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Full text of "Les délices de la Grand' Bretagne, & de l'Irelande; où sont exactement décrites les antiquitez, les provinces, les villes ... la religion, les mœurs des habitans, leurs jeux, leurs divertissemens, & généralement tout ce qu'il y a de plus considerable à remarquer"

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LES 

, DELICES 

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G R A N D' 

BRETAGNE, 

L'IRLANDE? 

TO^ME TROlSlEiMB, 



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D ELÎ'CE S 

I> E LA 

G R A N 

BRETAGNE, 

Scie ■ :iV' 

L'IRLANDE; 

Où font ixaéiêment ttécrtUi^' 
Ecs Antîquitcz ^les Provinces , les VillcS'alês Bôttfgr,^ 
les Montagnes , lés Rivières , les Ports de Mer, 
les Bains , lés Fortereffes , Abbayes , Eglîfes , 
Académies, Collèges, Bibliothèques, Pa- 
lais , les principales Maifons de Campa*, 
gne & autres beaux Edifices des Familles 
Ilkftres, avec leurs Armoiries, &c.^ 

La Religion^ les mœurs des habit an s ^ leurs jeux 3 leurs 

divertiffemeus , ^ généralement tout ce qu'il 

y a de p fus confidfrable à remarquer 3 

Par J A MES B E E V E R E L L , ^. M. 

Lcvtoat enrichi de trSs-bcIIes figures , & Cartes Géo- 
graphiques, deffin^es fur ks originaux» 

TOME TROISIEME, 
Dant le contenu eflhla pàgf précèdent}!^ 

-^' L E I D E,. 

Chez PIE R R E V A N D E R Aa, 

r M D C C V I I. 

A'vcc Privilège. 


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D ELI G E S 


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TOME TROISIEME. 



Zi^ CV*!»^e^ dH3X FORD. 

N avançant à l'Occident^ 
nous trouvons le Comté' 
d'Oxford y dont la figure ir-- 
régulière fait diverfes faces», 
tipi lêment qu^îl çft Êiorné au ' 
Levant par le Duché de 
Bkckifigham.^ au Nord-Eft par le Comté 
de Northamfton ^ 'SlÙ Nord-Oùeft par ce-- 
lui de M^arwick^^ à POccidèntparleDu-- 
ché de Glocefier^ 6c 3U Mîdi^rlè Com- 
té dé Barkskire.:^ W/à. quarante inîllcsde 
Jong, fur vint de large , & cent trente 
-dccircuit. On y compte quatorze Quar- 

7>w. IIL Aaa tiers., 


1 

yiir Les DeI/Ices OxfoicT; 

tiers , deux cefiis quatreivints Eglifes Pa- 
roiflîales , entre lesquelles il y a quinze 
tailt Vilfes qde^oufgs à^arSnéf La ri- 
vière de Ta ÏWfe//î ^ te-plûlâc île Vifis ^ 
fortant du Comté deH^ilt , vient fêparer 
celui d^Oxford de cefik de Barkshire , cou- 
kttt au Nord-Eft , jusqu'à la ville d'0;f • 
Jffrd. En 3hemin'jaifâni, jeljererf reçoit 
deux autres , le WinSrush , qui vient du 
T)\^€}[\itJà&^Glocefier , & VEuenlode , qui 

fort des confins de Warwick^ A Oxford 
Vljts reçoit le Cherwell ^ qui vient du 
Nord de là Trôvîhcè i & lalrâvcrfc par 
le milieu , cwranit^dirait au-So-id. De là 
la première , portant fes éàux au Sud ^ 
tourne enfuitc à PEU , poi^r i-eecvoir Ja 
Tame , Sc't'eft là qu'elle commence à 
porter avec raifbn le.norn'de Tamife , Ta-^ 
méfis^ puisqu'elle eft èôrtipoTce des eaux 
de la Tame ,^ dt l'TJf /. - Amfi cette ri vie- 
ïe borde folitcs' les^fiionriéres Méridtona*- 
les du Comté QX>xfàrd , le féparant de 
celui de Barkshire ; & la Province tra- 
verfée par cinq rivières, toutes aflèzcon- 
fîdérables , en eft fi bien arrofée , que 
fon terroir eft l'un des meilleurs & aes» 
plus fertiles du Royduuiiç., _ ; 

ox- 


M 


O X F O R D. 

JE commence par Oxford , la Capitale" 
de la Province , & l'une des plus' con-- 
Cdérables villes du Royaume , à cau- 
fe de fon Univerfité , qui eft la premiè- 
re de M^Andeterre^ & peut-être de toute 
\ Europe , de quelque manière qu'on Pcn- 
vifâge. Oxford ^ en Saxon Oxenforà , en 
Langue Gallolfe Rhid-j/chen , & en La* 
tin Oxonium , eft une belle 6c grande 
ville , fort bien bâtie , dans une fituation 
très-agréable à Textrémité Méridionale 
du Comtés vers le confluent de Vlfis &- 
du Cherti^ell, à cinquante-cinq milles dc^ 
Londres. C'eft la reauté de (à fituation ,.. 
qui attira autrefois les Mufès dans fon 
enceinte., & qui les y entretiendra , fe« 
Ion les apparences , jusqu'à la fin du 
Monde. On fait que V Angleterre n'a que 
deux Ui>iverfite2. , celle d^Oxford &cçl-- 
le de Cambridge : mais bien qu'elles ne 
ibient guc deux , la grandeur , 8c le nom- 
bre de leurs Collèges font qu'elles font^ 
plus que fuffi(antes pmir éclairer tout le 
Royaume , & lui fournir autant de fa- 
vans hommes , qu'on en peut avoir be* 
foin ».en toutes fortes d'Arts Se de Scicn- 

Aaa % ces* 


j^î4 Les Délices OxCori. 

ces. J'ai déjà parlé ci-deflus de PUniver- 
fité de Cambridge , il fiiut ici parler de 
celle à^Oxford. Elle eft compofée de 
dix-huit grands Collèges ^ & de huit pe- 
tits , que l'on nomme Halls en. Anglais , 
8c que j'apèlerai Ecoles. Ce font tous de 
beaux bâtimens , conftruits de pierre de 
taille , dont le moindre ne le cède guè- 
res au Collège de la Sorbonne à Paris , Sc 
il y en a plufîeyrs qui le (ïirpaflcnt. Ils 
font richement rentez , & Ton y entre- 
tient enviroii mille Etudians , qui font 
nourris Se enfeignez gratuitement. Mon 
Leftcur s'atend peut-être que j'en parle 
un peu par ordre, il faut lui donner cette 
fatisfaftion. La ville d'^Oxfovd avoit été* 
honorée d'une Académie dès les plus an- 
ciens tems de fon origine y lorsque les af- 
faires des Bretons étoienc floriflàntes fous 
l'Empire des Romains , mais elle fut en- 
velopée dans la défolation commune de 
la Bretagne , lorsque les Saxons fe jetté- 
rent fur cette belle He , & qu'ils firent 
leurs efforts pour en exterminer les an- 
ciens habitans & s'en rendre les»maitres , 
deforte (^Oxford ne fut qu'un monceau 
de mafures pendant l'efpace d'environ 
trois Siècles. Cependant 1 -^«j/^^^rr^ étoit 
tombée dans une ignorance li craflè ^ à 

ce 


;l 




OxfcrA, DE I*' Angleterre. fZf 

ce qu'on prétend , vers la findu i x . Sicclc» 
que le Roi Alfred ne trouva aucun hom)» 
me dans tout le Royaume , capable de 
lui enfeigner la Grammaire y. tellement ' 

Su'ilfut laiflTé jusqu'à l'âge de douze ans^ 
ms rien apcendre. Quand il fut parve* 
DU dans un âge de connoiflance , Sc 
qu'il eui: reçu , quelque ioftruâion de 
JPleymond Archevêque de Cantorberj , & 
de Werefrith Evêque de Worcefier , il fut 
fî touché de voir Tignorance déplorable 
de fes fmcts , qu'il rciblut d'employer 
tous fes ioins pour faire revivre les fcienr 
€cs parmi eux. Pour ce deflein il rebâr 
tit la ville d'Ojiç/ir^ , où avoit été l'an- 
cienne Académie des Bretons , & TA»} 
979. il y fonda un Collège qu'il dotarir 
chement , pour y entretenir foixante &c 
dix-huit Ecoliers, qui furent partagez en? 
trois Claflcs. Les uas dévoient étudier 
la Grammaire, les féconds les Arts , & 
ks troifiêmes la Théologie. Il apèla de 
toutes parts de (à vans Hommes pour y 
enfeigner , & l'on y yit entr'autres $• 
GrimbolA , & ^ean Erigeue , furnommé 
Scot. ljt'9jû\ Alfred accorda divers droits 
à ce Collège , Se obtint une bulle du Pa- 
pe Martin II. en date de PAn 882. pour 
la confirmation Se la bénédiâion d'ua (i 

Aaa j uti« 


f^6^ tiEs IÎTelices 0\t6tâ:. 

utile établiflement. Ce Collège fit toute : 
PAcadcmic d'O^rfoni pendant l'efpacedc 
quatre cens ans, qu'elle eut diterfesavan- 
tures, tantôt bonnes, tantôt mauvaifes. 
Elle (bufrit quelques déiblatîons de la parte 
des Danois , ôc (bus les Rois de leur race. 
En particulier /fer^W (furnommé //ii/?— 
foot , pie de lièvre ) irrité pour quelque lé- 
cerfujet, ruina l'Univerfîté , exila tous 
les Profeflèurs , difperfà les Ecoliers , Se 
les dépouilla les uns & les autres des rc-^- 
venus que les Rois leur avoient accor- 
dez. Mais EâêHord le Confejfeur étant 
monté for le throne après lui l'An 10A5.. 
rétablit PUniverfité , & lui fît rendue 
tous fes revenus. Sous le Règne d'Tïif»-- 
ri\. fils de GuilUftme le Cùn^nérant , l'é- 
tude de la Théologie , qui avoit été dif- 
continuée à Oxford , y fut rétablie par 
Roirert Pnten , qui Tenfeigna publique- - 
ment, & le Roi y joignit fes foins , fai- 
fant bâtir une nouvelle Halle ou Ecole. 
Ce Pulen , ayant la faveur des Rois Hen^^ 
ri I. Henri 11. Sc Richard I. fit fî bien 
que rAcadémie devint très-florifïantc , & 
1 on y vit trois mille Ecoliers du tems du 
■Ro! fean. Jusqu'au milieu du xi 1 1 . Siè- 
cle les Ecoliers avoicnt tous étudié à leurs- 
propre» frais , demeurant difperfez dans 

des 


r 


des maifbm bourgeailcs , & s'aflèmblarit 
'dans des lieax deftinez aux leçons publi- 
'qucs. Mais TAn 1269. fous le Règne 

à^Henrtlti. fem Bailleul {oM Baliol) de 
Bérnard'Cafili , pcre'de fem Roi à^Ecof- 
•/^, 'fonda le Collège de BaiUe^l^ Jaiflànt 
'par fôn Tèftament desremes pour entre- 
'-"jtniï oivcettaiii 'nômt>rede Maitres 6c de 
Difdjîks : & depuis ce tems-là divers 
Princes & plusieurs particuliers, remplie = 
de zèle pour l'avancement des fcicnces ^ 
ont imité de Siècle en Siècle fon exemple, 
& ant fondé îes Cdllèges & les Haltes\ 
ou Ecoles , qu'on voit aujourd'hui . Tous 
ces nouveaux Ouvrages attirant lesEtmn- 
gers de tous les Etats de V^Europe , TU- 
niverfîté devint fi floriffante & fî nom* 
breufè , qu'on y compta une fois jusqu'à 
trente mille Ecoliers , & elle ilit en telle 
eftime , que le Concile aflèmblé viVienne 
en Dakfhifft l'An 1 1 5 1 . la mit au liom- 
bre des quatre premières Univeriîtez de 
V Europe , où il ordonna d'établir des Pro- 
feflcurs , pour enfeigner les Langues O- 
rientâles, \^ Hébraïque^ la Chaldaï^ue^ & 
l^ Arabe. Les trois autres Univerfitez é* 
toient celle de Paris , celle de Bologne , 
'& celle de Sa'atHafj^ue. De ces Collèges 
deux ou été fondez dans le £1 1 1 . Siècle^ 

& 


5x8 Les Dp l i ce 5 Qx[ot4\. 

& après VVniverJtti ,. Cqini fut k prérpier 
& le plus ancien. Collège > lavoir 1 1, ce- 
lui de SailleHl\ l'An ix6i) .8c 1 i i • celui de 
Merton fondé TAn 1274. Quatre ont été 
fibndez dans le xiv. Siècle , avec une 
Hali , ou Ecole publique i favoir iv. le 
Collège à^Excêter, l'An, i ^ 1 6* v, le CoK 
lègç du Roi , ou d'iQr/V/ , YAjx \ 3.1 2. avec 
PEcole nommée S\.Adarj'HÀll ^ vi. Ce 
Collège de /^ Reines. l'An 1 54p. & v 1 1 . 
le Collège iV&«/, l'An 155-0. Le Siéde 
XV. vit aever trois Collèges & deux E- 
coles, VI 1 1 • leCoUège de Lincoln^ l'An* 
14x0. & dans le même tcms , l'Ecole 
nommée Gl cefter^Haîl^, i x. lé Collège de 
Toutes les ames^ l'An 1438. x* le Collège 
Sa h Halle àc U Magdeleine^ l'An I45'9.. 
On vit. encore un plus grand nombre de 
Collèges fondez dans le Siècle fuivant. 

XI. celui ÔM Nèz. de bronzée y Vhri-i^i'^,. 

XI I. celui du Corfs de Cbrifi,, l'An i$i6. 
X il 1 .celui de \^'£glifi de Chrt/lXAn. 1 5-46. 
XIV* 8c XV. ceux. de S. ^ean & de laTri" 
nite, l'An ijTf y. XV i . celui de fef»s , l'An 
1 <7i . Les longs & horribles troubles , 
ou le Royaume fût plonjjé dans le der- 
nier Siècle , ayant tourne, les îcfprits aux 
armes , & au fracas de la guerre, on 
n*a pas vu. beaucoup de nouveaux ouvra- 

' ges. 


r 


Oxford. DE l'Angleterre^ fi^ 

ges dans Oxford. Cependant elle s'eft ac- 
crue de quati'e ou qnci, édifices cpnfidé- 
rables j les trois premiers fondez avant les 
troubles ^ lavoir xv 1 1; . le Collège de l^^ad-- 
ham , bâti PAn 1 6xx. & xv 1 1 1 ; celui de 
Pembrok y fondé l'An 1624. &les Andi^ 
toires publics. Lc quatrième édifice , qui 
vaut. bien un Collège , eft le. fameux 
Théâtre de Sheldon ,, cotnmcncé après le 
retour de la paix, l'An 1 664. a quoi l'on 
doit ajouter \^ Jardin de Médecine , don- 
né à l'Uni verhté l'An 1652- Ilfaudroit 
faire un Livre nouveau pour décrire ex- 
a6tement tous ces Collèges , (dont laplû- 

Eart font tout autant de Palais ) leurs Bi- 
Hothèques & l'ordre qu'on y garde. Il 
fuffira de remarquer ce qu'il y a de plus 
confidérable dans chacun. Ceux qui vou- 
dront en favoir davantage , peuvent con-^ 
fil 1 ter les Antiquitez. de PVnivçrfité d'Ox^ 
ford , gros Oiiyrage en deux volumes /» 
folio^ imprimé à OAr/ir^ l'An 1674. P^^^ 
décrire ces Collèges brièvement & métho- 
diquement , nous ne fuivrons pas l'ordre 
des tems auxquels ils ont été fondez , mais 
plutôt celui des lieux & des rues où ils iè 
trouvent fituez. 


ToM. ni. Bbb Le 


f^o Les Délices Oxford; 

Le CMtge de M Magdtleine. 

J'è commeilce par h partie Orientale de 
là ville. Quand on yieht à Oxford de 
Ce côté-là , 'd'abord qu'on a païTé le Cher^ 
TPelt fur lin beau grand: pont de pierre ,• 
on rencontré , avant que d'entrcr dans la 
ville , trois beaux édifices , à la droite 
te Collège & la Halle de la Magdefeine \ 
& à la gauche le fardin de Médecine, 

Le Collège de la Magdeleine eft l'Un des 
plus beaux , comme auflî Pun des plus 
riches qu'il y ait dans 0;r/e)r^. Il fut fon- 
dé dans lé xv. Siècle par Gmlhàûme Pst^ 
tèn , furnommé Wainfleet , Evêque de 
PlHnvhefter ^ 6c Chancelier A^ Angleterre. 
Ce bon Prélat voulant immortaUfer (on 
fiom pai quelque ouvrage d'impôrtatice , 
acheta cet édifice , qui étoit auparavant 
Un Hôpital fondé par le Roi Henri II F. 
& avec la pcrmiflîoh du Roi Henri VI. 
il en fit un Collège, qu'il dota richement,' 
pour l'entretien d'un grand nombre dé" 
gens d'étude , qui dévoient tous s'apli-' 
quef uniquement à h ^Théologie. Il dé- 
molit une partie de THôpital , pour &- 
re un bâtiment nouveau , & dans la fui- 
te des tems on l'a augmenté de quelques 
ouvrages. Le 



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Le principal corps du Lpg^s eft un 
.grand bâtiment quarré, d'environ deuiç 
cçns quatrc-vints pas de long , avec ipie 
grande & belle cour au milieu, Lapriur 
cipale façade cft occupée d'un côté par u* 
ne belle Chapèle, & de Tautre pi^r les lo- 
gemens., & entre-deux s'élève une Tour, 
ou clocher fort élevé , qui fe permine eii 
plate-forme , avec quelques tourillons, 
ornez d'ouvrages de fçulpturc. On en-f 
tre dan3 la çoui* , où l'on voit de chaque 
côté qya^ntitédeStatjuçs^ ^ui fontautani; 
de mvftçrieu^K hiéço^lyphiques. §ur U 
gauche eft l'^imfteçj^çut (|e \^ JElibliothè- 
.que, qui fut çrigée avec le Collège par 
Je fondateur , & au'on a confijlérablemenc 
enrichie depuis ion Siècle. A l'Occidcnc 
de ce grand corps de ce logis , on y a 
d^ns h fuite atgclié deux autres cours , 
oui tiennent cqfemble toute la longueur 
de la premiers , &Ç' au delà : elles font 
réparées l'une de l?autre par une aile , qui 
i^rt dq logement au Principal du Collè- 
ge. La plus pçtite 4cs deux cû occupée 
par un parterre , la plus grande fertd'en^ 
trée , du côté de la ville ^ Se eft terminée 
par une autre aile , plus belle que la prér 
cedentc , qui tient à la Chapqle. Qn en- 
tre de la ville ^a^s cette çou^ par un bc^ii 

Bbb z por- 


55^ Les Délices Oxford. 

portail , orné de quatre colonnes , deux 
de chaque côté , chargé d'un joli fron- 
ton , fait en anfe de panier , oîi l'on voit 
Ja ftatue du fondateur, revêtu defes ha- 
bits Pontificaux. Derrière le Collège on 
trouve de beaux & de grands jardins au 
bord d'un ruifleau , avec des parterres , des 
bocages, des allées d'arbres , & une gran- 
de prairie au delà du ruifleau. La Com- 
pagnie, qui eften poflèflîon de ce Collè- 
ge , eft compofée de cjuarahtè Felltfws ou 
Aflbciez , qui ont un Principal à leur tê- 
te. Outre cela il y en a trente autres , 
qu'on nomme Demies , parce qu'ails n'ont 
qu'une demi-part aux bénéfices de la Mai- 
fon , trois Leétcurs publics, deux Maî- 
tres en Grammaire 5 quatre Chapelains^ 
huit Clercs, feize enfans de choeur , avec 
leur Maitre , & quantité d'Officiers de bas 
étage. Il eft forti de ce Collège un grand 
nombre d'hommes illuftres ; deux Cardi* 
naux fameux dans le xvt. Siècle , Polm 
& Wolfey y quatre Ai^chév^êques l p\ni dé 
vint Evêques , & plufîeurs* fàvaris Ecri- 
vains , entre lesquels on remarque le 
célèbre Doéleur Henri Hammond , aflez 
connu par fès Notes & la Paraphrafe fur 
le Nouveau Teftament , & par fbn Ca- 
techifme ,. il naquit à Cherfijf dans le 

Corn- 


OxfbrJ. DE l'Angleterre. 535 

Comté àcSurrejVAn lôoj. & mourut 
à Wefiwood dans le Comté défi orcefierlc 
25. Avril 1660. âgé de 55. ans. 

UEcoU de la Magdeleine , en Anglais^ 
Magdalen^Hall. 

LE même Prélat , qui fonda le Collè- 
ge de U Magdeleine , ne s'en tint pas 
là , ion zèle n étant pas encore épuifépar 
une fi belle fondation , il acheta un fecond 
édifice , tout joignant fon Collège , 8c 
en fit un Ecole de Grammaire, à laquel 
le il donna une rente pour l'entretien d'un 
Maître & d'un petit nombre de pauvres 
Ecoliers , afin qu'elle pût fcrvir comme 
de Séminaire à fon Collège. Depuis ce 
tems-là elle s'eft accrue fort confidérable- 
tnent , en forte qu'elle entretient quin- 
5te peribnnes avec un Principal , fous la 
dépendance du Collège , outre fix vints 
autres , qui s'y nourTifiènt à leurs dépens , 
& qu on y reçoit en penfion. Il en eft 
déjà fortî fix ou fept Evêques , le Cardi- 
ftal Wolfey y fut Maitre de Grammaire , 
avant que de parvenir à l'élévation où il 
fe vit. Elle a produit auflî bon nombre 
de Savans , qui fè font rendus célèbres 
par leurs- écrits , cnu'c lesquels j'en re- 

Bbb 3 mar- 


534 L^s Delice$ Oxfbfd. 

marque trois y qui font des plus fameux* 
Le premier cft Edouard Leigh , Cheva- 
lier , qui , entr'autres Ouvrages , a public 
une Critique excellente fur le Vieux &: 
fur le Nouveau Teftaroeat. Le fécond 
cft Thomas Hohbes , Philolbphe autant cé- 
lèbre par fbn habileté , que par fes Ouvra- 
ges , où il a rqpandu des dogmes nou- 
veaux Se monftrueux : il naquit à Mal^ 
mesbury dans le Comté de Winchefter ^ le 
5. Avril ifSS.Sc mourut le 4. D^cemb^ 
1 679. âgé de qua^^-vints onze ans. L9 
troificme çft ÇHAlnr CharUt^n , fort hgfei- 
le Médecin. 

Le fardin de Médecine , en Anglois^ 
The PhyfickzGarden. 

LE fardin de Médecine eft via-à-vis du 
Collège de U Magdeleine. C'eCfe un 
grand quarré , fermé de murailles , qui 
occupe cinq arpens de terre. Henri, f4n^ 
'vers , Comte de Gmby dans le Duché 
d'2>r4 , Içntreprit PAn 1 6^^. & au bout 
de dix ans il l'acheva, 11 en fit préfent 
à PUniverfité , avec une rente qu il fon- 
da , pour l'entretien du Jardin , d'un Jar- 
dinier , & d un Profelïèur en Betmiqne, 
11 eft partagé en quatre grands carreaux ^ 

fub- 


V t 


}™\. >«WWîS^ kSSws-^v 


» « 


• • 


i 


Oxford. i>E l'Angleterre. ^^f 

Aibdivifez chacun en quatre autres , qui 
fent enrichis de toute forte d'herbes 
idédecinales. On y entre par trois por- 
tes, embellies de portaux fuperbes , dont 
le principal , qui regarde le Collège de 
U Maçdtleine , a cottté (èul plus de deux 
mille ecus. U a trente pies de long , & au- 
tant de hautf , la porte efl au milieu de deux 
otxlres de colonnes enjolivées de fculptu- 
ne , 8c le tout fuportc un beau fronton , 
fous lequel on voit l'Infcription fuivante 
en gros caraâères : 

GLORIiË. DEL OPT. MAX. 

HONORÏ. CAROU. REGIS. 
IN. USUM. ACAD. ET. REIP. 
HENRICUS. COMES. DANBY. 

D. D. M. DC. XXXI. 
La même Ihfcription fe voit aufli en de* 
dans du côté du Jardin. 

L'^ Ecole ou U Halle de S. Edmond. 

APRES avoir vô le Jardin de Médeci- 
ne , on entre dans la ville par la 
porte Orientale , & l'on rencontre fîir 
Je côté de la droite , auffi-bien que fur la 
gauche , quantité de beaux Collèges , & 
d'autres bâtimens Académiques , que nous 
(hi^courrons tous par ordre , commen-^ 
çant par la droite, 

L'E. 


53^ Les Délices Qxfprd. 

L^Ecole ou la Hdle df/S. Edmpnd éft 
le premier édifice de cette: nature que 
l'on rencontre, à quelques ps de la por- 
te de la ville. Autrefois elle fut une dé- 
Î)endance du Monaftère d^Qfefiey , & el- 
e paroit avoir été «ntreteuue foit par ce 
Monaftère , foit par l'Uni verfité^ pour fer- 
vir de Séminaire, depuis TAn 1x70. jus-* 
qu'au règne à? Henri VIII. Ce Prince liii^ 
nant tous les Monaftères , n'épargna pas 
cet Hofpice. GuHlaHme Denjfe , Princi- 
pal du Collège de la Reine , l'acheta , ÔC 
en fit préfent à (à Compagnie l'An 1 5'46. 
depuis lors cette maifon a .été Une dépen- 
dance & un Séminaire du Collège , que 
je viens de nommer , & qui n'en cft fé- 
paré que de la largeur d'une rue. Il ell 
forti de cette Halle divers hommes il- 
luftres , cinq ou. fix Evêques , 6c plu- 
fieiirs Ecrivains , entr'autres le Doéreur 
Edonard Chamberlaine , celui qui a écrit 
JJEtat fréfinnd^ ^4ngleterre. 


Lé 



Oxford. DE L^AngLETERRE. f^J 

Le Collège de la Reine, 

APRES la Halle de S. Edmond , on voit 
le Collège de la Reine ^ quieft ùnaf- 
fez grand édifice , corapofé de deux cours, 
& de deux corps de logis , qui font en- 
femble un quarré-long. II fut fondé l'An 
1540. par Robert Eglesfield ^ Chapelain 8c 
Aumônier de la Reine Philippe , Epoufe 
du Roi Edouard III. Il y amgna des re- 
venus pour un Principal , douze Aflbciez, 
& foixante & dix pauvres Ecoliers , à 
l'honneur de Jefus Chrift , de fes S. S. 
Apôtres , & de fès 70. Difciples. Com- 
me il étoit de la Province de Cumberland , 
il voulut que fon Collège fut deftiné à 
Pentretien de gens natifs du Nord 
de ^Angleterre , & cette règle a été fi bien 
i obfervce , qu'il y entre difficilement quel- 
* qu'un des Provinces Méridionales. 11 
voulut auffi que les 70. pauvres Ecoliers, 
apèlés au* Rcfeétoire à fon de trompe , 
vmflcnt fe préfenter à genoux devant les 
Fellows aflis à table , pour répondre aux 
queftions qu'on leur îeroit fur la matiè- 
re de leur étude. La mort prévint le 
fondateur , avant qu'il pût voir fon Ou- 
vrage achevé , mais la Reine , qui l'avoit 

Tom. IlL Ccc en- 


I 


5*^8 Les Délices Oxfcra. 

encouragé à cela , fit le rcftc , & donna 
un honête revenu , qui s'eft acru avec le 
tems , c'eft ce qui a fait qu'on apèle cet- 
te Maifon le Collège de U Reine. Les 
deux cours , qui compofent ce Collège , 
font enfemble la longueur de deux cens 
foixante & quatorze^iez : la plus vieille 
cft la plus grande, c'eft celle où l'on voit 
la Chapèk & la Bibliothèque ; l'autre eft 
plus petite. , mais elle préfènte une faça- 
de , plus belle , bâtie avec une agréable 
fymmetrie , & ornée d'un faux portail , 
qui s'avance un peu en faillie , ce pouf^ 
fe un petit fronton au defïus du niveau 
du toit. On a vu dans ce Collège grand 
nombre de perfbnnes illuftres , deux Prin- 
ces ; qui ont été deux foudres de guerrc. 
Se les Vainqueurs des François , Edouard 
Prince de Galles , fils aine du Roi Edou-^ 
ard III. & le Roi Henri V. deux Car- 
dinaux, huit ou neuf Evcques, &plu- 
i]ieurs favans Hommes , dont les écrits 
ont rendu leur nom fameux , comme fean 
WifUff^ premier Réformateur à'^Angleter^ 
re s & Gérard Langbaine , Doéteur ea 
Théologie , qui mourut le lo. Février 
l'An 1658. 


Le 


\ 






■j 


i ' . : 


Oxford, DE l'AngletêrreT jT^gi 

Le CoUegt Neuf. 

\ quelque diftancc du Collège ie U 
j^\.Reine , au Nord , on voit le grand 
Collège de S. Marie , apèlé communé- 
ment Je Collège Neuf , bâti joignant les 
murailles de la ville. Il fut fondé PAn 
1 3 79. par Guillaume de HUckjfam , Evêquc 
de Winchefier 8c Chancelier â? Angleterre , 
le même qui fonda le Collège de S. Ma^ 
rie de Winchefier. Ce Collège Neufdk, un 
^acieux corps de logis , quarré , avec tï- 
nc cour au milieu , & de beaux jardins 
fur le derrière. Le côté Septentrional de 
la cour eft occupe par une Chapèle , 
qui eft un Temple fort propre , & la Bi«- 
bliothèque eft dans le côté Oriental. Le 
Collège entretient un Principal avec 4bi* 
xante 6c dix Aflbciez , dix Chapelains , 
trois Clercs , feize enfans de chœur , un 
Maître de Miifîque, fan$ çom'pter les bas 
Officiers de k mlilbn , 8c de la cuifine. 
"Ce CtHIège a eu l'honneur de produire 
quantité de perfonnages. illuftres , cinq 
^u fîx Archévêoues , dont l'un a été GuiU 
Haume Wàrham ^ le patron à^Eraflne , quin- 
"ie ou dix-huit Evêques , & divers favans 
Ecrivains , entre lesquels ont été Stafle^ 

Qqq% ton^ 


f/^6 Les Délices Oxford* 

ton y Hardingj Sander ^ ScPitfifu^ tous 
quatre Papifies , qui vivoient dans le tems 
de notre Reformation , ècThom/u LydUt^ 
célèbre par ;6 profonde habileté , en ma- 
tière d'Aftronomie & de Chronologie. Il 
naquit à Okprton dans le Comté d?Oxford , 
au mois de Mars de l'An ij/z. 6c y moui- 
rut le 3. d'Avril de PAn 1646. 

U Ecole apiUe la Sale au Cerf^ 
The HaruHall. 

DE ce Collège on paflê tout droit à 
l'Ecole ou Ta Halle dn Cerf, ( The 
Hart'Hall) ainfiapèlée de fon fondateur 
Elle de Hartford , dont le furnom fignifie 
le gué du Cerf. Cet Elie ayant acheté une 
inaifon garnie en fit préfent à PUniverfi- 
té à^Oxfwd PAn 1284* pour en faire une 
Ecole publique j dans le Siècle fuiyant 
Gualter Stafleton , Evêque ^Exciter , l'a- 
cheta , & y fit quelques réparations dans le 
deflein d'en faire uti Collège , mais en* 
fuite il changea de pçnfée. Cette Mai- 
fon eft un joli bâtimeiit d'une grandeur 
médiocre , où l'on entre par une longup 
.cour , ornée d'un portique. Elle a vlxx 
honête revenu pour entretenir une treii- 
tninc de pauvres Etudians/ Elle a eu 

l'hon« 


I ™1P* I ). - 


I ' 






: J : 


Il * 


Ojçfori. DE l'Angleterre, f^i 

l'honïieur de produire plufieurs hommes 
illuftres , cntr'autres le fameux ^ean Sel*' 
den , l'un des plus favans jinglois qui ait 

Î)aru dans le Siècle xv 1 1 . 11 ndquit dans 
e Comté de Sujfex l'An 1 575*. d'un pérc, 
dont la fortune ctoit au deflbus de la me* 
diocre, & mourut à Londres ^ le 30. du 
mois de Nov. 1654. 

Le Collège de Toutes les Ames , en An^ 
gleis , AU Soûles Collège. 

DE l'Ecole du Cerf^ marchant au Sud , 
on trouve au bout de la rue, le Col- 
lège de Toutes les Ames , apclé en An^- 
glois y AU Soûles Collège. Il fut fondé dans 
le XV. Siècle par Henri Chicheley , Arché- 
vêaue de Çantorherj , l'An 14^7. ôc ce 
.Prélat lui donna le nom qu'il porte, par- 
ce que (on deflèin étoit qu'on y priât Dieu 
continuellement pour les âmes des trépaf- 
.fex , non pas à la vérité pour tous , mais 
feulement pour ceux qui mouroient dans 
Ja guerre qu'on eut de fon tems contre 
la France. Ce Collège eft compofé de 
deux corps de logis , avec deux cours ^^ 

3ui font enfcmble la longueur d'environ 
eux cens piez. 

\ji principale cour eft un beau corps 

Ccc 5^ de 


^41 Les Délices Oxford, 

de logis, quarre, bien régutier , &bien 
bâti. La principale façade préiente aux 
yeux une Tour quarréc, qui s'élève dans 
le milieu , par deflus le coït , & au defllis 
de la portc^ les ftatues du Roi Hetiri IV. 
& du Prélat fondateur. Entré dans la 
cour on voit la Bibliothèque fur k droi- 
te , & la Chapèle , qui occupe le fond 
de la cour. La Chapèle eft une pièce fort 
propre ^ acompagnée d'une belle horloge* 
L'autre cour n cft pas régulière , 8c n'a 
rien de remarquable qu'une aile de logis , 
qui eft attachée à la principale façade , 
poféc fur la même ligne , & d'une archi- 
•tcâurc toute pareille. La Compiagnie, 
qui occupe ce Collège , eft compofëe de 
quarante Aflbciez , qui ont un Principal 
à leur tête; outre deux Chapelains, trois 
Clercs ôc Cx Enfans de choeur. Entr'au- 
très perfonnes illuftres qu'on a vu fbrtk: 
de là , les plus remarquables font dôuZb 
Evéques ., un Archevêque , Gilhert SheU 
don y le fondateur du Théâtre , GHillau^fêe 
Latjmer , Brian Duffa , Evêque de fVsH^ 
chefier , & Aumônier du Roi CharUs 1. 
:èc quelques autres. 


VE. 


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Xfiùf d» s.JirjL 


r" 


i - 


Orford- PE l'Angleterre. 545 

VEglife de S. Marie. 

SORTANT du Collège de Toutes les k- 
mes , on a dçvant les yeux TEglife de 
S, Marie , la plus belle de dix à douze E- 
glifes , qu'il y a dans Oxford , y compri- 
fes celles des Fauxbourgs. Nous en par- 
lons ici parce qu'elle apartient à l'Uni- 
vcrfité en propre depuis fbn origine. Au- 
trefois même elle fervoit aux Aflemblées , 
qui iè fiifoient pour les afl&ires Académi- 
ques , pour les Examens des Candidats à 
graduer , pour les Leçons, 8c pour les 
Difputes publiques , ce fut pour cette rai- 
fon que l'An 14S9. comme elle mena- 
Çoit oeruioe , rUniverfité la fit reparer 
à fes dépens. Mm depuis que d^ns le 
Siècle dernier on a bâti les Auditoires pu^. 
blics , & le Théâtre de Sheldon, l'Eglifç. 
n'a plus fervi qu'^à faire le Service Divin.. 
L'architcâure en eft fort unie , mais bien 
r^uliére i on y remarque un portail or- 
ne de deux colonnes torfes , au dcflus du- 
quel on voit la ftatue de la S. Fierge ^ 
& plus haut^ les Armes de l'Univerlité. ' 
Le clocher , qui s'élève du milieu de la. 
longueur de l'Eglife , furporte des tou- 
rillons , ornez de fculpture Se de fta- 

tues. 


5^44 Les Délices Oxfoij. 

tues , & une belle pyramide fort éle- 
vée. 

Les Auditoires publics , & la Bibliothèque 

Bodle'ienne, 

L'Université fut long-tems fans avoir 
aucun Auditoire public , jusqu'au mi- 
lieu du XV. Siècle, qu'on s'aviû d'en bâ- 
tir un , pour cnftigner la Théologie j il 
tomba presque en ruine cent ans après , 
& on le rebâtit peu-à-peu , Ton y ajouta 
de nouveaux ouvrages dans le dernier Siè- 
cle , & on le mit en l'état , où il eft au- 
jourd'hui. Tout cela fait les Auditoires 
fublics , qu'on voit derrière l'Eglife de 
S, Marie. Ces Auditoires font Pun des 
édifices Académiques le plus remarqua- 
ble , qu'il y ait à Oxford. Ils forment 
un grand bâtiment quarré , long de cent 
quarante-fopt piez , compofé de trois ailes 
de logis , à trois étages , qui renferment 
une fort belle cour. Le portail eft char- 
gé d'une Tour quarrée , enjolivée par 
dedans de divers ouvrages d'architeècu- 
re , répandus avec profufion- On y voit 
cinq rangs de colonnes Tun fiir l'autre ; 
dans le cinquième rang paroit la ftatue du 
Roi Jaques I. ayant d'un côté la figure 

de 


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f y., . «-—M.^- — ■• ,. ■. 


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Oxford* DE L^ANGLETERftEr 5^45" 

de la Renommée , 6c de l'autre une fem- 
me à genoux , qui repréfente l'Univcrfi- 
té. Au deflus on voit encore trois autres. 
figures 5 mais je n'ai pas eu d'aflcz bons 
yeux , pour aiftineuer ce que c'étoit. 
Tous les cotez de la cour conduifent à 
divers Auditoires , diftribuez dans les 
deux premiers étages , où l'on enlèigne 
toutes les Sciences , les Arts , & les Lan- 
gues fàvantes. Le troifiêmc étage n'a 
que des galeries ou des portiques. Tou- 
tes ces pièces ont été bâties dans le Siè- 
cle dernier fous le règne du Roi Z^- 

Du fond de la cour, fur la gauche, on 
pafle dans une autre corps de logis plus 
ancien que le premier , long de cent qua- 
rantc-quatre piez , fait en forme de H , en 
telle forte , que l'une des branches fer-» 
me le quarré de la cour , Se attache tout 
cet édifice au refte des Auditoires. Ce 
fécond bâtiment eft à deux étages s dont 
celui d'embas ^ dans le milieu de l'édifi- 
ce, eft l'Auditoire de Théologie , &tout 
celui d'enhaut eft occupé par la Biblioi 
thèçiue pubhque. L'Auditoire de Théo- 
logie eit long Se large » Se parfaitèn^ient 
beau. Son plat-fond eft conftruit en 
voûte , tout de même qu'une Eglifo , 

Tom. III. Ddd avec 


^ifi Les Délices Oxforf^ 

avec un grand nombre de niches dans les 
cintres de la voûte , où Pona mis des fta- 
tues ôc des buftes. 

La BiHiothèque, qu*on trouve à Pc-» 
tage d'cnbaut , cft la célèbre Bibliothè- 
que Bûdhïennc y. qu'on eftitne autant que 
celle du F'atican , à caufc du grand nom- 
bre & de la bonté des Livres , particulié-. 
rement des Manufêrits, Il en eft de 
cette Bibliothèque comme. des Auditoi- 
res , c*cft-à-dire , qu'elle ne s'eft pcrfeéki- 
cnnée qu'avec le tcms* Environ PAa 
1460. Hfimphroy dit U Bon > Duc de Glo^ 
cejier , l'enrichit de cent vint-neuf livres 
choifis , qu'il avoit fait venir à grands 
frais àL*Italie. Mais par je ne fai quel 
malheur ils furent égarez quelques années 
après 9 & la Bibliochèaue fut long^tema 
dans un état fort chetif , ayant perdu: 
même jusqu'à {es bancs &: iès tablettes.. 
L'An 1600. le Chevalier Thamaj Bod- 
Jej 5 homme d'un rare mérite , entreprit 
de la rétablir , & ramafla de toutes parts ^ 
à grands frais , dequoi former une bellc^ 
Bibliothèque! Et comme le bâtiment ne 
faifoit ' alors que la figure d'un T , il y 
ajouta qne aile , & en fit une H entiè- 
re. Avant que de mourir il remplit près-» 
que les galà'îes des deux ailes , des li^ 

vrcs 


r 


K 


V 


.^'.Bitiiliiettfia. 3 JL'oiuùtrùv ^ Tiù&fû.jXti ^MJi'a>ii-fr . ^ 


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V ! 





