  recrutement  des  cosaques. 

Hier  on  a  fait  circuler  le  bruit  que  tous  les  généraux  et  offi- 
ciers auraient  reçu  ordre  de  se  rendre  à  leur  poste.  Cette 
nouvelle  est  entièrement  fausse  et  ne  peut  avoir  eu  aucun 
autre  fondement  qu'un  voyage  de  peu  de  jours  que  le  général 
Wittgenstein  se  propose  de  faire  à  Mittau. 

Si  les  dispositions  pacifiques  de  l'Empereur  Alexandre  avaient 
Itesoio  de  preuves,  on  en  trouverait  de  nouvelles  dans  l'enga- 
gement pris  avec  son  peuple  de  ne  point  lever  de  recrues 
cette  année  et  dans  l'ordre  donné  à  tous  les  Cosaques  de  ren- 
trer dans  leurs  foyers  où  ils  sont  déjà  en  grande  partie  arrivéi. 
On  m'assure  qu'ils  ont  beaucoup  perdu  et  ne  pourront  de  long- 
temps renouveler  l'effort  qu'ils  viennent  de  faire.  Leurs  peo- 

1.  Cbambollau,  umi  iiiLimc  el  conlUeu;  de  l'Empereur  Françoii. 


152  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

plades  spnt  moins  nombreuses  qu'on  ne  le  croit  et  les  derniers 
renforts  qu'elles  envoyèrent  pendant  la  dernière  guerre  n'étaient 
composés  que  des  pères  de  ceux  qui  y  étaient  déjà. 


190.  Vienne,  28  septembre   F.  1.  3972  ad  3565). 

Rapport  à    HAGER 

Sa  connaissance  avec  Anstett.  Ses  sentiments  autrefois  et  aujourd'hui.  La 
question  de  Polog^ne.  Le  cercle  de  TarnopoL  Son  antipathie  pour  les  Russes 
et  la  Russie.  Ses  rapports  avec  Alexandre  Son  jugement  sur  Nesselrode. 
Les  sentiments  et  les  déceptions  d' Anstett.  Comment  on  pourrait  en  tirer 
parti. 

Nous  avons  souvent  de  longues  conversations  confidentielles 
et  intimes  sur  la  situation  politique.  J'avais  naguère  trouvé 
dans  Anstett  un  ennemi  déclaré  de  Napoléon  et  un  chaud  par- 
tisan et  ami  de  la  Maison  d'Autriche.  Il  me  fit  lire  plus  d'une 
fois  les  rapports  qu'il  rédigeait  dans  ce  sens  et  le  revirement 
apparent  de  la  politique  russe  ainsi  que  l'entrevue  d'Erfurt  le 
plongèrent  dans  un  profond  chagrin.  Depuis  le  moment  où  il 
partit  de  Vienne  en  1809  à  Tapproche  des  Français,  je  ne  le 
revis  plus  qu'au  mois  de  juillet  de  cette  année,  lorsque,  lors 
de  mon  retour  d'Angleterre,  il  me  fit  plusieurs  visites.  Je  ne 
tardai  pas  à  remarquer  qu'il  avait  complètement  changé  d'idées 
et  d'opinions.  Il  me  dit  qu'il  se  rendait  à  Kock  (1),  pour  y  voir 
sa  femme  et  s'acquitter  d'une  mission  de  son  Empereur  à 
Varsovie.  Il  ne  me  cacha  pas  que  le  rétablissement  du  royaume 
de  Pologne  sous  la  domination  de  la  Russie  ne  faisait  plus 
l'ombre  d'un  doute.  €  Ce  sera  là,  me  dit-il,  la  première  propo- 
sition que  nous  ferons  au  Congrès.  Si,  de  votre  côté,  on  refuse 
de  l'accepter,  nous  ferons  nos  paquets  et  le  Congrès  aura 
vécu.  » 

Depuis  son  i*etour  à  Vienne,  je  le  vois  plusieurs  fois  tous 
les  jours.  II  me  témoigne  beaucoup  de  confiance  et  me  parle 
volontiers  de  ses  affaires.  Pour  ce  qui  est  de  la  Pologne,  il  me 
donna  à  entendre  que  son  Empereur  n'avait  en  rien  modifié 
ses  idées.  II  n'avait  pas  été  à  Varsovie,  uniquement  parce 
qu'on  avait  pris  le  parti  d'endormir  notre  Cour  et  de  lui  don- 

1.  Propriété  appartenant  à  Anstett. 


BES  PRÉLIMINAIRES   ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       153 

ner  le  change.  En  revanche,  il  avait  été  à  Pulawy  (l),ce  qu'il 
savait  déjà  lors  de  son  passage  ici,  mais  dont  il  ne  parla  pas, 
afin  d'éviter  de  provoquer  ici  des  inquiétudes  prématurées.  Il 
ne  me  dissimula  pas  les  velléités  belliqueuses  de  son  Empe- 
reur tout  disposé  à  partir  de  suite  en  guerre  et  la  peine  qu'on 
avait  eu  à  le  retenir.  Hier  encore,  il  me  disait  combien  il  dé- 
plorait le  rétablissement  projeté  de  la  Pologne  sous  le  sceptre 
russe  et  reconnut  l'impossibilité  pour  notre  Cour  de  tolérer 
un  voisinage  aussi  dangereux.  «  Que  voulez-vous,  ajouta-t-il, 
nous  vous  tenons  déjà  par  la  gorge,  grâce  à  la  prise  de  pos- 
session du  cercle  de  Tarnopol.  » 

€  C'est  précisément  pour  cette  raison,  répondis-je,  que  la 
Russie  devrait  nous  restituer  ce  territoire  que  Napoléon  nous 
a  arraché  par  la  violence  et  dont  nous  avons  absolument  be- 
soin. » 

—  «  En  aucun  cas,  répliqua-t-il,  et  quoi  qu'il  arrive,  nous 
ne  vous  en  rendrons  jamais  le  plus  petit  village.  La  posses- 
sion de  ce  territoire  est  trop  importante  pour  nous.  De  là,  nous 
pouvons  être  en  dix-huit  heures  à  Lemberg.  » 

Nous  parlâmes  ensuite  de  la  possibilité  d'une  invasion  russe, 
et  il  affirma  à  ce  propos  à  ma  femme  qui  assistait  à  notre  en- 
tretien que  les  troupes  russes  se  conduiraient  incomparable- 
ment mieux  que  les  Français.  Tel  est  le  langage  hostile  qu'il 
ne  cesse  de  tenir  en  me  parlant  avec  la  plus  grande  confiance 
et  dans  la  plus  stricte  intimité. 

Pour  ce  qui  est  de  ses  sentiments  personnels,  il  ne  fait  pas 
un  mystère  de  son  antipathie  pour  la  JRussie  et  le  peuple  russe. 
Pour  rien  au  monde,  il  ne  voudrait  vivre  en  Russie.  Il  m'a 
avoué  que,  tant  que  la  guerre  a  duré  et  tant  que  l'Empereur 
a  été  dans  l'embarras  et  aux  prises  avec  de  sérieuses  difficul- 
tés, il  avait  joui  d'une  faveur  toute  particulière,  mais  que  de- 
puis que  tout  marche  mieux,  on  était  singulièrement  moins 
chaud  envers  lui.  L'Empereur,  malgré  cela,  continuait  à  lui 
donner  des  ordres  directs,  des  instructions  confidentielles  et 
des  témoignages  assez  fréquents  de  sa  confiance  et  de  son  ami- 
tié. Il  a  été,  me  dit-il  encore,  très  flatté  de  voir  dimanche 
dernier,  Alexandre,  lorsqu'il  passa  par  ses  antichambres,  ve- 
nir droit  à  lui  et  lui  parler  à  lui  le  premier.  Il  me  raconta  que 
l'Empereur  s'était  arrêté  pendant  plusieurs  heures,  chez  lui, 

1.  Terre  et  château  appartenant  à  Czartoryski. 


154  AUTOUR   DU  CONGEÈS   DE   VIENNE 

à  Kocky  qu'il  avait  fait  appeler,  sans  pouvoir  toutefois  l'at- 
tendre, sa  femme  qui  se  trouvait  à  Terespol  pour  raison  de 
santé,  qu'Alexandre  avait  plaisanté  avec  lui  et  lui  avait  même 
tapé  sur  le  ventre.  Il  ajouta,  non  sans  un  certain  orgueil,  que 
le  lendemain,  1  Empereur  lui  avait  fait  dire  qu'il  comptait  le 
voir  auprès  de  lui  au  moment  où  il  présenterait  sa  suite,dont 
il  le  considérait  comme  un  des  membres. 

Mais  aujourd'hui,  lorsqu'il  rentra  à  midi,  il  me  dit  que  ses 
rapports  avec  l'Empereur  étaient  tendus,  mais  que  c'était  lui 
qui  boudait  parce  qu'il  voulait  montrer  à  Alexandre  qu*il 
n'était  pas  homme  à  se  laisser  marcher  sur  les  pieds.  €  Mais, 
ajouta- t-il,  ce  sont  là  des  nuages  qui  passent,  et  tout  cela 
change  d'un  jour  à  l'autre.  » 

Dès  son  arrivée,  il  me  laissa  voir  qu'il  était  loin  d'approu- 
ver la  nomination  de  Nesselrode  comme  représentant  de  la 
Russie  au  Congrès.  11  m'en  parla  dans  des  termes  très  carac- 
téristiques, fait  peu  de  cas  de  lui,  le  tient  pour  un  homme  sans 
intelligence,  sans  esprit,  sans  instruction,  mais  profondément 
rusé  et  très  habile  en  tout  ce  qui  le  touche  personnellement. 
Il  ma  dit  que  quant  à  lui  il  était  bien  décidé  à  ne  rien  faire 
au  Congrès,  à  laisser  ce  pauvre  hère  se  tirer  d'affaire  k  lui 
tout  seul  ;  puis,  que  lorsqu'il  serait  tout  à  fait  embourbé,  il 
sortirait,  lui,  un  nouveau  projet  grâce  auquel  il  espérait  con- 
cilier tous  les  intérêts  et  qui  serait  certainement  fort  du  goût 
de  notre  Cour.  Mais  depuis  lors  il  m'a  dit,  sans  plus  tenir 
compte  de  ses  résolutions,  qu'il  avait  déjà  pris  part  aux  tra- 
vaux du  Congrès  et  préparé  bien  des  choses.  Sa  bouderie  avec 
l'Empereur  est  probablement  la  conséquence  de  sa  jalousie  à 
cause  de  Nesselrode. 

Me  parlant  de  notre  Cour,  il  m'a  dit  qu'il  savait  bien  que 
notre  Empereur  le  haïssait  et  que  Metternich  le  redoutait.  Il 
m*a  raconté  que  Metternich  avait  évidemment  voulu  le  tenter 
lorsque  çn  juillet  dernier,  lors  de  son  passage  ici,  il  lui  fit  of- 
frir la  croix  de  commandeur  de  TOrdre  de  Léopold.  «  Si,  me 
dit-il,  je  l'avais  acceptée  à  ce  moment,  j'aurais  à  tout  jamais 
perdu  la  confiance  de  mon  Empereur  qui  m'aurait  soupçonné 
de  m'être  vendu  à  l'Autriche.  »  C'était  là  ce  que  voulait  votre 
Cour  désireuse  de  m'éloigner  des  affaires  et  de  ruiner  mon  in- 
fluence. Je  m'aperçus  du  piège  qu'on  me  tendait  et  refusai  cette 
distinction  que  j'aurais  acceptée  un  peu  plus  tôt  à  Paris  et  que 
je  saurai  encore  apprécier  plus  tard  après  la  fin  du  Congrès, 


LES  PRÉLIMINAIRES   ET   LES  AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS       155 

91  «e  plaignit  de  ce  qu'à  Texception  d'une  tabatière  valant 
une  oentaine  de  ducats^  notre  Cour  ne  lui  avait  fait  aucun  pré- 
sent après  la  démarcation  de  Tamopol(l)  et  que  notre  Empe- 
rmir,  qui  ne  lui  avait  jamais  adressé  un  seul  mot,  ne  l'avait 
jamais  honoré  même  «d'un  regard.  Il  avait  cependant,  lors  de 
ces  opérations,  rendu  plus  de  services  à  notre  Cour  qu'à  la 
sienne  qui  sans  lui  aurait  pris  87.000  âmes  de  plus.  On  Pavait 
fortement  attaqué  à  ce  propos  et  il  avait  eu  grande  peine  à  se 
justifier.  J'ai  tout  lieu  de  croire  que  ces  faits  ont  puissamment 
contribué  au  revirement  que  j'ai  remarqué  dans  ses  idées  et 
ses  sentiments.  Je  crois  qu41  serait  fort  possible  de  s'attacher 
cet  homme,  non  pas  à  prix  d'argent,  non  pas  en  le  corrom- 
pant bien  que  sa  propriété  de  Kock  lai  cause  de  gros  embar- 
ras Gnanciers.  Il  est  trop  fier,  trop  fin,  trop  avisé  pour  se  lais- 
ser acheter  ;  mais  son  côté  faible  est  la  vanité.  Il  veut  être 
flatté,  adulé,  honoré.  Quelques  mots  gracieux  de  notre  Empe- 
reur^ quelques  attentions  particulières  du  Ministre  ne  man- 
queraient pas  le  but.  U  n'aime  ni  la  Russie,  ni  la  guerre,  ni  le 
service  de  l'Etat.  Il  n'aspire  qu'au  repos  et  désiré  jouir  de  la 
vie. 

Me  conformant  aux  instructions  qui  m'ont  été  données,  je 
considère  comme  un  devoir  sacré  de  patriote  et  de  citoyen 
d'iobserver  de  près  ses  faits  et  gestes  et  d'en  rendre  exacte- 
ment compte,  mais  avec  un  homme  aussi  fin  que  lui ,  il  me 
Ijrat  être  extrêmement  circonspect  et  me  garder  de  toute  im- 
portunité,  de  toute  curiosité  un  peu  trop  pressante.  Il  n'ei^ 
pas  facile  de  le  faire  parler^  Mais  il  aime  au  contraire  beaucoup 
s'épancher.  Il  me  serait  plus  facile  de  lui  insinuer  quelque  idée 
que  de  vouloir  lui  donner  une  commission,  quelle  qu'elle  pût 
être. 


191.  Vienne,  30  septembre  1814. 

IIAGER  à  L'EMPEREUR  ^F.  1.3894  ad  3565 

Renseignements  sur  la  suite  d'Alexandre  I".  Ouvaroff. 
KisselefT.  Tchemitcheff.  Ojarowtfki. 

V.  Négociations  reUUres  à  la  dèlimilAtion  de  la  Galicic  en  1810.  CT.  Mah- 
TBAs,  Recueil f  etc.,  III.  Pages  37  et  suivantes. 


156  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Ouvarofr(l)  est  le  véritable  homme  d'affaires  d'Alexandre. 
KisselefF  (2)  est  un  de  ses  aides  de  camp.  Le  général  Tchernit- 
cheff  a  été  de  la  part  de  son  maître  chez  la  Princesse  Bagra- 
tion  (3),  la  duchesse  de  Sagan  (4),  la  princesse  Trauttmans- 
dorff  (5)  et  chez  le  comte  Stackelberg.  On  cherchera  à  savoir 
ce  qu'il  y  avait  dans  les  lettres  qu'il  a  rapportées  et  dans  celle 
qu'il  a  remises  ou  fait  remettre. 

Ojarowski  (6),  aide  de  camp  général,  fréquente  assidûment 
chez  la  princesse  Bagration  dont  il  serait  le  parent. 


192.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3894  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Autre  son  de  cloche  sur  la  Pologne.  Bruit  de  rappel  du  grand-duc  Constan- 
tin.Les  officiers  prussiens  mécontents  des  Russes.  L'entourage  de  Harden- 
berg.Zerboni  di  Sposetti.  La  Prusse  aura  la  Saxe  et  les  provinces  du  Rhin. 
Kleist  et  Gneisenau. 

D'après  une  autre  note  basée,  sur  des  renseignements  don- 
nés par  Serracapriola,  Alexandre  se  relâcherait  sensiblement 
sur  la  question  du  rétablissement  de  la  Pologne  et  se  borne- 
rait à  exiger  une  bonne  frontière  militaire.  Il  aurait  rappelé  le 
grand-duc  Constantin  (7)  en  route  pour  Varsovie  où  il  devait 
former  et  inspecter  les  nouveaux  régiments  polonais. 

J'ai  vu  plusieurs  Prussiens,  entre  autres  les  aides  de  camp 
du  roi,  celui  du  prince  Guillaume  (8),  le   lieutenant -colonel 

1.  Ouvaroff  (Fédor  Petrovitch)  général  russe  né  en  1769,  mort  en  1824,  prit 
part  à  la  conspiration  qui  coûta  la  vie  au  tsar  Paul  I"  et  se  distingua  dans  les 
campagnes  contre  la  France  en  1805  et  en  1814  et  contre  la  Turquie.  C'est  lui 
que  la  baronne  du  Montet  appelle  dans  ses  souvenirs  «  cet  étrangleur  d'Empe- 
reur »  mais  en  réalité  ce  surnom  avait  été  donné  à  OuvarofT  par  le  prince  de 
Ligne.  Cf.  annexe  XVIL 

2.  KisselefT,  aide  de  camp  d'Alexandre  I*',  à  ce  moment  capitaine. 

3.  Princesse  Bagration.  Cf.  annexe  X. 
4  Duchesse  de  Sagan.  Cf.  annexe  XI. 

5.  La  femme  du  grand  maitre  de  la  cour  d'Autriche,  née  princesse  Caro- 
line CoUoredo. 

6.  Beau-frére  de  la  princesse  Bagration,  dont  il  avait  épousé  la  sœur. 

7.  Le  grand-duc  Constantin  arriva  à  Vienne  le  9  octobre  au  matin. 

8.  Guillaume  de  Prusse,  le  quatrième  fils  de  Frédéric-Guillaume  II,  prit  une 
part  active  aux  campagnes  de  1806,  1813,  1814  et  devint  en  1831  gouverneur 
des  provinces  rhénanes. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      157 

Rûhle  (1),  de  rétat-major,  attaché  au  chancelier  et  servant  d'in- 
termédiaire entre  lui,  Stein  et  Gneisenau,  le  colonel  L...  et 
autres.  Tous  affectent  de  désirer  la  bonne  intelligence  entre 
les  deux  cours.  Ils  sont  mécontents  des  Russes  et  se  plaignent 
de  l'arrogance  de  Tentourage  d'Alexandre. 

Le  chancelier  (Hardenberg)  est  mal  entouré.  Zerboni  di  Spo- 
setti  (2)  est  un  des  coryphées  de  Tordre,  mais  je  crois  que  ce 
sont  des  gens  qu'on  peut  avoir  pour  soi  quand  on  le  veut 
sérieusement. 

Les  Prussiens  regardent  pour  sûr  qu'ils  auront  la  Saxe  et 
qu'ils  garderont  les  provinces  ultra-rhénanes  auxquelles  ils 
attachent  cependant  moins  de  prix  à  cause  de  leur  éloignement. 
Le  général  Kleist  (3),  commandant  l'armée  du  Rhin,  deviendrait 
gouverneur  de  la  Saxe  et  serait  remplacé  par  Gneisenau  (4). 
Cela  semble  probable,  ce  dernier  ayant  toujours  eu  des  rap- 
ports très  suivis  avec  TAngleterre. 


193.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3894  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER. 

La  constitution  future  de  l'Allemagne.  L'opposition  des  ministres  et  des 
Etats  Secondaires.  Les  groupes  d'opposition.  La  note  du  comte  de  West- 
phalen. 

On  est  encore  loin  de  s'être  mis  d'accord  sur  les  projets  de 
constitution  de  l'Allemagne.  Les  grandes  puissances,  et  sur- 

1.  Ne  serait-ce  pas  plutôt  le  lieutenant-colonel  von  Thiele  de  la  suite  du 
roi. 

2.  Zerboni  di  Sposetti,néà  Breslau  en  1766,  d'origine  italienne,  fit  ses  études 
chez  les  Jésuites  et  à  l'université  de  Halle  où  il  suivit  les  cours  de  droit.  Au 
début  de  sa  carrière,  il  fut  connu  pour  ses  principes  libéraux  et  dénoncé  à 
ce  propos.  Zerboni,  qui  avait  été  exilé  par  ordre  de  Frédéric-Guillaume  II  et 
enfermé  à  Glatz  le  17  septembre  1796,  ne  fut  remis  en  liberté  que  par  Frédé- 
ric-Guillaume III.  Conseiller  intime  actuel  pendant  le  Congrès  de  Vienne,. 
1  fut  adjoint  comme  Président  supérieur  du  grand  duché  de  Posen  au  prince 

Antoine  Radzi^vill,  nommé  Statthalter  par  lettres  patentes  de  Frédéric-Guil- 
laume III  en  date  du  3  mai  1816.  (Cf.  Lipinsea.  Le  grand  duché  de  Posen  de 
IfiiS  h  1830  ) 

3.  Kleist  von  Nollendorf  (Emile-Frédéric,  comte)  (1763-1823)  se  distingua 
surtout  à  Kulm  et  devint  après  la  campagne  de  1815  gouverneur  général  de 
la  partie  prussienne  de  la  Saxe. 

4.  Gneisenau  (Auguste,  Neidhard,  comte  de)  (1760-1831)  feld-maréchal  prus- 
sien, le  chef  d'état-major  de  Blucher. 


158  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DB   VIENNE 

tout  la  Pruftse,  oot  proposé  de  dÎTiser  TAllemagne  eu  ^x  cer- 
cles h  la  tête  de  chacun  desquels  serait  placé  iin  directeur  de 
cercle,  organisation  qui  ferait  complètement  disparaître  les 
Maisons  princières  de  moindre  importance.  Ces  maisons-  sont 
par  suite  nettement  hostiles  à  xm  pareil  projet  et  ime  douzaine 
da  députés,  presque  toua  au  courant  de  l'ancienne  organisation, 
&à  réunissent  fréquemment  chez  le  conseiller  intime  de  léga- 
tion de  Mecklembucg-Schwerin,  le  comte  von  Dietrich  zui 
Ërbmannszahl. 

Ils  sont  tous  intimement  convaincus  que  l'Allemagne  ne 
peut  exister,,  ne  peut  être  forte  et  puissante  que  sous  un  chef 
unique  et  puissant  qui  ne  saurait  être  autre  que  l'Empereur 
d'Autriehe  et  qu^on  doit,  s'opposer  à  tout  morcellement,  dont 
la  coDséquencc  forcée  serait  à  brève  échéance  1'' absorption  des 
petits  Etats  Secondaires  et  de»  petites  Maisons  princières  par 
les  plus  puissants  et  les  plus  gros.  Parmi  ces  députés  on 
remanjue  le  conseiller  aulique  Martens,  de  Hanovre,  le  syn- 
dic Gries,de  Hambourg,  le  sénateur  Schmidt,de  Brème,  Lepel, 
de  la  liesse  électorale,  Schmid  von  Phiseldeck,  de  Brunswick, 
Mutzenbecher  d  Oldenbourg,  Von  Plessen,  de  Mecklembourg- 
Schwerin,  Fischler  von  Treuberg,  de  Saxe-Cobourg,  von 
Schmitz,  de  Leiningen  et  le  conseiller  aulique  Sartorius,  de 
Saxe-Weimar. 

Il  parait  qu'il  va  se  former  un  autre  groupe  du  même  genre 
auquel  appartiendront  des  députés  d'Etats  plus  conséquents 
et  (|ui  eux  aussi  ne  veulent  se  rallier  qu'à  la  Maison  Impériale. 
On  désire  même  que  le  père  du  prince  de  Metternîch  (1)  prenne 
la  présidence  de  ce  nouveau  groupe  auquel  son  nom  et  cette 
attache  donneraient  un  surcroît  de  prestige. 

C'est  encore  dans  ce  sens  que  le  comte  de  Westphalen  en  sa 
qualité  d*ancien  Bnrggraff  de  Fticdberg  (2),  a,  au  nom  de  qua- 
rante-cinq fomilles  de  vieille  noblesse,  remis  un  mémoire  (3)dans 
lequel  il  demandait  le  rétablissement  du  Burggravial  impérial 
du  Rhin  qu'on  a  fait  disparaître  pour  le  jeter  dans  les  mains 
du  grand-duc  de  Hesse. 


1.   Mettttrnich-WLnuebarir  (Françoia-Jo6eph-8«orge9-Charles,    prince  de^ 
0"46-lSl8),  ptVo  du  chancelier  d'Autriche. 
3.  Friedl>«rg  in  der  Weltcrau. 
3.  Cf.  KlQbcr.  Akten  df$  Wiener  Congrttt,  IV,  40. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       159 


194.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3894  ad  3585). 

Rapport  à  HAGER 

L'entente  nécessaire  entre  l'Autriche  et  la  Prusse.  Hardenberg  décidé  à  sou- 
tenir la  politique  autrichienne.  Les  rois  de  Prusse  et  de  Wurtemberg^.  Le 
prince  royal  de  Wurtemberg.  Stein.  Anstetl.  Le  Hoi  de  Danemark. 

Le  Conseiller  intime  de  légation  Jordan  m'a  déclaré  que 
Tanion  intime  de  TAutriche  et  de  la  Prnsse  était  une  chose 
qm  s'imposait  ;  que  le  prince  de  Hardenberg  était  foncièrement 
dévoué  à  Mettemich  et  que  par  conséquent  celui-ci  pouvait 
être  sûr  que  la  Prusse  appuyerait  sans  réserve  aucune  toute 
proposition  faite  par  TAutriche,  surtout  celles  qui  auront  trait 
à  TAllemagne. 

Le  roi  de  Prusse  est  très  satisfait  de  Taccueil  qui  lui  a  été 
fait  par  l'Empereur  et  très  flatté  de  l'assurance  qu'on  a  eu 
l'adresse  de  lui  donner  qu^il  a  fait  sur  le  public  viennois  plus 
d'effet  que  l'Empereur  Alexandre  lui-même. 

Le  roi  de  Wurtemberg  ne  paraît  pas  être  satisfait  de  son 
séjour  ici.  Son  mécontentement  pourrait  bien  être  la  résul- 
tante de  l'état  d'esprit  de  son  entourage  et  en  particulier  de  son 
favori  et  aide  de  camp  général,  le  baron  Dillen  (1).  11  serait  en 
conséquence  utile  de  surveiller  les  faits  et  gestes  de  ce  dernier. 

1.  Suite  du  roi  de  Wurtemberg,  Comte  de  Wintzingerode,  ministre  d'Etat 
et  de  conférence  (habite  près  du  Rothe-Thurm,  maison  Mûller). 

Comte  de  Gocrlitz,  grand  écuyer  et  chambellan  (Bûrgerspital,u*  1266,5*  cour 
8»  escalier,  1"  étage  à  droite). 

Comte  de  Dillen,  général-lieutenant  (à  la  Burg.  Amalienhof,  au  1*'  étage). 

S.  A.  le  prince  de  Uohenlohe,  aide  de  camp  du  roi  (Stock  im  Eisenplatz, 
n^  93,  maison  Baldausi,  au  2*  étage). 

Comte  de  Sonthcim,  chambellan  (habite  au  môme  endroit  que  le  comte  de 
Gœrlitz). 

Général-major  de  Breuning  (à  la  Burg.  Amalienhof,  1*'  étage). 

De  Liévreville  chambellan,  (Biirgerspital  f*  cour,  1*'  escalier,  3*  étage  à 
gauche). 

De  Kohlhaas,  Conseiller  de  légation  (à  la  Burg,  bâtiment  principal,  n*  30). 

De  Pfeiffcr,  secrétaire  intime  de  cabinet  (habite  avec  M.  do  Liévreville). 

De  Hardegg,  médecin  du  roi  (à  la  Burg,  Chancellerie  impériale,  3*  étage, 
n»  25). 

De  Bitzer,  Geheimer-Registrator  (à  la  Burg,  bâtiment  principal  n«  30). 

De  Degen,  Hofkammerrath  (à  la  Burg,  bâtiment  principal,  n"*  34).  Cf.  Oes- 
lerreiehiseher  Beobachter,  15  octobre  1814, 1572  et  Chronik  des  Wiener  Kon- 
greêses,  123. 


160  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

On  connaît  les  sentiments, essentiellement  favorables  à  notre 
Cour,  du  prince  royal. 

C^est  la  forme  bien  plus  que  le  fond  qui  chez  le  baron  Stein 
donne  prise  à  la  critique.  Habitué  à  combattre  les  principes  et 
les  idées  révolutionnaires,  il  est  tombé  d'un  extrême  dans  Tautre 
et  ne  parvient  que  petit  à  petit  à  recourir  à  des  procédés  plus 
doux  et  à  se  départir  de  sa  roideur  et  de  son  inflexibilité.  Ses 
intentions  et  ses  visées  sont  parfaites  ;  mais  les  moyens  qu'il 
emploie  pour  arriver  à  son  but  sont  rudes.  On  le  soupçonne^ 
l'accuse  même,mais  à  tort,de  jacobinisme  alors  qu'il  n'a  en  réa- 
lité péché  que  par  la  forme.  Il  n'en  est  pas  de  même  de  ceux 
qui  l'entourent.  Ceux-là  sont  réellement  portés  au  mal  et  ils 
abusent  par  trop  souvent  de  la  vivacité  et  de  l'irritabilité  de 
leur  chef.  Anstett  est  et  reste  ce  qu'il  a  toujours  été. 

Le  roi  de  Danemark  semble  avoir  été  tout  à  fait  séduit  et 
gagné  par  Metternich,  qui  pourra  à  l'avenir  compter  en  toutes 
circonstances  sur  lui,  vu  qu'il  y  a  en  Europe  peu  de  princes 
ayant  autant  de  fermeté  de  caractère  et  autant  de  droiture  que 
le  roi  de  Danemark. 


195.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  1.  3894  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

ËfTectifs  disponibles  des  Prussiens  et  des  Russes  en  Silésie  et  en  Pologne.  Le 
prince  Antoine  de  Saxe  peu  satisfait  du  résultat  de  ses  visites  chez  Alexandre 
et  chez  le  roi  de  Prusse.  L'esprit  public  en  Prusse  et  les  sympathies  du 
roi. 

Les  Russes  et  les  Prussiens  auraient  en  Silésie  et  à  Varsovie 
230.000  hommes  prêts  à  marcher  sur  Vienne  où  ils  arriveraient 
en  dix-sept  jours,  si  le  Congrès  ne  leur  donnait  pas  satisfac- 
tion. 

Le  prince  Antoine  de  Saxe  est  allé  le  26  avec  sa  femme  (1) 
chez  l'empereur  Alexandre  qui  leur  a  dit  que  pour  conserver 
la  Pologne  il  céderait  la  Saxe  à  la  Prusse,  mais  qu'il  serait 

1.  Prince  Antoine  de  Saxe,né  le  27  décembre  1755,  marié  d'abord  à  Marie- 
Charlotte,  fille  de  Léopold  II,  morte  en  1782,  puis  en  1787  à  Marie-Thérèse, 
archiduchesse  d'Autriche,  née  le  17  janvier  1767,  sœur  de  l'Empereur  Fran- 
çois 1"  et  de  sa  première  femme. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       161 

bien  heureux  de  trouver  un  autre  moyen  d'indemniser  la  Prusse, 
s'il  y  en  avait  un. 

Là-dessus  il  a  congédié  le  prince  Antoine  qui  est  allé  chez 
le  roi  de  Prusse.  Il  a  été  reçu  de  telle  façon  que  malgré  la  dou- 
ceur de  son  caractère  il  n'a  pu  s  empêcher  de  faire  un  éclat  et 
s'est  retiré  immédiatement. 

La  plupart  des  Prussiens  et  des  habitants  des  pays  d'Em- 
pire n'ont  qu'un  seul  désir,  celui  de  voir  l'Allemagne  ne  former, 
au  moins  sous  le  rapport  de  l'armée,  qu'un  seul  tout  afin  d'évi- 
ter ainsi  le  retour  des  catastrophes  par  lesquelles  ils  viennent 
de  passer.  Mais  tout  le  monde  sait  et  reconnaît  que  le  roi  ne 
voit  que  par  les  yeux  de  l'Empereur  de  Russie  et  que  sans  le 
consentement  et  l'approbation  d'Alexandre  on  n'aurait  guère 
de  chances  de  le  décider  à  faire  un  pareil  pas. 


196.  Vienne,  le  39  septembre,  soir  (F.  1.  3894  ad  356$). 

Rapport  à  HAGER 
Surveillance  de  Hardenberg  pendant  les  journées  des  38  et  19  septembre. 

Hardenberg  a  travaillé  toute  la  journée  du  28  avec  Stein  et 
a  expédié  le  soir  un  gros  courrier.  11  a  eu  de  six  à  neuf  heures 
un  entretien  avec  Stein,  Humboldt  et  Knesebeck, 

11  a  travaillé,  le  29,  de  huit  heures  du  matin  à  une  heure 
avec  le  général  Knesebeck  et  le  conseiller  intime  Jordan  et  s'est 
rendu  ensuite  à  la  conférence  tenue  chez  Metternich. 


197.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  1.3894  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français) 

Sur  La  Harpe.  —  Appréciations  du  prince  de  Ligne  sur  La  Harpe,  sur  les  Suis- 
ses, sur  les  intentions  et  les  appétits  de  la  Prusse,  sur  les  craintes  que  lui 
inspirent  les  visées  de  la  Prusse. 

Au  nombre  des  étrangers  qui  furent  hier  28  chez  le  prince 
de  Ligne  se  trouvaient  Talleyrand,  La  Harpe,  le  duc  de  Wei- 
mar,  Humboldt,  et  plus  de  vingt  autres  personnes.  Voici 
comment  le  prince  s'exprima  sur  La  Harpe  : 

T.  I.  11 


162  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DS   VIKNNE 

Après  avoir  exposé  comment  il  fit  sa  connaissanee  à  Péters- 
bourg  et  ce  qu'il  avait  dit  alors  à  Tlmpératrice,  il  ajouta  : 
«Combien  je  fus  surpris  de  voir  donner  une  mission  à  La  Harpe 
pour  l'Angleterre  et  être  porteur  d'une  lettre  écrite  dans  ces 
derniers  temps  par  TEmpereur  de  Russie  à  un  Suisse, ami  de 
La  Harpe.  A  présent,  La  Harpe  présente  tous  ses  compatriotes 
à  PEmpereur,  les  protège  et  il  sera  bien  difficile  de  se  défaire 
d'eux.  Ils  disent  ouvertement  qu'ils  craignent  l'Autriche,  qu'il 
ne  faut  pas  se  jeter  à  l'Autriche... Et  pourquoi  cela,  ces  mes- 
sieurs en  seront-ils  plus  savants  s'ils  ne  portent  plus  le  bon- 
net républicain? 

€  Quant  aux  affaires  présentes,  soyons  vrais.  On  ne  sait  rien 
encore  ou  ce  qu'on  sait  de  plus  vrai,  c'est  que  la  Prusse  est 
toujours  de  grand  appétit  et  qu'elle  emploie  même  sa  force 
comme  dans  la  dernière  affaire  de  Namur  (1).  L'Empire  n'aura- 
t-il  qu'un  chef,  ou  l)ien  verrons-nous  l'Allemagne  partagée  en 
deux  grands  départements  :  Celui  du  midi  et  du  nord? En  pro- 
nonçant ce  dernier,  on  conçoit  d'abord  qu'il  sera  question  du 
roi  de  Prusse.  Le  bon  prince,  il  se  plaçait  à  Teplitz  sur  mon 
lit.  Il  laisse  même  tout  faire  à  ses  ministres  parmi  lesquels  règne 
absolument  l'esprit  de  Frédéric.  » 

Le  rapport  se  termine  par  ces  mots  :  «  Le  prince  de  Ligne, 
comme  il  conste  de  cette  conversation,  craint  beaucoup  les 
menées  de  la  Prusse.  » 


198.  Vienne,  39  septembe  1814  (F.  i.3894  ad  3565). 

Sch...à  HAGER. 

Solmi-Laubach  prétend  que  Metternich  et  Hardenberg  se  seraient  mis  d'ac- 
cord sur  les  propositions  à  faire  aux  princes  médiatisés. 

D'après  les  dires  du  comte  de  Solms-Laubach,  Metternich  et 
Hardenberg  seraient  d'accord  sur  les  principaux  points,  mais 
on  aurait  établi  un  projet  relatif  aux  princes  médiatisés  qui 
leur  serait  moins  favorable  que  le  projet  prussien. 


1.  Allusion  à  la  répression  de  la  révolte  des  troupes  saxonnes. 


LES   PS£LIHINAIRB9   ET   LES  AJOUBHEIIBKTS  DU  CONGRÈS      103 
9.  VienuB,  IV  sepUmbre  1814  (F.  l.SSM  id  »Mi). 


Il  serait  utile  àe  faire  surveiller  le  conseiller  secret  bavarois 
Bœhnen  (i  ),  très  lié  avec  Montgelas  et  Wrede  et  très  probable* 
mentragent  secret  de Montgelas.  Bœhnen  est  l'ennemi  person- 
nel du  roi  de  Wurtemberg. C'est  un  grand  agitateur  et  tripoteur. 
Il  a  hérité  d'une  grosse  somme  de  la  duchesse  de  Wurtemberg 
(alias  Comtesse  Hohenheim),  dont  sa  Femme  est  la  nièce  et  est 
très  intime  avec  la  princesse  Colloredo  Mansfeld. 

Le  comte  de  Solms  et  le  comte  Degenfeld  ont  l'air  radieux. 
Us  disent  que  l'afToire  des  médiatisés  va  bien. 


2e,  39  eepUmbre    18U  (F.  ].3bft4  ad  3ieS). 
â  HAGER. 


Wrede  el  Koch.  —  Lei  Médiatiséi.  —  L'Autriche  et  les  a 
alIemaDds.  —  Le*  difTêrentes  cutislellations  en  Allemagne.  Les  ambasBadci 
russes  et  pruisiennos.— T«lleyraDd,'Dalberi;,  Casllereagh,  Salmour,  Saint- 
Harsin.  —  Les  rois  de  Wurtemberg  et  de  Bavière. 

Le  conseiller  de  légation  bavarois  von  Koch  a  été  placé 
auprès  du  Maréchal  Wrede  en  qualité  de  faiseur  et  de  souf- 
fleur {sic). 

Les  Médiatisés  s'attachent,  presque  à  l'unanimité,;»  l'Autriche 
et  veulent  grâce  à  sa  protection  briser,  ou  en  tout  cas  relâcher 
les  liens  qui  les  tiennent  sous  la  coupe  des  nouveaux  souverains. 
Ceux-ci,  qui  soit  depuis  1805,  soit  depuis  1809,  ont  organisé 
leurs  gouvernements,  qui  ont  signé  des  traités  de  paix  et  d'al- 
liance, ne  veulent  se  laisser  arracher  ni  laisser  imposer  quoi 
que  ce  soit  autrement  que  de  gré  à  gré.  De  là,  des  luttes,  des 
froissements  :  a)  des  grandes  puissances  entre  elles  ;  b)  des  puis- 
sances de  deuxième  et  troisième  ordre,  d'une  part,  contre  les 

ir  Bœhnen  fourni  par  GcEbausen  à 


16  i  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

puissances  prépondérantes,  de  l'autre,  entre  elles  ;  c)  des  Média- 
tisés et  des  tout  petits  gouvernements  contre  les  puissances  de 
deuxième  et  de  troisième  ordre. 

Cela  posé,  et  d'après  les  idées  qu'émettent  les  représentants 
de  ces  différents  princes  quand  ils  sont  entre  eux,  voici  quelle 
est  la  situation  : 

La  Bavière  et  le  Wurtemberg  se  détestent  franchement,  les 
rois  et  les  ministres  et  tout  le  reste.  Il  en  est  de  même  pour 
la  Prusse  et  la  Bavière. 

Le  baron  Linden,  représentant  du  Wurtemberg,  est  person- 
nellement en  assez  bons  termes  avec  Humboldt  qui  lui  fait 
parfois  quelques  confidences. 

Bade,  Darmstadt  et  Nassau  se  tiennent  par  la  main.  Le 
baron  Hacke,  le  ministre  de  Bade,  est  assez  bien  renseigné, 
1*  par  la  Russie, 2*  parSchœnborn-Stadion,  Kerpen(l),  Kinsky 
et  autres  parents  qu'il  a  à  Vienne.  Il  est  Tintime  du  comte  de 
Rechberg  qui  lui  dit  tout  ce  qu'il  sait. 

Les  Missions  prussiennes  ont  de  nombreuses  et  excellentes 
sources  d'informations  à  Vienne.  Les  diplomates  russes  et 
prussiens  semblent  être  absolument  d'accord  et  travailler  de 
concert. 

Talleyrand  a  Tair  de  n'employer  Dalberg  que  comme  espion 
et  comme  secrétaire.  11  paraît  vouloir  tout  régler  avec  lord 
Castlereagh. 

Le  comte  Salmour  est  l'inséparable  de  Saint-Marsan,  le 
ministre  de  Sardaigne. 

Le  roi  de  Wurtemberg  était  allé  se  promener  en  voiture 
hier  après-midi  au  moment  de  l'arrivée  du  roi  de  Bavière. 


201.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  1.  3894  ad  3565). 

HEBENSTREIT  (2)  à  HAGER. 

Le  comte  Charles  de  Rechberg  et  Cotta.  Possibilité  pour  lui  de  tirer  d'eux 

d'utiles  informations. 


1.  Kerpen  (Guillaume,  baron)  (1741-1823),  feldzeugmestre .  Il  avait  été  en 
dernier  lieu  vice-président  du  conseil  aulique  de  la  Guerre  et  avait  pris  sa 
retraite  en  novembre  1813. 

2.  Hebenslreit,  écrivain. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       165 

Le  comte  Charles  de  Rechberg,  arrivé  hier  avec  le  roi  de 
Bavière,  est  le  frère  du  ministre  de  Bavière,  im  économiste  dis- 
tingué, Tauteur  d'un  livre  sur  Les  peuples  de  r Empire  Russe, 
Avant  la  guerre  qui  vient  de  finir,  il  était  un  champion  ardent 
de  la  cause  de  TAUemagne  et  animé  des  mêmes  sentiments 
que  le  prince  royal  de  Bavière  dont  il  est  le  confident.  Je  me 
promets  les  meilleurs  résultats  de  sa  présence  ici. 

Le  célèbre  Cotta,  de  Tûbingen,  essayera  pendant  le  Congrès 
d'obtenir  de  T  Autriche  la  reconnaissance  du  droit  de  propriété 
littéraire.  II  est  riche  et  a  des  relations  aussi  étendues  que  puis- 
santes. Elles  embrassent  tout  le  monde  des  cours  de  Bavière 
et  de  Wurtemberg  et  pourront  m'être  d'une  grande  utilité, 
pourvu  qu'on  m'autorise  à  accepter  le  poste  de  correspondant 
de  VAllgemeine  Zeitung,  qu'il  vient  de  m'ofifrir.  Comme  Cotta 
compte  rester  six  mois  ici,  j'aurai  ainsi  la  possibilité  de  sur- 
veiller grâce  à  lui  le  Wurtemberg  et  d'être  tenu  au  courant 
de  tout  ce  qiii  s'y  passera  d'intéressant. 


202.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  1.  3894  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER. 

Rapport  fourni   par  le  professeur  de    français  Méline  (Agent  au  service  de 
,        Hopfen),sur  le  prince  Régent,  Murât,  Bernadotte,  le  roi  de  Bavière. 

«  En  donnant  hier  matin  ma  leçon  à  M.  Hafner,  anglais,  je 
lui  demandai  pourquoi  son  Prince  Régent  ne  venait  pas  à  Vienne 
comme  les  autres  monarques.  Il  me  répondit  que  les  lois  de 
la  Nation  ne  le  permettaient  pas  et  que  d'ailleurs  il  était  bien 
aise  qu'il  ne  fût  pas  ici.  Ensuite  nous  entrâmes  dans  le  dis- 
cours sur  Murât  et  pourquoi  il  ne  venait  pas  à  Vienne.  Il  me 
dit  :  4c  Oh  1  pour  celui-ci,  son  compte  est  déjà  fait  et  il  n'est 
pas  nécessaire  qu'il  se  fasse  voir.  » 

Etant  allé  dans  une  boutique,  j'entrai  en  conversation  avec 
un  maître  d'hôtel  flamand  et  nous  parlâmes  de  bien  des  choses 
et  entre  autres,  je  lui  demandai  s'il  ne  savait  pas  l'arrivée  de 
Bernadotte.  Il  me  répondit  qu'il  ne  venait  plus  et  que  cela  avait 
causé  bien  de  la  peine  à  ses  anciens  amis.  Je  lui  dis  alors  : 
€  Est-ce  qu'il  en  a  encore  à  Vienne,  des  amis  ?»  Il  me  répon- 
dit :  «Oh  !  oui,  l'autre  jour,  à  la  même  table  où  nous  sommes» 


160  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

il  y  avait  quatre  Français  qui  en  parlaient  avec  bien  d'atten- 
tion, ne  sachant  pas  que  je  parlais  le  français  comme  eux,  et 
ils  s'en  contaient  de  grandes  choses,  ce  qui  me  fît  croire  que 
c'étaient  encore  des  amis  de  Bernadette.  Je  ne  leur  dis  rien, 
car  je  ne  veux  faire  de  mal  à  personne.  > 

Je  lui  demandai  s'il  ne  les  connaissait  pas  et  il  me  répondit 
que  non. 

Me  trouvant  hier  au  soir  en  compagnie  de  personnages  de 
distinction,  je  fis  tomber  le  discours  sur  le  roi  de  Bavière,  et 
un  d'entre  eux  me  dit  qu'il  avait  l'air  d'un  boucher. 
En  note  de  la  main  de  Hager. 

Prière  de  tâcher  de  Irouver  ces  Français  et  de  faire  leur  connaissance . 


203.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565)  (1). 

Anonyme  à  la  PRINCESSK    JABLONOWSKA  (à  Paris)  sous  le 

couvert -iu  GÉNÉRAL  POZZO    DI    BORGO 

(Intercepta  en  français). 

Quel  sera  le  sort  de  la  Pologne  ?...  En  route  pour  Varsovie,  la  correspon- 
danle  s'est  arrêtée  à  Munich  et  y  a  vu  le  prince  Eugène. 

1.  Bien  que  cette  lettre,  interceptée  par  la  Polizei  Hofstelle,  n'ait  été  en- 
voyée à  l'Empereur  que  dans  le  bordereau  du  8  ou  du  9  octobre,  j'ai  cru  devoir 
la  publier  ici  et  la  placer  parmi  les  pièces  de  même  date. 

La  princesse  Jablonowska^à  laquelle  cette  lettre  est  adressée,  est  plus  que 
probablement  celle  dont  Pozzo  di  Borgo  parle  dans  sa  dépêche  n"  66  de  Paris 
7/19  janvier  1816  à  Nesselrode  à  propos  de  la  «  réunion  des  Anglais  révolu- 
tionnaires à  Paris  »  et  dont  le  chef  était  le  général  Sir  Robert  VVilson,  l'an- 
cien attaché  militaire  au  quartier  général  russe  en  1H12  et  qui  fut  condamné 
à  trois  mois  de  prison  pour  «voir  aidé  à  l'évasion  de  La  Valette.  «  Un  géné- 
ral Sierakowski,  lithuanien  qui  a  servi  Bonaparte,  écrit  à  ce  propos  Pozzo  di 
Borgo  à  Nesselrode,  et  qui  suivait  maintenant  une  princesse  Jablonowska 
surannée,  tenant  réunion  de  gens  suspects  à  Paris,  a  été  également  arrêté 
comme  complice  du  général  Wilson,  du  capitaine  Hutchinson  et  de  Michel 
Bruce.  » 

Il  s'agirait  dans  ce  cas  ici  de  la  princesse  Jablonow8ka,née  Walewska,  mariée 
en  1793  au  prince  Stanislas-Paul  Jablonowski,  issu  du  premier  mariage  du 
prince  Antoine  (1732-1799)  avec  la  comtesse  Tecla  Czaplic  (Cf.  Galla\iiesi, 
Cartegio  Confatonieri,  tome  1,  notes  275  et  311).  On  n'a  du  reste  que  l'em- 
barras du  choix  puisqu'on  dehors  de  la  princesse  Jablonowska,  née  Szepticka 
on  trouve  encore  la  princesse  Caroline,  née  Woyna  (1786-1840),  femme  du 
prince  Louis  qui  quelques  mois  plus  tard  en  mai  1815  allait  réprésenterl' Au- 
triche à  Vienne,  mais  qui  ne  devait  pas  être  à  ce  moment  à  Paris,  ou  bien  en- 
core la  princesse  Thérèse,  née  Lubomirska  (17901845)  mariée  depuis  mai 
1811  au  prince  Maximilien  (1785-1856)  conseiller  aulique  au  service  de  Rus- 
sie, grand  Mattre  de  la  Cour  de  Pologne  et  membre  du  Conseil  d'Etat  de 
Pologne. 


LES   PIlâLllIINA,IREa   ET   LES  AJOURNEMENTS   DU   CONGHës      167 

Tous  les  souverains  sont  déjà  assemblés  ici  et  décident  des 
destinées  des  Etats.  Quelle  sera  celle  de  la  Pologne  ?  C'est 
ce  que  tout  le  monde  ignore  et  dont  on  ne  sera  instruit  qu'au 
dénouement  de  ce  qui  est  en  cours.  J'ai  eu  occasion  de  voir 
des  personnes  qui  savent  à  peu  près  tout  ce  qui  se  passe.  Il 
paraît  qu'on  en  parle  plus  qu'on  ne  le  désire. 

De  toutes  mes  faibles  combinaisons,  je  n'ai  que  le  désagré- 
ment d'en  douter  plus  jamais.  Si  cette  lettre  vous  parvient  sans 
être  ouverte,  je  voua  en  écrirai  plus  détaillé  de  Varsovie  dont 
je  prends  la  route  aujourd'hui.  Je  n'ose  conlier  à  celle-ci  même 
quelques  petites  choses  intéressantes,  qui,  toutes  insignifiantes 
et  innocentes  qu'elles  sont,  pourraient  peut-être  vous  nuire. 

Je  me  suis  arrêtée  trois  jours  à  Munich  pendant  lesquels  le 
prince  Eugène  est  venu  me  voir.  C'est  uniquement  pour  lui 
que  je  m'y  suis  arrêtée.  Il  m'a  donné  un  souvenir  précieux  et 
charmant. 

Je  m'y  suis  trouvée  à  un  bal  masqué  que  le  roi  de  Bavière 
donnait  ;i  l'Impératrice  de  Russie.  J'ai  vu  tous  ces  souverains 
et  princes  de  très  près  sans  être  vue  d'eux. 


anc,  1"  octobre  1B14  (f.  1.  339&.  ad  3SeS). 

HAGER  à   L'EMPERIÎUR 

Bordereau  et  rapport  journalier. 


',  30  septembre  ISll  (F.  1.  339S  ad  3!>e5). 
Nota  à  HAGER. 


11  enregistre  l'indisposition  subite  de  Schwarzenberg  et  l'ar- 
rivée prochaine  de  Pozzo  di  Borgo  (1).  'On  attend  aussi  sous  peu 
le  prince  Radziwill  (2)  marié  à  une  princesse  de  Prusse  et  devenu, 

I,  Pozio  di  Borgo,  «mb«»Mdeur  de  Ruuie  i  Paris,  «ppelé  k  Vienne  par 
l'Empereur  Alexandre,  ne  quitU  Pari»  que  le  b  octobre. 

ï.  Had/iwill  lAnloino-Henn  prince  d'Olyka.diic  deNicsvicz.comtede  Mir) 
(1775-1833)  avait  épousé  Frédérique-Dorothiïe-Louiie- Philippine,  fille  unique 
dit  priiice  Ferdinand  de  PrutM.  Il  AU  en  ISlï  lieulcuanl  du  roi  (Stattbiller) 
dans  le  diiclié  de  Posoa.Sct  deux  AU  Guillaume  et  Qo^uslaw  épousèrent  deui 
soeurs  MatbiUc  et  Léonline  Clary. 


168  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

grâce  à  Czartoryski,  le  partisan  de  la  résurrection  de  la  Pologne. 
La  princesse  Léopoldine  Liechtenstein  est  de  toutes  les  dames 
de  la  société  qu'il  a  vues  jusqu'ici  celle  qui  plait  le  plus  à 
Alexandre.  On  dit  à  ce  propos  qu'il  se  montre  bien  russe,  car 
il  aime  les  femmes  à  la  glace. 


205.  Vienne,  30  septembre  1814  (F.  1.  1395  ad  3)65). 

GCEHAUSEN  à  HAGER  (Analyse  du  rapport). 

Visites  d'Alexandre  et  du  roi  de  Prusse  à  Schwarzenberg.  Wrede  et  Mont- 

geias.  On  va  placer  des  agents  chez  Wrede. 

Bon  effet  produit  par  la  visite  rendue  par  Alexandre  et  le 
roi  de  Prusse  au  feld-maréchal  prince  de  Schwarzenberg. 

Le  prince  de  Wrede  est  toujours  encore  très  souffrant  des 
suites  de  la  blessure  qu'il  a  reçue  à  Hanau. 

Montgelas  (1)  n'est  pas  encore  arrivé. 

Gœhausen  s'occupe  de  placer  un  homme  de  confiance  auprès 
de  Wrede,  comme  auprès  du  vice-roi  d'Italie. 


206.  Vienne,  30  septembre  1814   F.  1.  3395  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER. 

Visites  faites  par  le  roi  de  Bavière.  Alexandre  chez  Schwarzenberg. 

Le  roi  de  Bavière  a  fait  dans  la  matinée  des  visites  d'éti- 
quette en  ville.  La  reine,  un  peu  souffrante  après  le  grand  gala, 
n'a  pas  assisté  au  feu  d'artifice. 

Schwarzenberg,  arrivé  avant-hier  dans  la  nuit,  a  fait  deman- 
der à  TEmpereur  Alexandre  une  audience  qui  a  été  fixée  à 
midi.  Mais  Alexandre  lui  a  fait  la  surprise  d'aller  le  voir  à 
dix  heures.  Rentré  chez  lui,  Alexandre  a  donné  audience  au 
Nonce  et  à  quelques  Russes.  Sauf  cela,  rien  de  particulier. 


1.  Montgelas  (comte  de)  1759-1838)  issu  d'une  famille  de  la  Savoie,  né  A 
Munich,  principal  ministre  de  Maximilien-Joseph,  surnommé  \e  Pombal  bavà- 
roU.  On  sait  qu'il  ne  vint  pas  A  Vienne. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS       109 
207.  Vienne,  ao  septembre  1814  (F.  1.  SS95  ad  S865). 

e  e  à  HAGER. 

Les  craintes  des  missions  de  Wurtemberg,  de  Bade  et  de  Bayière.  La  chute 
du  roi  de  Saxe  parait  décidée.  Un  mot  de  Thu^çut.  Appréciations  sur  les 
conséquences  des  agrandissements  supposés  de  l'Autriche.  Le  projet  prus- 
sien de  constitution  allemande. 

Les  légations  de  Wurtemberg,  de  Bade  et  de  Bavière  au 
Congrès  semblent  consternées  par  le  bruit  qui  court  et  aux 
termes  duquel  TAutriche  recevrait  des  territoires  sur  le  Haut- 
Rhin  et  par  cela  même  la  direction  du  cercle  du  Haut-Rhin. 
Les  diplomates  disent  :  €  Fort  bien  ;  mais  alors,  où  trouverons 
les  territoires  qui  nous  indemniseront  des  dépenses  que  nous 
a  causées  la  guerre,  une  compensation  à  la  perte  de  Montbé- 
liard  que  le  traité  de  Paris  nous  a  forcés  à  céder  à  la  France  ?  > 
Et  ils  ajoutent  :  «  L'Autriche,  par  la  possession  de  territoires 
sur  le  Haut-Rhin  et  en  sa  qualité  de  directeur  du  cercle  du 
Haut-Rhin,  va  exercer  une  influence  énorme  sur  la  Suisse,  la 
Souabe  et  la  Bavière.  > 

Le  comte  Louis  SchOnfeld  (1)  m'a  dit  hier  :  «  Il  faut  aban- 
donner tout  espoir  de  voir  Tancienne  dynastie  conserver  la 
Saxe.  » 

Le  baron  Stein  a  dit  à  beaucoup  de  gens  :  «  La  Saxe  va 
avoir  de  nouveaux  maitres.  La  Prusse  se  propose  du  reste 
de  partager  TÂllemagne  en  sept  cercles.  C'est  donc  la  (in  de 
la  dynastie  saxonne.  Il  faut,  pour  indemniser  la  Russie  des 
frais  de  la  guerre,  qu'on  lui  cède  la  Pologne  prussienne,  et  la 
Prusse  ne  peut  recevoir  d'autre  indemnité  que  la  Saxe.  Le  sort 
de  la  Saxe  est  donc  décidé.  » 

Le  baron  Thugut  a  dit  de  son  côté  :  €  C'est  le  premier  par- 
tage de  l'Allemagne,  le  second  suivra  dans  deux  ans  et  il  n'en 
sera  que  mieux.  > 

On  dit  encore,  à  propos  des  agrandissements  de  l'Autriche 
sur  le  Haut-Rhin  qu'on  lui  accordera  Bftle,  Constance,  Stockach, 
le  Brisgau,  etc.,  etc.,  pour  compenser  la  cession  qu'elle  fait 
des  anciennes  légations  pontificales  au  roi  d'Etrurie. 

Le  baron  PufFendorf,  chez  lequel  les  Médiatisés  tiennent  leurs 

1.  Ancien  ministre  de  Saxe  à  Vienne. 


170  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

assises,  et  le  comte  Maurice  Degenfeld  sont  des  partisans  avé- 
rés du  projet  de  la  Prusse.  Tous  les  protestants  se  réjouissent 
de  voir  T Autriche  et  la  Prusse  se  partager  la  suprématie  en 
Allemagne  et  la  direction  de  la  Confédération  germanique  de 
telle  façon  que  le  Hanovre  contrebalancera  la  prépondérance 
prussienne  dans  le  Nord  comme  la  Bavière  le  fera  pour  TAu- 
triche  dans  le  Sud  de  l'Allemagne.  Mais  le  Wurtemberg,  Bade 
et  Hesse-Cassel  sont  nettement  hostiles  à  ce  plan,  parce  qu'ils 
croient  que  dans  cette  répartition  on  ne  leur  attribuera  aucun 
des  territoires  qu'ils  s'étaient  flattés  d'acquérir. 


208.  Vienne,  30  septembre  1814  (F.  1.  3895  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (Rapport  en  français). 

Jomini,  grand  partisan  et  admirateur  de  la  Prusse.  Son  jugement  sur  l'armée 
autrichienne.  Ce  qu'il  voudrait  voir  attribuer  à  la  Prusse.  Un  mot  du  prince 
de  Ligne. 

Jomini  est  de  la  société  du  prince  de  Ligne.  11  est  Prussien 
dans  Tâme.  Il  lui  semble  que  la  Prusse  a  frayé  le  chemin  de 
Paris.  «  Elle  a  trop  souffert,  dit-il,  et  ne  saurait  être  trop  ré- 
compensée. >  C'est  d'après  lui,  la  puissance  qui  doit  être  agran- 
die vers  la  France  pour  lui  tenir  tête.  Il  n'estime  pas  beaucoup 
les  troupes  autrichiennes  et  moins  encore  leurs  officiers.  «  Si 
l'Autriche  était  attaquée  par  les  Français,  ses  soldats  lâche- 
raient pied,  dit  Jomini,  tout  comme  auparavant.  » 

La  Prusse,  selon  lui,  devrait  posséder  tout  le  Rhin  de  Wesel 
à  Mayence.  D'après  lui,  toute  la  Westphalie,  toute  la  Saxe  de- 
vront être  sous  son  sceptre,  qui  porterait  le  titre  d'Impérial. 
La  Bavière  et  le  Wurtemberg  seraient  deux  royaumes  fédé- 
ratifs  entre  l'Autriche  et  la  France. 

Quant  à  l'Autriche,  il  soutient  qu'il  faut  fixer  sa  puissance 
sur  toute  l'Italie. 

Le  prince  de  Ligne  disait  hier  à  son  médecin  :  «  J'ai  le 
bonheur  d'avoir  chez  moi  trois  grandes  têtes,  mais  trois  têtes 
bien  dangereuses  et  bien  méchantes  :  La  Harpe,  Talleyrandy 
Jomini.  » 


LES  rnËLi]ii:«AiREs  et  les  ajourkkments  du  congrès     171 

9.  Vienne,  30  leptembre  IIU  (F.  1.  3895  ad  SMS). 

Rappoht  à  HAGER. 


11  travaille,  il  écrit  beaucoup  et  souvent  même  jusqu'à  deux 
heures  du  malin,  11  reçoit  souvent  des  notes  do  l'empereur 
Alexandre.  Il  ne  reçoit  pas  de  visites, 


310.  Vicmii;,  1"  octobre  t»tt  {F.  1.  3895  *d  SSSi). 

Nota  à  HAGER  (Rapport  en  français). 

Jugement  du  g^rifral  Schostcr  sur  Alexandre  el  le  roi  de  Prusse.  Coûtes  des 
sentiments  du  roi  pour  l'empereur.  L'esprit  public  en  Prusse  et  ses  fcriers 
contre  In  liiiasie.  Jugements  sur  Alesaiiiire  1".  Dangers  résultant  de  ion 
caractèi-e.  Son  entourage.  Origine  de  se»  projets  sur  la  Polob'ne.  Ce  qu'il 
fera.  Causes  de  son  aveuglement.  Le  gAairal  Orurk.  La  garnison  de  Vienne, 
Scliwanenberg  et  Molternich. 

Le  général  Scliœler,  ministre  de  Prusse  à  la  cour  de  Russie, 
est  arrivé  de  Saint-Pétersboui^  il  y  a  trois  jours.  Cet  officier 
est  placé  auprès  de  l'Empereur  depuis  la  guerre  de  1800  en 
qualité  d'aide  de  camp  du  Roi.  Il  était  chargé  de  communica- 
tions directes  qui  ne  passaient  par  aucun  des  deux  ministères. 
Pendant  la  guerre  de  1812,  il  resta  en  Russie  comme  parti- 
culier. Ses  relations  se  tinrent  sous  main.  En  1813  et  1814, 
il  fut  de  nouveau  placé  près  de  l'Empereur  comme  militaire  et 
à  la  paix  comme  ministre.  Il  a  un  jugement  froid  et  des  notions 
très  justes  sur  la  situation  des  affaires  et  la  manière  de  pen- 
ser de  l'Empereur. 

Après  lui  avoir  laissé  le  temps  de  se  mettre  au  courant, 
j'ai  été  le  voir  hier.  Voici  à  peu  près  le  résumé  de  notre  con- 
versation. 

«  Le  roi  de  Prusse,  me  dit-il,  sans  étreun  homme  de  beaucoup 
d'esprit  a  un  sens  droit.  Il  n'est  rien  moins  que  l'admirateur 
constant  do  tout  ce  que  fait  l'empereur  Alexandre.  11  n'y  a  pas 
même  hien  longtemps  que  son  opioioD  sur  sa  conduite  ne  lui 
était  nullement  favorable  ;  mais  il  se  croit  lié  à  lui  par  la  recon- 
naissance. Il  croit  avoir  la  conviction  qu'il  doit  le  rang  qu'il 


172  AUTOUR  DU  CONGRÈS    DE    VIENNE 

a  repris  entre  les  souverains  uniquement  à  Tempereur,  et  sans 
calculer  que,  s'il  ne  s'était  pas  joint  à  lui,  le  théâtre  de  la 
guerre  de  1813  eût  été  le  Duché  de  Varsovie  et  la  position  de 
la  Russie  bien  précaire,  il  ne  laisse  passer  aucune  occasion  de 
dire  et  de  témoigner  à  son  ami  la  reconnaissance  qu'il  croit 
lui  devoir,  et  Tempereur  ne  profite  que  trop  bien  d'une  amitié 
qui,  de  sa  part,  n'est  point  désintéressée. 

Quant  à  l'esprit  de  la  nation,  il  est  comme  celui  de  toute 
r Allemagne  contre  la  Russie.  Il  règne  même  en  Prusse  une 
haine  fortement  prononcée  et  très  motivée  malgré  tous  les 
cordons  dont  il  nous  a  décorés.  La  conduite  du  Gouvernement 
russe  a  été  telle  que  l'aurait  pu  être  celle  de  Napoléon.  Qui 
ne  sait  pas  que  la  Prusse  avait  mis  la  plus  grande  partie  de 
ses  capitaux  dans  sa  part  de  Pologne  /...  Aucun  des  avan- 
tages promis  par  la  dernière  alliance,  aucune  des  prétentions 
si  justes  n'a  été  reconnue  ;  la  Prusse  en  est  sur  cet  article  au 
même  point  qu'en  1810.  Pas  même  la  caisse  des  veuves  des 
officiers,  objet  qui  serait  sacré  pour  tout  autre  gouvernement, 
que  le  roi  de  Saxe  par  un  sentiment  de  justice  avait  cherché 
à  arranger  à  Paris  et  que  Napoléon  avait  refusé  par  haine  pour 
le  militaire  prussien,  n'a  fait  exception.  Aucune  réclamation, 
ni  du  Gouvernement,  ni  des  particuliers,  n'a  reçu  la  moindre 
réponse,  et  cela,  dans  le  temps  même  où  l'armée  prussienne 
méritait  l'estime  de  l'Europe,  où  toute  la  nation  rivalisait  d'en- 
thousiasme et  de  sacrifices.  Le  retour  des  troupes  russes  a  été 
un  nouveau  fléau.  Ils  ont  épuisé  jusqu'au  dernier  sou  les 
provinces  où  ils  ont  passé  ;  les  prétentions  les  plus  exorbi- 
tantes, la  plus  grande  arrogance  les  a  (sic)  accompagnés  par- 
tout. Ils  ont  traité  la  Prusse  orientale  comme  un  pays  conquis 
qu'ils  étaient  assez  généreux  de  ne  pas  garder. 

Quant  à  l'Empereur  Alexandre,  je  le  regarde  comme  plus 
dangereux  qu'on  ne  le  pense.  Depuis  cinq  ans,  à  une  époque 
où  l'opinion  de  sa  faiblesse  existait  encore  généralement,  il  ne 
s'est  entouré  que  de  gens  dont  la  médiocrité  est  reconnue  et 
lui  laissait  une  marche  entièrement  libre.  Ses  projets  actuels 
sur  la  Pologne  ne  sont  pas  une  suite  de  circonstances.  C'est 
une  idée  nourrie  par  lui,  un  but  vers  lequel  tendent  toutes  ses 
démarches  depuis  deux  ans.  La  première  proclamation,  lors 
de  l'alliance  avec  la  Prusse,  contient  la  promesse  de  rendre 
à  la  monarchie  prussienne  tout  le  lustre  et  la  puissance  dont 
elle  jouissait  sous  Frédéric  II.  Pendant  le  temps  de  la  guerre. 


LES    PRÉLDftNAlRES    ET    LES   AJOURNEMENTS  DU   CONGRÈS       173 

toutes  les  questions  sur  cet  objet  ont  été  écartées  par  la  décla- 
ration que  tout  s'arrangerait  à  1  amiable.  A  Paris^  sous  prétexte 
de  laisser  jouir  la  France  des  bienfaits  de  la  paix  et  d'un  gou- 
yernement  légitime^les  troupes  russes  quittent  le  pays  à  marche 
forcée  et  vont  se  placer  sur  les  frontières  de  la  Pologne  dans  le 
temps  que  toute  Tarmée  prussienne  reste  pour  occuper  les  pays 
conquis  au  delà  du  Rhin  et  que  l'Autriche  est  forcée  d'occuper 
ritalie  avec  des  forces  considérables. 

€  La  résolution  de  rétablir  le  royaume  de  Pologne  n'est 
qu'un  bâton  qu'il  nous  jette  dans  les  jambes  pour  obtenir  plus 
facilement  la  part  qu'il  en  veut.  Il  connaît  et  craint  trop  les 
suites  que  cela  aurait  en  Russie  pour  j  penser  sérieusement. 
Mais  je  suis  persuadé  que  s'il  trouve  une  résistance  trop  forte 
contre  ses  desseins,  si  on  lui  montre  la  volonté  de  s'y  opposer 
par  la  force,  il  cherchera  à  vous  prévenir  et  il  y  est  tout  pré- 
paré. L'armée  russe  est  placée  en  échelons  depuis  Cracovie 
qu^occupe  le  général  Yermoloif  avec  l'avant-garde  jusqu'à 
Kovno  où  se  trouve  le  corps  du  comte  Wittgenstein.  Les 
Russes  parlent  de  700.000  hommes  sous  les  armes  ;  mais  ils 
en  ont  sûrement  300.000.  La  garde  est  à  Pétersbourg  et  ses 
bataillons  sont  de  mille  hommes.  Les  milices  n'ont  pas  été 
licenciées,  ce  qui  a  causé  du  mécontentement  et  prouve  assez 
que  les  hommes  manquent.  Du  reste,  la  noblesse  est  humiliée 
d'avoir  vu  les  armées  russes  sous  des  chefs  autrichiens  et  vou- 
draient avec  plaisir  effacer  cette  humiliation.  La  formation  de 
Tarmée  polonaise  avance  lentement.  Outte  la  pénurie  d'ar- 
gent, le  Tiers-État  et  le  peuple  n'y  prennent  aucun  intérêt. 
Les  nobles  qui  espèrent  beaucoup  du  nouvel  ordre  des  choses 
recrutent  et  ont  placé  leurs  bannières  ;  mais  personne  veut  s'en- 
rôler. Dans  la  partie  qu'on  nous  rendra  probablement,  je  sup- 
pose  jusqu'à  la  Wartha,  ce  qui  avait  été  rassemblé,  s*est  de 
nouveau  débandé.  » 

Lui  ayant  demandé  quelle  impression  faisaient  sur  l'Empe- 
reur, qui  était  il  y  a  im  an  Tidole  de  l'Europe,  l'opposition  et 
le  mécontentement  général  qu'il  trouvait  maintenant  contre 
ses  projets,  le  général  répondit  que  «  le  mal  venait  de  ce  que 
l'encens  et  Tadmiration  qu'on  lui  avait  prodigués  l'avaient 
tellement  fasciné  qu'il  ne  voyait  pas  encore  ce  mécontente- 
ment, que  tout  ce  qui  l'entourait  le  retenait  dans  cette  illu- 
sion, les  Polonais,  pour  l'espoir  de  voir  réussir  leur  régénéra- 
tion, Stein  et  La  Harpe  pour  des  motifs  personnels.  » 


174  AUTOUR   DU  CONGBÈS  DE   VIENNE 

Le  comte  Orurk^  lieutenant-général  msse,  est  ici  avec  l'em- 
pereur. Il  n'a  jamais  été  employé  auparavant  auprès  de  sa 
personne.  Il  commandait  une  division  de  cavalerie  en  Pologne, 
lorsque  l'Empereur^  à  son  passage,  lui  ordonna  de  le  suivre. 
Cet  officier  a  joué  un  grand  rôle  dans  les  relations  de  la  Rus- 
sie avec  la  Serbie.  Il  serait  possible  que  son  séjour  ici  ne  soit 
pas  sans  motif  sous  ce  rapport. 

La  tenue  de  la  garnison  a  fait  une  très  bonne  impression  sur 
les  étrangers,  surtout  sur  les  Russes.  Ils  ont  été  aussi  très 
étonnés  de  l'accueil  si  distingué  que  l'Empereur  fait  au  prince 
de  Schwarzenberg,  mais  n'ont  d'abord,  selon  leur  manière 
trouvé  aucune  raison.  Ils  assurent  maintenant  que  la  mésin- 
telligence s'est  mise  entre  Schwarzenberg  et  Metlernich  et  que 
l'Empereur,  pour  Tentretenir,  traite  l'un  avec  tant  de  distinc- 
tion et  est  très  froid  avec  l'autre. 


211.  Vienne,  30  septembre  1314  (F.  1.3894  ad  35d5). 

GŒHAL'SEN  à  HAGER. 

AfTaires  de  Saxe.  Le  duc  de  Weimar  défendra  les  droits  des  maisons  de  Saxe. 
Les  conférences  entre  les  comtes  de  Gôrtz  et  de  Schuleuburg.  Les  convives 
du  dîner  du  39  septembre.  Le  général  de  Watzdorf  envoyé  à  Londres  par 
le  roi  de  Saxe. 

Le  conseiller  intime  et  secrétaire  particulier  du  duc  de  Wei- 
mar, Vogel,  ne  croit  pas  à  la  réunion  de  la  Saxe  à  la  Prusse. 
Le  duc  de  Weimar  est,  en  tout  cas,  décidé  à  défendre  les  inté- 
rêts des  autres  lignes  de  la  maison  de  Saxe.  Les  représen- 
tants de  Cobourg  et  de  Gotha  ne  sont,  d'après  lui,  que  des 
tigurants.  Il  lui  a  parlé  des  conférences  suivies  qu'a  le  comte 
de  Gôrtz  (1)  avec  le  comte  de  Schulenburg,  qui  a  pris  les 
ordres  du  ministre  comte  Einsiedel(2).  A  son  retour  de  Berlin, 
Schulenburg  a  eu  une  longue  audience  de  l'empereur  d'Au- 

1.  Comte  de  Gôrtz.  Conseiller  intime  du  roi  de  Saxe  qui  Tavait  envoyé  A 
Vienne  au  mois  de  septembre  1814. 

2.  Eiusicdel  (comte  d')  (1773-1861).  Ministre  et  secrétaire  d'État  de  Tinté- 
rieur.  Il  accompagna  son  roi,  d'abord  à  Leipzig,  puis  à  Berlin  et  à  Pres- 
bourg  et  fut  chargé  des  négociations  pendant  le  Congrès  de  Vienne.  Son  cré- 
dit s'accrut  encore  sous  le  successeur  de  Frédéric-Auguste  [•',  Antoine  I*'. 
Mais  son  opposition  à  toutes  les  réformes  le  rendit  très  impopulaire  et  les 
troubles  de  1830  le  contraignirent  à  prendre  sa  retraite. 


LES   PRÉUMINAIQES   ET   LB9   AJOURItEUENTS  DU   CO?iGRfiS      175 

triche.  C'est  OOrtz  qui  rédige  les  mémoires  que  Schulenburg 
présente  à  Metternich. 

Le  comte  Bubna  (1)  va  souvent  chez  Schulenbui^. 

Convives  du  dîner  du  29.  Le  comte  Schœnfeld,  GOrtz, 
Senftt-Pilsach  ii)  le  général  Langenau  et  Griesinger  (3).  Le 
roi  de  Saxe  a  envoyé  le  général  de  Watzdorf  (4)  à  Londres. 


212.  Vienne,  ;9  septembre  1814  (F.  1.  38»4  ad  liii). 

Q  ©  k  flAGRR  (en  français). 


De  l'entretien  que  j'ai  eu  avec  le  baron  de  Tiirkheim,  mi- 
nistre du  grand-duc  de  Hesse-Darmstadt,il  résulte  que,  d'après 
lui,  la  Prusse  ne  se  départira  pas  de  ses  vues  sur  l'appropria- 
tion de  la  plus  grande  partie  de  la  Saxe  et  tiendra  à  conserver 
la  rive  gauche  du  Rhin, 

I.  Bubna  (Ferdinand  comlo)  <tTflB-18S5!BÎdc  de  camp  de  l'archiduc  Charles, 
se  distingua  A  AuslerliU,  Essiing  el  Wayram  el  entra  en  France  en  1814  du 
chlé  du  la  Suisie  Gouverneur  de  la  Lombardie  en  IBll,  il  mourul  i  Milan 
en  18». 

3.  Scntrt-Pilsacli  (Fi-idérie  ChrisLian  Louis  comte)  (177i-IS&3)  ipousa  en 
IBOl  imu  nticvdc  SIcin.  Ministre  de  Saxe  i  Paris(lBIM).  Ministre  des  AfTaires 
flrangfri'S  (iSl}9~lK13),  adversaire  dËclarè  de  la  Prusse,  dimissionuaire 
npK's  l.ûl/en,  il  se  rendit  à  Francfort  au  mois  de  norcmbre  1M13  pour  y 
pluidcr  devant  les  suuvi'rnins  alliés  la  cause  de  son  roi  qui  refusa  ses  services. 
Pas»^  aloi's  au  service  de  r.^ulriclie.nommà  conieiller  intime, chargé  par  Me(- 
lurnicli  d'une  néiti'HiîaliOD  assez  délicate  avec  la  Suisie.  négociation  qui  échoua 
du  reste,  il  alla  vivi-o  pendant  quelque  temps  en  particulier  i  Paris.abjura  le 
prolealuiitisme  et  devint  siicccssivemeiiL  ministre  d'Autriche  i  Turin  (IKïi), 
à  Klorence  llxj*),  A  La  Haye  (1H36)  et  enfin  A  Munich  (1840-1847).  Pour  plus 
de  déteiln  voir  IlI•^:(EFo:l!I.  L'n  ultii  de  Napoléon.  Fridérie-Auguiîe  1"  roi  lU 
Stxt  el  Oraail-Uac  de  Vaniovit  (chap.  XIII,  p.  411-4M. 

3.  Conseiller  <lc  léfiation  Saxon. 

4.  \V.azdorr  (Churltis-Fi'èdèric-Louis  de)  !lT5f-|i4iO>,  colonel  en  1X10,  lora- 
quu  Senflt-Piliach  l'envoya  comme  ministre  extraordinaire  à  Saint-Péters- 
bourg (1M0-INI3).  pnimuKénéral-mqjoret  lieutenant-g-énérai  en  1811  au  cour» 
de  celte  mission,  nommé  en  IKlï  ministre  i  Vienne,  chargé  en  1814  de  difK- 
rentesniisiiionsparsiiriroi  qui  l'appela  auprès  de  lui  A  Près  bourg,  grand  maître 
de  la  maiïiiti  (Ic<>  princos  b'i'édéric- Auguste,  Clément  et  Jean  (1819),  ministre 
*  Berlin  (INS3-|kii),  rentré  A  Dresde  comme  aide  de  camp  général  en  I83S, 
il  devint  peu  upr^s  ministre  de  la  maison  du  roi  et  conseiller  d'État.  (Cr. 
RnijcEFn-iTi. t/n  atlK  de  Sapotéon, etc.  Chipitre  Xll,3e«-4I3  rf  chapitre  XIV, 

Ifiti,  463-i70|. 


176  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Il  ne  croit  pas  à  la  fédération  de  TAUemagne,  à  la  supré- 
matie héréditaire  de  rAutriche,  à  la  Constitution  des  quatre 
cercles  ou  Vicariats.  Il  n'est  guère  porté  en  faveur  du  ministre 
constitutionnel  Stein. 


213.  Vienne,  30  septembre  1814  (F.  1.  3895  ad  3965). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 
(Rapport  de  chez  le  Nonce) 

Ce  que  Consalviet  Severoli  ont  fait  le  39.  Visites  au  roi  de  Bavière.  Confé- 
rences le  soir  sur  les  affaires  pontiflcales.  Les  articles  du  nonce  dans  le 
journal  de  Francfort. 

Les  deux  prélats  (le  cardinal  Consalvi  et  le  nonce  Mgr  Seve- 
roli) ont  été  rendre  visite  au  roi  de  Bavière,  qui  n'a  jamais  été 
Tami  de  la  cour  de  Rome,  évidemment  pour  le  gagner.  Le  29, 
au  soir,  ils  ont  eu  une  conférence  avec  le  comte  Beroldingen  (1) 
et  avec  Wintzingerode,  ministre  du  roi  de  Wurtemberg  afin  de 
gagner  les  suffrages  des  membres  du  Congrès  et  d'assurer  le 
rétablissement  du  pape  dans  la  possession  entière  de  ses  Etats. 

L'article  inséré  dans  le  Journal  de  Francfort  est  du  Nonce 
qui  Ta  fait  insérer  par  le  moyen  du  protestant  Schlegel  {']),  tout 
comme  ceux  par  lesquels  il  protesta  contre  les  ordres  donnés 
par  Joachim,  à  Urbino,  Macerata  et  Ancône  et  un  autre  article 
relatif  au  rétablissement  des  Jésuites. 


1.  Beroldin§^n  (Joseph-Ignace,  comte  de),  général  et  diplomate  wurtem- 
bergeois  (1780-1868)  débuta  au  service  de  T Autriche  qu'il  quitta  en  1803 
lorsque  l'électeur  de-  Wurtemberg  rappela  ceux  de  ses  sujets  qui  servaient  à 
l'étranger.  Napoléon  lui  confia  plus  tard  plusieurs  missions  importantes. 
Ministre  à  Londres  en  1814,  puis  à  Saint-Pétersbourg,  il  devint  en  1823  mi- 
nistre des  Affaires  étrangères  et  conserva  ces  fonctions  jusqu'en  1848. 

2.  Wintzingerode  (Georges-Ernest-Louis,  comte  de)  (1732-it<34).  D'abord 
officier  au  service  de  Hesse,  puisen  1794  chambellan  de  l'électeur  de  Cologne 
passé  au  service  de  Wurtemberg,  Ministre  des  Affaires  étrangères  en  1801, 
premier  ministre  en  1806,  démissionnaire  en  1816  à  la  mort  du  roi  Frédé- 
ric I**,  il  accepta  en  1820  le  poste  de  ministre  à  Berlin,  Dresde,  Hanovre  et 
Cassel  et  se  retira  définitivement  en  1825. 

3.  Hofsecretmr  de  la  Chancellerie  d'Etat  dont  il  a  déjà  été  question  précé- 
demment. 


LES   PRiUMINAIRES  ET   LES  AJOURNEUENTS   DU   CONGRfiS      177 

214.  Vienne,  31  soptembre  1814  (F.  1.  3891  id  95aS). 

HOPFENà  HAGER  (analyse). 


Rend  compte  de  la  visite  faite  par  le  marquis  P. ..(1), à  Cam- 
pochiaro,  dont  il  est  connu  depuis  longtemps  et  dont  il  va 
fréquenter  la  maison. 

Le  marquis  a  causé  de  la  situation  de  Murai  avec  le  duc  qui 
lui  a  exposé  les  raisons  pour  lesquelles  il  lui  semble  impos- 
sible de  contester  au  roi  Joacbim  la  légitimité  de  ses  droits 
sur  Naples  :  la  conquête  par  les  armes,  la  popularité  dont  il 
jouit  dans  un  royaume  où  il  est  acclamé  par  tous,  sa  recon- 
naissance par  tous  les  souverains  qui  ont  des  représentants 
accrédités  auprès  de  lui,  sa  participation  à  l'Alliance  et  à  la 
Coalition,  enGn,  la  garantie  de  son  royaume  donnée  à  Joachim 
et  la  part  qu'il  a  prise  à  la  dernière  guerre. 


215.  Vienne,  »  septembre  ISU  (F.  1.  37;s  ad  SSfiS). 

GENTZ  au  prince  de  VALACHIE  {inlercepU  en  français). 

Les  conférencca  préparatoires  et  l'admission  de  Talleyrand.  Mett«rnich  chei 
Alciandre.  Ses  entreliens  «vec  Talleyrand.  Les  instructions  donnAcs  1 
Talleyrand  pi>up  la  Pologne  el  la  Saia,  ot  les  vues  d'Alexandre.  Gfovité  de 
la  qnestion.  Projet  de  voyage  d'Alexandre  A  Bude. 

Les  conférences  préparatoires  ne  se  sont  tenues  jusqu'à  au- 
jourd'hui que  parmi  les  ministres  des  quatre  puissances  alliées. 
M.  de  Talleyrand  y  assistera  pour  la  première  fois  et  après- 
demain  il  y  aura  la  première  séance  générale  et  formelle. 

Le  prince  de  Metternicli  a  eu  hier  soir  une  conférence  par- 
ticulière de  trois  heures  avec  l'Empereur  de  Russie.  Il  en  a 
eu  plusieurs  avec  Talleyrand.  Celui-ci  a  dit  à  plusieurs  per- 
sonnes, sans  détours,  que  ses  instructions  lui  enjoignaient  éga- 
lement de  protester  contre  les  progrès  de  la  Russie  enPologne 

1.  .Nom  illisible  commun i;ant  par  un  P  et  flnivsenl  par  lo. 


178  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

et  contre  Tacquisition  de  la  Saxe  par  la  Prusse.  Il  faut  voir 
ce  qu*il  eu  sera  lorsque  les  négociations  commenceront  (1). 

P.-S.  —  Je  viens  d'apprendre,  par  un  canal  particulier  et 
très  sûr,  quelques  détails  que  votre  Altesse  doit  nécessairement 
connaître  puisqu'ils  sont  de  nature  à  modifier  et  à  rectifier 
ces  dernières  notions.  L'Empereur  de  Russie,  malgré  toutes 
les  difficultés  et  les  contradictions  qu'il  éprouve,  tient  très 
fortement  au  projet  d'établir  un  royaume  constitutionnel  de 
Pologne  sous  sa  propre  souveraineté  et  il  est  tellement  monté 
sur  ce  projet  qu'il  prétend  même  vouloir  réunir  à  ce  royaume 
les  anciennes  provinces  polonaises  qu'il  possède  par  les  der- 
niers partages.  Il  j  aura  donc  sur  cet  article  capital  des  dis- 
cussions difficiles  et  épineuses  et  il  n'est  pas  aisé  de  calculer 
quel  sera  le  résultat  de  ces  complications.  Ce  ne  sera  dans 
aucun  cas  la  guerre.  Voilà  un  point  sur  lequel  vous  pouvez 
compter.  Mais  personne  au  monde  ne  peut  prévoir,  à  l'heure 
qu'il  est,  lequel  des  combattants  dans  cette  arène  diploma- 
tique emportera  la  victoire  ou  comment  on  conciliera  les  avis 
différents.  Je  ne  suis  cependant  pas  en  peine  pour  TÂutriche, 
persuadé  que  les  talents  supérieurs  du  ministre,  qui  en  dirige 
les  affaires,  se  feront  jour  à  travers  toutes  les  crises  du  moment. 

Je  supplie  Votre  Altesse  d'envisager  ceci  comme  ahsolumeiU 
confidentiel  et  très  secret  et  de  n'en  faire  usage  qu'avec  les 
plus  grandes  restrictions. 

11  est  question  depuis  hier  d'un  voyage  que  TEmpereur 
Alexandre  veut  fait  à  Bude  (2).  Si  ce  projet  se  réalise^  ce  sera 
probablement  la  semaine  prochaine  (3). 


1.  Bien  que  la  plus  grande  partie  de  cette  dépêche  (à  partir  du  P. -S.  jusqu'aux 
dernières  phrases)  ait  été  publiée  par  Prokbsch-Ostbn  (Gbntz.  Dépêches  iné- 
dites aux  hospodars  de  Valachiey  t.  I,  p.  106),  j'ai  cru  bien  faire  en  repro- 
duisant in  extenso  le  document  intercepté  par  la  Polizei  Ilofstelle  parce  que 
les  phrases  mêmes  du  début  font  bien  mieux  comprendre  la  partie  publiée 
par  Prokcsch-Osten  qui  ne  se  soude  en  aucune  façon  avec  tout  ce  qui  la  pré  - 
cède  dans  son  livre  et  qui  y  forme  le  commencement  de  la  dépêche  XI,  datée 
du  reste  du  28  septembre. 

2,  Ce  voyage,  qui  ne  dura  que  peu  de  jours  n'eut  lieu  que  près  d'un  mois 
plus  tard.  Alexandre  partit  pour  Buda-Pesth  le  24  octobre.  Les  trois  souverains 
furent  de  retour  à  Vienne  le  29  octobre  dans  l'après-midi. 

8.  Ce  paragraphe  n'a  pas  été  publié  par  Prokesch-Osten. 


LES   PHÉLIUINAIRBS  BT   LES  AJOURNEHEITTS   DU   C0HGR&3      170 

216.  Vienne,  3  octobre  1S11  (F.  1.  98»  ad  3Sti). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau,  rapport  journalier  et  enyoi  de  la  liste  et  delà  copie 
ou  analyse  des  intercepta  du  1'  octobre. 


217.  Vienne,  1"  octobre  liU  (P.  1.  3B86  ad  3SSS). 

à  HAGER 

HAiumé  des  bulletins  de  lurveillinca  du  roi  et  du  prince  rojal  de  Wurtem- 
bourg.  I-e  prince  de  Hardeoberg.  Emploi  qu'il  a  fait  de  la  journée  du 
ao  Hplembre. 

Prince  royal  de  Wurtemberg.  —  Visites  qu'il  fait. 

Roi  de  Witrlemberg.  —  Wiûtzingerode  et  le  baron  voo  LJn- 
den  sont  ses  seuls  confidents. 

Prince  de  Hardenberg. —  Il  a  été  le  30  chez  son  roi,  de  9  à 
H  heures,  puis  chez  le  roi  de  Wurtemberg,  chez  l'Impératrice 
de  Russie  et  chez  Melternich  où  il  est  resté  jusqu'à  4  heures 
et  où  eut  lieu  une  grande  conférence(l)  entre  Metternich,  Har- 
denberg, Nesselrode,  Humboldt,  Gastelreagh,  Labrador,  Tal- 
leyrand.  Il  a  dîné  chez  lui  avec  Humboldt,  le  prince  Radziwill, 
Bartholdi  et  quelques  fonctionnaires  du  Ministère.  11  a  reçu 
9près  dîner  la  visite  du  comte  Pappenheim  (2),  du  prince  de 

1.  0  Conférence  miuisUrielle,  lit-on  dans  les  TagtfrflcAer  de  Gann,  t.  I, 
p.  312,  d'abord  entre  les  Cinq  et  puis  avec  Talleyrand  et  Labrador.  L'inter- 
vention de  CCS  deuT  personnages  a  furieusement  dérangé  et  déchiré  no* 
plans.  Ils  oiit  protesté  contre  la  forme  que  nous  ayions  adoptée.  Ils  nous  ont 
bien  tancés  pendant  deux  heures.  C'est  une  scËne  que  Je  n'oublierai  jamais. 
A  3  11.  i/-i,  le  prince  (Metlcrnich)  est  allé  avec  moi  dans  ses  jardins  pour 
inspecter  les  travaux  qui  préparent  la  fétc  du  18  octobre.  Le  prince  ne  sent 
pas  comme  moi  ce  qu'il  y  a  d'embarrassant  et  mtme  d'aRreux  dans   notre 

2.  Pappenheim  (Charles -Théodore- Frédéric,  comte  de)  (nil-ISU),  général 
bavarois  entré  en  1785  au  service  de  l'Autriche  qu'il  quitta  après  avoir  fait 
la  campa(jne  de  1TB:;,  1793  el  179*.  Passé  an  service  de  Bavière  après  avoir 
été  médialidé.  aide  de  camp  du  prince  royal  en  1809,  général-major  en  1813 
il  âl  les  campagnes  de  1813  el  1814  t  la  tête  d'une  des  brigades  de  Wrede, 
assista  au  Congrès  de  Vienne,  prit  en  181E  une  part  active  é  la  réorganisa- 
tion de  l'arintc  bavaroise,  fui  chargé  de  diverses  missions  diplomatiques  c 
devînt  par  la  suite  reldicuzmcstre  général  et  aide  de  camp  général  du  roi- 


180  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DB   VIENNE 

Schaumburg  (1),  du  baron  von  Linden  (i)  et  du  prince  de 
HohenzoUern  (3).  Il  a  été  le  soir  au  cercle  à  la  Cour.  A  sa 
rentrée  chez  lui,  il  a  travaillé  jusque  fort  avant  dans  la  nuit. 


218.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

SCH...  à  HAGER 

(Emploi  de  la  journée  d'Anstett  le  !•'  octobre). 

Hier  1*'  octobre,  Anstett  n'a  reçu  aucune  visite  dans  la 
matinée.  Il  a  travaillé  de  8  heures  à  1  heure  et  a  porté  ensuite 
de  nombreuses  lettres  et  dépêches  chez  Nesselrode.  Revenu  à 
2  heures,  il  est  allé  à  4  heures  chez  le  comte  François  Palffy. 
Le  soir  au  théâtre  du  Kœrntnerthorj  puis  à  11  heures  chez  la 
princesse  Bagration,  d'où  il  n'est  revenu  qu'à  4  heures  du 
matin  (4). 


219.  Vienne,  30  septembre  1S14  (F.  1.  3895  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Découragement  d'Anstett  causé  par  le  revirement  qui  s'est  fait  dans  l'esprit 
d'Alexandre.  Anstett  et  le  Tugend-Bund.La  représentation  de  la  Russie  au 
Congés.  Pourquoi  Anstett  reste  à  Vienne  (Analyse). 

Anstett  très  préoccupé  est  silencieux  depuis  quelques  jours. 
Il  a  dit  (à  Tagent)  qu'il  essayait  d'amener  son  Empereur  aux 
idées  libérales^  qu'il  avait  espéré  qu'on  donnerait  au  Congrès 
une  Constitution  aux  Etats  de  l'Allemagne,  mais  qu'on  avait 
changé  le  cours  des  idées  d'Alexandre. 

1.  Lippe-Schaumburg(Georges-Guillaume,princede)né  le  20  décQpibre  1784, 
mort  en  1860,  monté  sur  le  trône  le  15  février  1787,  prit  le  titre  de  prince  le 
18  avril  1807. 

2.  Linden  (François-Joseph-Igpnace,  baron  de),  ministre  d'Elat  et  l'un  des 
représentants  du  Wurtemberg^  au  Congrès. 

3.  HohenzoUern-Sigmaringen  (Antoine-Aloîs-Mainrad-François,  prince  de), 
né  le  20  juin  1762,  membre  de  la  Confédération  du  Rhin  le  12  juillet  1806), 
mort  le  17  octobre  1831. 

4.  Grand  bal  donné  par  la  princesse  Bagration. 


LES  PRÉLIMlrtAlBES   ET   LES   AJOUHNEUBMS  OU  COHORÈS      181 

Anstett,que  l'agent  affirme  être  un  membre  actif  da  Tugend- 
Btind,  a  ajouté  qu'Alexandre  était  follement  épris  de  l'Impéra- 
trice d'Autriche  (1). 

A  la  question  posée  par  l'agent,  pourquoi,  dans  ces  condi- 
tions il  restait  à  Vienne,  il  a  répondu  que  c'était  l'ordre 
d'Alexandre  qui  tenait  à  l'avoir  près  de  lui  et  à  sa  disposition. 


220.  Vienne,  I"  octobre  1811  (P.  I.  38»  ad  35SS). 

SCH...  à  HAGER(en  français). 

Cauies  de  l'animositè  d'ADitelt  contT«  l'Aulrich«.  Intértt  qu'il  y  aurait  i,  se 
te  concilier.  Les  Polonais  et  Ciarloryski.  Le  roi  de  Prusse  et  l'Aulriche. 

Un  mot  de  Knescbuclt. 

Parmi  les  personnes  animées  d'un  esprit  tout  à  fait  contraire 
aux  vuesde  l'Autriche  on  doit  compter  principalementM.d'Ans- 
tett,  conseiller  d'Etat  et  agent  diplomatique  de  Russie.  Cet 
homme  que  le  comte  de  Wùrmser  (2)  a  su  gagner  en  1810  pour 
les  intérêts  de  notre  Cour,  qui,  effectivement,  a  rendu  des  ser- 
vices essentiels  k  l'Autriche  lorsqu'il  s'agît  de  céder  à  la  Rus- 
sie en  vertu  du  dernier  traité  de  Vienne  une  partie  de  la  Gali- 
cie  renfermant  400.000  âmes,  est  dans  ce  moment  très  aigri 
et  animé  de  sentiments  très  opposés  à  l'Autriche.  C'est,  d'après 
ce  que  m'a  confié  M,  de  Kudriaffsky  (3),  ami  intime  d'Anstett, 
l'elîel  de  son  ressentiment  d'avoir  été  frustré  dans  son  attente 
de  recevoir  de  notre  Souverain  la  croix  de  Commandeur  de 
l'ordre  de  Saint-Etienne,  On  m'a  dit  que  Sa  Majesté  a  voulu 
lui  donner  dans  la  dernière  campagne  la  petite  croix  de  Léo- 
pold,  mais  qu'il  l'avait  refusée. 

J'ai  l'honneur  d'assurer  Votre  Excellence  que  M.  d'Anstett 
est  un  personnage  très  intéressant  et  de  beaucoup  d'influence 
chez  l'Empereur  Alexandre  et  en  même  temps  très  considéré 
de  tous  les  Ministres  Russes.  Il  s'était  flatté  d'avoir,  par  ses 

1.  Kien  ne  confirme  et  ne  rend  mfme  vraisemblable  cette  singulière  indi- 
cation qu'on  trouve  cependant  dans  un  certain  nombre  de  rapports. 

3.  VVûrmiK^r  (comte  de),  ancien  Gouverneur  de  la  Galicie.  Lui  et  Belleglrde 
nisocièrcnt  avec  Anstatt  le  traité  de  délimitation  de  la  Calioie. 

3.  Kodriaftsky  (comte  de).  Conseiller  russe  qui  serait  aussi  l'auteur  de 
Mtmoîres  politique*. 


182  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

services  rendus,  le  droit  de  s'attendre  à  une  distinction  aussi 
signalée  et  crut  se  voir  jeter  dans  la  foule  de  tant  d'étrangers 
sans  beaucoup  de  mérite  qui  furent  décorés  de  la  petite  croix 
de  Léopold.  Peut-être  est-il  encore  temps  de  se  réconcilier  cet 
homme  qui,  par  son  influence  et  sa  profonde  connaissance  de 
nos  intérêts  peut,  dans  ce  moment,  devenir  aussi  utile  que 
nuisible. 

J'ai  eu  occasion  de  voir  quelques  personnes  de  la  suite  du 
roi  de  Prusse.  Si  ce  monarque  est  animé  du  même  esprit  que 
ceux  qui  Tentourent,  nous  ne  pouvons  que  nous  féliciter.  Un 
général  prussien,  je  crois  qu'il  s'appelle  Knesebeck,  s'est  écrié  : 
Wenn  niir  sieben  Oesterreicher  marschieren^  es  sei  gegen  wen 
es  wolle^  so  ist  mein  Kœnig  der  achte  (1).  Le  comte  Klebels- 
berg  (2)  en  fut  aussi  témoin. 

Les  Polonais  sont  enchantés  de  l'arrivée  du  prince  Adam 
Czartoryski. 


221.  Vienne,  30  septembre  1814  (F.  1.  3895  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
Le  Prince  de  Li^e  et  Talleyrand. 

Le  prince  de  Ligne  a  dit  à  Talleyrand  :  €  Vous  jouez  à  pré- 
sent un  bien  grand  rôle,  vous  êtes  roi  de  France  et  Louis  XVIII 
doit  danser  comme  vous  le  voulez,  sans  quoi  il  s'en  trouverait 
mal.  > 

Talleyrand  répondit  :  «  Prince,  il  y  a  sept  ans  que  j'étais 
soupçonné  par  Bonaparte.  » 

€  Quoi,  s'écria  le  prince  vivement,  sept  ans  seulement...  et 
moi  il  y  a  vingt  ans  que  je  vous  soupçonne.  » 


1.  N'importe  contre  qui,  l'Autriche  fera  marcher  sept  hommes,  mon  roi 
sera  le  huitième. 

2.  Klebelsberg  (Jean-Népomucème,  comte)  (1772-1841),  lieutenant  en  1789, 
capitaine  en  1793  au  corps-franc  des  hussards  de  Wûrmser,  major  en  1797, 
colonel  au  régiment  Uhlans  Archiduc  Charles,  g^énéral  major  en  1809,  feld- 
maréchal  lieutenant  en  1813,  g^énéral  de  cavalerie  en  1831.  Chevalier  de  l'ordre 
de  Marie-Thérèse  après  Wagram. 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS        183 
222.  Vienne,  !•'  octobre  1814  (F.  1.  3>95  ad  3565). 

SGHMIDT  à  HAGER 

Alexandre.  M"»»  Morcl.  Causes  de  la  visite  de  Temipereur  à  Schwarzenberg, 
L'escalier  dérobé  et  les  visites  secrètes  des  Polonais  à  Alexandre. 

L'empereur  Alexandre  se  propose  d'aller  à  Bude,  puis  de 
revenir  à  Vienne  et  de  se  rendre  ensuite  en  Italie  avec  l'Impé- 
ratrice, parce  qu'il  pense  qu'on  en  aura  assez  vite  fini  avec  les 
affaires  du  Congrès. 

Sa  favorite  serait  une  certaine  M"*  Morel  (1),  qui  habite  à 
la  Wieden  (2)  et  à  laquelle  le  banquier  Pries  verse  tous  les 
mois  5.000  florins. 

La  visite  faite  par  Alexandre  au  prince  de  Schwarzenberg 
a  fait  grand  bruit.  Le  prince  avait  demandé  une  audience  qui 
avait  été  fixée  à  deux  heures,  mais  Alexandre  le  prévint  en 
venant  chez  lui  à  dix  heures  du  matin.  Comme  pour  la  plu- 
part du  temps  et  surtout  en  Angleterre  Alexandre  a  fait  des 
avances  à  l'Opposition  ;  on  en  a  conclu  que  tel  a  été  encore  le 
but  de  sa  visite  à  Schwarzenberg,  qu'on  dit  très  mécontent  et 
qui  se  plaint  fort  du  parti  du  feldzeugmestre  Duka  (3). 

L'escalier  dérobé  des  appartements  d'Alexandre  conduit  non 
pas  à  l'une  des  cours,  mais  aux  trois  chambres  du  premier  étage 
donnant  sur  le  grand  escalier  et  qu'occupe  un  des  aides  de 
camp  de  ce  souverain.  Il  est  probable  que  c'est  par  là  que  pé- 
nètrent chez  l'Empereur  les  Polonais  qu'il  désire  voir  en  secret. 


1.  C'était  là  une  erreur,  M"»  Morel  était  la  favorite,  non  pas  d'Alexandre, 
mais  du  grand-duc  de  Bade,  comme  le  prouveront  du  reste  nombre  de  bulle- 
tins qui  ne  laisseront  subsister  aucun  doute  sur  cette  question.  Au  rapport 
de  Hager  était  joint  le  rapport  suivant  en  date  du  30  septembre  1814.  «  More 
(Rosalie,  née  Gany),  née  à  Ofen,  22  ans,  femme  d'un  propriétaire  de  Lyon, 
vient  de  Paris,  habite  Wiederiy  264,  aurait  été  pendant  deux  mois  souffrante 
â  Carlsruhe.  Elle  dit  qu'elle  va  à  Ofen  chez  sa  mère,  femme  d'un  capitaine 
de  hussards  de  Szckler  et  chez  laquelle  se  trouve  déjà  son  fils  ftgé  de  5  ans. 
Elle  attend  son  mari  qui  doit  arriver  vers  le  15  et  qui  aurait  été  commis- 
saire des  guerres  français. 

2.  Un  des  anciens  faubourgs  de  Vienne,  aujourd'hui  le  IV*  arrondissement. 

3.  Très  en  faveur  auprès  de  l'Empereur  François,  Duka  était  depuis  pas  mai 
de  temps  déjà  un  adversaire  déclaré  de  Schwarzenberg  et  de  Radetzky,  son 
chef  d'état-niajor  pendant  la  campagne  de  1814.  11  publia  plut  tard  en  1819 
un  résumé  en  trois  volumes  du  congrès  de  Vienne  depuis  son  ouverture 
jusqu'au  traité  de  1815. 


184  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

223.  Vienne,  1"  octobre  1814  (F.  1.  4059  ad  3565). 

00  à  HAGER  (en  français). 

Les  visites  mystérieuses  de  Gonsalvi,  du  nonce  et  des  ministres  bavarois  à 
Talleyrand.  Les  projets  de  constitution  de  l'Allemagne.  Improbabilité  du 
rétablissement  delà  di^ité  impériale. 

On  remarque  depuis  quelques  temps  les  visites  fréquentes 
et  mystérieuses  que  font  à  Talleyrand,  d'une  part  Consalvi  et 
Severoli,  de  Tautre  les  ministres  bavarois. 

Il  court  une  foule  de  rumeurs,  plus  contradictoires  les  unes 
que  les  autres,  sur  le  projet  de  Constitution  de  l'Allemagne 
fait  par  le  gouvernement  autrichien  et  sur  celui  établi  par 
Hardenberg.  On  prétend  que  la  Bavière,  le  Wurtemberg,  la 
Prusse,  la  Russie  et  la  France  seraient  hostiles  au  projet  au- 
trichien, et  en  général  on  ne  croit  pas  au  rétablissement  de 
la  dignité  et  du  titre  d'Empereur  d'Allemagne. 


224.  Vienne,  !•'  octobre  1814  (P.  1.  3894  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Arrivée  à  Vienne  de  Flassan  et  d'Isabey.  La  Prusse  mécontente  de  la  Rus- 
sie. Le  roi  de  Prusse  et  ses  ministres.  Alexandre  et  La  Harpe.  L'opinion 
de  Bartholdi.  L'arrogance  des  Russes.  Projet  de  délivrance  de  la  Grèce. 

M.  de  Flassan,  historiographe  du  cabinet  du  Louvre,  est 
arrivé  ici  en  même  temps  que  le  peintre  Isabey,  pour  écrire 
rhistoire  du  Congrès.  Il  a  écrit  à  Paris  une  brochure  en  faveur 
des  droits  sacrés  du  roi  Ferdinand  sur  Naples,  l'y  a  fait  impri- 
mer et  distribuer.  S'étant  depuis  déterminé  à  venir  à  Vienne, 
Talleyrand  lui  conseilla  de  ne  pas  s'en  faire  le  colporteur  par 
la  très  louable  raison  qu'il  ne  convenait  pas  à  la  légation  de 
France  de  distribuer  des  pamphlets  ici  pour  favoriser  avec  de 
tels  moyens  les  droits  des  Bourbons  en  pays  étrangers  et  sur- 
tout ici  où  TafFaire  devait  se  traiter  avec  toute  la  dignité  et  la 
régularité  possibles  au  Congrès,  et  que  la  maison  d'Autriche 
étant  la  seule  qui  avait  fait  un  traité  avec  cet  intrus  (1),  il  n'était 

1.  Murât. 


LES   PRÉLIUINAIHES  ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      183 

pas  délicat  de  prendre  l'initiative  sur  la  décision  du  Congrès 
en  distribuant  dans  le  public  de  tels  écrits.  Cependant  il  y  en 
a  trois  on  quatre  autres  exemplaires  (sans  compter  celui  que 
Flassan  m'a  donné  avec  une  dédicace)  qui  courent  la  ville. 
Bartholdi  lui-même  en  a  rapporté  un. 

Deux  Prussiens,  dont  l'un  demeure  au  Graben,  vis-à-vis  de 
la  Pyramide  et  doit  être  le  conseiller  Zerboni  (I),  et  l'autre  est 
de  ma  connaissance  et  est  très  attaché  à  sa  Cour  et  à  son  pays, 
ont  eu  une  conférence  très  confidentielle  et  très  importante  tout 
récemment  sur  les  alTaires  du  temps  et  par  ua  hasard  curieux 
j'ai  pu  eu  connaître  les  détails  que  voici  : 

Je  déclare  d'avance  que  l'un  des  deux  Prussiens  interlocu- 
teurs n'est  pas  Bartholdi.  C'est  une  femme  à  qui  l'autre  a  ou- 
vert son  cœur.  Ce  Monsieur  (soit  ou  non  Zerboni,  je  sais  qu'il 
est  des  peu  qui  ont  le  secret  de  la  cour)  a  donc  dît  que  la 
Prusse,  en  apparence  si  liée  avec  la  Russie,  en  était  très  mé- 
contente, parce  que  celle-ci  employait  des  idées  de  domina- 
tions effrayantes  ;  que,  si  elle  parvenait  à  s'approprier  toute  la 
Pologne,  elle  serait  dans  le  cœurdes  Etats  Prussiens  dèsqu'elle 
le  voudrait  et  serait  à  Berlin  avant  que  la  Prusse  ait  pu  ramas- 
ser ses  forces  dispersées  en  Prusse  Orientale  et  sur  la  gauche 
du  Rhin  ;  que  c'était  pour  ce  danger  que  la  Prusse  exigeait  la 
frontière  de  l'Elbe  et  une  partie  de  la  Saxe  pour  avoir  une 
position  militaire  qui  diminue  au  moins  son  danger  et  en  même 
temps  celui  de  toute  l'Allemagne  ;  que  le  Prince  de  Harden- 
berg  et  tout  le  cabinet  voyaient  clair  dans  tout  cela  et  étaient 
tous  d"accord  qu'il  fallait  tout  faire  pour  empêcher  cet  événe- 
ment ;  qu'à  la  vérité  le  roi  s'était  trop  engagé  avec  l'Empereur 
Alexandre  auquel  il  était  attaché  même  par  des  sentiments  de 
cœur,maisque  cependant  lui-même  était  persuadé  que  sa  posi- 
tion était  difficile  et  bien  fâcheuse  ;  qu'Alexandre  n'était  pas 
méchant,  mais  qu'il  était  un  bon  fou  qui  se  laissait  mener  par 
les  tStes  chaudes  qui  l'entouraient  et  surtout  par  La  Harpe 
qui  était  dans  le  fond  un  jacobin  capable  de  renverser  le  monde  ; 
que  par  conséquent  les  ministres  prussiens  ne  désireraient  autre 
chose  pour  le  salut  de  la  Prusse  et  la  sûreté  de  l'Allemagne  que 
de  s'allier  étroitement  et  cordialement  avec  l'Autriche  et  empê- 
cher par  là  l'agrandissement  de  la  Russie  ou  au  moins  le  dan- 
ger commun,  si  l'on  ne  pouvait  pas  réussir  à  empêcher  le  pre- 


186  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

mier  ;  que  là-dessus  ils  étaient  très  peines  de  remarquer  dans 
la  nation  autrichienne,  et  dans  notre  ministère  même,  une 
espèce  d*apathie  qui  leur  faisait  craindre  qu'on  ne  vit  pas  le 
danger  dans  toute  sa  force  et  qu^eux  ne  pouvaient  pas  non 
plus  sonner  le  tocsin  là-dessus  à  cause  du  caractère  du  roi  et 
de  leurs  engagements  avec  Alexandre  ;  que  cependant  en  tout 
cas,  s'il  en  venait  une  guerre  des  Russes  avec  nous,  le  cabinet 
et  la  nation  forceraient  le  roi  à  prendre  son  parti  en  Alle- 
magne et  qu'il  ne  se  joindrait  donc  jamais  à  la  Russie  dans  un 
cas  pareil,  mais  qu*il  ferait  plutôt  cause  commune  avec  nous. 
€  Nous  sommes  si  au  fait  des  vues  ambitieuses  de  la  Russie 
et  il  7  a  eu  déjà  là-dessus  des  explications  si  sérieuses  que,  si 
nous  étions  en  mesure  et  soutenus  par  les  autres,  la  guerre 
aurait  lieu  en  bien  peu  de  temps,  comme  U  est  sûr  que,  si  la 
Russie  obtient  la  Pologne,  nous  l'aurons  au  plus  tard  dans 
trois  ans  cette  guerre  que  Ton  voulait  éloigner  pour  toujours.  » 

Ici  finit  la  conversation  que  j*ai  de  grandes  raisons  pour 
croire  que  c'est  cela  le  véritable  esprit  du  cabinet  de  Prusse. 
Le  premier  est  que  si  ce  n'est  pas  Zerboni  qui  a  parlé  comme 
cela,  c'est  certainement  Tun  des  conseillers  ou  des  secrétaires 
intimes  du  prince  de  Hardenberg,  parce  que  je  sais  qu'il  j  en 
a  quelques-uns  qui  sont  très  liés  avec  cette  dame  qui  n'est 
pas  la  bonne,  enthousiaste  et  bavarde,  M**  d'Arnstein.  La 
seconde  est  que  Bartholdi,  qui  m*a  prouvé  n'être  pas  dans  le 
secret  de  sa  Cour  ni  dans  la  confidence  véritable  de  son  chef, 
tient  un  tout  autre  langage  en  se  laissant  guider  par  les  appa- 
rences. Celui-ci  dit  que  la  Prusse  est  toujours  la  très  humble 
servante  de  la  Russie  et  que  le  roi  tient  à  son  Alexandre  de 
manière  à  ne  rien  entendre  là-dessus. 

Les  Russes  parlent  partout  d'un  ton  si  insolent  qu'ils  ne 
pourraient  pas  parler  autrement  s'ils  étaient  autant  de  Napo- 
léons en  bonheur  et  déjà  maîtres  de  T Univers.  Ils  enflamment 
de  nouveau  les  Grecs  en  leur  faisant  espérer  leur  résurrection, 
comme  ils  l'on  fait  aux  Polonais.  Les  Grecs  se  laisssent  aller 
derechef  à  ces  idées,  lèvent  la  tête,  et  je  sais  par  une  personne 
qui  en  connaît  plusieurs  des  plus  marquants  qu'ils  parlent  de 
la  délivrance  de  l'Epire,  de  la  Morée  et  d'une  patrie  Grecque 
que  la  Russie  fera  renaître. 

J'ai  chargé  cette  personne  de  suivre  ces  élans  et  de  m'en 
entretenir  et  elle  le  fera. 


LES   PHÉLIVIMAIRES   ET   LES  AJOU&nEUBHTS   DU  CONGRÈS      187 

225.  VieaDc,  1"  oclobr«  iiU  (F,  1.  S84S  ad  3505). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

La  ceision  d«  Génos,  la  France,  1«  Pape  el  les  Légationi.  Le  Concis 
ne  l'ouTrira  pas  arant  le  15  au  plus  t&t. 

Rossi  (I)  et  Saint- Marsan  considèrent  la  cession  de  Gènes 
comme  un  fait  hors  de  doute.  Saint-Marsan  prétend  d'autre 
part  que  la  France  soutiendra  les  réclamations  du  Pape  sur 
les  trois  Légations.  On  dit  enfin  que  le  Congrès  ne  se  réunira 
pas  avant  le  19  de  ce  mois. 


ic,  1"  octobre  1814  (P.  1.1895  ad  SSSS). 
®©  à  HAGER  (en  français).. 


Il  résulte  de  l'entretien  que  je  viens  d'avoir  avec  le  baron 
de  Spaen,  ministre  de  Hollande,  que,  d'après  lui,  les  Belges 
n'ont  rien  k  crnindre  de  leur  annexion  h  la  Hollande,  qui  d» 
son  ciMé  a  besoin  de  s'étendre  jusqu'à  la  Moselle  afin  que  le 
Luxembourg,  comme  clef  de  la  Belgique,  soit  dans  les  mains 
de  celui  qui  aura  la  maison. 

Lord  Castleragh,  dans  les  mains  duquel  il  me  dit  franche- 
ment <|ue  le  timon  de  lu  négociation  hollandaise  était  placé 
nvoc  une  sorte  d'abandon  de  leur  part,  donnait  peu  d'espérance 
que  ce  point  serait  obtenu. 

Los  Belles  et  les  Hollandais  et  le  prince  héritier  lui-même 
ont  plusd'une  fois  laissé  entendre  qu'ilseraitfort  utile  d'étendre 
la  frontière  jusqu'au  Rhin  moyen  en  y  comprenant  Liège.  Aix- 
la-Cliapelle,  Juliers  et  le  pays  entre  Meuse  et  Rhin  depuis  et  y 
compris  Cologne  jusqu'.*!  Coblentz,  mais  ils  ont  ajouté  que  par 
délicatesse  pour  les  intén'ls  de  la  Prusse  on  n'osait  pas  pous- 
ser lord  Castlcrengh  à  insister  sur  ce  point  sans  lequel  ils  ne 
se  regarderaient  jamais  comme  assez  forts  pour  résister  à  une 
invasion  subite  de  la  France. 


188  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

227.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.4054  9d  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR 
(Bordereau,  Rapport  journalier  et  envoi  d' Intercepta). 

Il  fait  connaître  entre  autre  à  TEmpereur,  à  propos  d'un 
rapport  relatif  au  baron  d'Otterstedt  (1),  qu'il  a  réussi  à  rem- 
ployer pour  le  service  de  la  police  secrète  politique  et  que 
c'est  là  pour  lui  une  raison  de  plus  de  demander  qu'on  le  laisse 
continuer  à  séjourner  à  Vienne. 


228.  Vienne,  3  octobre  1814  (P.  1.4054  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER  {Analyse). 

Il  rend  compte  de  la  présence  de  l'Empereur  Alexandre  au 
bal  de  la  princesse  Bagration. 


229.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  1.4054  ad  3565;. 

©©  à  HAGER 

Nécessité  de  surveiller  Klûber.  Les  promenades  Incognito  du  Roi  de  Dane- 
mark dans  les  rues  de  Vienne.  La  Princesse  Bagration.  Les  menées  de  la 
légation  de  France.  Les  protestations  contre  le  maintien  de  Murât.  L'ap- 
partement du  30  septembre  à  la  cour. 

Il  est,  je  pense,  absolument  nécessaire  de  faire  surveiller 
d'une  façon  toute  spéciale  le  conseiller  intime  badois  von  Klû- 
ber^ qui  est  depuis  longtemps  un  ardent  partisan  de  Napoléon 
et  est  bien  connu  pour  ses  sentiments  anti-autrichiens.  Klûber 
est  un  faiseur  (sic)  à  Karlsruhe.  D'après  ce  que   raconte  le 

1.  Ancien  officier  prussien  attaché  à  la  personne  de  Stcin  qui  avait  voulu 
faire  de  lui  le  directeur  de  la  police  à  Francfort  et  l'envoya  en  qualité  de 
commissaire  du  gouvernement  dans  le  département  du  Mont  Tonnerre,  où  il 
ne  put  se  maintenir  à  la  suite  de  différends  avec  le  fameux  Justus  Gruner . 
(Cf.  plus  loin  pièce  1347  une  notice  biographique  plus  complète  d'Otterstedt 
et  A.  FooRNiER.  Die  Geheim  Polisei  auf  dem  Wiener  Kongress.  Note  I, 
page  146). 


LES   PRÉLIMINAIHES   ET   LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      189 

comte  Metternich  (l),le  grand  plaisir  du  roi  de  Danemark  con- 
siste à  se  promener  incognito  à  pied  dans  les  rues  de  Vienne 
et  le  comte  ajoute,  non  sans  quelque  amertume  :  «  Et  je  dois 
toujours  raccompagner.  » 

Le  bal  de  la  princesse  Bagration  a  été  très  brillant. 

La  légation  de  France  intrigue  beaucoup  et  de  tous  côtés. 
Les  Bavarois  sont  entièrement  dans  la  main  de  Talleyrand. 

L'Espagne,  la  Sicile  et  la  France  déclarent  qu'il  faut  rendre 
Naples  à  Ferdinand  IV  et  protestent  contre  le  traité  d'alliance 
entre  l^utriche  et  Naples. 

On  continue  de  parler  de  dissentiments  assez  sérieux  entre 
Alexandre  et  RazoumofTsky. 

A  l'Appartement  (2)  d'avant  hier  (30  septembre),  Alexandre 
a  surtout  admiré  les  comtesses  Julie  (3)  et  Maria  Zichy,  et  les 
missions  étrangères  sont  étonnées  de  la  beauté  et  de  Télégance 
des  dames  de  Vienne. 

On  a  remarqué  Tisolement  dans  lequel  on  a  laissé  le  prince 
Eugène  et  un  échange  de  mots  assez  vif  entre  le  chambellan 
comte  Nostitz  et  le  maître  de  cérémonies  comte  Wurmbrand. 

Un  laquais  italien  revêtu  des  vêtements  de  son  maître  avait 
réussi  à  pénétrer  dans  les  salons.  Il  n*a  pas  tardé  à  être  reconnu 
et  jeté  dehors. 


230.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  1.4059  ad  8565). 

GOHAUSEN  à  HAGER. 

Organisation  probable  de  l'Allemagne.  Le  sort  des  petits  Etats. 
Le  papier-monnaie  prussien  au  même  cours  que  la  monnaie  conventionnelle. 

On  croit  en  général  qu^on  donnera  à  l'Allemagne  une  orga- 
nisation dans  le  genre  de  celle  de  la  Confédération  du  Rhin 
et  que  les  petits  princes  garderont  leurs  Etats. 

On  est  très  surpris  de  voir  que  les  billets  prussiens,  le  papier 

1 .  Le  comte  Joseph  Metternich  faisait  partie  du  service  d'honneur  attaché 
à  la  personne  du  roi  de  Danemark. 

3.  Terme  en  usage  pour  désigner  les  réceptions  à  la  Burg. 

3.  Zichy  (Julie,  comtesse),  née  comtesse  Festetics,  morte  en  1816,  deuxième 
femme  du  comte  Charles  Zichy,  deuxième  fils  du  comte  Charles,  l'ancien 
ministre  des  Finances  et  l'un  des  favoris  de  l'Empereur  François  (né  en  1778, 
mort  en  1824). 


T  : 


190  AUTOUR   DU  C0NGRÈ3  DE   VIENNE 

d'un  Etat  qui  avait  moins  de  crédit  que  l'Autriche,  ont  déjà 
maintenant  presque  la  même  valeur  que  la  monnaie  conven- 
tionnelle (d'Autriche). 


281.  Vienne,  3  octobre  1814  (P.  1.  40»9  ad  8665). 

Nota  à  HAGER  (en  françaLs). 

La  conférence  du  30  septembre.  Les  Quatre,  Labrador  et  Talleyrand. 
Alexandre,  la  Pologne  et  la  Prusse.  L'harmonie  n'est  pas  parfaite.  Le 
prince  Eugène.  Bernadette. 

On  se  dit  à  Toreille  qu'avant-hier,  il  y  eut  une  conférence 
des  quatre  ministres  de  la  Coalition  où  l'on  montra  àTallejrand 
et  à  Labrador  ce  qu'on  avait  établi  pour  la  manière  de  traiter 
les  affaires  au  Congrès.  Les  quatre  coalisés  se  réuniraient  et 
admettraient  les  Ministres  de  France  et  d'Espagne  comme 
Ministres  de  Puissances  de  premier  rang.  Là-dessus,  Labrador 
demanda  ce  que  Ton  entendait  par  les  quatre  coalisés  y  contre 
qui  et  dans  quel  but  cette  coalition  existait  et  avait  existé.  Si 
c'était  contre  Napoléon  et  pour  la  délivrance  de  TEurope, 
TEspagne  était  la  première  de  cette  coalition  et  ne  pouvait 
être  admise  par  grâce  aux  séances  des  autres  Ministres  des 
coalisés,  mais  de  droit. 

On  prétend  que  Ton  dut,  en  conséquence  des  remontrances 
de  cet  Espagnol,  renoncer  au  plan  présenté  et  en  imaginer  un 
autre.  On  dit  même  tpie  Tallejrand  a  déclaré  qu'il  ne  pouvait 
rien  approuver  de  ce  qui  avait  été  fait  en  Italie  depuis  le 
!•'  juin  (1). 

On  dit  en  ville  qu'Alexandre  fait  le  fier,  qu'il  veut  la  Pologne 
entière,  qu'il  a  pris  là-dessus  des  accords  avec  la  Prusse  et 
qu'il  n'y  a  plus  rien  à  négocier  sur  ce  point.  On  voit  que 
l'harmonie  parfaite  est  bien  loin  d'exister. 

L'arrivée  de  Beauharnais  n'a  pas  beaucoup  plu.  On  se 
demande  ce  qu'a  à  prétendre  ce  polisson  qui  a  imprimé  tant 
de   sottises  contre  notre   Cour,  volé  tant  d^argent  à  Milan, 

1.  Cf.  d'ANOBBBRO,  251.  Projet  de  délibération,  sur  la  forme  et  la  marche  à 
Auivre  dans  les  délibérations  du  Congrès,  communiqué  au  prince  de  Tal  • 
leyrand  le  30  septembre  1814.  (Cf.  Talleyrand  au  roi.  Vienne,  4  octobre  1814 
(dépêche  n*  2).  Pallai.n.  Correspond  arc  2  inédite  de  Talleyr&nd  et  de 
Louis  XVIir.p,  10-17.) 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      191 

fabriqué  de   faux  billets  (1)  et  qui,  par  la  chute  de  Napoléon, 
n'est  plus  qu^un  simple  particulier. 

On  craint  que  l'autre  du  Nord  (Bernadotte)  n'arrive  ici  se 
fourrer  dans  ce  cercle  de  souverains  et  de  princes  légitimes. 
Tels  sont  les  discours  dans  les  sociétés. 


232.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  1.  4059  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Visite  d'Alexandre  à  la  princesse  Bagration  (2).  Alexandre  reste  pendant 
trois  heures  seul  avec  la  princesse  Bagration.  Confidences  qu'il  lui  fait. 
L'accord  entre  lui  et  la  cour  de  Vienne  est  loin  d'être  parfait.  La  rivalité 
entre  la  princesse  et  la  duchesse  de  Sagan.  Leurs  salons  et  leur  influence 
sur  la  politique  La  correspondance  de  Metternich  avec  la  princesse 
Ba^ation.  Joie  des  ennemis  de  Metternich. 

Tout  le  monde  ne  parle  que  de  cela.  Il  est  sûr  qu'Alexandre 
avait  fait  dire  à  la  Princesse  Bagration  qu'il  se  rendrait  chez 
elle  avant  le  Cercle  (2),  à  6  heures.  Il  lui  envoya  le  général 
Ouvaroff  la  prévenir  qu'il  n'avait  pu  se  débarrasser  et  qu'il  y 
viendrait  après  le  Cercle  et  qu'elle  lui  fit  trouver  du  thé  et 
personne. 

En  effet,  à  9  h.  1/2,  il  y  vint.  11  passa  dans  le  cabinet  de 
toilette  et  resta  tout  seul  avec  elle  trois  heures. 

Ce  matin  à  10  heures  M.  Fontbrune  (3)  fut  au  lit  de  la 
Princesse  pour  savoir  tout  le  sujet  de  la  conférence.  Mais  la 
princesse  avait  été  prévenue  de  ne  pas  se  fier  à  Fonthrune,  et 
il  eut  beau  cajoler,  il  n'en  tira  rien.  Elle  garda  le  secret  avec 
tout  le  monde  ;  mais  il  paraît  cependant  qu'elle  n'a  pas  bonne 
idée  de  l'accord  qu'on  supposait  parfait  entre  Alexandre  et 
notre  Cour. 

1.  Cf.  Lrgestrb.  Lettrée  Inédites  de  Napoléon.  Paris,  2b  nov.  181S,  n*  1109. 
Au  prince  Eugèn?,  t.  II.  p.  300.  «  Vous  recevrez  un  paquet  contenant  un 
million  de  papier  de  Vienne;  faites-en  l'usa^çe  convenable.  » 

2.  Cette  visite  eut  lieu  le  vendredi  30  septembre,  puisque  le  29  septembre 
au  soir,  il  y  cul  chez  la  princesse  un  grand  souper  auquel  assistèrent  entre 
autres  le  duc  de  Weimar,  le  prince  Radziwill  et  tous  les  aides  de  camp 
d'Alexandre  ainsi  que  Gentz.  (Cf.  Gbntz,  Taffebûcher,  t.  I,  page  312.) 

3.  Quoique  logé  chez  la  duchesse  de  Sagan,  Fontbrune,  dit  le  Voyageur, 
servait  d'homme  d'alTairesct  d'intermédiaire  à  la  princesse.  (Cf.  Ahnbxb  XIII, 
une  note  curieuse  de  police  {Archives  Nationales, F.  7)  sans  date,  mais  pré- 
sumée de  l'an  Vil  sur  ce  personnage.) 


192  AUTOUR  DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

J'en  saurai  peut-être  davantage  sous  peu,  mais^  pour  le 
moment,  la  princesse  est  dans  la  joie  de  son  cœur  pour  le 
triomphe  qu'elle  a  remporté  sur  la  souveraine  de  Ratiborsitz  (1) 
et  sa  rivale  heureuse  vis-à-vis  du  prince  ministre  (Met- 
ternich)  (2),  ayant  reçu  la  première  une  telle  distinction  par 
l'Empereur  Alexandre.  Ces  deux  bruyantes  étrangères,  rivales 
de  goût  et  d'ambition,  se  trouvent  par  un  curieux  et  fatal 
hasard  logées  dans  le  même  hôtel  (3)  qui,  à  la  honte  de  notre 
noblesse,  est  le  seul  ouvert  aux  illustres  étrangers  présents  à 
Vienne. 

Il  me  paraît  très  vraisemblable,  que,  vu  la  préférence  du 
moment  que  Metternich  a  donnée  à  la  Sagan  et  les  fréquentes 
visites  qu  y  fait  Talleyrand,  on  établira  le  parti  autrichien 
chez  celle-ci  et  le  parti  russe  chez  la  Bagration,  de  manière 
qu'à  la  droite  siégera  le  parti  ministériel  et  à  la  gauche  l'Op- 
position. 

Ce  n'est  pas  la  première  fois  que  les  intrigues  de  femmes 
ont  influé  sur  la  politique  des  Etats  et  des  plus  grands  Etats. 
Voilà  les  hommes  1 

J*espère  cependant  que  la  Providence  nous  aidera  jusqu'à 
la  fin,  et  si  jamais  (ce  que  je  n'ai  aucune  raison  de  croire), 
la  vengeance  avait  suggéré  de  mauvais  projets  à  la  princesse 
Bagration  dans  sa  longue  conversation,  qui  n'a  pas  roulé  tout 
entière  sur  des  niaiseries  de  jeunesse,  j'espère  qu'elles  n'au- 
ront aucune  influence  sinistre  sur  les  affaires. 

Je  me  console  que,  si  elle  a  même  montré  à  son  Empereur 
toute  sa  correspondance  avec  Metternichj  il  n'y  a  que  des 
éloges  pour  lui  et  jamais  une  idée  d'agrandissement  de  notre 
côté,  mais  toujours  de  justice  et  de  libéralité  (4). 

Les  ennemis  de  Metternich  sont  aux  anges  de  cet  événement. 
Ils  sont  tous  à  présent  pour  V Andromède  russe  et  contre  la 
Cléopâtre  de  Courlande,  dont  l'ascendant  a  plus  de  morgue 
et  moins  d'abandon  et  de  prodigalité  que  celui  de  l'autre.  Ils 
espèrent  que  l'empereur  Alexandre  ira  souvent  chez  la  leur  et 


1.  Un  des  châteaux  de  la  duchesse  de  Sagan,  près  de  Nachod. 

2.  La  duchesse  de  Sagan,  on  le  sait,  était  à  ce  moment  la  bien-aiméc  de  Met- 
ternich. 

3.  Le  Palais  Palm,  dans  la  Schcnkcnstrasse,  s'élevait  à  peu  de  distance 
du  Ball'PUitz  (Ministère  des  Affaires  étrangères)  et  de  l'endroit  où  se  trouve 
actuellement  le  Burg  Theater. 

4.  Allusion  aux  prétentions  de  la  Russie  sur  la  Pologne. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       193 

peut-être  plus  du  tout  chez  l'autre .  Nous  verrons.  Les  paris 
sont  ouverts,  les  armées  sont  en  présence  et  le  feu  a  déjà 
commencé. 


233.  Vienne,  !•'  octobre  1814  (F.  1.  3796  ad  3565)  (1). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Une  visite  de  l'Empereur  Alexandre  chez  la  princesse  Bagration. 

Le  chapeau  du  décorateur. 

Alexandre,  invité  chez  la  princesse  Bagration  pour  samedi 
soir  (le  1"  octobre)  s'y  est  rendu  hier  soir  (le  30  septembre) 
après  V appartement  et  le  souper  pour  faire  une  visite.  Le  por- 
tier sonna  quatre  fois  pour  l'annoncer,  et  la  princesse  qui,  se 
disant  malade,  avait  fait  défendre  sa  porte  toute  la  journée, 
alla  au-devant  de  lui  en  négligé  jusqu'à  l'escalier.  A  la  voix 
du  tzar,  elle  se  confondit  en  excuses,  le  fît  entrer  dans  sa 
chambre  où  Alexandre  aperçut  un  chapeau  d'homme.  Grande 
et  amusante  explication  :  «  C*est  celui  du  décorateur  Moreau, 
dit  enfin  la  princesse,  c'est  lui  qui  décore  la  maison  pour  la 
fête  de  demain  (2).  » 

Le  tzar  resta  deux  heures  et  demie  chez  la  princesse. /fe^nni 
soit  qui  mal  y  pense  ! 


234.  Vienne,  l"  octobre  1814  (F.  1.  8992  ad  3566). 

IIEGARDT  à  ENGESTRÔM  (Stockholm)  (intercepta) 

(en  français). 

Conversation  et  altercations  d'Alexandre  avec  le  prince  Antoine  de  Saxe. 
Affaires  de  Pologne.  Le  Danemark  et  le  Holstein.  Les  plénipotentiaires 
de  Naples.  L'organisation  probable  du  Congrès.  Ce  qu'on  peut  en  attendre. 

Hegardt  commence  par  lui  parler  du  bruit  répandu  à  Vienne 
de  la  venue  du  prince  royal  de  Suède  (Bernadotte). 

1.  Quoique  cette  pièce  soit  datée  du  1*'  octobre,  j'ai  cru  utile  de  la  pla- 
cer immédiatement  à  la  suite  de  la  précédente  à  cause  des  faits  mêmes  qui 
y  sont  exposés. 

2.  Le  bal  que  la  princesse  donna  le  1*'  octobre. 

T.  I.  13 


194  AUTOUR  DU  CONGRÈS    DE   VIENNE 

4c  On  m'a  raconté  que  TEmpereur  de  Russie,  dans  une  con- 
versation (1)  avec  le  prince  Antoine  de  Saxe  au  sujet  de  l'ab- 
dication qu'on  se  propose  d'exiger  du  Roi  son  frère,  s'étant 
un  peu  emporté,  il  lui  est  échappé  un  mot  sur  le  caractère  de 
ce  Monarque  et  que  le  prince,  piqué  au  vif,  a  répondu  qu'on 
pouvait  dépouiller  son  frère,  mais  qu'on  tâcherait  en  vain  de 
colorer  cet  acte  d'injustice  en  lui  prêtant  des  perfidies  et  en 
dénigrant  son  caractère  qui  avait  toujours  été  sans  reproche.  » 

Les  négociations  sont  toujours  mystérieuses.  On  n'est  tou- 
jours pas  d'aooord  sur  la  Pologne. 

Pour  le  Danemark,  c'est  tout  au  plus  si  le  Roi  réussira  à 
sauver  le  Holstein  (2). 

L'admission  des  plénipotentiaires  de  Naples  sera  contestée, 
et  c'est  pour  refuser  des  questions  de  cette  nature  qu'on  va 
diviser  le  Congrès  en  plusieurs  comités  et  réserver  les  questions 
importantes  aux  Plénipotentiaires  de  laCoalition,en  y  admettant 
toutefois  ceux  de  France  et  d'Espagne.  Dans  peu  cela  doit 
s'éclaircir,  et  on  verra  alors  ce  qu'il  y  a  à  espérer  ou  à  craindre 
de  cet  aéropage  de  l'Europe. 


235.  Vienne,  !•'  octobre  1814  (F.  1.  4054  ad  8565). 

Rapport   à   IIAGER 
Plaisanteries  des  Viennois  sur  les  souverains,  logements  qu'ils  leur  affectent  (3). 

Le  tzar,  im  Sùssen  Loechl  (dans  l'agréable  petit  trou). 
Le  grand  duc  Constantin,  Naglergasse  (rue  des  Cloueurs). 
Le   roi  de    Wurtemberg,    Fleischmarkt  (au  marché  à  la 
viande). 

i.  Cette  explication  orageuse  eut  lieu  le  26  septembre. 

2.  Cf.  Les  Ambassadeurs  du  Roi  au  Congrès  au  Ministre  des  Affaires 
Etrangères  à  Paris.  Vienne,  26  octobre  1814  (Dépéche,n«»  6Z)is).  «  Ce  qui  sem- 
blerait prouver  que  l'Blmpereur  de  Russie  ne  croit  pas  pouvoir  terminer  les 
afTaires  cette  année,  c'est  qu'il  a  retardé  la  ratification  du  traité  avec  le 
Danemark  et  la  Suède,  dont  il  doit  être  garant  et  qu'il  n'a  pas  donné  d'ordres 
pour  retirer  son  armée  qui  occupe  et  dévore  le  Holstein.  Le  Roi  de  Danemark 
n'a  pu  rien  obtenir  à  cet  égard.  »» 

3.  Noms  de  maisons,  de  rues  et  de  places  existant  en  1814  et  dont  quelques- 
unes  subsistent  encore  aujourd'hui,  comme  par  exemple  la  Naglergasse  et  le 
Fleischmarkt. 


LES  PBÉLIUIHAIRES   ET  LES  AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS      195 

Le  roi  de  Danemark,  im  Elend  (dans  la  miaère). 
Le  roi  de  Pmsse,  Windmûkle  (au  moulin  à  vent). 
L'Empereur  d'Autriche,  Papiermlihle  (à    la  fabrique    de 
papier). 


236.  Vieooe,  i  octobre  tSU  (F.  1.  3B41  ad  Siti). 

HAGER   à    l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  du  4  octobre  et  envoi  de  la  liste,  de 
la  copie  ou  analyse  des  Intercepta  du  3  octobre,  parmi  lesquels 
se  trouve  la  copie  d'une  lettre  de  Zurich,  25  septembre  1814 
de  Rouyer,  secrétaire  de  la  Légation  de  France  en  Suisse  (1) 
au  Bailli  d'Hanonville  (2)  (de  l'ordre  de  Malte). 


237.  Zurich,  n  teptembre  1B14  (F.  1.  3841  ad  368t). 

ROLYER  au  BAELU  d'HANONVILLEÎ  {inUrcepla) 
(analyte  de  la  lettre). 

II  lui  a  écrit  le  19  par  le  bourgmestre  de  Wieland,  de  Bâie, 
l'un  des  trois  députés  de  la  Diète  helvétique  et  lui  fait  remettre 
cellft-ci  par  Capo  d'Istria  (3),  Ministre  de  Russie  en  Suisse.  11 
l'engage  h  voir  le  Ministre  pendant  le  séjour  qu'il  fera  à  Vienne, 

1.  I.o  chi'vnlier  lt»uver  Ataitdspuis  Tort  longtemps  i  la  Mgalion  do  France 
L-n  Suisse.  Il  faisait  dé)k  partie  de  cetic  missiou  cii  l'An  XIII. 

î.  .!(!  doiilt  flirt  qu'il  puisse  s'agir  ici  do  d'Hanonville,  commandeur  de 
Satins  cil  IT'3.  chevalier  de  Malte  de  la  langue  d'Auvergne,  1c  seul  du  ce 
nom  quuj'.ii  ri^levé  dans  tes  diflércnls  ouvraj^es  que  j'ai  consultfs. 

3.  Copo  d'Iilria  (Jean,  Cnrale)  (1776-1831),  choisi  pour  Secrétaire  d'État  i 
:.''  ans  par  le  Commissaire  Impérial  de  Ruiaîe  dans  les  lies  Ioniennes,  il  ae 
dL^mil  de  ses  f,.nction3  lorsque  la  paii  de  Tilsilt  plaça  ces  Iles  sous  la  domi- 
nation de  la  France  et  se  rendit  h  Saiat-Pt^tersboiirg  où  il  entra  dans  lea 
bureaux  du  ministère  des  Affaires  étrangères.  Chargé  en  1813  d'une  mission 
secrète  en  Suisse  pour  faire  respecter  ta  neutralité  de  ce  pays,  plénipoten- 
tiaire au  Congrès  de  \'ienne,  il  devint  l'année  suivante  Secrétaire  d'EItat  aux 
AfTaires  étrangères.  La  Grèce  commençait  à  s'agiter  et  la  situation  de  Capo 
d'Istria,  grec  d'origine,  et  ministre  du  Tzar,  devenait  difficile.  Il  fut  ea  effet 
destitué  en  IfliS  lors  de  l'insurrection  d'Ypsilanti  el  vivait  dans  la  retraits  i 
Genève  lorsqu'en  Iii27  il  fut  Rommé  par  ses  Compatriotes  Président  de  la 
Grèce.  Il  accepta  ces  fonctions  qu'il  exerça  pondant  quatre  ans  et  mourut 


106  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE  VIENNE 

lui  parle  assez  longuement  des  Iles  Ioniennes  qu'il  est  question 
de  donner  à  l'Ordre  de  Malte  et  insiste  sur  le  fait  que  Capo 
d'Istria  pourra  lui  être  fort  utile. 


238.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.4087  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Bruit  de  mouvement  des  troupes  autrichiennes  en  Italie. 

Le  bruit  court  que  les  troupes  autrichiennes  de  la  Lombar< 
die  se  portent  sur  Bologne. 


239-  *    Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.4087  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (Intercepta), 

Il  lui  communique  une  dépêche  d'Aglié  (i)  de  Londres 
(4  septembre)  à  Saint-Marsan  sur  ce  qui  aurait  été  fait  à  Paris 
au  sujet  de  la  Savoie. 


240.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  3841  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
(Emploi  de  la  journée  du  2  octobre  par  Anstett.) 

Samedi  2  octobre.  —  Anstett  travaille  de  10  heures  à  1  heure, 
puis  va  chez  Nesselrode,  rentre  vers  2  heures,  reçoit  le  Comte 

1.  Comte  San  Martin  d'Aglié,  Ministre  de  Sardaigne  à  Londres,  un  des  plus 
ardents  artisans  de  la  cession  de  Gènes  au  Piémont  dont  il  rêvait  Tagran- 
dissement,  auteur  d'un  Mémoire  dans  lequel  on  donnait  à  son  roi  tout  le 
pays  depuis  les  Alpes  jusqu'au  Mincio,  Parme,  Plaisance  et  Massa-Garrara. 
(Cf.  RimBRi.  Il  Congresso  di  Vienne  e  là  Sànià  Sede.  XXXVII  et  Ibidem, 
XLI-XLII  à  propos  de  la  Savoie.  Victor  Emmanuel  à  Saint-Marsan,  Turin, 
juillet  1814.  Cf.  N.  Biamchi.  Storia  Documeniata  delU  Diplomazia  Earopea 
inltalia.  Vol.  I,  47-50  et  entre  autres  la  dépêche  de  d'Aglié,  à  Vallaise,  de 
Londres,  le  6  septembre  1814). 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      197 

Woronzoff,  va  dîner  avec  lui  au  Restaurant  Widmann,  rentre 
à  0  heures,  va  à  8  heures  à  la  Redoute  et  rentre  à  minuit. 


241.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3.565). 

SCH...  à  HAGER 

Surveillance  d'Anstett.  Emploi  qu'il  fait  de  la  journée  du  3  octobre. 
Mandel,  Vernègues.  Ses  relations  avec  ce  dernier. 

Mandel  est  venu  un  instant  le  3,  puis  un  peu  plus  tard, 
Wernich  (Vernègues)  (1)  avec  une  quantité  de  papiers.  Ans- 
tett  s'est  enfermé  avec  lui  pendant  plus  d'une  heure.  Il  a 
donné  Tordre  de  recevoir  toujours  Wernick  (Vernègues)  et 
de  ne  jamais  le  déranger  pendant  qu'il  serait  à  travailler  avec 
lui. 

Anstett  a  travaillé  jusqu'à  deux  heures  chez  lui  ;  il  a  été 

1.  (Cf.  Archives  NationaleSj  F. 7.  6478,  36i62  2»  série.  Cité  en  partie  par 
d'HAUTBRivB.  La  Police  Secrète  du  Premier  Empire,  t.  II,  p.  177,  Bulletin 
;^52.  Notes  de  Gènes,  29  novembre  1805  .  «  Monsieur  de  Lisakévitch,  ministre 
de  Russie,  qui  a  suivi  le  roi  (de  Sardaigne)  à  Home,  à  Naples  et  en  Sar- 
daigne,  s'était  attaché  pendant  la  dernière  guerre  un  émigré  de  Provence, 
M.  Vernègues,  homme  entendu,  dévoué  à  la  faction  russe  et  qui  a  iini  par 
être  naturalisé  sujet  Russe.  C'est  le  même  qui  fut  arrêté  l'an  passé  à  Rome, 
conduit  au  Temple,  rel&ché  à  la  suite  de  la  prière  de  Sa  Sainteté,  lors  de  son 
voyage  à  Paris.  11  partit  pour  Vienne  pour  voir  l'Evoque  de  Nancy  (Mgr  de 
la  Farc)  et  se  proposait  de  se  rendre  en  Russie.  Les  journaux  ont  annoncé 
récemment  que  la  Russie  l'envoyait  de  nouveau  à  Home  et  des  lettres  par- 
ticulières annoncent  même  qu'il  y  est  déjà.  Il  y  a  servi  longtemps  les  intérêts 
du  fluc  de  Berry.  Il  correspondait  en  l'an  VIII  avec  Villot  (le  Général  Willot 
de  Grandprez)  et  prenait  alors  le  nom  de  Vhérilier  (Cf.  pour  plus  de  détails 
sur  le  départ  de  Vernègues  de  Paris  le  22  décembre  1804  après  sa  libération, 
d'Ilauterive,  t.  I  p.  217.  Bulletin  690.— D.  PBHRERO./ileA/i  di  Savoia  neWEsi- 
liOy  pages  243-244,  sur  l'arrestation  de  Vernègues  à  Home.  Dépêche  du  cheva- 
lier Rossi  à  de  Maistre  du  31  décembre  1803.  —  Dbsmarbts.  Quinze  ans  de 
Haute  Police  sous  le  Consulat  et  l'Empire.  Préface,  lix-lziii. 

Voici  enfin  sur  Vernègues  quelques  notes  extraites  des  Archives  Adminis- 
tratives du  Ministère  de  la  Guerre  : 

Vernègues  (Joseph-Hilarion-Gautier  de),  né  à  Aix  le  8  avril  1757,  entré  au 
service  au  régiment  Royal  Normandie  en  septembre  1788,  émigré  en  1789  (on 
suppose  le  1*'  septembre).  Entré  au  service  de  Russie  avec  autorisation  de 
Louis  X VIII  et  nommé  colonel  le  7  décembre  1808.  Démissionnaire  du  service 
de  Russie  le  1*'  juillet  1814.  Nommé  Maréchal  de  camp  par  Louis  XVIII  par 
décret  de  Gand  le  25  mai  1815.  Il  était  à  ce  moment  employé  à  Vienne  par 
la  Légation  Française,  Résident  auprès  du  Grand  Duc  do  Toscane  en  1816. 
Demande  en  1820,  faveur  qui  lui  est  refusée,  à  être  nommé  Ministre  d'Etat, 
alors  qu'il  était  en  instance  de  retraite. 


198  AUTOUR  DU  GOTORiS  DB  VlBimS 

ensuite  chez  Razoumoffskj  chez  lequel  il  est  resté  jusqu'à  sept 
heures. 


242.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

SCHMIDT  à  HAGER 

Surveillance  de  Czartoryski,  son  influence.  Wolkontky.  Bruits  divers  sur  la 

Pologne. 

Le  prince  Adam  Czartoryski  est  arrivé.  Il  prendra  ici  un 
domestique.  On  va  s'efforcer  de  lui  procurer  un  homme  de 
confiance,  grâce  auquel  on  sera  bien  renseigné  sur  son  compte. 

Czartoryski  continue  d'être  fort  bien  vu  par  l'Impératrice. 
Nesselrode  et  Stackelberg  redoutent  son  influence  sur  F  Empe- 
reur Alexandre  qu'il  a  su  gagner  complètement  depuis  la  chute 
de  Roumantzoff,  parce  qu'il  est  un  ennemi  déclaré  et  avéré  des 
Français. 

Le  prince  Wolkonsky  déplore  l'influence  qu'a  su  prendre 
sur  l'Empereur  Alexandre  la  grande  duchesse  Catherine. 

Parmi  les  Polonais,  il  en  est  certains  qui  espèrent  que  la 
Pologne  sera  donnée  à  l'archiduc  Charles,  s'il  épouse  la  Grande 
Duchesse  Catherine,  d'autres  qui  pensent  qu'Alexandre  la  don- 
nera à  Czartoryski,  tout  comme  elle  fut  attribuée  dans  le  temps 
à  Poniatovsrski. 


243.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  3073  ad  3665). 

SCHMIDT  à  HAGER 

Surveillance  de  Czartoryski.  Arrivée  du  Grand  Duc  de  Bade. 

Le  prince  Adam  Czartoryski  écrit  toute  la  matinée.  Il  envoie 
en  général  ses  lettres  à  l'empereur  Alexandre,  à  la  Burg.  11 
a  dtné  chez  RazoumofTsky. 

Le  Grand  Duc  de  Bade  (1)  est  arrivé  hier  2  octobre. 


1.  Gharles-Louis-Frédéric,  Grand  Dnc  de  Bade,  né  le  8  juin  1786,  succéda 
à  ton  grand-pére  le  10  juin  1811.  11  avait  épousé  en  1806  Stéphanie  de  Beau- 
harnais  adoptée  par  Napoléon.  Mort  en  1S18. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET   LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      193 
244.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  4087  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER 
Rapport  sur  Stein.  Son  nouyeau  ralet. 

On  espère  se  procurer  plus  de  renseignements  sur  Stein, 
grâce  au  nouyeau  valet  qu*il  a  pris. 


245.  Vienne,  3  octobre  1314  (F.  1.  4087  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER 

Surveillance  du  prince  de  Hardenberg, 

Hardenberg  a  eu  le  1**  octobre  un  entretien  de  deux  heures 
avec  Metternich.  La  conférence  s'est  réunie  le  2  octobre. 


246.  Vienne,  3  octobre  1814.  (F.  1.  4087  ad  3M5). 

GOHAUSEN  à  HAGER 

Note  sur  le  conseiller  intime  bavarois  baron  Bôhnen. 

Né  en  Zurich,  le  conseiller  intime  bavarois  Bœhnen,  venu  à 
12  ans  à  Stuttgart,  y  étudia,  protégé  par  le  duc  Charles  (1)  avec 
lequel  il  voyagea.  Il  devint  son  favori  lorsque  le  duc  enleva 
M"*  de  Leutrum  (2),  qu'il  épousa  et  à  laquelle  il  donna  le  titre 
de  comtesse  Hohenheim.  Après  la  mort  du  Duc,  il  resta  au 
service  de  sa  veuve.  Il  est  marié  avec  une  demoiselle  von  Scher- 
tel(?),  sœur  de  la  duchesse  Franziska  et  dut  quitter  le  Wurtem- 
berg à  la  mort  de  la  duchesse  Charles.  Il  entra  alors  au  service 
de  la  Bavière  et  a  toujours  encore  la  confiance  du  Prince 
Royal  de  Wurtemberg,,  bien  que  celui-ci  vive  séparé  de  la 

1.  Charles-Eugène,  duc  de  Wurtemberg,  né  en  1728,  mort  en  1793.  Il  avait 
épousé  en  premières  noces  Elisabeth-Frédéric^ophie,  margrave  de  Baireuth, 
dont  il  se  sépara  en  1781. 

2.  Franziska  von  Bernardin,  morte  en  1817. 


200  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

princesse  bavaroise  qu'il  avait  épousée.  C'est  lui  ^'qui  a  eu  la 
désagréable  commission  de  servir  d'agent  de  correspondance 
entre  le  prince  et  son  beau-père,  le  roi  de  Bavière. 

Stein  a  depuis  quelques  jours  un  domestique  attaché  à  son 
service,  grâce  auquel  j'espère  mettre  la  main  sur  sa  corres- 
pondance particulière. 

On  est  enchanté  dans  le  public  de  voir  que  les  diplomates 
français  n'assistent  pas  à  toutes  les  conférences. 


247.  Vienne,  3  octobre  1811  (F.  1.  4087  ad  3565). 


SIBER  à  HAGEll 


Rapport  sur  les  souverains.  Le  bal  de  la  princesse  Bagration. 
Le  souper.  Les  visites  d'Alexandre. 


L'Empereur  Alexandre,  accompagné  par  un  seul  laquais,  est 
allé,  numéro  51,  Schenkenstrasse  où  habitent  dans  la  même 
maison  la  duchesse  de  Sagan  et  la  princesse  Bagration.  Il  n'est 
rentré  qu'à  minuit.  Il  paraît  que  cela  lui  arrive  souvent. 

L'Empereur  est  très  content  de  son  séjour  à  Vienne.  Il  dit 
qu*il  n'a  jamais  été  plus  satisfait  que  depuis  qu'il  est  ici.  Cela 
le  change  un  peu  de  ses  Russes.  Dans  tous  les  pays  qu'il  a 
traversés  au  cours  de  la  campagne,  il  n'a  vu  que  de  la  misère 
et  des  mécontents.  En  Angleterre,  il  a  trouvé  trop  de  raideur. 
L'Autriche  possède  les  éléments  et  les  caractères  qui  procurent 
et  engendrent  la  gaieté  et  le  plaisir,  parce  qu'on  sait  y  rester 
dans  la  vraie  note  et  dans  le  juste  milieu. 

Deux  cents  personnes  ont  assisté  au  bal  donné  par  la  prin- 
cesse Bagration  le  1*'  octobre  ;  le  roi  de  Prusse  est  arrivé  à  dix 
heures  ;  TEmpereur  de  Russie  à  dix  heures  et  demie.  A  minuit, 
on  a  servi  le  souper  L'Empereur  de  Russie  avait  à  sa  droite  la 
princesse  Esterhazy,  à  sa  gauche,  la  princesse  Bagration  ;  le  roi 
de  Prusse, à  sa  droite  la  princesse  Liechtenstein  et  à  sa  gauche 
la  princesse  CoUoredo.  Il  est  parti  peu  de  temps  après,  tandis 
que  TEmpereur  Alexandre  est  resté  au  bal  jusqu'à  quatre  heures 
du  matin. 

Il  est  absolument  certain  qu'Alexandre  est  venu  voir  la 


LES  PHÉLIVlNAIRes  ET  LE9  AJOURNEMENTS  DU  CONGRES      201 

princesse  Bagration  presque  aussitôt  après  son  arrivée  et  qu'il 
est  revenu  chez  elle  le  28  au  soir. 


Vienne,  4  octobre  IH11(K.  1.  IDHT  ad  3SaS). 
©  ®  à  HAGER  (on  iraoçaiB). 


Les  deux  miUioDs  que  Brignole  doit  employer  pour  eu  faire 
cadeau  à  Metternich  sont  arrivés.  DâSinoQt(?)  me  dit  d'Aldirt 
qu'il  ne  respire  que  l'indépendance  et  que,  pendant  qu'il  nous 
dit  les  plus  belles  choses  sur  le  compte  de  l'Autriche,  il  ne 
parle  que  du  désir  d'indépendance  de  la  nation  italienne.  Il 
croit  le  priuce  Eugène  sans  soutiens. 

Guicciardi,  député  de  la  Valteline,  est,  selon  lui,  un  homme 
piirfait  sur  lequel  la  Cour  cl  vous  vous  pouvez  compter. 

11  croit  l'Angleterre  toute  dévouée  à  l'Autriche  et  prête  à  la 
soutenir  en  Italie  et  en  Allemagne.  Pour  Murât,  il  est  per- 
suadé qu'il  vise  absolument  au  royaume  d'Italie  et  croit  que 
l'Angleterre  lui  fera  bientôt  la  guerre  et  que  tout  cela  se  pré- 
pare, vuque  Muratne  paraît  pas  intentionné  à  entendre  rai so 


*4a.  Vicuno,  3ooli>l)rû  Isl  I  (l'.  1,  iONl  ad  3i6S). 

Nota  à  tlAGl£R  (en  français). 

Salîsracli.m  caiisio  dans  certains  milieux  pqr  l'altitude  do  Talleyrand  et  de 
Labi-adur,  ii>ra  do  la  conférence  du  3U  septembre.  Le  Nonce  et  la  durée  ilu 
(Jougri-5.  Le  cardinal  Consalvi. 

Ferez  de  Castro  a  longuement  insisté  Bur  la  satisfaction 
assez  générale  qu'on  a  éprouvée  lorsqu'on   a  su  que  Talley- 

1.  Guicciarili  (l>icgo,  comte)  (1T36~IN37|.  né  dans  la  Valteline,  seconda  en 
1TX9  la  réunion  de  ce  pays  A  la  Cisalpine.  Consulteur  sous  la  République 
cisalpine.  Tait  Bucueasivcmenl  par  Napoléon  conseiller  d'Ltat,  comte  et  di' 
recteur  Kéuéi-ul  de  la  police  du  ro/aume  d'Ilalie  (IB0S<1B<19\  puis  sénateur. 
Trop  liédc  e\.  trtip  modéré  bu  goùl  de  l'Empereur  qui  l'envoya  au  Sénat  du 
royaumi'.  il  fui  l'un  des  premiers  A  Iraraitlcr  on  18Mon  faveur  de  l'Autriche, 
ou  tout  nu  moins  eu  faveur  d'un  royaume  ayant  A  aa  télé  un  prince  autr.- 
cliicii  et  devint  un  peu  plus  lard  vice -pré  aident  du  gouverueracal  de  la  Lom- 
bardio. 


i02  AUTOUm  ou  OOXGAÈS   ME  VIE»5B 

land  et  Labrador  ayaient  remis  Meltemich  à  sa  place  (i). 

D  m'a  déclaré  que  les  Espagnols  s^enorgueillissent  d'avoir 
dompté  la  cabale  séditieuse  et  honteuse  qu'on  avait  formée 
d'exclure  les  plénipotentiaires  français  et  espagnols  du  Grand 
Sanhédrin  où  on  prépare  la  matière  qui  doit  être  soumise  à  la 
discussion  du  Congrès  et  où  enfin  on  décidç  du  destin  de 
rUnivers.  €  M.  de  Labrador  et  M.  de  Tallejrand,  m'a-t-il  dit, 
ont  coupé  le  nœud  gordien.  Le  prince  de  Mettemich  a  voulu 
jouer  le  rôle  d'un  Mazarin,  d'un  Richelieu.  Nous  l'avons  dé- 
trompé, et  certes  M.  de  Labrador,  sans  rien  6ter  au  prince 
de  Talleyrand,  a  la  principale  gloire  dans  ce  triomphe.  » 

J'ai  vu  le  Nonce  qui  croit  que  le  Congrès  ne  sera  pas  d'aussi 
courte  durée  que  le  pensait  Metternicb  à  cause  des  tendances 
diverses  des  Ministres  des  Puissances.  Le  Nonce  a  insisté  sur 
le  rôle  joué  par  le  cardinal  Consalvi  et  sur  la  grande  place  qu'il 
a  déjà  su  se  faire  auprès  des  souverains. 


250.  Vienne,  3  octobre  1914  (F.  1.  4087  ad  3565). 

ANSTETT  au  GÉNÉRAL   JOMINI. 

Intercepta  sans  date  pris  chez  Anstett  le  3  octobre  1814. 

Je  viens  de  prendre  copie  de  la  lettre  ci-dessous  d' Anstett 
au  Général  Jomini. 

«  Je  restitue  à  Votre  Excellence  la  quintessence  du  traité 
de  Paris.  Ce  petit  commentaire  philosophico-véridico-politique 
est  fait  à  merveille.  L'appétit  vient  en  mangeant.  Vous  m'avez 
promis  un  petit  tableau  dont  je  ne  saurais  vous  tenir  quitte. 
Je  voudrais  à  mon  tour  avoir  quelque  chose  d'intéressant  à 
vous  offrir,  mais  ma  plume  chaume  (5tr)  et  ma  table  est  vide.  >► 


1.  Cf.  Talleyrand  au  roi  (dépêche  n«  3),  Vienne,  4  octobre   1814.  (Pallain. 
Corretpondànce  inédite^  p.  15-19.) 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       203 
251.  (F.  1.  4087  ad  3565). 

GÉNÉRAL  BARON  JOMIM 

Le  dernier  traité  de  Paris  mis  à  la  portée  de  tout  le  monde. 

Les  Hautes  Puissances  Alliées,  qui  n'ont  fait  la  guerre  à  la 
France  que  pour  son  bonheur  et  pour  lui  procurer  les  bienfaits 
d'une  paix  solide  et  glorieuse,  voulant  prouver  leur  désinté- 
ressement à  Sa  Majesté  Louis  XVIII  et  traiter  avec  Elle  plus 
favorablement  qu'elles  ne  l'ont  jamais  fait  avec  Bonaparte,  ont 
résolu  le  traité  suivant  : 

!•  Il  y  aura  alliance  éternelle  entre  la  France  et  les  puis- 
sances alliées,  —  sauf  le  cas  où  une  guerre  deviendrait  néces- 
saire pour  le  bonheur  et  la  commodité  de  Tune  d'elles. 

2*  L'Empire  de  France  conserve  le  titre  de  Royaume. 

3^  En  conséquence  de  la  déclaration  de  Francfort,  du  7  jan- 
vier, portant  qu'une  grande  nation  ne  doit  pas  déchoir,  les 
puissances  alliées,  jalouses  de  donner  aux  armées  françaises 
une  haute  marque  de  leur  estime,  ne  reprennent  que  les  con- 
quêtes faites  depuis  1792. 

4*  La  Belgique  est  remise  à  la  Hollande  pour  récompenser 
le  Prince  d'Orange  de  la  part  qu'il  a  prise  à  la  guerre  et  des 
sacrifices  qu'il  a  faits  pour  recouvrer  ses  Etats. 

5*  En  échange  de  la  Belgique  et  conformément  à  la  décla- 
ration de  Francfort,  qui  porte  que  la  France  sera  plus  grande 
que  sous  aucun  de  ses  rois,  S.  M.  Louis  XVIII  acquiert  la 
préfecture  d'Annecy  dont  la  propriété  lui  est  irrévocablement 
affectée  jusqu'à  nouvel  ordre. 

6*  On  ne  rendra  pas  au  roi  les  millions  de  dépenses  affectés 
au  port  d'Anvers,  mais  il  sera  comblé  de  bénédictions  et  en 
considération  de  ce  sacrifice,  le  roi  de  Sardaigne  ne  demandera 
à  Sa  Majesté  aucune  contribution  de  guerre. 

7*  Le  roi  de  Sardaigne  conserve  à  perpétuité  ses  titres  de  roi 
de  Chypre  et  de  Jérusalem  et  il  pourra  au  besoin  y  joindre 
celui  de  marquis  de  l'Empire  Ottoman. 

8**  Le  Pape  recouvre  les  Etats  Romains.  U  abolit  TEtat  civil 
et  ordonne  à  tous  ses  sujets  nés  depuis  1802  d'en  faire  la 
déclaration  par  devant  l'autorité  ecclésiastique. 

9'  L'Angleterre  rend  à  la  France  toutes  ses  colonies, excepté 
Tabago,  Sainte-Lucie,  les  Séchelles,  l'île  de  France,  etc.,  etc. 


204  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VICNNc: 

Quant  aux  autres,  les  Français  seront  tenus  d'en  faire  la  .con- 
que te. 

10*  L'Angleterre  donne  la  Norvège  à  la  Suède  et  la  Suède 
cède  l?[Guadeloupe  à  la  France.  Sa  Majesté  Britannique  aban- 
donne tous  ses^légitimes  droits  sur  la  Norvège  et  la  Guade- 
loupe, 

H*  L'Angleterre  consent  à  garder  la  flotte  d* Anvers  sous  la 
condition  expresse  d'entretenir  sur  le  Continent  une  armée  de 
terre  aux  frais  de  la  Hollande. 

li"  La  Marine  royale  de  France  sera  composée  de  13  vais- 
seaux, 8  frégates,  3  corvettes,  5  avisos,  dont  la  moitié  seule- 
ment pourra  être  armée  en  guerre.  Quant  aux  ofticiers  de  marine, 
le  roi  sera  libre  d'en  porter  le  nombre  à  telle  quantité  qu'il 
jugera  à  propos. 

13*  S.  M.  rimpératrice  et  reine  Marie-Louise  sera  élevée  à 
la  dignité  de  duchesse  de  Parme  et  de  Plaisance  par  les  soins 
de  son  Auguste  Père  François,  empereur  d'Autriche. 

14°  En  conséquence  de  sa  conduite  noble,  loyale  et  franche, 
le  prince  Eugène-Napoléon  cessera  d'être  Vice-roi  d'Italie  et 
le  trône  de  Naples  restera  occupé  par  le  roi  Joachim  Napo- 
léon, Tun  des  souverains  les  plus  fidèles  à  Bonaparte,  au  Pape, 
à  la  France  et  aux  Puissances  alliées. 

13"  L'Angleterre  consent  à  ce  que  la  navigation  française 
soil  libre  sur  la  Marne,  la  Saône,  la  Dordogne,  l'Isère  et  une 
parlie  de  la  Gironde.  Les  manufactures  et  le  commerce  repren- 
dront leur  état.  Les  négociants  français  seront  libres  de  ne 
vendre  que  des  marchandises  anglaises. 

16'  Les  troupes  alliées  sortiront  de  France  le  plus  tôt  pos- 
sible en  ayant  soin  de  ne  pas  passer  par  les  pays  qu'elles  ont 
parcourus  —  sous  peine  de  mourir  de  faim. 

17*  Les  traités  antérieurs  ainsi  que  les  milliards  dépensés 
pour  les  fortifications  de  Dantzig,  Francfort,  Mayence,  Cassel, 
Mons,  Luxembourg,  Anvers,  etc., etc..,, et  le  sang  de  cinq  mil- 
lions de  Français  versés  pour  la  gloire  et  l'honneur  de  la  France 
sont  déclarés  non  avenus. 

18'  En  attendant  l'exécution  du  présent  traité  et  pour  prou- 
ver l'union  qui  existe  entre  toutes  les  Puissances  européennes, 
il  sera  chanté  un  Te  Deiim  dans  toutes  les  langues,  a  la  suite 
duquel  il  sera  donné  des  instructions  pour  fortifier  les  places 
et  recruter  les  armées. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOL'RNEMEKTS  DU   CONGRÈS      205 

252.  Vienne,  3  octobre  1S14  (F.  1.  4Dfi'7  ad  35eS). 

Nota  ù  HAGKH  (en  français). 

Sur  la  visite  fnilc  par  Alexandre  à  le  princesse  Bagralion.  Confluences  qu'il 
lui  n  arraclifes  sur  sa  liaison  et  an  rupture  avec  Metleniicli.  Tenlativea 
faites  pour  Taire  tomber  Alexandre  dans  les  lllcta  de  la  duchesse  de  Sagan . 
Upinion  d'Alexandre  aur  certains  généraux  et  hommes  d'Etat  autrichiens. 
Il  csl  décidé  i  garder  la  Pologne ,  Son  attitude  au  bal  de  lu  priuccsse  Itagra- 
tion.  Le  prince  Eugène  et  l'archiduchesse  Béatrice. 

La  princesse  Bagration  n'a  pas  pu  s'empêcher  de  confier  ce 
qui  suit  à  une  personne  qui  jouit  de  toute  sa  confiance  (1).  Reste 
k  savoir  si  tout  est  vrai  ce  qu'elle  lui  a  dit,  mais  comme  diffé- 
rentes choses  sont  assez  dans  le  caractère  d'Alexandre,  et 
connues  d'ailleurs  pour  telles  qu'elle  les  a  dites,  j'ai  grande  dis- 
position à  croire  qu'elle  ne  les  a  pas  forgées  à  son  confident 
de  qui  je  les  tiens. 

Parlant  du  prince  de  Metlernich,  Alexandre  a  voulu  eon- 
naitre  l'histoire  de  sa  liaison  avec  la  princesse  et  comment  la 
chose  s'était  refroidie  et  à  présent  il  avait  l'air  d'être  tout  dévoué 
h  la  duchesse  de  Sagan. 

Là-dessus  Alexandre  a  dit  à  la  princesse  :  «  Metternich  ne 
vous  a  jamais  aimée  ni  vous,  ni  la  Sagan.  C'est  un  homme 
froid,  croyez-le.  Il  n'aime  ni  l'une  ni  l'autre.  C'est  un  être  îi 
sang-froid.  \e  le  voyG7.-v<iui  pa's,  avec  cette  ligure  de  plâtre  il 
n'aime  personne.  » 

Parlant  de  la  Sagan,  l'Empereur  a  dit  qu'on  avait  fait  tout 
le  possihle  pour  lu  lui  faire  agréer.  «  On  me  l'a  même  placée 
tète  à  tête  dans  la  même  voiture  (N.-B.  Le  fait  est  irai  et 
connu),  mais  ils  n'ont  pas  réussi.  J'aime  les  sens,  mais  il  me 
faut  aussi  l'esprit.  » 

Il  a  passé  ensuite  en  revue  certains  généraux.  Il  a  dit  de 
Schwarzonberg  qu'il  l'aimait  beaucoup,  que  c'est  un  bon  mi  i- 
tairc  (|u'il  avait  une  qualité  unique, c'est  que  «  dans  une  alTaire 
il  ne  pense  qu'à  la  chose  et  s'oublie  lui-même  et  il  fait  cela 
toujours  ».  11  a  loué  ensuite  Bianchi  (2)  qui  a  du  talent  et  est 
un  officier  distingué,  puis  Jéritme  CoUoredo  (3)  pour  sa  bravoure 

t.  D'a|>r6s  les  conlldences  faites  par  la  princesse  A  une  personne  de  son 
entourage,  pruhablemcnt  A  la  comtesse  Aurore  de  MarassA. 

3.  Le  futur  commandant  eu  chef  de  l'armée  autrichienne  contre  Murât  qu'il 
battit  A  Tolentino. 

3.  Né  eu  1775.  mort  en  IRll,  JfrAme  Colloredo,  deuxième  flls  du  minisire 


206  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIE.'iNE 

et  sa  franchise^  et  Louis  Liechtenstein  (1)  aussi.  Celui  auquel 
après  Schwarzenberg  il  a  montré  le  plus  d'estime  est  Sta- 
dion  (i).  «  Mon  bon  Stadion,  je  Tai  revu  avec  bien  du  plaisir. 
Je  Taime  tant,  il  est  si  bon,  si  franc,  si  loyal.  » 

En  parlant  de  politique  il  a  dit  :  «  La  Pologne  est  à  nous. 
Elle  doit  nous  rester.  Je  nV  renoncerai  jamais.  Je  Toccupe 
avec  200.000  hommes.  On  verra  qui  me  chassera.  » 

On  a  remarqué  qu'au  bal  d'avant-hier  chez  la  princesse,  il 
Ta  distinguée,  elle  plus  que  tout  autre,  et  après  elle  la  Sophie 
Zichy.  Il  a  dansé  la  deuxième  danse  avec  la  duchesse  de  Sagan 
qu'il  a  ensuite  négligée  toute  la  soirée.  Du  reste  il  a  été  très 
poli  avec  tout  le  monde,  gai,  aimable,  content.  Il  a  eu  une  con- 
férence d'un  quart  d'heure  avec  Hardenberg  et,  comme  il  faut 
crier  avec  lui,  il  s'est  retiré  pour  parler  avec  lui  dans  la 
chambre  de  la  princesse.  On  a  remarqué  qu'il  n'a  pas  même 
fait  attention  à  Czartoryski  et  très  peu  à  Metternich. 

On  raconte  que  le  prince  Eugène  a  fait  visite  à  l'archidu- 
chesse Béatrice  (3)  et  ayant  eu  l'arrogance  de  lui  parler  de 
Milan,  elle,  en  réponse,  n'a  parlé  que  du  roi  de  Bavière. 

Au  cercle  il  aborda  le  prince  Khevenhûller  en  lui  disant  : 
«  Comment  vous  va,  Prince  ?  »  L'autre  lui  répondit  :  «  Com- 
ment se  porte  Votre  Excellence.  »  Ce  dialogue  n'alla  pas  plus 
loin. 

Les  Viennois  souffrent  de  revoir  ici  ce  drôle  que  les  Mila- 
nais estiment  comme  militaire,  mais  que  tout  le  monde  méprise 
et  déteste  pour  son  hypocrisie,  sa  morale,  ses  mœurs  et  sur- 
tout sa  fourberie.  Il  faut  entendre  là-dessus  les  Italiens  et  Tex- 
sénateur  Guicciardi  et  l'ex-Podestat  de  Venise  Rénier  (4) 
et  tous  ceux  qui  ont  eu  affaire  à  lui.  En  général,  les  Italiens 
préféraient  Napoléon  à  Eugène  parce  qu'ils  disaient  :  «  Napo- 
léon est  fier,  cruel,  vindicatif,  mais  il  ne  se  cache  pas,  et  l'autre 
est  faux,  traitre,  fourbe  et  n'a  jamais  fait  la  fortune  de  per- 
sonne. > 

de  Léopold,  il  avait  pris  une  part  des  plus  brillantes  à  la  bataille  de  Kulm. 
Il  était  de  plus  un  adversaire  déclaré  de  Metternich.  Promu  feldzeugmeister 
en  1814,  il  était  à  ce  moment  commandant  général  en  Bohême. 

1.  Liechtenstein  (Louis,  prince),  feld-maréchal  lieutenant,  commandeur  de 
l'ordre  militaire  de  Marie-Thérèse. 

2.  Peut-être  aussi  parce  qu'il  était  un  ennemi  avéré  de  Metternich. 

3.  Veuve  de  l'archiduc  Ferdinand,  ancien  gouverneur  de  Milan  et  mère  de 
l'Impératrice  d'Autriche. 

4.  Renier  (Daniel),  Podestat  de  Venise  depuis  1807,  fut  un  des  patriciens 
qui  se  prononcèrent  le  plus  hautement  pour  la  réforme  politique  en  1797. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS      207 
253.  Vienne,  28  octobre  1814  (F.  1.  4087  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français. 
Les  souverains  étrangers  et  l'opinion  publigae,  et  leur  séjour  à  Vienne. 

Tous  les  Autrichiens  sont  enchantés  du  rôle  digniteux(sic) 
et  ma^ilique  que  joue  notre  Cour  en  cette  occasion  à  jamais 
mémorable  et  sans  exemple.  On  est  surpris  et  charmé  de  la 
magnificence  impériale  et  qui  a  un  air  si  solide.  On  dit  ouver. 
tement  que  notre  Cour  n'est  plus  à  reconnaître.  L'élégance 
des  équipages,  le  bon  goût,  le  bon  ton  de  ses  gens,  etc.,  etc.. 
tout  a  une  physionomie  si  différente  de  Tancienne  qu'on  serait 
tenté  de  crier  au  miracle,  car  tout  ceci  s*est  fait  tout  d'un 
coup.  Mais  ce  qui  flatte  davantage  Tamour-propre  national, 
c'est  de  voir  comment  les  souverains  étrangers  se  conduisent 
tous  envers  notre  empereur  qu'ils  ont  tous  l'air  de  regarder 
comme  le  premier  d'entre  eux  et  qui,  de  son  côté,  montre  tant 
de  bonhomie  et  de  véritable  grandeur,  sans  orgueil  et  avec  ce 
ton  paternel  qui  lui  gagne  tous  les  cœurs,  même  des  étran- 
gers, desquels  j'ai  entendu  moi-même  ses  éloges,  surtout  des 
Italiens  et  des  Allemands. 

Celui  qui  plait  davantage  décidément  parmi  les  princes 
étrangers,  c'est  le  roi  de  Prusse.  Son  maintien  sage  et  modeste 
avec  dignité,  son  air  militaire  et  jusqu'à  son  corps  et  sa  figure 
ont  obtenu  la  préférence,  m^me  auprès  des  dames,  à  ce  roi  sur 
Alexandre. 

On  trouve  à  celui-ci  tour  à  tour  un  ton  affecté,  mêlé  de  russe 
et  de  français,  et  personne  ne  se  fie  à  ses  extrêmes  politesses 
de  commande.  Il  passe  pour  grec,  léger,  inconstant,  et  en  même 
temps  boutonné,  altier,  mais  surtout  plus  loin  de  nous  que 
n'était  un  Prussien  au  temps  de  Frédéric  le  Grand.  Bref,  il 
ne  plaît  pas  et  on  ne  s'y  fie  pas. 

On  dit  encore  du  bien  du  roi  de  Danemark,  et  on  est  enchanté 
de  voir  ici  le  roi  de  Bavière  qui  plaît  par  ses  manières  ouvertes. 

Tout  le  monde  préfère  l'impératrice  de  Russie,  qui  a  un 
air  si  aimable  et  si  bon,  aux  deux  grandes  duchesses,  dont 
celle  d'Oldenbourg  passe  pour  une  intrigante  de  première 
espèce  et  fausse  au  dernier  point  dans  le  temps  qu'on  lui  recon- 
naît beaucoup  d'esprit  et  d'érudition  politique  et  grande  envie 


208  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

de  plaire  et  de  faire  effet.  Le  bruit  de  son  mariage  avec  Tar- 
chiduc  Charles  commence  à  se  refroidir.  Les  Italiens  en  étaient 
enchantés  ;  je  veux  dire  les  Milanais,  dans  Tespoir  que  l'archi- 
duc serait  gouverneur  du  Royaume  de  Lombardie  et  tiendrait 
avec  elle  une  Cour  brillante  à  Milan,  de  quoi  ce  grand  et  beau 
pays  ne  peut  pas  se  passer. 

Du  roi  de  Wurtemberg,  personne  n'en  parle.  Il  y  a  une  forte 
cabale  contre  lui  en  Allemagne.  Les  savants,  les  philosophes, 
les  Constitutionnistes  (sic)  jettent  les  hauts  cris  sur  son  des- 
potisme et  sa  fierté.  Cette  aversion  s'est  propagée  jusqu'à 
Vienne.  Le  Prince  héréditaire,  qu'on  dit  chef  du  parti  contre 
le  gouvernement  actuel  de  son  père,  platt  généralement  à  tout 
le  monde,  de  même  que  celui  de  Bavière  qui  passe  pour  autri- 
chien dans  Tâme. 

On  parle  peu  ou  rien  des  autres  princes  des  maisons  sou- 
veraines. Les  grandes  têtes  couronnées  absorbent  toute  Tat- 
t*»  "»tion  et  la  curiosité  du  public. 


254.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  4087  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Appréciations  sur  le  congrès  et  l'attitude  des  difTérentes  puissances. 

Nouvelles  d'Italie. 

Voici  ce  qu'on  débite  et  qui  ne  fait  pas  un  bon  eiTet.  On  est 
bien  loin  de  s'entendre,  encore  moins  de  s'être  entendu,  sur  les 
grandes  questions  à  résoudre.  La  Russie  commence  à  bouder. 
Elle  veut  la  Pologne.  L'Europe  ne  peut  pas  la  lui  accorder. 

La  France  voit  mal  volontiers  les  Pays-Bas  réunis  à  la  Hol- 
lande. Talleyrand  travaille  pour  revenir  sur  ses  pas  pour  cette 
cession. 

Le  Danemark  demande  une  indemnisation. 

La  Prusse  veut  la  Saxe. 

Castlereagh  a  présenté  une  note  dans  laquelle  il  fait  entendre 
que  l'Angleterre  ne  peut  pas  permettre  que  la  Pologne  entière 
devienne  ou  reste  russe  (1). 

1.  Mémorandum  de  lord  Castlereagh  au  sujet  des  traités  relatifs  au  duché 
de  Varsovie.  Cf.  d'AnoBSBRO,  265-270.  Vienne,  4  octobre  1814. 


LES   PRÉLIMLNAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS      209 

Le  Pape  ne  cédera  jamais  les  Légations. 

L'Espagne  ne  démord  pas  de  son  royaume  d*Etrurie  ou  d'un 
équivalent  et  du  retour  à  sa  famille  de  celui  de  Naples.  Cam- 
pochiaro  fait  courir  une  note  pour  prouver  que  Murat  est  roi 
de  Naples  aussi  légitime  que  tous  les  autres  souverains  qui 
Tout  reconnu  et  qu'il  est  de  l'intérêt  de  tous  de  le  conserver  (1), 

Beauharnais,  quoique  Français,  prétend  à  un  état  en  Alle- 
magne. Cela  fait  frémir  tous  les  Allemands  qui  céderaient 
toute  l'Italie  plutôt  qu'un  pouce  de  terrain  à  ce  Français  napo- 
léoniste  en  terre  allemande. 

Les  affaires  sont  embrouillées,  n'avancent  pas  (2)  et  malgré 
tout  ce  qu'on  a  fait,  dit  et  promis,  la  guerre  est  bien  loin 
d'être  impossible,  comme  on  croyait  avant  l'ouverture  du  Con- 
grès qui  selon  les  uns  n'a  pas  encore  commencé  et  selon  les 
autres  ne  peut  pas  avancer,  vu  la  contradiction  et  Topposition 
des  idées,  des  prétentions  et  des  intérêts  de  tant  de  puissances. 
Je  crois  que  tout  est  vrai  pour  les  principes  et  peut-être  tout 
est  faux  ce  qu'on  dit  des  faits,  mais  voilà  ce  qui  court  la  ville 
et  les  maisons. 

Le  Pape  a  permis  à  une  société  anglaise  de  faire  fondre  en 
bronze  deux  chevaux  comme  ceux  de  Monte-Cavallo.  La 
Commission  en  fut  donnée  à  Canova.  Cette  opération  coûtera 
60.000  livres  sterling  et  le  monument  sera  transféré  à  Londres 
et  placé  en  honneur  de  Wellington  dans  cette  capitale. 


255.       Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Renseignements  sur  Johnson.  Son  rôle  en  Italie  en  1813.  Son  intimité  avec 
Bentinck  qu'il  veut  aller  rejoindre  à  Pise.  Causes  réelles  de  son  envoi  en 
Italie.  Ses  idées  sur  l'Italie.  Lettre  de  Bentinck  à Brignole.  L'abbé  Brunazzi. 

1.  Campochiaro  ne  remit  pas  de  note  à  ce  moment.  11  eut  seulement  dans 
les  derniers  jours  de  septembre  une  assez  longue  conversation  avec  Castle- 
reagh  auquel  il  exposa  les  intentions  pacifiques  et  conciliantes  ot  les  désirs 
de  son  gouvernement. 

2.  Cf.  Pallain,  Correspondance  inédite  de  Talleyrand  et  de  Louis  XVIII, 
Vienne,  9  ocl.  1814,  dépêche,  n"  4,  p.  28-29.  «  M.  de  Nesselrode  dit  sans  trop 
de  réflexion  que  l'Empereur  Alexandre  voulait  partir  le  25.  A  quoi  je  lui 
répondis  d'un  ton  indilTérent:  «  J'en  suis  fâché,  car  il  ne  verra  pas  la  fin  des 
affaires.  » 

T.  I.  14 


210  AUTOUa  DU  CONGRÈS   DB  VIEHlfE 

Johnson,  agent  anglais,  est  arrivé  de  Londres  le  29  septembre. 
Cet  homme  a  été  huit  jours  à  Bruxelles,  et  part  dans  une 
semaine  pour  Pise  pour  soigner  sa  santé,  ce  qui  est  très  Trai- 
semblable  parce  qu'il  est  attaqué  de  la  poitrine,  mais  dans  le 
choix  de  ce  séjour  je  crois  que  des  raisons  politiques  entrent 
aussi.  On  sait  que  c'est  lui  qui  a  fait  le  projet  de  1813  à  l'An- 
gleterre  de  faire  soulever  l'Italie  par  le  charme  de  la  liberté  et 
de  rindépendance  nationale  et  a  proposé  à  lord  Bentinck  de 
retirer  ses  troupes  de  F  Espagne  et  de  les  employer  plutôt  à 
une  diversion  en  Italie,  ce  qui  a  été  fait,  maïs  plus  tard  qu'on 
aurait  dû.  Or,m'ayant  dit  lui-même  hier  au  soir  que  Bentinck 
avec  son  épouse  retourne  derechef  et  bientôt  en  Italie,  qu'il  a 
derechef  le  commandement  en  chef  de  toutes  les  troupes 
anglaises  dans  la  Méditerranée  et  qu'il  passera  certainement 
rhiver  à  Pise,  je  dois  croire  que  Johnson  s'établira  dans  cette 
ville  pour  être  à  la  portée  de  servir  son  chef  et  de  travailler 
avec  lui.  Lors  de  Texécution  du  projet  ci-dessus  cité,  on  a  formé 
trois  bataillons  de  volontaires  italiens  et  on  leur  donna  en  effet 
des  drapeaux  :  Per  la  Libéria  d'Italia.  Dall'Ost  (?)  fut  nommé 
dans  un  de  ces  bataillons  qui  étaient  levés  et  payés  par  l'An- 
gleterre. Ces  bataillons  n'ont  pas  encore  été  dissous  ;  ils  sont 
encore  dans  le  pays  de  Gênes. 

En  parlant  de  cette  indépendance  italienne,  Johnson  m'a  dit 
qu'il  y  eut  un  temps  où  il  fallait  chauffer  cette  idée  en  Italie, 
mais  qu'à  présent  il  faut  travailler  à  l'étouffer  parce  qu'en 
Europe  on  n'a  plus  besoin  que  de  repos. 

Il  a  apporté  une  lettre  de  Bentinck  à  Brignole  pour  lui  être 
remise.  lia  demandé  des  nouvelles  de  l'abbé  Brunazzi(2),qui  lui 
a  rendu  dos  services,  mais  qu'il  regarde  comme  un  fou.  11  sera 
fixé  par  son  gouvernement  en  Italie  où  le  portent  sa  santé,  ses 
services  et  son  goût. 


1.  Jonhson,  diplomate  anglais,  chargé  d'affaires  à  la  cour  du  prince  d'Orange, 
descendit  à  l'hôtel  Znm  Rômischen  Kaiser,  celui  dont  Gentz  disait  en  août 
1809  (  Tagebûcher)  (1  128)  :  «  J'ai  beaucoup  causé  et  négocié  (le  29  et  30  août) 
avec  Johnson,  un  des  anglais  les  plus  sages  et  les  plus  instruits  sur  les  affaires 
continentales  que  j'aie  vu  depuis  longtemps.  Je  l'ai  engagé  à  s'établir  au 
quartier  général.  » 

Le  24  septembre  {Ibidem,  I,  154)  il  reparle  encore  de  lui  :  «  Rentré  chez 
moi  j'y  ai  trouvé  Ferdinand  PalfTy  et  Johnson  qui  s'entretenaient  de  je  ne 
sais  quel  futile  projet  de  faire  assassiner  Bonaparte  par  un  homme  qui  était 
venu  ici  (à  Pesth)  pour  cet  effet.  » 

3.  L'abbé  Brunazzi,  celui  qui  en  1813  et  1814  organisa  en  Dalmatie  des 
bandes  de  paysans  armés. 


LES  PRÉLIMINAIHES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      211 
256^  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  5  octobre  et  envoi  de  la  liste,  de  la  copie 
et  de  Tcuialyse  des  Intercepta  du  4  octobre.  Envoi  d'un  rapport  provenant 
de  la  maison  de  l'Archiduc  Palatin. 

Bruits  relatifs  au  voyage  d'Alexandre  en  Hongrie. 

On  dit  que  l'Empereur  de  Russie  veut  aller  en  Hongrie  et 
passera  quelques  jours  à  Ofen.  Rien  n'est  encore  décidé.  Cepen- 
dant le  comte  KoloTvrat(i)  aurait  déjà  envoyé  des  ordres  dans  ce 
sens  aux  autorités  civiles  et  militaires. 


257.  Vienne^  4  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3505). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Surveillance  de  Lord  Castlereagh.  Difficultés  qu'on  aura  à  intercepter 

ses  papiers. 

11  parait  presque  impossible  de  rien  intercepter.  Le  lord  expé- 
die tout  par  ses  propres  courriers,  et  ses  secrétaires  ramassent 
et  brûlent  tous  les  papiers.  On  a  expédié  le  2  des  courriers  à 
Munich,  Bruxelles  et  Naples  et  dans  la  nuit  on  a  brûlé  des 
papiers  jusqu'à  2  heures  du  matin. 


258.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3665). 

Rapport  à  HAGER 

Surveillance  du  prince  Eugène  pendant  les  journées  des  3  et  4  octobre. 

1 .  Kolowrat  (François-Antoine,  comte)  (1 778-1861),  homme  d'état  autrichien, 
Stadthauptmann  de  l^ague  en  1807,  Oberst  Burggraf  de  Bohème  en  1810  et 
président  des  Etats  de  Bohême,  rendit  de  grands  services  à  ce  pays.  Entré 
au  ministère  en  1825  pour  y  contrebalancer  Tinfluence  et  les  idées  réaction- 
naires de  Metternich,  il  fut  plus  tard  chargé  de  présider  an-  ministère  qui  ne 
dura  que  du  21  mars  au  4  août  1848,  se  retira  à  ce  moment  des  affaire»  et  ren- 
tra dans  la  vie  privée. 


212  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Le  3  octobre,  le  prince  assiste  aux  exercices  de  l'artillerie.  11 
va  ensuite,  d'abord  chez  le  roi  de  Bavière,  puis  chez  Talleyrand, 
chez  lequel  il  retourne  le  4  et  chez  lequel  il  dîne.  Le  même  jour, 
il  reçoit  la  visite  des  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg  et 
celle  de  TEmpereur  Alexandre  qui  ne  le  trouve  pas  à  la  mai- 
son. On  a  beaucoup  remarqué  les  prévenances  que  le  roi  de 
Prusse  a  eues  pour  le  vice-roi  au  cercle  de  la  Cour  le  30  sep- 
tembre. 


259.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

Rapport    à    HAGER 
Surveillance  du  duc  de  Saxe-Weimar. 

Il  a  diné  pendant  cinq  ou  six  jours  chez  TEmpereur  Alexandre, 
a  soupe  deux  fois  chez  la  princesse  Bagration,  une  fois  chez  le 
prince  de  Ligne  et  a  reçu  dans  le  plus  grand  secret  la  visite 
du  prince  Antoine  de  Saxe. 


260.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

Rapport    à    HAGER 
Surveillance  de  Stein. 

On  appelle  Tattention  et  on  insiste  sur  ses  rapports  avec  le 
Tvgend  Bund  dont  il  est  Tun  des  fondateurs  et  des  principaux 
chefs  et  sur  les  efforts  qu*il  ne  cesse  de  faire  pour  faire  donner 
une  Constitution  à  T Allemagne. 


261.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

GÔHAUSEN  à  HAGER 

Ce  qu'on  dit  et  ce  qu'on  sait  des  idées  et  des  projets  de  Stein.  Son  animosité 
contre  les  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg^  et  ses  sympathies  pour  les 
princes  royaux  de  ces  deux  Etats. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMEMTS  DU  CONGRÈS       213 

On  dit  dans  les  milieux  saxons  et  dans  l'entourage  des  princes 
des  différentes  maisons  de  Saxe  que  Stein  travaille  en  faveur 
de  la  restitution  de  la  couronne  Impériale  d'Allemagne  à  TEm- 
pereur  d'Autriche  parce  qu'il  ne  croit  à  la  possibilité  de  la 
reconstitution  et  du  maintien  de  la  liberté  de  TAllemagne  que 
grâce  à  la  puissance  et  à  la  grandeur  sagement  déterminée  de 
l'Autriche.  Il  insiste  sur  la  réforme  de  la  constitution  et  du 
statut  des  villes  et  des  princes  de  l'Empire  et  cherche  à  cons- 
tituer à  Taide  de  ces  petits  princes  un  Tiers-Etat  qui,  fortement 
organisé  et  étroitement  uni,  serait  de  taille  à  tenir  tête  aux 
visées  ambitieuses  des  grands  EtatF  allemands  et  serait  un  solide 
appui  pour  l'Empereur  d'APemagne.  Quoiqu'il  soit  à  la  discré- 
tion et  au  service  de  la  Russie  (1),  on  afCrme  que,  tout  en  étant 
très  dévoué  à  l'Empereur,  il  est  loin  d'être  un  ami  de  la  Rus- 
sie et  qu'il  quittera  le  service  de  ce  pays  dès  que  ces  plans  se 
seront  réalisés. 

On  sait  de  façon  positive  que  Stein  est  loin  d'être  bien  dis- 
posé pour  les  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg,  qu'il  montre 
au  contraire  beaucoup  de  sympathie  aux  princes  royaux  de 
ces  pays  et  surtout  au  prince  royal  de  Wurtemberg  qui  a  le 
talent  de  flatter  Tamour-propre,  la  suffisance  et  Torgueil  de 
cet  homme. 


262.  Vienne,  31  octobre  18t4  (F.  1.8972  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Surveillance  du  prince  de  Hardenberg.  Emploi  de  ses  journées  des 
3  et  4  octobre.  Conférence  avec  Castlereagh.  Contre-projet  de  Mettemich. 

Le  Prince  a  travaillé  jusqu'à  midi  avec  Stein,  Knesebeck, 
Nesselrode,  Hoffmann  et  Humboldt. 

De  midi  à  trois  heures,  conférence  avec  lord  Castlereagh, 
GentZy  venu  pendant  ce  temps,  n'est  reçu  que  parce  qu'il  est 
chargé  d'une  commission  importante  de  la  part  de  Mettemich. 

Conférence  chez  Mettemich  de  K  à  9  heures  avec  Nessel- 
rode,  Castlereagh  et  Talleyrand.  Le  prince  a  travaillé  une 
partie  de  la  nuit. 

1.  Cf.  d'ANOBDBRO,  p.  486.  Hardenberg,  parlant  de  Stein  et  de  Nessebode 
dans  une  de  ses  notes,  se  sert  à  ce  propos  de  l'expression:  «  les  deux  ministres 
russes  ». 


211  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

Le  4  octobre,  il  travaille  de  8  à  11  heures,  reçoit  de  11  heures 
à  midi,  Nesselrode,  puis  le  prince  royal  de  Wurtemberg,  et  va 
chez  le  roi  de  Bavière.  A  son  retour  nouvelle  visite  de  Nessel* 
rode  qui  lui  apporte  un  projet  modifié  par  Metternich  et  reste 
avec  lui  jusqu'à  4  heures.  A  5  heures,  Hardenberg  va  dîner 
chez  Czartoryski  (i).  Ce  dîner,  auquel  Gentz  était  invité,  dure 
jusqu'à  9  heures. 


263.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.3796  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Surveillance  d'Anslett. 

Anstett  soupe  le  4  octobre  chez  la  princesse  Bagration. 


264.  Vienne,  4  octobre  (F.  1.3796  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Surveillance  de  La  Harpe. 

Malade  et  obligé  de  rester  chez  lui,  il  a  reçu  des  lettres  de 
l'Empereur  Alexandre  et  de  la  princesse  Bagration. 


265.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.3972  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  {Analyse). 

Rapport  sur  Gattaro,  le  Monténégro  et  la  mission  du  colonel  Nikitsch 

à  Vienne. 

4 

Il  rend  compte  qu'entre  7  et  8  heures,  aûn  de  Be  renseigner 
sur  la  marche  des  affaires,  il  a  rendu  visite  &«  secrétaire  de 

1.  A  remarquer  que  Gentz  consigne  dans  ses  TBgebûehmTf  I,  314,  que  ce 
même  soir  il  dtna  avec  Hardenberg  chez  le  comte  de  Hardenberg,  le  minis- 
tre de  Hanovre. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      215 

Légation  Koudriaffsky.  Celui-ci  lui  a  appris  que  le  colonel 
russe  Nikitsch  était  allé  pour  affaires  d'Etat  au  Monténégro  et 
aux  bouches  de  Cattaro,quePlamenetz(agent  secret  de  Tévêque 
de  Monténégro)  et  rarchimaudrite  Loubitch  étaient  venus  en 
qualité  de  députés  du  Monténégro,  il  y  a  trois  mois,  à  Vienne 
et  auraient  pris  des  passeports  à  l'ambassade  russe  pour  Saint- 
Pétersbourg  et  qu'ils  avaient  provoqué  Tenvoi  du  colonel  Ni- 
kitsch aux  Bouches. 

Nikitsch,  né  en  Esclavonie,  est  sujet  autrichien.  Les  deux 
-généraux  Dedovich  sont  ses  oncles.  Il  a  été  lieutenant  dans 
Tarmée,  dégradé,  puis  placé  comme  Maréchal  des  logis  chef 
par  Schwarzenberg  à  son  régiment  de  uhlans.  Se  croyant 
injustement  puni,  il  a  déserté,  est  entré  au  service  delà  Russie 
et  s*estfait  passer  à  Vienne  pour  colonel.  Il  habitait  au  Matscha- 
kerhof. 

L'agent  ajoute  :  «  Je  ne  sais  encore  rien  de  précis  sur  la. 
mission  de  Nikitsch  au  Monténégro,  mais  connaissant  ses  rela- 
tions et  sa  haine  contre  l'Autriche,  comme  je  le  crois  très 
capable  d'exercer  là-bas  une  influence  considérable  et  certai- 
nement nuisible,  il  me  semble  qu'il  serait  utile  de  la  faire  sur- 
veiller là-bas  de  très  près.  » 


266.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.3792  ad  4565). 

BEUNSTORFF  à  BLOME  (à  Saiot^Pétersbourg)  (Intercepta) 

(en  français). 

Alexandre  n'a  pas  encore  ratifié  le  traité  avec  le  Danemark.  Les  affaires  de 
l'Europe  ne  marchent  g^uére.  Intimité  entre  la  France  et  l'Angleterre.  Tal- 
leyrand  et  Gastlereagh.  Il  sera  bien  difficile  de  sortir  du  Congrès. 

Après  avoircommencé  par  lui  dire  que  l'Empereur  Alexandre 
n'a  pas  encore  ratifié  le  traité  avec  le  Danemark,  il  rend  compte 
en  ces  termes  de  la  situation  :  «  Si  nos  affaires  n'avancent  pas, 
celles  de  l'Europe  sont  également  en  stagnation.  Jusqu'à  ee 
jour  on  n'est  pas  plus  avancé  en  rien  et  peut-être  moins  qu'on 
le  fut  lorsque  la  résolution  fut  prise  de  réunir  les  députés  pour 
le  1**  octobre.  Depuis  deux  jours  les  plénipotentiaires  fran- 
çais et  espagnols  se  sont  formellement  abouchés  avec  les  puis- 
sances qui  signèrent  à  Paris  la  paix  avec  la  France  sans  que 


216  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Ton  soit  encore  convenu  de  rien,  pas  même  des  formes  à 
observer. 

Le  prince  de  Talleyrand  et  l'Espagnol  (1)  proposent  de  faire 
revivre  le  royaume  de  Pologne  entièrement  indépendant  ou 
de  s'en  tenir  aux  partages  avec  tel  le  ou  telle  modification  dont 
on  tombera  d'accord.  Ils  demandent  également  que  le  pléni- 
potentiaire du  roi  de  Saxe  soit  admis  et  celui  du  roi  Joachim 
soit  exclu.  L'admission  de  ces  conditions  comme  principe  déci- 
dera, disent-ils,  de  la  prolongation  de  leur  séjour  ici.  Ils  accordent 
en  revanche  que  la  Hollande  soit  rendue  formidable  contre  la 
France  afin  de  rassurer  l'Europe  et  particulièrement  la  Grande- 
Bretagne  contre  toute  entreprise  contre  la  Hollande  et  le  nord 
de  r Allemagne. 

On  ne  doute  pas  qu'il  ne  règne  une  grande  intimité  entre 
la  France  et  l'Angleterre,  mais  jusqu'ici  lord  Castlereagh  ne 
s'explique  pas  aussi  ouvertement  que  le  prince  de  Talleyrand. 

La  même  incertitude  dure  encore  si  l'on  est  bien  d'accord 
à  regard  de  ceux  qui  doivent  former  le  noyau.  Il  s'élève  un 
autre  embarras  :  comment  et  à  qui  communiquer  qu'il  y  a  de» 
puissances  dont  les  plénipotentiaires  se  chargent  de  l'initiative  ? 
En  prononçant  dans  le  temps  le  mot  Congrès  on  s'est  mis 
dans  un  bourbier  d'où  il  sera  difficile  de  sortir.  Je  n'en  vois 
pas  le  moyen  parce  que  je  répugne  à  la  violence. 


267.  Louisbourg,  27  septembre  1814  (P.  2.  4188  ad  3565). 

La  reine  de  WURTEMBERG  (2)  au  roi  (à  Wienne)  (In(ercepla) 

(en  français). 

Ses  espérances  et  ses  désirs.  Prorog^ation  du  parlement  anglais.  Remarques 
sur  l'itinéraire  choisi  par  Castlereagh  et  Munster.  Talleyrand  pressé  de 
rentrer  à  Paris. 

Je  me  plais  à  voir  qu'on  vous  traite  .^  Vienne  avec  les  atten- 
tions qui  vous  sont  dues  à  tant  de  titres  et  j'aime  à  en  tirer  un 
bon  augure,  me  flattant  que  vous  avez  lieu  d*être  content  de 

.    1.  Labrador. 

2.  Charlotte -Auguste-Mathilde  d'Angleterre,  deuxième  femme  de  Frédé- 
ric !•'.  Veuf  depuis  1787  de  la  princesse  Auguste-Caroline  de  Brunswick- 
Wolfenbuttel,  Frédéric  épousa  la  princesse  Charlotte  le  18  mai  1797. 


LES   PRÉLIMINAIRES  ET   LES   AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      217 

la  résolution  que  vous  avez  prise  de  faire  ce  voyage  et  que  les 
résultats  en  seront  favorables  à  vos  affaires,  tant  pour  consoli- 
der votre  existence  politique,  que  pour  favoriser  l'augmen- 
tation de  vos  Etats,  J'espère  que  dans  la  suite  vous  serez  à 
même,  cher  ami,  d'avoir  une  force  militaire  assez  considé- 
rable pour  empêcher  au  cas  d'attaque  toute  troupe  ennemie  de 
pénétrer  à  l'avenir  dans  notre  royaume,  ce  qui  serait  un  vrai 
bonheur  pour  toute  TAUemagne. 

Le  Parlement  anglais  s'est  prorogé  jusqu'au  commencement 
de  novembre,  ce  qui  engagera  lord  Castlereagh  à  presser  la 
conclusion  de  la  paix.  Je  ne  conçois  pas  pourquoi  il  s'est  arrêté 
à  Munich.  Il  me  parait  que  cela  aurait  été  plus  naturel  de 
prendre  le  chemin  de  Stuttgart  et  je  suis  bien  aise  que  le  comte 
de  Miinster  en  ait  agi  autrement. 

M.  de  Bénévent  désire  aussi  ardemment  se  retrouver  à  Paris. 
Ses  petits  intérêts  personnels  pourraient  aplanir  bien  des  dif- 
ficultés. 


268.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

Le  Prince  EUGÈNE  à  la  Princesse  AUGUSTA(l)(à  Munich) 

(Inlercepia). 

Malgré  le  bon  accueil  qu'il  a  reçu,  il  lui  expose  les  raisons  pour  lesquelles  il 
se  félicite  de  ne  l'avoir  pas  amenée.  Les  promesses  de  l'empereur 
Alexandre.  L'optimisme  de  Metternich. 

Ma  bonne  et  tendre  Augusta,... 

J'ai  été  bien  reçu  par  tous  les  souverains.  Chacun  s'est 
informé  très  affectueusement  de  ta  santé  et  de  celle  de  nos 
enfants.  Malgré  cela  je  te  dirai  que  je  suis  charmé  que  tu  ne 
sois  pas  venue  ici.  Tu  y  serais  au  milieu  d'une  foule  immense 
de  princes  et  de  princesses  et  toutes  les  politiques  du  monde, 
ainsi  que  je  l'ai  prévu,  t'auraient  pourtant  mise  dans  un  rang 
déplacé.  Croirais-tu  qu'il  y  a  même  des  discussions  entre  qui 


1 .  Bien  que  cette  lettre  ait  été  publiée  in  extenso  tant  dans  les  Mémoirei 
dn  prince  Eugène,  T.  X,  304-505  que  dans  la  ColUna  di  Storia  e  Memorie 
Contemporanee,  Vol.  IX,  p.  209,  nous  avons  cru  devoir  la  reproduire  afin  de 
mieux  montrer  les  services  que  la  Manipulation  rendit  pendant  le  Congrès  à 
la  Polizei  Hof  Stelle  et  au  gouvernement  autrichien. 


218  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

doit  avoir  le  pas,  entre  la  reine  (de  Bavière)  et  les  grandes 
duchesses  ?  Aussi  je  doute  qu'on  t'aurait  rendu  ce  qui  t'ap- 
partient. J'en  juge  par  moi,  qui  n'ai  même  pas  Thonneur  d'un 
factionnaire  à  ma  porte.  Du  reste  l'Empereur  Alexandre  m'a 
donné  sa  parole  qu'il  viendrait  à  Munich  et  qu'il  verrait  avec 
bien  du  plaisir  la  princesse  Augusta  et  sa  petite  famille. 

Il  n'a  pas  encore  été  question  de  nos  affaires.  Ce  ne  sera  que 
dans  quelques  jours  qu'on  commencera  à  s'occuper  des  plus 
importantes.  Le  prince  de  Metternich  m'a  pourtant  déjà  dit  ces 
propres  paroles  :  €  Je  vous  assure  que  cela  finira  bien  et  vite.  » 
Ainsi  soit-il... 


269.  Vienne,  8  ooiobre  1814  (F.  1.  3992  ad  8565). 

BELLIO  au  Prince  de  VALACIIIE  (Intercepta  en  français). 

Le  congrès  et  les  déclarations  de  Tallcyrand.  Importance  de  l'attitude  de  L. 
France.  Son  influence  sur  les  puissances  secondaires.  Alexandre  veut 
avoir  la  Pologne  et  le  roi  de  Prusse  la  Saxe.  Les  protestations  du  prince 
Antoine, 

La  face  des  affaires  a  reçu  un  aspect  différent  depuis  le  30 
du  mois  passé.  Ces  jours-ci  les  Plénipotentiaires  d'Autriche, 
d'Angleterre,  de  Russie  et  de  Prusse  ont  eu  une  conférence 
avec  le  Prince  de  Bénévent  et  Tout  invité  à  prendre  part  aux 
négociations  préliminaires  qui  doivent  avoir  lieu  entre  les 
grandes  puissances. 

Le  prince  de  Bénévent  a  déclaré  verbalement  (1). 

A)  Qu'il  ne  reconnaîtrait  pas  de  Congrès  à  moins  que  toutes 
les  puissances  de  l'Europe  y  soient  admises  et  qu'il  s'abstien- 
drait dy  prendre  part  ;  que  la  France  ne  pouvait  pas  empê- 
cher les  conférences  particulières,  mais  qu'elle  n'en  reconnaî- 
trait pas  les  résultats. 

B)Que  la  France  ne  reconnaîtrait  et  ne  consentirait  à  aucune 
autre  innovation  en  Pologne  ;que  la  Pologne  devait  être  remise 
dans  l'état  dans  lequel  elle  était  en  1805  ou  restituée  sur  le 
pied  de  1772  avec  toute  son  indépendance. 

1.  Cf.  Prokesch-Osten.  Le  chevalier  de  Gentz.  Dépêches  inédites.  Vienne^ 
6  octobre  1814.  Dépêche  XII,  T.  I,  p.  107-109. 


LES   PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS      219 

C)  Que  la  France  ne  consentirait  sous  aucun  point  de  vue 
à  un  démembrement  de  la  Saxe,  encore  moins  à  son  anéantis- 
sement (1). 

Le  Prince  de  Bénévent  promit  pour  le  2  octobre  une  décla- 
ration et  sa  réponse  sur  les  points  qui  lui  avaient  été  commu- 
niqués. 

Hier,  les  Plénipotentiaires  d'Autriche,  Angleterre,  Russie 
et  Prusse  se  sont  derechef  assemblés  et  sont  convenus  de  ne 
rien  changer  à  leur  première  détermination  et  à  la  marche 
qu'ils  s'étaient  tracée. 

Cette  démarche  de  la  France  a  suspendu,  pour  le  moment, 
les  opérations  politiques  et  a  retardé  l'ouverture  du  Congrès. 
11  est  impossible  de  prédire  quelle  en  sera  Tissue.  On  peut  tout 
au  plus  conjecturer  que  les  Puissances  secondaires,  qui  devaient 
être  exclues  des  conférences,  seront  travaillées  par  la  France 
qui  leur  peindra  la  conduite  des  Quatre  Grandes  Puissances 
comme  annonçant  une  dictature  qui  devrait  les  priver  de  toute 
influence  et  menacer  leur  indépendance.  Elles  pourraient  bien 
de  nouveau  se  ranger  du  côté  de  la  France  et  en  adopter  les 
sentiments  relativement  à  la  marche  à  tenir  dans  les  discus- 
sions du  Congrès. 

Alexandre  n'a  pas  apporté  de  Saint-Pétersbourg  des  senti- 
ments plus  modérés  et  des  vues  moins  étendues  relativement 
à  la  Pologne.  Il  s'en  cache  si  peu  qu'il  dit  ouvertement  qu'il 
ne  se  dessaisira  pas  de  la  partie  de  la  Pologne  dont  il  est 
maintenant  en  possession. 

Le  Roi  de  Prusse  se  manifeste  dans  les  mêmes  vues  sur  la 
prise  de  possession  de  la  Saxe.  Il  pousse  son  exaspération  vis- 
à-vis  du  roi  de  Saxe  à  un  tel  point  qu'il  s*est  laissé  aller  dans 
la  conversation  à  des  accusations  si  fortes  que  le  prince  de 
Saxe  (le  prince  Antoine),  qui  était  présent,  s*est  vu  forcé  de 
prier  le  roi  de  Prusse  de  vouloir  se  rappeler  qu'il  était  le  frère 
du  roi  de  Saxe  (2). 


1.  Cf.  Talleyrand  au  Roi  n*  3.  Vienne,  4  octobre  1814  et  note  de  Talleyrand 
du  3  octobre  dans  Anoedbro,  264. 

2  De  la  main  de  llager  ces  mots  à  la  ^  du  texte  :  Qui  s  impiré  c«fo?  Met- 
ternich  ou  Gentz  ? 


220  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 


270.  Vienne,  6  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565). 


HAGER  à   L'EMPEREUR 


Bordereau,  rapport  journalier  et  envoi  de  la  liste,  de  la  copie  et  de  l'ana- 
lyse de  divers  Intercepta  du  5  octobre. 


271.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565}. 

Rapport  à  HAGER 

Surveillance  de  dilTérents  personnages.   Lettres   interceptées.  Ajournement 
du  voyage  d'Alexandre  en  Hongrie.  La  police  et  l'ambassade  de  France. 

Général  Vay  (I)  (Hongrois)  est  déjà  surveillé.  On  saura 
quelle  a  été  sa  conversation  avec  von  Sz... 

Zerleder  habite  à  VUngarische  Krone,  député  de  Berne,  ban- 
quier connu  qui  a  fait  pour  TAulriche  un  emprunt  qu'il  passa 
ensuite  à  Streckeisen. 

Stackélberg  (ambassadeur  de  Russie)  a  reçu  une  lettre  de 
de  Medici  et  une  de  Serra  Capriola  au  ministre  bavarois 
Washington  (i)  qui,  toutes  deux  ont  été  interceptées. 

L'Empereur  de  Russie  ne  va  plus  pour  le  moment  en  Hon- 
grie  (3). 

On  a  également  intercepté  les  lettres  adressées  par  Stackel- 
berg  à  la  comtesse  de  Périgord,  née  princesse  de  Courlande  et 
au  bailli  d'Homainville,  député  de  Tordre  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem. 


1.  Probablement  le  général  baron  Nicolas  de  Vay,  le  père  de  l'homme 
d'Etat  hongrois  du  même  nom,  mort  dans  les  dernières  années  du  siècle 
dernier. 

2.  Serra  Capriola  demandait  au  baron  Washington,  maréchal  de  la  Cour  de 
Bavière,  à  la  date  du  30  septembre,  une  audience  du  Prince  royal  de  Bavière 
pour  lui  et  son  ûls 

3.  Le  même  jour  ©0  mandait  en  effet  à  Hager  :  «  On  parle  assez  sérieu- 
«  sèment  du  départ  probable  de  l'Empereur  et  de  l'Impératrice  de  Russie  qui 
«  se  rendraient  à  Berlin  vers  le  23  ou  le  25.  Le  roi  de  Danemark  partirait 
«  encore  plus  tôt  et  on  croit  même  que  tous  les  souverains  seront  partis  avant 
«  la  fin  du  mois.  * 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES    AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      2ii 

L^agent  Beckers  [qui  est    déjà  en  relations  avec  Bogne  de 
Faye  (1)]  reçoit  des  rapportsdu  Portier  de  TAmbassade  de  France. 


272.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER 

Surveillance  de  Saint-Marsan. 

Il  signale  la  fréquence  des  visites  de  Saint-Marsan  aux 
Ambassades  de  France  et  d'Angleterre  et  le  fait  qu'il  a  été 
appelé  parTEmpereur  Alexandre  (2). 

Saint-Marsan^  qui  travaille  beaucoup,  a  de  fréquents  entre- 
tiens avec  le  Nonce  au  sujet  des  affaires  du  Pape. 


273*  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER 

Prudence  et  méfiance  d'Aldini.  Ses  sentiments.  Le  ^néral  Pino.  Résultats 
de  la  surveillance  d'Aldini  pendant  les  journées  des  3  et  4  octobre. 

Aldini,  de  naturel  très  méfiant,  redouble  de  précautions. 
C'est  un  ennemi  de  l'Autriche  et  un  partisan  de  Murât  et  de 
sa  dynastie.  Il  est  de  plus  Thomme  d'affaires  d'Elisa  (3)  pour 
les  deux  millions  séquestrés  à  Lucques  et  quelque  peu  chargé 
des  intérêts  de  Marie-Louise. 

Il  faut  surveiller  de  près  Pino  (4),  très  suspect  et  ardent 
partisan  de  Tindépendance  italienne. 

Aldini  a  été  le  3  octobre  chez  Dalberg  et  Campochiaro  et  a 
envoyé  aussitôt  après  à  Talleyrand  une  note  qu'il  lui  a  fait 

1.  Bogne  de  Faye  (Picrre-Nicolas-Jean),  né  à  Clamecy  le  5  octobre  1778, 
secrétaire  de  l'ambassade  française  à  Vienne  en  1814,  mort  en  1831. 

2.  Cf.  RiNiERi.  Corrispondenta  dei  Cardinàli  Cons&lvi  e  Pacca.  Diario  di 
San  Marzano.  L  Vil.  Saint-Marsan  avait  été  reçu  par  le  tzar  le  29  septembre. 

3.  L'ex-grandc  duchesse  de  Toscane  Elisa  Bacciochi. 

4.  Pino  (Dominique,  comte,  1767-1826  S  général  sérieusement  compromis  lors 
des  troubles  de  Milan  au  printemps  de  1814  et  mis  à  la  retraite  peu  de  temp» 
après  l'arrivée  de  Bellegarde  à  Milan. 


222  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

porter.  Son  domestique  s^est  engagé  à  me  communiquer  les 
lettres  de  son  maître. 

Le  4y  il  a  été  chez  le  prince  Eugène,  y  est  resté  plus  d'une 
heure  et  s'est  rendu  de  là  chez  Stadion. 

Il  dîne  aujourd'hui  chez  Talleyrand. 


274.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565). 

SCHMIDT  à  HAGER 

Les  relations  d'un  de  ses  agents  avec  Czartoryski  et  Zerboni  di  Sposelii.  Le 
secrétaire  de  Hechberg.  Les  ambassades  de  l^rance  et  d'Angleteira. 

L'agent  H...  m*adresse  le  rapport  que  voici  :  €  Après 
nombre  de  tentatives  infructueuses,  j*ai  enfin  réussi  grâce  au 
comte  de  Rechberg  à  causer  avec  Czartoryski.  Nous  avons 
d'abord  parlé  des  familles  polonaises  Zboïnsky,  Suminsky, 
Osnialowski,  Mioduski,  etc.,  etc., que  j'avais  connues  lors  d'un 
voyage  que  je  lis  en  Pologne  et  dont  les  membres  avaient  pris 
une  part  plus  ou  moins  active  à  Tinsurrection  de  180(3-1807. 
J'en  suis  venu  ensuite  à  parler  du  statut  actuel  et  passé  de  la 
Pologne  et  j'ai  pu,  une  fois  de  plus,  constater  que  tous  les 
nobles  Polonais  n'ont  qu'un  seul  et  même  désir,  celui  de  voir 
renaître  la  Pologne  sous  un  souverain  quel  qu'il  soit. 

«  Afin  de  mieux  me  renseigner  sur  les  vues  de  la  Russie  sur 
la  Pologne  et  sur  la  nature  des  rapports  entre  les  cours  de 
Berlin  et  de  Pétersbourg,  j'ai  pu,  avec  l'aide  du  Compositeur 
de  Musique  grand  ducal  Meyerbeer  faire  à  l'instant  même  la 
connaissance  du  conseiller  aulique  prussien  Zerboni  di  Spo- 
setti. 

«  Le  chambellan  bavarois,  comte  Charles  de  Rechberg,  m'a 
promis  hier  d'employer  dans  la  chancellerie  de  son  frère,  le 
ministre,  mon  copiste  (secrétaire),  un  certain  Egler.  Cet  homme 
m'est  tout  dévoué  et  nous  rendra  de  bons  services.  » 

Après  avoir  rendu  compte  des  mesures  qu'il  a  prises  pour 
assurer  la  surveillance  des  ambassades  de  France  et  d'Angle- 
terre, il  ajoute  en  terminant  :  «  On  est  en  général  assez  mal 
disposé  à  l'égard  du  roi  de  Wurtemberg.  Le  public  n'a  pas 
encore  oublié  qu'il  est  entré  dans  notre  ville  le  chapeau  sur  la 
tête  et  sans  se  découvrir. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU   CONGRÈS      223 

<  Les  rois  de  Prusse  et  de  Danemark  ont  beaucoup  de 
succès. 

«  Les  ambassades  de  France  et  d'Ai^Ieferre  ont  ]'œil 
ouvert  et  prennent  toutes  sortes  de  précautions.  » 


275.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  4565). 

HOPFEN  à  HAGER  (analyse). 

Rapport  sur  les  faits  et  gestes  du  prince  Eugène  et  les  rela- 
tions que  de  l'île  d'Elbe  Napoléon  a  avec  l'Italie.  L'empereur 
se  servirait  beaucoup  d'un  Livoumais  nommé  Alberti. 


276.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER 

Campochiaro  et  Cariati  pleins  d'espoir  croyent  au  maintien  de  Murât. 

Campocbiaro  et  Cariati  ont  confiance  et  espoir  dans  la  pro- 
tection de  l'Autriche  et  de  Metternich  et  par  suite  dans  le 
maintien  de  Murât  à  Naples,  malgré  l'appui  que  les  Bourbons 
donnent  à  Ferdinand. 


277.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  I.  4111  ad  3565). 

GÔHAUSENà  HAGER 

La  comtesse  Narischkine  et  ses  rapports  avçc  Alexandre.  VVolkonsky. 

La  comtesse  Clary. 

Alexandre   a  déjà   été   deux  fois  chez  la  comtesse  Naris- 
chkine (1),  femme  de  son  grand-chambellan.  (Elle  habite  Panigl- 

1.  Marie- Antonia  Czetwertinska,  «  célèbre  par  son  éclatante  beauté,  avait 
su,  comme  l'écrit  le  comte  de  La  Garde,  fixer  pendant  longtemps  le  cœur 
du  bel  autocrate  ».  Son  mari  était  non  pas  grand-chambellan,  mais  grand, 
veneur. 


224  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

gasse^  60,  Wieden).  Il  lui  a,  à  plusieurs  reprises,  envoyé  Wol- 
konsky. 

D'autres  femmes  essayent  de  plaire  à  TEmpereur  et  viennent 
dans  ce  but  chez  Wolkonsky,  entre  autres  la  veuve  du  comte 
Clary. 


278.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.411  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER 

Surveillance  de  Marie  Kleinhart  remarquée  par  Alexandre. 

On  surveillera  de  plus  près  Marie  Kleinhart,  fille  d'un  major 
de  place  (demeurant  Rothenthurmgasse^  487)  qui  a  attiré  l'at- 
tention d'Alexandre  à  la  Redoute  de  la  Cour  (1). 


279.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.4113  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Ce  qu'on  entend  dire  après  boire  chez  le  comte  P.  sur  le  sort  des  petits 
États.  La  Prusse.  La  Pologne.  L'empereur  d'Autriche.  Schwarzenberg  et 
Duka. 

Les  petits  Etats  feront  ce  que  l'Autriche,  l'Angleterre  et  la 
Russie  ordonneront.  Quant  à  la  Prusse,  elle  doit  être  agrandie 
afin  d'assurer  le  maintien  de  l'équilibre.  L'établissement  du 
royaume  de  Pologne  est  encore  douteux. 

L'empereur  d'Autriche  n'aime  pas  Schwarzenberg  et  veut 
mettre  Duka  à  sa  place. 


280.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.4111  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Les  autres  souverains  jaloux  des  honneurs  qu'on  rend  à  Alexandre.  Les  griefs 
contre  les  Anglais.  La  campagne  contre  Metternich.  Les  plaintes  et  les 
désirs  des  souverains. 

1.  La  grande  Redoute  de  la  Cour  qui  eut  lieu  le  2  octobre. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      225 

Le  comte  Spaur  (1),  Tun  des  dignitaires  du  Palais,  envoyé  au- 
devant  de  Tempereur  Alexandre,  dit  que  :  €  L^empereur  de 
Russie  est  un  vrai  sauvage  et  qu'on  ne  saurait  se  faire  une 
idée  de  sa  brutalité.  » 

Les  souverains  étrangers  actuellement  à  Vienne  et  leurs 
suites  ne  peuvent  parvenir  à  cacher  le  dépit  qu'ils  éprouvent 
à  voir  que  tous  les  honneurs  vont  de  préférence  à  l'empereur 
de  Russie  qui  n'est  pourtant  qu'un  sauvage. 

Les  dames  de  Vienne  n'en  reviennent  pas  des  grossièretés 
dont  les  Anglais  ont  fait  preuve  à  la  Cour.  Lors  de  t Appar- 
tement^ ils  n'ont  pas  songé  à  faire  place  aux  dames  de  Vienne,  ( 
ont  donné  le  bras  à  leurs  femmes  pour  les  conduire  ainsi  à 
travers  toute  la  grande  salle  en  se  frayant  un  chemin  à  tra- 
vers tout  le  monde  depuis  la  porte  d'entrée  jusqu'au  dais. 

Le  prince  de  Metternich  a,  tant  parmi  ses  compatriotes  que 
parmi  les  étrangers,  de  nombreux  ennemis  qui  comptent  sur 
le  Congrès  pour  le  faire  sauter.  M.  de  Hammer  et  d'autres 
fonctionnaires  de  la  Chancellerie  d'Etat  sont  furieux  de  voir 
que  les  étrangers,  et  presque  rien  que  des  étrangers,  tels  que  le 
comte  de  Mercy  et  M.  de  Handel  (qui  a,  il  est  vrai,  une  très 
jolie  femme,  née  comtesse  Bergheim,  de  Munich)  décrochent 
le  titre  et  les  fonctions  de  Conseillers  auliques  à  la  chancellerie. 
Le  roi  de  Bavière  grogne  et  déplore  le  temps  que  fait  perdre 
l'étiquette.  Quant  au  roi  de  Danemark,  il  veut  absolument 
visiter  un  couvent  de  nonnes. 

Le  baron  Linden  (représentant  du  Wurtemberg)  s'étonne  et 
se  plaint  des  procédés  de  Metternich  qui  ne  l'a  convié  ni  au 
dîner  de  dimanche,  ni  au  souper  de  lundi  dernier. 


281.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Les  Suisses,  la  Russie  et  la  France.  —  Un  mot  du  Prince  de  Ligne  sur 

La  Harpe. 

L'attachement  des  Suisses  (qui  ont  ici  un  si  grand  nombre  de 
députés)  aux  Russes  et  aux  affidés  de  l'empereur  Alexandre, 

1 .  Chambellan  de  l'Empereur. 

T.  L  15 


Si6  AOTOUR  DU   CX>MGRÈS   DE  VIENNE 

ainsi  qu*à  TaUeyraBd  et  à  ses  amis,  saute  aux  yem  de  ious 
les  étrangers  qui  en  parient  même  publiquement.  Les  Stâssés 
Meulefit  faire  entendre  à  la  France  qu'As  sont  les  seuls  sur 
lesquels  elle  peut  compter  en  cas  de  besoin.  Ils  attendent 
de  cette  puissance  un  grand  appui  pour  leur  conservation  et 
disent  que  Napoléon  a  même  jugé  nécessaire  de  les  conserver. 
Ils  seraient  même  prêts  aux  sacrifices  les  plus  lias  envers  la 
France  pour  en  être  protégés.  Ils  croient  que  l'Empereur  de 
Russie  est  totalement  de  cet  avis  et  ne  cessent  de  le  faire  tour- 
menter à  cet  égard  par  M.  de  La  Harpe  et  par  Jomini. 

J'ai  demandé  au  prince  de  Ligne  si  M.  de  La  Harpe  est 
réellement  porté  pour  les  Suisses,  ayant  entendu  le  contraire 
en  bien  des  endroits.  Il  me  dit  :  «  Si  La  Harpe  n'est  pas  dis- 
posé pour  les  Suisses,  ils  en  sont  seuls  la  cause,  et  leur  der- 
nière conduite  peut  bien  avoir  détourné  également  les  senti- 
ments de  l'Empereur  Alexandre  en  leur  faveur.  Entre  nous, 
j'aime  la  Suisse,  mais  pas  les  habitants.  » 


2SZ.  VienBfi,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Les  lenteurs  du  Congrès.  La  Russie.  Doléances  des  petits  princes  allemands. 
La  note  de  Talleyrand  sur  Naples  et  la  Saxe.  L'Autriche  et  Murât. 
Alexandre  et  la  Pologne.  Le  Duché  de  Varsovie.  La  guerre  possible.  Le 
voyage  d'Alexandre  en  Hongrie.  Son  but. 

Le  Congrès  occupe  dans  ce  moment  tout  le  monde.  On 
paraît  supposer  qu'il  avance  lentement  et  que  c'est  la  Russie 
qui  y  met.  le  plus  d'obstacles.  Tout  ce  qui  appartient  aux 
princes  d'Allemagne  de  deuxième  ordre  se  plaint  de  ce  qu'on 
ne  s'occupe  nullement  d'eux  et  du  peu  d'égards  qu'on  leur 
témoigne.  On  trouve  choquant  que  le  Beobachter  nomme  l'ar- 
rivée de  S.  A.  1.  Monseigneur  le  prince  Eugène  et  que  la 
Gazette  de  la  Cour  omette  celle  du  Grand-Duc  de  Bade. 

On  parle  beaucoup  d'une  note  très  forte  que  doit  avoir 
remise  M.  de  Talleyrand  au  sujet  de  la  Saxe  et  du  royaume  de 
Naples  (1),  et  on  accuse  l'Autriche  d'être  le  seul  soutien  de  ce 

1.  Les  notes  de  Talleyrand  en  date  des  1"  et  3  octobre  n'avaient  trait  qu'à 
la  forme  à  donner  au  Congrès.  11  n'avait  été  question  de  la  Saxe  que  dans 


LES   PRÉLnflNAJRES  fiT  l£S  AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      227 

resie  de  la  Révolution,  qu'on  af&ote  de  regarder  oûmme  très 
dangereux. 

Il  .n'y  «  quiB  les  Ruâsefi  qui  ne  prennent  aucune  .paii  à  tout 
ceci,  ibi  âembleat  ioroire  >que  leur  affaire  n^esL  et  ne  peut  èlte 
un  su^ei  de^disousaion  et  que  tout  ce  qu'ils  ne  ocrnservâroat  pas 
défi  provinces  qu'ils  occupent  n'est  qufune  suilie  tde  lacondëfr- 
cendancie  de  l'empereur  pour  le  noi  de  Prusse.  La  Jigae  qu'ils 
CGffiserveraient  serait  de  Craoovie  à  Thocn.  Cùe  qui  me  ferait 
oroiiDe  .que  ceci  est  un  pf^ojet  arcêté  et  que  les  personues  «qui 
entourent  l'Impératrice  et  ont  toujours  été  les  icenseurs  ^de 
l'Empereur  parlent  le  ménne  langage. 

Us  .ragardent  tous  leurs  droits  sur  le  Duché  ocokime  iaoon- 
tesrtables  «et  sont  («es.  mécontents  que  Dantzig  ase  leur  neate 
poâsrt. 

Je  dois  remarquer  tfu'autant  «qu'on  peui  compter  sur  une 
opposition  en  Russie  au  vétiÂ^sement  du  royaume  de 
Pologne,  autant  on  secondera  l'Empereur  de  joindre  à  la  Rus- 
sie tout  ce  qu'il  pourra  du  duché  de  Varsovie.  Que  même  une 
guerre  contre  nous  (les  Autrichiens)  pour  ce  sujet  leur  serait 
agréable  et  qu'ils  feraient  tous  leurs  efforts  pour  le  soutenir. 

Les  Russes  ici  sont  mécontents  du  long  séjour  que  fait  l'Em- 
pereur. Son  voyage  à  Ofen  est  regardé  uniquement  comme  un 
but  de  curiosité  pour  connaitre  une  partie  de  la  Hongrie. 


283-  Vienne,  S.-ootcÉve  1814  {F.  l.^mad  af65). 

NoicA  à  UAGER  (enirançaisj. 

Les  Polonais,  Alexandre  et  Gzartoryski.  L'Autriche,  l'Angleterre  et  Murât. 
Le  Rétablissement  de  l'empire  <f  Allemagne.  Le  salon  de  la  comtesse  Zie- 
linska. 

Les  Polonais  ont  une  confîance  absolue  dans  les  promesses 
d'Alexandre  et  dans  Tefficacité  de  l'action  du  prince  Gzarto- 
ryski. Ils  ne  croient  pas  que  TAutriche  veuille,  pour  le  moment, 
la  Galicie,  ce  qui  se  fera  forcément  plus  tard,  et  ils  comptent 
aussi  sur  la  protection  de  TAngleterjoe. 

une  xMi  deux  plirase  s  échangées  au  fours  de  l'audience  qu'Alexandre  accorda 
au  prince  le  1*'  octobre,  mais  seulement  indirectement  sans  nommer  la  Po- 
logne ni  la  Baxe. 


228  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

J'ai  recommencé  à  fréquenter  la  maison  de  la  comtesse 
Zielinska,  ci-devant  favorite  du  prince  Esterhazy. 

Un  Anglais,  Griffith,  dans  ce  moment  Tami  avoué  de  cette 
dame  et  qui  demeure  même  chez  elle,  y  attire  les  Anglais  de 
Tambassade.  Ils  disent  que  l'Angleterre  désire  le  rétablisse- 
ment du  royaume  de  la  Pologne,  que  le  traité  conclu  entre 
notre  cour  et  Murât,  par  lequel  il  est  conservé  à  Naples,  est 
contraire  aux  intérêts  de  TAngleterre  et  que,  si  nous  ne  rom- 
pons pas  ce  traité,  TAngleterre  devra  fatalement  pencher  du 
côté  de  la  Russie  ;  que  le  rétablissement  de  l'empire  germa- 
nique en  faveur  de  la  maison  d'Autriche  pourrait  être  regardé 
comme  un  équivalent  du  rétablissement  du  royaume  de  Pologne 
en  faveur  d'un  membre  de  la  famille  impériale  russe  ;  enfin 
que  la  Cour  pour  laquelle  TAngleterre  se  prononcera  l'em- 
portera sur  les  autres,  parce  que  l'Angleterre  seule  peut 
actuellement  fournir  les  subsides. 


284.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565). 

e©  à  HAGER 

Bruits  de  départ  des  souverains. 

On  parle  assez  sérieusement  du  départ  probable  du  tzar  et  de 
l'impératrice  qui  se  rendraient  à  Rerlin  vers  le  23  ou  le  25. 
Le  roi  de  Danemark  partirait  encore  plus  tôt,  et  on  croit 
même  que  tous  les  souverains  seront  partis  avant  la  fin  du 
mois. 


285.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  411  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français) 

Propos  qui  ont  été  tenus  à  dîner  avec  certains  personnages.  Les  questions 

en  litige.  Le  prince  d'Arenberg. 

J'ai  dîné  avec  le  général  Dokhtoroff,  le  comte  Ayala(?),  ancien 
ministre  de  Raguse,  puis  un  autre  jour  chez  le  secrétaire  du 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      229 

prince  Repnin  avec  deux  secrétaires  de  l'ambassade  de  France. 
Ils  ont  dit  que  malgré  Taccord  apparent  il  y  avait  trois  points 
en  litige  :  Pologne,  Saxe,  Majence,  points  sur  lesquels  la  France, 
l'Autriche  et  l'Angleterre  sont  d'accord  et  ont  à  combattre 
les  intentions  de  la  Russie  et  de  la  Prusse.  Ils  croient  cepen- 
dant que  tout  s'arrangera. 

Je  verrai  demain  le  prince  d'Arenberg  (1).  J'aurai  à  écrire 
chez  lui  et  je  rendrai  compte  de  ce  que  j'aurai  à  faire  chez  lui 
et  de  ce  que  j'apprendrai  là  et  par  ailleurs. 


286.  Vienne,  7  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR 

Bordereau,  rapport  journalier  et  envoi  de  la  liste,  de  la 
copie  et  de  l'analyse  de  divers  intercepta  du  6  octobre  et  des 
jours  précédents. 


287.  Vienne,  6  octobre  1815  (F.  1.  4115  ad  3565). 

SCHMIDT  à  HAGER 

Renseig^nements  sur  Vemëgues. 

Werneck  (Vernègues)  est  au  service  de  la   Russie.  Il  est 
venu  il  y  a  quelque  temps  de  Pétersbourg,  porteur  d'une  foule 

1.  Peut-être  est-il  question  ici  d'Auguste- Marie-Raymond  d'Arenberg^,  né 
â  Bruxelles  en  1753,  mort  en  septembre  1833,  longtemps  connu  sous  le  nom  de 
comte  de  la  Mark.  D'abord  au  service  de  la  France,  puis  à  celui  de  l'Au- 
triche qui  lui  donna  le  grade  de  général-major,  il  avait  voulu  rentrer  au 
service  de  la  France  en  1806,  au  moment  où  son  frère  aîné  fut  nommé  séna- 
teur par  Napoléon  ;  mais  Napoléon  lui  ayant  témoigné  des  dispositions  peu 
favorables,  il  décida  de  rester  en  Autriche  et  habita  Vienne  jusqu'en  1814. 
Nommé  lieutenant-général  par  le  nouveau  roi  des  Pays-Bas,  il  revint  alors  à 
Bruxelles,  mais  ne  suivit  pas  l'armée  hollandaise  après  la  révolution  de  1830. 
Mais  je  crois  plutôt  qu'il  s'agit  du  prince  Prosper-Louis  d'Arenberg,  né  en 
1785,  neveu  du  prince  Auguste  et  fils  du  duc  Louis-Engelbert,  depuis  long- 
temps aveugle  et  qui,  depuis  1803,  lui  avait  confié  le  gouvernement  de  ses 
petits  Etats  dont  il  perdit  la  souveraineté  en  1810.  Le  prince  Prosper  s'était 
rendu  à  Vienne  pour  y  faire  valoir  ses  droits  au  Congrès  (cf.  art.  XXXIl  de 
l'acte  final  du  Congrès  de  Vienne  et  art.  X  de  l'acte  de  cession  et  d'échange 
signé  à  Vienne  le  29  mai  1815,  annexe  n*  6  à  l'acte  final  du  9  juin  1815). 


230  AUTOUR  DU  GONGBto  DE  VIENNE 

de  lettres  pour  des  Rasses  fixés  ici.  Un  certain  nombre  de  ee» 
lettres  étaient  destinées  à  Anstett. 

II  7  a  encore  ici  nn  autre  Wemeek,  frère  d>a  prêcédeni!  et 
qui  est  an  service  de  la  France.  Tons  Tes  deox  sont  en  rapports- 
avec  les  Rasses  et  vont  tous  les  jours  chez  le- comte  Tolstef  (1) 
qui  habite  265  Kohlmarkt. 

Quelques  jours  plus  tard,  Hager  recevait  la  note  suivante 
sur  Vernègues  {en  français). 

Le  Chevalier  de  Vernègues  (sic)  (2)  est  un  agent  royaliste 
français  qui  a  pris  jusqu'à  présent  le  titre  d'un  Conseiller  d'Etat 
russe  et  qui  a  été  arrêté  en  1804  dans  le  Midi  de  la  Fraace 
et  gardé  pendant  plus  de  deux  ans  enfermé  au  Temple.  J'ai 
appris  de  façon  positive  qu!ii  était  en  relations  suivies  avec 
Anstett  et  qu'il  a  eu  tout  récemment  un  entretien  de  plus  de 
tnoift  heures  avec  lui. 


288.  Vienne,  6  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

Notes  et  rapports  à  HAGER  (Analyse) 

Convalescence  de  Munster.  Le  duché  de  Varsovie  et  la  Russie. 
Départ  probable  d'Alexandre  pour  la  Hongrie  le  25. 

Rien  d'intéressant  à  relever  dans  la  surveillance  de  Stackel- 
berg,  Anstett,  Czartoryski,  Hardenberg,  des  ministres  de  Wur- 
temberg, de  Lôwenhielm,  du  nonce^  de  Campochiaro,  Cariati, 
AJdini,  du  comte  Salmour  (3)  et  d'Arenberg.. 

Le  comte  de  Munster  en  plein»  convalescence  recommence 
à  recevoir  du  monde  et  à  s'occuper  des  afikires. 

t.  Probablement  le  grand  nraréchai  du  PU^is,  tombé*  à  ce  moment  en  dis- 
grâce complète,  et  qui,  inconsolable  dte  la  perte  de  la  farcnr  dbnt  il  avait 
joui  ne  tarda  pas  à  mourir  à  Dresde  où  iî  s'était  retiré. 

2.  Cf.  Lettre  du  chevalier  RosBi (Reg^gTenteUSeffrcteriadi Shit&lëdeMkisire, 
du  sr  décembre  1803  r  «  Le  chevalier  Vernègues»  émigré  ftrançns,  attiaché  de- 
pois  de  longues  annéer au  chevalier  Lisakevitch  (ministre  de  ROTSTe)et  natu- 
ralisé russe  depuis  peu,  a  été  arrêté  à  Hbme  danshi  nuit  du  24  courant  à  l'ins- 
tance, dit-on,  du  cardinal  Fesch,  pour  avoir  tenu  des  propos  peu  agréables  au 
gouvernement  français.  •  (Cf.  Pbrrbro.  IRttiii  di  Skvaià  nelVEsiïiu,  page  243- 
249). 

3.  Quelques  jours  auparavant,  la  Poliwei' Hofwihilé- vrw^  pri«  connaissance 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       231 

On  a  répandu  le  bruit  que  le  Congrès  semblait  disposé  à 
attribuer  le  duché  de  Varsovie  à  la  Russie. 

On  affirme  de  nouveau  que  l'Empereur  Alexandre  ira  en 
Hongrie  le  25  octobre. 


Vienne,  6  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  .3565). 


GOHAUSEN  à  HAG£R 
ComiA.  MARCÛ  SAN  FE&M0<1)  m  Comtft  ANNQNI(2.)(àMiUa) 

sous   LE   COUVERT   DE    M"»   MarIA   TbRBSA   LoVATI 

(inlercepta)   (Analyse). 

Les  affaires  du  prince  Eugène  sont  en  bonne  voie.  Le  projet  de  mariage  de 
rarchiduc  Charles  avec  la  grande  duchesse  Catherine. 

San  Fermo  donne  de  bonnes  nouvelles  sur  les  affaires  du 
prince  Eugène.  On  va  lever  tous  les  séquestres.  On  a  offert  au 
prince  deux  établissements  qu'il  a  cru  devoir  refuser.  On  parle 
maintenant  d'un  autre  (Nouvelle  confirmée  par  une  lettre  d'aune 
ex-Dame  de  la  Cour  du  Vice-Roi  à  la  duchesse  Litta). 

San  Fermo,  parle  aussi  du  projet  de  mariage  de  Tarchiduc 
Charles  avec  la  grande  duchesse  d^Oldenburg^,  «  donna  di  spi- 
rito  e  molto  remuante  ». 


d'une  lettre  que  Salmour  adressait  à  Stein  et  dont  W  CabiiMi  Noie  envoyait 
à  Hager  l'analyse  suivante  : 

Vienne,  30  septembre  1814. 

Comte  de  Salmour,  chambellan  saxon  et  ancien  ministre  près  la  Cour  de 
France,  au  baron  de  Stein. 

«  Sa  mission  en  France  ayant  cdssé  par  force  majeure  en  1792,  il  lui.dfi- 
mande  d'intervenir  pour  lui  et  d'obtenir  qu'on  lui  paye  le  traitement  annuel 
de  mille  thalers  qui  lui  avait  été  accordé  alors  et  qu'on  le  classe  au  rang  que 
lui  donnent  ses  quarante  et  une  années  de  servieei.  » 

1.  Colonel  italien,  l'un  des  aides  decamp  du  Vice-Roi  pendant  la  campagne 
de  1813-1814. 

2.  Annoni  (Alexandre,  comte)^  1770-1825^  un  deA  chambeUaaS' du  Vice-Roi. 
11  avait  représenté  les  propriétaires  du  département  de  l'Olone  à  la  Contnliti 
de  Lyon. 


232  AUTOUR    DU  CONGRÈS   DE    VIENNE 

290.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (1)  (en  français). 
Conversation  avec  D'Arnay. 

D*  Arnay  m'a  racontéy  entre  autres  choses,  qu'au  moment  de  la 
retraite  de  l'armée  d'Italie  il  avait  conseillé  au  prince  (Eugène) 
de  se  renfermer  dans  Venise  et  de  tenir  cette  place  jusqu'à  la 
paix,  vu  qu'il  n'aurait  pas  pu  en  être  chassé  et  vu  qu'il  croyait 
inévitable  l'occupation  de  la  France  par  les  alliés  ;  que  le  prince 
avait  adopté  son  conseil  et  même  l'avait  chargé  de  lui  amener  à 
Venise  la  princesse,  son  épouse,  et  toute  la  famille,  ainsi  que  ses 
effets  les  plus  importants,  mais  que  ses  aides  de  camp  lui  ont 
fait  changer  d'avis  ;  qu'il  avait  donné  ce  conseil,  appuyé  aussi 
à  la  circonstance  que  les  habitantsde  Venise  étaient  plus  soumis 
que  les  Lombards  et  avaient  du  respect  pour  le  prince,  tandis 
qu'il  n'était  pas  du  tout  aimé  à  Milan,  comme  on  a  pu  le  voir 
par  les  événements  arrivés  dans  la  suite  ;  que  Napoléon  n'avait 
pas  donné  depuis  longtemps  des  instructions  au  prince  ;  que 
lui,  d'Arnay,  le  sollicitait  de  traiter  avec  les  puissances  alliées, 
mais  que  le  prince  n'a  pas  voulu  s'y  résoudre,  faute  d'instruc- 
tions parce  qu'il  lui  semblait  manquer  à  ses  devoirs  et  à  son 
honneur  s'il  l'eût  fait  sans  autorisation  ;  qu'à  présent  le  prince 
était  très  occupé  pour  rendre  des  visites  à  tous  ceux  qui  peuvent 
avoir  de  l'influence  au  Congrès  ;  qu'il  tenait  pour  sûr  d'obte- 
nir un  établissement,  comme  on  le  lui  avait  promis  ;  que  cela 
aurait  pu  être  en  Italie  ;  qu'il  croyait  cependant  très  difficile 
d'avoir  Venise,  vu  que  l'Autriche  avait  fait  tous  ses  efforts 
pour  la  garder,  mais  qu'il  pourrait  arriver  qu'on  accordât  au 
prince  les  trois  Légations. 


291.  6  octobre  1814  (P.  1.  ad  3565). 

GÔHAUSEN  à  HAGER 

Visites  d'Alexandre  à  la  princesse  Bagration  et  à  la  princesse  de 
La  Trémoille-Tarente.  Arrivée  prochaine  de  Marie-Louise. 

1.  La  signature  qui  figurait  au  bas  de  cette  pièce  a  été  coupée. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      233 

L'Empereur  Alexandre  a  encore  fait  ces  jours-ci  deux  visites 
le  soir  à  la  princesse  Bagration  chez  laquelle  il  est  resté  de 
neuf  heures  à  minuit  et  même  plus  tard.  Hier  soir,  à  dix 
heures  et  demie,  avant  la  fin  du  bal  de  la  Cour  (1),  il  s'est 
rendu,  154  Landstrasse,  chez  la  princesse  de  la  Trémoille-Ta- 
rente  (2). 

Rien  d'intéressant  à  signaler  sur  Tchernitcheflf,   Kisseleif, 
Ouvaroflf  et  Ojarowsky. 

On  parle  beaucoup  de  Tarrivée  probable  et  prochaine  de 
Marie-Louise  (3). 


292.  Vienne,  6  octobre  1814  (P.  1.  4115  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

La  princesse  Bagration  très  froissée  de  n'avoir  pas  été  invitée  au  bal  donné 
par  l'impératrice  d'Autriche.  Attitude  politique  de  son  salon.  Anstett.  L'em- 
pereur Alexandre  et  l'incident  du  4  octobre  au  soir. 

La  princesse  Bagration  a  été  extrêmement  fâchée  hier  de 
ne  pas  avoir  été  invitée  au  bal  donné  par  Sa  Majesté  l'Impé- 
ratrice. Elle  espérait  l'être  par  le  rang  qu'elle  occupe  à  la  Cour 
de  Russie  et  plus  encore  par  la  faveur  marquante  dont  l'ho- 
nore TEmpereur  Alexandre. 

Je  suis  à  présent  convaincu  que,  comme  je  le  pensais,  le 
parti  de  l'Opposition  russe  est  établi  chez  elle.  Le  ton  de  plu- 
sieurs employés  russes  du  cabinet  que  j'y  ai  trouvés  hier  et 
Taveu  même  de  la  princesse  me  Tont  confirmé.  C'est  Anstett 
qui  est  à  la  tête. 

On  a  mal  fait  de  laisser  cette  maison  (le  palais  Palm)  à  décou- 

1.  11  s'agit  évidemment  ici  de  la  grande  fête  donnée  cejour-làà  VAugarlen, 

2.  Il  s'agit  probablement  ici  de  Geneviève-Adélaïde  de  Langcron,  fille  du 
général  de  Langeron,  veuve  du  prince  de  Montbarey  et  qui  épousa  le  1"  avril 
1801  le  prince  Louis-Stanislas  Kotska  de  la  Trémoille  (1768-1837).  «  La  prin- 
cesse de  la  Trémoille,  née  de  Langeron  n'avait  jamais  dû  être  belle.  Toute 
sa  coquetterie  était  d'esprit,  lit-on  dans  les  Souvenirs  de  M"*  d'AoouT. 
Grande  dame  jusqu'aux  moelles,  elle  assurgissait  à  ses  volontés  par  la  hau- 
teur de  son  caractère  tous  ceux  qui  l'entouraient,  la  princesse  était  plus  que 
toute  autre  redoutée  pour  ses  bons  mots  et  ses  railleries  (Bardoux,  if"*  de 
Custine.) 

3.  Marie-Louise  arriva  en  effet  à  Schœnbrunn  le  7  octobre,  au  matin.  Cf. 
Oeslerreichischer  Beobachter  du  9  octobre,  n*  382,  1538. 


234  AUTOUS   DU   COKfiRÈS   DE  VIBU »E 

veet^  Oa  y  regarde  le  c6té  oppoflpé,  le  côté  droit,  je  Tenx  dive, 
la  maison  de  la  Sagan  comme  le  paya  ennemi,  et  il  me  paraii 
très  vraisemblable  qn'Alexandni  n'y  mettra  pas  les  pieds,  ce: 
qai  blesse  farieusement  la  duchesse  et  enfle  sa  trioraphflaarta 
rivale. 

Encore  avant-hier,  Alexandre  arriva  tout  seul  à  la  porte  de- 
là maison  pour  visiter  la  Bagration,  mais,  ayant  vu  beaucoup 
de  voitures  dans  la  cour,  il  crut  qu'elle  avait  du  monde  et 
rebroussa  chemin.  La  pauvre  princesse  l'attendait  toute  »ule 
et  Tattend  encore. 


293.  Vienne,  6  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Conférence  orageuse  le  1*'  octobre  entre  Alexandre  et  Talleyrand. 
Lt  maladie  et  la  oonvaleacanco  de  Mûnatar. 

On  dit  dans  le  haut  public  que  Talleyrand  a  eu,  il  y  a  trois 
jours  (1),  une  longue  conférence  avec  Alexandre  sur  la  Pologne, 
que  TEmpereur  veut  garder  en  dépit  du  danger  visible  que 
courrait  TEurope.  Alexandre  a  prononcé  le  mot  de  guerre  s'il 
le  fallait,  pour  conserver  cette  occupation  qui  écrase  l'équilibre 
et  la  paix  future,  et  Talleyrand  a  eu  le  courage  de  lui  faire 
remarquer  qu'il  faudrait,  dans  ce  cas,  lui  retirer  le  beau  titre 
de  Libérateur  du  Monde  qu'on  lur  avait  accordé  et  lui  en  don- 
ner un  autre.  On  prétend  que  vers  le  soir,  Alexandre  devînt 
plus  traitable  et  que  la  chose  a  pris  une  autre  couleur  et  plus 
favorable. 

Hier,  il  a  travaillé  dans  son  cabinet  pendant  plusieurs  heures 
avec  ses  ministres.  Les  secrétaires  n*^ont  pu  dfner  qu'au  soir. 
Il  leur  avait  fallu  achever  un  long  mémoire  et  le  remettre  à 
TEmpereur.  WoronzolF  et  BouIgakofT  étaient  du  nombre.. 

Le  Comte  de  Munster,  dont  la  perte  affligeait  bien  des  gens, 
mais  pas  la  Russie,  guérit.  J'en  ai  l'assurance  du  !>  Cappel- 
liai  qui  le  soigne. 


1.  U  y  a  là  une  erreur  d«  date.  Ce  na  Cui  pas  trois  iours  avaat  ce  rapport, 
mais  cinq  jours  auparavant  que  Talleyrand  eut  l'audience  dont  parle  ici  Nota. 
(Cf.  Talleyrand  au  roi.  Vienoe^  4  octobre  1814^ dépêche  n*  3.  Pallaih.  Corres- 
pondance inédiie  de  ThlUyrtLnd  ei  <ia  LouUXVUl,  p.  18-23.) 


LES  PHÉUHINAIRES   ET  LES  AJODIUrBIfEirrs   DU  CORGHts      235 
1.  Vienne,  S  octobre  1879  (F.  1.  4119  ad  3509). 

iNoTA  à  HAGER  fen  FranTai»). 


TalleyraDd  a  dit  an  prince  Antoine  de  Saxe  :  «  II  est  dans 
l'ÎRtentioR  de  mon  gonvecnement,  et  j'ai  l'ordre  exprès  de 
trerrûller  an  rétablissement  de  l'ancien  état  de  choses.  »• 

Sar  une  remarqne  dn  prince,  il  ajouta  :  «  Je  persiste  à  tvbs 
répéter,  Monsei^eur,  que  le  bot  de  la  France  est  le  réta- 
blissement de  la  Saxe  telle  qu'elle  étaib  arant  la  gnerre  eA 
que  nous  avons  200.000  hommes  pr4t&&  marcher  pour'  dé- 
fendre la  bonne  cause.  » 

Le  prince  Antoine  a  été  de  là  chez  le  prince  de  Wrede  qui 
ajouta  que  40.000  Bavarois  entreraient  en  ligne  pour  soute- 
nir la  cause  de  la  Saxe  et  ces  intentions  ont  été  conQrmées  au 
prince  par  le  roi  de  Bavière. 


293.  Vienne,  «  octobre  I8U  (F.  1.  4tTS  ad  3S69). 

GÔMAUSErf  à  HAGER 

Compensât  ions  à  donner  i  l'Autriche  en  Italia.  L«  Baviirc  pvatnle  «mire 
la  ce**ioD  de  l'InD-Vierlel.  La  BavlËre,  le  Wurtemberg  et  Bade.opponéa 
BU  projet  prussien  de  constitution  de  l'AlleinagDe.    . 

Les  ministres  de  Bavière,  Bade  et  Wurtemberg  semblent 
croire  que  pour  indemniser  l'Autriche  de  la  diminution  de  son 
inQucnce  en  Allemagne  on  lui  ferait  la  part  plus  belle  an 
ItaUe. 

La  Bavière  proteste  contre  le  projet  de  cession  à.  l'Autriche 
de  rinn-Viertel. 

Le  mêmes  ministres  ne  aoat  nullement  satisfaits  des  pro- 
jets présentés  par  la  Prusse  et  relatifs  à  l'Allemagne. 


236  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 


296.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTRÔM  (en  français). 

A  propos  du  bruit  de  la  venue  de  Bernadotte  à  Vienne  et  du  retour 

de  rofflcier  envoyé  au-devant  de  lui. 

