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G R A N
BRETAGNE,
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L'IRLANDE;
Où font ixaéiêment ttécrtUi^'
Ecs Antîquitcz ^les Provinces , les VillcS'alês Bôttfgr,^
les Montagnes , lés Rivières , les Ports de Mer,
les Bains , lés Fortereffes , Abbayes , Eglîfes ,
Académies, Collèges, Bibliothèques, Pa-
lais , les principales Maifons de Campa*,
gne & autres beaux Edifices des Familles
Ilkftres, avec leurs Armoiries, &c.^
La Religion^ les mœurs des habit an s ^ leurs jeux 3 leurs
divertiffemeus , ^ généralement tout ce qu'il
y a de p fus confidfrable à remarquer 3
Par J A MES B E E V E R E L L , ^. M.
Lcvtoat enrichi de trSs-bcIIes figures , & Cartes Géo-
graphiques, deffin^es fur ks originaux»
TOME TROISIEME,
Dant le contenu eflhla pàgf précèdent}!^
-^' L E I D E,.
Chez PIE R R E V A N D E R Aa,
r M D C C V I I.
A'vcc Privilège.
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D ELI G E S
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TOME TROISIEME.
Zi^ CV*!»^e^ dH3X FORD.
N avançant à l'Occident^
nous trouvons le Comté'
d'Oxford y dont la figure ir--
régulière fait diverfes faces»,
tipi lêment qu^îl çft Êiorné au '
Levant par le Duché de
Bkckifigham.^ au Nord-Eft par le Comté
de Northamfton ^ 'SlÙ Nord-Oùeft par ce--
lui de M^arwick^^ à POccidèntparleDu--
ché de Glocefier^ 6c 3U Mîdi^rlè Com-
té dé Barkskire.:^ W/à. quarante inîllcsde
Jong, fur vint de large , & cent trente
-dccircuit. On y compte quatorze Quar-
7>w. IIL Aaa tiers.,
1
yiir Les DeI/Ices OxfoicT;
tiers , deux cefiis quatreivints Eglifes Pa-
roiflîales , entre lesquelles il y a quinze
tailt Vilfes qde^oufgs à^arSnéf La ri-
vière de Ta ÏWfe//î ^ te-plûlâc île Vifis ^
fortant du Comté deH^ilt , vient fêparer
celui d^Oxford de cefik de Barkshire , cou-
kttt au Nord-Eft , jusqu'à la ville d'0;f •
Jffrd. En 3hemin'jaifâni, jeljererf reçoit
deux autres , le WinSrush , qui vient du
T)\^€}[\itJà&^Glocefier , & VEuenlode , qui
fort des confins de Warwick^ A Oxford
Vljts reçoit le Cherwell ^ qui vient du
Nord de là Trôvîhcè i & lalrâvcrfc par
le milieu , cwranit^dirait au-So-id. De là
la première , portant fes éàux au Sud ^
tourne enfuitc à PEU , poi^r i-eecvoir Ja
Tame , Sc't'eft là qu'elle commence à
porter avec raifbn le.norn'de Tamife , Ta-^
méfis^ puisqu'elle eft èôrtipoTce des eaux
de la Tame ,^ dt l'TJf /. - Amfi cette ri vie-
ïe borde folitcs' les^fiionriéres Méridtona*-
les du Comté QX>xfàrd , le féparant de
celui de Barkshire ; & la Province tra-
verfée par cinq rivières, toutes aflèzcon-
fîdérables , en eft fi bien arrofée , que
fon terroir eft l'un des meilleurs & aes»
plus fertiles du Royduuiiç., _ ;
ox-
M
O X F O R D.
JE commence par Oxford , la Capitale"
de la Province , & l'une des plus' con--
Cdérables villes du Royaume , à cau-
fe de fon Univerfité , qui eft la premiè-
re de M^Andeterre^ & peut-être de toute
\ Europe , de quelque manière qu'on Pcn-
vifâge. Oxford ^ en Saxon Oxenforà , en
Langue Gallolfe Rhid-j/chen , & en La*
tin Oxonium , eft une belle 6c grande
ville , fort bien bâtie , dans une fituation
très-agréable à Textrémité Méridionale
du Comtés vers le confluent de Vlfis &-
du Cherti^ell, à cinquante-cinq milles dc^
Londres. C'eft la reauté de (à fituation ,..
qui attira autrefois les Mufès dans fon
enceinte., & qui les y entretiendra , fe«
Ion les apparences , jusqu'à la fin du
Monde. On fait que V Angleterre n'a que
deux Ui>iverfite2. , celle d^Oxford &cçl--
le de Cambridge : mais bien qu'elles ne
ibient guc deux , la grandeur , 8c le nom-
bre de leurs Collèges font qu'elles font^
plus que fuffi(antes pmir éclairer tout le
Royaume , & lui fournir autant de fa-
vans hommes , qu'on en peut avoir be*
foin ».en toutes fortes d'Arts Se de Scicn-
Aaa % ces*
j^î4 Les Délices OxCori.
ces. J'ai déjà parlé ci-deflus de PUniver-
fité de Cambridge , il fiiut ici parler de
celle à^Oxford. Elle eft compofée de
dix-huit grands Collèges ^ & de huit pe-
tits , que l'on nomme Halls en. Anglais ,
8c que j'apèlerai Ecoles. Ce font tous de
beaux bâtimens , conftruits de pierre de
taille , dont le moindre ne le cède guè-
res au Collège de la Sorbonne à Paris , Sc
il y en a plufîeyrs qui le (ïirpaflcnt. Ils
font richement rentez , & Ton y entre-
tient enviroii mille Etudians , qui font
nourris Se enfeignez gratuitement. Mon
Leftcur s'atend peut-être que j'en parle
un peu par ordre, il faut lui donner cette
fatisfaftion. La ville d'^Oxfovd avoit été*
honorée d'une Académie dès les plus an-
ciens tems de fon origine y lorsque les af-
faires des Bretons étoienc floriflàntes fous
l'Empire des Romains , mais elle fut en-
velopée dans la défolation commune de
la Bretagne , lorsque les Saxons fe jetté-
rent fur cette belle He , & qu'ils firent
leurs efforts pour en exterminer les an-
ciens habitans & s'en rendre les»maitres ,
deforte (^Oxford ne fut qu'un monceau
de mafures pendant l'efpace d'environ
trois Siècles. Cependant 1 -^«j/^^^rr^ étoit
tombée dans une ignorance li craflè ^ à
ce
;l
OxfcrA, DE I*' Angleterre. fZf
ce qu'on prétend , vers la findu i x . Sicclc»
que le Roi Alfred ne trouva aucun hom)»
me dans tout le Royaume , capable de
lui enfeigner la Grammaire y. tellement '
Su'ilfut laiflTé jusqu'à l'âge de douze ans^
ms rien apcendre. Quand il fut parve*
DU dans un âge de connoiflance , Sc
qu'il eui: reçu , quelque ioftruâion de
JPleymond Archevêque de Cantorberj , &
de Werefrith Evêque de Worcefier , il fut
fî touché de voir Tignorance déplorable
de fes fmcts , qu'il rciblut d'employer
tous fes ioins pour faire revivre les fcienr
€cs parmi eux. Pour ce deflein il rebâr
tit la ville d'Ojiç/ir^ , où avoit été l'an-
cienne Académie des Bretons , & TA»}
979. il y fonda un Collège qu'il dotarir
chement , pour y entretenir foixante &c
dix-huit Ecoliers, qui furent partagez en?
trois Claflcs. Les uas dévoient étudier
la Grammaire, les féconds les Arts , &
ks troifiêmes la Théologie. Il apèla de
toutes parts de (à vans Hommes pour y
enfeigner , & l'on y yit entr'autres $•
GrimbolA , & ^ean Erigeue , furnommé
Scot. ljt'9jû\ Alfred accorda divers droits
à ce Collège , Se obtint une bulle du Pa-
pe Martin II. en date de PAn 882. pour
la confirmation Se la bénédiâion d'ua (i
Aaa j uti«
f^6^ tiEs IÎTelices 0\t6tâ:.
utile établiflement. Ce Collège fit toute :
PAcadcmic d'O^rfoni pendant l'efpacedc
quatre cens ans, qu'elle eut diterfesavan-
tures, tantôt bonnes, tantôt mauvaifes.
Elle (bufrit quelques déiblatîons de la parte
des Danois , ôc (bus les Rois de leur race.
En particulier /fer^W (furnommé //ii/?—
foot , pie de lièvre ) irrité pour quelque lé-
cerfujet, ruina l'Univerfîté , exila tous
les Profeflèurs , difperfà les Ecoliers , Se
les dépouilla les uns & les autres des rc-^-
venus que les Rois leur avoient accor-
dez. Mais EâêHord le Confejfeur étant
monté for le throne après lui l'An 10A5..
rétablit PUniverfité , & lui fît rendue
tous fes revenus. Sous le Règne d'Tïif»--
ri\. fils de GuilUftme le Cùn^nérant , l'é-
tude de la Théologie , qui avoit été dif-
continuée à Oxford , y fut rétablie par
Roirert Pnten , qui Tenfeigna publique- -
ment, & le Roi y joignit fes foins , fai-
fant bâtir une nouvelle Halle ou Ecole.
Ce Pulen , ayant la faveur des Rois Hen^^
ri I. Henri 11. Sc Richard I. fit fî bien
que rAcadémie devint très-florifïantc , &
1 on y vit trois mille Ecoliers du tems du
■Ro! fean. Jusqu'au milieu du xi 1 1 . Siè-
cle les Ecoliers avoicnt tous étudié à leurs-
propre» frais , demeurant difperfez dans
des
r
des maifbm bourgeailcs , & s'aflèmblarit
'dans des lieax deftinez aux leçons publi-
'qucs. Mais TAn 1269. fous le Règne
à^Henrtlti. fem Bailleul {oM Baliol) de
Bérnard'Cafili , pcre'de fem Roi à^Ecof-
•/^, 'fonda le Collège de BaiUe^l^ Jaiflànt
'par fôn Tèftament desremes pour entre-
'-"jtniï oivcettaiii 'nômt>rede Maitres 6c de
Difdjîks : & depuis ce tems-là divers
Princes & plusieurs particuliers, remplie =
de zèle pour l'avancement des fcicnces ^
ont imité de Siècle en Siècle fon exemple,
& ant fondé îes Cdllèges & les Haltes\
ou Ecoles , qu'on voit aujourd'hui . Tous
ces nouveaux Ouvrages attirant lesEtmn-
gers de tous les Etats de V^Europe , TU-
niverfîté devint fi floriffante & fî nom*
breufè , qu'on y compta une fois jusqu'à
trente mille Ecoliers , & elle ilit en telle
eftime , que le Concile aflèmblé viVienne
en Dakfhifft l'An 1 1 5 1 . la mit au liom-
bre des quatre premières Univeriîtez de
V Europe , où il ordonna d'établir des Pro-
feflcurs , pour enfeigner les Langues O-
rientâles, \^ Hébraïque^ la Chaldaï^ue^ &
l^ Arabe. Les trois autres Univerfitez é*
toient celle de Paris , celle de Bologne ,
'& celle de Sa'atHafj^ue. De ces Collèges
deux ou été fondez dans le £1 1 1 . Siècle^
&
5x8 Les Dp l i ce 5 Qx[ot4\.
& après VVniverJtti ,. Cqini fut k prérpier
& le plus ancien. Collège > lavoir 1 1, ce-
lui de SailleHl\ l'An ix6i) .8c 1 i i • celui de
Merton fondé TAn 1274. Quatre ont été
fibndez dans le xiv. Siècle , avec une
Hali , ou Ecole publique i favoir iv. le
Collège à^Excêter, l'An, i ^ 1 6* v, le CoK
lègç du Roi , ou d'iQr/V/ , YAjx \ 3.1 2. avec
PEcole nommée S\.Adarj'HÀll ^ vi. Ce
Collège de /^ Reines. l'An 1 54p. & v 1 1 .
le Collège iV&«/, l'An 155-0. Le Siéde
XV. vit aever trois Collèges & deux E-
coles, VI 1 1 • leCoUège de Lincoln^ l'An*
14x0. & dans le même tcms , l'Ecole
nommée Gl cefter^Haîl^, i x. lé Collège de
Toutes les ames^ l'An 1438. x* le Collège
Sa h Halle àc U Magdeleine^ l'An I45'9..
On vit. encore un plus grand nombre de
Collèges fondez dans le Siècle fuivant.
XI. celui ÔM Nèz. de bronzée y Vhri-i^i'^,.
XI I. celui du Corfs de Cbrifi,, l'An i$i6.
X il 1 .celui de \^'£glifi de Chrt/lXAn. 1 5-46.
XIV* 8c XV. ceux. de S. ^ean & de laTri"
nite, l'An ijTf y. XV i . celui de fef»s , l'An
1 <7i . Les longs & horribles troubles ,
ou le Royaume fût plonjjé dans le der-
nier Siècle , ayant tourne, les îcfprits aux
armes , & au fracas de la guerre, on
n*a pas vu. beaucoup de nouveaux ouvra-
' ges.
r
Oxford. DE l'Angleterre^ fi^
ges dans Oxford. Cependant elle s'eft ac-
crue de quati'e ou qnci, édifices cpnfidé-
rables j les trois premiers fondez avant les
troubles ^ lavoir xv 1 1; . le Collège de l^^ad--
ham , bâti PAn 1 6xx. & xv 1 1 1 ; celui de
Pembrok y fondé l'An 1624. &les Andi^
toires publics. Lc quatrième édifice , qui
vaut. bien un Collège , eft le. fameux
Théâtre de Sheldon ,, cotnmcncé après le
retour de la paix, l'An 1 664. a quoi l'on
doit ajouter \^ Jardin de Médecine , don-
né à l'Uni verhté l'An 1652- Ilfaudroit
faire un Livre nouveau pour décrire ex-
a6tement tous ces Collèges , (dont laplû-
Eart font tout autant de Palais ) leurs Bi-
Hothèques & l'ordre qu'on y garde. Il
fuffira de remarquer ce qu'il y a de plus
confidérable dans chacun. Ceux qui vou-
dront en favoir davantage , peuvent con-^
fil 1 ter les Antiquitez. de PVnivçrfité d'Ox^
ford , gros Oiiyrage en deux volumes /»
folio^ imprimé à OAr/ir^ l'An 1674. P^^^
décrire ces Collèges brièvement & métho-
diquement , nous ne fuivrons pas l'ordre
des tems auxquels ils ont été fondez , mais
plutôt celui des lieux & des rues où ils iè
trouvent fituez.
ToM. ni. Bbb Le
f^o Les Délices Oxford;
Le CMtge de M Magdtleine.
J'è commeilce par h partie Orientale de
là ville. Quand on yieht à Oxford de
Ce côté-là , 'd'abord qu'on a païTé le Cher^
TPelt fur lin beau grand: pont de pierre ,•
on rencontré , avant que d'entrcr dans la
ville , trois beaux édifices , à la droite
te Collège & la Halle de la Magdefeine \
& à la gauche le fardin de Médecine,
Le Collège de la Magdeleine eft l'Un des
plus beaux , comme auflî Pun des plus
riches qu'il y ait dans 0;r/e)r^. Il fut fon-
dé dans lé xv. Siècle par Gmlhàûme Pst^
tèn , furnommé Wainfleet , Evêque de
PlHnvhefter ^ 6c Chancelier A^ Angleterre.
Ce bon Prélat voulant immortaUfer (on
fiom pai quelque ouvrage d'impôrtatice ,
acheta cet édifice , qui étoit auparavant
Un Hôpital fondé par le Roi Henri II F.
& avec la pcrmiflîoh du Roi Henri VI.
il en fit un Collège, qu'il dota richement,'
pour l'entretien d'un grand nombre dé"
gens d'étude , qui dévoient tous s'apli-'
quef uniquement à h ^Théologie. Il dé-
molit une partie de THôpital , pour &-
re un bâtiment nouveau , & dans la fui-
te des tems on l'a augmenté de quelques
ouvrages. Le
f
i
l
? (
jj»- ,-i,imu"
i
«
.1
Le principal corps du Lpg^s eft un
.grand bâtiment quarré, d'environ deuiç
cçns quatrc-vints pas de long , avec ipie
grande & belle cour au milieu, Lapriur
cipale façade cft occupée d'un côté par u*
ne belle Chapèle, & de Tautre pi^r les lo-
gemens., & entre-deux s'élève une Tour,
ou clocher fort élevé , qui fe permine eii
plate-forme , avec quelques tourillons,
ornez d'ouvrages de fçulpturc. On en-f
tre dan3 la çoui* , où l'on voit de chaque
côté qya^ntitédeStatjuçs^ ^ui fontautani;
de mvftçrieu^K hiéço^lyphiques. §ur U
gauche eft l'^imfteçj^çut (|e \^ JElibliothè-
.que, qui fut çrigée avec le Collège par
Je fondateur , & au'on a confijlérablemenc
enrichie depuis ion Siècle. A l'Occidcnc
de ce grand corps de ce logis , on y a
d^ns h fuite atgclié deux autres cours ,
oui tiennent cqfemble toute la longueur
de la premiers , &Ç' au delà : elles font
réparées l'une de l?autre par une aile , qui
i^rt dq logement au Principal du Collè-
ge. La plus pçtite 4cs deux cû occupée
par un parterre , la plus grande fertd'en^
trée , du côté de la ville ^ Se eft terminée
par une autre aile , plus belle que la prér
cedentc , qui tient à la Chapqle. Qn en-
tre de la ville ^a^s cette çou^ par un bc^ii
Bbb z por-
55^ Les Délices Oxford.
portail , orné de quatre colonnes , deux
de chaque côté , chargé d'un joli fron-
ton , fait en anfe de panier , oîi l'on voit
Ja ftatue du fondateur, revêtu defes ha-
bits Pontificaux. Derrière le Collège on
trouve de beaux & de grands jardins au
bord d'un ruifleau , avec des parterres , des
bocages, des allées d'arbres , & une gran-
de prairie au delà du ruifleau. La Com-
pagnie, qui eften poflèflîon de ce Collè-
ge , eft compofée de cjuarahtè Felltfws ou
Aflbciez , qui ont un Principal à leur tê-
te. Outre cela il y en a trente autres ,
qu'on nomme Demies , parce qu'ails n'ont
qu'une demi-part aux bénéfices de la Mai-
fon , trois Leétcurs publics, deux Maî-
tres en Grammaire 5 quatre Chapelains^
huit Clercs, feize enfans de choeur , avec
leur Maitre , & quantité d'Officiers de bas
étage. Il eft forti de ce Collège un grand
nombre d'hommes illuftres ; deux Cardi*
naux fameux dans le xvt. Siècle , Polm
& Wolfey y quatre Ai^chév^êques l p\ni dé
vint Evêques , & plufîeurs* fàvaris Ecri-
vains , entre lesquels on remarque le
célèbre Doéleur Henri Hammond , aflez
connu par fès Notes & la Paraphrafe fur
le Nouveau Teftament , & par fbn Ca-
techifme ,. il naquit à Cherfijf dans le
Corn-
OxfbrJ. DE l'Angleterre. 535
Comté àcSurrejVAn lôoj. & mourut
à Wefiwood dans le Comté défi orcefierlc
25. Avril 1660. âgé de 55. ans.
UEcoU de la Magdeleine , en Anglais^
Magdalen^Hall.
LE même Prélat , qui fonda le Collè-
ge de U Magdeleine , ne s'en tint pas
là , ion zèle n étant pas encore épuifépar
une fi belle fondation , il acheta un fecond
édifice , tout joignant fon Collège , 8c
en fit un Ecole de Grammaire, à laquel
le il donna une rente pour l'entretien d'un
Maître & d'un petit nombre de pauvres
Ecoliers , afin qu'elle pût fcrvir comme
de Séminaire à fon Collège. Depuis ce
tems-là elle s'eft accrue fort confidérable-
tnent , en forte qu'elle entretient quin-
5te peribnnes avec un Principal , fous la
dépendance du Collège , outre fix vints
autres , qui s'y nourTifiènt à leurs dépens ,
& qu on y reçoit en penfion. Il en eft
déjà fortî fix ou fept Evêques , le Cardi-
ftal Wolfey y fut Maitre de Grammaire ,
avant que de parvenir à l'élévation où il
fe vit. Elle a produit auflî bon nombre
de Savans , qui fè font rendus célèbres
par leurs- écrits , cnu'c lesquels j'en re-
Bbb 3 mar-
534 L^s Delice$ Oxfbfd.
marque trois y qui font des plus fameux*
Le premier cft Edouard Leigh , Cheva-
lier , qui , entr'autres Ouvrages , a public
une Critique excellente fur le Vieux &:
fur le Nouveau Teftaroeat. Le fécond
cft Thomas Hohbes , Philolbphe autant cé-
lèbre par fbn habileté , que par fes Ouvra-
ges , où il a rqpandu des dogmes nou-
veaux Se monftrueux : il naquit à Mal^
mesbury dans le Comté de Winchefter ^ le
5. Avril ifSS.Sc mourut le 4. D^cemb^
1 679. âgé de qua^^-vints onze ans. L9
troificme çft ÇHAlnr CharUt^n , fort hgfei-
le Médecin.
Le fardin de Médecine , en Anglois^
The PhyfickzGarden.
LE fardin de Médecine eft via-à-vis du
Collège de U Magdeleine. C'eCfe un
grand quarré , fermé de murailles , qui
occupe cinq arpens de terre. Henri, f4n^
'vers , Comte de Gmby dans le Duché
d'2>r4 , Içntreprit PAn 1 6^^. & au bout
de dix ans il l'acheva, 11 en fit préfent
à PUniverfité , avec une rente qu il fon-
da , pour l'entretien du Jardin , d'un Jar-
dinier , & d un Profelïèur en Betmiqne,
11 eft partagé en quatre grands carreaux ^
fub-
V t
}™\. >«WWîS^ kSSws-^v
» «
• •
i
Oxford. i>E l'Angleterre. ^^f
Aibdivifez chacun en quatre autres , qui
fent enrichis de toute forte d'herbes
idédecinales. On y entre par trois por-
tes, embellies de portaux fuperbes , dont
le principal , qui regarde le Collège de
U Maçdtleine , a cottté (èul plus de deux
mille ecus. U a trente pies de long , & au-
tant de hautf , la porte efl au milieu de deux
otxlres de colonnes enjolivées de fculptu-
ne , 8c le tout fuportc un beau fronton ,
fous lequel on voit l'Infcription fuivante
en gros caraâères :
GLORIiË. DEL OPT. MAX.
HONORÏ. CAROU. REGIS.
IN. USUM. ACAD. ET. REIP.
HENRICUS. COMES. DANBY.
D. D. M. DC. XXXI.
La même Ihfcription fe voit aufli en de*
dans du côté du Jardin.
L'^ Ecole ou U Halle de S. Edmond.
APRES avoir vô le Jardin de Médeci-
ne , on entre dans la ville par la
porte Orientale , & l'on rencontre fîir
Je côté de la droite , auffi-bien que fur la
gauche , quantité de beaux Collèges , &
d'autres bâtimens Académiques , que nous
(hi^courrons tous par ordre , commen-^
çant par la droite,
L'E.
53^ Les Délices Qxfprd.
L^Ecole ou la Hdle df/S. Edmpnd éft
le premier édifice de cette: nature que
l'on rencontre, à quelques ps de la por-
te de la ville. Autrefois elle fut une dé-
Î)endance du Monaftère d^Qfefiey , & el-
e paroit avoir été «ntreteuue foit par ce
Monaftère , foit par l'Uni verfité^ pour fer-
vir de Séminaire, depuis TAn 1x70. jus-*
qu'au règne à? Henri VIII. Ce Prince liii^
nant tous les Monaftères , n'épargna pas
cet Hofpice. GuHlaHme Denjfe , Princi-
pal du Collège de la Reine , l'acheta , ÔC
en fit préfent à (à Compagnie l'An 1 5'46.
depuis lors cette maifon a .été Une dépen-
dance & un Séminaire du Collège , que
je viens de nommer , & qui n'en cft fé-
paré que de la largeur d'une rue. Il ell
forti de cette Halle divers hommes il-
luftres , cinq ou. fix Evêques , 6c plu-
fieiirs Ecrivains , entr'autres le Doéreur
Edonard Chamberlaine , celui qui a écrit
JJEtat fréfinnd^ ^4ngleterre.
Lé
Oxford. DE L^AngLETERRE. f^J
Le Collège de la Reine,
APRES la Halle de S. Edmond , on voit
le Collège de la Reine ^ quieft ùnaf-
fez grand édifice , corapofé de deux cours,
& de deux corps de logis , qui font en-
femble un quarré-long. II fut fondé l'An
1540. par Robert Eglesfield ^ Chapelain 8c
Aumônier de la Reine Philippe , Epoufe
du Roi Edouard III. Il y amgna des re-
venus pour un Principal , douze Aflbciez,
& foixante & dix pauvres Ecoliers , à
l'honneur de Jefus Chrift , de fes S. S.
Apôtres , & de fès 70. Difciples. Com-
me il étoit de la Province de Cumberland ,
il voulut que fon Collège fut deftiné à
Pentretien de gens natifs du Nord
de ^Angleterre , & cette règle a été fi bien
i obfervce , qu'il y entre difficilement quel-
* qu'un des Provinces Méridionales. 11
voulut auffi que les 70. pauvres Ecoliers,
apèlés au* Rcfeétoire à fon de trompe ,
vmflcnt fe préfenter à genoux devant les
Fellows aflis à table , pour répondre aux
queftions qu'on leur îeroit fur la matiè-
re de leur étude. La mort prévint le
fondateur , avant qu'il pût voir fon Ou-
vrage achevé , mais la Reine , qui l'avoit
Tom. IlL Ccc en-
I
5*^8 Les Délices Oxfcra.
encouragé à cela , fit le rcftc , & donna
un honête revenu , qui s'eft acru avec le
tems , c'eft ce qui a fait qu'on apèle cet-
te Maifon le Collège de U Reine. Les
deux cours , qui compofent ce Collège ,
font enfemble la longueur de deux cens
foixante & quatorze^iez : la plus vieille
cft la plus grande, c'eft celle où l'on voit
la Chapèk & la Bibliothèque ; l'autre eft
plus petite. , mais elle préfènte une faça-
de , plus belle , bâtie avec une agréable
fymmetrie , & ornée d'un faux portail ,
qui s'avance un peu en faillie , ce pouf^
fe un petit fronton au defïus du niveau
du toit. On a vu dans ce Collège grand
nombre de perfbnnes illuftres , deux Prin-
ces ; qui ont été deux foudres de guerrc.
Se les Vainqueurs des François , Edouard
Prince de Galles , fils aine du Roi Edou-^
ard III. & le Roi Henri V. deux Car-
dinaux, huit ou neuf Evcques, &plu-
i]ieurs favans Hommes , dont les écrits
ont rendu leur nom fameux , comme fean
WifUff^ premier Réformateur à'^Angleter^
re s & Gérard Langbaine , Doéteur ea
Théologie , qui mourut le lo. Février
l'An 1658.
Le
\
■j
i ' . :
Oxford, DE l'AngletêrreT jT^gi
Le CoUegt Neuf.
\ quelque diftancc du Collège ie U
j^\.Reine , au Nord , on voit le grand
Collège de S. Marie , apèlé communé-
ment Je Collège Neuf , bâti joignant les
murailles de la ville. Il fut fondé PAn
1 3 79. par Guillaume de HUckjfam , Evêquc
de Winchefier 8c Chancelier â? Angleterre ,
le même qui fonda le Collège de S. Ma^
rie de Winchefier. Ce Collège Neufdk, un
^acieux corps de logis , quarré , avec tï-
nc cour au milieu , & de beaux jardins
fur le derrière. Le côté Septentrional de
la cour eft occupe par une Chapèle ,
qui eft un Temple fort propre , & la Bi«-
bliothèque eft dans le côté Oriental. Le
Collège entretient un Principal avec 4bi*
xante 6c dix Aflbciez , dix Chapelains ,
trois Clercs , feize enfans de chœur , un
Maître de Miifîque, fan$ çom'pter les bas
Officiers de k mlilbn , 8c de la cuifine.
"Ce CtHIège a eu l'honneur de produire
quantité de perfonnages. illuftres , cinq
^u fîx Archévêoues , dont l'un a été GuiU
Haume Wàrham ^ le patron à^Eraflne , quin-
"ie ou dix-huit Evêques , & divers favans
Ecrivains , entre lesquels ont été Stafle^
Qqq% ton^
f/^6 Les Délices Oxford*
ton y Hardingj Sander ^ ScPitfifu^ tous
quatre Papifies , qui vivoient dans le tems
de notre Reformation , ècThom/u LydUt^
célèbre par ;6 profonde habileté , en ma-
tière d'Aftronomie & de Chronologie. Il
naquit à Okprton dans le Comté d?Oxford ,
au mois de Mars de l'An ij/z. 6c y moui-
rut le 3. d'Avril de PAn 1646.
U Ecole apiUe la Sale au Cerf^
The HaruHall.
DE ce Collège on paflê tout droit à
l'Ecole ou Ta Halle dn Cerf, ( The
Hart'Hall) ainfiapèlée de fon fondateur
Elle de Hartford , dont le furnom fignifie
le gué du Cerf. Cet Elie ayant acheté une
inaifon garnie en fit préfent à PUniverfi-
té à^Oxfwd PAn 1284* pour en faire une
Ecole publique j dans le Siècle fuiyant
Gualter Stafleton , Evêque ^Exciter , l'a-
cheta , & y fit quelques réparations dans le
deflein d'en faire uti Collège , mais en*
fuite il changea de pçnfée. Cette Mai-
fon eft un joli bâtimeiit d'une grandeur
médiocre , où l'on entre par une longup
.cour , ornée d'un portique. Elle a vlxx
honête revenu pour entretenir une treii-
tninc de pauvres Etudians/ Elle a eu
l'hon«
I ™1P* I ). -
I '
: J :
Il *
Ojçfori. DE l'Angleterre, f^i
l'honïieur de produire plufieurs hommes
illuftres , cntr'autres le fameux ^ean Sel*'
den , l'un des plus favans jinglois qui ait
Î)aru dans le Siècle xv 1 1 . 11 ndquit dans
e Comté de Sujfex l'An 1 575*. d'un pérc,
dont la fortune ctoit au deflbus de la me*
diocre, & mourut à Londres ^ le 30. du
mois de Nov. 1654.
Le Collège de Toutes les Ames , en An^
gleis , AU Soûles Collège.
DE l'Ecole du Cerf^ marchant au Sud ,
on trouve au bout de la rue, le Col-
lège de Toutes les Ames , apclé en An^-
glois y AU Soûles Collège. Il fut fondé dans
le XV. Siècle par Henri Chicheley , Arché-
vêaue de Çantorherj , l'An 14^7. ôc ce
.Prélat lui donna le nom qu'il porte, par-
ce que (on deflèin étoit qu'on y priât Dieu
continuellement pour les âmes des trépaf-
.fex , non pas à la vérité pour tous , mais
feulement pour ceux qui mouroient dans
Ja guerre qu'on eut de fon tems contre
la France. Ce Collège eft compofé de
deux corps de logis , avec deux cours ^^
3ui font enfcmble la longueur d'environ
eux cens piez.
\ji principale cour eft un beau corps
Ccc 5^ de
^41 Les Délices Oxford,
de logis, quarre, bien régutier , &bien
bâti. La principale façade préiente aux
yeux une Tour quarréc, qui s'élève dans
le milieu , par deflus le coït , & au defllis
de la portc^ les ftatues du Roi Hetiri IV.
& du Prélat fondateur. Entré dans la
cour on voit la Bibliothèque fur k droi-
te , & la Chapèle , qui occupe le fond
de la cour. La Chapèle eft une pièce fort
propre ^ acompagnée d'une belle horloge*
L'autre cour n cft pas régulière , 8c n'a
rien de remarquable qu'une aile de logis ,
qui eft attachée à la principale façade ,
poféc fur la même ligne , & d'une archi-
•tcâurc toute pareille. La Compiagnie,
qui occupe ce Collège , eft compofëe de
quarante Aflbciez , qui ont un Principal
à leur tête; outre deux Chapelains, trois
Clercs ôc Cx Enfans de choeur. Entr'au-
très perfonnes illuftres qu'on a vu fbrtk:
de là , les plus remarquables font dôuZb
Evéques ., un Archevêque , Gilhert SheU
don y le fondateur du Théâtre , GHillau^fêe
Latjmer , Brian Duffa , Evêque de fVsH^
chefier , & Aumônier du Roi CharUs 1.
:èc quelques autres.
VE.
— ¥
Xfiùf d» s.JirjL
r"
i -
Orford- PE l'Angleterre. 545
VEglife de S. Marie.
SORTANT du Collège de Toutes les k-
mes , on a dçvant les yeux TEglife de
S, Marie , la plus belle de dix à douze E-
glifes , qu'il y a dans Oxford , y compri-
fes celles des Fauxbourgs. Nous en par-
lons ici parce qu'elle apartient à l'Uni-
vcrfité en propre depuis fbn origine. Au-
trefois même elle fervoit aux Aflemblées ,
qui iè fiifoient pour les afl&ires Académi-
ques , pour les Examens des Candidats à
graduer , pour les Leçons, 8c pour les
Difputes publiques , ce fut pour cette rai-
fon que l'An 14S9. comme elle mena-
Çoit oeruioe , rUniverfité la fit reparer
à fes dépens. Mm depuis que d^ns le
Siècle dernier on a bâti les Auditoires pu^.
blics , & le Théâtre de Sheldon, l'Eglifç.
n'a plus fervi qu'^à faire le Service Divin..
L'architcâure en eft fort unie , mais bien
r^uliére i on y remarque un portail or-
ne de deux colonnes torfes , au dcflus du-
quel on voit la ftatue de la S. Fierge ^
& plus haut^ les Armes de l'Univerlité. '
Le clocher , qui s'élève du milieu de la.
longueur de l'Eglife , furporte des tou-
rillons , ornez de fculpture Se de fta-
tues.
5^44 Les Délices Oxfoij.
tues , & une belle pyramide fort éle-
vée.
Les Auditoires publics , & la Bibliothèque
Bodle'ienne,
L'Université fut long-tems fans avoir
aucun Auditoire public , jusqu'au mi-
lieu du XV. Siècle, qu'on s'aviû d'en bâ-
tir un , pour cnftigner la Théologie j il
tomba presque en ruine cent ans après ,
& on le rebâtit peu-à-peu , Ton y ajouta
de nouveaux ouvrages dans le dernier Siè-
cle , & on le mit en l'état , où il eft au-
jourd'hui. Tout cela fait les Auditoires
fublics , qu'on voit derrière l'Eglife de
S, Marie. Ces Auditoires font Pun des
édifices Académiques le plus remarqua-
ble , qu'il y ait à Oxford. Ils forment
un grand bâtiment quarré , long de cent
quarante-fopt piez , compofé de trois ailes
de logis , à trois étages , qui renferment
une fort belle cour. Le portail eft char-
gé d'une Tour quarrée , enjolivée par
dedans de divers ouvrages d'architeècu-
re , répandus avec profufion- On y voit
cinq rangs de colonnes Tun fiir l'autre ;
dans le cinquième rang paroit la ftatue du
Roi Jaques I. ayant d'un côté la figure
de
r
■^
f y., . «-—M.^- — ■• ,. ■.
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\
■»-T*- -•*■* ,
L
Oxford* DE L^ANGLETERftEr 5^45"
de la Renommée , 6c de l'autre une fem-
me à genoux , qui repréfente l'Univcrfi-
té. Au deflus on voit encore trois autres.
figures 5 mais je n'ai pas eu d'aflcz bons
yeux , pour aiftineuer ce que c'étoit.
Tous les cotez de la cour conduifent à
divers Auditoires , diftribuez dans les
deux premiers étages , où l'on enlèigne
toutes les Sciences , les Arts , & les Lan-
gues fàvantes. Le troifiêmc étage n'a
que des galeries ou des portiques. Tou-
tes ces pièces ont été bâties dans le Siè-
cle dernier fous le règne du Roi Z^-
Du fond de la cour, fur la gauche, on
pafle dans une autre corps de logis plus
ancien que le premier , long de cent qua-
rantc-quatre piez , fait en forme de H , en
telle forte , que l'une des branches fer-»
me le quarré de la cour , Se attache tout
cet édifice au refte des Auditoires. Ce
fécond bâtiment eft à deux étages s dont
celui d'embas ^ dans le milieu de l'édifi-
ce, eft l'Auditoire de Théologie , &tout
celui d'enhaut eft occupé par la Biblioi
thèçiue pubhque. L'Auditoire de Théo-
logie eit long Se large » Se parfaitèn^ient
beau. Son plat-fond eft conftruit en
voûte , tout de même qu'une Eglifo ,
Tom. III. Ddd avec
^ifi Les Délices Oxforf^
avec un grand nombre de niches dans les
cintres de la voûte , où Pona mis des fta-
tues ôc des buftes.
La BiHiothèque, qu*on trouve à Pc-»
tage d'cnbaut , cft la célèbre Bibliothè-
que Bûdhïennc y. qu'on eftitne autant que
celle du F'atican , à caufc du grand nom-
bre & de la bonté des Livres , particulié-.
rement des Manufêrits, Il en eft de
cette Bibliothèque comme. des Auditoi-
res , c*cft-à-dire , qu'elle ne s'eft pcrfeéki-
cnnée qu'avec le tcms* Environ PAa
1460. Hfimphroy dit U Bon > Duc de Glo^
cejier , l'enrichit de cent vint-neuf livres
choifis , qu'il avoit fait venir à grands
frais àL*Italie. Mais par je ne fai quel
malheur ils furent égarez quelques années
après 9 & la Bibliochèaue fut long^tema
dans un état fort chetif , ayant perdu:
même jusqu'à {es bancs &: iès tablettes..