OxfoxJ. .BE l'AnclwerreJ jr47 

yrcs quHl avoit racqiafîbz , & e» mourant 
il laifla un fonds , d'où Pon tire un a* 
pointement pour l'entretien d'un Biblio* 
thécaire , & une rente pour acheter tous 
les ans de nouveaux livres. Il étoit jufte 
de confèrver par -quelque endroit la mé- 
moire d'un fi grand Bienfaiteur. On le 
fit aufli , l'on donna à la Bibliothèque le 
nom de fon fondateur , & fa ftatue y fut 
placée l'An 1605. avec l'infcription fui* 
vante : 

Thomas Sackyillj^ Dorpt, Cam. ., 

Summftâ Angliae; Thefaurar. 

HuJHs. Acad» CanceL 

Thomae BodUio Equiti Aurato 
. jQui Bibliothecam hanc infiituit 

Honoris caujfa P. P. 
pans la fuite la Biblipthçque s*efl; accrue 
par les préfens que plufieurs peyfonncs y 
ont fait3 , & par les livres. qu'on a ache- 
tez de fes revenu?. Entr'autres Thomas 



bliothcque , & lui donna deux mille qua- 
tre cens Manufcrits en diyerfes Languci. 
.L'An xéf9, on l'enrichit de la Biblio- 
thèque du {avant Solden , compoféc de 
plus de huiç mille volumes , qu'on achc- 

Pdd % ta 


.' « 


54^ Les Délices Oxfori. 

ta des Exécuteurs de fon Tcftament.' 
La Bibliothèque cft à deux étages , 6C 
l'on monte à celui d'enhaut par de jolis 
degrez de bois à jour , praticjuez dans le 
milieu & dans les quatre coms , & tra-^ 
vaillez avec beaucoup d'art. Les galeries ^ 

ui font le fécond étage , font bordées 

e balultres à hauteur ti'apui. 

Le Théâtre de Shéldon. 


i 


A quelques pas des Auditoires pu- 
blics , on rencontre le ùmcuxThea^ 
tre de Sheldon , dont on a tant oui par- 
ler depuis trente ans en çà , & qui mé- 
rite , làns contredit , la curiofité de tous 
les Etrangers , qui vont vifiter Oxfords 
Cet ouvrage eft , au jugement des con- 
noifleurs , Pune des plus bcUei pièces 
<l'Architeâ:ure, qui fe puiflevoir, dont 
leD. ChrifiofhleWren^ Architefte ÔC Sur- 
Intendant des bâtimens du Roi, a été le 
Direûeur. Il fut commencé l'An 1 664.. 
& achevé l'An 1669. Un généreux Pré- 
lat, Gilbert Sheldon ^ Aî*chévêque de C^»w 
îorhery , en fit toute h dépenfe. C'eft un 
beau bâtiment à deux étages, qui forncie- 
roit un ovale entier, fi le côté qui regar- 
de la Bibliothèque Bodleïenne tfavoit été 

fait 


r" r- 


./•• 


Oxford. i>E L^ Angleterre. 549 

ftit en ligne droite. 11 préfente de ce cô- 
té-ld une feçadé magnifique , dont le pre- 
mier étage eft embelli d'un ordre de co- 
lonnes & de pilaftres d'ordre Corinthien , 
au deffus duquel on lit l'Infcription fui-' 
vante, , ' 

ACADEMIE OXONIENSI BO- 

NISQUE LITTERIS S. 
GILBERTUS SHELDON AR- 

CHIEP. CANTUARIENSIS. 
CANCELLAR UNIVERS. FE- 

CIT. A. D. CI^lDCLXVra. 
L'étage d'çnhaut eft embelli de quatre 
pilaftres , "qui chargent à pfomb fur les 
colonnes de celui d'embas , & fuportent 
un beau fronton , par où fe termine tou- 
te cette façade. Le côté oppofé eft fer- 
tné d'une muraille qui fait un demi-cercle, 
élevée à hauteur d apùi ^ chargée de baluf- 
tres à jour , & entrecoupée de quatorze 
grofles pierres , élevées en façon de fca- 
belons , fept de chaque côté de la por- 
te, qui (butiennent tout autant debuftes 
à l'antique. On voit là les Armes à^An^ 
gleterre îur le portail, avec cette Infcrip- 
tion, 

CAROLUS. IL D. G. MAG. BRÏT. 

FRAN. ET HIB. REX. FI. DEF. 

L'étage d'embas fert de logement à la 

Ddd 5 plu3 


lJ 


55*0 Les Délices Orfor<I», 

plus belle Imprimerie du Royaume , éri- 
gée aux dépens du même Prélat , d'où, 
font fortis dqà une infinité de livres très-* 
bien imprimez y 8c celui d'enhaut fer taux 
afièmblees Académ^ucs , aux Aéfces Se 
aux Exercices publics. L'un des plu% 
beaux ornemens de cet Edifice font cent 
cinquante précieux inonumcns d'Antiqui- 
té , qu'on y voit ramaflez , fous le nom 
de Martres d^Arundel & Marbres de SeU 
den ou J^Oxford. L.e Comte Thomas 
d^Arundclj grand Maréchal d'-^^jto^rr^^ 
avoit fiât venir ^ à grands frais , ces mar-^^ 
bres fameux , de divers endroits de la. 
Grèce , de V Italie & de l^AJie , 6c les avoit 
rangez dans ïa cour de l'Hôtel à^Arun^ 
del à Londres^ dans le voifinage du Quar» 
tier de TempU-Barr. Son petit-fils Hen^. 
ri Hou/ard en fît prélênt à l'Univerfitç 
d'^OxJvrd^ &on les rangea le long de la 
muraille du jT-fe/ii/r^. Le célèbre 5^/J^» ea 
avoit auffi ramafle un bon nombre y apixs 
fa mort le^ Exécuteurs de fon Tcftament. 
les donnèrent de même à l'Univerfitç 
d^Oxford , g^i les fit ranger avec les au- 
tres le long de la rhême ihuraîUe. 

Les premiers furent marqués d'une H^ 
pour les difcerner des autres , auxquels 
on mit une S pour marque. Il y en a 

dont 


u 




Cxford, DE l'Angleterre. 5*5^1 

dont les Infcriptions font Gré^jnes , il s'en 
trouve auffi où elles font en Latin ^ &: 
déplus il y en a qui font acompagnées de 
figures. Les Marbres Grecs font les plus 
confidérables ^ parce que les Infcriptions 
contiennent divcrfes Epocjues mémora^ 
blcs, pour éclaircir l'Ancienne PHiftoi^ 
re Grcjue , & en fixer la Chronologie. Il 
n'efl: pas néccflaire d'en dire davantage , 

Erce que les Sa vans les connoiilènt aiTez. 
i n'ignorent pas non plus qu'on a publié 
un Commentaire fort ample fur toutes ce$ 
Infcriptions , compofé par le &vant Hftm^ 
fhrid PrUiSHx , imprimé l'An 1 674. à Ôx^ 
ford , & qu'il s'en cft fait dernièrement: 
une féconde Edition. On a mis deux 
Infcriptions au deffus de ces Marbres ^ 
la première à l'honneur des Comtes d'-^- 
rundel , le grand-pére , qui les^ avoit ra* 
xnaflèz, Se le petit*fils , qui les avait don* 
nez s la féconde de même là l'honnçur de 
Seldeu , & des Exécuteurs de fon Tefla-. 
ment. Je ne les rapprte pas „ parce qu'el- 
les font trop longues. 

A la partie Occidentale du Théâtre on 
a joint un nouvel édifice , qui fcrt de 
Cabinet de curiofîtez , dcfliné à raraaflèr 
toutes fortes de raretez, qui peuvent fèr- 
vir à l'avancement des Sciences , parti- 

eu- 




f^% Les Délices Oxforf. 

culiéretnent de la Phyfique , ou de PHif- 
toire Naturelle. C eft un grand & ma- 
gnifique bâtiment , conftruit aux dépens 
de PUniverfité, commencé PAn 1679. 
& achevé PAn 1 688. On y entre par un 
portail fuperbe , orné de piliers avec di- 
vers embelliflèmens . Le frontifpice a 
ibixante piez de haut , & porte Plnfcrip- 
tion fuivante en lettres d'or , Mufcum 
jishmoleanum , Schola Naturalis HificrU , 
Officina Chimie A. Quand Pédifice fut a-' 
chevé , Pilluftre M. Ashmole fit préfent 
à PUniverfité d'un ramas de curiofitez 
les plus rares , & dans la fuite plufieurs 
autres lUuftres y ont donné diverles 
chofes ; le Doéleur Huntington a fait pré- 
fent d'hiéroglyphiques & d'autres An- 
tiquitez à? Egypte. Le fàvant M. Lifier 
Doâreur en Médecine , fi connu par fes 
recherches dans l'Hiftoire Naturelle , a 
donné un Cabmet de raretez naturelles , 
qu'il a ramaflées lui-même , & plufieurs 
hniiciMsz Romaines y comme médailles, 
autels, lampes, & autres chofes fembla- 
bles. 11 y a dix chambres dans ce bâti- 
ment , dont les trois plus grandes font 
Eubliqucs. L'une eft le Mufeum , le Ca- 
inet de^ raretez , qui avec le tems de- 
viendra l'un des plus beaux de ]? Europe. 

L'au- 


i J 


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OxforJ. DE l'Angleterre^ . y^j 

L'autre eft un Auditoire , où l'on fait 
leçon d,'Hiftoire naturelle. La troifîêmc 
eft un grand & beau Laboratoire , pour 
les opérations de Chimie. La chambre, 

3ui touche le Cabinet des nu'etez , fert 
e Bibliothèque pour des livres d'Hiftoi- 
re naturelle j une autre , qui eft proche 
du Laboratoire eft une Bibliothèque de 
livres de Chimie. 

Lt Collège d'Exceter. 

APRES avoir vu ce fuperbe 21&^^^r^ on 
n'a qu'à traverfèr la rue ,. & l'on 
rencontre le Collège d'£Â:rA^r, ainfiapè- 
lé de fon Fondateur , Gualter Stapledon , 
E véque â^Excêter , Conleiller du Roi £• 
dottard IL & Grand Tliréfbrier de la Cou- 
ronne. Ce Prélat ayant rélblu de former 
un Collège à Oxford^ lavoit-mis d'abord 
dans la Halle du Cerf \, comme je l'ai re- 
marqué ci-deiTus \ mais dans la fuite 
l'ayant trouvée trop petite , 8c dans un 
Heu trop refferré , il tranfporta fon Col- 
lège l'An igi6. à l'endroit oii il eft au- 
jourd'hui , & le renta pour entretenir une 
Compagnie de douze perfonnes avec leur 
Cher. Comme cette maifon n'a pas été 
*" * ' tout-à-la-fois , elle n'cft pas regulié- 

Tom^ lU. Eec rc. 


'^jm. ' Les Délices Oxford. 

'ré. C'eft une grande cour , qui fait la 
fig^crre d'une L , environnée de trois ai- 
ks de logis à trois étages; fur la gauche 
'cft la Chapèle, & fur Pailede derrière la 
'BMothèque., La Compagnie a reçu de 
grandes donations de diverfes perfonnes, 
yendant le cours de près de cjuatre Siè- 
cles i- tellement qu'aujourd^hui le Collè- 
ge entretient vint-trois Afîbciez, au lieu 
de douze qu'il y avoitau commencement. 
Il en eft férti' deux Archevêques , douze 
ou treize Evêques , & divers Ecrivains 
ïiïuftres , •entre lesquels je remarque Lw-^ 
k' BAjh\ OaHùis de naiflànce , AuteUr 
d'un livre de dévotion , intitulé U Pra^ 
ùoiue de fietc , qui a, été tellement cou- 
V\i , .qii'll s^en eft fait plus de quarante 
Éditions en diverfes Langues. 

» 

Le VoUe^' de fefus. 

■ • > ' I t 

LE Collège de fefus eft fi proche de ce- 
lui d'ifArfr/r^r^jgu'il n'y a que la rue 
cfitre-dëux. U futlohdé ?An îjrz^- V^^ 
la Rerne Etiz:àbeth^\ laTôUidtation à^Hu^ 
^^Hcs Price, Doftc^r âux Loix , qui con- 
tribua auffi générculêment du (kn pour 
avancer l^oûvrage. C'eft un vafte corps 
de logis , quatre, de plus de cent trente 

pie2i 




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Oxford. DE L'AKGtETERÏtpI f^f 

piez de long , bâti aflèz propremOTt , ^-r 
vcc une grande Cour dans k milieu. En-, 
tré dans k couf^ on voit la Cbapèle fat! 
h droite , & la Bibliothèque au fond.de 
la cour , le refte eft occupé par un Prin- 
cipal , feize Aflbciez & autant d'EccJiers. 
Le derrière de la mailbn eft terminé par 
deux ailes parallèles , qui s'avancent en > 
faillie , & le côté droit eft bordé de jar:- 
dins & de parterres. La Reine , quîfbnc 
da ce Collège , ny donna de revenu» 

3ue pour Pentretien de huit Aflbciez i & . 
e tout autant d'EAX)lîers avec un Pria-, 
cipal ; mais le Roi ^a^ffa I. doubla, ces > 
revenus ^ tellement qijc JaGocapagnic fut . 
augmentée du double. Il eft (brti xiivers 
iàvans Hommes de ce Coll^ , mais 
comme ils ne ibnt gqères conaus hors de 
VjingUt^rre ^ je n'en parlerai pas. 

Le Cûllige de Lincoln. 

LIE. Collège de Lincoln , qui eft à quar > 
tre pas de^ là , du côté du Midi , tire 
fon nom de ies deux fondateurs , qui ont : 
été l'un & l'autre Evcques de Lincoln , 
& il eft deftinéuniquemeataux Théolo- 
giens. Le premier , qui le commença , 
tut Richard FUmming y Evequc de Lin-i. 

Ëee a coln^ 


ff^6 Les Délices Oxfori 

c^ln , l*An 142.7. La mort vint un peu 
trop-tôt pour lui , & ne lui donna pas 
le tems d^achevcr (on ouvrage , tellement 
qu'il le laifla en petit état , n'ayant de re- 
venu que pour Pentretien de neuf ou dix 
Pcrlbnnes. Après lui Thomas Bcckington^ 
Evêque de Wells ^ y fit quelque chofe avec 
un petit nombre d'autres Savans accom- 
modez : mais il demeura long-tems en- 
core dans l'obfcurité , jusqu'à ce que Tho» 
pMs Rotheram , Evêque de Lincoln & 
Chancelier à* Angleterre , le rétablit , & 
le mit fur un aflèz bon pic l'An 1475". 
en forte qu'il en eft regardé comme le 
fécond Fondateur. Un troifiéme Evêque 
de Lincoln y bâtit dans la fuite une Cna- 
pèle fort propre , & plufîeurs autres con- 
tribuant génereufêment des terres , des 
rentes , & des livres j on y a fait un bon 
fonds , ôc une Bibliothèque afièz bien 
garnie. Le bâtiment eft un grand quar- 
ré-long y régulier , qui a plus de deux 
cens piez de long , partagé en deux cours 
à peu-près égales , qui ont chacune leur 
porte de dehors. 1uc portail de la prin- 
cipale cour eft embelli d'aune Tour , qui 
s^cleve au defiqs du toit : la Bibliothè- 
que eft au coté gauche de cette cour » 
à l'extrémité de tout le bâtiment , & la 

Cha- 




'f 




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Oxford. DE L^AngLETERRE. 5^7- 

Chapèlc eft auffi de même à l'autre ex» 
trémité du Collège, fur le côté droit de 
la féconde cour, La Compagnie de ce 
Collège eft compofée d'un Principal , 8c 
de douze Afibciez , qui ont au d€fK>us * 
d'eux quatre Ecoliers. Il en eft forti di- 
vers favans hommes , dont les noms ce- 
pendant ne font pas fort connus au delà 
de la mer , fîx Evêques , & un Arche- 
vêque de Rheims , (avoir Guitlaume Gifford^ 
qui ayant quitte (à patrie , à caufc de fbt> 
attachement au Papijme^ pafla une bon- 
ne partie de fa vie , à Lcuvain^ i Paris ^ 
& à Rome , & fut enfin apèlé à T Arche- 
vêché de Rheims par le Roi Lsuis XIII. 
} l^^n \6^^. Il en jouit fept ans, & mou- 
rat l'An 1 629 . le X I • d'Avril , âgé d'en- 
viron foixante &: quinze ans. 

Le Collège du Nez. de bronzée , en Angleir^ 
Broz^en Nofe Collège. 

JOIGNANT le Collège de Lincoh on voit 
celui qu'on apèle k Collège du Nez. 
de bronzée, en Anglois^ Brozjen Nofe CeU 
^ge^ ainfi apèlé d'une vieille Ecole, dont 
il occupe la place. 11 fut fondé l'A» 
iyi2. par GHillaume Smithy Evêque de 
titehfie/d & de Coventry , & par le Cbe- 

Ece ^ vas- 


1 


5^8 Les Délices Oifoxd. 

yiXiCT Richard Sutton^ conjointement. Le 
principal corps de logis eft une belle cour 
quarree, environnée de tous côtés debâ- 
timcns fort bien entendus 8c réguliers , 
ôc occupée dans fbn milieu par un pat^* 
terre. Le refte du Collège eft un autre 
cour , dont un côté eft occupé par Pa- 
partement de la Bibliothèque , & Pautre 
eft une Chapèlefort bien travaillée. Ces 
deux derniers ouvrages font plus nou- 
veaux que le refte , & 1 architeéturc eft 
d'un goût nouveau , mais auffî plus beau , 
plus régulier & plus propre. Les Fon- 
dateurs ont deftiné ce Collège à des gens . 
nés dans le Diocefe de Litchfield & de 
Coventry s iès revenus entretiennent un 
Principal , huit Aflbcie2 , des Leéteurs en 
Lances GréqueSc Hébraïque, cnHu- 
manitez ôc en Phyfique , qui ont au def- 
Ibus d'eux trente Écoliers , outre ira 
grand nombre d'autres qu'on y reçoit en 
penfîon. Ce Collège a produit huit ou 
neuf Ëvê^es , & divers Siavans , qui' 
fe font fait connoicre par leurs Ouvra-^ 
ges. 






Oxford. DE l'Angleterre. f^^ 

Le Collège de BaillcHl. 

APRES avoir vu tous les édifices A- 
cadémiques , qui fè trouvent ramat 
fez dans le petit cfpacc, que nous venons 
de parcourir , on peut paflcr au faux- 
bourg Septentrional , pour en voir qua* 
tre ou cinq autres qu'on y a bâtis. 

Le premier , qui fe préfènte à la vue , 
cft le (Collège de Bailleul , qui fut auffi 
Tun des premiers , qu'on vit à Ox^ 
ford dans le xiii. Siècle. On lui ia 
donné le nom de Bailleul , parce que 
fean de Bailleul , père de ^ah de Bailleul 
ILoijà^EcoJfe^ en cft regardé comme le 
Fondateur. Il conçut , pendant fà vie , 
le deOein de former un Collège , mais 
ayant été prévenu par la mort l'An 1 269. 
il laiflà ce foin à. la Veuve Bervorgille , 
fille à? Alain Seigneur de Gallowaj en £- 
cojfe. Le Collège eft un quarré-long de 
cent quatre-vints dix piez de longueur , 
compofé de quatre ailes de logis à deux 
étages , dont celle du fond de la cour cft 
occupéc^par la Bibliothèque & parla 
Chapèle. A la gauche & fur le derriè- 
re , la maifon eft environnée de jardins. 
Dans les commcncemens le Collège n'é- 
toit rente que pour l'entretien de feize 

Eco- 


ydo LesT>ELICES OxforJ. 

Ecoliers avec un Principal , mais dans la 
fuite des tcms , il a reçu un fi grand 
nombre de legs de diverfes perfbnncs ri- 
ches & gcnéreufcs , que fes revenus en- 
tretiennent douze Aflbciez , 8c dix-huit 
Ecoliers, outre quatre Ecojfois^ qui doivent 
y être reçus à perpétuité. On a vu dans 
ce Collège un grand nombre de pcrfbn- 
nes , qui ont été illuftres, fbit par leur 
qualité , foit par leurs emplois dans PE- 
tat ou dans PEglifè , foit par leur érudi- 
tion 5 foit enfin parleurs écrits. Il en eft 
Ibrti quatre Archevêques , onze ou dou- 
ze Evêques , & plufieurs Ecrivains , 
dont il y en a quelques-uns d aflez fa- 
oneux. 

Le Collège de la Trinité. 

LE Collège de la Trime n'eft pas bien 
loin de là , derrière celui de Bailleul. Il 
étoit autrefois une dépendance du Prieu- 
ré de Dnrham , 8c les Religieux de cet- 
te Maifon y avoient un petit Séminaire , 
3ui fut envelopé dans la ruine commune 
es Monafières du Royaume , fous le 
;-cgnc ài^ Henri VIII. On croid qu'il n'é- 
toit guéres moins ancien que celui de 
Bailleul. Long-tems après cette difiipa- 

tion^ 



* • V 


Oiforêé ETE L^ANOLB-ffertREJ fêV 

tion , il tomba entreles mains d^un Ohe- 
valier , nommé Thomas Pofe , qui en fiC 
un Collège l'An ij'yf. parla permiffion^ 
de la Reine Marie , & le renta pour l'en- 
tretien- d'un Préfident , de douze Aflb- 
ciez , dont quatre dévoient toujours être 
Prêtres , & de huit Ecoliers. Ses reve- 
nus ont été fort modiques , dans les corn- 
mencemens , mais dans la fliite ils fc 
font un peu augmentez par les legs de 
diverfes peribnhcs généreufes , 8c zèiéed^ 
pour l'avaticement des Sciences. La mai- 
ibn eft cempofée de deux parties déta-^ 
chées. La première & la plus ancienne 
cft un beau quarré, régulier, qui envi- 
ronne une cour , & dont les avenues 
font bordées de jardins de pafrt & d'au- 
tfe. Le premier côté de la maifon , quife 
préfente, tdXà Gfciapèle, fie quand on à 
paflë dans là cour , on voit la Bibliothè- 
que fut k droite. De la première couf 
on pafle dans uns féconde , qui n'eft bor-r 
dée que d^urtfcul corps de logis , mais 
bâti ton proprement à la moderne. Le- 
côté droit de te mix(c^ eft bordéde prai- 
ries ^ de vergers & de '^Ydins. Entr» 
plufîeurs pcrfonnes illuftres , qu'on a 
vues dans ce Collège, il faut compter fix 
ou fcpt Evêqucs:, & im Archevêque-^ 
- . Tm.Wl Fff i^ 


f£» i JaB^V E,l> 1 Ç EjS Oxford;; 

lavoir k femcux Ci^iert Shtldçn^ f dont 
k iBcmoire fera pcrpccœllemem en bc- 

nédiâionâ Oj^$rd^ . . 

• - ■ f 

f ; ' • . • '• • . • . 

. J.e Uiigt de «. fe^ ^4j,t{/f/.:. ].■ r. 

» 

LB Collège de S^/^^^S^^ifieétokm^^ 
par^yant un peticCpvivepp fous le nom^ 
de S^y .Bernard , qui Ayant- été ruiné jpar, 
^rm VIJJ . & rçtabii par -4/^^^ f^ fi y^e,,^ 
fut acheté par le Qbev^liçr r^w4!/;^Jii^ 
/tf, qui ; le. rebâtit &:eQiJ&t iin.Çoliègt^j» 
l?An jf^6. f^kpetoiiflipn^d^ Ja-R(^ 
ne: maas il n'a été porté à Pétaçde per-, 
feéfcio.n , où il eft aujourd'hui , qUc; dan» 
le Siècle dernier , quatre-vinf s an$ ^fx^%t 
fa fondation. Il eil le: ptos^réguliérqsn^i^t 
bâti de tous \ çôtnfpofé ^. deù^, gtt^qdfî 
& bcatix corps de logis ,» i.trpis'çt^^^: 
partagez en deux cours, dontilg lar^ur- 
cft d?environ deux cen^piez*. Xa\P^^> 
cipale façade préfente au deiTu^s du por- 
tail unpgpofle Tour qUarrpq^, njiinriî^it. 
<fc JaaucUé.oct Voit jht ftiwe idk )^:fhm[ 
B^t^e^X'mvtmài^r k rfe»|:eiir':4v^:^0tf o 
Arriva dans.kcoufcojtvoic, fi^rfe gaitr 
che , une jolie Ctopèk., ernbeÙie^un- 
bon jeu d'oiguet. - jPaffîtiiTde <:etiDef cour 
ddns la fficonâeron toit les d^y$^ potra^^* 

de- 







«*»,"- - 


« » 


«devant 8c derrière , "Ornez de portiques > 
qui régnent tout du long , fourenus dé 
belles colonnes de marbre , dont chacu- 
ne VL fon chapiteau chargé d'un bufte* Ces 
Hfcuk cotez ont été conftruits Tun & Paip- 
■ tre par la libéralité de GmllaHme LAnâ^ 
' Archevêque de Cantorhéry^ fous le règne 
de Charles I. Le deflein & Parchiteâu- 
re en font précifément les mêmes , telle- 
ment que qui voit un côté, voit l'autre. 
Le portique eft coupé dans le milieu par 
un portail fort magnifiique , & fort' bien 
entendu, oii l'architeéture & lafculptu- 
re ont cohtribué châttine ce qu'elles ont 
de plus délicat. Le portail eft orné dé 
quatre colonnes , "deux de chaque côté^ 
pofées fur un pié d'eftal élevé. Au det- 
fus de la porte on voit les Armes de l'Ar- 
chevêque , qui a fiiit la dépenfc de ces 
deux beaux morceaux d'architeârure. Ûh 
fécond ordre de colonnes s'élève au dcf- 
fus de ces Armes , & eft furmonté par \m 
beau fronton , fait en anfe de panier , qui 
porte les Armes à^An^eterre \. avec une 
•OoiiTonnè aii d'ëfius. Les colonnes laif. 
•fcnt entr'elles une niché , ouvragée com- 
me ua portail, où Ton voit à l'un des 
cotez la ftatuc du Roi Charles I. & à 
Pautre ( qui eft immédiatement vis-à-vis ) 

Fffx cel. 


1 

^6^ Les Deliçrs .Oxford. 

.celle, de la R.eine HenrUtte de France fon 
Epoufe , l'une & l'autre en bronze, i 
X'architedure des deux autres cotez de* ! 
cette cour ^ toute unie , & n'a rien qui 
attire les yeux. C'cft dans l'enceinte dp 
cette cour qu'on trouve la Bibliothèque 
du Collège y qui cft diftribuée un deux 
divers apartemens. Le Fondateur y avoit 
fait un fond pour l'entretien de cinquan- 
te tant Aflbciez que Cmples Etudiaqs | 
avec un Principal. Plufieurs perfbnnes 
généreufes ont contribué à l'envi pour 
augmenter les revenus du Collège , telle- 
ment qu'ils font aujourd'hui confidéra- 
bles. 11 en cft Ibrti divers perfonnàgcs 
jUuftres , entr'autres ce même Guillaume 
Laud^ premièrement Evêaue de Z.<?»^r^j, 
.& enfutte Archevêque de Cantorbery s 
XjHillaufne fuxon fbn Succelleur dans 1^ 
mêipe dignité , fept ou huit Evêques , 
i>i plufieurs &vans Hommes , entre les-^ 
: quels celui dont le nom eft le plus con- 
4tiu parmi les Etrangers , a été le fàvant 
Chevalier fean Marsham , né d'une- fa- 
.ynillp illuftrç dans le Comté àt-Muidlc^ 
fix , vers le commencement du xvii. 
Siècle, on fur la fin du xvi. Ily a peu 
de gens qui ne connoiflènt fès Ouvrages , 
remplis d'une profonde érudition ,. âc 

d'une 


I I 


a^i&.jij.M,:^iiS/MtfMi. Jfltl 






Oxfori DE L^^AngLETERRE. f4f 

d^unc grande pénétration dans les ténè- 
bres de i' Antioiïité la plus reculée. 

Le Olle^e de Wddham. 

LE Collège de Wadham eft de l'autre 
côté du même fauxbourg. Il fut en- 
trepris au commencement du Siècle der- 
nier par le Chevalier Nicolas Wadham ; 
mais la mort Payant prévenu , il laifla 
l'exécution de fon deflèin à fà Veuve Do^ 
rothee Peètre ^ qui acheta de la Bourgeoi- 
fie d?Oxford un fond de terre , qu'occu- 
poit autrefois un Prieuré de Religieux 
ÂHgufiins , & ayant commencé (on Col- 
Icge PÀn 1610. Pachèva PAn 1 61 a. El- 
le y affigna des revenus fuffifàns pour Pcn- 
tretien d'un iPrincipal , de quinze Aflcu 
liiez / & de tout autant d'Ecoliers j outre 
deux Chapelains & deux Clercs pour deC- 
fervir la Chapèle. Cette fondation doit 
être d'autant plus remarquable, que le 
Chevalier Wadham & fà femme ctoient 
tous deux Pafiftej. Le Collège eft un 
Quarré régulier , qui enferme une grande 
«; belle cour , ^vec deux ailes parallèles ^ 
/qui avancent en faillie fur le aerriére de 
la maifbn. Les avenues font une petite 
cour , bordée de parterres à droit & à 

Fff3 gau. 


^66 L E y Délice i' Ox£otd\ 

gauche ; le côté du logis ^ qui OGcppic }i 
tond de la grande cour , cft embelli d'un 
beau portail , avec, quelques ftatues, & 
quatre rangs de colonnes , qui pofez l'un 
fur l'autre. , s'élèvent par defTusi. le toit. 
La Cliapèle eft à côté d^. ce. portail', &: 
feit l'une des aîleis dont j'ai jiaflé; Patùîi'â 
aile , qui lui eft piarallèle , eft -occupée 
par la Bibliothèque. Bien que ce^ Col- 
lège Ibit nouveau , il a néanmoins pro- 
duit déjà cinq.ou fix Evêques, & divers 
habiles^Ecrivains. ; • ■' '' 

L^EcqIc nommée la Hdîe de Ghctfter y 
en Anglais , Clocefier^HklL 

COMME le Collège de Wadh^mtû. au 
bout Oriental du fauxbourg ,- auffi 
l'on voit au bout oppofe un aufre petit 
Collège , nomm^ Aî Halle de Qheefier , 
( Glocefier-Hall) {îtué proche de la riviè- 
re. Il fat fondé l'An 1183.. .par des Ré-- 
ligieux de la ville de Glocefier , de l'Or- 
dre de S. Benoit y & dans la fuite d'atitres 
Religieux' du même Ordre', mai^.h^ïâ- 
tans en d'autres Ireux /l'augmentèrent , 
iBc lui donnèrent plus d'étendue , afiû 

2u'il fervir de Sémmaire à leurs Novices. 
;e petit Collège ayant été cnvelopédatis 

la 


l 


:V:: 


f — 


la tempête qui ruina tous les Monaftères 
d^ Angleterre ,- il fut afîèz long-tems réuni 
à Ja Couronoe , jusqu'àxe que ie Chc- 
y^liçv Tljom^ H^ite\ qui.venoit.de fon- 
der le Collqgp. de^. ^èanBaptift£y acheta 
cette; JVi^iibn, .L'An i5'y9. pour en faire 
unSéminaire de (bû Collège. C'eft un 
bâticpent irrégulicr , compose de plufieurs 
pièces détachées, dont les principales ren- 
tpriîatînt entr'eUc^ une cour quarrée. Lia» 

S^tie dq derrière^ fc termine par des jar- 
fps , ou;; s'avanpent jusqu'au bord de 
^'eau. II eà forti de. cette Maifon un 
^flèz bon nombre d'Ecrivains favans 6c 
célèbres , entre lesquels on peut rcmar-, 
quet le Chevalier Kenelme Digl^y , Auteur 
de diyçrs Ôuvr^iges , particuriérement. 
â'un Traité de lap0udre de Sympathie,^ 
^i ;a fah beaucoup de bruit \ iifean 
Codolphm , Doâreur aux Loix , natif dai 
t'Xle de Sitfy ., l'une des Sorlingues. 

• • f^^^99lt nommée le Nom/el Hoffice y ^ 
' en Anglois y Nhif'Inn. 
* f . • ■ 

RBKTRANar dans la ville, & prenant 
le chetnia de la première nie , qui 
eft fur U droite , on trouve une Ecole , , 
XKHncHép le Nmvel Hoj^ce , {^nAnglpis^ 


jr68r L'ES Délices OxforJ. \ 

New'Inn) fituée dans le voifinagc & pres- 
que au pié du Château. C'eft une Mai- 
fon fort médiocre pour ce qui eft des 
bâtimens , acompagnée d^une cour & de 
jardins fur le derrière & aux cotez. Elle 
fut conlàcrée à l'étude par feutnTriUeck^^ 
Evêque de Hereford^ vers le milieu du xiv. 
'Siècle , & ce fut fous le nom é^fivjpke de 
Trille ck^^ qu'elle fut long-tems connue à 
Oxford, Dans la fuite GuiUaumt deWick^ 
ham , Evêque de Winchefier^ FondateuiJ 
du CoWhgc Neuf ^ rayant achetée, la cfon^ 
na l'An 1392. à fon Collège , pour enf 
faire une Ecole , qui lui fervit de Séminai- 
re. Il eft forti quelques Evêques de cet- 
te Ecole , & l'on y a vu divers Ecrivains, 
dont je ne parle pas , parce que leurs noms 
fcn peu connus hors ^Angleterre. 

Ce qu on apèle le Château tf eft pas bien 
loin de là. C'eft une hauteur , formée 
en rond , qui paroit avoir été faite par ar-» 
tifice & à force de travail. Au deffus de 
cette hauteur , 8c fur la pente , il y avoit 
anciennement un Château îon^ à la ma- 
nière du vieux temps , dont il n'eft rcfté 
que quelque» ruines , qu'on peut encore 
voir. Au pié de cette hauteur coule un 
canal, qui lui fèrt de fofTé , l'environnant 
de toutes parts , Se communique à la ri- 

vie- 


/ 


,- • I - 

^ ' • t 



vièttCi S'es boi?4sîfaat Revêtus , d'un' gô-* 

Le G>llfg4de f^f^oi,- 

PRES avoir /^Hrb Chktea^ , Pon tiïtf 
•vers le. Mkii / eonifîne* fi Pon vou- 
loit allef';ai3rrb(^d::éç h,\T0mifi ^ & Pon> 
rencontre k Q^tège dc-P^mèrsk^ ,- bâti 
un peu à côté i(ie.la grande nie, êctorîti 
pDOche d^uîie EeJife apèlée 5.. ^/dat. Ce 
Colliègp ç&h |»u& nouveau de. tous ceux 
qii'il y: a damO^^^ri^ ayant étç fondé: 
PAn i^4« ;Ufi Chevalier âommé Tlw- 
jxiAf TieséLde enfoifmaledefièiii, &: ayanc- 
été prévenu par k mort , il rie pût faire au- 
tre chofe que d'en laiflèr le foin aux Ese-^ 
cuteurs. de fon Teftament ^ avec la fom- 
me qu'il y deftinoit. Richard Wightwick ,• 
Bachelier en Théologie, quirouloitiiuffi 
le même dcffcin , joignit iêà Ijiensi ceuîè 
du Chevalier , & Pon acheta une ' Ecole 
fbrt ancienne ,naminée LAte^f9rf'^Hall^\\x 
avoit fèrvi depuis plufieurs Siècles à l'E- 
tude du Droit Civil & du Droit Canon^ 
Gn y fit de bonnes feparatbns , & cotn- 
mc le Ghanceliçr dç PUniverfité étoit a*- 
lixra un Courte de Pen^hok^, on donna au* 

T9m. IIL Ggg. CoIk 


Collège le rsovix' àt*f4mhMi}:\ <5îi y-^4ta-' 

blit dans |exoflmiél)cetnié^^i&tP^^ 
avec dix Aflbciez & dix Ecolioi«r-'-Iyi 
Roi Charles I. en ajouta un onzième, & 
donna au Coilèj^ l^î/^Voyerie de l'Esli- 
fe de S.^ldat^ dont je viens de parler. 

Plufiedfs- ûxw^ ^^tiliM'h^M 
ont fait diam hf Mto de ' bdKek 'd(>mtiénL 
Ce' ColLègecft ^uri jôlî cfâ^'iide-^lîôgtev^l 
quarrérlong 5 qui* i^^n^tmé linâ ]^anâ6 
cour âii .milieu ^ ^vc€ une aile^ qui H^rle 
coin de k rue, Sc.de b^àx jardinsràco» 
té. LaGhapèle eft dan^ m^ife dé^ 
.rf/^ , 8c la BiWroïchèqiîe^éft auvdeflu& 

de la Chapète: Q^ qb'^^ 
plus; dé Ao^uiâtà^nh ûfts t qoe ce Ccîllège 
eft fondé y néarimoinsiicrtçft déjà forti 
un Archevêque , troî^iôû ijcratife Evê-^' 

ques , âc divers habiles Ecriv^iûs. 

• .'.•,. ' /t . ^ . . ..' 

Z* CtUigetùe.PEgtift de '(^ifi, tn At$- 

-. . . • f > > 1 * • • 

; .j ' ' • " ' • 

LE Collège de r£f///J ^f a^i^ifi , ea^' 
,v^»j/w , Chrifi'Church^Celte^ ,- eft- 
de Pautre côtléî^ k iroc»' -Q*eft fepkli' 
grand & 4e:pltis richcCollègè qu'il y ait 
dans Oxford ^ iàulîi fot-il èntr^ôpris pat un 
riche CardinaU' & achevé pariint)ui(ram^ 

> - Roi- 




* , V 




r 


RoL Le Cardinal mifej , Miniftrc d^E- 
tat & Favori du Roi H^ri VIII. ayaiiC, 
deflein d'immortaliièr ion fiom par de 
beaux Ouvrages , entreprit de fonder 
deux grands Collèges , l'un à fpjwich , 
dont il ocoit natif, 2c l\iutre à 0:i^ôrd , ou • 
il avoitfait iès études* Pour lmSèràû& 
Coll^^ de ricbes revenus , il otkinc dai 
Pape C/«i»«i^ VII. deux Bulles ( l'une de^ 
?An i5'2^«& Pautrcdel'An ifi^Op®'- 
tant permiificm de démolir un bou nom» 
bre dç Monaftères , & d^n apli<|u^r lee 
fonds 8c les loices à cet ufage. Le Roi^ 
Htnri VIU. ayant confirmé & rQti^ ce^' 
Bulles , le Cardinal renfverfà plus à^\ttii& 
trentaine de Couvons de Réugieux àù 
divers Ordres , Ce faifit de leurs reveijus ^ 
j^jjjuBit flffi[;m à fes Collèges , Se il coi»^ 
mença à faire travailler à celui à^O^rfwd ^ 
après avoir achevé celui d?7psu4ch. Maift 
étant tombé dans la disgrâce du Roi fott 
xoaitre , l'An 15x9. & tous fè$ biens 
aysut été confifqucz , le Collège , qui v\z 
fai&nt que de naitre , 8c qui n'écoit pas 
mêoie encore achevé , fut envel0pe<^i$i 
la. chuie de ion PoQ(kteur , fes^ revenui» 
arrâte2 , & la Compagnie fut diffip^e; 
C«?cndant le Roi Henri Vlll. s étant ra* 
vifeau bout de quclques^annces , rétablit: 

Gggx \» 


57* Les Délices Orford. 

le Collège PAn ifja. & y mit un Do- 
yen avec douze Chanoines. Il le renver- 
fa une féconde fois l'An 1545*. mais il le 
rétablit l'An 1 6^6. 11 y fit venir l'Eve- 

Sue 5 qu'il avoit placé dans l'Abbaye> 
^Ofeneji , voulut que PEglife , qui efl: 
joignant le Collège., futTÊglife Epifco- 
pale d^Oxford , fous le nom d'^EgUfe de 
Chrifi. C'eft ainfi que fut fondé PEvê- 
ché d'Oxford y & le Collège de PEflife- 
de Chrifi. Ce Collège eft compofe de 
trois grands coros de logis , quarrez , avec 
divers autres oâtimens détachez. La 
Compagnie , qui y eft entretenue , eft 
compofée d'un Doyen du Chapitre , Se 
de huit Chanoines \ de trois Profeflèurs 
|l.oyaux , de plus de cent Aflbcicz , avec 
huit Chapelains , huit Chantres , huit 
çnfans de chœur pour le fcrvice de l'E- 
glife^ Ils ont tous enfemble foixame &c 
iUx mille livres de rente. 