S.  M.  l'Empereur  d'Autriche,  ayant  eu  je  ne  sais  quelles 
raisons  de  croire  que  S.  A.  le  Prince  Royal  (Bernadotte)  était 
en  route  pour  Vienne,  dépêcha,  il  y  a  dix  jours,  un  lieutenant- 
colonel  pour  aller  au-devant  de  Son  Altesse  Royale  et  l'ac- 
compagner ici  en  qualité  d'aide  de  camp.  Cet  officier  se  ren- 
dit à  Iglau  et  y  resta  quelques  jours.  Il  est  actuellement  de 
retour  et  attend  des  ordres. 


297.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4116  ad  3565). 

TALLEYRAND    à  L'archevêque   DE  MALINES  (1) 

(intercepta). 

Principes  qui  doivent  régner  maintenant  en  Europe. 

Comme  le  retour  du  Roi  a  fait  disparaître  en  France 

toutes  les  idées  qu'avait  produites  et  propagées  la  Révolution, 
il  faut  espérer  de  même  qu'en  Europe  on  cessera  de  transfor- 
mer la  force  en  droit  et  qu'on  prendra  pour  règle  non  la 
convenance^  mais  réquité  (2). 


298.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

Général    OYEN  (3)  au    Grand    Duc   DE   HESSE 

Les  idées  de  Metternich  sur  la  nouvelle  constitution  de  rAllcmagne. 

1 .  L'abbé  de  Pradt. 

2.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Vienne, 4  octobre  1814  (dépêche  n*  3).  Pallain. 
Correspondance  inéditey  etc.,  etc.,  pages  21-22. 

3.  Oyen  (Général-lieutenant,  baron  ,   grand   maître  des   cérémonies  de  la 
Cour  de  Hesse,  avait  accompagné  à  Vienne  le  grand-duc  héritier  de  liesse. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      237 

Le  prince  de  Metternich  a  dit  dans  la  conversation,  au 
grand-duc  héritier  (de  Hesse),  lorsque  celui-ci  lui  parla  de  la 
nécessité  d'un  chef  de  TEmpire  et  que,  dans  ce  cas,  ce  serait 
TEmpereur  François  I*'  : 

€  Que  la  Maison  d'Autriche  n'avait  eu,  depuis  deux  cents 
«  ans,  que  des  embarras,  des  pertes  et  des  peines  de  cette  di- 
€  gnité  ;  mais  que  si,  par  la  nouvelle  Constitution,  on  l'établit 
«  de  nouveau,  elle  ne  pourrait  appartenir  qu'à  l'Empereur 
«  d'Autriche  et  que  sur  cela  on  était  déjà  d'accord  avec  la 
4C  Prusse.  » 

Il  dit  encore  qu'il  n'est  pas  question  du  partage  du  Nord 
et  du  Midi  de  l'Allemagne,  mais  que  tout  l'Empire  sera  un 
par  les  mêmes  liens. 


299.  Vienne,  8  octobre  1814  (P.  1.  3867  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau,  rapport  journalier  et  envoi  de  la  liste,  de  la  copie 
et  de  l'analyse  de  divers  intercepta  du  7  octobre. 

Extraits  de  la  liste  des  lettres  et  dépêches  interceptées  (1). 

Une  lettre  de  lord  Castlereagh  au  Cardinal  Consalvi  (sans 
importance). 

Une  lettre  du  Conseiller  d'Etat  von  Ott  au  Secrétaire  de 
légation  russe  Frohmann  (envoi  de  la  minute  d  une  expédi- 
tion à  faire  au  Colonel  russe  Nedoba,  consul  à  Belgrade,  de 
passeports  et  d'instructions  relatives  à  Télargissement  de  sol- 
dats russes  détenus  à  Peterwardein. 

Une  lettre  de  Cooke  au  Cardinal  Consalvi  pour  lui  deman- 
der une  audience. 

L'agent  fait  remarquer  que  la  caisse  qui  se  trouve  dans  le 
bureau  de  lord  Castlereagh,  ne  contenant  que  des  lettres  par- 
ticulières, il  serait  sage  de  renoncer  à  en  prendre  connaissance 
à  cause  de  la  durée  et  des  dangers  de  ces  opérations.  L'agent 

1.  Comme  je  l'ai  déjà  fait  à  plusieurs  reprises,  j'ai  cru  intéressant  de  repro- 
duire de  temps  à  autre  quelques-unes  de  ces  listes  ou  d'en  donner  des  extraits 
afin  qu'on  puisse  se  faire  une  idée  un  peu  plus  exacte  des  résultats  obtenus 
et  des  services  rendus  par  la  Po'itei  Hofitelle  gr&ce  à  la  saisie  et  à  Touver- 
ture  des  lettres  et  des  dépêches. 


lS38  .ADTmtt  SV  flûMGAÈS  Ofi  VIBKNE 

a  adopté  toutes  les  mefiores  ftécessabes  afin  de  pouvoir  prendre 
connaissance  de  toutes  les  lettres  qu'on  expédiera  de  ^hez  lord 
Castlerea^  on  qu'on  7  drecevra. 


800.  VJBnne,  8  «itobne  1814  (F.  1.4128  ad  3565). 

JUGER  à  l.'£MPEREUR 

Extrait  du  rapport  journalier.  Alexandre  et  rarchiduc  Palatin. 

Alexandre  a  une  réelle  sympathie  pour  Tarchiduc  Psdatin, 
(son  beau-frère,  veuf  d'une  de  ses  sœurs)  et  lui  témoigne  une 
préférence  marquée.  Le  Palatin  passe  presque  toutes  ses  soi- 
rées chez  la  Grande-Duchesse  Catherine  où  l'Empereur  vient 
souvent  le  rejoindre. 

Rien  d'intéressant  à  signaler  dans  la  surveillance  d'Anstett, 
Stackelberg,  Czartorvskiy  Cariati,  Campochiaro,  Hardenberg, 
Stein,  Aldini  et  du  prince  Eugène. 

Hager  transmet  en  outre  à  l'Empereur  la  liste  des  visites 
reçues  par  Talleyrand. 


301.  Vienne,  7  octobre  1814  (F.  1.  3867  ad  3565). 

SCilMlDT  à  HAGER 

Objet  de  la  vonue  de  Ceitta  à  Vienne.  Les  Bavarois,  Sakburg  -et  l'Inn-VierliBl. 
Les  caricatures  du  roi  de  Wurtemberg.  Le  roi  de  Bavière  et  le  prince 
Eugène.  Les  doléances  des  députés  des  petits  Etats  et  le  profit  qu'on  peut 
em  tirer.  Stein  et  Zerboni  di  Sposetti. 

Je  viens  de  recevoir  ie  rapport  suivant  de  l'agent  H 

J'ai^  m'écrit-il,  la  conviction  absolue  que  le  libraire  Cotia,  «de 
Stuttgart,  le  représentant  des  librairies  allemandes,  réclamera 
au  cours  des  délibérations  du  Congrès,  laLiéerié  de  la  Presse. 
Cette  proposition  est  liée  à  celle  relative  à  la  propriété  litté- 
raire et  en  -est  en  réalité  la  base.  Si  l'on  admet  Tinterdietion  de 
la  reproduction  sans  accorder  du  même  coup  ia  liberté  de  la 
presse,  c'^n  est  fait  de  la  librairie  parce  qu'on  mettra  les  édi- 
teurs dans  l'impossibilité  de  publier  autre  ^riiose  quedes  œuvres 


LES    PRËUMOiAIKES   EX    IXB  .UOUBNEaBHTB    DU    CONGRÈS      339 

absoltmient  insî^DiBantes.  Il  n'y  a  rien  de  vrai  dans  le  bmit 
répandu  par  quelques  persoaaes  qu'il  n'«  d'autre  but  que 
d'échapper  ainsi  à  la  faillite.  C'est  au  contraire  un  homme  qui 
mène  sérieusement  les  affaires  et  qui  se  propose  d'étendre  le 
rayon  d'actions  et  à  accroître  l'importance  de  sa  maison. 

Il  a  amené  ici  avec  lui  le  professeur  Dannecker,  de  Stutt- 
gart, qui  loge  chez  lui.  C'est  un  sculpteur  habile,  jouissant 
d'une  réputation  bien  méritée.  Son  voyage  a  un  double  but  : 
voir  Vienne  et  essayer  de  réaliser  le  projet  qu'il  a  conçu  d'^e- 
ver  sur  le  champ  de  bataiUede Leipzig na monument  comme- 
moratif,  projet  dont  il  a  déjà  précédemment  entretenu  le 
prince  de  Mettcrnicb. 

La  Cour  de  Bavière  se  flatte  d'avoir  gain  de  cause  pour 
Salzburg,  mais  est  très  peinée  de  devoir  céder  l'Inn-Viertel. 
Elle  s'y  résigne  cependant  parce  qu'elle  considère  cette 
concession  comme  indispensable  au  maintien  de  la  tranquillité 
générale. 

On  dit  que  le  roi  de  Bavière  aurait  vu  avec  déplaisir  la 
venue  du  prince  Eugène  à  Vienne. 

Dans  l'entourage  du  roi,  on  .ne  cesse  de  déblatérer  contre  ie 
roi  de  Wurtemberg  qu'on  désigne  sous  le  nom  du  :  Monstre 
Witrlembergeois.  On  rsconleque  les  Anglais  ont  fait  sur  loi 
une  caricature  dans  laquelle  il  est  représenté,  levant  les  mains 
an  ciel,  considérant  son  énorme  panse,  s'efTor^ant  en  vain 
d'apercevoir  son  royaume  dessiné  sur  un  colossal  bouton  de 
sa  culotte  et  s'écriant  avec  désespoir  :  «  Que  je  suis  malheu- 
reux, je  ne  peux  même  pas  voir  mes  Etats.  > 

Le  prince  royal  de  Wurtomberg  plaît  beaucoup  aux  dames. 
Mais  les  dameseo  Âutricdie  n'mtt  ni  idées  politiques,  ni  infioence 
politique.  Elles  ne  sont  icpe  les  dépositaires  des  opinions 
qu'elles  entendent -émettre. 

La  plupart  des  représentants  des  petites  cours  et  des  dépu- 
tés des  villes  et  des  corporations  se  lamentent  de  la  cherté 
de  l'existence  et  ont  déjà  vidé  leurs  poches.  Il  serait  cependant 
utile  de  trouver  moyen  de  les  retenir  et  de  les  garder  ici.  Ce 
faisant,  ils  ne  tarderont  pas  d'être  obligés  de  se  créer  des  res- 
sources, et  alors  on  pourra  sans  peine  et  rien  qu'avec  quelques 
gracieusetés,  leur  délier  la  langue.  Le  plus  dur  sous  ce  rap- 
port est  et  sera  le  baron  de  Steîn,  et  je  ne  vois  pas  d'autres 
moyens  pour  y  arriver  que  de  me  servir  de  Zerboni,  le  pléni- 


240  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

potentiaire  prussien  à  Varsovie,  qui  connait  toutes  ses  pensées 
et  est  au  courant  de  ses  plans  et  visées. 


302.  Vienne,  7  octobre  1814  (F.  1.  3867  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

MQnster  et  Alexandre.  Talleyrand  chez  la  princesse  Datation.  Le  roi  de 
Bavière,le  prince  Léopold  de  Sicile  et  Murat.Le  prochain  voyage  d'Alexandre 
en  Honnie. 

Le  comte  de  Munster  est  sans  fièvre  et  pourra  sous  peu 
vaquer  à  ses  affaires.  Alexandre  a  envoyé  demander  de  ses 
nouvelles  hier,  ce  qui  a  fait  sourire  le  malade.  Je  le  sais  de  la 
personne  qui  était  présente. 

Talleyrand  a  fait  sa  visite  avant-hier  soir  à  la  princesse 
Bagration  qui  comme  de  raison  Ta  trouvé  peu  intéressant, 
peu  causant,  presque  insipide. 

Le  prince  Léopold  de  Sicile  *  a  été  avant-hier  voir  le  roi  de 
Bavière.  On  est  venu  dans  le  discours  sur  Murât,  et  le  roi  a 
dit  au  prince  :  <  Sans  doute  qu^il  faut  chasser  ce  coquin.  Ce 
n'est  pas  assez.  Il  faudrait  le  pendre.  Qui  a  mérité  la  potence 
plus  que  lui?  C'est  un  scélérat  tel  qu'il  n'y  en  a  jamais  eu  de 
semblable.  » 

Le  duc  d'Acerenza  *  s'est  démis  du  service  de  Russie  et  va 
partir  un  de  ces  jours  pour  la  Sicile.  Il  cherche  une  place 
diplomatique  de  cette  cour  à  l'Etranger. 

Le  général  de  Witt  me  dit  qu'il  n'y  a  pas  à  douter  que 
l'empereur  Alexandre,  ayant  solennellement  engagé  sa  parole 
de  rétablir  le  royaume  de  Pologne,  ne  persiste  invariablement 
à  remplir  sa  promesse  malgré  l'opposition  de  l'Autriche  et 
de  la  Prusse  qui,  d'après  le  traité  d'alliance,  sont  convenus 
de  rétablir  l'ordre  des  choses  où  elles  étaient  avant  l'année 
1792.  M.  de  Witt  prétend  que  l'Empereur  de  Russie  fera  dans 

1.  Le  fils  préféré  de  Marie-Caroline,  qu'il  accompagna  dans  son  exil  à 
Vienne.  Né  en  1790,  il  épousa  en  1816  l'Archiduchesse  Marie-Clémentine 
d'Autriche,  née  le  1*'  mars  1798  et  fille  de  l'Empereur  François  I".  Mort  le 
10  mars  1851.  Sa  fille  Marie-Caroline- Auguste,  née  le  6  avril  1822,  épousa  le 
25  novembre  1844  le  duc  d'Aumale. 

2.  Le  mari  de  la  princesse  Jeanne  de  Courlande,  sœur  de  la  duchesse  de 
Sagan. 


LES  PRÉLIMIKAIRES   ET   LES  AJUURKBUENTS   DU  CONGRÈS      241 

quinze  jours  on  voyage  en  Hongrie  et  que  ce  sera  la  marche 
du  Congrès  qui  décidera  si  l'Empereur  retournera  à  Vienne, 
ou  bien  s'il  retourne  tout  droit  en  Russie  prenant  la  route  de 
Kaschau.  M.  de  Witt  ajoute  que  ce  voyage  de  l'empereur 
peut  bien  prouver  son  estime  pour  la  nation  hongroise  et  son 
adection  particulière  pour  le  Palatin,  son  beau-frère. 

Par  le  discours  de  M.  de  Witt,  j  ai  pu  m'apercevoir  que  la 
Hongrie  influe  beaucoup  sur  l'esprit  d'Alexandre  et  comme 
il  est  en  même  temps  lié  avec  le  prince  Adam  Czartoryski, 
on  s'explique  la  raison  qui  le  fait  tant  rechercher  par  les  Po- 
lonais. D'ailleurs  il  est  étonnant  de  voir  avec  quelle  grossiè- 
reté et  insolence  se  conduisent  tous  les  Russes  qui  se  trouvent 
dans  la  suite  de  l'Empereur.  Quel  contraste  avec  la  politesse 
des  Prussiens  et  des  autres  étrangers  1  Même  les  personnes 
de  l'ancienae  ambassade  (russe)  s'en  plaignent. 


SUS.  Vienne,  7  octobre  1814  (F.  1.  3887  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

CouversaLion  entre  MelUmich  et  Conaalvi. 

«  Combien  de  temps  Votre  Eminence  eompte-t-elle  rester 
ici  ?  »  aurait  demandé  Metternich  au  Cardinal. 
«  Aussi  longtemps  que  durera  le  Congrès,  » 
«  Mais,  dit  Metternich,  je  puis  affirmer  à  Votre  Eminence 
qu'il  ne  sera  pas  question  des  alTaires  ecclésiastiques  au  Con- 
grès. » 


:,  T  octobre  1814  (F.  1.  3967  ad  3565). 

©  ®  a  IIAGER 


Comment  la  France  et  l'Espagne  v 
traité  de  Paris.  CoDversation  avec 
Dtiberg  et  Aldîni. 


Les  missions   de  France  et  d'Espagne    au  Congrès  inter- 
prètent dans  le  sens  le  plus  large  l'article  32  du  traité  de 


242  AUTOUR   DU  C02IGRÈS  DC 

Paris  du  30  mai,  aux  termes  duquel  tous  les  Etats,  qui  eoi 
pris  part  à  la  dernière  ^uerre^  sont  inrîtés  à  envoyer  au  di4 
Congrès  des  plénipotentiaires  chargés  d'examiner  et  d'ap- 
prouver après  vérificatioD  les  articles  de  ce  traité,  paragraqpheS 
relatif  au  cours  du  Rhin,  à  1»  navigation  du  Rhin  paragraphe  i&, 
à  la  résolution  prise  de  préciser  la  rédactioB:  par  trop  vague 
de  ce  paragraphe  5  et  de  voir  conu&eni  on  poiirrait  faciliter 
les  cofumuiiîcations  fluviales  internationales,  paragraphe  6^ 
relatif  à  l'indépendance  des  Etats  allemands,  unis  entre  eux 
par  un  lien  fédéral,  les  paragraphes  18,  1&,  20,  21,  22,  23, 
24  et  31  relatifs  aux  dispositions  générales  ayant  trait  aux 
dettes,  aux  contributions  des  différents  pays,,  à  la  restitution 
des  papiers  d'Eltat,  enfin  à  tout  ce  qui  conoerne  Tltalie  et  la 
maison  de  Bourbon  en  Italie  et  qui  à  ce  titre  intéresse  fort 
la  France  et  l'Espagne. 

«  Il  n'y  a  plus  de  puissances  alliées  depuis  le  traité  de  Paris, 
m'a  dit  le  duc  de  Dalberg  que  je  vois  souvent  et  qui  s'ouvre 
volontiers  avec  moi.  La  France  doit  intervenir  au  Congrès 
comme  l'Angleterre,  comme  l'Autriche,  comme  la  Prusse, 
comme  la  Russie.  » 

Hier  matin,  il  m'a  encore  dit:«  C'est  scandaleux.  Comment 
ce  Congrès  se  traîne.  Talleyrand  y  a  été  une  fois  ;  je  n'y  ai 
pas  été  invité  et  n'ont  assisté  à  cette  conférence  que  les 
Ministres  secrétaires  d'Etat  seuls,  sans  les  ministres  adjoints. 
On  n'a  fait  que  mystifier  Talleyrand.  On  lui  a  dit  qu'on  avait 
convenu  de  beaucoup  de  choses  et  quand  Talleyrand  a  demandé 
à  savoir  quoi,  on  lui  a  répondu  que  c'était  un  secret,  que  l'on 
avait  convenu  de  ne  dire  cela  qu'à  une  certaine  époque.  » 

Dalberg  a  continué  et  m'a  dît  alors  :  «  Nous  savons  fort 
bien  ce  qu'il  en  est.  C'est  le  duché  de  Varsovie,  c'est  la  cou- 
ronne de  Pologne  qui  est  cédée  à  la  Russie  ;  c'est  la  Saxe  qui 
est  cédée  5  la  Prusse.  Ils  savent  bien  que  Talleyrand,  Labrador 
et  moi,  nous  prenons  la  poste  et  que  nous  retournons  à  Paris 
au  moment  que  l'on  nous  mettra  dans  la  confidence  de  ce 
secret.  Nous  ne  comprenons  rien  à  la  politique  de  M.  de  Met- 
ternich.  S'il  donne  la  couronne  de  Pologne  à  la  Russie,  en 
moins  de  quinze  ans  la  Russie  aura  chassé  les  Turcs  hors 
d'Europe  et  la  Russie  sera  plus  dangereuse  pour  la  liberté  de 
l'Europe  que  ne  l'a  jamais  été  Napoléon. 

«  La  Prusse  s'abandonne  à  la  Russie,  peut-être  à  cause  de 
s*  position  géographique.  Mais  l'Autriche,  au  lieu   de  con- 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET   LES  AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      243 

courir  et  de  travailler  à  la  prépondérance  delà  Russie,  pourquoi 
ne  se  tientrelle  pas  aujourd'hui  bien  sincèrement  à  la  France 
poBT,  de  ocmcerty  s'opposer  à  oe  colosse  qui  va  éovaaer  TAu- 
triche.  et  les  antres  puissances.  » 

Le  Baron  Hadie,  imnis4re  de  Bade,  fréquente  assidûment 
chei.  Tallejrand,ftvquel  il  sert  d^espic».  et  d'informat^ar.  C'est . 
par  lui  qu'il  sait  tout  ce  qui  se  passe  chez  Metternidi,  chez 
l'Enqpereur,  chez  ks  souTcarains  présents  à  VieAAe;.  II  rençlit 
les  mêmes  fonctions  auprès  du  Comte  de  Rechberg  et  de  la 
Cour  de  <  Barière*  Le  Banni  Hacke  a'est  guère  hien  disposé 
pour  Bsns  et  n'est  pas  des  amis  deMetternich.. 

Dalbesg  m'a  parlé  d^Aldini  :«  C'est,  m'a-t-il  dit»  ua  homme 
de  très  grand  talent,  couiaisaantà  fond  l'Italie.  Mais  e'est  aussi 
un  de  ces  Italiens  excentriques  qui  veulent  faire  de  l'Italie 
un  seul  royaume  dont  Rome  sera  la  capitale.  Aldini  travaille 
et  correspond  avec  Murât  qui  caresse  encore  ce  projet.  Le 
Vice- Roi  n'avait  pas  le  talent  nécessaire  pour  réaliser  ce  projet, 
qu'il  avait  eu,  lui  aussi,  un  instant.  > 

Talleyrand  passe  toutes  ses  soirées  chez  la  duchesse  de  Sagan 
où  il  se  flatte  d'apprendre  les  secrètes  pensées  de  Metternich. 


805.  Stockholm,  27  septembre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

ENGESTRÔM  à  LÔWENHIELM  {intercepta)  (en  français). 

Lfr't'oméranie  fera  l'objet  d'une  négociation  particulière.  Instructions  qu'il 
lui  donne  à  ce  propos.  Eviter  toute  disenstion  à  ce  propos  avec  les 
mifiisirei  priMuieiift. 

Depuis  ma  dernière  dépêche  du  22  on  a  eu  des  nouvelles 
de  la  Prusse  qui  paraissent  nous  donner  la  certitude  que  le 
gouvernement  prussien  voudrait  s'arranger  avec  la  Suède  au 
sujet  de  la  Poméranie  et  il  parait  que  cette  affaire  sera  Tobjet 
d'une  négociation  particulière. 

Aussi,  M.  le  Comte,  vous  vous  bornerez  en  conséquence  à 
déclarer  au  prince  de  Hardenberg,  lorsque  Toccasion  se  pré- 
sentera,  que  le  roi  n'entrera  dans  aucun  arrangement  par 
rapport  à  cette  province  avec  Sa  Majesté  Prussienne.  Au  cas 
qu'on  voulut  mettre  cette  affaire.sur  le  tapis  du  Congrès,  vous 
vous  refuserez  à  toute  discussion  sur  tm  objet  qui  n'a  aucun 


244  AUTOUB   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

rapport  avec  les  affaires  du  Centre  de  TEurope.  La  paix  de 
Kiel  donne  la  Poméranie  au  roi  de  Danemark,  au  cas  que 
ce  souverain  remplisse  de  son  côté  les  engagements  qu'il  a 
contractés  vis-à-vis  de  la  Suède.  Gomme  rien  n'a  été  exécuté 
de  tout  ce  qu'il  a  promis,  il  n'a  rien  à  prétendre.  Il  est  inté- 
ressant d'apprendre  le  véritable  but  du  voyage  du  général 
Bennigsen. 

Le  mécontentement  en  Danemark  monte  à  un  point 
incroyable,  mais  le  roi  (de  Suède)  pense  trop  noblement  pour 
vouloir  en  profiter.  11  voudrait  obtenir  la  Norvège,  et  comme 
c'est  par  les  armes  qu'il  fait  valoir  ses  droits,  il  ne  voudrait 
pas  récompenser  celui  qui  n'a  rien  fait  pour  lui.  Voilà  M.  le 
Comte,  les  instructions  du  roi,  que  vous  trouverez  justes. 


306.  Vienne,  7  octobre  1814  (F.  1.  3868  ad  8565). 

Le  roi  de  WURTEMBERG   à  MANDELSLOH  (1)  (à  Stuttgart) 

[Intercepta)  (en  allemand). 

Ordre  de  lui  envoyer  Feuerbach.  Un  quatrain  du  roi  sur  la  situation  politique. 

Comme  j'ai  tout  lieu  de  croire  à  Touverture  prochaine  des 
négociations  relatives  à  la  Constitution  de  l'Allemagne,  je  vous 
invite,  comme  je  vous  l'avais  fait  connaître  déjà  avant  mon 
départ, à  donner  au  Conseiller  de  Légation  Feuerbach  (2)  Tordre 
de  se  rendre  ici  au  plus  vite. 

Le  prochain  courrier  vous  apportera  le  complément  des  ins- 
tructions que  j^ai  à  vous  transmettre  : 

Es  sammle  sich  der  Wolken  Dicke 
Doch  wird  die  Sonne  sie  zerstreuen 


1.  Mandelsloh,  ministre  d'Etat  de  Wurtemberg,  jouissait  à  ce  moment  de 
toute  la  confiance  de  son  roi. 

2.  Feuerbach,  Conseiller  intime  de  légation  wurtembergeois,  celui-là  même 
qui  avec  le  général-major  von  Varenbuhler,  aide  de  camp  général  du  roi  de 
Wurtemberg,  signa  le  5  avril  18151a  convention  entre  l'Autriche  et  le  Wur- 
temberg pour  le  passage  des  troupes  autrichiennes  à  travers  le  Wurtemberg 
(convention  signée  pour  l'Autriche  par  le  feld- maréchal-lieu  tenant  Prohaska, 
le  Conseiller  aulique  Jacques  Rosner  et  le  conseiller  aulique  Enfrelbcrt  de 
Floret).  ** 


LES   PIt£L»nNAlRES   ET   LES  AJOURNEMENTS  DU  COSORÂS      24S 

Und  dann  dej^blaue  Himmel  wird 
Dem  Auge  sichlbaraein  (1). 


307.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  1.  3943  ad  3SeS]. 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

(Bordereau  et  rapport  journalier.  Envoi  de  la  liste,  de  l'ana- 
lyse et  de  la  copie  des  divers  Intercepta). 


oUo.  Vienne,  8  octobre  181*  {F,  1.  *131  ad  3SBS). 

Rapport  de  divers  à  HAGER 

Inlercepta  et  surveillance  de  Jomini,  Ciartoryski,  princesse  Bagration, 
visites  faites  et  reçues  par  TaUeyrand.  Guibourl,  agent  de  Caroline  Miirat> 
Leveling,  Goupy.  Découragement  des  partisans  du  roi  de  Saxe. 

Rien  de  particulier  sur  Hardenberg,  Anstett,  Radziwill, 
prince  Eugène,  Tascher,  d'Arenberg,  Salmour,  Campochiaro, 
Cariati,  Roccaromana,  Stein. 

Interceptée  une  lettre  de  famille  venue  d'Aarau,  datée  du 
6  août  et  adressée  à  Jomini, 

Jomini,  uo  peu  malade  et  souffrant,  va  faire  venir  sa  femme* 
On  a  tout  lieu  de  croire  que  la  lettre  interceptée  a  été  écrite 
par  cette  dernière. 

Czartoryski  a  été  le  6  souper  chez  la  princesse  Bagration  et 
n'en  est  sorti  qu'à  1  h.  1/2. 

Envoi  de  la  liste  des  visites  faites  et  reçues  par  Tallcyrand 
le  7.  Personnes  invitées  à  dîner  chez  lui  le  même  jour  :  Ver- 
nëgues,  Saint-Marsan,  Ruflo  et  deux  princes  de  Saxe-Coburg. 

Guibourt,  l'agent  particulier  de  Caroline  Murât,  est  enrap* 
port  journalier  avec  Campochiaro,  Cariati  et  le  Général  FUaD- 
gieri,  qui  vient  d'arriver. 


1.  Traduction   littorale   du  qualrain.  De  gros   nuages 
■oleil  les  dissipera.  Et  puis  le  ciel  bleu  apparaîtra  de 


2iC  vàOTOUR  DU  GORGKÈS   DE   VIEtfRB 

Le  Mâgistrat-Rath  Lereling,  né  «à  Munich^  est  en  relation 
avec  Ghika  et  les  Grecs. 

Goupy,  Fagent  de  la  reine  d*Etrurie,  banquier  à  Paris,  est 
riche  et  associé  d'une  maison  de  banque  italienne.  Bassoni  est 
soutenu  par  l'ambassade  d'Espagne. 

Les  partisans  du  roi  de  Saxe  sont  très  découragés  depuis 
hier  par  la  tournure  prise  par  les  affaires  de  leur  pays. 


309.  Vienne,  8  octobre  1814  (F.  1.  3801  ad  3M5). 

HAGER  au  KAISERLICHER    RATH   EICHEMBOLD 

Ordres  relatifs  à  la  correspondance  de  Gaslleroagh. 

Lord  Castlereagh  recevant  et  expédiant  sa  correspondance 
par  les  maisons  de  banque  Geymûller  et  Herz,  ordre  de 
prendre  les  mesures  nécessaires  pour  surveiller  cette  corres- 
pondance et  en  avoir  connaissance. 


310.  Vienne,  8  octobre  1814  (F.  1.  4134  ad  ^565). 

«OPFEN  à  HAGER 

'LtfB  relations  d'Aldini,  invité  p«r  MeHemioh  à  un  grand  dloer  le  6  octobre. 

Aldini  est  en  rapports  suivis  avec  Talleyrand,  Dalberg^  âe 
prince  Eogène,  le  Nonce,  le  Comte  Guiociardi  et  la  Grande 
maîtresse  de  la  maison  de  la  duchesse  de  Parme.  Il  a  été 
invité  le  S  au  diner  donné  par  Metternicfa. 


311.  Vienne,  9  ODtobi«  1814  (F.  i.  8641  ad  3S«5). 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (Rapport  et  bordereau  du  9  octobre). 

Surveillance  spéciale  de  Gaupy. 
Un  ministre  prussien  acheté  par  le  prince  Eugène. 


LES    PRÉLIMINAIBÏS   ET    LES  AJOURNEMEKTB   DU   CONGRÈS      847 

Hovapy  (1)  agent  à  Viemie  àt  la  reine  d'Etruiâe  est  en  rap- 
ports suivis  avec  le  J^lagistcat-Rath  leveliog  (2). 

On  iicfaen  de  savoir  le  nom  da  Minisire  pruasieB  ^3)  qiœ 
le  prince  Eugène  aurait  corrompu  et  acfketé. 

Le  prince  Eagène  aurait  acheté  moyeimant  lOQ/OOO  Seudi 
tm  mÎKtstre  prussien  d'après  ce  que  m*a  dit  et  affirmé  le 
nÛBisbre.  Sarde  (Saint-Marsas)  (rapport  en  italien). 


812.  Vienne,  8  octobre  t814  vF.  1.  4134  «4^105). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

L'avocat  Vera.  Un  mot  du  miniatre  d'Oldenburg. 

Les  ministres  de  Naples  cbex  Tallejrrand.  Campochiaro  et  Talleyrand. 

Ce  que  Murât  fera  en  cas  d'abandon  de  rAutriche. 

L'avocat  Vera  est  arrivé  de  Rome  leommeienirojpédM  priooe 
de  PioiAbino  pour  réclamer  an  iCongrès  les  Etats  d'Elbe  et  de 
PiomfaÂno.  Ce  monsieur  est  le  mari  d'une  .eélèbne  canfca&rice 
saxonne,  :  M^'*  Ealer,  qui  a  £ait  lieaMcoiqp  >de  brait  en  Italie  ces 
derjMères  années.:  Elle  .a  quitèé  à  pirésent  k.tliéfttre. 

Le  duc  d'OIdenburg.  a  aussi  envoyé  ici  un  noinistre  (4).  On 
lui  a  demandé  ce  que  son  maître  prétendait  puisqu'il  n^avait 
rien  perdu  de  ses  anciens  Etats  qu'on  lui  avait  rendus.  Il  a 
répondu  :  «  Les  frais  de  la  guerre.  » 

La  légation  Mnratianney  composée  de  six  individus,  fit  tant 
que  Talleyrand  dut  la  recevoir. 

Campochiaro^  qui  prit  la.pacole^lui  dit  qu'il  était  venu  pour 
lui  demander  la  protection  de  la  iFraace  «n  faveur  de  son  roi 

1.  <sronpj  des  Hantes-BruyèreB.  Voir  au  viget  de  ses  démarches  le  num6ro  6 
de  la  Chronik  de»  AHffemeinen  WieneriTon^reftes  (du  ^1  octobre  1814,  p.B4. 

2.  Le  lendemain  9  octobre,  Ha^r  envoxaft  au  Président  du  Gouvernement 
à  Linz,  Aichholz  (P.  1.  3885  ad  3565),  les  instructions  suivantes  relatives  à  la 
sœur  du  Magistrat-Raih  Levelix\yjBt  à  Goupy.  «  Ordre  de  fouiller  .toit  à  Lins, 
soit  à  la  frontière,  la  veuve  MCiller,  sœur  du  Magistrat-Rath  Levelin^  par- 
lant le  10  avec  des  lettres  qu'elle  déit  remeltre  A  Munich  cl  t|m  a  été  fli|pûlée 
par  un  .rapport  de  G^ihausen  (Cf.  pièce  MM). 

3.  Le  ministre  prussien,  auquel  il  fait  allusion  ici,  n'aurait  été  autre  que 
le  chancelier  Hardenberg  lui-même.  Voir  plus  loin  d'autres  rapports  du 
27  octobre  et  du  17  novembre,  dont  les  indications  ne  doivent  d'ailleurs  être 
aocueiUies  que  sous  toutes  réserves. 

4.  Le  baron  Von  Maltzahn. 


248  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

qui  avait  tant  contribué  à  remettre  les  Bourbons  sur  leur 
trône,  car  si  Murât  avait  réuni  ses  100.000  hommes  au  Vice- 
Roi,  la  tournure  prise  par  les  affaires  en  Italie  aurait  forcé  les 
Alliés  à  repasser  le  Rhin. 

Talleyrand  lui  répondit  :  «  Sans  doute,  vous  avez  mérité, 
<  mais  pas  assez.  Vous  dites  avoir  rétabli  les  Bourbons,  sur 
«  leur  trône,  mais  vous  ne  les  avez  pas  rétablis  tous.  Achevez 
«  votre  ouvrage  et  le  mérite  sera  parfait.  > 

11  ajouta  du  reste  qu'il  devait  leur  avouer  que,  loin  de  pro- 
téger l'usurpation  de  Murât,  il  avait  des  ordres  formels  dexi- 
ger  la  restitution  du  royaume  de  Naples  au  roi  légitime. 

Les  Muratistes  dirent  alors  qu'ils  feraient  la  guerre  et  se 
défendraient  à  outrance. 

€  Combien  avez-vous  de  monde  ?  »  dit  Talleyrand. 

€  80.0U0  hommes  »,  répondit  Campochiaro,  et  le  prince  de 
répondre  :  «  Ce  n'est  pas  assez.  » 

Là-dessus  ils  furent  congédiés.  Cette  conversation  a  été 
racontée  par  un  des  Muratistes  qui  en  écumait  de  rage.  Je 
sais  qu'un  de  ces  Messieurs  a  dit  hier  :  €  Nous  sommes  tran- 
se quilles  sur  notre  affaire.  Car,  ou  l'Autriche  tient  parole  et 
«  est  avec  nous  et  nous  n'avons  rien  à  craindre,  ou  elle  nous 
«  quitte,  et  alors  nous  lui  enlevons  l'Italie  dans  bien  peu  de 
€  temps.  Les  Italiens  sont  pour  nous.  » 


313.  Vienne,  8  octobre  1814  (F.  1.  3943  ad  3565). 

LÔWENHIELM  à   EXGESTRÔM  (à  Stockholm) 
(inlercepla)  (en   français). 

Stagnation  des  affaires.  Talleyrand  et  le  Congrès.  Les  conférences  sur  les 
points  litigieux.  Les  difûcultés  pour  l'admission  des  ministres.  Note  qu'il 
a  remise  pour  réclamer  son  admission. 

Les  affaires  du  Congrès  sont  encore  au  même  point  où  elles 
en  étaient  lors  de  ma  dernière  dépêche. 

Talleyrand  a  consenti  à  regarder  la  note  officielle  qu'il  a 
donnée  le  1*'  (1)  comme  une  simple  communication  confîden- 

1 .  Note  de  Talleyrand  du  1«'  octobre  à  Castlereagh  et  note  du  même  aux 
plénipotentiaires  des  huit  puissances  en  date  du  3  octobre. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES  AJOURNEMENTS    liU   CONGRÈS      249 

tielle.  Depuis  ce  temps  les  quatre  anciennes  Puissances  Alliées, 
savoir  la  Russie,  TAngleterre,  rAutriche  et  la  Prusse  ont 
présenté  un  nouveau  projet  (1)  de  proclamation  à  faire  pour 
constituer  le  Congrès,  auquel  Talleyrand  a  répondu  par  un 
contre-projet  (2)  qui  n'a  pas  non  plus  été  agréé  dans  sa  tota- 
lité par  les  Alliés.  Ces  derniers  ont  en  conséquence  une  con- 
férence entre  eux  aujourd'hui  à  2  h.  1/2  et  ce  soir  il  y  aura 
à  6  heures  une  conférence  avec  Talleyrand  où,  on  cherchera 
à  s'accorder  sur  les  points  litigieux.  Jusqu'à  présent  ces  con- 
férences ne  sont  considérées  que  comme  des  communications 
confidentielles  et  préparatoires  entre  les  Ministres  d'Etat  qui 
se  trouvent  à  Vienne,  et  c'est  sous  ce  rapport  que  jusqu  à  pré- 
sent on  n'a  pas  admis  le  plénipotentiaire  Portugais  malgré 
sa  réclamation  formelle  non  plus  que  celui  de  Suède. 

Quant  à  moi,  je  me  suis  borné  à  donner  une  note  aux 
ministres  d'Etat  d'Autriche,  Prusse,  Angleterre,  Russie,  France 
et  Espagne  pour  m'annoncer  formellement  comme  plénipo- 
tentiaire de  Sa  Majesté  au  Congrès.  Cette  formalité  m'a  paru 
nécessaire  pour  prévenir  tout  prétexte  d'ignorance  quant  à  la 
qualité  de  ma  mission  et  renferme  en  elle-même  la  prétention 
incontestable  (et  déjà  reconnue)  de  mon  admission  aux  pre- 
miers travaux  du  Congrès  du  premier,  moment  de  son  exis- 
tence. Jusqu'à  présent  le  jour  n'en  est  pas  fixé.  Cela  dépendra 
des  rapprochements  qu'on  espère  gagner  ce  soir  avec  Talley- 
rand. 

Votre  Excellence  aura  sans  doute  remarqué  que  la  princi- 
pale différence  dans  les  projets  de  proclamation  des  deux  côtés 
roule  sur  la  manière  de  préciser  dans  la  proclamation  même, 
quelles  seront  les  puissances  à  admettre  au  Congrès.  Cette 
question,  de  la  manière  dont  elle  est  proposée  par  la  France 
et  l'Espagne,  impliquant  en  même  temps  une  décision  préma- 
turée sur  ce  qui  doit  faire  l'objet  des  négociations  futures,  est 
opposée  encore  par  les  alliés  et  surtout  par  l'Autriche. 


1.  Mémorandum  de  CasLlercagh  du  4  octobre. 

2.  Lettre  de  Talleyrand  à  Castlercagh  du  5  octobre. 


mO  AUTOUR  JMJ  CONGRÈS   DE   VIENNE 


814.  Vienne,  8  octobre  1814  (F.  1.  3943  ad  3565). 

GAERTNER  au  prince  de  LOEWENSTETX  (1)  {intercepta) 

{en  allemand)  Analyse. 

Ajournement  de  la  remise  du  mémoire  de  la  constitution  de  l'Allemagne. 

Attitude  de  la  France. 

Il  expose  les  raisons  pour  lesquelles  on  a  ajourné  la  remise 
d*im  Mémoine  insistant  sur  la  nécessité  de  rendre  immédia- 
tement exécutoires  les  principes  fondamentaux  de  la  Consti- 
tution de  TAllemagne. 

Attitude  de  la  France  favorable  à  la  Confédération  du  Rhin. 
La  note  de  TAmbassade  de  France  dit  en  eifet  que  :  «  La 
France  veut  que  les  Etats  de  TAllemagne  ne  soient  ni  com- 
^méSy  ni  supprimés  (2).  > 


315.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR  (Analyse). 

Bordereau  d'envoi  et  résumé  du  rapport  à  l'Empereur  en  date 

du  10  octobre  1M4. 

Belles  promesses  faites  par  La  Harpe  au  nom  d'Alexandre 
aux  princes  Médiatisés.  Ses  déclarations  à  Gaertner.  ConCé- 
rences  chez  Gagem,  Opposition  des  princes  et  surtout  du  d^c 
de  Bruns-wick  aux  projets  et  propositions  de  la  Prusse. 


1.  Gaertner  représentait  à  Vienne  entre  autres  princes  médiatisés  les  princes 
de  Lôwenstein-Wertheim-Freudenberg  et  les  princes  de  Lœwenstein-Wer- 
theim-Rochcfort  (Rosenberg),  Georges-Guillaume-Louis  prince  de  Lœwens- 
tein-Freudenberg  (1775-1855)  et  Charles-Thomas  prince  de  Lœwenstein 
Wertheim-Rochefort  (1783-1849). 

2.  Voir  dans  les  Instructions  du  Roi  pour  ses  Ambassadeurs  au  Congrès,  le 
paragraphe  relatif  à  la  Confédération  (TALLBTRAND.itfëmoires,Il,  215-216).  On 
avait  en  outre  intercepté  le  mémo  jour  la  minute  d'une  dépêche  de  Dalberg 
à  Jaucourt  qui  en  accusa  réception  le  18  (Cf.  Jadcourt.  Correspondance, 
p.  92)  et  qui  figure  avec  quelques  légères  Tariantcs  au  tome  II,  p.  380-335  de 
la  Correspondance  de  TmUeymnd  publiée  par  le  duc  de  Broglie. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      251 
316.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

GOHAUSEN  à  HAGER 

Rapport  sur  Gagern.  Ses  conférences  avec  les  ministres  de  Prusse  et  de 
Bavière.  Comment  il  expédie  sa  correspondance.  Fréquence  de  ses  visites 
à  l'archiduc  Jean. 

Depuis  huit  jours  Gagârn  est  tous  les  matins  en  conférence, 
tant6t  avec  Humboldt,  tant6t  avec  Rechberg  et  Wrede. 

Il  expédie  ses  dépêches  par  courrier  bavarois  à  l'adresse 
d'un  certain  M.  Dittmar  à  Ratisbonne  et  procède  probablement 
de  la.  même  façon  par  la  {K>ste, 

Gagem  va  souvent  chez  Tarchiduc  Jean  qu'il  connaît  depuis 
1809  et  qui  le  reçoit  toujours,  même  quand  il  n'a  pas  demandé 
d'audience. 


317.  Vienne,  9  octobre  1914  <F.  S.  4t66  ad  3565). 

SICARD  à  HAGER  (en  français). 
Rapport  «ur  les  motifs  de  k  vemio  à  Vienne  de  Daniels. 

Daniels,  récemment  arrivé  à  Vienne   et  ancien  procuneur 
impérial  du  département  de  la  Djrle^dit  être  venu  pour  aider 
le  prince  Louis  Prosper  d'Arenberg  dans  ses  démarches  pour 
le  rétablissement  de  sa  principauté. 

Il  doit  être  de  plus^x^ommeil  est  tout  dévoué  aux  Français, 
un  émissaire  du  parti  très  fort  qui  désire  Tannexion  de  la 
Belgique  à  ia  France^ 


318.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

Le  nonce  et  ce  qu'il  dit  du  diner  donné  par  Mettemich  le  5.  Le  service 

de  table  aux  armes  et  au  chiffre  de  Napoléon. 

Je  suis  passé  voir  le  Nonce  qui  me  parla  du  diner  doBoé  par 


252  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

Metternicn  le  5.  On  l'avait  placé  entre  la  princesse  de  la  Tour 
et  Taxis  et  la  princesse  TrauttmansdorfF.  Il  remarqua  que  la 
table  était  garnie  par  un  service  aux  armes  de  Bonaparte  que 
celui-ci  donna  au  prince  de  Metternich  en  prix  de  Tholo- 
causte  de  la  nouvelle  Iphigénie. 


319.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2.4188  ad  3565). 

SICARD  (Joseph  von  Schmidt)  à  IIAGER  (en  français). 

Les  Saxons  entre  les  mains  et  à  la  remorque  de  Talleyrand.  Le  baron  Hacke. 
Les  petits  Etats  allemands  hostiles  à  la  Prusiie.  Les  recommandations  de 
Talleyrand.  Le  roi  de  W^urteraberg  et  Marie-Louise. 

€  Le  baron  Hacke,  le  comte  de  Schulenburg,tous  les  Saxons 
d'ailleurs,  y  compris  le  baron  Marschall,  né  en  Saxe,  sont  en- 
tièrement au  service  et  à  la  discrétion  de  Talleyrand. 

€  Hacke  est  de  plus  un  agent  bavarois  et  peut-être  aussi  un 
espion  russe. 

«  La  Hesse-Cassel,  Darmstadt,  Nassau  et  Bade  déblatèrent 
contre  la  Prusse.  » 

L'agent  rapporte  ensuite  tout  ce  que  Talleyrand  a  dit  et 
recommandé  aux  représentants  des  petits  Etats. 

On  a  raconté  hier  soir  chez  Arnstein  que  le  roi  de  Wur- 
temberg a  été  vendredi  soir  (1)  voir  Marie-Louise  à  Schœn- 
brunn.  On  trouverait  fort  déplacé  si  l'Impératrice  paraissait 
mardi  (2)  à  la  fête  qu'on  donnera  dans  ce  Palais.  Elle  le  voudra 
certainement  et  on  espère  que  l'Empereur  le  lui  interdira. 
Marie-Louise  n'est  ni  aimée,  ni  estimée  dans  le  monde  à 
Vienne,  et  la  population  lui  est  même  presque  hostile. 


320.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2.4188  ad  8565). 

Rapport  a  HAGER 
Surveillance  de  Stein. 

1.  Le  7  octobre. 

3.  Grande  représentation  donnée  à  Schœnbrunn  le  11  octobre  1814. 

4 


LES   PRËLlMINAIREra    ET    LES    ÂJOUHNEUENTS    DU    CONGHlts       S53 

Samedi  8.  Le  baron  Steia  a  travaillé  ce  matin  pendant  une 
heare  avec  le  conseiller  d'Etat  Friese  avant  d'aller  chez  Nes- 
selrode  avec  lequel  il  resta  deux  heures.  Rentré  chez  lui,  il 
reçut  les  visites  du  prince  de  Saze-Coboui^  et  de  La  Harpe. 
Il  dina  daas  l'aprés-inidi  chez  Nesselrodc  et  pendant  ce  temps 
un  courrier  qui  venait  d'arriver  de  Saxe  (et  qui  loge  à  l'Un- 
garische  Krone)  se  présenta  chez  lui.  Dès  son  retour,  Stein 
le  fit  appeler  et  eu  un  long  entretien  avec  lui.  Il  ne  sortit  plus 
ce  jour-là. 

Le  dimanche  9,  Stein  écrivit  à  la  princesse  de  Fûrsteaberg  (1) 
une  lettre  qu'on  aurait  interceptée  et  communiquée  à  la  Mani- 
pulation, si  le  secrétaire  du  Ministre  ne  l'avait  portée  lui- 
même  à  destination. 


321.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  1  4t88  ad  35«S). 

Rapport  à  HAGER 
Surveillance  du  prince  de  Hardenberg. 

Le  samedi  8,  le  prince  a  travaillé  de  9  heures  du  matin 
jusqu'à  2  heures.  Le  général  Kneseheck,  le  général  Schoëler, 
et  le  prince  de  Hohenzollern,  venus  pour  le  voir,  n'ont  pas 
été  reçus.  On  ne  laissa  entrer  que  le  conseiller  aulique  Gentz, 
venu  vers  midi. 

A  2  heures,  il  se  rend  chez  Metternich  où  il  y  avait  une 
grande  conférence  à  laquelle  Nesselrode,  Castlereagh  et  Hum- 
boldt  assistèrent.  Cette  conférence  dura  jusqu'à  4  heures.  Le 
prince  rentra  alors  chez  lui  pour  dEuer  et  eut  pour  convives 
Radziwill,  Saint-Marsan,  le  baron  Martens,  Jacobi-Kloetz, 
Arnstein,  Humboldt  et  son  secrétaire,  le  chanoine  doyen  de 
Munster  et  le  comte  Hardenberg.  Après  le  diner  il  reçut  les 
visites  du  comte  Etienne  Zichy,  du  prince  de  Hohenzollem, 
du  baron  Binder,  de  Czartoryski  qui  resta  avec  Radziwillpour 
causer  avec  le  prince.  Après  le  départ  de  tous  les  visiteurs, 
le  conseiller  intime  Jordan  brûla  quantité  de  papiers. 

A  8  heures  1/2  du  soir  le  prince  se  rendit  chez  Metternich 
où  se  tint  une  seconde  conférence  qui  dura  jusqu'à  11  heures 

1.  Néo  princeMO  de  La  Tour  et  Taiii. 


254  AUTOUR  DU  GCmGRÈS  DE   VIE55E 

du  soir  et  à  laquelle  prirent  part  les  ministres  de  Sicile  et 
d'EspagBOy  Talleyrandy  Castlereagb,  le  comte  Nesselrode  et 
Humboldt. 


322.  Vienne,  9  oclobre  1814  (F.  2.4188  ad  3565). 

Rapport  à  IIAGER  (en  français). 
Ce  qoe  le  général  Schœler  sait  et  dit  à  propos  de  la  Polo^e. 

J*ai  cherché  h  apprendre  par  le  général  SchOeler  cpielles 
étaient  les  instructions  de  son  gouvernement  sur  la  question 
de»  la  Pologne.  Il  m'a  assuré  qu'on  lui  avait  demandé  son  avis 
sur  cet  objet  et  que,  considérant  l'impossibilité  absolue  où  se 
trouvait  son  gouvernement  de  soutenir  des  opérations  par  la 
force,  il  avait  cru  que  temporiser  pour  le  moment  était  ce 
qu'il  y  avait  de  plus  convenable.  Voici  les  raisons  par  les- 
quelles il  appuie  son  opinion  :  «  La  Russie  est  préparée,  elle 
peut  agir  de  suite,  elle  a  l'inappréciable  avantage  de  la  pos- 
session ;  les  Polonais  sont  gagnés  dans  ce  moment  et  feraient 
les  plus  grands  sacrifices  pour  une  cause  qu'ils  regarderaient 
comme  la  leur.  »De  l'autre  c^^té,  l'Autriche  a  une  partie  con- 
sidérable de  ses  forces  militaires  ea  Italie  ;  la  guerre  entraî- 
nerait des  troubles  dans  sa  Galieie;Nousautres,nous  ne  sommes 
nullement  préparés  ;  notre  armée  est  sur  le  Rhin.  Danzig^que 
nous  occupons  conjointement  avee  1.000  Russes,  n'est  pas 
ravitaillée^  enfin  plus  que  tout  cela,  la  répugnance  qu'aurait 
le  roi,  même  malgré  sa  coavictk>Q,  pour  toute  démarefae 
contre  l'Empereur. 

En  temporisant  on  gagne  le  temps  nécessaire  pour  donner 
à  l'Allemagne  une  forme  stable  et  conforme  au  bien  génital 
et  à  la  sûreté.  Vous  organiserez  vos  provinces  italiennes  ;  les 
Polonais,  dont  l'Empereur  Alexandre  n'aura  garde  de  rétablir 
le  royaume,  seront  foulés  pair  les  employés  russes,  mécontents 
de  la  situation  et  prêts  à  se  jeter  dans  les  bras  de  celui  qui 
voudra  être  leur  libérateur. 

€  II  est  fâcheux  à  la  vérité^  ajoute-t-il^  que  cette  situation 
force  le  roi  à  paraître  vouloir  s'agrandir  en  gardant  la  Saxe 
mais  pourquoi  ne  nous  rend-on  pas  Anspach  et  Bareuth?  » 

Lui  ayant  parlé  de  la  part  que  M.  de  Stein,  tout  dévoué  à  la 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS   DU    CONGRÈS      255 

Russie  prend  à  rorganisation  de  T Allemagne,  le  général  m'a 
assaré  que  Stein  avait  éprouvé  récemment  des  désagréments 
qui  pourraient  bien  avoir  changé  ses  affections  (l). 


323.  Vienne^  9  octobre  1814  (F.  !L  4188  ad  3565). 

e©  à  HAGER 

L'espionnage  mondain  au  service  des  missions  étrangères.  La  question  de  la 
Saxe.  L'agent  présenté  par  la  Tonr  du  Pm  à  Talleyrand.  Les  confidences 
de  la  Tour  du  Pin. 

J'entends  beaucoup  parler  chez  le  prince  de  Starhemberg  (2) 
de  l'espiamiage  de  cour  à  cour^  de  mission  à  mission  et  de 
l'espionnage  de  société.  On  dit  que  :  €  les  Cours  et  les  mis- 
sions sont  fort  occupées  à  s'espionner  réciproquement.  >  «  C^eai 
chose  fort  naturelle  et  facile  à  expliquer.  Il  est  certain  que, 
lorsquHls  nous  quitteront,  les  souverains  étrangers  connaîtront 
à  fond  notre  cour;  mais  Tespionnage  de  société  entre  nous 
autres  Viennois,  l'espionnage  dans  la  société  même  devient  \ 
intolérable.  Ferdinand  PaliTy  fait  partie  de  la  police  secrète, 
la  comtesse  Esterhazy-Roi»n  et  M'**  Chapuis  sont  des  espions 
de  la  vieille  princesse  Metternich  qui  les  renseigne  et  les  ins- 
pire. Le  prince  Kaunitz  (3)^  François  PalfiTy,  Frédéric  Fûrsten- 
berg  (4),  Ferdinand  Palffy  s'étaient  offerts  pour  faire  le  service 
auprès  des  souverains  présents  à  Vienne  ;  on  a  décliné  leurs 
ofTres.  Jamais  il  n  y  a  eu  à  Vienne  un  pareil  service  d'espion- 
nage. Le  prince  de  Metternich  m'a  déjà  questionné  à  ce  sujet 
et  m'a  dit  qu'on  savait  tous  les  propos  que  je  tenais.  Je  lui  ai 
dit  que  le  prince  devrait  me  rendre  service  en  me  plaçant  et 
que  je  chanterais  ses  louanges  sur  tous  les  tons.  Je  suis  en 
effet  son  obligé  à  cause  de  ma  loterie,,  mais  ce  que  je  ne  peux 


1.  Rien  ne  parait  justifier  cette  dernière  assertion. 

2.  Starhemberg  (Louis,  prince),  ambassadeur  d'Autriche  à  Londres,  poste 
qu'il  dut  quitter  lors  du  rapprochement  de  Napoléon  et  de  l'Autriche.  Très 
mal  disposé  pour  Metternich  qui  trouva  inutile  de  lui  offrir  un  poste  lors  de 
l'entrée  de  l'Autriche  dans  la  coalition. 

3.  AI«ris,  prince  de  Kaunitz- Rictberg  (1771*1848)',  diplomate  autrichien,  Te 
dernier  do  sa  maison. 

4.  Frédéric-Charles,  prince  de  Fûrstenberg  (1774-1856),  m»rié  en  mai  1801  A 
la  princesse  Thérèse  de  Schwarzenberg. 


256  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

lui  pardonner,  ce  que  je  ne  peux  admettre  ce  sont  les  Binder, 
les  Paul  Esterhazy  et  C*  avec  lesquels  il  s'enferme  et  qui  sont 
ses  confidents.  »  Tel  est  le  discours  que  m'a  tenu  le  prince 
Starhemberg. 

Le  baron  Spàt  (  i  )  a  dit  hier  :  «  Le  prince  Antoine  de  Saxe 
et  TArchiduchesse  sa  femme,  in*ont  dit  eux-mêmes  à  Schoen- 
brunn  :  <  La  Saxe  est  perdue  pour  nous.  Nous  n'y  rentrerons 
plus.  » 

Le  comte  de  la  Tour  du  Pin  m'a  introduit  hier  chez  Talley- 
rand.  Cette  maison  est  peut-être  la  plus  intéressante  de  toutes 
pour  Tobservateur.  Mais  c'est  en  même  temps  le  refugiitm 
peccatorum.  C'est  là  que  les  deux  princes  de  Coburg  (2),  le 
cardinal  Consalvi  et  le  nonce  Severoli  font  une  cour  assidue 
au  maître  de  la  maison  qui  daigne  à  peine  les  regarder.  Schu- 
lenburgy  Saint-Marsan^  Castelalfer,  Salmour,  le  comte  Mars- 
chall  (3),  le  commandeur  RuiTo,  le  baron  Vrintz,  tous  les 
émigrés  viennent  y  rapporter  tout  ce  qu'ils  savent,  tout  ce 
qu'ils  ont  vu  ou  pu  apprendre. 

Voici  ce  qui  m'a  frappé  le  plus  dans  la  conversation  de  la 
Tour  de  Pin  qxii  ne  répète  que  ce  que  Talleyranda  jugé  à  pro- 
pos de  lui  confier  :  «  1*  Qu'une  capitale  ne  saurait  être  le 
siège  d'un  Congrès  ;  2"  Qu'il  n'y  a  jamais  eu  de  Congrès  sans 
médiateur  depuis  Munster  et  Osnabruck  jusqu'à  Teschen  ; 
3*  Qu'aujourd'hui  un  médiateur  serait  plus  nécessaire  que 
jamais  ;  4"  Qu'il  n'y  a  que  la  France  qui  fût  à  même  d'être 
médiateur,  parce  que  c'est  la  seule  puissance  qui  ne  demande 
rien  ;  5'  Que  le  présent  Congrès  n'aura  aucun  résultat  et  qu'il 
semble  probable  qu'on  ne  pourra  s'entendre  sur  rien. 


324.       Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Les  fautes  de  Metternich.  Les  désirs  de  l'opinion  publique.  L'impératrice  de 
Russie.  Le  roi  de  Prusse  et  la  princesse  de  la  Tour  et  Taxis.  Le  duc  de 
Wcimar.  Dalberg.  La  redoute  parée. 

1.  Parent  de  la  baronne  de  même  nom  que  la  princesse  Thérèse  de  Saxe, 
sœur  de  l'Empereur  et  femme  du  prince  Antoine,  honorait  de  son  amitié. 

2.  L'un  de  ces  deux  princes  de  Coburg  était  le  futur  roi  des  Belges  et  l'autre, 
probablement  le  prince  Ferdinand. 

3.  Représentant  à  Vienne  du  prince  primat. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      237 

Metternich,  c'est  ainsi  qu'on  juge  la  conduite  politique  du 
prince  chez  Starhemberg,  a  commis  deux  lourdes  fautes.  La 
première,  en  1813,  lorsqu'au  moment  de  l'évacuation  du  ter- 
ritoire russe  il  négligea  d'occuper  la  partie  occidentale  de  la 
Galicie  qui  avait  appartenu  à  l'Autriche  et  Cracovie.  Si  nous 
avions  repris  à  ce  moment  possession  de  la  Galicie  Occiden- 
tale, personne  n'aurait  songé  à  nous  la  contester.  La  deuxième, 
en  décembre  1813,  lors  de  l'entrée  à  Francfort  où  il  lui  eut  été 
facile  de  faire  proclamer  François,  empereur  du  Saint-Empire 
Romain.  On  a  laissé  passer  le  moment  et  maintenant  c'en  est 
fait  de  la  couronne  impériale  d'Allemagne. 

Les  Fûrstenberg,  Chotek,  Wallis,  Hatzfeld,  Stadion,  Schôn- 
born,  CoUoredo  et  Starhemberg  trouvent  toujours  quelque 
chose  à  critiquer  dans  les  actes  du  prince  de  Metternich.  Quant 
au  public,  il  ne  désire  qu'une  seule  chose,  la  fin  prochaine 
du  Congrès  afin  qu'on  réduise  les  effectifs  de  l'armée,  qu'on 
retire  les  Anticipations  scheine  (1)  (bons  d'anticipation)  et  que 
le  renchérissement  général  cesse. 

L'Impératrice  de  Russie  est  beaucoup  plus  goûtée  par  le 
public  que  son  mari.  Toutes  les  personnes  qui  assistent  au 
Cercle  qu'elle  tient,  disent  qu'elle  est  bien  autrement  courtoise 
et  aimable  que  l'Empereur.  Il  faut  reconnaître  du  reste  qu'A- 
lexandre est  presque  sourd. 

Le  roi  de  Prusse  dîne  et  passe  ses  soirées  chez  Taxis  et  va 
au  théâtre  dans  les  loges  de  la  princesse  qui  est  d'ailleurs  sa 
belle-sœur  (2). 

Le  duc  de  Weimar  se  plaint  du  climat  de  Vienne  et  de  ce 
que  les  faubourgs  de  la  ville  ne  sont  pas  pavés.  Les  étrangers 
ont  été  émerveillés  par  les  fêtes  données  à  Laxenburg  et  par 
les  manœuvres  de  Bruck,  La  redoute  parée  d*hier  a  été  très 
réussie.  Le  roi  de  Prusse  portait  le  costume  hongrois. 

Dalberg  a  dit  ces  jours-ci  :  €  Vous  trouvez  singulier  que  je 
sois  l'un  des  ministres  de  France  à  Vienne,  mais  n'est-ce  pas 
un  Français,  un  émigré,  le  baron  de  Bombelles  (3),  qui  est  ministre 
d'Autriche  à  Paris. 


1.  Papier-monnaie  mis  en  circulation  en  Autriche. 

2.  Marie-Thérèse  de  Mccklcmburg,  sœur  de  la  reine  Louise. 

3.  Bombelles  n'était  pas  baron,  mais  comte.  D'autre  part,  il  n'était  pas 
ministre,  mais  commissaire  impérial  et  royal  à  Paris,  où  l'Autriche  était 
représentée  par  le  feld-maréchal  lieutenant  baron  Vincent. 

T.  I.  17 


258  AUTOUR  DU  COKGRÊS   DE  VIENNE 

325.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

L'attitude  de  la  légation  de  France.  Deux  mots  dits,  l'un  par  Castlereagh, 
l'autre  par  Talleyrand.  Les  Pajs-Bas,  les  places  du  Rhin  et  Mayence.  Con- 
centration et  renforcement  de  l'armée  française.  L'Angleterre  et  la  Belgique. 
Tension  des  rapports  entre  la  Bavière  et  le  Wurtemberg.  Altercation  entre 
les  deux  princes  royaux. 

La  Légation  de  France  est  décidée  à  prendre  au  Congrès 
une  attitude  des  plus  énergiques.  Elle  a  préparé  trois  notes 
qu'elle  remettra  à  la  première  séance  du  Congrès.  Dans  Tune, 
la  France  proteste  contre  la  réunion  des  Pays-Bas  à  la  Hol- 
lande, dans  la  seconde  elle  expose  ses  vues  sur  la  Constitution 
de  r Allemagne,  dont  le  Sud  serait  placé  sous  la  protection  de 
l'Autriche  et  le  Nord  sous  celle  de  la  Prusse.  La  troisième  note 
a  trait  à  la  Pologne. 

On  colporte  dans  Vienne  le  mot  de  lord  Castlereagh  qui 
aurait  dit  :  «  Qu'on  n'a  pas  réuni  un  Congrès  pour  provoquer 
une  nouvelle  guerre  »,  et  la  réponse  faite  par  Talleyrand  à 
une  dame  qui  lui  avait  dit  :  «  Vous  êtes  pourtant  déjà  venu  à 
Vienne,  mon  Prince  »,  et  lui  de  riposter  :  €  Je  fais  tous  mes 
efforts  pour  l'oublier.  » 

Talleyrand  veut  qu'on  rende  les  Pays-Bas  à  l'Autriche,  ou 
qu'on  en  fasse  im  Etat  libre.  La  France  ne  veut  pas  que  les 
places  du  Rhin,  et  surtout  Mayence,  soient  aux  mains  de  l'Au- 
triche ou  de  la  Prusse. 

La  France  concentre,  dit-on,  et  renforce  son  armée  sur  la 
frontière  pour  soutenir  l'action  et  l'attitude  de  ses  ministres 
au  Congrès.  On  est  cependant  porté  à  croire  que  Talleyrand 
ne  grossit  la  voix  que  pour  relever  le  prestige  de  son  roi  et 
de  son  pays,  mais  qu'il  ne  songe  pas  plus  que  son  souverain 
à  l'emploi  de  la  force  qui  ne  promettrait  rien  de  bon.  L'armée 
n'est  pas  attaché  au  nouveau  régime  et  il  y  a  dans  ses  rangs 
un  grand  nombre  de  partisans  de  Napoléon. 

L'Angleterre  est  au  contraire  très  en  faveur  de  la  cession 
des  Pays-Bas  à  la  Hollande.  Elle  envoie  des  troupes  en  Hol- 
lande et  agit  sans  relâche  sur  le  terrain  diplomatique. 

Les  rapports  entre  les  cours  de  Bavière  et  de  Wurtemberg 
sont  très  tendus.  Les  deux  peuples  se  détestent  si  fort  qu'on 
doit  tout  redouter. 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      259 

A  une  soirée  donnée  par  la  princesse  de  la  Tour  et  Taxis, 
il  y  eut  entre  le  Prince  royal  de  Bavière  et  celui  de  Wurtem- 
berg (dont  tout  le  monde  vante  Tamabilité)  un  échange  de 
paroles  tellement  vives  que  ce  dernier  a  provoqué  Tautre  en 
duel  et  que  la  rencontre  devait  avoir  lieu  au  Prater  (1).  Mais 
le  prince  royal  de  Bavière  ne  vint  pas  et  envoya  Wrede  qui 
arrangea  la  chose. 


326.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

HAGER  à  L  EMPEREUR  (Bordereau  du  11  octobre  1814). 

Résumé  des  surveillances  du  10.  Les  visites  faites  et  rendues 
par  Talleyrand.  Lettre  interceptée. 

Le  bordereau  ne  contient  pour  la  journée  du  10  rien  de  neuf 
sur  Hardenberg,  Wrede,  le  prince  royal  de  Wurtemberg,  von 
Oertzen  (ministre  d'Etat  de  Mecklemburg-Strelitz),  Maltzahn 
(ministre  d'Oldenbourg),  le  comte  Bentinck  (2),  La  Harpe,  Czar- 
toryski,  Radziwill,  Cariati,  le  prince  Eugène,  d'Arenberg  (qui 
ne  fait  que  jouer  aux  échecs)  et  le  comte  Salmour. 

On  y  trouve  la  liste  des  visites  faites  le  8  et  reçues  le  9  par 
Talleyrand  ainsi  qu'une  lettre  interceptée  de  Leykam  à  Rel- 
ier (ministre  de  la  Hesse  électorale),  de  Francfort,  en  date  du 
2  octobre  et  confiée  à  Bentinck. 


327.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  ad  3565). 

Rapport   à    HAGER 

Liste  et  analyse  de  quelques-unes  des  lettres  interceptées 

le  9  et  le  10  octobre. 

1.  Voir  plus  loin,  pièces  337  et  343. 

2.  Bentinck  (G.  F.  comte  du  saint  Empire,  Seigneur  de  Kniphausen  et  de 
Varel).  11  fit  des  démarches  pour  être  admis  comme  membre  de  l'Union  des 
princes  et  ensuite  pour  faire  partie  de  la  Confédération  g^ermanique.  Sa 
demande  ne  fut  pas  accueillie  et  il  ne  fut  question  de  lui  ni  dans  l'acte  de  la 
Confédération  germanique  du  8  juin  ni  dans  l'acte  final  du  Congrès.  En  vertu 
d'une  convention  signée  à  Berlin  le  8  juin  1825,  les  seigneuries  de  Varel  et  de 
Kniphausen  furent  incorporées  au  grand-duché  d'Oldenbourg  (Cf.  d'AiiQB- 
oBRo.  Note,  page  1405  et  Martbns.  Nouveau  recueilf  tome  VI,  page  765). 


itiO  AUTOUR  .DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

Lettres  interceptées  le  9  octobre  du  comte  Bentinck  au  comte 
Keller  (1),  le  10  octobre  du  comte  Salmour  à  Stein;  de  Har- 
denberg  à  Wrede  (Invitation  à  diner  pour  le  11  à  5  heures  et 
prière  de  venir  le  plus  tôt  possible  afin  de  pouvoir  causer  avec 
lui)  ;  du  prince  de  La  Tour  et  Taxis  {en  français^  de  RatLs- 
bonne  le  1*'  octobre)  au  baron  Bohnen.  Il  le  remercie  de  sa 
lettre  du  2i  septembre.  Comme  tant  d'autres,  Taxis  attend  les 
résultats  du  Congrès,  mais  «  il  est  persuadé  qu'ils  ne  peuvent 
«  être  qu'analogues  (sic)  à  la  sagesse  et  à  la  magnanimité  des 
«  souverains  qui  y  président  ». 


328.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

M.  K.  à  HAGER 

Liste  des  convives  de  Talleyrand,  le  9  octobre  (2). 

A  dîner  chezTalleyrandle  9  octobre  le  comte  (3)  Rosencranz, 
le  prince  d*lsenburg  (4),  Vernègues,  le  comte  Pappenheim,  le 
prince  Czartoryski,  Wieland,  Reinhard,  Montenach  (5),  (Suisse) 
et  Isabey. 

P.-S.  —  Czartoryski  fait  porter  un  billet  à  la  comtesse  de 
Périgord  qui  habite  chez  Talleyrand. 


329.  Vienne,  10  octobre  1814  (P.  2.  4188  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Rapport  sur  Jomini.  Précautions  qu'il  prend.  On  a  relevé  l'empreinte 

de  ses  serrures. 

Le  Général  Jornini,  qui  enferme  tous  ses  papiers,  a  fait  chan- 
ger toutes  les  serrures  et  emporte  toutes  les  clés.  Il  serait  dif- 

1.  Premier  représentant  de  la  Hesse  électorale  au  Congrès. 

2.  Je  ne  donne  ce  rapport  et  cette  liste  des  convives  qu'afinde  mieux  mon- 
trer la  façon  d'opérer  de  la  Police  Impériale  royale. 

3.  Rosencranz  n'était  que  baron. 

4.  Isenburg-Bir8tein(Gharles-Frédéric-Louis-Maurice,  prince  d'), né  en  1766. 

5.  Tous  trois  représentants  de  la  Suisse  pour  la  Diéle. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      261 

ficile  et  dangereux  de  chercher  pour  le  moment  à  ouvrir  les 
tiroirs.  On  essayera  cependant  quand  il  sera  rétabli  et  sortira 
de  nouveau  et  qu'on  pourra  de  cette  façon  en  extraire  pendant 
quelques  heures  un  de  ses  cahiers.  On  a  dès  maintenant  pris 
l'empreinte  des  nouvelles  serrures. 


330.  Vienne,  10  octobre  soir  (F.  2.  4188  ad  3565). 

Rapport   à   HAGER 
Rapport  sur  Aldini. 

Aldinia  eu  aujourd'hui  un  long  entretien,  d'abord  avec  Saint- 
Marsan,  ensuite  avec  Stadion. 


331.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

La  visite  des  souverains  A  Aspern  et  A  Wagram.  Tension  des  rapports  entre 
les  officiers  prussiens  et  russes  de  la  suite  des  souverains. 

La  visite  aux  champs  de  batailles  de  Wagram  et  d'Aspern 
semble  n'avoir  intéressé  ni  le  roi  de  Prusse,  ni  l'empereur 
Alexandre.  On  a  remarqué  plus  que  jamais  la  froideur  des 
rapports  entre  la  Suite  prussienne  et  la  russe.  De  part  et  d'autre 
on  se  livre  tout  haut  à  des  remarques  désagréables. 


332.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  3961  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Labrador.  Son   opinion  sur   la  situation.  Ses  idées  sur  la  Russie,  les  Pays- 
Bas  et  la  Hollande,  l'Autriche  et  l'Italie.  Arrivée  de  Los  Rios  à  Vienne. 

Labrador  est  nettement  hostile  à  la  prépondérance  de  la  Rus- 
sie à  Tannexion  des  Pays-Bas  à  la  Hollande,  à  Taccroissement 


262  AUTOUA  DU  CONGRÂS   DE   VUBiNKE 

de  riofluence  anglaise.  Il  oroit  que  l'Autriche  devrait  renon- 
cer au  préjugé  qui  lui  fait  croire  que  sa  puissance  consiste 
dans  la  possession  de  l'Italie  et  qu'elle  devrait  au  contraire 
chercher  l'agrandissement  de  son  Empire  en  Allemagne.  L'Ita- 
lie devrait  être  partagée  en  petits  E^ats  donnés  à  des  princes 
des  maisons  de  Bourbon  et  d'Autriche  moyennant  un  pacte 
qui  les  rendrait  indépendants  de  tous  droits  de  suzeraineté. 

Il  croit  que  les  Italiens  préfèrent  les  Espagnols  aux  Alle- 
mands. 

Arrivée  à  Vienne  du  chevalier  de  Los  Rios  (1),  ancien  ami 
de  l'informateur,  et  qui  vient  remplacer  Ferez  de  Castro  rap- 
pelé à  Madrid. 


333.  Vienne  sans  date  (F.  2.  4188  au  3565). 

©  ©  à  HAGER 

Les  déclarations  de  Talleyrand  relatives  à  TÂllemagne  rapportées  par  le 
comte  Keller.  Le  salon  politique  du  comte  Pries.  Un  mot  attribué  à  l'em- 
pereur François.  Les  deux  plus  jolies  femmes  devienne  d'après  Alexandre. 

Le  comte  Keller,  ministre  d*Etat  de  la  Hesse  Electorale,  le 
même  qui  représentait  la  Prusse  à  Vienne,  il  y  a  douze  ans, 
a  été  frappé  par  les  déclarations  suivantes  que  Talleyrand  a 
faites  en  sa  présence. 

Le  prince  considère  comme  illégal  tout  ce  qui  s'est  fait  en 
Allemagne  depuis  1803.  Toujours  d'après  lui,  tous  les  princes, 
qui  n'ont  pas  formellement  abdiqué,  qui  n'ont  pas  délié  leurs 
sujets  de  leur  serment,  reprennent  et  récupèrent  tous  les  droits, 
11  en  résulte  pour  lui  que  l'électeur  de  la  Hesse-Electorale  qui 
n'a  jamais  abdiqué,   qui   n'a  jamais  relevé  ses  sujets  de  leur 

1.  Los  Rios  (comte  de),  fils  naturel  du  duc  de  San  Fernando,  attaché  à 
l'Ambassade  d'Espagne  à  Vienne,  chargé  d'affaires,  puis  ministre  dans  plu- 
sieurs cours,  «  homme  très  spirituel,  très  amusant,  de  très  bonne  et  très  mau- 
vaise compagnie,  excessivement  libertin  et  disant  tout  ce  qui  lui  passe  par 
la  tète  et  notamment  qu'il  ne  répondait  pas  de  la  vertu  d'aucune  femme  qui 
a  passé  une  heure  en  tète  à  tête  avec  lui  voire  même  en  voiture...  l'insolent!  » 
Baron:<b  du  Moxtbt  {Souvenirs). 

2.  Keller  (Louis-Christophe,  comte  de)  (1737-1827),  d'abord  chambellan  et 
conseiller  d'ambassade  du  roi  Frédéric  il,  ministre  de  Prusse  à  Stockholm,  à 
Saint-Pétersbourg,  puis  à  Vienne,  devint  en  1811  ministre  du  Grand-Duché 
de  Francfort  à  Paris  et  représenta  à  Vienne  l'électorat  de  Hesse  avec  le  baron 
de  Turkheim. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      2Ô3 

serment,  auquel  on  a  arraché  Hanau  par  laforce,  qui  n'a  jamais 
fait  partie  de  la  Confédération,  est  bien  et  dûment  en  posses- 
sion du  Hanau  et  que  c'est  à  bon  droit  qu'on  lui  a  restitué 
ses  anciens  Etats. 

D'après  Talleyrand,  le  roi  de  Saxe  n'abdiquera  jamais  et  ne 
relèvera  jamais  ses  sujets  de  leur  serment. 

Quant  au  Primat  (1),  il  a,  il  est  vrai,  écrit  la  stupide  lettre 
que  Ton  sait  au  roi  de  Bavière  et  a  renoncé  à  son  grand  duché 
sub  clausula  in  favorem  du  prince  Eugène,  mais  en  réalité  le 
grand  duc  de  Francfort  n'a  jamais  abdiqué,  n'a  jamais  délié 
ses  sujets  de  leurs  devoirs  envers  lui.  Tant  qu'un  prince  n'a 
pas  donné  les  lettres-patentes  qui  relèvent  ses  sujets,  il  ne 
peut  y  avoir  de  prise  de  possession  légitime  pour  qui  que  ce 
soit.  L'annexion  du  grand  duché  d'Aschaiîenburg,  la  cession 
qu'en  a  faite  le  baron  Hûgel  (2)  au  roi  de  Bavière,  est  nulle  et 
non  avenue. 

Toujours  d'après  Talleyrand,  les  traités  d'Alliance  entre 
l'Autriche,  le  Wurtemberg,  Bade,  etc.,  etc.,  quoique  inconsi- 
dérément et  maladroitement  rédigés,  renferment  cependant 
malgré  leurs  lacunes  [Videantur  traclatus  concernentes)  des 
clauses  d'obligations  réciproques  qui  permettront  au  Congrès 
de  leur  donner  une  nouvelle  [interprelatio  authentica)  et  de 
mettre  le  nouveau  statut  de  l'Allemagne,  en  tenant  compte  des 
stipulations  résultant  des  actes  constitutifs  de  la  Confédéra- 
tion du  Rhin  en  180(5,  en  harmonie  et  d'accord  avec  les  prin- 
cipes généraux  des  constitutions  allemandes.  Talleyrand,  loin 
de  faire  un  mystère  de  sa  manière  de  voir,  exprime  bien  haut 
ses  idées  et  autorise  ses  interlocuteurs  à  les  répéter  partout 
sous  sa  propre  responsabilité. 

Castlereagh  a  dîné  avant-hier  avec  Floret  chez  le  comte 
Pries,  chez  lequel  Dalberg,  le  comte  Solms  et  Stein  soupent 
presque  tous  les  jours.  C'est  chez  Pries  qu'on  est  le  mieux 
renseigné  sur  tout  ce  qui  se  passe  en  politique. 

La  comtesse  Callenberg  a  dit  hier  chez  Puffendorf  :  «  Votre 
Empereur  est  d'excellente  humeur.  Il  a  cependant  déjà  assez 


1.  Le  prince  primat  gprand  duc  de  Francfort  et  oncle  de  Dalberg. 

2.  Le  prince  primat  avait  renoncé  à  Aschaffenburg  en  faveur  du  duc,  son 
neveu  Talleyrand  fait  allusion  à  la  négociation  conduite  par  le  baron  Hûgel 
et  qui  avait  abouti  à  la  cession  faite  par  l'Autriche  à  la  Bavière  de  ce  duché 
en  échange  du  Tyrol.  Hugcl  représenta  l'Autriche, d'abord  à  Ratisbonne,  puis 
à  Francfort. 


264  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

de  cette  perpétuelle  représentation.  »  Et  pour  prouver  que  le 
souverain  est  réellement  de  fort  belle  humeur,  on  lui  prête 
cette  plaisanterie:  «  Si  cela  doit  continuer  ainsi,  je  demanderai 
ma  retraite.  Je  ne  suis  pas  de  taille  à  mener  longtemps  une 
pareille  vie.  » 

On  a  vanté  hier  chez  PufTendorf  Ténergie  et  la  décision  dont 
Metternich  fit  preuve  dans  ses  rapports  avec  Talleyrand.  On 
reconnaît  qu'on  était  loin  de  s'y  attendre. 

Alexandre  a,  paraît-il,  dit  que  la  comtesse  Esterhazy-Roi- 
zin  et  Sophie  Zichy  étaient  les  plus  jolies  femmes  de  Vienne. 


334.  Vienne,  12  oclobre  1814  (F.  2.  3961  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (Rapportât  bordereau  du  12  octobre). 

Russie,  Pologne,  Czarloryski,  Metternich  et  les  ministres  des  princes 
allemands.  Labrador  et  la  politique  de  l'Espagne. 

Il  appelle  l'attention  de  Sa  Majesté  sur  les  concessions  que 
la  Russie  semble  vouloir  faire  au  sujet  de  la  Pologne,  sur  les 
dires  de  Gzartoryski,  sur  Tanimosité  des  envoyés  des  princes 
Allemands  contre  Metternich,  enfin  sur  ce  que  Labrador  a  dit 
de  la  politique  de  sa  Cour.  Il  transmet  en  outre  la  liste  des 
personnages  invités  à  dîner  chez  Stackelberg  le  7  octobre  et 
l'analyse  de  trois  lettres  interceptées,  d'ailleurs  assez  insigni- 
fiantes, de  Werry  à  Gentz,  d'Isabelle  Hoppner  à  son  mari, 
secrétaire  chez  lord  Castlereagh,  et  de  Planta,  secrétaire  de 
lord  Castlereagh  au  comte  de  Salis-Soglio  (1). 

La  surveillance  de  Castlereagh,  Hardenberg,  Nesselrode, 
Stein,  Anstett,  La  Harpe,  Talleyrand,  Labrador,  Gaertner, 
Campochiaro,  Cariati,  Radziwill  et  du  Prince  Eugène  n*a 
révélé  aucun  fait  saillant. 


1.  Salis-Soglio  (Jean-Ulrich)  (1790-1871).  Officiera  l'Etat-major  suisse  (1809), 
aux  chevau-Iégers  bavarois  (1811),  officier  d'ordonnance  de  Wrcde  (1813- 
1814),  assista  aux  batailles  de  Hanau,  Brienne,  Bar-sur-Aube,  Arcis,  la 
Fère-Champcnoise,  passé  au  service  de  Hollande  de  1815  à  1840,  colonel  à 
l'Elat-major  fédéral  (1842),  joua  un  rôle  considérable  dans  les  troubles  qui 
divisèrent  la  Confédération  et  rentra  dans  la  vie  privée  à  la  fin  de  1847. 


LES    PnÉLlMI»AIBBS    ET    LES  AJOURNE  M  E?ITS   DU    COÏIGRËS       ioo 

335.  Vienne,  11  octobre  [F.  1.  39S1  ad  3S6S). 

Happokt  à  HAGER 

Sa  derniire  convcraalîon  avec  Analelt.  L'animosiU  d'Anatetl  contre  Meller- 
nich.  Les  diaposilioQB delà HuBsisi l'égard  de  l'Aulriclic  el  de  la  Pruato. 
Le  voyage  d'Alexandre  en  Hongrie. 

Ma  dernière  conversation  avec  Anstett  ne  m'a  pas  appris 
grand'chose.  Il  est  de  plus  en  plus  manifestement  hostile  à 
Metternich  et  sa  rancune  vient  sans  l'ombre  d'un  doute  de  ce 
(]ue  c'est  lui  qu'il  rend  responsable  de  l'injustice  dont  il  se 
croit  victime,  du  fait  qu'il  n'a  pas  encore  reçu  le  cordon  de 
l'ordre  do  Léopold.  11  m'a  parlé  d'un  dîner  qui  eut  lieu  récem- 
ment chez  Metternich  où  il  fut  question  des  finances  et  où  il 
ne  se  priva  pas  de  combattre  sèchement  et  durement  les  idées 
quelque  peu  baroques  du  prince... 

J'essayai  de  ramener  la  conversation  sur  le  Congrès  et  de 
provoquer  ses  confidences  en  lui  disant  que  J'espérais  bien  le 
voir  faire  partie  d'une  des  commissions  chargées  de  l'organi- 
sation d'un  des  territoires  dont  le  sort  serait  décidé  par  le 
Congrès.  Il  me  dit  que  le  Congrès  n'avait  pas  encore  com- 
mencé, parce  que  jusqu'à  ce  jour  on  ne  s'était  chamaillé  que 
sur  des  questions  de  pure  forme,  mais  qu'il  persistait  néan- 
moins à  croire  que  tout  Snirait  bien. 

Moi.  —  «  Certes,  mais  seulement  si  on  vous  accorde  ce 
4]ue  vous  désirez  ?  Sinon,  selon  votre  vieille  habitude,  vous 
chercherez  à  nous  créer  des  ennemis  tant  à  l'intérieur  qu'à 
l'estérieur,  ennemis  qui  tireront  parti  des  divergences  exis- 
tant entre  notre  Cour  et  la  Hongrie  et  qui  joueraient  chez 
nous,  mais  sur  une  plus  grande  échelle,  le  rôle  que  la  Serbie 
cherche  à  jouer  avec  la  Porte.  » 

Lui.  —  «  Vous  n'avez  qu'à  être  raisonnables  et  qu'à  donner 
quelques  satisfactions  d'amour-propre  à  mon  Empereur.  11  ne 
recherche  pas  les  avantages  réels.  Tout  ce  qu'il  veut,  c'est 
pouvoir  réaliser  son  idée  favorite.  Il  est  trop  généreux  et  trop 
magnanime  pour  risquer  d'être  flétri  dans  l'histoire  pour  avoir 
recouru  h  la  ruse  et  à  des  expédients  honnêtes.  Nous  avons 
depuis  longtemps  rompu  avec  le  graeca  fides.  Nous  sommes 
tous  d'honm'tes  gens  dans  le  cabinet  qui  ne  voulons  avoir  rien 
do  commun  avec  les  faiseurs  de  la  vieille  Grèce.  Nous  n'atti- 


266  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

Ferons  jamais  à  nous  vos  sujets  grecs,  ni  vos  Hongrois.  A 
vous  de  voir  à  leur  donner  satisfaction.  » 

Moi.  —  €  Ce  serait  en  effet  quelque  chose.  Mais  de  votre 
côté  vous  comptez  sur  Tappui  constant  de  la  Prusse.  » 

Lui.  —  €  Pas  plus  que  sur  vous.  La  Prusse  va  en  effet  rede- 
venir ce  qu'elle  était  en  1757.  Mais  d'autres  Etats  ont  grandi, 
eux  aussi,  en  proportion.  Peu  importe  à  qui  vont  les  sympa- 
thies du  roi.  La  politique  d'aujourd'hui  est  au-dessus  des 
questions  de  sentiments.  Du  reste  pour  le  moment  nous  n'avons 
qu'à  nous  louer  des  sentiments  du  roi.  » 

Moi.  —  «  Votre  empereur  va  le  20  à  Ofen.  » 

Lui.  —  «  Et  le  vôtre  aussi.  Ce  qui  ne  plaît  guère  au  mien 
parce  qu'il  se  proposait  d'y  célébrer  une  petite  fête  de  famille, 
tout  à  fait  dans  rintimité(l).  » 


336.  Vienne,  11  octobre  1814,  4  heures  de  l'après-midi  (F.  2.  3961 

ad  3565).  ^ 

Rapport  à  HAGER 

Anstell.  Les  concessions  de  Talleyrand'sur  la  forme. 
Travaux  pressés  confiés  à  Ânstett.  Alexandre  et  les  uniformes  de  hussard. 

Je  viens  de  nouveau  de  voir  Anstett  que  j'ai  rencontré  dans 
la  rue  et  accompagné  chez  lui. 

Moi.  —  €  Eh  bien? Toujours  rien  de  nouveau  du  Congrès?  » 
Lui. —  «  Rien,  si  ce  n'est  que  Talleyranda  fait  quelques  con- 
cessions quant  aux  formes,  mais  maintenant  il  s'agit  de  tran- 
cher des  questions  qui  me  valent  pas  mal  de  besogne  à  faire 
le  soir.  L'Empereur  m'a  chargé  de  les  étudier  et  de  les  prépa- 
rer, et  elles  sont  aussi  nombreuses  que  graves.  J'ai  déjà  eu  à 
en  parler  pendant  deux  heures  et  demie  dans  la  conférence  par- 
ticulière quia  eu  lieu  aujourd'hui.  On  m'a  chargé  en  outre  d'un 
autre  travail,  non  moins  urgent  et  délicat,  qui,  si  je  parviens  à 
à  le  mener  à  bonne  fin,  ne  vous  sera  pas  défavorable  et  qui  a 
aussi  trait  à  cette  chère  Pologne.  Si  je  ne  puis  le  finir  d'ici 
demain,  je  m'en  consolerai  parce  que  TEmpereur  ne  pense  guère 
qu'à  son  uniforme  de  hussard.  Pour  Dieu,  mon  cher,  gardez 

1.  Allusion  à  Tarchiduc  Palatin  Joseph,  beau-frère  d'Alexandre  1". 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      267 

cela  pour  vous.  Je  Tai  trouvé  aujourd'hui  en  train  d'essayer 
huit  ou  neuf  culottes  de  hussard^  désolé  de  voir  que  toutes  étaient 
trop  petites  et  trop  courtes.  Il  y  tient  d'autant  plus  qu'il  savait 
que  le  roi  de  Prusse  s'était  déjà  montré  à  la  Redoute  en  hus- 
sard. On  a  envoyé  un  courrier  à  Pétersbourg  pour  en  rappor- 
ter l'uniforme  de  hussard  du  comte  Ojarowsky .  11  arrivera  trop 
tard.  On  le  fit  remarquer  à  l'Empereur  qui  n'en  démordit  pas  et 
l'expédia  quand  même.  Cela,  mon  cher,  vous  donne  une  idée  de 
la  jeunesse  de  notre  Empereur.  Mais  encore  une  fois  mon  cher, 
n'en  dites  rien  à  personne,  pas  même  à  votre  femme.  » 

Il  se  mit  au  travail  et  je  pris  congé  de  lui.  Anstett  pense 
rester  encore  ici  six  semaines  au  moins. 


337.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  a961  ad  3565). 

Nota  à  HAGEH  (en  français j. 

Attitude  des  Russes.  Un  mot  d'Alexandre  sur  ses  intentions.  L'empereur 
François,  la  Pologne  et  Murât.  La  brouille  et  l'altercation  des  deux  princes 
royaux  de  Bavière  et  de  Wurtemberg. 

Les  Russes  parlent  déjà  en  maîtres  du  monde.  Je  connais  la 
personne  à  qui  un  de  leurs  ministres  a  dit  que  leur  but  était  à 
présent  un  seul  :  Celui  de  conserver  la  prépondérance  qu'ils 
avaient  acquise  par  tant  de  sacrifices^  d'efforts  et  de  succès  en 
Europe, 

Czartoryski  doit  être  celui  qui  a  confié  à  un  Polonais^  de  qui 
je  tiens  l'anecdote,  mais  qui  n'a  pas  voulu  me  nommer  la  source, 
qu'Alexandre  en  partant  de  Pétersbourg  pour  Vienne  avait  dit: 
«  J'irai  puisque  on  le  veut,  mais  je  n'y  ferai  ni  plus  ni  moins 
que  ce  que  je  veux.  *  Ce  propos  est  sûr. 

Sickingen  a  été  hier  matin  chez  le  roi  de  Danemark  et,  entre 
autres  choses,  il  lui  a  dit  que  la  veille  il  avait  couché  l'Empe- 
reur et  qu*il  était  resté  auprès  du  lit  du  monarque  jusqu'à  ce 
qu'il  fût  endormi  ;  qu'en  parlant  politique  l'Empereur  lui  avait 
dit:  <  Qu'il  y  aurait  une  Pologne  et  qu'il  ne  pouvait  pas  Fem- 
pêcher.  » 

Le  même  comte  Sickingen  a  fait  dire  dernièrement  en  ami 
au  commandeur  RufTo  que  notre  Empereur  lui  avait  confié  : 
€  Qu'il  n*a  pas  le  courage  de  rompre  le  traité  qu'il  avait  fait 


268  AUTOUil   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

avec  Murai  et  de  manquer  de  parole,  mais  qu'il  ne  ferait  rien 
pour  le  soutenir  sur  le  trône  usurpé  ;  que  les  ministres  de  son 
beau- père  (I)  devaient  faire  en  sorte  d'engager  la  France, 
TEspagne  et  la  Russie  et  surtout  TAngleterre  à  le  culbuter  ; 
que  c'est  de  ce  côté  qu*il  fallait  agir  et  engager  les  puissances 
à  parler  fortement  et  à  se  prononcer  d'une  manière  imposante.  » 
Le  porteur  a  fait  la  commission. 

Les  deux  princes  héréditaires  de  Bavière  et  de  Wurtemberg 
ont  ime  dent  Tun  contre  Tautre.  La  répudiation  qu*a  fait  Tun 
de  la  sœur  de  Tautre  en  est  la  cause.  Dernièrement,  chez  la 
princesse  de  Thurn  et  Taxis,  en  jouant  au  colin-maillard,  celui 
de  Bavière  qui  était  Taveugle  attrapa  la  belle  Julie  Zichy. 
11  vantait  son  bonheur.  L'autre  lui  dit  qu*il  Tavait  attrapée 
parce  qu'il  l'avait  vue,  n'étant  pas  bien  bandé,  et  qu'alors  il 
n'y  avait  pas  de  quoi  se  vanter.  Celui  de  Bavière  lui  répondit  : 
«  Vous  avez  toujours  à  me  dire  des  choses  désagréables. 
J'espère  que  vous  rétracterez  ce  que  vous  venez  de  dire.  » 
L'autre  ne  répondit  rien  et  celui  de  Bavière  lui  fît  savoir  qu'il 
l'attendait  le  lendemain  matin  au  Prater  avec  ses  pistolets.  Le 
prince  de  Wurtemberg  y  alla  et  au  lieu  de  son  adversaire  il 
reçut  un  billet  de  Wrede  dont  on  ne  sait  pas  le  contenu.  Mais 
on  sait  qu'après  l'avoir  lu  le  prince  rentra  en  ville  et  le  duel 
n'eut  pas  lieu. 


338.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  3961  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français)  (Analyse). 
Déception  des  Polonais.  Maintien  du  partage  de  la  Pologne. 

Les  patriotes  polonais,  qui  croyaient  fermement  à  la  résolu- 
tion formelle  d'Alexandre  de  rétablir  le  royaume  de  Pologne, 
viennent  d'éprouver  une  cruelle  déception. 

Aujourd'hui  tout  est  changé  et  ce  changement  subit  s'est 
opéré  à  la  suite  de  la  dernière  audience  que  plusieurs  Polo- 
nais eurent  chez  le  prince  Adam  Czartoryski.  Le  prince  leur 
aurait  déclaré  que  l'Empereur,  ne  pouvant  résister  aux  inten- 

1.  Ferdinand  IV,  père  de  sa  seconde  femme. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      209 

lions  fermes  et  réunies  des  cours  de  Vienne  et  de  Berlin,  s'est 
déterminé  à  acquiescer  au  partage  de  la  Pologne,  de  sorte  que 
la  Prusse  aura  sa  part  avec  Thorn  et  Posen  ;  TAutriche,  Craco- 
vie  avec  un  territoire  jusqu'à  la  Pilitza  ;  la  Russie,  le  reste  du 
duché  avec  Varsovie  qui  conservera  la  constitution  conGrmée 
par  la  dernière  Diète.  Il  ajouta  que  «  TEmpereur  fera  tous 
ses  efforts  pour  conserver  au  duché  autant  de  territoire  qu'il 
pourra,  qu'il  ne  cédera  qu'au  pis  aller  les  portions  susdites  à 
l'Autriche  et  à  la  Prusse,  mais  qu'au  reste^  il  ne  saurait  plus 
être  question  d'un  royaume  de  Pologne  ». 


339.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  3961  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français)  (Analyse). 

Optimisme  avec  lequel  les  ministres  de  Murât  envisagent  la 
situation  de  leur  roi  dont  ils  considèrent  le  maintien  comme 
absolument  certain.  L'opinion  publique  s'inquiète  de  la  len- 
teur de  la  marche  des  affaires  du  Congrès. 


340.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  3961  8d  3565). 

©©  à  HAGER  (en  français)  (Analyse). 

L'igoumcmcnt  du  Congrès  et  le  mot  de  Rechberg.  Opinion  de  00  sur  le 
Congrès.  Conférence  secrète  du  grand  duc  de  Bade  avec  son  ministre  le 
9  octobre. 

11  lui  énumère  et  lui  expose  les  raisons  qui  ont  motivé 
Tajournement  du  Congrès  au  1"  novembre  et  rapporte  le  mot 
du  comte  de  Rechberg  :  «  Est-ce  qu'on  aura  plus  d'esprit  le 
1''  novembre  qu'on  en  avait  le  8  octobre.  > 

C'est  le  glaive  qui  tranchera  peut-être  le  nœud  et  c'est  à 
Paris  (ju'on  aurait  dû  tout  régler  en  mai.  Il  croit  enfin  que  le 
Congres  et  l'assemblée  des  Souverains  à  Vienne  n'amèneront 
aucun  résultat  et  signale  la  conférence  secrète  que  le  grand  duc 


270  AUTOUR  DU  COmift»  DE   VIENNE 

de  Bade,  très  mécontent  de  la  tournure  prise  par  les  affaires, 
a  tenue  le  20  octobre  avec  son  ministre. 


341.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  3973  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER 

Un  mot  d'Alexandre  à  l'empereur  François. 

€  Papa,  heureusement  pour  vous  Pétersbourg  est  trop  loin 
de  Vienne,  sans  cela  je  serai  ici  tous  les  jours.  » 


342.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  3961  ad  3575). 

H...  à  HAGER 

Sur  les  chances  d'admission  de  la  proposition  de  Colta. 

La  proposition  de  Cotta  relative  à  la  propriété  littéraire  et 
à  la  liberté  de  la  Presse  ne  sera  que  bien  mollement  soutenue 
par  les  ministres  des  cours  étrangères  qui  considèrent  que  la 
solution  de  cette  question  est  en  somme  du  ressort  de  TAu- 
triche  dont  les  intérêts  sont  presque  seuls  en  jeu. 


343.  Vienne,  sans  date  (1)  (F.  2.  3913  ad  3565). 

Comtesse  de  REGHBERG  à  son  père  (le  comte  de  GOERZ) 
(à  Ratisbonne).  Intercepta  (en  français). 

Le  Congères.  Montgel as.  RazoumofTski  et  Stackelberg.  L'altercation  des  princes 
royaux  de  Bavière  et  de  Wurtemberg.  Les  causes  de  l'ajournement  du 
Congrès.  Bruit  du  départ  des  souverains  au  commencement  de  novembre. 

Nous  sommes  toujours  dans  Tattente.  On  est  encore  occupé 
des  formes. 

1.  Cette  lettre  n'a  pu  être  écrite  qu'entre  le  11  et  le  14  octobre. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      271 

Montgelas  ne  viendra  pas.  RazoumofTski  (1)  paraît  être 
embarrassé.  Il  file  doux.  Stackelberg  avait  eu  Tidée  d'écrire 
au  ministre  et  de  lui  détailler  sa  position.  Il  souhaite  une 
espèce  de  réparation  ou  démission  avec  légère  pension. 

Je  viens  d'apprendre  que  Taffaire  du  duel  entre  le  prince 
royal  de  Wurtemberg  et  celui  de  Bavière  s'était  arrangée  par 
Tentremise  du  maréchal  de  Wrede. 

Le  Congrès  doit  être  ajourné  jusqu'au  2  novembre,  c'est-à- 
dire  que  les  quatre  grandes  puissances,  se  trouvant  gênées  par 
la  réunion  avec  les  petites  et  voulant  travailler  seules,  n'ont 
pas  trouvé  d'autres  moyens,  pour  arrivera  ce  but. 

Il  paraît  que  les  Souverains  quitteront  Vienne  dans  les  pre- 
miers jours  du  mois  prochain. 


344.  Vienne,  13  octobre  1814  (F.  2.  3973  ad  3565). 

HAGER  à  L'KMPEREUR  (Rapport  et  Bordereau  du  13  octobre). 

L'ajournement  du  Confies.  L'influence  de  Talleyrand  sur  les  petits  princes 
allemands.  Les  paroles  et  les  vues  de  la  Tour  du  Pin. 

Envoi  des  déclarations  relatives  à  la  remise  de  l'ouverture 
du  Congrès  au  1"  novembre.  Il  appelle  l'attention  sur  l'influence 
que  Talleyrand  exerce  sur  les  petits  princes  allemands  et  les 
moyens  qu  il  emploie.  Il  rapporte  enfin  les  paroles  suivantes 
de  la  Tour  du  Pin  (rapport  d'un  agent,  en  date  du  12  octobre). 

«  Les  petits  Etats  sont  justement  effrayés  de  l'ajournement 
du  Congrès.  La  France  ne  désire  qu'un  contre-poids  contre  la 
Russie.  La  Chrétienté  s'était  liguée  contre  les  Musulmans,  il 
y  a  des  siècles,  pourquoi  ne  se  liguerait-elle  pas  contre  les 
Kalmouks,  Baschkyrs  et  Barbares  du  Nord  ?...  Dans  les  huit 
puissances  qui  doivent  régler  les  affaires  du  Congrès,  comment 
a-t-on  pu  exclure  le  Danemark  et  la  Bavière  et  y  admettre  le 
Portugal  qui  siège  au  Brésil  et  dont  les  pouvoirs  et  instruc- 
tions n'arriveront  que  dans  un  an.  Nous  sommes  ici  quatre 
Français  comme  il  y  a  quatre  Russes  et  comme  il  doit  y  avoir 

1.  Allusion  au  bruit  qui  courait  déjà  au  sigel   du  remplacement  de  Rou- 
miantzofTpar  Nessclrode  à  la  Chancellerie  de  l'Empire. 


272  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

quatre  Anglais.  Nous  ne  permettrons  pas  que  Ton  se  moque 
de  nous.  Nous  avons  400.000  hommes  disponibles  au  premier 
coup  de  sifflet. 

«  Nous  nous  rassemblons  tous  les  matins  à  quatre  heures  chez 
Talleyrand  et  il  nous  donne  à  chacun  son  thème.  » 

L'informateur  ajoute  :  «  J'ai  soupe  hier  chez  la  princesse  de 
la  Tour  et  Taxis.  » 


345.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.  2.  3973  ad  3565). 

Intercepta  divers. 

Note  présentée  par  Tancien  Grand  duc  de  Francfort,  arche- 
vêque de  Ratisbonne  (Dalberg).  Il  appelle  Inattention  des  Puis- 
sances sur  son  sort  et  son  existence  et  réclame  ce  que  le  recès 
de  TEmpire  d'Allemagne  en  1806  (1)  a  réglé.  11  recommande 
surtout  le  sort  des  anciens  employés  du  Grand  Duché  de  Franc- 
fort. 

Intercepta  de  deux  lettres  de  Stackelberg,  Tune  au  Nonce 
Severoli,  Tautre  au  Colonel  Nedoba  (consul  de  Russie  à  Bel- 
grade). 


346.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.  2.  3973  ad  3565). 

Rapports  à  HAGER 

Hcnscignements  sur  Joséphine  Wolters  et  ses  relations 
avec  le  prince  Wolkonsky. 

Joséphine  Wolters  (de  Cologne),  âgée  de  dix-neuf  ans.  Le 
prince  Wolkonsky  la  fait  venir  presque  tous  les  soirs  chez  lui 
à  la  Rurg  et  souvent  sous  des  habits  d'homme.  Mariée  à  un 
officier  français,  elle  aurait  été  reniée  et  chassée  par  sa  famille. 
Son  mari  a  été  tué  à  Leipzig  ou  fait  prisonnier  par  les  Russes. 

1.  La  convention  signée  par  Napoléon  le  12  juillet  1806  avec  13  princes 
allemands  dont  les  principaux  étaient  Dalberg,  les  rois  de  Bavière  et  de  Wur- 
temberg, le  grand  duc  de  Bade,  le  landgrave  de  Ilesse-Darmstadt.  La  forma- 
tion de  la  Confédération  du  Rhin  mit  fin  à  l'existence  d'une  foule  de  petits 
Etals  conservés  parle  Recès  de  1803  (Cf.  Talleyrand.  Mémoires,  1,  304). 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET   LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      273 

Elle  a  fait  alors  la  connaissance  de  Wolkonsky  qui,  après  Tavoir 
envoyée  à  Prague,  l'aurait  fait  venir  ici. 


847.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.  2.  3961  ad  8565  . 

Ordre  donné  par  HAGER 
Ordre  d'expulsion  du  baron  d'Otterstedt. 

Ordre  d'expulser  le  baron  d'Otterstedt  (1)  qui  n'a  aucun 
caractère  diplomatique  et  se  faufile  partout  si,  dans  un  délai  de 
trois  jours,  il  ne  peut  fournir  de  bonnes  raisons  de  sa  présence 
à  Vienne. 


348.      Vienne,  14  octobre  1814  (F.  2.  4280  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Rapport  journalier  et  bordereau  du  14  octobre. 

11  lui  rend,  entre  autres,  compte  de  l'emploi  qu'il  se  propose 
de  faire  d'un  certain  agent  D...  et  appelle  son  attention  sur  les 
lettres  interceptées  et  sur  un  ChifFon  trouvé  et  ramassé  chez 
Stackelberg. 


849.  Vienne,  13  octobre  1814  (F.  2.  3994  ad  3565). 

Lettres  interceptées: 

!•  De  Stackelberg  à  Wolkonsky  relatives  à  des  dames  étran- 
gères retenues  par  la  douane  de  Prague  ; 

2"*  Du  prince  de  Taxis  à  son  fils  Max  (lettre  de  famille)  ; 
3*  D'Aldini  au  comte  Eltz  (demande  d'audience). 


1 .  Cet  ordre  d'expulsion  fut  rapporté  ;  d'Otterstedt,  employé  par  la  PoUaei 
HofstelUf  resta  à  Vienne  pendant  toute  la  durée  du  Congés. 

T.  I.  18 


274  AUTOUR  DU  CONGRÈS    DE  VIENNE 

350.  Vienne,  13  octobre  1*814  (F.  3.  8994  ad  3565). 

Chiffon  (1) 

# 

Chiffon  trouvé  et  ramassé  ches  Stackelberg. 

Envoi  du  compte  des  dépenses  extraordinaires  d'une  mis- 
sion qui  a  duré  dix  mois  et  a  pris  fin  dans  les  derniers  jours 
d'août.  Demande  de  faire  approuver  ces  comptes  contenant  le 
relevé  des  dépenses  faites  en  grande  partie  au  Tyrol. 


351.  Vienne,  13  octobre  1814  (F.  3.  3994  et  3565). 

Rapports  à  HAGER 

Surveillance  de  différents  personnages.  Le  prince  Eugène 
et  ses  visites  à  Marie-Louise. 

Rapports  sur  le  grand  duc  de  Bade,  Hardenberg,  baron 
Hacke  (ministre  du  grand  duc  de  Bade)^  Gaertner  (qui  met 
lui-même  ses  lettres  à  la  poste  ou  les  fait  porter  par  son  fils), 
Anstett,  Jomini  (toujours  encore  malade  à  la  chambre),  Tal- 
lejrand  (liste  des  visites  faites  et  reçues  par  lui  et  des  con- 
vives qui  dînent  chez  lui),  Dalberg,  Goupy,  Gampochiaro, 
Aldini,  enfin  sur  le  prince  Eugène  (qui  a  été  chez  Marie-Louise 
dès  le  lendemain  de  son  arrivée  à  Vienne,  y  est  retourné  le 
11  avec  Tascher  (2)  et  y  est  resté  fort  longtemps). 


1.  La  Police  Impériale  désignait  sous  le  nom  de  c/it/fon, comme  nous  l'avons 
déjà  dit  plus  haut,  les  papiers  déchirés,  jetés  dans  les  corbeilles,  que  ses  obser- 
vateurs ramassaient,  lorsqu'ils  le  pouvaient,  et  que  d'autres  agents  avaient  la 
patience  et  le  talent  de  reconstituer  à  l'aide  de  bandelettes  fixées  avec  de  la 

cire. 

1.  Tascher  de  la  Pagerie  (Pierre-Claude-Louis-Roberl,  comte  de)  (1787- 
1861)  officier  d'ordonnance  de  l'Empereur  après  Eylau,  où  il  s'était  couvert 
de  gloire  comme  sous-lieutenant  au  4*  de  ligne.  Envoyé  par  l'Empereur  en 
1809  à  Eugène,  qui  ne  voulut  plus  se  séparer  de  lui,  Tascher  le  suivit  en  exil 
et  resta  auprès  de  lui  jusqu'à  son  dernier  moment.  Chargé  en  1837  par  le 
prince  Louis  Napoléon  de  conduire  à  Rueil  le  corps  de  la  reine  Hortense, 
Tascher,  rappelé  en  France  par  Napoléon  III,  fut  fait  par  lui  sénateur  et  un  peu 
plus  tard  grand-maltre  de  la  maison  de  l'impératrice  Eugénie. 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS      275 
352.  Vienne,  13  octobre  1814  (F.  3.  3094  et  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

Dalberg  et  Hacke.  Animosité  de  Razoumoffsky  contre  Mettcrnich. 
Don  qu'il  fait  de  son  hôtel  à  la  Russie. 

RazoumofTsky  est  très  monté  contre  Metternich  et  excite 
contre  lui  Alexandre  et  la  grande  duchesse  d'Oldenburg. 

Dalberg  reçoit  tous  les  matins  un  certain  nombre  de  billets 
du  baron  Hacke  qui  est  entièrement  à  la  discrétion  des  Français. 

RazoumofTsky  vient  de  faire  don  à  la  Russie  de  sa  maison 
de  Vienne  pour  y  installer  à  Tavenir  TAmbassade. 


353.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.  3.  3994  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Capo  d'Istria.  Conversation  intime  avec  lui.  Les  fautes  irréparables  qu'on  a 
commises.  L'état  de  l'Europe  et  les  appétits  des  difTérents  Etats.  Considé- 
rations sur  la  Suisse,  Genève  et  le  Valteline.  Les  sept  lies,  Corfou,  l'ordre 
de  Malte,  la  Grèce. 

J'ai  passé  deux  heures  avec  Capo  d'Istria.  D'abord,  il  me 
dit  :  «  Causons  politique.  Oubliez  en  moi  le  ministre.  Parlons 
en  hommes  et  ici  sans  témoins.  Ailleurs,  c'est  le  ministre  qui 
parle,  et  je  dois  suivre  l'impulsion  qu'on  me  donne.  Je  ne  vous 
confierai  pas  des  secrets  de  ma  Cour,  mais  je  parlerai  en  cos- 
mopolite sur  ce  que  j'ai  vu  et  sur  ce  que  je  vois.  Ainsi  notre 
discours  ne  doit  pas  tirer  à  conséquences  ». 

Alors  rentrant  en  matière,  il  me  demanda  si  j'étais  content 
de  l'état  de  choses.  Je  dis  :  «  Oui,  pour  le  passé,  mais  pas  assez 
pour  le  présent.  » 

«  Eh  biea,  ni  moi  non  plus.  On  a  laissé  passer  trop  de 
temps.  On  s'arrangera  d'une  manière  quelconque,  mais  ni  belle, 
ni  solide.  La  raison  première  en  est  que  la  chose  demande- 
rait un  grand  homme  d'état,  et  il  n'existe  nulle  part,  ou  s'il 
existe,  il  n'est  pas  h  la  tête.  Je  suis  jeune  dans  le  métier,  mais 
j'ai  assez  d'acquit  pour  m'apercevoir  de  cette  grande  et  mal- 
heureuse vérité.  De  cela  en  est  venu  qu'on  n'a  pas  d'abord 


278  AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE  VIEMNB 

fins,  pourvu  qu'on  ne  nous  donne  pas  au  roi  de  Naples  ou  à 
celui  de  Sicile,  nous  ne  serons  pas  si  mal  entre  les  mains  des 
Anglais  ou  de  TOrdre,  parce  qu'on  ne  taxera  pas  nos  pro- 
ductions, ni  on  ne  nous  empêchera,  comme  faisaient  les  Véni- 
tiens du  temps  de  la  République  et  comme  feraient  Murât  et 
Ferdinand,  de  vendre  nos  denrées  à  qfti  nous  voudrons.  » 

Le  reste  de  la  conversation  regardant  la  campagne  et  les 
personnes  ne  serait  d'aucune  utilité,  aussi  je  n'allongerai  pas 
en  vain  cet  article.  Je  dirai  seulement  qu*il  a  fait  un  tel  éloge 
de  Ruffo  que  jamais  je  n'ai  entendu  le  pareil.  Il  m'a  dit  que 
par  sa  logique,  sa  science  diplomatique,  son  coup  d  œil  fin,  sa 
justesse  de  voir  en  grand,  il  en  faisait  le  premier  homme  d'état 
parmi  tous  ceux  qu'il  avait  vus,  et  que  c'était  une  perte  pour 
l'Europe  qu'il  servit  une  petite  puissance  persécutée,  maltraitée 
d'une  manière  si  injuste  et  si  cruelle  par  ses  ennemis  de 
même  que  par  ses  amis  et  ses  parents.  «  RufTo  à  la  tête  d'un 
grand  état  aurait  mené  l'Europe.  »  Voilà  ses  propres  paroles. 


854.  Vienni,  12  octobre  1814  (F.  3.  3^94  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
RazoumofTsky  et  Alexandre. 

On  sait  que  Razoumoffsky  a  fait  présent  de  sa  maison  du 
faubourg  (Landstrasse)  à  TEmpereur  Alexandre;  mais  peut- 
être  ignore-t-on  le  dialogue  qui  a  eu  lieu  entre  eux  à  cette 
occasion  :  En  voici  l'extrait  : 

f\Le  lendemain  du  jour  où  Alexandre  avait  dîné  là,  Razou- 
moffsky vint  à  lui,  un  papier  à  la  main,  et  lui  dit  qu'  «  Après 
que  Sa  Majesté  avait  daigné  dîner  chez  Elle  dans  Sa  maison  du 
Faubourg  de  Hongrie,  il  La  priait  de  lui  permettre  de  mettre 
à  Ses  pieds  le  papier  qu'il  avait  en  main.  » 

Alexandre  reprit  :  4C  J'ai  dîné  chez  vous.  » 

€  Non,  Sire,  c'est  chez  Vous  que  Vous  avez  dîné.  La  maison 
et  le  jardin  sont  à  Vous,  si  Vous  daignez  les  accepter.  En 
voici  la  donation.  Je  n'aurais  pas  retiré  un  million  de  roubles 
de  Russie  pour  mon   propre  caprice.  J*ai  pensé  que   Votre 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS  DU   CONGRÈS      279 

Ambassade  n*ayait  pas  ici  une  maison  digne  d'elle.  J*ai  bâti 
pour  elle.  » 

«  Mais  vos  héritiers  ?  Je  ne  veux  pas  les  en  priver.  > 

«  Mes  héritiers  sont  assez  riches  sans  cela.  Moi  et  mes 
frères,  nous  avons  encore  de  quoi  les  laisser  bien  pourvus  sans 
ceci.  Nous  y  avons  pensé.  > 

Là-dessus,  Alexandre  lui  dit  :  «  Dans  ce  cas,  j'accepte.  Je 
vous  remercie  et  vous  donnerai  dans  peu  de  jours  une  preuve 
de  ma  reconnaissance.  » 

On  dit  que  Razoumoffsky  a  été  cette  fois-ci  Técolier  de  Malin. 
Les  Russes,  qui  sont  touà  jaloux  et  ennemis  de  Razoumoffsky, 
frémissent  de  toute  cette  histoire  et  le  voient  derechef  ambas- 
sadeur à  Vienne,  seule  chose  que  le  comte  désire. 


355.  Vienne,  13  octobre  1814  (F.  2.  8994  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 
(Talleyrand  et  le  prince  de  Ligne.  Un  mot  du  prince  de  Li^e.) 

Se  trouvant  chez  le  prince  de  Ligne,  Talleyrand  parlait 
contre  les  Russes  et  de  la  crainte  où  il  était  de  voir  leurs  pro- 
grès. Au  milieu  de  son  discours,  on  annonce  un  général  russe. 
Talleyrand  change  aussitôt  de  discours  et  se  répand  en  louanges 
sur  la  Russie. 

Le  Prince  de  Ligne  lui  dit  à  mi-voix  :  €  Avouez,  mon  cher, 
que  vous  êtes  un  vrai  Tartuffe.  > 

Lui  :  €  Je  peux  tout  dire,  car  vous  me  considérez  comme 
un  vrai  radoteur.  » 


356.  Vienne,  13  juillet  1814  (F.  2.  8994  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 
(Sur  les  Jésuites  et  leur  influence  en  Belgique.) 

Le  fait  suivant  prouve  leur  influence  en  Belgique. 
Un  particulier  de  Gand  a  offert  80.000  florins  pour  leur  réta* 
blissement  dans  cette  ville. 


280  AUTOUR  ou  CONGRÈS   DB  VIENNE 


857.  Vienne,  13  octobre  1814  (F.  3.  4264  ad  SS65.) 

JOMINI  au  MAJOR  VOLDERNDORF  (1)  (près  de  Waldmûnchcn, 
en  Bavière)  inlercepla  (Analyse,  en  français). 

(Dessins  et  plans  pour  ses  ouvrages.  Il  l'autorisera  un  peu  plus  tard  à  tra- 
duire les  tomes  V  et  VI  et  l'invite  en  attendant  à  revoir  ce  qu'il  a  déjà 
traduit.) 

A  propos  des  dessins  que  le  major  lui  a  à  tort  envoyés  à 
Aarau,  il  lui  réclame  ceux  de  Yalenciennes  et  de  Cambrai,  de 
Maubeuge,  de  Charleroi  et  du  siège  de  Maubeuge,  et  lui  dit 
qu'il  ne  peut  pas  encore  Tautoriser  à  traduire  les  volumes  5 
et  6  qui  ne  sont  pas  encore  achevés.  Il  l'invite,  en  attendant, 
à  repasser  les  principes  et  surtout  le  chapitre  XII  <  où,  écrit-il, 
vous  avez  traduit  Topposé  de  ce  que  j'ai  dit  en  français  ». 


358.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565.) 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (Rapport  et  Bordereau  du  13  octobre). 

Il  appelle  l'attention  de  l'Empereur  sur  les  lettres  intercep- 
tées, dont  une  partie  provient  du  courrier  arrivé  le  13  chez 
lord  Castlereagh  et  venant  de  Londres  en  passant  par  Paris, 
ainsi  que  sur  \me  lettre  anonyme  provenant  de  chez  Dalberg* 


359.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  2.  4244  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
(Analyse  de  lettres  interceptées.) 

John  Radner  à  Ste^art  de  Londres,  27  septembre.  (Il  croit 
au  maintien  de  la  paix  à  cause  de  la  nécessité  de  faire  des  éco- 
nomies). 

1.  Ecrivain  militaire,  auteur  des  Mekerinnerungen  an  die  Jahre^  1813-1814 
et  de  la  Kriegtgetchichte  der  Bàyern  nnter  Kônig  Màximiliàn  Josef, 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      281 

Adon  à  Lamb,  York,  26  septembre  (relative  à  une  gravure 
pour  le  prince  Lubomirski). 

Broughton  à  Lamb,  Londres,  30  septembre  (destination 
probable  de  Stewart,  qui  serait  envoyé  à  La  Haye,  de  Can- 
ning  à  Lisbonne,  de  Sydenham  à  Berlin). 

Rien  de  saillant  dans  les  lettres  de  Thompson  Philipps, 
Perry,  Greenock,  de  Parker  au  major  Cathcart,  ni  dans  celles 
adressées  à  Lamb,  Clancarty  et  Stewart. 

Lord  Castlereagh  à  Johnson,  Vienne,  19  septembre.  (Il  lui 
donne  avis  de  sa  nomination  au  Consulat  de  Gênes). 

Wolkonsky  au  colonel  baron  d'Aster,  12  octobre,  au  géné- 
ral Oppermann,  13  octobre  (Autorisations  d'aller  à  Péters- 
bourg). 

Cooke  (1)  à  Jordan  13  octobre.  (Il  lui  recommande  de  faire 
partir  de  suite  par  le  comte  Einsiedel  la  lettre  destinée  au  roi 
de  Saxe.  Il  croit  qu'il  ne  faut  pas  presser  et  pousser  trop  vite 
la  question  de  la  Saxe  et  attribue  la  remise  du  Congrès  au 
1"  Novembre  aux  difficultés  que  présente  la  question  de  la 
Pologne.  Il  rinvite  à  lui  faire  suivre  ses  lettres  à  Berlin.) 

Lord  Castlereagh  à  George  Jackson  (à  Berlin),  Vienne,  9  oc- 
tobre. (Il  lui  donne  des  explications  sur  la  déclaration  du 
8  octobre  et  la  remise  du  Congrès.) 

Aldini  au  comte  Eltz.  (Demande  d'audience  chez  le  roi  de 
Bavière.) 

Aldini  à  Grûnne.  (Demande  d'audience  chez  l'Archiduc 
Charles.) 

Baudelot  (ami  intime  de  Jomini)  à  Sers  (Secrétaire  du  duc 
de  Dalberg),  contenant  des  lettres  pour  Paris. 

Stackelberff  à  Stein     )  .  , , 

Stein  à  Lôwenhielm  j  P«"  intéressantes. 

360.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  2.  4244  ad  3565). 

Rapports  à  HAGER 
Rapports  divers  de  surveillance. 

Chez  SteiUy  Czartoryski,  Hardenberg,  la  Trémoille^  Talley- 
rand,  Dalberg,  le  prince  Eugène,  Tascher,  Goupy,  RadziwiU, 
Cariati,  Salmour  (ne  contenant  rien  d'intéressant). 

1 .  Cooke  (Edouard),  d'abord  premier  greffier  de  la  Chambre  des  communes 
d'Irlande,  contribua  par  ses  écrits  à  la  réunion  des  Parlements  d'Angleterre 


282  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 


361.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  3.  4341  ad  3555^. 

SIBER  à  HAGER 

Alexandre  chez  Marie-Louise  et  le  loir  chez  la  princesse  Bag^^ation.  La  com- 
tesse Esterhazy-Koisin.  Le  grand-duc  Constantin  et  la  Bigottini.  La  santé 
de  Jomini. 

Alexandre  a  fait,  dans  la  matinée  du  13,  une  visite  à  Marie- 
Louise.  Le  soir,  à  1 1  heures,  il  a  été  en  fiacre  et  avec  un  seul 
domestique  chez  la  princesse  Bagration  et  n'est  rentré  qu'après 
2  heures  du  matin. 

Avant  de  sortir,  il  a  donné  l'ordre  à  Wolkonskv  d'aller  chez 
la  comtesse  Esterhazj-Roisin  (1),  dont  il  veut  faire  la  connais- 
sance plus  intime,  et  de  lui  annoncer  sa  visite. 

Le  grand-duc  Constantin  (2)  a  fait,  le  13  de  5  à  6  heures, 
visite  à  la  Bigottini. 

Jomini  va  mieux,  mais  ne  sort  pas  encore.  On  fouillera  ses 
tiroirs  et  ses  cartons  dès  qu'il  sera  dehors. 


et  d'Irlande  (1800).  Nommé  par  Castlereagh  sous-secrétaire  d'Etat  de  l'Inté- 
rieur et  des  AfTaires  Etrangères,  il  l'accompagna  à  Vienne  comme  plénipo- 
tentiaire, se  retira  en  1817  et  mourut  en  1830. 

1.  Esterhazy-Roisin  (Prançoiss,  marquise  Roisin)  (1778-1815),  mariée    le 
1"  juin  1799  au  comte  Nicolas  Esterhazy. 

3.  Il  m'a  paru  utile  de  rappeler  ici  que,  lorsque  le  grand-duc  Constantin 
fut  investi  du  gouvernement  de  la  Pologne  (1815),  il  vit  à  Varsovie  la  jeune 
comtesse  Jeanne  Grudzinska,  fille  alnéc  du  comté  Grudzinski,  fut  vivement 
frappé  de  sa  beauté  et  conçut  pour  elle  une  irrésistible  passion.  Marié  à  une 
princesse  de  Gobourg  dont  il  s'était  séparé  presque  immédiatement,  il  résolut 
d'épouser  la  comtesse  Jeanne  et  fit  part  de  ses  projets  i  son  frère  Alexandre  I*'. 
Celui-ci  s'opposa  d'abord  au  projet,  mais  finit  par  y  consentir  à  la  condition 
que  Constantin  renoncerait  à  ses  droits  au  trône  de  Russie  en  faveur  de  sou 
frère  Nicolas.  Le  grand-duc  n'hésita  pas,  obtint  du  Saint-Synode  une  sen- 
tence de  divorce,  épousa  la  comtesse  qui  reçut  la  même  année  le  titre  de 
princesse  de  Lowicz.  Elle  mourut  en  1831.  (Nbssblrodb,  Souvenirs^  v.  235  ; 
cf.  pour  plus  de  détails  Souvenirs  du  chevalier  de  Cussy^  p.  250  et  274). 

Le  Grand-duc,  tout  en  épousant  Jeanne  Grudzinska,  n'avait  pas  rompu 
avec  sa  maîtresse,  M"»«  Fridrichs,  qu'il  ne  tarda  pas  à  marier  k  un  jeune  offi- 
cier nommé  Veiss  et  qu'il  eut  alors  l'audace  d'amener  chez  sa  jeune  femme 
et  qui  continua  à  venir  au  Belvédère  jusqu'au  jour  où  Alexandre  !•',  venu  à 
Varsovie,  découvrit  ce  qui  se  passait  et  donna  l'ordre  de  faire  partir  sur- 
le-champ  M-«  Veiss  (Cf.  GoxTBSSB  Fotogka,  Mémoires,  388-389  et  395-401). 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      283 
362.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4344  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

Notes  sur  Miltitz,  Kleist  et  Stechfuss.  La  Saxe  et  la  parole  donnée  par 

Alexandre  après  la  bataille  de  Leipzig. 

Le  colonel  saxon  von  Miltitz  (l)a  été,  je  le  sais  de  source 
absolument  certaine,  envoyé  ici  par  le  prince  Repnin  avec 
des  dépêches  relatives  à  l'administration  du  pays  et  à  cer- 
taines questions  de  police  et  adressées  au  cabinet  russe  et  à 
Stein.  On  lui  adjoint  le  conseiller  de  finance  Stechfuss  qui 
lui  servira  de  secrétaire. 

Le  lieutenant  saxon  von  Kleist,  au  contraire,  est  venu  ici 
pour  son  plaisir,  mais  lui  sert  entre  temps  d'attaché  (sic.) 

Miltitz  a  passé  une  grande  partie  de  sa  jeunesse  en  Ajigle- 
terre  ;  sa  femme  est  Anglaise.  C'est  même  ce  fait  qui  le  ren- 
dit suspect  au  ministre  de  France  à  Dresde*  et  l'obligea  à  se 
retirer  dans  sa  propriété  de  Siebeneichen,  près  de  Meissen. 

Miltitz  appartient  au  parti  de  Weimar,  Kleist  à  celui  de  la 
Prusse,  où  il  possède  des  propriétés. 

Le  sort  de  la  Saxe  n'est  pas  encore  décidé.  On  croit  cepen- 
dant que  l'Empereur  Alexandre  tiendra  la  parole  qu'il  a  donnée 
après  la  bataille  de  Leipzig,  lorsqu'il  promit  à  la  Saxe  qu'elle 
resterait  indépendante. 

Les  trois  personnages  nommés  ci-dessus  appartiennent  au 
Tuge7id'bii7id.  On  continuera  de  les  surveiller. 


363.  Vienne,  14  octobre  1814  (P.  2.  4241  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français)  (Analyse). 

Espoirs  et  projets  des  Polonais.  Lubomirski  et  Talleyrand.  Opinion  d'Anstett 

sur  la  Pologne. 

Rapport  sur  les_  moyens  de  toute  espèce  employés  par  les 
Polonais  et  sur  les  espérances  qu'ils  fondent  sur  la  France. 

1.  Chargé  de  la  direction  de  la  police  en  Saxe  aussitôt  après  Leipzig  et 
placé  auprès  de  Hepnin,  Miltitz  était  un  ardent  partisan  de  la  Prusse  au  ser- 
vice de  laquelle  il  ne  tarda  pas  à  entrer. 


286  AUTOUR    DU  GO?(GRÈS   DE   VIENNE 

L'agent  rend  compte  qu'il  a  été  reçu  par  le  prince  Eugène 
qui  s'étonne  de  ce  qu'on  n'ait  pas  encore  songé  à  pourvoir 
d'un  emploi  ce  dit  agent,  qu'il  avait  cependant  lui-même  gardé 
en  place,  rien  que  sur  le  vu  des  notes  qui  lui  avaient  été  don- 
nées par  les  Autrichiens. 

Le  prince  Eugène  croit  que  le  Congrès  fera  quelque  chose 
pour  lui.  Il  est  encore  convaincu  actuellement  que,  sans  les 
événements  de  Milan,  il  aurait  obtenu  toute  autre  chose  pour 
l'Italie. 

L'agent  a  été  de  là  chez  Aldini  qui,  en  parlant  de  Napoléon, 
lui  a  afGrmé  que,  sans  l'intervention  de  Bassano,  Napoléon 
aurait  signé  la  paix  à  Dresde  et  qu'il  avait  déjà  la  plume  à  la 
main  pour  le  faire. 

Aldini  croit  qu'à  cause  des  réclamations  de  l'Espagne  pour 
Parme  et  Plaisance,  on  donnera  à  Marie-Louise  les  trois  Léga- 
tions. 


368  Vienne,  14  octobre  1814  (P.  2.  4251  ad  S565). 

Rah'ort  à  IIAGER  (en  français). 

Nouvelles  diverses.  Caslelerea^h  passe  les  afTaires  de  la  Hollande  à  Lord  Ga- 
thcart.  Munster  et  l'Italie.  La  Prusse,  la  Russie,  l'Autriche  et  la  Pologne 
Alexandre  et  la  princesse  Bagration. 

Lord  Castlereagh,  manquant  de  temps,  a  confié  les  afTaires 
de  Hollande  à  Lord  Cathcart  (1)  qui  s'en  occupe  sérieusement. 

Le  comte  Munster  trouve  juste  et  naturel  que  les  Italiens 
désirent  former  un  seul  Etat,  chose  impossible  cependant  dans 
l'état  actuel  de  l'Europe .  Ils  devraient  pour  le  moment  se  con- 
tenter de  former  une  Confédération  de  tous  les  Etats  de  la 
Péninsule. 

Les  Prussiens  craignent  au  fond  beaucoup  de  voir  les  Russes 
s'agrandir  en  Pologne  et  sont  loin  d'être  satisfaits  de  latti- 
tude,  jalouse  à  leur  égard,  de  l'Autriche. 

1.  Cathcart  (William  Shaw,  comte,  vicomte  de  Cathcart  et  Grecnock  (1775- 
1843),  servit  dans  l'armée  de  1796  à  1812,  époque  à  laquelle  il  fut  appelé  à  rem- 
plir les  fonctions  d'ambassadeur  en  Russie.  Il  suivit  le  quartier  général  des 
souverains  jusqu'à  leur  entrée  à  Paris.  L'un  des  plénipotentiaires  au  Congrès 
de  Vienne,  il  vint  une  seconde  fois  à  Paris  après  Waterloo  et  retourna  à  la 
paix  à  Pétersbourg  où  il  représenta  l'Angleterre  pendant  plusieurs  années. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      287 

Hier  (13  octobre),  après  le  bal  de  la  Cour,  Alexandre  est 
venu,  à  11  heures,  tout  seul  en  fiacre  chez  la  princesse  Bagra- 
tion,  qui,  par  parenthèse,  voit  deux  fois  par  jour,  matin  et  soir, 
le  grand-duc  Constantin.  Alexandre  y  est  resté  jusqu'à  2  heures 
du  matin. 

Je  ne  sais  pas  autre  choses  parce  que  tous  ces  jours-ci  je  n*ai 
pu  aller  chez  la  Princesse,  et  quand  j'y  vais,  j'y  trouve  tou- 
jours du  monde,  et  surtout  des  Russes  qui  parlent  ordinaire- 
ment leur  langue  que  je  ne  comprends  pas. 


369.  Londres,  4  octobre  1814  (F.  2.  4244  ad  3565). 

D'AGLIÉ  à  SAINT-MARSAN  (à  Vienne)  (în/ercc/)(a)  (en  français). 

Les  démarches  de  d'Allié  auprès  de  Castlereagh  au  sujet  de  la  cession  de  la 
Savoie.  Les  explications  de  Castlcreagh.  Les  confidences  de  Miinster. 
Projet  d'échange  de  la  Savoie  contre  quelques  portions  du  Comté  de  Nice 
sur  la  droite  du  Var. 

Dès  le  mois  de  juin,  je  reçus  ordre  du  roi  de  représenter  à 
ce  gouvernement,  de  la  manière  la  plus  forte,  combien  Sa  Ma- 
jesté est  affligée  du  démembrement  qui  venait  d'être  fait  de  la 
Savoie,  et  de  tâcher  de  pénétrer  s'il  y  avait  quelque  possibi- 
lité de  revenir  sur  ce  qui  avait  été  établi  à  cet  égard  par  le 
traité  de  Paris  (1). 

Je  m'acquittai  de  ces  ordres  auprès  de  Castlereagh  qui  me 
parla  sur  le  sujet  avec  la  plus  grande  franchise.  Il  me  témoi- 
gna d'abord  que  le  Ministère  anglais  regrettait  sincèrement  que 
Sa  Majesté  fut  obligée  à  faire  ce  sacrifice,"d'autant  plus  qu'on 
voyait  qu'il  était  beaucoup  plus  considérable  par  ses  consé- 
quences qu'on  ne  l'avait  cru  d'abord.  11  me  dit  que  le  roi  de 
France  avait  témoigné  de  la  répugnance  à  consentir  à  cet  ar- 
ticle du  traité,  mais  qu'5  la  fin,  il  avait  été  obligé  d'y  donner 
son  consentement  ;  que  les  vues  des  Alliés,  en  accordant  un 
agrandissement  à  la  France,  auraient  été  de  concilier  au  roi 
une  popularité  dans  l'armée,  dont  l'orgueil  aurait  été  blessé  si 
Sa  Majesté  n'avait  pu  garder  aucune  portion  des  conquêtes  que 
la  France  avait  faites.  11  me  dit  aussi  que,  comme  il  avait  été 
impossible  d'ajouter  quelque  chose  aux  agrandissements  accor- 
dés à  la  France  du  côté  des  Pays-Bas,  on  avait  été  obligé  de 

1.  L'article  H  séparé  du  traité  de  Paris. 


290  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VlEKNfi 

heure.  Le  prince  Eugène  vient  du  reste  le  voir  presque  tous 
les  jours  et  reste  toujours  seul  avec  lui.  Le  grand-duq  ne  m'a 
pas  caché  sa  sympathie  et  son  admiration  pour  le  Prince 
Eugène,  qu'il  a  été  voir  à  plusieurs  reprises  sans  jamais  se 
faire  accompagner. 


374.  Vienne,  15  octobre  1814  (P.  2.  4251  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER 

Rapport  sur  les  souverains  et  sur  quelques  visites  qu'ils  ont  faites. 

Sur  le  roi  de  Danemark,  le  roi  de  Prusse  (sa  conférence  chez 
Hardenberg),  le  prince  Guillaume  de  Prusse,  lempereur 
Alexandre  (qui  va  le  14  au  soir  chez  la  comtesse  Esterhazy  née 
Roisin),  le  grand-duc  Constantin  (qui  est  allé  à  5  heures  chez 
Marie-Louise,  le  soir  chez  la  duchesse  de  Sagan,  chez  laquelle 
il  est  resté  jusqu'à  1  h.  1/2). 


375.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

La  conférence  des  deux  empereurs  à  propos  du  rôle 
et  des  réclamations  de  la  France. 

Les  deux  empereurs  d'Autriche  et  de  Russie  ont  eu,  seuls 
en  tête  à  tête,  une  conférence  qui  s'est  tenue  chez  Alexandre 
après  souper  et  a  duré  de  minuit  à  trois  heures  du  matin. 
L'empereur  François  en  a  rapporté  chez  lui  une  grosse  liasse 
de  papiers.  Les  deux  empereurs  avaient  Fair  satisfait. 

Il  se  serait  agi  de  la  France,  qui  non  seulement  proteste 
contre  la  réunion  des  Pays-Bas  à  la  Hollande,  mais  veut  inter- 
venir dans  les  affaires  d'Italie  et  sème  partout  la  discorde.  A  la 
suite  de  cette  conférence  on  aurait  expédié  deux  courriers,  l'un 
à  Paris,  l'autre  en  Italie. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET  LES   AJOURNEMENTS   DU    CONGRÈS      291 
376.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

Le  roi  de  Prusse  chez  Hardenberg.  Conférence  chez  Metternich. 

Objet  probable  de  cette  conférence. 

Le  roi  de  Prusse  est  resté  le  14  de  midi  à  2  heures  chez  Har- 
denberg.  Aussitôt  après  le  départ  du  roi^Hardenberg  a  fermé 
son  cabinet,  s'est  rendu  chez  Metternich  et  est  resté  deux 
grandes  heures  en  conférence  avec  lui,  le  comte  Munster^  le 
baron  Linden  et  Humboldty  chez  lequel  il  est  allé  dîner. 

Rentré  chez  lui,  il  a  travaillé  de  8  à  10  heures  avec  le  con- 
seiller intime  Beguelin,  qui  lui  avait  envoyé  le  matin  un  gros 
paquet  de  papiers.  On  croit  qu'au  cours  de  cette  conférence 
on  a  pour  la  première  fois  abordé  les  questions  d'Allemagne. 


377.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Les  réclamations  de  la  Hollande.  Elle  demande  une  rectification  de  frontière 

du  côté  .de  la  France. 

Les  Hollandais  ont  aussi  des  prétentions  à  faire  valoir  au 
Congrès.  Ils  ne  sont  pas  contents  des  Pays-Bas.  Ils  veulent 
avoir,  vers  la  France,  une  autre  frontière  que  celle  qu'on  leur 
a  assignée  par  le  traité  de  Paris.  Ils  disent,  et  c'est  d'eux- 
mêmes  que  je  le  tiens  :  «  Les  Français  nous  dominent  par  là. 
Ils  sont  les  maîtres  de  nous  envahir  quand  ils  le  voudront  et 
d'arriver  à  Bruxelles  avant  que  nous  ayons  pu  réunir  nos 
troupes.  Nous  n'avons  pas  de  places  de  leur  côté  et  pas  même 
de  position  ou  des  endroits  pour  nous  fortifier.  Lord  Castle- 
rcagh  dit  n'avoir  pas  le  temps  de  se  charger  lui-même  de  notre 
affaire,  mais  nous  travaillons  avec  lord  Cathcart  qui  entend 
fort  bien  la  chose,  et  nous  le  pousserons  vivement.  » 

C'est  M.  Persons  (1)  qui  m'a  confié  tout  cela. 


1.  Il  doit  s'agir  du  chevalier  Persoon,  dont  le  nom  figure  sur  la  liste  officielle 
des  diplomates  étrangers  parmi  les  Hollandais  présents  à  Vienne. 


21;  i  AUTOUR   DU   CONGRÈS  DE   VIENNE 

378.  Vienne,  15  octobre  1814.  F.  2.  4251  ad  8565). 

Rapport  à  HAGER 

Envoi  de  rapports  sur  le  roi  de  Wurtemberg.  Nesselrode,  Talleyrand  et 
Wrede  chargés  de  régler  tout  ce  qui  a  trait  au  divorce  du  prince  royal  de 
Wurtemberg. 

Envoi  de  rapports  ayant  trait  à  la  surveillance  du  roi  de  Wur- 
temberg, de  Nesselrode,  Talleyrand,  Gaertner  et  Wrede  (ce 
dernier  contenant  quelques  données  sur  le  divorce  du  prince 
royal  de  "Wurtemberg  (1),  causé  surtout  par  la  liaison  du  prince 
avec  une  demoiselle  de  Stuttgard.  C'est  Wrede  qui  est  chargé 
de  régler  toutes  les  questions  relatives  à  cette  séparation,  la 
princesse  étant  bavaroise). 


379.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

La  tension  des  relations  entre  les  cours  de  Bavière  et  de  Wurtemberg  et  le 

divorce  du  prince  royal  de   Wurtemberg. 

Les  cours  de  Bavière  et  de  Wurtemberg  continuent  à  être 
assez  mal,  même  fort  mal  ensemble,  et  la  cause  de  cette 
tension  n'est  autre  que  le  divorce  du  prince  royal.  Le  roi  de 
Bavière  n'a  prétexté  une  indisposition  que  pour  n'avoir  pas  à 
recevoir  la  visite  du  roi  et  du  prince  royal  de  Wurtemberg, 
qu'il  ne  veut  pas  voir  et  avec  lesquels  il  ne  parle  pas.  La  céré- 
monie religieuse  qui  a  consacré  la  séparation  entre  le  prince 
royal  et  sa  femme,  qui  vit  depuis  lors  à  Munich,  a  eu  lieu  à 
Stuttgart,  aussitôt  après  le  retour  d'Angleterre  du  prince.  S'il 
est  beaucoup  de  gens  qui  condamnent  la  conduite  du  prince 
à  l'égard  d'une  princesse  envers  laquelle  la  nature  a  été  quelque 
peu  avare  au  point  de  vue  des  avantages  physiques,  mais  qui 
possède  en  revanche  une  quantité  de  rares  et  précieuses  qua- 
lités, on  en  trouve  cependant  quelques-uns  qui  essayent  de  le 

1.  Complètement  brouillé  avec  son  père,  le  prince  royal  de  Wurtemberg 
s'était  même  réfugié  pendant  quelque  temps  à  Gassel  auprès  de  son  beau- 
frère  le  roi  Jérôme. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       293 

défendre  et  de  le  justilier.  Cette  union  aurait  été  une  consé- 
quence du  caractère  du  prince,  qui  n*a  cessé  de  tout  temps 
d'être  un  ennemi  déclaré  de  Napoléon,  alors  tout  puissant,  et 
qui  refusa  de  suivre  l'exemple  de  Tactuel  Grand-Duc  de  Bade 
et  de  se  laisser  imposer  une  femme  par  l'empereur. 

Il  déclara  à  ce  moment  qu'il  n'épouserait  qu'une  princesse 
allemande  et  on  prétend  qu'il  eut  Taudace  de  dire  à  Paris  à 
Napoléon  :  «  Je  ne  veux  pas  une  femme  de  votre  Pagerie.  »  Le 
prince  faisait  allusion  par  là  au  mariage  forcé  du  prince  de  la 
Lejen  avec  une  Tascher  de  la  Pagerie  (1),  ce  qui  lui  valut 
d'être,  malgré  l'exiguité  de  ses  possessions,  traité  à  l'égal  de 
quelques  grands  princes,  tandis  que  l'on  médiatisait  au  même 
moment  de  vieilles  maisons  princières  autrement  considérables 
et  importantes.  La  princesse  bavaroise,  qui  eut  de  plus  le 
malheur  de  déplaire  à  son  mari,  précisément  parce  qu'elle  se 
donnait  trop  de  mal  pour  lui  plaire,  fut  la  victime  de  cet  entê- 
tement. Il  convient  d'ajouter  que  le  prince  royal  a  depuis 
plusieurs  années  une  liaison  avec  une  demoiselle  de  Stuttgart, 
la  fille  d'un  fonctionnaire,  qui  a  su  le  prendre  dans  ses  filets 
et  dont  il  a  déjà  deux  enfants. 


880.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  3.  4264  ad.  3565). 

Rapport  à   HAGER 
Mécontentement  de  Talleyrand.  Il  songerait  à  partir. 

D'après  le  dire  du  curé  de  l'église  française  de  Sainte- Anne, 
qui  a  dîné  le  14  chez  le  Nonce  avec  le  cardinal  Consalvi, 
Evangélisti  (i)  et  l'abbé  de  Saint-Julien,  Talleyrand  serait  si 
mécontent  des  alliés  qu'il  aurait  résolu  de  partir  avant  le 
1"  novembre. 

On  parle  dans  ce  cas  de  la  venue  de  Monsieur  pour  le  rem- 
placer. 

1.  Gœhausen  se  trompe.  C'est  le  comte  Louis  Tascher  de  la  Pagerie  qui 
épousa  en  1810  une  fille  du  prince  de  la  Leyen,  qui  avait  échappé  à  la  média- 
tisation en  1806,  gr&ce  à  la  protection  de  Dalberg  et  à  sa  parenté  avec  lui. 

3.  L'un  des  secrétaires  du  cardinal  Consalvi,  chargé  plus  particulièrement 
de  chiffrer  et  de  déchiffrer  les  dépêches. 


204  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIBNME 

381.  Vienne,  15  octobre  1814  (P.  3.  4357  td  3465). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

Mot  douteux  de  Tallejrand  sur  les  affaires  d'Allemagne. 

Talleyrandy  répondant  à  diner  aux  sollicitations  du  baron  de 
Tûrkheim  (1)  (ministre  de  Hesse-Darmstadt)  en  faveur  des 
petits  États  allemands,  lui  aurait  dit  :  €  Le  système  de  la  France 
est  de  ne  pas  se  mêler  des  affaires  de  T Allemagne.  » 

On  doute  fort  de  l'exactitude  de  ce  fait. 


382.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  3.  4351  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

Les  millions  de  Brignole.  Castlereagh  et  la  cession  de  Gènes. 

Brignole  a  reçu  son  argent  et  dispose  maintenant  de  deux 
millions  et  demi  de  florins,  mais  Castlereagh  lui  a  déclaré  que 
la  cession  de  Gênes  au  Piémont  était  une  chose  décidée. 


383.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  1.  4359  ad  3565). 

FREDDl  à  HAGER  (en  français). 

La  brochure,  Les  Bourbons  de  Naples.  L'indépendance  et  l'unité  de  l'Italie, 

Murât,  les  Anglais. 

La  brochure  €  Les  Bourbons  de  Naples  >  court  la  ville.  Ce 
sont  les  Muratistes  qui  la  répandent  sous  cape.  Elle  est  écrite 
avec  beaucoup  d'esprit.  Son  auteur  est  Benjamin  Constant  (2). 

n  est  de  mon  devoir  de  faire  une  observation  indirecte  sur 
cet  écrit  qui  décèle  le  bout  de  Toreille  du  tigre,  enveloppé  de 
la  peau  du  mouton  en  plusieurs  endroits. 

Ces  passages  sont  la  plus  grande  preuve  de  ce  que  j'ai  tant 
de  fois  répété  d'après  mes  lettres  et  mes  informations  ver- 
bales, c'est-à-dire  que  les  Napolitains  de  Murât  entretenaient 

1.  Tûrkbeim-Altorfr  (Jean,  baron)  (1746-1824).  Conseiller  intime  elministre 
d'Etat  du  Grand-duché  de  liesse  Darmstadt. 

2.  Benjamin  Constant  n'a  jamais  été  l'auteur  de  cette  brochure  sortie  de  la 
plume  de  Flassan. 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      295 

en  Italie  le  Polonisme  qui  Tagite,  par  ci,  par  là,  d'un  bout  à 
l'autre  maintenant.  J'entends  par  Polonisme  l'idée  d'un  seul 
état  indépendant  à  établir  en  Italie.  C'est  Murât  qui  a  ima- 
giné ce  charme  pour  gagner  les  Italiens,  et  ce  sont  les  Anglais 
qui,  il  7  a  trois  ans,  l'ont  favorisé  pour  détacher  les  Italiens 
de  Napoléon  et  de  la  France. 

A  présent  que  Napoléon  est  tombé,  les  Anglais  —  je  veux 
dire  le  ministère  anglais  —  n'y  mettent  plus  aucune  impor- 
tance ;  mais  les  philanthropes  d'Angleterre  n'en  démordent 
pas  et  Murât  fait  toujours  sonner  cette  cloche  pour  augmenter 
ses  forces  et  son  parti  et  finir  à  la  fin  par  réaliser  la  chose 
en  sa  personne.  Les  Napoléonistes,  les  ambitieux^  ne  jurent  à 
présent  en  Italie  que  par  Murât.  Tout  cela  est  connu.  Mais 
jamais  les  ministres  de  Murât  ne  l'ont  avoué.  Ce  n'est  que 
dans  la  force  du  danger  et  de  la  rage  que  leur  secret  a  éclaté. 
Qu'on  lise  la  brochure  en  question  et,  parmi  les  phrases  inso- 
lentes qu'on  lance  à  l'Autriche  et  aux  autres  puissances  de 
l'Europe,  on  sera  surpris  d'y  trouver  annoncé  à  plusieurs 
reprises  que  «  les  Italiens  veulent  être  indépendants  et  que  si 
on  touche  à  Murât,  si  on  le  force  à  combattre,  la  chose  est 
faite  ». 

On  ne  peut  pas  s'abstenir,  au  moins  ici,  de  se  demander 
si  Murât  est  si  sûr  de  devenir  le  maître  de  l'Italie  et  de  réu- 
nir cette  Italie  en  une  seule  puissance  dès  qu*on  le  force  à 
tirer  l'épée.  Comment  peut-on  supposer,  croire,  espérer,  qu'il 
ne  le  devienne  pas  dans  deux  ans,  lorsqu'on  lui  laissera  par 
la  paix  les  moyens  de  renforcer  son  parti  qui,  à  présent,  chan- 
celle encore  autour  d'un  trône  lui-même  chancelant.  C'est 
alors  que  la  Société,  érigée  à  Ancône,  par  Murât  lui-même,  des 
Indépendentistes^  agira  librement,  et  il  faudra  bien  d'autres 
efforts  que  ceux  de  notre  police  pour  le  contenir. 


384.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  1.  4251  ad  3563). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

La  campag^ne  contre Metternich. Les  indiscrétions  et  l'hostilité  de  la  chancel- 
lerie d'Etat.  Les  réceptions  de  lady  Castlereagh.  Alexandre  chez  la  com- 
tesse Erlerhazy-Roisin. 

Voici  le  résultat  de  mes  dernières  observations  et  des  infor- 
mations que  j'ai  recueillies. 


208  AUTOUR  DU   CONGRâS  DE   VIENNE 

886.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4351  ad  8565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Bruits  de  çucrre  entre  la  Russie  et  la  Turquie  et  de  Tenvoi  d'une  mission 
turque  à  Vienne.  Le  séjour  d'Alexandre.  Rectification  probable  des  fron- 
tières austro-prussiennes.  Rivalité  eiftre  la  Bavière  et  le  Wurtemberg.  L'al- 
tercation entre  les  deux  princes  royaux.  Le  roi  de  Wurtemberg  et  l'archi- 
duc Charles.  Talleyrand,  la  Hollande  et  la  Belgique. 

On  parle  beaucoup  d'une  guerre  imminente  entre  la  Russie 
et  la  Turquie  qui  se  disposerait  à  envoyer  à  Vienne  un  ambas- 
sadeur extraordinaire  chargé  d'acheter  son  repos  et  sa  sécu- 
rité à  prix  d'or  et  par  de  gros  bénéfices.  On  dit  que  cette 
mission  apporte  de  grands  cadeaux  au  tzar  et  qu'elle  sera 
logée  au  château  d'Hetzendorf. 

Il  paraît  certain  que  le  tsar  passera  ici  une  partie  de  l'hiver  ; 
c'est  ce  que  l'on  croit  et  dit  dans  les  cercles  des  cours  de 
Bavière  et  de  Russie.  Ces  dernières  prétendent  que  pour  rec- 
tifier les  frontières  on  céderait  le  Comté  de  Glatz  et  une  bande 
de  terrain  du  côté  de  Ziegenhals  (1)  en  échange  de  Troppau. 

La  rivalité  entre  les  cours  de  Bavière  et  de  Wurtenberg  ne 
diminue  pas.  Les  gens  de  la  cour  de  Bavière  ne  cachent  pas  la 
joie  que  leur  cause  l'indisposition  que  vient  d'avoir  le  roi  de 
Wurtemberg,  soit  à  la  suite  de  fatigues  à  la  chasse,  soit  à  cause 
de  la  cohue  dans  VAugarten. 

On  assure  en  outre  que  les  deux  princes  royaux  (de  Wur- 
temberg et  dejBavière)  ont  eu  une  altercation  des  plus  vives, 
dont  le  motif  est  encore  inconnu. 

Le  roi  de  Wurtemberg  est  du  reste  d'un  entêtement  extraor- 
dinaire, comme  Napoléon  l'avait  remarqué  et  comme  les  archi- 
ducs Font,  eux  aussi,  constaté.  On  raconte,  et  on  affirme  que 
l'archiduc  Charles,  ayant  fait  quelques  plaisanteries  sur  la  cor- 
pulence du  roi  et  les  inconvénients  qui  en  résultent,  celui-ci, 
lors  de  la  visite  du  champ  de  bataille  d'Aspern,  aurait  demandé 
à  l'archiduc  <  s'il  allait  montrer  aux  souverains  la  position  de 
€  l'armée  autrichienne  avant  la  bataille  d'Aspern  ou  celle 
«  qu'elle  avait  en  juillet,  lors  de  sa  retraite  après  Wagram  ». 
Cela  donne  une  idée  de  l'antipathie  qui  règne  entre  les  princes. 

Rien  de  précis  à  vous  dire  sur  les  intentions  de  la  Légation 

1.  Ziegenhals,  au  sud  de  Neisse  et  tout  près  de  la  frontière  de  Bohème. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS      299 

de  France.  Le  prince  de  Bénévent  serait  hostile  à  la  réunion 
des  Pays-Bas  à  la  Hollande,  qu'il  considère  comme  nuisible  à 
son  pays.  On  prétend  que,  comme  il  aurait,  à  ce  propos,  parlé 
de  la  puissance  de  la  France,  on  lui  aurait  dit  :  «  Ce  n'est  pas 
au  vaincu  qu'il  appartient  de  rien  décider.  » 


387»  Vienne,  15  octobre  UiA  (F.  3.  4151  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 
Humboldt  et  le  Congrès.  Caricature  sur  le  Congrès. 

On  m'affirme  qu'à  la  question  posée  à  Humboldt  :  «  Quand 
le  Congrès  finira-t-il  ?  >  il  répondit  :  «  Dites-moi  plutôt 
quand  il  commencera.  » 

Une  caricature  publiée  ces  jours-ci  à  Munich  donne  une 
idée  assez  exacte  de  l'état  des  esprits.  Tous  les  ministres 
envoyés  à  Vienne  sont  assis  autour  d'une  table  et  ont  les  yeux 
fixés  sur  lord  Gastlereagh  qui  vient  d'entrer  tenant,  d'une  main 
un  papier,  de  l'autre  une  laisse  passée  autour  du  cou  de  Napo- 
léon et  qui,  se  préparant  à  jeter  le  papier  sur  la  table,  leur 
dit  :  «  Signez  ou  je  le  lâche.  » 


388.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4351  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER 

Rapports  de  la  Burg  sur  le  Grand  Duc  Constantin  et  la  manière  de  vivre 

des  souverains  et  princes  qui  y  logent. 

Le  grand-duc  Constantin  dîne  à  deux  heures,  dort  ensuite 
jusqu'à  cinq  heures,  fait  alors  quelques  visites,  rentre  et  redort 
de  sept  à  dix.  Il  va  ensuite  chez  la  Sagan  ou  chez  la  Bagra- 
tion  et  y  reste  jusqu'à  une  heure  et  demie  du  matin. 

Il  ressort  des  rapports  reçus  de  la  Burg  que  les  souverains 
y  vivent  très  tranquillement,  n'y  reçoivent  que  leurs  ministres, 
les  personnes  de  leur  suite  et  celles  formant  leur  service  d'hon- 
neur. Il  ne  se  passe  donc  guère  rien  de  saillant  et  d'intéressant 
à  la  Burg. 


300  AUTOUR  DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

A  Texception  du  roi  de  Wurtemberg,  ils  recherchent  tous 
r incognito  y  surtout  pour  leurs  promenades  et  les  visites  qu'ils 
rendent. 


389.  Vienne,  le  15  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

LOEWENHIELxM  à  ENGESTROSM  (Intercepta)  (en  français). 
Les  Quatre  et  le  Congrès.  Projet  de  réunion  d'une  diète  à  Francfort. 

...  Les  alTaires  majeures,  qui  décideront  du  sort  et  de  Tétat 
futur  de  l'Europe,  continuent  à  se  traiter  confidentiellement 
entre  les  Grandes  Puissances  qui  y  ont  un  intérêt  direct^  et  il 
paraît  que  les  opinions  diverses  commencent  à  se  rapprocher. 

Il  est  question  d'établir  à  Francfort  une  réunion  (à  propos 
du  Comité  pour  la  constitution  de  TAUemagne)  dans  le  genre 
de  celle  qui  existait  jadis  à  Ratisbonne. 


390.  Vienne,  15  octobre  18U  (F.  2.  4251  ad  3565). 

Anonyme  à  la  DUCHESSE  de  DEUX-PONTS  (1) 

{intercepta  en  français). 

Observations  sur  les  notes  de  Talieyrand  et  de  Gastelereagh  relatives 
à  la  Saxe.  Les  fêtes.  L'harmonie  entre  les  souverains. 

La  note  du  Prince  de  Bénévent  (2)  a  déplu  à  cause  du  ton 
et  du  style  dictatoire  {sic)^  comme  si  Bonaparte  l'avait  faite. 

Avant-hier^  lord  Castlereagh  (3)  en  a  donné  une  au  Congrès 
en  faveur  du  roi  de  Saxe  fort  avantageuse.  L'opposition  est 

1.  Duchesse  des  Deux-Ponts  (Marie-Emilie  de  Saxe),  née  en  1752,  veuve 
depuis  1795  de  Charles- Auguste -Christian,  comte  Palatin,  duc  de  Deux-Ponts 
depuis  la  mort  de  son  frère  Frédéric  en  1775.  A  sa  mort,  ses  droits  passèrent 
à  son  frère  Maximilien- Joseph,  roi  de  Bavière  depuis  1805. 

2.  11  ne  peut  s'agir  ici  que  de  la  lettre  de  Talieyrand  à  lord  Castlereagh,  du 
5  octobre  (Cf.  d'Amobbbro,  p.  270  à  272). 

3.  Note  de  lord  Castlereagh  à  Hardenberg  au  siget  de  la  reconstruction  de 
la  Prusse  et  de  l'incorporation  de  la  Saxe  et  note  verbale  de  lord  Castlereagh 
au  sujet  de  la  prise  de  possession  du  royaume  de  Saxe  par  la  Prusse.  Vienne, 
11  octobre  1814  (Cf.  d'Anobberg,  pages  274-279). 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS       301 

grande,  mais  on  croit  avec  majorité  au  rétablissement  de  la 
Saxe. 

Les  fêtes  superbes  se  succèdent.  On  nage  dans  les  plaisirs, 
et  la  politique  va  avec  un  pas  assuré  qui  nous  fait  espérer  de 
grands  et  avantageux  résultats. 

L'harmonie  entre  les  souverains  est  parfaite.  Il  ne  partiront 
pas  avant  le  17  novembre. 


391.  Londres,  5  octobre  1814  (F.  2.  d505  ad  3565). 

Anonyme  au  COMTE  NICOLAS  ESTERHAZY  (1)  à  Vienne 

{Intercepta  en  français). 

Il  ne  croit  pas  aux  résultais  possibles  et  utiles  du  Congrès. 
La  guerre  d'Amérique  et  les  négociations  de  G  and. 

Je  vois  parles  Gazettes  que  les  grands  monarques  commencent 
à  arriver  peu  à  peu  à  Vienne.  Comme  toutes  les  têtes  sont  en  Tair  I 
Comme  chacun  écoute  les  conversations  de  son  voisin  !  Que  de 
plans  I  Que  de  projets  1  Quel  foyer  d'affaires  maintenant  que 
ce  bon  Vienne  !  Comme  les  politiques  doivent  s'en  donner  1 
L'empereur  de  Russie  a  dit  telle  chose.  Le  roi  de  Prusse  a  salué 
telle  personne.  Le  roi  de  Bavière  a  ri.  Le  gros  roi  de  Wurtem- 
berg a  dansé.  Mon  Dieu  I  comme  tout  cela  est  important.  Moi, 
je  tremble  dans  mon  coin. 

On  donnera  force  bals,  fêtes  et  dîners.  On  dépensera  beaucoup 
d'argent.  Après  bien  des  compliments,  chacun  s'en  retournera 
comme  on  était  venu,  sans  rien  finir...  On  publiera  des 
manifestes  où  chacun  aura  tort,  excepté  la  personne  qui  les 
aura  écrits. 

1.  Esterhazy  von  Galantha  (Nicolas,  Prince),  (1755-1833)  encouragea  les 
arts  et  les  sciences  et  créa  la  galerie  de  tableaux  qu'il  installa  dans  le  Gàr- 
teti'PaUstj  qu'il  avait  acheté  aup  rince  de  Kaunitz.  Possesseur  de  la  magni- 
fique résidence  d'Eisenstadt.  Napoléon  lui  avait  en  1809  offert  la  couronne  de 
Hongrie.  Sa  femme,  la  princesse  Marie,  était  née  princesse  Liechtenstein,  et 
son  fils  aîné  Paul-Antoine,  qui  représenta  plus  tard  l'Autriche  à  Londres,  né 
en  1786,  épousa  en  1312  la  princesse  Marie-Thérèse  de  la  Tour  de  Taxis. 

Le  prince  Nicolas  Esterhazy,  après  avoir  commandé  eu  1797  les  troupes  de 
l'insurrection  levées  en  Hongrie,  fut  envoyé  en  mission  en  1802  à  Saint- 
Pétersbourg,  puis  après  le  traité  de  Lunéville,  à  Paris  et  à  Londres.  Ce  fut 
encore  lui  qu'on  avait  chargé  en  août  1814  d'une  mission  extraordinaire  à 
Rome  et  à  Naples. 


302  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

On  dit  que  le  Congrès  ne  durera  pas  longtemps.  Veut*on 
finir  tant  d  affaires  à  la  manière  d'Alexandre  de  Macédoine  en 
coupant  le  Nœud  Gordien  ?  On  fera  des  mécontents  et  le 
nombre  en  est  déjà  effrayant.  Si  ce  n'est  que  pour  se  voir,  je 
ne  crois  pas  que  les  souverains  deviennent  meilleurs  amis  en 
buvant  et  mangeant  ensemble  1  EnGn,  mon  bon,  j'ai  peur, 
très  peur  que  la  fin  ne  détruise  le  commencement.  Espérons 
dans  la  Providence.  C'est  dans  tous  les  temps  notre  seule 
ressource. 

Pour  des  nouvelles  de  ce  pays,  il  serait  presque  ridicule  que 
je  vous  en  donne,  car  tout  est  concentré  sur  le  Congrès. 

La  guerre  d'Amérique  va  son  petit  train.  On  bat,  on  est 
battu,  on  recommence  le  lendemain  et  à  la  fin  de  la  semaine, 
on  est  aussi  avancé  que  le  premier  jour.  La  prise  de  Was- 
hington (1)  pourra  cependant  accélérer  la  paix  qui  se  traite  à 
Gand.  On  y  a  causé  aux  Américains,  ou  plutôt  au  gouverne- 
ment, une  perte  de  3  millions  de  livres  sterling,  ce  qui,  pour 
des  esprits  spéculatifs,  est  une  espèce  de  coup  de  gr&ce.  Ces 
Messieurs  se  sont  fort  mal  battus.  Ce  ne  sont  plus  les  Amé- 
ricains de  trente  ans  passés. 


392.  Berlin,  11  octobre  1814  (F.  2.  4331  ad  3565). 

OMPTEDA  (2)  au  COMTE  MUNSTER  {Intercepta)  (Analyse). 

Esprit  hostile  à  la  Prusse  des  populations  de  la  rive  gauche  du  Rhin 
et  favorable  à  l'union  de  la  Belgique  et  de  la  Hollande. 

Rapport  reçu  par  le  ministre  de  Russie,  M.  d'Alopeus  (3) 
sur  Tesprit,  manifestement  hostile  aux  Prussiens,  des  dépar- 
tements de  la  rive  gauche  du  Rhin.  A  Texception  de  quelques 
districts  du  département  de  la  Roer,  partout  jusqu'à  la  Nahe 
on  désire  être  annexé  à  la  Belgique.  Ainsi  agrandis,  les  Pays- 

1.  Le  major-général  Ross  enleva  Washington  le  24  août  au  soir,  y  mit  le 
feu  aux  principaux  édifices  publics,  et  se  retira  le  25  au  soir,  se  repliant  sur 
Benedict  où  il  arriva  le  29  et  où  il  rembarqua  ses  troupes  le  lendemain. 

2.  Ompteda  (baron),  ancien  ministre  de  Wcsphalie  à  Vienne,  passa  ensuite 
au  service  du  Hanovre  et  y  devint  ministre. 

3.  Alopeus  (David-Maximovitch,comte)(1748-1822),mini8tre  plénipotentiaire 
de  Russie  à  Berlin.  Il  avait  été  en  1813  commissaire  général  des  armées  alliées 
pendant  la  campagne  de  Saxo  et  fut  pendant  quelque  temps  gouverneur  de 
la  Lorraine  en  1815. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENT    S    DU   CNGRÈS      303 

Bas  pourraient  constituer  un  tampon,  un  boulevard  contre  la 
France.  La  population  est  d'autant  plus  favorable  à  cette 
annexion  qu'elle  en  tirerait  de  gros  avantages  commerciaux. 


393.  Vienne,  17  octobre   1814  (F.  2.  4364  ad  3565). 

IIAGER,  à  TEmpereur 
Bordereau  et  rapport  du  17  octobre. 

Il  lui  signale  entre  autres  deux  intercepta,  dont  les  origi- 
naux ont  été,  après  manipulation^  envoyés  à  destination. 


394.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  3.  4264  ad  3565). 

Analyse  des  lettres  interceptées  de  Gaertner  au  comte  de 
Munster,  de  lord  Castlereagh  à  lord  Gathcart,  Lamb(l),  Clan- 
carty  et  à  la  Comtesse  Clary  (Invitations  à  dîner),  de  Stackel- 
berg  à  Ruffo  (le  prie  de  faire  passer  une  lettre  à  Bressac  (2), 
du  Nonce  à  Ott,  de  Stein  à  Hardenberg,  au  Comte  Salmour, 
à  la  Comtesse  Leiningen,  de  Stein  à  Friese  (envoi  de  la  copie 
d'un  mémoire  de  Hardenberg),  de  la  princesse  de  Thurn  et 
Taxis  au  colonel  von  Miltitz. 


395.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  4264  ad  3565). 

Rapports  à  Hager  des  agents  chargés  de  la  surveillance  de 
Stein,  Anstett,  La  Harpe,  Hardenberg,  comte  Bentinck,  Prince 

1.  Lamb  (Frédéric-James^  (1782-1853),  ricomte  Melbourne,  secrétaire  de 
légation  (1811)  et  chargé  d'affaires  par  intérim  à  la  Cour  des  Deux-Siciles, 
secrétaire  de  Légation  à  Vienne  (1813)  et  chargé  d'aiîaires  en  attendant  l'ar- 
rivée de  Stewartf  ministre  plénipotentiaire  à  Munich  (1815-1820),  à  Madrid 
(1825),  à  Lisbonne  (1827),  pair  d'Angleterre  avec  le  titre  de  baron  Beauvale 
(1839),  il  se  retira  de  la  vie  politique  en  1841  et*  épousa  au  mois  de  février  de 
cette  année  une  jeune  011e  de  22  ans,  la  comtesse  Alexandrine-Julia  (née  en 
1813),  fille  du  comte  Maltzahn,  ministre  de  Prusse  à  Vienne. 

2.  Doit  être  Tancicn  agent  de  M.  de  Breteuil  à  Naples  qui  se  disait  alors 
investi  de  la  confiance  de  Marie-Caroline,  prêt  à  négocier  avec  la  France  pour 
Sa  Majesté  Sicilienne  et  qui,  comme  le  constate  du  Tbil,  /{orne,  Naples  et 
le  Directoire,  p.  8S,  fit  tout  à  coup  son  ^apparition  à  Venise  vers  le  milieu 
de  décembre  1795. 


304  AUTOUR  DU  GOIfGRÈS  DE  VIEKKE 

de  Tarenie,  Prince  Eugène  (qui  a  dtné  deux  fois  chez  Marie- 
Louise  et  qui  lui  a  encore  écrit  hier),  duc  d'ArenbergyGoupj, 
CampochiarOy  Cariati,  Guicciardi,  Ghika. 


396.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  3.  4364  ad  3565). 

GŒHAUSEN  A  HAGER 

Wolkonsky,  Joséphine  Wolters  et  Louise  Schneider. 

Rapport  sur  les  relations  intimes  entre  le  prince  Wol- 
konsky  et  Joséphine  Wolters  et  parfois  aussi  Louise  Schnei- 
der. La  Wolters  vient  presque  tous  les  soirs  chez  Wolkonsky 
à  la  Burg.  Les  autres  soirs,  elle  les  passe  au  thé&tre  de  la 
LeopoldstadtyOÙ  elle  reçoit  dans  sa  loge  de  nombreuses  visites 
d'officiers. 


397.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  3.  4364  ad  8565). 

©©à  HAGER  (en  français). 

Rapprochement  et  accord  entre  Talleyrand  et  Castlereagh.  Animosité  de 
Tallcyrand  contre  les  Russes  et  les  Prussiens.  Bruits  relatifs  à  l'interpré- 
tation de  l'article  VI  du  traité  de  Paris,  à  la  Pologne  et  à  la  Conférence  du 
14  octobre. 

Talleyrand  et  Castlereagh  sont  de  nouveau  en  bons  termes. 
Talleyrand  est  toujours  très  monté  contre  les  Russes  et  les 
Prussiens. 

J'ai  rencontré  Ruffoy  Salmour,  Saint-Marsan  et  Pozzo  di 
Borgo  chez  le  Prince  qui  est  maintenant  de  meilleure  humeur. 

Il  court  une  foule  de  bruits,  que  je  n'ai  pu  contrôler,  à  pro- 
pos de  l'article  6  du  Traité  de  Paris  relatif  à  la  Hollande,  de 
la  maison  d'Orange,  de  TAllemagne,  comme  aussi  à  propos  des 
concessions  que  la  Russie  ferait  dans  l'afTaire  de  Pologne  sur 
les  conseils  de  Castlereagh,  enfin  de  la  conférence  du  11  oc- 
tobre, qui  dura  de  1  heure  à  4  heures  et  a  été  consacrée  aux 
affaires  de  l'Allemagne  (1). 

1.   Premier  protocole  du   Comité  institué  pour  les  affaires  d'Allemagne 
(Séance  du  14  oct.  1814)  (Cf.  d'Amobsbro,  p.  289-290). 


LES   PRÉLIMINAIRES  ET   LES   AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      305 

398.  Vienne,  16  octobre  1815  (F.  2.  4264  ad  3565) 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Impression  défavorable  causée  par  la  déclaration  du  8  octobre.  Tallejrrand  et 
le  grand-duc  Constantin.  Les  Russes  croient  à  un  accord  entre  l'Autriche 
et  la  France.  Alexandre  et  le  grand-duc  Constantin  très  montés  contre  l'An- 
gleterre. 

La  publication,  le  13  octobre,  par  la  Gazette  de  Vienne^  de 
la  déclaration  du  8^  a  fait  une  impression  nettement  défavo- 
rable. 

Lors  d'une  visite  que  Talleyrand  fît  récemment  au  grand- 
duc  Constantin,  celui-ci  lui  a  parlé,  quoiqu'en  plaisantant,  du 
(il  qu'il  donnait  à  retordre  ici. 

En  général,  j'ai  cru  remarquer  que  les  Russes  nous  sup- 
posent d'accord  avec  la  France.  Mais  quoiqu'ils  parlent  assez 
généralement  sur  tout,  ils  ne  parlent  jamais  de  Tltalie. 

Tout  ce  qui  entoure  l'Empereur  et  le  grand-duc  ne  cache 
point  leur  mécontentement  contre  T  Angle  terre. 


399.       Vienne,  16  octobre  1814  (F.  3.  4254  ad  3565). 

GCEHAUSEN  à  IIAGER 

Conférence  et  projets  des  ministres  des  petits  Etats  allemands.  Gagern,  par- 
tisan de  la  Confédération  et  du  rétablissement  de  l'Empire  d'Allemagne. 

Rapport  sur  la  Conférence  (du  14)  des  ministres  des  petits 
Etats  allemands,  qui  aurait  abouti  à  une  entente  et  à  la  pré- 
sentation d'un  projet  remis  à  Metternich. 

Gagern  est  un  des  plus  ardents  partisans  de  cette  espèce 
de  Confédération  qui,  en  y  comprenant  le  Hanovre^  s'étendrait 
à  neuf  millions  d'âmes.  Il  est,  de  plus,  partisan  du  rétablis- 
sement de  Tempire  d'Allemagne,  dont  la  couronne  serait  ren- 
due à  l'empereur  François, 


T.  I.  20 


306  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

400.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  3.  4264  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

La  réunion  de  rAuf^arten,  les  adhésions  recueillies  par  les  12.  Les  projets 
des  délégués  des  petits  princes.  L'adresse  qu'ils  veulent  remettre  à  l'empe- 
reur d'Autriche  et  le  rétablissement  de  la  dignité  impériale. 

La  réunion,  qui  eut  lieu  le  12  dans  l'après-midi  à  TAugarten, 
se  composait  de  douze  personnes,  à  savoir  :  les  députés  des 
quatre  villes  libres  :  Hambourg,  Lùbeck,  Brème  et  Francfort  ; 
les  deux  délégués  d'Oldenburg»  le  baron  Maltzahn  et  le  con- 
seiller antique  Mutzenbecher  Je  conseiller  intime  de  Bnmswick, 
von  Schmidt,  le  Mecklembourgeois  von  Plessen,  le  délégué 
de  Leiningen,  von  Schmitz  et  trois  autres. 

Ils  n'étaient  venus  là  que  pour  dîner  entre  amis,  comme  ils 
le  font  d'ordinaire  à  l'hôtel  Archiduc  Charles.  Mais  ce  sont 
auissi  les  mêmes  individus  qui  n'ont  qu'une  idée,  celle  de 
rester  amis  et  de  se  prononcer  pour  le  rétablissement  de  la 
dignité  impériale  conférée  à  la  Maison  d'Autriche. 

Je  viens  dapprendre  de  façon  absolument  certaine  que  les 
Maisons  Ducales  de  Saxe,  la  Hesse-Cassel,  Nassau  et  Darms- 
tadt,  se  sont  joints  à  eux  afin  de  pouvoir  s'opposer  avec  plus 
de  force  aux  plans  et  à  l'influence  de  la  Bavière  et  de  la  Prusse 
qui  ne  partagent  pas  leurs  vues.  Ils  se  proposent  de  rédiger 
une  adresse,  dans  laquelle  ils  demanderont  à  notre  Empereur 
d'accepter  la  Couronne  Impériale,  adresse  qui  serait  présentée 
et  mise  à  Tordre  du  jour  dès  l'ouverture  du  Congrès. 

C'est  là  un  fait  absolument  nouveau  qu'on  tient  strictement 
secret  et  dont  on  n'a  parlé  qu'aujourd'hui.  Comme  ils  sont 
en  majorité,  et  comme  les  autres  petits  princes  se  joindront 
certainement  à  eux,  ils  pensent  que  leur  proposition  fera  du 
bruit  et  ne  pourra  être  rejetée.  Ils  veulent,  d'après  ce  qu'on 
m'a  affirmé,  déjouer  les  projets  de  la  Prusse  et  de  la  Bavière 
qui  ne  cherchent  qu'à  s'agrandir  et  à  absorber,  en  outre  des 
terres  des  princes  déjà  médiatisés,  les  possessions  d'autres  mai- 
sons  princières,  à  faire  pièce  à  Bade  et  au  Wurtemberg  qui  ne 
se  sont  pas  encore  prononcés  et  qui  comptent  encore  sur  des 
appuis  du  dehors,  et  comme  ils  ne  peuvent  guère  espérer  que 
l'Angleterre  leur  viendra  en  aide,  ils  espèrent  du  moins  que, 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      307 

cédant  au  vœu  exprimé  par  la  majorité  des  voix,  elle  se  ral- 
liera à  ridée  de  rétablir  dans  les  limites  du  possible,  l'ancien 
ordre  de  choses. 


401.  Vienne,  15  octobre  181  i  (P.  2.  4264  ad  3565). 


GCEHAUSEN  à  HAGER 


Les  délégués  des  petits  princes  chez  Metternich.  Bon  accueil  fait  à  leurs 
ouvertures.  Adhésions  qu'ils  recueillent.  Les  démarches  de  Gœrtner. 


La  nouvelle  que  je  vous  ai  donnée  dans  mon  rapport  du  15 
s'est  vérifiée  et  a  déjà  eu  une  suite  qui  me  semble  heureuse. 
On  a  fait  choix  d'un  certain  nombre  de  personnes  qui  se  sont 
présentées  chez  Metternich  et  ont  reçu  chez  lui  un  accueil  en 
complet  accord  avec  leurs  désirs.  Ils  sont  tous  au  comble  de 
la  joie.  Le  comte  Kelier,  de  Hesse-Cassel,  le  baron  Gagem, 
pour  les  maisons  d'Orange-Nassau,  Schmidt  von  Phiseldeck, 
de  Brunswick  ont  pris  la  parole.  Le  baron  Marschall  (pour 
Nassau),  le  baron  Tûrkheim  (Hesse-Darmstadt),  Maltzahn  et 
Mutzenbecher  (Oldenburg),  Schmitz  (Leiningen),  les  députés 
des  villes  libres  les  accompagnaient  ainsi  que  le  baron  Gers- 
dorff  (Weimar),  de  sorte  qu'à  Texception  de  la  Prusse,  de  la 
Bavière^  du  Wurtemberg,  et  de  Bade  tous  les  anciens  princes 
du  Sainl-Empire  étaient  représentés  lors  de  cette  audience,  et 
se  déclaraient  complètement  d'accord  avec  im  projet  qu'ils 
soumettaient  au  nom  de  neuf  millions  d'âmes. 

On  me  dit  que  Bade  est  en  train  d'adhérer  à  ce  projet  en 
faveur  duquel  Gagern  ne  cesse  de  se  démener.  Le  14,  il  y 
avait  tout  près  de  vingt  personnes  réunies  à  cet  effet  chez  lui, 
et  on  a  envoyé,  soit  des  lettres  par  la  poste,  soit  mêmes  des 
courriers  à  plusieurs  des  princes  qui  ne  sont  pas  présentés  à 
Vienne,  tels  par  exemple,  les  princes  de  Lippe-Detmold  et  de 
Bûckeburg. 

Aujourd'hui  16,il  y  a  de  nouveau  une  conférence  chez  Gagern. 
Le  conseiller  intime  Gaertner,  quoique  n'ayant  pas  assisté  à  cette 
réunion,  n'en  travaille  pas  moins  dans  le  même  sens  et,  d'après 
le  rapport,  en  date  du  14,  des  agents  chargés  de  sa  surveillance, 
il  a  agi  auprès  de  ses  commettants,  les  princes  de  Hohenlohe, 


308  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

de  Lœwenstein  et  de  Neuwied  et  la  princesse  de  Fûrstenberg, 
chez  laquelle  il  y  eut  même  une  conférence  qui  ne  dura  pas 
moins  de  trois  heures. 


402.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  3.  4264  ad  3565). 

E...  à  HAGER 

Rapport  détaillé  sur  la  Conférence  du  14  octobre  tenue  chez  Gagem  et  sur 

l'envoi  du  comte  Keller  chez  Metternich. 

Hier,  il  y  a  eu  chez  le  baron  Gagera  une  réunion  de  ministres 
et  de  délégués  au  Congrès,  à  laquelle  ont  pris  part,  sur  invita- 
tion spéciale,les  représentants  de  la  Hesse-Electorale,  de  Hesse- 
Darmstadt,  de  Brunswick-Lûneburg,  des  Maisons  de  Saxe  et 
d'Anhalt,  des  villes  hanséatiques  et  de  quelques  Etats  secon- 
daires. Quelques-uns  d'entre  eux  dînèrent  chez  Gagern  ;  d'au- 
tres ne  vinrent  qu'après  le  repas.  A  tous,  Gagern  communiqua 
une  note  qui  devait  être  remise  à  la  Chancellerie  d'Etat  après 
avoir  été  revêtue  de  leurs  signatures.  Mais  cette  note  était 
conçue  dans  un  ton  si  agressif  et  si  violent  qu'on  la  rejeta  à 
l'unanimité.  Il  paraît  qu'on  y  disait  aux  ministres  des  Quatre 
qu'ils  n'avaient  pas  le  droit  de  trancher  à  eux  seuls  les  affaires 
de  l'Allemagne  et  qu'avant  de  rien  décider  il  fallait  qu'on  eût 
un  Empereur  d'Allemagne  et  que  cet  Empereur  ne  pouvait  être 
que  l'Empereur  d'Autriche  (1). 

Gagern  prit  la  parole  au  cours  de  cette  réimion  et  s'efforça 
pendant  plus  d'une  heure  et  demie  de  démontrer  aux  assis- 
tants qu'il  fallait  im  Empereur  à  l'Allemagne,  que  cet  empe- 
reur ne  pouvait  être  que  l'Empereur  François  et  que  les  hommes 
d'Etat  étrangers  n'avaient  pas  à  intervenir  dans  le  règlement 
des  affaires  allemandes.  On  se  rallia  à  ses-  idées,  mais  on  char- 
gea cependant  le  comte  Keller  de  se  rendre  préalablement 
chez  Metternich  et  de  lui  demander  de  confirmer  l'autorisation 
que  Plessen  (Mecklembourg)  afGrmait  avoir  reçue  de  lui  et  de 
déclarer  qu'en  effet  on  soumettrait  à  une  discussion  générale 
tout  ce  qui  aurait  trait  à  la  Constitution  de  l'Allemagne.  Plu- 

1.  Cf.  Gagbrn.  Mein  Antheil  an  cfer  PolUik.,  Il,  304. 


\. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      309 

sieurs  des  assistants  insistèrent  sur  la  gravité  de  cette  démarche, 
sur  la  prudence  avec  laquelle  il  convenait  de  la  faire  afin  de 
ne  pas  indisposer  la  Russie,  de  ne  pas  créer  un  conflit  entre 
la  Russie  et  TAutriche,  enfin  sur  la  nécessité  de  sonder  avant 
tout  la  Cour  de  Vienne.  On  résolut  de  ne  prendre  une  résolu- 
tion qu'après  avoir  entendu  le  rapport  du  comte  Keller  et  on 
se  sépara  à  sept  heures  du  soir. 
Bade  n'était  pas  représentée  à  cette  conférence. 


403.  Vienne,  16  octobre  1814  (P.  2.  4264  ad  3565). 

©e  à  HAGER 

Les  concessions  que  Castlereagh  aurait  arrachées  à  la  Russie 
Considérations  sur  la  conférence  du  14  et  sur  les  affaires  allemandes. 

Hier,  on  avait  Tair  de  croire  qu'on  restituerait  à  T Autriche 
la  Galicie  occidentale,  à  la  Prusse  une  partie  de  ses  anciennes 
possessions  polonaises  et  que  la  Russie  se  décidait  à  céder  sur 
les  instances  de  lord  Castlereagh.  S'il  en  est  ainsi,  le  roi  de 
Saxe,  quoique  fortement  amputé,  pourra  continuer  à  exister, 
et  on  aura  épargné  à  l'Europe  la  honte  d'avoir  anéanti  et 
dépossédé  la  dynastie  saxonne. 

Pour  ce  qui  est  de  la  conférence  du  Congrès  d'avant-hier 
14(1),  voici  ce  que  j 'ai  pu  en  savoir  :  Elle  a  duré  de  une  heure  à 
quatre  heures.  Elle  a  eu  pour  objet  l'organisation  intérieure  d'un 
nouveau  système  fédératif  des  gouvernements  allemands.  On 
y  a  vaguement  parlé  d'un  simulacre  (sic)  d'empereur  hérédi- 
taire allemand  ou  d'un  chef  suprême  de  la  Confédération.  Mais 
le  projet  n'a  été  accepté  qn  ad  référendum. 

Voici  d'ailleurs  ce  que  j'ai  entendu  dire  de  ce  projet  : 
Avant  1792-  et  pendant  tout  le  temps  des  guerres  de  la  Révo- 
lution française  jusqu'en  1805-1800^  la  couronne  du  Saint- 
Empire  romain  a  été  un  véritable  fardeau  pour  l'Autriche. 
Pourquoi  en  1814  et  au  prollt  de  qui  TAutriche  accepterait- 
elle  un  semblant  d'Empire  héréditaire  et  le  protectorat  per- 
pétuel de  la  Confédération  de  l'Allemagne,  de  cette  Confédé- 

1.  Cf.  D'Angbbbro,  289.  Protocole  de  la   premijrc  séance  du  Comité  des 
Affaires  allemandes. 


310  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VlENTfE 

ration  dans  laquelle  les  différents  Etats  se  jalouseront 
natureUementy  d'abord  entre  eux,  puis  intrigueront  contre 
TAutriche,  et  enfin  et  surtout  contre  le  chef  de  la  Confédéra- 
tion qui  n'aura  ni  les  moyens,  ni  les  pouvoirs  indispensables 
pour  se  faire  écouter  et  obéir  ?  Quel  appui  les  petits  Etats 
pourront-ils  trouver  dans  un  chef  qui  n'a  en  réalité  aucune 
prérogative,  aucun  moyen  d'imposer  sa  volonté  ?  Pour  TAu- 
triche  la  dignité  impériale  n'est  qu'une  question  de  vanité,  de 
prestige,  une  source  de  grosses  dépenses  et  de  continuels 
embarras. 

La  conception  d'une  Confédération  allemande  ne  saurait  se 
concilier  avec  Texistence  d'un  Empire  allemand  héréditaire.  La 
coterie  Stadion  est  naturellement  très  hostile  à  ce  projet  et 
serait  désolée  de  voir  Metternich  assurer  à  la  Maison  d'Autriche 
la  couronne  héréditaire  de  TEmpire  allemand,  dont  le  comte 
Stadion  a  si  légèrement  dépossédé  notre  cour.  Les  mêmes  per- 
sonnes qui  déblatéraient  encore  le  13  contre  Metternich,  qui 
lui  reprochaient  de  ne  rien  faire  pour  restituer  la  couronne 
impériale  à  la  Maison  d'Autriche,  ces  mêmes  personnes,  depuis 
qu'elles  ont  connaissance  de  ce  qui  s'est  passé  lors  de  la  con- 
férence du  14,  déclarent  aujourdhui  que  ce  serait  une  véritable 
calamité  pour  l'Autriche  si  son  Empereur  devenait  VEmpe- 
reur  héréditaire  d'Allemagne. 


404.  Vienne,  16  octobre  1814  (P.  3.  4264  ad  3565), 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

L'opinion  de  Capo  d'Islria  sur  Castlereagh,  Murât,  Naples  et  l'Autriche.  Les 
craintes  de  l'Autriche.  Les  projets  de  Murât.  L'avenir  troublé  et  l'état 
actuel  de  l'Italie.  Un  mot  de  Pozzo  di  Borgo  sur  Napoléon. 

Castlereagh  n'est  (d'après  Capo  distria)  qu'un  homme 
habile  pour  parler  à  la  Chambre,  mais  en  somme  de  peu  de 
moyens  et  qui  ne  connaît  que  l'Angleterre.  Les  autres  membres 
du  ministère  ne  valent  pas  plus. 

Si  Murât  (toujours  d'après  Capo  d'Istria)  reste  à  Naples, 
c'est  que  l'Autriche  le  veut  et,  si  elle  le  veut,  ce  n'est  pas  par 
caprice,  mais  par  un  faux  raisonnement.  Elle  craint  les  Bour- 
bons et  croit  qu'en  conservant  Murât  à  Naples  elle  s'assure  la 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET    LES  AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS       311 

possession  tranquille  du  reste  de  Tltalie.  Tout  homme  qui  con- 
naît ce  pays,  Murât,  la  situation  actuelle  de  l'Europe  et  les  opi- 
nions qui  Tagitent,  sait  combien  ce  raisonnement  est  faux. 
Murât  promettra  tout,  mais  il  attendra  le  moment,  préparera 
ses  moyens,  et  puis  il  dira  aux  Italiens  :  Me  voicij  chassons 
les  Allemands  et  soyons  Italiens. 

Italie  !  Italie/  ce  sera  le  cri  d^un  bout  à  Tautre,  et  bientfrt 
la  grande  affaire  sera  faite  que  les  Bourbons  n'auraient  jamais, 
ni  pensé,  ni  voulu,  ni  su  faire  si  on  leur  rendait  leurs  Etats 
dans  la  Péninsule.  Est-il  possible  que  l'Italie,  gouvernée  sévè- 
rement par  les  Allemands  à  l'Allemande  et  faiblement  gou- 
vernée par  le  Pape,  organisée  à  la  Française  au  Midi  par 
Murât,  puisse  rester  longtemps  dans  un  pareil  état  ?  Je  crois 
la  chose  sans  remède,  et  je  plains  Tltalie,  car  elle  aura  une 
grande  secousse  à  supporter,  tandis  qu'en  rendant  Naples  à 
Ferdinand,  celui  ci  n'aurait  cherché  qu'à  rester  tranquille 
chez  lui. 

Capo  d'Istria  ajouta  :  <  On  se  trompe  fort  si  Ton  croit  que 
«  ritalie  est  tranquille  et  contente.  Il  y  avait  une  seule  manière 
€  de  la  calmer.  Un  gouvernement  raisonnable  et  libéral,  au 
«  moins  dans  les  formes,  un  Roi  sans  ambition  à  Naples, 
«  alors  ritalie  se  serait  calmée  peu  à  peu.  Laissez  faire  Murât, 
€  et  vous  verrez  ce  qui  arrivera.  » 

Je  vous  répète  ce  que  Pozzo  di  Borgo  disait  ce  soir  :  «  Le 
grand  Coquin  est  par  terre  à  Vile  d*Elbe.  Le  grand  point  est 
gagné.  Moquons-nous  du  reste  et  laissons  faire,  » 


405.       Vienne,  18  octobre  181i  (F.  2.  4014  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  18  octobre.  Envoi  de  la  liste,  de  la  copie 

ou  de  l'analyse  des  intercepta  du  17  octobre. 

Lettres  interceptées  de  Stein  au  Comte  Solms-Laubach, 
Une  note  du  ministre  des  Affaires  étrangères  de  Russie  à 
Khanikoff  (1)  (Saint-Pétersbourg,  5-17  septembre). 

1.  Khanikoff  (Vassili  Vassilievitch,  général  de)  Ministre  de  Russie  en  Saxe 
et  auprès  de  plusieurs  autres  petites  cours  allemandes  en  1818.  «  Ce  vieux 
CLMibatairc,  dit  de  lui  GussY,qui  le  rencontra  en  1831  {Souvenirs^  I,  344),  spi- 
rituel et  galant,  façonne  sans  difficulté  de  jolis  vers  français  et  lAche  de  res- 
ter jeune  le  plus  longtemps  possible.  » 


312  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

Une  lettre  de  Lœwenhielm  à  Humboldt  (demande  d'au- 
dience). 

Une  lettre  de  Castlereagh  au  ministre  de  la  Guerre,  rela- 
tive aux  équipages  de  sa  femme. 


406.  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  3.  4014  ad  8565). 

Rapport  à  HAGER 

Rapports  du  17  octobre,  surveillance  de  l'ambassade  de  Rus- 
sie, Stein,  Anstett,  la  Harpe,  Hardenberg,  Gœrtner,  Klûber, 
Rœhnen,  Talleyrand,  Labrador,  prince  Eugène,  Aldini  (qui  a 
été  le  15  chez  Eugène  et  chez  Tarchiduc  Charles,  et  Goupj. 


407.      Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Surveillance  de  Marie-Louise.  Dtner  qu'elle  a  donné  le  10. 

Emploi  de  sa  journée  du  16. 

Gentz,  Stadion,  Pappenheim,  Wenzel  Liechtenstein,  la  au- 
chesse  de  Sagan  et  la  comtesse  Clare  ont  diné  le  10  chez 
Marie-Louise. 

Le  16,  Marie-Louise  est  allée  en  ville  avec  Bausset,  M"*  de 
Brignoleet  Neipperg  chez  la  Reine  de  Bavière,  puis  au  Manège 
Impérial  et  de  là  chez  TEmpereur. 


408.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

Rapport  à    HAGER 

Effet  produit  sur  les  petits  Etats  par  la  remise  du  Congrès  t^t  les  bonnes  dis- 
positions de  l'Autriche  à  l'égard  de  la  Bavière.  Le  découragement  de 
Stein. 

La  remise  du  Congrès  a  causé  un  très  vif  émoi  parmi  les 
ministres  des  puissances  secondaires,  surtout  parmi  les 
Saxons.  L'Autriche  leur  parait  aussi  trop  favorable  à  la 
Bavière.  On  prétend  que  Stein  est  absolument  découragé  par 
la  tournure  prise  par  les  Affaires  d'Allemagne. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET   LES  AJOURNEMEr^TS   DU   CONGRÈS       313 
409.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

W...  à  HAGER 

On  compte  peu  sur  les  résultats  du  Congrès.  La  Prusse,  la  Russie  et  la  Pologne. 

On  fonde  maintenant  bien  peu  d'espoir  sur  la  réunion  du 
Congrès  et  sur  ce  qui  en  résultera. 

Zerboni  di  Sposetti  m'a  confié  que  la  Prusse  ne  serait  pas, 
en  principe,  hostile  au  rétablissement  du  royaume  de  Polo- 
gne. Mais  elle  réclamerait  alors  une  rectification  de  frontière, 
qui  serait  toute  autre  que  celle  résultant  du  traité  de  Tilsitt, 
et  prétendrait  à  des  arrondissements  surtout  du  côté  de  Posen, 
Thorn  et  Danzig  (1). 


410.    <.       Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  35Ô5). 

\ 

Rapport  à    HAGER 

D'Arnay.  Son  opinion  sur  le  Congrès  et  sur  les  chances  d'établissement 

du  prince  Eugène. 

D'Arnay  (2)  croit  que  dans  quinze  jours  il  sortira  quelque 
chose  du  Congrès,  dont  les  bases  sont  fixées. 

On  serait  d'accord  pour  donner  un  établissement  au  prince 
Eugène.  On  ne  sait  si  c'est  en  Italie  ou  ailleurs,  peut-être  les 
trois  Légations. 

Le  prince  Eugène  a  dîné  le  15  chez  TEoipereur  qui  a  été 
très  affectueux  pour  lui  et  le  16  chez  Tempereur  Alexandre.  11 
aura  quelque  chose  en  Italie  ou  sur  le  Rhin. 


1.  Cf.  Klûbbr.  Akten^  etc.,  VIII,  204  et  suiv.  Le  traité  du  30  mars  1815 
entre  la  Prusse  et  la  Russie. 

2.  D'Arnay  (Antoine,  baron),  appelé  en  Italie  par  le  Prince  Eugène  pour  y 
remplir  les  fonctions  de  secrétaire  de  son  cabinet  qu'il  occupa  pendant  sept 
ans,  devint  ensuite  directeur  général  des  postes  du  rovaume.  Homme  grave 
et  froid,  il  s'était  rendu  très  impopulaire  à  Milan.  Très  dévoué  au  Prince 
Eugène,  il  était  avec  Méjan  l'un  des  propriétaires  du  journal  //  Carrière  Mi- 
lanese. 


314  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DB  VIElfNE 


411.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  3.  4014  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Les  espions  d'Eugène  à  Milan.  Progprès  du  parti  de  Murât  et  alTaiblistement 

du  parti  autrichien  en  Lombardie. 

Il  7  a  au  delà  de  trois  mois  que,  sur  les  affirmations  de  Cas- 
tiglia  (1)  et  d'autres,  j'avais  averti  que  les  trois  espions  de 
Beauharnais  se  retrouvaient  à  Milan.  On  m'écrit  que  c'est  le 
parti  de  Murât  qui  se  renforce  davantage  et  que  si  lors  de 
l'arrivée  des  Autrichiens  1.000  Lombards  s'en  réjouissaient, 
à  présent  il  n*y  eo  a  pas  500. 


412.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

NOTA  à  HAGER  (en  français). 

Les  Indépenden listes,  leur  origine,  leur  but,  leurs  progrès. 
Similitude  avec  le  Tngendbund, 

Les  Indépende ntis tes.  Ce  sont  tous  des  maçons  qui  cher- 
chent à  présent  à  former  la  nouvelle  société,  les  Indêpenden- 
listes.  Les  Napolitains  l'ont  créée  à  Anc6ne.  Elle  se  propage 
et  a  répandu  le  livre  dont  je  vous  ^i  parlé  dernièrement 
imprimé  à  Novare.Au  fond,  cette  Société  ressemble  beaucoup 
à  celle  des  Amis  de  la  Vertu  (Tugendbund)  qu'on  avait 
formée  en  Prusse  pour  délivrer  TAUemagne  des  Français.  On 
veut  à  présent  s'en  servir  pour  délivrer  l'Italie  des  Autri- 
chiens et  de  toute  influence  étrangère. 


1 .  Castilla  (Carlo  de)  un  des  agents  de  la  poUce  du  royaume  d'Italie,  puis 
du  gouvernement  aulrichien  (Cf.  Gallavrbsi.  CArteggio  Confatonierij  II,  524), 
et  qui  devint  un  des  deux  conseillers  au  tribunal  de  Milan. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET  LES  AJOURNEMEPO-S   DU    CONGRÈS       315 
413.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

NOTA  à  HAGER 

Alexandre,  Metternich,  la  princesse  Ba^pration.  La  Prusse  et  le  sort  de  la 
Saxe  et  de  la  Pologne.  Le  véritable  auteur  du  mémoire  du  prince  de 
Piombino  sur  Tlle  d'Elbe. 

Alexandre,  qui  avait  Tair  de  ne  pas  trop  distinguer  Met- 
temich  en  public.  Ta  beaucoup  distingué  avant-hier  au  bal  de 
la  princesse  Esterhazy.  Il  lui  a  parlé  très  longtemps  d'un  air 
très  content  et  très  confidentiel.  Cela  a  fait  beaucoup  de  sen- 
sation. 

On  sait  que  depuis  quinze  jours  Metternich  n'a  pas  mis  les 
pieds  chez  la  princesse  Bagration.  On  en  ignore  la  raison  que 
tout  le  monde  devine. 

Les  secrétaires  des  ministres  prussiens  savent,  ou  croient 
savoir,  qGe  la  Saxe  est  à  eux.  Ils  me  l'ont  dit  confidentielle- 
ment à  moi  et  à  d'autres.  Je  leur  ai  dit  :  «  Il  faut  donc  que  le 
sort  de  la  Pologne  soit  aussi  décidé.  » 

Ils  m'ont  répondu  qu'on  ne  le  croyait  pas,  et  comme  je  leur 
ai  dit  alors  :  «  Vous  aurez  la  Lusace,  pas  plus.  > 

«  Non,  me  dirent-ils,  la  Saxe  entière.  » 

L'avocat  Vera,  quoique  très  habile  homme,  envoyé  du  prince 
de  Piombino,  n'a  pas  cru  devoir  faire  lui-même  son  mémoire  (1), 
par  lequel  il  réclame  l'Ile  d'Elbe  et  ses  revenus  arriérés  que 
Napoléon  lui  a  pris.  C'est  Bartholdi  qui  l'a  rédigé  et  on  me 
dit  qu'il  est  très  bien  fait. 


414.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  3.  ad  4014  ad  3565). 

Rapport  (2)  à  HAGER  (en  français). 

Les  Prussiens  et  Metternich.  Les  matinées  du  prince.  I^  duchesse  de  Sagan. 
Stadion.  Schwarzenberg.  Ugarte.  La  Prusse  a  beau  jru  en  Allemagne. 

Les  Prussiens  et  surtout  la  bande  de  Humboldt,  tout  comme 

1.  Cf  d'Anoedbro,  1,376  et  KLiiBBR,4*  cahier,  page  80.  Mémoire  présenté  par 
don  Louis  Buon.  accompagne  Ludovisi,  prince  de  Piombino  et  de  l'Ile  d'Elbe, 
au  Congrès  de  Vienne,  octobre  1814. 

2.  Ce  rapport,  comme  l'indique  une  note  au  crayon  de  Hager,  fut,  à 
cause  de  la  personnalité  de  son  auteur,  l'objet  d'un  rapport  spécial  A  l'Em- 
pereur et  lui  a  été  présenté  à  part. 


318  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE   VIENNE 

Esterhazy-Roisin,  de  Sophie  Zichy  et  de  la  princesse  Gabrielle 
Auersperg  (1).  Il  danse  et  parle  beaucoup  avec  la  princesse 
Maurice  Liechtenstein  et  la  jeune  Szechenyi.  Les  deux  pre- 
mières croient  déjà  qu'elles  Tout  pris  dans  leur  filet  ;  mais 
les  autres  se  rendent  compte  que,  comme  à  Francfort  et  ail- 
leursyil  ne  s'agit  là,  pour  Alexandre,  que  d'une  pure  affaire  de 
coquetterie. 

En  réalité,  depuis  qu'il  est  ici,  il  n'a  passé  quelques  nuits 
que  chez  la  Bagration.  Peut-être  aussi  Tchernitcheff  (j'ai  moi- 
même  entendu  ce  qu'il  disait  à  ce  propos  confidentiellement  à 
Alexandre)  lui  a-t-il  aussi  procuré  quelques  filles  de  joie. 

Je  sors  de  chez  l'impératrice  Marie-Louise  qui  m'a  reçu 
très  gracieusement.  La  Brignole  (2),  lorsque  j'ai  été  seul  avec 
elle,  m'a  parlé  du  désir  de  l'Impératrice  d'avoir  au  moins 
Parme.  Bausset  (3)  a  l'air  très  mécontent.  Méneval  (4)  est 
très  lié  avec  la  Brignole. 


417.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (ea  français). 

Alexandre  1*'  et  la  comtesse  Esterhazy,  née  Roisin.  Mot  de  Talleyrand 

sur  l'attitude  des  souverains  à  son  égard. 

Sa  Majesté  l'Empereur  de  Russie  paraît  s'attacher  à  la 
comtesse  Esterhazy,  née  Roisin.  Elle  prétend  qu'il  n'y  a  pas 
de  prince  plus  aimable  que  ce  monarque.  €  Il  joint,  dit-elle, 
la  vivacité  française  à  la  tranquillité  russe,  ce  qui  fait  de  Sa 
Majesté  l'homme  le  plus  parfait.  » 

D'autre  part  Alexandre  trouve  que  parmi  les  dames  de  la 
haute  noblesse  il  ne  s'en  trouve  guère  d'aussi  attrayante  par 
sa  conversation  que  la  comtesse,  ce  qui  ne  manque  pas  de  cau- 
ser bien  de  la  jalousie  parmi  ces  dames. 

1.  Auersperg  (GabrioUe.  princesse,  née  Lobkowitz)  (1793-1^63).  Elle  avait 
épousé  le  prince  Vincent  Auersperg,  mort  peu  de  temps  après  son  mariage 
en  1812. 

2.  Dame  du  Palais  de  l'Impératrice,  belle-sœur  de  Dalberg,  morte  à  Schœn- 
brunn  en  mars  J815. 

3.  Préfet  du  Palais  Impérial,  il  suivit  Marie-Louise  à  Vienne. 

4.  Méueval  (François-Claude,  baron  de)  (1778-1853)  secrétaire  du  Portefeuille 
de  l'Empereur.  D'abord  secrétaire  de  Joseph, il  entra  en  1802  au  cabinet  de 
Napoléon.  Baron  de  l'Empire  en  1812,  il  fut  nommé  mallrc  des  requêtes  la 
même  année. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES    AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       319 

Talleyrand  a  dit  chez  le  prince  de  Ligue  :  «  Sa  Majesté  le 
roi  de  Prusse  me  boude,  Tempereur  de  Russie  ne  me  dit  rien 
et  l'empereur  d'Autriche  m'évite.  » 


418.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad.  3565). 

Parmi  les  nombreuses  lettres  interceptées  et  les  chiffons  ramassés  à  cette  date 
chez  Dalberg  (1)  se  trouvait,  entre  autres,  la  minute  de  la  dépêche  N*  3  bis 
des  ambassadeurs  du  Roi  au  Congrès  an  minis  re  des  Affaires  Étrangères, 
de  Vienne  le  4  octobre  1814,  publiée  depuis  par  le  Duc  de  Broglie  {Mémoi- 
res du  Prince  de  Talleyrand.  T.  Il,  Pages  814-317),  A  l'exception  du  dernier 
paragraphe  ci-dessous,  qui  a  du  reste  été  simplement  biffé  sur  l'Intercepta, 

a  Les  deux  lettres  ci-jointes,  n*  5  et  6,  nous  ont  été  remises 
par  S.  A.  R.  Monseigneur  le  duc  Antoine  de  Saxe  pour  être 
remises  à  S.  A.  R.  Madame  la  duchesse  d'Angoulême.  » 


419.  Vienne,  30  septembre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

DALBERG  à  la  DUCHESSE  (2)  {Intercepta), 

Elle  ne  doil  pas  regretter  de  ne  pas  être  à  Vienne.  Accueil  qu'on  lui  a  fait 

et  emploi  de  son  temps. 

J'ai  reçu,  ma  chère  amie,  tes  trois  lettres  jusqu'au  19  inclus. 
Je  me  trouve  maintenant  presque  établi,  mais  je  t'assure  que 
tu  n'as  pas  à  reg^retter  à  ne  pas  être  ici. 

Massino  (ou  Messina)  ?  s*ennuie  à  ne  pas  savoir  remplir  sa 
journée.  11  n'y  a  aucune  maison  à  Vienne  qui  accueille  les 
étrangers  et  la  cohue  est  si  grande  qu'elles  ne  le  peuvent. 

1 .  Les  pièces  qui  suivent  constituent  l'ensemble  des  prises  faites  à  ce 
moment  cliez  Dalberg,  tant  en  fait  d* Intercepta  que  de  Chiffons.  Je  n'ai  pas 
cru  devoir  suivre  ici  l'ordre  strictement  chronologique,  parce  qu'il  m'a  semblé 
plus  utile  et  plus  intéressant  de  donner  sans  interruption  toutes  les  lettres, 
tous  les  billets  adressés  aux  mêmes  personnes  ou  provenant  des  mêmes  cor- 
respondants. 

2.  Dalberg  avait  épousé  le  27  février  1808/ Marie-Pellegrina-Thérése-Cathe- 
rinc  de  Brignole-Sale,  fille  du  marquis  de  Brignole-Sale  et  d'Anne-Marie  Gas- 
parde-Vinccnti  Fieri,  comtesse  de  Brignole  et  de  l'Empire.  La  duchesse  de 
Dalberg  était  la  sœur  du  marquis  de  Brignole,  qui  fut  ambassadeur  à  Paris, 
et  de  la  comtesse  Marescaldi. 


320  AUTOUR   DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

Antoine  (1)  s'occupe  beaucoup  de  ses  affaires  et  je  ne  sais 
pas  encore  s'il  y  réussira. 

Ma  vie  se  passe  encore  en  visites,  en  audiences.  Je  ne  vois 
guère  mes  parents  (2),  dont  l'accueil  n'a  pas  été... 


420.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

DALBERG  à    la   DUCHESSE  (7/i/ercep/a). 

A  propos  des  lettres  de  Marescalchi.  Conseils  à  lui  donner. 

Je  te  joins  ici,  ma  chère  amie,  une  lettre  à  notre  excellent 
Marescalchi  (3).  Il  faut  qu*il  patiente.  Tout  dans  ce  pays-ci  ne 
se  décide  pas  promptement.  Le  meilleur  moment  sera  celui  où 
TEmpereur  ira  en  Italie.  Cela  parait  décidé  pour  février.  L'em- 
pereur est  un  prince  si  juste  et  si  équitable  qu*il  fera  pour 
Marescalchi  ce  qui  lui  a  été  promis. 


421.      Vienne,  17  octobre  1814  (F.  3.  4014  ad  3565  . 

Chiffon  trouvé  chez  Dalberg. 

Lettre  adressée  à  Hedelhofer  (Hôtel  du  duc  de  Dalberg 
2bf  Faubourg  SMini-Honoré . 

On  désire  savoir  si  le  Duc  veut  réellement  vendre  son  hôtel 
avec  ou  sans  meubles  et  à  quel  prix. 

1.  Il  s'agit  presque  certainement  ici  du  marquis  de  Brignole,  son  beau-frère. 

2.  Probablement  une  allusion  à  ses  parents,  les  Schftnborn. 

3.  A  cette  lettre,  Dalberg  avait  joint  une  lettre  qui  ne  figure  naturellement 
pas  au  dossier,  puisqu'elle  fut  expédiée  A  la  duchesse  ;  mais  on  y  trouve  en 
revanche  à  l'état  de  Chiffons  les  deux  lettres  de  Marescalchi  qui  inspirèrent 
les  réponses  de  Dalberg,  et  dont  voici  l'analyse.  La  première,  en  date  de  Bo- 
logne le  1»'  octobre  (F.  2.  4138  ad  3565),  est  conçue  en  termes  moins  pressants 
et  a  traitaumôme  sujet  que  la  deuxième,  également  de  Bologne,  5  octobre  1814. 
(F.  2.  4138  ad  3565)  (Chiffons),  dans  laquelle  Marescalchi  s'adresse  encore  A 
Dalberg  et«  réclame  son  traitement  qu'on  doit  lui  envoyer  de  Vienne  et  sans 
«  lequel  ilestperdu.  Il  est  aux  abois  et  retourne  le  lendemainA  Parme  pour 
«  y  fêter  la  Saint-François  • . 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES  AJOURNEMEiNTS  DU  CONGRÈS       321 
422.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

à  DALBERG  (signature  illisible)  {Chiffon), 

D'un  ami  heureux  de  son  arrivée  à  Vienne  qui  demande 
à  venir  le  voir  entre  midi  et  une  heure,  et  se  met  à  son  entière 
disposition. 


423.  Vienne,  6  octobre  1814  (F.  3.  4014  ad  3565). 

COMTE  DE  LCEWENHIELM  à  DALBERG  {Chiffon), 

Plus  connu  de  Dalberg  que  de  Talleyrand,  il  lui  demande  à 
quelle  heure  lui  et  Talleyrand  pourront  le  recevoir. 


424.  Vienne,  sans  date,  octobre  1814  (  F.  2.  4014  ad  3565). 

GAGERN  à  DALBERG  {Chiffon)  (en  français). 

N'ayant  pu  accepter  ime  invitation  à  dîner  de  Talleyrand 
pour  dimanche,  il  s'est  proposé  pour  mardi  et  désire  savoir 
s'il  est  engagé  ou  libre,  le  prince  na  lui  ayant  dit  ni  oui  ni 
non. 


425.  Vienne,  7  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

DALBERG  à...  (Chiffon). 

Difficulté  de  la  situation  de  la  Légation  de  France 
et  surtout  de  la  sienne  propre. 

Mon  séjour  ici,  ma  Chère  Amie,  est  placé  sous  des  auspices 
peu  agréables.  La  Légation  de  France  n'ayant  d'autre  direc- 
tion que  celle  de  plaider  Tordre,  la  justice  et  d'écarter  les 
ambitions,  nous  sommes  fort  maltraités. 

Les  fureurs  allemandes  se  déchaînent  contre  moi  pour  pré- 
férer une  existence  en  France  que  la  bassesse  et  la  lâcheté 
des  princes  d'Allemagne  m'ont  forcé  de  choisir  pour  sauver 
ma  fortune  et  pour  être  tranquille. 

ï.  I.  21 


322  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

426.  Vienne,  7  octobre  1814  (P.  2.  4014  ad  3565). 

DALBERG  à  WOYNA  (1)  {Intercepta). 

Il  le  prévient  qu'il  a  reçu  sa  lettre  ici.  «  C'est  la  seule  qui 
«  me  soit  parvenue.  Je  ne  peux  rien  faire  pour  vous  être  utile. 
«  Comme  plénipotentiaire  de  hrance,  nous  sommes  sans...  » 


427.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

DALBERG  à  VITROLLES  (2)  (Chiffon). 

Il  rassure  de  son  amitié  et  le  félicite  de  ne  pas  être  à 
Vienne. 

«  L'Ambassade  de  France  j  a  l'attitude  la  plus  noble  grftce 
aux  instructions  du  Roi  parce  qu'elle  prêche  la  raison  sans 
pouvoir  se  faire  écouter  ;  mais  tout  le  monde  nous  maltraite.  » 


428.  Sans  date  (3)  (F.  2.  4014  ad  8565). 

SENFFT  à  DALBERG  (Chiffon). 

Voici,  mon  cher  Duc,  la  brochure  que  j'avais  oublié  de  vous 
apporter  ce  matin.  J'ai  encore  oublié  de  vous  dire  que  les  offi- 
ciers saxons  dont  vous  avez  trouvé  les  noms  dans  le  Beo- 

1.  Probablement  un  des  trois  frères  de  la  princesse  Caroline  Jablonowska, 
ou  bien  Félix  ()  788-1857)  à  ce  moment  lieutenanl-coloncl  de  cavalerie,  Tun 
des  principaux  acteurs  du  Carrousel  du  Congrès  qui  devint  feld-maréchal- 
lieutenant;  ou  Maurice  qui  quitta  le  service  comme  colonel,  ou  plutôt  Edouard, 
à  ce  moment  capitaine  de  cavalerie,  aide  de  camp  de  Schwarzcnbergp,  qui 
entra  plus  tard  dans  la  diplomatie  et  qui  devint  lui  aussi  feld-maréchal-lieu- 
tenant.  (Voir  pour  ce  dernier  Poi.ovtsoff,  tome  I,  p.  27ret  391  et  Mémoires 
et  correspondance  du  roi  Jérôme  et  de  la  reine  Catherine.  Catherine  à  Jérôme, 
Trieste,  31  mars  1815). 

2.  Vitrolles  (Eugène  d'Arnaud,  baron  de)  (1774-1854)  chargé  de  soulever  le 
Midi  pendant  les  Cent-Jours,  arrêté  à  Toulouse  et  emprisonné,  délivré  après 
Waterloo,  Ministre  d'Etat  le  19  septembre  1815. 

3.  Il  s'agit  vraisemblablement  ici  du  colonel  von  Miltitz  et  du  lieutenant  von 
Kleist,  arrivés  à  Vienne  le  11  octobre  {Cî.  Beobàchter  du  12  octobre).  Le  Chif- 
fon ci-dessus  serait  dans  ce  cas,  peut-être  du  mercredi  12,  mais  plus  pro- 
bablement du  mercredi  19  octobre. 


LES   PRÉLIMINAIRES  ET  LES   AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS       323 

bachter  et  qui  sont  venus  joindre  ici  le  prince  Repnin,  sont 
les  acolytes  les  plus  zélés  du  Gouverneur  russe  et  de  M.  de 

Stein. 

Senfft. 

Mercredi, 


429.  Sans  date  (F.  2.  4014  ad  8665). 

SOPHIE    SCHOENBORN  (1)  à  DALBERG  (Chiffon), 

Je  monte  en  voiture  pour  dtner  dehors.  Je  t'ai  attendu  toute 
la  matinée.  Je  vais  ce  soir  chez  la  duchesse  de  Sagan.  Tâche 
d'y  venir. 

Sophie. 


430.  Sans  date  (F.  3.  4014  ad  3506). 

SOPHIE  à  DALBERG  (Chiffon). 

En  rentrant,  je  reçois  ton  message^  mon  ami.  Je  suis  très 
ennuyée  de  ne  pas  te  voir.  J'ai  couru  toute  la  matinée.  Avec 
ma  jeunesse  il  faut  être  curieuse.  As-tu  le  temps  de  venir  à 
4  heures  ?  Peut-être  nous  trouveras-tu  à  notre  frugal  dîner, 
mais  tu  ne  t'en  formaliseras  pas.  Adieu,  je  t'embrasse. 


431 .  Sans  date  (F.  2.  4014  ad  3565). 

MARIE   SCHOENBORN  à  DALBERG 

Maman  empêchée  de  vous  répondre  me  charge  de  vous  dire 
qu'elle  serait  heureuse  de  voir  les  marchandises  de  votre  valet 
de  chambre  et  vous  prie  de  l'envoyer,  si  possible,  demain 
matin  chez  Louise  un  peu  de  bonne  heure,  étant  obligée  de 
faire  une  toilette  pour  aller  à  la  Cour  à  midi.  Elle  est  fâchée 
de  ne  pas  vous  voir  aujourd  hui. 

1.  Comtesse  Sophie  Schônborn,  cousine  de  Dalberg. 


324  AUTOUR   DU  CONGRÈS  DE   VIENNE 

482.  Sans  date  (F.  3. 4014  ad  S5«i). 

DALBERG  à  M»»  la  comtesse  MARIE  DE  SCHOENBORN 

(chiffon). 

Votre  écriture,  ma  chère  petite  cousine,  est  jolie  comme  vous. 
Le  marchand,  qui  vous  porte  de  quoi  vous  parer,  n'est  pas  un 
valet  de  chambre  à  moi,  mais  à  M**  de  Courlande,  et  vous 
voudrez  bien  ne  point  vous  vanter  de  l'avoir  vu  pour  ne  pas 
me  brouiller  avec  les  dames.  Recevez  mes  sincères  hommages. 

Dalberg. 

438.  Sans  date  (P.  3.  4014  af  3635). 

à  DALBERG  (chiffon). 

Je  ne  puis  me  promener  avec  toi,  mon  ami.  Je  couds  les  bro- 
deries pour  parer  ma  jolie  Sophie  que  je  vais  mener  au  bal 
du  glorieux.  Cela  m'excusera,  j'espère,  à  tes  yeux.  Viens,  si 
tu  peux,  vers  1  h.  1/2.  Je  voudrais  te  remercier  de  ce  que  tu 
fais  pour  ma  protégée. 

484.  Sans  date  (F.  3.  4014  ad  3505). 

....  à  DALBERG  (chiffon). 

Dimanche  4  heures. 

Mon  cher  ami,  j'arrive  de  Schœnbrunn  où  j'ai  annoncé  votre 
visite  à  ma  mère  pour  demain  matin.  Je  ne  pourrai  aller  avec 
vous,  l'Impératrice  m'ayant  invité  pour  le  soir  à  dîner.  Mais 
vous  pouvez  y  aller  seul.  Si  cependant  vous  préférez  y  aller 
avec  moi,  je  serai  à  votre  disposition  mercredi  matin  à  9  h.  1/2. 
Adieu. 

485.  Sans  date.  Octobre  1914  (F.  2.  4014  ad  3565). 

MARIA  à  DALBERG  (chiffon). 

J'ai  un  dîner  à  2  heures,  mon  ami,  et  je  dois  sortir  à  midi. 
Puisqu'il  y  a  déjà  des  Messieurs  de  la  suite  du  grand-duc 
d'arrivés,  je  tâcherai  déjà  de  te  trouver,  supposant  que  tu  dînes 
chez  Sophie.  Maria. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      325 
436.  Vienne,  19  octobre  1814  (F.  2.4309  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR 

Rapport  et  bordereau  du  19  octobre  1914. 

Résumé  des  rapports  des  agents  chargés  de  la  surveillance  de  : 

Stein  (18  octobre)  :  ses  occupations,  ses  entretiens  avec  le 
colonel  Von  Miltitz,  ses  conférences  avec  Nesselrode  et  Wol- 
konsky. 

Czartorysky  :  ses  nombreuses  visites  à  Talleyrand.  Il  écrit 
beaucoup  la  nuit. 

Hardenberg  (17  octobre):  ses  conférences  avec  Stein  et  le 
colonel  von  Miltitz.  11  travaille  avec  Staegemann  (1),  Zerboni 
di  Sposetti  et  Jordan  jusqu'à  3  heures  et  reçoit  dans  Tinter- 
valle  deux  lettres  de  Stein. 

Wrede  (14  et  15  octobre)  :  On  a  placé  des  émissaires  chez 
lui,  chez  Rechberg  et  chez  le  secrétaire  d'ambassade  von 
Steinlein. 

Le  Prince  Eugène  (17  octobre):  Il  a  été  chez  Wrede,  qu'il 
n'a  pas  trouvé  et  auquel  il  a  laissé  une  lettre.  Le  soir  M*'«D,.. 
vient  lui  rendre  visite,  mais  le  prince  était  sorti  avec  Goupy, 

Duc  de  Roccaromana  (17  octobre).  Il  devait  partir  dans  la 
nuit  du  17  au  18  et  avait  dîné,  il  y  a  quelques  jours,  chez  Met- 
ternich  qui  lui  a  offert  une  tabatière  ornée  de  diamants. 

Talleyrand  et  Dalberg  (15-17  octobre)  :  Difficultés  que  pré- 
sente leur  surveillance.  Dalberg  a  reçu  un  fort  courrier  dans 
la  nuit  du  15  au  16.  Chez  Talleyrand,  on  dispose  maintenant 
d'un  vieux  domestique  qui  a  déjà  été  au  service  de  trois  am- 
bassadeurs de  France  et  d'un  garçon  de  chancellerie  qui  a  déjà 
livré  des  chiffons  provenant  du  bureau  de  Talleyrand. 


437.  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  3.  4307  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

Arrivée  du  Colonel  Roberti  envoyé  en  courrier 
par  le  Roi  de  Sardaigne  A  Saint-Marsan. 

Le  Comte  Philippe...  de  Pirano,  Capitaine  d'artillerie  ita- 
lienne, habitant  Vienne  depuis  trois  mois,  a  fait  connaître  à 

1.  Staegemann  (Frédéric- Auguste  de)  (1793-1840) Conseiller  de  financei  de- 
puis 1806.  Homme  d'Etat  et  poète. 


326  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

tous  ses  amis  les  noms  des  agents  au  service  de  la  police  (ita- 
lienne) et  nous  a  signalé  comme  tels,  Pagliaci,  Brunacci,  le 
marquis  Brigido^et  un  certain  Pietro  Curtio  qu*on  avait  placé 
comme  domestique  auprès  de  lui  (l'agent). 


488.  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  2.  4309  ad  3M5^. 

SICARD  (J.  von  Schm..  )  à  HAGER  (analyse). 

Rapport  sur  le  départ  du  duc  de  Roccaromana  et  sur  la  mis- 
sion à  Vienne  du  prince  d'AUiano,  aide  de  camp  de  Murât  qui 
a  apporté  des  instructions  au  Prince  Cariati. 

Alliano  prétend  que  le  peuple  de  Naples  est  très  attaché  à 
Murât  qui  se  défendra  à  outrance  si  on  Vy  oblige. 


r 


439.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4309  ad  3565). 

SCHMIDT  à  WAGER 

Difficultés  de  la  surveillance  de  Tallcyrand  et  de  Dalber^;.   Mesures  prises 
pour  l'assurer.  Rien  à  espérer  des  hôtes  de  Tambassadc. 

Quiconque  connaît  un  peu  le  caractère  de  Talleyrand  et  se 
dqpnera  en  outre  la  peine  de  tenir  compte  de  la  disposition 
de  sa  maison  (1), comprendra  du  même  coup  les  difficultés  que 
présente  l'établissement  d'une  surveillance  sérieuse  du  prince 
et  de  ses  faits  et  gestes.  La  maison  n'est  rien  moins  mainte- 
nant qu'une  espèce  de  place  forte,  dans  laquelle  il  tient  garni- 
son avec  les  seuls  individus  dont  il  se  croit  sûr.  Malgré  cela, 
on  a  cependant  fini  par  pouvoir  intercepter  quelques  pièces 
sortant  de  ses  bureaux.  On  a  de  plus  réussi  à  gagner  un  vieux 
domestique  qui  a  déjà  été  au  service  de  trois  ambassadeurs  de 
France,  ainsi  qu'un  gardien  ou  garçon  de  chancellerie,  grâce 
auquel  on  a  pu  se  procurer  quelques  papiers  déchirés  trouvés 
dans  le  bureau  même  de  Tallejrand. 

1.  L'hôtel  do  l'Ambassade  était  situé  au  centre  de  la  ville  dans  la  Johannes 
Gasse,  à  deux  pas  de  Saint-Etienne  et  de  la  Kœrntnerstrasse. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES  AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      327 

11  n'y  a  guère  rien  à  espérer  pour  la  police  du  côté  des  vi- 
siteurs ou  des  invités  du  prince.  Ce  sont,  ou  des  diplomates 
étrangers  qui  ne  sont  préoccupés  que  de  leurs  propres  inté- 
rêts, ou  bien  des  fonctionnaires  ou  diplomates  d'ici,  qui  sont 
déjà  gagnés  par  d'autres  et  complètement  à  la  discrétion  de 
ces  hauts  personnages.  En  attendant^  voici  les  principales  vi* 
sites  que  Tallejrand  a  reçues  pendant  les  deux  derniers  jours: 
le  capitaine  (russe)  Mohrenheim,  le  baron  Gagern  (qui  est 
resté  longtemps  avec  lui)yle  prince  de  Hohenlohe-Bartenstein, 
Labrador,  Machado,  les  comtes  Benzel,Pappenheim,Tchernit- 
chelT,  Pozzo  di  Borgo,  Castelalfer  (1)  et  Salmour,  RufTo,  Zerle- 
der,  Wieland,  Reinhard,  Montenach,  le  comte  Clary  (2),  Schu- 
lenburg,  Gentz,  le  comte  Bethusy  (3),  lord  Stewart,  le  comte 
Trauttmansdorff,  le  prince  Wenzel  Liechtenstein,  d'Ivernois, 

Chez  Dalberg,  on  se  heurte  aux  mêmes  difficultés  que  chez 
Talleyrand.  Il  habite  la  même  maison,  et  de  plus  il  est  alle- 
mand et  connaît  à  fond  la  ville  et  le  terrain  sur  lequel  il  opère. 


440.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  4309  ad  3505). 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

La  France,  cause  de  la  remise  du  Congrès.  Le  royaume  de  Hanovre.  Le  grand- 
duché  de  Hesse.  La  France  et  la  frontière  du  Rhin. 

La  remise  du  Congrès  a  été  causée  par  Tobstination  de  la 
France  au  sujet  des  questions  des  Pays-Bas,  de  Pologne  et  de 
Parme. 

On  dit  que  Télectorat  de  Hanovre  deviendra  un  royaume 
et  rélectorat  de  Hesse,  un  grand-duché.  Mais  on  ne  s'occu- 
pera deTAllemagne  qu'après  le  règlement  des  grandes  affaires. 

On  affirme  eniin  que  la  France  prétend  avoir  le  Rhin  pour 
frontière. 


1 

1.  Caslclalfcr  (Carlo  Amico  di)  v  1758-1832)  Ministre  plénipotentiaire  à 
Naplcs  (1780),  à  Florence  (1793»,  à  Vienne  (1774),  à  Berlin  (1814),  puis  de 
nouveau  à  Florence  (1837).  Ministre  d'Etat  (1818)  et  Grand-Croix  des  saints 
Maurice  et  Lazare. 

2.  Chambellan  de  l'Empereur  et  directeur  des  bAtiments  impériaux. 

3.  Le  comte  Bethusy  passait  pour  être  le  chef  de  la  police  secrète  prusiienne. 


328  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

441.  Vienne,  18  octobre  1814(F.  3.  4321  ad  35«5). 

e  e  à  HAGER 

Lt  France,  la  Bavière,  Bade  et  Wurtemberg...  Le  dtnerdul?  chex  Stackel- 

berg.  Signification  qu'on  lui  attribue. 

Pour  le  moment  la  France  a  réussi  à  gagner  complètement 
la  Bavière,  Bade  et  le  Wurtemberg. 

Talleyrandy  Dalberg,  Castlereagh,  Wrede,  Palmella,  Hum- 
boldt,  RazoumofFsky,  trente-six  personnes  en  tout,  ont  diné 
hier  17  chez  Stackelberg.  On  croit  voir  dans  ce  dtner  le  symp- 
tôme d*un  rapprochement  entre  les  Russes  et  les  Français. 


442.  Vienne,  18  octobre  1814  (P.  3.  4321  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Mécontentement  de  la  France  au  sujet  des  questions  de  Saxe  et  de  Pologne. 
La  princesse  Bagralion  et  le  prince  Charles  de  Bavière. 

On  prétend  qu'on  s'est  mis  d*accord  sur  les  affaires  de  Po- 
logne et  de  Saxe,  et  Tambassade  de  France  ne  serait  guère  sa- 
tisfaite de  cet  arrangement. 

On  raconte  que  la  princesse  Bagration  aurait,  il  y  a  quel- 
ques jours,  passé  toute  une  matinée  avec  le  jeune  prince 
Charles  de  Bavière  de  plus  en  plus  épris  d'elle. 


Série  de  pièces  relatives  à  l'expulsion  de  Bellio  et  à 
la  perquisition  faite  chez  lui  dans  la  nuit  du  17  au 
1 8  octobre 

448.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4057  ad  3565). 

HAGER  à  METTERNICH  (1)  (en  allemand)  (analyse). 

Il  lui  expose  de  nouveau  les  raisons  pour  lesquelles  il  croit 
nécessaire  d'expulser  Bellio,  Tagent  du  prince  de  Valachie, 

1.  Bien  que  cette  pièce  soit  datée  du  20  octobre,  j'ai  cru  bien  faire  en  la 
plaçant  avant  les  autres  papiers  trouvés  chez  Bellio,  parce  qu'elle  fournit,  en 
même  temps  que  les  motifs,  l'explication,  d'abord  de  cette  perquisition,  puis  de 
l'expulsion  de  l'agent  officiel  de  l'hospodar  de  Valachie. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      3^9 

chargé  d'expédier  les  dépêches  de  Gentz  à  rHospodar.  Cet 
individu  avait  fait  confectionner  un  duplicata  du  cachet  de 
Gentz,  afin  de  pouvoir  ouvrir  et  refermer  ses  lettres.  Il  en 
était  de  même  pour  les  lettres  du  prince.  Il  est  donc  probable 
qu'il  ne  procédait  de  la  sorte  que  parce  qu'il  communiquait 
les  correspondances  à  des  tiers.  11  était  en  outre  en  possession 
d'un  Mémoire  détaillé  sur  la  Pologne  (1),  qui  contenait,  entre 
autres,  des  données  et  des  appréciations  sur  le  caractère  et  sur 
les  intentions  de  l'Empereur  Alexandre,  mémoire  qui  est  pro- 
bablement l'œuvre  de  Gentz  ou  de  quelque  haut  fonctionnaire 
du  gouvernement  autrichien. 

Bellio  lui  (à  Hager)  avait  déjà  inspiré  des  soupçons  lorsqi^'il 
vint  à  Prague  lui  offrir  ses  services.  Hager  insiste  en  outre 
sur  les  relations  de  Bellio  avec  le  prince  Ypsilanti  (2),  un  de 
ses  compatriotes  faisant  partie  de  la  suite  de  l'empereur 
Alexandre. 

Il  fait  encore  remarquer  que  Bellio  a  essayé,  en  se  servant 
à  cet  effet  du  mémoire  sur  la  Pologne,  de  s'aboucher  d'abord 
avec  le  prince  Wolkonsky  et  qu'un  peu  plus  tard  il  voulait 
adresser  à  cet  effet  à  la  princesse  Bagration  une  lettre  qui  a  . 
été  saisie  (3). 

On  a  par  conséquent  jugé  nécessaire  de  faire  une  descente 
chez  lui  dans  la  nuit  du  17  au  18  octobre,  de  s'assurer  de  sa 
personne  et  de  saisir  ses  papiers. 

Hager  constate  à  ce  propos  que  Bellio  a  fait  preuve  à  ce 
moment  d'une  indifférence  absolue.  11  insiste  sur  le  fait  que 
le  mémoire  de  Gentz  est  très  compromettant  pour  l'Autriche 
et  appelle  l'attention  de  Metternich  sur  une  lettre  (non  expé- 
diée) de  Bellio  à  Wolkonsky, en  date  du  11  octobre,  ayant  pour 
objet  d'obtenir  une  audience  de  l'empereur  Alexandre.  Bellio 
ne  l'avait  pas  expédiée,  parce  qu'il  croyait  plus  efficace  de 
s'adresser  à  la  princesse  Bagration,  qui  est  au  service  de  la 
Russie  et  à  laquelle  il  se  disposait  à  écrire  le  19. 


1.  C'était  le  mémoire  même  du  18  août  que  Metternich  avait  approuvé  (Cf. 
Oesterreich's  TheiltiahmCf  etc.,  p.  984-399). 

2.  Ypsilanti  (Alexandre),  (1792-1828*,  à  ce  moment  aide  de  camp  d'Alexandre. 

3.  Pièce  444. 


330  AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE   VIENNE 

444.  Vienne,  17  octobre  1814  (P.  3.  4321  ad  3565  . 

Rapport  à  HAG£R  (en  français). 

Renseignements  sur  Bellio,  sur  les  instructions  que  celui-ci  lui  a  données, 

sur  ses  nouvelles  intentions. 

Monseigneur,  je  commence  par  demander  pardon  à  Votre 
Excellence,  de  ne  pas  avoir  annoncé  hier  que  la  rédaction  de 
la  lettre  avait  été  différée  hier  sous  différents  prétextes^  selon 
les  ordres  dont  Monseigneur  m'avait  «honoré  avant-hier  soir. 

Notre  homme  a  changé  d'avis  en  tant  qu'il  croit  agir  plus 
sûrement  en  s^adressant  à  M**  la  princesse  Bagration  pour 
parvenir  par  son  canal  aux  pieds  de  l'Empereur  de  Russie.  Je 
dois  me  trouver  ce  matin  à  neuf  heures  chez  lui  pour  rédiger 
la  lettre  11  loge  au  Stock  im  Eisen  n^  613,  au  troisième  étage, 
chez  le  baron  Schloissnig  et  a  une  entrée  séparée. 


445.  Vienne,  11  octobre  1814  iF.  2.  4051  ad  3565;. 

GENTZau  Prince  de  VALACHIE  (I)  (Intercepta)  (en  français). 

Lettre  saisie  chez  Bellio  dans  la  nuit  du  17  au  18. 
La  situation  politique.  La  Pologne.  La  Saxe.  La  Bavière. 

L'attitude  de  la  France. 

La  situation  politique  est  toujours  pour  le  gros  des  objets 
qui  restent  à  régler  la  même  et  la  marche  des  affaires  ne  s'est 
nullement  accélérée  et  améliorée,  comme  il  est  constaté  par 
l'acte  de  déclaration  (i),  qui  doit  émaner  sous  peu  de  jours  et 
dont  j'ai  l'honneur  de  joindre  une  copie. 

Le  sort  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe  continue  d'être  l'objet 
principal  de  l'attention  des  plénipotentiaires  des  grandes  puis- 
sances, sans  savoir  été  pour  cela  le  sujet  des  négociations  qui 
ont  eu  lieu  jusqu'ici.  La  Russie  ne  s'est  pas  encore  pronon- 

1.  Cette  pièce  semble  inédite,  ou  du  moins,  on  ne  la  trouve  ni  dans  Otêter- 
r€ich*s  Theilnafimey  ni  dans  les  dépêches  publiées  par  Prokbsgh'Ostbn^ 

2.  La  déclaration  du  8,  publiée  le  S  2  octobre. 


LES  PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS       331 

cée  formellement  sur  la  Pologne  ;  mais  le  langage,  qu'elle 
tient  hors  des  conférences,  ne  laisse  aucun  doute  qu'elle  n'est 
nullement  disposée  à  lâcher  prise,  ni  même  à  modérer  ses  pré- 
tentions. 

Le  grand-duc  Constantin,  qui  est  ici  depuis  quelques  jours, 
vient  d'être  nommé  Gouverneur  du  Duché  de  Varsovie.  Cette 
question  n'a  pas  encore  été  traitée  officiellement,  et  on  évite 
d'en  parler  pour  laisser  venir  les  Plénipotentiaires  de  la  Rus- 
sie, qui  semblent  vouloir  laisser  l'initiative  à  l'Autriche,  où 
cet  article  arrête  la  marche  de  tout. 

La  question  de  la  Saxe,  qui  dépend  de  l'issue  de  celle  de 
la  Pologne,  n'est  pas  abordée  non  plus  et  offre  les  mêmes  dif- 
ficultés. 

Il  n*est  pas  question  en  ce  moment  de  Naples,  ni  d'aucun 
autre  objet,  tout  étant  considéré  comme  secondaire,  et  devant 
céder  aux  deux  grands  points  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe. 

On  a  également  délibéré  sur  l'agrandissement  de  la  Bavière 
et  sur  la  question  s'il  fallait  en  étendre  les  frontières  et  lui 
assigner  la  forteresse  de  Mayence. 

Il  reste  toujours  certain  que  la  France  n'acquiescera  à  aucun 
arrangement  sur  la  Pologne  et  la  Saxe,  même  dans  le  cas  que 
l'Autriche,  la  Russie,  la  Prusse  et  l'Angleterre  conviennent 
sur  les  partages  à  faire  dans  ces  pays.  Donc  Tissue  du  Con- 
grès est  toujours  fort  incertaine. 


446.      Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4309  ad  3565). 

BELLIO  au  Prince  de  VALACHIE  (en  français). 

Dépôche  saisie  lors  de  la  perquisition  faite  chez  lui  dans  la  nuit  du  17  au  18. 
La  situation.  La  Russie  et  la  Pologne.  L'Autriche  et  la  Prusse.  L'attitude 
de  Taiieyrand (?)...  La  politique  do  TAutriche. 

Rien  de  changé  dans  la  situation  des  affaires  relativement 
aux  résultats  que  les  négociations  actuelles  devront  amener. 
La  Russie  continuant  à  témoigner  la  ferme  volonté  de  ne  pas 
se  dessaisir  delà  Pologne, lord  Castlereagh  écrivit  avant-hier  (1) 

1.  Cf.  d'ANGBOBRO,  280-288.  Lettre  do  Lord  Castlereagh  à  l'Empereur 
Alexandre,  au  sujet  de  la  Pologne.  Vienne,  12  octobre  1814  et  mémorandum 
annexé  à  la  lettre  précédente  et  Ibidem^  291-293.  Mémorandum  de  lord  Castle- 
reagh au  sujet  de  la  situation  do  l'Autriche  et  de  la  Prusse  en  présence  des 
prétentions  de  la  Uussie  sur  la  Pologne.  Vienne,  14  octobre  1814. 


332  AUTOUR    DU  CONGRÈS    DE   VIENNE 

à  l'Empereur  de  Russie  une  lettre  pour  lui  offrir  la  médiation 
de  l'Angleterre  dans  les  négociations  qui  doivent  terminer 
cette  lutte  entre  TAutriche  et  la  Russie  et  amener  une  issue 
qui  puisse  convenir  aux  deux  parties.  L'Empereur  se  rendit  en 
personne  chez  lord  Castlereagh  (1)  et  témoigna  dans  une  ré*- 
ponse  verbale  la  résolution  de  ne  rien  restituer  et  de  rester 
en  possession  définitive  du  duché  de  Varsovie.  Il  espère  cepen- 
dant pouvoir,  à  la  fin,  effectuer  quelque  chose  et  voir  aban- 
donné une  partie  du  plan  d'agrandissement  que  la  Russie  s'était 
fait. 

Pour  détacher  la  Prusse  de  la  Russie  et  la  lier  à  sa  cause 
et  à  la  modération,  TAutriche  s'est  décidée  à  consentir  que  la 
Prusse  ait  une  partie  de  la  Saxe,  et  cela  en  tout  cas. 

Le  Plénipotentiaire  de  France  ne  s'est  pas  encore  déclaré 
catégoriquement  sur  cette  cession  d'une  partie  de  la  Saxe  ; 
mais  à  en  juger  par  ses  discours, il  y  donnera  son  assentiment. 

Si  la  Russie  persistait  dans  la  résolution  d'acquérir  le  duché 
de  Varsovie  en  entier,  sans  laisser  quelque  partie  de  la  Po- 
logne à  la  Prusse  et  à  l'Autriche,  on  paraît  fixé  d'abandonner 
en  entier  la  Saxe  à  la  Prusse  et  de  s'opposer  de  tous  les  moyens 
à  la  Russie,  ce  qui  pourrait  amener  des  scènes  sanglantes. 

Si  la  Russie  rentrait  dans  les  limites  de  l'équité  et  de  la 
modération,  le  tout  se  terminerait  de  suite  à  l'amiable,  sup- 
posé même  que  la  France  s'y  opposât. 

On  a  choisi  de  la  part  de  FAutriche  entre  deux  maux  le 
moindre,  et  on  a  préféré  voir  une  partie  de  la  Saxe  entre  les 
mains  de  la  Prusse  que  consentir  à  l'envahissement  de  toute 
la  Pologne  par  la  Russie. 

Dieu  veuille  qu'on  ne  se  trompe  pas  et  que  la  Prusse  ne 
tienne  pas  toujours  en  secret  plus  à  la  Russie,  qui  lui  offrait 
de  gré  toute  la  Saxe,  qu'à  l'Autriche,  qui  ne  consent  qu'à 
regret,  et  au  pis  aller  à  ce  sacrifice  (2). 

1.  L'Empereur  Alexandre  se  rendit  chez  lord  Castlereagh,  le  jeudi  13  oc- 
tobre. (Cf.  Gbktz.  Tagebûeher,  318).  Pour  les  détails  relatifs  à  cette  visite 
d'Alexandre  et  au  mémorandum  que  lord  Castlereagh  lui  remit,  Cf.  Tal- 
leyrand  au  roi.  Vienne,  17  octobre  1814.  (Dépèche  n*  6  dans  Pallain,  Corres- 
pondance inédite^  50-60). 

3.  Le  professeur  Fournier  ayant  publié  in  extenso  la  dépêche  que  Genls 
adressa  à  Kara^ja  pour  lui  rendre  compte  de  ce  qui  venait  d'arriver  à 
Bellio,  j'ai  jugé  inutile  de  reproduire  ici  cette  dépêche  qu'on  trouvera  (tra- 
duite en  allemand)  dans  la  Deutsche  Revue  de  septembre  1913,  p.  325-337  et 
à  la  fin  du  court,  mais  fort  intéressant,  article  que  le  savant  écrivain  a  con- 
sacré à  Gentz  et  à  Bellio. 


il 


LES  PRÉLIMi:<AlRES    ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS       333 

En  réponse  à  la  lettre  du  24  septembre  par  rapport  aux  vues 
de  la  Russie  sur  la  Moldavie  et  la  Valachie,  j'ai  Thonneur 
d'assurer  Votre  Altesse  que  la  Russie  n'a  pas  manifesté  le 
désir  d'avoir  ces  provinces,  et  qu'ici,  comme  ailleurs  et  en  tout 
temps,  elle  sera  contre-balancée  dans  ses  projets  par  l'Autriche 
qui  soutiendra  toujours  la  Porte  Ottomane.  Il  n'est  cependant 
pas  douteux  que  la  Russie  convoite  avec  ardeur  ces  pays,  et 
qu'à  la  première  occasion  elle  ne  manquera  pas  de  suivre  son  plan 
pour  s'en  rendre  maîtresse,  ce  que  toute  Tacquisition  en  Po- 
logne ne  peut  que  faciliter.  Ces  différends  politiques  ne  troublent 
cependant  nullement  l'accord  personnel  qui  règne  entre  les 
souverains  assemblés  ici. 

Le  départ  des  souverains  est  toujours  fixé  au  5  novembre. 
Si  on  est  convenu  sur  les  articles  qui  concernent  la  Pologne 
et  la  Saxe  avant  ce  terme,  les  autres  affaires  se  termineront 
avec  rapidité  et  sans  difficulté. 


447.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

HAGER  à  L'ExMPEREUR 

Rapport  et  Bordereau  du  20  octobre. 

19  Octobre.  Arrivée  à  Vienne  d'un  certain  Karski,  venant  de 
Paris,  porteur  de  lettres  pour  les  Polonais  et  chaudement  re- 
commandé à  l'ambassade  de  France,  où  il  a  été  ainsi  que  chez 
Lubomirski(i). 

J'ai  su  par  le  prince  Lubomirski  que  la  France  s'opposera 
au  partage  du  grand-duché  de  Varsovie. 


448.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

Résumé 

Rapports  sur  la  surveillance  de  Castlereagh  (  18  octobre),  Stac- 
kelberg  (dîner  du  17),  Ânstett,  La  Harpe,  Stein,  Radziwill, 

1.  Cf.  llapport  de  l'agent  O.  Pièce  450. 


334  AUTOUR   DU  CONGRÈS  DE  VISNXB 

Thum  et  Taxis,  des  ministres  de  Bade,  du  prince  de  Tarente^ 
Talleyrandy  Goupj,  du  prince  Eugène  (en  visite  le  17  chex 
Marie-Louise  à  Schœnbrunn,  chez  laquelle  il  est  resté  de  7  à 
11  heures  du  soir),  RazoumofTski,  Joséphine  Wolters  (Wol- 
konsky  continue  à  la  voir,  mais  moins  souvent.  En  revanche, 
son  aide  de  camp  Dotkhowski  est  très  assidu  auprès  d'elle). 


449.  Vienne,  19  octobre  1814  (F.  2.  4331  ad  SM5). 

Analyse  de  quelques-imes  des  lettres  interceptées  de  : 

Hardenberg  à  Wessenberg  (un  gros  paquet  contenant  des 
volumes  sur  la  Prusse  sous  Frédéric  II  et  en  1807,  et  une 
brochure). 

Richards  h  Clarke,  Londres,  18  août. 

Anonyme  à  Sidney-Smith,  13  août. 

Plus  un  gros  paquet  adressé  à  Hardenberg,  contenant  des 
dépêches  chilTrées  et  des  journaux. 


450.  Vienne,  19  octobre  1814.  (F.  2.  4322  ad  3565). 

O...  à  HAGER  (en  français). 

Les  Polonais.  Le  prince  Eugène,  C^artoryski,  Lubomirski. 
Les  bustes  d'Alexandre  et  les  perruquiers. 

Les  Polonais,  qui,  il  y  a  peu  de  temps  encore,  idolâtraient  le 
prince  Eugène  Beauharnais,  sont  en  ce  moment  un  peu  irrités 
contre  lui,  parce  qu'il  a  refusé  une  audience  à  plusieurs  Polo- 
nais qui  avaient  servi  sous  ses  ordres. 

Le  prince  Adam  Czartoryski  continue  d'être  le  soutien  de 
leurs  espérances,  mais  il  est  peu  visible  pour  ses  compatriotes. 
Ceux-ci  communiquaient  avec  lui  par  le  moyen  du  prince  Henri 
Lubomirski,  qui  les  voit  et  paraît  être  très  actif. 

Un  officier  russe  de  la  suite  de  TEmpereur  a  fait  la  remarque 
que  deux  perruquiers,  dont  Tun  sur  la  place  de  Saint-Etienne, 
vis-à-vis  de  TEglise,  l'autre  dans  la  Schtvertgasse  pour  aller 
de  la  Hohe  Briicke  à  Maria  Stiegeriy  ont  les  bustes  de  l'Em- 
pereur Alexandre  devant  leur  boutique  pour  servir  de  Per- 
rVickenstùcke  (mannequins  pour  les  perruques).  Il  a  trouvé  que 
c'était  très  indécent. 


LES  PRÉLIMINAIRES   ET   LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      335 

451.  Vienne,  19  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Arrivée  à  Vienne  et  surveillance,  à  la  demande  de  Spaen,  des  Belles  hostiles 

à  la  réunion  de  leur  pays  avec  la  Hollande. 

Le  Baron  Spaen,  ministre  de  Hollande,  s'inquiète  des  agis- 
sements de  Talleyrand  et  de  l'arrivée  de  quatre  nouveaux 
Belges,  tous  hostiles  à  la  Hollande,  dont  Stassart  (1),  le  der- 
nier préfet  de  La  Haye,  jacobin  très  exalté  pendant  la  Révo- 
lution, puis  partisan,  serviteur  et  admirateur  de  Napoléon,  de 
la  même  trempe  que  le  Procureur  général  impérial  Daniels. 

D'accord  avec  Spaen  et  sur  Tordre  de  Hager,  on  les  fait 
surveiller  par  un  ancien  conseiller  du  conseil  de  Namur,  Per- 
son,  tout  dévoué  au  prince  d'Orange  (2). 

L'agent,  qui  adresse  ce  rapport,  a  déjà  réussi  à  nouer  des  re- 
lations avec  les  trois  autres  Belges. 


452.  Vienne,  19  octobre  1814  iF.  2.  4487  ad  3565). 

PIQUOT  (Conseiller  de  légation  prussien)  à  X...  (à  Weimar) 

(Iniercepta)  (en  français)  (analyse). 

Envoi  de  la  copie  d'une  lettre  relative  à  un  incident  survenu  en  Suisse. 
Lenteur  de  la  marche  des  affaires.  La  Saxe,  les  Prussiens  et  les  Russes. 

Des  gens  de  Fribourg,  accusés  de  complot  contre  le  Gou- 
vernement arrêtés  à  Berne,  ont  été  trouvés  porteurs  de  pas- 
seports autrichiens. 

1.  stassart  (Joseph- Auguste  Goswin,  baron  de)  (1780-1854).  Né  à  Malincs,  il 
étudia  le  droit  A  Paris.  Auditeur  au  Conseil  d'Etat  (1804).  Intendant  dans  le 
Tyrol  (1805),  puis  dans  la  Prusse  Orientale  et  à  Berlin,  en  remplacement  de 
Bil^non  (1808).  Rentré  en  France  et  d'abord  sous-préfet  d'Oran§^e,  puis  préfet 
de  Vaucluse  (1809)  et  des  Bouches  de  la  Meuse  (1813).  Revenu  à  Paris  après 
l'occupation  de  ce  département  par  les  Alliés,  il  fut  attaché  au  service  de  Jo- 
seph. 11  se  rendit  ensuite  en  Autriche  où  il  devint  Chambellan  de  l'Empe- 
reur François.  Revenu  en  Belfçique  en  février  1815,  il  ofTrit  ses  services  à 
Napoléon  qui  l'envoya  auprès  de  l'Empereur  d'Autriche  porteur  d'une  lettre 
autographe  (Correspondance j  t.  XVIII,  21753,  Paris,  1"  avril  1815),  mais  il  ne 
put  dépasser  lAïu.  Revenu  à  Paris,  il  fut  nommé  Maître  des  Requêtes  au  Con- 
seil d'Etat.  Il  fui  ensuite,  d'abord  député  aux  Etats  Généraux  des  Pays-Bas 
(1K21-1830;,  puis  membre  du  Congrès  National  de  Belgique  (1830),  gouverneur 
des  provinces  de  Namur  (1830)  et  du  Brabant  (1834-1839),  membre  du  Sénat 
Belge  (1831-isi7)  et  enfin  président  de  cette  assemblée. 

2.  Guillaume  1*'  (1772-1843)  fils  du  stathouder  perpétuel  Guillaume  V  de  Nas- 
sau. Il  abandonna  la  Hollande  envahie  par  les  Français  (1795)  et  n'y  revint 


330  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIBMKB 

Piquot  ajoute  :  «  Les  affaires  du  Congrès  avancent  lente- 
ment, mais  cependant  on  a  tout  lieu  d'espérer  que  tout  sera 
prêt  pour  la  date  de  son  ouverture  et  qu'alors  tout  tendra  à 
un  terme  définitif.  » 

L'agent  fait  connaître  en  outre  que  Piquot  vient  d'annoncer 
confidentiellement  à  un  de  ses  amis  que  les  Russes  évacuent  la 
Saxe  qui  va  être  occupée  par  les  Prussiens. 


453.  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 


LCEWENHIELM  (1)  à  son  frère  (à  Stockholm)  (IntercepU). 

Le  Congrès  et  les  causes  de  la  déclaration.  Ce  qu'il  prévoit.  L'Empereur  et 
l'impératrice  d'Autriche.  Le  Roi  de  Danemark.  Les  g^affes  de  Bildt  avec 
les  Rois  de  Bavière  et  de  Danemark. 

Pour  te  donner  une  petite  précision  diplomatique,  à  laquelle 
tu  as  droit  comme  frère  de  diplomate  et  diplomate  toi-même, 
je  te  dirai  que  jusqu'à  présent  le  Congrès  ne  s'est  point  assem- 
blé en  forme.  Tu  auras  vu  peut-être  une  déclaration  dans 
toutes  les  gazettes  de  TEurope  qui  le  proroge  jusqu'au  l*'  no- 
vembre  (2).  Cette  déclaration,  dont  je  suis  coupable,  pour  un 
huitième  ou  un  dixième  peut-être,  est  un  modèle  d'incohérence 
et  de  fausse  logique.  Mais  c'est  ainsi  qu'il  le  fallait  pour  évi- 
ter de  toucher  à  d'autres  questions  délicates  par  une  simple 
déclaration  préalable.  On  ne  l'a  pas  signée  pour  éviter  toutes 
questions  de  rang  et  de  préférence  jusqu'au  moment  terrible 
où  il  faudra  les  vider. 

Dieu  veuille  que  les  membres  du  Congrès  ne  fassent  pas 
alors  comme  les  pères  du  Concile  de  Nicée,  qui  décidèrent  la 
question  de  la  Trinité  à  grands  coups  de  poings.  Pour  moi, 

qu'en  1813.  Prince  d'Orange,  il  porta  le  titre  de  prince  souverain  des  Pro- 
vinces Unies  jusqu'au  moment  où  il  fut  déclaré  roi  des  Pays-Bas.  La  Bel- 
gique lui  échappa  en  1830. 