L'An 1600. le Chevalier Thamaj Bod-
Jej 5 homme d'un rare mérite , entreprit
de la rétablir , & ramafla de toutes parts ^
à grands frais , dequoi former une bellc^
Bibliothèque! Et comme le bâtiment ne
faifoit ' alors que la figure d'un T , il y
ajouta qne aile , & en fit une H entiè-
re. Avant que de mourir il remplit près-»
que les galà'îes des deux ailes , des li^
vrcs
r
K
V
.^'.Bitiiliiettfia. 3 JL'oiuùtrùv ^ Tiù&fû.jXti ^MJi'a>ii-fr . ^
^
' I
V !
OxfoxJ. .BE l'AnclwerreJ jr47
yrcs quHl avoit racqiafîbz , & e» mourant
il laifla un fonds , d'où Pon tire un a*
pointement pour l'entretien d'un Biblio*
thécaire , & une rente pour acheter tous
les ans de nouveaux livres. Il étoit jufte
de confèrver par -quelque endroit la mé-
moire d'un fi grand Bienfaiteur. On le
fit aufli , l'on donna à la Bibliothèque le
nom de fon fondateur , & fa ftatue y fut
placée l'An 1605. avec l'infcription fui*
vante :
Thomas Sackyillj^ Dorpt, Cam. .,
Summftâ Angliae; Thefaurar.
HuJHs. Acad» CanceL
Thomae BodUio Equiti Aurato
. jQui Bibliothecam hanc infiituit
Honoris caujfa P. P.
pans la fuite la Biblipthçque s*efl; accrue
par les préfens que plufieurs peyfonncs y
ont fait3 , & par les livres. qu'on a ache-
tez de fes revenu?. Entr'autres Thomas
bliothcque , & lui donna deux mille qua-
tre cens Manufcrits en diyerfes Languci.
.L'An xéf9, on l'enrichit de la Biblio-
thèque du {avant Solden , compoféc de
plus de huiç mille volumes , qu'on achc-
Pdd % ta
.' «
54^ Les Délices Oxfori.
ta des Exécuteurs de fon Tcftament.'
La Bibliothèque cft à deux étages , 6C
l'on monte à celui d'enhaut par de jolis
degrez de bois à jour , praticjuez dans le
milieu & dans les quatre coms , & tra-^
vaillez avec beaucoup d'art. Les galeries ^
ui font le fécond étage , font bordées
e balultres à hauteur ti'apui.
Le Théâtre de Shéldon.
i
A quelques pas des Auditoires pu-
blics , on rencontre le ùmcuxThea^
tre de Sheldon , dont on a tant oui par-
ler depuis trente ans en çà , & qui mé-
rite , làns contredit , la curiofité de tous
les Etrangers , qui vont vifiter Oxfords
Cet ouvrage eft , au jugement des con-
noifleurs , Pune des plus bcUei pièces
<l'Architeâ:ure, qui fe puiflevoir, dont
leD. ChrifiofhleWren^ Architefte ÔC Sur-
Intendant des bâtimens du Roi, a été le
Direûeur. Il fut commencé l'An 1 664..
& achevé l'An 1669. Un généreux Pré-
lat, Gilbert Sheldon ^ Aî*chévêque de C^»w
îorhery , en fit toute h dépenfe. C'eft un
beau bâtiment à deux étages, qui forncie-
roit un ovale entier, fi le côté qui regar-
de la Bibliothèque Bodleïenne tfavoit été
fait
r" r-
./••
Oxford. i>E L^ Angleterre. 549
ftit en ligne droite. 11 préfente de ce cô-
té-ld une feçadé magnifique , dont le pre-
mier étage eft embelli d'un ordre de co-
lonnes & de pilaftres d'ordre Corinthien ,
au deffus duquel on lit l'Infcription fui-'
vante, , '
ACADEMIE OXONIENSI BO-
NISQUE LITTERIS S.
GILBERTUS SHELDON AR-
CHIEP. CANTUARIENSIS.
CANCELLAR UNIVERS. FE-
CIT. A. D. CI^lDCLXVra.
L'étage d'çnhaut eft embelli de quatre
pilaftres , "qui chargent à pfomb fur les
colonnes de celui d'embas , & fuportent
un beau fronton , par où fe termine tou-
te cette façade. Le côté oppofé eft fer-
tné d'une muraille qui fait un demi-cercle,
élevée à hauteur d apùi ^ chargée de baluf-
tres à jour , & entrecoupée de quatorze
grofles pierres , élevées en façon de fca-
belons , fept de chaque côté de la por-
te, qui (butiennent tout autant debuftes
à l'antique. On voit là les Armes à^An^
gleterre îur le portail, avec cette Infcrip-
tion,
CAROLUS. IL D. G. MAG. BRÏT.
FRAN. ET HIB. REX. FI. DEF.
L'étage d'embas fert de logement à la
Ddd 5 plu3
lJ
55*0 Les Délices Orfor<I»,
plus belle Imprimerie du Royaume , éri-
gée aux dépens du même Prélat , d'où,
font fortis dqà une infinité de livres très-*
bien imprimez y 8c celui d'enhaut fer taux
afièmblees Académ^ucs , aux Aéfces Se
aux Exercices publics. L'un des plu%
beaux ornemens de cet Edifice font cent
cinquante précieux inonumcns d'Antiqui-
té , qu'on y voit ramaflez , fous le nom
de Martres d^Arundel & Marbres de SeU
den ou J^Oxford. L.e Comte Thomas
d^Arundclj grand Maréchal d'-^^jto^rr^^
avoit fiât venir ^ à grands frais , ces mar-^^
bres fameux , de divers endroits de la.
Grèce , de V Italie & de l^AJie , 6c les avoit
rangez dans ïa cour de l'Hôtel à^Arun^
del à Londres^ dans le voifinage du Quar»
tier de TempU-Barr. Son petit-fils Hen^.
ri Hou/ard en fît prélênt à l'Univerfitç
d'^OxJvrd^ &on les rangea le long de la
muraille du jT-fe/ii/r^. Le célèbre 5^/J^» ea
avoit auffi ramafle un bon nombre y apixs
fa mort le^ Exécuteurs de fon Tcftament.
les donnèrent de même à l'Univerfitç
d^Oxford , g^i les fit ranger avec les au-
tres le long de la rhême ihuraîUe.
Les premiers furent marqués d'une H^
pour les difcerner des autres , auxquels
on mit une S pour marque. Il y en a
dont
u
Cxford, DE l'Angleterre. 5*5^1
dont les Infcriptions font Gré^jnes , il s'en
trouve auffi où elles font en Latin ^ &:
déplus il y en a qui font acompagnées de
figures. Les Marbres Grecs font les plus
confidérables ^ parce que les Infcriptions
contiennent divcrfes Epocjues mémora^
blcs, pour éclaircir l'Ancienne PHiftoi^
re Grcjue , & en fixer la Chronologie. Il
n'efl: pas néccflaire d'en dire davantage ,
Erce que les Sa vans les connoiilènt aiTez.
i n'ignorent pas non plus qu'on a publié
un Commentaire fort ample fur toutes ce$
Infcriptions , compofé par le &vant Hftm^
fhrid PrUiSHx , imprimé l'An 1 674. à Ôx^
ford , & qu'il s'en cft fait dernièrement:
une féconde Edition. On a mis deux
Infcriptions au deffus de ces Marbres ^
la première à l'honneur des Comtes d'-^-
rundel , le grand-pére , qui les^ avoit ra*
xnaflèz, Se le petit*fils , qui les avait don*
nez s la féconde de même là l'honnçur de
Seldeu , & des Exécuteurs de fon Tefla-.
ment. Je ne les rapprte pas „ parce qu'el-
les font trop longues.
A la partie Occidentale du Théâtre on
a joint un nouvel édifice , qui fcrt de
Cabinet de curiofîtez , dcfliné à raraaflèr
toutes fortes de raretez, qui peuvent fèr-
vir à l'avancement des Sciences , parti-
eu-
f^% Les Délices Oxforf.
culiéretnent de la Phyfique , ou de PHif-
toire Naturelle. C eft un grand & ma-
gnifique bâtiment , conftruit aux dépens
de PUniverfité, commencé PAn 1679.
& achevé PAn 1 688. On y entre par un
portail fuperbe , orné de piliers avec di-
vers embelliflèmens . Le frontifpice a
ibixante piez de haut , & porte Plnfcrip-
tion fuivante en lettres d'or , Mufcum
jishmoleanum , Schola Naturalis HificrU ,
Officina Chimie A. Quand Pédifice fut a-'
chevé , Pilluftre M. Ashmole fit préfent
à PUniverfité d'un ramas de curiofitez
les plus rares , & dans la fuite plufieurs
autres lUuftres y ont donné diverles
chofes ; le Doéleur Huntington a fait pré-
fent d'hiéroglyphiques & d'autres An-
tiquitez à? Egypte. Le fàvant M. Lifier
Doâreur en Médecine , fi connu par fes
recherches dans l'Hiftoire Naturelle , a
donné un Cabmet de raretez naturelles ,
qu'il a ramaflées lui-même , & plufieurs
hniiciMsz Romaines y comme médailles,
autels, lampes, & autres chofes fembla-
bles. 11 y a dix chambres dans ce bâti-
ment , dont les trois plus grandes font
Eubliqucs. L'une eft le Mufeum , le Ca-
inet de^ raretez , qui avec le tems de-
viendra l'un des plus beaux de ]? Europe.
L'au-
i J
.# " •• •
c
>
r
OxforJ. DE l'Angleterre^ . y^j
L'autre eft un Auditoire , où l'on fait
leçon d,'Hiftoire naturelle. La troifîêmc
eft un grand & beau Laboratoire , pour
les opérations de Chimie. La chambre,
3ui touche le Cabinet des nu'etez , fert
e Bibliothèque pour des livres d'Hiftoi-
re naturelle j une autre , qui eft proche
du Laboratoire eft une Bibliothèque de
livres de Chimie.
Lt Collège d'Exceter.
APRES avoir vu ce fuperbe 21&^^^r^ on
n'a qu'à traverfèr la rue ,. & l'on
rencontre le Collège d'£Â:rA^r, ainfiapè-
lé de fon Fondateur , Gualter Stapledon ,
E véque â^Excêter , Conleiller du Roi £•
dottard IL & Grand Tliréfbrier de la Cou-
ronne. Ce Prélat ayant rélblu de former
un Collège à Oxford^ lavoit-mis d'abord
dans la Halle du Cerf \, comme je l'ai re-
marqué ci-deiTus \ mais dans la fuite
l'ayant trouvée trop petite , 8c dans un
Heu trop refferré , il tranfporta fon Col-
lège l'An igi6. à l'endroit oii il eft au-
jourd'hui , & le renta pour entretenir une
Compagnie de douze perfonnes avec leur
Cher. Comme cette maifon n'a pas été
*" * ' tout-à-la-fois , elle n'cft pas regulié-
Tom^ lU. Eec rc.
'^jm. ' Les Délices Oxford.
'ré. C'eft une grande cour , qui fait la
fig^crre d'une L , environnée de trois ai-
ks de logis à trois étages; fur la gauche
'cft la Chapèle, & fur Pailede derrière la
'BMothèque., La Compagnie a reçu de
grandes donations de diverfes perfonnes,
yendant le cours de près de cjuatre Siè-
cles i- tellement qu'aujourd^hui le Collè-
ge entretient vint-trois Afîbciez, au lieu
de douze qu'il y avoitau commencement.
Il en eft férti' deux Archevêques , douze
ou treize Evêques , & divers Ecrivains
ïiïuftres , •entre lesquels je remarque Lw-^
k' BAjh\ OaHùis de naiflànce , AuteUr
d'un livre de dévotion , intitulé U Pra^
ùoiue de fietc , qui a, été tellement cou-
V\i , .qii'll s^en eft fait plus de quarante
Éditions en diverfes Langues.
»
Le VoUe^' de fefus.
■ • > ' I t
LE Collège de fefus eft fi proche de ce-
lui d'ifArfr/r^r^jgu'il n'y a que la rue
cfitre-dëux. U futlohdé ?An îjrz^- V^^
la Rerne Etiz:àbeth^\ laTôUidtation à^Hu^
^^Hcs Price, Doftc^r âux Loix , qui con-
tribua auffi générculêment du (kn pour
avancer l^oûvrage. C'eft un vafte corps
de logis , quatre, de plus de cent trente
pie2i
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UL^g^ttgamSfJmi
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;r;j '.1.
Oxford. DE L'AKGtETERÏtpI f^f
piez de long , bâti aflèz propremOTt , ^-r
vcc une grande Cour dans k milieu. En-,
tré dans k couf^ on voit la Cbapèle fat!
h droite , & la Bibliothèque au fond.de
la cour , le refte eft occupé par un Prin-
cipal , feize Aflbciez & autant d'EccJiers.
Le derrière de la mailbn eft terminé par
deux ailes parallèles , qui s'avancent en >
faillie , & le côté droit eft bordé de jar:-
dins & de parterres. La Reine , quîfbnc
da ce Collège , ny donna de revenu»
3ue pour Pentretien de huit Aflbciez i & .
e tout autant d'EAX)lîers avec un Pria-,
cipal ; mais le Roi ^a^ffa I. doubla, ces >
revenus ^ tellement qijc JaGocapagnic fut .
augmentée du double. Il eft (brti xiivers
iàvans Hommes de ce Coll^ , mais
comme ils ne ibnt gqères conaus hors de
VjingUt^rre ^ je n'en parlerai pas.
Le Cûllige de Lincoln.
LIE. Collège de Lincoln , qui eft à quar >
tre pas de^ là , du côté du Midi , tire
fon nom de ies deux fondateurs , qui ont :
été l'un & l'autre Evcques de Lincoln ,
& il eft deftinéuniquemeataux Théolo-
giens. Le premier , qui le commença ,
tut Richard FUmming y Evequc de Lin-i.
Ëee a coln^
ff^6 Les Délices Oxfori
c^ln , l*An 142.7. La mort vint un peu
trop-tôt pour lui , & ne lui donna pas
le tems d^achevcr (on ouvrage , tellement
qu'il le laifla en petit état , n'ayant de re-
venu que pour Pentretien de neuf ou dix
Pcrlbnnes. Après lui Thomas Bcckington^
Evêque de Wells ^ y fit quelque chofe avec
un petit nombre d'autres Savans accom-
modez : mais il demeura long-tems en-
core dans l'obfcurité , jusqu'à ce que Tho»
pMs Rotheram , Evêque de Lincoln &
Chancelier à* Angleterre , le rétablit , &
le mit fur un aflèz bon pic l'An 1475".
en forte qu'il en eft regardé comme le
fécond Fondateur. Un troifiéme Evêque
de Lincoln y bâtit dans la fuite une Cna-
pèle fort propre , & plufîeurs autres con-
tribuant génereufêment des terres , des
rentes , & des livres j on y a fait un bon
fonds , ôc une Bibliothèque afièz bien
garnie. Le bâtiment eft un grand quar-
ré-long y régulier , qui a plus de deux
cens piez de long , partagé en deux cours
à peu-près égales , qui ont chacune leur
porte de dehors. 1uc portail de la prin-
cipale cour eft embelli d'aune Tour , qui
s^cleve au defiqs du toit : la Bibliothè-
que eft au coté gauche de cette cour »
à l'extrémité de tout le bâtiment , & la
Cha-
'f
O
r"
Oxford. DE L^AngLETERRE. 5^7-
Chapèlc eft auffi de même à l'autre ex»
trémité du Collège, fur le côté droit de
la féconde cour, La Compagnie de ce
Collège eft compofée d'un Principal , 8c
de douze Afibciez , qui ont au d€fK>us *
d'eux quatre Ecoliers. Il en eft forti di-
vers favans hommes , dont les noms ce-
pendant ne font pas fort connus au delà
de la mer , fîx Evêques , & un Arche-
vêque de Rheims , (avoir Guitlaume Gifford^
qui ayant quitte (à patrie , à caufc de fbt>
attachement au Papijme^ pafla une bon-
ne partie de fa vie , à Lcuvain^ i Paris ^
& à Rome , & fut enfin apèlé à T Arche-
vêché de Rheims par le Roi Lsuis XIII.
} l^^n \6^^. Il en jouit fept ans, & mou-
rat l'An 1 629 . le X I • d'Avril , âgé d'en-
viron foixante &: quinze ans.
Le Collège du Nez. de bronzée , en Angleir^
Broz^en Nofe Collège.
JOIGNANT le Collège de Lincoh on voit
celui qu'on apèle k Collège du Nez.
de bronzée, en Anglois^ Brozjen Nofe CeU
^ge^ ainfi apèlé d'une vieille Ecole, dont
il occupe la place. 11 fut fondé l'A»
iyi2. par GHillaume Smithy Evêque de
titehfie/d & de Coventry , & par le Cbe-
Ece ^ vas-
1
5^8 Les Délices Oifoxd.
yiXiCT Richard Sutton^ conjointement. Le
principal corps de logis eft une belle cour
quarree, environnée de tous côtés debâ-
timcns fort bien entendus 8c réguliers ,
ôc occupée dans fbn milieu par un pat^*
terre. Le refte du Collège eft un autre
cour , dont un côté eft occupé par Pa-
partement de la Bibliothèque , & Pautre
eft une Chapèlefort bien travaillée. Ces
deux derniers ouvrages font plus nou-
veaux que le refte , & 1 architeéturc eft
d'un goût nouveau , mais auffî plus beau ,
plus régulier & plus propre. Les Fon-
dateurs ont deftiné ce Collège à des gens .
nés dans le Diocefe de Litchfield & de
Coventry s iès revenus entretiennent un
Principal , huit Aflbcie2 , des Leéteurs en
Lances GréqueSc Hébraïque, cnHu-
manitez ôc en Phyfique , qui ont au def-
Ibus d'eux trente Écoliers , outre ira
grand nombre d'autres qu'on y reçoit en
penfîon. Ce Collège a produit huit ou
neuf Ëvê^es , & divers Siavans , qui'
fe font fait connoicre par leurs Ouvra-^
ges.
Oxford. DE l'Angleterre. f^^
Le Collège de BaillcHl.
APRES avoir vu tous les édifices A-
cadémiques , qui fè trouvent ramat
fez dans le petit cfpacc, que nous venons
de parcourir , on peut paflcr au faux-
bourg Septentrional , pour en voir qua*
tre ou cinq autres qu'on y a bâtis.
Le premier , qui fe préfènte à la vue ,
cft le (Collège de Bailleul , qui fut auffi
Tun des premiers , qu'on vit à Ox^
ford dans le xiii. Siècle. On lui ia
donné le nom de Bailleul , parce que
fean de Bailleul , père de ^ah de Bailleul
ILoijà^EcoJfe^ en cft regardé comme le
Fondateur. Il conçut , pendant fà vie ,
le deOein de former un Collège , mais
ayant été prévenu par la mort l'An 1 269.
il laiflà ce foin à. la Veuve Bervorgille ,
fille à? Alain Seigneur de Gallowaj en £-
cojfe. Le Collège eft un quarré-long de
cent quatre-vints dix piez de longueur ,
compofé de quatre ailes de logis à deux
étages , dont celle du fond de la cour cft
occupéc^par la Bibliothèque & parla
Chapèle. A la gauche & fur le derriè-
re , la maifon eft environnée de jardins.
Dans les commcncemens le Collège n'é-
toit rente que pour l'entretien de feize
Eco-
ydo LesT>ELICES OxforJ.
Ecoliers avec un Principal , mais dans la
fuite des tcms , il a reçu un fi grand
nombre de legs de diverfes perfbnncs ri-
ches & gcnéreufcs , que fes revenus en-
tretiennent douze Aflbciez , 8c dix-huit
Ecoliers, outre quatre Ecojfois^ qui doivent
y être reçus à perpétuité. On a vu dans
ce Collège un grand nombre de pcrfbn-
nes , qui ont été illuftres, fbit par leur
qualité , foit par leurs emplois dans PE-
tat ou dans PEglifè , foit par leur érudi-
tion 5 foit enfin parleurs écrits. Il en eft
Ibrti quatre Archevêques , onze ou dou-
ze Evêques , & plufieurs Ecrivains ,
dont il y en a quelques-uns d aflez fa-
oneux.
Le Collège de la Trinité.
LE Collège de la Trime n'eft pas bien
loin de là , derrière celui de Bailleul. Il
étoit autrefois une dépendance du Prieu-
ré de Dnrham , 8c les Religieux de cet-
te Maifon y avoient un petit Séminaire ,
3ui fut envelopé dans la ruine commune
es Monafières du Royaume , fous le
;-cgnc ài^ Henri VIII. On croid qu'il n'é-
toit guéres moins ancien que celui de
Bailleul. Long-tems après cette difiipa-
tion^
* • V
Oiforêé ETE L^ANOLB-ffertREJ fêV
tion , il tomba entreles mains d^un Ohe-
valier , nommé Thomas Pofe , qui en fiC
un Collège l'An ij'yf. parla permiffion^
de la Reine Marie , & le renta pour l'en-
tretien- d'un Préfident , de douze Aflb-
ciez , dont quatre dévoient toujours être
Prêtres , & de huit Ecoliers. Ses reve-
nus ont été fort modiques , dans les corn-
mencemens , mais dans la fliite ils fc
font un peu augmentez par les legs de
diverfes peribnhcs généreufes , 8c zèiéed^
pour l'avaticement des Sciences. La mai-
ibn eft cempofée de deux parties déta-^
chées. La première & la plus ancienne
cft un beau quarré, régulier, qui envi-
ronne une cour , & dont les avenues
font bordées de jardins de pafrt & d'au-
tfe. Le premier côté de la maifon , quife
préfente, tdXà Gfciapèle, fie quand on à
paflë dans là cour , on voit la Bibliothè-
que fut k droite. De la première couf
on pafle dans uns féconde , qui n'eft bor-r
dée que d^urtfcul corps de logis , mais
bâti ton proprement à la moderne. Le-
côté droit de te mix(c^ eft bordéde prai-
ries ^ de vergers & de '^Ydins. Entr»
plufîeurs pcrfonnes illuftres , qu'on a
vues dans ce Collège, il faut compter fix
ou fcpt Evêqucs:, & im Archevêque-^
- . Tm.Wl Fff i^
f£» i JaB^V E,l> 1 Ç EjS Oxford;;
lavoir k femcux Ci^iert Shtldçn^ f dont
k iBcmoire fera pcrpccœllemem en bc-
nédiâionâ Oj^$rd^ . .
• - ■ f
f ; ' • . • '• • . • .
. J.e Uiigt de «. fe^ ^4j,t{/f/.:. ].■ r.
»
LB Collège de S^/^^^S^^ifieétokm^^
par^yant un peticCpvivepp fous le nom^
de S^y .Bernard , qui Ayant- été ruiné jpar,
^rm VIJJ . & rçtabii par -4/^^^ f^ fi y^e,,^
fut acheté par le Qbev^liçr r^w4!/;^Jii^
/tf, qui ; le. rebâtit &:eQiJ&t iin.Çoliègt^j»
l?An jf^6. f^kpetoiiflipn^d^ Ja-R(^
ne: maas il n'a été porté à Pétaçde per-,
feéfcio.n , où il eft aujourd'hui , qUc; dan»
le Siècle dernier , quatre-vinf s an$ ^fx^%t
fa fondation. Il eil le: ptos^réguliérqsn^i^t
bâti de tous \ çôtnfpofé ^. deù^, gtt^qdfî
& bcatix corps de logis ,» i.trpis'çt^^^:
partagez en deux cours, dontilg lar^ur-
cft d?environ deux cen^piez*. Xa\P^^>
cipale façade préfente au deiTu^s du por-
tail unpgpofle Tour qUarrpq^, njiinriî^it.
<fc JaaucUé.oct Voit jht ftiwe idk )^:fhm[
B^t^e^X'mvtmài^r k rfe»|:eiir':4v^:^0tf o
Arriva dans.kcoufcojtvoic, fi^rfe gaitr
che , une jolie Ctopèk., ernbeÙie^un-
bon jeu d'oiguet. - jPaffîtiiTde <:etiDef cour
ddns la fficonâeron toit les d^y$^ potra^^*
de-
«*»,"- -
« »
«devant 8c derrière , "Ornez de portiques >
qui régnent tout du long , fourenus dé
belles colonnes de marbre , dont chacu-
ne VL fon chapiteau chargé d'un bufte* Ces
Hfcuk cotez ont été conftruits Tun & Paip-
■ tre par la libéralité de GmllaHme LAnâ^
' Archevêque de Cantorhéry^ fous le règne
de Charles I. Le deflein & Parchiteâu-
re en font précifément les mêmes , telle-
ment que qui voit un côté, voit l'autre.
Le portique eft coupé dans le milieu par
un portail fort magnifiique , & fort' bien
entendu, oii l'architeéture & lafculptu-
re ont cohtribué châttine ce qu'elles ont
de plus délicat. Le portail eft orné dé
quatre colonnes , "deux de chaque côté^
pofées fur un pié d'eftal élevé. Au det-
fus de la porte on voit les Armes de l'Ar-
chevêque , qui a fiiit la dépenfc de ces
deux beaux morceaux d'architeârure. Ûh
fécond ordre de colonnes s'élève au dcf-
fus de ces Armes , & eft furmonté par \m
beau fronton , fait en anfe de panier , qui
porte les Armes à^An^eterre \. avec une
•OoiiTonnè aii d'ëfius. Les colonnes laif.
•fcnt entr'elles une niché , ouvragée com-
me ua portail, où Ton voit à l'un des
cotez la ftatuc du Roi Charles I. & à
Pautre ( qui eft immédiatement vis-à-vis )
Fffx cel.
1
^6^ Les Deliçrs .Oxford.
.celle, de la R.eine HenrUtte de France fon
Epoufe , l'une & l'autre en bronze, i
X'architedure des deux autres cotez de* !
cette cour ^ toute unie , & n'a rien qui
attire les yeux. C'cft dans l'enceinte dp
cette cour qu'on trouve la Bibliothèque
du Collège y qui cft diftribuée un deux
divers apartemens. Le Fondateur y avoit
fait un fond pour l'entretien de cinquan-
te tant Aflbciez que Cmples Etudiaqs |
avec un Principal. Plufieurs perfbnnes
généreufes ont contribué à l'envi pour
augmenter les revenus du Collège , telle-
ment qu'ils font aujourd'hui confidéra-
bles. 11 en cft Ibrti divers perfonnàgcs
jUuftres , entr'autres ce même Guillaume
Laud^ premièrement Evêaue de Z.<?»^r^j,
.& enfutte Archevêque de Cantorbery s
XjHillaufne fuxon fbn Succelleur dans 1^
mêipe dignité , fept ou huit Evêques ,
i>i plufieurs &vans Hommes , entre les-^
: quels celui dont le nom eft le plus con-
4tiu parmi les Etrangers , a été le fàvant
Chevalier fean Marsham , né d'une- fa-
.ynillp illuftrç dans le Comté àt-Muidlc^
fix , vers le commencement du xvii.
Siècle, on fur la fin du xvi. Ily a peu
de gens qui ne connoiflènt fès Ouvrages ,
remplis d'une profonde érudition ,. âc
d'une
I I
a^i&.jij.M,:^iiS/MtfMi. Jfltl
Oxfori DE L^^AngLETERRE. f4f
d^unc grande pénétration dans les ténè-
bres de i' Antioiïité la plus reculée.
Le Olle^e de Wddham.
LE Collège de Wadham eft de l'autre
côté du même fauxbourg. Il fut en-
trepris au commencement du Siècle der-
nier par le Chevalier Nicolas Wadham ;
mais la mort Payant prévenu , il laifla
l'exécution de fon deflèin à fà Veuve Do^
rothee Peètre ^ qui acheta de la Bourgeoi-
fie d?Oxford un fond de terre , qu'occu-
poit autrefois un Prieuré de Religieux
ÂHgufiins , & ayant commencé (on Col-
Icge PÀn 1610. Pachèva PAn 1 61 a. El-
le y affigna des revenus fuffifàns pour Pcn-
tretien d'un iPrincipal , de quinze Aflcu
liiez / & de tout autant d'Ecoliers j outre
deux Chapelains & deux Clercs pour deC-
fervir la Chapèle. Cette fondation doit
être d'autant plus remarquable, que le
Chevalier Wadham & fà femme ctoient
tous deux Pafiftej. Le Collège eft un
Quarré régulier , qui enferme une grande
«; belle cour , ^vec deux ailes parallèles ^
/qui avancent en faillie fur le aerriére de
la maifbn. Les avenues font une petite
cour , bordée de parterres à droit & à
Fff3 gau.
^66 L E y Délice i' Ox£otd\
gauche ; le côté du logis ^ qui OGcppic }i
tond de la grande cour , cft embelli d'un
beau portail , avec, quelques ftatues, &
quatre rangs de colonnes , qui pofez l'un
fur l'autre. , s'élèvent par defTusi. le toit.
La Cliapèle eft à côté d^. ce. portail', &:
feit l'une des aîleis dont j'ai jiaflé; Patùîi'â
aile , qui lui eft piarallèle , eft -occupée
par la Bibliothèque. Bien que ce^ Col-
lège Ibit nouveau , il a néanmoins pro-
duit déjà cinq.ou fix Evêques, & divers
habiles^Ecrivains. ; • ■' ''
L^EcqIc nommée la Hdîe de Ghctfter y
en Anglais , Clocefier^HklL
COMME le Collège de Wadh^mtû. au
bout Oriental du fauxbourg ,- auffi
l'on voit au bout oppofe un aufre petit
Collège , nomm^ Aî Halle de Qheefier ,
( Glocefier-Hall) {îtué proche de la riviè-
re. Il fat fondé l'An 1183.. .par des Ré--
ligieux de la ville de Glocefier , de l'Or-
dre de S. Benoit y & dans la fuite d'atitres
Religieux' du même Ordre', mai^.h^ïâ-
tans en d'autres Ireux /l'augmentèrent ,
iBc lui donnèrent plus d'étendue , afiû
2u'il fervir de Sémmaire à leurs Novices.
;e petit Collège ayant été cnvelopédatis
la
l
:V::
f —
la tempête qui ruina tous les Monaftères
d^ Angleterre ,- il fut afîèz long-tems réuni
à Ja Couronoe , jusqu'àxe que ie Chc-
y^liçv Tljom^ H^ite\ qui.venoit.de fon-
der le Collqgp. de^. ^èanBaptift£y acheta
cette; JVi^iibn, .L'An i5'y9. pour en faire
unSéminaire de (bû Collège. C'eft un
bâticpent irrégulicr , compose de plufieurs
pièces détachées, dont les principales ren-
tpriîatînt entr'eUc^ une cour quarrée. Lia»
S^tie dq derrière^ fc termine par des jar-
fps , ou;; s'avanpent jusqu'au bord de
^'eau. II eà forti de. cette Maifon un
^flèz bon nombre d'Ecrivains favans 6c
célèbres , entre lesquels on peut rcmar-,
quet le Chevalier Kenelme Digl^y , Auteur
de diyçrs Ôuvr^iges , particuriérement.
â'un Traité de lap0udre de Sympathie,^
^i ;a fah beaucoup de bruit \ iifean
Codolphm , Doâreur aux Loix , natif dai
t'Xle de Sitfy ., l'une des Sorlingues.
• • f^^^99lt nommée le Nom/el Hoffice y ^
' en Anglois y Nhif'Inn.
* f . • ■
RBKTRANar dans la ville, & prenant
le chetnia de la première nie , qui
eft fur U droite , on trouve une Ecole , ,
XKHncHép le Nmvel Hoj^ce , {^nAnglpis^
jr68r L'ES Délices OxforJ. \
New'Inn) fituée dans le voifinagc & pres-
que au pié du Château. C'eft une Mai-
fon fort médiocre pour ce qui eft des
bâtimens , acompagnée d^une cour & de
jardins fur le derrière & aux cotez. Elle
fut conlàcrée à l'étude par feutnTriUeck^^
Evêque de Hereford^ vers le milieu du xiv.
'Siècle , & ce fut fous le nom é^fivjpke de
Trille ck^^ qu'elle fut long-tems connue à
Oxford, Dans la fuite GuiUaumt deWick^
ham , Evêque de Winchefier^ FondateuiJ
du CoWhgc Neuf ^ rayant achetée, la cfon^
na l'An 1392. à fon Collège , pour enf
faire une Ecole , qui lui fervit de Séminai-
re. Il eft forti quelques Evêques de cet-
te Ecole , & l'on y a vu divers Ecrivains,
dont je ne parle pas , parce que leurs noms
fcn peu connus hors ^Angleterre.
Ce qu on apèle le Château tf eft pas bien
loin de là. C'eft une hauteur , formée
en rond , qui paroit avoir été faite par ar-»
tifice & à force de travail. Au deffus de
cette hauteur , 8c fur la pente , il y avoit
anciennement un Château îon^ à la ma-
nière du vieux temps , dont il n'eft rcfté
que quelque» ruines , qu'on peut encore
voir. Au pié de cette hauteur coule un
canal, qui lui fèrt de fofTé , l'environnant
de toutes parts , Se communique à la ri-
vie-
/
,- • I -
^ ' • t
vièttCi S'es boi?4sîfaat Revêtus , d'un' gô-*
Le G>llfg4de f^f^oi,-
PRES avoir /^Hrb Chktea^ , Pon tiïtf
•vers le. Mkii / eonifîne* fi Pon vou-
loit allef';ai3rrb(^d::éç h,\T0mifi ^ & Pon>
rencontre k Q^tège dc-P^mèrsk^ ,- bâti
un peu à côté i(ie.la grande nie, êctorîti
pDOche d^uîie EeJife apèlée 5.. ^/dat. Ce
Colliègp ç&h |»u& nouveau de. tous ceux
qii'il y: a damO^^^ri^ ayant étç fondé:
PAn i^4« ;Ufi Chevalier âommé Tlw-
jxiAf TieséLde enfoifmaledefièiii, &: ayanc-
été prévenu par k mort , il rie pût faire au-
tre chofe que d'en laiflèr le foin aux Ese-^
cuteurs. de fon Teftament ^ avec la fom-
me qu'il y deftinoit. Richard Wightwick ,•
Bachelier en Théologie, quirouloitiiuffi
le même dcffcin , joignit iêà Ijiensi ceuîè
du Chevalier , & Pon acheta une ' Ecole
fbrt ancienne ,naminée LAte^f9rf'^Hall^\\x
avoit fèrvi depuis plufieurs Siècles à l'E-
tude du Droit Civil & du Droit Canon^
Gn y fit de bonnes feparatbns , & cotn-
mc le Ghanceliçr dç PUniverfité étoit a*-
lixra un Courte de Pen^hok^, on donna au*
T9m. IIL Ggg. CoIk
Collège le rsovix' àt*f4mhMi}:\ <5îi y-^4ta-'
blit dans |exoflmiél)cetnié^^i&tP^^
avec dix Aflbciez & dix Ecolioi«r-'-Iyi
Roi Charles I. en ajouta un onzième, &
donna au Coilèj^ l^î/^Voyerie de l'Esli-
fe de S.^ldat^ dont je viens de parler.
Plufiedfs- ûxw^ ^^tiliM'h^M
ont fait diam hf Mto de ' bdKek 'd(>mtiénL
Ce' ColLègecft ^uri jôlî cfâ^'iide-^lîôgtev^l
quarrérlong 5 qui* i^^n^tmé linâ ]^anâ6
cour âii .milieu ^ ^vc€ une aile^ qui H^rle
coin de k rue, Sc.de b^àx jardinsràco»
té. LaGhapèle eft dan^ m^ife dé^
.rf/^ , 8c la BiWroïchèqiîe^éft auvdeflu&
de la Chapète: Q^ qb'^^
plus; dé Ao^uiâtà^nh ûfts t qoe ce Ccîllège
eft fondé y néarimoinsiicrtçft déjà forti
un Archevêque , troî^iôû ijcratife Evê-^'
ques , âc divers habiles Ecriv^iûs.
• .'.•,. ' /t . ^ . . ..'
Z* CtUigetùe.PEgtift de '(^ifi, tn At$-
-. . . • f > > 1 * • •
; .j ' ' • " ' •
LE Collège de r£f///J ^f a^i^ifi , ea^'
,v^»j/w , Chrifi'Church^Celte^ ,- eft-
de Pautre côtléî^ k iroc»' -Q*eft fepkli'
grand & 4e:pltis richcCollègè qu'il y ait
dans Oxford ^ iàulîi fot-il èntr^ôpris pat un
riche CardinaU' & achevé pariint)ui(ram^
> - Roi-
* , V
r
RoL Le Cardinal mifej , Miniftrc d^E-
tat & Favori du Roi H^ri VIII. ayaiiC,
deflein d'immortaliièr ion fiom par de
beaux Ouvrages , entreprit de fonder
deux grands Collèges , l'un à fpjwich ,
dont il ocoit natif, 2c l\iutre à 0:i^ôrd , ou •
il avoitfait iès études* Pour lmSèràû&
Coll^^ de ricbes revenus , il otkinc dai
Pape C/«i»«i^ VII. deux Bulles ( l'une de^
?An i5'2^«& Pautrcdel'An ifi^Op®'-
tant permiificm de démolir un bou nom»
bre dç Monaftères , & d^n apli<|u^r lee
fonds 8c les loices à cet ufage. Le Roi^
Htnri VIU. ayant confirmé & rQti^ ce^'
Bulles , le Cardinal renfverfà plus à^\ttii&
trentaine de Couvons de Réugieux àù
divers Ordres , Ce faifit de leurs reveijus ^
j^jjjuBit flffi[;m à fes Collèges , Se il coi»^
mença à faire travailler à celui à^O^rfwd ^
après avoir achevé celui d?7psu4ch. Maift
étant tombé dans la disgrâce du Roi fott
xoaitre , l'An 15x9. & tous fè$ biens
aysut été confifqucz , le Collège , qui v\z
fai&nt que de naitre , 8c qui n'écoit pas
mêoie encore achevé , fut envel0pe<^i$i
la. chuie de ion PoQ(kteur , fes^ revenui»
arrâte2 , & la Compagnie fut diffip^e;
C«?cndant le Roi Henri Vlll. s étant ra*
vifeau bout de quclques^annces , rétablit:
Gggx \»
57* Les Délices Orford.
le Collège PAn ifja. & y mit un Do-
yen avec douze Chanoines. Il le renver-
fa une féconde fois l'An 1545*. mais il le
rétablit l'An 1 6^6. 11 y fit venir l'Eve-
Sue 5 qu'il avoit placé dans l'Abbaye>
^Ofeneji , voulut que PEglife , qui efl:
joignant le Collège., futTÊglife Epifco-
pale d^Oxford , fous le nom d'^EgUfe de
Chrifi. C'eft ainfi que fut fondé PEvê-
ché d'Oxford y & le Collège de PEflife-
de Chrifi. Ce Collège eft compofe de
trois grands coros de logis , quarrez , avec
divers autres oâtimens détachez. La
Compagnie , qui y eft entretenue , eft
compofée d'un Doyen du Chapitre , Se
de huit Chanoines \ de trois Profeflèurs
|l.oyaux , de plus de cent Aflbcicz , avec
huit Chapelains , huit Chantres , huit
çnfans de chœur pour le fcrvice de l'E-
glife^ Ils ont tous enfemble foixame &c
iUx mille livres de rente.