La principale pièce eft un grand & 
fpacicui^ bâtiment quarré , long de trois 
cens quatre-vints piez, qui rei&rmeune 
magnifique cour , au centre de laquelle 
on voit une fontaine jaillif&nte. Les deux 
angles extérieurs du bâtiment font bor- 
dez de deux pavillons d'un goût antique , 
& tout du long de l'édifice y le toit eft 

bor» 


OxSotd. HE l'Angleterre- 5^75 

bordé d^une belle baluftrade , qui règne 
de fous les cotez. Sorti de cette cour on 
voit fur la droite un autre petit corps de . 
logis , dont une partie eft le logement des 
Chapelains, & le reftc l'apartemcnt de 
la Bibliothèque, & en face l'on a PEgli- 
fe , qui fut érigée en Cathédrale par Hen* 
ri VI IL Elle eft environnée de jardins 
& de parterres , qui tiennent toute la 
longueur de l'édifice. Plus avant fur 
la gauche on rencontre deux autres cours , 
chacune avec trois ailes de logis , tout le 
refte de 1 efpace de la maifon eft occupé 
par de beaux jardins. Ce Collège a pro- 
duit deux Archevêques d'Tiri^, un Ar- 
chevêque de Dublin , un Archevêque de 
Toam , environ vint-cinq Evêques , 8C 
grand nombre de iàvans Hommes • En- 
tre ceux dont les noms font les plus célè- 
bres , on remarque ^ean Leland , Hifto- 
rien , mort PAb iffi. fcAn Taverner^ 
&vant en Langues HélM^iane , Ôc Gré- 

3ue, le premier qui tràduidt la S. Bible 
u texte Original en Anglais , imprimée 
à Londres l'An 1539* GuiUaHme Cam^ 
den , né à Londres l'An 1550, & mort 
le 9. Novemb. léi^, âgé de 74. ans, 
ayant vu cinq Rois ou Reines. Meric 
ou Emerj Cnfanbon , fils de Pilluftre /- 

Ggg3 fréic 


5*74 Les Délices» Ojtfivd* 

faac Cafduhon , né à Genève l'An 1 599. 
Scmorc Chanoine de Cam^rbery ^ le 14* 
Juillet 1671. 

Le Collège df^ Corps de Chrifi. 

LE Collègp du Cofps de Cttrifi n'eft pas^ 
bien loin de VEgUfe Cathédrale. II fut: 
fondé l'An ly 1 6. par Richard Fox , Evê- 
ue de Winehefter. , Confeillcr d'Etat 8c 
rdé du petit &au (bus les règnes à^Hen^^ 
ri VIL & à'Henri VIU. La principale 
pièce eft un corps de logis » quarré , qui/ 
a. cent trence^dnq pies de large , une 
belle cour au milieu , & des jardins fur 
la droite, & fur le côté de derrière. La^ 
Bibliothèque eft dans la partie , qui oc^ 
cupe le fond de la cour , la Chapele dk 
atacbée à la Bibliothèque ^ Se faif une 
aile , qui avance en faillie fur le coté 
gauche: deux au très ailes» dont l'une eft 
arachée au même coté du logijS , fbnti 
avec la Chapèle un quarré parfait, quiren* 
ferme une petite cour. La Comp^^io » 
qui poAole ce Collège eft compoiiEc d'uq^ 
Principal , de vint FelUtifs ou Aflociez , 
qui ont au defibus d'^ux. vint Ecoliers^ 
outre deux CbapèJaios , âc quadie Aifi^ 
flans , qui defièrvent la Chapèle.» Ce 

Col- 


ITi 




. I 


• * 




GoHfigc iu produit pluôcurs Perfonnagês 
îiluflires ^ qn y a vu le Cardinal Rejnatfd 
/Wifcf ^ Àcdiévêqac de Cantorbèry ^ un 
Erequc d'î1?r^, fixou {èptEvêqucs, 6c 
bon noratoc d'Écrivains célèbres. .On 
4oit; compter parmi oc8 derniers fean LêU'* 
is^nves yiE^agml ^ qui fut reçu dansf 
le Cbllcgéi par le Pondateur métnt ; Ô6 
dont ks écrits ibpt aflez. connus des Sa^ 
vans : ^ea» Jiewell , Evcque de Salishury , 
qui fut Pun des arcboutans de la Réfor- 
œation ; r£c plufieurs autres , dont Icfî 
iotcïB ne font pas £1 ' célèbres; ^ 

Le^ CMcgè d^Oïïiffl , . eu. du, Roi. 


,-» - 


LE Collège de l^Eglifc de Chrifi cft d^i-*' 
ne fi grande étendue , qu'il fait face 
à deux autres Collèges afiez confidérables^ 
œlui du Cittfs deChrifi & celui d^ObV/v 
J'ai parlé de Kim*, je vai parler de IW-' 

Le Collège à^OrUl ÎvlX fondé PAn 
J024. par le Roi Edouard \L qui favori- 
fbit beaucoup les belles lettres ; ce Prince; 
le deftina pour des Théologiens , & vou- 
lut qu'il portât le nom de S. Marie ^m^^^ 
l^f^é a vbulu qu*on Pait apèlé le Col- 
lège Jm:Riai'y The Kitigs^CoOége , . ou. le. 

Col- 


^jS Les Délices Oxforf^ 

Collège d'Or/V/, du nom d^unc ancienne: 
Maifon , fur les ruines de laqudlc il fut 
bâti. Ce fut alors qu on vit pour la pre- 
mière fois à Oxford un fuif , converti à 
la Religion Chrétienne , qui fit dans ce 
GoUègs des leçons en Lauquc Hébraïque s^ 
tout le Clergé àWxford contribuant u» 
denier par tête , .pour lui faire & penfion^ 
Le Collège fut bâti par pièces y c'effc 

{)ourquoi il rfétoit ni uniforme ni régu- 
icr , mais il fut rebâti presque tout de 
àeuf dans le Siècle dernier fous le règne 
de Charles I. tellement qu'aujourd'hui 
c'eft un ouvrage, dont la régularité fait ua 
tVès-bel dBTet à la vue. Le Collège eft 
une grande cour , quarrée , envk'onnèe de 
bâtimens de chaque côté , de la longueur 
de cent foixamte pas : les trois ailes font 
des logemens à trois étages , dans l'an des^ 
quels on a placé la Biblioriièquc , & la 
quaaiême , qui remplit le fond de lai^ 
cour , eft occupée par la Chapèle & le; 
Refeètoire;. On entre dans ce dernier par 
un beau perron > l'on arrive dans un por-* 
tique, au deflus duquel on voit dans aeux: 
niches parallèles^ les ftatucs des Rois'jB- 
d^uard II. &i Charles I.. avec celle delà. 
B. Viergpun peu au deflus. . La Chape- 
k forme une é\c^ qui s^avancdeaiailliei 

iux 


m 
, •• • . 

* * " • 


Oxfords D-E l'AnglETER^IE.' ^Jj 

flir le derrière, de l'édifice: &le côtégau» 
che de toute la maifcm eft occupé par un 
beau verger. Les rentes de ce Collège 
ay^nt été augmentées avec le tems par îes 
donations de diverfo perfonnes , il en- 
tretient maintenant un Principal, dix- 
huit Aflbciez, & douze Étudians» Il eu 
cft forti grand nombre d'hommes illu-^ 
ftrcs , un Archevêque de Càntorberj , fèpt 
ou huit Evêques , & divers Ecrivains aC» 
icL célèbres» 

Le Collège de Merton^ 

4 

LE Collège de Merton , qui eft pres- 
que vis-à-vis du précèdent, de l'autre- 
côté de la rue , eft l'un des premiers & 
des plus anciens à^Oxford , ayant été fondé 
l'An 1274. P^^ i^^^lter de Merfon^ E.vê*' 
que de Rochefier fie Chancelier à^Angletev^ 
re. Ce bon Prélat avoit d'abord établi 
fon Collège à Maldon dans le Comté de 
Surrey , mais dix ans après , à la perlua- 
fion du Roi Henri IIL fon maitre , il le 
transfera dans Oxford. Comme ce Col- 
lège a été bâti par pièces , il n'eft pas ré- 
* gulier , & l'on ne fauroit en donner une 
defcription exade. La première pièce, 
qu^on voit, eft une Chapèle , delagran- 

Tom.111 H h h dcur 


5*7^ Les Délices Oxford. 

»dcur d'une bdle Eglife , bâtie en crcMX 
ccraféc ,GU en forme de T, av^c un clo- 
Ichcx quarrc fort joli, qai s'éJeveau dcC- 
ûjts de la ^croîfée , & fè termine par une 
plate-forme, bordée xle hautes baluilrades. 
Au delà de la Chapèle on rencontre une 
(iCour, environnée de trois ailes de logis, 
dans l^inc desquelles cft la Bibliothèque, 
xm l'on voit un Cabinet de raretez, fondé 
PAa 1659. P^^ 'Griffin Hi^s , Doyen de 
Lit^hfield. A côté de cette cour & de la 
dhapèle , font deux autres cours allez 
fpacieufes ^ cpî ont auffi chacune trois ai- 
les de logis", & le Refeétoire entre-deux. 
La plûs^ vieille des deux cours eft fort 
flstédiocrc, .mais l'autre eft belle, les bâ- 
timcns en ibnt réguliers , à trois étages , 
&: Vmi des cotés, embelli d'un beau por^ 
acail ,, efl orooé de quatre rangs de colon- 
nes , avec trois rangs de niches & de fia- 
tues. IjCS bâdmens font tous cniemble 
la lon^eur de àt^% cens cinquante-cinq 
piez , & ift)ot environnez de jardins £c de 
parterres de titois cotez. Comme ce Q5I- 
1^ eâ: IHm des plus anciens , auffi a-t-il 
produit un plus gmnd nombre d'Hom- 
mes illuftres que les autits. Il -en eft 
^rti un Catxiinal , cinq ou fix Archévê« 
^cs^ & quatorze à quinze Evêques. On 


^»- ^» ■ . 


^^B^ 


J^ 


1 


« ^ 

• • •• 

• ► 4 

» • 


>xfôrcî; DE E'ANGLETEItltE.' 5^79 

y a vu quantité' d' Ecrivains illuftfes ,. 
rant avant qn^après la Reformation. En- 
tre les premiers on remarque k fatncux^ 
Jcétn Duns , fumommé S€9t , ou k Df^- 
Steur Suhtil , qui mourut l'An» *3o8V 
Guillaume Occam joh Ockham^ furnommé 
le DoStfur Iwvincikle\^ grand advcrfaire 
dùScot^ 6c l'Auteur des Philofophes Oc^ 
carnifies , qui mourut l'An' 1 347'. 7^- 
tnas de Bradwardin^ furnomme le DoUem^ 
Profond , Archevêque de Cantoriery , moft: 
PAn- 1549. GuiUaume Gryfitnte ^ habile 
Médecin , pérc de Grimsald Gryfannte ,> 
qui fut enfuite Paçe fous k nom d^Vy- 
bain V. & par dclîus tous ceux-là le ce-- 
lébre Réformateur fion Wideff y, mort 
PAn 1386. 

VEcolede S. Albam^en Anglais^^ AU- 

ban-Hall. 

T 'Ecole ou la HalU de S. Alban e(t 
JLitout joignant le Collège de Merton y, 
dont clk eft une dépendance , & comme • 
k Séminaire. Elle fut fondée , àceau'biïi 
croid, l'An 1230. par ua citoyen' a 0,v- 
JQrà , apèlé Rebert de S. Alban , qui lut 
donna fon nom. Elle fut réparée ^ 8c 
presque rebâtie de nouveau, Vers la fin du?i 

Hhh X Sic- 


^So . XjEs Délices Ox^ii. 

Siècle XVI. fous le Règne à^ Elizjiheth . 
11 en eft forti deux ou trois Evêques , 
& quelques Ecrivains , dont les noms 
ne font pas fort conaus hors, de l'-<4»- 
gUterrc. 

Le Colûgt de PZMverJite. 

A VANÇAJNT de la porte Orientale de 
jL\la ville , on rencontre fur la gauche 
le Collège de Wmverjite\ qui eft le plus 
ancien oe tous , ayant été fondé par le 
Roi Alfred dans le ix. Siècle , comme 
je Pai déjà remarqué ci-deffus. Mais il 
eft aujourd'hui bien différent de ce qu'il 
fut autrefois dans fon origine, ayant été 
deux fois ruiné, &deux fois rebâti. Les 
Danois l'ayant ravagé avec les autres après 
la lîaort du Roi Alfred , il fut prefque 
abandonné jusqu'au Siècle de GuiUaume 
le Conquérant^ qu'on commença d'y voir 
des gens d'étude. Mais il. n'eut aucune 
rente jusqu'au Siècle xi 1 1. que GmllaH-^ 
me y Archidiacre de Dirham ^ légua par 
fon Tcftament ( fait l'An. 1249. ) la ibm- 
rac de trois cens dix marcs d'argent, pour 
l'entretien de dix ou douze Maitres en 
Théologie. Dans la fuite des Siècles il a 
çté €m:ichi par un grand npmbre de dor 

na- 


T1 


^ I 




.1 


Oxford. pE l'Angleterre. 58^x 

nations , tellement qu*il entretient unc- 
nombrcufe Compagnie. Comme il me- 
naçoit de ruine dans le Siècle dernier ^ 
on le rebâtit tout de nouveau , plus grand , 
plus régulier , & plus beau qu'aupara- 
vant ; la dépenfe en fut faite en partie des 
revenus du Collège, &cn partie par les 
contributions de plufieurs perfonnes gc- 
ncrcufes. Ainfi aujourd'hui c'eft un bel 
édifice, , presque tout neuf , de forme 
quarrée, compoféde ttois ailes dejogis, 
a trois étages chacune , avec une qua- 
trième , qui fait k dernier côté dt la cour, 
& eft occupée en partie par la Chapèle, 
& en partie par le Réfectoire. On en- 
tre dans l'une & l'autre par un joli por- 
tail , à double poite , orné de colonnes^ 
& terminé parunfroaton y q«i s'élève ait 
deffus du toit. La Bibliothèque eft dans 
une aile de logis , qui eft atachéc au Re- 
fcétoirc , & s'avance en faillie par dehors. 
Il eft forti de ce Collège dix ou douze 
Evêqucs , & plufieurs Ecrivains , dont 
l'un des plus remarquables eft Richdrd 
Stanyhurft , IrlandoU dc naiflance , qui a 
beaucoup illuftré l'Hiftoire de fon pays> 
11 mourut à Bruxflles l'An 1618. 


H h h. 5 VE^ 


j8î Les Délices Oxftrd. 

L^Ecole de S, Marie ^ en Anglois^ 
S.Mary-HaB. 

UNf peu plus avant on voit , au bour 
de la rue, l'Ecole ancienne de 5. Ma-^ 
fie , en Anglais , s. Mary^Hall^ tellement 
fituéc, qu'il n'y a que des jardins , qui- 
là réparent du Collège d'Or/>/, dont elle 
eft une dépendance. Sous le reened'flîw- 
ri III. r vers la fin du xi 1 1 . Siècle , cette 
Màifon fût con&créc à l'étude des belles 
lettres , & donné au Curé de ITEglifè de 
S. Marie: & l'An i ^25. le Roi Edouard 
H. ayant fondé le Collègç d'Oriel , la. 
donna à la Compagnie avec PAvoyeric 
de la même Eglife Se quelques autres re- 
venus. La Maifbn. eft un bâtiment de: 
g "andeur médiocre , compofé de trois ai- 
s, à l'une desquelles on voit une peti- 
te Chapèle. Il eft forti de cette Ecole 
Î>IuGeurs Perfonnes illuftres , entr'autres 
c Cardinal Guittaume Alain , du titre de 
5. Martin ,.& le célèbre & infortuné 
Thomas Morus^ Chancelier à! Angleterre ^ 
fous, le règne ^ Henri VIII. qui lui fit: 
trencher la tête l'An if^f. 

Pour dire quelque chofe de l'ordre , . 
qyi s'obferve dans TUniverfité â^Oxford , 

elk 


I / 


* 


^r- 





dlfefd. DE L^AnGLETERRB. ^^"^ 

cBc cft compofée d'un très-grand nonou 
•bre de Profdïburs , de Doéteurs , de Ba- 
cheliers , de Maîtres , 8c de près de G[ua-i 
xfc mille £tudians, qui font tous diftri-' 
t>Qèz dans. les divers Collèges & les Halls 
ou Ecoles , & dont il y en a environ mil- 
le , qui font entretenus des revenus mê- 
mes des Collèges où il fe trou vtnti X.'U- 
jii verfité fait comme^in petit Etatipart, 
qui a de très-beaux privilèges , & dont 
les 'offices ne relèvent que du Roi. Le 
preràier Magiftrat de l'Uaiverfité eft le 
Chancelier , qui eft d'ordinaire une per- 
ibnne du premier rang dans le Royau- 
^.me-, & fou vent am Archevêque deCiw- 
.^^r^^nf. Aujourd'hui c^eft le Duc d'Or- 
El\jmna. Il eft choifi par les Etudians mc- 
j^:^mes, dans une aflëmblce publique. C'elt 
i.* à lui' à maintenir les privilèges de TUni- 
i' .'verfité , à convoquer les aflèmblées , à 
I terminer les diâerens , £c à punir les cou- 
lai^ mbles. Il a iâ Cour , qui Juge toutes 
P les caufes des membres de PUniverfité , 
f • 4Hon les règles du Droit Civil. Le fc- 
j cond Officier eft le Sénéchal , le troifiê- 
me eft le Vice-Cfaancciier , qui eft d'or- " 

tdkaire le Principal de quelque Collège* 
II a foin de fliirc obferver un bon ordre 
dans PUnivcrfxté^ afin que tous ks £xer« 

cicc» 


584 Les DïiLicES Orford. 

cices publics fc faflènt régulièrement. Il 
y a des Procureurs choifi s tour-à-tour de 
chaque Collège , un Orateur public, un 
Gardien des Archives , & un Secrétaire, 
qui doit cnregitrer tout ce qui fe paflè 
dans l'Univerlîté, & dans fa dépendance. 
Toutes les fois que le Vice-Chancelier 
fort , il eft accompagné de fix bedaux, 
11 reçoit tous les ans le (crmeat , que le 
Maire & les principaux bourgeois de la 
ville , & le Sheriffmêmc du Comté , doi- 
vent prêter , de maintenir les droits & les 
privilèges de PUniverfité. Et chaque 
année, le premier jour de Février , Fê- 
te de S. Sco/afiiijHe , un certain nombre 
des principaux bourgeois payent folen- 
nellement un foû chacun, pour marque 
de leur foumiffion à PUniverfité, Dans 
les affaires les plus importantes , qui re- 
gardent la ville même , le Vice-Chance- 
fier cil au deflus du Maire. Les Poui- 
voycurs du Roi ne peuvent pas prendre 
des vivres à cinq milles à la ronde aux 
environs à^Oxford , â moins que Sa Ma- 
jefté ne s'y trouve en perfbnne. 

Autrefois les Etudians navoient aucun 
habit, qui les diftinguât des autres ; mais 
dans la fuite il fut ordonné qu'ils portc- 
roient des robes Se des bonnets de couleur 

noi- 




noire. On prend deux degrcx , celui do 
Bachelier & enfuite de Maître , avec cet- 
te diiférence , que ceux qui ont pi^is toifô- 
les degrez dans les trois principales Facul- 
tez, s'apèleht Doûeurs , & non pas Mai-- 
^tres. \jîv homme qui veut prendre {Is: 
degrez , doit fe mettre en penfion dans- 
un Collège , pour y çaflèr à l'étude touf 
le tcms quieil prefcnt parles: Loi». It 
faut fept ans pour être reçu Maître au»^ 
Arts , 6c enfuite onze pour prendre le 
degré de Dofteur en Théologie , parce 
qu on ne reçois perfbnne à cette dignité ,. 

Îni n'ait pris le degré de Maitrc aux Arts. 
1 eft vrai- qu'on difpenle quelquefois de 
ces révères reglemensen faveur des Etran-- 
gçrs. Pour recevoir les degri:2 , il faut 
paflèr par plufieurs épreuves riides & pé- 
nibles, & l'on donne les derniers degfez^ 
avec tant de folennitez , qu'il cn'Coûte 
toujours cent livres ftcrlings à un Do-- 
âeur i & trente à quarante à un Mairré 
aux. Arts. Pour conclufion il faut ajou- 
ter que les deux Univerfitez à^Oxf^rd' 6c 
de Cambridge ont reçu du Roi fa^jHts L- 
le privilège d?envoyer chacune deux Dé-^ 
putez au Parlement- 
Outré les Profcflèurs Se les Fc^/^w'/omî 
les Maitres , qui font dans chaque CoUè- 

2w«. IIL lii gp: 


fié Les Délices Oifor*. 

ge d^Oxford , il s^y cft formé une Socié- 
té de Savahs pour l'avancement de la bon- 
ne Philofopbie , ibus le nom dt la Soeié^ 
té de Philofiphie. Perfooiie n'y cft admis ,. 
qu'il ne foit Maitre aux Arts. Il y a utXc 
Prcfîdent , un Direfteur des Expérien- 
ces , un Secrétaire & un Thrélôrier. Cet- 
te Compagnie s'aflètnble une fois par ie« 
naaine , & entretient un commerce régu^ 
lier avec la Société Rgyaie de Londres , âc 
svec cefie de Dublin. 

Erfa k ville ^Oxford eft toute belle. 
Se ms^mâque. De quelque cote, qu'oa 
s^y tourne , on y voia par-tout de beaux 
& de fuperbes édifices^ à& pierre de tail- 
le y ékvez régufiércmenc , avec des jar- 
dins & des parterres , Ss qui reflemlwnt: 
à des Pillais Royaux. On y jouit d\in. 
fort bon: air , parce qu^dlc eft expofée^ 
au Nord 8c à l^Eft : il fc trouve dans/ 
fon voifinagc, vis-à-vis du* Collège de /* 
Magdeiaine , une fontaine , dont l'eau con^ 
vertic le bois en pierre, ou du^ moins le 
couvre d'une croûte de pierre. 

La ri??iére de Tame, qui coule à quel-, 
ques milles à l'Orient d^Oxferd , fortant 
du Duché de Buckingham , arrofe , à ren- 
trée de ce Comté , un beau boui^ , au-, 
quel elle donne le nom de Tam^. Il eft 

fw 


Dorafter. i>e L^ANeLÈtlEïtltB. f^f 

iîtué fortavantageufement entre cette ri* 
prière , qui l'arrofe au Nord , & deux ruif- 
feaux , dont l'un le mouille à PEft , & 
l'autre à POoeft. La Tame coule de là 
droit au Sud , & tombe dans l'-Çî/, ou la 
Tamife^ au deffous de Dorcefier. Cette 
Place étoit anciennement confîdérable^ 
Les médailles Romaines^ qu^on y a déteîv 
Tces , font juger qu'elle a été halûtée fous 
PEmpire des Romains i & PHiftoire noïis 
aprend que S- 5/r/» , l'Apôtre àc&SaxonM 
Occidentaux^ y établit un fiége Epîfoopal^ 
qui s'y eft confervi durant quatre cens 
foixantc ans. Sous le règne de Guillaume 
k Conquérant , PEvêque Remigins trans- 
porta ce {lége à Linîoln , oii il eft demèu>» 
ré. Depuis ce tems-là Dorc^er eft ca*» 
tiérement déchue , & n'eft plus aujour*» 
dhui qu'un village, où l'on voit les foC- 
/èz Se les ruines d'une grande ville» La 
Tamife , ayant reçu la Tame , coule au 
Nord-Eft , & près des frontières de Buc^ 
kingham ^ elle arrofo le bourg de Henlej^ 
dont les habitais font grand trafic du bois 
'&: du blé qu'ils portent à Londres. 

La rivière de Windrush vient du Du- 
ché de Glocefter , & coulant à PEft , ar* 
rofe Burford^^rA 6c beau bourgs celé- 
:]kc pour, fon antiquité ^ auflî bien qu'à 

lii X eau- 


^%S Les DkLIC«S Barfori. 

xau/ê des coucfes de chevaux , qui (e font 
tous les ans dans fes plaines. De Bmrfgrd 
Je a^indnuh paflè à Hiitnej , & fb jette dans 
Vrjij , ou Ja r4w/)? , à POccident à^Ox^ 

Un peu au deflus dn fijndrush la ri- 
wrc d^Evcnlûde fort des confins de Gfo- 
x^^r & de H'aruficl^ , & arrofe le Com- 
ié d'Oxford de l'Oueft à l'Eft , côtoyant 
la belle Foret de ff^riSr^M^^i^^^ écoulant 
près du parc d^ 

WOOD STOCK. 

X^/'ooDSTOCK eft un bourg afièz an^ 
W cien , où le Roi Henri I. fit bâtir 
autrefois une Mailbn Royale , avec uq 
très*bcau Se grand parc , formé de mu^- 
lailles. Henri II. ibn fils agrandit cette 
Maifon confidérablement , Se l'on rapor- 
te qu il y conftruifit un Labyrinthe , 
pour y cacher la belle Rofimonde CUfford , 
jà maitreflè. Mais fos foins furent inuti- 
les : la Reine £lepnor jfurprit un jour 
Rofcmonde , Sc la contraignit de prendre 
du poifon qu'elle lui avoit préparé. On 
Tenterradançun Momftèreae Religieux 
les , nommé Gêdftow , fitué près d^Oxford 
ilans i^w Uc , que fait h T^mi/c ÀVOucSt 

"^ de 


Wooiftock. DE l'Angleterre. yS^ 

^ cette ville/On a y vu long-tems fon 
Tombeau avec cette belle Epitaphe en 
vers rimez ; dont Pallufion de Rofa mutt'- 
Âa , à £bn nom de Rofemundcy n'eft pas, 
.â mon fens , le plus méchant endroit : 
Hac jactt intumba Rofa mundi ^ non Ro" 
fa munda. 

Non redùlct , fed oUt , tjué redolcre fo^ 
Ut. 
Le Tombeau avoit été placé au beau mi- 
lieu du chœur de TEgliiè, couvert d'un 
drap de fbyc ; un Evêque de Lincoln^ nom- 
mé /fog;/^^i,trou va mal-à-propos & de dan- 
gcreufe conféquence que le tombeau d'u- 
ne femme, telle qu'avoit été Rofemonde ^ 
fut expofé là aux yeux de filles , qui 
avoicnt fait vœu de chafteté , ii le fit 
donc oter du chœur , & tranfporter dans 
le cimetière. Mais les charitables Non- 
nains furent fi afFeétionnces à la mémoi- 
re de cette Belle , qu'elles tirèrent fes os 
4ic là 5 & les remirent honorablement dans 
le chœur de leur Eglife. Pour revenir 
à la Mailbn Royale de Woodfiock^^ elle a 
jCU Phonneur de voir naitre le vaillant £- 
Couard , furnommé le Prince Noir , qui 
gagna fur les François la fameufe bataille 
2e Poitiers , où ^ean Roi de France fut 
ikit piifonni^r ^ le 1.9. Septembre de PAti 

lii 3 1356, 


ypo Les Deliccs Wooaftock, 

155^. Cette Maifon avec la Ttxrc de 
Woodfiockji été dponée^ierDiéfcmcnt à Mi- 
lord Duc de MarléboroHgh , en récompen- 
iê du Service fîgnalé qu'il a rendu à la 
Couronne , ou plutôt a toute VEmrafe , 
dans Pilluftre journée de Hochfiett^ le 23. 
du mois d'Août de l'An 1 704. & ccttç 
année 1706. il a été créé Gouverneur de 
la Province. Ce Prince y fait bâtir 
uneMaifon, qui^ au jugement des cou* 
«oifleurs , doit être un Chef-d'œu- 
vre. 

La rivière â?Evenlode étant avancée à 
l'Eft vis-à-vis de Woodfiock^ , tourne droit 
au Sud , & va fè jetter dans la Tamiji. 
Près du confluent de ces deux rivières , 
on voit un monument antique , tout-a^ 
fait fingulier. C'efi: un rang de groÛcs 

Îûerrcs , de grandeur & de forme inéga- 
e , élevées fur leur bafe, & difpofées ea 
rang. Hors du rond on en voit une au- 
tre plus grofic & plus haute que toutes 
les autres : on Papèle le Roi ^ & les au- 
tres , les Chevaliers & les Soldats. Com- 
me les habitans lesapèlcnt RolU'rich-fi9ms^ 
cela donne lieu de croire que c'eft un mo- 
nument de RoUû ^Chs£ àc^Nûrmans^ qui 
jbrtant du fond de la Norwtgue j vna: 
en Angl€t€rre l'An 876, & y fivxa deux 

bar 


T 


• > 


Bambury. pc L*Angleterre. 59 I; 
batailles aux Anglois dans le Comté d'OAr- 

Le ChiTweU , qui pafle à Oxforà , vient 
du Nord de la Province, où il arrofe le 
bourg de Bambury , anciennement apèlé 
Borne Ayrigh , ht ville des os. Il s*eft don- 

aé dans ion voifînage deux fangkmtes ba^ 
tailles , la première dans le vi . Siècle en* 
tre les Bretons £c les Saxons Occidentaux y 
6k ceux-là furent battus , & Pinitre dans- 
le XV. Siècle entre les Maifbns de Lanca^ 
Jhe Si énork^ , oii les derniers furent dé- 
Ênts , 8c le Roi Edoasrd IV. etmnené^ 
priibnnier. Bambury ar été confidérabic 
dans l' Antiquité : Pon y voyoit de bonnes^ 
murailks, âc Ponya déterré quantité de 
inédaiHes. Aujourd'hui l'on y remarque 
un Château hUv ^t Alexànire Evcque 
de Lincoln , &: il eft célèbre à caufè du bon. 
fromage, qui s'y feit. 

Le Oserwell paflè de là par un joU: 
bourg, nommé IJlip^ anciennement <?/- 
JHjf. Il y reçoit une autre ruiffeau , qui 
vient de Burcefier , bourg antique , au- 
trefois apèlé Burancefier , où l'on voit une 
afiez belle Eglife, quia titre de Doyen^^. 
né , d'où dépendent trente-&.une Pa- 
roiflès. Tout près de là efl un village 
apèlé Amkrofden , & par corruption A--^ 

merf^- 


59* ILes Délices Amçrfflen. 

merfden , qui tire fon nom du fameux 
Ambrojius ^ fils de Cofift antin ^oi des Brc'-^ 
t^ns ^ qui les défendit vaillamment con- 
tre les Saxom s èc empêcha ceux-ci pen- 
dant fâ vie de poufler leurs conquêtes* 
bien, loin. Il y a de Paparence au'il mit 
là quelque g^rnifon , qu'il y oâtit un» 
Fort , ou quelque ehofe de ièrablablc ;. 
& anciennement entre Burcefier Se A^ 
merfden^ il y a voit une ville forte, nom- 
mée ^2X les Saxons j AlUcefier^ & parles- 
Bretons^ Caer^Allecs d'où Pon conjcétu- 
re qu'elle tiroit fon novcH? A USltts , Pua 
des trente Tyrans,» qui s'empara, du. Dia- 
dème Impérial dans la Br^tagnr^ & qui 
après avoir régné trois ans ÔC quelques, 
jpurs, fïit tuéPAaajtj'^ Cet^/^Swavcât- 
défait un autre Tyrans nommé Camufius ,. 
dans une bataille décifîve ,. qui & donna 
dans le voifinage de. la ville à^.Allcefier ^ 
entre Burcefter , & le Cherwelh & le lieu 
en a retenu long-tems le nom de Cavers'- 
feJd. , pour Carausfeldy & de là par cor- 
ruption il a été changé en Cafefeld. Pour 
revenir à Allcéfier , le lieu , où elle étoic. 
fituéie , n'cft plus aujourd'hui qu'une 
campagne , où l'on conduit la diarruc ,. 
de là vient que le Quartier porte le nom 
de PloHgh'Hnndred. Mais on y atrouvé 

dà 




■Î-. v'i 



i 

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V 
» 


£ 


de tems en tems une q^mmité incitc^abl^ 
de monumçns aneiem-, qin font vok q.ue 
cette ville a été riche & puiflante ; di-^ 
vers pavez à la iîib/i/f^^, fort bien faitSr 

3uantité d'urnes , ks unes de ticrre , èa 
'autres de verre , de diyerfe grandeurv 
dont les unes étoient ouvertes & vuidesy, 
d'autre» étoicnt boucbccs avec du pjomtr, 
& pleines d'os & de cendres, ôcd'autrcS'^ 
jai'oiflbient avoir été^ rempiles d'exoel- 
cns aromates, dont elles retenoient eiv 
core une fbuêvc odeur\i des plats de ter- • 
l'e , blanche & rouge j,. enfin des pots de. 
terre , pleins de médailles de bronze, 
dont ks uaes portoient la figure d^-^/i?* 
£lfu , 6c d'autres celle de Cara$ijius; les- 
unesSc les autres avec le titre à'^Etnpe-^- 
veur^ Les payfâns d'afentour les apèlcnt 
Allcefier^coins. 

La Province d'OAr/ir^if eft Tune des pre- 
mières à^AngUterre , (bit pour la dou-- 
ccur & la bonté de l'air , foit pour la fer- 
tilité du terroir. Les collines y font om^ 
bragées de jolies forêts , & couvertes d-^ 
troupeaux. Les valons font parfcmez de- 
chams fertiles , & de riches prairies. Lis^' 
parcs y font remplis de gros 8c de menu** 
gibier, au poil & à la plumc^ lesarbcv^^s» 
y dona:nt d'excellent fruit , Se l'on pc-- 

rom.lll. Kkk ch^ 


^4 ti E s D^-B L i C B s Glbccffcr. 

che du poiflbn fore délicat en quantité 
dans les rivières ,, particulièrement dans le 
eherufell , de forte que tout le pays eflr 
très-richement partagé des prcïcns de la 
Nature , auffi^bien. qu'orné par les ou.- 
vr^es de l^Art, 

Le Duché de GLCX^ËSTER. 

Al'Oueft du Comté fOxford , on 
entre dans le Duché de Glocefier^ 
qui eft borné au Midi par les Provinces 
de Wilt & de Sommerfits à l?Otcident par 
le Duché de Ménfmmth ( dont il cft fe- 
paré par hflj^t) & par le Comté de //ir- 
refora i au Nord-Oueft par la Piovince 
de ïfircefier , & au Nord-Eft par celle 
de Wanpicl^. Sa longueur cft d'cnviroi^ 
cinguante milles , fà largeur de vint-dnq,^ 
& fon circuit de cent trentc-fept. Il eft 
divifé en trente-trois Qiîartiers, qui font 
deux cens quatre-vints Paroiflcs ; on y: 
compte deux villes & vint-quatre bourgs; 
à marché. 

Tout ce Pays eft partagé en trois par-^ 
ties générales , deux à PEft , & la troi-^ 
fiême à POueft. La Sevérne féparc lai 
dernière des deux autres , traverfànt 
tout le Comté du Nord au Sud., & por-. 

tant: 


Gloccffcr. BB L'ANGLETTRlt^r fÇf 

tant k fertilité par-tout où elle paflc. U^ 
ne autre rivière , nommée Avon^^ coulant 
à Pextrémité Méridionale de cette Prosi^- 
vince , k fépare du Duché de Sot9zmer*r 
fit^ &t ft jette dans le Canal de k Séveri- 
ne , après avoir lavé la ville de BrifieL 

La partie de la Province , qui eft à' 
rOrient. de k Severne , eft partagée cni i 
deux , dont k plus Orientale eft une Ion- - 
ffue chainè de montagnes y qui s'éten*- 
dent du Nord au Sud ^ déclinant au Sud^- 
Oueft. On les nomme CotteswopUs, EU- 
les fournirent k (burcc à trois ou quatre 
rivières ^ qui , tenant un cours égal ai^ 
tr'cllcs, portent leurs eaux au Sud-Eftv^ 
iàvoir VEvenlode , le H^indrush , le Lech , . 
\t Celn ^ &lcCW, en Latin C(>r/i7«i . . 
La Tamife y prend auffi (à iburce vers 
lés confins du Comté de Wik , & cou- - 
fent à PEft, reçoit le Chur^ le Co/», & 
fc Lech. Ce dernier y porte fes eaux fur 
les confins des Comtez de W^, de Ck^ 
cefter , & â?Oxford , & lave en cet en* - 
droit-là un bourg , nommé LechUde , oir* 
l'on prétend qu'il y eut autrefois , (bu* - 
PEmpirc des Romains , une Académie ,. > 
^ui de là fut transférée à Oxf&rd. 

L^àutrc partie eft une belle , longœ,,, 
^ fertile Vallée , qui s'étend entre ces-- 

Kkk. a. mont-- 


/ 



f^6 E,Br s EX 1 C F/3 ^anuîcn ^ 

montagnes & le cours de la Seveme , & 
où Ton voit Clocefier , la Capitale de la 
Province. Cett€ partie a aufli fcs rivières^ 
qui , tombant aes Monts Cotteswoolds , 
la traverfent dans fa largeur , & vont (e 
jcttcr dans, la Seveme. 'La principale clt 
ItStroud.y qui arrofe le pays.dan^ le mi- 
lieu de fa longweur. 

Les Montagnes s?abaiflènt vers les 
frontières Oxientales de la Province^ 

Eour donner le commencement aux bel- 
;s Campagnes àî^OxforÀ. C'eft Li qu'ors 
voit le chemin antique , connu fous le 
nom de Fojfewa^ , tiré autrefois par les 
JRomaim au pié de ces montagnes^ & pa- 
ve de grofles picnxs.. 11. vient du Comœ 
àcWartPtcky cCpafle^ Stân-^n-the-Miftld^ 
bon bourg , fitué vers les frontières , entre 
les rivières de VEvenlode & du Windrush^ 
Il eft (lir une hauteur , fort expofé à. la 
fureur des vents. A huit ou dix milles 
au Nord de ce bourg , on en voit un au- 
tre , nommé Camden^ fituddans la mon-, 
cagne , où tous les Rois Saxons s^âS^aX" 
blérent l?An 689. pour confulter fur la 
guerre qu'ils avouent avec les Bretons. Il 
a donné le nom à un favant Ecrivain.^ 
auquel* V Angleterre doit avoir une obli- 
gation, étcniellç, 

eu 




۔rcnccftcr; DE u'AngLETERR'E. 597 

CIRE N C E S TE IL 

D^'Stow^on-the^WoHld ^ laVoye mHîi 
taire , avançant au Sud & au Sud- 
Oucft , coupe les rivières dé Lech , de 
Coin , & de Chur , & aiTive à Cirencefitx, 
fitucc fur cette dernière. Cirencefier, apè- 
Ice par. ks Gallois Caen Ceri , étok autre- 
fois une belle 6c grande ville , nommée 
Cmnium & Duro^Cornovinm^ qui avoir 
deux milles de tour , comme les mazu- 
tes des murailles , qui reftcnt , le font 
eonnoitre. On a trouvé parmi fes ruines* 
quantité de médailles y des flatucs ^ & des 
pavez à la Mofaïque s 8c l'on y voit le& 
ECÛes d'un chcminr militaire des Romains^ 
qui coupoit le Stroud ^ & alloit droit à 
Clevfim , aujourd'hiii Gloccfter. Cette vil- 
le ibufrit beaucoup de la guerre des Sa^ 
xons avec les Bretons. ^ mais elle ibufrit en- 
core davantage des défolations. des jD4- 
mis , de forte qu'à préfent^clle n?ert plus 
qu'un petit bourg , qui occupe à peine. 
lu quatrième partie du terrain de la ville 
ancienne. Les habitans* s'apliquent beau** 
coup au commerce de laine. 