1.  Lœwenhiclm  (Gustavc-Charles-Frédéric)  (1771-1856),  était  aux  côtés  de  Gus- 
tave III,  lorsque  ce  prince  fut  assassiné  en  1792.  Fait  prisonnier  dans  la  guerre 
de  Finlande  (1808),  aide  de  camp  de  Bernadette,  il  quitta  en  1814  Tarmée 
pour  entrer  dans  la  diplomatie  et  fut  ensuite  ambassadeur  à  Paris  jusqu'à  sa 
mort. 

2.  Cf.  d'AHOBBBRO,  I.  272.  Déclaration  du  8  octobre. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS  DU    CONGRÈS      337 

j'ai  déjà  avisé  l'adversaire  que  je  choisis.  C'est  le  faible  et  dé- 
bile Humboldt,  aussi  faible  de  corps  que  fort  d'esprit. 

En  attendant  le  1*'  novembre,  on  négocie  confidentiellement, 
et  en  dépit  des  différences  de  vues  et  de  principe,  on  finira 
par  se  rapprocher.  Ce  qui  y  contribue  beaucoup,  c'est  que  la 
puissance,  dont  les  prétentions  sont  les  plus  fortes,  a  donné 
à  ses  plénipotentiaires  400.000  hommes  prêts  à  les  aider. 

Quant  à  la  famille  impériale  d'Autriche,  elle  est  en  général 
très  affable.  L'Empereur  a  sa  bonhomie  qui  enchante  autant 
que  la  justesse  de  son  esprit.  L'Impératrice  est  belle  encore  et 
toujours  aimable. 

J'ai  été  à  l'audience  de  la  blonde  Majesté  (le  Danemark)  jqui 
m'a  entretenu,  comme  de  raison,  de  la  pluie  et  du  beau  temps. 

M.  de  Bildt  (1)  y  a  été  aussi  fin  et  attentif,  comme  il  est,  à 
toujours  dire  des  choses  spirituelles.  Avec  cette  facilité  que 
tu  lui  connais,  il  rappela  au  roi  des  Danois  qu'il  y  avait  seize 
ans  qu'ils  ne  s'étaient  vus,  en  ajoutant  avec  un  soupir  tendre  : 
«  Il  s'est  passé  bien  des  événements  depuis.  » 

A  quoi,  le  roi  répondit  très  sèchement  :  u  II  se  passe  des 
événements  tous  les  jours  ».  Etiam  S.  M.  habet  raison. 

Bildt  a  été  tout  aussi  malheureux  avec  le  roi  de  Bavière,  qui 
lui  demandait  comment  l'union  de  la  Norvège  à  la  Suède  allait 
s'effectuer.  Il  lui  répondit  spirituellement  (et  sans  aucun  fon- 
dement) :  «  Ils  auront  une  espèce  de  constitution  à  eux,  et 
cela  sera  à  peu  près  comme  le  Tyrol  et  la  Bavière.  » 

Il  est  absolument  increvable  dans  ses  bêtises,  et  c'est  en 
vérité  un  meurtre  de  l'employer  à  d'autres  missions  qu'à  celle 
qui  remplacera  Ratisbonne  et  qu'on  croit  devoir  être  tenue  à 
Francfort. 


454.  Vienne,  19  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

LCEWENHIELM  au  prince   Royal   de  SUÈDE  (Bernadotte) 

{intercepta)  (en  français) 

Lettre  pleine  de  basses  flatteries  se  terminant  par  ces  mots  : 
«  Le  reste  de  l'Europe  s  agite  en  ce  moment  en  tout  sens 

f .  Ministre  résident  de  Suède  à  Vienne. 

T.  1.  22 


338  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

pour  chercher  une  assiette  dont  nous  jouissons.  De  nouveaux 
calculs  sont  substitués  aux  anciens  pour  avoir  des  bases  plus 
solides.  D  anciens  Etats  vont  disparaître.  L'Allemagne  chan* 
géra  encore  de  face...  Cet  état  de  fluctuation  du  Continent  ren- 
dra la  Suède  doublement  reconnaissante  du  bonheur  qu'elle 
doit  à  votre  Altesse  Rovale.  » 


455.  Vienne,  21  octobre  1814  (F.  2.  4057  ad  3M5). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  journalier  et  rapport  du  21  octobre. 

11  appelle  son  attention  sur  les  lettres  interceptées  de  Tcher- 
nitcheff  (?)  écrites  à  Tencre  sympathique  (1),  dont  l'une  est 
relative  à  une  liaison  amoureuse  qu'on  prête  à  TEmpereur 
Alexandre  avec  M"*  Bethmann,  et  sur  celles  de  la  Légation  de 
Sardaigne  à  Londres  relatives  à  la  Savoie. 


Note  en  réponse  de  l'Empereur  François,  faisant  connaître  à 
Hager  qu'il  garde  les  chiffons  et  les  pièces  pour  les  communi- 
quer à  Sietternich  qui  se  chargera  de  les  lui  retourner  en  temps 
utile. 


456.  Vienne,  20  octobre  1859  (F.  2.  4057  ad  3565). 

Rapports  à   HAGER 

Sur  la  surveillance  de  : 

Cariati  (18  et  19  octobre),  Aldini,  prince  Eugène  (visite  chez 
Isabev)  le  Nonce,  La  Harpe,  Anstett,  Ojarowski,  Tchernitcheff, 
Stein  (de  plus  en  plus  mécontent  de  l'échec  de  ses  projets), 
Gaertner ,  Bartholdi  (qui  re<,*oit  des  lettres  sous  le  couvert  d' Arns- 
teinet  Eskeles  et  les  communique  au  secrétaire  d'Hardenberg), 

1.  Voir  plus  loin  le  bordereau  du  26  novembre,  une  lettre  interceptée  en 
date  du  23  novembre  et  un  autre  bordereau  en  date  du  14  mai  1815,  tousdeux 
^■nt  trait  au  même  sujet. 


LES  PRÉLiaiINAIRES   ET   LES   AJOURPiBMENTS  DU   CONGRÈS      339 

Hardenberg,  Tabbé  de  St-Gallen  (1),  Miltitz,  Marie-Loiiise  (qui 
reçut  le  18  la  visite  du  prince  Antoine  de  Saxe,  le  19  celle  du 
Palatin.  Le  même  jour  elle  a  été  voir  son  frère  et  Tarchidu- 
chesse  Béatrix.  Le  soir,  elle  a  reçu  le  roi  de  Wurtemberg  et  le 
Grand-duc  de  Bade.  Bausset  a  informé  les  domestiques  fran- 
çais qu'ils  seraient  congédiés  sous  peu  et  renvoyés  en  France), 


457.     Vienne,  20  octobre  1814  (F.  3.  4351  ad  S565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

L'Empereur  Alexandre,  son  appréciation  sur  la  fête  militaire  (la  parade) 

du  18  octobre  et  le  bal  de  Mettemich. 


Alexandre,  qui  a  été  enchanté  de  la  fête  militaire  (2)  du  18^ 
a  dit  au  bal  de  Mettemich  à  la  princesse  Paul  Esterhazy  :  €  La 
«  fête  est  belle,  mais  après  celle  de  ce  matin,  on  ne  devrait 
€  pas  en  donner  d'autre.  Le  bal  est  beau.  La  salle  est  grande 
€  et  belle.  Mais  il  y  a  toujours  de  la  diplomatie  là-dedans,  et 
€  je  n'aime  pas  ce  qui  est  faux.  > 

Il  a  dit  la  même  chose  à  RazoumofFsky  (c'est  Tarchiduc  Fer- 
dinand qui  Ta  entendu)  à  propos  du  bal.  «  C'était  bien,  mais 
«  j'y  ai  vu  trop  de  diplomates,  et  ces  figures  m'ennuient.  > 

RazoumofTsky  dit  alors  :  €  Eh  bien  !  je  suis  bien  aise  de  le 
€  savoir.  J'inviterai  à  mon  bal  pour  faire  plaisir  à  Votre  Ma- 
«  jesté  une  compagnie  de  Son  Régiment.  » 


1.  Le  prince  Abbé  de  St-Gall,  venu  pour  faire  valoir  ses  droits  à  une  in- 
demnité, obtint  par  Tart.  IX  de  la  Déclaration  insérée  au  protocole  du  Congrès 
(séance  du  29  mars  1815)  >  Annexe  n*  11  de  l'acte  du  Congrès  signé  à  Vienne 
le  20  mars  1815)  «  la  reconnaissance  pour  lui  d'une  existence  honorable  et 
indépendante,  garantie  par  le  payement  par  le  canton  de  St-Gall  d'une  pen- 
sion viagère  de  6.000  florins  d'Empire  et  d'une  pension  viagère  de  3  000  florins 
à  ses  employés  ». 

2  A  la  suile  du  Te  Deunt  et  de  la  grande  revue  qu'on  passa  au  Prater, 
l'empereur  d'Autriche  avait  ofTert  au  Lusth&us  un  grand  banquet  aux  Souve* 
rains,  auT  généraux  et  aux  chefs  de  corps.  Pour  les  détails  de  cette  revue, 
Cf.  Beobachter  du  20  octobre,  page  1598. 


340  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

458.  Vienne,  20  octobre  1804  (P.  3.  4057  ad  S505). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

La  durée  du  séjour  d'Alexandre  à  Vienne  dépend  des  affaires  de  Saxe  et  de 
.  Pologne.  L'Autriche  et  la  Saxe.  Czartoryski  et  les  annexions  de  la  Polog^ne. 
L'attribution  probable  d'une  partie  du  Limbourg  et  du  pays  de  Lièg^  à  la 
Maison  d'Orange. 

Alexandre  restera  ici  jusqu'à  ce  qu'il  ait  reconnu  Timpos- 
sibilité  défaire  accepter  ses  vues  sur  la  Pologne  et  rAllemagne. 
Il  espère  que  TAutriche  cédera  sur  la  Saxe.  On  dit  que,  mal- 
gré la  résistance  du  cabinet  russe,  Czartoryski  a  obtenu 
d'Alexandre  la  réunion  à  la  nouvelle  Pologne  russe  de  la  Li- 
thuanie  et  de  la  Volhynie. 

La  Prusse  et  l'Angleterre  seraient  d'accord  pour  attribuer 
à  la  Maison  d'Orange  la  portion  des  territoires  de  Liège  et  du 
Limbourg  situés  sur  la  droite  de  la  Meuse. 


459.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  3.  4057  ad  35(5). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Dissolution  probable  du  Congrès.  Craintes  de  guerre.  Difficultés  au  sujet  des 
Pays-Bas,  de  la  Saxe  et  de  la  Pologne.  Le  roi  de  Bavière  opposé  à  la  ces- 
sion de  la  Saxe  à  la  Prusse.  L'opinion  d'Hardenberg.  Les  Menées  de  Met  - 
'  ternich. 

On  parle  de  plus  en  plus  de  la  prochaine  dissolution  du 
Congrès  et  du  départ  des  Souverains  et  de  leurs  Ministres. 

On  a  de  plus  en  plus  peur  de  la  guerre,  et  personne  ne  voit 
comment  on  pourra  conserver  la  paix,  satisfaire  et  concilier 
tout  le  monde,  en  présence  des  divergences  de  vues  causées 
par  les  projets  de  cession  des  Pays-Bas  Autrichiens  et  du  par- 
tage de  la  Saxe,  par  les  prétentions  de  la  Russie  sur  la  Pologi^e 
et  par  les  appétits  de  la  Prusse. 

Le  roi  de  Bavière  désire  partir  et  déclare  hautement  que  le 
partage  de  la  Saxe  serait  une  infamie. 

Hardenberg  pense,  lui  aussi,  que  Texode  général  est  proche. 
Ënfin^  on  dit  que  Metternich  travaille  à  augmenter  le  désordre. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      341 
460.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4057  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Nouvelles  militaires  de  Russie  et  de  Poloerne.  La  Saxe  et  la  Pologne.  L'état 
des  esprits  d'après  le  grand-duc  Constantin.  Le  grand-duc  et  la  succession 
au  trône  de  Russie.  La  Harpe  et  le  choix  du  précepteur  du  fils  naturel  de 
Constantin. 

Le  grand-duc  Constantin  a  -reçu  le  17  un  courrier  de  Var- 
sovie ;  il  en  avait  expédié  un  la  veille.  On  n'a  pas  remarqué 
qu'ils  aient  donné  lieu  à  quelque  démarche  particulière. 
L'Ukase,  par  lequel  les  généraux  russes  ne  peuvent  plus  être 
chefs  de  régiment,  a  fait  une  très  grande  impression  et  causé 
un  grand  mécontentement  en  Russie.  La  plupart  des  généraux 
se  trouvent  par  là  hors  d'état  de  vivre  convenablement. 

Le  quartier  général  de  Tarmée  russe  est  toujours  à  Varsovie. 
Le  général  Diebitsch  (1),  qui  était  en  semestre  à  Pétersbourg, 
a  reçu  l'ordre  de  rejoindre  le  quartier  général  à  Varsovie  ;  il 
y  est  déjà  arrivé. 

Les  Russes  et  les  Prussiens  regardent  l'affaire  de  la  Pologne 
et  de  la  Saxe  comme  terminées  sur  le  principal.  11  n'y  a  plus 
que  la  ligne  frontière  près  de  Cracovie  et  l'établissement  à 
donner  au  roi  de  Saxe  qui,  selon  eux,  soit  encore  un  objet  à 
régler. 

Le  grand-duc  causait  dernièrement  sur  l'esprit  révolution- 
naire qui  caractérise  particulièrement  le  temps  actuel  et  sur 
les  progrès  qu'il  avait  faits  et  faisait  encore  dans  le  Nord  de 
l'Allemagne.  «  Les  Polonais,  me  dit-il,  surtout  les  militaires, 
qui  ont  été  beaucoup  en  France,  sont  tellement  revenus  des 
principes  philantrophiques  qu'ils  m'ont  dit  souvent  :  «  Vous 
verrez,  ce  sera  à  nous,  Polonais,  à  mettre  le  holà  dans  le  Nord 
de  l'Allemagne,  dans  quelques  années  d'ici.  » 

Je  crois  ceci  intéressant  en  ce  que  cette  manière  de  parler 
de  la  Pologne  comme  corps  politique  montre  à  quel  degré  sont 

1.  Dicbilsch-Zabalkanski  (Frédéric,  comte)  (1785-1831),  entré  au  service  en 
1801,  se  distingua  par  son  courage,  par  sou  intelligence,  par  la  part  qu'il  prit 
au  passage  des  troupes  d'York  du  côté  des  Russes.  Déjà  placé  à  la  tête  d'une 
division  pendant  les  campagnes  de  1813-1814  il  commanda  en  chef  l'armée 
russe  pendant  la  guerre  de  Turquie  (1829)  et  mourut  du  choléra  au  cours  de 
la  campagne  de  Pologne,  peu  de  temps  après  la  sanglante  bataille  d'Ostrp- 
lenka. 


342  AUTOUH  DU  GONGRÈS  DE  VIENNE 

encore  leurs  espérances  et  que  le  grand-duc  ne  semble  pas 
avoir  été  chargé  de  les  désabuser. 

Quant  à  ce  qu'il  espère  personnellement,  dernièrement,  à 
propos  du  pas  avec  les  princes  rojauz  de  Bavière  et  de  Wur- 
temberg, on  a  cherché  à  démêler  ce  qu'il  pense.  On  prétendait 
qu'il  devait  sous  tous  les  rapports  prendre  le  pas  sur  eux,  puis- 
qu'il était,  quoique  pas  déclaré,  mais  par  la  situation,  héri- 
tier présomptif,  tant  que  l'empereur  n'aurait  pas  d'enfants.  Il 
a  dit  :  «  Non  seulement,  je  ne  désire  pas  régner,  mais  je  suis 
sûr  de  ne  jamais  monter  sur  le  trône.  J'ai  passé  ma  vie  à  m'oc- 
cuper  du  militaire  et  ne  connais  que  cela.  Mais,  si  même  l'Em- 
pereur n'avait  pas  d'enfants,  quoique  l'Empereur  Paul  ait  éta- 
bli le  droit  de  succession  pour  la  descendance  mâle,  nous 
avons  dû,  au  couronnement  de  l'empereur,  mon  frère,  faire  le 
serment  de  reconnaitre  comme  successeur  celui  de  la  famille 
qu'il  désignerait  (1).  » 

M.  de  la  Harpe  est  venu  beaucoup  chez  lui  depuis  quelques 
jours.  On  a  cherché  à  découvrir  pour  quel  motif,  et  on  a  appris 
du  Grand-duc  qu'il  lui  avait  cherché  un  gouverneur  pour  son 
fils  naturel,  qu'il  a  eu  d'une  femme  d'une  classe  peu  distin- 
guée de  la  société  et  qu'il  élève  chez  lui  (1).  La  mère  a  beau- 
coup d'influence  sur  son  esprit  et  le  mène  quelquefois  assez 
rondement.  M.  de  la  Harpe  lui  a  présenté  hier  un  jeune  Suisse 
dont  on  n'a  pas  encore  pu  apprendre  le  nom. 


461.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4058  ad  3465). 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

Aperçus  sur  le  projet  Hardenberg-Stein  qui  diviserait  TAIlemagne 

en  deux  grands  Etats,  Nord  et  Sud. 

On  affirme  que  depuis  hier  on  aurait  décidé  de  céder  à  la 
Prusse  la  plus  grande  partie  de  la  Saxe. 

Les  Plénipotentiaires  des  petits  Etats,  qui  ne  peuvent,  ni  se 
faire  écouter,  ni  même  se  faire  recevoir,  sont  de  plus  en  plus 
mécontents. 

1.  Voira  propos  de  la  renonciation  ultérieure  du  Grand-duc  la  note  (Pièce 
361  relative  i  son  divorce,  à  son  mariag^e  avec  la  comtesse  Grudzinska,  à 
ses  relations  avec  M"*  Fridrichs. 


LES  PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      343 
462.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4057  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

Les  Prussiens,  et  surtout  Hardenberg,  ne  sont  guère  con« 
tents  des  Russes  ;  mais  ils  ne  croient  pas  cependant  que  Ton 
en  viendra  à  une  guerre  entre  les  Alliés.  On  croit  de  plus  en  plus, 
même  parmi  les  fidèles  du  roi  de  Saxe,  que  sa  cause  est  bien 
compromise. 


463.  Vienne,  20  octobre  1814  (P.  2.  4057  ad  3565). 

B...  à  HAGER 

Résumé  de  sa  conversation  avec  Anstett.  Le  Congrès.  La  politique  d'Alexandre. 
La  duplicité  de  Metternich;  La  question  de  Pologne  confiée  à  Czartoryski. 
Ce  que  Schwarzenberg  doit  penser  de  lui.  Les  griefs  persistants  d' Anstett 
contre  l'Autriche. 

Je  ne  perds  pas  une  minute  pour  vous  faire  part  de  la  con* 
versation  que  je  viens  d'avoir  avec  Anstett.  Comme  je  lui 
demandais  où  en  étaient  les  affaires  du  Congrès,  en  lui  disant 
combien  je  craignais  de  leur  voir  prendre  une  mauvaise  tour- 
nure, surtout  en  raison  de  Tattitude  adoptée  et  des  difficultés 
inventées  par  la  France,  il  me  dit  :  «  La  France,  c'est  TAu- 
triche  autant  que  toutes  les  autres  puissances  qui  Texcite  et 
la  pousse  en  avant  afin  de  faire  durer  le  conflit  au  sujet  de  la 
Pologne.  Voilà  encore  un  point  sur  lequel  Metternich  n'a  pas 
la  conscience  nette.  En  ma  qualité  de  citoyen  du  monde,  je  ne 
peux  d'ailleurs  pas  lui  donner  tort  à  ce  propos.  Même  comme 
homme  d'Etat  russe,  je  ne  saurais  partager  complètement  les 
idées  de  l'Empereur  Alexandre.  Je  Tai  prouvé  dans  mes  tra- 
vaux et  dans  mes  notes  et  je  ne  sais  que  trop  bien  que  c'est 
\i\  ce  qui  m'a  fait  perdre  la  faveur  dont  je  jouissais  auprès  de 
TEmpereur.  Je  n'en  suis  du  reste  pas  autrement  désolé,  car 
j'avais  déjà  pris  la  résolution  de  me  retirer  chez  moi.  Entre 
temps,  je  ne  peux  me  dissimuler,  que,  depuis  le  jour  où  je  lui 
ai  remis  ma  note,  dans  laquelle  je  déconseillais  le  rétablissement 
de  la  Pologne,  l'Empereur  ne  me  regarde  plus  et  ne  m'a  plus 
adressé  la  parole,  pas  plus  en  public  qu*au  bureau.  Au  fond^ 
je  ne  prends  nullement  la  chose  au  tragique.  Ma  conscience 


344  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

est  en  paix,  et  j'ai  Fentière  conviction  d'avoir  fait  mon  devoir. 
L'Empereur  verra  plus  tard  que  cette  fois  encore  je  lui  ai  dit  la 
vérité,  tout  comme  à  Fribourg  où  je  lui  ai  dit  que  le  prince 
de  Meitemich  le  jouerait  sous  jambe  relativement  à  la  Suisse 
(sic)^  chose  qui  m'a  été  d'autant  moins  désagréable  que  cette 
opération  devait  exercer  une  influence  favorable  sur  la  marche 
de  la  campagne,  mais  qui  ne  me  contraria  que  parce  que  cette 
bonne  idée  était  sortie,  non  pas  du  cerveau  d'un  de  nos  hommes 
d'Etat,  mais  de  la  tête  d'un  ministre  autrichien. 

«  Maintenant  l'Empereur  est  tout  à  la  Pologne  et  aux  Polo- 
nais ;  mais  lorsqu'ils  lui  montreront  les  moustaches,  il  pensera 
qu^Anstett  a  encore  eu  raison. 

«  Je  travaille  encore  dans  le  cabinet,  mais  à  des  questions 
quelque  peu  étrangères  au  Congrès.  Habitué  à  l'ancien  ordre 
de  choses,  le  comte  de  Nesselrode  m'envoya  dernièrement  trois 
mémoires  en  me  priant  de  les  examiner  et  de  lui  faire  connaître 
mon  avis.  Je  répondis  par  une  note  au  ver^o  en  lui  disant  que, 
mes  vues  sur  la  Pologne  étant  en  opposition  absolue  avec  celles 
de  l'Empereur,  je  ne  pourrai  formuler  une  opinion  qu'après  j 
avoir  été  formellement  autorisé  par  lui.  J'attends  encore  cette 
réponse,  mais  j'ai  pu  me  convaincre  entre  temps  qu'on  avait 
passé  ces  mémoires  au  Prince  Czartoryski,  l'adversaire  le  plus 
déclaré  de  mes  opinions.  J'ai  donc  des  loisirs  en  quantité  ; 
mais  je  ne  vous  cacherai  pas  que  cela  me  laisse  parfaitement 
indifférent.  Aussi  suis-je  devenu  pour  Nesselrode  un  être  énigma  - 
tique.  Fidèle  à  ses  anciennes  habitudes,  il  m'envoie  un  tas  de 
pièces  à  l'examen.  Dans  le  temps  j'y  faisais  de  nombreuses  cor- 
rections. Aujourd'hui  mon  indifférence  me  fait  trouver  tout 
bien,  Nesselrode  ne  comprend  rien  à  cette  nouvelle  manière. 

«  Je  parierais  volontiers  que  le  prince  de  Schwarzenberg  est 
de  tous  celui  qui  juge  le  mieux  mon  état  d'esprit.  J'ai  été  le 
premier  personnage  avec  lequel  il  négocia  à  Varsovie  (1).  11  m'y 
a  pris  en  affection,  et  je  suis  certain  qu'il  ne  comprend  pas  plus 
que  moi,  comment  il  se  fait  que  je  n'ai  pas  encore  reçu  l'ordre 
de  Léopold  qu'il  demanda  à  ce  moment  pour  moi.  Je  sais  qu'il 
est  revenu  à  la  charge  à  Paris.  Metternich  se  déclara  prêt  à 
appuyer  la  proposition,  mais  c'est  en  haut  lieu  qu'on  trouva 
encore  de  la  résistance...  (Le  reste  de  la  conversation,  les  der- 


1.  Allusion  à  l'arinistice  qu'Anstett  ligaa  avec  Schwarzenberg  le  30  janvier 
1811. 


LES   PRÉLIMINAIRES  ET   LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       345 

nières  phrases  échangées  avec  Tagent  de  Hager  roulent  exclu- 
sivement sur  cette  question  de  décoration,  le  gros  grief  d'Ans- 
tett). 


464.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  3.4057  an  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Gagern,  son  portrait,  son  rôle,  ses  relations,  son  influence. 
Le  mouvement  constitutionnel  et  sa  portée. 

Gagern.  —  Ce  ministre  de  Nassau,  très  remuant,  tête  chaude, 
très  actif,  est  de  tous  les  plénipotentiaires  des  petits  Etats 
celui  qui  a  le  plus  d'aiïaires.  Il  est  très  lié  avec  Stein  qu'il  va 
voir  tous  les  jours.  Sa  maison  ne  vide  jamais.  11  donne  de 
grands  dîners  et  on  le  croit  chargé  des  aiTaires  du  prince  d'O- 
range, depuis  que  M.  de  Spaen  a  furieusement  baissé  et  n'est 
plus  en  état  de  rien  faire. 

On  dit  que  Gagern  s'occupe  de  Constitutions  européennes  et 
surtout  allemandes;  car  il  est  un  constitutionnel  enragé.  Je 
crois  qu'il  faudrait  se  mettre  dans  ce  mouvement  pour  le  me- 
ner et  le  diriger  plutôt  que  de  le  combattre.  Le  mouvement 
est  trop  prononcé.  Toutes  les  têtes  intelligentes  ont  accepté  ces 
principes  et  la  Révolution,  dont  Bonaparte  n'était  que  Teffet, 
va  son  train. 


465.  Berlin,  16  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

JACKSOiN  (1)  à  lord  STEWARD  {Intercepta)  (Analyse). 
Le  langage  de  Caraman  et  la  question  de  la  Saxe.  La  gravité  de  la  situation. 

11  le  remercie  de  sa  lettre  qui  a  jeté  un  peu  de  lumière  sur 
des  faits  qu'on  lui  laissait  ignorer.  Depuis,  il  a  été  encore  un 
peu  éclairé  par  le  langage  et  la  conduite  du  Ministre  de  France 

1.  Jackson  (Georges),  secrétaire  de  légation  à  Berlin  depuis  le  mois  de  mai 
1813. 


318  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

auraient  trouvé  fort  au-dessous  delà  dignité  de  la  Maison  d'Au- 
triche de  se  prêter  à  de  tels  enfantillages. 

Chez  Thugut  et  dans  beaucoup  d'autres  maisons,  on  dit  que 
le  seul  résultat  palpable  de  la  présence  des  souverains  étran- 
gers à  Vienne  a  consisté  jusqu'ici  dans  rémission  de  500  mil- 
lions de  florins  de  nouveaux  AnticipaiionScheine.  Chez  Etienne 
Zichy,  chez  Hatzfeld,  chez  Schœnborn,  on  constata  à  la  fois 
les  égards  dont  l'empereur  Alexandre  combla  Schwarzenburg 
et  la  froideur  avec  laquelle  il  traita  Metternich. 

Dlvernois  (1),  qui  vient  maintenant  souvent  chez  Puffendorf, 
a  raconté  qu'il  avait  dîné  dernièrement  avec  Sydney  Smith 
chez  Talleyrand,  qui  n'a  cessé  de  parler  du  monstre  et  de  la 
chute  du  monstre. 

Hier^  il  y  a  eu  un  petit  bal  chez  Stackelberg.  Alexandre, 
rimpératrice  de  Russie,  les  grandes-duchesses,  nos  Archi- 
ducs, les  princes  allemands  et  le  dessus  du  panier  du  corps 
diplomatique  y  ont  assisté.  Le  26,  il  y  aura  un  second  bal 
chez  Stackelberg.  Après-demain  (le  23)  bal  chez  Schœnborn. 
Le  30,  bal  masqué  chez  Metternich,  pour  lequel  Alexandre  sera 
de  retour  de  Hongrie. 

A  en  croire  Stackelberg,  le  Congrès  ne  serait  pas  près  de 
finir.  On  a  parlé  chez  lui  de  V Apologie  (2),  de  Gagern,  que 
celui-ci  a  fait  imprimer  et  qu'il  distribue,  et  dans  laquelle  pas 
mal  de  gros  personnages  sont  assez  mal  traités. 

Le  comte  Munster  est  fort  froissé  de  l'insistance  que  Gagern 
met  à  vouloir  prendre  pied  chez  lui.  On  a  enfin  remarqué  que 
depuis  quelques  temps  Stein  ne  'se  montre  plus  nulle  part  et 
travaille  chez  lui  sans  trêve  ni  repos.  L'ordre  de  Malte  réclame 
des  indemnités  et  un  rétablissement  dans  Tétat  où  il  était  le 
1"  janvier  1792.  La  réclamation  est  très  chaudement  patronnée 
par  la  noblesse  de  Vienne. 


1.  Ivernois  (Francis  d').  Expulsé  de  Genève  à  la  suite  des  troubles  de  1783^ 
il  passa  une  partie  de  sa  vie  en  Angleterre  et  y  fut  créé  Sir  en  récompense 
des  services  qu'il  avait  rendus  à  ce  pays. 

2.  Mais  n'est-ce  pas  plutôt  de  la  brochure  :  Apologie  de  Frédéric-Auguste 
Roi  de  Saxe  par  un  sujet  dévoué  i  Sa  Majesté  au  mois  de  septembre  1814^ 
qui  n'est  pas  de  Gagern,  dont  il  s'agit  ici  (Cf.  Gagbrn,  ifexn  Aniheil^  etc.,  etc.^ 
II,  71),  où  il  parle  des  mémoires  assez  bien  faits  en  faveur  du  Roi  de  Saxe 
qui  circulent  ici:  «  Apologie  du  Roi  de  S^xe  et  Sàohsen  und  Preuêsen  $aunt 
cttiqne.  » 


LES  PRÉLIMIINAIRES   ET   LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       349 


470.  Vienne,  21  octobre  1814  (F.  3.  4360  ad  3565). 


Rapport  à  HAGER  (en  français). 


Le  plan  de  reconstitution  de  l'Europe  fait  par  Talleyrand  et  les  visées 
de  la  France  d'après  Dalberg.  Pourquoi  on  ne  l'acceptera  pas. 


D'après  Dalberg,  Talleyrand  a  fait  un  plan  général  d'arran- 
gement de  TEurope  qui  est  un  vrai  monument  de  sagesse.  La 
France  ne  demande  rien  pour  elle.  Elle  ne  veut  que  la  paix 
du  monde  (1).  Le  roi  de  Saxe  garderait  son  pays.  Les  Russes 
ne  menaceraient  pas  par  et  pour  la  Pologne  la  tranquillité  de 
r Allemagne  et  de  l'Europe  entière.  Ce  plan  a  été  présenté  à 
l'Empereur  d'Autriche  et  au  Congrès.  Il  n'y  a  rien  à  dire  contre, 
et  cependant  Dalberg  est  convaincu  qu'on  n'en  voudra  pas, 
parce  que  c'est  Talleyrand  qui  Ta  présenté.  Dieu  sait  ce  qu'on 
fera  et  cependant  tout  va  mal  et  ira  plus  mal  encore. 


471.  Vienne,  21  octobre  1814  (F.  2.  4360  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 
Labrador,  l'Espagne,  Naples,  Murât. 

Labrador  se  plaint  de  ce  qu'on  Tait  fait  se  placer  en  avant 
pour  demander  l'expulsion  de  Murât  et  puis  qu'on  l'ait  lâché 
ensuite  en  lui  reprochant  d'y  mettre  trop  d'animosité  et  de 
haine.  Il  a  insisté  en  même  temps  sur  les  nouvelles  défavo- 
rables à  Murât  apportées  par  un  certain  Farina  établi  à  Naples 
et  qui  serait  le  iils  d'une  fille  du  général  Lauer. 


1.  D'Anobbbiio,  315-316.  Réponse  de  la  France  A  la  déclaration  du  8  octobre 
pour  l'ajournement  du  Congrès  de  Vienne.  {Moniteur  du  22  octobre  1814). 


350  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIEMME 

472.  Vienne,  20  oclobre  1814  (F.  2.  4360  ad  3565). 

DALBERG  à  la  Duchesse  (à  Bologae)  {mlereepta) 
(sous  le  couvert  de  Gorsini)* 

Ses  démarches  en  faveur  de  Marescalchi.  Conseils  qu'il  lui  donne.  Tout  est 
arrêté  par  les  questions  de  Pologne  et  de  Saxe.  Le  Congés  et  sa  durée 
probable.  Froideur  qu'on  témoigne  aux  Français. 

Pas  plus  tard  qu'hier,  j*ai  parlé  au  prince  de  Metternich  sur 
les  affaires  du  bon  papa  Marescalchi.  Il  m'a  dit  :  €  C'est 
arrangé.  Soyez  tranquille,  c'est  fait.  »  J'ai  demandé  à  Floret  (1); 
j'ai  parlé  à  Wessenberg,  vice-président  de  la  Commission  Ita- 
lienne. Que  puis-je  faire  de  plus?  J'ai  dit  des  duretés  à  tout 
ce  monde.  Mais  qu'est-ce  qui  aide  dans  ce  pays.  Rien  n'égale 
cette  marche  d'affaires.  Floret  m'a  dit  que  ce  serait  une  honte 
de  parler  de  tout  cela  et  qu'il  rougissait  en  pensant  à  la  façon 
dont  on  avait  agi  avec  Marescalchi.  J'engage  celui-ci  à  profi- 
ter de  toutes  les  occasions  pour  rappeler  délicatement  cet  objet 
à  l'Empereur  et  à  ses  ministres  et  à  ne  plus  faire  aucune  dé- 
pense avant  qu'on  ait  réglé  ses  appointements.  Lors  du  voyage 
de  l'Empereur  en  Italie,  cela  s'arrangera  sans  faute,  si  même 
Metternich  a  de  nouveau  trahi  la  vérité.  Mais  avec  ce  monde- 
ci,  il  faut  avoir  de  la  patience. 

Nos  affaires  ici  n'avancent  point.  Tout  tient  à  la  question 
de  la  Pologne  et  de  la  Saxe.  Si  nous  quittons  le  Congrès,  cela 
sera  dans  le  courant  de  novembre.  Si  les  affaires  se  terminent, 
ce  serait  vers  la  fin  de  novembre. 

Les  fêtes  ici  sont  belles,  mais  il  n'y  a  nulle  société,  et  comme 
la  Coalition  et  l'esprit  de  la  Coalition  sont  dans  toute  leur 
force,  les  Français  sont  mal  reçus  partout,  et  tout  se  borne  à 
des  compliments  très  froids  et  à  des  réceptions  peu  aimables. 
Louez  le  ciel  de  n'être  pas  venue  ici. 


1.  Floret  (chevalier  de),  Conseiller  d'ambassade  autrichien.  C'est  lui  qui 
apporta  en  1810  à  Vienne  la  nouvelle  que  Napoléon  demandait  officiellement 
la  main  de  Marie- Louise. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET   LES   AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      351 
473.  Vienne,  21  octobre  J814  (F.  2.  4360 ad  3565). 

HOPFEN    à    HAGER 
Renseignements  sur  la  comtesse  Defours  (1). 

La  Comtesse  Defours,  originaire  de  Linz,est  de  basse  extrac- 
tion et  tout  à  fait  dans  les  bonnes  grâces  du  grand-duc  Cons- 
tantin qui  vient  de  lui  donner  des  boucles  d'oreilles  en  dia- 
mants et  un  collier  de  perles.  Cel&  ne  Tempéche  pas  de  recevoir 
d'autres  hommes  chez  elle  (i). 


474.  Vienne,  23  octobre  1819  (F.  2.  4123  ad  3365). 

HAGER    à   L'EMPEREUR  (F.  2.  4418  ad  3565) 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  23  octobre. 


475.  Vienne,  23  octobre  1814  (F.  3.  4418  ad  3565). 

L'EMPEREUR    D'AUTRICHE    à    HAGER  (Analyse). 

Ordres  relatifs  A  la  transmission  des  pièces  pendant  la  durée 

de  son  voyage  en  Hongrie. 

Comme  il  part  le  lendemain  pour  quelques  jours  pour  Ofen, 
ordre  de  donner  en  son  absence  les  rapports  sur  le  Congrès 
au  prince  de  Metternich  qui  en  a  besoin  de  suite  et  qui  les  lui 
remettra  à  son  retour  à  Vienne. 

Ordre  d'adresser  les  autres  rapports  à  la  Chancellerie  de 
son  cabinet  secret  {Geheime  Cabinets  Kanzlei), 


476.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  35«5). 

Rapport  à  HAGER 

Alexandre  I*'  déjeune  chez  la  duchesse  de  Sati^an.  Dépit  de  la  princesse 
Bagration.  Bruits  de  concessions  de  la  Russie  à  propos  de  la  Pologne. 

Hier  (le  23  octobre)  TEmpereur  de  Russie  a  été  tout  seul  à 

1.  Ce  bulletin  n'avait  pas  échoppé  à  l'attention  de  l'Empereur  qui,  le  24 
octobre,  envoyait  à  Ilager  (F.  2.  4135  ad  3565)  l'ordre  de  «  traiter  la  Comtesse 
Defours  en  lui  appliquant  les  prescriptions  de  la  loi  »,  c'est-à-dire  en  l'ex- 
pulsant de  Vienne. 

2.  Entre  autres,  le  prince  de  Metternich. 


352  AUTOUR  DU  CONGRÈS    DE   VIENNE 

11  heures  du  matin  chez  la  duchesse  de  Sagan,  où  il  a  déjeuné 
en  tête-à-téte  et  où  il  est  resté  jusqu'après  1  h.  25  après  midi. 

Le  côté  gauche  (la  princesse  Bagrution  qui  loge  dans  la 
même  maison)  Tattendait  toujours,  mais  hélas,  l'attend  encore. 
On  dit  que  ce  côté  a  beaucoup  perdu  ces  jours  derniers,  qu'il 
a  trop  jasé,  s^est  laissé  aller  à  la  rage  contre  l'infidèle.  On  dit 
aussi  que  les  affaires  politiques,  prenant  à  présent  une  tour- 
nure plus  rapprochante,  les  deux  côtés  de  Thôtel  Palm  dispa- 
raîtront bientôt  et  fiât  tinum  ovile  et  unus  pastor. 

Hier  (le  22),  les  nouvelles  étaient  qu'on  s'arrangerait  sur  la 
grande  affaire  de  la  Pologne,  de  laquelle  dépendent  toutes  les 
autres.  On  disait  que  la  Russie  s'était  démise  de  ses  hautes 
prétentions  sur  ce  pays. 


477.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

Rapports    à    HAGER 
Surveillance  de  Marie-Louiso  et  d'autres  personnages. 

Le  20  au  soir,  Dalberg,  venu  en  visite  chez  la  Comtesse  de 
Brignole  à  11  heures,  est  resté  à  conférer  avec  elle  jusqu'à 

2  heures. 

Rapports  sur  le  prince  Eugène,  Stackelberg  (Liste  des  vi- 
sites qu'il  a  reçues),  Pozzo  di  Borgo,  La  Harpe,  Czartoryski, 
Radziwill,  Dalberg,  Stein,Hardenberg,  Gaertner,  Miltitz,  Tal- 
leyrand,  le  musicien  Neukomm,  Aldini  (le  20,  chez  Marie- 
Louise),  Goupy,  Joséphine  Wolters  (venue  le  19  et  le  20  à  la 
Burg  chez  Wolkonsky). 


478.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  35«5  . 

Note  du  STAATSRATH    FRIESE    à    HARDENBERG 

(Intercepta), 

Mémoire  sur  la  contestation  existant  entre  les  bateliers  de 
Cologne  et  Tadministration  de  Mayence. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET   LES   AJOURNEMENTS  DU   CONGRÈS      353 
479.  Vienne,  22 octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

É 

N.  N.  à  HAGER  (analyse). 

Anxiété  terrible  des  Polonais  causée  par  Tincertitude  où  ils 
sont  sur  le  sort  de  leur  pays. 


480.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

N.  N.  à  HAGER  (analyse). 
Anstett  est  en  complète  disgrâce  auprès  du  tzar. 


481.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

GOEHAUSEN    à  HAGER  (analyse). 

On  a  dit  chez  le  comte  Salmour  que  le  royaume  de  Saxe 
serait  rétabli  et  que,  le  prince  Antoine  de  Saxe  devenant  roi, 
comme  il  n'a  pas  d^enfants,  le  duc  de  Weimar  serait  son  hé- 
ritier. 


482.  Vienne,  22  octobre  1S14  (F.  2.  4123  ad  3565). 

GOEHAUSEN   à   HAGER 

La  deuxième  conférence  chez  Gagern.  Les  menées  infructueuses  de  la  Prusse. 
On  se  défie  d'elle.  Le  mot  dit  à  Gagern  dans  l'escalier  de  la  Chancellerie 
d'Etat.  Le  dîner  qu'il  donne  aux  Anglais  à  Baden. 

Les  représentants  des  petits  Etats  allemands  se  sont  réunis 
chez  Gagern,  où  Rœntgen  (Nassau),  (i)  a  pris  la  parole.  Ces 
Messieurs  continuent  à  se  retrouver  chez  le  conseiller  de  Léga- 
tion de   Mecklembourg-Schwerin  von   Dietrich  (2)  et  s'y  oc- 

1.  Secrétaire  de  la  Légation  de  Nassau. 

2.  Comte  de  Dietrich  zu  Erbmannsthal,  conseiller  de  Légation  de  Mecklem- 
burg-Schwerin. 

T.  I.  23 


354  AUTOUR   DU   CONGRftS   DE  VIENNE 

cupent  exclusivement  du  projet  de  proclamer  l'Empereur  d'Au- 
triche Empereur  d'Allemagne.  La  Prusse,  d*après  ce  qu'on 
m'affirme  de  façon  positive,  contrecarre  ce  projet  par  tous  les 
moyens  dont  elle  peut  disposer,  et  il  parait  que  depuis  quelques 
jours  elle  s'applique  à  répandre  le  bruit  que,  même  dans  ce 
cas,  l'Autriche  ne  défendra  pas  les  intérêts  de  l'Allemagne, 
puisqu'elle  n'a  pas  pris  la  défense  de  la  Saxe  et  ne  partage  en 
aucune  façon  les  vues  des  princes  qui  n*ont  au  contraire  qu'à 
faire  cause  commune  avec  la  Prusse.  Ces  menées  n'ont  pas 
réussi  jusqu'à  présent,  et  Ton  se  défie  tellement  de  la  Prusse 
qu'il  semble  peu  probable  qu'elle  puisse  arriver  à  ses  fins. 

P. -S.  —  Ce  soir,bal  chez  Gagern  où  il  y  eut  hier  une  deuxième 
conférence,  à  la  suite  de  laquelle  il  s'est  rendu  de  suite  à  la  Chan- 
cellerie d'Etat,  où  il  rencontra  dans  l'escalier  un  inconnu  qui 
lui  dit  :  «  Je  suis  bien  heureux  de  vous  voir.  Vous  avez  fait 
un  nœud  que  personne  n'arrivera  à  délier.  » 

Le  20,  Gagern  avait  traité  à  Luxenburg  et  à  Baden  la  plu- 
part des  ministres  anglais  présents  ici.  On  dfna  à  Baden.  Quel- 
ques-uns des  Anglais  avaient  tellement  bu  qu'ils  ne  purent 
rejoindre  leur  voiture  à  pied  et  qu'il  fallut  presque  les  y  por- 
ter. Tout  le  monde  était  très  gai. 


483.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Les  causes  de  l'opposition  de  la  noblesse  russe  au  rétablissement  du  royaume 
de  Pologne.  Les  idées  du  général  Orurk  en  faveur  du  groupement  des  peuples 
balkaniques  et  de  la  création  d'un  royaume  gouverné  par  un  prince  russe. 

Maintenant  que  je  commence  à  voir  plus  clair,  voici  les 
observations  que  j'ai  faites. 

La  noblesse  russe  est  loin  de  désirer  le  rétablissement  du 
royaume  de  Pologne,  et  voici  les  raisons  que  m'en  donnent  les 
Russes  présents  ici  : 

1*  La  noblesse  russe  redoute  l'intelligence,  infiniment  supé- 
rieure à  la  leur,  des  Polonais  et  la  prépondérance  qu'ils  ne  tar- 
deraient pas  à  acquérir. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      355 

2"  Elle  craint  que,  même  placé  sous  la  domination  d'un  prince 
russe  déclaré  indépendant,  et  malgré  les  liens  de  parenté  qui 
Tuniraient  à  la  Russie,  ce  rovaume  rechercherait  surtout  son 
propre  avantage  et  s'efforcerait  d'attirer  à  lui  les  autres  pro- 
vinces et  ce  qu'on  est  convenu  d'appeler  la  nouvelle  Russie. 

3**  Elle  craint  enfin  que,  dans  le  cas  où  la  Pologne  devien- 
drait un  royaume  secondaire,  un  royaume  façonné  sur  le  modèle 
de  la  Hongrie,  qui  dépend  entièrement  de  l'Autriche,  les  pré- 
férences, qu'Alexandre  témoignerait  à  ce  royaume  fraîchement 
éclos,  pourraient  aller  jusqu'à  tolérer,  jusqu'à  favoriser  l'an- 
nexion à  la  Pologne  de  la  nouvelle  Russie.  Il  en  résulterait  fata- 
lement qu'avec  le  temps,  ce  nouveau  colosse  finirait,  à  cause 
de  la  différence  de  religion  et  de  coutiunes,  par  se  détacher 
de  la  Russie. 

Les  généraux-lieutenants  russes,  comte  Orurk  et  Zwieliniew, 
qui  sont  très  considérés  dans  l'armée,  que  l'Empereur  a  couverts 
d'honneurs  et  qui  exercent  une  certaine  influence  sur  l'esprit 
de  Tarmée  et  de  la  noblesse,  sont  tellement  hostiles  au  rétablis- 
sement de  ce  royaume  qu'ils  n'ont  pas  craint  de  dire,  que  l'Em- 
pereur n'a  pas  le  droit,  aux  termes  de  la  Constitution  du  pays, 
de  détacher  de  l'Empire  une  province  qui  lui  a  été  annexée. 
De  plus,  ces  Messieurs  pensent  que  la  portion, dont  s'augmen- 
tera le  duché  de  Varsovie,  est  trop  petite  pour  qu'on  puisse 
faire  de  la  Pologne  un  royaume  et  que,  sans  les  provinces  prus- 
siennes et  la  Galicie  orientale  autrichienne,  les  Polonais  ne 
seront  jamais  contents.  Le  comte  Orurk  déclare  et  fait  remar- 
quer entre  autres  que  l'intérêt  de  la  Russie  lui  commande  de 
satisfaire  l'Autriche  et  la  Prusse  du  côté  de  la  Pologne,  de 
renoncer  en  leur  faveur  aux  deux  nouveaux  cercles  de  la 
Galicie  Orientale  sur  le  Dniester  et  de  ne  pas  songer  à  des 
agrandissements  de  ce  côté.  La  Russie  ferait  mieux  de  songer 
à  l'Eglise  grecque  et,  d'accord  avec  l'Autriche,  de  former  jus- 
qu'aux Balkans  un  seul  tout  des  peuples  de  la  Moldavie,  de 
la  Valachie  et  de  la  Bulgarie  et  de  placer  à  la  tête  de  ce  nou- 
veau groupement  un  prince  russe  qui  deviendrait  leur  roi. 


356  AUTOUR  DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

484.  Vienne,  32  octobre  1814  (F.  3.  4123  ad  3505). 

Gomiesse  de  RECHBERG  au  Comte  de  GOERTZ 
(à  RatisboDDc)  (intercepta)  (en  français). 

Les  afFaires  d'Allemagne.  Les  premiers  projets  de  Constitution. 
Francfort,  siège  probable  de  la  Diète. 

On  travaille  vivement  aux  affaires  d* Allemagne.  Trois  ou 
quatre  séances  ont  déjà  eu  lieu  (1).  Il  s'agit  de  fixer  un  Bun- 
destag  qui  se  rassemblera  à  des  termes  fixés,  probablement 
à  Francfort. 

L'Autriche,  ainsi  que  la  Prusse,  y  auront  deux  voix  cha- 
cune. La  Bavière,  le  Hanovre  et  le  Wurtemberg  en  auront 
chacun  une.  Les  Souverains,  qui  n'auront  pas  au  delà  de 
100.000  sujets,  seront  dans  une  chambre  basse  où  ils  pour- 
ront, avec  quelques  modifications,  énoncer  aussi  leurs  opi- 
nions. Tel  doit  être  le  plan  sur  lequel  il  y  aura  sans  doute 
encore  bien  du  travail. 


485.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

LOEWENHIELM  à  WETTERSTEDT  (2)  (à  Paris). 

(Intercepta)  (en  français). 

Le  sort  de  la  Suède  semble  assuré.  Les  appétits  des  Puissances.  La  Polo- 
gne et  Alexandre.  Murât  et  les  Bourbons.  Parallèle  entre  Murât  et  Ferdi- 
nand IV.  Inaction  des  Huit. 

Je  vois,  grâce  à  l'indépendance  parfaite  dont  la  Suède  jouit 
désormais,  d'un  œil  tranquille  et  calme  les  agitations  des 
autres  Puissances  qui  ne  s'entendent  pas  encore  sur  le  par- 
tage du  butin.  La  moralité  qu'on  a  prêchée  est  difficile  à  ac- 
corder avec  certains  appétits  qu'on  veut  satisfaire.  D'un 
autre  côté,  tout  le'  monde  convient  de  la  justice  qu'il  y    a  à 

1.  Le  Comité  des  affaires  d'Allemagne,  qui  avait  en  efTot  tenu  séance  le  14, 
le  16  et  le  20  octobre,  tint  une  quatrième  séance  le  22,  le  jour  même  où  la 
Comtesse  de  Hechberg  écrivait  à  son  père  (Cf.  d'AKGBDBRo,  289-290,  296-303^ 
303-315,  320-330). 

2.  Wetterstedl  (Gustave,  baron  de),  Ministre  de  Suède  à  Paris. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS       357 

rendre  aux  Polonais  une  existence  nationale  ;  mais  on  ne  veut 
pas  les  laisser  à  T  Empereur  Alexandre  qui  est  le  seul  qui  sent 
et  qui  veut  et  celui  sans  lequel  aucune  Pologne  ne  saurait 
exister. 

L'histoire  de  Murât  est  une  autre  affaire.  Les  Bourbonnù- 
tes  veulent  récupérer  le  trône  et  ils  ont  des  gens  qui  les  sou- 
tiennent. Mais  je  ne  sais  pas  encore  s'il  est  de  Tintérêt  de 
tous  de  rendre  un  pied  à  terre  aux  Français  en  Italie,  et  on 
a  beau  dire,  il  parait  que  Murât  est  beaucoup  plus  aimé  que 
le  légitime  Ferdinand  et  que  son  gouvernement  est  infiniment 
au-dessus  de  celui  de  l'ancienne  dynastie.  On  le  dit  très  aimé 
à  Naples.  En  tout  cas,  les  folies  et  le  cagotisme  de  Tautre  Fer- 
dinand en  Espagne  ne  sont  pas  de  nature  à  encourager  les 
Napolitains  à  désirer  leurs  anciens  maîtres. 

En  attendant  que  tout  cela  s'arrange,  nous  autres  du  Con- 
seil Préparatoire  des  Huitj  nous  ne  faisons  rien  du  tout,  et  le 
temps  se  perd  en  paroles. 


486.  Vienne,  22  octobre  1814  (P.  2.  4123  ad  36«5). 

IIEGARD  à  ENGESTROEiM  {Intercepta)  (en  français). 

Le  Congrès.  L'occupation  de  la  Saxe  par  les  Prussiens.  Le  futur  système 
fèdératif  de  T Allemagne.  Réduction  du  nombre  des  Etats  indépendants. 
RazoumofTsky  fait  don  de  son  palais  à  la  Russie. 

Les  négociations  préparatoires  se  terminent  à  peu  près  dans 
les  mêmes  termes,  quoiqu'on  fasse  tout  pour  aplanir  les  dif- 
ficultés et  parvenir  à  un  parfait  accord. 

On  parle  beaucoup  de  Toccupation  prochaine  de  la  Saxe  par 
les  troupes  prussiennes. 

A  ce  qu'on  assure,  la  question  s'agite  de  réduire  à  un  petit 
nombre  les  Etats  indépendants  qui  composeront  dorénavant  le 
système  fèdératif  de  TAllemagne^en  sorte  que  les  Monarchies 
seules  jouiront  d'une  réelle  autonomie  et  les  autres  Etats 
(Grands-Duchés,  Principautés,  etc.,  etc.),  seront  placés  sous 
leur  protection  et  direction  quant  aux  relations  extérieures  et 
à  la  disposition  de  leurs  forces  militaires  et  que  par  conséquent 
leur  souveraineté  sera  plus  ou  moins  limitée  en  raison  de  l'im- 
portance de  leurs  possessions.  Il  est  évident  que  cet  arrange- 


358  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

ment  n^est  pas  fort  agréable  aux  Gouvernements  et  n'est  pas 
goûté  par  la  haute  noblesse  allemande  qui  s'était  imaginée 
qu'on  allait  rétablir  une  espèce  d'Empire  germanique,  qui  eût 
mieux  convenu  à  des  intérêts  de  famille,  qu'elle  a  d'ailleurs  de 
bonnes  raisons  pour  désirer,  mais  qui  n'est  pas  envisagé  sous 
le  même  point  de  vue  par  les  cabinets  désireux  de  mettre 
l'Allemagne  à  l'abri  des  malheurs  dont  son  ancienne  consti- 
tution était  peu  propre  à  la  garantir. 

Le  comte  Razoumoffsky  vient  de  faire  hommage  à  TEmpe- 
reur  Alexandre  de  son  magnifique  palais  et  jardin  ici.  On  croit 
qu'il  va  être  nommé  Ambassadeur  à  cette  Cour. 


487.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

MAVROJENI  (1)  à  son  frère  (à  Jassy). 
(Analyse)  {Intercepta)  (en  français). 

Les  Quatre,  la  France,  l'Espagne  et  le  Portugal.  Conflit  de  puissance 
entre  le  Wurtemberg  et  le  Hanovre.  L'expulsion  de  Bellio. 

Les  Ministres  des  Puissances  alliés  (Autriche,  Russie,  Prusse 
et  Angleterre)  ont  des  conférences  fréquentes  entre  eux,  sans 
que  ceux  de  France,  d'Espagne,  de  Portugal  et  de  Suède  y 
prennent  part.  Les  derniers  n'en  cachent  pas  leur  méconten- 
tement et  ils  ne  manqueront  pas  de  protester  à  la  première  occa- 
sion contre  des  arrangements  qui  seraient  en  opposition  à  leurs 
vues  et  que  les  plénipotentiaires  des  quatre  puissances  alliées 
auraient  pu  concerter  entre  eux. 

Le  roi  de  Wurtemberg  demande  que  le  nouveau  roi  de  Hano- 
vre ait  le  rang  après  lui.  Cette  contestation  n'est  pas  encore 
terminée,  mais  on  croit  qu'elle  le  sera  en  faveur  du  roi  de 
Hanovre. 

On  est  toujours  d'avis  que  le  Congrès  n'aura  pas  de  guerre 
à  sa  suite  ;  que  chacune  des  parties  intéressées  rabattra  de  ses 
prétentions  et  que  la  Russie  finira  par  se  contenter  d'une  par- 
tie du  Duché  de  Varsovie  et  la  Prusse  de  quelques  districts  de 

1.  Mavrojeni,  Chargé  d'affaires  de  Turquie  à  Vienne. 


LES  PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      359 

la  Saxe.  La  question  de  Murât  et  de  Naples  n'est  pas  encore 
entamée. 

Post-Scrtptam  (en  allemand). 

J'ajoute  que  Bellio,  l'agent  de  la  Valachie,  a  été  conduit  à 
la  frontière  nous  Tescorte  de  deux  soldats  par  ordre  de  la  police 
qui  a  saisi  tous  ses  papiers. 


488.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4129  ad  3565). 

TURKHEIM  à  L...  (à  Darmstadt). 
(Inlercepla)  (en  allemand). 

Hien  de  préparé  pour  la  constilution  de  TAlIemagne.  Mot  du  roi  de  Prusse. 
Le  partage  de  la  Saxe.  Opposition  à  ce  projet.  Bruits  divers  au  siget  de  la 
Saxe  et  de  la  Polo^e.  Les  protestations  de  la  France. 

D'après  Wrede,  on  n'a  encore  présenté  aucun  plan  aux  con- 
férences sur  rAllemagne,  et  les  grandes  Puissances  n'ont  rien 
préparé.  Le  roi  de  Prusse  a  dit  à  la  dernière  audience  donnée 
aux  ministres  de  Suède  :  «  La  dernière  campagne  a  été  bril- 
lante et  rapide.  La  campagne  diplomatique  sera  longue  et  peu 
satisfaisante.  » 

L'Autriche  aura,  paratt-il,  une  petite  partie  de  la  malheu- 
reuse Saxe;  la  Saxe-Weimar  aura  Erfurt  et  quelques  districts 
occidentaux,  la  Prusse,  tout  le  reste,  et  on  proscrira  la  branche 
Albertine.  C'est  une  honte  pour  TAllemagne  que  de  devoir 
tolérer  pareil  agrandissement  de  la  Prusse,  si  richement  in- 
demnisée ainsi  de  la  perte  d'une  partie  de  cette  Pologne  ac- 
quise si  malhonnêtement  par  elle.  C'est  en  outre  l'obligation 
de  renoncer  à  rétablissement  d'une  forte  Confédération  ger- 
manique. C'est  un  singulier  commencement  de  rétablissement 
de  l'équilibre  européen  solennellement  promis  et  tellement 
vanté.  Hier  cependant,  on  m'a  assuré  que  la  chose  était  loin 
d'être  décidée  et  qu'on  allait  encore  tenter  de  sauver  la  Saxe. 
11  semble  aussi  qu'on  songe  à  éloigner  d'elle  le  propriétaire 
actuel,  dont  la  personne  semble  par  trop  dangereuse. 


360 


AUTOUR   DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 


35  octobre. 


Le  Comité  travaille  en  silence.  On  dit  bien  que  la  question 
Saxe-Pologne,  dont  toutes  les  autres  dépendent,  est  loin  d'être 
tranchée.  Mais  ce  qui  est  sûr,  c'est  que  le  général  prussien 
von  Kleist  y  va  comme  gouverneur  militaire  et  le  ministre 
baron  Beck,  comme  gouverneur  civil.  Ce  dernier  sera  remplacé 
plus  tard  par  le  prince  Guillaume, 

La  France  a  protesté  vivement  contre  cette  violation  du 
droit  et  la  Bavière  ne  cache  pas  son  opposition  à  cette  occu- 
pation. 


489.  Vienne,  23  octobre  1813  (F.  2.  4129  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

L'affaire  des  officiers  au  Matschaker-Hof. 

Rapport  sur  les  indiscrétions  commises  par  des  officiers  dans 
YOffxzxer  Zimmer  du  Matschaker-Hof  (l),où  leurs  propos  au- 
raient été  entendus  par  des  étrangers. 

Ordre  de  l'Empereur  de  suivre  sérieusement  cette  affaire. 

Hager  charge  en  conséquence  le  Hofrath  Siber  de  cette  affaire, 
d'ailleurs  très  grossie  et  ne  présentant  aucune  importance  (Cf. 
Ibidem.  4367  ad  3565,  6  novembre). 

Nouvel  ordre  de  l'Empereur  du  20  novembre  de  continuer 
cette  surveillance  (4685  ad  3565)  et  de  lui  fournir  les  noms 
des  officiers  qui  y  dînent  ensemble. 

Les  officiers  s'aperçoivent  de  cette  surveillance,  vont  ail- 
leurs, mais  y  sont  également  épiés  par  un  agent  du  Hofrath 
von  Braun.  On  ne  relève  rien  de  suspect  contre  eux  ;  mais 
on  impose  à  l'aubergiste  Tobligation  de  faire  «  tenir  toujours 
ouvertes  les  portes  de  la  salle  où  se  trouve  leur  table  et  d'y 
laisser  n'importe  qui  prendre  place  tant  que  cette  salle  n'est 
pas  pleine  ». 


1.  Matschaker-Hof,  un  des  plus  vieux  hôtel  de  Vienne.  Il  existe  toujours  au 
même  endroit,  à  deux  pas  de  la  Cathédrale  (St>Elienne)  et  du  GraJbe/t,  au  cen- 
tre même  de  la  ville. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       361 
490.  Vienne,  24  octobre  1814  (F.  2.  4129  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapports  du  24  octobre  1814. 

Notes  sur  le  prince  d'Alliano  (1),  sur  les  bruits  qui  courent 
sur  la  fin  prochaine  du  Congrès,  sur  la  probabilité  du  règle- 
ment ultérieur  (qui  se  ferait  à  Francfort)  des  questions  rela- 
tives aux  petits  princes  allemands,  sur  la  cession  de  Tlnn- 
Viertel  et  de  Salzburg  à  rAutriche,  sur  l'attribution  de  Parme 
à  l'ex-Reine  d'Etrurie  et  de  Bologne  à  Marie-Louise,  sur  le 
rétablissement  de  TEmpire  germanique,  dont  la  couronne  re- 
viendrait à  l'Empereur  d'Autriche. 


491.  Vienne,  23  octobre  1814  (F.  2.  4129  ad  3565). 

Rapports  de  surveillance. 

«  Rapports  divers  sur  Marie-Louise  (22  octobre),  Anstett, 
TchernitchefF,  Pozzo  di  Borgo,  colonel  Kisseleff,  Czartoryski, 
Stein,  Hardenberg,  Linden,  Lœwenhielm,  le  Hofsekretâr 
Schlegel,  Dalberg,  Talleyrand,  Aldini,  Cariati,  Campochiaro 
et  les  envoyés  de  la  Suisse.  » 


492.  Vienne,  23  octobre  1814  (F.  2.  4129  ad  3565). 

Note  et  lettre  interceptées. 

Stein  à  Hardenberg   (Pro  memoria  sur  l'organisation  du 
royaume  de  Saxe). 

TchernitchefF  au  prince  Eugène  (Demande  d'audience). 


1.  Officier  d'ordonnance  de  Murât. 


362  AUTOUR   DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 


493.  Vienne,  23  octobre  1814  (F.  3.  4139  ad  3565). 


Rapport  à  HAGER  (en  français). 


Achat  et  troc  de  bijoux  par  le  Prince  Eugène.  Ses  relations 

avec  M"*  Orondi  (?). 


Le  Vice-Roi  a  acheté  des  bijoux  au  bijoutier  Neuling  pour 
32.000  ducats  et  les  a  payés,  partie  en  argent  et  en  traite, 
partie  en  troc  d'un  sabre  précieux,  qui  lui  avait  été  donné  par 
Napoléon,  de  trois  diadèmes,  de  boucles  et  de  boutons  en 
diamants. 

L'idée  de  cet  échange  et  de  ces  achats  lui  aurait  été  donnée 
par  sa  maîtresse,  M**  Orondi  (?),  femme  d'un  négociant,  qu*il 
a  fait  venir  de  Karlsruhe. 


494.  Vienne,  23  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (Analyse). 

Nouvelle  visite  d'Alexandre  à  la  Comtesse  Esterhazy-Roisin. 
Bal  et  dîner  chez  Gagem.  Doléances  de  Wrede. 

«  Vendredi  dernier,  Alexandre  est  encore  retourné  dans 
Paprès-midi  chez  la  comtesse  Esterhazy-Roisin. 

©  ©  donne  ensuite  quelques  aperçus  sur  la  façon  dont 
Dalberg  envisage  la  situation. 

«  Il  y  a  eu  hier  22  un  grand  diner  chez  Gagern  qui  don- 
nera le  24  un  bal,  dont  les  frais  sont  faits  par  les  princes  mé- 
diatisés. 

«  Wrede  répète  partout  qu'on  ne  fait  rien  et  qu'on  ne  décide 
rien  dans  les  conférences  parce  qu'on  est  toujours  bien  loin 
d'être  d'accord. 


LÉS  PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      363 
495.  Vienne,  23  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

B...  à  HAGER 

Rapport  sur  Anstett.  Sa  rentrée  en  grâce  et  sa  conférence  avec  Alexandre 
le  22.  Envoi  à  Ofen  d'un  mémoire  sur  la  Pologne.  Itinéraire  projeté  par 
Alexandre  pour  son  retour  à  Pétersbourg. 

Anstett  est  rentré  en  grâce  auprès  d'Alexandre,  qui  lui  a 
envoyé  le  21  un  billet  autographe.  Depuis  la  conférence  qu'il 
a  eue  le  22  avec  TEmpereur,  Anstett  a  travaillé  à  un  gros 
mémoire  qu'un  Feldjœger  de  l'Empereur  est  venu  prendre 
aujourdliui  et  qu'il  a  porté  à  son  Maître  à  Ofen.  Il  s'agit 
d'un  Mémoire  sur  la  Pologne,  La  Russie  n'a  rien  à  craindre 
de  qui  que  ce  soit.  Elle  dispose  de  500.000  vieux  soldats. 

Anstett  a  cherché  de  plus  à  démontrer  que  le  rétablissement 
de  la  Pologne  ne  saurait  en  aucune  façon  être  nuisible  à  l'Au- 
triche. 

Il  parait  qu'Alexandre  se  propose  d'aller  à  Munich, 
Karlsruhcy  Weimar,  Berlin  et  de  là  à  Varsovie,  où  il  ferait  im 
long  séjour. 


496.  Vienne,  23  oct.  1814  (F.  2.  4129  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Confusion  générale  et  nouvelles  contradictoires  du  Congères.  La  carte  de 
visite  du  grand-duc  Constantin  et  ce  qu'il  souhaite  à  Murât.  Ses  visites 
chez  la  Bagration.  Les  amours  du  prince  Charles  de  Bavière  avec  la  prin- 
cesse. Questions  que  la  Princesse  lui  a  posées  à  propos  d'Alexandre  et 
de  Metternich. 

Jamais  on  n'a  pu  dire  comme  à  présent  :  €  Toi  capita^  tôt 
senstis,  »  On  ne  sait  plus  que  croire  et  à  qui  croire.  Tantôt 
c'est  la  Russie  qui  cède,  tantôt  c'est  nous  qui  cédons  en  tout* 
Tantôt  nous  sommes  fermes,  l'Europe  est  avec  nous,  et  le 
roi  de  Saxe  est  sauvé  et  la  Pologne  n'est  pas  russe  en  totalité. 
Tantôt  Murât  est  sententié  (stc),  puis  tantôt  il  est  plus  que 
jamais  sûr  de  régner.  Après  avoir  entendu  tout  cela,  on  ne 
sait  que  dire,  que  penser.  Le  fait  est  que  l'on  ne  sait  rien^  et 


364  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

on  peut  dire  au  moins  que,  si  Ton  négocie,  le  secret  est  bien 
gardé^  car  à  chaque  heure  tout  change  ;  ce  qui  prouve  que 
rien  ne  repose  sur  des  notions  sûres. 

Parmi  ces  avis  en  Tair,  je  relève  celui  du  grand-duc-Cons- 
tantin,  parce  que  son  rang  peut  lui  donner  une  certaine  im- 
portance. Avant-hier,  il  s'est  fait  graver  une  planche  : 

€  Le  Grand-Duc  Constantin... 

Varsovie.  » 

Le  vide  portera  le  titre  qu*on  lui  donnera,  et  il  laissa  Tordre 
de  lui  envoyer  la  plaque  à  Varsovie.  En  parlant  de  Murât,  il 
a  dit  :  «  Pour  celui-là,  j'espère  qu'il  la  dansera.  » 

Le  grand-duc  va  tous  les  soirs  à  10  heures  chez  la  prin- 
cesse Bagration.  Il  y  reste  trois  heures  en  petit  comité  et  il 
parle,  parle  toujours.  C'est  lui  seul  qui  parle.  Avant-hier,  il 
s'en  donna  sur  les  Anglais  qu'il  déteste. 

Le  jeune  prince  Charles  de  Bavière  va  aussi  très  assidû« 
ment  chez  la  princesse  Bagration,  dont  il  est  amoureux  en 
vrai  jeune  homme.  On  se  moque  de  lui,  et  c'est  dommage. 

Hier,  en  entrant  chez  elle,  la  princesse  me  dit  :  «  Dites-moi 
un  peu,  qu'à  fait  Metternich  à  l'Empereur  qui  ne  peut  le 
souffirir.  » 

—  €  Quel  Empereur  ?  dis-je.  » 

—  «  Le  nôtre.  » 

—  «  Apparemment,  il  n'a  pas  cru  devoir  se  prêter  à  tout  ce 
qu'il  exigeait  de  lui.  Metternich  est  ministre.  Alexandre 
est  souverain.  Le  premier  n'est  pas  le  maître  d'accorder,  et 
les  souverains  n'aiment  pas  les  refus.  » 

Ici,  une  autre  personne  est  entrée  et  la  conversation  a  pris 
fin. 


497.  Vienne,  22  oclobre  1814  (F.  2.  4129  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Bade  et  Coburg  refusenl  d'entrer  pour  le  moment  dans  la  Ligue  des  Princes 
imaginée  par  Gagern.  Le  déjeuner  et  la  séance  orageuse  chez  Gagern.  Les 
résolutions  du  Duc  de  Brunswick. 

Coburg  et  Bade  ne  se  sont  pas  encore  ralliés  à  la  Ligue  des 
Princes  qui  marchent  sous  la  bannière  de  Gagern.  On  comp- 


LES  PRÉLIMINAIRES    El    LES  AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS       365 

tait  fermement  sur  l'adhésion  de  Bade,  parce  qu^on  ne  savait  pas 
que  Hackcy  dont  les  confidences  à  Gagern  auraient  été  la  base 
de  ce  faux-calcul,  n  y  avait  pas  été  autorisé  par  le  grand-duc. 
La  Ligue  s'était  adressée  au  conseiller  d'Etat  Sensburg  (c'est 
du  moins  ce  que  celui-ci  raconte  confidentiellement)  afin  de  le 
gagner  à  ce  projet  et  par  lui  le  grand-duc.  Mais  il  répondit 
que,  les  Souverains  n'étant  pas  venus  à  Vienne  pour  se  liguer 
entre  eux  et  que  rien  ne  permettant  jusqu'ici  de  douter  de  la 
bonne  volonté  des  Grandes  Puissances  Alliées,  il  lui  semblait 
utile  d'attendre  le  résultat  des  conférences  des  Ministres  des 
Quatre  et  que  par  conséquent  il  conseillerait  au  Grand-duc 
de  ne  pas  entrer  dans  cette  ligue.  Coburg  a  suivi  cet  exemple. 

La  Harpe  a  donné  des  espérances  aux  députés  des  Médiatisés, 
en  particulier  à  Gaertner^  et  c*est  pour  cela  qu'ils  prétendent 
que  l'empereur  Alexandre  leur  a  fait  de  belles  promesses. 

Hier  (le  30),  il  y  a  eu  de  nouveau  conférence,  de  11  heures 
à  3  heures, chez  Gagern.  On  était  invité  à  un  déjeuner,  et  Ga- 
gern y  a  tenu  des  propos  des  plus  violents.  «  11  est  impossible, 
a-t-il  dit,  de  laisser  se  perpétuer  l'état  de  désordre  dans  lequel 
vivent  les  provinces  que  la  conquête  a  rendues  à  l'Allemagne 
et  l'incertitude  dans  laquelle  on  se  plait  à  laisser  leurs  députés 
présents  à  Vienne.  » 

Plusieurs  d'entre  ces  derniers,  et,  entre  autres,  ceux  de  Nas- 
sau-Weilburg  et  de  Hesse-Darmstadt,  approuvèrent  ces  dé- 
clarations et  renchérirent  encore  en  termes  les  plus  vifs  sur  les 
paroles  de  Gagern,  manifestement  dirigées  contre  la  Prusse. 
Mais  le  reste  de  l'Assemblée,  qui  se  composait  d'une  vingtaine 
de  personnes,  désapprouva  ce  langage,  conseilla  la  modération 
et  la  patience,  et  émit  l'opinion  qu'il  convenait  de  faire  crédit 
aux  Grandes  Puissances  et  d'avoir  confiance  en  leur  loyauté. 
11  en  résulta  que,  loin  de  les  signer,  on  ne  lut  môme  pas  les 
notes  préparées  par  les  enragés  et  que  la  minorité  seule  se  pro- 
nonça en  faveur  de  l'envoi  du  comte  Keller  auprès  de  Metter- 
nich  (1).  La  majorité,  au  contraire,  émit  en  chuchotant  l'avis 
que  Metternich  accueillerait  probablement  assez  mal  cette  dé- 
marche qui  leur  paraissait  intempestive.  Les  députés  des  Mai- 
sons d'Anhalt,des  deux  Maisons  de  Schwarzburg  et  de  Reuss 
se  firent  particulièrement  remarquer  au  cours  de  cette  séance 

1.  Les  agents  de  Hager,  propablement  Bartsch,  l'ami  d'Anstett,  rédacteur  de 
Wiener-Zcitung,  réussirent  à  intercepter  les  rapports  que  le  comte  Keller  ré- 
digea au  sortir  de  ses  deux  entretiens  avec  Metternich. 


366  AUTOUR  DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

par  leur  extrême  modération.  Le  représentant  de  Coburg  était 
également  parmi  les  présents  et  ne  cessa  de  protester  contre 
les  manifestations. 

Le  duc  de  Brunswick  a  dit  hier  au  baron  de  Wolframs- 
dorf,  le  député  d'Anhalt,  qu'il  verserait  jusqu'à  la  dernière 
goutte  d&  son  sang  et  sacrifierait  jusqu'à  son  dernier  homme 
plutôt  que  de  se  laisser  arracher  la  moindre  parcelle  de  son 
territoire,  la  moindre  partie  de  ses  droits. 


498.       Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  4135  ad  45«5). 

HAGER   à  L'EMPEREUR  (Bordereau  et  rapport  journalier 

du  25  octobre). 

Rapport  sur  un  certain  Mayer.  Exécution  des  ordres  de  l'Empereur  relatifs 
à  Joséphine  Wolter  et  à  la  surveillance  des  Belg^es. 

Rapport  sur  un  certain  Mayer,  ancien  officier,  reçu  chez  le 
le  baron  Hacke  et  ami  intime  du  prince  Kaunitz,  qui  fait  métier 
de  vendre  aux  princes  et  aux  grands  seigneurs  des  remèdes 
contre  les  maladies  vénériennes. 

Conformément  à  l'ordre  de  S.  M.  l'Empereur,  en  date  du  23, 
on  s'efforcera  de  se  renseigner  encore  plus  exactement,  de 
mettre  fin  aux  sorties  de  la  Joséphine  Wolters  en  habits 
d'homme  et  on  surveillera  de  près  les  Belges  Daniels,  Stas- 
sart,  Coquet  et  Wellon. 


499.  Vienne,  24  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Marie-Louise  et  Napoléon.  Neipperg. 

La  Comtesse  CoUoredo-Crenneville  (1)  trouve  que  Marie- 
Louise  est  devenue  bien  plus  raisonnable  qu'avant  son  voyage 

1.  La  comtesse  Colloredo,  Aja  de  l'archiduchesse  Marie-Louise,  avait  pen- 
dant dix  ans  dirigé  seule  soa  éducation  et  resta,  comme  le  prouve  la  cor- 
respondance publiée  à  Vienne  en  1887,  une  de  ses  meilleures  amies,  ainsi  que 
sa  fille  du  premier  lit,  M"*  de  Pontet,  qui  devint  par  son  mariage  en  1810 
la  comtesse  de  Crenneville. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      367 

à  Aix.  Il  y  a  déjà  assez  longtemps  qu'elle  n'a  pas  reçu  de 
lettres  de  Napoléon.  Elle  s'en  console,  et  ne  parle  presque 
plus  jamais  de  lui.  Elle  est  entièrement  revenue  à  son  père  et 
ses  frères  et  sœurs.  «J'ai  été,  a  dit  la  comtesse,  samedi  chez  elle 
avec  ma  fille  et  le  général  Neipperg,  et  nous  avons  passé  d'ex- 
cellents moments.  » 

On  peut  maintenant  constater  qu'elle  est  tout  à  fait  en  con- 
fiance et  en  grande  intimité  avec  Neipperg,  dont  le  choix  a  été 
excellent. 


500.       Vienne,  24  octobre  1814  (F.  2.  4135  ad  3565). 

Rapport  de  Lemberg  à  HAGER  (Analyse). 

Affaires  de  Pologne.  L'Autriche  et  la  Galicie  Occidentale.  Bruits  dénués  de 

fondement  qui  courent  à  Lemberg. 

On  s*y  attend  (à  Lemberg)  à  la  prochaine  prise  de  posses- 
sion de  la  Galicie  Occidentale  par  l'Autriche.  Les  Polonais 
semblent  avoir  perdu  l'espoir  d'obtenir  et  de  voir  la  reconsti- 
tution du  royaume  de  Pologne,  attendent  avec  impatience  les 
décisions  du  Congrès  et  se  plaignent  du  renchérissement  du 
tout. 

Ici  on  dit  qu'il  y  a  peu  de  jours  seulement  que  le  Tzar 
aurait  consenti  à  remettre  la  Pologne  dans  Tétat  où  elle  était 
en  1 80Î),  qu'on  céderait  Varsovie  à  la  Prusse  et  toute  la  Gali- 
cie Occidentale  à  l'Autriche. 

On  dit  même  que  le  courrier  porteur  de  cet  arrangement  est 
déjà  parti. 


501.  Vienne,  24  octobre  (F.  2.  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

La  visite  du  roi  de  Bavière  au  Cabinet  d'Histoire  Naturelle. 

Incidents  de  cette  visite. 

Le  roi  de  Bavière  a  été  hier  visiter  le  cabinet  d^histoire 
naturelle.  Le  portier,  ne  le  connaissant  pas,  Tarréta  et  lui  enjoi- 
gnit de  déposer  sa  canne^  ce  qu'il  fît.  Il  visita  le  musée  sans 


368  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

dire  reconnu  jusqu'au  moment  où  il  demanda  où  on  avait 
placé  certains  oiseaux  rares  à  lui  connus.  Sur  la  réponse  qu'il 
n'y  en  avait  pas  :  «  J'en  ai  deux,  dit-il,  et  dès  mon  retour  à 
Munich,  j'en  offrirai  un  au  Musée.  » 

En  sortant,  il  donna  une  fort  grosse  gratification  au  por- 
tier. 


&02.  Vienne  (sans  date,  mais  très  vraisemblablement  du  34  ou  du 

25  octobre)  (F.  3.  4121  ad  35Ô5). 

Rapport  à  HAGER 

Plaisanteries  et  mots  d'esprit  des  Viennois  sur  les  Souverains  à  propos  de 
la  caricature  représentant  les  Souverains  réunis  en  Conseil  et  tournant  leurs 
regards  vers  la  porte,  d'où  Castlereagh  les  menace  de  l&cher  Napoléon  qu'il 
tient  en  laisse. 

On  a  écrit  en  marge  et  au-dessus  : 

de  :  VEmpereur  de  Russie  :  Il  aime  pour  tous. 

du  Roi  de  Prusse  :  Il  pense  pour  tous. 

du  Roi  de  Danemarck  :  Il  parle  pour  tous. 

du  Roi  de  Bavière  :  Il  boit  pour  tous. 

du  Roi  de  Wurtemberg  :  Il  mange  pour  tous. 

de  l'Empereur  d'Autriche  :  Il  paye  pour  tous. 


503.  Vienne,  24  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Variante  de  ces  plaisanteries  sur  les  Souverains. 

Ce  qu'on  dit  dans  le  public  sur  les  Souverains  : 

L'Empereur  de  Russie  :  Tout  lui  plaît. 

Le  Roi  de  Prusse  :  Il  critique  tout. 

Le  Roi  de  Wurtemberg  :  Il  mange  tout. 

L'Empereur  d'Autriche  :  Il  paye  tout. 

Le  Roi  de  Bavière  :  Il  touche  à  tout. 
La    Grande-Duchesse    cTOl- 

'  denburg  :  Elle  aime  tout. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      369 
504.  Vienne,  26  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR.  Rapport  et  bordereau  du  26  octobre. 

Rapports  divers  sur  Marie-Louise  (Restée  chez  elle  le  22 
avec  Bausset  et  M*"*  de  Brignole,  elle  s'est  promeuée  dans 
raprè?-midi  dans  le  jardin  avec  Neipperg.  A  5  heures,  elle  a 
reçu  la  visite  du  roi  de  Prusse  et  du  prince  de  Nassau.  Le  23, 
après  la  messe,  elle  s'est  rendue  en  ville  chez  l'Empereur  et  a 
fait  rechercher  toute  la  journée  à  SchOnbrunn  une  lettre  cache- 
tée qu'elle  y  avait  perdue). 

Sur  le  musicien  Neukomm  (11  ne  s'occupe  quç  de  musique 
et  ne  fait  pas  de  politique)  (1). 

Sur  le  prince  Eugène,  lord  Castlereajh,  Stackelberg,  Nes- 
selrode,  An?teU,  Pozzo  di  Borgo,  Tchernîtcheff,  Radziwill, 
Hardenbevg,  Gaertuer. 

Sur  Jomini  (toujours  souffrant  et  soigné  par  le  D'  Franck). 

Sur  Wrede  (Il  a  beaucoup  travaillé  ces  jours  derniers,  avec 
son  homme  de  confianc?,  le  baron  Kooh  (2)  et  avec  son  aide  de 
camp,  le  baron  Besverer,  qui  est  spéciulemont  chargé  de  lui 
fournirles  renseignements  confidenîîels  dont  ilabesoîn.  Wrede 
se  propose  d'envoyer  cet  orScier  à  O^en,  où  il  sera  utile  de  le 
surveiller). 

Sur  le  Finanzrath  Stech^uss  (3)  (envoyé  le  23  avec  des  dépê- 
ches de  Sleîii  et  d'Harderberg  à  Dresde,  où  il  sera  suivi  par 
le  colonel  von  Milliiz,  qui  doit  parlir  le  25  à  midi.  Ces  dépê- 
ches (qui  ont  élé  ouvertes  et  analy-^ées)  ne  contiennent  que 
des  instructions  sur  des  questions  administratives.  Les  mili- 
taires saxons  sont  tiès  excités  contre  la  Prusse). 

Sur  Slein,  LOwenhielm,  Talbyrand,  Dalberg,  Goupy,  Labra- 
dor, Campochiaro.  Caiiati^  Aldini,  sur  Brignole  ot  le  marquis 
Ferrari  (4)  (qui  espèrent  encore  que  Gènes  conservera  son 
indépendance). 

1.  Voir  plus  loin  Pièce  509. 

2.  Conseiller  de  Légation  bavarois. 

3.  Il  s'ag^irait  ici,  d'après  la  liste  des  étrangers  de  distinction  arrivés  à 
Vienne  (3*  liste),  Chronik  des  AUgemeinén  Wiener  Kongre$$BS  123  et  1S4, 
du  Conseiller  saxon  des  finances  Steohfuss. 

4.  D'après  la  4*  liste  alphabétique  des  étrangers  de  distinction  arrivés  à 
Vienne  {Chronik  de$  AUgemeinén  Wiener  Kongre$$e$,  p.  182),  il  s'agirait 
du  comte  Ferrari,  de  Gènes. 

T.  1.  24 


370  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

505.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  4151  ad  3565). 

Rapports  divers  à  HAGER. 

Résumé  des  résultais  He  la  surveillance  de  : 

Hardeuberg,  2i  octobre  (arrivée  d'un  courrier  de  Berlin. 
Envoi  de  lettres  à  Cassel  par  le  jeune  Steinlein,  attaché  à  la 
légation  de  Prusse  à  Francfort). 

Hardeuberg  est  allé  chez  lord  Castlereagh  avec  un  gros  por- 
tefeuille. 11  v  retrouve  Metternich,  v  reste  deux  heures,  et 
écrit  ensuite  au  Colonel  von  Miltitz,  avant  de  se  rendre  chez 
le  Roi,  Entre  temps,  Télecteur  de  Hesse-Cassel,  auquel  Har- 
denberg  envoie,  aussitôt  rentré  chez  lui,  le  Président  Steinlein, 
était  venu  chez  lui,  au  lieu  d'aller  le  soir  au  bal  de  Tlmpéra- 
trice  (I).  Hardeuberg  travaille  seul  presque  toute  la  nuit. 

Mùller  {i)  (Dîner  donné  par  ce  Suisse  au  nonce,  au  Cardinal 
Consalvi,  à  Metternich,  etc.,  etc.). 

Talleyrand  (a  été  le  24  à  trois  heures  chez  Marie-Louise). 

Anstett  (qui  reçoit  vers  sept  heures  une  lettre  d'Alexan- 
dre I"",  apportée  par  un  oflicier  russe  auquel  il  remet  sa  ré- 
ponse. Il  va  ensuite  chez  Nesselrode  et  y  reste  jusqu'à  dix 
heures  du  soir). 

Nesselrode,  Pozzo  di  Borgo.  La  Harpe  Stein. 

Campochiaro  (a  été  le  2.3  chez  Talleyrand,  puis  chez  lord 
Castlereagh  et  de  là  chez  Cariati). 

Goupy,  comte  Solms. 

Enfin  un  rapport  sur  les  désaccords  existant  entre  le  Nonce 
et  le  cardinal  Consalvi,  «  autrement  intelligent  et  éclairé,  dit 
le  rapport,  que  Severoli  >. 

1.  /ILenc/*  iivir  Kammerhall  bei  Hof,  (Lo  soir,  petit  bal  à  la  cour  ,  lit-on 
dans  le  Heobachier,  p.  1628). 

2.  Màller  con  Miihlegg  (Ferdinand,  baron)  chargé  d'alTaircs  de  la  Confédé- 
ration S  lis^e  aiipn'îs  de  la  cour  d'Autriche,  à  partir  de  1802  juïtqu'â  sa  mort 
en  1S24,  appartenait  à  une  famille  Zurichoise  fixée  à  Vienne  depuis  deux 
générations.  Fort  riche  et  jouissant  d'une  grande  considération  dans  cette 
ville  où  il  tenait  une  fort  bonne  maison  et  recevait  des  hommes  influents  de 
toutes  les  puissances.  MûlIer  était,  en  1801  à  Berne,  l'agent  du  Prince  Abbé 
de  Saint-liall  dont  il  était  le  conseiller  antique. 

Note  due  h  l'obligeance  de  mon  savant  et  aimable  ami  Edouard  Chapuisal, 
député  au  (îruiid  Conseil  de  la  ville  de  Genève,  et  extraite  de  La  Correspon- 
dance dijflotiinliiine  de  Charles  Pictcl  de  liocli-vnont  el  de  Francis  d'ivernois 
pendant  les  Comjrès  de  Paris  et  de  Vienne  publiée  par  Edouard  Chapu  sat, 
Lucien  Crinn-jr  et  Puai  Martin. 


LES  PRÉLLAJINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      371 
506.  Vienne,  25  oclobre  1814  (l^.  2.  4151  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER. 
Résumé  de   quelques  InlereepU. 

Stackelberg  à  Ott  (23  octobre). 

Hardcnberg  à  Steînlein  (sur  un  article  du  Moniteur  du 
28  avril,  relatif  à  la  Saxe. 

Hardenberg  à  Repnin  (Il  lui  annonce  Tenvoi  à  Dresde  de 
Miltitz  et  de  Stechfuss  qui  lui  seront  utiles  lors  des  change- 
ments qui  vont  se  produire  en  Saxe.  Le  gouvernement  provi- 
soire de  la  Saxe  sera,  dès  qu'on  sera  d'accord  avec  TAutri- 
che  et  l'Angleterre,  confié  au  roi  de  Prusse  qui  en  chargera 
son  frère,  le  Prince  Guillaume,  auquel  on  adjoindra  le  baron 
Becket  le  Général  Kleist.  Cette  lettre  lui  sera  remise  par  le 
Colonel  von  Miltitz,  et  le  conseiller  Reinger  suivra  de  près, 
porteur  d'une  lettre  que  le  roi  se  propose  de  lui  adresser). 


507.  Vienne,  23  oclobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Analyse  de  quelques  autres  pièces  interceptées  de  : 

Stein  à  Nesselrode  (du  24,  un  Mémoire  du  Ministère  des 
finances). 

Stein  à  Pilgram  (relatif  à  une  réclamation  du  prince  de  Salm 
qu'il  a  transmise  à  Hardenberg. 

Stein  à  Hardenberg  (même  sujet)  (Pièces  communiquées  par 
Sicart). 

Castlcreagh  à  Nesselrode  (avec  une  incluse  à  Walpole  (1),  à 
Saint  Pétersbourg  et  relative  à  Touverture  du  Congrès). 

Deux  lettres  moins  marquantes,  dont  une  de  la  princesse 
Narischkine  à  Woronzoff  à  Londres. 

Slewart  à  Clancarty  (Mémoire  du  comte  de  Hardenberg 
sur  h\  défense  de  la  Hollande). 

1.  Walpole  of  U'ultortiHi  (Iloratio,  comte  d'Orfôrd,  lord    Ministre  d'An- 
Klelcrre  à  Saint- PtHcrsboiirjç. 


372  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

508.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  3.  4151  ad  9565).  ' 

Rapport  à  HAGER 
Rapport  sur  Séraphine  Lombard. 

Une  actrice  française,  Mademoiselle  Lombard,  est  actuelle- 
ment la  maîtresse  de  Narischkine.  Elle  va  à  Saint-Pétersbourg 
dans  le  but,  dit-on^  d'y  faire  la  conquête  du  Tzar. 


509.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  3.  4151  ad  3565). 

SCHMIDT  à  HAGER 

Notes  sur  Neukomm 

Voici  cfuelques  renseignements  complémentaires  sur  le  mu- 
sicien Sigismond  Neukomm  qui  fait  partie  de  la  suite  de  Tal- 
leyrand,  qui  Ta  pris  sous  sa  protection  parce  qu'il  apprécie  son 
talent,  et  dont^  du  reste,  la  conduite  simple  et  ouverte  pro- 
duit partout  le  meilleur  effet. 

Talleyrand  commença  par  le  charger  d'écrire  la  musique  de 
la  messe  solennelle  qu'on  devait  célébrer  pour  le  retour  du  roi, 
et  grâce  à  la  protection  du  prince  on  préféra  l'œuvre  de  Neu- 
komm à  celle  de  très  grands  maîtres.  On  exécuta  sa  musique 
et  on  lui  donna  en  outre  la  croix  de  Tordre  du  Lys. 

Neukomm,  dont  on  dit  partout  beaucoup  de  bien,  a  prié 
Talleyrand  de  l'amener  à  Vienne.  Il  a  fait  valoir  le  désir  qu'il 
avait  d'y  revoir  de  vieux  amis,  les  services  qu'il  pourrait  de 
cette  façon  rendre  à  sa  sœur,  qui  est  à  Salzburg  où  elle  a  ap« 
pris  à  chanter,  qui  se  destine  au  théfttre  et  qu'il  voudrait  ame- 
ner à  Vienne  où  elle  terminerait  son  éducation  artistique.  II 
espérait  de  plus  faire  représenter  à  Vienne,  où  il  avait  com- 
mencé ses  études  musicales,  un  opéra  qu'il  avait  achevé  à  Paris 
et  dont  il  confierait  un  des  rôles  à  sa  camarade  d'enfance, 
M**  Milder.  Mais  avant  tout,  il  tenait  à  embrasser  sa  vieille 
mère  aveugle  qui  vivait  à  Salzburg  et  à  chercher  à  créer  une 
carrière  et  un  avenir  à  sa  sœur. 


.      LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS      373 

Neukomm  espère  encore  parvenir  à  faire  représenter  ici 
son  opéra,  mais  il  a  renoncé  à  faire  engager  sa  sœur,  parce 
qu'il  est  mécontent  de  la  façon  dont  marche  Topera  et  dont 
il  est  dirigé  par  le  juif  Joël.  Aussi  Neukomm  retournera-t-il 
en  France  avec  Talleyrand  et  va-t-il  chercher  à  faire  entrer 
sa  sœur  au  Con.servatoiro  de  Paris.  Neukomm,  comme  il  le 
laisse  voir  dans  Tintimité,  n'a  aucune  sympathie  pour  la  France 
et  déconseille  aux  masiciens  d'aller  à  Paris.  Il  décrit  d'une 
façon  assez  intéressante  le  caractère  fort  original  de  Talley- 
rand, qui  reste  quelquefois  des  journées  entières  sans  adresser 
la  parole  à  son  entourage  et  lui  demande  souvent  de  lui  jouer 
du  piano  pendant  qu'il  travaille.  Il  lui  est  arrivé  souvent  de 
devoir  foire  de  la  musique  pendant  piusieurs  heures,  et  main- 
tenant encore  il  se  demande  si  le  prince  Ta  jamais  écouté, 
pendant  qu'il  était  à  écrire  ou  à  réfléchir  assis  à  sa  table  de 
travail. 


510.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.4151  ad  3505  . 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

Sur  le  mécontentement  des  Prussiens  contre  la  Bavière  et 
le  Wurtemberg,  sur  le  désaccord  existant  au  sujet  de  Mayence, 
et  sur  les  réclamations  des  petits  Princes  qui  demandent  des 
garanties  leur  assurant  leurs  États  et  leur  existence. 


511.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  3. 4467  ad  85«5). 

Rapport  à  HAGER. 

Sidney  Smith  (1)  a  dit  au  prince  Léopold  de  Sicile  qu'il  pré- 
senterait au  Congrès  un  plan  qui  débarrasserait  la  Méditerranée 
des  Barbaresques. 

l.Smilh  (Sir  William  Sidney)  brûla  une  partie  de  la  flolte  françaiie  A  Toulon 
en  1792.  Fait  prisonnier  au  Havre  en  1794,  enfermé  au  Temple,  il  s'évada  en 
1797  au  moyen  d'un  faux-ordre  du  Ministère  de  la  Guerre.  Compromis  dans 
le  procès  de  la  princesse  Caroline,  il  mourut  à  Paris  comblé  d'honneurs  en 
1840.  (Cf.  A  propos  de  son  projet  d'anéantissement  dos  Barbaresques,  G^  Wbil, 


374  AUTOUR    DU   COISGRÈS    DE   VIENNE  • 

512.  Vienne,  25  oclobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

Rapport  à  IIAGER 

La  Suède  paraît  ne  plus  vouloir  céder  la  Poméranie  au  Da« 
nemark  en  échange  de  la  cession  de  la  Norvège. 


513.       Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  S565). 

Rapport  à  HAGER 

Mol  de  Pozzo  di  Borgo  sur  Mural  el  BernadoUe  au  bal  chez  Meltemich. 
Le  Danemark  el  l'allitude  de  son  roi  à  l'égard  de  Mural. 

Au  bal  chez  le  Prince  de  Metternich  (1),  Pozzo  di  Borgo  a 
dit  Tout  haul  :  «  Dès  que  Louis  XVIII  est  remonté  sur  le  trône, 
tous  les  faquins  créés  par  Bonaparte  doivent  cesser  d'exister. 
Je  dis  par  là  Murât  et  les  Bernadotte.  » 

M.  de  Rosencranzy  ministre  de  Danemark,  a  raconté  avant- 
hier  chez  Serra  Capriola  que  Gallo  lui  avait  écrit  trois  lettres 
pour  engager  sa  Cour  à  avoir  un  ministre  de  Naples,  mais  que 
le  roi  lui  avait  toujours  défendu  de  répondre. 


514.  Vienne,  25  oclobre  1814  (F.  2. 4166  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Affaire  du  baron  HQgel  el  enquéle  à  ce  propos. 
Envoi  à  l'Empereur  d'une  dépêche  chiffrée  de  Mariolti  à  Dalberg.  » 

Les  accusations  portées  contre  le  baron  Hûgel  (2)  venaient 

Jaachim  Mural,  La  dernière  année  de  règne^  l.  451  el  R.  Archivio  di  Siaio, 
Florence.  Affare  Esteri.  Prot.  n*  2.)  «  La  figure  de  Sidney  Smith  ri'esl  pas  en 
harmonie  avec  sa  réputation  ;  car  elle  est  très  commune.  La  famille  n'est 
pas  intéressante  non  plus.  11  a  épousé  une  veuve  Rumboldt,  d'une  naissance 
moins  qu'ordinaire.  Elle  a  une  fille  d'un  premier  mari,  dont  on  admire  ici  la 
beauté.  ». 

1 .  Metternich  donna  à  ce  moment  deux  bals,  un  très  grand  le  mardi  18,  un 
autre  plus  intime  le  lundi  24. 

2.  11  s'agit  probablement  ici  du  baron  Hiigel,  diplomate  ambitieux  el  mé- 
content, dont  on  critiquait  cl  condamnait  les  négociations  qu'il  avait  menées 
avec  le  roi  de  Bavière  ainsi  que  la  condescendance  qu'il  avait  cru  pouvoir 


LES    PRÉLIMINAIIIES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU  CONGRFS       373 

du  général  Koller  et  des  gens  qui  fréquentent  chez  le  baron 
Pulîendorf  (i).  Je  fais  suivre  l'enquête  afin  de  voir  s'il  n'y 
aurait  pas  là  quelque  trame  et  quelque  relation  avec  la  Prusse, 
Solnis  et  Stein. 

Envoi  à  TEmpereur  d'une  dépêche  chiffrée  de  Mariotti  (2) 
à  Dalberg,  que  le  duc  a  traitée  lui  même  chimiquement  à  cause 
de  son  importance  et  parce  qu'en  réalité  le  cabinet  des  Tui- 
leries cherche  le  moyen  d'enlever  Napoléon  de  l'île  d'Elbe  (3). 

En  réponse  à  cet  envoi  l'Empereur  donne  à  Ilager  en  date 
du  3  novembre  Tordre  de  se  procurer  des  détails  sur  ce  point. 

Les  pièces  qui  suivent  (n**  515  h  527  inclus)  sont  toutes  ou 
des  chiffrons  ou  des  lettres  et  billets  iîiterceptés  (mais  pour 
la  plupart  des  chinons)  trouvés  et  ramassés  à  ce  moment  chez 
Dalberg  et  qui  figurent  au  bordereau  de  Hager  et  à  l'envoi 
qu'il  fit  à  l'Empereur  le  25  octobre.  Je  n*en  ai  supprimé  que 
deux  ou  trois  billets,  absolument  insignifiants,  comme  aussi  la 
minute  déchirée  et  recollée  soigneusement  de  la  dépêche 
n^  A  dis  des  Ambassadeurs  du  roi  au  Congrès  au  ministre  des 
Affaires  étrangères,  de  Vienne  le  8  octobre,  en  tous  points 
semblable  k  celle  publiée  par  le  duc  de  Broglie  {Mémoires  du 
prince  de  Tal/ef/rand^U^SSOySSo). Cette  dépêche  ne  présen- 
tait un  intérêt  relatif  qu'à  cause  d'un  post-scriptum  existant 
sur  cette  minute,  mais  biffé  de  la  main  de  DallDcrg  et  relatif 
à  deux  lettres  du  prince  Antoine  de  Saxe,  qu'on  devait  expé- 
dier par  ce  courrier  et  qu'on  décida  de  garder.  Ce  sont  ces 
lettres  qu'accompagnait  le  billet  suivant  : 

avoir  en  laiftsant  ce  prince  occuper  le  Grand-Duché  d'AschalTenburg.  Repré- 
sentnnl  de  l'Autriche  à  la  diète  de  Uatisbonne  cl  plus  tard  à  F^rancforl  le 
baron  Jcan-Aloïs  llugel  avait  été  très  en  faveur  auprès  de  réleclion  Clé- 
ment Wcnccslas  de  Trêves. 

1.  PulTendorf,  ancien  membre  du  Wiener  Keichshofrath,  un  jurisconsulte 
des  plus  distingués,  faisant  autorité  en  tout  ce  qui  avait  trait  à  la  législation 
cl  à  la  jurisprudence  du  Saint-Empire. 

2.  Mariotti  (le  chcv.ilier)  servit  de  1778  à  1790  au  régiment  provincial  corse, 
émigra,  entra  au  service  de  Oêncs,  reprit  du  service  eu  1800.  Kxclude  Tavan- 
cjmcnt  à  cause  de  la  révolte  A  Livournc  de  la  60*  dcml-brigade,  dont  il  était 
lo  chef  A  ce  monieiil  et  devenu  dès  lors  un  ennemi^acharné  de  Napoléon,  il  fut 
ohoisi  par  TuIIcyrund  pour  remplir  les  fonctions  de  Consul  de  Franco  à  Li- 
vournc.  A  peine  installé,  il  organisa  autour  de  l'Ile  d'Elbe  et  dans  l'entou- 
rage même  de  l'Empereur  un  vaste  réseau  d'espionnage  et  recruta  grâce  à 
ses  anciennes  relations  de  nombreux  agents,  dont  l'un  des  plus  remarquables 
a  assurément  été  le  fameux  «  Marchand  d'huile  ». 

3.  (^ette  pièce,  qui  ne  ligure  plus  au  dossier  de  ce  jour,  pourrait  bien  être 
l'une  des  deux  lettres  interceptées  qui  font  partie  du  bordereau  et  du  rap- 
port du  28  octobre. 


376  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 


615.  Vienne  (sans  date)  (F.  3.  4467  ad  3565). 

POZZO  DI  BORGO  à  DALBERG  (chiffon  ramassé  chez  Dalberg). 

Voici,  mon  cher  duc,  deux  lettres  que  le  prince  Antoine 
de  Saxe  adresse  à  M"*  la  duchesse  d'Angoulême  et  que  le 
prince  de  Talleyrand  lui  a  offert  d'expédier  par  le  courrier 
que  vx)us  expédiez  aujourd'hui. 

Dès  que  je  serai  habillé,  je  viendrai  vous  voir  un  moment. 


516.  Varsovie,  28  septembre  1814  (F.  3.  4151  ad  8565). 

Anonyme  à  DALBERG  (chiffon). 
Que  deviendra  la  Pologne  7 

11  désire  savoir  si  Dalberg  a  reçu  sa  lettre  du  14.  On  peut 
lui  écrire  sous  l'adresse  de  MM.  Landshutten,  négociants.  IL 
prie  le  duc  de  lui  donner  son  avis  sur  le  sort  futur  de  la  Po- 
logne, dont  dépend  le  sien. 


517.  (Sans  date)  (F.  S.  4151  ad  3565). 

M««  DE  BRIGNOLE  (1)  à  DALBlîIRG  {intercepta). 

Mon  cher  ami  et  frère. 

Je  n'ai  pu  répondre  de  suite  à  votre  aimable  billet  parce* 
que  nous  venions  de  nous  mettre  à  table.  Je  m'empresse  de 
vous  prévenir  que  ni  moi,  ni  Antoine,  ne  pourrons  profiter 
de  Taimable  invitation  de  M.  de  Talleyrand,  attendu  que  nous- 
sommes  priés  depuis  quelques  jours  chez  lord  Stewart.  Quant 

1.  11  s'agit  de  la  marquise  de  Brignolo,  femme  du  marquis  Antoine,  qui 
tenta  vainement  de  défendre  et  de  sauver  l'existence  de  la  République  d» 
Gènes. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET   LES  AJOURNEMENTS   DU    CONGRÈS      377 

à  M"'  de  C...,  je  lui  ai  fait  part  de  votre  invitation  et  elle  en 
proGtera. 

Agréez,  mon  cher  et  aimable  frère,  Texpression  de  toute 
mon  amitié. 

Arthémise  de  Brignolb. 


518.  Vienne  (sans  date)  (F.  2.  4151  ad  3565). 

DALBERG  à  SOPHIE  (1)  (chiffon) 

Je  commence  ma  journée,  ma  bonne  Sophie,  par  te  dire 
que  je  t'aime  plus  que  je  ne  peux  l'exprimer  et  que  je  joins 
ici  une  lettre  de  Lips  (2)  qui  me  fait  croire  qu'il  ne  vient  pas 
ici.  Je  ne  sais  ce  que  Lips  a  découvert  à  Tégard  de  son  fils 
et  du  gros  Erwein.  Je  ne  peux  en  outre  me  mêler  de  toutes 
ces  tracasseries  qui  me  puent  au  nez.  Cela  ne  sont  pas  des 
affaires.  Demande  cependant  à  Erwein,  quand  le  séquestre  de 
Lips  sera  levé.  On  ne  s'imagine  pas  quelque  chose  de  plus 
absurde  que  de  continuer  un  séquestre  qu'on  n'avait  pas  le 
droit  d'imposer. 


519.  Vienne  (sans  date)  (F.  2.  4131  ad  3585). 

DALBERG  à  SOPHIE  (chiffon). 
Billet  au  crayon. 

Si  j'avais  su  tes  projets  plus  tôt,  j'aurais  été  avec  toi.  Je  ne 
peux  actuellement.  J'espère  te  voir  ce  soir  chez  la  Duchesse 
(de  Sagan). 


1.  La  Comtesse  de  Schœnborn,  cousine  de  Dalberg 

2.  Proresseur  à  Erlan^en. 


378  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

520.  Vienne  (sans  date)  (F.  2.  4151  ad  3565). 

Comtesse  SCHCENBORN  à  DALBKllG 

Fanny  Z...,  sans  m'en  prévenir,  a  invité  son  gros  frère  à 
diner.  Je  t'en  avertis,  mon  ami,  pour  que  tu  t'arranges  en  con- 
séquence. Pourquoi  n'es-tu  pas  venu  au  bal  d'hier?  J'espère 
que  tu  n'es  pas  malade.  Si  tu  pouvais  venir  dans  la  matinée, 
cela  me  ferait  grand  plaisir. 


521.       Francfort,  5  octobre  1814  (F.  2.  4151  ad  3565). 

Anonyme  à  DALBERG  (1)  {intercepta)  (en  français). 

État  des  affaires  de  Dalberg  qu'il  désire  voir  s'entendre  au  plus  vite  avec  la 
Bavière.  Wrcde,  Montgclas  et  le  Hoi.  Faux  bruits  du   Congrès.  La  Confé 
dération.  Stadion.  Nécessité  pour  les  Anglais  de  faire  la  paix  avec  les  États- 
Unis.  La  situation  à  Paris.  Beugnot  et  les  Jacobins. 

Je  t'avais  écrit  le  12  septembre,  mon  cher  ami,  sous  enve- 
loppe d'Arnstein  et  Eskeles,  et  quoique  tu  ne  m'en  accuses  pas 
réception  par  ta  lettre  du  24,  j'aime  cependant  à  croire  qu'elle 
t'est  parvenue,  puisque  M.  de  Lachmann,  aide  de  camp  de  Tet- 
tenborn,  de  retour  depuis  hier,  m'assure  d'avoir  remis  exacte- 
ment mon  paquet. 

J'espère  que  tu  auras  également  reçu  mes  lettres  du  23  et 
du  29  septembre.  Par  la  dernière,  je  te  communiquais  ce  que 
Untzschneider  m'avait  mandé  sur  sa  retraite.  Le  1"  novembre, 
je  rappellerai  à  M.  d'Allarini  le  mode  de  remboursement  pro- 
mis des  neuf  obligations  et  je  t'instruirai  des  résultats  de  cette 
affaire. 

J'aurais  mieux  aimé  que  tu  eusses  pu  terminer  ton  arran- 
gement avec  la  Bavière,  plutôt  avant  qu'après  le  Congrès.  Le 
Roi  aurait  plus  accordé  par  espoir  que  par  reconnaissance, 
Wrede  te  servira  mieux  que  Montgelas,  dont  les  intentions 
pour  toi  me  paraissent  douteuses. 

Je  te  remercie  de  tes  avis  sur  la  marche  du  Congrès,  qui 
coïncident  avec  ceux  que  j'ai  reçus  d'autres  personnes.  On 

1.  Probablement  d'un  certain  d'Eberstein. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      379 

m'assure  que  rempereur  Alexandre  veut  quitter  Vienne  le  20 
comme  roi  de  Pologne,  et  qu'hier  à  sa  fête,  François  I"  aurait 
été  déclaré  Empereur  d'Allemagne.  Il  me  tarde  que  tu  me  con- 
firmes ce  dernier  fait  qui,  puisqu'il  faut  absolument  un  chef  à 
la  Confédération  Germanique  qui  possédera  Mayence,  est  impor- 
tant pour  le  sort  de  Francfort. 

La  Saxe  sera  partagée  entre  TAutriche  et  là  Prusse.  Quel 
exemple  1 

L'abbé  aurait  voulu  insérer  l'article  de  Stuttgart  ci-joint,  que 
je  suppose  vrai  ;  mais  Hûgel  ne  la  pas  permis. 

La  nomination  de  Stadion  au  Ministère  des  Finances  doit 
plaire,  pourvu  qu'on  le  laisse  agir  d'après  ses  principes. 

Malgré  les  succès  des  Anglais  en  Amérique,  ils  devront  faire 
la  paix  ;  car  la  campagne  prochaine,  les  Américains  se  battront 
déjà  mieux  et  la  dépense,  que  cette  guerre  entraine,  épuise 
leurs  finances  et  empêche  leur  change  de  venir  au  pair. 

Le  général  Tettenborn  (1)  allant  à  Vienne,  je  lui  confie  la 
présente  ainsi  qu'un  paquet  à  la  comtesse  Schœnborn,  conte- 
nant la  première  partie  des  Mémoires  du  baron  des  Grieux, 
dont  tu  lui  as  fait  la  galanterie  des  deux  autres. 

Je  suppose  que  tu  conserves  toujours  les  mêmes  sentiments 
pour  elle. 

Lorsque  tu  fourniras  des  traites  à  Arnstein  sur  ma  maison, 
elles  recevront  le  meilleur  accueil. 

Il  parait  que  les  Jacobins  se  remuent  à  Paris. 

Crois-tu  Beugnot  assez  fort  pour  la  police  ? 

Adieu,  je  t'embrasse. 


522.  Vienne  (sans  dale)  (P.  2.  4151  ad  3505). 

Note  de  la  main  de  DALBERG  (chiffon). 

Distribution  des  forces  de  TAutriche:  Bohême,  80.000  hom- 
mes ;  MoRAviK,    90.000  ;   Galicïe,   IJO.OOO  ;    Transylvanie, 

I.  Totteiiborn  (l'rédépîc,  Charles,  baron),  né  en  1778,  d'abord  au  service  do 
r Autriche  de  1794  à  1812,  passé  alors  au  service  de  la  Russie  comme  lieute- 
nant-colonel, se  distingua  par  de  hardis  coups  de  main,  d'abord  à  Vilna,puis 
en  1813,  à  lier  lin,  à  Hambourg  et  à  Brème.  Général  pendant  la  campagne  de 
1S14,  il  quitta  en  1818  le  service  de  la  Russie  pour  rentrer  à  celui  du  Grand- 
Duché  de  Bade  et  devint  en  1819  le  Ministre  du  Grand-Duc  à  la  Cour  de 
Vienne. 


380  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

SO.OOO  ;  Basse  et  Haute-Autriche,  30.000.  Total  :  256.000 
hommes. 


523.  Mannheim,  septembre  1814  (F.  2.  4151  ad  3565). 

STUMM  à  DALBERG  (chiffon)  (en  français). 

Il  fait  appel  à  sa  bienveillance  et  à  sa  protection  pour  ob- 
tenir l'exemption  des  droits  de  douane  pour  Tentrée  de 
4.000  quintaux  métriques  de  fer  forgé  et  de  fonte  provenant 
de  la  forge  de  Neunkii'chen  (ancien  département  de  la  Sarre), 
dont  il  est  le  propriétaire. 

524.  Sans  lieu,  ni  date  (F.  3.  4150  ad  3563). 

(Chiffon  en  allemand). 
Motifs  de  l'annexion  des  Pays-Bas  à  la  Hollande.  Projets  sur  la  Saisie. 

L'Angleterre^  l'Autriche,  la  Russie  et  la  Prusse,  pour  garder 
les  flancs  de  TAllemagne  contre  la  France,  veulent  annexer 
les  Pays-Bas  à  la  Hollande  et  imposer  aussi  un  nouveau  ré- 
gime à  la  Suisse. 

Revenant  sur  ce  qu'il  lui  disait  dans  sa  lettre  du  8  (par  le 
Banquier  Gey millier),  il  le  prie  de  s'occuper  des  fonds  qu'il 
désire  employer  en  fonds  d'Etat,  et  lui  parle  des  troubles  qui 
ont  éclaté  dans  le  Valais. 


525.  Sans  lieu,  8  octobre  1814  (F.  3.4151  ad  3565). 

X...  à  DALBERG  (chiffon)  (en  allemand)  (analyse). 

Etat  des  esprits  en  Suisse.  Dalberg  est  trop  optimiste. 
Quelle  est  la  situation  des 'finances  autrichiennes  ? 

Il  se  félicite  et  le  félicite  de  son  envoi  à  Vienne,  où  il  fera  de 
bonnes  choses,  lui  signale  Tétat  d'esprit  des  cantons  de  Vaud 
et  d'Argovie,  entièrement  acquis  aux  idées  françaises  et  nette- 
ment hostiles  à  la  Prusse,  et  croit  à  Textension  de  ce  mouve- 


l::s  préliminaires  et  les  ajournements  du  congrès     381 

ment  dans  les  cantons  de  Berne,  Soleure  et  Fribourg.  Il  ne 
partage  pas  la  manière  de  voir  optimiste  de  Dalberg  et  le  met 
en  garde  contre  son  antagoniste  qu'il  va  trouver  à  Vienne, 
(probablement  un  des  députés  suisses)  et  dont  il  croit  les  idées 
nuisibles  et  dangereuses  pour  la  Suisse. 

11  le  prie  de  lui  dire  ce  qu'il  pense  de  Tétat  des  finances 
autrichieûnes.  La  question  l'intéresse  directement,  puisqu'il  a 
déjà  ime  partie  de  sa  fortune  déposée  chez  GejmûUer,  qu'il 
voudrait  remployer  en  fonds  d'Etat  et  se  demande  s'il  ne  de- 
vrait pas  à  cet  effet  l'envoyer  en  France. 


526.  Vienne,  19  octobre  1814  (F.  2. 4151  ad  3M5). 

MARSCHALL  (1)  à  DALBERG  (chiffon). 

Je  viens  de  recevoir  une  lettre  de  notre  excellent  Primat, 
sur  laquelle  il  est  urgent  que  je  m'entretienne  avec  vous.  Vou- 
lez-vous me  faire  savoir  à  quelle  heure  je  pourrai  vous  trou- 
ver ce  soir. 


527.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2. 4151  ad  3565). 

CORSINI  à  DALBERG  (analyse)  (chiffon). 

nie  prévient  du  départ,  samedi,  pour  l'Italie  d'une  personne 
sûre  qui  se  chargera  d*emporter  tout  ce  que  le  duc  désirera. 
Corsini  l'adressera  à  Bologne  à  sa  sœur,  qui  remettra  le  tout 
à  la  Duchesse  sans  le  moindre  incident* 


528.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4137  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR. 

Bordereau  et  rapport  du  37  octobre. 
1.  Le  comte  Marschall,  représentant  du  prince  Primat. 


382  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Vienne,  2«  octobre  1814.  (F.  2.  4467  ad  3563). 

Rapports  à  HAGKR. 

Rapports  sur  Marie-Louise,  le  prince  Eugène,  les  diplomates 

russes  et  prussiens. 

Le  24,  Marie-  Louise  a  reçu  à  déjeuner  deux  lettres  du 
prince  Eugène  et  a  dit  à  table  que  le  roi  de  Prusse  était  un 
bel  homme. 

«  Physiquement,  peut-être,  a  répondu  M"*  de  Brignole,  mais 
pas  moralement, car  sans  cela  Votre  Majesté  ne  serait  pas  ici.  » 

Le  soir,  Marie-Louise  est  allée  à  Baden  où  elle  est  restée 
jusqu^au  20. 

Sur  le  prince  Eugène,  (qui  a  fait  le  24  une  visite  de  deux 
heures  à  l'Empereur  Alexandre  et  est  allé  le  soir  au  bal  chez 
Metternich.) 

Sur  Nesselrode,  Stackelberg  et  Anstett,  (qui  a  continué  à 
travailler  à  un  gros  Mémoire  pour  l'Empereur  et  a  fait  porter 
ce  gros  Mémoire  (de  quatre  feuilles)  au  prince  Czartorjski 
par  son  valet  de  chambre  avec  Tordre  de  ne  le  remettre  qu'en 
mains  propres.  Czartoryski  a  rapporté  le  soir  ce  dossier,  que 
le  même  valet  de  chambre  a  aussitôt  porté  à  Anstett,  qui  se 
trouvait  chez  Nesselrode.) 

Sur  Pozzo  di  Borgo,la  Harpe  et  Stein  (Le  colonel  Miltitz  et 
le  lieutenant  Kleist  ne  sont  pas  partis  hier  pour  Dresde  et 
sont  encore  ici). 

Sur  Wrede  (Bcsserer  ne  va  plus  en  Hongrie),  Gaertner  et  la 
députa tion  juive  de  Francfort. 

Sur  Talleyrand  (On  a  réussi  à  se  procurer  des  lettres  pro- 
venant de  son  bureau)  (1). 

Sur  Radziwill,  (qui  a  été  à  4  h.  1/2  chez  Hardenberg  et  lui 
a  porté  et  versé  l'argent  qui  lui  avait  été  remis  par  le  Juif 
de  la  Cour.  Ce  sac  lui  avait  été  apporté  dans  la  matinée  (2).) 

1.  Cf.  plus  loin  pièces  535  à  538  inclus. 

2.  IlH^i^.r  avait  co;Tinlété  ces  renseignements  relatifs  à  Hardenberg  dans  un 
rapport  à  rEmpercur  en  date  du  27  octobre  (F.  2.  4137  ad  3565).  il  lui  man- 
dait que  «  Hardenberg  aurait  été  gagnô  à  la  cause  du  prince  Eugène  moyen- 
nant 100.0U0  sequins  et.  q!ic  le  prince  Radziwill  lui  aurait  porté  un  sac  plein 
d'argent  qui  lui  aviiil  iM'>  remi.s,  par  ordre  d'Alexandre,  par  le  Juif  de  la  cour  »>. 

Un  aulro  rapport  du  2J  octobre,  celui-là  en  italien,  et  venant  d'un  tout 
autre  côte,  avait  donné  encore  plus  de  poids  et  plus  de  vraisemblance  à 


LES    PRÉLDIINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      383 
529.  Vienne,  26  oclobre  1814  (F.  2.  3148  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Craintes  et  espoirs  des  Polonais. 

Le  prince  Henri  Lubomirski  a  donné  à  Goudakliow  sky 
Tordre  de  se  tenir  prêt  à  partir  pour  Varsovie.  On  croit  qu'il 
sera  porteur  de  dépêches  importantes.  Les  Polonais  sont  tou- 
jours très  inquiets  de  leur  sort  et  attendent  tout  de  Tinfluence 
et  de  Faction  du  Prince  Adam  (Czartoryski). 


530.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  3148  ad  3565). 

Rapport  à  IIAGER 
Déjeuner  chez  Tûrkheim.  Dlncr  chez  Gagera. 

Grand  déjeuner  le  2i  chez  le  baron  Tûrkheim.  Le  même 
jour,  grand  dîner  donné  par  Gagern  aux  princes  de  Reuss  (1) 
et  d'Anhalt  (2),  aux  Ministres  Beroldingen  (3),  Rechberg  et 
Bûhler  (4),  puis  thé  dansant^  auquel  Lady  Castlereagh  assiste 
avec  ses  enfants. 

cette  nouvelle,  sur  laquelle  Ilager  n'hésita  plus  à  appeler  l'attention  de  l'Em- 
pereur. 

(a)  EU  comte  {principe,  di  Hardenberg  che  a  preso  di  certo  li  100000  Zec- 
c/iini  del  Principe  Beaaharnais,  Ne  parlai  tutVoggi  col  Segretario  di  Saint 
Marsan  e  tutti  ne  convengono,  Qaindi  riguardo  quetto  corne  cosa  d'Evan- 
getio,  (F.  2.  4467  ad  3565). 

(a)  C'est  le  comte  (prince  de  Hardenberg)  qui  a  reçu,  cela  est  certain,  les 
100.000  sequins  du  prince  Beauharnais.  J'en  parlai  aujourd'hui  même  avec  le 
Secrétaire  do  Saint-Marsan  et  tout  le  monde  en  est  persuadé.  Je  considère 
donc  la  cliose  comme  parole  d'Evangile. 

1.  Probablemcut  Henri  Xlll  de  Rouss-Plauen-Gretz,  né  en  1747,  prince 
régnant  depuis  le  28  janvier  1800,  mort  en  1837  et  peut-être  aussi  son  fils  le 
prince  héritier  Henri  XIX. 

2.  Probablement  le  prince  héritier  d'Anhalt-Dcssau. 

3.  Deroldin^en  (Joseph-Ignace,  comte  det  Ministre  de  Wurtemberg  et 
aide  de  camp  du  roi  Ministre  A  Londres  en  1815,  nommé  à  ces  mémos  fonc- 
tions à  Saint-Pétersbourg  en  1816  où  il  remplaça  VVintzingerode  rappelé  à 
Stuttgart  pour  y  occuper  le  Ministère  de  l'Intérieur  (cf.  Polovtsoff,  1,  618. 
Xoaillcs  à  Uiciielieu,  10  sept.  1816). 

4.  Diplomate  russe,  tout  à  fait  acquis  à  la  Prusse. 


384  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIBNNB 

L*Electeur  de  Hesse-Cassel  est  parti  le  24,  fort  mécontent 
de  la  marche  de  ses  affaires. 


531.  Vienne,  34  octobre  1914  (F.  3. 8148  ad  9565). 

ee  à  FIAGER 

Léopold  de  Cobourg,  Victor  de  Rohan  et  l'Ambassade  de  France.  La  tactique 
de  Talleyrand.  Sa  réponse  à  Alexandre.  I.a  campagne  des  médiatisés  et  des 
nouveaux  Princes  contre  Metternich.  Le  baron  de  MQlinen. 

Je  trouve  souvent  le  matin  chez  Dalberg  le  prince  de  Co. 
bourg  (1)  et  le  prince  Victor  de  Rohan  (2).  Le  premier  m'a  de 
plu««  en  plus  Tair  d'être  un  des  informateurs  des  Français  et 
le  second,  qui  a  un  procès  à  Paris,  cherche  naturellement  à 
gagner  l'Ambassade  ù  sa  cause. 

On  raconte  dans  les  salons  que,  toutes  les  fois  qu'il  est  ques- 
tion d'affaires  ayant  trait  k  la  po]ilique«  Alexandre  se  retran- 
che derrière  celle  phrase  :  «  Je  ne  suis  qu'un  soldat  et  ne  com- 
prends rien  à  la  politique.  » 

On  prétend  aussi  qu'on  a  remarqué  que  Talleyrand  n*a  chei'- 
ché  qu'à  semer  la  discorde,  d'abord  entre  T Angleterre  et  la 
Russie,  et  maintenant  entre  l'Autriche  et  la  Prusse.  On  raconte 
encore^  à  propos  de  la  fameuse  audience  de  Talleyrand  chez 
Alexandre,  que  l'Empereur  s'étant  élevé  violemment  contre  la 
trahison  du  roi  de  Saxe,  le  prince  lui  répondit  avec  le  plus  grand 
calme  :  «  Ce  sont  là  des  reproches  à  faire  à  toutes  les  puis- 
sances. Il  n'y  a  qu'à  rappeler  (sic)  le?  dat^s  (3).  » 

Le  roi  de  Prusf^e  est,  parait-Jl  de  fort  méchante  humeur.  Il 
a  hâte  d'être  rentré  chez  lui  et  trouve  que  la  solution  est  bien 
longue  à  intervenir. 

La  coterie  Starhemberg  et  O*  proGte  du  fait  que  les  Prus- 
siens déclarent  qu'il  faut  médiatiser  toutes  les  nouvelles  mai- 
sons prineières  pour  reprendre  plus  énergiquement  la  campagne 

1.  Le  futur  roi  des  Belges. 

3.  Rohan  (Victor,  prince  de)  (1764-1835)  grand  Chambellan  en  1789,  émigra 
peu  après  et  entra  dans  l'armée  autrichienne  où  il  devint  général.  Rentré  en 
France  en  1814,  il  s'expatria  de  nouveau  en  1880  et  alla  mourir  en  Autriche. 

8.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Dépêche  n*  3.  Vienne  20  octobre  1814,  page  22. 
«  Sire,  c'est  une  question  de  dates.  » 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS  DU   CONGRÈS      385 

contre  Metternich,  et  ils  ont  découplé  contre  lui  les  Hohen- 
zoUern,  Lobkowitz,  Salm,  Dietrichstein^  Nassau,  Auersperg, 
Fûrstenberg,  Schwarzenberg,  Liechtenstein,  Taxis,  etc.,  qui 
tous  sont  des  princes  de  date  assez  récente.  Ils  affectent  tous 
de  croire  que  le  salut  de  la  maison  d'Autriche  dépend  du  main- 
tien des  médiatisés  et  déclarent  que  c'est  Metternich  qui  a  mis 
son  Empereur  dans  ce  joli  guêpier. 

On  voit  maintenant  assez  fréquemment  chez  le  comte  Rech- 
berg  le  baron  de  Mûlinen,  de  la  Légation  du  Wurtemberg  au 
Congrès,  un  homme  du  monde  accompli  et  qui  a  beaucoup 
voyagé.  Le  roi  lui  paie  ses  voitures  et  ses  dépenses  ici,  à  con- 
dition qu'il  circule  et  pénètre  partout.  C'est  un  des  agents  de 
la  police  secrète  do  Stuttgart. 


532.  Vienne,  25  octobre  1814  (P.  3.  3148  ad  3505). 

Rapport  à  HAGER 

Les  doléances  de  Wrede.  Effet  produit  en  Allemagne 
par  la  déclaration  du  8  octobre. 

Wrede,  qui,  au  sortir  de  la  conférence  tenue  à  la  Chancelle- 
rie d'Etat  sur  les  affaires  de  l'Allemagne,  n'est  arrivé  qu'à 
5  heures  pour  dîner  chez  le  Prince  B...,  y  a  dit  :  «  Rien  ne 
marche  dans  notre  Conférence.  On  ne  décide  rien.  On  ne  peut 
s'entendre  sur  rien.  Du  reste,  quel  est  celui  d'entre  nous  qui 
consentira  à  ce  qu'on  lui  prescrive  ce  qu'il  convient  de  faire 
dans  son  propre  pays  I  Ajoutez  à  cela  que  les  séances  sont  trop 
rares.  Les  fêtes  continuelles,  dont  nous  avons  une  indigestion, 
prennent  tout  notre  temps.  Les  souverains  ne  partiront  pas 
avant  la  (in  de  novembre  de  Vienne,  que,  nous  autres,  nous 
ne  pourrons  quitter  avant  le  nouvel  an,  et  alors  très  probable- 
ment il  y  aura  un  PostScriptum  à  Francfort.  Consalvi  nous 
met  à  la  torture  avec  son  Concordat  germanique.  La  Bavière 
et  le  Wurtemberg  ne  se  laissent  donner  d'ordres  par  qui  que 
ce  soit,  et  chacun  de  ces  royaumes  trouvera  bien  moyen  de  con- 
clure un  Concordat  personnel  avec  le  Saint-Père. 

La  Comtesse  de  Rechberg  a  dit  hier  :  «  Nous  avons  reçu  des- 
nouvelles  de  TEmpire.  La  déclaration  du  8  octobre  a  produit 
un  très  grand  effet,  mais  hélas  1  absolument  déplorable.  » 

T.  1.  25 


386  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 


533.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  3148  ad  3565). 

B...  à  HAGER 

Anstett  et  Alexandre.  Conférence  du  22  chez  Alexandre.  Anstett  charge  de 
rédiger  le  mémoire  dans  lequel  Alexandre  réclame  et  exige  toute  la  Pologne. 
La  brochure  de  Lips.  Mécontentement  des  Médiatisés.  La  Constitution  alle- 
mande. Thugut  et  les  journaux  étrangers. 

La  disgrâce  d 'Anstett  n'a  pas  Tair  d'être  bien  sérieuse.  Le 
U,  il  reçut  de  l'Empereur  un  billet  autographe  au  crayon  que 
j'ai  lu  et  dans  lequel  après  lui  avoir  dit  toutes  sortes  de  choses 
aimables  au  sujet  de  son  habileté  et  de  sa  manière  de  rédiger 
les  notes,  Alexandre  le  convoquait  pour  le  lendemain. 

«  Je  sais  bien  de  quoi  il  en  retourne,  me  dit-il.  L'Empereur 
a  des  idées  essentiellement  différentes  des  miennes.  Je  vais 
donc  une  fois  de  plus  être  obligé  de  le  contredire  et  de  lui 
déplaire.  Je  resterai  fidèle  à  ma  manière  de  voir.  Mais  en  fin 
de  compte,  il  me  faudra  faire  ce  que  veut  mon  Empereur, 
quelque  pénible  que  puisse  être  pour  moi  de  travailler  contre 
mes  convictions.  » 

Le  il  après-midi,  il  y  eut  une  conférence  chez  T Empereur, 
Anstett  revint  au  bout  de  quelques  heures,  et  depuis  ce  mo- 
ment jusqu'à  aujourd'hui  après-midi,  il  a  travaillé  et  écrit  sans 
arrêter.  Son  mémoire  se  composait  de  plus  de  trente  feuilles 
et  a  été  envoyé  à  l'Empereur  à  Ofen  par  un  Feldjxger  parti 
cet  après-midi. 

Bien  qu' Anstett  ait  pendant  ce  temps  défendu  sa  porte  aux 
visiteurs,  j'ai  eu  l'occasion  de  le  voir  et  de  m'entretenir  avec 
lui  pendant  ses  heures  de  répit  et  de  repos.  Tout  plein  du  tra- 
vail qu'il  faisait,  il  me  dit  qu'il  travaillait  à  la  réponse  défini- 
tive de  la  Russie  ;  que  l'Empereur  maintenait  ses  prétentions 
sur  la  Pologne,  réclamait  la  Vistule  dont  le  cours  entier  devait 
être  libre,  refusait  de  renoncer  aussi  bien  à  Thorn  qu'à  Cra- 
covie.  Qu^il  allait  faire  présenter  ses  propositions  et  qu'il  fau- 
drait, ou  les  accepter,  ou  en  venir  à  une  rupture. 

Je  continue  à  rencontrer  chez  Arnstein  et  chez  Eskeles  tous 
les  fonctionnaires  prussiens,  Staegemann,  Heim,   Grosse  (1) 

1.  Grosse,  conseiller  prussien. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      387 

et  Krug  (i).  On  y  désire  de  plus  en  plus  de  pouvoir  lire  la 
brochure  saisie  par  la  Censure  viennoise  du  professeur  Lips, 
d'Erlangen,  sur  le  Congrès  de  Vienne  (2)  dont  peu  de  per- 
sonnes ont  pu  prendre  connaissance. 

Le  comte  Sclienk  von  Castell  et  ses  semblables  se  plaignent 
de  ce  qu'on  empêche  les  Médiatisés  de  répandre  à  Vienne  les 
brochures  qu'ils  ont  rédigées  et  dans  lesquelles  ils  attaquent 
si  vivement  les  souverains.  Ils  disent  qu'il  y  a  trop  de  fêtes, 
trop  de  distractions  à  Vienne  ;  que  les  affaires  sérieuses  n'y 
occupent  qu'une  place  secondaire  et  qu'il  eût  bien  mieux  valu 
tenir  le  Congrès  à  Prague,  à  Francfort,  ou  n'importe  où  ailleurs. 

Le  baron  Linden  a  raconté  hier  que  le  comité  des  affaires 
allemandes  avait  tenu  ce  jour-là  sa  cinquième  séance,  qu'on 
en  a  fini  avec  la  question  de  la  Constitution  fédérale  et  que 
c'est  probablement  au  mois  de  janvier  et  à  Francfort  qu*on 
réglera  les  détails  de  l'organisation  de  TUnion  allemande  et 
que  d'ici  au  15  novembre  tout  sera  terminé  à  Vienne. 

Je  rencontre  maintenant  dans  quelques  salons,  chez  la  com- 
tesse Schônburg,  par  exemplejVLU  beau  parleur^  un  aventurier, 
un  certain  Salins  (3),  (si  je  ne  me  trompe)  qui  raconte  lui-même 
que  Napoléon  qu'il  voulait  assassiner,  Ta  fait  enfermer  pendant 
huit  mois  à  Vincennes. 

Le  baron  Thugut  et  quelques  autres  viennent  de  reprendre 
des  abonnements  à  des  journaux  étrangers,  seul  moyen  pour 
eux  de  savoir  ce  qui  se  passe  au  Congrès,  dont  la  Wiener  Zei- 
tang  ne  peut  rien  dire. 


534.  Vienne,  26  octobre  1814  (F.  2.  3148  ad  S5«5). 

GOEIIAUSEN  à  HAGER. 

Notes  et  jugements  sur  La  Harpe. 

Le  lieutenant  Klauss,  chez  lequel  habite  Gaertner,  est  un  ami 
de  La  Harpe  et  a  offert  de  nous  renseigner  de  son  mieux  sur 

1.  Fonctionnaire  prussien. 

2.  Elle  avait  pour  titre  :  Der  Wiener  Congress  oder  toat  mnss  ffeschehen 
uni  Deutschiandvon  seinem Untergang %n  retten.  (LeCongrès  de  Vienne,  ou 
que  faut-il  faire  pour  sauver  l'Allemagne  de  sa  perte  . 

3.  Le  baron  Sala,  celui  qui  essaya  en  efTet,  en  février  1810,  d'attenter  à  la 
vie  de  l'Empereur. 


388  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DB   VIENNE 

ses  faits  et  gestes.  Il  a  fait  la  connaissance  de  La  Harpe  en 
se  rendant  à  Paris  et  celui-ci  lui  a  offert, ce  que  Klauss  a  re- 
fusé, d'entrer  au  service  de  la  Russie.  D'après  lui,  La  Harpe 
est  un  homme  d'une  rare  intelligence,  ennemi  déclaré  de  Bo- 
naparte, dont  depuis  longtemps  il  considérait  la  chute  comme 
nécessaire,  cette  chute  qu'il  avait  prédite  déjà  lorsque  les  ar- 
mées alliées  marchaient  sur  Langres.  Mais  d'autre  part,  il  n'aime 
guère  le  gouvernement  actuel  de  la  France  et  encore  moins 
ses  ministres.  Il  déteste  Talleyrand,  un  véritable  Caméléanj 
d'après  lui,  sauf  cependant  qu'il  lui  est  désormais  impossible 
de  rougir.  Pour  ce  qui  est  de  la  Suisse,  il  appartient  au  nou- 
veau parti  en  faveur  duquel  il  travaille  activement  ici.  Il  dé- 
clare que  l'ancien  gouvernement  de  la  Suisse  est  suranné  et 
ne  répond  plus  aux  besoins  de  l'époque.  Il  est  par  conséquent 
loin  d'être  d'accord  avec  Montenach  et  C^*  et  déclare  carré- 
ment que  la  Suisse  se  refusera  catégoriquement  à  accepter 
toute  Constitution  qu'on  voudrait  lui  imposer. 

La  Harpe  s'exprime  avec  le  plus  profond  respect  sur  le 
compte  de  notre  Empereur  et  de  sa  famille.  Il  a  d'ailleurs  ma* 
nifesté  ses  sentiments  dans  l'entretien  qu*il  a  eu  récemment 
avec  Tarchiduc  Jean. 


535.  Vienne,  13  octobre  1914  (F.  2.  4467  ad  S5«5). 

FLORET  à  TALLEYRAND  (chiffon)  (1). 

Remise  d'exemplaires  imprimés  des  déclarations. 

J'ai  l'honneur  d'envoyer  à  Votre  Altesse  quelques  exem- 
plaires de  la  déclaration,  imprimés  sur  un  papier  tant  soit  peu 
meilleur  que  ceux  qui  ont  été  remis  ce  matin  par  M.  de  Gentz, 

J'en  aurai  demain  un  plus  grand  nombre  d'exemplaires  à 
votre  disposition.  

536.  (Sans  date,  mais  écrit  peu  de  jours  après  l'arrivée  de  Talleyrand) 

F.  2.  4467  ad  3565). 

TALLEYRAND  au  Duc  de  CAMPOCHIARO  (chiffon)  (2). 
Des   rendez-vous,    indispensables  lorsqu'on    arrive,  m'ont 

1.  ChiiTons  trouvés  et  ramassés  chei  Talleyrand  le  26  octobre. 

2.  ChifTons  trouvés  et  ramassés  chez  Talleyrand  le  26  octobre. 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET    LES    AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      389 

privé  jusqu'à  présent  du  plaisir  de  voir  M.  le  duc  de  Campo- 
chiaro.  Si  demain  lundi  lui  convient,  je  le  recevrai  avec  plaisir 
vers  4  heures. 


537.  Vienne,  19 octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

TALLEYRAND  au  Baron  LOUIS  (chiffon)  (1). 

Il  lui  recommande  M.  Navara  et  le  prie  de  lui  donner  la  place 
vacante  de  receveur  principal  des  droits  réunis  à  Toul  (Ci- 
joint  une  lettre  de  M"**  Navara  à  Talleyrand). 


538.  Vienne,  34  octobre  1814  (F.  3.  4467  ad  3565). 

TALLEYRAND  à...  (2)  (Fragment  de  chiffon)  (3). 
Les  dotations  des  Maréchaux.  Le  Monte-Napoléone . 

Prince  (2),  je  fais  valoir  dans  toutes  les  circonstances  les 
justes  réclamations  qui  sont  faites  par  nos  généraux.  Mais 
vous  connaissez  Taccord  fait  par  les  Souverains  à  leur  entrée 
en  France.  Ils  nous  Font  notifié  à  Paris,  se  réservant  seule- 
ment d'accorder  des  indemnités  à  quelques  personnes.  Leur 
langage  nous  permettait  de  croire  que  leur  nombre  serait  con- 
sidérable. 

Depuis  que  je  suis  ici,  j'ai  parlé  du  Monte- Napoleone.  On 
m'a  fait  à  cet  égard  la  même  réponse.  M.  de  Metternich  m'a 
dit  que  l'Empereur  était  décidé... 


539.  Vienne,  26  octobre  1814  (F.  3.  4467  ad  3565). 

DALBERG  à  WESSENBERG  (chiffon)  (3)  (en  français). 

Il  lui  demande  d'agir  auprès  de  Metternich  et  de  l'intéresser  à  son  affaire 
des  domaines  de  Ratisbonne  que  Montgelas  a  tranchée  contre  lui. 

Permettez-moi,  mon  Cher  Ami,  que  je  réclame  votre  inter- 

1.  Chiffons  trouvés  et  ramassés  chez  Talleyrand  le  36  octobre. 
3.  Pourrait  bien  être  le  Prince  Eugène,  Masséna,  Ney  ou  Davout,  mais  il 
est  plus  probable  que  la  lettre  ait  été  adressée  au  Vice  Roi. 
8.  Intercepté  et  saisi  cheiDalberg  le  36  octobre.  Cf.  plus  loin  d'itutres  pièces 


300  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE   VIENNE 

vention  personnelle  pour  soumettre  au  prince  de  Mettemich 
une  afTaire  de  la  plus  haute  importance  pour  moi  et  dans  la- 
quelle il  m*a  prorais  son  appui. 

Il  s'agit  du  rapport  des  domaines  de  Ratisbonne  dont  je 
vous  ai  entretenu  hier  au  soir.  M.  de  Montgelas  a  soumis  la 
question  à  un  travail  de  bureau  et  me  fait  connaître  que  je 
n'ai  plus  de  titre. 

J'ignore  la  logique  dont  il  fait  usage,  mais  elle  ne  peut  être 
que  mauvaise.  L'article  décret  n'y  est  pas  applicable. 

Indépendamment  de  la  justice  qui  appuie  ma  réclamation, 
le  prince  de  Metternich  et  M.  de  Nesselrode  sont,  au  nom  de 
leurs  souverains,  intervenus  dans  cette  afTaire  à  Paris.  Je  n*ai, 
plein  de  confiance  en  leurs  assurances,  fait  aucune  autre  dé- 
marche et  je  ne  m'attendais  pas  à  une  telle  réponse. 

Je  vous  prie,  mon  cher  ami,  d'engager  le  .prince  de  Met- 
ternich ix  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  feuilles  ci-jointes  et  à  s'en 
occuper  un  moment.  Ne  peut-on  pas  rattacher  cette  question 
à  la  pension  et  aux  arrangements  qui  régiront  laffaire  d'As- 
chaffenburc:. 

11  serait  fort  dur,  mon  cher  ami,  de  me  voir  privé  de  pro- 
priétés acquises  avec  autant  de  droit  que  celles  données  par 
tous  les  changements  que  le  temps  a  opérés  et  d'en  être  privé, 
malgré  l'appui  que  m'ont  assuré  les  puissances  auxquelles  je 
crois  rendre  des  services  importants.  Bonjour,  mon  cher  Wes- 
senberg.  Vous  connaissez  l'amitié  et  l'attachement  que  je  vous 
ai  voués  depuis  longtemps. 


540.  Vienne,  24  octobre  18U  (F.  3.  4467  ad  35S5). 

DALBERG  à  JAUCOURT  (1)  {l'nierctpla)  (chiffon). 

État  des  aiTaires.  Russie  et  Pologne,  Prusse  et  Saxe.  Attitude  de  l'Autriche 
et  de  l'Angleterre.  La  réponse  de  Metternich  à  la  Prusse,  l'occupation  pro- 
visoire de  la  Saxe  et  ses  conséquences. 

(Fragment  de  la  minute  de  la  dépêche  n*  8  bis  des  Ambas- 
sadeurs du  Roi  au  Département.) 

ramassées  chez  Dalberg  le  37  octobre,  entre  autres  les  pièces  n**  568,  569, 
570,  571,  572. 

1.  J'ai  cru  utile  de  reproduire  et  de  publier  ce  chiffon^  ce  fragment  de  la 
minute  de  la  dépêche  N*  8  bit  des  Ambassadeurs  du  Roi,  parce  que,  comme 
on  pourra  s'en  convaincre  aisément,  la  rédaction  définitive  ne  ressemble 
guère  à  ce  premier  projet  de  dépêche. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      391 

c(  Nous  ne  pouvons  pas,  Monsieur  le  Comte,  vous  annoncer 
que  les  affaires  générales  aient  pris  une  meilleure  direction. 
Tout  encore  est  intrigue,  mystère  et  incohérence  dans  la  marche 
et  le  système  général. 

L'Empereur  de  Russie  insiste  sur  le  Grand-Duché  de  Var- 
sovie, sauf  quelques  parcelles  qu*il  consent  à  céder  à  la  Prusse. 
11  veut  y  régénérer  la  Pologne. 

La  Prusse  persiste  à  s'indemniser  de  cette  perte  en  s'appro- 
priant  la  Saxe.  L'Empereur  de  Russie  dit  qu'il  y  a  consenti  ; 
que  c'est  un  arrangement  personnellement  pris  par  le  roi  de 
Prusse  et  qu'il  n'y  a  rien  à  y  changer. 

L'Autriche,  à  laquelle  la  Prusse  avait  exprimé  cette  velléité, 
ne  s'y  oppose  que  faiblement.  Elle  cherche  à  louvoyer^  à  s'ai- 
der par  Tetret  du  temps,  à  se  fortilier  de  l'impression  que  cet 
acte  d'injustice  provoque  dans  tous  les  esprits,  à  nous  faire 
entendre  qu'elle  nous  prendra  comme  second,  lorsqu'elle  sera 
trop  pressée  par  ses  adversaires. 

L'Angleterre  poursuit  son  système  et  cherche  dans  la  Prusse, 
le  Hanovre  et  la  Hollande  une  barrière  impénétrable  contre 
les  agressions  futures  de  la  France. 

Le  1**^  novembre  approche,  et  on  ne  sera  d'accord  sur  rien. 
Aucune  conférence  n'a  eu  lieu  (lacune  dans  le  chiffon){{). 

Le  prince  de  Metternich  a  donné  (2),  à  ce  qu'on  nous  dit, 
une  réponse  écrite  aux  Ministres  prussiens  sur  la  demande 
que  ceux-ci  ont  faite  d'occuper  la  Saxe.  Il  ne  nous  en  a  pas 
parlé  et  ne  nous  a  pas  consultés. 

Cette  réponse  est  plutôt  une  discussion  élevée  sur  la  ques- 
tion même.  Elle  ne  décide  rien  et  ne  consent  à  rien.  Elle  oppose 
cependant  que  la  réunion  de  la  Saxe  à  la  Prusse  ne  peut  se 
traiter  qu'après  que  les  limites  des  trois  puissances  de  la  Po- 
logne seront  réglées  et  lie  ainsi  une  question  à  l'autre.  Dans 
cet  état  de  choses,  Toccupation  provisoire  de  la  Saxe  par  les 
armées  prussiennes  va  avoir  lieu,  et  cette  condescendance  de 
la  part  de  la  Cour  de  Vienne  est  déjà  un  événement  très  fâcheux 
et  qui  laisse  la  Russie  maîtresse  de  soutenir  l'affaire  du  Grand- 
Duché  de  Varsovie  comme  elle  le  voudra...  » 

Tout  le  reste  de  la  dépêche  manque. 

1.  Manquent  deux  phrases. 

2.  Note  du  prince  de  Mclternich  en  date  du  32  octobre  1814  portant  con- 
sentement avec  conditions  à  la  prise  de  possession  de  la  Saxe  par  la  Prutie, 
et  note  du  prince  de  Metternich  à  lord  Castlereagh  du  22  octobre  1814  lui  en- 
voyant coolie  de  sa  note  de  ce  jour  au  prince  de  Hardenberg. 


392  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

541.  Vienne,  lans  date  (F.  3.  4487,  ad  SMS). 

DALBERG  à  SOPHIE  (Chiffon)  (Ramassé  chez  Dalberg 

le  25  ou  le  26  octobre). 

Tu  es  cruelle,  ma  Sophie,  et  tu  ne  veux  plus  de  moi.  Vois 
par  le  billet  que  tu  m^as  privé  d^une  bonne  petite  heure  de 
bonheur.  Je  ne  compte  à  Vienne  les  bons  moments  que  par 
ceux  où  mes  yeux  revoient  ma  Sophie,  qui  pour  moi  est  tout 
dans  ce  monde  et  dont  le  destin  me  sépare,  je  ne  sais  pour  quel 
péché. 


542.  Vienne  ("sans  date)  (F.  3.  4467  ad  3565). 

SOPHIE  à  DALBERG  (chiffon  ramassé  chez  Dalberg 
en  même  temps  que  le  précédent). 

Nos  plaisirs  d'hier  ont  duré  jusqu'à  minuit,  mon  cher  Ami. 
Je  suis  rentrée  morte  de  faim  et  de  fatigue.  Cependant  je  me 
suis  bien  amusée  et  la  fête  a  été  charmante.  Je  suis  fâchée 
que  tu  ne  Taies  pas  vue.  Te  verrai-je  un  moment  ce  matin? 

Aie,  je  te  prie,  la  bonté  d'envoyer  le  gant  à  Paris  et  de 
presser  Tenvoi  d'une  douzaine  de  paires. 


543«  Vienne  (sans  date)  (F.  2.  4467  ad  3565). 

MAMAN  à  DALBERG  (fragment  de  chiffon). 

Je  recommande  à  votre ci-jointe 

en  attendant  un qui j'enverrai  par 

le  courrier  de  mercredi. 

Je  donne  pleine  faculté  à  toutes  les  polices  de  lire  ce  que  je 
vous  envoie  :  mais  ce  que  je  désire,  c'est  que  mes  lettres  vous 
parviennent. 

Adieu,  mon  ami,  offrez  tous  mes  devoirs  à  M"*  de  Périgord 
et  mes  excuses  de  ne  pas  avoir  été  la  voir. 

Je  vous  embrasse  parce  que  je  vous  aime  tendrement 
comme  amie  et  comme 

Maman. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET   LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      393 
544.  Vienne  (sans  date)  (F.  2.  4467  ad  8565). 

SCHULENBURG  à  DALBERG (Chiffon  à  moitié  brûlé)  {Résumé). 

Samedi  à  5  heures. 

Il  s'excuse  d'avoir  été  empêché  de  venir  chez  lui  et  chez 
Tallejrand  par  raugmentation  de  ses  douleurs. 

<  Si  vous  trouvez  un  moment  dans  la  matinée  de  demain 
pour  venir  me  voir^  vous  me  ferez  grand  plaisir.  » 


545.  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  3.  4467  ad  8565). 

CORSINI  à  DALBERG  (chiffon). 

Il  le  prévient  qu'il  pourra  différer  de  deux  jours  Tenvoi  à 
faire  à  la  duchesse.  M.  de  Buol  (1)  ne  partira  qu'au  commen- 
cement de  la  semaine  prochaine. 


546.  Vienne,  26  octobre  1814  \F,  3.  4137  ad  8565). 

LŒWENHIELM  à  ENGESTRÔM  (Inlercepla)  (en  français). 

Le  voyage  des  souverains.  Lenteur  et  complications  des  opérations  du  Con- 
grès. L'occupation  provisoire  de  la  Saxe.  Gratifications  et  décorations  don- 
nées par  le  roi  de  Prusse  à  Repnin.  L'attitude  de  Talleyrand.  Un  mot  de 
lui  à  propos  des  prétentions  de  la  Russie. 

L^état  des  négociations  continue  à  être  le   même et 

l'absence  des  Souverains  (2)  ne  permet  pas  de  prévoir  de  déci- 
sion avant  leur  retour  qu'on  dit  fixé  au  30.  Cet  état  de  sta- 
gnation amène  des  complications  fâcheuses  pour  Touverture 
du  Congrès  fixée  d'après  notre  déclaration  au  1*'  novembre. 

Indépendamment  des  grandes  questions  politiques,  il  s'en 
présente  une  foule  d'autres  qui  sont  toutes  préalables  et  néces- 
saires pour  régler  Pordre  et  la  marche  des  travaux  du  Con- 
grès^ fixer  le  rang  des  Puissances  entre  elles,  considérer  les 

1.  Ministre  d'Autriche  à  Florence. 

2.  Voyage  des  deux  Empereurs  et  du  roi  de  Prusse  à  Pesth. 


394  AUTOUR    DU  COKGRÂS    DB   VIENNE 

objets  qui  doivent  être  soumis  à  la  décision,  etc.,  e  te.  Toutes  ces 
questions  ne  sont  pas  encore  entamées  et  le  Conseil  prépara- 
toire des  Huit-Puissances  signataires  du  traité  de  Paris,  qui 
doit  en  décider,  ne  peut  se  rassembler  que  lorsque  les  bases 
des  grands  intérêts  politiques  seront  fixées. 

L'occupation  militaire  de  la  Saxe  parles  troupes  prussiennes, 
qui  relèvent  le  corps  du  prince  Repnin,  a  dû  être  portée  à  la 
connaissance  de  Votre  Excellence  par  le  Ministre  du  Roi  à 
Berlin. 

Cette  occupation  n*est,  diaprés  les  explications  que  j'ai 
demandées  au  Comte  de  Nesselrode  et  au  prince  d'Hardenberg, 
que  provisoire  et  un  pur  mouvement  militaire,  comme  celle  de 
la  Belgique  par  Tarmée  anglo-hollandaise,  sans  que  cela  pré- 
juge  en  rien  le  sort  futur  de  la  Saxe.  La  nature  des  ques- 
tions mises  en  avant  par  la  Russie  et  le  besoin  d'indenmiser 
la  Prusse  de  ce  qu'elle  perd  en  Pologne  laissent  néanmoins 
peu  de  doutes  à  cet  égard.  On  dit  ici  que  Sa  Majesté  Prus- 
sienne a  fait  cadeau  au  prince  Repnin  de  100.000  écus  de 
Saxe  et  son  ordre  de  TAigle  Noir  en  témoignage  de  sa  satis- 
faction de  son  administration  en  Saxe.  Cette  récompense  géné- 
reuse, si  elle  est  efTectivement  donnée,  décèle  sans  doute  le 
Souverain  futur  de  la  Saxe. 

Le  prince  de  Talleyrand  ne  manque  aucune  occasion  de  prê- 
cher au  nom  de  son  souverain  la  modération  et  une  juste  ba- 
lance en  Europe.  Il  a  dit  l'autre  jour  qu'  «  à  juger  des  pré- 
tentions de  la  Russie,  il  paraissait  que  c'était  plutôt  aux  succès 
de  Bonaparte  qu'à  ses  principes  qu'on  avait  fait  la  guerre  et 
qu'il  ne  fallait  pas  abattre  un  colosse  pour  en  rétablir  un  au- 
tre ». 


547.       Vienne,  26  octobre  1814  (F.  3.  4137  ad  3565). 

IlEGARDT  à   ENGESTROEM  (Intercepta)  (en  français). 

Considérations  sur  l'occupation  provisoire  de  la  Saxe.  Singulières  préten- 
tions prêtées  à  Alexandre.  La  Russie,  la  Turquie  et  les  troubles  en  Ser- 
bie. 

L'occupation  provisoire  de  la  Saxe  par  les  troupes  prussien- 
nes fait  beaucoup  de  sensation  et  est  envisagée  comme  de 
mauvais  augure  pour  la  décision  du  sort  déGnitifde  ce  royaume. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS   395 

Cette  occupation  rend  encore  moins  probable  qu'il  ne  semble 
être  en  tout  cas  ce  qu'on  a  raconté  dernièrement,  savoir  :  <  Que 
l'Empereur  Alexandre,  en  offrant  de  se  désister  de  ses  pré- 
tentions sur  le  Duché  de  Varsovie,  eût  réclamé  comme  dédom- 
magement à  la  Couronne  de  Saxe  une  influence  directe  dans 
les  AiFaires  d'Allemagne.  » 

Hegardt  parle  dans  la  suite  de  sa  dépêche  de  troubles  qui 
auraient  eu  lieu  en  Servie  (1)  {sic),  de  leur  répression  par  la 
Porte  et  des  protestations  de  la  Russie  contre  ce  qu'elle  consi- 
dère comme  une  atteinte  à  l'amnistie  accordée  par  la  Porte 
aux  Serviens. 


548.  Vienne,  26  octobre  1814  (F.  2.4137  ad  3565). 

Comtesse  de  RECHBERG  au  Comte  de  GOERTZ 
{Intercepta)  (en  français). 

La  question  de  la  Saxe.  L'attitude  des  princes  des  difTérentes  maisons  de 
Saxe  et  l'abstention  du  duc  de  Saxe-VVeimar.  Les  afTaires  de  la  Constitu- 
tion de  l'Allemagne.  Durée  indéterminée  du  Congrès.  La  Poméranie.  Hesse- 
Darmstadt. 

Le  17,  les  Russes  ont  remis  au  prince  de  Metternich  une  note 
relative  à  la  Saxe  (2).  Les  uns  assurent  qu'il  n  y  a  pas  de  ré- 
ponse donnée.  Les  autres  veulent  savoir  qu'une  réponse  a  été 
faite  et  qu'on  consent  à  ce  que  la  prise  de  possession  militaire 
se  fasse  provisoirement,  dans  le  but  de  montrer  par  là  le  désir 
de  la  bonne  intelligence  entre  les  deux  Puissances.  Je  crois, 
moi,  à  la  première  version. 

Le  Maréchal  Wrede  a  remis  hier  une  note  en  faveur  de  ce 
malheureux  pays  (3). 

1.  Les  hostilités  entre  les  Turcs  et  les  Serbes  conduits  par  Ctemyi-George 
(Karageorgevitch)  avaient  cessé  à  la  fln  de  juillet  1S14  après  la  défaite  que 
Czernyi  infligea  aux  Turcs  le  34  juillet  sur  les  bords  de  la  Drina.  Mail  en 
présence  des  haines  qu'il  avait  suscitées  partout  parmi  les  grands  de  la  Ser- 
bie, Czernyi,  sentant  qu'il  ne  pouvait  plus  tenir  contre  ses  sujets  et  contre 
les  Turcs,  sollicita  l'intcrventioa  de  la  Russie  qui  rétablit  la  paix  avec  la 
Porte  et  se  retira  immédiatement  à  Saint-Pétertbourg.  Le  pays  était  cepen- 
dant loin  d'être  pacifié  et  tranquille  et  les  Turcs  réprimèrent  sévèrement 
toutes  les  tentatives  partielles  de  soulèvement. 

2.  Je  n'ai  pu  retrouver  trace  de  cette  note. 

3.  A  défaut  de  la  note  de  Wrede  que  je  n'ai  pas  réussie  retrouver. Cf. Tal- 


396  AUTOUR    DU  CO?(GRÉS   DE   VIB?(NE 

Tallcjrand  a  eu  un  entretien  avec  le  roi  de  Prusse  (1). 

Les  Princes  saxons  (2)  ont  voulu  se  réunir  pour  transmettre 
dans  une  note  leurs  vœux  pour  la  conservation  du  roi.  Le  dac 
de  Weimar,  qui  s*était  toujours  si  fortement  prononcé,  n'a  pas 
voulu  s'y  joindre.  Quelque  espoir  conserve  encore  le  public 
qui  s'intéresse  bien  généralement  à  cette  cause. 

Cependant  il  y  a  des  individus  qui,  avec  infiniment  d'esprit, 
prouvent  la  justesse,  la  nécessité  et  le  bonheur  qui  y  oblige 
et  en  résultera.  Ce  sont  eux  aussi  qui  ont  influencé  le  roi  de 
Prusse,  si  juste,  si  bon  d'ailleurs.  Us  l'ont  porté  à  dire  des 
choses  bien  sensibles  à  ce  malheureux  prince  Antoine. 

On  continue  à  travailler  sur  les  affaires  de  l'Allemagne.  La 
Prusse  et  l'Autriche  ont  consenti  à  n'avoir,  sur  ce  qui  les  con- 
cerne dans  le  Congrès,  qu'une  voix,  de  manière  que  l'égalité 
est  établie. 

Vous  parler  de  la  durée  qu'aura  le  Congrès  est  une  impos- 
sibilité. 

Dans  ce  moment,  je  fus  interrompu  par  le  frère  de  Xavier. 
Il  n'eut  que  peu  de  nouvelles  à  me  donner. 

Votre  habit  noir  n'a  pas  été  porté  en  vain,  et  la  seconde 
version,  dont  je  vous  ai  parlé  et  qui  y  a  rapport,  n'est  que 
trop  fondée  (3).  La  plus  vive  agitation  règne  dans  tous  les 
esprits. 

Sous  peu,  vous  entendrez  parler  d'un  grand  changement, 
d'une  chose  désirée,  et  cependant  pas  telle  qu'on  la  désirait. 
Je  ne  puis  et  n'ose  vous  en  dire  davantage  aujourd'hui. 

La  Poméranie  paraît  perdue. 

Ce  que  je  voulais  vous  dire  concerne  le  grand-duc  de  Hesse- 
Darmstadt  et  ses  héritiers.  Vous  me  comprendrez  peut-être. 
Une  élection,  qui  n*en  sera  plus  une  par  la  suite. 


LBTRAND.  Corrcspondànce  inédite,  page  67.  Dépêche  n*  7  du  19  octobre.  «  Le 
roi  de  Bavière  ordonnait  encore  hier  à  sou  ministre  de  faire  de  nouvelles 
démarches  pour  la  Saxe  et  il  disait  :  «  Le  projet  est  de  toute  iqjustice  et  m'ôte 
tout  repos.  » 

1.  Dans  aucune  de  ses  dépêches  Talleyrand  ne  fait  allusion  è  cet  entretien. 

2.  Cf.  Tallbtraiid.  Correspondance  inédite^  page  07,  note  1,  dépêche  n*  7 
du  19  octobre,  la  lettre  du  duc  régnant  de  Saxe-Cobourg  A  lord  Castlerecgh. 

9.  Allusion  A  l'occupation  de  la  Saxe  par  les  Prussiens. 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      397 
549.  Vienne,  28  octobre  1814  (P.  2.4138  ad  3565). 

HAGER  à  L^EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  à  l'Empereur  du  28  octobre  (analyse). 

Il  lui  signale  une  lettre  interceptée  du  général  Dupont  à 
Tallejrand  (1),  une  de  Mariotti  à  Dalberg  (2)  relatives  au 
projet  du  gouvernement  français  d'enlever  Napoléon  de  l'île 
d^Elbe,  les  chiffons  provenant  de  TÂmbassade  de  France (1  et  2), 
les  rapports  et  dépêches  de  Talleyrand  et  de  Dalberg  sur  la 
marche  du  Congrès  et  la  question  de  Saxe. 

Hager  rend  compte  que^  conformément  aux  ordres  laissés 
par  TËmpereur,  il  envoie  à  Metternich  tout  ce  qui  a  trait  au 
Congrès  et  appelle  l'attention  sur  deux  Iniercepiay  Tune  de 
Wintzingerode  (de  Saint-Pétersbourg)  au  roi  de  Wurtemberg, 
l'autre  de  Maistre  à  Saint-Marsan  (3). 


550.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

Rapport   à    HAGER 
(Intercepta,  pris  et  résumés  faits  par  le  Cabinet  noir). 

Gaertner  à  la  Comtesse  Wimpfen,  née  Princesse  d'Anhalt- 
Bemburg  (envoi  d'un  Mémoire  sur  la  question  d'hérédité  de 
cette  principauté). 

Gaertner  à  Wessenberg  (sans  importance). 

Jordan  à  Anstett  (25  octobre)  (Hardenberg  désire  qu'on  lui 
rappelle  l'affaire  de  Rayonne  et  invite  Anstett  à  dîner  afin 
d'épuiser  cette  question). 

Roi  de  Wurtemberg  (deux  billets,  l'un  au  comte  Schenk» 
Tautre  au  feld-maréchal  lieutenant  Wodniansky,  à  Lemberg). 

6  paquets  à  lord  Cathcart  (lettres  particulières  et  journaux). 

1.  Plus  loin  pièce  n»  561. 

2.  Plus  loin  pièce  n"  563.  L'agent  qui  transmet  ces  copies  à  Hager  lui  rend 
compte  qu'il  a  prolité  de  l'absence  de  TAHeyrand,  qui  dînait  le  27  octobre 
(cf.  Gbntz  Tagebûchery  1,  324)  chez  la  princesse  de  la  Tour  et  Taxis,  pour 
prendre,  emporter,  faire  copier  et  ensuite  remettre  en  place  les  pièces  sur 
lesquelles  il  avait  réussi  à  mettre  la  main. 

3.  Plus  loin  pièce  n®  577. 


398  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

6  paquets  à  la  comtesse  Clare  (affaires  d'argent  et  de  fa- 
mille, de  Londres,  1"  octobre). 

Wintzingerode  (de  Saint-Pétersbourg)  à  Linden  (peu  im- 
portant). 

De  Maistre  à  Saint-Marsan  (Saint-Pétersbourg)  (8  octobre) 
(Il  lui  envoie  une  lettre  pour  le  Comte  de  Vallaise  auquel  il 
se  plaint  de  manquer  d'argent). 

Grande-duchesse  d'Oldenburg  (demandes  d'audience,  dont 
celles  du  prince  de  Neuwied  et  du  prince  de  Lœwensteîn). 
Plus  un  certain  nombre  de  lettres  insignifiantes  et  à  divers. 


551.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

®©  à  HAGER(en  français). 
Le  Congrès,  Uardenberg,  Tinfluence  de  Jordan. 

C'est  avec  ime  impatience  fébrile  qu'on  attend  la  déclaration 
du  1"  novembre  et  l'ouverture  du  Congrès.  Entre  temps  voici 
ce  qu'a  dit  devant  moi  le  conseiller  intime  prussien  Jordan,  le 
plus  influent  et  le  plus  écouté  des  collaborateurs  d'Hardenberg. 

Le  Congrès  doit  avoir  pour  but  de  constituer  de  grosses 
unités,  des  masses  importantes  au  point  de  vue  militaire,  po- 
litique et  économique.  Pour  ce  qui  est  plus  particulièrement 
de  TAUemagne,  en  s'inspirant  de  l'esprit  et  de  la  lettre  de  l'ar- 
ticle 0  du  traité  de  Paris,  on  tend  à  reconstituer  solidement  le 
Corps  Germanique,  à  coaguler  les  atomes,  à  former  des  masses 
de  toutes  ces  parcelles  aussi  innombrables  qu'insignifiantes,  à 
simplifier  cet  organisme  et  à  arriver  à  faire  de  tous  ces  comi- 
tés un  corps  capable  de  jouer  le  rôle  qui  lui  appartient  dans 
lapolitique  européenne.  Les  Médiatisés  entendent  naturellement 
rester  les  atomes  qu'ils  sont.  Ils  s'opposent  à  tout  ce  qui  pour- 
rait les  uniformiser,  les  souder,  les  unifier.  La  France  les  sou- 
tient encore  aujourd'hui,  comme  elle  l'a  toujours  fait.  La  Bavière 
et  le  Wurtemberg  sont  également  hostiles  et  nettement  oppo- 
sés à  l'unitication  du  Corps  Germanique.  Ces  deux  Etats  sont 
et  seront  toujours  soutenus  par  la  France. 

La  cour  d'Autriche  elle-même  aura  encore  besoin  de  pas  mal 
de  temps  pour  se  familiariser  avec  des  idées  et  des  théories  qui 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      391) 

s'imposent  désormais.  La  politique  générale  de  l'Europe  doit 
tendre  à  rendre  impossible  le  renouvellement  d'un  système 
continental  aussi  nuisible  pour  les  Puissances  continentales 
que  pour  l'Angleterre,  car  un  pareil  système  suppose  avant 
tout  la  destruction  de  l'équilibre  européen  et  la  résurrection  de 
la  suprématie  d'un  seul  Etat. 

La  France  et  la  Russie  sont  les  seuls  Etats  qui  peuvent 
caresser  Tidée  d  un  retour  à  un  pareil  système.  La  France 
encore  plus  que  la  Russie.  11  importe  donc  de  prendre  des  pré- 
cautions contre  la  France,  et  il  faut  Tempêcher  de  prendre 
pied  en  Belgique,  sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  en  Suisse  et  en 
Italie.  Du  côté  de  la  Russie,  on  a  un  peu  moins  à  craindre 
maintenant,  par  suite  du  développement  de  l'influence  anglaise 
dans  la  Baltique,  résultant  de  l'échange  projeté  entre  le  Dane- 
mark et  le  Hanovre.  L'agitation,  toujours  à  craindre  en  Polo- 
gne, sera  facilement  étouffée  par  l'action  de  l'Autriche  et  de  la 
JPrusse  qui  opposeront  également  une  barrière  aux  visées  am- 
bitieuses de  la  Russie.  En  un  mot,  Téquilibre  européen  repose 
surtout  sur  l'accord  et  l'union  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse. 


552.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4135  ad  3565). 

©©à  HAGER  (en  français). 

La  grande  duchesse  Catherine  et  Alexandre.  L'impératrice  de  Russie,  le 
prince  Eugène  et  le  grand-duc  Constantin.  L'itinéraire  d'Alexandre  à  son 
départ  de  Vienne.  La  Harpe  et  Razoumoffsky. 

La  grande-duchesse  Catherine  est  la  seule  qui  ait  de  l'in- 
fluence sur  son  frère.  Alexandre  persiste  à  vouloir  avoir  tout 
le  grand-duché  de  Varsovie,  y  compris  Varsovie,  moins  les 
districts  cédés  à  TAutriche  en  1809,  et  veut  prendre  le  titre 
de  roi  de  Pologne. 

On  a  beaucoup  remarqué,  lors  du  bal  donné  par  Stackel- 
berg  (1),  que  llmpératrice  de  Russie  a  dansé  plusieurs  fois 
avec  le  prince  Eugène,  dont  le  grand-duc  Constantin  s'est,  lui 
aussi,  beaucoup  occupé. 

Un  des  attachés  à  la  Chancellerie  de  Hardenberg  affirme 
qu'on  s'efforce  de  ce  côté  de  détourner  Alexandre  de  passer 

1 .  Bal  donné  la  veille  (le  26  octobre)  (Cf.  Gbsitz,  Tàgebûeher,  l,  323). 


400  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

par  Munich  avant  d'aller  à  Berlin.  On  paratt  craindre  la  pres- 
sion hostile  à  rAutriche,  et  surtout  à  la  Prusse  qu'exerce- 
raient sur  lui  Montgelas  et  ses  collègues,  tout  acquis  aux 
idées  et  aux  principes  de  la  France.  On  espère  bien  qu'il  ira 
de  Vienne  droit  à  Berlin. 

On  a  beaucoup  remarqué  le  long  entretien  que  La  Harpe  a 
eu  avec  Razoumoffsky  chez  Stackelberg. 


553.  Vienne,  27  octobre  1814  (P.  2.  4138  ad  3M5). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

Envoi  d*un  rapport  de  Weyland  sur  les  démarches  faites 
par  la  députation  juive  de  Francfort. 


554.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4178  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Bruits  relatifs  aux  remaniements  territoriaux  de  certains  États  allemands,  A 
des  échanges  entre  le  Danemark  el  la  Grande-Bretagne,  à  la  création  d'un 
royaume  d'Helvétie. 

On  disait  hier  que  les  États  du  Grand-duc  de  Bade  pour- 
raient bien  être  partagés  entre  la  Bavière  et  le  Wurtemberg  ; 
que  le  grand-duc  serait  créé  roi  d*Helvétie;  que  Genève  serait 
incorporée  à  la  France  ;  que  le  prince  de  Beauharnais  aura  le 
duché  de  Francfort;  que  Hambourg,  Brème  et  Lûbeck  feront 
partie  du  royaume  de  Hanovre,  qui  sera  donné  au  roi  de  Dane- 
mark en  échange  du  Danemark,  qui  sera  possédé  par  l'Angle- 
terre sous  les  conditions  de  la  possession  actuelle  du  Hanovre^ 
par  un  prince  anglais,  c'est-à-dire,  sous  la  clause  que  TAngle- 
terre  ne  possédera  pas  directement  le  Danemark. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      401 

555.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Le  roi  de  Wurtemberg,  mécontent  de  Metternich,  parle  de  partir.  Disgrâce 
de  Linden.  L'Angleterre,  la  Russie  et  la  Turquie.  La  France,  l'Espagne, 
l'Angleterre  et  Murât.  Confiance  de  Gampochiaro.  L'Angleterre  d'accord 
avec  l'Autriche. 

Le  roi  de  Wurtemberg  et  Wintzingerode  sont  fort  mécon- 
tents  de  Tattitude  prise  par  Metternich  dans  les  affaires  d'Aï* 
lemagne.  Le  roi  parle  même  de  partir  le  2  novembre.  Linden 
est  en  pleine  disgrâce,  et  le  roi  travaille  à  la  nouvelle  constitu- 
tion avec  Feuerbach  qu'il  a  fait  venir  de  Stuttgart. 

On  prétend  que  lord  Castlereagh  et  l'Angleterre  sont  loin 
d*adhérer  au  projet  de  la  Russie  à  Tégard  de  la  Turquie. 

Quant  à  Murat^si  la  France  et  TEspagne  Tattaquent^r An- 
gleterre laissera  faire.  Gampochiaro  parait  cependant  assez 
satisfait  du  résultat  de  ses  conférences  avec  Metternich.  En 
somme,  l'Angleterre  semble  vouloir  marcher  d'accord  avec 
r  Autriche. 


556.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
Démenti  de  la  déclaration  de  Guerre  de  l'Espagne  à  Murât. 

D'après  ce  tjue  Los  Rios  a  affirmé  à  un  agent  en  relation 
avec  lui,  la  nouvelle  de  la  déclaration  de  guerre  de  l'Espagne 
à  Murât  est  controuvée  et  en  tout  cas  prématurée. 


557.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

La  comtesse  Callenborg.  Ce  qu'elle  dit  de  Naples,  de  Murât,  de  Caroline, 
des  intentions  de  l'Autriche.  La  Callenberg  n'est-elle  pas  un  agent  de 
Murât  ? 

D'après  ce  que  raconte  partout  la  comtesse  Callenberg,  on 
croit  à  Naples  au  retour  de  Ferdinand  IV.  Murât  est  person- 

T.  I.  26 


402  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

nellement  très  aimé,  mais  la  reine  Caroline  est  fort  impopu- 
laire. On  affirme  à  Napies  que  l'empereur  d'Autriche  est  favo- 
rable à  Murât  et  résolument  décidé  à  respecter  le  traité  qui 
le  lie  avec  lui.  La  comtesse  Callenberg  ne  doit  pas  tarder  à 
retourner  à  Napies.  Ne  serait-elle  pas  un  émissaire  envoyé  ici 
par  Murât  (1)? 


558.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  3.  4138  ad  S565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français)  (Analyse). 

Découragement  des  fidèles  du  Hoi  de  Saxe.  Déclaration  du  prince  Antoine. 
La  mission  de  Filangicri.  Ce  qu'il  dit  du  cabinet  de  Vienne. 

Mécontentement  et  découragement  des  fidèles  du  Roi  de 
Saxe.  Ils  n'espèrent  plus  que  dans  la  fermeté  de  leur  roi 
et  dans  Tappui  de  la  France.  Le  prince  Antoine  a  déclaré  que 
si  le  roi,  son  frère,  refusait  toute  compensation  ou  indemnité, 
il  suivrait,  lui  aussi,  son  exemple. 

Le  général  Filangieri,  chargé  d'une  mission  par  Murât,  a  dé- 
claré €  qu'il  n'était  content  d'aucune  Cour  à  l'exception  de 
la  nôtre,  qui  était  sans  aucun  doute  de  toutes  la  plus  honnête 
et  la  plus  loyale  ». 


559.  Vienne,  36  octobre  1814  (P.  2.  4138  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

Talleyrand  et  Alexandre.  Leur  entretien  sur  la  Saxe.  Une  appréciation  du 
prince  de  Ligne  et  sa  conversation  avec  le  roi  du  Danemark. 

Il  m*est  revenu  de  chez  le  prince  de  Ligne  que  Talleyrand 
s'est  ménagé  avec  l'Empereur  Alexandre  un  entretien  (2)  que 

1.  Vingt-quatre  heures  plus  tôt,  Hager  (F.  3.  4137  ad  3565)  avait  fait  donner 
à  ©  ©  l'ordre  de  faire  surveiller  la  «  comtesse  Callenberg,  née  Guicciardi, 
venant  de  Napies  ».  La  comtesse  Giuhetta  Guicciardi  était  élève  de  Beethoven, 
qui  lui  avait  voué  une  affection  toute  particulière  et  lui  dédia  la  Deuxième 
Sona,te  en  ut  diète  mineur.  Elle  avait  épousé  le  comte  de  Callenberg  (178A- 
1839),  grand  mélomane  et  compositeur  déballais. 

3.  Audience  du  38  octobre.  Cf.  Talleyrand  au  roi,  n*  8.  Dépêche  du  35  oc 
tobre  1814  (Pallaiii  Correspondance  inédite,  p.  75-78). 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET   LES    AJOURNEMENTS    DU   C0K:GRÈS      403 

Nesselrode  n'a  pas  tenu  secret.  Talleyrand,  que  l'on  dit  d'ac- 
cord avec  Mettcrnich  sur  tout  ce  qui  a  trait  à  la  Saxe,  a  déve- 
loppé avec  énergie  Topinion  que  l'agrandissement  de  la  Prusse, 
maîtresse  de  la  Saxe,  serait  extrêmement  nuisible  et  prouvé 
que  l'influence  de  la  Prusse  en  Allemagne  serait  dans  ce  cas 
plus  grande  que  celle  de  TEmpereur  d'Autriche,  ce  qui  ne 
pourrait  être  regardé  avec  indifférence  par  la  Bavière  et  le 
Wurtemberg. 

Alexandre  aurait  répondu  que  le  roi  de  Saxe  a  prouvé,  par 
une  conduite  contraire  au  sentiment  et  à  l'opinion  de  l'Alle- 
magne, qu'il  fut  cause  de  bien  des  malheurs  en  soutenant 
Napoléon  et  que  c'est  là  ce  qu'on  ne  peut  lui  pardonner. 

Le  prince  de  Ligne  a  fait  à  ce  sujet  l'observation  suivante  : 
«  Combien,  dit-il,  le  discours  de  l'Empereur  Alexandre 
donne-t-il  de  matière  à  réfléchir  ?  On  se  rappelle  l'époque  de 
l'entrevue  si  fameuse  dErfurt,  on  se  rappelle  les  discours 
tenus  à  Baden  en  1809  par  le  Conseiller  Ott  et  tant  d  autres 
Russes,  qui  voyaient  déjà  la  seconde  capitale  de  leur  empire 
placée  au  cœur  de  TAllemagne.  Ne  prenons  pas  le  change 
dans  les  manœuvres  de  ce  qui  nous  environne  et  ne  nous  lais- 
sons pas  entraîner  par  des  politesses  dont  nous  deviendrions 
les  dupes.  » 

Le  prince  de  Ligne  a  eu  une  conversation  intéressante  avec 
le  roi  de  Danemark.  Ce  monarque  fît  l'ouverture  au  prince 
de  sa  sollicitude  pour  ses  Etats.  Il  lui  dit  :  «  J'ai  été  invité  à 
me  rendre  à  l'Assemblée  des  personnages  les  plus  justes,  et 
je  me. trouve  encore  au  milieu  d'un  labyrinthe.  Je  n'entre- 
vois ni  mon  sort  futur,  ni  la  justice  rendue  à  mes  sentiments, 
à  ma  conduite  et  aux  cruels  embarras  dont  je  fus  tourmenté. 
Je  suis  vraiment  comme  Toiseau  sur  la  branche.  > 


560.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3505). 

©©  à  HAGER  (en  français)  (analyse). 

Talleyrand,  ses  instructions,  la  raison  de  sa  désignation.  Motifs  de  la  venue 
de  Dalberg  et  de  Mme  de  Périgord.  Les  Médiatisés  et  les  mécontents  chez 
Talleyrand.  Espoirs  des  ennemis  de  Talleyrand.  Le  parti  français  à  Franc- 
fort. 

Sur  Talleyrand,  les  instructions  qu*on  lui  a  données  et  les 
raisons  du  choix  dont  il   a  été  î  objet.  «  Les  émigrés  et  les 


404  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

royalistes  vont  chez  le  Ministre  de  Louis  XVIII  ;  les  réyola- 
tionnaires  et  les  bonapartistes  chez  M.  de  Talleyrand.  » 

Rapport  sur  ses  relations  avec  Salmour,  Solms  et  Cas- 
telalfer. 

Talleyrand  s'est  fait  adjoindre  Dalberg  à  cause  de  sa  pa- 
renté avec  les  Schœnborn  et  les  Stadion,  tout  comme  il  a 
amené  sa  nièce,  M"*  de  Périgord,  parce  qu'elle  a  ses  sœurs 
établies  à  Vienne  (les  Courlande). 

Rapport  sur  la  Besnardière  (1). 

Les  princes  médiatisés  se  groupent  autour  de  Talleyrand, 
ainsi  que  les  mécontents,  Bavière,  Wurtemberg,  Bade,  qui  sont 
en  relations  secrètes  avec  lui. 

Les  ennemis  de  Talleyrand  espèrent  qu'il  échouera  au  Con- 
grès et  que  son  échec  entraînera  sa  chute.  Talleyrand  n'a  dans 
toute  la  mission  française,  à  Vienne,  qu'un  véritable  ami,  Dal- 
berg. 

Le  parti  français  est  fortement  représenté  à  Francfort  au 
Comité  exécutif. 


561.       Paris,  15  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

Général  DUPONT  au  Prince  de  TALLEYRAND 

Analyse  d'une  lettre  interceptée  et  des  passages  relatifs  à  l'organisation  de 
l'armée.  Reproduction  littérale  du  passage  relatif  à  Napoléon  A  l'Ile  d'Elbe 
et  aux  lettres  ci-dessous  (Pièces  562  et  563)  de  Mariotti. 

Il  lui  rend  compte  des  progrès  faits  par  l'organisation  et 
par  l'administration  de  Tarmée  qui  est  en  bon  état, 

€  D'après  tous  les  rapports  reçus  de  Porto-Ferrajo,  il  serait 
très  difficile  d'enlever  Napoléon  qui  a  pris  une  foule  de  me- 
sures de  précautions,  et  peut  compter  sur  ses  troupes.  »  Ma- 
riotti espère  pourtant  y  réussir.  «  Napoléon  va  souvent  sur 
son  brick  à  l'ile  de  Pianosa  et  couche  à  bord,  faute  d'instal- 
lation possible  à  terre.  Taillade,  qui  commande  ce  brick,  est 
pauvre.  Napoléon  a  diminué  sa  solde.  Il  est  donc  mécontent 

1.  La  Besnardière  (Jean-Baptiste  de  Gouy,  comte  de)  (1765-1839),  entré  en 
1796  au  Ministère  des  relations  extérieures  comme  simple  commis.  Directeur 
de  la  première  division  politique  en  1807,  il  garda  ces  importantes  fonctions 
jusqu'en  1814.  Conseiller  d'Etat  en  1826,  il  se  retira  de  la  vie  publique  en 
1830). 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      405 

et  il  semble  qu'on  pourrait  le  gagner.  »  Et  Mariotti  ajoute  en 
terminant  :  «  Je  m'occupe  de  trouver  la  personne  qui  s'en 
chargera  (1).  » 


562.  Livourne,  3  octobre  1814  (F.  3.  4138  ad  3565). 

Chevalier  MARIOTTI  à  DALBERG  (chiffon). 

Lettre  ostensible  destinée  à  donner  le  change  en  cas  de  saisie 

et  jointe  à  la  suivante. 

J'apprends  de  Paris  que  votre  Excellence  est  partie  pour 
Vienne  et  je  prends  la  liberté  de  lui  adresser  la  présente  pour 
me  rappeler  à  son  souvenir  et  lui  réitérer  l'offre  de  mes  ser- 
vices dans  cette  place. 

Je  n'ai  pas  oublié  la  commission  des  vins  d'Espagne.  Aus« 
sitAt  qu'il  en  arrivera  de  très  vieux,  je  m'en  procurerai  quel- 
ques pipes  et  je  vous  les  ferai  parvenir  en  double  futaille  par 
la  voie  de  Marseille. 

Je  vous  prie,  M.  le  Duc,  d'agréer  la  nouvelle  assurance  du 
profond  respect  avec  lequel  j'ai  l'honneur  d'être  de  V.  E. 

Le  très  humble  et  très  dévoué  serviteur. 

Le  Chevalier  Mariotti. 


563.  Livourne,  le  5  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3505. 

MARIOTTI  à  DALBERG  (au  citron)  (chiffon). 
Projet  d'enlever  Napoléon  de  l'île  d'Elbe . 

M.  le  Duc,  j'ai  adressé  le  28  à  Paris  et  le  30  à  Vienne  (2) 
un  projet  pour  enlever  le  voisin.  Le  projet  est,  à  mon  avis^le 
seul  qui  puisse  réussir  dans  le  moment.  Si  le  capitaine  du 
brick  entre  dans  nos  intérêts,  le  coup  est  fait.  J'ai  proposé 

1 .  Cf.  JuNo.  Lucien  BoiULpt^rtt  tt  $$$  mémoireê  (321-333),  dépêche  de  Mt« 
riotti  à  Tatleyrand,  de  Livourne,  28  septembre  1814. 
3.  Lettre  de  Mariotti  A  Talleyrand. 


406  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

les  moyens  à  prendre  pour  le  sonder  et  le  séduire.  Quant  à 
moi,  je  fais  à  présent  partir  quelqu'un  de  Gênes  avec  des  co- 
mestibles et  de  ..,  et  de  Florence  pour  Piombino  une  femme 
avec  des...  de  modes. 

Tout  ce  qui  part  d'ici  est  tellement  suspect  qu'on  ne  leur 
permet  de  rester  que  trois  jours.  Je  fais  tout  pour  réussir  ; 
mais  je  suis  écrasé  de  frais  et  n*ai  pas  encore  reçu  une 
obole  (1)  I 

Quand  on  veut  attraper  quelqu'un,  il  faut  lui  inspirer  de  la 
confiance,  et  nous  avons  fait  le  contraire  parce  qu'il  ne  parait 
pas  même  que  la  France  reconnaisse  le  prince  de  l'fle  d'Elbe, 
mais  elle  a  redoublé  les  obstacles  en  rendant  très  difficiles  nos 
relations  avec  l'île. 

J'ai  des  agents  sur  toutes  les  côtes,  et  de  ce  côté-là  je  suis 
tranquille.  Le  Gouvernement  toscan  n'a  pas  de  repos.  Les 
prisons  sont  pleines  d'individus  suspects. 

Je  désire  savoir  si  cet  essai  réussit  à  votre  gré  et  si  je  dois 
continuer  à  m'en  servir. 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

Le  Chevalier  Mariotti. 


564.  Vienne,  29  octobre  ou  septembre  (F.  2.  4138  ad  3j65). 

TALLEYRAND  à  la  Duchesse  de  SAGAN  (chiffon)  (2) 

Ne  voilà-t-il  pas  qu'un  roi  me  prend  encore  quelque  chose. 
Ce  n'est  plus  un  ancien  électorat,  mais  une  bonne  place  entre 
vous  et  le  prince  (Metternich).  C  est  le  Danemark  (2)  qui 
vient  et  moi,  après  son  départ,  je  serai  à  vous  de  corps,  et  en 
vérité,  d'âme  aussi.  Car  je  vous  aime  bien. 


1.  Cf.  à  ce  propos  la  dépêche  de  Jaucourt  à  Talleyrand,  de  Paris,  9  no- 
yembre  1814  (Jaucourt,  Correspondance  avec  TàUeyrandy  p.  78),  relative  aux 
réclamations  de  Mariotti  et  aux  envois  d'argent  qu'on  lui  a  faits. 

2.  Ce  chiffon  sans  date,  ramassé  chez  Talleyrand,  dut  être  écrit  vers  la  fin 
de  septembre,  peut-être  bien  le  27  septembre,  puisqu'il  y  est  question  à  la 
fois  du  roi  de  Danemark  et  du  prince  de  Talleyrand.  Or  Talleyrand  arriva 
à  Vienne  le  23  septembre  au  soir  et  le  roi  de  Danemark  l'y  avait  précédé  de 
vingt-quatre  heures* 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      407 
565.  Vienne,  2i  octobre  1814  (F.  2.  4)38  ad  3565.. 

TALLEYRAND  à  SIDNEY  SMITH  (chijron). 

J'ai  lu  la  lettre  que  The  Right  Hon^'®  sir  Sidney  Smith  a 
bien  voulu  m*envoyer  pour  M.  de  Rivière  (1).  Elle  part  au- 
jourd'hui. J'y  ai  retrouvé  toutes  les  vues  d'humanité  qui  carac- 
térisent sir  Sidney  Smith  et  qui  font  de  lui  un  des  hommes 
les  plus  honorés  de  son  temps. 


566.  Vienne,  sans  date  (2)  (F.  2.  4138  ad.  3565). 

TALLEYRAND  à  METTERNICH  (chiffon). 

■ 

Je  vois,  d'après  ce  que  M.  de  Dalberg  vient  de  me  dire,  que 
nous  sommes  bien  près  des  mêmes  opinions  pour  avancer  les 
choses  sans  rien  compromettre  et  rester  dans  les  principes 
que  nous  avons  adoptés.  Il  est  dans  ma  position  de  remettre, 
avec  le  caractère  le  moins  officiel  possible,  la  note  dont  je  vous 
envoie  copie  et  que  je  vous  prie  de  me  renvoyer.  Elle  s'appel- 
lera note  verbalcy  aGn  de  lui  ôter  de  la  raideur  que  vous  n'ai- 
mez pas. 

1.  Rivière  (Charles-François  de  RifTardeau,  marquis,  puis  duc  de)  (1763- 
1828).  Sous-lieutenanl  aux  Gardes  françaises,  émigré  avec  le  Comte  d'Ar- 
tois, chargé  par  ce  prince  d'une  mission  en  Vendée,  il  y  fut  arrêté  et  prit 
part  en  1804  au  complot  de  Cadoudal.  Condamné  à  mort,  sa  peine  fut  sur  les 
instances  de  Joséphine  commuée  en  prison  perpétuelle.  Rendu  A  la  liberté 
par  la  Restauration,  il  fut  nommé  Maréchal  de  camp.  Pair  de  France  en  1815, 
puis  Ambassadeur  en  Turquie  (1816-1820),  et  Gouverneur  du  duc  de  Bor 
dcaux  (1826).  Cf.  pour  les  relations  entre  Rivière  et  Sidney  Smith  la  dépê- 
che de  Talieyrand  à  Jaucourt  de  Vienne,  le  3  mars  1815.  Talleyrand  est 
loin  d'être  A  ce  moment  un  admirateur  de  Sidney  Smith. 

2.  Il  me  parait  difficile  de  penser  que  le  chifTon  ramassé  le  27  octobre  chez 
Talleyrand  ait  trait  aux  correspondances  qu'il  échangea  peut-être  avec  Met- 
ternich  dans  les  derniers  jours  de  septembre  (le  30)  et  les  tout  premiers  jours 
d'octobre,  au  moment  où  il  allait  remettre,  d'abord  sa  note  du  1**  octobre, 
puis  celle  du  3  et  enfln  sa  lettre  à  Castlereagh  en  date  du  5.  J'inclinerai  plu- 
tôt à  croire  qu'il  écrivit  ce  billet  avant  d'arrêter  les  quatre  propositions  qu'il 
communiqua  aux  Huit  lors  de  la  Conférence  du  31  octobre.  Il  est  utile  de 
remarquer  à  ce  propos  qu'il  eut  le  25  et  le  27  octobre  d'assez  longs  entretien- 
avcc  Gentz(Cf.  Gbntz,  TàgebûcheFfl,  323-324).  Peut-être  même  Talleyrand  a-t- 
il  écrit  ce  billet  à  la  suite  de  l'entretien  dont  il  parle  au  roi  dana  sa  dé- 
pêche n^  8  du  25  octobre.  «  J'ai  vu  ce  soir  M.  de  Metternich  qui  reprenait  un 
peu  de  courage.  Je  lui  ai  parlé  avec  toute  U  force  dont  je  mii  capable.  »  Peut- 
être  même  ce  qui  ne  devait  être  qu'une  note  verbale  pourrait  bien  n'être 
rien  autre  que  le  Mémoire  r&iêonné  $ur  le  sort  de  U  Sàxe, 


408  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VIElfNB 

567.  Vienne,  sans  date  (K.  2.  4138  ad  3565). 

SCHWARZENBERG  à  DALBERG  (chiffon). 

Je  vous  ai  écrit  deux  mots,  mon  cher  ami,  qui  vous  disent 
que  mon  incommodité  m'empêche  de  sortir.  Munster  vient  me 
voir  à  sept  heures  et  demie,  et  plus  tard  une  autre  visite,  que 
je  ne  puis  refuser,  s'est  annoncée.  Je  réclame  donc  1  effet  de 
votre  bienveillance  amicale  pour  demain  matin  et  suis  on  ne 
peut  plus  sensible  à  votre  aimable  souvenir. 


568.  Francfort,  18  octobre  1814  (F.  3.  4138  ad  35«5). 

D'EBERSTEIN  à  DALBERG  (en  français) 
(Chiffon  provenant  de  chez  Dalberg)  (Analyse). 

11  demande  justice  pour  lui  et  ses  compagnons  d'infortune.  Renseignements 
qu'il  donne  à  Dalberg  sur  le  comté  de  Hieneck  et  le  bailliage  de  Lohr. 

Il  ne  demande  pas  de  faveur  à  son  cher  ami,  mais  seule- 
ment qu'on  lui  accorde  à  lui  et  à  ses  compagnons  d'infortune  (1) 
ce  qui  ne  pourrait  être  refusé  par  le  Congrès  qu'en  violant 
toutes  les  lois  de  l'honneur  et  de  l'équité. 

Il  répond  à  Dalberg  sur  le  Comté  de  Rieneck  et  son  revenu, 
sur  le  mode  de  consolidation  de  ces  sommes,  sur  Textinction 
de  la  famille  de  Rieneck  en  1560,  la  réunion  du  baiUiage  de 
Lohr  à  la  Principauté  d'Aschaffenburg.  En  1673^  l'électeur  de 
Majence  donna  une  partie  du  Comté  en  fief  à  la  famille  Nos- 
titz  qui  resta  en  possession  jusqu'en  1806.  A  ce  moment,  ce 
fief  fut  attribué  par  note  de  la  Confédération  du  Rhin  au 
Prince-primat,  qui  acheta  en  1809  à  Nostitz  pour  la  somme  de 
100.000  livres  ce  qui  lui  restait  encore  de  ce  fief. 

On  estime  le  revenu  de  ce  fief  à  5.000  florins.  Le  nombre 
des  feux  était  en  1812  de  322. 


1.  Il  s'agit  évidemment  ici  du  sort  des  anciens  fonctionnaires  du  Grand- 
Duché  de  Francfort. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      409 
569.  Vienne,  octobre  1814  sans  dale(F.2.  4138  ad  3565). 

DALBERG  à  WESSENBERG  (en  français) 
(Chiffon  ramassé  chez  Dalberg  le  27  octobre). 

Mont^elas  rejette  sa  réclamation. 

M.  le  Maréchal  Wrede,  mon  cher  Baron^  que  j'ai  rencontré 
hier  soir,  m'a  annoncé  que  M.  de  Montgelas  lui  a  fait  connaître 
que  ma  réclamation  a  été  repoussée  par  les  rapporteurs  et 
qu'il  ne  me  reviendra  que  des  arrérages  et  que  vous  étiez  chargé 
de  m'en  instruire. 

Vous  sentez,  mon  cher  ami,  que  cette  communication  m'a 
singulièrement  frappé  et  pour  le  fond  et  pour  la  forme. 


570.  Vienne,  sans  date  (octobre  1814)  (F.  2.  4138  ad  3565). 

DALBERG  à  WESSENBERG  (en  français) 
(Chiffon  ramassé  chez  Dalberg  le  27  octobre). 

Même  sujet  que  la  pièce  précédente.  Arguments  que  Dalberg 

invoque  en  sa  faveur. 

Mon  Cher  Ami, 

Vous  connaissez  mes  réclamations  pour  les  domaines  de  Ra- 
tisbonne.  Le  prince  de  Metternich  et  le  Cosaque  Nesselrode 
ont,  dans  le  temps  et  au  nom  de  leurs  souverains,  exprimé  au 
Maréchal  Wrede  qu'on  désirait  que  cette  affaire  ne  fût  pas 
contestée.  En  effet,  elle  ne  peut  l'être  et  elle  est  de  nature  à 
être  respectée  comme  un  grand  nombre  de  celles  qui  ont  résulté 
des  changements  opérés  en  Allemagne.  Montgelas  se  cabre 
derrière  im  rapport  de  ses  référendaires  pour  (1)... 


1.  Chiffon  incomplet.  Le  reste  manque. 


410  AUTOUR   DU  CO?IGRÈS   DB   VIENNE 

571.  Vienne,  33  octobre  1814  (F.  9.  4138  ad  3565). 

DALBERG  au   PRINCE-FRIMAT 
(Chiiïon  ramassé  et  transmis  le  27  octobre). 

Raisoni  pour  lesquelles  il  l'a  prié  de  lui  communiquer  son  acte  d'abdication. 
Les  principes  posés  par  la  France  et  les  droits  du  primat  sor  Aachaffén- 
burg. 

M.  de  Vrints  m'a  fait  remettre  la  lettre  que  tous  avez  bien 
voulu  m'adresser  en  date  du  10.  La  demande  qui  vous  a  été 
faite,  mon  cher  Oncle,  de  votre  acte  d'abdication  n'a  été  moti- 
vée que  pour  connaître  l'esprit  dans  lequel  cet  acte  a  été  fait 
et  pour  ramener  le  rapport  qui  concerne  le  Grand-Duebé  de 
Francfort  dans  les  éléments  d'un  droit  public  qu'on  paraît  vou- 
loir méconnaître. 

La  France,  qui  ne  chercbe  ici  qu*à  concilier  les  affaires,  a 
dû  établir  pour  principe,  que  le  droit  de  conquête  ne  donne  pas 
droit  de  propriété,  que  le  souverain  doit  renoncer  à  ses  droits 
pour  le  perdre,  que  le  souverain  fait  bien  de  renoncer  si  aucun 
moyen  ne  reste  pour  assurer  sa  position,  etc.,  etc.  Cette  Ic^qne 
nous  a  conduits  à  soutenir  que  vous  devez  être  reconnu  souve* 
rain  (TAschaffenburg  et  que  le  principe  étant  établi  de  n'avoir 
aucune  principauté  ecclésiastique,  la  suppression  peut  en  avoir 
lieu,  sauf  à  régler  votre  subsistance  d'après  les  principes  du 
recès  de  l'Empire  de  1803. 


572.  Vienne,  sans  date  (octobre  1814)  (F.  S.  413S  ad  3»«5). 

DALBERG  à  TASCHER  (chiffon:. 

Mon  Cher  Tascher, 

Voici  le  Prince  Wrede  qui  a  reçu  des  lettres  de  Montgelas. 
Il  lui  annonce  que  ses  rapporteurs  dans  nos  affaires  ont  conclu 
contre  nous.  11  n'en  dit  pas  plus  et  consent  cependant  à  nous 
faire  toucher  les  intérêts  arriérés.  Je  n'entends  rien  à  cette 
marche  ni  à  cette  décision  à  laquelle  j'étais  loin  de  m'attendre. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET   LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      411 
573.  Sans  lieu  ni  date  (F.  2.  4138  ad  3565). 

SOPHIE  à  DALBERG 

GhiiTon  ramassé  chez  Dalberg  le  27  octobre . 

Dis- moi,  Cher  Ami,  pourquoi  je  n'entends  plus  parler  de 
toi  depuis  quatre  jours.  Cela  commence  à  m'inquiéter.  Serais-tu 
malade?  Ce  serait  bien  mauvais  de  ne  pas  me  faire  avertir. 
Cela  me  prouverait  que  tu  ne  veux  pas  me  voir.  Ecris-moi 
quelques  mots,  je  t'en  conjure.  Je  vais  à  1  heure  chez  la  reine 
de  Bavière  présenter  mes  filles. 


574.  Sans  lieu  ni  date  (F.  2.  4138  ad  3565). 

SOPHIE  à  DALBERG 

GhiiTon  ramassé  chez  Dalberg  le  27  octobre. 

Ton  billet  me  rassure,  Cher  Ami.  J*étais  inquiète  de  toi. 
On  t'a  dit  malade.  D'autres  que  tu  t'étais  battu.  Dieu  sait 
avec  qui  I  Enfin  il  n'est  rien  ni  de  l'un,  ni  de  Tautre.  Je  suis 
bien  contente.  Je  t'attends  demain  matin.  N*y  manque  pas. 
J'espère  que  tu  viendras  souper  demain  chez  moi.  Je  t'avertis 
que  c'est  un  grand  souper.  Ainsi  ne  te  gêne  pas. 


575.  Sans  lieu  ni  date  (F.  2.  4138  ad  3565). 

SOPHIE  à  DALBERG  (chiffon). 

Voici,' mon  ami,  de  quoi  être  bien  poli.  Je  suppose  que  cette 
provision  te  suffira.  Que  fais-tu  aujourd'hui?  J'espère  bien  ne 
pas  passer  la  journée  sans  te  voir.  Fais-moi  savoir  si  tu  es 
reposé  de  tes  fatigues.  Je  t'embrasse. 


412  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENKE 

576.  Munich,  17  octobre  1814  (P.  2.  4198  ad  8565). 

FANNY  à  DALBERG  (Analyse). 
Chiffon  ramassé  comme  les  précédents  chez  Dalberg  le  37  octobre. 

Elle  s'excuse  d'avoir  fait  une  erreur  dans  rexpédition  de  ses 
lettres.  Elle  le  sait  très  occupé. 

«  J'espérais  que  notre  Sophie  (t)  me  parlerait  de  toi  ;  mais, 
d'après  ce  que  tu  me  dis,  le  charme  réciproque  de  votre  corn* 
merce  est  sinon  rompu,  du  moins  altéré  par  les  circonstances 
du  moment.  Voilà  comme  tout  c^de  à  wcls  die  Welt  grosse 
Verhœltnisse  nennt  (2).  Le  bonheur  réel  ne  gagne  pas  tou- 
jours. » 

Elle  lui  parle  ensuite  de  l'inquiétude  et  de  Timpatience  gé- 
nérales, croit  que  «  la  duchesse  de  Dalberg  a  bienfait  de  rester 
à  Bologne,  au  lieu  de  venir,  comme  elle  le  voulait  d'abord, 
l'attendre  à  Munich  où  elle  se  serait  par  trop  ennuyée  ». 

Elle  lui  demande  encore  s'il  «  a  écrit  à  Maman,  à  laquelle  cela 
ferait  si  grand  plaisir  »,  lui  dit  quelques  mots  à  propos  du  roi 
de  Bavière  et  de  Wrede  et  espère  enfin  que  tout  finira  bien. 


577.  Saint-Pétersbourg,  8  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  8665). 

DE   MAISTRE  (3)  à  SAlNT-xM ARSAN  {Intercepta). 

D'accord  avec  lui   pour  Gènes.   Ce  qu'il  a  fait.  Pourquoi    il  faut  Gènes  au 
Piémont.  La  France  et  son  roi.  La  France  et  le  gâteau  des  Rois. 

Il  n'y  a  rien  de  plus  consolant  dans  notre  carrière  que  de  se 
trouver  d'accord  à  des  distances  immenses,  c'est  ce  qui  nous 
est  arrivé  à  l'égard  de  Gênes.  J'ai  fait  ici,  sans  avoir  reçu 
votre  lettre  du   17  août,  les  mêmes  démarches  qui  ont  été 

1.  La  Comtesse  Schœnborn. 

2.  «  Ce  que  le  monde  appelle  les  grandes  conjonctures .  »  (Traduction  lit- 
térale qui  ne  donne  cependant  qu'une  idée  fort  approximative  du  jeu  de  mol, 
assez  méchant,  mais  fort  spirituel,  de  Fanny,  puisque  c'est  par  ce  moi  de 
VtrhtBlinits  qu'on  désigne  en  allemand  les  liMons.) 

3.  Maislre  (Joseph-Marie,  comte  de)  (1753-1821),  ministre  de  Sardaigne  à 
Saint-Pétersbourg  de  1802  à  1816.  Ministre  d'Etat  et  Chef  de  la  Grande  Chan- 
cellerie d'EUt  en  1817. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      413 

faites  à  Londres  et  à  Vienne.  J'ai  beaucoup  insisté  dans  ma 
note  sur  une  idée  que  vous  ne  pouviez  guère  toucher  à  la  place 
où  vous  êtes  :  c'est  la  liberté  politique  du  roi  qui  me  parait 
absolument  nulle  dans  l'état  actuel.  Supposant  de  nouvelles 
brouilleries,  Sa  Majesté  serait  à  la  merci  du  premier  qui  se 
présenterait,  et  celui-ci  serait  maître  de  la  brouiller  avec  son 
grand  Protecteur,  TEmpereur  de  Russie.  A  cette  bizarre 
époque,  tout  est  possible  et  il  faut  être  prêt  à  tout.  Le  Roi, 
une  fois  appuyé  à  Gênes,  pourrait  dire  :  «  je  ferai  ce  que  je 
voudrai,  »  Ce  qui  vaut  beaucoup  mieux  que  :  ^Je  ferai  ce  que 
vous  voudrez  »  (l). 

Il  est  bien  difficile  de  savoir  ce  qui  arrivera.  Beaucoup  de 
gens  se  flattent  d'une  paix  durable.  Je  ne  suis  pas  du  nombre. 
On  eut  mieux  pourvu  au  bonheur  universel  en  se  prévalant 
moins  des  circonstances  à  l'égard  de  la  France.  Son  roi  se 
conduit  admirablement. 

Etouffer  subitement  l'esprit  révolutionnaire,  comme  on 
éteint  une  bougie,  c'était  l'entreprise  d'un  fou  ;  mais  s'empa- 
rer de  cet  esprit  et  le  tourner  à  sa  façon,  c'est  la  solution  sage 
du  problème.  Je  crois  que  la  France  est  ou  sera  incessamment 
en  état  de  faire  valoir  ses  prétentions  assez  naturelles.  Les 
autres  nations  se  partageant  l'Europe  à  volonté,  c'est  bien  en 
vain  qu'on  voudra  condamner  la  France  à  ne  pas  manger  son 
morceau  du  gâteau  des  rois,  11  n'y  aura  point  de  paix  à  moins 
que  les  Grandes  nations  ne  déploient  au  Congrès  beaucoup 
plus  de  modération  et  de  sagesse  que  nous  n'avons  le  droit 
d'en  attendre. 

Je  vous  remercie  infiniment  des  détails  intéressants  que 
vous  me  donnez  de  la  Savoie,  ou  de  ce  qu'on  appelle  ainsi,  car, 
dans  le  fond,  ce  malheureux  pays  n'est  qu'un  cadavre  écartelé. 
L'état  actuel  des  choses  parait  absolument  contre  nature.  Ou 
la  France  engloutira  la  Savoie,  ou  toute  la  Savoie  sera  de  nou- 
veau réunie  sous  le  sceptre  de  son  ancien  maître. 


1.  Cette  première  partie  de  la  dépêche  de  de  Maistre  ne  figure  pas  dans  sa 
Correspondance  dipiomalique^  dans  laquelle  on  trouve  en  revanche  l'autre 
moitié,  que  nous  avons  néanmoins  cru  utile  de  reproduire  ici. 


414  AUTOUR   DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

578.  Saint-Pétersbourg,  7  octobre  1814  (P.  î.  41S8  ad  «566). 

WLNTZINGERODE  (1)  au  roi  de  WURTEMBERG  (en  français). 

(Sous  couvert  à  Linden)  {intercepta) 

Ignorance  complète  de  tout.  Départ  de  «.000  hommes  de  la  garoison  de  Pé- 
tersbourg.  La  censure.  On  parle  de  la  grossesse  de  rimpératrice  EUsabeth 
et  de  l'abdication  du  roi  de  Saxe. 

Nous  sommes  sans  nouvelles  ici.  Le  départ  de  6.000  hommes 
de  notre  garnison  a  confirmé  l'opinion  de  ceux  qui  croient  à 
la  guerre.  L'ordre  en  a  été  donné  par  TEmpereur  de  Pulawy. 
On  nous  tient  dans  une  ignorance  si  parfaite  de  tout  ce  qui 
se  passe  à  Vienne,  que  les  Gazettes  mêmes  de  cette  capitale 
ne  se  distribuent  plus  depuis  trois  jours  de  poste  et  hier  on  a 
encore  retenu  celles  de  Paris.  Celles  de  Londres  parlent  d'une 
abdication  du  roi  de  Saxe. 

Il  y  a  quelques  jours  que  le  bruit  s'est  répandu  que  Tlmpé- 
ratrioe  Elisabeth  (2)  se  troavaii  enceinte. 


579.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

GGKHAUSEN  à  HAGER 

Tugend-Bund  (3'.  Extension  qu'il  prend  et  son  centre  d'action. 

Rapport  sur  Tcxtension  prise  par  le  Tugend-Bund  qui  tra- 
vaille partout  les  esprits  en  Prusse  et  dont  font  partie  avec 
Schelling  (4),  secrétaire  général  de  l'Académie  des  Sciences 

1.  Wintzingerode  (Hcnri-Charles-Frédéric  Levin,  comte  de)  1778-1856). 

Le  9  septembre  1814,  Noailles  écrivait  de  Saint-Pétersbourg  à  Talleyrand  : 
«  M.  de  Wintzingerode,  Ministre  du  roi  de  Wurtemberg  est  aussi  dans  cette 
ville  ainsi  que  le  comte  de  Maistre,  Ministre  du  roi  de  Sardaigne.  Le  Duc  de 
Serracapriola,  Ministre  du  roi  des  deux  Siciles,  est  en  route  pour  Vienne...  » 

(Cf.  POLOVTSOFF,  t.    I,  37). 

2.  L'Impératrice  de  Russie. 

3.  J'ai  pensé  bien  faire  en  publiant  ici  quelques  pièces  relatives  au  Tu- 
gend-Bund que  j'ai  cru  devoir  analyser.  11  me  parait  cependant  utile  défaire 
remarquer  que  de  peur  de  me  laisser  entraîner  trop  loin,  j'en  ai  laissé  un 
grand  nombre  de  côté,  et  honnête  de  signaler  ce  fait  à  ceux  qui  pourraient 
avoir  l'intention  d'aller  travailler  aux  Archives  du  Ministère  1.  et  R.  de  l'In- 
térieur en  les  prévenant  qu'ils  y  trouveront  nombre  de  pièces  relatives  au 
Tugend'Hund, 

4.  Schelling  (Frédéric,   Guillaume,  Joseph  von)  (1775-1854),   l'un  des  plus 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      415 

de  Munich,  Feuerbach,  Président  à  Bamberg,  le  Prince  royal 
de  Wurtemberg,  et  dont  les  principaux  centres  d'action  sont 
les  Universités  de  Halle,  Gottingen,  Jena,  Heidelberg  et  Erlan- 
gen. 


580.       Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4137  ad  3565). 

R.  N«  115  à  HAGER 

Stein  est  un  des  plus  ardents  partisans  et  un  membre  très 
actif  du  Tugend'Bund. 


581.  Vienne,  28  octobre  1814  (F.  2.  4037  ad  3565). 

R.  No  115  à  IIAGER 

Rapport  sur  quelques  membres  du  Tugend-Bund. 

Sur  Cari  Mûller  (1),  le  Steuerrath  prussien  von  Borbstaedk 
et  le  poète  Arndt,  membres  actifs  du  Tugend-Bund  à  surveil- 
ler de  près.  On  croit  même  que  sous  un  faux  nom  Arndt  fait 
partie  de  la  suite  de  Nesselrode.  Quant  à  MûUer,  il  a  dit  bien 
haut  que  le  Tugend-Biind  est  si  fort  qu'aucun  prince  allemand 
ne  saurait  ni  le  détruire,  ni  même  lui  résister. 


grands  diplomates  et  savants  allemands.  Associé  de  l'Académie  des  Sciences 
morales  et  politiques. 

1.  Millier  (Cari  Christian),  né  à  Klebitz  en  1778,  mort  en  1857,  fameux  agi- 
tateur et  patriote  allemand,  agent  et  émissaire  de  BlCicher  d'aboi  d,  puis  de 
Stein,  arrèlé  une  première  fois  en  1811  à  la  requête  du  représentant  de  la 
Westphalie,  von  Linden,  il  s'échappa  et  s'enfuit  à  Berlin.  Emprisonné  une 
deuxième  fois  et  remis  en  liberté,  il  remplaça  Gruner  à  la  tète  de  la  police  de 
Berlin.  Il  rejoignit  en  1813  KoutousofT  à  Kalisch,  lui  apporta  des  instructions 
écrites  et  lança  son  fameux  appel  daté  du  25  mars  1813. 11  fit  alors  un  moment 
partie  du  corps  volant  du  colonel  Kûger,  fut  de  nouveau  attaché  par  Stein  à 
sa  personne,  mais  ne  tarda  pas  k  reprendre  du  service,  et  se  distingua  à  Baut- 
zen  et  à  Dennewitz.  Kepnin  l'emmena  avec  lui  à  Dresde  en  janvier  1814.  Il 
accompagna  ensuite  Hardenberg  au  Congrès  de  Vienne.  Mais  une  fois  l'Al- 
lemagne délivrée,  il  considéra  son  rôle  actif  comme  terminé.  Conseiller  au- 
lique  prussien  en  1817,  il  ne  tarda  pas  A  être  nommé  Conseiller  intime.  Cf. 
VAnNHAOBN  VON  DBR  Ensb,  KàH  MûlUr*$  Leben. 


41G  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

582.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  4019  ad  SMS). 

R.  à  HAGER 

Muller  et  Gruner.  Leur  but  et  leurs  menées.  Gruner  protégé  par  Alexandre. 

Rapport  sur  les  agissements  de  Millier  et  du  Conseiller 
d'Etat  baron  Gruner  (1)  qui  cherchent  à  faire  des  prosélytes 
pour  le  Tugend-Bundy  et  leurs  menées  révolutionnaires  et  hos- 
tiles aux  membres  du  Tugend-Bund  appartenant  à  la  Noblesse. 

La  Russie  soutient  MûUer,  et  ceux  qui  portent  Tuniforme 
russe  circulent  partout  librement.  Ce  qu'ils  veulent,  c'est  ame- 
ner le  roi  de  Prusse  à  donner  à  ses  États  une  constitution  libé- 
rale qui  s'étendra  rapidement  aux  Etats  voisins  et  portera  le 
coup  de  grâce  au  cléricalisme  et  au  catholicisme. 

L'empereur  Alexandre  les  protège,  et  la  preuve  en  est  qu'il 
a  envoyé  à  Gruner  avec  la  croix  de  Sainte-Anne  de  première 
classe  en  brillants  une  lettre  des  plus  flatteuses.  Une  centaine 
de  libraires  allemands  font  partie  du  Tugend-Bund  tels  que 
Rertuch,  de  Weimar  ;  Herger,  de  Giessen  ;  Cotta,  de  Stutt- 

1.  Gruner  (Charles-Juste),  n«i  à  Osnabrûck  en  1777,  se  lia  de  bonne  heure 
avec  Stein,  alors  Ober-President  à  Minden  et  avec  Blucher,  entra  au  service 
de  la  Prusse  en  1802  et  aurait  été  peu  après  et  jusqu'en  1805  employé  A  des 
missions  secrètes  en  France.  Directeur  de  la  Chambre  de  guerre  et  des  do- 
maines à  Poscn,  il  faillit  y  être  arrêté  par  les  Français  et  se  réfugia  d'abord  A 
Kônigsberg,  puis  dans  la  Poméranie  Suédoise.  Président  de  Chambre  intéri- 
maire A  Colberg,  puis  A  Trcptow,  il  ne  tarda  pas  A  devenir  vers  la  fin  de  1809 
Président  de  police  A  Berlin  et  travailla  activement  A  la  reconstitution  du 
Tugend-Bund  et  aux  préparatifs  du  major  Schill.  Ecarté  des  affaires  sur 
l'ordre  de  Napoléon,  mais  rien  qu'en  apparence,  il  quitta  la  Prusse,  A  la  fin 
de  mars  1812,  se  rendit  en  Bohème  soutenu  par  l'Angleterre  et  la  Russie  et 
continua  A  organiser  et  A  étendre  le  Tugend-Bund.  Alexandre  l'avait  fait  Con- 
seiller d'Etat  et  l'Angleterre  lui  fournissait  de  riches  subsides.  Ses  menées 
finirent  par  devenir  trop  éclatantes  et  trop  dangereuses  et  l'Autriche,  au  lieu 
de  consentir  A  son  extradition  qui  lui  était  demandée  par  la  Prusse  l'enferma 
A  la  requête  de  Napoléon  A  Petcrwardein,  où  il  resta  jusqu'en  octobre  1813. 
Nommé  peu  après  Gouverneur  des  provinces  du  Haut  et  Bas-Rhin  où  il  ren- 
dit les  plus  grands  services  aux  alliés  en  même  temps  qu'il  satisfit  la  haine 
qu'il  portait  A  la  France,  il  y  organisa  le  gouvernement  provisoire  et  résida 
A  Diisseldorf  jusqu'Après  Waterloo.  Envoyé  alors  A  Paris  pour  y  faire  pour 
le  compte  de  la  Prusse  sa  part  de  la  haute  Police,  il  mérita  le  titre  d'embal- 
leur de  La  Sainte- Alliance.  Le  roi  de  Prusse,  qui  l'avait  déjA  anobli  et  fait 
baron,  reconnut  ses  services  en  lui  confiant  les  fonctions  de  Ministre  de 
Prusse  près  la  Confédération  helvétique.  Tombé  en  disgrâce  et  déjA  fort  ma- 
lade, il  quitta  Berne  au  commencement  de  janvier  en  1819  et  se  rendit  A 
Wiesbaden  où  il  mourut  le  8  février  1820. 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       417 

gard,etc.,  etc.,  qui  sont  tous  venus  à  Vienne  pour  y  travailler 
en  faveur  du  Tugend-Bund. 


583.  Vienne,  16  octobre  1814  (P.  3.  4037  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Envoi  d'un  dossier  relatif  au  Tugend-Bund, 

A  ce  dossier  est  jointe  une  analyse  assez  détaillée  du  Précis 

de  r abrégé  du  Mémoire  pour  servir  à  V histoire  du  Jacobinisme 

par  l'Abbé  Barueil{1) 


584.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  3.  4391  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Rapport  sur  le  Tugend-Bund  et  ses  tendances  vers  la  franc- 
maçonnerie^  à  signaler  entre  autres  une  dépêche  de  Hager,  en 
date  du  7  septembre,  à  TOberst-Burggraf,  comte  Kolowrat,  à 
Prague,  rinvitant  à  surveiller  avec  soin  les  adhésions  fort  nom- 
breuses que  le  Tugend-Bund  recueille  à  Prague  et  en  Bohême. 


585.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  3.  4037  ad  8565). 

Rapport  à  HAGER 
MuUer  et  Borbstaedt  à  surveiller. 

Mûller  et  Borbstaedt  arrivés  à  Prague  le  10  octobre  ont 
continué  le  même  jour  sur  Vienne,  où  Mûller  ne  compte  rester 
que  peu  de  temps. 

Rapport  de  Lilienau,  Stadt-hauptmann  de  Prague,  au  comte 
Kolowrat  du  13  octobre. 

Kolowrat  signale  à  Hager  ce  voyage,  dont  Tobjet  lui  parait 
suspect  et  dangereux. 

T.  I.  37 


418  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VfENXB 

586.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  3.  4019  ad  3565). 

H... à  HAGER 

Rapport  sur  les  relations  existant  entre  le  Tugepid-Bund  et 
les  grands  libraires  allemands^  sur  la  campagne  qu'ils  font  en 
faveur  de  la  liberté  de  la  presse. 

Deuxième  rapport  en  date  du  24  contenant  des  renseigne- 
ments sur  Cari  Mûller  et  Rorbstaedt,  sur  rorganisation  et  les 
tendances  du  Tiigend-Bund^  et  enfin  Tindication  de  certains 
francs- maçons  de  marque,  tels  que  rArchiduc  Charles  (depuis 
1798  ou  1799)  les  généraux  von  Grûnne,  Lindenau,  Langenau, 
le  comte  Schœnfeld  et  Humboldt. 


587*  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  2.  4019  ad  3565). 

RATOLISKA  au  Comte  LOBKOWITZ  (à  Prague)  (analyse). 

En  réponse  à  sa  lettre  du  12,  il  croit  qu'il  est  plus  que  ja- 
mais nécessaire  de  surveiller  le  Tugend-Bund^  et  ses  tendances, 
ne  serait-ce  qu'à  cause  des  nombreux  adhérents  que  le  Bund  a 
dans  TAllemagne  du  Nord  et  en  Prusse.  Il  lui  recommande  de 
ne  pas  laisser  venir  à  Vienne  le  nommé  Cari  MûIIer,  qui  pré- 
tend être  un  ancien  capitaine  du  corps  de  Lùtzow. 


588.  Vienne,  octobre-novembre  1814  (P.  2.  4019  ad  3565). 

Analyse  de  différents  rapports  à  IIAGËR 

Sur  la  surveillance  de  Mûller  et  de  Borbstaedt,  sur  les  dé- 
marches de  Borbstaedt  afin  d'obtenir  du  roi  de  Prusse  Tauto* 
risation  de  créer  des  Sociétés  de  Secours  pour  les  Vétérans. 

Rapports  divers  sur  l'appui  donné  à  ces  Sociétés  par  Har- 
denberg  et  Humboldt,  sur  le  rôle  politique  que  ces  Sociétés 
tendent  à  jouer  de  plus  en  plus  et  sur  leurs  tentatives  d'inter- 
vention dans  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET   LES  AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      419 
589.  Vienne,  A  novembre  18U  (1)  (F.  2.  401»  ad  3565). 

Agent  K.  (KUGLER)  à  GOEHAUSEN 

Rapport  sur  Borbstaedt  et  l'état  des  loges  maçonniques  au- 
trichiennes. 

M.  de  Willié,  le  médecin  de  l'Empereur  Alexandre,  est  un 
ardent  franc-maçon. 

590.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4468  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

Le  Tugend-Bund  et  les  francs-maçons  prussiens. 

L'Agent  K.  a  obtenu  communication  pour  huit  jours  de  la 
liste  des  francs-maçons  de  toutes  les  loges  prussiennes. 

On  (la  police  autrichienne)  surveille  et  recherche  les  princi- 
paux d'entre  eux  et  on  s'est  procuré  les  appels  lancés  par  les 
Loges  prussiennes  à  leurs  Frères. 


591.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4619  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  Ttigend'Btind  se  rapproche  de  plus  en  plus  des  francs- 
maçons  qui  travaillent  activement  au  renversement  des  Bour- 
bons. 


598.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4468  ad  3565). 

GGEHAUSEN  à  HAGER 

Personnages  de  Francfort  désormais  au  service  de  la  Poiizei  Hofstelle. 

Les  francs-maçons  de  Francfort. 

Il  lui  rend  compte  qu'il  s'est  «ssuré  les  services  gratuits  du 
Secrétaire  général  de  la  Police  de  Francfort  Leverey  (ou  Seve- 

1.  J'ai  cru  pouvoir  me  départir  de  la  régie  que  je  me  suis  imposée,  et  en- 
freindre exceptionnellement  l'ordre  chronologique  en  plaçant  ici,  en  même 
temps  que  ces  deux  pièces,  les  trois  suivantes  qui  complètent  les  renseignements 
relatifs  au  Tagend-Bund  et  à  la  franc-maçonnerie. 


420  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIBIINB 

rey)  et  lui  indique  les  adresses  données  pour  correspondre  8&- 
rement.  11  lui  fait  savoir  qu'on  a  également  réussi  à  s'attacher 
dans  les  mêmes  conditions  le  Comte  (?)  Weyland  et  le  baron 
von  Vrints  Berbericb,  que  le  Hofrath  von  Galler,  qui  appar- 
tient à  la  loge  de  Francfort,  est  également  entré  au  service  et 
qu'il  Ta  mis  en  rapport  avec  le  baron  von  Vrints. 

Leverey  lui  a  envoyé  la  liste  (ci-jointe  à  son  rapport)  des  P.-. 
F.-,  de  la  Loge  C Aurore  Naissante^  de  Francfort,  à  laqueUe 
appartient  entre  autres  Salomon  Mayer  Rothschild,  banquier 
de  la  Cour. 


598.  Vienne,  39  octobre  1814  (F.  S.  4170  ad  iMX), 

IIAGER    à   TEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  du  29  octobre. 

Rapports  des  27  et  t%  octobre  des  agents  chargés  de  la  sur- 
veillance de  : 

Prince  Eugène,  Nesselrode,  Stackelberg,  RazoumofFsky,  Pozzo 
di  Borgo,duc  de  Richelieu,  La  Harpe,  Czartoryski,  Stein,  Har- 
denberg,  (qui  confère  le  26  au  matin  pendant  deux  heures  avec 
Pozzo  di  Borgo,  travaille  ensuite  avec  ses  conseillers  et  surtout 
avec  le  conseiller  intime  Kruger,  qui  part  pour  Dresde  à  quatre 
heures.  A  une  heure,  il  se  rend  chez  Metternich,  à  une  confé- 
rence qui  dure  jusqu'à  quatre  heures  et  à  laquelle  assistent 
Talleyrand,  Dalberg(l),  Wrede,  Castlereagh, Munster,  Wint- 
zingerode,  le  comte  de  Hardenberg,  Nesselrode,  Humboldt, 
Linden  et  Martens. 

A  dîner,  la  chaise  du  comte  de  Hardenberg,  Tun  des  invités 
du  prince,  se  casse  ;  le  comte  tombe  et  Humboldt  de  dire  au 
prince  :  «  Voyez,  Prince,  voilà  le  Hanovre  à  vos  pieds).  » 

De  Marie-Louise  (revenue  le  25  au  soir  de  Baden  à  Schœn- 
brunn,  elle  a  reçu  le  26,  ainsi  que  M**  de  Brignole,  des  lettres 
d'Aix  et  de  Genève). 

Du  Duc  de  Richelieu.  (Il  a  passé  le  27  deux  heures  chez  le 
Grand-duc  Constantin). 

1.  Cf.  D'Angeberg»  337-941.  Sixième  Protocole  du  Comité  des  Affaires  alle- 
mandes. Séance  du  SC  octobre  à  laquelle  assistèrent  en  effet  tous  ces  per« 
ionnagM  à  rezception  toutefois  de  TaUejrrand  et  de  Dalberg. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      421 

De  Hardenberg  (de  nouveau  en  conférence  le  28  au  soir,  de  9 
à  11  heures,  chez  Metternicb  avec  Castlereagh). 

Et  de  Talleyrand.  (On  a  ramassé  sur  son  bureau  la  pièce  par 
laquelle,  conformément  à  larticle  2 (secret)  du  traité  du 30 mai 
1814,  il  informe  Reinhard  que  Dalberg  a  été  désigné  par  le  Roi 
pour  conférer  avec  les  commissaires  suisses). 


594.  Vienne,  37-28  octobre  1814  (F.  8.  4170  ad  3565). 

{Cabinet  noir)  {Intercepta  divers) 
Analyse  faite  par  la  Manipulation, 

Steinà  Munster  (21  octobre).  Lettre  de  recommandation. 

Stein  au  Prince  de  Salm-Kyrburg  (27  octobre).  (Il  a  trans- 
mis ses  réclamations  à  Hardenberg). 

Liston  à  Sidney  Smith  (Constantinople  10  octobre).  (Il  veut 
quitter  son  poste,  comme  il  le  lui  a  déjà  écrit  et  le  lui  fait 
savoir  une  fois  de  plus  en  lui  répétant  qu*il  Tavait  désigné  au 
Gouvernement  comme  son  successeur.) 

Dalberg  au  baron  Hacke  (28  octobre).  (Je  vous  envoie  le 
Mémoire  sur  la  question  de  la  Saxe  (1).  Vous  pouvez  en  pren- 
dre copie  et  même  le  répandre,  mais  sans  nous  nommer.) 


595.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  3.  4170  ad  3565). 

DALBERG  au  Marquis (2)  (chiffon). 

Il  rinforme  qu^il  a  remis  sa  lettre  à  Sidney-Smith  et  lui 
transmet  sa  réponse.  «  Smith  suit  auprès  du  Ministre  de  Suède 
ridée  favorite,  dont  il  vous  parle  comme  à  un  de  ses  amis  et 
comme  à  un  Ministre  du  Roi  à  Constantinople. 


1.  Il  s'agit  ici  du  Mémoire  raisonné  $ur  la  Saxe  que  Talleyrand  présenta  tQ 
Congrès  A  la  date  du  2  novembre. 
3.  Presque  certainement  le  Marquis  de  Rivière.  Cf.  Pièce  565. 


422  AUTOUR   DU  CONGRÈS  DE  VIEUNE 

596.  Vienne,  98  octobre  18U  (P.  3. 4170  ad  SMS). 

Nota  à  HAGER 
Sommes  touchées  par  les  Rois  de  Prusse  et  de  Bavière. 

On  prétend  que  le  Roi  de  Prusse  n'a  pris  chez  Pries  que 
36.000  florins^  le  Roi  de  Bavière  que  24.000  florins  en  papier, 
et  qu'aucun  d  eux  n'a  rien  touché  en  espèces. 

Le  Roi  de  Bavière  n'a  pu  s'empâcher  de  dire  à  une  personne 
de  sa  suite:  «  Notre  existence  ici  est  fort  agréable;  mais  nous 
ignorons  complètement  ce  qui  se  passe  et  ce  qu'il  adviendra  de 
nous.  Le  Cabinet  de  Vienne  agit  avec  nous  tout  comme  le  fai- 
saient jadis  les  Français.  On  ne  nous  dit  absolument  rien.  » 


597.  Vienne,  28  octobre  1814  (F.  S.  4170  ad  SM5). 

Nota  à  HAGER 
Wrede  et  Montgelas. 

D'après  le  dire  du  Hofagent  Moosthall,  Montgelas  ne  vien- 
drait à  Vienne  qu'après  le  départ  de  Wrede,  avec  lequel  il  est 
en  fort  mauvais  termes. 


598.  Vienne,  38  octobre  1814  (F.  8.  4178  ad  3565). 

@e  à  HAGER 

Appréciations  sur  l'Ambassade  de  Russie  et  sur  les  scènes  qui  ont  eu  lieu 

avec  Metternich  avant  le  voyage  en  Hongrie. 

Les  rois  et  les  princes  présents  à  Vienne,  leurs  Ministres 
et  leur  suite  sont  tous  d'accord  pour  dire  que  l'Empereur 
Alexandre  aurait,  dans  son  propre  intérêt,  beaucoup  mieux  fait 
de  rester  chez  lui.  Sa  considération,  que  ses  inconséquences 
ont  fortement  comprise,  j  aurait  assurément  beaucoup  gagné. 
;  Les  Ministres  russes  ne  sont  guère  plus  favorablement  jugés 
que  leur  Maître.  On  constate  avec  plaisir  qu'à  l'exception  de 
Ânstett  qui  seul  a  du  talent  et  de  la  valeur,  l'Ambassade  russe 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      423 

au  Congrès  ne  se  compose  que  de  .médiocrités  et  que  le  plus 
insigniGant  de  tous  est  le  comte  Nesselrode. 

Les  Prussiens  ne  se  gênent  pas,  lorsqu'ils  sont  entre  eux 
ou  avec  des  intimes,  pour  se  moquer  des  Membres  du  Cabinet 
russe  et  de  l'Ambassade  envoyée  au  Congrès, 

La  police  secrète  russe,  qui  opère  à  Vienne  et  dont  font 
partie,  à  mon  avis,  le  duc  d'Acerenza  Pignatelli  et  toute  la 
bande  du  baron  Bûbler  (1),  m'a  Tair  de  s'occuper  bien  plus 
d'intrigues  qui  peuvent  leur  rapporter  personnellement  quelque 
chose  que  des  questions  qui  intéressent  leur  souverain  et  leur 
pays. 

Partout  où  je  vais,  je  n'entends  depuis  avant-hier  parler 
que  des  deux  scènes  qu'avant  le  départ  pour  la  Hongrie  Metter* 
nich  a  eues  avec  l'Empereur  de  Russie  et  avec  notre  Empereur. 
On  me  répète  partout  qu'Alexandre  veut  absolument  la  chute 
de  Metternich  et  qu'il  profitera  du  voyage  en  Hongrie  et  des 
tête-à-tête  avec  l'Empereur  François  pour  arriver  à  ses  fins. 
Les  ennemis  de  Metternich  se  croient  sûrs  du  succès,  et  c'est 
là  même  une  preuve  manifeste  des  intrigues  auxquelles  on  se 
livre  tant  à  la  Cour  qu'au  Congrès.  Ils  font  des  gorges  chaudes 
sur  le  choix  qu'on  a  fait  de  Vienne  pour  réunir  le  Congrès. 

Les  Saxons,  les  Polonais,  les  Médiatisés  crient  Haro  sur 
Metternich  et  sa  politique.  La  Russie  aura  sa  Pologne  ;  la 
Prusse  gardera  la  Saxe  ;  les  souverains  partiront  de  Vienne  ; 
le  Congrès  sera  dissous  et  l'Autriche  aura  la  guerre  avec  la 
Russie,  voilà  ce  qu'on  entend  dire  chez  les  Starhemberg  et 
les  Stadion. 


599.  Vienne,  28  octobre  1814  (F.  S.  4170  ad  35e5t. 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Le  Congrès  et  l'opinion  publique.  Los  questions  d'Allemagne,  de  Saxe  et 
de  Pologne.  Castlereagh  et  Gènes.  La  faveur  de  Pozzo  di  fiorgo  et  la  cour 
de  Russie. 

On  perd  de  plus  en  plas  Tespoir  de  voir  le  Congrès  Gnir 
comme  on  le  voudrait  et  comme  on  le  croyait  d'abord.  On  dit 
que  le  Congrès  n'a  pas  de  principes  et  que  s'il  en  a,  s'en  sont 

1.  Conseiller  d'Etat  Russe. 


424  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

de  bien  mauvais.  Loin  de  donner  à  chacun  ce  qui  lui  est  dû, 
on  va  prendre  à  d'autres  ce  qui  leur  appartient  légitimement. 

La  Russie  va  se  pousser  sur  TAllemagne.  La  Prusse  veut 
en  dominer  le  Nord,  et  T Autriche, le  Midi.  Les  petits  Etats  alle- 
mands en  frémissent^  s'agitent  et  se  désespèrent.  Une  Confé- 
dération de  l'Allemagne  parait  un  rêve,  une  impossibilité  qu'on 
cherche  et  qu'on  ne  trouvera  pas.  En  général  tout  le  monde 
frémit  du  partage  de  la  Saxe.  On  observe  partout  un  croise- 
ment fatal  de  vues  et  d'intérêts  et  une  mésintelligence  pro- 
noncée, même  parmi  ceux  qui  demandent  et  désirent  la  même 
chose.  J'en  citerai  un  seul  exemple  : 

La  France  demande  la  conservation  de  la  Saxe  à  son  roi  et 
que  la  Pologne  ne  soit  pas  toute  à  la  Russie.  Nous  demandons 
la  même  chose,  et  nous  nous  plaignons  de  la  France  «  qui 
veut  se  mêler  de  ce  qui  ne  la  regarde  pas  !  » 

Tout  ceci  fait  que,  quand  on  parle  du  Congrès  et  de  son 
issue,  on  sourit  d'un  air  de  compassion,  et  tout  le  monde  dit  : 
€  Cela  finira  par  une  nouvelle  paix  d'Amiens.  On  se  séparera 
en  amis  en  ayant  la  guerre  en  projet.  » 

Castlereagh  a  répondu  sèchement  à  la  Députation  de  Gênes 
qui  invoquait  son  appui  :  €  Qu'ils  n'avaient  qu'à  s'adresser  au 
roi  de  Sardaigne  et  à  tâcher  d'obtenir  de  bonnes  conditions  et 
privilèges.  »  En  dépit  de  cela,  Brignole  espère  toujours. 

Pozzo  di  Borgo  est  le  héros  du  moment  pour  les  honnêtes 
gens.  11  parle  comme  Démosthènes,  pense  et  raisonne  comme 
Caton.  11  tonne  en  faveur  de  la  justice,  du  droit  et  des  véri- 
tables intérêts  des  têtes  couronnées  et  coalisées.  On  est  surpris 
de  son  audace,  vu  que  les  principes  qu'il  proclame  ne  s'accor- 
dent pas  avec  ce  que  fait  et  prétend  le  Cabinet  auquel  il  est 
attaché.  Aussi  Ton  croit,  ou  que  la  Cour  de  Russie  deviendra 
plus  modérée  et  plus  sage,  ou  qu'elle  se  défera  de  lui,  et  alors, 
étant  né  en  Corse  et  sujet  français,  il  rentrera  au  service  de 
son  ancien  Roi  qui  lui  doit  déjà  tant,  puisqu'il  est  remonté  sur 
son  trône  en  dépit  de  toutes  les  apparences  et  toutes  les  com- 
binaisons. 


600.  Vienne,  30  octobre  1814  (F.  3. 4178  ad  3565>. 

HAGER    à   L'EMPEREUR 
Rapport  et  bordereau  du  30  octobre. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      425 
Vienne,  27-29  octobre  1814  \F.  3.  4173  el  4183  ad  3505). 

Rapport  à  HAGER 
Rapport  de  surveillance  sur  Marie-Louise. 

Marie-Louise  reçoit  le  27  une  visite  de  deux  heures  du  car- 
dinal Consalvi,  et  aune  heure,  celle  de  la  Comtesse  Lazanski  (1) 
qui  apporte  de  Targent. 

A  deux  heures,  on  apporte  une  lettre  de  Talleyrand.  Elle  fait 
appeler  Bausset  pour  y  répondre  avant  de  faire  une  prome* 
nade  à  cheval. 

Le  soir  à  table,  elle  se  plaint  du  pain  €  qui  est  si  mauvais 
qu'elle  finira  par  faire  venir  un  boulanger  de  Paris».  Le  même 
soir,  on  expédie  un  courrier  qui  repart  pour  la  Suisse. 

Le  29  au  matin,  Marie-Louise  a  fait  expédier  par  Bausset 
une  lettre  au  Cardinal  Consalvi. 

Après  une  sortie  à  cheval  à  deux  heures,  elle  a  reçu  la  visite 
des  Impératrices  d'Autriche  et  de  Russie  et  du  prince  de  Saxe- 
Cobourg.  Le  soir,  elle  a  donné  l'ordre  de  préparer  ses  voitures 
de  voyage. 


601.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565  . 

à  HAGER 

Rapport  de  surveillance. 

Sur  Radziwill.  Les  deux  Juifs  de  la  Cour,  Dillen  et  Sonnen 
berg,  lui  ont  remis  le  26  deux  nouveaux  sacs  d'argent. 


602.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  3565  . 

Rapport  à  HAGER 
Radsiwill  et  l'argent  qu'on  lui  a  remis. 

Les  Juifs  de  la  Cour,  Dillen  et  Sonnenberg,  remettent  le  28 
1.000  pièces  d'or  (ducats)  à  Radziwill. 

1.  Grande  Maltresse  de  la  Cour. 


426  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNB 

603.  Vienne,  39  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565). 

Rapport  sur  HUMBOLDT 

Od  a  réussi  à  placer  uo  agent  chez  lui  ;  mais  Humboldt  est 
extrêmement  méfiant  et  surveille,  enregistre,  expédie  et  porte 
lui-même  ses  lettres. 


604.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  colonel  von  Millitz  et  le  lieutenant  Kleist  sont  partis 
le  29  au  matin  pour  Dresde,  où  l'administration  russe  prendra 
fin  sous  peu. 

605.  Vienne,  39  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565). 

©  e  à  HAGER 

La  comtesse  Callenberg.  Farina,  Peschiera.  Sa  liaison  avec  le  comte 
de  Schulenbarg.  Ses  relations  avec  la  comtesse  Fuchs. 

La  Comtesse  Callenberg  a  eu  pour  compagnon  de  route  un 
certain  Farina  qui  est  un  émissaire  envoyé  par  Murât,  au  ser- 
vice duquel  se  trouve  aussi  un  certain  Peschiera  (Pescara). 

La  Callenberg  aurait  été  et  serait  encore  la  maîtresse  de 
Schulenburg.  Elle  est  très  liée  avec  la  Comtesse  Fuchs,  qui 
fréquente  chez  la  Sagan  et  chez  Metternich,  et  par  laquelle 
elle  apprend  bien  des  choses. 


606.  Vienne,  29  octobre  1U4  (F.  3.  4178  ad  3565). 

Nota  à  HAGER 
Alliano  et  le  maintien  de  Murât.  Date  de  son  départ. 

Le  prince  d'Alliano,  arrivé  il  y  a  quinze  jours  avec  des  dé- 
pêches, doit  repartir  demain  pour  Naples. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      427 

Alliano  parait  convaincu  que  Murât  conservera  son  trône 
et  que  FAutriche  est  décidée  à  rester  fidèle  au  traité  qu'elle 
a  signé  avec  son  roi.  Il  attend  aujourd'hui  un  courrier  de 
NapleSy  et  c'est  alors  seulement  qu'il  saura  s*il  doit  partir  ou 
prolonger  son  séjour. 


607.  Vienne,  39  octobre  1814  (F.  3.  4183  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
La  journée  du  Prince  de  Hardenberg. 

Hardenberg  a  eu  de  8  heures  à  10  heures  1/2  du  soir  une 
conférence  chez  Metternich  avec  le  Comte  de  Munster;  le 
Comte  Wintzingerode,  le  Comte  Hardenberg,  Humboldt  et 
Wessenberg. 


608.  Vienne»  29  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565). 

e  e  à  HAGER. 

Les  intrigues  contre  Metternich.  Les  nouvelles  qu'on  répand  dans  les  salons 
politiques .  Les  renseignements  fournis  par  SÛckelberg  au  comte  Schœn- 
feld  sur  la  question  de  la  Saxe  et  la  marche  générale  des  afTaires. 

On  est  de  plus  en  plus  convaincu  dans  la  coterie  Puiïendorf 
que  tout  cet  imbroglio  ne  peut  finir  que  par  un  changement 
de  Cabinet  ou  une  guerre  avec  la  Russie. 

Voilà  maintenant  la  riposte  des  partisans  de  Metternich  : 
«  Rien  de  plus  honorable  et  de  plus  beau  que  de  quitter  le 
Ministère  ;  d'abord  parce  qu'on  se  refuse  à  apposer  sa  signa* 
ture  sur  un  papier  par  lequel  on  cède  tout  le  Duché  de  Var- 
sovie à  la  Russie  et  on  laisse  prendre  à  l'Empereur  de  Russie 
le  titre  de  roi  de  Pologne,  ensuite  parce  qu'on  ne  voit  pas  de 
raison  de  se  brouiller  avec  la  Bavière  pour  les  beaux  yeux  des 
médiatisés,  rien  qu'afin  d'empêcher  l'Allemagne  de  devenir  un 
corps  solide  capable  d'échapper  désormais  à  l'influence  fran- 
çaise et  aux  épreuves  qu'elle  vient  de  traverser. 

Chez  le  comte  de  Rechberg,  où  l'on  parlait  d'une  tension  des 


428  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE  VIENNE 

rapports  entre  les  Ministres  russes  et  prussiens,  la  comtesse  a 
dit  devant  moi  :  €  Tant  que  je  verrai  le  roi  de  Prusse  accom- 
pagner et  suivre  partout  TEmpereur  Alexandre,  je  ne  croirai 
pas  à  cette  brouillerie.  » 

Hier,  vers  midi^  alors  que  j*étais  chez  le  comte  Schœnfeld 
(l'ancien  Ministre  de  Saxe  à  Vienne),  je  vis  le  comte  Stackel- 
berg  se  glisser  chez  lui.  Il  est  entièrement  acquis  aux  intérêts 
de  la  Saxe  et  rapporte  fidèlement  à  Schœnfeld  tout  ce  qui  se 
dit  et  se  fait  dans  le  Cabinet  russe  par  rapport  à  la  Saxe. 

Schœnfeld  se  désolait  sur  la  situation  extrêmement  critique 
de  l'Autriche  et  de  Metternich  ;  il  finit  par  dire  :  «  L'Empereur 
François  ne  consentira  pas  et  ne  peut  consentir  à  laisser  tomber 
Metternich.  Lord  Castlereagh  interviendra,  agira  auprès 
d'Alexandre,  lui  arrachera  une  concession  et  soutiendra  Met- 
ternich. Quant  aux  affaires  d'Allemagne,  il  n  y  a  plus  rien 
d'autre  à  faire  qu'à  se  rejeter  du  côté  de  la  Prusse.  En  admet- 
tant même,  ce  qui  serait  peu  probable,  qu'on  redonne  le  por- 
tefeuille des  affaires  étrangères  au  comte  Stadion,  les  affaires 
n'en  iraient  que  plus  mal.  Stadion  sacrifierait  les  intérêts  de 
l'Autriche  à  $es  chers  Médiatisés  et  se  brouillerait  du  coup 
avec  la  Bavière  et  le  Wurtemberg.  L'Empereur  François  n'a 
donc  qu'à  garder  Metternich  et  à  lui  conseiller  de  s'inspirer 
des  conseils  et  de  l'exemple  de  Thugut.  Mais,  même  à  la  Chan- 
cellerie d'Etat,  Metternich,  si  on  en  excepte  le  baron  Binder 
et  le  comte  de  Mercy,  ne  peut  compter  sur  personne,  surtout 
pas  sur  Hudelist  et  même  pas  sur  Hoppe  et  sur  Bretfeld. 

Les  étrangers,  comme  les  Viennois,  ont  une  véritable  indi- 
gestion des  fêtes  et  du  Congrès. 


609.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  S.  4178  ad  85«5). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Gentz  défenseur  de  Murai.  Jugement  sur  Gentz.  La  Bagration  et  le 
prince  Eugène.  Metternich  toujours  en  disgrâce  auprès  d'elle. 

Anstett  a  dit  chez  la  princesse  Bagration  que  Gentz  sou- 
tient que  pour  le  repos  de  l'Europe,  il  faut  que  Murât  reste 
roi  de  Naples.  Ce  propos  a  été  trouvé  digne  de  l'homme  qui 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET  LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      429 

n'a  jamais  eu  une  opinion  à  lui  et  qui  les  a  eues  toutes  à  me- 
sure qu'on  les  lui  a  fournies. 

La  princesse  Bagration  se  déclare  à  présent  pour  Beau- 
harnais.  Elle  le  trouve  bien  préférable  au  prince  Charles  de 
Bavière. 

Il  ne  m'a  pas  paru  que  le  Prince  de  Metternich  ait  repris 
dans  cette  maison  tout  l'ascendant  qu'il  j  avait.  La  princesse 
parle  de  ne  pas  accorder  de  pardon.  Nesselrode  est  en  faveur 
du  prince,  et  Pozzo  di  Borgo  a  été  pris  pour  juge.  La  sentence 
n'est  pas  encore  prononcée.  On  la  rendra  à  portes  closes.  Stein 
y  entre  aussi  comme  opinant. 

J'ajoute  qu'Anstett  est  un  ennemi  déclaré  de  Pozzo. 


610.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  8565). 

GENTZ   à    KARADJA  (1)  {intercepta)  (en  français) 

Depuis  le  départ  de  ma  lettre  du  20,  je  n'ai  plus  rien  appris 
de  l'affaire  de  M.  Bellio.  Le  prince  de  Metternich  m'a  cepen- 
dant parlé  à  plusieurs  reprises  de  la  peine  que  lui  cause  cette 
affaire.  Une  circonstance  qui  m'inquiète  beaucoup,  c'est  Tin- 
certitude  dans  laquelle  je  suis  sur  les  lettres  et  les  réponses 
que  Votre  Altesse  pourrait  m'avoir  adressées  par  M.  Bellio. 


611.  Vienne,  81  octobre  1814  (F.  8.  4188  ad  3565), 

HAGER    à   L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  81  octobre  1814. 

11  lui  transmet  les  rapports  sur  Goupy,  agent  de  la  Reine 
d'Eirurie  et  ses  démarches  auprès  des  ministres  des  Bourbons. 

Sur  le  grand-duc  de  Bade  et  sur  son  ministre,  le  ConseiUer 
d'Etat  Sensburg,  bien  disposé  pour  l'Autriche,  et  pour  le  mo- 
ment tout  puissant  sur  l'esprit  du  Grand-duc. 

Sur  l'aggravation  soudaine  du  change  (rapport  demandé  par 
Stadion). 

1.  Cette  dépêche  de  Gentz  ayant  été  publiée  par  Klinkowatrœm,  Oetter- 
reich's  TheilnMhme,  etc.,  etc.,  452-455,  je  me  suis  contenté  de  reproduire 
ici  le  premier  paragraphe  qu'il  n'a  pas  jugé  nécessaire  de  faire  connaître  à 
ses  lecteurs. 


430  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VlEKNfi 

612.  Vienne,  80  octobre  1814  (F.  8.  4183  ad  3565). 

Relevé  de  quelques  pièces  interceptées  et  analysées 
par  le  cabinet  noir  le  80  octobre. 

Stein  à  Nesselrode  (à  propos  d'une  réclamation  du  prince 
Joseph  Dietrichstein  contre  le  roi  de  Wurtemberg). 

Stein  à  Hardenberg  (sur  les  prébendes  en  Allemagne). 

Stein  au  même  (pour  Tinformer  que  n'ayant  plus  besoin  du 
Staatsrath  Friese,  il  le  remet  à  sa  disposition). 

Stein  au  Comte  de  Munster.  (Il  Imforme  d'un  arrangement 
intervenu  avec  le  prince  d'Orange  et  relatif  aux  revenus  de  la 
poste  pendant  la  période  de  l'occupation  provisoire.) 

Stein  à  la  direction  des  postes  à  Francfort  (Même  sujet). 

Dalberg  à  la  duchesse  à  Bologne  (28  octobre)  (peu  intéres- 
sante). 

Sontheim  à  Wintzingerode  (29  octobre).  (Paquet  contenant 
des  numéros  du  Moniteur  et  des  Débats), 

Heilmann  à  son  père  (à  Bielle)  de  Vienne^  17  octobre  (sur 
les  affaires  de  Suisse), 

Lind  au  comte  de  Bentinck^  La  Haye,  22  octobre  {par  la  po- 
lice), (Il  voudrait  servir  avec  Bentinck  et  retourner  dans  le 
voisinage  d'Oldenburg.  Il  a  servi  dans  les  troupes  d'Olden- 
burg  qu'il  n'a  quittées  qu'à  la  suite  d'ime  injustice  dont  il  a 
été  victime.) 

618.  Vienne,  80  octobre  1814  (F.  8.  4183  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Dalberg.  Emploi  de  sa  journée  du  28  octobre.  Vernégues,  son  passé, 

ses  relations  avec  Anstett. 

Dalberg  est  resté  le  28  de  11  heures  du  matin  à  2  heures 
chez  la  Comtesse  Schœnborn  et  a  travaillé  le  soir  avec  la  Bes- 
nardière  avant  d'aller  souper  chez  la  Sagan.  On  n'a  pas  trans- 
mis ses  chiiïons  parce  qu'ils  étaient  insignifiants. 

Le  Chevalier  de  Vernègues,  agent  français,  quoiqu'ayant  le 

,  titre  de  Conseiller  d'Etat  Russe,  est  celui  qui,  arrêté  dans  le 

Midi  de  la  France,  a  été  emprisonné  pendant  deux  ans  au 

Temple.  11  a  de  fréquents  entretiens  avec  Anstett,  chez  lequel 

il  est  encore  resté  dernièrement  pendant  plus  de  3  heures. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET   LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      431 

614.  Vienne,  30  octobre  1814  (F.  3,  4183  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Arrivée  de  TimiriasofT  en  courrier  de  Varsovie. 

M.  Timiriasoff,  aide  de  camp  du  Grand-duc,  est  arrivé  hier 
en  courrier  de  Varsovie  porteur  de  dépêches  ayant  toutes  trait 
à  l'organisation  de  larmée  polonaise  qui  progresse  rapidement. 


615.  Vienne,  30  octobre  1814  (F.  3.  4183  ad  3565). 

SICARD  à  HAGER 

Arrivée  d'un  courrier  napolitain  et  rappel  du  prince  d'AUiano. 

Le  Courrier  napolitain  Baraini,  parti  de  Naples  le  19,  est 
arrivé  cette  nuit  et  Cariati  a  aussitôt  invité  Alliano  à  se  tenir 
prêt  à  partir,  d*abord  dans  Taprès-midi^puis  demain  soir  parce 
que  les  dépêches  n'étaient  pas  prêtes. 

616  Vienne,  30  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3665). 

MAILATH  à  HAGER  (en  français). 
Alexandre  et  la  comtesse  Orczy. 

Alexandre  a  fait  à  Pesth  une  cour  assidue  à  la  Comtesse 
Orczy  (l)y  mais  sans  résultat  puisqu'il  lui  a  dit:  «  Je  suis  bien 
fâché  qu'il  n'y  ait  pas  pour  moi  l'occasion  d'emporter  un  re- 
mords de  conscience  ;  mais  j'espère  bien  vous  voir  à  Vienne.  » 


617,  Vienne,  30  octobre  1813  (F.  8.  417d  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français) 

Convention  entre  l'Angleterre,  la  Russie  et  la  Hollande 
au  sujet  de  la  dette  de  la  Russie  à  la  Hollande. 

Je  viens  d'apprendre  à  la  Légation  Hollandaise  qu'il  s'est 
fait  tout  récemment,  par  l'entremise  de  Castlereagh,  une  con- 

1.  Bien  probablement  la  comtesse  Thérèse  Batthyanyi  (1790-1861)  qui  avait 
épousé  le  comte  Lorenz  Orczy. 


432  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

vention  entre  la  Russie,  l'Angleterre  et  la  Hollande  au  sujet 
de  la  dette  passive  de  la  Russie  aux  Hollandais.  L'Angleterre 
en  prend  un  tiers  à  sa  charge,  la  Hollande  un  tiers,  de  sorte 
que  la  Russie  n'est  plus  responsable  que  du  dernier  tiers  (1). 


618.  Vienne,  30  octobre  1814  (P.  3.  4183  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

La  Tour  du  Pin  Gouvernet.  —  M"«  de  la  Tour  du  Pin. 
L'Ambassade  française  mal  vue  à  Vienne. 