La principale pièce eft un grand &
fpacicui^ bâtiment quarré , long de trois
cens quatre-vints piez, qui rei&rmeune
magnifique cour , au centre de laquelle
on voit une fontaine jaillif&nte. Les deux
angles extérieurs du bâtiment font bor-
dez de deux pavillons d'un goût antique ,
& tout du long de l'édifice y le toit eft
bor»
OxSotd. HE l'Angleterre- 5^75
bordé d^une belle baluftrade , qui règne
de fous les cotez. Sorti de cette cour on
voit fur la droite un autre petit corps de .
logis , dont une partie eft le logement des
Chapelains, & le reftc l'apartemcnt de
la Bibliothèque, & en face l'on a PEgli-
fe , qui fut érigée en Cathédrale par Hen*
ri VI IL Elle eft environnée de jardins
& de parterres , qui tiennent toute la
longueur de l'édifice. Plus avant fur
la gauche on rencontre deux autres cours ,
chacune avec trois ailes de logis , tout le
refte de 1 efpace de la maifon eft occupé
par de beaux jardins. Ce Collège a pro-
duit deux Archevêques d'Tiri^, un Ar-
chevêque de Dublin , un Archevêque de
Toam , environ vint-cinq Evêques , 8C
grand nombre de iàvans Hommes • En-
tre ceux dont les noms font les plus célè-
bres , on remarque ^ean Leland , Hifto-
rien , mort PAb iffi. fcAn Taverner^
&vant en Langues HélM^iane , Ôc Gré-
3ue, le premier qui tràduidt la S. Bible
u texte Original en Anglais , imprimée
à Londres l'An 1539* GuiUaHme Cam^
den , né à Londres l'An 1550, & mort
le 9. Novemb. léi^, âgé de 74. ans,
ayant vu cinq Rois ou Reines. Meric
ou Emerj Cnfanbon , fils de Pilluftre /-
Ggg3 fréic
5*74 Les Délices» Ojtfivd*
faac Cafduhon , né à Genève l'An 1 599.
Scmorc Chanoine de Cam^rbery ^ le 14*
Juillet 1671.
Le Collège df^ Corps de Chrifi.
LE Collègp du Cofps de Cttrifi n'eft pas^
bien loin de VEgUfe Cathédrale. II fut:
fondé l'An ly 1 6. par Richard Fox , Evê-
ue de Winehefter. , Confeillcr d'Etat 8c
rdé du petit &au (bus les règnes à^Hen^^
ri VIL & à'Henri VIU. La principale
pièce eft un corps de logis » quarré , qui/
a. cent trence^dnq pies de large , une
belle cour au milieu , & des jardins fur
la droite, & fur le côté de derrière. La^
Bibliothèque eft dans la partie , qui oc^
cupe le fond de la cour , la Chapele dk
atacbée à la Bibliothèque ^ Se faif une
aile , qui avance en faillie fur le coté
gauche: deux au très ailes» dont l'une eft
arachée au même coté du logijS , fbnti
avec la Chapèle un quarré parfait, quiren*
ferme une petite cour. La Comp^^io »
qui poAole ce Collège eft compoiiEc d'uq^
Principal , de vint FelUtifs ou Aflociez ,
qui ont au defibus d'^ux. vint Ecoliers^
outre deux CbapèJaios , âc quadie Aifi^
flans , qui defièrvent la Chapèle.» Ce
Col-
ITi
. I
• *
GoHfigc iu produit pluôcurs Perfonnagês
îiluflires ^ qn y a vu le Cardinal Rejnatfd
/Wifcf ^ Àcdiévêqac de Cantorbèry ^ un
Erequc d'î1?r^, fixou {èptEvêqucs, 6c
bon noratoc d'Écrivains célèbres. .On
4oit; compter parmi oc8 derniers fean LêU'*
is^nves yiE^agml ^ qui fut reçu dansf
le Cbllcgéi par le Pondateur métnt ; Ô6
dont ks écrits ibpt aflez. connus des Sa^
vans : ^ea» Jiewell , Evcque de Salishury ,
qui fut Pun des arcboutans de la Réfor-
œation ; r£c plufieurs autres , dont Icfî
iotcïB ne font pas £1 ' célèbres; ^
Le^ CMcgè d^Oïïiffl , . eu. du, Roi.
,-» -
LE Collège de l^Eglifc de Chrifi cft d^i-*'
ne fi grande étendue , qu'il fait face
à deux autres Collèges afiez confidérables^
œlui du Cittfs deChrifi & celui d^ObV/v
J'ai parlé de Kim*, je vai parler de IW-'
Le Collège à^OrUl ÎvlX fondé PAn
J024. par le Roi Edouard \L qui favori-
fbit beaucoup les belles lettres ; ce Prince;
le deftina pour des Théologiens , & vou-
lut qu'il portât le nom de S. Marie ^m^^^
l^f^é a vbulu qu*on Pait apèlé le Col-
lège Jm:Riai'y The Kitigs^CoOége , . ou. le.
Col-
^jS Les Délices Oxforf^
Collège d'Or/V/, du nom d^unc ancienne:
Maifon , fur les ruines de laqudlc il fut
bâti. Ce fut alors qu on vit pour la pre-
mière fois à Oxford un fuif , converti à
la Religion Chrétienne , qui fit dans ce
GoUègs des leçons en Lauquc Hébraïque s^
tout le Clergé àWxford contribuant u»
denier par tête , .pour lui faire & penfion^
Le Collège fut bâti par pièces y c'effc
{)ourquoi il rfétoit ni uniforme ni régu-
icr , mais il fut rebâti presque tout de
àeuf dans le Siècle dernier fous le règne
de Charles I. tellement qu'aujourd'hui
c'eft un ouvrage, dont la régularité fait ua
tVès-bel dBTet à la vue. Le Collège eft
une grande cour , quarrée , envk'onnèe de
bâtimens de chaque côté , de la longueur
de cent foixamte pas : les trois ailes font
des logemens à trois étages , dans l'an des^
quels on a placé la Biblioriièquc , & la
quaaiême , qui remplit le fond de lai^
cour , eft occupée par la Chapèle & le;
Refeètoire;. On entre dans ce dernier par
un beau perron > l'on arrive dans un por-*
tique, au deflus duquel on voit dans aeux:
niches parallèles^ les ftatucs des Rois'jB-
d^uard II. &i Charles I.. avec celle delà.
B. Viergpun peu au deflus. . La Chape-
k forme une é\c^ qui s^avancdeaiailliei
iux
m
, •• • .
* * " •
Oxfords D-E l'AnglETER^IE.' ^Jj
flir le derrière, de l'édifice: &le côtégau»
che de toute la maifcm eft occupé par un
beau verger. Les rentes de ce Collège
ay^nt été augmentées avec le tems par îes
donations de diverfo perfonnes , il en-
tretient maintenant un Principal, dix-
huit Aflbciez, & douze Étudians» Il eu
cft forti grand nombre d'hommes illu-^
ftrcs , un Archevêque de Càntorberj , fèpt
ou huit Evêques , & divers Ecrivains aC»
icL célèbres»
Le Collège de Merton^
4
LE Collège de Merton , qui eft pres-
que vis-à-vis du précèdent, de l'autre-
côté de la rue , eft l'un des premiers &
des plus anciens à^Oxford , ayant été fondé
l'An 1274. P^^ i^^^lter de Merfon^ E.vê*'
que de Rochefier fie Chancelier à^Angletev^
re. Ce bon Prélat avoit d'abord établi
fon Collège à Maldon dans le Comté de
Surrey , mais dix ans après , à la perlua-
fion du Roi Henri IIL fon maitre , il le
transfera dans Oxford. Comme ce Col-
lège a été bâti par pièces , il n'eft pas ré-
* gulier , & l'on ne fauroit en donner une
defcription exade. La première pièce,
qu^on voit, eft une Chapèle , delagran-
Tom.111 H h h dcur
5*7^ Les Délices Oxford.
»dcur d'une bdle Eglife , bâtie en crcMX
ccraféc ,GU en forme de T, av^c un clo-
Ichcx quarrc fort joli, qai s'éJeveau dcC-
ûjts de la ^croîfée , & fè termine par une
plate-forme, bordée xle hautes baluilrades.
Au delà de la Chapèle on rencontre une
(iCour, environnée de trois ailes de logis,
dans l^inc desquelles cft la Bibliothèque,
xm l'on voit un Cabinet de raretez, fondé
PAa 1659. P^^ 'Griffin Hi^s , Doyen de
Lit^hfield. A côté de cette cour & de la
dhapèle , font deux autres cours allez
fpacieufes ^ cpî ont auffi chacune trois ai-
les de logis", & le Refeétoire entre-deux.
La plûs^ vieille des deux cours eft fort
flstédiocrc, .mais l'autre eft belle, les bâ-
timcns en ibnt réguliers , à trois étages ,
&: Vmi des cotés, embelli d'un beau por^
acail ,, efl orooé de quatre rangs de colon-
nes , avec trois rangs de niches & de fia-
tues. IjCS bâdmens font tous cniemble
la lon^eur de àt^% cens cinquante-cinq
piez , & ift)ot environnez de jardins £c de
parterres de titois cotez. Comme ce Q5I-
1^ eâ: IHm des plus anciens , auffi a-t-il
produit un plus gmnd nombre d'Hom-
mes illuftres que les autits. Il -en eft
^rti un Catxiinal , cinq ou fix Archévê«
^cs^ & quatorze à quinze Evêques. On
^»- ^» ■ .
^^B^
J^
1
« ^
• • ••
• ► 4
» •
>xfôrcî; DE E'ANGLETEItltE.' 5^79
y a vu quantité' d' Ecrivains illuftfes ,.
rant avant qn^après la Reformation. En-
tre les premiers on remarque k fatncux^
Jcétn Duns , fumommé S€9t , ou k Df^-
Steur Suhtil , qui mourut l'An» *3o8V
Guillaume Occam joh Ockham^ furnommé
le DoStfur Iwvincikle\^ grand advcrfaire
dùScot^ 6c l'Auteur des Philofophes Oc^
carnifies , qui mourut l'An' 1 347'. 7^-
tnas de Bradwardin^ furnomme le DoUem^
Profond , Archevêque de Cantoriery , moft:
PAn- 1549. GuiUaume Gryfitnte ^ habile
Médecin , pérc de Grimsald Gryfannte ,>
qui fut enfuite Paçe fous k nom d^Vy-
bain V. & par dclîus tous ceux-là le ce--
lébre Réformateur fion Wideff y, mort
PAn 1386.
VEcolede S. Albam^en Anglais^^ AU-
ban-Hall.
T 'Ecole ou la HalU de S. Alban e(t
JLitout joignant le Collège de Merton y,
dont clk eft une dépendance , & comme •
k Séminaire. Elle fut fondée , àceau'biïi
croid, l'An 1230. par ua citoyen' a 0,v-
JQrà , apèlé Rebert de S. Alban , qui lut
donna fon nom. Elle fut réparée ^ 8c
presque rebâtie de nouveau, Vers la fin du?i
Hhh X Sic-
^So . XjEs Délices Ox^ii.
Siècle XVI. fous le Règne à^ Elizjiheth .
11 en eft forti deux ou trois Evêques ,
& quelques Ecrivains , dont les noms
ne font pas fort conaus hors, de l'-<4»-
gUterrc.
Le Colûgt de PZMverJite.
A VANÇAJNT de la porte Orientale de
jL\la ville , on rencontre fur la gauche
le Collège de Wmverjite\ qui eft le plus
ancien oe tous , ayant été fondé par le
Roi Alfred dans le ix. Siècle , comme
je Pai déjà remarqué ci-deffus. Mais il
eft aujourd'hui bien différent de ce qu'il
fut autrefois dans fon origine, ayant été
deux fois ruiné, &deux fois rebâti. Les
Danois l'ayant ravagé avec les autres après
la lîaort du Roi Alfred , il fut prefque
abandonné jusqu'au Siècle de GuiUaume
le Conquérant^ qu'on commença d'y voir
des gens d'étude. Mais il. n'eut aucune
rente jusqu'au Siècle xi 1 1. que GmllaH-^
me y Archidiacre de Dirham ^ légua par
fon Tcftament ( fait l'An. 1249. ) la ibm-
rac de trois cens dix marcs d'argent, pour
l'entretien de dix ou douze Maitres en
Théologie. Dans la fuite des Siècles il a
çté €m:ichi par un grand npmbre de dor
na-
T1
^ I
.1
Oxford. pE l'Angleterre. 58^x
nations , tellement qu*il entretient unc-
nombrcufe Compagnie. Comme il me-
naçoit de ruine dans le Siècle dernier ^
on le rebâtit tout de nouveau , plus grand ,
plus régulier , & plus beau qu'aupara-
vant ; la dépenfe en fut faite en partie des
revenus du Collège, &cn partie par les
contributions de plufieurs perfonnes gc-
ncrcufes. Ainfi aujourd'hui c'eft un bel
édifice, , presque tout neuf , de forme
quarrée, compoféde ttois ailes dejogis,
a trois étages chacune , avec une qua-
trième , qui fait k dernier côté dt la cour,
& eft occupée en partie par la Chapèle,
& en partie par le Réfectoire. On en-
tre dans l'une & l'autre par un joli por-
tail , à double poite , orné de colonnes^
& terminé parunfroaton y q«i s'élève ait
deffus du toit. La Bibliothèque eft dans
une aile de logis , qui eft atachéc au Re-
fcétoirc , & s'avance en faillie par dehors.
Il eft forti de ce Collège dix ou douze
Evêqucs , & plufieurs Ecrivains , dont
l'un des plus remarquables eft Richdrd
Stanyhurft , IrlandoU dc naiflance , qui a
beaucoup illuftré l'Hiftoire de fon pays>
11 mourut à Bruxflles l'An 1618.
H h h. 5 VE^
j8î Les Délices Oxftrd.
L^Ecole de S, Marie ^ en Anglois^
S.Mary-HaB.
UNf peu plus avant on voit , au bour
de la rue, l'Ecole ancienne de 5. Ma-^
fie , en Anglais , s. Mary^Hall^ tellement
fituéc, qu'il n'y a que des jardins , qui-
là réparent du Collège d'Or/>/, dont elle
eft une dépendance. Sous le reened'flîw-
ri III. r vers la fin du xi 1 1 . Siècle , cette
Màifon fût con&créc à l'étude des belles
lettres , & donné au Curé de ITEglifè de
S. Marie: & l'An i ^25. le Roi Edouard
H. ayant fondé le Collègç d'Oriel , la.
donna à la Compagnie avec PAvoyeric
de la même Eglife Se quelques autres re-
venus. La Maifbn. eft un bâtiment de:
g "andeur médiocre , compofé de trois ai-
s, à l'une desquelles on voit une peti-
te Chapèle. Il eft forti de cette Ecole
Î>IuGeurs Perfonnes illuftres , entr'autres
c Cardinal Guittaume Alain , du titre de
5. Martin ,.& le célèbre & infortuné
Thomas Morus^ Chancelier à! Angleterre ^
fous, le règne ^ Henri VIII. qui lui fit:
trencher la tête l'An if^f.
Pour dire quelque chofe de l'ordre , .
qyi s'obferve dans TUniverfité â^Oxford ,
elk
I /
*
^r-
dlfefd. DE L^AnGLETERRB. ^^"^
cBc cft compofée d'un très-grand nonou
•bre de Profdïburs , de Doéteurs , de Ba-
cheliers , de Maîtres , 8c de près de G[ua-i
xfc mille £tudians, qui font tous diftri-'
t>Qèz dans. les divers Collèges & les Halls
ou Ecoles , & dont il y en a environ mil-
le , qui font entretenus des revenus mê-
mes des Collèges où il fe trou vtnti X.'U-
jii verfité fait comme^in petit Etatipart,
qui a de très-beaux privilèges , & dont
les 'offices ne relèvent que du Roi. Le
preràier Magiftrat de l'Uaiverfité eft le
Chancelier , qui eft d'ordinaire une per-
ibnne du premier rang dans le Royau-
^.me-, & fou vent am Archevêque deCiw-
.^^r^^nf. Aujourd'hui c^eft le Duc d'Or-
El\jmna. Il eft choifi par les Etudians mc-
j^:^mes, dans une aflëmblce publique. C'elt
i.* à lui' à maintenir les privilèges de TUni-
i' .'verfité , à convoquer les aflèmblées , à
I terminer les diâerens , £c à punir les cou-
lai^ mbles. Il a iâ Cour , qui Juge toutes
P les caufes des membres de PUniverfité ,
f • 4Hon les règles du Droit Civil. Le fc-
j cond Officier eft le Sénéchal , le troifiê-
me eft le Vice-Cfaancciier , qui eft d'or- "
tdkaire le Principal de quelque Collège*
II a foin de fliirc obferver un bon ordre
dans PUnivcrfxté^ afin que tous ks £xer«
cicc»
584 Les DïiLicES Orford.
cices publics fc faflènt régulièrement. Il
y a des Procureurs choifi s tour-à-tour de
chaque Collège , un Orateur public, un
Gardien des Archives , & un Secrétaire,
qui doit cnregitrer tout ce qui fe paflè
dans l'Univerlîté, & dans fa dépendance.
Toutes les fois que le Vice-Chancelier
fort , il eft accompagné de fix bedaux,
11 reçoit tous les ans le (crmeat , que le
Maire & les principaux bourgeois de la
ville , & le Sheriffmêmc du Comté , doi-
vent prêter , de maintenir les droits & les
privilèges de PUniverfité. Et chaque
année, le premier jour de Février , Fê-
te de S. Sco/afiiijHe , un certain nombre
des principaux bourgeois payent folen-
nellement un foû chacun, pour marque
de leur foumiffion à PUniverfité, Dans
les affaires les plus importantes , qui re-
gardent la ville même , le Vice-Chance-
fier cil au deflus du Maire. Les Poui-
voycurs du Roi ne peuvent pas prendre
des vivres à cinq milles à la ronde aux
environs à^Oxford , â moins que Sa Ma-
jefté ne s'y trouve en perfbnne.
Autrefois les Etudians navoient aucun
habit, qui les diftinguât des autres ; mais
dans la fuite il fut ordonné qu'ils portc-
roient des robes Se des bonnets de couleur
noi-
noire. On prend deux degrcx , celui do
Bachelier & enfuite de Maître , avec cet-
te diiférence , que ceux qui ont pi^is toifô-
les degrez dans les trois principales Facul-
tez, s'apèleht Doûeurs , & non pas Mai--
^tres. \jîv homme qui veut prendre {Is:
degrez , doit fe mettre en penfion dans-
un Collège , pour y çaflèr à l'étude touf
le tcms quieil prefcnt parles: Loi». It
faut fept ans pour être reçu Maître au»^
Arts , 6c enfuite onze pour prendre le
degré de Dofteur en Théologie , parce
qu on ne reçois perfbnne à cette dignité ,.
Îni n'ait pris le degré de Maitrc aux Arts.
1 eft vrai- qu'on difpenle quelquefois de
ces révères reglemensen faveur des Etran--
gçrs. Pour recevoir les degri:2 , il faut
paflèr par plufieurs épreuves riides & pé-
nibles, & l'on donne les derniers degfez^
avec tant de folennitez , qu'il cn'Coûte
toujours cent livres ftcrlings à un Do--
âeur i & trente à quarante à un Mairré
aux. Arts. Pour conclufion il faut ajou-
ter que les deux Univerfitez à^Oxf^rd' 6c
de Cambridge ont reçu du Roi fa^jHts L-
le privilège d?envoyer chacune deux Dé-^
putez au Parlement-
Outré les Profcflèurs Se les Fc^/^w'/omî
les Maitres , qui font dans chaque CoUè-
2w«. IIL lii gp:
fié Les Délices Oifor*.
ge d^Oxford , il s^y cft formé une Socié-
té de Savahs pour l'avancement de la bon-
ne Philofopbie , ibus le nom dt la Soeié^
té de Philofiphie. Perfooiie n'y cft admis ,.
qu'il ne foit Maitre aux Arts. Il y a utXc
Prcfîdent , un Direfteur des Expérien-
ces , un Secrétaire & un Thrélôrier. Cet-
te Compagnie s'aflètnble une fois par ie«
naaine , & entretient un commerce régu^
lier avec la Société Rgyaie de Londres , âc
svec cefie de Dublin.
Erfa k ville ^Oxford eft toute belle.
Se ms^mâque. De quelque cote, qu'oa
s^y tourne , on y voia par-tout de beaux
& de fuperbes édifices^ à& pierre de tail-
le y ékvez régufiércmenc , avec des jar-
dins & des parterres , Ss qui reflemlwnt:
à des Pillais Royaux. On y jouit d\in.
fort bon: air , parce qu^dlc eft expofée^
au Nord 8c à l^Eft : il fc trouve dans/
fon voifinagc, vis-à-vis du* Collège de /*
Magdeiaine , une fontaine , dont l'eau con^
vertic le bois en pierre, ou du^ moins le
couvre d'une croûte de pierre.
La ri??iére de Tame, qui coule à quel-,
ques milles à l'Orient d^Oxferd , fortant
du Duché de Buckingham , arrofe , à ren-
trée de ce Comté , un beau boui^ , au-,
quel elle donne le nom de Tam^. Il eft
fw
Dorafter. i>e L^ANeLÈtlEïtltB. f^f
iîtué fortavantageufement entre cette ri*
prière , qui l'arrofe au Nord , & deux ruif-
feaux , dont l'un le mouille à PEft , &
l'autre à POoeft. La Tame coule de là
droit au Sud , & tombe dans l'-Çî/, ou la
Tamife^ au deffous de Dorcefier. Cette
Place étoit anciennement confîdérable^
Les médailles Romaines^ qu^on y a déteîv
Tces , font juger qu'elle a été halûtée fous
PEmpire des Romains i & PHiftoire noïis
aprend que S- 5/r/» , l'Apôtre àc&SaxonM
Occidentaux^ y établit un fiége Epîfoopal^
qui s'y eft confervi durant quatre cens
foixantc ans. Sous le règne de Guillaume
k Conquérant , PEvêque Remigins trans-
porta ce {lége à Linîoln , oii il eft demèu>»
ré. Depuis ce tems-là Dorc^er eft ca*»
tiérement déchue , & n'eft plus aujour*»
dhui qu'un village, où l'on voit les foC-
/èz Se les ruines d'une grande ville» La
Tamife , ayant reçu la Tame , coule au
Nord-Eft , & près des frontières de Buc^
kingham ^ elle arrofo le bourg de Henlej^
dont les habitais font grand trafic du bois
'&: du blé qu'ils portent à Londres.
La rivière de Windrush vient du Du-
ché de Glocefter , & coulant à PEft , ar*
rofe Burford^^rA 6c beau bourgs celé-
:]kc pour, fon antiquité ^ auflî bien qu'à
lii X eau-
^%S Les DkLIC«S Barfori.
xau/ê des coucfes de chevaux , qui (e font
tous les ans dans fes plaines. De Bmrfgrd
Je a^indnuh paflè à Hiitnej , & fb jette dans
Vrjij , ou Ja r4w/)? , à POccident à^Ox^
Un peu au deflus dn fijndrush la ri-
wrc d^Evcnlûde fort des confins de Gfo-
x^^r & de H'aruficl^ , & arrofe le Com-
ié d'Oxford de l'Oueft à l'Eft , côtoyant
la belle Foret de ff^riSr^M^^i^^^ écoulant
près du parc d^
WOOD STOCK.
X^/'ooDSTOCK eft un bourg afièz an^
W cien , où le Roi Henri I. fit bâtir
autrefois une Mailbn Royale , avec uq
très*bcau Se grand parc , formé de mu^-
lailles. Henri II. ibn fils agrandit cette
Maifon confidérablement , Se l'on rapor-
te qu il y conftruifit un Labyrinthe ,
pour y cacher la belle Rofimonde CUfford ,
jà maitreflè. Mais fos foins furent inuti-
les : la Reine £lepnor jfurprit un jour
Rofcmonde , Sc la contraignit de prendre
du poifon qu'elle lui avoit préparé. On
Tenterradançun Momftèreae Religieux
les , nommé Gêdftow , fitué près d^Oxford
ilans i^w Uc , que fait h T^mi/c ÀVOucSt
"^ de
Wooiftock. DE l'Angleterre. yS^
^ cette ville/On a y vu long-tems fon
Tombeau avec cette belle Epitaphe en
vers rimez ; dont Pallufion de Rofa mutt'-
Âa , à £bn nom de Rofemundcy n'eft pas,
.â mon fens , le plus méchant endroit :
Hac jactt intumba Rofa mundi ^ non Ro"
fa munda.
Non redùlct , fed oUt , tjué redolcre fo^
Ut.
Le Tombeau avoit été placé au beau mi-
lieu du chœur de TEgliiè, couvert d'un
drap de fbyc ; un Evêque de Lincoln^ nom-
mé /fog;/^^i,trou va mal-à-propos & de dan-
gcreufe conféquence que le tombeau d'u-
ne femme, telle qu'avoit été Rofemonde ^
fut expofé là aux yeux de filles , qui
avoicnt fait vœu de chafteté , ii le fit
donc oter du chœur , & tranfporter dans
le cimetière. Mais les charitables Non-
nains furent fi afFeétionnces à la mémoi-
re de cette Belle , qu'elles tirèrent fes os
4ic là 5 & les remirent honorablement dans
le chœur de leur Eglife. Pour revenir
à la Mailbn Royale de Woodfiock^^ elle a
jCU Phonneur de voir naitre le vaillant £-
Couard , furnommé le Prince Noir , qui
gagna fur les François la fameufe bataille
2e Poitiers , où ^ean Roi de France fut
ikit piifonni^r ^ le 1.9. Septembre de PAti
lii 3 1356,
ypo Les Deliccs Wooaftock,
155^. Cette Maifon avec la Ttxrc de
Woodfiockji été dponée^ierDiéfcmcnt à Mi-
lord Duc de MarléboroHgh , en récompen-
iê du Service fîgnalé qu'il a rendu à la
Couronne , ou plutôt a toute VEmrafe ,
dans Pilluftre journée de Hochfiett^ le 23.
du mois d'Août de l'An 1 704. & ccttç
année 1706. il a été créé Gouverneur de
la Province. Ce Prince y fait bâtir
uneMaifon, qui^ au jugement des cou*
«oifleurs , doit être un Chef-d'œu-
vre.
La rivière â?Evenlode étant avancée à
l'Eft vis-à-vis de Woodfiock^ , tourne droit
au Sud , & va fè jetter dans la Tamiji.
Près du confluent de ces deux rivières ,
on voit un monument antique , tout-a^
fait fingulier. C'efi: un rang de groÛcs
Îûerrcs , de grandeur & de forme inéga-
e , élevées fur leur bafe, & difpofées ea
rang. Hors du rond on en voit une au-
tre plus grofic & plus haute que toutes
les autres : on Papèle le Roi ^ & les au-
tres , les Chevaliers & les Soldats. Com-
me les habitans lesapèlcnt RolU'rich-fi9ms^
cela donne lieu de croire que c'eft un mo-
nument de RoUû ^Chs£ àc^Nûrmans^ qui
jbrtant du fond de la Norwtgue j vna:
en Angl€t€rre l'An 876, & y fivxa deux
bar
T
• >
Bambury. pc L*Angleterre. 59 I;
batailles aux Anglois dans le Comté d'OAr-
Le ChiTweU , qui pafle à Oxforà , vient
du Nord de la Province, où il arrofe le
bourg de Bambury , anciennement apèlé
Borne Ayrigh , ht ville des os. Il s*eft don-
aé dans ion voifînage deux fangkmtes ba^
tailles , la première dans le vi . Siècle en*
tre les Bretons £c les Saxons Occidentaux y
6k ceux-là furent battus , & Pinitre dans-
le XV. Siècle entre les Maifbns de Lanca^
Jhe Si énork^ , oii les derniers furent dé-
Ênts , 8c le Roi Edoasrd IV. etmnené^
priibnnier. Bambury ar été confidérabic
dans l' Antiquité : Pon y voyoit de bonnes^
murailks, âc Ponya déterré quantité de
inédaiHes. Aujourd'hui l'on y remarque
un Château hUv ^t Alexànire Evcque
de Lincoln , &: il eft célèbre à caufè du bon.
fromage, qui s'y feit.
Le Oserwell paflè de là par un joU:
bourg, nommé IJlip^ anciennement <?/-
JHjf. Il y reçoit une autre ruiffeau , qui
vient de Burcefier , bourg antique , au-
trefois apèlé Burancefier , où l'on voit une
afiez belle Eglife, quia titre de Doyen^^.
né , d'où dépendent trente-&.une Pa-
roiflès. Tout près de là efl un village
apèlé Amkrofden , & par corruption A--^
merf^-
59* ILes Délices Amçrfflen.
merfden , qui tire fon nom du fameux
Ambrojius ^ fils de Cofift antin ^oi des Brc'-^
t^ns ^ qui les défendit vaillamment con-
tre les Saxom s èc empêcha ceux-ci pen-
dant fâ vie de poufler leurs conquêtes*
bien, loin. Il y a de Paparence au'il mit
là quelque g^rnifon , qu'il y oâtit un»
Fort , ou quelque ehofe de ièrablablc ;.
& anciennement entre Burcefier Se A^
merfden^ il y a voit une ville forte, nom-
mée ^2X les Saxons j AlUcefier^ & parles-
Bretons^ Caer^Allecs d'où Pon conjcétu-
re qu'elle tiroit fon novcH? A USltts , Pua
des trente Tyrans,» qui s'empara, du. Dia-
dème Impérial dans la Br^tagnr^ & qui
après avoir régné trois ans ÔC quelques,
jpurs, fïit tuéPAaajtj'^ Cet^/^Swavcât-
défait un autre Tyrans nommé Camufius ,.
dans une bataille décifîve ,. qui & donna
dans le voifinage de. la ville à^.Allcefier ^
entre Burcefter , & le Cherwelh & le lieu
en a retenu long-tems le nom de Cavers'-
feJd. , pour Carausfeldy & de là par cor-
ruption il a été changé en Cafefeld. Pour
revenir à Allcéfier , le lieu , où elle étoic.
fituéie , n'cft plus aujourd'hui qu'une
campagne , où l'on conduit la diarruc ,.
de là vient que le Quartier porte le nom
de PloHgh'Hnndred. Mais on y atrouvé
dà
■Î-. v'i
i
f
V
»
£
de tems en tems une q^mmité incitc^abl^
de monumçns aneiem-, qin font vok q.ue
cette ville a été riche & puiflante ; di-^
vers pavez à la iîib/i/f^^, fort bien faitSr
3uantité d'urnes , ks unes de ticrre , èa
'autres de verre , de diyerfe grandeurv
dont les unes étoient ouvertes & vuidesy,
d'autre» étoicnt boucbccs avec du pjomtr,
& pleines d'os & de cendres, ôcd'autrcS'^
jai'oiflbient avoir été^ rempiles d'exoel-
cns aromates, dont elles retenoient eiv
core une fbuêvc odeur\i des plats de ter- •
l'e , blanche & rouge j,. enfin des pots de.
terre , pleins de médailles de bronze,
dont ks uaes portoient la figure d^-^/i?*
£lfu , 6c d'autres celle de Cara$ijius; les-
unesSc les autres avec le titre à'^Etnpe-^-
veur^ Les payfâns d'afentour les apèlcnt
Allcefier^coins.
La Province d'OAr/ir^if eft Tune des pre-
mières à^AngUterre , (bit pour la dou--
ccur & la bonté de l'air , foit pour la fer-
tilité du terroir. Les collines y font om^
bragées de jolies forêts , & couvertes d-^
troupeaux. Les valons font parfcmez de-
chams fertiles , & de riches prairies. Lis^'
parcs y font remplis de gros 8c de menu**
gibier, au poil & à la plumc^ lesarbcv^^s»
y dona:nt d'excellent fruit , Se l'on pc--
rom.lll. Kkk ch^
^4 ti E s D^-B L i C B s Glbccffcr.
che du poiflbn fore délicat en quantité
dans les rivières ,, particulièrement dans le
eherufell , de forte que tout le pays eflr
très-richement partagé des prcïcns de la
Nature , auffi^bien. qu'orné par les ou.-
vr^es de l^Art,
Le Duché de GLCX^ËSTER.
Al'Oueft du Comté fOxford , on
entre dans le Duché de Glocefier^
qui eft borné au Midi par les Provinces
de Wilt & de Sommerfits à l?Otcident par
le Duché de Ménfmmth ( dont il cft fe-
paré par hflj^t) & par le Comté de //ir-
refora i au Nord-Oueft par la Piovince
de ïfircefier , & au Nord-Eft par celle
de Wanpicl^. Sa longueur cft d'cnviroi^
cinguante milles , fà largeur de vint-dnq,^
& fon circuit de cent trentc-fept. Il eft
divifé en trente-trois Qiîartiers, qui font
deux cens quatre-vints Paroiflcs ; on y:
compte deux villes & vint-quatre bourgs;
à marché.
Tout ce Pays eft partagé en trois par-^
ties générales , deux à PEft , & la troi-^
fiême à POueft. La Sevérne féparc lai
dernière des deux autres , traverfànt
tout le Comté du Nord au Sud., & por-.
tant:
Gloccffcr. BB L'ANGLETTRlt^r fÇf
tant k fertilité par-tout où elle paflc. U^
ne autre rivière , nommée Avon^^ coulant
à Pextrémité Méridionale de cette Prosi^-
vince , k fépare du Duché de Sot9zmer*r
fit^ &t ft jette dans le Canal de k Séveri-
ne , après avoir lavé la ville de BrifieL
La partie de la Province , qui eft à'
rOrient. de k Severne , eft partagée cni i
deux , dont k plus Orientale eft une Ion- -
ffue chainè de montagnes y qui s'éten*-
dent du Nord au Sud ^ déclinant au Sud^-
Oueft. On les nomme CotteswopUs, EU-
les fournirent k (burcc à trois ou quatre
rivières ^ qui , tenant un cours égal ai^
tr'cllcs, portent leurs eaux au Sud-Eftv^
iàvoir VEvenlode , le H^indrush , le Lech , .
\t Celn ^ &lcCW, en Latin C(>r/i7«i . .
La Tamife y prend auffi (à iburce vers
lés confins du Comté de Wik , & cou- -
fent à PEft, reçoit le Chur^ le Co/», &
fc Lech. Ce dernier y porte fes eaux fur
les confins des Comtez de W^, de Ck^
cefter , & â?Oxford , & lave en cet en* -
droit-là un bourg , nommé LechUde , oir*
l'on prétend qu'il y eut autrefois , (bu* -
PEmpirc des Romains , une Académie ,. >
^ui de là fut transférée à Oxf&rd.
L^àutrc partie eft une belle , longœ,,,
^ fertile Vallée , qui s'étend entre ces--
Kkk. a. mont--
/
f^6 E,Br s EX 1 C F/3 ^anuîcn ^
montagnes & le cours de la Seveme , &
où Ton voit Clocefier , la Capitale de la
Province. Cett€ partie a aufli fcs rivières^
qui , tombant aes Monts Cotteswoolds ,
la traverfent dans fa largeur , & vont (e
jcttcr dans, la Seveme. 'La principale clt
ItStroud.y qui arrofe le pays.dan^ le mi-
lieu de fa longweur.
Les Montagnes s?abaiflènt vers les
frontières Oxientales de la Province^
Eour donner le commencement aux bel-
;s Campagnes àî^OxforÀ. C'eft Li qu'ors
voit le chemin antique , connu fous le
nom de Fojfewa^ , tiré autrefois par les
JRomaim au pié de ces montagnes^ & pa-
ve de grofles picnxs.. 11. vient du Comœ
àcWartPtcky cCpafle^ Stân-^n-the-Miftld^
bon bourg , fitué vers les frontières , entre
les rivières de VEvenlode & du Windrush^
Il eft (lir une hauteur , fort expofé à. la
fureur des vents. A huit ou dix milles
au Nord de ce bourg , on en voit un au-
tre , nommé Camden^ fituddans la mon-,
cagne , où tous les Rois Saxons s^âS^aX"
blérent l?An 689. pour confulter fur la
guerre qu'ils avouent avec les Bretons. Il
a donné le nom à un favant Ecrivain.^
auquel* V Angleterre doit avoir une obli-
gation, étcniellç,
eu
۔rcnccftcr; DE u'AngLETERR'E. 597
CIRE N C E S TE IL
D^'Stow^on-the^WoHld ^ laVoye mHîi
taire , avançant au Sud & au Sud-
Oucft , coupe les rivières dé Lech , de
Coin , & de Chur , & aiTive à Cirencefitx,
fitucc fur cette dernière. Cirencefier, apè-
Ice par. ks Gallois Caen Ceri , étok autre-
fois une belle 6c grande ville , nommée
Cmnium & Duro^Cornovinm^ qui avoir
deux milles de tour , comme les mazu-
tes des murailles , qui reftcnt , le font
eonnoitre. On a trouvé parmi fes ruines*
quantité de médailles y des flatucs ^ & des
pavez à la Mofaïque s 8c l'on y voit le&
ECÛes d'un chcminr militaire des Romains^
qui coupoit le Stroud ^ & alloit droit à
Clevfim , aujourd'hiii Gloccfter. Cette vil-
le ibufrit beaucoup de la guerre des Sa^
xons avec les Bretons. ^ mais elle ibufrit en-
core davantage des défolations. des jD4-
mis , de forte qu'à préfent^clle n?ert plus
qu'un petit bourg , qui occupe à peine.
lu quatrième partie du terrain de la ville
ancienne. Les habitans* s'apliquent beau**
coup au commerce de laine.