Ktk 5, CAfl^ 


5^8 tiKS Djei^ICBS Thcwkèsbôcfïr. 


1 


p 


Chemin de Wofcefier à Ghejeftêt. 

OUR aller de Wercefier^ OUcefièr^ on : 
quitte le Comté de Worcefier à un mil- 
le de RJffel , & côtoyant la Seveme , a*^- 
près trois milles de chemin l^ôn arrive i . 

THEWKESBURY. 

TliEWKESBUR Y , anciennement Thev^ - 
ks^kurgj atiréibi>nom d'un certain i 
Theocms^ qui vécut (àintement dans la re- 
traite en cet endroit Jà. Thewkeskuryt^ 
un grand & beau bourg , fîtué entre trois 
rivières , la Seveme^ Vjivon & le Su/illja^ 
te , ou Suilliatt , que l^on paflc fur trois»>. 
ponts. 11 y avoit anciennement un fort 
Dcau Monaftère , dont on a confervé PE-^ 
glife , pour l'ufàgç de la Paroiflc. Ce 
mwxg eft célèbre à cau(è de la moutarde : 
qui s'y fait , mais principalement pour fa i 
manutaâure , où il fe fabrique les plus > 
fins draps du Royaume. 

Un peu au deflbus de Thewkeshnry l^ott 
voit dans k Severne une petite Ile , nom- 
mée anciennement Olenesg , & j4lftejf ^au- 
jourd'hui Eight, Elle eft remarquable 
dans L'Hiftoire , parce que dans le xi. 

Sic.** 


6lbceftec dB L^AkgLETERRE. 559 

Siècle Edmond Roi des Anglois , ôc Cr^. 
»j»^ Roi des Danois , las d'une longue 

guerre , qui ruinoit les peuples , fens a* 
outir à rien, réfbkrent de terminer là 
leur différent, en duel, feulàfèul, avec 
armes égales , afin que le fuccès décidât 
^i des deux demeureroit Roi à^Anglc^ 
terre. Mais après s'être battus quelque», 
momens fans avantage , ils firent la paix , 
&: partagèrent le Royaume entre eux ;. 
partage qui fut bien-tôt fini par la. mort 
uiopinée ai Edmond^ 

G L O C E S T E R. 

A dix milles de Theu^kssbmj l'on arri- 
ve à Glocefier , Capitale de la Provin). 
ee. Cette ville çfl fîtuée fur la pente dou^ 
ce d'une colline , au bord d'un des bras 
de la Severney qui fe partage en deux ua 
peu au deflus de Glocefier , & forme l'Ile 
à?AIney. EUeeft fermée de murailles de 
toutes parts, excepté du côté de la rivié- 
vc , où une muraille n'efl pas nécefïkire ,. 
médiocrement grande , & bieabâtie. Les 
maifbns & les rues y font belles , Se la 
Severne y rend le commerce floriflant^ 
Cette ville a été autrefois Colonie Ro^ 
mâinc ^ Gamme il paroit par un marbre 

an* 




éoo I^ES^Dfil^ICBS CMôccitèft 

• 

antique , qu'on a trouvé à Bath dans lé 
Duché de Sommer fet , avec Tlniciîption 
fuivantc mutilée: 

DEC. COLONIAE. GLEV. 
VIXIT. ANN. LXXXVI. 
Les Romains Papèioient Glcvum , les 5^- 
xons après eux lui donnèrent le nom de 
GleaMcefier , & aujourd'hui les Bretons ou 
Gallois la nomment C4«^ Glov/ , (m Caer 
Glowi , ce qui veut dire Belle ville. Il y 
avoit anciennement un Château , qui a 
été ruiné par le tems. Aujourd'hui l'on 
y voie quelques Eglifcs , entr'autres celle 
qui fut érigée en Cathédrale parle Roi^ 
Henri Vllf Elle eft fort bien faite , bâ- 
tie en» croix , avec ua clocher quarré , 
d'un fortbeau deflein , & bien orné d ou» 
vrages d'Architeéture. On voir dans \q 
chœur les tombeaux de deux Princes 
malheureux , le premier eft Robert Duo 
de Normandie ^.ûh aine de Guillaume le 
Concjuérant , qui eut les yeux crevez au 
Château dçCardiff,^ où il mouBut , après 
y. avoir été détenu prifonnier , 8c trai^ in-« 
digpement , rendant vint-fix ans. L'au- 
tre eft Edouard II. qui fut tué en fccrct , 
s'il en faut croire les Hiftoriens Anglais y. 
par l'ordre d'^Ifabelle de France fâ femme, 
ifleur du Koi Charleslc, £eL Le prémicBi 


Adon. OE l'ANgLETERHE.' 6o I 

n'a qu'un tombeau de bois peint , mais 
celui du fecond eft d'albâtre. Dans une 
des arcades , qui eft au defTus du chœur, 
la mu taille eft bâtie dh demi-cercle , toute 
pleine d'angles ou de coins. Si quelqu'un 
fe met à l'un des bouts , & parle ba^, 
une autre perfbnne , oui fêm à l'autre 
bout , Se qui mettra l'oreille contre la 
muraille , entendra fort bien tout ce qu'il 
dira j c'cft une chofe éprouvée. 

Chemin de Ghcefier à BrifioL 

DE Olocefier à Brifiol il y a trente-fix 
milles de chemin. Suivant la grande 
route qui y conduit,, après avoir marché 
fcpt milles, on paflè la rivière de 5/wiir^/, 
à côté d'un petit bourg du même .nom ^ 
où Pon teint du dr^p en éçarUte : l'eau 
du Stroud "ayant une vertu particulière 
pour faire une bonne teinture de cette 
couleur. De là on pafle par Durslej , 
& par Aïion , village près de la iburce de 
la Fromc. On laifle à l'Orient les P^oif- 
ie$ â^Alderley & de Sadminfq^ ^ o\h l'on 
VQit des pierres fingpliéresi . .Ai^x envi- 
rons de la féconde , .pr^S'4£% confins de 
Wtltshire , on trouve , d^ns les plaines , 
des pierres d'une figurç cylindrique , de 

Tom. m. - LU la 


6o% Les Délices Aldcrlcy. 

lagrôflcur &.de la longueur d'un doigt : 
le dedans cfl: un caillou un peu tranipa* 
rent, & le dehors eft une croûte blanche 
& dure qui l'envelope. On voit auffi 
daris la même Paroifle des trous en ter- 
re 5* qu'on ?ipèle Goufres , où les eaux fe 
perdent & s'abimeht dans la terre , fans 
ûU'on les voye reiparpitre , quelque grof^ 
(e pluye qu'il fafle. Dans la raroiflê d'u4U 
derlej , qui eft vers la fburce de la peti- 
te rivière àiAvtn , on trouve parmi les 
montagnes quantité de pierres de fèr- 
pent , qui reflèmblçnt à de véritables 1èr- 
pôm cntortiUet , excepté que la tête y 
manque.: l'épine du dos eft très-bien for- 
mée , ÔG toute la pièce eft compoféc de 
daix parties^ dont l'une fert comme d'en- 
vdope à Pautre ; & on les fépare fins pei- 
ne- & tans rien gâter , en les frapant légè- 
rement. Oii y trouve des tas de coquil- 
lages de pierre , de toute forte de gran- 
deur , Se de figure , les uns reflèmblans 
à dfes Coquilles de S, fatjucs , rayez d'un 
bout à l'autre , d'autres reflèmblans à des 
mbulés , '& qucl^eg-uns canèlés. Tou- 
tes ces piêrties £)nt couvertes d'une enve- 
lope , qui eft <oiinàe une écaille mince Se. 
luiiànte , en quelques-unes blanche com- 
me de l'albâtre , en d'autres brune . & 

en 


Barklcy. de L' ANGLETERRE. é»03 

en' d'autres d'un rouge-pâle. La rivière 
d^Aven , ayant arrofé ces endroits-là , 
coule à POueft , & fe jette dans la Sever- 
ne près du Château de Barklty. Il y a- 
vbit là du tems des Rômaïni un lieu de 
paflagè , qui',' à caufede cda, fe nom- 
moit TrajeStus. B^rhley eft remarquable 
parce que c'eft le lieu où Edouard II. 
dont j'ai parlé, ci-deflus , fut tné inhumai- 
nement. Dans le X I . Siècle il y avôitlà un 
Couvent de Réligieufes , ^qui fat inter- 
dit , parce qiiè les Donnes Nôniiains , jeu- 
nes & imprudentes , fans en excepter PAb- 
beiiè 5 âvoient feu l'infirmité de fe laifler 
réduire par un beau jeune homme , & de 
fuccomber aux tentations de la chair: 
c etoit, dit-on ^ un piège, que Godwin 
Comté de Kerii leur avoir tendu , pour 
fè' faire adjuger leurs biens. 

' Du vilkge à^ASlon il y a dix milles de 
chemin jusqu'à Brifiot. En fàifànt ce 
chemin on paflc à côté de la Paroiflè de 
Puckle Church , où l'on trouve dans la 
t#re une forte de pierre , bleuâtre , pu- 
r^ , plattê i épaifle d'environ un pie , fi 
u6ié ;, Se fi bien ^fifede tous les côtés , 
qd'ôndiroît que c'eft un ouvrage de l'Art, 
& qu'on en a voulu faire des pierres de 
tombeau/ On en tioùvc pluueurs à la 

LU z fois. 


^04 I-Es Délices Btiftol. 

fois , couchées ks unes fur les autres , 
jusqu'à fix ou (èpt , & presque toutes de 
la même épaiffèur. Le terrain, qu'elles 
couvrent , eft une argille bleuâtre & lé* 
gère. On trouve de ces pierres le long 
du grand chemin de Brifiol , & dans un 
endroit , qui eft près de cette ville , on 
paflè fur une place , longue de plus de 
dix toifes , qui fçmble n'être qu'une feu- 
le pierre, 

15 R I S T O L. 

LA ville de Brifiol vl^dk, pas fort ancien- 
ne , du moins il ne paroit pas que fon 
port ait eu quelque réputation jusques 
dans le XI. Siècle, En échange elle eft 
l'une des plus grandes & des plus riches 
du Royaume. Les Saxons lui donnéretit 
autrefois le nom de Brijhfiow , c*efl>à- 
dire , lifH confiàérMe , & leis Gallois Papèn 
lent CW^r Oàer Nmt Badon , ce qui fîgni* 
fie, vilh d^Oderdzns la flattée de Badon. 
Sa fituation eft des plus âvantageufes .^ 
entre deux rivières , rAvàn & la Fromè ^ 
à cinq milles de la mer , aflêz près pôUr 
profiter de fon voifinage , JBc aflez éloignée 
pour n'en recevoir pas de l'incommodité. 
\j4vQn U partage en deux parties, donc 

1*U0Q 


Briftol. ÔE L^AîïGLETEARer 6o^ 

Pune eft dans le Duché de Glocéfier, & Pair-' / 

tre dans celui de Sommerfet , mais elle n'eft 
partie ni de Punc ni de l'autre Province , 
& elle fait un Comté à part. Ses deu?c 
parties font jointes Tune à Pautrè , par 
un beau & large pont d^ pierre , coriftruit 
fur l^Avon , loutenu par quatre arcades , 
& comme celui de Londres^ bordé d'uiï 
rang de maifons de part 8c d autre , ce qui 
le &t plutôt reflembler â une rue qu'à 
un pont. La rivière de la Prome ^ qui 
vient du Nord , borde la ville à POcci- 
dent , & fe jette dans VAvon. La marée 
entre dans ces deux rivières , y formant 
un double havre , & elle y monte avec 
tant de force , qu'elle les fend capables 
de porter les plus gros, bâtimens , oC que? 
les vaiflèaux , qui font à fec pendaiît le re- 
flux , font élevez par le flot à la hauteur 
de fix toifes. Le havre eft d'un bon 
fond , où les vaiflèaux font en fcureté , 
& la Prome eft bordée d'un beau Quai ^ 
^ui fert à les charger & à' les déchaigef 
commodément. Tous ces avantages ont 
rendu Brifiol très-floriflante , deforte 
qu^aujourdTiui elle ne cède qu^à la feule 
ville de Londres , l'honneur d'avoir le 
plus riche & le plus floriflànt commer-r 
ce. Aufli s'y trouve-t-il des Marchands , 

LU 3^ ^0» 


6o6 Les Dei^^çe,s Çr^ftol. 

qui ont des mailbns , bâties comme des 
Palais , & dont le commerce s'étend par 
toute la terre. On peut juger de fa gran- 
deur parles vint Eglifes qui s'y trouvent, 
dont il. y en a dix-huit, quiiont Paroif- 
lîales. Les rues y font un peu. étroitçs , 
mais tQUtes généralement propres &: net- 
tes , parce qu'on fait écouler toutes les 
immondices par des éeouts fouterrains , 
pratiquez fpus le pave des rues. .G'ejl 
pour cette raifon qu'on ne, s'y fert ni de 
chariots ni.de charettes pour porter les 
ballots èc les marchandifes , ipais feule- 
ment de traineaux. Rol^ert , Comte de 
Glocefier , fils naturel du Roi ^Henri I. y 
avoir élevé un grand Çc beau Château , 
qui s'étoit confervé jusqu'au dernier Siè- 
cle. Crqfnwell\tBtaémQJ[\v^ & l'on a bâ- 
ti une rue de fes débris. Entre les Egli- 
fes de cette ville , on cn.remarque. parti- 
culièrement une dans I^ yille , §c' dcu;x 
autres hors des murailles. Pans. là par- 
tjie de.la yilie, qui^eftau^Midi , çftr|B- 
glire>iqui n'^ ppipt d'au tfe nom 511e './<r 
Temple\ dont le clocher * branle ,\Iprs- 
-ou'pn fonne la clQche, '& il.sî'^ fait une 
fente de la la^gçiir de trois doigts , . deppis 
le haut jusqu^au bas, par laquelle il eft 
coçnpie /ép^redu rel^e de l'édifice , & 

ce- 


1 


<• 


Briftof. DE L'ANGLETEFtRE. 807 

cela s'ouvre & le ferme à meflire que Pon 
fonne. La même partie de la ville eft . 
aufîî ornée d'une autre Eglilê , fituée hors 
des murailles , nommée 5. Marie de Ràd^- 
cUf. Elle eft grande , vafte & tfès-bien 
bâtie, ayant un voûte travaillée avec beau- 
coup d'art , & un clocher , l'un des plus 
hauts qui fe voyecn Angleterre. L'autre 
partie delà ville, qui eft au Nord, dans 
le Duché de Glocefier , a auflî fes Egli- 
k%. Hors de la porte on monte fur une 
hauteur , où l'on aune belle vue fur tou* 
te la ville & fur le porc. Il s'jr voitdeuk 
Eglifcs, qui portent le nom de 5. AngU'» 
ftin , diftinguées Tune de l'autre par lesi 
épithètcs de grande & de petite, luc^rand 
S. Angnftin eft une Eglife Cathédrale, 
depuis que le Roi Henri VIll. y établit 
un Evêque avec (ix Chanoines. Le />t?- 
tit S. Au^uflin eft une Eglife Paroiflîale. 
Il y avoit encore là une autre Eglife , 
nommée Gannt , du nom de Ion fonda- 
teur: elle a été convertie en hôpital. 

Tout autour de BrUiol on trouve quan- 
tité de charbon de terre , qui fe'met fort 
bien en gâteaux , comme celui de New^ 
cafile. A un mille au deflbus , la rive 
Orientale de X^Avon eft bordée d'un ro- 
cher élevé, nommé 5 .^/V^r^»^, fur lequel 

LU 4 il 


6o8 Les Délices Bnftol. 

il fè trouve quantité de pierres quarrées , 
& à fix angles , que l'on prend pour des 
diamans, parce quelles en ont véritable- 
xïient toutes les apparences , hormis qu'el- 
les n'en ont pas la dureté. D'habiles gens 
les prennent pour une efpèce d'écoule- 
ment tnétallique , parce qu'étant mêlées 
parmi de la mine de fer , elles rendent la 
matière plus aifée à fondre y & plus coulan- 
te au feu. Et il eft à remarquer qu'il ic 
trouve une veine de fer près de là . Au pic 
du m£me rocher fort une fontaine minéra- 
le ^ Scmedccinale, que la marée couvre, 
toutes les fois qu'elle monte , mais elle 
eft découverte pendant Iç reflux. Son 
eau «ft chaude , & fort agréable au goût , 
on leftime fbuverainc contre les vieux 
ulcères , contre la gravelle & les autres 
maladies de reins , étant prife par dedans. 
Si l'on s'en fèrt par dehors , elle eft auffi 
excellente pour guérir de certains vieux 
maux , comme on l'a éprouvé. De l'au- 
tre côté de la ville paroit un autre ro- 
cher , à l'Occident du premier , où l'on 
trouve des diamans*, dans une envelope 
de caillou , creufe & rougeâtre , comme 
la terre d'alentour eft auffi toute rou- 
ge- 
Nous avons parcouru toute la partie 

de 


Àvintoiî. DE l'Angleterre. 6g^ 

de cette^ Province , qui eft à TOrient dt 
la Severne , 8c qui étoit autrefois le partaw 
ge des Dohffnex, ou des Bodnnes ^ avec le 
Comté à^Oxford. L'autre Qiiarticr , qui 
cft à l'Occident de la même rivière , a 
été long-tcms une partie de la Principau- 
té de Galles y & h, Severne fervoit de bor- 
ne entre les Bretons ou les Gallois , & les 
Saxons , mais dans la fuite les premiers 
furent recoignez au delà de la l^ye , qui 
fut leur borne. C'étoit une dépendance 
du pays des anciens Silures : & le pays cft 
avantageufemcnt fitué, ayant deux gran* 
des rivières , d'un côté la l^'ye , & de l'au- 
tre la Severne ^ cependant il cft peu con- 
fidmble , ce n: font que montagnes èc 
que forets , auiîî Tapèlc-t-on la Foret de 
JDeane. 11 y a quelques cent ans , que ces 
forêts étoient extrêmement vaftes & cj^ain- 
fcs , en forte que les chemins y étoient 
presque impratiquablcs , & un vrai cou- 
pe-gorge : mais depuis qi^'on y a décou- 
vert une riche mine de fer , & qu'on y 
n bâti des forges , la forêt a été confidé- 
rablcment éclaircie. Il ne s'y trouve pas 
de Places fort remarquables, jivinton^ 
village fur le bord de la Severne , vis-à- 
vis du Château de Barkley^ a été ancien- 
nement un lieu de grand paflàge , con- 

Lll ; nu 


^lo Les Délices Purtoa. 

nu des Romains fous le nom dtAbone. 
Depuis leur tems ce paflâge a été pprcé 
un peu plus haut , à Furtm ou Pirton , 
où l'on trouve des aftroïtes ou des pierres 
d'étoile , de la grandeur & de Pépaiflcur 
d'un detni-écu, aveccinq pointes en for- 
me de rayons d'étoile. On trouve en- 
core quantité de ces mêmes pierres dans 
la Paroiflè de LaJfi*?ton , qui eft vers le 
bord de la Sei/eme , au deflus de la hau- 
teur de Glçcefier. Ces pierres s'y trou- 
vent fur le grand chemin à côté d'une 
montagne ; elles font de couleur grifâ- 
tre , & fi bien gravée des deux cotez, aue 
l'Art ne peut rien faire de mieux. Elles 
font fbuvent jointes les unes aux autres ^ 
par le côté plat , en forme de cylindre , 
comme des écus rangez les uns fur les 
autres , de la hauteur d un pouce. On les 
diflinsue fort bien à la vue , mais elles 
font u bien collées , qu'on ne fàuroit les 
fçparer Ëins les rompre. Lorsqu'on les 
jette dans du vinaigre , on les voit fè re- 
muer avec un petit tremblement. 

La Scveme élai^git fbn canal confidé- 
rablement dans cette Province , defbrte 
que vis-à-vis d?Avmton elle a deux mil- 
les de large. Ses bords font fort boueux 
en ces endroits4à i il s'y trouve même ^ 

quand 


Gloçcftcr. 0E . l'Angleterre, éii 

quand l'eau eft baflè , des iàbles mou- 
vans, fort dangereux pour les hommes 
Se pour, Jes chevaux , tellement qu'on m 
peut la paflèravec feureté que dans le tems 
de la , pleine mer. Et généralement le 
cours de la Severne eft fort boueux \ comr 
me elle roule fes eaux avec rapidité , elle 
remue le limon & le fable de fon lit , les 
fait monter vers la furface de l'eau , 6c 
les poulTe quelquefois en de certains en^ 
droits , où elle en fait de grands mon- 
ceaux. Elle fe déborde aufli aflez fou- 
vent, & fait beaucoup de dégât dans les 
terres <]e fon voiûnage, à cauif de la hau* 
teur de fe marée. 

Le Duché de Glocefter jouit d'un air 
laia , pur , .& doux. L^ terroir eft abon- 
jdant en tout ce qui eft néceflàire à la vie* 
On y a de belles & de grandes plaines , 
parfeiïiees de chams fertiles & de prairjesj 
^ie riches pâturages dans les vallées , où 
Ton .nourrit de grands troupeaux debre-? 
bis , des forêts dans les montagnes.Sc d^nst 
içs^collinesi quelques mines de fer, 6c 
p^r-toutqugntjté de bqns fruits. Ancien- 
nçmçnt,ôç,en particulier dans lexi i . Siè- 
cle, on y .voyoit des vignes, rccomman-^ 
dables par le bon vin doux qu'elles pro- 
duifpient^ .^ en quantité ; mais les habi- 

tans 


^ I 


^ 


6i% Les Délices Wilc. 

taiîs les ont négligées , deforte qu'il y a 
déjà long-tcms qu'il ne s'y en trouve 
plus. Le troifiêmc fils du Roi Charles 
I. qui mourut l'An 1660. a voit le titre 
de bue de Glocefier. Après lui ce titre 
a été conféré au jeune Prince défunt, fih 
du Prince Gewge de Dannemarc , & de 
notre Grande Reine , héritier préfomptif 
de la Couronne , Prince de grande efpéran- 
ce, que la mort a ravi kV Angleterre. 

Le Comté de WILT. 

LE Duché de Cbcefier a pour bornes 
au Midi les deux Provinces de Witt 
j8c de Sommer jet : ç^ç& pourquoi nous al- 
lons les décrire Pune après Vautre , n'a- 
yant plus rien à voir à l'Occident de ce 
cote-Ia. 

Le Comté de Wilt efl enfermé en* 
tre le Duché de Glocefter au Nord , les 
Comtez de Bdrckfhire Se de Hampshi^ 
re à l'Orient ; le même Comte de 
Hamipshirt , & celui de Dmrfet au Mi- 
di , Scle Duché de Sommerfet à POcci- 
dent. Sa figure eft un quarré-long , éten- 
du du Nora au Sud. Il a quarante mil- 
les de long , trente de hxgc , & cent qua- 
rante de circuit- On y compte huit bon? 


I 

4 


WUt. DE l'Angleterre- 615 

Châteaux , dix-neuf tant villes que bourgs 
à marché , 6c trois cens quatre Ëglites 
Paroiiïîales. 

Cette Province eft arrofée de diverfes 
rivières. UAvon , dont j'ai parlé ci- 
deflus à l'article de Brifiol ^ y prend & 
fource au Nord vers les connus de 6fo- 
cefier, couledu Nord au Sud, & an'ofe 
le* Quartier Oriental du Pays. L'extré- 
mité Septentrionale efl: mouillée par Ï^IJis , 
ou la Tamife , qui n'eft encore qu'une 
petite rivière en cet endroit-là. Le Quar- 
tier du Sud efl: le mieux arrofé de tous. 
Une autre rivière , nommée Avon , qui 
coUleauSudy en reçoit deux autres , qui 
coulent de l'Occident .& du Nord-Oueft 
à VOrient , ûvoir le Nadder & le WiUjf^ 
born s & le K^nnet lave la partie Orientale 
de l'Occident à l'Orient. 




Ch^'^ 


6î4 Les Délices Markbotougli. 

Chemin de Vf^ndfit à Safh, 

M A RLEBO R O UG H. 

ON quitte le Comté de Bkrckshireipvhs 
de Hungtrford , 8c l'on pafle à Adar^ 
lebaroHgh , bon bourg, fitué uir le kehuet. 
Cette rivière s'apèloit anciennement Cu^ 
netio 5 & l'on voyoit fur fès bords une 
Place , qui avoit le même nom. On croid ' 
que Marleborough s'eft' élevé fur les rui- 
nes , à moins <]ue Cunetio n\Xit été uil peu 
plus'haut vers la fource du Kennet:, à l'en- 
droit où eft aujourd'hui un village, qui 
porte quelque marque d'Antiquité dans ' 
fon nom d?Oldb»rf, Quoiqu'il cn'lbit Afar^ 
leborengh tire ' fon nom du mot Anglois , 
Marie ^ qui fignifie aujourd'hui de la Mdr^ 
ne , mais autrefois fignifioit de U chaux , 
& la colline , oii Marleborough efl fitué , 
a un fond de chaux blanchâtre. Le Roi 
fean fans Terre y avoit autrefois un Châ- 
teau , où l'on tint un grand Parlement 
fous le r^ne â? Henri lu. Ce bourg n'a 
rien à prefont de plus conCdérable que 
l'honneur de donner fon nom à l'illuure 
Héros , dont la mémoire fera éternelle- 
ment chérc aux AngUis , â caufe des grands 

& 


Caloc. DE l'Angleterre. éiy 

& importans fervices qu'il a rendus à la 
Couronne Se à toute PÂlliance , dans la 
guerre prélente. Ce Seigneur eft de la 
Maifon de Churchill ^ & a porté d'abord 
le titre de Comte de Marie forough. Dans 
la fuite il a été élevé à la dignité de Duc , 
& fcs fervices croiflàns avec le tems , le 
défunt Empereur lui a donné la Terre 
de Mindelheim dans la Souabe , avec la 
dignité de Prince dn S. Empire. 

Dans le voifinagc de Marleiorough , 
près de la fburce du Kennet , il fe trouve 
de certains rochers , d'où il fort quelque- 
fois des torrens d'eau ^ qui , felon l'opi- 
nion du vulgaire , font un préfegc de la 
difette , comme cela arriva TAn 1 648. 
c'eft pourquoi on les apèle Hungerborn , 
F<mt aine de famine. 

De Marleb<ironghxiVi'ç^SS^ à Oi/»^,vieux 
bourg, fitué dans un fond de rocher , fur 
imc petite rivière , qui va fe jetter dans 
VAvon. On y voit une belle Êglife , où 
l'on tint un Synode l'An 977. pour ter- 
miner la (jueftion touchant le Célibat des 
Ecclefiaftiques , qui étoit agitée avec cha- 
leur entre les Prêtres ôcles Moines. L'af- 
femblé^ ayant été formée , comme l'on 
commençoità difputer,tout d'un coup les 
çchafiàuts , qu'on avoit élevez , s'affeiffé- 

rcnt. 


6l6 LesDe LICES Malmcsbury . 

rcnt , les poutres s'abattirent , & fe rom^ 
pirent , 8c les affiftans , Ecclefiaftigues 
& Nobles , envelopez dans cette ruine , 
en furent tous mal- traitez, quelgues-uns 
mutilez , & d'autres même entièrement 
ccrafcz. Dnnfian feul , le Préfident du Sy- 
node , qui étoit du parti des Moines , 8c 
foutenoit le Célibat , n'eut aucun mal. 
On fit regarder alors cet événement com- 
me un miracle , qui confirmoit le fenti- 
raent des Moines. Mais il y a des Hifto- 
riens , qui foutienncnt ^ mi'on devoit ce 
miracle à la fupcrcheric des Moines. Et 
en effet le même Efprit , qui a fuggeré 
PhorriÛe confpiration des poudres , a bien 
pu fuggerer une pareille trahifbn. 

De CaLne on traverfe la belle Forêt de 
Pewsham , 8c l'on arrive à Chippenham , 
bon bourg , Ctué fur ^Avan i 8c de là l'on 
n'a pas beaucoup de chemin à faire jus^ 
qu'à Bath. 

UAvm prend là (burce au coin du 
Nord de cette Province vers les fron- 
tières de celle de Glocefier. Un peu au 
deflbus de fa fource il arrofe MÔlmesbu^ 
ry^ bourg fameux , dont le nom eft cor- 
rompu de Mailàulphesbyrjg , du nom 
d'un &int hermite IrUndois nommé MaiU 
dulfhe , qui pafla fà viç^dans cet endroit- 
là. 


à. Il: y aVoit anciennement un beau',, 
grand Se riche Monaftète de B^nediStînf^^ 
qui produifit dans le 3t 1 1 . Siècle un célc-- 
brc Hiftoricn, r\omrtié Guiliatime de Mat^- 
meshury. Ce Monaftère' fut ruiné avec- 
feç autres par /&«nVni. mais TEglilb 
fut confefVte ]?ar xxti Bourgeois nômiiré 
Stumf ,' MarchartJ di*apier , qui. la ra'*- 
chcttf, & fôn en W fait VEglife Paroiffia-- 
Xe.Mal'meilmry tÇt un grand oC beau bburgV 
for uïie colline , dont l'^v^»' mouille le 
pié : riche par fe 'manufàétufe de draps ^ 
^. à caufe des belfcV foires, qui s'y tien^- 
ttcnt. y- \ 

\ • - 

LÙGKINTON'. 

A trois ou quatre milles de Malme^^ 
hurjfy auSudrOueft,. vers les fron^- 
tiéres de Ghcefier , cSt la Pàroifiè dfc Luc- 
kinton^^ où fe trouvé une fontaine 'noni> 
mec Hanctfk^ , dont Peau efl: chaude en* 
hiver , & froide en Eté : on dit qu'êller 
cft exfceUente pour guérir du mal de^^ 
yeux. Eiitrc cette même Paroiflè & cel- 
le <iè =54/;/«?i/»/i» , qui cft dans le Duché' 
At'Glocefltr^ s'élève une haute montagne, 
où Ton trouve , fur le fommet , neuf 
grottes 5 -que le peuple ignorant apèlc/^/' 
Tçm. IIL M m m C^-- 


6l8 f^ES pnt,jiGr]^s . Irttfkio^n. 

Caves àfs géans.. Ces .GjçotjÇçs^u .CAvernes, 
font longues , . .& larges , iQai^s ^ei^ «nés 
plus qijie les aut;res* Elles (bat toutpç fur 
une même ligne ^ faites de deiif ,pierrcs 
longues placées de côté, & 4'urie jwerrc 
large qui les couvre. Qj^elciucs-j^ae^ foQt 
cimentées avec de if cKau^ 9-^M^u xqqias 
?ont été autrefois. La pjlus jp^tïte ji f^j. 
tre piéz de large . ^ o^^ç^^uxi^j^ 
ont neuf ou dix de long : il y et) a qui j[pnc 
profondes , & d'aïutr^es qui ne ie flolat pas* 
On eftîme que ce font Ijcs tombeaux de 
quelques Capitaines Ècmaiaj oif ^afoU^ 
parce qus quelques pertonnes y ayaru faif 
touiller , il y a près de cent ans , dans 
l'efpérance de découvrir qpelquq chofè 
de confidérable , on n^y déterra qu'un 
vieux éperon , Se quelques bag:^plles de 
cette nature. , . 

UAvon 5 quittant; Chipf^^nk^fm eft bor-? 
dé de deux belles fprêts , Pewsh^m Sc 
BUkemorej après quoi taurnaut a^l^Queftji 
il reçoit un ruifleau, nommé JSrpt?^, qui 
vient du bourg. deTr«^W^£<,.ançicnne* 
ment Truwahrig. Il eft fitup fur une cpî- 
line , il s'y fait quqlqae commerce ;4e lai- 
ne , & Pon y voit les reftçs d'un vigui; 
Château. ^ ; . 

Toute la Province de IViU eft dîvjUi^ 

en 


r 


/ 


Cfcckladc. de L'ANÔLÉTÉftkïrT Kîgf 

en deux grandes Parties , Pdnc Septen- 
trionale , 6c l'aiître Méridionale- La pre- 
mière eft montùéufe , entrecoupée dé 
montagnes 6c de collines , 6c couverte 
de quelques forêts. La Tamife , qui l'ar- 
rofe à fon extrémité danis un très-petit 
efpace , y reçoit deux ou trois rurfleau jc; 
près de Crtekla.de ^ anciennement 0^^^rè- 
iade^ vieux bourg, où l'on prétend qu'il 
y avoît autrefois, auflî-bien qu'à Lechlade 
£i voifine , une Académie , qui fut tranl^ 
portée à Oxford par les Skions, 

• 

Les Campagnes de Salisbsirjl 

• 

LA partie Méridionale eft une grâricîfe 
6c vafte plaine à perte de Vue , eu 
partie de bruyères , en partie de pâtura- 
ges , qu'on toomme les Plaines ou les Cam^ 
fagnes de Salàbnry , du nota de la Capi- 
tale. Deux rivières arrofcnr cette Cam- 
pagne au Midi , le Nàdder & ie Mltjf'^ 
bom. L^tNadder^ou Madder, eft le plus 
Méridional des deux, ôc prend fa fourcc 
ftux confins dp la Province de I><?r/îf , 8c 
ne voit rien de confîdél^blc fur fe bbrd$ 
juftjù^à -^^//VWr;. h^JfWjhrk pïénd fx 
fourcc vers les frontières du DucKé de 
Scmmerfets & reçoit d*abord un ruillcau, 

Mmm i ooro- 


3 


£%^ Lés Délices Warmiftcr. 

ipotnmé Diverou Devcr-rill^ qui, après 
avoir coulé quelque tcms , fè jette fous 
terre , où il coule de la longueur d'un 
mille ,. & reflbrt proche du bourg de 
Warmifier. C'eft une Place fort ancienne , 
ui a été connue des Romnins (bus le nooi 
e Ferbicia , dont elle retient encore une 
partie^ les Saxons Wy^vù, corrompu pour 
y joindre le mot de MtY^et , tiré de 
Monafiirmm. Aujourd'hui Warmifier eft 
coniîdérable à caufè de (es marchez , où 
il fe fait un très-grand commerce de hl£ 
Le Wilhlom , quittant Warmifier , cou- 
le vers P(>icnt , &unpeuaudelàdumi- 
lieu de*fe courfê on trouve , fur fes bords, 
les. reftcs d'un Campement Romain fort 
ample , . fermé d'un double fofle fort pro- 
fond , que les habitans apèlent Taneshu^ 
rj-Cafilc: on croid que c'eft on Ouvrage 
des troupes commandées par refpajïcn ^ 
dont le nom auroit été corrompu de cet- 
te manière. Le li'illjhorn , coulant plus 
avant j va porter fcs eaux dans le Nadder^ 
près àéSalbbnry. Au confluent de ces 
deux rivières eft. Vl^lton , qui a donné fbn 
rK>nx à tout le Comté. C'étoit autrefois 
une l?kcc confîdér^ble ^ connue fous le 
joom d^EUmdunHm, elle étoit la Capita- 
le du Comté , mais elle fut ruinée par 

les. 


AvhvLtf. DE l'Angleterre. 6xi 

ks Danois y & depuis ce tems elle eftab- 
folument tombée , tellement qu'aujour- 
d'hui ce n'eft plus qu'un bourg médio- 
cre. 

Chemin de MarleBcrMgh à Salisiury. 

ON paflc à côté de la belle Forêt de 
Savernac , qui eft un grand & va- 
fte parc , où fe trouve une efpêce de fou- 
gère odoriférante. On côtoyé auffi le fé- 
cond Avon de ce Comté , qui prend fit 
fburce au deflbu« de celle du Kenfjtt ^ 
d'où il coule droit au Sud ; & l'on paffe à' 
^mbershurjf^ ^ nommé communément /^i*- 
hury , bourg ancien , qui tire fon nom 
à^Ambrofius Aurelim , Chef des anciens* 
Bretons. On y voit , dans une prairie, 
huit ou dix pierres ^ d'une grandeur &: 
d'une épaiffeur extraordinaire , dont les" 
unes font debout > & les autres couchées. 
On en trouve encore d'autres fèmblaWes' 
dans les bi^uyéres ^ qui font flir le che- 
min à^Ambersbury à AdarUborongh. 

Mais tomes ces pierres ne font pas fi 
merveilleuiès encore que celles qu'on 
voit un peu plus loin, à 1 Occident d?An%-' 
bersburj , au milieu d'une yafte plaine ^ 
à fix milles de Salisbury. Dans le milieu 

Mm m. 3^ d'una 


6iz Les Délires Aabury. 

d'une trencbcc on voit une triple encein* 
te de pierres , rangées en rond , dont 
quelques-unes ont jufqu'à vint«huit piez^ 
de haut, fept de large, & feize de circon-» 
ference. De ces pierres les unes font droi» 
tes y & les autres ibnt mifès de .travers 
par deifus , faifant comme le linteau d'u- 
ne porte y étant attachées aux premières 
par des moitoiics , où Cotit encna{Ië2; les 
gons qu'elles ont. Cela fait qu'on leur 
donne le nom de Stme^hetiges , comme 
qui diroit, pierres Ju/pândues^ On ignoïc 
d'où viennent ces prodigieufês pierres ^ 
quand , par qui. Se pourquoi elles ont été 
mifès là ^ & ce qui tait un plus grand {\i^ 
jet d'étonnement, c'eft que tout le pays 
d'alentour eft fablonneux 8c entièrement 
dépourvu de pierres , fî l'on en excepte 
celles dont j'ai parlé. Tout contre .ces 
rangées de pierres on a tiré de tems ett 
tems des os d'hommes grands, & des 
armes mêmes, fort antiques , d'une for- 
me 6c d'une grandeur mrticuliére i ce 
qui fait juger que c'eft là véritablement 
le lieu des tombeaux des anciens Rois 
Bretçns , comme les Annales des Gai/ois 
le témoignent. En particulier pn ne dou- 
te point (^Aurelius Ambrofins n'y ait 
été enfcveli. Cet AmhroJÎHs , qui a don- 
né 


l^aa^Sx». 



* ! 


M? JL Caié dt ^^idt . 


::'■: 


« 


^Salisbory. |>e l'AngLETJERRE. 6x1^ 

né fon nom au bourg (i?Ambrcshun , cft 
Je mêinç doiit j'ai déjà parlé ci-defllis , 
jçyi vivQit dans le déclin de l'Empire de 
Rome , & défendit vaillamment fa patrie 
.contre les Saxons , pendant tout le tems 
qu'il vécut. 

SAJLISBURY. 

SALiSBUitY, en Latin Sarum & Saris* 
beria , eft uoe ville Epifcopale , & 
l'une de$ plus belles du Royauine* £!• 
le eft fituée. fqr l^Avon , à (bixante & dix 
milles da Londres^ a l'eijtdroiiC où il reçoit 
le N^d4er f . propre , ôç bien bâtie , leg 
rijes nçttes, aproiees de ruifièaux, &aC- 
fez cpnfîdéraWemcpt grande. L'HotcI 
de ville eft une fort belle pièce , toute 
fufpçnfiue furies piliers, quienfoutien^ 
npnt ie pçids. Mais le plus bel. édifice ^ 
qu'il y aiç à voir, eft TEglife Cathédra- 
le , bâtje ^m^ le x 1 1 1 . Siècle. Elle eft 
grande , d'^un beau deflein , bien fini , or. 
née d'un fuperbe clocher , au deflus du- 
quel s'élève line aiguille ou piramide, 
l'unp des plus hautes qu'on puiue voir en 
^nght^ro. L'aigujlle étoît chargée ci* 
Qpvant d'une Couronne Impériale, mais 
çlle fut abatuç par un coup de vent l'An 

1688. 