A  Toccasion  de  la  petite  partie  de  chasse  donnée  à  Hietzing 
par  le  comte  François  Paliïy,  j'ai  fait  parler  les  gens  de  la 
maison  de  Tlmpératrice  Marie-Louise.  Us  m'ont  dit  que  La 
Tour  du  Pin  était  le  beau-frère  dû  général  Bertrand  (2)  qui 
est  à  rîle  d'Elbe  avec  Bonaparte.  A  peine  de  retour  à  Vienne, 
je  cherchai  le  baron  de  Fierlant,  cousin  de  M.  de  Liedekerke, 
gendre  de  La  Tour  du  Pin,  Il  m'a  confirmé  ce  que  j'avais  ap- 
pris et  m^a  dit  que  toute  la  Société  Belge  ne  comprenait  pas 
comment  Talleyrand  avait  fait  choix  de  La  Tour  du  Pin  pour 
le  placer  à  Vienne.  11  a  ajouté  que  la  femme  de  La  Tour  du 
Pin  y  viendrait  bientôt  et  que  c'était  une  personne  très  intri- 
guante. 

Le  baron  de  Fierlant  (3)  m'a  dit  que  les  Français  de  l'Am- 
bassade sont  très  mal  vus  à  Vienne  et  le  seront  encore  davan- 
tage quand  M"*  de  la  Tour  du  Pin  y  sera. 

1.  Cf.  potir  plus  de  délails  G.  LABOucHèRB,  Pierre-Céiàr  Labonchère  dans 
la  Revue  d'Histoire  Diplomatique.  N*  3,  1913  et  n^  1, 1914. 

2.  Le  général  Bertrand  avait  en  effet  épousé  Fanny  Dillon,  fille  du  Général 
Arthur  Dillon  guillotiné  en  1794  et  sœur  cadette  de  la  Marquise  de  la  Tour 
du  Pin  Gouvernet.  Cf.  F.  Masson,  Napoléon  à  Sainte- Hé  lé  ne  et  Marquisb  db 
LA  Tour  du  Pin,  Journal  d'une  femme  de  cinqu&nle&m. 

3.  Fierlant  (Antonin,  baron  de),  fils  de  Goswin,  Anne-Marie  Félix  de  Fier- 
lant (président  du  Grand  Conseil  deMalines^puis  président  du  Conseil  d'Ap- 
pel de  Bruxelles,  et  ensuite  chef  président  du  Conseil  Privé  des  Pays-Bas, 
de  juin  1793  à  l'invasion  française)  et  de  Marie-Thérèse,  fille  de  Patrice  comte 
de  Nény.  MM.  de  Fierlant  et  de  Nény  fnrent  des  soutiens  dévoués  et  opi- 
niâtres de  la  politique  autrichienne  des  Pays-Bas.  Leur  fils  et  petit-fils  fut 
probablement  attiré  à  Vienne  par  le  sentiment  de  loyalisme  qui  y  retint 
nombre  de  Belges  au  commencement  du  xiz*  siècle.  Antonin  de  Fierlant 
hérita  du  titre  de  baron  en  1820  à  la  mort  de  son  oncle  Jean- François-Joseph 
de  Fierlant,  conseiller  honoraire  de  la  Cour  des  Comptes  du  royaume  des 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMEiNTS    DU    CONGRÈS       433 
619.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565). 

B...  à  HAGER 

Anstclt  et  l'état  de  la  question  do  Pologne. 

«  Mon  maître,  m*a  dit  Anstett,  auquel  je  demandais  s'il 
était  vrai  qu'on  se  fût  mis  d'accord  sur  la  question  de  la  Po- 
logne,  est  plus  entêté  que  jamais  et  cherche  à  se  retrancher 
derrière  des  arguments  plus  spécieux  les  uns  que  les  autres, 
même  avec  moi  et  bien  qu'il  sache  que  je  suis  resté  inébran- 
lablement  fidèle  à  mes  idées.  Le  plus  singulier  en  tout  ceci, 
c'est  que  lorsqu'il  se  sent  par  trop  pressé  par  les  autres,  c'est 
moi  qu'il  appelle  à  la  rescousse.  C'est  dimanche  passé  (le  23) 
qu'il  s'est  pour  la  dernière  fois  entretenu  avec  moi.  11  avait 
Tair  de  vouloir  à  la  fois  et  se  réconcilier  avec  moi  et  me  con- 
vertir. Il  a  été  assez  dur  et  assez  amer  et  m'a  dit  entre  autres 
choses  :  «  Quand  on  a  autant  de  talent  que  vous,  on  s'applique 
à  travailler  de  toutes  ses  forces  dans  le  sens  voulu  par  son 
souverain,  ou  si  l'on  ne  peut  s'y  résoudre,  on  donne  sa  démis- 
sion et  on  se  met  en  règle  avec  sa  conscience  en  faisant  son 
devoir  et  en  conseillant  à  son  souverain  ce  qu'on  croit  lui  être 
réellement  utile.»  Cela  dit,  il  m'accabla  de  nouveau  de  besogne 
et  depuis  qu'il  est  parti  pour  la  Hongrie,  j'ai  déjà  dû  lui 
envoyer  deux  courriers.  » 

Moi  :  €  Mais  vous  m'avez  dit  qu'il  vous  avait  retiré  toutes 
les  affaires  relatives  à  la  Pologne  pour  les  confier  au  prince 
Czartoryski.  » 

Lui  :  4c  Rien  ne  doit  vous  surprendre  de  la  part  d'im  carac- 
tère aussi  changeant,  surtout  quand  il  se  sent  acculé.  11  n'a 
pas  une  confiance  illimitée  dans  la  façon  dont  Czartoryski 
s'acquitte  de  la  besogne.  Moi,  il  me  connaît  et  lors  de  la 
dernière  audience  qu'il  me  donna,  il  me  dit  que  je  connaissais 
les  affaires  bien  mieux  que  les  autres.  Voilà  ce  que  sont  les 
grands  de  la  terre.  » 

Pays-Bas,  créé  baron  avec  réversibilité  sur  la  tête  de  son  neveu  par  le  roi 
Guillaume.  Le  baron  Antonio  de  Fierlant  n'occupa  aucun  emploi  public  et 
mourut  à  Vienne  le  1*'  mars  1830.  il  était  parent  des  Liedekerke  par  les 
Néoy.  La  marquise  Desandrouin,  grand'mère  maternelle  de  M.  de  Liede- 
kerke, était  la  fille  atnéedu  comte  de  Nény  et  la  sœur  de  M**  de  Fierlant  (Ren- 
seignement dû  à  l'obligeance  de  M.  le  Comte  de  Villermont). 

TI.  28 


434  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

Moi  :  «  Il  y  a  donc  encore  lieu  d*espérer  qu*on  finira  par  se 
mettre  d'accord  et  j*ai  Tintime  conviction  que  dans  ces  condi- 
tions vous  pourrez  puissamment  contribuer  à  modifier  la  ma- 
nière de  voir  votre  Maître.  » 

Lui  :  €  Comme  vous  pouvez  le  voir,  je  suis  déjà  en  train  de 
préparer  sur  cette  question  un  nouveau  rapport  que  je  lui  des- 
tine et  qui  serait  déjà  parti  si  toute  la  besogne  ne  retombait 
pas  sur  mes  épaules. 

C'est  ainsi  qu'il  m'a  demandé  de  lui  fournir  de  suite  un  état 
des  possessions  territoriales  de  la  France  avant  la  Révolution. 
Nesselrode  et  tout  son  monde  n'ont  même  pas  été  capables 
de  le  renseigner  sur  une  chose  cependant  aussi  connue.  Je  lui 
en  ai  dressé  au  galop  un  tableau  (qu'il  me  montra).  Si  les 
autres  puissances  tiennent  bon,  je  ne  sais  vraiment  pas  com* 
ment  cela  finira.  En  tout  cas,  ce  sera  une  affaire  de  longue  du- 
rée et  qui  provoquera  de  sérieuses  discussions,  et  dans  ce  cas 
votre  congrès  n'est  pas  près  de  finir.  » 

Nous  en  étions  là  lorsque  nous  fûmes  interrompus  par  le 
Chevalier  de  Vernègues,un  agent  du  roi  de  France  qui  a  jus- 
qu'ici porté  le  titre  de  Conseiller  d'Etat  russe,  a  été  arrêté  en 
France  en  1804  et  emprisonné  pendant  deux  ans  au  Temple. 
Il  vient  fréquemment  chez  Anstett  avec  lequel  il  a  eu  tout  der- 
nièrement un  entretien  qui  dura  trois  heures. 

Ânstett  viendra  demain  prendre  de  nouveau  le  café  chez  moi. 
Moi,  je  ne  peux  aller  chez  lui  qu'une  ou  deux  fois  par  semaine. 


620.  Vienne,  !•'  novembre  1814  (F.  3.  4104  ad  3565). 

HAGERà  L'EMPEREUR 
BoDEREAu  et  Rappûbt  journalier,  Vienne,  !•'  novembre 

(F.  8.  4453  ad  3565). 
Lord  Stewarl  et  sa  rixe  avec  un  cocher. 

Sur  Taffaire  entre  lordStewart  et  un  cocher.  Lord  Stewart 
se  bat  avec  un  cocher,  et  il  aurait  été  rossé  par  lui  sans  l'in- 
tervention opportune  de  la  police.  La  rixe  a  eu  pour  cause  pre- 
mière un  coup  donné  sur  la  tête  d'un  des  chevaux  du  cocher 
par  un  Anglais  qui  accompagnait  lord  Stewart  et  ensuite  Tin- 
tervention  un  peu  brutale  de  ce  dernier. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET   LES  AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS      435 

621.  Vienne,  30-31  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  3565). 
Relevé  de  quelques  pièces  interceptées  par  le  Cabinet  noir. 

LOwenhielm  à  la  comtesse  SchOnborn  (30  octobre). 

Gaertner  à  Marteas  (Envoi  d'un  mémoire  adressé  à  Munster 
pour  la  levée  d'un  séquestre). 

Hardenberg  à  Radziwill  et  à  Wittgenstein. 

Stein  au  comte  de  Solms-Laubach. 

Castlereagh  à  Clancarty,  Stewart  et  Cathcart  (pour  les  pré- 
venir qu'il  y  aura  le  31,  à  11  heures  du  soir,  une  conférence 
chez  Metternich). 

622.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  8.  4194  ad  8565). 


N. 


Rapport  de  surveillance  sur  LA  HARPE 

La  Harpe  a  affirmé  que  la  Russie  prendra  le  Grand-duché 
de  Varsovie  et  que  la  Prusse  recevra  comme  indemnité  la  plus 
grande  partie  de  la  Saxe.  La  Harpe  est  très  mécontent  et 
quelque  peu  inquiet  de  ce  qu'on  paraît  méditer  à  Tégard  de 
la  Suisse. 


623.  Vienne,  31  octobre  1814  (P.  3.  4313  ad  8565). 

L'EMPEREUR  à  HAGER  et  HAGER  à  SCHMIDT 

Ordre  de  surveiller  trois  Polonais  et  surtout  Vernègues.  Note  sur  ce  dernier. 

Après  avoir  examiné  les  rapports  que  Hager  lui  a  transmis, 
TEmpereur  lui  donne  Tordre  de  faire  surveiller  de  très  près 
Vernègues  à  cause  de  ses  relations  avec  Anstett  et  de  prendre 
des  mesures  analogues  à  l'égard  des  Polonais  Szimiakowski, 
Drohojewski  et  Szaniawski^  mais  surtout  à  l'égard  du  pre- 
mier. 

Hager  donne  le  même  jour  des  ordres  en  conséquence  au 
Schmidt  et  lui  communique  un  rapport  sur  Vernègues  fait  par 
le  baron  Bûbler. 

En  1800,  Vernègues  était  agent  de  Louis  XVIII  à  Rome  et 
Napoléon  se  le  fit  livrer  par  le  Pape  et  le  fit  emprisonner.  En 


436  AUTOUR  DU   CONGRÈS   DE   VIEMME 

1801,  le  Pape  obtint  sa  délivrance.  Vernègues  se  rendit  alors 
à  Saint-Pétersbourg  et  y  fut  employé  par  le  Département  des 
Affaires  étrangères,  tout  en  continuant  à  rester  un  des  agents 
de  Louis  XVIII.  A  Vienne,  il  a  maintenant  ses  grandes  et 
petites  entrées  chez  Talleyrand  et  est  très  considéré  par 
Alexandre,  auquel  il  sert  d^intermédiaire  avec  Talleyrand,  avec 
lequel  il  retournera  à  Paris  après  le  Congrès. 


624  Vienne,  31  octobre  1814  (P.  3.  4194  ad  3565). 

e©  à  HAGER 

Hardenberg  est  allé  le  30  chez  son  roi  qu'il  ne  trouva  pas 
chez  lui,  et  de  là  chez  Metternich  à  une  conférence  qui  dura 
de  1  h.  1/2  à  4  h.  1/2  et  à  laquelle  assistèrent  Castlereagh, 
Nesselrode,  Humboldt,  Wessenberg  et  Gentz. 


625.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

On  a  recommandé  si  chaudement  à  un  des  députés  suisses, 
à  Heilmann,  Tagent  Borwitz,  qu'il  va  le  prendre  pour  secré- 
taire. 

Talleyrand  a  été  le  29  au  soir  chez  Metternich,  mais  n'a  pas 
réussi  à  le  voir. 


626.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 
L'altercation  entre  les  trois  souverains  à  Bude  d'après  Palmella. 

D'après  ce  que  m'a  déclaré  et  confié  Palmella,  il  y  aurait 
eu  ime  dispute  longue  et  vive  dans  l'appartement  même  de 
l'Empereur  d'Autriche  à  Bude. 

Le  roi  de  Prusse  est  sorti  le  premier.  Après  quelques  mo<- 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS      437 

mentSy  il  a  été  réjoint  par  l'Empereur  de  Russie  et  tous  deux 
se  retirèrent  dans  Tappartement  de  ce  dernier.  L'Empereur 
d'Autriche  fit  appeler  à  l'instant  le  Palatin  qui  passa  peu 
après  en  messager  de  paix  chez  les  deux  souverains.  Le  sujet 
de  ce  démêlé  n'est  pas  connu,  mais  le  fait  est  incontestable.il 
ne  faut  pourtant  pas  s'en  effrayer  et  en  tirer  des  conséquences 
fftcheuses.  Le  bien  naît  souvent  du  mal. 


627.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  8565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 
La  redoute.  Alexandre  et  la  Comtesse  Esterhazy  Roisin. 

J'ai  été  cette  nuit  (le  àO)  à  la  Redoute.  Elle  a  été  honorée 
par  TEmpereur  de  Russie  et  les  rois  de  Prusse  et  de  Dane- 
mark. On  a  beaucoup  plaisanté  sur  les  liaisons  récentes  de 
l'Empereur  de  Russie  avec  la  comtesse  Esterhazy-Roisin.  Tout 
le  monde  avait  les  yeux  tournés  sur  cette  dame  qui  excitait 
la  jalousie  de  toutes  les  autres. 


628.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  35«5). 

e  0  à  HAGER 

La  redoute  masquée.  Alexandre,  le  prince  Eug^ène,  le  Domino  Noir, 
la  Bigottini,  la  Morell  et  le  Grand-duc  de  Bade. 

Alexandre  a  eu,  à  la  Redoute  masquée^une  longue  conver- 
sation avec  un  domino  noir  qui  causa  ensuite  longuement  avec 
le  prince  Eugène. 

La  Bigottini  en  domino  rose  a  serré  de  près  Alexandre. 
La  belle  M°"  Morell  a  fait  sensation  ;  elle  s'est  démasquée 
à  une  heure  et  a  été  très  admirée  par  le  grand-duc  de  Bade, 
qui  lui  a  tenu  compagnie  tout  le  temps. 

Le  prince  Auguste  de  Prusse  (1)  et  le  prince  Charles  de 

1.  Prince  Auguste  de  Prusse,  frère  du  prince  Louis-Ferdinand,  tué  à  Saal- 
feld,  fait  prisonnier  le  6  octobre  1804  au  combat  do  Prentzlow  par  le  Yicomte 


(38  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

Bavière  ont  été  très  empressés  auprès  de  certains  dominos. 
Le  roi  de  Prusse,  au  contraire,  a  été  glacial,  et  s'est  promené 
seul  pendant  presque  tout  le  temps. 


629.  Berlin,  26  octobre  1814  (F.  8.  4168  ad  8585). 

P...  à  GRIESINGER  (1)  (à  Vienne)  (Intercepta). 

Le  roi  de  Saxe,  la  Pologne  et  le  Grand-duc  Constantin, 
La  part  de  la  Prusse  et  du  duc  de  VVeimar. 

.••On  a  dit  aujourd'hui  à  la  Bourse  que  le  roi  (de  Saxe)  au- 
rait  la  Pologne  et  devrait  adopter  le  grand-duc  Constantin  ; 
que  la  Saxe  jusqu^à  la  Saale  tomberait  en  partage  à  la  Prusse 
et  que  le  reste  serait  donné  au  duc  de  Weimar^  Mais,  dites- 
moi,  TAutriche  n*a-t-elle  pas  honte  de  nous  trahir  de  la  sorte? 
Et  cette  Angleterre,  qui  va  s'enrichir  à  nos  dépens,  ne  ron- 
gira-t-elle  pas? 

Je  Tai  toujours  appréhendé  et  cependant  cela  m'avait  paru 
impossible. 


630^  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  8.  4104  ad  3585). 

e©  à  HAGER 

Les  conseils  de  Talleyrand  &  la  BavièrCi  au  Wurtemberg  et  à  Bade.  L'occu- 
pation imminente  de  la  Saxe  et  de  toute  la  Pologne.  La  position  critique 
de  l'Autriche. 

€  Talleyrand  nous  invite  assez  souvent,  me  dit  le  baron  de 
Tûrkheim.  Il  cherche  à  nous  attirer  chez  lui  et  de  préférence 

de  Reiset  et  conduit  en  France  (voir  sur  son  projet  de  mariage  avec  M"*  Rè- 
camier  en  1887,  Hbrriot,  If**  Récàmier  et  ses  amis).  Né  en  1779,  mort  en  1843, 
second  fils  du  prince  Auguste-Ferdinand,  frère  de  Frédéric  II,  il  devint  par 
l'héritage  de  son  père  et  de  son  frère  le  possesseur  de  la  plus  grande  fortune 
privée  H  es  États  Prussiens,  fortune  qui  fit  retour  à  la  Couronne,  le  prince 
ayant  contracté  un  mariage  qui  ne  fut  pas  accepté  par  la  famille  royale. 

1.  Conseiller  delà  Légation  de  Bade  à  Vienne,  chargé  d'affaires  de  Bade. 
Auteur  de  la  brochure  :  Apologie  de  Frédéric  Angnste,  roi  de  Sexe,  par  un 
sug'et  dévoué  à  Sa  Majesté  au  mois  de  septembre  1814. 


*    LES   PRELIMINAIRES  ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      439 

tout  ce  qui  est  Saxon,  Bavarois,  Wurtembergeois,  Badois,  Hes- 
sois.  Nous  y  allons  sans  enthousiasme,  parce  que  ces  visites 
sont  mal  vues  par  TAutriche,  la  Prusse  et  la  Russie.  Le  pro- 
jet prussien  de  doter  TAllemagne  de  cinq  régents  n'est  pas. 
goûté  par  Talleyrand  qui  donne  à  tous  les  petits  Etats  aile- 
mands  le  conseil  de  refuser  la  constitution  fédérale,  si  toute- 
fois on  se  décide  à  nous  la  proposer.  C'est  ce  qui  arrivera. 
Nous  voulons  un  Empereur,  mais  nous  n'accepterons  jamais 
cinq  régents  et  quant  à  l'Empereur,  ce  ne  peut  être  que  TEm- 
pereur  d'Autriche. 

«  Il  parait  certain,  diaprés  ce  que  disent  les  Italiens  présents 
à  Vienne,  d'après  ce  qu'on  lit  dans  les  lettres  venues  d'Italie, 
enfin  d'après  un  article  du  Moniteur,  sur  lequel  Thugut  a 
appelé  mon  attention  et  d'après  ce  que  Wessenberg  lui-même 
avoue  dans  l'intimité  :  Que  le  1"  novembre,  jour  de  Touver- 
ture  du  Congrès,  la  Russie  occupera  militairement  toute  la 
Pologne  et  menacera  la  Galicie;  Que  la  Prusse  en  fera  autant 
en  Saxe  et  menacera  la  Bohême;  Que  dans  l'Allemagne  du 
Sud  nous  prétendrons  imposer  à  la  Bavière  et  au  Wurtemberg 
une  Constitution  dont  ces  deux  Etats  ne  veulent  pas  et  qu'ils 
rejettent  carrément;  Qu'en  Italie  nous  sommes  forcés  d'entre- 
tenir une  forte  armée  qui  nous  coûte  fort  cher  et  dont  l'entre- 
tien a  eu  pour  conséquence  l'aggravation  du  cours  du  change 
en  nous  obligeant  d'acheter  sur  le  marché  de  Vienne  le  numé- 
raire qu'il  nous  faut  envoyer  en  Italie,  où  dans  toutes  les  pro- 
vinces que  nous  occupons,  on  crie  bien  haut  :  Nous  étions 
autrement  heureux  du  temps  de  Napoléon  que  sous  la  domi- 
nation autrichienne.  » 

Aussi  tout  le  monde  sent,  voit  et  dit  que  la  présence  des 
souverains  étrangers  nous  vaut  l'émission  de  500  millions  de 
florins  de  nouveaux  bons  cT anticipation  ;  Que  Stadion  est  un 
partisan  du  système  de  multiplication  du  papier-monnaie  pra- 
tiqué et  préconisé  par  le  comte  Charles  Zichy  ;  Qu'il  faudra 
pourtant  mettre  un  de  ces  jours  un  terme  à  cette  fabrication 
du  papier  et  faire  une  nouvelle  loi  de  finance  ;  Que  la  situa- 
tion des  affaires  dans  l'Allemagne  du  Sud,  en  Saxe,  en  Pologne, 
en  Italie  même  conduira  fatalement,  et  en  moins  de  deux  ans,  à 
une  guerre  ;  Que  même  après  le  Congrès  l'Autriche  ne  pourra 
pas  désarmer,  parce  qu'il  faut  qu'elle  monte  la  garde  en  Italie, 
en  Galicie,  en  Bohême,  sur  l'Inn  et  que  ces  gros  effectifs  achè- 
veront de  ruiner  complètement  les  finances  de  la  Monarchie. 


440  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

Quant  au  Congrès,  il  n'est  rien  autre  chose  qu'on  entr'acte 
dans  la  grande  tragédie  de  l'histoire  universelle,  qu'on  armis- 
tice dans  le  bellum  omnium  contra  omnes.  Il  permet  de  plus 
aux  autres  Etats  d'étudier  et  d'observer  de  près  nos  ministres, 
nos  finances,  notre  administration  et  c'est  pour  ce  beau  résol- 
tat  que  nous  venons  encore  d'émettre  SOO  millions  de  florins 
de  papier-monnaie.  Telles  sont  les  jérémiades  qu'on  entend 
partout  exprimer  aujourd'hoi  à  la  veille  de  l'oovertore  do 
Congrès. 


CHAPITRE  II 

L'ouverture  du  Congrès  et  les  questioni 
de  Saxe  et  de  Pologne 

(2  NovBMBRE  1814.  —  3  Janvier  1815) 


631.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  S.  4461  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (2  novembre  1814). 

(Bordereau  et  rapport  journalier) 


Vienne,  1*'  novembre. 

Rapport  à  HAGER 
Marie -Louise,  Hardenberg,  Talleyrand.  Scène  violente  chei  Mettemich. 

Rapport  sur  l'emploi  fait  par  Marie-Louise  de  la  journée 
du  31,  sur  les  occupations  de  Bausset  et  de  M"  de  Brignole. 

Rapport  sur  Hardenberg  et  la  conférence  orageuse  qui  a  eu 
lieu  le  31  à  8  heures  du  soir  chez  Mettemich,  conférence  si 
agitée  qu'Hardenberg  se  retira  presque  de  suite  et  rentra  chez 
lui  à  9  h.  1/î  (1). 

Même  remarque  faite  pour  Talleyrand  et  annonce  de  renvoi 
de  chiffons  de  la  comtesse  de  Périgord,  de  Talleyrand  et  de 
Dalberg. 


1.  Cf.  Gbntz.  Tàgebûcher,  l,  325,  lundi  31  octobre.  «  Agitation  et  affaires 
tans  nombre.  Chez  Castlereagh,  ches  Talleyrand,  etc.  Dtné  chex  Humboldt 
avec  une  partie  du  Congés  et  beaucoup  de  monde.  A  8  heures  grande  con« 
férence.  Rentré  à  10  h.  1/2.  Travaillé  jusqu'à  1  heure.  » 


442  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

682.  Vienne,  1«  norembre  1814  (P.  3.  4461  ad  356S). 

Rapport  à  HAGER 

Aldini  a  fait  le  31  une  longue  visite  d'abord  à  Marie-Looisey 
puis  au  Prince  Eugène. 

Alliano  est  parti  pour  Naples  le  30  octobre. 

Inquiétudes  des  Ministres  Napolitains  sur  le  sort  de  Murât, 
qu'ils  disent  décidé  en  tout  cas  à  défendre  son  tr6ne  à  outrance. 


688.  Vienne,  31  octobre  1814  (P.  3.  4523  ad  35«3). 

ee  à  HAGER 

Rapport  sur  les  conciliabules,  le  mécontentement  et  les 
idées  de  résistance  des  petits  princes  Allemands  qui  se  réu- 
nissent à  cet  effet  chez  Gagern. 


634.  Vienne,  !•'  novembre  1814  (F.  3.  4623  ad  356.). 

00  à  HAGER  (en  français). 

Conspirations  mondaines  contre  Metternich.  La  Sagan  et  la  Bagration.  Le 
dîner  du  31  chez  llumboldt  et  les  projets  de  la  Prusse.  Le  prince  Auguste 
de  Prusse,  le  prince  Eugène  et  Miss  Rumbold. 

Chez  Crenneville,  la  princesse  Bagration,  la  duchesse  de 
Sagan,  Talleyrand  et  Rechberg  ont  fait  des  gorges  chaudes 
sur  Metternich. 

La  Sagan  et  la  Bagration  vont  si  loin  que,  pour  le  décorum 
le  maintien  de  l'ordre  et  le  respect  des  convenances,  la  police 
devrait  les  expulser. 

Il  y  avait  le  31  à  dtner  chez  Humboldt ,  Talley rand,  Flassan  (  1  ), 
Bogne  de  Paye,  Wrede,  Rechberg,  Hacke,  Munster  et  Har- 

1.  Flassan  (Gaétan  Raxis,  comte  de\né  en  1770,  émigré  pendant  la  Révo- 
lution, servit  à  l'armée  de  Condé.  Professeur  d'histoire  sous  l'Empire  à 
l'école  de  Saint-Germain,  historiographe  du  Ministère  des  Affaires  Etran- 
gères en  1814  et  attaché  à  l'Ambassade  de  France  à  Vienne  pendant  le  Con- 
grès, dont  il  publia  plus  tard  l'histoire. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   443 

denberg.  La  Prusse  a  l'air  de  vouloir  se  rapprocher  de  la 
France. 

Le  prince  Auguste  de  Prusse  et  le  prince  Eugène  sont 
tous  deux  très  épris  de  Miss  Rumbold,  la  belle- fille  de  Sidney 
Smith,  chez  lequel  il  y  a  grand  thé  ce  soir. 


635.  Vienne,  f  novembre  1814  (F.  S.  4461  ad  3565). 

...  à  HAGER  (en  français). 

Alexandre  et  la  duchesse  de  Sagan.  Sa  rupture  momentanée  avec  Metter- 
nich.  Les  relations  de  la  duchesse  avec  un  Anglais.  Metternich,  la  com- 
tesse Julie  Zichy  et  Alexandre  I*'.  Un  mot  de  Talleyrand  sur  Metternich 
et  la  façon  dont  il  sert  son  souverain.  Pourquoi  Montgelas  ne  vient  pas* 
Bruits  de  démission  de  Metternich. 

La  duchesse  de  Sagan  a  la  plus  grande  partie  de  sa  for- 
tune en  Russie.  L'Empereur  Alexandre,  jaloux  de  Metternich, 
lui  a  créé  un  tas  de  difficultés. 

La  Sagan  voulut  alors  obtenir  d'Alexandre  une  audience 
qu'il  lui  refusa.  Entre  temps,  la  situation  s'aggravant  de  plus 
en  plus,  Alexandre  lui  fît  dire  par  un  tiers  qu'il  ne  consen- 
tirait à  faire  quelque  chose  en  sa  faveur  que  si  elle  rompait 
avec  Metternich.  Elle  s'y  prêta,  profita  de  toutes  les  occasions 
pour  faire  des  avances  à  Alexandre  et  le  marqua  d'autant 
mieux  qu'elle  affecta  d'ignorer  Metternich.  Peu  de  temps  après, 
elle  eut  soin  de  demander  en  présence  de  Metternich  une 
audience  à  Alexandre  qui  s'écria  :  «  //  ne  peut  pas  être  ques- 
tion (Tune  audience j  je  viendrai  chez  vous  demain.  » 

Metternich  a  été  furieux,  a  voulu  aller  faire  chez  elle  des 
reproches  à  la  Sagan  qui  refusa  de  le  recevoir.  Maintenant  il 
est  un  peu  calmé,  parce  qu'on  lui  a  dit  que  la  Sagan  accor- 
dait aussi  ses  faveurs  à  un  Anglais  (1).  Il  a  rompu  totalement 
avec  elle  et  Alexandre  en  jubile  (2). 

1.  11  s'agit  probablement  de  Lamb,  Ministre  plénipotentiaire  par  intérim 
à  Vienne  jusqu'à  l'arrivée  de  lord  Stewart,  peut  être  bien  aussi  de  ce  même 
lord  Charles  Stewart  lui-même,  qui  devint  un  peu  plus  tard  au  vu  et  au  su  de 
tout  le  monde  l'amant  en  titre  de  la  duchesse. 

2.  Cette  rupture  ne  fut  pas  aussi  définitive  qu'Alexandre  le  désirait  et  que 
Gentz  le  croyait,  à  en  juger  du  moins  d'après  ce  que  ce  même  agent  consta- 
tait dans  un  rapport  du  4  novembre  et  aussi  par  ce  que  Gentz  lui-même 
écrivait  à  Wessenberg  un  peu  plus  tard  le  0  avril  1815. 


444  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE  TIENNE 

Autre  histoire  avec  la  comtesse  Julie  Zichj.  Alexandre  lui 
a  dit  qu'il  savait,  par  Metternich  lui-même^  qu'elle  lui  avait 
accordé  ses  faveurs.  La  comtesse  a  versé  un  torrent  de  larmes, 
n'a  pas  voulu  écouter  les  piK>testations  de  Metternich  et  Ta 
formellement  congédié. 

Ces  histoires  sont  connues  et  le  jeune  comte  de  Hochberg(l), 
un  prince  badois,  a  dit  au  comte  Schenk.  €  Enfin  Metternich 
«  va  avoir  du  courage  et  par  haine  pour  Alexandre  il  contre- 
«  carrera  ses  funestes  projets,  » 

Talleyrand,  parlant  de  Metternich,  a  dit  devant  le  comte 
SenfFt-Pilsach,le  baron Ried  et  quelques  autres:  «  Cet  homme- 
€  là  ne  me  fait  pas  C effet  d'être  le  premier  Ministre  de  la 
€  Maison  d^  Autriche  y  car  il  détrânCyfun  après  f  autre,  tous  les 
€  Membres  de  la  Famille  Impériale^et  il  finira  par  son  Mettre 
€  même.  » 

Et  il  ajouta  :  «  Il  prêtera  la  main  pour  dépouiller  la  steur  de 
«  son  Maître  (2)  de  son  héritage  légitime.  » 

Le  comte  Senfft-Pilsach  a  dit  avant-hier  au  baron  Ried  : 
€  J'espère  qu'on  ouvrira  enfin  les  jeux  et  qu'on  sera  persuadé 
«  que  Metternich  n'a  jamais  su  tirer  avantage  des  moments 
«  favorables  pour  l'intérêt  de  la  Maison  d'Autriche,  qu*il  les 
€  a  laissé  passer  plutôt  maladroitement  et  qu'il  n'a  pas  imposé 
€  assez  aux  autres  Ministres.  On  reviendra  à  Stadion.  Au  moins 
<  celui-ci  est  un  honnête  homme.  » 

Le  roi  de  Bavière  a  dit  ces  jours-ci  :  «  Montgelas  a  le  nez 
fin.  Il  ne  vient  pas.  Il  sent  qu*il  n'y  a  rien  à  faire  ici.  » 

Les  Prussiens  disent  depuis  hier  que  Metternich  va  rendre 
son  portefeuille.  Ce  serait  un  grand  malheur  pour  l'Autriche 
et  pour  l'Allemagne. 


1.  U  s'ag^it  vraisemblablement  ici  du  Margprave  Charles-Léopold-Frédério  de 
Hochberg,né  en  1790  du  second  mariag^e  (morganatique)  du  grand-duc  Char- 
les Frédéric  de  Bade  avec  Louise  Caroline  Geyer  von  Geyersberg,  à  laquelle 
il  conféra  le  titre  de  Comtesse  de  ilochberg.  Le  Margrave  succéda  en  1830  à 
son  demi-frére  le  grand-duc  Louis-Guillaume- Auguste,  décédé  sans  enfants. 
Le  Comte  de  Hochberg  épousa  en  1819  l'atnée  des  filles  de  l'ex-roi  de  Suède 
GusUve  IV. 

3.  L'archiduchesse  Thérèse,  femme  du  prince  Antoine  de  Saxe. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGxNE      445 

636.  Vienne,  i«'  novembre  1814  (F.  3.  3565  1814). 

Nota  à  HAGER  (en  français) 

Le  congrès  et  l'opinion  publique.  La  g^uerre  probable.  La  Saxe,  Murât,  AJe- 
xandre,  Metternich,  Talleyrand.  Terrain  gagné  par  les  Français.  Respon- 
sabilité de  Metternich  et  conséquences  de  la  politique  autrichienne.  Juge- 
ment sévère  qu'on  porte  sur  Alexandre.  Les  maladresses  de  lord  Stewart 
chez  la  duchesse  de  Sagan.  Ce  qu'on  pense  de  la  Confédération  et  du  Con- 
grès. Gravité  de  la  situation  pour  l'avenir  et  la  solidité  des  dynasties  et  des 
trônes.  Les  arrière-pensées  du  roi  de  Prusse.  La  princesse  de  Galles  et 
son  séjour  à  Milan. 

L'opinion  publique  est  toujours  mauvaise  par  rapport  au 
Congrès.  Partout  on  dit  qu'on  n'est  pas  d'accord,  qu'il  ne  s'agit 
plus  de  rétablir  Tordre  et  la  justice,  mais  de  forcer  la  main, 
prendre  chacun  le  plus  qu'il  peut  et  qu'on  se  prépare  à  une 
guerre  générale  qui  ne  tardera  pas  à  éclater. 

L'affaire  de  la  Saxe  blesse  tout  le  monde.  Celle  de  Murât, 
qu'on  croit  que  notre  Cour  veut  conserver,  ne  déplaît  pas 
moins.  On  dit  ouvertement  qu'Alexandre  ne  peut  pas  souffrir 
Metternich; que  Talleyrand  est  le  seul  qui  parle  raison  à  pré- 
sent et  que  TEvangile,  s'il  était  prêché  par  le  diable,  ne  cesse- 
rait pas  d'être  l'Evangile  et  c'est  le  cas  ;  car  «  Talleyrand  ne 
demande  rien  pour  la  France.  Il  ne  veut  que  justice,  équilibre, 
modération,  tranquillité  sur  les  saintes  bases  du  droit  et  de  la 
raison.  » 

En  général,  le  public,  et  celui  de  Vienne  par  excellence,  a 
un  certain  bon  sens  qui  le  porte  à  bien  juger  les  choses  et  à 
éviter  toute  passion  dans  ses  jugements.  Cela  fait  que  les  Fran- 
çais gagnent  à  présent  dans  les  sociétés  et  dans  la  classe  du 
milieu  et  que  les  Russes  et  les  Prussiens  et  notre  Ministère 
lui-même  perdent  dans  l'opinion  publique.  On  est  fatigué  de 
tant  d'amusements,  peiné  de  tant  de  dépenses,  après  lesquelles 
nous  aurons  attiré  les  Russes  dans  Toreille  de  la  Hongrie  et 
perdu  dans  peu  d'années  notre  Galicie,  détrôné  le  plus  ancien 
roi  de  l'Allemagne  et  établi  à  perpétuité  une  haine  irréconci- 
liable entre  les  Saxons  et  les  Prussiens,  mis  ceux-ci  irrévoca- 
blement à  la  merci  de  la  Russie  qui,  maîtresse  de  la  Pologne, 
peut  en  quatre  jours  arriver  à  Berlin  et  attaquer  quand  elle  le 
voudra  le  cœur  de  l'Allemagne. 

Au-dessus  de  cela,  nous  aurons,  si  nous  le  pouvons,  sanc- 


4iG  AUTOUR   DU  CONGRÈS    DE  VIENNE 

lionne  Tusurpation  de  Naples,  récompensé  en  Murai  les  crimes 
que  nous  avons  punis  en  Bonaparte,  scandalisé  le  monde  par 
la  plus  infâme  politique  qu'on  ait  jamais  faite  et  que  les  Russes, 
Anglais^  Prussiens,  Français,  Espagnols,  Italiens,  enfin  toute 
TEurope  mettra  exclusivement  sur  notre  compte  et  spéciale- 
ment sur  celui  du  seul  prince  de  Metternich  qui,  je  suis  fâché 
de  le  dire,  perd  tous  les  jours  de  plus  en  plus  la  faveur  de 
Topinion  publique,  et  cela  au  point,  que  j'ai  dû  moi  même 
prendre  son  parti  entre  des  gens  qui  le  disaient  acheté  par  Murât, 
ce  qui  prouve  à  quel  point  on  est  irrité  contre  lui. 

Pour  Alexandre,  on  peut  dire  qu'on  le  connaît  bien  à  pré- 
sent à  Vienne.  On  le  croit  un  fourbe  qui  fait  le  philanthrope 
avec  les  honnêtes  gens,  mais  qui  veut  bien  aussi  s'attacher  la 
canaille,  pour  avoir  tout  le  monde  pour  lui.  On  le  croit  faux, 
sans  morale  pratique,  tout  en  parlant  religion  comme  un  saint 
et  en  conservant  avec  aiTectation  toutes  les  apparences.  Ce 
monarque  non  seulement  n'est  pas  aimé  ici,  mais  méprisé  et 
détesté. 

Les  Prussiens  n'ont  pas  de  lui  une  autre  idée  que  les  Vien- 
nois, mais  ils  cachent  leurs  sentiments  au  public  et  parlent 
très  clair  dans  les  petites  coteries. 

Vendredi  dernier,  le  28,  l'ambassadeur  d'Angleterre  était  chez 
M**  de  Sagan  le  soir.  Tout  d'un  coup  cet  original  s'adressa  à  elle 
et  lui  dit  :  «  Que  pensez-vous  d'Alexandre  ?  Pour  moi  je  le  crois 
€  un  fou,  ambitieux,  imposteur.  Voilà  mon  opinion.  Et  vous, 
€  qu'en  dites- vous?  » 

La  duchesse,  frappée  de  ce  propos  tenu  devant  dix  personnes 
et  très  embarrassée,  commença  par  sourire,  puis  elle  lui  dit  : 
«  Je  trouve,  Mylord,  que  vous  prenez  le  mors  aux  dents  comme 
€  le  cheval  que  vous  avez  donné  ce  ma  tin  à  ma  sœur  Dorothée  (1) 
€  qui  a  manqué  de  se  casser  le  cou  au  Prater.  » 

Puis  elle  se  leva  et  alla  causer  avec  un  autre. 

Je  tiens  cette  anecdote  de  quelqu'un  qui  était  présent. 

On  n'espère  plus  trop  non  plus  de  cette  Confédération  d'Al- 
lemagne sans  chef.  On  dit  d'avance  qu'elle  n'ira  pas,  enfin  que 
le  Congrès  finira  parce  qu'il  faut  finir,  mais  qu'il  laissera  les 
choses  plus  embrouillées  qu'elles  ne  l'étaient  à  son  ouverture. 

Ce  qui  me  blesse  au  cœur,  c'est  que  les  peuples  qui,  par  les 
succès,  la  sincérité  et  la  noblesse  de  cette  belle  coalition  avaient 

1.  La  comlesse  Edmond  de  Talleyrand-Périgord. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      447 

conçu  tant  d'estime  et  d'attachement  pour  leurs  chefs,  voyant 
comme  ils  oublient  ce  qu'ils  avaient  promis  solennellement  :  la 
justice,  Tordre,  la  paix  fondée  sur  Téquilibre  et  la  légitimité 
des  possessions,  finiront  par  ne  plus  aimer  leurs  chefs  et  ne 
plus  avoir  confiance  en  leurs  principes  et  leurs  promesses,  et 
alors,  où  irons-nous  ? 

Le  tableau  est  bien  triste.  La  loyauté,  la  fermeté,  la  justice 
peuvent  seules  encore  nous  sauver. 

Les  Prussiens,  de  leur  côté,  tâchent  de  sauver  leur  roi  et 
disent  partout  à  Toreille  que  le  roi  est  très  fâché  de  devoir 
prendre  la  Saxe  ;  que  cela  lui  coûte  infiniment  de  peine  ;  qu'il 
aimerait  mieux  reprendre  sa  Pologne,  quoiqu'il  n'ait  pas  de 
raison  d'aimer  les  Polonais. 

Tel  est  le  résultat  de  ce  que  j'entends  dire,  du  matin  au  soir, 
à  présent  que  je  suis  assez  poussé  dans  le'monde  et  au  point 
que  je  ne  vois  pas  moins  d'une  centaine  de  personnes  de  diffé- 
rentes classes  et  nations  dans  la  journée. 

...  La  princesse  de  Galles  a  été  très  généreuse  et  très  pro- 
digue de  sa  figure  à  Milan,  mais  très  économe  de  sa  bourse. 
Elle  n'a  rien  donné*  à  personne,  malgré  qu'elle  ait  gêné  bien 
du  monde  et  visité  tous  les  endroits  où  tout  étranger  donne 
quelque  chose  aux  gens. 


637.  Bucharest,  19  octobre  1814  (F.  3.  4453  ad  35«5). 

Prince  de  VALACHIE  (Karadja)  à  GENTZ 
{Intercepta)  (en  français). 

Indications  relatives  à  l'expédition  de  la  correspondance.     * 
Promesse  de  discrétion  absolue. 

J'ai  lu  avec  avidité  votre  dépêche  du  6  de  ce  mois  que  vous 
avez  bien  fait  de  m'envoyer  par  voie  extraordinaire.  J*ai  or- 
donné à  mon  agent  (1)  d'avoir  des  personnes  sûres  pour  me 
les  expédier  en  courrier  autant  de  fois  que  vous  jugerez  con- 
venable de  les  employer. 

Ayant  de  tels  moyens,  mon  cher  M.  Gentz,  je  vous  prie  de 

1.  Bellio  dont  Karadja  ig^noraii  encore  les  aventures  et  l'expulsion. 


448  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

m'écrire  toujours  ouvertement,  comptant  sur  ma  discrétion, 
ma  circonspection  et  ma  très  vive  gratitude.  Si  vous  me  con- 
naissez du  dévouement  pour  la  Cour  de  Vienne,  de  la  recon- 
naissance pour  son  ministre  et  de  la  délicatesse  que  je  dois 
avoir  pour  des  affaires  aussi  intéressantes  et  d'une  si  haute 
importance,  je  crois  que  vous  devez  me  rendre  justice  en  me 
parlant  toujours,  sous  le  sceau  du  secret  le  plus  inviolable, 
avec  toute  la  cordialité  que  l'intimité  exige. 

En  attendant  je  suivrai  vos  conseils  et  regarderai  en  tout 
cas  votre  dernière  dépêche  comme  une  clef  pour  celles  que 
j'aurai  Thonneur  de  recevoir  de  votre  part. 


638.  Vienne,  4*'  novembre  1814  (F.  S.  4461  ad  3505). 

GENTZ  au  Prince  de  VALACHIE  {Intercepta)  (en  français). 

Cette  dépêche  a  été  publiée  in-extenso  en  Allemand  dans  Oes- 
terreich's  Theilnahme^  pages  456  457,  à  Texception  du  premier 
paragraphe,  dans  lequel  Gentz,  après  avoir  accusé  réception  à 
Thospodar  de  la  lettre  qui  précède,  insiste  sur  Tennui  que  lui 
cause  Taffaire  Bellio  et  ajoute  qu'il  n*a  pu  encore  parler  au 
prince  de  Metternich,  écrasé  de  travail,  des  choses  qui  intéres- 
sent le  prince  de  Valachie. 

11  en  est  de  même  pour  le  paragraphe  par  lequel  se  termine 
la  dépêche  de  Gentz. 

«  Comme  je  n'ai  aucune  idée  de  ce  que  M.  Bellio  est  devenu 
depuis  son  départ  d'ici,  je  renvoie  à  Votre  Altesse  la  lettre 
qui  contenait  Tassignation  et  je  me  servirai  d'une  autre  voie 
pour  réaliser  les  intentions  gracieuses  de  Votre  Altesse.  » 


639.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  3.  4476  ad  3565). 

HAGER   à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  3  novembre  1814. 

Rapports  relatifs  aux  différents  incidents  qui  se  sont  pro- 
duits pendant  le  séjour  des  Souverains  en  Hongrie. 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE   ET  LA  POLOGNE      449 
640.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  3.  4234  ad  3565). 

EMPEREUR  FRANÇOIS  à  HAGER 

Ordre  de  surveiller  le  général  Steigentesch,  attaché  à  la 
suite  du  Roi  de  Danemark,  son  ancien  aide  de  camp,  le  lieu- 
tenant autrichien  Klaus  et  le  grand  Echanson  du  grand-duc 
de  Bade,  le  Baron  Ënde. 


641.  Vienne,  4  novembre  1814  (P.  3.  4234  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (1). 

On  n'a  encore  rien  remarqué  de  suspect  dans  la  conduite  du 
Général  Steigentesch.  Quant  à  Klaus,  je  remploie  pour  les 
affaires  du  Congrès  et  je  fais  surveiller  le  Baron  Ende. 


642.  Vienne,  3  novembre  il8 14  (F.  3.  4209  ad  3555). 

Rapport  à  HAGER 

Le  1"  novembre,  Alexandre,  sc  promenant  seul  à  pied,  ren- 
contra le  Prince  Eugène,  lui  serra  très  chaudement  la  main  et 
fit  une  assez  longue  promenade  avec  lui. 


643.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français) 

Les  afTaires  du  Prince  Eag^ène  en  bonne  voie.  Arrivée  de  Fava 

et  do  Squarzoni. 

Les  affaires  du  prince  Eugène  sont  en  bonne  voie  et  on  lui 
donnera  une  compensation  territoriale. 

1 .  Cette  pièce  étant  la  réponse  aux  ordres  de  l'Empereur,  j'ai  cru  devoir  la 
placer  immédiatement  après  le  billet  impérial. 

T.  I.  29 


4S0  AUTOUl   DU  CONGRÈS  DB  VIBNNB 

Fava  et  Squarzoni  (1)  viennent  d'arriver  à  Vienne,  porteurs 
d'une  adresse  des  habitants  des  Légations  qui  demandent  à 
être  rendus  au  Pape. 

D'Arnay  a  fait  connaître  à  Tagent  les  principales  questions 
qui  furent  la  base  des  travaux  du  Congrès. 


644.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  4209  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
La  journée  de  Hardenberg  le  1*'  novembre. 

Hardenberg  a  eu,  le  1*'  novembre,  de  2  à  5  heures,  une  con- 
férence chez  Humboldt  avec  Metternich,  Razoumoffskj,  Nes- 
selrode,  Stackelberg  et  Castlereagh  (2). 

Le  soir,  autre  conférence^  de  8  heures  à  11  heures,  chez  Met- 
ternich,  à  laquelle  assistent  la  plupart  des  plénipotentiaires  des 
princes  de  TEmpire  et  Wrede. 


645.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  4209  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
:"^  La  surveillance  du  Comte  de  Rechberg. 

Détails  sur  Torganisation  du  service  de  Tagent  placé  chez  le 
comte  de  Rechberg.  Il  n'a  encore  rien  fourni  parce  que  Rech- 
berg n'a  encore  rien  fait.  Mais  il  sait  où  on  placera  les  papiers, 
et  comme  c'est  lui  qui  sera  chargé  de  leur  réception  et  de  leur 
expédition,  il  lui  sera  facile  de  donner  toute  satisfaction  à 
Hager. 

(Cet  agent  vient  du  service  du  Conseiller  Steinlein.) 

1.  Le  comte  Fava-Ghislieri,  de  Bolo^eet  le  comte  Squarzoni,  de  Ferrare, 
s'étaient  chargés  de  faire  signer  dans  ces  deux  villes  et  dans  les  environs  une 
adresse  en  faveur  du  retour  des  Légations  au  Saint-Siège  (cf.  Rinibri.  TlCon- 
gre$$o  di  Vienna  e  là  SànU  Sede  et  Corrispondenza  inedita  dei  Cardinali 
Comalvi  e  Pacca. 

2.  Gbntz.  Tagebûcker,  l,  325. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LÀ  SAXE  ET  LÀ  POLOGNE   451 

646.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  4309  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Le  général  Filangieri  se  prépare  à  partir  pour  Naples  (1). 


647.  Vienne,  2  novembre  1814  (P.  3.  4209  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Renseignements  fournis  par  les  conseillers  des  légations  d'Espagne  et  de  Por- 
tugal. Ouverture  du  Congrès  le  8.  La  France,  la  Hollande,  la  Prusse.  Re- 
maniements de  la  carte  d'Allemagne.  Dangers  résultant  de  l'agrandisse- 
ment de  la  Prusse.  L'Autriche,  la  Russie,  la  Pologne,  le  Pape,  Murât,  les 
Légations. 

On  a  décidé  d'ouvrir  le  Congrès  le  3,  de  renfermer  la  France 
dans  les  limites  du  traité  de  Paris,  d^attribuer  à  la  maison 
d'Orange  les  Pays-Bas,  à  la  Prusse  les  places  de  Majeace  et 
de  Cologne,  les  duchés  de  Berg  et  de  Juliers  et  la  principale 
partie  de  la  Saxe. 

La  Prusse  sera  tellement  forte  qu'avec  le  temps  elle  pourra 
devenir  funeste  à  TAJlemagne  et  notamment  à  T Autriche.  Ces 
deux  maisons  ont  pu,  dans  le  malheur,  faire  taire  leurs  riva- 
lités, mais  elles  se  réveilleront  dans  la  prospérité  et  ensan- 
glanteront encore  les  champs  de  l'Allemagne . 

L'Autriche,  outre  ses  possessions  d'Italie,  aura  la  Brisgovie 
(sic)j  une  partie  de  la  Souabe  et  Kehl,  moyennant  des  arran- 
gements avec  la  Bavière,  à  laquelle  on  cédera  le  duché  de 
Bade,  dont  le  souverain  a  fait  un  contrat  avantageux  et  ira 
finir  ses  jours  à  Paris,  au  Palais-Royal. 

1.  Filangieri  ne  partit  que  le  6  novembre  (cf.  Dépêche  de  Metternich  à  Mier 
du  6  novembre  dans  Commanoant  Wbil,  Joàehim  Murai,  La,  dernière  ànné% 
du  règne,  11,  9. 

Filangieri  (Carlo-Ce8are)il784-lS67).  Passé  au  service  do  la  France  le  17  juin 
ISOO,  rentré  au  service  de  Naples,  devenu  aide  de  camp  général  de  Joachim,  le 
26  avril  1814,  grièvement  blessé  au  combat  du  Panaro,  il  continua  à  servir 
les  Bourbons  jusqu'en  1823.  Réintégré  en  1831,  il  commanda  en  chef  le  corpg 
expéditionnaire  de  Sicile  en  1848,  bombarda  Messine,  pacifia  l'tle  et  reçut  le 
tilre  de  duc  de  Taormina.  Mis  à  la  retraite  le  12  février  1855,  il  fut  en  1859 
après  la  bataille  de  Magenta,  appelé  par  François  II  k  remplir  pendant  peu 
de  temps,  les  fonctions  de  président  du  Conseil  des  Ministres.  Mort  à  Portici 
le  14  octobre  1867. 


454  ÂUTOUl  BU  CONGRÈS   DE  VlEXNe 

jeure  partie  du  duché  de  Varsovie.  Sa  Majesté  s*est  même 
servie  de  la  phrase  catégorique  :  €  Je  le  veux  !  qu'on  vienne 
m'en  déposséder  !  » 

Dans  une  autre  occasion,  Sa  Majesté  répliqua  au  Prince  de 
Talleyrand  qui  observait  que  le  Roi  de  Saxe  n'abdiquerait 
pas  :  «  Qu  est-ce  que  cela  fait  ?  Il  ne  sera  pas  le  premier  Roi  de 
Pologne  mort  en  Russie. i^ 

Qu'on  juge  d'après  ces  données  confuses  combien  il  faut 
de  prudence,  de  tact  et  de  fermeté  pour  conduire  les  négo- 
ciations de  manière  à  satisfaire  les  différents  partis  et  à  réunir 
leurs  suffrages. 

La  cour  de  Vienne  a  fait  publier  dans  les  gazettes  d*ici  les 
remarques  que  fait  le  Moniteur  du  22  octobre  sur  Tesprit  de 
sagesse  et  de  modération  qui  doit  animer  les  Puissances 
assemblées  au  Congrès. 

On  cite  un  propos  du  prince  de  Talleyrand  qui  prouverait 
que  la  France  trouve  outrées  les  prétentions  de  quelques 
puissances.  Il  aurait  dit  :  «  Je  crois  quon  fait  jusqu'ici  plutôt 
«  la  guerre  aux  succès  de  Bonaparte  qu'à  ses  principes.  » 


651.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  3.  4475  ad  3565). 

MAVROJENI  au  Princo  de  MOLDAVIE  {Intercepta)  (en  français). 
Envoi  de  la  déclaration.  Gonaidératioas  sur  la  aitualion.  Attitude  de  la  France. 

Ci-joint  par  estafette  la  déclaration  qui  vient  de  paraître  et 
qui  confirme  que  les  grandes  questions  n'ont  pu  être  portées 
jusqu'ici  au  point  de  maturité  pour  commencer  le  Congrès  (1). 

La  vérification  des  pleins  pouvoirs  n'est  qu'une  formalité 
qui  aurait  pu  se  faire  il  y  a  longtemps. 

Les  plénipotentiaires,  qui  en  sont  chargés,  ont  été  tirés  au 
sort  et  ce  sont  ceux  d'Angleterre,  de  Russie  et  de  Prusse,  Ils 
constateront  seulement  Tauthenticité  des  documents  qui  leur 
seront  présentés  par  les  Ministres  des  différentes  Puissances^ 
sans  énoncer  lesquels  de  ces  ministres  seront  admissibles  ou 

1.  Cf.  a'Anobbbro,  dêl'HX  Annexe  B  au  premier  protocole  de  la  Cosié- 
ronce  du  30  octobre  1814.  Projet  de  Déclaration,  etc.,  etc.,  et  deuxiéine  pro- 
tocole de  la  Conférence  du  31  octobre. 


l'ouverture   Di:  congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      455 

non.  De  cette  manière  l'ouverture  du  Congrès  est  renvoyée  à 
un  terme  peut-être  même  assez  éloigné. 

L'obstacle  principal  de  ce  renvoi  vient  de  la  Russie  qui  per- 
siste à  vouloir  garder  la  presque  totalité  du  duché  de  Varsovie 
et  à  former  un  Royaume  de  Pologne.  Cette  idée  est  vivement 
combattue  par  l'Autriche  et  TAngleterre,  et  si  toutes  les  trac- 
tations, qui  ont  été  faites  pour  se  rapprocher  sur  ce  point,  res- 
taient sans  succèSy  le  Congrès  pourrait  bien  ne  commencer 
jamais  et  il  pourrait  en  résulter  un  état  de  statu  quo  de  l'Eu- 
rope très  fâcheux  pour  les  pays  dont  le  sort  est  laissé  indéter- 
miné, nommément  la  Saxe,  les  provinces  de  la  rive  gauche  du 
Rhin  et  celles  de  l'Italie  conquises  sur  la  France. 

Les  plénipotentiaires  français  s'opposent  également  à  l'agran- 
dissement de  la  Russie,  et  l'ordre  de  mettre  100.000  hommes 
sur  pied  a  été  donné  depuis  peu  en  France.  Cependant  la  France 
est  d'avis,  que  c'est  d'abord  à  l'Autriche  de  se  prononcer  contre 
les  prétentions  russes,  cette  puissance  étant  la  plus  intéressée 
à  ce  qu'elles  ne  se  réalisent  pas. 

L'état  actuel  des  choses  est  un  état  de  crise  qui  peut  tour- 
ner en  bien  ou  mal  et  sur  l'issue  duquel  il  est  impossible  de 
rien  déterminer  en  ce  moment. 


652.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3.  4533  ad  3565). 

IIAGER    à   L'EMPEREUR 

Rapport  journalier  et  bordereau  du  4  novembre. 

U  appelle  son  attention  sur  les  rapports  relatifs  à  Tétat  de 
l'esprit  public  en  France  et  en  Angleterre  et  sur  les  projets 
d'annexion  du  Luxembourg  à  la  Hollande. 


653.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  3.  4168  àd  3565). 

L'EMPEREUR   à    HAGER 

Ordres  qu'il  lui  donne  relativement  à  la  surveillance  à  exer- 
cer sur  Goupy  (Réponse  à  la  question  posée  par  Hager  dans 
son  bordereau  du  31  octobre). 


486  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

654.  Vienne,  8  novembre  1814  (F.  8.  4523  ad  35M). 

Rapkort  à   HAGER  {Intercepta  divers). 
Bordereau  de  la  Manipulation. 

Greuhm  (1)  à  Hardenberg  (Londres  22  octobre)  (sur  les  évé- 
nements d'Amérique  et  la  défaite  des  Anglais  au  lac  Cham- 
plain). 

Jomini  à  Herzog  et  0%  à  Aarau  (contenant  une  lettre  pour 
sa  femme,  à  laquelle  il  conseille  d'aller  à  Munich,  d  y  descendre 
au  Schwarzer  Adler,  où  il  espère  pouvoir  la  rejoindre  du  20  au 
25.  Le  long  entretien,  qu'il  a  eu  la  veille  avec  TEmpereur  de 
Russie,  le  décide  à  ce  voyage). 

Talleyrand  (avec  lettre  incluse  à  Noailles,  à  Saint-Péters- 
bourg,  en  chiffre  que  les  agents  de  Hager  n'ont  pu  déchiffrer). 

Stackelberg  à  Ott  (lettres  particulières,  plus  quantité  de 
lettres  à  divers,  mais  sans  aucun  intérêt  politique). 


655.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  8.  4231  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Surveillance   de  Marie-Louise.  Lettre  qu'elle  reçoit  de    Talleyrand. 
Sa  réponse.  Lettres  apportées  par  Noailles.  Visite  du  Prince  Eugène. 

M«*  de  Brignole  a  reçu,  le  2,  une  lettre  de  Talleyrand  qu'elle 
a  aussitôt  portée  à  Marie-Louise.  La  réponse  en  a  été  à  l'ins- 
tant même  transmise  à  Talleyrand  par  un  homme  à  cheval. 

Marie-Louise  a  reçu  de  plus  deux  lettres  apportées  par  le 
comte  de  Noailles. 

On  affirme  qu'il  y  a  encore  au  service  de  Marie-Louise  un 
domestique  et  un  palefrenier  qui  sont  d'anciens  soldats  fran- 
çais. 

Le  prince  Eugène  a  fait,  le  3,  à  Marie-Louise  une  visite  qui 
a  duré  de  1  heure  à  2  heures. 

1.  Conseiller  de  la  Légation  de  Prusse.  II  était  en  1825  (d'après  les  Sou- 
venirs  du  Chevalier  de  Cusst,  p.  133-134}  ministre  à  Berlin  d'un  tas  de 
petites  principautés  allemandes. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   457 

656.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  S.  4523  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Effet  produit  par  la  déclaration  des  Quatre.  Doutes  sur  l'issue  du  Congrès. 

Mauvaise  impression  produite  par  la  publication  faite  au- 
jourd'hui de  la  Nouvelle  déclaration  des  Quatre  (1). 

On  a  de  plus  en  plus  des  doutes  et  des  craintes  sur  le  suc- 
cès de  rissue  du  Congrès  et  on  s'étonne  du  choix  fait  des  Mi- 
nistres d'Angleterre,  Russie  et  Prusse  pour  la  vérification 
des  pleins  pouvoirs  des  autres  Ministres. 


657.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4523  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

Affaire  de  Saxe.  Hardenberg  et  les  Princes  allemands  chez  Mettemich. 

Chiffons  pris  chez  Gaertner. 

Retard  apporté  au  départ  du  Conseiller  dTtat  (prussien) 
Friese  pour  la  Saxe,  la  prise  de  possession  de  ce  pays  par 
la  Prusse  n'étant  pas  encore  absolument  décidée. 

Hardenberg  n'est  resté  qu'un  instant  à  la  Conférence  que 
les  princes  allemands  ont  tenue  chez  Metternich. 

Envoi  de  trois  chiffons  (peu  intéressants)  pris  chez  Gaert- 
ner. 


658.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  3.  4523  ad  3565^ 

Rapport  à  HAGER 

L'opinion  des  Princes  allemands  sur  le  Congrès.  La  Russie  et  la  Prusse  d'ac- 
cord pour  pousser  l'Autriche  sur  l'Italie  et  avoir  les  mains  libres  en  Saxe 
et  en  Pologne.  Mot  de  Talleyrand  au  prince  Eugène.  Le  Prince  royal  de 
Bavière  chez  Talleyrand.  L'altercation  entre  Alexandre  et  Metternich  et  16 
mot  de  Tettenborn. 

Les  princes  allemands,  forts  mécontents  de  Metternich  dont 

1.  Cf.  d'Angbbbro,  376,  Avertissement  relatif  à  la  présentation  et  A  la  véri- 
fication des  pleins  pouvoirs  des  Ministres  Plénipotentiaires  au  Congrès  de 
Vienne  en  date  du  1*'  novembre  1814. 


4S8  AUTOUR   DU   COMGRÂft  DB  VIEHKE 

ils  se  méfient,  croient  tous  qu*on  se  séparera  sans  avoir  rien 
fait  d'utile.  On  pense  en  général  que  la  Prusse  et  la  Russie 
se  sont  mises  d'accord  pour  aiguiller  la  politique  de  l'Autriche 
vers  l'Italie  où  les  troubles  qui  y  ont  déjà  éclaté  et  les  diffi- 
cultés certaines  avec  Naples  lui  donneront  du  fil  à  retordre, 
pendant  que  les  deux  Puissances  mettront  à  exécution  leurs 
programmes  et  leurs  projets  en  Saxe  et  en  Pologne. 

Talleyrand  a  dit  ces  jours-ci  au  prince  Eugène  :<  Le  diner 
sera  bientôt  fini  et  je  crains  fort  qtiU  n'y  ait  des  coups  de 
canon  au  dessert.  » 

Les  Bavarois  partagent  ses  idées  et  ses  craintes.  Le  Prince 
Royal  a  eu  hier  avec  Talleyrand  un  entretien  qui  a  porté  sur 
Texplication  violente  qui  a  eu  lieu  entre  Alexandre  et  Metter- 
nich(l). 

Tettenborn  a  dit  :  «  Mon  Empereur  ne  peut  pas  souffrir 
Metternich.  11  lui  a  dit  son  fait  et  a  réglé  son  compte  avec 
lui.  » 


659.  Vienne,  3  et  3  novembre  1814  (P.  3.  4523  ad  35«5). 

©©  àHAGER 

Lacampa^c  contre  Metternich.  La  situation  de  l'Autriche.  Les  dèlé^éf 
suisses  mécontents  de  rinlervention  d'Alexandre  dans  leurs  affaires.  Ce 
qu'on  raconte  dans  les  salons  sur  l'Empereur  François,  Meltemich,  Stadion 
et  Talleyrand. 

D'après  ce  qu'on  dit  chez  Starhemberg,  on  néglige  complè- 
tement .  les  intérêts  que  l'Autriche  a  en  Saxe,  en  Pologne  et 
en  Allemagne,  et  TAutriche  se  compromet  avec  les  Médiati- 
sés. Ceux-ci  cherchent  par  tous  les  moyens  en  leur  pouvoir  à 
provoquer  une  crise  ministérielle  et  à  ramener  le  comte  Sta- 
dion  au  pouvoir,  parce  qu'ils  le  savent  tout  acquis  à  leur  cause, 
bien  vu  par  la  Russie  et  en  opposition  d*idées  complète  avec 
Metternich  Wessenherg,  quoique  très  estimé  et  protégé  par 
Metternich  et  très  avant  dans  sa  confiance,  tient  lui  aussi  pour 
Stadion. 

A  en  croire  les  Médiatisés,  Metternich  ne  peut  manquer  de 

1 .  Allusion  à  la  scène  qui  eut  lieu  le  34  octobre  an  matin  avant  le  départ 

d'Alexandre  pour  la  Hongrie. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   459 

perdre  son  poste.  Le  rMe  que  l'Autriche  joue  au  Congrès, 
Fétat  des  aÂaires  en  Pologne,  en  Saxe,  en  Bavière,  en  Italie, 
la  nature  des  relations  avec  la  France  et  les  Médiatisés,  tout 
cela  doit  ouvrir  les  jeux  de  TEmpereur  et  lui  montrer  que, 
même  en  1809,  la  situation  de  la  monarchie  était  moins  pré- 
caire qu'aujourd'hui. 

Quel  spectacle  plus  singulier  que  celui  qu'on  voit  aujourd'hui  ! 
On  va  conserver  leurs  possessions  aux  princes  dlsenhurg- 
Birsiein  et  de  Neuwied  et  détrôner  le  Roi  de  Saxe  I 

La  plupart  des  députés  suisses  sont  fort  peut  satisfaits  de 
voir  que  c'est  en  somme  l'Empereur  de  Russie  qui  va  régler 
les  affaires  de  la  Confédération  Helvétique.  Grâce  à  l'influence 
qu'exercent  sur  lui  Stein  et  La  Harpe,  Û  va  évidemment  favo- 
riser le  parti  démocratique. 

On  a  raconté  chez  Puflendorf  que  l'Empereur  François  a 
été  dernièrement  chez  la  Grande-duchesse  Catherine  pour  lui 
demander  conseil  ;  qu'il  confère  secrètement  avec  Stadion  et 
que  Metternich  a  raconté  à  tous  les  archiducs,  et  jusque  dans 
ses  moindres  détails,  la  fameuse  scène  qu'il  a  eue  avec  Alexandre . 

La  note  sur  la  Déclaration  du  8  octobre  que  Tallejrand  a 
fait  insérer  au  Moniteur  du  22  a  fort  déplu  à  Metternich.  Il 
s'en  est  plaint  à  Paris,  mais  Louis  XVIII  n'a  pas  osé  faire  des 
représentations  à  Tallejrand  qui  a  rempli  de  ses  créatures  le 
Ministère  des  Affaires  Etrangères. 

Le  baron  de  Linden,  le  porte-paroles  de  Humboldt,  dit  que 
€  le  Congrès  est  une  mauvaise  pièce  dont  l'auteur  est  sifflé  ». 
Il  ajoute  que  «  si  on  lui  donnait  son  congé,  il  ne  l'aurait 
certes  pas  volé  ;  mais  que  si  on  met  Stadion  à  sa  place,  la 
confusion  ne  fera  que  croître  parce  que  Stadion  n'a  autre 
chose  en  tête  que  les  Médiatisés.  > 

Comme  on  demandait  à  Tallejrand  ce  à  quoi  il  s'était  oc- 
cupé depuis  le  passage  du  Rhin  jusqu'à  l'abdication  de  Napo* 
léon,  il  répondit  «  J'ai  boité.  » 


660.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  3. 4523  ad  3565  . 

....  à  HAGER 

Déconragement  d'AnsleU. 

Anstett  m'a  déclaré  qu'à  cause  de  l'entêtement  plus  grand 
que  jamais  d'Alexandre,  il  devenait  absolument  impossible  de 


460  AUTOUR   DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

croire  à  une  heureuse  issue  du  Congrès.  Il  a  vainement  essayé 
de  le  convaincre^  il  a  tout  mis  en  jeu,  même  sa  carrière,  et 
m'a  déclaré  sur  son  honneur  qu'Û  avait,  il  y  a  deux  jours, 
remis  sa  démission  écrite  à  son  Empereur  qui  n'en  tint  au- 
cun compte  et  Taccabla  plus  que  jamais  de  besogne. 

J'ai  vainement  essayé  de  savoir  par  lui  quelles  étaient  les 
intentions  de  la  Prusse.  Il  s'est  borné  à  me  répondre  :  «  Ce 
sont  là  des  Seigneurs  d'un  tout  autre  acabit  ».  Et  il  a  aussi- 
tôt ajouté  :  «  Si  seulement  Metternich  voulait  me  laisser  en 
paix.  Hier  encore  il  m'a  fait  dire,  par  un  de  ses  hommes  de 
confiance,  «  qu'il  rendait  pleinement  justice  à  tout  ce  que  je 
faisais  pour  la  bonne  cause  ».  Je  lui  ai  fait  dire  que  je  ne  pre- 
nais conseil  que  de  ma  conscience  et  me  souciais  fort  peu 
d'agir  dans  un  sens  qui  pût  lui  être  agréable,  à  lui  qui  n*a 
rien  fait  pour  moi,  si  ce  n'est  de  me  payer  de  belles  promesses 
qu^il  n'a  jamais  tenues.  » 


661.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  S.  4533  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

Alexandre  el  la  princesse  Ba^ation.  Ce  qu'il  lui  dit  de  La  Harpe,  des  rois  de 
Bavière  et  de  Wurtemberg,  de  Metternich,  de  l'Empereur  d'Autriche.  Ses 
idées  sur  la  Pologne.  Ce  que  Pozzo  di  Borgo  lui  en  a  dit.  Stein  et  la  Saxe. 
Alexandre,  Talleyrand,  la  Sagan,  le  Prince  Eugène.  Ce  qu'Eugène  pour- 
rait dire  de  Murât.  Le  bal  chez  RazoumolTsky  et  l'absence  de  l'Ambassade 
de  France. 

Avant-hier  (1"  novembre)  Alexandre  est  allé  seul  chez  la 
princesse  Bagration,  à  10  h.  1/2  du  soir  et  y  est  resté  jus- 
qu'à 2  heures  après  minuit. 

Voici  ce  qu  elle  m'a  dit  :  «  Elle  ne  Taîme  pas,  elle  V adore.  » 

Elle  m'a  ensuite  raconté  à  bâtons  rompus  les  sujets  de  con- 
versation qu'elle  a  eus  avec  lui.  Je  les  répéterai  ici  avec  le  même 
désordre. 

On  a  parlé  de  La  Harpe.  Alexandre  a  dit  r  «  Je  lui  dois 
d'être  devenu  un  homme.  Un  prince  n'est  ordinairement  qu'un 
prince.  Il  a  fait  de  moi  un  homme  et  je  lui  en  serai  recon- 
naissant toute  ma  vie .  » 

Alexandre  se  moque  des  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      461 

qui  ont  Tair  de  vouloir  être  autant  que  lui  et  qui  ont  envers 
lui  des  prétentions  d  égalité. 

Il  déteste  Metternich,  le  connaît  et  ne  le  craint  pas.  Il  ob- 
tiendra de  lui  tout  ce  qu'il  voudra.  11  estime  l'Empereur  d'Au- 
triche et  l'aime. 

La  princesse  Bagration  prétend  qu'elle  a  eu  le  courage  de 
se  disputer  avec  lui  sur  la  Saxe  et  la  Pologne  en  soutenant 
une  opinion  tout  autre  que  la  sienne.  <  Mais,  dit-elle,  c'est 
«  inutile.  Il  n'entend  pas  raison  là-dessus.  Il  croit  son  hon- 
«  neur  engagé  et  dit  qu'il  a  donné  sa  parole  aux  Polonais  et 
«  qu'il  se  doit  à  lui-même  de  la  tenir,  que  le  monde  tombe- 
€  rait  sur  lui,  qu'il  n'en  démordrait  pas  ;  qu'il  irait  à  Munich, 
€  puis  à  Berlin,  puis  à  Varsovie,  se  faire  proclamer  roi  de  Po- 
«  logne,  qu'il  était  en  mesure  si  on  voulait  s'y  opposer.  » 

Elle  ajouta  que  Pozzo  di  Borgo  lui  avait  dit  la  veille  que  la 
Pologne  convenait  à  la  Russie  qui  l'aurait,  bon  gré,  mal  gré, 
personne  n'étant  en  force  de  se  mesurer  en  ce  moment  avec 
la  RlLssie. 

Elle  ajoute  encore  qu'Alexandre  ne  voulait  là-dessus  céder 
en  rien,  pas  un  pouce  de  terrain  autour  de  Cracovie,  qu'il  vou- 
lait le  Grand-Duché  tel  qu'il  était  quand  il  le  conquit  sur  les 
Français. 

Elle  dit  encore  que  l'usurpation  de  la  Saxe  est  une  horreur, 
mais  qu'on  la  doit  à  ce  coquin  de  Stein  qu'elle  ne  peut  souffrir 
et  qui  souffle  là-dedans  et  qui  veut  se  venger  du  pauvre  roi  de 
Saxe. 

Alexandre  déteste  également  Talleyrand,  mais  en  revanche 
il  aime  beaucoup  le  prince  Eugène.  Il  lui  a  dit  :  «  Le  prince 
€  Eugène  n'est  pas  seulement  un  excellent  militaire,  c'est  un 
<  parfait  honnête  homme.  S'il  voulait  entrer  à  mon  service 
4c  je  le  prendrais  bien  volontiers.  » 

Le  prince  Eugène  a  dîné  le  même  jour  chez  elle  et  lui  avait 
confié  qu'il  avait  refusé  deux  couronnes  et  qui,  plus  est,  qu'il 
n'avait  jamais  songé  à  devenir  Roi  d'Italie,  que  l'affaire  de  Mi- 
lan et  du  Sénat,  qui  avait  voulu  le  demander  pour  Roi,  a  été 
menée  sans  son  consentement.  Sur  quoi,  je  dois  ajouter  que  le 
Sénateur  Guicciardi,  à  qui  j'en  ai  parlé,  m'a  dit  hier  au  soir 
que  depuis  longtemps  le  Vice-Roi  débite  cela  et  qu'à  Mantoue 
il  eut  le  courage  de  le  lui  dire  à  lui-même  et  qu'il  lui  répon* 
dit  :  «  Après  votre  proclamation  et  les  discours  de  Méjan  et 


462  AUTOUR  0U  CONGBÈS  DB   VIEXXE 

de  Melzi,  vous  ne  réussirez  pas  à  persuader  les  Milanais  de  cette 
assertion.  » 

Et  le  même  Guicciardi,  en  m*assurant  que  Beauharnais  est 
im  fourbe,  m'a  de  nouveau  conGrmé  tout  à  fait  le  contraire  de 
ce  que  ce  drôle  voudrait  faire  accroire,  c'est-à-dire  il  m*a  con- 
firmé que  toute  cette  conspiration  pour  être  souverain  de  Milan 
était  menée  par  lui-même  et  poussée  par  les  belles  pannes  de 
Metternich  et  de  Bellegarde,qui  alors  avaient  cru  de  lui  faire 
espérer  cet  appât  pour  l'engager  à  nous  livrer  Venise. 

La  princesse  a  encore  dit  que  pour  ce  qui  est  du  départ  de 
Vienne,  Alexandre  avait  dit  :  «  Le  plus  tôt  et  le  plus  tard 
«  dépendra  des  affaires.  Mais  je  crois  qu'il  se  dépêcheront. 
«  Car  la  dépense,  que  nous  leur  causons,  commence  à  les  gé- 
«  ner  ». 

Je  ne  répéterai  pas  ici  les  propos  qu'elle  dit  qu'Alexandre 
lui  a  ténus,  sur  la  Sagan,  parce  que  je  sais  qu'en  cela  on  ne 
peut  pas  se  fier  à  elle. 

Ici  finit  la  conversation  avec  Alexandre. 

Elle  m'a  encore  dit  que  le  prince  Eugène  lui  avait  parlé  de 
Murât,  lui  affirmant  qu'il  avait  en  main  de  quoi  prouver  à 
l'Autriche  que  ce  coquin  la  trompe,  qu'il  a  des  lettres  de  lui 
sur  cela,  mais  qu'il  ne  veut  pas  les  montrer  parce  qu'il  ne  lut 
sied  pas  de  pousser  sa  vengeance  jusque-là. 

«Tout  le  monde  sait  que  nous  ne  sommes  pas  bien  ensemble 
et  c'est  plus  noble  de  ne  pas  se  mêler  de  cette  question  que 
de  lui  faire  une  guerre  ouverte  qui  le  perdrait  à  coup  sûr.  > 

On  a  remarqué  qu'au  bal  de  Razoumoffsky  il  n'y  avait  per- 
sonne de  la  légation  française. 

Cela  et  la  déclaration  d'hier  sur  le  Congrès  rapportée  par 
les  gazettes  ne  mettront  pas  le  public  de  bonne  humeur. 


662.  Paris,  23  octobre  18U  (F.  S.  4523  ad  3565). 

GROTE  (I)  au  Comte  de  MUNSTER 
[Intercepta)  (en  français)  (analyse). 

L'opinion  publique  et  le  mécontentement  en  France. 

L'esprit  public  ne  s'est  pas  amélioré  en  France  depuis  la 

1.  Grote  (Charles-Auguste  Otto,  comte  de)  (1747-1830).  D'abord  au  service 
de  Hanovre  (1768-1775),  puis  conseiller  intime  de  l'électeur  de  Cologne, 
passé  en  1804  après  la  sécularisation  de  Cok)gne  au  service  de  Pmsse.  Mi- 


l'ouverture   du   COI^GRÂS.  —   LA   SAXE  ET   LA   POLOGNE      463 

lettre  du  18.  Au  contraire,  le  mécontentement  augmente  même 
parmi  les  personnes  qui  n^ont  jamais  eu  d^idées  subversives, 
même  parmi  d'anciens  émigrés  qui  n'ont  rien  appris,  ne  veu- 
lent pas  se  rendre  compte  de  la  difficulté  de  la  situation  faite 
à  Louis  XVIII,  se  flattent  au  contraire  qu'on  annulera  la  vente 
des  biens  nationaux  et  voudraient  remettre  tout  sur  l'ancien 
pied,  tout  comme  parmi  ceux  qui,  ayant  été  partisans  des 
idées  nouvelles,  tremblent  à  la  pensée  de  représailles  possibles 
et  qui  protestent  énergiquement  contre  la  violation  de  la 
Charte  qui  a  proclamé  le  pardon  et  l'oubli. 


663.  Parif,  24  octobre  1814  (F.  3.  4523  ad  3565). 

Anonyme  à  GAGERN  [intercepta)  (en  français). 

Wellington  partisan  de  l'annexion  du  Luxembourg  à  la  Prusse.  État  inquié- 
tant de  l'esprit  public  en  France.  Étonnement  que  lui  cause  l'attitude  de 
Talleyrand  et  des  diplomates  frcmçais. 

M.  Fagel  (1)  a  reçu  la  nuit  dernière  un  courrier  de  La  Haye 
avec  des  dépêches  relatives  à  l'objet  dont  Votre  Excellence 
m'a  écrit  le  8.  Il  en  a  été  itérativement  parlé  à  lord  Welling- 
ton qui  persiste  à  croire  que  Luxembourg  etc.,  etc.,  possédés 
par  les  Prussiens,  seraient  d  une  meilleure  défense  pour  les 
Etats  d'Orange  que  s'ils  appartenaient  à  ces  Etats. 

11  est  difficile  de  discuter  avec  un  maître  tel  que  lord  Wel- 
lington. Il  veut  que  les  Etats  d'Orange  s'étendent  de  Dinant 
jusque  sur  le  Rhin  à  Coblence.  Au  moyen  de  cela,  le  Luxem- 
bourg, département  prussien,  serait  séparé  des  autres  Etats 
prussiens  et  il  faudrait  leur  accorder  ime  route  militaire  à  tra- 
vers les  Etats  d'Orange  et  les  nôtres.  Je  vois  que  dans  tout 
cela  il  y  a  encore  beaucoup  de  vague  et  beaucoup  de  matières 
inflammables. 

nistrc  auprès  du  duc  de  Holstcin  en  1809  après  l'occupation  de  Hambourg, 
où  il  est  de  nouveau  accrédité  de  1807  à  1809.  Fait  comte  en  1809. Commis- 
saire général  des  Départements  de  l'Elbe,  du  Weser  et  de  l'EmB  en  1812.  Mi- 
nistre de  Prusse  à  Dresde  en  1813,  puis  de  nouveau  à  Hambourg  après  un 
séjour  à  Paris  en  1814. 

1.  Fagcl  i  Robert,  baron  de  ,  1773-1858  d'une  vieille  famille  de  Hollande, 
entra  fort  jeune  dans  l'armée,  fit  contre  la  France  les  campagnes  de  1793  et 
1794,  s'expatria  lors  de  la  chute  de  la  maison  d'Orange,  et  ne  revint  en  Hol- 
lande qu'en  1813.  Nommé  Ministre  à  Paris  en  1814,  il  y  resta  jusqu'en  1854. 


464  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DB  VIENNE 

Celle-ci  allant  par  une  occasion  sûre,  je  puis  ajouter  l'obser- 
vation qu'en  France  Tesprit  public  est  loin  d*étre  amélioré.  Le 
militaire  et  le  civil  ne  respirent  que  guerre  et  vengeance  et 
portent  une  haine  indélébile  aux  étrangers,  surtout  aux  An- 
glais. 11  est  douteux  que  le  Gouvernement  partage  ces  dispo- 
sitions. On  croit  qu'il  se  juge  encore  trop  peu  alFermi  ;  qu'il 
craindrait  pour  sa  propre  sûreté,  s'il  se  laissait  aller  à  suivre 
cette  impulsion  générale.  Le  nombre  des  mécontents  augmente 
depuis  quelque  temps.  D'imprudents  amis  des  Bourbons  et 
surtout  de  perfides  journalistes  en  sont  la  cause. 

J'avoue  que  le  langage  et  la  conduite  des  diplomates  fran- 
çais, y  compris  M.  de  Talleyrand  et  notre  brave  L.  T.  (1), 
m'ont  paru  depuis  plusieurs  mois  fort  suspects  et  que  les  obser- 
vations ajoutées  dans  le  Moniteur  du  22  à  la  Déclaration  du 
8  octobre,  ainsi  que  ce  qu'on  dit  d'une  Note  de  M.  de  Talley- 
rand du  4  octobre  (2),  m'ont  confirmé  dans  cette  opinion. 


664.  Londres,  18  octobre  1814  (F.  3.  4533  ad  3565  . 

GREUHM  à  HARDENBEBG  {intercepta)  en  français) 
(Sous  le  couvert  de  Munster). 

Affaires  d'Amérique.  Polémique  entre  les  journaux  de  Londres  et  de  Paris. 

Le  pavillon  couvre  la  marchandise. 

Il  parait,  d'après  les  lettres  particulières  reçues  d'Amérique, 
que  le  Congrès  s'assemblera  à  Lancaster  (3)  et  que  la  résidence 
du  Président  sera  provisoirement  établie  dans  cette  ville. 

Ces  lettres  communiquent  que  le  général  Armstrong,  Mi- 
nistre de  la  Guerre,  a  donné  sa  démission  et  les  observations 
qu'elles  ajoutent  font  croire  que  la  retraite  de  ce  personnage 
suffirait  pour  apaiser  le  mécontentement  que  la  destruction  de 
Washington  et  la  conduite  des  affaires  militaires  avaient  ré- 
pandu dans  les  Etats  voisins. 

On  mande  que  les  villes  de  Philadelphie  et  de  New- York 

1.  La  Tour  du  Pin  Gouvernet. 

2.  Doit  être  la  lettre  de  Talleyrand  à  Gastlereagh  du  5  octobre  sur  la  marche 
et  les  principes  à  suivre  dans  les  occupations  du  Congrès. 

3.  Ville  située  dans  TEtat  de  Pcnsylvanie. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA    SAXE   ET    LA   POLOGNE      465 

ont  chacune  voté  un  million  de  dollars  pour  être  employés  à 
leur  défense. 

L'animosité  des  journaux  de  Londres  contre  ceux  de  Paris 
a  beaucoup  augmenté  par  les  observations  que  ceux  ci  ont  faites 
sur  la  destruction  de  Washington  et  par  l'intérêt  qu'on  paraît 
prendre  en  France  à  la  cause  des  Etats-Unis. 

Le  Courier,  journal  ministériel,  répond  à  im  article  de  la 
Gazette  de  France,  annonçant  que  la  Russie  et  la  France 
allaient  au  nom  de  l'humanité  stipuler  sur  les  droits  maritimes^ 
que  chaque  proposition,  tendant  à  vouloir  établir  que  le  pa- 
villon couvre  la  cargaison,  serait  rejetée  avec  fermeté  et  indi- 
gnation par  lord  Castlereagh  et  que  l'Angleterre  clouerait  plu- 
tôt son  pavillon  au  grand  mât  et  coulerait  à  fond  ses  vaisseaux 
qu'elle  n'accéderait  à  de  telles  propositions. 


665.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  3.  4231  ad  3565). 

ROSENCRANZ  (1)  à  SCHIMMELMANN  (2)  (à  Copenhague) 

[Intercepta)  (en  français). 

Les  Conférences  des  ministres.  Castlereagh  chez  Alexandre  et  son  entretien 
avec  lui  au  sujet  de  la  Pologne.  La  crise,  cause  du  retard  apporté  à  l'exé- 
cution des  promesses  faites  au  roi  de  Danemark  par  Alexandre. 

Les  ministres  des  principales  Cours  ont  eu,  ces  jours- 
ci,  de  fréquentes  conférences,  et  il  est  permis  de  se  persuader 
que  la  crise  du  moment  aura  incessamment  un  résultat.  Pour 
y  parvenir  plus  sûrement,  lord  Castlereagh  a  dû  avoir  hier  une 
audience  de  l'Empereur  Alexandre  pour  lui  faire  des  représen- 

1.  Rosencranz  (Niels,  baron)  1757-1824)  d'une  vieille  famille  danoise  Page 
du  prince  royal  Frédéric  (1773),  officier  de  cavalerie  (1776),  passé  dans  la 
diplomatie  (1783),  secrétaire  pendant  quatre  ans  aux  législations  de  la  Haye 
Saint-Pétersbourg  et  Stockholm,  ministre  résident  à  Varsovie  (1787),  envoyé 
extraordinaire  et  ministre  plénipotentiaire  à  Saint-Pétersbourg  (1790),  il  n'y 
resta  que  peu  de  temps  à  cause  de  la  santé  do  sa  femme  (née  princesre  Via* 
semsky;  qu'il  dut  emmener  en  Italie,  ministre  à  Berlin  (1796),  au  Congrès 
de  RasUtt  (1708-1799),  à  Saint-Pétersbourg  (1799-lSOl),  il  y  revint  en  1803 
et  y  resta  jusqu'en  février  1804.  Ministre  à  Berlin  il  alla  deux  fois  A  Paris 
comme  envoyé  extraordinaire.  Nommé  le  27  ovril  1810,  ministre  des  affaires 
étrangères,  il  resta  en  fonction  jusqu'à  sa  mort  .grand  duc  Nicolas  Miehaï- 
LOviTCH.  PortrAiis  Rasies^  IV,  3,  172). 

2.  Schimmelmann  (Ernest-Henri,  comte)  (1747-1831),  ministre  des  Finances 
et  du  Commerce  de  1784  à  1814   Ministre  des  Affaires  étrangères  en  181  i. 

T.  1.  30 


460  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

talions,  au  nom  aussi  de  T Autriche  et  de  la  Prusse^  relative- 
ment à  la  Pologne  (1),  ou  plutôt  au  duché  de  Varsovie  que  ce 
souverain  prétend  garder  pour  soi* 

Ce  point  décidé,  les  autres  questions,  à  ce  que  Ton  prétend, 
seront  décidées  sans  beaucoup  de  difficultés.  La  crise  actuelle 
dans  les  négociations  est  sans  doute  la  seule  cause  qu'il  n'a 
pas  encore  été  donné  suite  à  la  promesse  que  l'Empereur  de 
Russie  donna  au  Roi  avant  de  partir  pour  la  Hongrie  (2). 


666.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4336  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 
BoiiDEREAu  journalier  et  Rapport  du  5  novembre. 

Ce  que  Binder  a  dit  chez  la  Bagration.  Ordres  donnés  par  Hager  À  U  suite 

du  billet  de  Hacke  à  Dalberg. 

Il  appelle  son  attention  sur  ce  que  le  baron  Binder  a  dit  chez  la 
princesse  Bagration  et  sur  le  billet  du  baron  Hacke  à  Dalberg. 
Tout  cela  ne  facilitera  pas  l'action  de  la  police  qui.  grâce  aux 
agents  placés  par  elle  à  la  Légation  de  France,  s'est  procuré 
déjà  un  certain  nombre  de  papiers  et  a  su  ainsi,  que  Hacke 
avait,  sur  la  demande  de  l'Ambassade  de  France,  fait  une  note, 
dans  laquelle  il  s'élève  contre  la  prise  de  possession  de  la  Saxe 
par  la  Prusse.  Hacke  s'est  aperçu  de  cette  surveillance  en  exa- 
minant le  cachet  d'une  de  ses  lettres. 

Hager  a,  en  conséquence,  donné  des  ordres  au  Cabinet  noir 
(Geheime  Behœrde)ei  aux  agents  placés  à  la  Mission  française 
pour  que  la  Manipulation  se  fasse  avec  encore  plus  de  soin. 


1.  Lettre  de  lord  Casllercagh  à  l'Empereur  Alexandre,  du  4  novembre,  en 
réponse  au  Memoraudum  russe.  (Cf.  Gbmtz,  Tagebûcher,  1,326.  Mercredi  2  no- 
vembre... chez  lord  Castlereagh  qui  m'a  lu  la  réponse  de  l'Empereur  de  Rus- 
sie et  une  partie  de  sa  réplique...) 

1.  Promesse  évidemment  relative  à  l'exécution  des  clauses  du  traité  de  paix 
entre  la  Russie  et  le  Danemark,  signé  à  Hanovre  le  8  février  1814.  L'article  VI 
de  ce  traité  décidait  que  les  troupes  russes  ne  pourraient  frapper  le  Holstein 
d'aucune  contribution  et  «  à  la  mi-octobrc  Alexandre  n'avait  pas  encore  donné 
l'ordre  de  retirer  son  armée  qui  occupait  et  dévorait  le  Holstein  »  (Cf.  les 
Ambassadeurs  de  France  à  Jaucourt.  Vienne,  16  octobre  1814). 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      467 

667.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3.  4331  ad  3565). 

(Extraits  d' Intercepta  divers)  (analyse  du  cabinet  noir). 

Heilmann  à  son  père  (2  novembre).  (Malgré  toutes  les  diffi- 
cultés qui  restent  à  vaincre,  l'ouverture  du  Congrès  est  cepen- 
dant un  grand  pas  de  fait.  Il  lui  semble  que  Thorizon  est  plus 
clair  et  croit  qu'on  a  dû  trouver  un  moyen  de  s'entendre  sur 
la  Saxe  et  la  Pologne). 

Salmour  à  La  Tour  du  Pin  (avec  une  lettre  particulière  à 
faire  parvenir  à  Paris  à  la  princesse  Poniatowska). 


668.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3.  4231  ad 3565). 

Rapport  à  HAGER 

Nesselrode  a  défendu  sa  porte  à  tout  le  monde  ce  matin 
pour  travailler  avec  Anstett. 

Pozzo  di  Borgo  a  dtné,  le  3,  chez  la  princesse  Bagration  avec 
le  prince  royal  de  Wurtemberg,  Potocki  et  Anstett. 


669.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3.  4331  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

On  a  organisé  un  service  de  surveillance  chez  Noailles. 

On  n'a  pas  pu  se  procurer  aujourd'hui  des  papiers  chez  Tal- 
leyrand,  mais  on  a  ramassé  quelques  chiffons  de  la  comtesse 
de  Périgord  et  du  secrétaire  de  Talleyrand, 


670.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3  4231  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le    Cardinal    Cinsalvi    est    très    satisfait   de    l'audience 
qu'Alexandre  lui  a  donnée  le  3  au  matin. 


468  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

671.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  8.  4558  ad  35«5). 

Rapport  à  HAGER 

D'Arnay  est  manifestement  inquiet  parce  qu'on  n'a  encore 
rien  décidé  pour  le  Prince  Eugène,  mais  il  ne  croit  pas  que 
Consalvi  réussira  à  faire  rendre  les  Légations  au  pape. 


672.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  S.  4231  ad  3565). 

Rapp:>rt  à  HAGER 

Surveillance  de  Dalberg.  Pourquoi  on  n'a  pas  ramassé  de  chifTons 

chez  Dalber^^. 

Dalberg  est  resté  pendant  trois  heures  ce  matin  chez  la 
comtesse  Schœnborn. 

Le  baron  Hacke,  ayant  conseillé  à  Tallejrand  et  à  Dalberg 
d'avoir  Tœil  ouvert  sur  les  affiliés  à  la  police  qu'ils  ont  chez 
eux,  l'agent  a  cru  prudent  de  ne  pas  ramasser  de  chiffons  dans 
le  bureau  de  Dalberg. 


673.  Vienne.  4  novembre  1814  (F.  S  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

La  France  et  l^s  projets  d'agrandissement  de  la  Bavière.  Monlgelas  et 
Wrede  hostiles  aux  idées  préconisées  par  la  France.  Les  partisans  du  roi 
de  Saxe  n^prennent  confiance. 

On  prête  à  la  Bavière  (1)  le  projet  de  vouloir,  avec  l'appui 
de  la  France,  devenir  la  troisième  puissance  en  Allemagne  et 
y  jouer  un  rMe  à  part.  Ce  serait  le  résultat  du  séjour  fait  à 
Munich  par  Dalberg  avant  son  arrivée  à  Vienne. 

1.  Cf.  p'A!<asBaiio.  Séance  du  90  octobre  1$14.  Déclaration  auConûté  d'Al- 
lemagne, p.  307.  Projet  relatif  aux  objets  sur  lesquels  le  Comité  militaire 
devra  délibérer,  présenté  par  la  Bavière.  Séance  du  tt  octobre,  pa^  334- 
3S«  et  LVéclaration  supplémentaire  du  Roi  de  Bavière,  pages  3S«>3ST.  Propo- 
aiUon  supplémentaire  de  la  Bavière.  Séance  du  U  octobre  l$14.p.  335.  Pro- 
position de  la  Bavière  concernant  le  9*  article  des  13  points  de  délibération. 
S4anc«  du  !<$  octobre»  page  341. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET    LA   POLOGNE      469 

D'autre  part  on  dit  que  Montgelas,  qui  a  été  assez  froide- 
ment traité  à  Paris,  et  Wrede  sont  hostiles  aux  idées  préconi- 
sées par  la  France. 

Les  amis  du  roi  de  Saxe  se  reprennent  à  espérer  et  sont 
plus  confiants  qu'il  y  a  quelques  jours. 


674.  Vienne,  4  novembre  181  i  (P.  3.  4558  ad  3565). 

00  à  HAGER  (en  français). 

Probabilité  d'une  guerre  entre  l'Autriche  et  la  Russie.  Biuits  d'une  entente 
secrète  entre  Alexandre  et  Louis  XVIIL  M ettemich,  la  Ba^ation,  la  Sagan. 
Le  Congrès.  La  comtesse  Gallenberg.  La  Grande-Duchesse  Catherine  et 
la  Prusse.  Munster  et  la  Comtesse  Lippe. 

Dans  la  coterie  Stadion,  on  croit  fermement  que  rAutriche 
sera  Tan  prochain  en  guerre  avec  la  Russie. 

D'après  une  lettre  de  Saint-Priest  (1)  remise  à  Stackelberg 
par  Noailles,  on  travaillerait  à  une  entente  secrète  entre 
Louis  XVII I  et  la  Russie. 

Metternich  va  très  rarement  chez  la  princesse  Bagration.  Il 
retourne  assidûment  chez  la  Sagan  à  la  suite  de  la  grande  ex- 
plication qu'il  a  eue  avec  elle  h  cause  de  la  fameuse  phrase 
contenue  dans  une  lettre  où  elle  disait  de  lui  :  «  Un  Ministre  des 
Affaires  étrangères  qui  a  perdu  la  confiance  des  Puissances 
étrangères  ne  peut  guère  rester  en  place,  » 

L'opinion  publique  n'est  pas  en  faveur  de  Metternich  que 
Louis  XVIII  et  la  Russie  voudraient  voir  remplacé  par  Stadion. 

Chez  Arnstein,  Keller,  le  baron  Bildt,  los  Rios  et  les  Prus- 
siens ont  encore  répété  que  le  ("ongrès  ne  marche  pas. 

On  se  demande  ce  que  la  comtesse  Gallenberg,  chez  laquelle 
on  voit  beaucoup  d'Italiens,  fait  à  Vienne,  et  si  elle  est,  comme 
Dalberg  l'affirme,  au  service  de  Murât. 

On  a  dit  hier  chez  Eskeles  que  la  Grande-duchesse  d*01den<- 
burg  marchait  pour  la  Prusse  qui  comptait  absolument  sur  elle. 

On  dit  enfin  qu'après  le  Gongrès  Munster  épousera  la  com- 
tesse Lippe  (2). 

1.  Saint-Priest  (Emmanuel-Louis-Marie  Guignard,  Vicomte  de)  Colonel  au 
service  de  la  Russie, qui  rentrait  à  ce  moment  en  France  et  devint  s^entilhomice 
d'honneur  du  duc  d'Ang^ouléme. 

2.  Wilhelmine-Charlotte,  sœur  du  prince  rêvant  de  Schaumburg-Lippe, 
née  en  1783,  épousa  en  effet  Munster  le  7  novembre  1815. 


470  AUTOUR  DU  CONGRÂS   DB  VIENNE 

675.  Vienne,  4  norembre  1814  (F.  S.  4S81  ad  3S05). 

Nota  à  HAGBR  (en  français). 

Singuliert  propos  tenus  à  dîner  chei  la  princesse  Ba^ation  par  Potzo  di 
Borg:o,  Anstett  et  Binder.  Louis  XVIII  et  la  France.  Portrait  du  i^rinca 
royal  de  Wurtemberg. 

Le  prince  royal  de  Wurtemberg,  Pozzo  di  Borgo,  le  baron 
Binder  et  Anstett  ont  dîné  hier  chez  la  princesse  Bagration. 

Deux  choses  m'ont  surpris  à  ce  dîner.  L'une  est  la  manière 
franche  et  loyale  avec  laquelle  Pozzo,  secondé  par  Anstett,  a 
parlé  à  ce  dinar.  Les  deux  ministres  ont  émerveillé  par  les  opi- 
nions qu'ils  ont  émises,  sans  y  être  forcés. 

Pozzo  a  dit  que  la  ruine  des  Empires  vient  de  leur  rage  de 
trop  s'étendre  et  que  la  fable  des  géants  s'explique.  Ils  ont 
voulu  être  si  grands  qu'ils  ont  touché  au  ciel  et  Jupiter  les  a 
rendus  fous  et  ils  ont  été  écrasés* 

Anstett  a  soutenu  qu'il  fallait  la  justice  en  tout,  rien  que  la 
justice  et  rendre  à  chacun  ce  qui  lui  est  dû. 

Ces  vérités  dans  la  bouche  des  Ministres  de  celui  qui  veut 
la  Pologne  en  entier  pour  lui  et  ôter  un  royaumie  au  roi  de 
Saxe  pour  le  donner  à  son  allié  n'ont  pas  été  sans  me  surprendre. 
Mais  un  autre  propos  me  frappa  bien  davantage,  celui  de  Bin- 
der, qui  déclara  à  deux  reprises  et  avec  force,  que  Tidée  d'éta- 
blir une  régence  en  France  avec  Marie-Louise  était  l'idée  la 
plus  folle  et  la  plus  ridicule  qu'on  ait  jamais  pu  concevoir.  Si 
tout  autre  que  Binder  avait  émis  cette  appréciation,  on  aurait 
peut-être  été  de  son  avis  et  nullement  frappé.  Mais  Binder  (1), 
un  de  nos  Ministres,  un  des  favoris  de  Metternich,  qui  sait 
que  cette  idée  était  celle  du  Cabinet  qu'il  sert,  il  y  a  là  plus  que 
de  l'effronterie.  Il  faut  croire  qu'il  a  voulu  attaquer  Metter- 
nich,  ou  qu'il  le  croit  ébranlé,  ou  qu'il  est  très  fâché  contre  lui. 
Tout  ce  qu'a  dit  Pozzo  sur  la  France  et  Louis  XVIII  était 
parfait.  Il  l'a  en  outre  très  loué,  parce  qu'il  met  son  armée  sur 
le  pied  de  paix  et  a  critiqué  les  autres  qui  se  ruinent  à  tenir 
les  leurs  sur  le  pied  de  guerre. 

1.  Gf  Gbntz,  Tagebûcher,  i,  73.  Jeudi  39  juin  1809...  J'ai  eu  avec  lui  (Bin- 
der) qui  arrivait  de  Pétersbourg  où  il  avait  précédé  Sch warzenberg,  une  con- 
versation de  quatre  heures,  une  des  plus  intéressantes  que  je  puisse  imaginer. 
C'est  un  homme  de  beaucoup  de  moyens,  d'excellents  principes,  d'une  âme 
forte  et  élevée... 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   471 

Le  prince  royal  de  Wurtemberg  a  de  l'esprit.  Il  doit  être  un 
bon  militaire,  mais  il  est  critiqueur,  malin,  envieux,  et  pour 
le  cœur  il  doit  en  avoir  un  à  peu  près  semblable  à  celui  du 
roi  son  père. 


676.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4381  ad  3505). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  6  novembre  (Analyse). 

A  propos  du  projet  du  Gouvernement  français  d'enlever  Napoléon  de  l'Ile 
d'Elbe.  11  demande  à  l'Empereur  l'autorisation  de  compléter  ses  moyens 
insufûsauts  d'informations.  (J'ai  cru  devoir  joindre  à  cette  demande  la 
réponse  de  Belleg^arde  (de  Milan,  22  novembre)  A  la  lettre  de  Hager  du  5 
novembre  et  l'approbation  de  l'Empereur  en  date  du  23  novembre.) 

Hager  a  fait  remarquer  à  l'Empereur,  à  propos  du  projet 
conçu  par  le  Gouvernement  français  d'enlever  Napoléon  de 
Tile  d'Elbe  qu'il  n'a  à  sa  disposition,  comme  éléments  d'in- 
formations que  les  intercepta^  les  chiffons,  ses  agents  à 
Vienne  et  Bellegarde  (1)  et  Strassoldo,  (2)  en  Italie,  dont  les 
communications  mettent  longtemps  à  lui  parvenir.  Il  prie  en 
conséquence  l'Empereur  de  faire  compléter  ses  renseignements 
par  les  voies  plus  sûres  et  plus  rapides  du  grand-duc  de  Tos- 
cane, de  Marescalchi  et  de  Magawly  Cerati  (3)  à  Parme  et  par 
les  consuls  de  Livourne  et  de  Gênes. 

Cette  proposition  reçut  le  23  novembre  l'approbation  de 
l'Empereur. 

Le  même  jour,  5  novembre,  Hager  s'adressait  directement 
à  Bellegarde  et  à  Strassoldo  et  le  22  novembre,  Bellegarde  lui 
expédiait  la  dépêche  suivante  (en  français). 

«  J*ai  reçu  la  lettre  de  V.  E.  du  5  courant  par  laquelle  elle 

1.  Bellegarde  (Henri,  comte  de)  (1756-1845),  Feld-Maréchal,  était  A  ce  moment 
Commissaire  (j^énéral  Impérial  en  Italie. 

2.  Strassoldo  (Jules-Joseph,  comte  de;  (1771-1830),  Commissaire  Impérial  A 
Parme,  Adjoint  au  Commissaire  Impérial  de  Lombardie,  puis  Directeur  des 
Postes  et  un  peu  plus  tard,  en  1818,Président  du  Gouvernement  de  la  Lombardie. 

3.  Magawly  Cerati  (Henri,  comte  de),  d'origine  irlandaise.  Depuis  le  6  août 
1814,  Ministre  d'Etat  des  duchés  de  Parme,  Plaisance  et  Guastallà. 


472  AUTOUR    DU   C02VGBÈS   DE  VIENNE 

«  me  communique  le  plan  qu'on  suppose  au  cabinet  français 
«  d*enleyer  Napoléon.  Mais^  comme  je  n'ai  aucune  connais- 
€  sance  des  personnes  y  impliquées,  je  ne  suis  pas  à  même  de 
«  donner  sur  cela  à  V.  E.  aucun  éclaircissement.  Peut-être 
«  pourrai-je  lui  en  fournir  sous  peu  quand  j'aurai  le  rapport 
€  de  ce  qu*un  homme  très  adroit  (1)  aura  pu  découvrir  en 
«  général  dans  un  voyage  qu'il  a  fait  à  File  d'Elbe  et  dont  il 
«  m*a  promis  de  me  rendre  compte,  et  je  n'omettrai  sûrement 
€  pas  de  porter  à  la  connaissance  de  V.  E.  tout  ce  que  l'homme 
«  en  question  pourra  me  communiquer  d'intéressant.  » 


677.  Vienne,  4-5  novembre  1814  .F.  3.  44ft8  ad  3595). 

Intercepta  divers  analysés  par  le  Cabinet  Noir 

Extraits  du  bordereau 

Prince  Frédéric  de  Prusse  (2)  à  la  princesse  CoUoredo 
Mannsfeld(3  novembre)  (Lettre  de  condoléance). 

Stackelberg  au  cardinal  Consalvi  (Ordre  d'Alexandre  de 
régler  avec  lui  les  questions  pendantes  en  Russie  entre  les 
cours  de  Rome  et  de  Pétersbourg.) 

Noailles  au  général  Olsufieff  (5  novembre),  (lettre  peu 
curieuse). 

Gayl  (3)  à  la  comtesse  Brignole.  (11  fera  parvenir  la  lettre 
à  la  reine  de  Westphalie  et  la  remettra  au  baron  Malsburg.)  11 
la  remercie  de  ce  que  grâce  à  elle  il  a  pu  saluer  le  roi  de 
Rome,  et  viendra  la  voir  avant  de  partir. 

Stackelberg  au  colonel  Genzowski.  (11  a  reçu  sa  lettre  que 
Wolkonsky  remettra  à  l'empereur.) 

1.  Il  s'agit  là  d'Ettori. 

2.  Il  doit  y  avoir  là  un  Uptut  càlami  de  la  )iànipnUtion.  Le  prince  royal» 
plus  tard  Frédéric  Guillaume  IV,  était  resté  à  Berlin  et  je  ne  crois  pas  qu'il 
puisse  s'agir  ici  du  prince  Frédéric,  né  en  1794,  petit-fils  du  roi  Frédéric  Guil- 
laume II,  le  neveu  et  successeur  du  grand  Frédéric.  11  s'agit  plus  probable- 
ment d'une  lettre  du  prince  Guillaume  ou  du  prince  Auguste. 

3.  Le  baron  de  Gayl  et  le  baron  de  Malsburg  faisaient  tous  deux  partie  dû 
la  suite  de  Jérôme  et  de  l'ex-reine  de  Westphalie.  «  Gayl,  homme  de  con- 
fiance du  couple  ci-dessus  allait  et  venait,  écrit  M.  Frédéric  Mas8oa,et  Mals- 
burg faisait  les  commissions  à  Vienne.  «Malsburg  avait  été  A  Cassel  le  grand 
écuyer  du  roi. 


l'ouverture  du  congrès.  —    LA   SAXE   ET   LA  POLOGNE      473 

Gaertner  au  comte  de  Munster  (3  novembre).  («  Veuillez  jeter 
un  coup  d'oeil  sur  le  journal  officiel  que  je  vous  envoie  (Rhei* 
nischer  Mercur,  n*  138  du  25  Octobre  1814).  Il  faudrait  faire 
connaître  à  Tempereur  Alexandre  <  die  Bûrger^Bauern  und 
San  Hetze  >  qui  se  fait  en  Wurtemberg  et  en  Bade.  Ces  deux 
gouvernements  sont,  comme  le  montrent  ces  articles,  bien 
dignes  de  leur  créateur  Napoléon.  ») 

Envoi  à  quatre  heures  à  Tallejrand  d'un  billet  de  Harden- 
berg  (intercepté  et  communiqué  au  cabinet  noir). 


678.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  45b8  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Marie-Louise,  emploi  de  la  journée  du  4  novembre. 

Marie-Louise  a  reçu  la  visite  du  prince  Eugène  et  du  prince 
Antoine  de  Saxe.  Elle  a  été  voir  l'empereur  et  a  failli  avoir  un 
accident  de  voiture.  Le  soir,  elle  a  écrit  des  lettres  avec  M"*  de 
Brignole  jusqu'à  minuit. 


679.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4558  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

D'après  le  dire  du  Grand-duc  Constantin,  la  Russie  ne  re- 
nonce en  rien  à  ses  prétentions  sur  le  duché  de  Varsovie  dont 
le  Grand-duc  a  la  promesse  d'être  nommé  vice-roi.  Il  aurait 
près  de  lui  le  prince  Adam  Czartoryski. 


680.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4^58  ad  3565). 

®  0  à  HAGER  (en  français). 

On  parle  dans  le  monde  d'un  duel  qui  aurait  eu  lieu  entre 
Dalberg  et  un  ofGcier  russe,  et  dans  lequel  le  duc  aurait  été 
légèrement  blessé. 


474  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNB 

681.    '  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  S.  4558  ad.  35<^). 

®0  à  HAGER  (en  français). 

Explications  aigres-douces  entre  le  Grand-duc  de  Bade  et  Hacke.  Concours 
de  la  France  et  de  la  Bavière  en  cas  de  guerre  à  cause  de  la  Saxe.  L'Au- 
triche refuse  le  concours  de  la  France  contre  Murât. 

Le  grand-duc  de  Bade  aurait,  dit-on,  reproché  à  son  Mi- 
nistre le  baron  Hacke  d'être  trop  français  et  trop  lié  avec  Dal- 
berg  et  Taileyrand. 

Le  grand-duc  a  été  mis  en  garde  par  ses  sœurs,  Timpéra- 
trice  de  Russie  et  la  reine  de  Bavière.  Hacke  ne  s'est  pas 
laissé  intimider  et  a  vertement  répondu  au  grand-duc. 

On  dit  maintenant  que  la  France  mettrait  120.000  hommes 
et  la  Bavière  GO. 000  à  la  disposition  de  T Autriche,  en  cas  de 
guerre  à  cause  de  la  Saxe.  La  France  aurait  en  outre  offert  à 
TAutriche,  quiTaurait  refusé,  de  faire  marcher  50.000  hommes 
contre  Murât.  On  craint  que  cette  marche  des  Français  contre 
Naples  ne  fasse  éclater  une  révolution  en  Italie. 


682.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4558  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français)  (analyse). 

Rapport  sur  la  requête  des  maréchaux  de  France  deman- 
dant le  maintien  des  possessions  qui  leur  ont  été  données  par 
VUsurpateur  dans  différents  pays. 

Bresson  de  Valensole,  porteur  d'une  lettre  du  maréchal  Ney 
relative  à  cette  question,  a  été  reçu  par  Alexandre. 

On  continue  à  mener  une  campagne  acharnée  contre  Met- 
ternich. 

Alexandre  a  déclaré  que  les  affaires  ne  pourraient  prendre 
une  bonne  tournure,  tant  que  le  prince  de  Metternich  sera  à  la 
tête  du  département  des  Affaires  Etrangères. 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      475 


683.  Vienne^  5  novembre  1814  (F.  3.  4558  ad  3565). 

LCEWENHIELM  à  ENGESTRÔM  (intercepta)  (en  français). 

Le  congrès  défini  par  Metternich  et  Castlereagh.  Protestation  de  la  France 
et  de  l'Espagne.  Difficultés  qui  en  résultent  et  causes  de  ces  embarras. 

Le  prince  de  Metternich  et  lord  Castlereagh  ont  manifesté 
leur  opinion  que  le  Congrès  n'est  à  considérer  que  comme  une 
réunion  de  toutes  les  puissances  de  TEurope  en  un  môme  lieu, 
non  pas  pour  multiplier  les  difficultés  des  combinaisons  poli- 
tiques, mais  pour  les  faciliter,  abréger  les  distances  qui  séparent 
les  Etats  et  par  conséquent  rendre  les  communications 
promptes  et  décisives,  et  qu'ils  ne  voyent,  dans  le  Congrès, 
aucun  autre  but,  ni  rien  qui  constitue  une  Assemblée  qui, 
comme  telle,  aurait  un  droit  délibératif  sur  aucune  question 
particulière. 

Les  plénipotentiaires  de  France  et  celui  de  TEspagne  ont 
formellement  et  vivement  protesté  contre  cette  conception. 
Ils  ont  demandé  alors  ce  qu'était  ce  Congrès,  puisqu'on  n'y 
voyait  aucun  but  dans  son  assemblée  générale  et  ont  trouvé 
une  contradiction  manifeste  entre  Tappel  fait  dans  le  traité  de 
Paris  pour  la  formation  du  Congrès  et  la  déclaration  anté- 
rieure du  8  octobre  pour  son  ouverture  le  1"  novembre. 

Il  est,  selon  ce  qu'il  me  paraît,  impossible  de  sortir  de  ces 
difficultés  avec  les  honneurs  d'une  logique  ordinaire.  Le  mal 
vient  de  ce  qu'on  a  imprudemment  à  Paris  proclamé  le  Con- 
grès en  lui  donnant  le  nom,  sans  réfléchir  alors  aux  difficultés 
que  cela  aurait  dans  la  pratique. 

Je  ne  puis  nier  que  les  plénipotentiaires  français  ne  puissent 
avoir  pour  eux  le  principe  des  anciens  Congrès  et  celui  qui 
semble  découler  de  la  nature  même  d'une  pareille  réunion  de 
plénipotentiaires.  Mais  d'un  autre  côté,  les  grandes  puissances, 
savoir  le  comte  de  Nesselrode  pour  la  Russie  et  le  baron  de 
Humboldt  pour  la  Prusse,  ont  déclaré  dans  notre  dernière 
séance  (1)  qu'ils  ne  comptaient  pas  soumettre  leurs  arrange- 
ments au  jugement  d'aucune  assemblée  quelconque,  ni  celle 
du  conseil  préparatoire,  ni  celle  du  Congrès  en  général.  La 
seule  démarche,  à  laquelle  les  plénipotentiaires  russes,  prus- 

1.  Cf.  d'ANOBBBRO  361.  La  séance  des  Huit  du  Si  octobre. 


476  AUTOUR  DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

siens,  anglais  et  autrichiens  se  soumettent  vis^-vis  du  Cod- 
grès,  est  la  connaissance  qu'ils  veulent  donner  à  toute  TEurope 
de  leurs  arrangements  respectifs  en  demandant  sa  sanction, 
mais  sans  que  cela  oblige  aucune  des  autres  puissances  à  sanc- 
tionner implicitement  ces  mêmes  arrangements. 

La  diiïérence  des  opinions  vient  de  ce  que  les  plénipoten- 
tiaires français  entendent  le  mot  Congrès  dans  son  acception 
ordinaire,  et  que  les  ministres  des  autres  puissances  ne  veulent 
pas  s'en  tenir  à  cette  notion  connue,  mais  le  considèrent  sim- 
plement comme  une  réunion  de  toutes  les  puissances  sur  un 
même  point  afin  de  faciUter  leurs  arrangements. 

Les  puissances  signataires  se  fondent  sur  le  traité  de  Paris 
qui  exclut  la  France  de  toute  voix  délibérative  dans  les  arran- 
gements a  faire  par  les  alliés  quant  à  la  distribution  des  pays 
conquis,  tandis  que  la  France,  qui  ne  peut  y  être  indifférente» 
cherche  à  prendre  toute  la  connaissance  à  laquelle  elle  croit 
avoir  droit  par  sa  place  parmi  les  puissances  de  l'Europe.  Voilà 
ce  qui  constitue  le  fond  de  la  question  que  le  prince  de  Tal- 
leyrand  cherche  à  gagner  en  faisant  adopter  des  formes  qui  y 
ramènent  toujours,  en  dépit  du  traité  de  Paris  et  en  dépit  de 
premières  décisions  du  conseil  préparatoire.  On  ne  saurait  se 
dissimuler  Tembarras  où  l'on  se  trouve  pour  sortir  de  cette 
question. 

D'un  côté  Tliurope,  qu'on  a  appelée  à  un  Congrès  et  à  la- 
quelle on  a  récemment  annoncé  son  ouverture,  a  droit  à  le  voir 
commencer,  et  l'Europe  ne  conçoit  Tidée  d'un  Congrès  que 
comme  une  Assemblée  où  tous  les  intérêts  seront  discutés  et 
sanctionnés,  d'autant  plus  qu'il  n'en  est  aucun  qui  n'afTecte  le 
bien-être  de  toutes  les  autres  puissances.  C'est  ce  sentiment 
qui  est  vivement  soutenu  par  la  France.  D'un  autre  côté,  la 
Russie  et  surtout  l'Angleterre,  de  même  que  la  Prusse  et 
l'Autriche  ne  veulent  pas  soumettre  leurs  arrangements  aux 
délibérations  des  autres  puissances.  Il  faut  donc  chercher  des 
faux-fuyants,  en  attendant  que  les  puissances,  étant  d'accord 
sur  leurs  grands  intérêts,  puissent  en  donner  à  connaître  le 
résultat,  et  faire  ainsi  de  la  première  séance  du  Congrès  la  der- 
nière. 

Dans  la  dernière  séance  du  Conseil  préparatoire  aucune  dé- 
cision n'a  été  prise  (i)    Lord  Castlereagh,  pour  calmer  la  dis- 

1.  Cf.  d'ANOBBBRo  361.  Protocole  de  la  séance  du  SI  octobre  1814. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   477 

cussion,  a  observé  qu'il  valait  mieux  rejeter  à  la  fin  du  Con- 
grès tout  ce  qui  tendait  à  le  définir  et  tâcher  d'arriver  au  but 
qu'on  s'était  proposé  par  la  réunion  actuelle  des  plénipoten- 
tiaires^ en  mettant  tout  de  suite  en  activité  les  différents  comi- 
tés, en  les  composant  toujours  des  puissances  intéressées.  Lord 
Castlereagh  pensait  qu'on  n'avait  besoin  pour  cela  d'aucim  exa- 
men théo rétique  sic)  sur  les  attributions  du  Congrès  général 
et  du  Conseil  préparatoire.  Il  observa  que,  sans  aucune  dis- 
cussion, il  s'était  déjà  formé  deux  comités,  celui  des  affaires  de 
Pologne  (?)  et  celui  de  la  Constitution  de  l'Allemagne  et  qu'il 
n'y  avait  donc  qu'à  former  de  mâme  la  commission  pour  la 
Suisse  et  celle  pour  l'Italie. 

Le  prince  de  Metternich  se  déclara  volontiers  du  même  avis, 
mais  observa  que,  quant  à  l'Italie,  la  multiplicité  de  ses  diffé- 
rents intérêts  exigerait  peut-être  plusieurs  comités  séparés. 

Comme  aucun  des  autres  plénipotentiaires  des  huit  puissances 
n'était  prêt  à  s'expliquer  sur  cette  dernière  considération,  la 
séance  fut  levée  sans  qu'aucune  décision  formelle  ne  fût  prise, 
ni  aucun  jour  fixé  pour  la  prochaine  réunion  du  Conseil  pré- 
paratoire (1).  En  attendant,  on  s'occupe  confidentiellement  de 
la  manière  de  former  les  commissions  qui  doivent  traiter  les 
affaires  d'Italie,  mais  cet  objets  tenant  à  une  décision  majeure 
relative  au  Royaume  de  Naples,  ne  sera  probablement  de  sitôt 
réglée. 


684.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4358  ad  3565). 

MA VROJEN Y  au  Prince  de  MOLDAVIE  (inlercepia)  (en  français). 

La  Polo^e  et  la  note  de  Castlereagh.  Sympathies  de  Castlereagh  pour  la 
Prusse.  L'occupation  provisoire  de  la  Saxe.  Repnin. 

Jusqu'ici  on  n'a  traité  au  Congrès  que  la  question  de  la 
Pologne. 

Lord  Castlereagh  a  combattu  dans  une  note  Tidée  du  réta- 
blissement d'une  Pologne  (2)  indépendante. 

1.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Vienne,  6  novembre»  n*  10  et  les  ambassadeurs 
du  Roi  au  Congprès  du  Département,  dépêche  n*  11  Jbû. 

2.  Cf.  d'Anobbbro,  I,  350.  Lettre  de  l'Empereur  Alexandre  à  lord  Castle. 
reagh  en  réponse  à  sa  lettre  du  14  octobre  (Vienne,  30  octobre)  avec  mémo- 
randum annexé  et  Ibidem,  893-394.  Lettre  de  lord  Castlereagh  à  rEmper«ur 


478  AUTOUR  DU  C05GBÈ8  DE  VlEN^iE 

Quant  aux  affaires  d'Allemagne,  ce  plénipotentiaire  partit 
y  prendre  un  intérêt  moins  direct  et  il  semble  plutôt  favoriser 
l'agrandissement  de  la  Prusse,  le  croyant  nécessaire  à  sa  cause 
d'ajouter  à  la  force  de  cette  puissance  pour  la  mettre  à  même 
de  résister  conjointement  avec  l'Autriche,  d'un  cAté  à  l'exten- 
sion de  la  Russie,  de  Tautre  à  une  invasion  de  la  part  de  la 
France. 

L'occupation  provisoire  de  la  Saxe  par  les  Prussiens  aura 
lieu  incessamment.  Il  est  déjà  parti  d'ici  plusieurs  employés 
chargés  de  ladministration  civÛe.  Il  a  été  déclaré  à  la  Prusse 
que  cette  occupation  ne  devrait  porter  aucun  préjudice  à  la 
décision  déGnitive  du  sort  de  la  Saxe... 

On  croit  que  le  prince  Repnin,  qui  jusqulci  était  gouver- 
neur en  Saxe,  aura  le  gouvernement  de  la  Crimée  à  la  place  du 
duc  de  Richelieu,  qui  se  trouve  aussi  à  Vienne. 


685.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4583  ad  3565. 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  7  novembre. 


686.  Vienne,  6  novembre. 

à  HAGER 

Surveillance  du  prince  Eugène,  de  Stein,  de  Gaertner  et  de  NoaUles.     - 

Après  le  théâtre  du  Kœrntnerthor,  le  prince  Eugène  a  été  362 
Fœrbergasse  chez  une  M"»  Suzanne,  qui  a  une  très  jolie  fille. 

Stein  est  allé  à  deux  heures  chez  l'Empereur  de  Russie, 
après  avoir  envoyé  à  Hardenbergun  paquetqu  ona  pu  d'abord 
transmettre  à  la  manipulation. 

Gaertner.  Les  plénipotentiaires  des  princes  allemands  et  des 
princes  médiatisés    veulent  aussitôt  après  la  vérification  de 

Alexandre  sur  la  Pologne,  et  deuxième  meraorandum  de  lord  Castlereagh  sur 
la  Pologne  en  réponse  au  mémorandum  russe  du  20  octobre.  Vienne.  4  no- 
vembre. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA    SAXE   ET   LA  POLOGNE      479 

leurs  pouvoirs  renouveler  leur  proposition  ou  se  placer  sous  la 
protection  de  l'Autriche  (t). 

Noailles.  On  a  trouvé  dans  sa  voiture  de  voyage  une  lettre 
au  Général  Olsufieff  et  une  autre  peu  intéressante  adressée  au 
prince  Jean  Liechtenstein. 


687.  Vienae,  6  novembre  1814  (F.  3.  4594  ad  3565. 

Rapport  à  HAGER 

Incident  causé  par  l'arrêt  à  la  douane  d'un  courrier  et  de  dépêches 

de  Talleyrand. 

Un  courrier  de  Talleyrand  est  arrivé  le  5.  La  Douane  a  re- 
tenu, non  seulement  ses  effets,  mais  ses  dépêches.  Dalberg, 
informé  du  fait,  court  chercher  Talleyrand  chez  Zichy.  On  se 
rend  aussitôt  chez  Metternich  et  après  l'avoir  vu,  Talleyrand 
alla  lui-même  assister  à  la  délivrance  de  ses  dépêches. 


688.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4594  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Les  Polonais  sont  pleins  de  confiance  et  croient  de  plus  en 
plus  à  la  reconstitution  de  la  Pologne. 


689*  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4583  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

La  partie  de  chasse  ofTerte  par  le  comte  Almasy.  Les  talents  de  l'Empereur 
Alexandre  comme  siffleur.  La  campag^ne  contre  Metternich.  La  Bagration 
et  la  Sagan. 

Le  4,  après  la  chasse  offerte  à  l'Empereur  de  Russie  par  le 

1.  Cf.  d'Anobbbrg,  p.  329-330.  Mémoire  adressé  à  l'Empereur  d'Autriche 
par  une  députât  ion  des  Etats  médiatisés,  présenté  dans  l'audience  de  ce  jour 
32  octobre.  Ibidem.  P.  441-447.  Note  des  plénipotentiaires  de  29  princes  sou- 
verains et  villes  libres  d'Allemagne  aux  princes  de  Metternich  et  de  Harden- 
berg  et  au  Comte  de  Munster,  16  novembre  1814.  Ibidem,  498-500.  Note  de 
Gaertncraux  plénipotentiaires  d'Autriche,  de  Prusse  et  de  Hanovre  (Vienne, 
7  décembre  1814). 


480  ALTOCB   DU  C05GEÈS   DE  VIEX3EE 

comte  AlmasT  ■■  1  ),  les  dames  des  familles  Almasj  et  Zichy 
chaatèrent  dans  le  salon  et  le  tzar  les  accompagna  en  sifflant 
Il  parait  qu'il  a  pour  cela  un  talent  particulier. 

Les  intrigues  contre  Mettemicb  continuent.  Ses  amis  et  ses 
défenseurs  affirment  que  toute  cette  brouillerie  ne  serait  pas 
arrivée,  si.  dès  le  mois  d'août,  la  police  avait  fait  partir  la  Ba- 
gration  et  la  Sagan. 

690.  Vienne,  6  norembre  18U  (F.  S.  4583  ad  3M5). 

...  à  HAGER 

Le  grand -duc  de  Bade  a  choisi  pour  ses  plénipotentiaires  au 
Congrès,  non  pas  le  baron  Hacke,  mais  le  baron  Marschall  (3), 
frère  du  ministre  de  Nassau,  et  le  baron  de  Berckheim.  Hacke  a 
répondu  slxlx  reproches  plus  ou  moins  mérités  du  grand-duc  en 
lui  disant  ses  vérités  et  en  demandant  sa  retraite. 


691.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  S.  4594  ad  45«5). 

Rapport  à  HAGER 
La  Duchesse  de  Saçan,  Alexandre  et  Mettemich. 

La  duchesse  de  Sagan,  paraissant  très  occupée  dans  une  con- 
versation avec  Metternich,  Alexandre  lui  dit  :  «  Madame  la 
duchesse^  n'occupez  pas  le  prince  de  Mettemich  d'objets  pareils, 
il  en  a  de  bien  plus  essentiels  en  tête.  » 


692.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4383  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Les  Grecs  et  le  voyage  d'Alexandre  en  Hongrie.  Gonsalvi  et  Rechberg.  Les 
difTérentes  opinion  sur  Mettemich.  Les  Prussiens  et  son  bal  masqué. 

On  avait  eu,  d'après  ce  qu'on  a  dit  devant  moi  chez  Puffen- 
dorf,  quelques  appréhensions  au  sujet  du  voyage  de  TEmpe- 

1.  Voir  pour  plus  de  détails  sur  cette  chasse,  le  N*  311  du  Beobaehier, 
7  novembre  1814,  page  1705. 

2.  Marschall  (Charles-Guillaume  baron  de),  ministre  d'Etat,  envoyé  extra- 
ordinaire et  ministre  plénipotentiaire  de  Bade  près  la  Cour  de  Wurtemberg. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA    SAXE   ET  LA    POLOGNE      481 

reur  Alexandre  en  Hongrie  à  cause  des  manifestations  russo- 
philes  auxquelles  on  craignait  de  voir  se  livrer  la  grosse  colonie 
grecque  qui  est  en  Hongrie.  Mais  TEmpereur  s*est  conduit  en 
Hongrie  de  façon  à  rassurer  tout  le  monde.  Il  ne  s'y  est  occupé 
que  des  jolies  femmes,  a  à  peine  regardé  les  hommes  et  a  com- 
plètement ignoré  les  vieux,  si  bien  que  le  clan  masculin  est 
loin  d'être  chaud  pour  Sa  Majesté  Russe. 

Le  comte  Rechberg,  auquel  Consaivi  vient  de  rendre  visite, 
dit  partout  que  le  futur  pape  a  été  chez  lui,  et  déclare  que  le 
cardinal  ne  saurait  manquer  d*étre  acclamé  par  le  conclave 
lors  de  la  prochaine  vacance  du  trône  pontifical. 

Acerenza-Pignatelli,  parlant  au  baron  Bûhler,  lui  a  dit  que 
son  archiduchesse  (rarchiduchesse  Béatrix)  avait  une  piètre 
idée  des  talents  politiques  et  de  Thabileté  ministérielle  de  Met- 
ternich. 

Aucun  des  membres  de  la  Légation  de  Prusse  ne  paraîtra 
au  bal  masqué  chez  Metternich  à  cause  des  trop  grosses  dépenses 
qu'occasionne  l'acquisition  d'un  domino  blanc  ou  d'un  costume. 

On  a  remarqué  chez  Etienne  Zichy  que,  lors  de  la  dernière 
réception,  Alexandre  a  affecté  de  s'entretenir  longuement  et 
aimablement  avec  Metternich.il  y  a  du  reste  bien  des  maisons, 
chez  Esterhazy,  chez  Charles  Liechtenstein  entre  autres,  où 
l'on  défend  hautement  le  prince  et  où  on  approuve  nettement 
l'attitude  qu'il  a  prise  à  l'égard  d'Alexandre  et  sa  résolution 
de  s'opposer  au  rétablissement  du  royaume  de  Pologne. 


693.  Sans  lieu  (1),  25  octobre  1814  (F.  3.  4583  ad  3565). 

Anonyme  à  la  Comtesse  Douairière  COLLOREDO  (Intercepta) 

(en  français). 

La  France  est  tranquille.  Le  seul  danger  vient  de  l'Ile  d'Elbe. 
Faute  qu'on  a  commise  en  y  mettant  Napoléon. 

La  France  est  assez  tranquille,  mais  elle  le  serait  davantage 
sans  le  voisinage  de  Tile  d'Elbe,  dont  le  propriétaire  et  sa  famille 

1.  Plus  que  probablement  de  Paris,  puisque  Noailles  en  partit  ce  même  jour, 
mystérieusement,  comme  le  prouve  le  passage  suivant  de  la  dépêche  de  Jau- 
court  à  Talleyrand,  en  date  du  25  octobre.  «  Monsieur  de  Noailles  n'a  dit  que 
ce  matin  son  départ;  il  ne  l'a  pas  même  dit  à  toute  sa  famille.  On  n'en  par- 
lera pas.  » 

T.  I.  8t 


482  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

intriguent  tant  qu'ils  peuvent  et  cherchent  à  soulever,  soit  les 
personnes  qui  leur  sont  dévouées,  soit  ceux  qui,  n'ayant  aucune 
propriété,  ne  se  plaisent  que  dans  Tanarchie  et  dans  la  discorde. 
Il  est  bien  étonnant  que  les  souverains,  qui  ont  tant  fait  pour 
le  bonheur  et  la  tranquillité  de  l'Europe,  ont  laissé  subsister 
au  milieu  d'eux  un  foyer  qui  pourrait  tôt  ou  tard  rallumer  l'in- 
cendie si  les  circonstances  sont  favorables.  Tous  les  honnêtes 
gens  sont  au  comble  de  leurs  vœux  et  les  coquins  sont  mécon- 
tents. On  ne  peut  croire  que  c'est  par  politique  que  les  puis- 
sances ont  laissé  subsister  près  de  nous  un  foyer  de  discorde 
qui  peut  devenir  dangereux.  C'est  le  comte  Alexis  de  Noailles 
qui  vous  fera  parvenir  cette  lettre.  J'ai  à  peine  le  temps  d'écrire 
ne  prévoyant  pas  qu'il  partirait  si  tôt. 


694.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4588  ad  3595). 

DALBiiiRG  à  MARESCALCHI  (à  Parme)  (//i^erce/>/a)  (en français). 

Il  le  félicite  de  son  admission  au  service  de  l'Autriche.  C'était  là  son  propre 
désir.  Raisons  pour  lesquelles  il  est  entré  au  service  de  la  France.  Il  ne 
sait  s'il  y  restera.  Pourquoi  il  est  à  Vienne.  11  prendra  son  parti  après  le 
Congrès.  L'Espagne  réclame  Parme.  Les  Légations  et  Rome. 

Votre  affaire,  mon  cher  ami,  est  finie.  Vous  devez  en  avoir 
reçu  la  nouvelle.  Je  vous  félicite  maintenant  de  servir  d'une  ma- 
nière si  honorable  l'Empereur  d'Autriche.  Depuis  dix-sept  ans, 
c'était  Tobjet  de  mon  ambition.  La  cession  de  la  rive  gauche 
du  Rhin,  le  devoir  d  y  conserver  Théritage  de  mes  pères,  la 
menace  de  ce  diable-homme  qui  nous  a  fait  tant  de  mal,  le 
mariage  de  cette  bonne  Impératrice  Marie-Louise  et  le  destin, 
qui  voulait  que  je  concourusse  aux  événements  du  jour,  me 
fixèrent  en  France.  Je  ne  sais,  mon  ami,  si  j'y  resterai.  Les  ins- 
tructions, si  saines  et  si  nobles,  que  le  roi  de  France  a  données 
à  ses  ministres,  m'ont  déterminé  à  paraître  ici  et  à  travailler 
avec  zèle  au  bien  général.  Vous  savez  qu'il  est  dans  mes  prin* 
cipes  et  mon  caractère  de  ne  pas  composer  avec  la  vérité  et  la 
justice.  Lorsque  le  Congrès  sera  fini,  je  verrai  quel  parti  j'au- 
rai à  prendre.  Je  voyagerai  peut-être  quelques  années  et  je 
mourtai  en  homme  de  bien  sous  le  soleil  de  votre  patrie  que 
j'aime. 


l'ouverture   du   congrès.   —   LA    SAXE   ET   LA   POLOGNE      483 

Vous,  VOUS  voilà  fixé,  je  vous  en  félicite.  Les  Espagnols 
demandent  fermement  le  pays  où  vous  êtres.  On  pourrait  aisé- 
ment compenser  cette  possession  avec  les  Légations.  L'admi- 
nistration des  Romains  n'est  pas  la  plus  éclairée. 


695.  Vienne,  26  octobre  1814  (F.  3.  4589  ad  3563). 

SCHWARZ  au  général  baron  REUTER  (à  Stuttgart). 
{Intercepta  du  6  novembre)  (en  allemand). 

Lenteur  des  affaires.  Pas  de  chang^ements  dans  les  esprits. 
Défaveur  des  Anglais.  Progrès  et  vogue  des  Français. 

Ici  tout  marche  son  petit  train.  On  raisonne  beaucoup,  on  a 
écrit  beaucoup  mais  on  n'avance  guère.  L'esprit  public  est  le 
même  qu'il  y  a  quatre  mois.  On  veut  qu'il  y  ait  tous  les  jours 
quelque  chose  de  neuf.  On  ne  peut  s'habituer  à  une  vie  calme, 
dépourvue  de  grands  événements.  Les  Anglais,  dont  on  a  si 
fort  apprécié  la  générosité  pendant  la  Coalition,  commencent 
à  perdre  de  leur  prestige  et  on  profite  de  chaque  occasion  pour 
les  ridiculiser.  En  revanche,  on  montre  tous  les  jours  aux  Fran- 
çais combien  on  s'intéresse  à  leur  bonheur  et  à  leur  pros- 
périté. 


696.  Vienne,  8  novembre  1814  (F.  3.  4594  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  8  novembre  1814. 

La  redoute  du  6.  Alexandre  I*'  et  le  Domino  noir.  Le  ^and-duc  de   Bâde 

et  la  Morel. 

Alexandre  s'est  beaucoup  amusé  à  la  Redoute.  Il  s'est  énor- 
mément occupé  d'un  masque  avec  un  grand  chapeau  à  plume 
noire  qu'on  crut  être  la  comtesse  Esherhazy-Roisin.  De  2  heures 
à  3  h.  1/2,  deux  dominos  noirs  l'ont  intrigué,  lui  et  le  roi  de 
Prusse.  La  beauté  de  M**  Morel  a  cette  fois  encore  produit  un 


484  AUTOUR   DU  CONGRÂS   DE  VIENNE 

grand  effet.  Elle  a  causé  avec  le  comte  Schœnfeld  et  le  prince 
Narischkine.  Puis  ce  fut  le  prince  de  Ligne,  qui  la  prit  sous 
sa  protection  et  resta  longtemps  auprès  d'elle.  Le  grand-duc 
de  Bade  n'a  pas  osé  se  montrer  avec  elle  dans  la  salle,  mais 
il  n'a  pas  cessé  de  rôder  autour  d'elle  et  ne  Ta  jamais  perdue 
de  vue  un  instant. 

Le  prince  Charles  de  Bavière  a  papillonné  partout  sans  se 
fixer  nulle  part. 


697.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4064  ad  8565). 

Rapport  à  HAGER 

L'agent  fournit  les  noms  des  deux  Français  qui  ne  sont  pas 
entrés  au  service  de  Marie-Louise,  mais  qui  cherchent  une  place 
et  auxquels  elle  a  donné  de  l'argent  pour  rentrer  en  France. 

On  dit  que  Bausset  ira  le  mois  prochain  en  Italie  et  on  pense 
que  rîle  d'Elbe  est  le  but  de  son  voyage . 


698.  Vienne,  7  novembre  au  soir  (F.  3.  4064  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  grand-duc  Constantin  est  parti  ce  soir  de  bonne  heure  de 
chez  la  princesse  Bagration  pour  aller  rejoindre  une  très  belle 
actrice  française  engagée  à  Saint-Pétersbourg,  Séraphine  Lam- 
bert. 


699.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  S.  4604  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Il  a  été  jusqu'à  ce  jour  impossible  de  rien  intercepter  ou 
saisir  chez  le  général  Jomini  parce  que,  dès  qu'il  s'absente 
pour  se  promener  ou  aller  au  thé&tre,  il  y  a  toujours  chez  lui, 
ou  son  aide  de  camp,  ou  le  serviteur  de  confiance  qui  lui  a  été 
donné  par  Alexandre. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA    SAXE   ET   LA   POLOGNE      483 

700.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4604  ad  35C5). 

Rapport  à  HAGER 

Le  prince  Adam  Gzartoryski  expédie  lui-même  ses  lettres 
OU  les  fait  expédier  par  son  domestique  dont  il  est  absolument 
sûr.  Il  détruit  et  brûle  lui-même  avec  soin  toutes  les  lettres 
qui  lui  arrivent. 


701.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  S.  4694  ad  3665). 

Rapport  à  HAGER 

Autant  les  Russes  envisagent  sans  appréhension  Téventualité 
d'un  conflit  armé  avec  l'Autriche,  autant  au  contraire  les  Prus- 
siens la  redoutent  et  font  des  vœux  pour  le  maintien  de  la 
paix  en  Allemagne. 

Le  comte  de  Rechberg,  de  son  côté,  prêche  Tentente  entre 
la  Bavière  et  TAutriche  qui  n'ont  que  des  intérêts  communs* 

Wrede  a  dit  tout  haut  ces  jours-ci  :  «  On  ne  peut  laisser 
la  Prusse  prendre  la  Saxe  et  mon  Roi  ne  le  permettra  pas, 
même  si  TAutriche  ne  bougeait  pas.  » 


702.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4694  ad  3665). 

....  à  HAGER 

La  déclaration  de  Munster  et  les  espérances  des  petits  Princes  et  des 
Médiatisés.  L'opinion  et  les  espérances  des  membres  de  la  légation  de  Prusse. 

La  publication  de  la  note  du  comte  de  Munster,  relative  à 
l'acceptation  de  la  couronne  royale  par  le  Hanovre,  a  augmenté 
encore  l'espoir,  caressé  par  les  petits  princes  allemands  et  par 
les  Médiatisés,  du  rétablissement  du  Saint  Empire  Allemand 
et  de  la  reconstitution  du  Corps  germanique. 

On  rencontre  tous  les  soirs  chez  la  vieille  comtesse  douai- 


486  AUTOUR    DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

rière  Pergen  Groschlag,  les  comtesses  Schœnborn,  Colloredoy 
la  Land^aveFûrstenberg(l),  les  comtesses  Groschlag,  Chotek, 
Hoyos,  Cobenzl  et  Callenberg  et  la  princesse  Batthianji  (2), 
peu  d'hommes,  à  Texception  des  comtes  Callenberg,  Kûnigl, 
Marschall,  Bentheim  (3)  et  de  M.  de  Spaen.  Ces  vieilles  dames 
colportent  toutes  les  anecdotes  qu'elles  peuvent  ramasser  sur 
le  compte  des  souverains  et  de  leurs  suites  et  déblatèrent  de 
leur  mieux  contre  Metternich. 

Les  personnes,  faisant  partie,  à  différents  titres,  de  l'ambas- 
sade de  Prusse,  ne  cessent  de  dire  chez  Arnstein  que  leur  Roi 
est  si  honnête  et  si  loyal  qu'il  désire  et  espère  que  l'empereur 
Alexandre,  qui  tient  tant  à  sa  réputation  de  loyauté  et  de 
magnanimité,  finira  par  constituer  au  profit  de  la  Maison  de 
Saxe  une  sorte  de  royaume  de  Pologne,  ce  qui  lui  permettrait 
de  se  tirer  d'affaire  et  de  tenir  la  parole  qu'il  a  donnée  à  Paris. 
Dans  ce  cas,  le  roi  de  Prusse  gardera  la  Saxe,  qu'il  prendrait 
à  contre-cœur,  s'il  en  était  différemment,  à  cause  du  caractère 
particulièrement  odieux  qu'aurait  alors  cette  absorption.  Ils 
disent  que  le  Hanovre  doit  cesser  défaire  partie  de  l'Allemagne, 
dans  le  sein  de  laquelle  il  convient  au  contraire  d'admettre  le 
Danemark,  et  que  jusqu'à  présent  l'entrée  des  Prussiens  en 
Saxe  ne  doit  être  considérée  que  comme  une  opération  con« 
sistant  à  y  relever  les  troupes  russes. 

A  l'heure  qu'il  est,  la  Pologne  est,  à  leur  sens,  la  seule  question 
préjudicielle.  Si  Alexandre  cède  sur  ce  point,  si  la  Maison  de 
Saxe  obtient  la  Pologne,  si  la  Saxe  est  attribuée  à  la  Prusse  pour 
l'indemniser  de  la  cession  de  ses  provinces  polonaises,  si  l'on 
donne  le  Hanovre  au  Danemark,  tout  s'arrangera  facilement 
et  rapidement  et  on  aura  établi  en  Europe  un  équilibre  qui 
devra  assurer  au  moins  quinze  à  seize  ans  de  paix  profonde. 


1.  Il  s'agit  ici  ou  bien  de  la  princesse  Thérèse  Schwarzenberg,  mariée  en 
1801  au  landgrave  Frédéric  Egon  Fûrstenber^ç  ou  plus  probablement  de  sa 
belle-mère  la  comtesse  Sophie-Thérèse  d'Oettingen-Wallerstein,  mariée  en 
1773  au  landgrave  Joachim-Egon  de  Fûrstenberg. 

2.  Probablement  la  princesse  Louis  Batthianyi,  née  comtesse  Elisabeth 
Pergen. 

3.  Très  probablement  le  comte  Alexandre-Frédéric  de  Bentheim -S  teinfuri 
(1781-1860). 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET    LA  POLOGNE      487 
703.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4594  ad  3565). 

....  à  HAGER 

A  en  croire  le  prince  Koglowski  (1),  Alexandre  désirerait 
ardemment  la  fusion  des  Eglises  grecques  et  romaines,  parce 
qu*il  médite  de  vastes  projets  et  que  de  plus,  il  se  sert  pour 
le  moment  des  Jésuites  afin  de  gagner ^  grâce  à  eux,  les  Polo- 
nais. On  dit  que  les  Russes  n'ont  en  aucune  façon  désiré  voir 
Schwarzenberg  et  Stadion  prendre  part  aux  discussions  du 
Congrès  (2). 


704.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4594  ad  35«5).  « 

Rapport  à  HAGER 

Les  Saxons  sont  pleins  d'espoirs  et  d'autre  part,  les  Prus- 
siens prétendent  que  l'occupation  de  la  Saxe  par  leurs  troupes 
sera,  non  pas  provisoire,  mais  déGnitive. 


705.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4064  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

La  note  apportée  par  Noailles  (3)  et  relative  à  la  Saxe 
semble  avoir  produit  de  TefFet  et  avoir  causé  ainsi  la  remise 
de  Texécution  des  mesures  projetées. 

1.  Kozlow'ski  (Pierre-Borissovitch,  prince)  (1783-1840),  Ministre  de  Russie  à 

Turin. 
3.  Cf.  d'Anobbbro,  381.  Melternich  à  Hardenberg.  Note  du  2  novembre  1814 

relative  à  la  frontière  de  la  Vistule 

3.  Dépêche  11  bii.  Les  Plénipotentiaires  du  roi  au  Département.  Vienne^ 
6  novembre.  «  Les  instructions  supplémentaires  du  roi  apportées  par  M. de 
Noailles  avaient  mis  les  plénipotentiaires  dans  la  possibilité  de  faire  des 
insinuations  sur  la  part  active  que  la  France  prendrait  pour  arrêter  un  équi- 
libre réel  et  durable  et  pour  empêcher  que  la  Russie  ne  s'empare  du  Grand- 
Duché  de  Varsovie  et  la  Prusse  de  la  Saxo.  » 


488  AUTOUR  DU    CONQRÈS  DE  YIENNB 

706.  Vienne,  7  norembre  1814  (F.  3.  4064  ad  3565). 

Nota  à  HAGER(en  français). 

Les  questions  de  Saxe,  de  Pologne,  de  Belgique  et  des  Légations  toi^ourt 
en  suspens.  Le  mémoire  de  la  France  sur  le  sort  de  la  Saxe. 

Il  y  a  encore  eu  des  disputes  au  Congrès  sur  le  sort  de  la 
Saxe,  de  la  Pologne,  et  de  la  Belgique,  et  rien  n'est  décidé,  pas 
plus  quant  aux  Légations  qu'au  sujet  du  prince  Eugène. 

11  paraît  certain  que  la  France  a  présenté  au  Congrès  une 
note  (1)  très  raisonnée  sur  la  Saxe  et  l'équilibre  politique,  qu'à 
présent  on  s'occupe  de  réformer  et  de  modifier  en  ce  qui  avait 
été  préparé  d'après  les  mesures  précédemment  adoptées. 


» 


707.  Paris,  27  octobre  1814  (F.  3.  4064  ad  3565). 

FAGEL  à  SPAEX  {inlercepla)  (en  français). 

Wellington  et  l'extension  à  donner  aux  Etats  du  Prince  d'Orange. 
Attribution  du  Luxembourg  à  la  Prusse.  Liège  et  le  duché  de  Nassau. 

Je  crois  bien  faire  d'envoyer  à  Votre  Excellence  la  copie  de 
la  lettre  que  j'expédie  à  la  Haye. 

€  Messieurs,  m'étant  rendu,  suivant  vos  ordres,  chez  le  duc 
de  Wellington,  voici  à  peu  près  le  résultat  de  l'entretien  qu'il 
m'a  accordé. 

€  Wellington  écrira  à  lord  Castlereagh  (2)  pour  insister  sur 
la  nécessité  de  donner  aux  nouveaux  Etats  du  prince  d'Orange 
une  frontière  qui,  ne  raccourcissant  pas  la  ligne  de  défense 
contre  la  France,  n'en  étende  pas  trop  le  front.  Sous  ce  rap- 
port, le  Luxembourg  ne  conviendrait  pas,  puisque,  comme  le 
dit  Wellington,  les  Etats  du  Prince  deviendraient  toute  frort" 
tière.  La  forteresse  de  Luxembourg,  devant  être  attribuée  aune 
puissance  militaire  autre  que  la  France,  doit  pour  cette  raison 
être  donnée  à  la  Prusse. 

1.  Cf. d'Angbbbro, 376-378.  Mémoire  raisonné  sur  le  sort  delà  Saxe.  Viennj, 
2  novembre  1814. 

2.  Cf.  Letters  and  Despatches  of  lord  Castlereagh,  t.X,  176-178.  The  Duke 
of  Wellington  to  lord  Castlereagh.  Paris,  October  27-1814. 


l'ouverture   du  congrès.  —    LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      489 

«  Wellington  désapprouve  la  cession  de  ce  duché  à  la  Bavière 
hostile  à  T  Angle  terre.  Il  trouve  qu'il  y  a  pour  le  prince  d'O- 
range avantage  à  ce  que  le  duché  soit  à  la  Prusse  qui  appuyé- 
rait  ainsi  la  gauche  des  Etats  de  ce  prince.  » 

Wellington  ayant  fait  encore  remarquer  qu'on  a  omis  de  re- 
parler du  projet  de  Hardenberg,  l'échange  du  pays  de  Liège 
contre  le  Nassau,  Fagel  lui  a  fait  observer  que  cela  venait  de 
ce  que  le  prince  d'Orange,  tenant  par-dessus  tout  à  ses  Etats 
héréditaires,  s'opposera  de  toutes  ses  forces  à  un  pareil 
échange. 


708.  Paris,  21,  rue  de  l'Université,  SI  octobre  1814  (F.  S.  4064  ad  3565). 

Anonyme  à  SPAEN  (à  Vienne)  (analyse). 

Même  sujet  que  la  pièce  précédente.  L'auteur  de  la  lettre  ne  partage  pas 
l'avis  de   Wellington  sur  Luxembourg^.  Le  pacte  de  famille  et  Murât. 

L'auteur  de  cette  lettre  est  curieux  de  connaître  l'effet  pro- 
duit par  la  lettre  de  Wellington  à  lord  Castlereagh  (1).  Il  ne 
partage  pas  du  reste  les  idées  de  Wellington  sur  la  place  et  le 
duché  de  Luxembourg. 

Il  ajoute  en  Posl'Scriptum  : 

€  Quelques  personnes  prétendent  que  la  Cour  de  France  veut 
faire  une  union  étroite  entre  les  différentes  branches  des  Bour- 
bons. Si  cela  se  fait,  cela  pourait  devenir  dangereux  pour 
Murât.  » 


709.  Stuttg^art,  1*' novembre  1814  (F.  S.  4064  ad  3565). 

KÙSTER  (2)  au  roi  de  PRUSSE  {intercepta)  (en  français). 

Projet  d'une  nouvelle  constitution  de  la  Confédération  germanique.  La  Confé- 
rence du  19  octobre  et  les  observations  du  roi  de  Wurtemberg.  Ses  vues  et 
ses  projets.  Il  désire  voir  régner  la  discorde  au  Congrès.  Ses  idées  sur  le 
Hanovre.  La  constitution  wurtembergeoise. 

Le  roi  de  Wurtemberg  a  dernièrement  communiqué   à  ses 
Ministres  ici  le  plan  de  la  nouvelle  constitution  de  la  Confédé- 

1.  Voir  note  précédente. 

2.  Ministre  de  Prusse  à  Stuttgart. 


400  AUTOUB  JXJ  OOnOBtS  DE  VIENNE 

ration  Germanique,  tel  qu'il  doit  avoir  été  concerté  à  Vienne 
entre  les  Ministres  de  TAutriche,  de  la  Prusse  et  de  TAngle- 
terre-Hanovre,  dans  la  conférence  du  10  octobre  (1). 

Les  remarques,  écrites  de  la  main  du  Roi  pour  accompagner 
cette  communication,  ont  fait  voir  que  Sa  Majesté  Wurtem- 
bergeoise  n*est  rien  moins  que  satisfaite  de  ce  plan,  d*abord 
parce  qu'il  a  été  fait  par  les  puissances  sans  le  concours  de  la 
Bavière  et  du  Wurtemberg  et  de  manière  à  ne  laisser  à  ces 
deux  Corps  que  le  rôle  secondaire  d'y  accéder,  mais  ensuite 
parce  qu'au  dire  de  Sa  Majesté  il  n'épuise  pas  la  matière  et  que 
ses  idées  principales  ne  s'accordent  pas  entièrement  avec  les 
vues  de  Stuttgart. 

Les  négociations  de  cette  Cour  auprès  du  Congrès  se  diri- 
gèrent constamment  vers  le  double  but^  et  de  conserver  pour 
l'administration  intérieure  la  souveraineté  la  plus  illimitée  pos- 
sible, et  d'étendre  pour  l'extérieur  aussi  loin  que  possible  son 
iniluence  dans  les  affaires  générales  de  l'Allemagne. 

C'est  pour  cela  que  le  roi  de  Wurtemberg  avait  d'abord  ap- 
puyé l'idée  d'un  sénat  de  Rois  à  établir  dans  la  Confédération 
Germanique  et  à  composer  de  TAutriche,  Prusse,  Bavière, 
Wurtemberg,  Hanovre  même,  avec  une  double  voix  pour  cha- 
cime  des  deux  premières  puissances  afin  de  décider  en  dernier 
ressort,  sans  le  concours  des  autres  Etats  allemands,  non  seu- 
lement les  affaires  militaires,  mais  toutes  les  affaires  générales 
et  majeures  de  l'Alllemagne  entière. 

Il  parait  même  que  le  Roi  avait  ajouté,  il  y  a  quelque  temps, 
ridée  de  partager  le  Corps  Germanique  dans  le  Nord  et  le  Sud, 
parce  qu'alors  les  intérêts  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse  auraient 
été  divisés  ;  que  l'activité  du  Sud  pour  balancer  le  Nord  se- 
rait devenue  plus  importante,  et  que  le  ^Wurtemberg  aurait  eu 
plus  de  poids  dans  les  affaires  séparées  du  Sud. 

Il  est  certain  que  dans  le  principe,  le  roi  a  pris  dans  ce  sens 
quelques  ouvertures  vagues  du  prince  de  Metternich  et  donné 
en  conséquence  des  Mémoires  détaillés  en  régalant  de  ceux-ci, 
sinon  le  Congrès  même,  du  moins  ses  ministres  ici,  auxquels 
en  général  il  écrit  maintenant  beaucoup  sur  les  négociations  de 
Vienne,  soiis  le  sceau  du  plus  grand  secret^  et  quelquefois 
même  avec  ordre  de  brûler  ses  dépêches  après  lecture. 

1.  D'Anobbbrg.  310-315.  20  octobre  1814.  Déclaration  du  roi  de  Wurtem- 
berg au  comité  des  afTaircs  d'Allemagne  de  ce  jour  sur  les  douze  points  pré- 
sentés comme  bases  de  la  constitution  allemande. 


l'ouverture  du  congrès,  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   491 

Je  ne  saurais  passer  ici  sous  silence  que  dans  le  même  es- 
prit, le  Roi,  écrivant  à  ses  Ministres  d'ici,  s'attache  souvent  à 
relever  tout  ce  qui  pourrait  marquer  quelques  discussions  entre 
les  Grandes  Puissances.  Il  Ta  fait  nommément  lors  de  la  pro- 
rogation du  Congrès  au  1"  novembre  qu'il  attribuait  d'abord 
à  des  discussions  avec  la  Russie  au  sujet  de  la  Pologne,  et  il 
ne  demanderait  peut-être  pas  mieux  que  de  voir  en  général 
régner  la  discorde  là  où  maintenant  la  plus  belle  harmonie  réu- 
nit les  souverains  alliés  pour  le  salut  de  l'Europe. 

Quant  à  la  nouvelle  dignité  royale  de  Télectorat  de  Hanovre, 
le  roi  de  Wurtemberg  l'avait  tout  de  suite  annoncée  par  un 
billet  de  quatre  lignes  à  la  reine  comme  un  événement  fort 
agréable  pour  eux  deux.  Personne  n'a  pu  douter  de  ceci,  vu 
que  par  la  nomiùation  d'un  nouveau  roi,  dont  les  Etats  alle- 
mands se  trouvent  de  plus  être  inférieurs  à  ceux  du  roi  de 
Wurtemberg,  celui-ci  pourrait  se  flatter  de  n'avoir  plus  à  jouer 
le  dernier  rôle  parmi  les  têtes  couronnées.  Mais  on  a  parlé 
dernièrement  à  la  cour  de  discussions  entre  les  ministres  du 
nouveau  royaume  de  Hanovre  et  ceux  de  Wurtemberg  sur  le 
rang  des  deux  rois,  discussions  qui  ont  dû  affecter  le  roi  à  tel 
point  qu'il  en  a  été  quelque  temps  malade,  mais  qui  s'aplani» 
ront  à  la  satisfaction  générale,  comme  on  l'espère  ici. 

Un  autre  sujet  de  mécontentement  lui  vient  des  justes  soins 
que  prend  le  Congrès  à  donner  aux  Etats  allemands  une  bonne 
Constitution  intérieure.  Le  roi,  soit  sur  une  sommation  quel- 
conque faite  de  la  part  des  souverains  alliés,  soit  pour  avoir 
l'air  de  les  avoir  prévenus  à  1  égard  de  son  propre  royaume, 
a  déjà  enjoint  il  y  a  quelques  semaines,  à  son  ministre  d'Etat, 
Mandelslohe  de  faire  dresser  un  plan  de  Constitution  Wur- 
tembergeoise,  et  ce  ministre  en  a  chargé  le  conseiller  de  jus- 
tice Georgi,  homme  très  versé  dans  les  affaires  de  ce  pays  et 
qui  était  autrefois  au  service  des  Etats  de  Wurtemberg.  Cette 
constitution  doit  comprendre  deux  Chambres,  la  première 
composée  des  nobles,  la  deuxième,  des  représentants  des  villes 
et  des  propriétaires  de  biens  ruraux  et  leur  assigner  une  part 
décisive  à  la  législation  et  aux  impositions  publiques. 


710.  Vienne  6  novembre  1814  (F.  3.  460  &  ad  3505). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  9  novembre. 


492  AUTon  oc  oosgaès  i»  tiex^e 

Vienne,  8  norembre  lit 4. 

Rappobt  à  L'£\fPER£UR 

Envoi  de  chiffons  provenant  de  chez  Tallevrand  et  Dalberg, 
ramassés  chez  ce  dernier  pendant  qu*il  était  au  Théâtre. 
Dalberg  avait  eu,  le  6,  un  entretien  secret  avec  Reinhard(l). 


711.  Vienne,  8  norembre  1114  «P.  3.  iêùi  «d  35«S). 

Rappobt  à  HAGER 

llofliboldt  remplace  Hardenberg  à  la  oonférenoe  du  7.  Lelire  de  Hardenberg 

à  Neaaelrode  interceptée  par  l'agent. 

Hardenberg  a  confié  le  7  son  portefeuille  à  Humboldt,  qui 
le  remplaça  à  la  conférence  chez  Mettemich  à  laquelle  assis- 
tèrent Munster,  le  comte  Hardenberg,  Wrede^Wintûngerode, 
Wessenberg  et  Martens.  Humboldt  est  rentré  à  quatre  heures, 
et  Hardenberg  envoya  aussitôt  à  Nesselrode  une  lettre  (que 
l'agent  a  pu  envoyer  en  communication). 


712.  Vienne,  8  novembre  1814  (F.  S.  4313  ad  3565). 

(Iniercepiê), 

Nesselrode  a  reçu  le  8  une  longue  lettre  de  Hardenberg 
qu'on  a  réussi  à  intercepter. 

Interceptés  56  lettres  et  paquets  adressés  à  Castlereagh, 


713.  Vienne,  8  novembre  1913  (F.  S.  4604  ad  3565). 

Rappobt  à  H.AGER  (en  français)  (analyse). 

Le  due  de  Weimar  continue  d*exposer  au  prince  de  Ligne 
son  désir  de  jouir  tranquillement  de  ses  petits  Ëtats.  Il  dément 

1.  Jean  de  Reinhard, bour^emestre  de  Zurich, l'un  des  trois  délégués  delà 
Diète  helvétique  au  Congrès. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   493 

tous  les  projets  qu'on  lui  prête  et  déclare  qu'il  ne  veut  se  mê- 
ler de  rien. 

Il  prétend  même  que  jamais  Tavidité  de  l'Empereur  de  Rus- 
sie ne  s'est  mieux  dévoilée  qu'à  présent  et  considère  Ott  comme 
l'un  des  plus  dangereux  parmi  ceux  qui  inspirent  des  idées  à 
Alexandre. 


714.  Vienne,  8  novembre  1814  (F.  8.  4312  ad  3565). 


©©à  HAGER  (en  français). 


Ce  que  les  Viennois  pensent  d'Alexandre^  des  rois  de  Prusse  et  de  Danemark. 

La  conduite  d'Alexandre  en  Hongrie. 


Alexandre  n*a  pas  su  se  rendre  aussi  sympathique  qu'il  Tau- 
rait  pu  et  dû.  On  constate  en  général  qu^il  était  plus  populaire, 
plus  apprécié  avant  qu'on  ait  pu  le  connaître.  On  lui  reproche 
de  n^avoir  aucun  intérêt  pour  les  choses  de  l'Art.  On  est  en- 
core à  attendre  de  lui  un  trait  témoignant  de  sa  part  quelque 
originalité  ou  quelque  mouvement  spontané.  Les  dames,  qui 
exercent  une  action  si  considérable  sur  l'opinion,  ne  lui  sont 
en  général  pas  favorables.  Elles  se  Tétaient  figuré  tout  autre 
qu'il  ne  leur  est  apparu.  Elles  s'attendaient  à  voir  un  Apol- 
lon et  à  n'^avoir  qu'à  admirer  sa  conduite  et  ses  manières.  Elles 
ont  été  profondément  déçues. 

Le  roi  de  Prusse  est  peut-être  personnellement  préféré  à 
Alexandre,  mais  il  porte  le  poids  des  faussetés  et  des  préten- 
tions de  son  gouvernement  et  de  son  entourage  qui  affecte  de 
professer  un  certain  mépris  à  l'adresse  des  Autrichiens. 

Le  roi  de  Danemark  est  le  seul  qui  ait  beaucoap  gagné  dans 
l'opinion.  On  le  plaint  et  on  s'intéresse  vivement  à  lui. 

Lors  de  la  présentation  qu'on  fit  à  Alexandre  de  la  noblesse 
hongroise,  il  afficha  le  plus  parfait  dédain,  daigna  à  peine  leur 
parler  et  adressa  tout  au  plus  quelques  mots  à  de  jeunes  offi- 
ciers. Au  bal  donné  par  la  comtesse  Sandor,  il  n'édiangea  pas 
un  mot  avec  elle,  il  n'y  resta  que  quelques  minutes  pour  se 
rendre  à  la  Redoute  où  il  passa  le  reste  de  la  nuit  à  danser 
avec  la  fille  d'un  apothicaire.  Il  a  mis  le  comble  à  tout  cela  en 
laissant  libre  cours  à  sa  colère  lors  de  la  visite  qu'il  fit  au 


49Ï  ACTOUR  DU  C05GRft8  DE 

tombe  au  de  sa  sœur  à  Urœm  ?  (  1  ),  parce  que  la  litui^e  n^était  pas 
la  même  que  celle  qu'il  avait  rhabilude  d'entendre  à  Saint- 
Pétersbourg. 


715.  Vienne,  8  noTembre  1814  (F.  3.  4313  ad  35C5). 

à  HAGER  (en  français). 

Le  7  au  soir,  Czartoryski,  en  rentrant  du  théâtre  an  der 
W^ie/i, reçut  un  paquet  du  Grand-duc  Constantin.  Après  l'avoir 
lu,  il  fit  atteler,  se  rendit  chez  Capo  d'Istria,  qu'il  fit  réveiller, 
resta  une  heure  avec  lui,  et  de  là  alla  chez  lord  Stewart,  chez 
lequel  il  resta  jusqu'à  3  heures  du  matin. 


716.  Vienne,  8  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3505). 

Rapport  à  HAGER 

Analyse  d'une  conversation  que  l'agent  a  eue  le  8 
avec  le  lieutenant  colonel  prussien  Von  R...  (2)  attaché  à  Stein. 

Très  violent  et  très  dur  pour  le  Congrès,  le  colonel  croit  que 
si  cet  état  de  choses  ne  change  pas  à  bref  délai,  on  va  au-devant 
d'événements  d'une  extrême  gravité. 

Le  colonel  affirme  qu'avant  de  partir  pour  Varsovie,  le  grand- 
duc  Constantin  a  eu,  la  veille  encore,  de  longues  conférences 
avec  La  Harpe  et  Czartorysky.  Il  n'a  pas  fait  mystère  du  mé- 
contentement et  du  dépit  de  Stein. 


717.  Stuttgart,  6  novembre  1814  (F.  4.4484  ad  3565). 

La  REINE  de  WURTEMBERG  au  ROI  (à  Vienne)  {Intercepta) 

(en  français.) 

Le  divorce  et  le  nouveau  mariage  de  Marie-Louise.  Le  Roi  de  Prusse.  La 
Grande-duchesse  Catherine.  Les  espérances  et  les  visées  de  Bade.  Avidité 
de  la  Bavière  et  de  la  Prusse.  Mécontentement  du  grand-duc  de  Hesse. 

1.  La  grande-duchesse  Alexandra  Pawlowna,  morte  en  1801.  et  qui  avait 
épousé  l'archiduc  Palatin. 

2.  Au  lieu  du  lieutenant-colonel  von  Rohl  indiqué  par  l'agent  il  s'agit  pro- 
bablement du  lieutenant-colonel  von  Thiele. 


L*OUVEIlTURE   DU   CONGRÈS.  —   LA  SAXB   ET   LA   POLOGNE      495 

On  assure  qu'avant  peu  il  y  aura  des  changements  inatten- 
dus, que  rimpératrice  Marie-Louise  sera  séparée  et  remariée. 
Mais  à  qui  ?  C'est  le  secret  de  la  comédie. 

Toute  TEurope  veut  donner  une  épouse  au  roi  de  Prusse. 
Mais  il  ressemble  à  la  Grande-duchesse  Catherine,  à  qui  on  ne 
manque  pas  de  donner  tous  les  jours  un  mari. 

A  Carlsruhe,  on  se  flatte  d'obtenir  Fulde  au  lieu  du  Pala- 
iinat  qu'on  s'imagine  devoir  vous  retomber.  EnGn  cela  fait  hon- 
neur au  secret  des  cabinets  que  rien  ne  soit  connu  des  négo- 
ciations qui  ont  lieu  à  Vienne. 

Après  la  Prusse,  personne  n'est  plus  avide  que  la  Bavière, 
et  cela  m'amuse  à  lire  les  louanges  qu'elle  se  donne  à  tout 
moment  touchant  la  sagesse  de  son  gouvernement.  Je  crois 
que  ses  sujets  ne  sont  pas  du  même  avis. 

Je  ne  vois  pas  avec  autant  d'indifférence  son  avidité  et  sous 
mille  vœux,  mon  cher  ami,  je  souhaite  aussi  que  vous  soyez 
à  même  d  y  mettre  des  bornes. 

Le  Grand  duc  ou  Electeur  de  Hesse  ne  doit  pas  avoir  été 
fort  enchanté  de  son  séjour  à  Vienne. 


718.  Vienne,  10  novembre  1814  (F.  3.  4312  ad  3565). 

IIAGIiR  à  L'EMPEREUR 

BoRDBBEAU  ct  R APPORT  joumalicr  du  10  novembre 

Le  grand- Duc  de  Bade  et  Joséphine  Morel  que  Hagor 
a  dû  renoncer  à  faire  partir. 

Il  lui  fournit  des  indications  sur  Joséphine  Morel,  la  maî- 
tresse du  grand-duc  de  Bade,  née  en  Hongrie,  élevée  en  France 
et  revenue  à  Vienne  où  elle  a  eu  une  liaison  avec  le  comte  G.., 
Elle  n'a  par  tardé  à  faire  la  connaissance  du  grand-duc  de 
Bade  et  peu  de  temps  après  elle  a  fait  venir  son  mari. 

Hager  a  voulu  la  faire  partir.  Il  a  dû  renoncer  à  ce  projet 
devant  l'intervention  indirecte  du  grand-duc,  qui  lui  a  envoyé 
à  cet  effet  le  prince  Trauttmansdorff. 


490  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIETiNE 

719.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  3.  4313  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  prince  Eugène  a  dîné  le  7  chez  Marie-Louise,  et  le  8,  il 
a  fait  une  longue  visite  à  Sérapbine  Lambert. 


720.  Vienne,  9  novembre  1814  (P.  3.  4312  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Appréciations  de  Labrador  sur  le  Congrès.  L'Europe  ne  fera  que  changer 
de  maître,  Alexandre  au  lieu  de  Napoléon.  Nécessité  d'une  nouvelle  crise. 

Labrador  prétend  que  les  autres  monarques  n'ont  pas  d*aussi 
nobles  pensées  que  son  roi  ;  ils  n'ont  pour  but  que  leur  agran- 
dissement et  non  le  bien-être  général. 

L'Europe  n'aura  gagné  dans  cette  terrible  lutte  que  de  chan- 
ger de  maître.  Au  lieu  de  Napoléon,  elle  aura  Alexandre. 

Labrador  croit  à  la  dissolution  du  Congrès  et  que  ce  sera 
seulement  une  nouvelle  crise  qui  pourra  faire  renaître  en^Eu- 
rope  un  nouvel  ordre  de  choses,  une  ère  de  justice, de  calme 
et  de  paix. 


721.  Vienne,  9  novembre  (P.  3.  4641  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  roi  de  Prusse  personnellement  aurait  consenti  au  réta- 
blissement et  au  maintien  de  la  Saxe,  mais  Hardenberg  et 
surtout  Humboldt  s  opposent  de  toutes  leurs  forces  à  cette 
concession  et  insistent  sur  l'annexion  de  ce  royaume. 


722.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4312  ad  3565). 

©©à  HAGER  (en  français). 

L'Empereur  d'Autriche,  le  Prince  Antoine  et  la  Saxe.  Les  notes  de  Castle- 
reagh  et  de  Noailles.  Bruit  de  départ  de  la  duchesse  de  Sagan.  Les  salons 
Stadion  et  Pergen.  Convention  secrète  entre  la  Prusse  et  la  Russie.  Alexan- 
dre et  l'enterrement  du  Congrès.  Les  médiatisés, lord  Stewart  et  le  prince 
Eugène.  Alexandre  et  le  Prince  Jean  de  Liechtenstein. 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      497 

Après  avoir  signalé  les  menées  de  la  famille  Zicby  contre 
Metternich,  il  lui  mande  que  : 

L'Empereur  d'Autriche  a  dit  ces  jours-ci  au  prince  Antoine 
de  Saxe  :  €  Les  aifaires  de  Saxe  vont  mieux.  Le  roi  se  tire 
d'affaire  en  cédant  la  Lusace  et  Wittenberg  à  la  Prusse.  » 

Castlereagh  et  Noailles  ont  remis  des  Mémoires  en  faveur 
de  la  Saxe  (1). 

La  Sagan  partira,  dit-on,  de  Vienne  le  id  et  irait  dans  ses' 
terres  de  Bohême. 

Tous  les  soirs,  aux  thés  de  la  comtesse  Stadion,  femme  du 
Ministre,  tous  les  Schônborn,  tous  les  Stadion,  Isenburg,  Er- 
bach,  Solms,  Linden,  Lœwenstein,  tous  les  princes  médiati- 
sés, le  général  Steigentesch. 

La  Prusse  proteste  contre  les  pouvoirs  donnés  par  la  Saxe 
à  Schulenburg  qui  doit  représenter  son  roi  à  Vienne,  Elle  a 
signé  une  convention  secrète  avec  la  Russie  (2). 

On  dit  aussi  qu'Alexandre  laissera  à  Vienne  Nesselrode  et 
Anstett  pour  enterrer  le  Congrès. 

Montgelas  doit  arriver  aujourd'hui,  dit-on.  Le  Congrès  ne 
marche  pas. 

Les  Médiatisés  ont  Tair  de  devenir  un  peu  plus  raisonna- 
bles. Quelques-uns  d'entre  eux  reconnaissent  déjà  qu'il  est 
presque  impossible  de  revenir  à  Tancienne  Constitution  de 
l'Empire,  et  par  conséquent  de  leur  rendre  leur  ancien  statut. 

On  continue  de  raconter  les  histoires  les  plus  incroyables 
sur  le  compte  de  lord  Stewart.Se  trouvant  avec  le  Vice-Roi, 
il  lui  dit  :  «  J*ai  bien  du  plaisir  à  faire  votre  connaissance  per« 
sonnelle  après  avoir  été  vis-à-vis  de  vous  et  vous  avoir  battu 
en  Espagne.  » 

Le  Vice-Roi  lui  répondit  :  «  Peut-être  avez-vous  combattu 
en  Espagne  ?  Mais  moi,  Beauharnais,  je  n'ai  jamais  été  en  Es« 
pagne.  Mais  je  me  flatte  peut-être,  et  je  crois  que,  si  j'avais 
eu  l'honneur  d'être  vis-à-vis  de  vous,  Mylord,  j'aurais  eu 
l'honneur  de  vous  battre.  » 

1.  Cf.  D'AnoBBBRo.  Mémoire  raisonné  sur  le  sort  de  la  Saxe  et  de  son  sou- 
verain présenté  au  point  de  vue  français.  Vienne,  4  novembre,  870-379  et  lettre 
de  lord  Castlereagh  à  l'Empereur  Alexandre  avec  mémorandum  annexé.  Vienne, 
4  novembre  393-401. 

2,  Il  s'agit  probablement  de  la  convention  du  28  septembre  1814  (Cf.  Mar- 
TBRs.  Recueil  des  IrMilés  conclm  par  /a  Aas<ie,  t.  VlI,  158  et  suivantes.  Cf. 
pièce  729,  allusion  à  une  convention  passée  &  Paris  entre  la  Prusse  et  la  Rui* 
sie). 

T.  I.  32 


408  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DB  VIENNE 

On  se  moque  également  beaucoup  de  lord  et  de  lady  Castle- 
reagh  qu'on  voit  partout  dans  les  rues,  dans  les  boutiques  se 
promener  en  se  donnant  le  bras,  qui  entrent  dans  tous  les 
magasins,  se  font  montrer  tout  ce  que  contient  rétablissement, 
puis  s'en  vont  sans  jamais  rien  acheter. 

On  s'est  également  fort  amusé  aux  dépens  de  lady  Castle- 
reagh  qui  s'est  taillée  un  certain  succès  en  paraissant  au  bal 
masqué  d'hier  chez  Metternich  avec  le  ruban  de  l'Ordre  de  la 
Jarretière  dans  sa  coiffure. 

L'Empereur  Alexandre  traite  si  particulièrement  mal  le 
prince  Jean  de  Liechtenstein,  auquel  il  ne  pardonne  pas  le  r61e 
qu'il  joua,  lors  de  la  signature  des  traités  de  1805  et  de  1809, 
que  le  prince  n'osa  pas  donner  suite  à  son  projet  d'ofi&ir  une 
fête  à  l'Empereur. 


723.  Vienne,  9  novembre  1814  (P.  3.  4311  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

L'inconduite  des  Russes  logôs  à  la  Burg.  Les  grossièretés  et  les  brutalités 

du  Grand- Duc  Constantin. 

L'agent  D...  rend  compte  que  les  Russes  logés  à  la  Burg 
ne  se  contentent  pas  d'y  être  fort  malpropres,  mais  s'y  con- 
duisent fort  mal  et  y  reçoivent  constamment  des  GUes. 

Les  cours  de  Russie  et  d'Angleterre  ont,  paraît-il.  offert  à 
l'Empereur  de  l'indemniser  de  ses  énormes  dépenses,  mais 
l'Empereur  a  décliné  cette  offre. 

On  est  de  plus  en  plus  mécontent  de  l'attitude  du  Grand- 
duc  Constantin.  Oa  raconte  que  tout  dernièrement,  chez  le 
comte  Stackelberg,  il  aurait  pris  pour  plastron  un  comte 
Esterhazy  et  se  serait  si  fort  moqué  de  lui  à  cause  de  la  per- 
ruque que  le  comte  persiste  à  porter,  que  celui-ci  ne  put 
s'empêcher  de  dire  tout  haut,  qu'il  était  bien  triste  de  devoir 
constater  combien  on  avait  négligé  l'éducation  du  Grand-duc. 

Tout  dernièrement  aussi,  comme  il  se  promenait  à  cheval, 
par  un  fort  mauvais  temps  dans  le  parc  de  Schœnbrunn,  il 
répondit  par  des  jurons  et  des  grossièretés  aux  observations 
des  gardes  et  des  jardiniers  qui  le  priaient  de  ménager  les 
allées. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      499 
724.  Vienne,  9  novembre  1814  (P.  S.  4312  ad  3605). 

HEGARDT  à  ENGESTRCEM  {Inlercepta){en  français). 

Difficultés  croissantes  des  questions  de  Saxe  et  de  Pologne. -La  représentation 
des  petits  princes  allemands  au  Congrès.  Les  fêtes  et  les  bals.  Le  dej 
d'Alger  et  Napoléon. 

Nous  sommes  toujours  dans  l'attente  d'apprendre  la  déci- 
sion de  cette  importante  question  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe, 
qui  forme  le  principal  obstacle  à  Touverture  du  Congrès  et 
qui  semble  devenir  plus  épineuse  et  plus  difficile  à  résoudre, 
à  mesure  qu'elle  est  plus  discutée  et  considérée  sous  plusieurs 
points  de  vue. 

Le  bureau  de  yérification  a  reçu  im  grand  nombre  de  pleins 
pouvoirs  dont  la  validité  va  être  examinée  Le  duc  de  Campo 
Chiaro  et  le  prince  Cariati  en  ont  présenté  comme  plénipo- 
tentiaires de  Naples.  Les  petits  princes  et  les  dynasties  de 
l'Allemagne,  se  cotisant  par  douzaine  et  vingtaine,  ont  aussi 
envoyé  leurs  fondés  de  pouvoirs  au  Congrès. 

Il  y  a  des  gens  qui  se  sont  formé  une  idée  du  Congrès, 
comme  s'il  était  un  tribunal  devant  lequel  toutes  sortes  de 
prétentions  et  de  réclamations  puissent  être  portées.  En  at« 
tendant  le  dénouement  de  tant  de  discussions  très  sérieuses, 
les  fêtes  et  les  divertissements  se  succèdent  sans  interruption 
tous  les  jours. 

Le  Consul  d'Autriche  à  Civita  Vecchia  a  annoncé,  dit-on, 
que  le  Dey  d'Alger  ne  reconnaît  pas  le  pavillon  de  l'île  d'Elbe 
et  a  même  ordonné  à  ses  corsaires  de  se  saisir  de  la  personne 
de  Napoléon,  s'il  y  avait  moyen,  et  de  l'amener  à  Alger. 


725.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4312  ad  3565). 

LCEWENHIELM    à    ENGESTRCEM   (intercepta)  (en    français) 

(analyse). 

La  réunion  de  la  Norvège  à  la  Suède.  Gravité  do  la  situation  à  cause 

des  questions  de  Saxe  et  de  Pologne. 

11  lui  annonce  que  Nesselrode  et  Castlereagh  lui  ont  fait 
part,  le  8  au  soir,  de  la  réunion  détinitivement  effectuée  de  la 
Suède  et  de  la  Norvège. 


500  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

«....  Les  afFaires  éprouvent  encore  une  grande  stagnation 
motivée  par  l'extrême  difficulté  d'allier  les  vues  de  la  Russie 
sur  la  Pologne  avec  la  sécurité  de  TAllemagne,  de  la  Prusse 
et  de  TAutriche. 

«  Cette  dernière  surtout  se  plaint  de  la  frontière  militaire 
qui  serait  le  résultat  des  cessions  à  faire  à  la  Russie.  » 


726.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4313  ad  3565). 

Comtesse  de  RECHBËRG  au  Comte  de  GGERTZ  (Intercepta) 

(en  français). 

La  Russie  finira  par  céder  sur  la  question  de  Saxe.  La  note  de  CastlereAgh 
du  4  novembre  à  l'Empereur  Alexandre.  L'attitude  de  la  France.  Tension 
des  rapports  entre  Alexandre  et  Mettemich. 

Oui,  mon  adoré  Père,  il  n*est  plus  douteux  que  vous  ne 
puissiez  quitter  bientôt  vos  habits  de  deuil.  Tous  ceux  qui 
l'avaient  adopté  ont  des  figures  rayonnantes  de  joie  et  d'es- 
pérance. On  croit  généralement  que  TEmpereur  Alexandre 
finira  par  céder  et  on  prétend  qu'il  y  a  des  arrangements  pris 
entre  l'Autriche  et  la  Prusse  en  faveur  de  la  Saxe. 

Lord  Castlereagh  a  remis  une  note  très  forte  à  l'Empe- 
reur Alexandre  relativement  à  la  Pologne  (1).  La  France  s'ex- 
prime avec  l'énergie  des  temps  de  Napoléon.  On  tient  ferme 
ici.  Trois  fois,  TEmpereur  Alexandre  a  fait  demander  au  prince 
de  Metternich  de  se  rendre  chez  lui,  et  trois  fois,  il  a  fait 
répondre  que  cet  entretien  ne  pourrait  apporter  des  change- 
ments à  ce  qu'il  avait  eu  Thonneur  de  lui  exprimer  antérieu- 
rement ;  qu'il  avait  remis  à  son  Conseil  tous  les  différends  de 
la  Pologne  et  que  sans  être  traître  à  la  Patrie,  il  ne  pourrait 
céder  sur  aucun  point  (1). 

* 

727.  Vienne,  11  novembre  1814  (F.  3.  4645  ad  3565;. 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  11  novembre. 

Envoi  de  divers  intercepta  parmi  lesquels  à  signaler  : 

1.  Ck>nférence  du  28  octobre  4  laqueUe  prirent  part  Stadion,Daka,Schwar«- 
tenberg,  Mettemich  et  Wessenberg. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      601 

Kisselefî  à  Zakrzewitzki  (en  russe).  (Lettre  particulière). 

Stewart  à  Castlereagh  (8  nov.).  (Envoi  d'un  mémoire  mili* 
taire  de  Knesebeck.) 

Sontbeim  au  baron  Triebenfeld  (9  nov.)  (A  propos  des  dettes  du 
duc  Louis  de  Wurtemberg  (1)  que  le  roi  n'entend  pas  payer). 

H...  à  Lamb  (Naples,  15  août).  (Demande  à  servir  dans  la 
marine  autrichienne.) 

Gaertner  à  Munster  (9  novembre).  (Mémoires  :  l"*  du  duc  de 
Croy  relatif  au  comté  de  Dulmen;2*  du  comte  de  Solms  Wil- 
denfels  relatif  au  fief  de  Wildenfels.  Plus  un  paquet  de  jour- 
naux et  une  lettre  privée  au  conseiller  Feuerbach). 

Anonyme  à  RuiFo,  (contenant  une  lettre  privée  de  Lucchesi  (2) 
(de  Palerme)  à  son  frère  à  Vienne  sur  le  service  funèbre  pour 
le  repos  de  Tâme  de  la  reine  Marie-Caroline). 


728.  Vienne,  10  novembre  1814  (F.  3.  4641  ad  3565). 

GCEHAUSEN  à  HAGER 

Objet  de  la  Mission  de  Malczewski  à  Vienne. 

Le  major  Malczewski^aide  de  camp  de  Murât,  n'a  pas  caché 
à  l'agent  Auguste  von  Wolfersdorf  qu'il  était  venu  à  Vienne 
par  ordre  de  Murât  aGn  de  savoir  de  la  bouche  de  Metternich 
et  de  Schwarzenberg  ce  que  l'Autriche  comptait  faire  à  son 
égard  et  aGn  de  leur  faire  connaître  ses  intentions  absolument 
honnêtes  et  loyales. 

(Malczewski  est  arrivé  à  Vienne  le  30  octobre.) 


1.  Wurtemberg  (Louis,  duc  de)  frère  du  duc  Eugène  et  de  rimpèratrice 
Marie  Fedorowna,  neveu  de  la  landgrave  de  Hesse-Cassel,  née  princesse  de 
Brandebourg-Schwedt,  sœur  do  la  princesse  de  Montbéliard,  marié  en  1784 
avec  la  princesse  Marianne  Czartoryska,  sœur  du  prince  Adam,  divorcé  en 
1793  et  remarié  plus  tard  avec  une  duchesse  de  Nassau- Weilburg.  Il  avait 
eu  de  son  premier  mariage  un  fils,  le  prince  Adam  de  Wurtemberg,  mori 
lieutenant  général  au  service  de  Russie  (Baronhb  d'Obbrkuich.  Mémoirê9*  I. 
139  et  note  143). 

i>.  Lucchesi  (duc)  fut  à  plusieurs  reprises  ministre  de  Ferdinand  IV.  11  mou- 
rut à  Palerme  peu  de  temps  avant  le  départ  du  roi  pour  Naplei. 


B02  AUTOUR  DU  CiONGRÈS  DE  VIENNE 

729.  Vienne,  10  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3565). 

e  @  à  HAGER 

Pourquoi  Montgelas  ne  vient  pas  à  Vienne.  L'altitude  des  différentes  puis- 
sances dans  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne.  Rôle  attribué  à  Schwar- 
aenbergf  et  à  Stadion. 

Montgelas,  qui  est  en  très  mauvais  termes  avec  le  prince 
royal  de  Bavière,  ne  viendra  pas  à  Vienne. 

L'Angleterre,  TAutriche  et  la  France  refusent  de  recon- 
Daftre  la  convention  secrète  passée  entre  la  Prusse  et  la  Russie 
à  Paris,  par  rapport  à  la  Saxe  et  à  la  Pologne  et  qui  a  élé 
suivie  d'une  alliance  offensive  et  défensive.  Elles  ne  s'occupe- 
ront de  quoi  que  ce  soit  avant  le  règlement  définitif  des  affaires 
de  Saxe  et  de  Pologne. 

On  prétend  que  TEmpereur  d* Autriche  se  sert  de  Schwar- 
zenberg  et  de  Stadion,  tous  deux  très  en  grâce  auprès  d'A- 
lexandre, pour  arranger  les  affaires  de  Pologne  et  de  Saxe. 


730.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  3.  4641  ad  3565). 

à  HAGER 

Pourquoi  on  n'a  rien  ramassé  la  veille  chez  Dalberg. 

Dalberg  étant  resté  presque  toute  la  journée  avecTaUeyrandy 
il  a  été  impossible  de  rien  se  procurer  chez  lui. 


731.  Vienne,  10  novembre  (F.  S.  4641  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français)  (Rapport  de  chez  le  Nonce). 

Opinion  de  La  Harpe  sur  la  Polo^pae.  La  Saxe  et  Mettemich. 
Le  Roi  de  Prusse  et  la  Saxe 

La  Harpe  et  Miranda  étaient  parmi  les  convives  invités  par 

le  Ministre  de  Suisse  Mûller  au  diner  qu'il  donna  avant-hier. 

La  HarpCy  selon  les  assertions  de  Miranda  (1)«  fît  des  obser- 

1.  Miranda  (Chevalier  de),  Chargé  d'affaires  de  Portugal  à  Vienne. 


l'ouverture   du   congrès,  —    LA   SAXE   ET    LA    POLOGNE      503 

vations  très  judicieuses  sur  Tétai  actuel  des  choses  et  sur  le 
besoin  impérieux  de  réformer  et  de  constituer  sur  d'autres 
bases  le  système  politique  de  TEurope,  et  après  avoir,  avec 
une  saine  logique  appuyé  ses  raisonnements  et  avoir  dit  que 
<  la  Politique  a  des  yeux  et  point  d'entrailles  »,  il  assura  que 
le  sort  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe  était  irrévocablement  fixé, 
bon  gré  ou  malgré  les  autres  puissances  du  parti  de  l'oppo- 
sition. 

La  Harpe  jugea  aussi  la  conduite  et  les  talents  de  M.  de 
Metternicb,qui  selon  lui,  n'était  pas  en  état  de  se  mesurer  avec 
les  Hardenberg,  Talleyrand,  Stein,  etc.,  etc.,  et  qu'il  croyait, 
attendu  les  bruits  dont  la  ville  était  pleine,  qu'il  touchait  à  la 
fin  de  son  Ministère.  «  Les  qualités  brillantes  du  prince  de 
Metternich  et  ses  dehors  gracieux,  son  penchant  à  la  plaisan- 
terie le  rendent  plus  propre  à  la  place  d'ambassadeur  que  de 
premier  Ministre.  On  l'enverra  probablement  à  Paris  où  il  a 
des  liaisons  assez  distinguées.  C'est  absurde  en  politique,  et 
c'est  en  outre  dangereux  pour  la  cause  de  l'Autriche,  que 
d'avoir  un  Ministre  qui  est  méprisé  par  les  nationaux  et  haï 
par  les  étrangers.  C'est  une  chose  bien  étonnante  que  d'en- 
tendre Topinion  publique  aussi  prononcée  contre  le  Ministre.  » 

M.  de  Mirande  m'a  répété  mot  pour  mot  cette  conversation 
de  M.  de  La  Harpe.  Il  m'a  aussi  parlé  hier  au  soir  d'avoir  en- 
tendu confusément  dire  qu'un  courrier  français  venant  de 
Paris  fut  arrêté  avant  hier  aux  Lignes  (I)  pour  cause  de  contre- 
bande et  conduit  à  la  douane  pour  les  inspections  prescrites 
par  les  lois,  ce  qui  avait  donné  lieu  à  des  plaintes  de  M.  de 
Talleyrand.  Il  m'u  demandé  des  nouvelles  sur  cette  affaire,  sur 
quoi  je  lui  répondis  que  j'ignorais  entièrement  le  fait. 

Le  comte  Zichy,  ministre  à  Berlin,  actuellement  ici,  ayant 
été  faire  sa  cour  avant-hier  au  roi  de  Prusse,  celui-ci  lui  dit 
qu'avant  le  15  décembre  il  ne  pourrait  pas  partir,  et  il  lui  an- 
nonça que  dans  le  même  temps  il  s'arrêterait  en  route  à  Dresde 
pour  régler  les  affaires  de  ses  nouveaux  Etats. 


1.  On  appelait  lignes  les  limites  et  barrières  de  l'octroi  de  Vienne  qui 
n'ont  disparu,  pour  être  reportées  plus  loin,  que  tout  récemment,  lors  de 
l'extension  donnée  à  la  capitale. 


504  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

732.  Vienne,  10  novembre  1814  (F.  S.  4641  ad  3565). 

II...  à  HAGER  (en  français). 

Conséquences  probables  du  Congrès.  Probabilités  de  guerre.  Agrandisse- 
ments et  échanges.  Le  Palatin  et  la  Grande-duchesse  Catherine.  Les  bruta- 
lités et  les  originalités  du  Grand-duc  Constantin. 

Des  spéculateurs  ou  des  gens  mal  pensants  répandent  le 
bruit  que  le  Congrès  durera  fort  longtemps  à  cause  des  dis- 
sentiments entre  les  Plénipotentiaires  et  que  la  guerre  avec 
la  France  recommencera  au  printemps. 

D'autre  part,  on  dit  que  l'Autriche  s'agrandira  en  Italie,  en 
Autriche  antérieure,  en  Pologne,  en  Silésie;  que  la  Prusse 
s'agrandira,  mais  moins  qu'on  ne  le  croit,  et  qu'une  partie  de 
la  Saxe  sera  attribuée  à  Weimar. 

Le  Danemark  cédera  le  Seeland  à  l'Angleterre  et  recevra  en 
échange  des  territoires  du  côté  du  Hanovre. 

A  la  Cour,  on  a  remarqué  que  le  Palatin  de  Hongrie  re- 
cherche la  société  de  la  duchesse  d'Oldenburg,  et  que,  lors  de 
son  départ  pour  Varsovie  le  Grand-duc  Constantin  a  fait  at- 
tendre les  voitures  jusqu'à  une  heure  de  l'après-midi.  On  lui 
prête  pas  mal  d'actes  de  brutalité  et  d'immoralité. 


733.  Gènes,  24  octobre  1814  (F.  3.  4641  ad  3565). 

DALRYMPLE  au  Marquis  BRIGNOLE 
(Intercepta)  (en  français)  (analyse). 

Doléances  sur  le  sort  probable  de  Gènes. 
Expédient  qui  pourrait  la  sauver  momentanément. 

Dalrymple  (1)  regrette  que  les  négociations  ne  marchent 
pas  mieux.  11  s'efforce  d'adoucir  le  sort  de  Gênés  qui,  de  toute 
façon,  n'aurait  pas  conservé  longtemps  son  indépendance,  me- 
nacée et  convoitée  par  la  France  et  par  le  Piémont.  Le  seul 
moyen  de  se  sauver,  pour  le  moment,  serait  de  tenir  à  Gênes 
une  garnison  anglaise  jusqu*au  règlement  déGnitif  des  affaires 
de  TEurope.  L'Angleterre  est  intéressée  en  effet  à  veiller  sur 
le  sort  et  le  commerce  de  Gênes. 

1.  Dalrymple  (sir  John  Uamilton  Mac^ill,  Huitième  comte  Stair)  (1771- 
1853),  à  ce  moment  brigadier  et  commandant  les  troupes  anglaises  en  garni- 
son à  Gènes. 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA   SAXE    ET    LA    POLOGNE      505 

734.  Gênes,  !•'  novembre  18U  (F.  3.  4641  ad  3565). 

DALRYMPLE  au  Marquis  BRIGNOLE  [Intercepta)  (en  français). 

Il  ne  faut  pas  encore  désespérer.  The  chapter  of  accidents^ 
comme  on  dit  en  anglais,  pourra  produire  quelque  chose. 


735*  Vienne,  12  novembre  (P.  3.  4657  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  12  novembre. 


736.  Vienne,  11  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Surveillance  de  Stein.  Papiers  interceptés  chez  lui  et  envoi 
de  cbifTons  ramassés  chez  Dalber^. 

Stein  a  reçu,  le  10  à  diner,  deux  lettres  de  Hardenberg  et 
un  gros  paquet  destiné  au  Conseiller  d'Etat  prussien  Stœge- 
mann.  Ces  pièces  ont  été  communiquées  à  qui  de  droit  (am 
gehoerigen  Orty  c'est-à-dire  «  Le  Cabinet  Noir  »). 

On  a  trouvé  le  10  dans  le  cabinet  de  Dalberg  un  certain 
nombre  de  chiffons  à  peine  déchirés  et  qu'il  a  été  facile  de 
reconstituer. 


737.  Vienne,  11  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Ordre  de  savoir  ce  qui  s'est  passé  à  Schœnbrunn  entre  Marie-Louise 

et  un  officier  français. 

On  prétend  que  Marie-Louise  a  reçu  le  9  à  Schœnbrunn  un 
officier  français  revenant  de  captivité  nommé  Areldi.  Ordre  a 
été  donné  de  se  renseigner  exactement  sur  ce  point  et  de  sur- 
veiller cet  individu. 


S06  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNB 

738.  Vienne,  Il  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3^65). 

Rappoiit  à  HAGER 

Bruit  de  brouille  entre  le  Grand-duc  de  Bade  et  la  Morel, 
le  Grand-duc  et  la  Comtesse  Fcstctics. 

Le  bruit  court  que  le  grand-duc  de  Bade  serait  presque  com- 
plètement brouillé  avec  la  Morel  (dont  le  mari  et  les  enfants 
sont  à  Baden)  à  cause  des  intidélités  qu'elle  lui  aurait  faites 
par  trop  ouvertement.  Eu  revanche,  il  est  très  assidu  chez  la 
Comtesse  Festetics. 


739.  Vienne,  12  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3565). 

GŒIIAL'SEN  à  IIAGER 

Objet  du  voyage  du  Grand-DacC.)nstantin  en  Pologne.  Agrandissements  pro- 
bables de  l'Autriche  et  de  la  Prusse.  La  censure  et  une  brochure  sur  la 
Central  Verwaltung. 

On  m'assure  que  le  grand-duc  Constantin,  parti  pour  Var- 
sovie par  ordre  de  TEmpereur,  serait  chargé  d'y  former  deux 
nouveaux  régiments  de  cavalerie. 

On  prétend  que  l'Autriche  recevra  au  Congrès  un  accrois- 
sement de  plusieurs  millions  de  sujets,  qu'on  lui  donnera 
Alexandrie  en  Piémont,  et  qu'au  lieu  de  huit  millions  de  sujets 
la  Prusse  en  aura  désormais  onze. 

G.  signale  la  publication  d'une  brochure  sur  la  Central 
Verwaltung, 

On  est  curieux  de  voir  ce  qu'en  dira  la  Censure.  Il  paraît 
que  la  brochure  est  assez  dure  pour  Stein. 


740.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3565V 

SCHMIDT  à  HAGER 

Zerboni  di  Sposetti.  Les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne.  Les  conférences 
du  5  et  du  6  entre  le  roi  de  Prusse  et  Uardenberg.  La  supprématie  en  Alle- 
magne. 

Zerboni, d'après  ce  que  me  raconte  l'agent  H...,  se  tient  sur 
la  plus  extrême  réserve  sur  toutes  les  questions  politiques  et 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA   SAXE   ET    LA    POLOGNE      507 

affecte  d'en  savoir  plus  long  et  de  les  connaître  mieux  que  tout 
le  monde.  Tout  ce  que  j'ai  pu  tirer  de  lui  se  borne  à  peu  de 
chose,  p'iisque  d'après  lui,  l'affaire  de  la  Saxe  est  si  peu  réglée 
que  la  Prusse  maintient  encore  ses  prétentions  sur  la  Pologne. 
Comme  ses  collègues,  il  affirme  que  rien  n'est  encore  décidé 
et  qu'il  y  a  eu  samedi  et  dimanche  deux  grandes  conférences 
à  ce  propos  entre  le  roi  de  Prusse  et  Hardenberg. 

Ce  fait  aété  confirmé  àl'agent  H... par  les  Conseillers  d'Etat 
Yon  Klewitz  et  Staegemann.  Du  reste  tous  ces  Messieurs 
disent  qu'en  fin  de  compte  il  faudra  qu'on  se  prononce  sur  la 
question  de  la  suprématie  en  Allemagne,  suprématie  qui  ne 
peut  appartenir  qu'aux  Habsbourg  ou  aux  Hohenzollern.Pour 
le  moment,  la  balance  semble  pencher  en  faveur  des  Habs* 
bourg. 


741.  Vienne,  10  novembre  1814  (F.  S.  4657  ad3565i. 

e  e  à  nAGER. 

Les  singuliers  propos  tenus  par  les  Médiatisés. 
Le  sort  probable  de  la  Pologne. 

Voici  les  singuliers  propos  qu'ont  tenus  chez  la  Comtesse 
d'Orsay,  veuve  du  Comte  François  Zichy,  née  Lodron,  le 
prince  de  Hohenlohe-Bartenstein  (t)  et  quelques  princes  Mé- 
diatisés :  «  Ne  va-t-on  pas  transférer  en  Suisse  la  Maison  de 
Wurtemberg  et  se  servir  du  territoire  Wurtembergeois  pour 
rendre  aux  Médiatisés  en  Souabe  leur  statum  prislinum  {sic)y 
pour  donner  à  la  Bavière,  à  Bade,  à  la  Hesse,  au  Nassau  des 
équivalents  en  échange  de  ce  qu'ils  auront  à  rétrocéder  aux 

1.  Hohenlohe  (Waldcnburg-Bartenstein,  Louis-Alezis-Joachim,  prince  de) 
(1765-1829),  quitla  le  service  palatin  pour  faire  les  campagnes  de  1792-1794  à 
l'armée  de  Condé,  passa  ensuite  d'abord  au  service  de  la  Hollande,  puis  en  1795 
au  service  de  l'Autriche  et  fit  en  qualité  de  colonel  les  campagnes  de  1796  à 
1799.  Général-major  eu  1799,  feld-maréchal  lieutenant  en  1806,  il  céda  ses 
possessions  en  novembre  de  cette  même  année  à  son  fils  aîné.  Napoléon  lui 
fit  à  plusieurs  reprises  des  ofTres  de  lui  conserver  ses  Etats,  qui  furent  an- 
nexés au  Wurtemberg, -s'il  consentait  à  entrer  dans  la  Confédération  du  Rhin, 
ofTres  qu'il  refusa.  Après  avoir  fait  avec  les  Autrichiens  les  campagnes  de 
1813  et  1814,  il  entra  en  1815  au  service  de  Louis  XVIil  en  qualité  de  lieu- 
tenant général  pour  prendre  rang  du  28  février  1806  d'inspecteur  d'infanterie. 
IIohenlohe,qui  commanda  une  division  à  la  campagne  d'Espagne  en  1833,  reçut 
en  1827  le  bàlon  de  maréchal  à  la  mort  de  M.  de  Vioménil. 


508  AUTOUR  DU   CONGRÈS  DE  VIENNE 

Médiatisés  ?  C'est  là  le  seul  moyen  de  venir  en  aide  et  de 
rendre  justice  aux  Médiatisés.  Si  Ton  ne  s'y  décide  pas,  il  y 
aura  un  soulèvement  général  en  Souabe,  en  Franconie,  sur  le 
Rhin.  La  France  et  la  Belgique  s'en  mêleront  et  une  nouvelle 
guerre  générale  sortira  de  tout  cela. 

Si  au  contraire,  on  prête  Toreille  à  ce  que  dit  le  libraire 
Hurter,  de  Fribourg,  qui  vient  d'arriver  à  Vienne,  on  entend 
un  tout  autre  son  de  cloche.  D'après  lui,  la  Souabe  ne  veut 
à  aucun  prix  pas  plus  du  retour  des  Médiatisés  que  se  voir 
incorporée  au  Wurtemberg  et  à  Bade,  et  désire  être  attribuée 
à  r Autriche. 

On  afGrmait  ces  jours-ci  chez  la  vieille  comtesse  Lubomirska 
que  la  Pologne,  constituée  en  royaume,  mais  ayant  une  Cons- 
titution propre,  sera  incorporée  à  la  Russie.  L'Empereur  de 
Russie  deviendra  roi  de  Pologne  et  il  existera  à  Tavenir  entre 
la  Russie  et  la  Pologne  un  statut  analogue  à  celui  entre  l'Au- 
triche et  la  Hongrie. 

742.  Vienne,  13  novembre  ^814  (F.  3.  4663  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  Rapport  journalier  du  13  novembre  (Intercepta). 
Extrait  du  bordereau  des  pièces  passées  à  la  manipulation. 

Comte  de  Rechteren-Limpourg  au  Comte  de  Munster  (Ei- 
nersheim,  25  octobre); (brochures  sur  le  comté  établissant  sa 
parenté  avec  Munster). 

Stein  au  Président  de  Régence  von  Burg  (11  novembre). 
(Mémoires  sur  la  Constitution  de  la  Confédération  Germa- 
nique). 

743.  Vienne,  12  novembre  1814  (F.  3.  4663  ad  3565  . 

©e  à  HAGER 

On  assure  que  les  affaires  de  Saxe  et  de  Pologne  vont  s'ar- 
ranger et  que  TEmpereur  Alexandre  est  plus  disposé  à  faire 
des  concessions. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA    POLOGNE      509 

On  espère  qu'Alexandre  ne  tardera  pas  à  partir  et  qu'alors 
on  commencera  à  travailler  sérieusement. 


744.  Presbourg,  12  novembrs  1814  (F.  3.  4663  ad  3565). 

G.  G.  à  HAGER  (en  français). 

La  question  de  Pologne  et  le  Congrès.  Alexandre  et  Metternich. 
Inquiétude  et  mécontentement  qui  régnent  en  Hongrie. 

Les  nouvelles  arrivées  ici  de  Vienne  affirment  que  le  désac- 
cord, qui  règne  au  Congrès,  vient  de  ce  qu'Alexandre  réclame 
toute  la  Pologne  dont  le  Grand-duc  Constantin  deviendrait  le 
Roi.  Metternich  lui  ayant  représenté  que  c'était  chose  impos- 
sible, contraire  aux  traités  signés  à  Paris  et  à  l'équilibre  euro- 
péen,  Alexandre  répondit  qu'il  insisterait  sur  ce  point,  qu'il 
ne  connaissait  pas  d'autre  équilibre  que  celui-là  (en  frappant 
sur  son  épée  (1). 

On  est  très  inquiet  ici  où  Ton  croit  savoir  qu'ordre  va  être 
donné  aux  Comitats  de  fournir  au  plus  vite  les  conscrits  encore 
laissés  dansieurs  foyers.  La  hausse  du  change  et  le  renchéris- 
sement des  vivres  augmentent  les  craintes  et  le  mécontentement 
du  peuple  qui  est  furieux  contre  la  Prusse  et  la  Russie. 


745.  Vienne,  11  novembre  1814  (F.  3.  4663  ad  3565). 

e  0  à  HAGER 
Les  renseignements  d'Elkam.  Le  Roi  de  Bavière.  Alexandre.  Le  prince  Eugène.. 

Le  banquier  Elkam  est  certainement  mieux  informé  que  per* 
sonne  au  monde  sur  tout  ce  qui  se  passe  chez  le  roi  de  Ba- 
vière. Il  sera  bon  de  ne  pas  perdre  de  vue  le  conseiller  bava-^ 
rois  von  Ringel,  arrivé  depuis  peu  de  jours,  qui  habite  tout  à 
c6té  de  son  roi  et  qui  est  le  véritable  faiseur  (sic)  et  le  fac^ 
totum  de  Montgelas. 

On  en  raconte  de  toutes  sortes  sur  le  compte  d'Alexandre  qui 
s'assied  bien  rarement  à  son  bureau,  passe  toutes  ses  matinées 
et  ses  journées  à  assister  au  exercices  et  aux  manœuvres  des 

1.  Cf.  Pallain.  Correspondance  inédite  de  Talleyrand  et  de  Louis  XVllI. 
Talleyrand  au  roi.  Vienne,  Si  octobre  1814.  Dépéoho  N*  9.  Pages  M-87. 


510  AUTOUR  DU  GO!«GBÈS   DB  VIBNNB 

troupes,  à  se  promener  à  cheval  ou  en  voiture,  à  aller  à  la 
chasse,  à  faire  des  visites,  et  toutes  ses  soirées  jusqu'après 
minuit  à  danser.  On  a  été  très  étonné  de  le  voir  aller  à  trois 
reprises  chez  le  prince  Eugène  qui  aurait  fait  sa  conquSte  grAce 
aux  louanges  dont  ill  a  comblé.  Les  Autrichiens  et  les  étraiH 
gers  disent  h  Tenvi  qu'Alexandre,  qui  s'était  déjà  rendu  ridi- 
cule à  Paris  où  il  avait  laissé  une  assez  mauvaise  réputation, 
se  rend  plus  ridicule  encore,  presque  méprisable  même,  à 
Vienne  où  il  laissera  un  détestable  souvenir. 

De  ce  qu'on  n'a  pas  renouvelé  hier  les  contrats  de  location 
faits  parla  Cour,  on  veut  en  conclure  que  d'ici  au  16  décembre 
au  plus  tard,  l'Empereur  Alexandre  nous  aura  quittés. 

746.  Vienne,  12  novembre  1814  (F.  3.  4643  ad  3565). 

à  HAGER 


•    .    a    • 


L'opinion  d'Anstett.  Alexandre.  La  Pologne.  La  (guerre  cl  ses  dang^ers  pour 
rAutricbc.  Avantaiçes  pour  l'Autriche  d'une  attitude  expectante. 

Anstett  était  encore  aujourd'hui  dans  les  mêmes  dispositions 
d'esprit  que  lors  de  notre  dernier  entretien.  Il  avait  été  souf- 
frant pendant  trois  jours  et  affirmait  que  ce  malaise  n'avait 
d'autre  cause  que  la  bile  qu'il  ne  cesse  de  se  faire.  Comme  je 
faisais  à  ce  propos  allusion  au  bruit,  qui  courait  depuis  quelques 
jours  et  d'après  lequel  on  se  serait  mis  d'accord  sur  la  Polo- 
gne, à  l'exception  toutefois  de  Cracovie  et  de  quelques  points 
à  céder  h  la  Russie,  il  me  dit  : 

«  On  ne  s'est  mis  d'accord  sur  rien.  On  est  encore  plus  loin 
de  s'entendre  que  jamais.  Peu  nous  iniporte  d'ailleurs  que  vous 
et  vos  amis  et  complices,  vous  cédiez  ou  non.  Nous  sommes 
décidés  à  garder  ce  qui  est  à  nous,  et  tel  est  le  cas  pour  la 
Pologne.  Nous  l'avons  et  nous  la  garderons,  y  compris  même 
Cracovie  et  autres  points,  parce  que  sans  cela,  quelle  valeur 
aurait-elle  pour  nous.  Cela  ne  peut  vous  contrarier  au  point 
de  vue  militaire,  parce  que  vous  êtes  maîtres  de  l'autre  rive  de 
la  Vistule  et  nous  sommes  dans  l'impossibilité  de  fortifier  la 
nôtre  de  façon  à  vous  empêcher  de  bombarder  et  de  détruire 
quand  bon  vous  semblera  les  ouvrages  que  nous  y  élèverions,  » 

Moi  :  «  C'est  donc  pour  prendre  possession  du  pays  que  le 
grand-duc  Constantin  est  parti  d'ici  en  toute  hâte  ?  » 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE  ET    LA   POLOGNE      511 

Lui  :  €  Son  départ  a  été  motivé  bien  moins  par  cette  prise 
de  possession  que  par  d'autres  considérations  militaires.  Son 
départ  est  encore  une  de  ces  manifestations  brusquées  dont 
nous  sommes  coutumiers  et  j'avais  appelé  Tattentionde  TEm- 
pereur  sur  le  mauvais  effet  que  cela  ne  manquerait  pas  de  pro- 
duire et  sur  les  inquiétudes  qui  en  seraient  la  conséquence. 
D'autres  hommes,  qui  poussent  TEmpereur  à  faire  des  avances 
aux  Polonais,  ont  réussi  à  faire  accepter  leurs  idées.  Le  temps 
montrera  à  quoi  ces  avances  auront  servi.  » 

Moi  :  4C  Dans  ces  conditions,  la  guerre  me  semble  à  la  fois 
prochaine  et  inévitable.  » 

Lui  :  «  Mais  non  I  Votre  souverain  a  solennellement  déclaré  et 
promis  à  mon  Maitre  que  tant  qu'il  vivrait  il  ne  ferait  jamais 
la  guerre  à  la  Russie.  Je  ne  saurais  vous  dire  comment  il  s'y 
prendra  pour  tenir  sa  parole  dans  quelques  années.  Mais  pour . 
le  moment,  il  fera  bien  de  ne  pas  la  violer.  Vous  avez  laissé 
passer  le  moment  opportun.  Votre  Metternich  aurait  dû  parler 
haut  et  ferme  à  Paris.  11  aurait  pu  alors  faire  prévaloir  sa  vo- 
lonté, mais  il  lui  aurait  fallu  à  cette  heure  imposer  silence  à 
rinsinuant  Talleyrand. 

«  Actuellement,  vous  ne  pouvez  nous  faire  la  guerre.  Vos 
armées  ne  sont  pas  concentrées  et  nous,  nous  avons  cinq  cent 
mille  hommes  en  première  ligne  à  peu  de  distance  de  votre 
frontière. 

«  Notre  cavalerie  est  réunie  et  bien  mieux  montée  que  la 
vôtre.  Notre  artillerie  est  deux  fois  plus  nombreuse  et  autre- 
ment bonne  que  la  vôtre  et  nos  soldats  marchent  mieux  et  plus 
vite  que  les  vôtres.  La  supériorité  de  vos  généraux  ne  saurait 
compenser  toutes  ces  causes  de  faiblesse,  toutes  ces  lacunes. 
Ah  !  si  vous  aviez  les  mains  libres  en  Italie,  si  vous  pouviez 
compter  sur  l'appoint  et  le  concours  de  200.000  Français,  qui 
après  avoir  traversé  l'Allemagne  pourraient  dans  une  quinzaine 
de  jours  être  rendus  sur  notre  frontière,  si  encore  vous  pou- 
viez compter  sur  l'Allemagne  1  Ce  qui  n*est  pas  le  cas,  puisque 
Vopinion  y  est  encore  en  notre  faveur  et  que  nous  avons  la 
sagesse  de  Tentretenir  dans  ces  sentiments.  Ah,  alors  !  vous 
pourriez  vous  flatter  d'obtenir  quelque  chose  en  nous  mena- 
çant de  la  guerre.  Mais  pour  le  moment  vous  avez  trop  de 
points  faibles.  Nous  vous  aurons  envahi,  inondé  de  troupes, 
écrasé  avant  que,  sans  faire  entrer  en  ligne  de  compte  vos 
auxiliaires  éventuels,  vous  ayez  concentré  votre  armée.  Au 


512  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    V1E2VNB 

premier  mot  de  guerre,  c'en  est  fait  de  votre  Galicie.  Les  habi- 
tants n'auront  rien  de  plus  pressé  que  de  saisir  roccasion  au 
vol.  Nous  entrerons  aussi  en  Transylvanie,  nous  soulèverons 
ritalie  où  le  feu  couve  encore  sous  la  cendre  et  nous  travaille- 
rons en  outre  la  Hongrie.  » 

Je  lui  rappelai  à  ce  moment  que  dans  un  de  nos  derniers 
entretiens,  il  m'avait  affirmé  qu'en  cas  de  guerre  la  Russie  ne 
recourrait  pas  à  ce  moyen. 

€  Un  homme  comme  mon  Empereur,  me  dit-il,  ne  néglige 
rien  lorsqu'on  rompt  avec  lui  ou  lorsqu'on  veut  s'opposer  à  lui. 
Le  cabinet  sera  modifié.  Je  n'en  fais  plus  partie,  car  j'insiste 
sur  ma   demande  de  mise  à  la  retraite,  et  si  l'on  vient  à  la 
rupture,  on  fera  feu  de  tout  bois.  On  n'abandonnera  pas  l'idée 
qu'on  a  caressée  depuis  si  longtemps  de  faire  de  la  Hongrie  un 
royaume  indépendant.  Mon  maître  est  d'avis  que  TÂutriche 
devrait  s'estimer  heureuse  si  on  offrait  la  couronne  au  Palatin. 
Songez-y.  C'est  à  tout  cela  que  vous  vous  exposeriez  dans  ce 
cas  et  de  plus,  je  vous  le  répète,  nous  vous  créerions  de  ter- 
ribles difficultés  en  Italie. 

€  Aussi,  en  admettant  que  notre  Empereur  constitue  et  pro- 
clame le  royaume  de  Pologne,  n'essayez  pas  de  protester,  cela 
ne  servirait  à  rien.  Vous  le  savez,  mon  cher,  bien  des  gens  le 
savent,  et  mon  Empereur  le  sait  mieux  que  personne,  que  je 
me  suis,  dans  son  intérêt  même,  opposé  de  toutes  mes  forces 
à  ce  projet.  Maintenant  je  suis  un  homme  mort,  puisque  je 
persiste  dans  mes  idées  de  retraite,  et  vous  devez  considérer 
mes  paroles  comme  des  voix  d'outre-tombe.  L'Autriche,  la 
France,  l'Allemagne  ne  veulent  pas  que  la  Pologne  soit  à  la 
Russie.  Elle  va  donc  l'acquérir  dans  des  conditions  des  plus 
défavorables.  L'orgueil  des  Polonais,  toujours  avides  de  nou- 
veautés, est  flatté  par  cette  combinaison  ;  mais  ce  que  je  puis 
vous  affirmer  sur  mon  honneur,  c'est  que  tous  les  Russes  sont 
hostiles  à  cette  idée,  et,  comme  je  connais  la  situation  à  fond^ 
j'ai  grand  peur  que  la  réalisation  de  ce  programme  ne  coftto^ 
ayant  qu'il  soit  longtemps,  la  vie  à  l'Empereur. 

«  11  ne  faudra  pas  beaucoup  plus  d'un  an  pour  que  les  Polo* 
nais  mécontents  ne  recommencent  à  s'agiter.  Si  la  guerre  vient 
à  éclater  maintenant  à  ce  propos,  la  Russie  tout  entière,  qui 
me  se  rendra  pas  un  compte  exact  du  but  réel,  de  la  cause  vé- 
ritable de  ce  conflit,  soutiendra  de  toutes  ses  forces  son  Empe- 
reur, autour  duquel  elle  se  massera,  tandis  que  vous,  vous  res- 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      513 

terez  seuls,  ou  à  peu  près  seuls.  Si  au  contraire  vous  manœu- 
vrez de  telle  façon  qu'aucun  traité  ne  vienne  consacrer  la  prise 
de  possession  de  la  Pologne,  si  vous  commencez  petit  à  petit 
une  campagne  tendant  à  faire  croire  aux  Polonais  que  vous 
voulez  les  arracher  à  la  domination  russe  pour  les  rendre  in- 
dépendants, vous  les  aurez  tous  de  votre  côté,  ou  tout  au  moins 
vous  provoquerez  des  discussions  si  vives,  que  les  Russes  eux- 
mêmes  refuseront  d'appuyer  et  de  soutenir  leur  Empereur.  » 
Ces  déclarations,  et  d'autres  du  même  genre  que  la  mau- 
vaise humeur  et  le  dépit  arrachèrent  à  Anstett,  me  prouvèrent 
qu'il  était  toujours  aussi  monté  contre  Nesselrode  et  les  deux 
autres  plénipotentiaires  russes.  Je  vous  ai  répété  fidèlement 
ce  qu'il  m'a  dit  et  laisse  à  votre  haute  sagesse  le  soin  de  voir 
si  ces  déclarations  vous  paraissent  réellement  dictées  par  une 
juste  appréciation  des  conjonctures  actuelles,  ou  si  au  con- 
traire Anstett  a  essayé  d'abuser  de  ma  confiance  et  de  ma 
crédulité  et  de  se  servir  de  moi  pour  répandre  et  vous  sou- 
mettre un  tissu  de  fausses  considérations. 


747.  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

....  à  HAGER  (en  français). 

Pourquoi  Anslett  demande  à  rentrer  en  RusMe.  Son  opposition  aux  vues 
d'Alexandre  sur  la  Pologne.  La  guerre  lui  semble  inévitable  parce  qu'A- 
lexandre ne  cédera  pas. 

Anstett,  désolé  de  voir  que  l'Empereur  Alexandre  se  refu- 
sait à  écouter  ses  conseils,  lui  a  écrit  pour  lui  demander  la 
permission  de  rentrer  chez  lui. 

L'Empereur  très  contrarié  a  essayé  de  le  faire  renoncer  à 
cette  idée,  et  lui  a  fait  toutes  sortes  d  avances  ;  mais  Anstett 
n'a  pas  encore  cédé.  Son  amour-propre  est  froissé,  et  de  plus 
il  y  a  une  trop  grande  divergence  de  vues  et  d  opinions  entre 
eux,  et  Anstett  ne  peut  guère  aller  jusqu'à  admettre  les  prin- 
<;ipes  qu'on  parait  avoir  adoptés. 

Anstett  n'en  continuait  pas  moins  jusqu'ici  à  faire  une  foule 
de  travaux  qu'Alexandre  lui  avait  envoyés,  mais  il  n'en  est 
plus  ainsi  depuis  cinq  ou  six  jours. 

D'après  ce  qu'il  m'a  encore  dit,  Anstett  continue  à  être 
opposé  à  la  reconstitution  du  royaume  de  Pologne,  Il  croit  la 

T.  I.  83 


516  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIENNK 

je  charge  M.  le  comte  Aldini  de  lui  remettre  cette  lettre.  Il 
a  bien  voulu  se  charger  de  défendre  les  droits  du  prince,  mon 
époux,  à  la  principauté  de  Lucques.  Ce  pays  s'est  donné  vo- 
lontairement à  lui,  et  pour  sortir  de  Tanarchie,  où  il  vivait 
depuis  si  longtemps.  Lucques  a  été  pendant  dix  ans  exemptée 
de  conscription.  Elle  n'a  donné  ni  un  seul  homme,  ni  un  sou 
contre  la  Coalition.  Lord  Bentinck  nous  a  chassés  dans  le  mo- 
ment où  nous  avions  la  plus  grande  confiance  dans  les  Puis- 
sances Alliées.  Je  me  suis  adressée,  il  y  a  six  mois,  à  Sa  Ma- 
jesté TEmpereur  de  toutes  les  Russies.  Tous  les  jours,  j'entends 
citer  des  traits  de  générosité,  de  grandeur  d'âme  de  cet  illustre 
monarque.  Je  mets  sous  sa  protection  les  droits  du  prince  de 
Lucques  et  de  mon  fils. 

Je  sais  combien  Votre  Excellence  est  appréciée  de  l'Empe- 
reur Alexandre.  Elle  peut,  en  plaidant  ma  cause  et  en  intéres- 
sant son  souverain  en  ma  faveur,  rendre  à  la  tranquillité  et 
au  bonheur  une  personne  qui  sera  toujours  reconnaissante  des 
bienfaits  qu'Elle  aura  répandus  sur  sa  famille. 


751.  Vienne,  12  novembi«e  1814  (F.  3.  4344  ad  3565). 

Princesse  BAGRATION  au  Comte  LITTA  (son  beau-père) 

(Analysée  par  Nota)  (Intercepta). 

Le  Congrès.  Les  souverains.  Leurs  ministres.  Résultais  et  conséquences 

du  Congrès  pour  Alexandre. 

Lettre  sans  grand  "intérêt  d'après  Nota,«  mais  écrite,  dit-il, 
avec  esprit  et  qui  ferait  honneur  à  qui  que  ce  soit  »  et  qu'il 
résume  en  ces  termes  : 

La  princesse  commence  par  dire  que  :  «Le  Congrès  n'avance 
pas  ;  que  dans  le  temps  que  les  souverains  sont  très  bien  en* 
semble  et  samusent,  leurs  ministres  se  disputent  et  mai- 
grissent de  chagrin.  Ils  ont  Tair  de  ne  pas  s'entendre,  parce 
qu'ils  ne  se  comprennent  que  trop.  Chacun  des  coalisés  veut 
s'agrandir.  Ils  semblent  s'être  donné  le  mot  de  montrer  du 
caractère  et  de  tenir  ferme  et  ils  n'en  démordent  pas.  Cela  ne 
peut  pas  durer  longtemps,  car  tous  tirent  de  leur  côté.  > 

La  princesse  ajoute  que  :  «  Si  on  prophétise,  elle  croit  que 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   517 

son  Empereur  finira  par  emporter  la  pièce,  pour  la  raison  qu'il 
est  le  plus  fort.  Mais,  ajoute-t-elle,  Dieu  veuille  que  ce  soit  pour 
son  bonheur  et  celui  de  ses  sujets.  Car  Dieu  sait  quelles  peu- 
vent être  pour  nous-mêmes  les  conséquences  de  ce  triomphe 
auquel  il  tient  si  fort.  » 

752.  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3585;. 

Duc  de  BRUNSWICK  à  la  MARGRAVE  de  BADE  {InlercepU) 

(en  français)  (1). 

Stagnation  des  aiTaires  du  Congrus.  Les  exigences  de  la  Russie.  Pologne,  Saxe 
et  Murât.  Les  princes  allemands,  le  projet  de  constitution  et  les  résolutions 
des  Princes. 

Les  affaires  du  Congrès  n'avancent  pas.  On  en  est  où  on  en 
était  au  commencement.  Les  grands  objets  de  l'Europe  sont 
indécis  (5tc). 

La  Russie  tient  à  ses  volontés.  Elle  demande  toute  la  Polo- 
gne pour  elle. la  Saxe  pour  la  Prusse  et  Murât  restera  proba- 
blement en  place,  comme  il  dit  et  doit  avoir  une  armée  de 
80.000  hommes  et  qu'elle  s'augmente  de  jour  en  jour  par  les 
mécontents  italiens  et  français. 

Les  princes  allemands  n'ont  pas  reçu  de  communications 
des  cinq  souverains  qui  ont  voulu  traiter  sur  la  Constitution 
Germanique,  probablement  ne  sachant  que  leur  dire  et  étant 
aussi  peu  d'accord  sur  les  principes  que  les  Hauts  Alliés.  Une 
vingtaine  de  princes  allemands  se  sont  conséquemment  joints  et 
nous  avons  adopté  pour  principe  de  ne  pas  accéder  à  des  pro- 
positions sur  la  Constitution  sans  l'aveu  de  tous.  Voilà  où  nous 
sommes  après  deux  mois. 

753.  Vienne,  12  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  35«5). 

HEGARDT  à  ENGESTRaEM(/n^erce/)^a)(en  français). 

Tension  et  dang^ers  de  rupture  entre  la  Russie  et  TAutriche  à  la  suite  de  la 
scène  du  24  octobre  entre  Alexandre  et  Metternicb.  Départ  du  grand-duc 
Constantin  pour  la  Pologne.  Le  projet  autrichien  de  Constitution  de  l'Aile- 
magne.  Causes  de  l'opposition  qu'il  rencontre.  Craintes  et  bons  mots  des 
Viennois. 

La  froideur  et  la  mésintelligence  entre  la  Russie  et  TAutri- 

1. 11  s'agit  très  probablement  ici  de  la  Margrave  Amélie-Frédérique,  lllle  de 
Louis  IX,  landgrave  de  Hesse-Darmstadt,  née  le  30  juillet  1754,  veuve  le 
14  décembre  1801  du  prince  héréditaire  Charles-Louis  de  Bade. 


B18  AUTOUR   DU   COiNGRÈS   DE   VIENNE 

che  sont  sur  le  point  de  faire  naître  l'appréhension  d'une  rup- 
ture prochaine  que  Ton  tâchera  de  prévenir,  s'il  est  possible 
pour  le  moment,  ou  du  moins  d'en  éviter  l'éclat. 

Je  crois  que  le  prince  de  Metternich  a  manifesté  avec  beau- 
coup de  franchise  à  l'Empereur  Alexandre  que  la  cour  de 
Vienne  ne  pouvait  prévoir  les  projets  du  Cabinet  de  Saint-Pé- 
tersbourg relativement  à  la  Pologne,  comme  étant  incompatibles 
avec  l'équilibre  de  l'Europe  et  la  sûreté  de  l'Autriche,  et  qu'on 
croit  pai  conséquent  que  la  Russie  s'en  désistera,  si  elle  veut 
maintenir  la  bonne  intelligence  avec  les  autres  puissances. 

L'Empereur  Alexandre,  irrité  de  ces  représentations,  ré- 
pondit au  prince  de  Metternich  en  lui  demandant  si  on  vou- 
lait lui  dicter  des  lois  et  le  frustrer  de  ce  qu'il  possédait,  ajou- 
tant que,  «  si  c'était  pour  cela  qu'on  l'avait  invité  à  Vienne, 
on  s'y  tromperait  fort  ;  qu'on  n'avait  qu'à  envoyer  quelqu'un 
en  Pologne  compter  les  forces  russes  et  qu'ensuite  on  juge- 
rait peut-être  prudent  de  lui  parler  sur  un  autre  ton  ». 

Celui  qui  m'a  raconté  cet  entretien  prétend  que  le  prince 
de  Metternich  fut  tellement  déconcerté  de  la  réponse  brusque 
et  énergique  de  l'Empereur  de  Russie  qu'en  se  retirant  il  a 
eu  de  la  peine  à  trouver  la  porte  (1). 

On  apprend  qu'à  la  suite  de  cette  scène  il  fut  proposé  d'ad- 
joindre le  prince  de  Schwarzenberg  et  le  comte  Stadion  au 
prince  de  Metternich  pour  traiter  avec  la  Russie  ;  mais  tous 
deux  s'en  sont  excusés  en  prétendant  divers  empêchements,  et 
on  soupçonne  maintenant  que  le  départ  du  grand-duc  Cons- 
tantin pour  la  Pologne  a  été,  m'assure-t-on,  motivé  par  cette 
crise,  et  que  ce  prince  est  chargé  d'organiser  une  armée  polo- 
naise. 

Le  public  de  Vienne,  si  avide  de  spectacles  et  de  divertis- 
sements, commence  cependant  à  se  lasser  des  fêtes  continuelles, 
et  celle  du  départ  des  Augustes  étrangers  lui  serait  peut-être 
la  plus  agréable,  d'autant  plus  qu'il  attribue  à  leur  séjour 
prolongé  dans  cette  capitale  la  cherté  excessive  qui  augmente 
journellement  ici  et  qu'il  craint  que  la  dépense  extraordinaire, 
que  l'Enipereur  fait  pour  régaler  ses  hôtes,  ne  soit  reprise  sur 
ses  sujets  moyennant  des  contributions  qu'on  appelle  ironi- 


1.  «  Alexandre,  parti  le  24  au  soir  pour  la  Hongrie,  avait  eu  ce  jour  même 
une  scène  des  plus  orageuses  avec  Metternich.  >•  (Cf.  Talleyraniau  roi,  Vieune, 
31  octobre  et  Gb.itz,  Tagebûcher,  I,  323). 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   519 

•quement  «  Burgeinquartierungs  Sleuer  >  (Impôt  du  caserne- 
ment à  la  Burg).  Il  est  à  supposer  que  l'Empereur  lui-môme 
serait  bien  aise  de  voir  partir  aussi  tous  ces  souverains  qui, 
avec  leurs  familles  et  des  suites  nombreuses,  vivent  ici  à  ses 
frais  et  qui  du  reste  le  gênent  par  le  soin  qu'il  faut  prendre 
de  les  amuser  et  en  l'obligeant  lui-même  à  mener  un  train  de 
vie  auquel  il  n'est  pas  accoutumé  et  qui  n'est  pas  de  son  goût. 

C'est  r  Autriche  qui  a  proposé  au  Comité  Allemand  les  12  ar- 
ticles pour  servir  de  base  à  la  nouvelle  Constitution  de  TAIle- 
magne  (l).Maiselle  trouvera  de  Topposition,  tant  de  la  part  de 
quelques  puissances  étrangères  que  de  celle  de  plusieurs  princes 
allemands,  surtout  des  souverains  de  Bade  et  de  Hesse,  qui  se 
trouvent  préjudiciés,  en  ce  que  le  rang,  qu'on  leur  destine  dans 
la  nouvelle  Confédération  Germanique,  serait  subordonné  à 
celui  des  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg-,  qui  eux-mêmes  ne 
regardent  pas  l'honneur  d'être  membres  du  Directoire  exécutif 
de  la  Confédération  comme  une  compensation  des  sacrifices 
qu'ils  doivent  faire  d'une  partie  de  leurs  droits  de  souverai- 
neté, nommément  de  ceux  qui  concernent  leurs  relations  avec 
les  Puissances  hors  de  l'Allemagne,  et  effectivement  ils  seraient 
à  cet  égard  moins  souverains  comme  Rois  qu'ils  ne  Tétaient 
jadis  comme  Electeurs  et  Etats  du  Saint  Empire  Romain. 

On  croit  que  l'Autriche  et  la  Prusse,  ayant  quatre  voix  au 
Directoire,  décideront,  aussi  souvent  qu'elles  seront  d'accord, 
de  la  politique  générale,  de  la  paix  ou  de  la  guerre  de  la  Con- 
fédération Germanique. 


754.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  S.  4344  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  14  novembre. 

Il  lui  rend  compte  que,  conformément  aux  ordres  que  Sa 
Majesté  lui  a  donnés  le  jour  même,  il  a  fait  cesser  la  surveil- 
lance du  duc  de  Richelieu,  qui  n'a  rien  à  voir  avec  les  affai- 

1.  Cf.  d'Angbbbro,  382-392.  Huitième  protocole  du  Comité  des  affaires 
d'Allemagne.  Séance  du  3  novembre  1814.  Notes  et  propositions  relatives  aux 
12  points  de  délibération. 


SSO  AUTOUR  DU  OONGRÈS  DB  VIBMNB 

res  du  Congrès,  mais  qu'il  a  donné  à  la  poste  l'ordre  de  Bài' 
mr  la  lettre  que  le  Major  Malezewski  a  envoyée  à  Varsovie. 


755.  Vienne,  13  novembre  1814  (P.  8.  4S74  ad  3M5). 

Rapport  à  HAGER 

Anstett  s'est  mis  le  11  dans  une  grande  colère,  parce  qu'on 
a  quelque  peu  tardé  à  lui  remettre  une  lettre  de  la  princesse 
Bagration  apportée  chez  lui  pendant  qu'il  était  sorti. 


756.  Vienne,  13  novembre  1814  (P.  3.  45«3  ad  3505). 

Rapport  à  HAGER 

Comme  de  coutume,  on  a  brûlé  le  11  chez  Hardenberg  en 
présence  de  Jordan  et  de  Thomme  de  confiance  du  prince  tous 
les  papiers  de  la  Chancellerie.  Malgré  cela,  on  a  pourtant  pu 
parvenir  à  en  ramasser  des  fragments  lisibles  et  utilisables. 


757.  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Ste:'n  a  envoyé  le  12  à  la  poste  prussienne  de  campagne  un 
gros  paquet  de  pièces,  adressé  au  Kammergerichtsrath  Eich- 
hom,  qu'on  a  cependant  pu  communiquer  préalablement  à  qui 
de  droit,  ainsi  que  deux  lettres.  Tune  de  Vrints,  l'autre  de 
Solms  reçues  ce  matin. 

758.  Vienne,  13  novembre  1814  (P.  3.  46«3  ad  3565  . 

Rapport  à  HAGER 
Arrivée  à  Vienne  du  comte  Etienne  San  Vitale,  de  Parme. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   521 

qui  va  prendre  possession  de  ses  fonctions  de  Grand  Cham- 
bellan de  Marie-Louise  (i). 

La  Suisse  fait  actuellement  l'objet  de  toutes  les  conjectures  ; 
on  prétend  qu'elle  sera  partagée. 


759.  Vienne,  18  novemcre  1814  (F.  3.  4663  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

La  Harpe  a  dit,  le  12,  que  si  la  Pologne  causait  des  embarras, 
les  Anglais  en  faisaient  naître  bien  d'autres  avec  l'Amérique, 
et  qu'eux  aussi  sont  causes  du  retard  qu'on  éprouve  dans  les 
affaires. 

Les  Polonais  espèrent  beaucoup  du  voyage  du  grand- 
duc  Constantin  qui  deviendrait  le  commandant  en  chef  de 
toutes  les  troupes  russes  et  polonaises  stationnées  dans  le 
grand-duché  et  s'élevant  à  plus  de  200.000  hommes. 


760.  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4344  ad  3565). 

©e  à  HAGER 

L'mpératrice  de  Russie  et  la  reine  de  Bavière.  Dettes  du  Grand-duc  Constantin. 
Ce  qu'HumboIdt  dit  de  Metternich  et  sur  le  Cong^rès. 

Quand  l'Empereur  Alexandre  dine  dehors,   l'Impératrice 
dîne  avec  sa  sœur,  la  reine  de  Bavière. 

Le  grand-duc  Constantin  est  parti  en  laissant  des  dettes 

1.  Cf.  MiNBVAL,  Mémoires^  III,  350.  Marie-Louise  à  Méneval,  15  août  1814... 
«  Mon  père  a  aussi  nommé  M.  de  San  Vitale  mon  grand  chambellan,  sans  me 
consulter.  Cela  me  peine  et  me  fftche...  »  Ibidem,  377.  •  La  présentation  à 
Marie-Louise  du  comte  San  Vitale  comme  g^and  chambellan  de  la  duchesse 
de  Parme  eut  lieu  dans  le  courant  de  novembre  ».  Le  comte  Etienne  San  Vi- 
tale avait  épousé  en  1787  la  princesse  Louise  (morte  en  1818),  fille  unique  du 
prince  Jean  de  Gonzague,  issu  des  Marquis  de  Luzarra.  (Cf.  de  Courcbllbs, 
Histoire  Généalogique,  etc.  Tome  VIII).  San  Vitale,  d'abord  garde  du  Corps, 
puis  gentilhomme  de  la  chambra  du  duc  Ferdinand  de  Parme,  devint,  lors 
de  rétablissement  de  la  domination  française,  dans  le  duché,  membre  de  la 
commission  de  liquidation  de  la  dette,  podestat  de  Parme  en  18M,  présidant 
de  la  députation  municipale  en  1813,  fut  créé  baron  de  l'Empire  en  1814  et 
nommé  conseiller  privé  par  Marie- Louise  en  1816. 


522  AUTOUR   DU  C0:(GRÈ8   DE   VIENNE 

chez  tous  les  fournisseurs  et  sans  donner  un  sou  aux  gens 
attachés  à  son  service. 

Humboldt  a  dit  chez  Eskeles  que  Metternich  est  plus  bran- 
lant que  jamais,  qu'il  ne  pourra  se  maintenir,  que  le  Congrès 
Gnira  sans  qu'on  ait  rien  fait,  mais  qu'il  n'y  aura  pas  de  guerre. 


761*  Vicnae,  13  novembre  1814  (F.  3.  4344  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  roi  de  Wurtemberg  fait  dire  partout  qu'il  a  Tintention 
de  rentrer  dans  ses  Etats  le  20  ou  le  21  de  ce  mois. 


762.  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  35«5). 

ee  à  HAGER 

Humboldt  et  la  situation.  Les  résultats  probables  du  Congrès.  Ce  qu'on  dit 
chez  Hechber^.  Bade,  Nassau  et  Hesse-Darmstadt  mécontents  des  projets 
de  constitution  allemande  de  Steln. 

4C  Humboldt  a  dîné  hier  chez  moi,  m'a  raconté  hier  soir 
M*"*  d'Eskeles.  11  m'a  dit  que  la  situation  de  Metternich  est 
fort  compromise  et  qu'il  lui  semblait  peu  probable  qu'elle 
puisse  se  raffermir  ;  que  le  Congrès  s'achèverait  sans  grandes 
secousses  et  qu'il  n'y  avait  aucune  crainte  de  guerre.  Dans  le 
public  on  s'était  mis  dans  la  tète  que  le  Congrès  devait  finir, 
à  peine  commencé  ;  mais  les  gens  sensés  avaient  compris  qu'il 
durerait  forcément  longtemps,  parce  qu'il  faut  du  temps  pour 
faire  du  bon  ouvrage. 

Le  roi  de  Prusse  réclame  la  Saxe,  non  pas  pour  satisfaire  sa 
soif  de  conquêtes,  mais  parce  que  seul  ce  royaume  peut  Tin- 
demniser  de  la  cession  de  la  Pologne  prussienne.  Il  perd  plu- 
sieurs provinces,  ne  reçoit  pas  la  Poméranie  Suédoise  (1),  qu*on 
laisse  à  Bernadotte,  parce  qu'il  lui  a  fallu  conquérir  la  Nor- 
vège, qu'on  avait  espéré  pouvoir  céder  à  Tamiable  à  la  Suède. 
L'Empereur  de  Russie  soutient  ces  demandes  de  Bernadotte 

1 .  La  Poméranie  suédoise  finit  par  échoir  au  Danemark  qui  ne  tarda  pas 
A  la  rétrocéder  à  la  Prusse  contre  le  Lauenburg  et  une  asseï  forte  somma 
d'arg^ent. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   523 

€t  garantit  aux  Danois  une  compensation  en  Allemagne  en 
échange  de  la  Poméranie  Suédoise  qu^on  a  pu  leur  attribuer. 
En  renonçant  à  ses  provinces  polonaises,  la  Prusse  perd  une 
assez  grande  étendue  de  territoire,  que  peut  seule  lui  compenser 
l'attribution  de  la  Saxe,  mais  de  la  Saxe  tout  entière.  Il  lui 
est  impossible  de  se  contenter  de  la  Lusace. 

L'Empereur  de  Russie  est  faux  et  entêté  et  on  ne  saurait 
prendre  trop  de  précautions  quand  on  traite  avec  lui. 

J'ai  entendu  dire  chez  le  comte  de  Rechberg  que  la  Russie 
avait,  il  est  vrai,  cédé  lors  de  la  séance  d'avant-hier  (1)  Cracovie 
à  l'Autriche  et  Thorn  à  la  Prusse,  mais  qu'en  somme  cela  ne 
servait  à  rien  et  que  cela  ne  suffisait  pas  pour  se  permettre  de 
dire  que  les  affaires  du  Congrès  allaient  mieux. 

D'autre  part,  les  représentants  au  Congrès  de  Nassau,  de 
Hesse-Darmstadt  et  de  Bade  sont  loin  d'être  satisfaits  des 
mesures  proposées  par  Stein,  qui  élabore  un  projet  d'organi- 
sation intérieure  des  différents  Ëtats  de  l'Allemagne,  et  d'ap- 
prouver les  idées  et  les  principes  qu'il  veut  mettre  en  pratique. 


763.  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTROEM  {Intercepta)  (en  français)  (analyse). 

Aucun  grand  changement.  Apparence  toutefois  d'un  rappro- 
chement sur  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne.  On  laisserait 
au  roi  de  Saxe  environ  1.500.000  sujets. 

Mémoire  remis  à  la  Prusse  et  à  rÀulriche  par  les  Plénipo- 
tentiaires des  princes  allemands,  qui  n*ont  pas  pris  part  aux 
conférences  du  Comité  (2)  chargé  de  préparer  les  affaires  d'Al- 
lemagne, et  par  lequel  ils  entendent  réserver  leurs  droits  et 
demandent  que  la  confection  du  Pacte  fédératif  soit  confié  au 
Congrès  général  des  Etats  Allemands.  D  après  le  projet  qu'ils 
comptent  soutenir,  la  Prusse  et  l'Autriche,  au  lieu  d*étre 
membres  de  la  Diète  fédérale,  ne  seraient  plus  que  les  garants 
de  la  Constitution. 

1.  Séance  du  11  novembre,  ou  plutôt  une  conférence  entre  Metternich,  Har- 
denberg  et  Nesseirode. 

2.  Cette  note  des  Plénipotentiaires  de  vingt-neuf  princes  souTerains  et 
villes  libres  d'Allemagne,  ne  fut  remise  A  Metternich,  A  Hardenberg  et  à 
Munster  que  le  16  novembre  (Cf.  d'Amgbbbro,  441-449). 


S2i  ALTOm   DU  CONGRÈS   DB   TIEICVB 

764.  Vienne,  15  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

(BoRDBBEAU  et  RAPPORT  joumalier  du  15  novembre) 

(F   3.  4669  ad  3565). 

SurreilUnce  de  Marie-Louise.  Comaccbia.  Neipperg. 

La  personne,  que  Marie-Louise  a  reçue  le  10  et  qu'on  disait 
être  un  officier  nommé  Aroldi,  n'était  autre  que  le  baron 
Comacchia  (1),  gouverneur  de  Plaisance. 

On  a  dit  ces  jours-ci  pendant  le  dîner  à  Schœnbrunn  que 
Neipperg  allait  être  envoyé  en  mission  à  Turin. 


765.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  3.  4373  ad  3565). 

EMPEREUR  à  HAGER 

Ordre  de  continuer  de  surveiller  de  près  le  Hofsekretœr 
Schlegel  qui  travaille  avec  et  chez  Gagern. 


766.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  4363  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Effectif  des  troupes  russes  et  polonaises  en  Pologne.  Célébration 
de  l'anniversaire  de  la  mort  de  Poniatowski. 

On  peut  évaluer,  sans  crainte  de  se  tromper,  à  200.000  hom- 
mes le  chiffre  total  des  troupes  polonaises  et  russes  du  grand- 
duchéy  qui  doivent  être  placées  sous  les  ordres  du  grand-duc 
Constantin. 

Pour  obvier  au  manque  de  vivres,  les  Russes  en  ont  tiré 
des  grands  magasins  de  l'intérieur  de  TEmpire.  On  affirme 
qu'ils  ont  un  parc  d'artillerie  de  200  pièces  à  Tormassoff  (fron- 
tière de  Galicie). 

Pour  ménager  Tamour-propre  et  l'orgueil  des  Polonais,  tous 

1.  Cf.  Annexe  XXI. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   525 

les  généraux  russes  ont  assisté  en  grande  tenue  à  la  cérémo- 
nie funèbre  célébrée  le  18  octobre,  anniversaire  de  la  mort  de 
Poniatowski,  et  toute  la  garnison  a  rendu  les  honneurs. 


767.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

e  e  à  HAGER 

Lettre  du  Prince  régent  à  Alexandre  relative  à  la  Pologne  et  à  la  Saxe. 
Grand  effet  produit  sur  Alexandre  par  les  paroles  de  Talleyrand  lors  de 
son  audience. 

Lord  Cathcart  vient  de  remettre  à  Alexandre  une  lettre  du 
prince  régent  relative  à  la  Pologne  et  à  la  Saxe,  dans  laquelle 
il  adjure  l'Empereur  de  renoncer  à  ses  projets.  Alex««ndre  a 
cédé.  Il  rend  Cracovie  à  TAutriche,  Thorn  et  Posen  à  la 
Prusse.  La  Russie  se  contentera  de  la  gauche  de  la  Vistule, 
mais  la  Prusse  aura  toute  la  Saxe. 

Dans  la  nouvelle  audience  que  Talleyrand  a  eue  chez  Alexan- 
dre, audience  dans  laquelle  il  a  protesté  vivement  contre  les 
intentions  ie  la  Russie  et  a  parlé  même  de  recourir  s'il  le 
fallait  à  la  force,  Alexandre  a  dit  «  Soit,  vous  aurez  la 
guerre (1).,.  »et  Talleyrand  de  répondre:  «  Sire  vous  perdrez 
votre  gloire  de  pacificateur  du  monde,  la  seule  gloire  à  laquelle 
vous  prétendiez  aspirez,  à  Paris.  » 

On  dit  que  ces  paroles  ont  fait  un  grand  elFet  sur  Alexandre. 


763.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

0  e  à  HAGER 

LfC  bal  chez  PalfTy  décommandé.  La  dàntomànie  d'Alexandre.  Un  calembour 
du  prince  de  Ligne.  Bruit  de  disgrâce  de  Binder.  Le  Carrousel.  Les  dé- 
penses des  dames  pour  leurs  toilettes.  Les  intrigues  du  duc  de  Weimar  et 
le  mécontentement  des  Médiatisés. 

11  devait  y  avoir  aujourd'hui  chez  François  Palffj  un  bal, 
auquel  TEmpereur  de  Russie  et  son  valei  de  chambre  (c'est  le 

1.  L'agent  de  Hager  est  quelque  peu  en  retard  puisqu  U  fait  ici  allusion  à 
la  première  audience  qu'Alexandre  accorda  à  Talleyrand  et  dont  celui-ci  ren- 
dit compte  au  roi  dans  sa  dépêche  n*  8  de  Vienne,  4  octobre  1814.  (PaIiLaui, 
Corrêtpondàtiet  inéditt  de  TàlUyrànd  et  de  LquU  XVilI,  page  38.) 


S28  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENXB 

771.  Vienne,  16  novembre  1814  F.  S.  4363  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  16  novembre  1814. 
Vienne,  15  novembre  1814.  Rapport  à  lla^er  (F.  3  4362  ad  3565). 

Pièces  interceptées  chez  Castlereagh  le  14  une  lettre  de  Saint 
Marsan  et  une  à  Stratford. 

Envoyé  à  la  manipulation  un  paquet  adressé  à  lord  Stewart 
cl  à  lord  Cathcart  et  qui  m'a  été  apporté  par  mon  secrétaire. 
(Note  de  Hager). 

Communiqué  le  14  à  qui  de  droit  deux  lettres  du  cabinet 
du  roi  de  Wurtemberg  au  comte  Wintzingerode  et  au  conseil- 
ler intime  von  Hartmann. 

Pris  cbcz  Tallejrand  un  billet  insignifiant  adressé  à  Castle- 
reagh. 

Pris  chez  Dalberg  tout  ce  qu'il  y  avait  dans  son  cabinet  et 
chez  Noailles,  une  seule  pièce. 

Pozzo  di  Borgo  à  Stein(13  novembre).  Mémoire  de  7  feuilles 
sur  la  Suisse  et  l'intégrité  nécessaire  de  ce  pays. 

Pozzo  di  Borgo  à  Solms-Laubach  et  à  Vrints  (Lettres  peu 
importantes). 


772.  Vienne,  15  novembre  (F.  3.  4362  ad  3565  . 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

Le  14,  Hardenberg  envoie  deux  paquets  de  papiers,  Tun  à 
10  heures  à  Talleyrand,  l'autre  à  11  heures  à  Wrede.  Tous 
deux  ont  été,  avant  d'être  remis  à  leurs  destinataires^  trans- 
mis d'abord  à  qui  de  droit, 

Zerboni  di  Sposetti  est  parti  le  14  pour  Varsovie. 


773.  Vienne,  15  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

On  prétend  que  le  Pape  va  prononcer  la  nullité  du  mariage 
de  Marie-Louise  et  de  Napoléon. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   529 

Le  major  Malczewski  proclame  partout  la  grande  popula- 
rité dont  jouit  Murât  et  le  réel  attachement  que  les  Napoli- 
tains auraient  pour  lui. 

Il  affirme  également  que  Joachim  ne  s'est  jamais  et  en 
aucune  façon  rapproché  de  Napoléon. 


774.  Vienne,  15  novembre  1814  (P.  3.  4362  ad  3566). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

€  La  Sérénissime  République  de  Gênes  a  enfin  péri  sous^les 
coups  meurtriers  (sic)  de  l'ambition  et  de  la  révoltante  injus- 
tice des  Monarques  co-partageant  TEurope  (1)  »,  ainsi  s'est 
exprimé  hier  soir  Gallesio  (2). 


775.  Vienne,  15  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Nombreux  rapports  sur  les  conférences  de  Gagern  avec  les 
princes  médiatisés  et  les  plénipotentiaires  des  petits  Etats  al- 
lemands du  11  au  15  et  sur  ses  entretiens  avec  les  Ministres 
et  Plénipotentiaires  de  France. 


776.  Vienne,  15  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565). 

Von  L...  à  HAGER 

Notice  sur  Kûster. 

Le  conseiller  intime  von  Kûster,  ministre  de  Prusse  auprès 
des  Cours  de  TAllemagne  du  Sud,  est,  après  Humboldt,  le 
personnage  le  plus  marquant  parmi  les  hommes  d'Etat  prus- 
siens. 

l.Cr.D'ANGBBBRG,  424-427.  Troisième  protocole  de  la  séance  du  13  novembre 
1814  des  Plénipotenliaires  des  huit  puissances  signataires  du  traité  de  Paris. 
(Prolocole  de  la  séance  sur  la  cession  de  Gènes  à  la  Sardaig^ne). 

2.  Gallesio  di  Finale  (Georges),  secrétaire  du  marquis  Antoine  de  Brignole- 
Sale. 

T.  I.  84 


530  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DB  VIENKB 

Elève  des  Dohm  (1),  BLschoffswerder  (2),  Lucchesini  (3)  et 
Haugwitz  (4),  il  fut  Tun  des  instruments  dont  ils  se  servirent 
pour  provoquer  des  moavements  révolutionnaires  à  Liège  et 
dans  les  Pays-Bas,  y  remplit  des  missions  secrètes  pendant 
plusieurs  années  et  commença  sous  leurs  auspices  son  éduca« 
tion  diplomatique.  Pendant  toute  cette  période  de  préparation 
de  la  révolution  des  Pays-Bas,  il  se  rendit  à  plusieurs  reprises 
à  Bruxelles,  y  fit  de  longs  séjours  et  y  épousa  une  jeune  fille 
d'Aix-la-ChapelIe^dont  Toncle  était  un  riche  bourgeois  bruxel- 
lois et  qui  s'appelait,  je  crois,  Obermann. 