Ktk 5, CAfl^
5^8 tiKS Djei^ICBS Thcwkèsbôcfïr.
1
p
Chemin de Wofcefier à Ghejeftêt.
OUR aller de Wercefier^ OUcefièr^ on :
quitte le Comté de Worcefier à un mil-
le de RJffel , & côtoyant la Seveme , a*^-
près trois milles de chemin l^ôn arrive i .
THEWKESBURY.
TliEWKESBUR Y , anciennement Thev^ -
ks^kurgj atiréibi>nom d'un certain i
Theocms^ qui vécut (àintement dans la re-
traite en cet endroit Jà. Thewkeskuryt^
un grand & beau bourg , fîtué entre trois
rivières , la Seveme^ Vjivon & le Su/illja^
te , ou Suilliatt , que l^on paflc fur trois»>.
ponts. 11 y avoit anciennement un fort
Dcau Monaftère , dont on a confervé PE-^
glife , pour l'ufàgç de la Paroiflc. Ce
mwxg eft célèbre à cau(è de la moutarde :
qui s'y fait , mais principalement pour fa i
manutaâure , où il fe fabrique les plus >
fins draps du Royaume.
Un peu au deflbus de Thewkeshnry l^ott
voit dans k Severne une petite Ile , nom-
mée anciennement Olenesg , & j4lftejf ^au-
jourd'hui Eight, Elle eft remarquable
dans L'Hiftoire , parce que dans le xi.
Sic.**
6lbceftec dB L^AkgLETERRE. 559
Siècle Edmond Roi des Anglois , ôc Cr^.
»j»^ Roi des Danois , las d'une longue
guerre , qui ruinoit les peuples , fens a*
outir à rien, réfbkrent de terminer là
leur différent, en duel, feulàfèul, avec
armes égales , afin que le fuccès décidât
^i des deux demeureroit Roi à^Anglc^
terre. Mais après s'être battus quelque»,
momens fans avantage , ils firent la paix ,
&: partagèrent le Royaume entre eux ;.
partage qui fut bien-tôt fini par la. mort
uiopinée ai Edmond^
G L O C E S T E R.
A dix milles de Theu^kssbmj l'on arri-
ve à Glocefier , Capitale de la Provin).
ee. Cette ville çfl fîtuée fur la pente dou^
ce d'une colline , au bord d'un des bras
de la Severney qui fe partage en deux ua
peu au deflus de Glocefier , & forme l'Ile
à?AIney. EUeeft fermée de murailles de
toutes parts, excepté du côté de la rivié-
vc , où une muraille n'efl pas nécefïkire ,.
médiocrement grande , & bieabâtie. Les
maifbns & les rues y font belles , Se la
Severne y rend le commerce floriflant^
Cette ville a été autrefois Colonie Ro^
mâinc ^ Gamme il paroit par un marbre
an*
éoo I^ES^Dfil^ICBS CMôccitèft
•
antique , qu'on a trouvé à Bath dans lé
Duché de Sommer fet , avec Tlniciîption
fuivantc mutilée:
DEC. COLONIAE. GLEV.
VIXIT. ANN. LXXXVI.
Les Romains Papèioient Glcvum , les 5^-
xons après eux lui donnèrent le nom de
GleaMcefier , & aujourd'hui les Bretons ou
Gallois la nomment C4«^ Glov/ , (m Caer
Glowi , ce qui veut dire Belle ville. Il y
avoit anciennement un Château , qui a
été ruiné par le tems. Aujourd'hui l'on
y voie quelques Eglifcs , entr'autres celle
qui fut érigée en Cathédrale parle Roi^
Henri Vllf Elle eft fort bien faite , bâ-
tie en» croix , avec ua clocher quarré ,
d'un fortbeau deflein , & bien orné d ou»
vrages d'Architeéture. On voir dans \q
chœur les tombeaux de deux Princes
malheureux , le premier eft Robert Duo
de Normandie ^.ûh aine de Guillaume le
Concjuérant , qui eut les yeux crevez au
Château dçCardiff,^ où il mouBut , après
y. avoir été détenu prifonnier , 8c trai^ in-«
digpement , rendant vint-fix ans. L'au-
tre eft Edouard II. qui fut tué en fccrct ,
s'il en faut croire les Hiftoriens Anglais y.
par l'ordre d'^Ifabelle de France fâ femme,
ifleur du Koi Charleslc, £eL Le prémicBi
Adon. OE l'ANgLETERHE.' 6o I
n'a qu'un tombeau de bois peint , mais
celui du fecond eft d'albâtre. Dans une
des arcades , qui eft au defTus du chœur,
la mu taille eft bâtie dh demi-cercle , toute
pleine d'angles ou de coins. Si quelqu'un
fe met à l'un des bouts , & parle ba^,
une autre perfbnne , oui fêm à l'autre
bout , Se qui mettra l'oreille contre la
muraille , entendra fort bien tout ce qu'il
dira j c'cft une chofe éprouvée.
Chemin de Ghcefier à BrifioL
DE Olocefier à Brifiol il y a trente-fix
milles de chemin. Suivant la grande
route qui y conduit,, après avoir marché
fcpt milles, on paflè la rivière de 5/wiir^/,
à côté d'un petit bourg du même .nom ^
où Pon teint du dr^p en éçarUte : l'eau
du Stroud "ayant une vertu particulière
pour faire une bonne teinture de cette
couleur. De là on pafle par Durslej ,
& par Aïion , village près de la iburce de
la Fromc. On laifle à l'Orient les P^oif-
ie$ â^Alderley & de Sadminfq^ ^ o\h l'on
VQit des pierres fingpliéresi . .Ai^x envi-
rons de la féconde , .pr^S'4£% confins de
Wtltshire , on trouve , d^ns les plaines ,
des pierres d'une figurç cylindrique , de
Tom. m. - LU la
6o% Les Délices Aldcrlcy.
lagrôflcur &.de la longueur d'un doigt :
le dedans cfl: un caillou un peu tranipa*
rent, & le dehors eft une croûte blanche
& dure qui l'envelope. On voit auffi
daris la même Paroifle des trous en ter-
re 5* qu'on ?ipèle Goufres , où les eaux fe
perdent & s'abimeht dans la terre , fans
ûU'on les voye reiparpitre , quelque grof^
(e pluye qu'il fafle. Dans la raroiflê d'u4U
derlej , qui eft vers la fburce de la peti-
te rivière àiAvtn , on trouve parmi les
montagnes quantité de pierres de fèr-
pent , qui reflèmblçnt à de véritables 1èr-
pôm cntortiUet , excepté que la tête y
manque.: l'épine du dos eft très-bien for-
mée , ÔG toute la pièce eft compoféc de
daix parties^ dont l'une fert comme d'en-
vdope à Pautre ; & on les fépare fins pei-
ne- & tans rien gâter , en les frapant légè-
rement. Oii y trouve des tas de coquil-
lages de pierre , de toute forte de gran-
deur , Se de figure , les uns reflèmblans
à dfes Coquilles de S, fatjucs , rayez d'un
bout à l'autre , d'autres reflèmblans à des
mbulés , '& qucl^eg-uns canèlés. Tou-
tes ces piêrties £)nt couvertes d'une enve-
lope , qui eft <oiinàe une écaille mince Se.
luiiànte , en quelques-unes blanche com-
me de l'albâtre , en d'autres brune . &
en
Barklcy. de L' ANGLETERRE. é»03
en' d'autres d'un rouge-pâle. La rivière
d^Aven , ayant arrofé ces endroits-là ,
coule à POueft , & fe jette dans la Sever-
ne près du Château de Barklty. Il y a-
vbit là du tems des Rômaïni un lieu de
paflagè , qui',' à caufede cda, fe nom-
moit TrajeStus. B^rhley eft remarquable
parce que c'eft le lieu où Edouard II.
dont j'ai parlé, ci-deflus , fut tné inhumai-
nement. Dans le X I . Siècle il y avôitlà un
Couvent de Réligieufes , ^qui fat inter-
dit , parce qiiè les Donnes Nôniiains , jeu-
nes & imprudentes , fans en excepter PAb-
beiiè 5 âvoient feu l'infirmité de fe laifler
réduire par un beau jeune homme , & de
fuccomber aux tentations de la chair:
c etoit, dit-on ^ un piège, que Godwin
Comté de Kerii leur avoir tendu , pour
fè' faire adjuger leurs biens.
' Du vilkge à^ASlon il y a dix milles de
chemin jusqu'à Brifiot. En fàifànt ce
chemin on paflc à côté de la Paroiflè de
Puckle Church , où l'on trouve dans la
t#re une forte de pierre , bleuâtre , pu-
r^ , plattê i épaifle d'environ un pie , fi
u6ié ;, Se fi bien ^fifede tous les côtés ,
qd'ôndiroît que c'eft un ouvrage de l'Art,
& qu'on en a voulu faire des pierres de
tombeau/ On en tioùvc pluueurs à la
LU z fois.
^04 I-Es Délices Btiftol.
fois , couchées ks unes fur les autres ,
jusqu'à fix ou (èpt , & presque toutes de
la même épaiffèur. Le terrain, qu'elles
couvrent , eft une argille bleuâtre & lé*
gère. On trouve de ces pierres le long
du grand chemin de Brifiol , & dans un
endroit , qui eft près de cette ville , on
paflè fur une place , longue de plus de
dix toifes , qui fçmble n'être qu'une feu-
le pierre,
15 R I S T O L.
LA ville de Brifiol vl^dk, pas fort ancien-
ne , du moins il ne paroit pas que fon
port ait eu quelque réputation jusques
dans le XI. Siècle, En échange elle eft
l'une des plus grandes & des plus riches
du Royaume. Les Saxons lui donnéretit
autrefois le nom de Brijhfiow , c*efl>à-
dire , lifH confiàérMe , & leis Gallois Papèn
lent CW^r Oàer Nmt Badon , ce qui fîgni*
fie, vilh d^Oderdzns la flattée de Badon.
Sa fituation eft des plus âvantageufes .^
entre deux rivières , rAvàn & la Fromè ^
à cinq milles de la mer , aflêz près pôUr
profiter de fon voifinage , JBc aflez éloignée
pour n'en recevoir pas de l'incommodité.
\j4vQn U partage en deux parties, donc
1*U0Q
Briftol. ÔE L^AîïGLETEARer 6o^
Pune eft dans le Duché de Glocéfier, & Pair-' /
tre dans celui de Sommerfet , mais elle n'eft
partie ni de Punc ni de l'autre Province ,
& elle fait un Comté à part. Ses deu?c
parties font jointes Tune à Pautrè , par
un beau & large pont d^ pierre , coriftruit
fur l^Avon , loutenu par quatre arcades ,
& comme celui de Londres^ bordé d'uiï
rang de maifons de part 8c d autre , ce qui
le &t plutôt reflembler â une rue qu'à
un pont. La rivière de la Prome ^ qui
vient du Nord , borde la ville à POcci-
dent , & fe jette dans VAvon. La marée
entre dans ces deux rivières , y formant
un double havre , & elle y monte avec
tant de force , qu'elle les fend capables
de porter les plus gros, bâtimens , oC que?
les vaiflèaux , qui font à fec pendaiît le re-
flux , font élevez par le flot à la hauteur
de fix toifes. Le havre eft d'un bon
fond , où les vaiflèaux font en fcureté ,
& la Prome eft bordée d'un beau Quai ^
^ui fert à les charger & à' les déchaigef
commodément. Tous ces avantages ont
rendu Brifiol très-floriflante , deforte
qu^aujourdTiui elle ne cède qu^à la feule
ville de Londres , l'honneur d'avoir le
plus riche & le plus floriflànt commer-r
ce. Aufli s'y trouve-t-il des Marchands ,
LU 3^ ^0»
6o6 Les Dei^^çe,s Çr^ftol.
qui ont des mailbns , bâties comme des
Palais , & dont le commerce s'étend par
toute la terre. On peut juger de fa gran-
deur parles vint Eglifes qui s'y trouvent,
dont il. y en a dix-huit, quiiont Paroif-
lîales. Les rues y font un peu. étroitçs ,
mais tQUtes généralement propres &: net-
tes , parce qu'on fait écouler toutes les
immondices par des éeouts fouterrains ,
pratiquez fpus le pave des rues. .G'ejl
pour cette raifon qu'on ne, s'y fert ni de
chariots ni.de charettes pour porter les
ballots èc les marchandifes , ipais feule-
ment de traineaux. Rol^ert , Comte de
Glocefier , fils naturel du Roi ^Henri I. y
avoir élevé un grand Çc beau Château ,
qui s'étoit confervé jusqu'au dernier Siè-
cle. Crqfnwell\tBtaémQJ[\v^ & l'on a bâ-
ti une rue de fes débris. Entre les Egli-
fes de cette ville , on cn.remarque. parti-
culièrement une dans I^ yille , §c' dcu;x
autres hors des murailles. Pans. là par-
tjie de.la yilie, qui^eftau^Midi , çftr|B-
glire>iqui n'^ ppipt d'au tfe nom 511e './<r
Temple\ dont le clocher * branle ,\Iprs-
-ou'pn fonne la clQche, '& il.sî'^ fait une
fente de la la^gçiir de trois doigts , . deppis
le haut jusqu^au bas, par laquelle il eft
coçnpie /ép^redu rel^e de l'édifice , &
ce-
1
<•
Briftof. DE L'ANGLETEFtRE. 807
cela s'ouvre & le ferme à meflire que Pon
fonne. La même partie de la ville eft .
aufîî ornée d'une autre Eglilê , fituée hors
des murailles , nommée 5. Marie de Ràd^-
cUf. Elle eft grande , vafte & tfès-bien
bâtie, ayant un voûte travaillée avec beau-
coup d'art , & un clocher , l'un des plus
hauts qui fe voyecn Angleterre. L'autre
partie delà ville, qui eft au Nord, dans
le Duché de Glocefier , a auflî fes Egli-
k%. Hors de la porte on monte fur une
hauteur , où l'on aune belle vue fur tou*
te la ville & fur le porc. Il s'jr voitdeuk
Eglifcs, qui portent le nom de 5. AngU'»
ftin , diftinguées Tune de l'autre par lesi
épithètcs de grande & de petite, luc^rand
S. Angnftin eft une Eglife Cathédrale,
depuis que le Roi Henri VIll. y établit
un Evêque avec (ix Chanoines. Le />t?-
tit S. Au^uflin eft une Eglife Paroiflîale.
Il y avoit encore là une autre Eglife ,
nommée Gannt , du nom de Ion fonda-
teur: elle a été convertie en hôpital.
Tout autour de BrUiol on trouve quan-
tité de charbon de terre , qui fe'met fort
bien en gâteaux , comme celui de New^
cafile. A un mille au deflbus , la rive
Orientale de X^Avon eft bordée d'un ro-
cher élevé, nommé 5 .^/V^r^»^, fur lequel
LU 4 il
6o8 Les Délices Bnftol.
il fè trouve quantité de pierres quarrées ,
& à fix angles , que l'on prend pour des
diamans, parce quelles en ont véritable-
xïient toutes les apparences , hormis qu'el-
les n'en ont pas la dureté. D'habiles gens
les prennent pour une efpèce d'écoule-
ment tnétallique , parce qu'étant mêlées
parmi de la mine de fer , elles rendent la
matière plus aifée à fondre y & plus coulan-
te au feu. Et il eft à remarquer qu'il ic
trouve une veine de fer près de là . Au pic
du m£me rocher fort une fontaine minéra-
le ^ Scmedccinale, que la marée couvre,
toutes les fois qu'elle monte , mais elle
eft découverte pendant Iç reflux. Son
eau «ft chaude , & fort agréable au goût ,
on leftime fbuverainc contre les vieux
ulcères , contre la gravelle & les autres
maladies de reins , étant prife par dedans.
Si l'on s'en fèrt par dehors , elle eft auffi
excellente pour guérir de certains vieux
maux , comme on l'a éprouvé. De l'au-
tre côté de la ville paroit un autre ro-
cher , à l'Occident du premier , où l'on
trouve des diamans*, dans une envelope
de caillou , creufe & rougeâtre , comme
la terre d'alentour eft auffi toute rou-
ge-
Nous avons parcouru toute la partie
de
Àvintoiî. DE l'Angleterre. 6g^
de cette^ Province , qui eft à TOrient dt
la Severne , 8c qui étoit autrefois le partaw
ge des Dohffnex, ou des Bodnnes ^ avec le
Comté à^Oxford. L'autre Qiiarticr , qui
cft à l'Occident de la même rivière , a
été long-tcms une partie de la Principau-
té de Galles y & h, Severne fervoit de bor-
ne entre les Bretons ou les Gallois , & les
Saxons , mais dans la fuite les premiers
furent recoignez au delà de la l^ye , qui
fut leur borne. C'étoit une dépendance
du pays des anciens Silures : & le pays cft
avantageufemcnt fitué, ayant deux gran*
des rivières , d'un côté la l^'ye , & de l'au-
tre la Severne ^ cependant il cft peu con-
fidmble , ce n: font que montagnes èc
que forets , auiîî Tapèlc-t-on la Foret de
JDeane. 11 y a quelques cent ans , que ces
forêts étoient extrêmement vaftes & cj^ain-
fcs , en forte que les chemins y étoient
presque impratiquablcs , & un vrai cou-
pe-gorge : mais depuis qi^'on y a décou-
vert une riche mine de fer , & qu'on y
n bâti des forges , la forêt a été confidé-
rablcment éclaircie. Il ne s'y trouve pas
de Places fort remarquables, jivinton^
village fur le bord de la Severne , vis-à-
vis du Château de Barkley^ a été ancien-
nement un lieu de grand paflàge , con-
Lll ; nu
^lo Les Délices Purtoa.
nu des Romains fous le nom dtAbone.
Depuis leur tems ce paflâge a été pprcé
un peu plus haut , à Furtm ou Pirton ,
où l'on trouve des aftroïtes ou des pierres
d'étoile , de la grandeur & de Pépaiflcur
d'un detni-écu, aveccinq pointes en for-
me de rayons d'étoile. On trouve en-
core quantité de ces mêmes pierres dans
la Paroiflè de LaJfi*?ton , qui eft vers le
bord de la Sei/eme , au deflus de la hau-
teur de Glçcefier. Ces pierres s'y trou-
vent fur le grand chemin à côté d'une
montagne ; elles font de couleur grifâ-
tre , & fi bien gravée des deux cotez, aue
l'Art ne peut rien faire de mieux. Elles
font fbuvent jointes les unes aux autres ^
par le côté plat , en forme de cylindre ,
comme des écus rangez les uns fur les
autres , de la hauteur d un pouce. On les
diflinsue fort bien à la vue , mais elles
font u bien collées , qu'on ne fàuroit les
fçparer Ëins les rompre. Lorsqu'on les
jette dans du vinaigre , on les voit fè re-
muer avec un petit tremblement.
La Scveme élai^git fbn canal confidé-
rablement dans cette Province , defbrte
que vis-à-vis d?Avmton elle a deux mil-
les de large. Ses bords font fort boueux
en ces endroits4à i il s'y trouve même ^
quand
Gloçcftcr. 0E . l'Angleterre, éii
quand l'eau eft baflè , des iàbles mou-
vans, fort dangereux pour les hommes
Se pour, Jes chevaux , tellement qu'on m
peut la paflèravec feureté que dans le tems
de la , pleine mer. Et généralement le
cours de la Severne eft fort boueux \ comr
me elle roule fes eaux avec rapidité , elle
remue le limon & le fable de fon lit , les
fait monter vers la furface de l'eau , 6c
les poulTe quelquefois en de certains en^
droits , où elle en fait de grands mon-
ceaux. Elle fe déborde aufli aflez fou-
vent, & fait beaucoup de dégât dans les
terres <]e fon voiûnage, à cauif de la hau*
teur de fe marée.
Le Duché de Glocefter jouit d'un air
laia , pur , .& doux. L^ terroir eft abon-
jdant en tout ce qui eft néceflàire à la vie*
On y a de belles & de grandes plaines ,
parfeiïiees de chams fertiles & de prairjesj
^ie riches pâturages dans les vallées , où
Ton .nourrit de grands troupeaux debre-?
bis , des forêts dans les montagnes.Sc d^nst
içs^collinesi quelques mines de fer, 6c
p^r-toutqugntjté de bqns fruits. Ancien-
nçmçnt,ôç,en particulier dans lexi i . Siè-
cle, on y .voyoit des vignes, rccomman-^
dables par le bon vin doux qu'elles pro-
duifpient^ .^ en quantité ; mais les habi-
tans
^ I
^
6i% Les Délices Wilc.
taiîs les ont négligées , deforte qu'il y a
déjà long-tcms qu'il ne s'y en trouve
plus. Le troifiêmc fils du Roi Charles
I. qui mourut l'An 1660. a voit le titre
de bue de Glocefier. Après lui ce titre
a été conféré au jeune Prince défunt, fih
du Prince Gewge de Dannemarc , & de
notre Grande Reine , héritier préfomptif
de la Couronne , Prince de grande efpéran-
ce, que la mort a ravi kV Angleterre.
Le Comté de WILT.
LE Duché de Cbcefier a pour bornes
au Midi les deux Provinces de Witt
j8c de Sommer jet : ç^ç& pourquoi nous al-
lons les décrire Pune après Vautre , n'a-
yant plus rien à voir à l'Occident de ce
cote-Ia.
Le Comté de Wilt efl enfermé en*
tre le Duché de Glocefter au Nord , les
Comtez de Bdrckfhire Se de Hampshi^
re à l'Orient ; le même Comte de
Hamipshirt , & celui de Dmrfet au Mi-
di , Scle Duché de Sommerfet à POcci-
dent. Sa figure eft un quarré-long , éten-
du du Nora au Sud. Il a quarante mil-
les de long , trente de hxgc , & cent qua-
rante de circuit- On y compte huit bon?
I
4
WUt. DE l'Angleterre- 615
Châteaux , dix-neuf tant villes que bourgs
à marché , 6c trois cens quatre Ëglites
Paroiiïîales.
Cette Province eft arrofée de diverfes
rivières. UAvon , dont j'ai parlé ci-
deflus à l'article de Brifiol ^ y prend &
fource au Nord vers les connus de 6fo-
cefier, couledu Nord au Sud, & an'ofe
le* Quartier Oriental du Pays. L'extré-
mité Septentrionale efl: mouillée par Ï^IJis ,
ou la Tamife , qui n'eft encore qu'une
petite rivière en cet endroit-là. Le Quar-
tier du Sud efl: le mieux arrofé de tous.
Une autre rivière , nommée Avon , qui
coUleauSudy en reçoit deux autres , qui
coulent de l'Occident .& du Nord-Oueft
à VOrient , ûvoir le Nadder & le WiUjf^
born s & le K^nnet lave la partie Orientale
de l'Occident à l'Orient.
Ch^'^
6î4 Les Délices Markbotougli.
Chemin de Vf^ndfit à Safh,
M A RLEBO R O UG H.
ON quitte le Comté de Bkrckshireipvhs
de Hungtrford , 8c l'on pafle à Adar^
lebaroHgh , bon bourg, fitué uir le kehuet.
Cette rivière s'apèloit anciennement Cu^
netio 5 & l'on voyoit fur fès bords une
Place , qui avoit le même nom. On croid '
que Marleborough s'eft' élevé fur les rui-
nes , à moins <]ue Cunetio n\Xit été uil peu
plus'haut vers la fource du Kennet:, à l'en-
droit où eft aujourd'hui un village, qui
porte quelque marque d'Antiquité dans '
fon nom d?Oldb»rf, Quoiqu'il cn'lbit Afar^
leborengh tire ' fon nom du mot Anglois ,
Marie ^ qui fignifie aujourd'hui de la Mdr^
ne , mais autrefois fignifioit de U chaux ,
& la colline , oii Marleborough efl fitué ,
a un fond de chaux blanchâtre. Le Roi
fean fans Terre y avoit autrefois un Châ-
teau , où l'on tint un grand Parlement
fous le r^ne â? Henri lu. Ce bourg n'a
rien à prefont de plus conCdérable que
l'honneur de donner fon nom à l'illuure
Héros , dont la mémoire fera éternelle-
ment chérc aux AngUis , â caufe des grands
&
Caloc. DE l'Angleterre. éiy
& importans fervices qu'il a rendus à la
Couronne Se à toute PÂlliance , dans la
guerre prélente. Ce Seigneur eft de la
Maifon de Churchill ^ & a porté d'abord
le titre de Comte de Marie forough. Dans
la fuite il a été élevé à la dignité de Duc ,
& fcs fervices croiflàns avec le tems , le
défunt Empereur lui a donné la Terre
de Mindelheim dans la Souabe , avec la
dignité de Prince dn S. Empire.
Dans le voifinagc de Marleiorough ,
près de la fburce du Kennet , il fe trouve
de certains rochers , d'où il fort quelque-
fois des torrens d'eau ^ qui , felon l'opi-
nion du vulgaire , font un préfegc de la
difette , comme cela arriva TAn 1 648.
c'eft pourquoi on les apèle Hungerborn ,
F<mt aine de famine.
De Marleb<ironghxiVi'ç^SS^ à Oi/»^,vieux
bourg, fitué dans un fond de rocher , fur
imc petite rivière , qui va fe jetter dans
VAvon. On y voit une belle Êglife , où
l'on tint un Synode l'An 977. pour ter-
miner la (jueftion touchant le Célibat des
Ecclefiaftiques , qui étoit agitée avec cha-
leur entre les Prêtres ôcles Moines. L'af-
femblé^ ayant été formée , comme l'on
commençoità difputer,tout d'un coup les
çchafiàuts , qu'on avoit élevez , s'affeiffé-
rcnt.
6l6 LesDe LICES Malmcsbury .
rcnt , les poutres s'abattirent , & fe rom^
pirent , 8c les affiftans , Ecclefiaftigues
& Nobles , envelopez dans cette ruine ,
en furent tous mal- traitez, quelgues-uns
mutilez , & d'autres même entièrement
ccrafcz. Dnnfian feul , le Préfident du Sy-
node , qui étoit du parti des Moines , 8c
foutenoit le Célibat , n'eut aucun mal.
On fit regarder alors cet événement com-
me un miracle , qui confirmoit le fenti-
raent des Moines. Mais il y a des Hifto-
riens , qui foutienncnt ^ mi'on devoit ce
miracle à la fupcrcheric des Moines. Et
en effet le même Efprit , qui a fuggeré
PhorriÛe confpiration des poudres , a bien
pu fuggerer une pareille trahifbn.
De CaLne on traverfe la belle Forêt de
Pewsham , 8c l'on arrive à Chippenham ,
bon bourg , Ctué fur ^Avan i 8c de là l'on
n'a pas beaucoup de chemin à faire jus^
qu'à Bath.
UAvm prend là (burce au coin du
Nord de cette Province vers les fron-
tières de celle de Glocefier. Un peu au
deflbus de fa fource il arrofe MÔlmesbu^
ry^ bourg fameux , dont le nom eft cor-
rompu de Mailàulphesbyrjg , du nom
d'un &int hermite IrUndois nommé MaiU
dulfhe , qui pafla fà viç^dans cet endroit-
là.
à. Il: y aVoit anciennement un beau',,
grand Se riche Monaftète de B^nediStînf^^
qui produifit dans le 3t 1 1 . Siècle un célc--
brc Hiftoricn, r\omrtié Guiliatime de Mat^-
meshury. Ce Monaftère' fut ruiné avec-
feç autres par /&«nVni. mais TEglilb
fut confefVte ]?ar xxti Bourgeois nômiiré
Stumf ,' MarchartJ di*apier , qui. la ra'*-
chcttf, & fôn en W fait VEglife Paroiffia--
Xe.Mal'meilmry tÇt un grand oC beau bburgV
for uïie colline , dont l'^v^»' mouille le
pié : riche par fe 'manufàétufe de draps ^
^. à caufe des belfcV foires, qui s'y tien^-
ttcnt. y- \
\ • -
LÙGKINTON'.
A trois ou quatre milles de Malme^^
hurjfy auSudrOueft,. vers les fron^-
tiéres de Ghcefier , cSt la Pàroifiè dfc Luc-
kinton^^ où fe trouvé une fontaine 'noni>
mec Hanctfk^ , dont Peau efl: chaude en*
hiver , & froide en Eté : on dit qu'êller
cft exfceUente pour guérir du mal de^^
yeux. Eiitrc cette même Paroiflè & cel-
le <iè =54/;/«?i/»/i» , qui cft dans le Duché'
At'Glocefltr^ s'élève une haute montagne,
où Ton trouve , fur le fommet , neuf
grottes 5 -que le peuple ignorant apèlc/^/'
Tçm. IIL M m m C^--
6l8 f^ES pnt,jiGr]^s . Irttfkio^n.
Caves àfs géans.. Ces .GjçotjÇçs^u .CAvernes,
font longues , . .& larges , iQai^s ^ei^ «nés
plus qijie les aut;res* Elles (bat toutpç fur
une même ligne ^ faites de deiif ,pierrcs
longues placées de côté, & 4'urie jwerrc
large qui les couvre. Qj^elciucs-j^ae^ foQt
cimentées avec de if cKau^ 9-^M^u xqqias
?ont été autrefois. La pjlus jp^tïte ji f^j.
tre piéz de large . ^ o^^ç^^uxi^j^
ont neuf ou dix de long : il y et) a qui j[pnc
profondes , & d'aïutr^es qui ne ie flolat pas*
On eftîme que ce font Ijcs tombeaux de
quelques Capitaines Ècmaiaj oif ^afoU^
parce qus quelques pertonnes y ayaru faif
touiller , il y a près de cent ans , dans
l'efpérance de découvrir qpelquq chofè
de confidérable , on n^y déterra qu'un
vieux éperon , Se quelques bag:^plles de
cette nature. , .
UAvon 5 quittant; Chipf^^nk^fm eft bor-?
dé de deux belles fprêts , Pewsh^m Sc
BUkemorej après quoi taurnaut a^l^Queftji
il reçoit un ruifleau, nommé JSrpt?^, qui
vient du bourg. deTr«^W^£<,.ançicnne*
ment Truwahrig. Il eft fitup fur une cpî-
line , il s'y fait quqlqae commerce ;4e lai-
ne , & Pon y voit les reftçs d'un vigui;
Château. ^ ; .
Toute la Province de IViU eft dîvjUi^
en
r
/
Cfcckladc. de L'ANÔLÉTÉftkïrT Kîgf
en deux grandes Parties , Pdnc Septen-
trionale , 6c l'aiître Méridionale- La pre-
mière eft montùéufe , entrecoupée dé
montagnes 6c de collines , 6c couverte
de quelques forêts. La Tamife , qui l'ar-
rofe à fon extrémité danis un très-petit
efpace , y reçoit deux ou trois rurfleau jc;
près de Crtekla.de ^ anciennement 0^^^rè-
iade^ vieux bourg, où l'on prétend qu'il
y avoît autrefois, auflî-bien qu'à Lechlade
£i voifine , une Académie , qui fut tranl^
portée à Oxford par les Skions,
•
Les Campagnes de Salisbsirjl
•
LA partie Méridionale eft une grâricîfe
6c vafte plaine à perte de Vue , eu
partie de bruyères , en partie de pâtura-
ges , qu'on toomme les Plaines ou les Cam^
fagnes de Salàbnry , du nota de la Capi-
tale. Deux rivières arrofcnr cette Cam-
pagne au Midi , le Nàdder & ie Mltjf'^
bom. L^tNadder^ou Madder, eft le plus
Méridional des deux, ôc prend fa fourcc
ftux confins dp la Province de I><?r/îf , 8c
ne voit rien de confîdél^blc fur fe bbrd$
juftjù^à -^^//VWr;. h^JfWjhrk pïénd fx
fourcc vers les frontières du DucKé de
Scmmerfets & reçoit d*abord un ruillcau,
Mmm i ooro-
3
£%^ Lés Délices Warmiftcr.
ipotnmé Diverou Devcr-rill^ qui, après
avoir coulé quelque tcms , fè jette fous
terre , où il coule de la longueur d'un
mille ,. & reflbrt proche du bourg de
Warmifier. C'eft une Place fort ancienne ,
ui a été connue des Romnins (bus le nooi
e Ferbicia , dont elle retient encore une
partie^ les Saxons Wy^vù, corrompu pour
y joindre le mot de MtY^et , tiré de
Monafiirmm. Aujourd'hui Warmifier eft
coniîdérable à caufè de (es marchez , où
il fe fait un très-grand commerce de hl£
Le Wilhlom , quittant Warmifier , cou-
le vers P(>icnt , &unpeuaudelàdumi-
lieu de*fe courfê on trouve , fur fes bords,
les. reftcs d'un Campement Romain fort
ample , . fermé d'un double fofle fort pro-
fond , que les habitans apèlent Taneshu^
rj-Cafilc: on croid que c'eft on Ouvrage
des troupes commandées par refpajïcn ^
dont le nom auroit été corrompu de cet-
te manière. Le li'illjhorn , coulant plus
avant j va porter fcs eaux dans le Nadder^
près àéSalbbnry. Au confluent de ces
deux rivières eft. Vl^lton , qui a donné fbn
rK>nx à tout le Comté. C'étoit autrefois
une l?kcc confîdér^ble ^ connue fous le
joom d^EUmdunHm, elle étoit la Capita-
le du Comté , mais elle fut ruinée par
les.
AvhvLtf. DE l'Angleterre. 6xi
ks Danois y & depuis ce tems elle eftab-
folument tombée , tellement qu'aujour-
d'hui ce n'eft plus qu'un bourg médio-
cre.
Chemin de MarleBcrMgh à Salisiury.
ON paflc à côté de la belle Forêt de
Savernac , qui eft un grand & va-
fte parc , où fe trouve une efpêce de fou-
gère odoriférante. On côtoyé auffi le fé-
cond Avon de ce Comté , qui prend fit
fburce au deflbu« de celle du Kenfjtt ^
d'où il coule droit au Sud ; & l'on paffe à'
^mbershurjf^ ^ nommé communément /^i*-
hury , bourg ancien , qui tire fon nom
à^Ambrofius Aurelim , Chef des anciens*
Bretons. On y voit , dans une prairie,
huit ou dix pierres ^ d'une grandeur &:
d'une épaiffeur extraordinaire , dont les"
unes font debout > & les autres couchées.
On en trouve encore d'autres fèmblaWes'
dans les bi^uyéres ^ qui font flir le che-
min à^Ambersbury à AdarUborongh.
Mais tomes ces pierres ne font pas fi
merveilleuiès encore que celles qu'on
voit un peu plus loin, à 1 Occident d?An%-'
bersburj , au milieu d'une yafte plaine ^
à fix milles de Salisbury. Dans le milieu
Mm m. 3^ d'una
6iz Les Délires Aabury.
d'une trencbcc on voit une triple encein*
te de pierres , rangées en rond , dont
quelques-unes ont jufqu'à vint«huit piez^
de haut, fept de large, & feize de circon-»
ference. De ces pierres les unes font droi»
tes y & les autres ibnt mifès de .travers
par deifus , faifant comme le linteau d'u-
ne porte y étant attachées aux premières
par des moitoiics , où Cotit encna{Ië2; les
gons qu'elles ont. Cela fait qu'on leur
donne le nom de Stme^hetiges , comme
qui diroit, pierres Ju/pândues^ On ignoïc
d'où viennent ces prodigieufês pierres ^
quand , par qui. Se pourquoi elles ont été
mifès là ^ & ce qui tait un plus grand {\i^
jet d'étonnement, c'eft que tout le pays
d'alentour eft fablonneux 8c entièrement
dépourvu de pierres , fî l'on en excepte
celles dont j'ai parlé. Tout contre .ces
rangées de pierres on a tiré de tems ett
tems des os d'hommes grands, & des
armes mêmes, fort antiques , d'une for-
me 6c d'une grandeur mrticuliére i ce
qui fait juger que c'eft là véritablement
le lieu des tombeaux des anciens Rois
Bretçns , comme les Annales des Gai/ois
le témoignent. En particulier pn ne dou-
te point (^Aurelius Ambrofins n'y ait
été enfcveli. Cet AmhroJÎHs , qui a don-
né
l^aa^Sx».
* !
M? JL Caié dt ^^idt .
::'■:
«
^Salisbory. |>e l'AngLETJERRE. 6x1^
né fon nom au bourg (i?Ambrcshun , cft
Je mêinç doiit j'ai déjà parlé ci-defllis ,
jçyi vivQit dans le déclin de l'Empire de
Rome , & défendit vaillamment fa patrie
.contre les Saxons , pendant tout le tems
qu'il vécut.
SAJLISBURY.
SALiSBUitY, en Latin Sarum & Saris*
beria , eft uoe ville Epifcopale , &
l'une de$ plus belles du Royauine* £!•
le eft fituée. fqr l^Avon , à (bixante & dix
milles da Londres^ a l'eijtdroiiC où il reçoit
le N^d4er f . propre , ôç bien bâtie , leg
rijes nçttes, aproiees de ruifièaux, &aC-
fez cpnfîdéraWemcpt grande. L'HotcI
de ville eft une fort belle pièce , toute
fufpçnfiue furies piliers, quienfoutien^
npnt ie pçids. Mais le plus bel. édifice ^
qu'il y aiç à voir, eft TEglife Cathédra-
le , bâtje ^m^ le x 1 1 1 . Siècle. Elle eft
grande , d'^un beau deflein , bien fini , or.
née d'un fuperbe clocher , au deflus du-
quel s'élève line aiguille ou piramide,
l'unp des plus hautes qu'on puiue voir en
^nght^ro. L'aigujlle étoît chargée ci*
Qpvant d'une Couronne Impériale, mais
çlle fut abatuç par un coup de vent l'An
1688.