} 


£l4 Les DcLIcrs SafîsSury^ 

x6S8, 4ans le tcms que le Roi JatfHes II. 
y alla pour s'oppoier aiix deflcins du 
Prince d^Oréknge. On publie de cette E- 
glilc^ comme une rare merveille ^ qu'elfe 
» autant de portes qu'il y a de mois , atr- 
tant de fenêti*es qu'il y a de jours en Paw, 
& autant de colonnes & de piliers, de 
marbre qu'il y a d'heures en Pannée. 
L'Evêché de Salisburj eft aflèz^ ancien , 
& a été pollMé par d'hahires Evêqucs , 
tel que fut fean fewell du tcms de la Réî- 
formation : & l'illuftre Prélat Gîlbert 
Bmmct , qui en eft aujourd'hui revêtu ,. 
ne doit rien de rêfte à lès prédeceflèurs. 
H étoit ci-devant Chapelain du feu Roi 
GuilUumt III. de glorieufe mémoire , Se 
Précepteur da Duc de Gtocefttr. L'E- 
glife C? Angleterre lui doit ^excellent Ou- 
vrage de PHiftoire de fa Réforinatiom 
La ville de Salishurj fut bâtie, dans le 
xi^i. Siècle des ruines de l^mcienne ^«r-i 
ifiodunHmy qui étoit^fituée unpeu^udeG* 
fus , fur une hauteur aride , & ftérilc ; 
où il y avoit un^ CMteau- fortifié , dont 
l'enceinte avoit cinq cens pas- de tour. 

Dans le voifinage de SaHstttri à TO-^ 
rient, eft le bourg de Clarendûn^ où l'on 
voit un grand & vafte parc y & les rui- 
nes d'une Maifbn Royale. U n'a rient 

d'ail- 


Clarcndon. DE l'AngLBTBRRC. 6lf 

d'ailleurs de plus confîdérable que d'a^ 
voir eu pour premier Comte le Lord 
Chancelier Hiae , beau-pérc du feu Roi 
fa(fHes II. Scgrand-pére mata-ocl de no-» 
tre Augufte Reine. Cefiit le Roi Char* 
Us IL qui lui conféra le titre de Comte 

de ÇlarendoH. 

Sédishnrj eft dans une grande 8c vafte 
plaine, de quarante milles de tour, qui 
ne p]!t>duit autre cho(è qu'une petite her* 
be menue , qui icrt de pâturage aux bre- 
bis. Au demis de cette camp«igne , \z 
Province cft coupée dans le milieu , par 
une ligne ou un foifé large & profond, 
nommé Wansiike , anciennement Woie-* 
ntsdik^^ qui la traverfe de l'Orient à rOc- 
cidenc , dans l'eipace de plufieurs millet* 
Il y a de l'aparence qu'elle fcrvoit autre- 
fois de borne entre les Royaumes des 
Aiercitns 5c des Saxons Occidentaux. 

L^ Comté de * WHt eft t^me dés plus: 
agréables Provinces de Y Angleterre. L'air 
y eft doux 6c (âin. Le terroir y eft par* 
icmé de forêts , de parcs , 6c de chams 
fertiles i mais ce qui la diftingue des au* 
très , font (es vaftes campagnes , où l'on 
nourrit une infinité de troupeaux de bre- 
bis , dont la laine fait la plus grande ri- 
cheflè des habicans. On n'y voit aucu- 

Tom. III. Nnn ne 


\67£ Les Délices Sotamcrfet. 

ni pierre , mais dans la l^andc Occiden- 
taie^ ilfe trouve divcrfès carrières d'ar- 
doilè. 

; U DHchi de SOMMERSET. 

• ■ 

.Tr.É 'Duché doSo$»meffit a pour bornes 
JL^u Nord-Eft le Duché deGJûceJier , au 
NordX)uefth BolJc dciàSeveme^ àPO- 
riont le Comté de Hïà , aq Sud-Eft le 
Comté de Derfit, & au Sud^Oueft celui de 
DevMshirc. Il a cinquante-cinq milles de 
loi>§ , quarante de laxge ^ & deux cens 
■quatre de.ciDCtfit,'On<y compte quaran- 
te-'dcux Centjjrics ou. Quartiei-s , trentei- 
tnois villes ou boui^s à marché , quatre 
Châteaux , & trois cens quatre-vints cinq 
£glifes Paroiflîales. 

• Il clt abondamment arrofé de rivières, 
Au N'ordS û^cdlt à? Anfên^ qui vient du 
Comté de Mk , & pafle à Bdih , puis à 
MrifioL Im Fr&ui9m ou Fromt^ qui cou- 
liwit du Su4 au Nord va fe jetter dans 
\^jivm au deûus de B^b. Au milieu de 
la Province , le pays eft arrofé par le 
^ruis ,' qui le traverse par le milieu » du 
Levant ^u Cpu^hant. £t au Midi Ton 
y a le /«/*/?, \cParrê$^ & leTiw, qui 
joignent leurs eauk , avant que de les por« 
t^r dans la mer. 


!«*• e» L'AlWtPTBRtE. f^f 


•t • 

B A TH. 


,ï'^ . '. -^ 


TA ^principale & la plus télSjve éé 
^l^tomç lf( Province , eft la viik àcBath, 
;ii(pèjiécî sincienneîQBient t^fudiCaiid^:^ ^<f^^ 
: iStf/r'/ ^ i^ eQ X^ngiae GàUoifo^ Trftwiaim twj^ 
min. Son .nom luii vîeat de fès baîns'v 
Jcsplusfemeuxdc tx)utle Royaume, les 
Saxûns l'apèjérent Bâj^hm-çefier , Hat^Ba^ 
thaHf (Bains chauds J iX, Ahman-^ebefter ^ 
.çe.qui veut dtre,./« viik desmaladn^ Cœ 
rl^^ios furent déjà connue dans:^l'Anttqi]i»- 
jé , & Pon y avoit élevé uû Tôno^îe i 
Jbonaeur de la Déeflè Âfin^rwi ,; qui ea 
avoit la fur-mtendance , comme parmi 
ks Catboliqties S. Rtfch a le foin des po* 
jftiferez. -?^^/> dt une jolie ville, de mé- 
diocre grandeur,. Ibngic d'environ cinq; 
ceï^s pas ,. & ' lat-ge dé trms'^cfehs ,' .Ultueé an 
,bord de ^Avoh , qui la mouiflê de deux 
cotez , dans- un valloii , environné de 
iiautes montagnes de toutes parts , <f oix 
découlent quantité de Iburccs & de ruiC- 
^^jàsk ,. quidîatrqfcnt, ^ EUc^cfl! fort pro- 
pri?9 les tmiftn^'lbiit Iiâdès dâ pierre dcr 
SgtiUel &^ lœ fiies large» fomttè. L'E^ 
gUCb Catl|édiHiè , £tute à Pettrétnité O- 
jdiçat^c dé: la. ville , eft bdle Se bien bâ« 

Nnn X tie. 


*^^x8 • LEjD'EtKîBS Btek. 

tic , avec un beau clocher, qui ft ter- 
mine en dôme. Vers Ja fin dii xi. Siè- 
cle l'Evêque de Wells transporta Ion fie- 
fe à Bath^ & depuis ce tems-!à les deux 
!.gUfè6 ont été unies ibus un ièul Eve- 
4TOê-, .en telle iinte qu^il pôite le nom 
-de. toutes deux. Ce fut alorg que cette 
ç^iile devint un peu. plus confidérablc 
, qu'elle ne Pétoit auparavant. Les halï- 
^ans la fermèrent de murailles , & y en- 
xhaflerent quantité de marbres antiques , 
^monumens des anderis, Romains , quel- 

3uesTuns ayec> des figures, &: tous avec 
es Infcriprions : je n'en raporteraî qu'u- 
rne^ on peut les voir toutes dans les mu- 
railles de Bath. Sur une pierre de tom- 
beau entre deux figures , dont Pune tient 
-une corne d'abon(îance , on lit: 
'- . D# M, 

: suce PETRONIAE, VIXIT 

.ANNis. rai. M. im. 

D. XV. EPO- 

: MULUS. ET. VICTISIRANA 
. ; FIL. KAR. FEC. 

- La ville de -B4[;*n*cft pas fort neuplée J 
|ïcndant; lés deuaé tiers ^ l^nnee ;t mai^ 
depuis le mois de Mai jusqu'à celui de 
Tmllet, c^eftuhe petitç &ire -perpétuel* 
le, . Alors il y vient, une fouk> incr ova* 
^ " oie 


ble ép monde \ Poiir prendre les bains , 
les umipair nécemté , les autres par plai<* * 
Sf:, & d'auc^es i^ocDre ni^yi vont dans au^^ 
ti^ dcâî^quc.:poiiiccchercber du diver« 
tiilèfDentdàiis les^brânês Coinpagnies qui 
S'Y trouvent , &m fe foucier d^ bains. 
Otky voit une foule de beau Monde 
d^itoutes les Qualiitez ^ qui viennent de 
tolit^leiiwiiesdarRby^ume, Se l'on y. 
laixmsilcb jdtveràiSèixlens pîrdinàires ^ oa'on: 
pQUfef eihcontrer jdaJis une Courv iT z 
qîlatoe hains yroolùt^ 4^ Koi , celui de ht 
fyhf 9 celui de i^ Cmx'^ 8c le Bain HuMd. 
JL4 bsnw df^.Ji^jeHb dans ie milieu de la 
vtÛeA yia«t^>éimi{ifoiKt«te:pi6zat>quair'r. 

fecif fitado ; J^-bai©^ M:Runéctt tout, 
jségwai: ç^ld^^J^^ guqu^l M eft Joint 
]»rj^ iwte^fei'iSç dontJl tfeft au'a-i 
]|ii>ci^pâPi^P^* , à 1# J^è^ prendrç, il n^ai 
p^9t d«diy^(^^Jlei^pruntQi»^ate ion 
«trdu pfélwer;: 4eMà7vk*t ou'dfc tfeft 
p«$ fî^içfaaii^i i;l[y.^^(k9Iro]xmtsd|m^ 
châcuô de ces bainst , poiur ikire tomber^ 
l'^ajal iUr le ^:ofp9> die» Wafode» ^ qui ont 
bdbû» 4'iiDçf ri^oD un peu &>cte. Le» 

-.;: Nniij Le 


Le £^';» i*^4N^ a été ainQ ipèléi, Jjiard^ 
que dans ion comtn^accmexst ik'féam Id 
plus chaud de tdas j: ixaîs ^aijpim;iet^ agiï 
grandi jusqu'i' la^ibagQf utii^bpridbtîifep^ 
pcp fur trdzc^de kn^^r il ..a^ goànii. 
plus chaud qm celui dtM?iR^i.. :Oâai de 
/4 Cmjt V ainiî notnoié: à cauie' dfuofe* 
croix qu'on y avph^*aut{pFoi$^ éknréeiau^ 

prosqûç <au£ Uurge^ti &i âtflmtteâ^âQinfeP 

Ôc tempérée;' • Il raickAizeliélfi^ 

res de caille « b& i^^ placent maè q«¥#^ 

baignent ; & celiïi d»^iiii eh'à tnehce-decr^^v 

C^and on regstrdefeaa'de^cet bainseUdL 

p^oitdaiie.^.mfl^^ 

qu'elle êft de coiâeiiiid^tt{(^ fift^ mi^ 
odeâr^dk fon d€&gféabfe|^<èF^afracb^ 
c^]le du bitume : poor' cje^i eâ^dé ibtf 
g|0&t , il n'of&nfe paii le patina i 1M«N^. 
eil'pf^s^ueentiéi^mèat in(âpj4^i <^m( 
<m dnq heareis ^ âptiè»i <)uVmQiè»fQif^^chff 



cbftque l0rȉnifci;c^,dk<UK!^dt0^^ ^ 

Cft^iAr':v:p*rr^'^Hl «^ teiphïs-^a*è «C^la 

Me* 


r! r: /. 


Bath. DE l'AngLETEURE. 6^1 

Médecins peuvent parier avec plus d^ 
prédfion que moi. Je me contenterai de 
dire qu'on leur attribue la vatiî d'echauf- 
fa- , de diflbudre , d'anroUîr , d^ouvrir ^ 
de. nettcyer , de deilecher , de guérir la 
gale , les ulcères, les tremblemcns , les 
panilyfics , & autres maladies de cetce 
dpêce. On croid i\\xt c^s eaux pallènt pat 
des miniâ-es de foufrc , de nitre & de bi- 
tume, qui leur .communiquent. Ijébalcur 
ôc les propriétcz qu^elles ont. On.a dé^ 
couvert que la chafcur leur vient entr'au- 
tres d'une efpêcc de poufliére de chaux , 
blanche fibmtùt de la ne^e ^ qui ^ant jet- 
tée dans de Peau froide , y caufe une tel- 
k IbïmenQidèn y & récbaitfiè è un tel dé- 
gy<év qil on y peutctiire des teufs ; Se. il 
cà. à irmiàrquenîdue cettà podidiérc ù 
U?oure proche dc^ nains , £c à ht campag-^ 
itë autour de la ville. On juge que c'cft h 
fleur des minmux ,. qui tLrmehtënt » ^ 
t^lfc pouâti fur b fur&ce de là terre, 
i AU refte h ville de Bnth t^ (loit'pa» 
tellement ià téputàttpn à && baibs^iqu'cU 
ko'ak encore quelque amreehdrqitpour 
fc faire valoir. Il y a une naanufa^ure , 
oîi il fe fabrique de bans draps ^ que Pou 
çnvoye à Londres 6c ailleurs. 

UAvofl^ ayant quitté JSatb ^ .coUle au 

Nnn4 Nord- 


6^% Les Dei^ICES Cancskam* 

Nord-Oueft , & arrivé aux frontières de 
Glocefier , il arrofè un bourg , nommé 
Canesham /ou Keinsh4m , qui n'a rien de 
confidérable , finon des pierres fèrpenti* 
nés y (ju'on trouve dans les carrières de 
ion voifinage , faites de la même maniè- 
re que les autres , dont j'ai parlé plus 
d'une fois. Celles de Keimham ont ceci 
de ^particulier , qu'au lieu que les autres 
ont la figure d'un ferpent entortillé , & 
ians tête , celles-ci repréiêntent va^ ferpent 
tout entier avec la tête. 

Im Mn^éignes de MenJif. 

UK peu au deflbus de VAym^^ëic^ 
vent des Montagnes , qui fomacnt 
une chaine, étendue du Nord au Sud« 
Oueft, iôuslenomdeiMinM£j^, corrom- 
pu de Mmdiep , qui fignific fpffes dû 
picmt. Ce nom leur a été donné, paroc 
qu'en elEfet il s'y trouve des mines de 
plomb f qui (ont fort abondantes. Il y a 
des gens , qui font métier de les dccou« 
vrir , par le moyen des verges de coa« 
drier , qu'ils prennent à la main , en (c 
promenant par ces montagnes. Elles four» 
niflcnt la fource à deux petites nviéres , 
dont l'une & nomme ffry , 8c Tautir^plus 

Me- 


AxbTÎifgc. DE L^AKGLETËRRE. 6^5 

Méridionale , s'apèle Axe , elles fe jet- 
tent toutes deux dans la Baye de la Se^^ 
veme. Lia. rivière d^jéxe donne fan nom 
au bourg à^Axbridge , cjui eft près de (à 
rive droite* Dans le voiiinage û^Axbrid^ 
^e , près d'un village nommé Chedder , 
il fe voit une fontaine , qui fbrtant du 
creux de pluiieurs rochers , coule en & 
grande abondance , & avec tant de force » 
qu'elle fait tourner douze moulins à un 
quart de mille de iâ fbuice. Près de l'em« 
bouchure de VAxe^ vers le rivage, eft U 
paroifiè à^Vf^hill^ où il (è fit un boule- 
Toicment prodi^eux , il y a environ cent 

3uanme ans. IJne pièce de terre . s'en- 
» , 8c s'éleva, à la hauteur d?une mon«> 
tsigDe$ après quoi elle s'afàiflk tout d^un! 
coup, s'abîma dans la terre; & laidaun 
grand étang i ia place. . 

lies mont^nes de Mendi^ foumiflent 
auffi la (burce à d'autres rivières, qui cou-» 
lent à L'Orient. U y en a trois ou qua» 
tre , dont la plus remarquable eft la Frêw^ 
me , autrement Frame. Elle a (à fburce 
un peu au deflus de la ville de WeRs , cou- 
le à l'Orient , & pafle auprès de diverfës 
mines de charbon , 8c côtoyé enfuite la 
Forêt de Stlwood. Cette Foret eft fort 
grande & fort étendue , le long des froo^ 

Nnn ^ tic- 


654 Lj&8 Délices Wdh. 

tiéres Orientales de la Province. A Pen- 
droit où elle fe termine au Nord ^ paroit 
un bourg , qui empruntant (on nom de 
la rivière & de la forêt , s'apclc Frcme^ 
Sflwûod i il iàit un a(le2 grand commerce 
de laine. Au delà de ce bourg , la Fromt 
ne voit rien de confîdérablc. 

WELLS. 

■ » . . -■■ " 

LES Montagnes dd MttmUf fe termi- 
nent à quelques milks au Midi de la 
fource de la Frme. C'eft là qu'on tnm^ 
loe. la ville de Ji^Us ^ ou Uiëts, fituâor 
fw An fond de rocher. àU pié de là non^ 
tagoc; Son nom lui vient ^ xnc^ ^m^ 
gtais WiU^ (Me fMftt) k cftu^e du ffsakd 
nombre de fourcts , qui jaillirent* far 
la furface de la terre dans ion etKci&tiK. 
Elle eft petite , mais très*bien bâckr , = 8c 
fcirt peuplée. Ce qui en iàit h pHlKipftl: 
ornement eftrËglifè Epir^6palt ,' £cla 
réfideiice-dcPEvéque. L'Êglifè Epifcoa 
paleell; d'un très-beaii de^in ^ £c d'une 
architeûure encoi'c plt^ belle. Sa prin^ 
cipale façade ^ où^eil le portail, eftd'u-» 
ne (culpture admirable , ravit les yeux ^ 
ôc remplit l'cfprit d'admiration , par la 
quantité prodigieufe de ûatues 5 qu'ori 

y voit 


y voit èncmq rangs de niches ; avec tous 
les accompagncmchs *& les embellifle- 
menfe'dc.Sa .(culptui-e. ' CcttS façade ^ft 
flanquée de deux Toiirs -, aui s'élèvent 
aflcz haut , & le milieu de la croifce de 
l'Eglife eft chargé d^une autre Tour ou 
clocher un peu plus haut que les deux 
autres: toatestroisfe terminent en 4)la^ 
tér&cme j î &. font- tfès^bien tÂvttlfefes^ 



uniendos do'înMH&illes /'&^d«tÔonhé^ 
d'un fi>âe :; cm voit d'un autre 'C^té les" 
maifons des Chanoines , qui font ^u nom-» 

dm àa^Chatàivec^ Dans te ^biô^^'dt 
Hblkjaa^xtiKPftisïw k mo»ta^ iâ^6^ 

taa&àkéé èe fouroes & de ruiflbiux , i 
Aquelle dn donne le nom à^OtèU Holè^l\ 
m. Wôàfey JMk , dcfivé du^ tsioi GalMf^ 

MfDttmnt^ là ferre, prèr de ëette^g^ttey 
fo'Cfcarrtftfrijta;hourtef tdritre *ine pktque^ 
de piomb qttailrréâ> 8c longue /qui avoir 
l'InUrripmmYuivante ^ (ait^ pourutxtfd-< 
phce de l'Empereur Claude , l'An 50. de 

-..\ J w) TI. 


6^6 Les Dblicïs BiatiDa. 

TI. CLAVDIVS. CAESAR. 

AVG. P. M. 
TRIB. P. VUH» IMP. XVI. D& 

BRITAN. 

Le C0Mrs du Bruis. 

» • • 

LA rivière de Brmi^ prend fa fbuœean 
Stid-Ëftde^^r/Cf daos laForêtdeiM. 
^^^, dont j^ parlé ckleflus. Il éôule 
à l'Qcddeitt, & lave uo boiug.médiioKi 
cre^ fitué fur Tes bords , auquel il don^ 
ne le nom de Brmtw. A deux ou trois 
milles au Nord*Oueft de Brutan^ à moitié: 
chçi^p du bourg de ShtpmrsMaHn \, efiâ 
le yïi:^i^$v4rf^^ unb 

Àchc fyi^am^dc (cl .De t^jautrQjQoté dtt 
i?nirMK , )& vçiHc diçe im iSttd ^ àtimiou) 

2 uatre milles de distance, prêts du bourgs 
e Wimcémmm il s'eft trouvé des mines 
de charbon de tçrre » oii les travailleurs^ 
lurent étoufiez fubîtement V il y a qi^el-> 
qucs vint ans » par une vapeur puante ;: 
on exanEiina ces charbons en les mettant 
fur le feu ^ & 1 on k convainquit ique 
Puiage en étoit fort da^éreux ^ c'efl: 
pourquoi ces mines furent abandonnées» 


G LA- 


^laftonbuicy. Di L'AKGl.ETERaE. 637 

ÇLASTONBURY. 

DE Bruun le Brms continue (on cburs 
à POcddcnt , & trouvant une tcr- 
vehktttBcmoMé , il s'y partage & for- 
•mexuiê Ile, nommée anciennement ^- 
'VM/Un j &' aujourdPhtti Aveland , du mot 
JBreton Aval ^ qui veut dire une f<tme^ 
parce au'cUe dt très-fertile en cette 
iei^êce de fruits; Dans la fuite \t& Serons 
lui ont donné le nom àcCtaften^Ey^Vlte 
Au Ferre , Cç le principal bourg a été 
^èlé OUfit/n-bury , & plus communé- 
liDs:^ GtuJfenBàry. Il doit fon origine à 
une grande,' ancienne & riche Abaye, 
dont on voit encore les ruines , 8c dont 
les édifices ocêupoient fbixante acres de 
terre. H avdit été cbnftruit Vers la fin dû 
viK Siéjcle, & les. Moines faifbient acroi- 
« aux peuples, que S. fofephâ^Ârimathée 
€n avoit été le fondateur , & que même 
il y étoit inhumé. Ce Monaftère fut rui- 
ne avec les autres (bus le règne d? Henri 
Vin. & le dernier Abé , nommé Richard 
Whitin'g , fut pendit pbur avoir refufé de 
itmettre &n A^iye de bonne grâce en«« 
tre les mains du Roi. On.raporte qiiç le 
•^ -* Henri lî. jtyant apris que le vaillant 


^^8 .Les DEi^içst çjêft^iAw^ 

Se fameux Héros des Gallois , Arthur , 
avoit cet efiibr^t dmsr ççtte ^t^e , eue 
la curibfitëdé voir fon fepulcre. On le 
chexcbA-, on^uilia ,.,& af r^^ avoir: ^tf^ 



de plomb ^/aife.ç^r%a5ie^ds,.ç^iîC.,OTft:: 
*cette Epîtaphe en caraâ:e^€Ss;fQrt toiw* 
vais , tçj s. qu'ils c^iaiTt dans le teioà du 
Ba$-EKnîp^ire : ffic.jaç^tjeff^^ify jn^itm. 
'jRex\ ÀrSHTiMs-^^ iff^^fifula.'^ j^aloim,\ On 

âfleure çamoaç une choJ^ifiMt\ i^ériâWc^-i 
qu^il yavpji adtreîcâs dan? le cimâsiârc 
de GUJFoni^ry un noyer ^ qui ne pptMi: 
jamais de feuilles ay^uit \zJSi ^arn^é:^ & 
qiie ce jdur-Ia , il en étoit toujours cou- 
vert : commf il y a; ptw$ ^d^e .cîiiqwntc 
ans qii*il eft.TOort ,^ 0n çe^:pçutpaérçïBar 
minei- la véiité^dp ce fait. Q«]i mpwtcdc 
même qu'il y'avoit daps.l^. parc^^jc f^î* 
r<i/if, fxhsàe^GÎafionbHrjf,, une aubépine 9 
qui poufibit des boutons le jour deJ>^oëi^ 
tout de même qu'au; mois, de .Mât. 
L'au bépînçi . auflî ;i?efl; plijs- , elle a ^ été 
coupée pendant les, *dern<are*igueitf»i'^' 


yilès. 


u . 


jt 


l! i- 


AudeiTouâ de Giaâ«iihitni liJSrffirttaa'H, 

bc 


Pcdcrton. Dfi l'Angleterre. 6^^ 

be dans un Etang , nommé Gédney thoa^ 
re , qui reçoit deux ou trois autres ^j^éti- 
tes rivières. Sortant de là il porte fcs 
eaux jufqu'à la mer , & rencontre à fbn 
embouchure la rivière du Parret. 

Le cours an Perret. 

LE Parret {Pedredus) a (afeurce à Vtè- 
trémité Méridionale de la Province , 
coule du Sud au Nord & lave un bourg , 
auquel il dpnne le nom de Pederton. A 
fon Orient on voit couler une autre ri- 
vière , nommée Twell , ou TveU^ qui bien- 
tôt au deflbas de fa fburce arrofe un 
bourg , nommé Eveil ^ Evill^ ou Teaville. 
11 eft fitué fur les frontières de Devon^ 
shire^ bien peuplé, & remarquable à cau- 
fè d'une fontaine qui s'y trouve , dont 
l'eau efl bonne pour le mal des yeux. Il 
f en avoit encore une féconde, qui avoit 
a même propriété , mais elle eft tarie 
il y a quinze oU vint ans. Un peu plus 
lom on trouve au pié d'une montagne 
une autre fontaine , qu'on apèlc Ruftj^ 
3t/elly c^c&'k'd\te y fiurce rofiillee. A l'en- 
droit où elle fort , elle donne une tein- 
ture de rouillurc aux pierres, & elle en 
a auffi Todeur. Cependant elle eftfort 

claire. 


i 


640 Lbs Délices Ycanlle. 

claire , 8c quand même on la tient ren- 
fermée dans un vaiè pendant quelque 
tems , elle ne laifiè aucun ièdtment. A 
trois milles de Tedville au Sud-Oueft , en* 
tre les rivières de Vlvell , & du Parret , 
il fe trouve dans le village à^Eft^Chdnoci^ 
une fontaine, dont Peau eft {àlée> Â deux 
milles de là au Nord , eft une montagne 
nommée HémienhUl , où il y a une car- 
rière de belle pierre à bâtir de couleur 



piez 

impr^née de vitriol. La terre Se la boue 
d'alentour eft de couleur verdâtre, comr 
me le pljis beau vitriol. 

Au deffous de Teavilte , Vlvdl reçoit 
un ruiflèau,qui coule au pié d'une mon* 
tagne nommée Camalet , fort rude à 
monter, oùPonvoit fur le fbmmet les 
reftes d'un Château , fermé d'un triple 
rempart , qui occupoit vint acres de ter- 
re. Les médailles , qu'on y a trouvées , 
font juger que ça été un Ouvrage des 
Romains. Le même ruiflêau arroiè un 
village, nommcWefi^Camell ^ où iè trou- 
ve une fontaine, dont l'eau eft noire, très- 
puante , & noircit l'argent dans un in« 
Uant. 

VivcU 


. Uh^i zpxAxÉÇif^w&Skfià f Ta f^ 
1er ^Méfier ^ '0iifatk!ifiiri, qtâa été ocm^ 
nue dans l'AÉitk)iiicé,feih k nom dVfiha^ 
Us.. JLcs raines » qut reftcnt tout à Pen'-^ 
tDin:,. font voir'^dleia^étéaaitsefdsune 
giaflde Tïlle^iékiTOe dTliac double «icein-^ 
te ds mttuîUics ; SsksLiiQédaiUei de binon--^ 
Mv ^^gtiit 2c d^r^ qtfotrv'a déterrées», 
donnent lieu de croire. wi^Ue étoit richc.^ 
Elle a été iménse bien fortifiée^ • mais au-*- 
jpurd^bui ce li^ïi qu^in boui^ à marché*. 
Delà P/wA; coulant à POueil, laifTe fut? 
& droke le boui^ de^^^x^rinfii , ^ui aécé^ 
anciennement fi conlidérable Vc^yilila don^ 
né leik>nî:à toutcfk.Pœ^incr^ A.quel-^ 
qucs milles plus avantrà POùeft , iVw/I 
va (e jetter dans le J^arret à ^extrémité de 
là Presqu'île, de M»chelney ^ . 
> Le Piuret , à quelques mil&s (& la >. 
e(fc ^llî par ks eaux d- une autre riviè- 
re^ opÀ viefit de.J*Oc£idcnt ,' nommée 
Tonc. Le Twi^ à, fa fourcfe dans le.vôilî- 
nage du bourg de Hïv^Ucmib » Sc coulant 
a rOrient arroie ua gros bourg, auquel W 
donne le ncmi de 7>wf^ , . onTamon. Ce 
bouffi eâ: dana uti^ iltuatioQ très-^agiraUc 
£c trcssiâ^antag^uie^ tm milieu d'une beU 
lie & fertile campasne , cpu verte de 
ékiXû& ^ de prairies èc de jardins. Les^ 

Tom. 111. Oao mai^* 


lârditf des cha][ieaies^,c^d^ii tirent ttcaa* 
€0up de pix^fit. ' £«er jtiirrr^ 9 ajtttireçu^ 

kve ks) tturaiiloeidb 'êiiâlgk^zÀtirr ';!ilmi: 
8c grand) bkii^>^(dofa€^*ile'Dam>efb cbcJ 
iximpu. de iBtfrgJH^t^lj :Il 3i?)r MfôJt a» 
grand eoahmerce 4e^ dniperks » i£cc^ lé 
meiUeui; revenu des hfll)itaas. Gq Bridges 
wmn te P arrêt va fc jctter dans la mer , 
6c forme a foti embodoburé ur^ péâta 
Baye :9 à la^elte Mhdqoiiié adocuiè kr 
nomd%^/^4«- '.-j.'" -.'\a/i-. -^ ..•.-:... -^ 
C^ft littDUt o6i<}éHt y aidffipkBiFi» 
tnarqùable dans cette Province, du reftet 
l'air y eft doux Ôc tébipéré* Le terroir 
y eft afTez fèc en Eté V maïs dans lei iu<«^ 
très imibns de Tannée , il eft ^iMmtni- 
de , 6c i&r:dKmins y fonii trèi-mouyai^i 
Erii recompenie le^pays tft trè^-fotile ca 
grains Se en fnnts ^ rkiiG en brairks > 
en pâturages , & en troupeaux. Les foa-^ 
taines Médecinales , qui s'y irocvent ea 
grand ncmihro, neiontpasOnindestncxin^ 

dres avama«s<ïa>ellc V^^^ }±^^ 
qui ie tire de&iabffi:u^ûe94e iMM^^tett 
des meilleurs qui ite trouv^ènt danis là 
Royaume , tx, il s'cn&it tm commerce ^ 

" -" " qui 


Soœmcrfct. oe L'ANôL^TÊttRfe. f^^ 

qui s'étend fort loin. Le pays efl tf-ès^ 
bien fourni de chafbon de terre , au dé- 
faut du bois ; il s^en tlduve quantité de 
mines vers le Nord de la Province , êc 
du côté de l'Eft > dans les ctontagries dé 
Afendif. On prétend particuliércmeht de 
ce dernier , qu'il â pltjs de force que k» 
autres , pour fwîdre le fer.» Les haKtani 
anciens portoient le nom de Selles , dé 
poflédoicnt outre cette Province , celle» 
de tVilt & de Southamptûn. On croid 
qu'ils s'y étoient jettez quelque tcHrt a*- 
vant l'expédition de fuies Cejàr. . 

Le Duché' de DEVONSHIRE. 

LE Duché de Devonshire s'étend d'une 
Mer à l'autfiè , ayant au Nord le tVr- 
mal ie S. Géotge , au Sud & ^ Siid^Eft 
kl Mèr BritantU^é , autreftrcnt Iki Mnn^ 
wk€ , fw9Îàr le Canal qui répare VÂtigleitr^ 
te de la France. Au Nord-Eft il a les Pro- 
vinces de Derfet & de S^mmerfit , & à 
POccidcnt, la Province de Cw-w/^^rf/^f. Il 
eft presque auffi long que large , ayant 
cinquante-cinq milles du Nord au Sud > 
& cinquante-quatre de TEft à l'Oueft. 
Son. circuit eft de deux cens milles. 11 
'CJft fartage en trente-trois Quartiers , où 

Oop & Ton 


644 Les Délices Devonshiic. 

l'on compte trente-fept tant villes que 
bourgs à marché , Se trois cens quatre 
vints quatorze EgUfcs Paroiffiales. Plu- 
fieurs rivières y portent la fertilité en di-> 
vers endrcdts. Le Qciartier du Nord a les 
rivières de T^urid^e Çc de T^tt^ : celui de 
l'Occident a les nvières de Tamcr , de 
Tavif » ÔC de Fljtne^ La partie Méridio- 
nale a divers ruiiTeauX) & les rivières de 
Van & de Tigne , ou Tjnge i & le Quar* 
tier Oriental a la rivière d'-6^ » & quanti- 
té de ri^fle^u}^^ 

Iu€s cotes SeftfntrîojMlcs (^ tes environs* 

SORT4KT du Duché de Sammerfet , & 
avançant le long des côtes Sejnentrio* 
nales^ de cette Province, on rencontre 
bien-tôt Comkemnton , w Comiertûn , 
bourg médiocre « près duquel on a trou- 
vé , n y a environ cent diix ans t ^^^ tni^ 
ne de plonxb , qui a auffi quelque partie 
d'argent. Un peu jplus avant eft lijfarcom^ 
he » autre bourg tur le rivage» avec uo 
Havre a^^L bo)Du 


StARfr* 


Batnftaple. VE l'AkôLKTEICIIB. €^ 

BARNSTAPLE. 

« 

A cinq ou fix milles au Midi d^Ilfar* 
ambe eft Bamfiaple , fîtué fur la livié- 
re de Tasv. C'eft un grand & beau bourg, 
très-bien bâti , fort peuplé., Se pour tout 
dire en un mot , l'une des premières Pla- 
ces de la Province. Le Taw , qui y paC- *- 
ic fous un pont magnifique , y fait un 
bon havre , & la marée y monte fi haut 
dans le tems du renouveau & de la plei- 
ne- Lune , qu'elle couvre toute la campag- 
2ie d^lentour, fi bien ipie Bsmfié^U eft 
comme une Presau'ile , environnée d'eau 
de trois cotez. Les habîtans fâvent fort 
bien faire leur profit de ceue fituation a- 
vantageufê , & il s'y trouve quantité de 
riches Marchands , qui font un grand 
commerce dans ks pays voifios , qui 
ibnt au delà de la mer. 

Le Taw prend ià fburce dans le cœur 
de la Province y Se coule du Sud au Norc^ 
Se puis au Notd-Oueft. Il ne voit rien 
de digne de remarque fiir fês bords jus* 
qu^à BAxnfiapk , Se de là faifànt un lar| 
canal, il iè jette dans la mer, ayant reçu 
Tùwridge un pcu au deflus de ion em^ 
bouchurc 

Ooaj Le 


^ I 


td^ Lks DKLICKf Kixtmr; 

perie» £t vmk que d\tfmer à ÈMner ^ 
S jTeçoit deux rivières , Puoe à POrienr 
nommée CûlHmktm^ ( Colmviw ) & t*au-^ 
tic à t'Ocddenc , apèlée Credj^ Cette 
dernière vient d'an bourg noaané Crédit 
tm r ou Kirtm , autrefiM j^Mt confidénu 
Ue , jparœ que dam le& |»Énîeis ailles 
de l^life Bmmniftu , il y avoit uafié» 
ge ËpifcopaL Oeft là que oâc^it S. 
n^n/r^ y autrement Bmifsct , k giâmt 
fiii^tdcs Papes, qui dans le ri i kSîc* 
de a prêché rËvangilc^ & les Décrets 
des Pontifb aux A&mmm , aux Fr^ims^ 
aux Heffiens^ tcmxTh0rm^ms ^ &poar 
recompenfe de fès navaux foc étal» le 
premier Archévê^ de Méjaiet. 

E X C E T E R. 


« • 


ExcBTfin ed une dés glandes yifie di» 
Royaume » firuée âr la tiv&Orienta-* 
le de P£a^ , dont elle prend fonnomî. Lca^ 
anciois Romains l'ont connue ibus lenom 
d'i/^4 Danmoniwrtim , les 54x»m Papèlé* 
rent Exanc€afi$r ^ Se de là par co^raptioa 
s'eft formé le nom^ ^Exatet. Ia^ GmI^ 


kis Papèlent en lâit Langue ^ Câsr^IfJ^^ 
& Pen^Caer. Elle eft fituée en fbnne d^ain* 
pbkbéatre fur une colline^ ^pi s^éleve aia 

bord 


ixcçtcr, DE L* Angleterre. (Sj^x^ 

bord deVEx^ environnée de murailles de 
quinze cens pas de tour , qui formeroient 
un cercle entier , fi du côté de la rivière 
on ne les avoit tirées fur qne ligne droi- 
te. Sa grandeur eft telle , qu'on y comp* 
te quinxe Eglifes Paroiffiales ; elle eft bien 
peuplée , & le commerce floriflant , qui 
s'y trouve , y attire quantité de monde. 
Un vieux Château fi tué près des murail- 
les à l'extrémité Orientale , & bâti dans 
k X. Siècle par le Roi Athtlfian^ a été 
autrefois le Palais des Rois des Saxons Oc-^ 
cidentaux , & aujourd'hui il eft encore eu 
aflèz bon état. On y jouit d'une vue 
fort agréable , parce qu^cunt fitué dans 
^ la partie la plus élevée d^Exceter , on y 
découvre la ville & toute la campagne, 
jusqu'à la mer , qui eft à quinze milles 
de là. Exceter eft honorée d'un Siège 
Epifcopal , qui y fut transféré de Kirton , 
ou Crediton , vers le milieu du xi. Sié-i 
cle , par Edouard le Confejfeur. L'Eglife 
Cathédrale avoit été déjà bâtie aupara- 
vant , fa voir dans le x. Siècle >, par le 
Roi Athelftan. Elle eft d'un deflein par- 
ticulier , quoiqu'en forme de croix , ôc 
fort magnifique. Les yeux font ravis 
par la quantité furprenante de ftatues , 
qu'on voit en trois rangs de niches , dans 

. Tom. m. Ppp 1:* 


1 

6^0 Les Dclices Exatcr; 

k principale façade ; & au deflus it s'y 
iroit une galerie bordée d'une fuperbe bc- 
luftrade à treillis. Aux extrémitez des | 
deux bras de la croifée s'élèvent deux 
Tours ou clochers , dont l'une finit en 
plate-forme , & l'autre cft chargée d'une 
j)etite pyramide. La ville d^Exceter n'a 
«été pleinement au pouvoir des Saxons ^ 
que quatre cens foixante-cinq ans après 
leur entrée dans le pays. Les anciens 
Bretons y demeurèrent avec eux jusqu'au 
%. Siècle , x]ue le Roi Athelfian les en 
4E:haflâ. Cette ville c(t fort marchande , 
& il s'y fait grand commerce de drap ; 
&c elle le ferpit davantage , fî les vaijfTeaux 
y pouvoient monter « mais V^Ex n'y a pas 
afièz d'eau pour les porter , & il faut 
qu'ils 3'arrêtent à huit milles au deflbus^ 
j)our fe décharger. 

De là , tirant à l'Occident le long des 
côtes , on arrive a Bàhofs-Tèignt^n , où 
Bdjhops-Tauntsn , qui a été autrefois un 
AZylc i c*efk pourquoi un Ev^ue d^Ex^ 
£iî€r nommé Jtan deCrandfin^ BQurguig<^ 
mn d'origine, y bâtit une belle maifba ^ 
afin que les iuccefîèurs y trouvafïcnt une 
retraite aflèurée , en cas que leur Egliiê 
fut expofée à quelque defaflre. Bisho^s^ 
Tei^ntm eft vcis l'embouchure de la pe- 
tite 




Battmontli, DE L'ANGLETERRE^ ^5*1 

titc rivière de Teigne , ou Tynge. 