Serviteur  dévoué  et  actif,  Kûster  fut  l'un  des  fondateurs  des 
sociétés  secrètes  prussiennes  à  l'étranger  et  sans  faire  le 
moindre  bruit  dans  le  monde,  différant  en  cela  de  Stein  et  de 
Gruner,  il  contribua,  au  moins  autant  qu'eux,  à  l'organisation 
de  ces  groupements  et  à  leur  diffusion  au  dehors.  Tant  comme 
membre  de  ces  sociétés  que  comme  chargé  d'affaires  à  Cas- 
sel,  il  réussit  à  organiser  ces  sociétés  dans  le  royaume  de 
Westphalie,  et  c'est  en  somme  à  lui  qu^est  due  en  réalité  la 


1.  Dohm  (Christian-Conrad-Guillaume)  (1757-1825),  d'abord  précepteur  en 
1772  des  pages  du  prince  Ferdinand  de  Prusse,  frère  de  Frédéric  le  Grand, 
conseiller  intime  des  archives  et  de  guerre  au  département  des  Affaires  Etran- 
gères de  Berlin  (1779),  puis  Ministre  auprès  des  cercles  de  Westphalie  et  dn 
Ba8-R!)in  et  auprès  de  l'électeur  de  Colore,  chargée  en  1792  de  surveiUer  les 
négociations  secrètes  de  l'Autriche  avec  la  Révolution  française,  anobli  par 
Frédéric  (Guillaume  II,  troisième  plénipotentiaire  de  Prusse  au  Congrès  de 
Rastatt  (1797),  président  de  la  chambre  des  Domaines  en  1804,  passé  au  ser- 
vice de  Wi  siphalie  après  Tilsit,  Ministre  du  roi  Jérôme  à  la  Cour  de  Saxe,  il 
rentra  dans  la  vie  privée  en  1810. 

2.  BischofTswerder  (Jean-Rodolphe  von)  (1737-1S03),  Général,  Ministre  de 
Frédéric  Guillaume  II,  dont  il  était  l'inséparable  et  le  favori,  l'un  des  artisans 
de  la  décadence  de  la  Prusse. 

3.  Lucchesini  (Jérôme,  marquis)  (1752-1825', bibliothécaire  et  lecteur  de  Fré- 
déric II,  chargé  de  difTércntes  missions  diplomatiques  par  Frédéric  Guillaume  II, 
Ministre  plénipotentiaire  au  Congrès  de  Reichenbach  (1791),  Ministre  de  Prusse 
à  Vienne  (1793-1797),  Ambassadeur  extraordinaire  à  Paris  (1803),  il  signa  en 
1806  àCharlotlcnburg  avec  Napoléon  un  armistice  que  le  roi  refusa  de  ratifier. 
Il  prit  alors  sa  retraite  et  devint  un  peu  plus  tard  chambellan  d'EIisa  Bonaparte. 

4.  Haugvvitz  (Christian-Henri-Charles,  comte  de)  ,1752-1832),  Ministre  de 
Prusse  à  Vienne  (1792)  et  la  môme  année  Ministre  de  cabinet  à  Berlin,  l'un 
des  auteurs  et  des  signataires  du  traité  de  BAle  (1795).  Ministre  des  Affaires 
Etrangères  (1802),  il  se  retira  dans  ses  terres  en  août  1804,  découragé  et  déses- 
péré par  la  politique  de  Napoléon,  avec  lequel  il  dut  cependant,  sur  les  instances 
de  son  roi,  consentir  à  aller  négocier,  et  fut  ainsi  appelé  à  apposer  sa  signature, 
d'abord  sur  le  traité  de  Schônbrunn,  puis  sur  le  traité  signé  à  Paris  le  15  jan- 
vier 1806.  Il  ne  parvint  pas  néanmoins  à  détourner  la  Prusse  de  la  guerre  et  sol- 
licita et  obtint  sa  retraite  en  novembre  1806.  A  partir  de  ce  moment,  il  resta 
définitivement  éloigné  des  affaires. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   531 

chute  de  ce  royaume.  Envoyé  à  la  fin  de  18H  ou  au  com- 
mencement de  ISl'i  à  Bruxelles  par  le  gouvernement  prus- 
sien sous  le  prétexte  d  y  rendre  visite  aux  parents  de  sa  femme, 
mais  en  réalité  pour  se  rendre  un  compte  exact  de  l'état  des 
esprits,  il  y  fut  mal  reçu  en  sa  qualité  de  Prussien,  n'y  put 
rien  faire  et  rédigea  à  son  retour  un  rapport  naturellement  peu 
favorable  aux  pays  qu'il  venait  de  visiter. 

En  1813,  on  l'envoya  en  Bohême,  apparemment  pour  y  li- 
quider les  comptes,  en  réalité  pour  renseigner  son  gouverne- 
ment et  y  préparer  les  esprits  en  vue  d'une  union  avec  l'Al- 
lemagne. 

Kûster  appartient^  en  raison  même  de  ses  idées  et  de  ses 
aspirations,  au  parti  ultra-prussien.  Ennemi  de  Hardenberg  il 
est  un  ardent  partisan  et  admirateur  de  Humboldt  (1).  Pen- 
dant son  séjour  en  Bohême,  il  proposa  au  roi  de  relever  le 
comte  de  Goltz  de  ses  fonctions  et  de  les  confier  à  Humboldt, 
le  seul  homme  capable,  à  son  avis,  d*agir  sur  Tesprit  de  l'Em- 
pereur de  Russie,  de  faire  aboutir  les  projets  et  les  vues  de 
la  Prusse,  grâce  à  la  confiance  qu'il  réussirait  à  inspirer,  et 
d'assurer  à  la  Prusse  la  place  qu'elle  doit  avoir  et  l'influence 
qu'elle  doit  exercer  en  Russie. 

Lorsqu'on  apprit  à  Prague  que  le  roi  avait  confié  à  Bûlow 
le  ministère  des  Finances,  Kûster  ne  put  dissimuler  la  décep- 
tion que  lui  causait  cette  nouvelle.  Il  ne  craignit  pas  de  dire 
à  ses  subordonnés  qu'on  avait  trompé  le  roi,  que  Bûlowr 
méritait  tout  au  plus  de  reprendre  à  Magdebourg  les  fonc* 
tiens  de  président  de  Chambre  qu'il  occupait  en  1800.  Il 
ajouta  que  Bûlow,  passé  au  service  de  Westphalie,  n*avait 
démissionné  que  parce  qu'il  avait  su  qu'on  était  sur  le  point  de 
le  mettre  à  pied.  Ce  fut  à  ce  moment  seulement  que  Bûlow 
redevint  prussien,  et  qu'entré  dans  les  sociétés  y  rendit  des 
services  qui  auraient  été  largement  payés  par  Toubli  de  sa 
défection  et  la  restitution  de  ses  anciennes  fonctions  de  prési- 
dent de  Chambre  à  Magdebourg.  Mais  les  choix  du  chancelier 
étaient  exclusivement  dus  à  la  faveur,  à  la  protection  et  ins- 
pirés par  sa  cupidité  et  ses  besoins  d'argent.  Il  voulait  avoir 
dans  le  poste  une  personne  sûre  et  qui  se  garde  bien  de  ré- 

1.  Gagern  semble  n'avoir  pas  été  de  cet  avis.  Ecrivant  au  Stathouder  de 
Hollande  aussitôt  après  l'arrivée  de  Kûster,  il  lui  disait: «On  lui  suppose  l'in- 
tention de  rectifier  les  erreurs  de  M.  de  Humboldt».  Gaobhn.  Mein  Antheil 
an  der  PolUik,^  II,  89. 


632  AUTOUR  DU   CONGRlto   DE  VIENNE 

yéler  au  roi  ses  tripotages  avec  les  Juifs  et  les  fournisseurs. 
Pour  mieux  prouver  ses  dires,  Kûster  racontait  que,  lors  de 
la  première  guerre  entre  la  France  et  de  la  retraite  au  delà 
du  Rhin,  le  chancelier  avait  fait  tort  à  son  gouvernement  de 
rien  moins  que  de  130.000  sacs  d*avoine  qui  n'avaient  jamais 
été  livrés  et  qui,  grâce  à  de  fausses  déclarations,  passèrent  pour 
avoir  été  pris  par  Tennemi.  On  Tavait  à  ce  moment  accusé  de 
ce  détournement,  mais  la  Lichtenau  (1)  et  les  ministres  d'alors, 
dont  il  était  la  créature  et  le  protégé,  l'avaient  tiré  d'affaires 
en  démontrant  au  roi  que  cela  ne  concernait  en  rien  la  Prusse, 
que  ces  livraisons  étaient  à  la  charge  de  l'Angleterre  qui  serait 
forcée  de  payer  et  qu'ainsi  cet  incident  profiterait  à  la  Prusse. 

Kûster  proposa  au  roi  de  témoigner  par  des  cadeaux  en  ar- 
gent sa  gratitude  à  Metternich,  Stein  et  Gentz.  Celui  qu'on 
aurait  f ait  à  Metternich  aurait  été  d'un  demi-million  dethalers. 
Kûster  affirmait  qu'en  raison  de  leur  situation  particulière  assez 
embarrassée  ces  trois  personnages  auraient  accepté  ces  présents 
avec  joie,  et  que  liés  ainsi  à  la  Prusse,  il  leur  serait  impossible 
de  contrecarrer  ses  projets.  C'eut  été  un  million  placé  à  gros 
intérêts  et  qu'on  aurait  largement  récupéré  à  la  paix.  La  propo- 
gition  plaisait  au  roi,  mais  on  ne  put  y  donner  suite  à  cause  de 
l'épuisement  du  trésor.  Kûster  proposa  alors  au  roi  de  pren- 
dre cette  somme  sur  sa  cassette  particulière,  mais  on  se  garda 
bien  de  lui  répondre. 

Kûster  avait  conseillé  encore  à  son  gouvernement  de  se  ser- 
vir du  prétexte  de  l'épuisement  de  la  Silésie  et  de  l'impossibi- 
lité d'y  recruter  les  régiments  que  cette  province  devait  four- 
nir, soit  pour  demander  l'autorisation  de  lever  au  moins  quatre 
régiments  en  Saxe,  soit  encore  pour  exiger  la  cession  immédiate 
de  la  Lusace,  en  ajoutant  qu'étant  désormais  en  possession  de  ces 
territoires,  il  serait  bien  autrement  simple  de  régler  définitive- 
ment cette  question  lors  de  la  conclusion  de  la  paix. 

Kûster  est  un  de  ces  réformateurs  qui  veulent  l'union,  l'unité 
absolue  de  la  Prusse  et  la  disparition  radicale  du  provincia- 
lisme. Il  a  collaboré  à  tous  les  projets  qui  tendent  à  ce  but  et 
qu'on  se  propose  d'appliquer.  Il  diffère  cependant  sensiblement 

1.  Lichtcnau(\Vilhelmine, comtesse  de)(1754-1820),  fille  de  M.  Euke,  la  mal- 
tresse de  Frédéric  Guillaume  II.  Frédéric  Guillaume  III  la  traîna  devant  les 
Tribunaux,  la  fit  emprisonner  et  ne  lui  rendit  la  liberté  qu'après  une  captivité 
de  trois  ans  et  en  échange  d'une  renonciation  aux  biens  qui  lui  avaient  été 
donnés  et  dont  Napoléon  lui  rendit  une  partie  en  1811. 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE   ET    LA   POLOGNE      533 

SOUS  un  rapport  de  tous  ses  compatriotes.  Il  est  calme,  a  une 
excellente  tenue,  est  d'un  abord  facile,  aimable  et  poli.  Il  parle 
peu  et  à  voix  basse,  mais  il  possède  au  plus  haut  degré  l'art  de 
poser  des  questions.  Il  est  ce  que  les  Français  appellent  €  un 
bon  entendeur  ». 

Un  fait,  dont  j'ai  été  témoin, permettra  de  se  rendre  un  compte 
exact  de  ses  sentiments  à  Tégard  de  T Autriche.  Le  conseiller 
provincial  von  Zastrow,  un  vrai  Poméranien,  était  venu  à 
Prague  ;  il  se  trouva  à  table  à  côté  de  moi  le  2  octobre  1813« 
J'étais  assis  entre  lui  et  le  conseiller  d*Etat  prussien  Scharnwe- 
ber  qui,comme  j'avais  un  vêtement  bleu  et  commeje  causais 
intimement  avec  Zastrow,  qui  était  mon  voisin  de  chambre,  me 
prit  pour  un  Prussien.  Après  s'être  félicité  avec  nous  des  heu- 
reux événements  des  dernières  semaines,  Zastrow  proposa  de 
célébrer  par  unç  illumination  et  un  banquet  la  fête  de  l'Empe- 
reur d^ Autriche  (1),  afin  de  lui  mieux  témoigner  la  reconnais- 
sance générale  et  bien  lui  prouverque  c'est  à  lui  que  nous  devons 
d'être  là. 

Scharnweber  combattit  cette  idée  en  disant  qu'augmenter  le 
prestige  de  l'Empereur  d'Autriche  équivalait  à  une  diminution 
correspondante  de  celui  du  roi  de  Prusse.  Il  ajouta  qu'on  ne  lui 
devait  aucune  reconnaissance,  qu'on  était  parfaitement  quitte, 
puisque  c'étaient  les  Prussiens  qui  avaient  sauvé  la  Bohême. 
Kûster  alla  plus  loin  encore.  Il  recommanda,  ce  qui  arriva,  du 
reste,  à  tous  ceux  qui  étaient  au  théâtre  de  s'abstenir  de  joindre 
leurs  applaudissements  à  ceux  du  public  (2).  Il  redonna  les 
mêmes  instructions  lors  de  Tanniversaire  de  l'Impératrice. 


777.  Vienne,  15  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Les  désirs  des  Polonais  et  les  belles  paroles  d'Alexandre. 
Le  prince  Eugène  et  Gastlereag^h.  Alexandre  et  les  Viennois. 

Hier  la  comtesse  Waldstein,  née  Rzewuska,  a  assuré  avoir 
parlé  à  bien  des  militaires  polonais,  et  entre  autres  au  général 
Weissenwolf,et  que  ces  Messieurs  sont  bien  loin  d'être  du  parti 

1.  Le  9  octobre. 
3.  Le  13  décembre. 


534  AUTOUR  DU  GOMGRÈS  DE  VIBNHB 

russe,  qu'ils  voudraient  avoir  un  prince  autrichien  pour  roi,et 
notamment  l'archiduc  Ferdinand, frère  de  Tlmpératrice  qui  est 
un  bon  et  brave  soldat  et  qui  s'est  fait  aimer  de  tout  le  monde 
quand  il  a  été  en  Pologne  (1). 

La  comtesse  Waldstein  a  ajouté  que,  s'étant  présentée  à 
Alexandre  comme  sujette  russe  à  cause  de  sa  famille  qui  a 
presque  toutes  ses  terres  en  Pologne  russe,  Alexandre  lui  a 
dit  :  €  Vous  n'êtes  pas  ma  sujette.  Les  Polonais  sont  mes 
compatriotes.  Nous  ne  sommes  qu'une  nation,  nous  avons  la 
même  langue,  les  mêmes  usages,  les  mêmes  intérêts.  »  Elle 
assure  qu'il  a  tenu  les  mêmes  propos  à  tous  les  Polonais  qu'il 
a  vus  à  Vienne  et  ailleurs  depuis  six  mois. 

Le  vice-roi  va  invariablement  tous  les  soirs  chez  Castlereagh 
qu'il  cajole  autant  qu*il  peut,  et  on  m'a  assuré  qu'il  est  très 
bien  reçu. 

Alexandre  perd  tous  les  jours  davantage  dans  l'esprit  des 
Viennois.  J'ose  dire  que  si  son  entêtement  ambitieux  nous  for- 
çait à  la  guerre,  elle  serait  pour  nous  et  pour  presque  toute 
l'Allemagne  une  guerre  nationale.  Ses  belles  phrases  n'attrap- 
pent  plus  personne,  tout  comme  sa  philanthropie  qui  n'est 
qu'une  ambition  sans  borne  et  qui  perd  son  masque  à  force  de 
s'y  enfoncer. 


778.  Vienne,  15  novembre  1814  (F.  3.  4303  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Un  mot  malheureux  d'Alexandre.  Désenchantement  des  Polonais.  Rerire- 
ment  de  l'opinion  publique  en  faveur  de  Metternich.  L'opinion  publique  le 
rassure. 

«  Je  déteste  les  scribes,  je  suis  militaire,  je  n'aime  que  les 
militaires  »,  voilà  ce  que  l'Empereur  de  Russie  répète  à  tous 
les  échos,  et  c'est  là  ce  que  les  Viennois,  ce  que  tout  particu- 
lièrement le  comte  Charles  Zichy  et  sa  si  nombreuse  famille 
considèrent  comme  une  injure  à  l'adresse  de  tous  les  ministres 
qui  ne  sont  pas  militaires, 

1.  En  1809. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE  BT   LA  POLOGNE      535 

Les  Polonais  n'ont  pas  Tair  d'être  fort  enthousiasmés  par 
le  projet  d'Alexandre  de  devenir  roi  de  Pologne.  Ils  craignent 
rinfluence  par  trop  démocratique  de  La  Harpe  et  de  Stein. 

Bien  des  gens,  qui  étaient  jusqtiHci  les  adversaires  de  Met- 
temich,  approuvent  la  fermeté  de  caractère  dont  il  a  fait  preuve 
avec  l'Empereur  de  Russie.  <  Si  Metternich  disait  Amen  à 
tout  ce  que  la  Prusse  et  la  Russie  demandent,  proposent,  et 
prescrivent,  le  G)ngrès  serait  fini  demain.  Mais  montrer  les 
dents  à  la  Russie  et  à  la  Prusse,  leur  résister  et  leur  imposer 
des  modifications,  c'est  là  le  fait  d'un  grand  ministre.  » 

Le  roi  de  Danemarck  commence  à  paraître  au  thé  dans  les 
salons  particuliers,  par  exemple  chez  la  princesse  Marie  Es- 
terhazy  (1). 

Depuis  trois  ou  quatre  jours  le  public  est  un  peu  plus  ras- 
suré et  comprend  qu'on  ne  pouvait  pas  précipiter  les  choses 
et  brusquer  les  solutions.  Dalberg  m'a  dit  hier  à  l'oreille  : 
«  Nos  aÏFaires  marchent  bien,  quoique  lentement.  > 


779.  Berlin,  8  novembre  1814  (F.  3.  4363  ad  3565). 

CARAMAN  à  TALLEYRAND  {Intercepta)  (analyse). 

Emploi  qu'il  a  fait  du  crédit  de  50.000  francs.  11  serait  bon  de  recommander 
au  général  Dupont  ceux  qui  ont  secouru  les  blessés  français . 

Après  lui  avoir  accusé  réception  de  ses  dépêches  et  l'avoir 
remercié  des  mesures  prises  par  la  France  il  lui  parle  de  rem- 
ploi qu'il  a  fait  du  crédit  de  BO.OOO  francs  qui  lui  a  été  ouvert. 

Il  le  prie  ensuite  de  recommander  au  général  Dupont  les 
demandes  qu'il  lui  a  déjà  adressées  et  celles  qu'il  fera  en  fa- 
veur de  ceux  qui  se  sont  distingués  par  leur  charité  et  leur 
bienveillance  envers  les  blessés  et  les  malade*  français.  Leur 
conduite  est  d'autant  plus  méritoire  qu'au  moment  où  ils  Tont 
tenue,  Tanimosité  faisait  un  crime  de  paraitre  humain  envers 
tout  ceux  qui  portent  le  nom  de  Français. 


1.  Esterhazy  (princesse  Marie-Joséphine,  née  Liechtenstein),  née  en  1768, 
mariée  en  1783  À  Nicolas,  prince  Esterhaiy  de  Galantt,  feldieugmeister  au- 
trichien. 


536  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

780.  Berlin,  9  noyembre  1814  (F.  S.  4S02  ad  3M5). 

CARAMAN  à  TALLEYRAND  (1)  [InUrcepU)  (analyse). 

II  lui  fait  part  des  réclamations  vaines  qu'il  a  adressées  au 
gouvernement  prussien  contre  les  mesures  vezatoires  dont  a 
été  lobjet  de  la  part  du  conseiller  Frank  à  Magdebourg  le 
commissaire  des  guerres  Nogarède,  adjoint  au  commissaire  du 
roi  pour  la  remise  de  cette  place,  et  qu'on  y  retient  prison- 
nier. Caraman  le  prie  de  saisir  Hardenberg  de  cette  affaire. 


781.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  8.  4862  ad  3565). 

Prince  ANTOINE  DE  SAXE  au  Roi  de  SAXE 
{Intercepta)  (en  français). 

Amélioralion  de  leur  situation.  L'opinion  publique.  L'Autriche  et  la  France 
leur  sont  favorables.  Le  changement  de  résidence  du  Roi  et  l'Empereur 
d'Autriche. 

J'ai  rhonneur  de  vous  écrire  ces  lignes  par  une  occasion  sûre. 
Je  vois  par  votre  gracieuse  lettre,  que  le  courrier  Seipt  m*a 
remise,  que  vous  êtes  surpris  de  ce  que  je  vous  écrivais  dans 
ma  dernière.  Je  puis  cependant  vous  assurer  que  tout  ce  que 
je  vous  disais  dans  ma  précédente  n'est  que  trop  conforme  à 
la  vérité.  Cependant,  grâce  à  Dieu,  il  paraît  que  les  choses  ont 
changé  en  notre  faveur  et  que  l'opinion  générale  fortement 
prononcée  fera  un  bon  effet  pour  nous.  L'Autriche  remue  ciel 
et  terre  en  notre  faveur  et  la  France  s'est  déclarée  hautement. 
Je  m'empresse  de  vous  marquer  cette  lueur  d'espoir,  désirant 
pouvoir  vous  la  confirmer  bientôt.  En  attendant,  si  les  choses 
sont  telles,  les  questions  que  je  vous  ai  faites  dans  ma  der- 
nière seront  inutiles,  mais  ce  que  je  vous  dis  aujourd'hui  ne 
date  que  de  peu  de  jours. 

P.-S.  —  Quant  au  changement  d'habitation  il  y  a  longtemps 
que  j'en  ai  parlé  à  mon  beau-frère  (2), il  ne  tient  certainement 

1.  Ces  deux  pièces  existent  aux   Archives  des  Affaires  Etrangères,  mais 
portent  toutes  deux  la  date  du  8  novembre. 
3.  L'Empereur  d'Autriche. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   537 

pas  à  lui  que  cela  ne  se  fasse  et  que  cela  ne  soit  fait  depuis 
longtemps. 


782.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4S63  ad  3565). 

PIQUOT  (1)  à  s...  A—  (Inlerceplà)  (en  français). 

La  vérification  des  pouvoirs.  Comité  des  affaires  d'Allemagne.  Vues  opti- 
mistes sur  les  grandes  questions  et  l'accord  probable  sur  la  Pologne.  Voyage 
projeté  des  souverains  à  Graz,  Trieste  et  Venise.  Départ  possible  des  rois 
de  Bavière  et  de  Wurtemberg.  Noailles,  quatrième  plénipotentiaire  de  la 
France. 

Je  n'ai  eu  aucune  notion  à  mander  à  Votre  Altesse  par  la 
dernière  poste.  Aujourd'hui  encore,  je  ne  puis  asseoir  un  juge- 
ment sur  la  nature  et  Tissue  du  Congrès. 

Mes  lettres  précédentes  ont  mandé  à  Votre  Altesse  qu'à  la 
suite  de  la  déclaration  du  premier  de  ce  mois,  on  allait  s'occu- 
per de  la  vérification  des  pouvoirs  des  ministres  accrédités  au 
Congrès.  On  s'en  occupe  encore,  et  après  qu'on  les  aura  véri- 
fiés, on  procédera  à  la  formation  d'un  protocole  dans  lequel  les 
ministres  de  Russie,  de  Prusse  et  d'Angleterre  feront  rapport 
au  comité  des  autres  puissances  delà  vérification  achevée.  Après 
quoiy  on  décidera  sur  l'admission  des  plénipotentiaires  d'Au- 
triche, Prusse,  Bavière,  Hanovre  et  Wurtemberg. 

On  m'assure  même  que  la  cour  de  Bade,  qui  a  voulu  faire 
partie  de  ce  comité,  n'ayant  pu  y  parvenir,  vient  d'en  créer  un 
sous  sa  présidence  et  composé  des  cours  de  Hesse,  Saxe  et 
Anhalt.  On  croit  que  ce  comité  veut  délibérer  sur  les  affaires 
allemandes  ;  mais  la  cour  de  Bade  ne  prendra  pas  part  à  ces 
délibérations.  On  ignore  en  attendant  pour  quel  parti  le  grand- 
duc  de  Bade  se  déclarera  après  l'arrivée  des  nouveaux  pléni- 
potentiaires qu'il  vient  d'appeler  au  Congrès. 

Quant  aux  affaires  qui  regardent  l'Europe  en  général,  elles 
ne  sont  guère  plus  avancées  quoiqu'on  ait  raison  de  croire  que 
l'union  parfaite,  qui  existe  entre  les  cours  de  Russie,  Vienne  et 
Berlin,  ne  pourra  que  contribuer  à  leur  prochain  aplanisse- 
ment.  On  ne  parait  pas  être  d*accord  sur  les  affaires  de  la  Po- 
logne, mais  l'intimité  parfaite  entre  les  trois  souverains  ne  sau- 

1.  Piquot,  Conseiller  d'ambassade  k  la  légation  de  Prusse  à  Vienne. 


538  AUTOUR  DU  CORGRfta  DE  VIENNE 

rail  faire  douter  qu*on  ne  se  mette  bientôt  d'accord  sur  ce 
point  important. 

Les  empereurs  d* Autriche  et  de  Russie  et  le  roi  de  Prosse 
vont  se  rendre  à  Graz  (1)  et  pourraient  même  aller  jusqu'à 
Trieste  et  Venise. 

Le  grand-duc  Constantin  est  retourné  à  Saint-Pétersbourg, 
et  on  croit  que  les  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg  pour-  ' 
raient  bien  quitter  Vienne  pendant  Tabsence  des  souverains. 

Le  comte  Alexis  de  Noailles  vient  d'arriver  ici,  il  y  a  quel- 
ques jours,  en  qualité  de  quatrième  plénipotentiaire  de  France. 
Les  trois  autres  sont  le  prince  de  Talleyrand,  le  duc  de  Dal- 
berg  et  le  comte  de  la  Tour  du  Pin. 


783.  Copenhague,  1"  norembre  1814  (F.  3.  4M2  ad  356S). 

Marquis  de  BONNAY  (2)  au  Comte  de  la  TOUR  DU  PIN 
(à  Vienne)  {Intercepta)  (analyse). 

La  France  et  le  Congrès .  Ce  qu'il  aurait  dû  être  et  ce  qu'il  sera. 

Lei  souverains  n'ont  rien  appris. 

Après  l'avoir  félicité  du  rftle  que  la  France  va  jouer  et  joue 
déjà  au  Congrès  il  lui  dit  :  €  Si  l'expérience  du  passé,  que 
dis-je,  du  présent  n'était  pas  perdue  pour  les  rois,  comme  pour 
le  reste  des  hommes,  on  aurait  pu  croire  que  le  Congrès  allait 
poser  les  bases  d'un  ordre  pubÛc  solide  et  durable;  on  aurait 
pu  s*attendre  à  en  voir  sortir  une  seconde  paix  de  Westpha« 
lie.  Je  crains  bien  qu'il  n'en  résulte  autre  chose  que  la  triste 
certitude  que  les  troubles  de  l'Europe  ne  touchent  pas  à  leur 
fin.  Il  a  fallu  près  de  vingt  ans  pour  ouvrir  les  jeux  des  sou- 
verains par  rapport  à  la  France  révolutionnaire.  Combien  en 
faudra-t-il  pour  les  désabuser  de  la  sottise  et  des  malheurs  de 
leurs  ambitions  rivales? 


1.  Ce  voyage  n'eut  pas  lieu. 

3.  Bonnay  (Charles-François,  marquis  de),  né  à  la  Grange  (Nièvre)  le 
23  juin  1750,  mort  à  Paris  le  25  mai  1835,  page  de  la  petite  écurie,  membre  et 
président  de  la  Constituante,  Emigré,  Ministre  à  Copenhague  en  1814,  Pftir 
de  France  et  lieutenant-général  en  1815.  M**  de  Staël  disait  de  lui  (en  le 
yoyant  pendant  Tété  de  1811)  qu'  «  il  avait  l'air  du  spectre  de  l'ancien  ré- 
gime m  (fiARONMB  DU  MoNTBT.  Souvenirs,  57). 


l'ouverture   du  congrès.  —  LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      539 

784.  Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  4376  ad  3565). 

Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  4688  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  17  novembre. 

Il  lui  signale  les  fréquentes  conférences  que  le  grand-duc 
de  Bade  a  tenues  avec  ses  Ministres  pendant  les  derniers  jours 
et  annonce  que  M"*  Morel  a  été  introduite  secrètement  chez 
le  prince  le  14  au  matin. 


785.  Vienne,  16  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565). 

e  e  à  HAGER 

Pendant  le  bal  que  Gagern  a  donné  le  15,  il  s'est  retiré  dans 
son  cabinet  et  y  est  resté  assez  longtemps  en  conférence  seul 
avec  Munster.  Il  a,  aussitôt  après  cet  entretien,  écrit  pendant 
près  de  deux  heures. 

Le  bal  a  fini  à  3  heures  du  matin. 


786.  Vienne»  16  novembre  1814  (F.  4376  ad  3565). 

RAPPORT  à  HAGER 

Anstett  est  allé  le  15  au  soir  chez  la  princesse  Bagration 
qui,  quoique  souffrante  et  couchée,  Ta  reçu  ainsi  que  le  prince 
de  Ligne  et  le  comte  Carne  ville. 


787.  Vienne,  16  novembre  1815  (F.  4.  4376  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

Envoi  d*un  rapport  de  Weyland  sur  le  tort  que  fait  à  la 
Prusse  sa  politique  à  Fégard  de  la  Saxe.  On  approuve  en  gé- 


540  AUTOUR  DU  GOKGRÈS   DE  VIENNE 

néral,  même  en  Pmsse  la  brochure  :  Sachsen  und  Preussen. 
M.  von  Ubde,  secrétaire  du  prince  Auguste  de  Prusse,  a  lui- 
même  dû  reconnaître  que  cette  brochure  (qui  fut  saisie  par  la 
police)  était  en  somme  Texpression  de  la  vérité. 

L* Autriche  gagne  de  plus  en  plus  la  confiance  des  princes 
allemands,  jadis  tout  acquis  à  la  Prusse. 


788.  Vienne,  15  novembre  1814  (F.  4.  4876  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  nouveau  plénipotentiaire  badois,  baron  Marschall,  frère 
du  plénipotentiaire  de  Nassau- Weilburg,  est  tout  acquis  aux 
idées  de  la  Prusse.  Lors  de  la  réunion  des  plénipotentiaires 
des  princes  allemands  chez  Tûrkheim  la  semaine  dernière,  on 
a  voulu  faire  prendre  et  signer  rengagement  de  ne  pas  con- 
clure de  conventions  particulières  et  séparées.  On  a  remis  la 
décision  à  la  prochaine  réunion,  mais  il  n'en  a  plus  été  question. 


789.  Vienne.  16  novembre  1814  (F.  4.  4376  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Joie  et  espoirs  des  Polonais.  L'Autriche  cédera  ou  ce  sera  la  guerre. 
Disgrâce  de  Nesselrode.  Faveur  et  influence  de  Czartoryski. 

Les  Polonais  sont  au  comble  de  la  joie.  Ils  disent  que,  grâce 
à  Alexandre,  la  cause  de  leur  patrie  va  enfin  triompher  et  ils 
ajoutent  que,  si  rAutriche  continue  à  s'opposer  à  la  recons- 
titution de  la  Pologne,  la  guerre  est  inévitable. 

D'après  eux,  Nesselrode  serait  en  disgrâce  et  ce  serait  Czar- 
toryski qui  dirigerait  en  réalité  la  politique. 

Il  paraît  en  effet  certain  que  Czartoryski  ne  quitte  presque 
jamais  Alexandre,  et  les  Russes  eux-mêmes  disent  que  c'est 
par  sa  protection  qu'on  obtient  les  grâces  de  l'empereur. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   541 

790.  Vienne,  16  novembre  1814. 

©  ®  à  HAGER  (en  français). 
Conversation  du  prince  de  Ligne  avec  Alexandre  sur  la  Saxe  et  la  Pologne. 

Le  prince  de  Ligne  s'est  ménagé  une  conversation  avec 
Tempereur  de  Russie  relativement  à  la  Pologne  et  à  la  Saxe. 
Sa  Majesté  lui  fît  observer  que,  quant  à  la  Pologne  occupée 
par  ses  troupes,  cela  entrait  tout  à  fait  dans  le  système  d^ar- 
rondissement,  comme  on  pourrait  s'en  convaincre  en  jetant  les 
yeux  sur  les  caries. 

Le  prince  voulut  alors  présenter  ses  objections  contre  la 
réunion  de  la  Saxe  à  la  Prusse.  Sur  cela,  Sa  Majesté  lui  dit  : 
«  Je  ne  peux  continuer  la  conversation,  car  on  m'attend  »,  et  il 
quitta  ainsi  le  prince. 


791.  Vienne,  16  novembre  1814  (F.  4.  4376  ad  3565). 

©©à  HAGER  (en  français). 

Ce  que  Dalberg  a  dit  le  14  sur  le  Roi  de  Prusse;  la  Saxe,  la  Pologne,  la  Prusse, 
l'Autriche.  Ce  qui  résultera  de  l'attitude  de  Metternich.  Question  que  Dal- 
berg  lui  pose  sur  la  police,  sur  Hager,  sur  Sickingen.  Ses  réponses.  Dalberg 
n'a  pas  de  soupçons  sur  lui.  Le  prince  Eugène  et  la  Bigottini, 

Voici  en  quelques  mots  ce  que  Dalberg  a  dit  la  veille  devant 
moi  :  €  11  nous  est  absolument  impossible  d'avoir  confiance 
dans  les  Russes,  les  Prussiens  et  les  Autrichiens.  » 

Le  roi  de  Prusse  est  évidemment  à  la  discrétion  d'Alexandre, 
et  bien  plus  que  cela  ne  convient  à  ses  Ministres  et  que  cela 
ne  correspond  à  l'intérêt  même  de  la  Prusse. 

Après  m'avoir  montré  la  proclamation  de  Repnin  à  Dresde 
du  31  octobre,  Dalberg  m'avoua  que  l'affaire  de  la  Saxe  sem- 
blait décidée.  Les  Russes  disent  :  «  Nous  avons  la  Pologne. 
Nous  verrons  bien  qui  nous  la  prendra  >,  et  les  Prussiens 
disent  la  même  chose  pour  la  Saxe. 

La  Bavière  déclare  de  son  côté  qu'elle  ne  signera  rien  qui 
ait  rapport  au  Corps  Germanique,  avant  qu'on  n'ait  rendu  la 
Saxe  à  son  roi.  La  nouvelle  Confédération  allemande  ne  peut 


542  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

pourtant  pas  garantir  à  la  Prusse  la  possession  de  la  Saxe  vo- 
lée à  son  roi.  Les  affaires  de  Pologne  et  de  Saxe  arrêtent  les 
affaires  d*Allemagne.  La  Bavière  a  fait  au  mois  de  mai  une 
grosse  faute  à  Paris,  celle  de  ne  pas  apposer  sa  signature  sur 
le  traité.  La  Bavière  siégerait  maintenant  au  Congrès,  et  bien 
des  choses  marcheraient  autrement. 

Dalberg  alla  même  plus  loin  et  me  dit  :  €  Ce  qui  manque  au 
cabinet  autrichien,  c'est  un  système^  de  la  suitej  du  caractère 
et  des  principes.  Si  Metternich  marche  avec  nous,  la  Prusse 
devra  céder,  se  contenter  du  tiers  de  ses  prétentions,  et  nous 
rétablirons  le  roi  de  Saxe  en  lui  restituant  les  deux  tiers  de 
son  royaume.  Si  non,  on  va  droit  à  la  guerre.  Cet  état  de 
choses  et  la  mise  sur  pied  de  guerre  de  Tarmée  française  nous 
coûtent  déjà  40  millions.  Nous  avons  tenu  quatre  séances  au 
Comité  des  Huit.  Nous  avons  donné  Gênes  au  Piémont.  Nous 
allons  maintenant  nous  occuper  de  la  dotation  de  Marie- 
Louise.  » 

lime  faut  maintenant  appeler  l'attention  de  Votre  Excellence 
sur  ce  que  je  vais  avoir  Thonneur  de  lui  communiquer.  De- 
puis la  réception  de  Tavis  confidentiel  de  Votre  Excellence 
du  17  octobre,  me  faisant  savoir  que  T Ambassade  de  France 
m'avait  démasqué  et  m'induisait  volontairement  en  erreur,  je 
m'étais  rigoureusement  tenu  à  l'écart.  Or,  le  30  octobre,  Dal- 
berg me  rechercha  chez  Stackelberg,  puis  vint  à  moi  dans  le 
jardin  chez  Metternich  et  me  fit  de  telles  avances  que  je  Tallai 
voir  hier  matin  et  qu'il  me  retint  avec  lui  pendant  deux  gran- 
des heures.  Au  cours  de  cette  longue  conversation,  il  me  de- 
manda, entre  autres,  sur  quel  pied  le  comte  Sickingen(l)  était 
avec  l'empereur  d'Autriche  et  avec  Metternich.  Le  comte  Si- 
ckingen  est-il  un  des  agents  de  la  police  secrète  autrichienne? 
La  police  secrète  de  Vienne  a-t-elle,  comme  celle  de  Paris,  des 
Agents  et  des  affiliés  dans  le  grand  monde,  qui  sont  reçus  par- 
tout et  fréquentent  la  haute  Société? Qui  est  le  chef  de  la  police 
secrète  de  Vienne? Quelle  espèce  d'homme  est  le  baron  de  Ha- 
ger  ?  Peut-on  vivre  avec  sa  famille  à  Vienne  avec  50.000  francs 
de  rente? 

Je  lui  ai  répondu  :  «  D'après  ce  que  j'en  sais,  le  comte  Si- 

1.  Sickingren  (comte  de), de  la  famille  du  célèbre  capitaine  allemand  Franz 
de  Sickinpen  (1481-1533).  Cf.  à  propos  de  son  rôle  auprès  de  l'Empereur  et  de 
Metternich,  Talleyrand  au  roi,  Vienne  31  octobre,  dépêche  n*  9  et  Vienne 
17  novembre,  dépêche  n*  13(PALLAi:f,  Correspondance  inédite.  Pages  88  et  139). 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET    LA   POLOGNE      543 

ckingen  est  très  en  gr&ce  auprès  de  TEmpereur  et  de  Met- 
ternich  et  jouit  de  leur  confiance.  Il  n'est  pas  un  agent  de  la 
police  secrète  de  Vienne  et  je  ne  l'ai  jamais  entendu  dire.  Je 
n'ai  pas  davantage  entendu  dire  que  cette  police  ait  des  agents 
dans  la  haute  Société.  On  ignore  quel  est  le  chef  de  la  police 
secrète.  Il  n'en  est  fait  aucune  mention  sur  le  Staaùs  Kalender. 
Le  baron  Hager  est  le  chef  de  la  police  et  de  la  censure  de  la 
Cour,  et  figure  comme  tel  dans  l'Annuaire.  Je  ne  connais  le 
baron  Hager  que  de  vue,  parce  que  je  le  rencontre  dans  le 
monde  et  le  vois  dans  les  salons  ;  mais  il  se  montre  très  rare- 
ment dans  la  haute  Société.  Il  jouit  d'une  excellente  réputation 
dans  le  public,  passe  pour  im  homme  foncièrement  loyal  et 
honnête,  et  je  n'ai  jamais  entendu  dire  qu'il  s'occupe  d'espion- 
nage, etc.,  etc.  » 

«  Je  comprends  fort  bien,  mV  dit  Dalberg,  que  vous  n'ayez 
pas  à  Vienne  ces  choses  dont  nous  ne  pouvons  nous  passer  à 
Paris.  Vous  n'en  avez  pas  besoin  avec  vos  braves  Autrichiens. 
Vous  n'avez  pas,  comme  nous  à  Paris,  à  craindre  à  toute  mi- 
nute une  révolution.  » 

Nous  nous  séparâmes  dans  de  telles  conditions  qu'il  m'est 
impossible  de  croire  que  Dalberg  puisse  avoir  l'ombre  d'un 
soupçon  sur  mon  compte. 

Hier  soir,  grande  et  nombreuse  assemblée  chez  Arnstein.  Il 
y  avait  le  comte  Bernstorflf,  le  baron  Kaiserstein,  M""*  de  Bildt, 
le  prince  de  Mecklemburg,  lord  Stewart,  le  baron  Sinclair  (1), 
le  comte  Capo  d'Istria,  le  vieux  prince  Metternich,  des  Russes, 
des  Prussiens,  RufTo,  Medici,  le  duc  d'Acerenza-Pignatelli,  le 
comte  Solms,  le  comte  Degenfeld,  les  Dietrichstein.  On  y  a 
dit  qu'Alexis  de  Noailles  était  un  homme  d/une  rare  piété,  un 
visiteur  assidu  des  églises. 

Le  prince  Eugène  a,  à  l'occasion  de  la  représentation  à  son 
bénéiice,  donné  une  magniGque  bague  à  la  Bigottini,qui  avant 
son  mariage,  a  été  sa  maîtresse  à  Paris. 


1 .  Conseiller  intime  de  Hcsse-Uombourg. 


S44  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

792.  Vienne,  16  novembre  1814  (F.  8.  4876  ad  9565). 

0  0  à  HAGER  (en  français). 

Jugement  tévère  porté  sur  Alexandre  par  des  personnes  de  son  entouri^i 
sur  le  roi  de  Prusse  par  l'opinion  publique  de  Vienne. 

Des  personnes,  qui  touchent  de  près  à  TEmpereur  de  Rus- 
sie et  qui  ont  puTétudierà  fond,  persistent  à  dire  qu'Alexandre 
a,  lui  aussi,  le  cerveau  un  peu  dérangé  et  qu'il  finira  comme 
son  père.  Le  genre  de  vie,  qu*ii  a  mené  à  Paris,  en  France  et 
en  Autriche,  à  Londres  et  à  Vienne,  Ta  déconsidéré  partout 
et  le  bruit  de  la  mauvaise  réputation,  qu'il  s'est  acquise,  est 
parvenu  jusqu'en  Russie.  Ces  personnages  vont  même  jusqu'à 
dire,  que  ni  les  ministres,  ni  Tarmée,  ni  même  la  population, 
que  nul,  en  un  mot,n*a  confiance  en  Alexandre,  que  personne 
ne  l'aime,  ni  l'estime.  On  lui  reproche  Tilsit,  Tincendie  de 
Moscou,  et  toutes  les  sottises  qu'il  a  faites  à  Paris  avec  sa 
Constitution  et  qu'il  se  dispose  à  renouveler  à  Varsovie.  On 
les  entend  répéter  à  tout  propos  que  :  «  Les  événements  de 
1813  et  1814  prouvent  qu'Alexandre  n'est  ni  un  général,  ni 
même  un  soldat,  mais  un  simple  brouillon,  un  homme  sans 
caractère  qui  passe  sans  transition  et  sans  motif  d'un  extrême 
à  l'autre,  un  homme  qu'on  ne  saurait  craindre  d'avoir  pour 
ennemi  et  qui  ne  mérite  aucune  considération  personnelle.  » 
Ils  ajoutent  que  la  Russie  est  pour  le  repos  et  la  liberté  du 
Continent  un  danger  bien  autrement  grand  que  la  France  ;  que 
le  roi  de  Bavière,  le  grand -duc  de  Bade,  le  roi  de  Wurtemberg, 
ainsi  que  les  priaces  et  ministres  allemands  présents  à  Vienne, 
détestent  Alexandre  et  n'aiment  pas  plus  la  Russie  que  son 
empereur. 

Le  roi  de  Prusse  et  ses  ministres  n'ont  pas,  eux  non  plus, 
gagné  du  terrain  depuis  qu'ils  sont  ici.  L'opinion  publique 
n'a  pas  confiance  en  eux  et  ne  leur  accorde  aucune  considéra- 
tion. Le  roi  s'est  rendu  méprisable  par  la  servilité  dont  il  fait 
preuve  h  l'égard  de  l'empereur  de  Russie.  En  revanche,  on 
approuve  l'amitié  qu'il  témoigne  à  la  princesse  de  Thurn  et 
Taxis.  On  constate  du  reste  que  le  roi  manque  absolument  de 
caractère  et  dépend  entièrement  de  son  entourage  et  de  ees 
ministres. 

Le  ministre  russe  Stein,  qui  travaille  de  concert  avec  La 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      545 

Harpe,  qui  au  mois  de  mai  a  perpétré  à  Paris  la  malheureuse 
Constitution,  qui  pousse  à  rétablissement  en  Pologne  d'un 
gouvernement  représentatif,  qui  cherche  à  introduire  dans  les 
Etats  de  la  Confédération  germanique  une  organisation  par- 
lementaire, a  peut-être  plus  d'influence  dans  le  cabinet  prus- 
sien que  JacobijStaegemann,  Jordan, etc., etc., que  Hardenberg 
et  que  Humboldt.  Le  comte  Solms  ne  s'est  pas  gêné  pour 
dire  plus  d'une  fois  en  ma  présence  que  le  prince  Hardenberg 
était  un  bien  pauvre  Sire.  A  l'appui  de  ces  dires,  on  invoque 
des  proclamations  déjà  anciennes,  toutes  imprimées,  du  baron 
Stein^  dans  lesquelles  il  proclame  la  nécessité  de  fondre  toutes 
les  petites  nationalités  allemandes  en  une  seule  nation,  tous 
les  différents  Etats  en  une  seule  monarchie  allemande. 


793.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  4.  4376  ad  3565). 

GOUPY  à  la  reine  d'ETRURIE  (1)  Intercepta)  (en  français) 

(par  la  police). 

Première  séance  du  Congrès  le  13  pour  les  affaires  d'Italie.  Cession  de  Gènes 
au  Piémont.  Impossibilité  d'avoir  la  Toscane.  Conférence  avec  Castlereagh. 
Reconnaissance  des  droits  de  la  Reine  sur  Parme  et  de  la  légitimité  d'une 
compensation  qui  ne  pourra  être  que  les  Légations.  Démarches  qu'il  fera 
pour  obtenir  Lucques  et  Massa  Carrara.  On  ne  rendra  pas  les  Légations 
au  Pape. 

Je  me  hâte  de  répondre  à  la  lettre,  dont  Votre  Majesté  a 
daigné  m'honorer  le  29  du  mois  passé,  en  L'instruisant  de  ce 
qui  a  été  décidé  hier  dans  une  session  des  Ministres  qui  com^ 
posent  le  Congrès. 

La  première,  la  seule  question  qui  ait  été  traitée  jusqu'à  ce 
jour  relativement  à  l'Italie,  a  été  celle  qui  regarde  la  répu- 
blique de  Gênes,  et  malheureusement  la  décision,  qui  a  été 
prise  à  son  égard,  nous  prive  entièrement  de  l'espérance  de 
pouvoir  obtenir  ce  territoire  pour  indemnité,  puisqu'il  y  est 
prononcé  qu'il  fera  partie  du  royaume  de  Sardaigne  auquel 
on  le  réunit. 

l.Etrurie  (La  reine  d'infante  Marie-Louise)  (1782-1824),flUe  du  roi  Charles  IV 
d'Espagne,  duchesse  de  Parme  puis  reine  d'Etrurie,  veuve  le  17  mai  1803, 
devint  duchesse  de  Lucques  en  1817.  Elle  avait  à  Vienne  un  fondé  de  pouvoirs 
nommé  Goupil  des  Hautes  Bruyères,  qu'assistait  l'ambassadeur  d'Espagne 
Labrador.  (Cf.  Pallai.^. 'Correspondanee  inédite  de  Tàlleyrêndj  839.) 


T.  I. 


35 


546  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

J'ai  eu  l'honneur  de  faire  connaître  à  Votre  Majesté  que 
j'étais  convaincu  qu'il  nous  serait  impossible  d'obtenir  la  res- 
titution de  la  Toscane,  et  cela  est  aujourd'hui  démontré.  Ainsi 
nous  n'avons  plus  à  opter  qu'entre  les  objets  de  compensa- 
tion sur  lesquels  nous  poi^rrions  jeter  nos  vues  et  diriger  nos 
démarches. 

La  conférence,  que  je  viens  d'avoir  avec  lord  Castlereagh, 
m'a  conGrmé  dans  l'opinion  où  je  n'ai  jamais  cessé  d'être  que 
Ses  droits  aux  duchés  de  Parme,  Plaisance  et  Guastalla  étaient 
reconnus  et  qu'ils  seraient  rendus  sans  difficulté.  J'ai  su  de 
plus  qu'on  ne  pouvait  contester  à  Votre  Majesté  une  com- 
pensation quelconque  pour  la  différence  qui  existe  entre  les 
revenus  de  ces  Etats  et  ceux  de  la  Toscane.  Mais  j'ai  Thon- 
neur  de  lui  répéter  que,  puisqu'il  faut  renoncer  à  trouver  cette 
compensation  dans  le  territoire  de  Gênes,  M.  de  Labrador  et 
moi,  nous  serons  très  embarrassés  pour  les  moyens  d'en  ob- 
tenir  une,  s'il  faut  absolument  exclure  les  Légations.  Je  me 
propose  de  faire  céder  à  Votre  Majesté  le  duché  de  Massa 
Carrara  et  la  république  de  Lucques  en  donnant  Téquivalant 
à  la  duchesse  de  Modène  dans  les  Légations  que  Votre  Ma- 
jesté refuse.  Mais  je  crois  qu'il  serait  bien  plus  avantageux 
pour  Elle  de  les  avoir  que  d'en  laisser  disposer  en  faveur  de 
tout  autre  souverain. 

En  dernière  analyse,  il  faut  que  Votre  Majesté  sache  que, 
quelque  chaleur  que  le  Cabinet  de  Sa  Sainteté  puisse  apporte  r 
dans  la  réclamation  qu  il  fait  de  ces  Légations,  elles  ne  lui 
seront  pas  rendues,  qu'EUe  a  donc  à  examiner  d'après  cette 
assurance  s'il  Lui  convient  d'y  renoncer.  Je  La  supplie  de  me 
donner  sur  ce  point  la  réponse  la  plus  prompte. 


794.  Vienne,  16  novembre  1814  (F.  4.  4376  ad  3565  . 

MAVROJliM  au  Prince  de  MOLDAVIE  (Intercepta)  (en  français). 

La  cession  de  Gènes.  La  Russie  intraitable  sur  la  Pologne.  Gravité  de  la  situa- 
tion. Repnin  et  la  déclaration  de  cession  provisoire  de  la  Saxe.  Mémoire  du 
14  octobre  du  duc  de  Coburg  à  Castlerea^h  sur  la  nécessité  du  maintien  de 
la  Saxe. 

Par  une  convention  avec  les  cours  alliées,  qui  fut  jusqu'ici 
tenue  secrète,  Tacquision  du  pays  de  Gènes  a  été  assurée  au 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   547 

roi  de  Sardaigne  (1).  Cet  arrangement  va  s'exécuter  ;  car  3 
est  parti  d'ici,  il  y  a  quelques  jours,  des  courriers  pour  Gëaes 
et  Turin,  qui  portent  Tavis  de  Tincorporation  du  paysde  Gênes 
aux  Etats  du  Piémont.  Gênes  aura  son  Sénat  et  une-  cootstr- 
tution  particulière.  Comme  de  tout  temps,  le  Piémont  a  s^^vi 
de  boulevard  pour  l'Italie  contre  la  France,  il  paraît  qu^on  a 
jugé  nécessaire  de  donner  plus  de  force  au  Piémont  pour  p«ru* 
voir  soutenir  ce  rôle  aussi  à  Tavenir. 

Les  tentatives  de  ramener  lajRussie  de  ses  projets  sur  la 
Pologne  sont  restées  jusqu'ici  sans  succès.  Les  Russes  disent 
qu'ils  ont  fait  ime  guerre  juste  en  poursuivant  un  ennemi  qui 
est  venu  les  attaquer  chez  eux,  que  leur  pays  a  été  dérosté^ 
qu'ils  ont  conquis  le  duché  de  Varsovie  parla  valeur  de  leurs 
armes,  et  que  c'est  eux  qui  ont  donné  à  l'Europe  le  sign«I  de 
se  révolter  et  de  courir  sus  à  Napoléon,  lennemi  commtm; 
qu'en  conséquence,  ils  peuvent  prétendre  à  être  indemnisés  de 
leurs  pertes  et  récompensés  de  leurs  services  par  une  province 
à  leur  portée,  telle  que  le  Duché  de  Varsovie. 

L'Angleterre,  qui  est  encore  intéressée  par  son  commerce 
que  tout  le  cours  de  la  Vistule  ne  dépende  pas  de  la  Russie 
seule,  n'applaudit  pas  à  ces  arrangements,  ainsi  que  la  France. 
La  Prusse,  qui  ne  peut  pas  manquer  d'en  sentir  la  force,  se 
borne  à  demander  qu'elle  soit  restituée  dans  Tétat  où  elle  se 
trouvait  en  1805,  et  elle  regarde  le  royaume  de  Saxe  comme  un 
équivalent  très  à  sa  convenance  contre  la  perte  de  ses  anciennes 
provinces  polonaises. 

De  part  et  d'autre,  on  s'est  presque  épuisé  en  paroles  et  en 
raisonnements  pour  pouvoir  se  convaincre^  et  la  crainte  n'est 
pas  vaine  que  ce  conflit  d'opinions  n'entraîne  un  re£E»idiBae- 
ment,  et  même  plus.  En  attendant,  les  Prussiens  s'empacsntr 
de  l'administration  de  la  Saxe  et  le  prince  Repnin  (2.)  a  baH 
insinuer  (sic)  aux  autorités  la  circulaire  qui  se  trouve  dans 
la  Gazelle  de  Francfort. 

L'Autriche  et  l'Angleterre  n'ont  cependant  donné  leur  adbé»- 
sion  qu'à  l'administration  provisoire  de  la  Saxe  par  la  Prusse. 

Le  duc  de  Coburg  a  présenté  à  lord  Castlereagh  un  Mémoiœ(3)^ 

1.  Cf.  d'ANGBnBRG,  171.  Articles  séparés  et  secrets  du  traité  de  Paris. 

2.  CJ.  d'ANOBBERo,  1,  413.  Déclaration  du  prince  Repnin,  de  Dresde,  8  no- 
vcmbrC)  aux  autorités  saxonnes. 

3.  Cf.  d'ANOEBERG,  I,  293-295.  Lettre  du  duc  régnant  de  Saxe -Coburg-SBal- 
feld  à  lord  Castlereagh,  examinant  la  question  du  droit  vis-à-vis  de  la.  Saxe 
et  la  question  générale.  Vienne,  14  octobre  1814. 


SW  ACTOCm    DC  0&5«BiS   DE  T1E59E 

reoToi  de  la  lettre  de  iord  Castlereagh  k  Hardeoberg  aa  sojet 
de  lâ  Sâxe.  et  qrxî  Ini  a  été  transmise  il  t  a  trois  semaines, 
et  une  de  Mnie  de  Kôster  à  son  mari,  loi  signalant  TindiSé- 
reoce  znâxiifestêe  par  le  pdblic  à  la  représeatatioa  de  gala 
doQDée  :  iGCcasion  de  la  féie  dn  roi  (de  Wurtemberg). 

Envoi  avec  le  rapport  da  17  d'an  paquet  de  lettres  et  de 
mémoires  reiçus  pendant  la  nnit  et  qu'on  vient  de  tirer  du 
bureau  de  Dalberg. 


Vieose.  17  novembre  1114  iP.  4.  440S  ad  3:«S>. 

lUrporr  à  HAGER 

Sm^eîUance  dn  dnc  de  Bronswick  très  mécontent  de  la  tonr- 
nore  prise  par  les  aflaires  d'Allemagne. 


800.  Vienne,  17  norembre  1814  (F.  4.  44C5  ad  3565>. 

Rappobt  à  HAGER 

Noailles  et  l'expédilion  de  ses  lettres. 

Noailles  expédie  ses  lettres  de  chez  Tallevrand  où,  comme 
on  Ta  déjà  dit,  il  est  d'autant  plus  difficile  de  les  intercepter, 
même  momentanément,  que  la  surveillance  est  exercée  par  un 
Français  qui  note  sur  un  registre  les  heures  des  expéditions  et 
des  arrivées  des  pièces.  On  doit  donc  se  borner,  comme  on 
vient  de  le  faire,  avec  succès,  à  ramasser  des  chiffons. 


801.  Vienne,  17  novembre  1814  (P.  4.  4405  ad  356S). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

Noie  de  protestation  des  petits  Etats  allemands  rédigée  par  Gagem, 

en  date  du  16  novembre. 

liCB  représentants  des  petits  Etats  allemands,  à  Texception 
de  'la  Botvière,  du  Wurtemberg  et  de  Bade,  ont  signé  hier  soir 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   551 

à  runanimité  une  note,  qu'ils  firent  remettre  à  Metternich  et 
dans  laquelle  ils  protestent  contre  tout  ce  qui  a  été  fait  et  se 
fera  pour  r Allemagne  et  exposent  leurs  vues  et  leurs  désirs. 

Holstein,  Brunswick,  Mecklembourg,  Hesse-Cassel,  Hesse- 
Darmstadt,  Maisons  de  Saxe  et  de  Reuss,  Nassau,  Lippe,  les. 
villes  libres,  etc.,  etc.  (Note  rédigée  par  Gagern)  (1). 


802.  Vienne,  17  novembre  1814  (P.  4.  4405  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Propos  tenus  par  Dalbergp  et  La  Tour  du  Pin  sur  la  Saxe,  la  Pologne  et 
l'Italie,  etc.  TrauttmansdorfT  et  la  comtesse  de  Tallejrand-Périgord.  Rad- 
ziwill  et  la  Pologne.  Repnin  et  la  Saxe. 

La  France,  ont  dit  Dalberg  et  La  Tour  du  Pin,  ne  permettra 
jamais  que  TEmpereur  Alexandre  soit  roi  de  Pologne,  le  roi 
de  Prusse,  roi  de  Saxe  et  l'Empereur  d'Autriche,  roi  d'Italie. 
Voilà  les  points  principaux,  d'où  dépend  le  rétablissement  de 
l'équilibre  européen.  La  France  s'occupera  aussi  du  droit  mari- 
time et  de  la  traite  des  nègres. 

Le  Grand  écujer  (2)  TrauttmansdorfT  fait  une  cour  assidue 
à  la  comtesse  de  Talleyrand-Périgord. 

Radziwill  croit  que  la  Russie  insistera  sur  la  question  de 
Pologne.  Au  fond,  il  reste  personnellement  toujours  très  Prus- 
sien,  quoique  sujet  russe  et  malgré  la  restitution  de  ses  biens, 
faite  au  prince  Dominique  Radziwill. 

Pour  la  Saxe,  Repnin  doit  venir  à  Vienne  après  avoir  fait 
la  remise  de  son  Gouvernement  aux  Prussiens.  Radziwill 
doute  fort  cependant  que  la  Prusse  garde  la  Saxe,  dont,  dans 
ce  cas,  le  prince  Guillaume  de  Prusse  deviendrait  le  vice-roi. 


803.  Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  4405  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

L'opinion  du  nonce  sur  la  faveor  imméritée  de  Metternich 
et  de  l'injuste  disgrâce  de  Stadion. 

C'est  une  chose  bien  étonnante,  m*a  dit  le  nonce,  de  voir 

1.  Cf.  d'AifOBBBRO,  441-445. 

2.  11  s'ag^it  ici  du  comte  Trautlmansdorff. 


552  AUTOUR  DU  CONGRiS   DB  V105B 

Mettemicb  comblé  d'honneurs  et  de  dons,  tandis  que  Stadion, 
qui  a  été  le  premier  instrument  de  l'heureuse  issue  de  la 
guerre,  n'a  rien  obtenu.  L'Empereur  aurait  au  moins  dû 
racheter  les  biens,  que  le  comte  de  Stadion  possédait  en  Wur- 
temberg et  qui  lui  furent  confisqués  par  ordre  du  tyran,  et  par 
ce  trait  de  générosité,  récompenser  tant  d'éminents  et  d'avan- 
tageux services  que  le  comte  de  Stadion  avait  rendus  pour  le 
bien  de  la  monarchie  autrichienne  et  même  de  l'Europe 
entière. 


804.  Paris,  5  novembre  1814  (F.  4.4<05  ad  3565). 

FAGEL  à  G.\GKRN  (inlerceplà)  (en  français). 

On  augure  mal  du  Congrès.  On  s'attend  au  retour  prochain  de  Tallejrrand.  II 
espère  que  le  prince  d'Orange  deviendra  roi.  Les  arrestations  à  Paris  et 
l'état  des  esprit  en  France. 

Je  suis  peu  enchanté  de  ce  que  Votre  Excellence  me  dit  du 
Congrès  et  de  la  politique.  Nous  ne  savons  pas  grand'chose 
ici  ;  mais  tout  le  monde  s'accorde  à  regarder  comme  très  em- 
brouillées les  affaires  les  plus  importantes.  Allemands,  Anglais 
et  Français  voient  également  en  noir.  Ces  derniers  assurent 
que  Talleyrand  sera  de  retour  ici,  rehus  infactiSy  avant  quinze 
jours.  Ce  que  je  désirerais,  rébus  sic  stcuitibus^  pour  nous  autres 
ducaux,  c'est  que  comme  il  j  a  cinq  rois,  {sonst  hatte  man  an 
den  Heiligen  drei  Kœnigen  schon  zu  ri>/)(l)  il  put  y  en  avoir 
six  et  que  le  sixième  (Orange)  fût,  comme  les  autres,  agrégé 
à  la  Confédération  Germanique. 

J'apprends  avec  plaisir  que  le  prince  n*est  pas  contraire  à 
un  tel  plan,  et  je  le  crois  fait  pour  obtenir  l'approbation  de 
Votre  Excellence. 

On  a  fait  ici  ces  jours-ci  des  arrestations  (2).  On  parlait 
de  conjuration.  Le  fait  est  qu'un  ofGcier  supérieur  s'est 
avisé  de  vouloir  enrôler  des  volontaires  pour  les  mener  à 
Sa  Majesté  Haïtienne  et  que,  comme  de  raison,  on  a  trouvé 

1.  Jusqu'ici  on  trouvait  déjà  beaucoup  d'avoir  les  Trois  Rois. 

2.  Cf.  dans  Polovisof,  Correspondance  diplomatique,  etc.,  t.  1,  p.  113,  Dé- 
pêche n"*  105.  Boutianfuinc  au  comte  de  Nesselrode,  Paris,  8  novembre  1814 » 
à  propos  des  arrestations  et  du  général  Dufour. 


l'ouverture  du  congrès.  —    LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      553 

Je  procédé  fort  incongru  et  qu'on  a  coffré  raventurîer.  Cela 
n'empêche  pas  que  le  mécontentement  aille  toujours  son  train. 
Je  ne  pense  pas  que  cela  puisse  avoir  des  suites  dangereuses. 
On  parle  trop  haut  pour  cela.  Les  Français  n'ont  cessé  d'être 
mécontents,  ou  de  se  dire  tels,  que  sous  Bonaparte,  parce 
queBicêtre  ou  Vincennes  leur  fermaient  la  bouche.  Du  moment 
qu'on  les  laisse  parler,  (et  Dieu  sait  qu'ils  en  ont  la  pleine 
faculté  à  présent)  je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  rien  à  craindre. 
Ce  qui  me  parait  plus  dangereux,  c'est  leur  animosité  contre 
les  étrangers.  Que  ce  sentiment  violent  et  haineux  soit  par* 
tagé  par  le  gouvernement  ou  non,  il  me  paraît  également 
menaçant  et  dangereux,  car  il  ne  peut  aller  qu'en  croissant. 


805.  Londres,  33  octobre-4  novembre  1814  (F.  4.4405  ad  3565). 

LIEVEN  (1)  au  comte  de  NESSELRODE  (intercepta)  (en  français). 

Suspension  du  licenciement  d'une  partie  de  l'armée  anglaise  et  des  milices. 
Causes  de  cette  mesure.  Satisfaction  causée  par  la  création  du  Royaume 
de  Hanovre.  Retrait  de  la  garnison  anglaise  de  Madère. 

Le  gouvernement  a  suspendu  le  licenciement  des  régiments 
de  milice  et  des  seconds  bataillons  dans  l'armée.  Le  prétexte, 
qu'il  donne  pour  cette  mesure,  est  fondé,  pour  la  milice  sur 
la  situation  toujours  précaire  des  affaires  en  Irlande,  et  quant 
aux  seconds  bataillons,  sur  la  guerre  d'Amérique. 

Quelque  plausibles  que  paraissent  ces  raisons,  je  croirais, 
d'après  mes  propres  observations,  pouvoir  en  donner  une  à 
votre  Excellence  qui  semble  l'emporter  sur  toute  autre.  C'est 
l'état,  incertain  encore,  des  affaires  de  l'Europe,  à  côté  duquel 
le  gouvernement  britannique  ne  perd  pas  de  vue  l'esprit  in- 
quiet de  la  nation  Française,  tout  en  rendant  justice  aux  dis- 
positions pacifiques  de  son  Souverain  et  de  ses  ministres.  En 
effet,  les  relations  entre  les  deux  cabinets  sont  celles  d'une  par- 
faite amitié  et  deviennent  plus  intimes  tous  les  jours. 

l.Licven  .Christophe  Andreiéwitch^,  Major  Général  russe,  d'abord  protégé 
par  Paul  I*',  nommé  par  Alexandre  !•'  en  1810  ministre  à  Berlin  puis  en  1812 
d'abord  ministre  et  peu  après  ambassadeur  de  Russie  à  Londres,  il  y  resta 
jusqu'en  1834.  Rappelé  par  l'Empereur  Nicolas,  il  devint  gouverneur  du  futur 
empereur  Alexandre.  Fait  prince  en  1826,  Lieven  mourut  à  Home  en  1888. 


554  AUTOCm  DC  GO^CaÈS  de  TIE55E 

M'étant  troinré  à  Brighion  Ion  de  rarrivée  des  dépêches 
de  Vienne  relatives  à  l'adoption  da  nomreaa  titre  de  Roi  de 
Hanovre,  j*ai  été  témoin  de  la  satisfaction  que  le  Prince  Régent 
a  épronvée  à  cette  occasion. 

Le  gonvernement  britannique  s'occnpe  pen  à  pen  de  Tezé- 
cntion  de  ses  engagements  dans  les  traités  de  paix.  En  consé- 
quence, il  vient  de  retirer  de  Tile  de  Madère  la  garnison  an- 
glaise qui  l'occupait  depuis  plusieurs  années. 


8C6.  Vienne,  19  norembre  1814  (F.  4.  4773  ad  356»). 

IIAGER  à  L'EMPEREUR 
BoBDEREAU  ci  RAPPOBT  joumalier.  Vienne,  19  novembre  1814. 

Envoi  des  pièces  et  rapports  do  18. 

II  lui  rend  compte  qu'en  attendant  qu  on  puisse  Fouiller  diex 
le  comte  Betbusj  et  ouvrir  ses  lettres,  on  a  pris  l'empreinte 
de  son  cachet. 


807.  Vienne,  18  novembre  1814  (F.  4.  743  ad  3M5). 

Rapport  à  HAGER  (Intercepta). 

Stein  à  Humboldt,  auquel  il  envoie  la  note  de  protestation, 
qui  lui  a  été  remise  par  les  ministres  Wurtembergeois  Wînt- 
zingerode  et  Linden  (1),  contre  la  façon  dont  le  Congrès  pré- 
tend régler  les  affaires  d'Allemagne. 


806.  Vienne,  18  novembre  1814i(P.  4.  4743  ad  3565). 

Rappobt  à  HAGER. 

Le  prince  Eugène  a  rendu  visite  d'abord  à  M**  Susane,  puis 
à  Sérapbine  Lambert,  avant  d'aller  cbez  la  princesse  Bagration. 

1.  Cf.  D'AifG^BBRO,  439-440.  Note  du  comte  de  Winlzinçerode  et  du  baron 
de  Linden,  Plénipotentiaires  du  Wurtemberg  aux  divers  membres  du  Comité 
charsé  des  affaires  Allemandes  en  date  de  Vienne  le  16  novembre  1814. 


l'ouverture   du  congrès.  —  LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      555 

809.  Vienne,  18  novembre  1814  (F.  4.  4743  ad  3565). 

Rapport  à  HAGËR 

Les  affaires  de  Pologne  et  de  Saxe  sont  stationnaires.  Tal- 
lejrand  ménage  la  résistance  de  la  Bavière.  Les  Prussiens 
sont  plus  irrités  contre  Hudelist  que  contre  Metternich  et  af- 
firment que  c'est  Hudelist  qui  tient  tous  les  lîls  de  la  politi- 
que autrichienne. 


810.  Vienne,  18  novembre  1814  (F.  4.  4743  ad  3585). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Talleyrand  a  dit  à  Alexandre  et  au  roi  de  Prusse,  qui  s'éle- 
vaient vivement  contre  la  conduite  du  roi  .de  Saxe  en  1813  : 
«  Vous  êtes  dans  le  même  cas.  Vous  n'avez  fait  la  guerre 
qu'aux  succès  de  Napoléon,  mais  non  à  ses  intentions  (1).  » 

On  prétend  que  Stein,  qui  ne  désapprouve  nullement  la  bro- 
chure Preussen  and  Sachsen  pourrait  bien  j  avoir  collaboré 
ou  l'avoir  inspirée. 


811.  Vienne,  18  novembre  1814  (F.  4.  4743  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Pourquoi  l'Angleterre  favorise  Tagrandlstement  de  la  Prusse. 

L'aveuglement  de  la  Russie. 

Les  Anglais  persistent  toujours  à  soutenir  que  la  politique 
exige  Tagrandissement  de  la  Prusse  dans  la  plus  grande  éten- 
due possible.  C'est  la  seule  puissance,  disent-ils,  que  nous 
pouvons  énergiquement  opposer  à  la  Russie.  Celle-ci,  par  son 
entêtement  sur  la  Pologne,  entre  aveuglément  dans  toutes  les 

2.  Cf.  Pièce  650.  Talleyrand  aurait  tenu  un  propos  à  peu  près  semblable, 
non  pas  dans  un  entretien  avec  les  souverains,  mais  au  cours  d'une  confé- 
rence avec  les  ministres  des  alliés.  Voir  la  lettre  de  Mavrojeni  au  prince  de 
Moldavie,  en  date  du  1*'  novembre. 


556  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VlENr«E 

concessions  qu'on  propose  en  faveur  de  la  Prusse  et  ne  yoit 
pas  qu'il  se  forme  ainsi  un  colosse  formidable  contre  elle.  Mais 
notre  politique  est  plus  prudente  que  la  sienne,  et  si  la  Russie 
conserve  la  Pologne,  nous  trouverons  d'autres  moyens  de  la 
balancer. 


812.  Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  4743  td  3565). 

L...  à  HAGER 

Alexandre,  son  entêtement,  l'indisposition  de  l'empereur  d'Autriche  et  U 
tension  des  rapports  entre  les  deux  empereurs.  Le  roi  de  Prusse.  L'affaire 
de  Saxe.  Hardenberg  et  Stackelberg. 

L'empereur  Alexandre,  vient  de  me  dire  le  major  prussien 
comte  Reichenbachy  a  tranché  le  Nœud  Gordien.  Il  ne  rendra 
rien  à  l'Autriche,  pas  même  Cracovie,et  persiste  à  dire  que,  si 
on  veut  lui  reprendre  la  Pologne,  il  s'y  opposera  par  tous  les 
moyens  dont  il  dispose  et  ne  reculera  pas  devant  la  guerre.  Ces 
propos  ont  tellement  contrarié  l'empereur  d'Autriche  qu'il  en 
est  tombé  malade,  et  c'est  là  la  raison  pour  laquelle  le  voyage 
en  Styrie  n'a  pas  eu  lieu.  Alexandre  a  même  un  moment  songé 
à  quitter  la  Burg  et  à  aller  habiter  l'hôtel  de  Razoumoffsky. 
Il  aurait  sans  aucun  doute  donné  suite  à  ce  projet  s'il  n'en 
avait  été  dissuadé  par  les  dames  russes  (1). 

La  façon  dont  la  Berliner-Zeitung  a  annoncé  la  prise  de 
possession  de  la  Saxe  par  la  Prusse  a  fortement  déplu  au  roi. 
€  C'est,  a-t-il  dit,  une  absurdité,  puisque  je  n'ai  pas  encore  la 
Saxe.  Il  faut  donner  une  bonne  leçon  au  Censeur  pour  lui  ap- 
prendre à  ne  pas  aller  plus  vite  que  les  violons.  » 

Le  chancelier  (Hardenberg)  a  eu  plusieurs  explications  fort 
vives  avec  le  roi,  qui  a  cédé  aux  conseils  du  général  Knese- 
beck.  Le  général  a  dit  au  roi,  que  Hardenberg  avait  assuré- 
ment des  sympathies  et  des  faiblesses  pour  l'Autriche,  mais 
que  d'autre  part  le  roi  ne  pouvait  dans  ce  moment  se  passer 
d'un  homme  qu'il  lui  serait  impossible  de  remplacer.  La  nation 
tient  à  Hardenberg,  a  confiance  en  lui  et  n'accepterait  pas  son 

1.  Il  s'agit  là  bien  probablement  de  l'intervention  des  deux  grandes-du- 
chesses, sœurs  d'Alexandre. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   557 

remplacement  par  quelque  obscur  conseiller  d^Etat.  Humboldt 
lui-même  est  encore  trop  neuf  et  n'est  connu  que  depuis  la 
guerre.  On  n'a  pas  encore  oublié  qu'il  avait  fait  assez  triste 
figure,  lorsqu'il  était  à  la  tète  de  Tlnstruction  et  des  Cultes  et 
qu'on  avait  dû  le  relever  de  ses  fonctions.  De  pareils  collabo- 
rateurs rendraient  le  roi  impopulaire  et,  dans  le  cas  d'une 
guerre  provoquée  par  de  semblables  ministres,  il  risquerait 
fort  d'être  abandonné  par  son  peuple.  Rien  n'empêchait  du 
reste  le  roi  de  prendre  conseil  de  ces  personnes,  afin  de  diriger 
et  de  modifier  de  cette  façon  les  propositions  et  les  vues  du 
chancelier,  et  le  général  aurait  de  la  sorte  obtenu  que  le  roi,  qui 
signait  dans  le  temps  sans  autre  forme  de  procès  les  pièces 
que  lui  présentait  le  chancelier,  ne  le  fait  plus  maintenant 
qu'après  avoir  pris  son  avis  et  consulté  ces  personnes. 

Reichenbach  commence  du  reste  à  se  rallier  lui-même  au 
chancelier,  parce  qu'il  est  en  bons  termes  avec  le  général,  avec 
lequel  il  a  été  jadis  en  Silésie  et  parce  qu'il  dépend  mainte*» 
nant  du  conseil  d'Etat  Beguelin,  une  créature  du  chancelier, 
auquel  ce  dernier  appartient  corps  et  âme.  Hardenberg  aurait, 
parait-il,  dit  à  Béguelin  :  «  On  me  malmène,  mais  c'est  moi 
qui  ai  sauvé  le  roi  et  le  pays.  Je  ne  me  laisserai  mettre  de- 
hors que  lorsque  mon  œuvre  sera  achevée.  » 

Reichenbach  m'a  encore  dit  que  le  roi  a  donné  ordre  de 
répondre  à  la  brochure  Sachsen  und  Preiissen.  Cette  réponse 
paraîtra  sous  peu  (1). 


813.  Vienne,  18  novembre  1814  (F  4.  4765  ad  3565). 

©©  à  HAGER  (en  français). 
Jugement  des  Viennois  sur  Alexandre  et  le  roi  de  Prusse. 

L'empereur  Alexandre  et  le  roi  de  Prusse  sont  devenus 
Tobjet  du  mépris  général.  Le  libertinage  outré  du  premier  et 
le  maintien  sévère  du  second  ont  armé  la  satire  contre  eux. 
Leurs  démarches  ont  été  épiées  et  leur  conduite  privée  soi- 

1.  Il  s'agit  de  la  brochure  Prenssen  ancf  S&chien,  dont  l'auteur  serait  le 
conseiller  intime  prussien  Hoffmann.  L'autre  brochure  également  anonyme 
aurait  été  rédigée  par  un  bavarois,  le  baron  von  Ardtin. 


558  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

gneusement  observée  ;  la  manière  dont  ils  se  sont  conduits  aux 
redoutes  publiques,  tout  a  contribué  à  les  faire  juger  avec 
sévérité,  de  sorte  qu'on  ne  parle  d'Alexandre  que  comme  d'un 
honteux  libertin,  de  Frédéric-Guillaume  que  comme  d'un 
rusé  fripon. 


814.  Vienne,  20  novembre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (F.  4.  4773  ad  3565) 
(Bordereau  et  rapport  journalier  du  20  novembre). 

Liste  et  envoi  le  19  novembre  (F.  4.  4441  ad  3565)  de  let- 
tres expédiées  par  Stein  et  Stackelberg  et  de  quelques  autres 
reçues  par  Wrede,  Rechberg,  Besserer  (sans  grand  intérêt). 

Liste  et  analyse  des  principaux  papiers  trouvés  et  dépouillés 
chez  le  chevalier  Bresson  de  Valensole  :  (Lettre  de  Bresson 
aux  maréchaux  du  18  octobre^  dans  laquelle  il  rend  compte 
de  son  entretien  avec  Talleyrand  et  une  autre  du  29  octobre, 
sur  son  entretien]  avec  Nesselrode.  Lettre  à  Nesselrode,  au 
sujet  des  dotations  du  maréchal  Ney,  dont  il  est  le  manda- 
taire. Lettre  à  Nesselrode,  pour  les  biens  du  duc  d'Albuféra. 
Note  en  faveur  des  maréchaux  adressée  à  Metternich.  Note  à 
Hardenberg  pour  Davout.) 


815.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4451  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Intercepté,  le  18,  deux  paquets  envoyés  par  Stein  à  Hedem- 
mann 

Annonce  de  la  perquisition  qui  sera  faite  chez  le  comte 
Bethusy. 

On  a  fouillé  le  bureau  de  Noailles  et  communiqué  les  pa- 
piers qu  on  y  a  trouvés  et  dont  on  a  fait  prendre  copie. 


l'ouverture  du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA  POLOGNE      559 
816.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

L'agent  0,  qui  renseigne  sur  le  ministre  de  Suède,  Bildt, 
sur  La  Harpe,  Radziwill  et  Ott,  a  réussi  à  se  donner  chez  eux 
Tair  d*un  patriote  Polonais  militant. 

Un  autre,  qui  n'a  plus  pour  le  renseigner  M.  Szuyski,  a 
gagné  la  confiance  de  Godakowski  (1)  et  de  quelques  autres, 
en  leur  prouvant  qu*il  avait  encore  une  partie  de  sa  fortune 
dans  le  district  de  Tarnopol  cédé  en  1809,  à  la  Russie. 


817.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

San  Vitale  et  les  craintes  de  Marie-Louise  au  sujet  de  Parme 
et  des  intentions  du  Congrès.  Les  désirs  des  Parmesans. 

Le  comte  de  San  Vitale  n'est  pas  encore  en  activité  de  ser- 
vice auprès  de  Marie-Louise,  qui  lui  a  manifesté  ses  craintes 
sur  son  sort  et  les  doutes  qu'elle  a  sur  la  décision  du  Congrès, 
qui  ne  lui  a  pas  encore  attribué  Parme,  quoique  ce  duché  lui 
ait  été  reconnu  par  traité. 

San  Vitale  a  ajouté  que,  malgré  les  rapports  optimistes  du 
ministre  Magawly  Cerati,  les  Parmesans  désirent  en  réalité 
voir  revenir  dans  le  duché  le  petit-fils  du  feu  duc. 


818.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

©0  à  HAGER 

Un  mot  de  la  duchesse  do  Sagan  sur  ses  maris.  Ce  qu'on  pense 

chez  la  Bagration. 

La  duchesse  de  Sagan  a  dit  à  sa  digne  amie,  la  comtesse 

1.  Patriotes  et  hommes  politiques  Polonais  qui  gravitaient  autour  de  Czar- 
toryski  et  de  Lubomirski  et  qui  fréquentaient  les  salons  polonais,  tels  que 
celui  du  comte  Skarbek  par  exemple. 


560  AUTOUR   DU   CONGRÈS  DE  VIENNE 

Fuchs  (1)  :  «  Je  me  ruine  en  maris  (faisant  ainsi  allusion  aux 
rentes  qu'elle  sert  à  Louis  de  Roban  et  à  Troubetzkoî).  Je  ne 
me  passerai  plus  cette  fantaisie  et  jamais  je  ne  prendrai  plus 
de  mari  (2).  » 

A  l'une  des  dernières  soirées  de  la  Bagration,  à  laquelle 
assistait  avec  ses  parents  une  des  filles  du  prince  Starhemberg, 
on  jouait  aux  jeux  innocents,  aux  gages,  aux  petits  papiers. 
Pendant  ce  temps  la  jeime  fille  s'en  alla  dans  le  salon  le  plus 
éloigné  avec  un  Russe  qui  ferma  la  porte  à  clef.  Le  prince 
s'en  aperçut  et  fit  sauter  la  serrure.  Une  fois  de  plus,  on  a 
répété  que  la  maison  de  la  Bagration  était  un  B...  et  qu'on 
s'étonnait  de  voir  une  mère  y  conduire  sa  fille. 


819.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Bruits  de  départ  de  Gasticreagh  et  d'Alexandre.  Diatribe  de  Kozlowski  sur 
l'Autriche,  Langenau,  la  Prusse  et  la  Saxe  ;  ce  qu'en  dirait  Napoléon.  La 
retraite  do  HoumiantsofT  et  la  situation  faite  à  Nesselrode.  Préparatifs  mi- 
litaires de  la  Prusse.  Un  mot  du  prince  royal  de  Bavière. 

On  parle  de  plus  en  plus  du  départ  d'Alexandre,  qui  aurait 
lieu  le  12  ou  le  13  et  de  celui  de  lord  Castlereagh^qui  va  avoir 
un  vilain  moment  à  passer  avec  le  Parlement, qui  le  rend  res- 
ponsable de  tout  ce  qui  se  passe  et  des  difficultés  actuelles. 

Le  prince  Kozlowski  a  dit  à  ce  propos,  hier  chez  Naris- 
chkine,  en  s'adressant  à  moi  :  «  Vous,  messieurs  les  Autri- 
chiens, vous  commencez  à  être  les  plus  difficiles.  C'est  votre 
Langenau  qui,  par  haine  personnelle  contre  les  Prussiens,  et 
parce  qu'il  s*agit  de  sa  patrie,  cherche  à  embrouiller  les  choses. 
11  paraît  qu'il  cherche  l'occasion  de  déployer  ses  talents  et 
c'est  pour  se  faire  un  grand  nom^  qu'il  brouille  tout  le  monde 
et  échauffe  les  têtes.  > 


1.  La  belle  comtesse  Laure  de  Fuchs,  dont  le  salon  était  alors  l'un  des 
plus  brillants  et  des  plus  recherchés  de  Vienne. 

3.  La  duchesse  ne  se  tint  pas  parole,  puisque  cinq  ans  plus  tard  elle  épousa 
Schlulenbourg. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   561 

Puis  il  dit  au  comte  Golovkine  (1).  «  Connaissez-vous  le 
libelle  Pretissen  und  Sachsen.  On  dit  que  c'est  par  le  fameux 
avocat  du  roi  de  Saxe,  traitre  à  la  chose  sacrée  de  l'Europe  et 
surtout  de  l'Allemagne.  » 

Comme  j'essayais  de  calmer  le  prince,  il  me  dit  :  «  Je  sou- 
haite que  vous,  les  Autrichiens, vous  n'ayez  pas  à  vous  en  re. 
pentir.  Je  donnerais  quelque  chose  pour  entendre  à  présent 
Napoléon  donner  son  opinion.  Il  a  eu  raison  de  dire  :  €Tai  tel' 
lement  embrouillé  les  choses  que  je  suis  curieux  de  voir  com^ 
ment  ils  s'arrangeront.  » 

Un  peu  plus  tard,  comme  on  parlait  de  la  retraite  de  Rou- 
miantsoff  (2;,  Golovkine  a  dit  en  français  à  Kozlowski  :  €  Ce 
n'est  pas  Nesselrode  qui  a  pris  la  place  de  Roumiantsoff,  c'est 
l'Empereur  lui-même  qxii  fait  tout  ;  il  est  capitaine  étant  mi- 
nistre de  la  Guerre,  ministre  des  Affaires  Etrangères  ;  Nessel- 
rode n'est  que  son  secrétaire  privé  ». 

Des  discours  tenus  dans  l'entourage  du  roi  de  Prusse  par 
le  lieutenant-colonel  Thiele,  chef  du  bureau  militaire,  et  le  major 
Hedemann,  il  résulte  manifestement  qu'ils  considèrent  la  rup- 
ture avec  l'Autriche  comme  inévitable  et  qu'on  prend  en  se- 
cret, en  Prusse,  des  mesures  pour  s'y  préparer.  Mais  l'opinion 
publique,  et  même  celle  de  l'armée,  y  est  nettement  opposée. 

En  visitant  hier  le  bureau  topographique,  le  prince  royal  de 
Bavière  n'a  pu  s'empêcher  de  donner  le  conseil  d'envoyer  des 
officiers  faire  des  levés  en  territoire  russe. 


820.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

LCEWENHIELM  à  ENGESTRŒM  [intercepta) 

(en  français)  (analyse). 

Proposition  faite  par  Metternich  à  Labrador  relativement 

aux  affaires  de  Toscane. 

Dans  la  dernière  séance,  le  prince  de  Metternich  a  proposé 

1.  Ministre  de  Hussie  à  Stuttgart,  Golovkine  ( Georges- Alexandrovitcb, 
comte)  conseiller  privé  actuel  avait  été  appelé  à  Vienne  ;  il  y  resta  pendant 
toute  la  durée  du  Congrès. 

2.  RoumiantsofT  (Nicolas-Petrovitch,  comte)  (1750-1826 >,  débuta  dans  la  di* 
plomatie  en  1791.  Successivementchambellan  à  l'avènement  d'Alexandre,  séna- 
teur, ministre  du  Commerce, puis  des  Affaires  Etrangères,  partisan  de  l'alliance 
française  et  de  Napoléon,  en  disgrâce  en  1812,  il  quitta  les  affaires  et  se  consa- 
cra aux  sciences  et  à  la  littérature. 

T.  I.  3« 


562  AUTOUR  DU   CONGRÈS    DE  VIENNE 

au  plénipotentiaire  d'Espagne  d'entrer  avec  lui  en  négociations 
relativement  aux  affaires  de  Toscane^à  la  possession  de  laquelle 
la  reine  d'Etrurie  veut  faire  valoir  ses  droits.  Metternich  et 
Labrador,  ne  se  reconnaissant  pas  mutuellement  comme  plé- 
nipotentiaires de  la  Toscane,  dont  la  possession  est  en  litige, 
convinrent  de  traiter  en  leurs  qualités  de  ministres  et  de 
plénipotentiaires  d'Autriche  et  d'Espagne,  afin  de  n'être  pas 
arrêtés  par  le  refus  de  reconnaître  leurs  pleins  pouvoirs  res- 
pectifs. 

Le  prince  de  Metternich,  ayant  proposé  de  s'adjoindre  les 
ministres  des  Puissances  dont  ils  réclamaient  l'intervention 
officieuse,  l'Autriche  a  appelé  l'Angleterre  de  son  côté  et  La- 
brador, les  plénipotentiaires  de  Russie.  Il  fut  convenu  égale- 
ment que  M.  de  Labrador  donnerait  aujourd'hui  au  prince  de 
Metternich  le  Mémoire,  dans  lequel  il  établit  les  droits  de  la 
reine  d'Etrurie. 

Le  prince  de  Metternich  ayant  déclaré  au  Conseil  prépara- 
toire qu'il  n'avait  aucune  autre  proposition  à  lui  faire  Je  Con- 
seil leva  la  séance. 


821.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTROEM  {intercepta)  en  français). 

Bruits  de  concessions  de  la  part  de  la  Russie  et  espérance  d'un  rèf^lement  des 

questions  de  Pologne  et  de  Saxe . 

Les  négociations  préparatoires  sont  à  peu  près  dans  les 
mêmes  termes.  Hier  cependant  on  a  dit  qu'il  y  avait  quelques 
apparences  d*un  rapprochement  et  d'un  aplanissement  des  dif- 
férends au  sujet  de  la  Pologne,  et  que  la  Russie  paraissait  dis- 
posée à  borner  ses  prétentions  sur  le  duché  de  Varsovie  à  la 
partie  qui  est  située  sur  la  rive  droite  de  la  Vistule.  Comme 
la  Prusse,  moyennant  cette  modération  de  la  Russie,  recouvre- 

1.  Cf.  d'ÂNGEBBRO,  500-503,  4"*  protocole  de  la  séance  du  9  décembre  et 
5**  protocole  de  la  séance  du  10  décembre  des  plénipotentiaires  des  Hautes 
Puissances  signataires  du  traité  de  Paris.  11  n'est  fait  aucune  mention  des 
affaires  de  Toscane  dans  le  procès-verbal  de  la  séance  du  13  novembre  (/iiid., 
435),  et  ce  fut  seulement  dans  la  séance  du  10  décembre  qu'on  adopta  la  pro- 
position d'inviter  la  France,  la  Russie  et  l'Angleterre  à  intervenir  dans  la 
discussion  de  la  question  de  la  Toscane  et  qu'on  désigna  comme  plénipoten- 
tiaires Labrador,  Wessenberg,  Noailles,  Qancarty  et  Nesselrode. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA  POLOGNE      563 

rait  une  partie  considérable  de  ses  provinces  polonaises  cédées 
par  le  traité  de  Tilsit,  on  croit  qu'elle  se  contentera  des  deux 
Lusaces  avec  une  population  de  4  à  500.000  âmes,  et  que  la 
Saxe  proprement  dite,  à  quelques  cessions  près  pour  faire  une 
frontière  plus  convenable  à  la  Prusse,  pourrait  être  conservée 
à  son  roi, à  qui  il  resterait  pourtant  environ  1.500.000  sujets. 


822.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

CAMPOCHIARO  à  GALLO  {intercepta)  (en  italien)  (analyse). 

Il  Tentretient  de  la  déclaration  faite  par  Roccaromana  en 
passant  par  Ancône  (1),  où  il  aurait  annoncé  que  Murât  avait 
été  reconnu  par  le  Congrès.  Il  lui  fait  remarquer  que  la  Rus- 
sie et  la  Prusse  n'ont  pas  caché  qu'elles  l'avaient  reconnu,  que 
l'Angleterre  n'avait  pas  nié  qu'elle  avait  eu  des  relations  offi- 
cielles avec  le  Chef  du  Gouvernement  de  Naples.  Mais  qu'à 
son  avis,  il  serait  sage  de  ne  rien  poblier  à  ce  propos  dans  le 
royaume.  Il  espère  du  reste  que  cet  incident  ne  donnera  pas 
lieu  à  des  réclamations. 


823.  Vienne,  19  octobre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

BRESSON  de  VALENSOLE  aux  maréchaux  de  France 
{intercepta)  (en  français)  (analyse). 

Talleyrand,  auquel  il  s'est  adressé  avant  de  faire  aucune 
autre  démarche,  lui  a  répondu  :  <  Le  principe  des  dotations  a 
été  abandonné.  Nous  ne  pouvons  plus  obtenir  que  des  excep- 
tions particulières.  J'ai  l'ordre  du  roi  et  je  travaille  de  cœur 
pour  Messieurs  les  Maréchaux. 

Je  suis  fort  aise  que  vous  veniez  pour  le  prince  de  la  Mos- 
kowa  et  autres.  Ce  n'est  pas  inutile.  Agissez.  Je  vous  appuye- 
rai  de  tout  mon  pouvoir.  Nous  marcherons  ensemble.  Vous 
pouvez  compter  sur  moi.  » 

J'ai  dit  au  prince  que  j'ai  une  lettre  pour  M.  de  Metternich 
au  sujet  du  Monte  Napoleone  :  «  C'est  au  mieux,  m'a-t-il  dit  • 

1.  Cf.  pour  plus  de  détails  sur  la  déclaration  faite  à  Ancône  par  Roccaromana 
au  général  Carrascosa  et  sur  ses  conséquences,  G*  Wbil,  Joàchim  Murai ,  Là 
dernière  année  de  règne  y  l,  363-365. 


504  AUTOUR   DU  CONGRÈS  Dl  VIENNE 

insistoi,  insi»tei^  sur  ce  Monte  Napoleone.  Je  loi  en  ai  pailè, 
mais  attaquez-le  vivement  là^dessus.  » 

Bresson  ajoute  qu*il  est  aUé  chex  Mettemich,  mais  n'a  pu 
le  joindre»  quWlexandre  Ta  reçu  quelques  heures  avant  Tex- 
(HHtition  de  cette  lettre,  «  Sa  Majesté,  écrit-il,  me  dit  qn'EDe 
fer;i  ce  qui  est  juste  en  autorisant  Xesselrode.  > 


8>4«  VMue,  t\  myrtmbft  til4  iF.  4.  47»  ad 

HAOER  à  L'EMPEREUR 
iWvdef^MU  et  rapport  jounalier  du  21  oorembre  1814. 


Kv?«va&Y  X  ÎL\ù£R 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      565 

envoie  copie  des  articles  discutés  ce  jour  (1)  dans  la  conférence 
des  cinq  Etats  allemands.) 


826.  Vienne,  20  novembre  1814  (F.  4.  4781  ad  3865). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
Nouvelles  politiques  contradictoires  recueillies  dans  les  salons  politiques. 

On  affirme  dans  le  grand  monde  que  Parme  fera  retour  à  la 
Reine  d'Etrurie,  que  Marie-Louise  résidera  à  Prague,  que  T  Au- 
triche aura  les  trois  Légations,  que  le  roi  de  Prusse  se  char- 
gera du  sort  de  la  Maison  de  Saxe,  que  Luxembourg  sera 
donné  au  prince  d'Orange  et  que  Murât  sera  pensionné  par 
r  Angleterre. 

On  racontait  d'autre  part  qu'Alexandre  (2),  obligé  de  renon- 
cer à  ses  projets  sur  la  Pologne,  en  serait  tombé  malade,  que 
la  Prusse  renonçait  à  la  Saxe,  que  le  roi  de  Bavière  était  plus 
monté  que  jamais  contre  la  Prusse.  Il  paratt  positif  qu'A- 
lexandre a  promis  aux  Suisses  qu'on  ne  toucherait  pas  à  leur 
pays,  ni  à  leurs  institutions.  Les  provinces  rhénanes  sont  très 
mécontentes  des  résolutions  du  Congrès  à  leur  égard. 


827*  Vienne,  30  novembre  1814  (F.  4. 4781  ad  3505). 

00  à  HAGER  (en  français). 

La  Russie  semble  modérer  ses  exigences  sur  la  Pologne.  En 
revanche,  le  prince  Antoine  de  Saxe  a  bien  peu  d'espoir  pour 
son  pays,  si  peu  même  qu'il  songe  à  venir  s'établir  à  Prague. 
On  vient  de  recevoir  la  protestation  que  le  roi  de  Saxe  a  rédi- 
gée à  Berlin  (3)  et  on  espère  qu'elle  sera  publiée  par  le  BeO' 
bachter. 

1.  16  novembre.  Cf.  d'AifOBBBRO,  438-449.  Treizième  protocole  des  affaires 
d'Allemagne  et  remise  de  notes  par  Win tzinge rode  et  Linden,  les  plénipo- 
tentiaires de  29  princes  souverains  et  villes  libres,  les  plénipotentiaires  du 
duc  de  Bi'unswick,  de  Bade,  du  prince  de  la  Leyen,  etc. 

2.  Cf.  d'AnoBBERQ,  450-450,  lettre  de  l'Empereur  Alezande  en  réponse  à  U 
lettre  du  4  novembre  de  Lord  Castlereagh.  Vienne,  9-31  novembre  1814. 

3.  Cf.  d'ANOBBBRO,  401-403,  protestation  du  roi  de  Saxe.  Friedrichsfeld, 
4  novembre  1814. 


566  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

828.  Vienne,  30  novembre  1814r(F.  4.  4781  ad  8565). 

ee  à  HAGER 

Le  mot  du  prince  de  Li^e  et  tt  réponte  à  Alexandre.  Mot  de  la  Tour 
du  Pin  sur  Mettemich.  Le  Confiés  et  le  Code  Napoléon. 

«  Le  Congrès  ne  marche  pas,  il  danse  »,  a  dit  ces  jours-ci  le 
prince  de  Ligne,  et  comme  Alexandre  le  lui  reprochait,  il 
ajouta  :  <  Oui  Sire,  il  se  peut  bien  que  j'aie  fait  cette  plaisan- 
terie. Mais  il  me  paraît  qu'il  en  est  bien  ainsi.  » 

La  Tour  du  Pin  a  dit  hier  soir  :  «  Le  Prince  de  Mettemich 
«  n'est  entreprenant  qu'avec  les  femmes.  D'après  ce  qui  se 
«  passe  avec  la  Pologne  et  la  Saxe,  il  ne  peut  plus  y  avoir 
«  d'équilibre  sur  le  Continent.  L'Autriche  y  passera  avant  la 
«  France.  Elle  sera  enveloppée  à  la  fois  par  la  Prusse  en 
«  Bohème  et  par  la  Russie  en  Hongrie  et  en  Galicie.  » 

On  prétend  qu'on  va  proposer  au  Congrès  l'abrogation  géné- 
rale du  Code  Napoléon. 


829.  Vienne,  30  novembre  1814  (F.  4.  4781  ad  5565). 

©©à  HAGER  (en  français). 

Caractère  politique  de  la  chasse  chei  le  prince  Esterhazy.  Aggravation 
et  gravité  de  la  situation  d'après  Gaertner. 

Je  reviens  de  la  chasse  donnée  à  Eisenstadt  par  le  prince 
Esterhazy.  Elle  a  eu  un  caractère  nettement  politique,  puis- 
qu'il n'y  avait  là  ni  Prussiens,  ni  Russes.  Mais  lord  Castle- 
reagh,  Wrede,  le  duc  de  Saxe-Weimar,  etc. 

Gaertner,  que  j'ai  rencontré  aujourd'hui  à  Laxenburg,  a  eu 
la  même  impression  que  moi. 

Il  m'a  dit  de  plus  que  les  affaires  lui  semblaient  se  gftter 
fortement.  L'Autriche  renforçait  son  armée.  La  Prusse  venait 
d'envoyer  à  Berlin  un  colonel  chargé  d'y  porter  des  ordres 
analogues.  Hardenberg  est  très  monté  contre  Mettemich,  parce 
que,  bien  qu'il  ait  réussi,  non  sans  peine,  à  amener  son  roi  à 
s'éloigner  de  la  Russie  et  à  se  rapprocher  de  TAutriche,  le 
prince  de  Mettemich  n'en  avait  pas  moins  cru  devoir  tenir 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   567 

une  conférence  secrète  avec  la  France,  la  Bavière  et  l'Angle- 
terre. La  Prusse  n'a  donc  plus  autre  chose  à  faire  qu'à  se  lier 
plus  étroitement  que  jamais  avec  la  Russie. 


830.  Vienne,  20  novembre  1814  (F.  4.  4781  ad  3565). 

e  e  à  HAGER 

Les  fiançailles  Cobourg-Kohary.  Les  embarras  delà  Cour  d'Autriche  au  stget 
des  tableaux  vivants.  Imminence  d'un  soulèvement  général  en  Italie. 

Il  parait  que  le  second  des  Cobourg,  le  prince  Ferdinand, 
qui  est  au  service  de  TAutriclie,  va  épouser  M"*  Kohary  (1) 
qui,  on  le  sait,  est  une  riche  héritière. 

On  raconte  qu*on  est  dans  les  plus  grands  embarras  à  propos 
des  tableaux  vivants  qu'on  veut  représenter  à  la  Cour  pendant 
TAvent.  L'Empereur  de  Russie  s'oppose  à  ce  qu'on  figure  des 
tableaux  de  sainteté,  donc  pas  de  Madones,  pas  de  Madeleines, 
et  le  Roi  de  Prusse  n'admet  pas  qu'on  choisisse  une  scène 
tirée  de  l'Ancien  ou  du  Nouveau  Testament. 

On  parle  beaucoup  des  Mémoires  de  la  Reine  cTEtrurie  écrits 
par  elle-même  qui  viennent  de  paraître.  Le  comte  Antonelli, 
que  je  crois  être,  —  et  j'ai  de  bonnes  raisons  pour  cela,  — un 
agent  secret  bavarois,  a  dit  hier  devant  moi  que  l'Italie  était 
bien  plus  près  d'un  soulèvement  général  qu'on  ne  le  sait,  et  sur- 
tout qu'on  ne  le  croit. 

831.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.4443  ad  3368). 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (F.  4.  4795  ad  3565). 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  22  novembre. 

Envoi  de  nombreux  intercepta,  mais  pour  la  plupart  sans 
grand  intérêt. 

1.  Marie  Antonia.  comtesse,  puis  princesse  Kohary,  épousa  en  effet  Ferdi- 
nand de  Cobourg,  mais  un  peu  plus  tard,  dans  les  premiers  mois  de  1816. 

Saxe-Gobourg  (Ferdinand-Georges-Auguste,  duc  de)  (1785-1851),  frère  du 
duc  régnant  Ernest,  marié  à  la  princesse  de  Kohary.  Il  en  eut  trois  enfants 
dont  l'un,  Ferdinand,  épousa  dona  Maria  II,  reine  de  Portugal,  et  l'autre  le 
prince  Auguste,  la  princesse  Clémentine,  fille  de  Louis-Philippe.  Sa  fille  Vic- 
toria épousa  en  1840  le  duc  de  Nemours.  Le  duc  Ferdinand  est  le  grand-père 
du  Cobourg  de  Sofia. 


568  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

On  peat  tout  au  plus  signaler  les  pièces  suivantes  :  Tchernit- 
cheff  à  Kozlovrski  ;  anonyme  à  Noailles  ;  anonyme- à  Capo  d'Istria. 

Paquets  interceptés  chez  lord  Castlereagh. 

Stein  à  Capo  d'Istria  (envoi  de  deux  mémoires  manuscrits  et 
d*un  mémoire  imprimé). 

Stein  à  La  Harpe  (Mémoire  sur  la  Suisse,  avec  prière  de  le  lui 
retourner). 

832.  Vienne,  21  novembre  1814  (F.  4.  4823  ad  3565). 

EMPEREUR  D'AUTRICHE  à   HAGER 

Analyse  de  ses  ordres  en  date  de  ce  jour. 

Approbation  des  mesures  proposées  par  Hager  et  de  celles 
contenues  dans  son  rapport  du  18  novembre. 

Ordre  de  faire  surveiller  le  major  Malczewski,  de  mettre 
Schwarzenberg  au  courant  de  ses  relations  avec  le  lieutenant 
Zalokovsky  (du  régiment  de  uhlans  Scbwarzenberg)  (1)  et  du 
projet  de  cet  officier  d'aller  à  Varsovie  (2)  et  enfin  de  surveil- 
ler de  près  le  comte  Bethusy  pendant  son  séjour  à  Graz  et  peu* 
dant  tout  le  temps  qu'il  restera  en  Autriche. 


838.  Vienne,  21  novembre  1814  (F.  4.  4442  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

Rapport  de  chez  le  Nonce.  Bruit  persislant  de  l'annulation 

du  mariage  de  Marie-Louise. 

On  ne  révoque  plus  en  doute  que  le  Pape  ait  frappé  de  nul- 
lité le  mariage  de  Bonaparte  avec  Tarchiduchesse  Marie-Louise. 
On  donnait  pour  certain  que  la  Cour  de  Vienne  avait  déjà  pris 
des  dispositions  pour  éluder  les  anathèmes  du  Vatican  et  qu'elle 
venait  de  faire  partir  les  deux  généraux  KoUer  et  Neipperg 
pour  l'île  d'Elbe  et  pour  Rome  (3). 

1.  Cf.  Ibidem,  4  décembre  1814  (F.  5.  4927  ad  3565).  Hager  à  l'Empereur 
(Bordereau  et  rapport  journalier).  Il  lui  mande  que  :  «  roflicier,  dont  on  a 
signalé  les  rapports  avec  le  major  Malczewski,  s'appelle  Sologowski.  Il  est  en 
congé  et  appartenait  au  régiment  de  uhlans  Merveldt.  Avis  de  ces  faits  a  été 
donné  à  Schwarzenberg.  » 

3.  Voir  à  cet  elTet,  une  note  de  Hager  au  prince  de  Schwarzenberg  en  date  du 
24  novembre. 

3.  Aucun  de  ces  doux  généraux  ne  reçut  semblable  commission. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LÀ  SAXE  ET  LA  POLOGNE   â69 

834.  Vienne,  21  novembre  1814  (F.  4.  4442  ad  3565). 

0  0  à  HAGER  (en  français). 
Mot  d'Alexandre  à  la  comtesse  Szecbenyi  au  bal  de  chez  Palffj. 

Au  bal  chez  le  comte  François  Palffy,  Alexandre,  qui  admire 
beaucoup  la  beauté  de  la  comtesse  Szechenyi-Guilfordy  lui  dit  : 
€  Votre  mari  est  absent.  Il  serait  bien  agréable  d'occuper  pro- 
visoirement sa  place.  » 

La  comtesse  lui  répondit  :  <  Est-ce  que  Votre  Majesté  me 
prend  pour  une  province.  » 

On  a  raconté  chez  Bartenstein  que  l'Empereur  Alexandre 
ne  désarme  pas  contre  Metternich  et  qu'il  a  dit  à  l'Empereur 
François  avant  son  indisposition  :  «  Votre  Metternich  veut  nous 
brouiller  ensemble.  » 

Tous  les  soirs,  excepté  le  lundi,  il  y  a  maintenant  souper 
ouvert  chez  Castlereagh  à  11  heures  du  soir.  Y  reste  à  souper 
qui  veut.  On  j  rencontre  toujours  tous  les  Anglais  et  Anglaises, 
la  Jablonowska,  la  Waldstein-Rzewuska,  la  Lubomirska  et 
un  petit  nombre  d'autres  personnes. 

Dalberg  a  dit  hier  chez  TrauttmansdorfF,  qu'il  ne  croit  pas 
que  l'Empereur  de  Russie  veuille  risquer  de  s'engager  dans 
une  nouvelle  guerre  et  que  l'Autriche  n'avait  qu'à  tenir  bon 
et  à  augmenter  ses  préparatifs  et  ses  démonstrations.  Linden, 
Tûrkheim  et  quelques  autres  ont  tenu  le  même  langage. 


835.  Vienne,  21  novembre  1814  (F.  4.  4442  ad  3565). 

©©à  HAGER  (en  français). 

Le  prince  Charles  de  Bavière.  Le  grand-duc  de  Bade  et  M"**  Morel. 
Le  prince  Eugène  et  les  dominos  noirs. 

Le  prince  Charles  de  Bavière  a  été  très  réservé  à  la  redoute 
de  Sainte-Catherine.  On  prétend  que  cette  réserve  lui  a  été 
imposée  par  son  état  de  santé.  Il  ne  serait  pas  tout  à  fait  remis 
d'une  petite  anicroche  amoureuse. 

Le  grand-duc  de  Bade  y  est  resté  jusqu'à  4  h.  1/2,  mais  il 
ne  s'est  occupé  que  de  sa  Morel. 


970  AcrocB  fiC  œxBts  0c  tiette 

Le  prince  Eo^pèDe  a  eo  une  eoarersatkm  des  phs 
arec  deux  dominos  noirs. 


Vienne,  M  noreaibre  IftU  {F.  4.  413  ad  liO  . 

es  à  HAGER 

La  partie  d?  chaste  d'Eiaeastadt  et  le  moi  de  Wrède  i 

Cramlei  et  eapoirm  de*  Po»oais. 

A  la  chasse  donnée  par  le  prince  Esterbazr  â  Kis^n^tadt, 
Wrede  a  dit  à  lord  CasUereagh  :  c  Ooi,  Mjlord,  nous  axons 
<  terrassé  un  monstre.  Mais  il  Cant  prendre  garde  de  ne  pas 
€  loi  en  substituer  un  antre.  11  £aut  mettre  une  di^ue  à  Tarn- 
€  bition  de  la  Russie  et  de  la  Prusse.  » 

.••  On  dit  généralement  parmi  les  Polonais  que  depuis  deux 
jours  l^mpereur  de  Russie  se  montre  plus  flexible  aux  rues 
de  r Autriche  (1).  Mais  ils  ne  désespèrent  pourtant  pas  de  la 
réussite  de  leurs  souhaits  patriotiques,  disant  que  cela  ne  sera 
pas  possible  tout  d'un  coup  et  ne  voulant  qu'une  espèce  de 
constitution  en  nation,  qui  leur  permettra  de  parvenir  un  jour 
à  Taccomplissement  de  leurs  désirs. 


837.  Vienne,  31  noTcmbre  lbl4  (F.  4.  4463  ad  3S65». 

Rappobt  à  HAGER 

Antteltsur  Âlezandr:  et  la  Pologne.  Les  préparatifs  et  les  armeraenta.  Pro- 
jets d'Alexandre  en  cas  de  guerre.  L'Aotriche  et  la  France.  Causes  de  la 
disgrâce  d'Anstett  et  son  départ  prochain. 

D'après  ce  qu'Anstett  m'a  dit  en  confidence,  Alexandre 
persiste  dans  ses  vues  et  ses  idées  sur  la  Pologne  comme  dans 
ses  préparatifs.  Le  menacer  d'une  guerre  à  ce  propos,  ce  serait 
jouer  son  jeu.  Il  presse  les  armements  et  rincorporation  des 
Polonais  (il  y  en  a  72.000  d'enrégimentés).  En  cas  de  guerre, 
il  soulèvera  la  Galicie  et  la  Hongrie.  Malgré  le  mystère  qu'on 

1.  Allusion  à  la  lettre  d'Alexandre  à  lord  CasUereagh.  Cf.  d' Axgbbbro,  4M- 
4M. 


l'ouverture  ou  congrès.  —  LA  SAXB  ET  LA  POLOGNE   571 

en  faityil  sait  que  TAutriche  arme  etapproyisionne  ses  places... 
Il  sait  aussi  que  pour  rester  bien  avec  la  France  et  avoir  son 
concours,  l'Autriche  est  toute  disposée  à  abandonner  Murât. 

Anstett  ne  m'a  pas  caché  qu'il  a  encouru  la  disgr&ce 
d'Alexandre  pour  avoir  essayé  de  le  dissuader  de  ses  projets 
sur  la  Pologne. 

Anstett  compte  réellement  partir  sous  peu,  puisqu'il  ne  peut 
pas  prendre  part  aux  séances  et  aux  travaux  du  Congrès. 


838.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4442  ad  3565). 

HARDENBERG  à  lord  CASTLEREAGH(m/crce/)/a)  (en  français). 

Le  Soussigné  s'empresse  de  répondre  à  la  note  de  Mylord 
Castlereagh  en  date  du  11(1).  lise  fait  un  devoir  de  renouveler 
par  écrit  la  déclaration  qu'il  a  déjà  faite  que  :  «  Loin  d'avoir 
autorisé  ^insertion  de  la  pièce,  dont  il  est  question  dans  cette 
note^  dans  les  gazettes  étrangères,  il  n'en  avait  pas  même  la 
moindre  connaissance.  » 

Il  vient  d'ordonner  des  recherches  exactes  sur  ce  sujet  et  aura 
l'honneur  de  faire  part  des  résultats  à  Son  Excellence.  En  at- 
tendant, il  est  charmé  de  pouvoir  le  prévenir  que  la  pièce  sus- 
mentionnée n'a  pas  paru  dans  les  gazettes  de  Berlin  et  que  le 
Censeur  en  a  même  défendu  l'impression. 


839.  Stuttgart,  4-16  novembre  1814  (F.  4.  4442  ad  3565). 

BOUTINIEFF  (2)  à  NESSELRODE  (intercepta)  (en  français). 

Préparatifs  pour  la  réception  du  tzar.  Appel  à  Vienne  de  diplomates  -wur- 
temburgeoia.  Satisfaction  causée  au  roi  par  la  célébration  de  sa  fête  à 
Vienne. 

Tous  les  prépara  tifs  pour  la  réception  de  l'Empereur  devaient 
être  achevés  pour  la  fin  du  mois,  quoique  le  courrier,  arrivé 

1.  Cf.  Pallair.  Correspondance  inédite  de  Talleyrand  et  de  Louis  XVIII, 
Talleyrand  au  roi,  Vienne,  17  novembre  1814,  dépêche  n*  12,  pages  130-131. 
Note  relative  à  une  note  confidentielle  de  lord  Castlereagh  au  prince  de  Har 
denberg  en  date  du  11  octobre  1814,  et  dans  laquelle  il  répondait  à  une  de- 
mande d'occupation  de  la  Saxe  par  l'administration  prussienne. 

2.  Secrétaire  de  la  Légation  à  Stuttgart  (1814),  plus  tard  Ministre  de  Russie 
à  Constantinople. 


672  AUTOUB   DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

avant-hier  de  Vienne,  n'ait  encore  rien  apporté  de  positif  même 
sur  le  départ  du  Roi,  qui  doit  précéder  de  quelques  jours  Sa 
Majesté  Impériale.  On  parlait  hier  du  voyage  prochain  du  comte 
Zeppelin(l)  à  Vienne,  qui  doit  y  avoir  été  demandé  à  la  suite  du 
peu  de  succès  des  plénipotentiaires  du  roi  à  Vienne  jusqu*ici. 
On  dit  aussi  que  la  comte  Wintzingerode  (2)  fils  avait  été  aussi 
appelé  à  Vienne.  Le  comte  de  Dillen  croit  que  le  roi  a  été  ex- 
trêmement sensible  et  satisfait  de  Tattention  avec  laquelle  on  a 
fêté  son  jour  de  naissance  à  Vienne. 

840.  Vienne,  21  novembre  18U  (F.  4.  4442  ad  3565). 

CORSINI  au  grand-duc  de  TOSCANE  {intercepta)  (analyse). 
Son  appréciation  sur  la  question  de  la  Toscane. 

Il  croit  et  a  dit  à  Metternich  que  la  restitution  de  la  Tos- 
cane au  grand-duc  n'est  pas  une  question  qui  doive  entrer 
dans  les  attributions  du  Congrès,  pas  plus  du  reste  qu'aucime 
question  d'indemnité. 

De  son  côté,  Metternich  lui  a  déclaré  la  veille,  que  la  recon- 
naissance du  souverain,  qui  régnera  sur  la  Toscane,  n'est  en 
effet  pas  une  question  qui  soit  du  ressort  du  Congrès,  puisqu'elle 
est  basée  sur  des  traités  déjà  anciens.  Il  lui  a  dit  de  plus,  qu'il 
se  proposait  de  rédiger  et  de  remettre  une  note  conçue  dans 
ce  sens,  mais  qu'il  attendrait  pour  faire  cette  manifestation 
d'avoir  reçu  la  note  que  Labrador  lui  a  annoncée. 

841.  Vienne,  23  novt-mbre  1814  (F.  4.  4462  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR 

(Bordereau  et  rapport  journalier  du  23  novembre 

(F.  4.  4828  ad  3565). 

Intercepta  et  projets  de  l'ex-roi  Jérôme.  Envoi  de  chiffons  venant  de  chez 

Dalberg  et  Nesselrode.  Les  affaires  de  Saxe. 

Il  appelle  son  attention  sur  la  pièce  interceptée  contenant 

1.  Ministre  plénipotentiaire  de  Wurtemberg  à  Paris. 

2.  Wintzingerode  (Ch  irles-Prédério-Levin,  comte),  né  en  1778,  fils  du  mi- 
nistre d'état  du  roi  de  Wurtemberg.  Il  avait  été  ministre  successivement  à 
Karlsruhe,  Munich,  Paris,  Saint-Pétersbourg,  Vienne,  puis  au  quartier  général 
des  Souverains  Alliés  en  1814. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   573 

Texposé  des  projets  de  l*ex-roi  de  Westphalie,  qui  voudrait  se 
rendre  par  Ferrare  à  Bologne.  Comme  le  montre  ce  document, 
Jérôme  voulait  d*abord  aller  à  Rome,  où  son  frère  Lucien  l'in- 
vitait à  venir  le  rejoindre. 

Hager  signale  ensuite  les  Chiffons  venant  de  chez  Dalberg 
et  Nesselrode. 

«  Sa  Majesté,  écrit-il,  verra  ensuite  J  que  Tétat  des  affaires 
en  Saxe  inquiète  Stein  et  que  le  colonel  von  Miltitz,  qui  vient 
d'en  revenir,  en  rapporte  une  mauvaise  impression. 


842.  Trieste,  14  noTombre  1814  (F.  4.4402  ad  3505). 

JÉRÔME  NAPOLÉON  à  PÛRSTENSTElN(l) 
{Intercepta)  (en  français). 

L'insécurité  et  la  saisie  des  correspondances  par  la  poste.  A  cause  du  pape, 
il  s'établira  à  Bologne.  Il  lui  conseille  de  faire  sa  cour  à  Marie-Louise  et  au 
roi  de  Rome. 

Le  comte  de  Malsbourg  est  arrivé  hier  soir.  Je  ne  puis  m'ex- 
pliquer  comment  il  se  fait  qu'étant  parti  le  8  au  soir,  vous 
n'eussiez  pas  reçu  les  lettres  que  je  vous  ai  écrites  sous  le  cou- 
vert de  MM.  Arnstein  et  Eskeles,en  date  du  28  et  31  du  mois 
dernier.  Priez  ces  Messieurs  de  les  réclamer.  Je  vous  ai  égale- 
ment écrit  le  5  et  le  7  et  dans  cette  dernière,  deux  lettres  pour 
le  baron  de  Gayl  se  trouvaient  incluses.  Je  connaissais  déjà 
la  curiosité  des  postes,  mais  je  pensais  qu'une  fois  satisfaite,  on 
ne  pousserait  pas  l'indiscrétion  jusqu'à  arrêter  la  correspon- 
dance si  longtemps. 

D'après  ce  que  j'apprends  du  pape,  je  préfère  m'établir  à 
Rologne  et  j'irai  avec  plaisir  par  eau  jusqu'à  Ferrare,  si  par 
ce  moyen  il  y  avait  possibilité  d'obtenir  mes  passeports  plus 
tôt.  Sinon,  j'attendrai  jusqu'à  la  (in  du  Congrès,  s'il  le  faut 
absolument. 

1.  Fûrstenstein  (Le  Camus,  comte  de),  Ministre  secrétaire  d'Etat  aux  ÂfTai- 
res  Etrangères  du  royaume  de  Westphalie,  envoyé  à  Paris  par  la  reine  Cathe- 
rine pour  obtenir  la  restitution  des  objets,  bijoux  et  valeurs  volés  parMau- 
breuil,  revenu  à  Graz  par  ordre  de  la  reine  le  15  septembre  1814  (cf.  Mémoire» 
el  correspondance  du  roi  Jérôme  et  de  la,  reine  Catherine^  t.  VI.  Cf.  Wbl- 
VBRT.  Napoléon  et  la  Police^  pages  200-311). 


S74  AUTOUE  DU  005GBÈS  DE  YIES^E 


Je  Yons  autorise  à  avancer  à  M.  Lebon  (1)  une  somme  de 
2.000  francs.  Dites  à  M.  R...  que  ni  moi,  ni  la  reine,  n'aTons 
reçu  la  lettre  qu'il  dit  avoir  écrite  avant  celles  qu'il  a  remises 
an  comte  de  Malsboui^. 

Je  vous  engage  à  demander  à  faire  votre  cour  à  rimpératrice 
Marie-Louise  et  au  roi  de  Rome,  si  toutefois  vous  n'y  voyez 
pas  d'inconvénient.  Mais  pour  peu  que  cela  puisse  donner  le 
moindre  ombrage,  n*en  faites  rien.  Vous  me  donnerex  seulement 
des  nouvelles  de  leurs  santés. 

N'oubliez  pas  de  numéroter  vo^  lettres  à  commencer  de 
celles  que  vous  m'écrirez  en  réponse  à  celle-ci. 


843.  Vienne,  21  novembre  1814  (F.  4.  4443  ad  35«S). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Lei  conséquences  des  affaires  de  Polo^e  et  de  Saxe.  Regrets  tardifs 
de  l'Angleterre.  La  perfidie  de  la  Russie  et  de  la  Prusse. 

€  En  formant  un  royaume  du  Duché  de  Varsovie  et  de  la 
Lithuanie,  a  dit  ces  jours-ci  Tallejrand  au  prince  de  ligne^ 
et  en  leur  donnant  une  Constitution,  les  Russes  ne  pensent 
pas  qu'ils  auront  en  Lithuanie  tous  les  nobles  entre  eux,  parce 
que  dans  ce  pays,  ils  ont  depuis  longtemps  joui  des  privilèges 
de  la  noblesse  russe  envers  leurs  paysans.  D'un  autre  côté,  la 
Saxe  produira  une  révolution  et  la  révolution  de  la  Saxe  ne 
sera  pas  une  petite  explosion  ;  elle  aura  bien  des  partisans  et 
du  soutien  en  Allemagne. 

Le  cabinet  anglais  voit  à  présent  sa  faute.  En  criant  qu'il 
fallait  punir  le  roi  de  Saxe  et  en  donnant  la  Saxe  à  la  Prusse, 
l'Angleterre  a  agi  contre  ses  intérêts.  Il  est  vrai  de  dire  que 
la  Russie  et  la  Prusse  ont  trompé  les  autres  coalisés.  L'as- 
tuce de  leurs  cabinets  est  connue  à  présent.  La  Russie  et  la 
Prusse  ont  placé  des  armées  dans  les  pays  que  ces  puissances 
voulaient  conserv^er  par  la  suite.  Les  autres  ont  été  aveuglés 
là-dessus.  A  présent,  qui  réparera  les  choses  ?  C'est  trop  tard. 
Il  faut  leur  dire  comme  à  Georges  Dandin  :  €  Tu  l'as  voulu.  > 


1.  Intendant  et  homme  de  confiance  d'Elisa  Bacciochi. 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA  SAXE   ET   LA  POLOGNE      575 


844.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.  4402  ad  3505). 

STEIN  à  HARDENBERG  {intercepta)  (en  français). 

Je  VOUS  renvoie,  mon  Prince^  les  papiers  sur  l'affaire  des 
conseillers  saxons.  Dans  Tinstant  entre  chez  moi  Miltitz^  me 
donnant  tous  les  détails  importants.  Veuillez  me  dire,  je  vous 
conjure,  quand  vous  pourrez  le  voir  chez  vous. 


845.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.  4402  ad  3506). 

ee  à  HAGER 

Alexandre  a  fait  appeler,  le  20,  Czartorjski  par  un  feldjse- 
geVy  qui  lui  porta  Tordre  d'apporter  à  TEmpereur  tous  les  pa- 
piers qu'il  doit  avoir  préparés. 

Czartoryski  est  resté  deux  heures  chez  l'Empereur. 


846.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.  4402  ad  3505). 

Rapport  à   HAGER 
Lettres  interceptées  dans  le  Cabinet  d'Alexandre  et  chez  Stein. 

On  a  intercepté  et  envoyé  à  là  manipulation  deux  lettres 
du  Cabinet  de  l'Empereur  adressées  à  Tchernitcheff  et  à  Capo 
d'Istria,  et  quatre  lettres  prises  chez  Stein. 

On  n'a  rien  trouvé  dans  les  papiers  de  Bethusj. 


847.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.  4402  ad  3505). 

Rapport    à     HAGER 

On  lui  signale  les  visites  presque  journalières  du  prince  Eu- 
gène chez  Séraphine  Lambert. 


S76  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

848.  Vienne,  23  novembre  1814  (P.  4.4462  id  3565). 

0  ®  à  HAGER  (en  français). 

Craintes  de  Cornacchia  au  siyet  de  Parme  et  de  Marie-Louise  à  laquelle  on 
donnerait  les  Légations.  Les  fautes  de  la  cour  de  Vienne  et  la  réapparition 
de  Napoléon. 

Cornacchia,  Tenvoyé  de  Parme,  tremble  pour  la  destinée  de 
Parme  et  de  Plaisance  qu'il  craint  de  voir  attribuer  au  petit 
roi  d'Etrurie,  pendant  que  Marie-Louise  aurait  les  Légations. 

<  Les  conseils  des  rois,  a  dit  à  ce  propos  Guicciardi,  sont 
un  sanctuaire  dont  le  temps  seul  6te  les  voiles.  Nous  verrons 
alors  les  fautes  que  le  cabinet  autrichien  a  commises  dans  les 
négociations  qui  ont  préparé  et  accompagné  le  Congrès.  La 
guerre  en  sera  le  résultat^  et  vous  verrez  alors  Bonaparte  re- 
paraître  sur  la  scène  du  monde.  » 


849.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.  4462  ad  3505). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

Los  soirées  de  la  princesse  Bagration.  Metternich.  Le  langage  de 
l'ambassade  de  France  sur  la  Saxe  et  la  Pologne. 

La  princesse  Bagration  donne  tous  les  jeudis  et  tous  les 
dimanches  des  soirées  à  ses  amis. 

Metternich  n'est  pas  venu  chez  elle  depuis  plusieurs  se- 
maines. 

L'Ambassade  de  France  continue  à  tenir  le  même  langage 
sur  la  Pologne  et  la  Saxe.  Elle  espère  que  le  prince  de  Met- 
ternich ne  montrera  pas  dans  sa  tâche  la  même  négligence 
que  dans  sa  vie  privée. 


850.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.4462  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER 

Le  prince  royal  de  Wurtemberg  continue  de  passer  presque 
tout  son  temps  chez  la  princesse  Bagration,  dont  il  serait  de- 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   577 

venu  Tamant.  Il  y  est  tous  les  jours  et  tous  les  soirs,  en  part 
le  dernier  et  rentre  chez  lui  vers  les  trois  heures  du  matin. 


851.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4823  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR 
(Bordereau  et  Rapport  journalier  du  24  novembre). 

Sur  la  surveillance  du  prince  Repnin  et  la  liaison  du  f  eld- 
maréchal  prince  de  Wrede  avec  M"*  Ripp  qu'il  a  connue  lors 
d'un  précédent  séjour  à  Vienne.  Il  y  va  maintenant  tous  les 
soirs. 


852.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.24.  4823  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Envoi  de  chiffons  et  de  papiers  pris  et  ramassés  chez  Tal^ 
leyrand  et  chez  Dalberg. 

853.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.  4823  ad  3565).* 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Ce  qu'au  dire  de  d'Arenberj  Talleyrand  pease  de  la  gravité  de  la  situation 
de  l'Europe.  Critiques  que  lui  inspire  la  conduite  des  alliés. 

Le  prince  Philippe  d'Arenberg  (1),  qui  fréquente  beaucoup 
l'ambassade  de  France,  a  dit  hier  chez  lui,  à  un  ami,  que  Tal- 

1.  Philippe-Joseph,  prince  d'Arenber§f,  né  le  4  ostobre  1794,  troisième  frère 
du  duc  Prospcr-Louis.Le  prince  Philippe  mourut  quelques  mois  plus  tard,  le 
7  mars  1815,  à  Vienne  d'une  chute  de  cheval. 

Les  Etats  des  ducs  d'Arenber^  avaient  été  en  partie  réunis  à  la  France  par 
le  traité  de  Lunéville,  et  ceux-ci  avaient  reçu  en  échange  le  comté  de  Meppen 
et  le  fort  de  Rechlinghausen.  En  1803,  le  duc  régnant,  Louis  Angelbert  abdiqua 
en  faveur  do  son  fils  Prosper«Loais,  né  en  1785.  Celui-ci  devint  en  1806  sé- 
nateur de  l'Empire  Français,  entra  dans  la  Confédération  du  Rhin  en  1807, 
leva  en  1808  un  régiment  de  chasseurs,  avec  lequel  il  fut  envoyé  en  Espagne, 
y  fut  fait  prisonnier  et  conduit  en  Angleterre.  En  1810,  Napoléon  disposa  de 
ses  Etats  qui  furent,  en  partie  annexés  à  la  France,  en  partie  réunis  au  grand- 
duché  de  Berg.  En  1815,  les  Etats  du  duc  d'Arenberg  furent  attribués  au 
Hanovre  et  à  U  Prusse  et  le  duc  devint  membre  de  la  Chambre  Haute  du 
Hanovre  (Talleyrand,  Mémoires  H.  Note  219). 

T.  1  37 


I 

m 
t 


578  AtTOn  DC  C05GKiS  DE 

Icjrand  8*était  exprimé  de  la  façon  soÎTante  sur  les  affaires  de 
rÈurope. 

«  Les  alliés  ont  voulu  se  débarrasser  de  Bonaparte.  Ils  ont 
déclaré  que  les  choses  seraient  remises  sur  le  pied  de  janTÎer    \ 
1792,  et  loin  de  tenir  parole,  ils  menacent  l'Europe  d*an  boa- 
leversement  pire  encore  queceluiquela  FranceaTaità  craindre 
sons  Napoléon. 

€  La  France  voit  avec  inquiétude  qu'on  lui  prépare  un  voi- 
sin  dont  la  force  lui  permettra  peut-être  un  jour  de  dicter  la 
loi  aux  Français.  %  Et  il  a  conclu  en  disant  que  «  les  Pajs- 
Bas  étaient  en  ce  moment  la  pomme  de  discorde,  et  que,  à 
ces  pays  n'appartenaient  plus  à  l'Autriche,  ils  ne  pouraieat 
être  qu'à  la  France  ». 


854  Vienne,  33  norembre  1814(F.  4. 4823 ad3565*. 

GCEHAUSEX    à   HAGER 

On  affirme  que  le  général  KoUer  part  décidément  pour  l'ik 
d'Elbe  et  qu'il  a  reçu  la  mission  de  décider  Napoléon  à  consen- 
tir  à  Tannulation  de  son  mariage. 


855-  Naples,  8  norembre  1814  (F.  4.  4463  ad  35«5>. 

MERCEY  au  chevalier  GUIBOURD  (à  Vienne) 
Sous  couvert  du  comte  de  MIER  (à  Biumenburg)  (inlercepU). 

Caroline  attend  impatiemment  le  retour  de  Filangieri.  Effet  produit  parb 
départ  de  Tuyll.  La  reine  désire  le  retour  de  Guibourd.  L'accord  est  coa- 
plel  entre  Murât  et  Caroline.  Départ  de  Pauline.  Arrivée  de  la  princesse 
de  Galles. 

Sa  Majesté  me  donne  Taimable  commission  de  vous  écrire. 
Prévenue  trop  tard  du  départ  du  baron  de  Tuyll  (1),  Klb 
n'a  pu  le  faire  Elle-même.  Elle  attend  impatiemment  l'arrivé 
du  général  Filangieri,  par  qui  Elle  espère  recevoir  de  bonnes 

1.  Tuyll  van  Scroskerken  (Fédor-Wassiliévitch,  général  baron),  chaifé 
par  la  Hussie  d'une  mission  diplomatique  à  Naples,  plut  tard  ministre  dt 
Russie  à  Rio  de  Janeiro. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA  SAXE   ET   LA   POLOGNE      579 

nouvelles.  Elles  viendraient  à  point  en  ce  moment  puisqu'elles 
détruiraient  Teffet  fâcheux  que  peut  produire"  sur  l'esprit  des 
Napolitains  le  départ  subit  du  baron  de  Tuyll. 

Sa  Majesté  a  voulu  plusieurs  fois  vous  envoyer  des  modèles 
de  verre  pour  Lui  en  faire  faire  de  semblables,  mais  toujours 
il  y  a  eu  des  obstacles  et  toujours  Elle  Ta  regretté. 

Elle  souhaite  votre  retour,  cela  est  naturel.  Je  le  souhaite 
pour  vous  (  1).  Je  voudrais  He  pas  le  désirer  pour  moi,  car  c'est 
avec  une  impression  bien  triste  que  vous  me  reviendrez  détrôné, 
et  je  conçois  par  expérience  combien  il  en  doit  coûter  pour 
abandonner  son  trône. 

Dans  une  lettre  reçue  dans  le  temps,  il  semblait  qail  y  eût 
de  Torage  dans  le  ménage.  C'est  une  erreur.  Quelques  nuages 
obscurcissent  parfois  momentanément  le  ciel,  mais  le  moindre 
souffle  les  dissipe  et  le  calme  revient  en  peu  d'instants.  L'opi- 
nion qu'on  avait  à  cet  égard  est  donc  loin  de  la  vérité  et  Ton 
est  disposé  à  tout  pour  conserver  cette  précieuse  tranquillité, 
dont  l'apparence  serait  nécessaire,  même  si  elle  n'existait  pas 
réellement. 

P. -S.  —  La  princesse  Pauline  est  repartie  il  y  a  huit  ou  dix 
jours.  La  princesse  de  Galles  (i)  arrivera  demain  à  Naples. 
Elle  loge  à  Chiaja  dans  le  palais  qu'habitait  Saliceti. 


856.  Vienne,  23  novembre  1814  (F.  4.  ad  35«5). 

LESPINE  au  Marquis  CAVAGNA  (à  Paris)  {inlercep(a) 

(en  français). 

L'opinion  générale  paraît  se  prononcer  au  Congrès  contre 
les  prétentions  de  la  Russie,  et  on  dit  depuis  hier  que,  crai- 
gnant de  se  brouiller  avec  les  autres  puissances,  TEmpereur 
Alexandre  a  adopté  ou  va  adopter  des  idées  plus  générales  et 
que  les  choses  paraissent  s'arranger. 


1.  Guibourd  ne  revint  à  Naples  que  le  28  février  1816. 

2.  Caroline  de  Brunswick,  femme  du  Prince-Régent,  célèbre  surtout  par  ses 
aventures,  ses  dissentiments  conjugaux  et  par  les  deux  procès  que  son  mari 
lui  intenta. 


580  Al'TOL'R    DU   CONGBÊS    DE   VICXXE 

857.  Vienne,  33  novembre  1814  (F.  4.  4M3  ad  SMS). 

Comtesse  de  RECIIBERG  au  Comte  de  GGERTZ 
{intercepta)  (en  français). 

Alexandre  ne  seoible  pas  disposé  à  céder.  Ton  de  m  réponse  i  la  note  n- 
glaise  du  4  et  sa  conversation  avec  Hardenber;.  Tris- esse  des  fêtas  anin- 
licu  de  ces  inquiétudes.  On  croit  que  le  Roi  de  Prusse  n'approuve  pu 
Alexandre. 

Le  ciel  politique  s'obscurcit  de  plus  en  plus.  Les  deux  par- 
tis paraissent  également  fermes  et  inébranlables.  L^Empereor 
Alexandre  a  répondu  par  un  style  poli  à  la  noie  anglaise  dn 
4  de  ce  mois,  (1)  mais  de  manière  à  ne  pas  faire  espérer  qirïl 
céderait  sur  aucun  point. 

Les  espérances  du  public  se  fondent  sur  une  conversation 
qu'Hardenberg,  généralement  considéré  et  estimé  ici,  doit  aydr 
eue  avec  Alexandre  (2).  Les  personnes  les  mieux  instruites 
doutent  cependant  qu'elle  réponde  à  leurs  souhaits. 

La  Providence,  qui  a  tout  miraculeusement  conduit,  ne  nous 
abandonnera  pas,  et  des  événements  inattendus  peuvent  encore 
tout  conduire  au  bien  et  concilier  les  esprits.  Combien  sont 
tristes  toutes  ces  fêtes  que  nous  voyons  préparer,  quand  Tesprit 
et  le  cœur  ne  sont  pas  libres  ! 

On  croit  généralement  dans  le  public  que  mon  compatriote 
(le  roi  de  Prusse)  n^approuve  pas  les  idées  de  son  ami,  qu'il 
lui  manque  seulement  la  force  et  le  courage  de  s'expliquer 
vis-à-vis  de  lui. 

858.  Vienne,  23  novembre  1814  (F.  4.  4502  ad  3565). 

HÎ':G.\RDT  à  ENGESTROEM  (intercepta)  (en  français). 

Légère  diminution  de  la  tension.  Lord  Casllereagh  et  Alexandre.  Ce  qu'on 
fera  de  la  Pologne.  Désillusion  que  causeront  les  résultats  du  Congrès.  La 
protestation  des  Etals  de  Saxe  et  ses  conséquences  probables. 

11  y  a  quelques  jours  le  Congrès  de  Vienne  parut  aboutir 

1.  Cf.  d'ANGBBBRO,  450-456.  Lettre  de  l'Empereur  Alexandre  en  réponse  à 
la  lettre  du  4  novembre  de  lord  Castlereagh  et  deuxième  mémorandum  russe. 
Vienne,  21  novembre  1814.  Cf.  Ibidem,  394-401.  Deuxième  Mémorandum  de 
lord  Castlcreaj^h  sur  la  Pologne.  Vienne,  4  novembre. 

2.  11  doit  s'agir  ici  de  la  conversation  qu'Hardenberg  eut  avec  Alexandre 
le  23  novembre  ;  il  lui  remit  ce  jour-là  son  Mémoire. 


l'OUVKRTURE    du   congrès.  —    LA    SAXE   ET    LA   POLOGNE      581 

plutôt  à  rallumer  la  guerre  qu'à  consolider  la  paix  générale. 
Maintenant  on  es};  plus  rassuré  à  cet  égard,  vu  qu'on  croit  pou- 
voir espérer  que  TEmpereur  Alexandre  laissera  diriger  tant 
soit  peu  ses  prétentions  au  gré  des  cabinets  de  Vienne  et  de 
Londres  et  consentira  à  en  faire  un  objet  de  négociations  au  con- 
seil préparatoire.  On  se  flatte  qu'il  renoncera  à  ériger  un  royaume 
de  Pologne  à  sa  convenance  et  se  contentera  de  la  frontière 
de  la  Vistule,  abandonnant  le  reste  du  duché  de  Varsovie  à  la 
Prusse  et  à  TAutriche.  C'est,  dit-on,  lord  Castlereagh  (1)  qui 
a  réussi  à  persuader  TEmpèreur  de  Russie  à  faire  ce  sacrifice 
à  la  tranquillité  de  TEurope.  Il  est  cependant  fort  incertain  si 
Alexandre  a  fait  autre  chose  que  laisser  entrevoir  la  possibi- 
lité de  quelques  modifications  afin  d'éviter  une  rupture  ouverte 
avec  les  Cours  de  Vienne  et  de  Londres  qui  semblent  d'accord 
sur  les  moyens  de  se  prémimir  contre  la  prépondérance  de  la 
Russie. 

Les  grandes  espérances,  que  l'on  avait  conçues  du  congrès 
de  Vienne,  se  sont  presque  évanouies.  On  s'en  promet  encore 
un  accommodement  momentané  et  pour  les  circonstances,  des 
expédients  pour  réprimer,  mais  non  pour  éteindre  le  feu  qui 
couve  sous  la  cendre. 

On  m*a  parlé  d'une  protestation  des  Etats  de  la  Saxe  contre 
le  dépouillement  de  leur  roi,  dans  laquelle  ils  ont  réclamé  la 
protection  de  TAutriche.  L'opinion  générale  est  que  ce  ne  sera 
pas  en  vain  et  que  le  roi  de  Saxe,  en  se  prêtant  à  la  cession 
de  la  Lusace,de  Wittemberg  et  de  Torgau,  pourrait  bien  sau- 
ver le  reste  de  son  royaume. 


859.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR  (F  4.  4502  ad  3562). 

Bordereau  et  Rapport  journalier  du  25  novembre  1814 

Il  lui  soumet  le  programme  des  fêtes  préparées  pour  la  ré- 
ception des  souverains  à  Graz. 

1.  Cf  d'ANGEDBRO,  393-401.  Lettre  de  lord  Castlereagh  à  l'Empereur  Alexan- 
dre, 4  novembre.  Deuxième  mémorandum  de  lord  Castlereagh  sur  la  Pologne 
du  4  novembre.  Ibidem^  418-419.  Note  de  Metternich  à  Hardenberg  au  si^et 
de  propositions  à  faire  à  la  Russie,  12  novembre.  Ibidenf,  450-456.  Lettre 
d'Alexandre  en  réponsj  à  la  lettre  du  4  novembre  de  lord  Castlereagh  et 
deuxième  mémorandum  russe,  21  novembre.  Cf.  Talleyrand  au  roi.  Oépâche 
D*12,  Vienne,  17  novembre  1814.  (Pallain.  Correspondàtiee  inéditet  page  118.) 


582  AUTOUR   DU  GO:CGRÈS  DB 

860.  Vienne,  34  noTembre  1814  (F.  4.  4834  ad  SM5). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  d'envoi  d'iA^ereepfa  et  de  chiffons. 

Il  lui  rend  compte  qu'il  a  fait  envoyer  à  la  Manipulation 
une  lettre  de  l'Empereur  de  Russie  au  Kastellan  von  Génie  et 
une  du  roi  de  Prusse  au  baron  de  Maltzahn,  plénipotentiaires 
d'Oldenburgy  ainsi  que  des  chiffons  provenant  du  bureau  dn 
duc  de  Dalberg  et  une  invitation  à  dîner  pour  le  25  de  Tel- 
leyrand  à  Saint-Marsan  (1). 


861.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  8565). 

Rapport  à  HAGER 

Quelques  extraits  de  la  longue  liste  des  pièces  interceptées,  déchiffrées, 

copiées  ou  analysées  par  le  cabinet  noir. 

Le  comte  Bethusy  au  colonel  baron  von  Ende  (2)  (envoi  des 
lettres  suivantes  à  transmettre).  Bethusy  à  Platzmann  et  C% 
Leipzig  ;  Bethusy  au  D'  Heyme,  bourgmestre  de  Dresde  ; 

Baronne  Marschall  à  son  mari  ; 

M""*  Kuster  à  son  mari  (Stuttgart  15  et  16  nov.):  toutes  ces 
lettres  d'ordre  absolument  privé. 

Stein  à  Hardenberg  (13 nov.) (Envoi  d'une  lettre  de  Repnin). 

Stein  à  Capo  distria  (Envoi  d'une  note  relative  à  l'admis- 
sion de  la  France  aux  séances  de  la  Commission  des  aSiaires 
de  la  Suisse). 

Stratford  à  Clancarty  et  lord  Bathurst  au  même  :  peu  in- 
téressantes. 

Leblanc  au  duc  de  Brunswick  (Londres,  11  novembre)  (Il 
n'a  pas  encore  pu  retrouver  les  lettres  qui  manquent). 


1.  On  lit  en  effet  à  cette  date  dans  le  DUrio  de  Saint-Marsan.  «  Le  S5,Dlii6 
chez  Tallcyrand.il  s'habille  parce  que  Trauttmansdorffet  Wrbna  viennent  bi- 
billés.  Soirée  dansante  chez  Stackelberg.  Effet  que  produit  que  tons  les  sou- 
verains soient  tous  les  jours  en  frac  en  société.  Joué...  Perdu  SSO  florini. 

3.  De  la  suite  du  grand-duc  de  Bade. 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA  SAXE  ET   LA  POLOGNE      683 
862.  Vienne,  24  nov.  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Intercepté  et  envoyé  à  la  manipulation  une  grosse  lettre 
adressée  à  Hardenberg  et  un  fort  paquet  destiné  à  Capo  d*Is- 
tria  (le  23  novembre). 


863.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

•  •  •  à  HAGER 

Une  nouvelle  perquisition  faite  chez  le  comte  Bethusjr  le  22 
n*a  rien  donné. 


864.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  8565). 

...  à  HAGER 

Intercepté  et  communiqué  deux  lettres  de  Linden  au  baron 
von  Marchai  et  à  Kûster. 


865.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  8565). 

...  à  HAGER 

Intercepté  une  lettre  anonyme  (peu  intéresssante)  de  Vienne 
24  novembre  à  M"*  de  la  Chaux,  chez  la  Reine  de  Suède  à 
Karlsruhe. 


866.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

...  à  HAGER 

» 

Intercepté  chez  Noailles  deux  lettres,  une  au  baron  Sala,  à 
Botzen,  l'autre  à  Tévêque  de  Bile. 


584  AUTOUft  DC  C05GBÈS  DE  V1E55B 

867.  Vienne,  33  norembre  1814  (F.  4.  UU  ad  39é5). 

...  à  HAGER 

Rapport  sur  les  nombreuses  conférences  qui  se  sont  tenues 
chez  le  grand-duc  de  Bade,  les  19,  20  et  21  novembie. 


868.  Vienne,  34  novembre  1844  (F.  4.  48«4  ad  SMS). 

Rapport  à  HAGER 

Jomini  va  tous  les  jours,  au  moins  une  fois,  souvent  deux, 
chez  Alexandre,  et  chaque  fois  il  lui  porte  des  papiers.  Il  en 
est  de  même  pour  La  Harpe. 


869.  Vienne,  34  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

...  à  HAGRR 

L'attilude,  le  découragement  et  les  avances  des  Prussiens.  Quelques  moU 
d'appréciation  du  prince  Guillaume.  Hardenberg  et  Humboldt  impatients  de 
quitter  Vienne.  Départ  prochain  et  découragement  de  Jomini.  Le  carrou- 
sel et  les  bijoux  des  dam^ss  de  Vienne. 

Dès  que  le  baromètre  politique  oscille,  je  m'en  aperçois  à  la 
nature  des  entretiens  que  j'ai  avec  mes  amis  étrangers  et  à  la 
fréquence  de  leurs  visites.  Depuis  trois  jours,  mes  Prussiens 
viennent  à  tout  propos  et  à  tout  instant  chez  moi,  à  l'exception 
naturellement  du  colonel  Braim,  qu'on  a  expédié  à  Neisse  avec 
l!ordre  de  mettre,  à  tout  événement  et  en  cas  de  rupture,  les  for- 
teresses de  Silésie  en  état  de  défense.  Ce  qui  m'a  le  plus  frappé 
sous  ce  rapport,  c'est  le  soin  qu'a  pris  le  major  Hedemann  de 
rejeter  sur  les  Russes  la  responsabilité  de  tout  ce  qui  pourrait 
arriver.  En  un  mot,  les  Prussiens  tiennent  de  nouveau  exacte- 
ment le  même  langage  que  celui  auquel  ils  nous  avaient  habi- 
tués pendant  les  premiers  temps  de  leur  séjour  ici.  Ce  sont  les 
Russes,  qui  leur  gâtent  im  temps  qui  sans  cela  aurait  été  plein 
de  charmes  pour  eux.  Ce  sont  ces  imbéciles,  qid  leur  gâtent  et 
leur  empoisonnent  tout  ici. 

Mais  ce  qui  est  encore  plus  significatif,  c'est  que,  depuis 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXB  ET  LA  POLOGNE   585 

quelques  jours,  ils  semblent  s'être  donné  le  mot  pour  nous  faire 
croire,  que  leur  roi  désire  ardemment  que  l'Empereur  d'Au- 
triche redevienne  Empereur  d'Allemagne.  «  Ce  n*est  que  de 
cette  façon,  disent-ils  maintenant,  que  les  esprits  se  calmeront 
en  Allemagne  et  qu'un  rapprochement  réel  et  sérieux  pourra  se 
faire  entre  l'Autriche  et  la  Prusse^  désormais  aiTranchies  de  la 
tutelle  de  la  Russie.  »  Telles  sont  actuellement  les  paroles  du 
prince  Guillaume  de  Prusse,  qui  ne  songe  plus  qu'à  une  seule 
chose,  la  vice-royauté  de  la  Saxe,  et  qui  rumine  déjà  dans  sa 
tête  tout  ce  qu'il  compte  faire  dans  ce  pays.  Je  communique- 
rai sous  peu  à  Votre  Excellence  ce  que  je  saurai  de  ses  pro  - 
jets.  Pour  le  moment,  je  puis  afGrmer  une  seule  chose,  c'est 
qu'il  est  triste  et  découragé. 

Le  prince  de  Hardenberg  a  dit  mardi  dernier  chez  Anstett, 
qup  le  séjour  à  Vienne,  qui  lui  avait  toujours  fort  déplu,  lui  de- 
venait de  jour  en  jour  plus  intolérable.  C'est  là  ce  que  le  duc 
d'Acerenza  a  raconté  devant  la  maîtresse  de  la  maison  et  plu- 
sieurs personnages,  parmi  lesquels  se  trouvait  Serracapriola 
qui  ajouta  :  «  Humboldt  m'a  dit  exactement  la  même  chose.  » 

Jomini  part  dans  quelques  jours,  très  découragé  et  très  dé- 
pité. Son  aide  de  camp  m'a  afGrmé  que  la  grande  armée  russe 
avait  reçu  l'ordre  de  rentrer  en  Russie. 

Tous  les  étrangers  ont  été  émerveillés  du  Carrousel  d'hier 
et  stupéfaits  de  la  splendeur  des  bijoux  des  dames.  Les  Prus- 
siens m'ont  dit  :  «  Avec  cela  il  y  a  de  quoi  couvrir  les  frais  de 
trois  campagnes.  » 

Un  banquier  de  Florence,  grand  connaisseur  en  bijoux  et 
qui  a  vu  les  pierreries  des  dames  des  difîérentes  capitales  de 
l'Europe,  a  déclaré  qu'il  lui  était  impossible  d'estimer  la  valeur 
•de  ceux  qu'on  lui  a  exhibés  hier. 


870.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.4834  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

Craintes  des  Polonais.  Refroidissement  des  rapports  entre  Alexandre  et  le 
Roi  de  Prusse.  Concentration  autrichienne  en  Galicie.  Ce  qu'on  pense  du 
Congn^ès. 

Les  Polonais  craignent  qu'Alexandre  ne  cède  à  la  fin.  Ils 
sont  surtout  décontenancés  par  le  bruit  qui  court  que  la  bonne 


583  AUTOUR    DU  CONGRÈS   DE    VIENNE 


875.  Stuttgart,  19  novembre  1814  (F.  4.  48U  ad  35<S). 

BOUTIMEFF  à  GOLOVKÏNE  iinlercepU)  en  français) 

Causes  du  retard  du  retour  du  Hoi  de  Wurtemberg.  Préparatifs  pour  la 
réception  d'Alezande.  Enormes  dépenses  o^asionnées  par  ces  fêtes  et 
surtout  par  les  chasses. 

Je  sors  dans  ce  moment  de  chez  le  comte  Mandelsloh,  qui 
m'a  confié  que  le  retour  du  Boi  paraissait  encore  très  éloigné. 
Sa  Majesté  a  désigné  elle-même  les  officiers  qui  doivent  être 
expédiés  à  tour  de  rôle  à  Vienne.  Cette  désignation  va  jus- 
qu'au 1  i  décembre,  et  Mandelsloh  ne  doute  pas  que  cela  soit 
prolongé  jusqu'à  Noël,  vu,  a-t-il  dit,  que  l'Empereur  Alexandre 
ne  quittera  probablement  pas  Vienne,  avant  d'avoir  consolidé 
le  grand  œuvre  de  pacification  universelle  qu'il  a  si  glorieuse- 
ment commencé, et  que,  de  son  côté,  le  Roi  de  Wurtemberg  ne 
parait  pas  vouloir  s*en  retourner  sans  savoir  à  quoi  s'en  tenir 
sur  la  Constitution  future  de  l'Allemagne  et  de  celle  de  chaque 
Etat  en  particulier. 

En  attendant,  les  préparatifs  pour  la  réception  de  l'Empe- 
reur se  continuent  avec  activité.  J'ai  entendu  assurer  à  des 
gens  informés  qu'ils  pourront  coûter  au  delà  d*un  million  de 
florins,  dont  ceux  de  la  chasse  formeront  les  trois  quarts. 

On  est  généralement  révolté  des  charges  rigoureuses  que 
les  préparatifs  de  cette  chasse  causent  au  pays,  d*autant  plus 
qu'on  est  d'opinion  que  S.  M.  l'Empereur  de  Russie  (outre 
qu'EUe  n'a  pas  le  goût  de  la  chasse)  ne  saurait  applaudir  aux 
sacrifices  qu'elle  occasionne. 


876.  Paris,  17  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

GOLTZ  au  Prince  HARDEXBERG  [ialecerpta)  (en  français). 

L'Opposition  do  l'Espagne  au  maintien  de  Murât  à  Naples. 
L'afTaire  Casa  Flores.  Retard  apporté  au  départ  du  comte  de  Laval. 

Je  proGte  du  départ  d'un  courrier  anglais  pour  transmettre 
à  Votre  Altesse  un  rapport  qui  vient  d'arriver  du  baron  Wer- 
ther. D'après  une  dépêche  du  Chargé  d'Affaires  d'Autriche  à 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      689 

Madrid,  que  le  général  Vincent  (1)  a  bien  voulu  me  faire  lire, 
ce  rapport  doit  contenir,  avec  quelques  notions  intéressantes 
sur  les  affaires  intérieures  de  TEspagne,  la  nouvelle  que,  par 
suite  d'un  Mémoire  que  l'Ambassadeur  de  Sicile  a  remis  au 
roi  Ferdinand,  ce  souverain  vient  de  donner  à  Labrador  Tor- 
dre le  plus  positif  de  déclarer  au  Congrès  qu'il  ne  reconnaîtrait 
jamais  le  rôi  Joacbim  et  d'insister  sur  la  réintégration  du  roi 
des  Deux-Siciles  dans  tous  ses  Etats. 

Quoique  la  réponse  de  la  Cour  de  Madrid  à  la  Cour  de 
France  relative  au  renvoi  du  comte  de  Casa  Flores  (2)  soit,  à 
ce  que  m'avait  assuré  le  duc  de  Wellington,  conçue  dans  des 
termes  modérés,  elle  doit  cependant  avoir  laissé  entrevoir  assez 
de  mécontentement  pour  décider  cette  dernière  Cour  à  retar- 
der encore  le  départ  du  comte  de  Laval  (3). 

(Le  reste  étant  écrit  avec  un  nouveau  chiffre  n'a  pu  être 
mis  au  clair). 


877.  Madrid,  3  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

WERTHER  (4)  au  Prince  de  HARDENBERG  {intercepta) 

(analyse). 

Dépêche  relative  à  l'arrestation  d'Espoz  y  Mina  (5)  et  au  ren- 
voi de  Casa- Flores,  ainsi  qu'aux  plaintes  et  observations  de  la 
Cour  de  France. 


1.  Vincent  (Charles-Nicolas,  baron  do),  nS  à  Florence  en  1757,  chambellan, 
conseiller  intime,  feld-raaréchal  lieutenant,  ambassadeur  d'Autriche  à  Paris, 
mort  à  Biencourt  (Lorraine)  en  1834. 

2.  Casa  Flores  (Juan- Antonio,  comte  de)  (1760-1823),  prisonnier  de  guerre 
en  France  jusqu'en  1814,  Chargé  d'Affaires  d'Espagne  à  Paris  lors  de  la  Res- 
tauration jusqu'à  l'arrivée  du  comte  de  Perelada. 

3.  Laval  (Anne-Adrien-Pierre  de  Montmorency,  duc,  puis  prince  de),  Pair 
de  France,  né  à  Paris  le  29  octobre  1768,  mort  le  14  juin  1837.  Fait  prince 
par  Louis  XVIU  en  1814.  Ambassadeur  en  Espagne,  il  y  resta  pendant  les  Cent 
Jours . 

4.  Werther  (Henri-Auguste-Alexandre,  baron)  (1772-1859),  quitta  l'armée 
comme  capitaine  en  1807.  Entré  en  1810  dans  la  diplomatie,  Ministre  à  Ma- 
drid, mais  résidant  presque  tout  le  temps  à  Berlin,  à  Londres  (1819-1824),  à 
Paris  (1824-1837),  Ministre  des  Affaires  Etrangères  à  la  mort  d'Ancillon,  de 
1837  à  1841. 

5.  Espoz  y  Mina  (Francisco)  (1784-1835),  chef  de  partisans  espagnols,  prit 
on  1814  les  armes  contre  Ferdinand  VII,  essaya  de  s'emparer  de  Pimpelune 
(25  septembre  1814)  et  dut  se  réfugier  en  France. 


590  AUTOum  uc  co^GMis  de  wvbssl 

Werther  man-le  en  oatre  que.  d'après  des  letires  de  Flo- 
rence émanant  d'un  des  ministres  da  grand-doc.  on  a  arrêté 
dans  cette  ville  <!e9  agents  de  Napoléon*  qoi  recrutaient  pour 
loi  et  étsôent  porteors  de  lettres  adressées  à  des  personnes  de 
sa  famille. 


878-  Lor.dref .  11  norembre  1*14   F.  4.  i%U  ad  tf&-. 

FERNAN-NLNEZ    I    au  Chevalier  CAMILLE  DE  LOS  RIOS 

Jeté  conseille,  malgré  les  belles  paroles  qne  Labradm  te  pro- 
digue, de  ne  pas  trop  te  fier  à  lui.  Je  sais,  pour  TaToir  éprouvé 
par  moi-même,  ce  qu'il  vaut.  Quand  il  est  devenu  ministre, 
il  m'a  écrit  les  choses  les  plus  flatteuses,  mais  il  a  agi  tout 
autrement  à  mon  égard.  Comme  ton  ami  et  ton  frère,  je  te 
conseille  de  faire  attention. 


879.  Loudrei,  11  novembre  1814  P.  4.  4U4  ad  3M&  . 

GHELUM  à  HARDENBERG  inUrcepU     analyse;. 

Sous  couTert  Mûniter. 

Il  lui  annonce  que  le  prince  Régent  du  Brésil  s'est  décidé  à 
y  rester  au  moins  provisoirement  et  va  publier  une  proclama- 
tion dans  laquelle  il  exposera  les  motifs  de  sa  résolution. 


880.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  36  novembre  1814. 

Il  signale  à  TEmpereur  une  lettre  écrite  à  l'encre  sympa- 
thique que  Te  hernitchefF  a  envoyée  à  M^'*  Idzstein  (2)  à  Francfort. 

1.  Fernan-Nunez  Carlos  Guttierez  de  los  Rios,  comte  de,  duc  de  Montel- 
Jano)  «1778-1821.i,(:mhassadeur  d'Espagne  à  Londres,  chargé  dune  négociation 
à  Paris  où  il  devint  ambassadeur  en  1817. 

2.  Probablement  une  des  personnes  appartenant  à  la  famille  de  von  Idzs- 
tein, directeur  de  la  police  du  temps  du  prince-primat. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   591 

Il  est  hors  de  doute  que  cette  lettre,  comme  celles  écrites 
précédemment  de  la  même  façon  et  à  la  même  adresse,  est  de 
TEmpereur  Alexandre  et  a  pour  destinaire  M""  Bethmann. 


881.  Vienne,  le  23  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565). 

Anonyme  (Empereur  ALEXANDRE)  à  LOUISE 
(M°»«  BETHMANN)  (i) 

[intercepta,  à  l'encre  sympathique). 
Sous  le  couvert  de  MU*  Idzstein,  à  Francfort-sur-Ie-Mein . 

Enfin  j'ai  eu  de  tes  nouvelles,  ma  bien  aimée. 

Mes  yeux  privés  de  te  lire  depuis  si  longtemps  ont  eu  le 
bonheur  de  contempler  cette  écriture  chérie,  dont  la  vue  seule 
me  prouve  combien  tu  m'es  chère,  combien  tout  dans  Timivers 
8*efface  à  mes  yeux  lorsqu'il  me  vient  quelque  chose  de  toi.  Et 
ce  qui  met  le  comble  à  mon  bonheur,  c'est  la  certitude  que  tu 
te  portes  bien,  que  le  seul  petit  être,  dont  tu  prétends  si  in- 
génieusement que  tu  puisses  être  chalousCy  en  un  mot,  l'objet 
de  tes  tendres  aiïections (2)  bien. 

Aussi,  comment  après  de  telles  nouvelles  t^exprimer  tout  ce 
qui  s'est  passé  au  fond  de  mon  cœur.  Il  me  faut  tous  les  sen- 
timents de  mon  devoir,  toute  1 (2)  Timprudence  que  je  com- 
mettrais si  je  précipitais  les  choses,  pour  ne  pas  voler  dans 
tes  bras  et  y  expirer  de  bonheur. 

J'avais  hasardé  de  t'écrire  deux  fois,  même  avant  d'avoir 
eu  de  tes  nouvelles.  Je  t'ai  adressé  mes  lettres,  toujours  comme 
par  le  passé,  sous  le  couvert  de  notre  amie,  et  tu  ne  m'en  dis 
pas  un  mot,  ce  qui  me  fait  craindre  que  le  tout  ne  se  soit 
égaré. 

La  manière,  dont  tu  m'as  fait  parvenir  la  tienne,  est  très 
bonne  et  très  sûre.  Je  te  conjure  à  genoux  de  m'écrire  encore. 
Adieu,  mon  unique  aimée. 

Le  i23  novembre  1814.  Je  te  prie  de  mettre  la  date  sur  tes 
lettres. 

1.  Louise-Fredcriquc  Boode,  d'Amsterdam,  avait  épousé  en  IKIO  Simon- 
Maurice  de  Bethmann. 

2.  Mots  efTacés  dans  io  texte  et  qu'on  n'a  pu  faire  revenir  sur  la  feuille 
écrite  à  l'encre  sympathique. 


602  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

882.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4618  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Intercepta  divers. 

Stcin  à  Slaegemann  (comptes  de  postes). 

Nesseirode  à  Keller  (Il  veut  conférer  avec  lui  et  a  une  com> 
munication  à  lui  faire  de  la  part  d'Alexandre)  et  à  Struwe  (1) 
(à  Hambourg)  (le  remercie  de  ses  rapports). 

Lettres  (pour  la  plupart  peu  importantes)  apportées  par  cour- 
rier à  Castlereagh  et  aux  Anglais  de  marque  à  ce  moment  à 
Vienne,  de  Stackelberg  au  conseiller  Strat,  à  Hambourg  et  an 
général  Keller. 

Tchernitcheff  à  M"*  Idzstein. 

Gaertner  (Mémoire  relatif  à  la  maison  d*Anhalt-Bemburg 
Schaumburg). 


883.  Vienne,  35  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565). 

.  •  •  à  HAGER 

Envoi  de  chiffons  ramassés  chez  Dalberg,Tallejrrand,  Noailles 
et  La  Tour  du  Pin. 

L'agent  rend  en  outre  compte  qu*un  voleur  a  essayé  de  for- 
cer le  secrétaire  du  baron  Thugut  (î). 


884.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565). 

e  e  à  H.\GER 

On  prétend  que  Marie -Louise,  accompagnée  par  la  comtesse 
G)lloredo,a  assisté  masquée  à  la  Redoute  de  la  Sainte -Cathe- 

1.  Slru\^e  Ilenri-Antonoviloh  ITT0-1S51  .  S^créUire  de  Légation  i  Uam- 
boun:  r!>«'.  à  Bnm5\xiok  i:9<\  i  Gotha  .l$X>'.à  StuttJrart  ^l!M>l-1805).Con- 
$eillerde  Légation  i  Cassel  itSO^lSlP.  Envovè  par  KoumiantzofT  à  Athènes 
fs>ur  y  rfcue:iLîr  *ie*  iiv-^uvelles  sur  les  intention*  d?  Napoléon.  les  mouve- 
ir.ents  de  son  armée  e:  les  tendances  de  Pesrr'.t  public  en  Ailema^e:  placé 
en  1$U  aupnés  du  pr:::ce  Repsin  en  Sa\e.  Chargé  d'affaires  de  Kossîe  à 
HaniK^unç  I>1&  .  Ministre  ivsideat  auprès  des  villes  hanséatiqves  \I8;M). 
Conseiller  d'Eut  ;lS::i'.  Cv^nseiiler  inîime  l?iV.  Rentré  dans  la  vie  privée 
en  !S>0.  :i  ntsu  à  Hanibounr  e:  y  mourut  en  janvier  lyJl. 

?.  L'ancien  znuiistr^  des  Affairés  Ktran^èKS  d'Autriche  JTM-I51S'. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   593 

rine.  On  dit  aussi  qu'elle  a  régulièrement  assisté  aux  répéti- 
tions du  Carrousel. 


885.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4.  4618  ad  3565). 

e  ©  à  HAGER 

On  approuve  en  général  dans  le  monde  diplomatiqu3  la  note 
parue  dans  le  Beobachter  du  24  (1). 


886.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565), 

©  ©  à  HAGER 

La  note  du  grand-duc  de  Bade.  Schulenburg  et  son  admission  au  Congrès. 

La  note  (2),  dans  laquelle  le  grand-duc  de  Bade  expose  ses 
griefs  et  ses  réclamations,  a  été  faite  sur  son  ordre  par  Hacke. 

On  dit  que  Schulenburg  sera  admis  au  Congrès  comme  re- 
présentant et  envoyé  du  roi  de  Saxe  (3).  Les  Prussiens  en  sont 
naturellement  furieux. 


887.  Vienns,  25  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 
Capo  d'Istria  sur  Murât  et  l'Italie.  La  Suisse.  Dalberg. 

«  Croyez,  m'a  dit  Capo  d'Istria,  qu'il  y  a  beaucoup  de  fermen- 
tation en  Italie.  Nous  en  avons  des  informations  très  sûres.  Que 
fait  donc  le  Gouvernement  d'ici?  Veut-il  mettre  encore  ce  pays 
à  feu  et  à  sang  ?  On  se  fie  à  Murât,  parce  qu'il  a  ofTert  son 
armée  à  T Autriche.   Mais,  croyez-moi,  Murât  est  le  chef  des 

1.  Note  sur  le  Congrès  parue  dans  la  PrMger  Zeitnng  du. 22  et  reproduite 
dans  VOttterreichischer  Beobàchter  du  24  novembre  (Pagres  791-792). 

2.  Cf.  Anobbbro,  456-458.  Note  des  Plénipotentiaires  des  ^ands-ducs  de 
Bade  et  de  Hesse  et  du  duc  de  Nassau  au  baron  de  Stein  au  sujet  de  la  li- 
quidation des  frais  de  la  guerre.  Vienne,  21  novembre  1814. 

3.  Cf.  Gbntz.  Tagebûcher.l.  332-333. 

T.  1.  38 


SM  ALTCCm   VC  C09GBÈS   DC  VICIES 

M^çvn*  et  de<  IrtJfpendeniuie$  J'Ii^ie^  et  tinm  n'arei  qu'a 
lire  àttrctiT-^ir.^nt  ce  qui  sort  de  »a  boatiqne  et  vons  j  vcrrex 
tiKijoTir*  c«5  mots  d'L'niU,  à* htdêpendante  ^\  de  forte  naivr 
noie,  f^r  ]-r«ç^jeIs  il  essaie  de  cLaTiffer  les  Italiens  pour  erossir 
son  p^rt:  f^r.  lUlie.  Il  faut  être  aTenjerle  poar  ne  pas  le  Toir. 
Votre  Co'ir  s'eoUte  dans  cette  politique. Elle  s'en  repentira.» 
Il  me  p  i7l<fl  ^jisuite  de  la  Saisse  et  de  la  convenance  de  faire 
venir  la  Frjnc^  dans  cette  négociation,  mais  il  regrettait  qu'on 
ait  choisi  [>our  ceb  Dalberg. 


888.  Vie::::e.  21  &0T«icbrc  1114  F.  k.  4f  !S  ad  ÎM»  . 

GENTZ  au  Yi\i.c^  de   V.\L.ACHIE  (!     întercepU    (en  français. 

...  ie  vo  js  supplie  de  ne  pas  croire  que  d'antres  occupât  ions, 
quelqu*ir,  té  restantes  ou  oécessaires  qu'elles  fussent,  pourront 
jamais  m'empécher  de  remplir  mes  devoirs  envers  Votre  Altesse. 

ym  ton  ours  eu  soin  de  mettre  sous  vos  veux  toutes  les 
parties  du  tableau  politique  de  l'Europe,  et  je  crois  qu'il  n'y 
a  pas  anjo'jrd'bizi  une  Cour  en  Europe  qui  soit  plus  exactement 
informée  de  l'éUit  des  choses  que  Votre  Altesse. 

Si  mes  rapports  ne  sont  pas  plus  fréquents,  ce  n'est  abso- 
lument que  la  marche  des  événements  que  vous  devez  en 
accuser. 

Je  vous  ai  fait  entrevoir  dans  toutes  mes  dépêches  que  les 
alTaires  du  Congrès  marcheraient  lentement.  Tout  ce  que  je 
vous  ai  annoncé  est  arrivé.  Le  Congrès  a  duré  deux  mois. 
Jusqu'ici  il  n'y  a  qu'une  seule  question  qui  soit  décidée,  celle 
de  la  réunion  de  Gènes  au  Piémont... 

La  question  de  la  Saxe,  celle  des  autres  arrangements  ter- 
ritoriaux en  Allemagne,  celles  qui  regardent  l'Italie  sont  toutes 
dans  l<ft  même  position  dans  laquelle  je  vous  les  ai  présentées 
dans  mon  n^  71. 

Depuis  le  15,  il  n'y  a  pas  eu  de  conférence  générale.  Je  ne 
croîs  pas  qu'il  y  en  aura,  avant  que  les  négociations  particu- 
lières aient  fait  quelque  progrès  sensible. 

1.  Il  m'a  semblé  inutile  de  reproduire  ici  les  deux  para^aphes  de  cette 
dépêche  qui  oot  été  publiés  par  Kuxkowstrubm  dans  Oesterre^ch'g  Theil" 
nMhme,  etc.,  etc.  (p.  481-483). 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET    LA   POLOGNE      593 
889.  Vienne,  37  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  27  novembre. 

Il  lui  signale,  entre  autres,  la  lettre  interceptée  adressée  par 
le  roi  de  Prusse  à  Marie-Louise  et  l'appui  que  le  Nonce  veut 
donner  à  la  réclamation  formulée  par  des  moines  des  Pays-Bas 
au  sujet  de  fonds  déposés  dans  une  banque  de  Vienne. 


890.  Vienne,  23  novembre  1814 (F.  4.  4549  ad  3565). 

Le  Roi  de  PRUSSE  à  S.  M.  TIMPÉRATRICE  MARIE-LOUISE 

{intercepla)  (en  français). 

Madame  Ma  sœur, 

J'ai  eu  rbonneur  de  recevoir  Votre  lettre  du  21  de  ce  mois(l) 
et  je  suis  extrêmement  flatté  de  la  confiance  que  Votre  Majesté 
Impériale  veut  bien  me  témoigner. 

Je  vous  prie  de  croire,  Madame  ma  Sœur,  que  je  serai  tou- 
jours très  pressé  d'y  répondre  et  de  concourir  de  tous  mes 
moyens  à  ce  qui  pourra  contribuer  à  Votre  satisfaction. 

Les  liens  d'alliance  et  de  bonne  amitié  qui  m'unissent  à  Vo- 
tre Auguste  Père  seront  pour  moi  un  nouveau  motif  à  soutenir 
les  intérêts  de  Votre  Majesté  Impériale. 


891.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

Rapport  à  IIAGER  (ifi/erce/>^a)(en  français). 

Note  sur  le  moine  de  Tabbaye  de  Grimberge,prèsde  Bruxel- 
les, qui  a  rédigé  une  note  dans  laquelle,  partant  de  ce  fait  que 
les  abbayes  et  les  couvents  allaient  être  rétablis  en  Belgique, 
il  réclame  les  sommes  déposées  à  leur  nom  dans  les  banques 

1.  Lettre  dans  laquelle  elle  invoquait  le  Traité  de  Fontainebleau  et  faisait 
valoir  ses  droits  et  ceux  du  roi  de  Home-  fur  Parme  et  Plaisance. 


596  AUTOUR  DU  CO:CGRÈS  DE  TIENNE 

de  Vienne.  Le  même  moine  travaille  aossi  en  faveur  du  réta- 
blissement de  l'Université  de  Louvain. 


892.  Vienne,  27  noTembre  1814  (F.  4.  4S49  ad  3565). 

Intercepta  divers  du  25  au  26  novembre,  peu  importants, 
sauf  :  1*  un  paquet  du  grand-veneur  von  Lassberg  (contenant 
la  protestation  du  roi  de  Saxe);  2*  la  copie  du  Mémoire  remis 
à  Metternich  et  à  Hardenberg  et  signé  par  les  plénipoten- 
tiaires allemands  (1)  qui  demandent  à  prendre  part  aux  séances 
de  la  commission  des  affaires  d'Allemagne  et  exposent  une 
partie  de  leurs  vues  sur  ces  affaires  et  3*  une  dépêche  de 
Planta  (2)  à  Clancarty  (le  priant  de  lui  renvoyer  les  pièces  re- 
latives à  la  Pologne,  à  Texception  de  celle  qu'il  vient  de  lai 
transmettre,  ce  matin  25  novembre). 

Intercepta  de  2  paquets  envoyés  à  la  Manipulation  le  24  et 
pris  chez  Stackelberg,  dont  Tun  est  adressé  au  conseiller  de 
Légation  prussien  Piquot. 


893.  Vienne,  2«  novembre  1814  (F.  4-  4549  ad  3565). 

...  à  HAGER 

Le  comte  de  Schulenburg  parait  complètement  rassuré  par 
l'attitude  de  l'Autriche  sur  l'issue,  favorable  à  son  roi,  de  la 
question  de  Saxe. 


894.  Vienne,  35  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  8565). 

Rapport  à  HAGER 

Sur  les  visites  du  prince  Eugène  à  Séraphine  Lambert  et  à 
la  princesse  Bagration  et  sur  la  continuation  des  conférences 
de  La  Harpe  avec  Alexandre. 

1.  Cf.  d'A:<(6BBBRa,  441-444. Note  des  plénipotentiaires  de  29  princes  souve- 
rains et  villes  libres  d'Allemagne  aux  princes  de  Metternich  et  de  Harden- 
berg. Vienne,  16  novembre  1814. 

2.  Planta  (Joseph)  (1787-1747)  entré  au  Foreign  Office  comme  commis  en 
1802,  remarqué  en  1807  ^bt  Canning  qui  fit  de  lui  en  1809  son  secrétaire  par- 


l'ouverture    du   congrès.   —    LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      597 

895.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

En  faisant  une  nouvelle  perquisition  le  25  chez  le  comte 
Bethusy,  on  a  trouvé  une  note  autobiographique  dont  on  n'a 
encore  pu  copier  que  le  commencement. 


896.  Vienne,  23  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

0  K.  à  HAGER 

Les  uns  affirment  que  dans  deux  jours  Alexandre  sera  réta- 
bli, tandis  que  les  autres  prétendent  qu'il  en  a  au  moins  pour 
dix  à  quinze  jours  (1). 


897.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

STAGKELBERG  à  BENAKY  ('2)  (à  Venise)  {intercepta) 

(en  français). 

Indisposition  de  l'Empereur.  Rien  de  fixé  pour  le  départ 
de  l'Empereur  et  des  souverains. 

S  M.  l'Empereur,  notre  Auguste  Maître,  ne  fait  guère  que 
se  remettre  d'une  indisposition  qui  l'avait  obligé  pendant 
quelques  jours  de  garder  la  chambre.  Rien  n*annonce  que  le 
départ  de  Sa  Majesté,  ainsi  que  celui  des  autres  souverains  réu- 
nis dans  cette  capitale,  soit  très  prochain,  et  on  s'y  livre  même 
à  Tespoir  que  le  moment  en  est  éloigné.  Les  feuilles  publiques 

ticulier,  il  devint  en  1813  le  secrétaire  de  Gastlereag^h  qu'il  accompagna  à 
Paris  et  à  Vienne,  et,  en  1818  à  Aix-la-Chapelle.  Après  avoir  été  de  1837  A 
1830  l'un  des  joint  secretariei  of  Ihe  Treagury,  il  fut  nommé  conseiller 
privé  en  1834.  Membre  du  Parlement  dès  1827,  il  ne  renonça  au  mandat  de 
ses  électeurs  pour  cause  de  santé  qu'en  1844. 

1.  On  avait  parlé  d'un  érysipèle.  Dans  sa  dépêche  n«  12  du  17  novembre, 
Talleyrand  mandait  au  roi  ;  «  L'Empereur  de  Russie  est  indisposé  assez  pour 
avoir  gardé  le  lit  ;  mais  ce  n'est  qu'une  indisposition.  »  Et  il  ajoutait  dans  ta 
dépêche  n«  14  viu  30  novembre  :  «  L'Empereur  est  rétabli  et  sort.  >»  Voir  plus 
loin  dans  un  rapport  du  2  décembre  la  version  donnée  par  un  des  agents  qui 
surveillent  la  princesse  Bagration. 

2.  Consul  de  Hussie  en  Pouille  et  .aux  Iles  Ioniennes. 


598  AUTOUR   DU  C05GRÈS   DE  VIE59B 

de  Vienne,  qui  vous  parviendront  sans  donte,  ofrant  un  aperçu 
exact  et  de  ce  qui  se  passe  ici  et  des  événements  politiques 
en  général^  je  m'abstiens  de  vous  en  rien  marquer. 


898.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4:49  ad  9505). 

Rai'Pobt  à  HAGER  (en   français). 

La  note,  d'ailleurs  très  bien  faite,  publiée  par  le  Beobachter 
et  destinée  à  satisfaire  la  légitime  curiosité  du  public  sur  les 
travaux  du  Congrès,  a  produit  un  effet  diamétralement  opposé. 

Le  prince  Eugène,  alité  depuis  deux  jours,  a  reçu  le  25  la 
visite  du  Cardinal  Consalvi.  D'Arnay  prétend  que  le  vice-roi 
aura  les  Légations,  tandis  que  chez  Aldini  on  croit  au  contraire 
que  rAulriche  les  gardera. 


899.  Vienne,  26  novembre  1814  (F  4.  4549  ad  3565). 

RAProRT  à  IIAGER 

La  Bavière  refuse  de  rendre  Salzbourg  et  l'Inn-Vier tel, tant 
que  rAiitriche  tiendra  garnison  à  Mayence. 

L'auteur  de  la  hvocYiuv^  :  Preitssen  und  Sachsen^  serait,  dit- 
on,  le  conseiller  aulique  Gentz  (1), 

Metternich  a  fait  un  coup  de  maître  en  gagnant  à  ses  vues 
sur  la  Saxe  Wrede,  Wintzingerode,  et  surtout  le  roi  de 
Bavière. 


900.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

...    à  HAGER  (en  français). 

Découragement  et  projets  de  démission  de  Hardenberg.  Humboldt,  cause  de 
la  crise.  La  France,  rAulriche  et  la  Bavière  favorables  à  la  Cour  de  Saxe. 
Causes  de  la  résistance  de  la  Bavière,  décidée,  s'il  le  faut,  à  la  guerre  et 
qui  sera  soutenue  par  la  France  le]  cas  échéant. 

Hardenberg  est  tellement   mécontent  de  la  tournure  prise 

1 .  Gentz  n'était  pour  rien  dans  la  confection  de  cette  brochure  publiée  ano- 
nymement, mais  faite  par  ordre  du  gouvernement  prussien,  probablement 
par  le  conseiller  intime  Hoffmann,  en  réponse  à  l'autre  brochure  anonyme  : 
Stkchsen  und  Preutien. 


l'ouverture    du   congrès.   —    LA   SAXE   ET    LA   POLOGNE      S99 

par  les  affaires  qu^il  a  été  sur  le  point  de  démissionner.  On 
m'a  aftirmé  de  bonne  source  qu'Humboldt  est  cause  de  la  scis- 
sion qui  s'est  produite,  surtout  parce  qu'il  pousse  Alexandre 
à  ne  pas  céder  sur  la  question  de  Pologne  et  qu'il  compte 
ainsi  assurer  la  Saxe  à  la  Prusse.  La  France,  l'Autriche  etia 
Bavière  s'y  opposent  énergiquement. 

J'ai  su  par  le  comte  Charles  de  Rechberg,  le  conQdent  du 
roi  de  Bavière,  que  ce  prince  ne  se  prêtera  à  aucune  négocia- 
tion et  qu'il  exigera  le  maintien  intégral  des  conditions  qui  lui 
garantissent  l'intégralité  de  son  territoire  et  qu'il  a  posées  lors 
de  son  entrée  dans  la  coalition  (1), 

Wrede,  qui  n'est  certes  pas  un  diplomate  et  qui  n'est  que 
le  porte-parole  de  Montgelas,  considère,  du  reste  tout  comme 
Montgelas  lui-même^  la  cession  de  la  Saxe  à  la  Prusse  oomme 
le  précurseur  de  la  perte  inévitable  de  la  Bavière,  qui  est  ea 
dernier  ressort  décidée  à  la  guerre  qu'elle  fera  de  concert  avec 
la  France.  Le  roi  compte  en  conséquence  partir  d'ici  avant  la 
mi-décembre.  On  fait  déjà  emballer  les  tableaux  et  les  objets 
d'art  qu'il  a  achetés  ici. 

Le  prince  royal  de  Bavière,  que  Rechberg  a  accompagné 
dans  ses  voyages,  partage  entièrement  et  en  toutes  choses  les 
idées  du  roi.  Mais  malgré  cela  on  espère  que  tout  se  terminera 
et  se  réglera  à  Tamiable,  surtout  en  présence  du  ton  énergi- 
que de  noire  Cour. 


901.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Les  Prussiens  et  la  note  du  Beobachter.  Les  Médiatisés.  L'opinion  du  pvblic 
viennois  sur  les  principaux  hommes  d'Etat  du  Congrès.  La  Sainte-Cathe- 
rine. 

Les  Prussiens  ne  sont  que  médiocrement  satisfaits  de  l'arti- 
cle du  Beobachter  du  24.  D'après  eux  cette  note  aurait  pour 

1.  Cf.  Talleyrand.  Dépêche  n*  12.  Vienne,  17  novembre,  page  133  :  ■  La  cir* 
culaire  du  prince  Kepnin  a  été  le  signal  que  la  Bavière  attendait  pour  dé- 
clarer qu'elle  ne  souscrirait  à  aucun  arrangement  et  n'entrerait  dans  «vome 
ligue  allemande  que  la  conservation  du  royaume  de  Saxe  n'eût  été  ppèidoM»- 
ment  assurée...  «  Cf.  Ibidem.  Dépêche  n»  13.  Vienne,  25  novembre  (page  148) 
«  On  a  môme  déjà  fait  un  plan  de  campagne  à  la  chancellerie  de  guerre,  lie 
prince  de  Wrede  en  a  fait  un  de  son  côté.  L'Autriche,  la  Bavière  et  autres 


COO  AUTOUR  DU   C05GEÈS  DE   XÏESJSE 

efTet  de  faire  croire  aax  Médiatisés  qu'eux  aussi,  les  maisou 
de  Nassau,Darmstadt,  Hesse-Cassel,  Anhalt,  Reuss,  Meckkm- 
bourg,  etc. 9  etc.,  ne  tarderont  pas  à  siéger  au  Congrès.  Ces 
princes  ne  se  gênent  pas  pour  dire  :  €  Nous  aussi,  nous  avons 
fourni  nos  contingents  aux  souverains  alliés  ;  nous  avons  si- 
gné des  conventions  d'alliance,  tout  comme  la  Bavière,le  Wur- 
temberg, et  Bade.  Nous  avons,  nous  aussi,  le  droit  de  siéger 
au  Congrès,  de  réclamer  une  indenmité  et  le  remboursement 
de  nos  dépenses.  » 

Les  Français  continuent  à  déblatérer  tout  haut  contre  les 
Russes  et  contre  Alexandre.  Ils  vont  jusqu'à  dire  que  loin  de 
s'agrandir,  la  Russie  devrait  au  contraire  restituer  quelques- 
unes  de  ses  acquisitions. 

Talleyrand,  Humboldt  et  Stein  sont  considérés  dans  le  pu- 
blic comme  des  hommes  éminents,  tandis  qu'on  n'a  qu'une 
assez  piètre  idée  des  talents  de  Razoumoffskv,  de  Nesseliode 
et  de  Stackelberg. 

Le  monde  élégant  s'est  retrouvé  le  soir  chez  la  Bagration 
pour  la  Sainte-Catherine  (le  25).  Malgré  cela,  la  princesse  Ja- 
blono^vska,  le  prince  royal  de  Wurtemberg,  le  cardinal  Con- 
salvi,  Wredc,  le  prince  de  Nassau,  le  jeune  prince  de  Reuss^ 
le  commandeur  RufTo  et  pas  mal  d'Anglais  ont  passé  la  soirée 
chez  Castlereagh. 

Le  même  jour,  le  prince  Rosenberg  a  donné,  en  l'honneur  de 
saKatinka  Buchwieser,  un  dîner  auquel  avaient  été  conviés  Pe- 
tite Aimée  (2)  avec  le  grand  écuyer,  le  comte  Trauttmansdorff 
et  le  comte  Rechberg  avec  sa  danseuse  de  Munich.  La  mère 
Buchwieser  a  dit  ces  jours-ci  :  «  Ma  fille  a  fait  une  bêtise  en 
se  mettant  avec  le  prince  Rosenberg.  Elle  aurait  dû  rester  avec 
le  prince  Ghika  (3;.  11  payait  mieux.  » 


Elals  Allemands  feraient  marcher  32.000  horairies...  »  Et  un  peu  plus  loin, 
page  150  :  «  Les  afTaires  de  l'Allemagne  sont  suspendues  par  le  refus  de  la 
Bavière  et  du  Wurtemberg,  de  prendre  part  aux  délibérations  jusqu'à  ce  que 
le  sor  t  de  la  Saxe  soit  fixé.  • 

I.Le  prince  héréditaire  Henri  XIX  de  Reuss-Greitz.  né  pn  1790et  qui  épousa 
une  princesse  de  Hohan-Kochefort,  ou  le  prince  héréditaire  de  Reuss-Schleitz 
Henri  LXII,  né  en  1785. 

2.  La  Buchwieser  était  une  danseuse  du  ballet  de  Vienne.  Petite  Aimée, 
était  une  des  danseuses  venues  de  Paris. 

3.  Il  s'agit  ou  de  Grégoire  Ghika  qui  devint  prince  de  Valachie  en  1821 
ou  de  son  frère  cadet  Alexandre. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   601 

902*  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565. 

©©  HAGER  (en  français). 

L'Angleterre  et  son  attitude  par  rapport  à  l'agrandissement  de  la  Prusse. 
Cause  de  ses  ménagements  envers  cette  puissance.  Un  mot  du  Trince  de 
Ligne. 

J'ai  parlé  hier  avec  l'anglais  Park  et  l'ai  questionné  sur  les 
sentiments  de  ses  compatriotes  relativement  à  la  Prusse.  Il  m'a 
dit  :  «  Quand  TAngleterre  a  consenti  à  Tagrandissement  de  la 
«  Prusse,  elle  n'a  pas  supposé  que  la  Prusse  embrasserait  le 
«  parti  de  la  Russie  contre  les  intérêts  de  l'Allemagne.  Mais 
«  cela  ne  trouble  pas  beaucoup  les  Anglais.  Tout  bien  cousi- 
ne dé  ré,  ils  feront  bien  comprendre  raison  aux  Prussiens,  qu'il 
«  s'agissait  de  s'opposera  l'agrandissement  de  la  Russie. Quant 
<  à  l'Allemagne,  si  elle  veut  se  brouiller  par  rapport  à  la 
«  Prusse  et  se  liguer  même  avec  la  France  pour  cela,  les  An- 
«  glais  ne  s'en  mêleront  pas  et  resteront  spectateurs  pour  ne 
«  pas  froisser  la  Prusse,  qui  peut  être  la  plus  utile  à  l'Angle- 
«  terre  sur.  le  Continent.  Car  les  animosités  entre  nations  ne 
€  seront  pas  éteintes.  Le  Français  sera  toujours  le  rival  de 
«  l'Anglais,  le  Prussien,  de  TAutrichien,  le  Russe,  du  Turc. 
«  D'après  cela,  le  Prussien  est  plus  à  craindre  pour  la  France 
«  que  les  autres  Puissances  et  la  position,  que  l'Angleterre  a 
«  donnée  à  la  Prusse,  la  met  en  état  de  soutenir  les  Anglais 
«  contre  les  Français.  Ce  qui  pour  ma  patrie  est  le  principal.  » 

Le  Prince  de  Ligne  a  dit  hier  :  «  J'ai  bien  peur  que  cela  ne 
€  finira  pas  dans  un  jeu  de  piquet, et  si  l'Angleterre  ferme  sa 
«  bourse  aux  Prussiens  et  aux  Russes,  on  peut  prédire  qui 
€  gagnera.  » 


903.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3365). 

L...  à  HAGER  (en  français). 

La  cession  do  la  Saxe  à  la  Prusse  promise  par  un  article  secret  du  traité  de 
Kalisch  en  échange  de  la  Pologne  à  la  Russie.  L'ignorance  primitive  de 
l'Autriche  et  l'attitude  subséquente  de  Metternich  Les  mesures  prises  par 
Alexandre  avant  l'ouverture  du  Congrès.  Dissentiments  d'Hardenberg  avec 
ses  collègues.  Le  roi  refuse  sa  démission. 

La  cession  de  la  Saxe  a  été,  d'après  ce  qu'on  m'affirme,  pro- 


»i02  A'.Tx:»  m:  o'^> j1è5  le  TIES>£ 

Rii^':  ^:  I.'s  I'.  irr.  7  .:  uc  irtlilr  fê^r-rt  da  traiter  de  Kalisch(l:en 
-;cL:^:.:;-:  •î-i  i'<tt:ii>  Jtioa  dr  l.'i  FoI'>5Qc  à  U  Russie,  et  cet  article 
n'aviit  j.a%  été  co.T*  m  unique  dans  toute  sa  ter-euj  à  T  Autriche. 
ïoTrt  •]•:  -^jTi  -r.'.t.T'::  -i^ns  la  Giaii^îon.  Plus  tard  sur  le  Rhin,  Met- 
lernlch  j  ^-i  vrriit  •:-.-  la  cho^*:.  mai*  xl  a  cru  plus  *a^  de  la  tirer 
•;:*  ion:;'jC--;r,  |  .i:.:-:  qu'J  craigT}aît  de  voir  la  Prusse  rentrer 
ch*.-z  fc.-^.Oii  en  p-irla  à  Paris  et  \  Lf>nire5,  n;âiî  sans  conclare. 
On  dit  .'li'-ri.f;  i;  iAloxandrc  a  pour  cette  misoa  été  sur  le  point 
dv  ii-t  pa.-»  dll.r  il  Vienne-  et  ne  ie  fit  qu'après  avoir,  de  Paris. 
tW.iU'i  loroîc  c-:  niris^cr  d-s  troupes  dans  le  ^rand-duché  de 
Varsoviîr,  ou  il  erivova  »on  frère  Constantin.  Telle  était  la  à- 
t  liât  ion  lors  de  louverture  du  Congrès. 

Drs  le  d-rb-jt,  HcirdenLerg,  qui  naturellement  aurait  voulu 
rdiïrï,  i:  i?(j  '.  »;  d  -  i'op-^  -  -i'.i  n  de  la  part  de  Stein,  Humboldt, 
Knert  :li-:';i..  -i  .hjTi'uii.  Mais  i  Empereur  Alexandre,  qui  ne  veut 
jias  entendre  raison,  se  flattait  encore  de  pouvoir.par  un  coup  de 
force,  donn-r  la  Saxe  u  la  Prusse.  Mais  comme  de  leur  côté  les 
Puissances  déclaraient  nettement  qu'elles  ne  céderaient  pas, 
même  devant  la  menace  d'une  guerre,  la  situation  est  devenue 
si  grave  qu'Hardenberg,  fort  malmené  par  Alexandre,  a  oîTerl 
sa  démission  à  son  roi  qui  la  refu-a  sur  le  conseil  de  Knese- 
beck.  Celui-ci  insista  en  eîTet  sur  l'impopularité  qu'une  guerre 
vaudniit  au  Roi,  et  le  Roi  se  résigna  à  garder  Hardenberg, 
bien  qu'il  le  sache  tout  acquis  aux  vues  de  1* Autriche.  Aussi 
les  Russes  et  ceux  des  Prussiens,  qui  croyaient  déjà  tenir  la 
Saxe,  sont-i!s  pour  le  moment  fort  découragés.  Au  lieu  de  l'an- 
ncxi/m  de  la  Saxe,  ils  sentent  qu'on  devra  se  contenter  d'une 
occufjalion  provisoire. 

On  dit  que  Il-imboldt,  qui  se  crovait  déjà  chancelier,  quit- 
tera Vienne  le  0  décembre,  ira  à  Berlin  et  de  là  à  Paris  comme 
ambassîid^Mir  (Renseignements  de  l'agent  H...  basés  sur  les 
documents  qui  lui  ont  été  fournis  par  les  Prussiens  et  par  ceux 
qu'il  a  ramassés  chez  eux). 


1.  Article  2  secret  du  traité  de  Kalisch.  16-28  février  1^13...  •  S.  M.  TEm- 
pcrciir  de  toutes  les  Hussies  garantit  à  S.  M.  le  Roi  de  Prusse  avec  ses  pos- 
HCHsions  aclucllcs.  plus  particulièrement  la  vieille  Prusse,  à  laquelle  il  sert 
joint  un  territoire  qui,  sous  les  rapports  tant  militaires  que  géoçraphiquei, 
lie  cette  province  à  la  Silésic.  »  Cf.  d'ANOBSBRO,  p.  2. 


L^OUVERTURE   DU  CONGRÈS.  —   LA   SAXE   ET    LA   POLOGNE      603 
904.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4550  aé  3565). 

V.  L...  à  HAGER 

Autres  renseignements  de  l'agent  H...  sur  la  Pologne  et  la  Saxe. 

Quoiqu'on  dise  que  la  Pologne  restera  telle  qu'elle  était  en 
1808  et  que  la  Saxe  reviendra  à  son  roi,  qui  abdiquera  en  faveur 
du  prince  Antoine,  l'agent  H...  affirme  que  la  Prusse  n'a  pas 
encore  consenti  à  renoncer  à  la  Saxe. 


905.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

MAVROJENI  au  Prince  de  MOLDAVIE  (intercepta)  en  français). 

L'article  du  Beob&chter.  L'audience  d'Hardcnbcrg  chez  Alexandre.  La  Russie 
et  la  Prusse  semblent  vouloir  modérer  leurs  prélentions. 

On  croit  ici  que  le  prince  de  Metternich  lui-même  est  Tau- 
teur  de  l'article  que  donnent  nos  feuilles  publiques  (1  )  sur  les 
négociations  de  Vienne  et  sur  le  mode  du  travail  qui  caracté- 
rise le  Congrès,  et  qu'il  a  voulu  donner  par  là  une  espèce  de 
compte  rendu  sur  le  travail  du  Congrès. 

Il  semble  qu'on  a  été  dans  l'erreur  sur  le  but  que  l'audience 
du  prince  de  Hardenberg  chez  l'Empereur  de  Russie  devait 
avoir  eu  (2)  ;  au  moins  ne  remarquait-on  pas  de  changement 
saillant  dans  les  dispositions.  On  prétend  pourtant  qu'Alexandre 
a  témoigné  que  son  amitié  pour  son  allié,  l'Empereur  d'Au- 
triche, pourrait  l'engager  à  accorder  des  modifications  sur 
plusieurs  points. 

11  est  encore  positif  que  la  Prusse  elle-même  ne  vise  plus  à 
toute  la  Saxe  et  qu'elle  voudrait  se  contenter  d'environ  la 
moitié  de  ce  pays. 

L'Empereur  de  Russie  doit  avoir  demandé  que  le  cabinet 
d'Autriche  articule  jusqu'à  quel  point  il  désirerait  que  la  Rus- 
sie cédât.  Mais  celte  proposition  doit  avoir  été  déclinée. 

On  voudrait  aussi  que  le  roi  de  Saxe  accepte  quelque  équi- 

1.  L'article  du  Beobachter  du  24  novembre. 

2.  Alexandre  donna  audience  à  Hardenberg  le  34  au  matin. 


604  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

valent  pour  ses  Etats  héréditaires  ;  mais  après  la  protestation 
solennelle,  faite  à  plusieurs  reprises,  qu'il  ne  donnerait  pas  son 
consentement  à  de  pareilles  offres,  elles  ne  pourront  pas  avoir 
de  succès. 

Tous  ces  essais  prouvent  cependant  qu'on  commence  à  être 
moins  dur  dans  les  prétentions  et  que  des  vues  modérées  pren- 
nent faveur. 


906.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3564). 

HEGARDT  à  ENGESTROEM  {inlercepta) 
(analyse  de  1  article  du  Beobachler  du  24). 

A  propos  d'un  article  sur  le  Congrès  attribué  à  Mettemich, 
mais  qui  émane  de  la  Chancellerie  et  doit  donner  au  public 
une  idée  de  ce  Congrès  qu*on  définit  d'une  manière  négative 
en  disant  «  qu'il  ne  ressemble  à  aucim  Congrès  précédent  >. 
Le  mode  de  traiter  les  affaires  par  communications  confiden- 
tielles choque  un  peu  ceux,  dont  l'existence  politique  et  les 
intérêts  peuvent  y  être  discutés  sans  leur  participation. 


907.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

HAGER  à   TEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  28  novembre; 

Intercepta  divers  des  25,  26  et  27  novembre. 

Stackelberg  à  Piquot  (i5  novembre)  (peu  important). 

Addington  (Zurich,  17  novembre)  à  Canning  (à  Vienne). 
(Le  comte  de  Talleyrand  (1)  essaye  de  faire  un  traité  de  com- 
merce avec  la  Suisse  et  diverses  indications  sur  les  affaires  de 
Suisse  et  les  troubles  de  Soleure.) 

1.  Talleyrand  (Auguste-Louis,  comte  de)  (1770-1832)  cousin  de  Talleyrand, 
accompagna  en  1788  son  père,  ambassadeur  à  Naples,et  ne  rentra  en  France 
qu'en  1799.  Chambellan  de  Napoléon,  puis  ministre  plénipotentiaire,  d'abord 
près  du  grand-duc  de  Bade,  puis  eu  Suisse.  Accrédité  en  la  même  qualité 
par  Louis  XVIII,  il  resta  dans  ce  poste  jusqu'en  1823.  Pair  de  France  en 
avril  1825,  il  refusa  de  prêter  serment  4  Louis -Philippe. 


l'ouverture  du   congrès.  —    LA   SAXE  ET   LA   POLOGNE      005 

Du  26  novembre. 

Roi  de  Wurtemberg  au  prince  de  HohenzoUern-Hechin- 
gen  (1)  (lettre  de  condoléance). 

Prince  Eugène  de  Wurtemberg  (Karlsruhe,  H  novembre) 
à  son  frère  Ferdinand  (2).  (Il  lui  recommande  le  comte  Bethusy, 
porteur  de  cette  lettre  et  auquel  il  lui  conseille  de  conGer  les 
siennes,  quand  il  aura  quelque  chose  de  confidentiel  à  lui  com- 
muniquer.) 

Stein  à  Capo  d'Istria  (26  novembre). (Il  lui  envoie  les  Mémoires 
sur  la  Suisse  qu'Humboldt  a  lus  et  le  prie,  après  les  avoir  lus, 
de  les  transmettre  à  lord  Stewart.  L'une  des  mesures  propo 
sées  est  soit  un  arbitrage  amical  ou  une  intervention  d'autorité 
des  principales  Puissances.  L'autre  est  le  protocole  de  la  séance 
du  Comité  pour  la  Suisse,  du  15  novembre.) 

Roi  de  Prusse  au  prince  de  Schwarzburg-Rudolstadt  (3)  (sous 
le  couvert  de  Wintzingerode  (24  novembre). (Il  le  remercie  de 
la  notification  qu'il  lui  a  fait  tenir  de  la  reprise  du  gouverne- 
ment de  sa  principauté.) 

Castlereagh  à  Lord  Clancarty  (Renvoi  des  papiers  et  dépê- 
ches de  la  Haye). 

Plus  un  lot  de  chiffons  et  papiers  pris  le  26  chez  Talleyrand 
et  Noailles. 


908.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4500  ad  3565). 

Rappobt  à  HAGER 

On  a  réussi  à  établir  à  partir  du  24,  ce  qui  avait  été  impos- 
sible jusque-là,  une  surveillance  directe  en  plaçant  un  affidé 
chezHumboldt. 


1.  Hohenzollcrn-Hcchingen  (Frédéric- H ermann,  prince  de)  (1776-1838).  il 
avait  succédé  à  son  père  le  2  novembre  1810. 

2.  Deux  frères  du  roi,  l'un  Eug^ène-Frédéric- Henri,  duc  de  Wurtemberg 
(1758-1822)avait  épousé  en  1787  la  princesse  Louise  de  Stolberg-Geldem,  veuve 
du  duc  Auguste-Frédéric-Charles  de  Saze-Meiningen  ;  l'autre  Ferdinand-Fré- 
déric-Auguste,  né  en  1763,  feld-maréchal  autrichien,  avait  épousé  en  1795  la 
princesse  Albcrtine-Wilhelraine- Amélie  de  Schwarzburg-Sondershausen  et  se 
remaria  en  1817  avec 'a  princesse  Pauline  de  Mcttemich,  sœur  du  chancelier. 

3.  Schwarzburg-Rudolstadt  (Frédéric-Gunther,  prince  de)  (1793-1867),  prince 
régnant  depuis  le  28  avril  1807. 


60G  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

909.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565  . 

...   HAGER 

Le  comte  Bethusy  fournit  tous  les  jours  des  rapports  secrets, 
soit  au  Conseiller  intime  Jordan,  soit  à  Hardenberg  en  per- 
sonne. 


910.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  prince  Repnin  est  on  ne  peut  plus  mécontent  du  rôle 
qu'on  lui  a  fait  jouer.  Il  avait  affirmé  à  Dresde  que  la  Saxe 
était  définitivement  réunie  à  la  Prusse.  Arrivé  ici,  il  voit  que 
cela  est  loin  d'être  décidé  et  se  plaint  en  disant  qu'on  Ta 
poussé  à  se  compromettre. 

911.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

...  à  HAGER 

On  dit  et  on  affirme  que  le  général  KoUer  va  aller  ces  jours- 
ci  à  rîle  d'Elbe,  afin  de  décider  Napoléon  à  consentir  à  l'annu- 
lation de  son  mariage  avec  Marie-Louise,  que  le  Pape  est  tout 
disposé  à  prononcer. 

Cela  fait,  le  roi  de  Prusse  épouserait  Marie-Louise  à  laquelle 
il  fait  de  fréquentes  visites. 


912.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

Les  affaires  de  Suisse.  La  Pologne  et  la  Saxe.  La  France, 
l'Espagne  el  Mural,  la  Toscane  et  la  reine  d'Etrurie. 

Note  sur  la  première  séance  du  comité  sur  les  affaires  suisses 
tenue  le  15  novembre  (1)  chez  lord  Stewart. 

1.  Cf.  d'ÀNOBBERO,  430-434.  La  première  séance  du  comité  des  afTaircs  de  la 
Suisse  eut  lieu  le  14  novembre.  La  2*»*  séance  se  tint  le  15.  On  y  discuta  les 
propositions  russes. 


l'ouverture    du   congrès.    —    LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      607 

Délibération  sur  les  Mémoires  remis  par  les  députés  suisses, 
sur  la  Constitution  nouvelle  à  donner  à  la  Confédération  hel- 
vétique. Ils  den:\^ndent  que  les  Alliés  acceptent  le  nouveau 
pacte  fédéral  de  la  Confédération  et  garantissent  Tindépen- 
dance  et  la  neutralité  de  la  Suisse,  à  laquelle  on  rendra  tous 
les  territoires  que  la  France  lui  avait  enlevés. 

L'agent  ne  sait  rien  de  précis  sur  la  Pologne  et  la  Saxe, 
mais  il  insiste  sur  les  efforts  faits  par  la  France  et  l'Espagne 
pour  renverser  Murât  et  sur  tes  démarches  de  TEspagne,  qui 
réclame  la  Toscane  et  Parme  pour  h  reine  d'Etrurie. 


913.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

HEILMANN  à  son  père  (à  Bienne)  (intercepta)  (en  français). 

Les  affaires  do  Suisse,  la  maladie  de  Wessenberg  et  l'opinion  de 

Gapo  d'istria. 

...  Capo  d'istria  m'a  dit  :  «  Si  vous  écrivez  à  vos  conci- 
toyens, dites-leur  qu'ils  doivent  se  tranquilliser,  attendre  avec 
calme  la  décision  et  ne  pas  croire  à  tous  les  contes,  puisque, 
comme  je  vous  le  dis,  rien  n'est  décidé.  De  deux  choses  Tune  : 
Ou  vous  serez  un  canton,  et  alors  les  droits  de  Bienne  sont 
positifs  ;  ou  vous  serez  joints  à  celui  de  Berne,  et  alors  on  vous 
fera  des  conditions  dont  vous  serez  contents.  Je  vous  pré- 
viendrai sûrement  quand  il  sera  question  de  quelque  chose.  » 


914.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

L...  à  HAGER 

Hardcnbcrg  chez  Alexandre  le  23.  Les  concessions  de  l'Empereur  de  Russie. 
Les  frontières  de  la  Pologne  du  côlé  de  la  i'russe  et  do  l'Aulricbe.  Le  roi 
de  Prusse  pense  au  départ.  Le  mécontentement  d'Alexandre. 

D'après  les  dires  du  comte  de  Reichenbach,  le  Congrès  finira 
pacifiquement,  et  ce  résultat  serait  en  grande  partie  dû  au 
prince  de  Hardenberg.  Le  soir  du  Carrousel,  TEmpereur  de 


608  AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE   VIENNE 

Russie  le  fit  appeler  afin  de  conférer  avec  lui  (1)  et  le  prince 
aurait  réussi  à  modifier  ses  vues  sur  la  Pologne  et  à  modérer 
ses  prétentions.  Il  a  appelé  Tattention  de  ^l'Empereur  sur 
l*Union  secrète  polonaise  de  1794,  qui  n'a  jamais  cessé  d'exis- 
ter, et  surtout  sur  le  fait  qu'on  y  déclara  formellement  qu'on 
ne  saurait  pardonner  à  la  Russie  l'anéantissement  de  la  Pologne. 
Cette  union,  cette  fédération  existe  encore  et  existera  jusqu'au 
jour,  où  la  Pologne  aura  recouvré  son  existence  et  son  indé- 
pendance. Elle  s'étendra  au  contraire  et  se  développera  mal- 
gré tout  ce  qu'on  fera  pour  l'étoufifer  et  la  détruire. 

Tous  les  Polonais  quelque  peu  considérables  et  influents  font 
partie  de  cette  Société.  Le  prince  Adam  Czartoryski  a  été  un 
de  ses  premiers  adhérents,  un  de  ses  promoteurs  et  ne  cessera 
jamais  d'en  faire  partie.  Le  prince  Radziwill  appartient,  lui 
aussi,  à  cette  Société. 

L'Empereur  Alexandre^  très  frappé  par  ces  communications, 
s'est  départi  d'une  partie  de  ses  prétentions  et  a  accepté  une 
combinaison  qui  semble  de  nature  à  satisfaire  la  Prusse  et 
l'Autriche 

On  aurait  déterminé  les  points  principaux  de  la  frontière 
prussienne  du  côté  de  la  Pologne,  et  il  ne  resterait  plus  qu'à 
en  fixer  le  tracé  définitif.  Kalisch  serait,  sur  la  route  de  Var- 
sovie à  Glogau,  la  dernière  ville  russe.  De  là,  la  frontière  s'in- 
fléchirait à  droite .  jusqu'à  la  Wartha,  qui  séparera  les  deux 
Etats,  laissant  ainsi  Posen  et  Gnesen  à  la  Prusse.  La  frontière 
rejoindrait  ensuite  laNetzeet  la  Vistule.de  sorte  que  Bromberg 
et  Thorn  resteront  à  la  Prusse,  qui  aurait  ainsi  les  territoires 
et  les  frontières  que  Frédéric  II  avait  si  ardemment  désirés. 

Le  Chancelier  aurait,  me  dit-il,  remporté  encore  un  autre 
succès. 

Grâce  à  lui,  la  Prusse  a  en  quelque  sorte  rempli  le  rôle 
d'intermédiaire,  de  médiateur  entre  la  Russie  et  l'Autriche, 
et  jouira  par  conséquent  vis-à-vis  de  chacun  de  ces  deux  cabi* 
nets  d'une  position  exceptionnellement  favorable. 

L'Empereur  de  Russie  aurait,  d'autre  part,  consenti  à  laisser 
à  l'Autriche  Cracovie  et  une  bande  de  terrain  entre  la  Vistule 
et  le  Bug,  avec  une  population  de  400.000  âmes. 

l.«  Bruits  sur  un  changement  dans  les  dispositions  de  l'Empereur  de  Rus- 
sie, lit-un  à  la  date  du  21  dans  les  Tagebûcher  de  Gbntz  ».  Mais  il  n'en  est 
pas  moins  positif  qu'Hardenberg  conféra  le  33  avec  Alexandre  et  lui  remit 
même  un  Mémoire. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA  POLOGNE      609 

Le  roi  de  Prusse  croit  si  fort  que  toutes  les  difficultés  sont 
aplanies  qu'hier  26,  il  a  parlé  à  ses  aides  de  camp  de  son  pro- 
chain départ  et  des  quelques  petits  achats  qu'il  lui  fallait  faire. 

Le  roi  a  raconté  aussi  à  ses  aides  de  camp  qu'à  la  dernière 
Redoute  plusieurs  personnages  haut  placés  se  seraient  demandé 
à  haute  voix,  dès  qu'ils  l'aperçurent,  s'ils  avaient  déjà  lu  la 
brochure  :  Sachsen  und  Preussen. 

L'Empereur  Alexandre  est,  parait-il,  très  froissé  de  la  façon 
dont  on  parle  de  lui,  et  très  irrité  de  ce  que  le  prince  de  Li- 
gne se  soit  permis  de  dire,  en  faisant  allusion  à  lui  :  Le  con- 
grès danse,  mais  ne  marche  pas. 


915.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

Comte  de  GORTZ  à  son  oncle  (à  Rûdesheim)  (intercepta) 

(en  français)  (analyse). 

Il  a  résolu  de  prolonger  son  séjour  d'une  quinzaine  de  jours 
dans  l'espoir  d'avoir  de  meilleures  nouvelles  à  lui  transmettre 
€  du  malade  (1),  auquel  nous  nous  intéressons.  Il  ny  a  pas  à 
désespérer  de  Theureux  effet  des  crises  que  son  état  pourrait 
amener  ». 


916.  Hambourg,  18  novembre  1814  (F.  4.  4462  ad  3565). 

BOCKELMANN  à  ROSENCRANZ  (intercepta)  (en  français) 

(analyse). 

Arrivée  d'un  aide  de  camp  de  Bennigsen, porteur  des  ordres 
pour  le  départ  des  troupes  russes.  La  date  n'est  pas  fixée, 
mais  elle  ne  passeront  pas  l'hiver  ici.  Bennigsen  fixera  la 
date  au  retour  des  courriers  qu'il  a  envoyés,  l'un  à  Vienne, 
l'autre  au  prince  royal  de  Suède. 


1.  La  Saxe  et  son  roi. 

T.  I.  39 


610  AUTOUB   DU  C0:CGRÉ9   DE  VIENNE 

917.  Vienne,  39  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3365). 

HAGER  à  r EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  S9  novembre  1814. 

Il  appelle  entre  autres  son  attention  sur  le  rapport  de  00. 


918.  Vienne,  38  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  d5«5). 

0©  à  HAGER  (en  français). 

On  parle  beaucoup  de  la  liaison  de  la  comtesse  de  Périgord 
avec  le  prince  Trauttmansdorff.On  dit  que  le  départ  d'AJexan- 
dre  est  fixé  au  17  et  que  les  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg 
partiront  im  peu  plus  tôt. 


919.  Vienne,  38  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3566). 

Rappobt  à  HAGER 

La  surveillance  du  prince  de  Hesse.  Le  grand-duc  de  Bade  et  la  Morel. 

•  La  Toussaint  et  Starhemberg. 

On  a  établi  une  surveillance  chez  le  prince  héritier  de  Hesse- 
Darmstadt  (1). 

La  comtesse  Gatterburg  (2)  a  affirmé  à  M.  von  D...  que  le 
grand-duc  de  Bade  a  rompu  avec  la  Morel  à  laquelle  il  donne 
une  pension. 

Il  Taurait  remplacée  par  M"*  Toussaint  et  pour  être  plus  à 
Taise,  il  a  envoyé  ses  fils  à  Thôtel  à  VEmpereur  Romain. 

M"«  Toussaint  aurait  de  son  côté  rompu  avec  Starhemberg, 
qui  ne  pouvait  payer  ses  dettes  s*élevant  à  plus  de  10.000  florins. 

1.  Né  en  1777,  fils  du  premier  grand-duc  de  Hesse-Darmstadl,  Louis  !•',  ce 
prince, qui  monla  sur  le  trône  en  1H30 sous  le  nom  de  Louis  H, beaucoup  moins 
libéral  que  son  père,  eut  de  fréquents  conflits  avec  les  Etats  et  prit  pour  co- 
Uégent  après  la  Révolution  de  février  1848  son  fils,  qui  lui  succéda  bientôt 
Hous  le  nom  de  Louis  III.  Il  avait  épousé  le  19  juin  1804  Wilhclminc-Louise» 
llllc  de  Charles-Louis,  à  ce  moment  prince  héréditaire  de  Bade. 

2.  Serait'il  ici  question  do  la  femme  du  major  comte  Joseph  Gatterburg, 
chevalier  de  l'ordre  de  Marie-Thérèse  (1770-1777). 


l'ouverture   du   congrès.    —   LA   SAXE   ET  LA   POLOGNE      611 

920.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3505) 

Rapport  à  HAGER 

Jomini  a  porté  hier  un  volumineux  travail  à  Alexandre  et, 
i'aide  de  camp  du  général  étant  sorti  presqu'en  même  temps 
que  lui,  on  a  pu  ramasser  chez  lui  quelques  papiers  et  chiffons. 


921 .  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565;. 

Rapport  à  HAGER  (iniercepla) 

Czartoryski  à  Stein  (27  novembre)  (Ayant  à  une  heure  une 
entrevue  avec  Nesseirode,  il  ne  pourra  se  rendre  que  plus  tard 
à  la  conférence  chez  Hardenberg). 

Plus  deux  autres  intercepta^  dont  Tun  à  Campochiaro,  tous 
tous  deux  insigniGants. 


922.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Alexandre  et  le  Roi  de  Prusse  font  depuis  quelques  jours  des 
avances  au  grand-duc  de  Bade  qu'ils  cherchent  à  attirer  à  eux. 


923.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

à  HAGER 

Le  27,  le  duc  de  Campochiaro  a  fait  transporter  à  Schoen- 
brunn  une  grande  boîte  que  son  propre  fils,  accompagné  de 
son  secrétaire,  a  remise,  avec  deux  paquets  cachetés  contenant 
des  lettres,  à  Marie-Louise,  non  pas  dans  son  salon,  mais  dans 
sa  chambre. 


012  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

924.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

On  croit  au  règlement  définitif  des  difficultés.  L'Autriche, 
soutenue  par  la  France,  la  Bavière  et  le  Wurtemberg,  a,  dit- 
on,  obtenu  le  maintien  du  Royaume  de  Saxe. 

Les  petits  princes  allemands  persistent  à  réclamer  TEmpe- 
reur  d'Autriche  comme  chef  de  la  Confédération  (1). 


925.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

0...  à  HAGER 

L'état  d'esprit  d'Alexandre.  On  craint  pour  lui  qu'il  ne  finisse 

comme  son  père,  par  la  folie. 

€  On  parle  de  plus  en  plus  du  singulier  état  d'esprit  de 
l'Empereur  Alexandre  et  on  craint  de  plus  en  plus  de  le  voir 
marcher  sur  les  traces  de  son  père.  La  première  remarque  a 
été  faite  à  ce  propos  par  Anstett  dans  une  conversation  avec  le 
comte  Broniewski  (2)  et  à  propos  de  Tinsurmontable  entête- 
ment de  TEmpereur.  » 

On  raconte  aussi  qu'après  son  fameux  entretien  avec  Alexan- 
dre, Talleyrand  aurait  dit  que  la  violence  de  l'Empereur  lui 
avait  fait  croire  qu*il  se  trouvait  devant  un  second  Napoléon. 

Le  ministre  de  Suède  a  fait  les  mêmes  remarques. 

Les  observations,  que  les  diplomates  du  Congrès  ont  été 
amenés  à  faire  à  Alexandre,  ont  permis  de  voir  son  vrai  ca* 
ractère  et  de  se  convaincre  de  la  grandeur  et  du  danger  de  ses 
caprices  et  de  ses  fantaisies. 

Hier  vendredi,  j'ai  rendu  visite  à  l'archevêque  Ignace  (3) 
qui  au  cours  de  la  conversation  m'a  dit,  lui  aussi,  qu*il  avait 
été  frappé  du  changement  qui  s'était  opéré  dans  le  caractère 
d'Alexandre. 


1.  Cf.  d'AifOBBBRO,  16  novembre,  441-446  ;  34  novembre,  p.  461. 
3.  Patriote  polonais,  grand  propriétaire  terrien  en  Galicie. 
3.  Archimandrite  de  Jaisy. 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA    SAXE   ET   LA   POLOGNE      613 
926.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

GOEHAUSEN    à    HAGER 

L'article  injurieux  pour  la  Bavière  et  le  Wurtemberg  du  Rheinischer  Mercur 
et  son  auteur.  La  détente  au  sujet  de  la  Saxe  et  de  la  Pologne.  Date  pro- 
bable du  départ  des  souverains  et  la  continuation  des  négociations  à  Vienne. 

Le  Rheinischer  Mercur  a,  dans  son  numéro  141,  publié  un 
article  des  plus  offensants  contre  la  Bavière  et  le  Wurtem- 
berg. On  sait  que  le  rédacteur  de  cette  feuille  est  le  professeur 
Gœrres,  de  Coblence,  un  des  porte-parole  de  la  Prusse  et  un 
des  instruments  dont'  se  sert  le  baron  Stein.  En  dépit  de  tout 
ce  que  Ton  sait  sur  le  compte  de  cet  homme,  peu  recomman- 
dable  tant  par  ses  mœurs  que  par  son  caractère  politique^  il 
n'en  est  pas  moins  devenu,  grâce  à  la  protection  de  la  Prusse, 
inspecteur  des  Ecoles.  Il  est  donc  hors  de  doute  que  cet  article 
est  dû  à  une  plume  prussienne. 

D'après  des  nouvelles  qui  me  viennent  de  bonne  source,  le 
bruit  d'une  détente,  qui  se  serait  produite  depuis  deux  jours 
au  sujet  de  la  Saxe  et  de  la  Pologne,  se  confirme  de  plus  en 
plus,  et  ce  revirement  serait  la  conséquence  de  la  fermeté  mon- 
trée par  l'Empereur  d'Autriche. 

On  croit  que  les  Souverains  quitteront  Vienne  vers  la  mi- 
décembre,  mais  que  les  négociations  s'y  poursuivront  jusqu'à 
leur  entier  achèvement. 


927.  Vienne,  30  novembre  1814  (F.  4.  4559  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  30  novembre  1814. 

Il  demande  s'il  doit  continuer  à  faire  surveiller  Marie- Louise 
et  son  entourage.  Cette  surveillance,  coûteuse  et  délicate,  ne 
donne  que  de  maigres  résultats. 


614  AVTOCn  DC  GOTCGIÉS  DE   VIOTCE 

928.  Vienne,  38  noTembre  1814  (F.  4.  4U9  ad  3565  . 

IntercepU  du  28  novembre. 

Stein  à  Khanikoff  (1).  (Il  s*exciise  de  ne  pouvoir  être  à 
5  heures  chez  la  grande- duchesse  Marie.) 

Stein  à  Repnin.  (Il  n^a  pu  le  voir,  avant  été  appelé  à  la  Cour.) 

Wintzingerode  au  comte  Xeipperg  (Décision  prise  par  le  Roi 
de  Wurte.iiberg,  relativement  au  traitement  qui  lui  est  alloué 
pour  l'éducation  des  princes.) 

Wintzingerode  à  Phûll,  (à  Stuttgart),  à  la  comtesse  Tru- 
ehsess-Waldburg  et  au  banquier  Douglas,  plus  quelques  re- 
quêtes et  lettres  privées. 

Humboldt  à  Stewart.  (Envoi  d'une  note  de  Capo  distria  sur 
les  affaires  de  Suisse.) 

Et  enfin  des  Intercepta  divers  pris  le  i9  chez  Xesselrode  et 
chez  Stackelberg. 


929.  Vienne,  29  novembre  1814  (F.  4.  4559  ad  3565). 

à  HAGER  (analyse). 
Extrait  d'une  lettre  interceptée  écrite  par  Piquot. 

Données  sur  les  conditions  de  l'annexion  de  G^nes  à  la  Sar- 
daigne.  Rien  de  décidé  encore  pour  la  Saxe  et  la  Pologne; 
questions  d'une  telle  importance  qu*elles  influent  sur  la  marche 
de  toutes  les  affaires. 

Note  des  plénipotentiaires  allemands  sur  la  Constitution  de 
r Allemagne  et  note  séparée  de  la  Cour  de  Bade. 


930.  Vienne,  29  novembre  1814  (F.  4.  4559  ad  :>565). 

...   à  HAGER  (en  français). 
Marie-Louise  boit  à  la  santé  du  roi  de  Prusse. 

Le  25,  à  dîner,  Marie-Louise  a  vidé  son  verre  à  la  santé  du 
roi  de  Prusse.  M"*  de  Brignole  et  Bausset  se  sont  regardés  et 
sont  restés  muets  et  stupéfaits. 

1.  Le  général-lieutenant  russe  KhanikofT  faisait  partie  de  la  suite  de  la  grande- 
duchesse  Marie,  princesse  héréditaire  de  Weimar,  qui  avait  avec  elle  la  corn- 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE  ET   LA   POLOGNE      616 
931.  Vienne,  29  novembre  1814  (F.  4.  4559  ad  3565). 

H....  à  HAGER 

Les  concessions  probables  qu'on  arrachera  à  la  Russie  et  à  la  Prusse 
sur  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne. 

Les  conseillers  intimes  (Prussiens)  Philippsborn  et  Schrœer 
ne  voulaient  pas  se  décider  à  admettre  hier  soir  que  la  Prusse 
était  sur  le  point  de  renoncer  à  la  Saxe  et  soutenaient  au  con- 
traire qu'elle  continuerait  de  faire  valoir  ses  prétentions. 

Le  Conseiller  intime  Staegemann  a  en  revanche  fait  part 
ce  matin  au  capitaine  Mûller  (1),  chargé  par  moi  de  me  ren- 
seigner sur  ce  point,  des  craintes  qu'il  ne  pouvait  se  défendre 
d'avoir  et  de  l'obligation  dans  laquelle,  malgré  tout  le  chagrin 
qu'il  en  éprouve,  se  trouvera  le  roi  de  Prusse  de  céder  surcette 
question^  en  présence  de  l'opposition  manifeste  de  plusieurs 
puissances,  qui  ne  toléreront  pas  la  prise  de  possession  de  la 
Saxe  par  la  Prusse. 

L'aide  de  camp  du  prince  Wolkonsky,  le  capitaine  Dani- 
lewsky,  a,  de  son  côté,  confié  confidentiellement  à  TObers- 
teuer  Rath  Borbstedt  la  probabilité  de  la  renonciation  de 
la  Russie  à  ses  projets  sur  la  Pologne  et  de  la  reconstitution 
de  l'état  de  choses  tel  qu'il  avait  existé  jusqu'en  1806,  sauf 
quelques  légères  modifications  qu  on  apporterait  au  tracé  de 
la  frontière.  Momel,  par  exemple,  sera  attribué  à  la  Russie  ;  le 
Niémen  séparera  les  deux  Etats  et  la  frontière,  coupant  le  cours 
de  la  Vistule  à  Ostromezko,  rejoindrait  de  cette  façon  les  ter- 
ritoires autrichiens.  Thorn,  Posen,  Gnesen  et  Kalisch  resteront 
à  la  Prusse,  mais  la  Russie  conservera  le  département  deBie- 
lostok.  La  Russie  n'en  continue  pas  moins  à  être  très  bien  dis- 
posée en  faveur  de  la  Prusse.  Elle  cherchera  probablement  des 
compensations  du  côté  du  Sud  et  s'efforcera  de  s'agrandir  aux 
dépens  de  la  Turquie. 


tessc  Henckel  von  Donncrsmark,  grande  maltresse  de   sa  maison  ;  les  com- 
tesses Beust  et  Frilsch,  ses  dames    d'honneur,  le  baron  Wolfskehl,  faisant 
fonction  de  grand  maître  de  sa  maison,  von  Bielkc  chambellan,  Miss  DilloD, 
son  secrétaire  le  conseiller  aulique  Voelkel  et  un  médecin,  le  D'Starka. 
1.  Ancien  officier  du  corps  franc  de  Lûtzow. 


616  AUTOUR  DU  CO^iGRÈS   DE   VIENNE 

932.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4559  ad  3565). 

Anonyme  à  WESSEXIG  {intercepta)  (en  français) 
(sous  couvert  de  Wiedenheiiu). 

Rien  de  décidé  pour  la  Saxe.  Guerre  probable  que  l'Autriche  aurait  évitée  en 

s'alliant  avec  la  France  cl  rAllema^^ne  du  Sud. 

Notre  sort  n'est  pas  encore  décidé.  Je  n'augure  rien  de  bon. 

On  dit  avoir  proposé  au  Roi  Dresde  avec  500.000  âmes  et  le 
titre  de  Grand-duc.  L'Empereur  de  Russie  et  le  Roi  de  Prusse 
ne  déclarent  pas  ce  qu'ils  veulent  garder  et  rompront  subite- 
ment les  négociations,  d'où  il  résultera  eniin  un  état  provisoire 
et  dans  im  an  une  nouvelle  guerre^que  l'Autriche  aurait  évi- 
tée en  s'alliant  avec  la  France  et  toute  l'Allemagne  du  Sud 
et  d'où  s  en  serait  suivie  dès  à  présent  une  attitude  menaçante 
qui  eut  fait  baisser  les  prétentions  des  Souverains  du  Nord. 

J'attends  ici  un  dénouement  quelconque  qui  ne  peut  guère 
tarder. 

Quant  à  mes  terres,  j'ai  tout  lieu  de  croire  que  le  gouverne- 
ment prussien  sera  favorable  aux  arrangements  que  je  projette 
et  combattra  peut-être  les  mauvaises  intentions  que  peuvent 
avoir  certaines  personnes. 


933.  Vienne,  1«'  décembre  1814  (F.  4.  4567  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR  (intercepta) 
(Bordereau  et  rapport  journalier  du  l***  décembre). 

Analyse  du  Cabinet  Noir  du  39  novembre  1814. 

Noailles  à  Saint-Marsan  (11  lui  renvoie  des  pièces  formant 
le  projet  du  rapport  général  sur  Gênes). 

Toutes  les  autres  pièces  émanant  de  Broughton,  Stackel- 
berg,  de  la  grande -duchesse  Catherine,  d'Humboldt,  de  Cor- 
sini  et  du  comte  Salmour  sont  peu  intéressantes  (recomman- 
dations ou  affaires  privées). 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   617 

934.  Vienne,  30  novembre  (F.  5.4567  ad  (3565). 

0©  à  HAGER  (en  français)  (analyse). 

Sur  les  conséquences  incalculables  et  fatales  pour  F  Autriche 
et  r  AUemagne  qu'aurait  la  cession  de  la  Saxe  à  la  Prusse  ;  sur 
les  conférences  du  grand-duc  de  Bade  avec  Wrede  (1). 

Désappointement  des  Russes  et  des  Prussiens  en  présence 
de  Téchec  presque  certain  des  affaires  de  Pologne  et  de  Saxe. 
Leur  irritation  contre  Talleyrand  (2)  qui,  à  leurs  yeux  est  seul 
cause  de  la  résistance  de  TAutriche. 

Les  Anglais  épousent  et  soutiennent  la  cause  du  roi  de  Saxe. 

Inquiétude  causée  par  les  armements  de  Murât  et  la  corres- 
pondance qu'il  entretient  avec  File  d'Elbe. 

Irritation  du  Saint-Siège  contre  TAutriche  à  cause  des  Léga- 
tions (8), 


935.  Vienne,  30  novembre  1814  (F.  5.  4567  ad  3565). 

...  à  HAGER 

Dalberg  a  eu  le  27  une  conférence  de  deux  heures  avec  Rech 
berg,  qui  a  ensuite  conféré  longuement  avec  Wrede. 


936.  Vienne,  30  novembro  1814  (F.  5.  4567  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

La  question  de  Saxe  semble  tranchée.  Schulenburg  et  Miltitz.  L'appui  donné 
par  l'Angleterre  à  la  Saxe.  L'attitude  des  Prussiens.  L'Italie,  les  armements 
de  Murât,  ses  accords  avec  Napoléon  qu'on  ne  peut  laisser  à  l'Ile  d'Elbe. 

La  rentrée  du  roi  de  Saxe  dans  ses  Etats  paraît  chose  certaine. 
Le  comte  de  Schulenburg  espère,  désire  et  pense  rester  tou- 
jours ici. 

1.  Cf.  Wrede  à  Montgelas.  Dépêche  du  27  novembre.  Hbilmann,  Wrede, 
page  413  et  424. 

2.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Dépêche  no  12.  Vienne  17  novembre  et  n<*  13  du 
35  novembre  1814. 

3.  Cf.  HiNiBRi.  Corritpondenza  Inedita  dei  Cardinàli  Consàlvi  e  Paccà,  Dé- 
pêche chifrr«^en*  107,Consalvi  à  Pacca,  Vienne,  14  novembre  1814  et  dépêche 
n*  138,  Vienne,  9  décembre  1814. 


618  AUTOUR  DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Il  y  a  toujours  un  assez  grand  froid  entre  lui  et  Miltitz,  et 
même  dans  le  palais  du  duc  Albert  (1), on  persiste  à  croire  que 
sa  conduite  à  l'égard  de  son  roi  a  été  fort  équivoque  et  qu'il 
a  embrassé  le  parti  de  la  Prusse.  Ses  fréquentes  vi.sites  à  Hum- 
boldt  ne  plaident  guère  en  sa  faveur. 

L'accord  le  plus  complet  règne  entre  les  diplomates  anglais 
et  saxons, et  ces  derniers  reconnaissent  que  la  Saxe  doit  beau- 
coup h  rAnfçleterre,  prosqu'autant  même  qu'à  TAutriche. 

Les  Prussiens  se  tiennent  coi  et  se  contentent  de  parler  des 
compensations  qu'on  leur  doit  pour  Ansbach  et  Bayreuth  et 
leurs  possessions  en  Westphalie. 

En  revanche, l'Italie  n'est  pas  tranquille^et  le  traité  séparé  avec 
Naples  est  en  contradiction  absolue  avec  les  grands  principes 
qui  servent  de  base  au  traité  de  paix.  Les  armements  et  les 
préparatifs  de  Murât  sont  un  véritable  danger.  On  le  croit  se- 
crètement d'accord  avec  Napoléon  qu'on  ne  saurait  laisser  à 
Tîle  d'Elbe  et  que  les  Anglais  devront  transporter  ailleurs. 


937.  Vienne,  30  novembre  lSt4  (F.  5.  4567  ad  3565. 

Rapport  à  IIAGER 

Mécontontomonl  causé  au  parti    russe  par  l'abandon  par  Alexandre  de  ses 
vues  sur  la  l^olo'^na.  Probabilité  d'une  guerre  entre  la  Russie  et  la  Turquie. 

On  affirme  (l'agent  v.  0...)  que  le  parti  russe  et  Tentourage 
d'Alexandre  sont  furieux  de  voir  qu'on  renonce  h  Tannexion 
de  la  Pologne  à  la  Russie  et  à  l'anéantissement  de  la  Saxe. 

Ceux  cjui,  comme  l'archevêque  Ignace,  Mavrojeni  et  Radzi- 
\vill,sont  les  plus  enragés  de  cette  bande,  se  lamentent  à  haute 
voix,  proclament  pourtant  la  grandeur  d'âme  et  la  générosité 
d'Alexandre,  mais  déblatèrent  contre  Talleyrand  qui,  à  les 
entendre,  a  seul  fait  échouer  leurs  combinaisons  et  poussé  les 
alliés,  et  surtout  l'Autriche,  à  s'opposer  aux  projets  de  la  Rus- 
sie, D  après  eux,  la  Cour  de  Vienne  a  le  plus  grand  tort  de 
concevoir  des  craintes  à  ce  sujet,  vu  que  la  Pologne  aurait  une 
Constitution  à  elle  propre  et  qu'on  aurait  mis  un  Vice-roi  à 
la  tête  du  pays. 

Ces  considérations  ont  été  exposées  à  l'agent  V.  0...  par  La 

1.  D  uc  Albert  de  Saxe-Teschen. 


.    4 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   619 

Harpe,  Tauteur  du  projet  de  Constitution  de  la  Pologne  qui  a 
communiqué  ses  idées  à  Mavrojeni.  Celui-ci,  tout  comme  Tar- 
chevêque  Ignace,  semble  croire  que  la  guerre  contre  la  Turquie 
est  inévitable,  mais  qu'elle  fera  couler  beaucoup  de  sang,  parce 
que  l'Angleterre  et  la  France  soutiendront  les  Turcs. 


938.  Vienne,  30  novembre  1815  (F.  5.  4567  ad  3565). 

ee  à   HAGEU 

Le  rigorisme  religieux  de»  Anglais.  Beethoven,  ses  admirateurs  et  ses  adver- 
saires. Le  départ  prochain  et  le  mécontontcment  du  roi  de  Wurtemberg. 
La  façon  dont  Mettcrnich  mène  les  affaires  et  dirige  le  Congrès. 

Les  Anglais  présents  à  Vienne  célèbrent  les  offices  religieux 
chez  lord  Stewart.  Ils  sont  tellement  sévères  à  cet  égard 
qu'ils  refusent  d  assister  le  dimanche  à  des  concerts  ou  à  des 
séances  musicales  et  c'est  pour  cette  raison  qu'on  a  remis  à 
un  jour  de  semaine  l'Académie  musicale  de  Beethoven. 

La  séance,  qui  y  a  été  donnée  hier  (1),  n'a  pas  servi  à  augmen- 
ter l'enthousiasme  pour  le  talent  de  ce  compositeur  qui  a  ses 
partisans  et  ses  adversaires.  En  face  du  parti  de  ses  admirateurs, 
au  premier  rang  desquels  figurent  RazoumofTsky,  Apponyi, 
Kraft,  etc.,  qui  adorent  Beethoven,  se  dresse  une  écrasante 
majorité  de  connaisseurs  qui  se  refusent  absolument  h  entendre 
désormais  les  œuvres  de  Beethoven. 

«  Mon  roi  (celui  de  Wurtemberg)  fait  ses  pacjuets,  a  dit  le 
baron  Linden.  Il  part  extrêmement  mécontent.  Moi,  je  vais 
Jnen  probablement  perdre  mon  poste.  Qu'un  autre  essaj^e  de 
faire  mieux  que  moi.  11  est  impossible  de  faire  accepter  un 
conseil  à  mon  Roi.   » 

Les  notes,  que  le  Wurtemberg  a  adressées  au  Congrès,  sont, 
d'après  ce  qu'on  disait  chez  le  baron  Puffendorf,  un  monument 
de  bêtises  et  de  beaucoup  les  plus  mal  faites  de  toutes.  Le 
comte  Solms  s'est  fortement  moqué  de  la  négligence  et  de 
Tabsence  de  méthode,  qiie  Metternich  apporte  à  la  façon  dont 
il  dirige  les  affaires  du  Congrès.  Le  baron  Albini  (i)  procé- 
dait d'une  tout  autre  façon  au  Congrès  de  Rastatt  et  à  la  Dépu- 
tation  de  l'Empire  h  Ratisboune. 

1.  Le  mardi  29. 

2.  Ci-devant  Chancelier  d'Etat  de  l'électour  de  Mayence. 


G20  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Metternich  ne  fait  jamais  rien  préparer  pour  les  séances  et 
n'indique  même  pas  ce  qu*ondoit  y  faire. C'est  à  peine  si  Ton 
établit  quelque  chose  qui  ressemble  à  un  procès-verbal. 

Metternich  ne  creuse  pas,  n'approfondit  pas  les  questions.  11 
est  incapable  d'une  application  sérieuse,  et  croit  inutile  de 
Gxer  son  attention  sur  aucun  sujet. 


939.  Londres,  30  oclobre-17  novembre  1814  (F.  5.  4567  ad  3565^ 

LIEVEN  à  NESSELRODE(«nferce/)/a)  (en  français)  (Ana/i/5e). 

11  lui  a  envoyé  les  discours  du  Prince-Régent  et  le  prévient 
que  les  deux  Chambres  ont  voté  les  adresses. 

11  lui  fait  à  ce  propos  remarquer  la  résolution  prise  par  le 
Prince-Régent  de  pousser  vigoureusement  les  opérations  en 
Amérique^  l'incertitude  des  négociations  de  Gand  et  la  néces- 
sité de  maintenir  une  grande  partie  de  l'armée  sur  pied  de  guerre. 

Castelcicala(l)  a  eu  une  audience  particulière  pour  ofTrir  au 
Prince-Régent  les  remerciements  de  son  maître  à  propos  des 
félicitations  que  ce  prince  avait  adressées  au  Roi  de  Sicile^ 
lorsqu'il  reprit  les  rênes  du  gouvernement. 


l.Caslelcicala  Ru(To(Fabrizio) (1755-1852).  Diplomate  Napolitain, plus  connu 
sous  le  nom  de  prince  de  Castelcicala.  Entré  de  bonne  heure  dans  la  diplo- 
matie, ambassadeur  à  Londres  lorsque  la  révolution  française  éclata,  il  y 
resta  jusqu'en  1795,  époque  à  laquelle  il  fut  rappelé  à  Naplea  pour  gérer  le  Dé- 
partement des  Affaires  étrangères  et  devint  l'un  des  membres  de  la  Junte 
d'Etat.  Il  accompagna  Ferdinand  IV  en  Sicile,  y  r^îsta  deux  ans,  jusqu'au 
moment  où  il  fut  chargé  par  lui  d'une  mission  secrète  auprès  du  Prince-Ré- 
gent.Nommé  en  1815  ambassadeur  à  Paris,il  retourna  en  If^ie  àLondres,mais 
n'y  resta  que  le  temps  nécessaire  pour  conclure  un  traité  de  commerce. Des- 
titué en  1820  pour  avoir  refusé  de  reconnaître  la  Constitution,  il  continua  h 
s'intituler  Ambassadeur  des  Deux-Siciles  à  Paris.  La  Révolution  de  1830  ne 
changea  rien  à  la  position  de  Castelcicala,  qui  mourut  du  choléra  à  Paris,  au 
mois  d'avril  1832. 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      621 
940.  Zurich,  20  novembre  1814  (F.  5.  4567  ad  3565). 

ADDINGTON  (1)  à  CANNING  (2)  (intercepta)  (en  anglais). 

Sur  les  difficultés  douanières  entre  la  Suisse  et  la  France  et 
les  déclarations  du  comte  de  Talleyrand. 


941.  Vienne,  30  novembre  (F.  5.  4567  ad  3565). 

Prince  Louis  d'CETTINGEN  (3)  à  RAUCH,  secrétaire  du  Prince 
d'OËtiingen  (à  Vienne)  (sans  lieu  ni  date)  {intercepta  du  29  no- 
vembre). 

Reçu  ses  dépêches  1-2-3,  il  lui  enverra  sous  peu  des  instruc- 
tions verbales.  Jusque-là  être  prudent  et  ne  rien  signer.  Ne 
se  servir  des  pleins-pouvoirs  qu'à  la  dernière  extrémité,  et 
même  dans  ce  cas  établir  de  vive  voix  que  cela  ne  concerne 
que  le  Wurtemberg,  et  non  la  Bavière,  avec  laquelle  il  serait 
dangereux  de  traiter. 


942.  Vienne,  20  novembre  1814  (F.  I.  ad  3565). 

GOUPY,  chargé  d'affaires  de  S.  M.  la  REINE  d'ETRURIE 
et  Son  Ministre  plénipotentiaire  au  Congrès  (chiffon). 

Monsieur  le  Comte  (4),  je  n'ai  point  été  assez  heureux  pour 
obtenir  de  Votre  Excellence  Taudience  que  j'avais  sollicitée. 

Je  voulais  appeler  son  attention  sur  les  intérêts  d'une  famille 
auguste  que  ses  malheurs  lui  recommandent. 

1.  Addington  (H.\  secrétaire  de  la  légation  de  la  Grande-Bretagne  auprès 
de  la  Confédération  helvétique. 

2.  Stratford  Ganning,  envoyé  extraordinaire  et  ministre  plénipotentiaire  au- 
près de  la  Confédération  helvétique.  Diplomate  anglais,  parent  du  célèbre 
ministre  de  ce  nom.  Né  en  1786,  il  était  en  1814  ministre  plénipotentiaire  en 
Suisse  et  fut  accrédité  au  Congrès  de  Vienne.  Ambassadeur  à  Pétersbourg 
en  1824,  à  Constantinople  en  1827,  membre  de  la  Chambre  des  Communes  en 
1832,  il  retourna  à  Constantinople  en  1842  et  y  résida  avec  quelques  inter- 
ruptions jusqu'en  1858.  Il  revint  alors  en  Angleterre  où  il  vécut  jusqu'à  sa 
mort  en  1880. 

3.  CEttingen-Spielberg  (Jcan-Aloîs  111,  prince  d'),  né  en  1788,  avait  succédé 
à  son  père  en  1797.  11  avait  épousé  en  1813  la  princesse  Amélie  de  Wrede* 

4.  Probablement  le  comte  de  Nesselrode. 


624  AUTOUR   DU   CONGRÈS  DE   VIENNE 

Talleyrand  fait  répandre  le  bruit  que  Murai  a  envoyé  à 
Louis  XVIII  deux  agents  qui  ont  proposé  à  Jauconrt  (1)  de 
servir  la  France,  si  on  consentait  à  reconnaître  Murai  pour  roi 
de  Naples. 


946.  Vienne,  30  novembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3585). 

Rapport  à  HAGER 

Les  représentants  des  princes  allemands  avaient  conçu  le 
projet  de  remettre  aux  cabinets  de  Vienne  et  de  Berlin  une 
note,  dans  laquelle  ils  se  seraient  prononcés  pour  la  restitution 
de  la  Saxe  à  son  Roi.Humboldt  a  fait  venir  Tun  d*entre  eux 
hier  chez  lui.  Il  lui  a  déclaré  que  le  Roi  de  Prusse  considére- 
rait une  telle  note  comme  une  attaque  directe  contre  lui  et  lui 
a  conseillé  de  communiquer  cet  avis  ofGcieux  aux  amis  qu'il  a 
parmi  ces  représentants  et  de  les  inviter  à  en  tenir  compte.  On 
a  naturellement  renoncé  à  la  rédaction  de  la  note  en  question. 

Humboldt  a  de  plus  fait  connaître  à  un  ministre,  que  son  Roi 
avait  été  désagréablement  affecté  par  la  première  note  des 
princes,  dans  laquelle  ils  s^étaient  déclarés  partisans  du  réta- 
blissement de  la  dignité  impériale. - 


947.  Vienne,  !•'  décembre  1814  (F.  5. 4907  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
Les  offres  de  Murât  à  Louis  XVIII.  La  letlre  à  Marie-Louise. 

Les  partisans  de  Ferdinand  IV  prétendent  que  Murai  a  en- 
voyé à  Paris  deux  agents  pour  traiter  avec  Louis  XVIII  et 
offrir  de  chasser  même  les  Autrichiens  d'Italie,  si  la  France 
voulait  le  reconnaître  pour  roi  de  Naples  (2). 

l.Cf.  Pièce  947  et  Jaucodrt.  Correspondance,  etc.,  p.  86. 

2.  Cf.  Jaucourt.  Correspondance  avec  Talleyrand.  Dépêche  à  Talleyrand  du 
1«  novembre  1814.  Dernier  paragraphe,  p.  86  et  Jaucourt  à  Talleyrand,  Paris 
le  27  novembre  1814,  p.  96-97.  Cf.  Pallain.  Correspondance  inédite  de  Talley- 
randet  de  Louis  A  V7//,  Vienne,  30  novembre  1814,  p.  IW. 


l'ouverture   du   COtNGRÈS.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      625 

Les  mêmes  disent  que  Marie-Louise  a  reçu  dernièrement 
une  lettre,  dans  laquelle  Murât  lui  disait  :  «  La  France  et  l'Es- 
pagne vont  me  déclarer  la  guerre.  Tout  le  monde  parait  cons- 
pirer contre  moi.  Qu'ils  viennent  1  Qui  sait  si  la  Providence  ne 
m'a  pas  destiné  à  venger  tous  les  torts  qu*on  a  fait  à  notre 
famille.  » 

Le  marquis  de  Saint-Clair  (1)  est  le  premier  qui  venant  de 
la  Corse  a  porté  cette  nouvelle  à  ses  coUègues  de  Sicile. 


948.  Vienne,  l**  décembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3665). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Deux  partis  en  Prusse.  Les  enragés  et  les  Germains.  La  Russie,  son  influence 
et  son  dangjr.  Le  Roi  plus  Russe  qu'Allemand   Le  prince  Henri  refuse 
le  £;ouverncment  de  la  Saxe 

Il  existe  deux  partis  en  Prusse  et  même  parmi  les  Prussiens 
qui  sont  ici.  L'un  est  des  Prussiens  enragés,  qui  pour  agrandir 
la  Prusse  escaladeraient  le  ciel  et  n'épargneraient  ni  crimes  ni 
vertus.  Celui-ci  veut  la  Saxe  à  tout  prix,  et  puis  il  voudrait 
tout  le  Nord  de  T  Allemagne,- visant  en  même  temps  à  conquérir 
le  Midi.  L'autre  est  des  Prussiens  Germains,  plutôt  Allemands 
que  Prussiens.  Ils  voudraient  une  Allemagne  forte,  inatta- 
quable et  regardée  comme  la  patrie  générale  et  véritable  de  tout 
ce  qui  parle  allemand.  Ils  ne  cessent  pas  pour  cela  d'être  Prus- 
siens ;  mais  leur  principe  est  d'être  plutôt  forts  de  Tinfluence 
prussienne  en  Allemagne  que  de  la  force  intrinsèque  de  la 
Prusse.  Ils  détestent  la  réunion  forcée  autant  qu'injuste  de  la 
Saxe  à  la  Prusse  et  frémissent  de  cette  idée  qui  dépopularise 
les  Prussiens  en  Germanie  et  leur  fait  faire  l'acquisition  d'un 
million  de  rebelles  au  lieu  de  sujets  et  les  affaiblit  par  là  plu- 
tôt que  de  les  renforcer. 

Ils  sentent  aussi  que  l'approche  et  l'augmentation  des 
forces  de  la  Russie  les  rend  tôt  ou  tard  les  esclaves  de  cette 


1.  Précepteur  du  prince  Léopold  des  Deux-Siciles,  Saint-Clair,  qui  avait 
accompagné  le  prince  et  sa  mère  Marie-Caroline,  devint  quelques  mois  plus 
tard  le  premier  ministre  de  la  Guerre  de  Ferdinand  IV,  lors  de  son  retour  à 
JtTaples.  Cf.  annexe  XXIII. 

Ï.I.  40 


626  AUTOUR   DU  CONGRÈS  DE   VIENNE 

puissance  slave  qui  menace  toute  rAUemagney  si  on  la  laisse 
faire. 

Bartholdi  est  de  ce  nombre,  et  bien  d'autres  qui  n'osent  pas 
se  prononcer  de  peur  de  perdre  leur  charge  auprès  du  Roi, 
qui  tient  à  Alexandre  plus  qu'il  ne  le  faudrait  pour  ses  inté- 
rêts véritables. 

Je  sais  qu'à  Berlin  ce  parti  remue  et  n'épargne  pas  le  Roi, 
qui  risque  beaucoup,  s'il  s'entête  à  être  plutôt  Russe  qu'Alle- 
mand. 

On  a  dit  hier  parmi  les  diplomates  que  le  prince  Henri  (1), 
nommé  par  le  Roi  gouverneur  de  la  Saxe,  avait  écrit  au  Roi 
que  €  quoiqu'il  n'entre  pas  dans  la  politique,  sa  conscience  et 
€  ses  principes  ne  lui  permettent  pas  d'accepter  la  charge  que 
«  Sa  Majesté  avait  daigné  lui  conGer  en  Saxe  et  qu'il  priait 
«  Sa  Majesté  de  l'en  dispenser  ». 


949.  Berlin,  19  novembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565). 

SECKLER  (?)  au  Roi  de  WURTEMBERG  {intercepta). 

La  cession  de  la  Saxe  encore  douteuse. 
Le  grand  caractère  du  Roi  de  Saxe  admiré,  même  à  Berlin. 

La  lenteur,  avec  laquelle  on  procède  à  Finstallation  en  Saxe 
de  l'administration  provisoire  prussienne,  prouve,  à  elle  seule, 
que  la  cession  est  loin  d'être  décidée.  Même  ici,  où  on  désire 
fortement  cette  cession^  le  Roi  de  Saxe  a  trouvé  des  défenseurs 
et  des  admirateurs. 

Le  Roi  de  Saxe  donne  au  milieu  de  tous  ces  événements  une 
nouvelle  preuve  de  son  grand  caractère  et  de  son  énergie. 

Il  se  refuse  absolument  à  rien  signer.  Il  déclare  qu'on  ne 
peut  pas  avoir  perdu  un  trône,  auquel  on  n'a  pas  renoncé  vo- 
lontairement et  librement. 


1.  Prince  Henri  de  Prusse,  frère  de  Frédéric-Guillaume  111. 


l'ouverture   du  congrès.  —  1*A  SAXE  ET   LA  POLOGNE      627 

950.  Vienne,  30  novembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3505). 

Gomiesse  de  REGHBERG  à  son  père  (à  Ratisbonne)  {intarcepla 

(en  français)* 

La  solution  de  l'affaire  de  Saxe  remise  en  question  et  ^ournement  probable 

pour  cette  raison  du  départ  des  Souverains. 

Ce  que  je  vous  avais  dit  dans  ma  dernière  n'était  pas  sans 
fondement.  On  paraissait  se  rapprocher.  Les  propositions  extrê- 
mement modérées,  qu'on  avait  faites  de  la  part  d*ici,  faisaient 
espérer  \m  arrangement.  Il  s'agissait  de  conserver  non  un 
Royaume,  mais  un  Duché  de  Saxe  qui  devait  compter  de 
6  à  600.000  âmes. 

La  Prusse  même  avait  paru  vouloir  céder.  On  en  désespère 
aujourd'hui  de  nouveau.  Le  Roi  croit  s'être  engagé  vis-à-vis 
de  la  nation  saxonne  à  soutenir  son  intégrité  et  parait  ne  pas 
vouloir  souscrire  à  un  partage.  D'ailleurs  il  était  bien  douteux 
que  le  Roi  de  Saxe  eut  consenti  à  cet  arrangement. 

On  croit  dans  le  public  que  la  réunion  des  Souverains  touche 
à  sa  fin.  On  veut  savoir  qu'Alexandre  a  donné  les  ordres  que 
ses  équipages  soient  prêts  le  15  décembre.  Cependant  la  tour- 
nure des  affaires  et  quelques  propos  du  Roi  de  Prusse  paraissent 
démentir  cette  croyance. 


951.  Londres,  6>18  novembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565). 

LIEVEN  à   NESSELRODE  (intercepta)  (en  français)  (analyse). 

Les  opérations  militaires  en  Amérique.  Effet  produit  en  Angleterre  par  les 
arrestations  faites  à  Paris.  Conseil  donné  à  Louis  XVIII. 

Confirmation  du  désastre  de  la  flotte  anglaise  sur  le  lac 
Champlain  (1). 

<  Je  ne  vous  laisserai  pas  ignorer  que  les  récentes  arres- 
tations à  Paris  (2)  ont  causé  quelque  alarme  dans  le  cabinet. 

1.  Cf.  pour  raffaire  du  lac  Champlain,  Awnual  Rboistbr,  iSlA.  Appendix  to 
Chronicle  (pages  215-218),  le  rapport  du  capitaine  Pring  au  CommodoieSir 
J.-L.  Yeo,  en  date  de  Champlain  le  12  septembre  1814. 

2.  Pour  les  arrestations,  leur  caractère  et  le  rôle  joué  par  le  général  Du- 
four,  cf.  la  dépêche  de  Boutiaguine  à  Nesselrode  de  Paris  8  novembre  (Polo vt- 
sorr,  I.  113'. 


628  AUTOun  du  congrès  de  vienne 

Cette  alarme,  ainsi  que  Tintérét  que  cette  Cour  prend  à  la  cause 
du  Roi  de  France,  se  manifeste  dans  ravis,que  je  sais  avoir  été 
donné  par  le  Gouvernement  Britannique  à  Sa  Majesté  Très 
Chrétienne,  d'éviter  de  tenir  la  famille  royale  réunie  à  Paris, 
mais  de  faire  résider  alternativement  les  princes  dans  diffé- 
rentes parties  du  Royaume.  Cette  mesure  obvie  au  danger 
d'exposer  la  dynastie  régnante  dans  le  cas  de  quelque  catas- 
trophe à  Paris  ». 


952.  Paris,  21  novembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565). 

OELSEN  (l)à  IIARDENBERG(mterccpfa)(8ouscouvertdeGolU) 

(analyse). 