}
£l4 Les DcLIcrs SafîsSury^
x6S8, 4ans le tcms que le Roi JatfHes II.
y alla pour s'oppoier aiix deflcins du
Prince d^Oréknge. On publie de cette E-
glilc^ comme une rare merveille ^ qu'elfe
» autant de portes qu'il y a de mois , atr-
tant de fenêti*es qu'il y a de jours en Paw,
& autant de colonnes & de piliers, de
marbre qu'il y a d'heures en Pannée.
L'Evêché de Salisburj eft aflèz^ ancien ,
& a été pollMé par d'hahires Evêqucs ,
tel que fut fean fewell du tcms de la Réî-
formation : & l'illuftre Prélat Gîlbert
Bmmct , qui en eft aujourd'hui revêtu ,.
ne doit rien de rêfte à lès prédeceflèurs.
H étoit ci-devant Chapelain du feu Roi
GuilUumt III. de glorieufe mémoire , Se
Précepteur da Duc de Gtocefttr. L'E-
glife C? Angleterre lui doit ^excellent Ou-
vrage de PHiftoire de fa Réforinatiom
La ville de Salishurj fut bâtie, dans le
xi^i. Siècle des ruines de l^mcienne ^«r-i
ifiodunHmy qui étoit^fituée unpeu^udeG*
fus , fur une hauteur aride , & ftérilc ;
où il y avoit un^ CMteau- fortifié , dont
l'enceinte avoit cinq cens pas- de tour.
Dans le voifinage de SaHstttri à TO-^
rient, eft le bourg de Clarendûn^ où l'on
voit un grand & vafte parc y & les rui-
nes d'une Maifbn Royale. U n'a rient
d'ail-
Clarcndon. DE l'AngLBTBRRC. 6lf
d'ailleurs de plus confîdérable que d'a^
voir eu pour premier Comte le Lord
Chancelier Hiae , beau-pérc du feu Roi
fa(fHes II. Scgrand-pére mata-ocl de no-»
tre Augufte Reine. Cefiit le Roi Char*
Us IL qui lui conféra le titre de Comte
de ÇlarendoH.
Sédishnrj eft dans une grande 8c vafte
plaine, de quarante milles de tour, qui
ne p]!t>duit autre cho(è qu'une petite her*
be menue , qui icrt de pâturage aux bre-
bis. Au demis de cette camp«igne , \z
Province cft coupée dans le milieu , par
une ligne ou un foifé large & profond,
nommé Wansiike , anciennement Woie-*
ntsdik^^ qui la traverfe de l'Orient à rOc-
cidenc , dans l'eipace de plufieurs millet*
Il y a de l'aparence qu'elle fcrvoit autre-
fois de borne entre les Royaumes des
Aiercitns 5c des Saxons Occidentaux.
L^ Comté de * WHt eft t^me dés plus:
agréables Provinces de Y Angleterre. L'air
y eft doux 6c (âin. Le terroir y eft par*
icmé de forêts , de parcs , 6c de chams
fertiles i mais ce qui la diftingue des au*
très , font (es vaftes campagnes , où l'on
nourrit une infinité de troupeaux de bre-
bis , dont la laine fait la plus grande ri-
cheflè des habicans. On n'y voit aucu-
Tom. III. Nnn ne
\67£ Les Délices Sotamcrfet.
ni pierre , mais dans la l^andc Occiden-
taie^ ilfe trouve divcrfès carrières d'ar-
doilè.
; U DHchi de SOMMERSET.
• ■
.Tr.É 'Duché doSo$»meffit a pour bornes
JL^u Nord-Eft le Duché deGJûceJier , au
NordX)uefth BolJc dciàSeveme^ àPO-
riont le Comté de Hïà , aq Sud-Eft le
Comté de Derfit, & au Sud^Oueft celui de
DevMshirc. Il a cinquante-cinq milles de
loi>§ , quarante de laxge ^ & deux cens
■quatre de.ciDCtfit,'On<y compte quaran-
te-'dcux Centjjrics ou. Quartiei-s , trentei-
tnois villes ou boui^s à marché , quatre
Châteaux , & trois cens quatre-vints cinq
£glifes Paroiflîales.
• Il clt abondamment arrofé de rivières,
Au N'ordS û^cdlt à? Anfên^ qui vient du
Comté de Mk , & pafle à Bdih , puis à
MrifioL Im Fr&ui9m ou Fromt^ qui cou-
liwit du Su4 au Nord va fe jetter dans
\^jivm au deûus de B^b. Au milieu de
la Province , le pays eft arrofé par le
^ruis ,' qui le traverse par le milieu » du
Levant ^u Cpu^hant. £t au Midi Ton
y a le /«/*/?, \cParrê$^ & leTiw, qui
joignent leurs eauk , avant que de les por«
t^r dans la mer.
!«*• e» L'AlWtPTBRtE. f^f
•t •
B A TH.
,ï'^ . '. -^
TA ^principale & la plus télSjve éé
^l^tomç lf( Province , eft la viik àcBath,
;ii(pèjiécî sincienneîQBient t^fudiCaiid^:^ ^<f^^
: iStf/r'/ ^ i^ eQ X^ngiae GàUoifo^ Trftwiaim twj^
min. Son .nom luii vîeat de fès baîns'v
Jcsplusfemeuxdc tx)utle Royaume, les
Saxûns l'apèjérent Bâj^hm-çefier , Hat^Ba^
thaHf (Bains chauds J iX, Ahman-^ebefter ^
.çe.qui veut dtre,./« viik desmaladn^ Cœ
rl^^ios furent déjà connue dans:^l'Anttqi]i»-
jé , & Pon y avoit élevé uû Tôno^îe i
Jbonaeur de la Déeflè Âfin^rwi ,; qui ea
avoit la fur-mtendance , comme parmi
ks Catboliqties S. Rtfch a le foin des po*
jftiferez. -?^^/> dt une jolie ville, de mé-
diocre grandeur,. Ibngic d'environ cinq;
ceï^s pas ,. & ' lat-ge dé trms'^cfehs ,' .Ultueé an
,bord de ^Avoh , qui la mouiflê de deux
cotez , dans- un valloii , environné de
iiautes montagnes de toutes parts , <f oix
découlent quantité de Iburccs & de ruiC-
^^jàsk ,. quidîatrqfcnt, ^ EUc^cfl! fort pro-
pri?9 les tmiftn^'lbiit Iiâdès dâ pierre dcr
SgtiUel &^ lœ fiies large» fomttè. L'E^
gUCb Catl|édiHiè , £tute à Pettrétnité O-
jdiçat^c dé: la. ville , eft bdle Se bien bâ«
Nnn X tie.
*^^x8 • LEjD'EtKîBS Btek.
tic , avec un beau clocher, qui ft ter-
mine en dôme. Vers Ja fin dii xi. Siè-
cle l'Evêque de Wells transporta Ion fie-
fe à Bath^ & depuis ce tems-!à les deux
!.gUfè6 ont été unies ibus un ièul Eve-
4TOê-, .en telle iinte qu^il pôite le nom
-de. toutes deux. Ce fut alorg que cette
ç^iile devint un peu. plus confidérablc
, qu'elle ne Pétoit auparavant. Les halï-
^ans la fermèrent de murailles , & y en-
xhaflerent quantité de marbres antiques ,
^monumens des anderis, Romains , quel-
3uesTuns ayec> des figures, &: tous avec
es Infcriprions : je n'en raporteraî qu'u-
rne^ on peut les voir toutes dans les mu-
railles de Bath. Sur une pierre de tom-
beau entre deux figures , dont Pune tient
-une corne d'abon(îance , on lit:
'- . D# M,
: suce PETRONIAE, VIXIT
.ANNis. rai. M. im.
D. XV. EPO-
: MULUS. ET. VICTISIRANA
. ; FIL. KAR. FEC.
- La ville de -B4[;*n*cft pas fort neuplée J
|ïcndant; lés deuaé tiers ^ l^nnee ;t mai^
depuis le mois de Mai jusqu'à celui de
Tmllet, c^eftuhe petitç &ire -perpétuel*
le, . Alors il y vient, une fouk> incr ova*
^ " oie
ble ép monde \ Poiir prendre les bains ,
les umipair nécemté , les autres par plai<* *
Sf:, & d'auc^es i^ocDre ni^yi vont dans au^^
ti^ dcâî^quc.:poiiiccchercber du diver«
tiilèfDentdàiis les^brânês Coinpagnies qui
S'Y trouvent , &m fe foucier d^ bains.
Otky voit une foule de beau Monde
d^itoutes les Qualiitez ^ qui viennent de
tolit^leiiwiiesdarRby^ume, Se l'on y.
laixmsilcb jdtveràiSèixlens pîrdinàires ^ oa'on:
pQUfef eihcontrer jdaJis une Courv iT z
qîlatoe hains yroolùt^ 4^ Koi , celui de ht
fyhf 9 celui de i^ Cmx'^ 8c le Bain HuMd.
JL4 bsnw df^.Ji^jeHb dans ie milieu de la
vtÛeA yia«t^>éimi{ifoiKt«te:pi6zat>quair'r.
fecif fitado ; J^-bai©^ M:Runéctt tout,
jségwai: ç^ld^^J^^ guqu^l M eft Joint
]»rj^ iwte^fei'iSç dontJl tfeft au'a-i
]|ii>ci^pâPi^P^* , à 1# J^è^ prendrç, il n^ai
p^9t d«diy^(^^Jlei^pruntQi»^ate ion
«trdu pfélwer;: 4eMà7vk*t ou'dfc tfeft
p«$ fî^içfaaii^i i;l[y.^^(k9Iro]xmtsd|m^
châcuô de ces bainst , poiur ikire tomber^
l'^ajal iUr le ^:ofp9> die» Wafode» ^ qui ont
bdbû» 4'iiDçf ri^oD un peu &>cte. Le»
-.;: Nniij Le
Le £^';» i*^4N^ a été ainQ ipèléi, Jjiard^
que dans ion comtn^accmexst ik'féam Id
plus chaud de tdas j: ixaîs ^aijpim;iet^ agiï
grandi jusqu'i' la^ibagQf utii^bpridbtîifep^
pcp fur trdzc^de kn^^r il ..a^ goànii.
plus chaud qm celui dtM?iR^i.. :Oâai de
/4 Cmjt V ainiî notnoié: à cauie' dfuofe*
croix qu'on y avph^*aut{pFoi$^ éknréeiau^
prosqûç <au£ Uurge^ti &i âtflmtteâ^âQinfeP
Ôc tempérée;' • Il raickAizeliélfi^
res de caille « b& i^^ placent maè q«¥#^
baignent ; & celiïi d»^iiii eh'à tnehce-decr^^v
C^and on regstrdefeaa'de^cet bainseUdL
p^oitdaiie.^.mfl^^
qu'elle êft de coiâeiiiid^tt{(^ fift^ mi^
odeâr^dk fon d€&gféabfe|^<èF^afracb^
c^]le du bitume : poor' cje^i eâ^dé ibtf
g|0&t , il n'of&nfe paii le patina i 1M«N^.
eil'pf^s^ueentiéi^mèat in(âpj4^i <^m(
<m dnq heareis ^ âptiè»i <)uVmQiè»fQif^^chff
cbftque l0rȉnifci;c^,dk<UK!^dt0^^ ^
Cft^iAr':v:p*rr^'^Hl «^ teiphïs-^a*è «C^la
Me*
r! r: /.
Bath. DE l'AngLETEURE. 6^1
Médecins peuvent parier avec plus d^
prédfion que moi. Je me contenterai de
dire qu'on leur attribue la vatiî d'echauf-
fa- , de diflbudre , d'anroUîr , d^ouvrir ^
de. nettcyer , de deilecher , de guérir la
gale , les ulcères, les tremblemcns , les
panilyfics , & autres maladies de cetce
dpêce. On croid i\\xt c^s eaux pallènt pat
des miniâ-es de foufrc , de nitre & de bi-
tume, qui leur .communiquent. Ijébalcur
ôc les propriétcz qu^elles ont. On.a dé^
couvert que la chafcur leur vient entr'au-
tres d'une efpêcc de poufliére de chaux ,
blanche fibmtùt de la ne^e ^ qui ^ant jet-
tée dans de Peau froide , y caufe une tel-
k IbïmenQidèn y & récbaitfiè è un tel dé-
gy<év qil on y peutctiire des teufs ; Se. il
cà. à irmiàrquenîdue cettà podidiérc ù
U?oure proche dc^ nains , £c à ht campag-^
itë autour de la ville. On juge que c'cft h
fleur des minmux ,. qui tLrmehtënt » ^
t^lfc pouâti fur b fur&ce de là terre,
i AU refte h ville de Bnth t^ (loit'pa»
tellement ià téputàttpn à && baibs^iqu'cU
ko'ak encore quelque amreehdrqitpour
fc faire valoir. Il y a une naanufa^ure ,
oîi il fe fabrique de bans draps ^ que Pou
çnvoye à Londres 6c ailleurs.
UAvofl^ ayant quitté JSatb ^ .coUle au
Nnn4 Nord-
6^% Les Dei^ICES Cancskam*
Nord-Oueft , & arrivé aux frontières de
Glocefier , il arrofè un bourg , nommé
Canesham /ou Keinsh4m , qui n'a rien de
confidérable , finon des pierres fèrpenti*
nés y (ju'on trouve dans les carrières de
ion voifinage , faites de la même maniè-
re que les autres , dont j'ai parlé plus
d'une fois. Celles de Keimham ont ceci
de ^particulier , qu'au lieu que les autres
ont la figure d'un ferpent entortillé , &
ians tête , celles-ci repréiêntent va^ ferpent
tout entier avec la tête.
Im Mn^éignes de MenJif.
UK peu au deflbus de VAym^^ëic^
vent des Montagnes , qui fomacnt
une chaine, étendue du Nord au Sud«
Oueft, iôuslenomdeiMinM£j^, corrom-
pu de Mmdiep , qui fignific fpffes dû
picmt. Ce nom leur a été donné, paroc
qu'en elEfet il s'y trouve des mines de
plomb f qui (ont fort abondantes. Il y a
des gens , qui font métier de les dccou«
vrir , par le moyen des verges de coa«
drier , qu'ils prennent à la main , en (c
promenant par ces montagnes. Elles four»
niflcnt la fource à deux petites nviéres ,
dont l'une & nomme ffry , 8c Tautir^plus
Me-
AxbTÎifgc. DE L^AKGLETËRRE. 6^5
Méridionale , s'apèle Axe , elles fe jet-
tent toutes deux dans la Baye de la Se^^
veme. Lia. rivière d^jéxe donne fan nom
au bourg à^Axbridge , cjui eft près de (à
rive droite* Dans le voiiinage û^Axbrid^
^e , près d'un village nommé Chedder ,
il fe voit une fontaine , qui fbrtant du
creux de pluiieurs rochers , coule en &
grande abondance , & avec tant de force »
qu'elle fait tourner douze moulins à un
quart de mille de iâ fbuice. Près de l'em«
bouchure de VAxe^ vers le rivage, eft U
paroifiè à^Vf^hill^ où il (è fit un boule-
Toicment prodi^eux , il y a environ cent
3uanme ans. IJne pièce de terre . s'en-
» , 8c s'éleva, à la hauteur d?une mon«>
tsigDe$ après quoi elle s'afàiflk tout d^un!
coup, s'abîma dans la terre; & laidaun
grand étang i ia place. .
lies mont^nes de Mendi^ foumiflent
auffi la (burce à d'autres rivières, qui cou-»
lent à L'Orient. U y en a trois ou qua»
tre , dont la plus remarquable eft la Frêw^
me , autrement Frame. Elle a (à fburce
un peu au deflus de la ville de WeRs , cou-
le à l'Orient , & pafle auprès de diverfës
mines de charbon , 8c côtoyé enfuite la
Forêt de Stlwood. Cette Foret eft fort
grande & fort étendue , le long des froo^
Nnn ^ tic-
654 Lj&8 Délices Wdh.
tiéres Orientales de la Province. A Pen-
droit où elle fe termine au Nord ^ paroit
un bourg , qui empruntant (on nom de
la rivière & de la forêt , s'apclc Frcme^
Sflwûod i il iàit un a(le2 grand commerce
de laine. Au delà de ce bourg , la Fromt
ne voit rien de confîdérablc.
WELLS.
■ » . . -■■ "
LES Montagnes dd MttmUf fe termi-
nent à quelques milks au Midi de la
fource de la Frme. C'eft là qu'on tnm^
loe. la ville de Ji^Us ^ ou Uiëts, fituâor
fw An fond de rocher. àU pié de là non^
tagoc; Son nom lui vient ^ xnc^ ^m^
gtais WiU^ (Me fMftt) k cftu^e du ffsakd
nombre de fourcts , qui jaillirent* far
la furface de la terre dans ion etKci&tiK.
Elle eft petite , mais très*bien bâckr , = 8c
fcirt peuplée. Ce qui en iàit h pHlKipftl:
ornement eftrËglifè Epir^6palt ,' £cla
réfideiice-dcPEvéque. L'Êglifè Epifcoa
paleell; d'un très-beaii de^in ^ £c d'une
architeûure encoi'c plt^ belle. Sa prin^
cipale façade ^ où^eil le portail, eftd'u-»
ne (culpture admirable , ravit les yeux ^
ôc remplit l'cfprit d'admiration , par la
quantité prodigieufe de ûatues 5 qu'ori
y voit
y voit èncmq rangs de niches ; avec tous
les accompagncmchs *& les embellifle-
menfe'dc.Sa .(culptui-e. ' CcttS façade ^ft
flanquée de deux Toiirs -, aui s'élèvent
aflcz haut , & le milieu de la croifce de
l'Eglife eft chargé d^une autre Tour ou
clocher un peu plus haut que les deux
autres: toatestroisfe terminent en 4)la^
tér&cme j î &. font- tfès^bien tÂvttlfefes^
uniendos do'înMH&illes /'&^d«tÔonhé^
d'un fi>âe :; cm voit d'un autre 'C^té les"
maifons des Chanoines , qui font ^u nom-»
dm àa^Chatàivec^ Dans te ^biô^^'dt
Hblkjaa^xtiKPftisïw k mo»ta^ iâ^6^
taa&àkéé èe fouroes & de ruiflbiux , i
Aquelle dn donne le nom à^OtèU Holè^l\
m. Wôàfey JMk , dcfivé du^ tsioi GalMf^
MfDttmnt^ là ferre, prèr de ëette^g^ttey
fo'Cfcarrtftfrijta;hourtef tdritre *ine pktque^
de piomb qttailrréâ> 8c longue /qui avoir
l'InUrripmmYuivante ^ (ait^ pourutxtfd-<
phce de l'Empereur Claude , l'An 50. de
-..\ J w) TI.
6^6 Les Dblicïs BiatiDa.
TI. CLAVDIVS. CAESAR.
AVG. P. M.
TRIB. P. VUH» IMP. XVI. D&
BRITAN.
Le C0Mrs du Bruis.
» • •
LA rivière de Brmi^ prend fa fbuœean
Stid-Ëftde^^r/Cf daos laForêtdeiM.
^^^, dont j^ parlé ckleflus. Il éôule
à l'Qcddeitt, & lave uo boiug.médiioKi
cre^ fitué fur Tes bords , auquel il don^
ne le nom de Brmtw. A deux ou trois
milles au Nord*Oueft de Brutan^ à moitié:
chçi^p du bourg de ShtpmrsMaHn \, efiâ
le yïi:^i^$v4rf^^ unb
Àchc fyi^am^dc (cl .De t^jautrQjQoté dtt
i?nirMK , )& vçiHc diçe im iSttd ^ àtimiou)
2 uatre milles de distance, prêts du bourgs
e Wimcémmm il s'eft trouvé des mines
de charbon de tçrre » oii les travailleurs^
lurent étoufiez fubîtement V il y a qi^el->
qucs vint ans » par une vapeur puante ;:
on exanEiina ces charbons en les mettant
fur le feu ^ & 1 on k convainquit ique
Puiage en étoit fort da^éreux ^ c'efl:
pourquoi ces mines furent abandonnées»
G LA-
^laftonbuicy. Di L'AKGl.ETERaE. 637
ÇLASTONBURY.
DE Bruun le Brms continue (on cburs
à POcddcnt , & trouvant une tcr-
vehktttBcmoMé , il s'y partage & for-
•mexuiê Ile, nommée anciennement ^-
'VM/Un j &' aujourdPhtti Aveland , du mot
JBreton Aval ^ qui veut dire une f<tme^
parce au'cUe dt très-fertile en cette
iei^êce de fruits; Dans la fuite \t& Serons
lui ont donné le nom àcCtaften^Ey^Vlte
Au Ferre , Cç le principal bourg a été
^èlé OUfit/n-bury , & plus communé-
liDs:^ GtuJfenBàry. Il doit fon origine à
une grande,' ancienne & riche Abaye,
dont on voit encore les ruines , 8c dont
les édifices ocêupoient fbixante acres de
terre. H avdit été cbnftruit Vers la fin dû
viK Siéjcle, & les. Moines faifbient acroi-
« aux peuples, que S. fofephâ^Ârimathée
€n avoit été le fondateur , & que même
il y étoit inhumé. Ce Monaftère fut rui-
ne avec les autres (bus le règne d? Henri
Vin. & le dernier Abé , nommé Richard
Whitin'g , fut pendit pbur avoir refufé de
itmettre &n A^iye de bonne grâce en««
tre les mains du Roi. On.raporte qiiç le
•^ -* Henri lî. jtyant apris que le vaillant
^^8 .Les DEi^içst çjêft^iAw^
Se fameux Héros des Gallois , Arthur ,
avoit cet efiibr^t dmsr ççtte ^t^e , eue
la curibfitëdé voir fon fepulcre. On le
chexcbA-, on^uilia ,.,& af r^^ avoir: ^tf^
de plomb ^/aife.ç^r%a5ie^ds,.ç^iîC.,OTft::
*cette Epîtaphe en caraâ:e^€Ss;fQrt toiw*
vais , tçj s. qu'ils c^iaiTt dans le teioà du
Ba$-EKnîp^ire : ffic.jaç^tjeff^^ify jn^itm.
'jRex\ ÀrSHTiMs-^^ iff^^fifula.'^ j^aloim,\ On
âfleure çamoaç une choJ^ifiMt\ i^ériâWc^-i
qu^il yavpji adtreîcâs dan? le cimâsiârc
de GUJFoni^ry un noyer ^ qui ne pptMi:
jamais de feuilles ay^uit \zJSi ^arn^é:^ &
qiie ce jdur-Ia , il en étoit toujours cou-
vert : commf il y a; ptw$ ^d^e .cîiiqwntc
ans qii*il eft.TOort ,^ 0n çe^:pçutpaérçïBar
minei- la véiité^dp ce fait. Q«]i mpwtcdc
même qu'il y'avoit daps.l^. parc^^jc f^î*
r<i/if, fxhsàe^GÎafionbHrjf,, une aubépine 9
qui poufibit des boutons le jour deJ>^oëi^
tout de même qu'au; mois, de .Mât.
L'au bépînçi . auflî ;i?efl; plijs- , elle a ^ été
coupée pendant les, *dern<are*igueitf»i'^'
yilès.
u .
jt
l! i-
AudeiTouâ de Giaâ«iihitni liJSrffirttaa'H,
bc
Pcdcrton. Dfi l'Angleterre. 6^^
be dans un Etang , nommé Gédney thoa^
re , qui reçoit deux ou trois autres ^j^éti-
tes rivières. Sortant de là il porte fcs
eaux jufqu'à la mer , & rencontre à fbn
embouchure la rivière du Parret.
Le cours an Perret.
LE Parret {Pedredus) a (afeurce à Vtè-
trémité Méridionale de la Province ,
coule du Sud au Nord & lave un bourg ,
auquel il dpnne le nom de Pederton. A
fon Orient on voit couler une autre ri-
vière , nommée Twell , ou TveU^ qui bien-
tôt au deflbas de fa fburce arrofe un
bourg , nommé Eveil ^ Evill^ ou Teaville.
11 eft fitué fur les frontières de Devon^
shire^ bien peuplé, & remarquable à cau-
fè d'une fontaine qui s'y trouve , dont
l'eau efl bonne pour le mal des yeux. Il
f en avoit encore une féconde, qui avoit
a même propriété , mais elle eft tarie
il y a quinze oU vint ans. Un peu plus
lom on trouve au pié d'une montagne
une autre fontaine , qu'on apèlc Ruftj^
3t/elly c^c&'k'd\te y fiurce rofiillee. A l'en-
droit où elle fort , elle donne une tein-
ture de rouillurc aux pierres, & elle en
a auffi Todeur. Cependant elle eftfort
claire.
i
640 Lbs Délices Ycanlle.
claire , 8c quand même on la tient ren-
fermée dans un vaiè pendant quelque
tems , elle ne laifiè aucun ièdtment. A
trois milles de Tedville au Sud-Oueft , en*
tre les rivières de Vlvell , & du Parret ,
il fe trouve dans le village à^Eft^Chdnoci^
une fontaine, dont Peau eft {àlée> Â deux
milles de là au Nord , eft une montagne
nommée HémienhUl , où il y a une car-
rière de belle pierre à bâtir de couleur
piez
impr^née de vitriol. La terre Se la boue
d'alentour eft de couleur verdâtre, comr
me le pljis beau vitriol.
Au deffous de Teavilte , Vlvdl reçoit
un ruiflèau,qui coule au pié d'une mon*
tagne nommée Camalet , fort rude à
monter, oùPonvoit fur le fbmmet les
reftes d'un Château , fermé d'un triple
rempart , qui occupoit vint acres de ter-
re. Les médailles , qu'on y a trouvées ,
font juger que ça été un Ouvrage des
Romains. Le même ruiflêau arroiè un
village, nommcWefi^Camell ^ où iè trou-
ve une fontaine, dont l'eau eft noire, très-
puante , & noircit l'argent dans un in«
Uant.
VivcU
. Uh^i zpxAxÉÇif^w&Skfià f Ta f^
1er ^Méfier ^ '0iifatk!ifiiri, qtâa été ocm^
nue dans l'AÉitk)iiicé,feih k nom dVfiha^
Us.. JLcs raines » qut reftcnt tout à Pen'-^
tDin:,. font voir'^dleia^étéaaitsefdsune
giaflde Tïlle^iékiTOe dTliac double «icein-^
te ds mttuîUics ; SsksLiiQédaiUei de binon--^
Mv ^^gtiit 2c d^r^ qtfotrv'a déterrées»,
donnent lieu de croire. wi^Ue étoit richc.^
Elle a été iménse bien fortifiée^ • mais au-*-
jpurd^bui ce li^ïi qu^in boui^ à marché*.
Delà P/wA; coulant à POueil, laifTe fut?
& droke le boui^ de^^^x^rinfii , ^ui aécé^
anciennement fi conlidérable Vc^yilila don^
né leik>nî:à toutcfk.Pœ^incr^ A.quel-^
qucs milles plus avantrà POùeft , iVw/I
va (e jetter dans le J^arret à ^extrémité de
là Presqu'île, de M»chelney ^ .
> Le Piuret , à quelques mil&s (& la >.
e(fc ^llî par ks eaux d- une autre riviè-
re^ opÀ viefit de.J*Oc£idcnt ,' nommée
Tonc. Le Twi^ à, fa fourcfe dans le.vôilî-
nage du bourg de Hïv^Ucmib » Sc coulant
a rOrient arroie ua gros bourg, auquel W
donne le ncmi de 7>wf^ , . onTamon. Ce
bouffi eâ: dana uti^ iltuatioQ très-^agiraUc
£c trcssiâ^antag^uie^ tm milieu d'une beU
lie & fertile campasne , cpu verte de
ékiXû& ^ de prairies èc de jardins. Les^
Tom. 111. Oao mai^*
lârditf des cha][ieaies^,c^d^ii tirent ttcaa*
€0up de pix^fit. ' £«er jtiirrr^ 9 ajtttireçu^
kve ks) tturaiiloeidb 'êiiâlgk^zÀtirr ';!ilmi:
8c grand) bkii^>^(dofa€^*ile'Dam>efb cbcJ
iximpu. de iBtfrgJH^t^lj :Il 3i?)r MfôJt a»
grand eoahmerce 4e^ dniperks » i£cc^ lé
meiUeui; revenu des hfll)itaas. Gq Bridges
wmn te P arrêt va fc jctter dans la mer ,
6c forme a foti embodoburé ur^ péâta
Baye :9 à la^elte Mhdqoiiié adocuiè kr
nomd%^/^4«- '.-j.'" -.'\a/i-. -^ ..•.-:... -^
C^ft littDUt o6i<}éHt y aidffipkBiFi»
tnarqùable dans cette Province, du reftet
l'air y eft doux Ôc tébipéré* Le terroir
y eft afTez fèc en Eté V maïs dans lei iu<«^
très imibns de Tannée , il eft ^iMmtni-
de , 6c i&r:dKmins y fonii trèi-mouyai^i
Erii recompenie le^pays tft trè^-fotile ca
grains Se en fnnts ^ rkiiG en brairks >
en pâturages , & en troupeaux. Les foa-^
taines Médecinales , qui s'y irocvent ea
grand ncmihro, neiontpasOnindestncxin^
dres avama«s<ïa>ellc V^^^ }±^^
qui ie tire de&iabffi:u^ûe94e iMM^^tett
des meilleurs qui ite trouv^ènt danis là
Royaume , tx, il s'cn&it tm commerce ^
" -" " qui
Soœmcrfct. oe L'ANôL^TÊttRfe. f^^
qui s'étend fort loin. Le pays efl tf-ès^
bien fourni de chafbon de terre , au dé-
faut du bois ; il s^en tlduve quantité de
mines vers le Nord de la Province , êc
du côté de l'Eft > dans les ctontagries dé
Afendif. On prétend particuliércmeht de
ce dernier , qu'il â pltjs de force que k»
autres , pour fwîdre le fer.» Les haKtani
anciens portoient le nom de Selles , dé
poflédoicnt outre cette Province , celle»
de tVilt & de Southamptûn. On croid
qu'ils s'y étoient jettez quelque tcHrt a*-
vant l'expédition de fuies Cejàr. .
Le Duché' de DEVONSHIRE.
LE Duché de Devonshire s'étend d'une
Mer à l'autfiè , ayant au Nord le tVr-
mal ie S. Géotge , au Sud & ^ Siid^Eft
kl Mèr BritantU^é , autreftrcnt Iki Mnn^
wk€ , fw9Îàr le Canal qui répare VÂtigleitr^
te de la France. Au Nord-Eft il a les Pro-
vinces de Derfet & de S^mmerfit , & à
POccidcnt, la Province de Cw-w/^^rf/^f. Il
eft presque auffi long que large , ayant
cinquante-cinq milles du Nord au Sud >
& cinquante-quatre de TEft à l'Oueft.
Son. circuit eft de deux cens milles. 11
'CJft fartage en trente-trois Quartiers , où
Oop & Ton
644 Les Délices Devonshiic.
l'on compte trente-fept tant villes que
bourgs à marché , Se trois cens quatre
vints quatorze EgUfcs Paroiffiales. Plu-
fieurs rivières y portent la fertilité en di->
vers endrcdts. Le Qciartier du Nord a les
rivières de T^urid^e Çc de T^tt^ : celui de
l'Occident a les nvières de Tamcr , de
Tavif » ÔC de Fljtne^ La partie Méridio-
nale a divers ruiiTeauX) & les rivières de
Van & de Tigne , ou Tjnge i & le Quar*
tier Oriental a la rivière d'-6^ » & quanti-
té de ri^fle^u}^^
Iu€s cotes SeftfntrîojMlcs (^ tes environs*
SORT4KT du Duché de Sammerfet , &
avançant le long des côtes Sejnentrio*
nales^ de cette Province, on rencontre
bien-tôt Comkemnton , w Comiertûn ,
bourg médiocre « près duquel on a trou-
vé , n y a environ cent diix ans t ^^^ tni^
ne de plonxb , qui a auffi quelque partie
d'argent. Un peu jplus avant eft lijfarcom^
he » autre bourg tur le rivage» avec uo
Havre a^^L bo)Du
StARfr*
Batnftaple. VE l'AkôLKTEICIIB. €^
BARNSTAPLE.
«
A cinq ou fix milles au Midi d^Ilfar*
ambe eft Bamfiaple , fîtué fur la livié-
re de Tasv. C'eft un grand & beau bourg,
très-bien bâti , fort peuplé., Se pour tout
dire en un mot , l'une des premières Pla-
ces de la Province. Le Taw , qui y paC- *-
ic fous un pont magnifique , y fait un
bon havre , & la marée y monte fi haut
dans le tems du renouveau & de la plei-
ne- Lune , qu'elle couvre toute la campag-
2ie d^lentour, fi bien ipie Bsmfié^U eft
comme une Presau'ile , environnée d'eau
de trois cotez. Les habîtans fâvent fort
bien faire leur profit de ceue fituation a-
vantageufê , & il s'y trouve quantité de
riches Marchands , qui font un grand
commerce dans ks pays voifios , qui
ibnt au delà de la mer.
Le Taw prend ià fburce dans le cœur
de la Province y Se coule du Sud au Norc^
Se puis au Notd-Oueft. Il ne voit rien
de digne de remarque fiir fês bords jus*
qu^à BAxnfiapk , Se de là faifànt un lar|
canal, il iè jette dans la mer, ayant reçu
Tùwridge un pcu au deflus de ion em^
bouchurc
Ooaj Le
^ I
td^ Lks DKLICKf Kixtmr;
perie» £t vmk que d\tfmer à ÈMner ^
S jTeçoit deux rivières , Puoe à POrienr
nommée CûlHmktm^ ( Colmviw ) & t*au-^
tic à t'Ocddenc , apèlée Credj^ Cette
dernière vient d'an bourg noaané Crédit
tm r ou Kirtm , autrefiM j^Mt confidénu
Ue , jparœ que dam le& |»Énîeis ailles
de l^life Bmmniftu , il y avoit uafié»
ge ËpifcopaL Oeft là que oâc^it S.
n^n/r^ y autrement Bmifsct , k giâmt
fiii^tdcs Papes, qui dans le ri i kSîc*
de a prêché rËvangilc^ & les Décrets
des Pontifb aux A&mmm , aux Fr^ims^
aux Heffiens^ tcmxTh0rm^ms ^ &poar
recompenfe de fès navaux foc étal» le
premier Archévê^ de Méjaiet.
E X C E T E R.
« •
ExcBTfin ed une dés glandes yifie di»
Royaume » firuée âr la tiv&Orienta-*
le de P£a^ , dont elle prend fonnomî. Lca^
anciois Romains l'ont connue ibus lenom
d'i/^4 Danmoniwrtim , les 54x»m Papèlé*
rent Exanc€afi$r ^ Se de là par co^raptioa
s'eft formé le nom^ ^Exatet. Ia^ GmI^
kis Papèlent en lâit Langue ^ Câsr^IfJ^^
& Pen^Caer. Elle eft fituée en fbnne d^ain*
pbkbéatre fur une colline^ ^pi s^éleve aia
bord
ixcçtcr, DE L* Angleterre. (Sj^x^
bord deVEx^ environnée de murailles de
quinze cens pas de tour , qui formeroient
un cercle entier , fi du côté de la rivière
on ne les avoit tirées fur qne ligne droi-
te. Sa grandeur eft telle , qu'on y comp*
te quinxe Eglifes Paroiffiales ; elle eft bien
peuplée , & le commerce floriflant , qui
s'y trouve , y attire quantité de monde.
Un vieux Château fi tué près des murail-
les à l'extrémité Orientale , & bâti dans
k X. Siècle par le Roi Athtlfian^ a été
autrefois le Palais des Rois des Saxons Oc-^
cidentaux , & aujourd'hui il eft encore eu
aflèz bon état. On y jouit d'une vue
fort agréable , parce qu^cunt fitué dans
^ la partie la plus élevée d^Exceter , on y
découvre la ville & toute la campagne,
jusqu'à la mer , qui eft à quinze milles
de là. Exceter eft honorée d'un Siège
Epifcopal , qui y fut transféré de Kirton ,
ou Crediton , vers le milieu du xi. Sié-i
cle , par Edouard le Confejfeur. L'Eglife
Cathédrale avoit été déjà bâtie aupara-
vant , fa voir dans le x. Siècle >, par le
Roi Athelftan. Elle eft d'un deflein par-
ticulier , quoiqu'en forme de croix , ôc
fort magnifique. Les yeux font ravis
par la quantité furprenante de ftatues ,
qu'on voit en trois rangs de niches , dans
. Tom. m. Ppp 1:*
1
6^0 Les Dclices Exatcr;
k principale façade ; & au deflus it s'y
iroit une galerie bordée d'une fuperbe bc-
luftrade à treillis. Aux extrémitez des |
deux bras de la croifée s'élèvent deux
Tours ou clochers , dont l'une finit en
plate-forme , & l'autre cft chargée d'une
j)etite pyramide. La ville d^Exceter n'a
«été pleinement au pouvoir des Saxons ^
que quatre cens foixante-cinq ans après
leur entrée dans le pays. Les anciens
Bretons y demeurèrent avec eux jusqu'au
%. Siècle , x]ue le Roi Athelfian les en
4E:haflâ. Cette ville c(t fort marchande ,
& il s'y fait grand commerce de drap ;
&c elle le ferpit davantage , fî les vaijfTeaux
y pouvoient monter « mais V^Ex n'y a pas
afièz d'eau pour les porter , & il faut
qu'ils 3'arrêtent à huit milles au deflbus^
j)our fe décharger.
De là , tirant à l'Occident le long des
côtes , on arrive a Bàhofs-Tèignt^n , où
Bdjhops-Tauntsn , qui a été autrefois un
AZylc i c*efk pourquoi un Ev^ue d^Ex^
£iî€r nommé Jtan deCrandfin^ BQurguig<^
mn d'origine, y bâtit une belle maifba ^
afin que les iuccefîèurs y trouvafïcnt une
retraite aflèurée , en cas que leur Egliiê
fut expofée à quelque defaflre. Bisho^s^
Tei^ntm eft vcis l'embouchure de la pe-
tite
Battmontli, DE L'ANGLETERRE^ ^5*1
titc rivière de Teigne , ou Tynge.