Depuis l'embouchure de VEx la terre 
s'avance confidérablement au Midi , tel- 
lement que les côtes font face à l'Eft jus- 
qu'au delà de Dartmouth. Entre le Ha- 
vre de Dartmouth , & l'embouchure de 
la Teigne , l'Océan forme une jolie Baye, 
qui a environ dix milles d étendue , nom- 
mée Tarhajf. 11 y a là une rade fort bon- 
ne pour les vaifleaux , & c'eft dans cette 
Baye que la Flotte HoUandoife débarqua 
l'An 1688. lorsque le feu Roi GutUanmc 
III. d'heureufe mémoire , y vint fous le 
nom de Prince à^Orange , pour aflèurcr la 
liberté de r^wg^/r^^rr^ , qui alloit tomber 
dans l'cfclavagc. 

D A R T MO UT H, 

DARTMOUTH cft Un peu plus bas.' 
C'eft une ville avec un Port de mer, 
fituée fur une colline à l'embouchure de 
la rivière du Dart, Son port cft très-bon 
& fort afleuré , où les vaifleaux font à l'a- 
bri de l'injure des vents . L'entrée en cft 
défèndite par deux Châteaux ., qui fer- 
vent à le mettre à couvert des infultes 
d'un ennemi. 11 s'y fait un grand com- 
merce, & il y a un .grand abord de vaif- 

P p p z féaux. 


6fl Les DeI-ICES Dartmoaih. 1 

fcaux. Le Dartj qui Élit le Havre de 
Dar\tmoHth , a ià fource près de celle du 
Taw i il coule à travers un pays mon- 
xueux nommé Dartmore , où l'on a trou- 
vé une mine de pierre d'aimant depuis 
cent ans en çà. Lcsaimans, qu'on en 
tire, font noirâtres , à peu près de la cou- 
leur du fer poli , durs comme du marbre, 
£c ont beaucoup de force. 

P L YMO U T R 

\ PRES le Dart , on voit bon nombre 
jLjLd'autres petites rivières , dont la plus 
rem^quable efl le Pljme , qui a donné le 
nom « l'origine à la ville de Plymoutb , 
l'un des meilleurs & des plus fameux 
Havres de cette côte , & même de tout 
le Royaume. Pljmouth eft fituée à l'ena- 
bouehure d« Tlym^ , vers les frontière» 
de la CornomaiUe^ elle n'eft pas bien gran- 
de ^ mais en échange elle eft Tune des Pla- 
ces les plus importantes du Royaume. 
Le Plyme & la Tamare , ou Tamer , fe ren- 
contrant dans leur embouchure , y for- 
ment un grand & vafte Port , profond 
& fpjrt afTeuré ^ oîi les plus gros vaiflèaux 
peuvent entrer à pleines voues. La Place 
^fl: défendue par de bonnes fortifications « 


1 




Plymoutt. DE L^ANGtETERaE. ^fj 

& outre œla, le Port a été mis à couvert 
de toute infulte & de furprifè , par une 
bonne Citadelle , & quelques Ouvragcsf 
détachez , tous garnis d'artiUerie , qui 
eippêchcm les ennemis d'en aprocher. 
Dans le XV. Siècle /'//«i^?/^/^ n'ctoit qu'un' 
village de pêcheurs, mais dans le xvi. 
la bonté de (on Havre ayant été mieux 
connue, die s'eft élevée peu-à-peu jus- 
qu'à rétat où elle eft. Tous les \ aiflcaux, 
gui viennent en Angleterre ^ ou qui en 
iortent pour quelque voyage de long 
cours, s'y arrêtent ordinairement, pour 
fe rafraichir. If y a un magnifique Fanal, 
qui n'a pcut-êire. pas fon pareil. Pij/moHth 
eft célèbre encore , pour, avoir donné la 
naiflance au fameux Capitaine Fr4»pr/ Dra^ 
h^ qui entreprit l'An i^JJ- de faire le 
tour du Monde , & en vint heureufc- 
ment à bout,, après une navigation do 
deux ans & dix mois". 

La Tamer, ou Tàmare , qui fait partie 
(du Havre de Plymouth ^ prend fà fourcc 
vers (ielle dir Towridge , à l'extrémitc 
du Nord-Oueft de la Province. Il coiïlc 
droit au Sud, fèrvant par-tout de bornes 
entre ce Duch'^ & la ComoHaiîle. Vers 
le milieu defon cours ih reçoit un vuif- 
feau , nommé Lid>^ qui vient d'un bourg 


tff4 T*^s Délices Taviftck. 

à marche , nomme Lidfton , & coule près 
d'un pont dans un lit fi profond , & tel- 
lement couvert de rochers , qu'on ne le voit 
non plus que i*il couloit fous tene ^ on 
çntend feulement le bruit de l'eau , qui 
lurprend ceux qui ne favcnt ce que c'eft. 
Douze ou quinze milles plus avant, la Ta^ 
wer reçoit une autre rivière , nommée 
Tave , ou Teave , qui donne fon nom à 
un bon bourg» fitué fiir fês bords , qu'on 
apèlc Tdvifiêk: n fi^t autrefois réduit en 
cendres par les Damis s mais on le releva 
de fes rumes ^ & il devint célèbre, à caufè 
d'une Ecole qu'on y cntretenoit ^ pour 
enfêiener la Langue Saxonne ^ après 
qu'effc eut cefle d'être en uiàge j ce qui 
arriva , fi je ne me trompe , vers le com-^ 
mencement do xiii. Siècle. Je ferai voir 
ailleurs les fondemens de mon opinion. 
La Province de Devmshire n'avoit ci- 
devant <jue le titre de Comté. Le fbu 
Roi l'éngea ca Duché en faveur de Mi- 
lord Guillaume Cavendish ^ Giand Maî- 
tre de fa Maiion. Cette Province n'a pas 
un terroir fertile pour le blé , ceux qui 
veulent en fèmer fè fervent du &ble de 
la mer , dont la fklure l'engraiflè , & lui 
donne une fécondité qu'il n'a pas de lui-, 
même. Le paj^ eft pour la plupart de 




jbcvonshirc. det l' ANGLETERRE. 6^f 

montagnes , de bois , de prairies , & de- 
pâturages. Cela fait qu'elle abonde en? 
troupeaux & en gibier. La tncr , qui lai 
borde de deux cotez , lui fournit quan^ 
tité de bons poiffçns , particulièrement 
des fàrdines Se des harengs fort cftimez^ 
On y a. des mines de plomb & d'étai» 
dans le Quartier de lX)ccidcnt , vers kf^ 
confins de ComofMille. Mais la principale 
richeflè des habitans eft le débit de leur^ 
laines & de leurs draps , qui ibnt de& 
meilleurs Se des plus fins , qui (c (aflenC: 
dans le Royaume. Au refte l'air f eSt 
bon ôc (àin , bien qu'un peu fubtil dC ' 
pénétrant. 

Lt Corné de CORNOUAÎLLE. 

« 

tx Comté de CèrneuaillecQ: la partie lil^ 
'plus Occidentale de toute V Angleterre ^ 
& forme une grande Presqu'île , enfer-* 
méc de la mer de trois cotez, au Nord ,, 
à POueft , Sc'au Sud , Se féparce , à l'O- 
rient , dû Duché de Devenshire parla riviè- 
re de la Tékmer. A l'endroit , où elle touche 
ce Duché , il eft large de quarante miU- 
Ics. De là il court au Sud-Oueft , e» 
fe retréciflant confidérablement , & fc 
termine par deux Promontoires , dont 

Ppp 4 celuii 


i5^6 Les DeL1Cï:8 Cornouailk. 

celui , qui eft le plus Occidental , porte le 
nom de Lands-End^ ce qui veut dire le 
bout du Pays ; & anciennement on Pape- 
loit Promontorium BeUrium , ou jûntive^ 
ftdum : les habitans l'apèlent Penwith* 
i^'autre , oui eft plus Méridional , portoit 
autrefois le nom àc Promontorium Oeri* 
num^ il DaMmatmum j aujourd'hui on l'a* 
pèle la Pointe du Lexiard. C'eft de ces 
deux Promcmtoires » qui avancent d^ns la 
xner comme deux cornes , que la Pro- 
vince a pris le nom de Cornouaille , cor- 
rompu de Com-H^éUlie , ce qui fîgnifie la 
W4Ue cornue, fVallie eft le Pays de Galles i 
& les habitans (ont de même origine que 
les Gallois , favoir les décendans des an« 
cieqs Bretons^ qui furent contraints d'a- 
bandonner aux Saxons la plus grande Se 
k meilleure partie de leur lie. De là vient 
qu'ils ont encore retenu quelque trace de 
leur ancienne Langue. Les Latins des 
derniers Siècles ont apèlé ce pays Cornu* 
bia. Il a fbixante-cinq milles de long » 
vint-deux villes ou bourgs à marché , & 
cent foixaiite-ôc-une Egfifes Paroiflîales. 
Cinq principales rivières arrofent cette 
Province , outre un grand nombre de 
ruiflcaux. De ces cinq il y en a quatre , 
qui couknt au Midi , la Tamer, k Lou/ , 

k 


\ 


Sakash. dÈ l'AngLETERRE. 6^y 

le Fawey , & la Fale : la cinquième , qui 
cft le Camb'AUn , caulc au Nord. 

La Partie Orientale, 

LA Tamer coule du Nord au Sud ,cn>. 
tre cette Province & celle de Devoir, 
paflè à Tamerton , & de là près de Lann» 
Jton^ ou Launcefion , anciennement Lan^ 
ftuphadon , beau bourg, fitué furune col- 
line , au bord d^un ruifleau , avec \xa 
vieux Château. De Launftanéltyztom-- 
ber dans la mer près de Sahash, petite 
.viHe, afTez marcnaûde , 6c dans un air 
•fort &m. Il s'y trouve une fontaine , donc 
Peau ne peut jamais cuire les pots. A 
.deux milles de Saltojh ^ à l'Orient ^ dans: 
le vieux Château de Trematm , on a 
déterre autrefois un cercueil de plomb ^ 
où fè trouva le corps d'un ancien Duc 
du Pays ^ qui étoit la depuis plus de cinc}. 
cens ans , lî-tôt qu'on y voulut toucher 
il s'en alla tout en pouincre. 

La rivière de L»w prend fa fburcedans 
un quartier de pays nommé Moares , Sc 
pafle près d'un bourg apèlé 5. Ne<a^ qui 
doit ion nom Se fbn origine à la dévo- 
tion qu'on avoit pour un • faint homme 
ainfi apèlé. Près de ce bourg , dans un; 

Ppp 5' lica 


658 Les Délices Lesferf. 

lieu nommé Pcnnant , il fe trouve deux 
groflès pierres, dont l'une a le deflus for- 
mé en taçon de chaife, & l'autre a cette 
Infcription en caraâères barbares : Do^ 
niert erogavit pro anima. On croid qu'el- 
le regarde un Seçncur de CamoudilU , 
nommé Dongerth , qui vivoit dans le ix. 
Siècle. Un peu plus loin au Nord-Eft 
on voit quantité de gros quartiers de pier- 
re , quarrez , dont il y en a fept ou huit , 
qui font rangez à une égale clifhnce en^ 
ir'eux. Les habitans les apèlent Hurler s\ 
8c s'imaginent pieufement que ce font des 
bommes changez ex^ pierre, par un juge- 
locntdu Ciel, pour avoir profané le jour 
du Dimanche ^jouant à la paume. 

Un peu au deflbus de 5. Neot , & dfe 
iTautre côté du Low , on voit un bourg,. 
XiQVaxùiLtskirà^ fîtué fur un coteau fort 
élevé ^ défendu par un Château antique^ 
& confidcrablc par le commerce qui fc 
j6it dans fes marchtz. Le LoiVy arrivant 
à rOcéan , lave les murailles d'un bon 
bourg ,( à qui il donne fon nom ) corn- 
po(e de deux parties , qui font jointes Tu- 
ne à l'autre par un pont de pierre. La par- 
fte Occidentale , nommée Weflr-Low , efb 
la plus moderne , la plus grande , & la 
plus floriflànte i Tautre, qu^on apèle £/?- 


Bodinaa. ue l'AngLETERRE. 659 

Lo-w , cft la plus ancienne , & a les plus 
beaux privilèges , & le droit de Maire. 
Le Low y fait un port médiocre. 

Le Fawey , qxû coule à l'Occident du 
Louf , a & jjpurce près du Camb-AUn , & 
€es deux rivières partagent la Province 
en deux parties presque égales , le premier 
du Nord au Sud y &: Pautrc du Sud au^ 
Nord. 

B O D M A N. 

pf NTRE CCS deux rivières, dans le coeur 
•*-^da pajrs , on t!x>uvc Bêdmân , grand 
bourg, bien peuplé, fifué entre ckux co- 
teaux ^ anciennement on l^apèlait Boâmi^ 
nian. Il étoit autrefois confidérablc , à 
çaufe d'un Siège Epifcopal , qui y fiitr 
fondé vers le commencement du x. Siè- 
cle par k Roi Edouard le rieux , & quï 
dans la fuite fot transporté à S. Germain;, 
Mais bien qu'il foit privé de cet avanta^^ 
ge , il ne laiflè pas d'être Pune des Pla-^ 
CCS tes plus confidérables de la PjFovince ;; 
parce qu'il a le droit de marquer l'étain , 
qu'on tire des mines. 11 s'y fait un grand 
commerce, les habitans y font fort acom-^ 
modez, & l'on y voit beaucoup de bel- 
les maifons. Cependant il pafle pour é- 

ttc 


€6à Les Délices i^àmM, 

tre iml-iâixi , ce gui vient particulière- 
ment de deux caufes , parce qu'il a une 
montagne fort l^ute au Midi , qui lui ô* 
te le Soleil , & que les écuries ôc Tes cui- 
fines font fur le derrière de la maifbn , 
qui cft plus ékvé que le devant , de for- 
te que quand il pleut, la pluye entraine 
les ordures dans la rue à travers la mai-- 

\ 

LESTUTHIEL.L. 

LE Fdwi]^ ) ayant coulé dans le voifîna* 
ge. de BodmoH , coule au Midi , & 
vient arrofër les murailles de Lefinthitll^ 
oU LiJhcbeU , Csçitalc de la Province. 
ÂutrdEois elle étoit grande, belle , 8c ri- 
che^ fîtuée fur une colline, & connue 
fous le nom â^zjeUa: dans la fuite les 
habitans quittèretu: le coteau , 8c trans- 
portèrent leur viUe dans la plaine aa bc»rd 
du Fawey i & cette rivière ^ gFoiHe par 
la marée , y formoit un fort opn port , 
capable de porter les plus gros vaifleaux ^ 
ce qui y rendoit le commerce floriflant. 
Les anciens Comtes de Cornouailli y a- 
voient leur Palais , & lui conférèrent la 
dignité de Capitale , avec le droit de mar- 
quer Pétain ^ avant qu'on le débite.. Ces 

deux 


Lcftotbicri. DE L^AngLETERRE. 66 1 

deux chofcs font Içs feuls avantages 
qu'elle ait confervez. Le Fawc^ a tant 
entraîné 4c fable , qu'à la fin fon lit en a 
été comblé, & il ne peut porter qu'à pei- 
ne de petits bateaux ; ce malheur a fait 
aller fa ville en décadence , tellemem 
qu'elle n'eft plus qu'un petit bourg. 

lutFawej , quittant Lefinthiell^ va (c 
jetter dans l'Océan , & forme un port à 
fon embouchure , nommé Foy , ou F(?- 
rpy , &• en Langue du pays, Foath. Le 
bourg eft fitué ïur un rocher avancé 8c 
xfcarpé, & le port eft fermé d'un môle 
qu'on a jette de chaque côté. Il a été 
ci-devant plus fréquenté, qu'il ne l'eft au- 
jourd'hui. On trouva autrefois dans fon 
voifiùage un grand cofre de pierre , rem- 
pli de terre noire , où étoit enfermé un 
pot de terre doré , fur lequel il y a voit 
quelques lettres gravées . 

La Partie Sepientrianate, 

LA Partie Septentrionale de cette Pro- 
vince n'a rien de plus confidérablc 
que C/tnulftrd & Padftow , fi tu es l'un & 
l'autre fur le Camb^ALtn. Cette rivière 
a fa fourceaffez près du rivage, & trou- 
ve bien-tôt fur fes bords un village, 

nom- 


66* LesDeLICES Camclfori. 

nommé Camelford , ou Gaffelfrrd , qui é- 
toit anciennement un lieu plus coniîdé- 
rable fous le nom de ^amhlan. On y a 
déterré quelquefois des pièces d'arnïes , 
des bagues , & des ornemms de chevaux, 
le tout de bronze , ce qui fait juger qu'il 
y a eu là dans les anciens tems une fân- 
elante bataille. 


l; 


P A D S T O WJ 

£ CM^'Alan coule d'^abord au Midi 

jferpentant en plufieurs lieux , de là 

il tourne droit au Nord-Oueft , & rou*- 
lant fes eaux dans un large canal , il re- 
çoit la marée , qui monte à fà rencontre, 
& forme un bon & grand havre à Pad- 
Jiow. C?cfl: un bon petit bourg , dont 
le nom eft corrompu de Petrocl^ftow , à 
caufè d'un certain Fetroc , qui y mourut 
autrefois en odeur de fainteté : aupara- 
vant il s'apèloit Loderic & Laffenac. Ce 
qui le rend confidérable.eft fà fîtuation 
dans le voifiôagc de ]? Irlande , d'où vient 
qii'il eft le grand abord de ceux qui veu- 
lent paflêr dans cette lie , ou y négotier , 
n'y ayant de là que vint-quatre heures 
de traverfc. 


La 


îdmouth. DE l'Angleterre. 66^ 

Ls Partie OcciàentMe. 

APOccidcpï du port de Foj , la Mer 
fait trois jolies Bayes , de cet endroit* 
là jusqu'au Pointe du Lez^arà. La pre- 
mière eft celle de Treuwardraith , la fè- 
•conde celle de Gumdraith , & la troific- 
me celle de Falmouth , toutes trois fort 
bonnes pour les vaiffeaux. 

FALMOUTH, 

FALMOUTH n'cft autre choie qu\in 
port , mais un grand , fpadeux, & 
bon port , qui eft formé à l'embouchure 
de" la P^ale , ou Fale. Cette rivière ayant 
pafle par deux bons bourgs , Gramf$nt , 
& Tregnye , reçoit une autre rivière , qui 
vient d'un bourg , nommé Truro , ou Tru^ 
ru. Groffie de ces eaux , elle ouvre une 
large bouche , ou pour parler fans figure, 
elle fait un large canal , qui eft comme 
une petite baye , où la marée forme un 
excellent Havre , capable de contenir 
plus de cent bâtimens , c cû pourquoi il 
eft le plus fréquenté de tous les ports de 
la Province. Le feu Roi Guillaume IIL 
de gloheuie mémoire , y avoit établi une 

pofte 


664 ^^s Délices Falmouth»- 

pofte par eau , pour commpniquer avec 
l'EJpagne , tandis que l'on avoit alliance 
avec le Roi Charles II. Le Paquet-bot 
alloit débarauer à la Caramf dans la Ga- 
lice , & de la on portoit les lettres à Ma- 
drit^ & il pnenoit celles qui vcnoient de 
M^drit. Cette communication ayant été 
rompue avec VEfpdgne par la mort de 
ChÀrles II. & par la guerre dont cette 
mort a été luivie , on a établi la pofte de 
FalmoHth à Lisbonne , & l'on a augmen- 
té le nombre des Paquet-bots jusqu'à 
quatre , afin que les nouvelles ne tardent 
pas en chemin. L'entrée du Havre de 
Fa/mouth eft partagée en deux par un rô. 
cher , nommé Crag , qui en occupe le 
milieu : elle eft aulli défendue par deux 
bons Châteaux , conftruits par He^i 
VIIL fur les deux pointes qui la bordent. 
Il y avoit là anciennement une ville nogi- 
mee Foluba , dont le nom eft péri avec 
elle. 

M E N £ G. 

A l'Occident de Falmouth , la terre 
ts'avance dans la mer, & forme une 
petite Presqu'île , nommée ancienne- 
ment Menna , fie puis Mene^ , dont la 

poia- 


Hclited. DE L'AnGJLETERRE. 66 f 

{Jointe la plus avancée èft ce qu'on apc^ 
e le Cap ou la Pointe dn Lesiard. Hei' 
ftofi , Pune des premières Places de la 
Province , eft fituée à la tête de la Pre£-- 
quHle y à l'Occident i les gens du pays 
Papclent HelUs , & ce nom lui vient de 
Peau iàlée, dont elle eft environnée. C'efl: 
un bon bourg , qui a droit de marquer 
Pctain. La mer y forme un grand étang 
d^eau- ïàléc , oommé LoepooU ,, de deux 
milles de long , qui feroit un petit havre , 
Il fon entrée n'étoit embarraflee d'un banc 
de fable. Quelquefois ce banc de ftblc 
eft renverfé par la marée , & lorsque ce- 
la atrive, on entend venir l'eau avec \iw 
fracas furprenant. 

De Helfion^ avançanr à TOucft , ouv 
trouve Godo^phin , nom qui en la Langue 
du pays fignifie une ^ge blanche. C'eft 
UQ Don bourg , fitué fur un côteaU', qui- 
eft riche en mines d'.étain. 

A l'Occident de Godo'phin la mer s a— 
vance fi confidérablement dans les termes*,, 
que rifthmc , qui la fépate de POcéan Oc-^ 
' cidental , n'a pas plus de quatre milles- 
de large , tellement qu'un bon coureur^ 
Jngloit pourroit aller de Puce i l'autre 
dans moins de demi-heure. La Baye ^ 
qui fc trouve en cet endroit , porte le 

Tomn UL Q,q^q nom 


666 LsTS Dblices s.Mîcher^ 

nom de Mounts^Bay , ( U Baye du mont ) 
à caufe d'un rocher , apclé U Ment S. 
Michel , qui n'cft pas loin de l'entrée. 
Cette Baye a une fort bonne rade , & \c%r 
vaiflèaux y font à Pabn des vents de la 
bande du Sud. 

Le Mont S. Michels 

CE Mont S. Michel eft un rocher fort 
élevé , & foit efcarpé , qui eft tout 
environné d'eau , comme une lie , dan$ 
le.tems que k mer eft à fiot : mais quand 
Ja marée eft bafle , il eft joint à la Terre- 
ferme. On Tapcloit anciennement X>/»- 
fil, & Carreg Ccwfe: dans la fuite, quel- 
ques Moines ayant public qu'ils y a- 
voient eu des vifions de S. Michel , lui 
firent donner le nom de ce (aine Archain^ 
ge. Le Ipmmet de ce rocher eft une jo- 
lie plaine , où Ton a bâti un Fort. Vers 
le commencement du xvi . Siècle , com- 
me on creufoit au pic du mont , pour 
tirer l^étain de la mine qui s'y trou voit, 
bn y détei'ra des haches , des épèes , & 
d'autres armes , toutes de bronze , enve* 
lopéesdans du linge. Ce rocher, ôctou* 
te la côte voifine eft remplie d'une efpê- 
ce de corbeaux^ à bec jaune, qu'on apè- 

le 


peufans. de l'AnGLETERRE. 66/' 

le en Atiglois , Cornish Chough^ en Latin 
PjrrQcoraxi ils font fort larrons , & fort: 
dangereux , parce qu'ils prennent quel- 
quefois des bûchettes allumées , qu'ils jet- 
tent ^ dans les maifons. . 

jP^»/i«/ eft un bourg , avec un bon Ha- 
vre fur la rive Occidentale de la même 
Baye. Près de ce bourg eft un rocher:, 
nommé Main-Amber , qui eft compofc: 
d'un grand nombre d'autres petits : on le 
voit quelquefois- remuer un peu , fans 
qu'il Ibit poffible de le tirer de l'endroit: 
oii il eft. On eftime que la Bayje de 
Mounts^Bay n'a pas. été toujours fi éten- 
due , qu'elle l'eft aujourd'hui , que 
l'Océan y a bcaucoiip englouti de ter- 
res , & qu?elle s'eft ainfi élargie avec le* 
tems. 

A moitié chemin de Penfafts;zu Pro»- 
montoire de Lands^End , on trouve un pe- 
tit village j apèlé Sant EnrUns y dont le 
nom vient d'une Eglife&d'unafyle, qui 
y fut établi autrefois à ^honneur defain-^ 
te BHrienne. Près de* là , dans un lieu 
nommé Bifcaw^Weunt , onvoit dix-neuf 
gros quartiers de pierre , de même que 
ceux de la plaine de Salishury , i-angcz en 
rond , à douze piez de diftance les uns 
des autres : le miUcu4u rond eft occupe 


é6ft Lb$ DeLICKS Cowonaiflte. 

|>ar un autre , oui eft le plus haut de tous. 
Ce (ont de ces fortes de monumens, dont 
les auteurs , à mon avis , ont employé 
bien de la peine perdue , s'ils ont préten^ 
du perpétuer la mémoire de quelque 
' grand événement. Une Inicription Pau- 
Toit beaucoup mieux fait , que des mih- 
liers de trophées comme celui-là. 

Au refte le Promontoirc de Lands-End 
s'étendoit autrefois beaucoup plus avant 
dans la mer, s'il en faut croire les habi- 
tans. ' Ils difènt que l'Océaa en a ron» 
gé une bonne pièce, 8c quV>n voit enco^ 
•re des mafures fbus l^u , lorsque la ma- 
rée eft baflê. 

L'air de la Province de CcmouaiSe eft 
pur , (èc & (àin ^ étant netteyé par les 
vents de la mer , auxquels elle eft ex- 
pofee de toutes' p^rts. Le pays eft lêc & 
montueux , Se bien que la mer l'environ^ 
ne de trois cotez , cependant il ne s'y trou- 
ve que très-peu dtf marais , parce que 
fes rivages font tous de pur fable. Tous 
ces avantages font qu'on nV a presque ja- 
mais de pefte , de que les habitans s'y por- 
tent parfaitement oien. Us font robuftes, 
difpos , pleins de fànté, capables de fu^ 
porter les plus groflès fatigues , & les 
iipeilkurs lutteurs du Royaume. 11 a'y 

apoint 



CôTtiouaiirc. ixE L* Angleterre. 66g 

a point de Province en Angleterre , oii 
il fe trouve plus de gens qui parviennent 
à un âge fort avancé , & conferrent tou- 
te leur vigueu?. Un nommé Polz^ew a 
vécu cent trente ans ; un de fes parens 
cent douze j uq autre, nommé SeauchAmp^ 
cent fix. Du tems de la Reine jE//^^- 
ieth , une feule Paroiflc vit mourir dans 
Pefpace de quatorze femaines , quatre 
perlonnes , dont les années faifbient cn- 
femble le nombre de trois cens, quarante; 
Avec cela ils font les plus forts hommes 
du Royaume. Un nommé ^ean Ràmans 
portoit le corps tout entier d'un bœuf 
éventré ; un certain Kiher , qui demeu- 
roit au Château verd de Launcefton , jet-' 
toit par deflus l'épaule une pierre de phi- 
fieurs livres , au delà de la plus haute 
Tour du Château. Un nommé ^em 
Bray portoit fur fes épaules , plus de 
deux cens pas loin, fix boi fléaux de fari- 
ne de froment , à quinze gallons pou«r 
boiflèau, (ce qui faifbit le poids de cinq 
cens quarante livres ) & par deflus tout 
cela , le meunier âgé d'environ vint-qua- 
trc ans. Le Printem& &: l'Automne y 
font plus tardifs que dans les parties O- 
rientales à? Angleterre. L'Eté y cfl tem- 
péré , & l'hiver y ç& plus doux qu'eu 


■/ 


6'/o Les DEi-icfcs ebmotiaiJIc. 

aucun autre lieu , puis qu'il y neige Sc 
qu'il y gèle rarement. Mais en échani- 
;c la Comouaille eft fort cxpoféc à de gran- 
les tempêtes. Il y fait des vents furieux ,. 
qui rongent jusqu'aux pierres. Le ter*> 
roir eft pour la plupart montueux , ce- 
pendant on y trouve en quelques endroits 
de petites vallées courtes & étroites. La 
bonne terre y eft peu profonde, & quand 
on creufe un pcO , l'on trouve bien-tôt le 
fable ou le roc, ce qui fait qu'elle fe fend- 
aifément , lorsque l'Eté eft fec. Le mi- 
lieu de la Province eft découvert : la ter- 
re y eft noirâtre, & pleine de bruyères:, 
il y a peu de prairies , mais beaucoup de 
pâturages. Entre divcrfcs pierres qui fe 
tirent des carrières ^ on y trouve de trois 
fortes d'ardoife , dont l'une eft bleuâtre , 
l'autre couleur de feuilles de iàuge , 8cla 
troifiême verte. Dans la partie Occiden- 
tale il croit dans les campagnes fablon— 
neufès une herbe pleine de nœuds , 
dont ils font de la natte. On y trouve 
auffi quantité de fenouil marin,. dont la 
racine confervéc en fyrop , eft un cor- 
dial excellent. Les rochers , qui font 
fur le rivage de la mer , produifent de 
l'hyfbpe iàuvase, du pouliot, duroma<^ 
rinôc d'autres ûcrbesodoriferwtes. Dam 

le 


CornoaaiJlc. t)^ l'AngleterRE:. 67T 

le mois de Mai ks Laboureurs coupent 
l'fierbc dans les endroits où ils veulent fai- 
re pafler la charrue , ils les arrangeât 
proprement , afin que le vent 8c le loleil 
les féchent plutôt : quand elles font fé- 
ches , ils en font de^ piles , où ils mettent 
k feu , & mêlent du fable de la mer par- 
mi les cendres. Ils répandent tout cela 
dans le champ,, comme on fait ailleurs le 
fumier , & cela fert à donner à la terre la^ 
fécondité qui lui manque. Quand elle a 
été ainfi préparée , on la peut cultiver 
trois ans de fuite : deux fois elle rapor- 
te du froment , Se une fois de l'avoine ^ 
après quoi il faut la laifferrepofer feptou 
huit ans durant. 

Pour ce qui eft de leurs fmits , il s'y 
trouve cntr'autres des châtaignes & des 
raifins. Lés rochers fourmillent de mar- 
tres 5 de blereaux , & de loutres ; il s'y 
trouve auffi des renards , des chevreuils, 
& des chamois , qui ont leurs tanniéres 
dans les rochers. Leurs chevaux font 
bas & de petite taille : fcurs brebis avoi- 
ènt ci-devant le corps petit 8c la laine ru- 
de , parce que la terre étoit en friche , 
mais depuis qu'elle a été cultivée , elles 
*ne font guères moins groflcs, nileurlai- 
ite moins fine que celle des autres Pro- 

vm- 


'^■9i 


(SyZ L E S^ D fi L I C B s Cornoaailfc 

vinces. La plupart des moutons tf y ont 
point de cornes , en échange ils ont la lâi^ 
ap 6c meilleure & plus fane. Au con- 
traire ceux qui ont des cornes ,. ont plu« 
de laine , mais elle n'eft pas fi fine. Il s'y 
trouve des faucons , & des bécaflès ^ 
mais on a'y voir aucun roffignoL L4a 
raifon de cela eii , parce qu'il n'y a que 
très-peu de bois. Sous le règne de laRei- 
ne E/izabcth on vit venir en CamoHaille^. 
vers le tems de la moiiîbn , de grandes, 
volées doifeaux inconnus, plus gros que 
des éperviers- Ils avoient le bec fi poin- 
tu qu'ils coupoient une pomme en deux » 
dont ils ne mangeoient c^ue le pépin : aufli^ 
firent-ils un étrange dégât de pommes- 
Cette Province eil fort bien pourvue 
d'eau^ douce. Il n'y a point de montag-- 
ne , qui n'ait quelque fontaine. , donc 
l'eau eft faine & de bonngpût , mais il ne 
s'y trouve aucune eau médccinale. On 
y a diverfes efpcces de poiflbns > comme 
des truites, des anguilles, dcsfaumons,. 
des plies , des pilchards , & d'autres , peu 
connus ailleurs. Les fàumons montent 
dans les rivières entre la S. Michel & la 
Noël , pour y pondre leurs œufs :.. & ils 
y reviennent au Printems , pour conduis 
rc leurs petits dans la mer. H s'y trouve 

aufiSL 


Cornoaâiîlc. dE l' ANGLETERRE.' (Î75 

auflî des écreviflcs , des huîtres , & des 
homars , qui le produifent dans de groflçs 
coquilles tortillées, d'où ils fbrtent quand 
ils font grands , & fe vont fourrer dans 
des trous de ^rochers. Les Huîtres ont 
. cetinftinâ: Cngulier, de s'ouvrir & de k 
fermer , lorsque la marce monte, ou qu'el- 
le fe retire , quand même eHes font hors 
de l'eau. Cependant elles fe referment 
auflS quand on les touche. Il cft arrivé 
une fois qu'une huître étant ouverte , trois 
jeunes fburis vinrent pour la manger : 
Phuitre fe referma fort habilement , & 
les atrapa toutes trois par la tête. On y 
a auffi des veaux marins , qui reflèmblent 
à des cochons, excepté qu'ils ont les piez 
comme une taupe. Ils aiment la mufi- 
que ; ils viennent quelquefois à terre, & 
s'endorment, fous les rochers , où on les 
tue à coups de fiiûl. On les coupe par 
morceaux , on les fale , & accommodez 
de cette maniéré ils font bons à manger. 
Mais la princtpale pêche de ce pays-la eft 
celle des fardines ; on en voit une quanti- 
té prodigicufe fur les côtes depuis le mois 
de Juillet jusqu'au mois de Novembre. 
On les éventre , on les fale , on les fui 
me , on les met en barils , & de cette 
manière on en tmnfporte quantité en £- 

Tom. lll. Rrr fpag^ 


674 Les Délices Cornoaailfc. 
ffagne^ en Italie^ & ailleurs. Onrencoil- 
xxc quelquefois de Pambre gris fiir le ri- 
vage , & il y a près <lc cent ans , qu'un 
pauvre pêcheur en trouva un fort gros 
morceau. Difons encore un mot des ha- 
bittfns , on atribue en prtie la cauiè de 
la vigueur & de la fante qtf on leur voit , 
au grand ufage qu'ils font de Pail. On 
raporte que leurs Ancêtres étoient très- 
habiles à tirer de l'arc. Leur^ flèches a- 
voient trois quarts de long , ils les pouf- 
foient jusqu^à quatre cens quatre-vints 
pas, & cela avec tant de roideur, qu'ils 
perçoiént des cuiraflès. 

Mais<e^qui rend ce pays le plus recom- 
mandaWe , ce font fes riches mines d'é- 
tain , qui fournirent presque toute T-f^r- 
rofe de ce métal. Comme j'ai fait voir 
•dans' Ventrée de cet Ouvrage, qu il y a- 
. voit toute l'aparencc du monde , que les 
^arthagindisAts avoient corinuies , on peut 
•bien croire k même chofe des RomAim^ 
& en cfieton y a trouvé , dans une mine, 
une médaille de PEn^)ercur Domitim , 

* ce qui tnet la chofe hors de doute ; cette 
preuve étant jointe avec quelques autres 
qu'on peut tirer de PHiftoire, Il paroit 
que les Sax0ns les avoient négligées : & 

^ l'on 


Comoiiailte. de L^AKôfc-EWïRItE. Cjf 

î'on tfa recommencé dans ces derniers 
Siècles à y travailler ou'aflcz long-tems 
après la conquête des Normans. Les pre- 
miers Comtes de CvrHmaiUe ^cniAchirttit 
jconûdcrablement à ce commercie , fur- 
tout Richard frère 4u Rpi Henri III. vers 
le commencement du xii i. Siècle. Ed* 
mûnd^ fils de Richard, fixa ce travail par des 
loix ôc des privilèges qu'il donna aux ha-^ 
b;tsicis , &: il mit un impôt fur Pétain « 
qu'on devoit payer à lui & à (es fuccef- 
ieurs. Le Roi Edmard ill. mit encotic 
un ordre pins précis : it partagea tous les 
Ouvriers en quatre Quartiers de pays > 
nommez Foy^imyt , Mlack^^more^ Trewar'» 
^nàile , & Pmwùh. Il établit un Préfi- 
dent for chaque Quartier , afin de termi- 
ner les différcns , qui arriveroient au (îi- 
jet 4es mines , & afin qu'on ne pût pas 
fratider les droits , qui font dûs au x Ducs 
.de Cvrmuaille fiir l'ctain qu'on tire , J 
ordonna qu'on transporteroit tout l'étatfi 
•à l'Une des quatre villes ou bourgs nrin- 
^tpraux de ces quatre Quartiers , ou on 
4loit le fendre , l'affiner , le pefer, & le 
«marquer du fcau de la ville , fans quoi îl 
cft cléfêndu de le transporter & de le ven- 
dre , fous peine de confifcation. On con- 
flit leg mines d'étaio à de certaines pier- 

Rrr X re« 


'^y6 Les Délices CornoQaille. 

res rondes & unies , qui tiennent de l'é- 
tain 9 & qui fe trouvent fur la furface de 
la terre. Quand les Ouvriers ont décou- 
vert une veine d'étain , qui va direéte- 
ment en bas , ils la fuivent tant qu'elle 
dure ^ jusqu'à quarante &c cinquante ver- 
ges de profondeur ; & il arrive presque 
toujours que plus ils avancent , & plus 
la veine fe trouve groflè. Us en trouvent 
d'autres , qui vont obliquement , Seniors 
ils ont beaucoup de peine, & en général 
le tiavail des mineurs cft fort pénible & 
fort rade , & ils n'y peuvent guères te- 
nir plus de quatre heures par jour. Quel- 
quefois ils rencontrent une terre molle 2c 
tremblante , par fois du rocher extré- 
snément dur , quelquefois des courans 
d'eau , d'autres fois des. vapeurs puantes , 
dont la mauvaife odeur les incommode 
fort, fens avoir pourtant de dangércufes 
fuites. On tire la pierre de la mine ^ on 
la rompt par morceaux , Se on la met dans 
.un moulin , où elle eft réduite en pou- 
dre. On jette cette poudre dans une eau , 
qui paflànt par defius çn fépare toute la 
terre ; & en cet état on l'apcle Aain mir. 
.On la porte à la fonderie, & deux livres 
de cet étainnoir, étant fondues, en ren- 
dent une d'ctain » quand elles fpQt d une 

bon- 


Cornouaillc. de l' ANGLETERRE. 677 

bonne mine. Il y en a de plufieurs for- 
tes , les unes meilleures que les autres ^ 
mai3 nous laiflbns ce détail aux étamiers. 
Les Anciens ont cru , & ont écrit me-" 
me , qu'il ne iè trouvoit aucune mine 
d'argent dans la Bretagne , mais les mines 
d'étain ne font pas fans quelques filets de 
veine d'argent , & d or même , dont les 
ouvriers favent bien faire leur profit. On > 
y .trouve auffî des diamans , qui font ata- 
chci au roc d'oii l'on tire l'étain i ils font 
naturellement quarrez 8c pointus , SciL 
s'en voit jusqu'à la groûeur d'une noix ; 
mais ils n'ont pas la dureté des bons dia- 
mans. On y trouve auffi des ^mines de 
cuivre, dont on envoyé la matière toute 
brute dans le pays de O^Oes, pour la fai- 
te affiner là. (Zc qu'il y a de plus fîn- 
gulier , les ouvriers tirent quelquefois» 
du fond de la . mine , de grands arbres 
tout entiers , £c 1 on pourroit croire qu'il 
y a eu dans l'antiquité quelque inonda- 
tion , qui a bouleverfé la furfàce de la 
terre. On y a trouvé même des boyaux, 
dç bouys, ae houx, & quelquefois des 
têtes de clous de cuivre. Il ne faut pas 
oublier nue du fond de ces mines on peut 
voir les étoiles en plein midi, pourvu que 
le tems foit beau. j 

Kit î Les 


6j9 Lbs DbLICBS Sôrlingm^ 


l: 


I^t JUs SORUNGU£S. 