On  attend  le  retour  de  Talleyrand  à  Paris  pour  se  prononcer 
sur  les  affaires  de  réclamations. 


953.  Paris,  31  novembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565). 

GOLTZ  à  HARDENBERG  {mlercepta)  (analyse). 

Il  rend  compte  de  son  audience  du  15  chez  Louis  XVIII, qui 
lui  a  demandé  des  nouvelles  du  Roi. 

€  Le  comte  d'Artois  m'a  dit  que  le  long  voyage,  qu'il  venait 
«  de  terminer,  avait  beaucoup  contribué  au  rétablissement  de 
€  sa  santé,  parce  qu'il  avait  recueilli  partout  des  témoignages 
»  sincères  de  dévouement  à  la  famille  royale. 

€  Vincent  attend  ses  lettres  de  créance,  et  l'ambassadeur 
«  d'Angleterre  n'a  pas  encore  de  réponse  à  la  note  qu'il  a 
€  remise  au  Ministère  français  pour  appuyer  la  réclamation 
«  de  la  banque  de  Hambourg.  »  (Le  reste  dans  un  nouveau 
chiffre  illisible.) 


1.  De  la  Légation  de  Prusse  à  Paris.  Il  parait  qu'il  habitait  chez  Edmond 
àe  Talleyrand. 


l'ouverture   du  COiNGRÈS.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      629 


954.  Madrid,  10  septembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565). 

WERTHER  à  HARDENBERG  {inlercepta)  (analyse). 

Sur  Taffaire  Casa  Flores  (l),sur  Tenvoi  d'une  expédition  au 
Mexique  ;  sur  la  note  remise  à  la  Cour  d'Espagne  par  le  prince 
de  Canosa  au  nom  de  Ferdinand  IV  (2)  et  sur  les  instructions 
données  à  Labrador. 


955.  Vienne,  3  décembre  1814  (F.  5.  4598  ad  3565). 

HAGER  à  1  EMPEREUR 

(Bordereau  et  rapport  journalier  du  3  décembre  1814). 
Rapport  à  Hager,  Vienne,  2  décembre  (F.  5.  4578  ad  3595). 

Envoi  àHntercepta  pris  :  chez  Stackelberg  :  lettre  à  Stein"; 
chez  Humboldt,  paquets,  l'un  pour  Dalberg,  l'autre  pour 
Radziwill  ;  deux  lettres,  une  au  professeur  Olmer,  l'autre  au 
major  Hedemann  ;  plus  papiers  divers  tirés  de  son  bureau. 

Chiffons  et  papiers  pris  chez  Talleyrand,  Bogne  de  Faye  et 
Dalberg. 

Rapport  sur  les  diners  donnés  par  Wrede,  avec  la  liste  de 
ses  invités  et  vme  note  sur  la  continuation  de  ses  conférences 
chez  le  grand-duc  de  Bade. 

Intercepta  (F.  5.  4597  ad  3565)  :  une  lettre  de  Wintzinge- 
rode  à  Dalberg  (qui  a  paru  au  Baron  Hager  de  nature  à  inté- 
resser si  vivement  Metternich  qu'il  la  lui  a  transmise  directe- 
ment). 


1.  Casa  Flores  s'était  de  sa  propre  autorité  permis  de  faire  arrêter  Mina, 
qu'il  tenait  enfermé  chez  lui.  Le  gouvernement  français  l'obligea  à  le  mettre 
en  liberté  et  donna  l'ordre  à  Casa  Flores  de  quitter  immédiatement  Paris. 

2.  Cf.  BiANCo.  La.  Sicilia  durante  l'oecnpatione  InglesB,  page  241.  Instruc- 
tions et  notes  adressées  au  prince  de  Canosa,  ministre  de  Ferdinand  IV  à 
Madrid,  pour  demander  à  l'Espagne  de  travailler  au  renversement  de  Murât. 


630  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

956.  Vienne,  3  décembre  1814  (P.  6.  4590  ad  3565). 

e®  à  HAGER. 

On  parle  beaucoup  du  Mémoire  (i),  dans  lequel  lord  Castle- 
reagh  aurait  déclaré  que  :  <  Ce  n'est  pas  pour  détrôner  le  Roi 
de  Saxe  que  l'Angleterre  a  fait  la  guerre.  » 


957.  Vienne,  2  décembre  1814  (P.  5.  4597  ad  3565)* 

H...  à  HAGER  (en  français). 

La  Prusse  et  la  Russie  s'entendent  et  tiennent  bon  sur  la 
Pologne  et  la  Saxe^  surtout  à  cause  du  peu  d*énergie  de  TAu- 
tricbe. 

Rechberg  et  Wolkomky  ont  déclaré  en  ma  présence  que  les 
puissances  du  Nord  ne  songent  pas  à  risquer  une  guerre,  mais 
qu'elles  comptent  sur  la  mollesse  et  la  tiédeur  de  rAutriche. 
La  Prusse,  tout  en  ayant  Tair  de  vouloir  céder,  pousse  la  Rus- 
sie à  la  résistance  et  c'est  le  parti  d'Humboldt,  dont  font  par- 
tie tous  les  conseillers  du  cabinet  d'Etat^  qui  l'emporte  sur 
Hardenberg,  toujours  très  modéré  et  pacifique.  Tout  dépend 
donc  de  la  Russie,  qui  ne  cédera  que  devant  une  attitude  réso- 
lue de  l'Autriche. 


958.  Vienne,  2  décembre  1814  (P.  5.  4597  ad  3565). 

e©  à  HAGER 

Marie-Louise  a  fait  appeler  ses  domestiques  français  et  les 
a  prévenus  qu'ils  rentreraient  en  France  à  la  fin  du  mois. 

Par  ordre  de  S.  M.  l'Empereur,  cette  surveillance  est  sus- 
pendue momentanément  et  jusqu'à  nouvel  ordre. 

1.  Cf.  d'AMOBBBRO  (493-494).  Dépêche  de  lord  CasUereaph  au  Comte  de  Li- 
verpool  au  sujet  de  la  négociation  du  prince  de  Hardenberg  avec  l'Empe- 
reur Alexandre,  relative  à  la  Pologne.  Vienne,  5  décembre  1814.  Cf.  Tallcy- 
rand  au  Roi.  Dépêche  n*  16.  Vienne,  7  décembre  1814,  p.  167. 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      631 
959.  Vienne,  S  décembre  1814  (F.  5.  4597  ad  8M6). 

00  à  HAGER 

La  Harpe  s'est  rendu  hier  chez  Dalberg  et  a  été  avec  lui  chez 
lord  Stew^art.où  se  tint  une  conférence  qui  dura  de  11  heures 
à  2  heures  et  à  laquelle  ont  assisté  Stein,  Capo-d'Istria  et 
Canning. 

Dalberg  m'a  dit  au  cours  d'une  long^  conversation  :  <  Il 
m'est  arrivé  quelque  chose  de  bien  singulier  avec  mon  cama- 
rade de  l'Université  de  Gœttingen,  H.  Woina,de  Varsovie.  Les 
Russes  ont  saisi  et  lu  notre  correspondance,  dans  laquelle  tous 
deux  nous  étions  d'accord  pour  insister  sur  la  nécessité  de 
rétablir  un  royaume  indépendant  et  héréditaire  de  Pologne 
avec  les  frontières  qu'D  avait  après  le  premier  partage,  ou, 
dans  le  cas  contraire,  de  restituer  à  chacune  des  trois  puissances 
les  territoires  qu'elles  avaient  après  le  deuxième  partage. 

<(  Czartoryski  est  venu  ces  jours-ci  chez  nous.  Il  a  apporté  les 
lettres  qu'on  avait  saisies  et  a  fait  un  vacarme  infernal.  Tal- 
lejrand  et  moi,  nous  l'avons  envoyé  promener  en  lui  disant 
qu'il  devrait  avoir  honte  de  faire  état  dans  des  négociations 
diplomatiques  et  officielles  de  lettres  qu'on  avait  réussi  à  se 
procurer  par  de  tels  moyens.  » 


960.  Berne,  36  novembre  1114  (P.  5.  4678  ad  8666). 

M»*  de  HUMBOLDT  (1)  à  HEDEMANN  (Vienne) 
(intercepta)  (en  français). 

La  PruKse  doit  avoir  la  Saxe.  Plutôt  la  guerre  qu'y  renoncer.  Les  armements 
de  la  Bavière.  L'immixtion  do  la  France  dans  les  affaires  d'Allemagne.  La 
responsabilité  de  Mettemich. 

J'espère  toujours  que,  grâce  à  la  protection  de  Dieu,  tout  finira 
bien^  mais  hélas  I  pas  aussi  vite  que  cela  aurait  pu  etdûTêtre. 
On  voit  maintenant  bien  clairement  ce  que  veulent  des  hom- 
mes aussi  loyaux,  aussi  droits,  aussi  clairvoyants  qu'Harden- 
berg  et  Humboldt,  et  je  vous  prie  de  me  dire  bien  vite  que  la 

1.  M**  de  Humboldt,  née  de  Dachroeden  (1771-1829),  avait   épousé  Guil- 
laume de  Humboldt  en  1791. 


632  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

Saxe  sera  à  nous.  Au  point  où  en  sont  les  choses,  nous  ne 
pouvons  pas  reculer.  Plutôt  la  guerre  qu'un  tel  malheur  !  Pour 
le  bonheur  de  rAUemagne,  il  faut  que  la  Prusse  ait  ce  pays, 
auquel  elle  seule  peut  garantir  la  liberté. 

Est-il  vrai  que  la  Bavière  arme  en  masse  ?  Si  oui,  comment 
peut-on  tolérer  pareille  chose  1  Les  deux  princes  royaux  de 
Bavière  et  de  Wurtemberg,  tout  pleins  des  idées  françaises  (1), 
sont  un  danger  pour  T Allemagne.  Enfin  comment  tolère-t-on 
que  la  France  se  môle  des  affaires  d'Allemagne  ?  Cette  honte 
vient  uniquement  de  la  remise  perpétuelle  des  solutions,  et 
c'est  Metternich  qui  en  est  la  cause  et  qui  doit  en  être  rendu 
responsable.  L'esprit,  Tintelligence  n'est  pas  tout.  La  conscience, 
voilà  ce  qui  est  essentiel  pour  un  homme  d'Etat. 


961.  Vienne,  2  décembre  1814  (F.  5.4597  ad  3565). 

STACKELBERG  à  ITALINSKI  (2)  (à  Gonstanlinople) 
Kpar  la  police)  {intercepta)  (en  français) 

Gênes,  le  Piémont,  la  France,  Saxe,  Danemarck,  Suède,  Norvège. 

La  déclaration  au  sujet  de  Gênes,  dont  je  vous  ai.  parlé, est 
le  seul  résultat  jusqu'ici  (Composition  du  Comité  qui  réglera 
le  mode  d'incorporation  à  la  Sardaigne). 

La  France  demande  que  cet  arrangement  n'ait  d'effet  que 
lorsqu'on  sera  d'accord  sur  les  affaires  d'Italie.  En  attendant^ 
on  peut  croire  à  ime  occupation  provisoire  de  TEtat  de  Gènes 
par  les  troupes  sardes,  à  l'instar  de  ce  qui  s'est  fait  en  Saxe, 
qui  est  évacuée  par  nos  troupes  et  où  l'administration  provi- 
soire est  établie. 

Le  Holstein  est  réoccupé  par  les  Danois,  et  après  llieureuse 
tournure  des  affaires  de  Norvège,  il  ne  reste  plus  à  régler  que 
la  compensation  à  offrir  au  cabinet  de  Copenhague. 

Il  semble  qu'on  rencontrera  quelques  difficultés,  la  Cour  de 
Suède  ne  se  montrant  pas  décidée  à  la  cession  de  la  Poméranie  ; 
mais  la  légitimité  des  droits  du  Danemark  les  aplanira  bientôt. 

1.  M**  de  Humboldt  prête  là  à  ces  deux  princes  des  sentiments  qu'ilsétaient 
bien  loin  d'avoir. 

2.  lialinski  (André-Yakovlevitch)à  ce  moment  ministre  de  Russie  à  Cons- 
tantinoplc,  puis  en  1817  à  Rome. 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      633 
962.  Vienoe,  A  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  4  décembre  (F.  5.  4929  ad  3565). 

Envoi  A* intercepta^  nombreux,  mais  peu  intéressants,  des  2 
et  3  décembre,  du  Roi  de  Wurtemberg  et  de  Stackelberg,  rela- 
tifs à  Tétat  de  santé  d'Alexandre  et  de  papiers  (chiffons)  ra- 
massés chez  Dalberg,  Noailles,  et  La  Tour  du  Pin. 

On  a  réussi  à  intercepter  ce  matin  les  pièces  que  Wrede  a 
fait  porter  par  son  aide  de  camp  chez  le  baron  de  Linden,  mi- 
nistre de  Wurtemberg.  On  a  intercepté  également  les  envois 
de  Rechberg  à  Wrede. 


963.  Vienne,  3  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565. 

GCEHAUSEN  à  HAGER 

Les  sympathies  autrichiennes  de  Rechberg.  Le  Roi  de  Bavière  et  l'alliance 

avec  l'Autriche. 

Rechberg  est,  et  a  toujours  été,  un  partisan  et  un  ami  de 
TAutriche.  Il  Test  encore  plus  maintenant  et  ne  se  gêne  pas 
pour  dire,  qu'il  est  temps  pour  le  monde  de  se  débarrasser  de 
la  Russomanie  et  de  la  Prussomanie.  Lui  et  son  Roi  veulent 
une  alliance  intime  avec  l'Autriche. 


964.  Vienne,  3  décembre  1S14  (P.  5.  4939  ad  35d5). 

©©  à  HAGER  (en  français). 

La   Prusse  rejette   sur    Alexandre  la   responsabilité   de  sa    politique.  Les 
ministres  des  princes  allemands  et  leurs  inquiétudes  au  sujet  de  l'Autriche. 

Les  Prussiens,  voyant  que  leur  ambition  et  leurs  appétits 
éloignent  d'eux  toute  TAllemagne,  prétendent  maintenant  que 
c'est  Alexandre  qui  leur  a  donné  Tordre  formel  de  suivre  cette 
marche  politique  et  d'exiger  la  Saxe.  Quand  on  leur  prouve 
le  contraire,  ils  font  les  bons  apôtres  et  se  plaignent  de  voir 
qu'on  met  en  doute  leurs  bonnes  intentions. 


634  AUTOL'B   DU  C05GRÈS  DE  VIETO'E 

Les  Ministres  des  prinoei  allemands  (1)  sont  inquiets  et 
surtout  mécontents,  parce  qu'ils  craignent  de  ne  pas  être  'sou- 
tenus par  TAutriche.  Ils  sont  presqu*unanimes  à  déclarer  que, 
sans  un  chef  à  sa  tète,  la  Ginfédération  ne  peut  avoir  une  exis- 
tence utile. 


965.  Vienne,  3  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

...  à  HAGËR  (en  français). 

Eugène  et  Alexandre.  Changement  d'attitude  de  Marie-Louise  depuis  son 
arrivée.  Son  caractère.  Le  Congrès  et  le  désaccord  générai. Les  Légations. 

Le  prince  Eugène  compte  beaucoup  sur  Alexandre  qui  lui 
témoigne  de  plus  en  plus  d'amitié. 

D'après  le  dire  d'Arnay,  Marie-Louise,  encore  attachée  à 
Napoléon  lors  de  son  arrivée  ici,  a  complètement  changé  depuis 
lors.  Elle  est  bonne,  mais  n'a  ni  caractère  ni  énergie.  Elle  est 
très  insouciante,  même  en  ce  qui  a  trait  à  son  avenir,  et  c'est 
seulement  ces  jours-ci  qu'elle  a  écrit  à  Alexandre  pour  le  prier 
de  défendre  ses  intérêts. 

Pour  le  Congrès,  les  Grandes  Puissances  sont  loin  d'être 
d'accord  et  les  petits  princes  d'Allemagne  protestent,  de  leur 
côté,  contre  les  projets  des  grandes  Puissances. 

D'Arnay  ne  comprend  pas  que  l'Autriche  n'ait  pas  exigé 
l'établissement  de  la  Régence  de  Marie-Louise  en  France,  ce 
qui  l'aurait  placée  à  même  de  s'opposer  aux  prétentions  des 
autres  Puissances. 

Fava  et  Squarzoni  vont  partir  très  inquiets  du  sort  des  Lé- 
gations qu'ils  craignent  de  ne  pas  voir  revenir  au  Pape. 


966.  Vienne,  3  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565  . 

TIMON  au  HOFRATH    BRESSLER  (à  Paris) 
(inlercepta)  (analyse). 

Il  le  plaint  d'être  à  Paris,  mais  malgré  les  fêtes  qu'on  donne 
ici,  cela  ne  marche  guère.  €  Voilà  trois  mois  que  nous  sommes 
ici  et  nous  en  sommes  toujours  au  même  point.  » 

1.  Cf.  Tallcyrand  au  Roi.  Dépèche  n*  15  du  7  décembre  (p.  les)  et  Déné 
che  n»  16  du  15  décembre  (pages  175  A  178).  x^pc- 


l'ouverture  du  COiNGRÈS.  -^   LA   SAXE  ET   LA   POLOGNE      635 

967.  Vienne,  3  décembre  (F.  5.  4939  ad  3565). 

HEILMANN  à  son  père  (à  Bienne)  (intercepta)  (analyse) 

Les  affaires  ont  Tair  d'aller  mieux.  Wessenberg  les  a  re- 
prises en  main.  On  a  déjà  eu  trois  séances  pour  la  Suisse  (1), 
et  les  grandes  affaires  semblent  prendre  une  meilleure  tournure. 


968.  Vienne,  3  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

LCEWENHIELM  à  HARDENBERG  et  à  NESSELRODE 
{intercepta)  (en  français)  (analyse). 

Il  renouvelle  la  réclamation  de  la  Suède,  qui  demande  à  tou- 
cher sa  part  des  contributions  levées  dans  les  pays  conquis  et 
administrés  par  les  puissances  alliées,  en  conformité  de  la  Con- 
vention de  Leipzig,  du  22  octobre  1813  (2). 

Il  demande  de  plus  communication  des  conventions  passées 
par  les  agents  de  Russie  et  d'Autriche  avec  les  autorités  belges 
et  françaises. 

969.  Livour/ie,  38  novembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

GEBHARDT(3)  à  PIQUOT  (à  Vienne)  (intercepta)  (en  français). 

Conversation  de  Napoléon  avec  un.  membre  du  Parlement.  Marie-Louise, 
Joséphine,  Marmont,  la  France  et  les  Bourbons.  Le  divorce  avec  Marie- 
Louise. 

Notre  voisin,  l'Insulaire,  continue  à  attirer  beaucoup  de  cu- 

1.  Cf.  d'AMGBOBRO.  Troisième  protocole  du  Comité  des  affaires  de  Suisse 
(30  novembre  1814),  pages  466-476  et  quatrième  protocole  du  môme  Comité 
(2  décembre  1814;  page  492.) 

2.  Cf.  d'AnoBBBRG.  Convention  entre  les  Puissances  alliées  sur  les  mesures 
à  prendre  pour  la  réunion  de  toutes  les  forces  disponibles  en  Allemagne  si- 
gnée à  Leipzig  le  21  octobre  1813  (pages  60-63;. 

3.  On  relève  dans  un  A/maaac/i  da  département  de  U  Méditerranée  pour 
l'an  1813,  publié  à  Livourne  chez  Alanget  fils,  libraire  (qu'on  peut  consulter 
à  VArehivio  Storico  Citt&dino  de  cette  ville)  le  nom  d'un  certain  François Geb- 
hart,  Bonhôte,  vice-consul  de  Prusse  à  Livourne.  Cet  individu,  ainsi  qu'il  ré- 
sulte de  l'examen  des  AlmAnacht  de  U  rofcane,  conservés  à  ces  mêmes 
Archives,  exerça  ces  fonctions  jusqu'en  1828,  époque  à  laquelle  il  eut  pour 
successeur  Cari  Gebhardt,qui  lui-même  fut  remplacé  en  1831  par  un  nommé 
Cari  Stechling  (renseignement  dû  à  l'obligeance  de  M.  Osvaldo  Testi,  Assis- 
tente  all'Arc/iivto  Storieo  Cittadino  de  Livourne). 


636  ALTOL'R   DC   COMsRÈS   DE   T1EN>C 

rienx.  Un  membre  du  Parlement(l)anglaiSyda  parti  de  TOppo- 
sition,  a  eo  dernièrement  avec  loi  une  conversation  de  quatre 
heures,  au  cours  de  laquelle  il  n*a  jamais  mentionné  Tlmpéra- 
trice  Marie -Louise,  mais  a  fait  beaucoup  d'éloges  de  feu  Tlm* 
pératrice  Joséphine. 

€  Que  pensez-vous,  a  dit  Napoléon  à  l'Anglais,  de  mon  sys- 
tème de  finances?  » 

«  Qu'il  était  très  mauvais  ». 

€  Je  ne  m'en  suis  que  trop  aperçu,  a  repris  Napoléon,  et  j'ai 
été  à  cet  égard  cruellement  trompé  par  mes  Ministres.  » 

Il  dit  être  résigné  à  son  sort  et  que,  comme  soldat  de  for- 
tune, il  est  revenu  à  peu  près  au  point  d'où  il  était  parti. 

Ce  qu*il  dit  l'avoir  affligé  le  plus,  c'est  ce  qu'il  appela  Tin- 
gratitude  et  la  défection  du  maréchal  Marmont. 

€  J'avais,  a-t-il  dit  enCn,  un  grand  but  pour  lequel  j'aurais 
sacrifié  cinq  millions  aussi  bien  que  cinq  hommes.  » 

11  n'a  pas  d'opinion  des  Bourbons  et  dit  qu'il  n'y  en  a  aucun 
qui  ait  assez  de  talent  pour  régner  sur  les  Français,  de  sorte 
qu'il  y  aura  nécessairement  une  nouvelle  révolution. 

Si  le  grand  divorce,  dont  quelques  gazettes  font  mention,  a 
lieu,  je  pense  qu'il  n*y  aura  plus  de  motifs  de  parler  de  cet 
homme  malheureusement  si  célèbre. 


970.  Vienne,  5  décembre  1814  (F.  5.  4940  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUH 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  5  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

Envoi  de  pièces  interceptées  le  4,  parmi  lesquelles  : 

Stein  à  Schœnborn,  ayant  trait  au  séquestre  de  ses  biens; 

Stein  à  Staegemann.  (Mémoire  relatif  aux  emprunts  forcés, 
auxquels  on  procède  dans  le  Grand-Duché  de  Bade.) 

Stein  à  Bernstorff.  (Copie  des  réponses  faites  par  Munster  et 
le  comte  Hardenberg  aux  notes  de  la  Bavière  et  du  Wurtem- 
berg)  (i). 

1.  Il  ne  peut  s'agir  là  de  lord  Ebringlon,  que  l'Empereur  reçut  le  6  et  le 
8  décembre  (Cf.  Revue  Britannique,  t.  VIII,  année  1821).  D'autre  part, on  ne 
trouve  de  noms  cités  pour  les  visites  faites  à  l'ile  d'Elbe  dans  les  rapports 
du  BHrgello  de  Livourne  conservés  à  VArchwio  Slorico  Ciitàdino  qu'à  partir 
du  28  novembre  1814. 

2.  Cf.  d'ArfGBBBRO,  459*461,  Vienne  37  novembre  et  464-466,  Vienne  25  no- 
vembre. 


l'ouverture   du   CONGRèS.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      637 

Stein  à  Humboldt.  (Copie  des  protocoles  relatifs  aux  affaires 
de  Schaffhouse.) 

Wintzingerode  au  sénateur  de  Brème  Schmidt.  (Il  a  remis 
la  notification  au  Roi  de  Wurtemberg  qui  l'examinera  dès  qu'il 
sera  rétabli  de  son  indisposition.) 

Hardenberg  à  Talleyrand.  (Envoi  d'im  paquet  venu  de  Berlin 
par  courrier  prussien  et  contenant  les  dépêches  du  Ministre 
de  France.  Ces  dépêches  étant  chiffrées  avec  un  nouveau  chiffre, 
on  n'a  pas  eu  le  temps  de  les  mettre  au  clair,  ni  même  celui 
de  les  copier.) 


971.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  4597  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Gagem  paraît  satisfait  de  la  marche  de  ses  affaires.  Il  est  en 
rapports  suivis  avec  le  duc  de  Nassau,  le  baron  Plessen,  repré- 
sentant de  Mecklemburg-Schwerin,  le  comte  KeUer,  représen- 
tant de  la  Hesse  Electorale,  le  baron  Tûrkheim,  représentant 
de  la  Hesse-Darmstadt  et  le  Conseiller  Cappel. 


972.  Vienne,  3  et  4  décembre  1814  (F.  5.  4597  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER  (en  français). 

Le  scribe  L...  a  donné  communication  des  notes  ci-jointes 
(elles  ne  figurent  plus  au  dossier)  rédigées  par  Gagern  et  le 
baron  Marschall  (ministre  de  Nassau)  et  qui  portent  sur  les 
points  à  discuter  dans  la  commission  des  Affaires  de  TAUe- 
magne.  11  ne  s'agit  là  que  de  projets  qui  n'ont  pas  encore  été 
approuvés  et  qui  diffèrent  beaucoup  de  ce  qui  a  été  proposé 
par  le  Conseiller  d'Etat  Klûber. 

(Notes  complétées  par  d'autres  envoyées  le  4.) 


973:  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Rapport  sur  les  démarches  et  les  conférences  de  Gagern  du 
29  novembre  au  4  décembre.  Gagern  est  un  partisan  ardent 
du  roi  de  Saxe. 


638  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

974.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  SM9). 

•  • .  à  HAGER 

La  Tîsito  et  les  promesses  d'Alexandre  à  Marie-Louise. 

Le  comte  de  San  Vitale,  chambellan  de  Marie-Louise,  était 
à  Schœnbrûnn,  lorsqu'il  j  a  peu  de  jours  Alexandre  vint  rendre 
visite  à  l'Impératrice.  Il  resta  une  heure  et  demie  avec  elle  et, 
en  partant,  il  lui  dit  :  «  Soyez  tranquille.  Madame,  et  laissez- 
moi  faire.  » 


975.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  4946  ad  3565  . 

e®  à  HAGER 

Stadion  veut,  paraît-il,  démissionner  et  on  dit  que  Saurau 
profitera  du  voyage  de  l'Empereur  en  Italie  pour  obtenir  le 
portefeuille  des  Finances. 


976.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  4946  ad  3565). 

0®  à  HAGER  (en  français). 

On  prétend  que  tout  était  arrangé  pour  la  Saxe  et  la  Pologne, 
mais  que  tout  a  été  remis  en  question  par  les  instructions  que 
lord  Castlereagh  a  reçues  de  sa  Cour  (1). 


977.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  4946  4  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Les  difTérenls  partis  entre  le  quels  se  divise  la  suite  d'Alexandre. 
L'incident  au  souper  après  le  Carrousel. 

L'indisposition  du  prince  de  Ligne  avait  attiré  chez  lui  la 
plupart  de  ses  connaissances,  et  la  conversation  a  porté  en 
grande  partie  sur  les  Russes.  Il  y  a,  paraît-il,  plusieurs  partis 

1.  Talleyrand  au  Roi.  Dépêche  n*  15.  Vienne,  7  décembre  1814. 


L'oUVERtURE  DU  CONGRÈS.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   639 

entre  les  Russes  de  la  suite  de  l'Empereur  Alexandre  et  ces 
partis  sont  tellement  animés  que  le  général  Tchemitcheff 
n'a  pas  voulu  se  placer  à  la  table  présidée  par  rArchiduc 
Charles  lors  de  la  fête  qui  suivit  le  dernier  Carrousel  (1), 
parce  qu'un  autre  Russe  marquant,  mais  du  parti  opposé,  8*j 
trouvait.  L*un  de  ces  partis,  celui  des  Ambitieux,  est  celui  de 
l'Empereur  ;  Tautre  est  celui  des  Modérés  qui  n'approuvent 
pas  ses  projets. 


978.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.4939  à  3505). 

P...  à  HAGER  (en  français). 

Conversation  chez  Wyllie.  Les  projets  d'Alexandre  d'après  Galitzine.  Le  sort 
probable  de  la  Saxe  et  de  la  Pologne.  Ce  qu'on  dit  chez  la  marquise  de  Rai- 
gecourt. 

L'agent  rapporte  la  conversation  tenue  en  sa  présence  le 
3  décembre  chez  le  Conseiller  d'Etat  de  Wyllie  (2),  médecin 
de  l'Empereur  Alexandre,  et  qui  porta  sur  les  affaires  de  Po- 
logne. 

On  est,  du  côté  russe,  décidé  d'ajourner  la  réalisation  des 
projets  de  Pierre  le  Grand  et  de  Catherine  et  pour  le  moment 
on  ne  s*agrandira  pas  du  côté  de  l'Allemagne. 

La  Pologne,  diaprés  le  dire  du  prince  Galitzine  (3),  restera 
dans  Tétat  où  elle  élait  lors  de  l'abdication  du  roi  Poniatowski. 

Quant  à  la  Saxe,  ce  n'est  pas  pour  humilier  le  Roi  qu'on  le 
fait  venir  à  Vienne.  C'est  une  affaire  finie.  La  Saxe  restera  ce 
qu'elle  était  jadis,  mais  son  Roi  devra  renoncer  à  Varsovie. 
Les  débats,  qui  ont  eu  lieu  à  ce  sujet,  ont  mis  fort  souvent 
l'Empereur  Alexandre  de  fort  mauvaise  humeur  parce  que, 
voyant  qu'il  ne  pouvait  tenir  la  parole  qu'il  avait  donnée  aux 
Polonais,  il  se  croit  compromis  envers  eux. 


1 .  Le  carrousel,  dont  il  est  question  ici,  eut  lieu  le  23  novembre. 

2.  Willie  ou  Wylie  (Jacob- Wassiliévitch,  baronnet)  (1765  -1856),  né  en  Ecosse. 
Enlré  en  1790  au  service  de  la  Russie  comme  médecin  de  régiment.  Chirur- 
gien de  la  Cour  (1799),  médecin  d'Alexandre  !•%  président  de  1809  à  1838  de 
l'Académie  Impériale  de  Médecine,  membre  du  Conseil  Privé. 

3.  Galitzine  (Prince  Alexandre),  Grand  Maître  de  la  Cour  de  l'Impératrice 
de  Russie. 


640  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DB   VIENNE 

Après  diner,  j'allai  chez  la  comtesse  de  Raigecourt  (1).  On 
y  parla  des  affaires  et  on  dit  que  c'était  le  prince  de  Bénévent 
qui  avait  ouvert  les  yeux  des  autres  Puissances  sur  les  projets 
de  la  Russie. 

On  parla  aussi  de  l'Impératrice  Marie-Louise  et  du  départ 
du  général  Koller  pour  l'ile  d'Elbe.  On  dit  que  depuis  son  re- 
tour Marie -Louise  n^avait  plus  prononcé  le  nom  de  Napoléon 
et  que  pour  le  moment  elle  ne  voulait  pas  consentir  à  on  autre 
mariage. 


979.  Vienne,  i  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

IIARDENBKRG  a  STEIN  {intercepta)  (en  français). 

Le  Mémoire  de  Czartoryski.  L'opinion  e-i  Angleterre. 
U  attend  la  réponse  de  Metternic'.i. 

Mille  grâces,  Chère  Excellence,  de  la  communication  du  Mé- 
moire que  vous  avez  donné  au  prince  Czartoryski  sur  la  Saxe  (2). 
Il  faut  travailler  de  tous  côtés,. 

Voyez  dans  la  Gazette  anglaise  (3)  ci-jointe  comme  on  repré- 
sente mal  cet  objet  en  Angleterre.  Je  crois  par  conséquent  que 
la  mission  de  Miltitz  serait  très  utile  (4)  ;  mais  il  faut  encore 
attendre  que  la  crise  se  développe  un  peu  ici, 

Metternich  m'a  promis  de  me  donner  la  réponse  de  son 
Empereur  dans  le  plus  bref  délai,  mais  je  n'ai  encore  rien  (5). 


1.  Peut-être  la  marquise  de  Raigecourt,  née  Louise-Marie  de  Vincens  de 
Mauléon,  dame  d'honneur  de  M"*  Elisabeth,  mariée  le  28  juin  1784  avec  le 
comte  de  Raigecourt  de  Gournay  (1763-1833),  «  Amie  intime  de  Marie- Antoi- 
nette »,  écrit  la  baro.'vzib  du  Mo*fTBT,dans  ses  SonvenirSy  p.  401 -402, qui  l'ap- 
pelait familièrement  «  ma  Rage  »  de  même  qu'elle  désignait  la  marquise  de 
Bombelles  sous  le  petit  nom  de  «  ma  Bombe  ».  M*"*  de  Raigecourt  fig^e 
dans  VAlmanuch  Royal  de  1788-89  parmi  les  «/)ame«ponr  accompagner  chez 
Madame  Adélaïde  ». 

2.  Mémoire  en  date  du  3  décembre.  Cf.  Klûber,  VII,  63-69. 

3.  Morning  Cfironicle. 

4.  Envoi  du  lieutenant-colonel  von  Miltitz  auprès  du  Roi  de  Saxe. 

b.  Cf.  d'ANGBBBRO.  Note  verbale  du  prince  de  Hardenberg  au  prince  de 
Metternich.  Vienne,  2  décembre  1814,  485-491  et  1941-1952.  Ibidem.  Note  du 
prince  de  Metternich  au  prince  de  Hardenberg.  Vienne,  10  décembre  1814, 
505-510  et  1952. 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE  ET   LA   POLOGNE      641 
980.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  ad  3565). 

HARDENBERG  à  NESSELRODE  {chiffon). 

Le  prince  de  Hardenberjç  a  Thonneur  de  renvoyer  ci-joint 
à  S.  E.  Monsieur  le  comte  de  Nesselrode,  la  note  laissée  dans 
son  cabinet.  Il  le  prie  en  même  temps  de  vouloir  bien  faire 
passer  la  lettre  ci-jointe  à  son  adresse  et  profite  de  cette  occa- 
sion pour  renouveler  à  Son  Excellence  lassurance  de  sa  plus 
haute  considération. 


981.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  1.  3565). 

CASTLEREAGH  à  HARDENBERG  (cAi^o/i). 

Lord  Castlereagh  fait  bien  ses  compliments  à  S.  E.  Monsieur  le 
comte  de  Nesselrode  et  le  prie  de  vouloir  bien  avoir  la  bonté 
de  venir  aujourdliui  à  une  heure  au  lieu  de  midi,  puisqu'il  avait 
oublié  un  autre  engagement  qu'il  prit  pour  l'heure  de  midi... 

Minoriten  PlaiZj  samedi  matin. 


982.  (^*  S-  Ad*  350&)- 

RAZOUMOFFSKY  à  NESSELRODE  (chiffon). 
sans  date,  mais  ramassé  chez  Nesselrode  le  4  décembre  1814. 

Recommandations  en  faveur  du  comte  Wibor. 

Cher  Comte,  j'avais  en  poche  le  papier  ci-joint  que  par  dis- 
traction j'ai  oublié  de  vous  remettre.  C'est  encore  pour  le  bon 
et  loyal  Suisse,  le  comte  Wibor  (1),  vieillard  septuagénaire,  se 
mourant  de  faim  avec  femme  et  enfants  pour  avoir  tout  sacrifié 
à  son  patriotisme  et  à  la  bonne  cause.  Prenez-le  en  considéra- 
tion et  tâchez  de  faire  quelque  chose  en  sa  faveur.  Ce  sera 
éellement  une  œuvre  de  piété,  de  justice  et  de  charité. 

Lundi  soir.  Tout  à  vous. 

Raz. 

1.  Malgré  toutes  les  recherches  faites  en  Suisse  par  mon  ami  Ed.  Ghapui. 
sat,  député  au  Grand  Conseil  de  Genève,  il  a  été  impossible  de  retrouver 
la  moindre  trace  de  ce  personnage. 

T.  1.  41 


642  AUTOCB   DC  C05GBi8   DE  VŒSXE 

963.  Puïs.  3t  DOTcmbre  ltl4  (F.  5.  4939  ad  3S«5). 

PUIBUSQUE    1)   à    NESSELRODE  (ramaMé  chez  Nessebrodc 

le  i  décembre;. 

Il  réclame  un  secoars  eo  attendant  le  pajeinent  de  ce  qui  loi  serait  dû. 

Monsieur  le  Comte,  que  Votre  Excellence  daigne  me  permettre 
de  me  rappeler  à  son  souTenir.  Comme  j*ai  eu  soin  de  lui  détail- 
ler mes  titres  pour  réclamer  provisoirement  un  à  compte  sur 
ce  qui  m'est  légitimement  dû  et  les  motifs  qui  me  forcent  à 
en  presser  le  payement,  je  crois  n*avoir  plus  rien  à  dire  à  ce 
sujet.  Je  me  flattais  que  le  courrier,  porteur  de  ma  dernière 
lettre  à  Votre  Excellence,  me  rapporterait  des  lettres  de  change 
pour  6  ou  10.000  francs.  Mon  espérance  a  été  trompée  et  mon 
embarras  n'a  fait  que  s*accroitre.  Ce  courrier  m'a  dit  que  pour 
m'apporter  une  réponse,  il  s*était  présenté  souvent  à  l'hôtel 
de  Votre  Excellence,  qu'on  Tavait  remis  de  jour  à  autre,  jus- 
qu'au moment  de  son  départ. 

Veuillez,  de  grâce.  Monsieur  le  Comte,  venir  à  mon  secours. 
Je  crois,  d'après  la  délicatesse  dont  j'ai  usé  dans  toute  cette 
aBaire^  pouvoir  l'espérer  de  l'équité  et  de  l'extrême  bonté  de 
Votre  Excellence. 

J'ai  l'honneur  d"être,etc... 

Vte  de  PciBusQUE, 

Cberalier  de  la  Léiàon  d'Honneur  et  autres  ordres, 
demeurant  à  Paris,  rue  Saint- Florentin,  n*  14. 


964.  (F.  5.  ad  3M5). 

ChiffoDs  pris  chez  le  Comte  de  NESSELRODE 

le  4  décembre  1814. 

1*  de  Revland.  Hof  und  Medizinalrath.  médecin  en  chef,  et 

2*  de  Nagele,  chirurgien  en  chef  et  professeur  de  Chirurgie, 

tous  deux  de  l'hôpital  de  Dûsseldorf  et  demandant  par  lettre 

1.  Il  s'agit  vraisemblablement  ici  du  ricomte  de  Puibusque  qui  publia  un 
peu  plus  tard,  en  1816,  un  livre  ayant  pour  titre  :  Lettres  sur  /a  guerre  de 
RuMiie  en  fSff,  sur  Im  ville  de  SMint-Pélershourg,  les  mœurs  et  les  usages 
des  tuLbitMnts  de  U  Russie  et  de  /a  Pologne. 


l'ouverture  ou  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LÀ  POLOGNE   643 

du  21  août  1814  des  décorations  russes  en  récompense  de  leurs 
services. 

3'  Sans  date«  signé  Sophie  (pourrait  être  la  Comtesse  de 
Schœnborn)  regrettant  de  n'avoir  pu,  étant  malade  et  au  lit, 
recevoir  Nesselrode  et  le  comte  Woronzoff. 

4"*  ...  non  signé,  d'une  dame,  qui  s'excuse  de  n'avoir  pas  été 
chez  elle  lorsqu'il  est  venu. 

6*  du  4  décembre,  non  signé,  d'une  personne  annonçant  son 
départ  pour  le  5  et  qui  verra  les  cousins  de  Nesselrode,  le 
comte  de  Nesselrode  et  la  comtesse  de  Lerchenfeld. 

6*  et  7«  deux  billets  peu  importants  (en  russe)  du  prince 
Wolkonsky,  des  19  et  22  novembre,  réclamant  le  renvoi  d'une 
lettre  et  la  copie  d'une  pièce  relative  à  des  comptes  avec  le 
gouvernement  danois. 


985.  Vienne,  6  décembre  1814  (F.  5.  4946  ad  S565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  6  décembre  1814. 


986.  Vienne,  5  décembre  1814  (F.  5.  4946  ad  3565). 

...  à  HAGER 

La  visite  d'Alexandre  à  Marie-Louise  confirmée  par  une 
conversation  que  l'agent  a  eue  avec  Labrador. 

Labrador  a  ordre  formel  d'insister  au  Congrès  sur  la  resti« 
tution  de  la  Toscane  à  la  Reine  d'Etrurie  et  de  Naples  à  Fer- 
dinand IV. 


987.  Vienne,  5  décembre  1814  (F.  5.  4946  à  8565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  prince  Eugène  est  allé  deux  jours  de  suite  chez  Séraphine 
Lambert  qui  û'a  pu  le  recevoir,  la  place  étant  déjà  occupée. 


644  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

938.  Vienne,  5  décembre  1814   F.  5.  4946  ad  3505}. 

P...  à  HAGER  (en  français). 

Propos  tenus  chex  Galitzine  àpropos  de  la  Pologne 
et  des  instructions  d'Alexandre. 

Le  prince  Galitzine  a  dit  hier  soir  chez  lui  à  un  officier  qui 
se  trouvait  entre  autres  chez  lui,  que  F  Impératrice  de  Russie 
a\ait  manifesté  de  Thumeur,  parce  que  l'Empereur  ne  montrait 
pas  toute  la  fermeté  qu'elle  eût  désiré  dans  les  opérations  du 
Congrès.  Sur  quoi,  Tautre  observa  au  prince  que^si  TEmperenr 
avait  pour  le  moment  cédé  et  fait  mine  d'abandonner  son  plan 
favori,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'il  le  nourrit  plus  ardem- 
ment dans  son  cœur  et  qu'on  en  parlerait  plus  sérieusement 
au  réveil  du  lion  ;  que  d'ailleurs  le  séjour  d'Alexandre  à  Vienne 
ne  serait  probablement  plus  de  longue  durée  et  qu'à  son  dé- 
part on  apprendrait  ses  desseins  dans  cette  grande  affaire. 


989.  Vienne,  5  décembre  1814  (F.  5.  4946  ad  3565). 

...  à  HAGER 

Placards  et  pamphlets  antiprussiens  en  Saxe. 

On  a  répandu  et  même  affiché  à  Dresde  entre  autres  un  des- 
sin représentant  l'Empereur  de  Russie  posant  sur  la  tête  du 
Roi  de  Prusse  la  couronne  de  Saxe.  L'Empereur  d'Autriche, 
placé  derrière  eux,  étend  les  mains  au-dessus  des  deux  Mo- 
narques qu'il  bénit.  Au-dessous  des  trois  Monarques,  Tinscrip- 
tion  suivante  :  Saxoniae  Cives  Honorem  Alexandris  Nomioi 
Dicunt  Etcrnum  (SCHANDE,  mot  allemand  qui  veut  dire 
Honte). 

990.  Vienne,  5  décembre  1814  (F.  5.   4946  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

Alexandre  au  bal  d'enfants  chez  Schwsrzenberg.  Castlereagh  chez  le  Roi  de 
Prusse.  Départ  prochain  de  l'Impératrice  de  Russie.  Son  genre  d'existence 
à  Vienne.  L'intimité  d'Alexandre  et  du  prince  Eugène.  Montgeias  et  l'ar- 
ticle contre  Stein .  Les  papiers  de  Gotta. 

Mardi  dernier,  le  29  novembre,  au  bal  d'enfants   chez  le 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA  SAXE   ET    LA   POLOGNE      645 

prince  Schwarzenberg,  TEmpereur  Alexandre,  qui  avait  Tair 
de  s'amuser  beaucoup,  a  dansé  avec  tous  les  enfants. 

Lord  Castlereagh  a  fait  vendredi  une  longue  visite  au  Roi  de 
Prusse. 

Aussitôt  après  l'anniversaire  de  l'Empereur  (le  23  décembre), 
l'Impératrice  de  Russie  se  rendra  avec  son  frère  le  grand-duc 
de  Bade  par  Munich  à  Karlsruhe.  Cette  princesse,  si  malheu- 
reuse dans  son  ménage  et  quinedine  jamais,ni  avec  Alexandre, 
ni  avec  les  grandes-duchesses,  dîne  depuis  le  départ  de  sa 
sœur  avec  son  beau-frère  le  Roi  de  Bavière. 

Le  duc  de  Weiraar  est  toujours  fourré  chez  la  grande-du- 
chesse Catherine. 

On  dit  à  propos  de  l'intimité  entre  Alexandre  et  le  prince 
Eugène  «  Qu'il  y  a  toujours  un  grand  esprit  de  corps  entre  les 
libertins  et  les  coquins  ». 

lu'Allgemeine  Zeitung^  ayant  publié  un  article  dans  le- 
quel on  traite  Stein  de  Jacobin  et  son  système  de  révolution- 
naire, Alexandre  a  été  si  irrité  qu'il  a  pris  Téditeur  Cotta  à 
partie  et  celui-ci  lui  a  avoué  que  Montgelas  avait  fait  insérer 
cet  article.  Cotta  part  demain  pour  Augsburget  Tubingen.  Il 
emporte  sur  le  Congrès  des  trésors  de  documents  et  de  notes 
qu'il  se  propose  de  publier.  11  serait  bon  de  pouvoir  mettre  la 
main  sur  ces  manuscrits. 


991.  Vienne,  5  décembre  1814  (F.  5.  4946  ad  3565). 

NN  à  HAGER  (en  grande  partie  en  français). 

Ce  que  deviendra  la  Pologne  et  ce  que  le  grand-duc  Constantin 

a  dit  Â  ce  propos  à  Varsovie. 

Lors  de  l'audience  qu'il  donna  le  26  novembre  aux  géné- 
raux polonais,  le  grand-duc  Constantin  leur  dit  que  : 

«  Pour  cette  fois-ci  l'Empereur  ne  peut  empêcher  que  legrand- 
€  duché  de  Varsovie  ne  perde  quelques  parties  de  son  terri- 
ne toire;  que  les  districts  de  Posen,  Kalisch  et  Bromberg  soient 
4C  définitivement  adjugés  à  la  Prusse  qui,  en  conservant  la 
«  constitution  actuelle  de  ces  provinces,  a  décidé  de  les  incof- 
€  porcr  à  l'ancienne  Prusse  et  d'en  faire  un  royaume,  qui  sera 
€  administré  par  le  prince  Antoine  Radzivill,  beau-frère  du 
«  Roi.  » 


646  AUTOUR  DU  C01IGRÈ8   DE   VIBZMfE 

Le  grand-duc  a  ajouté  que  TAutriche  a  des  vues  sur  le  Pa- 
latinat  de  Cracovie,  mais  qu'on  est  encore  bien  loin  de  raccor- 
der. Sur  cette  déclaration  faite  d'une  manière  presque  officielle^ 
beaucoup  de  généraux  polonais,  le  général  Dombrowski  à  leur 
tête  et  plusieurs  grands  seigneurs  se  présentèrent  le  lendemain 
chez  le  grand-duc  et  déclarèrent  qu'ils  étaient  décidés  à  quit- 
ter pour  toujours  leur  patrie,  à  vendre  leurs  propriétés  et 
à  aller  vivre  en  Russie  sous  le  Gouvernement  russe  ou  dans 
cette  partie  de  la  Pologne  qui  aura  le  sort  de  tomber  sous  le 
sceptre  russe, .. 


992.  Vienne,  7  décembre  1S14  (F.  5.  46S3  ad  3565'. 

HAGER  à  TEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  7  décembre  1814. 

Rapport  à  Hager  (Vienne,  6  décembre  1814). 

Extraits  de  la  liste  des  intercepta  du  5  décembre  1814  (F.  5. 
4633  ad  3565). 

Stein  à  Capo  distria  (envoi  d'un  mémoire  sur  la  Suisse.  Il 
le  prie  d'en  développer  les  conclusions  et  de  leur  donner  plus 
de  précision  et  de  netteté). 

Humboldt  à  Wessenberg,  Stein,  Reinhardt  et  Capo  distria, 
(convocation  à  une  conférence  qui  se  tiendra  à  11  heures  chez 
lord  Stewart.  Affaires  de  Suisse). 

Stackelberg  à  Pellegrini,  consul  à  Trieste  et  à  Alopeus,  à 
Berlin  (1). 

Copie  des  papiers  et  pouvoirs  de  Bresson,  représentant  des 
Maréchaux,  adressés  à  Nesselrode,  à  la  duchesse  distrie,  à 
Davout,  à  Ney.  Etat  des  dotations  de  Ney,  Mortier,  Suchet, 
duchesses  de  Frioul  et  distrie,  Davout.  Lettres  au  Cardinal 
Consalvi,  à  Munster,  et  à  lord  Castlereagh. 

Extraits  de  la  liste  des  intercepta  du  6  décembre  1814.  (F. 
5.  4648  ad  3565), 

Lettres  de  Wolkonskj  et  de  Goltz  à  Boutiaguine;  de  la 
Duchesse  de  Serra  Capriola  à  son  mari  ;  de  Stein  à  Humboldt 
(remise  de  la  note  austro-prussienne  au  Wurtemberg  (2)  ;  de 

1.  Alopeui  (David-Alexandrovitch,  comte),  conseiller  privé  et  ministre  plé- 
nipotentiaire de  Russie  à  Berlin,  puis  à  Stuttgart  en  1815. 
3.  Cf.  d'ArfOBBBRO,  459-461.  Réponse  des  Plénipotentiaires  d'Autriche  et  de 


l'ouverture  du   congrès.   —  LA   SAXE  BT  LA  POLOGNE      647 

celle  de  Wintzingerode,  Plénipotentiaire  de  Wurtemberg  à  la 
note  de  Melternich  (1).  Il  lui  transmet  enfin  la  réponse  de 
Humboldt  aux  observations  qui  lui  sont  faites  et  à  laquelle  il 
répondra  lors  de  la  prochaine  conférence.) 


993.  Vienne,  6  décembre  1814  (b\  5.  4648  ad  2565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

On  a  établi  une  surveillance  chez  le  conseiller  prussien  Ja- 
cobi  Klôsty  chez  lequel  on  a  déjà  réussi  à  intercepter  quelques 
pièces. 


994.  Vienne,  6  décembre  1814  (P.  6.  4648  ad  3565). 

Nota  à  HAGER 
Alexandre  et  la  Bagration.  La  maladie  d'Alexandre. 

Alexandre  est  resté  la  nuit  dernière  jusqu'à  trois  heures  du 
matin  chez  la  princesse  Bagration.  On  dit  qu  il  est  toujours 
encore  malade  (maladie  vénérienne)  et  que  la  princesse  lui  met 
des  cataplasmes  et  des  pansements. 


^F^r^^-^ 


995.  Vienne,  6  décembre  1814  (P.  5.  4648  ad  3565). 

e  e  à  HAGER 

Impossible  de  dire  ce  qui  adviendra  des  grandes  affaires  de 
Saxe  et  de  Pologne.  Alexandre  est  inébranlable. 

Nesselrode,  Razoumoffsky  et  Stackelberg  n'ont  plus  aucun 
crédit  et  le  remplacement  de  Nesselrode  semble  imminent. 

Prusse  à  la  note  du  Plénipotentiaire  de  Wurtemberg  du  16  novembre.  Vienne, 
22  novembre  1814. 

1 .  Cf.  d'ANGBBBRO,  462-464.  Réponse  du  comte  de  Wintzingerode  et  du  baron 
Linden  à  la  note  de  Metternichdu  22  novembre.  Vienne. 24  novembre  1814. 


648  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

996.  Vienne,  6  décembre  1814  (P.  5.  4633  ad  3565). 

Nota  à  FIAGER  (en  français). 

ConversatioD  des  plus  vives  entre  Hardenberg,  Humboldt  et  Wrede  au  sujet 
de  la  Saxe.  Miltitz  et  le  duc  de  Saxe-Cobourg.  La  disgrâce  d'Anstett  et  le 
découragement  de  Nesseirode. 

Hardenberg  et  Humboldt,  malgré  tous  leurs  efforts  pour 
faire  changer  d'idées  à  Wrede  au  sujet  de  la  Saxe,  ont  essuyé 
un  refus  catégorique. 

Hardenberg  a  été  jusqu'à  lui  dire  :  «  Alors,  vous  voulez  la 
guerre.  » 

Wrede  :  «  S'il  le  faut  absolument,  plutôt  aujourd'hui  que 
demain.  » 

Et  Humboldt  de  répondre  :  «  Mais  nous  avons  des  alliés.  » 

Wrede  :  «  Nous  aussi,  et  de  plus  Dieu  et  le  Droit.  » 

Humboldt  :  «  Le  repos  du  monde  vous  importe  donc  peu. 
Vous  invoquez  Dieu  et  mêlez  la  religion  à  une  affaire  que  les 
hommes  seuls  doivent  décider.  Nous  n'avons  plus  rien  à  vous 
dire.  >  Et  là-dessus,  ils  se  retirèrent. 

C'est  chez  Ârnstein  que  les  deux  Marschall(l),  Gagern,Mar- 
tens  et  autres  se  retrouvent. 

Miltitz  est  ici.  11  a  voulu  parler  au  duc  régnant  de  Cobourg 
de  la  cession  de  sa  patrie  à  la  Prusse. 

Il  a  si  complètement  échoué  que  le  duc  lui  a  fait  interdire 
sa  porte. 

Anstett  continue  à  insister  sur  sa  démission.  Il  est  en  pleine 
disgrâce.  Il  n'a  plus  parlé  avec  Alexandre  depuis  le  départ  de 
l'Empereur  pour  Ofen,  et  Alexandre  lui  a,  sans  rien  lui  dire, 
simplement  serré  la  main  lors  de  la  fête  chez  Razoumoffsky. 
Il  m'a  dit  que  les  affaires  en  étaient  toujours  au  même  point 
et  que  Nesseirode  ne  savait  plus  que  faire. 


997.  Vienne,  8  décembre  1814  (P.  5.  4648  ^d  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  8  décembre  1814. 

1.  Le  comte  de  Marschall  était  le  représentant  du  prince  primat,  grand- 
duc  de  Francfort  ;  le  baron  de  Marschall  représentait  à  Vienne  le  duc  de 
Nassau. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   649 

998.  Vienne,  7  décembre  1814. 

Rapport  à  HAGER 

Envoi  d'une  dépêche  interceptée  de  Piquot 

Rapport  sur  les  conférences  sur  la  Suisse  et  renseignements 
complémentaires  sur  l'admission  de  la  France  à  ces  confé- 
rences (1). 

Quant  aux  affaires  de  Pologne,  à  la  suite  d'une  conférence 
qui  eut  lieu  ces  jours-ci  entre  Alexandre  et  Hardenberg,  on  a 
quelque  espoir  de  les  voir  s'arranger. 

On  parle  d'un  mariage  entre  la  reine  d'Etrurie  et  le  grand- 
duc  de  Toscane. 

Les  plénipotentiaires  des  princes  allemands  ont  remis  à  Muns- 
ter (2)  copie  de  la  note  qu'ils  ont  adressée  aux  cinq  grandes 
puissances  et  dans  laquelle  ils  formulaient  le  vœu  de  voir  un 
nouveau  chef  placé  à  la  tête  de  rAllemagne. 

Munster  affirme  qu'à  Paris  la  Cour  de  Vienne  n'avait  pas 
paru  désirer  le  rétablissement  de  l'ancienne  Constitution  Ger- 
manique; que  cela  avait  décidé  les  Prussiens  à  en  élaborer  une 
nouvelle  ;  mais  qu'on  pourrait  s'entendre  sur  ce  point  et  que  le 
Prince  Régent  d'Angleterre  penchait  pour  le  rétablissement 
d'un  chef  de  l'Empire. 


999.  Vienne,  7  décembre  1814  (F.  5.  4960  ad  3565). 

...  à  HAGER  (en  français;. 

L'opinion  est  tellement  surexcitée  à  Berlin  qu'on  y  préfère 
la  guerre  plutôt  que  de  renoncer  à  la  Saxe.  La  Prusse  a  offert 
au  roi  de  Saxe  des  compensations  en  Westphalie. 

On  a  répandu  le  bruit  que  le  grand-duc  de  Bade  serait  assez 
disposé  à  vendre  ses  Etats  à  la  Bavière. 


1.  Voir  plus  loin,  pièce  n«  1005. 

2.  Cf.  d'ANGBBBRG,p.  444-445  et  Talleyrand  au  Roi.  Dépêche  n*  16.  Vienne, 
1814,  p.  179. 


OSO  AUTOUB   OU  00ÎIGHÉ8   DE   VIENNE 

1000.  Vienne,  7  décembre  1814  (F.  5.  4M6  ad  SMS). 

...  à  HAGER  (en  français). 

La  Prusse  ne  veut  pas  sortir  de  la  Saxe  avant  qu'on  ne  lui 
ait  rendu  ce  qu'on  lui  a  enlevé  en  Pologne,  Mais  les  Polonais 
gémissent  du  rétablissement  du  partage  de  1793. 

On  veut  se  débarrasser  de  Murât  que  T Autriche  soutient  à 
cause  de  son  traité  avec  lui,  et  aussi  parce  qu'elle  le  préfère 
aux  Bourbons. 

Alexandre  a  affirmé  au  comte  de  Noailles  qu'on  se  sépare- 
rait les  meilleurs  amis  du  monde. 


1001.  Vienne,  7  décembre  1814  (P.  t.  4648  ad  3565  . 

...  à  HAGER  (en  français). 

Lea  soupers  du  g^rand-duc  de  Bade  et  du  prince  héritier 
de  Hesse-Darmstadt.  Le  prince  Eugène. 

Le  grand-duc  de  Bade  a  distingué  maintenant  une  iBlle  au 
service  du  baron  Gaertner,  à  laquelle  il  fait  de  beaux  cadeaux. 
Elle  parait  être  également  du  goût  du  prince  héritier  de  Hesse- 
Darmstadt  et  les  deux  princes  se  servent  du  logement  du 
grand  écujer  du  grand- duc,  le  baron  Geusau  pour  festoyer 
chez  lui  avec  cette  (ille. 

Le  grand-duc  y  aurait  même  fait  quelques  excès  de  table  et 
de  boisson  qui  lui  ont  valu  l'indisposition  dont  il  souffre  de- 
puis le  4. 

M"**  Morel  a  été  aussi  conviée  de  temps  en  temps  à  ces  sou- 
pers fins. 

Quant  au  prince  Eugène,  il  a  fait  ce  soir  une  longue  visite 
à  la  danseuse  Ernée  (1). 


1.  Probablement  M**  Petit- Aimée,  la  maîtresse  à  ce  moment  du  comte 
Trauttmansdorff. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LÀ   SAXE   ET    LA   POLOGNE      651 

1002.  Vienne,  7  décembre  1814  (F.  5.  4648  ad  3^5). 

...  à  HAGER  (en  français). 

Les  causes  de  la  disgrAce  de  Razoumoffsky,  d'après  Willie. 

Craintes  de  complications . 

Etant  en  tête  à  tête  avec  le  Conseiller  d'Etat  de  Willie,  j'ai 
tâché  de  pénétrer  les  motifs  du  mécontentement  d'Alexandre 
à  l'égard  de  Razoumoffsky.  Il  me  laissa  entendre  que  Razou- 
mofiTskj  avait  trop  pris  sur  lui  dans  les  affaires  de  Pologne, 

11  me  dit  aussi  qu'il  craignait  de  voir  les  cartes  se  brouiller, 
parce  qu'il  était  convaincu  que  pour  le  moment  il  se  formait 
des  alliances  secrètes  des  uns  contre  les  autres  et  que  son 
Empereur  ne  pouvait  pas  s'humilier  au  point  de  manquer  par- 
tout de  parole  ;  qu'il  se  trouvait  déjà  en  défaut  vis-à-vis  des 
Polonais  et  qu'il  courait  également  le  risque  de  manquer  aux 
Suisses  auxquels,  par  les  suggestions  de  La  Harpe,  qui  tient 
extrêmement  pour  ses  compatriotes,  il  promit  soutien  et  pro- 
tection. 


1003.  Paris,  15-27  novembre  1814  (F.  6.  4648  ad  3564). 

BOUTIAGUINE  à  NESSELRODE  (1)  {intercepta)  (en   françai8). 

L'arrestation  de  lord  Oxford 

Hier,  lord  Oxford  a  été  arrêté  par  les  gendarmes  à  une  poste 
de  Paris.  11  se  rendait  à  Naples  pour  y  rejoindre  sa  femme, 
après  avoir  passé  quelque  temps  ici.  On  lui  a  enlevé  ses  pa- 
piers et  différentes  lettres  qu'il  avait  pour  Naples.  On  lui  a 
déclaré  ensuite  qu'il  pourrait  continuer  sa  route,  mais  il  a  pré- 
féré revenir  en  ville.  On  prétend  que  cette  mesure  a  été  prise 
à  rinsu  du  Roi. 


1.  Cf.  Polovtsoff.  Dépêche  w*  112,  page  117  où  cette  pièce  se  trouve  repro- 
duite textuellement  et  Correspondance  de  Jàncourt  avec  Tatleyr^nd, p.96-91. 
Jaucourt  à  Talleyrand.  Paris,  27  novembre  1814. 


65i  AUTOUR   ou   CONGRÈS    DE   VIENNE 

1004.  Paris,  28  novembre  1814  (F.  5.  4648  ad  3565). 

GOLTZ  à  HARDENBERG  {intercepta)  {en  français). 

lastructions  données  à  Laval.  L'audience  de  Vincent.  La  mission  de  Jules  de 
Polignac.  Narbonnc.  Deux  brochures  à  sensation. 

Il  parait  que  le  priaoe  de  Laval  (1)  est  instruit  à  ne  pas  passer 
la  frontière  d'Espagne  avant  réception  d'ordres  ultérieurs  de 
la  Cour. 

Le  général  Vincent (2), ayant  enfin  reçu  ses  lettres  de  créance 
en  bonne  forme,  aura  demain  avant  l'audience  du  corps  diplo- 
matique l'honneur  de  se  présenter  à  Sa  Majesté. 

Le  comte  Jules  de  Polignac  (3),  désigné  ministre  de  France 
à  la  Cour  de  Munich,  vient  de  partir  pour  Rome,  chargé  d'une 
commission  extraordinaire  relative  aux  affaires  d'Eglise. 

11  doit  revenir  à  Paris  avant  de  se  rendre  à  Munich,  d'où  on 
attend  encore  un  ministre  de  Bavière. 

Le  comte  de  Narbonne  (&),  nommé  ministre  en  Sicile,  va 
partir  sous  peu  de  jours. 

Je  joins  deux  nouvelles  brochures  (5)  qui  font  ici  beaucoup 
de  sensation.  La  petite  est  du  comte  de  Golovkine.  Elles  ne 
manqueront  pas  de  faire  beaucoup  de  bien.  On  est  à  la  (île 
depuis  ce  matin  pour  avoir  celle  de  M.  de  Chateaubriand. 

1.  Cf.  Jaucouht,  p.  77  et  84.  Le  prince  de  Laval  était  parti  do  Paris  le  16  no- 
vembre. 

2.  Cf.  JAUcouRr,p.  103.  Dépéc.'ie  du  30  novembre  à  Talleyrand  à  propos  de 
la  remise  de  ces  lettres  de  créance  le  29.  «  Le  baron  de  Vincent  a  remis  hier 
sa  lettre  de  créance  très  singuliiTcmcnt  tournée.  Il  me  semble  que  M.  de 
Metternicii  est  en  a^sez  mauvaise  disposition  pour  lui.  » 

3.  Polignac  «Auguste-Jules,  comte,  puis  prince  de  17H0-1847)  compromis 
dans  l'affaire  Cadoudal,  condamné  à  deux  ans  d'emprisonnement,  mais  retenu 
cependant  jusqu'en  1814,  il  s'évada  en  janvier  1814  du  château  de  Saumur  en 
compa§^ie  de  sou  frère  aîné  et  rejoignit  Monsieur  à  Vesoul. Nommé  lors  de  la 
première  Restauration  maréchal  de  camp,  commissaire  extraordinaire  à  Tou- 
louse, puis  ministre  près  le  Su:nt-Siège  et  pair  de  France  le  17  avril  1815,  créé 
prince  romain  parle  Pape  en  1820;  ambassadeur  à  Londres  en  1823, il  devint 
en  1829  ministre  des  AiTaires  étrangères  et  président  du  Conseil.  Arrêté  près 
de  Granville,le  15  août  1830, après  le  départ  de  Charles  X  et  transféré  à  Vin- 
cennes,  condamné  par  la  Ciiambre  des  Pairs  à  la  détention  perpétuelle  et  A 
la  mort  civile,  amnistié  en  1836,  il  se  retira  en  Angleterre  et  revint  mourir  à 
Paris  en  1847.  (Cf.  pour  détails  de  sa  mission  à  Home,  Jaucourt,  Dépêche  à 
Talleyrand  du  19  novembre  1814  Jaucourt, Correspondance,  pages  87-88.) 

4.  Narbonnc-Pelet  (Uaymond-Jacques-Marie,  comte,  puis  duc  de)  (1771- 
1855),  chargé  d'affaires  à  Naples  (18151821),  pair  de  France  (1815),duc  (1817), 
ministre  d'Etat  et  membre  du  Conseil  privé  (1822). 

5.  Titres  des  brochures:  Un  étranger  aux  Français  ei Réflexions  politiques 
ur  quelques  écrits  du  jour. 


l'ouverture   du    congrès.   —    LA   SAXE   ET    LA   POLOGNE      653 
1005.  Vienne,  30  novembre  1814  (F.  5.  4642  ad  3565). 

PIQUOT  à  ?  {intercepta)  (en  français)  (chifTon). 

Les  conférences  du  Comité  des  affaires  suisses  et  l'admission  de  la  France. 
La  note  des  plénipotentiaires  allemands  remise  à  Miinster.  L'opinion  de 

Munster. 

Les  conférences,  qui  regardent  la  Suisse, continuent  toujours 
et  la  dernière  a  eu  lieu  le  24.  Outre  ce  que  j'ai  eu  l'honneur 
de  mander  sur  les  demandes  faites  par  les  Ministres  de  la 
Q)nfédération  Helvétique  au  comité  des  puissances  interve- 
nantes pour  rétablissement  et  la  sanction  de  la  Constitution 
de  cet  État,  je  dois  encore  ajouter  que  M.  de  Reinhard,  ancien 
Landamann  et  chef  de  la  députation  suisse  près  du  Congrès, 
a  témoigné  qu'outre  la  reconnaissance  que  ses  commettants 
ressentaient  pour  l'intérêt  et  la  bienveillance  des  hautes  Puis- 
sances accordées  à  la  Suisse,  ils  désireraient  bien  vivement 
que  toutes  celles,  qui  formaient  le  Congrès  actuel,  reconnaissent 
également  la  neutralité  et  d'indépendance  de  sa  patrie. 

D'un  autre  côté,  j'ai  appris  que  le  prince  de  Talleyrand  a 
sollicité,  au  nom  de  la  France,  l'admission  au  comité  qui  dé- 
libère sur  les  affaires  suisses  ;  et,  quoique,  d'après  le  traité  de 
Paris,  cette  puissance  n'ait  le  droit  d'y  intervenir  que  lorsqu'on 
serait  déjà  définitivement  tombé  d'accord  à  cet  égard,  on  a 
cependant  pris  la  résolution  de  répondre  affirmativement  au 
prince  de  Talleyrand,  en  l'invitant  de  nommer  un  plénipoten- 
tiaire (1)  qui  assisterait  aux  délibérations  concernant  les  laffaires 
de  la  Suisse. 

Quant  à  celles  de  Pologne,  on  m'assure  de  bonne  part  qu'à 
la  suite  d'une  longue  conférence  qui  eut  lieu  ces  jours  der- 
niers entre  l'Empereur  Alexandre  et  le  prince  Hardenberg  (2),  il 
y  avait  quelque  espoir  que  les  choses  s'arrangeraient  bientôt 
entre  les  grandes  puissances  en  vertu  de  l'intimité  qui  règne 
entre  elles.  Des  personnes  croyent  même  qu'il  est  question 
d'une  restitution  d'une  partie  de  la  Saxe  au  roi  Frédéric  Au- 
guste, qui  conserverait  le  cercle  de  Leipzig  et  quelques  arron- 
dissements considérables. 

J'ai  encore  appris  que  le  comité  des  plénipotentiaires  des 

1.  Talleyrand  désigna  Dalberg. 

2.  Cette  conférence  eut  lieu  le  23  novembre  au  matin. 


696  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIElfNE 

ministres  prussiens,  Humboldt  et  Stein  ont  le  plus  d'influence. 
Quant  à  Hardenberg,  il  a  perdu  la  confiance  du  roi  et  serait 
sur  le  point  de  démissionner. 


1010.  Vienne,  8  décembre  1814  (F.  5.  49i6  ad  3565). 

LA  TOUU  DU  PIN  (1)  au  Marquis  de  DONNA  Y  (à  Copenhague). 

(Sou8  couvert  à  BernstorfT  {intercepta). 

La  situation,  l'aspect  du  Congrès,  les  visées  des  Puissances.  Nécessité  de 
rompre  le  système  co-partagcant.  Difficultés  de  la  situation.  Succès  rem- 
portés par  Talleyrand. 

L'Empereur  de  Russie  persiste  dans  ses  prétentions  sur  le 
Grand-Duché,  ce  qui  le  conduit  à  vouloir  la  Saxe  pour  son  allié. 
Cet  allié  voudrait  bien  qu'il  en  fût  autrement  et  préférerait  sa 
situation  de  1805  à  celle  dans  laquelle  on  veut  le  placer.  L'Au- 
triche cherche  à  l'attirer  à  elle^et  ils  voudraient  bien  ensemble 
se  partager  l'Allemagne.  Les  princes  allemands,  qui  voient  le 
danger,  voudraient  se  replacer  sous  le  protectorat  ou  sous 
TEmpire  de  l'Autriche.  L'Angleterre  ne  sait  trop  que  vouloir. 
Tels  sont  les  traits  principaux  de  ce  tableau. 

Au  milieu  de  ces  agitations^de  ces  ambitions,  de  ces  dévas- 
tations de  principes,  la  France  se  montre  calme  et  sans  ambi- 
tion. Elle  prêche  certainement  la  doctrine  la  plus  forte  pour 
être  écoutée,  si  les  hommes  savaient  jamais  renoncer  à  vouloir 
tout  ce  qu^ils  peuvent. 

Les  difficultés  ici  sont  immenses.  Aux  préventions,  si  juste- 
ment méritées  depuis  quelques  années,  que  la  France  trouve 
devant  elles,  se  joint  un  système  co-partageant  qui  existait 
depuis  près  de  cinquante  ans  entre  la  Russie,  l'Autriche  et  la 
Prusse,  systènie  qui  a  été  froissé  par  Torage  révolutionnaire, 
mais  qui  s'est  recomposé  pour  en  triompher  et  qu'il  faut  dé- 
sunir aujourd'hui.  Il  est  toujours  à  craindre  que^  toute  mons- 
trueuse que  soit  cette  association,  elle  ne  subsiste  tant  qu'elle 
trouvera  à  partager  et  vous  voyez,  Monsieur,  combien  de  proies 
l'Europe  offre  encore  à  dévorer. 

1.  Cf.  Dépêche  de  La  Tour  du  Pin  au  Département  (Pallali.  Corretpon- 
dance  inédite  de  Talleyr^ml  et  de  Louis  XVIll.  Paçc  146,  note). 


L^VERTURE  DU  CONGRÈS.  —  LA   SAXE  ET   LÀ    POLOGNE      657 

M.  de  Tallejrand  me  parait  faire  ici  des  tours  de  force.  On 
voulait,  quand  il  est  arrivé  ici,  isoler  la  France  de  tout^età  pré- 
sent elle  est  déjà  partout.  Il  n'y  a  pas  un  comité  dans  lequel 
elle  ne  soit  entrée  et  où  sa  voix  ne  soit  très  comptée.  L'affaire 
de  Gènes  s'est  déjà  terminée  selon  ses  vues.  Espérons  qu'il  en 
arrivera  autant  des  autres,  non  pas  seulement  parce  que  c'est 
la  France^mais  parce  que  c'est  la  justice  dont  le  monde  a  au- 
tant besoin  qu'EUe. 


1011 .  Vienne,  8  décembre  1814  (F.  5.  4966  ad  3566). 

DALBERG  au  Comte  de  WINTZLNGERODE  {intercepta). 

Analyse  succincte  des  articles  séparés  et  secrets  du  traité  du  30  mai  1814. 
Pourquoi  on  n'a  pas  été  plus  loin.  Etat  actuel  de  la  question  de  la  Saxe. 
L'action  de  la  France  sur  l'Angleterre  et  l'Autriche.  Les  affaires  allemandes 
et  les  vues  de  la  France. 

Je  VOUS  renvoie  avec  reconnaissance  les  notes.  Je  n'ose  et 
ne  peux  vous  donner  une  copie  des  articles  secrets  ;  mais  je 
vous  mets  au  fait  de  la  vérité. 

Le  traité  secret  n'a  que  six  articles.  Le  premier  porte  la 
disposition  à  faire  des  territoires,  auxquels  Sa  Majesté  Très 
Chrétienne  renonce  par  Tarticle  troisième  du  traité  patent,et  les 
rapports,  desquels  doit  résulter  un  système  d'équilibre  réel  et 
durable  en  Europe,  seront  réglés  au  Congrès  sur  les  bases 
arrêtées  par  les  puissances  alliées  entre  elles,  d'après  les  dis- 
positions générales  contenues  dans  les  articles  suivants. 

Article  2.  —  ...  La  France  reconnaîtra  et  garantira, 
conjointement  avec  les  Puissances  Alliées  et  comme  elles,  l'or- 
ganisation politique  que  la  Suisse  se  donne  sous  les  auspices 
desdites  Puissances  alliées  et  d'après  les  bases  arrêtées  entre 
elles. 

Art.  3  et  4.  —  Annonce  et  enregistre  la  réunion  de  Gênes 
à  la  Sardaigne,  les  limites  de  l'Autriche  en  Italie  formées  par  le 
Pô,  le  Tessin  et  le  lac  Majeur,  la  cession  de  la  Belgique  à  la 
Hollande  et  celle  des  pays  de  la  rive  gauche  du  Rhin  à  la 
Prusse  et  autres  Etats  allemands. 

Art.  5.  —  Applique  l'article  18  du  traité  patent  aux  droits 

T.  I.  42 


C58  AUTOUB    DU  CONGBÈS   DE  VIENNE 

du  Gouvernement  français  sur  les  dotations  et  rentes  mili- 
taires, etc.. 

n  n'y  a  rien  de  plus  ;  mais  comme  les  Puissances  n'étaient 
d'accord  sur  rien,  ni  sur  le  partage  du  Grand-Duché  de  Var- 
sovie,  ni  sur  les  aiïaires  allemandes  avec  vous  autres,  ni  sur 
la  Suisse,  ni  sur  le  reste  de  l'Italie,  on  n'a  pu  avancer,  parce 
que  la  Prusse,  en  occupant  la  Saxe,  renverse  tout,  brouille 
tout,  comme  elle  le  fait  depuis  soixante  ans. 

L'Autriche  et  l'Angleterre  ne  veulent  plus  la  cession  de  la 
Saxe,  parce  que  nous  avons  dit  que  nous  ne  la  reconnaîtrions 
pas  et  que  c'était  ramener  les  principes  de  la  Révolution  en 
Europe  et  préparer  l'Allemagne  au  partage  de  la  Pologne. 

Lord  Castlereagh,  qui  avait  été  séduit  par  les  intrigues 
prussiennes,  n  ouvert  les  yeux  depuis  l'ouverture  de  son  Par- 
lement, et  voilà,  mon  cher  Comte,  la  source  de  tous  les  embar- 
ras qui  naissent,  parce  que  des  Pygmées  ont  voulu  traîner 
un  Eléphant  .<ans  employer  fart  de  la  Mécanique. 

Notre  avis  sur  les  affaires  allemandes  serait  donc  :  Que  l'an- 
cienne Conrédération  forme  une  association  dont  elle  écarte- 
rait toutes  les  grandes  Puissances,  en  se  rattachant  à  son  indé- 
pendance et  en  s'appuyant  sur  la  Hollande,  la  Bavière,  etc... 
Vous  auriez  150.000  hommes  de  troupes  et  vous  pourriez  vous 
faire  respecter,  mais  le  projet  doit  être  mûri  avec  l'Angleterre. 


1012.  Jossi,  25  novembre  1814  (F.  6.  496«  ad  3565). 

FOHNKTTY  (1)  à  TALLEYRAND  {interceptay 

Le  corps  Langeron,  venu  jusqu'à  Mohilew,a  reçu  l'ordre  de 
se  cantonner  en  Bessarabie. Beaucoup  de  cavalerie  autrichienne 
dans  la  Bukovine.  On  s'inquiète  ici  de  ces  mouvements.  Les 
princes  de  Moldavie  et  de  Valachie  font  construire  20  cha- 
loupes canonnières  pour  le  Danube. 


1.  Fornetty  (François-Louis),  né  A  Constantinople  le  5  mars  1743.  Premier 
Drogman  à  (loustantinople  depuis  le  1*'  janvier  1793.  Drogman  du  Palais  le 
!•'  juillet   1810. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET   LA  POLOGNE      659 
1013.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4565  ad.  3565). 

HAGER   à  TEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  10  décembre  1814. 

Il  rappelle  rattention  sur  des  Chiffons  pris  chez  Nesselrode, 
sur  certains  renseignements  relatifs  à  Bollmann,  sur  le  club 
westphalien  qui  se  réunit  à  la  Kaiserin  von  Oesterreichj  dont 
les  membres  sont  connus  et  sont  des  agents^  du  reste  peu  dan- 
gereux^ de  Tex-reine  de  Westphalie,  d'Elisa  et  de  Caroline 
Murât. 


1014.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4565  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Extrait  de  la  liste  des  intercepta  du  0  décembre. 

Stackelberg  à  la  comtesse  de  Carneville. 

Bathurst  à  Claucartj  (Paquet  de  journaux  anglais). 

Goltz  à  Hardenberg,  de  Paris  30  juin  (1). 

Lieven  à  Nesselrode  (2). 

DaschkofF  à  Roumiantzoff  (Philadelphie^SS  septembre). 

Castelcicala  à  RuGFo  (Londres  25  novembre)  (Dépêche  chif- 
frée à  l'aide  d'un  nouveau  chiffre). 

Gaertner  à  Linden  et  à  Martens(Vienney  8  décembre)  (Copies 
d'un  Mémoire). 


1015.  Vienne,  9  décembre  1814  (F.  5.  4655  ad.  3565). 

B...  à  HAGER 

Renseignements  sur  les  principaux  membres  du  club  westphalien. 

Ce  cluby  la  clique  de  Tex-roi  de  Westphalie,  a  pour  princi- 
paux membres  le  comte  de  Malsburg^un  Westphalien,  le  baron 

1.  Cf.  Pièce  1021. 
3.  Cf.  Pièce  1030. 


660  AUTOUR   DU   CONGRÈS  DE   VIEMMB 

de  Gayl,  de  Magdebourg,  actuellement  à  Paris,  le  comte  de 
Fûrstenstein,  ci-devant  Camus,  mi  Français  marié  à  une  nièce 
du  prince  de  Hardenberg,  Guibourt,  chargé  des  afifaires  de  Ca- 
roline Murât,  un  Anglais  Traime  ?,  Bresson  de  Valensole  et  I^- 
bon,  qui  se  fait  passer  pour  un  propriétaire  foncier  de  Syrie, 
mais  qui  est  Tagent  d'Elisa.  Lebon  compte  aller  demain  à  Trieste 
où  Fûrstenstein  le  suivra  de  près. 


1016.  Vienne,  9  décembre  1814.  (F.  5.  4655  ad  3S65). 

FREDDI  à  HAGER  [en  français)  (analyse). 
Rapport  de  chex  le  Nonce. 

11  lui  rend  compte  des  propos,  tous  hostiles  à  Mettemich, 
qu'on  tient  chez  Saldanha,  de  la  satisfaction  que  causeàCon- 
salvi  la  tournure  que  les  afTaii'cs  semblent  prendre  pour  le  mo- 
ment, eniin  de  l'indisposition  du  Roi  de  Prusse,  qui  serait  sur- 
tout  due  à  ses  accès  de  colère  et  de  dépit. 


1017.  Vienne.  9dik:embre  1814  (F.  5.  4655  ad  3565*. 

03   à  HAGER  ;en  français)  (analyse). 

Pourquoi  le  secret  est  si  bien  gardé  au  Congrès.  Les  audiences  matinales  de 
la  Ûafralit^.i.  !.?<  agrandissements  de  U  Prusse.  Les  tirades  et  la  cam- 
pagne c^^.Ure  Mettemich.  Les  causes  du  mécontentement  contre  loi. 

Jamais  ù  aucun  Congrès  on  n*a  si  bien  gardé  le  secret.  Rien 
ne  transpire.  Ces  Messieurs  ont  honte  de  laisser  voir  qu'on  ne 
fait  rien.  Voil;\  le  vrai  secret  du  Congrès. 

Carpani  ^  1  ^  s  est  moque  hier  àdiner  chez  Eskeles  de  la  prin- 
cesse Bagrat  ion,  qui  re^it  tous  les  matins, l'un  après  Taulre  en 
audience  particulière  et  intime,  le  prince  royal  de  Bavière   le 

1.  Po^te  et  îiitêraleur  italien  j«>uissant  d'une  juste  répudiation.  Cn  des  meil- 
leurs age:i;s  ie  Ha^r  répandu  dass  le*  marnes  salons  q-je  ^^  Leurs  rap- 
ports permet  ;^ent  iHa^er  de  contr>Mer  leurs  dires. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   661 

prince  royal  de  Wurtemberg  et  le  prince  Charles  de  Bavière. 
<  Tous  les  matins,  a-t-il  dit,  elle  noircit  un  certain  nombre  de 
feuilles  de  papier.  Ce  sont  les  réponses  qu'elle  fait  aux  billets 
doux  restés  jusque-là  en  souffrance.  » 

On  dit  que  la  Prusse  recouvrera  tout  ce  qu'elle  a  perdu  en 
1807  par  le  traité  de  Tilsit,  c'est-à-dire  la  Pologne  prussienne 
et  une  bonne  partie,  si  ce  n'est  même  la  totalité,  des  pays  entre 
l'Elbe  et  le  Rhin. 

00  revient  ensuite  sur  les  tirades  habituelles  contre  Met- 
temichy  sur  les  critiques  que  lui  vaut  son  peu  d'application 
aux  affaires.  «  On  ne  se  gêne  pas  pour  dire  qu'on  voudrait  le 
voir  remplacé  par  Schwarzenberg,  qui  a  si  bien  fait  comme 
ambassadeur  à  Paris  et  à  Saint-Pétersbourg,  qui  est  un  homme 
d'honneur  et  un  homme  d'esprit  et  auquel  on  donnerait  Wes-^ 
senberg  pour  adjoint.  » 

On  fait  campagne  contre  Metternich,  parce  qu'on  est  mécon- 
tent de  la  durée  du  séjour  des  souverains,  parce  qu'on  voit 
qu'on  n'a  fait  que  bavarder  en  l'air  à  Prague,  à  Paris  et  à 
Londres,  qu'on  n'y  a  rien  fait,  surtout  à  Prague  et  à  Paris, 
que  si  mal  tailler  que  maintenant  on  ne  sait  plus  comment 
s'y  prendre  pour  recoudre. 


1018.  Vienne,  9  décembre  1814  (F.  5.  4655  ad  3565). 

...  à  HAGER  (en  français). 

La  protestation  du  Wurtemberg  contre  l'occupation  de  la  Saxe.  Les  vues  du 
prince  royal  sur  la  couronne  de  Pologne.  L'irritation  du  Wurtemberg  contre 
la  Prusse. 


On  a  rédigé  dans  le  cabinet  du  Roi  de  Wurtemberg  une  note 
de  protestation  contre  l'occupation  de  la  Saxe  par  la  Prusse. 
Votre  Excellence  sait  assurément  que  le  prince  royal  de  Wur- 
temberg a  fait  faire  des  insinuations  auprès  d'Alexandre  afin 
d'obtenir  la  couronne  de  Pologne. 

L'entourage  du  Roi  et  surtout  les  Wurtembergeois  sont  plus 
montés  que  jamais  contre  les  Prussiens,  surtout  à  cause  de 
l'insistance  qu'ils  mettent  à  réclamer  Ansbach  et  Bareuth* 


662  AUTOcm  du  co5geès  db  vie?ixe 

1019.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  S.  46»  ad  15tt>. 

. . .  i  HAGER  'en  françaii':. 

Prolongation  du  léjoar  des  Soareruns  à  Vienne.  Un  iDot  d'Alexandre 

à  la  eomtetie  Wrbna. 

M.  de  Willie  in*a  chargé  de  m'informer  s*il  était  Trai  que 
le  prince  Trauttmansdorff  avait  fait  passer  one  note  à  Siadion 
pour  le  prévenir  d*avoir  à  tenir  prêts  les  fonds,  dont  la  Coor 
aura  besoin  pour  couvrir  ses  dépenses,  <  attendu  que  les  Hauts 
Alliés  resteront  à  Vienne  jusqu'en  mars  et  très  probablement 
même  jusqu'en  avril  ». 

On  raconte  à  ce  propos  que  l'Empereur  Alexandre,  rencon- 
trant ces  jours-ci  la  comtesse  Flore  de  Wrbna^  lui  dit  :  €  J^ai 
une  fort  mauvaise  nouvelle  à  vous  annoncer.  Comtesse.  Noos 
resterons  encore  fort  longtemps  ici  ;  mais  consolez-vous,  nous 
nous  quitterons  bons  amis.  » 


1020.  Londres.  lS-25  noTembre  :814   F.  5.  4655  ad  3M5). 

LIEVEN  à  NESSELRODE   intercepta    en  françaii , 
L'arrirée  du  Fingël  et  la  marcheXarormble  des  nèf  ociatioas  de  paix  à  Gand. 

Une  suite  de  dépêches  américaines  arrivées  ici  par  le  FingaU 
bâtiment  parlementaire  portant  des  dépêches  aux  commissions 
américaines  à  Gand,  a  mis  le  public  anglais  au  fait  des  négo- 
ciations de  paix  jusqu'au  19  août  et  des  points  conditionnels 
pour  la  paix  que  le  Gouvernement  britannique  avait  mis  en 
avant  dans  ses  premières  ouvertures. 

L'Opposition  a  relevé,  quoique  légèrement,  au  Parlement, 
l'exagération  de  ces  demandes. 

Les  derniers  avis  de  Gand  font  mention  de  la  nouvelle  acti- 
vité qu'ont  reprise  les  relations  entre  les  plénipotentiaires 
anglais  et  américains  depuis  l'arrivée  du  Fi/i  jo/.et  le  bruit  court 
que,  tandis  que  les  dernières  instructions  de  M.  Madison  recom- 
mandent la  continuation  des  négociations,  les  ministres  du 
Prince  Régent  d'Angleterre  ont  de  leur  côté  abandonné  quel- 
ques-unes de  leurs  prétentions. 


l'ouverture  du  GOMORÈS.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   6tt3 

1021.  Paris,  30  novembre  1814  (F.  5.  4655  ad  3565). 

GOLTZ  à  HARDENBERG  (en  français). 

J'apprends  dans  le  moment,  à  ne  pas  pouvoir  en  douter,  que 
le  maréchal  Soult  sera  nommé  ces  jours-ci  ministre  de  la 
Guerre  (1).  C'est  un  changement  bien  important  et  auquel  le 
Roi  parait  avoir  été  disposé  par  les  observations  réitérées 
qu'on  lui  a  faites  sur  le  manque  d'énergie  et  de  fermeté  du 
général  Dupont...  (Le  reste  en  chiffre  qui  n'a  pas  été  mis  au 
clair  et  qui  n'a  pas  été  copié). 


1022.  Vienne,  11  décembre  1814  (F.  5.  4084  ad.  3565). 

HAGER  à  rEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  10  décembre  1814  et 
envoi  à* intercepta  peu  curieux,  sauf  celui  de  Gaertner  à  Stae- 
gemann  (7  décembre)  (envoi  de  la  note  qu'il  a  remise  le  16  no- 
vembre à  Metternich  au  nom  des  princes  et  comtes  médiatisés). 


1023.  Stuttgart,  3  décembre  1814  (F.  5.  4984  ad  3565). 

RIEDESEL  au  Baron  de  SCHAUENBURG  (intercepta)  (analyse). 

11  regrette  que  les  souverains  aient  soulevé  les  questions  de 
Pologne  et  de  Saxe  qui  empêchent  de  s'occuper  dos  affaires 
d'Allemagne.  Il  espère  qu'après  la  nouvelle  déclaration  russe (2) 
les  trois  grands  monarques  reviendront  à  de  meilleurs  senti- 
ments et  rendront  vains  les  efforts  que  fait  la  France  pour  les 
désunir. 

l.Goltz  était  bien  renseigné  puisque  Jaucourtfdans  sa  dépêche  du  3  décembre 
à  Talleyrand,  lui  disait  :  «  Dimanche  (c'est-à-dire  le  lendemain  4),  vous  ver- 
rez par  les  journaux  la  nomination  du  maréchal  Soult  &  la  Guerre.  .  »  et  qu'il 
commençait  sa  dépêche  du  7  en  ces  termes  :  «  Tout  le  monde  déclare  que  la 
nomination  du  maréchal  Soult  était  inattendue  et  que  le  renvoi  du  comte 
Dupont  semblait  ou  différé  ou  même  révoqué...  » 

3.  Cf.  d'AnoBBBRo,  450-450.  Lettre  de  l'Empereur  Alexandre  en  réponia^  à 
la  lettre  du  4  novembre  de  lord  Gastlereagh  et  deuxième  Memorandam  roMâ. 
Vienne,  21  novembre  1814. 


664  AUTOum  do  gdhgeès  di  ybhhb 

1024.  Vienne,  9  décembre  1814  (F.  S.  4914  ed  SMS). 

...  à  HAGER  (en  françaîi). 
Un  mot  du  Roi  de  Wurtemberg.  Critique  térère  du  Congrès. 

Le  Roi  de  Wurtemberg  a  dit  chez  loi  derant  pas  mal  de 
personnes  qu*il  recevait  :  c  II  est  honteux  de  penser  qu'on  met 
ici  plus  de  temps  pour  partager  le  pays  conquis  qu'on  n*en  a 
mis  pour  renverser  le  terrible  tyran.  Qu'a-t-on  donc  fait  depuis 
le  traité  de  Paris  ?  » 

Les  auditeurs  stupéfaits  ont  baissé  la  tête. 


1025.  Vienne,  9  décembre  1814  (P.  5.  49S4  ad  3M§). 

H...,  à  HAGER 

Ordres  nouveaux  relatifs  à  la  Pologne  et  à  la  Saxe  reçus  par  Castlereagh. 

Castlereagh  a  reçu  il  j  a  deux  jours  Tordre  de  déclarer  que 
TAngleterre  s'opposera  catégoriquement  à  la  cession  de  la 
Saxe  à  la  Prusse  et  de  la  Pologne  à  la  Russie  (1).  Il  remettra 
cette  note  aujourd'hui  ou  demain.  On  m'affirme  que  le  Wur- 
temberg soutient  en  secret  les  desseins  de  la  Prusse. 


1026.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  4984  ad  3565)- 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  12  décembre  1814. 


1.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Dépêche,  n*  15.  Vienne,  7  décembre  1814  (P._ 
LAW.  CorretpondMnce  inédite,  etc.,  167).  Cf.  d'AicoBSBRO,  493-494.  Lord  Cast- 
lereagh à  lord  Liverpool  au  siigei  de  la  négociation  du  prince  de  Hardenberf 
«Tec  l'Empereur  Alexandre  relative  à  la  Polosne. 


l'ouverture  du  congrès.   —   LA   SAXE   ET   LA  POLOGNE      666 

1027.  Vienne,  10  décembre  1814. 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Depuis  plusieurs  jours  Wrede  a  cessé  d'aller  chez  M«*  Ripp. 

M"«  Morel  est  venue  à  Timproviste,  le  7  au  soir,  chez  le 
grand-duc  de  Bade  qui  renonça  à  sortir,  soupa  et  resta  fort 
tard  avec  elle. 

Le  prince  héritier  de  Hesse-Darmstadt  continue  de  charger 
son  chasseur  de  lui  amener  des  filles,  d'une  classe  du  reste 
assez  peu  élevée. 


1028.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5. 4995  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Alexandre  et  la  princesse  Esterhazy. 

Sachant  que  le  prince  Esterhazy  (1)  allait  pendant  quelques 
jours  chasser  chez  lui  à  Eisenstadt,  Alexandre  fît  savoir  à  la 
princesse  Léopoldine  qu'il  viendrait  passer  une  soirée  chez  elle. 
La  princesse  lui  communiqua  la  liste  des  dames  qu'il  trouve- 
rait chez  elle  avec  la  prière  de  rayer  celles  qu'il  ne  désirait 
pas  rencontrer.  11  les  raya  toutes,  sauf  elle.  La  princesse  en- 
voya au  plus  vite  chercher  son  mari  à  Eisenstadt,  et  le  prince 
arriva  encore  juste  à  temps  pour  recevoir  Alexandre  qui,  déçu 
et  dépité,  ne  resta  que  peu  d'instants. 


1029.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4995  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Eugène  et  Alexandre.  Nouvelles  du  Congrès  d'après  d'Arnay. 
Ce  qu'aura  Marie-Louise.  Les  Légations. 

Le  prince  Eugène  est  d'autant  plus  confiant  qu'Alexandre 

1 .  La  princesse  Léopoldine,  née  princesse  de  la  Tour  et  Taxis,  était  la  femme 
du  prince  Paul  Esterhazy,  diplomate  autrichien,  un  peu  plus  tard  ambas- 
sadeur d'Autriche  à  Londres. 


666  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

continue  à  le  distinguer  d*une  façon  des  plus  marquées.  D'Ar- 
nay  m'a  affirmé  du  reste  que  le  Congrès  était  d'accord  sur  les 
points  les  plus  importants  et  que  tout  marchait  maintenant  de 
façon  à  pouvoir  être  terminé  en  trois  semaines.  Il  croit  que 
Marie-Louise  aura  Parme,  que  Tex-reine  d'Etrurie  obtiendra 
peut-être  quelque  compensation. 

Fava  et  Squarzoni  resteront  encore  huit  ou  dix  jours  en  at- 
tendant une  résolution  en  faveur  du  Pape,  ce  qui  semble  fort 
improbable  à  d'Arnay. 


1080.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4995  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Malczewski  persiste  à  croire  à  une  guerre  à  cause  de  la  Po- 
logne et  de  la  Saxe,  guerre  que  Murât  désire  d^autant  plus  que 
la  tranquillité  est  loin  d'être  établie  en  Espagne,  en  Sicile  et  en 
France. 


1031.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4995  ad  3505). 

©©  à  HAGER 

Jacobi  Kloest  a  passé,  le  9,  plus  de  trois  heures  en  conférence 
avec  Rechberg.  Les  médiatisés  ne  tarissent  pas  en  éloges  sur 
son  compte  et  sur  celui  de  Hardenberg,  parce  qu'ils  désap- 
prouvent l'occupation  de  la  Saxe  et  combattent  la  politique  de 
Humboldt. 


1032.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4984  ad  3505). 

...  à  HAGER  (en  français). 

Nouvelles  favorables  au  Roi  de  Saxe.  Solution  probable  et  prochaine 

de  la  question  de  Polo^e. 

Le  brouillalrd  se  dissipe.  Les  ministres  de  Bavière,  de  Hesse- 
Darmstadt  et  Gaertner  m'affirment  que  le  Roi  de  Saxe  conserve 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   667 

son  royaume.  La  question  de  Pologne  est  également  tranchée 
dans  le  sens  désiré  par  l'Autriche  et  on  espère  que  les  affaires 
vont  pouvoir  marcher.  Depuis  cette  grande  nouvelle,  je  n'ai  vu 
aucun  des  enragés  Prussiens.  Nous  verrons  ce  que  diront  ceux 
qui  criaient  si  haut  qu'ils  ne  rendraient  jamais  rien. 


1033.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4994  ad  3565). 

V.  L...  à  HAGER 

Les  rhumatismes  du  Roi  de  Prusse.  Leur  origine.  Ce  qu'il  pense  de  la  solution. 

La  guerre  probable.  La  nouvelle  loi  militaire. 

J'ai  su  par  le  comte  de  Reichenbach(l)  que  le  Roi  de  Prusse 
souffrait  de  fièvres  rhumatismales,  que  les  contrariétés  et  les 
accès  de  colère  ont  rendues  plus  aiguës  et  plus  violentes.  Il  a 
fait  écrire  à  Berlin  qu'il  y  serait  le  Jour  de  l'An.  Il  croit  du  reste 
qu'en  fin  de  compte  il  faudra,  pour  en  sortir,  avoir  recours  aux 
armes.  Il  parait  aussi  que,  dans  Tespoir  de  prévenir  ainsi  la 
guerre,  il  a  donné  Tordre  de  mettre  en  vigueur  la  nouvelle  loi 
militaire. 


1034.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4984  à  3565). 

®®  à  HAGER  (en  français). 

La  question  de  Saxe.  La  disgrâce  de  Linden  et  la  faveur  de  Wintzingerode. 
Ce  qu'Alexandre  a  dit  de  l'Autriche  au  sujet  de  la  Pologne.  Hardenberg 
et  Humboldt.Le  Wurtemberg  et  les  affaires  d'Allemagne. 

On  m'a  affirmé  à  la  Légation  de  Wurtemberg  sous  le  sceau 
du  secret  le  plus  absolu  que  la  Saxe  restera  à  son  Roi,  moins 
la  Lusace  et  Wittemberg  qu'elle  cède  à  la  Prusse. 

J'y  ai  également  appris  que  le  baron  Linden  était  en  pleine 
disgrâce  et  que  le  Roi  de  Wurtemberg  n'a  plus  confiance  qu'en 
Wintzingerode. 

1.  Reichenbach  (comte  de,  lieutenant-colonel  prussien),  attaché  à  la  per- 
sonne et  A  la  chancellerie  d'Hardenberg  pendant  le  Congrès  de  Vienne. 


668  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

On  affirme  qu'Alexandre  aurait  dit,  il  y  a  peu  de  jours,  au 
Roide  Wurtemberg  qu'il  avait  résolu  de  s'entendre  avec  l'Au- 
triche au  sujet  de  la  Pologne  et  qu'on  allait  par  suite  s'occu- 
per sérieusement  et  vivement  de  TAUemagne.  Alexandre 
croyait  en  conséquence  qu'on  pourrait  quitter  Vienne  dans  dix 
à  douze  jours.  Mais  le  Roi^  qui  avait  déjà  commencé  ses  pré- 
paratifs de  départ,  a  donné  contre-ordre  ces  jours  derniers. 

On  m*a  confirmé  positivement  le  grave  dissentiment  qui 
existe  entre  Hardenberg  et  Humboldt  et  on  m'a  dit  que  le  con- 
seiller d'Etat  prussien  von  Kûster  était  arrivé  ici  avec  de  nou- 
veaux plans.  Le  grand-duc  de  Bade,  de  son  côté,  a  envoyé 
une  note  très  énergique  sur  la  Constitution  de  l'Allemagne. 
Enfin  le  Wurtemberg,  d'accord  avec  les  autres  Etats,  a  insisté 
au  Comité  sur  l'impossibilité  de  confier,  en  raison  de  son  im- 
portance comme  clef  de  l'Allemagne,  la  garde  de  Mayence  à 
une  seule  puissance  et  sur  la  nécessité  d'e  n  faire  une  forte- 
resse fédérale. 

Le  Comité  attend  avec  impatience  la  note  que  Metternich 
a  promis  de  lui  soumettre. 


1035.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  5004  ad  3565). 

HAGER  à  rEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  13  décembre  1814  {F. "5.  4995  ad  3565). 

Envoi  de  nombreux  intercepta  du  10  et  du  11  décembre,  la 
plupart  sans  grand  intérêt,  lettres  d'invitations  et  notes,  parmi 
lesquelles  se  trouve  cependant  une  note  de  Castlereagh  à  Nes- 
selrode  (11  décembre)  (Renvoi  de  la  lettre  de  Marie-Louise 
à  Alexandre  et  de  la  réponse  d'Alexandre,  que  Nesselrode  a 
dû  lui  envoyer  par  erreur,  et  transmission  de  propos  inquié- 
tants tenus  par  le  comte  Zichy  Ferraris  (1)  et  qui  feraient 
croire  que  la  guerre  est  inévitable), 

1.  Zichy-Ferrari8  (François,  comte)  (1777-1839),  lieutenant-colonel  en  1814, 
marié  depuis  1799  à  Marie- Wilhelmine,  fille  du  feld-maréchal  comte  Ferrarii, 
le  futur  beau -père  de  Metternich,  qui  épousa  en  1831  sa  fille,  la  comtesse 
Mélanie,  née  en  1805. 


L  OUVERTURE   DU   CONGRÈS.  —   LA   SAXE  ET    LA   POLOGNE      669 

1036.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  5004  ad  3565). 

...  à  HAGER  (en  français). 

Affaires  de  Pologne  et  de  Saxe  toujours  en  suspens.  Froid  entre  les  deux 
Empereurs.  L'adresse  des  généraux  prussiens  au  Roi  de  Prusse. 

La  nouvelle  de  la  conclusion  d'une  entente  au  sujet  de  la  Po- 
logne et  de  la  Saxe  était  dénuée  de  fondement. 

Le  baron  Tûrkheim  m'a  af&rmé  qu'il  y  avait  eu  une  scène 
violente  entre  les  deux  Empereurs,  qu'ils  sont  encore  en  froid  ; 
que  Castlereagh  (l)a  reçu  un  nouveau  courrier,  lui  enjoignant 
de  déclarer  que  l'Angleterre  ne  consentira  jamais  à  la  cession 
de  la  Saxe.  Hacke  et  le  comte  Fûrstenstein  (2)  m'ont  confirmé 
ces  nouvelles. 

Le  comte  Erwin  Schônborù  (3)  croit  savoir  que  la  résis- 
tance du  roi  de  Prusse  a  été  causée  surtout  par  une  adresse 
des  généraux  et  des  hauts  fonctionnaires  de  Berlin,  apportée 
ici  par  courrier  spécial,  et  le  priant  de  ne  pas  céder  sur  la 
question  de  la  Saxe. 


1037.  Vienne,  12  décembre  1814  (F.  5.  4995  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  prince  Eugène  a  fait,  le  11,  une  longue  visite  à  Marie- 
Louise,  avec  laquelle  il  est  resté  au  moins  trois  heures. 


1038.  Vienne,  12tlécembre  1814  (F.  5.  5004  ad  3565). 

Rapport  à   HAGER 

Wrede  a  fait  dans  Taprès-midi  du  10  une  longue  visite  à 
M"**  Ripp. 

1.  Cf.  Tallcyrand  au  Roi.  Dépêche  n»  15.  Vienne,  7  décembre  1814  (Pallain, 
Pages  167-168). 

2.  Fûrstenstein  (comte),  d'abord  chambellan  et  grand-maître  de  la  garde- 
robe,  puis  ministre  des  Affaires  Etrangères,  l'un  des  ci-devant  dignataire» 
de  la  cour  de  Westphalie. 

3.  Schônborn  (François-Erwin,  comte)  (1775-1840)  était  à  ce  moment  le  chef 
de  la  branche  Schônborn-Wiesentheid. 


670  AUTOUR  DU  CX)NGRÈS   DE  VIENNE 

Lô  wenhielm  a  noué  une  intrigue  amoureuse  avec  la  fille  en- 
tretenue par  WahrendorfF.  Elle  vient  souvent  chez  lui  en  habits 
d'homme.  Il  se  montre  du  reste  avec  elle  et  Ta  menée  au  théâ- 
tre sous  ces  déguisements. 


1089.  Vienne,  12  décembre  1814  (P.  6.  6004  ad  S665). 

00  à  HAGER  (en  français). 

L'opinion  de  Nu^ent  sur  le  Congrès.  Ce  qu'il  ferait 
s'il  était  à  la  place  de  Mettemich. 

J'ai  dîné  hier  soir  avec  le  général  Nugent.  Il  doute  beau- 
coup des  résultats  du  Congrès.  Il  trouve  que  le  Cabinet  de 
Vienne  a  commis  bien  des  fautes  qui  ont  amené  la  situation 
actuelle^  si  embarrassante  des  affaires.  Il  ajoute  que  s'il  était 
à  la  place  du  prince  de  Metternich,  l'affaire  serait  bien  vite 
terminée.  La  conduite  de  la  Russie  lui  parait  abominable.  «  Il 
fauty  disait-ily  leur  présenter  un  ultimatum,  des  conditions  défi- 
nitives d'une  main,  l'épée  de  l'autre  et  leur  dire  :  Choisissez.  » 


1040.  Vienne,  14  décembre  1814  (F.  5.  5014  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  14  décembre  1814. 


1041  •  Vienne,  14  décembre  1814  (F.  5.  5014  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Envoi  des  intercepta  du  12  et  du  13  décembre,  parmi  les- 
quels il  n'y  a  guère  à  signaler  que  les  suivants  : 

Vienne,  12  décembre,  Gagern  au  baron  Plessen  (Mecklem- 
bourg)  (Envoi  du  projet  des  plénipotentiaires  des  princes  alle- 
mands sur  le  rétablissement  de  la  dignité  Impériale). 

Copenhague,  16-27   novembre,  Lisakevitch  à  Nesselrode. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LÀ  SAXE  ET  LA  POLOGNE   671 

(Sur  le  départ  du  priace  Christian  (1)  se  rendant  près  de  la 
douarière  d'Augustenburg  et  sur  le  bruit  de  son  mariage  avec 
une  princesse  de  cette  maison.) 

Vienne,  13  décembre  18 14,  Intercepta  et  papiers  pris  chez 
Stackelberg,  La  Tour  du  Pin,  Noailles  et  Dalberg  et  rapport 
d'agent  sur  l'impossibilité  de  savoir  ce  que  fait  ou  écrit  le 
prince  Repnin. 


1042.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  5004  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Nesselrode  et  Metternich  ont  eu,  l'un  après  l'autre,  une 
longue  conférence  avec  Hardenberg. 


1043.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  5014  ad3565). 

...   à  HAGER  (en  français). 
La  disgrâce  de  RazoumofTsky. 

A  la  table  du  grand  maréchal  de  la  Cour,  les  aides  de  camp 
d'Alexandre  se  sont  étonnés  du  crédit,  dont  jouit  encore  à 
Vienne  Razoumoffsky,  qui  est  en  pleine  disgrâce  auprès 
d'Alexandre  et  cela,  probablement,  pour  toujours.  Ils  ont,  en 
revanche,  fait  un  grand  éloge  de  Stackelberg  et  vanté  son 
influence. 


1044.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  5014  ad  3506). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

La  Bavière,  le  Wurtemberg,  Bade  et  la  Russie.  Un  mot  du  Roi  de  Bavière 

4  propos  du  Roi  de  Saxe. 

Le  Roi  de  Saxe,  cédant  aux  représentations  de  l'Empereur 
d^ Autriche  et  d'Alexandre»  ne  vient  pas  à  Vienne.  On  lui 

1.  Ce  bruit  était  fondé.  Le  prince  royal  Christian  (1780-1845)  épousa  en 
effet,  le  23  mai  1815,  la  princesse  Caroline  d'Aug^stenburg,  sa  petite-cousine, 
puisque  sa  mère  était  fille  du  roi  Christian  Vil,  son  grand-pére. 


672  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

aurait  affirmé  du  reste  qu'on  lui  rendrait  son  royaume,  chose 
sur  laquelle  l'Angleterre  et  la  France  insistent  plus  que 
jamais  (1). 

On  dit  maintenant  que  la  Bavière  gardera  Salzbourg  et  Passau, 
mais  cédera  Tlnn-Viertel  et  le  Ziller-Thal.  Elle  serait  fort  mé- 
contente de  l'attitude  du  Wurtemberg  et  de  Bade  qui  se  seraient 
ralliées  à  la  Russie. 

On  raconte  que  le  roi  de  Bavière  a  dit  ces  jours  derniers  à 
brûle-pourpointauroide  Prusse,  alors  que  les  deux  Empereurs 
parlaient  devant  eux  de  la  Saxe  :  «  Après  tout,  il  faut  bien 
convenir  que,  nous  tous,  nous  avons  sur  la  conscience  les  mêmes 
péchés  que  mon  cher  beau-frère  (2).  »  Le  roi  de  Prusse  a  fait 
semblant  de  n'avoir  rien  entendu  et  s*est  éloigné  en  faisant  la 
grimace. 


1045.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  5014  ad  3565). 

00  à  HAGER  (en  français). 

Nouvelles  contradictoires.  Le  Roi  de  Prusse  décidé  à  garder 

la  Saxe  à  tout  prix. 

Les  nouvelles  sont  rares  et  contradictoires,  mais  on  est  plu- 
tôt à  la  guerre.  On  affirme  cependant  que  le  roi  de  Prusse 
aurait  dit  que  dans  le  principe  il  ne  tenait  pas  autrement  à  la 
Saxe  ;  qu'il  s'était  même  prononcé  contre  roccupation  provi- 
soire ;  mais  que  maintenant  qu'elle  avait  eu  lieu,  il  ne  rendrait 
plus  ce  pays,  même  si  ses  Ministres  le  lui  conseillaient. 


1046.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  5014  ad  35tô). 

...  à  HAGER  (en  français). 

Offres  de  services  de  généraux  français  à  Murât  et  les  partisans  qu'il  a  en 

Italie.  Les  armements  de  la  France. 

Malczewski  affirme  que  des  maréchaux  et  des  généraux 

1.  Cf.  d'AMOBBBRO,  p.  505-510.  Note  du  prince  de  Metternich  adressée  le 
10  décembre  1814  au  prince  de  Hardenberg  «...  se  refusante  Tincorporation 
entière  de  la  Saxe  à  la  Prusse  ». 

3.  Le  roi  de  Saxe  avait  épousé  la  princesse  Marie -Amélie  de  Deux-Ponts 
sœur  du  Roi  de  Bavière.  ' 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   673 

français  ont  offert  leurs  services  à  Murât  (1)  en  cas  de  besoin 
et  ont  même  promis  de  lui  amener  une  quantité  de  vieux  sol- 
dats. D'après  lui,  Murât  peut  compter  sur  les  sympathies  et 
le  concours  effectif  d'une  partie  de  Tltalie. 

Dalberg  n'a  pas  caché  à  Hacke  que  la  France  poussait  acti- 
vement ses  armements  et  lui  a  annoncé  que  Soiit  avait  rem- 
placé Dupont  au  ministère  de  la  Guerre  (1). 


1047.  Vienne,  15  décembre  1814  (F.  5.  5023  ad  3505). 

HAGER  à  FEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  15  décembre  1814. 

Envoi  d'iniercepta  et  de  papiers  pris  chez  Nesselrode, 
Dalberg,  La  Tour  du  Pin,  Rechberg,  Humboldt,  Heilmann, 
Gentz,  etc.. 


1048.  Vienne,  14  décembre  1814  (F.  5.  5022  ad  3565). 

N.  N.  à  HAGER 

Le  recrutement  en  Pologne.  Composition  du  corps  d'armée  polonais. 

Le  recrutement  va  son  train  en  Pologne.  Le  corps  d'armée 
polonais  sera  renforcé  de  IS.OOO  hommes,  sans  compter  6  à 
8.000  hommes,  qu'enlèvera  dans  le  Grand-Duché  pour  rempla- 
cer ceux  qui  ont  été  congédiés  ou  qui  ont  déserté. 


1049.  Vienne,  14  décembre  1814  (F.  5.  5022  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (Rapport  de  chez  le  Nonce)  (en  français). 
Le  Congprès.  La  mort  du  prince  de  Lig^ne.  Un  mot  du  Nonce. 

On  garde  le  plus  grand  secret  sur  la  marche  des  négocia- 
tions du  Congrès. 

1.  Correspondance  de  Jàaconrt  avec  Tàlleyrànd,  pages  122,  123,  127,  132, 
155, 150.  Jaucourt  à  Talleyrand,  18  décembre,  24  décembre,  28  décembre  1814 
«t  26  janvier  1815. 

T.  L  43 


674  AUTOUR  DU  OOXGRÈS  DB  VIENNE 

Le  Nonce  a  pavéenraa  présence  un  singulier  tribut  de  regrets 
au  prince  de  Ligne  que  la  mort  vient  d'enlever  (1). 

€  Les  francs-maçons  de  Vienne,  a-i-il  dit,  ont  perdu  leur 
c  plus  ferme  appui,  leur  zélé  protecteur.  » 


1050*  Vieone,  14  décembre  1814  (F.  5.  5032  ad  3565). 

©Q  à  HAGER  (en  français). 

La  mort  du  prince  de  Li^ne.  Regrets  universels  qu'elle  cause. 
Ce  qu*on  a  dit  à  la  dernière  soirée  chez  Arnstein. 

La  mort  du  prince  de  Ligne  a  fait  une  profonde  impression 
à  Vienne  et  sera  ressentie  dans  toute  l'Europe  où  il  était  connu, 
considéré  et  aimé.  Il  était  foncièrement  bon,  et  s'il  avait  assu- 
rément des  travers  et  même  des  défauts,  il  avait  un  charme, 
une  amabilité,  une  dignité,  un  esprit  que  nul  ne  possédait  et  ne 
possédera  peut-être  à  un  pareil  degré. 

Avant-hier^  comme  tous  les  mardis,  il  y  a  eu  chez  Arnstein, 
une  belle  soirée  de  musique,  à  laquelle  ont  assisté  environ  cent 
cinquante  personnes,  parmi  lesquelles  la  princesse  Palm  (2),  la 
princesse  Dietrichstein  (3),  les  comtes  Keller,  Salmour,  Schlitz- 
Goertz  (4),  Emmanuel  Khevenhûller  (5),  le  baron  Linden,  le 
baron  Ulrich  (6),  etc.,  etc.  On  y  a  raconté  que  d'après  des  let- 
tres reçues  de  Varsovie,  le  grand-duc  Constantin  passait  tout 
son  temps  à  faire  manœuvrer  les  troupes  et  à  avoir  des  confé- 
rences toutes  relatives  à  la  future  Constitution  du  rovaume 
de  Pologne. 

1.  Le  prince  de  Li^e  mourut  le  19  décembre  après  quelques  jours  seule- 
ment de  maladie. 

2.  11  ne  peut  s'agir  que  de  la  baronne  Marie-Caroline  Gudenus,  deuxième 
femme  du  prince  Josepb-Charles  Palm,  qu'elle  avait  épousée  en  1908  et  qui 
mourut  le  Iv  septembre  1815.  Née  en  1773,  elle  mourut  en  1857. 

3.  Comtesse  Alexandra,  Alexéiwna  Schouvaloff,  née  en  1775,  mariée  en 
1797  au  prince  François-Joseph  Dietrichstein  (1767-1S5T)  grand  maréchal  de 
la  cour  d'Autriche. 

4.  Cf.  Plus  loin  une  pièce  du  36  février;  d'après  le  rapport  de  cet  agent,  le 
comte  Schlitz-Goertz  serait  le  beau-frère  et  l'informateur  du  comte  de  Rech- 
berg. 

5.  Khcvcnhiïller  (Emmanuel,  comte),  chevalier  de  la  Toison  d'Or  (1759-1847), 
venu  à  Milan  vers  ITTO  avec  l'archiduc  Ferdinand, y  épousa  la  comtesse  Mes- 
zabarba  et  maria  ses  deux  filles,  l'une  au  duc  Charles  Visconti  Modrone, l'au- 
tre, au  marquis  Phebus  d'Adda.  Cf.  Gallavrbsi.  L,  Note  page  84.  Curieggio 
Confulonieri. 

6.  Représentant  de  l'Ordre  Teutonique. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   675 

L'Empereur  de  Russie,  qui  continue  à  bouder  Metternich, 
s'étant  abstenu  de  psoraître  à  la  soirée  que  celui-ci  a  donnée 
le  13,  on  a  dit  chez  Arnstein  :  €  Gela  fait  honneur  au  prince 
de  Metternich.  » 


1051.  Berlin,  8  décembre  1814  (F.  5.  5033  ad  9565). 

Anonyme  au  Prince  RADZIWILL  (intercepta) 
Thorn  et  Cracovie  seront  déclarées  villes  libres. 


1052.  Vienne,  18  décembre  1814  (F.  5.4500  ad  8565). 

HEILMANN  (1)  à  son  père  (intercepta)  (en  français). 

Les  affaires  de  Suisse  vont  mieux  depuis  les  déclarations  de  la  France  et  de 
l'Autriche.  L'Autriche  consentira  à  une  rectification  de  frontières . 

On  fera  bien  de  tenir  bon.  Le  vent  a  tourné  ici  depuis  quinze 
jours.  A  ce  moment,  on  n'aurait  pas  hésité  à  sacrifier  la  Suisse 
à  des  intérêts  majeurs.  11  n'y  avait  à  ce  propos  pas  moins  de 
cinq  plans  difiFérents.  Pour  laisser  la  Saxe  à  la  Prusse,  on  don- 
nait Bade  au  roi  de  Saxe,  et  la  Suisse  au  grand-duc.  Un  autre 
projet  la  morcelait  entièrement.  Un  troisième  la  rattachait  par 
fractions  à  l'Allemagne.  Enfin  on  a  parlé  du  Vice-Roi.  Il  en  a 
été  ainsi  jusqu'au  moment,  où  T Autriche  et  la  France  sont  in- 
tervenues carrément  et  ont  déclaré  qu'on  ne  toucherait  pas  à 
rindépendance  et  à  l'intégrité  de  la  Suisse. 

L'Angleterre  a  été  tiède  dans  la  question  de  la  délimitation 
et  Stein  a  été  correct.  Reinhard  a  remis  aux  ministres  le  Mé- 
moire que  j'avais  fait  dans  ce  sens  (2)et  j'ai  dû  en  faire  au  galop 
nombre  de  copies.  J'y  ai  joint  les  cartes  à  l'appui.  Je  crois  que 
les  Andlau  et  C**  (3)  ne  s'en  relèveront  pas. 

1.  Fils  du  Président  de  Bienne. 

2.  Cf.  d'ANOBBBRO.  Cinquième  Protocole  des  affaires  du  Comité  des  affaires 
de  Suisse,  10  décembre  1814  (Pages  511-518)  et  sixième  Protocole  (Pages  531- 
525.) 

3.  Andlau  Birseck  (Conrad-Charles-Frédéric,  comte  d')  (1766-1839).  Qua- 
trième fils  de  Conrad  d' Andlau,  làndvogt  du  Prince-évéque  de  fiftle  pour  les 
districts  de  Birseck  et  de  Balbine  de  Staal.  Chassé  de  France  par  la  Révolu- 
tion, il  chercha  un  poste  dans  l'Autriche  antérieure,  devint  conseiller  du  Gou- 


676  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

Reste  à  voir  la  fin  qui  dépend  de  la  façon  dont  se  réglera  la 
situation  intérieure  de  la  Suisse.  En  tout  cas  notre  action  a 
été  utile. 

L'Autriche  veut  garder  la  Valteline  à  cause  des  communi- 
cations entre  l'Italie  et  le  Tyrol  et  donnerait  en  échange  à  la 
Suisse  le  Ghablais  jusqu'à  l'Arve,  Constance  et  une  partie  de 
la  principauté  de  Vaduz  sur  la  frontière  des  Grisons  et  accor- 
derait une  rectification  de  la  frontière  du  Rhin,  du  côté  d'Eglisau. 


1053.  Vienne,  14  décembre  1814  (F.  6.4032  ad  3655). 

GENTZ  (1)  au  Prince  de  VALACHIE  {intercepta)  (en  français). 

Les  affaires  de  Naples.  Murât  et  son  désir  de  voir  Napoléon  transporté  plus 
loin.  Le  Roi  de  Prusse  et  Marie-Louise.  La  grande-duchesse  Catherine  et  le 
prince  royal  de  Wurtemberg. 

Il  n'a  plus  été  question  de  Naples.  Les  ministres  de  France 
et  d'Espagne  ne  savent  plus  comment  aborder  cette  affaire, 
depuis  que  le  prince  de  Metternich  a  déclaré  un  jour  dans  une 
conférence  qu'il  ne  la  regardait  pas  comme  un  objet  de  dis- 
cussion au  Congrès  (2). 

Les  Français  ont  fait  circuler  des  bruits  alarmants  sur  une 
lettre  écrite  par  le  roi  de  Naples  à  l'Impératrice  Marie-Louise (3) 
et  dans  laquelle,  d'après  eux,  il  lui  avait  «  promis  de  venger 
un  jour  tous  ses  torts  ». 

Mais  le  fait  est  que  cette  lettre  ne  contient  pas  un  mot  qui 
puisse  justifier  ces  bruits;  qu'elle  ne  respire  que  la  plus  pro- 

vemement  à  Fribourg  et  quand  le  Brisgau  fut  incorporé  à  Bade,  il  entra  au 
service  badois.Enl809  et  1810,  il  représenta  le  grand-duché  à  Paris.  En  1814, 
il  fut  chargé  du  gouvernement  de  la  Franche-Comté  avec  résidence  à  Vesoul, 
mais  échangea  bientôt  ce  poste  contre  celui  de  gouverneur  de  l'évéché  de 
Bàle,  qu'il  garda  jusqu'à  l'incorporation  de  ce  territoire  à  la  Confédération 
helvétique.  11  revint  alors  à  Fribourg,  où  il  mourut  à  l'ftge  de  73  ans. 

1.  J'ai  cru  devoir  reproduire  ici  cette  dépêche,  bien  qu'elle  n'ait  été  inter- 
ceptée qu'incomplètement  et  bien  qu'elle  ait  été  publiée  en  allemand  par 
Klinkowstrôm  (Cf.  Oetterreich's  Theilntthme  an  den  Befreiungs  Kriegen, 
p.  473-474),  d'abord  parce  que  toute  la  première  partie  de  cette  dépêche  ne 
figure  pas  dans  ce  livre,  ensuite  parce  que  le  texte  allemand  diffère  asseï 
sensiblement  du  texte  français  de  la  dépêche  interceptée. 

2.  Talleyrand  au  Roi. Vienne, 6  novembre  (dépêche  n»  10) {PAi^uaiy. Corres- 
pondance inédite,  pAOl). 

3.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Vienne,  30  novembre  (Dépêche  n*  14).   Ibidem 
p.  166.  ' 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   677 

fonde  reconnaissance  du  roi  de  Naples  pour  les  preuves  de 
loyauté  et  de  bienveillance  que  l'Empereur  d'Autriche  lui  a 
données  et  qu'elle  n'a  d'autre  tort  que  celui  de  s'exprimer  avec 
indifférence  et  peut-être  avec  un  peu  de  mépris  sur  les  menaces 
des  ministres  de  France. 

Au  reste  le  duc  de  Campochiaro  et  le  prince  Cariati  sont 
aussi  bien  traités  que  les  deux  ministres  de  Sicile,  Ruffo  et 
Serracapriola. 

Le  roi  de  Naples  (1),  quoique  depuis  longtemps  hors  de 
toute  relation  avec  Napoléon,  paraît  vivement  désirer  que  ce 
voisin  incommode  soit  déplacé  de  son  séjour  actuel,  non  parce 
qu'il  le  croit  dangereux,  mais  pour  faire  cesser  les  soupçons 
et  les  commérages  auxquels  sa  proximité  de  Naples  fournit 
toujours  matière.  Ce  vœu  est  partagé  par  plusieurs  Puissances, 
et  il  n'est  pas  impossible  que  tôt  ou  tard  on  s'occupe  de  quelque 
projet  qui  ferait  transporter  Napoléon  dans  un  autre  pays.  On 
a  eu  vaguement  l'idée  de  le  conduire  en  Angleterre  ou  plutôt 
en  Ecosse,  mais  rien  n'est  décidé  à  cet  égard  (2). 

Le  roi  de  Prusse  ayant  fait  à  l'Impératrice  Marie-Louise  plu- 
sieurs visites,  cela  a  occasionné  dans  le  public  le  bruit  ridicule 
qu'il  avait  le  projet  de  l'épouser,  chose  dont  il  n'a  jamais  été 
question. 

Un  mariage  plus  probable  est  celui  de  la  grande-duchesse 
Catherine  avec  le  prince  royal  de  Wurtemberg  (3).  Ce  mariage 
ne  serait  pas  un  événement  indifférent.  Il  pourrait  même  avoir 
tôt  ou  tard  une  influence  majeure  sur  le  sort  de  l'Europe.  La 
grande-duchesse  Catherine  est  peut-être  la  seule  personne  au 
monde  qui  puisse  exercer  une  certaine  pression  sur  l'esprit  de 
son  frère  l'Empereur  Alexandre.  11  lui  parle  souvent  et  l'initie 
dans  tous  ses  secrets. 

D'un  autre  côté,  le  prince  royal  de  Wurtemberg  est  un- 
homme  extrêmement  distingué  par  son  esprit^  ses  talents  mili- 
taires^ sa  bravoure,  ses  exploits  dans  la  dernière  campagne. 
Mais  ces  qualités  mêmes  ne  le  rendent  que  plus  dangereux, 

1.  Toute  cette  partie  de  la  dépêche  jusqu'à  la  fin  a  été  publiée  par  Klin- 
kowstrœm. 

2.  On  trouve  ici  dans  le  texte  allemand  deux  phrases,  l'une  démentant 
l'envoi  du  général  Koller  &  l'Ile  d'Elbe,  l'autre  relative  au  genre  de  vie  que 
Marie-Louise  mène  à  Schœnbrunn. 

3.  Il  manque  ici  5  à  6  phrases  qu'on  trouvera  dans  Klinkowstrœm  (p.  473) 
relatives  au  projet  de  mariage  de  la  grande-duchesse  avec  l'Archiduc  Charles, 
aux  causes  qui  en  ont  empêché  la  réalisation  et  à  Torigine  du  nouveau  projet. 


678  AUTOUR  DU   CO:«GRÈS   DE  VIENNE 

puisqu'il  est  en  même  temps  d*un  caractère  peu  fait  pour  ins- 
pirer la  confiance,  profondément  ambitieux,  inquiet,  intrigant 
et  vindicatif.  Il  s*en  faut  de  beaucoup  que  la  grande-duchesse 
soit  douce  et  calme.  Ces  deux  grands  personnages,  réunis  et 
profitant  de  leur  crédit  auprès  de  TEmpereur  Alexandre,  pour- 
raient un  jour  imaginer  bien  des  entreprises  et  contribuer  à 
bien  des  bouleversements  (1). 


1054.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.  4800  ad  3565). 

HAGER  à  rEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  16  décembre  1814. 

Intercepta  pris  chez  Nesselrode,  Stackelberg,  le  roi  de  Wur- 
temberg, Dalberg,  Noailles  et  La  Tour  du  Pin. 

Intercepta  (cabinet  noir)  nombreux  mais  peu  intéressants, 
sauf  peut-être  ceux  de  Goltz  à  Hardenberg  et  de  Boutinieff 
à  Nesselrode,  écrits  avec  un  chiffre  nouveau  dont  on  n'a  pas 
encore  la  clef. 


1055.  Vienne,  15  décembre  1814  (F.  5.  4800  ad  3565). 

Note  à  HAGER  (en  français). 

Note  sur  Aldini,  Fontanelli,  Guicciardi,  Zucchi,  Razoumoffsky,  La  Harpe. 
La  Saxe,  la  Polog^ne,  la  Valteline.  Les  espérances  du  prince  Eugène  et  les 
affaires  de  Suisse. 

Aldini  qui  a,  parait-il,  été  reçu  par  Sa  Majesté,  afûrme  que 
l'Empereur  lui  aurait  dit  que  pour  la  Pologne  et  la  Saxe  on 
s'était  arrangé. 

Le  général  Fontanelli  (2)  vient  d'arriver  à  Vienne  sur  le 
conseil  de  Bellegarde. 

Le  comte  Guicciardi,  qui  s'est  prononcé  en  faveur  de  la  ces- 
sion de  la  Valteline  à  l'Autriche,  a  été  élevé  à  Vienne,  sait  l'al- 
lemand, a  été  pendant  cinq  ans  du  temps  des  Français  ministre 

1.  11  manque  enfin  un  dernier  paragraphe  tout  entier  consacré  aux  récep- 
tions mondaines  et  à  la  mort  du  prince  de  Li^e. 

3.  Fontanelli  (Achille)  (1775-1838), général  de  division, ministre  delà  Guerre 
du  royaume  d'Italie  de  1811  A  1814. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA   SAXE  ET   LA  POLOGNE      679 

de  la  Police  et  tout  le  monde  s'est  loué  de  sa  modération  et  de 
sa  douceur. 

Il  parait  que  Fontanelli  ignore  pourquoi  on  Ta  appelé  à 
Vienne  et  désire  uniquement  reprendre  du  service. 

Le  général  Zucchi  (1)  se  plaint  du  commandement  qu'on  lui 
a  donné  en  Silésie  et  le  prince  Eugène,  quoique  mécontent  des 
lenteurs  du  Congrès,  espère  toujours  avoir  Bologne  et  compte 
sur  la  protection  d'Alexandre. 

RazoumofTsky  et  La  Harpe  sont  actuellement  brouillés  et 
leur  dissentiment  a  été  causé  par  des  divergences  de  vues  sur 
les  affaires  de  Suisse. 


1056.  Vienne,  15  décembre  1814  (F.  5.  4800  ad  3565). 

....  àHAGER 

Le  Roi  de  Saxe,  ses  chances  de  retour  dans  ses  Etats. 
Emprunt  qu'il  a  gagé  sur  ses  bijoux. 

Chez  Schulenburg,  on  ne  doute  plus  du  retour  du  Roi  de 
Saxe  dans  ses  Etats  (2). 

Le  Roi  a,  dit-on,  engagé  à  Hambourg  et  à  Amsterdam  ses  bi- 
joux estimés  12  millions  de  thalers  pour  venir  en  aide  aux  plus 
nécessiteux  de  ses  sujets. 

De  tous  côtés  on  me  confirme  cependant  l'exactitude  des 
déclarations  faites  par  le  Roi  de  Prusse  qui  continue  à  être  sou- 
tenu par  Alexandre. 

1057.  Vienne,  15  décembre  1814  (F.  6.  4800  ad  3565). 

Nota  à  HAGER 

Le  mariage  de  la  grande-duchesse  Catherine  avec  le  prince  royal  de 
Wurtemberg  semble  décidé.  Les  craintes  de  guerre. 

On  reparle  du  mariage  de  la  grande-duchesse  Catherine, 

1.  Zucchi  (Charles,  baron)  (1777-186  ),  général  de  division,  gouverneur  de 
Mantoue  pendant  la  campagne  de  1813-1814.  Cf.  pour  plus  de  détails  sur  la 
vie  de  Zucchi,  les  Mémoires  dn  général  Càrlo  Zucchi  publiés  par  Nicom&db 
BiANCHi  et  Commandant  Wbil,  le  prince  Eugène  et  Murât. 

2.  Cf.  d'ANGBBBRG,  p.  505-510.  Note  du  prince  de  Metternich,  adressée  le 
10  décembre  1814  au  prince  de  Hardenberg  «  ...  se  refusant  à  Tincorporation 
entière  de  la  Saxe  à  la  Prusse  ». 


880  ACTixi  bc  œyGàts  le  ticscœ 

duchesse  d'Oldenborg,  arec  le  prince  roval  de  Wurtembeigi 
dont  on  la  dit  très  éprise.  La  chose  est  parait-il  décidée,  mais 
doit  encore  rester  secrète. 

Koziowski  parait  croire  que  l'attitude  résolue  de  TAngle- 
terre  amènera  fatalement  la  guerre. 

Il  parle  do  départ  prochain  d'Alexandre. 


1058.  Sjûnt-Pétenbourf ,   9-21  norembre  (F.  5.  4«00  ad  3565). 

WINTZINGERODE  au  ROI  de  WURTEMBERG  (inlercepU) 

(en  français   (sous  couvert  Linden). 

Le  dîner  Litta.  le  comte  de  N<>^Ies  eS  le  maigre.  L'Empereur  Alexandre 
renonce  i  son  voyage  d'Italie  i  cause  de  la  Pol'^fne  et  de  la  Saxe.  Brait 
de  départ  de  Tallerrand.  La  protestation  des  princes  allemands.  L'attitude 
de  la  noblesse  viennoise. 

Le  comte  Litta  (  1  )  a  donné  on  grand  dîner  à  1* Ambassadeur 
de  France,  auquel  le  Chargé  d'Affaires  de  Prusse  assista  ;  mais 
ceux  de  Portugal,  d'Espagne  et  d'Amérique  n'étaient  pas  in- 
vités. On  observa  que  l'Ambassadeur  de  France  ne  mangeait 
pas  du  tout  ;  mais  il  calma  les  inquiétudes  que  cette  absti- 
nence commençait  à  donner  sur  sa  santé  en  rappelant  que 
c'était  un  vendredi  et  que  le  dîner  était  gras.  On  se  demanda 
à  l'oreille  si  M.  de  Xoailles,  chambellan  de  Napoléon,  avait 
été  aussi  scrupuleux  à  faire  maigre  que  le  comte  de  Xoailles, 
ambassadeur  de  Louis  XVIIl,  et  on  donna  raison  au  vieil 
adage  que  les  jours  se  suivent  et  ne  se  ressemblent  pas. 

D'après  les  dernières  nouvelles  de  Vienne,  le  départ  de  l'Em- 
pereur devait  avoir  lieu  aujourd'hui,  mais  Sa  Majesté  parait 
avoir  renoncé  au  voyage  d'Italie.  Ce  changement,  sans  donner 
précisément  des  inquiétudes  sur  la  conservation  de  la  paix,  di- 
minue cependant  la  confiance  avec  laquelle  on  avait  commencé 
à  y  compter,  d'autant  plus  que  des  lettres  particulières  parlent 
de  graves  malentendus,  qui,  malgré  l'assertion  du  contraire  don- 
née dans  une  lettre  de  l'Empereur  à  l'Impératrice  Mère,  doivent 
s'être  élevés  entre  autres  à  l'égard  de  la  Pologne  et  de  la 
Saxe.  On  ajoute  même  que  M.  de  Talleyrand  doit  avoir  quitté 

1,  Le  beau- père  de  la  princesse  fia^alion. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   681 

Vienne  et  que  tous  les  souverains  allemands  ont  refusé  de  re- 
connaître le  dépouillement  du  Roi  de  Saxe. 

La  dernière  partie  de  ces  nouvelles  parait  moins  authentique 
que  la  première.  Au  moins  compte-t-on  de  nouveau  positive- 
ment sur  le  retour  de  l'Empereur  pour  Noël.  Les  lettres  parti- 
cidières  de  Vienne  se  plaignent  de  ce  que  la  noblesse  vien- 
noise, si  sèche  et  non  moins  orgueilleuse  que  celle  de  Russie, 
n'ait  rien  fait  du  tout  pour  contribuer  à  Téclat  de  cette  capi- 
tale et  que  plusieurs  des  plus  grands  seigneurs  se  soient  même 
retirés  dans  leurs  terres.  La  jalousie  que  doit  inspirer  le  rôle 
brillant  de  M.  de  Metternich  sert  à  expliquer  cette  conduite. 


1059.  Stuttgart, 4  décembre  1814  (F  5.  4800  ad  3565). 

JOUFFROY  (1)  au  ROI  de  PRUSSE  (intercepta)  en   français). 

Pologne  et  Saxe.  Causes  de  l'intérêt  plus  vif  en  Bavière  qu'on  Wurtemberg 
qu'on  porte  à  la  cause  du  Roi  de  Saxe.  Le  Wurtemberg  et  les  affaires  alle- 
mandes. Causes  du  revirement  de  Topinîon  publique  en  Wurtemberg  en 
faveur  de  la  Prusse. 

On  est  toujours  ici  dans  Tattente  des  grands  événements, 
savoir  du  résultat  des  négociations  de  Vienne.  C'est  le  sort  de 
la  Pologne  et  de  la  Saxe  qui  fixe  particulièrement  Tattention 
générale.  Quoique  rien  ne  transpire  sur  les  négociations,  on  ne 
laisse  pas  que  de  se  perdre  en  mille  conjectures.  On  observe 
ici  que  le  roi  de  Saxe  y  inspire  un  intérêt  moins  vif  qu'à  Mu- 
nich, où  le  ministère,  toujours  jaloux  de  la  grandeur  de  la  mo- 
narchie Prussienne,  ne  verrait  pas  de  bon  œil  la  ruine  d'une 
Maison  attachée  à  celle  du  roi  de  Bavière  par  le  lien  de  la  plus 
intime  parenté.  Aussi  les  Gazettes  bavaroises  prennent-elles 
vivement  le  parti  du  roi  de  Saxe.  On  croit  généralement  que 
son  sort  est  intimement  lié  à  celui  de  la  Pologne. 

Les  affaires  d'Allemagne  paraissent  intéresser  davantage  la 
nation  Souabe  que  la  Bavaroise.  Les  Bavarois,  quelque  mécon- 
tents qu'ils  soient  du  ministre  de  Montgelas,  sont  attachés  à 
leur  Souverain.  Ils  ne  sentent  pas  autant  la  nécessité  d'un 
changement  de  la  Constitution  de  T Allemagne  que  les  Souabes 

1.  Jouffroy,  agent  diplomatique  de  Prusse  à  Stuttgart. 


682  ALTOCm   DC   CO^^EtS  DE  yiE55E 

qui  gémissant  soas  le  despotisme  de  leur  roi,  soupirent  après 
un  état  de  choses  susceptible  de  mettre  nn  frein  à  des  actes 
arbitraires.  Aussi  désîre-t-on  ici  le  rétablissement  des  Etats. 
Je  crois  ne  pas  me  tromper  en  avançant  qne  la  nation  Sonabe 
attend  à  cet  é^ard  tout  des  lumières  et  de  la  haute  sasresse  de 
Votre  Majesté,  surtout  depuis  que  Ton  sait  que  Ses  Ministres 
ont  insistéauCongrèspour  que,  non  seulement  les  Puissances  de 
l'Allemagne  de  premier  ordre  aient  une  voix  décisire  dans  les 
négociations  pour  le  règlement  des  affaires  germaniques,  mais 
que  même  tous  les  princes  allemands  y  soient  entendus.  Cette 
nouvelle  a  fait  ici  l'impression  la  plus  favorable  et  augmenté 
l'admiration  que  Ton  porte  généralement  à  TAuguste  personne 
de  Votre  Majesté. 


1060.  Madnd,  13noTembre  1814  iF.  5   4S00  ad  3S65). 

WERTHER  à  HARDENfiERG  (intercepU)  par  la  police) 

(analyse). 

A  propos  du  changement  de  ministère,  de  la  nomination  de 
Cevallos  (1)  devenu  premier  Ministre.  Détails  sur  Tévéquede 
Santiago  (Musquiz)  (2),  toujours  en  faveur  bien  qu'ayant  trempé 
dans  TafTaire  de  TEscurial  et  ayant  été  arrêté  du  temps  des 
Cortes  pour  avoir  eu  des  relations  et  des  connections  avec 
Joseph. 

La  mission  donnée  au  général  Castanos  (3)  d'aller  inspecter 
les  places  de  Catalogne  semble  être  l'équivalent  d'une  disgrâce 
ou  d'un  exil,  puisque  Castaûos  n'est  pas  ingénieur.  CastaAos  a 
réclamé  et  le  Roi  a  annulé  l'ordre. 


1.  Cevallos  (1764-1838,  neveu  par  alliance  du  prince  de  la  Paix,  ministre 
des  AfTaires  étrangères  d'Espag^ne,  il  jouit  après  la  restauration  de  Ferdi- 
nand VII  d'une  grande  influence  que  lui  fit  perdre  son  opposition  au  mariage 
du  Roi  avec  une  infante  de  Portugal.  Sa  disgrftce  fut  dissimulée  par  des  am- 
bassades à  Naples  et  à  Vienne. 

2.  Ministre  espagnol,  il  participa  aux  scènes  qui  se  déroulèrent  A  l'Escurial 
à  partir  du  27  octobre  1807,  amenèrent  d'abord  la  saisie  des  papiers,  puis 
l'arrestation  du  prince  <les  Asturies,  provoquèrent  celle  des  ducs  de  San  Car- 
los et  de  l'infantado  et  du  chanoine  Escoiquix.  Musquiz  était  un  des  hommes 
d'PHat  espagnols  qui  accompagnèrent  en  avril  1808  Ferdinand  VII  lorsqu'il 
alla  à  la  rencontre  de  Napoléon. 

3.  Castanos  (général,  duc  de  Baylen)  (1753-1853).  Le  vainqueur  de  Dupont 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA   SAXB  ET    LA   POLOGNE      683 
1061.  Paris,  4  décembre  1814(F.5.  4800  ad  3565). 

OELSEN  à  HARDENBERG  {intercepta)  (en  français). 

Les  commissaires  anglais  s'attendent  à  recevoir  tous  les 
jours  un  refus  ou  une  réponse  évasive  sur  leur  réclamation 
relative  aux  rentes  viagères  qu'on  reconnaîtra,  mais  rien  que 
comme  tiers  consolidé  en  se  basant  du  reste  sur  les  clauses  du 
traité  de  Paris  (1). 

Wellington  peste  tout  le  temps,  mais  la  commission  an- 
glaise n'en  a  pas  moins  loué  im  hôtel  qu'elle  paye  15.000  francs 
par  an. 


1062.  Paris,  5  décembre  1814  (F.  5.  4800  ad  3565). 

ALFIERI  (2)  à  SAINT-MARSAN  {intercepta)  (en  français). 

Idées  et  ouvertures  à  propos  de  Gènes. 

On  m*a  parlé  ici  de  la  nécessité  de  s'entendre  par  rapport 
au  port  franc  pour  combiner  les  mesures  à  adopter,  qu'un  in- 
térêt commun  dit-on  sollicite,  et  on  doit  m'entretenir  là-dessus. 
Je  soupçonne  qu'on  voudrait  absolument  nous  diriger.  Mais  je 
pense  que  les  bases  en  seront  établies  dans  l'arrangement  qu'on 
fera  chez  soi.  Je  saisis  du  reste  toutes  les  occasions  pour  in- 
sinuer combien  il  est  indispensable  de  ne  pas  oublier  Timpor- 
tance  de  Topinion  dans  ces  temps-ci  et  de  chercher  à  la  diriger 
et  non  à  la  heurter  de  front  et  tout  ce  qu'on  devra  faire  dans 
un  pays  qui  n'avait  pas  d'ancien  devoir  à  remplir  envers  nous 
et  où  il  faudra  fermer  parfois  les  yeux  et  se  contenter  de  dé- 
monstrations apparentes  pour  s'assurer  d'en  avoir  de  réelles 
avec  le  temps  nécessaire  pour  habituer  à  un  régime,  contre 
lequel  l'intérêt  particulier  doit  indubitablement  donner  des 
préventions.   Combien  faudra-t-il    ensuite  bien  réfléchir  aux 

à  Baylen.  Complètement  battu  par  Lanncs  à  Tudela,  il  se  distingua  un  peu 
plus  tard  à  Vittoria.  Président  du  Conseil  de  Castille  en  1825,  il  se  retira  des 
affaires  en  1833.  mais  reparut  dix  ans  plus  tard  à  la  chute  d'Espartero  et  fut 
tuteur  d'Isabelle. 

l.Cf.  Articles  XV1II,XIX,XX,  et  XXI  du  traité  de  Paris. 

2.  Alfieri  di  Sostegno  (Charles-Emmanuel  marquis),  ministre  de  Sardaigneà 
Paris.  Le  même  qui  en  1824  (le  16  décembre)  fit  signer  à  Charles- Albert  la 
déclaration,  dopt  les  termes  avaient  été  arrêtés  à  Vérone  entre  Charles-Félix 
et  Mettemich  et  grâce  à  laquelle  le  prince  put  rentrer  en  Piémont. 


684  AUTOUR   DU  CONGAÉS   DE  VIEXXB 

choix  qu*on  fera  pour  ce  pays  s*il  nous  échoit  en  partage,  d*où 
dépendra  encore  de  le  voir  réuni  plus  que  géographiquenient. 


1063.  Paris.  5  décembre  1814  (F.  5.  4800  ad  3565). 

ALFIERI  à  C.\STELALFER  (intercepta)  (en  français) 
(Sous  couvert  à  Saint-Marsan). 

Prétendue  conipiration  contre  Louii  XVIII.  Excès  d^*  mesures  de  précaution. 
Changement  de  Ministres.  Dupont.  Soult,  d'André.  Raffermissement  do 
crédit  de  Talleyrmnd. 

Une  prétendue  conspiration  pour  enlever  le  roi  a  donné  lieu 
ces  jours  passés  à  des  mesures  extraordinaires  de  surveillance, 
notamment  le  soir  où  il  est  allé  au  théâtre  de  TOdéon,  très 
sagement,  malgré  qu'on  eût  fait  l'impossible  pour  l'en  détour- 
ner. Beaucoup  de  troupes  ont  été  mises  en  mouvement  ce  jour- 
là.  Heureusement  tout  porte  à  croire  que  c'était  sans  fonde- 
ment et  dès  lors  il  aurait  mieux  valu  en  moins  parler,  cela 
étant  toujours  préjudiciable  à  un  gouvernement  qui  doit  s'af- 
fermir et  ne  pas  admettre  des  chances  qui  puissent  si  aisément 
le  rendre  vacillant,  comme  il  ne  doit  pas  Têtrc  et  ne  le  sera 
pas.  Ce  sera  toujours  le  plus  sage. 

Voilà  trois  ministres  de  changés.  On  s*attcndait  à  voir  le 
général  Dupont  retiré  du  département  de  la  Guerre  et  pas  trop 
à  y  voir  le  maréchal  Soult  (1)  qui,  du  reste,  passe  pour  fort 
habile  pour  organiser  une  armée.  On  ne  sait  que  dire  du  nou- 
veau ministre  de  la  Marine  à  qui  on  peut  adapter  la  maxime 
de  notre  chevalier  Coronilto.  On  dit  du  bien  de  M.  d'André, 
tout  en  observant  que  le  Constitutionnel  et  le  Parlementaire 
jouent  toujours  et  presque  seuls  un  grand  rôle. 

La  conduite  du  prince  de  Talleyrand  à  Vienne,  où  on  se  fiUitte 
qu'il  a  redressé  bien  des  affaires  en  faisant  jouer  un  rôle  très 
noble  à  son  souverain,  lui  a  acquis  de  nouveaux  droits  à  la 
considération  et  parait  avoir  raffermi  son  crédit.  Il  parait  que 
différentes  places  qu'on  a  offertes  au  général  Dupont  ne  lui 
ont  pas  paru  à  sa  convenance. 

1.  Soult  à  la  Guerre,  d'André  à  la  Police,  Beu^ot  i  la  Marine.  Cf.  Jaucouri 
à  Talleyrand,  Paris,  4  décembre  1814.  yÇorrttpond^nct  de  Jûaeourl  avec 
TAlleyrand,  page  106.) 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   lïAXB   ET   LA   POLOGNE      685 


1064.  Paris,  4  décembre  1814  (P.  5.  4800  ad  3565). 

GROTE  à  MUNSTER  {intercepta)  (en  français). 

La  conspiration  contre  Louis  XVIH.  Le  général  Dufour.  L'esprit  public. 
Calme  momentané.  Le  roi,  Monsieur  et  sa  séquelle.  Les  Jacobins  de  la 
rive  gauche  du  Rhin.  Talleyrand  et  la  Besnardiére  les  confondent  avec  le 
Tngendbund.  Nouvelles  de  Coblence.  Le  Tugendbund  et  son  état  actuel. 
Fermentation  des  esprits  en  Prusse. 

Il  n'est  plus  question  ici  de  la  conspiration.  Le  Gouverne- 
hient  n'en  a  soufflé  mot  et  dans  le  public  on  raconte  toutes 
sortes  de  choses.  11  est  certain  cependant  que  le  général  Du- 
four (1)  voulait  agir  pour  Bonaparte.  Plus  calme  depuis  dix 
ou  quinze  jours,  Tesprit  public  laisse  toujours  à  désirer  et  le 
mécontentement  ne  diminue  pas,  mais  on  est  plus  patient. 
Personne  ne  veut  se  mettre  en  avant.  On  attend^  et  chacun 
espère  qu'un  autre  prendra  la  direction  du  mouvement  et  don- 
nera le  signal.  Le  temps  passe  ainsi  et  je  crois  maintenant 
que  tout  finira  par  se  tasser.  Peut-être  quelqu'un  qui  n'a  plus 
rien  à  perdre  risquera-t-il  un  coup  ?  Mais  la  police  le  décou- 
vrira sans  peine  parce  que  le  manque  d'argent  contrariera  tout. 
Mais  pas  de  guerre,  et  puis  il  faut  surtout  que  le  Roi  vive  en- 
core quelque  temps.  Car  Monsieur  et  sa  séquelle  est  trop  fai- 
ble pour  résister  à  la  prétraille  et  à  tous  ceux  qui  sont  revenus 
avec  eux  et  se  proposent  de  tout  remettre  sur  Tancien  pied. 
Rien  qu'un  essai  dans  ce  sens  amènerait  une  catastrophe. 

Je  me  suis  renseigné  sur  le  soi-disant  mouvement  jacobin 
sur  la  rive  gauche  du  Rhin  et  je  suis  en  mesure  d'affirmer  qu'il 
n'en  est  riôn.  J'en  ai  parlé  à  Talleyrand  avant  son  départ  et 
j'ai  vu  qu'il  confondait  le  Jacobinisme  et  le  Tugendbund  et 
qu'il  parlait  de  faits  remontant  au  temps  de  Bonaparte. 

La  Besnardiére,  auquel  j'en  ai  parlé  aussi,  m'a  dit:  Les  Jaco- 
bins  et  la  Ligue  de  la  Vertu,  c'est  la  même  chose.  Le  roi  de 
Prusse  est  à  la  tête  et  M.  de  Stein  sous  lui. 

Je  lui  dis  ce  qui  pouvait  peut-être  y  avoir  poussé  le  Roi.  Il 

1.  Dufour  (Georges- Joseph,  général)  (1 758-1835) ,  employé  seulement  à  Tinté- 
rieur  depuis  le  18  brumaire,  il  commandait  en  1809  à  Nantes  lorsque  Napoléon 
le  releva  de  ses  fonctions  à  cause  de  ses  opinions  républicaines.  11  ofFHt  ses 
services  à  l'Empereur  à  son  retour  de  l'ile  d'Elbe,  fut  arrêté  lors  du  retour  des 
Bourbons  et  conduit  à  l'Abbaye  où  il  fut  détenu  jusque  vers  la  fin  de  1816. 


686  ACToem  m:  co^Gais  de  Tiens 

me  répondit  :  «  Qae  sais-je.  Oo  lui  fait  peat-élre  accroire  que 
par  là  on  le  rendra  pea  à  peo  maître  de  TAllemagne.  » 

J'en  parlai  encore  à  Bourgeot,  chef  de  la  dirision  da  Nordt 
et  qui  remplace  maintenant  son  confrère  La  Besnardière.Toat 
ce  qui  a  trait  ao  Nord  passe  par  ses  mains,  et  il  m'a  affirmé 
qu*on  n'arait  rien  reçu  qoi  indique  un  pareil  incooTénienL 
Enfin  j'ai  vu  ces  jours-ci  un  ami  venant  de  Coblence,  on  il  a 
passé  plusieurs  mois  et  qui  m'a  confirmé  qu'il  ne  s'y  passait 
rien  au  point  de  vue  Jacobin.  U  j  a  bien  là  quelques  membres 
du  Tugend6und,mais  cela  n'a  aucune  importance.  Le  Tugend- 
bund  n'a  plus  de  raison  actuellement  et  ne  saurait  avoir  d'in- 
fluence chez  nous.  11  v  a  peut-être  pas  mal  de  fermentation 
dans  les  cerveaux  prussiens.  Ils  sont  tellement  congestionnés, 
croient  si  fort  qu'ils  ont  délivré  le  monde  qu'ils  pourraient 
sous  l'impulsion  d'un  rêveur,  d*un  hAbleur  ou  d'un  illuminé, 
essaver  de  mettre  en  pratique  ce  qu'on  leur  dirait  être  la  Ré- 
génération. 


1065.  Vienne,  17  décembre  1814  (F.  5. 4803  mI3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Rordereau  et  rapport  journalier  du  17  décembre, 


1066.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.  480}  ad  3505). 

ee  à  HAGER 

La  conférence  des  Huit.  Les  entrevue*  d'Alexandre  et  de  François  I«. 
Un  dîner  chez  Alexandre.  On  croit  l'affaire  de  la  Pologne  arrangée. 

Avant-hier  conférence  des  Huit  (1)  et  hier  longue  conférence 
entre  les  deux  Empereurs.  On  espère  qu'Alexandre  cédera  sur 
la  Pologne  et  la  Saxe. 

Avant-hier,  Alexandre  avait  invité  Schwarzenberg  et  Wrede 
à  dîner,  mais  pas  Metternich.  Il  doit  avoir  aujourd'hui  encore 
une  conférence  avec  l'Empereur. 

1.  Cf.  d'A:<oBBBRO,p.  527.  Sixième  protocole  de  la  séance  du  14  décembre 
1814  des  plénipotentiaires  des  huit  puissances  signataires  du  traité  de  Paris . 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   687 

Hier  on  voyait  tout  en  noir,  aujourd'hui  on  est  plein  d'es- 
poir. On  dit  que  TafTaire  de  la  Pologne  est  réglée.  L'Autriche 
ne  rentrerait  pas  en  possession  de  Cracovie,mais  aurait  en  re- 
vanche le  cercle  de  Tarnopol.  C'est  La  Harpe  qui  est  auprès 
d'Alexandre  le  grand  défenseur  des  Polonais,  par  cela  même 
qu'il  lui  représente  qu'il  lui  faut  montrer  au  monde  qu'il  pos- 
sède la  fermeté,  sans  laquelle  on  ne  saurait  être  un  grand  prince. 


1067.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.  4801  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Hardenberg  est  resté  le  15  une  heure  seul  avec  Alexandre, 
après  un  entretien  auquel  avaient  assisté  Stein,  Czartoryski  et 
Capo  d'Istria  et  qui  avait  duré  de  7  à  9  heures. 


1068.  Vienne,  le  16  décembre  1814  (F.  5.  4801  ad  3565). 

Rapport  à   HAGER 

Le  mariage  projeté  entre  le  prince  royal  de  Wurtemberg  et 
la  grande-duchesse  Catherine  semble  être  chose  décidée. 


1069.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.4802  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Perquisitions  chez  Vernëgues. 

La  perquisition  faite  le  14  chez  Vernègues,  pendant  qu'il 
dînait  chez  Talleyrand  et  ppérée  en  présence  de  M.  de  Zaremba, 
du  sous-commissaire  Siccard  et  grâce  au  concours  de  son  pro- 
priétaire, M.  von  Traiger,n*a  pas  donné  les  résultats  espérés. 

On  n'a  pas  trouvé  un  portefeuille  qu'on  cherchait  et  bien 
qu'on  ait  fouillé  partout,  on  n'a  rien  découvert  que  des  papiers 
en  russe  qui  avaient  déjà  été  vus.  Tout  avait  été  remis  en 
ordre  et  en  place  lors  de  l'arrivée  du  frère  de  Vernègues. 


688  AUTOUR   DU  CO!CGftÈS   DE  VIENNE 

1070.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  S.  4803  ad 8965). 

00  à  HAGER  (en  françaii). 

La  Sagan  et  la  Bagration  à  la  solde  de  la  Ruiaie. 
Le  départ  probable  des  souveraini. 

On  prétend  toujours  que  la  Sagan  et  la^Bagration  sont  tontes 
deux  à  la  solde  de  la  Russie,  qu'elles  sont  des  agents  d'Alexan- 
dre,  auquel  elles  rapportent  tout  ce  qu'elles  apprennent  et  qui 
fait  les  frais  de  leur  train  de  maison. 

Le  roi  de  Wurtemberg  part  le  21,  le  roi  de  Danemark  le 
28  et  Alexandre  le  2  janvier. 


1071.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.  4802  ad  S5e5). 

....  à  HAGER  (en  français). 

Les  affaires  de  Pologne.  Le  nouveau  projet  d'Alexandre 

imaginé  par  La  Harpe. 

Palmella  a  affirmé  en  ma  présence  chez  Miranda,  chargé 
d'affaires  de  Portugal ,  que  la  Russie  ne  veut  pas  se  désister 
de  ses  prétentions  sur  la  Pologne,  malgré  tous  les  efforts  faits 
par  TAutriche.  Il  parait  cependant,  d'après  ce  qu*a  affirmé  le 
marquis  de  Marialva(l),  qu'Alexandre  va  présenter  un  nouveau 
projet  imaginé  par  La  Harpe. 


1072.  Vienne,  16  décembre  1814  (F  5.  4802  ad  3565). 

à  HAGER 

Destination  donnée  au  général  Doktoroff. 

Le  général  Doktoroff  (2)  a  dit  hier  soir  au  général  Orurk 
qu'Alexandre  venait  de  lui  donner   le  commandement  d'un 

1.  Marialva  (Don  Pedro- José- Joaquin  Vito  de  Menezes,  marquis  de),  am- 
bassadeur extraordinaire  du  Portugal  en  Russie,  puis  ambassadeur  à  Paris, 
et  en  1817  second  plénipotentiaire  auprès  des  puissances  médiatrices  entre 
l'Espagne  et  le  Portugal  à  propos  des  différends  causés  par  l'invasion  des 
pays  situés  sur  la  rive  gauche  du  Rio  de  la  Plata. 

3.  Doktorow  (Dimitri-Serguéiévitch)  (1756-1816),  page  (1771),  lieutenant  au 
régiment  Séménoffski  (1781).  Blessé  deux  fois  pendant  la  guerre  de  Pin- 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA  SAXE   ET    LA    POLOGNE      689 

corps  de  quatre  divisions  stationnées  entre  Brest  et  Bielostock, 
où  il  aura  son  quartier  général.  Ce  corps  serait  fort  de  60.000  hom- 
mes. 


1073.  Vienne,  16  décembre  1814 (F.  5.  4802  ad  3665). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Les  Prussiens  croient  à  la  guerre.  Avantages  de  leur  alliance  avec  la  Russie. 
Le  plan  de  campagne.  Moyens  que  la  Prusse  compte  employer  pour  gagner 
l'Allumagne  à  sa  cause.  L'esprit  public  en  Saxe.  Caractère  et  conséquences 
de  cette  guerre. 

Depuis  la  note  officielle  (1),  par  laquelle  1* Autriche  doit  avoir 
offert  à  la  Prusse  la  basse  Lusace  avec  Torgau  et  Wittenberg, 
proposition  à  laquelle  le  roi  de  Prusse  a  formellement  refusé 
d'adhérer,  tous  les  Prussiens  de  ma  connaissance,  qui  entourent 
le  roi  et  le  prince  Guillaume,  m'ont  dit  que, quelque  peu  porté 
que  soit  le  Roi  par  ses  inclinations  vers  la  guerre,  ils  ne  pou- 
vaient plus  douter  qu'elle  aurait  lieu.  Les  Prussiens  se  flattent 
que  dans  cette  guerre  leur  alliance  avec  la  Russie  serait  extrê- 
mement intime  et  basée  sur  Tintérêt  réciproque,  tandis  que 
les  nôtres  n'auraient  pas  cet  avantage  ;  que  l'armée  russe,  ren- 
forcée de  tous  les  moyens  de  la  Pologne,  agissant  offensive- 
ment,  nous  serions  obligés  de  leur  opposer  la  plus  grande  par- 
tie de  nos  forces  et  que  sur  la  frontière  de  Bohème  on  se 
contenterait  de  s'observer  mutuellement,  tandis  qu'ils  auraient 
leur  grande  armée  contre  la  France.  Ils  se  flattent  que  cette 
circonstance  leur  gagnerait  l'opinion  de  la  plus  grande  partie 
de  rAllemagne.Le  Hanovre  serait  d'abord  occupé.  Ils  comptent 
sur  la  Hesse  et  même  sur  l'alliance  avec  le  roi  de  Wurtem- 
berg qu'ils  croyent  être  décidément  dans  leurs  intérêts.  Du 
reste,  ils  espèrent  que  les  autres  petits  Etats  de  l'Allemagne, 
voyant  que  le  Congrès  de  Vienne  n'a  point  eu  de  résultat,  déjà 

lande  (1789-1790).  Général-major  (1797),  général-lieutenant  (1799).  Se  distin- 
gua à  Durrcnstein  et  à  Austerlitz,  blessé  à  Eylau,  puis  à  Heilsbcrg,  général 
d'infanterie  en  1810,  il  assista  à  toutes  les  batailles  de  1813,  se  disti:ip:ua  sur- 
tout à  Malo-Jaroslawetz,  prit  part  aux  batailles  de  Dresde  et  de  Leipzig, mais 
dut  se  retirer  du  service  pour  raisons  de  santé  après  la  prise  de  Hambourg. 
Rappelé  à  l'activité  lors  du  retour  de  Napoléon  de  VV.o  d'Elbe,  il  reçut  le 
commandement  de  l'aile  droite  de  l'armée  russe  en  marche  sur  Paris. 

1.  Cf.  d'ANOBDBRo,  505-510.  Note  du  prince  de  Melternich  au  prince  de  Har- 
denberg  (10  décembre  1814;. 

T.  I.  44 


690  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

grandement  indisposés  contre  le  Gouvernement  de  leurs 
princes,  sentant  que  la  guerre  actuelle  doit  décider  si  la  Prusse 
ou  l'Autriche  sera  l'arbitre  de  l'Allemagne,  se  tourneront 
plus  facilement  vers  la  Puissance  dont  la  Constitution  est  la 
plus  libérale  et  répond  le  mieux  à  l'esprit  du  siècle.  Le  gou- 
vernement prussien,  qui  travaille  à  cette  Constitution,  veut  la 
publier  et  l'introduire  au  moment  de  la  guerre. 

Quant  à  Tesprit  de  la  Saxe,  ils  avouent  que  le  militaire  et 
la  noblesse  sont  contre  eux,  mais  ils  comptent  sur  le  peuple 
et  les  progrès  de  la  Secte(l).  Us  voient  dans  la  guerre  qui  écla- 
tera une  lutte  entre  la  démocratie  et  Taristocratie  et  pensent 
que  par  la  nature  des  choses  la  première  doit  être  victorieuse. 
Les  modérés  disent  donc  que  cette  guerre  déciderait  du  sort 
de  l'Allemagne  entre  la  Prusse  et  l'Autriche,  les  Sectaires 
déterminés,  qu'il  serait  possible  que  par  des  causes  que  les 
événements  feraient  naître  et  que,  Ton  ne  saurait  calculer 
d'avance,  tout  fût  bouleversé  et  ils  prétendent  avoir  de  nom- 
breux partisans  en  Bavière. 


1074.  Vienne,  18  décembre  1814  (F.  5.  4803  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPERE  UR 
(Bordereau  et  rapport  journalier  du  18  décembre  1814). 

La  lettre  interceptée  de  Golovkine.  La  mission  de  Wolkonsky  à  Naples 

et  celle  de  Malczewski  à  Varsovie. 

Il  lui  signale  une  lettre  énigmatique  de  Golovkine  à  Stein, 
dont  Metternich  pourra  peut-être  donner  l'explication.  Il  se- 
rait, d'autre  part,  intéressant  de  savoir  ce  qu'il  y  a  de  vrai 
dans  le  bruit  de  Tenvoi  de  Wolkonsky  à  Naples  à  Murât  et 
du  major  Malczewski  (2)  à  Varsovie. 


1.  Le  Tugendbund, 

2.  Malczewski,  major,  officier  d'ordonnance  de  Murât,  l'un  de  ses  servi- 
teurs les  plus  fidèles  et  les  plus  dévoués. 


l'ouverture  du  congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA  POLOGNE      691 


1075.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.  4803  ad  3565). 

GOLOVKINE  au  Baron  de  STEIN  {intercepta). 
Billet  ramassé  chez  Stein  (1),  chez  lequel  Golovkine  dîna  le  16  décembre. 

Le  Soussigné,  toujours  animé  du  désir  d'entretenir  les  tap- 
ports  d'amitié  et  de  confiance  qui  ont  si  heureusement  subside 
jusqu'ici  entre  Son  Excellence  et  lui,  accepte  avec  empresse- 
ment le  nouveau  mode  de  rapprochement  que  Son  Excellence 
vient  de  lui  proposer  et  il  s'en  rendra  l'intermédiaire  auprès 
M.  de  Ratk  (?)  pour  le  lui  faire  adopter. 

Le  comte  Golovkine  voudrait  bien  se  permettre  quelques 
observations  sur  le  soin  que  Monsieur  le  Baron  prend  de  lui 
épargner  un  tête  à  tête  avec  lui  ;  mais  il  réserve  cet  article 
pour  ses  promenades  au  bord  de  la  Lahn.  C'est  là  que  je  veux 
aller  en  pèlerinage,  comme  les  Indiens  vont  se  baigner  dans 
le  Gange.  J'espère  que  vous  m'épargnerez  la  queue  de  vache. 
J'en  ai  déjà  bien  assez  de  celle  du  Diable  que  j'ai  beau  tizw; 
mais  qui  me  fait  aller  où  je  ne  voudrais  pas  être. 

Recevez  l'expression  de  tous  mes  hommages. 

Golovkine. 


1076.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  4803  ad  3565). 


Rapport  à  HAGER 


Les  soupers  du  ^and-dac  de  Bade. 


Le  grand-duc  de  Bade  soupe  après  le  théâtre  en  compagnie 
du  grand  écuyer  Geusau  et  de  son  médecin  Schreckel  avec 
une  fille  au  service  de  Gaertner. 


1.  L'agent  ajoule  que  ce  billet  trouvé  par  lui  chez  Stein  a  dû  tomber  de  ia 
poche  ou  du  bureau  de  Stein. 


804  AL'TOUn    DL'   CONGRÈS    DE   VIENNE 

S'il  est  vrai  que  les  aCEedres  du  Congrès  ne  marchent  que 
lentement,  on  n*en  a  pas  moins  lieu  de  croire  que  nous  sommes 
&  la  veille  de  leur  développement,  bien  que  les  séances  des  plé- 
nipotentiaires des  puissances  signataires  du  traité  de  Paris 
aient  été  rares,  surtout  dans  ces  derniers  temps  (1). 

L'une  des  questions,  étant  traitée  par  des  comités  séparés, 
est  déjà  décidée,  celle  de  Gênes  (2)  dont  l'occupation  provi- 
Mve  a  été  accordée  au  Roi  de  Sardaigae.  L'abolition  de  la 
lixitc  des  nègres  (3)  devait  être  un  autre  objet  de  discussion 
JtvsÈ  comité  séparé  de  Ministres,  mais  les  divergences  d'opi- 
nion entre  les  Plénipotentiaires  d'Angleterre  et  ceux  d'Espagne 
•i  ée  Portugal  ont  empêché  sa  formation,  les  premiers  ayant 
voulu  que  toutes  les  Puissances  signataire  >  du  traité  de  Paris 
fassent  admises  à  une  négociation  où,  d'après  le  point  de  vue 
philanthropique  dont  ils  partaient,  il  s'agissait  de  la  cause  de 
l'Humanité,  et  les  derniers  ayant  prétendu  exclure  (sauf  une 
indication  et  nommément  de  la  Russie  et  de  l'Autriche) 
qui  ne  possèdent  pas  de  colonies,  de  cette  transaction 
qu'ils  ne  considèrent  que  sous  le  côté  mercantile. 

D'un  autre  c6té,  il  s'est  fait  une  réunion  de  Ministres  pour 
8*aocaper  de  ce  qui  a  trait  à  la  navigation  du  Rhin  et  de  TEs- 
caut  (4)  et  pour  l'établissement  des  péages  sur  les  deux  ri- 
vières. 

Une  commission  de  plus  s*est,  en  exécution  du  traité  de 
Paris,  formée  afin  de  fixer  le  rang  voulu  entre  les  couronnes 
et  tout  ce  qui  en  dérive  en  fait  de  préséances,  objet  peu  signi- 
fiant (sic)  en  lui-même,  mais  qui,  faute  d'être  réglé,  a  eu  sou- 
vent des  conséquences  fatales. 


1.  Les  Huit  s'étaient  en  effet  réunis  asseï  rarement,  puisqu'on  n'avait  tif  né 
le  14  décembre  que  le  sixième  protocole. 

3.  Cf.  d'A?(GBBBRG  (501-505).  Cinquième  Protocole  en  date  du  10  décembre. 
(51S-519).  Conditions  mises  à  la  réunion  de  Gènes  à  la  Sardaigne.  (596).  Adhé- 
n«n  des  Plénipotentiaires  de  Sardai^e,  17  décembre. 

3.  Cf.  d'A!CGBBBRO  (537).  Séance  du  14  décembre  1814.  Ajournament  de  la 
question  de  l'abolition  de  la  traite  des  nègres. 

4. Cf.  d'A:«OBDBRG  (503).  Cinquième  Protocole  de  la  séance  du  10  décembre 
fltl4  ci  (537)  Sixième  Protocole  delà  séance  du  14  décembre  1814. 

5.  Cf.  d'A!<OBBBRG  (503).  Cinquième  Protocole  de  la  séance  du  10  décembre 
1814. 


l'ouverture   du  congrès.  —  LA   SAXB  ET   LA  POLOGNE      695 
1082.  Vienne,  19  décembre  1814  (F.  5.  5064  ad  3565). 

HAGER  à  rEMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  19  décembre  1814. 


1033.  Vienne,  18  décembre  1814  (F.  5.  5064  ad  3565). 

e©  à  HAGER 

L'Angleterre  et  la  Saxe.  La  Bavière  et  Mayence.  Wessenberg  et  Metternich. 
Alexandre  et  Eugène.  M"'  de  Brignole.  Menées  prussiennes  des  dames  Ams- 
tein  et  Eskeles. 

L'Angleterre^  qui  dans  le  principe  consentait  à  la  cession  de 
la  Saxe  à  la  Prusse^  y  est  maintenant  catégoriquement  opposée. 

Le  gros  point  en  litige  entre  la  Prusse  et  la  Bavière  est 
Mayence. 

Wessenberg  a  assez  mal  parlé  de  Metternich  chez  Fûrsten- 
berg.  Il  a  dit  que  Metternich  aurait  offert  sa  démission,  mais 
que  l'Empereur  l'aurait  refusée  en  disant  ;  <  C'est  là  ce  que 
font  tous  les  Ministres.  Lorsqu'ils  ont  bien  embrouillé  les  affai- 
res, ils  demandent  à  s'en  aller.  » 

Je  rencontre  maintenant  souvent  l'Empereur  Alexandre  se 
promenant,  bras  dessus  bras  dessous  avec  le  prince  Eugène. 

M*'  de  Brignole  a  dit  ces  jours-ci  :  «  J'ai  souvent  des  nou- 
velles de  l'île  d'Elbe.  Napoléon  a  fait  arrêter  les  travaux  d'amé- 
nagement et  d'ameublement  de  sa  résidence.  » 

M"*  Arnstein  et  M"*  Eskeles  tiennent  toutes  sortes  de  pro- 
pos scandaleux  rien  que  pour  préparer  l'opinion  en  faveur  de 
la  Prusse.  Elles  déblatèrent  contre  la  Censure  qui  fait  impri- 
mer dans  la  Wiener  Zeitung  et  dans  le  Beobachter  (\)  des  ar- 
ticles anglais  relatifs  à  la  Pologne  et  à  la  Saxe  et  permet  la 
vente  de  la  brochure  :  Sachsen  und  Preussen. 

En  un  mot,  ces  dames  sont  scandaleusement  prussiennes... 

1.  Cr.  dans  la  Wiener  Zeitung  des  11  et  15  décembre,  rapport  des  séances 
du  Parlement  e'.  déclaration  du  chancelier  de  TEchiquier,  et  dans  l'Oei terrei- 
chischer  Beobachter  du  5,  les  discours  des  lords  Landsdowne  et  Grenville. 


fi^  AITOUR    bC  C03SGBÊS   DE   VIE.\5E 

1084.  Vienne.  1&  déoembre  HI4  iF.  5.  SMiad  lM5t. 

....  à  HAGER 
Les  dettes  da  pnnd-duc  de  Bade. 

Le  grand  dac  de  Bade  a  des  dettes  partout  à  Vienne. 


1085.  Vienne.  1ï  dècembre;i814<.F.  5.M6i  ad  35«5U 

GŒHALSEN  à  HAGER 

Mécontentement  et  protestations  des  Bavarois. 

Les  Bavarois  protestent  contre  le  projet  qui  rendrait  à  Nu- 
remberg et  à  Augsbourg  leurs  privilèges  et  leur  statut  de  ville 
libre. 

La  Bavière  continue  de  protester,  comme  le  prouve  une 
note  à  la  Maison  de  Nassau  (interceptée  par  le  confident  von 
L^urs)  contre  la  cession  à  T Autriche  de  1  Inn-Viertel. 


1086.  Vienne,  18  décembre  1814  \F.  5.  5061  ad  3M5). 

Nota  à  HAGER  (en  français*. 

Libéralités  et  gracieusetés  faites  par  les  Polonais  à  Anstett 
afin  de  le  gagner  à  leur  cause. 

J^ai  appris  que  pour  gagner  le  conseiller  d*Etat  Anstett  les 
Polonaisvontluifaciliterracquittement  d'unedette  deS.OOO  rou- 
bles qu'il  doit  encore  sur  la  terre  de  Kock,  qui  fait  partie  de 
la  dot  de  sa  femme,  née  Meissner,  dont  la  plus  grande  partie 
est  due  à  M"'*'  Potocka  (1),  née  Paris,  (?),  dont  le  frère  est  un 

1.  Peut-être  bien  la  même  que  l'auteur  des  Mémoires.  Ce  serait  dans  ce 
cas  la  comtesse  Alexandrine  Potocka  (1776  ou  1777-1867)  née  comtesse  Anna 
Tyszkiewicz,  mariée  en  1S02  au  comte  Alexandre  Potocki,  pas  en  deuxième 
noce  au  colonel  comte  Wonzowicz.  Elle  était  la  lille  du  conte  Louis  Tysz- 
kiewicz  et  de  Constance  Poniatowska. 


L  OUVERTURE   DU   CONGRÈS.  —    LA   SAXE   ET    LA   POLOGÎÏE      697 

patriote  enragé.  G*est  donc  ce  Paris  (?)  qui  payera  cette  somme- 
à  sa  sœur  et  lui-même  eu  sera  dédommagé  par  les  patriotes  ► 


1087.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  5.  5075  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  20  décembre. 

Il  lui  signale  le  départ  pour  Graz,  sans  passeport  ni  autori- 
sation, du  comte  Bethusj.  Il  en  a  informé  le  comte  Bissingen^ 
gouverneur  de  cette  ville. 


1088.  Vienne,  18-19  décembre  1814  (P.  5.  5074  ad  3565. 

{Intercepta,  cabinet  noir). 

Roi  de  Wurtenberg  au  feld- maréchal  lieutenant  Hadik.  (II 
a  transmis  son  affaire  au  ministre  de  la  justice.) 

Planta,  secrétaire  de  Castlereagh,  à  Saint-Marsan.  (Sans 
intérêt.) 


1089.  Vienne,  19  décembre  1814  (F.  5.  5075  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

Marie-Louise  se  croît  sûre  d'avoir  Parme.  M***  de  Brignole  se  plaint  de  l'ou- 
verture de  ses  lettres.  Il  a  été  mis  en  rapport  avec  Marialva. 

J'ai  passé  la  soirée  chez  le  comte  de  San  Vitale.  Il  m'a  appris 
qu 'avant-hier,  se  trouvant  au  cercle  chez  l'Impératrice  Marie- 
Louise,  elle  lui  dit  :  «  Je  suis  charmée  de  vous  apprendre  une 
bonne  nouvelle.  Nos  affaires  ont  pris  une  très  favorable  tour- 
nure. Nous  irons  bientôt  à  Parme.  > 

Il  me  dit  encore  que  M"*  de  Brignole  s'était  plainte  à  lui 
qu'on  lui  ouvrait  toutes  les  lettres  qu'elle  reçoit. 

Je  suis  heureux  de  vous  annoncer  que  je  viens  d'être  mis  en 
rapport  avec  La  Harpe  par  le  marquis  de  Marialva,  ministre  de 
Portugal. 


008  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

1030.  Vienne,  19  décembre  1914  (P.  5.  5075  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

J^e  roi  de  Wurtemberg  et  la  question  de  la  Saxe.  Griefs  des  Prussiens  contre 
Mettornich.  L'attitude  probable  selon  eux  du  roi  de  Wurtemberg  en  cas 
de  guerre. 

Il  est  hors  de  doute  que  le  roi  de  Wurtemberg  a  dit  à  qui 
voulait  l'entendre  et  afin  qu'on  le  répète,  qu'on  avait  à  tort  fait 
courir  le  bruit  qu'il  avait  sur  la  Saxe  une  autre  manière  de 
voir  que  l'Autriche,  tandis  qu'il  n'avait  jamais  songé  à  se  déta- 
cher de  l'Autriche.  Preuve  de  cela  :  c  En  laissant  son  Pléni- 
potentiaire au  Congrès,  il  lui  avait  donné  carte  blanche  et 
déclaré  approuver  d'avance  tout  ce  que  Sa  Majesté  Impériale 
et  Royale  apostolique  jugerait  bon  de  faire  pour  le  bien  et  la 
paix  de  l'Allemagne.  » 

Les  Prussiens  jettent  la  pierre  à  Metternich,  disant  que  le 
Congrès  n*avance  pas  ;  Que  l'on  ne  peut  ni  s*entendre,  ni  prendre 
une  résolution  quelconque,  parce  que  Metternich  ne  parle  jamais 
clairement,  ne  dit  jamais  ce  qu'il  veut,  ni  ce  qu'il  accorde 
aux  uns  ou  refuse  aux  autres  ;  Que  pour  cela  la  Prusse  ne  peut 
rien  risquer  et  doit  se  tenir  au  parti  qu'elle  a  pris  de  suivre 
les  Russes.  En  dépit  de  ce  que  dit  le  roi  de  Wurtemberg,  ils 
croient  qu'en  cas  de  rupture,  à  cause  du  mariage  de  son  fils 
avec  lu  i^rando-duchesse  d'Oldenburg,  ce  roi  serait  pour  eux 
et  non  jx^ur  T Autriche. 


1091.  Vienne.  1;?  décembre  1>U  \F.  i.  ad  J«5  . 


HArr.^KT  à  ll.\GKR 


*«  le»  cjiu*e*  de  *o;*.  c^rk^aaest  d  «tùl;ad«.  54ei:i,  le  priac?  rcyal  et  le 
T\\i  ^  X\'i*.r«eraNrrç. 

Oa  at^4r:n,\:t  lc»us  ce*  dernier*  temp»  dans  !es  cerv:les  antri- 
vh:ens  v:ue  Ia  crAnde^iacÎKvsse  Csilhenae  etiiî  aniaoêe  de  sen- 
l:n^:U3i  Ahik^ur^^-uî*  îAvv^rjd^k*  X  TAutnÀe  ei  vpae  rarchidnc 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA    POLOGNE      699 

Palatin  mettait  à  contribution  Finfluence  qu'elle  exerce  sur 
son  frère.  On  allait  jusqu'à  dire  que  les  effets  de  cette  action 
se  faisaient  déjà  sentir,  que  TEmpereur  Alexandre  n'était  plus 
aussi  chaud  pour  la  Prusse  et  même  qu'il  avait  offert  le  cercle 
de  Tarnopol  à  notre  Empereur.  Ces  belles  espérances  ne  se  sont 
pas  réalisées  et  Thorizon  s'assombrit  de  nouveau. 

On  prétend  maintenant  que  le  prince  royal  de  Wurtem- 
berg est  complètement  sous  la  coupe  de  Stein,  qui  se  sert  de 
son  influence  sur  lui  pour  agir  sur  l'esprit  de  la  grande-du- 
chesse. En  tout  cas,  ce  qui  est  hors  de  doute,  c'est  que  le 
prince  a  de  fréquentes  conversations  avec  Stein  et  que  le  roi, 
son  père,  ne  s'est  pas  caché  pour  dire  que  son  fils  était  tout 
acquis  à  la  Prusse,  mais  que  lui,  tant  qu'il  vivrait,  il  resterait 
fidèle  à  l'Autriche. 


1092.  Berlin,  12  décembre  1814  (F.  5.  5075  ad  3565). 

Anonyme  (1)  au  Prince  RADZIWILL  {intercepta)  (en  français). 

A  propos  de  la  proiest4ition  du  roi  de  Saxe.  Difficulté  de  rarrangement. 
Hommage  involontaire  rendu  par  le  roi  de  Saxe  au  roi  de  Prusse. 

Les  gazettes  de  Paris  nous  donnent  des  nouvelles  dont  nous 
ne  savions  rien  ici  ;  d'abord  une  déclaration  du  roi  de  Saxe  (2) 
qui  est  une  folie.  Elle  contient  de  justes  réclamations,  mais 
elle  passe  un  peu  légèrement  sur  ses  torts. 

J'ai  bien  vivement  désiré  que  tout  cela  s'arrange.  Mais  en 
prenant  les  choses  de  cette  façon,  on  risque  fort  de  rendre  l'ar- 
rangement difficile.  Au  reste  cette  déclaration  du  roi  de  Saxe 
fait  aussi  Téloge  de  la  manière  de  penser  libérale  de  notre  Roi 
(de  Prusse).  Car  je  crois  que  le  roi  de  Saxe,  retenu  dans  les 
Etats  de  Napoléon,  n'aurait  assurément  pas  osé  s'en  permettre 
autant.  11  rend  donc  sans  le  vouloir  hommage  à  son  cœur  et 
à  son  caractère. 


1.  Cette  lettre  a  probablemeat,  presque  certainement  même,  été  écrite  par 
la  princesse  Radziwill. 

2.  La  protestation  du  Roi  de  Saxe  en  date  du  4  novembre. 


700  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  TIENNE 

1093.  Vienne,  18  décembre  1814  (F.  5.  5075  ad  3565). 

HUMBOLDT  au  Prince  hérédiUire  de  SOLMS-LAUBACH  (I) 
{intercepta)  (en  français)  (sous  couvert  du  Prince  héréditaire  de 
Mecklembourg-Slrclilz  (2). 

Réponse  évasive  aux  démarches  et  à  l'intervenlion  qu'on  lui  avait  demandées 

Mon  prince,  comme  je  prends  tant  d'intérêt  à  ce  qui  regarde 
Votre  Altesse,  j'ai  soigneusement  parlé  aux  personnes  qui 
veillent  aux  intérêts  de  la  maison  de  Solms.  J'ai  lu  exactement 
tous  les  Mémoires  présentés  en  son  nom  et  je  m'estimerais 
vraiment  heureux  si  je  pouvais  être  de  quelque  utilité  à 
Votre  Altesse  ou  à  sa  famille. 

Mais  jusqu'à  ce  moment  le  Congrès  n*cn  est  pas  venu  à  ces 
détails.  Le  travail  sur  la  Constitution  allemande  donne  déjà 
des  espérances  fondées  aux  princes  dépossédés  par  le  fer  et 
l'injustice,  mais  on  ne  peut  pas  encore  prévoir  avec  certitude 
ce  qui  sera  définitivement  adopté  pour  eux. 

Pour  ce  qui  regarde  les  décisions  territoriales,  le  prince  de 
Hardenberg  veut  se  réserver  le  travail  sur  cet  objet.  J'ai  donc 
recommandé  chaudement  tout  ce  que  la  Maison  de  Solms  désire 
à  cet  égard  à  ce  Ministre.  Mais  je  doute  fort  que  le  plan  pour 
Coblentz  puisse  se  réaliser. 


1094.  Vienne,  21  décembre  1814  (F.  6.  5081  ad  3565). 

HAGER à rEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  21  décembre  1814. 

Dans  les  intercepta  du  Cabinet  noir  et  dans  le  paquet  de 
lettres  adressées  par  la  comtesse  Marschall  à  son  mari  se  trou- 
vait une  lettre  d'un  anonyme  (Carlsruhe,  9  décembre)  chargeant 
son  fils  de  faire  savoir  de  suite  à  Marschall  de  se  méfier  du 

1.  Solms-Laubach  (Charlcs-Frédéric-Louis-Chrétien-Fcrdinand)  (1790-1844). 

2.  Mrcklembourg-Strclitz  (Georges-Frédéric-Charles-Joseph),  né  le  12  août 
1779,  mort  en  1860,  succéda  le  3  novembre  1S16  à  son  père  le  duc  Charles- 
Louis-Frédéric.  Marié  en  JS17  à  Marie- Wilhelminc-Frédcrique,  fiile  du  land- 
grave Frédéric  de  llcssc-Cassel,  née  en  1796. 


L  OUVERTURE  DU  CONGRÈS.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   701 

conseiller    d'Etat  Sensburg  (1)  et  de  ne  pas  trop  se  fier  à 
Berckheim  (2). 


1095.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  6.  5081  ad  3565). 

FEUERBACH  (3)  au  Comte  de  REGHBERG 
(intercepta)  (en  français). 

Sans  date  (ramassé  chez  Rechberg  le  20  décembre). 

«  Je  VOUS  prie,  mon  très  cher  Comte,  de  faire  parvenir  Tin- 
cluse  que  le  Roi  adresse  au  comte  de  Montgelas.  Comme  le 
roi  a  aussi  écrit  au  prince  de  Wrede,  il  vaudrait  peut-élre 
mieux  de  soigner  cet  envoi  sans  en  donner  connaissance  au 
maréchal.  » 


1096.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  6.  5081  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

On  a  établi  depuis  le  18  une  surveillance   chez  le  géné- 
ral Fontanelli. 


1097.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  6.  5081  ad  3555). 


à  HAGER 


Note  de  la  Prusse  en  réponse  à  celle  de  l'Autriche. 
La  brochure  du  colonel  von  Miltitz. 


On  m'affirme  que  la  Prusse,  toujours   inébranlable  sur  la 
question  delà  Saxe,  vient  de  soumettre  à  l'approbation  d'Alexan- 

1.  Sensburg,  Conseiller  d'Etat  badois. 

2.  Berckheim  (Charles-Christian,  baron  de),  Conseiller  d'Etat  badois  et  Se- 
crétaire d'Etat  au  Ministère  de  l'Intérieur. 

3.  Feuerbach  (Anselme  von),  Conseiller  d'Etat  bavarois. 


702  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIEiNNE 

dre  une  note  des  plus  énergiques  en  réponse  à  celle  de  l'Au- 
triche  (1). 

On  parle  beaucoup  d'une  notice  dont  Tauteur  serait  le  colo- 
nel saxon  von  Miltitz  (2). 


1098.  Vienne,  20  décembre  18U(F.  6.  5081  ad  3565). 

Hapi»ort  à  IIAGER  (en  français). 

Enlrelien  d'un  général  avec  La  Harpe.  Alexandre  veut  la  paix. 
Les  affaires  semblent  prendre  une  bonne  tournure. 

Le  général  Kl...,  bien  connu  de  vous,  a  causé  ces  jours-ci  avec 
La  Harpe.  Il  résulte  de  cet  entretien  que  TEmpereur  Alexandre 
veut  absolument  la  paix  et  une  paix  durable  dont  ont  besoin 
l'Europe  et  son  empire,  qu'il  ne  songe  pas  à  agrandir.  Après 
avoir  déclaré  que  la  Pologne  ne  saurait  devenir  une  cause  de 
conflit,  La  Harpe  a  ajouté  qu'il  en  serait  de  même  pour  la 
Prusse  et  la  question  de  la  Saxe.  11  a  glissé  sur  les  affaires  de 
la  Suisse,  mais  a  affirmé  que  toutes  les  affaires  lui  semblaient 
prendre  une  bonne  tournure  (3). 


1099.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  6.  5081  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Ce  qu'on  a  dit  à  Fûrstcnslein  à  propos  de  la  Saxo  et  de  la  Pologne. 

Malczewski  igourne  son  départ. 

Le  général  Fûrstenstein  (4)  vient  de  m'affirmer  qu'un  haut 

1.  Note  du  prince  de  Ilardenberg  à  l'Empereur  de  Russie  en  date  du  16  dé- 
cembre 1814,  remise  le  20  et  transmise  le  même  jour  par  ce  monarque  à  l'Em- 
pereur d'Autriche  et  par  lord  Castlereagh  au  prince  de  Mctternich(Cf.  d'An- 
geberg  (531-536)  et  lbidem)f  1860-1867.  Note  de  Hardenberg  à  Metternich  au 
sujet  de  la  Pologne  et  de  lu  Saxe.  Cf.  Ibidem,  553-557.  Mémoire  présenté  le 
30  décembre  à  Metternich  pour  la  réunion  de  la  Saxe  à  la  Prusse. 

S.  Cette  brochure  a  pour  titre  :  Uebersicht  der  VertcAltung  des  General 
GoBvernements  der  hoken  Verbùndeten  Mâchte  im  Kônigreich  Sachsen  vont 
Tff  ten  october  tSIS  bis  znmS  ten  november  18ti. 

3.  Cf.  Talleyrand  au  Hoi.  Vienne,  30  décembre  1814  et  28  décembre  1814 
(Dépêches  n*  17  et  18)  (Pallain,  189-192  et  197-204). 

4.  Probablement  le  comte  do  Fûrstonstein,  l'ancien  dignitaire  de  la  cour 
dû  Westphalie  qui  avait  suivi  Jérôme  et  l'ex-roine  Catherine. 


L*OUVERTURE   DU   CONGRÈS.  —   LA   SAXE   ET    LA   POLOGNE      703 

personnage  (je  crois  qu'il  s'agit  du  Vice-Roi)  lui  avait  confié 
que  TEmpereur  lui  avait  déclaré  que  tout  était  tiré  au  clair 
avec  la  Russie,  que  le  roi  de  Prusse  se  faisait  tirer  Toreille, 
qu'il  avait  été  plus  entêté,  mais  qu'on  arriverait  à  lui  faire 
entendre  raison. 

Le  major  Malczewski  a  remis  son  départ  de  quelques  jours. 


1100.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  6.  5081  ad  3565). 

Nota  à  H AGER  (en  français) . 

Conversation  avec  RufTo,  son  opinion  sur  le  Congrès,  la  politique  de 
Mclternich,  la  Russie,  TAutriche,  la  France  et  Louis  VVIIl. 

J'ai  passé  hier  une  demi-heure  en  tête  à  tête  avec  le  com- 
mandeur Ruffo.  11  prévoit  qu'il  résultera  peu  de  bien  du 
Congrès.  Il  dit  que  Metternich  a  eu  tort  de  vouloir  s'éloigner 
de  la  France;  que  Louis  XVIIl  ne  désirait  rien  plus  que  de 
se  lier  avec  TAutriche  et  qu'il  finira  par  y  réussir  (1)  ;  que 
l'Autriche  avait  tout  à  craindre  de  la  Russie  dont  elle  n'avait 
fait  que  raffermir  les  liens  avec  la  Prusse, /'ennemie  naturelle 
de  l'Autriche  et  qui  le  deviendra  bien  davantage  à  cause  de 
l'affaire  de  la  Saxe. 

Ruffo  affirme  que  Louis  XVIII  n'a  aucune  idée  de  s'agran* 
dir  et  que  tout  aurait  pris  une  autre  tournure  si  on  avait  été 
d'accord  avec  lui  dès  l'ouverture  du  Congrès. 


1101.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  6.  5097  ad  3565). 

H AGER  à  TEMPERE UR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  22  décembre  1814. 

Envoi  de  pièces  interceptées  parmi  lesquelles  à  signaler  : 
Stackelberg  à  Saint-Marsan  (il  fera  partir  le  paquet  pour 
de  Maistre). 

1.  Cf.  Commandant  Wibl,  Joachim  Mnràt.roidt  Naplet,LA  dernière  année 
de  règne.  Les  négociations  secrètes  entre  Paris  et  Vienne,  Blacas  et  Bom- 
belles  (Tome  11,  pages  250  et  suivantes). 


704  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Noailles  à  Vera  (1)  (Reçu  les  deux  notes  et  le  Mémoire  ;  il 
s'en  occupera). 

Lisakewitch  à  Nesselrode  (Copenhague  6  décembre).  (Tout 
est  flni  et  réglé  en  Norvège  ;  le  Landtag  est  dissous  et  le 
prince  royal  est  retourné  h  Stockholm.) 


1102.  Vienne,  20  décembre  1S14  (F.  6.  5097  ad  3565). 

Anonyme  à  B...  (à  Bologne)  (i/i/erce/>/a)  (en  français). 

Solution  probable  et  prochaine  des  alTaires  de  Saxe  et  de  Pologne.  Arrcuta- 
tions  à  Milan  à  propos  du  complut  de   llasori,  Latuada  et  autres. 

Je  reçois  à  la  fois  les  deux  lettres  que  vous  m'avez  adressées 
par  M.  Dieiïenbach.  Rien  de  nouveau  dans  vos  affaires.  Il 
s'est  encore  élevé  quelques  nuages  pour  les  aiFaires  de  Polo- 
gne et  de  Saxe,  mais  une  explication  vigoureuse  de  l'Angle- 
terre,  de  l'Autriche  et  de  la  France  réunies  (2)  a  ramené 
quelque  modération.  Les  négociations  ont  repris  et  nous  res. 
pirons  de  nouveau  dans  nos  espérances  et  nos  promesses.  On 
nous  assure  que,  du  1*'  au  5  janvier,  nous  aurons  des  résultats 
positifs.  Quels  que  soient  les  résultats,  vous  serez  le  premier 

instruit. 

On  parle  d'arrestations  à  Milan  et  on  confond  le  frère  de 
L...  dans  le  nombre  (3).  Je  ne  puis  le  croire.  Le  pauvre  diable 
est  incapable  de  se  mêler  de  mauvaises  affaires. 


1.  Vera,  avocat,  envoyé  au  Congrès  par  le  Prince  de  Piombino,  Ludovisi 
Buoncompagni,  pour  faire  valoir  ses  droits  sur  PiombinoeL  l'Ile  d'Elbe. 

2.  Cf.  d'ANORnBRO  (p.  540-544.)  Lettre  du  prince  de  Talleyrand  au  prince 
de  Mettemich  relative  à  la  Saxe  et  Pallaim,  Talleyrand  au  Roi.  Dépêches 
n*  17  et  18.  Vienne,  20  et  28  décembre  1814. 

3.  Pour  le  Complot  militaire,  cf.  Commandant  Wsil^  Joàchim  Mnr^t.  La  der- 
nière Année  de  règne.  Tome  2,  49-108.  Il  s'agit-Ià  du  général  Théodore  Lechi, 
ancien  commandant  de  la  garde  royale  italienne  et  frère  du  général  Joseph 
Lechi. 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE       705 

1103.  Vienne,  31  décembre  1814  (P.  «.  5097  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Tension  des  rapports  et  brouille  entre  Stein  et  Gagern . 

Stein,  qui  était  assez  lié  avec  Gagera  et  venait  assez  souvent 
chez  lui,  lui  bat  froid  et  le  salue  à  peine,  quand  il  le  rencontre 
dans  l'escalier  de  la  maison ,  dans  laquelle  ils  habitent  tous 
deux. 


1104.  Vienne,  31  décembre  1814  (F.  6.  5097  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Marie- Louise.  Les  visites  qu'elle  reçoit.  Son  séjour  à  Baden. 
Ses  rapports  avec  le  Roi  de  Prusse. 

L'Impératrice  Marie-Louise  a  reçu  à  dtner  chez  elle,  à  Toc- 
casion  de  son  jour  de  naissance,  le  11,  TEmpereur  et  Tlmpé- 
ratrice  de  Russie.  L^Empereur  d'Autriche  venu  dans  la  jour- 
née n'y  a  pas  diné. 

Le  Roi  de  Prusse  vient  moins  fréquemment  la  voir,  mais  il 
lui  écrit  très  souvent. 

Marie-Louise  a  été  à  Baden  du  12  au  14. 

Rien  d'intéressant  à  signaler  jusqu'au  20,  où  elle  est  allée  se 
promener  à  Breitenlee  (1)  avec  M"*  de  Brignole  et  Neipperg 
et  où  à  table  on  parla  de  la  marche  du  Congrès,  des  efforts 
inutiles  que  font  les  Russes  et  les  Prussiens  pour  faire  tour- 
ner, comme  ils  le  désirent,  les  affaires  de  Saxe  et  de  Pologne. 


1105.  Vienne,  21  décembre  1814  (F.  6.  5097  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Le  Hoi  de  Prusse  ne  veut  pas  céder.  La  note  d'Hardenberg  sur  la  Saxe. 

Le  Roi  de  Prusse  ne  peut  se  décider  à  renoncer  à  la  Saxe. 
Il  dit  qu'Hardenberg  Ta  poussé  à  Toccupation  et  qu^il  gardera 

1.  Village  situé  dans  le  Marchfeld  sur  la  rive  gauche  du  Danube,  à  environ 
4  kilomètres  de  Stadlau  et  à  14  ou  15  kilomètres  de  Vienne. 

T.  I.  45 


706  AUTOUH  MJ  CONGRÈS  DE  VIEN5E 

le  royaume  malgré  le  changement  d'avis  de  son  Chancelier. 
La  réponse  de  la  Prusse  à  la  noie  de  T Autriche  du  10  est 
conçue  en  termes  très  secs. 


1106.  Yienno^Sl  déoembre  1814  (F.  «.  5097  ad  5565). 


Rapport  à  HAGER 

Le  prince  Eugène  fait  de  longues  visites  le  soir  à  Séraphine 
Lambert  (qui  loge  au  Rœmischer  Kaiser). 


1107.  Vienne,  19  décembre  1814  (P.  6.  5097  ad  3565). 

HEILMANN  à  son  Père  {intercepta). 

A  propos  de  la  Valteline  et  de  Neufch&tel.  Rien  n'est  encore 
décidé.  Il  convient  donc  de  n'ajouter  foi  à  aucun  des  bruits 
qu'on  répand. 


1106.  Vienne,  18  décembre  1814  (F.  6.  5097  ad  3565). 

HOFSECRETiER  SCHOSULAN  à  HAGER 

Rapport  sur  la  surveillance  de  Talleyrand  du  14  au  17. 

On  fait  remarquer  que  l'un  de  ses  secrétaires,  Challaye  (1), 
a  des  relations  suivies  avec  les  rédacteurs  de  la  Wiener  Zei- 
tung. 


i.  «  Je  mis  auprès  de  lui  (la  Besnardière)  MM.  Challaye,  Formond  et  Per- 
rey^  jeunes  tous  trois  et  ayant  en  eux  de  quoi  profiter  des  leçons  qu'on  de- 
vait puiser  dans  d'aussi  grandes  circonstances. «(Talleyrand, Afémoire», t. II, 
207.) 


l'ouverture  du  congrès.  —  LÀ   SAXE  ET  LA  POLOGNE      707 
1109.  Vienne,  21  décembre  1814  (F.  6.  5097  ad  3565). 

HOFSECRET^R  SCHOSULAN  à  HAGER  (intercepU). 

Papiers  ramassés  chez  le  conseiller  de  Légation  prussien  Piquot,  relatifs 
aux  Légations,  à  Marie-Louise  et  au  prince  Eugène. 

19  décembre.  Fava  et  Squarzoni  sont  très  satisfaits  de  l'au- 
dience que  leur  a  accordée  TEmpereur  (1).  11  leur  a  dit  qu'il 
ne  tenait  les  Légations  qu'en  dépôt^pour  les  consigner  à  celui 
qui  serait  désigné  par  le  Congrès.  Ils  travaillent  d'accord  avec 
le  cardinal  Consalvi  et  croient  que  Marie-Louise  n'ira  pas  à 
Parme,  qui  sera  rendue  à  ses  anciens  maîtres.  Le  prince  Eu- 
gène espère  toujours  avoir  Bologne. 

On  attendait  un  courrier  de  Londres  pour  prendre  une  réso- 
lution. Eugène  restera  à  Vienne  jusqu'à  ce  que  son  sort  soit 
décidé,  même  après  le  départ  du  roi  de  Bavière. 


1110.  Vienne,  19  décembre  1814  (F.  6.  5097  ad  3565). 

HOFSECRETiER  SCHOSULAN  à  HAGER  {intercepta) 

(en  français). 
Papiers  pris  chez  le  Conseiller  de  légation  prussien  Piquot. 

AITaires  allemandes.  L'Espagne  et  la  reine  d'Etrurie.  L'affluence  des  visiteurs 
à  rile  d'Elbe.  Conversation  de  Napoléon  avec  un  membre  du  parlement 
anglais. 

Les  conférences  sur  les  affaires  allemandes  vont  recommen- 
cer et  on  mettra  sous  les  yeux  du  Comité  un  projet  de  Cons- 
titution nouvelle  à  donner  à  l'Allemagne  (2). 

L'Espagne  soutiendra  au  Congrès  les  prétentions  de  Tinfante 
Marie-Louise  (3)  sur  le  grand-duché  de  Toscane.  Cette  affaire 
avait  été  mise  en  délibération  dans  une  conférence  tenue,  il 

1.  Cf.  pour  les  démarches  et  la  mission  de  Fava  et  de  Squarzoni  à  Vienne, 
P*  J.  RiNiBRi,  Corrispondenza  Inedilà  dei  càrdinàli  Consàlvi  e  Paccà,  66-77- 
103-183-395  et  435. 

2.  Cf.  d'ANGBBBRo,  438.  Le  Comité  des  affaires  d'Allemagne  n'avait  plus  tenu 
de  séances  depuis  le  16  novembre. 

3.  Cf.  d'ÀNOBBBRa,  500.  Quatrième  protocole  de  la  séance  du  9  décembre 
des  Plénipotentiaires  des  huit  Puissances  signataires  du  traité  de  Paris. 


708  AUTOUB  DU  oosigrS'  db 

y  a  quelques  jours,  et  on  a  invité  la  Russie  et  TAngleterre  à 
nommer  des  commissaires  chargés  d'intervenir  dans  la  discus- 
sion qui  doit  avoir  lieu  à  ce  propos  entre  TAutriche  et  TEs- 
pagne. 

On  attendait  le  20  novembre  le  grand-duc  de   Toscane  à 
Livourne. 

Le  nombre  des  curieux  qui  se  rendent  à  Tiled* Elbe  est  prodi- 
gieux. Napoléon  s'entretient  presqu'avec  tout  le  monde.  Il  a 
ou  un  long  entretien  avec  un  membre  du  parlement  anglais,  lui 
a  beaucoup  parlé  de  Tlmpératrice  Joséphine,  s'est  plaint  des 
ministres  qui  avaient  géré  ses  finances  et  l'avaient  cruellement 
trompé.  Il  lui  a  déclaré  que  ce  qui  l'affligeait  le  plus,  c'était 
la  défection  du  maréchal  Marmont  ;  qu'il  ne  croyait  pas  que 
lu  France  pourrait  rester  dans  l'état  où  elle  était  maintenant 
et  (ju'il  y  avait  apparence  qu'une  nouvelle  révolution  pourrait 
encore  éclater. 


1111.  VicMinc,  2A  décembre  1814  (F.  6.  5107  ad  3565). 

IIAGKH  il  l'EMPEREUR 

iiurdcrcuu  et  rapport  journalier  du  23  d<^ccmbrc  1814. 

il  lui  signale  entre  autres  les  renseignements  relatifs  à  Anstett 
à  la  Hussio  et  à  la  Prusse,  et  certaine  des  pièces  interceptées 
lu  veille. 


1112.  Vioune,  22  décembre  1814  (F.  6.  5106  od  3565). 

GCliUAUSEN  à  II.VGER 

Surveillanco  de  Marie-Louise. 

AprC^s  avoir  ôlé  à  Vienne  chez  TEmpereur,  Marie-Louise,  à 
son  retour  ;\  Soluvnbrunn,  est  restée  une  demi-heure  chez  son 
lîls.  EUo  ixirlo  daller  passer  la  semaine  du  Jour  de  TAn  à  Baden 
pour  éviter  les  visites. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      709 

On  parle  du  remplacement  de  Neipperg  par  le  comte  Bubna  (1), 
ce  qui  serait  fort  pénible  pour  Marie-Louise  qui  se  plaît  beau- 
coup avec  Neipperg. 

Il  paraît  que  Méneval  continue  à  correspondre,  mais  sous 
une  fausse  adresse^avec  le  préfet  du  Mont-Blanc  (2). 


1113.  Vienne,  32  décembre  1814  (F.  6.  5106  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Surveillance  du  ^and-duc  de  Bade  et  du  prince  héritier  de 
Hesse-Darmstadt.  Leurs  menus  plaisirs. 

Le  prince  héritier  de  Hesse-Darmstadt  et  le  grand-duc  de 
Bade  continuent  à  mener  joyeuse  vie,  tantôt  chez  l'un,  tantôt 
chez  l'autre,  à  y  souper  gaiement,  très  souvent  avec  la  fille  au 
service  de  Gaertner.  C'est  toujours  le  chasseur  qui  est  chargé 
de  pourvoir  aux  menus  plaisirs  du  prince  de  Hesse,  qui  fait 
souvent  venir  M^*'  Lombard  ou  la  soi-disant  comtesse  Waffén- 
burg,  autrement  dit  Lori  Toussaint. 


1114.  Vienne,  21  décembre  1814  (F.  6. 5106  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Eloge  qu' Anstett  fait  du  caractère  de  Stein .  Conférence  de  Wrede  avec 
Wessenberg,  de  Stein  avec  Hardenberg.  Le  dîner  du  20  chez  Stein. 

Anstett  fait  un  grand  éloge  du  caractère  de  Stein,  de  sa 
franchise  et  de  son  courage  à  soutenir  son  opinion  envers  et 
contre  tous.  Il  estime  Thomme  qui  a  osé  dire  à  Alexandre  : 

!..  Bubna  (Ferdinand,  comte)  (1768-1825),  feld-maréchal  lieutenant,  avait 
fait  la  campagne  de  1814  à  l'armée  autrichienne  du  Sud  et  commandait  à  ce 
moment  les  troupes  autrichiennes  qui  occupaient  le  Piémont.  C'est  lui  qui 
Cl  parvenir  à  Vienne  une  lettre  que  Napoléon  avait  écrite  le  11  mars  de  Lyon 
à  Marie- Louis -^  et  qu'un  officier  du  ?•  hussards  porta  sur  son  ordre  à  Bubna 
(Cf.  Talleyrand,  Mémoires,  III-127.  Talleyrand  au  Roi.  Vienne,  28  mars  1815, 
soir).  Commandant  militaire  en  Lombardie  (1818)  il  réprime  le  soulèvement 
piémontais  de  1821.  A  propos  des  négociations  de  1809,  le  duc  de  Broglie 
dit  de  lui,  dans  ses  Souvenirs  (T.  I,  p.  82)  :  «  C'était  sous  l'aspect  extérieur 
d'un  militaire  franc,  ouvert,  voire  même  un  peu  brutal,  un  esprit  singuliè- 
rement fin,  délié,  rusé  et  plein  de  malice. 

2.  Le  préfet  du  Mont-Blanc  était  à  ce  moment  le  baron  Pinot 


710  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

«  Si  TOUS  rétablissez  la  Pologne,  vous  courez  à  votre  perte.  » 
Wrede  a  eu  le  21  une  conférence  de  deux  heures  avec  Wes- 
senberg  et  a  fait  pendant  ce  temps  défendre  sa  porte. 

Après  avoir  conféré  avec  Hardenberg,  Stein  a  eu  à  dîner 
le  21  le  comte  Golovkine,  Wallmoden  (1),  Anstett,  la  com- 
tesse Nesselrode  et  la  comtesse  Wrbna  (2). 


1115.  Vienne,  mercredi  21  décembre  1814  (F.  6.  51M  ad  3565). 

GOLOVKINE  à  STEIN  (iniercepU)  (en  français)  {chifi^on). 
Billet  que  Stein  avait  commencé  à  brûler. 

Voilà  une  réciprocité  de  souvenir  qui  me  charme.  C'est  la 
conséquence  d^un  principe  auquel  je  mets  beaucoup  de  prix. 
Je  compte  le  faire  valoir  avec  usure  comme  Ton  use  d'un  ca- 
pital qui  vous  reste  après  maint  naufrage  et  mainte  spéculation 
malheureuse.  C'est  un  excellent  acte  de  justice  que  votre 
réunion  d'aujourd'hui. 

Vous  allez  faire  baisser  pavillon  à  la  Gère  indépendance  de  la 
comtesse  Wrbna  et  je  vous  remercie  de  m'appeler  à  être  témoin 
de  cette  reconnaissance  à  laquelle  je  suis  soumis  depuis  long- 
temps. 

Je  ne  sais  si  vous  aurez  la  patience,  Monsieur  le  Baron,  de 
déchiffrer  ou  de  deviner  tout  ce  qu'il  a  plu  à  la  Censure  de 
retrancher  dans  le  manuscrit  que  je  vous  ai  envoyé.  Puisque 
les  Abdérites  (3)  veulent  rester  Abdériles,  qu'ils  le  soient  :  Vo- 
lenti  non  sit  i?ijnria.  C'est  le  seul  exemplaire  qui  se  trouve  à 
Vienne. 

Recevez  l'expression  de  mes  sentiments  et  de  mes  hommages. 

GOLOVKlNE. 

1.  Wallmoden-Gimbom(Loui8-Geor^8-Thadée,  général,  comte).  (1769-1862) 
beau-frère  de  Slein,  passé  au  service  de  l'Autriche  en  1795,  en  mission  diplo- 
matique en  Angleterre  au  commencement  de  1809,  exerça  un  commandement 
pendant  la  campagne  de  1813-1814. 

2.  Wrbna-Freudenthal (Flore, comtesse)  (1779-1857),  née  comtesse  Kageneck, 
mariée  en  1798  au  comte  Eugène  Wrbna,  mort  en  1841.  L'une  des  plus  jolies 
femmes  de  Vienne  au  temps  du  Congrès,  cousine  de  Metternich,  elle  gagna 
contre  Alexandre  le  singulier  pari  dont  il  sera  question  plus  loin.  Elle  passa 
les  dernières  années  de  sa  vie  dans  sa  villa  d'ischl  avec  son  amie  la  prin- 
cesse Thérèse  Jablonowska,  née  Lubomirska^  <iuiy  mourut  le  14  février  1864. 

3.  Habitants  d'Abdère,  ville  de  Thrace,  célèbres  par  leur  stupidité.  Voir 
le  roman  satirique  de  Wieland  :  Le«  Abdéritàim. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   71ll 


1116.  Vienne,  32  décembre  1814  (F.  6.  5100  ad  3565). 


M.  G.  à  HAGER  {inlereepU). 


Les  confidences  d'Anstett.  Les  concessions  extrêmes  qa'Alemndre  est  dis- 
posé à  faire  à  1* Autriche.  Gracovie  ville  libre  et  neutre.  AnsLett  remtnèien 
grftce  auprès  d'Alexandre.  Raisons  pour  lesquelles  l'Autriche  ne  peut  jpAS 
tenir  résolument  tète  à  la  Prusse  et  s'opposer  à  ses  prétentions.  Ponrgnol 
l'Autriche  ne  peut  pas  déclarer  la  guerre.  Embarras  militaires  de  rAutridhe. 
Les  généraux  autrichiens.  L'archiduc  Gharlea. 


Anstett  m^a  confié  hier  que  les  aSaires  de  Pologne  et  deSasse 
n'étaient  pas  encore  réglées  ;  que  cependant  Alexandre  est  ré- 
solu à  laisser  la  Galicie  à  l'Autriche,  à  lui  rendre  le  district  de 
Tarnopoly  à  renoncer  aux  salines  de  Wiélitchka  et  à  déclarer 
Gracovie  ville  libre  et  neutre. 

Telles  seraient  les  conditions  extrêmes  auxquelles  Alexandre 
consentirait.  En  cas  de  refus  de  notre  part^ce  serait  la  guerre. 

Anstett  prétend  que  l'idée  de  la  rétrocession  du  district  de 
Tarnopol  et  de  la  neutralité  de  Gracovie  vient  de  lui  et  qu'il 
a  là  encore  rendu  un  grand  service  à  l'Autriche.  Il  a  insisté 
sur  le  fait  que  Gracovie  n'a  aucune  valeur  au  point  de  vue  mi- 
litaire ;  que  ce  n'est  pas  non  plus  une  capitale,  ce  qui  n'a  pas 
d'importance,  puisque  l'Autriche  possède  Lemberg,mais  qu'en 
raison  de  sa  situation  sur  la  Vistule,  du  grand  commerce  qui 
s'y  fait,  elle  est  aussi  indispensable  au  possesseur  de  la  Gali- 
cie qu'au  maître  du  Grand-Duché  de  Varsovie.  Il  m'exposa  à 
ce  propos  les  avantages  que  la  déclaration  de  neutralité  leur 
assurait  également  et  qui  de  plus  en  faisait  un  tampon  entre 
les  deux  Etats. 

Je  lui  fis  remarquer  la  fragilité  des  garanties  dont  il  parlait 
et  il  dut  reconnaître  en  fin  de  compte  qu'une  bonne  forteresse 
valait  assurément  bien  mieux  ;  mais  il  ajouta  que,  maîtresse 
de  la  Bukovine  et  de  la  Transylvanie,  l'Autriche  n'avait  rien 
à  craindre  pour  la  Galicie  en  raison  même  du  danger  d'être 
prise  à  dos  par  des  forces  venant  de  ces  provinces  auquel 
s'exposerait  une  armée  essayant  d'envahir  la  Galicie 

La  visite,  que  j'ai  faite  aujourd'hui  à  Anstett,  me  permet  de 
compléter  mon  rapport  et  de  mettre  les  choses  complètement 
au  point. 


712  AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE  VIENNE 

Anstett  est  presque  rentré  en  faveur  auprès  d'Alexandre. 
Il  m'a  laissé  entendre  à  demi-mot  que,  d*après  ce  qu*il  venait 
d'apprendre,  il  savait  maintenant  pourquoi  la  Cour  de  Vienne 
ou  plutôt  notre  Ministre  n'ose  pas  tenir  tête  à  la  Prusse.  Notre 
Ministre  a  les  mains  Hées,  parce  qu'il  n'a  pas  agi  franchement 
lors  de  son  entrée  dans  la  coalition  en  1813.  On  aurait,  affîrme-t- 
il,  les  preuves  manifestes  qu'il  a  joué  double  jeu  et  qu'il  s'était 
ménagé  des  moyens  de  se  tirer  d'affaire  quoi  qu'il  arrivât.  D 
est  dès  lors  facile  de  comprendre  pourquoi  l'Autriche,  ne  pou- 
vant se  risquer  à  déclarer  la  guerre,  laisse  aller  le  Congrès^ 
présente  des  réclamations  et  des  protestations  et  attend  des 
jours  meilleurs  pour  agir  sans  danger. 

Alexandre  va  renoncer  pour  cette  raison  à  conserver  la  Po- 
logne. Il  ne  veut  pas  donner  à  l'Autriche  le  prétexte  de  récla- 
mer à  son  tour  contre  Tindépendance  de  la  Pologne.  On  sait 
aussi  de  notre  côté  que  militairement  l'Autriche  n'est  pas  prête 
et  que  l'on  y  est  fort  embarrassé  quant  au  choix  même  du 
Général  en  Chef. 

Schwarzenbcrg  ?  Peut-être,  mais  du  reste  il  ne  peut  être 
partout.  J'en  connais  bien  un  qui  serait  à  la  hauteur;  mais  il 
ne  vous  convient  pas  et  nous  le  marierons;  celui-là,  c'est  l'ar- 
chiduc Charles.  Quant  aux  autres,  aucun  d'entre  eux  ne  sau- 
rait se  mesurer  avec  un  Gneisenau  ou  un  Grolman  (1). 

Un  peu  piqué,  je  lui  répondis  :  €  Vous  êtes  réellement  par 
trop  discret.  Pourquoi  donc  ne  pas  nous  citer  aussi  quelques 
généraux  russes.  » 

«  Ah  !  le  persiffleur,  me  dit-il  ;  admettons  que  nos  géné- 
raux ne  soient  pas  fameux,  cela  n*a  aucune  importance*  Nos 

1.  Grolmann  (Charles-Guillaume  de)  f  1777-1843),  s'engagea  en  1795,  sous- 
lieutenant  (1797),  lieutenant  en  1804,  promu  capitaine  en  second  pendant  U  cam- 
pagne de  1806,  il  échappa  à  la  capitulation  de  Prentzlow.  Passé  à  l'étal-mf^or 
du  corps  de  Lestocq,  membre  de  la  Commission  de  réorganisation  de  l'armée 
avec  Scharnhorst  après  Tilsit,  membre  et  chef  du  Tugendbnndj  il  prit  en  1809 
du  service  en  Autriche  et  fut  attaché  à  Tétat-major  de  l'archiduc  Charles. 
Ennemi  acharné  de  la  France,  il  quitta  l'Autriche  à  la  paix  et  passa  en 
Espagne  où  il  obtint  un  commandement  dans  la  légion  étrangère  que  venait 
d'organiser  la  Junte  de  Cadix.  Compris  dans  la  capitulation  de  Valence  el 
interné  à  Beaune,  il  s'échappa,  revint  en  Prusse,  rentra  dans  l'état-m^jor 
avec  le  grade  de  major  et  fît  les  campagnes  de  1813  et  1814.  Général-migor 
après  la  paix  de  Paris,  envoyé  à  Vienne,  pendant  le  Congrès,  Quartier-mattre 
général  de  BliJchcr  en  1815,  il  se  retira  un  moment  en  1819.  Promu  général- 
lieutenant  en  1825,  commandant  à  Glogau  jusqu'en  1833,  il  devint  comman- 
dant en  chef  dans  le  grand-duché  de  Posen  et  enfin  général  d'infanterie  en 
1837. 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE   ET  LA   POLOGNE      713 

Cosaques  se  chargent  de  les  remplacer  et  de  faire  la  besogne.  » 
La  conversation  a  continué  encore  un  peu  jusqu^au  moment 
où  Anstett  a  dû  se  rendre  chez  le  prince  Lubomirski. 


1117.  Vienne,  32  décembre  1814  (F.  6.  ad  3565). 

....  à .  H AGER  (en  français). 

Conversation  avec  Wolkonsky.  Les  préparatifs  militaires  de  l'Autriche  et 
les  concessions  d'Alexandre.  L'action  do  la  France  d'après  La  Martinière  et 
le  rôle  de  Talleyrand.  Les  offres  du  secrétaire  de  l'Impératrice. 


J'ai  encore  passé  la  soirée  du  SO  chez  Willie  où  il  y  avait 
nombreuse  société.  A  la  fin  resté  seul  avec  lui  et  Wolkonsky, 
je  dis  au  premier  que  j'avais  pris  les  informations  qu'il  m'avait 
demandées  relativement  à  nos  forces  militaires.  Je  lui  dis  qu'im 
recrutement  général  allait  être  ordonné,  que  plusieurs  confé- 
rences avaient  déjà  eu  lieu  à  ce  sujet  et  qu'on  avait  passé  des 
marchés  de  fournitures  tant  en  Illyrie  qu'en  Hongrie  et  en 
Pologne,  enfin  j'ai  dit  tout  ce  que  je  croyais  de  nature  à  prou- 
ver aux  Russes  que  T Autriche  était  sur  un  pied  respectable. 

Le  prince  Wolkonsky  remarqua  que  ces  préparatifs  ne  pou- 
vaient avoir  lieu  que  contre  les  Turcs,  vu  qu'Alexandre  se 
voyait  obligé  de  céder  de  plus  en  plus  tous  les  jours  et  qu'on 
devait  cela  à  l'Angleterre  qui  venait,  on  ne  sait  trop  pourquoi, 
de  rompre  les  relations  commerciales  avec  la  Russie. 

Le  21,  après  le  ballet  de  Nina,  j'invitai  à  souper  le  secré- 
taire de  l'Ambassade  française  La  Martinière.  Il  me  parla  des 
affaires  comme  les  Français  ont  l'habitude  de  le  faire,  c'est-à- 
dire  en  attribuant  à  la  France  tout  ce  qui  se  fait  de  bien  pour 
la  félicité  de  la  postérité.  C'est  Talleyrand  qui  a.  ouvert  les 
yeux  du  Congrès,  c'est  lui  qui,  aidé  par  le  Parlement  anglais, 
a  déjoué  les  projets  d'agrandissement  du  Prince  Régent  rela- 
tivement au  Hanovre  que  la  Russie  et  la  Prusse,  lors  de  leur 
séjour  à  Londres,  avaient  promis  de  soutenir  au  Congrès  de 
tout  leur  crédit.  11  m'ajouta  même  que  l'Empereur  de  Russie 
et  le  Roi  de  Prusse  étaient  tellement  confus  qu'ils  n'osaient 
presque  se  mettre  en  route  pour  retourner  dans  leurs  Etats  res- 
pectifs. 


714  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Le  secrétaire  de  Tlmpératrice  de  Russie,  M.  de  Longinold, 
a  payé  hier  à  un  vieil  officier  pensionné  50  ducats  contre  quit- 
tance. Il  m'a  offert  de  présenter  une  requête  pour  obtenir  un 
secours.  Je  Tai  remercié  en  lui  disant  que  cela  répugnait  à  ma 
délicatesse,  que  d^ ailleurs  une  telle  démarche  révolterait  contre 
moi  ma  sœur  qui  jouit  de  la  plus  grande  considération  à  la 
Cour  de  Saint-Pétersbourg. 


1118.  Vienne,  32  décembre  1814  (F  6.  5106  ad  3565). 

0....  à  HAGER  (en  français). 

Les  espérances  des  Polonais   encouragées  par  les  procédés  du  grand-duc 
Constantin,  mais  contredites  par  les  velléités  de  concession  d'Alexandre . 

Le  comte  de  Skarbek  me  dit  que  les  lettres  nouvellement 
arrivées  de  Varsovie  annoncent  qu'au  milieu  d'une  fluctuation 
de  diverses  opinions  la  majorité  est  toujours  soutenue  par 
Tespoir  de  voir  enfin  couronnés  les  souhaits  des  patriotes.  Cet 
espoir  esl  soutenu  tant  par  les  procédés  du  grand-duc,  qui 
en  tout  ce  qu'il  fait  agit  dans  Pesprit  des  patriotes,  que  par 
les  différentes  ordonnances  du  gouvernement  provisoire  et  des 
règlements  qui  s'accordent  moins  avec  leur  possession  mo- 
mentanée qu'ils  ne  visent  à  un  gouvernement  stable  et  affermi. 
On  y  règle  pour  l'avenir  la  manière  du  recrutement  et  des 
prestations  ;  le  Ministère  de  toutes  les  branches  est  mis  en  nou- 
velle activité  ;  on  procède  à  la  liquidation  de  la  dette  publique 
et  les  places  vacantes  des  employés,  qui  s'étaient  absentés  à  l'en- 
trée des  troupes  russes,  doivent  être  incessamment  conférées. 

Les  espérances  que  continuent  à  avoir  les  patriotes  polonais 
ne  s'accordent  cependant  guère  avec  ce  que  j'ai  appris  hier 
par  des  personnes  de  l'Ambassade  Russe.  On  m'y  a  dit  que 
l'Empereur  de  Russie  était  définitivement  décidé  à  ne  plus 
soutenir  les  prétentions  de  la  Prusse  sur  la  Saxe  et  à  se  dé- 
partir lui-même  des  siennes  sur  tout  le  duché  de  Varsovie.  Il 
aurait  dit  à  ses  Ministres  :  «  Je  pourrais  bien,  comme  l'a  fait 
Napoléon j  décider  l'affaire  en  faisant  marcher  500.000  hommes; 
mais  comme  je  ne  suis  pas  ici  pour  la  guerre,  mais  pour  con- 
solider la  tranquillité  de  l'Europe,  j'abandonne  mes  préten- 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   71$ 

tions  et  veux  me  contenter  d'une  indemnisation  par  une  partie 
du  Duché.  > 

Les  Polonais,  qui  ont  appris  cette  même  nouvelle,  ont  peine 
à  y  ajouter  foi  et  Skarbek,  ea  parlant  de  cette  circonstance,  me 
dit  que  cela  ne  peut  s'accorder  avec  ce  qu'on  écrit  de  Varso- 
vie, où  Ton  assure  que  l'Empereur  Alexandre  doit  être  pro- 
clamé et  couronné  Roi  de  Pologne  dans  le  courant  de  février... 


1119.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  0.  510e  ad  3565). 

0  0  à  HAGER  (en  français). 

Les  nouveaux  feld-marèchaux  autrichiens.  Le  prince  d'Orange  et  Tarchidu- 
chesse  Léopoldine.  Le  changement  d'attitude  de  lord  Castlereagb  et  de  l'An- 
gleterre. L'Autriche.  Gonsalviet  les  Légations.  Le  Concordat  avec  l'Alle- 
magne. Les  Médiatisés  et  la  Prusse. 

On  a  dit  hier  chez  Sidnej  Smith,  où  il  y  a  tous  les  mercre- 
dis deux  fois  plus  de  monde  que  ne  peut  en  contenir  Tappar- 
tement,  que  le  Prince  Régent  d'Angleterre,  le  duc  d'York  (1) 
et  le  prince  d'Orange  ont  été  faits  feld-maréchaux  autrichiens  ; 
qu'on  a  donné  au  prince  d'Orange  le  régiment  Hohenlohe  (2) 
et  que  ce  prince  allait  épouser  l'archiduchesse  Léopoldine  (3). 

Le  colonel  comte  Latour  (4)  m'a  dit  hier  :  «  Je  sais  de  façon 
positive  que  lord  Castlereagh  est  dans  le  plus  grand  embar- 
ras. Arrivé  à  Vienne  avec  Tordre  de  laisser  la  Prusse  annexer 
la  Saxe  pourvu  qu'on  consente  à  arrondir  le  Hanovre,  il  a,  il  y 
a  peu  de  temps,  reçu,  évidemment  sous  la  pression  de  l'Oppo- 
sition, des  instructions  diamétralement  opposées  et  lui  pres- 

1.  York  et  Albany  (Frédéric,  duc  d')  (1769-1837),  frère  du  Princç  Régent, 
celui-là  môme  qui  commanda  en  1793  les  troupes  anglaises  qui  opérèrent  de 
concert  avec  le  priuce  de  Cobourg.  Nommé  en  1811  par  le  Prince-Régent 
feld-maréchal  et  commandant  en  chef  de  l'armée  de  terre,  il  fut,  après  la 
morl  ds  la  princesse  Charlotte  en  1817,  proclamé  héritier  présomptif  de  la 
couronne. 

2.  Ce  régiment  est  aujourd'hui  le  26*  régiment  d'infanterie  hongroise 
Schreibcr. 

3.  L'archiduchesse  Léopoldine  épousa  un  peu  plus  tard  l'Empereur  du  Bré- 
sil Don  Pedro  et  le  prince  d'Orange,  la  grande-duchesse  Anna  Pavlovna, 
sœur  de  l'Empereur  Alexandre. 

4.  Attaché  à  la  personne  et  au  service  du  prince  royal  de  Wurtemberg 
pendant  son  séjour  à  Vienne, 


7i6  jj.TOCB  se  ayxMÈs  dc  têe^se 

crxTaat  df:  s'opposer  à  tout  prix  à  b  cessoa  de  la  Sixe  â  la 
ProMe.  Lord  Castlereagh  s*e^  cooformé  aax  ordres  quH  a 
reçus,  et  c*e«t  la  ce  qui  arrête  la  marche  da  Coozrès. 

Le  comte  Antonelli  me  raconta  que  l'Emperenr  d'Autriche 
a  réponda  au  cardinal  ConsalTi^  qu'il  n'arait  pas  élevé  de  pré- 
tentions sur  les  Légations,  mais  que  d'autre  part  on  avait  fait 
valoir  que  le  retour  des  Légations  au  Saint-Siège  fan  semblait 
douteux. 

KIdt,  Tûrkheim,  Gagem,  Plessen  (Itse  plaignent  vivement 
des  idées  ultramontaines  émises  par  Consalvi  et  soutenues  par 
rAutricfae  à  propos  du  Concordat  avec  l'Allemagne. 

L  animosité  des  Médiatisés  contre  la  Prusse  ne  diminue  pas 
et  tous  ces  Princes  récbment  le  rétablissement  de  l'En^pire 
german2r|ue  et  la  restitution  de  la  couronne  impériale  à  TEm- 
pereur  d*Autricbe. 


1120.  Vienne,  21  décembre  1^14  (F.  6.  51M  ad  3»U;. 

ROI  de  PRL'SSP:  au  Général  Lieutenant  V.    KIRKMTZ  .?i  (l. 

(k  Berlin;    analyse^    intercepU  . 

Le  Roi  est  entièrement  rétabli,  mais  il  a  des  craintes  pour 
Tavenir.  En  lui  accordant  sa  mise  à  la  retraite,  le  Roi  ajoute  : 
«  Je  suis,  Dieu  Merci,  entièrement  rétabli.  Mais  les  grandes 
afrairf:s  n'avancent  que  bien  lentement.  PourN-u  seulement  que 
tout  finisse  bien,  on  n'aura  pas  le  droit  de  se  plaindre.  > 


1121.  Vienne.  22  décembre  1«U  (F.  6.  5106  ad  3505i. 

LINDEN  au  ROI  de  WURTEMBERG  (in/erce^/a> 

(fraf^ment  d'un  chiffon). 

L'Autriche,  sur  le  point  de  rompre  avec  la  Prusse  et  la  Rus- 
sie^ a  le  plus  grand  intérêt  à  s'assurer  le  concours  des  forces 

1.  Plessen  (Léopjld,  baron  de),MLai8tre  d*Etal  et  plénipotentiaire  de  Meck- 
Icmboiirg-Schcwrin. 

2.  Je  n'ai  p-i  trouver  trace  d'un  généra!  de  ce  nom.  Peut-être  t'agit-il  là 
du  général  de  Minkwilz. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   717 

de  toute  rAllemagne,  ou  au  moins  des  états  de...  et  cela  le 
plus  tôt  possible. 


1122.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  6.  4901  ad  3565) 

HAGER  à  TEMPEREUR 
(Bordereau  et  rapport  journalier  du  24  décembre  1814). 

Liste  des  intercepta  des  22  et  23  décembre. 

En  outre  de  ceux  qu'il  a  paru  intéressant  de  reproduire  plus 
loin,  les  uns  in-extenso,  les  autres  en  résumé,  Hager  appelait 
l'attention  de  TEmpereur  sur  : 

1*  Deux  billets  de  Stein,  l'un  à  Capo  d'Istria,  l'autre  à  Klû- 
ber. 

2»  Une  note  de  Craufurd  (1)  à  Canning  (sir  Stratford) 
(l'invitant  à  faire  remettre  à  une  date  postérieure  au  1%  février 
la  réunion  primitivement  fixée  au  5  janvier,  parce  que  le  Co- 
mité des  affaires  suisses  n'aura  pas  terminé  son  travail  avant 
cette  date.  Mais  il  ne  faut  pas  qu'on  s'inquiète  pour  cela). 

3*  Hacke  à  Bernstorif  (envoi  de  la  copie  d'une  lettre  conG- 
dentielle  du  prince  de  Metternich  au  prince  de  Hardenberg  en 
date  de  Vienne  le  22  octobre  1814)  (2). 

4*  Addington  à  Canning  (Deux  envois  de  pièces  relatives 
au  Valais  et  au  Tessin). 

1.  11  s'ag^it  ici  de  Quintin  Craufurd,  délégpué  à  ce  moment  à  Paris  pour 
fixer  avec  le  g^ouvernement  français  le  mode  de  paiement  des  arrérages  de 
rente  perpétuelle  ou  de  rentes  viagères  dus  aux  créanciers  anglais.  Le  même 
qui  transmit  lé  29  avril  1815  à  lord  Gastlereagh  une  curieuse  lettre  de  M**  de 
Staël  en  date  du  23. 

Né  en  1743,  mort  en  1819,  venu  à  Paris  en  1780,  très  dévoué  à  la  famille 
royale  il  prit  une  part  active  à  la  préparation  de  la  fuite  à  Varenne  et  de 
toutes  les  tentatives  d'évasion.  Rentré  à  Paris  en  1792,  il  en  repartit  après  le 
10  août  et  n'y  revint  qu'après  la  paix  d'Amiens  et  grâce  à  ses  relations  avec 
Talleyrand  il  fut  le  seul  Anglais  autorisé  à  y  rester  (Cf.  Mémoire»  de  M'^*  du 
Hàusset  et  Mémoires  de  M"'  de  Mottevitle),  «  Un  Anglais,  dit  de  lui  FRéDÂRic 
Masson  à  Xàpoléon  et  ia  famille.  X,  p.  321  et  suivantes,  qui  avait  fait  fortune 
au  service  de  la  Compagnie  des  Indes,  mari  d'une  ancienne  danseuse  qui  pré- 
tendait que  ses  enfants  étaient  les  fils  d'un  duc  de  Wurtemberg....  grand  col- 
lectionneur de  tableaux  et  de  meubles  rares  qu'on  vendit  en  1820  après  sa 
mort.  Il  acheta  pour  800.000  francs  l'hôtel  de  Pauline  Borghèse,  y  compris 
les  meubles  qu'il  mit  à  part  pour  300.000  francs.  Peu  de  temps  après  l'hôtel, 
aujourd'hui  l'Ambassade  d'Angleterre,  fut  acheté  le  14  octobre  1814  par  le 
duc  de  Wellington  pour  le  gouvernement  anglais. 

2.  Cf.  d'AnoBDBRO,  1939-1941. 


718  Arron  du  coTiGiis  db  viexxe 

1123.  Vienne,  23  décembre  ltl4  (P.  i.  4901  ad  ?5«5  . 

SICCART  à  HAGER 

Marie-Louise,  les  portraits  de  Napoléon  et  les  armoiries  de  ses  roiCvres. 

Avant  d'aller  le  ii  aa  Palais  à  Vienne,  Marie-Louise  a  tiré 
de  son  armoire  deux  portraits  de  Napoléon,  dont  elle  a  fait 
cadea-j  à  M**  de  Brignole  qui  les  a  emportés  chez  elle,  les  a 
embrassés  en  pleurant  et  en  sanglotant  même  si  fort  que  tout 
le  monde  l'a  entendue.  Puis  elle  a  raconté  la  chose  à  Bausset 
qui  s'est  mis  dans  une  rage  telle  qu'aucun  domestique  n'a  osé 
entrer  chez  lui  bien  qu'il  ait  sonné  plusieurs  fois. 

La  gaieté  et  la  bonne  humeur  de  Marie-Louise  ont  été  re- 
marquées par  tout  le  monde.  Elle  a  donné  Tordre  de  changer 
les  armoiries  de  ses  voitures. 

Méneval  écrit  au  baron  Finot,  préfet  du  Mont-Blanc,  sous 
le  cou^rt  de  Crages  (?). 

(A  ce  rapport  était  joint  un  chiffon  insignifiant  signé  Thérèse 
et  trouvé  chez  M**  ds  Brignole.) 


1124.  Vienne,  33  décembre  1814  (F.  «.  4901  ad  3565». 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

Fontanelli  a  recule  20  la  visite  de  Tascher  et  de  Battaglia(l) 
avec  lesquels  il  a  travaiUé  et  écrit  une  partie  de  la  journée. 

1125.  Vienne,  23  décembre  1814  (F.  6.  4900  ad  3565). 

à  HAGER 

La  conspiration  de  Milan  et  les  projets  de  Murât. 

Guicciardi  m'a  parlé  de  la  conspiration  de  Milan  et  de  l'ar- 
restation de  Rasori  qu'on  croit  être  en  correspondance  avec 

1. 11  s'agit  là  ou  d'Antonio  Battaglia,  avocat  au  Conseil  d*Etat  (du  royaume 
d'Italie,  ou  plus  probablement  du  baron  Bataille,  aide  de  camp  du  prince  Eu- 
gène. 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE  ET   LA   POLOGNE      719 

de  hauts  personnages  à  Naples.  On  se  proposait  de  faire  éclater 
une  révolution,  dès  que  Joachim  viendrait  soutenir  par  les 
armes  la  cause  des  Italiens  et  les  aider  à  secouer  le  joug  des 
Autrichiens. 


1126.  Vienne,  23  décembre  1814  (F.  6.  4901  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Nouvelles  relatives  à  l'oripanisation  de  la  Suisse. 

L'organisation  de  la  Suisse  avance  (1).  Le  pacte  fédéral,  qui 
doit  sanctionner  la  réunion  des  treize  cantons,  est  fixé  et  les 
puissances  sont  d'accord  sur  ce  point.  Les  Ligues  Grises  récu- 
pèrent la  Valteline,Chiavenna  et  Bormio,  que  Bonaparte  avaient 
jadis  réunis  à  la  Cisalpine. 


1127.  Vienne,  33  décembre  1814  (F.  6.  4901  ad  3585). 

GCEHAUSEN  à  HAGER 

Renseignements  sur  Veith,  homme  de  confiance  d'Hardenberg, 

et  ce  que  Ton  a  réussi  à  en  tirer. 

Hardenberg  a  à  son  service  un  nommé  Veith,  d'Ansbach  un 
ancien  soldat,  agent  secret  depuis  1806,  homme  de  confiance 
et  garçon  de  chancellerie  de  Hardenberg  et  qui  a  1.000  thalers 
d'appointements.  Il  a  dit  dernièrement  à  un  de  mes  agents, 
qui  a  pu  gagner*  sa  confiance  en  se  faisant  passer  pour  un  an-» 
cien  officier  prussien,  que  la  Prusse  ne  poussera  pas  à  Tex- 
trême  l'affaire  de  Saxe.  «  Nous  ne  sauvions,  a-t-il  dit,  soute- 
nir une  nouvelle  guerre,  vu  que  l'Angleterre  ne  nous  donne 
plus  de  subsidis.  Nous  demandons  beaucoup,  c'est  fort  natu- 
rel, mais  nous  sommes  tout  prêts  à  négocier  et  à  en  rabattre.  » 

On  affirme  d'autre  part  que  Jordan  aurait  reconnu  que  la 
Prusse  était  poussée  par  la  Russie,  qu'on  ne  se  dissimulait  pas 
rinjustice  à  laquelle  on  était  obligé  de  se  prêter.  Il  a  ajouté 
que  tout  s'arrangerait  parce  que  la  Prusse  n'était  pas  en  état 
de  supporter  une  nouvelle  guerre. 

].  Cf.  d'ÀMGBBBRO,  528-531  ;  537-539  ;  544-553,  560. 


720  AUTOUR   DU  CONGRÈS    DE   VIEXRB 

1128.  Vienne,  33  décembre  1814  (F.  6.  4900  ad  3M5). 

©  ®  à  HAGER 

Ce  qu'on  a  fait  dire  et  entendu  dire  à  Dalberg  la  reille. 

Voici  le  résumé  de  tout  ce  que  j*ai  pu  savoir  hier  par  et  chez 
Dalberg. 

Talleyrand  a,  parait-il,  combiné  avec  les  Russes  un  nouveau 
partage  du  Grand-Duché  de  Varsovie  entre  la  Russie,  la  Prusse 
et  l'Autriche.  La  Wartha  sera  la  frontière  de  la  partie  attri- 
buée à  la  Prusse.  Cet  accord  réglerait  les  questions  de  Saxe 
et  de  Pologne. 

La  réponse  qu'Hardcnberg  a  faite  à  Metternich  au  sujet  de 

.  la  Saxe  le  21  décembre  (1)  renvoie  le  prince  à  sa  lettre  du 

22  octobre,  dans  laquelle  1* Autriche  consentait  à  Tincorporation 

de  la  Saxe  à  la  Prusse,  sous  la  condition  d'attribuer  au  Roi  de 

Saxe  un  établissement  sur  le  Rhin. 

Metternich  nous  (à  la  France)  a  communiqué  la  réponse 
d'Hardenberg.  Nous  avons  donné  à  Castlereagh,  à  Wrede,  à 
Schulenburg,  à  Metternich,  à  Hardenberg  un  résumé  de  Tétat 
des  affaires  en  même  temps  que  nous  avons  porté  à  leur  con- 
naissance le  projet  du  nouveau  partage  du  Grand-Duché  de 
Varsovie,  grâce  auquel  on  règle  du  même  coup  tout  ce  qui  a  • 
trait  à  la  Saxe.  Une  commission  du  Congrès  sera  chargée  de 
régler  la  question  contradictoiremcnt  avec  la  Prusse  qui,  après 
avoir  reçu  sa  part  dans  le  nouveau  partage,  n'aura  plus  aucun 
droit  à  l'obtention  d'autres  compensations. 

Il  parait  de  plus,  toujours  d'après  le  dire  de  Dalberg,  qu*au 
moment  même  où  la  tension  était  le  plus  aiguë  entre  Harden- 
berg et  Metternich,  celui-ci  lui  aurait  écrit  une  lettre  particu- 
lière, dans  laquelle  il  se  laissait  aller  à  de  violentes  attaques 
contre  Alexandre  (2).  Hardenberg,  comme  il  était  aisé  de  le 
prévoir,  s^empressa  de  porter  de  suite  le  billet  à  l'Empereur 
de  Russie,  qui  lit  aussitôt  appeler  Metternich,  avec  lequel  il  eut 
une  scène  encore  plus  orageuse  que  les  précédentes  (1).  Il  ré- 

1.  Il  s'agit  évidemment  de  la  note  d'Hardenberg  datée  du  16  décembre  ei 
remise  à  Metternich  le  20.  Cf.  d'AifGBBBRO,  531  et  1952-1961. 

2.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Vienne,  15  décembre  1814,  (Dépêche  n»16(PAL- 
LAiN.  Correspondance  inédite,  181-182)  et  Gbmtz.  Tagebûcher^  339,  lundi  12  dé- 
cembre, «  Grands  orages  politiques  ». 


l'ouverture   du  congrès.  —   LA   SAXE  ET   LA  POLOGNE      721 

suite  de  tout  ceci,  d'après  ce  que  je  viens  d'apprendre,  qu'on 
travaille  plus  vivement  que  jamais  au  remplacement  de  Met- 
ternich  par  Wessenberg.  Ce  dernier  est  du  reste  bien  mieux 
que  Mettemich  au  courant  de  ce  qui  se  passe  et  de  ce  qui  s'est 
passé  au  Congrès.  Un  pareil  choix  sera  favorablement  accueilli 
par  toute  l'Europe  et  les  affaires  marcheront  mieux. 

Dalberg  s'est  répandu  en  éloges  sur  le  compte  de  Wessen- 
berg. 

Il  m'a  dit  encore  :  «  L'Empereur  de  Russie  a  la  tête  un  peu 
à  l'envers,  le  cerveau  détraqué  tout  comme  feu  l'Empereur  Paul. 
Il  finira  comme  son  père...  » 


1129.  Vienne,  21  décembre  (F.  6.  4901  ad  3505). 

CAPO  D'ISTRIA  à  STEIN  {intercepta  pris  chez  Stein). 

Nous  serons  à  une  heure  chez  Votre  Excellence.  Ainsi  je  me 
conformerai  à  vos  ordres  et  profite  de  cette  occasion  pour  vous 
remettre,  Monsieur  le  Baron,  les  papiers  concernant  la  Cons- 
titution des  villes  libres  de  Cracovie  et  de  Thorn. 


1130.  Vienne,  32  décembre  1814  (F.  6.  4901  ad  3565). 

CASTLEREAGH  à  TALLEYRAND  {intercepta)  (en  français) 

(analyse). 

Admission  de  la  France  à  la  commission  de  statistique. 

Le  prince  a  désiré  —  Castlereagh  Ta  appris  par  son  frère 
Lord  Stewart  —  que  la  France  soit  représentée  à  la  Commis- 
sion de  Statistique.  Il  s'est  fait  un  plaisir  de  transmettre  ce 
désir  à  ses  collègues  qui  se  sont  empressés  d*y  faire  droit  (1). 

1.  Cf.  d'AifOBBBRO,  661-568.  Instruction  proposée  par  le  Prince  de  Metter- 
nich  pour  les  Plénipotentiaires  de  la  commission  de  statistique,  etc.,  etc., 
Vienne,  24  décembre  et  procès- verbal  de  la  première  séance  de  la  commission  de 
statistique  le  24  décembre  1814. 

T.  I.  46 


722  AUTOUR    DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

1131  •  Vienne,  33  décembre  1S14  (F.  C.  4M1  ad  8M5). 

STEIN  à  HARDENBERG  {intercepta)  (en  françai»). 

Communications  et  explications  relatives  à  Tamopol. 

Je  VOUS  envoie,  cher  prince,  les  détails  sur  Tamopol  que  la 
Russie  cède  à  T Autriche.  Celle-ci  gagne  par  là  :  1*  la  commu- 
nication entre  la  Bukovine  et  la  Galicie  ;  î*»  im  pays  qui  a  de 
superbes  pâturages  pour  les  haras  et  troupeaux  de  bétail  ; 
3«  le  cours  du  Dniester  ;  4»  la  sûreté  pour  Léopol  (Lemberg), 
dont  Tamopol  n'est  éloigné  que'de  sept  heures  ;  5*  Tapprovi- 
sionnement  de  Léopol  qui  tire  ses  denrées  du  cercle  de  Tamopol. 

N.  B.  —  Avec  les  mémoires  relatifs  aux  parties  de  la  Gali- 
cie qui,  d'après  la  décision  prise  dans  la  conférence  du  24  fé- 
vrier-S  mars  1810,  doivent  être  cédées  définitivement  à  la 
Russie  (1). 


1182.  Vienne,  31  décembre  1814  (F.  0.4901  ad  S565). 

ROSENCRANZ  au  Comte  SCHIMMELMANN  (à  Copenhague) 
(sous  couvert  à  Macke,  à  Hambourg)  (intercepta)  (en  français). 

La  crise  dure  encore,  mais  tire  à  sa  fin.  Le  roi  de  Wurtemberg  est  le  seul 

dont  le  départ  soit  fixé. 

Je  m'étais  proposé  de  renvoyer  Tun  des  courriers  ce  soir  ; 
mais  le  Roi  a  trouvé  bon  de  suspendre  l'expédition  jusqu'à  de- 
main ou  après-demain.  Comme  il  se  trouverait  donc  que  Votre 
Excellence  resterait  trop  longtemps  privée  de  nos  nouvelles, 
j'ai  cru  de  mon  devoir  de  l'informer  que  la  crise  dans  les  né- 
gociations dure  encore,  mais  qu'elle  paraît  effectivement  s'ap- 
procher de  son  terme. 

Après-demain,  on  fêtera  le  jour  de  naissance  de  l'Empereur 
de  Russie.  Le  roi  de  Wurtemberg  partira  tout  de  suite  après 
Noël.  Mais  jusqu'ici  il  n'y  a  encore  rien  de  fixé  quant  au  dé- 
part des  autres  souverains. 

Le  Roi  se  porte  parfaitement  bien. 

J'ai  l'honneur  d'être,  etc.. 

1.  Cf.  Traité  de  Lemberg  signé  le  19  mars  1810. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   723 

1133.  Viean«,  23  décembre  1814  (F.  d.  4901  ad  3565;. 

...    à  HAGER  (intercepta)  (en  français). 
État  de  fituatton  de  l'armée  russe. 

Le  dernier  courrier  arrivé  de  Varsovie  a  apporté  la  situation 
générale  des  forces  militaires  de  la  Russie,  fin  novembre,  dont 
le  nombre  monterait  à  550.000  hommes^  chiffres  quime  semblent 
fort  exagérés. 

Deux  divisions  en  Finlande, 

La  garde  à  Saint-Pétersbourg. 

Le  corps  des  grenadiers  a  été  augmenté  de  6  régiments  de 
chasseurs  formant  maintenant  3  divisions  et  est  cantonné  entre 
Riga  et  Mittau. 

La  Grande  armée  (sous  les  ordres  de  Barclay  de  Tolly),  quar- 
tier général,  Varsovie,  7  corps  d'armée  à  Vilna,Kovno,  Grodno, 
Brest-Litewski,  Varsovie,  Lublin  et  Cracovie. 

L'armée  de  Bennigsen  (2  corps  d'armée)  (quartier  géné- 
ral Kamenetz  Podolsk).  Les  corps  à  Dubno  et  Kamenetz  Po- 
dolsk. 

Un  corps  d'observation  contre  les  Turcs  à  Bender. 

L'armée,  que  commandait  auparavant^Bennigsen,  composée 
de  bataillons  et  d*escadrons  de  réserve,  est  incorporée  dans 
la  Grande  armée  de  Barclay  de  ToUy.  La  force  des  bataillons 
a  été  portée  à  1.060  hommes  répartis  entre  six  compagnies. 
D'après  ce  rapport,  il  doit  y  avoir  encore,  après  Taugmenta-^ 
tion  des  bataillons,  de  1.000  à  1.200  hommes  de  surcomplet 
par  régiment  et  Barclay  de  ToUy  aurait  demandé  s'il  fallait 
renvoyer  le  surcomplet  dans  les  dépôts. 


1134.  Londres,  27  novembre  1814  (F.  6.  4901  ad  8565). 

LIEVEN  à  NESSELRODE  [intercepta)  (en  français). 

L'arrestation  de  lord  Oxford.  Lady  Oxford  maltrdsse  de  Joachim.  But  du 
voyage  de  lord  Oxford  à  Londres  et  insuccès  de  sa  mission.  Explications 
données  par  le  gouveruenDnt  finançais.  InterventioQ  de  Wellington.  Les 
oégoeiations  de  Gand.  Probabilité  d'une  loluUoo  favorable  et  prochaine. 

Votre  Excellence  aura  été  informée  de  l'arrestation  de  lord 
Oxford  près  de  Paris  et  de  la  saisie  de  ses  papiers  par  les  agents 


724  AUTOUR   DU   CO'GRÉS   DE   VIENNE 

de  la  police  française.  Je  crois  devoir  ajouter  aux  rapports,  qui 
en  auront  été  faits  directement  de  Paris  à  Votre  Excellence, 
les  derniers  que  j'ai  recueillis  ici  sur  cet  événement. 

Lord  Oxford  est  établi  à  Naples  depuis  assez  longtemps.  U 
est  dans  l'intimité  la  plus  grande  delà  Cour, et  sa  femme, bien 
connue  pour  ses  galanteries  et  son  esprit  d*intrigue,  passe  pour 
être  la  maîtresse  de  Joachim.  Celui-ci  a  profité  de  sa  liaison 
pour  attirer  ce  Seigneur  anglais  dans  son  parti  et  dans  la  vue 
de  servir  en  même  temps  les  intérêts  de  son  amour  et  de  sa 
politique,  il  avait  engagé  lord  Oxford  à  se  rendre  en  Angle- 
terre pour  travailler  sur  l'esprit  du  Gouvernement  en  sa  faveur. 
Lord  Oxford  s'y  est  prêté  avec  d'autant  plus  d'empressement 
qu'il  espérait,  s'il  réussissait  dans  sa  négociation,  obtenir  le 
poste  de  Ministre  à  Naples. 

11  est  arrivé  en  Angleterre  au  mois  d'août  dernier^  s'est  an- 
noncé auprès  du  Ministre  comme  chargé  par  le  Roi  Joachim 
de  plaider  sa  cause  auprès  du  Gouvernement.  11  a  eu  à  ce 
sujet  plusieurs  conférences  avec  les  ministres  et  même  une 
audience  avec  le  Prince  Régent.  Mais  toutes  ces  ouvertures  se 
sont  bornées  à  assurer  le  Gouvernement  du  dévouement  du  Roi 
Joachim  à  l'Angleterre  et  de  sa  haine  pour  Napoléon.  Ces  deux 
protestations,  qui  n'étaient  appuyées  d'aucune  preuve,  n  ont 
pas  paru  des  titres  à  l'attention  du  ministère,  et  la  soi-disant 
mission  de  lord  Oxford  a  échoué  faute  de  moyens  de  la  sou- 
tenir. 11  s'en  retournait  à  Naples  par  Paris,  lorsqu'il  fut  arrêté 
par  la  police  à  quelques  lieues  de  cette  capitale  et  dépouillé  de 
toutes  les  lettres  dont  il  était  porteur. 

Le  Gouvernement  français  allègue  en  justification  de  ce  pro- 
cédé qu'il  avait  été  informé  que  lord  Oxford  était  muni  de 
beaucoup  de  lettres  particulières  et  comme  il  existe  une  loi 
particulière  à  ce  sujet  afin  que  les  voyageurs  ne  portent  pas 
atteinte  aux  revenus  des  postes,  il  avait  ordonné  la  saisie 
des  lettres  dont  il  était  muni  en  contravention  de  cette  loi,et, 
qu'en  outre  le  gouvernement  avait  lieu  de  suspecter  lord  Oxford 
de  favoriser,  par  intention  ou  par  ignorance,  des  correspon- 
dances entre  des  officiers  français  et  le  Roi  Joachim. 