Depuis l'embouchure de VEx la terre
s'avance confidérablement au Midi , tel-
lement que les côtes font face à l'Eft jus-
qu'au delà de Dartmouth. Entre le Ha-
vre de Dartmouth , & l'embouchure de
la Teigne , l'Océan forme une jolie Baye,
qui a environ dix milles d étendue , nom-
mée Tarhajf. 11 y a là une rade fort bon-
ne pour les vaifleaux , & c'eft dans cette
Baye que la Flotte HoUandoife débarqua
l'An 1688. lorsque le feu Roi GutUanmc
III. d'heureufe mémoire , y vint fous le
nom de Prince à^Orange , pour aflèurcr la
liberté de r^wg^/r^^rr^ , qui alloit tomber
dans l'cfclavagc.
D A R T MO UT H,
DARTMOUTH cft Un peu plus bas.'
C'eft une ville avec un Port de mer,
fituée fur une colline à l'embouchure de
la rivière du Dart, Son port cft très-bon
& fort afleuré , où les vaifleaux font à l'a-
bri de l'injure des vents . L'entrée en cft
défèndite par deux Châteaux ., qui fer-
vent à le mettre à couvert des infultes
d'un ennemi. 11 s'y fait un grand com-
merce, & il y a un .grand abord de vaif-
P p p z féaux.
6fl Les DeI-ICES Dartmoaih. 1
fcaux. Le Dartj qui Élit le Havre de
Dar\tmoHth , a ià fource près de celle du
Taw i il coule à travers un pays mon-
xueux nommé Dartmore , où l'on a trou-
vé une mine de pierre d'aimant depuis
cent ans en çà. Lcsaimans, qu'on en
tire, font noirâtres , à peu près de la cou-
leur du fer poli , durs comme du marbre,
£c ont beaucoup de force.
P L YMO U T R
\ PRES le Dart , on voit bon nombre
jLjLd'autres petites rivières , dont la plus
rem^quable efl le Pljme , qui a donné le
nom « l'origine à la ville de Plymoutb ,
l'un des meilleurs & des plus fameux
Havres de cette côte , & même de tout
le Royaume. Pljmouth eft fituée à l'ena-
bouehure d« Tlym^ , vers les frontière»
de la CornomaiUe^ elle n'eft pas bien gran-
de ^ mais en échange elle eft Tune des Pla-
ces les plus importantes du Royaume.
Le Plyme & la Tamare , ou Tamer , fe ren-
contrant dans leur embouchure , y for-
ment un grand & vafte Port , profond
& fpjrt afTeuré ^ oîi les plus gros vaiflèaux
peuvent entrer à pleines voues. La Place
^fl: défendue par de bonnes fortifications «
1
Plymoutt. DE L^ANGtETERaE. ^fj
& outre œla, le Port a été mis à couvert
de toute infulte & de furprifè , par une
bonne Citadelle , & quelques Ouvragcsf
détachez , tous garnis d'artiUerie , qui
eippêchcm les ennemis d'en aprocher.
Dans le XV. Siècle /'//«i^?/^/^ n'ctoit qu'un'
village de pêcheurs, mais dans le xvi.
la bonté de (on Havre ayant été mieux
connue, die s'eft élevée peu-à-peu jus-
qu'à rétat où elle eft. Tous les \ aiflcaux,
gui viennent en Angleterre ^ ou qui en
iortent pour quelque voyage de long
cours, s'y arrêtent ordinairement, pour
fe rafraichir. If y a un magnifique Fanal,
qui n'a pcut-êire. pas fon pareil. Pij/moHth
eft célèbre encore , pour, avoir donné la
naiflance au fameux Capitaine Fr4»pr/ Dra^
h^ qui entreprit l'An i^JJ- de faire le
tour du Monde , & en vint heureufc-
ment à bout,, après une navigation do
deux ans & dix mois".
La Tamer, ou Tàmare , qui fait partie
(du Havre de Plymouth ^ prend fà fourcc
vers (ielle dir Towridge , à l'extrémitc
du Nord-Oueft de la Province. Il coiïlc
droit au Sud, fèrvant par-tout de bornes
entre ce Duch'^ & la ComoHaiîle. Vers
le milieu defon cours ih reçoit un vuif-
feau , nommé Lid>^ qui vient d'un bourg
tff4 T*^s Délices Taviftck.
à marche , nomme Lidfton , & coule près
d'un pont dans un lit fi profond , & tel-
lement couvert de rochers , qu'on ne le voit
non plus que i*il couloit fous tene ^ on
çntend feulement le bruit de l'eau , qui
lurprend ceux qui ne favcnt ce que c'eft.
Douze ou quinze milles plus avant, la Ta^
wer reçoit une autre rivière , nommée
Tave , ou Teave , qui donne fon nom à
un bon bourg» fitué fiir fês bords , qu'on
apèlc Tdvifiêk: n fi^t autrefois réduit en
cendres par les Damis s mais on le releva
de fes rumes ^ & il devint célèbre, à caufè
d'une Ecole qu'on y cntretenoit ^ pour
enfêiener la Langue Saxonne ^ après
qu'effc eut cefle d'être en uiàge j ce qui
arriva , fi je ne me trompe , vers le com-^
mencement do xiii. Siècle. Je ferai voir
ailleurs les fondemens de mon opinion.
La Province de Devmshire n'avoit ci-
devant <jue le titre de Comté. Le fbu
Roi l'éngea ca Duché en faveur de Mi-
lord Guillaume Cavendish ^ Giand Maî-
tre de fa Maiion. Cette Province n'a pas
un terroir fertile pour le blé , ceux qui
veulent en fèmer fè fervent du &ble de
la mer , dont la fklure l'engraiflè , & lui
donne une fécondité qu'il n'a pas de lui-,
même. Le paj^ eft pour la plupart de
jbcvonshirc. det l' ANGLETERRE. 6^f
montagnes , de bois , de prairies , & de-
pâturages. Cela fait qu'elle abonde en?
troupeaux & en gibier. La tncr , qui lai
borde de deux cotez , lui fournit quan^
tité de bons poiffçns , particulièrement
des fàrdines Se des harengs fort cftimez^
On y a. des mines de plomb & d'étai»
dans le Quartier de lX)ccidcnt , vers kf^
confins de ComofMille. Mais la principale
richeflè des habitans eft le débit de leur^
laines & de leurs draps , qui ibnt de&
meilleurs Se des plus fins , qui (c (aflenC:
dans le Royaume. Au refte l'air f eSt
bon ôc (àin , bien qu'un peu fubtil dC '
pénétrant.
Lt Corné de CORNOUAÎLLE.
«
tx Comté de CèrneuaillecQ: la partie lil^
'plus Occidentale de toute V Angleterre ^
& forme une grande Presqu'île , enfer-*
méc de la mer de trois cotez, au Nord ,,
à POueft , Sc'au Sud , Se féparce , à l'O-
rient , dû Duché de Devenshire parla riviè-
re de la Tékmer. A l'endroit , où elle touche
ce Duché , il eft large de quarante miU-
Ics. De là il court au Sud-Oueft , e»
fe retréciflant confidérablement , & fc
termine par deux Promontoires , dont
Ppp 4 celuii
i5^6 Les DeL1Cï:8 Cornouailk.
celui , qui eft le plus Occidental , porte le
nom de Lands-End^ ce qui veut dire le
bout du Pays ; & anciennement on Pape-
loit Promontorium BeUrium , ou jûntive^
ftdum : les habitans l'apèlent Penwith*
i^'autre , oui eft plus Méridional , portoit
autrefois le nom àc Promontorium Oeri*
num^ il DaMmatmum j aujourd'hui on l'a*
pèle la Pointe du Lexiard. C'eft de ces
deux Promcmtoires » qui avancent d^ns la
xner comme deux cornes , que la Pro-
vince a pris le nom de Cornouaille , cor-
rompu de Com-H^éUlie , ce qui fîgnifie la
W4Ue cornue, fVallie eft le Pays de Galles i
& les habitans (ont de même origine que
les Gallois , favoir les décendans des an«
cieqs Bretons^ qui furent contraints d'a-
bandonner aux Saxons la plus grande Se
k meilleure partie de leur lie. De là vient
qu'ils ont encore retenu quelque trace de
leur ancienne Langue. Les Latins des
derniers Siècles ont apèlé ce pays Cornu*
bia. Il a fbixante-cinq milles de long »
vint-deux villes ou bourgs à marché , &
cent foixaiite-ôc-une Egfifes Paroiflîales.
Cinq principales rivières arrofent cette
Province , outre un grand nombre de
ruiflcaux. De ces cinq il y en a quatre ,
qui couknt au Midi , la Tamer, k Lou/ ,
k
\
Sakash. dÈ l'AngLETERRE. 6^y
le Fawey , & la Fale : la cinquième , qui
cft le Camb'AUn , caulc au Nord.
La Partie Orientale,
LA Tamer coule du Nord au Sud ,cn>.
tre cette Province & celle de Devoir,
paflè à Tamerton , & de là près de Lann»
Jton^ ou Launcefion , anciennement Lan^
ftuphadon , beau bourg, fitué furune col-
line , au bord d^un ruifleau , avec \xa
vieux Château. De Launftanéltyztom--
ber dans la mer près de Sahash, petite
.viHe, afTez marcnaûde , 6c dans un air
•fort &m. Il s'y trouve une fontaine , donc
Peau ne peut jamais cuire les pots. A
.deux milles de Saltojh ^ à l'Orient ^ dans:
le vieux Château de Trematm , on a
déterre autrefois un cercueil de plomb ^
où fè trouva le corps d'un ancien Duc
du Pays ^ qui étoit la depuis plus de cinc}.
cens ans , lî-tôt qu'on y voulut toucher
il s'en alla tout en pouincre.
La rivière de L»w prend fa fburcedans
un quartier de pays nommé Moares , Sc
pafle près d'un bourg apèlé 5. Ne<a^ qui
doit ion nom Se fbn origine à la dévo-
tion qu'on avoit pour un • faint homme
ainfi apèlé. Près de ce bourg , dans un;
Ppp 5' lica
658 Les Délices Lesferf.
lieu nommé Pcnnant , il fe trouve deux
groflès pierres, dont l'une a le deflus for-
mé en taçon de chaife, & l'autre a cette
Infcription en caraâères barbares : Do^
niert erogavit pro anima. On croid qu'el-
le regarde un Seçncur de CamoudilU ,
nommé Dongerth , qui vivoit dans le ix.
Siècle. Un peu plus loin au Nord-Eft
on voit quantité de gros quartiers de pier-
re , quarrez , dont il y en a fept ou huit ,
qui font rangez à une égale clifhnce en^
ir'eux. Les habitans les apèlent Hurler s\
8c s'imaginent pieufement que ce font des
bommes changez ex^ pierre, par un juge-
locntdu Ciel, pour avoir profané le jour
du Dimanche ^jouant à la paume.
Un peu au deflbus de 5. Neot , & dfe
iTautre côté du Low , on voit un bourg,.
XiQVaxùiLtskirà^ fîtué fur un coteau fort
élevé ^ défendu par un Château antique^
& confidcrablc par le commerce qui fc
j6it dans fes marchtz. Le LoiVy arrivant
à rOcéan , lave les murailles d'un bon
bourg ,( à qui il donne fon nom ) corn-
po(e de deux parties , qui font jointes Tu-
ne à l'autre par un pont de pierre. La par-
fte Occidentale , nommée Weflr-Low , efb
la plus moderne , la plus grande , & la
plus floriflànte i Tautre, qu^on apèle £/?-
Bodinaa. ue l'AngLETERRE. 659
Lo-w , cft la plus ancienne , & a les plus
beaux privilèges , & le droit de Maire.
Le Low y fait un port médiocre.
Le Fawey , qxû coule à l'Occident du
Louf , a & jjpurce près du Camb-AUn , &
€es deux rivières partagent la Province
en deux parties presque égales , le premier
du Nord au Sud y &: Pautrc du Sud au^
Nord.
B O D M A N.
pf NTRE CCS deux rivières, dans le coeur
•*-^da pajrs , on t!x>uvc Bêdmân , grand
bourg, bien peuplé, fifué entre ckux co-
teaux ^ anciennement on l^apèlait Boâmi^
nian. Il étoit autrefois confidérablc , à
çaufe d'un Siège Epifcopal , qui y fiitr
fondé vers le commencement du x. Siè-
cle par k Roi Edouard le rieux , & quï
dans la fuite fot transporté à S. Germain;,
Mais bien qu'il foit privé de cet avanta^^
ge , il ne laiflè pas d'être Pune des Pla-^
CCS tes plus confidérables de la PjFovince ;;
parce qu'il a le droit de marquer l'étain ,
qu'on tire des mines. 11 s'y fait un grand
commerce, les habitans y font fort acom-^
modez, & l'on y voit beaucoup de bel-
les maifons. Cependant il pafle pour é-
ttc
€6à Les Délices i^àmM,
tre iml-iâixi , ce gui vient particulière-
ment de deux caufes , parce qu'il a une
montagne fort l^ute au Midi , qui lui ô*
te le Soleil , & que les écuries ôc Tes cui-
fines font fur le derrière de la maifbn ,
qui cft plus ékvé que le devant , de for-
te que quand il pleut, la pluye entraine
les ordures dans la rue à travers la mai--
\
LESTUTHIEL.L.
LE Fdwi]^ ) ayant coulé dans le voifîna*
ge. de BodmoH , coule au Midi , &
vient arrofër les murailles de Lefinthitll^
oU LiJhcbeU , Csçitalc de la Province.
ÂutrdEois elle étoit grande, belle , 8c ri-
che^ fîtuée fur une colline, & connue
fous le nom â^zjeUa: dans la fuite les
habitans quittèretu: le coteau , 8c trans-
portèrent leur viUe dans la plaine aa bc»rd
du Fawey i & cette rivière ^ gFoiHe par
la marée , y formoit un fort opn port ,
capable de porter les plus gros vaifleaux ^
ce qui y rendoit le commerce floriflant.
Les anciens Comtes de Cornouailli y a-
voient leur Palais , & lui conférèrent la
dignité de Capitale , avec le droit de mar-
quer Pétain ^ avant qu'on le débite.. Ces
deux
Lcftotbicri. DE L^AngLETERRE. 66 1
deux chofcs font Içs feuls avantages
qu'elle ait confervez. Le Fawc^ a tant
entraîné 4c fable , qu'à la fin fon lit en a
été comblé, & il ne peut porter qu'à pei-
ne de petits bateaux ; ce malheur a fait
aller fa ville en décadence , tellemem
qu'elle n'eft plus qu'un petit bourg.
lutFawej , quittant Lefinthiell^ va (c
jetter dans l'Océan , & forme un port à
fon embouchure , nommé Foy , ou F(?-
rpy , &• en Langue du pays, Foath. Le
bourg eft fitué ïur un rocher avancé 8c
xfcarpé, & le port eft fermé d'un môle
qu'on a jette de chaque côté. Il a été
ci-devant plus fréquenté, qu'il ne l'eft au-
jourd'hui. On trouva autrefois dans fon
voifiùage un grand cofre de pierre , rem-
pli de terre noire , où étoit enfermé un
pot de terre doré , fur lequel il y a voit
quelques lettres gravées .
La Partie Sepientrianate,
LA Partie Septentrionale de cette Pro-
vince n'a rien de plus confidérablc
que C/tnulftrd & Padftow , fi tu es l'un &
l'autre fur le Camb^ALtn. Cette rivière
a fa fourceaffez près du rivage, & trou-
ve bien-tôt fur fes bords un village,
nom-
66* LesDeLICES Camclfori.
nommé Camelford , ou Gaffelfrrd , qui é-
toit anciennement un lieu plus coniîdé-
rable fous le nom de ^amhlan. On y a
déterré quelquefois des pièces d'arnïes ,
des bagues , & des ornemms de chevaux,
le tout de bronze , ce qui fait juger qu'il
y a eu là dans les anciens tems une fân-
elante bataille.
l;
P A D S T O WJ
£ CM^'Alan coule d'^abord au Midi
jferpentant en plufieurs lieux , de là
il tourne droit au Nord-Oueft , & rou*-
lant fes eaux dans un large canal , il re-
çoit la marée , qui monte à fà rencontre,
& forme un bon & grand havre à Pad-
Jiow. C?cfl: un bon petit bourg , dont
le nom eft corrompu de Petrocl^ftow , à
caufè d'un certain Fetroc , qui y mourut
autrefois en odeur de fainteté : aupara-
vant il s'apèloit Loderic & Laffenac. Ce
qui le rend confidérable.eft fà fîtuation
dans le voifiôagc de ]? Irlande , d'où vient
qii'il eft le grand abord de ceux qui veu-
lent paflêr dans cette lie , ou y négotier ,
n'y ayant de là que vint-quatre heures
de traverfc.
La
îdmouth. DE l'Angleterre. 66^
Ls Partie OcciàentMe.
APOccidcpï du port de Foj , la Mer
fait trois jolies Bayes , de cet endroit*
là jusqu'au Pointe du Lez^arà. La pre-
mière eft celle de Treuwardraith , la fè-
•conde celle de Gumdraith , & la troific-
me celle de Falmouth , toutes trois fort
bonnes pour les vaiffeaux.
FALMOUTH,
FALMOUTH n'cft autre choie qu\in
port , mais un grand , fpadeux, &
bon port , qui eft formé à l'embouchure
de" la P^ale , ou Fale. Cette rivière ayant
pafle par deux bons bourgs , Gramf$nt ,
& Tregnye , reçoit une autre rivière , qui
vient d'un bourg , nommé Truro , ou Tru^
ru. Groffie de ces eaux , elle ouvre une
large bouche , ou pour parler fans figure,
elle fait un large canal , qui eft comme
une petite baye , où la marée forme un
excellent Havre , capable de contenir
plus de cent bâtimens , c cû pourquoi il
eft le plus fréquenté de tous les ports de
la Province. Le feu Roi Guillaume IIL
de gloheuie mémoire , y avoit établi une
pofte
664 ^^s Délices Falmouth»-
pofte par eau , pour commpniquer avec
l'EJpagne , tandis que l'on avoit alliance
avec le Roi Charles II. Le Paquet-bot
alloit débarauer à la Caramf dans la Ga-
lice , & de la on portoit les lettres à Ma-
drit^ & il pnenoit celles qui vcnoient de
M^drit. Cette communication ayant été
rompue avec VEfpdgne par la mort de
ChÀrles II. & par la guerre dont cette
mort a été luivie , on a établi la pofte de
FalmoHth à Lisbonne , & l'on a augmen-
té le nombre des Paquet-bots jusqu'à
quatre , afin que les nouvelles ne tardent
pas en chemin. L'entrée du Havre de
Fa/mouth eft partagée en deux par un rô.
cher , nommé Crag , qui en occupe le
milieu : elle eft aulli défendue par deux
bons Châteaux , conftruits par He^i
VIIL fur les deux pointes qui la bordent.
Il y avoit là anciennement une ville nogi-
mee Foluba , dont le nom eft péri avec
elle.
M E N £ G.
A l'Occident de Falmouth , la terre
ts'avance dans la mer, & forme une
petite Presqu'île , nommée ancienne-
ment Menna , fie puis Mene^ , dont la
poia-
Hclited. DE L'AnGJLETERRE. 66 f
{Jointe la plus avancée èft ce qu'on apc^
e le Cap ou la Pointe dn Lesiard. Hei'
ftofi , Pune des premières Places de la
Province , eft fituée à la tête de la Pre£--
quHle y à l'Occident i les gens du pays
Papclent HelUs , & ce nom lui vient de
Peau iàlée, dont elle eft environnée. C'efl:
un bon bourg , qui a droit de marquer
Pctain. La mer y forme un grand étang
d^eau- ïàléc , oommé LoepooU ,, de deux
milles de long , qui feroit un petit havre ,
Il fon entrée n'étoit embarraflee d'un banc
de fable. Quelquefois ce banc de ftblc
eft renverfé par la marée , & lorsque ce-
la atrive, on entend venir l'eau avec \iw
fracas furprenant.
De Helfion^ avançanr à TOucft , ouv
trouve Godo^phin , nom qui en la Langue
du pays fignifie une ^ge blanche. C'eft
UQ Don bourg , fitué fur un côteaU', qui-
eft riche en mines d'.étain.
A l'Occident de Godo'phin la mer s a—
vance fi confidérablement dans les termes*,,
que rifthmc , qui la fépate de POcéan Oc-^
' cidental , n'a pas plus de quatre milles-
de large , tellement qu'un bon coureur^
Jngloit pourroit aller de Puce i l'autre
dans moins de demi-heure. La Baye ^
qui fc trouve en cet endroit , porte le
Tomn UL Q,q^q nom
666 LsTS Dblices s.Mîcher^
nom de Mounts^Bay , ( U Baye du mont )
à caufe d'un rocher , apclé U Ment S.
Michel , qui n'cft pas loin de l'entrée.
Cette Baye a une fort bonne rade , & \c%r
vaiflèaux y font à Pabn des vents de la
bande du Sud.
Le Mont S. Michels
CE Mont S. Michel eft un rocher fort
élevé , & foit efcarpé , qui eft tout
environné d'eau , comme une lie , dan$
le.tems que k mer eft à fiot : mais quand
Ja marée eft bafle , il eft joint à la Terre-
ferme. On Tapcloit anciennement X>/»-
fil, & Carreg Ccwfe: dans la fuite, quel-
ques Moines ayant public qu'ils y a-
voient eu des vifions de S. Michel , lui
firent donner le nom de ce (aine Archain^
ge. Le Ipmmet de ce rocher eft une jo-
lie plaine , où Ton a bâti un Fort. Vers
le commencement du xvi . Siècle , com-
me on creufoit au pic du mont , pour
tirer l^étain de la mine qui s'y trou voit,
bn y détei'ra des haches , des épèes , &
d'autres armes , toutes de bronze , enve*
lopéesdans du linge. Ce rocher, ôctou*
te la côte voifine eft remplie d'une efpê-
ce de corbeaux^ à bec jaune, qu'on apè-
le
peufans. de l'AnGLETERRE. 66/'
le en Atiglois , Cornish Chough^ en Latin
PjrrQcoraxi ils font fort larrons , & fort:
dangereux , parce qu'ils prennent quel-
quefois des bûchettes allumées , qu'ils jet-
tent ^ dans les maifons. .
jP^»/i«/ eft un bourg , avec un bon Ha-
vre fur la rive Occidentale de la même
Baye. Près de ce bourg eft un rocher:,
nommé Main-Amber , qui eft compofc:
d'un grand nombre d'autres petits : on le
voit quelquefois- remuer un peu , fans
qu'il Ibit poffible de le tirer de l'endroit:
oii il eft. On eftime que la Bayje de
Mounts^Bay n'a pas. été toujours fi éten-
due , qu'elle l'eft aujourd'hui , que
l'Océan y a bcaucoiip englouti de ter-
res , & qu?elle s'eft ainfi élargie avec le*
tems.
A moitié chemin de Penfafts;zu Pro»-
montoire de Lands^End , on trouve un pe-
tit village j apèlé Sant EnrUns y dont le
nom vient d'une Eglife&d'unafyle, qui
y fut établi autrefois à ^honneur defain-^
te BHrienne. Près de* là , dans un lieu
nommé Bifcaw^Weunt , onvoit dix-neuf
gros quartiers de pierre , de même que
ceux de la plaine de Salishury , i-angcz en
rond , à douze piez de diftance les uns
des autres : le miUcu4u rond eft occupe
é6ft Lb$ DeLICKS Cowonaiflte.
|>ar un autre , oui eft le plus haut de tous.
Ce (ont de ces fortes de monumens, dont
les auteurs , à mon avis , ont employé
bien de la peine perdue , s'ils ont préten^
du perpétuer la mémoire de quelque
' grand événement. Une Inicription Pau-
Toit beaucoup mieux fait , que des mih-
liers de trophées comme celui-là.
Au refte le Promontoirc de Lands-End
s'étendoit autrefois beaucoup plus avant
dans la mer, s'il en faut croire les habi-
tans. ' Ils difènt que l'Océaa en a ron»
gé une bonne pièce, 8c quV>n voit enco^
•re des mafures fbus l^u , lorsque la ma-
rée eft baflê.
L'air de la Province de CcmouaiSe eft
pur , (èc & (àin ^ étant netteyé par les
vents de la mer , auxquels elle eft ex-
pofee de toutes' p^rts. Le pays eft lêc &
montueux , Se bien que la mer l'environ^
ne de trois cotez , cependant il ne s'y trou-
ve que très-peu dtf marais , parce que
fes rivages font tous de pur fable. Tous
ces avantages font qu'on nV a presque ja-
mais de pefte , de que les habitans s'y por-
tent parfaitement oien. Us font robuftes,
difpos , pleins de fànté, capables de fu^
porter les plus groflès fatigues , & les
iipeilkurs lutteurs du Royaume. 11 a'y
apoint
CôTtiouaiirc. ixE L* Angleterre. 66g
a point de Province en Angleterre , oii
il fe trouve plus de gens qui parviennent
à un âge fort avancé , & conferrent tou-
te leur vigueu?. Un nommé Polz^ew a
vécu cent trente ans ; un de fes parens
cent douze j uq autre, nommé SeauchAmp^
cent fix. Du tems de la Reine jE//^^-
ieth , une feule Paroiflc vit mourir dans
Pefpace de quatorze femaines , quatre
perlonnes , dont les années faifbient cn-
femble le nombre de trois cens, quarante;
Avec cela ils font les plus forts hommes
du Royaume. Un nommé ^ean Ràmans
portoit le corps tout entier d'un bœuf
éventré ; un certain Kiher , qui demeu-
roit au Château verd de Launcefton , jet-'
toit par deflus l'épaule une pierre de phi-
fieurs livres , au delà de la plus haute
Tour du Château. Un nommé ^em
Bray portoit fur fes épaules , plus de
deux cens pas loin, fix boi fléaux de fari-
ne de froment , à quinze gallons pou«r
boiflèau, (ce qui faifbit le poids de cinq
cens quarante livres ) & par deflus tout
cela , le meunier âgé d'environ vint-qua-
trc ans. Le Printem& &: l'Automne y
font plus tardifs que dans les parties O-
rientales à? Angleterre. L'Eté y cfl tem-
péré , & l'hiver y ç& plus doux qu'eu
■/
6'/o Les DEi-icfcs ebmotiaiJIc.
aucun autre lieu , puis qu'il y neige Sc
qu'il y gèle rarement. Mais en échani-
;c la Comouaille eft fort cxpoféc à de gran-
les tempêtes. Il y fait des vents furieux ,.
qui rongent jusqu'aux pierres. Le ter*>
roir eft pour la plupart montueux , ce-
pendant on y trouve en quelques endroits
de petites vallées courtes & étroites. La
bonne terre y eft peu profonde, & quand
on creufe un pcO , l'on trouve bien-tôt le
fable ou le roc, ce qui fait qu'elle fe fend-
aifément , lorsque l'Eté eft fec. Le mi-
lieu de la Province eft découvert : la ter-
re y eft noirâtre, & pleine de bruyères:,
il y a peu de prairies , mais beaucoup de
pâturages. Entre divcrfcs pierres qui fe
tirent des carrières ^ on y trouve de trois
fortes d'ardoife , dont l'une eft bleuâtre ,
l'autre couleur de feuilles de iàuge , 8cla
troifiême verte. Dans la partie Occiden-
tale il croit dans les campagnes fablon—
neufès une herbe pleine de nœuds ,
dont ils font de la natte. On y trouve
auffi quantité de fenouil marin,. dont la
racine confervéc en fyrop , eft un cor-
dial excellent. Les rochers , qui font
fur le rivage de la mer , produifent de
l'hyfbpe iàuvase, du pouliot, duroma<^
rinôc d'autres ûcrbesodoriferwtes. Dam
le
CornoaaiJlc. t)^ l'AngleterRE:. 67T
le mois de Mai ks Laboureurs coupent
l'fierbc dans les endroits où ils veulent fai-
re pafler la charrue , ils les arrangeât
proprement , afin que le vent 8c le loleil
les féchent plutôt : quand elles font fé-
ches , ils en font de^ piles , où ils mettent
k feu , & mêlent du fable de la mer par-
mi les cendres. Ils répandent tout cela
dans le champ,, comme on fait ailleurs le
fumier , & cela fert à donner à la terre la^
fécondité qui lui manque. Quand elle a
été ainfi préparée , on la peut cultiver
trois ans de fuite : deux fois elle rapor-
te du froment , Se une fois de l'avoine ^
après quoi il faut la laifferrepofer feptou
huit ans durant.
Pour ce qui eft de leurs fmits , il s'y
trouve cntr'autres des châtaignes & des
raifins. Lés rochers fourmillent de mar-
tres 5 de blereaux , & de loutres ; il s'y
trouve auffi des renards , des chevreuils,
& des chamois , qui ont leurs tanniéres
dans les rochers. Leurs chevaux font
bas & de petite taille : fcurs brebis avoi-
ènt ci-devant le corps petit 8c la laine ru-
de , parce que la terre étoit en friche ,
mais depuis qu'elle a été cultivée , elles
*ne font guères moins groflcs, nileurlai-
ite moins fine que celle des autres Pro-
vm-
'^■9i
(SyZ L E S^ D fi L I C B s Cornoaailfc
vinces. La plupart des moutons tf y ont
point de cornes , en échange ils ont la lâi^
ap 6c meilleure & plus fane. Au con-
traire ceux qui ont des cornes ,. ont plu«
de laine , mais elle n'eft pas fi fine. Il s'y
trouve des faucons , & des bécaflès ^
mais on a'y voir aucun roffignoL L4a
raifon de cela eii , parce qu'il n'y a que
très-peu de bois. Sous le règne de laRei-
ne E/izabcth on vit venir en CamoHaille^.
vers le tems de la moiiîbn , de grandes,
volées doifeaux inconnus, plus gros que
des éperviers- Ils avoient le bec fi poin-
tu qu'ils coupoient une pomme en deux »
dont ils ne mangeoient c^ue le pépin : aufli^
firent-ils un étrange dégât de pommes-
Cette Province eil fort bien pourvue
d'eau^ douce. Il n'y a point de montag--
ne , qui n'ait quelque fontaine. , donc
l'eau eft faine & de bonngpût , mais il ne
s'y trouve aucune eau médccinale. On
y a diverfes efpcces de poiflbns > comme
des truites, des anguilles, dcsfaumons,.
des plies , des pilchards , & d'autres , peu
connus ailleurs. Les fàumons montent
dans les rivières entre la S. Michel & la
Noël , pour y pondre leurs œufs :.. & ils
y reviennent au Printems , pour conduis
rc leurs petits dans la mer. H s'y trouve
aufiSL
Cornoaâiîlc. dE l' ANGLETERRE.' (Î75
auflî des écreviflcs , des huîtres , & des
homars , qui le produifent dans de groflçs
coquilles tortillées, d'où ils fbrtent quand
ils font grands , & fe vont fourrer dans
des trous de ^rochers. Les Huîtres ont
. cetinftinâ: Cngulier, de s'ouvrir & de k
fermer , lorsque la marce monte, ou qu'el-
le fe retire , quand même eHes font hors
de l'eau. Cependant elles fe referment
auflS quand on les touche. Il cft arrivé
une fois qu'une huître étant ouverte , trois
jeunes fburis vinrent pour la manger :
Phuitre fe referma fort habilement , &
les atrapa toutes trois par la tête. On y
a auffi des veaux marins , qui reflèmblent
à des cochons, excepté qu'ils ont les piez
comme une taupe. Ils aiment la mufi-
que ; ils viennent quelquefois à terre, &
s'endorment, fous les rochers , où on les
tue à coups de fiiûl. On les coupe par
morceaux , on les fale , & accommodez
de cette maniéré ils font bons à manger.
Mais la princtpale pêche de ce pays-la eft
celle des fardines ; on en voit une quanti-
té prodigicufe fur les côtes depuis le mois
de Juillet jusqu'au mois de Novembre.
On les éventre , on les fale , on les fui
me , on les met en barils , & de cette
manière on en tmnfporte quantité en £-
Tom. lll. Rrr fpag^
674 Les Délices Cornoaailfc.
ffagne^ en Italie^ & ailleurs. Onrencoil-
xxc quelquefois de Pambre gris fiir le ri-
vage , & il y a près <lc cent ans , qu'un
pauvre pêcheur en trouva un fort gros
morceau. Difons encore un mot des ha-
bittfns , on atribue en prtie la cauiè de
la vigueur & de la fante qtf on leur voit ,
au grand ufage qu'ils font de Pail. On
raporte que leurs Ancêtres étoient très-
habiles à tirer de l'arc. Leur^ flèches a-
voient trois quarts de long , ils les pouf-
foient jusqu^à quatre cens quatre-vints
pas, & cela avec tant de roideur, qu'ils
perçoiént des cuiraflès.
Mais<e^qui rend ce pays le plus recom-
mandaWe , ce font fes riches mines d'é-
tain , qui fournirent presque toute T-f^r-
rofe de ce métal. Comme j'ai fait voir
•dans' Ventrée de cet Ouvrage, qu il y a-
. voit toute l'aparencc du monde , que les
^arthagindisAts avoient corinuies , on peut
•bien croire k même chofe des RomAim^
& en cfieton y a trouvé , dans une mine,
une médaille de PEn^)ercur Domitim ,
* ce qui tnet la chofe hors de doute ; cette
preuve étant jointe avec quelques autres
qu'on peut tirer de PHiftoire, Il paroit
que les Sax0ns les avoient négligées : &
^ l'on
Comoiiailte. de L^AKôfc-EWïRItE. Cjf
î'on tfa recommencé dans ces derniers
Siècles à y travailler ou'aflcz long-tems
après la conquête des Normans. Les pre-
miers Comtes de CvrHmaiUe ^cniAchirttit
jconûdcrablement à ce commercie , fur-
tout Richard frère 4u Rpi Henri III. vers
le commencement du xii i. Siècle. Ed*
mûnd^ fils de Richard, fixa ce travail par des
loix ôc des privilèges qu'il donna aux ha-^
b;tsicis , &: il mit un impôt fur Pétain «
qu'on devoit payer à lui & à (es fuccef-
ieurs. Le Roi Edmard ill. mit encotic
un ordre pins précis : it partagea tous les
Ouvriers en quatre Quartiers de pays >
nommez Foy^imyt , Mlack^^more^ Trewar'»
^nàile , & Pmwùh. Il établit un Préfi-
dent for chaque Quartier , afin de termi-
ner les différcns , qui arriveroient au (îi-
jet 4es mines , & afin qu'on ne pût pas
fratider les droits , qui font dûs au x Ducs
.de Cvrmuaille fiir l'ctain qu'on tire , J
ordonna qu'on transporteroit tout l'étatfi
•à l'Une des quatre villes ou bourgs nrin-
^tpraux de ces quatre Quartiers , ou on
4loit le fendre , l'affiner , le pefer, & le
«marquer du fcau de la ville , fans quoi îl
cft cléfêndu de le transporter & de le ven-
dre , fous peine de confifcation. On con-
flit leg mines d'étaio à de certaines pier-
Rrr X re«
'^y6 Les Délices CornoQaille.
res rondes & unies , qui tiennent de l'é-
tain 9 & qui fe trouvent fur la furface de
la terre. Quand les Ouvriers ont décou-
vert une veine d'étain , qui va direéte-
ment en bas , ils la fuivent tant qu'elle
dure ^ jusqu'à quarante &c cinquante ver-
ges de profondeur ; & il arrive presque
toujours que plus ils avancent , & plus
la veine fe trouve groflè. Us en trouvent
d'autres , qui vont obliquement , Seniors
ils ont beaucoup de peine, & en général
le tiavail des mineurs cft fort pénible &
fort rade , & ils n'y peuvent guères te-
nir plus de quatre heures par jour. Quel-
quefois ils rencontrent une terre molle 2c
tremblante , par fois du rocher extré-
snément dur , quelquefois des courans
d'eau , d'autres fois des. vapeurs puantes ,
dont la mauvaife odeur les incommode
fort, fens avoir pourtant de dangércufes
fuites. On tire la pierre de la mine ^ on
la rompt par morceaux , Se on la met dans
.un moulin , où elle eft réduite en pou-
dre. On jette cette poudre dans une eau ,
qui paflànt par defius çn fépare toute la
terre ; & en cet état on l'apcle Aain mir.
.On la porte à la fonderie, & deux livres
de cet étainnoir, étant fondues, en ren-
dent une d'ctain » quand elles fpQt d une
bon-
Cornouaillc. de l' ANGLETERRE. 677
bonne mine. Il y en a de plufieurs for-
tes , les unes meilleures que les autres ^
mai3 nous laiflbns ce détail aux étamiers.
Les Anciens ont cru , & ont écrit me-"
me , qu'il ne iè trouvoit aucune mine
d'argent dans la Bretagne , mais les mines
d'étain ne font pas fans quelques filets de
veine d'argent , & d or même , dont les
ouvriers favent bien faire leur profit. On >
y .trouve auffî des diamans , qui font ata-
chci au roc d'oii l'on tire l'étain i ils font
naturellement quarrez 8c pointus , SciL
s'en voit jusqu'à la groûeur d'une noix ;
mais ils n'ont pas la dureté des bons dia-
mans. On y trouve auffi des ^mines de
cuivre, dont on envoyé la matière toute
brute dans le pays de O^Oes, pour la fai-
te affiner là. (Zc qu'il y a de plus fîn-
gulier , les ouvriers tirent quelquefois»
du fond de la . mine , de grands arbres
tout entiers , £c 1 on pourroit croire qu'il
y a eu dans l'antiquité quelque inonda-
tion , qui a bouleverfé la furfàce de la
terre. On y a trouvé même des boyaux,
dç bouys, ae houx, & quelquefois des
têtes de clous de cuivre. Il ne faut pas
oublier nue du fond de ces mines on peut
voir les étoiles en plein midi, pourvu que
le tems foit beau. j
Kit î Les
6j9 Lbs DbLICBS Sôrlingm^
l:
I^t JUs SORUNGU£S.