Kg Iles Smriingues £>nt de ladcpendan» 
^ce de k Province de Carmmaiâc , c'cft 
pourquoi nous en parlerons ici. Les An^ 
gbis les apèlent SUlys , les Anciens les ont 
connues Ibos le nom de Silures , SUlimes^ 
& Ca^térides s ce dernier nom leur fut 
domié par les Grecs d'un xnoc qui figni* 
fie di Pttaiu , parce qo'elles étoienr hchei 
en cette efpéce de métal, tts t^en avoi- 
oit décxruvert que dÎTc^ mais on a trou- 
vé qu'elles font au nombre et centqua^ 
rante-cinq. Elles font à huit lieues à 
l'Oued de k pointe lopin avancée dek 
Cêmeuaille , ^i cft le C^p de LanduEnd ^ 
ic rangées en rond. Dans tout ice nom- 
l»e il y en a dix plus gtandes que les au* 
très, ^voir Sainte Marie ^ jimmih^ Ag^ 
tais y Samfon , Siltjf , Brefar , Rufia ou Trm^ 
fcêw ^ S. Hélène^ S. Martin^ tH'^rthmr. 
Elles font la plupart couvertes d%erbe » 
Se fournies de bons pâtut^gcs. Du reile 
on y rcBt foarce rocners dC écuetU ^ les^ 
uns extrêmement élevex , les autres ca« 
chez fous l^o. Qrielques-nnes font fer-^ 
tiks en firotncnt^ 8c toutes ibnt remplies 
de lapins , de grues Se d oiftaux d'eau y 
- . - - com- 


Sorlingiics. oe l'AngLETERRE- 679 

comme hérons , cygnes ^ & autres. La 
plus grande de toutes eft cclk de 5. Ma* 
rie , qui a huit milles de circuit. La Rei- 
ne EliiLoieth y a fait conftruirc^ un Fort , 
où l'on tient garniibn : die eft abondant 
te en toutes chofes , & l\>n y a un port 
large Se fort comixu>de. L'Ile de Silly 
eft Tune des plus grandes après celle4à , 
&: autrefois elle a été ii confidérabk, qu'eL 
le a donné ion nom à toutes les autres. 
Elles ont des mûiesd'étain aflêz bonnes, 
qui oot été connues , dans l^mtiquité la 
plusi€cuiée, ^rïc$ FhMicieMs: ceux-ci 
l«s firent coonoitre aux Tartejpens , & 
a(ix Carthaginois^ quiétoieni leurs Cola» 
nies , Ai après eux les Romains vinrent 
auffi à bout de les découvrir , après bien 
des efibrts inutiles. Les Empereurs a-* 
voient de coutume d'y envoyer aux mi- 
nes des perfonnes qui étoient coupables 
de quelque crime, & c'étoit une manié* 
re de fuplice uGté dans ce tems-là , tout 
comme aujourd'hui d'envoyer aux Ga« 
1ères. Nous prenons des Géographes 
que les habitans andens portoient des ha* 
bits noirs , Se long^ , qui décendoient jus-^ 
qu'à terre; qu'ils (è nourriflfoientdeleur 
bétail , ÔC qu'ils vivoient à la manière des 
Nomades , n'ayant aucune demeure fixe. 

Rrr 4 Leur 


68o Les Délices Sorlingucs. 

Leur commerce confiftoit à troquer du 
plomb , de Pétain & des peaux , contre 
de la vaiflèlle de terre , du fel , 8c quel- 
ques petits ouvrages de bronze , qu'on 
leur aonnoit en échange ; mais du refte 
ils ne fè fbucioicnt point d'argent , &: raê- . 
me ne s'apliquoient pas beaucoup au tra< 
vail des mines , ie contentant de pailèr 
leur vie doucement i en quoi je trouve 
qu'ils étoient gens de bon fèns. 

A moitié cnemin de ces lies, au Pro* 
montoire le plus avancé de la ComomailU^ 
la marée découvre, quand elleeftbaflè, 
une Ile, ou plutôt un rocher , nommé au- 
trefois LiJJis ^ aujourd'hui Leth^wfiw ^ 
& tht Gh^€ , c'cft-à-dirc , U GoHfrt. 

Le Comte de DORSET. 

LE Comté de Dcrfet a pour bornes , atl 
Couchant celui de Devon , au Nord- 
Oueft le Duché de Sotnmerfet^ au Nord 
le Comté de Wilt ^ à l'Orient celui de 
Southamfto» , & la Mer, & au Midi l'O- 
céan. 1 1 s'étend du Nord au Sud , de la 
longueur de quatante-dnq milles , fiir 
vint-cinq delai^e, & il en a près de cent 
cinquante de circuit. On y compte vint- 
neuf HunAreds ou Quartiers « dixoKuf 

vil- 


Dorfet. DE l'AngLETERRE. 68 1 

villes ou bourgs à marché , & cent qua- 
rante-huit Paroi fies. 

Deux rivières confidérablcs l'arrofent 
dans toute (a longueur , la Stoure vers la 
partie du Nord , Se la Frome vers la par- 
tie du Sud , outre un aflcz grand nombre 
d'autres petites rivières & de ruiflcaux. 

La partie du Nord-Eft de cette Pro- 
vince eft couverte d'une belle &c grande 
Forêt , nommée Craneborn , 8clc coin du 
Nord eft auffi occupé par une autre Forêt, 
nommée GilUngham. 

SHAFTSBURY. 

SHAFTSBVRY, en Latin Septmia ^t&tn^ 
tre ces deux forêts , a trois milles de 
la dernière , (ituée fur une colline fort 
élevée , proche des frontières de Wilt. 
Autrefois elle a été une ville fort confidc- 
rable^ & fort étendue , ayant jusqu'à dix 
Ëgliiès Paroiifiales. Le Roi Alfred la 
fonda l'An 880. cotûmeon l'aprend d'u- 
ne Infcription , qui y fut déterrée par ha- 
sard dans le XI. Siècle. 11 la nomma 
Scheafsesbjfrjig , d'un mot Saxon Seheaft , 
qui ugmiie une pyramide. Aujourd'hui 
Shaftsbun ne paflê que pour un bourg ; 
mais c'cft un grand oc b^au boui^» dont 

Rrr 5' les 


6i% Les Délices shaftsbury. 

les maliens font toutes bâties de pierre de 
taille. Canut , le premier Roi à^ Angleter- 
re de la Race des I>4w/.r , yeft mort, 8c 
fbn corps y eft inhume. Il avoic été bat- 
tu auparavant , dans une iânglante jour- 
née, par Edmond Cité de fer , tout près 
de là , dans la Forêt de Gillingham PÂn 
1016. 

La rivière de Stmre fbrtant du Comté 
de mit 9 où elle reçoit les eaux de fuc 
fources, traveriè la Forêt de GéUingham^ 
porte Tes eaux à l'Occideiot de Sbàftskmy ^ 
& coule droit au Sud jusqu'à Stomrmin^ 
fter^ petit boum, &ué dans «tu fond bas^ 
où on la pafle fur un pont de pierre. 

white; h art. 

LA terre de Cette Province avapcc fort 
à l'Occident de Stêurminfier , & for- 
me une agréable Vallée , apèlée Vllnte 
Hart , le Cerfhlanc ^ à caufe d'une forêt 
qu'on y voyoit autrefois avec le même 
nom. La torét a été fort éclaircie avec 
le tems , & il en iiefte aujoutd%ui peu 
de chofè , on l'apèle autrement Blétcl^ 
mère. 

SHER^ 


Sbaboni. de L'ANGLETERRE. 6Sj 

SHERBURN. 

T A prtie Septentrionaje de cette VaU 
-^Icc cft occupée par un gros bourg , 
dont le nom Skerkum eft corrompu de 
Panckn Sirebum , qui figmfîe une fontai- 
ne claire & nette. C'a été autrefois une 
ville Ëpifcopale , dont Aldelnte fut fait 
le premier Ëvêque PAn 705. Dans le x ! . 
Siècle ^<rrw4», Ë véque de^iMnii^r^ , ayant 
été apèléà la Chaire Ëpifcopale de 5^r- 
h$em^ unit ces ËTêchez , 8c des deux n'ett 
fit qn'un v & dans la fuite fous le règne 
de CnUlamme le Conquérant PËvéché fut 
transféré à Salisinry , mais le bourg de 
Sherhurn eft demeuré aux Ëvêques. Un 
d^entr'eux nommé ifo^^ y conftruifitun 
Château , dans la partie Orientale , vers 
lendroit où il y avoit un beau vivier. 
Mais le vivier a été deilëché il y. a déjà 
k>ng«tems , 2c l^efpaoe ^ qu'il occupoit ^ 
eft couvert d'une belle praiiic. 

L'H E R M I T A G E. 

DANS la partie la plus Méridionale de 
la Vallcc du Cerf htéuic , eft la Pa- 
roiilè de UHermitare , mémorable à cau- 

fc 


684 Les DeLIC'ES L'Hcrmitagc. 

fe d'un boulcvcrfement étrange, qu'on y 
éprouva dans le xvi. Siècle. Le troi- 
fiême de Janvier de l'An i jSx. une piè- 
ce de terre , remuée par des bouâees 
violentes d'un vent foutermn , changea 
de fîtuation, & fut transportées quaran<< 
te perches de ia place au delà d'un grand 
enclos , où il y avoit des aunes & des fàu- 
les , Se boucha le grand chemin qui con- 
duit au bourg de Cerne , fitué à une ^rof^ 
iè lieue de là au Midi. La place , ou é-^ 
toit cette pièce de terre , paroit aujour* 
d'hui comme un grand creux : à l'endroit 
cil elle fut tran^rtée , on la vit environ- 
née des mêmes hayes qui la bordoient , 
& plantée des mêmes arbres , qui la cou- 
vroient auparavant. 

Je reviens à la St$ure : ayant quitte 
Stourminfier ^ elle tourne au Sud-Ëft, & 
va fcrpentant jusqu'à Blandford , bon 
bourg , fitué presque au cœur de la Pro- 
vince, Il fut brûlé il y a quelques fîx- 
vints ans , .mais il (è releva hicn-t)ôt de 
fes cendres , 8c devint plus beau , plus 
propre.,; &^ plus' jpeôpic , qu'a ncPétoit 
auparavant* 


WIN- 


.Winbarnminftcr. DE L'ANGLETERRE, 6Sf 

WINBURNMINSTER. 

LA Stifure continue Ion cours au Sud- 
Eft , & puis tournant à l'Eft , elle va 
laver les murailles de H-inhumminfter , bon 
bourg fitué fur £bs bords. Il s'eft élevé 
fur les ruinés d'une Place ancienne nom- 
mée ^/iw//if^/^*'4 , aaf^indogUdU, ce qui 
en Langue Galloife ou Gauloife fignifie ^«-^ 
tre de$çc rivières , parce qu'elle étoit entre 
les rivières de la 5/p«r^ , ScdeT^/r», qui 
vient du Nord y aporter fès eaux. Les 
Saxons l'apèlérent Winburuham , & M>5»- 
burnminfter , à caufe d'un ancien Mona- 
ftère , qui y fut fondé l'An 713. par U 
Princefle CHthburgue. On- y voit un Col- 
lège , pour l'inftruélion de la Jeuneflè , 
fondé par la Princefle Marguerite , Com- 
teflc de Richmont , mcre du Roi Henri 
VIL & une fort belle Eglife , avec un 
clocher chargé d'une aiguille extrémé- 
• ment haute. Le chœur eft occupé par 
les tombeaux de divers Princes & Prin- 
ceffes : on y voit entr'autrcs celui du Roi 
Etheldred^ avec cette Epiiaphe: 


IN 


686 Les Dei^ices Cr^^n&td. 

IN HOC LOCO QUIESCIT COR.- 
PUS S. ETHELDREDI REGIS 
WESTSAXONUM , MARTYRIS, 
QUI ANNODOMlNIDCCCLXXfl. 
XXHI. APRILIS PERMANUS DA- 
NORUM PAGANORUM OCCU- 

BUIT. 
Ce Prince avoit été tué dans une batail- 
le , bien c|ue l^Epitapbe lui donne le ti- 
tre de Martyr. Mais <lans ces pieux Sié- 
des \ le IX. & le x. Siècles fertiles en 
Saints &^enMaityrs , ( quoi qu'en dtfcnt 
les Hiftoriens ) on donnoit libéralement 
le titre de Martyr à tous les honétes gens, 
^ui mouroient d'une mort violente , de 
quelque genre qu'elle fût. 

On tlit que -les Rois des S4X9ns Occi^ 
Àentattx avoient un Palais, à deux milles 
^e Vt^nbumminfier y dans un coteau nom- 
mé Badbêtrj : aujourd'hui l'on n'y voit 
rien que les reftes d'un triple retranche- 
4nent. 

La Stmre reçoit la rivière d^Âltn à un ' 
mille de Wènlnirnminfiir , ôc vis-à-vis de 
leur jonâion , fur fa rive droite , elle voit 
le bourg de Cranford , où l'on a trouvé 
quelques veines de vitriol., 

pool: 


Pool. DE l'Angleterre. 687 

POOL. 


POOL €0: au Midi de fl^tummhffier , 
dan^ne langue de.teiTC , enviroimce 
d'eau dFtrois cotez , & par conféquent 


inacceffible , finon au Septentrion , oii 
elle eft jointe au Ccwitinent. C'eft un 
gros bourg , placé fur la côte Septen- 
trionale d'une belle Baye , longue de 
cinq à fix milles , & large de qoatre à 
cinq , où la Nature a formé d'elle-mê- 
me un bon port , fermé de deux pointes 
de terre , qui n'y laiflcnt qu'unç entrée 
étroite. Il s'y trouve quatre ou cinq I- 
les , dont la plus grande ^ nommée 
Sranc^sey , eft près de l'entrée de la 
Baye , & la défend par le moyen d'un 
Fort , qu'on y a bâti. Pool n'étoit au- 
trefois qu'un petit hameau de pêcheurs : 
il s'éleva dans le xv. Siècle , & le K&î 
Henri VI. lui accorda de beaux privilè- 
ges: fon Havre a ceci de particulier, qui 
•ne fe voit dans aucun autre port d'-^»- 
^leterre i c'eft qu'on y a le flux 8c le re- 
flux quatre fois en vint-quatre heures. 
Le vimiême de Juin de l'An f 653 . on 
vit tombera Pûol une pluyc defingtout 
chaud. 

' WAR. 


588 Les Délices Wârban. 

W A R H A M* 

LA Baye de P00I faifbit ancienoement 
un fort bon Port à Warham^on Wa- 
rcham ^ Gtucc fur fa rive OMidentale. 
Cette viilc étoit floriflante , il s'y faifoic 
;rand commerce , on y battoit monnoye, 
GmiUaumeXt Conquérant l'a voit munie 
d^un bon Château. Mais depuis la fia 
du XIII. Siècle elle eft allée peu-à-pcu 
en décadence. La mer s'eft retirée in^ 
iènfiblement , ce qui a ruiné le portj el- 
le a beaucoup fbu&rt par les guerres & 
par des embrafemens ; de forte qu^ pré- 
lent elle a de la peine à fe foutenir , & n'a 
Î)lus que le titre de bourg. Du refeel- 
c eil dans une fîtuation fort ayantageu- 
fc , ayant de l'eau de trois côtés j placée 
jcntre deux rivières , ( le PiddU au Nord 
& la Frome au Sud ) Sc au bord de la mer.. 
La Frome , dont je viens de parler, 
s'apèloit anciennement Fraw. Elle a fa 
fource à l'Occident de la Province , pro- 
che d'un bourg apèlé Èvdrshott , elle cou- 
le auprès d'un autre ^ auquel elle donne 
le nom de Frompton , & à quelques milles 
de là elle fe parcage en deux branches , 
dont l'une arrofo u ville de 

DOR. 


I 

I 


\ 


\ 


11 


Dorchefter. de |.'AkoLBTERIIC. ^89 

DORCHESTER. 

DoRCHESTER eft une ville antique ^ 
connue des Romains (bus le nom àt 
Dumovarid , & conficférable feulement par 
Phorineur qu'elle a d'être la Capitale du 
Comté. Du refte elle n'eft pas fort gran- 
de , & n'a pas même des murailles , depuis 
que les Danois l'eurent îémantelée. On en 
voit quelques mafures à l'Orient & à l'Oc- 
cident de la ville , & à en juger par ce 
qu'il en refte , elles fkifoient un enclos 
quarré , de dix-fept cens pas de tour. Les 
médailles qu'on y a déterrées , & le che- 
min pavé des Romains , qui fè trouve là , 
font une bonne preuve de (on antiquité. 
Aujourd'hui Dorchefier fait un grand com- 
merce de fèrges fines. 

A trois cens pas de Dorchefier au Mi- 
di , l'on voit un vieux Ouvrage des Ro^ 
mains ^ nommé Maiden-Cafile , C'eft une 
butte de terre, de cinq acres d'étendue , 
élevée de trente pas au défllis de la plai- 
ne , où ils avoient fait, un retranchement. 
A quelques milles au. Nord decçtte vilk 
cft le bourg de Cerne , où les anciens 54- 
xons Pay ens adoroicnt une Idole nommée 
ticiL Le Moine Augufiin ^ qui les con- 

Tom. III. Sss ver- 


6^Q Lts Délices l^urbeck. 

vertit^ briila cette Idole » & bâtit un Mo« 
naftère' en cC lieu-là. De Dorcbefter k 
Frome ne voit rien de fort digne de x> 
marcjue jusqu^à fon embouchure. 

CE qu'on apèle Tlie de Purl^eck, , ou 
Porhecl^^ eft jine Prescju'lle fituée à 
^extrémité de cette Province 'au Sud- 
Eft ; longue d'environ dix milles , & lar- 
5€ de dix. Elle a l'Océan au Sud & ï 
'Eft , la Baye de Pod & la rivière de la 
Frome au Nord j & une petite rivière fans 
nom à POueft , tellement qu'il n'y a 

2u'un petit Ifthme, d'un mille de large, 
e cette rivière à l'Océan , qui l'empêclje 
d'être une Ile entière. Le terroir ae cet- | 
te PresquHle eft pour la plupart fec & gra- j 
veleux , avec quelques carrières de mar- \ 
bre : ce qui n'empêche pas qu'elle neibft 
aflez bien peuplée. On v voit quantité de i 
cerfs & de daims dans les parcs « 

Lfs Cita, 

PASSANT de rile de Purteci , à l'Oc- 
cident , on voit à Luhi^vrth , un grand 
& beau Château , dans une fitmtion a- 
vantageufe vers le rivage de l'Océan , & 

con* 


Wey»oat!i. de l'AngleteRReC 6^1 

conftniit magnifiquement- Il eft acom- 
pagné de beaux jardins y & d'un grand' 
parc , rempli de gibier* 

« 

W E Y M OU T H. 

DE Lmhvorth les cotes font fort droi- 
tes jusqu'à Sutton. Dans cet endroit 
la terre s'avance confidérablement au 
Sud , pour feire un bon port à tVeymmth > 
& une Presqu'île à Porttand. Wejmouth 
& Meleomk'Regis font deux beaux bourgs,. 
fitue2 aux deux bords d^lne petite riviè- 
re , qu'on apèle H^ej/ , & tout près de font 
embouchure» Ils ont fait long-tems deux 
bourgs réparez , mais ils furent incorpo- 
ytz en un fèul bourg , il y a un peu plus 
de cent ans, on y fit un pont fur le H>^ 
pour les joindre , 8c ils ont retenu le nota 
de Wepn9Hth ^ bien que Afelcemb-Regis 
fût plus ^rand 6c plus beau que l'autre. 
Ainfi délivrer de la jaloufie de yoifînage > 
qui étoit une pierre d'aclioperaèrit pour 
tous deux , ils ont embelli leur ville , 8c 
fait valoir kur port ^ qui eft devenu: 
irès-faxneux. 


Sas a PORT- 


6gz Les Délices Ponlaua. 

P ORTLAND. 

• 

LA pointe de terre , dont j'ai parle, fc 
termine par la Prcsqxi^Ucdc Pàrtland. 
Elle étoit anciennement une lie entière , 
mais elle ^ été unie à la terre par un 
grand banc de fable , nomtpé Cbes^hiU , 
ou ChefiU , qui bprde les côtes , depuis 
Becksinton^ l'eJpaçe de neuf milles, cou- 
rant de l'Occident à l'Orient jusqu'à Port^ 
Und. Cette Presqu'île a iîx ou ièpt mil- 
les de tour ; ion terroir eft aflèz fertile , 
& l'on y nourrit de grands troupeaux de 
brebis , mais il n'y a point de bois , 6c les 
habitans y font leur feu avec de la fiente 
de boeuf fcchée au Soleil. Ils ont été au- 
trefois les plus habiles de tous les Anglais 
au maniment de la fronde. On voit à 
l'Orient une Eglifè , qui fert à leurs aC 
fèmblées. Cette Presqu'île eft d'un accès 
fort difficile par mer , parce que fes cô- 
tes font fort élevées , & bordées de ro- 
chers & d'écueils dangereux. L'endroit 
du Nord , par où elle efl acceffible, eft 
défendu par un Château , bâti par le 
Roi Henri VIlI. & bien fortifié. Vis-à- 
vis de celui-là il y en a un autre fur le 
rivage , conllruit plus nouvellement : ils 

1er- 


Pottknd. DE l'Angleterre. 695 

fervent tous deux à défendre l'entrée aux . 
ennemis, ôc à couvrir la rade, de là jus- 
qu'à WeymoHth. La Presqu'île de Port^ 
Unà donne le nOm de Comte à Milord 
GHilUume Benting , ci-de vant premier G eh- 
til-homme de la Chambre û\> feu Roi » 
& Ambaflàdeur Extraordinaire à Paris a- 
près la paix conclue à Rjswjck^ 

De Portland les côtes fè retirent au 
Nord , & forment un arc jusqu'au Com- 
té de Devonshire. Dans le centre de l'arc 
la mer forme un petit port , au confluent 
de deux petites rivières , fitué avantagcu- 
fèment encre deux collines ^ qui le cou- 
vrent. On y voit un bourg nommé 
Birîfort , qui n'eft confidérabie que par 
ion marche , où il fe fait grand débit de 
chanvre ôc de cables pour les vaif^ 
féaux. 

Vers les frontières du Comté de De^ 
van^ une petite rivière, nqmméc Lymt^ 
foime un port , au pié d'un bon bourg, 
du même nom 9 fitué fur une hauteur 
efcarpée. Le port tft d'un accès difficile , 
à caufe des écueils , dont il cft bordé : 
mais du refte il eft fort fur pour les vaiC 
féaux i on l'a mis en bon état , & il eft 
aujourd'hui d'un aflez grand abord. • 

JL'air du Comté de D«r/^r eft tempéré, 

Sss 3 doux. 


6^6 Les Délices Xkt&cs. 

de C/ur Seyante , & ks Anciens Papèloi- 
ent FinJUnmm. Les Saxons la défblerent ^ 
lorsqu'ils s'emparèrent de ce pays4à , & 
les Danois achevèrent de la ruiner , telle- 
ment que depuis lors elle n^ pas pu fe re- 
lever 9 Semelle eft demeurée abfolument 
inhabitée Se déferte. Son étendue étoit 
afiez confidérable , puis qu'elle occupoit 
environ quatre- vints acres de terre , 6c 
c'en: peut-êtte pour cette raifbn que les 
Saxons lui donnèrent le nom de Seleefier^ 
qui fignifie grande viUe. On voit enco- 
re les murailles qui font reftées fur pié , 
quoi qu'à demi-ruinées , Se elles ont en- 
viron deux milles de tour. Une bonne 
partie de fbn enceinte a été réduite en 
chams, 

■ ■ ■ nuncfegfsefiubiTrojafuit^ 

& les laboureurs ont remarqiié que non- 
obftant que les terres y (oient aflêz ferci- 
les, on y voit de longs carreaux ,. où les 
blez ne jk>nt pas (i beaux que lereile, &: 
que ces carreaux fë coupent en divers en- 
droits^ ce qui fait conjeaurcr que ce font 
les endroits où étoient les rues de la ville. 
On y a trouvé quantité de briques anti- 
ques, quelques médailles , Se diverfès In- 
^ripcions Romaines , dor.t on n'a çanfer- 
vé que la fuivante : 

ME. 


Silccftcr. DE l'Angleterre. 697** 

MEMORIAE 

FL. VICTORI 

NAE. T. TA M. 
VICTOR- CONJUX 
POSUIT. 
On y voit encore ceci de remarquable , 
que du milieu des murailles de la ville la 
terre a produit des chênes, dont les raci- 
nes (ont parmi les pierres , & qui cepen- 
dant & font élevez à une grandeur 6c à 
une graflèur extraordinaire. On trouve 
à Silcefter les traces ordinaires des villes 
habitées par les Romains , je veux dire un 
;rand chemin royal pavé , qui paflant par 
les lieux aujourd'hui défëns , Ôc autre- 
fois habitez , côtoyé les frontières des 
Comtez de Berck, & de Wilt , & aboutit 
â la Foret de Chute , où Ton en voit les 
débris en quelques qndroits. 

A fix ou fept milles de Silcefier , au 
Midi , la grande route de Londres au Cap 
de Lands'End traverfc Bajin^ftoke , ve- 
nant du Comté de Surrey , ou l'orf paflc 
la rivière de Blachy^ater près de Lippol^ 
Bajingftoke eft un bon bourg , allez peu- 
plé , qui a une fort belle Eglife , où l'on 
voit toute rhiftoire du Vieux & du Nou- 
veau Teftament , peinte contre les parois 
par une main habile. 

Tom. m. Ttt La 


698 Lts Délices Andow, 

La Forêt de Chute , dont j'ai parlé, fi- 
tuéc vers les frontiéresdii Comté de Wilt^ 
cft grande & fpacieufe , & remplie de 
daims & de cerfs. Elle donne la iburce 
à la rivière du Tefi , qui portoit autrefois 
le nom à^Amw , autant qu'on le peut ju- 
ger , parce que de trois petites villes an- 
ciennes , fituées le long de fès bords , ou 
dans fon voifinage , l'une s'apèle jlntfort^ 
l'autre Andover , autrefois Ameafaran , & 
la troifiême South-^antan , d'où l'on a fait 
Southamftm. Quoiqu'il en (bit , IcTeJt 
Ibrttnt de la forêt coule à l'Eft, jusqu'à 
Andovtr^ bourg aflcz confidérable , pour 
avoir donné fbn nom à l'un des Quartiers 
de la .Province. De là le Tefi coule au 
Midi , fàifant plufieurs courbures , & fe 
divifant fouvent en plufieurs branches ; 
il reçoit à (a droite une petite rivière , 
nommée W^llof , qui vient d'un bourg a- 
iphlt BroHçhtûn ^ anciennement -firw , ou 
Erige, Il cft bordé là de deux forets , 


Jéc Bmckholt , dont le nom vient des hê^ 
très , en Saxm , Bucken. Le Tefi arrofe 
enfuite le boui^ de Rumfey ^ & puis ce- 
lai de TefiwQQd , après quoi iX fe jette 

dan$ 


Alrcsford. de L^AnGLETËRRE^ 6^g 

dans la Baye de Somhamfton , à POccident 
de Vitching. 

Le cours de Pltchinz^ 

LA féconde rivière de cette Province ,' 
nommée Itching , fort d'un petit lac 
ou étang, qui eft dans le cœur du Pays. 
Il arrofe proche de (a fource un vieux 
bourg , apèlé Alresford , ce qui peut fai- 
re juger que cette rivière a eu dans l'An- 
tiquité le nom à? Aire. De là V Itching 
coule à l'Occident jusqu'à Abbots^Itching , 
après quoi il tourne au Sud , & va moim- 
Ics les mui'ailles de 

WINCHESTER. 

T^PT iNCH ESTER , ovL^pXhtotWintchefierl 
W en Latin FintonU , eft une grande 
ville , autant confîdérable par fon antiqui- 
té , que par le Cége Epifcopal dont elle eft 
honorée depuis long-tems: Les anciens 
Romains l'ont connue fous le nom de f^en^ 
ta Belgarnm , & après eux les Bretons l'a- 
pèlérentCi^r Gisent ^ & \çs Saxons^ H^n-- 
tan-cefier , d'oîllon a fait H^nt^chefier. 
C'eft dans cette ville que le Tyran Con^ 
fiantin fut proclame Empereur par fes fol- 

TttÀ dats, 


700 Les Délices Whichcftcr. 

dats , contre l'obciflance qu'ils dévoient à 
Homrius , & il tka fon fils Confiant d'un 
Monaftèrc de cette même ville, pour lui 
faire revêtir la pourpre avec lui : mais ils 
périrent bien-tôt tous deux , après avoir 
eu quelques heureux fuccès.. Les Saxons 
à leur arrivée dans le pays trouvèrent 
Winchêfter fi confîdérable , que les Rois 
de Weft-Sex la choifirent pour le lieu de 
leur réfidence , y établirent un fiége E- 
pifcopal , une Monnoye à fix boutiques , 
& y bâtirent pluficurs belles Eglifes* L'un 
d'entrcux, nommé K^nclwalch , fon- 
da l'Egtife Cathédrale , qui eft presque 
au milieu tic la ville , Se divers Evêques 
y ont ajouté de tems en tems quelque 
nouvel ouvrage. Un autre Roi , nommé 
t^lfred , bâtit une autre Eglife près de 
celle-là , & elles étoient deflèrvies Tune 
& l'autre nar des Prêtres mariez. On les 
en chàflâ dans le x. Siècle , Se l'on y éta- 
blit dé^ Moines à leur place. Mais les 
deux Eglifes étoient fi près l'une de l'au- 
tre , que ces bons Religieux s'incommo- 
doient réciproquement lorsqu'ils céle- 
broient leur fenricc, pour peu qu'ils 

f>ouflafIent leurs voix , ce qui caufa plu- 
îeurs querelles entr'eux. Ces querelles , 
jointes à l'incommodité de Itiir ^ déter- 


Winchcfter. pE L'ANGLETERRE. fO\ 

minèrent les Religieux de la nouvelle 
Eglife à transporter leur Maifon hors de 
la ville, où ik bâtirent un Couvent mag- 
nifique. Depuis la conquête des Normans 
cette ville fut auffi fort illuftre , on y mit 
les Archives de la Province , & le Roi 
Edouard 111. y établit une étape pour k 
commerce des draperies Se des laines > ce 
qui la rendit encore plus floriflantc. Au- 
jourd'hui Wtnehefter eft une grande ville , 
iîtuée dans un vallon, entre deux colli- 
nes , arrofée par les deux bras de l'/r- 
ching , ( qui fe partage en cet endroit ) & 
fermée de murailles , qui ont dix-huit 
cens ouàtre-vints pas de tour ; & fix por- 
tes, uns compter les fauxbourgs. Il s'y 
trouve divers bâtimens confidcrables , 
comme un Château , THôtel de ville , 
PEglife Cathédrale , & fept autres Paroif- 
iîales. L'Hôtel de ville a une (aie fpa- 
cieufe , où fë tiennent les aflifes du pays \ 
on y montre une grande t^le ronde , 
qu^on dit être la TMt rpnde du fameux 
Arthur^ tant chantée par les vieux Ro- 
manciers. L'Ëgliiè Cathédrale eft aflez 
belle , & le chœur a été rempli autrefois 
par les tombeaux de quatorze tant Rois 

3ue Reines , qu'on y avoit inhumez en 
ivcrs Siècles. Un Évêque de cette vil- 

Ttt 3 le 


J«OX Les DeliX^ES Wiiichcftcr. 

le prit leurs os , & les mit tous dans de 
petites châfles dorées , qu'il pofà dans la 
parois du chœur , avec des Infcriptions , 
où on les voit aujourd'hui. Le Château 
eft un bâtiment antique , conftruit au 
Sud-OueA de la ville , & bien fortifié a* 
vant Pinvention de T Artillerie , tellement 
qu'il fut ibuvent ataqué en vain. I>ub 
le XII. Siècle l'Impératrice Mahaud^ 
faiiànt la guerre au Roi EtUnne , l'affié* 
géa long-tems inutilement; enfin voyant 
qu'elle n'avtnçoit rfcn par la force, elle 
eut recours à l'artificfe. Elle fit courir le 
bruit qu'elle étoit morte , & là deffus on 
ouvrit le Château , où elle ie fit porter 
dans une bière , & fo gens eurent, par 
cette voye , la commodité de fè rexulre 
maicres ae la Place. Le Palais Ëpifcopal 
eft un afiez bel édifice , bâti dans le voi- 
finage dcl'Eglife Cathédrale. Un Evéque 
de cette ville , nomxsiiGuiBMmeWickhéim^ 
y a fondé un bom Collège , où l^ocr entre- 
tient un Principal ou Gardien » dix AA 
hws ou Af&ciez, deux Scpéârqnes , ôc 
fbixante-SCHdix Ecoliers. 


SOUT^ 



CcUms de S.UAMIJS H^ 


Southampton. DE l'^AîÎGLETERIIE. 70^ 

SOUTHAMPTON. 

LA rivière àî^ltching^ ayant arroféfW»- 
chefter , coule droit au Sud , & forme, 
avec le Tefi , une Baye , qu'on apèlé la 
Baye ou la rivière de Hamfton ; au lieu 
de Hanton , qui eft fcMi vrai nom. XjCS 
Anciens nommoietiit cette Baye CUttfen^ 
tum , ce qui en langue Gantoife fjgnîfic /< 
Canid de Hanton s &C c'eft de ce nom que 
la Province entière a été apèlée Hant* 
sbire ^ ^ ^ corx\rpl\on Hamft^shire . La 
même Baye a donné le nom de Seuth-- 
hânton , ou Southamptm , à la ville qui efl: 
iîtuée fur fon rivage, entre les deux riviè- 
res du Tefi ôc de VItching , mais plus pro- 
che du dernier. Elle a été batic des rui- 
nes d'une autre ville du même nom, fi- 
tuéc un peu plus haut , aux deux bords 
de la même rivière y, dans l'endroit où 
l'on voit les deux villages de S. Marie 8c 
de Bitfem. On y a déterré quantité de 
médailles , & l'on a découvert entt^au- 
tres , près de Bittern , les mafures d'un 
vieux Château , qui avoit cinq cens pas 
de tour , & l'on en voit encore les foflez, 
& quelques pains de murailles , que la 
marée couvre lorsqu'elle monte. 

T 1 1 4 Cet- 


«ro4 Les Délices Soithampron. 

Cette ville antique fut presque ruinée 
par les Danois PAn 980. mais dans le x 1 v. 
Siècle , pendant les démêlez du Roi Edon^^ 
ardlW. avec Philippe de Valois , pour la 
Couronne de Fraice^ elle fut réduite en 
cendres par les François , & depuis ce mal- 
heur on ne Pa pas iiebâtie. Les habitans 
conflruifirent une nouvelle ville , dans une 
fituation plus commode , Se plus ptx>che de 
Peau , confèrvant le même nom : & avec 
le tems elle devint grande , floriiiânte y 
peuplée &: riche. On la ferma de bonnes 
murailles , d'un double fofTé s ion port fut 
muni d'un Château tout bâti de pierre de 
taille ; Se comme elle étoit la Capitale du 
Comté , elle lui donna \t nom de Som^' 
hampton. Autrefois il s'y faifoit un com- 
merce fort cQnfîdérable , mais il ne Pcfl 
pas tant aujourd'hui. Elle ne laiflc 
pas d'être aflèz grande Se aflèz peu- . 
plée , pour iàire le nombre de cinq Pa- 
roiflcs. C'eft dans cette ville qu'on vit 
autrefois une fort belle aâion de Canmt 
Roi à^ Angleterre & de Danemarc^ à qui 
un flateur vouloit perfuader qu'il étoit 
tout-puiflant. Ce Prince voulant foire 
voir a cet homme fà fbttifè , ' iè fit porter 
un fiége au bord de Peau , dans le tems 
que la marée montoit : &; s'y étant aflis , 

en* 


$aathaaopton^ PÉ l'AngLETERRE. JO^ 

environné de toute fa Cour , il dit à lar 
Mer , PuisijMe je fuis toHt-fHtffant , & que 
tn esfoHS fMn Empire , je te défens de mon' 
ter dans ma terre ^ & de mouiller, ni mes 
fiez. , ni mes habits. Mais comme l'eau é- 
toit fburde à ià voix , Se qu'elle ne laif- 
ibit pas de monter jusqu'à ce qu'elle vint 
aie mouiller, il fe leva brusquement de 
, fbn (lége, di&nt à toute la troupe : Que 
tous les hommes fâchent que tout le pouvoir 
des Rois n^efi rien , & que nul ne mérite le 
nom de Roi , Jinon celui ^ quieft le Maitre 
abfoludu Ciel^ delaTerre^ &delaMers 
& depuis ce tems-là il ne voulut jamais 
plus prendre la Couronne fur fa tête. La 
ville âc*Southamftonz été érigée en Du- 
ché par le Roi Chartes II. en faveur de 
Paine de fes fils naturels , qu'il eut de la 
Ducheile de Cleveland. 

La rivière ou la Baye de Hampton a en- 
viron huit milles de long , & trois de lar- 
ge \ elle eft fort droite , Se presque fans 
courbure , étendue du Nord-Oueft au 
Sud-Eft.. Ses côtes Occidentales fe ter- 
minent, par une pointe , où l'on a bâti le 
Château de Calshot , fur un rocher avan- 
cé, pour en défendre l'entrée. 

A l'Occident de cette Baye , le pays eft 
couvert d'une grande Se vafte forêt de 

Ttt jr trcn- 


7o6 Les Délices Somiampton, 

trente milles de tour , nommée Newfo^ 
refi , & anciennement Tchem. Avant le 
irgne de GmilUnme le Centiaérdnt ce Quar- 
tier*là étoit tout habité , mais ce Prmce 
le réduifît tout entier en forêt, ayant dé* 
truit , pour cet effet , trcnte-fix Paroiflès 
qui s^j trouvoient , ( (ans épargner ni 
Doui^ , ni village , ni Eglife , ni Mona- 
ftère ) 6c chafié ou exterminé tous les 
habitans. Les uns difent qu'il fît cek 
pour fbn divertiflement , parce qu'il ai- 
moit la chaflb paifionnément : mais d'au* 
très croyentavec plus de vfaifcmbknce , 
que ce futune ruib de guerre, &quece 
Aoi, qui aparemment ne comptoit pas 
beaucoup fiir la fidélité de fes nouveaux 
iiijets , ic Touloit ménager une bonne re* 
traite dans cette vafte torét ', afin de s'y 
maintenir conti^eux en cas de fbuleve* 
ment , & d'avoir plus de facilité de faire 
venirdufecours delà iVb^iKMx^i^, quieft 
▼is*à*vis de ce pays-là . Quoiqu'il en (bit , 
il fembla que la JufHce Divine voulut 
vanger , fur & poftérité , lé (ang de tant 
d'ames qu'ils avoit fait périr pour l'ére- 
ôion de cette forêt. Son iècond fils , GmiU 
laume le Rmx , Roi d?AngUterre , chafiant 
ds^ns cette forêt , un Gentilhomme Fran- 
fpù , nommé Gamkr TireU , le perça d'une 

flê- 




Kiogwood. DE l'Angleterre. • 707 

flèche pr mégarde , & le tua ; & fon 
petitrfils Richard fils de Rêbcrt , fon aine , 
y pourfuivant une bête avec ardeur , y 
iut aulS perce d'une flèche par un de fes 
Gentilshommes. Ces deux accidens ar- 
rivèrent l'An iioo. Jcfai bien que Gïw- 
den & d'autres raportent la choie autre- 
ment , mais j'aime mieux fuivre les anciens 
Hiftoriens : il y en a même quelques-uns 
qui attribuent à GHillaume le Rohx l'ére- 
aion de la forêt, ôc iK)n pas à fon.pé-* 

Qioiqu'ilgfn foit , le pays occupé par 


Phî^icatioû des andcni Reg$us , avant l'in« 
yafîon des Saxons. De là vient qu'un 
bourg ancien , fitué vers l'entrée de la fo- 
lèt , porte le nom de Regnewood , ou Ring^ 
Tffwd y ^trefois Rencewed , & du tems 
des Romains^ Rsgtmm. Il eft bâti fur une 
petite rivière , nommée Aven , qui lave 
la partie Occidentale de la forêt , cou- 
lant du Nord au Sud , & va fê jetter dans 
la Mer , oii elle Êiit un petit port à Chrifi-^ 
church. La côte , qui s'étend au Midi 
de la forêt , avoit été toute ouverte ju$- 
i}u'au XVI « SiQcle : mais Henri Vlil. pour 

la 


708 LesDeLICES Ly«ÎDgto«. 

la couvrir , y fit conftruire le Château 
de Hfirfi » fur une langue de terre avan- 
cée , à l'endroit où elle aprochele plus de 
Plie de Wifkit , Se où , par conféquent , le 
trajet eft le plu$ court & le plus aifé, 
n'ayant guères plus de deux milles de lar- 
ge. Ce Chkeau eft placejuftement au 
milieu de la longueur des Côtes , à moi* 
dé cl^min de Cbrift^hurch au Château 
de CéUshot. Vis*à-yis de Hmrfi , au Nord , 
t& Lj/mingtw ^ bonboui^, avec un port 
médiocre , que la* marée y &it à la rencon- 
tre d^uie petite rivière. llfF arriva l'An 
1 666. qu^m boucher ayant tué une va- 
che 9 trouva dans ion vemre un veau 
0ionftrueuz » dont les jambes de derrière 
n'ayoidfit point de jotntuits , Se les pieK 
étoient partagez comme les pâtes d'un 
chien. Sa langue étoit triple , de la ma- 
nière Qu'on nous reprélênte celle de Csr* 
Ifire ^ ce il étoit pofe £va une pierre, qui 
pefoit vint livres 8c demie , de couleur gri- 
iàtre , Se remplie de cavitez. 