Le  duc  de  Wellington,  sous  la  protection  duquel  lord  Oxford 
s^est  mis  après  cet  événement,  ne  s'est  pas  contenté  de  deman- 
der des  excuses; il  a  demandé  une  explication  de  l'outrage  com- 
mis sur  la  personne  d'un  seigneur  anglais. 

La  réponse  du  Gouvernement  français  n'avait  pas  encore 


l'ouverture   du   congrès.    —   LA    SAXE   ET    LA   POLOGNE      725 

été  remise  au  duc  de  Wellington  au  moment  où  il  en  a  rendu 
compte  au  Ministère. 

Lord  Oxford  est  un  homme  d'un  esprit  très  borné.  Il  s'est 
toujours  trouvé  dans  l'Opposition  ;  mais  à  son  dernier  séjour 
en  Angleterre  il  a  adhéré  au  parti  de  l'Administration  et  a 
même  remis  en  partant  son  vote  au  Parlement  à  lord  Bathurst. 
J'ai  eu  connaissance  dans  le  temps  du  motif  de  son  arrivée  en 
Angleterre,  mais  je  n'ai  pas  jugé  qu'il  valût  la  peine  d'en  faire 
mention  à  Votre  Excellence,  ayant  appris  en  même  temps  que 
le  Ministère  n'avait  prêté  aucune  attention  aux  tentatives  in* 
signifiantes  de  lord  Oxford. 

Les  négociations  de  Gand  se  poursuivent  avec  une  grande 
activité.  Le  cabinet  de  Saint-James  s'en  occupe  sans  relâche 
depuis  la  clôture  du  Parlement  et  paraît  nourrir  l'espoir  d'une 
prochaine  et  favorable  issue. 

1135.  Vienne,  25  décembre  1814  (F.  0.  5119  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  25  décembre  1814. 

Intercepta  (Cabinet  noir)  du  23  décembre.  A  signaler  parmi 
ces  pièces  : 

Humboldt  à  Vera  (13  décembre).  (Les  réclamations  du  Prince 
Ludovisi  Buoncompagni  sur  l'tle  d'Elbe  lui  paraissent  fort 
justes.  Comme  il  ne  s'occupe  pas  des  affaires  d'Italie,  il  les 
transmettra  et  recommandera  à  qui  de  droit.) 

Gastlereagh  à  Munster  (23  décembre)  (en  anglais).  (Dans 
Tétat  actuel  des  affaires  il  parait  sage  et  utile  de  garder  sur 
pied  et  de  maintenir  sur  place  les  15.000  hommes  de  troupes 
hanovriennes  stationnées  dans  les  Pays-Bas.  Le  Hanovre  devra 
naturellement  pourvoir  à  leur  entretien  jusqu'à  ce  qu'on  ait 
réglé  le  nouveau  statut.) 

1136.  Vienne,  24  décembre  1814  (F.  «.  5119  ad  3565). 

....  à  HAGER 
Intercepta  pris  chez  Castlereagh. 

27  pièces  envoyées  à  la  Manipulation  le  23  et  le  24  malgré 
la  difficulté  que  présente  l'opération. 


726  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENIIE 

1137.  Vienne,  U  dteembre  1814  (F.  0.  511f  ad  IM»). 

....  à  HAGER 
EtAt  des  esprits  en  Prusse. 

Bien  que  dans  l'entourage  des  Ministres  prussiens  on  per- 
siste à  dire  que  rien  ne  saurait  décider  la  Prusse  à  renoncer 
à  la  Saxe,  il  semble  au  contraire  que  Tesprit  public  en  Prusse 
soit  nettement  oposé  à  un  conflit  armé  avec  TAutricbe. 


1188.  Vienne,  34  décembre  1814  (F.  6.  bllS  ad  35«5  . 

....  à  HAGER 

Il  a  été  absolument  impossible  d'intercepter  les  dépèches 
envoyées  par  Hardenberg  à  Castlereagh,  parce  qu'il  les  a  fait 
porter  d'urgence  par  un  des  secrétaires  de  1* Ambassade. 


1139.  Vienne,  24  décembre  1814  (F.  6.  5119  ad  35^5). 

.•..  à  HAGER 

Le  prince  royal  de  Wurtemberf  et  son  mariage. 

Le  Prince  royal  de  Wurtemberg,  qui  a  été  alité  pendant  trois 
jours,  a  passé  tout  l'après-midi  d*hier  chez  la  Grande-Duchesse 
d^Oldenburg.  11  parait  que  le  Saiat-Synode  a  aplani  toutes  les 
difficultés  relatives  du.  mariage. 


1140.  Vienne,  24  décembre  1814  (F.  6.  5119  ad  SMS). 

...    à  HAGER 

Le  billet  signé  Thérèse.  Les  promenades  de  Marie-Louise  avec  Neipperg. 

Le  billet  signé  Thérèse  est  de  la  main  de  la  femme  de 
chambre  française  de  Marie-Louise  et  était  adressé  à  un  baron 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA    SAXE   ET   LA   POLOGNE      727 

Verne ts    (i),    qui  ferait  partie  de  la  Légation    de    France. 
Neipperg  et  le  vice-roi  sont  venus  rendre  visite  à  Marie- 
Louise  qui  s'est  promenée  dans  Taprès-midi  du  côté  d'Het- 
zendorf  avec  Neipperg  et  M**  de  Montesquiou. 


1141.  VienM,  34  décembre  1814  (F.  6.  6109  ad  8665). 

e©  à  HAGER 
Neipperg^  et  Marie- Louise.  Le  roi  de  Rome.  Bruit  de  départ  de  Castlereagh. 

Le  D'  Franck  (2),  qui  soigne  la  princesse  Fûrstenberg,  y  a 
raconté  que  Neipperg  faisait  une  cour  assidue  à  Marie-Louise 
qui  le  trouve  très  à  son  goût,  ce  qui  désole  son  entourage 
français. 

Le  docteur  a  dit  aussi  que  le  petit  Napoléon  est  un  enfant 
méchant  et  surtout  très  entêté. 

Lord  Castlereagh  a  annoncé  hier  qu'il  retournerait  en  An- 
gleterre au  commencement  de  février  et  qu'il  abandonnerait  le 
Congrès  à  son  sort  si  jusque-là  tout  n'était  pas  fini. 


1142.  Vienne,  34  décembre  1814  (P.  6,  6«09  ad  3366). 

,.,.  à  HAGER 

EfTet  produit  par  les  brochures  sur  la  Saxe  et  la  IVusse. 

La  brochure  :  Sachsen  und  Preussen  faite  en  réponse  à  la 
brochure  prussienne  :  Preussen  und  Sachsen  fait  beaucoup 
d'effet. 


1143.  Vienne,  23  décembre  1814  (F.  6.  5109  ad  3665). 

HEILMANN  à  son  père  {Intercepta)  (Analyse). 
Les  paroles  de  Capo  d'Istria  lui  donnent  bon  espoir. 

Il  déplore  les  lenteurs  et  les  difficultés  qu'on  rencontre.  Il  a 
cependant  bon  espoir  surtout  après  la  conversation  qu'il  a  eue 

1.  Peut-être  s'agit-il  là  de  Vernégues. 

2.  Le  docteur  était  à  ce  moment  l'un  des  plus  cprands  médecins  de  Vienne. 


728  AUTOL-m  DU  oo^oila  db  yies^ke 

mrec  Capo  d'I  stria  qui  a  oonclu  en  disant  :  c  Noos  vous  prépt- 
rons  une  agréable  surprise.  Autant  que  cela  pourra  se  faire,  on 
prendra  tos  droits  en  considération.  » 


1144.  Vienne,  34  décembre  1814  (F.  «.  4SJ7  ad  SM»). 

RATOLISKA  à  STRASSOLDO   à  Bolopnel  (1)  {InUrcepW 

'analrse^. 

Reproches  qu'on  adresse  à  Castiglioni.  Rôle  qu'on  doit 

lui  auî^er  à  rarenir. 

On  reproche  à  Castiglioni  (i)  d  avoir  contrevenu  à  ses  ins- 
tructions en  se  faisant  connaître  aux  ministres  toscans  et  an 
Grand-duc.  Il  a  également  enfreint  les  instructions  relatives  à 
la  correspondance  d'Élisa  avec  diverses  personnes  de  Toscane 
et  de  Lucques  et  dont  il  a  parlé  encore  aux  ministres  toscans. 

Les  renseignements  sur  Livourne  et  Tlle  d*Elbe  transmis 
par  Castiglioni  ne  sont  pas  de  lui,  mais  du  vice-consul  d'Au- 
triche à  Ijvoume,  Tausch. 

Strassoldo  ne  devra  plus  employer  Castiglioni  qu'à  des 
missions  à  Tintérieur  et  le  charger  seulement  de  la  tenue  des 
registres  et  des  étatsl 

(Joint  à  cette  pièce  un  grand  rapport  de  Castiglioni,  de  Bo- 
logne le  6  décenibre  1814,  sur  le  projet  de  Mariotti  d'enlever 
Napoléon  de  Tlle  d'Elbe,  ainsi  que  Ténumération  et  l'exposé 
des  ordres  que  lui  a  donnés  Strassoldo. 


1.  Slrassoldo  (Jules,  comte),  conseiller  J.  et  R.  de  gourememeni  ei  d'inten- 
dance, enrojré  en  mai  1814  à  Parme  pour  en  prendre  possession  an  nom  de 
Marie-Louise,  en  qualité  de  commissaire  impérial  et  transféré  quelques  mois 
plus  tard  à  Bolo^e  en  cette  même  qualité  pour  y  assurer  la  réorganisation 
administrative  des  départements  du  Ileno,  du  Bas- Pô  et  du  Rublcon. 

2.  11  ne  peut  s'a^r  ici,  ni  du  comte  Alfonso  Castiglioni,  chambellan  de 
l'Empereur  depuis  1776,  l'un  des  chefs  du  parti  autrichien  à  Milan  ei  qui  Ht 
partie  de  la  députation  envoyée  à  Vienne  en  septembre  1814«  ni  dn  comté 
Louis  qui  avait  été  sénateur,  ni  du  comte  Charles-Octave,  le  fameux  ar- 
chéologue. 


l'ouverture  du  congrès.  —   LA    SAXE   ET   LA   POLOGNE      729 
1145.  Vienne,  26  décembre  1814  (F.  6.' 4902  td  S56S). 

HAGER  à  TEMPEREUR  (F.  6.  5123  ad  3565). 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  26  décembre  1814. 

Il  appelle  son  attention  sur  un  billet  de  la  Comtesse  Wrbna  à 
Stein  (l),qui  explique  la  nature  de  ses  relations  avecStein  et 
son  Empereur,  puis  sur  les  dires  d'Anstett  (2),  enfin  sur  la 
proclamation  (vraie  ou  apocryphe)  du  grand-duc  Constantin 
aux  anciens  officiers  polonais  (3), 


1146.  Vienne,  21  décelhbre  1814  (F.  6.  4902  ad  UCI). 

....  à  HAGER 

A  signaler  parmi  les  intercepta  :  une  lettre  du  24  décembre 
du  conseiller  Piquot  sur  les  conditions  de  la  cession  de  Gênes 
à  la  Sardaigne  et  une  autre  de  Linden  à  Capo  d'Istria  (le  roi 
de  Wurtemberg  le  verra  à  deux  heures  chez  Wintzingerode). 


1147.  Vienne,  25  décembre  1814  (F.  6.  4902  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER 

Les  cadeaux  du  roi  de  Wurtemberg.  Nouvelles  du  Congréa. 
Alexandre  et  le  prince  Eugène. 

On  ne  parle  que  de  la  magnificence  des  cadeaux  faits  par  le 
roi  de  Wurtemberg  au  prince  Trauttmansdorif,  au  landgrave 
Fûrstenberg  (4)  (que  j'ai  vu  et  estime  valoir  2.000  florins),  à 
la  garnison  de  Vienne^  aux  gardes^  fonctionnaires  et  gens  de 
service  du  Palais. 

1.  Cf.  pièce  1154. 

2.  Cf.  pièce  1151. 

3.  Cf.  pièce  1152. 

4.  Fûrstenberg  (Frédéric-Gharles-Jean-Népomucène-Egon,  Landgrave)  né 
en  1774,  chef  à  ce  moment  de  la  branche  autrichienne  de  la  famille  Fûrsten- 
berg et  dont  les  possessions  sont  situées  en  Moravie  et  dans  la  Basse-Au- 
triche. 


730  AUTOUR  DU  co>'{;rès  de  vienne 

On  a  affirmé  hier  soir  chez  Pûrsienberg  que  le  Congères  allait 
prendre  une  autre  allare.  La  Saxe  est  consenrée  (1).  La  Pmsse 
aura  Berg,  Juliers  et  d'autres  ag^ndissements  en  Allemagne. 

Comme  Castlereagh,  TaUe jrand  parle,  lui  aussi^  de  partir  fin 
janvier. 

Alexandre  continue  à  se  promener  tous  les  jours  bras  des- 
sus, bras  dessous,  à  pied  avec  le  prince  Eugène. 


1148.  Vienne,  25  décembre  1814  (F.  6.  4903  ad  S565). 

....  à  H.\GER 

Envoi  de  Beguelin  à  Neufchàtel. 

Le  Conseiller  d'Etat  prussien  Beguelin  désigné  pour  le  poste 
de  gouverneur  de  Neufchfttel  doit  s'y  rendre  sous  peu.  (Rap- 
port de  chez  Hardenberg). 


1149.  Vienne,  35  déoembre  1814  (F.  6.  4901  ad  SMS). 

....  à  HAGER 
L'indisposition  de  Wrede. 

Wrede  a  encore  été  en  proie  depuis  le  21  à  une  assez  dou- 
loureuse indisposition  causée  par  ses  blessures  et  le  D'  Franck 
vient  le  voir  deux  fois  par  jour» 


1150.  Vienne,  25  décembre  1814  F.  6.  4903  ad  3585). 

....  à  HAGER 

Les  parties  fines  du  |praad-duc  de  Bade.  Le  prince  Eugène 

et  Séraphine  LambeK. 

Il  y  a  eu  le  23  chez  le  grand  écuyer  von  Geusau  une  partie 
fine  organisée  par  ordre  du  grand-duc  de  Bade  et  du  prince 
héritier  de  Hesse-Darmstadt. 

1.  Cf.  Talleyrand  an  roi.  Vienne,  38  déoembra   1814.  Dépêche  N*  18  (Pak- 
LAiM,  CorretpondBnee  inédite,  etc.,  page  197-308). 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE   ET   LA   POLOGNE      731 

Le  prince  Eugène  a  passé  toute  la  soirée  du  24  chez  Séra- 
phine  Lambert. 


1151.  Vienae,  25  déMmbr«  1814  (F.  ••  4903  ad  dM&). 

....  à  HAGER 

Raisons  pour  lesquelles  Anstett  continue  à  être  pessimiste.  Alexandre  mène 
la  politique  russe.  Pourquoi  Gastlereagh  s'est  entendu  avee  Mettornioh. 

Anstett  continue  à  voir  les  choses  très  en  noir  parce  qu'A- 
lexandre, gui  a  fait  et  fera  des  concessions  sur  la  Pologne,  ne 
consentira  jamais  à  abandonner  la  Prusse  dans  la  question  de 
la  Saxe.  Il  a  ajouté  que  la  Prusse  et  la  Russie  (1)  discutent  la 
chose  avec  Castlereagh  et  que  du  reste  aucun  des  trois  repré- 
sentants de  la  Russie  au  Congrès  n'a  le  droit  de  dire  quoi  que 
ce  soit.  Alexandre  seul  mène  et  décide  tout. 

Castlereagh  est  maintenant  entre  les  mains  de  Mettemich 
et  on  est  arrivé  à  ce  résultat  en  faisant  soutenir  au  Parlement 
la  cause  de  la  Saxe  par  TOpposition. 


1152.  Vienne,  24  décembre  1814  {P.  8.  4902  «d    685). 

....  à  HAGER 
L'ordre  du  jour  du  grand-duo  Constantin.  Préparatifs  militaires  des  Russes. 

Le  grand-duc  Constantin  a,  affirme-t-on,  lancé  un  ordre 
du  jour  enjoignant  à  tous  les  officiers  polonais  en  congé  ainsi 
qu'à  ceux  qui  ont  quitté  le  service^  à  la  suite  de  la  campagne 
de  1812,  d'avoir  à  rejoindre  et  à  se  présenter  dans  le  plus 
bref  délai. 

Les  Russes  forment  sans  cesse  de  nouveaux  magasins  en 
Pologne  et  en  établissent  même  aux  environs  et  à  proximité 
de  Cracovie. 

1.  Cf.  d'Ai«OBBBfto,  1858-1880.  Conférence  du  29  déoeminv.  ibidem.  1889- 
1874.  Conférence  du  30  décembre,  et  579-582.  Note  dv  oomie  de  Ifetselrode 
du  81  décembre  1814  contenant  les  idées  de  la  Riiseie  sor  les  moyeae  propres 
à  fixer  les  rapports  entre  les  Etats  et  à  eonsommer  roMnrre  de  la  paix. 


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1  :  »  riv: 


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«  •  • 


cc=:=ûs«ûi--^.  Il  *«c:  .^r^iiKZrîr    i'^^z^l  i  V*:iise  ^sl   1S03  et 


V  ^tâii  $i-^u5.-ir.:*  hier  et  i*  rais  laêci*  ezci^rff  a:i;<o:iriliai, 

n:;>:5.  >  c»as4crçrai  zioa  oremicr  instant  de  bbertê.  Si  de- 
TXtàizi  izT^^ZàCz^,  ro-13  avez  un  instant.  Tenez  à  rhenre  haï»- 
iz^, At,  Si  vo:l5  te  pouvez  pas  rcnir  deasain.  veaex  aojoardliTiL. 
Mais  je  3çe:ai  obligée  de  partir  de  bonne  heure  pcmr  me  rendre 
U  o^  perit-^tre  b;ea  l'Empereor  ne  m'attend  pas.  mais  où  fl 
me  tro:ivera.  Je  t>us  aime  bien. 


eeisï^e  1»I4    .4c<e%  der  PoUs£i  Hcf§teîie.  F.  5**.  4711  ès  ÎT  dêombre  M14 
%.  Je  a'u  do:x  pfts  juiqa'à  cette  bom  joû  en  i^oi  qae  ce  soÊI  dn  pècbè. 


l'ouverture   du  congrès.  —    LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      733 


1155.  Saint-Pétersbourg,  17-18  décembre  1814  (F.  «.  4903  ad  3565). 

Anonyme  à  la  Princesse  BAGRATION  {Intercepta)  (en  français). 

Le  correspondant  se  ralie  au  jugement  du  prince  de  Ligne  sur  le  Congrès. 
Alexandre  aurait  dû,  au  lieu  de  négocier,  imposer  ses  volontés  à  l'Europe. 

Je  suis  entièrement  de  votre  avis  et  encore  plus  :  «  Que 
tout  ce  dont  on  est  forcé  de  s'apercevoir,  on  aurait  bien  pu 
se  donner  la  peine  de  le  prévoir  d'avance.  »  Il  est  étonnant 
qu'avec  autant  d'esprit,  de  connaissance,  de  lumière  et  d'ex- 
périence, on  ne  se  rappelle  jamais  que  le  passé  (sic)  et  on  ne 
veuille  pas  pressentir  l'avenir.  Que  le  Ciel  fasse  que  cette  nou- 
velle réunion  des  Géants  de  la  terre  ne  renouvelle  pas  l'exem- 
ple de  la  Tour  destinée  à  escalader  le  Ciel  1 

Je  me  tiens  à  l'avis  de  votre  prince  octogénaire  (1),  dont 
l'esprit  jeune  et  juste  a  tracé  en  grand  peintre  le  portrait  du 
fameux  Congrès  de  Vienne,  en  disant  qu'il  danse  et  ne  marche 
pas.  Combien  je  regrette  que  notre  auguste  et  magnanime  Em- 
pereur^ le  plus  puissant,  non  seulement  par  sa  puissance,  mais 
plus  encore  par  ses  sentiments  et  sa  grande  ftme,  qui  a  tant 
fait  pour  le  bonheur  de  l'Europe^  n'ait  pas  voulu,  au  lieu  de 
le  négocier,  le  commander  lui-même.  Cela  était  certainement 
mieux  et  le  plus  sûr. 

Travaillons  maintenant  à  faire  entendre  aux  sourds,  à  rendre 
philanthropes  les  élèves  de  Mars,  muets  les  canons  et  à  mettre 
d'accord  les  dissidents.  La  Providence,  qui  souvent  d'ime  main 
invisible  et  cachée  mène  les  événements  de  ce  bas  monde,  le 
hasard  ou  la  peur,  qui  commanda  naguère  la  réunion  et  la  bonne 
harmonie  de  tant  de  braves,  peuvent  encore  nous  accorder  des 
succès  inespérés.  Mais  il  faudra  j  recourir  pour  tâcher  de  bien 
terminer  ce  qui  a  été  mal  commencé.  Mais  Basta  I  je  crain- 
drais de  trop  dire. 


1.  Le  prince  de  Ligne,  qui  venait  de  mourir  presque  au  moment  même  où 
l'on  écrivait  cette  lettre  à  la  princesse  Bagration. 


734  AUTOUR   DU  C0!<GRÈ8  D£  VIKNXE 

1156.  Vienae,  27  décembre  I8U  (P.  6.  51S9  «d  SM5). 

HAGER   à    l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  27  décembre  1814. 

A  signaler  parmi  les  interoepta  : 

Stein  an   comte  Solms-Laubach  (Envoi  d'un    maDoscrit  : 
Ansichten  ûber  die  gegenioœrtige  Verfasstuig  der  Rheinzœlle). 

Stein  à  Vallmoden  (Envoi  du  manuscrit  :  Notions  sur  la 
campagne  des  Alliés  contre  le  maréchal  Davoui). 

Stackelberg^  à  Nesselrode  (2  paquets  de  papiers). 

Castlereagh  à  Hardeoberg  (Il  demande  par  ordre  du  Prince 
Régent  une  audience  au  roi  de  Prusse). 

Castlereagh  à  Nesselrode  (M&me  demande  pour  l'Empereur 
de  Russie). 

Castlereagh  à  Lœwenhielm  (11  lui  envoie  sur  sa  demande 
copie  des  articles  secrets  du  Traité  de  Cbaumont  %insi  que 
du  relevé  des  dépenses  faites  par  TAngleterre  en  1814  pour  la 
guerre  contre  la  France). 

Hager  signale  en  outre  k  l'Empereur  Texistence  d'une  cor« 
respondance  très  suivie  entre  Gagern  et  lord  Ciancarty. 


1157.  Vienne,  26  décembre  1814  (F.  «.  ai  tM5). 

....   à   HAGER 

Surveillance  de  Sc'.ioenbrunn  (1). 

Neipperg  et  Gomacchia  ont  été  tous  deux  ce  matin  chei 
Marie-Louise. 

Bausset  demande  la  permission  d'engager  un  domestique 
de  plus  pour  le  prince  de  Parme  (roi  de  Rome).  Marie-Louise 
lui  déclare  qu'elle  ne  l'y  autorisera  que  lorsque  son  sort  sera 
fixé  et  lorsqu'elle  saura  quand  elle  partira  de  Schœnbrunn. 


1.  La  lurveillance  de  Marie-Louise  a  été  remplacée  par  celle  de  Schœn- 
brun,  ce  qui  revient  du  reste  absolument  au  même. 


L^OUVERTURE  DU   CONGRÈS.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE       735 

1158.  Vienne,  M  décembre  1814  (F.  6.  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Bruit  relnHf  &  la  oréation  d'an  nouveau  royanme  d'Italie. 
L'barmonia  rétablie  entre  les  deux  empereure. 

On  parle  vaguement  d'un  nouveau  royaume  d'Italie  et  d^en 
faire  rechange  avec  la  Bavière  proprement  dite.  L'Autriche 
contre-balancerait  ainsi  la  Prusse,  si  celle-ci  obtient  la  Saxe. 

Razoumo£Esky  dit  à  qui  veut  Tentendre  que  la  meilleure 
harmonie  règne  entre  les  deux  empereurs  pour  le  bien-être 
général  de  TËurope.  Du  reste,  il  est  tout  aussi  taciturne  sur 
les  détails  que  les  autres  Ministres. 


1159.  Vienne,  26  décembre  1814  (F.  6.  ad  3565). 

WEYLAND  à  HAGER 
L'arrogance  des  Prusaiene.  Il  leur  faut  la  Saxe  et  les  provinces  rhénanes.* 

Les  Prussiens  (1)  ont  repris  leur  ton  arrogant  et  cassant.  Ils 
déclarent  que  la  Saxe  leur  est  due  et  que  le  salut  de  TAlle- 
magne  exige  qu'ils  aient  les  Provinces  Rhénanes. 


1160.  Vienne,  36  décembre  1814  (F.  6.  ad  3465). 

©  ©  à  HAGER 

L'arbre  de  Noël  chez  Arnstein.  Une  soirée  chez  Gastlereagfa.  Le  Prince  Eu- 
gène et  le  Prince  royal  de  Bavière.  Ce  que  les  Hollandais  y  ont  dit  de  la 
Prusse. 

Grande  réunion  avant-hier  chez  Arnstein  pour  Tarbre  de 
Noël.  On  y  voyait  Hardenberg,  Jordan,  Hoffmann  (2),  le  prince 

1.  Cf.  Talleyrand  au  Hoi.  Vienne,  4  janvier  1815,  Dépêche  n«  19,  Pallain. 
Correspondance  inéditef  etc.,  etc.  Page  210  ;  d'ANOBBBno,  1869-1874.  Confé- 
rence du  30  décembre  1814.  Projet  de  Convention  proposé  par  les  plénipo- 
tentiaires de  Russie.  Sorbl,  l'Europe  et  U  Révolution  française»  Tome  VÎIl, 
Pages  404-411. 

1.  Hoffmann  (Jean-Godefroy)  (1766^1847),  professeur  d'éoooomie  politique  à 
Kœnigsberg,  conseiller  d'Ktat  (liOB),  assista  au  traité da  Pariait  au  congrès 
de  Vienne  et  suivit  le  prince  de  Hardenberg  dans  phisieiirs  mifMoos  diplo- 
matiques. Auteur  de  la  brochure  :  Prêution  und  Sêchêon. 


RadzLTrill.  BirthcLii,  t>:is  les  pireaU  baptisés  et  cxrcoficis  des 
prJ  nr    î'irLri...  Hirdicierz  s'tst  beiTiccap  asioâé.  mais 

H:*:  3-o;r.  bea^^tcoap  ce  isonde  liiei  Ca<tler«agh.  Je  cite  les 
perse  r-iiises  le«  pl-is  marrjiiâiiti  :  Le  prince  Eosece.  to^t  à  fii: 
avant  ddiLJ  riiitixnité  de  larf  t  Castlerrajrz  ;  le  prinœ  roTal  de 
Bavière  arec  WasLingtjn  i  1  .  Le  prince  a  un  organe  des  plus 
désagréables.  I>ep:ii5  son  arrivée  i  \l*nn-?,il  prend  des  lettons 
de  gTe>:.  Je  Tai  entenda  hier  pr^rler  l'^nzlais  et  ritalien  et  on 
ne  s'est  pas  priré  de  se  moq:ier  de  lui  derrière  son  dos.  Les 
belles  Anglaises  surtout  s'en  donnaient  à  coeur  joie.  Le  prince 
royal  semble  f^ire  grand  cas  du  prince  Eugène  qu'il  appelle 
à  tout  instant  :  Cher  beau-fr^re. 

Le  Cher  beau-frère  a  énormément  d'esprit,  de  connais- 
sances. Il  a  grand  air.  est  beau  et  élégant,  ce  qui  explique  faci- 
lement la  grande  influence  qu'il  exerce  sur  les  princes,  les 
ministres  et  les  dames,  qui  ne  se  gardent  pas  assez,  mais  sur- 
tout sur  l'Empereur  .-Vlexandre. 

II  T  avait  encore  chez  Castlereagh  le  cardinal  Consalvi,  les 
deux  BemstorlT,  lord  Stewart.  Stratford  Canning  |2)«  Gagem. 
Fersoon.  le  secrétaire  de  la  légation  de  Hollande,  le  comte  Muns- 
ter, plasieurs  Italiens,  Binder,  Floret,  la  Princesse  Jablo- 
nowska.  quelques  Portugais  et  Espagnols. 

Les  Hollandais  j  ont  dit  que  la  Prusse  ne  considérerait  pas 
la  Saxe  une  compensation  suftisante  pour  la  perte  de  la  Po- 
logne prussienne  et  qu'elle  réclamerait  en  outre  Liège,  Luxem- 
bourg et  des  indemnités  sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  et  que 
ces  prétentions  retarderaient  forcément  la  solution  de  la  ques- 
tion de  la  Belgique. 


1.  Washington  (baron),  Maréchal  de  la  Cour  de  Barière. 

3.  Stratford  Canning  iSir;  (1785-1880),  ministre  d'Angleterre  en  Suisse  (1814) 
et  acrèditè  au  Congrès  de  Vienne.  Ambassadeur  à  Saint-Pétersboarg  (1834), 
i  Conslantinople  (1839).  Membre  de  la  Chambre  des  Communes,  il  retouma'en 
1843  4  Conslantinople  où  il  résida  arec  quelques  intemipiioos  jusqu'en  1858, 
époque  à  laquelle  il  rentra  définitirement  en  Angleterre. 


l'ouverture   du   congrès.   —  LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      737 


1161.  Vienne,  26  décembre  1814  (F.  6.  ad  3565). 

Anonyme  à  GAGERN  (Intercepta) 

Le  cona^rès.  La  paix  plus  probable  que  la  g^uerre. 
La  constellation  des  puissances. 

Notre  Congrès,  comme  disait  feu  le  prince  de  Ligne,  danse 
mieux  qu'il  ne  marche  et  ce  n'est  cependant  pas  faute  de  tra- 
vail en  ce  moment-ci. 

On  s'agite  beaucoup  et  la  chose  n'est  pas  bien  claire  si  paix 
ou  guerre  en  résultera,  quoique  je  crois  à  la  première. 

La  Prusse  et  la  Russie  d'un  c6té,  et  probablement  l'Au- 
triche, la  France,  l'Angleterre,  nous  autres,  la  Bavière  de 
l'autre  (1).  Si  vous  avez  la  démangeaison  de  vous  battre  vous 
aurez  le  choix.  Wellington  serait  im  assez  bon  Schulmeister, 


1162.  Vienne,  26  décembre  (F.  6  ad  3565). 

Nota  a  HAGER  (en  français). 

Il  a  été  présenté  à  Dalbergpar  Hacke.  Go  que  le  duc  lui  dit  du  Tugendbund. 
Utilité  d'une  alliance  entre  la  France,  l'Autriche  et  l'Angleterre.  Animosité 
de  la  Bavière  contre  la  Prusse.  Le  départ  des  souverains  n'est  pas  encore 
fixé. 

J'ai  enfin  réussi  à  me  faire  représenter  et  introduire  chez 
Dalberg  par  Hacke.  Dalberg,  fort  loquace,  a  parlé  de  la  Prusse 
et  du  Tugendbund.  S'étonnant  que  la  Cour  de  Vienne  voie  et 
laisse  faire  tout  cela,  il  écrit  que  le  Tugendbund  fait  beaucoup 
de  prosélytes  ici,  chose  dangereuse  et  qu^il  attribue  à  la  légè- 
reté avec  laquelle  Metternich  dirige  les  affaires.  11  regrette 
que  la  Cour  de  Vienne  ne  voie  pas  qu'il  n'y  a  rien  de  faisable, 
rien  de  durable,  rien  d'utile  pour  elle  et  l'Europe  qu'une 
alliance  intime  entre  la  France  et  T  Angle  terre,  alliance  qui 
existe  déjà  entre  ces  deux  puissances.  Il  déplore  l'état   de 

1.  Cf.  Talleyrand  au  roi  de  Vienne,  28  décembre  1814  (Dépêche  n«  19).Pallain, 
Correspondance  inédite,  etc.,  etc.,  p.  197-205.  Gf  d'ANOBBBno,  540-544.  Lettre 
de  Talleyrand  à  Metternich  en  date  du  19  décembre  1814.  Ibidem^  1858-1869. 
Conférence  du  29  décembre  1814.  Communications  mutuelles  pour  l'ouverture 
des  conférences  sur  les  affaires  de  la  Pologne  et  de  Saxe. 

T.  L  47 


738  AUTOum  du  €o:vgrès  ms  vienne 

rAllemagDc  depuis  la  paix  de  Bàle,  état  qui  Ta  décidé  à  ae^ 
vir  en  France  où  du  reste  il  n^est  pas  encore  décidé  à  rester. 
Il  m'a  invité  à  revenir  le  voiir  fréquemment. 

Tout  est  calme  dans  le  grand  monde  et  profondément  mono- 
tone. Les  aides  de  camp  de  Wrede  continuent  à  déblatérer 
contre  la  Prusse. 

Rien  de  fixé  pour  le  départ  des  souverains.  Cependant  Nés- 
•elrode  vend  ses  chevaux. 


1168.  Vtene,  S8  dé«eiiibr»  1814  (F.  •.  5141  ad  9i6f). 

HAGER  à  rEMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  28  décembre  1814. 


1164.  Vienne,  27  décembre  1814  (F.  6.  5141  ad  3565). 

Rapport  k  HAGER 
ilardenberg  et  Metternich. 

Hardenberg  a  donné  le  26  un  grand  dîner  à  la  suite  duquel 
il  a  eu  une  conférence  d^une  heure,  seul  avec  Metternich  {ly 


1165.  Vienne,  27  décembre  1814  yV.  6.  5141  ad  3565  . 

®e  à  HAGER 

m 

Les  inspirateurs  de  la  politique  d'Alexandre. 

D'après  Dalberg,  toujours  très  monté  contre  Alexandre,  cet 
Empereur  serait  entièrement  mené  par  Czartoryski,  Stein  et 
Gapo  d'Istria. 

1166.  Vienne,  27  décembre  1814  (F.  6.  5141  ud  3565) 

Chiffons  mondains  trouvés  chez  le  prince  Radziwill,  ayant 
trait  à  une  représentation  théâtrale^  dont  voici  le  programme  : 

1.  11  y  avait  ce  soir-là  bal  chez  Metternich. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   730 

N*  1.  Le  troubadour  chante. 

N"  2.  Le  Pèleriu- 

N**  3.  La  sentinelle^ 

N*  4.  Les  Adieux  du  CieL  ' 

N'  5.  René. 

N»  6.  Bélisaire. 

N'  7.  Griselidis. 

N*  8.  Les  adieux  d'Emma. 

No  9.  Chœur  qui  annonce  le  retour  de  la  paix  etduboxUieur» 


1167.  Vienne,  27  décembre  1814  (F.  6.  biii  ad  3565;. 

Rapport  à  HAGER 

Intercepta  pris  chez  Netselrode,  Radzlwill,  Linden  et  Steiu  et  rapport 
sur  Stein,  ses  soupçons  et  ses  précautions. 

Stein  a  envoyé  hier  (26)  un  paquet  à  Staegemaan  et  une 
lettre  à  Bernstorff  qu'on  a  pas  pu  se  procurer,  parce  qu'il  a 
dit  k  son  valet  de  chaml^e^qu'ayaot  su  et  remarqué  qu'on  ou- 
vrait ses  lettres,  il  lui  ordonnait  d'avoir  Toail  ouvert  suv  tous 
les  gens  de  la  maison.  Stein  a  dû  apprendre  cela  cLehors.  Le 
valet  de  chambre  s'est  acquitté  de  sa  mission  ;  mais  malgré 
cela  j'ai  réuasi  à  interceplêr  et  à  enroyar  à  la  manipulation 
une  lettre  du  27  au  duc  de  Gobourg  ei  à  ramai«er  deux  Ghtf* 
fons^  une  lettre  de  Cassel  du  13  décembre  du  pèrs  de  Sietn  et 
une  de  Berlin  du  Ift,  peu  importante  en  réponse  à  ime  missive 
de  Stein  du  8  et  reçue  par  le  canal  du  Coîonûl  von  Miltitz. 


116â.  Vienne,  26  décembre  1814  (F.  6.  4902  ad  SS«5). 

....  à  HAGER 

Déclarai  ions  de  Caitienôes^ii  ceMation  ^i*oehaiiie  des«vbsid«e  et  «on  départ 
prochain  do  Vienne.  Effet  caUaajit  4k  G«ft  dMwÊÊÂooM  «ur  Im  PvmBBicxm. 

On  ne  sait  rien  de  la  note  (l)^niais  on  dit  que  Castlereagh, 

1.  Cf.  d'Angbbbro,  561-569.  Instruction  proposée  par  le  prince  de  Mett«rnich 
pour  la  commission  de  statistique.  Notes  de  MeiterXlicb,de  RazouisoiTski  et  de 
Hardenbergdos  27  et  28  décembre,  pa^s  1860-1863.  Cf.  Soabx.,  L'Europe  et  U 
Révolution  Françàite,  tome  VIlI^p.  404-411. 


740  AUTOL'A   DC   C05GEÈS   DE  VIE30CE 

a  déclaré  au  nom  de  son  gouTemement  qu'on  oesserait  de 
paver  les  subsides  à  partir  du  15  janvier,  si  d'ici-là  le  Congrès 
ne  mjrchaït  pas  autrement,  et  gue  lui-même  avait  d*ailleiin 
Tordre  de  quitter  Vienne,  sa  présence  à  Londres  étant  deve- 
nue nécessiiire  à  cause  des  séances  du  Parlement. 

Depuis  lors,  les  Prussiens  ont  de  nouveau  on  ton  plus  mo- 
déré. La  perspective  d'une  guerre  avec  TAngleterre  ne  leur 
sourit  guère.  Ils  disent  qu'au  lieu  de  la  Saxe  ils  accepteront 
une  autre  compensation  en  Allemagne  de  £açon  à  avoir  une 
population  totale  de  11  millions. 


1169.  Vienne,  ;7  décembre  1814  (K.  6  ad.  U6St. 

Nota  à  H.AGER  «en  français). 

Capo  d'Utria  el  les  a.Tairet  de  Suisse.  Les  résolutions  et  les  préparatifs  de 
la  France  d'après  Dalberj.  Murât  doit  être  renrersé  et  la  Saxe  rendue  à 
ton  roi.  L'affaire  Ezelmans.  Portée  et  extension  de  cette  affaire. 

Capo  d'Istria  m*a  dit  hier  que  la  nouvelle  Constitution  de 
la  Suisse  était  finie  ;  qu*on  allait  la  présenter  au  Congrès  pour 
y  être  sanctionnée  (1)  ;  que  son  Empereur  leur  avant  demandé 
comment  il  la  trouvait,  il  lui  avait  répondu  :  «  Excellente,  car 
€  tous  les  partis  en  seront  mécontents,  et  elle  serait  mauvaise 
€  si  elle  en  avait  contenté  quelqu*un.  Les  autres  ne  la  vou- 
c  draient  pas.  » 

11  me  dit  aussi  que  la  Valteline  était  décidément  réunie  aux 
Grisons  et  qu'elle  en  faisait  la  quatrième  lig:ue  (2);  Que  la 
Cour  de  Vienne  s  était  conduite  dans  cette  affaire  avec  beau- 
coup de  noblesse  et  de  désintéressement,  et  que  vraiment  cela 
lui  faisait  honneur. 

J'ai  dîné  hier  avec  Dalberg.  A  l'entendre,  la  France  est  déci- 
dée à  faire  la  guerre  pour  la  Saxe  et  pour  Naples,  et  Soult 
aurait  reçu  les  ordres  de  prendre  les  dispositions  nécessaires. 
Il  m'a  assuré  que  Murât  ne  resterait  pas  où  il  était.  Il  me 
raconta  que  Louis  XVIII  a  dit  à  Jaucourt,  qui  venait  lui  ren- 
dre compte  de  ses  conférences  avec  les  ministres  de  Russie  et 

1.  La  nouvelle  était  fort  prématurée. 

2.  Cf.  D'A TcoBORRo,  528-531.  Septième  protocole  du  Comité  des  affaires  de 
Suisse.  Séance  du  15  décembre  1814.  Note  présentée  par  la  légation  suisse 
sur  la  réunion  de  la  Valteline  aux  li^rues  grises,  etc.,  etc. 


l'ouverture   du   congrès.   —   LA   SAXE  ET   LA   POLOGNE      741 

de  Prusse  sur  la  Saxe  :  «Ma  résolution  est  prisej'e  n'en  dé- 
mordrai pas  (1).  Il  est  de  l'intéiêt  et  du  devoir  de  la  France 
rendue  à  ses  Rois  que  la  Légitimité  des  trônes  soit  rétablie 
partout.  La  République  a  fait  pendant  vingt  ans  la  guerre  aux 
Monarchies.  Celles-ci  ont  gagné  leur  procès.  A  présent^  ce  sont 
les  nouveaux  Souverains  qui  font  la  guerre  aux  anciens.  Il 
faut  que  nous  gagnions  aussi  ce  dernier  procès.  La  Saxe  doit 
être  rendue  à  son  Roi  et  Murât  doit  descendre  du  trône  de 
Naples.  L'Europe  pourra  alors  espérer  une  paix  durable.  » 

Le  duc  m^a  raconté  TafFaire  du  général  Exelmans  (2) ,  ancien 
adjudant  de  Murât.  Il  avait  écrit  à  Murât  une  lettre  qu'il 
avait  confiée  à  lord  Oxford.  Il  lui  disait  qu'il  lui  était  tou- 
jours fidèle^  qu'il  avait  à  sa  disposition  20.000  soldats  prêts 
à  marcher  en  sa  faveur,  qu'il  en  aurait  davantage  si  le  cas 
arrivait  et  qu'il  attendait  ses  ordres. 

Louis  XvIII  ordonna  à  Soult  de  le  faire  venir  et  de  lui  dire 
que  le  Roi,  qui  pouvait  le  faire  fusiller,  le  renvoyait  chez  lui 
avec  la  moitié  de  sa  solde.  Exelmans  osa  dire  que  le  Roi 
n'avait  pas  le  droit  de  le  faire  sans  jugement  et  Soult  décida 
de  le  traduire  devant  une  commission  militaire. 

Dalberg  prétend  qu'il  y  a  une  foule  de  gens  compromis  par 
cette  correspondance  et  qu'entre  autres  il  y  a  des  lettres  de  la 
méchante  M°*'  de  Staël  (3)  qui  rompt  des  lances  en  faveur  de 
cet  usurpateur  et  contre  son  Roi  légitime. 


1170.  Vienne,  27  décembre  (F.  6  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

L'adresse  de  l'armée  saxonne.  Sa  fidélité  à  son  roi. 
Les  émissaires  prussiens  en  Saxe. 

Toute  Tarmée   saxonne,  moins  le   Général  Thielemann,  a 
signé  une  adresse   au  Congrès  pour  déclarer  qu'elle  restera 

1.  Le  Roi  àTalleyrand,  27  décembre  1814.  (Dépéch;  n*  14)  (Pallain,  Cor- 
respondance  inédiie^  etc.,  etc.,  196). 

3.  Cf.  Jaucourt,  Correspondance  avec  le  prince  de  Talleyrand  (Pages  123, 
127,  132,  156). 

3.  Cf.  Jaucourtà  Talleyrand,  4  décembre  1814.  (Correspondance,  etc.  Page  106  : 
«  M*"  de  Staël  y  figure,  mais  comme  grande  pré  tresse  du  temple  de  la  Paix 
et  de  la  Liberté.  Elle  aime  Joachim  A  cause  de  son  amour  pour  ces  deux 
bienfaitrices  du  monde...  ») 


742  XLîCLB    LC   C0>  jELà    LE   \TE>5£ 

fidèle  &  son  Roi.  Il  règne  une  grande  agitation  en  Saxe.  Ls 
dameSy  en  iigne  de  deuil,  portent  aatoor  da  cou  le  aédaflbn 
da  Roi  entouré  d'un  cadre  d^ébène,  les  ofSciers,  la  dragtnnie 
saxonne  fix^e  â  leur  épée  par  un  anneau  de  fer  pour  bien  mar- 
qw:r  leur  fîdflité  au  drapeau. 

Le  baron  Rosch  (?)  et  le  eoloiel  von  MOtitz  sont  Tobjet  de 
l'exécration  générale.  Les  officiers  saxons  ont  célébré  le  jonr 
de  naissance  du  Roi  malgré  tout  ce  que  Ton  a  fait  poor  l'em- 
pécher. 

I^s  Prussiens  inondent  le  pars  d'émissaires  chargés  de  tra- 
railler  les  populations.  Jusqu'à  ce  jour  ils  n  j  ont  g^ère  réusn. 


1171*  Vienne,  37  décembre  1^14  (F.  6  ad  a5«0  800). 

îfoTA  à  HAGER  (en  français). 

r/air  menaçant  det  Prottiem.  Lea  motifs  de  leur  entéCemenC 

à  propos  de  la  Saxe. 

I^s  Prussiens  reprennent  l'air  menaçant  et  disent  hautement 
qu*ils  feront  plutôt  la  guerre  que  de  renoncer  à  la  Saxe  ;  qu'ils 
scsront  soutenus  par  la  Russie  (1);  qu'actuellement  ils  ont  les 
trois  quarts  de  TAllemagne  contre  eux  ;  mais  que  dès. que 
TAiitrichc  aura  fait  son  alliance,  du  reste  indispensable,  avec 
In  France  (i),  toute  TAllemagne  sera  avec  eux.  Il  ne  leur  sera 
pasdifticilodc  détacher  la  France  ou  T  Angle  terre  de  l'Autriche: 
car  la  France  voudra  avoir  le  Rhin  que  l'Angleterre  et  l'Au- 
triche ne  veulent  et  ne  peuvent  lui  accorder.  «  Si  la  campagne 
va  bien,  disont-ils,  nous  aurons  ce  que  nous  voulons.  Si  elle 
va  mal,  nous  accepterons  ce  que  Ton  nous  offre  à  présent. 
C'est  1.^  ce  qui  peut  nous  arrirer  de  pire.  > 

Tout  le  monde  parle  de  la  dernière  note  de  la  Prusse  (3). 

1.  Talleyrand  au  roi,  Vienne,  4  janvier  1915.  Dépêche  n*  10  (Pallai:s Cor- 
r Ci pondanee inédite,  etc.  (Pa^es  Ii0-211)et  d'ANOBBBRo.  (Pages  1869-1874). Con- 
férence du  30  décembre  1814.  Projet  de  convention  proposé  par  les  plénipo- 
tentiaires de  Russie. 

2,  Cf.  d'ANOBBBRO,  (Pages  510-544;.  Lettre  de  Tallejrrand  à  Metternich,  du 
19  décembre  1814,  et  (pages  570-571).  Note  de  Talleyrand  à  lord  Casthereagh 
du  20  décembre  1814. 

3.Cr.  d'AH»BBBiia,  (531-536  et 553-556).  Note  de  Hardenberg  &  l'Empereur  de 
Russie  en  date  du  16  décembre  et  remise  le  30  et  Ibidem  Hardenberg  à  Mei- 
tcrnich,  Vienne,  20décembre./Jbidem (1952-1960),  de  Hardenberg  à Mettemich, 
16  décembre  1862  et  (1863-1869)  29  décembre. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LÀ  SAXE  ET  LA  POLOGNE   743 

On  la  dit  roide  et  menaçante.  Les  Prussi^is  euX)  prétendent 
qu'elle  est  fort  modérée,  mais  très  olaire. 


■k^Mt* 


1172.  Vienne,  37  déeombre  1814  (F.  0  ad  a»W)« 

....  à  HAGËR  (en  françuia). 

SUiûy  Kaegebeek»  le  roide  Wartemborg.  Le  grand-dac  de  Bade.  Pourquoi 
le  Congrès  doit  échouer.  Rozencranz  et  les  reproches  qu'il  adresse  à 
Alexandre.  Les  fêtes  incessantes.  La  durée  interminable  du  Congrès. 

Stein,  qui  ne  va  presque  jamais  dans  lè  monde,  est  maitlté^ 
nant  presque  tous  les  soirs  ôhez  la  duchedse  d'OldenbUfg.  Le 
Général  Knesebeck  est  celui  qui  travaille  le  plus  le  roi  d6  Prusse 
au  sujet  de  la  Saxe... 

Le  roi  de  Wurtemberg  est  maintenant  bien  plus  apprécié 
que  lors  de  son  arrivée.  Sa  générosité  lors  de  son  départ  j  est 
pour  quelque  chose  (1). 

Le  grand-duc  de  Bade  se  plaint  de  ce  que  le  prince  de  Met- 
ternicb  ne  lui  a  jamais  fait  de  visite. 

Rechberg^  Plessen,  Linden,Tûrkheim  se  plaignent  tout  haut 
du  cardinal  Consalvi,  de  ses  principes  ultramontains,  de  ses 
finesses  et  ruses  par  trop  italiennes. 

J'entends  dire  de  tous  côtés  que  Ton  ne  devrait  pas  appeler 
Congrès,  mais  seulement  rendez-vous  y  le  rassemblement  de 
toutes  les  puissances  à  Vienne.  Comment  un  Congrès  peut-il 
aboutir  avec  un  Empereur  qui  n'a,  ni  la  tête,  ni  le  cœur  à  sa  vraie 
place,  qui  a  la  prétention  d'être  en  France  et  en  Autriche  le 
despote  qu'il  est  à  Saint-Pétersbourg,  et  avec  un  roi  (de 
Prusse)  tout  prêt  à  vendre  à  la  Russie  la  liberté  de  TAUemagne 
et  l'équilibre  de  l'Europe,  avec  xm  ministère  à  Vienne  qui  n'a 
ni  principes^  ni  méthodes,  qui  reprend  au  mois  de  décembre 
ce  qu'il  a  accordé  le  22  octobre,  qui  ne  jouit,  ni  delà  confiance, 
ni  même  de  la  considération  des  représentants  des  antres 
puissances. 

Puffendorf  a  dit  hier  :  «  J*ai  rendu  ce  matin  visite  an  mi- 
nistre du  Danemark,  Rosencranz,  qui  a  la  jaunisse.  Il  débla- 

1.  Le  roi  de  Wurtemberg  partit  de  Vienne  le  94  décembre  à  11  heures  du 
matin.  Cf.  Oettêrreichisoher  Beobûchter  du  38  décembre  1814,  pour  le  détail 
de  ses  largesses  à  Vienne. 


744  ALTOUB  DU  CO.XGBÉS   DE   VIO>E 

ière  contre  Alexandre  à  cause  du  retard  qu'il  met  tant  à  éva- 
cuer le  Holsteîn  qu*à  ratiCer  les  traites.  Rosencranz  ne  cesse 
de  se  plaindre  de  la  méchante  perfidie  et  de  la  mauvaise  fm 
de  l'Empereur  de  Russie.  Il  ajoute  :  €  Ce  qui  m'étonne  le  plus, 
c'est  que  tout  le  Congrès  n'ait  pas  depuis  longtemps,  lui  aussi, 
la  jaunisse.  > 

Voici  encore  d'autres  propos  :  Schwarzenberg  donne  deux 
fois  par  semaine  im  thé  dansant.  11  y  en  a  aussi  deux  fois  par 
semaine  à  la  Cour  et  chez  Stackelberg.  Donc  des  fêtes  toute 
la  semaine. 

Le  séjour  interminable  des  souverains  à  Vienne  produit  un 
déplorable  effet  à  Vienne  et  en  Allemagne.  On  dit  qu'on  a 
inauguré  une  nouvelle  tactique  qui  consiste  à  dévorer  lennemi. 

Le  prince  royal  de  Bavière  part  aujourd'hui  pour  Munich. 

Bernstorff  et  Rechberg  offrent  de  parier  que  le  Congrès 
durera  encore  à  la  fin  de  mars. 


1173.  Vienne,  26  décembre  1814  (F.  6  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  -en  français). 
Rapport  de  chez  le  Nonce. 


Ce  qu'on  a  dit  de  l'Italie  chez  M*"*  do   Bellegarde.  Les  arrestations  et  les 

fautes  de  l'Autriche  en  Italie. 


Le  duc  de  Serracapriola  et  les  députés  de  Bologne  et  de  Fer- 
rare^  Fava  et  Squarzoni  ont  dfné  hier  chez  les  prélats  romains» 
Je  me  suis  rendu  hier  chez  la  comtesse  de  Bellegarde  (i).  Il 
y  avait  du  monde  chez  elle.  Elle  me  salua  d'abord  de  la  part 
du  maréchal  qui  avait  eu  la  bonté  de  m'indiquer  dans  une  de 
ses  lettres,  celle  du  5  courant. 

La  nouvelle  des  arrestations  de  Rasori  (!2),  Théodore  Lechi, 
de  Gasparinetti  (3),  fournit  une  ample  matière  à  la  conversation. 

1.  La  femme  du  feld-maréchal  comte  de  Bellegarde. 

2.  Rasori,  médecin  et  professeur,  l'un  des  chefs  de  la  conspiration. 

3.  Gasparinetti,  admirateur  fanatique  de  Napoléon,  colonel  du  2*  régiment 
de  chasseurs  à  cheval  (italien)  avait  été  fait  prisonnier  en  1813,  mais  n'avait 
pat  été  replacé  dans  les  régiments  nouvellement  formés. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      745 

M"*  de  Bellegarde  désapprouva  hautement  ces  mesures  d'une 
sévérité  déplacée.  Elle  m'assura  que  son  mari  était  loin  de 
recommander  l'emploi  de  la  force,  de  la  violence  et  du  despo- 
tisme ;  mais  que  les  ordres  souverains  le  forcent  malgré  lui 
à  ces  malheureuses  démarches  qui  ont  le  sceau  de  la  violence 
et  de  la  persécution  et  qui  font  perdre  à  l'Autriche  le  peu  de 
partisans  qui  lui  restent  encore  en  Italie.  «  On  emploiera  ici, 
dit-elle,  tous  les  moyens  possibles  pour  éteindre  dans  les  cœurs 
italiens  raffection  qu'ils  étaient  disposés  à  avoir  pour  notre 
souverain  et  pour  embraser  l'Italie  d'une  terrible  révolte  qui 
ôtera  à  l'Empire  ces  belles  et  riches  provinces.  » 

Mon  mari  m'a  fait  craindre  toujours  pour  ses  jours.  Zichy, 
vBaldacci  (1)  et  Lazanski  (2),  qui  ne  connaissent  pas  le  pays  et 
qui  ont  même  des  préventions  injustes,  donnent  à  l'Empereur 
de  bien  mauvais  conseils. 

€  Ecoutez,  ma  chère  comtesse  —  M"*  de  Bellegarde  adressait 
la  parole  à  M"*  de  Crenneville  —  on  choisit  ici  des  Allemands 
et  des  Hongrois  pour  aller  gouverner  les  Italiens.  Peut-on  se 
prendre  plus  maladroitement  et  plus  impolitiquement  que  de 
confier  à  des  gens  inexperts  (sic)^  ignorants  de  la  langue  et 
des  mœurs,  l'administration  de  provinces  jadis  si  florissantes  ? 
Est-ce  que  Bonaparte  avait  envoyé  des  Français  gouverner  l'Ita- 
lie? Il  n'y  avait  que  le  vice-roi  Eugène  et  son  secrétaire  Méjan 
qui  fussent  Français.  Tous  les  autres  fonctionnaires  étaient 
Italiens  et  Bonaparte,  malgré  son  sceptre  de  fer,  malgré  sa 
conscription,malgré  la  gravité  de  ses  impôts,  fut  obéi  jusqu'au 
dernier  moment.  Il  faut  avouer  le  vrai.  Il  y  a  ici  des  têtes 
imbéciles  qui  ne  connaissent  rien  à  l'art  de  gouverner.  Pourvu 
qu'ils  se  maintiennent  en  place,  nos  ministres  ne  se  soucient 
guère  du  bien  et  de  la  gloire  de  l'Etat.  On  se  propose  de  don- 
ner une  organisation  à  l'Italie.  N'avait-on  pas  la  forme  la  plus 

admirable  d'administration  publique? Si  on  n'est  pas  en 

état  de  donner  une  bonne  organisation  à  ce  pays,  comme  j'en 
doute  fort,  au  moins  qu'on  ne  sévisse  pas  contre  de  braves 

1.  Baldacci  (Antoine,  baron),  (1763-1841)  d'origine  Corse,  mais  né  à  Vienne, 
entré  assez  jeune  ou  Ministère  de  l'Intérieur,  eut  par  hasard  accès  auprès  de 
l'Empereur  François  qui  prit  goût  à  sa  manière  de  travailler  et  de  s'exprimer 
et  le  rapprocha  de  lui.  Baldacci,  qui  avait  voué  une  haine  féroce  à  Napoléon, 
était  déjà  en  1811  président  de  la  chambre  suprême  des  Comptes  et  devint 
en  1813  ministre  de  l'armée. 

2.  Lazanski  (Procope,  comte).  Président  de  la  commission  d'organisation  de 
l'Italie. 


740  ALTOrB   DU  CONGRÈS  DB   VIBNIfK 

gens  qui,  ajant  cessé  pendant  seiie  ou  dix-sept  ans  d'appaite 
nir  à  rAutriche  ont  dû  s'attacher  au  souverain  que  la  fortani 
des  armes  leur  avait  donné.  » 

Demain  je  dfne  chez  le  commandeur  Saldanha  da  GamA, 
ministre  du  Portugal,  où  tous  les  membres  de  la  mission  por- 
tugaise sont  invités. 


1174.  Vienne,29  décembre  1S14  (F.O.  5147  ad  85«5). 

IIAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  39  décembre. 

Envoi  des  intercepta  pris  chez  Nesseirode  et  chez  Harden- 
berg  (paquet  pour  Talleyrand),  et  résultats  de  la  surveillance 
du  domestique  particulier,  homme  de  confiance  d*Hardenberg, 
Veith,  qui  est,  comme  un  autre  garçon  de  chancellerie  prus- 
sienne Millier,  un  agent  de  la  police  secrète  prussienne. 


1175.  Vienne,  28  décembre  1814 (F.  «.  5147  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Intercepta  pris  chez  Lœwenhielm  et  remise  à  la  Manipula- 
tion de  tout  un  paquet  de  pièces  adressées  à  Lord  Gastle- 
reagh. 

On  a  trouvé  aussi,  mais  remis  en  place,  une  protestation 
datée  du  mois  de  novembre,  de  Tancien  roi  de  Suède,  Gus- 
tave, duc  de  Holstein(l),  disant  qu'il  a  renoncé  au  trône,  mais 
rien  que  pour  sa  personne  et  non  pour  son  iils  qui  se  réser- 
vera de  faire  valoir  ses  droits  dès  qu'il  sera  majeur. 


1.  Cr.  d'AiioBBBRO,  476-477.  Déclaration  de  l'ancien  roi  de  Suède  Gustave  IV, 
novembre  1814.  Fils  de  Gustave  III  il  avait  régné  de  1792  à  1809  et  avait  été 
remplacé  par  son  oncle  Charles  XIII.  Il  portait  dans  l'exil  le  nom  de  colonel 
Gustavsoa. 


l'ouverture  du  CC^GRès.  —  LÀ   SAXE  ET  LA   POLOGNE      747 
1176.  Vienne,  27  déoembre  1814  (F.  0.  5147  ad  3565). 

HARDENBERG  à  GOLTZ  (à  Paris)  (en  allemand). 
(Sous  couvert  de  Talleyrand)  (Intercepta)  (Analyse). 

A  propos  d'un  décret  de  Napoléon  de  Nossen  (1)  (8  mai  1813) 
relatif  à  la  saisie  de  tout  ce  qui  a  pu  forcer  le  Blocus  Conti- 
nental et  aux  mesures  à  prendre  sur  la  rive  droite  du  Rhin.  Il 
faudrait  tâcher  d'obtenir  des  indemnités  pour  les  préjudices 
causés  aux  commerçants. 


1177.  Vienne,  28  décembre  1814  (F.   6.  5147  ad  3565). 

Intercepta  pris  chez  Heilmann. 

1*  C.  W.  au  bourguemestre  Moser  (à  Bienne),  sans  lieu,  ni 
date.  (Il  tient  à  le  rassurer  sur  le  sort  de  Bienne,  dont  les  inté- 
rêts sont  si  bien  défendus  par  le  député  Heilmann.  Il  ne  faut 
pas  presser  les  choses  si  Ton  veut  arriver  au  résultat  désiré). 

S"»  Heilmann  à  son  père,  26  décembre  1814.(11  faut  patien- 
ter pour  nos  affaires  jusqu'à  ce  que  la  grande  partie  soit  finie. 
On  négocie  beaucoup  sans  rien  conclure.  Rien  de  fixé  encore 
pour  le  départ  des  souverains  autres  que  le  roi  de  Wurtem- 
berg parti  ce  matin). 

3*  27  décembre  1814.  (Je  crois  maintenant  que  tout  va  bien. 
La  commission  s'est  remise  au  travail  et  avance  lentement, 
puisqu'il  faut  avant  tout  savoir  la  tournure  que  prendront  les 
grandes  affaires). 

4*  28  décembre  1814.  (Il  y  a  décidément  lieu  de  croire  que 
tout  finira  bien.  Montenach  (2)  m'a  dit  hier:  «  Ayez  seulement 
du  courage.  Les  affaires  vont  bien.  Soyez  toujours  ferme 
comme  depuis  le  commencement.  Mais  il  faut  encore  et  sur- 
tout  de  la  patience.  »  W.,  (3)  qui  a  écrit  au  bourguemestre, 

1.11  doit  s'agir  ici  de  la  dépêche  n*  19982  de  Nossen,  le  7  mai  1813  àDecrés. 

2.  Jean  de  Montenach,  l'un  dea  représentants  de  la  Diète  helvétique. 

3.  Peut-être  Wieland,  bourguemestre  de  Bftle  et  l'un  des  représentants  de 
la  Diète.  Allusion  au  Mémoire  présenté  par  la  Légation  Suisse  à  la  séance 
du  Comité  des  alTaires  de  la  Suisse  le  19  décembre  1814. 


748  ALTOL'R  DU  C05GRÈS   DE  VIEX3CE 

est  bien  disposé  pour  noos.  Il  a  remis  à  Mettemich  on  mé- 
moire parfait). 


1178.  Vieane,  SS  décembre  1814  <F.  6.  SUT  ad  U«5.i. 

.  •  • .  a  HAGLR 

Uo  mot  et  un  ju^ment  d'Alexandre  inr  Mettemich. 

Parlant  de  Mettemich,  AJexandre  a  dit  œs  jours-ci  :  «  C'est 
le  meilleur  maître  des  cérémonies  du  monde,  mais  c'est  le 
plus  mauvais  ministre  qui  se  puisse  trouver.  > 


1179.  Vienne,  lH  décembre  1814  (F.  6.  5147  ad  3565). 

Von  0...  à  HAGER 

La  disgrâce  de  Humboldt  et  le  découragement  des  Polonais.  Les  conféren- 
ces des  24,  25,  26  entre  Cathcari,  Taliejrand  et  Hardsnberg.  Le  recrute- 
ment dans  le  duché  de  Varsorie. 

Le  comte  de  Skarbek  m'a  con6é  un  événement  qui  a  fort 
déconcerté  les  Polonais,  c'est  l'éloignement  de  Humboldt  des 
affaires  du  Congrès  et  Tascendant  que  le  prince  de  Hardenberg 
semble  avoir  gagné  depuis  sur  l'esprit  de  son  maître.  Les 
Polonais  en  augurent  mal  pour  leur  cause,  car  ce  fut  princi* 
paiement  Humboldt  qui  insista  sur  la  cession  de  la  Saxe  à  la 
Prusse  et  voulut  abandonner  tout  le  duché  de  Varsovie  à  la 
Russie... 

On  m'a  assuré  encore  que  le  24  ou  le  25  de  ce  mois  il  j 
eut  une  conférence  chez  Cathcart  à  laquelle  assistèrent  Har- 
denberg et  Talleyrandy  et  le  jour  après  une  deuxième  confé- 
rence (1)  chez  Hardenberg  entre  les  mêmes  personnages  au 
sujet  des  dernières  instructions  que  les  ministres  anglais  et 
français  ont  reçues  de  leurs  Cours  et  qu'à  la  fin  de  la  deuxième 

1.  Cf.  Gr5tz,  Tàgebûcher^l,  342. «  Lundi  26.  Visite  chei  le  chancelier  Har- 
denberg et  de  là  chei  Tallejrrand.  »  Cf.  Taliejrand  au  roi.  Vienne,  28  dé- 
cembre 1814  (Dépêche  n*  18,  Palla»,  CorrespondAnee  inédite,  203).  •  Ainsi» 
l'affaire  de  la  Saxe  est  dans  une  meilleure  situation  qu'elle  n'ait  encore  été. 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA   SAXE   ET    LA   POLOGNE      749 

conférence  Talleyrand  aurait  dit  :  <  Voilà  enfin' la  base  établie, 
le  reste  s'arrangera  de  soi-même.  » 

Les  lettres  de  Varsovie  et  de  la  Galicie  rapportent  que  le 
recrutement  continue  dans  le  Duché  avec  toute  l'énergie  pos- 
sible. On  évalue  dans  ce  moment  la  force  des  troupes  polo-- 
naises  à  40.000  hommes. 

M.  de  Skarbek  me  dit  que  les  hommes  qui  vont  joindre  les 
troupes  polonaises  amènent  beaucoup  de  chevaux.  Les  ofBciers 
des  cercles  ne  peuvent  employer  trop  d'attention  pour  empê- 
cher cette  émigration. 


1180.  Vienne,  28  décembre  1814  (F.  6.  5147  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER 

La  question  de  la  paix  ou  de  la  guerre  'sera  décidée  sous  peu  de  jours. 
Conférences  fréquentes  des  Portugais  avec  Talleyrand.  Marialva  chez 
Alexandre. 

J'ai  diner  hier  soir  chez  Saldanha  da  Gama  (1)  avec  les 
Ministres  Portugais  qui  déclarent  que  la  grande  question  de 
la  paix  ou  de  la  guerre  sera  décidée  dans  peu  de  jours  et  que 
dans  le  premier  cas  le  Congrès  sera  encore  de  bien  longue 
durée.  Les  Ministres  Portugais  ont  de  fréquentes  conférences 
avec  le  prince  de  Talleyrand.  Ils  travaillent  pour  s'opposer  à 
l'agrandissement  de  rAutriche,  de  la  Prusse  et  de  la  Russie. 

Le  marquis  de  Marialva  (2)  a  eu  à  midi  une  audience  de 
l'Empereur  de  Russie,  qui  lui  parut  de  mauvaise  humeur  et 
lui  dit  qu'il  ne  prolongerait  plus  beaucoup  son  séjour  ici.  Il 
rengagera  à  le  suivre  à  Saint-Pétersbourg. 


1 .  Saldanha  da  Gama,  membre  du  Conseil  royal  et  du  Conseil  des  finances, 
ambassadeur  extraordinaire  prés  de  la  Cour  de  Russie.  Premier  écuyer  de 
S.  A.  R.  la  princesse  du  Brésil.  Deuxième  plénipotentiaire  du  Portugal  au 
Congrès. 

2.  Marialva  (Marquis  de),  Ministre  du  Portugal  à  Paris,  arrivé  à  Vienne  le 
16  novembre,  était  désigné  pour  aller  occuper  le  poste  de  Pétersbourg. 


750  AUTOUA  DU  CO:CGBÈft   OB   VIE3flffi 

1181.  Vienne,  37  décembre  1814  (F.  6.5147  ad  3S6»). 

à  HAGER  (en  français). 

Leë  dernières  eenférencet  et  les  résolutions  du  ComKé  des  affSiires  foifieg. 
Commission  donnée  à  Heinhard.  Un  FtfpoK  de  La  Hivpe. 

Les  dernières  oooférenoes  suisses  ont  abouti  à  la  résoMioB 
prise  par  le  comité  de  poser  pour  principe  fondamental  Visà^ 
grité  des  19  cantons  et  on  a  en  même  temps  proposé  de  rendre 
la  Valteline  à  la  Suisse  (1).  On  a  en  conséquence  invité  les 
députés  des  Grisons  et  de  la  Valteline  à  présenter  leur  pro- 
positions sur  le  mode  de  cette  incorporation  (2).  Comme  les 
affaires  de  la  Confédération  pourront  encore  présenter  des 
difficultés,  ce  Comité  va  s'adresser  au  Landammann  Reinhard, 
premier  Membre  de  la  Députation  Suisse,  pour  engager  la 
Diète  Helvétique  à  remettre  au  15  février  la  prestation  solen- 
nelle du  serment  au  pacte  fédéral.  En  attendant,  le  colonel  La 
Harpe,  en  sa  qualité  de  député  du  Tessin,  a  présenté  on 
résumé  qui  présente  et  réclame  les  droits  de  ce  canton  eoire 
les  prétention  du  gouvernement  de  Berne. 


1182.  Vienne,  38  décembre  1S14  <F.  4.  5147  ad  3M5). 

©0  à  HAGER  (en  français). 

Les  véritables  visées  de  la  Prusse.  Le  dîner  ches  Im  prinoosac  BaiprÉyon. 
Alexandre  et  l'incideat  du  roi  de  Prusse  et  de  Julie  Zichy.  Les  cosiU- 
qu  '.nces  pi'obabK's  du  séjour  d'Alexandre  A  Vienne  el  les  rapports  ulté- 
rieurs entre  Vienne  cL  Saint-Pétersbourg. 

La  Prusse  désire  se  débarrasser  de  la  Pologne,  d'abord  pour 
s'indemniser  en  annexant  la  Saxe,  puis  en  absorbant  le  Bruns- 

1.  Cf.  d'ANOBBBRG,  (528-531),  Septième  protocole  du  Comité  des  affaires  de 
Suisse,  15  décembre  1814  et  note  de  la  Légation  Suisse  sur  la  réunion  de  la 
Valteline  à  la  Suisse,  (537-539).  Huitième  protocole,  séance  du  18  décembre  et 
Mémoire  des  Députés  de  Genève  (544-547).  Neuvième  protocole,  séance  du 
19  décembre  1814. 

3.  Cf.  d'ANQBBBno,  (548-553).  Note  de  Salis -Salis,  Dép«lé  du  canton  des 
Grisons,  28  décembre  1614. 


l'ouverture   du  congrès.  *--«   l^  8AX£  KT   LA   POLOGNE      751 

wick,  la  Hesse,  les  duchés  de  Saxe,  le  Schwarzburg,  le  Reusa, 
jouer  le  premier  rôle  ea  AUemagoe.  La  Prusse  a  de  tout 
autres  visées  que  TAutriobe,  l'Angleterre  et  la  France,  et 
c'est  pour  cela  qu'elle  s'est  assuré  l'appui  d'Alexandre.  C'est 
là  ce  que  Metternich  n'a  su  ni  prévoir,  ni  déjouer,  ce  qu'il 
aurait  pu  empêcher  par  un  traité  antérieur  et  séparé  avee  la 
Russie.  Il  aurait  encore  sufQ  pour  cela  en  décembre  1813  de 
faire  proclamer  à  f*raQcfort  l'empereuir  Franz  empereur  d'Alle- 
magne. On  rend  responsable  de  tout  cela  l'influence  de  Gentz 
tout  acquis  à  la  Prusse  et  à  la  Russie  et  l'action  latérale  exer- 
cée à  côté  de  lui  par  la  Sagan  et  la  Bagration. 

Alexandre  et  le  roi  de  Prusse  ont  diné  dimanche  chez  la 
princesse  Bagration.  Ponr  aller  au  souper,  Alexandre  donna 
le  bras  à  la  Bagration  et  le  roi  de  Prusse  resta  seul,  parce  qu'il 
voulait  offrir  le  bras  à  Julie  Ziehj  qui,  ne  se  souciant  pas 
d'être  conduite  pasrlui,  chercha  à  se  dissimuler  derrière  ceUes 
des  dames  qui  ont  le  pas  sur  elle.  I^ersonne  ne  bougeait.  Une 
confusion  infernale.  Tout  le  monde  riaft  de  la  tête  du  roi  de 
Prusse  qui  est  amoureux  de  Julie  Zichy  comme  pourrait  l'être 
un  gamin  de  20  ans.  Aussi  Razoumoffskj  qui  avait  entendu 
parler  de  la  gi*ande  passion  du  roi  pour  Julie  Zichy,  de  dire  : 
€  Julie  Zichy,  après  la  Saxe,  c'est  oe  qu'il  aime  le  mieux  (1).  )> 

Voilà  d'autre  part  ce  qui  vient  d'être  dit  chez  le  baron  Thu- 
gut:  «  Le  séjour  beaucoup  trop  long  que  l'Empereur,  la  Grande 
duchesse  Catherine,  le  roi  de  Prusse,  et  les  ministres  de  ces 
souveraius  font  à  Vienne,  ne  peut  conduire  à  rien  de  bon,  si 
ce  n'est  à  mettre  de  l'aigreur  entre  les  souverains  et  à  semer 
la  discorde  entre  les  ministres  respectifs.  Le  poste  de  Ministre 
d'Autriche  à  Saint-Pétersbouï^  sera  un  enfer.  L'Empereur 
Alexandre,de  re  tour  chez  lui,sera  insupportable  pour  l'Autriche. 
Le  voyant  se  conduire  comme  nous  le  voyons  à  Vienne,  de 
retour  chez  lui  à  la  merci  des  insinuations  de  la  Prusse  et  de 
celles  de  ses  favoris,  des  Capo  d'Istria,  des  Stein,  des  Czarto- 
rysfci,  des  Wolkonsky,des  OuvarofT  (2),  peut-on  se  flatter  rai- 

1.  Voilà  ce  qu'un  peu  plus  tard,  le  1*'  février  1815,  la  baronne  du  Momtbt 
écrivait  dans  ses  SouvenirSt  P-  ^^^'  «  ^e  roi  de  Prusse  promène  g^ravement  la 
belle  et  vertueuse  Julie  Zichjr  dont  il  croit  être  passionnément  amoureux.  ■» 

2.  OuvarofT  iThéodore-Pctrovitch)  (1769-1824), entré  au  service  au  régiment 
des  Chevuliers-Gardes,  capitaine  dans  la  ligne,  mcgor  aux  dragons  de  Smolensk, 
Lieutenant-colonel  (17:)7),  colonel  (1798),  protégé  par  Paul  1*'  qui  le  nomma 
géaéral-msgor  et  aide  de  oamp,  il  fit  let  campagnes  de  1805,  1800,  1807,  de 
1810  à  l'armée  de  Moldavie,  «edMiagaa  en  1813,  assista  auprès  d'Alexandre 


752  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

sonnablement  que  FAutriche  pourra,  tout  au  plus  pendant 
deux  ans,  rester  en  bonne  harmonie,  en  paix  avec  un  empe- 
reur aussi  fou,  aussi  inconscient  qu'Alexandre. 

1183.  Vienne,  28  décembre  1814  (F.  6.  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

Cadeaux  faits  par  le  roi  de  Wurtemberg  avant  son  départ. 

Les  cadeaux  faits  par  le  roi  de  Wurtemberg  lors  de  son 
départ  de  Vienne  se  montent  à  plus  d'un  demi-million  de  florins» 

Au  comte  Apponyi,  une  décoration  et  une  tabatière. 

Au  prince  TrauttmansdorfiF,  au  comte  Trauttmansdorff,  au 
comte  Wrbna,  au  comte  Wilczeck,  au  landgrave  Furstenberg, 
au  grand  veneur  de  Sa  Majesté  le  comte  de  Wurmbrand,  au 
baron  Von  Lœhr,  de  riches  tabatières. 

Aux  chambellans  et  aides  de  camp,  des  tabatières. 

Aux  pages,  des  bagues. 

Au  valet  .de  chambre  Dalb^une  tabatière  en  or  et  1 .000  florins. 

Au  gardien  de  la  porte  (huissier)  et  au  chauiïeury  à  chacun 
une  tabatière  en  or  et  500  florins. 

A  chaque  valet,  300  florins. 

A  la  femme  de  chambre,  200  florins. 

Au  Scolar  Bindermann,  une  tabatière  en  or  et  500  florins. 

Au  directeur  et  pharmacien  Kridl,  une  tabatière  en  or  et 
30  ducats. 

Au  personnel  de  la  chasse,  500  ducats. 

Au  fourrier  de  la  Chambre  Mayer,une  petite  tabatière  en  or. 

Au  contrôleur  Vœckelberg,  une  tabatière. 

Au  contrôleur  von  Seckal,  rien. 

A  M.  de  CabâUini,  une  tabatière  en  or. 

En  argent  liquide,  pour  le  personnel  de  la  cour,  60.000  ducats. 

Au  personnel  du  théâtre,  ouvreurs  de  loges,  artistes,  1.000  du- 
cats. 

Au  distributeur  du  théâtre  an  der  Wien^  25  ducats. 

Le  roi  de  Danemark  s'en  est  formalisé.  Faire  autant  lui  sem- 
T)le  difficile,  et  faire  plus  serait  inconvenant,  à  ce  qu'il  dit. 

k  la  plupart  des  combats  en  1813-1814.  Général  de  cavalerie  après  Leipzig,  il 
fut  placé  en  1821  à  la  tête  de  la  Garde  Impériale. 


l'ouverture  du  congrès.  —   LA   SAXE  ET  LA   POLOGNE      753 
1184.  Vienne,  30  décembre  1811  (F.  6.4903  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPERE  UR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  30  décembre. 

Les  relations  secrètes  entre  le  prince  Repnin 
et  le  commissaire  de  police  de  Prague . 

Il  lui  signale  un  Intercepta  du  commissaire  de  police  Eichler, 
de  Prague,  au  prince  Repnin  qui  prouve  que  le  commissaire 
est  un  agent  secret  de  la  Prusse  et  de  la  Russie  et  de  plus  un 
partisan  de  la  cession  de  la  Saxe  à  la  Prusse.  Eichler  signalait 
en  outre  à  Repnin  les  adversaires  de  cette  mesure  et  lui  révé- 
lait les  mesures  qu'on  avait  prises.  Hager  propose  à  l'Empe- 
reur de  sévir  contre  Eichler  et  de  le  mettre  dans  l'impossibi- 
lité de  nuire  ;  mais  il  insiste  en  même  temps  sur  le  soin  qu'il 
convient  d'apporter  pour  éviter  de  donner  à  Repnin  Tombre 
d'un  soupçon. 


1185.  Vienne,  29  décembre  1814  (F.  6.  4903  ad  3565). 

FREDDl  à  HAGER  (en  français). 
La  Lombard  chez  la  princesse  Bagration.  ^ande  réception  chez  Miranda. 

La  célèbre  actrice  Lombard  a  étalé  son  talent  de  déclama- 
tion chez  la  princesse  Bagration  en  présence  d'Alexandre  et 
d'autres  illustres  personnages,  parmi  lesquels  son  admirateur 
et  protecteur  M.  de  Beauharnais.  Elle  a  recueilli  d'unanimes 
applaudissements. 

Ce  soir,  grande  réunion  chez  le  chargé  d'affaires  de  Portu- 
gal (1),  où  je  suis  invité  et  dont  je  vous  rendrai  compte  de- 
main (2),  s'il  y  a  quelque  argument  digne  de  votre  attention. 


1.  Le  chevalier  de  Miranda,  Chargé  d'affaires  de  Portugal. 

2.  Cf.  plus  loin  au  30  décembre  1814,  Pièce  1203. 

T.  1.  4è 


75i  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

1186.  Vienne,  39  décembre  1814  (F.  «.  4903  ad  35«5). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

Melternich  el  Alexandre.  A  propos  du  Pique  nique  de  Sidney  Smith. 
Les  menaces  de  Humboldt.  Nécettilé  d'expulser  le  prince  Eugène. 

Le  prince  Manrîce  Liechtenstein  (l)8*ëtoime  qu*aprèsla  façon 
grossière  dont  Alexandre  avait  déjà  traité  Metternich  à  Paris, 
celm-ci  ait  songé  à  raCtirer  à  Vienne  en  compagnie  d«  xm  de 
Pmsee  et  de  Humbtfldt. 

Alexandre  a  diné  hier  obei  la  Bagration,  On  a  beaiKOiqi  jri 
à  propos  du  Piqnt^nique  que  Sîr  Sydney  Smith  a  ci^paonBé 
pour  aujoard*hni  à  VAufforiên  ^ti  profit  dn  Saint-Sépoicie  à 
Jërasalem. 

Chez  le  comte  Etienne  £icfay ,  on  s'est  étonné  'ffn'oi)  aHiit 
pas  encore  donné  le  OtmsiHum  Abeundi  am  prince  Engtee  vpn 
erxcite  Alexandre,  intrigue  avec  Hnnibokit,  la  Sagm  et  la  Bagra- 
tion. 

La  note  de  TAutriche  (2)  ne  sera  remise  qu'aujourd'hui  ou 
demain.  En  attendant,  Humboldt  et  sa  bande  continuent  à 
agir  et  à  ne  parler  que  de  guerre  et  de  révolution. 


1187.  Vienne,  29  décembre  1814  (F.  «.  4903  ad  3565). 

GCEHAUSEN  à  HAGER 

La  Prusse  gardera  la  Saxe,  d'après  ce  que  disent  Humboldt  et  Yen  députés  de 

la  DobliMe  de  l^Bmpire. 

Humboldt  a  encore  dit  ces  joura^ci .:  «  Mon  Roi  a  jmîs  pos- 
session de  la  Saxe,  qu'il  entend  garder.  L'en  chasee  celui  au- 
quel cela  ne  convient  pas.  Il  ne  recourra  aux  armes  que  s'il  y 
a  lieu,  et  s'il  y  est  forcé.  » 

Le  Roi  lui-même  a  dit  ieii?  à  MM.  Von  Zobel  et  Rûdt  von 
CoUenberg,  députés  de  la  Reichsritterschaft  (3)  que  si  on  voulait 
lui  contester  la  Saxe,  il  ne  reculerait  pas  devant  une  guerre  ; 

1 .  Feld-maréchal  lieutenant  autrichien,  commandant  d'une  division  légère 
pendant  la  campagne  de  1814.  ' 

2.  Cette  note  n'a  pas  été  renin. 

3.  Représentants  de  la  noblesse  de  l'Empire. 


l'ouverture  nu  leoMeRifl.  —  ^la  simm  «r  la  Pologne    785 

iqaiiï  wmi  jliib  :araiée  brsrve  ei  momlnauBe:;  (que  xie  plus  il 
^crwfakjQiroîr  affnzrfaitfpouri'AUemmgne  pour  povrovJConipAer 
iiBT  J'appm  de  wbb  qpeopfeB  -fit  de  «en  pomces. 

Le  comte  Roiteobao^  oaraim  âitibareB  JStliély  lient  «srpro- 
pc»/de  la  (bouobeini60iedBioe<dBBntt€x,  fil  les^a  tvépéMs  À  Wey- 


1188.  Vienne,  29  décembre  "MU  (P.  0.  f999*9A'Zm). 

....  à  HAGER  (en  français). 
La  rproohanitÎDDrauK  PdIoimp».  'Son  *ïnA  iHsfrès  Willié. 


Je  me  suis  infonné«diez  lfl»ide  Willie  de  la  proclamation  de 
la  Russie  aux  Polonais.  Il  parait  qu'elle  existe  réellement, 
maïs  ni  Wrllie,  -ni  le  primre  Gàlitzineii'en  ont  un  exemplaire. 
Ils  m'ont  dit  quexette  jpcoolamation  .e&t  fort  naincelk,. puisque 
la  France,  qui  a  toujours  le  mot  de  paix  à  la  bouche,  tient  sur 
piediune  arniée  comidéTakle  qnkile  ccnforoe'iMn  les  jours  et 
que  i' Autriche  «cioatiaufi  À  avoir  vaiB  taocaée  sur  le  -pind  .de 

gnerie. 

iM.  WiUie  m'a  dit  qxumd  je.me'snifl-teaii^  aBiiI:avae  ïaif$pie 
la  ipreolamation  de  JiBaipaiam*  daax  Salamis  fn'aflrait  d'anire 
but  que  de  se  justiCnr  e&venrs/la  iRoIogne,  de  hn  proiErer  qu'il 
s'int  iroiEvé  :hors  d'état  fdfi  ttanôr  la  pazofe  qu'il  :lâi  araBdt  ihjii- 
jtiée^-mais<qu£  pour  Je  momeuAiilhiitMaitiimpDaBible  «de  :sîaqiier 
d'aUumer  une  noovâUe  ^ uene. 


.il8Si.  Vienne,  A9jdécanbM<l«t4i(«:.  j6.  «m  ad  .«€>). 

FRËDDI  à  ilAGER  (en  français). 

Les  probabilités  en  faveur  de  la  Saxe.  La  date  probable 
du  départ  de  Gastlerea^fa.  Marrie-Louise  impatiente  d'aller  A  Parme. 

Le  Nonce  m'a  raconté  que  le  prince  Antoine  de  Saxe  a  dîné 
deux  fois  à  la  Coui:,  oe  qui  fiait  i^Téaamer  que  la  came  de  sa 
Dynastie  a  triomphé  et  que  ce  pays  va  étrejrendu  à  son  roi. 

Le  Statut  Politique  ContinentiBil  sera  signé. avant  le  15  jan- 

1.  Un  des  conlidents  «tdc» «gtnUite  la vPolÎMâ'Héf etoUa. 


756  AUTOUE  DO  GOUGEÈS   de  YIE53CB 

vier  (1),  car  lord  Castlereagh  a  dit  au  cardinal  Consalvi  qu'il 
sera  à  Londres  pour  Touverture  du  Parlement,  le  0  février,  et 
qu'il  compte  à  ce  moment  pouvoir  lui  communiquer  les  résul- 
tats des  négociations  et  rendre  compte  de  sa  conduite. 

Le  comte  San  Vitale,  grand  chambellan  de  Marie-Louise, 
chez  qui  j'ai  dîné  hier  soir,  m'a  dit  qu'avant-hier  soir,  le  cercle 
de  rimpératrice  Marie-Louise  à  Schœnbrunn  a  été  très  nom- 
breux et  que  Marie-Louise  n'a  pas  caché  son  désir  et  son  im- 
patience de  se  rendre  à  Parme. 


1190.  Vienne,  29  décembre  18U  (P.  4.  4903  ad  S56$). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Le  diner  du  28  chez  la  Bagration.  Alexandre  toujours  brouillé  avec  Melter- 
nich  qu'on  veut  faire  tomber.  La  note  de  Metiernich  du  28  et  le  contre- 
projet  autrichien  du  3  janvier.  Les  affaires  de  Suisse. 

Hier  Alexandre  a  diné  chez  la  princesse  Bagration.  Il  avait 
lui-même  fixé  le  nombre  et  le  nom  des  convives.  Il  étaient 
douze  :  Sa  Majesté,  Razoumoffskj^  Charles  Zichj,  ses  deux 
fils  et  ses  deux  belles-filles,  Ojarowski,  Narischkme,  la  com- 
tesse Flore  de  Wrbna,  et  les  deux  dames  de  la  maison  (2). 

On  m'assure  que  Metternich  n'est  même  plus  prié  chez  la 
Princesse,  dans  les  grandes  occasions.  Je  ne  le  crois  pas,  quoi- 
qu'elle soit  à  présent  à  nouveau  à  couteau  tiré  contre  lui.  Le 
parti  qui  voudrait  le  culbuter  est  nombreux  et  l'on  s'aperçoit 
dans  les  sociétés  qu'il  augmente  tous  les  jours.  Je  le  sens  et  le 
vois  de  tous  côtés. 

Pour  les  diplomates  étrangers,  on  peut  dire  que  tous,  sans 
exception,  sont  mécontents  de  lui.  Ils  l'accusent  de  mauvaise 
foi,  d'une  politique  entortillée  et  qui  n'ayant  pas  de  franchise 
n'inspire  que  de  la  méfiance,  fait  perdre  la  route  aux  plus  ha- 
biles et  désespère  les  plus  loyaux.  C'est  ce  que  disent  partout 
les  Russes,  les  Prussiens,  les  Français  et  presque  tous  les 
autres. 

L'opinion  presque  générale  est  que  le  Ministre  ne  pourra  pas 

1.  Cf.  D'AifOBBBRO,  (737).  Sixième  protocole  de  la  séance  du  10  février  1815 
et  (772-774)  septième  protocole  de  la  séance  du  11  février  1815  des  Pléni- 
potentiaires des  Cinq  Puissances. 

3.  La  Bagration  et  la  comtesse  Aurore  de  Marassé. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   757 

se  soutenir  longtemps  encore.  M.  de  Hacke,  le  ministre  de 
Bade,  disait  encore  hier  qu'il  faudrait  appeler  Stadion  aux 
Affaires  étrangères,  envoyer  Bellegarde  à  Paris,  Metternich  à 
Milan  et  mettre  Wessenberg  aux  Finances. 

On  sait  dans  le  public  qu'Alexandre  ne  veut  plus  traiter 
avec  Metternich  et  qu'il  a  chargé  Razoumoffsky  d'être  le  porte- 
paroles  entre  eux.  C'est  à  cause  de  cette  mésintelligence  géné- 
rale, que  Ton  voit  régner,  que  le  prince  de  Metternich  n'est  plus 
en  faveur  auprès  du  public  comme  il  Tétait  avant  le  Congrès. 

Les  diplomates  attendent  aujourd'hui  et  avec  la  plus  grande 
impatience  la  réponse  de  Metternich  (1)  à  la  note  Prussienne. 
On  espère  qu'elle  sera  claire  et  décisive. 

Le  sort  de  la  Suisse  et  de  la  Valteline  est  décidé.  Les  Cons- 
titutions sont  faites.  La  Suisse  aura  vingt- trois  cantons  et  la 
Valteline  formera  la  quatrième  ligue  grise.  Mais  je  crois  que 
ni  les  Suisses,  ni  les  Valtelins  n'accepteront  les  plans  qu'on  a 
formés  pour  eux  (2).  Il  paraît  au  contraire  qu'on  a  réussi  à 
les  mettre  d'accord  en  cela,  que  tous  à  l'unisson  refuseront 
d'accéder  au  nouveau  pacte  fédéral.  Zerleder  (3)  me  disait  : 
«  Est-ce  aux  barbares  du  nord,  à  des  esclaves  russes  à  venir 
en  Suisse  donner  des  leçons  de  philanthropie  et  de  liberté  aux 
descendants  de  Guillaume  Tell  ?  Nous  n'avons  pas  envie  d'ap- 
prendre par  de  tels  mattres.  Ils  sont  venus  nous  donner  la 
discorde.  Voilà  leur  présent.  Ils  n'ont  qu'à  s'en  retourner  chez 
eux.  Nous  avons  appris  à  lire  avant  eux  et  nous  nous  arrangerons 
nous-mêmes  entre  nous  et  n'avons  nul  besoin,  ni  de  leurs 
lumières  ni  de  leur  zèle.  Croyez-moi,  leur  plan  n'est  pas  encore 
accepté  en  Suisse,  et  je  parierais  qu'il  ne  le  sera  pas.  » 


1.  Cf.  d'ANOBBBRO,  (1863).  Note  de  Metternich  du  28  décembre  1814  et  Ibi" 
deniy  (1874-1877).  Conférence  du  3  janvier  1815  et  contre-projet  de  conTention 
autrichien. 

3.  Cf.  d'ANOBBBRO,  (p.  544-553)  neuvième  protocole  du  comité  chargé  des 
affaires  de  la  Suisse  du  9  décembre  1814.  Mémoire  présenté  par  la  légation 
Suisse  et  notes  des  Députés  du  canton  des  Grisons  du  28  décembre  1814. 

3.  Zerleder  (Louis)  (1772-1840),  membre  du  Grand  Conseil  dans  le  Canton 
de  Berne  après  l'acte  de  médiation.  Ministre  à  Saint-Pétersbourg  en  1814  et 
plénipotentiaire  au  Congrès  de  Vienne.  Mal  accueilli  à  ton  retour  à  Berne, 
il  se  démit  de  ses  fonctions  en  1815. 


758*  JUTOUB  ms  comcrès  db  vnuwr 

1191.  YUenDa,  »L  déconfcre.  ItU  (F.  5U1  ad  i5A5). 

HAGER  i  rE3«PEREUR 
BanteraHr»«t  MppTt:j|Bwndirr  dn  SAdéMmbre  liiii* 


Intercepta  (Cabinet  noie)  do.  29  et  du  30  décembre  191f . 

Hnmboldl  à  Slaegemann  et  au  comte  de  Sohns-Laubacb  (Vé- 
ponse  à  la  question  de  savoir  si'lk  France  et  là  Hollande  feront 
partie  de  lOIfice  Central  da, la  navigation  du  Rhin  (!)«.  Pour 
la  Hollande,  la  chose  paraît  désirable.  Non,  pour  la  France, 
parce  que  la  portion  du  cours  du  Bàs-Rhin  qu'eDe  possède  est 
trop  insignifiante). 

Addington  à  Canning  (Copie  de  la  réponse  de  TaXIeyranif  à 
la  note  de  la  Diète  helvétique  relative  à  un  traité!  de  com- 
merce entre  la  France  et  la  Suisse). 


1192.  Vienne,  30  décembre  1BI4  (F.  9.  51B1  ad'S5«5). 

G£KH AiUSBN  à.  H AG£R 

Questions  relatives  à  la  surveillance  de  Marie-Couise  et  aux  gens   suspect' 

qui  rôdent  autour  de  SchoBubrann. 

Après  lui  avoir  demandé  si  Tagent  Wilhelm  Thorrutûtji, 
employé  par  lui  à  Schœnbrnnny  doit  être  envoyé  à  Badenou.à 
Sehlosshof  si  MarierLouise  y  va  (2),  il  mande  à  Hager  qu'oaa 
déjà  vu  apparaître  à  Sehlosshof  des  gens  qui  doivent,  apparte- 
nir à  la  police  et  que  le  domestique  du  prince  de  Parme  (leroi 
de  Rome)  affirme  en  avoir  déjà  vu  à  Schœnbrunn  et  a  signalé  le 
fait  à  M"'  de  Brignole,  qui  en  a  informé  Marie-Louise  en  pré- 
sence de  Neipperg.  « 

1193.  Vienne,  31  décembre  1814  (3)  (F.  6.  3895  ad  3565). 

HAfiEB  à.L:EMP£R£UR  (Analyse). 
Il  lui  rend  oompte-que  Tonr-  a  ^FU-nMlerà  SchoBnbrium.  autour 


1.  Gfl  D'ANiaMM,  (614I-8A8).  Séaaoa<iu  SA.férrier  ISiSu  PraeàftrVttrbaldA  Ul 
Gin^èn»  oonféreBeaiidè  laiGammisaioDipoiir  latlibrff  navi§tiian  des:  lûièrM 
1.  Hn  iBai^e,aa'daBi7tiA4.lairépoifeM  •  AllêrdimgK  m*{mrimne  n^nii)» 
K  J'ai  craïQiile  de^pUoer  cette  pièce  iei^.biea  qu^en.  mison  do.aa.dj1to.oU0. 

eût  dû  figurer  au  rapport  du  lendemain. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   8AXB   ET   LA   POLOGNE      759 

de  Marie-Louise  des  policiers  qui  ne  sont  pas  de  son  service. 
Il  a  tout  lieu  dtf^croictt  que  ce.  lont.dAA  ageats  au  service  d'me 
puissance  étrangère.  Il  propose  de  prendre  des  mesures  pour 
les  arrêter  et  les  expulser. 


1194.  Vi^nxie,  ad  déOAinbs&  IttUi  (j?. 6.  4903  ad.a5fi5).. 

à  HAGER 

Surveillance  de  Marie-Louise. 

Marie-Louise  a  reçu  le  28  le  marquis  Cornacchia,  gouver- 
neur de  Parme  et  le  oomte  Guisciasdi  (1),  gouvârneur  de  Plair 
sance. 


119&W  Vfenin,  8f  déoenrèrt  19^  (3^  (^.  %  3895^  ad'  9599). 

....  à  HAGER 
RecUflcatioa  du  bulletin  précédent. 

Ce  nétait  pas  le  comte  Gtiicciardi,  maiis  le  comte  Stampa (3) 
qm  était  venu  rendre  visite  le  28  à  Marie-Louise  avec  Cornac- 
chia. Neipperg,  venu  à  dîner  le  39,  est  resté  jusqu'à  H  heures 
du  soir. 


1196.  Vienne,  30  décembre  1814  (F.  6.  4903  ad  3565). 

à  HAGER 

Le  Prince  Hardenberg  et  l'aotrice  Jubille. 

Rapport  relatif  à  la  liaison  du  prince  de  Rardenberg  avec 
l'actrice  française  Jubille  qu'il  vient  de  faire  venir  de  Paris«Il 
y  a  eu  le  29  concert  et  souper  chez  lui. 

1.  Guicciardi  n'était  pas  fouvsBUur  de  nàiaanoe,jiMEii  sénateuc  nûlanaiB. 
Eavojf À  4  Vienne,  il  fut  un  des  plus  acdenL^  à-  demander  Taonezion  à  l'Au- 
triche de  la  Valteline,  son  pajfs.  Quant  A  Cornacchia,  il  était  gouverneur  de 
Plaisance  et  non  de  Parme, 

%,  Ici  cncDoe  par  «ne  raiton  ftioilt  k  «omppBndm  j'Â  cru  devoir  violer 
l'ordre  chronologique. 

3.  Girolamo  Stampa.  de  Chiavenna,  envoyé  à  Vienne  pour  chauffer  avec 
Guiociardi  l'annexion  dala  VftlteiiacL  à  lA.LambaixliA.. 


760  Arrocm  du  oo5GmÈs  de  tiemœ 

1197.  Vienne,  M  décembre  1S14  <F.  f.  4MS  ad  JSCS>. 

Rappobt  à  HAGER 

Préc«ulioDS  prîtes  par  Hardenberi;  lors  de  l'earoi  d'aae  lettre  à  Gaertser. 

II^rdenb3rg  a  fait  porterie  28 uae  lettre aa baron  Gaertner; 
mais  pour  être  sûr  de  sa  remise  immédiate*  il  a  fait  siÛTre 
le  domestique  par  tm  de  ses  hommes  de  confiance. 


1198.  Vienne,  30  décembre  1811  <F.  t.  4903  ad  SMS). 

Rappomt  à  HAGER 

Les  menuf  plaisiri  et  les  parties  fines  du  Grand- Duc  de  Bade  ei  du  prîaee 

bi'ritier  de  Uesse-Darmstadt. 

Le  prince  héritier  de  Hesse-Darmstadt  et  le  grand-dac  de 
Bade  ont  fait  encore  une  partie  carrée  le  27  chez  Geusau.  La 
fête  a  duré  jusqu'à  3  heures  du  matin. 

Le  prince  de  Hesse  va  en  outre  très  souvent  chez  une  M**  Délia 
Porta,  veuve  d'un  oJfBcier,  qui  a  une  très  jolie  fille,  reçoit 
beaucoup  de  monde  et  habite  Kdrninerstrasse  1025,  au 
deuxième  étage. 


1199.  Vienne,  30  décembre  1814  (F.  0.  4903  ad  356S). 

....  à  HAGER 

Dur^e  probable  du  séjour  de  VVrede.  Ses  idées  sur  le  Congrès. 

Wrede  a  dit  hier  à  son  propriétaire  le  comte  Clarj  (1),  qui 
lui  demandait  combien  il  garderait  encore  son  appartement  : 
<  En  tout  cas,  jusqu'à  la  fin  de  mars.  » 

Il  a  dit  toutefois  au  comte  Clarj  qu^il  espérait  néanmoins 
que  le  Congrès  prendrait  fin  avant  la  fin  de  février,  mais  que 
s'il  n'en  était  pas  ainsi  à  la  fin  de  mars,  il  faudrait  alors  s'at- 
tendre à  de  très  fâcheux  événements. 

1.  Probablement  le  comte  Charles-Joseph  Clary  (1777-1831),  Cbambellan,. 
marié  en  1802  à  la  comtesse  Alojrse  Chotek  (1777-1804). 


l'OUVERTURB    du   congrès.   —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      761 

1200.  Vienne,  29  décembre  1814  (F.  6.  5161  ad  3565;. 

FREDDI  A  HAGER  (en  français). 

Le  prince  Eugëne^etses  chances  d'obtenir  un  établissement  en  Italie. 
Tallejrand  et  la  marche  des  afTaires  au  Congnrès. 

Le  prince  Eugène  nourrit  toujours  Tespérance  d'un  établis- 
sement en  Italie,  et  précisément  dans  les  Légations.  M.  d'Ar- 
nay  vient  de  me  dire  qu'on  a  promis  à  son  maître  que  dans 
dix  jours  on  s'occuperait  de  son  sort  et  que  Tallejrand  lui  a 
affirmé,  à  lui,  d'Arnay,  que  pour  les  premiers  jours  de  Tannée, 
les  affaires  les  plus  importantes  du  Congrès  seront  déGnitive- 
ment  arrangées. 

Aldini  croit  au  contraire  que  les  Légations  reviendront  au 
pape,  mais  probablement  avec  des  conditions  favorables  pour 
leurs  habitants. 


1201.  Vienne,  30  décembre  1814  (F.  6.  5161  ad  3555). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
Le  Ck>ngrès  n'a  réellement  commencé  que  la  veille. 

On  dit  bien  haut  que  le  Congrès  n'a  à  proprement  parler 
commencé  que  d'hier  (1),  parce  que  c'est  ce  jour-là  qu'on  a 
renoncé  au  système  infructueux  et  traînant  des  communations 
confidentielles  et  qu'on  s'est  décidé  à  tenir  de  véritables  séan- 
ces entre  les  intéressés. 


1202.  Vienne,  30  décembre  1814  (F.  6.  5161  ad.  3566). 

....  à   HAGER 

Importance  de  la  conférence  chez  Hardenberg.  On  dit  que  la  Prusse  cède. 
Inquiétudes  causées  par  la  conspiration  de  Milan. 

Aujourd'hui,  conférence  chez  Hardenberg  qu'on  dit  devoir 
être  décisive.  L'opinion  générale  est  que  tout  finira  par  un 
accord. 

1.  Cf.  d'ÀNOfBBRO,  (1858),  Conférence  (n*  1)  des  Plénipotentiaires  des 
Quatre  Cours.  Communications  mutuelles  pour  l'ouverture  des  Conférences 
sur  les  affaires  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe,  29  décembre  1814. 


762  AUTOUR  Mf  009GBtS   AE  ^UK.'CS 

Le  comte  Pappenheim  yient  de  me  dire  à  rinstant  que.  la 
Prusse  cède  sur  la  Saxe,  mais  il  m*a  recommandé  de  Q*en  rien 
dire  encore. 

La  coDspiration  d'Italie  préoccupe  beaucoup  ici.  Les  uns 
disent  qu'elle  a  été.  découverte  par  un  maître  de  poste  ;  les 
autres  que  Murât  en  a  informé  rAutriche  (1). 

Lft.  ft^nériT  Laobr  êsi  arables 


1203.  Tienne,  90  décembre  1814  (F.  9.  ad  SSBSl. 

FHEDDl  à  HAiGEBL  (m  baoçaii^. 

Le  dlncr  chez  Miranda  et  la  quettion  des  préséances.  La  bonne  humeur 

d'Alexandre.  Le  tableau  d'iacbey. 

Au  dtncr  chez  Miranda,  on  a  souvent  parlé  de  la  qiMBtiaiB 
des  préséances,  au  sujet  de  laquelle  il  doit  y  avoir  ce  soir 
séance  chez  Labrador  avec  les  ministres  des  huit  puissances. 

On  a  remarqué  la  gaieté  et  le  ton  badin  d'Alexandre.  On 
veut  y  voir  le  pronostic  d'une  heureuse  solution  des  affaires. 

Les  ministres  espagnols  et  portugais  ont  été  chez  Isabey 
qui  est  en  tram  de  travailler  à  aojL  gcand  tableau  du  Congrès 
et  les  a  dessinés. 


1204.  Paria,.  18  déoerobr^  ISU  (F.  S.  btm  ad  866»). 

BOUTIAGUINE  A  NESSELRODE  {Intercepia  du  30  décembre). 

Monsieur  le  Comte,  le  lieutenant  général  Exelmans  a  été 
destitué  à  la  suite  de  la  correspondance  interceptée  sur  le  mé- 
decin du  roi  «Toachim.  Il  jouissait  de  lia  réputation  d'un  militaire 
distingué  et  était  connu  par  L*extDème  effervescence  de  sa  tête. 
Sa  lettre  au  roi  Joachim  en  porte,  dit-on,  tout  le  caractère.  11 
l'assurait  d'avoir  à  sa  dispû&Uioa  20.ÛQÛL  hommes* 

Le  roi,  n*écoutant  que  sa  générosité,  a  voulu  le  pardonner, 
mtris  on  prétend  que  le  duo  de  Dalmatie  a.  insisté  sur  la  des- 
Htutitm  de  oe  général  et  proposé  même  de  l'exiler. 

1.  Cf.  pour  la  conspiration  militaire  et  le  rôle  attribué  à  Murât,  Coioiamdaxit 
WaiL,  Ljt  dwrnièrw  année  do  régn9'  d%  ^Mohiur  Murât;  Tome  II,  4V4Q8  et 
474-8«0. 


l'ouverture  £0?;  GOffGRàS.  —  U^  SbArKE.  ET    LA   POLOGNE      763 

Le9  immie»  dn^  Gouvarnemeni  A^pposaai  à  pareille  mesuca 
de*  rigueur  armant  qva&  !&  kn*  ne  L'ail,  condafnaéy  on  la  laîs&a 
jusqufà  présent  tcanqnille;. 

ih  rends:  compte  ds:  oetLé^nemeAtà.  ^l«fl  Eacellenae  tel. 
qa'on  1«  isacoais  dana  le;  puUîcr  f^hy 


B(iHJ'XLÀ£rUUVŒ  à;  NfiSffîLBQ£^  (iR^eri^i^  du.  30  décembre). 

Monsieur  le  Gômift,  le  nauireaii  miniBfcsa  da  la  Guerra  s'oc- 
cupe; Ineaiunoup  à  oi^nieer  rarmée.  su£  la  pied  de  paix».  Elle 
seiUD  portée  àiSâO^MiO'konimeSi. 

Le.  oomte  Qaru.  est  dé  JMuveaa.  emploj^  <»nime  intendant 
da  Taiimée. 

Le  dMsixdn.chanceiiep  de; la  Légion  d^ honneur  balance  entre, 
le  marédbal  MacdonaU  et  M.  da.  Chateaubriand*  Ce  dernier  a 
un  grand  parti  à  la  Cour. 

Le  crédit  de  M.  le  comte  de  Blacas  s'accroît  de  jour  en  jour 
davantage.  Les  uns  disent  qu'il  aura  encore  un  autre  minis- 
tère,  d'autres  que  c'est  la  place  de  Grand  Chambellan  qui  lui 
sera  confiée. 

Toutes  les  Nouvelles  de  Gand  vont  pour  la  paix.  Le  courrier 
du  duc  de  Wellington  expédié  jeudi  dernier  en  porte  la  com- 
munication à  Lord  Castlereagh  (2). 


1206.  Paris,  19  décembre   1T14  (F.  8*.  ffivrad  3589). 

GROTE  à  MUNSTER  {intercepta)  (en  allemand). 

Effet  produit  par  la  nanrinatiniT  dft.SooIt  eu  ministAiie  dô  la  Guerre. 
Par  les  aatrei  ixaBODunuoiai  mixuitéridta>  pre^téft. 


La,  nomination  da  SoulJL  au  miaistèca  de  la  Guerre  a.  causé 
une  surprise  générale.  Il  passai!  pour  pcFu  favorable  aux  Boor- 

1.  Dépêche  cii*6e  en  entier  par  Polb^dhoff,  Tome  1,  n»- 152,  P.  Vn. 

7.  Dépêche  citée  en  entier  par  PohnrtBoff,  t.  I,  n*  IW,  p.  15«.  J'ai  cm 
néanmoins  devoir  reproduire  ces  deux  dépêches  pour  mieux  montrer  quelfc 
serrices  la  Poliïïei  Boffiietlè  rendiï  pendant  la  dtwôc  du  Conjuré». 


764  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  YIE!f!fE 

bons  et  on  se  rappelait  sa  virulente  proclamation  contre  le 
duc  d*  Angouléme  qu'il  traitait  d'aventurier.  Sa  nomination  et 
celle  d'André  (1)  ont  cependant  un  peu  rassuré  les  inquiétudes. 
On  s'attend  d'ailleurs  à  d'autres  changements  dans  le  sein  du 
ministère.  On  parle  du  remplacement  du  baron  Louis  (2)  par  le 
duc  de  Gaëte  (3)  qui  serait  favorable  à  l'affaire  des  liquidations, 
dont  le  baron  Louis  est  l'adversaire  le  plus  déclaré  et  le  plus 
redoutable.  Malgré  cela,  le  maintien  aux  Finances  du  baron 
Louis  serait  cependant  fort  désirable,  parce  qu'il  y  rogne  un 
tel  désordre  qu'il  faudra,  d'après  les  dires  des  gens  entendus 
et  bien  au  courant,  au  moins  un  an  ou  un  an  et  demi  pour 
les  remettre  à  peu  près  d'aplomb.  Ce  n'est  du  reste  pas  un 
mal,  puisque  cela  calmera  forcément  les  têtes  chaudes  qui  ne 
rêvent  rien  autre  que  de  reconquérir  la  Belgique  ei  les  dé- 
partements du  Rhin  et  rendra  bien  difficiles  les  tentatives 
qu'on  fera  pour  pousser  le  gouvernementà  la  guerre.  On  dit 
que  l'abbé  de  Montesquieu  (4),  ministre  de  l'Intérieur,  va, 
lui  aussi,  s'en  aller.  Il  aurait  pour  successeur  un  certain  Gros- 
bois  (5)  y  mais  cela  me  paraît  peu  douteux. 


1.  D'André  /  Antoine-Balthazir-Joseph  d'André)  \1759-183S).  Conseiller  au 
parlement  d'Aix,  député  aux  Etats-Généraux,  émi^a  en  1792  et  passa  en  An- 
gleterre. 

î.  Lojis  (Joseph-Dominique,  baron)  (1755-1837).  Ami  et  protégé  de  Tallej- 
rend  qui  l'appela  au  ministère  des  Finances  (S  mai  18U).  Louis  XVIII,  qu'il 
avait  suivi  4  Gand,  lui  rendit  son  portefeuille  après  les  Cent  jours. 

S.  Gaudin  (Martin-Michel-Charles,  duc  de  Gaëte)  (1756-1841).  Ministre  des 
Finances  après  le  18  brumaire,  comte  de  l'Empire  en  1808,  et  dae  de  Gaëte 
en  1809.  Redevenu  ministre  des  Finances  pendant  les  Cent  jours,  élu  député 
de  l'Aisne  en  août  1815,  il  fut  en  1924  nommé  gouverneur  de  la  Banque  de 
France,  poste  qu'il  garda  jusqu'en  1884. 

4.  Montesquiou-Fezensac  (François-Xavier-Marc- Antoine,  duc  de)  (1756- 
1882).  Abbé  de  Beaulieu.  près  de  Langres.  Emigré  en  1792.  Ministre  de  l'In- 
térieur (13  mai  181  i-17  mars  1815),  réfugié  en  Angleterre  pendant  les  Cent 
jours. 

5.  Conseiller  d'Etat  honoraire,  ancien  premier  président  au  parlement  de 
Besançon. 


L* OUVERTURE   DU   CONGRÈS.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      765 
1207.  Londres,  12  décembre  1814  (P.  6.  5161  ad  3565). 

GREUHiM  (I)  à  HARDENBERG  {inlercepla  du  30  décembre) 

(Analyse). 

La  situation  politique  en  Angleterre.  Ses  causes,  ses  conséquences.  Avantages 
que  la  Prusse  retirera  de  l'attitude  delà  JFrance  et  de  la  Bavière. 

m 

Après  avoir  commencé  par  lui  exposer  les  raisons  pour  les- 
quelles le  retour  prochain  de  Castlereagh  lui  semble  indispen* 
sable,  il  continue  ainsi  : 

«  La  gène,  les  inquiétudes,  la  tension,  qui  régnent  même 
dans  les  milieux  diplomatiques,  sont  arrivés  à  un  tel  degré 
qu'on  ne  cherche  même  plus  à  dissimuler  les  craintes  qu'ins- 
pire la  situation.  Les  inquiétudes  sont  dues  en  partie  à  la  tac* 
tique  des  journaux  français  poiu*  tout  ce  qui  a  trait  aux  nou- 
velles du  Congrès.  On  est  arrivé  par  là,  d'abord  à  isoler  les 
diplomates^  puis  à  les  dresser  les  uns  contre  les  autres.  Quant 
à  nous,  nous  n'avons  peut-être  pas  beaucoup  à  regretter  les 
conséquences  de  cette  méthode.  En  raison  du  courant  actuel 
de  Topinion  des  gouvernements  et  des  peuples,  l'opposition 
que  fait  la  France  à  l'accroissement  de  la  puissance  de  la 
Prusse  parait  plutôt  de  nature  à  prouver  que  cet  accroissement 
est  une  nécessité  pour  le  bien-être  général. 

L'attitude  de  la  Bavière,  attitude  qui  ne  lui  portera  pas 
bonheur  en  fin  de  compte,  si  elle  est  telle  que  nous  la  dépei- 
gnent les  journaux  et  qui  fait  d'elle  le  second  de  la  France,  ne 
saurait  non  plus  nous  nuire. 


1208.  Londres,  16  décembre  1814  (F.  6.  5161  ad  3565). 

GREUHM  à  HARDENBERG  {intercepta  du  30  décembre). 

(sous  couvert  Munster). 

Etat  des  négociations  avec  les  Etats-Unis.  Mécontentement  causé  en 

Amérique  par  la  situation  financière. 

Suivant  différents  journaux  américains,  les  membres  qui 
ont  le  plus  d'influence  dans  le  Sénat  et  la  Chambre  des  Re- 

1.  Conseiller  de  la  légation  de  Prusse. 


7M  ATTort  vc  <i 


ï*upft\  >,  yi^.y.iHtii  ATiit  publié  les  pi<eces  relatives  i  la  ne^ 
culkiCi  dé;  G^od  et  l'aocti&aiieal  de  l'an-Kr  fait  dLaos  Je  Ixit 
d  erRpé/.îi^r  f:uVlle  n'ait  on  hearecx  résultat.  Cs  zk  re^ardûed 
p:^»  k-,  t^7:r:«:*  propos^  par  les  coTr.rr.i^^irgs  *T^gï>^«  comax 
UMÉi  icadnÛMiUtf  ose  le  AiéleBdaienl  ies  pirtwam  ^^^  lîeir 
Madison  Mu 

!>;  Lud^^t  doit  aToir  aussi  augmenté  le  mécoDientement 
gériéml  <Ti  ^cl^irant  h  narliofi  sur  k  mauiaLt  éttU  des  fiBuoe». 
Qqrlques  lettres  particuEères  dEseiitqa*«s  eonsèqwoce  deeetle 
dUpofiition  de  l'esprit  public,  le  président  enrait  craôit  de 
rmnpn  trop  tM  b  néjrociatÎDn  et  eurof^  pcr  le  Fingal  des 
înstnicti^/nY  plus  padfiques  que  ceDes  fjuH  «wit  pi  épatées 
anssit^'it  aprè.^  la  réception  des  dépédws  de  «es  plénip^teB- 
tiaiffs  ^  Gamd. 


1209.  Poû,  iS  iinuahii  IMS  {F.  «.  SlSl  ad  JUSu 


Ai.FIERl  DI  SOSTEG>ÎO  '^\  i  M.\iSraE 
(inêerwpêM  du  30  déceinbn|. 

Eut  fît  ÏH   Fraace.  Saj^iie  ds  L<nn  Xnil.  É!ope>  de  sa  polttjqae. 
La  préUadut:  amnpiniism  canin  le  roi.  £tat  de  rEm^igaz   L'iteiâfi.  Gènes. 

Cfi  pavs-ci,  comme  tous  les  autres,  a  besoin  de  repos  et 
son  souvf;r.'nn  doit  par  sa  conduite  inspirer  la  pliFS  grande 
amiuince  pour  espérer  que  rien  ne  sera  négligé  par  lui,  pour 
Tassurfîr  à  la  France  et  à  l'Europe  à  la  fois.  Mais  les  Princes, 
r|ui  se  sont  immortalisés  en  le  replaçant  sur  son  trône,  ne 
doivent  pas  laisser  l'ouvrage  imparfait,  ni  oublier  que  c'est 
leur  cause  qu'ils  ont  servie  en  le  rendant  à  la  France,  et  ils 
devraient  chercher  à  l'entourer  de  cette  considération  qui  affer- 
misse toujours  plus  le  pouvoir  qu'il  leur  a  plu  de  lui  laisser,  et 
tout  en  ôtant  h  la  France  tous  les  moyens  d*être  jamais  tentée 
de  recommencer  à  faire  du  mal,  lui  ménager  pourtant  le  moyen 
de  jouer  le  rôle  que  la  nature  lui  a  départi  et  dont  elle  doit 

1.  Madison  (James)  (1758-183«),  Président  des  Etals-Unis  de  1809  à  1817, 
Il  eut  pour  successeur  à  la  Maison  Blanche  son  secrétaire  d'BUt,  Monroe. 


l'ouverture  Dtr  COTORto*  >L&  '8âX£  HT   LÀ   POLOGNE     767 

Vf  m  leïrcm  esprit  de  se  «ooirteiiler.Il  iparedt  qu'elle  vient  «d^n 
donner  une  preuve  daM^mmomead,  odù,  aa  Uemâeleur  Ae- 
memder  à  obtenirnB  oeoroiisenent^de  temtnîre  prq»oDtionné 
à  celui  que  les  autres  Qrvndes  BinsBanDes  iMwaisAent  vouloir 
se  donner,  elle  a  préféré  user  de  .son  influence  pour  protéger 
la  cause  des  princes  malfaeaiienix  <et  passe  énnitfir,Hi*il  «era  {m»s- 
sible,  une  tache,  comme  il  paraît  que  seraient  des  spoliations 
de  ce  genre,  aux  souverains  envers  lesquels  Louis  XVIII  est 
lié  par  le  devoir  de  la  reconnaissance. 

Dans  ce  pays-ci,  comme  ailleurs,  il  y  a  beaucoup  de  mécon- 
tents ;  mais  chaque  jour  oja  fait  quelques  pas  vers  une  plus 
grande  tranquillité,  et  si  le  Congrès  avait  un  résultat  heureux, 
s'il  ne  laissait  plus  «uomie  ^perspective  de  points  de  rallie- 
ment aux  esprits  turbulents,  il  ne  faudrait  pas  longtemps 
potrr  voir  renaître  parient  l'i»rdpe.  Lia  prétendue  conspiration 
pom*  enlever  le  <Roi  nn.'^  pas  eu  Iveu.  Des  personnefi  sé^léfiB  ont 
voulu  un  peu  inoanûdévénient  «e  faire  un  mérite  enipronont 
des  mesures  surabondantes  qui  annonçaient  des  dangers  qui 
ne  devraient  jamais  être  avoués,  même  s'ils  existaient. 

La  pauvre  Espagne  est  toujours  dans  un  iriste  état.  Bien 
des  personnes,  qui  se  tiennent  derrière  la  toile,  paraissent 
pousser  le  Roi  à  des  mesuffes  ineon venantes.  On  cherche  tou- 
jours à  l'exaspérer  contre  la  France.  On  confond  ce  que  celle- 
ci  a  été  et  ce  qu'elle  est  et  doit  être.  Cervallos  parait  avoir 
été  mis  en  avant  pour  être  rinstrnment  des  vues  des  personnes 
qui  n'aiment  pas  se  montrer  à  découvert  et  qui  ont  entre  les 
mains  les  moyens  de  le  perdre  toutes  Les  lois  qu'il  ne  mar- 
chera pas  sur  la  ligne  qu'on  lui  a  tracée. 

Oubliant  ce  que  Wellington  avait  fait  pour  ce  pays,  on  est 
arrivé  à  mettre  en  arrestation  TEspagnol  dans  lequel  il  avait 
le  plus  confiance  (1).  Il  a  pourtant  été  remis  en  liberté.  Les 
Moines  paraissent  y  jouer  toujours  un  grand  rôle.  Louis  XVHI, 
en  apprenant  que  le  roi  avait  procédé  à  l'arrestation  de  son 
ministre,  a  dit  :  «  Ce  que  fait  là  mon  frère  et  cousin  est  bien 
peu  royal.  » 

La  paix  de  la  France  aTec  l'Espagne  aura  de  la  peine  à  se 


1.  Le  général  Alava.  Cf.  Jtucourt  à  Talleyrand,  Paris,  7  décembre  1814. 
«  Le  général  Alava  a  élé  mis  en  liberté.  11  le  doit  àla  crainte  d'une  émeute.  » 
Cf.  Lêtters  and  despûiche*  of  lord  Casilertêçk^SiT  Henry  Wellesley  à  lord 
Castlereagh,  Madrid,  24  novembre.  Hone  JK,  page  M8. 


768  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

rétablir.  On  a  l'air  de  chercher  noise  à  tout  moment  au  lieu 
d'agir  d'après  les  intérêts  communs. 

La  pauvre  Italie  a  besoin  de  la  fin  du  Congrès  et  d'une  déci- 
sion de  son  sort,  quel  qu'il  puisse  être. 

Les  Génois  ne  seront  pas  touchés  de  leur  sort  et  je  les 
plains  parce  qu'on  les  a  un  peu  trompés. 


1210.  Vienne,  1"  janvier  18!5  (F.  6  S895  ad  1810). 

HAGER  à  TEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  1**  janvier  1815. 

11  lui  signale  les  chiiïons  de  Dalberg  et  un  intercepta  de 
Castlereagh  informant  Talleyrand,  Hardenberg  et  Nesselrode 
de  la  conclusion  le  24  décembre  de  la  paix  avec  les  Etats-Unis  (1). 


1211.  Vienne,  31  décembre  1814  (P.  6.  3895  et  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR 

Passag^e  du  roi  de  Wurtemberg  à  Linz. 

Rapport  sur  le  passage  incognito  du  roi  de  Wurtemberg 
à  Linz  le  27  au  soir.  Sa  suite  y  a  raconté  que,  tout  comme  le 
grand-duc  de  Bade,  le  roi  n'avait  pas  lieu  d'être  autrement 
satisfait  des  résultats  de  son  séjour  à  Vienne. 


1212.  Vienne,  31  décembre  1814  (F.  6.  2895  ad  3565). 

e  e  à  HAGER . 

Les  conseillers  influents  d'Alexandre.  Les  dîners  et  réceptions  de  Gagem. 

Le  mot  du  prince  de  Li^ne  sur  Ouvaroff. 

L'empereur  Alexandre  cause  longuement  et  souvent  avec  le 

1.  Traité  de  paix  de  Gand  entre  la  Grande-Bretagne  et  les  £t«t8-Uni8 
d'Amérique,  signé  le  24  décembre  1814. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      769 

Palatin  :  mais  seuls  Humboldt,  Czartoryski,  Stein  et  Capo  d'Is- 
tria  ont  de  Tinfluence  sur  lui. 

Les  grands  dîners  et  les  réceptions  de  Gagern  font  beaucoup 
jaser.  On  se  demande  qui  paye  ces  grosses  dépenses. 

Le  prince  de  Ligne,  en  voyant  le  général  Ouvaroff  qui  accom- 
pagne toujours  l'empereur  Alexandre,  l'appelait  TEtrangleur 
à  cause  de  sa  participation  au  meurtre  de  Paul  P'. 


1213.  Vienne,  31  décembre  1814  (F.  496  ad  2). 


....  à  HAGER 


stagnation  des  grandes  affaires  à  cause  de  l'attitude  de  la  Russie 
et  de  la  Prusse.  ^  On  va  aborder  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne. 

Les  affaires  générales  de  TEurope,  celles  de  Gènes  (1)  et  de 
la  Suisse  (2)  exceptées,  languissent  à  cause  de  l'attitude  de 
la  Russie  et  de  la  Prusse,  relativement  à  la  Saxe  et  à  la  Po- 
logne, qu*on  est  cependant  décidé  à  couler  à  fond,  et  les  quatre 
plénipotentiaires  Hardenberg,  Metternich,  Razoumoffskj  et 
Castlereagh  (3)  vont  enfin  s'aboucher  à  ce  propos.  Du  résultat 
de  ces  conférenceis  dépendra  le  sort  de  l'Europe  et  du  Congrès. 


1.  Cf.  d'ANOBBBRO,  Protocole  de  la  séance  du  14  décembre  des  Plénipoten- 
tiaires des  Huit,  Page  527.  Ibidem,  Adhésion  de  la  Sardaigne  (17  décembre 
1814),  Page  536  et  Protestation  du  gouvernement  provisoire  de  Gènes  (28  dé- 
cembre 1814),  Pages  569-570. 

2.. Cf.  d'ANOBBBRo,  Septième  protocole  du  Comité  des  affaires  de  Suisse. 
Séance  du  15  décembre  et  notes  présentées  par  la  Légation  suisse,  528-531. 
Neuvième  protocole  du  comité.  Séance  du  19  décembre.  Mémoires  et  notes. 
Pages  544-553. 

3.  Cf.  d'ÀNOBBERO,  conférences  du  29  décembre  1814  et  du  30  décembre  1814 
des  Plénipotentiaires  des  Quatre.  Notes,  projets  et  contre -projets.  Pages 
1858-1874. 

T.  I.  49 


770  AUTOcm  vc  oo^grès  ne  vnxif  b 

1214.  Vienoe,  3  janrier  1815  (P.  49ft.M0  êà  2.J 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  2  jaarrier  1815. 


Visite!  faites  à  Sylarie-Louise  et  rendues  par  elle. 
Mode  d'expédition  des  lettres  de  Scbônbrunn. 


Visites  faites  par  la  famille  impériale  à  Marie-Louise  le 
31  décembre,  bile  reçoit  également  .celles  de  Dalberg  et  da 
prince  Eugène,  qui  reste  chez  elle  pendant  mie  heure  et  demie. 
Marie- Louise  a  rendu  les  visites  aux  membres  de  la  famille 
impériale,  chez  lesquels  elle  a  également  envoyé  le  roi  de 
Rome. 

Neipperg  a  dtné  chez  elle  le  31  et  on  a  parié  à  taUe  de  Tin- 
cendie  chez  Razoumoffskv  (1). 

Marie-Louis6  fait  porter  ses  lettres  en  ville  et  les  expédie, 
ainsi  que  celles  de  M.  de  Bausset,par  xm  homme  à  cheval,  on 
Français  avec  lequel  il  n  j  a  rien  à  faire.  On  le  fera  suivre  à 
partir  de  la  ligne  (2)  afin  de  savoir  où  il  va.  Jusqu'à  la  ligne, 
il  marche  à  une  allure  si  rapide  qu'il  est  impossible  de  le  siÛTre 
en  vitesse. 


1215.  Vienne,  SI  décembre  1814  {F,  490.209  ad.  S). 

....  à  HAGER 

Surveillance  de  Talleyrand. 

Gagem  et  Vem^oes  ont  rendu  visite  dans  U  matinée  du 
30  à  Talleyrand,  qui  a  conféré  de  1  à  2  heures  avec  La  Tour 
du  Pin  et  Noailles.  Le  prince  de  Metternidi,  venu  glii»r  loi  à 
3  heures,  est  resté  avec  lui  jusque  vers  5  heures. 


1.  Le  palais  de  Razoumoffsky  avait  été  en  partie  détroit  par  un  incendie 
pendant  la  nvit  prèoédente. 
1.  Ligne  :  L^oetroi  de  la  rSCh  de  Vienne. 


l'ouverture   du  congrès,  —  LA   SAXE   ET  LA   POLOGNE      771 

A  dioer,  le  général  comte  Giulay  (1),  Rohan,  le  curé  de 
Sainte- Anoe  (2),  le  ccMnmandeur  RuiFo,  Fonlbrane,  La  Tour 
du  Pin,  G^ntz  (:)),  Flassan,  etc.,  etc. 

Venus  après  le  dioery  le  comte  PalfTj,  Trauttmansdorff^  le 
comte  Benzel-Sternau,  Los  Rios,  Saint-Marsan,  Carneville. 

A  9  heuTOS,  Talley rand  est  allé  chez  Metternicb^  j  est  resté 
jusqu'à  il  heures  et  s'est  rendu  de  là  chez  le  prince  Weuzel 
Liechtenstein  et  n'est  rentré  qu'à  4  heures  du  matin. 

Deux  courriers  de  Paris  sont  arrivés  dans  la  nuit« 


1216.  Vienod,  !•' janvier  ISIS  <F.  2.  496.209  ad  2). 

GOEHAUSEN  k  HAGER 

Bruits  répandus  dans  le  public  sur  la  conspiration  de  Milan 
et  la  conspiration  de  Murât  et  de  Napoléon, 


1217.  Vienne,  31  décembre  1814  (F.  2.  496.209  ad  2). 

e  e  à  HAGER 

Le  pique-nique  de  Sidney  Smilh.  Ce  que  Dalberg 
lui  a  dit  chez  Talieyrand.  Flassan. 

On  ne  fait  que  jaser  du  pique«nique  d'hier  de  VAugarlen.  On  en 
rit  à  gorges  déployées.  En  fait  d'Anglais  il  n'y  avait  guère  que 
Sidney  Smith  (4),  parce  qu'il  fait  partie  de  l'Opposition.  Il  n'y 
avait  guère  en  tout  que  300  personnes,  parmi  lesquelles  ime 
trentaine  de  femmes.  A  il  heures  tout  était  fini» 

1.  Giulaj(  Ignace,  comte)  (176S-1631),  était  déjà  feld-maréehal  lientenant  en 
1805  et  quartier  inailre  général  de  l'archiduc  Ferdinand.  11  fut  aree  le  prinoa 
Jean  de  Licchtcnshein  l'un  des  signataires  de  la  paix  de  Presbourg.  Fcidzeug- 
meister  à  ce  moment,  il  succéda  plus  tard  à  Frimont  dans  les  fonctions  de 
Président  du  Conseil  aulique  de  la  guerre,  qu'il  n'oooopa  du  reste  que  pen- 
dant peu  de  temps. 

3.  Église  de  Vienne  où  le  curé  prêchait  en  français. 

3.  Cf  Gbntz,  T&gehûcher^  343.  «  Diné  chez  Talleyrand.  II  me  remet  un  ca- 
deau magnifique  (24.000  florins)  de  la  part  du  roi  de  Pftmce  I  • 

3.  Cf.  Diaro  de  SAint-MMrsàn  publié  par  le  Père  I.  Ruubri,  CarrUpondenMM 
inediU  dei  C&rdinAli  Consalvi  e  Pacca,  LXVI.  «  Singulier  dîner  et  bal  de 
Sidney  Smith  par  souscription  à  r.4n^ar(en,  tous  les  rois,  princes,  empereur 
de  Russie.  11  oublie  100  personnes.  Je  ne  vais  qu'au  bal.  Eut  :  las  escâarea, 
les  barbaresques.  Personnes  :  les  chevaliers  de  tous  les  ordres  :  Projet  de 
trois  trésoriers  ;  Pour  les  aanoncea,  un  Turc,  un  proteattot  «t  Je  Noooe.  Es- 
pèce de  folie,  beau  local.  » 


772  AUTOUR   DU  CONGRÈS  DB   VlEZfNB 

J'avais  depuis  quelque  temps  interrompu  mes  visites  chez 
Talleyrand.  J'y  ait  été  ce  soir  et  j'ai  été  très  bien  accueilli.  J'y 
ai  trouvé  tout  le  personnel  de  la  mission,  plus  Vernègues,Ruffo, 
Saint-Marsan  et  autres.  Dalberg  m'a  dit  :  «  Je  suis  très  en 
froid,  presque  brouillé  même  avec  mon  oncle,  le  grand-due, 
depuis  l'histoire  du  coadjuteur,  du  Cardinal  Fesch  (1).  Je  suis 
entré  au  service  de  la  France  pour  sauver  mes  propriétés  de  la 
rive  gauche  du  Rhin.  Je  vous  en  fournirai  les  preuves,  mon 
cher,  et  je  vous  en  communiquerai  des  originaux  qui  tous 
convaincront.  » 

M.Flassan,rauteur  de  V Histoire  de  la  diplomatie  française^ 
m'a  prié  de  l'introduire  chez  le  baron  Thugut,  parce  qu'il  est 
précisément  en  train  de  préparer  un  grand  travail  historique 
sur  son  Ministère. 


1218.  Vienne,  !•'  janvier  181»  (F.  3.  496.309  ad  2). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

La  princesse  Bagration.  Alexandre,  Metternich,  le  prince  royal  de  Wurtem- 
berg. La  grande-duchesse  CaUierine  Pouo  di  Borgo.  Capo  d'Istria. 

J'ai  risqué  ma  vie  en  allant  pour  le  service  de  Sa  Majesté 
chez  la  princesse  Bagration  pendant  quelques  heures. 

Voici  ce  que  j'en  rapporte  : 

L'empereur  Alexandre  est  furieux  contre  le  prince  Metter- 
nich.  Il  l'accuse  de  la  plus  noire  mauvaise  foi  et  d'avoir  voulu 
semer  la  mésintelligence  entre  la  Russie  et  la  Prusse.  Il  dit 
que  la  Prusse  lui  a  montré  toute  la  correspondance  secrète  avec 
Metternich. 

La  comtesse  Aurore  Marassé  m'assure  que  nommer  Metter- 
nich et  se  perdre  auprès  d'Alexandre,  c'était  la  même  chose* 
£lle  m*a  dit  cela  avec  tristesse,  car  elle  est  toute  dévouée  à 
Metternich  et  à  TAutriche. 

La  princesse  Bagration  jouit  d'une  espèce  de  triomphe  en 
cela  et  se  croit  vengée  des  infidélités  de  son  amant. 

La  comtesse  Marassé  m'a  dit  qu'elle  a  voulu  deux  fois  pré- 
venir le  prince  de  Metternich  de  l'orage  qui  se  formait  contre 

1.  On  sait  qu'en  1806  le  Prince-Primat  avait  fait  choix  du  Cardinal  Fesch 
comme  coacyuteur  et  successeur  éventuel. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   773 

lui  par  les  propos  qu'on  tenait  à  Alexandre  sur  son  compte, 
mais  que  Metternich  ne  lui  en  a  jamais  donné  l'occasion,  quoi- 
qu'elle lui  eût  fait  connaître  son  désir  et  que  lui-même  eût 
désiré  d'en  être  instruit. 

€  Mais,  dit-elle,  il  trouvait  bien  le  temps  de  courir  chez  la 
Sagan,  mais  pas  un  quart  d'heure  pour  m'entendre.  J'en  ai  été 
bien  peinée,  car  j'aurais  désirer  le  prévenir  de  tout.  » 

La  princesse  m'a  dit  qu'elle  ne  croit  pas  que  le  mariage  du 
prince  royal  de  Wurtemberg  avec  la  Grande-Duchesse  se  fasse. 
Celle  «ci  le  voudrait,  mais  lui  n'en  est  pas  si  pressé.  La  prin- 
cesse m'a  dit  encore  que  la  Grande- Duchesse  était  jalouse 
d'elle  et  qu'en  réalité  il  n'y  avait  pas  de  quoi  «  puisqu'il  vient 
chez  elle  en  ami  ». 

€  S'il  y  avait  quelque  chose,  a-t-elle  ajouté,  je  vous  le  di- 
rais. J'ai  cependant  voulu  prévenir  l'empereur  Alexandre  que 
sa  sœur  était  jalouse  de  moi.  »  L'Empereur  me  répondit  :  €  Ce 
sont  là  vos  alTaires^  moi,  je  ne  m'en  mêle  pas.  » 

Nous  parlâmes  de  Czartoryski.  Elle  me  dit  qu'il  a  repris  son 
ascendant  sur  Alexandre  et  qu'elle  osa  dire  à  l'empereur:  «  Ce 
Czartoryski  ne  me  plaît  pas.  Au  premier  moment,  il  vous 
plantera  pour  courir  à  Baden  ou  à  Carlsbad.  » 

Elle  me  dit  aussi  que  le  prince  royal  de  Wurtemberg  lui 
avait  dit  qu'il  se  proposait  de  parler  à  Alexandre  pour  le  dé- 
tourner de  son  entêtement  de /établir  le  royaume  de  Pologne, 
et  m'a  prié  de  ne  rien  dire  à  personne  de  cette  confidence  que 
le  prince  lui  a  faite. 

Elle  a  toujours  été  (j'ignore  le  pourquoi)  d'opinion  contraire 
à  ce  rétablissement. 

Elle  m'a  assuré  que  Pozzo  di  Borgo  ne  compte  plus  tant 
auprès  d'Alexandre  à  présent  et  que  c*est  le  moment  de  faveur 
de  Capo  d'Istria  (1). 

Je  dois  ajouter  pour  mon  compte  que  celui-ci  n'est  pas 
Tami  de  Metternich.  Encore  dernièrement  il  m'en  a  parlé.  Il 
lui  accorde  l^caucoup  d'esprit  et  d'éloquence,  mais  ni  morale, 
ni  bonne  foi.  Il  m'a  cité  un  trait  de  lui.  Il  écrivit  à  Lebzeltern 
en  Suisse,  «  en  lui  donnant  un  ordre  qu'Alexandre  approuvait, 
comme  il  le  verrait  par  la  pièce  jointe  à  sa  dépêche  ». 


1.  La  princesse  Bagration  ne  se  trompait  pas  puisqu' Alexandre  confia  en 
t816  le  portefeuille  des  affaires  étrangères  à  Capo  d'Istria  qui  le  garda  jns- 
^ju'en  1832. 


774  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Cette  pièce  n*y  était  pas  et  nWait  jamais  existé.  Il  6t  oda 
pour  attraper  le  consentement  de  Capo  d*Istria  qui  le  domn, 
mais  le  lendemain  partit  pour  Fribourg,  alla  chez  Alexandre 
qui  fut  furieux  de  ce  tour  de  Metternich  (!). 

Capo  d'Istria  (i)  se  dit  très  content  de  Wessenbei^  qu'il 
trouve  franc,  clair,  droit,  loyal  et  intelligent.  II  dit  aussi  du 
bien  de  Stadion,  mais  on  voit  que  pour  Mettemicfa  il  partage 
les  sentiments  de  son  maftre. 


1219.  Vienne,    3  janvier  1815  (F.  2.  490  ad  2). 

HAGER  à  TEMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  3  janvier  1815, 


1220.  Vienne,  2  janvier  1815  (F.  2.  496.211  ad  2). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

Bruits  de  remaniement  dm  cabinet  autrichien*  Rëg^lement  imminent  des 
grande»  aftairea  et  proclamatioa  de  l'emperaur  François  comme  empereur 
d'Allemagne. 

On  fait  courir  à  Vienne  le  bruit  de  grands  remaniements  du 
Ministère.  Stadion  deviendrait  ministre  des  Affaires  Etran- 
gères et  Bellegarde  aurait  obtenu  de  quitter  Milan  où  il  serait 
remplacé  par  Frimont  (3).  On  dit  de  pins  en  plus  que  les 

1.  il  s'agit  là  d'on  înoident  dont  les  consèfoences  furent  des  plus  grares 
et  qui  remonte  au  mois  de  décembre  1813,  d'une  correspoi^flanoe  relative  à  la 
violation  de  la  neutralité  de  la  Suisse  contre  la  volonté  de  l'Empereur 
Alexandre.  Il  convient  de  remarquer  que  ni  les  troupes  russes,  ni  celles  des 
IV*  et  V«  Corps  (Prince  royal  de  Wurtemberg  et  Wrcde)  ne  pénétrècmii  k 
l'intérieur  de  la  Suisse.  Les  gardes  et  réserves  russes  de  Barclay  de  ToUy  et 
les  Austro-Bavarois  de  Wrede  se  bornèrent  â  se  servir  du  pont  de  Bftie, 
tandis  que  les  Autrichiens  s'étendirent  jusqu'à  Genève. 

2.  Capo  d'Istria  était  A  ce  moment  en  rapports  constants  et  suivis  avec 
Wessenberg,  membre  comme  lui  de  la  Commission  pour  les  affaires  suisses. 

3.  Frimont  von  Palota  (Jean-Marie,  Comte,  Prince  d'Antrodoco)  (1759- 
1831),  Général  de  cavalerie  du  13  octobre  1813,  à  ce  moment  commandant  de 
toutes  les  troupes  autrichiennes  stationnées  dans  la  Haute  Italie  et  en  Dal* 
matie,  dirigea  au  début  de  la  campagne  et  jusqu'au  combat  da  Ronoo  les 
opérations  contre  Murât  et  peu  de  temps  après  celtes  contre  l'armée  de 
Suchet. 


l'ouverture   du  congrès,  —   LA   SAXE   ET    LA  POLOGNE      77K 

grandes  affaires  du  Congrès  seront  réglées  d'ici  au  15  et  q^ue 
le  jour  de  sa  fête  Tempereur  d'Autriche  sera  proclamé  empe- 
reur héréditaire  d* Allemagne. 


1221.  Vienne,  S  janvier  181»  (F.  3. 499 ad  1). 

Intercepta  insignifiants  chez  Nesselrode,  Dalberg  et  Talley 
raody  et  rapport  à  Hager  sur  le  passé  et  ka  aptitudes  des 
deux  agents  secreift  pmssîens  an  serrice  de  Hardeiàberg  et  de 
Stein,  Veîlh  et  Mûller. 


1222.  VieaaA.  2  janvier  181&  (P.  4fft^ll  ad  2). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

Effet  produit  sar  las  Prasaiess  par  La  nouveile  de  U  aignalure  dia  taaiiè 
de  Gand.  Propoa  tenus  par  Hardeaber|p  à  cette  occasion* 

Vefth,  le  confident  du  prince  de  Hardenberg,  a  dit  qu'à  la 
suite  de  la  signature  du  traité  de  Gand,  un  courrier  prussien 
(Karsten),  parti  hier,  a  emporté  Tordre  du  roi  défaire  entrer 
immédiatement  en  Saxe  un  gros  corps  de  troupes  prussiennes. 

Veith  a  raconté  à  notre  émissaire^  qui  lui  araît  fait  croire 
qu'il  était  né  en  Prusse,  qu'en  recevant  la  nouvelle  de  la  con- 
clusion de  la  paix  entre  la  Grande-Bretagne  et  les  Etats-Unis, 
le  prince  de  Hardenberg  s'est  écrié  :  «  A  la  bonne  heure  f 
Nous  allons  recommencer  à  toucher  de  Fargent,  ne  scraît-ce 
que  grâce  à  la  liberté  du  commerce  et  du  pavillon  prussien  et 
puis,  parce  que  l'Angleterre  va  maintenant  s'occuper  sérieu- 
sement des  affaires  du  Continent.  » 


1223.  Vienne,  2  janvier  181»  (P.  2. 496.209  ad  2). 

Qre  à  HAGER  (en  français). 
La  guerre  probable 

La  princesse  Taxis  a  su  hier  par  la  grande-mattresse  de  la 
cour  de  la  Grande-Duchesse  Marie  que  celle-ci  lui  a  dit  qu'on 
allait  avoir  la  guerre  et  que  d'ici  à  huit  jours  la  chose  serait 
décidée* 


776  AUTOUR    DU  CONGRÈS    DE   VIENNE 

1224.  Vienne,  2  janvier  1815  (F.  2.  4M.209  ad  2). 

....  à  HAGER 

Les  propoH  !c!iiis  par  Ilumholdt  cliez  Hardenberg,  L'attitude 
du  Grand-Duc  de  Uade  en  cas  de  guerre. 

Humboldt  a  dit,  il  y  a  quelques  jours,  chez  Hardenberg,  au 
moment  de  se  rendre  à  8  heures  du  soir  à  la  Chancellerie 
d'Etat  :  «  Je  m*en  vais  à  la  commission  des  préséances.  En 
voilà  une  qui  durera  lonj2^temps,  puisqu'elle  ne  pourra  se  ter- 
miner que  lors({ue  chacun  aura  parlé  à  son  tour  et  à  la  place 
qu*on  lui  aura  assignée.  » 

Au  dîner  donné  vendredi  dernier  le  30  décembre  par  Har- 
denberj^,  on  s'est  moqué  tant  et  plus  du  Congrès  et  surtout 
du  parti  autrichien,  bien  entendu  tant  que  le  baron  de  Wes- 
semberg  n'était  pas  là  ou  lorsqu'il  se  trouvait  à  l'autre  bout 
de  la  salle,  et  on  Ta  fait  à  la  façon  vraiment  prussienne,  façon 
que  ne  saurait  rendre  le  récit  d'un  tiers  et  qui  ne  peut  du 
reste  être  goûtée  que  par  des  initiés  et  comprise  que  par  des 
Prussiens.  Humboldt  a  été  l'un  des  plus  agressifs  et  des  plus 
violents. 

Le  grand-duc  de  Bade  a  dit  dernièrement  en  soupant  chez 
son  grand  maître  de  la  Cour  avec  le  conseiller  d'Etat  Sensburg, 
lorsque  le  vin  du  Rhin  lui  eût  un  peu  délié  la  langue  :  «  Si  la 
guerre  éclate,  je  marcherai  avec  l'Autriche^  bien  que  je  sache 
que  cela  coûtera  cher  à  ma  sœur.  Alexandre  ne  laissera  pas 
en  effet  échapper  une  aussi  bonne  occasion  de  se  débarrasser 
d'elle.  Mais  je  ne  peux  faire  autrement,  surtout  dès  que  la 
France  est  d'accord  avec  l'Autriche.  » 


1225.  Vienne,  2  janvier  1815  (F.  2.  496.209  ad  2). 

0...  à  HAGER  (en  français). 

Inquiétude  des  Polonais.  Us  espèrent  la  chule  de  Metternich  et  déplorent  le 

départ  prochain  de  Gastlereargh. 

Les  Polonais  gardent  un  morne  silence  sur  le  sort  de  leur 
patrie.  Ils  ne  désespèrent  pas  encore  à  cause  de  l'influence 
que  Czartory ski  et  La  Harpe  continuent  à  exercer  sur  Alexandre. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   777 

C'est  à  cette  inQuence  qu'ils  attribuent  le  bruit  du  remplace- 
ment de  Metternich  par  Stadion.  Ils  prétendent  que  le  prince 
Adam,  ennemi  déclaré  de  Metternich,  a  tellement  indisposé 
Alexandre  contre  celui-ci  que  l'empereur  d'Autriche  ne  pourra 
s'empêcher  de  procéder  à  ce  changement  du  ministère. 

En  revanche,  ils  augurent  mal  pour  leur  cause  du  départ  de 
Castlereagh  et  de  la  venue  de  Wellesberg  (1  )  et  de  Lord  Lî- 
verpool  (i)  qui  se  sont  hautement  déclarés  contre  la  Pologne. 
EnGn  ce  qui  les  déroute  surtout,  c'est  le  mystère  impénétrable 
qui  règne  sur  toute  la  marche  du  Congrès.  Ils  croient  à  une 
guerre  et  il  est  hors  de  doute  que  dans  ce  cas  tous  les  habi- 
tants de  la  Galicie  prendraient  fait  et  cause  pour  la  Russie. 


1226.  Vienne,  2  janvier  1814  (F.  2.  496.209  ad  2). 

BENTINCK  (3)  à  STEIN  {Inlercepla)  (en  français). 
Les  réclamations  du  comle  de  Bentinck  contre  le  duc  d'Oldenburg. 

Je  prends  la  liberté  de  communiquer  à  Votre  Excellence 
l'extrait  d'un  rapport  que  je  viens  de  recevoir.  Elle  y  verra 
un  nouveau  spécimen  des  Principes  libéraux  du  duc  dOlden- 
burg  et  de  sa  régence. 

J'étais  parvenu  sous  les  Français,  par  mes  représentations 

1.  Il  s'agit  là  de  Wellington. 

2.  Lord  Liverpool  ne  vint  pas  à  Vienne. 

3.  Bentinck  (Guillaume-Gustave-Frédéric,  comte  de),  Seigneur  de  Varel  et 
d'Iund  et  Kniphausen,  était  pour  la  première  seigneurerie  soumis  à  la  souverai- 
neté d'Oldenbourg  quoiqu'il  contestât  ce  rapport.  Il  était  immédiat  comme 
seigneur  de  Kniphausen,  mais  il  avait  été  soumis  par  l'article  V  du  traité  de 
Fontainebleau  (11  novembre  1807)  entre  la  France  et  la  Hollande  à  ce  der- 
nier royaume.  Rentré  dans  ses  anciens  rapports,  il  fit  des  démarches  pour 
être  admis  comme  membre  de  l'Union  des  Princes  et  ensuite  pour  faire  par- 
tie de  la  Confédération  Germanique.  Sa  demande  ne  fut  pas  accueillie,  et  il 
ne  fut  question  de  lui  ni  dans  l'acte  de  la  Confédération  Germanique  du 
8  juin,  ni  dans  l'acte  final  du  Congrès  de  Vienne.  En  vertu  d'une  convention 
signée  à  Berlin  le  8  juin  1821  les  Seigneuries  de  Varel  et  de  Kniphausen  furent 
incorporées  au  Grand-Duché  d'Oldcnburg. 

Cf.  D'Angbdbro,  1404-1405.  Note  8  et  Ibidem  Notes  de  son  plénipotentiaire 
Jassoy  aux  plénipotentiaires  d'Autriche  et  de  Prusse  du  6  mars  1815,  page  896; 
du  4  avril  1815,  page  1021  et  du  lô  juin  1815,  page  1434. 

Cf.  Klûdbr,  Ubersicht  der  diplomatischen  VerhAtidlungen  dt$  Witner 
Congressj  etc.,  pages  135, 138,  581,  571. 


778  AUTOn   DV   00>GRÉS    DB  TIE!C5E 

et  en  VergiTersanl,  à  consenrer  ces  deux  objets  et  à  délmtr 
mes  sujets,  déjà  grevés  outre  roesureydeee  surcitnt  de  dépenses, 
et  à  présent  le  duc  exige  même  les  intérêts  du  passé. 


1227.  Vienne,  4  jaoTier  181»  {F.  3.  4M.S09  ad  2). 

FL\GER  à  r EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  da  4  janrîer  1815. 

Il  communique  au  comte  Goëss»  gouverneur  de  la  Galicie, 
les  noms  des  Galiciens  (iOO  environ)  qui  sans  autorisation  ont 
passé  la  frontière  pour  aller  s'enrôler  dans  les  troupes  du 
Grand-Duché  de  Varsovie. 


1228.  Vienne,  3  janvier  1815  (F.  S.  49«.309  ad  2). 

à  HAGER 

Trois  chiffons  trouvés  chez  Stein  le  2  janvier,  parmi  lesquels 
se  trouve  une  lettre  de  Marschall,  (Ministre  de  Nassau)  à  Stein 
1*' janvier.  (Il  lui  envoie  sous  ce  pli  copie  du  traité  de  Ried(l) 
et  lui  parle  d'un  traité  si^né  par  le  Wurtemberg.  Il  ne  peut 
pas  croire  que  le  Wurtemberg  (2)  ait  été  assez  aveugle  pour 
croire  qu'il  dépendait  de  sa  seule  volonté  d'entrer  ou  non  dans 
la  Confédération  germanique.  Il  le  prie  de  lui  communiquer 
le  projet  de  la  nouvelle  Constitution  de  l'Allemagne  fait  par 
Humboldt.) 


1.  Traité  de  Ried  da  8  octobre  1819,  alliacée  entra  l'Avtridie  et  la  BariAre. 

2.  Traité  préliminaire  d'alliance  entre  l'Autricbe  et  le  Wurtemberg-  arec 
articles  secrets  et  séparée  si|rné  à  Fulde  le  S  novembre  1813.  Ce  aérait  là  «ne 
interprétation  aingaliérement  fantaiaiate  des  articlas  aéparéa  et  aeereta  I  et 
II.  Cf.  D'AMOBBBnOy  page  65. 


L  OUVERTURE  DU  GONGHIÈd.  —   LA   SAXX   BT   LA   POLOGNE      779 
1229.  Vienne,  3  janvier  1815  (F.  3.496.211  ad  2). 

Extraits  de  la  liste  des  Intercepta  soumis  à  la  Manipulation 

la  2  et  3  janvier. 

Un  paquet  au  baron  Friesen  de  Rotha  (1)  contenant  une 
adresse  de  Dresde  le  31  décembre  1814,  couverte  de  signatures 
de  la  noblesse  saxonne,  à  leur  roi  l'assurant  de  leur  fidélité  et 
de  leur  confiance  en  son  retour. 

Intercepta  pris  cbez  Nesselrode  et  Humboldt,  ainsi  que  d'une 
partie  des  lettres  arrivées  par  courrier  au  grand-duc  de  Bade. 
(Lettre  du  baron  de  Maltitz  à  Nesselrode,  de  Karisrube  le  16- 
28  décembre  1814»  sur  les  troubles  politiques  survenus  à 
rUniversité  de  Heidelberg.} 


1230.  Vienne,  3  janvier  1815  (F.  2.496.211  ad  2). 


Nota  à  HAGBR  (en  français). 

Bruit  de  disgrâce  de  Metternich.  Causes  de  son  impopularité 

et  de  sa  défaveur. 


Toute  la  ville  est  remplie  de  la  nouvelle  que  Metternich 
est  disgracié. 

Lanckoronski  m'a  dit  hier  avec  une  espèce  de  doideur 
que  Metternich  déplaisait  beaucoup  ;  que^  voyant  beaucoup 
de  monde  du  matin  au  soir  à  cause  de  sa  maladie,  il  avait  pu 
s'en  convaincre  et  que  le  roi  de  Danemark,  entre  autres,  s'en 
plaignait.  Comme  je  demandais  de  quoi  le  Roi  pouvait  se 
plaindre,  il  me  dit  :  «  Ce  que  je  sais,  c'est  qu'il  traite  les  sou- 
verains im  peu  trop  légèrement^  leur  parle  assis  et  se  dcmne 
im  ton  qui  les  blesse.  Ce  qui  nuit  aussi  à  Metternich,  c'est 
rattachement,  vrai  ou  faux,  qu'il  affidie  pour  Murât  détesté  à 
Vienne.  » 

f .  CbambelUn  do  Roi  de  Saxe. 


^ 


780  AUTOUR   DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

1231.  Vienne,  3  janvier  1815  (F.  49«.  209  ad  2). 

....  à  HAGER 

Une  lettre  de  l'Empereur  à  Marie-Louise.  M-«  de  Monlesquiou  et  le  roi 
de  Rome.  Narischkine,  Jomini,  La  Harpe,  Reinhard. 

Dans  le  courrier  d'Elbe  arrivé  par  Livourne  et  Parme  à 
Marie-Louise,  Napoléon  lui  reprochait  vivement  son  incons- 
tance et  son  attitude  à  son  égard  et  était  très  jaloux  de  Neip- 
perg.  Elle  a  depuis  reçu  le  1"  janvier  à  11  heures  un  autre 
courrier  de  Parme  ;  mais  on  ignore  encore,  et  on  tâchera  de 
savoir  ce  soir  ou  demain^  s'il  contenait  les  lettres  de  Napo- 
léon. 

M""  de  Montesquiou  a  dit  à  un  de  ses  intimes  en  parlant  du 
roi  de  Rome  :  «  Je  crains  pour  cet  enfant  qu'on  le  détourne 
de  son  Père.  Pour  la  Mère,  on  y  a  déjà  réussi.  On  a  déjà  ravi 
à  ce  pauvre  homme...  » 

Narischkine  (1)  part  jeudi  pour  Venise. 

Jomini  travaille  beaucoup  par  ordre  d'Alexandre  à  im  pro- 
jet sur  ritalie. 

La  Harpe  vient  souvent  et  reste  longtemps  chez  lui  à  ce 
propos.  Reinhard  est  très  lié  avec  eux  et  confère  souvent  avec 

€UX. 


1232.  Vienne,  S  janvier  1815  (F.  496.  211  ad  2). 

D'  BOLLM ANN  (2)  au  général  de  LA  FAYETTE  (à  Paris). 
Sous  couvert  à  M™"  Reinhard  {Inlercepla)  (en  français). 

Ses  plans  financiers  pour  l'Autriche.  Son  opinion  sur  les  questions  de  Saxe 

et  de  Pologne  et  sur  l'attitude  des  Puissances. 

Le  succès  de  mes  vues  particulières  tient  à  la  tournure  que 

1.  Narischkine  ( I van- Alcxandrowitch),  grand  maître  des  cérémonies  de  la 
Cour  de  Russie. 

2.  Du  même  jour  encore  deux  autres  lettres  interceptées  de  Bollmann, 
Tune  au  professeur  IlaufT  à  Vienne,  l'autre  à  M**  Reinhard  à  Paris  que  j'ai 
cru  inutile  de  reproduire,  parce  qu'elles  n'ont  pas  trait  aux  grands  événe- 
ments du  moment,  mais  à  des  affaires  personnelles. 

Bollmann  (Kric-Juste),  né  en  1765  à  Hoya  (Hanovre),  mort  en  1831  à  Kings- 
ton (Jamaïque).  Venu  comme  médecin  à  Paris  en  1792,  il  se  chargea  de  con- 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   7S1 

prendront  les  affaires  politiques.  J'ai  été  très  industrieux  de* 
puis  que  je  suis  ici  et  mon  travail  principal  a  été  un  traité 
sur  les  finances  de  ce  pays-ci^dans  lequel  j'ai  proposé  un  plan 
de  se  débarrasser  du  papier  déprécié  qui  fut  la  seule  circula- 
tion actuelle  de  la  monarchie  autrichienne  et  de  le  remplacer 
par  un  bon  papier-monnaie  par  le  moyen  d'une  banque  natio* 
nale  d'Autriche  dont  j'ai  tracé  l'organisation.  Ce  plan  a  été 
tout  à  fait  approuvé  du  Ministre  et  des  principaux  membres 
du  Conseil,  de  sorte  qu'il  en  est  résulté  plusieurs  entrevues  avec 
le  Ministre  et  plusieurs  démarches  préparatoires  à  l'exécution 
que  j'ai  faites  conformément  à  son  désir.  Mais  son  exécution 
dépendra  finalement  du  résultat  des  travaux  du  Congrès,  ré- 
sultat auquel  tiennent  tant  de  choses  1 

Je  me  suis  fait  valoir  aussi  (si  vous  voulez  excuser  l'ex- 
pression), de  plusieurs  autres  manières  et  j'ai  préparé  plusieurs 
affaires  importantes.  Aucune  ne  peut  être  décidée  avant  la  dé- 
cision de  la  grande  où  tous  les  yeux  sont  portés. 

Cette  grande  affaire  en  est  venue  au  point  que  la  paix  ou 
la  guerre  doit  être  décidée  dans  la  quinzaine.  Ni  l'une,  ni 
l'autre  ne  le^sont  en  ce  moment.  La  Prusse  ne  parait  pas 
vouloir  relâcher  la  Saxe.  L'Autriche,  la  Bavière,  la  France, 
l'Angleterre  s'y  opposent.  La  Russie  la  soutient. 

On  attend  quelque  chose  de  la  paix  avec  l'Amérique^  que 
nous  connaissons  depuis  avant-hier,  comme  mettant  l'Angle- 
terre dans  le  cas  de  pouvoir  se  prononcer  davantage.  Cepen- 
dant la  guerre  parait  être,  plutôt  que  la  paix,  l'intérêt  de  la 
Prusse  et  de  la  Russie  qui  se  sentent  sur  leurs  adversaires, 
surtout  la  Prusse,  une  supériorité  décidée  dans  le  moral,  c'est- 
à-dire  les  talents,  l'enthousiasme, l'énergie,  etc.,  etc.  Les  jeunes 
gens  en  Prusse  ont  pris  le  goût,  la  soif  de  la  guerre,  Thabi- 
tude  de  la  guerre.  Ce  sont  tous  des  têtes  chaudes.  Les  Russses 


duire  Narbonne  en  Angleterre  où  il  se  lia  avec  un  certain  nombre  d'émi« 
grés,  tels  que  Talleyrand,  Jaucourt,  Lally-Tolendal  et  M-«  de  Staël  et 
s'enthousiasma  pour  La  Fayette  qu'il  essaya  vainement  de  faire  échapper 
d'Olmûtz.  Arrêté  à  son  tour  par  les  Autrichiens  et  condamné  au  bannisse- 
ment, il  se  rendit  en  Amérique  où  se  trouvaient  déjà  deux  de  ses  frères.  Lancé 
dans  de  grandes  affaires,  il  revint  en  1814  en  Europe  et  après  un  court  sé- 
jour à  Paris,  se  rendit  à  Vienne,  mais  sans  y  attendre  la  solution  des  affaires 
qu'il  proposa  au  gouvernement  autrichien,  il  retourna  en  Amérique  pour  y 
chercher  sa  famille  et  la  conduire  en  Angleterre  où  d'importantes  affaires 
réclamaient  sa  présence.  BoUmann  entretint  jusqu'à  ses  derniers  jours  des 
relations  et  une  correspondance  suivie  avec  M"*  de  Staël. 


78i  AUTOUA  m;  co^g&ès  us  vmssE 

oot  pm  ITimbitiMif  des  climats  doux  et  da  pillige.  Les  Aolzi- 
cfaiess  ne  me  paraissent  guère  être  sortis  de  leur  engoardisse- 
meai  aatoreL  La  Franee  s'en  moquerait  ;  l'Aj^gleterre  Toit 
qae  eeb  lai  co&terait  des  sommes  prodigieuses.  Elle  aurait  à 
solder  tonte  Tarmée  aotriehienney  outre  la  sienne. 

Ainsi  le  déDonemeot  me  parait  enoore  fort  douteux.  Je 
pois  me  tromper,  mais  je  crois  que  TAutriche  cédera  plutôt 
que  la  Prusse. 


ANNEXES 


ANNEXE   I 

(à  la  page  XX) 

18  FivRiER   1793 

Rapport  da  Comte  Pergen  sar  rancienne  iK>lice 

(diplomatique)  secrète 

{Analyse) 

Pergen  a  déjà  dans  de  précédents  rapports  rendu  compte  de  la  façon 
dont  le  service  était  compris  et  mené  par  la  Polîzei  Oberdirection 
et  fait  ressortir  la  nécessité  de  placer  toute  la  police  de  la  monarchie 
sous  une  direction  unique.  11  fait  maintenant  remarquer  à  l'Empe- 
reur que,  en  dehors  des  services  qu'en  fait  il  doit  laisser  connaître 
au  public,  il  en  est  d'autres  qui  avaient  été  très  appréciés  par  {'em- 
pereur  Joseph  //,  qu'on  a  eu  tort  de  négliger  et  de  laisser  pén- 
cliter  depuis  sa  mort  et  qu'on  a  seulement  commencé  à  réorganiser 
dans  les  derniers  temps. 

«  C^est  ainsi  qu'on  s'est  procuré  des  agents  de  confiance  (Ver- 
tranle  Personen),  qu^on  a  placés  dans  les  ambassades  des  Cours, 
auxquelles  on  connaissait,  ou  auxquelles  on  prêtait  des  projets  et 
des  intentions  hostiles  à  la  monarchie,  tant  afin  de  découvrir  leurs 
relations  secrètes  avec  les  autres  ambassades  que  celles  nouées  avec 
les  personnes  au  service  de  Sa  Majesté.  Le  cabinet  secret  de  Sa  Ma- 
jesté, qui  est  en  rapport  constant  avec  cette  police  secrète,  n'ignore 
pas  et  sait  apprécier  les  services  qu'elle  lui  a  rendus.  » 

Pergeii  se  propose  en  conséquence  de  «  chercher  à  se  procurer 
de  nouveaux  moyens  destinés  à  remplacer  les  anciens  qui  sont  déjà 
très  usés  ». 

Pour  développer  et  faciliter  le  fonctionnement  de  cet  organisme, 


il  croît  qu'il  Mrait  boD  â'x  prcf»arcr  ei  d'r  int-  ress^r  !e  pablîc  t  « 
lui  eipOMnt  à  çrn&df  traits  le  but  et  l'utilité  de  ce  s^r^  2£>e.  miif 
en  eot4>urd:jt  toutefois  cette  communication  de  toate«  les  précas- 
tiont  povfiblef  ». 

En  m^rge  U  décision  de  V Empereur  François  en  d^le 

da  12  m^ê  i  793 

Parler  de  ce  projet  à  VOberster  L^ndrickier^  Comte  ron  StaB- 
bach  et  f*eDtendre  avec  lui. 


ANNEXE   n 

[k  la  page  XXIj 
21  Mabs  1804 


Rapport  da  Ministre  de  Im  pollœ  Samere^vr  sur 
Torganiiation  da  serTiœ  de  la  police  aecrète. 

(AnMlyse) 

Après  avoir  conféré  avec  le  Conseiller  aulique  von  Stahl,  il  a 
constaté  que  a  le  service  de  la  surveillance  des  légations  étrangères 
et  de  leurs  relations  n'existe  pour  ainsi  dire  plus  et  qu*en  tout  cas 
son  rayon  d'action  est  excessivement  restreint,  puisque  ce  service 
n'est  plus  actuellement  assuré  que  par  le  Hofsekrelàr  Ratoliska  et 
quelques  rares  fonctionnaires  et  agents  fort  mal  payés. 

«  Tout  le  service  secret  proprement  dit  ne  coûte  en  effet  que  7  à 
8.000  florins^  somme  inférieure  à  celle  qu'une  puissance  de  troi- 
sième ordre  dépenserait  à  cet  effet.  » 

Sumeraw  fait  remarquer  que  «l'état  de  l'Europe  oblige  pourtant 
TAutriche  à  savoir  ce  qui  se  passe,  non  seulement  à  l'étranger, 
mais  à  l'intérieur  de  la  Monarchie  el  surtout  dans  les  murs  de  la 
capitale,  centre  de  la  vie  politique  ». 

Il  faut  donc  réorganiser  ce  service  et  mettre  les  fonctionnaires 
et  les  agents  à  même  de  remplir  leur  mission.  Il  expose  par  suite 
à  l'Empereur  qu'il  a  à  cet  effet  «  confié  au  conseiller  aulique  von 
Stahl  la  direction  exclusive  de  la  police  secrète  d'Etat.  C'est  ce 


ANNEXES  785 

fonctionnaire  qui  correspondra  et  continuera  à  correspondre  ver- 
balement avec  le  cabinet  secret  de  Sa  Majesté  et  avec  la  Chancel- 
lerie secrète  de  Cour  et  d'Etat. 

<c  Je  lui  ai  adjoint,  ajoutc-t-il^  pour  ce  qui  a  trait  au  recrute- 
ment et  à  la  direction  des  Confidents y\Q  ifo/>ecre^ÂrRatoliska,qui 
est  attaché  à  ce  service  depuis  dix-huit  ans.  Mais  depuis  la  mort 
du  secrétaire  Bonwart,  il  est  impossible  à  Ratoliska  de  suflire  seul 
à  la  tâche  et  il  convient  de  lui  adjoindre  des  collaborateurs  sûrs 
et  capables  plu  4  tard  de  le  suppléer.  Mon  choix  s*est  porté  sur  le 
commissaire  de  police  Schosulan  et  sur  le  commissaire  de  police 
Charles  Braulik,  de  la  police  de  Prague.  Schosulan,  qui  parle  plu- 
sieurs langues  et  a  déjà  rempli  des  missions  délicates,  sera  plus 
particulièrement  chargé  du  service  relatif  aux  légations  étrangè- 
res et  aux  affaires  de  Tintérieur.  Je  compte  lui  adjoindre  Braulik 
qui,  lui  aussi,  posï^ède  plusieurs  langues  étrangères  et  est,  comme 
ui,  habile  et  plein  de  tact. 

«  Je  donnerai  en  outre  de  Tavancement  à  certains  fonctionnaires. 
Mais  cela  ne  sufRt  pas  pour  assurer  le  service  politique.  Il  faudra 
en  même  temps  découvrir  et  s^attacher  des  personnes  bien  placées 
qui  seront  en  état  et  en  position  de  fréquenter  la  haute  Société  et 
d*avoir  accès  partout  où  vont  et  où  fréquentent  les  ministres  étran- 
gers, tels  que  les  salons  d*Arnstein,  de  Geymûller(l),de  la  baronne 
d*Eichelberg  et  de  la  fameuse  M"*®  Ripp.  Il  faudra  forcément  aug- 
menter sensiblement  les  crédits  affectés  jusqu'ici  au  service  secret.» 

Il  parle  en  conséquence  de  Tavancement  et  de  Taugmentation  de 
traitement  qu*il  désire  donner  à  Ratoliska,  qu'il  propose  de  nom- 
mer Kaiserlicher  Ralh  et  dont  il  projette  de  porter  à  2.000  florins 
les  appointements  qui,  après  dix-huit  ans  de  service  à  la  police  et 
vingt-huit  ans  de  service  à  TEtat,  sont  restés  depuis  1795  fixés  à 
1.500  florins.  Il  propose  que  ce  traitement  soit  payé  par  les  fonds 
des  Cameraliy  à  cause  de  l'affectation  nouvelle  qu'il  va  recevoir  et 
de  la  difficulté  qu'il  y  aurait  à  le  faire  figurer  sur  les  États  de  la 
Polizei  Oberdireclion  et  do  la  Polizei  Hofslelle. 

1.  «  Madame  Geymûller,  lit-on  dans  les  Sonvenin  de  la  baronne  du  Mon- 
TOT  (page  79-  avait  eu  l'ambition  de  faire  de  ses  salons  le  point  de  réunion 
des  étrangers,  des  voyageurs  de  distinction,  des  hommes  marquants  de 
tontes  conditions Elle  avait  essayé  ce  rapprochement  entre  la  haute  no- 
blesse et  la  seconde. Elle  avait  beaucoup  trop  présumé.  Les  femmes  titrées 

n'y  firent  qu'une  courte  apparition L'antipathie  entre  les  deux  sociétés 

est  un  mal  incurable  La  morgue  et  le  dédain  de  la  première  doivent  être 
bien  réellement  haïssables  pour  la  seconde,  dans  laquelle  se  trouvent  des 
hommes  et  des  femmes  d'esprit  très  distingués » 

T.  L  50 


BffwiÀ  et  d#  fa»  «R»?rt«r  e9# 

il  «erait  ea  Bciat  insp»  «tiie  6^  fase  £||«m  ssr  l«s  mêma 
oniptf  it  IrstesKiit  oti  mi  voÏBff  raapaiciilitî u  a  de  U  JÎlfBMBt 
es  oau«ùl«r  asiate  bigga  Hwer.  pvK  tfe  3.9P!>  à  4.499  flnis 
Par  mile  <ie  i'aff«cUtMa  é«  cuaM.fller  niiqae  tqb  StaM  la  serrâe 
de  1«  poiîœ  OTcrcte  «t  dlyUvmtàîi^se  ddjt.  le  inr»:a  Hssvr  est  cb 
effet  càarfé  de  la  eotreepeiidanee  «wc  lei  lenricef  de  pofice  de  fa 
ooor  et  dee  provincn.  aree  la  P^iizei  Oberéirection,  arec  le  ser- 
vice de  la  ceoMire.  tans  parler  de  toate»  les  anssoos  dont  il  s*at- 
qaïUe  cncare  ea  oatre. 

Sfnaeraw  demande  cpe,  pla»  enoore  qa*elle  ae  le  fait  actaeUe 
amU  la  Cbancdierie  de  Cour  eC  d'Etat  lai  «îfnaJe  les  objets  H 
les  indmduf  sur  leequels  eiledéske  être  leoieigntc. 

Il  infifte  sur  l'utilité  de  l' existence  et  de  la eréation  de»  Lmj^ê-V, 
wm  rindicatioD  de»  dépUccwiute  des  agents  et  des  éwasairas  dei 
étrangers,  afin  de  ^omwoïr  aneva  lea  sv^aîBev  et  le»  sahre  dès 
arrtTée  à  Vienne. 

Réponse  et  Déclalon  laapArlale. 

Approhalion  pour  SUhl  et  Hager  et  pour  Ut  création  de 

noavelles  Loges. 


1.  Il  s't|ri^  de  Loges  poor  les  lettres  qu'A  désvs  vmr  établir  et  ésot 
quelques-unes  existent  déjà  à  Constance,  Imnbmek,  Angstrourgr,  Venise, 
Trieste,  Graz,  Bude,  Lemberg,  Oracoric,  Lîni,  (cabinets  noirs  dont  il  rent 
développer  l'organisation. 


▲KKfiXES  787 


ANNEXE  ITT 

(aux  pai^  XK.iU  XXi) 

2  F^vsibb:  1806 
Rapport  de  Saxneraw  Btnr  la  police  secrète  de  Gottr. 

(Rapport  basé  surtout  sur  celui  du  21  mars  1804  et  sur  le  fait 
que  Sumeraw  s'est  préalablement  entendu  avec  le  comte  Sta- 
dion.) 

«  Pour  que  ce  service  puiflse  être  réellemant  uiila,  il  £aut^  camAne 
cela  se  faisait  du  temps  de  TEmpereur  Joseph  11^  que  son  chef  soit 
j^ouraeUemeDt  et  exactement  tenu  au  courant  de  teut  ee  qu'on 
sait  et  apprend  au  ministère  des  AfTaires  Étrangères,,  ainsi  que 
des  lettres  et  des  dépêches  qu'on  intercepte»  afin  que  de  son  côté 
il  puisse  agir  utilement  et  diriger  plus  sûrement  ses  recherckes. 
U  faut  d'autre  part  que  la  Chancellerie  de  Cour  et  d'Etat  agisse 
de  la  même  façon.  » 

Le  rapport  insiste  sur  les  soins  particuliers  qu'on  apportera  au 
recrutement  et  au  choix  des  nouveaux  Confidents^  aux  instrucUons 
dont  on  les  munira.  «  On  s'appliquera  surtout  à  en  trouver  dans 
les  hautes  classes  de  la  Société  et  parmi  les  personnes  auxquelles 
leur  naissance,  leur  situation,  leurs  relations  donnent  accès  par- 
tout et  qui  pénètrent  non  seulement  dans  les  salons  tels  que  ceux 
d'Arnstein,  GeymuUer,  Eichelberg  et  de  M™*  Ripp,  mais  aussi 
dans  ceux  de  l'aristocratie  et  les  ambassades. 

«  J'en  ai  déjà  dressé  une  liste  et  je  vais  petit  à  petit  et  prudem- 
ment entrer  en  relations  avec  ces  personnes,  dès  que  Sa  Majesté 
aura  approuvé  la  liste  que  je  Inî  soumettrai.  » 

Le.  rapport  insiste  encore  et  tout  parUculièrement  sur  la  créa- 
tion et  l'augmentation  des  Loges,  <  dont  le  fonctionnement  rendra 
d'autant  plus  de  services  que,  plus  que  jamais  à  raison  des  cir- 
constances politiques,  on  a  besoin  d'avoir  connaissance  des  cor- 
respondances diplomatiques  et  politiques  de  et  avec  Fétranger. 

«  En  raison  des  modifications  apportées  au  territoire  de  Tempire 
et  de  la  perte  des  loges  de  Constance,  dTnnsbruck,  d'Augsbourg 
et  de  Venise,  il  importe  d*en  créer  à  Lînz  et  à  Salzbourg,  d'agran- 
dir celles  de  Trieste  et  de  Prague  et  d^en  établir  à  Graz  et  à  Brttnn 


788  ArToum  dc  co5Giis  de  nssy^ 

et  d'être  par  cocuéqaeat  aatorisé  à  en  parler  an  comte  Stadion .  » 

Passant  ecuuite  au  foactioluieiiient  du  cabinet  noir  et  du  bnreao 
de  déchiffrement,  t  ou  après  avoir  déchiffré  et  intercepté  les  let- 
tres venant  de  l'étranger  on  transmettait  les  résultats  du  trayail 
au  Conseiller  d'Etat  von  Stahl  »,  le  rapp*3rt  demande  que  ce  ser- 
vice soit  généralisé  et  étendu  et  propose  d'y  affecter,  en  outre  des 
déchiffreurs,  Ratoliska  et  ses  collaborateurs. 

Le  rapport  envi^a^e  ensuite  certaines  modifications  dans  le  per- 
sonnel et  certains  avancements  qui  seront  amenés  par  le  départ 
de  Stahl  et  soumet  un  état  de  propositions  à  Tempereur. 

Revenant  encore  une  fois  sur  le  déchiffrement  et  le  cabinet  noir, 
le  rapport  insiste  sur  une  organisation  spéciale  qui  lui  paraît  im- 
posée par  la  saisie  des  lettres  que  les  Ministres  étrangers  s?  font 
adresser  chez  leurs  banquiers,  de  celles  qu'ils  expédient  par  l'in- 
termédiare de  personnes  de  confiance  qui  les  portent  à  plusieurs 
postes  de  Vienne.  «  à  Taide  aussi  des  Bavarois  et  des  Wurtem- 
bergeois  qui  retournent  chez  eux  et  qui  se  chargent  de  ces  lettres 
d*accord  avec  les  légations  de  ces  royaumes  ». 

Le  rapport  envisage  ensuite  certaines  mesures  qui  semblent  ur- 
gentes, conseille  n  de  faire  appel  au  patriotisme  des  banquiers, 
auxquels  on  promettra  le  silence  le  plus  absolu  »  et  se  termine 
par  un  résumé  des  instructions  qu'il  convient  de  donner  partout 
aux  agents  des  postes  et  des  douanes. 


ANNEXE    IV 

(à  la  page  XX) 
27  Févbibb  1806 


Dôclsion  impériala  et  réponse  au  rapport  da  2  février. 

{Analyse) 

Avoir  dans  toutes  les  légations  un  ou  plusieurs  confidents  soldés 
rendant  compte  des  événements  de  chaque  jour. 

Disposer  pour  les  questions  plus  importantes  de  personnes  bien 
placées,  ayant  accès  partout  et  qui  ne  seront  connues  que  du  seul 
chef  de  la  police.  On  les  recrutera  et  on  les  attachera  moins  à 


ANNEXES  789 

Taide  de  rémunérations  en  argent  que  grâce  à  la  connaissance  de 
leur  état  moral  et  de  leur  situation  personnelle* 

Observations  sur  les  procédés  à  employer  pour  la  surveillance 
des  fonctionnaires. 

Recruter  de  suite  le  personnel  à  placer  dans  les  légations  et  dans 
les  lieux  où  se  réunissent  et  où  logent  les  personnages  politiques 
et  les  étrangers  de  distinction.  Avoir  en  outre  un  personnel  disponi- 
ble à  tout  moment  et  prêt  à  être  placé  chez  de  pareils  personnages. 

Mettre  tout  en  œuvre  afin  de  découvrir  les  moyens  employés 
pour  faire  passer  ou  recevoir  les  correspondances  politiques  et 
secrètes. 

Me  demander  mon  autorisation  quand  il  s*agira  de  saisir  des 
dépêches  venant  par  courrier. 

L*Empereur  approuve  les  mesures  proposées  pour  les  loges  et 
p ourla  visite  aux  lignes  et  aux  frontières. 


ANNEXE    V 

(à  la  page  XX) 

5  Août  1808 

Hager /Rapport  à  TEmpereur. 
Note  sur  la  réorganisation  de  la  K.  K.  Polizei  Hofsielle 

(Analyse) 

Après  avoir  commencé  par  remercier  l'Empereur  de  Tavance- 
ment,  que  sur  sa  demande  il  a  donné  à  deux  de  ses  subordonnés 
Braulik  (nommé  Hofsekrel&r)  et  Jahl  (nommé  Hofkonzipist)^  il  lui 
soumet  un  certain  nombre  de  mesures  qu'il  lui  paraît  nécessaire 
de  prendre  sans  plus  tarder* 

11  commence  par  exposer  à  l'Empereur  qu'il  compte  se  réserver 
la  conduite  et  la  direction  des  affaires,  qu'il  avait  déjà  dans  ses 
attributions  comme  conseiller  aulique^et  laisser  àRatoliska  le  ser- 
vice diplomatique, dont  ce  fonctionnaire  s'acquitte  à  merveille  D'ac^ 
cord  avec  ce  dernier,  il  se  propose  de  procéder  à  une  réorganisation 
de  ce  service,  «  de  donner  une  extension  nouvelle  et  une  allure 
spéciale  à  la  branche  très  importante,  et  trop  négligée  jusqu'ici, des 
Burveillances,  mais  en  évitant  avec  soin  l'emploi  de  certains  pro- 


a—.  rjR    x:    w 


■  «         p- , 


•- .'.  j'    '^  <•     —    <-.-'^.^^m 

V^       .      -     "ï    — 3f^--     ^    TTT    ■  J"'  f    ff!    I.  ■■■■^    tfc-     'il«*Lllo."l    sa 

i  -^<  S'.'*  .-,-1   .♦  /'^e-'f^T^'»-».».!  "»*,'-.  Sir__i*r 

i-rt  V^fffMfiU  *y,uit4^mtë  ^rmùyym  ptr  u  /W^aei  O 
«;^  »/^  ;4  /'vlrz^f  f/^tê^U,  Tt^m  ^fti  ut  ici  ftTait  iicrsi 
^'^t  /f  #^  'fe^  f^fi^frt^^fmmAM  fort  inM/ftosu  : 

V  /,«  f^ohi^t  H^fU€f'€.  »^09Uii-ë.  apm  t03tei  iei  pèrrpélies 
'l'f  ';ii/{  H  ';•;  4  ff;;f'/f;r4^r  4pr^<  !%  mort  'hi  fameux  Befiermnçtrmih 
Vf  h  \^f'U'tth»Tim  M  1m  hkrm^  UïUs%  par  H«ekai  et  le  U^fwdueiàr 
H*.hy/it$'\i,  u  HVati  fAtm^  k  J>Teeptioa  de  qockpies  correyondanta 
^«of»((f'/i4.  Mtir'in  t'fuifidtnt  mtr  fAêce  ici.  RieD  avivait  été  fait  en 
vfiêf  iU  r^  rdf^  1^4  tamfUtnlê  prm  daa§  les  Hautes  Qaasa  de  la 

f  /,/  O0nUrrnir.hiMr,h4r  1l€ùhêrhUr  â^  1  Mohi  t««,ii*  3]9-llf4.  P«r  décret 
/!«  MAM^IMrir,  «n  <|gto  4w  21  jwfa,  Vgimwigm  oeolirail  «a  cooieiller  anliqse 
MfMr,  /{«'l'MNfi  *  M  tntfmmi  Hollwt  0b9réir€cti9r^  en  recoonaîManoe  d«  a  ans 
flM  ^/irf«  «-t  Joyau  «  nrr¥lr^9,  Ja  petite  croix  de  l'ordre  de  Saint-Etieime. 


ANNBKSfl  791 

société,  dooi;  l'Empereur  avait  auiorfesé  et  demandé,  il  y  a  deux  ans 
déjà,  Tadjonction  à  la  Polizei  Hofslelle.  Les  quelques -coA/We/i^^, 
existant  actuellenient,  sont  hrs  ans  des  amis  personnels  de  Tan- 
cien  P^izei  Oberdireclor^  qui  nâ  voulaient  pas  être  connus,  les 
autres,  des  gens  de  classe,  de  conditions  et  d'éducation  inférieures 
et  dont  on  ne  peut  espérer  aucune  information  sérieuse,  aucune 
action  utile.  » 

Hager  déplorait  d'autant  plus  vivement  le  manque  de  semblables 
organes  que,  «  c'était,  disait-il,  pour  cette  raison  qu'il  lui  avait 
été  impossible  de  remonter,  comiiM  rfiiapereur  le  voulait,  jus- 
qu'aux causes  de  la  hausse  du  change.  La  situation  e-^t  d'autant 
plus  difficile  que  l'Empereur  vient  de  lui  prendre  ses  deux  meil- 
leurs Vertraute^  dont  Tun,  Schwarzleitner,  a  été  envoyé  par  l'Em- 
pereur en  mission  finapnoièr*  à  t'étr»Qg<eT  crt  que  d'autre  part  les 
années  qu'il  (Hager)  a  passées,  d'abord  dans  l'armée,  puis  dans 
l'administration  en  province,  ont  nui  aux  relations  qu'il  va  lui  fal- 
loir se  créer  à  nouveau  à  Vienne  afin  de  pouvoir  y  trouver  les  per- 
sonnes de  confiance  dont  il  a  besoin.  » 

Il  termine  son  rapport  en  résumant  les  demandes  principales 
qu'il  soumet  à  l'approbation  de  l'Empereur  ei  qu'il  croit  indispen- 
sables en  vue  du  bon  fonctionnement  et  de  la  réorganisation  du 
service. 

Le  rapport  de  Hager  fut  presque  immédiatement  approuvé  par 
l'Empereur  qui  nomma  Schiller,  Oier  PoZizei  Direcïor^  lui  accorda 
le  caractère  de  conseiller  aulique,  fixa  «oa  traiie-mexLt  k  6.000  flo- 
rins, assura  Hager  de  loiiie  sa  Doofiance  «t  l'iavito  à  lui  fiodre  can- 
nattre  tmites  les  modifications  tfu*il  croirait  nécossETres  au  bien  du 
service. 


ANNEXE   VI 
(à  la  page  XXIV) 

Résumé  et  relevé  des  dépensas  de  la 
€  Poliiei  Hofstelle.»{l). 

!    Crédite.    .     .    36.756 
Dépenses  •    .    33^30 
1.  A.  M.  J,  Wiener  Gongreu,  XX,  ad.  126.483. 


Année    1813. 


792  ÂLTOCm   DC  OONGBÉS   de  VIE5!Œ 

Crédita.     .     .     59.606  florins. 

Dépens«s  .     .     52.849       — 
^    Crédits.     .     .     42  965  florins  (1). 

(     Dépenses  .     .     39.889       — 


.Acnée    I8l7. 


ANNEXE    VII 

(à  la  page  XXI \') 

Vienne,  18  Fétbieb  1815 
Hagar  à  rEmperenr  {'2), 

Il  lui  soumet  l'Etat  détaillé  des  comptes  de  la  Polizei  Hofsielle 
pour  l'année  1814  (avec  les  articles  et  pièces  justificatives,  n^  1  à 
198). 

Les  comptes,  que  l'Empereur  approuva  à  la  date  du  12  mars 
1815,  s'élevaient  à  un  total  de  63.647  florins,  46kreuzer,  se  décom- 
posant comme  suit  : 

1.  Je  n'ai  malheureusement  pas  pu  mettre  la  main  sur  le  bud^t  spécial  de 
la  PoUsei  Hofitelle  pour  l'année  1816. 

3.  Wiener  Congress.XX^ad  126-433. — Il  m'a  paru  curieux  d'emprunter  au  Hof 
nnd  SUëti  SchemMtismus  dt  1814-1815,  l'état  nominatif  des  fonctionnaires  su- 
périeurs, dont  se  composait  à  ce  moment  la  K.  K.  ObersU  Polisei  nnd  Cen- 
iars  Ho fste lie,  dont  les  bureaux  et  les  serrices  étalent  installés  à  deux  pas  de 
la  Burg  et  du  B^ll  PUtx,  au  n*  38  de  la  HerrnffMsse. 
Président  :  baron  von  Hager; 
Conseiller  aulique  :  von  Ratoliska; 
Conseillers  de  Gouvernement  :  Ohms;  Braulik; 
Secrétaires  auliques  :  Fœrsler;  Schosulan,  Torresani  ; 
Rédacteurs  (Conxipiilen)  auliques  :  Biber,  Zebaj; 
Commis  {Kitnxlislen)  auliques  :  Oit,  Pfûhl,  Jascbegi^; 
3  garçons  de  chancellerie  ; 
3  messagers  de  chancellerie; 
plus  la  Censure  I.  R.  des  livres,  placée  sous  la  direction  de  la  PoUgei  nnd 
Censura  Hofsielle  et  se  composant  d'un  personnel  de  13  censeurs. 

En  octobre  1814  (Cf.  Oesterreiehiseher  BeobthUr  du  S  octobre  1814, 
n*  381,  1532),  Braulik  fut  promu  conseiller  aulique,  Schosulan,  conseiller  de 
gouvernement,  Biber  secrétaire  aulique  et  ZetUer  et  Ferdinand  von  Biber 
devinrent  rédacteurs. 


ANNEXES  793 

Reliquat  de  1813 7.256  49 

Reçu  le  26  janvier  1814,  de  la  Hafkammer.     .     ,     .  12.000    » 

»     le  2  juillet 10.000    » 

»     du  Magistrat  de  la  ville  de  Vienne  (contribution 

annuelle)     . 10.000    » 

Reçu  le  1*'  octobre  1814  de  la  Hofk&mmer.     .    .     .  12.000    » 

»          7  décembre     >    .     .     .  ^ 12.000    » 

Reçu  du  conseiller  de  gouvernement  von  Vogel,  sur  un 
reliquat  de  son  compte  pour  missions  à  Tar- 

mée 232  50 

Reçu  du  général  Tomasich  (reliquat) 158  07 

Total 63.647  46 

Dépenses  totales  (ci-contre) 54.136    2 

Reste  un  crédit  de .  9.511  44 


Payements  faits  par  la  Polizei  Hofstelie  (année  1814)  (1) 

Florins 

1 .  Hofkriegsrath,pour lesPrisonniers  d'Etat, Schnei- 

der  ...     .     500    » 

2.  Baron  von  B...  (Agram),  pour  services  secrets.     .  200    » 

3.  à  von  G...i(Garpani),son  traitement  de  décembre 

1813 180    » 

4.  au  Hofkriegsrath  von  Vogel,  à  titre  de  rembourse- 

ment      3.153  31 

5.  à  von  L...  (Leurs),  traitement  pour  janvier    .     .  100    » 

6.  à  IX.,  pour  ses  services  secrets 700    » 

7.  au  Gouvernement,  pour  200  feuilles  de  passeports  48    » 

8.  au  Hofrath  Ohms.  Dépenses  pour  mission  secrète.  125    » 

9.  à  G.  G.  Traitement  jusqu*au  14  janvier.  ...  66  40 
10.  à  rimprimeur  Strauss,  deux  factures  de  travaux.  75  36 
IJ.  à  H.  H.  à  Presbourg,  pour  services  secrets    .     .  114    » 

12.  à  Bartholomé  de  A...,  pour  frais  de  voyage    .     .  300    » 

13.  au  Hofrath  von  Ratoliska,  pour  Vertraute  (Confir 

dénis)  en  janvier 526  54 

14.  à  Hannart,  ses  journées  en  janvier 46  30 

15.  au  Proesidiam,  pour  dépenses  de  service  secret»  24 1  34 

1.  A  M.  J.  Wiener  Gongress.  XX  ad  126.433. 


791  AUTOUR    DU  C0HG1È9  DB   VICIEE 

Florini 

16.  à  von  L..  9  reliquat  dû 419  45 

17.  au   Vertrsaie  à  Pest,  pour  oopÎB  d'un  manascrit 

remis  à  Sa  Majesté 100    » 

18.  à  Stôckl.  ses  jouraéM  «a  jawi^r  ..«•••  10  30 

19.  &  van  Ci,  soQ  traitement  CQ  janvier     .     •    •     •  120    > 

20.  à  ©  0,  pour  février *  170    » 

21.  à  la  veuve  rie  J*a^nt  C£...y  •  .  •  .  •  ^  .  •  109  04 
2i.   à  rimprimeur  Strauss,  pour  travaux 43  15 

23.  à  von  L...S,  traitement  pour  févarÂer  .     .    •    .    •  100    > 

24.  Dépenses  de  von  L...S,  pour  voyage  de  service  à 

Milaa •  783  04 

25.  à  X.  X  à  Pesth,  pour  8er\'ice  secret 200     > 

26.  à  G.  G.,  traitement  jusqu*au  14  février.     ...  66  iO 

27 .  à  Tagent  von  L.  G.  envoyé  à  Gracovie  150  ducats.  1 .383  40 
2S.  au  Hofrath  von  Ratoliska,pour  agents  en  février.  535  04 
21.   à  Hannart  Journées  en  février 42    » 

30.  à  Z  ..g,  à  Miskolcz,  dépenses  secrètes  de  service.  100     > 

31.  à  ©  ©,  dépenses  secrètes  de  service 170    » 

32     à  Hcbenatrek 190    » 

33.  à  Stôckl,  journées  pour  février 42    » 

34.  à  von  C...i,  dépendes  flocrèieA  de  .service  en  fé« 

vrier ,.• 125    » 

35.  à  l'agent  G  ..r,  à  Salzburg 100    » 

36.  au  Regierungsrath  La  Roza,  pour  compte  d*im- 

pressions  pour  la  police 200    > 

37.  à  rOber  commissâr  Peyfuss 200     » 

38.  à  G.  G.,  traitement  jusqu'au  14  mars     •    •    •     •  66  40 

39.  à  vonL..  s^  traitement  pour  mars.     •     •    «     •     .  100    > 

40.  à  l'agent  P..^o,  à  Tyrnau,  traitement  trimestriel .  100    > 

41.  au  Hofsecretâr  Scho&ulan,  pour  agents  en  mars  .  535  30 

42.  à  Hannart,  journées  pour  ma». 46  30 

43 .  à  Radichevich,  traiteme&t  du  premier  trimestre .  450  » 
4i.  à  von  G.,  i  traitement  paHT  «aars 130    » 

45 .  à  Stôckl,  ses  journées^     ...«...•••  4630 

46.  à  r.  r.,  à  Vienne,  pour  service  secret jOO     > 

47.  à  1    OD  (von  Neustâdter/- fonctionnaire  liongrois).  700     » 

48.  à  ©  ©,  pour  service  secret  en  mare  (contre  trois 

quittances) 470     » 

49.  à  von  L... s.  Traitement  pour  avril 100     > 


ANTTOSTSrS  7ÎJ5 

Florins 

50    à  Bruxelles  par  ordre  supérieur,  pour  règlement.  1.000     » 

51 .  au  Domprobsl  Justel,  à  Laibach,  pour  service  se- 

cret en  Dalmatie 150     > 

52.  à  von  Degen.  Traitement  annual 1,000     » 

53.  k  G.  G.  Traitement  jusqu'au  14  avril 66  40 

54.  au  Proe5ic/(um,  pour  dépenses  (Tun  service  secret  85     > 

55.  à  Hannart,  journées -en  avril. 45     » 

56.  au  Flofsecretâr  Schosulan,  pour  agents  en  avril  ,  535  30 

57.  à  von  G...i,  traitement  pour  avril  .     .     .     .     .     .  130     » 

58.  à  Stôckl,  journées  pour  avril 45    •» 

59.  à  von  L...S,  traitement  pour  mai  et  juin     .     .     .  200    » 

60.  à  0  0  pour  mai  contre  deux  quittances     ...  170     » 

61.  à  Z...,  à  Pesth,  pour  service  secret     .     •     .    «     .  136     » 

62.  à  G.  G.,  traitement  trimestriel  (14  avril-l4  juillet)  200     » 

63.  au  Conseil  auliquede  la  Guerre,  frais  de  transport 

pour  le  baron  Hormayr 20     » 

64.  à  la  veuve  de  l'agent  G. ..y,  un  quart  de  pension 

annuelle 79  10 

65.  à  X.  X,  à  Pesth,  pour  service  secret 200     > 

66.  à  von  L...S,  contre  quittance 300    » 

67.  à  1  00  ,  pour  von  Orban 1.172  40 

63.   au  baron  B. . .  îi  Agra,  pour  service  secret  (trai- 
tement trimestriel) 400     > 

69.  au  Hofsecretâr  Schosulan,  pour  agents  en  mai     .  535  30 

70.  à  von  L...8,  une  nouvelle  avance 300    > 

71 .  au  même,  traitement  pour  juillet 100     » 

72.  à  Hannart,  journées  pour  mal 46  20 

73.  0  0,  pour  service  secret  en  mai 200    > 

74.  à  von  G... i,  pour  service  secret  en  mai     .     •     .     .  130    » 
85.  à  S. .  .s,  à  Eperies 100    » 

76.  à  Stôckl,  journées  en  mai 46  30 

77.  à  l'Agent  P. .  .0,  à  Tymau,  traitement  et  dépenses.  105     > 

78.  au  professeur  Prechtl,  rémunération 300     » 

79.  à  ragent  von  K...  à  Salzbourg 3.884  12 

80.  à  Mattias,  pour  service  secret 50    > 

81.  à  Hannart,  journées  pour  juin.     ......  45     » 

82.  au  Hofsecretâr  Schosulan,  pour  agents  en  juin     .  535  30 

83.  à  von  G   ..i,  traitement  et  dépenses  secrètes.     .  130     » 

84.  à  Stôckl,  journées  en  juin •  45    > 


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^M.  i  X.  X.  i  Pet'iï  et   i   Bonodr.   gntinratâoa    de 

d^ji  £L)0;t 110    » 

M,  *  G-  G-  4  yj^rizyjurg.  pour  Krrice  Mcret   .     .     .  133  âÛ 

«,  a  1    X  4  Vieairf     / 166  40 

lf7,   â  ^  ^  4  Vierjie 250    > 

îlS.   4  H «rifiart.  pour  joar&ées  février 90    » 

99«  4  Uizjy  pour  tenrïct  wtcr^U 60     » 

I00«  4u  coin ffju*4 ire  de  police  Feaerle.  à  Milan     .     .  732    » 

H/i^.  4u  Pntiidium.pour  dépense  de  service  secret.  100    » 

103.  4  von  L.,  s.  solde  de»  N«  06  et  70 40    » 

104.  4  If4nn4rt.  journées  pour  juillet 46  30 

105.  4  la  veuve  de  l'4gent  C... y, pension  trimestrielle.  79  10 
100.   4  a  Krfriscofnrniss'îr  Au  en,  pour  vojages   de  ser- 
vices 4  Haden 400    > 

107.   ;iM  Hofffecretâr  Schosuian,  pour  agents  en  juillet.  535  30 

UjH.  à  Matthias,  pour  service  secret 50    > 

U/J,  à  St'k;kl,  journées  pour  juillet 46  30 

110.  4  von  C, .   i.  traitement  pour  juillet  et  dépenses.  136    » 

111.  à  Y,  Y.,  à  Peslh,  pour  dépenses  de  service  secret.  255  10 

112.  â  ^  Cy,  pour  service  8ecret(avec  deux  quittances;.  200    > 

113.  à  André  Sch 300    » 

114.  à  An...  à  Kaschau,  pour  service  secret     .     •     .  200    > 

115.  à  G.  G.  f  traitement  jusqu'au  14  août 66  40 

116.  à  X.  X.,  à  P«-8th,  pour  service  secret     ....  150    » 

117.  à  H annart,  journées  pour  avril 46  30 

118.  au  H ofsecretâr  Schosuian,  pour  agents  en    août.  535  30 
IHi.  à  X.  X  ,  à  Pesth,  pour  JeanVicenti 214    » 

120.  à  Matthias,  pour  service  secret 50    > 

121 .  à  0  0,  pour  dépenses  et  traitement  en  septembre.  200    » 


ANNEXES  797 

Florins 

122.  à  Siôckl,  pour  journées  en  août 46  30 

123.  au  Conseil  aulique  de  la  Guerre  pour  Wallmoden.  200     > 

124.  à  von  L...s^  traitement  pour  septembre.     .     •     .  100     > 

125.  à  ragent  W...  à  Paris  (pour  1600  fr.)     ....  560  40 

126.  à  G.  G.,  traitement  jusqu*au  24  septembre.     .     .  66  40 

127.  à  von  C...i,  traitement  et  dépenses  en  août.    •  140    » 

128.  à  Z. .  .a,à  Pesth,  traitement  jusqu'à  fin  septembre.  116    » 

129.  aux  agents  de  classes  plus  élevées  qui  ne  donnent 

pas  quittance 800     » 

130.  à  l'agent  V...g,  pour  service  secret 150    » 

131.  au  Kreiscommissâr  Auen 300     > 

132.  aux  agents  d'ordre  plus  élevé  qui  ne  donnent  pas 

quittance 300     » 

133.  au  Hofsecretâr  Schosulan,  pour  agents  en  sep- 

tembre   535  30 

134.  à  Hannart,  journées  en  septembre 45    » 

135.  àF...3àOfen,  pour  service  secret 300    » 

136.  à  von  L. .  .s,  pour  dépenses  de  service  secret.     .  200    > 
J37.  au  même,  traitement  pour  novembre 100    » 

138.  à  0  0,  traitement  et  dépenses  pour  octobre.     .  250    » 

139.  à  Stôckl,  journées  pour  septembre 45     » 

140.  à  Carlo  G. .  .i,  pour  service  secret 300    » 

141 .  à  von  C. .  .i,  pour  traitement  et  dépenses  en  sep- 

tembre   220     > 

142.  à  Matthias,  pour  service  secret 50     » 

143.  à  1   00,  pour  service  secret 700    » 

144.  à  l'agent  A ...,  pour  service  secret 1.000     > 

145.  àG.  G.  àGries 400    > 

146.  au  Kreiscommissâr  Auen 400    » 

147.  à  G.  G.  Traitement  jusqu'au  14  octobre.     ...  66  40 

148.  à  von  C.i,  gratification  de  deux  mois   •     .     •     .  200    » 

149.  à  Von  L...S,  gratification  de  deux  mois.     .     .     .  200    » 

150.  à  e  0 230    » 

151.  à  00 166  40 

152.  à  Tagent  M.  d'un  ordre  élevé 400    » 

153.  à  m.  m.  à  Eisenstadt 50    > 

154.  à  von  L...S,  rémunération  extraordinaire  pour  ser- 

vice important 500    » 

155.  à  0  0,  pour  voitures  pour  service  secret  .     .    .  550    > 


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]T2,  4  1  4^^»tJL./vcoaprisiui*»ranee^  JOû 

iTi,  4-i  Jl«;^.  ;;  jri7«,*4l:s  .ScMA«laa.p«iff  af^nis  ea  zko- 

JT-i,  4  vori  L  .1.  traitement  poar  décembre  .... 
17^«  4  H^rjri^rt.  gratification  de  deax  bûîs  .  .  •  . 
177^  à  -"l;  0.  fio'shl'z  traiteinentpwir  déc»mhre.  .  . 
tlH,  k  ï'u'^/sui  Matthias.  traiteiaeBt  pour  décembre  .     . 

I7i.  6  I'a;.;#rfit  de  h;ïut  rang  von  H 

IHO.  à  Ha;ry,  gratification  de  deux  moâ    •     •    •     •    . 

181.  â  von  C..,i,  traitement   et  dépenses   aeceatoires 

pour  novembre  .     •    .     • 

182.  k  l'agent  P..,c,  à  Tyroau,  traiieiBcai  lemestneL 
182^.  au  Praesidium^  [Kiur  dépenses  secrètes  .  .  .  • 
I84«  à  G.  O.,  traitement  jusqu'au  14  décembre  .  .  • 
1H^«  k  von  L...K,  dépenses  pour  scwice  secret    .     .     . 

IHtt,  à  ^  0  pour  voitures 

187.  au  capitaine  Mayhiri,  en  courrier  à  Ifilao.  .  • 
]88«  au  lieutenant  Boni,  en  courrier  venant  de  XliLun  . 
18J«  au  capitaine  Mayhirt    •••.,••«.. 


m'A.   i.i  ?'-i-.»-^;:,rVf'.i  -"l'-içai.   joue  soi. 2^*  ...  3>  jf' 


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523  30 

100  » 

90  » 

2M  » 

50  B 

200  » 

60  » 

146  » 

â03  » 

200  » 

66  40 

200  » 

35^  » 

250  » 

150  » 

024  » 

ANMOuis  798 

Florins 

190.  à  0  0,pour  pourhûirea  du  Jour  de  Tan  à  donner  400     » 

191 .  à  Hannari,  journées  pour  décembre 46    » 

199.  au  Regierungsrath  Schosulan,  pour  agents  en  dé- 
cembre    535  30 

193.  à  ragent  A 606-    > 

194.  à  G.  G.  à  Presbourg,  frais  de  poste 62  13 

195.  à  Tagent  ven  L...8,  son  traitement 100^    » 

19^.  au  Regierungsrath  Resch,  frais  de  poste.     ...  186  24 

197.  à  Ettori,  pour  dépenses  du  Berrîee  secret  .     .     .        654  50 

198.  Rémunérations  habituelles  pour  ïer  serrice  de  la 

caisse 450    » 

Total 54.136  02 

Reçu .       63.647  45 

Reste  en  caisse     .     .         9.511  43 


ANinSXE    YIII 
(aux  pages  XXII  et  XXIV) 

Etal  dea  recettes,  dépenses  et  da  reliquat  de  compte  des 
sommes  affectées  du  i*'  Janvier  1816  au  31  décembre 
1811 5,  au  service  des  dépenses  secrètes  de  police  aveoles 
mémoires  n»*  1  à  157  inolua  et  n<"  1  à  9  Indus  (1). 

RECETTES 

Plorint 

Report  de  1814 9.274  24 

29  mars,  de  la  Hofkammer    ...    « 12.000    » 

13  avril,  du  comte  de  Saurau,  reliquat  de  crédit    .    ..  165    » 

Subvention  du  magistrat  de  la  ville  de  Vienne    .    .     .  10.000    » 

Il  juillet,  de  la  ^o/'^aw»/ncj^    •    • 12.000    » 

9  octobre,  de  la  Hofkammer 12.000    > 

ûu  capitaine  von  Mayhirt,  reliquat  des  sommes  à  lui 
versées  pour  un  voyage  en  courrier  à  Milaa  (dé- 
cembre 1814) 74  18 

11  ectobre,  de  la  Hofkammer 12.000 

Total 67.513  42 

1.  A  M.  J.  Wiener  Coogrès.  Polini  iioÛyfaiUtt Uifr^  XX  ad  tM,  IV. 


800  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

DÉPENSES  DE  LA  POLICE  SECRÈTE 

XX   ad    126.  IX 

Florins 

1.  à  Tagent  ©©  solde  en  janvier 250    » 

2.  à  ragent  B.  H 200    » 

3.  à  à  Milan 809  18 

4.  à  von  L...8 100    » 

5.  à  Ettori  pour  son  entretien 500    » 

6.  à  Tagent  1  oo  à  Vienne 800    > 

7.  à  Tagent  F...t  à  Kaschau. '^OO    > 

8.  à  Tagent  G   G...,  traitement  jusqu'au  14  janvier.  66  40 

9.  au  capitaine  de  chasseurs  Mayhirt  en  courrier  à 

Milan,  à  propos  de  la  conspiration  qu'on  y  a 

découverte 200    > 

9  bis.  au  même 816    > 

10.  à  Tagent  von C...i,traitement pour  décembre  1814.  156    » 

11.  à  ragentG.  Y.  à  Fûnfkirchen 100    > 

12.  à  ragent  H.  H.  àPresbourg 100    » 

13.  à  ragent  L.  G.  à  Cracovie 1.910    > 

14.  à  ragent  X 300    > 

15.  à  ©  0,  frais  de  voitures 300    > 

16.  à  Hannart,  pour  ses  journées  en  janvier     .     •     •  93    > 

17.  au  Regierungsrath  Schosulan,  pour  agents  en  jan- 

vier    535  30 

18.  à  l'agent  F.  à  Ofen. 350    » 

19.  à  ragent  B.  H 200    » 

20.  à  von  C.i,  gratification 240    > 

21.  à  von  L... 8,  gratification 270    » 

22.  à  ©  ©,  gratification 250     > 

23.  à  ragent  A...,  dépenses  de  service  secret     .     .     ,  600    » 

24.  à  G.  G.  traitement  jusqu'au  14  février  ....  66  40 

25.  à  X.  X.  à  Ofen 400    > 

26.  à  C  ..1  à  Semlin 45  80 

27.  à  Ettori,  à  Brûnn,  pour  son  entretien     ....  500    » 

28.  à  la  veuve  de  l'agent  C.  Z.  Pension  (avec  deux 

quittances) 369  26 

29.  à  ©  ©,  pour  voitures 300    » 

30.  à  von  L...S,  traitement  pour  février 190    > 


ANNEXES 


801 

Florins 


31 .  au  Regierungsrath  Schosulan^  pour  agents  en  fé- 

vrier   535  30 

32.  à  Hannart,  journées  pour  février 84    » 

33.  à  ©  0,  pour  voitures 200    > 

34.  à  ©  0,  traitement  pour  mars 250    > 

35.  à  von  C.i,  traitement  pour  février 144     > 

36.  à  A.,  pour  service  secret 370  30 

37.  à  G.  G.,  traitement  jusqu'au  14  mars     ....  66  40 

38.  à  von  L... s,  pour  dépenses  de  service  secret     •     .  300    » 

39.  à  G,  pour  service  secret 200    » 

40.  au  Prœsidium,  pour  l'agent  V...i 150    > 

41 .  au    Regierungsrath    Schosulan,    dépenses    pour 

voyage  à  Linz  et  à  Lambach  en  service  secret  .  377  54 

[42.  à  Tabbé  Brunazzi,  pour  service  secret     ....  200    » 

43.  Hannart,  journées  en  Mars 93     » 

44.  au  Regierungsrath  Schosulan,pour  agents  en  mars  535  30 

45.  à  ©  ©,  traitement  pour  avril 250    » 

46.  au  même,  pour  voitures 200    » 

47.  à  von  (^..i,  pour  service  secret 200    > 

48.  à  von  C...i,  pour  service  secret 190    » 

49.  à  1  QO  ,  pour  service  secret 800    » 

50.  à  von  L... s,  son  traitement  pour  mars     ....  190    » 

51.  à  G.  G...,  son  traitement  jusqu'au  14  avril  ...  66  40 

52.  à  Radichevich,  traitement  et  remboursement  de 

dépenses 1.140    > 

53.  à  Za...  à  Pesth 118    » 

54.  à  von  L... s,  son  traitement  pour  avril     ....  190    > 

55.  à  la  veuve  de  Tagent  C.z,  pension 158  20 

56.  à  Hannart,  journées  pour  avril 90    » 

57.  au  Regierungsrath  Schosulan,  pour  agents  en  avril  535  30 

58.  à  ©©  traitement  et  voitures  avec  deux  quittances  450    > 

59.  à  von  Degen.  Pension  accordée  par  Sa  Majesté 

pour  services  secrets  antérieurs  et  léguée  par 
lui  aux  veuves  et  enfants  de  soldats  de  la  land- 

wehr 1.000     » 

60.  à  von  C.i,  traitement  et  remboursement  de  dé- 

penses pour  avril 190    > 

61.  à  G.,  y,  gratification  de  deux  mois  pour  services 

secrets 133  20 

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O*!,  4  ^itî.',  A.i.-îr.-i.  |>0'jr  *frric«  »«cret 

f/j,  h  v'.r.  L  -.-.  %''Àdt  pour  mai 

67.  i  X.  X    a  P^slh  ^pour  s«r\-ioe  lecrel 

^.  â  Jî<i:irj<irt.  journées  pour  mai 

f/j,  i  (j.  ('t. -a  Pre-bourç,  traitement  jufqu'an  l^^juin. 

70.  â  Cirîo  Aitieri,  pour  lenrice  lecret 

^] .  au  He^'ieruri^-srath  Schosalan.poar  agents  en  mai 
"i'i.  a  G...;:,  â  Presbourg.  Crédit  supplémentaire  ac- 
cordé          233  Si» 

73.  à  ^^j  ùvec  deux  quittances,  traitement  poar  juil- 

let      45i« 

74.  â  von  L  ..s.  traitement  poor  juin 190 

75.  à  vor;  C.i,  traitement  pour  mai 190 

7G.   au  libraire  Schaumburg,  pour  brochures     ...  26 

77.  au  Prœsidium.  pour  dépenses  secrètes  du  service  700 

7S.   au  Prœsidium^  pour  dépenses  secrètes  du  service  2<30 

79.  au  baron  Ignace  von  Pôck,  pour  service  secret  100 
HO.  au  p'frsonnel  du  cabinet  du  chiffre  (rémunération 

autori-îéC; 2.000 

81 .  au  iié;,'ocianl  Haas, pour  une  tabatière  d'or  donnée 

à  lagent  H...t 1.150 

82.  à  von  C.i  à  Milan j35  l6 

83.  â  l'ap;ent  Stephan  von  Hatvany,  rémunération     .         600 

84.  à  00,  traitement  pour  juillet  avec  2  quittances.        430 
85     k  Carlo  Altieri,  pour  service  secret 300 

86.  au  HegierungsrathSchosulan,  pour  agents  en  juin.  535  30 

87.  à  Ilannart,  journées  pour  juin 90 

88.  â  von  C.i,  traitement  pour  juin 200 

89.  au  llofsecretâr  Biber,  pour  tenue  de»  archives    .  100 

90.  à   1  X,  pour  «ervico  secret 700 

91.  à  G.,  g,  à  Presbourg,  traitement  jusqu'au  14  juil- 

let             133  20 

92.  à  von  L...S,  son  traitement  ponr  juillet     .     •     ,        235 

93.  À  Ilannart,  journées  pour  juillet 93 


ANNEXES  8031 

Florins 

94.  à  Bernhard    Frankel   à   Presbourg,  gratification 

annuelle. 50» 

95.  au  Regierungsrath  ScHosulan;  pour  agents  en  juil- 

let      535  30 

96 .  à.  ©  © ,  traitement  pour  août  avec  deux  quittances.  450    > 

97.  à  von  C  ..i,  pour  juillet  .     .     .     ^ 230    » 

93.  à  von  L...S,  pour  août. 235    > 

99.   au  commissaire  de  police.  Langwert  à  Faris^pour 

service  secret 1.394     > 

lôô.  à  X.  X.  à  Pesth,  pour  service  secret     ....  200     > 

101.  à  Carlo  Altieri,  pour  service  secret 200    > 

102.  à  G.. .g,  à  Presbourg^traitement jusqu'au  14  août.  183  20 
t03.   à  la  veuve  de  Tagent  C.z,  pension 158  20 

104.  à  la  même 13  11 

105.  au  Regierungsrath  Schosulan, pour  agents  en  août.  535  30 

106.  à  Hannart,  journées  en  août     • 93     » 

107.  à  S. ..s,  à  Eperies,  pour  service  secret     ....  150    » 

108.  à  00,  traitement  pour  septembre  avec  2  reçus.  450     » 

109.  à  Carlo  Altieri,  pour  service  secret 300    > 

110.  à  von  L..  s,  traitement  pour  septembre.     •     .     •  235    » 

111.  à  Tagent  F...S,  à  Ofen 200    » 

112.  à  von  C.  .i,  traitement  pour  août 200     » 

113.  à  It...,  à  Kaschau^  pour  service  secret    ....  500    » 

114.  au  Prœ3ic/iiim,  pour  agent  von  V...i 150    > 

115.  à  G...g, àMarothfprèsGûnBpourserviceffsecretir.  500    y 
116r.   à  G... g,  à  Presbourg, traitement  jusqu'au  14  sep- 
tembre    166  40 

117.  air  baron  von  Pôck,  pour  service-  secret    .     .     .  200    > 

11*8.   à  Hannart,  journées'sepiembre. 90    » 

1 19.  air  Regierungsrath  Schoiuhiii^  pour  agente  mv  sep- 

tembre  -.•..-  535  3ê 

120.  à  Carlo  Altieri,  pour  service- saerai   .....  300    » 

121 .  au  commiasaire-  de-pelic»  Laogweni  à  Papift,  pour 

dépenses  de  service  secret lv.357  12 

122.  à  von  L...,  son  traitement  pour  octobre     .     .     •  235    » 

123.  à  00,  son  traitement  pour  octobre 250    » 

124.  à  von  Ci,  traitement  pour  septembre 195     » 

135.   à  1  00  ,  pour  service  secret •     .     ..  800     » 

126    à  00,  prix  convenu  pour  voitures  en  octobre   •  100    » 


801  AL-T'jcm  Dc  a>!cats  de  tieqie 


127.  à  Z...a.  â  Peslh.  pour  senice  lecret 142     » 

I3d.  à  G...^.  à  Preftboarg,  traitement  joâqn'aa   14  oc- 
tobre   166  40 

129.  k  It.  à  kajchau.  poar  aernce  secret 400     » 

130.  à  G.. .g.  pour  service  secret 200     » 

131.  à  la  veuve  de  Tarent  C.i,  pension 197  53 

132.  à  Carlo  .Altieri.  pour  service  secret 300     » 

133.  à  Hannart.  journées  pour  octobre 93     » 

134.  an  Regierun^rath  Schosulan,  pour  agects  en  oc> 

tobre 535  30 

135.  à  von  C  ..i,  traitement  poor  octobre 2fO     > 

136.  à  von  L..  s,  traitement  pour  novembre.     .     •     .  235     » 

137.  à  30,  traitement  pour  novembre 293  45 

138.  à  00.  forfait  pour  voitures  en  novembre     .     •  100     » 

139.  à  G.,  g,  à  Presbourg,  traitement  du  14  octobre 

lS.5au   14  octobre  1816 500    » 

140.  à  X.  \.  à  Pesth,  pour  service  secret     ....  300    » 

141.  à  Carlo  .Altieri,  pour  service  secret 300     » 

142.  au  Kreishauptmann  de  Ja8ilo,Kriebel. pour  dépen- 

ses de  service  secret 787    > 

143.  à  Hannart.  journées  de  novembre 90    > 

144.  à  Radichevich,  traitement  du  1*^  mars  au  31  oc- 

tobre   1.320    > 

145.  au  Regierungsrath  Scbosnlan.pour  agents  en  no- 

vembre   535  30 

146.  à  von  L...8,  traitement  pour  décembre  •     .     •     .  235    » 

147.  au  Prœsidium^  pour  agent  von  V...i     .     .     .     .  200     » 

148.  à  von  C...i,  traitement  pour  novembre.     ...  2 10    » 

149.  à  ©©,  traitement  pour  décembre 413  45 

160.  à  Ettori,  pour  frais  de  voyage  et  d^entretien  .     .  532  30 

151.  à  Copitar,  pour  service  secret 135    > 

152.  à  00;  traitement   et  dépenses  extraordinaires 

avec  deux  reçus 613  45 

153.  à  Flannart,  journées  pour  décembre 93    » 

154.  au  Regierungsrath  Scbosulan,  pour  agents  en  dé« 

cembre 535  30 

155.  à  von  Festenburg,  pour  service  secret  dans  la  ré- 

gion du  Rbin 270  24 


ANNEXES  805 

Florins 

156.  à  von  Fesienburg,  pour  service  secret  dans  la  ré- 

gion du  Rhin , 3.965  20 

157.  Rémunération  habituelle  au  personnel  de  la  Cour.        450    » 

Total  des  dépenses 57.639  19 

Recettes 67.513  42 

Reste  en  caisse 9.874  23 

Recettes  supplémentaires  en  iSiô, 

Reliquat  en  caisse  de  1814  en  ducats *        126    » 

Reliquat  en  caisse  de  1814  en  kreuzer 111  20 

De  la  direction  supérieure  de  la  police  pour  les  agents 
de  la  police  secrète  envoyés  en  France  et  dans 
la  région  du  Rhin  au  début  de  la  dernière 

guerre 5.000     » 

Reçu  de  la  caisse  générale  centrale  pour  le  Hofsecretâr 

Gôhausen  employé  à  Francfort 900    > 

Pour  le  même 900     » 

Reçu  du  capitaine  Mayhirt,  reliquat  des  sommes  à  lui 

données  en  décembre  1814  pour  frais  de  voyage.         1 13  10 
Total  des  recettes  supplémentaires.     .     .     7.150  30 

DÉPENSES 

1 .  à  Tage^nt  Joseph  Kaser  à  Salzbourg,  indemnités  • 

et  avances 1.000    » 

2.  au  libraire  Schaumburg,  pour  brochures   ...  78     » 

3.  frais  de  voyage  pour  la  comtesse  Seithart  Cicuta 

renvoyée  par  ordre  de  Tempereur,  dans  son 

pays  rîle  Veglia 53  15 

4 .  au  baron  von  Pôck,pour  frais  de  voyage  en  service.        225    > 

5.  au  conseiller  impérial  royal  et  Hofsecretâr  Gôhau- 

sen à  Francfort 900    » 

6.  au  conseiller  impérial  royal  et  Hofsecretâr  Gôhau- 

sen à  Francfort 900    » 

7.  au  conseiller  impérial  royal  et  hofsecretâr  Gôhau- 

sen à  Francfort 803     » 


"606  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENKE 

Florins 

8 .  au  conseiller  impérial  royal  et  Hofsecretér  Gôhau- 

sen  à  Francfort 808    * 

9.  à  Ettori,  pour  son  Toja^e  à  Milan 200    » 

Total  des  dépenses 4.972  15 

Recettes 7.150  30 

Reste  en  caisse 2.178  15 

Vienne,  ie  /•'  junvier  1816. 


ANNEXE    IX 

(à  la  Pr^  129,  pièce  160) 

WITT  (Jean  Osaipovitch,  comte  de)  (1781-18-10). 

Fils  du  comte  Joseph  et  de  la  belle  Sophie  (la  belle  Phanarinte 
qui  épousa  plus  tard  le  comte  Potocki).  Cornette  à  11  ans  aux 
Gardes  à  cheval,  il  commença  son  service  actif  à  Tâge  de  15  ans, 
passa  en  1800  aux  Chevaliers-Gardes  et  reçut  en  1801  la  croix  de 
Malte  et  le  grade  de  Colonel.  Il  était  à  Austerlitz  dans  les  cuiras- 
siers de  la  Garde  où  il  servait  depuis  1802.  Les  désagréments  du 
service  lui  firent  prendre  son  congé  en  1807.  En  1809.  il  servit 
comme  volontaire  dans  Tarmée  française  et  s'occupa  en  1811  d'es- 
pionner les  Polonais,  ses  compatriotes.  Rentré  au  service  en  1812 
et  promu  général  major,  il  fut  chargé  de  former  en  Ukraine  les 
régiments  de  Cosaques  qu^il  commanda  pendant  la  campagne, 
d'abord  comme  brigadier  puis  comme  divisionnaire.  Les  cam- 
pagnes de  1813-1814  lui  valurent  la  croix  de  Saint-Georges.  Ce 
fut  en  1817  que  commença  l'activité  qu'il  déploya  pour  organiser 
les  colonies  militaires  du  Sud  à  la  tête  desquelles  il  resta  jusqu'à 
la  fin  de  sa  vie.  Commandant  des  troupes  de  réserve  pendant  la 
guerre  de  Turquie,  il  fut  nommé  général  de  cavalerie  en  1829, 
prit  une  part  active  à  la  répression  de  la  révolte  de  Pologne  et 
reçut  à  ce  moment  la  croix  de  Saint-Georges  de  2«  classe.  Gouver- 
neur militaire  de  Varsovie  pendant  quelque  temps,  puis  en  1832 
inspecteur  de  la  cavalerie  «  coloniale  »,  il  reçut  en  1835  la  croix 


de  Saini- André  et  en  1836  300«000  roubles  pour  avoir  briliaos^ 
jgaent  organisé  «  les  fameuses  manœayres  .où   Vosnissarjik  aax^ 

quelles  prirent  part  350  «escadrons  de  cavalerie  et  50  batailloiw 

d'infanterie. 

(Grand-Duc  Nicolas  Mikh.ulovitch.  TortraSts  Russes.) 


ANNEXE  X 
(à  la  Page  137,  pièce  164) 

ALEXANDRE  RQSSl,  MINISTRE  DE  SARDAIGNE 

A  VIENNE 

Appelé  en  1803,  sur  la  recommandation  du  favori  de  Victor- 
Emmanuel  I*',  le  comte  Cordero  de  Roburent,  premier  écuyer  du 
Roi,  a  recueillir,  non  pas  en  qualité  de  Secrétaire  d*État,mais  avec 
le  titre  de  Reggente  (Directeur)  de  la  Secrétairerie  d'État,  la  suc- 
cession de  Chalembert,  qui  venait  de  mourir,  Rossi  avait  déjà  à 
ce  moment  donné  plus  d'une  preuve  de  son  savoir-faire  et  de  son 
habileté. 

Dès  1794,  Castelalfieri  l'avait  chaudement  recommandé  au  comte 
d'Hauteville  :  «  C'est,  lui  écrivait*il,  un  homme  de  réel  mérite  qui 
jouit  ici  (à  Vienne)  de  l'estime  de  tous,  et  ce  qui  le  prouve  surtout, 
c'est  que  son  mariage  n'a  pas  rencontré  l'ombre  d'opposition  de 
la  part  de  la  famille  de  très  ancienne  noblesse  à  laquelle  appartient 
sa  femme.  Tous  ses  nouveaux  parents  ont  au  contraire  pour  lui  la 
plus  vive  affection,  et  cependant  il  n'y  a  parmi  eux  que  des  per- 
sonnages d'illustre  naissance  et  investis  des  plus  haules  charges. 
Sa  femme  [née  comtesse  Hardegg]  n'est,  il  est  vrai,  ni  jeune,  ai 
belle,  mais  très  intelligente,  très  aimable  et  pleine  d'esprit.  » 

Rien  ne  prouvait  mieux  les  mérites  de  Rossi  et  l'importance  de 
la  place  qu'il  avait  su  se  faire  à  Vienne  que  le  fait  que,  non  seule- 
ment il  n'avait  pas  de  fortune,  mais  que  son  extérieur  était  loin 
d'être  séduisant  et  que  de  plusle  diplomatesarde  était  d'assez  hum- 
ble origine.  Aussi  l'impression,  qu'il  produisait  au  premier  abord, 
était-elle  loin  de  prévenir  en  sa  faveur.  On  en  jugera  par  ces 
Ugnes  que  la  reine  Marie-Thérèse  adressait,  le  19  décembre  1803, 
à  son  beau-frère,  le  duc  de  Genevois,  le  futur  roi  Charles- Félix, 


808  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

aussitôt  après  avoir  vu  Rossi,  lorsqu'il  fit  à  Rome  sa  première 
apparition  à  la  cour  du  Roi  :  «  Nous  avons  ici  le  chevalier  Rossi 
avec  sa  femme,  qui  est  de  grande  naissance  et  le  prit  par  amour  ; 
et  je  ne  puis  le  concevoir  galant,  car  il  est  horrible  et  a  Tair  étique 
et  flegmatique  à  mourir.  Je  ne  le  vis  qu'à  la  première  présenta- 
tion, et  comme  il  arriva  le  même  jour  avec  la  fièvre,  il  fallut 
renvoyer  bien  vite  se  coucher,  de  sorte  que  je  n'en  puis  rien  dire; 
mais  il  passe  pour  un  brave  homme.  Madame  a  de  Tesprit,  beau- 
coup de  mérite  et  un  ton  excellent,  étant  très  bonne  mère  de 
famille  sans  prétentions.  > 

La  reine  ne  tarda  pas  à  atténuer  la  sévérité  de  ce  premier  juge- 
ment et  à  apprécier  Rossi  à  sa  juste  valeur*  Il  lui  parut  bientôt 
moins  horrible,  peut-être  aussi  parce  qu*élevé  à  la  vieille  école  de 
la  diplomatie  piémontaise,  il  lui  prouva  bientôt  qu*il  était  un  des 
rares  diplomates  de  son  temps  à  la  hauteur  des  missions  qu*il 
était  appelé  à  remplir,  du  poste  élevé  qu'on  venait  de  lui  confier. 

(Cf.  Pbrrbro,  /  Reali  di  S&voia  nelVEsiglio^  p.  237-239). 


ANNEXE    XI 

(à  la  Page  137,  pièce  173) 

MALASPINA  (Louis,  de  la  branche  de  Pavie  des  Marquis 
de  Sannazzaro  et  Scaldesola)  (1754-1835). 

Décurion  de  Pavie,  il  reçut  en  1779  du  roi  de  Sardaigne  l'inves- 
titure de  la  moitié  du  fief  de  Sannazzaro,  puis  à  Textinction  de 
la  branche  à  laquelle  appartenaient  ses  cousins,  Tinvestiture  en 
1790  de  l'autre  moitié.  Administrateur  en  1785  de  VOsped&le  Mag- 
giore  de  Pavie,  en  1787  des  biens  appartenant  aux  religieux  et 
aux  œuvres  pies  de  la  province  de  Pavie,  chambellan  en  1792, 
délégué  royal  de  l'Université  en  1795,  dépossédé  de  ses  fiefs  en 
1797,  émigré  à  Vienne  en  1798,  rentré  à  Pavie  en  1814,  û  fit  la 
même  année  partie  de  la  députation  envoyée  à  l'Empereur  d'Au- 
triche. Elu  en  1814  député  à  la  Congrégation  centrale  pour  la 
province  de  Pavie^  il  reçut  à  ce  moment  la  croix  de  chevalier  de 
la  Couronne  de  fer  et  fit  partie  en  1817  de  la  députation  envoyée  à 


ANNEXES  809 

François  P'  pour  le  complimenter  à  l'occasion  de   son  mariage 
avec  la  princesse  Caroline  de  Bavière. 

Le  Marquis  M alaspina  était  un  littérateur  de  quelque  valeur,  un 
grand  protecteur  des  arts,  un  collectionneur  d'antiquité  et  un  pas- 
sionné voyageur. 

(LiTTA.  Famiglie  celebri  d'Italia.  Famiglia.  Malaspina.  Tom.  XX.) 


ANNEXE  XII 

(à  la  page  156,  pièce  192) 

LA  PRINCESSE  BAGRATION 

La  comtesse  Catherine  Pawlovna  Skavronska  (1)  avait  épousé 
vers  l'année  1800,  sur  le  désir,  pour  ne  pas  dire  sur  Tordre  de 
l'empereur  Paul  I^',  le  prince  Pierre  Ivanovitch  Bagration,  l'hé- 
roïque général  qui  devait  mourir  le  19  septembre  1812  des  suites 
des  blessures  qu'il  avait  reçues  à  la  bataille  de  la  Moskowa.  Cette 
union,  à  cause  de  la  différence  d'âge  entre  les  deux  époux, —  près 
de  vingt  ans  —  mais  aussi  de  la  coquetterie  de  la  femme  et  des 
absences  continuelles  du  mari,  sans  cesse  en  campagne,  n'avait 
pas  été  des  plus  heureuses  ;  la  belle  princesse  Bagration  n'avait 
pas  tardé  à  s'éloigner  du  domicile  conjugal  pour  aller  se  distraire 
à  Vienne  ou  à  Carlsbad. 

Elle  était  la  fille  aînée  du  comte  Paul  Martinovitch  Skavronsky 
(1757-1793),  conseiller  intime,  ministre  de  Russie  à  Naples,  où  il 
mourut  le  23  novembre  1793.  Le  comte  Skavronsky  avait  épousé 
vers  1780  une  des  nièces  du  prince  de  Tauride,  le  fameux  Potem- 
kin,  Catherine  Wassiliewna  Engelhardt,  qui  passait  pour  une  des 
plus  belles  femmes  de  son  temps.  Il  n'eut  d'elle  que  deux  filles, 
dont  l'aînée  était  Catherine,  la  future  princesse  Bagration,  et 
l'autre,  Marie,  qui,  après  avoir  épousé  le  comte  Paul  Pahlen  (dont 
elle  eut  une  fille,  Julie,  qui  devint  la  célèbre  comtesse  Samoîloff) 
convola  en  secondes  noces,  après  avoir  obtenu  le  divorce,  avec  le 
comte  Adam  Ojarowsky. 

1.  Renseignements  dus  à  l'obligeance  de  M.  Serge  Goriainow,  directeur  des 
Archives  d'Etat  de  Saint-Pétersbourg,  et  A  mon  ami  Henri  Prior,  neveu  du 
duc  Antoine  Litta,  l'un  des  neveux  et  héritiers  du  comte  Jules  Litta,  le  se- 
cond mari  de  la  mère  de  la  princesse  Bagration. 


810  AUTOUB    DC  CÛ5GftÈ5    DE    TIE3^£ 

Aprèâ  b  xnort  de  soa  jnari,  la  comUMâe  Catherine  Wajailievii 
Skâvroa*kâ  épousa  le  31  octobre  1798.  le  comte  Joies  Reoê  Litu 
Viâcoati  Arese.  vice-amiral  ao  service  de  la  Ra*»ie.  que  Pie  M 
avait  relevé  de  aes  vœux  de  cheralier  de  31alte  et  qui  devînt  es 
1810  ?rand  échariSOQ  de  la  Coar,  ea  1814  ^rand  maître  de  U 
Cour  I>.  Je  a'insiste  si  loaf^uement  sur  ce  point  qu'aEn  de  mettre 
le  lecteur  un  peu  mieux  au  courant  des  faits  qui  seront  signalés  par 
les  rapports  des  agents  du  baron  Hager  et  qui  ont  trait.  les  uss 
aui  embarras  financiers  de  la  princesse  Bai^ration.  les  autre?  à  >< 
parenté  avec  la  famille  impériale  de  Russie. 

Le  père  de  la  princesse,  le  comte  SkaTronskj.  était  dis  du  comte 
Martin  Sîtavronsky.  .'énéral  en  chef  il 714-1778  .  le  propre  neveu 
de  ri:nptîratric3  Catherine  I'*,  seconde  femme  de  Pierre  le  Grand  ;2)- 
Quant  à  sa  mère,  la  comtesse  Litta.  maîtresse  de  la  cour  de  Tlm- 
pératrice.  qui  mourut  le  19  février  18^,  elle  avait  depuis  des 
années  rompu  avec  sa  fille,  dont  elle  condamnait  la  vie  de  désordres 
et  d'intrigues  (3^. 

Malgré  son  immense  fortune,  la  princesse  Baçration,  comme  on 
le  verra  |>ar  les  rapports  des  agents  de  la  Polizei  HofsUHe,  avait 
conàtamnaent  de  gros  besoins  d*argent.  Le  comte  Litta,  généreux 
envers  sa  belle-lille,  lui  lit  à  plusieurs  reprises  des  avances  s'éle. 
vant  à  quelques  millions  de  roubles  qu*il  ne  voulut  pas  faire  entrer 
eài  lij^rne  de  compte,  lorsqu'on  procéda  au  partage  de  la  fortune  de 
S.J  femme.  Au  lendemain  de  son  décès  (3  février  1839.,  on  trouva 
dans  son  testament  des  instructions  enjoignant  à  ses  neveux  d'Ita- 
lie, ses  h'';riliers  directs,  de  ne  pas  inquiéter  la  princesse  Bagra- 
lion  tant  qu'elle  vivrait  ^i;,  mais  de  faire  valoir  leurs  créances  à 

1.  Le  comte  Lilla  devint  en  1^)S  ^and  chambellan  et  plus  lard  en  l^i30 
président  d'ua  des  dépar^ments  du  Coaseil  de  l'Empire. 

2.  l)\%  son  avèaemàal.  Catherine  avait  anobli  son  frère  unique.  Charles,  et 
lui  avait  fait  don  d'énormes  domaines. 

3.  La  princesse  Ba^ration  finit  par  se  fixer  définitivement  â  Paris.  Appès 
avoir  habile  rje  du  Mont-Blanc,  rue  de  la  Ville  de  l'Evéque  et  rue  Le  Pele- 
tier,  elle  tit  plus  tard  en  1832  l'acquisition  d'un  h6tel  faubourg  Saint -Honoré 
où  elle  épr)!isa  le  général  anglais,  alors  encore  colonel,  sir  John  Hobart  Gcra- 
doc,  lord  Howdea.  Po>ir  les  conditions  singulières  de  cj  maria|:e,  cf.  Ebbbst 
Daudbt,  La  Police  politique^  p.  *92  et  suivantes. 

L'hôtel  que  la  princesse  Bagration  occupa  à  Paris,  était  situé  sur  l'empla- 
cement actuel  du  n"  47  du  faubourg  Saint-Honoré.  Ancien  hôtel  du  Marquis 
de  Hrunoy,  il  avait  vu  passer  successivement  le  maréchal  de  Beumonville 
qui  y  mourut  en  1821  et  le  maréchal  Marmont  qui  s'y  installa  en  i825(Cf.MAB- 
Quis  DB  HocHEouDB,  A  tràvert  les  ruet  de  Paris), 

4.  Jeudi  8  (juillet  1853).  •  Nous  allons  voir  la  prineesse  Bogralion  qui  «st 
descendue  à  l'hôtel  Meinhardt,  écrit  de  Berlin.  Roosii,  dans  le  Cmrnei  tf*an 
Ténor f  p.  279-280.  Nous  la  trouvons  étendue  sur  un  canapé...  Ce  serait  une 


ANNEXES  81 1 

sa  mort  qui  survint  en  1*856.  Les  'liériliers  du  comte  Litta  in  ten- 
tèrent au  vicomte  Garadoc  et  ttu  comte  de  Bh>me,  le  mari  de  la 
fille  naturelle  de  la  princesse  (1),  un  procès  qui  fut  jugé  à  Paris  et 
qu'ils  perdirent  en  1859  (2). 


ANNEXE  XUI 

(à  la  page  'V56,  pièce  192) 

DUCFTESSE    DE    SAGAN 

La  duchesse  de  Sagan  était  Taînée  des  quatre  filles  nées  du  ma- 
riage du  duc  Pierre  de  Gourlande  (3)  avec  la  comtesse  Anne-Char- 
lotte-Dorothée  de  Medem.  Elle  se  nommait  Catherine- Wilhelmine, 
succéda  à  son  père  comme  duchesse  de  Sagan  et  mourut  en  1839. 

€  En  1800,  lit-on  dans  la  belle  préface  que  M.  Etienne  Lamy  a 
écrite  pour  les  Soavem'rs  de  la  Duchesse  de  DinOy  le  duc  Pierre  de 
Gourlande  mourut.  Ses  filles  (4),  qu'on  regardât  la  dot  ou  le  vi- 
sage, prenaient  rang  parmi  les  superbes  partis  de  TEurope.  Moins 
de  trois  mois  après,  les  trois  aînées  étaient  pourvues.  Pour  Taînée, 
Wilhelmine,  son  projet  s'était  préparé  de  lui-même.  La  familiarité 
d'enfance  entre  la   jeune   fille  et  le  prince  Louis-Ferdinand  de 

femme  à  étudier.  Elle  a  près  de  quatre-vingt-deux  ans  ^,  toutes  ses  dents  et 
des  cheveux  blonds  ;  c'est  ce  qui  lui  reste  d'une  beauté  autrefois  célèbre  et 
particulièrement  connue  de  toutes  les  têtes  couronnées  d'Europe  et  de  tons 
les  beaux  hommes  qui  passaient  le  soir  au  bout  de  l'avenue  de  son  hôtel  du 
faubourg  Saint-Honoré,  dont  les  jardins  donnent  sur  les  Champs-Elysées. 
Maintenant,  c'est  vraiment  une  morte  qui  parle  ou  qui  marche.  Son  front  jaune 
et  luisant  est  excessivement  élevé.  Ses  .doigts  ont  l'air  de  jeux  d'osselets. 
Elle  conserve  pour  son  pied  une  adoration  qu'il  justifie  par  sa  blancheur  et 
sa  petitesse.  Elle  ne  marche  que  soutenue  par  deux  domestiques.  » 

*  Roger  n*est  pas  galant  pour  la  princesse  qu'il  vieillit  d'une  dizaine  d'an- 
nées. 

1.  Le  comte  Otto  de  Blome,  général  major  autrichien,  avait  épousé  en  1828 
la  fille  unique  de  la  princesse  Bagration,  Clémentine.  Née  à  Vienne,  où  tout 
le  monde  parlait  du  prince  de  Mettemieh  comme  de  son  père,  son  état  civil 
ne  fut  réglé  qu'à  Pa  is  en  1828,  lors  de  son  mariage.  Elle  mourut  en  couches 
dans  le  Holstein  le  29  mai  1829. 

2.  Les  héritiers  du  comte  Litta  avaient  pour  avocat  Montanelli,  le  fameux 
agitateur  italien  et  l'une  des  gloires  de  notre  barreau,  M*  Bethmout. 

3.  Divorcé  en  1772  avec  sa  première  femme,  Caroline-Louise  de  Waldeck, 
le  duc  Pierre  de  Courlande  se  sépara  en  1778  de  sa  seconde  femme,  la  prin- 
cesse Eudoxie  Jessupow^ 

i   Les  princesses  Wilhelmine,  Pauline,  Jeanne  et  Dorothée. 


SN  Al'TOUB    nu   CONGBÈS    DE    V1E>'?(E 

|Vu»^o  {\)  était  devenue  un  sentiment  très  tendre...  Mais  les  Or 
l'i.k^oa  kto»  ^>rinoe9  «ont  affaires  d'Etat  et  l*Etat  a  des  raisons  qaek 
\\rui  uo  connaît  pa$.. 

W  ilKoliniiio.  blosâ^éo  de  ce  qu'elle  appelait*  les  torts  de  U  covr 
Je-  l^\:rUn  »...  voulut  prouver Tabsence  de  ses  regrets  par  sa  promp- 
UiiuU'  à  aooopter  un  autre  époux  ;  ce  fut  le  prince  Louis  de 
Uohan...  « 

«  Kilo  lîxa  son  choix,  écrit  à  son  tour  la  duchesse  de  Dino  en 
parlant  du  mariage  de  sa  sœur  aînée  (2),  sur  le  prince  Louis  de 
Uohan,  dont  le  grand  nom,  les  malheurs  de  Témigration  et  une 
jolie  ligure,  à  laquelle  je  n'ai  jamais  trouvé  ni  noblesse  ni  esprit 
étaient  les  deux  seuls  titres  à  une  préférence  qui  blessa  beaucoup 
de  ses  rivaux  et  affligea  les  amis  de  notre  famille.  » 

Ni  le  mariage  de  la  duchesse  de  Sagan,  ni  ceux  de  ses  sœurs 
Pauline  et  Jeanne  ne  furent  heureux.  Pauline  épousa  un  prince  de 
nohenzollern-Hechingen,chef  de  la  branche  aînée  des  Brandebourg, 
et  Jeanne,  un  Italien,  le  duc  d*Acerenza,  des  princes  Pignatelii. 
<  C'est,  —  dira  la  plus  célèbre  des  quatre  sœurs  de  Courlande,  U 
duchesse  de  Dino,  désireuse  d'expliquer  les  infortunes  conjugales, 
les  mécomptes  et  les  déceptions  de  ses  trois  aînées,  —  c'est  à  l'infé- 
riorité intellectuelle  de  leurs  maris,  à  la  jeunesse  de  mes  sœurs,  à  U 
pression  exercée  sur  elles,  à  leur  dépit,  à  tous  ces  différents  motifs  si 
peu  suffisants  pour  faire  prendre  une  résolution  dans  la  seule  grande 
question  de  la  vie  des  femmes,  qu'il  faut  attribuer  le  peu  de  bonheur 
que  mes  scrurs  ont  trouvé  dans  leur  intérieur  et  l'empressement 
avec  lequel  elles  ont  profité  des  facilités  que  leur  donnaient  la  re- 
ligion protestante  et  les  usages  de  leur  pays  pour  rompre  des  nœuds 
aussi  mal  assortis  que  légèrement  formés.  > 

En  1805,  la  duchesse  de  Sagan  divorça;  deux  mois  après,  elle 
se  mariait  avec  le  prince  Wassili  Troubetzkoï.  Cette  seconde  expé- 
rience ne  fut  pas  plus  heureuse  que  la  première  et  dura  moins 
longtemps  encore,  un  an  à  peine.  En  1819,  après  quatorze  ans  de 
célibat,  la  duchesse  de  Sagan  donna  sa  main  au  comte  Rodolphe 
von  der  Schulenburg.  Elle  ne  se  plut  pas  mieux  dans  cette  nou- 
velle union  que  dans  les  précédentes  et  les  deux  époux  ne  tardè- 
rent pas  à  renoncer  à  la  vie  commune.  En  1827,  la  duchesse, 
définitivement  revenue  de  ses  velléités  matrimoniales,  abjurait  le 
protestantisme. 

1.  Celui  qui  fut  (ué  A  Saalfeld. 

3.  Le  mariago  eut  lieu  le  33  juin  1800. 


ANNEXES  813 

ANNEXE  XIV 

(à  la  page  191,  pièce  232) 

FONTBRUNE 

Cet  émigré  est  âgé  de  48  à  50  ans.  C'est  un  des  hommes  que  la 
Révolution  Française  a  fait  le  plus  voyager.  Il  intrigua  contre  elle 
dès  la  convocation  des  Etats  généraux.  Il  s'arrêta  longtemps  à  Tu- 
rin, fit  plusieurs  voyages  dans  le  Midi  de  Tltalie,  en  Espagne,  en 
Angleterre,  dans  les  Cours  du  Nord.  Il  a  porté  partout  l'activité  de 
son  caractère  et  une  haine  prononcée  contre  la  République .  Il  ne 
manque  pas  d'esprit  et  a  une  certaine  connaissance  des  affaires.  Il 
est  souple,  insinuant  et  attache  une  importance  extrême  à  être  mêlé 
dans  les  affaires  politiques.  Il  aime  beaucoup  Targent  et  est  d'un 
égoïsme  prononcé.  Il  voyageait,  il  y  a  deux  ans,  avec  des  passe- 
ports du  prince  de  la  Paix  et  avait  des  pleins  pouvoirs  de  ce  mi- 
nistre. Il  avait  également  des  pleins  pouvoirs  du  Prétendant.  Il  rece- 
vait des  fonds  de  la  cour  d'Espagne  et  MM.  Frey,  de  Leipzig, 
étaient  ses  banquiers  pour  cet  objet.  Il  était  lié  et  en  correspon- 
dance avec  le  marquis  de  Las  Casas  et  avait  en  Suisse  des  corres- 
pondants considérables.  M.  Vallier,  ci-devant  conseiller  du  Sénat 
de  Soleure  et  Thomme  qui  gouvernait  réellement  ce  canton,  est 
Tami  particulier  de  Fontbrune.  Il  était  son  correspondant  en  Suisse 
et  servait  de  dépôt  pour  la  correspondance.  Ce  conseiller  est  un 
homme  infiniment  instruit  et  qui  jouissait  en  Suisse  d'une  grande 
considération. 

La  maison  de  Bezenwald,  de  Soleure,  celle  peut-être  de  toute  la 
Suisse  qui  était  la  plus  prononcée  contre  la  République  Française, 
couvrait  toutes  les  démarches  de  Fontbrune  dans  cette  partie. 
Après  le  18  fructidor,  il  a  été  joindre  le  Prétendant  et  a  fait  un 
voyage  à  Madrid.  Il  était  aussi  en  correspondance  avec  le  maréchal 
de  Swarow  (Souvaroff). 

N.-B.  —  On  ne  doit  pas  confondre  ce  Fontbrune  avec  un  émigré 
du  même  nom  qui  est  aussi  à  Hambourg.  Ce  dernier  aime  aussi 
peu  que  l'autre  la  République^  mais  il  n'a  jamais,  je  crois,  intrigué 
contre  elle.  C'est  un  monsieur  agréable,  de  mœurs  extrêmement 
douces  et  d'un  caractère  bien  modéré  (1). 

1.  Archives  nationales.  Note  sans  date,  mais  présumée  de  l'an  Vît. 


81  i  AUTOUB   DC  CÛ5GRÉS   DE   VIE7?CE 


{k  la  page  305,  pièce  2512^ 

AURORE    DE  MARASSÉ 

J'ai  vu,  lit-on  dans  le»  Soavenîrs  de  la  baronne  dir  3kfo?rT«r(pag«s 
188-191  j,  de  flinpj'ulières  existences  dans  le  grand  monde.  II  est  quel- 
quefois aussi  difficile  d^y  perdre  sa  réputaticFn  qu'il  est  difficile  de  la 
conserver  dans  d'autres  occasions.  Aurore  de  Marassé,  belle, char- 
mante, émigrée  sans  aucune  fortune,  sans  appui,  sans  pradeoce.  a  été 
un  de  ces  phénomènes.  Arrivée  à  Vienne,  je  ne  sais  comment,  après 
avoir  émigré  avec  sa  mère  à  la  suite  du  général  Dumoariez(f), elle  s'est 
vue  tout  à  coup  posée  dans  la  société.  Chanoinesse  honoraire  dn 
chapitre  de  Brûnn,  présentée  à  la  cour,  recherchée  dans  les  cote- 
ries les  plus  élégantes,  familière  avec  les  grands,  amie  des  femmes 
les  plus  légères  et  des  hommes  les  plus  dangereux  pomr  la  réputa- 
tion des  jolies  femmes,  tels  que  le  prince  de  Mettemich,  le  prince 
Dietrichstein  et  surtout  M.  de  Los  Rios.  C'était  une  singulière  exis- 
tence au  milieu  de  cette  diplomatie  européenne  que  celle  de  M"*  de 
Marassé  (2)  logée  dans  les  combles  de  Thôtel  Palm,  dans  la  com- 
pagnie de  la  princesse  Bagration  ou  à  peu  près  de  la  petite  Clé- 
mentine (fille  du  prince  de  Metternich  ef  de  la  princesse   Bagra- 
tion), recevant  dans  sa  mansarde,  et  souvent  avant  d*être  levée,  les 
ambassadeurs,  les   ministres,  les    chargés    d*affaires   au    Congrès 
de   Vienne,  donnant  audience   aux  domestiques    sans   place  qui 
viennent  implorer  sa  protection  et  se  trouvant  heureuse  de  les  ser- 
vir gratis  ;  protégée  et  protégeant  ;  mourant  souvent  de  faim  à  la 
lettre  ;  vêtue  de  robes  rapiécées  et  coiffée  d^un  superbe  diadème 
de  diamants  ;  recevant  des  cadeaux  de  prix  des  hommes  influents; 
se  servant  de  leurs  voitures,  de  leurs  gens,  souvent  même  à  leur 
insu  ;  se  montrant  partout,  malade,  exténuée,  toujours  belle,  quoique 
jaune,  pâle  et  se  tenant  très  mal  ;  attaquant  familièrement  les  plus 
grands  seigneurs  ;  répondant  à  leurs  mauvaises  plaisanteries  avec 
aplomb  et  souvent  avee  dignité.;  se  fâchant,  sans  rancune,  elle  était 
connue  dans  la  haute  société  sous  le  nom  d^Aurore.  Les  princes  du 

1.  Son  père,  Jean- René  Blandine  de   Marassé,  général  de  division,  suivii 
Dumouriez  dans  sa  défection  et  mourut  en  avril  ISOS  à  Temesvar. 

2.  Madame,  à  cause  de  son  titre  de  chanoinesse  (notes  du  comte  de  la  Bou- 
Ictière,  petiuais  et  éditeur  des  souvenirs  de  M"*  du  Montet). 


A?9N6311SS  815 

Congrès  l'abordaient  en  lui  donnant  la  main.  Sa  mansarde  a  sou- 
vent servi  de  point  der  récnrion' à\ dQS*  diplomates  qui-^BBoéraient 
ainsi  échapper  à  la  surveillance.  Cette  étrange  existence  éts^t  sans 
noblesse,  sans  dignité.  Elle  avait  ses  amertumes  sans  doute,  mais 
elle  n'a  jamais  été  le  sujet  de  médisances  ni  de  calomnies  ;  Aurore 
n'avait  pas  le  sou  et  tout  le  monde  le  savait.  On  ne  comprenait  pas 
comment  elle  vivait  lorsque  ses  protectrices  les  princesses  de  Cour- 
landes  quittaient  Vienne,  mais  je  sais  bien  qu*un  matin, elle  entra 
chez  moi,  pâle,  défaite,  anéantie,  me  priant  en  grâce  de  lui  faire 
donner  au  plus  vite  un  bouillon,  parce  qu^èlle  n'avait  rien  pris  de- 
puis le  départ  de  la  princesse  de  Sagan.  Il  y  avait  vingt-quatre 
heures  que  celle-ci  était  partie.  Jd  me  hâtais  d^accéder  à  son  désir. 
EÎIle  pleura,  me  parla  avec  d'ésespoir  de  sa  déplorable  situation.  Le 
soir,  je  la  vis  à  une  griande  soirée  chez  Razoumoffsky,  elle  était 
sémillante  Enfin,  des  aitiiis  parvinrent  à  la  faire  placer  comme 
grande  maîtresse  chez  le  pi^ince  régnant  cfe  Cobourg,  lorsqu^il 
épousa  la  princesse  de  Sàie-Cdbourg-Gotha.  Le  prince  lui  avait 
jadis  promis  cette  place  en  plaisantant  quand  il  faisait  la  cour  à  la 
princesse  Bagration.  Elle  eut  Tesprit  de  prendre  cette  plaisanterie 
au  sérieux  ;  mais  la  jeune  princBsse  de  Saxe-Cbbourg,  jalouse  et 
extravagante,  ne  Ta  pas  gardée  longtemps^^. 

Renvoyée  de  cette  petite  cour  orageuse,  Aurore  a  éité  aux  eaux 
d'Aix  en  Savoie.  C'est  là  que  la  Providence  lui  a  fait  rencontrer  le 
comte  de  Venanson,  noble  sarde,  excellent  homme  qui  l'a  épousée, 
et  avec  lequel  elle  vit  très  heureuse  et  très  considérée. 

Vionne,  Hivnt  1:818-1819. 


ANNEXE    XVI 

(à  la  page  225,  pièce  280) 

« 

MtRCT  (André-Florimond,  comte  de)  (1771-1840),  servit  d'abord 
danà  l'armée  française.  Émigré  dès  le  début  de  la  Révolution,  il 
entra  au  service  de  l'Autriche  et  ne  tarda  pas  à  gagner  la  confiance 
de  Metternich  qui  le  protégea  et  fit  bientôt  de  lui  un  des  conseil- 
lers auliques  de  la  Chancellerie  d^at. 