Kg Iles Smriingues £>nt de ladcpendan»
^ce de k Province de Carmmaiâc , c'cft
pourquoi nous en parlerons ici. Les An^
gbis les apèlent SUlys , les Anciens les ont
connues Ibos le nom de Silures , SUlimes^
& Ca^térides s ce dernier nom leur fut
domié par les Grecs d'un xnoc qui figni*
fie di Pttaiu , parce qo'elles étoienr hchei
en cette efpéce de métal, tts t^en avoi-
oit décxruvert que dÎTc^ mais on a trou-
vé qu'elles font au nombre et centqua^
rante-cinq. Elles font à huit lieues à
l'Oued de k pointe lopin avancée dek
Cêmeuaille , ^i cft le C^p de LanduEnd ^
ic rangées en rond. Dans tout ice nom-
l»e il y en a dix plus gtandes que les au*
très, ^voir Sainte Marie ^ jimmih^ Ag^
tais y Samfon , Siltjf , Brefar , Rufia ou Trm^
fcêw ^ S. Hélène^ S. Martin^ tH'^rthmr.
Elles font la plupart couvertes d%erbe »
Se fournies de bons pâtut^gcs. Du reile
on y rcBt foarce rocners dC écuetU ^ les^
uns extrêmement élevex , les autres ca«
chez fous l^o. Qrielques-nnes font fer-^
tiks en firotncnt^ 8c toutes ibnt remplies
de lapins , de grues Se d oiftaux d'eau y
- . - - com-
Sorlingiics. oe l'AngLETERRE- 679
comme hérons , cygnes ^ & autres. La
plus grande de toutes eft cclk de 5. Ma*
rie , qui a huit milles de circuit. La Rei-
ne EliiLoieth y a fait conftruirc^ un Fort ,
où l'on tient garniibn : die eft abondant
te en toutes chofes , & l\>n y a un port
large Se fort comixu>de. L'Ile de Silly
eft Tune des plus grandes après celle4à ,
&: autrefois elle a été ii confidérabk, qu'eL
le a donné ion nom à toutes les autres.
Elles ont des mûiesd'étain aflêz bonnes,
qui oot été connues , dans l^mtiquité la
plusi€cuiée, ^rïc$ FhMicieMs: ceux-ci
l«s firent coonoitre aux Tartejpens , &
a(ix Carthaginois^ quiétoieni leurs Cola»
nies , Ai après eux les Romains vinrent
auffi à bout de les découvrir , après bien
des efibrts inutiles. Les Empereurs a-*
voient de coutume d'y envoyer aux mi-
nes des perfonnes qui étoient coupables
de quelque crime, & c'étoit une manié*
re de fuplice uGté dans ce tems-là , tout
comme aujourd'hui d'envoyer aux Ga«
1ères. Nous prenons des Géographes
que les habitans andens portoient des ha*
bits noirs , Se long^ , qui décendoient jus-^
qu'à terre; qu'ils (è nourriflfoientdeleur
bétail , ÔC qu'ils vivoient à la manière des
Nomades , n'ayant aucune demeure fixe.
Rrr 4 Leur
68o Les Délices Sorlingucs.
Leur commerce confiftoit à troquer du
plomb , de Pétain & des peaux , contre
de la vaiflèlle de terre , du fel , 8c quel-
ques petits ouvrages de bronze , qu'on
leur aonnoit en échange ; mais du refte
ils ne fè fbucioicnt point d'argent , &: raê- .
me ne s'apliquoient pas beaucoup au tra<
vail des mines , ie contentant de pailèr
leur vie doucement i en quoi je trouve
qu'ils étoient gens de bon fèns.
A moitié cnemin de ces lies, au Pro*
montoire le plus avancé de la ComomailU^
la marée découvre, quand elleeftbaflè,
une Ile, ou plutôt un rocher , nommé au-
trefois LiJJis ^ aujourd'hui Leth^wfiw ^
& tht Gh^€ , c'cft-à-dirc , U GoHfrt.
Le Comte de DORSET.
LE Comté de Dcrfet a pour bornes , atl
Couchant celui de Devon , au Nord-
Oueft le Duché de Sotnmerfet^ au Nord
le Comté de Wilt ^ à l'Orient celui de
Southamfto» , & la Mer, & au Midi l'O-
céan. 1 1 s'étend du Nord au Sud , de la
longueur de quatante-dnq milles , fiir
vint-cinq delai^e, & il en a près de cent
cinquante de circuit. On y compte vint-
neuf HunAreds ou Quartiers « dixoKuf
vil-
Dorfet. DE l'AngLETERRE. 68 1
villes ou bourgs à marché , & cent qua-
rante-huit Paroi fies.
Deux rivières confidérablcs l'arrofent
dans toute (a longueur , la Stoure vers la
partie du Nord , Se la Frome vers la par-
tie du Sud , outre un aflcz grand nombre
d'autres petites rivières & de ruiflcaux.
La partie du Nord-Eft de cette Pro-
vince eft couverte d'une belle &c grande
Forêt , nommée Craneborn , 8clc coin du
Nord eft auffi occupé par une autre Forêt,
nommée GilUngham.
SHAFTSBURY.
SHAFTSBVRY, en Latin Septmia ^t&tn^
tre ces deux forêts , a trois milles de
la dernière , (ituée fur une colline fort
élevée , proche des frontières de Wilt.
Autrefois elle a été une ville fort confidc-
rable^ & fort étendue , ayant jusqu'à dix
Ëgliiès Paroiifiales. Le Roi Alfred la
fonda l'An 880. cotûmeon l'aprend d'u-
ne Infcription , qui y fut déterrée par ha-
sard dans le XI. Siècle. 11 la nomma
Scheafsesbjfrjig , d'un mot Saxon Seheaft ,
qui ugmiie une pyramide. Aujourd'hui
Shaftsbun ne paflê que pour un bourg ;
mais c'cft un grand oc b^au boui^» dont
Rrr 5' les
6i% Les Délices shaftsbury.
les maliens font toutes bâties de pierre de
taille. Canut , le premier Roi à^ Angleter-
re de la Race des I>4w/.r , yeft mort, 8c
fbn corps y eft inhume. Il avoic été bat-
tu auparavant , dans une iânglante jour-
née, par Edmond Cité de fer , tout près
de là , dans la Forêt de Gillingham PÂn
1016.
La rivière de Stmre fbrtant du Comté
de mit 9 où elle reçoit les eaux de fuc
fources, traveriè la Forêt de GéUingham^
porte Tes eaux à l'Occideiot de Sbàftskmy ^
& coule droit au Sud jusqu'à Stomrmin^
fter^ petit boum, &ué dans «tu fond bas^
où on la pafle fur un pont de pierre.
white; h art.
LA terre de Cette Province avapcc fort
à l'Occident de Stêurminfier , & for-
me une agréable Vallée , apèlée Vllnte
Hart , le Cerfhlanc ^ à caufe d'une forêt
qu'on y voyoit autrefois avec le même
nom. La torét a été fort éclaircie avec
le tems , & il en iiefte aujoutd%ui peu
de chofè , on l'apèle autrement Blétcl^
mère.
SHER^
Sbaboni. de L'ANGLETERRE. 6Sj
SHERBURN.
T A prtie Septentrionaje de cette VaU
-^Icc cft occupée par un gros bourg ,
dont le nom Skerkum eft corrompu de
Panckn Sirebum , qui figmfîe une fontai-
ne claire & nette. C'a été autrefois une
ville Ëpifcopale , dont Aldelnte fut fait
le premier Ëvêque PAn 705. Dans le x ! .
Siècle ^<rrw4», Ë véque de^iMnii^r^ , ayant
été apèléà la Chaire Ëpifcopale de 5^r-
h$em^ unit ces ËTêchez , 8c des deux n'ett
fit qn'un v & dans la fuite fous le règne
de CnUlamme le Conquérant PËvéché fut
transféré à Salisinry , mais le bourg de
Sherhurn eft demeuré aux Ëvêques. Un
d^entr'eux nommé ifo^^ y conftruifitun
Château , dans la partie Orientale , vers
lendroit où il y avoit un beau vivier.
Mais le vivier a été deilëché il y. a déjà
k>ng«tems , 2c l^efpaoe ^ qu'il occupoit ^
eft couvert d'une belle praiiic.
L'H E R M I T A G E.
DANS la partie la plus Méridionale de
la Vallcc du Cerf htéuic , eft la Pa-
roiilè de UHermitare , mémorable à cau-
fc
684 Les DeLIC'ES L'Hcrmitagc.
fe d'un boulcvcrfement étrange, qu'on y
éprouva dans le xvi. Siècle. Le troi-
fiême de Janvier de l'An i jSx. une piè-
ce de terre , remuée par des bouâees
violentes d'un vent foutermn , changea
de fîtuation, & fut transportées quaran<<
te perches de ia place au delà d'un grand
enclos , où il y avoit des aunes & des fàu-
les , Se boucha le grand chemin qui con-
duit au bourg de Cerne , fitué à une ^rof^
iè lieue de là au Midi. La place , ou é-^
toit cette pièce de terre , paroit aujour*
d'hui comme un grand creux : à l'endroit
cil elle fut tran^rtée , on la vit environ-
née des mêmes hayes qui la bordoient ,
& plantée des mêmes arbres , qui la cou-
vroient auparavant.
Je reviens à la St$ure : ayant quitte
Stourminfier ^ elle tourne au Sud-Ëft, &
va fcrpentant jusqu'à Blandford , bon
bourg , fitué presque au cœur de la Pro-
vince, Il fut brûlé il y a quelques fîx-
vints ans , .mais il (è releva hicn-t)ôt de
fes cendres , 8c devint plus beau , plus
propre.,; &^ plus' jpeôpic , qu'a ncPétoit
auparavant*
WIN-
.Winbarnminftcr. DE L'ANGLETERRE, 6Sf
WINBURNMINSTER.
LA Stifure continue Ion cours au Sud-
Eft , & puis tournant à l'Eft , elle va
laver les murailles de H-inhumminfter , bon
bourg fitué fur £bs bords. Il s'eft élevé
fur les ruinés d'une Place ancienne nom-
mée ^/iw//if^/^*'4 , aaf^indogUdU, ce qui
en Langue Galloife ou Gauloife fignifie ^«-^
tre de$çc rivières , parce qu'elle étoit entre
les rivières de la 5/p«r^ , ScdeT^/r», qui
vient du Nord y aporter fès eaux. Les
Saxons l'apèlérent Winburuham , & M>5»-
burnminfter , à caufe d'un ancien Mona-
ftère , qui y fut fondé l'An 713. par U
Princefle CHthburgue. On- y voit un Col-
lège , pour l'inftruélion de la Jeuneflè ,
fondé par la Princefle Marguerite , Com-
teflc de Richmont , mcre du Roi Henri
VIL & une fort belle Eglife , avec un
clocher chargé d'une aiguille extrémé-
• ment haute. Le chœur eft occupé par
les tombeaux de divers Princes & Prin-
ceffes : on y voit entr'autrcs celui du Roi
Etheldred^ avec cette Epiiaphe:
IN
686 Les Dei^ices Cr^^n&td.
IN HOC LOCO QUIESCIT COR.-
PUS S. ETHELDREDI REGIS
WESTSAXONUM , MARTYRIS,
QUI ANNODOMlNIDCCCLXXfl.
XXHI. APRILIS PERMANUS DA-
NORUM PAGANORUM OCCU-
BUIT.
Ce Prince avoit été tué dans une batail-
le , bien c|ue l^Epitapbe lui donne le ti-
tre de Martyr. Mais <lans ces pieux Sié-
des \ le IX. & le x. Siècles fertiles en
Saints &^enMaityrs , ( quoi qu'en dtfcnt
les Hiftoriens ) on donnoit libéralement
le titre de Martyr à tous les honétes gens,
^ui mouroient d'une mort violente , de
quelque genre qu'elle fût.
On tlit que -les Rois des S4X9ns Occi^
Àentattx avoient un Palais, à deux milles
^e Vt^nbumminfier y dans un coteau nom-
mé Badbêtrj : aujourd'hui l'on n'y voit
rien que les reftes d'un triple retranche-
4nent.
La Stmre reçoit la rivière d^Âltn à un '
mille de Wènlnirnminfiir , ôc vis-à-vis de
leur jonâion , fur fa rive droite , elle voit
le bourg de Cranford , où l'on a trouvé
quelques veines de vitriol.,
pool:
Pool. DE l'Angleterre. 687
POOL.
POOL €0: au Midi de fl^tummhffier ,
dan^ne langue de.teiTC , enviroimce
d'eau dFtrois cotez , & par conféquent
inacceffible , finon au Septentrion , oii
elle eft jointe au Ccwitinent. C'eft un
gros bourg , placé fur la côte Septen-
trionale d'une belle Baye , longue de
cinq à fix milles , & large de qoatre à
cinq , où la Nature a formé d'elle-mê-
me un bon port , fermé de deux pointes
de terre , qui n'y laiflcnt qu'unç entrée
étroite. Il s'y trouve quatre ou cinq I-
les , dont la plus grande ^ nommée
Sranc^sey , eft près de l'entrée de la
Baye , & la défend par le moyen d'un
Fort , qu'on y a bâti. Pool n'étoit au-
trefois qu'un petit hameau de pêcheurs :
il s'éleva dans le xv. Siècle , & le K&î
Henri VI. lui accorda de beaux privilè-
ges: fon Havre a ceci de particulier, qui
•ne fe voit dans aucun autre port d'-^»-
^leterre i c'eft qu'on y a le flux 8c le re-
flux quatre fois en vint-quatre heures.
Le vimiême de Juin de l'An f 653 . on
vit tombera Pûol une pluyc defingtout
chaud.
' WAR.
588 Les Délices Wârban.
W A R H A M*
LA Baye de P00I faifbit ancienoement
un fort bon Port à Warham^on Wa-
rcham ^ Gtucc fur fa rive OMidentale.
Cette viilc étoit floriflante , il s'y faifoic
;rand commerce , on y battoit monnoye,
GmiUaumeXt Conquérant l'a voit munie
d^un bon Château. Mais depuis la fia
du XIII. Siècle elle eft allée peu-à-pcu
en décadence. La mer s'eft retirée in^
iènfiblement , ce qui a ruiné le portj el-
le a beaucoup fbu&rt par les guerres &
par des embrafemens ; de forte qu^ pré-
lent elle a de la peine à fe foutenir , & n'a
Î)lus que le titre de bourg. Du refeel-
c eil dans une fîtuation fort ayantageu-
fc , ayant de l'eau de trois côtés j placée
jcntre deux rivières , ( le PiddU au Nord
& la Frome au Sud ) Sc au bord de la mer..
La Frome , dont je viens de parler,
s'apèloit anciennement Fraw. Elle a fa
fource à l'Occident de la Province , pro-
che d'un bourg apèlé Èvdrshott , elle cou-
le auprès d'un autre ^ auquel elle donne
le nom de Frompton , & à quelques milles
de là elle fe parcage en deux branches ,
dont l'une arrofo u ville de
DOR.
I
I
\
\
11
Dorchefter. de |.'AkoLBTERIIC. ^89
DORCHESTER.
DoRCHESTER eft une ville antique ^
connue des Romains (bus le nom àt
Dumovarid , & conficférable feulement par
Phorineur qu'elle a d'être la Capitale du
Comté. Du refte elle n'eft pas fort gran-
de , & n'a pas même des murailles , depuis
que les Danois l'eurent îémantelée. On en
voit quelques mafures à l'Orient & à l'Oc-
cident de la ville , & à en juger par ce
qu'il en refte , elles fkifoient un enclos
quarré , de dix-fept cens pas de tour. Les
médailles qu'on y a déterrées , & le che-
min pavé des Romains , qui fè trouve là ,
font une bonne preuve de (on antiquité.
Aujourd'hui Dorchefier fait un grand com-
merce de fèrges fines.
A trois cens pas de Dorchefier au Mi-
di , l'on voit un vieux Ouvrage des Ro^
mains ^ nommé Maiden-Cafile , C'eft une
butte de terre, de cinq acres d'étendue ,
élevée de trente pas au défllis de la plai-
ne , où ils avoient fait, un retranchement.
A quelques milles au. Nord decçtte vilk
cft le bourg de Cerne , où les anciens 54-
xons Pay ens adoroicnt une Idole nommée
ticiL Le Moine Augufiin ^ qui les con-
Tom. III. Sss ver-
6^Q Lts Délices l^urbeck.
vertit^ briila cette Idole » & bâtit un Mo«
naftère' en cC lieu-là. De Dorcbefter k
Frome ne voit rien de fort digne de x>
marcjue jusqu^à fon embouchure.
CE qu'on apèle Tlie de Purl^eck, , ou
Porhecl^^ eft jine Prescju'lle fituée à
^extrémité de cette Province 'au Sud-
Eft ; longue d'environ dix milles , & lar-
5€ de dix. Elle a l'Océan au Sud & ï
'Eft , la Baye de Pod & la rivière de la
Frome au Nord j & une petite rivière fans
nom à POueft , tellement qu'il n'y a
2u'un petit Ifthme, d'un mille de large,
e cette rivière à l'Océan , qui l'empêclje
d'être une Ile entière. Le terroir ae cet- |
te PresquHle eft pour la plupart fec & gra- j
veleux , avec quelques carrières de mar- \
bre : ce qui n'empêche pas qu'elle neibft
aflez bien peuplée. On v voit quantité de i
cerfs & de daims dans les parcs «
Lfs Cita,
PASSANT de rile de Purteci , à l'Oc-
cident , on voit à Luhi^vrth , un grand
& beau Château , dans une fitmtion a-
vantageufe vers le rivage de l'Océan , &
con*
Wey»oat!i. de l'AngleteRReC 6^1
conftniit magnifiquement- Il eft acom-
pagné de beaux jardins y & d'un grand'
parc , rempli de gibier*
«
W E Y M OU T H.
DE Lmhvorth les cotes font fort droi-
tes jusqu'à Sutton. Dans cet endroit
la terre s'avance confidérablement au
Sud , pour feire un bon port à tVeymmth >
& une Presqu'île à Porttand. Wejmouth
& Meleomk'Regis font deux beaux bourgs,.
fitue2 aux deux bords d^lne petite riviè-
re , qu'on apèle H^ej/ , & tout près de font
embouchure» Ils ont fait long-tems deux
bourgs réparez , mais ils furent incorpo-
ytz en un fèul bourg , il y a un peu plus
de cent ans, on y fit un pont fur le H>^
pour les joindre , 8c ils ont retenu le nota
de Wepn9Hth ^ bien que Afelcemb-Regis
fût plus ^rand 6c plus beau que l'autre.
Ainfi délivrer de la jaloufie de yoifînage >
qui étoit une pierre d'aclioperaèrit pour
tous deux , ils ont embelli leur ville , 8c
fait valoir kur port ^ qui eft devenu:
irès-faxneux.
Sas a PORT-
6gz Les Délices Ponlaua.
P ORTLAND.
•
LA pointe de terre , dont j'ai parle, fc
termine par la Prcsqxi^Ucdc Pàrtland.
Elle étoit anciennement une lie entière ,
mais elle ^ été unie à la terre par un
grand banc de fable , nomtpé Cbes^hiU ,
ou ChefiU , qui bprde les côtes , depuis
Becksinton^ l'eJpaçe de neuf milles, cou-
rant de l'Occident à l'Orient jusqu'à Port^
Und. Cette Presqu'île a iîx ou ièpt mil-
les de tour ; ion terroir eft aflèz fertile ,
& l'on y nourrit de grands troupeaux de
brebis , mais il n'y a point de bois , 6c les
habitans y font leur feu avec de la fiente
de boeuf fcchée au Soleil. Ils ont été au-
trefois les plus habiles de tous les Anglais
au maniment de la fronde. On voit à
l'Orient une Eglifè , qui fert à leurs aC
fèmblées. Cette Presqu'île eft d'un accès
fort difficile par mer , parce que fes cô-
tes font fort élevées , & bordées de ro-
chers & d'écueils dangereux. L'endroit
du Nord , par où elle efl acceffible, eft
défendu par un Château , bâti par le
Roi Henri VIlI. & bien fortifié. Vis-à-
vis de celui-là il y en a un autre fur le
rivage , conllruit plus nouvellement : ils
1er-
Pottknd. DE l'Angleterre. 695
fervent tous deux à défendre l'entrée aux .
ennemis, ôc à couvrir la rade, de là jus-
qu'à WeymoHth. La Presqu'île de Port^
Unà donne le nOm de Comte à Milord
GHilUume Benting , ci-de vant premier G eh-
til-homme de la Chambre û\> feu Roi »
& Ambaflàdeur Extraordinaire à Paris a-
près la paix conclue à Rjswjck^
De Portland les côtes fè retirent au
Nord , & forment un arc jusqu'au Com-
té de Devonshire. Dans le centre de l'arc
la mer forme un petit port , au confluent
de deux petites rivières , fitué avantagcu-
fèment encre deux collines ^ qui le cou-
vrent. On y voit un bourg nommé
Birîfort , qui n'eft confidérabie que par
ion marche , où il fe fait grand débit de
chanvre ôc de cables pour les vaif^
féaux.
Vers les frontières du Comté de De^
van^ une petite rivière, nqmméc Lymt^
foime un port , au pié d'un bon bourg,
du même nom 9 fitué fur une hauteur
efcarpée. Le port tft d'un accès difficile ,
à caufe des écueils , dont il cft bordé :
mais du refte il eft fort fur pour les vaiC
féaux i on l'a mis en bon état , & il eft
aujourd'hui d'un aflez grand abord. •
JL'air du Comté de D«r/^r eft tempéré,
Sss 3 doux.
6^6 Les Délices Xkt&cs.
de C/ur Seyante , & ks Anciens Papèloi-
ent FinJUnmm. Les Saxons la défblerent ^
lorsqu'ils s'emparèrent de ce pays4à , &
les Danois achevèrent de la ruiner , telle-
ment que depuis lors elle n^ pas pu fe re-
lever 9 Semelle eft demeurée abfolument
inhabitée Se déferte. Son étendue étoit
afiez confidérable , puis qu'elle occupoit
environ quatre- vints acres de terre , 6c
c'en: peut-êtte pour cette raifbn que les
Saxons lui donnèrent le nom de Seleefier^
qui fignifie grande viUe. On voit enco-
re les murailles qui font reftées fur pié ,
quoi qu'à demi-ruinées , Se elles ont en-
viron deux milles de tour. Une bonne
partie de fbn enceinte a été réduite en
chams,
■ ■ ■ nuncfegfsefiubiTrojafuit^
& les laboureurs ont remarqiié que non-
obftant que les terres y (oient aflêz ferci-
les, on y voit de longs carreaux ,. où les
blez ne jk>nt pas (i beaux que lereile, &:
que ces carreaux fë coupent en divers en-
droits^ ce qui fait conjeaurcr que ce font
les endroits où étoient les rues de la ville.
On y a trouvé quantité de briques anti-
ques, quelques médailles , Se diverfès In-
^ripcions Romaines , dor.t on n'a çanfer-
vé que la fuivante :
ME.
Silccftcr. DE l'Angleterre. 697**
MEMORIAE
FL. VICTORI
NAE. T. TA M.
VICTOR- CONJUX
POSUIT.
On y voit encore ceci de remarquable ,
que du milieu des murailles de la ville la
terre a produit des chênes, dont les raci-
nes (ont parmi les pierres , & qui cepen-
dant & font élevez à une grandeur 6c à
une graflèur extraordinaire. On trouve
à Silcefter les traces ordinaires des villes
habitées par les Romains , je veux dire un
;rand chemin royal pavé , qui paflant par
les lieux aujourd'hui défëns , Ôc autre-
fois habitez , côtoyé les frontières des
Comtez de Berck, & de Wilt , & aboutit
â la Foret de Chute , où Ton en voit les
débris en quelques qndroits.
A fix ou fept milles de Silcefier , au
Midi , la grande route de Londres au Cap
de Lands'End traverfc Bajin^ftoke , ve-
nant du Comté de Surrey , ou l'orf paflc
la rivière de Blachy^ater près de Lippol^
Bajingftoke eft un bon bourg , allez peu-
plé , qui a une fort belle Eglife , où l'on
voit toute rhiftoire du Vieux & du Nou-
veau Teftament , peinte contre les parois
par une main habile.
Tom. m. Ttt La
698 Lts Délices Andow,
La Forêt de Chute , dont j'ai parlé, fi-
tuéc vers les frontiéresdii Comté de Wilt^
cft grande & fpacieufe , & remplie de
daims & de cerfs. Elle donne la iburce
à la rivière du Tefi , qui portoit autrefois
le nom à^Amw , autant qu'on le peut ju-
ger , parce que de trois petites villes an-
ciennes , fituées le long de fès bords , ou
dans fon voifinage , l'une s'apèle jlntfort^
l'autre Andover , autrefois Ameafaran , &
la troifiême South-^antan , d'où l'on a fait
Southamftm. Quoiqu'il en (bit , IcTeJt
Ibrttnt de la forêt coule à l'Eft, jusqu'à
Andovtr^ bourg aflcz confidérable , pour
avoir donné fbn nom à l'un des Quartiers
de la .Province. De là le Tefi coule au
Midi , fàifant plufieurs courbures , & fe
divifant fouvent en plufieurs branches ;
il reçoit à (a droite une petite rivière ,
nommée W^llof , qui vient d'un bourg a-
iphlt BroHçhtûn ^ anciennement -firw , ou
Erige, Il cft bordé là de deux forets ,
Jéc Bmckholt , dont le nom vient des hê^
très , en Saxm , Bucken. Le Tefi arrofe
enfuite le boui^ de Rumfey ^ & puis ce-
lai de TefiwQQd , après quoi iX fe jette
dan$
Alrcsford. de L^AnGLETËRRE^ 6^g
dans la Baye de Somhamfton , à POccident
de Vitching.
Le cours de Pltchinz^
LA féconde rivière de cette Province ,'
nommée Itching , fort d'un petit lac
ou étang, qui eft dans le cœur du Pays.
Il arrofe proche de (a fource un vieux
bourg , apèlé Alresford , ce qui peut fai-
re juger que cette rivière a eu dans l'An-
tiquité le nom à? Aire. De là V Itching
coule à l'Occident jusqu'à Abbots^Itching ,
après quoi il tourne au Sud , & va moim-
Ics les mui'ailles de
WINCHESTER.
T^PT iNCH ESTER , ovL^pXhtotWintchefierl
W en Latin FintonU , eft une grande
ville , autant confîdérable par fon antiqui-
té , que par le Cége Epifcopal dont elle eft
honorée depuis long-tems: Les anciens
Romains l'ont connue fous le nom de f^en^
ta Belgarnm , & après eux les Bretons l'a-
pèlérentCi^r Gisent ^ & \çs Saxons^ H^n--
tan-cefier , d'oîllon a fait H^nt^chefier.
C'eft dans cette ville que le Tyran Con^
fiantin fut proclame Empereur par fes fol-
TttÀ dats,
700 Les Délices Whichcftcr.
dats , contre l'obciflance qu'ils dévoient à
Homrius , & il tka fon fils Confiant d'un
Monaftèrc de cette même ville, pour lui
faire revêtir la pourpre avec lui : mais ils
périrent bien-tôt tous deux , après avoir
eu quelques heureux fuccès.. Les Saxons
à leur arrivée dans le pays trouvèrent
Winchêfter fi confîdérable , que les Rois
de Weft-Sex la choifirent pour le lieu de
leur réfidence , y établirent un fiége E-
pifcopal , une Monnoye à fix boutiques ,
& y bâtirent pluficurs belles Eglifes* L'un
d'entrcux, nommé K^nclwalch , fon-
da l'Egtife Cathédrale , qui eft presque
au milieu tic la ville , Se divers Evêques
y ont ajouté de tems en tems quelque
nouvel ouvrage. Un autre Roi , nommé
t^lfred , bâtit une autre Eglife près de
celle-là , & elles étoient deflèrvies Tune
& l'autre nar des Prêtres mariez. On les
en chàflâ dans le x. Siècle , Se l'on y éta-
blit dé^ Moines à leur place. Mais les
deux Eglifes étoient fi près l'une de l'au-
tre , que ces bons Religieux s'incommo-
doient réciproquement lorsqu'ils céle-
broient leur fenricc, pour peu qu'ils
f>ouflafIent leurs voix , ce qui caufa plu-
îeurs querelles entr'eux. Ces querelles ,
jointes à l'incommodité de Itiir ^ déter-
Winchcfter. pE L'ANGLETERRE. fO\
minèrent les Religieux de la nouvelle
Eglife à transporter leur Maifon hors de
la ville, où ik bâtirent un Couvent mag-
nifique. Depuis la conquête des Normans
cette ville fut auffi fort illuftre , on y mit
les Archives de la Province , & le Roi
Edouard 111. y établit une étape pour k
commerce des draperies Se des laines > ce
qui la rendit encore plus floriflantc. Au-
jourd'hui Wtnehefter eft une grande ville ,
iîtuée dans un vallon, entre deux colli-
nes , arrofée par les deux bras de l'/r-
ching , ( qui fe partage en cet endroit ) &
fermée de murailles , qui ont dix-huit
cens ouàtre-vints pas de tour ; & fix por-
tes, uns compter les fauxbourgs. Il s'y
trouve divers bâtimens confidcrables ,
comme un Château , THôtel de ville ,
PEglife Cathédrale , & fept autres Paroif-
iîales. L'Hôtel de ville a une (aie fpa-
cieufe , où fë tiennent les aflifes du pays \
on y montre une grande t^le ronde ,
qu^on dit être la TMt rpnde du fameux
Arthur^ tant chantée par les vieux Ro-
manciers. L'Ëgliiè Cathédrale eft aflez
belle , & le chœur a été rempli autrefois
par les tombeaux de quatorze tant Rois
3ue Reines , qu'on y avoit inhumez en
ivcrs Siècles. Un Évêque de cette vil-
Ttt 3 le
J«OX Les DeliX^ES Wiiichcftcr.
le prit leurs os , & les mit tous dans de
petites châfles dorées , qu'il pofà dans la
parois du chœur , avec des Infcriptions ,
où on les voit aujourd'hui. Le Château
eft un bâtiment antique , conftruit au
Sud-OueA de la ville , & bien fortifié a*
vant Pinvention de T Artillerie , tellement
qu'il fut ibuvent ataqué en vain. I>ub
le XII. Siècle l'Impératrice Mahaud^
faiiànt la guerre au Roi EtUnne , l'affié*
géa long-tems inutilement; enfin voyant
qu'elle n'avtnçoit rfcn par la force, elle
eut recours à l'artificfe. Elle fit courir le
bruit qu'elle étoit morte , & là deffus on
ouvrit le Château , où elle ie fit porter
dans une bière , & fo gens eurent, par
cette voye , la commodité de fè rexulre
maicres ae la Place. Le Palais Ëpifcopal
eft un afiez bel édifice , bâti dans le voi-
finage dcl'Eglife Cathédrale. Un Evéque
de cette ville , nomxsiiGuiBMmeWickhéim^
y a fondé un bom Collège , où l^ocr entre-
tient un Principal ou Gardien » dix AA
hws ou Af&ciez, deux Scpéârqnes , ôc
fbixante-SCHdix Ecoliers.
SOUT^
CcUms de S.UAMIJS H^
Southampton. DE l'^AîÎGLETERIIE. 70^
SOUTHAMPTON.
LA rivière àî^ltching^ ayant arroféfW»-
chefter , coule droit au Sud , & forme,
avec le Tefi , une Baye , qu'on apèlé la
Baye ou la rivière de Hamfton ; au lieu
de Hanton , qui eft fcMi vrai nom. XjCS
Anciens nommoietiit cette Baye CUttfen^
tum , ce qui en langue Gantoife fjgnîfic /<
Canid de Hanton s &C c'eft de ce nom que
la Province entière a été apèlée Hant*
sbire ^ ^ ^ corx\rpl\on Hamft^shire . La
même Baye a donné le nom de Seuth--
hânton , ou Southamptm , à la ville qui efl:
iîtuée fur fon rivage, entre les deux riviè-
res du Tefi ôc de VItching , mais plus pro-
che du dernier. Elle a été batic des rui-
nes d'une autre ville du même nom, fi-
tuéc un peu plus haut , aux deux bords
de la même rivière y, dans l'endroit où
l'on voit les deux villages de S. Marie 8c
de Bitfem. On y a déterré quantité de
médailles , & l'on a découvert entt^au-
tres , près de Bittern , les mafures d'un
vieux Château , qui avoit cinq cens pas
de tour , & l'on en voit encore les foflez,
& quelques pains de murailles , que la
marée couvre lorsqu'elle monte.
T 1 1 4 Cet-
«ro4 Les Délices Soithampron.
Cette ville antique fut presque ruinée
par les Danois PAn 980. mais dans le x 1 v.
Siècle , pendant les démêlez du Roi Edon^^
ardlW. avec Philippe de Valois , pour la
Couronne de Fraice^ elle fut réduite en
cendres par les François , & depuis ce mal-
heur on ne Pa pas iiebâtie. Les habitans
conflruifirent une nouvelle ville , dans une
fituation plus commode , Se plus ptx>che de
Peau , confèrvant le même nom : & avec
le tems elle devint grande , floriiiânte y
peuplée &: riche. On la ferma de bonnes
murailles , d'un double fofTé s ion port fut
muni d'un Château tout bâti de pierre de
taille ; Se comme elle étoit la Capitale du
Comté , elle lui donna \t nom de Som^'
hampton. Autrefois il s'y faifoit un com-
merce fort cQnfîdérable , mais il ne Pcfl
pas tant aujourd'hui. Elle ne laiflc
pas d'être aflèz grande Se aflèz peu- .
plée , pour iàire le nombre de cinq Pa-
roiflcs. C'eft dans cette ville qu'on vit
autrefois une fort belle aâion de Canmt
Roi à^ Angleterre & de Danemarc^ à qui
un flateur vouloit perfuader qu'il étoit
tout-puiflant. Ce Prince voulant foire
voir a cet homme fà fbttifè , ' iè fit porter
un fiége au bord de Peau , dans le tems
que la marée montoit : &; s'y étant aflis ,
en*
$aathaaopton^ PÉ l'AngLETERRE. JO^
environné de toute fa Cour , il dit à lar
Mer , PuisijMe je fuis toHt-fHtffant , & que
tn esfoHS fMn Empire , je te défens de mon'
ter dans ma terre ^ & de mouiller, ni mes
fiez. , ni mes habits. Mais comme l'eau é-
toit fburde à ià voix , Se qu'elle ne laif-
ibit pas de monter jusqu'à ce qu'elle vint
aie mouiller, il fe leva brusquement de
, fbn (lége, di&nt à toute la troupe : Que
tous les hommes fâchent que tout le pouvoir
des Rois n^efi rien , & que nul ne mérite le
nom de Roi , Jinon celui ^ quieft le Maitre
abfoludu Ciel^ delaTerre^ &delaMers
& depuis ce tems-là il ne voulut jamais
plus prendre la Couronne fur fa tête. La
ville âc*Southamftonz été érigée en Du-
ché par le Roi Chartes II. en faveur de
Paine de fes fils naturels , qu'il eut de la
Ducheile de Cleveland.
La rivière ou la Baye de Hampton a en-
viron huit milles de long , & trois de lar-
ge \ elle eft fort droite , Se presque fans
courbure , étendue du Nord-Oueft au
Sud-Eft.. Ses côtes Occidentales fe ter-
minent, par une pointe , où l'on a bâti le
Château de Calshot , fur un rocher avan-
cé, pour en défendre l'entrée.
A l'Occident de cette Baye , le pays eft
couvert d'une grande Se vafte forêt de
Ttt jr trcn-
7o6 Les Délices Somiampton,
trente milles de tour , nommée Newfo^
refi , & anciennement Tchem. Avant le
irgne de GmilUnme le Centiaérdnt ce Quar-
tier*là étoit tout habité , mais ce Prmce
le réduifît tout entier en forêt, ayant dé*
truit , pour cet effet , trcnte-fix Paroiflès
qui s^j trouvoient , ( (ans épargner ni
Doui^ , ni village , ni Eglife , ni Mona-
ftère ) 6c chafié ou exterminé tous les
habitans. Les uns difent qu'il fît cek
pour fbn divertiflement , parce qu'il ai-
moit la chaflb paifionnément : mais d'au*
très croyentavec plus de vfaifcmbknce ,
que ce futune ruib de guerre, &quece
Aoi, qui aparemment ne comptoit pas
beaucoup fiir la fidélité de fes nouveaux
iiijets , ic Touloit ménager une bonne re*
traite dans cette vafte torét ', afin de s'y
maintenir conti^eux en cas de fbuleve*
ment , & d'avoir plus de facilité de faire
venirdufecours delà iVb^iKMx^i^, quieft
▼is*à*vis de ce pays-là . Quoiqu'il en (bit ,
il fembla que la JufHce Divine voulut
vanger , fur & poftérité , lé (ang de tant
d'ames qu'ils avoit fait périr pour l'ére-
ôion de cette forêt. Son iècond fils , GmiU
laume le Rmx , Roi d?AngUterre , chafiant
ds^ns cette forêt , un Gentilhomme Fran-
fpù , nommé Gamkr TireU , le perça d'une
flê-
Kiogwood. DE l'Angleterre. • 707
flèche pr mégarde , & le tua ; & fon
petitrfils Richard fils de Rêbcrt , fon aine ,
y pourfuivant une bête avec ardeur , y
iut aulS perce d'une flèche par un de fes
Gentilshommes. Ces deux accidens ar-
rivèrent l'An iioo. Jcfai bien que Gïw-
den & d'autres raportent la choie autre-
ment , mais j'aime mieux fuivre les anciens
Hiftoriens : il y en a même quelques-uns
qui attribuent à GHillaume le Rohx l'ére-
aion de la forêt, ôc iK)n pas à fon.pé-*
Qioiqu'ilgfn foit , le pays occupé par
Phî^icatioû des andcni Reg$us , avant l'in«
yafîon des Saxons. De là vient qu'un
bourg ancien , fitué vers l'entrée de la fo-
lèt , porte le nom de Regnewood , ou Ring^
Tffwd y ^trefois Rencewed , & du tems
des Romains^ Rsgtmm. Il eft bâti fur une
petite rivière , nommée Aven , qui lave
la partie Occidentale de la forêt , cou-
lant du Nord au Sud , & va fê jetter dans
la Mer , oii elle Êiit un petit port à Chrifi-^
church. La côte , qui s'étend au Midi
de la forêt , avoit été toute ouverte ju$-
i}u'au XVI « SiQcle : mais Henri Vlil. pour
la
708 LesDeLICES Ly«ÎDgto«.
la couvrir , y fit conftruire le Château
de Hfirfi » fur une langue de terre avan-
cée , à l'endroit où elle aprochele plus de
Plie de Wifkit , Se où , par conféquent , le
trajet eft le plu$ court & le plus aifé,
n'ayant guères plus de deux milles de lar-
ge. Ce Chkeau eft placejuftement au
milieu de la longueur des Côtes , à moi*
dé cl^min de Cbrift^hurch au Château
de CéUshot. Vis*à-yis de Hmrfi , au Nord ,
t& Lj/mingtw ^ bonboui^, avec un port
médiocre , que la* marée y &it à la rencon-
tre d^uie petite rivière. llfF arriva l'An
1 666. qu^m boucher ayant tué une va-
che 9 trouva dans ion vemre un veau
0ionftrueuz » dont les jambes de derrière
n'ayoidfit point de jotntuits , Se les pieK
étoient partagez comme les pâtes d'un
chien. Sa langue étoit triple , de la ma-
nière Qu'on nous reprélênte celle de Csr*
Ifire ^ ce il étoit pofe £va une pierre, qui
pefoit vint livres 8c demie , de couleur gri-
iàtre , Se remplie de cavitez.