Une autre rivière , qui eft à l'Orient 
de celle de Lymington ,* mouille \ts ruines 
d'un vieux Château , où le Roi fcém a^- 
voit établi un azyk inviolable à VltéUim^ 
ne , c'cft- à-dire , pour toutes fortes de 
meurtriers » ibit volontaires » Ibit involon- 

tai- 


Wickham. DE L'AngLETBRRe; 709 

taircs ; il a été aboli depuis la Reforma- 
tions ôcavcc beaucoup dejuftice. 
^ Je reviens à la Baye de Hamfton. A 
rOricnt de Vluhing , une autre Hviérc 
nommée HomkU , ou HambU , ancienne^ 
ment HomeUa^^ fortant du voifinagèd'un 
bourg , nommé Bushu/altham , coule droit 
au Sud , & fe jette dans POcéan à l'en- 
trée de la Baye , par une large embou- 
chure , vis-à-vis du Château de Cd/jhot 
C'cft en^et endroit-là que Pon fent tout 
à la fois deux marées oppofées : l'Océan 
poufle d'un côtç de l'Oueft à l'Eft & 
de l'autre , de l'Eft à POucft , le long 
des côtes Méridionales de ^Angleterre 
ces deux marées oppoiees courent l'une 
contre l'autre ^ & fe rencontrent vcw l'em- 
bouchure du Namibie avec un bruit ef- 
froyable. Une autre petite rivière , qui 
coule auffi du Nord^u Sud , à l'Orient 
du Homhle , arrofe un bourg nommé 
mckifam , où il fe trouve une fontaine 
médecinale. 

Plus avant à l'Eft l'Océan ayant déta- 
che du Continent fix ou fept morceaux 
de terre , en a fait tout autant d'Iles , dont 
les plus confîdérables font celles de Pert- 
fij , de Ha/iH£ & de Th»mej. 

. PORTS- 


f\o Les Delicss Pommouth. 

PORTSMOUTH. 

L'Ile de Tmrtfey , la plus Occidentale 
des trois , elt fi près du Continent , 
qu'elle y eft jointe au Nord par un pont, 
& au Sud-Oueft elle n'eft féparée de la 
pointe de Rameshead , que par un petit 
détroit de cinq à fix cens p^s de lai^e , 
qui laifle l'entrée dans un grand , fpacieux 
fie bon port , où les vai^ux peuvent 
mouiller en toute icureté. Cette Ile a 
environ cinq lieues de .tour , mais elle 
manque d'eau douce , & l'air y eft mal- 
làin. Cela n'empêche pas qu'on n'y ait 
condruit l'une des plus fortes Places du 
Royaume ) nommée Portsmauth ; tant on 
a mieux aimé profiter des avantages de fâ 
fituation , pour y faire un excellent port, 
& un Arceual , pour bâtir des vaiflêaux : 
aufli Portsmomth tire plus d'avantage de 
la guerre qioe de la paix. Elle a été très- 
bien fortifiée , Henri VIL y fit conftruir 
re deux Citadelles , qui défendent l'entrée 
du Port , Se la Reine EUxMheth les fit per- 
fcâipnner , & fit faire encore de nou- 
veaux ouvrages autour de la ville ; 8c il 
a été encore réfblu dans le dernier Parle- 
ment, aflemblé au mois de Décembre 

de 


FortsmoUth. de L*AngLETERRE. /U 

de l'An i /of. de donner cent mille li- 
vres fterling , à l'Office de l'Artillerie , 
pour y ériger un Quay , £c un Magazin; 
On y tient une garnilbn , dont les foldats 
font une (èntinelle exaâe les uns aux por- 
tes , ôc d'autres fur le clocher de PËgli« 
fe. Ces derniers fbnnent une cloche , 
quand ils aperçoivent venir du monde ^ 
& frapent autant de coups qu'ils voyent 
d'hommes , Se avec un drapeau ils mon* 
trent de quel coté ik viennent. J'ai vu 
le même ufagedans quelques autres pays. 
PortsmoHtb a été bâtie des ruines d'une 
ville antique , nommée Port^ceftcr , qui 
ctoit fîtuée au fond du Port dans le Con- 
tinent : on Y voit encore un vieux Châ- 
teau de reftc , qui fervoit à couvrir le 
Port. Mais l'Océan étant venu à fe reti- 
rer peu-à-peu , tellement qu'on n'y pou- 
voir plus profiter du port , les habitans 
quittèrent cet endroit & allèrent bâtir u- 
ne autre ville dans Plie de Portfej , à l'en- 
trée même du port , & c'eft pour cela 
qu'ils lui donnèrent le nom de Portsmouih. 
Cette ville avoit été érigée en titre de Du*^ 
ché par le Roi Charles U. en faveur d'u- 
£ie de fes Maitrefles , Louyfe de QHerouaiU 
le , Demoifelle née d'une'ancienne famille 
de \% Petite Ertugne. 

Les 


jiz Les Délices Soothafopton^ 

Les deux autres Iles de Haling Se de 
Thorney n'ont rien de confidérable. L'air 
de cette Province eft doux & tempéré : 
niais un peu épais , à caufè du voiunage 
de la Mer. Le terroir y eft abondatlt en 
tout : oh y a blez , fruits , prairies , pâ- 
turages, troupeaux , bois , écpoiflbnsen 
abondance. On y cuit du fêl le long des 
côtes , dans les lies de Pertfej & de Thor^ 
fi0j , il eft d'abord de couleur verdâtrc ^ 
mais après avoir été cuit une féconde fois , 
il prend une belle couleur blanche. On 
y tait princiralemcnt commerce de fer , 
de bois , de faines , & de draperies. 

L'Ile de Wight eft trop près de cette 
Province , pour n'en parler pas ici. 
Les Anciens l'ont apèlée FeS^ & FeSlis , 
les Bretons ou Gallois lui ont donné le nom 
de Guith , Se les Saxons l'ont nommée 
WhitUnd Se mahea. Elle eft de forme 
ovale , étendue en long de l'Orient à l'Oc- 
cident, 8c réparée de la Terre-ferme par 
un petit Détroit , nommé autrefois SûUm^ 
8c aujourd'hui Solwent. Comme ce Dé- 
troit n'eft pas fort large , qu'il n'a même 
que deux milles de trajet en quelques en- 
droits , 


Wigtt. DE l'AnçELTBRRB. 715 

droits , cela donne lieu de croire qu'elle 
zj été autrefois une Presqu'île jointe au 
Continent par quelque lilhine , que la** 
violence de l'Océan a emporté avec le 
tems. Cela même (èmble être confirmé 

Br le témoignage de Diodore de Sicile ^ 
iftorien Grec îoit ancien , qui a écrit 
3ÙÇ la côte de la Bretagne étoit bordée 
'une Ile nommée lEta , qui paroiflbit u* 
ne Ile entière & étoit toute entourée d'eau 
lorsque la marée montoit , mais que le 
reflux laiflbit à découvert le terrain qui é- 
toit entre-deux , & que les Bretons pre- 
noient ce tems-là pour paflèr en chariot 
de la Terre-ferme dans TUe , où ils aU 
loient vendre leur étain , qui de là étoit 
transporté dans la GàhU. L'Ile de Wight 
eft longue d'environ vint milles , large 
de douze , 8c elle en a foixante de tour. 
Dans le V 1 1 . Siècle on v comptoit douze 
cens familles : aujourd nui Ton y compte 
trcnte-fix Paroiflès , entre lesqu'cllcsil y 
a fîx Châteaux , Se trois bourgs à mar* 
ché , Newfcrt^ Cowes^ ix,Tarmo$ah. 

Neufortcfï le principal & le plus mar- 
chand de tous : il efl: fîtué dans le cœur 
de l'Ile , au fond d'un havre , dont l'en- 
trée clt étroite Sc défendue par les deux 
Châteaux de Cawes\ bâtis fur fes deux 

Tom. III. Vvv bords > 


714 t^^^ Délices Newporc. 

bords , l'un à l'Orient , Efi^Ciwrs , &: 
l'autre a rOccident, Wefi^Cowes. Ilsonc 
écé conftruits par les £>ins da Rxh Henri 
VIII. C'cft fous CCS deux Châteaux que 
fe retirent ordinairement les vaiflêaux en 
tems de guerre. Dans le voifinage de 
Newfort à l'Occident on trcftive le fort 
Château de Caresbrook^ , ainfi apèlépar cor- 
ruption au lieu de H^itgaresburg , du nom 
de Witgare Saxon , qui le bâtit dans le yu 
Siècle. Il fut réparé avec beaucoup de 
dépenfe vers la fin du xvi. Siècle, & 
dans le milieu du Siècle dernier , il fer- 
vit de prifon à l'infortuné Roi Char^ 
les l. 

La mer fait trois ou quatre bons ha- 
vres le long de la côte Septentrionale : 
aux deux cxtrémitez de TUe elle avance 
dans la terœ , & forme deux Bayes , & 
deux Presqu'îles , dont l'une , qui eft à 
l'Orient, s'apèle Brinhridge Isle^ & l'autre, 
qui eft à î'Occident,porte le nom de Fresh* 
tvater Isle. La Baye de la Presqu'île O- î 
rientale forme un grand & excellent 
Havre , large dans le milieu , & fort étroit 
à l'entrée , où il eft bordé de deux poin- 
tes de terre qui le couvrent. L'une de 
ces pointes eft occupée par un village 
nonimé 5. Héïene , qui donne le nom à 
tout le Havre. L'au- 


Yarmootli. DE l'AngLETFRUÊ/ ytj 

L'autre Baye , qui fépaire la Prfsqu'Uc 
Occidentale du refte de l'Ile, fonne aiiiH 
un très-bon Havrc,dont Pentrée eft fci'mcc 
par le bourg & le Château de Tarmcmth^ 
qui lui donne ion nom. Yarmmtb eft un 
gros bourg, fort marchand , & ion Châ- 
teau , confirait de pierre de taille , eft 
bien fortifié. 

L'Ile de Wight eft d'un accès difficile 
pour des ennemis. A l'Occident Se au 
Sud-Oucft elle eft bordée d'une longue 
rangée de rochers fie d'écueils pointus fie 
dangereux , nommés en AngUis , The 
Neeàles^ c'cft-à-dire , /« 4/^»i2(p/ ; elle en 
a d'autres au Sud &au Sud-Eft. A l'O- 
rient le Havre de S. Hélène eft couvert 
d'une autre rangée d'écueils , nommés 
BlAckxockfs , & celui de Cowes n'cft pas 
bien éloigné d'un banc de fable , nommé 
Bramhtes : outre cela presque par^tout les 
côtes font élevées Se fort droites. Les 
endroits , qui font favorables pour une 
décente , font défendus par des Châteaux 
ou des Forts. Il y en a un nommé tfon-^ 
itjl y bâti fur le rivage à l'Occident , 8c 
VIS- à- vis du Château de HurfisSc ces deux 
cnfcmble* fervent à défendre cet impor- 
tant paflâge. 

L'Ile w Vl-igj9t manque de bois, car il 

Vvv X ne 


7i6 Les Dklices Wîgkc. 

ne s'y youve qu'une petite forêt , outre 
deux parcs qu'on ne doit pas compter ; 
elle emprunte fbn bois du Comté de 
Hamptihircy qui en eft bien fourni. Du 
refte elle eft fertile en tout : la terre y 
produit du blé , des fruits , pour la nour- 
riture des babitans , fur-tout dans la par- 
tie Méridionale. Le milieu de l'Ile Se la 
partie du Nord eft riche en prairies & 
en pâturages ; & Ton y nourrit des bre- 
bis, dont Talaine eft des plus fines qui ie 
Yoyent dans le Royautne. La pêche y 
eft fort riche , auui bien que la chafle , 
& l'on y trouve quantité de gabier à poil 
& à plume , comme lapins , lièvres , fai« 
fins , perdrix & autres. L'air y eft fort 
fain , Se les habitans y vivent loi^-tcms. 
Ils (ont vigoureux , endurcis au travail , 
bons hommes de mer » Se bons ipldats. 
On eftime que toute l'Ile peut mettre fur 

Îié quatre mille hommes pour fà défenfè. 
^es anciens habitans , dit-on , faifbient 
gloire de n'avoir chez eux ni renards , ni 
Avocats , ni Moines. Ils dépendent » 
pour le temporel , du Comté de Somhdm* 
ptm , Se pour le fpirituel , de l'Evéque 
de Winchefier. L'Hiftoire nous aprend 
que l'An 1 1 76. on vit tomber dans cette 
lie une pluye horrible de (àhg , pendant 
Pcfpace de deux heures. Ce 


Jctfcy. DE l^Akgleterre. 717 

Ce qu'on apèle la rade de Spithead eft 
à l'Occident , entre la ville de Portsm^uth 
& Plie de H^ight : c*eft là le rçndez-vous 
ordinaire de la flotte. 

rue ^o E R s E Y, 

LÉS Iles àc ferfejf & de Guemefej apar- 
tiennent plutôt au Continent de la 
France , qu'à celui de VAndeÈfrre ; cepen* 
dant comme elles font un?tiépendance de 
notre Monarchie , & que d'ailleurs elles 
n'en font pas fort éloignées , il ne fera 
pasfuperflu d'en dire quelque chofe. El- 
es font l'une & l'autre cenfécs du Com- 
té de Southampten , c'eft pourquoi nous 
avons jugé qu'il en fàloit parler ici. 

L'Ile de j^erfejf ou Gerfey , anciennement 
Cafirea , eft fituée à l'Occident de la cô- 
te de Normandie , à cinq lieues de la Ter- 
re-ferme; elle a environ trente milles de 
tour , & l'on y compte douze Paroif. 
£ès. 

LoL principale Place eft le bourg de S. 
HUaire , ainfî nommé à caufe du célèbre 
Evéque de Poitiers S. Hilaire , qui fut 
relégué dans cette Ile par l'Empereur G?»- 
fiance , pour avoir écrit contre ^Arianif^ 
me. U eft fîtué fur le rivage Méridional , 

Vvv 3 au 


î 


7iS Les Délices Jer%. 

au fond d'un bon havre , (jui eft couvert 
par une llette , où l'on a bâti un Fort. De 
l'autre côté du havre eâ: une autre Ilet-^ 
te nommée S. Alban^ avec un boui^ du 
même nom. L'entrée de llte eft fort 
difficile « parce qu'elle eft bordée d'écueils 
de toutes parts , Se du côté de la Nor-^ 
mendie la rade eft défendue par un bon 
Château , nommé Mùm-OrgueU , (îtué 
flir un rocher fort élevé au bcml de la 
mer , qui ferif de logement au Gouver* 
neur de Ue & à fa^ garmfbn. L'air de 
cette Ile eft fort &in , excepte que dans 
le mois d& Septembre on y eft ftijet à des 
fièvres dangéreufès. On v manque de 
bois > c'eft pourquoi 1 on y orale du jonc 
marin , que l'on recueille en certain tems 
marqué par le Magiftrat , 8c l'on en ^r- 
de les cendres j pour enjg^ifrer les terres* 
Le terroir y eft fertile , il abonde en 
fruits , paruculiérement en poires & en 
pommes , dont cm Eût du cidre. Les ha^- 
oitans s'apliquent à la navigation , mais 

{)lus particulièrement à l'agnculture & à 
a pèche, & nourriflcnt des troupeaux de 
brebis, dont la laine ièrt à leurs femmes » 
pour faire des bas d'eftame , les plus beaux 
Se les meilleurs » qui fe voyent dans !'£#-» 


Çvaocttj. DE l'AnoLÉTBRRE. 719 

////r de GUERNESEY. 

• 

L^lt,EdcGar»efijf ou Gmemcfey , ancien-' 
netnenc Sarma , cfl: un'peu plus avan* 
cée dans POoétn , au Nord-Oucft de la 
prétnicrc , & plus près de i^Ar^lfterre. 
Hrlle n'cft pas u grande que l'autre ^ n'a* , 
yant que vint milles de tour, & dixPa- * 
roifTcs. Elle n'efl: pas non plus ii fertile ^ 
mais elle a cet avantage qu'elle ne foufre 
aucun animal venimeux ; & qu'elle a plua 
de bons havres que l'autre. 

La principale Place eft le bourg de S* 
fierre , fitue fur le rivage Oriental. Il 
eft défendu par deux Châteaux, dont l'un 
eft à côté du boiug, &: l'autre, nommé 
le Château Cornet , eft fur une Ilette , ou 
plutôt un rocher élevé , qui eft environ- 
né d'eau de toutes parts , dans le tems que 
la marée monte. C eft là que logis le 
Gouverneur de l'il^ avec & g^rnifoo , &: 
Ton n'y laiflè entrer ni fepime ni Fran^ 
ÇM. Le Port de S. PUrre eft bon & aC» 
ièuré pour les vaiftèaux , quand ils y font 
une fois entrez , mais l'accès en eft diflî* 
cile , à caufe des rochers fie des écueiU 
dont il eft environné. 
L'ik eft généralement pour-tout de 

mê"» 


ytO Lbs Délices Cuernefef. 

même, bordée de tnrrcs de rochers , qui 
en défendent l'entrée : on trouve parmi 
ces rochers la pierre d'émeri , <^ui ièrt à 
polir le fer , à tailler les pierrénes, & a 
couper le verre. A l\>ccident de Pile 
il y a , près de la mer, un petit Lac de 
qumze cens pas de tour , qui efl abondant 
en poiflbns , fur-tout en carpes , qu'on 
eftime beaucoup, tant pour la grofleur, 
que ppur la delicatcflè. Du refte on 
trouve dans cette Ile , à la fertilité près, 
tout ce qu'on voit dans l'autre. Ses nabi- 
tans s'atachent particulièrement à la na- 
vigation & au commerce. 

Ces deux lies ont cela de commun 
qaVIles abondent en poiflèns , en pom- 
mes & en poires , dont on fidtdu cidres 
Se qi^les manquent de bois. L'une & 
Fuitre tirent des joncs marinsdequoi (ai- 
re du feu , & l'on v porte du charbon 
i^An^Utent. Les haDitans ibnt originai- 
rement A^rrtni&iVftniMnx^* &dq)endent 
de la Couropne d^ Angleterre , depuis* 
que les Ducs de Nermmdie ont poflodé 
ce beau Rojraume ; & ils ont toujours 
été fort aflfeâionnez à nos Rois, aimant 
mieux paflèrpour AmgUis , que pour Frén^^ 
f$is. Leur Umgage eft un Fruuçais cor- 
xompu , mêlé de NimmMd 8c ^Amlw. 

Ils 


Giiçrocfcy. pE L* ANGLETERRE. /Il 

Ils font profeflîon de la Religion Réfor- 
mée , félon la dilcipline de Genève ^hïtn 
.que pour le fpirituel ils foycnt fous la 
Jurisdiéiion de l'Ev.êque de Winchefier. 
Ils font bons foldats , Se bons hommes 
de mer ; & lorsqu'il y a guerre entre les 
deux Couronnes â^Andeterre & de Fra»p' 
ce , les Armateurs de /erfey ôc de Gueme-- 
fej font tout des premiers à courir fus à 
Tennemi. On dit même qu'ils ont fait 
yne aflbciation l'année dernière entr'eu3f 
pour ce fujct , afin que leurs forces é- 
tant unies ils puffeQt taire de plus ^rand$^ 
exploits. 

Le Comté àe SUSSEX. 

JE reviens au Continent de VAngleterZ 
re^ pour voiries deux Provinces ma- 
ritimes , qui nousreftent à parcourir; 
favoir les Comtez de Snffèx &; dç Kent. 
Le Comté de Suffex , anciennement5»/A# 
Sex , a retenu le nom des Saxons MérUio* 
tiaux , dont le Royaume comprenoit cet- 
te Province avec celle de Surrey. Il s'é^ 
tend en long du Levant au Couchant , 
Ip long de l'Océan , qui le borne au Mi- 
di & a l'Eft. Au Nord il fait face aux 
Çomtez de K^nt & de Surrei , Ôç du cô-. 

rm.m. ^xxx té 


y%% Les Délices SuOcx. 

te de l'Oucft , au Comté de Somhamfton. 
Sa longueur eft de firixante-quatre mil- 
les , là largeur de vint ^ & fon circuit de 
cent cinquante. II eft partagé en fîx 
grands Quartiers , que les habitans apè- 
îent R^es , favoir ceux de Hafiings , de 
Pevcnfey , de Lewes , de Bramher , d'-rf- 
rf^tîdel , & de Chkhcfter. Ils ont chacun 
une forêt , une rivière , ôc un Château , 
dont ils ont pris le nom. Ils font fubdi- 
vifêz en cinquantc-detix Hundreds ou 
Centaines , compofées de trois cens dou- 
ze EgUib Paroiffiales , entre lesquelles 
il y a dix Châteaux , Se douze tant vil- 
les que bourgs à marché. Autrefois 
tout ce pys rfétoit qu'un grand bois, 
qui faifoit partie dune vafte forêt, nom- 
mée Anâmàs wald , Sc par les Gallois , 
Cçid Andréa , dont Pétendue étoit fi ex- 
traordinaire , qu'elle occupoit fix vints 
milles de pays en lot^ueur , & trente 
milles eft largeur. La rorêt a été extirpée 
avec le tems , pais il en eft refté encore 
de grandes pièces dans la bande Septentrio- 
nale de ce Comté, dont la mteilleure par* 
tie eft couverte de bois. Phifeurs rivières 
fortent de ces bois , & arrofent la Pro- 
vince , k traverfânt du Nord au Sud , 
mais il n'y c|| a aucune qmibzt aâczgrc^ 


« 

(e pour porter bateau , c'efl: pourquoi il 
n'eft pas fiéccf&ire de s'y arrêter. Je vai 
décrire k Province , fuivant la divifîon 
de (es fix lippes. 

Le Rdfe de Hafiings. 

LfeQuârticr,ouif4pf, le plus Oriental 
de tous , porte le nom de Hafiings , 
de Pune des plus confidcrables Places qui 
s'y trouvent ; il y en a miatre , qui font 
dignes de remarque , Hafiings , Rje , Wtn^ 
chelfejf ÔC Battle. 

R Y E. 

RTE cft Pan des cina fameux Port» 
de cette Côte. Elle eft fîtuée au fond 
dMne petite Baye , dans la partie la plus 
Orientait de la Province , vers les fron- 
tières de Kent , avec un bon port , à Pctti- 
bouchure d*unc rivière nommée Rother. 
Cette ville ayant eu un port célèbre dans 
le» X. XI. Se XII. Siècles, Tavoit perdu 
par quelque tremblement de terre , ou. 
quelque autre caulê , qui avoit oblige 
rocean de fe retirer & de laiffer le havre 
presQue à fec. Mais une tempête arri- 
vée dans le xv. Siècle rétablit te port de 

Xx5 % Rje 


724 ^^^ D&LICES Hye* 

jijt daxis ion premier état : le Roi EdotLm 
0LTd III . la ferma de murailles , & une iè« 
çonde tempête arrivée vzi^ le commen- 
cement du XVI. Siècle agcandit encore le 
tnême port , tellement qUe depuis ce 
tems4à la Place eft devenue confidérable. 
L«e port y a attiré la confunodité de la pê* 
çhe Se du commerce , 8c luqe & l'autre 
ont reiTipIi la ville d'habitans. Aujour- 
d'hui ce havre eft Pabord ordinaire de 
ceux qui veulc;^t faii^ le trajet de ^^r* ^ 
mjmdicj 

W I N C H E L S E Y. 

A trois milles de Xje au Midi , fur le 
bord Méridional de la même Baye « 
on voit Wtnfhclfey , autre ville , qui eft 
l^m dps cinq Ports. Cette ville a pris 
le nom d^une autre grande êc belle ville , 
ui étoit auill un bon port de mer ^ &; qui 
ut abimée dans les eaux par une inonda-* 
tîon horrible de l'Océan l'An 1 250. A- 
près cette inondation , c^i cau(à auffi de 
grands ravages fur les cotes de Kent^ on 
rebâtit une ville avec le nom de fl^ncheU 
jiy , for Je rivage de la mer. La i>onté 
de Ion port la rendit long-tems floriflàn- 
j;C; jqais S^co^ h fuite , la terre s'eft élc* 

vcc. 


i 


HaftingR. pE L^AngLETERRE.' 7x5 

vée , & l'Océan s'eft retiré peu-à-peu , 
tellement que fon havre n'eft plus fi qon , 
ni fi fpacieux qu'il Pa été. 

HASTÏNGS ; BATTLE. 

HASTiNGs, qu'on voit au Midi de Win-^ 
chelfej^ cft auflî Pun des cinq Ports* 
Il eft remarquable , parce que ce fut dansf 
fon voifinagc que ie donna l'An 1066, 
' la fameufè bataille , qui décida de l'Ëmpi-' 
re à? Angleterre entre Hardi de race D4- 
n^ife Se GuilléMme le Mtard Duc de Nor'^ 
mandie. Hdrald y fut percé d'une flèche 
à la tête , dont il moiïrut ; 8c l'on rapor-^ 
te qu'un foldat Normand^ oui Pavoîtvû 
tomber , ayant eu k Ijâchetc de lui. don- 
ner un coup d^épce lorsqu'il étoit prêt à 
expirer , GuiUaunpe le caua honteufementr 
Il périt dans cette malheureufè journée 
ibiicante*fept milles neuf cens foîxante Sc 
quatprze Anglais. Le vainqueur bâtit un 
Monaftère , pour monument de* & viâoi* 
fe , à l'endroit même où IlMratd zyoit été 
taé 9 & le nomma le Monaftère de U ha* 
taitte , en Anglais BattU , pu Battel. \\ 
accorda divers privilèges aux Religieux 
Se à l'Abbé, il en fit unafyle âeré pour 
toute forte de malfaiteurs , Sc bien-tôt il 

Xxx l a'y 


yx6 Les Dei«ic£s BMtir. 

s'y forma un boa bourg , qui retint le 
nom de BattU. Le Roi Hâttri I. fik du 
Conquérant , lui acorda un marché â tenir 
le Dimanche , mais cet ottroy fut corri- 

;é par un Parlement vers I4 fin duxvi. 

liécle , Se le marché transporté fur un 
^utre jour. Un autre Parlement abolir 
auifî dans le même Siècle les droits iqju- 
ftes de i'afyle , fie le modéra convcmble-» 
ment au Droit de la Nature ^' ne permeC' 
tant pas qu'il fut une retraite de voleurs 
fie de fcélerats ^ par Timpuoicç dont ils y^ 
jpuiilbient auparavant. On voit près die 
£4tfU , fur le cbîsunp d« bauiUç , un lieu 
nommé , en vieox Nfm^^ 9 SAtm^^I^c^ 
(Lac 4^ Sof^) donc le terroir eu il tom^ 
ge , que lorsqu'il pleut ailez , pour l^en 
humcfter la terre , il fcoaWe qu'élit eft 
couverte de f^g. Mais il ne faut pas s'i«* 
maginer que cela vienne du &ng qui y 
fut l'épandu il y a maintep^t Sx cens 
Quanmtc ^ns > çac il j a mille ounpag<- 
ncs; » o^ il s'eft dpiiné (ks batailles iào^ 
glaqtçSt qui n'ont rien 4e £bmb^ble. Èft 
jiUemdmq on voit 4ç m^e que le ter-- 
l^gin , ou fut donnée la fameuiê oataille de 
fiigirîUipgij^ d^Lm le derniev Siècle , eft tout 
rouge \ pit ne dir^ p^s cependant que ce^ 
h viepufi du (àogqui y fut répandu dans 
«ctte funeftc jporijéc. Le 


Pcvcnfcy. ©r L'AngLETERHE^ ^^^ 

Le Quartitr ùh Rapt àe PEVENSEY. 

LA feule Place , digne de remarque 
dans ce Quartier, eil celle dont il ti- 
re fon nom. PtvtnÇtjy ou plus eommu- 
néoient PemÇtj , eu un Port de mer au 
Sud-Oueft de Hafiings. C'eftlà que GuU^ 
lanme Duc de Normandie vint faire dé* 
cente , avec une flotte de huit cens qua- 
tre- vints-fix voiles , le x8. Septembre 
1066. avec un tel bonheur , qu'au bout 
de feize jours il ne vit plus d'ennemi en 
Angleterre capable de lui réiiftcr. Il don* 
na cette Place i Robert fbn frère utérin , 
oui conftruifit un Château pour la défen« 
le du Havre , mais il y a long-tems qiîe 
le Château a été mine. 

A huit ou dix milles de Pemfej , à 
POcddcnt , il iè trouve , proche d'un 
village nommé Fnrle , un grand étang ^ 
ou un petit Lac , qui eH fort abondant 
en poifibn. 

Le Quartier oh Râpe de LEWES. ' 

LEWEs , qui donne fon nom à tout le 
Quartier , efl: un bon bourg , (kué 
fur une haMeur , au bord d'une petite 

Xxx 4 ri* 


7i8 Les Délices Lcwcs. 

rivière , à cinq ou fix milles de l'Océan. 
11 cft grand & bien peuplé, & Pune des 

{>réiniéres Places de la Province , au mi- 
ieu d'une campagne fertile. On croid 
que fpn nom lui vient du mot Saxon ^ Les- 
ti^a , qui fienifiç des pâturages. Il a été 
fort confiderable. fous l'Empire des 54- 
xons , & le Roi Athelfian y avoit établi 
une monnoye. Aujourd'hui l'on y voit 
encore fix Eglifes. 

La rivière, qui paflc à Ir^u/« , va por- 
ter fes eaux à PQcéan ', on trouve à fon 
embouchure un bon port, nommé A'ifM'- 
Jfaven , qui a été bâti il y a peu d'années. 
Plus avant à l'Occident on rencontre une 
aflez bonne rade à Brighthemfton , ancien- 
nement Brightheamers^tnn , près de l'en- 
droit où ctoit autrefois le fameux Havre, 
connu des Romains fous le nom de Por* 
tus jidurni. Il y a long-tcms que ce Ha- 
vre a été comble par les monceaux de 
gravier , que l'Océan y a ramafièz. 

Le J^artier ou Râpe de BRAMBER. 

CE Quartier a pris fon nom d'un vieux ï 
Château , apèlé Bramber , fitué fur ' 
une rivière , à quatre ou cinq milles de 
l'Océan. La rivière , qui l)nofè , étoit 

au- 


Brambcr. de L' ANGLETERRE. 729 

autrefois grande & large , & la marée 
y montoit jusqu*à Bramher , fàifant uli 
fort bon Port à Shoreham , qui dl fitué 
fur {on embouchure. Mais le tems , qui 
détruit toutes chofes , a ruiné le port par 
ie moyen des bancs de fable , qui ont com* 
blé l'embouchure de la rivière, le bourg 
de Shoreham eft fort déchu , & le Châ- 
teau de Bramher abandonné eft tombé en 
ruine. 11 n'y refte plus qu'un bourg dans 
fon voifinage , nommé Stenitjg , ou il fe 
tient un fort grand marché. 

Lt Quartier ^'ARUNDEL, 

ARUNDEL donne fon nom à tout le 
Quartier de pays qui Penvironne;' 
c'eft un gros bourg , fitué fur une hauteur 
au bord d'une petite rivière apèlée Arun, 
( d'où il a pris le nom à^Arftndale ou ^- 
runde/l) à trois ou quatre-milles de l'O- 
céan. Il n'a rien de plus remarquable 
qu'un vieux Château , bâti fous l'Empi- 
re des Saxons , & rétabli depuis la con- 
quête des Normans , lequel a le privilège 
particulier de donner le titre de Comte à 
celui qui le pofFède. Il l'a donné en der* 
nier lieu à des Lords de la Maifon des 
Howards^ qui ont été des perfonncs d'u» 

Xxx 5 très- 


75o Les DeMCBS Arandel, 

très^rand mérite. Pluiieurs des anciens 
Comtes d'^ruiuUlfont inhumez dans Pë- 
gliiè du lieu y mais il y en a un fur-tout , 
nommé Thêmas , dont le corps repofe 
avec celui de Seatrix ùl kmmc ^ fille de 
^eau Roi de Portugal , fbus un maniaque 
tombeau d'albâtre. 

Le QuanUr JU CHICHESTER. 

CHicHESTER , U principale Place de ce 
C^artier, eft auifi la plus grande &; 
la Qipitalc de la Province. Elle fut fon- 
dée vers le commencement du v i . Siè- 
cle par Ciffk , fécond Roi de Sutb'Sfx ou 
Ûe& Sdxans Aféridi^noHx ^ fils d'£//4i dont 
elle prit le nom de Cijf-cefttr s mais elle 
fut peu confidérable , jusqu^u Si&le xf . 
où Rddmlfhe , Evéque de Stlfejf , transport 
ta fon fîége dans cette ville. Aujourd'hui 
Chichefier eft une bçUe & grande villc^ 
partagée en cinq Paroiflès , fituée près 
d'une petite Baye fur un ruiûèau nom* 
mé Levant , qui l'environne de trois co- 
tez. Elle eft fermée d'aflèz bonnes mu* 
railles , les rues y font larges &: propres , 
&; les maifons bien bâties. Deux grandes 
rues , qui partagent toute la ville en for- 
me de croix ^ iè coupent dans le milieu » 

& 


Chicfccftci. PE l^Angleterre. 751 

Sa aboutiâibnt aux quatre portes <ie la 
ville. La place du marche eft dans cet 
endroit du elles fè coupent , & un Evê- 
que Pa fait orner d'un beau pprtiquc de 
pierre de taille. JL'Eglifc Cathédrale , 
qui eft tout près de là , n'eft pas fort 
grande , mais elle eft bien bâtie , & l'on 
y voit un clocher fur le milieu de la 
croifée , qui eft chargé d'une aiguille fort 
haute & très-bien travaillée. Cette .Eglife 
fut comntencée fous le règne de Richard 
J. vers la fin du xii. Siècle; & elle eft 
fufHiamment rcntée pour entretenir trente 
Chanoines , outre P£véque Se les Offi* 
ders du Chapitres, La ville aurait été 

S lus florifiànte , fi on lavoit Mtie fur le 
ord de la mer ; les habitans ont tâché 
de rentier à cet inconvénient» en tirant 
un Canal dqpuis la Baye , dont j'ai par» 
Je , jusqu'à leur ville. 

Au Midi de Chhhffier , la mer d'une 
part âc deux Bayes de deux autres cotez 
forment une petite Presqu'île, nommée 
Mfiy » au lieu de Stkks^eg , ce qui fig-* • 
xjifie Vlk 4ej V^mx tnarins. Elle n*eft 
peuplée aujourdHiui que de villages , mais 
tlnciennement on y voyoit fur le rivage 
Oriental , &: vers la pointe de la Baye ,» 
une vUle« uammée auffi Sdfej » qui fut 

lonç- 


y^z Les Délices Chkhcftcr. 

long-tems floriflànte , avant eu des Evê- 
ques depuis le vu. Siècle jusqu'au règ- 
ne de Guillaume le Cpf^uerant, Elle nit 
ruinée par quelque inondation de l'O- 
céan , & le fiége EpifccK^al transféré à 
Chichefier , comme je l'ai déjà dit : il n'y 
refte du tout rien que les maîures , qu'on 
peut voir encore lorsque la marée eft baf- 
îe ; mais lorsqu'elle monte , elle les cou- 
vre entièrement- 

L'air du Comté de 5*j^;ifeff générale- 
ment bon & fàin, excepté qu'il eft fujct 
à des brouillards , que l'Océan y élevé de 
tems en tems. Le terroir y eft auffi fer- 
tile & abondant en tout ce qui eft nccef- 
iàirc pour la vie. La mer fournit qiïan- 
tité de poiflbns , & en particulier d'ex- 
cellentes huitres aux environs de Selfej. 
Les dunes , qui bordent le rivage de cet- 
te Province , ont un fond de marne , & 
laportent du blé en abondance. Le mi* 
lieu du pays eft bas Sc \xti peu ^mil- 
ieux , de là vient que fes chemms y font 
mauvais en hiver. -En récompenfè on 
y trouve de belles prairies , de ri- 
ches pâturages , des chams ôc quelques fo- 
rçts. La partie la plus avancée au Nor3 
eft presque toute couverte de bois , com- 
me je l'ai déjà remarqué d^deflus. II fèm- 

blç 




SmÉTc*. de L'ANGT-ETERtlE.^ 755 

ble que la Nature ait voulu préparer là 
une bonne provifidn de bois , pour tra- 
vailler le fer , doat on trouve des mines 
fécondes dans oc Comté. Quand on en 
ouvre quelqu'une , on rencontré d^abord- 
une terre argillcufe & blanche , où la 
pierre de mine cft comme un noyau blan- 
châtre^ enfermé dans une écorcc rouge. 
A trois piez de profondeur au deiïous de 
cette première , on rencontre une pierre 
£ouge , partagée de veines blanches ) & 
à trois ^rcs piei plus bas on trouve u- 
ne autre efpêcede pierre de mine , qui eft 
i-ougcâtre. Elle ell fuivic d une quatriè- 
me , qui eft encore d'une autre couleur , 
mais rayée et rou^e , &: ces deux dernier 
res donnent le meilleur métal. On trou- 
ve auffi de la mine de fer dans une ter- 
re de marne & verdâtre , mais il eft caf- 
fent & ne vaut rien. Gela vient de ce 
qu'il y a trop de vitriol mêlé , qui lui don- 
ne la couleur , auffi-bien que le défaut , 
qu'il a. On a établi plufieurs forges dans 
ce pays-là pour foncire & pour travailler 
le ter, il s'en fait aflèz grand débit , & 
particulièrement on en fond des canons ; 
mais en général il n*eft pas fî cftimé que 
celui à^Efpagne. On v a de même éri- 
gé quelque^ fonderies oe verre , qui n'ont 

^ Pa? 


> 


^ 


734 ^^ DeE'. de l'Argl. saâcx. 
pas eu un fuccès fort heureux. Au re- 
lie les ancieos habiians de cette Provin- 
ce om été les Regmi ^ qui occupoïent 
auin le Comté de Smmy , £c une parde 
de celui de Somtbmr^ttn. 


Fin dv Tome Troisième.