81f^  AS.1^AJ\    VC   Cfj3^BZà    ce   TIZ3I3Z 


1. 


à  lii  pa^e  K3.  pièce  333 

f  »  t*  Mi'ihc*  comte  'i<  1T77-IS26  .  Le  comte  de  Frii* 
y^j'ir  ftïfàmt  uT,t  pnnce^f^  de  Hohe&lohe.Le  majorât  da  cocnte  eof: 
d'ufie  v^it^ir  immtï^H:  kizin  que  «a  fortune  en  aeignetmetf . suj-rnu. 
lfk\k\%,rjÀ\'zi:ûou*t  préciease4.paij  m  Constante  maison  de  b-ïiLqae, 
nut  *\t%  plui  ccrQ&;denbles  et  des  mieux  accrédîtees  d'Eorjpe. 
Tout  a  diBpdru.  Le  comte  de  Frie«  est  mort  complètement  mise. 
Sa  femme,  belle  et  vertueuse,  l'a  précédé  de  qoelqaes  années.  L'ae 
dét/;sUiible  actrice  parisienne,  petite  femme  jaune  et  laide.  M^  Lom- 
bard, a  été  le  mauvais  génie  qui  s'est  attaché  an  beaa  et  brillant 
comte  de  Frie^  et  l'a  précipité  dans  l'abîme.  Misère  si  complète 
qu'il  eitt  mort  â  Paria  dans  un  cinquième  éta^e.  Son  Gis  aine  a 
épou*élabarorjne  Pereira-Arnstein,  juive  baptisée,  fille  d^ane femme 
irt^  spirituelle. On  dit  qu*il  rétablit  les  affaires,  jadis  si  fiorî«^santes. 
de  la   maison  Pries. 

.M"^  Lombard,  qui  prétendait,  je  ne  sais  si  c'est  vrai,  ajoute 
Tauteur  de  ces  lignes  qui  n'est  autre  que  la  baronne  du  Montet, 
avoir  éfK/usé  le  comte  de  Pries  veuf  de  la  princesse  de  Hohen- 
lobe,  a  époufté  bien  réellement  M.  de  G... 


ANNEXE    XVni 

(à  la  page  312,  pièce  401) 
COMTESSE    CLARE 

11  s'^f^it  IrèM  probablement  de  la  comtesse Clare, veuve  depuis  le 
19  juin  1802  do  John  Pilzgerald,  premier  comte  de  Clare, chance- 
lier d'iHlandc,qu*ellc  avait  épousée  le  l***  juillet  1786.  La  comtesse, 
qui  mourut  on  novembre  1815,  était  la  fille  aînée  de  Richard  Cha- 
pcl  Whaley. 


ANNEXES  817 


ANNEXE    XIX 

(à  la  page  327,  pièce  439) 

BENZEL-STERNAU(Ghristian-Ernest,comte  de)  (1767-18 19). 

Conseiller  de  rég^ence  à  Erfurt  (1791),  Conseiller  d'Etat  électoral 
(1803), conseiller  intime  (1804),  passé  au  service  de  Bade  (1806)  en 
qualité  de  conseiller  intime  du  département  de  la  Police,  Directeur 
du  Ministère  de  l'Intérieur  (1808),  Président  du  tribunal  suprême 
à  Mannheim  (1810),  Ministre  d'Etat  et  des  Finances  du  grand-duché 
de  Francfort  (1812),  il  se  retira  presque  complètement  de  la  vie  po- 
litique à  la  fin  de  1813  lors  de  la  chute  du  grand-duché. 


ANNEXE    XX 

(à  la  page  431,  pièce  616) 

Mailath  (Georges,  comte)  (1752-1827),  depuis  ISOSPersonalisPrœ- 
senliœ  Regîœ  et  depuis*  1811  Obergespan  du  Comitat  de  Tolna. 


ANNEXE  XXI 

(à  la  page  453,  pièce  650) 

MAVROJENI  (Jean). 

Second  fils  du  voïvode  Démétrius,  né  à  Paros,  appelé  tout  jeune 
à  Constantinople  par  son  oncle  Nicolas  qu'il  suivit  à  Bucarest, 
lorsque  celui-ci  fut  nommé  hospodar  en  1787.  Il  ne  joua  aucun 
rôle  pendant  tout  lé  règne  et  jusqu'à  la  fin  tragique  de  ce  prince, 
décapité  en  1790.  Il  se  réfugia  alors  à  Vienne,  où  de  1792  à  1800  il 
servit  de  correspondant  pour  la  négociation  de  ses  traites  à  son 
frère  Nicolas  établi  à  Trieste,  se  lia  avec  Rhigas  (1)  et  travailla  avec 

1.  Rhigas,  patriote  et  poète,  né  à  Valestini  en  Thessalie  en  1753,  partit  de 
Vienne  en  1797  pour  se  rendre  auprès  de  Bonaparte.  Arrêté  à  Trieste,  ramené 
à  Vienne,  il  fut  remis  en  mai  1793  au  ^uvemeur  turc  de  Belgrade  qui  le  fit 
décapiter. 

T.  I.  52 


818  AUTOtn  DU  nrrmiÈm  t^K 


lui  à  la  fondation  de  VHét^irie^  association  secrète  qui  se  pro^^ 
sait  de  rendre  la  liberté  aux  populatîoas  grecques.  Marrojéni.s^' 
voyé  pnr  \\\\\,:h^  en  France  pour  essayer  d*iiitéresser  le  gouTera- 
ment    au  plan  qu'iU  avaient  eonça,  édiappa  ainsi  au  sort  de  »: 
ami.  Ciiiribien  de  temps  resta-t-il  k  Paris  ?Son  biographe  Blancird 
n'e^t  pis  arrivé  à  le  décoarrir.  On  sait  seulement  qull  reviali 
Vienne,  qu'il  y  reprit  ses  relaliona  conunerciales  avec  son  frènde 
Trieste.  Puis  tout  à  coup,  sans  qu*on  sache  pourquoi,  on  le  voit 
en  août  1811  ^uccéder  à  Vienne  à  Jean  Argyropoulo  en  qualité  de 
chargé  d'afTaire.-)  de  la  Légation  de  Turquie  en  Autriche,  fonctiom 
qu'il  occupa  jusqu'au  mois  de  mars  1821.  Il  se  retira  alors^  sarle 
conseil  de  Metternich,à  Fresbourgoù  il  resta  jusqu'au  comIneDC^ 
ment  de  1832,  époque  à  laquelle  il  fut  de  nouveau  appelé  àrepreadit 
à  Vienne  Aeë  anciennes  fonctions  qu'il  conserva  jusqu  *à  sa  mort  sur- 
venue le  31  mars  1841. 

Cf.  Tu.  Blancard.  Les  Mavrojéni,  p.  527-585). 

CHARLES  C.\LLIMAKI  IV, prince  de  Moldavie  de   1812  à  1S19. 

Son  rèf^^ne  (d*après  A.  Stx>ubdi4,  L'Europe  Orientale  et  le  rok  his- 
torique des  Maurocordàto^  p.  276)  en  Moldavie  fut  empreint  d'une 
f^randc  douceur.  L'ambassadeur  français  Ruffin  loue  la  droiture 
et  la  modération  de  ce  prince  et  le  montre  favorable  à  la  France. 
Il  fut  un  des  princes  les  plus  remarquables  des  pays  roumains  et 
attacha  .son  nom  à  une  législation  importante,  de  beaucoup  supê 
rieure  à  celle  édictée  par  Karadja  en  Valachie.Il  était  de  naissance 
roumaine  et  appartenait  à  une  ancienne  famille  noble,  originaire  de 
Bukovine.  Doué  d'une  belle  intelligence,  il  avait  un  esprit  cultivé. 
Sa  prestance  majestueuse  et  ses  belles  manières  frappaient  tout  le 
monde  et  il  sut  s'imposer.  I!  se  retira  volontairement  du  pouvoir 
et  eut  pour  successeurs  Michel  II  Soutzo  III. 

JEAN  KARADJA  (Caragea)  II. 
(Voir  page  448,  pièce  638) 

Jean  Karadja  II,  fils  de  Nicolas,  ancien  dragoman  de  la  Porte, 
prince  de  Valachie  de  1812  à  1819,  après  la  paix  de  Bucarest.  Il 
paraissait  au  début  avoir  du  penchant  pour  la  France,  mais  il  ne 
tarda  pas  à  tourner  casaque  et  à  devenir  un  ennemi  acharné  des 


Français.  Jusqu'en  1814,  à  la  restauration  des  Bourbons,  il  conserva 
une  espèce  de  neutralité  entre  la  France  et  la  Russie,  mais  dès  le 
retour  de  Louis  XVIlI'en  1615,  il'idéHMtscpia  ses  batteries.  En  1819 
il  se  sauva  à  temps,  se  réfugia  .en  Italie  ;et  eut  pour  successeur 
Alexandre  Soutzo  II. 

(D'après  A.  Stouedza,  op,  cit.) 

LES   CODES    CARAGEA  (RARADJA)  ET    CALLIMAKI 

Il  était  réservé  à  Jean  Caragea  et  à  Charks  Callimaki  de  doter 
les  pays  roumains  d'une  législation  qui  'répondit  jusqu'à  un  certain 
point  aux  véritables  besoins  de  la  population.  J^as  codes  de  Gara- 
geaet  de  Callimaki  reproduisent  l'un  et  1  Autre  le  droit  romain,  mais 
pendant  que  le  code  Caragea  est  une  compilation  plus  originale, 
faite  d'après  les  collections ^ecque&,  celui  de  Callimaki  n'est  que  la 
traduction  plus  ou  moins  fidèle  du  Code  civil  autrichien.  Ce  qui  avait 
déterminé  ce  dernier  emprunt^  c'est  jque  le  jurisconsulte  chargé 
par  Callimaki  de  la  rédaction  de  son  Code,  Flechtenmacher,  se  trou- 
vait être  un  Allemand,  qui  avait  été  appelé  de  Vienne  par  les  boyards 
Laskaraki  et  Grégoire  Stourdza  comme  instituteur  de  leurs  en- 
fants.  Ces  deux  législations  furent  promulguées  en  langue  grecque 
et  la  chrysobulle  de  publication  du  Code  Callimaki  dit  expressé- 
ment «  qu'il  avait  été  premièrement  rédigé  dans  la  langue  néo- 
grecque, usitée  dans  le  pays ^  puis  traduit  en  roumain.  »  La  tra- 
duction devait  en  être  faite  par  le  même  Flechtenmacher  qui,  ayant 
séjourné  pendant  huit  années  en  Moldavie  (1811-1819),  avait  fini 
par  connaître  suffisamment  le  moldave.  Mais  on  ne  sait  pourquoi 
il  ne  parvint  pas  à  la  terminer.  Le  Code  de  Callimaki  ne  fut  tra- 
duit en  roumain  qu'en  1833,  lors  de  la  nouvelle  occupation  russe  des 
principautés  Le  Code  de  Caragea,  au  contraire,  avait  été  traduit 
en  roumain  dès  la  première  année  de  sa  promulgation,  en  1819. 

(ALEXANDRE  A. -G.  Stourdza,  VEurope  Orientale  et  le  rôle  histo- 
rique des  Maurocordaio,  1660-1830,  p.  267.) 


820  AUTOUR  DU  C0M0RÊ8  DE  VIENNE 


ANNEXE   ZXn 

(à  la  page  534,  pièce  764) 

CORNAGGHIA  (Ferdinand,  baron)  (1768-1842),  né  à  Soragna, 
docteur  en  droit  à  Tâge  de  21  ans,  commença  par  être  Tavocat  des 
pauvres,  mais  ne  tarda  pas  à  occuper  divers  emplois  dans  l'admi- 
nistration des  duchés  avant  de  devenir,  d*abord  gouverneur  de 
Borgo  San  Donnino,  puis  de  Parme  même  en  1814.  Directeur  gé- 
néral des  Finances  en  1816,  il  occupa  de  1821  à  1830  la  prési- 
dence de  rintérieur  et  devint  au  lendemain  des  troubles  de  1831 
président  du  Conseil  d'Etat. 


ANNEXE  XXIII 

(à  la  page  625,  pièce  942) 

Saint-Clair  (Charles,  marquis  de),  entré  aux  gardes  françaises 
comme  enseigne  surnuméraire  en  1787,  émigré  et  inscrit  sur  la 
liste  de  Périgueuz  à  la  date  du  23  juin  1792  comme  «  garde  du 
dernier  tyran  et  propriétaire  à  la  Trappe  près  de  Sarlat  >,  garde 
du  corps  à  Naples,  puis  capitaine  d*une  compagnie  des  Gardes  et 
«  attaché  à  l'éducation  du  prince  Léopold  »,  colonel  en  1807,  il 
suivit  le  prince  de  Hesse-Fhilippsthal  en  Calabre.  Ministre  de  la 
Guerre  en  1812  en  Sicile  et  en  1815  à  Naples,  lors  du  retour  de 
Ferdinand  IV. 

Alquier  dit  de  lui  en  1804  dans  sa  note  sur  les  émigrés  :  «  Il  est 
le  favori  de  la  reine.  C'est  un  homme  honnête,  tranquille  et  très 
médiocre.  La  reine  vient  de  le  faire  naturaliser.  »  (J.  Raimbaud» 
Mémoires  du  comte  Roger  de  Damas,  II.  Note  368). 


ANNEXES  821 


ANNEXE  XXIV 

(à  la  page  640,  pièce  978) 

Le  mari  de  la  comtesse  de  Raigecourt.  Il  commandait  pendant 
la  campagne  de  1814  une  brigade  de  la  division  Ignace  Hardegg, 
qui  faisait  partie  du  corps  d*armée  Jérôme  Golloredo.  Le  général- 
major  de  Raigecourt  se  trouvait  à  Dijon  avec  ses  troupes  lors  du 
passage  de  Marie-Louise  venant  de  Blois. 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 


Aûrma.  >4I,  386,  4M. 

Abbaye  (L' .  Not«  «». 

Abdèrê.  Abdiritei.  710. 

AbdicaLion   (acte  d  ).  Renonciation. 

1»,  Si.  Note  144,  IM,  S«l,  ISI^  410, 

414,  459,  SS3,  dîa,  SB9. 
Abidobem  {lord).  47,  4B,  49. 
Académie  des  Sciences  (Munich).  414. 
Académie  des  Science!   Morales  el 

Politiques.  Note  41S. 
Académie  muaicale.  SIS. 
ACBiuntA  (duc  d').  340,  431,  481,143, 

Bit. 
Arivndisiements.   40,    SO,    109,    387, 

40),  bOi,  SOS,  SBB,  SOI,  730,  749,  7tb. 
AuoA  (Phebui  marquis  d').  Note  874, 
AddinotOK  (A.).  604,  031,  717,  7H. 
Adblaîdb  (Madame).  Note  040. 
Admission(dapléDipoteatiaires).319. 
Acon.  181. 

Adresse    SOS,  450.  «30,  741,  779. 
AdrUtiqae  (Mer)  177. 
Affaires  EtraiiKires  (Ministre,  Minis- 
tère  et    Archives   des).    Note  17. 

Note  IB,  *-i.  Note  Ai  Note  47.Note 

4B,  a.  Note  ai.  Note  lOS.Note  108. 

Note  lis    Note  133,  l&O    Note  194. 

Note  19G,  398,  311.  Note  «»,    7S7, 

774,  787, 

A^am.  7M,  7». 

AicheJiiarir  (Maison),  13B. 

AiCBaou.  Noie  347. 

AïOLB  Nom  (Ordre  de  I'),  194. 

Aoo>uT  (M-*d').  Note  133. 

Aouâ  (Go  m  Le  Saiot-MartÎB  d'),  190, 

187. 
Aune  (et  département  de  '1),    Note 

7«4. 
Aix  (en  ProreDOe)  (et  ptrlenwnt  d'). 

NoU  1»7.  Nota  704. 
Aia-U  C/tapells  (et  Con^rèad').  Note 

7.    Note    40.    NoU  90,    187,  130. 

Note  097. 
Aix-ltt'B»ini.   47,  48,  71,   301,  410, 

816. 
Au**.  707. 
Alb*i>ti.  333. 
ALBinTim  (brandie  :  Sue).  3n. 


Albmi  (baron).  019. 

ALBurin^  (duc  d'.  Voir  Siichbt). 

Aldihi  (comte),  bfl,  87,  133.  131,  140, 
301,  331,  333,  330,  338,  341,343,340, 
301,  37S,  374,  381,385,  180,  313,338, 
BS3,  301,  309,  443,  tlS,  Bit,  B9S,e7B. 
791. 

ALBiAnDni-pAVLovNA  (gTBade- 
diMh**').  Note  3.  Note  ISB,  494. 

AbUAHona  1-.  Note  XXIII.  3.MoU3, 
S,  S,  »,  13,  18,  30, 18,30-40,  Sl.Nole 
SS,  t7,  08,  SI,  03,04.  NoU74.Note 
77,  81,  80,  10.  Note  90.  Note  98,100, 
loi,  103,  lOÏ-109,  114, 117,  IIB,  130, 
13S-139.  Not«  184-140,  143-147,111- 
101,  1S7, 108,  171-174,  177,  17)i,l80- 
191,108,300,301-307  Note  309, 111- 
138,  330-134,  338,140,  341,  SB0,1S4, 
»7,  176,  378,  170,  390,196- 

198,.  813-319,  130-311,338- 

144,  361-368,  301-308,  170; 

373, .  384.  180,  3SO-396,  399, 

401,  403,  414,  410,  419,  411,41), 

41S,  431,  437,  443-449,  4B1,4»4, 

4tO-401,  4,  478-480,    483-487, 

493-491,  600,  603,  SOS,  lOB-SlB,  6S1- 
637,  â31,  634.  6.1B,  638,  640,  641,144, 
649-601.  6M-673,  676,  679-683.  Mt, 
693,  690-001,  003-013,  OtS,  018,010, 
017,  033,  S34,  038, 039,013-864. Note 
003-001,  008-S7I,  S76,  877-081,  0B8- 
SBS.  Note  893,  893,  096,  099,  701, 
703,  706,  709-71S,  730-733,  739-784, 
738,  740,  743,  744,  748-757,  703,708, 
709,  772-774,  770,  777,780. 

ALBi*nDHK  11.  Note  663, 

AlBIANOBB    DB    MACàDOlHB.    SOS. 

Alexandrie  (de  la  Paille).  83  600. 

Airtani  t>i  àosTaano  (Marquis).  081, 
SS4,  786, 

Alger  (et  der  d').  499. 

AuARini  (d').  178. 

Altemtgaa  (affairas  d')-AIJeiiundl, 
XIV.  1,  0,  8,  9,11-14,  31,  33,  31, 37, 
39,  37,  40,  49,  04.  08,  09,  7»,  80,  80, 
87.  Note  90,  94,  97,  100,  106,  113. 
Nota  118,  130,  136,  141.  Note  140, 
149,  tJ8,  169,  101-106,  109, 170, 173, 
170,  180,  186-1B9,  201,207-309,  312, 
313,  317,  130-318,  SS6,  337,  343,  IK, 
3S4-SSS,  301,  303,  371,  201,  194,  100, 


824 


AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 


304,  305.  309-310,  321,327,  338,340- 
347,  349,  354-358,  365,380,385,395, 
398,  401,  408,  409.  Note  415,  423, 
424,  427-430.  439,  444.  445,  451-453, 
458,  460,477.478,  485,486,490,500, 
506,  507,  5)1.  512,  519,523.531.534, 
542,  545,  550-554,  561,  574,585.Note 
592,  504,  601,617,625,626,  632,633, 
39,  649,  654-658.  6^3.  668.  675,  681, 
682,  686,  689,  690,  698,  707,716,717, 
730,  735,   738,  740-745,  751,  765. 

Allemagne  (Empereur  d').  112,  163, 
184,  213,305-310,346.  354,  361,  379, 
439,  453,  5^5,  649,  654,  670,716,751, 
775. 

Allemagne  (nord  de  1').  Note  21,162, 
170,  216.237,  258,  341,342,  418,  424, 

490,  625. 

Allemagne  (sud  de  T).  34,  162,  170, 
237.  258,  342,  424,  439,  490,  529, 
616.  625. 

Allemandi  (petits  Etats  et  princes). 
39.  41.  Note  75,  93,  94,  105, 158,  213, 
226,  242,252,262,264,  271.Note272, 
294,  305-308,  328,  345,  348,  353,354. 
361,  373.  439.  442,  450.  478.  Note 
479,  485,  490,  499,  517,  519,  523,540, 
544,  550.  Note  565,  596  Note  600, 
612,624,  634,  649,  653,  654,656,  657, 
670,  689,  690,  700,  716,  755. 

AU^meine  Zeitung.Note  39,165,645. 

Alliance  (projets  et  traités  d').  Note 
52,  60.  61  Note  74.  Note  100,  118, 
172,  177,  189,  203,  240,  263,  347,  567, 
600,638,651,  689,  737,  742.  Note 
778. 

Alliance  française.  Note  15.  Note  45. 
Note  99,  347.  Note  561,  601.  616. 

Alliano  (prince  d').  326,361,426,427, 
431.442. 

Alliés  (souverains  et  quartier  général 
des).  2,  4,  9.  10,  12,  15.  Note  39. 
Note  40.  61.  Note  62,  79,  81,  88, 113, 
203,  207,  244,  249,  287,  293.  343,358, 

491,  517. 

Almasy  (comte).  479,  480. 
Alopbvs  (comte  d').  302,  646. 
Alpes  (les).  42.  Note  196. 
Alquibr,  820. 

Altibri  (Carlo).  802,  803,  804. 
Altlerchenfelderstrasse,  78. 
Alionà  (et  banque  d').  99.  Note 593. 
Amalienhof,  Note  159. 
Ambassades  (et  surveillance  des).  123. 

Note  194,  219.  221,  222,325,  326. 
Ambigu  (L')  (journal).  61. 
Ambrosiana  (L').  XIV,  91. 
Amémb  db  Brunswick.  Note  100. 
Amérique  (Etats-Uni^  et  guerre  d'), 

et  Américains.  26,  301,302,378,379, 

456,  464,  465,  521,  553,  620,  662,680, 

755,  766,  768.  775,  781. 
Amiens  (et   paix  d').  Note    84,  424. 
Note  717. 


Amnistie.  395.  Note  652. 
Amsterdam.  Note  591,  679. 

AlV.   A...  790. 

AifCiLLOif.  Note  589. 

Ancône,  176.  395,  314,  463,563. 

AnoLAU  (comte  I').  675. 

AffOR*  (d').  684,  764. 

Andru  Sch.,  796. 

Andromàob  (L'  russe),  192. 

Anobbbro  (d').  Voir  notes  pMssim. 

Anglais  (journaux).  44,  465,  659,695. 

Angleterre- AngUis.  2,  4,  6,  7,  9.  1«, 
13-15,    31-39,  36,  37,   4a,   44.    Note 
49,  53.    54,    57,   60,    61,    74,    83,  s4. 
Note  101.  Note  102,  110,  113,  136. 
Note   139,  145,  153,    157.  162.  Note 
166,  183,  200-204,  308,   210,  215,316, 
224-229,  239,  242,  349,   258,  262,  268. 
372,  376-278,  383.  Note  286-288.  292- 
397,  305,  306,  310,  331,  333,  340,  353, 
854,  858,  364,371,378-380,  384,390, 
391.    399,  400,  401.  Note  416,  431- 
434,  438,  443,  446,  454-457,  464, 465, 
476,  483,  489,  498.  502,  504,  514,531, 
527,  532.   547,  553-555,  563-565,  569, 
574.    Note  577-580.   592,    600,    601, 
617-619,  623,  630,636,  638,  640.649- 
656,  658,  662,  664,  669,  673,  675,677, 
680,  694,   695,   704,    708.  Note  710, 
713.  Note    717,    719,    724-737,    734- 
737,    740,  743,   751.   Note    764.  766. 
771,  775,  781,  783,  813. 

Angleterre  (ambassade  d'),  31,  123. 
Note  144,  218,  219,  221,  223,  238, 
372,  490,  537,  748. 

ArcGODLÈBiB  (duc  d').  Note  96.  Note 
469,  764. 

Amgoulèmb  (duchesse  d').  Note  96, 
319,  376. 

AifouissoLA  (comtesse  Caroline),  90. 

Anouissola  HnuscA  (marquise).  Note 
90. 

Auhalt  Bbhndurg-Sghauvburo  (Mai- 
sons d'),  308,  365,  366,  537,  592, 
600. 

Anhalt-Dbssau  (Frédéric,  prince  hé- 
réditaire d'),  383. 
Anhal'-Drssau  (prince  et  maison  d'), 

308,  365. 
Anna    Pavlovna  (Grande  duchesse), 

26.  Note  715. 
i4nnec^,  203. 

Annexion,  Incorporation,  Réunion. 
Note  36,  187,  251,  261,  263,  290, 
299,  303,  380,  391.  496,  499,  541, 
556,  587,  594,  606,  614,  618,  657. 
Note  694,  715,  719,  720,  750.  Note 
759. 
Annonciadb  (Ordre  et  collier  de  V), 

Note  82.  Note  122. 
Annoni  (comte),  331. 
Ansbach'Anspachf    6,  254,  618,   633, 

661,  719. 
AwsTBTT  (d').  Note   XXII,  31,  73,  96, 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 


825 


102,  108-110.  113,123,  132,  133,146, 
152-154,  159,  160,  180,181,  196,197, 

202,  214,  230,  233-238,  246,  264-267, 
274,  283.  284,  303,  312,  316,  333,  338, 
343-345.  353,  361,363.  Note  365,369, 
370,  382,  386,  397,  422,  428-430,  433- 
435,  459,  460,  467,  470,  497,  510,512- 
514,  5-JO,  539,  548,570,  571,585,  612, 
648,  654,696,  708,  709,  711-':i3,  729, 
731. 

Anstbtt  (M—  d*),   109,  152,  154,  696. 
Anticipations-Scheine,  257,  348,  439. 
Antoine  (archiduc),  46. 
Antoi:«b  (prince  de  Saxe).  Note  XXII, 

20,  38.  Note  142,  160,  161.  Note  174, 

193,194.  212,  218,  219,  235,  256,319, 

339,  353,  375,  376,  396,  402,  473, 496, 

497,  536,  565,  603,  755. 
Antonelli  (comte),  567,  716. 
Anvers  (port  et  flotte  d'),  203,  204. 
Apanage,  16. 

Apologie  (L',  brochure),  348. 
Appartement  (L'),  189,  193,  225. 
Apponyi  (comte),  619,  752. 
Araxe  (L').  Note  lO.i. 
Archii>ug  Charles  (Hôtel  à  1'),  306. 
Arenberg  (Auguste,  prince  d').  Note 

229,  304. 
Arenbbhg  (Louis  Engelbcrt,  duc  d'). 

Note  229. 
Arbnbgro  (  Philippe- Jo8eph,prince  d'). 

577. 
Arbnbbho  (Prospcr-Louis,  prince  de  , 

228,  229.  230,245,  251,  259. Note  577. 
Aretin  (baron  von).  Note  557. 
Argovie  (canton  d').Note  146,  380. 
Arotropoulo  (Jean),  318. 
Armbhuster,  790. 
Armée  anglaise,  113,  204,    210.  Note 

286,  394,  553,  620.  Note  715. 
Armée  au  delà  du  Danube.  .Note  95. 
Armée  autrichienne,    19,  20,    23-25, 

31.    Note   33,    45.    54,   58,    81,   89. 

Note  92,    107.  170,    173,    196.  Note 

205.    Note    244,  254,  257,  289,  298, 

379.  Note  384,  439.  Note  507,   511, 

566,   586,  689.  Note    709,  711,  713, 

755.  Note  774,  782,  791. 
Armée  bavaroise,  6.  Note  111.  Note 

179,  235,  474.  Note  774. 
Armée   de   Gondé.  Note    442.    Note 

507. 
Armée  danoise,  58. 
Armée    française,  1,    2,  18,    28,  170, 

203,  235,  258,  272.  287,  404,471,474. 
Note  507,  511,  514,  542.  Note  592, 
684,  755,  763.  Note  774,  806,  815. 

Armée  hanovrienne.  725. 

Armée    hollandaise.    Note   229,  394. 

Note  463.  Note  507. 
Armée  d'Italie,  232. 
Armée  du  Midi.  Note  2. 
Armée  Napolitaine,  35,  56.  Note  118, 

248,  517,  593. 


Armée  d'observation.  Note  93. 
Armée  d'opération.  Note  35.  Note  55. 
Armée  piémontaise,  82,  632. 
Armée  polonaise.  Note  10,  30.  Note 

44,  97,   106.   173,  297,  431,  518,  521, 

524,  749,  778. 
Armée  prussienne  (et  corps  d'),  61,62, 

82.  Note  93.  Note  100,  113,  160, 172, 

173,  254,  297,  347,  357,  3'»1,  394,  486, 

561.  566,  574.  Note  589,  689..Note 

712,  755,  775. 
Armée  de  réserve.  Note  2.  Note  129. 
Armée  du  Rhin,  157. 
Armée  russe  et  grande  armée  russe. 

Note  2,  6,  20.  24,  25,  54.  Note  55. 

Note  77,  97, 103,  113, 125.  Note  133, 

135,  143,  152. 153,  160,  172,  173.  Note 

194,  341,  355.   Note  466,    486,   511, 

518,  531,  524,  541,  544,  574,  585,  602, 

609,  632,  689,711,714,  723.  Note  774. 
Armée  saxonne,    67.   Note  162,  369, 

741. 
Armée  sicilienne.  53. 
Armée  suédoise,  38.  Note  336. 
Armée  wurtembergeoise,  217. 
Armées  alliées.  Note  90,  204.  Note 

302. 
Armements.  6,  20,  3'),  45,  54,  59,  113, 

453,454.570,  571,  618,  682. 
Armistice  (et  dénonciation  d'),  Trêve. 

Note  107,  440.  Note  530. 
Armstrono  (Général),  464. 
Arnay  (baron  d'),  232.  285,  313,  450, 

468,  598,  634,  666,  761. 
Arndt  (poète  allemand).  Note  41,415. 
Arnstbin  (baron),    28.  93,    100.   110. 

Note  135,  186,252,253,  338,  378,469, 

486,  543,  573,  648,  674,  675,  735,  785, 

787. 
Arnstbin  (baronne  d'),  695. 
Aroldi-Arbloi.  505,  o24. 
Arrérages,    intérêts.    Revenus.   408, 

409.  410. 
Arrestations,  329.  335,   552,  627,  683, 

704,  718,  724,  74 i,  767. 
Artois  (Comte  d'),voir  Monsieur. 
Artonnb,  XV. 
Arve  (L'),  676. 
AsGHAFFENBURO.  Notc  149,  263.  Notc 

375,  390,  408,  410. 
Aêpern   (et  champ  de    bataille  d'), 

261,  298. 
Assemblée  Nationale.  Note  96. 
Aster  (Colonel  baron  d'),  281. 
AsTURiES  (prince  des).  Note  682. 
AuEN  (von),  796,  797. 
Ahbrsprro  (prince  Vincent  et  maison 

d').  Not«  318,  385. 
AuBRSPBRO  (Gabrielle,  prinGesse),318. 
Augtirten  (L'),   84.   Note    333,    398, 

306,  713,  771. 
Auge-Goiles  (im).  Note  84,  138. 
AuoBRBAU.  Note  140. 
AuosBOURO.  645,  696,  786,  787. 


82e 


AUTOUR  DU  GOraUftS    DB    TIENNE 


Auguste  ds  Prvssb  (prince).  Note 
XXII,  437,  442,  443.  Note  473,  540, 
549. 

Aueusra -  FBBDUf and     db    PRUftSB 

(prince).  Note  438. 
AuGusTBifBURG  (princcsseCaroIinAd'), 

671). 
Au6U8TBHBURO  (prîDcesse  douairière), 

671. 
AuMALB  (duc  d').  Noie  240. 
Aurore  naitsante  (L',  Loge  A  Fraac- 

fort),  420. 
Autterlitz.  Nr>te  77.  NoU  106.  Note 

175.  NoU  689,  806. 
Autonomie,  357. 

Autriche  (et  maison  d*)- Autrichiens, 
XIX,  XXI,  XXIII,  2-16,  12,  14,  17, 
18,  19-27,  30,  34-39.  43-45,  48-50,  56- 
61,  66,  68,  72.  Note  74,  80-84,  88. 
Note  93,  94,  98.  Note  100,  102, 105- 
113,  116.  Note  121,  l-'6.  133-136. 
Note  144,  146-148,  151-159,  162-166, 
169,  170.  Note  175-179,181,184-186, 
189-192,  200,201,  204,  207,  213,  215, 
218-229,  232,  235-237,  239,  243-344, 
347-249,  254-258,  261-265,  269,  270, 
376,  285,  286,  295.  Note  297.  Note 
301,  305-310,  314,  316,  329-337,  340, 
343-348,354-359,  363,  367. Note  370. 
371.  Note  375,  379, 380,  384,  385,390, 
391,  396-403.  Note  416,423,427-429, 
436-439,  444,  451-459,  462,  466,  469, 
474,  476,  478,  485,  490,  493,  499-513, 
514,  617-519,  523-526.  Note  530,533, 
536,  537,  540-548,  552,  555,  556,  560- 
571,  576,  581,  585,  588.  Note  589, 
593.  598-603,  608,  612,  616-618,  622- 
624,  630,  633-636.  646,  650,  655-658, 
667,  668,  675-678,  687-689,  690,  602, 
694,  696-699,  702-706,  708.  Note  710- 
713,  716,  719,  720,  726,  735,  737,743- 
746,  749,  751-755.  Note  759,  763,773, 
776.  Note  778,  781-784,  815,  818. 
Autriche  Antérieure.  Note  675. 
Autriche  Bas«e).XVIIl.Note  35,380. 

Note  729. 
Autriche  (Haute).  Note  35,  380. 
AuTBicHB  (Impératrice  douairière  d*). 

104. 
Auvergne  (langue  d').  Note  195. 
Atala  ?  (comte).  228. 


B (vonK  385,  659,  704,  793.  796. 

Bade  (grand-duché  et  envoyés  du). 
Bàdois.  80,  92.  Note  116,  135,  164, 
169, 170.  Note  188,  235,243,353,  307, 
309,  338,  334, 364. 365.  Note  37»,  400, 
404,  438,  439,  451,  473,  494,  495,  507, 
508,  527,  537,  540,  550.  Note  565,600, 
614,  636,  673,  675.  Note  676,  757, 
817. 


Badb  (grand-duc  Charles  de).  46,  79, 
80.  Note  183,  198,  326,  263,  369, 370. 
Note  373,  374,  393,  306,  339, 365,  400, 
439,  a7,  449,  451,  470,  480,  483,  484, 
405,  606,  519,533,  533,  587,  539,544, 
569.  Note  582,  584,  593.  Note  604, 
610,  611,  617,  629,  645,  649,  650,065, 
668,  675,  691,  696,  709,  730,  743,760, 
768,  776,  779. 

Badb  <  graxKi-duc  Charles- Frédéric  de). 
NoU  XXII.  NoU  32,  374.  NoU  444. 

Badb  {grand-duc  Louis- Guillaume- 
AugusU  de).  NoU  444. 

Badb  (Araélie-Frédérique,  marquise 
de).  517. 

Badb  (Wilhelmine^Louxse,  princesse 
de).  NoU  610. 

Badb-Durlach  (marquise  de).  NoU 
139. 

Badên.  30,  30,  39.  NoU  49,  51.  69,  73, 
83,  85,  96.  Note  146,  317,  35S.  354, 
383,  403,  420,  506,  705-708,  758,  773, 
796. 

Baoration  (feld-maréchdl,  prince). 
809. 

Baoratxon  (princesse).  NoU  Xil.  NoU 
3,  76.  NoU  77,  93,  95.  NoU  96. 133. 
Note  140, 156,  180,  188,  189, 191,  192, 
193,  300,  301,  205,  206,  212  314, 
333,  333,  334,  240,  245,  283,  286,  387, 
399,  315,  316,  317,  318,  328,  329,330. 
351,  353,  363,  364,  428,  429,  443,  460, 
461,  466,  467,  469,  470,  479,  480,  484, 
516,  520,  539,  554.  560,  576,  596.  NoU 
597,  600,  647,  660,  6t51.  Note  680, 
688,  733,  751,  753,  754,  756,  773,773, 
809,  810,  811,  814,  815. 

Bairbuth  (Elisabeth,  margrave  de). 
Note  199. 

Baireuth.  6.  NoU  17,254,618,  623,661. 

Balachoff  (général).  40. 

Baldacci  (baron  Antoine).  NoU  79, 
745. 

Baloadsi  (maison).  NoU  159. 

BàU  (prince  évèque  de).  583.  NoU 
675.  NoU  676. 

BAU  (et  traité  de).  Note  31.  169,  195. 
Note  530,  738.  Note  747.  NoU  774. 

Balk  (comte) .  130,  131. 

Balkans-Balkaniques  (peuples).  354, 
355. 

Ball-Platt  (le).  Note  192.  Note  792. 

Bals  (les).  193,  200,  305,  306,  333. 

Baltique  (mer).  399. 

Bamberff.  415. 

Banat  (le).  NoU  70. 

Banque  de  France  (et  gouverneur  de 
la>.  Note  764. 

Banque  de  Hambourg.  638. 

Banque  nationale  d'Autriche.  781. 

Banques-Banquiers.  101.  NoU  103, 
136,  346,  595,  788. 

Bar-iur-Aube  (et  combat  de)«  NoU 
264. 


IXDIS  ALPHABÉTIQUB 


Baraini.  431. 

Barlnroa  du  Nord  iIm).  171, 

BARBAnBBQma  (lea)<  VTi. 

Bauhr.  m. 

Bakboba.  Note  184. 

B&RCLAT  m  ToLLT  (f(6iiérBl   ootafis). 

73).  Note  774. 
Bardodx.  Noie  233. 
BuiTBOLDi.  61,  89,  90,  n,  130,  lU,  lU, 

1»,  ISt-IBS,  315,  838,  83«,  T»t. 

BAHTHOLOHi  DB  A,   T!I3. 

B...  (Bamh»].  9e,  1»,  ItS.Not*  *H'. 

380. 
Baruui,  (T)  Abbé.  417. 
BAichkyn  (les).  371. 
Bassaho  (duo  de).  385,  IM. 


L  (Loui 


.  XV. 


Battaoua  (Antonio).  TIS. 
Battbtakti  (princesM  Loutl).  4*^. 
Baotivuit.  381. 
Badssbt  (biron  de).  S1),3J8,  3«t,im, 

435,  441,  484,314,  734,  770. 
Btuiimi  (bataille  de).  41l>. 
Baviére-BAviroit.  S,  fi,  14,  3S,  34,18,  M, 


Note  34,  S 

m.»,e 
18, 

,i4,2ii,z4,ze,n, 

,94,  98,  111,111. 

,  14».  Nota  ISO, 

Note   130, 

«, 

1S4.  I8S,  18 

m        189. 1». 

33S,  338,  339, 

168,  76». 

371,380,1»!, 

313,  «8, 

aSO,  331,  337, 

!;■       37S,  385, 

400,  403,  404, 

439, 4tl, 

458,  469,  408, 

^< 

490,494, 

195,507,537, 

S«7,  598 

599,600,  613. 

«31,  OM, 

8i9,fi5I,  fi5B, 

L^    890,895, 

«90,  73B,    737 

51  778,    781, 

Bavière    (prioce  Charlei   de).  Note 

XXII,  317.  318,    383,  384,   41»,  4(7, 

438,  484,   589,  «80 
BAViiiiB|LouiË,princei 

XXII.  Note  110.185. 

313.  Note  220,  ÎSO,  !87, 288, 170, 

308,  341,  398,  457,458,  803,  &61, 

«32,  «80,  738,  744. 
Bavière   Caroline- Augui(«,p 

de).  300,  192,  308. 
BAV[iRB{Marie- Wilhelminsde  Heiie- 

Damutadt,    reine  de).    If,    Note 

138, 139,  lfi8.  318,  313,  411,  474,  831. 
Batlbm (bataille, et  duc  de).  Xot*f8>. 

Note  883. 
fisyonne  (el  traité  de).  397. 
Béatrice   (archiducbeite).   Note   90, 

105,  300,  33»,  481. 
Beauharnais  (Auguste,  princeaie  de 

Bavière,  Vice  reine    d'IUlie.)   317, 

318,  333. 
Beaulita.  Note  784. 
Betan».  Note  713. 


139. 

BBCi(baron).  3S0, 171. 
Bbckbrb.  130,  331. 
Bbbb  (Tt»).  Note  XX. 
BnfTBBVBH.  Note  403,  «19. 
Bbqubiiii  (von).  191,  557,  730. 
Belgique-Btlgtt.   Si.   Note  114,  145, 

187,  303,  351,  358,  379,  198.  301,3». 

Nota  336,  388.  Note    381,  394,   399, 

433,  488,  508,  595,  635,  857,  73S,7M. 
Beigrtdt.  3)7,  371.  Note  817. 
BBi.LB«AiiDH(fcld-inar£chal  comte  de). 

43,78.  NotelSI.  Note  111,482,111, 

078.  Note  733,  741,746,  7S7,  774. 
BBLtBQAium  (eomtesie  de).  Noter  78. 

741,  746. 
BelliO.   138,   141.  143,    318,  338,    339, 

330,  331,  358.  SW,  139,  147,  448. 
BtUyaacor.  Note  S4 . 
Belvédèrede.  Varsovie).  Note  182. 


Bbhai 


.  697. 


Bender.  733. 
Benediet.  Noie  303. 
Seneoant  (principauté  de).N  ote  9(pour 
prince  db  BAtrivaST,  voir  Taliet- 

BnUAKIN  COIWTANT.    391. 

BatnnDORPF  (général  de).  103, 
BBNNioBEn  (séoéral    de).  1.  Noie   56, 
344,  609,  733. 

BawTHHni-STBiH  ru  HT  (comte  Aleiii). 

BBNTmcK  (comte  .  359,  380,  303,  130, 
777. 

BBnTi:<ci(lord  William). 309, 110,  518. 

Bbbibl-Stbrkau  (comte). 317,  771,  817. 

£eobscA(er(DerOe9lerreichische).38, 
39,  lOK.NolelU.  Noie  169,338,332, 
313.  Note  339,  153,  454.  Note  180, 
605,  693,  598,  599,803,801,896.  Note 
713.  Note  790.  Note  792. 

Bbrceshik  (baron  de).  180,701. 

Berg  (et  grand-duchA  de).  1,  461. 
Note  577,  730. 

BEHa(vtm)(présidentdeScbaumbmp 
Lippe).  187. 

BbkoJ  sécréta  ire  do  légation.  Danois). 
Note  9». 

Behobbih   comtesse).  336- 

Beriin  (Cour  et  paii  de),  0erlîiioi(.l. 
1,  5.  Note  7.  NoLe  11,  1»,  15,  19. 
Note  10,  II,  11,  38,  39,  30,  31,  M, 
3fi,  39,  4».  Note  51,  61,  67,  58,  S7. 
Note  75,  81.  Noie  83.  Noie  101,11». 
Noie  135,  140-113.  Note  144,  148- 
150,  174.  Not«  175.  Note  178,  186. 
Note  330,  131,  118.  Note  359,  3M, 
181,  )83.  Note  317.  Note  337,  Note 
336.  Note  315,  Note  348,  303,  370. 
Note  370,  891,  100.  Noie  415.  Noie 
418,  438,  148.  Note  158,  4*1.  Note 
486.  Note  471,  503.  Note  530,  6tB- 


828 


AUTOUR   DU   CONGRÈS   DB   VIENNE 


537,   549.   Note   558,    5«5,  560,  571. 

Note  589,    002,    624,  026,    640,  049, 

007,  009,  075,   099,    710,    738.    Note 

777.  Note  810,  812. 
Berliner-Zeilun^  (la).  550. 
Bbrnaoottb.  20,  34,  39.  53,  50-58,  00, 

100,  101,  105,  111,  114,  120,105,100, 

190,    191,   193,   230.  Note    336,   337, 

338,  374,  522,  009,  023,  704. 
Berne   (et  canton  de).  Note  102,  220, 

335.  Note  370,  381.   Note  410,   007, 

031,  750.  Note  757. 
Bbrnstorff  (comte).  7.  12,  15,  22,  25, 

31,  33,  34,  30,  39,  49,  53,  57,  00,  01, 

215,  513,030,  717.  730,  738,  744. 
Bbroldingbn  (comte).  170,  383. 
Bbhrt  (duc  de).  Note  20.  Note  197. 
Bbrthibr.  Note  92.  Note  107. 
Bbrtrard.  XV. 

Bbrtramd  (général  comte^.  432. 
Bbrtuch.  410. 

Besançon  (et  parlement  de).  Note  704. 
Bbsbnval  (général  de).  Note  110. 
Bbssaradib.  Note  3.  058. 
Bbsserbr  (baron-.  309.  382,  558. 
Bbthmann  (de).  Note  591. 
Bbthmann  (M**  de).  338,  591. 
Bbthmont.  Note  811. 
Bbthust  (comte),   327,  548,  549,  554, 

558,  504,  508,  575,  582,  583,  597,005, 

000,  ()97. 
Bbuonot  (comte).  378,  379.  Note  084. 
Bburnonvillb  (maréchal  de).  Note  810. 
Bbust  (comtesse).  Note  015. 
B.  H.,  800. 
BiANCHi    (fcld -maréchal    lieutenant, 

baron).  205. 
BiANCHi   (Nicomèdc).  Note  190.  Note 

079. 
BiANco.  Noie  020. 
BiDBH.  Nolt  792,  790,  802. 
Bicétre.  553. 
BiELKB  (von).  Note  015. 
Bielle.  430. 
Bieloslock.  015,  689. 
Biencourt.  Note  589. 
Bienne  (Biel).007,  035,  075,  747. 
BiGNON  (baron  .  Note  335. 
BiooTTini  (la).  282,  310,317,437,  543, 

587. 
Bih&r  (comitat  de).  Note  90. 
BiLDT  (baron  de).  24,  33,330,  337,421, 

409,  543,  559,012,  710. 
BiRDBR   (baron  .  41,    45,  47,    51,  253, 

250,  428,  400,  525,  520,  730. 
BiNOBRMANN  (cochcr).  752. 
Birseck  district  d.;)-  Noie  075. 

BiSCHOFFSWBRDBR.  530. 

BissmoBN  (comte),  097. 

BiTZBR  (von).  Note  98.  Note  159. 

Blacas  (comte,    puis  duc  de).  Note 

703,  703. 
Blancard.  818. 
BUesc&stel  (et  seigneurie  de),  149. 


Bloens  continental.  747. 

Blois.  821. 

Blomb  (comte  de\  ministre  de  Dane- 
mark à  Pétersbourg.  143.  245. 

Blomb  (Otto,  comte  de,  général  magor 
autrichien).  811. 

Blomb  (Glémentine,comtesse).81 1,814. 

Blûchbr.  12.  Note  40.  Note  157.  Note 
415.  Note  712. 

Blumenburg.  578. 

Bockblmann.  009. 

BooNB  DB  Fatb.  137,  221,  442,  629. 

Bohême  (la).  Note  36,  40,  49.  Note 
100.  Note  200.  Note  211.  Note  298, 
379.  Note  410,  4:^9,  497,  531,533,500, 
089. 

BoBHNBN  (baron).  103, 199, 260,  312. 

BoLLMABN  (Eric).  059,  780-782. 

Bologne  (et  Université  de)  XIV,  21, 
35,  82,  87, 121, 122, 190,  320,  361,*  881, 
412,  430,515,  573,  079,  704,  707,728, 
744. 

BoMBBLLBS  (comtc  dc).  257.  Note  703. 

BouBBLLBs  (marquise  de).   Note  640. 

BoNAPARTB  (voir  NAPOLéoN  ct  les  Bo- 
n&partes),  101. 

Bonapartisles  (les).  404, 

Boni  (lieutenant).  798. 

BoNNAY  (marquis  de).  538,  656. 

Bo!«MBFONS.  Note  175. 

BoNSiGNORi  (mgr.).  89,  91,913, 

BONWART.  785. 

BoRBSTABDT  (von).  415,  417,  418,  41 P, 

615. 
BoRDBAUX  (duc  de).  Note  407. 
Borqo  San  Donnino.  820. 

BORGIOVICH.  34. 
BORGONNB.   122. 

Borniio,  277,  719. 
BoRROMéB  (saint  Charles).  Note  91. 
BoRscH  (von,  représentant  du  prince 
de  la  Leyen).  29. 

BORSODY.  790. 

BoRwiTz.  430. 

Botiljevo.  Note  55. 

Botzen.  583. 

Bouchet  de  la,  Meute  (département 
des).  Note  335. 

BouLOAKOFF  (comte)  95,  234. 

Bourbons  (les).  29, 108, 110,  114,  117, 
132,  184,  209,  223,  242,248,  262,  311, 
330,  357,  419,  429.  Note  451,  404, 
489,  050.  Note  685,  763, 764,  819. 

Bourbonistes  (les).  357. 

Bourobot.  686. 

BouROXif  (G.).  XV. 

BouTiAOUiifB.  Note  552.  Note  627, 640, 
651,762,  763. 

BouTinntFF.  571,  588,  678. 

BouviBR  (Félix).  Note  116. 

Brabant.  Note  885. 

Brandebourg  (maison  de)  812. 

Brandbburo'-Schwbdt  (Frédérique- 
Dorothée  de).   Note  41. 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 


829 


Brauuk.  52,  785,  780,  789,  790.  Note 

793. 
Braun  (colonel  prussien).  584. 
Braun   (baron),  ministre   de   Hesse- 

DarmsUdt).  9,  13,  16,  18,34,  37,  43, 

40,  54,  59,  79,  98. 
Braun  (von),  conseiller  aulique.  800. 
Breilenlee»  705. 
Brème.  158,  300.  Note  379,  400. 
Brésil.  Note  75.  Note  80,  271,  590. 
Brésil  (princesse  du).  Note  749. 
Breslàu ,' Noie  157. 
Brbssac.  303 
Brbsslbr.  034. 
Brbsson  de  Valbmsolb.  474,  558,  503, 

504,  640,000. 
Brest  (Litowski).  089,  723. 
Hrbtbuil  (comte  de).  Note  303. 
Brbtfbld.  428. 
Brbu.ning  (général-m^jor  von).  Note 

D8.  Note  159 
Brienne  (et  combat  de).  Note  264. 
Brighion,  554. 
Brigido  [marquis).  326. 
Brigiiten-Au,  Note  84. 
Brignolb  (comte  de).  Note  148,  812, 

318,  352,  369,  382,  420,  441,  450,  472, 

473,  014,  095,  097,  705,  728,  758. 
Brioiiqlb  (marquis  de).  85,   122,  123, 

132,141,  ]47,  148,150.201,  209,210, 

294,  320,  309,  370,  424,504,505,527. 

Note  529. 
Briomolb  '.marquise  de).  148,  370, 377, 

095. 
Brisgan  (Le)  (Brisgovie).  40,  109,451. 
Brochures.  294,  295,  347,  380,  387,  052, 

702,  727. 
Brogub  (duc  de).  Note  250,  819,  375. 

Note  709. 
Bromberg.  008,  045. 
Bronibwski  (comte).  012. 
Brouohton.  281,  010. 
Brozim.  Note  70. 
Brucb  (Michel).  Note  100. 
Bruchsal.  36,  37,  41,  109. 
Bruck  sur  la  Leilha  (et  manœuvres 

de).  257. 
Brumacci.  326. 

Brunazzi  (abbé).  209,  210,  801. 
Brûnn.  XXL  Note  32,  46.  Note  100. 

Note  107,  787,  800. 
Brunot  (marquis  de).  Note  810. 
Brunswick.  Note  2,158,300,  307,308, 

551,  750,  751. 
Brunswick- WoLPBifBÛTTBL  (Frédéric- 
Guillaume,  duc  de).  140,  250,  304, 

365,  517,  55U.  Note   565,  582.  Note 

592. 
Brunswick- WoLFBifBÛTTBL  (Auguste- 
Caroline,  princesse  de).  Note  216. 
Bruxelles.  48.  Note  84.  Note  96,  210, 

211,  229,    291.  Note    432,   530,  531, 

595,  795. 
BvBKA  (général  comte).  175,  709. 


Bucharest  ,et  paix  de).  Note  95,  447, 
817,  818. 

BucHwiBSBR  (Katinka),  000. 

BiicKBBURG   prince).  307 

Bude,  111.  177,  178,  183,  430,  786. 

Budget.  Note  XX.  Note  XXIV. 

Bug  (Le).  608. 

BfiRLBR  (baron).  388,  423,  435,  481. 

Bukowine  (La),  658,  711,  722,  818. 

Bulgarie,  Bulgares.  355. 

BuLow  (von,  général-migor  danois). 
Note  99. 

BuLOw  (comte.de).  17,531. 

Bundestag  (voir  diète). 

BuoL  Schaubnstbin  (comte).  393. 

Bureau  militaire.  790. 

Bureaux  d'écriture.  120,  124. 

Burg  (La)  (et  rapport  des  gens  de  spT- 
vice  à  la).  Note  XXIIl,  80,  104, 123, 
124,  120,  138,  139.  Note  159.  Note 
189^  198,  272,  299,  304,  352,  498,  508, 
556.  Note  792. 

Bûrgerspital.  Note  159. 

Burg-Theater  (Le).  Note  192. 

Burgraviat  Impérial  du  Bhin.  158. 

BuTASsT  (chevalier).  549. 


Cabaluni  (de).  752. 

Cabinet   Noir.   XI,   XIV,  XX,  XXI, 

XXII.   Note  5,  25.  Note  44,  46,  47, 

56,  435,  466,  472,  473,  505,  016,  725, 

768,  786,  788. 
Cabinet  secret  (de  l'Empereur).  XII, 

351,  783,  785. 
Cadix  (et  Junte  de).  Note  712. 
Cadoudal  (et  complot  de).  Note  407. 

Note  052. 
Calabre.  Calabrais,  110,  820. 
Calais.  40. 

Callbnbbro  (comte).  Note  402,  486. 
Callbnbkro   (comtese)    263,  401, 402, 

426,  469,  486. 
Gallimachi  (Charles  IV).  453,  454,477, 

546.  Note  555,  603,  058,  818,  819. 
Cambrai   280. 
Campbbll  (Général).  277. 
Campochiaro  (duc  de).  108,  127,  128, 

131,  136.  177,  209,  221,223,230,238, 

245,  247,  248,  264,  26î>,  274,285.  304, 

3J6,  3fil,  369,  370,  388,  389,401,499, 

563,  611,  677,  692. 
Campoformio  (et  traité  de  .  77.  Note 

111. 
Canning  (sir  Stratford).281,  528,  582. 

Note  596,  604,   021,   631,   717,    736 

758. 
Canosa  (prince  de).  629. 
Canova.  209. 

Cantonnements.  VIII.  658,  733. 
Capitani  di  Sittala  (comte  Louis  de). 

Note  90. 


830 


AUTOUR  DU  oamaÈs  db  vienne 


Càpitole  (le).  Note  102. 

Capitulations.  58. 

Gapo  d'Istjua  (comte).  195,196, 275, 277, 

310,  311,494,  5i3,  568,  575,  M2,U3, 

593,605,  607,  614,  631,  646,.  687^ 717, 

721,728,  729,  738,  740,  751,  7«9, 7 78. 

774, 
Cappbl.  637. 
Cappelluxi  (D').  234. 
Caracciolo    (Luzio),   voir  Roocabo- 

■a:<a. 
Caradoc  (sir  John  Hobart,  lord  How- 

deu,  général  anglais).  Noie  810,811. 
Carapfa  (cardinal).  Note  121. 
Garaman  (marquis,  puis  due  de).  H&, 

346,  535,  536. 
Caramblu  (régiment  de  cuirassiers). 

Vill. 
Cariati   (prince^.    50,  53,  56,  58,  77, 

117,127,  12K,  131,146,  223,  230,  238, 

245,259,  264,  26.),  281,  304,  326,,  338, 

346.  361,  369,  370,  431,  499,  677. 
Caricatures.  2S'i,  299,  368. 
Carigman  (maison  de  .  587. 
Curinthie  (la).  Note  35. 
Carlo  G...i,  797. 
Carlos  (don).  Note  78. 
Càrtsbad.  773,  809. 
Carlsladt.  Note  55. 
Carmagnols  (les).  452. 
Carnbvillb  (comtesse  de).  059. 
Carnbvillb  (comte).  539,  771. 
C&rniole  (la).  Note  35. 
Caroli?ib-Augusta  (princesse  de  Ba- 
vière). 62,  63,  69,  70,  809. 
GAROLn^B  DB  Brunswick  (princesse). 

Note  373. 
Carolinb  Morat.  Note  XXII,  56, 245, 

401.  402,  578,  579,  659,  660. 
Caron  (Pierre).  XV. 
Carpani.  660.  793-798,  800-804. 
Carrascosa  (général).  Note  563. 
Carrousel  (le).  525,  526,  585,  593,  607, 

639. 
Casa  Flores  (comte).  589,  629. 
Casanova  (E).  XIV. 
Casblli.  87. 
Cassbl.  Noie  77.  Note  103.  Note  140. 

Note  176,  204.  Note  292,  370.  Note 

372,  530.  Note  592,  739. 
Castanos  (duc   de  Baylen,  général). 

682. 
Castblalfbr  (comte).  75, 131,  136, 296, 

327,  404,  684,  807. 
Castblcicala  (Fabrizio  RulTo,  prince 

de).  620,  659 
Castiglia  (comte).  314. 
Casliglione  (et  principauté  de).  Note 

102. 
Castiglioni.  728. 

Cattille  >et  conseil  de).  Note  683. 
Castlbreagh  (lord).  Note  xxii,  10,  13, 

22,  25,  .32,  47,  48,  83. 84,88,  93,  94,  99, 

100,   101,125,127,  128,133,185,  136, 


188,  141, 144,147,  fSO,  163, 1«4,  179t 
181,  208.  Note  209,  211-213.  215-217, 
237, 238, 246.  Note  248  Note  249, 253, 
254,  258,263,264,  280,  281.  Note  282, 
280-289,  291,  294,  296.  Noie  297,299, 
300,  303,304,  309,  310,312,326,331- 
333,  368-370.  Note  391.  Note  396, 
401.  Note  407,  420-4U,429,  431,435, 
436.  Note  441,  450,  464,  465.  Note 
466,  475-478,  488,  489,  492,  496-501, 
514,  527,  528,  533, &34,  546-548,  550, 
560.  Note  565,  566-571,  581.  Note 
597,  600,  605,  630,  638,641,  645,646, 
658.  Noie  663, 664, 668, 669.  Note  692, 
«97.Note702,715,716.Note  717,720, 
721,  725-727,  730,  731,  734,  736,739. 
Note  742,  746, 756, 763, 765.  Note  767, 
768,  T69,  777. 

Castlbrbaoh  (ladj).  295,  296,312,383, 
498,  736. 

Castro  (chevalier  Ferez  de).  78,  88, 
119,  127,  128,  262. 

Castro  (M-«  de).  78. 

Catalogne  (la,  et  places  de».  632. 

GathcÂrt  (lord) .  286,291, 303,397, 43i, 

525,  628,  748. 
Cathgart  (major).  281 . 
Gathbriiib  I'*.   810. 

Gathbrinb  II.  Noie  64. Note  117,  162, 
639. 

Catbbriiib  (grande-duchesse).  Note 
XXII,  16,  17,  18,  25,  26,  31,  32,  42-43, 
53,  54,  61-63,  69-73,  98,  112,  127, 
198,  207,208,231,  238,  275,  317,348, 
368,398,  399.  459.  469,  494,  495,  509, 

526,  556,  616,  645,  677-679,  687,  698, 
726,  743,  751,  773. 

Gathbrinb  (ex-reine  de  Westphalie, 
comtesse  de  Hartz  .  Note  xxii. 
Note  322,  472.  Note  573,  574,  659. 

Catholicisme.  416. 

Gaton.  424. 

CatUro  (ct  Bouches  de*.  214,  216. 

Cattoir.  116. 

Caucase.  Note  55. 

Gaulaimcourt.  149. 

Cavaona  (marc[uis).  579. 

Cavalerie  autrichienne.  658. 

Gbllini.  65. 

Censure  et  censeur,  viii.  xz.  66,  387, 
506,  556,  571,  695,  710, 786, 790. Note 
792. 

Gent-Jours  (les).  Note  322.  Note  589. 
Note  764. 

Cercle  (le,  à  la  Cour  .  191. 

Cerclée  (et  directeurs  de).  63,  68,112, 
158,  169,  176. 

(Cessions,  concessions,  remanie- 
BMnte  territoriaux.  2,  5,6, 169,335, 
239,  263,  277,287,  388,  294,398,332, 
340.  342,  347,  361,  367,  374,  486,500. 
532,  546,  556,  563,  581,  599,  617,  626. 
648,  655,  657,  658,  664,  669,  695,  696, 
711,  716,  722,  739,  748,  7iS,  769L 


:IMDBZ  .'âMSNUaÈTIWB 


831 


Cbvallos.  682,  767. 

Chablais  (le  .  288,  676. 

diALBMBBRT  (comlo  do).  807. 

Cballatb.  796. 

Chaloupes  canonnières.  658. 

Chambre  des  Communes.  Note  6S1. 

Note  7.6. 
Chambre  des  Députés.  Note  41. 
Chambre  des  Pairs.  Note  65S. 
Chàmplain   (lac  et  bataille  du).  456, 

627. 
Champs-Elysées  (les). Note  811. 
Chancelleries  et  Chancellerie  d'Etat. 

Note  12,  42,  45. Noie  65,  75,  83,  84. 

Note  90,  142.  Note  176,  325.  Note 

271,295,296,  308,  351,  353,  354,385. 

Note  412.  428,  520,  604,776,785-787, 

815. 
Change   cours  du).  100,  101. 
ChAniilly  13. 
Chapuis  Mt>0.  255. 
Chapuisat  (É.)-  XIV.  Note   370.  Note 

641. 
Charleroi.  280. 
Charles  (archiduc).  Note  zzii,  31,  32, 

35,  42,  46,  53,54,  61.  Note  62,69-73, 

82,  98,  104,  112,  113,  127.  Note  175. 

198,  208,  231,  281,298,  312,  418,639. 

Note  677,  712. 
Charles  IV  (ci-devant  roi  d'Espagne). 

33,  45    Note  545. 
Charles  IV  (duc  de  Parme).  Note  285. 
Cta ARLES  X  (roi  de  France).  Note  96. 

Note  652. 
Charles XI II  (roi  de  Suède).  Note  746. 
Charles-Albert  (roi  de  Sardaigne). 
^  Note  683. 
Charlbs-Frlix    (roi    de   Sardaigne). 

Note  82.  Note  683,  807. 
Charles-Louis  (Infant).  48,  284,  285, 

559,  576. 
Charlotte  (princesse   royale  d'An- 
gleterre). 26.  Note  715. 
Chariottenburg.  Note  530. 
Charte  (La).  463. 
Chasseurs  à  cheval  (2*  régiment  de 

—  italiens).  Note  744. 
Chasseurs  russes  (régiments  de),  723. 
Chateaubriand.  652,  763. 
Chaiillon   (et  conférences  de).  Note 

49.  Note  51. 
Chaumont  (et  traité  de).  734. 
CH^RiiitéTiEFP  (comte).  Note  76. 
Chevaliers-Gardes    (régiment    des). 

Note  751,  806. 
Chevau-légers  bavarois.  Note  264. 
Chevau -légers  de  la   Garde.  Note  44. 
Chiaja  (Naples).  579. 
Chiavenna.  277,719.  Note  759. 
Chiese  (M-*).  91. 
Chiffons.  XI.    273,  274,  319-324,  338, 

375-380,  381,  388,   390,392,  393,397, 

404-412,  430,  441,  457.  467,  468,  471, 

492,505,  550,573,  582,  593,  605,  611, 


621,  639,  633,641,  643,  659,  710,718, 

738,  739,  768. 
Chiffre  (et  cabinet  du)  et  déchiffre- 
ment. XXI,  XXII,  628,637,  659,  663, 

678,  188. 
Chioggia  (et  évéque  de),  91. 
Chotek  (comte).  257. 
Chotbk  (comtesse).  486. 
Chrétienté  (La).  271. 
Cbristiam  (prince  de  Danemark).  Note 

2,  5,  28,  34,  38,  58,  61,  671. 
Christian    VII  (roi    de   Danemark). 

Note  38.  Note  99.  Note  671. 
CHRisTiAm.  Note  99. 
Christiania  (et  golfe   de).  Note  135. 
Christine  (archiduchesse  Marie-).  63. 

Note  316. 
Chypre  (et  roi  de).  203. 
CiHQ  (Les).  Note  179.  Note  756. 
Cisalpine  (République).  87.  Note  131. 

Note  201,  719. 
CivUa-Vrechia.  499. 
G...1.  660. 
Clam  (Comte).  45. 
Clam-Martinitz  (Major,  comte).  24. 

Note  124. 
Clamecy.  Note  221. 
Clancartt    (lord).  Note    XXII.  145, 

381,  303,  371,  435,   527,  549.  Notes 

562,  582,596,  605,  659,  734. 
Clarb  (John  Fitzgerald,  comte).  816. 
Clarb  (comtesse).  312,  398,  816. 
Clarkb,  334. 
Clart  (comte).  327,760. 
Clart    (comtesse,  veuve).  323,    334, 

303,  313. 
Glart  (Léontine).  Note  167. 
Clart  (Mathilde).  Note  167. 
CLéMBNT( prince  de  Danemarck).  Note 

175. 
GlAopatrb  (La,  de  Gourlande).  192. 
Cléricalisme.  416. 
Club  Wesphalien.  659. 
Coalition.  Coalisés.  Note  51.  Note  99, 

177,  190,    194.    Note  255,  350,  446, 

483,  516,  574,  599,  712. 
Cobbnzl  (comte).  Note  12. 
Gobbnzl  (comtesse).  486. 
Coblenti-Coblence.  Note  67, 187,  463, 

613,  700. 
Gode  Napoléon  (et  Abrogation  du). 

566. 
Colberg.  Note  416. 
CoLLonBDO(feld-maréchal  comte).  257. 
Gollorbdo  (Jérôme,  comte,  feldzeug- 

meister).  79,  205,  821. 
Gollorbdo  (comtesse  douairière).  481, 

486. 
Gollorbdo   Caroline).  Voir  princesse 

Trautthansdorff. 
Collorbdo-Crbn.nb ville    .  comtesse) . 

366,  367,  486,  592. 
Gollorbdo-Mansfbld  (princesse).  163, 

300,  473,  486. 


832 


AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 


Cologne  iei  électeur  de).  2.  Note  176, 
187.  Note  462.  Noie  530. 

Cologne  (et  bateliers  de).  272, 352,451. 

Colonies  (et  ministre  des)  Note  45. 

Colonies  militaires  du  Sud  (Russie). 
806. 

Comitats  (les).  509. 

Comités-Commissions.  477,  655. 

Comité  des  afTaires  d'Allemagne.  Note 
468.  Note  490,  519,  523,  537,  596, 
637,  668,  707. 

Comité  exécutif.  404. 

Comité  militaire.  Note  468. 

Commission  des  affaires  de  Gènes. 
527,  632,  694. 

Commission  des  alTaires  de  la  Suisse. 
582,  C05-607,  635,  644,  649,  653,  675, 
717,  747,  750.  Note  769.  Note  774. 

Commission  des  Etrangers  {Fremden- 
commission).  790. 

Commission  pour  la  libre  navigation 
des  rivières   Note  758. 

Commission  autrichienne  de  gouver- 
nement provisoire  de  Parme).  44. 

Commission  des  limites.  *i88. 

Commission  italienne    350,  477. 

Commission  mixte.  732. 

Commission  de  statistique.  721. 

Concentration  (de  troupes).  49,  113, 
258. 

Conclave  (Le).  481. 

Concordat  (Le  .  Note  121,  385,  716. 

Co!«FALONiBHi  (comtc).  Notc  122 

CoMFALOiriBRi  (comtcssc  Thérèse) . 
Note  90. 

Confédération  du  Rhin.  Note  100.  Note 
149,  151,189,  250,263.  Note  272,408. 
Note  677. 

Confédération  germanique.  63, 94, 112, 
113,  136,  170.  Note  180.  Note  259, 
263,  305,  309,  310,  357,  359,  378,  379, 
424,  445,  446,  489,  4  '0,  508,  519,  541, 
545,  552,  612, 6  '.4,  658.  Note  777,  778. 

Confédération  helvétique  Note  264. 
Note  370.  Note  416,  439,  607.  Note 
621,  653.  Note  676,  750. 

Conférences-Délibérations,  xiv,  10, 
17,  25,  31,  37,  43,  57,  60,  63,  69,  70, 
80,  88,  105,  135,  161,  174,  177,  179, 
199,  200,  201,  208,  213,  218,  219,  234, 
247-250,  253,  269,  290,  291,  304,  305, 
307-310,  3'i5,  334,  358,  359,  362,  363, 
365,  385,  386,  391.  Note  407,  420,  421, 
427,  435,  436,  441,  450,  453,  457,  465, 
489,  490,  492,  494.  Note  500, 506,  507, 
523,  529,  546,  565,  567,  584,  611,  629, 
631,  637.  646,  647,  649,  655,  666,  671, 
686,707,  710.  713,722.  Note  737,  748- 
750.  Note  761. 

Congrès  de  Vienne  (Ajournements, 
Délibérât! on;*,  etc.,  du),  vu,  iz-zi, 
XIII,  xx-xxiii,  6,  7,  9,  11-15,  17- 
19,  21-34,  40,  41,  45-51,  55,  56,  59. 
Note  74,  78-93.  Note  95.  Note  100- 


102,  105.  Note  108.  Note  110.  Note 
111,  115,  117.  Note  120-123.  Note 
131.  Note  133,  135,  138.  Note  140. 
143,  144, 150-154.  Note  157,  160,  165, 
169.  Note  174.  Note  179,  180,  183- 
187,  190,  193,  194,  201-204,209,215- 
219,  225,  226.  Note  229,  231,  232, 
238,  241,  242,  248,  249,  256-260,  263- 
266,  269-271.  281.  Note  284-286,  289, 
291,  296-302,  306-309.  312-315,  327, 
331,  336.  Note  339,  340-351,357-363, 
867,  371,  373,  378,  379,  385,  387,  393, 
895-398,  404.  408,  413.  Note  415,  423- 
428,  434,  436,  439-441,445,  446,  449- 
469,  475,  477,  482,  487-499,  504,  506, 
509,  516-527,  535-538,  542,  545,  552, 
559,  563-566,  572-580,  586-589,  600- 
609,  619,  621,  634,  643-645,  653,  657. 
660.  666,670,  673,  676,  679,  682,  689, 
692-694,  698,  700,  703-707,  712,  71.i. 
716,  720,721,  727,  730-733.  737.  740- 
744,  748,  760-762,  765-769,  775-777, 
781,  814,  815. 

Congrès  national  de  Belgique.  Note 
335. 

Conjurations-Conjurés.  Conspira- 
tions.  552, 654,  684, 685, 718,  732,  762, 
767,  800. 

Co?fSALVi  (cardinal).  13,  38,  75,  82,  87, 
91.  101,  118,  119.  136,  176.  184,201, 
237,  241,  256,  293,  370,  385.  425,  467, 
468,  472,  480,  481,  598,  600,  646,  660, 
707,  716,  736,  743,  756. 

Conscription.  39. 

Conseil  aulique  de  la  guerre.  42. 
Note  86.  Note  164.  Note  171,  795, 
797. 

Conseil  de  l'Empire  (et  membre  du)- 
Conseil  privé.  Note  64.  Note  139. 
Note  140. 

Conseil  d'Etat  et  conseiller  d'Etat, 
70,  72,  79.  Note  87.  Note  97.  Note 
116.  Note  122.  Note  201,  230.  Note 
335. 

Conseil  des  Princes,  68,  368. 

Conseil  Préparatoire,  476,  477,  562, 
581. 

Conservatoire    Le),  222,  373. 

Constance  (et  lac  de),  169,  676,  786, 
787. 

Constantin  (Grand-Duc),  16,  20,  30, 
106,  156,  194,  282,  287,  289,  290,299, 
305,  317,  331,  341,  342,  351,  363,  364, 
399,  420,  431,  438,  473,  484,  494,  498, 
504,  606,  509,  510,  517,  518,  531,624, 
538,  603,  645,  646,  674,  729,   791. 

ConaUntinople,  12,  34.  Noie  95.  431. 
Note  571.  Note  621,  632.  Note  658, 
693.  Note  736,  817. 

Constituante  (La).  Note  538. 

Constitution,  284,  305,  315,  355,  401, 
416,  544,  547,  731. 

Constitution  et  unité  de  (de  l'Alle- 
magne), 6,  13,  14,  25,  ^1,  49,  50,  51, 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 


833 


08,  79,  81,  83,  93,  94,  100,  134,  135, 
141,  144,  146-148,  157,  169,  175, 176, 
184,  212,213,  235,  244,  250,  258,  263, 
300,  308,  337,  345,  347,  356,  359,  386, 
387,  395,  439,  477.  Note  490,  491, 
497,  508,  517-519,  522,  523,  588,  614, 
649,  654,  668,  681,  682,690,  700,778. 

Constitution  (espagnole),  78,  128. 

Constitution  (polonaise),  508, 512, 544, 
545,  574,  618,  619,  674. 

Constitution  (sicilienne),  44.  Note 
620. 

Constitution  (wurtembergeoise),  489, 
490,491. 

Constitutionnel  (Le),  684. 

Constilutionnistes  (Les),  JM8. 

Consul  (Le  Premier).  Note  121. 

Consulat  (Le).  Note  84. 

CoNTBSSA   Professeur  Carlo),  xiv. 

Continent  (Le),  204,  506,'601,  775. 

Contributions  (de  guerre),  9, 203, 518, 
635. 

Convention  secrète,  496,  497,  502,546. 

CooKB,  237,  281. 

Copenh&'jae,  Note  1.  Note  2,  7,  15, 
32,  34.  Note  3^  57,  99.  Note  100, 
115.  Note  120,  465.  Note  588,  632, 
656,  670,   722. 

COPITAR,   804. 

COQUBT,  366. 

GoRBLLA  Olimpica.  Notd   102. 

Cor  fou,  275,   2:7. 

CoRNACCHiA  (baron),  524,  576,734,759, 
820. 

IV»  et  V«  corps  de  la  grande  armée 
alliée.  Note  774. 

6*  sorps  d'armée  autrichien.  Note 
32. 

Corps  d'armée  polonais,  673,  689. 

8*  corps  d'armée   prussien.  Note  67, 

Corps  d'observation,  723. 

Corps  diplomatique  (et  surveillance 
du),  14,  30,  42,  88, 108,  346, 348,  652. 

Corps  germanique  iLe), 398,  485,  541. 

Corsaires,  499. 

Corse  {LayCorseSj  424,  625.  Note  745. 

CoRsirfi  (don  Nbri).  Note  120,  121, '347, 
350,  381,  393,  572,   616. 

Cortes  (Les),  7S,  682. 

Cosaques  (Les),  9,  351,  713,  806. 

CoTTA  (baron),  164, 165,  238,  270,  416, 
645. 

COTTBUS,    97. 

Courgbllbs  (de).  Note  521. 

Courrier  (Le,  journal),  465. 

CouRLAifDB    Pierre,  duc  de  ,  811. 

Courlande  (duchesse  de),  324,  4t4, 
811. 

CouRLANDB  '  Jcanuc,  princcsse  de,  du- 
chesse d'Acerenza),  404,  811,  815. 

CouRLANDB  (Pauliuc,  priocesse  de 
Hohenzollern-liechingen',  812,  815. 

Couronne  de  Fbr  (Ordre  de  la),  808. 

Courriers  (Lès),  32, 39,  94, 133,  290, 325, 


367,  370,  376,425,  427,  433,  479,503, 
547,  609,  669,  771,  775,  780,  798. 

G...R.  794. 

CrMCOvié,  20,  22,  58,  173,  227, 257, 269, 
341,  386,  461,  51^,523,  525,  556,608, 
646,  655,  676,  687.  711,  721,  723,  731, 
786,  794,  800. 

Cntonne  (et  bataille  de).  Note  103. 

Graupurd  (Quintin).  717. 

Crédits.  98,  99,  123,  136. 

Grbnnbvillb  (comte  de).  442. 

Crbnnbvillb  (comtesse,  née  de  Pon- 
tet). Note  366,  745. 

Crimée  (La  .  478. 

Crinnbr  (L).  Note  370. 

Cristb  (Lt  colonel).  Note  112. 

Croy  (duc  de)   501. 

Cuirassiers  de  la  Garde  (russe),  806. 

CussT  (Chevalier  de).  Noies  pàsaim. 

G...  W...,  747. 

CzARTORYsiA  (princcssc  Adam,  née 
Anna  Sapieha).  Note  106. 

GzARTORTSKA  (pHncessc  Thérèse).  Note 
284. 

GzARTORTSKi  (priucc  Adam).  Note 
XXII,  45,  106,  128,  146,  147.  Note 
153,  168,  181,  182,  198,  206,  214,222, 
227,  230,  238,  241,  245,  253,  259,  260, 
264,  267,  268,  281,  325,  334,  340,  343, 
344,  352,  361,  382,  383,  420,  433,473, 
485,  494,  540,  548.  Note  559,  575, 
608,  611,  631,  640,  655,  687,  738,  751, 
769,  773,  776,  777. 

GzARTORTSKi  (princo  Ladislas).  Note 
106. 

Cxaslau.  Note  100. 

Czbrnyi-Georobs  (Karageorgevitch). 
Note  395. 

Gz...  Y  (veuve  de),  794,  795,  798,  800, 
801,  803,808. 


D 


D...  (M»»).  325. 

D...  (von).  273,  498,  610. 

Dalb  (valet  de  chambre).  752. 

Dalbbho  (duc  de),  Note  xxii,  115, 
116,  120-122,  130,  141,  142,  147-150, 
163,  164,  221,  241-243,  246.  Note 
250,  256,  257,  263,274,  275,  280,281, 
289.  Note  293,  296.  Note  318-328, 
347,  349,  350,  352,  361,  362,  369,374- 
381,  389,  390,  397,  403-411,  420,  421, 
430,  441,  466,  468,  469,  473,  474,  479, 
482,  492,502,505,  528,  535,  538,541- 
543,  550.  551,  569,573,  577,  582,586, 
592,  594,  617,629,  631,633.  Note  653, 
657,  671,  673,  678,  720,  721,  737,738, 
740,  741,  758,  770,  772,  775. 

Daldbro  (duchesse  de).  122, 141,  148, 
319,  320,  350,  881,  393,  412,  430. 

Dalbbro  (Charles  de,  prince  primat). 
Note   51.  Note  116,   148,   149,  150. 


T.  L 


53 


»34 


AUTOUR   DU  GOMORÈS    D&  VIENNE 


Nota    256,    263»   272,  381,  3^3,  303, 
408,  410,  5â6.  Noie  590.  NoU   608, 

D72. 
a7llabi  (U.)<  XIV. 

Dall'Obt  (?)  210. 

Dàlm&tie,  Note  210.  Nota  774,795. 

Dalrtmple  (Sir  John).  504,  505. 

Dàtiem&rck'D&nois.  1,  5,  7,  8,  12,  2S, 
26,  31,  33.  Note  39,  53,  54,  56,  58, 
60,  61. Note  74,  79,98,  99.  Nota  125, 
136,  193-195,  208,215,  244,271,336, 
337, 374,  399,  400,  403,  406.  Note  466^ 
486.  504.Note522,523,  632,  643,  743, 
779. 

Danemark  (Reine  de,  Sophie-Freda* 
rique  de  Hasse-Cassel).  104. 125,139. 

Danibls.  251,335,  366. 

Dahilbwskt  (Capitaine).  615. 

Damnbgkbr.  239. 

DAnabe  (Le).  658. 

DATizig,  204,  227,  254,  313. 

DàrmstAdt  (et  envoyés  de).  18,  24, 27, 
43,  46,  59,  79,  92,  164,  306,  359,  600. 

Daru  (Comte).  763. 

Daschkoff.  659. 

Daudet  (£nieat|   Nota  810. 

Davout  (marècnal).  Note  389,  558, 
646,  734. 

Débata  (Journal  des).  430. 

Déclaration,  5,  18,  34,  173,  219,  271, 
261,  284,  285,  296,  305,  330,  336, 
339.  Nota  349.  385,  388,  393,  453, 
454,  457,  459,  462,  464.  Nota  469, 
563.  Note  571,  621,  646,  663,  664. 
Note  683,  699. 

Decràs  (comte).  Note  747. 

Dbdovigh  (général).  215. 

Dbfours  (comtesse).  351. 

Dbob.^  (von).  795,  801. 

Dbobn  (von),  chambellan  du  roi.  de 
Wurtemberg.  Note    98.  Note  159. 

Dbgbnfbld  (comte).  75,  149,  150,  151, 
163,  170,  543 

Dbisbr.  148. 

Délimitation  2.  Note  155,  291,  313, 
391,  675. 

Dblla  Genoa  (Mgnaur).  38. 

Dblla  Porta.  732. 

Dblla  Porta  (M-^).  760. 

Démembrement.  219,  548. 

Demi-brigade  (la  60*).  Note  375. 

Démiaaion.  460,  602,  638,  648,  656. 

DéMOSTBiniE,  424. 

DennewUi  (bataille  de).  NotA  415. 

Dbsandrouin  (Marquise).  Note  4â3. 

Dbsglairs.  549. 

Déserteurs  "Désertions.  97.  673. 

Dbshatbs.  587. 

Dbsmarbts.  Note  197. 

Desmont  (?).  201. 

Dbuz-Pomts  (duo  Charletfl- Auguste 
de).  Note  300. 

Dbux-Ponts  (duc  Frédéric  de)..  Note 
300. 


DeaX'Ponts  (Duché  de).  6. 
Deux-Ponts   (Duchesse     de,    Marie- 

AméLie,  reine  de  Saxe).  300.  Note 

672. 
Dibbitsch-Zabalkanset  (géQéral).341. 

DlBVFENBAGH.    704. 

Diète  (La  —  de    Francfort).  Note  1. 

Note  31,  49,  300,  3S6,  523. 
Diète  helvétique.  195.  Note  260.  Note 

492.  Note  747,  750,  758. 
Diètes  (danoise,   norvégienne,  polo- 
naise et  autres).  28,  Noie  74.  Note 

125,  269. 
DiBTRicHSTEiN  (Joscph,   princc).   385, 

430,543.  Note  674,  814. 
DiETRiCHSTEiN  (princessc  douairière). 

674. 
Dijon.  821. 
Dillen  (Général,  comte  de).  Nota  98, 

169,  572. 
Dillon  (Juif  de   la  Cour  de  Russie). 

425. 
Dillon  (Général    Arthur).  Note  432. 
Dillon  (Fanny).  Note  432.* 
D1J.LON  (Miss).  615. 
DinAïil.  463. 
DiNO  (duchesse    de).  Note  106.  Note 

129,  811,  812. 
Directoire  (Le).  —  Directeurs.  25, 37, 

68.  Note  87,  519. 
DiTTMAR.  251. 

Divorce  —  Annulation  de  mariage. 
Note  36,  62,  63,  69,  70,  119,  199, 
Note  282,  292.  Note  342,  494,  495. 
52a,  568,  578,  606,  623,  636,  800. 
Note  811,  812. 

Dniester  (Le).  355.  722. 

DoHM  (Christian).  530. 

DoKHTOROFF  (Général).  228,  688. 

DoLOOROUKi  (Nicolas,  prince).  76,  77. 

DoMBROwsKi  (Général).  646. 

Don  MiauBL.  Note  284. 

DoNA  Maaia.  Note  284. 

Dordogne  (La).  204. 

Dotations.  Note  116,  389,  474,  658. 

dotkhowskt.  334. 

Douglas.  614. 

Douvres.  40. 

Dragons  de  Smolensk  (régiment  de). 
Note  751. 

Dresde  (et  bataille  de).  Nota  S,  13, 
27.  Note  32.  Note  40,  50,  57,  58,  62. 
Note  75,  77.  Note  92.  Note  116. 
Note  125.  Note  175.  Note  176.  Note 
230,  283,285.  286.  Note  329,  369,  371, 
382.  Note  415,  420,  426.  Note  463, 
503,  541,  582,  606,  616,  644.  Note 
689    779. 

Z)riiià(La).  Note  395. 

Dbohouwsei.  435. 

Dublin.  Note  54. 

Ducats.  99,  109: 

Ouchéa  (Les).  2. 

Duels.  2ft9»  268,  271;  473. 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 


83S 


DuFOUR  (général).  Note  552.  Note  627, 

635. 
DuKA   (général).   70,   183,  229.    Note 

500. 
Dnlmen  (comté  de).  501. 
DuMOURiBz  (çénéral).  814. 
Dupont  (général  comte).  397,404^.535, 

663,  673.  Note  682,  684. 
Dûrrenstein  (combat  de).  Note  689. 
Dûsseldorf  (et  hôpiUl  de).  Note  416» 

642. 
Du  Tbil  (baron  J.).  Note  303. 
Dyle  (département  de  la).  251. 


Ebersberg  (et  combat  de).  Note  76. 

Note  9Ô. 
Ebbrstbin  (d').  Note  378,  408. 
Ebrington  (lord).  Note  636. 
EcQSie-Ecossais,  Note  639,  677. 
Edlino.  136. 
EoLBR.  222. 
Eglis&a.  676. 
Eglise  (!').  66. 
Eglise  grecc^ue  (1').  487. 
Eglise  romaine  (1').  487. 
Egra.  32,  54,  55,  72,  73. 
EiCHBLDERG  (baronne  d').  785,  787. 

ElCHBXDOLD.   246. 

Eichhor:h.  520. 

ElCHLBR.  753. 

EiNsiEDBL  (comte  d').  142,  174,  281. 

Eisenst&dt.  Note  301,  566,  570,  665, 
797. 

Elbe  (L',  et  département  de).  13,  69, 
122,  185,  223,  297.  Note  463,  661. 

Elbe  (lie  d').  Note  43,  47, 247,  311,  315, 
375,  397,  404-406,  432,  471,  472,481, 
484,  409,568,  578,  606,  617,  618.  Note 
636,  640.  Note  677.  Note  685,  695, 
708,  725,  728,  780. 

Elend  (im).  195. 

Elisa  Baciocchi.  Note  XXII.  Note  87, 
221,  515.  Note  530.  Note  574,  659, 
660,  728. 

Elisabeth  (M"*).  Note  640. 

Elisabeth  (impératrice  de  Russie). 
21,  32,  46,  86.  Note  106,  126,  127, 
13'ï,  167,  179,  183,  198,  207.  Note 
220,227.  228,256,257,  348,  370,  399, 
414,  425.  474.  521.  Note  639,  644, 
645,  705,  714,  776. 

Elisabeth  (princesse  de  Saxe).  35,  36, 
39,  40. 

Elkam.  509,  514. 

Eltz  (comte).  75,  150,  273,  281. 

Emigration-Emigrés.  Note  96.  Note 
197,  257.  Note  375.  Note  384,  403. 
Note  407.  Note  442,  463.  Note  538, 
749.  Note  764,  813,  815,  820. 

Emissaires.  742,  775,  786. 

Empire  germanique  Empire  aile* 
mand  (et  princes  de  1'). Saint  Empire. 


3,  25,  29,  35,94,  112,  136.  Noie  146, 
148,  150,  158,  162,184,  257,  305-307, 
309,  310,  358,  361,  385,  439,  453,  485, 
519,  624,  654.  716. 

Empire  ottoman  (et  Marquis  de  V). 
203,  548. 

Emprunts.  220,  636. 

B)n9  (et  département  de  1').  Note  463. 

EifDB  (baron) .  449,  582. 

Enoblhardt  (Catherine  Wassilieyna, 
comtesse  Skavronska,  puis  com- 
tesse Litta).  809,  810. 

EHoblhardt  (Charles,  frère  de  Cathe- 
rine I'*).  810. 

EifOBSTROBM  (comte  d').  19,  24,  33,35, 
38,  49,  51,   52,    54,  55,    56,  60,  105, 

193,  236,  243,  248,  300,  357,  393,  394, 
475;  499,  517,  561,  562,  580,  604. 

Eperies.  795,  803. 

Epire{L').  186. 

Equilibre     européen.   142.    224,    234, 

276,  338,  359,  399,  447,  486,  488,  509, 

518,551. 
ERBMAifrrszHAL  (Dietrich   comte    zu). 

158,  353. 
Erfurt,  Note  32.  Note  149,  152,  359, 

403.  526,  817. 
Erivan.  Note  103. 
Erlangen  [et  université  d*).  Note3Vi 

387,  415. 
Ernâb.  650. 
Erst  (d').  87. 
Erwein.  377. 
Erzgebirge  (L*).  27. 
Bscàut  (et  navigation  de  T).  694. 
Esclavonie  (L').  215. 
Escoiquiz  (chanoine).  Note  682. 
Escurial  (1').  682. 
Eskbles  (von).   28,  100,  338,  378,  386, 

469,  522,  573,  660. 
Eskblbs  (M—  â*).  522,  693,  695. 
Eipàgne{ei ambassade  d'\. Espagnols. 

7,  33,  46,48,  55.  Note  78,87-89,  108, 

117,   118,    182,   147.   Note  148,   190, 

194,  202,  209,  210,241,242,  246,249, 
254,  262,  264,  268,  276.  284-28i,  346, 
349,357,358,  401,  405,  446,  451,475, 
482,  488»  497.  Note  507,  562.  Noie 
577,  589,  607,  625,  629,  652,  666,  676, 
680.  Note  682.  Note  688,  694,  707, 
708.  Note  712.  736,  762,  767,  813. 

EspARTERO  t général).  Note  683. 
Espionnage-Espions.    150,    151,    255, 

314.  Note  375,  469,  543. 
Espoz  T  Mira.  589. 
Essenrode.  Note  17.  Note  31. 
Esslingiet  bataille  d').  Note  175. 
EsTBRHAZT    (NicoUs,    comte).    Note 

282,  296.  301. 
EsTBRRAZY    DE    Galanta  (Antoinc 

prince).  Note  92,  498. 
Estbrhazy    db   Galanta   (Nicolas, 

prince),  60,  139.  Note  535,  566,  570. 
EsTBBHAZT  (Paul-Antoine,prince),  75, 


838 


AUTOUR   DU   C05GBlèS   DE   VIENNE 


228,  244,  267,  290,  336,  368,  374,  400, 
402,403,  406,  437,  449,453,465,  466, 
493,  535,  628,  722,  752,  77». 
Frédéric  (de  Danemark,  {>cmce).Nofce 

38. 
Frédéric  I"  (roi   de    Wurtemberg), 
Note  XXII,  32,  46,  62-64.  84,  86,  97, 
98,  112,  114,  115,   119,  126,  131,132, 
135-138,  151,  159,  163,  164,  176,  179, 
194,  208,  212,  213,  216,217,222,  238, 
239,244,  £52.  Note  272,292,  298,  300, 
301,  339,  3j8,  368,385,  397,  401,  414, 
430,  460,  4T1,  4S9-491,  494,  495,  501, 
514,  519,  522,528,537,  538,544,  550, 
573,  5h8,  605,  610,614,619,  633,  637, 
661,  664,  667,  668,678,  680,  682,  688, 
693,  697-699,  716,  722,  729,  747,  758, 
768. 
Frrdbric-Auoustb  (prince  de   Dane- 
mark). Note  175. 
Frédéric-Auguste  I"  (roi  de  Saxe). 
Note  XXII, 5,9, 12, 18, 20, 21. Note 23, 
35,  36,  37.  39,  40,  47,  66,  67,  71,  79- 
82,84.  Note  116.  Note  120. Note  121. 
Note   142,  169,  172,  174.  Note    175, 
194,  216,  219,  246,  263,  281,  297,300, 
309,341,  343.  Note  348,  349,363,384, 
396,402,  403,  414,  424,438,  452,  454, 
459,  468,  469,  470,  523,  536,  541,  542, 
555,  561,563,  565,  574,  581,593,  595, 
603,  609,616,  617,  6)8,  622,  624,  626, 
627,  630,   637,    639.  Note    640,  653, 
666,  667,  671,  672,676,  679,  681,  689, 
699,  720,  742,  779. 
Frédéric-Guillaume  lI(roi  de  Prusse). 
Note  156.  Note  157.  Note  472.  Note 
530,  531,  532, 
Frédéric-Guillaume     III      (roi     de 
Prusse).  Note  xxii,13,  16-18,28,  32, 
33,  40,  46,54,61,  62,67,  71.  Note  77, 
82,  83,  86,  89.   Note   107,  112,    114, 
117,  118,  125-127.  Note  134,  136-138, 
156.  Note  157, 159,  160-162, 168,  171, 
181,  182,  184-186,  195,  200.  207,  212, 
218,  219,  223,  227,  243,  256,257,  261, 
266,  267,  285,  290,  291,301,  319,359, 
368,  369-371,  382,  384,  391,  3^-3,  396, 
416,  418,  422,  428,  436-438,  445,447, 
470,  483,  486,  493-496,  502,503,  506, 
507,522,  526.  Note  530-533,538,541, 
544,  551.  555-558,  561,  565-567,  582, 
585.  586,    595.   Note    602,  605,  606, 
609,  611,  614-616,  624,  626-628,  644, 
645,  655,  656,  660,  667,  669,  672,  677, 
679,  681,  682,  685,  689,  699,  704,  705, 
713,  734,  743,  748,  751,  754,  775. 

Fredericksten.  58. 

Frev,  813. 

Fri Bourg  (SuisSe^.  335,  381. 

Fribourg  en  BrisgsLU  (et  députés  de-. 
46,  344,  508.  Note  676,  774. 

Fridrichs  (M-»»).  Note  282.  Note  342. 

Friedbera  (Burggraff  de).  158. 

Fried rient feld.  Note  565. 


Pries  (comte  de).  136,  183,  262,  263, 

422,  816. 
Pries  (comtesse,  née  princesse  Ho- 

henlohe).  816. 
Pribsb.  253,  352,  430,  457. 
Fiubsbm  de  Hotha  (baron).  ^779. 
Frimont  (général  comte  de).  Note  771. 

774. 
Frioul  (duchesse  de).  646. 
Fritscii  (comtesse).  Note  615. 
Frohmann.  237. 

FucHs  (comtesse  Laure  de).  426,560. 

Fûgbr  (colonel).  Note  415. 

Fulda  (et  abbaye  de).  Note  144.  Note 

149,  495.  Note  778 
Filnfkirchen,  800. 
FfiRSTBMBERG  (landgrave  Frédéric  de, 

et  maison  de).  255, 257,  385,486,605, 

729,  730,  762. 
FÛRSTENBBRO  '  la  landgrave  .  486. 
FÛRSTEN0BRO  princcssc,  née  princesse 

de  La  Tour  et  Taxis).  253, 296,  308, 

727. 
Fûrslenbund  (le).  Note  118. 
FÛRSTBNSTBiN  (Lc  Camus,  comie  de  . 

573,  666,  669,  702. 


G...  797,  798,  801. 

Gaertnbr.  75,  83,  84,  350,  264,  374, 
292,  303,307,  317,346,  347,  352,965, 
369,  382,  387,  397,435,  453,  457,473, 
478.  Note  479.  501,566,592,650,659, 
663,  666,  691,  709,    760. 

Gabtb  (duc  de).  Voir  Gaudin. 

Oaëte  (et  siège  de).  Note  118. 

Gagehn  (baron).  Note  xxii.  Note  130, 
144.  Note  145.  Note  146,  250,  351, 
305,  307,  308.  321,  327,345,347,348, 
353,  362,  364,  365,  883,  443,463,527, 
529.  Note  531,  539,  549-553.  Note 
564,  637,  648,670,705,  716,  734,786, 
737,  769,  770. 

Galatz.  Note  329. 

Galicie.  16,  19,  20,  22,  28,  81,  49,  81. 
Note  155,  181,  227,  254,  879,439,445, 
512,  524,566,  570,  586,  612,  711,  722, 
749,  777,  778. 

Galicie  Méridionale.  20. 

Galicie-Orienlale  et  Galicie  Oeoiâen- 
taie.  18,  237,  309,  355,  367. 

G  ALrrziivB  (Prince  Alexandre  :.  639, 644, 
755. 

Oallarate,  91. 

Gaula vRBsi.  xiv.  Note  90.  Note  166. 
Note  314.  Note  674. 

Galler  (voni.  420. 

Galles  (princesse  de,  CaroKne  de 
Brunswick).  36,  445,  447,  579. 

Galiasio  Di  FiNAUS.   579. 

Gallo  (duc  de).  56,  58,  374,  M3. 


INDEX   ACPHIBÉTIQUG 


839 


Galvani.  Note  87. 

Galway  (comté  de).  Note  145. 

Gand.ei  traité  de).  Note  l'J",  279,801, 
302,  620,662,  725,  763.  Note  704,  766, 
768,  775. 

GaTme  (Le).  691. 

Garde  bourgeoise.  98. 

Garde  polonaise  (et  cavalerie  de  la). 
Note  97. 

Garde  royale  italienne.  Note  704. 

Garde  russe.  173,  723.  Note  752.  Note 
774. 

Gardes  à  cheval.   806. 

Gardes  françaises.  Note  407,  820. 

Gar^en  PaUst.  Note  301. 

Gasparinbtti  (colonel).  744. 

Gattbrburo  (comtesse).  610. 

Gattbrburg  (Joseph,  comte).  Note 
610. 

Gaudin  (duc  de  Gaëte).  764. 

Gatl  (baron  de).  472,  573,  660. 

Gazette  de  la  Cour  (la).  226. 

Gazette  de  Francfort  (la).  465,  547. 

Gazette  de  Vienne.  17,  305. 

Gbbhardt  (François).  635. 

Gbchic.  78. 

Gènes  (Sénat  et  République  de)-—  Gé- 
nois. 56,  85.  Note  122,  141,  147,150, 
187.  Note  196.  Note  197,  210,  275, 
2»1,  29  i,  369.  Note  375.   Note  876, 

406,  412,  413,  423,  424,  471,  504, 527, 
529,  542,  545-547,  587,  594,  618,  632, 
657,  683,  6''4,  729,  768,  769. 

Genève  "  Genevois .  xiv.  Note  195, 
277,  400,  420.  Note  750.  Note  774. 

Gbnic  (Kastellan  von).  582. 

Gbntz  (chevalier  de),  xxii,  8,  4,  6,  9. 
Note  20,  40,  41,  44,  45,  47.  Note  49. 
Note  61,  66.  Note  69.  Note  72,  73. 
Note  76.  Note  77  Note  98.  Note  142, 
177.  Note  178.  Note  179.  Note  191. 
Note  210,  213,  214.  Note  219,  253, 
264,  312,  316,  327, 329, 330.  Note  332, 
347,  388.  Note  397.  Note  399.  Note 

407,  428,  429,  436.  Notd  441.  Kote 
443,  447,  448.  Note  450.  Note  466. 
Note  470.  Note  518,  532.  Note  593, 
594,  598.  Note  608,  673,  676.  Note 
720.  Note  748,  751,  771. 

Gbnzowski  (colonel).  472. 

Gborgb  ilV)  (prince-régent  d'Anylo- 
terre).  10,  26,  37,  60,  61.  Noie  69, 
165,  20 i,  358,  525,  554.  Note  579, 
620,  649,  654,  664,  713,  715,734. 

Gboroi.  491. 

Géorgie  (et  corps  de)  Note  55. 

Germante.  625 

Gbrsdorff  (baron).  307. 

Gbusau  (baron).  650,  691,  730,  760. 

Gbtbr  von  Gbtbrsbero  (Louise-Ca- 
roline, comtesse  de  Hochberg).  Note 
444. 

Gbymullbr.  99,  100,  101,187,  246»  880, 
381,  785.  787. 


G.  G.  793-799,  801-804. 

Grika  (prince).  '246,  304,  600. 

Ghisilibri.  732. 

Giessen.  416. 

Ginori  (marquis).  186. 

Gironde  (la).  204. 

G.  K.  118. 

G/ats  (et  comté  de).   134.  Note  tS7, 

298. 
Glogan,  608.  Note  712. 
Gnbisbnau  (comte  de).  156,  157,  712. 
Gnesen,  608.  615. 
Ggbhausbm.  116.  Note  247,  283,   190- 

292,  304-307,   346,  353,  367,  387,400, 

414,  419.498,501,  506,  539,550,578, 

'613,  633,  837,  647,671,  696,708,  718, 

719,  741,  782,  754,  768,771,  774,805, 

806. 
Ggbrlitz  (comte  von).  Note  08.  Note 

159. 
Ggbrrbs.  613. 
Gobrtz  (comte  de\   23,  30,  174,  175, 

270,  855,895,  500,580,609,  627,674. 
Ggbss  (oomte).  778. 
GoBSSBL  (von).  Note  99. 
GoLBioTCHBFF-KouTOuzoFP    (comte) . 

139. 
GoLOVKTTVB  (Fédor,  comte).  76, 561,588, 

652,  690,  691,  716. 
OoLTZ  (comte  <de).  1,   21,  26,  30,  35, 

45,  581,  588, '628,  646,  652,  659,  663, 

678,  747. 
Gonzaoa-Gastiglionb   (Louis,  piince 

de).  102. 
GoifZAOUB  (Jean,  ^prince    de).   Note 

821. 
GORDINI.  87,  101. 

GoRiAÏROFF  (Serge),  zv.  Note  809. 
Gotha  (voir  Saxe  Gotha). 
GrOTHLAifD  (comtessc  de^.  Note  39. 
Gœttingen  (et  Université  de).  Note 

52.  Note  64,  415,  631. 
GOUDAKHOWSKT.  383,  559. 

GouPY  DBS  HAUTBs-BRuràRBS.  245-247, 

274,  281,  304,  312.  325,  834,346,  352, 
369,  370,  429,  455,  545,  621. 

Gouvernement  provisoire.  Note  1j06. 

Note  116.  Note  416,  632. 
Graben  (Le).  93,  185.  Note  360. 
Grande-Bretagne.  —  Gouvernement 

britannique,  24,  86.  Note  105.  Note 

125,  216,  400. 
GranvUle,  Note  652. 
Graz.  xzi,    72,     537,    538,    540,  888. 

Note  578-581,897,  786,  787.      S»^ 
Grèce-Grecs.  Note  90.  Note  198,184, 

186.   Note  195,  307,   846,  365,  Jéo, 

275,  277,  480,  481,  818. 
Grbenogk.  281. 

Grenadiers  "(et  corps -des).  Note*  55, 

723. 
Grbnvillb  (Lord    et  'fànaitle).    806. 

Note  695. 
Grbubm.  458,  484,  190,  ff5« 


840 


AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 


Griêê,  797. 

Gwama  (maire  et  représenUnt  de  Ham- 
bourg). 158. 

Gmb8i:«gbii.  175,438. 

Gmbuz  (baron  des).  S79. 

Gbifpith.  228. 

Grimberge  (Abbave  de).  595. 

Griâonê  (ca'.ton  des).  377,  676,  740, 
750,  757. 

Grodno.  723. 

Giiolma:*  (voo,  général).  713. 

Grosbo».  764. 

Grossb.  386. 

Gbotb  (comte).  462,  685,  763. 

GnuDzufSKT  < comte).  Note  283. 

GnonBR  (Justus).  188.  Noie  415,  416. 

Grumib  (Philippe,  comte).  61,  113, 
381,  418. 

Guadeloupe  (La).  204. 

GuûsUlU  (et  duché  de).  Note  471, 
546. 

GuiBOL'RD.  245,  578,  579,  660. 

GuicGiARDi  (comte).  201,  206,  246,  385, 
304,  461,  462,  576,  678,  718,  759. 

Guillaume  I"  (d'Orange,  roi  de  Hol- 
lande). Note  12,  144-146,  187.  Note 
339.  Note  335.  Note  336.  Note  433. 

Gdillaumb  V  (Slathouder  des  Pays- 
Bas).  Note  144.  Note  335. 

Guillaume  db  Prusse  (prince).  Note 
zxii,  127,156,  290, 360, 371.  Note  473, 
551,  5S5,  689. 

Gûns,  803. 

Gustave  III.  Note  336. 

Gustave  IV.  Note  444,  633,  746. 

Gustave  Wasa  (prince).  Note  633, 
746. 

GusTAVsoif  (colonel).  Voir  GustavbIV. 

G...  Y...  800,  801,  803. 

Gtulat  (Ignace,  comte  feldieugmeis- 
ter).  771. 


H...  602,  603,  615,  630,  798. 
Haas.  802. 

Habsburg  (Maison  de).  507. 
Hach  (von).  137. 

Hackb  (von).  136,    164,  241,  343,  353, 
374,  375,  365,  366,  431,443,  466,  468, 
474,  480,  593,  669,  673,  717,  737,  757. 
Hacebl.  790. 

HADiE(fcld-maréchal  lieutenant).  697. 
Hafiibr.  165. 
Haobr  von  Altensteio  (baron,  feld- 

maréchal  lieutenant),  vu. 
Hall  (Hubert),  xv. 
Hallb  (et  université  de).  Note  157, 

415. 
Hambourg.  HàmbourgeoU.   3.  Note 
58.  Note  64,  158,  306.  Note  379,400, 
453.  Note  463,   593,  609,  679.  Note 
689,  733,  813. 
Hammbr-Purostall  (von).  29, 335, 536. 


Hasiac.  Note  149,  168.  363.  Noie  364. 
Ha?idel  (baron  de).  235,  296. 
Harhart.  793-804. 
Hanonvillb  (ou  d'Homainville,  bailli 

d').  195,  330. 
Hanovre  (électorat,  royaume  et  duché 
de  Hanovre).  Note  3,  14,  25.  Note 
SI.  Note  33,  37,  40.  49,  50.  Note  53. 
Note  69,  94,  113.  Noie  125,  158,  170. 
Note  176.  Note  214.  Note  302,  305, 
337,  356,  358,  391,  400,  420,  463.  Note 
466.  Note  479,  485,  486,  489-491,  504, 
537,  554.  Note  577,654,689,  708,  715, 
735.  Note  780. 
HMniéAiiques  (Villes).  307.  Note  479. 

Note  593. 
Hardbgo  (Ignace,  comte,  feld-maré- 

chal  lieutenant).  124,  831. 
Hardegg  (docteur  von).  Note  98.  Note 

159. 
Harde!«bbrg  (prince  de).  Note  xzii. 
Note  1.  Note  17.  Note  21. 25,31,33,40, 
50, 61-64, 66, 67, 69, 86.  Note  90,93, 94, 
123,  125,  134,  135,  140.  Note  141, 
146,  148,  156,  157,  159,  161.  162.179. 
184-186,  199,  206,  213,  214,230,  338, 
343,  345.  Note  247,  253.  259.  260,  264, 
374,  281,  2P0,  291.  Note  297.  NoU 
300,  306,  317,  334,  338-340,  342,  343, 
346,  347,  352,  361,  369,  370,  371,  382. 
Note  383.  Note  391,394,397-399,418, 
420,  421,  427,  430,  435,  436,  441-443, 
450,  456,  464,  473,  478.  Note  479. 
Note  487,  492,  496,  503,  505-507,  514. 
520.  Note  523,  531.  536,545,549,  550. 
556-558,  566,  571,  575,  bbO.  Note  581- 
583,  587-590,596,  598,  602,  603,  606. 
608,  611,  628-631,  635-637,  640,  641, 
648,  649,  652.  653,  656,  659.  660,  663. 
Note  664,  666,  668,  671.  Note  672, 
678.  Note  679,  682,  683,  687.  Note 
689,  692,  693,  700.  Note  703,  705, 
706,  710,  717,  719,  720,  722,  726,  730, 
734-736,  738.  Note  739.  Note  742, 
746-748,  759,  761,  765,  76S,  769,  775, 
776. 

Hardb:«berg  (comte  Ernest- Auguste 
de).  33, 40-42,  49,  50,68,  69,  947Note 
314,  353,  371,  437,  493. 

Harrach  (comte).  15. 

Hartmann  (von).  528. 

Hastnegg.  78. 

Hatvant  (St.  von).  802. 

Hatifbld  comte  et  comtesse).  296, 
348. 

Haugh  (baron  von  .  99. 

Haugwitz  (comte  de).  Note  39,  S30. 

Hauptmann  (M"*  .  95. 

Hautbrivb  (d*).  Note   197.  Note  586. 

Hautbvillb  (comte  d*).  807. 

Havre  (Le).  Note  373. 

Hatdn.  Note  114,  136. 

Hast  (ou  Hagy).  796,  798. 

H.  G.  (von).  798. 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 


841 


Hbbbnstrrit.  164,  794. 
Hbdblhofxr.  320. 
Hbdbmann.  558,  56J,  584,  629,  631. 
Hboarot.  8,  17,  19,  35,  38,  49,  52,  54- 
56,  58,  60,  105,    193,  236,  357,  394, 
395,499,  517,  562,  580,  604. 
Heidelberg.  (et  université  d').  415, 779. 
Beilbronn.  32. 
Ubilmann.    430,  436,  467,   607.  Note 

617,  635,  673,  675,  706,  727,  747. 
Heilsberg  combat  de).  Note  689. 
Heim,  386 

Ilelvétie- Helvétique  (diète,  république 
et  confédération).  21.  Note  102.  Note 
146,  400. 
Hbnckbl    von    Donnbrsmark    (com- 
tesse). Note  615. 
Hbnri  DB  Prussb  (prince).  626. 
Hbrger.  416. 
Herrensheim.  149. 
Hbrmann.  94. 
Herrngsase.  Note  792. 
Hbrz.*99,  246. 
Hbrzoo    456. 

Hetie-Cassel  (et  électorat  deyHessois. 

50,  66,  67,    158,  170.  Note  176,  252, 

259.  Note  260,  306-308, 439,  507,  551, 

600,  637. 

Hbssb-Gassbl  (Guillaume  I*',  électeur 

de).  66,  67,  134,  370,  384. 
Hbssb-Gassbl  (Guillaume  II,  électeur 

de).  66,  67.  Note  118,  134. 
Hbssb-Cassbl       (Frédéric-Guillaume 

de).  Note  67.  Note   700. 
Hesse-DarmsUdt      9,  13,  16,    92,  93, 
136,  158,  252,  262,  294,  306-308,  327, 
365,  395,  494,  495,  522,  523,527,537, 
551,  637,  666,  669,  751. 
Hbssb-Darmstadt  (grand-duc   Louis 
de).  Note  xxii.  146,  158,  175,    236, 
262.  Note  272,  519.  Note  593.  Note 
610,  650. 
Hbssb-Darmstadt  (grand-duc  héritier 
Louis  de).  136.  Note  236,  237,  610, 
665,  709,  730,760. 
Hbssb-Darmstadt  (Louis   III).  Note 

610. 
Hbssb-Hombouro (prince  de). Note 97. 
Hbssb-Philippsthal    (Louis,    prince 

de).  117,  118,  820. 
HéUirie  (V).  Note  3,  818. 
Hetxendorf   (château  d').    Note  71. 

Note  128,  298,  727. 
IIbtmbach. 136 
Hbtmb  (D*).  582. 
H.  H.  800. 
HUttinq,  432. 
Himme)pfortgas8e,  76. 
HoGHBBRO     (Chorles-Léopold,     mar- 
grave de)  444. 
HoPFMAifR.  93,  213,  557.  Note  598,735. 
Hof  ^Ammer  (et  président  de  la). Note 

36.  Note  70. 
Hoke  Bruche.  ZU. 


HoHBNHBiM  (comtesse).  163,  199. 
Hoheniohe   (régiment  autrichien,  au- 
jourd'hui 26*  d'infanterie).  715. 
Hohbnlohb-Bartbmstbin  iprince  de). 

307,  327,  607,  569. 
HoHBNLOHB  (colouel  princc  de).  Note 

98.  Note  159. 
HoHBNZOLLBRN  (maison  de).  50  7. 
Hohenzollbrm-Hechingbn  (Frédéric- 

Hermann,  prince  de)   605,  812. 
Hohbnzollbrn-Sigmaringbn(  Antoine, 

prince  de).  137,  180,  253,  385. 
Holitsch.  Note  112. 
HolUnde  -  Hollandais ,  55,   74.    Note 
144,  187,  203.  204,208,216,258,  261. 
Note  264,  286,290,291,298,299,302, 
304,  335,  371,  380,  391,  431,432,455 
Note  463,  527,    586,  657,   658,  736. 
758.  Note  777- 
Holstein  (duché  et  famille  de).  Note 
64.  Note   125,  143,  193.    194.   Note 
463.  Note  466, 551, 632, 744, 746.  Note 
811. 
Holstbin-Bbck  (prince  de).  Note  99. 
Hongrie-Hongrois.  Note  3,  20.  Note 
96.  Note  138,  211,  220,  226,  227,230, 
231,  241,  257, 265,  266.  Note  301, 317, 
348,  355,  382,  422,  423,  433.445,448. 
Note  458,  466,  480,  481,  493,495,504, 
508,  512.  Note    518,   566,  570,    713, 
745. 
Hongrie  (faubourg  de).  278. 
HoPFBN.  177,  385. 
HoppB.  428,  526. 
HoppNBR  (Isabelle).  264. 
Hormayr  (baron).  795. 
HoRTENSB   (Reine).  Note  xxii.  Note 

274. 
Hoya.  Note  780. 
HoYos  (comtesse).  486. 
H. ..t.  802. 
HuDBLiST.  12,  25,  26,  27,316,  428,526, 

556. 
HÛ6BL^baron).263,374.  Note  375,379. 
Huit  (les)  (et  comité  des).  284,  285, 
856,   357,  394.  Note  407,  453.  Note 
475.   Note  529,   542,  686.  Note  694, 
762.  Note  769. 
HuMBOLDT    (baron    de).    Note    xxn. 
Note  1,  31,  49,  50,  .53,  54,  65.68,  69, 
71,75,  82,  93,150,161,  162,164,  179, 
213,  251,  253,  254,  291,  296,  299.312, 
315,  337,  347,  418,  420,  426,  427,  436. 
Note  441,  442,  450,459,475,402,496, 
522,  529,  531,  545,549,554,557,585. 
^99,  600,  602,  605,  614.616,618,624, 
629-631,  637.   646-648,  656,  666,  668, 
673,  700,  725,  73»1,  748,  754,  758,769, 
776,  778,  779. 
HuMBOLDT  (M"*  de).  631. 
HuRTBR  (libraire).  508. 
Hussards  (7*  régiment  de).  Note  709. 
Hussards  Empereur  (régiment  de). 
Note  135. 


844 


AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIfiN?IE 


Kovno.  173,  723. 

KozLOwsKi   (prince).    487,   560,    561, 

568,  680. 
Kraft.  619. 

Krasinski  (général  comte).  97. 
Krbms.  Note  4. 
Kridl.  752. 
Kribbbl.  804. 
Krupt  (baron).  526. 
Kruo.  387. 

IV.RtJOBR     4''0 

Kulm   (bataille  de).  Note   157.  Note 

206. 
KÛNioL  (comte).  486. 
KÛSTBR.  489,  529,  530,  5S3,  549,  550, 

582,  583,  668. 
KÛSTBR  (M-).  550,  582. 


L...  359,  601,  607,  637. 

La  Bbsnardij;rr  (J.-B.  de  Gouey  de 
la).  404.  430.  6H5,  686.   Note  706. 

LABOi'CHènB.  Not<î  432. 

Labrador  (marquis  de).  78,  86-89, 
108.  Noie  118,  1J9,  127,  128,  132, 
141.  142,  179,  190,  201,  202,  216,  242, 
254,  261,  262,  264,  284,  285,312,  327, 
346,  3iD,  369,  i96,  514.  Note  545, 
546,  562,  572,  589,  598,629,  643,  762. 

Lac  Majeur  (Le).  657. 

La  Chaitx  (M"«  de  la).  5S3. 

Lachmann  (de).  378. 

La  Fare  (Cardinal  de).  96.  Note  197. 

La  Fayette.  780.  Note  781. 

La  Garde  (Comte  rîe).  Note  223. 

La  Grange  (Nièvre).  Note  538. 

La  Harpe.  45,  102.  146.  161,  162,  170, 
173,  184,  185.  214,  225,  226,  250,253, 
259,  284,303,  312,  316,  333,  338,341, 
342,  352,  365,  370,  .'^82,  387,  388,399, 
400,  42»,  435,  459,  460,  494,  502,  5o3, 
521,  526,  535,  545,  559,  568,  584,  596, 
619,631,  651,  679,  687,6'<8,  697,  702, 
750,  766,  780. 

La  Haife.  Note  51,  71.  Note  84.  Note 
92.  Note  175,  281,  335,  430,  463. 
Note  465,  488,  586. 

Lahn  (La).  69. 

Laibach  (et  congrès  de).  Note  7. 
Note  40.  Note  57.  Note  125,  795. 

Lallt-Tolbndal.  Note  781. 

La  Mark  (comte  de).  Note  229. 

La  Martinièrb.  713. 

Lamb  (F.-J).  147,  281,  303.  Note  443, 
501. 

Lamhach.  801. 

Lambert  (Séraphinc).  484,  496,  554, 
575,  596,  643,   706,  731. 

Lamy  (Etienne).  811. 

Lancast?r.  464. 

Lanciers  (polonais,  compagnie  de). 
48. 


Lanckoronski  (comte),  112,  779. 
Lanoshuttbic  (Messieurs).  376. 
Landitrasse  (la).  233,  278. 
Landsturm  (Le  et  Edit.  sur  le).  Note 

90. 
Landwehr.  18,  97,  801. 
Langbnau  (général).  42, 107,  175,  418, 

623. 
Lanobron    (général,   comte    de).  39. 

Note  233,  560,  658. 
Lanobro:«  (Geneviève- Adélaïde  de). 

Note  233. 
Langres.  Note  764. 
Lanowbrt.  803. 
Lannbs  (maréchal).  Note  683. 
Lansdownb  (lord).  Note  695. 
La  Rozb.  794. 

Las  Casas  (marquis  de).  813. 
Laskaraki.  819. 
Lassbbrg  (von),  596. 
LATOUGHE-TRéviLLB.  Note  110. 
Latour  (colonel  comte).  715. 
La   Tour   du    Pin  (comte  de).  Note 

XXII,  65,  84.  96,  115,    116.  130,  137, 

254.  255,  271,  432,464,  467,  538,551, 

566,  586,  592,  633,656,  671,  673,678, 

770,  771. 
La  Tour  du  Pin  Gouvbrnbt  (comtesse 

de)    Note  96,  432. 
La  Trnppe.  820. 
Laubach.  41. 
Lauenburg  (et  duché  de).  Note  100. 

Note  522. 
Laubr  (général).  349. 
Lausanne.  Note  96. 
Laval    (Adrien    de     Montmorency, 

prince  de).  589,  652. 
La  Valette  (comte  de).  Note  166. 
Laxenburg    (château    de).   257,   354. 

566. 
Lazanski  (comte  Prosper).  745. 
Lazanski  (comtesse).  425. 
Leblanc.  582. 
Lbbon.  574,  660. 
Lbdzeltern.   Note  97,  276,  773. 
Lbcbstrb.  Note  191. 
Lbchi (général  Joseph).  704. 
Lbchi  (général   Théodore).   704,  744, 

762. 
Légations  (les).  21,  35,  36,  38.  40,65, 

79-82,   89,    169,   187,    209,  232,   285, 

286,  313,  450-452, 468,  482,  483,  488, 

546,  565,  576,  598,  617,634,707,  716, 

761. 
Légion  étrangère.  Note  713. 
LéoioN  d'bonnbur  (ordre  de  la).  643, 

763. 
Légitimité  (et  princes  légitimes).  37, 

177,  741. 
Lbhrbach.  148. 
Lbimann.  124. 
Leiningen.  158,  306,  307. 
Lbiningbn  (comtesse  de).  803. 
Leipzig  (bataille  et  convention  dey.    ' 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 


843 


Jérusalem  (et  roi  de).  203. 

Jésuites  (Les  et  rétablissement  desK 

59.  Note  91,  100, 101.  Note  157, 176, 

279,  487. 
JOBL.   373. 

Johannesgasêe ,  130.  Note  326. 

Johnson    209,  210,  281. 

JoMim  (général  baron).  129,  170,171, 

202,  203,  226,  245,  260,  274,  280-282, 

369,  456,  484,  584,  585,  611,  780. 
JoMiNi  (baronne).  245,  456. 
Jordan.  93,   159,  161,    253,   281,  325, 

397,  398,  520,  545,  602,  606,  719,  735. 
Joseph  II  ^empereur),  vm,  xvui,  xu. 

Note  15,  66.  Note  84,347,  783,  787. 
Joseph  (archiduc).  3,  45,  138,  211,  238, 

241.  Note  266,  339,  437.  Note  494, 

504,  512,  699,  769. 
Joseph  Bonaparte.  72.  Note  108.  Note 

318,  682. 
JosépHiNB    (impératrice).    Note    407, 

636,  708. 

JODFFROT.  681. 

Journal  de  Francfort  (le).  176. 
Journaux  étrangers   387. 

JUBILLB.    759. 

Judex  Curiae.  Note  70. 
Juifs    députation  des)  et  Juif  de  la 
Cour.  11,  90,  346,  382,  400,  425,  532. 
JuLiBRS.  2,  187,  451,  730. 
Junte  d'Etat.  Note  110.  Note  620. 

JUSTEL.  795. 


K...  (von).  795. 

K&erntnerstrasse.  Note  140.  Note  326, 
760. 

Kaerntnerihor  (théâtre  du).  114^  180, 
478. 

Kagbnbck  (comtesse  Flore),  voir  com- 
tesse Whbna. 

Kaisercf arien,  96,  130. 

Kaiserin  von  Oesierreich  (Hôtel  zur). 
75,  659. 

Kaisbrstbin  (baron).  543. 

Kalitch  (et  traité  de).  Note  31.  Note 
118.  Note  415,  602,  608,  615,  645. 

Kalmouks  (les).  271. 

Kamenetz  Podolsk.  723. 

Kambnsky  (comte).  Note  95. 

Karadja  (Jean  II).  xxii.  Note  8.  Note 
4.  Noie  20,  44,  47.  Note  49.  Note 
61,  66,  73.  Note  98,  133,  141,  177, 
178,  218,  328-333,  429,  447,  448,  594, 
658,  676,  818,  819. 

Karadja  (Nicolas).  818. 

Karaoboroevitcu.  Voir  CzBJUfxi- 
Georgrs. 

Kaslsbad  (et  traité  de).  Note  7.  Note 

.  120. 

KarUruhe,  19.  Note  63.  Note  103, 


Note  183,  188,  362,  363.  Note  572, 
.    583,  605,  700,  779. 
Karmin  (0.).  XV. 
Karski.  333 
Karstbn.  775. 

Kaschau.  241,  796-SOO,  803,  804. 
Kasbr  (Joseph).  ë05. 
Kaula.  137. 
Kaula  (S. -H.).  137. 
Kaunitz  (prince;.  94,  140,  255.  Note 

301,  366. 
Kbhl.  451. 
Kellbr  (comte).  137,    259,  260,  262, 

296,307-309,  365,  469,592,  637,674. 
Kerprn  (baron  feldzeugmeister).  164. 
Khanikoff  (général  de).  311,  614. 
Khbvbnhullbr  (prince).  206. 
Khevbnhûllbr    (Emmanuel   comte). 

674. 
Kiel  (et  traité  de).  28.  Note  100. Note 

125,  244. 
Kiew  (et  Gastellan  de).  Note  284. 
Kingêton.  Note  780. 
KiNSKY  (comte).  127,  164. 
KiRKNiTz  (?)  (général  lieutenant).  716. 
Kisselbff.  155,  156,  233,366,  501. 
Klauss  (lieutenant).  387,  358,  449,453. 
Klbbrlsbbro  (général  comte).  182. 
KUbitz  Note  415. 
Klbinhardt  (Marie).  224. 
Kleist  (von  NoUendorf,  général).  156, 

157,  360,  371 . 
Kleist  (lieutenant  von).  283.  Note  322, 

382,426. 
Klbnav  (général  comte).  32. 
Klbwitz  (von).  507. 
Klinkowstrom    (baron  de).  Note   3. 

Note  4.  Note  6.    Note  9.  Note  44. 

Note  47.  Note  72.   Note  142.  Note 

429,  448.  Note  594.  Note  676.  Note 

677. 
Klûbbr.  140.  Noie  158,  188,  312.  Note 

316,  637.  Note  640,  717.  Note  777. 
Kmbsbbbck  (général  baron).  93,   161, 

181,  182,  253,  501,  556,602,  743. 
Kniphausen    (seigneurie    de).    Note 

259.  Note  777. 
Koch  (baron).  136,  163,  369. 
KocK.  152,  154,  155,  696. 
KoHART    (Maria-Antonia,  comtesse, 

puis  princesse).  567. 
Kohlhaas  (von).  Note  98.  Note  159. 
Kohlmarkt  (Le).  230. 
KoLLBR  (général).  40,  43,  57,  375,  568, 

578,  606,  640.  Note  677. 
Kolowrat   (comte).    Note  100,    211, 

417. 
Komar  (comie  de).  128,  129 
KoMAR  (comtesse  de).  129. 
Komar  (Nathalie  de).  Note  279. 
Kônigsberg.  Note  416.  Note  735. 
KOUDRIAFFSK.Y.  132,  134,  181,  215. 
Koutouzoff  (comte,  général    russe). 

Note  2.  Note  31.  Note  95.  Note  415. 


8iU 


AIT<:)l'R  DU  CONGRES   DE  VIENNR 


I 


LoMBAJiD  Séraphine)  372.709,753,816. 

Lomb^r die- Lombard».  31.  35.  Note 
7«.  Note  i:5,196.  Note  l'0l.20»,232, 
314.  Note  471.  Note  70:*.  Note  750. 

Londres  (et  conférence  de),  xv,  4,  7- 
10.  Note  12,  17-20.  22.  2i.  2'^.  27.32- 
34,30,  40,  42.  40.  4'J-51.  56.  57. Note 
79.  Note  ÎK).Nole  i'2.Nolc  114,174- 
176.  196,209,210.  Note  ^25,180,281. 
Note  2K4,  287,  28:*.  301,  334,338,371. 
Note  383,  413,  414,  4  6.  464.  465, 
545.  Note  553,  5K1,  582.  Noie  589, 
590,  602,  620.  627.  Note  652,  659, 
661,662,  707,  713,  723,  740,  756,765. 

LoHGiïcoLD  (de).  714. 

Lorrai/ie  (la).  Note  302.  Note  589. 

Loa  Bios.  261.  262,  401,  469.  590,  814. 

LouBiTCH  (archimandrile).  215. 

Louis  (baron).  45,  3S9,  764 

Louis   1*'  (voir  Phincb  koyal  db  Ba- 

VlèRB). 

Louis  I*'  (roi  d'Etruric).  Note  2K5. 

Louis  II  (roi d'Ktrurie).  Voir  Charlbs- 
Louik. 

Louis  XVI.  Note  116. 

Louis  XVUI.  Note  xxii.  4,  29.  48,  56, 
65,  83.  Note  96.  182  Note  197. Note 
202-204,236.  Nota  250,  258,287,288, 
322.  Note  332,372,  374,  394,  404,412, 
413,  421,  424,  434-436,  459.  462,  469, 
470,  4'*2.  Note  507.  54:).  553,  562. 
Note  571.  586  Note  589.  Note  604, 
624,  628.  Note  638.  651.  652,  657, 
66^.  Noto664.Nole  676.680,684,6X5. 
Note  692.  Note  693.  Note  702,  703. 
Note  709.  Note  735.  Nolo  7o7.  7id- 
742.  Note  764,  766,  767,  813,  8li;. 

LouisnouKG.   216. 

Louis- Kbroi.n AND  dr  Prussb  (prince). 
Note  437,  811,  812. 

Louis- Nai'Olbo.n  (princiî).  Voir  Napo- 
léon III. 

Louis-Philippb.  Noie  604. 

Louvain  (lJniversit«^  d^*).  596. 

LovATi  (Madame).  231. 

LowBMiiRLM  (comte  de).  Note  8,  230, 
243,  244,  248,  281,  300,  312.321,336, 
337,  356,  362,  369.  393,435.475,499, 
514,  561,  635.  670,  746. 

LÔWBlfBTBIN-  WbRTHRIM-FrBUDBNBBRO 

(prince  Guillaume  de).250,308,3<JM, 

497. 
LowENSTEi:*  -  Wrrthbim  -  Rosbnobro 

(prmceCharlesde).250, 308,  398,497. 
Lowicz  (princesse  de,  Jeanne  Grud- 

zinska).  Note  282.  Note  342. 
Lubeck,  137,  306,  400. 
LuniANSKT  (G>:néral).  44. 
Lnblin.  723. 
LuooMinsKA    (princesse).    Note    111. 

Notu  284,  508,  569. 
LunoMiRSKi (prince  Henri).  77,281,  283, 

284,  333,  334^  383.  Noie  559,  713. 
Lubomirski (prince  Joseph).  Note  284. 


LuccHBH  (duc).  501. 
Ll'CCHBSI NI  (Marquis L  530. 
LUCIBN  BO!<lAPAriTB.   573. 

Lacques  (et  duché  de).  221.  Note 2^5. 

515,  516.  Note  545,  546.  728. 
LuDOvisi    Buo5CoifpAG?ri     (prince    de 

Piombino).  315.  Note  704.  723. 
Lnnéville  (traité  de).  Note  301.  Note 

577. 
LoMce  (la).  2,  315,  497,  523,  5.)2,  563, 

581,  667,  6S9. 
Lusth^us  (le).   Note  339. 
Lâ/sen(bataillede).Note67.  Note  175. 
Lûtsow  (corps  franc  de).  41$. 
LÛTzow  (comte  de).  Note  100. 
LuxBMBOURG  (duc  de).  Note  114. 
Luxembourg  (et  le).  141,  145,187,204. 

455,  463,  488,  4K9.  565.  736. 
Lytn  (Consulte  et  comices  de).  Note 

121.  Note  183.  Note  231.  Note  709. 
Lts  (ordre  du).  372. 


M.  797. 

Macdotcald  (maréchal).  763. 

èiàcerRtà.  176. 

Machado.  88,  118,  327. 

Mackb.   732. 

Mackintosh.  586. 

M**  RoTALB.  Voir  Ducbbssb  u'Ajmor- 

LÉaiB. 

Madère  (lie  de).  554. 

Madison.  662,  766. 

Madrid.  Note  33.  Note  75.  Note  110, 

262.  Note  303.   589,  629,  6<2.  Noie 

767,  813. 
Mabrbi«thal.  Note  xx. 
Maoault-Cbrati  (comte).  471,  559. 
Magdebourg. Noie  17,  531,  536,  660. 
Magenta  (et  bataille  de).  Note  451. 
Mailath.  431-81 7. 
Maison-Blanche  (la).  Note  765. 
Maistrb  (Joseph  de). Note  zxii.  Noie 

197.  397,398,  412.  Noie  414,  703,766. 
Malaspina  (marquis).  137,  808,  809. 
Malgzbwski  (maior).  501,  520,529,568, 

666,  672,  690,  692,  703. 
Malines  (et  archevêque  de).  336.  Note 

335.  Note  432. 
Malo-Jaroslawctz  (bataille  de).  Note 

689. 
Malsburg  (baron  de).  472,   573,  574, 

659. 
Malte  (lie  de  •«.  Ordre  et  galères  de 

l'ordre  de.  Note  53,  80,133,195,196, 

275,  277,  278,  347,348,  800,810. 
Maltitz  (baron  de).  779. 
Maltzahn  (comte,  ministre  de  Prusse 

à  Vienne  ea  1841  .  Noie  303. 
Maltzahn    (Alexandrine-Juiia    de). 

Note  303. 
Maltzahn  (baron  de,  repréaeaiaDl  du 


IND£X    ALPHABÉTIQUE 


847 


duc  d'Oldenburg).  137,247,259,306, 
307,  582. 

Maman.  392,  412. 

Mandbl.  123,  132,  133,  197. 

Mandblsloh    244,  491,  588. 

Maaège  Impérial  (le).  312. 

Manipulation  (la),  xi,  xxi.  Note>217, 
253,  303,  421,  456, 406.  Note  473,478, 
528,  575,  582,  583,  596,  725, 739,  746, 
779. 

Mannhsim.  380.  817. 

Mantoue.  461.  Note  679. 

Marassé  (comtesse  Aurore  du).  Note 
205,  756,  772,  814,  815. 

MARASsé   général  de).  Note  814. 

Marchand  d'huiles  (le).  Note  375. 

Marchfeld  (le).  Note  107.  Note  705. 

Marciana,  121,  122. 

Marcolini  (comte).  15. 

Maréchal  et  Maréchaux  de  France  (et 
requêtes  des).  474.  Note  507,  503. 

Marengo  (et  bataille  de).  Note  87. 

Marbsgalchi  (comte).  Note  120-122, 
320,  350,  381,  471,  482. 

MAnBSGALGHi  (comtcssc).  Note  148. 

Maria  H  (dona,  reine  de  Portugal). 
Note  567. 

Maria  Fbodorovna  (impératrice 
douairière  de  Russie).  41,  43,  62,  64. 
Note  501,  680. 

Maria  Ludovica  (impératrice  d'Au- 
triche). Note  XXII,  3.  Note  12,  46, 
104,  127,  181.  Note  206,  233,  336,  337, 
425,  533,  534. 

MariHgc  (et  projets  de). 606,  640,  649, 
671,  677,  679,  687,  698,  712,  715,  726, 
773,  807. 

Mariahilf-Ma  riahil fer  Unie .  138 . 

Marialva  (marquis  de).  688,  697,  749. 

Maria  Stiegen,  334. 

Marib  (grande-duchesse).  Note  xzn, 
62,  7^,  95.  Note  10  ),  104,  207,  317, 
38$,  526,  556,  614,  645,  775. 

Marib- Antoinette  (reine  de  France). 
Note  640. 

Marib-Carolinb  (reine  des  Deux-Si- 
ciles).  33,  53,  71.  Note  72,  73.  Note 
76,  78,  79,  127,  128,  131.  Note  240. 
Note  303,  501.  Note  625,  820. 

Marib-Carolinb -Auguste  des  Deux- 
Siciles  (duchesse  d'Aumale).  Note 
240. 

Marie-Charlotte  d' Autriche  (pre- 
mière femme  du  prince  Antoine  de 
Saxe).  Note  160. 

Marib-Clâxentinb  d'Autrichb  (archi- 
duchesse, princesse  de  Saleme). 
Note  240. 

Marib-Louisb  (impératrice),  x.  xiu. 
Note  XXII.  5,  9.  Note  12,  46-50,  71, 
72,  79.  Note  92.  Note  121.  Note  14S, 
159,  204,221,  233,  233,  246,  252,  374, 
282,  285,  386,  290,  304,  3Î2,  315,  318, 
324,  334,  339.  Note  350,  352,   361, 


366-370,  382,  420,  425,  432,  4 il,  442, 
^  456,  470,  473,  482,  484,  494-496,  505, 

531,  534,  538,542,  559,566,  568,574, 

576,  593,  595,  606,  611,  613,  614,633, 

63.5,  680,  664,  68r3,  638,  640,  643,  666, 

668,  669,  676,  697,  705,  707-70  ),  718, 

7M6,  728,  734,  756,  75S,  759,  770,  78«, 

781. 
Marib-Louisb  (infante,  reine  d'Etru- 

rie).  47,  48,  246,247.  Note  385,  361, 

429,  545,  546,  563,  565,  607,  631,  633, 

643,  649,  666. 
MARiB-TnéRJtSB  (impératrice),   xviii. 

Note  102.  Note  liO,  347. 
MARiB-THéRèsB     d'Autrichb     (ppin- 

cesse  Antoine  de  Saxe).  20.  Noie  38, 

160,  256,  444. 
MARiB-THÀnèsB  (reine  de  Sardaigne) 

807,  808. 
MARiB-THéRèsB  (Ordre  de).  Noie  107. 

Note  183.  Note  206.  Note  610. 
Marine  autrichienne.  501. 
Marine  royale  (de  France).  204,  684. 
Mariotti   (chevalier),   374,  375,  397, 

404-406,  728. 
Marmont  (maréchal).  635,  708.  Note 

810. 
Marne  (La).  804. 
Maroth.  803. 
Marscrall  (baron  de).   Ministre  de 

Bade.  252,  480,  540,  583,  583,  648. 
Marscrall   von  BiBBfmsTBiri  (baron. 

délégué  de  Nassaa).  140,  807,  480, 

540,  637,  648,  778. 
Marsghall  (baronne  de).  583. 
Marscrall   (comte),    35i,    381,    486. 

700. 
Marsghall  (comtesse).  700. 
Marseille,  Note  102,  405. 
Martbns  (baron  de).   52,  63,  64,  68. 

Note  155,  158,  253.  Note  259,  420. 

435,  493,  648,  659 
Martin  (Paul).  Note  370. 
Massa-Carrara,  Note  196,  546. 
Massb  (von  der).  Note  99. 
Mass^na.  Note  389. 
Massino  ou  Mbssina  (?).  319. 
Masson  (Frédéric).  Note  432.    Note 

717. 
Mat9ehacker-hof  (hôtel).  21f,  360. 
Mattias.  795-798. 
Maabeuge.  280. 
Madbrbuil.  Note  573. 
Mavrojbni  (Démétrius).  817. 
Mavrojbni  (Jean).   94,  358,  413,  477, 

546.  Note   555,    60»,  618,   619,  817, 

818. 
Mavrojbni  (Nicolas).  817,  818. 
Maximilibn-Josbph  (roi  de  Bavière). 

Note  XXII,  34, 37,  46.  Note  63,86, 111, 

187-139.    Note    150,     163-161,   176. 

Note    179,    300,  306.    307,  313-314, 

335,   335,   338-340,    263.    Note    272, 

281,  393.  Note  890»  391.  Note  317, 


818 


AUTOUR    DU   C05GRÉS    DE   VIE^f^E 


3Ϋ.    357.  340.    3;:.     6».  No(«  3Ti. 

Nol«  375,  a:^.  Note  .î9«.  412,  4M, 

444.  ««>.  4*5.  5o:-.  31>.  $3T,  53*,  544, 

S«5.  /jp%  5>  '.  410,  «23.  6U,  645.  «73, 

«■1.  7jI,  '07. 
JiMyene^  >^t  électeur  de».  Note  1.  3, 

«,21.  23.  Noie  51,  57,  S».  149,  170, 

20t.  -2  .  25-,  331.  352.  373,  40S,  454, 

yj*,   'Sf/.t  619,  6**,  «Ï5. 
Matek  •arxien  officieri.  344. 
Matkh  I  o  jrrier  de  U  Chambre;.  752. 
Math  ht   «capitaine».   798-800. 
Mazahj.i  ' cardinal I.  203. 
Mecs  EMB:.-AO-ScHWEKi:t.  SO.  15%,  30^, 

.V.4.  551.  4  0,  «37.  670.  Note  716. 
Mzi':ELCifbor:Hr;-ScH  wEfii5    ■  P'rèdéric- 

François,  duc  de,.   Note    74,   127, 

1  5,  543 
Mecklemboiro-Sthelitz  I  duc  Charles- 

Lo  i..-h'rcdéric  dci.   Note  77,  134. 

.Note  70  ■ . 

Mfi'lKr.EMIlOUftOOTKELITZ    .Gc  Ofge  S- 

F.-4déric -Charles,  prince  héréditaire 
de^.  94.  7iO. 
Me'ik  lbhbolko-Strelitz     (  \V  i  1  h  e  1  - 
mino-Frédéri:uc   de    Prusse,    du- 
chesse de^  Note  700. 
Mbc&lbhbouiio-Stbelitz    (Thérèse 
pr.ncâsse  de<.  Vo;r  phi.ncbsce  de  la 
Tôt  H  ET  Taxis. 
Mêconten terrien  t- M i^contents.  .'*'«,  39, 
41.  ^5.  1:93,  29«.297.  302.  305,  341, 
-îû-.  373,  3:6,  3'S7.  401-44,  442,452, 
40i,  463,  494.  4-5.  509,  517,  522,  523, 
Ô25.  5:;7.  553,  565,  5>$9,  619.  634,  651, 
661.  696.  767. 
.Mi^dialejr-Mcdiation.  7,  256,  ?32,  60<$. 

Note  68^.  Note  757. 
Méoiatisb.'»  «princes  et  comtes).  Note 
75. -îO.  •;2,  )s4,  150.  162-164,  16  ^  Note 
179,  21 J.  250,  293,  306,  362,345,3^4- 
3^7.  39"..  ;03,  404.  i:i3,  42»s.  45S,  459, 
47«î.  .Note  479.  4-5,  496,  497.  507, 
50t!.  525.  5i!7,  529,  600.663,666,710. 
Mbdici    L.  de;.  110,  117.  118,137,220, 

543. 
MEr^KJi-SpADA.  Note  12''. 
Jfedzferranee  /mer).  —  D'appartement 
de  la  et  almanach  du  département 
dj  la    373 
.^feinhi-dl  (h«M-H.  Note  810. 
Mbisse.i.  2ii3. 
Mbja!«     Note  313,  461,  745. 
.Méii!fB.  165. 

Mblbo(;r.<«b  (Vicomte),  voir  Lamb. 
Mblzi  d'Eril  (d-jci.  462. 
Memel.6]5. 

Mémoires-Mémorandum.  Note  125, 
175,  315,  329  Note  331.  Note  333, 
361.  363.371,  383,  3i»6.  421,435,  466. 
Note  47S  .Note  479.  490,  497,  501, 
523.  528,  547.  562,  56i$.  5<(9.  596,  605, 
607.  630,  636.  640,  646.  659.  Note 
663,675,700,   704.723.   Note  747,748. 


Mi?KETAL  .baro=  de  .  31».  :»'::«  521. 

70>.  71-. 
Meppen    comté  ie  .  Ni'.e  S 'T. 
Mercet.  57". 
Merct    cooite  d*  .  «5.  2i5.  î*J.  42». 

<?15. 
Mergenthfim.  1V6. 

Mers  (empire.  doai=.ai:  :  z  d«  .  l'i. 
Mesiine  (et  bombarde zieii s  i^  .  Nc-:e 

451. 

METTEB5ica  •  Joseph.  c>2iLe  .  !«?. 

METTBHificu    •  prince    de-,     xii.    zx:. 

XXII.  4.  10.  12.  17-:5.  2Î-32.  33.   M. 

3>-41.  46.  41.  65,   4>.    70.   'i.    No:< 

75.   •*-•?,  92->4.  11».  i:i.  1-2.  125. 

132,  133.  14).  141.144-15:.  15i.  15S. 

15*-162.  171.  174.  175.  I"-rj.  !>2. 

199.  201,  202.  205,    204.  Nc:e    211. 

213.  114.  217-:i>.  -i3-:25.  2V5  2J:-. 

241-L43.  244.  t51-257.  244.  2*5.  i'S. 

2i!'j»,  201.  2^-5.  2:'4.  3  5.  3>7.  S>*.  3Î  >. 

315.  316.  325,  326.  32«.  33^-343.  U^ 

34*.  350.351.  3^3-345.  3*0.  3"4.  Îr3. 

3!!!5.  3S9.  390-3.'5.  3:''7.  401.   «03.  4'4. 

407.  4.9.  42J  ;25.   4:5-i2>.  435.  *36. 

441-451.  453.  457-46:.  445.  À'-y,  %'i, 

475,    477.    47.--4-1.  4»ô     N.;.Le    i*". 

490.  492,  497.  4:-.  500-5i3.  5>>.  511. 

âl7.      IS.  522.    NDle    i23.  5:«.  Mî- 

535,  542,     43.  5ir,  5  1,  552.  5;  \  55*, 

561-544.569.  :7«.  5*4,  i&v  «03.  634. 

619,  420.  623.  429.  440,   *4"      N^:e 

«52,  6  4.  640-443,  44*.  «70-472.  «-j. 

474.  Note  679.  4*1.  Note  4v3.  4>6. 

Note   689-493.  6?3.  «?*.  Note   "«2. 

703.   Note  712.    717.   720.    721.  "31. 

737-739.  .Note  742.  743.74*.  751.  754- 

757,  7«9.  770-774.  779.  Note  *11.  414. 

«ïlj,  Sl>. 

METTBH.'»iCH-\Vi?ï5E8rR^      î  Françoîs- 

Joseph,  princ?  de<.  «^.  1^>,  ^43. 
Mbttermch  «princesse  François  de  =  . 

255. 
Mettbr^ich    /prince    Richard    de*. 

Note  3. 
Meuse  ilat.  1S7.  340. 
Mexique  i.et  expédition  aa».  629. 
Mbterbebr.  222. 
M.  G.  711. 

Mibr  (comte  de).  Noje  451.  57>. 
Milan  (ei  troubles  det- J#i7«#-iaif.  xxv. 
21,  42.  Note  76.  NoU  îi7.  Note  90, 
91.  122.  137.Note  175.190.  i06,r0s. 
Note  221,  231,  232,  277.  2*4.  Sole 
313.  314,    44S    447,  461,  442.  471. 
Note  674.  704.  718.  Note  728,  732, 
737,  771,  774,  794,  794,  79»-800,  S03, 
^04. 
Milder  (M-«i.  372. 
Milices  (les).  173,  553. 
Miltitz  (colonel  baron  de).  283.  301. 
Note    322,    335,  339,    353,    349-371. 
383,  434,  573.  575,  418,  440,  «48,  655, 
702,  739,  742. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


849 


Mina.  Note  629. 

Mineio  (le).  Noie  196. 

Minden.  Note  416. 

Minoriten  Platz,  Note  118,  128,  641. 

MiNKwiTz  (général  de).  Note  716. 

Mimk.  564. 

MiODUSKi.  222. 

MiRANDA.  502,  688,  753,  762. 

Miskolct,  794. 

Missions  secrètes.  Note  416. 

MitUu.  151,  723. 

Mobilisation.  151. 

MocBNiGO  (Georges,  comte).   75,  132. 

Modéne.    xiv.    Note    87.    Note    102. 

Note  121. 
MohiLew.  658. 

MOHRBMHBIM.  327. 

Moldavie' Moldaves.  Note  329,333,355, 

453,  477,  546,  603,  658.   Note    751, 

818. 
Moniteur  (Le).  45.  Note  349,  371,  430, 

439,  453,  454,  459. 
MoNROB.  Note  766. 
Mons,  204. 
MoNsiBDR  (comte  d'Artois).  293.  Note 

407,  628.   Note  652,  685. 
MoNSTRB  (Le)  (Napoléon).  48. 

MOMTANBLLI.    Note  811. 

MoMTDARBT  (pHnce  de\  Note  233. 
MonthélUrd  (et  principauté  de).  169. 
Mont-Blanc  (rue  du).  Note  810. 
Mont-Blanc   (département   du).    709, 

718. 
Monte-Cavallo,  209. 
MoNTBLLANo  (duc  de).  Voir   Fbrnan 

NUNBZ. 

MoNTBNACH  (Jcau  de).  260,  327,   388, 

747. 
Monte  Sapoleone(Le).  389,  563,  564. 
Monténégro  (Le).  214,  215. 
MoNTBSQuiou    (comtesse   de).     Note 

XXII,  727,  780. 
Momtbsquiou-Fbzbnsac  (abbé  de).  764. 
MoNTBT  (baronne  du).  Note  156.  Note 

262.  Note  538.  Note  640.  Note  751. 

Note  785,  814,  816. 
MoiHTGBLAs   (comte    de).    Note   xxii, 

150,  163,168,  270,  271,  346,  878,389, 

390,  400,  409,  410,  422,  443,  444,  468, 

469,  502,  509,    599.    Note    617,  645, 

681,  701. 
Mont-Tonnerre    (département    du). 

Note  188. 

MOOSTHALL.   422. 

Moravie  (et  places  de  la).  Note  36, 
49.  Note  100,  379.  Note  729. 

MoRBAU  (décorateur).  193. 

Morée  (La).  186. 

MoRBL  iM— ).  183,  437,  483,  484,  495, 
506,  539,  569,  610,  650,  665. 

Morning  Chronicle  (Le).  Note  640. 

Mortier  (maréchal).  646. 

Moscou.  Note  95,  544. 

Moselle  {La).  24,  187. 


MosBR.  747. 

Moskowa  (La  bataille  de).  Note  2, 
Note  103,  809. 

MosxowA  (prince  de  la).  Voir  Nbt. 

Moss  (convention  de).  Note  39,  54. 
Note  125. 

MiJLiNBN  (baron).  384,  385. 

MÛLLBR  (capitaine,  du  corps  franc  do 
Liitzo'vv).  615. 

MuLLBR  (Cari).  415-418. 

MÛLLBR  (domestique  de  Hardenberg^. 
746,  775. 

MÛLLBR  (maison).  Note  159. 

MÛLLBR  VON  MÛHLBGo  (Ferdinand,  ba- 
ron, chargé  d'affaires  de  Suisse). 
370,  502. 

MÛLLBR  (M-*).  Note  247. 

Munich.  Note  51.  Note  63,  80.  Note 
150,  166,  167.  Note  168.  Note  175, 
211,  217,  218,  225,  246.  Note  247, 
292,  299,  363,  368,  400,412,  415,456, 
461,  468.  Note  572,  600,  645,  652, 
681,  744. 

Munkacs.  Note  329.. 

MuNscH.  Note  100. 

Munster,  256. 

Munster  (chanoine,  doyen  de).  253. 

MÛNSTBR  (comte  de).  Note  zxii.  Note 
33,  40,  42,  50,  52.  69,  76,  130,  146, 
216,  217,  230,  234,  240,  286-288,291, 
303,  347,  348,  408,  420,421,  427,  430, 
442,  462,  464,  469,  473,  475.  Note 
479,  485,  492,  501,  508.  Note  523, 
539,  590,  636,  646,  649, 654,  685,  725, 
763,  765. 

MuRAT  (Joachim).  Note  2,  4-7,  13, 
14,  21,  35,  44,  47.  Note  50,  52, 
53,  56,  58,  59,  71,  73,  79,  82,  83,  89, 
100,101,  108,  117,  118,  126,  131,165, 
175,  177,  184,  188,  201,  204.  Note 
205,  209,  216,  221,  223,  226-228,  240, 
243,  247,  248,  267-269,  278,  285, 
294,  295,  310,  311,  314,326,  349,356, 
357,  359,  363,  364,  374,  401,  402,426- 
428,  442,  445,  446,  451,  452,  460,  462, 
469,  474,  489,  501,  517,  529,  563, 
565,  571,  589,  593,607,  617,618,624, 
635.  Note  629,  650,  666,  673,  676, 
677,  690,  719,  724,  732,  740,  741, 
762,  771.  Note  774,  779. 

Muratistes  (Les).  248,  294. 

Musulmans  (Les).  271. 
MusQuiz.  Note  682. 
MuTZBNBBCHBR.  137,  158,  306,  307. 

N 

N.  N.  645. 

Nachod.  Note  192. 

Nagblb  (de).  642. 

Naobll  (baron  de).  71.       f 

Naglergasse.  194. 

Nahe  (La).  302. 

IVamur  (et  afTaire  de).  162,335. 


T.  I. 


54 


850 


AVTOUB   DU  CONOBèS   DE  VIEIOE 


S'aney  (pour  évéque  de  Sancy  voir  NtapHt.  Kule  lîS. 

I.A  Faiir).  l'S.  Navara  (M.  cl  M").  38e. 

A'anfet.  Noie  683.  Nivig«lion(el  libre).  SOt,24ï,T31,;ss. 

!Vaplti  (royauniB  de)—  \tpolit»int.  Nbik>ba  (colonel  rusKeJ.  Ï37,  !'2. 

xrv,    4-T.    NoLa   IS,    !1.    Note     35.  Néf;ociatioQS.    IB,    !1,    3S.     33,     3<- 

NdU  43,  .li,  47,50,53,  71,  73.  Noie  39,  4T,   49,    51,    54,   SS.   60.    79,  94. 

-S-79,    H9,  101,    lOS,    lOH,   110.  tU,  Note  lâS.   Note  17i,   17)i.  INT.   Il», 

117,  US,  142,  177,  1X4,  1KB,  193. 1S4.  241,  249,  2Sn,  301,  330-332,  337.344, 

Note  1V7,  204,  209,211.331.  S2S,  338,  304.  Note  374,393,454,455,466,493. 

348,  2N5.   Note  301.   Not«  303,  310,  Note  530,362.581,  594,  599,  613,816, 

311,  314,    328.   Note  327.    331,    349,  SiO,    663,    673,  681,  «94,  704.    NoU 

357,  359,  Xlt,  Ml,  4U2,  436-428,  431,  709,  715,  756. 

442,  446,    451.    453,    458,    474,    477,  NBiPFBRa  {minéral  comle  de).  48,  72, 

Wj,   539,  563.  Noie  S7H.   NoU  604,  31t.  368,367,  369,  534,  568,  614.705, 

lilN.  Noie  620,  633,  624.  Note  635,  709,  717,  734.  T58,  759,  770,  780. 

651,  678,  677,  690,  693,  719,  734.  732,  NBl^^3B.  Noie  291.,  iil. 

740,  74t,  K09.  Nbhouh!!  (duc  do)    Note  i06. 

.Nai>oi.A«n  ]•'.   \,   XXI,   1-3,  9.    Note  NiMT    Patrice,  comte  de).  Noto  43!. 

11.  Note  15.  Noie  !6,  38.  36.  Note  Noie  433. 

43,  47,  48.  .Note  87,  NO,  Ml.  Note  83,  Nbssblkoub  |C<>mle).    Noie    ixii,    35. 

m.  Ni>lc  BO-ÎC.'.   Nolo  97,  !ûl.  Noie  Note  «,  74-77,  9396,  ION,  109,  133, 

ION.    m.   Note  116.  Note   118,  121,  13S,   I3B,  152,    154.    Note  166,    l'B, 

133.    Note  136,    143,  149,   153,    153,  ISO,    196.   f9H.  Noto  309,   113,    214, 

173.   Ntito    17S.  Noie  1T6,   1N2,  188,  353,    354,  264.   Note   271,   3BI,   318, 

188,  190,   191.  Note  I9K.  Note    301,  335,  344.  369-37],  3M3,  390,  394,  403. 

303,  301,     306.    Noie  310,  333,   336.  409,  415,  420,  433.  429,  430.434.436. 

33»,    333,242,351.   253.    Note   355,  450,  487,  475,493.497,  499,  513.  Note 

358.  Noie  373.  Noie  374,  37S,  3N5,  528.  S4i).  Nuls  552,  553,  558.  â61. 
3M6.  393,  395,  39S-300.  Nolu  301.  Note  562,564,571,  573,692,  600,611, 
310,  311,  315.  Noie  3IK,  3.15.  345.  614.  830-623.  627.  0.^5,  641-843,  616- 
.117.  :IM.  N.ilJ  ran.  363.  3«6-3Cn,  618,  651,  653,  6GN. 670,  671,  673, 67x, 
;i;l,  375,  3m;.  3tH,  331,  .197,  4U3-40O.  701,  710,  723.  724.  Noie  731,  734, 
.\olc  416,  4:i-J,  4.W,  439,  446.  454.  73N,  739.  746,  762.  763,775,  779, 
459,  471-473,  4H],  4N3,  496,  499,  500.  NnasBLnonE  IcuniUssede).  77. 
Note  507,   515,  53N.  529.  Note  530,  A'elie  (La).  608. 

532,  547,  M2,  553,  55?,  581,  56N,576  NBiiBBHr..  Noie  79. 

Nr)le577,57N,39U..N'olc5B3.NoLe804,  Nenfchàtel  {el   principauté  de).   706. 

606,  6J3,  618.623.  634.  635,  636.  640,  730. 

6S4,  877,  ONU.  Noie    883,   685.    Note  NbueOVH  (Sigisniood).  114,  130.    135, 

6N9,    695,  flHU.    Note    709,   714,    718.  136.552,369,373,373. 

719,    724,    738,    74S-747,    771,     780.  Nbduno.  382. 

Note  817,  82ii.  .Veiinftirc/isri .  380, 

NAi'uLâo^i  III.   Note  274.  NbcsTkuteh  ivoii).  794. 

Napoléoiiislcs  (Los),  395.  NeutraltlÉ-Neulres.  376,  «07,  853,  711. 

N'ahanii.   727.  Note  774. 

Nahdotime  (ciomto  de).  139,  853.  .\ole  Nhl'wibd  (prince  de).    140,   308,   398, 

781.  459. 

Nahim:hki.ir  (Lunîlchl.  373,560.  \eto-York.  461. 

.VAnisoiiitNR  (Ivun,  prince).  .\ute  76.  Nby  (maréchal).   .Note  389,  474,  55a, 

140,  484, 168.  780.  563,  «46. 

NAiilacBUr^a  (princesse).  76,  138,  139.  A'îce  (et  cumlé  de).  287.  3SS. 

Note     40,  323,  ,171.  jVic^e  (Concile  de),  336. 

.V,MjaD'(duclii  cl    envoyés  de).   92,  Nicolas    MuMAîi.ovireH   grand-duc). 

135.     Notl^   140,    145,    164,  353,   306,  Noto  97,  Note  485,  807. 

307,   345,  .153,  3S5,  488,  489,  507,523,  Nicolas  {|;rand-diiC,puiR  empereur). 

533,  527.  551,  800.  698.  778,  Note  77.  Note  140.  Note  (53. 
Nas*ai'  (Frédéric-(iiiiJI«uinu,duc  de).  Mimrn  (Le).  615, 

13i,  -Vola  b;i3.  637    Note  «48.  Nikitsch  colonel).  314,  315. 

Nassau  ((iiiillannic  de,  princi*  hérédi-  Noaillbs   (comte    Alexis   de).    Note 

Uiredc  134,  369.  Iill,    467,  46»,    471,    478,   47».   4SI. 

N.iM-AU-UdtM'ii!^     (Frédéric-Auguste  482,    487,    496,497,    538,    S37,  S3S, 

de).  Noie  1.14.  543,  530,  558.  Note   561,    983.  S»l, 

NAH^AU-WaiLBL'no     (el   rcpréientant  605,  616,  633,  610,655,671,  6TR,  704, 

<le).  365,  540.  770. 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 


851 


NoAXLLBs    (comte    Antoine -Claude - 

Juste  de).  Note  143.  Note  414,  4S6, 

562,  568,  680. 
Noblesse  allemande.  358,416. 
Noblesse  autrichienne.  100.  101,  348, 

681. 
Noblesfse    de    Franconie,    du    Rhin, 

d'outre-Rhin  et  de  Souabe.Note'TS. 
Noblesse  hon^oise.  493. 
Noblesse  polonaise  (et  émigration  de 

la).  Note  106,  183,  186,  267. 
Noblesse  russe.  8,  173,  354,  355,  574, 

681. 
Noblesse  saxonne.  62,  690,  779. 
Noblesse  suédoise,  39. 
Noblesse  wurtembergeoise.  29. 
Nœud  Gordien.  302,  556. 

NOOARÂDE.  536. 

Nord  (cours,  puissances  et  ligue  du). 

18,  19,  813. 
Norvège -Norvégiens.    1,    2,    4,    5. 

Note  7,  28,  33.  38.  Note  39,  57,  79. 

Note  100,  115.   Note  125,  204,   244, 

337,  499,  522,  632,  704. 
NosÈen,  1^1. 
NosTiTz  (comte  et  famille  de).    189, 

408. 
Notes  (diplomatiques).  221.  248,  289, 

300,  343,  344,  395,  396.  Notes  479, 

485,  487,  488,  496,  500,  551,  554,  572, 

580,  593,  595,  619,  624,  628,  641,  646, 

647,  649,  661,  663,  664,668,  706,   .42, 

757. 
Note  verbale.  407. 
Nox^are  (et  bataille  de).  Note  42,  314. 
NiTOBNT  (Laval,  comte).  53, 54,  56,  670. 
Nuremberg,  696. 


O...  (von\  618,  622.  655,  714,  748. 
Obbrkirch   (baronne  d').  Notes  pas- 

sim. 
Obbriiann.  530. 
Occupation.  -^  Prise  de  possession. 

391,  394, 395.  Note  396,430,  438,  439, 

477,    478,    486,  487,  541,   547,    556. 

Note  571,  602,  632,  658,  661,666,694, 

705,  775. 
Odéon  (théâtre  de  1').  684, 
O'DoNBLL  (comte  Maurice).  Note  36. 

76. 
O'DoNBLL  (comtesse  Maurice).  76. 
Oblsbn  (von).  628,  683. 
OBRTZB>i(von).  137,  259. 
O/'en.  Note  183,  211,227,266,  351,363. 

369,  386,  648,  800,  803. 
Ohms.  790.  Note  792,  793. 
Ojarowski  (général  comte).  140,  155, 

156,  233,  267,  316,  3^8, 756,  809. 
OLDB^fBURO  (duc  d). Note  15, 136,  247, 

777. 


Oldenburg    (grand-duché).  259,   306, 

307,  430. 
Olubr  (professeur).  629. 
Olmûts.  Note  781. 
Olone  (département  de  1').  Note  231. 
Olsufibfp  (général).  472,  479. 
Omptbda  (baron  d').  302. 
Opinion  publique.  269,  445,  446,  493, 

503,  534-  36,  544,  561,  649,  685,  698, 

761. 
Oppbrmann  (général).  281. 
Opposition.  7,  12,26,157,183,  192,233, 

300,475,  503,  525,  636,  662,  715,  725, 

731,  771. 
Orange  «Guillaume  prince  d').  Note 

XXII,  26,  203.  Note  210.    Note    229, 

335,  345,  430,488,489,  523,  552,565, 

715. 
Orange  (Maison  et  Etat  d').  304,  307, 

335,  340,  451,  463,  488,  489. 
Orange  (La  ville  d').  Note  335. 
Orba'n  (von),  795. 
Orczt  (comtesse).  431. 
Orlbahs  I  Louis-Philippe  duc  d').  Note 

XXII. 

Orléans  (Clémentine,  princesse  d'). 

Note  567. 
Orléans  (princesse  Marguerite  d'). 

Note  106. 
Orloff  (Anna-Jvanowna,  comtesse), 

4). 
Orloff    (Grégoire -Wladimirovitch, 

comte).  Note  41. 
Orloff  <  prince  Alexis).  34. 
Oro^idi  (M**).  362. 
Orsay  (comtesse  d').  507. 
Orurk  (général  comte).  171,174,  334, 

355,  688. 
Osnabrûck.  Note  40,  256.  Note  416. 

OSIHIALOWSKT.   222. 

OssoLiMSKi  (comte).  112.  Note  284,  526. 
Oitrolenka   bataille  d').  Note  341. 
Ostromexko.  615. 
Ott  (von).  74,  76,  141,  147,  284,  303, 

371,  403,  456,  493,  514,  559. 
Ottbrstbdt  (baron  d').  188,  273. 
CEttinobn  (prince  Louis  d').  621 . 
OoROUsoFF  (prince).  76. 
OuvAROFF  (général).  191,233,346,751, 

769. 
Oxford  (lord).  651,  723-725,  741. 
Oxford  (lady).   651,  724. 
Oybn  (général  baron).  236,  237. 


P...  639,  644,  794,  795,  798. 

P...TO  (marquis).  177. 

Paar  (régiment  de  Dragons  comte). 

VIII. 

Pacga  (cardinal).  65,  66,  91. 
Pacte  Pédéral,  719,  750. 
Padoub.  IX. 


852 


AlTOUa    DU   CONGBtS    DE   VIi3>E 


Pahlf.^  i  comte  l'a 'il  .  «Oî*. 

pAHLK^t   •comurfe'te   Paul,  net   M^rie 

^k<tvrrjr.«kfti.  W/î*. 
Paix  .<  jr^iov,  prince  de  la  .  Note  6^2, 

PàUit-Hoyël  'l^.  *  Parisi.  451. 
Palatin  i archiduc.  Voir  Josbpb    ar- 
chiduc ■. 
Pa/ariaaf  <^u  /f/iin  il>e-.  6.  i»3. 
Piler  me.  30,  110.  dOI. 
pALLAiTi    .ï;i.     Note    21.    Note    202. 

.Note    209.     NoUr    234.     NoU    236. 

Note    .U::.    Noir    402.    .Nott    iû9. 

N'il'ï    S*l.     N'ite   624.    Note    6^. 

Noie    63*.    NoU;    6d6.    .Note    664. 

Nol*    fffA.     .Note  <:«.     .Noie   695. 

Nota    ^'*^.     Note    702.    Note     T20. 

Ni/t#:    'JO.     Note    '.M     NoU-     'V.. 

NoN;  "il.    S>.\e  *i2.  .Nijîr  T*». 
Pai.l»i  ■  K<ïr«jjr.;»n'î.  C'imt»»..  Note  210. 

25j.   îï- 
Pali.iv      J  r^r.ço.*    r«jinle  .    T3.    12*. 

lï'.  lî   .  I-i.  255.  316.  317.432.  5.5, 

Sl'ii.  5C-.  "T    . 
Pttm    j. ..:&.-     .N'.te  J'-J.  133.  .352.  %14. 
Pa:m     J*  ."»•  i  Î.-Charic>.  i»rince..  N^ite 

Palm    pr!r;riS*'".  6'i. 

Palmm.la  r'iiuia-ilolstein.  duc  dei., 
ji'.'.  lS*.  .'^Iv  «36.  •î"*. 

Paru;  elun^^.  .Ni^tc  5*i*. 

pàTiHft,  iLe.»:!  rombatdu).  Note  451. 

I'aniffUjàt*e.   •Ji'3.  l:i-4. 

Papit-r  mnhle  et  Papier  monnaie. 
NoLo  36.  1>».  190.  195.  Note  357. 
439.  4iO.  7S1. 

pAPPEMiFiH  <  Comte  ■.  179.  260,  312, 
3j7.  762. 

P^rii  (Cl  traité  de  .z.  xii.  Note  xxii. 
Note  1  4.  Note  5-*^.  Note  12.  17- 
19.  21.  27.  Note  3»».  40,  45-4>.  N«.te 
53.  6'».  Noie  63.  .N'jIc  67.  NtUe  7o. 
»!.  .N*.»^  '*',  **.  Note  Ç*0.  Ni'îe  l'ô. 
'jrj.  Not»:  1.3.  Ni. le  1<6.  10>.  lOÎ*, 
llJ.  Noie  lli-Ilî?.  Not^-  121,  122. 
lii,  r:'.*.  131.  13>»  Note  140.  147- 
149.  15i.  166  Note  167,  169-175. 
Note  1*3.  Note  194.  196.  197.  202, 
203.  215-117.  2.1,  242.  246.  257. 
Note  2ti2.  i'69.  280.  2*îl.  Note  2*6- 
293.  Note  301.  304,  316.  333.  Note 
335.  Note  3.^6.  344.  356.  372,  373, 
37*.  379,  3*4.3*»».  3*9.39^.404.415. 
Note  416,  425.  436.  451,  459.  463. 
465.  467.  469.  475.  476.  Note  4*1. 
4''r-,.  4*o,  509-511.514,  515,  5^5.  529. 
Note  d:;0.  Nn:c  53*.  542-545.  Note 
562.  Note  572.  Note  573,  b^s.  Note 
5*9.  N«.te  597.  Note  600.  602.  Note 
620.  6J4.  r',:7-ô:9.  63i,  642.649,651- 
654.  65*'-664.  666  .Note  676.  6^3. 
.Ni. te  6**.  Nm»,»  fi-\*.  Note  694.  699. 
N'vtc  707.  Nolf  71:.  Note  717.  723. 


724.  N  le  715.  "*".  Net*  '^9.  -54, 
75*.  "59.762.  7*3.  -<«,  "«-.  "1.  -»fl. 
N.>U  7ïl.  79T.  -W.  Noce  si*.  •!!, 
•16.    «Is. 

pAma.  «01. 

P^nan.  2^1. 

Parlement' Le  —  Anglmi*  .  216.  21*. 

Note  2*1.   310.  540/  «3<6.  «ir.  662. 

70*.  713.  724.  73t.  7*0.  Té. 
Parlementaire  'Le-.<^«. 
Parme  let  duché  de*. — Parmesa-oj.». 

4^«.  50.   10*.  117.    1*1.    122.   132. 

Note  196.  204.  :«•.  Nnte  2^5.  2*6. 

317.31*.  320.  327.  361.  Note  471.  4*2, 

i.*3.   520.   546.  559.  £«5.   5*6.    N>:4e 

59$.  607.    «97.  7C".    Noie  "2*.   T5é. 

759.  7^0.  *20. 
Parof.   «17 
Parr.    110. 
Para*-es.  216.  237.  269.  3.U.  SÀC.  >5«. 

424.  ♦SK».  529.  622.  «2".  MI.  650.  ii^. 

«5*.    720. 
Pas«aa.  672. 

Passeports.  335.  573.  «22,  '9i. 
Pail  !••.    Note  2.  N.-ie   11.  Note  55. 

Note  77.   Note  lô«.   Note  156.  342. 

N.le  553.  612.    "21.    Note  75!.  769, 

»w9. 
pArLi!»E  Bo^AFAKTK     priiicesfe  B.jr- 

fhe«ei.  Note  75.  579.  Note  71". 
Parieiet  Université  de*.  Noie*",  *C'v 
PMTlartkoiè.  62. 
PAXftrnt.  Note  129. 
Pays- Bai  <  Les i  et  Révolution  des.  6.7. 

9.55.  Noie  96.  112,  113.   Note  144, 

145. 157.  20*.  Noie  2*».  25*.:«1.  2*7. 

290.   291.   Note  •96.    »7.   299.  30Î. 

303.  327.  .Noie  335.   Note  336.  3*0. 

Note  432.  451.  530.  57si.  595,  725. 
Pavsans  armés  «bandes  dei.  Noie  210. 
Péages.  694.  7.14. 
Pepro  .dom.  Empereur  du  I>ré5ili. 

Note  75.  Note  so.  Nde  7I5. 
:  FELiSir  Robert  et  Minis  1ère i. Note 

41' 
Pelle'~'RIM.  646. 
PensylrMJiie,  Note  464. 
Pereira  ibaron).  120. 
pBRKiRA-.\n!«STEi:«  (b«ronne>.  i^l6. 
Pbrelada  (Comte  de).  Note  5^9. 
pERr.BN  <  Comtek,  xviii,  xiz.  Note  xx, 

150.  7^3. 
PERGE5-GR05CBLAG  (comtesse).  4^6. 
Pér. gueux.  S20. 
Perquisitions.  54S,   549,  558,  583.  597, 

6^7. 
Perrero  (D).    Note    197.   Noie    230, 

SOS. 
Perret.  Noie  706 
Perry.  2M. 

Perte.  Note  2.  Note  55.  Note  «03. 
Per505«  iPBRSoo!f.  Tan\.  291.335,  736. 
pERtui  ^Mgneur).  91. 
Pe£Car.%  i.\^enl  de  Mural).  5,  426. 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 


853 


Peslh,  123.  Note  393,  431,  794-798, 
SOl-804. 

Peterwardein .  237,   Note  416. 

Pbtit  Aînés  (M-).  600,  650. 

Pbyfu88.  794. 

Pfbiffbr  (von).  Note  98.  Note  159. 

Pflbobr  (Antoine  von).  72,  79. 

Pfûhl.  Note  792. 

Philadelphie,  464,  659. 

Philippsborn.  615. 

Phûll  (von,  Général).  614. 

Pi&nosA  (lie  de).  404. 

PiB  VI.  810. 

PiR  VII.  Note  21,  36,  38,  54,  65,  66, 
81-83,  89-92,  100,  101,  131,  176, 
187.  Note  197,  203.  209,  221,  311, 
385,  435,  436,  450-452,  468,  528, 
540,568.  573,634.  Note  652,666,761. 

Piémont-Piémontais,  72,  80,  81,141. 
Note  196,  294,  412,  504,  506,  542, 
547,  594.  Note  683.  Note  709. 

PiBRRB  LB  Grand,  639,  810. 

PiLORAM,  371. 

Pilitza  (La).  269. 
Pi!fO  (Général  comte)  137.  221. 
PiNO  (comtesse,  née  Galderari).  138. 
Piomi^mo(et  principauté  de).  247,  315, 

515. 
PiQUOT.  1,  4,  5,  13,  17,  21,  28,  30,  35, 

42,  45,  80,81,  331.336,  537.549,596, 

604,614,  635,  649,  653,   707,  729. 
Pirano.  325. 
Pise.  209,  210. 
Plaisance  (et  duché  de).  48.  Note  196, 

204,  286.  Note  471,   524,   546,    576. 

Note  595,  759. 
Plamenetz,  216. 
I'lanta.  264,  549,  596,  697. 

1*LAT0FF.  12. 
PlATZM ANN .    582. 

Plénipotentiaires-Représentants.  25, 
26,  60,  105.  193,  194,  215,  216, 
218,  219,  239,  240,  242,  249,  342, 
345,  358,  450,  453-455,  475-478. 
Note  487,  499,  504,  523,  527,  529. 
537,  540.  563.  Note  565,  572.  Note 
593,  596,  649,  650,  654,  662,  670. 
Note  688.  694,  698,  731 .  Note  731, 
766.  Note  777. 

Plbssbn  (baron  de).  74,  158,  306,308, 
637,  670,   716,  743. 

Pô.  (Le).  657.  Note  728. 

PocK  (baron  Ig^nacc  von).  802,  803, 
805. 

Pobckbr.  130. 

Police  (Haute).  Note  416. 

Police  Italienne  (La).  326. 

l^olice  secrète  autrichienne.  542,  543, 
783,  784,  787,  799,  800. 

Police  secrète  prussienne.  188.  Note 
327,  548,  549,  746. 

Police  secrète  russe.  Note  129.  423. 

Police  secrète  wurtemberg^eoise.  385. 

PoLioNAG  ((^mte  Jules  de).  652. 


Polizei  Hofstelle.  vu,  viii.  ix,  x,  xi, 
XII.  XVII,  XIX.  XX,  XXIV.  Note  178. 
Note  230.  Note  237.  Note  273.  Note 
274.  Note  755.  Note  763,  785,  787, 
789-792,  810. 

Polizei  Oberdirection.  783,  785,  786, 
790,   791. 

Pologne  (et  Commission  des  affaires 
de). -^Polonais,  ij  2,  5-8,12-16,18-25, 
31,43-45,50,  53-58.  79.  Note  81,  93. 
Note  97-98,  105,  106,  109,  111-113, 
125-128,  129,  133-135,  142,  144-147, 
152,  153,  lt>6,  160,  166-178,  181-186, 
190-194,  198,  205-208,  216,  218,  219, 
222-1229,  234,  240,  242,  254,  258,  264, 
266-269.  276,  281,  282-284.  286.  296, 
297,  304,  309,  313,  315,  327-336,  340- 
347,  350-360.  363-367,  376,  3K3,  390, 
391,  394,  399,418,423,  424,  427,433, 
438,  439,  445,  447,  451-461,  465-467, 
470,  477-481,  486-488,  491,  499-514, 
517,  518,521-526,  533-537,540-542, 
547,  551.  555,  556.  559,  562-566,  570, 
576,  581,  585,  586,^596,  599.602,603, 
607,  608,  613-618,  622,  631,  638,  639, 
645,655,  658,661,663-669,  673,  678, 
680,  681,  686,  689.  Note  692,  695, 
696.  702,  705,  710-715,  729.  731,  736. 
Note  737,  748.  750,  755.  Note  761, 
769,  773,  776,  777,  806. 

Polonisme  (Le).  295. 

Polotzk.    Note  329. 

Pomëranie  et  Poméranie  Suédoise. 
33.  Note  200,  243.  244.  374,  395, 
396.  Note  416,  522,  523,  533,  632. 

PoLOVTSOFF.  Note  322,  Note  383.  Note 
414.  Note  552.  Note  627.  Note  651. 
Note  763. 

PoNiATOvvsKA  (Constauce).  Note  696. 

PoNiATOwsKA  (princesse).  467. 

PONIATOWSKI.  198,  639. 

PoNiATowsxi  (Maréchal  prince  Jo- 
seph). Note  97.  524,  525. 

Porle  (La  Sublime).  12,  26,  265,  395, 
818. 

Portici.  Note  56.  Note  451. 

Porto  Ferra jOj  122,404. 

Portugal -Portugais,  78,  249,  271, 
284,  358,  451.  Note  502,  680,  688, 
694,  697,  736,  742,  749,  753,  762. 

Posen  (et^rand-duchéde).  Note  157. 
Note  167,  269,  318.  Note  416,  525, 
615,  645.  Note  712. 

Postes  (et  directeurs  des).  Note  11. 
Note  95,  116. Noie  471,  520. 

POTBMKINB.     809. 

PoTOGKA    (comtesse   Alexandre,  née 

Anna  Tyszkiewicz).  696. 
PoTooxA  (comtesse  Delphine).  Note 

129. 
PoTOGKA    (Sophie    comtesse   Félix). 

129,  806. 
PoTOGKA  (comtesse  Stanislas,  née  Lu- 

bomirska).  Note  75. 


85i 


AfTOlR    DU   C05GBÈS   DE  VIE5?îE 


PoTOTKn  Alexandre  comte).  NoletfM. 

FoTocfti  < François  comte).  77.  , 

PoTOCEi  (Stanislas  comte».  64,  74 
467. 

PoUdàm.  2**.  Note  31. 

Poutlle.  Note  597. 

Pouvoir»  I  Plein»— et  vérification  des). 
45i.  457.479.  499.  5.^7.  56Î,  621.  h!3. 

Pnz/o  i>i  HoRrio  <comle). 44.  Note  45, 
166.  167.  304,  31 0.311.. ^27,  346,  352, 
361,  369.  370,  374.  376, 3«2.  420.423, 
424.  429,  460,  461.  467.  470.  515,516, 
52»',  693,   773. 

pRAfiT  labbé  de).  236. 

Prafrer  Zeilunfr.  Note  593. 

Prague  xxi,  15.  Note  31,  45.  Note 
100.  Note  211,  273,  3^»,  3^7,  417, 
41>,  452,  531,  533,  565,661,  753, 7s5, 
7>»7. 

Prater(Le).  75,  76,259,26?*.  Note 339, 
4S6. 

Pme«:iitl.  7Ç»5. 

J'renzlow  ict  capitulation  de).  Note 
437.  .Note  712. 

Preobrajensky  (Répriment).  Note  55. 

Près bour7  (et*  paix  de),  viii,  72.  Note 
174.  Note  175.  Note  771.  793,  796, 
"OS,  799,   XOO,  S02,   ^03,  hOx.  slH. 

PrésL^ances  da  question  de»).  393, 
694. 

Preîisxrn  und  5;irA5en<broohfiire).555. 
Note  557,  561,  b9s,  727.  Note  735. 

Pring  <cap.taine).  Note  627. 

PRIOR  (D.  11».  XV.  Note  202.  Note 
S09. 

Prisonniers.  Note  577. 

Pro<:haska  (scellerai).  94.  Note  244. 

Proclame  lions. — Ordres  du  jour.  172, 
249.  545.  590,  729,   731.  755.  764. 

Prokhs<:h-()ste.n  (comte).  Note  3. 
Note  5  Note  9.  Note  44.  Note  72. 
Note  17S.  Note  21  <«    Note  330. 

Protestantisme  et  Protestants  (les). 
60.  170.  Note   175.  SU.  812. 

Protestation».  lii^clamations.  187,2S6, 
290,  373.  3SO,  409.  421,  474.499,536, 
554.  563.  565.  581,  594-596,  604. 
Note  623,  62»,  635,  661,  683,  699, 
712.  725,  746. 

Provinces  unies  (les).  Note  144.  Note 
336. 

Pnisse-Pruxsiens.  1,  2,  4-6,  8,  9,  10, 
13,  15,16.  Iti.  21,24,115,  27,  29-33,37, 
39.  43,  46  56,  60,  61,  6"i-68.  Note 
7i,  SO.  82-S6.  Note  90.  92-94.  105- 
107,  113.  Note  118.  120.  Note  125, 
126.  128.  132-135.  Note  142.  144-146, 
151,156-164.  169-172,175,178,  184- 
I»7,  189.  190,  200.  207,  208,218,219, 
224.  229-235,  240-243,  247,  249-254, 
258,  261,  262,  266.  269,  283,  286,297. 
Noie  .300,  302.  304,  306-309.  313- 
316,  332,  334.  3i0-343.  347,  353-359, 
367-370,373,  375,  380.  Note  383,  384, 


390-396.  399.  400.  403.  414.  416.  41  >, 
423,  424,   42^.  435-439.  445-447.451- 
45K,    460.  Note    462.  463.  466.  469. 
47»-4M.    4^^490.    494-497,  500-506 
519.  Note  523-535.  537.539-54K.  551* 
555.  556.  560-567, 570.  Note  571.574. 
Note    577.   581.  5M.    5S5.  593.  599- 
603.  606,  60S.  613.  615-618,  623-630 
632.633.  645.  64^-650.    655-658.  662. 
664.  667.  6*^0.  6sl,  6*^5.  6>6.6}(9-695i 
69^-708,  712-716.  719.  720.  726,730, 
731.  -35-743.  74>-753.  756,   757,  762, 
765.  769.  772.  775.  7<1.  7S2. 
Prusse  Orientale.  172.  Is5.  335. 
Pri'ssb  «prince  Frédéric  de).  4*2 
Prusse    (Frédéric-Guillaume,  prince 

royal  de).  Note  472. 
Public  Record  Office,  xv. 
PrFrEJfDORF    (baron I.  135.    149,  150. 
151.  169.  263-265.  34S.  375,  427,  45l», 
480.  619.  "43. 
Piini<<t  E  ivici^mle  de).  642. 
Puissances,  i  grandes  et —  continental 
les.  les).  17.  5%  59,97.  145,  146.  157. 
164,    218.    219.    271.    358,    365.  .W. 
413,  434,  452,  454.  469,  475-477,605. 
634.  640,  64 1».  653,  654.  657.658,677, 
743.  767. 
PuUiry.  15.3,  414. 
PuUu:tk.  Note  2. 
Pyrmont.  118. 


Ql'alb.'<(  (von).  Note  99. 

QrxTRB    (les).  Note    2,  105.  177,  IV-O 

300.  346,  358.    365,  457.  Note  761.' 

Noie  769. 
Quatre  bras  (les).  Note  140. 
Querfurt  tet  principauté  de).  93. 


Raab  (et  comilal  de).  Noie  70. 

Radet/ky  (feld-maréchal  comte)  42. 
50,  107.  Note  183. 

RADiCHrviCH.  794,  796,801. 

Radnbr  (John).  280. 

Radziwill  (prince  Antoine).  Note 
XXII,  45.  Note  157.  167,  179.  Note 
191,  24.^  253,  259,  264,  281,333,352, 
369.  382.  425.  435.  551,  559,  564, 
608,  618,629,  646,  675,  699,  736,738, 
739.  * 

Radziwill  (princesse  Antoine.  Louise 
de  Prusse).  Note  xxii,  167,  699. 

Radziwill  (princesse  Antoine,  née 
Gastellane).  xv. 

Radziwill  (Boguslaw  prince).  Note 
167. 

Radziwill  (Guillaume  prince).  Note 

167. 
Raousb.  228. 
Raigbgourt  (comte  de).  821. 


IISDBX   ALPHABÉTIQUE 


855 


Raiobcourt  (M***  de).  610,  821. 

Raimbauo  (J).  820. 

Ranooni  (Elisabeth) .  Note  102 . 

Rasori.  744. 

Rabtatt  (et  congrès  de).  Note  119. 
Note  120.  Note  465.  Note  530,  586» 
619. 

Ratiborsits  (château  de).  192. 

RatiBcations.  31,  125, 143,  215,  744. 

Ratisbonne  (diète, déclaration  et  do- 
maines de).  32.  Note  48.  Note  51. 
Note  74.  Note  130.  Note  149,  251, 
260.  Note  263,  270,  272,  300,  337, 
355,  389,  390,  409,  619,  627. 

Ratoliska.  418,  728,  784,785,788,789. 
Note  792,  793,  794. 

Ratti  (Mgeur.  Don  Achille),  xxv. 
Note  91. 

Rauch.  621. 

Ravenne  (et  Légation  de).  82. 

Razoubcopfskt  (comte).  34,  57,  74,  77, 
95,  117.  146,  147,  189,  198,  270,271, 
275,  278.  279,  296,  328,  334,  339,357, 
358,  399,  400,  420,  450,  460,  462, 
556,  600.  619.641,  647,  648,  651,671, 
679,  735.  Note  739,  751,  756,  757, 
769,  770,  815. 

RicAMiBR  (Madame).  Note  438. 

Recès  (de  l'Empire).  272.  410. 

Rbchbbr«  (comte  de).  Note  23,  93, 
119,  164,  222,  243.251,  269,  296,325, 
346,  383,  385,  427,442,450,480,481, 
485,  522,  523,  558,  617,  630,  633,666, 
673.  Note  674,  692,  701,  743,  744. 

Rbchbbro  (comtesse  de).  23,  30,  119, 
170,  355,  385,  395,428,500,580,627. 

Rbghbbrg  (comte  Charles  de).  164,165, 
222,  599,  600. 

Rbghtbrbn-Limpourg  (comte  de).  508. 

Recklinghausen  (fort  de).  Note  577. 

Recrues.  Recrutement.  Levées.  151, 
297,  509,  532,  570,  713,  749,  785. 

Redoute.  Note  77. 197,  224,  256.  257, 
267,  437,  483,  493,  569,  592,  609. 

Régence.  470,  634. 

Régiment  de  ligne  (4«).  Note  274. 

Régiment  provincial  Corse.  Note  375. 

Régiments  polonais.  156. 

Régiment  russe.  317. 

RBiCHBNnAcii  (comte  de).  556,  557, 
607,  667,  692. 

Rbichbnbach  (comtesse  de) .  Note  67. 

Reiefienb&ch  (traité  de).  Note  530. 
,Reim$,  Note  96.  Note  J03. 

Rbingbr  (conseiller).  371. 

Rbinhard  (Jean  de).  260,  327,  421, 
492,  646,  653,  675.  750,  780. 

Rbinhard  (M"*).  780. 

Rbisbt  (vicomte  de).  Note  438. 

Rbnoobr  (D').  116. 

Rbkibr.  206. 

Reno  (le,et département  du).  Note  728. 

Rentes  (et  arrérages  de). 315, 408,658, 
683.  Note  717. 


Rbpnin  (prince).  Note  9,  77,  229,  283, 
323,  393,  394.  Note  415,  477,  478, 
541,  547,  577,  582.  Note  592.  Note 
599,  606,  614,  655,  753. 

République  (la).  741,  813. 

Requiem  (messe  de).  Note  114. 

Rbsgh.  799. 

Restauration  (La).  Note  96.  Note  103. 
Note  132.  Note  407.  Note  589,  819. 

Rbuss  (maisons  de).  355,  551,  600, 752. 

Rbuss- Plaubn-Grbitz  (Henri  XIII 
prince  de).  140,  296,  383. 

Rbuss- Plaubn-Grbitz  (Henri  XIX, 
prince  de).  383,  600. 

Rbutbr  (général  baron).  483. 

Révolte.  Révolution.  Soulèvement. 
Note  162.  Note  375,  474,  50H,  543, 
547,  570.  574,  636,  708,  732,  754. 

Révolution  française  (La)  —  Révolu- 
tions et  les  révolutionnaires  (idées). 
Note  31,  5î.  Note  84,  114.Note  116, 
160.  Note  166,  227,  236,  309,  335, 
341,  345,  404,  413,  434.  Note  442. 
Note  530.  Note  610.  Note  620,  658. 
Note  675,  813,  815. 

Révolution  hollandaise.  Note  229. 

Révolution  polonaise  (La).  Note  106. 

Révolution  de  Naples.   Note  108. 

Révolutionnaires  (Esprit  et  menées). 
413,  416,530,  645,656. 

Revue  cle  Paris.  Note  xii.  Note  3. 

Rbtland.  642. 

Rheinischer  Mercur  (journal).  473, 
613. 

Rhigas.  817,  818. 

Rhin  (navigation  et  cours  du)  —  Pro- 
vinces rhénanes  et  ultra-rhénanes^ 
24,  66.  Note  67,  69.  Note  77,  94,  97, 
144,  145,  149,  156,  157,170,  173,175. 
Ift5.  187,242,248.  254.  258,  297,302, 
313,  327,  399.  Note  416,  455,459,463, 
482,508,  532,  565,602,  657,  661,676, 
685,  694,  720,  734-736,  747,  758,  764, 
772,  776.  804,  805. 

Rhin  (le  Bas).  Note  416.  Note  530, 
758. 

Rhin  (le  Haut-).  68,  169,  347.  Note 
416. 

Rhm  (Moyen).  187. 

Rhin- et- Moselle  (département  de). 
145. 

Richards.  334. 

Richblibu  (cardinal).  202. 

Richelieu  (duc  de).  420,  478,  519. 

RiBD  (baron).  444. 

Ried  (et  Convention  de).  Note  98, 11^. 

RiBDBSRL  (baron).  3 17,  663. 

Rieneck  (comté  de).  408. 

RiBSB.  136. 

Riga.  723. 

RiNGBL.  509. 

RiNiERi  (R.  P.  Ilario).  Note  196.  Note 
221.  Note  450.  Note  617,  707.  Note 
771. 


856 


AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 


Rio  de  Janeiro,  Note  114.  Noie  128. 

Note  130.  Note  578. 
Rio  de  U  PUta  (Le).  Note  6K8. 
Hipp  (M-«).577,  665.  669,  785,787. 
iiiviBRB  (marquis,  puis  duc  de).  407, 

421. 
HonERTi  (colonel).  325. 
HoBURB?(T   (comte  Cordero  de).  807. 
KoccA  ROMANA    (duc  de).  47.  50,  131, 

245,  325,  326,  563. 
UocHBOUDjB  (marquis   de).  Note  810. 
Roer  (La  et  département  de  la).  302. 
UooBR.  Note  810.  Note  811. 
IioHA.*i  (prince    Louis  de).   317,  560, 

771,  812. 
HoiiAN  (Victor,  prince  de).  384. 
HoMANOFK  (Sophie).  Note  76. 
Rome  (et  cour  de).  Romains.  Etats 

romains.  Etats  de  V Eglise.  46,  65, 

6f>.  Note  78,  83,  86,  87,^89,  90.  Note 

92,  101.  Note   116,  117.    Note  121. 

Note  122.  131,  132,  176.  Note  197, 

203.   Note  230,  243,  247.  Note  276. 

Note  284.   Note  301,   435.  472,  482, 

483,  546.    Note  553,   568,   573,  652, 

808. 
HoMB  (Poi  de).  8,  46,  48,  50,  117,  118, 

472,  574.    Noie  595,  708,    727,  734, 

758,  770,  780. 
Romischen  Kaiser{Empereur  Romain) 

(Hôtel  zum).  Note  210,  610,  706. 
Ronco  (et  combat  du).  Note  774. 

HÔNTOB.N.   353. 
RoscH  (?)  baron.  742. 
KosBNDFRO  (prince  de).  600. 
HosBNCRANz  (baron).    7,     15,  25,    31, 

33,  34,  36,  39,  49,  53,  57,  60.  Note 

99,  143,    260,  374,  465,  609,  722,  743, 

744. 
HosNER  (Jacques).  Note  244. 
Ross   (Major  Général  anglais).  Note 

302. 
Rossi  (Alexandre).  131, 187.  Note  197. 

Note  230,807,  808. 
liossi  (comtesse,  née  ilardegg).  807, 

808. 
Rothenthu  r m-Rothenthurmstasse, 

Note  159,  224. 
Rothschild  (Salomon  Maycr).  420. 
RoTTENHAN  (comte).  755. 
Rouen.  127,  128,  130. 
Roumanie.  Roumains.  819. 
RouMiANTzoFF  (comtc).  198.  Note  271, 

561 .  Note  592,  659. 

ROUYBR.    195. 

Royal  Normandie  (Régiment).  Note 

197. 
Royal  Siracuse  (Régiment).  Note  53. 
Rovalistes  (Les).  404. 
Rnbicon  (et  département  du).  Note 

728. 
Riidesheim.  609. 
Rddt  von  Gollenbbrg.  754. 
RueiL  Note  274. 


Rt'FFW.    818. 

RiTFF0(  Alvaro,  commandeur).  59,  117. 

130,  245,  254,  256,  367,  278.  303.  304. 

327,    501,   543,    600,    659,    677,   703. 

771,772. 

Rûgen  (Ile  de).  Note  100. 

RiJHLB  (lieutenant  colouel   de).  157. 

494. 
RuMBOLDT.  Note  374,  441. 
Russbach  (Le).  Note  107. 
Russie -Russes.  2,  6-12, 15,  17,  18,  19- 
29,  30,   43-50.   55-61,    67.    Note   74. 
Note  76,  80-84.  NoU  93.  Note  95. 
98,   101-107.    113.    Note   117.    Note 
118,  124-126.    Note   130  135.    Note 
140,    144,    151-157,    160,    161,    164. 
Note  166, 16«,  169,171-177,181,  184- 
186,  192,  195.   Note    197,   200,  207. 
208.  21%  216,  218-234,  240-243,249, 
254-257,  261,  264,    267-279,  281-287. 
297,  298,  302,  304.  305,  309,  313,  323. 
328-336,  340-343,  347,  349,  351-35», 
363,  370. Note  379,  380,  384-395,  399, 
401,  403.  416,  423.  424,  427-435,  439. 
443-446,  451-458,461.  465.  Note  466. 
469,472, 473. 476. 485. 487,491,496-500, 
508-61S,  523,  531,  535.  537,  540,  541. 
544,  547,  548,  551,  555.  556,  559-5ô7, 
570,  574.  Note  578, 579, 581,  584,585, 
600-603.  608,   615-618,  625.  626,  631. 
633,  638-640,   644,  646,  654-656,  662, 
665,  670,  672,  681,  688,  689,  692-694, 
69S,  702-705,708,  713,   716,  719-721. 
731.    Note   735,    737,    740-743.   748- 
753,  755-757,  769,  772,  777,781.809. 
810.819. 

Russie  (Ambassade  de>.  14,  163,164. 
Note  167,  241,  271,  275,  279,  312, 
331,  346,  358,  422,  423.  Note  553, 714. 

Russie  (la  petile).  Note  77. 

Rybrrg.  99. 

RzBwrsKA  (comtesse).  111. 

RzRwusKi  (comte).  Note  111. 


Saale  (La).  438. 

Saalfeld  (et  combat  de).  Note  437. 
Note  812. 

Sachsen  und  Preussen  (brochure). 540, 
557.  Note  598,  609,  695,  727. 

Sagan  (duchesse  de).  Note  xii.  Not« 
3.  Note  96.  Note  139,  156,  191,  192, 
200,  205,  206,  234.  Note  240,  243, 
290,  299,  312,  315,  316,  323,351,352, 
377,406,  426,  430,442,  443,  445,  446. 
460,  462,  469,479,  480,  496.497,559, 
688,  751,  754,  773,  811,  812,  815. 

Saint- André  (ordre  de).  807. 

Saint-Clair  (Marquis  de).  625,  820. 

Saint  Empire  Romain  (et  comte  du). 
257.  Note  259. 

Saint-Etienne  (église  et  place  de). 
Note  114.  Note  326,  334.  Note  360. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


857 


Sai.nt-Etibsnb  (ordre  de).  ISI.  Note 

790. 
Saint-Fiorentin  (rue).  642. 
Saint  François.  Note  320. 
Saint-Gall  (abbé  et  canton  de).  Note 

146,  369.  Note  370. 
Saint-Gborobs  tordre    et  croix    de). 

806. 
Saint-Germain   (et  école   de).    Note 
442. 

Saint-Honoré  (faubourg).  320.  Note 
810.  Note  811. 

Saint-James  (cabinet  de).  725. 

Saint-Jban  db  JâRusALBM  (ordre  de). 
Note  53,  220. 

Saint-Julibn  (abbé  de).  293. 

Saint-Marsan  (marquis  de).  65,  82,93, 
94,  131.  163.  164,  187,  196,  221,245, 
247,  253,  255,261,  287,  296,  304,325. 
Note  383,  397,  398,412,527,528,582, 
616,  683,  684,  697,  703,  771,  772. 

Saint -Pétersboarff.  xv.  Note  l.Note 
7.  Note  12,  18,  19.  Note  35.  Note 
40,  43.  Note  63.  Note  77.  Note  95, 
97.  Note  106.  Note  117.  Note  120, 
143,  151,  162,  171,  173.  Note  175. 
Note  176.  Note  195,  215,  219,  222, 
229.  Note  262,  267,  270,  281.  Note 
286.  Note  301,  311,  341,  371,  372. 
Note  383.  Note  395,  397,  398,  412, 
414,436,  456.  Note  465,472,  484,494, 
518,  538.  Note  572.  Note  621,  661, 
680,  723,  733.  Note  736,743,749,741. 
Note  757. 

Saint- Pribst  (colonel,  vicomte  de). 
469. 

Saint-Sépulcre.  754. 

Saint-Si^e  (le).  65.  Note  450.  Note 
652,  710. 

Saint-Synode  (le).  Note  282,  726. 

Sainte  Alliance  (la).  Note  3.  Note  7. 
Note  90.  Note  346.  Note  416. 

Sainte- Anne  (église  française  de).  293, 
771. 

Saintb-Annb  (ordre  de).  416. 

Sainte-Catherine  (la).  600. 

Sainle-Lucie.  203. 

Saints  Maurice  btLazarb  (ordre  des). 
Note  327. 

Sala  (les  abbés).  91. 

Sala-Salins  (baron  von  der).387,  583. 

Saldanha  da  gama.  660,  746,  749. 

Sai.iceti  (et  palais).  579. 

Salins.  Note  195. 

Salis-Salis.  Note  750. 

Salis-Soouo  (comte  de).  264. 

Salm-Ktrburo  (Frédéric  iV,  prince 
de).  885,  421. 

Salm-Salm  (prince  de).  371,  385. 

Salmour  (comte).  115,  116,  163,  164, 
230.  Note  231,  245, 256,  259,  260,  281, 
303,  304,327,  353,  404,  467,  616.  674. 

Salzburg.  XXI,  68.  Note  114,  238,  239, 
361,  372,  598,  672,787,  794,  795,  805. 


Samoîloff  (comtesse  Julie).  809. 

San  Carlos  (duc  de).  Note  682. 

Sandor  (comtesse).  493. 

San  Fbrmo  [Colonel  comte).  231. 

San  Fernando  (duc  de).  Note  262. 

San-Marco  'duchesse  de).  Note  110, 
131. 

San  Michèle  in  Bosco.  110. 

Sannazxaro.  808. 

Santiago  (Evéque  de).  Voir  Musquiz. 

San  Vitale  (comte).  520,559,638,  697, 
756. 

San  Vitale  (comtesse).  Note  521. 

Saône  (La).  204. 

Sapieha  (princesse  Anne). Voir  Czar- 
TORYSKA  (princesse  Adam). 

Sardaiffne  (et  Ministre  de).  Note  12. 
Note  75.  Note  82.  Note  131.  Note 
148,  164.  Note  187.  Note  196.  Note 
Note  197,  203,  338.  Note  412.  Note 
529,  545,  587,  614,  632,  657.  Note 
683,  729.  Note  769,  807,  808. 

Sarlat.  820. 

Sarre  (Département  de  la).  380. 

Sartori.  65. 

Sartorius.  158. 

5aamur  (etchftteau  de).  Note  652. 

Saurau  (comte  de).  35)  638,  799. 

SaVARY.   X,  XII. 

Savoie  (Maison  de  —  et  démembrement 
de  lai.  9,  47,  48.Note  116.Note  122. 
Note  168,  196,277,257,  288,  338,  413. 

Savone.  92.  Note  122. 

Saxe -Saxons  (et  démembrement  du 
royaume  de).  1,  2,  5, 8,  9.  12,  13,  15, 
16,  18-21.  23,  25,  27,  35,  37-40,   47, 
49,   50,  67,   71.  Note    75,  79-84,  97. 
Note  102,  106.  Note  107.  Note  116, 
120.  Note  130,  134,  135,  142,  144,146, 
156.  157,  J60.Note  162,  169,  174,175. 
177,  178,  185,  208-213,  218,  219,  226. 
Note    227,    229,    235,    252-256,   263, 
281-283,    296,    297,    300,    301,    311. 
Note  302,  306,  309.  Note   311,   301- 
315,  322,  328,  3i0-333,  335,  336,  340- 
343,  345-347,  350,  353,  354,  357,  359, 
360,  361,  369,  371,  379,  390,391,393- 
397,  403.  Note  407,  418,421-424,427, 
428,  435,  438,  439,  445,  447,  451,452, 
455,  457,  459,  460,  461,  466,  467,  474, 
477,  478,  485-488,  496,  497,  499,  500, 
502-504,   506-508,  517,  522,  523,  525, 
526,  532,  537,  539,  541,  542,  547,548, 
550,    551,    555,    556,    563,  565,    566. 
Note  571,573,574,  576,  581,  585,586, 
592,  594,  596,  598-603,  606,  607,  609, 
612-618,  622,  623,  625-627,  630,  632, 
633,  638-640,  644,  647-650,  653,  655, 
656,  658,  661,  663,  664,  666,  667,  669, 
672,  675,  678,  680,  681.  686,  690,  692, 
695,698,  701-705,  711,  714-716,   719, 
720,  726,    730,    731,   735,   736.  Note 
737,  740-743,  748,  750,751,  753,  751. 
Note  761,  762,  769,  775,  781. 


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i.w.  m.  iHa.:;::^  d  |.o*tiim. 

S:HWAHxi,EiinEn.  791 . 

Slhhii»  i(:i,Jirli..j,.l.-«  Arcliivc»  Nutiu- 

SeAuer(ffawe.S34. 

INlIl'X.    JIV. 

SCIIWIM.T.    7'JO, 

.S.:»mi„     (Sl'tKil-^.ir   .Ir    Dri-mc).    Mr.. 

SerAc/fedUl'.  303. 

t.r.. 

S«(;ii»i.  (von).  ISa. 

.S.iii<ir.i  V...N  l'iiiM;i.i.i;i;t.  lis,  306,  307. 

Secïleb  (Î).  «S6. 

INDEX    ALPHABÉTIQUE 


859 


Sécrétairie  d'Etat.  807. 
Sécularisations  (et  affaires  des).  Note 

51. 
Sbdlnitzky  (comte).  Note  xx. 
Seeiand.  504. 
Sbipt.  536. 

Sbithart  (comtesse).  805. 
SéménofTsky  (régiment).Note  77.  Note 

688. 
Semlin.  800. 
Senimering,  viii. 
Sénat.  Note  75.  Note  335. 
Sbwfft-Pilsach    (comte).    175,     322, 

323,  444. 
Sens  (et  archevêque  de).  Note  96. 
Sensburo.  429.  700,  776. 
Sept'Iles  (Les).  -Voir  Iles  Ioniennes. 
Serbie'Servie-SerbesAlA,26bj  394, 395. 
Sbrracapriola  (duc  de).  117, 123,135, 
156,220,  374.  Note  414,  585,  646,744. 
Sbrracapriola  (duchesse  de).  646. 
Sbrs  (de).  281 . 
Servage  (et  abolition  du).  8. 
Service  secret  (et  dépenses  de).  793- 

K04. 
Sevbkoli  (Mgr).  38,  59,  65,  66,  75,  86- 
88,  100,  101,  lOS,  12»,  130,  168,  176, 
184,  201,202,  221,  230,  246,  251,  256, 
272,  293,303,  338,  370,  551,568,  595, 
660,  677,  744,  755. 
Skorza  (comte),  xiv. 
SiBBR.  10,  11,  59,  74,    137,    139,    141, 

200,  282,  290,  299,  360,  790. 
SiCART  (Joseph  von  Schmidt).  252  et 

pussim. 
Sicile  (et  cour  de). —  Siciliens.  21,  30, 
44,  71,  73.  Note  75.  Note   110.  128, 
189,  254,  285.  Note   451,  589.  Note 
620,  625,  652,  666,  677,  820. 
SiCKiNGKN  (comte).  149,  151,  240,  267, 

542,  543. 
SiDNBY    Smith.   334,    348,    373.    Note 
374,  40",   421,  4  4  3.   Note    623,    715, 
"54,  771. 
Siebeneichen.  283. 
SiBRAKOwsKi  (général).  Note  166. 
Silésie.  2.  Note  17   Note  36,  160,  504, 

532,  557,  584.  Note  602,  679. 
Sinclair  (baron).  5i3. 
Searbbk  (comte).  Note  559,  655,  714, 

715,  748,  749. 
Skavronsky  (comte  Martin).  810. 
Skavronsrt    (comte    Paul    Martino- 

vitch).  809. 
Smitmbr.  137. 

Smolensk  (et  bataille  de).  Note  103. 
Sociétés  secrètes  prusHiennes.  530. 
Soissons  (et  capitulation  de).    Note 

103.  Note  140. 
Soleure  (et  canton, et  sénat  do).  381, 

604,  813. 
Solférino  (bataille  de).  Note  55. 
Solms-Laudach  (comte  Vollmuth-Fré- 
déric-Charles-Louisde).  40,  41,  68, 


69.  Note  75,  94,  140,  150,  151,  162, 
163,  263,  311,  370,  375,  404,435,497, 
520,  528,  543,  545,  619,  734,  758. 

Solms-Laubach  (Charles-Frédéric- 
Louis-Christian-Ferdinand,  prince 
(?)  hérédiUire  de).  700. 

Solms-Wildbnfels  (comte  de).  501. 

SoMAGLiA  (dclla).  Note  122. 

Sonnb.nbbro.  425. 

SoNTHEiM  I colonel,  comte  von).  Note 
98.  Note  159,  430,  501. 

Soragna.  820. 

SoREL  (Albert).  Note  134.  Note  735. 
Note  739. 

SORMANI.   732. 

Souabe  (la).  —Sou&bes.  169,  347,  451, 

507,  508,  681,6!}2. 
SouLT  (maréchal).  663,  684,  740, -741, 

762,  763. 
SouTzo  11  (Alexandre).  819. 
SouTzo  111  (Michel  11).  818. 

SOUVAROFF.    813. 

Souverains  alliés,  xiii.  15,  16,  22, 
23,  38,  34,  46,  60,81,  95,98,  115,123, 
126,  127,  129,  1.36,  151,163,167,172. 
Note  175,  201).  Note  220,  224,  225, 
228,  243,  269,  270,  271,  288,290,302, 
330.  Note  339,  340,  368,  393,  423,448, 
514,  526,  537,  538.  Note  555,  600, 
613,  623,  627,  661-663,  693,  722,  744, 
747. 

SpAB?f  DB  VooRSTONDRN  (baron  de). 
71,  144,   187,  335,345,  486,  489. 

Spath  (baron).  256. 

Spaur  (comte).  225. 

Spibobl.  732. 

Spiegelgasse  (La).  Note  185. 

SquarzÔni  (comte).  449,  450,  634,666, 
707.  744. 

S. -S.  795,  803. 

Stackblberg  (comte).  Note  xxii,  17, 
65,  72.  74,  94,  102,  1.30.156,198,220, 
230,238,  -.64,  2  70  274,  303,  317,  328, 
333,  348,  352,  369,  371,  382,399,400, 
420,  427,  428,  450,  456,469,  472,  498, 
542,  558.  Note  582,  592,  596,  597, 
600,604,  614,  629,  632,  633,  646,647, 
659,  671,  693,  703,  734,  744. 

Stackbldbrg  (comtesse).  296. 

Stadion  (comte  de).  Note  36,  60,  51, 
54,  70,  75,  82,  83,  87,  88.  Note  116, 
206,  222,  257,  261,  296,  310,312,315, 
316,  378,  379,  404,  423,  428,  429,  439, 
444,  458,  459,  469,  487,  497.  Note 
500,  502,  518,  552,  623,  638,  654,662, 
757,  774,  777,  787,  788. 

Stadion  (comtesse).  496,  497. 

Stadlau,  Note  705. 

Staroemann  (von).  137,  325,  386,  505, 
507,  545.  592,615,  636,  663,  739,758. 

Stabl  (M—  de).  Note  538.  Note  717, 
741.  Note  781. 

Stahl  (von)  784,  786,  788. 

Stambach  (comte).  784. 


800 


Arroun  du  congrès  de  vienne 


.< 


.4 

-. 
1- 


Stampa  (Girolamo,  comte).  137,  759. 

STARiiRMiiBna  (prince  Louis  de).  255- 
257,  296,  384,  423,  458,  560,610. 

Starkb  (docteur).  Noie  615. 

Stassart  (baron  de).  335,  366. 

Statut  Politique  Continental.  755. 

Stbchfuss.  2K3,  369.371. 

STBCHLirrn  (Cari).  Note  635. 

STKi«E.NTBi(cii  (général  de).  7,  26,  34, 
57,  449,  497. 

Stein  (baron  do).  Note  xxii,  40,  41, 
66,  6&.  76,  95,  97,  118,  119,  123,  12S. 
131,136,  139,  140.  146,150,157,159. 
160,161,169,  173.175,  176.  Note  188, 
199,  200,  212.  213,  231,  238,239,  245. 
252-255.  260.  263,264,  281,  283,296, 
311,  312,  325,333,  .342,  345-348,  352, 
361.369,370,371,375,  3K2.  Note  415. 
Note  416,  420,  421,  429,  4.30,  4.35, 
459,  47K,  479,  494,  503.505,508.  520. 
522.523.  526,  528,  530,  532.535,544, 
545,  654,  555,  558,  568, 573, 575, 5s2, 
592.  Note  593, 600,  602,  605.611,613, 
61  i,  623,  629,631,  636,  637,  640,  645, 
646,  655,656,  675,  685,  687,  690,  691, 
699,  705,  709,  710,  717,  721,722,729, 
732,  734,  738,  739,743,751,  769,  775, 
777,778. 

Stbinlbi.n  (attaché  à  la  Légation  de 
Prusse.  370. 

Stbinlrin  (Président).  370,  371. 

Stbinlbin  (von).  Secrétaire  de  Léga- 
tion de  Bavière.  37.  40,  52,  325,  450. 

StAphanir  {de  HeaufinrnHis^  grande 
Duchesse  de  Bade).  Note  198,  293. 

Stbwart  (lord  (îharles).  Note  xxii. 
Note  147,  280.  Note  303,  337,  345. 
346,  371,  376,  434,  435.  Note  443, 
445,  446,  494,  496,497,  501,  528,543, 
605,  606,614.  619,  631,646,  721,736. 

Stimcon.  65. 

Stipsich  (général  baron  von).  86. 

Stockach.  169. 

Stockholm.  Note  1,  m.  Note  20,  193, 
243,  248.  Note  262,  336.  Note  465, 
704. 

Slork  irn  Eisen  Plats.  Note  159,  330. 

St»"ckl.  794-79S. 

SrOLBBRG-WBR.'tlOBRODR  (COmtc).  137. 

Stoirdza  (A).  818,  819. 

Stol'rdza  (Grégoire).  819. 

Stra.  IX. 

Strasbourg.  Note  31,  109. 

Strassoldo  (comte  do).  471,728. 

Strat.  592. 

Strauss.  793,  794. 

Strbckeisbn.  220. 

Struwb.  592. 

Strtibnski.  Note  111. 

Stumm.  380. 

Stullffart.  19.  Note  41,  45.  84.  Note 
10.3,  199,  217,  238,  239,244,292,  293, 
373,  Note  383.  385,  401,  416,  417. 
489,  490,  494.  Note  561,571,  582, 58S. 


Note  592»  614.  Note  646,  663,  681. 

Styrie  (La).  Note  35.  556,  660. 

Subsides.  22K,  719,  740,  775. 

Subsistances  (et  commission  des). 
VIII.  524. 

Succession  «et  droit  de).  341,342,547. 

SrciiBT  (Maréchal,  duc  d'Albuféra). 
558.  646.  Note  774. 

Suède- Suédois.  Note  2.  Note  5. Note 
8,  12.  Note  24,  •:6,  34,38,57,  58.  Note 
99.  111,  125.  Note  194.  20  i,  243.  244, 
337.  338,  356.  358,  359,  374,  421,  499, 
522.  559,  612,  623,  632,  635,  746. 

Suède    (Prince  royal).   Voir   Bbr?ia- 

DOTTB. 

Suède  (Princesse  royale  de,  Eugénie 

Clary).  39. 
Suède  (Reine  de).  38,  583. 
Suède  (roi  de.  Charles  XIII).  17,  38. 

Note  39.  Note  125,  244,249. 
Suisse  let  commission  des  affaires  de 

la).— .Suisses. 21, 48. 79,  81.  Note  102. 

116,  162,  169.  Note  175,195.225,226. 

260,  275-277,  335,  342,  344,  361.  370, 

380,  381,  388.  .399,  421,  425,  430.  435. 

436,  458,  459,477.  502,  507,  521,  528. 

565,  568,  594,604.  605,  607,  614,  621, 

635.  641,  646,  649,651,  653,657,658. 

675,  676,  679.  702,  719,  736,  740,  747. 

750,  757,  758,  769,  773.  Note  774, 813. 
Si'MERAw  (baron),  xx.  Note  xxi.  784. 

786,  787. 

SUMINSKY.    222. 

Sûssen  Lœchl  (imK  194. 
Suzanne  (M**).  47S,  554. 
Stdbnham.  281. 
Sz...  (von).  220. 
Szanyawsei.  435,  655. 
SzEciiENYi-Gi'iLFORD  (comtosse).  31*^, 
569. 

SZEMIAKOWSKI.    435. 

v;/rYSKi.  559. 


Tahago.  208. 

Tableaux  vivants.  567. 

Taillade  (capitaine).  404,  405. 

Talleyrand  (comte  Auguste  de).  604 . 

Tallbyrand  (prince  de).  Note  xxii,  13. 
84,  l<5,  87,  88,  94,  96,  114.  Note  116. 
117.  122,  128,130,  133,  135,  136,  142- 
146,  148-151,  162,  164,  170,  177,179, 
1K2,  184,  189,  190,  201,  202,  208.  212. 
213,  215-219,  221,  222,  326,  234-236. 
238,  240-243,  245-249,  252.  254-256, 
258-260,  262-264,  266,  271,  272,  279. 
281,  283,  284,  289,  292-294,  298.  900. 
304,  305,  312,  318,  319.321,  325-328. 
331,  332,  334,  335,  346-349,  352,  361, 
369,  370,  372,  373,  376,  382,  384,  388, 
3S9.  393,  394.  396.397,  402,  403-407. 
420,  421,  432,  436,  438,  439,  441- 
445,  452,  454,  456-461,  463,   464,  467, 


(/ 


INDEX    ALPHABÉTIQUE  - 


861 


468,  473,  474,  479.  Note  481,  492, 
502,  503,  511,  514,  525,  528,  535,  536, 
538,548,  550,  552,  555,  558,  563.  Note 
571,  574,577,  578,  582,  586,  587,592. 
Note  597.  Note  599,  600.  Note  604, 
605,  612,  617,  618,  621,  624,  629,631, 
637.  Note  638,  640.  Note  651-653, 
655,  657,  658.  Note  663.  Note  664. 
Note  673.  Note  676,  680,  684,  685. 
Note  692.  Note  693.  Note  702.  Note 
709,  713.  Note  717,  720,  721,  730. 
Note  735.  Note  737.  Noie  741.  Note 
742,  746-749,  758,  761.  Note  764. 
Note  767,  768, 770-772, 775.  Note  781. 

TALLBYRAND-PiRiGORD  \  Coiiite  Ed- 
mond de).  Note  628. 

TALLBYRAND-PéRiGORD  (Comtesse  Ed- 
mond de).  220,  260,  392,  403,  404, 
441,  44d,  467,  551,  610. 

Taormina  (et  duc  de).  Note  451. 

Tàrnopol  (et  cercle  de).  152,153,  155, 
559,  687,  699,  711,  712. 

Ta.routino,  Note  2. 

Taschbr  de  la  Paobrib  (comte).  274, 
281,  293,  410,  718. 

Taschbr  (comtesse).  149. 

Tauride  (prince  de).  Voir  Potrmkinb. 

Tausch.  728. 

TaUSSBRAT-RaDEL.    XV. 

Tchermtchbff  (général).  140, 145, 156, 

233,  318,327,  338,  361,  369,  568,  575, 

590,  592,  639. 
Te  Dcum.  204.  Note  339. 
Teinfalstrasse.  78. 
Tblbki  (comtesse).  Note  75,  150. 
Temesvar.  Note  814. 
Temple  (Le)   230.  Note  373,  430,  434. 
TepUlz-Toeplitz  (et   traité  de).  Note 

49.  Note  M.  Note  100,  109,  162. 
Terespol.  154. 
Terreur  (La).  Note  211. 
Teschbn  (et  congrès  de).  256. 
Tessiix  (Le,  et   canton   du).   277,  657, 

717,  750. 
Testi  (Osvaldo).  Note  635. 
Tettenborn  (général  baron).  378,  379, 

457,  458. 
Teutonique  (ordre).  80,  135,  136.  Note 

674. 
TnéRÈSE.  718,  726. 
TheresiAnum  (Le),  vu,  viii. 
Theresiensladt.  Note  329 
Thesê&lie.  Note  817. 
Thiblb    (Lt-colonel    von).  Note  157. 

Note  494,  561. 
Thiblmann  (général baron  de).  67, 74L 
Thompson.  281. 
Thorn,  58,  227,  269,  313,386,  523,  525, 

608,  615,  675,  721. 
Thorrctbr  (W.).  758. 
Thrace  (La).  Note  710. 
Thugut  (baron).  .Note  36.  Note  75,151, 

169,  347,  348,  386,  387,  428,  439,  592, 

751,772. 


Tiers-Etat  (Le).  173,  213. 

Tiliit  (et  traité  de).  Note  17.  Note  31. 
Note  77.  Note  106.  Note  117.  Note 
133.  Note  195,313.  Note  530,  544,563, 
661.  Note  712. 

TiMIRIASOFF.  431. 

Timon.  634. 

Tocco  (chevalier).  Note  56. 

ToisoN-o'On.  Note  94.  Note  125.  Note 
674. 

Tolentino  (bataille  et  traité  de)  65. 
Note  205. 

Tolna  (Comitat  de).  817. 

Tolstoï  (comte).  230. 

Tolstoï  (comtesse,  née  Bariatinska). 
Note  64. 

ToMASicH  (général) .  793 . 

Torgau,  Note  67,  581,  689. 

Torniasso/f.  524. 

ToRRBSANi.  Note  792. 

Toscane.  Toscans,  Note  221,284,285, 
406,  546,  562,  572,  607,643,  707,728. 

Tout,  389. 

Toulon,  Note  373. 

Toulouse,  Note  322.  Note  652. 

Tour  bt  Taxis  (Maison  princiëre  de 
la).  384. 

Tour  et  Taxis  (prince  de  la).  Note 
32,  77.  Note  92.  Note  98.  Note  116, 
257,  260,  273,  334. 

Tour  et  Taxis  (princesse  de  la,  Ma- 
rie-Thérèse deMecklemburg).Note 
XXII,  32.  Note  77,  92,  93,  127,  252, 
256.  257,  259,  268,  272,  296,  303. 
Note  397,  544,  775. 

ToLR  ET  Taxis  (Max,  prince  de  la). 
273.      , 

Toussaint  (M*'»  .  610. 

TitAi«ER  (von).  687. 

Traimb  (?).  660. 

Traiskirchen.  viii. 

Traite  des  Nègres  (comission  d'aboli- 
tion de  lai.  551,  694. 

Traité  de  Commerce.  Note  620,  758. 

Traités.  3,  4.  Note  5,6,30.  31,  41,117. 
Note  125,  126,  215,  267,  509,  513, 
554,  618,  650,  657,  744,751,  768,  775. 
Note  778. 

Tra/ispadane  (République).  87. 

Transylvanie. Noit  126,  379,  512,711. 

Trauttmansdorff  (comte).  75,327, 551, 
600,  610.  Note  650,   752. 

Trauttmansdorff  (prince  de).  Note 
xxiii,  77,  86,  93,  114,  119,  123,  140, 
289,  495,  569.  Note  582,  662,  729, 
752,  771. 

Trauttmansdorff    (princesse).     156, 

TnEMniNSKY.  564. 

Trkmoille  -  Tarentb  (prince  de  la). 

131,   137.  Note  233,  2K1,  304,  334. 
Thkmoille-Tarente  princesse  de  la). 

232,233. 
Treptow.  Note  416. 


802 


AVTOUR   DC  CONGRÈS   DE   VIENNE 


r 


■! 


Jrèvei.  2,  li9. 

TnKVBs    (Clcmcnt-Wcnccslas,   élec- 
teur de).  Note  375. 
Tricolore  v drapeau,  cocarde).    Note 

111. 
Tribbenfeli>  (baron  I.  501. 
Triesle.  xxi.  Note  322,  537,538,  646, 

660,  7^6,  7K7,  S17,  818. 
Trinité  (question  de  la).  336. 
Troppau  (et   Congrès  de).   Note   7. 

Note  40.  Note  125.  29K. 
Thocbetzkoï    (prince  Wassili),  139. 

Note  140,  560,  812. 
Troubles.   Note   174,    380,    394,   395, 

604,  779. 
Troyes.  Note  107. 
Truchsbss- Waldduro      (comtesse). 

614. 
TscHAPLiTz  (général).  549. 
Tûbingen.  165,  645. 
Tudela  (bataille  de)    Note  683. 
Tugcud-Bund(Le).  18u,  181,  212.  283, 

314.    Note    347,  414-419,   685,  686, 

690.  Note  712,737. 
Tuileries  (Les,  et  cabinet  des).  375. 
Turin,  xiv.  Note  7.  Note  84.  85.  Note 

106.  Note  116.  Note  128.  Note  132. 

Note  175.  Note   196.  Note  487,  524, 

547,  813. 
TCÎRKHBiM  (baron  de.  93,   175.   Note 

262,  294.  307,  359,  383,  438,  527,  540, 

56i*.  637,  669,  716,   743. 
Turquie.— Turcs.'Soie  3,12,  34.  Note 

103,  113,  133.  Note  139.  Note  156, 

203,  242,  265,  298.  Note  329,   333. 

Note  341.  394,  3  5,  401.  Note  407, 

54S,  6I£,  619,  713,  723.  806,  818. 
TuYLL  (ou   Thuyll)  (général  baron). 

578,  579. 
Tyrnau    794,  7P5,  798. 
TyroL  48,  68,  84    Note  263,  274,  335, 

337,  676. 
Tyszkiew.cz  (Louis,  comte).  Note  696. 


U 


Udevalla.  58. 

IJdine   et  religieuses  d').  89,  91. 

UoARTE  (comte).  315,  316. 

L'HDE  (von).  540. 

Uhlans  Archiduc  Charles  (Régiment 

de).  Note  182. 
Uhlans  Mervcldt  (régiment  de).  Note 

568. 
Uhlans  Schwarzenberg  (régiment  de). 

Note  124,  215,  568. 
Ukraine.  806. 

L'im  (et  capitulation  d').  Note  32. 
Ultimatum  670. 

Un^arische  Krone  (H6tel).  220,  253. 
Union  allemande  et  Uniticatîon.  387, 

398,  531. 
Union  des   Princes.   Note   259,  489. 

Note  777. 


Union  (secrète)  polonaise  (L*).  608. 

Uutzschnbidbr.  378. 

Urbino    176. 

Urœm  (?).  494. 

Usurpateur.  —  Usurpation.  461,  474. 


Vadus  (et  principauté  de).  676. 

Val&chie  (et  hospodar  do),  xxii,  3-5, 
9.  Note  178,  326-331,  333.  355,  359, 
4(7,448,658,  676,  818,  819. 

Va^is(Le).  380,  717. 

Valence  (et  capitulation  de).  Note  712.* 

Valencia.  d' Aleaniara,  Note  78. 

Valeneiennes.  280. 

Vale$tini.  Note  817. 

Vallaisx  (comte  de*.  Note  196,  396. 

Valtier.  813. 

Valleline  (La.  et  députés  de  la).  SOI, 
275,  277,  676,  678,  706,  719,  740,  750, 
757.  Note  759. 

Var  (Le).  287,  288. 

Varel  Seigneurie  de).  Note  259.  Note 
777. 

Varbmbûhlbr  (général  von).  Note  244. 

Varenne.  Note  717. 

Varnhagbn  vo?(  drr  E:isb.  Note  415. 

Varsovie  (et  duché  de).  6,  16.  Note 
19,  20,  28,  43,  44,  56.  Note  74.  Note 
97,  106,  109.  Note  116, 142, 152,  156. 
160.  166,  167,  172.  Note  175,  226, 
227,  230,  231,  240,  269.  Note  282. 
297.  331,332,  341,  344,  355,  358,363, 
364.  367,  S7(î,  383,  391,  395,  399,  427, 
431,435.454,  455,  461.  Note  465,473. 
Note  487,  494,  504.  506,  520,  534.  528, 
544,  547,  562,  568,  574.  581.602,  608. 
631,  639,645,  65S,  674,  690,  711,  714, 
7J5,  720,  723,  748.  749,  778.  806 

Vatican  (le)  et  Vaticana  (Biblioteca). 
XIV,  568. 

Vaucluse  (département  de).  Note  335. 

Vaud  (canton  de).  Note  102,  380. 

Vay  (général  de).  220. 

Veglia  (Ile).  805. 

Vbiss.  Note  282. 

Vbith.  719,  746,  775. 

Vélites.  20. 

Venanso.i  (comte  de).  815. 

Vendée  (la).  Note  407. 

Venue  (et  patriarcat  de). —  Vénitien$. 
86,  89.  Note  90-92. 112,  149,  206,  233, 
278.  Note  303,  462,  537,  538,  597, 
732,  780,  786,  787. 

Vera  (avocat).  247,  704,  725. 

Vbra  (M**),  (La  Cantatrice  Esslbr). 
247. 

Vbrnàgues  (de).  197,  229,  330, 260, 430, 
434-436,  548,  549,  687,  727,  770,  773. 

Vérone  (et  congrès  de),  n,  zx.  Note 
7.  Note  40.  Note  125.  Note  683. 

Versaille»  (et  cabinet  de).  388. 

Vertraute  (confidents).  783,  785,  787, 
790,  791,  793,  794. 


/il 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 


863 


VesouL  Noie  652.  Note  67«. 
Vétérans  (sociétés  de  Secours  pour 

les).  418. 

V I  (von).  803. 

Vicaires- Vicariat.  112,  176. 
Vice-roi  (voir  Euornb  de  Beauahr- 

nais). 
VicBNTi  (Jean).  796. 
Victor-Emmanubl   I".  89,  147.  Note 

196.  Note   197,  203,  287,  288,    325, 

413.  Note  414,  424,  547,  694,  807. 
Vienne,  PAssim  presqu'à  toutes  les 
'    pages. 

XUle-l'Evéque  (rue  de  la).  Note  810. 
ViLLBRMONT  (comtc  C.  dc).  XV.  Note 

433. 
Villes  Libres  (Les).  306,  307.  Note 

479.  Note  523,  551.  Note  565,  675, 

711,  721. 
Viln»,  (et  université  de).    Note  206. 

Note  379,  723. 
Vincennes.  387,  553.  Note  652. 
Vincent  (feld-maréchal  lieutenant  ba- 
ron de  .  Note  257,  589,  628,  652. 
ViOMÉNiL  (du  Houx  de).  Note  507. 
ViscoNTi  -  MoDRONE    (duc    ChaHes). 

Note  674. 
Vistule  (la).   Noie  77,  144.   386,  487, 

510,525,  547,  563,  581,  608,  615,711. 
ViTROLLBS  (baron  de».  322. 
Viltoria  (bataille  de).  Note  683. 

VOCKELBBRO,    752. 

VoBLKEL.  Note  615. 
VooBL  ivon).  174,  793,  798. 
VoLDBRNDORF  (major).  2H0. 
Volontaires  (et  volontaires  viennois). 

VIII.  Note  76,  562. 
Voràrlberg  (Le).  6S. 
Vrints-Bbrhrrumi  (baron)  32, 116,256, 

420,  520,  53S. 


W 


W 313,  797. 

Wa^rain   (et  bataille  de).  Note   32. 

Note  51.  Note  61.  Note  175.  Note 

182,  261,  29S. 
Wahrendorkf    670. 
Waldeck  (Caroline-Louise,  princesse 

de).  Note  811. 
WBldmûnchen.  280. 

WAL08TBiNvcomtesse,néeRzewuaka). 
533,  534,  569. 

Wallis  ycomte).  36.  69,  70,  72.  79.  sa, 

257. 
Wallmodbn-Gimborn  (général,  comte 

de).  710,  734.  797. 
Walpole  (lonl).  371. 
WàHhA    La  .  173.  608,  720. 
Washington  (et  prise  d  •).  302,  461. 
Washington  (baron •.  220,  736. 
Waterloo.  Note  m.  Noie  286.  Note 

323.  Note  416. 


Watson  (G.  L.  de  St-M.).   xv. 

Watzdorf  (général  de,.  174,  175. 

Weihburg  Gasse,  95. 

W'ejmar.Note  128,  136,  283,307,  335, 
363,  416,  438,  492,  504. 

Wbissbnwolf  (général  comte'.   533. 

WBLDRN(Lt.-colonel  baron  de).288,289. 

Welleslby  (sir  Henrv).  Note  767, 
777. 

Wellington    (duc    de).  Note  xxn. 
Noie  49,  209,  463,  488,  489.  586,  589, 
683.  Note  717,  724,  725,   737,  767. 

Wellon.  366. 

Welvert.  Note  573. 

Werestein  (von).  93. 

Wbhry  (?).  264. 

Werther  (baron).  589,  590,  629,  682. 

Wesel.  170. 

Weser  (Le).  Note  67. 
*  Wbssbnbbrg-Ampfinobn  Jean,  baron). 
Note  38,  42.  51,  70,  334,  350,  389, 
390,  397,  409,  427,  439.  Note  443, 
458,  492.  Note  500.  Note  562,  607, 
623,  635,  646,  661,  695,  710,721,  757, 
774. 

Westphalrn  (comte).  115,  157,  158. 

Westf)halie(ei  royaume  de).  Note  17. 
Note  52.  Note '64.  Note  118,  170. 
Note  302.  Note  415,  530,  531,  53S, 
573,  618-649,  659. 

Wbtterstbdt  (baron  de),  356. 

WetzUr    Note  149. 

Weylaki)  (von).    400.  420,  539,  755. 

Whaley  (Richard  Chapcl).  816. 

Wiasemsky  (prince).  Note  117. 

WmoR(.')  (comle).  641. 

Widinann  (Le  Uestaurant  .  197. 

Wieden  (La).  1S3,  224. 

WlBDEMIKIM.    616 

WiELANi)   (écrivain   allemand).    Note 

720. 
WiELAND  (de.  bourgmestre  de  Uâlc). 

195,  260,   327,  747. 
WicUczkd  (et  salines  de).  IS.  711. 
Wielmann  (Maison).  93. 
Wien  (Theater  an  dcr).  75,    78,  494, 

752. 
Wiener  Wald  (et  nnter  dem).  vu. 
Wiener  Zcitung.  95.  Note  365,   387, 

695.  706. 
Wiesbaden.  Note  416. 
WiLczKCK  (comtc).  752. 
Wildenfels  (fief  de).  501. 
WiLLiiî   (de).   419,  639,   651,  662,  713, 

755. 
WiLLOT  ï»b  (irandprbz.  Note  197. 
WiLSON  (Sir  Robert).  Note  166. 
WiMPFEN    (comtesse,    née    princesse 

d'Anhalt-Bernburg).  297. 
Windmûhle.  195. 
WiNTziNGERODB     (Gcorges  -  Ernest  - 

Louis,  comte  de).  Note  98.  Note  119. 

Note  159,  176.  179.   Note  883.  397, 

398,  401,  420,  437,  430,  493,  538,554. 


864 


AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 


Noie  565,  598,605,  6U,629,  637,  647, 
657,  667,  729. 

Wi:iTzii«OBRODB(IIcnri-Charlc8-Loui8 
comte  de).  63,  97,  151,  414,  573,  680. 

WiTT  (général  comte  de).  129,  146, 
240,  281,  806. 

Wiltenberg,  497,  581,  667,  689. 

WiTTGBNSTBiN  ((général  comte)  151, 
435. 

\VoD?iiA:<fSKY  (fcld -maréchal  lieute- 
nant). 397. 

WoÏDAOU  WOÏNA  (H.).  631. 

WoLFRAMSDORP  (baroo  de).  366. 

Wolkersdorf.  Note  107. 

\VoLKo:«8EA  (princesse  Sophie).62, 137. 

WoL»ONSEY  (Pierre,  prince).  76.  Note 
95,  198,  223,  224,  272,  273,  281,  182, 
304,  325,  329,  334,  352.  472,  615,  630, 
643,  646,  690,  713,  751. 

WoLTBRS  (Joséphine).  272,  304,  334, 
352,  366. 

VVo.izowicz  (colonel  comte).  Note  696. 

Worm$.  149. 

WoRO-NzoKF  (comte).  77,  197,  234,  371, 
643. 

WoT?iA  (comte  Edouard).  135,  322. 

WoYNA  (comte  Félix).  75,  322.  Note 
582,752. 

VVoYNA  (comte  Maurice).  322. 

Wrbna  I  Eugène,  comte).  Note  710. 

VVrdna  (Félix,  comte). 

Wrbna   (Ladislas,  comte).  Note  124. 

Wrbna  (Flore,  comtesse).  662,  710, 
729,  732,   756. 

Wrrdb  (feld-maréchal  prince  de).  94, 
111,  136,  163,  168.  Note  179,  235, 
251,  259,  260.  Note  264,  268,  271, 
292,  296,  325,328,  359,  362,  369,378, 
3K2,  385,  395.  409,  410,  420,  422,442, 
450,  468,  469.485,  492,  528,  558,566, 
570,577,  598-600,  617,  623,  629,  633, 
648,  665,669,  686,  701,710,720,  730, 
738,  760.  Note  774. 

Wrede  (Amélie,  princesse  de).  Noie 
621. 

WrRMHRAND  (comtc).  189,  752. 

WÛRMSER  (comte  de).   181. 

Wurtemberg-  Wurtembergeois ,  29, 
50.  Note  63.  107,  119,  150,  164.  165, 
169,  170.  Note  176.  Noie  1^0,  184, 
199,  217,  225,  230,  235.  Note  244, 
258,  263,  292,  298,  306,  307,328  356, 
358,  373, 385,  398,  400,  403,  404,  428, 
438,  439,  473.  Note  4hO,  491,  507, 
508,  537,  550,  552,  554.  Note  572, 
600,  612,  613,  619,  621.  633,  646, 
647.  661,  66i,  667.668,  672,  693,  778, 
788. 

WrRTEMBBRC.    (Charles-Eugèuc,   duc 

de).  199. 
WuRTEMUBRG(Eugène-Frédéric-Henri, 

duc  de).  Note  301,  605. 
WruTEMBBRO  (  Ferdinand,  duc  de).  605. 
W'uRTi-MUERG  (Frédéric  Eugène,  duc 


de,  prince  de  Monlbéliard).  Note 
41. 

Wurtembbro  (Louis,  duc  de).  501. 

Wdrtbmbbrg  (Adam  prince  de).  Note 
501. 

WuRTBiiBERo( prince  rojal  Guillaume 
de).  Note  xxu.  62,  63,  69.  70,  83,  k4, 
119,  120,  137,  159, 160,  179,  199,200, 
208,  213,  214,  239,  259,267,  268,270, 
271,  292,  293,  298,  342,415,467,470, 
471,  576,  600,  633,  661,  677,678.  6s0, 
687,  698,  699.  Note  715,  773.  Note 
774. 

Wurtemberg  (princesse  Louise  de). 
564. 

Wurtemberg  (Reine  de,  Charlotte- 
Auguste- Mathilde  d'Angleterre). 
216.  491,  494. 

WrRZBACII.   VII. 

Wûrzburg  (et  grand- duché  de).  6. 


X.  335,  800. 

X.  X.  795,  796,  803. 


Yko    (sir   J.-L.     Commodore).   Note 

627. 
York.  281. 
York  et  d'albahy  (trédéric,  duc  d*». 

715. 
York    von    Wartbnburo    (général K 

Note  341. 
Ypsi la .NTi  (prince).  Note  195,  329. 
Y.  Y.  796. 


Za...  795,  796,  801,  804. 
Zahn.  93. 
Xakiuewitzki.  501. 

^ALOKOVSKY   OU   SOLOGOWSU,  568. 

Zaremba  (de).  687. 

Zastrow  (von).  533. 

Zboïnsky.  222. 

Zebay.  Note  792. 

ZeU-sar-U-MoMelle.  145. 

Zeppelin  (comte).  572. 

Zerbo.ni  di  Sposbtti.  93,137,  156,  157. 

In5,  186,  222,  238,339,  313,  325,  506. 

528. 
Zerleder.  330,  327,  757. 
Zettlbr.  Note  793. 
ZiCHT    (Charles,  comte).  69,    70,  73, 

75,  79,  93.  Note  189,  317,  439,  479, 

497,  534,  745,  756. 
ZiCHY  (Etienne,  comte).   39,  40,  253, 

348,  481,  503,  754. 
Zichy-Ferraris  (François,    comte). 

96,  668. 


TABLE    ALPHABÉTIQUE  865 

ZiCMY  (Julie,  comtesse).  189,268,396,  Znaim.  Note  100. 

316,  443,  444,  751.  Zobbl  (von).  754,  755. 

ZiCHT  (Maria,  comtesse).  189  .  Zubokowskt  (lieutenant).  Voir  Souo- 

ZiCHY  (comtesse  Sophie).  306,  264, 318.  lowsky . 

Zicht-Fbrraris  (comtesse  m  élan  ie),  Zugghi  (général  baron).  679. 

Note  66S.  Zurich.   195,    199.    Note    370.     Note 

ZiegenhAls.  298.  492,  604,  631. 

ZiBLiNSKA  (comtesse).  337,  328.  Zwagh.  453. 

ZiBLiNSEï  (comte).  131.  Zwiblimibw  (général).  355. 
ZUler-Thàl  (Le).  672. 


T.  l. 


55 


TABLE    DES   MATIÈRES 


Pages 

PuéPACB vil 

Avant- Propos. 

Quelques  mots  sur  rorganisaiion  et  ie  fonctionnement  de  la  police 
secrète  Autrichienne  à  l'époque  du  Congrès  de  Vienne xvii 

Chapitre  premier 

Les  préliminaires  et  les  ajournements  du  Congrès  (1*'  juin-3  novembre 
1814) 1 

Chapitre  n 

L'ouverture  du  Congrès  et  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne  (2  no- 
vembre 1814-3  janvier  1845) 411 

Annexes 

Annrxb  I  (à  la  page  xx). 

18  février  //d."^.  Rapport  du  Comte  Pergcn  sur  l'ancienne  police  (di- 
plomatique) secrète  (Analyse) 782 

Annbxb  II  (à  la  page  xxi). 

2f  mMr$  ISO-'t,  Rap;)ort  du  Ministre  de  la  police  Sumeraw  sur  l'or- 
ganisation du  service  de  la  police  secrète  (Analyse) 784 

Annexe  III  (aux  pages  xx  et  xxi). 

2  février  iROa.  Rapport  de  Sumeraw  sur  la  police  secrète  de  Cour. 
(Rapport  basé  surtout  sur  celui  du  21  mars  1804  et  sur  le  fait  que 
Sumeraw  s'est  préalablement  entendu  avec  le  comte  Stadion) 
(Analyse) 787 

Annexe  IV  (à  la  page  xx). 

Î7  février  t806.  Décision  impériale  et  réponse  au  rapport  du  2  fé- 
vrier (Analyse) , ,     788 

Annexe  V  (à  la  page  xx). 

.5  àoùt  1808.  Hager.  Rapport  à  l'Empereur.  Note  sur  la  réorganisa- 
tion de  la  K.  K.  Polizci  Hofstelle  (Analyse) 789 

An.^iexb  VI  (à  la  page  xxiv). 

Résumé  et  relevé  des  dépenses  de  la  Polizei  Hofstelle 791 

Annexe  VII  (à  la  page  xxiv). 

Vienne  18  février  f8f5,  Hager  à  l'Empereur 792 

Payements  faits  par  la  Polizei  Hofttelle  (année  1814) 793 


8G8  AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE   VIENNE 

Annexe  VI II  (aux  pages  xxii  et  xxiv). 

Etat  des  recettes,  dépenses  et  du  reliquat  de  compte  des  sommes 
affectées  du  1"'  janvier  au  31  décembre  1815  au  service  des  dé- 
penses secrètes  de  police  avec  les  mémoires  n**  1  à  157  inclus  et 
n"  1  à  9  inclus 799 

Annexe  IX  (à  la  page  129,  pièce  160). 

Comte  de  Witt 806 

Annexe  X  (à  la  page  131,  pièce  164). 

Alexandre  Rossi,  Ministre  de  Sardaigne  à  Vienne 807 

Annexe  XI  (à  la  page  137,  pièce    73). 

Marquis  Louis  Malaspina 808 

Annexe  XII  (à  la  page  156,  pièce  192). 

La  princesse  Bagration 809 

Annexe  XIII  (à  la  page  156,  pièce  192). 

Duchesse  de  Sagan 811 

Annexe  XIV  (à  la  page  191,  pièce  232). 

Fontbrunc 813 

Annexe  XV  (à  la  page  205,  pièce  252). 

Aurore  de  Marassé 814 

Annexe  XVI  (à  la  page  225,  pièce  280). 

Comte  de  Mercy 815 

Annexe  XVII  (à  la  page  263,  pièce  333). 

Comte  de  Fries 816 

Annexe  XVIII  (à  la  page  312,  pièce  407). 

Comtesse  Clare 816 

Annexe  XIX  (à  la  page  327,  pièce  439). 

Comte  de  Benzel-Stcrnau 817 

Annexe  XX  (à  la  page  431,  pièce  616). 

Comte  Georges  Mailath 817 

Annexe  XXI  (à  la  page  453,  pièce  650). 

Mavrojeni  (Jean) 817 

Charles  Caliimaki  IV 81X 

Jean  Karadja  (Caragea)  II 818 

Les  Codes  Caragea  (Karadja)  et  Caliimaki 819 

Annexe  XXII  (à  la  page  524,  pièce  764). 

Baron  Cornacchia 820 

Annexe  XXI II  (à  la  page  625,  pièce  942). 

Marquis  de  Saint-Clair é 820 

Annexe  XXIV  (à  la  page  640,  pièce  978). 

Comte  de  Raigecourt S3l 

Index  alphauktiqub 823 

EmtATA  ET  Addenda ^69 


ERRATA   ET   ADDENDA 


Pages  :    3,  Note  1 ,  2*  ligne,  au  lieu  de  :  et,  lire  a. 

—  20,  Note  1,  !'•  ligne,  au  lieu  de  :  Dépêche  inédite,  lire  oipÊCHBS  iné- 

DITBS. 

—  28,  19*  ligne,  au  lieu  de  :  Ajoutai,  lire  ajoute. 

—  30,  6*  ligne,  au  lieu  de  :  n'y,  lire  t. 

—  39,  Note  1,  3*  ligne,  au  lieu  de  :  Françaûe,  lire  princbssb. 
— >       44,  4*  ligne,  au  lieu  de  :  Potxo  de,  lire  Pozzo  di. 

—  45,  12*  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  devant  français,  igouter  bn. 

—  52,  18*  ligne,  au  lieu  de  :  n'empéehe,  lire  M'BMPàcHB. 

—  67,  Note  2,  1'*  ligne,  au  lieu  de  :  Guillaume  II,  lire  Guillaume  X. 

—  75,  Note  2,  3*  ligne,  au  lieu  de  :  et,  lire  il. 

—  84,  5*  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  au  lieu  de  :  donné,  lire  DON.tâB. 

—  85,  Note  1,  1'*  ligne,  au  lieu  de  :  viel,  lire  vieil. 

—  97,  Note  1,  7*  ligne,  au  lieu  de  :  Hambourg,  lire  Hombourg. 

—  102,  Note  3,  3*  ligne,  au  lieu  de  :  à,  lire  de. 

—  129,  Note  2,  dernière  ligne,  au  lieu  de  :  XIV,  lire  X. 

—  137,  Note  1,  au  lieu  de  :  XV,  lire  XL 

—  140,  Note  2,  au  lieu  de  :  A/exit,  lire  Aloys-Wehzel  et  ajouter  :  Ministre 

d'Autriche  A  Naples  {i805-1807), 

—  153,  Titre  courant,  au  lieu  de  Bes,  lire  Les. 

—  156,  17*  ligne,  après  basée,  supprimer  , 

—  156,  Note  3,  au  lieu  de  :  X,  lire  :  XII  et  Note  4,  au  lieu.de  XI,  lire  Xill. 

—  179,  Note  2,  avant-dernière  ligne,  au  lieu  de  :  c,  lire  et  et  dernière  ligne, 

au  lieu  de  :  feldseuxmesire  lire  :  fbldzbuombstrb. 

—  182,  Note  2,  1"  ligne,  au  lieu  de  Népomucime,  lire  NâpoMucÂNE. 

—  183,  17*  ligne,  après  Opposition,  au  lieu  de  :  ;  ,  mettre  :  ,. 

—  183,  Note  1,  4*  ligne,  au  lieu  de  ifore,  lire  :  Morbl. 

—  185,  Note  5,  1'*  ligne,  au  lieu  de  Spozatti,  lire  :  Sposbtti. 

—  191,  Note  3,  2*  ligne,  au  lieu  de  XIII,  lire  :  XIV. 
— >  215,  20*  ligne,  au  lieu  de  le,  lire  :  la. 

—  228,  14*  ligne,  après  les  mots  :  Coar  et  prononcera,  ajouter  ,. 

—  233,  Note  2,  6*  ligne,  au  lieu  de  :  assurgissait,  lire  :  assbrvissait. 

—  242,  21*  ligne,  après  scandaleux,  au  lieu  de:  Comment,  mettre:  cohue. 

—  242,  28*  ligne,  au  lieu  de  :  avait,  lire  :  était. 

—  261,  dernière  ligne,  après  Russie,  mettre  :  ,. 

—  262,  10*  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  après  :  Relier,  ajouter  :  (2). 

—  265,  4'  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  avant  honnêtes,  ajouter  :  peu. 

—  284,  Note  2,  avant-dernière  ligne,  au  lieu  de  a  moderna,  lire  :  e  moderno. 

—  295,  10*  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  après  Ancdne  supprimer  ,. 

—  301,  Note  1,  3*  ligne,  au  lieu  de  aup  rince,  lire  au  prince  et  7*  ligne,  au 

lieu  de  Tonr  de,  lire  :  Tour  et. 

—  302,  Note  2,  1'*  ligne,  au  lieu  de  Wesphalie,  lire  :  Wrstphalib. 

—  315,  Note  1,  2*  ligne,  au  lieu  de  Buon  accompagni,  lire  :  Buongompaoni. 

—  337, 10*  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  au  lieu  de  Estuhasy,  lire:  Es- 

TERHAZT . 

—  319,  Note  2,  dernière  ligne,  au  lieu  de  Marescaldi,  lire  :  Maresgalchi. 

—  327,  Note  1,  3*  ligne,  au  lieu  de  t8S7,  lire  :  1817. 


870  F.BBATA    ET    AlifiE^DA 

I'a^ei^:}40.  1**  Urne,  au  lieu  de  M/f*.  lir^  :   l»l{. 

—  as*,  fV  Jifne,  au  lieu  de  ëlliet,  lire  :  ALLiiss. 

—  Z^i,  l'.'  JwTDe*  au  heu  de  Lax^mbarg,  lire  :  L 

—  Vf 4.  2Cr  liirne.  au  lieu  de  à.  lire  a. 

—  MT.  l4*  iijrne,  au  lieu  du  du.  lire  de. 

—  I>i.  Le  Ciotidzkhovciky,  dont  il  ett  question  escore  à  La  p^re  3S>  es; 
hif^n  prrjh>ablemeut  le  m^me  que  celui  dont  A.  Bo^^vro^s  dit  à  la 
pafe  330.  de  a^jQ  livre  :  L'n  Allié  de  >apo(eoii  :  •  Gntak-nrskjct&i: 
tUj*  en  1»4T  un  de»deuf  déléfuêt  pi^looais  A  Dresde  :  l'aotre  éiaii 

—  4)5.  4*  ;iir:ie  a  partir  du  bat  de  la  page,  avant  Sehmùit.  ^«outer  :  Co3- 
keii.i.rii  bK  r</Lice. 

—  4Vj.  Not';  2.  au  lieu  de  T*^^bucker,  lire  :  Taoebûgmeh. 

—  4^'f.  10*  lîir;i<-.  au  lieu  de  peut,  lire  :  rmv. 

—  A'ij.  .Note  1.  V  ii^fie.  au  lieu  de  lègislûtionê.  lire  :  Léoatiosu. 

—  4*7.  .)•  liiTue.  au  lieu  de  Kotflovctki,  lire  :  Kozi»wiu. 

—  k'*b.  4*  lii^n^.  i  partir  du  bat  de  la  page,  au  lieu  de  par.  lire  :  pas. 
-~     yj3,  13'  lijTM'i  à  partir  du  ba^  de  la  page,  au  lieu  de  Mirande.  lire  :  Mi- 

HA>r>A. 

—  S24.  Not^.  aiiji«;u  de  XXI,  lire  :  XXII. 

—  &45.  Note.  ]'*  li;rne,  a  pré»  d\  mettre  .. 

—  S44,  V^  lÎKrie.  au  lieu  de  équivalent ,  lire  équivalb^t. 

—  &46,  d^rrriière  lifne,  au  lieu  de  MCffuiaion.  lire  :  ACQmino^i. 

—  yri.  Note  1,  3*  iif^ne.  au  lieu  de  .4(Aèiiefl.  lire  :  Altoha. 

—  415.  rf"  lifriif^,  au  lieu  ât  $tener  Hàth,  lire  :  STScviukAnt. 

—  04i,  >•*  li^rif^,  au  lieu  de  détiré,  lire:  DéKinéB. 

—  653,  17»  li^n»:,  au  lijçm:  de  </\  lire:  V. 

—  640,  5*  li^i'e.  au  lieu  de  Syrie,  lire  :  Stthib. 

—  07 i.  Note  3,  1'*  ligne,  au  lieu  de  AlezéiwnM.  lire  :  Albxéibvsva. 

—  680,  3*  lif^iic,  avant  et  après  parzit-iL  mettre:  ,. 

—  6h'J,  Note  1,  1"  I !>:"-■  î«"  •*«"  <^*-'  *'•  lire  :  y. 

—  6h3,  16*  li;rric.  avant  et  aj>rê!*  dit-on,  mettre  :  ,. 

—  69 i.  A  la  fin  de  la  dernière  li;rnr.  ajouter  le  ren%'oi  (5). 

—  695,  Note  1.  dernière  lifrne.  au  lieu  de  LMndsdowne,  lire  :  Laiv^dowm. 

—  703.  lO-lijçnr.  au  lieu  de  VVIII,  lire:  XVIII. 
t                                 —  717.  3*  ligne,  au  lieu  de  H,  lire  :  24. 

—  736,  6'  lijçnc  à  partir  du  bas  de  la  page,  au  lieu  de  da,  lire  :  at. 

—  734,  7*  ligne,  au  lieu  de   Vullmoden,  lire:  Wallmodb:*. 

—  747,  .Note    3.  ajout«rr  :  ov    prut-bthb    b?icorb    Wbssbïibbiio.    L'ir.>     db 

IIBMBIlK^   I>F  LA  C:OMMI8SIO!<(  DBf  AFPAlRBfl  fUISSBS. 

—  75o,  17*  liK'ic.  au  lieu  de  entre,  lire  :  co?(trb. 

—  75k,  16*  liK'i^'t  <^u  1^^'u  <^6  êuipect,  lire  :  iuspbcts. 

—  766,  17*  ligne,  après  Sotteyno,  supprimer  :  (2). 

—  771,  !'•  ligne,  au  lieu  de  Giulay,  lire  :  GrirLAY. 

—  776,  4*  lign<;  a  partir  du  bas  de  la  page,  au  lieu  de  CMsilereergh,  lire  : 

(]!a8tlrhf.aoh. 

—  777,  7*  lignr.  au  lieu  de  Wel'etherg,  lire  :  Wbllbslbt. 

—  7H5,  Note,  !'•  et  2*  li;çne.  au  lieu  de  Montât,  lire:  Mozitbt. 

—  7s7,  7'  li;;nc  à  partir  du  bas  de  la  page,  au  lieu  dei,  lire:  mu. 

—  780,  15»  li^ne,  au  lieu  de  pourlà,  lire:  pour  la. 

—  702,   Note  J,  4*  et  15*  lignes,  au  lieu  de  »urt,  lire:  sur. 

—  705,  22*  lijjnc.  au  lu'u  de  Ayrà,  lire  :  Agram. 

—  SU.  avant -dernièn-  liîçne,  au  lieu  de  iirce,  lire  :  avbc. 

—  s  16,  :\    li^ir;  à  psirtir  di  i)as  de  la  pd^e,  au  lieu  de  hUnde.  lire  :  Ib- 

i.ani>p..