Une autre rivière , qui eft à l'Orient
de celle de Lymington ,* mouille \ts ruines
d'un vieux Château , où le Roi fcém a^-
voit établi un azyk inviolable à VltéUim^
ne , c'cft- à-dire , pour toutes fortes de
meurtriers » ibit volontaires » Ibit involon-
tai-
Wickham. DE L'AngLETBRRe; 709
taircs ; il a été aboli depuis la Reforma-
tions ôcavcc beaucoup dejuftice.
^ Je reviens à la Baye de Hamfton. A
rOricnt de Vluhing , une autre Hviérc
nommée HomkU , ou HambU , ancienne^
ment HomeUa^^ fortant du voifinagèd'un
bourg , nommé Bushu/altham , coule droit
au Sud , & fe jette dans POcéan à l'en-
trée de la Baye , par une large embou-
chure , vis-à-vis du Château de Cd/jhot
C'cft en^et endroit-là que Pon fent tout
à la fois deux marées oppofées : l'Océan
poufle d'un côtç de l'Oueft à l'Eft &
de l'autre , de l'Eft à POucft , le long
des côtes Méridionales de ^Angleterre
ces deux marées oppoiees courent l'une
contre l'autre ^ & fe rencontrent vcw l'em-
bouchure du Namibie avec un bruit ef-
froyable. Une autre petite rivière , qui
coule auffi du Nord^u Sud , à l'Orient
du Homhle , arrofe un bourg nommé
mckifam , où il fe trouve une fontaine
médecinale.
Plus avant à l'Eft l'Océan ayant déta-
che du Continent fix ou fept morceaux
de terre , en a fait tout autant d'Iles , dont
les plus confîdérables font celles de Pert-
fij , de Ha/iH£ & de Th»mej.
. PORTS-
f\o Les Delicss Pommouth.
PORTSMOUTH.
L'Ile de Tmrtfey , la plus Occidentale
des trois , elt fi près du Continent ,
qu'elle y eft jointe au Nord par un pont,
& au Sud-Oueft elle n'eft féparée de la
pointe de Rameshead , que par un petit
détroit de cinq à fix cens p^s de lai^e ,
qui laifle l'entrée dans un grand , fpacieux
fie bon port , où les vai^ux peuvent
mouiller en toute icureté. Cette Ile a
environ cinq lieues de .tour , mais elle
manque d'eau douce , & l'air y eft mal-
làin. Cela n'empêche pas qu'on n'y ait
condruit l'une des plus fortes Places du
Royaume ) nommée Portsmauth ; tant on
a mieux aimé profiter des avantages de fâ
fituation , pour y faire un excellent port,
& un Arceual , pour bâtir des vaiflêaux :
aufli Portsmomth tire plus d'avantage de
la guerre qioe de la paix. Elle a été très-
bien fortifiée , Henri VIL y fit conftruir
re deux Citadelles , qui défendent l'entrée
du Port , Se la Reine EUxMheth les fit per-
fcâipnner , & fit faire encore de nou-
veaux ouvrages autour de la ville ; 8c il
a été encore réfblu dans le dernier Parle-
ment, aflemblé au mois de Décembre
de
FortsmoUth. de L*AngLETERRE. /U
de l'An i /of. de donner cent mille li-
vres fterling , à l'Office de l'Artillerie ,
pour y ériger un Quay , £c un Magazin;
On y tient une garnilbn , dont les foldats
font une (èntinelle exaâe les uns aux por-
tes , ôc d'autres fur le clocher de PËgli«
fe. Ces derniers fbnnent une cloche ,
quand ils aperçoivent venir du monde ^
& frapent autant de coups qu'ils voyent
d'hommes , Se avec un drapeau ils mon*
trent de quel coté ik viennent. J'ai vu
le même ufagedans quelques autres pays.
PortsmoHtb a été bâtie des ruines d'une
ville antique , nommée Port^ceftcr , qui
ctoit fîtuée au fond du Port dans le Con-
tinent : on Y voit encore un vieux Châ-
teau de reftc , qui fervoit à couvrir le
Port. Mais l'Océan étant venu à fe reti-
rer peu-à-peu , tellement qu'on n'y pou-
voir plus profiter du port , les habitans
quittèrent cet endroit & allèrent bâtir u-
ne autre ville dans Plie de Portfej , à l'en-
trée même du port , & c'eft pour cela
qu'ils lui donnèrent le nom de Portsmouih.
Cette ville avoit été érigée en titre de Du*^
ché par le Roi Charles U. en faveur d'u-
£ie de fes Maitrefles , Louyfe de QHerouaiU
le , Demoifelle née d'une'ancienne famille
de \% Petite Ertugne.
Les
jiz Les Délices Soothafopton^
Les deux autres Iles de Haling Se de
Thorney n'ont rien de confidérable. L'air
de cette Province eft doux & tempéré :
niais un peu épais , à caufè du voiunage
de la Mer. Le terroir y eft abondatlt en
tout : oh y a blez , fruits , prairies , pâ-
turages, troupeaux , bois , écpoiflbnsen
abondance. On y cuit du fêl le long des
côtes , dans les lies de Pertfej & de Thor^
fi0j , il eft d'abord de couleur verdâtrc ^
mais après avoir été cuit une féconde fois ,
il prend une belle couleur blanche. On
y tait princiralemcnt commerce de fer ,
de bois , de faines , & de draperies.
L'Ile de Wight eft trop près de cette
Province , pour n'en parler pas ici.
Les Anciens l'ont apèlée FeS^ & FeSlis ,
les Bretons ou Gallois lui ont donné le nom
de Guith , Se les Saxons l'ont nommée
WhitUnd Se mahea. Elle eft de forme
ovale , étendue en long de l'Orient à l'Oc-
cident, 8c réparée de la Terre-ferme par
un petit Détroit , nommé autrefois SûUm^
8c aujourd'hui Solwent. Comme ce Dé-
troit n'eft pas fort large , qu'il n'a même
que deux milles de trajet en quelques en-
droits ,
Wigtt. DE l'AnçELTBRRB. 715
droits , cela donne lieu de croire qu'elle
zj été autrefois une Presqu'île jointe au
Continent par quelque lilhine , que la**
violence de l'Océan a emporté avec le
tems. Cela même (èmble être confirmé
Br le témoignage de Diodore de Sicile ^
iftorien Grec îoit ancien , qui a écrit
3ÙÇ la côte de la Bretagne étoit bordée
'une Ile nommée lEta , qui paroiflbit u*
ne Ile entière & étoit toute entourée d'eau
lorsque la marée montoit , mais que le
reflux laiflbit à découvert le terrain qui é-
toit entre-deux , & que les Bretons pre-
noient ce tems-là pour paflèr en chariot
de la Terre-ferme dans TUe , où ils aU
loient vendre leur étain , qui de là étoit
transporté dans la GàhU. L'Ile de Wight
eft longue d'environ vint milles , large
de douze , 8c elle en a foixante de tour.
Dans le V 1 1 . Siècle on v comptoit douze
cens familles : aujourd nui Ton y compte
trcnte-fix Paroiflès , entre lesqu'cllcsil y
a fîx Châteaux , Se trois bourgs à mar*
ché , Newfcrt^ Cowes^ ix,Tarmo$ah.
Neufortcfï le principal & le plus mar-
chand de tous : il efl: fîtué dans le cœur
de l'Ile , au fond d'un havre , dont l'en-
trée clt étroite Sc défendue par les deux
Châteaux de Cawes\ bâtis fur fes deux
Tom. III. Vvv bords >
714 t^^^ Délices Newporc.
bords , l'un à l'Orient , Efi^Ciwrs , &:
l'autre a rOccident, Wefi^Cowes. Ilsonc
écé conftruits par les £>ins da Rxh Henri
VIII. C'cft fous CCS deux Châteaux que
fe retirent ordinairement les vaiflêaux en
tems de guerre. Dans le voifinage de
Newfort à l'Occident on trcftive le fort
Château de Caresbrook^ , ainfi apèlépar cor-
ruption au lieu de H^itgaresburg , du nom
de Witgare Saxon , qui le bâtit dans le yu
Siècle. Il fut réparé avec beaucoup de
dépenfe vers la fin du xvi. Siècle, &
dans le milieu du Siècle dernier , il fer-
vit de prifon à l'infortuné Roi Char^
les l.
La mer fait trois ou quatre bons ha-
vres le long de la côte Septentrionale :
aux deux cxtrémitez de TUe elle avance
dans la terœ , & forme deux Bayes , &
deux Presqu'îles , dont l'une , qui eft à
l'Orient, s'apèle Brinhridge Isle^ & l'autre,
qui eft à î'Occident,porte le nom de Fresh*
tvater Isle. La Baye de la Presqu'île O- î
rientale forme un grand & excellent
Havre , large dans le milieu , & fort étroit
à l'entrée , où il eft bordé de deux poin-
tes de terre qui le couvrent. L'une de
ces pointes eft occupée par un village
nonimé 5. Héïene , qui donne le nom à
tout le Havre. L'au-
Yarmootli. DE l'AngLETFRUÊ/ ytj
L'autre Baye , qui fépaire la Prfsqu'Uc
Occidentale du refte de l'Ile, fonne aiiiH
un très-bon Havrc,dont Pentrée eft fci'mcc
par le bourg & le Château de Tarmcmth^
qui lui donne ion nom. Yarmmtb eft un
gros bourg, fort marchand , & ion Châ-
teau , confirait de pierre de taille , eft
bien fortifié.
L'Ile de Wight eft d'un accès difficile
pour des ennemis. A l'Occident Se au
Sud-Oucft elle eft bordée d'une longue
rangée de rochers fie d'écueils pointus fie
dangereux , nommés en AngUis , The
Neeàles^ c'cft-à-dire , /« 4/^»i2(p/ ; elle en
a d'autres au Sud &au Sud-Eft. A l'O-
rient le Havre de S. Hélène eft couvert
d'une autre rangée d'écueils , nommés
BlAckxockfs , & celui de Cowes n'cft pas
bien éloigné d'un banc de fable , nommé
Bramhtes : outre cela presque par^tout les
côtes font élevées Se fort droites. Les
endroits , qui font favorables pour une
décente , font défendus par des Châteaux
ou des Forts. Il y en a un nommé tfon-^
itjl y bâti fur le rivage à l'Occident , 8c
VIS- à- vis du Château de HurfisSc ces deux
cnfcmble* fervent à défendre cet impor-
tant paflâge.
L'Ile w Vl-igj9t manque de bois, car il
Vvv X ne
7i6 Les Dklices Wîgkc.
ne s'y youve qu'une petite forêt , outre
deux parcs qu'on ne doit pas compter ;
elle emprunte fbn bois du Comté de
Hamptihircy qui en eft bien fourni. Du
refte elle eft fertile en tout : la terre y
produit du blé , des fruits , pour la nour-
riture des babitans , fur-tout dans la par-
tie Méridionale. Le milieu de l'Ile Se la
partie du Nord eft riche en prairies &
en pâturages ; & Ton y nourrit des bre-
bis, dont Talaine eft des plus fines qui ie
Yoyent dans le Royautne. La pêche y
eft fort riche , auui bien que la chafle ,
& l'on y trouve quantité de gabier à poil
& à plume , comme lapins , lièvres , fai«
fins , perdrix & autres. L'air y eft fort
fain , Se les habitans y vivent loi^-tcms.
Ils (ont vigoureux , endurcis au travail ,
bons hommes de mer » Se bons ipldats.
On eftime que toute l'Ile peut mettre fur
Îié quatre mille hommes pour fà défenfè.
^es anciens habitans , dit-on , faifbient
gloire de n'avoir chez eux ni renards , ni
Avocats , ni Moines. Ils dépendent »
pour le temporel , du Comté de Somhdm*
ptm , Se pour le fpirituel , de l'Evéque
de Winchefier. L'Hiftoire nous aprend
que l'An 1 1 76. on vit tomber dans cette
lie une pluye horrible de (àhg , pendant
Pcfpace de deux heures. Ce
Jctfcy. DE l^Akgleterre. 717
Ce qu'on apèle la rade de Spithead eft
à l'Occident , entre la ville de Portsm^uth
& Plie de H^ight : c*eft là le rçndez-vous
ordinaire de la flotte.
rue ^o E R s E Y,
LÉS Iles àc ferfejf & de Guemefej apar-
tiennent plutôt au Continent de la
France , qu'à celui de VAndeÈfrre ; cepen*
dant comme elles font un?tiépendance de
notre Monarchie , & que d'ailleurs elles
n'en font pas fort éloignées , il ne fera
pasfuperflu d'en dire quelque chofe. El-
es font l'une & l'autre cenfécs du Com-
té de Southampten , c'eft pourquoi nous
avons jugé qu'il en fàloit parler ici.
L'Ile de j^erfejf ou Gerfey , anciennement
Cafirea , eft fituée à l'Occident de la cô-
te de Normandie , à cinq lieues de la Ter-
re-ferme; elle a environ trente milles de
tour , & l'on y compte douze Paroif.
£ès.
LoL principale Place eft le bourg de S.
HUaire , ainfî nommé à caufe du célèbre
Evéque de Poitiers S. Hilaire , qui fut
relégué dans cette Ile par l'Empereur G?»-
fiance , pour avoir écrit contre ^Arianif^
me. U eft fîtué fur le rivage Méridional ,
Vvv 3 au
î
7iS Les Délices Jer%.
au fond d'un bon havre , (jui eft couvert
par une llette , où l'on a bâti un Fort. De
l'autre côté du havre eâ: une autre Ilet-^
te nommée S. Alban^ avec un boui^ du
même nom. L'entrée de llte eft fort
difficile « parce qu'elle eft bordée d'écueils
de toutes parts , Se du côté de la Nor-^
mendie la rade eft défendue par un bon
Château , nommé Mùm-OrgueU , (îtué
flir un rocher fort élevé au bcml de la
mer , qui ferif de logement au Gouver*
neur de Ue & à fa^ garmfbn. L'air de
cette Ile eft fort &in , excepte que dans
le mois d& Septembre on y eft ftijet à des
fièvres dangéreufès. On v manque de
bois > c'eft pourquoi 1 on y orale du jonc
marin , que l'on recueille en certain tems
marqué par le Magiftrat , 8c l'on en ^r-
de les cendres j pour enjg^ifrer les terres*
Le terroir y eft fertile , il abonde en
fruits , paruculiérement en poires & en
pommes , dont cm Eût du cidre. Les ha^-
oitans s'apliquent à la navigation , mais
{)lus particulièrement à l'agnculture & à
a pèche, & nourriflcnt des troupeaux de
brebis, dont la laine ièrt à leurs femmes »
pour faire des bas d'eftame , les plus beaux
Se les meilleurs » qui fe voyent dans !'£#-»
Çvaocttj. DE l'AnoLÉTBRRE. 719
////r de GUERNESEY.
•
L^lt,EdcGar»efijf ou Gmemcfey , ancien-'
netnenc Sarma , cfl: un'peu plus avan*
cée dans POoétn , au Nord-Oucft de la
prétnicrc , & plus près de i^Ar^lfterre.
Hrlle n'cft pas u grande que l'autre ^ n'a* ,
yant que vint milles de tour, & dixPa- *
roifTcs. Elle n'efl: pas non plus ii fertile ^
mais elle a cet avantage qu'elle ne foufre
aucun animal venimeux ; & qu'elle a plua
de bons havres que l'autre.
La principale Place eft le bourg de S*
fierre , fitue fur le rivage Oriental. Il
eft défendu par deux Châteaux, dont l'un
eft à côté du boiug, &: l'autre, nommé
le Château Cornet , eft fur une Ilette , ou
plutôt un rocher élevé , qui eft environ-
né d'eau de toutes parts , dans le tems que
la marée monte. C eft là que logis le
Gouverneur de l'il^ avec & g^rnifoo , &:
Ton n'y laiflè entrer ni fepime ni Fran^
ÇM. Le Port de S. PUrre eft bon & aC»
ièuré pour les vaiftèaux , quand ils y font
une fois entrez , mais l'accès en eft diflî*
cile , à caufe des rochers fie des écueiU
dont il eft environné.
L'ik eft généralement pour-tout de
mê"»
ytO Lbs Délices Cuernefef.
même, bordée de tnrrcs de rochers , qui
en défendent l'entrée : on trouve parmi
ces rochers la pierre d'émeri , <^ui ièrt à
polir le fer , à tailler les pierrénes, & a
couper le verre. A l\>ccident de Pile
il y a , près de la mer, un petit Lac de
qumze cens pas de tour , qui efl abondant
en poiflbns , fur-tout en carpes , qu'on
eftime beaucoup, tant pour la grofleur,
que ppur la delicatcflè. Du refte on
trouve dans cette Ile , à la fertilité près,
tout ce qu'on voit dans l'autre. Ses nabi-
tans s'atachent particulièrement à la na-
vigation & au commerce.
Ces deux lies ont cela de commun
qaVIles abondent en poiflèns , en pom-
mes & en poires , dont on fidtdu cidres
Se qi^les manquent de bois. L'une &
Fuitre tirent des joncs marinsdequoi (ai-
re du feu , & l'on v porte du charbon
i^An^Utent. Les haDitans ibnt originai-
rement A^rrtni&iVftniMnx^* &dq)endent
de la Couropne d^ Angleterre , depuis*
que les Ducs de Nermmdie ont poflodé
ce beau Rojraume ; & ils ont toujours
été fort aflfeâionnez à nos Rois, aimant
mieux paflèrpour AmgUis , que pour Frén^^
f$is. Leur Umgage eft un Fruuçais cor-
xompu , mêlé de NimmMd 8c ^Amlw.
Ils
Giiçrocfcy. pE L* ANGLETERRE. /Il
Ils font profeflîon de la Religion Réfor-
mée , félon la dilcipline de Genève ^hïtn
.que pour le fpirituel ils foycnt fous la
Jurisdiéiion de l'Ev.êque de Winchefier.
Ils font bons foldats , Se bons hommes
de mer ; & lorsqu'il y a guerre entre les
deux Couronnes â^Andeterre & de Fra»p'
ce , les Armateurs de /erfey ôc de Gueme--
fej font tout des premiers à courir fus à
Tennemi. On dit même qu'ils ont fait
yne aflbciation l'année dernière entr'eu3f
pour ce fujct , afin que leurs forces é-
tant unies ils puffeQt taire de plus ^rand$^
exploits.
Le Comté àe SUSSEX.
JE reviens au Continent de VAngleterZ
re^ pour voiries deux Provinces ma-
ritimes , qui nousreftent à parcourir;
favoir les Comtez de Snffèx &; dç Kent.
Le Comté de Suffex , anciennement5»/A#
Sex , a retenu le nom des Saxons MérUio*
tiaux , dont le Royaume comprenoit cet-
te Province avec celle de Surrey. Il s'é^
tend en long du Levant au Couchant ,
Ip long de l'Océan , qui le borne au Mi-
di & a l'Eft. Au Nord il fait face aux
Çomtez de K^nt & de Surrei , Ôç du cô-.
rm.m. ^xxx té
y%% Les Délices SuOcx.
te de l'Oucft , au Comté de Somhamfton.
Sa longueur eft de firixante-quatre mil-
les , là largeur de vint ^ & fon circuit de
cent cinquante. II eft partagé en fîx
grands Quartiers , que les habitans apè-
îent R^es , favoir ceux de Hafiings , de
Pevcnfey , de Lewes , de Bramher , d'-rf-
rf^tîdel , & de Chkhcfter. Ils ont chacun
une forêt , une rivière , ôc un Château ,
dont ils ont pris le nom. Ils font fubdi-
vifêz en cinquantc-detix Hundreds ou
Centaines , compofées de trois cens dou-
ze EgUib Paroiffiales , entre lesquelles
il y a dix Châteaux , Se douze tant vil-
les que bourgs à marché. Autrefois
tout ce pys rfétoit qu'un grand bois,
qui faifoit partie dune vafte forêt, nom-
mée Anâmàs wald , Sc par les Gallois ,
Cçid Andréa , dont Pétendue étoit fi ex-
traordinaire , qu'elle occupoit fix vints
milles de pays en lot^ueur , & trente
milles eft largeur. La rorêt a été extirpée
avec le tems , pais il en eft refté encore
de grandes pièces dans la bande Septentrio-
nale de ce Comté, dont la mteilleure par*
tie eft couverte de bois. Phifeurs rivières
fortent de ces bois , & arrofent la Pro-
vince , k traverfânt du Nord au Sud ,
mais il n'y c|| a aucune qmibzt aâczgrc^
«
(e pour porter bateau , c'efl: pourquoi il
n'eft pas fiéccf&ire de s'y arrêter. Je vai
décrire k Province , fuivant la divifîon
de (es fix lippes.
Le Rdfe de Hafiings.
LfeQuârticr,ouif4pf, le plus Oriental
de tous , porte le nom de Hafiings ,
de Pune des plus confidcrables Places qui
s'y trouvent ; il y en a miatre , qui font
dignes de remarque , Hafiings , Rje , Wtn^
chelfejf ÔC Battle.
R Y E.
RTE cft Pan des cina fameux Port»
de cette Côte. Elle eft fîtuée au fond
dMne petite Baye , dans la partie la plus
Orientait de la Province , vers les fron-
tières de Kent , avec un bon port , à Pctti-
bouchure d*unc rivière nommée Rother.
Cette ville ayant eu un port célèbre dans
le» X. XI. Se XII. Siècles, Tavoit perdu
par quelque tremblement de terre , ou.
quelque autre caulê , qui avoit oblige
rocean de fe retirer & de laiffer le havre
presQue à fec. Mais une tempête arri-
vée dans le xv. Siècle rétablit te port de
Xx5 % Rje
724 ^^^ D&LICES Hye*
jijt daxis ion premier état : le Roi EdotLm
0LTd III . la ferma de murailles , & une iè«
çonde tempête arrivée vzi^ le commen-
cement du XVI. Siècle agcandit encore le
tnême port , tellement qUe depuis ce
tems4à la Place eft devenue confidérable.
L«e port y a attiré la confunodité de la pê*
çhe Se du commerce , 8c luqe & l'autre
ont reiTipIi la ville d'habitans. Aujour-
d'hui ce havre eft Pabord ordinaire de
ceux qui veulc;^t faii^ le trajet de ^^r* ^
mjmdicj
W I N C H E L S E Y.
A trois milles de Xje au Midi , fur le
bord Méridional de la même Baye «
on voit Wtnfhclfey , autre ville , qui eft
l^m dps cinq Ports. Cette ville a pris
le nom d^une autre grande êc belle ville ,
ui étoit auill un bon port de mer ^ &; qui
ut abimée dans les eaux par une inonda-*
tîon horrible de l'Océan l'An 1 250. A-
près cette inondation , c^i cau(à auffi de
grands ravages fur les cotes de Kent^ on
rebâtit une ville avec le nom de fl^ncheU
jiy , for Je rivage de la mer. La i>onté
de Ion port la rendit long-tems floriflàn-
j;C; jqais S^co^ h fuite , la terre s'eft élc*
vcc.
i
HaftingR. pE L^AngLETERRE.' 7x5
vée , & l'Océan s'eft retiré peu-à-peu ,
tellement que fon havre n'eft plus fi qon ,
ni fi fpacieux qu'il Pa été.
HASTÏNGS ; BATTLE.
HASTiNGs, qu'on voit au Midi de Win-^
chelfej^ cft auflî Pun des cinq Ports*
Il eft remarquable , parce que ce fut dansf
fon voifinagc que ie donna l'An 1066,
' la fameufè bataille , qui décida de l'Ëmpi-'
re à? Angleterre entre Hardi de race D4-
n^ife Se GuilléMme le Mtard Duc de Nor'^
mandie. Hdrald y fut percé d'une flèche
à la tête , dont il moiïrut ; 8c l'on rapor-^
te qu'un foldat Normand^ oui Pavoîtvû
tomber , ayant eu k Ijâchetc de lui. don-
ner un coup d^épce lorsqu'il étoit prêt à
expirer , GuiUaunpe le caua honteufementr
Il périt dans cette malheureufè journée
ibiicante*fept milles neuf cens foîxante Sc
quatprze Anglais. Le vainqueur bâtit un
Monaftère , pour monument de* & viâoi*
fe , à l'endroit même où IlMratd zyoit été
taé 9 & le nomma le Monaftère de U ha*
taitte , en Anglais BattU , pu Battel. \\
accorda divers privilèges aux Religieux
Se à l'Abbé, il en fit unafyle âeré pour
toute forte de malfaiteurs , Sc bien-tôt il
Xxx l a'y
yx6 Les Dei«ic£s BMtir.
s'y forma un boa bourg , qui retint le
nom de BattU. Le Roi Hâttri I. fik du
Conquérant , lui acorda un marché â tenir
le Dimanche , mais cet ottroy fut corri-
;é par un Parlement vers I4 fin duxvi.
liécle , Se le marché transporté fur un
^utre jour. Un autre Parlement abolir
auifî dans le même Siècle les droits iqju-
ftes de i'afyle , fie le modéra convcmble-»
ment au Droit de la Nature ^' ne permeC'
tant pas qu'il fut une retraite de voleurs
fie de fcélerats ^ par Timpuoicç dont ils y^
jpuiilbient auparavant. On voit près die
£4tfU , fur le cbîsunp d« bauiUç , un lieu
nommé , en vieox Nfm^^ 9 SAtm^^I^c^
(Lac 4^ Sof^) donc le terroir eu il tom^
ge , que lorsqu'il pleut ailez , pour l^en
humcfter la terre , il fcoaWe qu'élit eft
couverte de f^g. Mais il ne faut pas s'i«*
maginer que cela vienne du &ng qui y
fut l'épandu il y a maintep^t Sx cens
Quanmtc ^ns > çac il j a mille ounpag<-
ncs; » o^ il s'eft dpiiné (ks batailles iào^
glaqtçSt qui n'ont rien 4e £bmb^ble. Èft
jiUemdmq on voit 4ç m^e que le ter--
l^gin , ou fut donnée la fameuiê oataille de
fiigirîUipgij^ d^Lm le derniev Siècle , eft tout
rouge \ pit ne dir^ p^s cependant que ce^
h viepufi du (àogqui y fut répandu dans
«ctte funeftc jporijéc. Le
Pcvcnfcy. ©r L'AngLETERHE^ ^^^
Le Quartitr ùh Rapt àe PEVENSEY.
LA feule Place , digne de remarque
dans ce Quartier, eil celle dont il ti-
re fon nom. PtvtnÇtjy ou plus eommu-
néoient PemÇtj , eu un Port de mer au
Sud-Oueft de Hafiings. C'eftlà que GuU^
lanme Duc de Normandie vint faire dé*
cente , avec une flotte de huit cens qua-
tre- vints-fix voiles , le x8. Septembre
1066. avec un tel bonheur , qu'au bout
de feize jours il ne vit plus d'ennemi en
Angleterre capable de lui réiiftcr. Il don*
na cette Place i Robert fbn frère utérin ,
oui conftruifit un Château pour la défen«
le du Havre , mais il y a long-tems qiîe
le Château a été mine.
A huit ou dix milles de Pemfej , à
POcddcnt , il iè trouve , proche d'un
village nommé Fnrle , un grand étang ^
ou un petit Lac , qui eH fort abondant
en poifibn.
Le Quartier oh Râpe de LEWES. '
LEWEs , qui donne fon nom à tout le
Quartier , efl: un bon bourg , (kué
fur une haMeur , au bord d'une petite
Xxx 4 ri*
7i8 Les Délices Lcwcs.
rivière , à cinq ou fix milles de l'Océan.
11 cft grand & bien peuplé, & Pune des
{>réiniéres Places de la Province , au mi-
ieu d'une campagne fertile. On croid
que fpn nom lui vient du mot Saxon ^ Les-
ti^a , qui fienifiç des pâturages. Il a été
fort confiderable. fous l'Empire des 54-
xons , & le Roi Athelfian y avoit établi
une monnoye. Aujourd'hui l'on y voit
encore fix Eglifes.
La rivière, qui paflc à Ir^u/« , va por-
ter fes eaux à PQcéan ', on trouve à fon
embouchure un bon port, nommé A'ifM'-
Jfaven , qui a été bâti il y a peu d'années.
Plus avant à l'Occident on rencontre une
aflez bonne rade à Brighthemfton , ancien-
nement Brightheamers^tnn , près de l'en-
droit où ctoit autrefois le fameux Havre,
connu des Romains fous le nom de Por*
tus jidurni. Il y a long-tcms que ce Ha-
vre a été comble par les monceaux de
gravier , que l'Océan y a ramafièz.
Le J^artier ou Râpe de BRAMBER.
CE Quartier a pris fon nom d'un vieux ï
Château , apèlé Bramber , fitué fur '
une rivière , à quatre ou cinq milles de
l'Océan. La rivière , qui l)nofè , étoit
au-
Brambcr. de L' ANGLETERRE. 729
autrefois grande & large , & la marée
y montoit jusqu*à Bramher , fàifant uli
fort bon Port à Shoreham , qui dl fitué
fur {on embouchure. Mais le tems , qui
détruit toutes chofes , a ruiné le port par
ie moyen des bancs de fable , qui ont com*
blé l'embouchure de la rivière, le bourg
de Shoreham eft fort déchu , & le Châ-
teau de Bramher abandonné eft tombé en
ruine. 11 n'y refte plus qu'un bourg dans
fon voifinage , nommé Stenitjg , ou il fe
tient un fort grand marché.
Lt Quartier ^'ARUNDEL,
ARUNDEL donne fon nom à tout le
Quartier de pays qui Penvironne;'
c'eft un gros bourg , fitué fur une hauteur
au bord d'une petite rivière apèlée Arun,
( d'où il a pris le nom à^Arftndale ou ^-
runde/l) à trois ou quatre-milles de l'O-
céan. Il n'a rien de plus remarquable
qu'un vieux Château , bâti fous l'Empi-
re des Saxons , & rétabli depuis la con-
quête des Normans , lequel a le privilège
particulier de donner le titre de Comte à
celui qui le pofFède. Il l'a donné en der*
nier lieu à des Lords de la Maifon des
Howards^ qui ont été des perfonncs d'u»
Xxx 5 très-
75o Les DeMCBS Arandel,
très^rand mérite. Pluiieurs des anciens
Comtes d'^ruiuUlfont inhumez dans Pë-
gliiè du lieu y mais il y en a un fur-tout ,
nommé Thêmas , dont le corps repofe
avec celui de Seatrix ùl kmmc ^ fille de
^eau Roi de Portugal , fbus un maniaque
tombeau d'albâtre.
Le QuanUr JU CHICHESTER.
CHicHESTER , U principale Place de ce
C^artier, eft auifi la plus grande &;
la Qipitalc de la Province. Elle fut fon-
dée vers le commencement du v i . Siè-
cle par Ciffk , fécond Roi de Sutb'Sfx ou
Ûe& Sdxans Aféridi^noHx ^ fils d'£//4i dont
elle prit le nom de Cijf-cefttr s mais elle
fut peu confidérable , jusqu^u Si&le xf .
où Rddmlfhe , Evéque de Stlfejf , transport
ta fon fîége dans cette ville. Aujourd'hui
Chichefier eft une bçUe & grande villc^
partagée en cinq Paroiflès , fituée près
d'une petite Baye fur un ruiûèau nom*
mé Levant , qui l'environne de trois co-
tez. Elle eft fermée d'aflèz bonnes mu*
railles , les rues y font larges &: propres ,
&; les maifons bien bâties. Deux grandes
rues , qui partagent toute la ville en for-
me de croix ^ iè coupent dans le milieu »
&
Chicfccftci. PE l^Angleterre. 751
Sa aboutiâibnt aux quatre portes <ie la
ville. La place du marche eft dans cet
endroit du elles fè coupent , & un Evê-
que Pa fait orner d'un beau pprtiquc de
pierre de taille. JL'Eglifc Cathédrale ,
qui eft tout près de là , n'eft pas fort
grande , mais elle eft bien bâtie , & l'on
y voit un clocher fur le milieu de la
croifée , qui eft chargé d'une aiguille fort
haute & très-bien travaillée. Cette .Eglife
fut comntencée fous le règne de Richard
J. vers la fin du xii. Siècle; & elle eft
fufHiamment rcntée pour entretenir trente
Chanoines , outre P£véque Se les Offi*
ders du Chapitres, La ville aurait été
S lus florifiànte , fi on lavoit Mtie fur le
ord de la mer ; les habitans ont tâché
de rentier à cet inconvénient» en tirant
un Canal dqpuis la Baye , dont j'ai par»
Je , jusqu'à leur ville.
Au Midi de Chhhffier , la mer d'une
part âc deux Bayes de deux autres cotez
forment une petite Presqu'île, nommée
Mfiy » au lieu de Stkks^eg , ce qui fig-* •
xjifie Vlk 4ej V^mx tnarins. Elle n*eft
peuplée aujourdHiui que de villages , mais
tlnciennement on y voyoit fur le rivage
Oriental , &: vers la pointe de la Baye ,»
une vUle« uammée auffi Sdfej » qui fut
lonç-
y^z Les Délices Chkhcftcr.
long-tems floriflànte , avant eu des Evê-
ques depuis le vu. Siècle jusqu'au règ-
ne de Guillaume le Cpf^uerant, Elle nit
ruinée par quelque inondation de l'O-
céan , & le fiége EpifccK^al transféré à
Chichefier , comme je l'ai déjà dit : il n'y
refte du tout rien que les maîures , qu'on
peut voir encore lorsque la marée eft baf-
îe ; mais lorsqu'elle monte , elle les cou-
vre entièrement-
L'air du Comté de 5*j^;ifeff générale-
ment bon & fàin, excepté qu'il eft fujct
à des brouillards , que l'Océan y élevé de
tems en tems. Le terroir y eft auffi fer-
tile & abondant en tout ce qui eft nccef-
iàirc pour la vie. La mer fournit qiïan-
tité de poiflbns , & en particulier d'ex-
cellentes huitres aux environs de Selfej.
Les dunes , qui bordent le rivage de cet-
te Province , ont un fond de marne , &
laportent du blé en abondance. Le mi*
lieu du pays eft bas Sc \xti peu ^mil-
ieux , de là vient que fes chemms y font
mauvais en hiver. -En récompenfè on
y trouve de belles prairies , de ri-
ches pâturages , des chams ôc quelques fo-
rçts. La partie la plus avancée au Nor3
eft presque toute couverte de bois , com-
me je l'ai déjà remarqué d^deflus. II fèm-
blç
SmÉTc*. de L'ANGT-ETERtlE.^ 755
ble que la Nature ait voulu préparer là
une bonne provifidn de bois , pour tra-
vailler le fer , doat on trouve des mines
fécondes dans oc Comté. Quand on en
ouvre quelqu'une , on rencontré d^abord-
une terre argillcufe & blanche , où la
pierre de mine cft comme un noyau blan-
châtre^ enfermé dans une écorcc rouge.
A trois piez de profondeur au deiïous de
cette première , on rencontre une pierre
£ouge , partagée de veines blanches ) &
à trois ^rcs piei plus bas on trouve u-
ne autre efpêcede pierre de mine , qui eft
i-ougcâtre. Elle ell fuivic d une quatriè-
me , qui eft encore d'une autre couleur ,
mais rayée et rou^e , &: ces deux dernier
res donnent le meilleur métal. On trou-
ve auffi de la mine de fer dans une ter-
re de marne & verdâtre , mais il eft caf-
fent & ne vaut rien. Gela vient de ce
qu'il y a trop de vitriol mêlé , qui lui don-
ne la couleur , auffi-bien que le défaut ,
qu'il a. On a établi plufieurs forges dans
ce pays-là pour foncire & pour travailler
le ter, il s'en fait aflèz grand débit , &
particulièrement on en fond des canons ;
mais en général il n*eft pas fî cftimé que
celui à^Efpagne. On v a de même éri-
gé quelque^ fonderies oe verre , qui n'ont
^ Pa?
>
^
734 ^^ DeE'. de l'Argl. saâcx.
pas eu un fuccès fort heureux. Au re-
lie les ancieos habiians de cette Provin-
ce om été les Regmi ^ qui occupoïent
auin le Comté de Smmy , £c une parde
de celui de Somtbmr^ttn.
Fin dv Tome Troisième.